(Dix heures trente-quatre minutes)
La Modératrice
:
Bonjour. Bienvenue à ce point de presse de Québec solidaire. Prendra la parole,
tout d'abord, Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole de Québec solidaire, suivi de
Christine Labrie, responsable solidaire en matière d'éducation et de famille.
Vous pourrez poser vos questions par la suite.
Une voix
: …
M. Nadeau-Dubois : Tout va
bien, oui. J'attendais qu'il y ait un peu plus de silence. Bonjour, tout le
monde. Content de vous retrouver aujourd'hui.
Comme des centaines de milliers de
Québécois, Québécoises, j'ai regardé, j'ai pris connaissance des images qui ont
circulé concernant une intervention policière samedi dernier, tout près d'ici,
sur la Grande Allée à Québec. C'est des images que j'ai trouvé très difficiles
à regarder. C'est des images qui sont choquantes. Tout le monde au Québec a
droit d'être traité avec dignité et respect par les policiers et les
policières, et ce qu'on voit dans ces images-là, ce n'est pas ça. Ces images-là
ne nous montrent pas un citoyen québécois traité avec dignité et respect.
Ma première réaction quand j'ai vu ces
images-là, et je vous jure, ça a été de me dire : Mon Dieu, ça, ça ne
m'arriverait jamais à moi. Avec le profil que j'ai, ce dont j'ai l'air, comment
je m'habille, ça ne m'arriverait pas, ça. Je ne me ferais pas garrocher de la
neige dans la face pendant que je me fais donner des coups par un policier. Ça
ne m'arriverait pas, ça.
Cet événement-là a toutes les apparences
d'un cas de profilage racial, et, pour aller au fond de cette question-là, pour
faire toute la lumière, il nous faut une réelle enquête indépendante. On s'est
donné, au Québec, une institution pour examiner ce genre de situation
choquante, c'est le Bureau des enquêtes indépendantes. Ce matin, je demande à
la ministre de la Sécurité publique, la vice-première ministre du Québec, de
déclencher une enquête indépendante sur l'arrestation de samedi dernier. C'est
la confiance entre les communautés de la région de Québec et leur service de
police qui est en jeu et ça mérite une enquête indépendante en bonne et due
forme. Merci.
Mme Labrie : Merci, Gabriel.
Ce matin, je veux vous parler de la bataille que mènent en ce moment les
travailleuses de la petite enfance pour sauver le réseau des CPE, parce que
c'est vraiment ça qui est en jeu, sauver le réseau des CPE qu'on a, permettre
son développement pour pouvoir offrir une place à chaque enfant, assurer la
qualité des services qui sont offerts dans nos CPE.
C'est pour ça, d'ailleurs, que les parents
sont massivement derrière les revendications, les moyens de pression utilisés
par les travailleuses de la petite enfance, parce que nous aussi, comme
parents, on veut sauver le réseau. On veut des services de qualité. On veut
qu'il y ait une place pour chaque enfant sans avoir besoin de se casser la
tête, de rouler une heure de route, de payer un tarif qui n'a pas de sens. On
veut une place pour chaque enfant dans le réseau public. On veut des services
de qualité.
Et ça, ça va être impossible si la CAQ
continue de ne pas écouter les travailleuses de la petite enfance, et encore
moins si la CAQ va jusqu'à utiliser la loi spéciale pour mettre fin à la crise
actuelle dans le réseau. On ne sauvera pas le réseau sans écouter les
travailleuses de la petite enfance. Moi, la menace de la CAQ d'utiliser la loi
spéciale, ce que ça me dit, c'est que la CAQ n'est pas réellement préoccupée
par la survie, par le développement du réseau de CPE. C'est clair qu'on ne
réussira pas à recruter les milliers de travailleuses que ça nous prend en
petite enfance en sortant la matraque pour imposer des conditions de travail
qui ne répondent pas aux demandes des travailleuses du réseau.
La Modératrice
: On va
prendre vos questions, une question et une sous-question. M. Robillard.
