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(Quinze heures trois minutes)
M. LEBEL (président): Qu'on ouvre les portes. A l'ordre,
messieurs!
Présentation de pétitions. Lecture et réception de
pétitions. Présentation de rapports de comités
élus.
Commission des bills privés et publics
M. THEORET: M. le Président, j'ai eu l'honneur, ce matin, de
remplacer l'honorable Rémi Paul à la présidence de la
commission des bills privés et des bills publics. Votre commission
soumet à votre honorable Chambre son sixième rapport. Votre
commission a décidé de rapporter avec des amendements le bill
suivant: bill no 198, Loi modifiant la charte de la ville de Laval, et, sans
amendement, le bill no 214, Loi concernant les commissaires d'écoles
pour la municipalité de Contrecoeur, dans le comté de
Richelieu.
Respectueusement soumis.
M. LE PRESIDENT: Présentation de motions non
annoncées.
L'honorable ministre du Travail.
M. BELLEMARE: M. le Président, je fais motion pour que la
commission de la présidence du conseil soit autorisée à
siéger aujourd'hui pendant que la Chambre est en séance...
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
M. BELLEMARE: ... et que la commission des bills privés et
publics soit autorisée à siéger aujourd'hui pendant que la
Chambre est en séance.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
M. BELLEMARE: M. le Président, je voudrais aussi proposer
qu'à la commission du Travail et de la Main-d'Oeuvre, M.
Croisetière remplace M. André Léveillé, que M.
Paul-Yvon Hamel remplace M. Marcel Masse et que M. Philippe Demers remplace M.
Jérôme Proulx.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
M. LESAGE: M. le Président, dans quelle salle doit siéger
la commission des bills publics et privés cet après-midi?
M. BELLEMARE: Ce soir, à huit heures et demie.
M. LESAGE: Ah bon, merci.
M. LE PRESIDENT: Présentation de bills privés.
M. LEFEBVRE: M. le Président, si vous me le permettez, seulement
une question sur le travail de la Chambre. Si je comprends bien ce que vient de
dire le leader du gouvernement, la commission qui étudie les
crédits du ministère du Travail doit siéger, tel que
prévu, après la période des questions?
M. BELLEMARE: A la salle 91. M. LEFEBVRE: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Présentation de bills privés.
Présentation de bills publics.
M. BERTRAND: E, M. le Président.
Bill 37
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Richesses naturelles propose
la première lecture de la Loi modifiant la loi de
l'HydroQuébec.
L'honorable ministre des Richesses naturelles.
M. ALLARD: M. le Président, le bill 37, a pour but, d'abord,
d'apporter certains amendements concernant les commissaires de
l'HydroQuébec quant à la durée de leur mandat et certaines
dispositions de concordance avec celles du code de procédure civile
concernant leurs responsabilités.
Le but principal de la loi est surtout d'autoriser la commission
hydro-électrique à vendre de l'électricité au
Nouveau-Brunswick et à l'Ontario.
M. LE PRESIDENT: La motion de première lecture sera-t-elle
adoptée? Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LESAGE: M. le Président, je comprends que le projet de loi
sera distribué cet après-midi. A la demande du premier ministre,
M. Robert Normand m'a fait parvenir les épreuves du projet de loi. J'ai
commencé à étudier le projet de loi, J'ai dû faire
plusieurs appels téléphoniques parce qu'il y avait dans le bill,
au point de vue technique, certaines choses qui ne correspondaient pas
exactement, ni quant aux dates ni quant à d'autres aspects techniques
sur lesquels je n'ai pas l'intention d'élaborer cet après-midi,
avec les réponses que M. Lessard nous avait données à la
commission permanente des Richesses naturelles. J'en ai touché un mot au
ministre. Le ministre m'a demandé s'il y aurait possibilité
d'adopter ce bill très rapidement, à cause d'un certain
arrêté ministériel en Ontario. Je suis disposé
à collaborer dans toute la mesure où le temps me permettra de le
faire, mais j'ai besoin de renseignements techniques, qui m'ont
été offerts tant par M. Lessard que par M. Giroux. Je comprends
que M. DeGuise est ici. Alors, si les travaux de la Chambre et des commissions
me laissent le temps de scruter le bill, je serai disposé à
procéder demain. C'est sujet au temps que je pourrai consacrer à
l'étude des technicités du projet de loi, et c'est passablement
technique.
M. ALLARD: M. le Président, pour donner suite, je voudrais
déposer deux copies des lettres d'intention entre l'Hydro et la
Commission de l'Ontario ainsi que celle du Nouveau-Brunswick.
M. LE PRESIDENT: La deuxième lecture à la prochaine
séance ou à une séance subséquente.
M. BERTRAND: G.
Bill 31
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de l'Agriculture et de la
Colonisation propose la première lecture de la Loi modifiant la loi du
crédit agricole.
L'honorable ministre de l'Agriculture.
M. VINCENT: M. le Président, ce projet a pour objets principaux
de porter de $15,000 à $25,000 le montant maximum des prêts que
peut consentir l'Office du crédit agricole du Québec et de porter
la limite du montant du prêt de 80% à 90% de la valeur de la ferme
offerte en garantie, non seulement pour les prêts d'établissement
d'agriculteurs entre 21 à 40 ans, comme c'est le cas
présentement, mais également à l'égard des
agriculteurs qui acquièrent ou auront acquis un terrain additionnel dans
les délais prévus par la loi, ou encore ceux qui
réaliseront un programme d'amélioration foncière suivant
les exigences des règlements.
Il permettra aussi aux corporations et aux sociétés
formées d'agriculteurs ayant pour objet principal et activité
principale l'exploitation d'une ferme de bénéficier des
prêts de l'office pourvu que la ferme dont la propriété a
été apportée à la société ou dont la
corporation est propriétaire soit rentable.
M. GERIN-LAJOIE: Prévoit-on la date des élections dans le
bill?
M. VINCENT: Cela s'en vient. M. LESAGE: Cela s'en vient, oui! M.
VINCENT: L'article s'en vient. M. LESAGE: Cela sent ça. M. VINCENT:
D'ici 1971.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! La motion de première lecture
sera-t-elle adoptée? Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture à la prochaine
séance ou à une séance subséquente.
M. BERTRAND: H.
Bill 32
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de l'Agriculture et de la
Colonisation propose la première lecture de la Loi modifiant de nouveau
le code civil.
L'honorable ministre de l'Agriculture et de la Colonisation.
M. VINCENT: M. le Président, ce projet modifie l'article 1979a du
code civil qui prévoit que tout agriculteur peut recourir au
nantissement agricole en prévoyant que désormais toute personne
qui tire une partie de ses revenus de la culture du sol ou de l'élevage
d'animaux de ferme pourra y recourir, y compris une per-
sonne morale telle une corporation d'exploitation agricole.
M. LE PRESIDENT: La motion de première lecture sera-t-elle
adoptée? Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture à la prochaine
séance ou à une séance subséquente.
M. BERTRAND: I.
Bill 33
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de l'Agriculture et de la
Colonisation propose la première lecture de la Loi modifiant la loi de
l'amélioration des fermes.
L'honorable ministre de l'Agriculture et de la Colonisation.
M. VINCENT: M. le Président, ce projet a pour principaux objets
de porter de $7,000 à $10,000 le maximum des emprunts obtenus par un
agriculteur d'une caisse d'épargne et de crédit ou d'une banque
dont le gouvernement rembourse l'intérêt à raison de 3% et
de permettre aux corporations et sociétés formées
d'agriculteurs dans le but d'exploiter une ferme, de bénéficier
de ce remboursement d'intérêt pourvu que la ferme dont la
propriété a été apportée à la
société ou dont la corporation est propriétaire soit
rentable. Ce projet rendra aussi les locataires de fermes admissibles, dans
certains cas, aux bénéfices prévus par la loi.
M. LESAGE; Etes-vous bien sûr que c'est ça l'objet
principal?
M. LE PRESIDENT: La motion de première lecture sera-t-elle
adoptée? Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture à la prochaine
séance ou à une séance subséquente.
M. BERTRAND: J.
Bill 34
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de l'Agriculture et de la
Colonisation propose la première lecture de la Loi favorisant la mise en
valeur des exploitations agricoles.
L'honorable ministre de l'Agriculture et de la Colonisation.
M. VINCENT: M. le Président...
M. LESAGE: Quel est l'objet principal?
M. VINCENT: ... ce projet a pour objet d'autoriser le ministre de
l'Agriculture et de la Colonisation à accorder, sur la recommandation de
l'Office du crédit agricole du Québec, des subventions pour la
mise en valeur des exploitations agricoles dans le cas d'établissement
de jeunes agriculteurs et dans le cas d'agrandissement de fermes.
M. LAPORTE: Est-ce qu'il faut qu'ils aient le droit de vote?
M. VINCENT: L'agriculteur âgé de 21 à 40 ans...
M. LESAGE: C'est cela.
M. VINCENT: ... qui s'établit sur une ferme rentable...
M. GERIN-LAJOIE: Cela a été oublié, c'est à
partir de 18 ans que ce devrait être.
M. LESAGE: A 18 ans, on peut exercer un commerce ou une profession.
M. VINCENT: Il faudrait amender le code civil. ... pourra
bénéficier de subventions pouvant atteindre globalement $4,000,
dont un montant de $1,000 pour lui permettre de réaliser des
améliorations générales et un montant de $3,000 pour lui
permettre de réaliser un programme d'amélioration
foncière.
La subvention de $1,000 sera payable en cinq versements annuels de $200
et la subvention de $3,000 le sera au fur et à mesure de
l'exécution des travaux d'amélioration de la ferme contrairement
à la remise conditionnelle qui existait.
M. LE PRESIDENT: La motion de première lecture sera-t-elle
adoptée? Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: La deuxième lecture à une prochaine
séance ou à une séance subséquente.
M. BERTRAND: K.
Bill 35
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de l'Agriculture et de la
Colonisation propose la première lecture de la Loi autorisant de
nouveaux crédits pour fins de prêts agricoles.
L'honorable ministre de l'Agriculture.
M. VINCENT: M. le Président, ce bill autorise la mise à la
disposition de l'Office du crédit agricole du Québec d'une somme
additionnelle de $30 millions pour prêts aux agriculteurs en vertu de la
Loi du crédit agricole du Québec, portant ainsi à $410
millions le montant total affecté à ces fins.
M. LAPORTE: Si vous faites des élections après tout
cela!
M. LE PRESIDENT: La motion de première lecture sera-t-elle
adoptée? Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LAPORTE: Que de grands jours pour elle!
M. LE PRESIDENT: La deuxième lecture à la prochaine
séance ou à une séance subséquente.
M. BERTRAND: M. le Président, est-ce qu'on me permet?...
Bills privés déférés
à la Commission des bills privés
M. BERTRAND: Les articles 21 et 23, c'est-à-dire le bill 226, Loi
modifiant la charte de Verdun, deuxième lecture, et le bill 100 de la
ville de Montréal, deuxième lecture, sont
déférés à la commission des bills publics et
privés pour le 5 juin à dix heures trente de la
matinée.
Je vais appeler les autres.
M. LESAGE: Est-ce que le bill 100 a été
distribué?
M. BERTRAND: Le bill 230, article 22 et les articles 24, 25, 26 et 27,
sont déférés à la commission des bills publics et
privés pour le 6 juin à dix heures trente de la
matinée.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
M. LESAGE: Le 6 juin est un vendredi?
M. BERTRAND: C'est un vendredi. Il va nous falloir absolument
siéger ce jour-là parce que le bill...
M. LESAGE: Ce n'est pas une critique, c'est une demande d'information.
Est-ce que le 6 juin est un vendredi? Oui, n'est-ce pas?
M. BERTRAND: Oui.
M. LESAGE: Je me souviens que, pour le mercredi, nous avions
accepté de consacrer la matinée à entendre les
intéressés à la commission de la liberté de la
presse.
M. BERTRAND: Le 5, le bill de Montréal et le bill de Verdun
seront assez longs.
M. LESAGE: C'est jeudi, le 5.
M. BERTRAND: Nous avions pensé siéger le vendredi matin
pour les autres bills.
M. LESAGE: Je n'ai pas critiqué.
M. BERTRAND: Je pourrais peut-être mettre la séance de
vendredi matin à neuf heures et demie. Mercredi, nous avons
déjà une commission, celle de la liberté de la presse.
Nous pourrions mettre cela à neuf heures et demie vendredi matin.
M. LESAGE: Le comité, sur la liberté de la presse est
mercredi, alors...
M. BERTRAND: C'est mercredi. M. LESAGE: ... il n'est pas
touché.
M. BERTRAND: On est pris. Jeudi matin, Montréal, Verdun, et il y
en aura d'autres, il y aura le bill de l'Oratoire et probablement le bill des
évaluateurs...
M. LESAGE: Est-ce l'intention du premier ministre de faire siéger
la commission des bills publics et privés en même temps que la
Chambre vendredi?
M. BERTRAND: Oui, on pourrait.
M. LESAGE: Alors ce que nous pourrions peut-être faire, c'est que
la Chambre siège à dix heures.
M. BERTRAND: On peut, à dix heures.
M. LESAGE: Que la Chambre siège à dix heures et
qu'immédiatement après l'ordre du jour...
M. BERTRAND: C'est ça, on pourra aller en bas.
M. LESAGE: ... mettons dix heures et demie, nous siégerons...
M. BERTRAND: Parfait.
M. LESAGE: ... à la commission des bills publics et
privés. Alors entente que vendredi prochain, 6 juin, la Chambre
siégera à dix heures au lieu de dix heures et demie.
M. BERTRAND: Très bien.
Questions et réponses John Lennon
M. LESAGE: M. le Président, j'adresse ma question au ministre de
l'Education. J'ai devant moi des coupures de journaux, d'hier soir et de ce
matin, du Soleil, de la Gazette, du Devoir, ou l'on peut lire la nouvelle qui
donne lieu à la question que je pose au ministre de l'Education. Je
ferai parvenir au ministre de l'Education copie des coupures de journaux en
question. Ces coupures de journaux nous montrent le Beattle John Lennon avec sa
compagne. Vous savez, M. le Président, ceux qui vivent au lit, et dont
le séjour au Canada...
UNE VOIX: La litomanie.
M. LESAGE: ... a été restreint à dix jours pour des
raisons sérieuses que je n'ai pas à mentionner ici. J'en ai pour
une minute et je pose ma question. Radio-Québec aurait obtenu de ce
Lennon une entrevue radiophonique exclusive qui sera diffusée au cours
de la prochaine année scolaire, pour parfaire l'éducation des
élèves de langue anglaise de 6e et de 7e année au
Québec. Ma question est la suivante: Est-ce que le ministre et les
fonctionnaires ou le ministre ou les fonctionnaires du ministère de
l'Education ont pris cette initiative ou encore ont-ils autorisé
Radio-Québec à la prendre? Il s'agit d'une entrevue exclusive,
s'il vous plaît.
M. CARDINAL: M. le Président, malgré
l'intérêt de cette entrevue exclusive pour l'éducation des
Québécois...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CARDINAL: ... malgré l'intérêt remarquable de
cette entrevue exclusive pour l'éducation des Québécois,
je dois dire que...
M. LESAGE: Les Québécois n'en...
M. CARDINAL: ... ni le ministre de l'Education ni, à sa
connaissance, les employés du ministère n'étaient au
courant de cette nouvelle publiée dans les journaux. Comme on le sait,
la Loi de Radio-Québec n'est pas encore adoptée...
M. LESAGE: Elle a été adoptée en 1945, s'il vous
plaît. Il y a une loi qui existe depuis 1945.
M. CARDINAL: Cette loi qui existe depuis 1945 n'est en vigueur que
depuis quelques mois seulement, M. le Président l'honorable chef
de l'Opposition le sait et ne rend pas responsable le ministre de
l'Education de Radio-Québec.
M. LAPORTE: Il peut bien rester irresponsable.
M. LESAGE: M. le Président, c'est justement...
M. CARDINAL: M. le Président, le ministre de l'Education se sent
parfaitement responsable, mais ne se sent absolument pas coupable, et
certainement pas devant le député de Chambly.
M. LESAGE: Voici, M. le Président...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Une question que vous devriez laisser au
député de Richmond...
M. LESAGE: Je ne sais pas si le député de Chicoutimi se
sentirait à l'aise dans le lit qu'occupe le couple au
Reine-Elizabeth...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CARDINAL: Je regrette mais ce genre de question montre le
sérieux des préoccupations de l'Opposition.
M. LESAGE: Je crois que c'est extrêmement sérieux. Quand on
sait les raisons pour lesquelles et c'est mon privilège que
j'invoque, après ce que vient de dire le ministre de l'Education
le séjour de ce couple a été refusé par nos voisins
du Sud; quand on sait les raisons pour lesquelles les autorités
canadiennes ont restreint à dix jours le séjour de ce couple au
Canada; quand on connaît leurs anté-
cédents, c'est une question extrêmement sérieuse,
surtout s'il s'agit de faire passer le message de pareilles gens à nos
jeunes de 12 et 13 ans. Il est question de marijuana. C'est joliment grave.
M. BERTRAND: C'est le bout!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je veux rappeler aux honorables
députés que nous sommes encore à la période des
questions et que nos règlements ne permettent pas un débat
à ce moment-ci.
M. LESAGE: J'ai voulu épargner autant que possible le temps de la
Chambre. Voilà pourquoi j'ai choisi ce moment-ci. J'aurais fort bien pu
soulever cette question comme grief sur la motion proposant que vous quittiez
le fauteuil pour que la Chambre se forme en comité des subsides. C'est
pour épargner le temps de la Chambre que je l'ai fait à ce
moment-ci. Je vais faire parvenir au premier ministre, qui est responsable de
Radio-Québec, les coupures de journaux en question et je lui demanderais
de bien vouloir s'informer à ce sujet, parce que, de lui au moins, je
suis sûr d'avoir des réponses sérieuses et intelligentes,
tandis que c'est la dernière des choses qu'on peut attendre du ministre
de l'Education.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable député de
Taillon.
