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Point de presse de M. Carlos J. Leitão, porte-parole de l’opposition officielle en matière de finances publiques

Version finale

Le vendredi 18 mars 2022, 9 h 30

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Neuf heures trente et une minutes)

M. Leitão : Bonjour. Alors, nous allons avoir ce matin, dans 30 minutes, une interpellation avec le ministre des Finances sur le coût de la vie, sur l'inflation et le rôle du gouvernement pour faire face à ces choses-là.

Alors, pendant cette interpellation, on va bien sûr parler.... moi, en tout cas, je vais parler de trois choses. D'abord, de l'inflation elle-même, pourquoi on se trouve là, et surtout, je vais insister sur le fait que ce n'est pas un petit phénomène temporaire, ça va durer du temps. Et là, au début...

au milieu de 2021, beaucoup d'analystes, d'économistes parlaient d'un phénomène transitoire. Je n'ai jamais été très chaud à cette idée-là, et là on se rend compte, surtout après le déclenchement de la guerre en Ukraine, que ce n'est pas si transitoire que ça, ce n'est pas temporaire. Il y a des changements préoccupants, surtout les pressions sur le coût de la vie, pressions sur l'inflation, qui se généralisent. Donc, on va parler de ça.

On va parler aussi du rôle du gouvernement, qu'est-ce qu'un gouvernement peut faire, qu'est-ce qu'un gouvernement doit faire dans une telle situation. Encore là, il y a plusieurs analystes, commentateurs, économistes qui disent : Bon, écoutez, ce n'est pas au gouvernement de faire quoi que ce soit, c'est la politique monétaire, c'est les banques centrales. Nous, on dit : Non, un gouvernement peut et doit jouer un rôle, un gouvernement peut et doit aider les citoyens les plus vulnérables à faire face à cette très soudaine augmentation du coût de la vie, et troisièmement, surtout, un gouvernement peut et doit être capable de nous présenter aussi des mesures structurantes, des mesures qui vont nous aider à faire face à cette situation, qui n'est pas temporaire, qui va être avec nous pendant plusieurs années.

Et donc l'économie qui sort, l'économie qui était en train de sortir de la pandémie et puis maintenant qui sort de ce choc inflationniste, ça va être une économie qui est différente de celle de 2018-2019. Donc, il faut que le gouvernement s'adapte, il faut que le gouvernement présente un plan stratégique, un plan d'adaptation. Il ne faudrait pas qu'on fasse comme ce qu'on a fait avec la pandémie, d'être incapables de prévoir et de s'adapter, et puis de nous dire : Ah! on n'avait pas vu ça, il n'y a personne sur la planète qui n'avait vu ça. Non, non, on prévoit, on anticipe et on s'adapte. Voilà, c'est de ça qu'on parlera, ce matin, au salon bleu. Merci.

Le Modérateur : On prend les questions.

M. Lavallée (Hugo) : Bonjour. Pourquoi vous dites que ça va durer très longtemps, l'inflation?

M. Leitão : Oui. Parce que, écoutez, vous parlez à un économiste, il va toujours vous dire : Ah! cette fois-ci, c'est différent. Sauf que cette fois-ci, c'est vraiment différent, dans le sens où ce qui avait commencé par une réaction à la pandémie... donc, une sortie, une croissance très rapide en 2021, parce qu'on avait tout fermé en 2020, et donc dans ce sens-là, on pourrait penser, oui, c'est temporaire, l'économie va s'ajuster. Même avant la guerre en Ukraine, on commençait déjà à voir qu'il y avait des chocs de l'offre qui n'étaient pas si temporaires que ça, donc des pénuries de toutes sortes de produits, les chaînes d'approvisionnement qui ne fonctionnent plus comme elles fonctionnaient avant, les États, aussi, et les entreprises, pour des raisons stratégiques, qui décidaient... bon, peut-être qu'une chaîne d'approvisionnement si longue que ça, faire venir des choses de pays très lointains, bien, on va essayer d'avoir des chaînes d'approvisionnement plus locales ou plus régionales.

