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Point de presse de M. Monsef Derraji, porte-parole de l’opposition officielle en matière de PME et d’innovation, et M. André Fortin, leader parlementaire de l’opposition officielle

Version finale

Le mardi 30 novembre 2021, 11 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Onze heures cinq minutes)

M. Fortin : Bonjour. Bonjour à vous tous. Merci d'être là. Sous cet angle... il me semble que ça fait longtemps qu'on vous a vus sous cet angle-là. Aujourd'hui, je veux vous parler de la version... la saga des versions contradictoires du gouvernement dans le dossier des CHSLD, qui, de toute évidence, se poursuit.

Après la semaine dernière, que la ministre McCann ait menti au public, à la coroner, et avoir été publiquement désavouée par la Protectrice du citoyen, en disant qu'aucune directive précise n'avait été donnée en janvier et aucune mesure de renforcement de protection des CHSLD n'avait été mise en place avant la mi-avril, bien, aujourd'hui, on a un scénario qu'on ne croyait pas voir dans une société démocratique comme le Québec où la coroner en chef est incapable de mettre la main sur des documents essentiels à ses enquêtes. Elle se demande aujourd'hui si elle va devoir faire comparaître les inspecteurs qui sont allés dans les CHSLD afin de recevoir ces rapports d'inspection là, afin d'avoir l'information dont elle a besoin. Pourtant, ça avait été promis plusieurs fois en période de questions à l'Assemblée nationale, au salon bleu, par le premier ministre lui-même.

Ce qu'on voit, c'est des versions abracadabrantes de la même histoire. La semaine dernière, on avait des rapports uniquement verbaux. Ensuite, on nous a dit qu'ils avaient été détruits. Ensuite, ce n'était pas détruit, ça n'avait jamais existé. Après ça, on nous a dit : Oui, il y en a. Le ministre a refusé de remettre les versions papier ici, en Chambre. Après ça, on a eu un tableau qui a été fabriqué de toutes pièces le 16 novembre, le jour même de la comparution de la sous-ministre adjointe devant la coroner. Le premier ministre nous a dit : On va rendre publics ces documents-là. Après ça, c'était public, mais uniquement pour la coroner, alors pas disponible au public. Après ça, ça a été envoyé à certains d'entre vous.

Comment voulez-vous que la coroner s'y retrouve? Comment voulez-vous qu'elle fasse son travail de façon méthodique, de façon complète lorsque le gouvernement refuse d'être complètement transparent?

Je vous rappelle ici, là, qu'on parle d'un triste épisode, d'un triste événement où 4 000 Québécois sont décédés, lors de la première vague, en CHSLD. Il est temps que le gouvernement arrête de niaiser avec l'information, qu'il fasse preuve de transparence la plus totale. On le doit aux familles des gens qui sont décédés et aux gens qui veulent savoir dans quelles conditions tous ces gens sont décédés.

Je vais passer la parole à mon collègue pour un dossier différent.

M. Derraji : Bonjour. Oui, c'est un dossier un peu différent, mais je peux refaire le même discours que mon collègue, c'est juste enlever le mot CHSLD et parler des prêts que M. le ministre de l'Économie a octroyés d'une manière, je dirais, où il y a absence de transparence.

Donc, vous l'avez tous vu la semaine dernière, la Vérificatrice générale et la liste des entreprises, la liste des prêts, que le ministre de l'Économie a essayé de choisir les gagnants et les perdants. Je tiens juste à rappeler une chose extrêmement importante, les prêts, le PACTE, donc le programme qui a été lancé, c'est dans le cadre d'une pandémie, ça veut dire il faut absolument démontrer qu'il y a un lien entre la pandémie et les pertes de revenus. Malheureusement, malheureusement, le ministre n'a pas déclaré l'ensemble des règles par rapport à l'octroi de ces prêts et il a choisi des entreprises.