CEGEP Edouard-Montpetit
M. LEDUC (Taillon): J'ai une question à poser au ministre de
l'Education. Je l'ai prévenu de ma question en lui faisant parvenir un
télégramme hier après-midi. Voici la question que j'ai
posée dans ce télégramme: Etant donné qu'il y a
deux conseils d'administration au CEGEP Edouard-Montpetit, qu'entend faire le
ministre de l'Education pour remédier à cette situation critique
et redonner confiance aux parents et aux élèves de la rive sud de
Montréal?
M. CARDINAL: La question a déjà été
posée. Depuis le début de la crise au collège
d'enseignement général et professionnel Edouard-Montpetit, le
directeur général du collégial au ministère, et M.
Bernard Landry, du cabinet du ministre de l'Education, se sont tenus en contact
constant et étroit avec les deux « présidents » en
cause et les autres autorités du collège d'enseignement
général et professionnel. Des rencontres ont déjà
eu lieu et d'autres ont été préparées durant la
matinée d'aujourd'hui. M. Landry doit lui-même rencontrer le
conseil d'administration bientôt. Plusieurs autres rencontres sont
prévues pour en venir à une solution. Rappelons, pour les
honorables membres de l'Opposition et pour tous les membres de cette Chambre,
que le problème est interne et que le ministère, comme
moi-même, laissons aux instances locales, qui ont vraiment
l'autorité dans ces domaines, le soin de régler ces
problèmes. Vu que la situation est critique, nous sommes, cependant,
intervenus, mais, normalement, cela aurait été au conseil
d'administration lui-même de résoudre ce problème. Deux
faits importants: le président qui était là, M.
Bériault, manifeste son intention il l'a dit publiquement
de contester l'élection de M. Paul Tourigny devant les tribunaux. J'ai
déjà mentionné devant cette Chambre que ni la Chambre, ni
le ministère, ni moi-même ne pouvions intervenir dans ce cas.
Il est loin d'être certain qu'il ait gain de cause ou qu'il perde.
Nous n'en savons rien. Ceci appartient au tribunal.
Deuxième fait, le directeur général, M. Bi-saillon,
a déjà remis sa démission, effective à la fin de
l'année scolaire actuelle. La loi qui a été adoptée
pour régir les collèges d'enseignement général et
professionnel ne prévoit pas de mécanisme de solution dans ces
cas semblables, sauf par le conseil d'administration lui-même qui
possède l'autorité pour régir le collège. Je
rappelle que les collèges d'enseignement général et
professionnel constituent un réseau public d'enseignement au niveau
collégial, mais que chacun d'eux est régi par un conseil
d'administration autonome, dont cinq membres sont nommés par le
gouvernement et dont les autres membres sont choisis sur place. Ce sont ces
membres qui ont autorité sur chacun des collèges.
Ce n'est qu'à cause du bien public des étudiants et des
parents que nous sommes intervenus non pas pour remplacer l'autorité
locale, mais pour l'aider à résoudre ce problème. Si ce
problème est placé devant les tribunaux, nous devrons attendre la
décision du tribunal.
Secondaire anglais à Sainte-Foy
M. LESAGE: Est-ceque le ministre de l'Education est en mesure de
répondre aux questions que je lui ai posées hier en ce qui touche
le problème des élèves de langue anglaise du secondaire
à Sainte- Foy? Il s'agit d'un problème urgent qui inquiète
énormément les parents; j'ai mentionné tout cela hier. Une
pétition a été adressée au ministre,
pétition dont j'ai maintenant en main
photocopie. Le ministre a-t-il donné toute son attention au
problème? Que propose-t-il comme solution?
M. CARDINAL: L'honorable chef de l'Opposition sait quel est le
rôle du ministre, quelle est la responsabilité des institutions
privées et l'autorité des commissions scolaires. Dans le cas de
Marymount, le secrétaire et le président de la régionale
ont manifesté leur intention d'établir une transaction, afin de
donner un service d'enseignement de langue anglaise aux enfants de la
région de Sainte-Foy.
Je rappelle que Marymount College était une institution
privée qui est présentement en voie d'être acquise par une
autre institution privée, Cardinal-Villeneuve. Ceci se fait avec
l'intervention du ministère de la Santé, de la Famille et du
Bien-Etre social que dirige mon collègue, l'honorable Jean-Paul
Cloutier.
La Commission des écoles catholiques de Québec qui a
été pressentie exige, pour sa part, un contrat de dix ans pour
accueillir les élèves de Sainte-Foy au St. Patrick College qui
est déjà à l'étroit, condition qui, d'ailleurs, a
été trouvée difficilement acceptable, et par les parties
intéressées et par le ministère. Les autorités se
disent prêtes à accorder leur collaboration, mais nous sommes
devant une situation où le ministère n'avait pas juridiction pour
empêcher cette transaction.
Cependant, les démarches qui ont été faites
auprès du ministère et auprès de moi m'ont permis de
réviser ce dossier. Je puis rappeler au chef de l'Opposition que non
seulement je suis ceci avec beaucoup d'attention, mais je prendrai, dans les
limites de mes moyens et dans les limites des moyens que nous offrent les lois,
les dispositions pour aider cette clientèle scolaire de langue anglaise.
Nous sommes donc actuellement en communication avec la Commission des
écoles catholiques de Québec, ainsi qu'avec le St. Lawrence
College et le St. Patrick College.
M. LESAGE: La commission scolaire de Québec soutient, à
l'appui de son exigence d'un contrat de dix ans, qu'elle a d'ailleurs obtenu
des autres municipalités scolaires des alentours, dont celle de Sillery,
qu'elle doit faire des dépenses capitales de l'ordre de $1 million ou de
$1.5 million pour accommoder les élèves de langue anglaise au
secondaire, non seulement ceux de la ville de Québec, mais ceux des
alentours.
Les parents, de même que les autorités de la commission
scolaire régionale de Tilly, Sainte-Foy, ne voulaient pas s'engager pour
dix ans, ils avaient l'espoir d'obtenir le Marymount, comme l'a dit le ministre
il y a un instant. Je l'avais dit hier aussi.
Mais cela s'avère impossible, parce que les ententes ont
été prises avec le ministère de la Famille et du Bien-Etre
social et avec le centre Cardinal-Villeneuve, autrefois appelé
l'école Cardinal-Villeneuve.
Dans les circonstances, il est clair que la seule façon de
régler le problème, c'est d'intervenir auprès de la
Commission des écoles catholiques de Québec et du St. Lawrence
College qui, évidemment, ne peut plus fonctionner à cause du
nombre restreint d'élèves à St. Lawrence College.
Je remercie le ministre de m'avoir répondu comme il l'a fait et
je l'incite à presser les autorités de la Commission des
écoles catholiques de Québec et du St. Lawrence College de
régler le problème dans le plus bref délai, afin que
parents et élèves de langue anglaise de Sainte-Foy sachent
à quoi s'en tenir pour le mois de septembre.
M. CARDINAL: M. le Président, je puis ajouter ceci, c'est que, ce
matin, avant même de quitter mon bureau, j'ai fait donné des
ordres explicites afin que les membres du cabinet du ministre communiquent avec
le sous-ministre compétent pour établir cette collaboration entre
la commission scolaire et les collèges intéressés.
M. LESAGE: Qui est le sous-ministre compétent? Je pourrais
peut-être communiquer avec lui et déranger moins souvent le
ministre, parce que je ne puis lui parler qu'en Chambre. A son bureau, ce n'est
pas possible de le rejoindre.
M. CARDINAL: M. le Président, je ne ferai pas de commentaires sur
cette affirmation de l'honorable chef de l'Opposition. Simplement, le
sous-ministre compétent au niveau secondaire est le sous-ministre
Thérèse Baron qui, présentement, est malheureusement
beaucoup plus difficile d'accessibilité que le ministre, puisqu'elle est
en Russie.
M. LESAGE: M. le Président, il est clair que ce n'est pas le
séjour de Mlle Baron en Russie qui va régler le problème.
C'est ce qui nous prouve le sérieux du ministre. Qui, en l'absence de
Mlle Baron, est responsable?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LESAGE: M. le Président, je pense que ma question est tout
à fait raisonnable. En l'ab-
sence de Mlle Baron, qui va s'occuper du problème?
UNE VOIX: L'Opposition.
M. LESAGE: L'Opposition va devenir le pouvoir bientôt, et il n'y
en aura plus de problèmes comme ça.
A qui dois-je m'adresser et à qui dois-je suggérer aux
gens qui communiquent constamment avec moi de s'adresser?
M. CARDINAL: M. le Président, à titre de renseignement
pour l'honorable chef de l'Opposition, les sous-ministres ont à leur
disposition un secrétaire qui a nom M. de Belval, secrétaire du
bureau des sous-ministres.
M. LESAGE: A-t-il l'autorité nécessaire pour intervenir
auprès de la commission scolaire?
M. CARDINAL: Il n'a pas l'autorité nécessaire pour
intervenir, mais il a les renseignements nécessaires pour dire à
qui l'on peut s'adresser pour obtenir...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LESAGE: M. le Président, c'est absolument inconcevable. Je
demande au ministre de l'Education...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Nous sommes encore à la
période des questions. Au train où vont les choses, nous risquons
fort de nous engager dans un débat. J'invite donc les honorables
députés à poser leurs questions suivant les règles
établies par nos lois et nos règlements
M. LESAGE: Je vais le faire, M. le Président, mais il est clair
que si je n'ai pas de réponse, ce sera long au moment où la
motion pour aller en comité des subsides sera faite. Il me semble qu'il
est raisonnable, et je demande au ministre de l'Education qui est la personne
responsable dans son ministère, en l'absence de Mlle Baron...
M. LAPORTE: En Russie.
M. LESAGE: ... la personne responsable qui a l'autorité pour
communiquer...
M. LAPORTE: Il faut l'appeler à Moscou.
M. LESAGE: ... avec les autorités de St. Lawrence College et de
la Commission des éco- les catholiques de Québec pour
régler le problème dans le sens mentionné par le
ministre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CARDINAL: M. le Président, je donnerai deux réponses
précises à l'honorable chef de l'Opposition, et sur un ton plus
serein que le sien. La première, c'est qu'en l'absence...
M. LESAGE: M. le Président, quand la horde autour du ministre
crie, je suis obligé de parler fort.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable ministre de l'Education.
M. CARDINAL: M. le Président, j'ai déjà
mentionné, dans ma première réponse à l'honorable
chef de l'Opposition réponse d'ailleurs fort
détaillée, avec des renseignements qu'il a d'ailleurs
lui-même confirmés que je m'étais occupé
moi-même de ce problème. C'était déjà une
réponse, je pense, qui n'exigeait pas de sous-question. Vu qu'il y a eu
des sous-questions j'ajoute qu'en l'absence de mademoiselle Baron il y a deux
personnes responsables, M. Jean-Marie Beauchemin assume en partie le travail de
mademoiselle Baron pendant son absence.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je crois que s'il y avait un seul opinant
qui opinait à la fois, cela rendrait nos travaux plus faciles.
M. CARDINAL: Merci, M. le Président, j'ajoute que le chef de
l'Opposition sait fort bien qu'en toutes circonstances le responsable le plus
élevé au ministère, c'est celui qu'il a lui-même
nommé, M. Arthur Tremblay. Je suis surpris qu'il l'ait
oublié.
J'ajoute enfin, car je ne puis passer sous silence l'affirmation qu'il a
faite que je méprisais la démocratie. Ce n'est pas la
démocratie que je méprise, au contraire, c'est l'usage qu'en
certaines circonstances on en fait.
M. LESAGE: M. le Président, les dernières paroles
prononcées par le ministre de l'Education sont absolument inacceptables
parce qu'il est clair qu'il a, à l'endroit de ses collègues de
l'Assemblée nationale, le plus souverain mépris. Nous l'en
blâmons. C'est un dictateur, c'est un homme qui n'a aucun...
UNE VOIX: A l'ordre!
M. LE PRESIDENT: Al'ordre! Je dois inviter
l'honorable chef de l'Opposition à retirer la dernière
parole qu'il a prononcée.
M. LESAGE: Mes dernières paroles sont le souverain
mépris.
M. LE PRESIDENT: Si j'ai bien compris, l'honorable chef de l'Opposition
a attribué le terme dictateur à l'honorable ministre.
M. LESAGE: Ah oui, c'est bien; il rejette du revers de la main les
droits des parlementaires.
DES VOIX: A l'ordre!
M. BELLEMARE: Retirez!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! J'ai invité l'honorable chef de
l'Opposition à retirer cette parole et je suis convaincu qu'il se
rendra...
M. LESAGE: Je l'ai retirée, j'ai retiré « souverain
mépris », j'ai retiré « dictature », c'est ce
que le président m'a demandé. Mais qu'il rejette du revers de la
main les droits des membres de l'Assemblée, je pense que c'est
parlementaire de le dire, et c'est vrai.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable député de
Rimouski.
Union des municipalités
M. TESSIER: M. le Président, j'aimerais savoir du premier
ministre s'il a reçu, de l'Union des municipalités du
Québec, un télégramme qui se lit comme suit: « Le
conseil d'administration de l'Union des municipalités du Québec
fait part de sa déception relativement au budget 69/70 qui ne donne
suite à aucune des recommandations de l'Union des municipalités
sur la fiscalité. Le conseil d'administration demande qu'aucune des
nouvelles mesures fiscales proposées ne soient mises en application
avant qu'un comité fiscal municipal provincial permanent soit
formé et qu'il ait pu se prononcer sur la valeur des mesures
proposées et leur intégration dans un plan fiscal d'ensemble.
Remerciements anticipés du conseil d'administration de l'Union des
municipalités du Québec. »
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je m'excuse d'Interrompre l'honorable
député de Rimouski, malheureusement j'ai perdu une partie de sa
question dans le bruit. Il semble quand même que sa question soit
très longue. Je l'invite donc à poser une question plus
brève.
M. TESSIER: Je demandais tout simplement au premier ministre s'il avait
reçu le télégramme dont je viens de donner lecture et, si
oui, s'il a l'intention d'acquiescer à cette demande de l'Union des
municipalités du Québec.
M. BERTRAND: Le ministre des Finances a répondu au
télégramme.
M. TESSIER: M. le Président, le premier ministre est-il au
courant de la réponse qui a également été
donnée à ce télégramme par le ministre des Affaires
municipales?
M. ROY: Ce sont les journaux de lundi, ça. M. TESSIER: Les
journaux de lundi, mais...
M. ROY: Venez donc en Chambre, vous allez voir ce qui se passe. Nous
sommes rendus à jeudi, là.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
Pourrais-je rappeler aux honorables députés que, pour les
dialogues, il y ades salons d'aménagés à cet effet en
arrière.
L'honorable député de Rimouski.
M. TESSIER: M. le Président, je demandais au premier ministre
s'il était au courant de la réponse qui a été
donné à ce télégramme par le ministre des Affaires
municipales, lequel télégramme se lit comme suit: «
J'accuse réception de votre télégramme du 20 mai
relativement aux recommandations de l'Union des municipalités sur la
fiscalité. Stop. En autant que la chose sera possible...
DES VOIX: A l'ordre!
M. TESSIER: ... nous pourrions peut-être nous rencontrer à
ce sujet. » Et c'est signé, Robert Lussier, ministre des Affaires
municipales.
DES VOIX: A l'ordre!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
On me demande d'intervenir à l'occasion pour signaler qu'une
question est irrégulière, mais pour ceci, il me faut d'abord
l'entendre. J'invite l'honorable député de Rimouski à
continuer sa question et à la poser le plus rapidement possible. Je
serais bien heureux que l'on m'accorde un peu de coopération pour
terminer cette période des questions qui tire à sa fin.
M. TESSIER: M. le Président, après avoir
donné lecture de ce télégramme du ministre des
Affaires municipales, ma question, s'adressant au premier ministre, est la
suivante: Le premier ministre approuve-t-il cette réponse donnée
par le ministre des Affaires municipales qui montre un
désintéressement complet à l'égard de l'Union des
municipalités?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! L'honorable député
d'Ahuntsic.
M. LEFEBVRE: M. le Président, il existe... M. TESSIER: Je n'ai
pas fini, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
Je regrette, mais les règlements m'ont forcé de mettre fin
à la question de l'honorable député de Rimouski. C'est
pourquoi j'ai donné la parole à l'honorable député
d'Ahuntsic.
Industrie de la construction
M. LEFEBVRE: M. le Président, ma question s'adresse à
l'honorable ministre du Travail et de la Main-d'oeuvre. Il existe, dans la
région de Montréal, une situation d'urgence et
d'intérêt public dans l'industrie de la construction. J'aimerais
donner au ministre l'occasion de fournir à toute la Chambre au moins
quelques-uns des renseignements que nous aurons l'occasion d'approfondir plus
amplement sans doute lors de l'étude des crédits.
Mais le ministre nous dirait-il pourquoi, en dépit de l'article
23 de la Loi des conventions collectives, il a jugé nécessaire de
nommer des mandataires qui administrent, à la place des administrateurs
réguliers, le Conseil des métiers de la construction de
Montréal, comité conjoint?
M. BELLEMARE: M. le Président, je dois dire que c'est une
question à laquelle il est fort difficile de répondre pour le
moment. Elle est très sérieuse. C'est une question d'ordre
juridique et c'est l'expression d'une opinion que je dois sûrement me
réserver après avoir consulté mes principaux
collaborateurs.
Etant au courant de la question que voulait me poser cet
après-midi le député d'Ahuntsic, parce que je l'ai su par
un sous-ministre qui m'a dit que le député devait me questionner,
j'ai trouvé que la voie était plutôt interceptée. Je
me réserve le droit et le privilège de répondre à
la question dans tous les détails que je pourrai fournir à la
Chambre très bientôt.
M. LEFEBVRE: M. le Président, indépendamment des aspects
juridiques, le ministre pourrait-il dire à la Chambre s'il approuve les
gestes qui ont été posés par les mandataires qu'il a
nommés, gestes qui sont rapportés dans les journaux
d'aujourd'hui?
