(Dix heures quatre minutes)
M. Arseneau : Alors, on sent
cette belle fébrilité, là, au début de cette première de deux semaines
intensives, ici, à l'Assemblée nationale.
Bonjour, chers amis journalistes. On
aimerait sentir la même fébrilité du gouvernement quant à l'enquête… (panne de
son)
Je recommence? C'est bon? Vous savez que
la commission d'enquête de la coroner se poursuit sur l'hécatombe dans les CHSLD,
et, à chaque jour, on apprend des informations qui sont de plus en plus
troublantes et on a de la difficulté, donc, à suivre les informations et la
séquence des informations.
En guise de rappel, au départ, le
gouvernement, le 16 novembre, si je me souviens bien, les fonctionnaires
du gouvernement ont dit que les rapports d'inspection n'existaient pas, que les
recommandations sur les CHSLD avaient été… ou plutôt les observations avaient
été transmises de façon verbale. Finalement, on a appris que les rapports
existaient. On a remis, la semaine dernière, des grilles, mais des grilles
vierges puis un tableau truffé d'incohérences. En fait, c'était hier. On a
aussi eu une déclaration importante du premier ministre, qui disait qu'aucun
document n'avait été détruit. On apprend, ce matin, qu'un tableau de
compilation des rapports ou des inspections a été réalisé en date du
16 novembre 2021, soit le jour même où la sous-ministre,
Mme Rosebush, allait comparaître devant la coroner.
Est-ce qu'on peut avoir les rapports, s'ils
n'ont pas été détruits? Est-ce qu'ils peuvent être déposés? Si on a pu en faire
une compilation le 16 novembre dernier, c'est donc qu'il y a des données
de base qui existent. Est-ce qu'elles peuvent être présentées devant la coroner
une bonne fois pour toutes? Elle essaie présentement, la coroner, de se
dépêtrer dans des documents et des témoignages discordants. C'est évidemment
troublant pour nous, pour la coroner et, bien entendu, pour les familles, qui
voient le mystère s'épaissir autour du décès de plus de 4 000 aînés
québécois.
Le gouvernement, donc, manque de sérieux, il
manque de collaboration. Ça s'approche dangereusement de l'entrave au travail
d'enquête de la commissaire. On souhaite que le gouvernement prenne au sérieux
cette enquête, qu'il cesse de jouer au plus fin, de jouer avec la vérité et
qu'il collabore pleinement à cette enquête.
Là-dessus, mon chef, Paul St-Pierre Plamondon.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Merci, Joël. Donc là, je comprends que vous vous approchez puis les questions
ont lieu aux deux endroits, comme… Super.
Avant de prendre vos questions, justement,
je veux revenir sur le projet de loi n° 219. Donc, aujourd'hui, si la CAQ
ne change pas son fusil d'épaule, à nouveau le PLQ et la CAQ vont parler d'une
seule voix en matière linguistique. Le projet de loi n° 219, c'est un projet
de loi privé libéral dans le cadre duquel McGill reçoit un cadeau d'une valeur
de minimalement 700 millions de dollars, reçoit le Royal Vic, et donc on
vient avantager davantage les universités anglophones, les institutions
anglophones au détriment d'institutions francophones qui sont moins financées.
Donc, on rend toujours l'éducation en anglais plus attrayante et on ne donne
pas des moyens équivalents au réseau francophone, exactement comme la CAQ l'a
fait dans le dossier de Dawson.
Donc, c'est une chose de parler de langue,
c'est une chose de se payer des publicités à même les fonds publics pour vanter
son travail en matière de langue, mais, comme c'est souvent le cas avec la CAQ,
il y a la publicité et ensuite il y a les faits. Puis aujourd'hui on va être
témoins de faits qui sont, à mon avis, troublants, une forme de déloyauté
envers le réseau universitaire francophone qui mérite les mêmes moyens et les
mêmes ressources que les universités en anglais, si on veut que nos élèves
voient d'un bon oeil l'éducation en français.
Sur ce, je vais prendre vos questions.
La Modératrice
: Une
question et une sous-question, s'il vous plaît.