Et maintenant, aujourd'hui, ce qu'on demande, c'est le dévoilement de la liste de ces entreprises qui ont bénéficié de ce pouvoir discrétionnaire de la part du ministre de l'Économie. Ce n'est pas son argent, ce n'est pas sa petite caisse, c'est l'argent des contribuables. Et on exige la transparence totale dans ce dossier. On se demande pourquoi le ministre cache de l'information, pourquoi le ministre de l'Économie refuse de dévoiler la liste des entreprises qui ont bénéficié de son pouvoir discrétionnaire.

Dans ce sens, j'attire votre attention que j'ai envoyé une demande officielle, une demande de mandat d'initiative à la présidente de la Commission de l'économie et du travail pour convoquer le ministre de l'Économie pour un échange par rapport à ces prêts qu'il a octroyés à 10 entreprises en ne respectant pas les règles. Merci beaucoup.

La Modératrice : Débutons avec les questions en français. M. Lacroix.

M. Lacroix (Louis) : Bonjour, M. Fortin.

M. Fortin : Allo.

M. Lacroix (Louis) : Sur ce qui s'est passé, je comprends que vous avez... en fait, votre cheffe a réagi, que M. Rousselle également, le porte-parole en matière de sécurité publique, a réagi en fin de semaine dernière, mais sur ce qui s'est passé à la police de Québec, avec ce qu'on apprend, là, au cours des derniers jours, est-ce qu'il n'est pas temps qu'on demande une enquête indépendante du BEI, par exemple, pour faire la lumière sur ce qui s'est passé lors de ces événements-là?

M. Fortin : Oui. D'une part, j'ai entendu les points de presse du Parti québécois et de Québec solidaire, j'étais content que les deux se rallient à notre demande d'une enquête indépendante. Et cette enquête-là, elle doit être faite par le Bureau des enquêtes indépendantes, c'est la moindre des choses dans un dossier comme celui-là où le public doit avoir confiance en son service de police. Alors, pour les gens impliqués dans ce dossier-là, pour les communautés qui parfois ont une certaine appréhension par rapport à des interventions policières, pour les policiers eux-mêmes, pour la confiance du public envers le service de police, une enquête indépendante du BEI s'impose.

M. Lacroix (Louis) : Est-ce que par mesure de transparence ou de... comment dire, de protection de l'intérêt public, est-ce qu'on ne devrait pas suspendre les policiers qui sont impliqués, le temps qu'on fasse la lumière sur leurs gestes?

M. Fortin : Nous sommes d'accord pour la suspension des policiers, des policiers impliqués dans l'incident qui s'est produit ce week-end.

M. Lacroix (Louis) : Est-ce que vous le demandez?

M. Fortin : Oui, nous demandons la suspension de ces policiers-là le temps que l'enquête soit faite, le temps qu'on comprenne, qu'on ait toute l'information sur ce qui s'est passé, sur les raisons de cette intervention-là, qu'on entende les explications et qu'on puisse comprendre le fond de l'histoire. Nous demandons la suspension des policiers impliqués le temps de cette enquête.

M. Robillard (Alexandre) : Compte tenu que, dans le mandat du BEI, c'est possible pour le ministre de lui demander d'enquêter sur des faits comme ceux qui sont survenus en fin de semaine, mais que le mandat indique aussi que ce n'est pas possible que le BEI s'en occupe si ça relève du commissaire à la déontologie, avez-vous l'impression que Mme Guilbault a fait un choix limitatif?

M. Fortin :Je pense que, dans un dossier comme celui-là, c'est important que ce ne soit jamais limitatif, qu'on puisse comprendre l'entièreté de ce qui s'est passé. C'est ça qui est essentiel pour que le public ait confiance en ses forces policières.

Alors, nous, on aimerait que le Bureau des enquêtes indépendantes se penche sur cet enjeu-là afin que toute la lumière soit faite. Si la ministre choisit une autre avenue, je pense que c'est à elle d'expliquer pourquoi. Mais, pour nous, l'avenue où il y a un maximum de bénéfices au niveau de la transparence, au niveau de l'indépendance, c'est une enquête par le BEI.

M. Robillard (Alexandre) : ...pourquoi ça dépasse le cadre de la déontologie et que ça nécessiterait que le BEI s'en occupe?