M. BELLEMARE: M. le Président, l'article 672 est clair, et c'est
justement cela qui amène les débats. L'article 672 de notre
règlement est très clair; si je voulais tomber dans ce
piège qui est fort bien tendu, je pense que je manquerais d'abord au
règlement...
M. BERTRAND: Il n'a pas l'habitude.
M. BELLEMARE: ... que connaît très bien l'honorable
député. J'ai, pour l'honorable député, une
sympathie particulière.
M. LEFEBVRE: M. le Président, le ministre me permettrait-il de
lui remettre une copie de la lettre qui lui a été adressée
le 20 mai, que ni lui ni le ministre de l'Education n'ont encore eu le temps de
lire, concernant la restructuration à la CECM?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je dois informer les membres de la Chambre
que le temps réservé à la période des questions est
maintenant terminé.
M. BELLEMARE: M. le Président, je voudrais simplement donner
l'ordre des travaux de la Chambre pour aujourd'hui et demain.
M. LESAGE: Et lundi.
Ordre des travaux de la Chambre
M. BELLEMARE: Lundi? Oui, très probablement. Cet
après-midi, lorsque la motion pour que la Chambre se forme en
comité des subsides sera approuvée, ce sera l'étude des
crédits des Affaires culturelles en Chambre. La commission de la
présidence aura lieu à quatre heures, en bas. Les bills publics
et privés à huit heures trente pour le bill de Lévis. Si
la commission de la présidence du conseil d'éducation n'est pas
finie, la commission de la présidence continuera. Demain matin, à
neuf heures trente, siégera la commission des bills privés et
publics pour entendre le bill de Lévis.
L'honorable premier ministre me demande si la Chambre accepterait, si la
commission de la présidence qui entend les enseignants cet
après-midi est terminée, qu'à la reprise des travaux
à huit heures en Chambre, le ministre des Affaires culturelles
cède encore le pas au
premier ministre pour qu'il puisse terminer le comité de
l'Exécutif.
M. LESAGE: Oui, je sais que le premier ministre doit se rendre à
Montréal demain. Nous pourrions terminer les articles du budget dont il
s'occupe particulièrement, soit Radio-Québec.
M. BERTRAND: Radio-Québec, la commission d'étude sur la
langue française.
M. LESAGE: Il reste 11, 12, 13 et 14. M. BERTRAND: Oui.
M. LESAGE: Ce sera bref, comme je l'ai dit au premier ministre hier.
Nous pourrons même passer, s'il le désire, aux Affaires
intergouvernementales afin de le libérer complètement.
M. BERTRAND: D'accord.
M. BELLEMARE: Alors, demain matin...
M. LESAGE: Quitte à revenir à ces articles de
l'Exécutif dont s'occupe le député de Montcalm.
M. BELLEMARE: ... lorsque la motion pour aller en comité des
subsides sera approuvée, la commission de l'Immigration siégera
en bas.
M. LESAGE: De l'Immigration?
M. BELLEMARE: Oui, avec l'honorable député de Dorion.
M. LAPORTE: Ses crédits?
M. BELLEMARE: Oui. L'Immigration.
M. BERTRAND: Immigration.
M. BELLEMARE: Demain matin. Nous pourrions aussi terminer les Affaires
culturelles en Chambre. Si les Affaires culturelles sont terminées, en
Chambre...
M. LAPORTE: Est-ce que je pourrais savoir...
M. LESAGE: L'Immigration en bas et les Affaires culturelles en haut,
cela ne fonctionne pas.
M. LAPORTE: Vous avez la Santé qui est déjà en
route, et vous avez le Travail.
M. BELLEMARE: Pour le ministère de la Santé, il a
été entendu, avec l'honorable député de
D'Arcy-McGee, de le reprendre lundi.
M. LAPORTE: Ou à une autre date.
M. LESAGE: Très bien, mais l'Immigration ne peut pas être
étudiée en même temps que nous étudions les Affaires
culturelles ici.
M. BELLEMARE : Je pense que c'est aussi l'honorable leader de
l'Opposition qui va représenter l'Opposition à la commission des
Affaires municipales qui est la suivante...
M. LESAGE: Oui,oui.
M. BELLEMARE : Alors on avait à choisir entre...
M. LESAGE: Non, mais il n'y a pas d'objection à examiner les
Institutions financières ; c'est le ministre de l'Immigration qui est le
ministre des Institutions financières. Je retiendrai le
député de Mercier à Québec.
M. BELLEMARE: Je n'ai pas d'objection, même si l'honorable... Nous
pourrions peut-être si le chef de l'Opposition était libre,
entamer les crédits du ministère des Finances.
M. LESAGE: Le député de Mercier est prêt.
M. LAPORTE: Est-ce que le ministre des Finances est prêt?
Le cas de M. Réal Simard
M. BERTRAND: Lundi. Je voudrais répondre à la question du
député de Chambly au sujet de M. Réal Simard. On
comprendra bien aisément que je ne puisse pas donner plus de
détails que ceux que je communique à l'heure actuelle,
étant donné qu'il y a des renseignements qui sont confidentiels.
Un mandat de perquisition a été émis. Par contre, les deux
policiers qui se sont rendus chez M. Simard l'ont appelé avant de s'y
rendre et n'ont pas eu à utiliser le mandat. Il a lui-même remis
les documents. On notera qu'il est un ex-agent d'information du Conseil
supérieur de l'éducation. Il s'agissait d'une perquisition au
sujet de documents du Conseil supérieur de l'éducation.
M. LAPORTE: Je prends note de la réponse du premier ministre et
je l'en remercie. Evidemment, quant à moi, c'est un dossier qui
reste ouvert et j'aurai probablement d'autres questions à poser
au premier ministre.
M. BERTRAND: Excepté que, comme je le dis, je ne peux pas en
donner plus pour le moment.
M. LAPORTE: Je n'en demande pas davantage pour tout de suite.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour. M. BERTRAND: Numéro 1.
M. LE PRESIDENT: L'honorable premier ministre propose que je quitte
maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme de nouveau en comité
des subsides. Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
Comité des subsides
M. BELLEMARE: M. le Président, la commission du Travail et de la
Main-d'Oeuvre continue à siéger à la salle 91.
M. LEFEBVRE: Salle 91.
M. BOUSQUET (président du comité des subsides): Alors,
nous étions rendus au poste no 7, premièrement?
M. LAPORTE: Oui.
Crédits du ministère des Affaires
culturelles
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous en étions rendus à
l'article 1, poste 7: Administration. Je crois que le député de
Chambly avait commencé une intervention.
M. LAPORTE: Je ne voudrais pas utiliser des expressions qui
dépassent ma pensée ou qui dépassent la
réalité, mais on a l'impression que le théâtre se
meurt dans la province de Québec, si l'on s'en remet à toutes les
protestations très polies, à toutes les invitations des
compagnies de théâtre au ministre, aux déclarations parfois
contradictoires qui sont faites, et aux retards très
préjudiciables au développement du théâtre qui
semblent être monnaie courante dans la distribution des subventions aux
compagnies de théâtre. Les troupes bien québécoises,
l'Estoc et le Théâtre lyrique de Québec, avaient, dans
notre esprit, mission de devenir, l'une la première troupe
professionnelle permanente de la capitale du Québec, et l'autre, le
Théâtre lyrique de Québec, dont les mérites sont
évidemment nombreux et impressionnants, serait devenue au Québec
une compagnie d'opéra professionnelle et permanente. Or, ces deux
compagnies ont été obligées, au cours de l'année
dernière et depuis, de faire au ministre le reproche de n'avoir pas fait
connaître sa politique de subventions et de ne pas annoncer à ces
deux compagnies je sais que l'Estoc a dû interrompre ou retarder
sa saison de ne pas leur faire connaître quelles seraient les
subventions que leur réservait le ministère des Affaires
culturelles.
On a dit, en décembre 1968, dans un article intitulé
« Une situation qui pourrit », qu'il ne se fait plus de
théâtre professionnel à Québec, qu'il ne restait,
à ce moment-là, en fait, que la troupe des Treize. On a
semblé vouloir faire comprendre aux diverses compagnies de
théâtre que tout était réservé, que tout
était planifié, que tout était en fonction de l'ouverture
du Grand Théâtre et que le ministère gardait un silence
« scandaleux sur la situation du théâtre à
Québec ».
Voici des faits sous la signature de personnes connues à
Québec comme M. Claude Septembre, Lisette Saint-Gelais-Montpetit, comme
Denis Rivard, André Châteauneuf, Janine Angers, Robert
Lévesque, Jacques Perreault, Denise Verville, Fait no 1: le
Théâtre du Vieux-Québec, à l'Institut canadien, a
annulé sa saison et fermé ses portes. Le Théâtre
lyrique du Québec a fait de même. L'Estoc n'a pu ouvrir sa saison
faute de subvention, et aucune direction, ni artistique, ni administrative, n'a
été nommée pour le Grand Théâtre. Cette
situation à Québec a été, je pense, bien
décrite, quand on a parlé d'un état de choses qui
pourrit.
Les gens de théâtre à Québec se plaignent
d'avoir été, depuis trois ans, abreuvés de promesses, mais
de pas beaucoup d'autres choses.
Je demande au ministre de nous donner des explications. J'ajoute les
faits suivants, qu'il pourra confirmer ou infirmer, à ceux que j'avais
déjà nommés: Théâtre du vieux Québec
qui ferme ses portes; Théâtre Lyrique qui annule sa saison;
L'Estoc qui n'a pu ouvrir sa saison faute de subvention. Aucune direction
artistique, ni administrative nommée pour le Grand Théâtre.
Le Grand Théâtre comprend une grande salle, un petit
théâtre et plus de quarante studios pour le Conservatoire. Les
contrats pour la petite salle et pour l'aménagement du Conservatoire ne
sont pas encore donnés. Deux trous noirs risquent d'assombrir
l'inauguration de l'édifice en septembre. Longtemps promise, aucune
politique culturelle pour Québec n'est an-
noncée. M. Yvon Dufour annonce, en octobre 1968, qu'on en est au
stade des décisions en ce qui regarde la situation du
théâtre à Québec. Les vingt-cinq comédiens
professionnels et amateurs de Québec n'ont plus, pour travail, que les
émissions de radio et de télévision de Radio-Canada.
On posait au ministre sur un ton angoissé les questions
suivantes: « Le Québec a-t-il une politique culturelle? Quelle
est-elle? Le gouvernement donnera-t-il de plus nombreux crédits à
son ministère des Affaires culturelles? La politique nuit-elle à
la culture? Pourquoi construire un Grand Théâtre et nier ensuite
au gouvernement fédéral toute aide directe? Le directeur
général du Grand Théâtre sera-t-il nommé
avant le mois de mai, date d'ouverture de l'édifice? Evidemment, cette
date semble retarder. Quelle est la charte du Grand Théâtre? Les
fonctionnaires du ministère des Affaires culturelles ont-ils fini de
s'ingérer dans les entreprises artistiques de Québec ou
d'ailleurs? A quand la création d'un conseil métropolitain des
arts, tel que promis? Au Grand Théâtre, la production locale
aura-t-elle priorité absolue sur les spectacles de tournée?
Où vont les sommes d'argent votées au ministère des
Affaires culturelles? Où sont les idées qui doivent
présider à l'utilisation de ces sommes d'argent? »
Si c'était là des attaques de l'Opposition, on pourrait,
encore une fois, dire: Ce sont des gens intéressés; c'est leur
métier de s'opposer. Mais je vous ai donné, sous la signature du
commentateur, Jean Royer, des extraits d'une lettre envoyée, en
décembre 1968, à la toute fin de l'année, au ministre des
Affaires culturelles par les personnes dont j'ai mentionné les noms plus
tôt.
Je pense que nous sommes en présence d'une situation qui devient
intolérable. Je demande au ministre: Qu'est-ce qui explique que le
Théâtre du vieux Québec ait annulé sa saison, que le
Théâtre Lyrique ait fait de même et que l'Estoc n'ait pu
ouvrir sa saison, faute de subvention? Je demande au ministre: Quelle est la
politique du ministère en matière de théâtre et
qu'entend-il faire rapidement pour que cette situation scandaleuse prenne
fin?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je viens, encore une fois, d'entendre le
député de Chambly qui est parti d'un postulat, celui d'un article
de journal qui comporte une série d'affirmations, dans la plupart des
cas, inexactes ou incomplètes.
Le ministère des Affaires culturelles a poursuivi sa politique
d'aide au théâtre, sous toutes ses formes, soit le
théâtre pour adultes, le théâ- tre pour enfants ou le
théâtre en général, soit le Théâtre
Lyrique, soit le Théâtre des marionnettes, etc.
Le ministère des Affaires culturelles a subventionné
chacune des compagnies et les subventions de ces compagnies ont
été, au cours des dernières années,
augmentées de façon sensible mais tout cela est évidemment
en fonction des budgets dont nous disposons.
Cet après-midi, le député de Chambly affirme par
exempte que le Théâtre Lyrique a dû contremander sa saison.
Qu'est-ce que cette affirmation? Où a-t-il pris cela? Pourquoi le
Théâtre lyrique de Québec aurait-il contreman-dé sa
saison, quand nous lui avons accordé $150,000?
M. LAPORTE: Pardon?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... de subventions pour 68/69, après
discussion...
M. LAPORTE: A quelle date?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne peux pas vous donner la date
précise, mais après discussion avec tous les responsables du
Théâtre lyrique. Voici comment ça se présente. Les
organismes viennent nous voir. Ils nous présentent un projet. Nous
discutons avec eux de l'importance du projet, de certaines modalités du
projet, tout en leur laissant entière liberté de présenter
les productionsqu'ilsdésirentpré-senter. Il arrive toutefois que
certains délais surviennent parce que leur programme non pas
qu'il ne soit pas intéressant est trop ambitieux pour les besoins
du ministère. S'ils n'ont pas d'autres sources de revenus, nous sommes
obligés de leur faire comprendre que nous ne pouvons pas leur donner
plus qu'un montant de X milliers de dollars.
Or, c'est arrivé dans le cas du théâtre du Rideau
vert, c'est arrivé dans le cas de l'Orchestre symphonique de
Québec, c'est arrivé dans le cas du Théâtre lyrique,
cela arrive dans le cas de tous les organismes dont nous devons scruter
évidemment les budgets, afin d'établir quels sont leurs besoins,
mais leurs besoins sont toujours beaucoup plus grands que ce que nous pouvons
leur donner. Cela, le député de Chambly le sait très
bien.
Le député de Chambly, qui a été ministre des
Affaires culturelles, sait très bien que dans le Québec, à
l'heure actuelle et cela vaut aussi pour l'Ontario et pour d'autres
parties du Canada le théâtre, la musique, enfin les
compagnies de théâtre, les formations musica-
les sont nés de la bonne volonté de certaines gens, de
groupes de citoyens qui, grâce à leur argent personnel, à
des fonds qu'ils puisaient ici et là, ont créé petit
à petit des organismes de théâtre.
Ces organismes ont fonctionné avec succès, dans bien des
cas, mais avec un succès relatif dans d'autres. Mais, au moment
où je suis arrivé au ministère, j'ai du faire l'examen du
problème, de la situation, de la santé financière de
chacun de ces organismes dont ceux qu'il a mentionnés tout à
l'heure: le Théâtre Lyrique de Québec, le cas de l'Estoc,
le cas, à Montréal, de l'Egrégore, etc., Nous nous sommes
rendu compte que le ministère devait indiquer à ces organismes
qu'il ne pouvait pas leur donner des subventions sans voir quel pouvait
être le rythme de croissance de ces organismes. De fort bonne
grâce, ces organismes se sont rendus à nos demandes. Ils ont
accepté de reviser, de revoir avec nous l'ensemble de leur budget. Ils
ont accepté, dans la plupart des cas, les suggestions que nous leur
faisions de retrancher certaines productions qui eussent été fort
intéressantes mais qu'ils n'avaient pas le moyen de se payer.
Vous savez, ça, c'est le problème éternel, cela
sera le problème de tous les organismes culturels, quels qu'ils soient,
c'est qu'ils devront forcément réfréner leurs ambitions et
tenir compte de la capacité de payer des contribuables, puisque,
à toutes fins utiles, ce sont les contribuables qui paient. Les
contribuables paient souvent à plus d'un titre, parce qu'ils paient
souvent pour la construction des salles, ils paient ensuite pour subventionner
les organismes, afin de présenter des productions, et, en plus, ils
paient le billet, le prix d'entrée dans les théâtres. La
capacité de payer des contribuables dans ce domaine, on le comprend, est
donc assez limitée.
Elle est assez grevée que nous sommes obligés,
évidemment, d'établir pour l'ensemble des organismes culturels du
Québec et particulièrement pour les compagnies de
théâtre et les formations musicales, certaines normes qui ne
peuvent pas être précisées, écrites, parce que
chacun de ces organismes est un cas d'espèce.
Il y a des organismes, par exemple, qui ont des dettes
accumulées. Nous avons demandé à certains de ces
organismes et ils l'ont accepté d'utiliser une partie de
la subvention que nous leur donnions afin d'effacer progressivement le
déficit. Cela, évidemment, comporte des risques et cela,
quelquefois, les empêche de mettre en production des spectacles fort
intéressants, mais des spectacles qui auraient en-traîné
d'autres déficits. Parce qu'il y a un côté production,
montage, mais il y a aussi un côté recettes qu'il faut examiner et
il est important que les organismes culturels conçoivent des programmes
qui leur permettent d'avoir une clientèle.
Tout à l'heure, le député de Chambly a parlé
du Théâtre Lyrique. Je ne comprends pas pourquoi il se
réfère à un journal qui déclare que nous n'avons
pas aidé le Théâtre Lyrique, que nous l'avons
empêché de produire ses spectacles, de donner sa saison alors que
nous avons donné $150,000 au Théâtre Lyrique et qu'à
l'heure actuelle nous sommes à discuter encore avec le
Théâtre Lyrique de sa prochaine saison.
