(Onze heures quarante-sept minutes)
Mme Labrie : ...ce
matin, sur la pénurie de places en service de garde, le besoin d'une prestation
d'aide d'urgence pour les parents, les mères, en particulier, qui se retrouvent
à devoir quitter leur emploi, à devoir être en congé sans solde forcé, à devoir
se mettre sur l'aide sociale, parce qu'il n'y a aucune autre mesure, aucun
autre filet de sécurité pour elles. On a exposé le gouvernement à des
témoignages ce matin. De toute évidence, ils ont été ébranlés, ils ont été
choqués. Ils m'ont même accusée de faire de la politique avec ces histoires-là,
des histoires très troublantes, effectivement. Mais, moi, je ne m'excuserai
jamais de venir ici, à Québec, puis de ramener les témoignages des gens, les
témoignages que je récolte sur le terrain. C'est ça, ma job, c'est pour ça que
je fais de la politique, parler de la vraie vie des gens, des vrais problèmes
qu'ils vivent. C'est ça qu'on a fait ce matin.
Si la CAQ est mal à l'aise avec ça, de
voir qu'il y a des femmes de ma génération qui sont tellement dans le trouble à
cause de leur inaction, bien, qu'ils mettent des mesures en place, qu'ils en
mettent une en place, une prestation d'aide d'urgence. C'est ça dont ces
femmes-là ont besoin.
J'ai présenté ce matin l'histoire de
Pascale qui, elle, a touché le fond du baril, a dû se rendre sur l'aide sociale
parce qu'il n'y avait pas d'autres mesures pour la soutenir, parce qu'elle,
elle est monoparentale. Je vais lui céder la parole, elle va pouvoir vous
parler de son parcours.
Mme Levasseur (Pascale) : Oui,
merci beaucoup. En fait, aujourd'hui, je sors un petit peu ébranlée de la
conférence qui vient de se passer parce qu'on a dit que... C'était surprenant
de voir à quel point que ce n'est, limite, pas important, qu'il n'y a pas
beaucoup de gens... On personnalise cette histoire-là. En fait, non, on est des
milliers de personnes à vivre la même chose. Tout ce qu'on veut, c'est être
capables de travailler sans être capables, au minimum, de dilapider tous nos
avoirs. En fait, j'ai remis les étapes de manière chronologique, qui disent
exactement tous les points qui font en sorte qu'on s'enfonce et on s'enfonce,
et on s'enfonce.
Alors, tomber dans l'aide sociale, c'est
incroyable, et être capable d'en ressortir aussi. C'est incroyable, le
cheminement qui se fait lorsqu'une simple petite aide, action au bon moment,
qui nous permet de ne pas dilapider nos avoirs, de ne pas dilapider les avoirs
de mon garçon. D'avoir le droit ne serait-ce... à Allocation-logement, puis qui
est calculée sur des années antérieures, ou d'avoir une aide d'urgence, ça
aiderait, parce qu'une fois qu'on touche le fond c'est des années et des années
pour s'en sortir. Alors, moi, je me sens très privilégiée d'être ici aujourd'hui,
et ce n'est pas personnalisé, parce qu'on est des milliers de personnes...
On a ici Myriam, qui est porte-parole, qui
m'a invitée, de Ma place au travail. Je lui laisse la parole et je la remercie
beaucoup.
Mme Dion (Marilyn) : Bonjour.
Oui, Marilyn Dion, je suis co-porte-parole de Ma place au travail. Ma place au
travail, c'est un organisme qui, comme son nom l'indique, revendique le droit
des parents, majoritairement des femmes, à retourner sur le marché du travail,
en pouvant confier leurs enfants à un milieu éducatif abordable et de qualité.
Pendant ce temps, nos décideurs nous demandent d'être patients, d'être
patientes. On nous dit que le réseau sera complété d'ici trois ans. Mais en
attendant ces fameuses places, les familles, elles, sont privées de travail, et
donc de salaire, depuis des mois, voire des années, pour une période
indéterminée. Imaginez, là, on parle ici de couper la moitié du revenu familial,
dans une famille où on a la chance d'avoir deux parents, et l'entièreté du
revenu, comme c'est le cas de Pascale, quand il n'y a pas de place, et qu'on
est une famille monoparentale, comme une famille sur cinq au Québec.
