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Point de presse de M. Amir Khadir, député de Mercier

Version finale

Le mercredi 8 février 2012, 11 h 15

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures quatorze minutes)

M. Khadir: Alors, merci d'avoir accepté notre invitation pour ce point de presse en compagnie de Françoise David, ma collègue, et présidente de notre parti, et porte-parole. On est en caucus présessionnel, nouveau terme français, pour planifier l'intervention de Québec solidaire à l'Assemblée nationale au cours des prochains mois.
Dans un contexte particulier au Québec où les inégalités augmentent, Québec solidaire entend mettre de l'avant les principales préoccupations de la population du Québec qui est soucieuse d'une plus grande justice économique et sociale.
Alors, pour nous, l'axe de notre intervention va être également une série de propositions. Québec solidaire va démontrer comment, au Québec, on peut, tout en partageant la prospérité, atteindre une plus grande justice sociale et une justice économique pour assurer une équité véritable entre toutes les couches de la population et entre toutes les générations.
Donc, il y a trois dossiers, parmi les nombreux que je pourrais mentionner, qui vont retenir particulièrement notre attention. Les ressources naturelles, parce que nous estimons qu'il est venu le temps, au Québec, avec maintenant une plus grande, je dirais, information qui circule sur la situation des richesses naturelles au Québec avec le Plan Nord du gouvernement, qu'il est plus que temps que nous cessions de brader les richesses naturelles du Québec. Québec solidaire va démontrer comment, par des mesures très simples, le Québec pourrait finalement assurer une meilleure maîtrise de ses ressources naturelles pour assurer des retombées suffisamment importantes pour justement soutenir la quête d'une plus grande justice économique pour tous les citoyens, une plus grande justice sociale à travers un régime de services publics de qualité et bien financé pour assurer en fait que lorsqu'on... lorsque les politiciens au Québec se lèvent au premier jour de la levée de la contestation planétaire qui s'appelait le Mouvement des indignés, on a vu tout le spectre politique au Québec et même au Canada, se dire en faveur de ce questionnement des injustices et des inégalités, bien, qu'on accompagne ces voeux pieux de gestes réels.
Deux autres sujets préoccupent notre intention, et Françoise va vous en parler, c'est la situation de nos fonds de pension et la question de l'augmentation des frais de scolarité.

Mme David (Françoise): Alors, sur la question des retraites, évidemment, il y a M. Harper qui s'agite beaucoup sans qu'on sache exactement ce qu'il veut. Mais il faut se rappeler qu'ici aussi, au Québec, il y a des consultations à divers niveaux en ce moment sur la question de la pérennité du régime de retraite québécois. Il y a aussi un autre phénomène qui est en train de se passer, on l'a vu à White Birch, par exemple, à Québec, ce sont des travailleurs qui, pensant bénéficier d'un régime de retraite convenable pour lequel ils ont cotisé pendant de nombreuses années, découvrent avec stupeur que finalement ils n'auront pas grand-chose parce que le patron se sauve avec la caisse.
Alors, à Québec solidaire on est très préoccupés de cette question-là. On a une population, on le dit assez, hein, vieillissante qui estime, et nous estimons avec elle, qu'elle a le droit d'avoir une retraite digne. Alors, nous avons voté à notre congrès de décembre que nous devrions instaurer, au Québec, un régime public et universel de retraite, couvrir 60 % des revenus de travail, protéger les régimes complémentaires de retraite. Il faut évidemment peaufiner tout ça. Il faut regarder comment y arriver, mais c'est une question sur laquelle on va intervenir dans les prochaines semaines et dans les prochains mois.
Dernière question est non la moindre: la hausse des droits de scolarité universitaire. Vous connaissez les intentions de M. Charest, une augmentation assez spectaculaire à terme, 1 625 $ de plus par année, par étudiant. Québec solidaire non seulement s'insurge contre cette hausse des droits de scolarité mais prône - et ça a été aussi une mesure adoptée à un congrès - la gratuité scolaire de l'éducation de la maternelle à l'université. Pour nous, l'éducation, c'est une valeur fondamentale, c'est un droit humain reconnu par les chartes, c'est une richesse pour toute une société et c'est aussi l'outil qu'une population se donne, d'être éduquée, pour comprendre le monde dans lequel elle vit et pour le transformer. Et donc, c'est très important pour nous que l'université demeure accessible à tous les jeunes de tous le milieux. Donc, on va certainement intervenir dans le contexte que l'on voit poindre à l'horizon et qui est celui d'une lutte étudiante importante.
Maintenant, au-delà de ces questions sur lesquelles Amir Khadir va intervenir, bien sûr, à l'Assemblée nationale, et on va aussi... moi, je vais être aussi présente sur le terrain, je veux vous dire que Québec solidaire est vraiment en mode préélectoral. Nous avons mis sur pied, il y a déjà un an, un comité électoral national qui, depuis ce temps-là, fait beaucoup de travail. Notre matériel électoral est quasi prêt. Nos membres sont en train de débattre d'une plateforme électorale. Nous sommes activement à la recherche de candidates et de candidats. Nous voulons présenter des candidatures partout au Québec, tout comme les dernières fois, et, d'ici la fin mars - à moins qu'il y ait des élections avant, là, on va aller encore plus vite - on aura 80 candidates et candidats qui auront été investis, là, dans autant de circonscriptions, avec la parité entre les hommes et les femmes. On tient aussi des formations électorales et nos militants militantes sur le terrain sont vraiment extrêmement actifs dans la préparation des élections au cas où, parce que, bien sûr, nous ne connaissons pas la date des élections. Seul M. Charest la sait. La sait-il? Il faudra lui demander. Mais on ne peut pas se permettre de ne pas être prêts et donc nous sommes plus actifs que jamais sur ce terrain-là. Voilà.

