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Point de presse de M. Pascal Bérubé, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de langue française

Version finale

Le mercredi 1 juin 2022, 8 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Huit heures une minute)

M. Bérubé : Bonjour, tout le monde. Aujourd'hui, je me pose une question que de nombreux Québécois et Québécoises se posent : Est-ce qu'on essaie d'acheter la prochaine élection? Juste le titre, hier, qui indique qu'il y aura un nouveau chèque, après l'élection, évidemment, si la CAQ est réélue. Pourtant, on est à même de constater la baisse de pouvoir d'achat des Québécois dans le domaine de l'essence, de l'épicerie, de l'hydroélectricité.        Hier, justement, on a proposé au gouvernement de remplir son engagement, de faire en sorte que la totalité des trop-perçus d'Hydro-Québec pouvait être remboursée aux utilisateurs. Refusé. C'était pourtant leur engagement, puis Hydro-Québec fait des profits records. Notre chef a proposé de regarder la question du pétrole, puis il y a plusieurs formules possibles. Non plus. Le gouvernement veut lui-même être celui qui va envoyer un chèque aux Québécois. Mais là on a poussé plus loin, plus loin le cynisme : Si on est réélus, vous allez avoir de l'argent. Ça fait 25 ans que je suis engagé en politique, 15 ans comme député, je n'ai jamais vu une telle chose. Donc, est-ce qu'on veut acheter les Québécois?

Et le défi qu'on lui lance, au premier ministre… C'est que les gens souffrent présentement, ils souffrent du prix de l'essence, ils souffrent du panier d'alimentation qui augmente, ils souffrent des tarifs d'électricité qui ont augmenté de 2,7 %, le 1er avril dernier. Donc, si les gens souffrent et si c'est important, faites-le maintenant. Mais on ne peut pas dire aux Québécois qui souffrent : Bien, on sait que vous souffrez, mais il va falloir nous élire pour avoir accès à de l'argent, ce n'est pas correct, tu sais, je vais le dire comme ça, pour utiliser un terme approprié, Paul aura l'occasion de poursuivre là-dessus. Mais on ne peut pas dire aux gens qui souffrent, qui nous écrivent, qui nous appellent, à nos bureaux de comté : Qu'est-ce qui arrive, là? J'ai des prestations fixes, je suis rentière, je suis sur la pension de vieillesse, je suis sur l'aide sociale. Oui, mais il va falloir voter CAQ pour avoir un montant. On est rendus à leur donner cette information-là, que c'est ça qui s'en vient, de l'action gouvernementale. Je veux dire, c'est épouvantable. Votez CAQ, recevez plus tard, c'est épouvantable. Et ce genre de technique là, je ne sais pas qui les imagine, mais je sais qui a le culot de les mettre de l'avant, puis c'est le gouvernement de la CAQ. Paul y reviendra.

Jacques Parizeau, personnage important de notre histoire, je suis devenu membre le 14 février 1994, grâce à Jacques Parizeau. J'avais son affiche dans ma chambre, j'ai commencé à militer pour le Parti québécois. Je l'ai très bien connu, je l'ai rencontré à de multiples reprises, et je lui demandais souvent conseil, puis je vais vous raconter une anecdote. En 2002, je suis le président du comité national des jeunes, donc ça fait 20 ans. M. Parizeau, croyez-le ou non, a un bureau qui lui est prêté par l'État aux Archives nationales, dans le Vieux-Montréal, sur la rue Viger. Alors, on arrive là, il y a son adjoint qui s'appelle Pierre, il y a M. Parizeau qui nous attend, puis il faut convenir du plan de discussion.

Alors, croyez-le ou non, là, j'étais assez fringant comme président du comité national des jeunes, je n'ai pas tout à fait suivi le plan. Alors, on est le lundi, puis je lui dis : M. Parizeau, en fin de semaine, à Drummondville, on a un camp de formation des jeunes, puis vous savez comment les jeunes vous aiment, puis on aimerait ça vous avoir, puis je vous envoie ça comme ça. M. Parizeau se recule, puis il dit : Écoutez, là, vous n'y pensez pas, c'est dans quelques jours, puis ça ne se fait pas vraiment, puis tout ça. Bon. Ça avait terminé un peu froidement, puis là j'étais très triste de ça, j'ai dit : Est-ce que j'ai manqué de respect à M. Parizeau? Tout ça. Je quitte.