Mme Côté (Claudie) : Est-ce
que vous trouvez que le… Je vais vous parler de Noël, des fêtes. Est-ce que
vous trouvez que le premier ministre… avancé le coup, là, en parlant des
rassemblements de 20, 25 personnes, alors que le directeur national de la
santé publique était plutôt…
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, à nouveau, nous, on demande que le premier ministre…
Mme Côté (Claudie) : …
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, à nouveau, nous, on demande que le premier ministre suive la science et
dévoile la science de manière transparente. Vous vous souviendrez que, Noël de
l'année dernière, on avait fait des annonces qui vraisemblablement n'étaient
aucunement fondées sur les données scientifiques et on a dû rétropédaler. Et
dans quel cas, cette année, on demande que les avis de
Santé publique soient divulgués de manière
transparente et qu'on suive la science au lieu de faire de la politique avec
des questions comme celles-là.
Mme Côté (Claudie) : Puis à
partir du moment où il parle de 20, 25 personnes, est-ce qu'il ne vient pas de
fixer la barre puis de mettre la pression, justement, pour que ce soit ça?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Ce devrait être purement la science qui décide de la mesure. Puis ce n'est pas
plusieurs semaines en avance qu'on est capables de déterminer ça. Donc, cessons
de faire de la politique et donnons des avis scientifiques, là, qui sont précis
et qui sont fiables.
La Modératrice
: On va
prendre la prochaine question au micro.
Mme Prince (Véronique) : Oui.
Bonjour. J'aimerais juste revenir sur ce que M. Arseneau a dit, que c'est
pratiquement un outrage au travail de la coroner de ne pas remettre les
rapports en ce moment. Quelle est la poignée, justement, de la coroner là-dessus?
Est-ce qu'elle peut réassigner d'autres témoins? On sait qu'elle l'a fait pour
Mme Rosebush, là, mais est-ce qu'elle peut réassigner d'autres témoins? Est-ce
qu'elle peut avoir une… est-ce qu'elle peut demander l'obligation de transmettre
certains documents? C'est quoi, les leviers, finalement, qu'elle a, là?
M. St-Pierre
Plamondon (Paul) : Bon, on a déjà demandé que les témoins qui ont
menti, parce qu'ils ont vraisemblablement menti devant la coroner, soient
contraints à nouveau de témoigner. Là, ce matin, s'ajoute une autre information :
c'est que non seulement ils ont menti quant à l'existence de rapports écrits,
mais ce qui a été présenté, jamais, de ce qu'on comprend, on a dit que c'était
une reconstitution, que c'était une fabrication datée du 16 novembre.
Donc, si l'information s'avère exacte et qu'on a fabriqué des documents sans
spécifier qu'il s'agit d'une fabrication, ça aussi, c'est un mensonge
important, c'est de la fabrication de faux.
Donc, la coroner, devant ça, on espère,
parce que c'est à elle de décider, elle mène son enquête, mais on espère
qu'elle va contraindre tous ceux qui ont induit la coroner en erreur à revenir
témoigner et qu'elle va exercer tous ses pouvoirs pour essayer de faire la
lumière là-dessus.
Mais j'amène la nuance suivante : il
y a seulement une commission d'enquête publique et indépendante qui donnera
tous les pouvoirs du commissaire pour justement saisir des documents,
contraindre. Donc, plus on avance, plus l'argumentaire pour une vraie enquête
qui est publique et indépendante avec un commissaire devient évident.
M. Lacroix (Louis) : Mais, M.
St-Pierre Plamondon…
La Modératrice
: Il
faudrait juste avancer au micro, s'il vous plaît, pour vous entendre.
Des voix
: …
M. Lacroix (Louis) : Vous
avancez, en fait, qu'il y a peut-être une fabrication de faux documents. C'est
sérieux comme allégation, ça. Et, s'il y a effectivement eu fabrication de
faux, c'est criminel. Alors, est-ce que vous demandez une enquête criminelle
pour savoir, bien…
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Non, non. Vous avez dit…
M. Lacroix (Louis) : Donc,
vous avancez des choses, puis ce n'est pas grave.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Non, non. Dans votre propre question, vous le dites : Il y a peut-être
fabrication de faux. Donc…
M. Lacroix (Louis) : Bien
oui, mais c'est pour ça qu'on demande des enquêtes, parce qu'on n'est pas sûrs.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Exactement.