M. Robillard (Alexandre) : M.
Nadeau-Dubois, sur l'opération policière de samedi à Québec, bon, vous dites :
C'est le BEI qui devrait s'en charger. Par contre, dans la description du
mandat du BEI, on dit : «En aucun temps le BEI ne peut enquêter sur la
conduite d'un policier qui aurait commis une faute professionnelle en vertu du
code de déontologie policière. C'est le Commissaire à la déontologie policière
qui reçoit et examine les plaintes formulées, notamment à l'endroit des
policiers, en cette matière.» Donc, est-ce que Mme Guilbault n'a pas fait un
choix ou n'a pas comme conclu que c'était une faute ou une allégation de faute
déontologique qui est dans la cour du commissaire?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
d'abord, on ne s'oppose pas à la tenue d'une enquête par la Commissaire à la
déontologie. C'est un des moyens. Qu'il soit utilisé, c'est très bien. Par
contre, ce qu'il faut, c'est faire la lumière sur l'ensemble de l'événement,
l'ensemble des incidents. La loi permet à la ministre de la Sécurité publique
de décréter une enquête du BEI pas seulement dans les cas de blessures graves
ou de mort. Il y a une disposition qui permet de le faire dans des situations
qualifiées d'exceptionnelles.
Là, on est dans une situation où c'est
très choquant. Ça génère un énorme débat public. L'institution qu'on a mise sur
pied au Québec pour trancher ces enjeux-là, dans la foulée de débats qu'on a
eus il y a plusieurs années, c'est le BEI. C'est le BEI qui a l'instance… qui a
la crédibilité puis toute l'indépendance de faire ces vérifications-là pour
voir si l'ensemble de l'intervention policière a été faite dans les règles de
l'art et vérifier s'il y a eu profilage racial. Moi, ce que je vois, c'est des
situations qui laissent tout à fait croire qu'il y a eu profilage racial.
Allons au fond des choses, allons vérifier. La meilleure institution pour le
faire, c'est le BEI. Ça ne s'oppose pas à ce qui est fait du côté de la Commissaire
à la déontologie.
M. Robillard (Alexandre) :
Mais pourquoi ça dépasse le cadre déontologique?
M. Nadeau-Dubois : Parce que
la question du profilage racial est une question large. Quelles sont les
circonstances qui ont mené à cette intervention-là? Déjà, ce matin, on
apprenait que le gestionnaire du bar en question contredit la version du
service de police en ce qui a trait à : est-ce que les policiers ont été
appelés ou non à intervenir, est-ce qu'ils l'ont fait par eux-mêmes? Donc, ce
n'est pas seulement une question de, par exemple, est-ce que les techniques
utilisées pour maîtriser les jeunes étaient les bonnes. C'est une question qui
est beaucoup plus large. Il faut que ça embrasse l'ensemble des circonstances
de l'événement, et c'est le mandat du BEI de faire le portrait de l'ensemble de
cette intervention-là.
M. Robillard (Alexandre) :
Est-ce que ça vous étonne que le SPVQ n'ait pas encore suspendu ou relevé de
leurs fonctions le ou les policiers impliqués dans cet événement-là?
M. Nadeau-Dubois : C'est une
bonne question. Oui, bien, ça me surprend qu'on ne nous en dit pas plus. Je
veux dire, il y a des images qui sont, certes, courtes, mais qui sont
explicites, là, qui sont explicites, sur des gestes qui ont été posés. Entre
vous et moi, là, garrocher de la neige dans la face au petit gars, là, c'était nécessaire
pourquoi, c'était pour protéger la population de quel danger? Quand on voit des
gestes comme ça, tu sais, il y a des choses qui sont claires et explicites, moi,
je m'attends à ce que le Service de police de la ville de Québec, rapidement,
nous dise ce qui va se passer avec les agents qui sont impliqués.
La Modératrice
: M.
Bergeron.
M. Bergeron (Patrice) :
Bonjour. Je vais rebondir sur la question de mon collègue. Est-ce que la ville
de Québec, l'institution, l'administration municipale, en a fait assez ou a
bien réagi, correctement, depuis ce qui s'est passé, donc, selon vous, dans sa
gestion de cette crise-là?