Chaque jour, notre messagerie déborde de
témoignages de parents qui n'arrivent plus à joindre les deux bouts, qui
n'arrivent plus à mettre du pain sur la table. Dans une période d'inflation
monstre, en pleine crise du logement, à un moment où se nourrir et se loger est
plus cher que jamais, et où la demande des banques alimentaires explose, est-ce
que ces familles peuvent vraiment se permettre d'attendre trois ans, est-ce
qu'elles peuvent vraiment se permettre d'attendre une journée de plus? Poser la
question, c'est y répondre.
Il en existe, pourtant, des solutions pour
les familles. Les partis d'opposition en ont proposé, nous en avons également
soumises au ministre Lacombe, au ministre Boulet. Nous sommes ouvertes à
plusieurs scénarios. La seule chose que nous demandons au gouvernement dans
cette crise-là, qui a vraiment de multiples facettes, pour ce volet-là
financier, et des contrecoups financiers que vivent les familles, bien, c'est
qu'il offre dès maintenant une aide d'urgence temporaire aux familles en
attendant de compléter le réseau de services de garde éducatifs.
Nous, on a encore espoir en une solution à
court terme. Tout ce qui manque, c'est la volonté du gouvernement d'agir
maintenant. Merci.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Est-ce
que vous pouvez raconter un peu plus en détail votre histoire? Je crois que
Christine l'a fait en Chambre tantôt, mais pouvez-vous prendre la parole pour
nous raconter votre histoire personnelle, qu'est-ce qui s'est passé, d'où vous
venez, et tout ça?
Mme Levasseur (Pascale) : Oui,
avec plaisir. Moi, j'étais préposée aux bénéficiaires, en fait, et puis là je
n'ai pas pu retourner au travail, c'est sûr, à cause de la pénurie de
garderies. Mais j'ai eu une initiative de prendre action trois mois avant la
fin de congé de maternité. Alors, ce que j'ai fait, c'est que j'ai investi...
J'avais quand même une bonne somme d'argent, parce que j'avais vendu ma maison,
de l'argent qui servait à payer des dettes. Alors, au lieu de prendre cet
argent-là, et de le dilapider pour manger, et ensuite me retrouver pas de
solution, ce que j'ai fait, c'est que je l'ai investi, et j'ai ouvert mon
milieu de garde. Bon, je suis une maman, mais je n'ai pas d'expérience comme
éducatrice, mais c'était soit ça ou soit... même pas l'aide sociale, parce que
je n'y avais pas droit, à cause que j'avais de l'argent dans un compte bancaire.
Alors, j'ai ouvert mon milieu, et puis ça s'est quand même bien passé.
Et ensuite de ça, après quelques mois,
j'ai voulu m'associer avec le bureau coordonnateur de ma région, et, au final,
il y a eu un refus de s'associer avec moi parce que j'étais non réglementaire.
Je devais vivre à 100 % dans mon milieu de garde, mais moi, je n'habitais
pas là à temps plein. Alors, qu'est-ce que je fais, juste avant Noël? Est-ce
que je mets mes familles à la rue? C'est quoi, la solution? J'ai contacté le
bureau coordonnateur pour avoir une idée comment je peux me conformer à la loi
tout en demeurant ouvert. Je n'ai pas eu de réponse. J'ai contacté la ville, le
bureau de la députée, les attachés politiques, le directeur et j'ai contacté
tout le monde pour, au final, n'avoir aucune réponse.
En fait, une réponse, j'en ai eu une assez
rapidement. J'ai reçu la visite d'un inspecteur, qui est venu chez moi, et puis
qui a dit : Bien, écoutez, c'est dommage, vous avez un bon milieu, mais ça
ne marche pas, vous devez vivre à 100 %... vous avez deux semaines,
madame, pour vous conformer. Deux semaines, en plein mois de janvier, pour
déménager à 100 % sur ce lieu-là, ou avoir une colocation, chose qui était
impensable. Donc, j'ai fini par fermer mon milieu familial. Alors, on perd six
places lorsque, de l'autre côté, on en ouvre une. Donc, ça, c'est ce qui se
passe présentement dans l'arrière-fond, dans la toile qui n'est pas parue, là,
dans les médias.