M. Lacroix (Louis) : Si on
était sûrs, on ne demanderait pas d'enquête.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
D'où la nécessité de ramener ces témoins-là devant la coroner, qu'ils
s'expliquent. Pourquoi avez-vous déposé un document daté du 16 novembre sans
spécifier qu'il s'agit d'un document qui a été créé le 16 novembre, ce qui
laissait croire à la coroner que c'étaient des originaux? Pourquoi? Il me
semble que c'est ça, la première étape. Avant de lancer, là, des enquêtes à
d'autres niveaux, laissons la coroner faire son travail. J'espère vraiment
qu'elle entendra à nouveau toutes les personnes qui n'ont pas dit la vérité sur
l'existence de rapports écrits et qui n'ont pas spécifié qu'il s'agissait d'un
document créé de toutes pièces le jour même du témoignage de Mme Rosebush.
M. Lacroix (Louis) : Mais vous
ne demandez pas, par exemple, que la police enquête sur un possible geste
criminel.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
On demande une enquête publique et indépendante puis on demande de réentendre,
de contraindre à nouveau les témoins pour qu'ils s'expliquent sur l'incompatibilité,
la confusion totale dans les témoignages depuis le début de l'enquête de la
coroner, parce que ça commence à ressembler, comme le disait Joël, à de
l'entrave, à de l'obstruction, un gouvernement qui ne veut pas collaborer avec
la coroner qui a le mandat, pour autant, de faire la lumière sur ce qui s'est
passé durant la première vague.
M. Gagnon (Marc-André) : Je
veux revenir sur les allègements des fêtes. Vous dites : Il faut que ce
soit la science qui dicte la suite des choses. Mais, réalistement, il n'y a pas
que la science, hein, derrière les décisions qui vont être prises, il y a aussi
une part de jugement. Selon vous, si on laisse la limite pour les
rassemblements privés à 10 personnes, est-ce que ça va être respecté cette
année?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, je veux dire, rappelons ce qui s'est…
M. Gagnon (Marc-André) : Je
demande votre avis.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Oui. Mon avis, c'est... Rappelons ce qui s'est passé l'an passé. Trop tôt, en
novembre, si je me souviens bien, fin novembre, on avait annoncé trois jours de
festivités pour Noël. Mais, à ce moment-là, il n'y avait aucune donnée
scientifique qui permettait une projection la moindrement crédible de quelle
serait la situation épidémiologique rendu à Noël.
Donc, cette année, pour justement
favoriser une adhésion, on demande à ce qu'on prenne le temps de considérer les
données, qui vont somme toute bien. En termes d'hospitalisations puis
d'infections, en ce moment, là, ça va… ça va bien.
M. Gagnon (Marc-André) : C'est
exactement ça qu'ils disent. Ils disent : On veut justement ne pas recréer
la même erreur que l'an passé.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
C'est ça. Donc, prenons notre temps...
M. Gagnon (Marc-André) : Ce n'est
pas dit exactement dans ces mots-là, mais…
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Exact. Donc, prenons notre temps, mais surtout soyons transparents sur les avis
scientifiques, au lieu de présenter un avis politique.
M. Gagnon (Marc-André) : ...pas
à ma question. Est-ce que, selon vous, si on laisse la limite à 10 personnes, est-ce
que ça va être respecté?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Moi, je demande à ce que cette limite-là soit en fonction de la science, pas en
fonction d'une gérance d'estrade politique. Donc, je ferai quand même…
moi-même, je ne ferai pas la même erreur que je demande au gouvernement de ne
pas faire. Ce n'est pas de la politique, c'est une question scientifique. Donc,
qu'on arrive avec des avis de Santé publique transparents.
M. Gagnon (Marc-André) : Et comme
vous demandait ma collègue, donc, est-ce que M. Legault, avec la déclaration
qu'il a faite hier, fait pression sur Dr Arruda?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, moi, je préférerais qu'on s'abstienne de faire des commentaires qui, vraisemblablement,
pourraient influencer la politique qu'on met en place. On demande que ce soit
fondé sur la science, mais surtout que les avis scientifiques soient
transparents, soient divulgués sans que ça passe par un message politique
enrobé ou une politisation de cette question-là.