M. Nadeau-Dubois : Moi, je
m'attends à ce que le Service de police de la ville de Québec donne rapidement
des indications à savoir qu'est-ce qui se passe avec les agents impliqués. Je
pense que c'est des informations qui doivent être dévoilées publiquement dans
les prochaines heures. Ça doit se faire très vite.
Mais, ceci étant dit, là, mettons les
choses au clair, le profilage racial, ça existe au Québec en général comme ça existe
dans la plupart des pays du monde et comme ça existe pas mal partout en Amérique
du Nord. Donc, il ne s'agit pas de faire le procès de la ville de Québec et du
service de police de Québec en particulier. C'est un problème dans l'ensemble
de l'Amérique du Nord, c'est un problème au Québec, le profilage racial.
François Legault a nommé un ministre de la
Lutte au racisme. Quel est le bilan de M. Charette sur la question du
profilage racial? Pendant que François Legault s'enlise dans des débats
sémantiques, là, il y a des enjeux concrets reconnus par tout le monde,
notamment le profilage racial. Il est où, le bilan de la CAQ en matière de
lutte au profilage racial?
Des publicités, c'est bien beau, là, mais
il y a des gens chaque jour qui se promènent dans nos rues, qui se promènent
dans leur quartier puis qui ont peur d'interagir avec les forces policières.
Ça, c'est un problème démocratique, quand des gens ne font pas confiance à une
institution aussi fondamentale que les policiers. C'est un problème que les
gens aient le sentiment que leur dignité ne sera pas respectée dans leurs
interactions avec les policiers. Et ça, c'est la job du gouvernement du Québec
d'intervenir sur le plan québécois pour lutter contre ce problème-là.
M. Bergeron (Patrice) :
Est-ce que c'est un peu le symptôme de ce qu'on appelle, donc, le racisme
systémique, ce qui est arrivé ce week-end?
M. Nadeau-Dubois : Je pense
que le profilage racial, c'est une des composantes du racisme systémique. Puis
qu'est-ce que ça veut dire, ça, dans des termes très simples? Bien, ça veut
dire que, si vous êtes de certaines communautés, si vous avez une certaine
apparence, vous avez plus de chances de vous faire interpeler. Moi, je me
rappelle d'avoir lu Lionel Carmant, qui disait : Quand tu es un jeune
homme noir puis tu conduis un beau char, là, tu as plus de chances de te faire
arrêter, de te faire énerver, de te faire interpeler, de te faire vérifier. Ça,
ça ne veut pas dire que les policiers, comme individus, sont du mauvais monde.
Ça veut dire qu'il y a des biais. Ça veut dire qu'il y a des habitudes
institutionnelles, de faire certaines choses plutôt que d'autres, puis c'est ça
qu'on veut dire quand on parle de racisme systémique.
La Modératrice
:
M. Robitaille.
M. Robitaille (Antoine) :
Vous opposez-vous au projet de loi qui ferait qu'on transfère la propriété du
Royal Vic à McGill?
M. Nadeau-Dubois : Oui. C'est
une bataille que Québec solidaire mène avec les groupes sociaux impliqués dans
cette mobilisation-là depuis longtemps. Il y a du logement social à faire. Il y
a des besoins à répondre, dans ce quartier-là, qui n'ont rien à voir avec les
désirs d'expansion de l'Université McGill.
M. Robitaille (Antoine) :
Craignez-vous la concurrence du Parti libéral du Québec à gauche?
M. Nadeau-Dubois : Ha, ha, ha!
M. Robitaille (Antoine) : Non,
ne riez pas.
M. Nadeau-Dubois :
Excusez-moi, j'essaie de ne pas rire. Je vous le promets, que je fais un
effort.
M. Robitaille (Antoine) : Compte
tenu que, dans vos intentions de vote, il y a 51 % de fédéralistes, et là
c'est une... ils ont quand même adopté un programme de gauche fédéraliste,
alors craignez-vous la concurrence du Parti libéral du Québec?
M. Nadeau-Dubois : Je n'aurais
jamais cru il y a 10 ans qu'on me pose une telle question. C'est le moins
qu'on puisse dire. Moi, je n'ai pas envie de commenter en long et en large les
questionnements existentiels de Dominique Anglade et de son parti. Nous, on a
les idées claires. Nous, on sait où on s'en va. On sait c'est quoi, notre
projet de société. On défend ce projet-là avec cohérence depuis 15 ans.