L'adjoint, qui s'appelle Pierre, me dit, la main sur l'épaule : M. Bérubé, ne désespérez pas, gardez votre téléphone ouvert. Le téléphone sonne en fin de journée. M. Parizeau accepte, à une condition, il faut qu'un de vos collaborateurs, qui le connaît bien, qui connaît ses habitudes, aille le chercher à Fulford, à sa ferme, et l'amène à Drummondville, où il sera caché, il sera la surprise des gens. Alors, on fait ça. Le parti ne le savait pas. Bernard Landry ne le savait pas, comme premier ministre, j'allais le savoir assez durement un peu plus tard. Et Jacques Parizeau apparaît devant les jeunes, les jeunes étaient en liesse. Et qu'est-ce qu'il nous dit, à l'époque où l'ADQ était en forte montée, puis on ne les connaissait pas, ce parti-là, qui n'était ni le Parti libéral ni le Parti québécois? Il dit : Si vous êtes convaincus qu'on a la meilleure option, qu'on est capables de faire les choses, que c'est ce qu'il y a de mieux pour le Québec, pourquoi on dévierait?

Ce que je retiens de Jacques Parizeau, c'est notamment cette phrase-là, c'est que cet homme, qui était déjà septuagénaire, nous disait, à nous, les jeunes : N'ayez pas peur, ne lâchez pas. Il nous parlait des pionniers qui se réunissaient dans des salles, ils étaient peu nombreux, de lui, chaque fin de semaine, qui faisait, dans une petite voiture avec un trou dans le fond, de Montréal à Matane, entre autres, pour rencontrer des militants puis revenir à temps pour donner ses cours aux HEC. C'était ça, son message. Si on est convaincus qu'on a la meilleure option, pourquoi on dévierait? L'authenticité. Et M. Parizeau s'est fait dire plein de choses, là, en politique, mais il n'a jamais dévié, et c'est un peu pour ça, et pour beaucoup, qu'on lui rend hommage aujourd'hui. Un homme droit, un homme qui n'a jamais dévié et un homme qui est convaincu, qui est un gagnant de notre histoire, qu'on est capables de faire des grandes choses.

Alors, je vous livre cette anecdote-là parce qu'elle me suit encore aujourd'hui. Jacques Parizeau, c'est ça, pour moi. Je ne sais pas comment le premier ministre va le décrire tout à l'heure. C'est embêtant de faire abstraction du fait qu'il était indépendantiste. Je vais quand même être attentif au discours, mais il est de notre famille politique, c'est une personnalité importante. Et, encore aujourd'hui, ses héritiers sont nombreux à dire : Ce n'est pas l'option la plus facile, mais c'est la plus responsable. Et ces phrases que M. Parizeau a prononcées, à Drummondville, il y a 20 ans, sont largement responsables du fait que je sois toujours ici, devant vous, à vous parler du projet d'indépendance, qui est un projet exigeant mais exaltant. Et c'est cet homme d'un autre siècle, d'une certaine façon, qui a étudié à Londres, qui n'avait rien à voir avec les jeunes que je fréquentais, qui m'a motivé à faire le pays.

