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Point de presse de M. Amir Khadir, député de Mercier

Version finale

Le mercredi 25 avril 2012, 16 h 15

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Quinze heures cinquante-cinq minutes)

M. Khadir: Bonjour, tout le monde. Nous apprenons, comme tout le monde, le geste irresponsable de la ministre de l'Éducation, Mme Beauchamp, qui soit fait preuve d'immaturité en cherchant n'importe quel prétexte pour mettre fin à ces discussions, soit que Mme Beauchamp n'a pas la marge de manoeuvre nécessaire, l'autorité dont elle a besoin pour négocier véritablement avec les étudiants. Alors, je pense que personne n'est dupe, il n'y a là que des prétextes. Les étudiants sont admirables, je dirais, de sagesse et de clairvoyance de ne pas avoir été dupes et d'être tombés dans ce piège. Nous admirons les efforts qu'ils mènent, malgré leurs divergences, à maintenir une unité qui seule est susceptible de déboucher sur une solution pour cette crise.
Ce qui est certain, c'est que, si M. Charest veut résoudre la crise, il faut qu'au lieu qu'on donne des leçons juste aux autres peuples - comme les motions qu'on a passées, rappelez-vous, il y a à peine un an, pour rappeler le gouvernement tunisien à ses responsabilités, pour l'appeler à être à l'écoute de son peuple - bien, aujourd'hui, M. Charest, après la manifestation de 300 000 personnes dimanche dernier, après deux mois de mobilisation des étudiants appuyée par une bonne partie de la population, doit être à l'écoute de sa jeunesse. Aucun dirigeant, aucun gouvernement ne gagne en entrant dans une confrontation avec sa jeunesse. Je pense que M. Charest doit être conscient de ces exemples historiques partout.
Alors, si M. Charest veut vraiment négocier avec des étudiants, M. Charest doit cesser uniquement à écouter le Conseil du patronat, les grands chefs d'entreprise et le milieu des affaires. M. Charest a d'autres responsabilités qu'uniquement être au service des compagnies minières. M. Charest est aussi le premier ministre des étudiants, et les étudiants lui demandent de s'asseoir et de discuter de manière franche, sans intimidation, sans violence et matraquage, sans répression policière, sans injonction. Merci de votre attention.

M. Pépin (Michel): Est-ce que vous êtes satisfait, M. Khadir, des appels au calme de la part des représentants ou présidents d'associations étudiantes à l'endroit des étudiants pour la tenue des manifestations? Est-ce que l'appel au calme a été assez clair?

M. Khadir: Moi, depuis deux mois, ce que j'entends de la part des étudiants, c'est un appel à des actions pacifiques. «Actions pacifiques», ça ne veut pas dire tout faire pour ne déranger personne et finalement pas le gouvernement, pour que le gouvernement puisse continuer à faire à sa tête. Comme n'importe quel observateur un tant soit peu attentif, vous êtes à même de constater que ce gouvernement, il a fallu des centaines de scandales, littéralement, à travers toute la province, et deux ans, et 250 000 signatures au bas d'une pétition, et un rapport d'enquête accablant avant qu'il n'entende raison et qu'il déclenche une commission d'enquête. Alors, voulez-vous bien me dire, est-ce qu'à la place des étudiants vous n'auriez pas fait exactement de même si vous vous seriez attendu... ou voulu que le gouvernement puisse répondre, dans un délai raisonnable, à des attentes légitimes? Donc, je comprends très bien les étudiants de ne pas tomber dans le piège du gouvernement, qui cherche à semer la division. Ils ont appelé, depuis deux mois... Depuis deux mois, c'est exactement le même message que j'ai entendu il y a 15 minutes, c'est-à-dire: on demande aux gens de manifester, de soutenir la pression sur le gouvernement, de le faire dans le calme et dans le respect des lois.
Maintenant, les étudiants, ce n'est pas... ce n'est pas le chef de police de Montréal, ce n'est pas comme le maire de Montréal, avec son service de police, ni M. Dutil, avec la Sûreté du Québec, il n'y a pas une chaîne de commande hiérarchique, surtout quand on parle de la CLASSE. C'est un mouvement très, très horizontal, il n'y a pas de hiérarchie, personne ne peut donner d'ordres à d'autres.