Les gens nous connaissent, et je vais les laisser juger de la profondeur, comment
dire, des gestes de repositionnement politique de Dominique Anglade.
M. Robitaille (Antoine) :
Mais vos électeurs fédéralistes, là, ils pourraient être tentés.
M. Nadeau-Dubois : Je
vous invite à lire le livre qu'on vient de publier sur la question de l'environnement
et de l'indépendance. Moi, je pense qu'on est capables de convaincre bien des
gens au Québec que notre conception de l'indépendance, qui est distincte de
celle qui a été défendue historiquement, par exemple, par le Parti québécois,
est plus intéressante, plus mobilisante, plus moderne. C'est ça qu'on va faire
dans les 11 prochains mois.
M. Robitaille (Antoine) :
Mais, plus vous appuyez là-dessus, plus, peut-être, vous allez perdre des
électeurs fédéralistes au profit d'une option fédéraliste de gauche.
M. Nadeau-Dubois : Moi, quand
les gens viennent me parler, là, quand ils m'abordent, là, notamment des gens
issus de l'immigration, des gens des communautés autochtones, ce qu'ils me
disent souvent, ce n'est pas : J'hésite à voter pour vous parce que vous
êtes indépendantistes. Souvent, ils me disent le contraire, ils me disent :
Quand vous, vous en parlez, je suis capable d'envisager l'indépendance. Puis,
moi, c'est ça que j'ai envie de faire, avec Manon comme porte-parole de Québec
solidaire, de s'adresser à ces gens-là puis leur dire : Écoutez comment
nous, on en parle, écoutez c'est quoi, notre projet, puis osez franchir les
barrières historiques qui vous ont éloigné de cette option-là.
La Modératrice
: Merci.
Mme Côté.
Mme Côté (Claudie) : Qu'est-ce
qui vous amuse dans la comparaison avec le Parti libéral? Vous semblez amusé de
cette comparaison-là.
M. Nadeau-Dubois : Bien,
c'est sûr que la première fois que je suis venu ici, à l'Assemblée nationale,
il y a 10 ans, je ne me serais jamais douté un jour qu'on me pose cette
question-là. Vous comprendrez que mon parcours fait en sorte qu'il y a une
ironie dans la situation. Bien oui, je trouve ça drôle, parce que, pendant que
le parti de Mme Anglade et que Mme Anglade elle-même tentent de se trouver
une nouvelle raison d'être et une nouvelle identité, nous, on a les idées
claires. On sait où est-ce qu'on s'en va. On a un projet de société que les
gens connaissent, qui est moins marginal que jamais. Nos idées autrefois
ridiculisées sont maintenant de plus en plus largement partagées. Moi, je pense
qu'il y a plus en plus de Québécois, Québécoises qui se retrouvent dans ce qu'on
dit puis dans ce qu'on fait. Et donc, moi, ça me donne confiance que le
meilleur est à venir pour Québec solidaire, et je laisse le Parti libéral à ses
questionnements existentiels.
Mme Côté (Claudie) : Peut-être
un petit mot sur les fêtes. Est-ce que le premier ministre François Legault, en
évoquant des rassemblements de 20 à 25 personnes, n'a pas mis une pression
sur la Santé publique, sur les autorités sanitaires, pour qu'ils acceptent, là,
d'augmenter les rassemblements?
M. Nadeau-Dubois : Oui. Je
trouve que François Legault joue à un jeu dangereux, là. On a l'impression de revivre
l'épisode du défi 28 jours, là. Ça fait près de deux ans que les Québécois
sont en pandémie. Ils connaissent ça. Ils comprennent comment fonctionnent les
mesures sanitaires. Ils savent c'est quoi, un variant. Ils savent que ça peut
être synonyme de mauvaises nouvelles. Moi, je ne comprends pas cette habitude
de François Legault de lancer des ballons d'essai, de susciter des espoirs
qui pourraient être déçus par la suite. Il ne faut pas jouer avec la santé
mentale des gens. Il ne faut pas jouer avec leurs espoirs envers leurs... avec
leurs attentes d'avoir enfin un beau Noël. Moi, j'invite vraiment le premier
ministre à se ranger derrière la Santé publique au lieu de prendre les
devants et de créer des attentes, lancer des ballons d'essai. Je veux dire, le
défi 28 jours, là, ça a été tout un flop. On peut-u ne pas rejouer dans ce
film-là?