Alors, aujourd'hui, on va honorer un grand homme politique du Québec, un grand bâtisseur. Et je suis très ému de ça, moi. Je suis allé voir la statue, tout à l'heure, puis je lui parlais. Ça peut paraître... Ce n'est pas mon genre, habituellement, je peux vous le dire, puis je suis bien ému de ça. Alors, quand je dis souvent, dans des discours, de ne pas renoncer à ses rêves de jeunesse pour le Québec : M. Parizeau, on continue.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Merci, Pascal. Sur Jacques Parizeau, j'ajouterais simplement que... C'est une anecdote qui revient souvent, dans le giron du Parti québécois, une anecdote où Jacques Parizeau reprend les rênes du Parti québécois. Et, lorsqu'il se rend à travers le Québec à la rencontre de militants, à certains endroits, il y a plus d'accompagnateurs de Jacques Parizeau qu'il y a de militants qui l'attendent, et c'est pour dire que, dans les années 80, il y a eu une période où tout le monde s'entendait pour dire que l'idée d'indépendance, elle était terminée, morte et enterrée. Et il y a un entêtement, il y a une forme de détermination inconditionnelle dans l'action de Jacques Parizeau qui doit, à mon avis, nous inspirer. C'est une forme de courage et une forme d'intégrité intellectuelle, que, peu importent les circonstances, on met de l'avant la solution qui est vraie et qui est la seule solution qui est viable, qui est durable.

Il y a plusieurs autres anecdotes, dont un Bye bye 1988 ou 1989, un sketch où Jacques Parizeau est tout seul dans une pièce à parler d'indépendance, puis il n'y a pas de militants, toutes sortes d'anecdotes sur des discours. Bref, il y avait beaucoup, beaucoup plus d'adversité que ce dont on se souvient, lorsque Jacques Parizeau a décidé, malgré l'ambiance des années 80, suite à la défaite du premier référendum… une ambiance qui suggérait que l'indépendance, comme idée, n'avait aucun avenir.

Et moi aussi, comme Pascal, je vais surveiller de près si on célèbre la mémoire de Jacques Parizeau de manière intègre sur le plan intellectuel, à savoir que sa carrière a été dédiée à ce que le Québec devienne un pays puis accomplisse son plein potentiel, comme il a encouragé les jeunes à accomplir leur plein potentiel à travers leurs études, à travers leur engagement politique, comme il a espéré que la Caisse de dépôt nous permette d'accomplir notre plein potentiel sur le plan économique. L'idée de Jacques Parizeau, c'est que le plein potentiel du Québec doit se réaliser, et cette idée-là, je pense qu'elle est plus actuelle que jamais.

La Modératrice : On va prendre les questions. Une question, une sous question, s'il vous plaît.

Mme Côté (Claudie) : Bien, peut-être, sur le 500 $. Vous, est-ce que vous proposez quelque chose aux Québécois en vue de l'élection?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Oui. Mais ce ne sera pas conditionnel...

M. Bérubé : 505 $.

Mme Côté (Claudie) : 505 $ disait M. Bérubé. C'est ça, on va assister à des enchères de chèques?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : 505,50 $, exactement. Oui, mais ce ne sera pas conditionnel aux résultats de l'élection et ça ne devrait jamais l'être, là, sinon, ça devient grotesque. Et je rappelle que les Québécois ont déjà eu 500 $ qui est passé dans leur poche l'espace de quelques secondes, quelques minutes, le temps de remettre ça dans la pompe, en profits aux pétrolières, parce qu'on n'agit pas sur la concurrence, on n'agit pas sur les prix. Donc, le 500 $ est rentré dans la poche des Québécois aussi vite qu'il est ressorti pour aller dans la poche de multinationales. Puis c'est ça, là, la proposition.

Mme Côté (Claudie) : Mais clairement ça a plu aux Québécois, le 500 $. Les gens l'ont apprécié. Personne n'est contre la vertu, là, les gens aiment ça recevoir un montant d'argent. C'est une méthode qui semble fonctionner. Est-ce que vous le décriez, vous pensez qu'il faut aller vers d'autres options, ou c'est efficace?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Bien, un coup parti, si on part de la prémisse que redonner de l'argent à coup de chèques, c'est populaire, bien, on va prendre les fonds publics puis on va envoyer juste des chèques à tout le monde, on va cesser la mission de l'État. Je pense qu'il faut voir la valeur de cette approche électoraliste là pour ce qu'elle est, c'est une façon très, très incomplète et très, très douteuse de régler des problèmes sérieux, c'est-à-dire celui du coût de la vie. Nous, on va arriver avec des solutions intelligentes pour aider les Québécois au niveau du coût de la vie dans son ensemble. On a déjà parlé du prix de l'énergie, mais on va parler d'autres prix qui pourraient être différents, plutôt que de pelleter des fonds publics qui ne font que transiter quelques instants dans la poche des gens pour ensuite s'en aller en profits aux multinationales.