On m'a parlé tout à l'heure de l'Estoc. J'ai eu
l'occasion, et je sais que le député de Chambly doit le savoir,
à la suite de certaines manifestations dont fait foi l'article de
journal cité tout à l'heure par le député de
Chambly... Il y a eu, à Québec, ce qu'on a appelé le
problème du théâtre. Je vous assure qu'il n'était
pas nouveau, le problème du théâtre à Québec.
Le problème du théâtre à Québec, d'abord,
c'est un problème historique. Il n'y a jamais eu ici, à
Québec, dans la ville de Québec, de théâtre
professionnel permanent, de compagnie professionnelle permanente de
théâtre. Il y a eu des compagnies, il y a eu du
théâtre, il s'est fait ici du théâtre professionnel,
mais jamais aucune de ces compagnies-là n'est devenue vraiment
permanente. Pourquoi cela? Pour bien des raisons. D'abord, il y a une question
de public, il y a une question de population et il y avait aussi une question
d'aide de l'Etat.
Or, nous avons, comme on l'avait fait avant nous, aidé le
théâtre de l'Estoc, une compagnie dont je ne dirai pas,
personnellement, qu'elle était une compagnie professionnelle, mais qui
aurait pu peut-être devenir une compagnie professionnelle. Mais il y a,
dans le cas de l'Estoc, un problème interne. Je n'ai pas voulu ouvrir le
dossier de l'Estoc et j'espère que le député de Chambly
aura la délicatesse que j'ai eue à l'endroit des gens qui font
partie de l'Estoc et qu'il ne me forcera pas d'ouvrir un dossier où je
devrai déclarer exactement ce qui se passe. Non pas que j'accuse les
gens de l'Estoc d'être malhonnêtes, d'être ceci et cela, mais
il reste que cette compagnie de l'Estoc n'a pas réussi, en dépit
de trois tentatives qu'on a faites pour en faire vraiment une compagnie de
théâtre professionnelle permanente, à garder un public,
à se créer un public et elle se trouvait chaque année dans
des difficultés qui nous ont forcés à déclarer que
nous ne pouvions pas la subventionner cette année. Nous avons eu de
longues, très longues discussions, des rencontres multipliées
avec les gens de l'Estoc qui
n'ont jamais voulu accepter le point de vue du ministère et
comprendre que le théâtre, lorsqu'on s'adresse au public et
un théâtre s'adresse au public doit répondre
à certains critères de qualité. Et les journalistes qui
ont déploré avec le plus de vigueur la disparition de l'Estoc
sont précisément ceux qui après chaque spectacle faisaient
les critiques les plus violentes, les plus virulentes contre cette compagnie
qui, enfin, essayait de se donner un caractère professionnel.
Le député de Chambly connaît très bien
l'histoire de l'Estoc. Cela a commencé rue Saint-Louis, dans un tout
petit théâtre qui était un théâtre de poche
où on faisait surtout du théâtre expérimental.
Nous avons, quand je suis arrivé au ministère,
subventionné l'Estoc, comme on l'avait fait avant nous, et l'Estoc a
décidé tout à coup de se donner des dimensions plus
importantes et de déménager, de passer de la rue Saint-Louis au
théâtre de la faculté d'administration de
l'université Laval. Ils ont donc déménagé sur le
campus et ils ont fait là une expérience qui, malheureusement, du
point de vue de la rentabilité, du point de vue de l'auditoire, ne s'est
pas avérée heureuse.
Et, ici, je ne veux pas en parler, parce que ce n'est pas le rôle
du ministre des Affaires culturelles de critiquer et la qualité des
spectacles et le choix des spectacles, parce qu'à ce moment-là,
on nous accuserait de dirigisme. Mais il nous est apparu, après
enquête, que le choix des spectacles était tel que le public ne
répondait pas. On a dit, d'autre part, que le fait pour l'Estoc de jouer
à la cité universitaire constituait une difficulté
majeure, enfin, que le public ne se rendait pas là.
Or, la raison qui avait motivé les gens de l'Estoc,
c'était qu'ils croyaient, en s'installant sur le terrain de la
cité universitaire, à la cité universitaire, pouvoir
atteindre là un public beaucoup plus considérable. Cela n'a pas
été le cas. Cela n'a pas fonctionné.
M. MICHAUD: Les gens de l'Estoc...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors l'Estoc est revenu dans le Vieux
Québec, et l'Estoc a fait sa dernière saison au Palais Montcalm,
avec des résultats qui ont été tels que nous avons cru
devoir cesser de payer une subvention à l'Estoc. A la suite des
représentations qui nous ont été faites, on a fait
grand bruit dans la presse on a voulu faire ce qu'on appelle un «
sit-in » au ministère des Affaires culturelles. On m'a
demandé, à cinq minutes d'intervalle, une entrevue, que j'ai
accordée sur le champ.
M. MICHAUD: Dans votre bureau.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il y a trois personnes qui sont venues me voir
pour m'exposer, disaient-elles, au nom de tout le groupe artistique du
Québec, de tous les comédiens du Québec, le
problème du théâtre à Québec. Nous nous
sommes immédiatement mis à l'oeuvre, nous avons constitué
des groupes de travail qui, avec le directeur général du
théâtre, avec le directeur du service du théâtre et
certains autres fonctionnaires du ministère, ont préparé
un programme d'activités dont les conclusions n'ont pas encore
été approuvées par certaines personnes qui participent
à ces groupes de travail. Le climat est excellent. Il n'y a pas
d'hostilité, mais on ne s'entend pas sur une formule qui sera
forcément une formule de regroupement des forces du théâtre
à Québec, parce que la ville de Québec ne peut pas se
permettre le luxe je parle ici du ministère des Affaires
culturelles nous ne pouvons pas nous permettre le luxe de subventionner
à l'infini des troupes et des troupes, des compagnies et des compagnies
de théâtre. Nous devons regrouper les forces du
théâtre, diversifier dans la mesure du possible la vocation de
certaines compagnies et, ensuite, créer un cadre général
d'activité théâtrale qui permettra d'apporter à
Québec une activité théâtrale valable.
Mais nous éprouvons à l'heure actuelle exactement les
difficultés que le théâtre à Québec a
toujours éprouvées, un problème de clientèle et
aussi un problème de budget. Je ne comprends pas du tout que le
député de Chambly ne s'appuie que sur un article de journal qui
exprime la volonté d'un certain nombre de personnes. Depuis lors, j'ai
eu l'occasion de discuter avec les responsables du ministère de tous les
aspects de la politique du théâtre à Québec et d'en
arriver à des conclusions qui, nous l'espérons, vont se traduire
dans un regroupement du théâtre à Québec.
C'est tout ce que je puis dire pour l'instant, M. le Président,
parce que je ne peux pas présumer des conclusions de ces groupes de
travail qui, a mon sens, ont accompli une excellente besogne. Ils sont
maintenant en mesure de nous présenter un programme d'activités
qui, je crois, va se tenir, mais qui devra être scrupuleusement
examiné parce qu'il comporte des implications financières
sérieuses.
Alors, je n'admets pas que le député de Chambly je
comprends qu'il puisse se référer à des articles de
journal nous déclare que nous n'avons rien fait pour le
Théâtre Lyrique, alors que nous avons donné, en 67/68,
$111,000, que nous donnons, en 68/69, $150,000 et qu'actuellement nous sommes
encore à né-
gocier pour voir ce qu'il nous sera possible de donner. Cependant, je
suis d'accord avec le député de Chambly il doit savoir,
comme moi, que ce n'est pas facile pour dire qu'un des grands
problèmes que nous avons au ministère des Affaires culturelles
il l'avait, comme je l'ai c'est de pouvoir donner à temps
aux compagnies de théâtre et aux formations musicales les
subventions qui leur permettent de planifier leur saison. Ce à quoi nous
voulons en venir, c'est à l'établissement, au départ, d'un
plan qui serait triennal et ensuite peut-être quinquennal.
L'aménagement culturel j'en ai parlé l'autre jour
en est au stade du départ au Québec. Comme ces compagnies
de théâtre et ces formations musicales ont quand même un
passé et qu'elles ont travaillé dans le passé, il y a des
déficits accumulés. Lorsqu'on vient pour accorder une subvention,
on est obligé non seulement d'examiner le programme qu'elles nous
présentent pour une saison donnée, mais de tenir compte, par
ailleurs, de tout ce qui a été fait auparavant et des
déficits qui ont été la suite de certaines
expériences qui n'ont pas toujours été heureuses. C'est ce
qui rend le travail extrêmement difficile. D'autre part, il y a ce
problème j'en ai parlé à maintes reprises; je l'ai
évoqué il y a quelques jours, en discutant avec le
député de Chambly, là-dessus, ici en Chambre des
sources de financement.
Vous avez, en ce qui concerne les organismes de Montréal, comme
certains organismes de Québec, des sources de financement qui sont: le
Conseil des arts d'Ottawa, le Conseil métropolitain des arts de
Montréal, pour les organismes de Montréal, et le ministère
des Affaires culturelles.
M. MICHAUD: Les fondations privées aussi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les fondations privées ici, on ne peut
pas considérer cela comme un élément très
important. C'est à souhaiter qu'il y en ait, il n'y en a pas.
M. MICHAUD: Il y a le mécénat qui, pour être
clandestin, n'en est pas moins efficace.
M. LE PRESIDENT (M.Bousquet): A l'ordre! A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Avez-vous une question précise à
me poser?
M. MICHAUD: J'en aurais, si vous en voulez.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si vous entrez dans le domaine des fondations
privées, nous pouvons en parler longtemps. Il y a beaucoupde
bénévolat; il y a des choses très intéressantes qui
se font. Nous ne pouvons pas parler de fondations privées comme on le
fait lorsque l'on parle de ce qui se passe aux Etats-Unis, dans d'autres pays
du monde ou même en Ontario. Là-dessus, les statistiques ne sont
pas aussi reluisantes que celles qu'on a coutume d'entendre.
Il y a le problème des sources de financement des organismes
culturels: le Conseil des arts d'Ottawa, le Conseil métropolitain des
arts, en ce qui concerne les organismes de Montréal et le
ministère des Affaires culturelles. Alors, quand je parle de
mécanismes de coordination et de consultation avec le gouvernement
central... Cela, vous savez, n'est pas l'acceptation d'une situation que j'ai
déplorée maintes et maintes fois et qui, espérons-le, dans
le cadre de ce travail de révision de la constitution changera. A
l'heure actuelle, il faut vivre avec les faits actuels et il faut
établir des mécanismes de consultation et de coordination afin de
savoir ce que le Conseil des arts entend donner pour tel groupe et pour tel
autre. Dès qu'on vient nous voir, on nous dit: Ah! nous avons
reçu l'assurance que le Conseil des arts va nous donner tant. Il arrive
souvent qu'après vérification nous apprenons que ce n'est pas du
tout ça, que le Conseil des arts ne s'est pas engagé pour
$100,000, qu'il s'est engagé pour $50,000 et qu'il ne s'est pas
engagé pour $125,000, mais qu'il s'est plutôt engagé pour
$85,000.
Alors, cela dérange chaque fois les échelles, cela
dérange chaque fois les barèmes que nous avons fixés et
cela nous force à reposer à chaque moment le problème de
la subvention,du quantum que nous allons octroyer à tel ou tel
organisme. Et c'est ce qui recule les échéances et nous oblige
souvent à retarder des décisions qui devraient être prises
et c'est là mon opinion, je l'ai d'ailleurs dit à toutes
les compagnies de spectacles qui devraient être prises dès
le mois de janvier. Les gens planifiant leur saison pour septembre, le minimum
devrait être le mois de janvier pour l'instant. L'idéal, ce serait
un plan triennal, pour en arriver plus tard à un plan quinquennal, ce
qui permettrait à ces compagnies de programmer, et, ensuite, ce qui nous
permettrait de prévoir, nous, ici au gouvernement, quelles seront
éventuellement les dépenses qu'entraîne l'activité
culturelle.
Mais nous ne pouvons pas faire cela pour l'instant. Je mets au
défi qui que ce soit de pouvoir déclarer à une compagnie
de théâtre.
à une formation musicale, à un orchestre symphonique: Nous
avons un budget de tant de millions de dollars aux Affaires culturelles, cette
année nous vous donnons tant et arrangez-vous. On ne peut pas faire cela
à l'heure actuelle. Nous devons examiner leur budget, réexaminer
leur programme, leur saison avec eux, pour les amener à comprendre et
à accepter ce qu'ils font de bonne grâce parce que ces
gens-là sont de très bonne volonté les amener
à comprendre que les productions fort intéressantes qu'ils
voulaient réaliser, il n'est pas possible de les réaliser parce
qu'on n'a pas l'argent.
L'Orchestre symphonique de Québec, l'Orchestre symphonique de
Montréal. Justement aujourd'hui, il y a une grande rencontre, et c'est
pour cette raison que mon sous-ministre n'est pas avec moi ici, aujourd'hui. Il
y a une rencontre de l'Orchestre symphonique de Montréal avec des
organismes qui subventionnent, afin d'examiner la situation de l'Orchestre
symphonique de Montréal, qui, vous le savez, n'est pas très rose,
afin de savoir de quel budget chaque organisme peut disposer afin d'alimenter
l'Orchestre symphonique de Montréal, qui doit annoncer une saison.
N'importe quel organisme est obligé d'annoncer une saison. Mais
il est arrivé souvent, dans le passé, que des organismes ont
annoncé un programme et nous sont arrivés ensuite en disant: Nous
avons mis au programme telle ou telle ou telle production. Nous avons
répondu: C'est très bien, mais nous ne pouvons pas donner plus
que tant. Nous avons un budget de X millions de subventions; nous sommes
obligés de le partager entre les arts plastiques, le
théâtre, les lettres, la musique etc, etc.
Alors c'est la situation, vous savez, du théâtre à
Québec. C'est la situation du théâtre au Québec, un
problème de planification qui ne pourra se résoudre qu'à
partir du moment où il sera possible de savoir de combien d'argent nous
disposons sur une période de trois ans ou de cinq ans. Il nous faut,
d'autre part, assurer la vie de ces organismes et en même temps
contrôler le rythme de croissance de ces organismes. Nous avons cet
immense problème de devoir inciter ces organismes à
réduire les déficits accumulés. Si nous disposions d'un
budget tel que je pourrais, par exemple, dire au ministre des Finances, cette
année ou l'année prochaine: Ecoutez, monsieur le ministre des
Finances, l'ensemble des déficits accumulés des grands organismes
culturels est de X millions de dollars; est-ce que je peux compter sur un
montant comme celui-là pour effacer les déficits et cela nous
mettrait dans une situation beaucoup plus favorable pour négocier
ensuite avec les organismes.
Mais tel n'est pas le cas. Nous ne le pouvons pas. Le
député de Chambly le sait, il a dû avoir, comme moi, le
désir, à certains moments, d'effacer les déficits quand on
a des déficits de $185,000, $112,000 $115,000 et qu'on a les budgets que
nous avons, je le déplore, je voudrais avoir beaucoup plus d'argent mais
je n'en ai pas.
Alors, je suis obligé de demander à des organismes des
sacrifices. Dans le cas du théâtre à Québec, ce sont
des raisons de qualité, ce sont des raisons de planification. C'est
l'expérience que nous avons faite avec une compagnie en particulier qui
nous ont obligés à prendre les dispositions que nous avons
prises, et je ne veux pas ouvrir ici un dossier. Dans le cas de la compagnie du
Vieux Théâtre de Québec, nous avons discuté avec
elle et nous l'avons lancée en vue d'un programme qui va
s'intégrer dans le cadre de la diffusion de la culture.
Je suis bien disposé à répondre aux questions de
mon collègue le député de Chambly. Je comprends comme lui
qu'il veuille savoir ce qui se passe, mais la politique que nous avons
et nous l'appliquons pour tous les organismes c'est l'utilisation
maximale des fonds et l'idée de services à la communauté.
Le député sait très bien ce qu'on fait avec la Nouvelle
Compagnie Théâtrale, ce qu'on fait avec le TPQ, ce qu'on fait avec
le Rideau Vert, certaines compagnies à qui on peut demander de faire des
tournées. Avec d'autres, on ne peut pas le faire. Il y a des compagnies
comme le TNM qui font très peu de tournées parce qu'elles ont
suffisamment de travail à Montréal. Vous avez le cas de la
Nouvelle Compagnie Théâtrale qui est occupée dans
l'ensemble du territoire de Montréal. Vraiment, j'aimerais la voir
sortir, mais...
M. M1CHAUD: Est-ce que le ministre permettrait une question au sujet des
tournées? Y a-t-il des compagnies subventionnées qui font des
tournées l'été dans les centres culturels?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): L'été? Pas encore. Les
compagnies subventionnées qui font des tournées c'est le TPQ, le
Rideau Vert. Pour l'été, il y a les théâtres
d'été. Nous sommes justement à examiner cette
possibilité d'utiliser, pendant une période plus longue que celle
qu'on appelle la période de saison régulière, d'utiliser,
dis-je, certaines compagnies et de les faire circuler l'été dans
les théâtres d'été ou dans les centres culturels qui
deviendraient pour la circonstance des théâtres
d'été.
M. MICHAUD: Actuellement, il n'y a pas de compagnie de
théâtre itinérante qui serait subventionnée par le
ministère des Affaires culturelles et qui irait dans les colonies de
vacances, dans les villages de vacances, dans les centres culturels?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non. Malheureusement pas pour cet
été.
M. MICHAUD: Est-ce que le ministre est en faveur de ça dans
l'optique d'une politique de déconcentration culturelle?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cest d'ailleurs dans le programme
général de diffusion de la culture que nous avons
étudié l'autre jour alors que, malheureusement, le
député n'était pas ici. Nous avons déjà
parlé de ce problème. Je suis bien à 200% pour une
initiative comme celle-là. Ce serait évidemment et
éminemment valable, mais ça implique des dépenses
financières importantes. Il faut faire un choix parmi les compagnies, il
faut faire un choix des lieux selon que les clientèles se
déplacent d'un endroit à l'autre. On voit, par exemple, dans le
cas des centres d'art, des théâtres d'été qui
existaient autrefois, qu'à un moment donné la population se
déplace, les visiteurs se déplacent et certains
théâtres d'été qui fonctionnaient très bien
fonctionnent moins bien, ont dû rajuster leur tir et repenser leur
programmation en fonction d'un public qui est devenu différent ou qui a
diminué. La suggestion que fait le député de Gouin n'a pas
le mérite d'être nouvelle...