Donc, tous ces changements-là entraînent une économie différente de celle où on était. Et puis avec la guerre, présentement, et la hausse encore plus rapide des prix, on voit que ça se généralise. Ce n'est plus seulement l'alimentation, l'essence et le logement, c'est vraiment tout, tous les biens, tous les services. Donc, c'est généralisé, et ça, généralement, ce n'est pas une bonne... ça n'augure rien de bon.

M. Lavallée (Hugo) : Parce que, dans le fond, ce que vous nous dites, c'est que l'économie elle-même est en train de changer profondément, là.

M. Leitão : Exact.

M. Lavallée (Hugo) : O.K. Quel est... Là, je comprends que vous dites : Les gouvernements ont un devoir d'aider les personnes les plus vulnérables. Au-delà de ça, pour freiner, à plus long terme, là, la spirale inflationniste...

M. Leitão : Qu'est-ce qu'on peut faire?

M. Lavallée (Hugo) : ...qu'est-ce qui peut être fait de façon plus structurelle, mais du point de vue non pas de l'aide aux citoyens, mais de l'économie?

M. Leitão : Là, on aurait... au moins une heure. C'est une excellente question. Parce que... là, je suis tout enthousiasmé, là... parce que la nature de ce choc, c'est un choc de l'offre, donc c'est la capacité de production. On n'a pas encore été capables — «on», c'est-à-dire collectivement — de répondre à ça. Donc, les mesures qu'un gouvernement pourrait et devrait mettre en place, c'est des mesures qui vont favoriser l'investissement, qui vont favoriser l'augmentation de la production. Production locale, mais aussi meilleur arrimage de la production régionale. Vous savez, c'est un peu illusoire de penser que le Québec tout seul, là, on va soudainement devenir autosuffisants en tout. Non, ce n'est pas ça.

Mais peut-être qu'on peut et on devrait mieux s'arrimer avec nos voisins. Nos voisins canadiens, nos voisins immédiats des États-Unis créaient quand même... Écoutez, là, l'économie, là, ce qu'on appelle la région de l'est, du nord-est de l'Amérique du Nord, c'est quand même... si on était un pays indépendant, cette région-là serait parmi, je pense, les 11 ou 12 plus grandes économies au monde. Donc, il y a des choses qu'on peut faire de nature régionale, mais c'est surtout, pour un gouvernement, d'augmenter l'offre, augmenter la production.

M. Lacroix (Louis) : Bonjour, M. Leitão. Bien, justement, en ce sens-là... Parce que vous avez dit tout à l'heure que c'est du devoir aussi du gouvernement d'aider la population. Donc, il faut faire les deux, si je comprends bien. Mais comme vous dites que la situation va perdurer pendant un certain temps, là, évidemment, on ne sait pas combien de temps, mais c'est là pour perdurer, en fait, là, ce qu'on va annoncer, à ce qu'on nous dit, c'est des mesures très, très ponctuelles, c'est-à-dire une année, puis là on aide puis on verra l'année prochaine. Est-ce qu'on ne devrait pas, plutôt que de donner des aides ponctuelles à la population, abaisser le fardeau fiscal pour donner plus, justement, de... comment dire, de latitude aux consommateurs?

M. Leitão : Vous n'êtes pas le premier à mentionner une telle chose. Et, oui, en effet, c'est une idée qui est présentée par plusieurs. Moi, je l'avais déjà mentionné, je pense, plus tôt cette semaine, que je ne trouve pas que ce soit une bonne idée. Pourquoi? Parce que cela priverait l'état de revenus. Bon, ça dépend jusqu'où on irait, là, mais ça priverait l'état de revenus importants. Et dans cette situation de grande incertitude, et on ne sait pas vraiment si ça va durer six mois ou six ans, là... j'exagère avec six ans, mais combien de temps ça va durer, donc, l'État a vraiment besoin de toutes ses ressources financières pour pouvoir faire face à ces choses.

M. Lacroix (Louis) : Mais en même temps, il y a des revenus inattendus qui entrent aussi dans les coffres de l'État. Pensons simplement à l'essence, où on va chercher, actuellement, à peu près deux fois plus d'entrées de taxes qu'à la même période l'année passée. Alors, il n'y a pas un contrebalancement quelque part?