M. Lacroix (Louis) : Qu'est-ce que vous avez pensé de ce qu'a dit M. Legault hier, pendant la période de questions, au sujet de Saul Paulo, entre autres, en disant qu'il était une anecdote? Parce que monsieur... il y en a quoi, sept, députés, je pense, qui sont issus de la diversité, et dont la langue maternelle n'était pas le français, et qui l'ont appris, etc. Donc, M. Legault dit que ce sont des anecdotes.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Moi, je pense qu'à chaque fois qu'on a l'exemple de quelqu'un qui apprend le français et s'intègre en français au Québec, bien, on doit célébrer cette réussite-là. Pour autant, on ne peut pas seulement prendre des anecdotes, on doit regarder les données statistiques dans leur ensemble. Et peu importe l'indicateur qu'on choisit, donc ça peut être langue d'usage, langue parlée à la maison, langue du travail, services en français ou en anglais à Montréal, peu importe l'indicateur, on a des signes convaincants du recul de la langue française.

M. Lacroix (Louis) : Donc, c'est vrai que ce sont des anecdotes, pour vous?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Non, ce ne sont pas des anecdotes, ce sont des exemples de réussite, mais il faut plus d'exemples, il faut plus de réussites. Quand on regarde l'ensemble de la trajectoire des Québécois d'adoption par rapport à la langue, il faudrait que ces exemples-là soient plus nombreux. Donc, il faut célébrer les réussites, mais se fixer des objectifs plus ambitieux sur le plan des données statistiques qui nous révèlent que près d'un allophone sur deux, 45 %, environ, choisira l'anglais à moyen, long terme.

M. Lacroix (Louis) : Mais est-ce que c'est une minorité de gens qui sont des réussites ou est-ce une majorité de gens?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Les données sur les transferts linguistiques chez les allophones nous disent qu'environ 55 % des allophones vont choisir le français comme langue d'usage à moyen, long terme contre 45 % vers l'anglais. Et il est là, le recul de la langue française, dans la grande région de Montréal, c'est que les transferts linguistiques, pour que ce soit durable, il faudrait que ce soit autour de 90 % vers le français et 10 % vers l'anglais.

M. Lacroix (Louis) : Donc, M. Legault a raison, en partie, selon vous?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Bien, je ne veux pas cautionner... Comme je vous le dis, à mon avis, il faut célébrer les exemples de personnes qui choisissent le français et fonctionnent en français. Donc, je ne ferai pas miennes les déclarations de François Legault, je le laisse s'organiser avec ces déclarations-là. Nous, ce qu'on dit, c'est qu'il faut garder un oeil sur les transferts linguistiques. Et malheureusement les quatre ans de la CAQ auront permis très peu de changements significatifs par rapport à ces transferts linguistiques, même que la CAQ refuse de mesurer l'évolution de ces transferts linguistiques là. On se contente d'un projet de loi n° 96 nettement insuffisant en disant : On ne veut même pas mesurer ce qui va se passer par la suite. Ça, c'est inquiétant.

Mme Lajoie (Geneviève) : Je veux savoir c'est quoi, maintenant, la position du Parti québécois sur l'augmentation des seuils d'immigration, parce que, la semaine passée, si je ne me trompe pas, M. Joël Arseneau disait quand même qu'il faut les hausser. Je voudrais savoir exactement quelle est la position, puis c'est quoi, la hausse idéale.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Non, il n'est pas question de hausse des seuils d'immigration, au contraire. La position que j'ai toujours défendue, puis ça fera partie de notre plateforme électorale, c'est que, dans les facteurs qui influencent la langue française, ce qu'on n'a pas fait, c'est d'exiger 100 % des immigrants économiques qui ont la maîtrise du français. On ne l'exige pas. Donc, ça, c'est un facteur important.

