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Point de presse de M. François Legault, premier ministre

Version finale

Le mercredi 1 juin 2022, 9 h 50

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Neuf heures quarante-neuf minutes)

M. Legault : Bonjour, tout le monde. Bien, écoutez, avant de répondre à vos questions, je veux dire quand même un mot sur l'immigration.

D'abord, c'est important de le dire puis de le répéter : les Québécois sont un peuple accueillant. Au Québec, avec 50 000 immigrants par année, on est un des peuples dans le monde qui reçoit, toutes proportions gardées, le plus d'immigrants. C'est plus qu'aux États-Unis, c'est plus qu'en France. Et ces immigrants, une bonne partie, s'intègrent, apprennent le français, comme certains députés, mais il reste qu'actuellement on voit un déclin du français au Québec. Puis c'est ma responsabilité, comme premier ministre du Québec, comme seul premier ministre en Amérique du Nord qui représente une majorité de francophones, de prendre des mesures pour stopper ce déclin du français. Puis, oui, d'abord, il faut que tout le monde avoue qu'il y a un déclin, là. Quand on regarde les statistiques, les statistiques qui existent, c'est : la langue la plus utilisée à la maison, il y a un déclin; la langue la plus utilisée au travail, il y a un déclin.

Donc, on ne peut pas nier qu'il y a un déclin de la place du français au Québec. Puis, bien, ça devient une question de temps. Si ce déclin-là se poursuit, bien, ça va prendre combien d'années avant que le français ne soit plus beaucoup utilisé? On voit, par exemple, je donne un exemple, sur l'île de Montréal, on est passés de 59,5 % qui utilisaient le plus la langue de travail, le français, à 56,8 %. Donc, on le voit, là, on s'approche du 50 % des résidents de l'île de Montréal qui travaillent en français. Seulement 50 %. Donc, il y a effectivement une urgence d'agir. Bon, maintenant, comment on agit? Bon, le français, langue de travail, c'est important. C'est pour ça que dans le projet de loi n° 96, on a étendu la loi 101 aux entreprises de 25 à 50 employés.

Maintenant, l'immigration. Là, c'est important que tout le monde comprenne bien la répartition du 50 000. Je vous donne les chiffres de 2021 : économique, contrôlé par le Québec, 53 %; regroupement familial, 28 %; réfugiés, 14 %; puis autres catégories, 5 %. Bon, prenons-les une par une. Économique, 53 %. Que ça soit Simon Jolin-Barrette, Nadine Girault ou Jean Boulet, ils ont fait des efforts, entre autres, en utilisant davantage le PEQ. Ce qui a fait que, depuis 2018, on est passés de 55 % de ces immigrants qui connaissaient le français, avant d'être acceptés comme immigrants permanents, à 84 %, l'année passée, en 2021. Donc, effectivement, ça veut dire que le Parti libéral puis le Parti Québécois, quand ils étaient au pouvoir, ils ont critiqué, mais ils n'ont pas utilisé les pouvoirs qu'on a parce qu'on contrôle la sélection des immigrants économiques. Maintenant, la deuxième catégorie, la plus importante, c'est regroupement familial. C'est 28 % de nos immigrants, donc, ça veut dire à peu près 14 000 personnes par année. Ceux-là sont choisis par le gouvernement fédéral. Puis l'année passée, en 2021, il y en avait seulement 51 % qui parlaient français, donc la moitié. Bon, après, il y a la catégorie réfugiés, 14 %. On ne revendique pas de pouvoirs de ce côté-là. On accepte tous que c'est la contribution humanitaire du Québec d'accepter, quand il y a des crises comme en Ukraine, que ces gens-là puissent venir au Québec sans parler français.

Donc, c'est important de voir que le Québec, pour ralentir le déclin du français — puis on l'espère, éventuellement, commencer à augmenter la présence du français au Québec — bien, le Québec a besoin de plus de pouvoirs en immigration. D'abord, pour l'immigration, bien sûr, permanente, mais aussi pour l'immigration temporaire. Ce qui est choquant, du côté de l'immigration temporaire, c'est que les délais n'ont plus de bon sens. Vous avez vu un rapport, aujourd'hui, c'est rendu que, par exemple, des étudiants qui parlent français, qu'on est prêts à admettre, bien, ça ne finit plus de finir, les délais du gouvernement fédéral. Donc, c'est pour ça, c'est une raison de plus pour que même l'immigration temporaire, on s'en occupe, au Québec, puis qu'on agisse de façon plus rapide.