M. Fortin : Mais le BEI a été créé pour s'occuper d'incidents comme ceux-là, pour faire enquête, pour faire lumière sur des incidents impliquant des forces policières comme ça. Alors, pour nous, nous avons un outil à notre disposition qui permettrait de faire l'entièreté de la lumière, qui permettrait de comprendre tout ce qui s'est passé, c'est l'instance qui est appropriée.

M. Robillard (Alexandre) : Pourquoi ce n'est pas juste une faute déontologique?

M. Fortin : Bien, on ne sait pas pour l'instant elle est où, la faute exacte. Alors, c'est pour ça que le BEI est mieux placé que n'importe quelle instance précise comme celle que vous mentionnez.

M. Robillard (Alexandre) : Puis, M. Derraji, est-ce que vous avez vraiment espoir que la Commission de l'économie adopte un mandat par lequel M. le ministre Fitzgibbon irait s'expliquer sur ça ou est-ce que ce n'est pas plutôt la Commission de l'administration publique? Mais, je veux dire... c'est quoi, le poids que l'opposition a à la commission pour...

M. Derraji : Bien, en fait, j'offre l'occasion au ministre de venir expliquer les raisons de son choix, parce que c'est très grave, ce qui s'est passé. C'est qu'il a choisi des règles, il n'a pas déclaré... Les règles n'étaient pas très claires au niveau des critères d'admissibilité. Il a choisi d'une manière délibérée de ne pas dévoiler l'ensemble des critères à l'ensemble des entreprises québécoises. Et, quand je vois qu'un des prêts, c'est une entreprise en démarrage et qu'il a eu des difficultés financières avant même la pandémie, je me pose beaucoup, beaucoup de questions. C'est quoi, le lien qu'il y a entre M. Fitzgibbon et l'ensemble des entreprises qui ont bénéficié de ces prêts? Et le meilleur moyen, c'est au niveau de la Commission de l'économie et du travail. J'ai bien hâte à voir la partie gouvernementale aussi, qu'est-ce qu'elle va dire par rapport à cela. Mais ça va démontrer une seule chose : le niveau de transparence de ce gouvernement, il est où.

M. Robillard (Alexandre) : Et vous pensez que le gouvernement va accepter ça?

M. Derraji : J'espère. J'espère. Écoute, j'espère qu'ils vont accepter. On utilise les moyens qu'on a. Quand le ministre lui-même, sur la place publique, il déclare qu'il connaissait tout le monde, c'est du jamais-vu. Il connaissait tout le monde. Mais, s'il connaissait tout le monde, est-ce que ça lui donne le droit de donner des prêts sans respecter les critères et de jouer… Il n'est plus dans une banque, il ne peut pas agir de cette façon, il y a des règles. Il gère l'argent des contribuables.

Donc, pour moi, en tant que porte-parole de notre formation politique en termes d'économie, c'est le seul moyen que j'ai, c'est de convoquer le ministre de l'Économie venir s'expliquer. Pourquoi, premièrement, il a choisi de mettre des règles et ne pas les dévoiler? Parce qu'il y a d'autres entreprises qui aimeraient avoir ces prêts, mais ils n'ont pas pu utiliser ces prêts parce qu'ils ne respectaient pas les critères. Mais le ministre de l'Économie a choisi quelques entreprises pour leur donner des prêts en utilisant son pouvoir discrétionnaire. C'est là où on est aujourd'hui.

Mme Prince (Véronique) : Bonjour. Pour M. Fortin, par rapport à la coroner, je sais que vous avez demandé, vous aussi, une enquête publique indépendante, tout ça, mais à partir du moment où le gouvernement dit non, là, c'est quoi, les leviers que la coroner pourrait avoir en ce moment, là? Qu'est-ce qu'elle peut faire?