Dans ce qu'on ne fait pas non plus, c'est on n'a aucun contrôle sur la situation au chemin Roxham, aucun contrôle sur l'immigration temporaire non plus. Ce sont des facteurs d'anglicisation. Et, sur les seuils d'immigration, moi, je pense qu'à la lumière des données qu'on a on doit considérer un recul, de baisser les seuils d'immigration en fonction de la capacité d'accueil en français du Québec, c'est dans le programme du Parti québécois.

M. Laberge (Thomas) : Combien?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Ça, ça fera partie de notre campagne électorale, de notre plateforme électorale, qu'on va dévoiler ultérieurement.

Mme Côté (Claudie) : ...capacité d'accueil en français, c'est ce que vous dites, notre capacité est limitée?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : On excède, en ce moment, notre capacité d'accueil en français, nettement.

M. Duval (Alexandre) : Comment vous êtes capables de déterminer ça? Quels sont vos indicateurs qui vous permettent de dire qu'on dépasse notre capacité d'intégration en français?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Le recul du français, parce qu'il est lié aux changements démographiques, première chose, quand on regarde des comparables également. Supposons qu'on prend les États-Unis ou la France, bien, ça nous indique que, si on appliquait les mêmes ratios per capita, on est nettement par-dessus ce que fait la France et les États-Unis, alors qu'on n'a même pas notre propre pays, et on n'est pas capables de légiférer sur la langue française dans plusieurs endroits, comme la loi 101 aux entreprises à charte fédérale.

M. Lacroix (Louis) : Alors, on excède de combien des seuils, dans ce cas-là? La capacité d'accueil, on l'excède de combien?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : C'est ça. Il essaie d'avoir mon chiffre, avec une soustraction. Non, mais c'est habile, c'est habile.

M. Bérubé : Je peux compléter là-dessus. Je vois où il veut aller, mais je vais tenter…

M. St-Pierre Plamondon (Paul) :  Je vais juste terminer, là. On ne vous donnera pas nos chiffres aujourd'hui, ça fera partie de notre plateforme. Ce que je vous dis, c'est qu'on va aller vers une baisse des seuils en fonction de ce qu'on déterminera, et de notre capacité d'accueil en français au Québec, et en fonction de ce qu'un économiste comme Pierre Fortin nous disait la semaine passée. Il était très clair à RDI économie : La pénurie de main-d'oeuvre, c'est faux d'affirmer qu'elle est comblée, elle est réglée par des seuils d'immigration élevés. Ce qu'on constate, en fait, c'est que l'impact de l'immigration sur la pénurie de main-d'oeuvre est nul, presque invisible. Par contre, ça a des enjeux sur une question comme la crise du logement. Donc, il va falloir trouver un juste milieu. On va utiliser des comparables à l'étranger, on va également utiliser les données qu'on a à l'interne sur les transferts linguistiques, notre but étant de trouver quelque chose de juste et raisonnable en fonction de la capacité d'accueil en français au Québec.

Mme Lévesque (Fanny) : Donc, c'est moins que 50 000, là, on descend?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Oui.

M. Bérubé : Je veux juste, si vous permettez, compléter. Parce qu'à partir du moment où le gouvernement fait ses demandes… On peut regarder qu'est-ce qu'il contrôle présentement. Campagne électorale, en 2018, il vous dit, à plusieurs d'entre vous : C'est 40 000, c'est le seuil. Une fois au pouvoir, ça devient 50 000, même 52 000. Ça, c'est les cibles de Jean Charest, exactement. On monte à 70 000. Là, on dépasse Jean Charest. On revient à 50 000. Donc, on normalise, coup de génie, on normalise le 50 000, qui est déjà beaucoup trop. Et là ça monte à 58 000, jeudi. Il reçoit un appel du bureau du premier ministre : Jean, on avait dit 50 000. Oui, mais ça prend... On avait dit 50 000. Ça revient à 50 000. Alors, c'est de la numérologie, dans ce temps-là.