M. MICHAUD: D'être rappelée en tout cas.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... mais je suis heureux qu'il soulève
ce problème qui fait l'objet justement des études du
ministère dans la programmation générale d'alimentation
des centres culturels du Québec.
M. MICHAUD: Si le ministre le permet, je dirai que c'est d'autant plus
important que les populations vacancières deviennent des publics de
choix et de prédilection pour le théâtre populaire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suis d'accord.
M. MICHAUD: Et au fur et à mesure que les semaines de vacances
augmenteront, j'imagine que des troupes recevant des subventions de
l'Etat...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est une des idées qui nous
préoccupent le plus. Ce que nous voulons assurer, justement, même
en saison, c'est la mobilité la plus grande possible des formations
musicales, des compagnies de théâtre, de tous les organismes,
quels qu'ils soient, qui participent à l'activité culturelle du
Québec précisément parce que dans cette ère de
loisirs dans laquelle nous sommes entrés, il faut que les gens puissent
trouver partout, à tout moment, des moyens de se divertir, de se
récréer.
Prenez, par exemple, il y a des formules que l'on a essayées
à Montréal, qui ne fonctionnent peut-être pas encore d'une
façon parfaite. Il y a la formule du théâtre d'après
déjeuner, par exemple, après le lunch...
M. MICHAUD: The Instant Theater.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... the Instant Theater, par exemple, à
Montréal. C'est une formule. Après le bureau, par exemple,
à la sortie des cours, soit dans les universités, dans les
collèges, les CEGEP, etc. Cela suppose la mise en place de
mécanismes très coûteux. Il y a de l'argent derrière
tout cela. On n'est peut-être pas encore préparé, eu
égard à l'étendue du territoire. Ce qui peut se faire dans
une ville comme Montréal, ne peut pas nécessairement se faire
à l'échelle du Québec, et même à
l'échelle de Québec. C'est toute une série de facteurs
qu'il faut examiner, ce qui rend très difficile la conception de
l'aménagement culturel au Québec.
M. MICHAUD: Dans le cas si le ministre me le permet des
troupes de théâtre qui sont subventionnées d'une
manière importante à même les fonds publics, est-ce que
cette subvention ne pourrait pas être assortie d'une suggestion ou
même, de façon impérative, de tournées dans les
centres d'été? Je pense au TNM, par exemple.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est toujours la question que je pose aux
organismes subventionnés qui viennent me présenter leur demande
de subvention. Je leur demande toujours ceci: « Vous est-il possible de
prévoir dans votre programme une tournée ou deux ou enfin une
semaine de tournée? » Certains acceptent. L'Orchestre symphonique
de Québec le fait, par exemple. Le TPQ le fait, parce que c'est plus
spécifiquement sa vocation. Le Rideau Vert le fait, le TNM aussi peut le
faire éventuellement. C'est que cela implique un coût additionnel,
et que, si le ministère des Affaires
culturelles, avec les autres organismes, puisqu'ils subventionnent,
donne, disons, à cette compagnie un montant de $300,000, de $400,000 ou
de $500,000, cet organisme fait sa programmation en fonction de cela. Mais si,
en plus, nous lui ajoutons cette obligation de tournée, nous devrons
ajouter également un montant additionnel pour couvrir les frais de
tournée.
Une fois que le spectacle est monté, le coût de production
reste le même, qu'ils donnent le spectacle vingt fois ou cinquante fois.
Il y a moyen d'amortir le coût de production par des
représentations plus nombreuses. Mais si ces
représentations-là se font, si vous voulez, d'une façon
statique, c'est-à-dire là où la production a
été montée, l'amortissement peut se faire plus vite, s'il
y a beaucoup plus de représentations. Mais si on exige de ces compagnies
qu'elles partent en tournée, souvent cela exige un
réaménagement des décors, cela implique des frais de
transport, de séjour, enfin tout ce qu'implique la sortie d'un organisme
tant soit peu important. Quand il s'agit d'une petite compagnie de
théâtre, ou d'une grande compagnie de théâtre qui ne
joue qu'avec trois ou quatre comédiens, le problème est moindre.
Il y a là encore tout le problème des décors, des
techniciens, de toutes ces gens qui sont les auxiliaires des
comédiens.
Le député de Gouin comprendra que cette exigence, nous la
formulons, mais prudemment parce qu'elle comporte des implications
financières auxquelles nous ne sommes pas capables de faire face, compte
tenu des budgets que nous avons.
Je serais le premier à me réjouir, vous savez, en un temps
x, y ou z, je ne sais trop, le jour où un ministre des Affaires
culturelles du Québec, quel qu'il soit, sera capable de convaincre toute
la population du Québec que nous avons besoin, pour l'activité
culturelle, d'un budget de $50 millions, de $60 millions ou de $75 millions.
Quand on songe, par exemple, que la France ne consacre que 0.47% de son budget
total à l'activité culturelle, on se dit qu'au Québec,
quand même, ce n'est pas si mauvais qu'on pourrait le penser. Encore que
cela ne soit pas du tout l'idéal. Je ne défends pas du tout, vous
savez, le budget que j'ai là. Je ne pourrais pas dire que le budget que
j'ai là est suffisant. Il est insuffisant, je le sais.
Mais, il reste que des priorités ont été
établies. J'ai réussi à obtenir un budget qui n'est pas
plus considérable que celui que j'avais l'an dernier; il est à
l'image du budget général du Québec et du budget
général, d'ailleurs, des divers gouvernements du Canada.
M. LE PRESIDENT (M. Bousquet): Poste no 7, adopté?
M. MICHAUD: Par rapport à l'ensemble des dépenses
gouvernementales, quelle serait la proportion du budget, 1/7 de 1%?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Attendez, on a un budget de $3 milliards. Vous
pouvez faire les calculs vous-mêmes, je pense. Vous êtes plus fort
en mathématiques que moi.
M. MICHAUD: Le ministre a-t-il déjà chiffré
certaines prévisions? Combien coûterait une comédie
québécoise évidemment, en dehors de la nôtre
subventionnée? Combien pourrait coûter un
théâtre national québécois?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Là, je ne pourrais pas avancer de
chiffres. Nous avons fait des études et nous avons examiné le
problème. J'hésiterais à avancer quelque chiffre que ce
soit, parce qu'il faudrait penser, encore là, en termes de
multiplication de l'organisme subventionné. Cet organisme
à supposer qu'on le situerait à Montréal devrait
avoir sa succursale ici à Québec. Il devrait peut-être en
avoir une à Sherbrooke...
M. MICHAUD: Pas obligatoirement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... et en avoir une ailleurs. Même s'il
n'y a pas de succursale physique, de lieu physique, il faudrait quand
même diviser cette compagnie afin de la faire tourner dans les divers
milieux du Québec. Alors, pour l'instant, le coût de
fonctionnement des organismes subventionnés à l'heure actuelle ne
peut pas nous donner une idée exacte de ce que représenterait
l'opération financière d'un théâtre
subventionné, même si on additionnait tout ce que nous donnons
à l'heure actuelle pour les fins de théâtre. Evidemment, un
théâtre subventionné comporterait une certaine
centralisation dans le domaine de la publicité, de tous les coûts
de production, etc. Mais, là, se pose le problème...
M. MICHAUD: De la concurrence.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... de la concurrence et aussi le
problème de l'autonomie des compagnies, autonomie dont elles sont
à bon droit jalouses. Il y a un climat à créer, une
éducation à faire dans ce domaine. Personnellement je l'ai
dit publiquement; je n'hésite pas à le redire je ne
renonce pas à la création d'un théâtre d'Etat.
M. MICHAUD: Le ministre parle d'études. Aurait-il objection
à rendre publiques ces études et ces documents, si tant est que
ce soit disponible?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'ai objection à les rendre publiques,
parce qu'il n'est pas d'intérêt public pour l'instant de les
produire, d'autant plus qu'elles ne sont pas complétées et
qu'elles consistent en une série de documents qui ne sont pas encore
unifiés, qui n'ont pas encore été examinés de
façon globale.
M. MICHAUD: Le ministère a-t-il reçu une demande de
subvention du Théâtre de mime du Québec, qui est le seul
organisme du genre et qui effectue, à l'heure actuelle, des
tournées en Europe, aux Etats-Unis et en URSS?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On m'affirme que non.
M. MICHAUD: Claude Saint-Denis est un mime québécois qui a
fondé, il y a deux ans, cette troupe de théâtre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ecoutez, si le député de Gouin
me le permet, je vais prendre avis de la question qu'il me pose et je lui
donnerai les renseignements, parce que, là, de mémoire, sauf
erreur, je ne crois pas que nous ayons reçu de demande. Comme le
directeur du service du théâtre et le directeur
général du théâtre ne sont pas ici, je ne voudrais
pas affirmer quelque chose qui ne serait pas en tout point exact. A ma
connaissance, je dis non.
M. MICHAUD: Les renseignements que j'ai, c'est qu'il a fait
effectivement une demande.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est possible, mais, comme je le dis, cela
n'a pas été porté à ma connaissance.
M. MICHAUD: Je veux simplement signaler au ministre que le
Théâtre de mime du Québec est le seul organisme au monde,
à l'heure actuelle, à être une école de mime et
qu'apparemment je dis apparemment, parce que je ne veux pas porter de
jugement de valeur il a pas mal de succès. Il a fait une
tournée aux Etats-Unis et il en fera une en URSS, en Europe. Or, c'est
la seule école de mime au monde.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A tout événement, si le
député de Gouin me le permet, je vais revérifier ça
et je lui donnerai des renseignements à ce sujet-là.
M. LE PRESIDENT (M. Bousquet): Poste 7, adopté?
M. LAPORTE: Ce que vous êtes pressé, M. le
Président!
M. PINARD: M. le Président, le ministre se souviendra, sans
doute, que j'ai correspondu avec lui, le 19 mars 1969, pour lui demander si son
ministère serait en état d'offrir une subvention à
l'ensemble Choral les Peintres de la gamme, dirigé par Mme Marielle
Carrier de Drummondville.
Je pense que Mme Carrier a abattu une très bonne besogne avec son
ensemble vocal. Je crois que le ministre connaît très bien aussi
la directrice de cet ensemble chorale et le travail qu'elle a fait.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quelle est votre question?
M. PINARD: Le ministre pourrait-il, à la suite de sa
réponse à ma lettre du 19 mars 1969, m'apprendre s'il a fait
étudier de nouveau cette demande de subvention et s'il lui sera possible
cette année de la payer par l'entremise du ministère qu'il dirige
ou par l'entremise de l'Alliance chorale canadienne qui est dirigée, je
crois, par M. François Provencher?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je voudrais pouvoir
donner une belle nouvelle, une bonne nouvelle au député de
Drummond, mais nous n'avons pas subventionné les Peintres de la gamme.
Toutefois, je crois que nous leur avons indiqué qu'ils pourraient
s'adresser à l'Alliance chorale canadienne. Je vais donner une
explication ici qui vaut pour toutes les questions de cette nature. C'est qu'il
existe un très grand nombre de chorales dans le Québec je
ne me rappelle plus le nombre exact, 280 à 300 environ comme de
fanfares, d'ailleurs. Il y a un organisme qui s'appelle l'Alliance chorale
canadienne que nous subventionnons, et quand des demandes de cette nature nous
sont présentées, nous indiquons qu'on peut s'adresser à
l'Alliance chorale canadienne.
Par ailleurs, lorsque certains problèmes d'une nature
particulière nous sont posés, quand la qualité de certains
organismes est telle que nous pouvons les aider en les engageant dans des
tournées, etc., il nous arrivera de subventionner certains groupes
chorals, mais sur la recommandation de l'Alliance chorale canadienne afin
d'utiliser les services d'une chorale pour une tournée, un spectacle,
etc.
En ce qui concerne les Peintres de la gamme, le député de
Drummond peut être assuré de mon intérêt, de ma
sympathie, mais je ne puis pas lui donner l'assurance que nous allons les
subventionner.
M. PINARD: Le ministre pourrait-il me dire quel est le montant de la
subvention accordée l'année dernière et cette année
à l'Alliance chorale canadienne qui, elle, a la responsabilité de
redistribuer parmi ses membres le montant global de la subvention reçue
du ministère?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ceci est au poste subventions, mais je vais y
répondre tout de suite.
M. PINARD: C'est parce que je voudrais aller à la commission du
ministère du Travail.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour 68/69, la subvention à l'Alliance
chorale canadienne a été de $8,000. Vous comprendrez que ce n'est
pas une subvention très importante, mais il faut comprendre aussi que
ça sert à alimenter un secrétariat qui, lui, joue un peu
le rôle d'imprésario pour ces groupes chorals et nous indique
ensuite quelles sont les chorales qui peuvent être choisies pour les
tournées en Europe ou ailleurs. Nous donnons $8,000.
M. PINARD: Le ministre a-t-il des statistiques pour me dire aujourd'hui
combien d'ensembles choraux font partie de l'Alliance chorale canadienne? Il a
parlé tantôt de...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): De mémoire, non, je ne peux pas vous
dire aujourd'hui de mémoire.
M. PINARD: Si je prends les chiffres donnés par le ministre
tantôt à l'effet qu'il existe actuellement au Québec de 300
à 350 groupes, je vois difficilement comment...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ils ne sont pas tous membres de l'Alliance
chorale canadienne. Si le député veux différer sa
question, je pourrai lui donner ce renseignement privément ou le donner
publiquement en Chambre.
M. PINARD: Je vois difficilement comment la fédération
pourrait venir en aide financièrement à ses membres avec une
subvention globale de $8,000 par année.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La fédération ne regroupe pas
toutes ces chorales.
M. PINARD: Le ministre pourrait-il suggérer un autre moyen
à la directrice des Peintres de la gamme pour obtenir de l'aide
financière afin de se procurer des colonnes de son, tout
l'équipement dont elle a besoin.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Elle pourra peut-être s'adresser au
ministre par le truchement du député de Drummond et nous pourrons
discuter ça avec les fonctionnaires du ministère et indiquer
à cette dame de quelle façon il est possible de l'aider.
Par ailleurs, je crois que le centre culturel de Drummondville, qui
marche fort bien, pourra peut-être aussi utiliser cette chorale, lui
fournir des moyens techniques, mais je crois qu'il serait inutile de prolonger
ici un débat en discutant d'un cas très particulier, qui a
beaucoup de mérite, mais dont on peut discuter ensemble et au sujet
duquel on pourra vous fournir des renseignements,
M. PINARD: Enfin, il serait difficile de donner beaucoup plus de
détails au ministre que ceux que je lui ai déjà
donnés, car ils sont déjà passablement
considérables. Puis-je lui suggérer de regarder de nouveau le
dossier? Il y trouvera tous les renseignements qu'il me demande en ce
moment.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Avec grande sympathie.
M. LE PRESIDENT (M. Picard; Dorchester): Poste 7, adopté?
M. LAPORTE: Poste 7, adopté. Poste 8, adopté.
M. LE PRESIDENT: (M. Picard; Dorchester): Poste 8, adopté.
M. LAPORTE: Si je comprends bien, il reste le poste 9 et le poste
11.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, c'est ça.
M. LE PRESIDENT (M. Picard; Dorchester); Poste 9, direction des
monuments historiques.
M. PINARD: Si le ministre me permet, sommes-nous au poste qui traite de
la direction des monuments historiques?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, poste 9. Il nous reste les postes 9 et 11
à examiner. Nous avons, l'autre jour, de connivence, le
député de Chambly et moi, adopté certains postes et nous
avions réservé ceux-ci, celui dont
on vient de parler tout à l'heure, et là, il reste 9 et
11.
M. PINARD: M. le Président, le ministre me permettrait-il de
faire suite à la conversation que j'ai eue avec lui il n'y a pas
tellement longtemps, relativement au manoir Trent, qui est situé
à l'intérieur du parc des Voltigeurs, en bordure de la route
transcanadienne, à l'entrée de Drummondville?
Je crois qu'il s'agit là d'un monument historique de très
grande valeur, qui retrace en quelque sorte l'histoire de la fondation de
Drummondville. Il représente, à mon point de vue, un manoir et un
monument historique qui mériterait d'être restauré pour lui
redonner tout l'éclat qu'il a pu avoir dans le passé. Je sais que
le ministre connaît bien l'endroit puisque lui-même je ne
veux pas trahir de secret mais je pense que le ministre ...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'ai failli l'acheter. Cela ne me gêne
pas. Mais le vieux monsieur ne voulait pas trop.
M. PINARD: Oui, je sais que M. Trent, qui était d'ailleurs
célibataire, avait un caractère assez difficile.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah! Ah!
M. PINARD: Je ne sais pas s'il savait que le ministre actuel des
Affaires culturelles était également un célibataire et si
cela a pu causer des problèmes de compréhension, je l'ignore. A
tout événement, je sais que le ministre admet que ce manoir a
beaucoup de valeur et qu'il mériterait d'être restauré
comme il se doit. Pourrait-il me dire aujourd'hui si son ministère
pourra faire quelques dépenses de restauration cette année,
quitte à les continuer dans les années à venir?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, voici, M. le Président, si le
député de Drummond me le permet, je connais très bien le
cas du manoir Trent qui se trouve maintenant situé dans le parc des
Voltigeurs. C'est une maison que j'ai visitée. J'aurais
été intéressé, moi, à m'y établir, je
trouvais ça un peu loin toutefois, c' était avant que la route ne
fût tracée évidemment comme elle l'est.
Alors, le manoir Trent est un monument classé. Nous avons
l'intention, dans toute la mesure du possible tout dépendra du
budget dont nous disposerons cette année d'y faire des
restaurations. Mais je souligne toutefois au député de Drummond
que le manoir ne nous appartient pas à nous, il appartient au
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. Je ne sais pas
si le député se rappelle la correspondance qui a
été échangée avec la Société...