Mme Lajoie (Geneviève): Vous allez présenter des candidats dans toutes les circonscriptions, c'est donc dire que les... il n'y a pas eu de rapprochement entre Québec solidaire et le Parti québécois pour un éventuel pacte électoral?

M. Khadir: Écoutez, la question de pactes électoraux puis de rapprochement entre le Parti québécois et Québec solidaire est évoquée par beaucoup de monde depuis très longtemps, bien avant toutes ces discussions que vous avez vues surgir sur la scène politique. Des gens très sincères, légitimement, se posent la question: Est-ce qu'on ne pourrait pas envisager une telle chose? D'autres gens tout aussi sincères et bien informés pensent que ce n'est peut-être pas nécessaire, ce n'est pas utile, ce n'est pas possible parce que ça serait ajouter à une confusion politique qui est déjà assez importante, hein, quand on voit tous ces transfuges et ces métamorphoses sur la scène électorale.
Ce qui est la réalité, c'est que Québec solidaire, en congrès, déjà en mars 2011, d'accord, presque un... il y a déjà presque un an, sans doute dans un autre contexte politique, mais quand même en congrès, a pris la décision de ne pas aller vers ce genre de solution. Et si aujourd'hui on se pose autant de questions, c'est sans doute en grande partie aussi parce que les partis au pouvoir, dont le PQ, n'ont pas réalisé leurs promesses de changer le mode de scrutin qui fait que tant de gens se posent ces questions puis ont peur des conséquences du mode de scrutin.
Mais la réalité, c'est qu'au moment où on se parle, à minuit moins cinq, il n'y a toujours pas eu... Ça, c'est la décision de Québec solidaire, comme je vous ai dit, là, en mars dernier, et il n'y a toujours pas eu, de la part des élus et de la direction du Parti québécois, aucune proposition à Québec solidaire pour qu'on dise: Bon, est-ce qu'on va en débattre? Est-ce qu'on va ouvrir le dossier ou pas? Donc, la réalité, au moment où on se parle, pour Québec solidaire, c'est qu'il faut quand même qu'on se prépare, puis, pour nous, c'est ça, la réalité, c'est-à-dire se préparer et présenter des candidats partout au Québec.

M. Laforest (Alain): Mais vous, M. Khadir, vous avez quand même ouvert une porte, là. Ce qu'on nous laisse entendre, c'est que vous avez discuté de cette avenue-là avec certains députés du Parti québécois. Donc, est-ce que c'était une initiative personnelle ou une initiative d'élus de l'Assemblée nationale?

M. Khadir: Regardez, avant même que je sois élu à l'Assemblée nationale, il y a des députés du Parti québécois qui sont venus me voir. En fait, la première personne qui m'a invité à aller la rencontrer pour discuter de quelque chose, c'était Mme Marois en octobre 2008, un mois avant l'élection où j'ai été élu. Mais, malheureusement, au lieu que ça soit une proposition qui soit engageante, avec une perspective telle que maintenant on en discute, elle voulait plutôt que je me joigne au PQ, et ce n'était pas possible. Et, depuis ce temps-là, que ça soit Françoise David, Amir Khadir ou la direction de Québec solidaire et l'ensemble de notre parti, c'est la même chose.
Nous sommes ouverts, nous sommes des gens ouverts, mais il faut qu'il y ait des propositions qui soient envisageables, réalisables, qui soient pour le bien du Québec et qui soient soumises suffisamment à temps pour que les instances démocratiques de Québec solidaire se prononcent. Mon avis là-dessus compte bien peu, en fait compte autant que d'autres avis dans Québec solidaire qui pensent que ce n'est peut-être pas une bonne piste, et que les gens n'ont pas cette culture-là et préfèrent que les choses soient claires dès le départ, percevraient ça comme une renonciation à un certain nombre de nos engagements. En tout cas, ce qui... ce que vous dites, c'est de l'ordre des discussions, puis, tout le long de ces quatre dernières années, j'en ai parlé à de nombreux députés du PQ, et de nombreux députés du PQ m'en ont parlé, comme on en a parlé à l'interne. Mais la réalité d'aujourd'hui, c'est quoi? C'est que la direction du Parti québécois n'a jamais fait aucune offre à Québec solidaire.