À la dernière élection, on avait dit qu'il fallait analyser ça selon la capacité d'intégration en français, la francisation, l'emploi, le logement, et tout ça, puis demander à une instance indépendante. Ça, c'était en 2018. On est en train de proposer un mécanisme sérieux, une analyse sérieuse de notre capacité d'accueil qui tient compte, effectivement, des pénuries de main-d'oeuvre, de la francisation, du logement aussi, parce qu'il faut loger les gens, quelle que soit leur origine. Donc, c'est ça. Mais je veux juste... je trouve ça assez ironique que ceux qui proposaient 40 000 puis qui en veulent moins d'Ottawa, bien là, acceptent maintenant 50 000.

M. Lacroix (Louis) : Oui, mais si vous baissez les seuils, là, M. St-Pierre Plamondon, là, mettons que vous baissez les seuils en bas de 50 000, le fédéral, lui, va continuer à faire entrer des immigrants avec ses propres seuils. Ça équivaut à dire qu'on va laisser un plus grand pourcentage d'immigration au fédéral.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Bon, la part du fédéral, c'est à peu près 20 000 sur les 50 000, le pouvoir fédéral en matière... Par exemple, pour la question des réfugiés et réunification familiale, c'est à peu près 20 000 qui vient du fédéral. Quand j'ai envoyé une lettre à François Legault, il y a quelques mois, pour lui dire : Avez-vous été consultés avant que Justin Trudeau décide de rehausser les seuils d'immigration à l'échelle nationale canadienne? Ça a été le silence radio. Il n'a jamais été consulté, il ne s'est pas non plus insurgé, il n'a fait aucune sortie publique pour dire à Justin Trudeau : Vous devez me consulter à titre de gouvernement du Québec. Et c'est là qu'il y a un enjeu pour François Legault, il n'est pas capable d'évoquer le mot «indépendance».

M. Lacroix (Louis) : Mais vous évitez ma question, M. St-Pierre Plamondon.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Je veux répondre, puis après on reprend la deuxième ronde, là. Mais François Legault met sous le tapis le fait qu'en effet le modèle fédéral n'est pas tenable pour la situation du Québec, parce que, vu qu'il n'est pas capable de dire le mot «indépendance», bien, il préfère mettre sous le tapis ces échecs-là et ensuite faire des sorties sur la louisianisation pour créer diversion. La vérité, c'est qu'il n'a aucun pouvoir de négociation et que la seule solution par rapport aux frontières et par rapport à l'immigration, c'est l'indépendance du Québec.

M. Lacroix (Louis) : Ma question, c'est : Vous, comme premier ministre du Québec, vous accepteriez que le fédéral occupe une plus grande place dans l'immigration au Québec, c'est-à-dire que le fédéral décide d'un plus grand pourcentage d'immigrants qui entreraient au Québec? C'est ça que ça équivaut à dire.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Oui, mais ça équivaut également à dire qu'il y aurait un gouvernement indépendantiste qui s'adresserait au fédéral en disant : On renégocie, mais, en passant, l'option de l'indépendance du Québec, elle est activement sur la table, parce que vous ne nous respectez pas, parce que vous ne nous consultez pas, parce que vous n'avez aucun intérêt pour la pérennité du français au Québec. Alors qu'en ce moment on a un gouvernement fédéraliste et à-plat-ventriste qui n'ose même pas poser ces questions-là parce qu'il connaît la réponse. En général, maintenant, on peut dire que c'est une règle, ça prend moins de 48 heures à Justin Trudeau pour dire non au Québec, pour chacune des demandes. On peut appeler ça un service express.

M. Bérubé : Ce qui devrait être la règle pour les passeports.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Oui.

M. Bérubé : 48 heures.

La Modératrice : Dernière question en français, s'il vous plaît.