M. Fortin : Bien, la coroner, elle est libre de faire témoigner les gens qu'elle désire. La semaine dernière, on a demandé nous-mêmes que le premier ministre soit interrogé. Mais je veux le dire, là, nous, de notre côté, on a pleinement confiance en la coroner, mais la coroner, elle est limitée dans... de un, par son mandat, mais elle est aussi limitée par l'information qu'elle reçoit du gouvernement, et c'est là que ça... c'est là que, particulièrement, ça devient frustrant, non seulement pour elle, elle a déjà exprimé sa frustration sur la place publique, mais ça devient frustrant pour les gens qui écoutent ces... qui entendent les délibérations. Quand on voit que le gouvernement lui-même, la ministre de la Santé de l'époque ment devant la coroner, ment sous serment, quand on voit qu'on envoie des informations parcellaires, on envoie des informations qui ne sont pas satisfaisantes, des informations qui ne lui permettent pas de faire son travail, à sa place, moi aussi, je serais frustré. Alors, je comprends son exaspération aujourd'hui. Et qu'elle se pose des questions par rapport à la suite des choses de son enquête, par rapport aux témoins qu'elle devra appeler par la suite, c'est tout à fait normal dans un contexte où le gouvernement refuse une certaine transparence.

Mme Prince (Véronique) : Là, je comprends qu'elle pourrait assigner des inspecteurs, elle pourrait réassigner d'autres témoins. Est-ce qu'effectivement vous demandez qu'il y ait des témoins qui reviennent une deuxième fois à la barre, par exemple?

M. Fortin : Bien, je demande surtout au gouvernement d'être ouvert, d'être transparent. Il y a 4 000 personnes, là, qui sont décédées dans les CHSLD lors de la première vague. Il y en a beaucoup qui sont décédées encore, par la suite, dans les CHSLD. Le gouvernement nous dit une chose sur ce qu'ils ont fait. On apprend le contraire le lendemain. Le gouvernement nous dit qu'il n'a pas des documents. On apprend le contraire le lendemain. La coroner, là, doit se poser des questions et elle le fait déjà sur la meilleure façon d'obtenir toute l'information nécessaire, mais la première façon d'avoir toute cette information-là pour la coroner, pour les familles, ce serait que le gouvernement fasse preuve de transparence, ce qu'il ne fait pas en ce moment.

M. Robitaille (Antoine) : Bonjour.

M. Fortin : Allo.

M. Robitaille (Antoine) : Céder le Royal Vic à McGill, est-ce que ce n'est pas contribuer à l'anglicisation de Montréal?

M. Fortin : Mais l'Université McGill est une institution québécoise, une institution qui a été bâtie au Québec, et je pense que tous les Québécois souhaitent que cette institution-là demeure, qu'elle puisse continuer d'offrir des services à la population québécoise. Mais l'édifice lui-même, au niveau du Royal Vic, c'est quelque chose qui peut être utile pour l'université, c'est quelque chose qui peut être utile pour qu'elle puisse offrir des services nécessaires. Alors, nous, ce n'est pas… contrairement au Parti québécois, là, nous, on n'a pas d'enjeu avec cette situation-là.

M. Robitaille (Antoine) : Mais certains disent que, justement, ça aurait été une occasion, vous qui convenez que le français est en difficulté à Montréal, ça aurait été une occasion de plutôt aider des groupes communautaires francophones ou une université francophone. L'UQAM a besoin de locaux. L'UdeM est de l'autre bord de la montagne.

M. Fortin : On est tout à fait d'accord pour que le gouvernement investisse davantage dans les institutions francophones. On peut le faire en région, on peut le faire à Montréal. Il y a un investissement à faire dans les universités québécoises. Je prends l'exemple sur ma propre région, là, qui a un déficit de programmes à l'Université du Québec en Outaouais et pour lequel on perd des étudiants vers l'Ontario. Si le gouvernement veut faire un vrai effort de promotion de la langue française, il peut le faire dans plusieurs universités. Alors là, un dossier n'empêche pas l'autre, pour nous.

Mme Côté (Claudie) : J'ai une question pour M. Derraji, si possible. Parce que le gouvernement va présenter cet après-midi son plan pour la main-d'oeuvre. On sait, on cherche des travailleurs partout. Le salaire semble être une des clés, là, du gouvernement Legault. C'est quoi, vos attentes pour l'annonce de cet après-midi?