M. Robitaille (Antoine): Est-ce que... Tout à l'heure, il y a un... Mais vous parliez des étudiants, vous avez parlé de «la jeunesse». Tout à l'heure, il y a un ministre du gouvernement qui a dit: C'est... ça se passe en... surtout à Montréal. En région, ce n'est pas un phénomène qui est connu, ça, cette affaire-là.

M. Khadir: C'est drôle, Sherbrooke, Hull...

M. Robitaille (Antoine): Mais c'est la position du gouvernement. Moi, je ne vous dis pas que c'est vrai, là, je vous dis que c'est la position de...

M. Khadir: Je comprends, c'est ça. Je rappelle... je rappelle au gouvernement... Bien oui, c'est drôle, je ne sais pas, on ne vit sans doute pas dans le même Québec. Il me semble que ça se passe dans l'Outaouais, ça se passe dans l'Estrie, ça se passe à Trois-Rivières, ça se passe à Montréal, ça se passe à Québec; ce n'est pas des régions, ça?

M. Pépin (Michel): La leader du Parti québécois, Pauline Marois, a suggéré, il y a quelques instants à peine, une suspension de la hausse des droits de scolarité pour 2012, donc qu'il n'y ait pas... qu'on s'en tienne aux droits de scolarité actuels pour l'automne qui vient pour se donner le temps de résoudre cette crise ou ce conflit. Qu'est-ce que vous pensez de cette prise de position? Est-ce que vous êtes en accord avec cette position?

M. Khadir: Moi, je suis surtout en accord avec l'ensemble des trois groupements étudiants qui demandent à la ministre de s'asseoir puis de parler de la hausse des frais de scolarité. C'est sûr que la confusion entretenue depuis le début par l'opposition officielle - qui est supposée représenter la contestation qui vient de la population - la confusion entretenue par Mme Marois et la contradiction, c'est sûr que ça aide le gouvernement Charest. Regardez, à chaque jour à l'Assemblée nationale, à chaque fois qu'une question est adressée sur ce sujet, M. Charest, maintenant, a beau jeu pour se lever et dire: Bien, Mme Marois, qu'est-ce que, vous, vous proposez? Et ça, ça n'aide pas le mouvement étudiant.
Le meilleur service que le Parti québécois peut rendre pour résoudre cette crise, c'est de prendre une position claire, dire que le Québec n'a pas besoin d'aller vers une hausse des frais de scolarité, mais plutôt vers la gratuité scolaire, et donc, en attendant d'y arriver, le gel des droits de scolarité est un minimum. Partant de là, on peut négocier du reste. D'ailleurs, nous l'avons démontré, beaucoup de chercheurs indépendants l'ont démontré: c'est possible de le faire et ça va nous rapporter. C'est bon pour le Québec, c'est bon pour l'économie du Québec que de diminuer les frais de scolarité et, de même, assurer la gratuité scolaire. Ça va coûter, à long terme, beaucoup moins cher, parce que permettre que nos jeunes prennent l'ascenseur du savoir, c'est aussi permettre aux jeunes de prendre l'ascenseur économique et de bénéficier à l'ensemble des citoyens québécois.

M. Robitaille (Antoine): Craignez-vous pour la manifestation de ce soir? Est-ce que ça risque de déraper?

M. Khadir: Ces risques-là... ces risques sont là, c'est réel, c'est possible, et la responsabilité, maintenant, on peut clairement le voir, en est une qui est celle du gouvernement. C'est la responsabilité du gouvernement puisque, si Mme Beauchamp, au lieu de faire la comédie qu'elle nous joue, elle serait assise à table en train de négocier, on n'aurait aucun risque. Merci de votre attention.

(Fin à 16 h 2)

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