M. Laforest (Alain): Et ça prend quoi comme offre, justement, pour y arriver?

M. Khadir: Bien, ça, c'est à eux à décider, là, ce n'est pas à moi...

M. Laforest (Alain): Vous aimeriez quoi, là?

M. Khadir: En tout cas, ça ne peut pas être... ça ne peut pas être...

M. Laforest (Alain): ...référendum dans le premier mandat.

M. Khadir: Ce qui est certain, c'est que Québec solidaire est là pour demeurer. Nous allons être un acteur politique incontournable, et l'avenir du Québec se conjugue par des choix. Si la population du Québec décide, lors des prochaines élections, qu'elle en a vraiment assez de cette culture politique qu'il a vu sur la scène publique depuis tant d'années, dans le fond, le seul choix raisonnable, c'est d'opter pour Québec solidaire pour changer tout le paysage politique et la culture politique qui nous a menés là, dans ce cul-de-sac où tout le monde est vraiment très, très sceptique vis-à-vis de la qualité de nos institutions démocratiques.

M. Robillard (Alexandre): Mais vous avez quand même, là... juste peut-être pour... les derniers échanges à ce sujet-là étaient quand même, là, plutôt... donnaient l'impression, en tout cas, que ça n'allait pas très bien avec le Parti québécois. Quand vous avez dit par exemple que le Parti québécois ne ferait jamais la souveraineté, là, ce n'est peut-être pas très, très engageant comme...

M. Khadir: Non. Ce que j'ai dit l'autre fois, je le précise avant de passer... Moi, ce que j'ai dit, c'est que je ne crois pas, pour des raisons historiques, étant donné la composition et l'orientation générale du Parti québécois qui veut faire la souveraineté en achetant la paix des patrons, bien, ils ne pourront pas. À chaque fois, arrivés au pouvoir, cette contradiction les rattrape.
Donc, dans ma perspective à moi, prétendre que faire ce genre d'alliance est pour permettre au PQ d'arriver au pouvoir puis faire la souveraineté, ça me paraît assez peu, je dirais, réaliste, parce que le PQ, sa direction actuelle, avec son approche, sa renonciation à défendre les intérêts du peuple de manière convaincante, et résolue, et courageuse fait en sorte qu'ils ne peuvent pas faire la souveraineté. Donc, pour moi, c'était de dire ce n'est pas vraiment l'argument souverainiste. C'est une question de mode électoral qui nous défavorise tout le monde, et le mode de scrutin est ce qu'il est à cause du fait que le PQ, comme le Parti libéral, n'ont pas rempli leurs promesses.

M. Bergeron (Patrice): Dans combien de circonscriptions pensez-vous pouvoir l'emporter, selon les évaluations que vous en faites, là?

Mme David (Françoise): Ah! Ça, là, honnêtement, ce sont des chiffres que je ne vous donnerai pas. Ce que Québec solidaire est en train de faire, c'est de chercher de bons candidats, de bonnes candidates. Dans un avenir assez rapproché, on en aura pas mal à vous présenter, donc vous pourrez juger vous-mêmes. Notre objectif, c'est de gagner plusieurs circonscriptions, mais on n'a pas donné... on ne s'est pas donné de chiffre minimal ou maximal. On va faire l'impossible pour en gagner le plus possible.

M. Bergeron (Patrice): Mais il y a des circonscriptions que vous estimez plus porteuses, évidemment. Combien de circonscriptions vous estimez porteuses?