M. Derraji : Bien, premièrement, ce que je constate, c'est une annonce qui vient trop tard, trois ans après que le gouvernement a nié, au début, en 2018, la crise de la pénurie de main-d'oeuvre et que, pendant plusieurs mois, le premier ministre n'a pas reconnu que le premier défi économique au Québec, c'est la pénurie de main-d'oeuvre. Parlant de cohérence, à l'extérieur du parlement, pendant… ça fait plusieurs semaines, j'ai le personnel de soutien des CPE qui manifestent pour des conditions salariales pour eux, et ce qu'on voit, que le gouvernement n'applique pas sa règle, qu'il demande au secteur privé d'augmenter les salaires. Donc, nous sommes devant un fait : 270 000 postes vacants sur l'ensemble du territoire. Il y a beaucoup d'organisations, y compris les municipalités qui ont déclaré que c'est une catastrophe qui affecte d'une manière très directe les régions, le développement économique régional. Nos attentes sont très élevées.

Premièrement, un plan d'urgence. J'espère que le gouvernement, aujourd'hui, ne va pas juste venir pour nous annoncer des formations de courte durée un peu partout au Québec. J'espère qu'ils vont avoir un plan réel pour répondre à la PME que j'ai visitée en Abitibi, la semaine dernière, qui a besoin d'employés la semaine prochaine, sinon, c'est des contrats qu'elle va refuser. J'espère que le gouvernement, aujourd'hui, va répondre à la délégation qui est venue de Chaudière-Appalaches manifester au Palais des congrès, 45 intervenants qui ont rencontré le ministre de l'Emploi et qui nous ont rencontrés pour nous dire : Écoutez, c'est assez, c'est urgent, nous avons besoin de travailleurs, sinon, c'est des contrats qu'on perd et ça a un impact direct sur l'économie de notre région.

Mme Côté (Claudie) : Demander aux entreprises privées de toujours augmenter les salaires, là, est-ce que ce n'est pas un peu condamner ceux qui ne sont pas capables à mourir?

M. Derraji : Oui. Premièrement, ça démontre une très mauvaise connaissance de l'entreprise et les régions de la part du premier ministre. J'ai visité plusieurs entreprises. Si vous savez ce qu'ils font… Premièrement, au niveau salarial, ils sont maintenant, en Abitibi, des entreprises qui achètent des maisons, parce qu'il y a une crise du logement, pour loger les travailleurs. Ils travaillent avec le secteur communautaire pour avoir des places en garderie.

Le gouvernement a nié plusieurs crises. Aujourd'hui, ce qu'on voit dans plusieurs régions, c'est que le défi de main-d'oeuvre, la crise du logement, le manque de places en garderie freinent notre économie. C'est là où on est aujourd'hui.

M. Gagnon (Marc-André) : Bonjour. Concernant les mesures pour les fêtes, vous avez entendu hier le premier ministre souhaiter publiquement que la limite soit augmentée à 20, 25 personnes. Alors, dans votre caucus, au Parti libéral, comment on se positionne? Est-ce que vous auriez une préférence pour qu'on conserve ça à 10, comme c'est le cas actuellement, ou est-ce que, pour des raisons d'applicabilité, il faudra…

M. Fortin : Nous, on veut surtout que les avis de la Santé publique soient clairs sur cet enjeu-là, soient disponibles dès qu'ils sont confirmés ou qu'ils sont finalisés par la Santé publique elle-même. Ce qui est problématique, cependant, c'est que le même jour où le ministre de la Santé dit publiquement : Faites attention, la règle, c'est 10, ne l'oubliez pas, c'est encore ça, le premier ministre s'exprime publiquement en disant que, lui, il aimerait ça que ce soit 20 ou 25. Si on veut que les règles soient respectées, on ne peut pas juste lancer dans l'air des souhaits comme ça. C'est ça qui crée de la confusion chez les Québécois, c'est ça qui crée une incertitude par rapport aux règles. Alors, je souhaite que le premier ministre fasse preuve de la même diligence que son ministre de la Santé à ce niveau-là.