M. PINARD: ... historique de Drummondville.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... historique de Drummondville. J'ai dû
lui faire savoir que nous n'avions pas d'objection à ce que cette
société utilise le manoir, mais comme le manoir appartient au
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, eh bien, elle
devait s'adresser au ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche pour en avoir la propriété.
Par ailleurs, mon collègue, le ministre du Tourisme, de la Chasse
et de la Pêche, m'a offert ce manoir fort gracieusement, mais le service
des monuments historiques en a déjà plein les bras. Les budgets
dont nous disposons ne sont pas énormes, mais le député de
Drummond peut être assuré que nous allons considérer cette
situation.
Dans l'éventualité où la Société
historique de Drummondville s'installerait là, avec la permission du
ministère du tourisme, nous verrons à effectuer, dans la mesure
du possible, les réparations qui apparaîtront d'abord comme
urgentes et absolument essentielles a la sauvegarde et à la
préservation du monument. Il s'agit vraiment d'un monument très
intéressant par son histoire et par son architecture.
M. PINARD: Le ministre pourrait-il, dès cette année,
envisager le transfert de ce monument historique du ministère du
Tourisme,de la Chasse et de la Pêche à son ministère, de
façon qu'il puisse, l'année prochaine, prévoir des
dépenses de restauration?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Remarquez que la question de savoir si nous
allons dépenser ou non n'est pas liée au transfert de
propriété, puisqu'il s'agit d'un monument classé qui
appartient de toute façon au gouvernement, même s'il n'appartient
pas au ministère des Affaires culturelles.
M. PINARD: Oui.
M, TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, je suis très prudent dans
cette question de transfert parce que le ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche a plusieurs monuments, comme cela, qu'il voudrait
me remettre. Je suis bien disposé à les accepter, mais je sais ce
que cela comporte d'implications financières.
M. PINARD: Mais, le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche ne serait-il pas prêt, tout en effectuant le transfert au
ministère des Affaires culturelles, à remettre également
les sommes qui auraient pu être prévues pour la restauration de
certains de ces monuments?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne voudrais pas présumer ou
m'avancer, mais je doute que le ministère du Tourisme, de la Chasse et
de la Pêche ait des sommes prévues pour cela à son budget.
Cela veut dire que ce serait le ministère des Affaires culturelles qui
écoperait. A tout événement, j'ai pris bonne note de la
requête du député de Drummond et, compte tenu du fait que
la Société historique de Drummondville nous a adressé une
demande, nous verrons à prendre les dispositions pour effectuer les
travaux essentiels, si le budget nous le permet cette année.
M. PINARD: En attendant que cette procédure soit faite, le
ministre pourrait-il envoyer, quand même, quelqu'un de son
ministère rencontrer les dirigeants de la Société
historique de Drummondville, de façon que toutes ces personnes ensemble,
puissent faire l'inventaire et retracer, si possible aussi, les archives, les
vieilles armes, les meubles de style, etc, qui sont un peu
éparpillés et dont une certaine partie est rendue actuellement
à Ottawa? Je ne me souviens pas où. Est-ce au Conseil des
archives à Ottawa?
M. LAPORTE: Aux Archives nationales.
M. PINARD: Ce sont les Archives nationales qui les détiennent
temporairement jusqu'à ce qu'une décision soit prise pour ramener
tous ces objets à l'intérieur du manoir Trent.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous prendrons les dispositions pour que cela
se fasse le plus tôt possible et que les fonctionnaires du
ministère rencontrent les gens de la Société historique de
Drummondville. Je suis au courant de ce dont a parlé le
député de Drummond.
M. LAPORTE: M. le Président, deux sujets à cet article: le
village historique de Chambly et la Place Royale à Québec
L'an dernier et il y a deux ans, j'ai parlé, en Chambre, quelques
fois à la période des questions, quelques fois pendant
l'étude des crédits du ministère des Affaires culturelles,
du village historique Jacques-de-Chambly. Quand j'en ai parlé,
c'était pour presser le gouvernement, de plus en plus instamment,
d'intervenir parce que le village historique Jacques-de-Chambly était
à l'article de la mort. M. le Président, cette année,
c'est un post mortem que l'on fait, car il est mort; à toutes fins
pratiques, il est en état de liquidation non volontaire. Vous me
permettrez, d'abord, quelques précisions. Précaution oratoire
préliminaire: le village historique Jacques-de-Chambly n'est pas
situé dans mon comté.
Ce village historique est né d'une pensée
généreuse de quelques personnes qui se rendaient compte qu'il y
avait dans la région de Chambly-Richelieu de fort belles maisons
historiques, et que ces maisons historiques étaient de plus en plus
exposées au pic du démolisseur à cause de la construction
de routes, à cause de la présence de l'aéroport, à
cause des développements domiciliaires nombreux dans le secteur. Des
terres, qui appartenaient autrefois à des cultivateurs et sur lesquelles
il y avait de belles maisons, étaient vendues à des
spéculateurs qui, eux, ne se souciaient guère de la valeur
historique de ces maisons lotissaient les terres et démolissaient les
maisons.
Des gens aussi intéressants que le Dr et Mme Claude Bertrand
on connaît le grand chirurgien neurologue Claude Bertrand
M. et Mme Olaf Rasmussen on vient de lire de lui une communication dans
les journaux, je crois que c'est le directeur de l'Institut de recherche, M.
Léo Larin, de Montréal, M. et Mme D. G. McConnell, un nom
très familier aux lecteurs du Montreal Star, l'honorable et madame Jean
Raymond, de Fort-Chambly, M. et Mme Duncan Stewart, de Chomedey, et Emily
LeBaron, de North Hatley, ont décidé de créer une
société qui s'appellerait Village historique
Jacques-de-Chambly.
Traditionnellement ce genre d'activité naît de la bonne
volonté de citoyens. En juillet 1962, on inaugurait le Village
historique Jacques-de-Chambly. Le président de la Commission des
monuments historiques et sites artistiques du Québec, M. Paul Gouin,
était le délégué du ministère des Affaires
culturelles à cette inauguration, et il déclarait: « Le
Village historique Jacques-de-Chambly sera un maillon important de la
chaîne de restauration historique le long de la rivière Richelieu
». M. Gouin, qui avait en même temps examiné le
résultat de la restauration de la maison Saint-Hubert je l'ai
connue sous ce nom a félicité la société du
travail accompli, et exprimé son espoir que le village reçoive du
public le même soutien et le même encouragement que le gouvernement
lui a déjà témoignés. Et il ajoutait, quant
à la restauration de la maison de Saint-Hubert, que son toît, ses
murs, l'ouvrage de pierre sont très, très bien
faits. Je pense que c'est la plus belle réfection que nous ayons
exécutée dans la province. Donc, initiative privée qui
reçoit l'appui de l'Etat.
Un an plus tard, le 18 juillet 1963, a lieu, puisqu'on a terminé
à ce moment-là la restauration d'une ou deux autres maisons,
qu'on a acquis, dans des conditions assez exceptionnelles, une partie de la
terre attenante au village, que l'on a restauré un vieux four à
pain, et qu'on veut que le public participe. On fait une inauguration plus
solennelle. Le délégué du ministère des Affaires
culturelles, c'est le sous-ministre, M. Guy Frégault, déclare:
« J'ai évoqué tantôt le caractère authentique
de cette reconstitution. C'est là une autre qualité qui s'ajoute
à la valeur de l'entreprise. « Ce qui se fait ici n'est pas, en
effet, l'artifice du metteur en scène qui recrée, à partir
du carton-pâte et d'un pinceau habile, l'atmosphère d'une
époque ou d'un lieu. On n'a pas eu à fouiller des musées
pour redécouvrir les lignes et les styles d'autrefois. Vous avez eu
raison, dit M. Frégault, de grouper des témoins de toutes nos
époques. Au nom du ministère des Affaires culturelles qui m'a
délégué auprès de vous et, si vous me le permettez,
en mon nom personnel, je vous félicite et vous remercie d'avoir
doté le Québec de cette vivante leçon d'histoire qu'est le
village historique Jacques-de-Chambly. »
Ce village étant situé dans le comté de mon
collègue de Verchères, il me plaît de dire que c'est
peut-être dans le comté de Verchères, si l'on excepte
l'île d'Orléans, que l'on trouve quelques-uns des plus beaux
témoins de notre passé. Celui qui utilise la route 41 en bordure
du Richelieu, depuis Chambly jusqu'à Saint-Marc, trouve, de chaque
côté de la rive, de vieilles maisons de pierre qui sont d'une
qualité exceptionnelle. Elles sont pour la plupart dans un état
de conservation ou de restauration unique et quelques-unes d'entre elles sont
si belles qu'en dépit de toutes les injures architecturales qu'on a pu
leur faire subir, annexes, appentis, tout ce que l'on voudra, on n'a pas
réussi à les rendre laides. Le village historique
Jacques-de-Chambly faisait partie de cette chaîne de maisons plus
qu'intéressantes qui sont certainement une des richesses de la province
de Québec.
C'est en 1961 que la corporation du village historique
Jacques-de-Chambly est née. Je vous donne le nom du conservateur, M.
Antoine Prévost, au sujet duquel on a eu des paroles que je trouve
douteuses. Pour qu'on le situe bien, Je cite de nouveau des paroles de M.
Frégault à l'inauguration du village historique. Il a dit:
« Vous savez quelle est la précaution oratoire qu'il convient de
prendre en pareil cas. En rendant un tel témoignage, en faisant des
félicita- tions, il est d'usage de se refuser à une
émulation de noms qui heurterait trop de modesties. Je ne veux pas,
cependant, prétendre ignorer que ce que nous voyons ici prend sa source
dans l'amour de notre passé qu'éprouvent deux hommes si
différents et si semblables 5 la fois, M. Paul Gouin et M. Antoine
Prévost. »
Le gouvernement s'est intéressé, dès le
départ, au village historique de Chambly et c'est lui, toujours par le
truchement de M. Gouin, qui a suggéré que l'on achète la
maison Saint-Hubert. On a également acheté, pour un prix de
$197,550, on a vendu à Chambly Lands Limited des terrains que cette
société s'engageait à revendre au même prix au
village historique Jacques-de-Chambly, pour une période de vingt ans. M.
David McConnell a endossé un emprunt de $35,000, emprunt qui sera
porté à $65,000 en 1961, afin que l'on donne des acomptes sur le
terrain dont je viens de parler. Il faut bien dire que les membres de la
Société historique Jacques-de-Chambly étaient des
cotisants. On n'est pas venu comme trop de sociétés
parfois, elles sont parfaitement justifiées de le faire demander
au gouvernement une subvention pour le plein montant de ce que coûte
l'administration d'une oeuvre, d'une activité.
On a réussi à enrégimenter 250 membres cotisants et
les revenus de cette source variaient entre $15,000 et $20,000 par
année. Au moment de la fermeture du village historique
Jacques-de-Chambly, il y avait près de 500 membres cotisans. Une
première subvention fut accordée, alors que M. Lapalme
était ministre des Affaires culturelles, une subvention de $117,660. Une
autre subvention fut accordée plus tard, au montant de $50,000, toujours
parce que l'oeuvre se développait à la satisfaction du
ministère des Affaires culturelles, et plus spécialement de M.
Paul Gouin, de la Société des monuments historiques.
En avril 1966, on parle de planification triennale ou quinquennale. Une
entente verbale intervenait entre le ministère et le village historique
Jacques-de-Chambly, à l'effet qu'une subvention annuelle de $50,000
serait payée pendant quatre ans. La société village
historique Jacques-de-Chambly a décidé de refinancer toute sa
dette entre les mains du Montreal Trust, qui a consenti une hypothèque
de $100,000. Le village historique s'est porté acquéreur
définitif du terrain de Chambly Lands Limited, dont il fut question tout
à l'heure. La fondation McConnell a offert de verser une subvention de
$190,000 au village historique de Jacques-de-Chambly. Ceci aurait
réglé le prix du terrain et toutes les dettes,
c'est-à-dire que le village historique Jacques-de-Chambly était
sauvé en
permanence, à deumeure, mais à la condition que le village
historique obtienne des subventions de $300,000 d'autres sources. C'est
à la suite de cette demande, qui m'a été faite, alors que
j'étais ministre des Affaires culturelles, par des représentants
du village historique Jacques-de-Chambly, que nous avons, verbalement,
accepté une subvention annuelle de $50,000 pendant quatre ans, cela
faisait $200,000. Le village historique Jacques-de-Chambly s'engageait à
trouver $100,000 ailleurs et la fondation McConnell donnait $190,000.
Effectivement, en 1966, la subvention de $50,000 a été
versée par le gouvernement dont je faisais partie à
l'époque.
Depuis les élections, rien, ézro. Je dis au ministre
et je lui reproche sur le ton le plus sévère qu'il
s'est ingénié, depuis qu'il est ministre, à démolir
tout ce que Pierre Laporte avait bâti. Le ministre des Affaires
culturelles a non seulement refusé de respecter la parole que j'avais
donnée, mais il a dit à de très nombreux organismes
culturels: Je ne respecterai pas ce que Pierre Laporte vous a promis.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement. Est-ce que le
député peut donner des preuves de ce qu'il avance là?
M. LAPORTE: La meilleure preuve, c'est le village historique
Jacques-de-Chambly que vous avez affamé.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, c'est faux.
M. LAPORTE: Ce n'est pas faux, il est fermé.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce ne sont pas les raisons pour lesquelles je
n'ai pas voulu donner de subvention au village historique Jacques-de-Chambly.
C'est l'auditeur vérificateur...
M. LAPORTE: Ah oui! l'auditeur, défendez-vous sur l'auditeur.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... lui-même qui m'a donné les
instructions...
M. LAPORTE: C'est cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... qui m'indiquaient très bien que je
ne pouvais pas continuer de procéder dans une affaire qui avait
été mal engagée.
M. LAPORTE: L'Office de la langue française... oui, oui
d'accord.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne veux pas être responsable de ce
qui s'était fait auparavant.
M. LAPORTE: C'est moi qui ai la parole. L'Office de la langue
française est moribond, le théâtre est en train de mourir,
le village historique Jacques-de-Chambly est mort. C'est l'auditeur!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela n'a rien à voir.
M. LAPORTE: Lorsque j'ai été nommé ministre des
Affaires municipales, il m'est arrivé et cela faisait
déjà deux ans que le gouvernement libéral était au
pouvoir de recevoir de la part de certaines municipalités, de
certains députés, même de l'Union nationale, des demandes
me disant:
On a promis pendant la campagne électorale $2,000, $3,000,
$4,000, $5,000 ou une subvention de 3%, de 5% pour ceci ou pour cela. Dans tous
les cas j'ai répondu à ceux qui me faisaient ces demandes: Si
vous pouvez me donner la moindre preuve, si vous m'apportez un journal, si vous
m'apportez une lettre, un document à l'effet que même un candidat,
encore plus un député, bien davantage un ministre l'a promis,
nous allons respecter la promesse parce que si ceci ne se fait pas, personne
n'aura plus confiance dans le gouvernement de la province de Québec. Les
promesses ne disparaissent pas avec le gouvernement, elles demeurent.
Je me souviens d'un autre exemple qui est en dehors de ce que nous
discutons, vous m'en excuserez, M. le Président. J'ai été
un de ceux qui ont combattu le plus férocement le contrat de l'Iron Ore
Company of Canada avec la province de Québec. Quand j'ai eu l'occasion
d'être dans le conseil des ministres c'était un contrat de
dix ans l'on m'a dit: Evidemment, vous allez être un de ceux qui
allez réclamer immédiatement une loi pour que ce contrat soit
annulé. J'ai répondu: Jamais, parce que la province de
Québec s'est engagée...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah, ah, la raison étant
trouvée...
M. LAPORTE: Cela veut dire quoi?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela veut dire ceci: Cest que vous vous
étiez rendu comp-
te que le contrat était plus favorable que vous ne l'aviez
chanté pendant des années.
M. LAPORTE: J'ai déclaré en cette Chambre, au conseil des
ministres...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le député de Chambly à ce
moment-là, qui avait fait grande campagne avec M. Lapalme sur ce
thème de l'Iron Ore, a été le premier à
déclarer que ce contrat était satisfaisant, qu'on ne pouvait rien
y changer...
M. LAPORTE: M. le Président, je n'ai pas d'objection...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais le peu de respect que vous avez pour
votre parole m'indique que vous n'aviez pas du tout envie de changer
d'idée.
M. LAPORTE: Si le ministre veut cesser de s'exciter parce qu'on parle de
son ancien ami, M. Duplessis, nous allons revenir au débat.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah! M. Duplessis a été votre ami
jusqu'à une certaine affaire de succession que je n'évoquerai
pas.
M. LAPORTE: C'est complètement faux. Qu'il n'évoquera pas!
Evoquez-la donc, ça vous ressemblerait tellement) Cela fait longtemps
que vous n'avez pas été vous-même.
M. LE PRESIDENT (M. Bousquet): A l'ordre! Nous sommes à Chambly
et non à Trois-Rivières.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Allons, revenons à Chambly, M. le
Président.
M. LAPORTE: Bien oui, M. le Président, vous devriez le lui
permettre parce qu'il me semble qu'il a été aimable depuis
quelques séances, cela doit le rendre malade.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'ai toujours été aimable, sauf
que cet après-midi vous allez un peu trop loin.
M. LAPORTE: Nous allons donc revenir à nos crédits en
disant que quatre versements de $50,000 avaient été promis...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'il y avait un engagement de
principe?
M. LAPORTE: Ah! il n'y avait pas de contrat signé.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais y avait-il eu des C.T.?
M. LAPORTE: Pardon?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Y avait-il eu une demande au Conseil du
trésor?
M. LAPORTE: On ne peut pas donner de C.T. trois ans d'avance, voyons
donc!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il n'y avait pas eu d'engagement de
principe?
M. LAPORTE: Comment allez-vous faire pour bâtir une politique
quinquennale si cela vous prend cinq C.T. la première année?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Attendez!