M. Robillard (Alexandre) :
Bonjour.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bonjour.
M. Robillard (Alexandre) :
Est-ce que vous êtes satisfait du travail que Mme Kamel a accompli jusqu'ici, à
la lumière de ce que vous constatez, des inquiétudes que ça soulève puis des
réponses que vous attendez?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Moi, je laisse la coroner travailler puis j'espère qu'elle va à nouveau
contraindre les témoins qui n'ont pas dit la vérité devant elle pour demander
des comptes, demander des explications, parce qu'un gouvernement qui ment à une
coroner, c'est très grave. Donc, je la laisse travailler.
M. Robillard (Alexandre) : Mais
quand vous voyez comment ça se déroule, est-ce que vous êtes satisfait de son
travail? Est-ce que vous êtes confiant qu'il va avoir un niveau de clarté puis
de lumière satisfaisant qui va être…
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Je laisse la coroner faire son travail en toute liberté.
M. Robillard (Alexandre) : Ça
fait que vous ne voulez pas dire si vous êtes satisfait de son travail?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Non, je demande… j'espère, par contre, qu'on réentende les témoins qui ont
menti. De ce que j'ai compris, c'est déjà le cas pour Mme Rosebush.
M. Robillard (Alexandre) : Mme
Guilbault, elle a demandé au Commissaire à la déontologie de se pencher sur
l'opération policière du Dagobert de samedi matin. Je voulais savoir si vous
pensez que c'est l'instance appropriée, compte tenu que, dans le mandat du BEI,
ça indique que la ministre... bien, le ou la ministre peut demander au BEI «d'enquêter
sur tout autre événement — là, c'est la citation du mandat, là — d'enquêter
sur tout autre événement impliquant un agent de la paix et ayant un lien avec
ses fonctions». Donc, c'est assez large.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Oui, c'est assez large pour déclencher une enquête du BEI, puis on a vu la même
chose que vous dans la loi. Et nous, on préférerait nettement une enquête
indépendante, ce qui veut dire une enquête menée par le BEI. Ce serait nettement
plus transparent, indépendant. Et à ça on ajoute une recommandation — c'est
la cinquième fois qu'on revient là-dessus — les caméras corporelles
pour les policiers, ça nous permettrait de faire la lumière beaucoup plus rapidement…
M. Robillard (Alexandre) :
Pourquoi ce n'est pas suffisant que ce soit le Commissaire à la déontologie qui
s'occupe de cette question-là?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, parce qu'on a créé, justement, un bureau d'enquête indépendant pour ce
genre de situation là. Donc, pourquoi ne pas s'en servir? On voit que c'est une
question sensible qui fait réagir dans toutes les sphères de notre société.
Ayons, justement, la valeur d'une enquête indépendante pour faire la lumière.
M. Robillard (Alexandre) : Et
donc ça dépasse le cadre d'une allégation de faute déontologique, selon vous. C'est
plus large que ça?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Je pense que c'est une question assez sérieuse. Les images qu'on a vues, tout
ça est assez troublant pour qu'on confie cette enquête-là à un bureau d'enquête
indépendant. Il a été créé pour ça. Moi, je pense qu'on doit avoir toute la
lumière sur cette question-là.
M. Robillard (Alexandre) :
Puis compte tenu, justement, de ce que la ministre vient de demander au
commissaire à la déontologie, est-ce que vous pensez que le ou les policiers ou
policières, on ne sait pas, impliqués dans cette opération-là devraient être
suspendus ou auraient dû l'être déjà? Ou comment vous voyez cette gestion?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, justement, c'est qu'on doit faire une enquête qui est complète puis
ensuite déterminer qu'est-ce qui est proportionnel par rapport au travail des
policiers. Mais là la première étape, c'est de mener une enquête. Et nous on
demande…
M. Robillard (Alexandre) : Mais,
dans les faits, est-ce que le SPVQ devrait agir déjà?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Nous, notre demande, c'est qu'il y ait une enquête indépendante effectuée par
le BEI, puis c'est dans cette enquête-là qu'on va comprendre puis faire un
diagnostic qui ensuite mènera à la question à savoir s'il y a des sanctions ou
non et quelle ampleur pour les sanctions.
