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Point de presse de M. Frantz Benjamin, porte-parole de l’opposition officielle en matière de travail, Mme Manon Massé, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de condition féminine, et M. Joël Arseneau, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de services sociaux

Version finale

Le jeudi 24 février 2022, 12 h 45

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Douze heures quarante-six minutes)

La Modératrice : ...transpartisan. Prendra, la parole, tout d'abord, Manon Massé, suivie de Caroline Toupin, porte-parole de la campagne Engagez-vous pour le communautaire, ensuite, monsieur Frantz Benjamin, député du Parti libéral du Québec, puis, finalement, Joël Arseneau, député du Parti québécois.

Mme Massé : Oui. Alors, bonjour tout le monde. Merci d'être là. En fait, moi, ce que j'aurais aimé, c'est de ne pas obliger d'être là. Ce que j'aurais aimé, c'est que les demandes que le réseau, notre magnifique réseau de groupes communautaires, à travers le Québec, n'ait pas besoin de faire une semaine de grève pour se faire entendre auprès du gouvernement du Québec.      Alors, aujourd'hui, je suis contente d'être là en soutien au regroupement québécois de l'action communautaire autonome, à tous les groupes communautaires au Québec, mais je suis triste d'être là, parce que, dans les faits, ça fait des décennies que les groupes communautaires nous disent qu'ils ont besoin d'un appui réel de la part du gouvernement du Québec, qu'ils ont besoin que ce financement-là soit indexé annuellement et que ce financement-là serve à ce pour quoi ils existent, c'est-à-dire le financement à la mission.

Alors, je suis très contente aujourd'hui d'être avec mes collègues députés pour venir rappeler au gouvernement du Québec que, si le Québec a réussi à s'en sortir pas pire, dans les derniers mois de cette pandémie, c'est parce qu'il y avait le filet social de notre filet social institutionnalisé, c'est-à-dire les groupes communautaires, qui, lui, était en action, qui, lui, n'a pas arrêté, mais qui, là, aujourd'hui, nous lance... demande au gouvernement du Québec d'agir de façon rapide parce qu'il y a un petit budget qui s'en vient.

Mais je vais laisser celle qui, de loin, représente le mieux les groupes communautaires, c'est-à-dire la coordonnatrice du RQ-ACA, mais surtout porte-parole de la coalition Engagez-vous, Caroline Toupin.

Mme Toupin (Caroline) : Merci, Manon. Merci. D'abord, merci beaucoup aux trois partis de l'opposition d'être ici avec nous, en appui, c'est vraiment très apprécié, là. On l'a toujours dit, on considère que le communautaire, il n'y a pas de partisanerie là-dedans, ça appartient à la communauté puis tout le monde reconnaît l'importance... tous les partis reconnaissent l'importance du communautaire. Donc, merci beaucoup d'être là.

Donc, aujourd'hui, ici, devant l'Assemblée nationale, se terminera une vague historique de grèves, de fermetures des organismes communautaires. Cette semaine, 1 500 organismes communautaires, presque 1 600, là, ça continue, étaient en grève, fermaient leurs portes, étaient en action pour mettre en lumière non seulement leurs besoins, mais aussi leur détresse, parce qu'on est vraiment rendu là, là, on est vraiment rendu dans une situation de détresse. Au même moment, le gouvernement déposait une énième motion ici même, à l'Assemblée nationale, cette semaine, pour souligner l'apport exceptionnel des organismes communautaires. Eh bien, moi, ce que j'ai envie de dire au gouvernement, c'est : Ce n'est pas des motions de félicitations qu'on a besoin, c'est de 460 millions de dollars récurrents à la mission globale, indexés annuellement, au prochain budget de mars 2022.

Les problèmes, on les connaît : augmentation des besoins de la population — avec la COVID, c'est encore pire; augmentation des demandes dans les organismes communautaires; conditions de travail en dessous de la moyenne québécoise, nos employés s'en vont travailler ailleurs, on n'est plus capables d'embaucher; pénurie de main-d'oeuvre, celles qui restent, ceux qui restent sont fragilisés. On a des enjeux de surcharge de travail, on a des enjeux d'épuisement, de santé mentale, de fatigue et on est obligés de fermer des services, et même certains organismes, à un moment où est-ce que la population... les besoins de la population augmentent. Donc, ça ne fait absolument aucun sens.

Les besoins, on les connaît… Les problèmes, on les connaît, mais les solutions aussi, on les connaît. Ça prend du financement récurrent à la mission avec une indexation annuelle, 460 millions. Pourquoi, mission? Pourquoi, récurrent? Parce qu'on ne veut pas recommencer le travail éternellement, on veut des solutions durables.