M. Khadir: Moi, je souhaite au moins 63, parce que, regardez, c'est le temps ou jamais. Est-ce qu'on peut s'entendre sur quelque chose? La population du Québec en a soupé de voir tous ces dirigeants, à la fois chez les libéraux mais aussi chez d'autres partis, acoquinés avec le milieu affairiste. On les retrouve tantôt avec Pierre Karl Péladeau, tantôt alentour d'un banquet dans la résidence de M. Desmarais, alors que les vraies préoccupations de la population du Québec sont oubliées.
Donc, si les gens en ont assez de ça, là, c'est le temps ou jamais de complètement changer le paysage politique du Québec, puis la seule façon de le faire, c'est Québec solidaire, avec des propositions pour remettre le pouvoir entre les mains de la population et d'agir en fonction du bien commun. Donc, 63, c'est ce qui serait le minimum souhaitable.

M. Duchesne (Pierre): Mme David? Quel type de discussion vous avez eu avec M. Khadir sur la possibilité d'une alliance avec le PQ?

Mme David (Françoise): Ah! Vous savez, on a beaucoup de discussions, Amir et moi, sur énormément de sujets et, sur cette question-là, on a eu des discussions tout à fait intéressantes. Contrairement à des ragots entendus souvent dernièrement, Amir et moi, on n'est pas si loin de penser la même chose sur cette question-là. Peut-être Amir avec un peu plus d'enthousiasme, mais, sur le fond des choses, on veut tous les deux que Québec solidaire soit le parti qui apparaisse aux yeux de la population comme le seul qui est capable de se préoccuper d'inégalités sociales. Ça, c'est quelque chose qu'on partage absolument. Tous les deux, on partage le fait qu'on va aller en élection et qu'on espère gagner au moins 63 circonscriptions.
Et pour le reste, tous les deux, nous disons depuis six ans, en fait depuis le congrès de fondation où nous sommes intervenus ensemble, que nous pratiquions toujours la politique de la main tendue et de l'ouverture et que si des gens voulaient entrer en dialogue avec nous, il leur était tout à fait loisible de le faire. Je l'ai dit, Amir l'a dit. Le téléphone n'a jamais sonné. C'est ça, la réalité. Alors, d'autres peuvent bien dire: Nous sommes ouverts, nous voulons... Oui, oui, mais encore faudrait-il qu'il se passe quelque chose. Et je me suis engagée moi aussi, à la mi-janvier très précisément, publiquement, à dire: S'il y avait une proposition digne de ce nom et malgré, bien sûr... et avec le mandat qu'on a reçu de nos membres en mars dernier, on l'examinerait, cette proposition, avec le comité de coordination national et on pourrait même retourner voir nos membres. C'est quelque chose que nous avons dit ensemble. Alors...

M. Khadir: Et redites, et redites, puis c'est la même...

Mme David (Françoise): Nous n'avons pas changé d'avis, mais cette proposition, je le répète, là, n'est jamais venue. La direction du PQ ne nous a jamais approchés, ni l'un ni l'autre.

M. Khadir: Moi, je n'ai jamais eu de difficulté à convaincre Mme David de l'intérêt de plusieurs de mes propositions là-dessus. Sauf que ce n'est pas Mme David qui décide...