M. Robillard (Alexandre) :
Merci.
La Modératrice
: On va
passer à la prochaine question.
M. Bergeron (Patrice) :
Bonjour à vous. Bon, on comprend que vous ne voulez pas nécessairement dire si
vous êtes satisfait ou pas du travail de la coroner, mais est-ce que vous
faites confiance à l'institution du coroner dans la démarche actuelle ou…
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien sûr. Bien sûr. C'est un mandat qui est limité, donc c'est un peu comme la Protectrice
du citoyen. Ce n'est pas un mandat aussi large avec des pouvoirs aussi élargis
qu'une commission d'enquête publique et indépendante, mais évidemment qu'on
respecte le travail des institutions dans les mandats qui… dans le cadre du
mandat qui leur est confié. Donc, on laisse la coroner travailler. On espère
qu'on fasse, le plus possible, la lumière sur ce qui s'est passé devant elle, à
savoir que certains membres du gouvernement, certains représentants du
gouvernement lui ont menti, c'est grave, et dans quel cas on laisse la coroner
travailler. Puis évidemment qu'on garde confiance envers ces institutions-là.
Ceci étant dit, ce sont des mandats
beaucoup plus limités que si on se donne un commissaire ou une commissaire avec
les pouvoirs d'une commission d'enquête publique et indépendante.
M. Bergeron (Patrice) : On a
vu, en fin de semaine, un référendum qu'il y a eu en Suisse, parce que, là
aussi, il y a eu des contestations des mesures sanitaires et du passeport
sanitaire. La Suisse a tenu son référendum comme elle le fait là-bas, puis la
population a validé, dans le fond, ce que le gouvernement demandait.
Nous, on a une loi sur les consultations
populaires que vous connaissez probablement. Est-ce que, ici, au cours des
dernières années, est-ce que le gouvernement n'aurait pas pu, justement, faire
la même démarche, parce qu'il y a eu des contestations puis il y a encore des
gens qui contestent, d'une démarche de consultation populaire à partir des
mesures sanitaires qui sont imposées? Est-ce que ça n'aurait pas donné une
certaine légitimité, par exemple, aux mesures sanitaires?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Ce serait beau de voir la démocratie par référendum faire des avancées au
Québec, comme on le voit en Suisse, mais je dois rappeler qu'au Québec on est
toujours au stade d'obtenir les avis de Santé publique en temps utile, de
manière transparente, puis on est toujours au stade d'espérer que le
gouvernement ne mente pas à des institutions aussi importantes que la coroner.
Donc, je pense qu'on va y aller par étape. On va commencer par demander une
transparence minimale de la part du gouvernement vis-à-vis ses citoyens.
M. Robitaille (Antoine) : En
fin de semaine, il a été beaucoup question de comparaisons, là, entre le Parti
libéral du Québec et Québec solidaire. On n'a jamais parlé du Parti québécois.
Tu sais, avant, vous étiez quand même l'épouvantail du Parti libéral. Ça leur
était bien utile. Vous êtes-vous sentis négligés pendant cette fin de semaine?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Non. En fait, notre congrès est en fin de semaine, donc chacun son tour. Je
vous dirais, par contre, que c'est frappant de voir le Parti libéral et Québec
solidaire être aussi difficiles à distinguer. Et, sur un point, ils sont très
similaires, c'est leur malaise vis-à-vis la question nationale. On voit qu'au Parti
libéral on n'a même pas osé soulever la question du Québec dans le Canada. On
voit qu'à Québec solidaire il n'y avait pas de place pour le discours sur
l'indépendance. Je n'ai pas vu, à l'image, aucun drapeau du Québec. Et on sait
qu'à la CAQ, parce qu'on a cumulé tous les échecs qu'on connaît dans les
demandes au fédéral, là non plus on ne veut pas parler de la question
nationale.