Ensuite de ça, je me suis dit : Bon,
bien, maintenant que je n'ai plus d'argent, je vais bien avoir le droit à
l'aide sociale. Alors, je fais la demande, et, non, je n'ai pas droit à l'aide
sociale, parce que mon garçon de 11 ans a un compte bancaire, avec
3 000 $ à l'intérieur. Alors, le maximum de tous les comptes familiaux, on
doit avoir un maximum de 1 500 $. Alors, je me mets à dilapider tout
ça, et en même temps, de faire des démarches d'emploi et des recherches de
garderies, parce que, moi non plus, je n'avais pas de garderie pour mon fils et
j'avais besoin d'une garderie, ne serait-ce que d'avoir le temps de faire mes
démarches. J'ai eu une chance énorme, j'ai trouvé un emploi, mais ce n'était
pas tout de suite, c'était deux mois plus tard.
Alors, une fois que j'étais absolument sans
revenus, avec plus rien dans mon compte bancaire, bien, j'étais en attente
d'une réponse pour l'aide sociale. J'ai eu la garderie. Maintenant, je la paie
comment? Je n'ai plus d'argent. Alors, j'ai obtenu une garderie en milieu
privé, mais, mon Dieu, vivement mes amis puis ma famille de pouvoir m'avoir
aidée, vivement que j'aie eu un fonds de prévoyance des coûts dans mon compte
bancaire, parce que, sinon, je ne m'en serais pas sortie.
Ensuite de ça... Alors, pour se repérer,
là, j'ai fini par... j'ai demandé de l'aide d'Allocation-logement, qui m'a été
refusée, parce qu'ils regardent au niveau des revenus d'il y a deux ans, mais
il y a deux ans, je travaillais. Quoi d'autre? J'ai fini par avoir le retour
anticipé, grâce à une agente qui a vraiment accéléré le processus, tout de
suite après avoir obtenu l'aide sociale, qui était de 726 $ par mois pour
une mère monoparentale avec deux enfants, et là c'est ça s'est terminé, j'ai
été embauchée. J'ai été très, très, très chanceuse d'obtenir la garderie, d'avoir
l'argent qui me permettait de commencer le travail, en payant la garderie, etc.
Mais je suis consciente que ce n'est vraiment pour tout le monde qui a cette
chance-là. Et le retour anticipé, bien, regardez, je l'ai eu ça fait deux
semaines. Donc, moi, mes démarches, ça a commencé en janvier.
Alors, je ne sais pas il y a combien de
familles au Québec qui sont capables de passer quatre mois sans revenus, mais
moi, ça a été l'histoire d'une vie, en fait. C'est ma maison qui a passé ces
revenus-là, qui servaient à payer des dettes, donc je suis endettée encore pour
beaucoup d'années. Et si j'avais fait faillite, bien, ça aurait été
10 ans, l'endettement, parce que c'est sept ans, se... et ensuite refaire
un crédit. Pourquoi? Parce que je n'ai eu aucun malheur, moi, dans ma vie. Je
ne suis pas tombée malade, je n'ai pas eu de problèmes de consommation, je n'ai
pas eu d'accident. Non, moi, j'ai eu un bonheur dans ma vie, je suis tombée
enceinte puis j'ai eu un bébé en 2020. Donc, c'est ça qui m'est arrivé.
Alors, tu sais, quand on reporte à plus
tard, en disant qu'on ouvre des places, oui, mais présentement, il y en a plein
qui ferment, puis ce qu'on demande, ce n'est pas des places pour plus tard.
Écoutez le message, là, écoutez bien : ce qui est demandé, c'est de l'aide
maintenant, O.K. Donc, il y a plusieurs solutions. Que ce serait le fait de ne
pas être obligées de dilapider tous nos avoirs pour pouvoir obtenir une aide d'urgence,
déjà là, ce serait un bon pas.
Donc, moi, c'est ça, c'est mon parcours.
Écoutez, je vous dis ça, je pourrais parler pendant des heures, mais je suis
tellement reconnaissante d'avoir eu... d'avoir été entourée comme j'ai été
entourée, parce que, sinon, là, bien, moi, c'était la rue, O.K. Quand tu n'es
pas capable de payer ton loyer, là, avec, en plus, la pénurie de logements...
Écoute, on peut... sur plein de sujets, hein? Donc, je ne suis pas capable de
payer mon loyer. Je vais-tu garder la garde de mes enfants si je tombe dans la
rue? Donc, tu sais, c'est à réfléchir. La solution, c'est-u que mon père de
75 ans garde mon bébé, hein? La solution, c'est-u de dépendre de mon
entourage? C'est-u ça, la solution, de faire garder par nos proches, de
dépendre de notre entourage? Là, ça ouvre la porte à beaucoup de choses aussi,
là. Donc, la solution, bien, c'est à un niveau gouvernemental, c'est à un
niveau, provincial, c'est ici. Il l'a, la solution, elle est présente. Donc...