Mme Côté (Claudie) : Mais,
au-delà, là, des attentes, puis il y a bien des Québécois, là, qui le savent
très bien qu'ils ne le savent pas, là, qu'il est trop tôt…
M. Nadeau-Dubois : Exact.
Alors, pourquoi le premier ministre... Oui?
Mme Côté (Claudie) : Mais,
quand François Legault vient dire 20 à 25, est-ce qu'il ne fait pas comme
il a fait avec les bals de finissants, en disant : Moi, j'aimerais ça que
les bals de finissants, ça se passe? Est-ce qu'il ne met pas une pression sur
le Dr Arruda pour dire : O.K., on va y aller à 25?
M. Nadeau-Dubois : Quand
François Legault fait ça, il prend les devants sur la science. En
pandémie, la politique devrait se ranger derrière la science. Il fait le
contraire de ce qu'il devrait faire.
La Modératrice
: M. Gagnon.
M. Gagnon (Marc-André) :
Bonjour. Bien, comme je disais à celui qui vous a précédé au lutrin tout à
l'heure, il n'y a pas qu'une question de sens, il y a aussi une question de
jugement lorsque vient le temps de déterminer des limites pour les rassemblements
pendant les fêtes.
M. Nadeau-Dubois : Bien
sûr.
M. Gagnon (Marc-André) :
Si on laisse ça à 10 personnes, là, est-ce que vous croyez qu'en 2021, là,
pour un deuxième Noël de suite, les gens vont majoritairement respecter cette
limite-là si on la laisse intacte?
M. Nadeau-Dubois : Moi,
je m'attends à ce que la Santé publique et le gouvernement fassent cet
équilibre entre les risques de contagion et l'acceptabilité sociale des
mesures, si vous me permettez l'expression. Je pense que la Santé publique
a l'expertise pour faire ça. Mais, quand le premier ministre prend les devants
sur la science, ce qu'il fait, c'est fragiliser la crédibilité des recommandations
de Santé publique. C'est un jeu dangereux. Ce n'est pas la première fois
qu'il comment ce genre d'erreur.
Je pense qu'il faut s'imposer une
discipline quand on est en politique en pleine pandémie, puis cette
discipline-là, c'est de se ranger derrière la science plutôt que d'essayer de
prendre les devants pour peut-être satisfaire des désirs légitimes, hein,
légitimes, de beaucoup de gens au Québec, qui se disent : Mon Dieu que
j'aimerais ça avoir un beau Noël. Moi aussi, j'aimerais ça, mais, après
20 mois, je pense qu'on le sait, que ce n'est pas fini encore, puis il
faut avoir cette discipline-là quand on prend la parole en pleine pandémie.
M. Gagnon (Marc-André) :
Je comprends que vous allez me dire : On va attendre de voir qu'est-ce que
la Santé publique va recommander, et tout, là. Mais, à sa face même, est-ce que
d'augmenter la limite des rassemblements privés à 20 ou 25 personnes, ça
vous apparaît farfelu, réaliste, ou est-ce qu'il faut laisser ça à 10? Est-ce
que vous plaidez pour la prudence?
M. Nadeau-Dubois : Moi, ce que
je constate, c'est qu'il y a un nouveau variant, qu'on en sait peu encore.
Donc, moi, ce que je vais dire ce matin, c'est : Prenons notre temps pour
prendre la bonne décision pour Noël. On a tous envie de faire des plans. Moi,
j'ai envie de faire des plans. Ça fait… J'ai hâte de revoir mes grands-parents,
enfin, dans un vrai party de Noël, surtout qu'il leur reste peu de noëls. Ça
fait que moi, je comprends cette volonté-là des gens, puis je la partage, de
faire des plans d'avance. Mais, s'il faut attendre deux, trois semaines,
là, pour être sûr que ça se passe bien, prenons ce temps-là pour prendre une
bonne décision puis avoir des recommandations qui sont claires.