M. Duchesne (Pierre): ...bien votre enthousiasme, qui... puis il y a longtemps que c'est...

M. Khadir: C'est la même analyse que je faisais en 2003, et je l'ai répété à plusieurs d'entre vous, et la même proposition que j'avais faite à Jack Layton, à Gilles Duceppe, et je peux dire, c'était le mois d'août 2003 dans Lanaudière, au sommet d'Alternatives... un camp d'été d'Alternatives, et j'ai fait exactement... et c'était sur la base de considérations démocratiques. Le système électoral uninominal à un tour, c'est-à-dire le système qu'on a au Québec comme au Canada, est un système éminemment injuste, politiquement infect. Vous le savez, c'est René Lévesque qui l'a déjà prononcée, en fait, cette sentence, il y a 40 ans. Donc, je disais à M. Duceppe et M. Layton: Pourquoi est-ce que vous ne cédez pas quelques comtés, dans un... mais pas dans un accord d'unité, pas dans une fusion, pas dans une alliance stratégique, juste ponctuellement dans un accord de désistement mutuel pour ne pas écoper tous les deux du mode de scrutin. C'est tout.
Alors, c'est dans cette même lignée-là que j'ai fait la proposition aussi dans nos rangs. Puis comme je vous ai dit de manière très sincère, beaucoup de gens sont intéressés puis beaucoup de gens, pour d'autres raisons qui se défendent et qui sont légitimes, pensent que ce n'est pas une bonne idée. Et leur souci, c'est parce que des gens pourraient penser que c'est une unité, que, nous, on pense la même chose que Mme Marois, qu'il faut créer de la richesse, puis la distribuer, on peut toujours attendre même si on voit les inégalités augmenter.
Donc, dans cette perspective-là, surtout après, disons, décembre et janvier dernier, tous ces transfuges, ces fusions d'un parti dans l'autre puis la manière dont, je dirais, la lecture du comportement des politiciens est devenue de plus en plus brouillée, bien, moi, j'arrive de plus en plus à la conclusion que c'est très difficile de faire ce genre de choses là dans ce mode de scrutin, dans le contexte actuel, parce que la dernière motivation pour moi, en fait celle qui est tout à fait inacceptable, qu'on fasse ça juste pour gagner quelques comtés, juste pour gagner quelques sièges, pour offrir des sièges à des têtes d'affiche de Québec solidaire. Ça, ça ne peut pas être la raison.
Si c'est pour le bien du Québec, si c'est pour éviter d'avoir une représentation disproportionnée des partis, disons, dominants, et qu'un parti comme Québec solidaire qui, actuellement, là, avec 10 % représente quand même l'opinion d'à peu près 500 000 électeurs, avec 10 %, se retrouve encore avec moins de 1 % ou 2 % des sièges, ça, c'est une injustice. Et comme, nous, on est pour la justice sociale et économique, ça commence par une justice politique.
Et c'est pour ces raisons-là qu'en 2003 je faisais la proposition, que je l'ai refaite depuis tout ce temps-là, et que j'étais content de voir Stéphane Dion - comment il s'appelle - Stéphane Dion, Jack Layton et M. Duceppe s'entendre pour barrer la route aux conservateurs, juste dans un principe de ne pas permettre à une minorité, d'accord, agissante et très puissante, d'obtenir le pouvoir alors qu'une majorité ont voté pour d'autres partis. Mais, ceci étant dit, on est rendus à minuit moins - j'allais dire cinq - c'est peut-être minuit moins une.

M. Robillard (Alexandre): Mais compte tenu... J'aimerais juste savoir, compte tenu que, la semaine dernière, vous avez pris position, là, sur l'importance de se préoccuper de la situation linguistique, est-ce qu'il faut s'étonner que cet élément-là ne soit pas parmi vos priorités pour les prochaines semaines?

Mme David (Françoise): Vous savez, là, il y a trois semaines, concrètement, là, de sessions parlementaires suivies de deux semaines d'arrêt et un retour. En trois semaines, on peut faire un certain nombre de choses, donc on s'est fixé trois priorités. Ça ne veut pas dire qu'on n'interviendra pas sur d'autres questions. Il y en aura plein de questions, j'en suis certaine, et après les deux semaines de travail dans les circonscriptions, on pourra aussi revenir.
La question de la langue est et va demeurer une question centrale pour Québec solidaire. Mais ça, ça peut se faire par un travail à l'Assemblée nationale, ça peut se faire aussi par un travail sur le terrain. Moi, je suis très présente sur le terrain, dans toutes les activités possibles et impossibles autour de ces questions-là. Donc, il ne faut pas résumer le travail de Québec solidaire uniquement - mais je comprends que, vous, vous êtes ici pour ça, là - au travail parlementaire.

M. Robillard (Alexandre): C'est aussi que dans l'actualité, là, il y a la question de l'immersion anglaise en sixième année, il y a la FAE qui s'interroge sur les effets à long terme de tout ça. Moi, j'aimerais savoir, compte tenu de vos préoccupations, compte tenu des inquiétudes qui ont été exprimées au sujet de la situation linguistique à Montréal, est-ce que vous considérez que c'est toujours opportun d'aller de l'avant avec ça? Est-ce que ça peut donner un tour de vis de plus à l'anglicisation à Montréal?

Mme David (Françoise): Moi, je pense que là on entre dans des questions vraiment pédagogiques et on va avoir besoin, nous, de rencontrer des experts pour en débattre. L'idée que les jeunes Québécois terminent leur secondaire V avec une connaissance fine du français parlé et écrit, mais aussi avec une connaissance, disons, d'usage de l'anglais parlé, c'est quelque chose que, nous autres, on a adopté en congrès. Donc, le cadre général, il est là.
Quelle est la meilleure façon d'y arriver? Est-ce que c'est par cette immersion en sixième année pour tous les enfants? C'est questionnable effectivement parce que, parmi ces enfants, il y en a dont le français, et surtout à Montréal, n'est pas la langue première. Est-ce qu'on peut imaginer que c'est si simple de dire: Un, on va avoir six mois de moins en français, mais deux il y a une autre question qui se pose aussi: Est-ce que c'est possible pour tous les enfants de faire leur sixième année dans la moitié de l'année? Je pense que c'est une question assez importante. Donc, il faut la regarder attentivement.
Alors, ma réponse, c'est à la fois la protection du français, mais, en même temps, il faut savoir parler anglais et d'autres langues. Je pense que c'est une richesse, et au secondaire maintenant, dans plusieurs écoles, on enseigne d'autres langues. C'est très, très bien, mais il faut faire attention.