Mme Labrie : Je vais me
permettre peut-être... Je vais me permettre de compléter, parce que l'histoire
de Pascale, elle n'est pas unique. Pascale, elle a été menée au fond du baril
parce qu'il n'y a pas de prestation d'aide d'urgence. Et Pascale, comme des
milliers d'autres femmes, en ce moment, au Québec, va vivre pendant des années
les impacts économiques d'avoir été menée au fond du baril comme ça. Toutes les
économies qu'elle avait accumulées pendant le début de sa carrière, disparues,
de l'endettement accumulé, en plus de ça. Ça, c'est les conséquences de ne pas
avoir de prestation d'aide d'urgence. C'est ça les conséquences, des décennies
d'impacts financiers pour les femmes.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Le
ministre, au niveau politique, là, dans le combat que vous menez... puis j'aimerais
ça si vous pouviez compléter par la suite... l'a fermée à plusieurs reprises,
la porte, là. Pourquoi est-ce que vous continuez à revenir au lutrin pour
réclamer la même chose si la réponse est non?
Mme Levasseur (Pascale) : Bien,
si je peux me permettre, parce qu'il n'a pas entendu le mandat, le but. Le but
est d'avoir une aide maintenant. Il ferme la porte pour une demande qui n'a
jamais été demandée. Nous, on ne demande pas de l'aide pour plus tard. Nous, on
demande de l'aide pour maintenant. Alors, maintenant, qu'est-ce que vous
proposez comme aide maintenant? C'est tout.
Mme Dion (Marilyn) : C'est
ça, je pense que ça complète bien. Si je peux compléter, Pascale, c'est que le
gouvernement nous demande d'être patients, nous dit que, bien sûr, les places
vont être créées dans trois ans, si tout va bien, et les astres sont alignés, j'imagine,
parce qu'il y a aussi le manque d'éducatrices, là, qui vient jouer en ligne de
compte, puis qui pourrait peut-être compliquer les choses, à notre sens. Sauf
que, est-ce que les familles peuvent attendre trois ans pour payer leur
hypothèque, pour payer leur épicerie, pour payer leurs factures? Non. Elles
sont, en ce moment, dans une détresse financière, psychologique. On parle de
vulnérabilité, on parle du recul de la condition féminine, parce que c'est
souvent les femmes qui restent au foyer, et qui deviennent dépendantes,
financièrement, de leur conjoint. Je veux dire, c'est tellement d'enjeux qui
nous touchent.
Et puis on reçoit des témoignages
déchirants à tous les jours, puis c'est pour ces personnes-là qu'on revient au
lutrin encore et encore, puis qu'on veut passer le message encore et encore,
parce qu'on ne peut pas les abandonner. On sent que le gouvernement les
abandonne, et nous, on dit : Non, on va être là pour ces familles-là.
M. Pilon-Larose (Hugo) : ...je
sais que l'enjeu touche également des hommes, mais c'est principalement les
femmes qui sont contraintes de rester à la maison si elles ne trouvent pas de
place en services de garde. Si une situation similaire touchait des hommes, est-ce
que le gouvernement serait, selon vous, plus rapide à intervenir maintenant?
Mme Labrie : J'aimerais ça
que la situation touche également les hommes et les femmes, bien honnêtement.
La raison pour laquelle ça touche plus les femmes, c'est qu'en général elles
ont le revenu le plus bas de leur famille. Donc, ça les touche davantage. Ça
touche les hommes aussi, hein, parce qu'ils se retrouvent à être les seuls à pouvoir
travailler, des fois, à chercher un deuxième emploi. Donc, ça les touche d'une
manière différente, mais c'est une pression énorme sur eux aussi, ils ne voient
presque plus leur conjointe, ils ne voient presque plus leurs enfants.
Cette situation-là, elle touche tout le
monde. La précarité économique, elle est sur les femmes en particulier, mais
elle touche toutes les familles. Donc, moi, je ne comprends pas pourquoi ce
gouvernement abandonne ces femmes-là. Ils nous disent souvent qu'ils sont le
gouvernement des familles. Je ne peux pas... En fait, c'est qu'on n'a pas de
comparatif. Je ne peux pas vous dire : Quand il y a eu des hommes dans une
telle situation de précarité financière, le gouvernement est intervenu
rapidement, parce que ça n'arrive pas, ça n'arrive pas. Ce sont les femmes qui
se retrouvent dans cette situation-là, à cause de décennies de négligence pour
compléter le réseau.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Ma
dernière question, pour ma part, elle est plus politique. On ne peut pas passer
sous silence que, présentement, ce n'est pas Myriam Lapointe-Gagnon qui est
ici. Sera-t-elle candidate dans Rivière-du-Loup pour Québec solidaire?