M. Leitão : Oui. Et vous allez voir, on va tous voir la semaine prochaine, mardi, dans les documents du budget, que les revenus, tous les revenus, là, de l'État sont beaucoup plus élevés que ce qui avait été prévu juste en mars de 2021. L'État... Et on est à peu près, je ne sais pas, moi, 8 à 10 milliards de revenus non budgétés. La solution, c'est que ces revenus-là, pour la plupart, pas tous, mais pour la plupart, ces revenus additionnels sont aussi relativement temporaires. On s'était parlé un peu, M. Lacroix, du fameux... du PIB nominal à 10 %. Ça n'arrivera pas à chaque année. Donc, une partie de cette hausse de revenus, c'est vraiment «one shot», c'est vraiment quelque chose qui... Les années subséquentes, les revenus vont revenir à la normale, et pourraient même, et de là l'incertitude quant aux coupures d'impôts, pourraient même être affectés par une possible récession ou économie plus lente.

M. Bossé (Olivier) : Bonjour. À quoi vous vous attendez de M. Girard aujourd'hui? Évidemment, il ne vous dira pas ce qu'il y a dans le budget puis...

M. Leitão : Bon, je vais essayer de... Je ne pense pas qu'il va me le dire.

M. Bossé (Olivier) : Oui. Mais vous ne vous chicanerez pas tant que ça, parce que vos points de vue ne sont pas si éloignés. Donc, qu'est-ce que vous attendez de sa part?

M. Leitão : O.K. Je vous dirais, il y aurait au moins trois choses que je m'attendrais à voir dans... beaucoup de choses, mais trois choses principales que je m'attendrais de voir dans ce budget-là. Tout d'abord, qu'il nous présente ce plan à moyen terme, là — je ne m'attends pas à des mesures tout de suite — pour qu'on soit capables d'augmenter notre offre de production, donc pour diminuer, pour faire baisser la pression sur l'offre de produits, donc des mesures d'investissement, pour stimuler l'investissement et stimuler la production. Et on comprend très bien que ce n'est pas quelque chose qui va prendre effet tout de suite. Donc, c'est des mesures structurantes. Ça.

Je m'attendrais aussi... Parce qu'on parle très peu de ça, mais il faut en parler à un moment donné, là, la transition climatique, la transition énergétique, le fameux Plan vert, Plan pour une économie verte. Bon, on n'a pas vu beaucoup de...

(Interruption)

M. Leitão : Il y a quelqu'un qui est très content en parlant d'économie. Donc, des mesures plus concrètes pour s'assurer que la transition écologique, vraiment, atteint une nouvelle vitesse de croisière.

Et puis troisièmement, on n'a pas aussi beaucoup parlé de ça, on en a beaucoup parlé, mais on a très peu vu, c'est le logement. Le logement, là, c'est... Et tout ce qui tourne autour du logement, incluant les tarifs d'hydroélectricité. Le logement, c'est devenu vraiment un problème, dans le sens logement abordable, logement social, mais ce n'est pas seulement ça, c'est le logement dans son ensemble. Et à chaque année, les partis d'opposition parlent de crise du logement. Le gouvernement, la ministre des Affaires municipales, le ministre des Finances : Non, non non, il n'y a pas de crise du logement, c'est le marché, c'est le marché. Je pense qu'on a besoin aussi d'une approche différente de comment... Parce le logement dispendieux, c'est aussi un enjeu économique, c'est aussi macroéconomique. Ça veut dire, si les personnes doivent dépenser plus pour se loger et pour manger, bien là, ils vont dépenser moins ailleurs, là. Donc, c'est une situation aussi de macroéconomie.

Le Modérateur : On passe aux questions en anglais. M. Wood.

M. Wood (Ian) : Good morning.

M. Leitão : Hello. How are you?

M. Wood (Ian) : Very good. Do you mind just giving me, you answered in French, just sort of three things you're looking for in the budget?

M. Leitão : OK. So, today, we are... On the budget, OK. So, in the budget, we would like to see... There will be many, many, many measures, but there are a few that we think are important. First of all, because the current inflationary situation is in large part a result of production cutbacks, production shortages, so it's a supply shock, then the Government has to put in place measures that will improve, that will increase output, that will increase production, so investment measures, so that businesses can invest more, can increase production, so we can get over this supply shock. That's one type of measures.