M. Robillard (Alexandre): Mais quand on voit que dans certaines écoles à Montréal on est obligés d'imposer des règlements pour que les élèves parlent français dans les corridors...

Mme David (Françoise): Oui, dans la cour d'école.

M. Robillard (Alexandre): ...dans la cour d'école, tout ça, est-ce qu'on est dans un contexte qui est favorable à la protection du français quand on veut promouvoir comme ça ce type de programme d'immersion là, selon vous?

Mme David (Françoise): La protection du français à Montréal, ça relève d'une panoplie de mesures. Il ne faut pas en identifier seulement une ou deux, il faut que, tous ensemble, on identifie les mesures qui vont nous aider à faire en sorte que tous les enfants, tous les jeunes parlent un français convenable, pas seulement parler français, parler français, tu sais, parler français, une langue qu'on peut parler avec qualité. Il faut s'assurer en même temps de la connaissance d'autres langues, et c'est là où tout le débat commence sur la façon de faire.
Alors, c'est sûr qu'à Québec solidaire on va être très attentifs et très vigilants sur la question d'une bonne connaissance du français parlé et écrit - et écrit, j'ajoute - mais on accepte de regarder les différentes façons d'enseigner l'anglais. Parce que le saupoudrage de quelques cours d'anglais, on s'aperçoit que, finalement, les jeunes terminent le secondaire et ne le parlent pas.

M. Robillard (Alexandre): Mais vous ne partagez pas les études de la FAE?

Mme David (Françoise): Oui, nous les partageons. Nous les partageons, mais ce que je vous dis, c'est qu'on n'est pas prêts à statuer là-dessus de façon définitive. Mais, oui, nous les partageons.

M. Duchesne (Pierre): Et vous ne bougez pas sur le cégep, là, soumis à la loi 101. Vous êtes toujours défavorables à ça.

Mme David (Françoise): Écoutez, on a adopté là-dessus une position il y a un mois et demi, laissez-nous quand même un peu le temps d'avancer. On a... Vous irez sur le site paysdeprojets, on a 27 autres propositions pour la protection et la défense du français au Québec. La question des cégeps, à notre avis, est devenue presque une question symbole, alors qu'en fait c'est un problème relativement infime...

M. Khadir: Mineur.

Mme David (Françoise): ...mineur par rapport à l'ensemble de l'anglicisation dans certaines régions, Montréal et l'Outaouais aussi, où je suis allée récemment en discuter avec plusieurs. Et tout se passe dans les milieux de travail, en fait. C'est un peu le coeur et le centre de la question.
Donc, on a dit, nous, pour le moment, on ne touche pas aux cégeps. On a bien dit «pour le moment». Si, un jour, on devait réaliser, pour un certain nombre de raisons, que ça devenait un enjeu majeur face à la protection du français, on pourra revenir et regarder de nouveau. Mais, pour l'instant, on a le sentiment que ça a plutôt une valeur symbolique que réelle.

M. Laforest (Alain): M. Khadir ou Mme David aussi, qu'est-ce que vous pensez du fait que le gouverneur général ne paie pas ses impôts et qu'il reçoive son salaire à vie?

Mme David (Françoise): Je l'ai appris ce matin par la lecture de certains journaux. Je n'en reviens pas, tout simplement. C'est un peu scandaleux, franchement.

M. Khadir: C'est pourquoi, nous, on dit: Il faut vraiment que l'État s'occupe de justice et d'équité économique pour que notre société puisse enfin vivre de manière plus juste, avec moins d'inégalités qui sont en train d'augmenter, avec les pertes d'emploi et tout ça. Il faut rebrasser toutes les cartes et cesser d'accorder des privilèges indus à des gens juste parce qu'ils sont au sommet de la hiérarchie politique ou économique.

Mme David (Françoise): Quand on pense qu'il y a tellement de femmes et d'hommes pauvres à la retraite, hein, et que certains, parmi les plus privilégiés - et quel que soit leur âge, d'ailleurs, c'est ce que j'ai constaté - puissent jouir d'une retraite à vie de 100 % de leurs revenus, on est vraiment devant une inégalité sociale fondamentale.