Mme Labrie : Pas à ce
stade-ci, non. On n'a pas annoncé de candidature dans Rivière-du-Loup. Le
processus d'investiture n'est pas terminé, donc on n'a pas d'annonce à faire
pour Rivière-du-Loup pour le moment.
Mme Morin-Martel (Florence) : J'aimerais
ça vous entendre un peu plus sur le montant, là, la prestation qui est demandée.
Si je ne me trompe pas, c'est 870 $ que vous aviez... Sur quoi, en fait,
ça se base, vos calculs de...
Mme Labrie : La proposition
que nous, on avait faite, c'était de se baser sur le montant d'aide sociale qui
est donné quand il y a une contrainte temporaire à l'emploi. Avoir un enfant,
ne pas avoir de place en service de garde, c'est une contrainte temporaire à
l'emploi. C'est pour ça qu'on a utilisé ça comme base de calcul pour une
prestation d'urgence temporaire. Il y a plein d'autres pistes de solution. Le
prolongement du RQAP a été proposé aussi.
Nous, on n'est pas fermés sur la solution.
On a mis celle-là au jeu parce qu'on veut être constructifs face à cette
crise-là. Mais, de toute évidence, il n'y a pas d'ouverture de la part du
gouvernement, et honnêtement, ça va en prendre une, parce que chaque jour que
l'inflation augmente, que la crise du logement s'accentue, ces familles-là sont
encore plus dans le trouble qu'avant. Donc, non, on n'arrêtera pas de
revendiquer ça, même si on s'est fait fermer la porte plusieurs fois, parce que
le besoin, chaque semaine qui passe, il est encore plus important qu'il
l'était.
Puis le réseau, il n'est pas en train
d'être complété. Le bilan de la CAQ, c'est qu'il y a plus de places qui ont
fermé que de places qui ont été créées. C'est encore ça aujourd'hui même, le
bilan de la CAQ, au terme de leur mandat. Ils s'en vont en élection, puis c'est
ça, leur bilan. La liste d'attente a explosé. Il y a plus de femmes qui vivent
cette problématique-là qu'il y en avait quand ils sont arrivés au pouvoir. Et
tous les indicateurs, au niveau du recrutement dans les CPE, ne nous permettent
pas de penser que, dans deux, trois ans, le réseau va être complété. En ce
moment, ce serait utopiste de penser ça.
Donc, la prestation d'urgence temporaire,
jusqu'à ce que le réseau soit complété, on en a besoin, on en a besoin
maintenant, puis chaque jour que le gouvernement attend, bien, c'est des
journées où il pousse des parents, des femmes, en particulier, au fond du
baril.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Merci...
Une dernière question... Quand on réfléchit à l'état du système, du réseau de
services de garde reconnu au Québec, d'abord, ça prend du temps pour le
comprendre, là, c'est assez complexe, tant dans sa façon de fonctionner que
comment on crée de nouvelles places. À vos yeux, devrait-on nationaliser ce
réseau-là pour le rendre 100 % public, un peu comme le modèle des écoles
le fait, là?
Mme Labrie : C'est une
réflexion à avoir. Le modèle des CPE est géré par la communauté. C'est un
modèle qui a fait ses preuves, qui est d'excellente qualité. Est-ce qu'on doit
aller là? Moi, je ne le sais pas. Une chose est certaine, pour moi, c'est qu'il
n'y a pas de place pour des entreprises à but lucratif dans l'offre de services
de garde éducatifs à l'enfance. Les garderies privées qui font de l'argent sur
des services éducatifs, moi, ça ne m'intéresse pas, comme modèle de
développement du réseau. La CAQ a fait son choix de maintenir la possibilité de
développer le réseau sous ce modèle-là. Moi, je pense qu'on doit privilégier le
modèle des CPE, des OBNL. C'est un modèle qui a fait ses preuves en termes de
qualité, parce qu'on veut que chaque dollar investi dans ce réseau-là serve à
offrir des services de qualité aux enfants, pas à faire faire du profit à des
entrepreneurs.
(Fin à 12 h 5)