L'utilisation du calendrier requiert que Javascript soit activé dans votre navigateur.
Pour plus de renseignements

Accueil > Travaux parlementaires > Travaux de l'Assemblée > Débats de l'Assemblée législative (débats reconstitués)

Recherche avancée dans la section Travaux parlementaires

La date de début doit précéder la date de fin.

Liens Ignorer la navigationDébats de l'Assemblée législative (débats reconstitués)

Version finale

13e législature, 2e session
(11 novembre 1913 au 19 février 1914)

Le lundi 9 février 1914

Ces débats, reconstitués principalement à partir des comptes rendus des médias de l’époque, ne constituent pas un journal officiel des débats de l’Assemblée législative.

Présidence de l'honorable C. F. Delâge

La séance est ouverte à 4 heures.

M. l'Orateur: À l'ordre, Messieurs! Que les portes soient ouvertes!

 

Interpellations:

Ponts Saint-Jean-de-Matha

M. Tellier (Joliette): 1. Le ministère de la Colonisation, des Mines et des Pêcheries s'est-il engagé à construire un chemin destiné à relier le chemin de front Saint-Joseph au chemin de front Sainte-Julie, en passant entre le lac Noir et le pied de la montagne du Pain de Sucre, à Saint-Jean-de-Matha, ainsi qu'un pont sur la rivière Noire dans le parcours de ce chemin?

2. Dans l'affirmative, où en est rendue cette entreprise, et quand sera-t-elle terminée?

L'honorable M. Allard (Drummond): 1. Oui.

2. Le chemin en question est en partie fait et sera complété au cours de la prochaine saison. On travaille à la préparation du bois et le pont sera construit vers juin prochain.

Village La Terrasse-des-Villas

M. Lévesque (Laval) propose, appuyé par le représentant de Saint-Hyacinthe (M. Bouchard), que les honoraires payés au comptable de cette Chambre par les promoteurs du bill 113 constituant en corporation le village La Terrasse-des-Villas leur soient remis, après déduction des frais de traduction et d'impression, vu que ce bill a été rejeté.

M. Lavergne (Montmagny): Ce n'est pas une raison. Les promoteurs de ce bill sont des spéculateurs, qui n'ont pas réussi dans leurs démarches auprès de la législature. Ils devraient payer quand même leurs honoraires.

L'honorable M. Gouin (Portneuf) donne quelques explications.

La proposition est adoptée.

Vente de liqueurs enivrantes

La Chambre prend en considération les amendements que le Conseil législatif a apportés au bill 175 amendant l'article 1085 des statuts refondus, 1909, relativement aux avis défendant de délivrer des liqueurs enivrantes à certaines personnes. Les amendements sont lus une deuxième fois et adoptés. Le bill est retourné au Conseil législatif.

Taux d'intérêt

La Chambre prend en considération les amendements que le Conseil législatif a apportés au bill 179 amendant les articles 5777 et 5779 des statuts refondus, 1909, relativement au taux de l'intérêt. Les amendements sont lus une deuxième fois et adoptés. Le bill est retourné au Conseil législatif.

Montreal Water & Power Company

L'ordre du jour appelle la prise en considération par le comité général du bill 89 amendant la charte de la Montreal Water and Power Company.

M. Tellier (Joliette) et M. Lavergne (Montmagny): Les députés de Montréal et ses environs aimeraient peut-être se prononcer sur ce bill, et il faudrait attendre le retour de ces députés de la métropole1.

L'honorable M. Gouin (Portneuf) dit que le bill a été adopté au comité comme le résultat d'une entente entre les parties intéressées et qu'il appert maintenant que le conseil de ville répudie cette entente. Il ajoute qu'il ne se sent pas disposé à laisser passer ce bill malgré l'opposition du conseil de ville.