La Modératrice
:
M. Lacroix.
M. Lacroix (Louis) : Bonjour,
M. Nadeau-Dubois. Pour en revenir à ce qui s'est passé avec l'arrestation
des jeunes Noirs en fin de semaine dernière, est-ce que la police de Québec est
trop blanche?
M. Nadeau-Dubois : Je ne
connais pas, pour être bien honnête avec vous, la composition précise des
effectifs du SPVQ.
M. Lacroix (Louis) : Il n'y a
personne de… Il n'y a pas de policier de race noire dans la police de Québec.
M. Nadeau-Dubois : Oui, bien,
je pense que tout…
M. Lacroix (Louis) : Ça
n'amène pas, ça, un manque de sensibilité?
M. Nadeau-Dubois : Bien, la
représentativité des corps policiers à l'égard de la population qu'ils sont
censés protéger et servir, c'est important. C'est un des facteurs qui peut
contribuer à ramener un peu de confiance, mais ça va plus loin que ça, là. C'est
un des éléments, mais ce n'est pas le seul. Puis je ne pense pas qu'il faut
surfocaliser simplement sur les enjeux de représentativité. Il y a d'autres
enjeux. Il y a des enjeux de formation. Il y a des enjeux d'équipement.
Tu sais, lutter contre les biais
discriminatoires ou racistes dans les institutions, ça ne se fait pas seulement
avec de la représentativité. Je veux dire, il y a des corps de police en Amérique
du Nord qui sont beaucoup plus représentatifs de leur population que le SPVQ et
ça ne fait pas de ces corps de police là des corps police exemplaires. Donc,
oui, il faut travailler là-dessus. Ça fait partie des enjeux, mais ne réduisons
pas ça juste à des questions de représentation. Il y a des enjeux de formation,
notamment, qui sont absolument essentiels.
La Modératrice
:
M. Béland.
M. Béland (Gabriel) : Merci.
Bonjour. Je vais vous amener en Abitibi si vous voulez bien. En fin de semaine,
il y a eu un tweet de M. Éric Duhaime concernant un accident de
camionnette de Mme Lessard-Therrien. Premièrement, qu'est-ce que vous avez
pensé de ce tweet-là?
M. Nadeau-Dubois : Bien, Éric
Duhaime a décidé de faire de la petite politique avec un accident grave d'une
jeune mère de famille qui est partie travailler à 800 kilomètres de chez
elle. Je ne pense pas que c'est le genre de politique qu'on veut faire au
Québec. Je pense que c'est des commentaires qui ont été mal reçus, avec raison.
M. Béland (Gabriel) : Sur le
fond, comment est-ce que vous… Est-ce que c'est paradoxal justement qu'il y ait
des élus qui prônent des mesures très fortes sur l'environnement, conduisent
des camionnettes ou, je ne sais pas, peu importe, des VUS, là?
M. Nadeau-Dubois : Bien, pour
relever le défi de la crise écologique, là, il va falloir faire deux choses, changer
nos comportements individuels et mettre en place les conditions économiques et
sociales pour que les gens soient capables de changer leurs comportements
individuels.
Ma collègue Émilise, elle est
agricultrice. Elle habite dans une région où des bornes de recharge, il n'y en
a pas beaucoup. Donc, elle et son conjoint, ils ont un véhicule électrique,
mais, pour la ferme, ils ont besoin d'un petit pick-up, puis ça, c'est normal.
Et il y a plein d'agriculteurs, au Québec, ou de gens qui vivent en ruralité
qui ont ces besoins-là. C'est pour ça qu'il faut accélérer la mise en marché
des véhicules électriques. C'est pour ça qu'il faut beaucoup plus de bornes de
recharge partout sur le territoire. C'est pour ça qu'il faut que les axes
routiers soient sécuritaires également. La route qu'a empruntée Émilise est une
route qui est connue pour être dangereuse. Dans sa région, là, tout le monde
connaît quelqu'un qui a eu un accident, sinon qui est même… qui a été blessé ou
qui est décédé sur cette route-là.