Ce que ça nous prend aussi, c'est un plan d'action gouvernemental en action communautaire pour que le gouvernement travaille sur le respect de notre autonomie, travaille sur la reconnaissance de nos expertises sociopolitiques, travaille à l'amélioration de nos relations avec le gouvernement et travaille aussi à favoriser la cohérence gouvernementale dans ses interventions avec le milieu communautaire.

Ce qu'on nous dit aussi puis ce sur quoi on a travaillé aussi, c'est une loi, une loi qui viendrait consolider les engagements du gouvernement envers le milieu communautaire. Et enfin, ça prend aussi des investissements dans les services publics, les programmes sociaux, pour soutenir les personnes qui fréquentent nos organismes.

Les solutions sont là. Ça fait trois ans qu'on les travaille avec le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale. On a fait un travail sérieux. Le ministre nous a consultés, il a consulté nos partenaires, et tout le monde, absolument tout le monde est d'accord, les élus sont d'accord, la population est avec nous, les partenaires philanthropiques sont avec nous, les partenaires municipaux sont avec nous, il y a un consensus social autour du financement de base des organismes communautaires. Donc, pourquoi, pourquoi attendre? Pourquoi les solutions ne sont pas encore sur la table? Donc, moi, c'est la question que j'adresse aujourd'hui au gouvernement.

Le premier ministre nous dit : Bravo! Le cabinet nous dit : Bravo! vous êtes essentiels. Le ministre des Finances nous dit : Bravo! continuez votre beau travail. Ce que les organismes leur disent, cette semaine, c'est que c'est assez, les belles promesses, il est temps de passer de la parole aux actes. Actuellement, on a tout en main, tous les outils sont là pour marquer l'histoire du mouvement communautaire. On a travaillé ça très, très fort avec le ministère, avec le gouvernement. Tout est là pour vraiment marquer l'histoire. Il faut arrêter de nous prendre pour acquis. Il faut arrêter de nous faire miroiter de belles promesses. Et maintenant, ce qu'on demande au gouvernement, c'est de respecter ses engagements électoraux. Merci beaucoup.

M. Benjamin : Merci. Merci, Caroline. Écoutez, au nom de ma formation politique, au nom du Parti libéral du Québec, je suis là pour soutenir cette mobilisation importante, Engagez-vous. Nous nous engageons auprès de l'ensemble des groupes communautaires du Québec.

Je suis ici aussi comme un jeune qui a grandi dans Saint-Michel, qui a pu bénéficier... un quartier montréalais, qui a pu bénéficier du soutien d'organismes communautaires et qui, plus tard, aussi, dans sa vie, a travaillé comme intervenant auprès d'organismes communautaires, dans Parc-Extension, entre autres, un quartier où il y a beaucoup d'enjeux, beaucoup de difficultés. Je connais la valeur, je connais le rôle des groupes communautaires. Et, vous savez, dans certains cas, pour plusieurs jeunes, aînés et familles du Québec, quand les institutions ne sont plus là, le seul filet qui reste, c'est le filet communautaire. Et pour moi, aujourd'hui, c'est important que je vienne rappeler que ce mouvement-là, les mouvements communautaires, est précieux dans la vie de toutes les collectivités québécoises. Et pour nous, être avec, aujourd'hui, des collègues comme Manon, comme Joël, c'est très important pour nous.

Et aujourd'hui, l'appel que je lance aux 75 députés de la CAQ : C'est le temps de vous engager, parce que, dans chacune de vos circonscriptions, il y a des groupes communautaires, il y a des organismes communautaires qui prennent soin de notre monde. Alors, je demande aux 75 élus de la CAQ de vous engager autour de cette mobilisation communautaire pour qu'enfin on passe de la parole aux actes. Merci.

M. Arseneau : Merci beaucoup. Donc, je suis très heureux d'être ici avec mes collègues, Frantz, Manon et Mme Toupin, pour signifier qu'il manque peut être un joueur, mais qu'il a jusqu'au 22 mars pour se signifier à nous et le faire de la bonne façon, c'est-à-dire, le gouvernement du Québec et ses 75 députés, de déposer un budget qui comprenne 460 millions de dollars pour les organismes communautaires autonomes du Québec. Il ne peut plus, le gouvernement, ignorer les signaux de détresse, les appels à l'aide du milieu communautaire qui, justement, depuis des années et des années, compense, justement, les lacunes et les failles du filet social dans l'ensemble des communautés du Québec. Et ça se fait, évidemment, dans les milieux urbains, Frantz nous en parlait tout à l'heure, ça se fait également dans les milieux régionaux et les plus éloignés, comme chez nous, aux Îles-de-la-Madeleine.