M. Tellier (Joliette): Le bill, dans sa forme actuelle, est le produit des délibérations du comité. Les deux parties se sont déclarées satisfaites de toutes les clauses, moins la neuvième que le comité a votée après avoir entendu la ville et la compagnie. La clause 9, telle que votée, ne donne pas tout ce que la compagnie demandait, mais le bill contient des choses avantageuses à la ville; par exemple, l'obligation pour la compagnie de lui fournir un état de ses affaires et de ses obligations et de lui donner accès à ses livres. Il paraît que c'est l'ignorance de l'état des affaires de la compagnie qui a retardé les négociations jusqu'à présent.

L'honorable M. Gouin (Portneuf) donne à entendre que, le bill étant au nom de M. Mousseau, qui n'est plus député, si quelque autre député ne prend pas le bill à son compte, il devra disparaître de l'ordre du jour.

Subsides

L'honorable M. Mackenzie (Richmond) propose, selon l'ordre du jour, que la Chambre se forme de nouveau en comité des subsides.

Adopté.

 

En comité:

L'honorable M. Mackenzie (Richmond) propose: 1. Qu'un crédit n'excédant pas quatre mille piastres soit ouvert à Sa Majesté pour la Société de colonisation en général, pour l'exercice finissant le 30 juin 1915.

Adopté.

2. Qu'un crédit n'excédant pas treize mille piastres soit ouvert à Sa Majesté pour Immigration, bureaux de Québec et de Montréal, pour l'exercice finissant le 30 juin 1915.

L'honorable M. Allard (Drummond2) donne quelques explications sur ce subside.

M. Lavergne (Montmagny): La province a-t-elle un agent d'immigration en Europe?

L'honorable M. Allard (Drummond): Non, elle n'en a pas.

M. Lavergne (Montmagny): L'an dernier, le gouvernement a nommé un certain M. McLeod qui est allé en Angleterre et en Écosse pour encourager l'immigration dans la province de Québec.

L'honorable M. Allard (Drummond): La province a nommé, en effet, l'année dernière, un monsieur McLeod qui est allé en Angleterre et en Écosse faire de la propagande afin de recruter des fermiers pour les Cantons de l'Est, à la demande des différentes chambres de commerce de cette région. Ce monsieur n'est pas considéré comme agent d'immigration permanent du Canada en Angleterre. Il n'y a pas d'agent permanent du Canada dans aucun pays d'Europe.

M. Lavergne (Montmagny): On a envoyé un agent spécial en Angleterre pour recruter des immigrants pour les Cantons de l'Est. Fort bien, mais que fait-on en France, en Belgique, en Suisse? Le seul encouragement que le gouvernement ait donné en faveur de l'immigration dans notre province a été, au dire du ministre lui-même (l'honorable M. Allard), pour l'immigration anglaise.

Pour l'immigration française, le gouvernement n'a encore rien fait, et pourtant c'est son devoir de tout faire dans ce sens. Que deviendra la nationalité française sur ce continent si le seul gouvernement de langue française s'en désintéresse au point de négliger de remplir, par une saine et bonne immigration française, les vides créés dans notre population?

Il attire l'attention du gouvernement sur un item des comptes publics qui fait état d'une brochure imprimée par Le Soleil, à 10,000 exemplaires, intitulée: The Province of Quebec as a field for British Immigration. C'est très bien, dit-il, de vouloir attirer les immigrants britanniques ici, et, jusqu'à présent, je ne m'y oppose pas, mais rappelons-nous que toutes les autres provinces du Canada veulent des immigrants, et comme les immigrants de langue anglaise et autres sont nombreux à venir s'établir au pays, la proportion de la population de langue française perd continuellement du terrain au profit des Britanniques. Cette brochure aurait dû être rédigée en français et être distribuée en France et en Belgique.

Aujourd'hui, on constate qu'il y a plus d'Italiens et de Polonais ou d'autres nationalités étrangères qui immigrent dans notre province que de Français ou de Belges.

Les Belges font pourtant d'excellents Canadiens; ce serait au gouvernement de la province de les encourager à venir s'établir parmi nous. Au reste, ils ne demandent pas mieux que de venir vivre dans notre pays. Il y rencontrent à peu près, parmi nous, les mêmes coutumes et les mêmes moeurs.