Donc, on a trois partis qui ne veulent pas
parler de la question du Québec dans le Canada parce qu'ils savent très bien
que, dans l'état actuel des choses, toute discussion là-dessus va mener à une
seule conclusion, à savoir qu'il faut être un pays. Donc, c'est là que nous, on
entre en scène en fin de semaine en disant : Un instant, là, cette
question-là, elle existe, elle a des conséquences majeures au niveau du
financement de notre système de santé, de la pérennité de notre langue, de
notre culture, au niveau du contrôle de nos frontières, de nos aéroports, et on
va rappeler que c'est une question très, très concrète dans la vie des gens.
Puis, pour autant, les trois autres
partis jouent à l'autruche, comme ils jouent à l'autruche par rapport au projet
de bonification de la loi 101 dans le projet de loi n° 96. Tous les
partis d'opposition sont avec le gouvernement pour chanter les louanges d'un projet
de loi qui, pour autant, est très, très partiel, très, très insuffisant, de
l'avis de tous les experts.
M. Robitaille (Antoine) :
Mais, en même temps, la question nationale ne semble pas avoir de traction dans
l'opinion. C'est peut-être pour ça que les autres partis n'en parlent pas.
Comment vous comptez convaincre la population que c'est un aspect important?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Elle a de la traction dans l'opinion. Quand on voit les Québécois s'indigner de
voir un P.D.G. d'Air Canada s'exprimer en anglais seulement, 14 ans plus
tard, bien, ils réagissent en indépendantistes en disant : On est au
Québec, on devrait s'attendre à ce qu'Air Canada serve… fonctionne en français.
Lorsqu'on voit les Québécois s'indigner du mépris du Canada anglais lors des
débats durant les fédérales, lorsqu'on voit les Québécois vouloir un modèle
différent de celui de l'Ontario, où est-ce qu'en ce moment, là, on est dans… on
brûle des livres, on dépeint le Québec et ses lois comme des institutions
racistes, toutes ces réactions-là me font dire que la question nationale, elle
est là, dans notre population. Et c'est une question de courage de nommer les
choses telles qu'elles le sont, à savoir que, demeurer dans le Canada, ça a des
conséquences, puis des conséquences qu'on n'aime pas. Puis nous, on va plaider
en fin de semaine pour qu'on laisse d'autres choses aux prochaines générations
que le déclin linguistique, le mépris et les injustices économiques.
M. Robitaille (Antoine) :
Les permis d'étude refusés à des étudiants francophones africains par le
fédéral, qu'est-ce qu'on fait?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Que ce soient les armes à feu, le chemin Roxham ou cette question-là, on est
pris avec des paliers de gouvernement qui se renvoient la balle et on a des explications
très partielles, alors qu'un Québec indépendant, évidemment, va choisir
d'accueillir des francophones en priorité. C'est le programme du Parti
québécois, 100 % d'immigrants économiques francophones. Parce qu'on n'a
pas le pouvoir, bien, on apprend que le gouvernement rouvre le chemin Roxham,
pénalise les étudiants qui sont francophones, alors que c'est eux qu'on devrait
favoriser. C'est ça, ne pas avoir le pouvoir.
Donc, je veux bien qu'on fasse toutes
sortes de spéculations sur l'état de certains sondages, dans les faits,
l'actualité nous rappelle à toutes les semaines, à toutes les semaines qu'il y
a un prix très lourd à ne pas décider pour soi-même.
La Modératrice
:
Dernière question en français, s'il vous plaît.
Mme Côté (Claudie) :
...sur la pénurie de main-d'oeuvre ou la rareté, vous choisirez le mot qui vous
plaît, parce que François Legault va présenter son plan, là, de main-d'oeuvre
cet après-midi, une des clés pour le premier ministre, c'est de payer des bons
salaires pour les employés. Il dit qu'il faut être attractifs. Est-ce que ça
veut dire qu'on doit... que les autres, là, qui ne sont pas capables de payer
cher leurs employés sont condamnés à mourir?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Je vais attendre les annonces avant de commenter parce que je n'ai, en ce moment,
rien de concret. On sait que c'est un problème qui existe depuis plusieurs
années. On va commenter lorsqu'on saura où le gouvernement veut bien aller sur
cette question-là. Donc, je vais attendre les détails avant de commenter.