Donc, oui, les politiciens qui font la
promotion d'une transition écologique rapide doivent faire des efforts sur le
plan individuel, mais réduire l'énorme chantier social que constitue la
transition écologique seulement à des gestes individuels, c'est un piège. Ça pourrit
le débat puis ça nous fait reculer. Jamais, moi, vous n'allez m'entendre
pointer du doigt les gens en les traitant d'irresponsables. C'est une
responsabilité collective qu'on a. C'est le défi de notre siècle. Puis ce n'est
pas en se pointant du doigt de manière narquoise qu'on va avancer, c'est en
faisant des efforts ensemble pour que tout le monde, à la hauteur de ses
possibilités concrètes, dans sa vie quotidienne, fasse des gestes.
Moi, je ne peux pas reprocher à quelqu'un
qui habite en banlieue, qui a quatre arrêts à faire le matin pour aller
reporter les trois enfants à l'école puis après aller au travail… moi, je ne
peux pas reprocher à cette personne-là d'avoir une voiture ou même d'en avoir
deux, parce que, comme société, on a développé le territoire de manière telle à
ce que c'est la seule option possible pour cette personne-là, parce que, comme
société, on n'a pas investi suffisamment dans le transport collectif. Ça fait
que jamais vous n'allez m'entendre tomber dans une logique de culpabilisation
individuelle. Il faut trouver cet équilibre-là entre, oui, des efforts sur le
plan de nos vies quotidiennes et le chantier social incroyable que ça
représente, la transition écologique.
C'est une longue réponse, mais je trouve
ça important d'y répondre en long et en large, parce que c'est des débats qui
vont revenir dans les prochaines années, puis souvent il y a des gens qui vont
essayer de faire ça, puis je pense qu'il faut s'en éloigner le plus possible.
La Modératrice
: Mme
Prince.
Mme Prince (Véronique) : Oui,
bonjour. Moi, j'aimerais vous parler de la coroner. Encore une fois, des
documents qui sont manquants, qui sont incomplets, est-ce que c'est normal, là?
Est-ce qu'elle devrait réassigner d'autres témoins? Est-ce qu'elle devrait
obliger le gouvernement à lui fournir les bons documents? Qu'est-ce qu'elle
peut faire?
M. Nadeau-Dubois : Moi, je
comprends la déception de la coroner, là, puis je pense que déception est un
euphémisme, là. On est rendus à, quoi, trois, quatre, cinq versions, là, sur
cette question-là, de la part du gouvernement? C'est inadmissible. C'est un
manque de transparence répété. C'est pour ça qu'il nous faut une enquête
publique en bonne et due forme sur la gestion de la pandémie, parce que, de
toute évidence, les enquêtes actuelles se heurtent au manque de transparence de
François Legault et de Christian Dubé.
Mme Prince (Véronique) : Tout
à l'heure, M. Paul St-Pierre Plamondon a dit que ça pouvait même s'apparenter à
de la fabrication de faux documents. Est-ce qu'en quelque part il y a quelque
chose de criminel là-dedans?
M. Nadeau-Dubois : Je n'irai
pas là. Je n'ai pas d'information, moi, qui me permet de lancer des allégations
comme ça. Mais c'est la preuve, là, que la coroner, en ce moment, là, se bute à
des obstacles, et que ces obstacles-là sont du côté du gouvernement. Ça n'a pas
d'allure qu'on ne soit pas capables de faire la lumière. Ça n'a pas d'allure qu'on
ne soit pas capables d'avoir les rapports d'inspection qui ont eu lieu dans les
CHSLD dans le cadre d'une enquête dont l'objet, c'est faire la lumière sur ce
qui s'est passé dans les CHSLD. Si on n'est pas capables d'avoir ça, là, ce n'est
pas demain la veille qu'on va savoir ce qui s'est passé à la cellule de gestion
de crise du gouvernement, là. C'est pour ça qu'il faut un exercice beaucoup
plus large, beaucoup plus profond, d'enquête publique indépendante.