Ils sont des cultivateurs modèles, industrieux et intelligents qui feraient d'excellents colons dans la province de Québec; les Français de même et les Suisses aussi. Et nous ne demandons pas mieux que de fraterniser avec eux. Ce devrait être la tâche particulière de la province de Québec de les induire à venir ici.

L'honorable M. Allard (Drummond): Le gouvernement fédéral fait cette besogne.

M. Lavergne (Montmagny): Partout ailleurs qu'en France, en Belgique et en Suisse! Notre rôle à nous est de travailler l'immigration de ces pays, parce que c'est là que nous trouverons l'appoint nécessaire pour conserver notre force dans la Confédération. Laissons à Ottawa le soin de peupler les autres provinces d'immigrants de langue anglaise.

Nos cultivateurs des campagnes ont aussi besoin de main-d'oeuvre; il n'y a pas que les Cantons de l'Est où l'on a besoin de garçons de ferme. S'occupe-t-on de leur en procurer? Non. Pourquoi? Le gouvernement ferait bien de faire immigrer de France ou de Belgique ces ouvriers dont les nôtres ont besoin. Au reste, il y a ici une considération plus sérieuse, un plus grand principe en jeu: nous sommes dans la Confédération la seule province française.

Il est donc de notre devoir, d'après l'idée même de la Confédération, de maintenir la survivance française sur cette terre d'Amérique. C'est ce que, du reste, pensent les autres provinces, soit de l'Est, soit de l'Ouest. Le jour où la race française aura vécu, la Confédération n'aura plus sa raison d'être. Les Américains arriveront ici par milliers et la nation canadienne disparaîtra complètement.

Qui ne voit que notre influence diminue dans le pays? Il est entré dans notre province, durant l'année, 33,000 immigrants, 1,000 seulement de race française. Ce n'est pas là assurément un résultat qui nous fait honneur, et ceci est uniquement la faute du gouvernement. C'est une véritable politique de suicide.

L'honorable M. Allard (Drummond): La province veut aller chercher de bons immigrants dans toutes les régions d'Europe et des efforts sont également fournis dans ces pays contre lesquels s'en prend le député de Montmagny.

Nous avons en France, dit-il, un agent dans la personne de M. l'abbé Magnan et, en Belgique, M. Paul Cormez fait des conférences sur l'immigration dans notre province. Tous deux font des conférences sur l'immigration dans notre province et distribuent à profusion des brochures de propagande pour vanter notre province et pour attirer chez nous une saine immigration française.

M. Lavergne (Montmagny) trouve que ces explications ne sont pas suffisantes et que le travail de ces deux agents est bien vague. Que font-ils? demande-t-il. Le ministre ne le sait pas beaucoup.

Ce que le gouvernement devrait faire, ce serait de déterminer une politique complète d'immigration et de propagande et d'en avoir le contrôle absolu, de connaître le travail qui se fait par le moyen de ses agents, de posséder des statistiques, par exemple le nombre des immigrants qui entrent dans notre province, l'endroit où ils s'établissent ici, et aussi de les aider quand ils arrivent.

Qu'est-ce qu'un agent d'immigration en France, où il y a une population de 38,000,000? Qu'est-ce qu'un agent d'immigration en Belgique, où la population est le double de celle de la province de Québec? C'est un agent par 100,000 habitants que la province devrait avoir en France et en Belgique. C'est $100,000 que la province de Québec devrait dépenser pour l'immigration. Qu'est-ce qu'un item de $13,000? On ne fait pas d'immigration avec une somme aussi ridicule. Ce qui manque donc au gouvernement, c'est un système défini d'immigration.

Il est étrange que le gouvernement ne comprenne pas cela. On dirait qu'il a peur de travailler à accroître l'influence de la province de Québec. Il a, sur ce point, la politique de l'autruche qui se cache la tête dans le sable pour ne pas s'apercevoir du danger.

Il ne faut pas avoir vécu à Ottawa longtemps pour s'apercevoir que notre influence diminue de jour en jour et que, si nous continuons sur ce train, dans 50 ans, la race française ne comptera plus au Canada. Il est vrai que notre population augmente, surtout dans les villes, mais cela n'est pas suffisant. Dans les comtés ruraux, notre augmentation n'est pas suffisante.