M. Bergeron (Patrice) : Bonjour à vous deux. Vous avez dit tout à l'heure, donc, que la ministre a menti sous serment, le gouvernement tarde à donner des documents ou retarde la publication de documents, mais selon vous… Et il y a eu 4 000 morts, quand même.

M. Fortin : Pardon? J'ai mal…

M. Bergeron (Patrice) : Et il y a eu 4 000 morts, quand même. Pourquoi le gouvernement fait ça?

M. Fortin : Bien, c'est une saprée bonne question. La semaine dernière, la ministre de la Santé a commencé un point de presse en disant qu'elle voulait rectifier certains points à son sujet. Bien honnêtement, là, l'orientation du gouvernement, la priorité du gouvernement ne devrait pas être de rectifier certains points à son sujet, ça devrait être de rectifier certaines informations, de s'assurer que les faits sur ce qui s'est produit en CHSLD soient publics, soient connus des familles qui ont perdu leurs proches.

Je m'explique bien mal la décision du gouvernement, les décisions successives du gouvernement de mentir à la coroner, de cacher de l'information, de changer les versions au fil des jours. On est dans une enquête sérieuse, menée par des gens sérieux, est-ce qu'on peut avoir une approche sérieuse de la part du gouvernement?

M. Bergeron (Patrice) : Dernièrement, en Suisse, il y a eu un référendum sur la question de la validation des mesures sanitaires, où la population a validé, a approuvé le plan de passeport vaccinal. Nous, on a une loi sur les consultations populaires, il y a eu beaucoup de problèmes, il y a beaucoup de contestations, est-ce que ça aurait pu servir à asseoir la légitimité des mesures que de procéder de cette façon-là à un certain moment?

M. Fortin : Bien, je pense que ce qui permettrait surtout d'asseoir la légitimité des mesures qui sont en place, ce serait que le gouvernement les dévoile entièrement, que les avis de la Santé publique, qui sont basés sur la science, qui sont basés sur les avis d'experts, soient toujours diffusés, soient diffusés le plus rapidement possible, soient diffusés au moment où le gouvernement met en place des restrictions, lève des restrictions. Si on veut s'assurer que le public a confiance en l'entièreté de ces règles-là, bien, qu'on explique chacune d'entre elles et les raisons derrière ça. Je pense que c'est surtout ça qui aiderait à alimenter la confiance du public.

M. Bergeron (Patrice) : Dernière question. M. Derraji, vous avez évoqué tout à l'heure, donc, que ça freine l'économie, là, le problème de pénurie de main-d'oeuvre, vous avez évoqué tous les problèmes que ça pouvait représenter. Mais est-ce qu'on a une idée, sur les 160 quelque mille postes à combler, là, ce que ça peut représenter en PIB, qui nous manque ou qui… le chiffre ou…

M. Derraji : Oui. La situation, elle est très alarmante d'une région à une autre. Si je peux vous parler juste de ma dernière mission en Abitibi, c'est carrément… des gens sont en train de limiter les dégâts. Je vous donne un exemple, une seule entreprise, 300 appels de service. Et, quand je dis appels de service, c'est genre un service en plomberie. Donc, l'impact, il est énorme, parce qu'à court terme ils refusent des contrats, ils ne répondent plus à leurs clients, ils choisissent leurs clients. Ils ne peuvent pas endurer ça plus qu'une année ou deux. Ça veut dire quoi par la suite? Délocaliser? Chercher à fabriquer ailleurs? C'est là où nous sommes. Là, je vous parle d'une région où la main-d'oeuvre, elle est extrêmement importante, l'Abitibi. La même chose, je peux le dire, à Chaudière-Appalaches.

Donc, le gouvernement n'a pas pris au sérieux l'enjeu. Le premier ministre avait cette obsession de dire que son défi, c'est augmenter le salaire, mais il ne peut pas juste parler de l'augmentation de salaire sans parler de la disponibilité de la main-d'oeuvre active, surtout quand on voit le défi démographique qu'on a aujourd'hui. Et vous avez vu les articles comme aujourd'hui sur le défi démographique qu'on a et que l'ensemble des régions font face.