Donc, je comprends, là, j'ai vu M. Saul Polo faire le tour de certains regroupements de journalistes pour dire qu'il est blessé. Écoutez, là, ce que j'ai voulu dire, hier, c'est qu'on peut bien prendre des exemples comme le sien pour dire : Oui, lui, il a appris le français, mais ce sont des exemples. Il faut regarder le portrait global, puis le portrait global, c'est que le français est en déclin au Québec. Il y a moins de français, il y a moins de Québécois qui parlent français à la maison, il y a moins de Québécois qui parlent français comme langue de travail. Malheureusement, les statistiques n'existent pas, là, puis j'ai demandé à l'OQLF puis au ministère qui s'occupe de la francisation d'obtenir des données aussi sur le français, langue commune dans le public, en général, d'obtenir ces statistiques-là. Mais je veux dire, tout le monde, de façon raisonnable, va comprendre que s'il y a un déclin du côté de la langue la plus parlée à la maison puis qu'il y a un déclin du côté de la langue la plus parlée au travail, que, de façon générale, il y a un déclin. J'espère que Mme Anglade, que Québec solidaire ne nient pas cette situation-là et ne nient pas que, si le déclin se poursuit, bien oui, le français pourrait tranquillement disparaître, d'abord à Montréal, puis éventuellement dans l'ensemble du Québec.

Mme Côté (Claudie) : Est-ce que vous regrettez d'avoir utilisé le mot «anecdote» pour qualifier l'histoire de M. Polo?

M. Legault : Bien, ce que je voulais dire, c'est qu'on ne peut pas prendre un exemple, même trois exemples, puis à partir de ces exemples-là, dire : Tous les Québécois qui arrivent ici puis qui ne connaissent pas le français apprennent le français. Ce n'est pas ce que nous montre le portrait global. C'est ce que j'ai voulu dire.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Quelles données voulez-vous suivre par rapport au succès de la loi 96? Souhaitez-vous suivre le déclin du français parlé à la maison, au travail, dans l'espace public? Qu'est-ce qu'il faut surveiller, selon vous?

M. Legault : Bon, d'abord, les deux chiffres qu'on a : langue parlée à la maison, c'est important, langue parlée au travail, c'est important. J'aimerais ça ajouter une autre donnée, là, puis je l'ai demandé, entre autres, à Simon Jolin-Barrette puis à son équipe : langue d'usage dans le secteur public, quelle est la langue que vous utilisez le plus dans le secteur public. Puis au lieu d'avoir des données aux cinq ans, moi, j'aimerais ça avoir des données à chaque année pour qu'on puisse vraiment suivre, là. Parce que, oui, c'est une inquiétude que j'ai puis que je dois avoir, comme premier ministre du Québec. Donc, les deux données qui existent déjà, on va continuer de les suivre, comme ça on peut les comparer, mais j'aimerais qu'on ajoute une donnée sur la langue d'usage dans le secteur public.

Mme Prince (Véronique) : Est-ce l'État peut rentrer dans la maison des gens puis leur dire : Vous parlez français, vous reniez votre langue maternelle et, entre la famille, vous parlez en français? Est-ce que l'État peut faire ça?

M. Legault : Non, mais ce qu'on dit, c'est qu'on souhaiterait que le français soit la langue commune. Bon, la langue commune, bien, il faut regarder quelle est la langue à la maison, quelle est la langue au travail, quelle est la langue dans le secteur public. C'est un ensemble. S'il n'y a plus personne, au Québec, qui parle français à la maison, bien, ça veut dire que le français, éventuellement, va disparaître.

Mme Prince (Véronique) : Mais ma question, c'est : Est-ce que l'État peut s'ingérer dans les maisons des gens? C'est très personnel, là.

M. Legault : Bien, écoutez, ce qu'on veut, d'abord, c'est que les gens connaissent le français. Puis là les enfants vont à l'école en français, si on s'assure que les gens parlent français lorsqu'ils vont travailler, bien, un moment donné, ça va être une langue d'usage.