L'honorable M. Gouin (Portneuf) fait remarquer que notre population rurale augmente d'une façon qui ne doit nous inspirer que de la confiance. Il soutient que l'augmentation de notre population rurale depuis plusieurs décades a été plus considérable que dans toute autre province de la Confédération.

M. Lavergne (Montmagny): Oui, mais c'est encore la province la plus morale et la plus prolifique du Canada!

L'honorable M. Allard (Drummond): En quoi au juste la province de Québec est-elle à la remorque des autres provinces du dominion?

Le député de Montmagny (M. Lavergne), dit-il, est, à son avis, injuste envers Québec, qui est la seule des vieilles provinces de l'Est qui ait augmenté de population, si l'on en croit le dernier recensement. À cause de cette augmentation même, on a été obligé de diminuer la représentation dans les autres provinces.

Il y a bien d'autres progrès que notre province a réalisés et que les autres provinces de la Confédération nous envient; seuls les gens aveugles et de parti pris ignorent ces choses.

Il est étrange que le député de Montmagny, qui prétend aimer tellement l'unique province de langue française au Canada, parle si souvent d'elle en des termes désobligeants. C'est une singulière façon de prouver son amour pour sa province que de la dénigrer, que de crier sur tous les toits qu'elle est inférieure aux autres, surtout quand les statistiques démontrent tout le contraire.

M. Lavergne (Montmagny): Je n'ai pas dit que la province de Québec est à la remorque des autres provinces, j'ai dit qu'elle perd de son influence dans la Confédération, en raison des nombreux immigrants qui viennent s'y établir.

Il nous arrive chaque année, en moyenne, 400,000 immigrants étrangers. En 10 ans, cela fait 4,000,000 d'étrangers, c'est-à-dire deux fois la population de la province de Québec. Pendant ce temps-là, la population de notre province n'augmente que par ses forces naturelles, et nous ne faisons rien pour attirer ici une immigration de langue française.

Notre province court au suicide. En cinq ans, les autres provinces auront reçu plus d'immigrants qu'il ne leur en faut pour changer leur représentation de façon à anéantir presque complètement notre influence dans la Confédération.

Il fut un temps où nous étions la majorité dans ce pays. Puis nous sommes devenus la minorité.

Assurément, nous sommes plus nombreux qu'au temps de Maisonneuve, mais nous sommes moins influents qu'en 1867. On ne nous compte plus aujourd'hui comme on nous comptait l'année de la Confédération, alors qu'on nous faisait le centre du dominion.

Lors de la Confédération, nous étions à peu près égaux en nombre au Canada. Le dernier recensement nous fait descendre à 32% du total de la population. Dans 10 ans, nous ne serons plus que 27% si nous ne faisons quelque effort pour conserver notre terrain. Et nous nous le devons à nous-mêmes, puis nous le devons à la Confédération, car la Confédération ne durera qu'autant que l'élément français conservera sa proportion pour retarder l'américanisation du Canada.

De plus, la population canadienne-française qui quitte le Québec pour aller s'établir dans l'Ouest, que ce soit en Ontario ou dans les provinces de l'Ouest, contribue à la perte progressive de notre langue et de nos traditions. Cette émigration des Canadiens français se traduit par une perte d'influence pour eux du fait que leurs concitoyens, qui vont s'établir ailleurs, votent pour des députés de langue anglaise, rendant ainsi les Britanniques plus influents.

D'autre part, par rapport à Ontario, notre progrès est assez satisfaisant, mais ce n'est pas tant l'influence d'Ontario qu'il faut redouter que celle de l'Ouest. Nous avons 150 ans de vie commune avec Ontario et, malgré certaines divergences passagères, on commence à nous considérer comme des frères. La mentalité de l'Ouest est bien différente et c'est de là que va venir, que vient déjà l'augmentation de la représentation.