M. Lavallée (Jean-Luc): Une petite vite sur Sagard. Hier, Jean-Marc Fournier... En fait, le PQ, vous savez, réclame une commission parlementaire spéciale pour entendre M. Sabia. Hier, M. Fournier disait: De toute façon, il va venir en commission parlementaire pour le bilan de la caisse. Est-ce que, pour vous, à vos yeux, c'est la bonne tribune pour lui poser ce genre de question là ou vous vous arrimez à la position du PQ?

M. Khadir: Vous savez, c'est la question... le fait que M. Sabia soit allé chez les Desmarais, il faut le placer dans un contexte plus général où, dans notre société, on accepte que Russell Williams soit ministre délégué pour s'occuper de la politique du médicament, donne sa démission en mai 2004 puis, avant la fin du mois de mai, il soit à la tête de Rx&D, le lobby des pharmaceutiques. Quand on tolère que Philippe Couillard soit ministre de la Santé, prétende défendre bec et ongles le régime public puis, peu de temps après sa démission, on apprenne qu'il a des intérêts dans une compagnie qui veut s'introduire dans le système de santé, ça entretient encore cette confusion que ces genres de choses sont tolérables.
Ensuite, on a vu Henri-Paul Rousseau passer directement de la Caisse de dépôt sur les bancs de la direction de Power Corporation... en fait Power financière, qui est le principal rival de la Caisse de dépôt sur le marché financier. C'est comme si un général d'une armée en guerre contre l'autre passait directement de l'un à l'autre. D'accord? Parce que, sur le marché financier, ils se font la guerre, ces deux-là. Donc, on a perdu un général qui est allé directement chez l'autre puis on n'a trouvé rien à redire.
Puis ensuite Mme Nathalie Normandeau qui donne sa démission pour la retrouver là où... Ou Pierre Marc Johnson vient ici, à l'Assemblée nationale, alors qu'il est à la tête... en fait qu'il est un associé de Heenan Blaikie, donc qui se gargarise que ses principaux intérêts sont dans les... pour représenter des intérêts commerciaux de part et d'autre de l'Atlantique, entre l'Europe et le Québec, puis ensuite un... cet avocat agisse au nom du Canada et du Québec dans les accords commerciaux.
Quand on est rendus à ce que notre classe politique puis une partie des commentateurs médiatiques tolèrent tout ça, traitent ça avec légèreté, pourquoi voulez-vous que M. Sabia sente une gêne, alors que c'est très gênant, c'est inacceptable? On ne devrait pas accepter ça dans notre société, d'autant plus... Et là on va revenir là-dessus, sur les questions, justement, de justice économique, que la Caisse de dépôt c'est notre... un de nos instruments de souveraineté, et la Caisse de dépôt, actuellement, a investi 4 milliards de dollars dans des projets de sables bitumineux où le...
Bon. J'en reviens à votre question, parce que ça, c'est mineur. Tu sais, le fait de l'entendre ou ne pas l'entendre, là... Qu'est-ce qu'il va nous dire? Il va encore s'épancher dans des prétextes que... Ah! C'était pour parler affaires. Ah, non! C'était juste une question familiale. Mais, à sa face même, vous savez que dans les normes internationales élevées, une apparence de conflit d'intérêts, c'est un conflit d'intérêts. Je le répète: Une apparence de conflit d'intérêts, surtout à ce niveau d'importance de fonction chez les décideurs publics, toute apparence de conflit d'intérêts doit être évitée.
Alors, que M. Sabia ne soit pas au courant de ça, je trouve que c'est un grave manque de jugement et de compétence. C'est un grave manque de compétence, mais qui s'excuse pourquoi? Parce que le premier ministre, le serviteur en chef de l'État, M. Charest, semble être incompétent du point de vue éthique puis ne pas comprendre qu'il n'a pas le droit de paraître, aux yeux du public, d'être au service de l'empire Desmarais.

M. Lavallée (Jean-Luc): Mais est-ce que ça prend une commission parlementaire spéciale?

M. Khadir: Ça prend une élection, ça prend un changement de culture politique, ça prend à ce que les gens en aient assez de tout ça puis, aux prochaines élections, votent pour un gouvernement Québec solidaire pour changer les pratiques et la culture politique.
Regardez, on a eu des commissions, M. Rousseau est venu. Nous, on est allés avec un dossier béton voir la Sûreté du Québec sur quatre compagnies de génie-conseil. Il a fallu que la firme elle-même admette ses erreurs pour que le Directeur général des élections puisse faire quelque chose, puis encore très peu. Et là on a de nombreux problèmes de manquements à l'éthique puis aux principes de base de barrières entre les intérêts privés et les charges publiques au cours de ces dernières années. Je ne vous les nommerai pas, les Tomassi, les Whissell, M. Charest lui-même, puis on n'a pas de prise.
On a le commissaire aux lobbyisme, je respecte leur travail, mais on a beaucoup de normes et de la difficulté à les appliquer parce que l'ensemble de nos pratiques... des dirigeants semblent souffrir d'un grave déficit de connaissances et de compétences en matière éthique. Puis la seule manière de le changer, c'est de changer de gouvernement puis de voter pour Québec solidaire.