M. LAPORTE: Comment pouvez-vous vous engager pour un budget de
l'année suivante? De quelle façon?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On vient de créer une commission des
engagements financiers du gouvernement.
M. LAPORTE: Qu'est-ce que cela change?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela veut donc dire que le gouvernement peut
s'engager.
M. LAPORTE: Que le ministre m'explique comment il est capable de dire
à l'Estoc, au Rideau Vert ou au Village historique Jacques-de-Chambly:
Je m'engage au nom du gouvernement à vous donner $50,000 pendant cinq
ans, quand les crédits doivent être votés par la Chambre.
C'est un engagement moral qu'on prend à l'effet que, si
l'Assemblée nationale vote le budget, on s'engage à vous donner
$50,000 pendant quatre ans. Si cela avait été respecté, il
y avait $190,000 qui venaient de la fondation McConnell. C'était la
seule condition que l'on posait: que le gouvernement et les citoyens fassent
ensemble un effort analogue à celui de la fondation McConnell.
Depuis les élections, je le répète, rien, sauf des
miettes, on va le voir tout à l'heure. Au cours des deux années
précédentes, le Village historique Jacques-de-Chambly n'a pas
été capable de payer ni l'intérêt de $45,000 sur sa
dette, ni les taxes de $21,000 sur le terrain parce que le gouvernement, sous
la responsabili-
té du ministre des Affaires culturelles, n'avait pas tenu parole.
A l'automne 1966, l'auditeur de la province, dont on a parlé tout
à l'heure, après avoir laissé sous-entendre que M. Antoine
Prévost n'avait peut-être pas administré... qu'on avait
laissé des doutes...
On a inspecté, vérifié, calculé,
additionné et, quand on a trouvé que tout était en ordre,
des instructions sont venues de l'auditeur qui disait: Fermez tout.
Vous imaginez bien, à ce moment-là, que, puisque le
gouvernement refusait toute subvention, les 500 personnes qui étaient
membres de la Société du village historique Jacques-de-Chambly et
qui payaient chaque année une cotisation bénévole afin
d'en être membres ont cessé de payer.
En février 1968, imaginez vous, il y avait des petits
créanciers, des petites miettes. Le ministère a accordé
une subvention de $12,000 pour payer ces petits
créanciers-là.
C'est tout ce qu'il y a eu. M. Dozois avait promis au trésorier
de la banque Royale du Canada, M. Morgan, que personne ne mettrait la main sur
le village historique Jacques-de-Chambly. En août 1968, il y a eu une
rencontre avec le sous-ministre des Affaires culturelles, M. Morissette, pour
lui expliquer toute la situation. M. McConnell, qui avait déjà
accepté d'ajourner son offre de subvention et qui aurait pu se retirer
complètement quand il a appris que le Montreal Trust, pour
protéger les intérêts de ses clients, avait pris une action
en rétrocession du terrain contre le village historique
Jacques-de-Chambly, a dit: Moi, je ne dis pas non. Si le gouvernement veut
faire sa part, je suis disposé à redonner la subvention. L'ancien
premier ministre, ici en Chambre, a affirmé, à au moins deux
reprises, qu'il s'occupait personnellement du cas.
Avec tout ça, en novembre 1968, on a décidé de tout
liquider. Le Montreal Trust a fait exécuter son action devant les
tribunaux et c'est en liquidation. Sur le site, il y avait treize
bâtiments qui avaient été en bonne partie payés par
la province de Québec. Il y avait 200 arpents de terrain d'une valeur
minimale de $200,000. En quatre ans, on avait réussi à recueillir
la somme de $319,000 de diverses sources. On avait reçu, en donations de
diverses sources pour le capital, $87,500, ce qui faisait $407,500. Des gens
avaient accepté de mettre là, sous forme de prêt, une
partie importante de leur collection de vieux meubles, de vieux ustensiles, de
poteries; c'était quelque chose d'unique dans la province de
Québec. Le gouvernement avaitdéjà lui-même investi
dans ça $167,660. Ceux qui avaient reçu cet argent
s'étaient adressés au pu- blic pour en avoir davantage. Ils
avaient produit des résultats qui témoignaient de la
compétence de leur administration. Encore une fois, il y avait treize
immeubles restaurés sur le site et il y avait des centaines et des
centaines de gens qui venaient chaque semaine. On avait même ouvert une
boutique de vieux meubles canadiens qui, me dit-on, était assez rentable
pour le village historique Jacques-de-Chambly. M. le Président, il y
avait, au moment où le ministre des Affaires culturelles a assumé
la responsabilité de son ministère, un village historique
Jacques-de-Chambly. Il n'y en a plus. Le gouvernement essuie une perte
sèche de $175,000 à peu près. Une oeuvre qui semblait
destinée à un très grand développement est morte.
Je demande au ministre de faire sur ce village un dernier requiem.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'ai
écouté ce qu'a dit le député de Chambly. Les
pièces que j'ai au dossier m'indiquent que nous avons du procéder
avec infiniment de circonspection dans une affaire qui n'était pas
très claire et au sujet de laquelle j'ai reçu des avis formels du
vérificateur des comptes, une affaire qui impliquait des dépenses
beaucoup plus considérables que celles qu'évoquait tout à
l'heure le député de Chambly. Ceci nous a obligés à
reconsidérer la politique du village historique Jacques-de-Chambly en
fonction de la situation de ce village historique et en fonction de ce que cela
pourrait entraîner comme coût dans l'avenir.
Ce sont les raisons qui nous ont forcés à différer
tout octroi de subvention au village historique Jacques-de-Chambly et, en
dépit de tout cela, l'aider à solder certaines dettes qui
étaient criantes pour permettre de sauver un peu la
propriété du ministère.
M. LAPORTE : Vous avez donné $12,000. Des dettes criantes. M. le
Président, entre-t-il dans les politiques du ministère des
Affaires culturelles d'aider aux affaires culturelles dans la province de
Québec?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, le
problème...
M. LAPORTE: Il me semble que ce qui intéresse le ministre, c'est
que ce soit rentable.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le député de Chambly a fait son
discours...
M. LAPORTE: Le ministre devrait être ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah oui, ce serait certainement très
bon.
M. LAPORTE: Cela ne serait pas bon pour l'industrie et le commerce, mais
ce serait bon pour la culture.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, un ministre, quel
qu'il soit, est obligé de consulter, de requérir l'avis de
spécialistes. Nous avons fait faire une étude...
M. LAPORTE : Vous faites une étude et il y a une oeuvre qui
disparaît dans la province de Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... sur la situation du village historique
Jacques-de-Chambly.
M. LAPORTE: C'est ça.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quelles sont les oeuvres qui ont disparu?
M. LAPORTE: L'Estoc...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, pour les raisons que nous avons
données.
M. LAPORTE: ... le Vieux Théâtre de Québec...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le VieuxThéâtre de Québec
n'est pas disparu, ce n'est pas vrai.
M. LAPORTE: Le centre Pierre-Boucher à Boucherville, le village
historique.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce que vous avez affirmé tout à
l'heure est complètement faux.
M. LAPORTE: Chaque fois que vous étudiez, il y a une oeuvre qui
disparaît dans la province de Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le centre de Boucherville, il y a encore
là des problèmes qui ne nous permettaient pas d'engager l'argent
des contribuables dans des fantaisies coûteuses. Et je vais vous lire ici
un rapport qui a été fait, à la demande du ministre, celui
qui vous parle, et qui indique que le tableau si brillant qu'a brossé
tout a l'heure le député de Chambly n'est pas du tout celui qui
correspond à la réalité des faits.
M. LAPORTE: Bien, si J'ai dit quelque chose qui n'est pas un fait,
contre disez-moi, mais pas seulement avec des assertions
générales...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous avez parlé de l'aide de ces gens,
de ces citoyens qui ont contribué à l'organisation du
village.
M. LAPORTE: $87,500.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord, mais vous avez pris des engagements
en disant que les engagements au budget seraient de l'ordre de $300,000.
M. LAPORTE: $200,000.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): $300,000.
M. LAPORTE: Quatre fois $50,000.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quatre fois $50,000, donc $200,000, c'est ce
qui avait été donné. On a déclaré alors: Le
village historique de Chambly, après ça, va fonctionner de
façon extraordinaire. Bien, je vais vous lire le rapport qui a
été fait, je suis obligé quand même de me fier
à des spécialistes. On l'a fait étudier et étudier
sous tous ses angles, et j'ai demandé à plusieurs reprises
l'intervention du vérificateur des comptes afin d'avoir des avis formels
au sujet de l'aventure que constituait le village historique Jacques-de-Chambly
pour les contribuables du Québec.
M. LAPORTE: C'est ça. Chaque fois que vous étudiez une
oeuvre culturelle, vous voyez le vérificateur des comptes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Voici ce qu'on dit, M. le Président. Je
vais vous lire le rapport, puisque le député de Chambly
ça, c'est son dada annuel les contribuables du Québec vont
comprendre pourquoi...
M. LAPORTE: C'est fini, c'est mort là!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... en ma qualité de ministre des
Affaires culturelles, je ne pouvais pas m'engager...
M. LAPORTE: C'est ça.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... je ne pouvais pas engager les deniers des
contribuables dans une aventure extrêmement hasardeuse. Je n'ai pas agi
par sentimentalité, parce que, par sentimentalité j'aurais fait,
comme le député
de Chambly, un plaidoyer pour défendre le village historique
Jacques-de-Chambly...
M. LAPORTE: C'est ça qui est...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... Peu m'importe l'endroit où il est
situé, si c'est d'une valeur culturelle...
M. LAPORTE: C'est ça qui étonne, vous faites toujours des
plaidoyers pour faire disparaître quelque chose.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... je suis d'accord pour qu'on la sauve,
qu'on la protège. Mais lorsqu'il y a des implications financières
aussi importantes que celles que l'on m'a indiquées, j'ai
été obligé de dire à mes fonctionnaires: Nous ne
pouvons pas aller plus loin.
J'ai reçu des avis du vérificateur des comptes. Les
opérations dont on parle, sans mettre en cause l'honnêteté
de qui que ce soit, n'étaient pas d'une clarté limpide.
Alors, à la suite de maintes interventions et de maintes
requêtes que j'ai adressées à des gens qui ont eu affaire
à ce village historique Jacques-de-Chambly, j'ai demandé un
rapport qui m'a été présenté en janvier 1968 par un
de mes fonctionnaires que j'avais dépêché
spécialement là-bas et qui avait pris contact avec un grand
nombre de personnes qui avaient travaillé à l'organisation de ce
village. Voici ce qu'on me disait; « Le projet financé à la
fin de 1961 par la constitution en compagnie sans but lucratif du village
historique Jacques-de-Chambly, le coût prévu originairement
était de $1,111,168. Ce coût est maintenant aux alentours de
$1,500,000. L'Etat a déjà versé des subventions directes
de $217,660; il a de plus mis à la disposition du village, la maison
dite Saint-Hubert qui lui a coûté, pour l'achat et la
restauration, $46,712. « Les souscrptions publiques ont, pour leur part,
rapporté $197,108. De plus, la fondation McConnell offre la somme de
$190,000 à cette condition, toutefois, que l'Etat fournisse encore une
somme de $300,000. Les pièces jointes, soit le rapport du
vérificateur et le projet global, avec un dépliant publicitaire,
sont éloquentes et je ne saurais y ajouter quoi que ce soit.
Il faut dire, toutefois, que ce besoin immédiat qu'on demande de
satisfaire par la subvention de $300,000, ce qui porterait notre contribution
à plus de $500,000, ne constituerait tout au plus que la moitié
des sommes que nous serions appelés à verser d'ici la
réalisation totale du projet. « Je suis probablement optimiste ici
en comptant comme définitive l'évaluation de $1,500,000. Il
faudra bien sûr, par la suite, entretenir tout le village qui ne fera pas
ses frais. Ces faits devront être considérés avant de
s'engager plus avant. Je crois qu'il y a lieu de se demander ce que vient faire
un village artificiel à ce moment-ci...
M. LAPORTE: Voyez-vous, il demande cela. Je pense bien.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... dans le Québec. »
M. LAPORTE: Je pense bien. Mais M. Gouin et M. Frégault ne sont
pas de cet avis.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah! M. le Président...
M. LAPORTE: Ce n'est pas le vérificateur des comptes qui
décidera cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... je suis obligé de m'en tenir, comme
ministre, à des faits comptables.
M. LAPORTE: Tenez-vous-en à ceux qui démolissent. C'est en
plein dans votre style.
M. LE PRESIDENT (M. Bousquet): A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si le vérificateur des comptes est un
démolisseur, vous irez le lui dire. Que le député de
Chambly aille le lui dire. Il vient d'affirmer catégoriquement que le
vérificateur des comptes est un démolisseur.
M. LAPORTE: Ne vous choquez pas, je vais le répéter.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais oui, mais...
M. LAPORTE: Je vous dis que, du point de vue culturel...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah!
M. LAPORTE: ... quand un ministre des Affaires culturelles base sa
politique sur les additions du vérificateur des comptes, il n'est pas
qualifié pour occuper le poste qu'il occupe.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je regrette infiniment. Le ministre des
Affaires culturel-
les est investi du pouvoir de veiller à la sauvegarde et à
l'expansion de la culture.
M. LAPORTE: C'est cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais il a, pour ce faire, à sa
disposition des fonds publics...
M. LAPORTE: C'est cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... et il n'a pas le droit de passer outre aux
recommandations impératives du vérificateur des comptes qu'on
veut taxer d'ignorance en matière culturelle, ce que je ne ferai pas,
moi, comme vient de le faire le député de Chambly. Il regrettera
ces paroles-là. S'il connaissait très bien la personnalité
du vérificateur des comptes, il n'irait pas le qualifier d'ignorant en
matière culturelle.
M. LAPORTE: Bien, monsieur, si cela peut vous faire plaisir,
répétez cela partout.
M, TREMBLAY (Chicoutimi): C'est le genre de respect qu'on a, de l'autre
côté, pour les fonctionnaires.
M. LAPORTE: Me diriez-vous, vous, votre respect pour M. Gouin et M.
Frégault?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je n'ai pas mis en cause, ni la parole de M.
Gouin...
M. LAPORTE: Entre les deux, vous choisissez quoi?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... ni le jugement de M. Frégault.
M. LAPORTE: Bon!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le député de Chambly...
M. LAPORTE: Hélas! Nous pensions avoir un homme cultivé et
nous avons un comptable pour ministre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...serait peut-être
étonné...
M. LAPORTE: Un additionneur.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... de lire les rapports que m'a faits M.
Frégault à ce sujet. Et M. Frégault est un homme
cultivé. Il est, tout autant que moi et que n'importe qui ici,
désireux de sauvegarder les valeurs culturelles.
Mais, j'ai reçu des avis de mon sous-ministre à
l'époque, alors que M. Frégault m'assistait en sa qualité
de sous- ministre. Ces avis-là n'allaient pas du tout dans le sens de
ceux que me donneraient le député de Chambly qui, je le sais, est
intéressé à voir ce village historique se
développer, pour des raisons fort valables. Mais il arrive ceci, M. le
Président, qu'il y a des coûts là-dedans. Cela coûte
de l'argent et, compte tenu de ce qu'on m'a indiqué, je n'ai pas voulu
procéder plus avant et engager le gouvernement dans une aventure qui
allait nous coûter au-delà de $500,000 et peut-être
jusqu'à $1 million.
M. LAPORTE: Sur une période de dix ans. Mais qu'est-ce que vous
espérez bâtir dans la province de Québec?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... c'est la raison pour laquelle... M. le
Président, il y a des problèmes de priorité. Or nous avons
estimé que celle-là n'en était pas une.
M. LAPORTE: Il semble que la seule priorité, c'est le Saguenay
pour le moment. $100,000 rien que pour le Saguenay dans ça.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah pardon, M. le Président! Ah! je suis
heureux...
M. LAPORTE: A tous les postes imaginables, monsieur. Est-ce que le
vérificateur des comptes vous a parlé du Saguenay?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suis heureux que le député de
Chambly se plaigne de ce qu'on accorde enfin à une région en
particulier, une part du budget du ministère des Affaires
culturelles.
M. LAPORTE: Vous êtes après bâtir le Saguenay sur le
cadavre des oeuvres culturelles d'ailleurs, monsieur.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous faisons de l'aménagement culturel
et, dans ce domaine, le Saguenay a autant de droits que n'importe quelle autre
région.
M. LAPORTE: C'est la priorité maximum. A tous les chapitres.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les gens du Saguenay noteront avec plaisir
l'indignation du député de Chambly...
M. LAPORTE: Ah! ce ne sont pas...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... ils vont noter ça avec grand
plaisir, eux qui ont été privés pendant six ans de la
moindre sollicitude à leur endroit. Voilà que quelqu'un s'occupe
d'eux, essaie de procéder à un aménagement culturel
valable au Saguenay. Le député de Chambly est contre ça,
et il vient de me dire tout à l'heure que lui, il n'avait pas
d'intérêt au village historique Jacques-de-Chambly, parce que ce
n'était pas dans son comté, mais c'était quand même
dans votre région.
M. LAPORTE: C'est dans ma province.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, revenons au
problème, c'est que, au terme des rapports que j'ai reçus, je ne
pouvais pas prendre la décision de poursuivre une expérience qui
allait s'avérer hasardeuse et probablement catastrophique. Ce sont les
raisons pour lesquelles nous avons dû d'abord surseoir aux
décisions et, ensuite, informer les intéressés que nous ne
pouvions pas verser une subvention. Les promoteurs du projet, M, le
Président, j'ai le plus grand respect pour eux, mais peut-être
n'ont-ils pas pesé toutes les conséquences des gestes qu'ils ont
posés et peut-être n'ont-ils pas vu de quelle façon le
gouvernement allait être à un moment donné obligé de
reprendre le bébé.