La province de Québec est grande, forte et belle, nous dit-on. Je n'en disconviens pas. Mais, parce que je l'aime et que je considère son influence essentielle à ma race et au Canada, je la voudrais encore plus grande, plus forte et plus belle, pour assurer l'équilibre de la Confédération et la perpétuité de nos traditions.

Oh! je sais bien que ce sujet nous attire beaucoup plus d'ironies que d'éloges et qu'en m'en désintéressant je pourrais vivre la vie égoïste de certains autres et gagner de l'argent comme eux. Mais je suis si convaincu de la nécessité de notre influence comme race dans la Confédération que je préfère subir les injures que d'abandonner la tâche.

La résolution est adoptée.

L'honorable M. Mackenzie (Richmond) propose: 3. Qu'un crédit n'excédant pas cinq cents piastres soit ouvert à Sa Majesté pour Société nationale d'immigration des femmes, Montréal, pour l'exercice finissant le 30 juin 1915.

Adopté.

4. Qu'un crédit n'excédant pas deux cent cinquante piastres soit ouvert à Sa Majesté pour Société protectrice des immigrantes, Québec, pour l'exercice finissant le 30 juin 1915.

Adopté.

5. Qu'un crédit n'excédant pas cinq mille piastres soit ouvert à Sa Majesté pour publication de cartes, pour l'exercice finissant le 30 juin 1915.

M. Tellier (Joliette) fait remarquer que nous n'avons pas, à bien dire, de cartes géographiques nationales, qu'il n'y a que les cartes plutôt régionales que l'on distribue dans les écoles.

L'honorable M. Allard (Drummond) déclare que le gouvernement ne néglige rien de ce côté. De concert avec les autorités fédérales, le gouvernement publiera d'ici à trois mois une carte générale de la province qui donnera satisfaction à tout le monde.

M. Lavergne (Montmagny) demande si l'on va au moins, dans cette carte, respecter les noms, surtout les vieux noms français de la province, ne pas changer, par exemple, la rivière Malbaie en rivière Murray, et ainsi de suite.

L'honorable M. Allard (Drummond): Le gouvernement considère l'opportunité de changer sur la carte géographique de la province bien des noms baroques qui ne disent rien et de les remplacer par des noms historiques qui rappellent les héros de notre histoire, les grands événements qui se sont passés sur notre sol, les époques glorieuses de l'épopée canadienne.

M. Tellier (Joliette) demande s'il n'y aurait pas moyen de faire montrer ces cartes que l'on distribue. Ces cartes, dit-il, nous arrivent généralement imprimées sur du mauvais papier et pliées dans des enveloppes. Pourquoi ne seraient-elles pas en toile, vernies et montées comme on le fait à Ottawa?

L'honorable M. Allard (Drummond) répond que les remarques du chef de l'opposition sont justes, et il espère que la prochaine carte donnera satisfaction sous ce rapport.

M. Lavergne (Montmagny) demande aussi au gouvernement s'il ne serait pas possible de publier des cartes historiques donnant les vieux noms de la Nouvelle-France, les établissements français, sauvages, etc., pour que la génération actuelle puisse les comparer avec les nouveaux et se retremper en retournant à sa source.

L'honorable M. Allard (Drummond): Le département n'a jamais été organisé pour parfaire un semblable travail. C'est plutôt du ressort du département de l'Intérieur à Ottawa.

La résolution est adoptée.

L'honorable M. Mackenzie (Richmond) propose: 6. Qu'un crédit n'excédant pas cinq mille piastres soit ouvert à Sa Majesté pour comptes courants (mines et pêcheries), pour l'exercice finissant le 30 juin 1915.

M. Lavergne (Montmagny) trouve que les dépenses ne sont pas faites seulement pour ce service, mais qu'il y entre plusieurs brochures. En consultant le rapport du service des Pêcheries, il voit, par exemple, que l'on a payé $507.37 au défunt Witness de Montréal pour l'impression d'une brochure de propagande, intitulée: Fisheries of the Province of Quebec. Il en profite pour railler M. John Dougall, ancien directeur du Witness, un bon ami du premier ministre...