M. Bossé (Olivier) : Est-ce que l'arrivée de 7 000 personnes au Québec qui parlent... des immigrants non francophones, donc, la moitié du 14 000, menacent le français au Québec?

M. Legault : Bien, c'est une addition. C'est une addition. D'abord, c'est 7 000 par année, donc sur 10 ans, c'est 70 000. Ça s'additionne à ceux qui sont déjà là. Ça s'additionne à ce qui existe déjà.

Mme Lajoie (Geneviève) : Sur la réunification familiale, vous en parlez depuis des années, vous voulez ces pouvoirs-là. Mais quand on parle de réunification familiale, c'est des gens qui sont déjà ici et qui veulent faire venir, par exemple, leur famille qui est loin, leurs enfants. Est-ce que, donc, ça veut dire que, si vous aviez les pouvoirs, vous refusiez, par exemple, à une mère de ramener ses enfants ici parce qu'ils ne parlent pas français, mais les autres à côté, oui, parce qu'eux parlent français?

M. Legault : Bon, il y a une question de jugement. Si c'est un jeune enfant, on ne peut pas exiger qu'il parle français. Si c'est une personne qui a 95 ans, il faut rester raisonnable. Mais est-ce que c'est trop demander, quand on fait venir son conjoint, son père, sa mère, ses enfants adultes, de leur demander, avant de venir au Québec, d'apprendre le français? Je trouve que c'est raisonnable.

M. Robillard (Alexandre) : M. Legault, est-ce que vous avez l'impression que la Louisiane, que l'anecdote, ça a nui à votre message sur l'immigration que vous aviez en fin de semaine?

M. Legault : Bien, moi, je pense que ça aide à amener un débat qui est réel. C'est qu'à partir du moment où il y a un déclin, bien là, on peut faire une projection. Est-ce que ça va prendre 25 ans, 50 ans, 60 ans? Mais à partir du moment où il y a un déclin, bien, tout le monde qui tient à ce que les prochaines générations parlent français devrait être préoccupé.

M. Robillard (Alexandre) : Une hausse à 58 000, comme M. Boulet la jugeait raisonnable, est-ce que vous partagez son opinion?

M. Legault : Bien, il s'est rétracté, là. Puis il n'est pas question d'augmenter le plafond de 50 000. On pense qu'on a atteint notre capacité d'intégration.

M. Robillard (Alexandre) : La population du Québec pourrait baisser, selon M. Termote. Est-ce que c'est préférable que la population québécoise décline ou que le français décline?

M. Legault : Bien, ce qu'on veut, là, c'est augmenter la richesse par habitant, le PIB par habitant. Cathy.

Mme Senay (Cathy) : Yes. You're trying to control which language Quebeckers are speaking at home, you're trying to make gains on that. This is, like... It goes too far, Mr. Legault.

M. Legault : No. What I'm trying to do is to make sure that we keep French as the common language in Québec. And to do so, the indicators we have is the language speaking at home, the language speaking when you work, and I would like also to have new indicators about the language spoken in the public place.

Mme Senay (Cathy) : Decriminalization of small amounts of illicit drugs, what's happening in Vancouver, do you want to have this in Québec?

M. Legault : We have no plan to do so.

Mme Senay (Cathy) : Why? It can save lives.

M. Legault : We don't think that it's necessary in Québec.

M. Authier (Philip) : You're not suggesting that the Government should mantle in what language people should speak at home, are you?

M. Legault : What I'm trying to do is to make sure that we protect the future of French as a common language. That's it. That's it.

M. Authier (Philip) : What are you referring to when you speak about home, people at home?

M. Legault : «Bien», it's an indicator.

M. Authier (Philip) : Because the French Language Charter has never dealt with language spoken at home.

M. Legault : Would you agree with me, Phil, that if, in 15 years from now, nobody's speaking French at home, that the future of French, would it be good? Do you agree with that?

M. Authier (Philip) : Yes, but can the Government really expect to control that?

M. Legault : «Bon.» So, you have your answer.

Thank you. Merci, tout le monde.

(Fin à 10 h 2)

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