Mme Morin-Martel (Florence) : Sur un autre sujet. J'aimerais vous entendre sur la décriminalisation des drogues dures en Colombie-Britannique. Est-ce que le Québec devrait aussi aller dans cette direction-là pour freiner les surdoses?

M. Bérubé : Je pense que c'est dans le Eastside à Vancouver. Bon, c'est les petites quantités d'opioïdes et de cocaïne, entre autres. C'est une réalité qui est très circonscrite au centre-ville de Vancouver. Évidemment, encore une fois, c'est un débat qu'on n'a pas fait au Québec, celui… compte tenu d'une situation particulière, là, de décriminaliser des quantités de drogue qu'on n'est pas habitués à discuter. Je ne sais pas on en est où au Québec, mais il est clair qu'il y a une crise d'opioïdes à Montréal, notamment au centre-ville et dans l'est de Montréal. Il faudrait poser la question aux cliniques, il faudrait poser la question à Réjean Thomas, à L'Actuel, et à d'autres médecins qui voient arriver ces personnes-là, qui sont capables de mesurer l'impact des overdoses, les décès. On m'a dit qu'en temps de pandémie ça a augmenté considérablement, ajoutant à ça du désespoir, de l'isolement. Donc, je ne crois pas qu'on soit prêts à faire ce débat-là, mais, si les chiffres devaient nous donner des indications similaires à ce qu'on retrouve au centre-ville de Vancouver, bien, il faudra certainement aborder la question.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : On peut regarder les résultats qu'ils obtiennent aussi.

M. Bérubé : Mais ça commence, là, hein, c'est...

Mme Lévesque (Fanny) : Juste sur l'aide médicale à mourir, là, je sais que Mme Hivon n'est pas là, mais hier on a appris, finalement, que les demandes anticipées, ça ne se peut pas, dans le Code criminel. Donc, la loi, si on l'adopte, au Québec, elle devient comme inapplicable et même que les médecins s'exposent à des poursuites au criminel s'ils administraient une demande anticipée.

M. Bérubé : Tu es avocat, toi?

Mme Lévesque (Fanny) : Que ça sorte comme ça, en commission parlementaire, est-ce qu'on était mal préparés dans le projet de loi de M. Dubé? Qu'est-ce que...

M. Bérubé : Je cède la parole à mon avocat.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Reprenez...

Mme Lévesque (Fanny) : Parce que le Code criminel ne permet pas de faire des demandes anticipées d'aide médicale à mourir, donc d'administrer les demandes. Là, on apprend ça, en commission parlementaire, il reste sept jours. Le Barreau dit que les médecins s'exposent à des poursuites au criminel. Comment ça, on en arrive là, à ce moment-ci?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : La superposition entre la compétence fédérale en matière criminelle et la compétence civile au niveau du Québec, elle est tout le temps problématique parce que ce n'est pas un système intégré. Quand on précipite des projets de loi à la dernière seconde, et c'est vraiment le cas, là, depuis les derniers mois, il y a une avalanche de projets de loi où est-ce que, parce qu'on veut, avant les élections, arriver à des résultats, on précipite également la rédaction, la considération de ces questions-là. Ça donne ce genre de résultat là où la seule façon d'avoir le cœur net pour s'assurer qu'il n'y a pas, justement, d'accusation ou de dérapage, c'est d'aller obtenir des avis formels des intervenants, dont le Barreau du Québec.

Ça prend du temps, bien faire les choses, ce n'est pas ça qu'on a fait. Et on se retrouve, à la fin, à garrocher un paquet de projets de loi, et il y a ce genre de risque là, où moi, je n'ai pas vu d'opinion juridique de la part des intervenants sur cette question-là qui n'a peut-être même pas été soulevée tellement qu'on a fait rapidement. Mais, oui, c'est un enjeu, puis ce l'est tout le temps, la superposition entre la compétence fédérale au criminel et les droits civils au Québec.

La Modératrice : On va y aller en anglais.