Et la pandémie n'a fait qu'exacerber le problème. La charge de travail a augmenté dans tous les groupes communautaires. Qu'on s'occupe des femmes victimes de violence ou en hébergement, qu'on s'occupe de santé mentale, qu'on s'occupe des jeunes également, évidemment, qu'on s'occupe de toxicomanie, qu'on s'occupe d'aide alimentaire, les ressources manquent, les ressources financières, mais des ressources aussi qui permettraient d'améliorer les conditions de travail de ces professionnels en action communautaire, qui ne sont pas encore reconnus à leur juste valeur et qui peuvent être tentés d'aller ailleurs, là où les conditions salariales seront meilleures, là où la reconnaissance sera à la hauteur. Et heureusement qu'on a encore la capacité de rétention, parce que, ces gens-là, ils en ont le coeur à la bonne place, ils sont bienveillants, mais la patience s'effrite.

C'est la raison pour laquelle, aujourd'hui, on a un mouvement qui est historique, un mouvement de grève à travers l'ensemble du Québec, non pas pour priver les gens, les citoyens de services, bien au contraire, pour s'assurer que ces actions-là vont permettre de générer un véritable mouvement vers une consolidation du milieu communautaire, une reconnaissance.

Évidemment, ça doit venir avec des fonds immédiats et une indexation à venir et de cesser de faire miroiter quelques dizaines de millions de dollars avec, à la clé, des projets bien ciblés, avec des redditions de comptes qui n'en finissent plus. La mission du milieu communautaire, des organismes communautaires, elle est essentielle, elle est déjà reconnue par l'ensemble des milieux. Que le gouvernement enfin concède que, sans ces organismes communautaires là, c'est tout le Québec qui y perd. Qu'il y mette les sommes conséquentes et qu'il les laisse faire leur travail en complémentarité avec le réseau de la santé et des services sociaux, notamment.

On pourrait discuter longtemps, mais on prendra vos questions. Je pense qu'aujourd'hui c'est effectivement un moment clé pour signifier que le gouvernement doit non seulement remercier les gens qui oeuvrent au service communautaire, dans l'ensemble des organismes communautaires autonomes, mais que les bottines suivent enfin les babines. L'échéance est le 22 mars 2022. Merci.

La Modératrice : Merci beaucoup. On va prendre vos questions.

M. Bourassa (Simon) : Bonjour. Peut-être d'abord une question pour Mme Toupin. Je comprends que vous parlez au nom de tous les types d'organismes au Québec, là, mais est-ce qu'il y a un domaine, si on veut, qui a été davantage touché au cours des dernières années? Est-ce que c'est les banques alimentaires, les organismes qui viennent en aide aux femmes victimes de violence? Est-ce que chez les aînés? Est-ce qu'il y a un domaine particulier où le manque de ressources, là, c'est criant, c'est flagrant, là?

Mme Toupin (Caroline) : Bien, c'est sûr que, moi, je vais vous répondre : Les besoins sont criants partout. La pénurie de main-d'œuvre est criante, vraiment, dans tous les secteurs, que ce soit en alphabétisation populaire, que ce soit dans les domaines de la santé et des services sociaux, les banques alimentaires. L'inflation nous rattrape aussi, hein, avec les banques alimentaires, et tout.

Puis c'est sûr que moi, personnellement, je ne peux pas passer sous silence le fait qu'au Québec, en 2022, il y a seulement cinq groupes écologistes qui sont financés. Donc, tu sais, il y a une crise, là, hein? Il y a une crise climatique. Donc, je pense que ça, c'est important à souligner. Mais les besoins sont criants partout, là, que ce soient les médias communautaires, que ce soient les maisons d'hébergement, que ce soient les maisons de la famille, etc., tous les secteurs, là, font face à une réelle détresse, là, face au manque de main-d'œuvre. Ils ont réellement peur de devoir fermer leurs portes.

M. Bourassa (Simon) : Les campagnes de financement que les organismes mènent année après année, comment vous avez vu l'évolution de ça dans les dernières années? Est-ce que les gens donnent moins? Est-ce que les gens donnent plus? Est-ce que ça se maintient? Comment ça se passe au niveau des dons puis la philanthropie?