Mme Plante (Caroline): Mr. Khadir. Mr. Khadir, I'll just set up myself here. What are your...

M. Khadir: Nice to talk to you as well.

Mme Plante (Caroline): Thank you. What are you doing to prepare for the next... for the upcoming election?

M. Khadir: We are going to emphasize on the fact that Québec solidaire is the only party at the National Assembly defending social and economical justice. You know, all the politicians were unanimous last year, last summer, when the Occupy Wallstreet movement took ground everywhere around the world, O.K.? They said: Yes, we are aware that there is a problem. Such discrepancies between the wealth of the 1% and the problems of inequality and lose of prosperity among the 99%, but we want to demonstrate that the only party who defends 99%, social justice, economical justice, is Québec solidaire, and we are going to emphasize in the National Assembly on three main issues. Natural resources, we have to have better control, better impact on our economy and we have to master our natural resources in order to implement redistribution of wealth.
Second, the... «des retraites», how do you say that?

Une voix: Pension.

M. Khadir: Pension plans are really preoccupying because the economical elite, the big corporate business want to degrade the protection the society as offered. And it's a social contract to those who will retire. We think it's unjust. We can do better and we offer a universal... we are going to propose a regime of universal pension plan, where everybody contributes to protection, which will be more reliable. So, we think that we cannot put more pressure, financial debt on our young. We want to insure universal access to a good and quality education, free education for everybody from school to university. So, we are going to be with the side of the students if they want to fight against the rise in the... «scolarité»?

Une voix: Fees.

M. Khadir: Tuition fees, we are going to be with them. If they are on a strike, we are going to be with them. We support their demand.

Mme Plante (Caroline): Also, on the ground, what is your party doing to prepare these elections?

M. Khadir: Well, we are now preparing since a year. We have put, you know, a committee in charge of preparing the election since a year, now. In the last weeks, we have prepared our tools for the election, thought about our priorities, our organization. The party, everywhere in Québec, is now studying the priorities for our platform, and we are recruiting. By March, if the elections are not launch before that, by March, we will have more than 80 candidates, which will be chosen by the associations. And we intend to present candidates all over the Québec, because Quebeckers have no other choice, they are not condemned to vote for the liberals. I know that the liberals have lost the confidence of the English community of Québec. And the English community has a right to not being represented by a corrupted government, and they have a choice, now. They can vote for many other parties, and Québec solidaire is the only party for social, economical justice and ecology.

Mme Plante (Caroline): And preparing for the elections, I think, that will probably coming quite soon, means looking at other parties and looking, at some extent, attacking their ideas. So, what do you think of François Legault and the CAQ wanting to reopen collected agreements for teachers and doctors?

Mme David (Françoise): I think the François Legault's party is really not a left-wing party. He proposes, for example, to reopen the contracts between unions and the Government. That is not democracy, so we don't support that. He proposes to cut the «commissions scolaires»...

M. Khadir: School boards.

Mme David (Françoise): ...school boards, O.K., and very fast, you know, without thinking about that. So, it's not our way to act. We propose more social justice. We propose an economy... an ecologist economy. We propose... «gratuité... Ah, mon Dieu!»...

M. Khadir: The free...

Mme David (Françoise): ... a free education in the universities. We propose to have better wages for workers and for people on social welfare. So, you know, it's really, really different, and we will tell that to the population.

Mme Plante (Caroline): Do you think he will be the biggest target in the National Assembly?

Mme David (Françoise): I'm not sure. I'm not sure.

Mme Plante (Caroline): ...

Mme David (Françoise): Yes. But, it begins to decrease now.

M. Khadir: But, you know, in our perspective, François Legault is not very different from the Liberals. They represent the interest of the wealthiest and the corporate business with different, you know, taste and savour. In fact, François Legault is an old recipe in a new plate, but really nothing new to propose. These recipes, you know, of managing the Government as a business are there, ingredients of it are there since at least 25 years in Québec. Bouchard was the same thing, O.K.? In fact, François Legault is the preferred minister of Lucien Bouchard.

Mme David (Françoise): Yes.

M. Khadir: Remember the cutbacks. And he is now one of the preferred of Mario Dumont.

(Fin à 11 h 50)

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