M. Bergeron (Patrice) : On n'a pas de chiffres sur le PIB manquant que ça peut représenter, ces salaires-là, ces impôts-là payés.

M. Derraji : En fait, ce qu'on a, le chiffre qu'on a, c'est la dernière étude des Manufacturiers et exportateurs du Québec. Ils ont clairement documenté que ce qu'on a perdu, les deux dernières années, à cause de la non-disponibilité de main-d'oeuvre, est de l'ordre de 18 milliards de dollars. Ça, c'est uniquement les Manufacturiers et exportateurs du Québec. Dans la même région de Chaudière-Appalaches, l'étude des Manufacturiers et exportateurs du Québec est conforme à l'étude faite par la région de Chaudière-Appalaches, par l'ensemble des acteurs.

Donc, oui, il y a un impact majeur. Il y a des gens, même des économistes qui vont vous dire que, si ce n'est pas la surchauffe immobilière, l'économie va aller très mal parce qu'on a vraiment un problème de rareté de main-d'oeuvre et de pénurie de main-d'oeuvre.

M. Bergeron (Patrice) : Merci.

M. Derraji : Je vous en prie.

La Modératrice : Poursuivons avec les questions en anglais.

Journaliste : ...

M. Fortin : The inquiry that's being led by the coroner right now is a very important inquiry to all Quebeckers, but to the family members of the 4,000 Quebeckers who lost their lives during the first wave of the pandemic in our long-term care facilities. And the Government is playing... not just playing fast and loose with the facts that it's giving the coroner, but it outright lied under oath to the coroner last week. We had a government Minister, a sitting government Minister lie to the coroner last week. She was publicly shamed for it by the Protectrice du citoyen. The Government this week is giving one version of the data that the coroner needs to her, then changing it, then making documents on the fly to provide to her. I can understand why the coroner is showing a certain frustration, a certain exasperation.

And the Quebeckers deserve the truth on this one. This is a... This is a situation... an unprecedented situation where 4,000 people, 4,000 Quebeckers died in the government's care. And there is a duty to give the truth as to whether we could have done better, as to whether we could have put additional measures, as to what conditions these people died in. And there is no reason, there is no acceptable reason not to give the full truth to Quebeckers, to give all the documents necessary for her to be able to conduct a thorough inquest. And the Government needs to realize that this is not just another file. This is one of the most significant inquiries that we will see in our lifetime, and it is completely unacceptable for the Government not to be fully transparent with Quebeckers and the family members of those 4,000 people.

Journaliste : On another issue...

M. Fortin : That's a very good question. The Bureau des enquêtes indépendantes was made for specifically instances like this where police forces may not be the best place to lead internal investigations. Where you want an external investigation, you want somebody with an outside eye to be looking at all the facts, all the reasons, all the details of the situation. So, we have in Québec, we already have decided that we have this body that is supposed to be looking at these things. There is no reason to say : OK, let's have somebody else, the Ethics Commissioner or whoever else look at it. We have an instance or a body that can look at all the facts independently, that can contribute to ensuring the public has confidence in the inquest itself. And so, really, it's hard for anybody to understand why the Government wouldn't turn to that body and say : Can you please look at fully what happened so that everybody has all the details, and the public does have confidence in, a, it's police forces, and, b, it's independent inquiry.

Journaliste : ...

M. Derraji : I want to see a real plan, a real plan because it's very urgent what... As I said in French, I just came from... I spent a week in Abitibi, and people told me that it's very urgent to have a plan, a clear plan for our SMEs because the impact, it's very real for our economy. It's not only about training, it's... to have a collaboration between universities and CEGEP, it's good, but it's a long-term plan. What we need now is how we will help our SMEs and businesses to find workers. And, you know, we have a lot of problems with the CAQ since the beginning regarding shortages for employers.

Mme Fletcher (Raquel) : Regarding? Sorry.

M. Derraji : Regarding the shortage of employees.

Mme Fletcher (Raquel) : OK, thank you. Thank you very much.

Une voix : Thank you.

(Fin à 11 h 33)

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