Secondly, and we haven't talked about that in a while, but it's equally important, is climate change. The Government has had the same plan, le PEV, le Plan pour une économie verte was first announced in the budget of 2020. Then, OK, the pandemic, and all that. Then, in 2021, it was basically the same thing repackaged. Now, I would like to see something a little bit more than just a repackaging of what was repackaged last year. Climate change is real and climate change is important, and we need to get going with that.

And thirdly, housing. Housing, the Government continues to deny that there is any sort of housing crisis. And there is a housing crisis. It's getting increasingly difficult not just to afford a new home, to buy a new house, but rents are also getting increasingly expensive. In Canada, in general, in Québec, in my opinion, the root of the problem is that we haven't spent enough, the society hasn't built enough. In relation to the increasing population, we have a deficit of housing, so we have to find ways to build more, so that we can put down this pressure on prices and on rents.

M. Wood (Ian) : I got a couple of follow-ups. So, I just want to ask you about housing... Do you feel that Québec looks at housing in an overly insular way? Because if you look at British-Columbia, Vancouver, in the last five years, housing prices have gone up something like 80%. Actually, it might be less that five years. Toronto, you have a ripple effect there. People can't afford to buy there. Québec is very affordable for someone from Vancouver, Toronto. Do you think there needs to be more attention to whether that's foreign money from overseas or from other provinces coming in here into the housing market? Because this is now becoming a place where people are speculating from other provinces even.

M. Leitão : Yes, no. In a way, those pressures that you mentioned in Ontario and BC that have been there for a while, for a number of years, decades even, are relatively new in Québec. Up until five years ago, housing was still relatively affordable in Québec and especially in relation to the other two large areas, Vancouver and Toronto. So, it's relatively new. And because the pace of population growth in Québec, especially in Montréal, has traditionally been lower than in Toronto or Vancouver, governments, in general, here, have paid less attention to that. Now, the problem is that even though the rate of population growth has been slower than in Ontario and in British-Columbia, we have had population growth. So, over time, you develop this imbalance between the available stock of housing and the number of households. And it's hitting us now, in Québec, especially in Montréal, it's hitting us now.

M. Wood (Ian) : ...other issues, like, in Toronto, they are looking at investors putting, you know, hundreds of millions of dollars into the market. There's money laundering concerns, like...

M. Leitão : Correct. And then, you know, we have proposed... I didn't want to go into all the measures we have already proposed, but we have talked about putting a tax on unoccupied properties. We have also talked about measures to try to diminish speculation. So, we need to look at that. I remember, even way back then, when we were there, we were able to at least put in place measures that forced new home buyers to declare that they have purchased a new home. So, at least now, the Ministry of Finance, now, knows who's buying what, something that didn't exist before 2017. So, we are beginning to collect that information, and now we should do something with that information, not just collect it.

M. Wood (Ian) : And just very quickly, the blue line metro extension, it's like five stops, and the cost right now is projected at $6 billion. So, you're looking at basically over $1 billion a station. Good use of money?

M. Leitão : The blue line has a long and convoluted history. And the longer it takes, the more delays there are in that project, the more expensive it becomes. So, I think it's time to really get going. I mean, this was provisioned, I remember, I provisioned this, in the budget of 2017. We are now in 2022. So, you know, it's time to accelerate, well, to make sure the project gets finished, because the longer it delays, the more expensive it's going to get.

M. Wood (Ian) : Yes. So, get shovels in the... You're still, like : Let's get this going, shovels in the ground.

M. Leitão : Yes, absolutely.

M. Wood (Ian) : It's not too expensive, we shouldn't cancel it?

M. Leitão : The fact that, you know, you're digging a tunnel in a highly built residential area makes it expensive. That shouldn't be a surprise. What is a surprise is that the length of the time it is taking to move on with this project keeps on adding to the cost.

M. Wood (Ian) : Thank you.

M. Leitão : Thank you.

Le Modérateur : Merci beaucoup.

(Fin de la séance à 9 h 49)

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