Mme Senay (Cathy) : On the check of $500, we saw this coming. Mr. Legault repeated that he would make an announcement during the election campaign to help Quebeckers coping with the rising cost of living.

M. Bérubé : You're going to have to deal with me.

Mme Senay (Cathy) : OK. So, do you think he's buying votes, literally?

M. Bérubé : He tries to buy out the election, he tries to make sure that people vote for him for money, and this is not a good idea in democracy. A lot of people are suffering right now because of the price of the gas, or the grocery, or the electricity. So, they're suffering right now, and we're pretty aware about that.

But what Mr. Legault says : Keep on suffering, but, by the way, there's an election in Fall, and, if you vote for us, there's a check for you, $500. How do you like me now? This is the way he treats people. So, it's not correct, it's not fair. You cannot buy an election when people are suffering, and you're just, like, exposing... There is no longer a $500 bill in Canada, since 2021, but a check of $500, it's caricatural, it's not a good thing for democracy and it's shameful in a way. If people are suffering right now, help them right now.

Mme Senay (Cathy) : As we are now speaking, at the same time, Bill 96 is about to receive royal assent. There are lot of concerns of organisations to see how it will take place, how it will be put in place. So, there are so many unknown zones.

M. Bérubé : Well, Simon Jolin-Barrette is living the dream today because he's becoming the minister of French language. So, good for him. But what is good for us, for language in Québec? I told you before, I'm going to tell you again, Bill 96 is weak, is not going to solve any major problem about the future of the French language. We told you that for weeks, and it's not enough to make sure that we stop the decline of the French in Québec.

And if we don't want to become New Brunswick — there is kind of a scale before going to Louisiana, there is kind of a scale, let's start with New Brunswick or Laval, and then we go down — if we don't want to become this kind of territory, put some great measures. And it's funny — I'm ending with that — we voted a bill last week, Bill 96, that was not enough. A lot of people say that. And now Mr. Legault says : OK, I'm concerned with French, but the problem is those 6,000 people coming with reunion with their families. That's crazy.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Yes, yes. That's where it just doesn't work. François Legault has many powers in immigration and on the French language, he failed to take any of the structural measures. But it's as if the mere fact that, after four years, he says something about the topic is sufficient to... is a substitute to actually making the right policies. And, when you look at the evolution of the question of immigration, «les seuils», the number of people we...

Une voix : Threshold.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : The threshold, he did use that topic for electoral purposes in 2018, saying : We need to lower them. He did that for only one year, to bring them back to Charest and Couillard's level, he did raise them to 70,000. Last week, they said 58,000, oh! no, 50,000. What credibility is there? Like, clearly, they are using that topic for electoral purposes, but they're not rigorous and they're not objective, they're not serious about it. They…

M. Bérubé : Numerology.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Yes, it's just playing with numbers, and it's not responsible. We should be very careful about that topic, and come with precise and solid reasonings before saying things like that.

La Modératrice : Une dernière question en anglais, s'il vous plaît.

Mme Senay (Cathy) : One last clarification about what if Montréal mayor Valérie Plante is asking the federal Government the same system than Vancouver and having decriminalisation of small amounts of illicit drugs.

M. Bérubé : It's a new debate for us, it's a new debate for Québec as well, because we're not in the situation where Downtown Eastside in Vancouver is right now, where you have hundreds, maybe thousands of people dying from overdose since years. But we need to be aware of what's going on there, and watch if it works, and I'm sure that a lot of doctors and nurses in downtown Montréal can give you numbers of how many overdoses since the pandemic era, and even before. So, there's evolution on how we deal with the consummation of drugs, and I don't have that much to say.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : We'll keep an eye on it.

M. Bérubé : We'll keep an eye on it. This is the kind of phenomenon that you can find in Toronto, Vancouver and maybe Montréal, so let's be pretty cautious about what's going on, it's not going to be this year, but if we can talk about this topic later this year or another year, we can save lives, maybe.

La Modératrice : Merci. Bonne fin de journée.

(Fin à 8 h 30)

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