La Modératrice
: Mme
Senay.
Mme Senay
(Cathy) : Good morning.
M. Nadeau-Dubois : Good morning.
Mme Senay (Cathy) : Just to follow up on Véronique's questions, we are in 2021, in Québec, with solid institutions, do you see
a troubling problem, a troubling situation if the coroner is having problems to get original reports?
M. Nadeau-Dubois : I think Mme Kamel is doing everything she can. She's doing her
best, just like Mme Castonguay is doing her best, but the coroner is being
blocked by obstacles that are on the side of the Government. It's not normal and it's unacceptable that we are not able to have
those documents. Those documents should be given without any further delay to
the coroner, and that's, for me, a perfect example why we need a real independent inquiry, a global inquiry on the
management of that crisis in Québec.
Mme Senay (Cathy) : …those reports last week.
M. Nadeau-Dubois : The Premier has given us, what, four or five different versions of
facts in that history. So we need to start over again with a real national
public inquiry on that issue.
Mme Senay (Cathy) : One last question.
The fact that Mr. Arruda, at 1:00 p.m., says : We should be prudent with
gatherings for the holiday season, and then Mr. Legault, at 5:00 p.m., comes
back and says : I hope I'll be able to give you the authorization of doing
20-25 people gatherings during the holiday season, is Mr. Legault playing with
fire again?
M. Nadeau-Dubois : I think Mr. Legault is playing a very dangerous game. It's the 28-days
challenge all over again. In such a time, politics should be behind science,
not in front of science. When Mr. Legault does that, he raises the hopes of a
lot of Quebeckers, and those are
legitimate hopes that I share deeply. Still, Quebeckers are intelligent. They have learned how to behave themselves in the
pandemic. They know how these things work now. We should respect their
intelligence, and be transparent, and follow science, not try to dictate
science politically with such frivolous declarations.
La Modératrice
:
Dernière question, Mme Fletcher.
Mme Fletcher (Raquel) :I have a couple. First off, on the events of Friday night with the Québec City police, you are calling for an
independent inquiry, as are the other parties?
M. Nadeau-Dubois : Yes. We are asking for a real independent inquiry. We will be
filing a motion this morning to ask for that inquiry. We know that racial
profiling exists in Québec,
just like it exists all across North America. We need
to shed light on what happened Saturday night in Québec City. What those images
show are not young Quebeckers being treated with respect and dignity. What
those images show is deeply disturbing. And my first reaction, when I saw them
was : That would never happen to me with what I look like, with what I
dress like, with my general profile, snow would never be shoveled like that, in
my face, just for the sake of it, that would never happen to me. Why does it
happen to those young citizens of Québec City? We need to go at the end of that
question.
Mme Fletcher (Raquel) : This weekend, Mme Anglade presented her societal project which is
based around green hydrogen and nationalizing its production. Did she have you
shaking in your boots?
M. Nadeau-Dubois :
Not really. I don't really want to comment extensively on the existential
questioning of the Liberal Party of Québec. It's their thing. What I know is
that, at Québec solidaire, we have a clear vision. We have a clear project for
Québec. We know where we're going. We're not asking ourselves who we are and
what we stand for. We already have answers to those questions. We are looking
forward. I think we are the party, right now, in Québec, that really represents an
alternative to the Coalition avenir Québec and François Legault.
Mme Fletcher (Raquel) : …for your expectations or what you would like to hear from
Mr. Legault in his announcement about the labour shortage?
M. Nadeau-Dubois : About…
Mme Fletcher (Raquel) : The labour shortage announcement, what you would like him to say?
M. Nadeau-Dubois : Well, I think what Mr. Legault has to understand is that the
way to fight the labour shortage is not to go all the way into a model of
immigration that priorizes temporary and precarious immigration. We need to be
able to find a model in which immigrants are treated with respect and a model
that priorizes the integration of Quebeckers. What we have seen in the last months is a Government shifting towards a massive input
of temporary and precarious immigrants. It's a bad model for immigrants and
it's a bad model for Québec. We
need to do things differently.
La Modératrice
:Merci beaucoup.
(Fin à 11 h 4)