Mme Toupin (Caroline) : Bien, c'est sûr que la philanthropie, c'est quand même une partie importante du financement. Mais le financement le plus important pour les organismes communautaires, à 60 %, c'est le gouvernement du Québec. Donc, il y a ça. Et ensuite, c'est l'autofinancement, donc tous les soupers spaghetti, là, qu'on peut faire pour aller chercher 10 $ par ci, 10 $ par là. Au niveau de la philanthropie, bien, c'est variable, là. Puis, bon, je ne sais pas comment se portent les coffres de la philanthropie, mais nous, là, tout ça mélangé, le fédéral, la philanthropie, les municipalités et l'autofinancement, ça représente à peu près 40 % du financement.

M. Bourassa (Simon) : Donc, le reste doit être comblé par, entre autres, le provincial, là?

Mme Toupin (Caroline) : Absolument. Parce que le gouvernement ne s'est pas engagé à tout financer, puis on est capables d'aller chercher de l'argent ailleurs. Bien sûr, la communauté s'investit, mais le gouvernement... Tout le monde reconnaît, là, que ce soient les municipalités, que ce soient les fondations, ils disent : Nous, on veut appuyer le communautaire, mais ce n'est pas nous, le bailleur de fonds principal, ça doit demeurer le gouvernement.

M. Bourassa (Simon) : Si chaque groupe doit, à chaque année, aller faire ses demandes à un ministère X, un organisme X gouvernemental, est-ce qu'on ne peut pas dire qu'il manque une structure, par exemple, où pourraient être agrégées toutes les demandes du milieu communautaire? Là, je comprends que c'est sous l'égide de M. Boulet, à la Solidarité sociale, mais, bon, il ne parle pas nécessairement tous les jours au ministre des Finances. Est-ce que vous plaidez pour une meilleure structure organisationnelle, du moins, de la part du gouvernement pour, justement, éviter, là, la redondance à chaque année?

Mme Toupin (Caroline) : Bien, la structure, elle existe pour le financement à la mission. C'est très clair, c'est très simple, il y a une vingtaine de ministères qui financent le milieu communautaire. Là-dessus il y en a 15 ou 16 qui financent à la mission, ministères ou organismes gouvernementaux, là. Et, nous, ce qu'on dit, c'est... Bien, tu sais, tout l'argent qui est dans les ententes de service, tout l'argent qui est dans les projets, il y a une grande partie là-dedans, là, que ça fait 10, 12, 13, 15 ans que les organismes reçoivent la même entente de service, qu'ils doivent faire de la reddition de comptes à n'en plus finir. On peut-u s'entendre que... On peut-u transférer cet argent-là à la mission? Parce que, ça, c'est une reddition de comptes assez simple, simplifiée, là, vraiment, avec moins de paperasse administrative à faire.

Donc, tu sais, je pense que la structure est là, il faut la travailler. Il faut travailler une meilleure cohérence gouvernementale, il faut amener les ministères à s'engager vers la mission parce que ce n'est pas tous les ministères qui financent la mission. Donc, c'est tout ça, là, qu'on veut travailler avec le ministre Boulet, à travers un plan d'action gouvernemental, pour favoriser une cohérence, là, dans l'intervention gouvernementale, pour ne pas, justement, qu'il y ait de disparités, là, entre ce qu'un ministère fait face à un autre, là.

La Modératrice : ...question.

M. Bourassa (Simon) : Une petite derrière, oui, s'il vous plaît. Est-ce que vous sentez parfois qu'il peut y avoir une déconnexion des élus ou de la classe politique face aux groupes communautaires et aux besoins réels que vous avez? Puis je ne parle pas d'une déconnexion volontaire, mais, tu sais, parfois, avec, bon, le rythme de la vie, une fois qu'on est élu à l'Assemblée nationale, et tout ça. Le canal de communication, est-ce qu'il est encore bon?

Mme Toupin (Caroline) : Bien, ça fait quand même, là, plusieurs années qu'on sensibilise les députés. Je pense que chacun des députés connaît tous les organismes de leurs circonscriptions. Ils savent exactement quel travail ils font. Ils savent exactement que, si ces organismes-là n'étaient pas là, bien, le téléphone sonnerait pas mal plus dans le bureau de comté. Donc, moi, je pense qu'au contraire les élus, là, ils savent très, très bien le rôle qu'on joue, le rôle important et essentiel qu'on joue dans la société. Maintenant, comme je vous dis, tout le monde nous appuie. Peu importe quel député de n'importe quel parti qu'on parle, c'est sûr qu'il va toujours reconnaître l'apport exceptionnel du milieu communautaire dans le filet social puis pour les personnes en situation de vulnérabilité.

M. Bourassa (Simon) : Merci, Mme Toupin.

La Modératrice : Est-ce qu'il y a d'autres questions? Merci beaucoup.

Mme Toupin (Caroline) : Merci.

(Fin de la séance à 13 h 4)