Mme Côté (Claudie) :
...certains éléments qu'on a sus à la mise à jour économique, là. On parle de
bourses incitatives pour les étudiants, ramener des retraités, mais est-ce que
ça va suffire pour ramener 170 000 personnes sur le marché du travail?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, c'est ça qu'il faut regarder : Est-ce que, dans son ensemble, ces
mesures-là ont des chances d'avoir un impact sur la situation de pénurie de
main-d'oeuvre? C'est ça qu'il faut regarder dans son ensemble, d'où la
nécessité d'étudier ce qu'ils vont déposer.
La Modératrice
: ...
Mme Senay
(Cathy) : Mr. St-Pierre Plamondon, good
morning.
M. St-Pierre
Plamondon (Paul) : Good morning.
Mme Senay (Cathy) : Regarding the reports that Mrs. Kamel wants to have access to, and
now we realize that the original copies don't seem to exist anymore, the fact
that Premier said last week that the coroner will have access to everything,
McCann said the same thing, the Minister McCann, isn't it... I mean, like, we
are in Québec. It's 2021. It was the most important crisis in CHSLDs.
M. St-Pierre
Plamondon (Paul) : Thousands of people have
passed away.
Mme Senay (Cathy) : Is it troubling that, in Québec, we can't have access... the
coroner, during her enquiry, can't have access to original copies of reports?
M. St-Pierre
Plamondon (Paul) : It is very troubling, and
I'm very curious to know whether the Premier and the people around him were
aware that those documents that
were put forward before the coroner were actually fakes. I would like to know
that. Because they are not genuine documents. If that information is confirmed, did the… who in the Government was aware that they were actually putting forward documents that are fakes? It's very serious.
And we already know that they lied, that the Government lied before the coroner. So, I really hope that the coroner will
bring these people once again to give a full testimony as to why they didn't
say the truth.
Mme Senay (Cathy) : So, not just Mrs. Rosebush, but other representatives of the Government, including Mrs. McCann?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Exactly.
Mme Senay (Cathy) : Are you putting pressure on Mr. Legault to participate in the
inquiry?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : We would be more than happy to hear
him about that, on that. However, he already declined the invitation.
Mme Senay (Cathy) : The gatherings, the fact that Mr. Arruda was very cautious, prudent,
at the 1 :00 p.m. press conference, for gatherings during the holiday
season, and then you had Mr. Legault opening the doors or opening the door for
a 20…
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Setting expectations.
Mme Senay (Cathy) : Yes. I mean, do you have the impression that that was a good
strategy for the population to
get them on board if himself mentioned the idea of having 20, 25 people for
gatherings?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : I think it's another case where the Government shouldn't make politics or raise
expectations, should wait for science, and should disclose science in a very
transparent way. We never got that, we never obtained that throughout the three
waves.
So, once again, the
demand from the Parti québécois :
Please, follow the science and stop doing politics, because we know that
politics will be wrong in terms of following what the science requires.
Mme Senay (Cathy) : Let's just clarify it one last time. The fact that the Premier
himself opened the door, opens the door for 20, 25 people gatherings, does it
make more difficult afterwards to ensure the population follows the rules?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Of course, if the science changes, if
the data changes, and you need to change the expectations, what is the rational,
what is the need to create expectations many weeks in advance? It's exactly
what we've done a year ago, when we told people that Christmas would be great
during three days, only to backtrack afterwards because there was no data, no
science before… underneath that first announcement. So, we need to stop doing
that.
La Modératrice
: Dernière question
en anglais, s'il vous plaît.
Mme Fletcher (Raquel) : Good morning. I just have a question about the incident that happened Friday night in Québec City with the police officers and the
teenagers who were black. Do you think that the investigation should be
conducted by an independent body, the BEI, for
instance?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Yes, it really should. Given the importance and given the
images that we have before us, I think the appropriate way to have a complete
inquiry is to have the Bureau des enquêtes indépendantes. So, we have a body,
we have an institution that is designed specifically for that need to have an
independent inquiry, so, that's what we expect from the Government, an
independent inquiry.
Mme Fletcher (Raquel) : Merci.
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Thank you.
La Modératrice
:
Merci beaucoup. Bonne journée.
(Fin à 10 h 31)