L'honorable M. Gouin (Portneuf): C'est un bien brave homme.

M. Lavergne (Montmagny): Un bon vieil hypocrite qui n'a jamais cessé de calomnier notre province et la race qui l'habite. Ne faisant une exception, quelquefois, qu'en faveur du premier ministre, qui lui fait les petits cadeaux que l'on sait.

L'honorable M. Mackenzie (Richmond) Avez-vous déjà rencontré M. Dougall?

M. Lavergne (Montmagny): Non, je ne suis pas allé à l'Église presbytérienne récemment3. Je ne l'ai pas rencontré, mais j'ai lu son article. J'ai vu qu'il a volontairement écrit des faussetés sur la province dans cet article. Il fait une énumération des sujets présentés sous un faux jour dans The Witness, sur l'instruction publique dans la province, notamment, et sur l'influence qu'exerce l'Église catholique. M. Dougall dit que les femmes sont maltraitées dans la province, que le pape de Rome a complètement transformé la loi provinciale du mariage et que, en règle générale, tout va mal ici, sans jamais rectifier bien qu'on lui ait prouvé maintes fois son ignorance.

Je ne suis pas un fanatique, mais je ne peux endurer ces insultes dirigées contre la province. M. Dougall partage les idées du journal The Orange Sentinel, qui veut "débarrasser le pays de l'Église catholique romaine4".

La résolution est adoptée.

L'honorable M. Mackenzie (Richmond) propose: 7. Qu'un crédit n'excédant pas seize mille piastres soit ouvert à Sa Majesté pour Service d'enregistrement (cadastre), pour l'exercice finissant le 30 juin 1915.

Adopté.

8. Qu'un crédit n'excédant pas neuf mille neuf cent quatre-vingt-deux piastres et seize cents soit ouvert à Sa Majesté pour Frais d'administration (dette publique), pour l'exercice finissant le 30 juin 1915.

Des députés de l'opposition attaquent le budget du Trésor.

L'honorable M. Mackenzie (Richmond) fournit des explications sur l'emprunt de $2,000,000 contracté pour l'amélioration de la voirie.

La résolution est adoptée.

 

Résolutions à rapporter:

Le comité fait rapport qu'il a adopté plusieurs résolutions et demande la permission de siéger de nouveau. Lesdites résolutions sont lues deux fois et adoptées.

Comité d'enquête sur les accusations de corruption

L'honorable M. Taschereau (Montmorency) annonce que le comité d'enquête sur les accusations du Mail ne siégera pas ce soir, étant donné que les témoins sont absents, mais demain matin, contrairement à ce que l'on a décidé lors de l'ajournement de vendredi.

M. Lavergne (Montmagny) demande au président du comité (l'honorable M. Taschereau) de faire comparaître devant ce comité M. D. Lorne McGibbon5.

L'honorable M. Taschereau (Montmorency) promet qu'ils sera convoqué pour témoigner.

La séance est levée à 6 heures.

__________

NOTES

 

1. Il n'y avait, selon Le Devoir (10 février, p. 1), que 17 députés en Chambre.

2. La Presse (10 février, p. 8) fait remarquer qu'en l'absence du ministre de la Colonisation, des Mines et des Pêcheries (l'honorable M. Devlin), que la maladie a forcé d'aller prendre un repos à Aylmer, auprès de sa famille, c'est l'honorable Jules Allard, ministre des Terres et Forêts, qui défend ce budget.

3. Il s'agit de l'Église d'Écosse; M. John Dougall était d'origine écossaise.

4. The Orange Sentinel, journal hebdomadaire fanatiquement anticatholique de Toronto.

5. Douglas Lorne McGibbon, industriel de Montréal et propriétaire du Herald en 1913-1914, avait financé l'enquête de l'agence Burns pour la somme de $50,000 (Voir Rapports des comités spéciaux nommés par le Conseil législatif et l'Assemblée législative de la province de Québec pour s'enquérir de la vérité de certaines accusations portées par le journal "The Montreal Daily Mail"... séance du 10 février 1914, p. 424).