M. LAPORTE: Vous l'avez tué.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ce qu'on nous proposait de faire.
M. LAPORTE: Vous l'avez tué. Un bébé, ça
demande un peu d'entretien.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Présidant, je ne peux rien
ajouter d'autre sur le cas du village historique Jacques-de-Chambly. S'il
plaît au député de Chambly, je publierai le dossier, je
mettrai le dossier dans la presse, puis on verra, le public jugera.
M. LAPORTE: M. le Président, je suggère vivement que le
député le publie le dossier, vivement, mais nous publierons le
nôtre, nous aussi. Nous publierons le nôtre aussi, puis nous
publierons deux témoignages. Je ne sais pas si le ministre a reçu
des avis de M. Frégault, ce que M. Frégault a publié et a
déclaré publiquement... M. Gouin sur la valeur artistique... Je
comprends que le vérificateur des comptes est probablement un expert.
Vous devriez songer à le nommer président de la Commission des
monuments historiques. Comme ça, vous auriez rapidement un budget net,
parce qu'il les ferait disparaître tous.
Mais le vérificateur des comptes est-il plus qualifié que
M. Gouin, et M. Gouin déclare...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je n'ai pas mis en cause, M. le
Président, encore une fois, le jugement de M. Gouin, nt le jugement de
M. Frégault.
M. LAPORTE: Non, non, est-ce que je peux me permettre de citer son
témoignage?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous pouvez citer n'importe quelle
témoignage, ça ne changera rien au fait matériel, au fait
financier.
M. LAPORTE: Vous êtes trop aimable. Très bien, c'est
très bien. Nous allons parler sur les deux plans, le plan artistique et
le plan des subventions. Premier témoin, M. Gouin. Aspect artistique: La
vallée du Richelieu tout entière offre une leçon
d'histoire, Sorel et son fort, datant du début de 18e siècle,
Saint-Charles et Saint-Denis, dont les noms sont reliés à
l'insurrection de 1837, Saint-Ours et sa seigneurie, sans oublier les anciens
forts de Chambly et Lennox.
Il aurait été impossible, dit M. Gouin, de trouver un
meilleur cadre pour un village historique. Cela est sur le plan de la valeur
historique.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On vend des vieux meubles, des vieilles
portes.
M. LAPORTE: Est-ce que c'est une insulte personnelle? Ce n'est pas moi
que vous appelez comme ça, toujours?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, pas vous. Hypothèse capere
capiat.
M. LAPORTE: Seuls le français et l'anglais sont permis dans cette
Chambre. De toute façon, je n'ai pas compris.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il y a des choses malheureusement que je ne
puis pas dire.
M. LAPORTE: Oui et il y en a qu'on peut dire. Je vais en dire une
ici.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dites-la. Vous avez jusqu'à six heures,
de toute façon.
M. LAPORTE: Non, on va peut-être vous libérer avant
ça. Ne perdez pas patience. Au plan des subventions, je cite M. Guy
Frégault: « Cette réalisation d'édifices
également s'est faite avec le concours des pouvoirs publics. Ce n'est
pas amoindrir le mérite des fondateurs de ce village que de signaler
l'aide qu'ils reçoivent de l'Etat. Je l'ai déjà
déclaré: Une subvention c'est plus qu'une somme, c'est un
honneur, et un honneur n'a de signification que dans la mesure où il est
dû. » Vous avez la déclaration de M. Gouin, vous avez la
déclaration de M. Frégault, vous avez de toute façon un
village historique Jacques-de-Chambly qui avait ce qui serait
secondaire, je l'admets regroupé des forces financières de
l'ordre de près de $500,000 et aujourd'hui, c'est une perte
complète pour la province de Québec au point de vue historique et
pour le gouvernement. J'en fais un reproche amer au ministre actuel des
Affaires culturelles.
M. LE PRESIDENT (M. Bousquet): Poste 9, adopté?
M. LAPORTE: Non, hélas! Pas adopté tout à fait
encore parce que là, nous allons verser une larme sur un cadavre
prochain: la Place Royale à Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous auriez fait un excellent embaumeur,
vous!
M. LAPORTE: Oui. Vous allez me fournir les cadavres, par exemple.
M. CADIEUX: Vous feriez un bon client
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ne vous mêlez pas de ça,
vous.
M. LAPORTE: En quelques minutes. C'est la capitale de la province...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour résumer ça: On n'a rien
fait. On va rien faire. On va laisser mourir ça. C'est ça?
M. LAPORTE: Disons que ça résume assez bien la
situation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, ça me permet d'aller fumer un
peu, mais je vous écoute.
M. LAPORTE: Allez fumer. Allez m'écouter et si vous revenez de
votre petit pas précipité, je comprendrai.
Place Royale petit historique très bref
certainement l'un des endroits les plus historique en Amérique du Nord.
J'imagine que même le vérificateur des comptes serait d'accord.
Place Royale, un endroit où vous avez des maisons historiques
évidemment d'une qualité exceptionnelle.
Nous avons décidé, en 1966, après de longues et
intéressantes discussions avec la Chambre de commerce de Québec,
de nous porter acquéreurs de tous les immeubles de la Place Royale, une
vingtaine. Ces gens-là voulaient obtenir une subvention de l'Etat et,
ensuite, administrer la Place Royale. Nous avons dit: Puisque l'Etat paye,
l'Etat doit être propriétaire et nous avons voté une somme
d'argent au budget de 66/67 pour acheter des immeubles. Nous avons
demandé à une société de fiducie d'obtenir des
offres de vente des propriétaires d'immeubles. Tout cela a
été fait. Nous avons créé une société
pour restaurer la Place Royale et nous avons perdu le pouvoir, mais pas
à cause de cela. Cependant, c'est à cause de cela qu'il n'y a
rien eu de fait depuis ce temps-là.
Voici: 28 avril 1968, il y a à peu près un an, question de
M. Beaupré au ministre des Affaires culturelles: « Quels sont les
noms, prénoms et fonctions des membres du comité consultatif qui
a été institué en vertu de la Loi concernant la Place
Royale de Québec? » Réponse: « M. Pierre Mayrand,
agent culturel au ministère des Affaires culturelles; M. Blaise
Marchand, architecte au ministère des Travaux publics; M. P.-H. Roy,
directeur du service des monuments historiques; M. Louis Fréchette,
graveur; M. Jean Cimon, urbaniste-conseil; M. Jean Rousseau,
arpenteur-géomètre et M. Raymond Lessard, avocat. »
« Quelle est la durée du mandat de chacun? » «
Un an. » « Quel montant a été versé
à chacun, au 31 mars 1968, en traitements, honoraires, locations pu,
suivant le cas, en traitements additionnels, lorsqu'il s'agit de personnes qui
sont fonctionnaires du gouvernement ou d'un agent de la couronne? »
Réponse: « Rien du tout. »
Quatrième question: « Ce comité s'est-il adjoint des
experts? » Réponse: « Non. » « Combien de
réunions ont été tenues jusqu'au 31 mars 1968? A quelles
dates et à quels endroits? » Réponse: « Aucune
réunion. » Deuxième question de M. Beaupré: «
Le ministère des Affaires culturelles a-t-il
décrété des règlements pour établir les
normes suivant lesquelles seront réalisés l'aménagement,
la restauration et la mise en valeur de la Place Royale à Québec?
» Réponse, 23 avril 1968: « Non, aucun règlement n'a
été adopté. » Troisième question de M.
Beaupré: « Les plans de restauration de la Pla-
ce Royale ont-ils maintenant été préparés?
» Réponse: « Non. » « Quels sont les noms
des professionnels qui ont été chargés de préparer
les plans? » « Aucun professionnel. Nous n'avons retenu les
services de personne. »
Ordre de la Chambre: « Qu'une copie du rapport du comité
consultatif institué pour conseiller le ministre des Affaires
culturelles relativement à la Place Royale soit déposé.
» Réponse de l'honorable Jean-Noël Tremblay: « Aucun
rapport par le comité consultatif qui ne s'est pas encore réuni.
» Cela, c'est il y a un an. J'ai posé toutes ces
questions-là l'an dernier au ministre.
Je vais probablement me faire répondre tout à l'heure:
Nous entendons le même disque que l'an dernier. Je vais y ajouter une
petite mélodie nouvelle. J'ai communiqué avec l'un des membres du
comité consultatif et il n'y a pas eu une seule réunion depuis
l'an dernier. Pas une seule, ce qui veut dire que la réponse faite le 23
avril 1968 à l'effet que depuis un an il n'y avait pas eu une
réunion est encore vraie aujourd'hui. Pas de réunion. Je ne sais
pas si on a nommé des architectes. Il n'y a eu absolument rien de
fait.
Je suis obligé de demander au ministre, qui a l'air à
trouver ça très drôle, si c'est à cause du
vérificateur des comptes, si c'est à cause, comme le veut la
rumeur, d'une querelle considérable entre lui et le ministre des Travaux
publics ou si alors et j'espère faire disparaître ce
sourire inquiétant sur le visage du ministre c'est parce que le
ministre se désintéresse complètement du problème
de la Place Royale.
Nous avions voté des crédits. Que sont-ils devenus? Nous
avions prévu la nomination je ne me souviens plus du nom parce
que cela fait trois ans au ministère à l'époque
d'un architecte spécialisé dans la restauration. On nous avait
même soumis une maquette de la Place Royale restaurée. Nous avions
projeté au ministère des Affaires culturelles de faire,
dès que la Place Royale aurait été restaurée, un
spectacle Son et Lumière qui eût été absolument
remarquable. Il était projeté de conserver une vie permanente
à la Place Royale pour éviter qu'elle ne devienne un
musée, ce qui aurait contribué à redonner vie à
tout ce vieux quartier de Québec. Il était prévu qu'il y
aurait des boutiques, des boîtes de chansonniers, etc. Rien de tout cela
n'a été fait sauf qu'un incendie s'est déclaré et
qu'un vieil hôtel est en train de s'écrouler.
La seule maison qui est restaurée à la Place Royale, la
maison Fornel, et la seule mai- son qui est restaurée à quelque
peu de distance de la Place Royale, l'Hôtel Chevalier, cela a
été fait pour ne pas vanter les administrations
précédentes avant que le ministre actuel n'assume la
responsabilité de l'administration.
Je lui pose les questions suivantes on vient apparemment de lui
souffler les réponses, j'en suis très heureux je lui
demande: Pourquoi n'y a-t-il eu rien de fait depuis trois ans?
Deuxièmement, quels sont les projets du ministre quant à la Place
Royale? Troisièmement nous sommes à la veille d'une
élection, selon certaines rumeurs, c'est peut-être le moment de
faire les mêmes promesses qu'il y a quelques années quant à
la Place Royale quel est le délai que le ministre se donne pour
redonner vie à la Place Royale à Québec?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, le
député de Chambly a procédé encore une fois
à partir de postulats. Il a dit: Il n'y a rien eu de fait, ils n'ont
rien fait, ils ne font rien.
M. LEDUC (Taillon): C'est ce que vous avez répondu.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'ai expliqué
l'an passé...
M. LAPORTE: J'ai peut-être eu tort, mais je suis parti des
postulats que le ministre m'a donnés.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous vous référez à des
rapports plutôt anciens. Le député de Chambly m'a
posé les mêmes questions l'an passé.
Je lui ai donné toutes les explications, je lui ai fait
comprendre, je pensais lui avoir fait comprendre que le projet de la Place
Royale, tel qu'il avait été conçu, si beau qu'il
fût, n'était pas complet...
M. LAPORTE: Comme ce n'était pas complet, il n'a rien fait.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... en ce sens que ce projet, à mesure
qu'on a fait des études, a pris des dimensions telles que nous avons
décidé, par une loi, de donner au ministère des Affaires
culturelles, la responsabilité de la restauration de ce complexe de
Place Royle.
Or, le député de Chambly, l'an passé, m'avait
posé cette question. Je lui avais donc expliqué, à ce
moment-là, que l'ampleur des travaux qu'il faudrait accomplir, plus
l'importance
des achats de propriétés qu'il nous faudrait faire,
étaient telles que nous avions dû, pour l'instant je parle
de l'an passé nous contenter de procéder à des
achats, de préparer un projet préliminaire de restauration de la
Place Royale et que nous avions mis les spécialistes du ministère
à l'oeuvre pour faire l'inventaire historique, archéologique,
etc., de ce complexe de Place Royale. J'ai donné toutes ces explications
l'an passé. Cette année, je suis en mesure de dire au
député de Chambly, d'abord lorsqu'il nous parle du comité
de Place Royale, nous ne pouvions pas faire siéger le comité
consultatif de la Place Royale avant que d'avoir des éléments de
travail à lui fournir. Ces éléments de travail,
c'étaient les propriétés qu'il fallait acheter,
c'étaient les relevés, les devis techniques, etc. qu'il nous
fallait faire exécuter, les recherches historiques et
archéologiques qu'il fallait ordonner, afin que les membres du
comité consultatif eussent tous les éléments qui leur
permettent maintenant de nous aider, par voie de conseil, à penser tout
le problème de l'aménagement et de l'utilisation de Place Royale,
et de son animation, si on aime mieux.
Le député de Chambly a dit: Il n'y a pas eu de
réunion du comité de la Place Royale. Il y a eu une
réunion du comité de la Place Royale.
M. LAPORTE : Il y a eu une réunion; M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah
oui! M. LAPORTE: Nous allons tuer le veau gras!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Parce qu'il nous fallait...
M. LEDUC (Taillon): Dans deux ans.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... au stade où nous en sommes rendus,
requérir...
M. LAPORTE : Ils ont dû être étonnés?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...requérir l'avis du comité
consultatif tel que le prescrit la loi.
M. LAPORTE: Se souvenaient-ils encore qu'ils étaient membres?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ces gens se souvenaient fort bien qu'ils
étaient membres, et ils m'ont appelé à maintes
reprises...
M. LAPORTE: Etaient-ils au courant que leur mandat se terminait
après un an?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...ils n'appellent pas seulement le
député de Chambly, vous savez, les membres du comité de la
Place Royale.
M. LAPORTE: M. le Président, je dois déclarer à mon
grand regret qu'aucun membre du comité consultatif ne m'a appelé,
aucun. Je le regrette, d'ailleurs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Tout à l'heure vous avez dit
ça...
M. LAPORTE: Non, non!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... que vous aviez reçu un appel
téléphonique...
M. LAPORTE: Moi, j'en ai appelé un. M. TREMBLAY (Chicoutimi):
Ah!
M. LAPORTE: Il m'a dit qu'il me rendrait mon appel, et il m'a
rappelé plutôt par politesse, mais...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je voulais savoir ça.
M. LAPORTE: Oui, oui. Vous voudriez bien savoir le nom?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, non. M. LAPORTE: Je ne vous le dirai pas.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je le sais.
M. LEDUC (Taillon): Il serait enlevé du comité,
celui-là. On le ferait sauter vite.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je le sais. Non, pas du tout. Le
député de Chicoutimi...
M. LAPORTE: Mais je crains, en ne vous donnant pas le nom, de mettre la
vie des cinq en danger.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... n'est pas vindicatif, pas le moins du
monde. D'ailleurs on sait très bien qu'il y en a un qui est nommé
par la Chambre de Commerce, deux par la ville de Québec et que les
autres sont nommés par...
M. LAPORTE: Vous brûlez, vous brûlez.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, le député de Chambly dit:
Il n'y a pas eu de réunion.
M. LAPORTE: Ai-je dit ça sur ce ton-là?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bien oui, tout à l'heure, vous ne vous
êtes pas entendu?
M. LAPORTE: J'ai dit cela, et il y avait eu une réunion?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pendant que je fumais, j'ai entendu...
M. LAPORTE: Bien, c'est incroyable.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... j'ai trouvé que vous étiez
devenu un bon comédien.
M. LAPORTE: C'est incroyable. Je vous fais amende honorable.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors le député de Chambly m'a
dit qu'il n'y a pas eu de réunion...
M. LAPORTE : Puis-je vous demander quand?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il y en a eu une la semaine passée.
M. LAPORTE: Ah!
M. LEDUC (Taillon): Juste avant que l'étude des crédits
commence.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il est prudent, le ministre des Affaires
culturelles.
M. LAPORTE: Le ministre voit là la vertu de l'étude des
crédits.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'avais prévu la question du
député de Chambly.
M. LAPORTE: Ah, c'est bon ça.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je sais que c'était pure
coïncidence...
M. LEDUC (Taillon): Ah oui, coincidence heureuse.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... et à ce moment-là, nous
étions prêts à procéder...
M. LAPORTE: C'est bon, c'est excellent.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il a dit: Personne n'a été
engagé pour procéder au plan.
M. LAPORTE: Dites-moi quand. La semaine dernière?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah, il a dit: Personne! Ah non!
M. LAPORTE: Non?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est plus vieux que ça.
M. LAPORTE: C'est plus vieux que ça? M. LEDUC (Taillon): Quinze
jours.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il y a un architecte qui est engagé
pour faire les relevés.
M. LAPORTE: Les relevés?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et les relevés, c'est très
important quand on parle en termes de restauration parce qu'on ne sait jamais
ce qu'il y a derrière les murs d'un vieux bâtiment. Je n'ai pas
besoin d'en faire la démonstration au député de
Chambly.
M. LAPORTE: Bien, vous...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, il faut faire des relevés...
M. LAPORTE: ... vous redevenez personnel.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... et l'architecte est engagé. C'est
un architecte coordon-nateur...
M. LEDUC (Taillon): Oui, depuis quand est-il engagé?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il est engagé depuis le mois
d'avril.
M. LEDUC (Taillon): Avril, mai...
M. LAPORTE: N'est-ce pas le mois dernier?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, c'est le mois dernier.
M. LEDUC (Taillon): Ah bon, on préparait les crédits.
M. LAPORTE: Vous devenez sensationnel, continuez!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous avons évidemment commencé
ces travaux de relevés, en plus nous avons continué les travaux
d'achat.
En effet, nous nous sommes rendu compte que le complexe de la Place
Royale, ce ne serait pas seulement cinq, six, dix ou douze malsons, mais que
cela pourrait aller jusqu'à soixante maisons, ou édifices...
M. LAPORTE: J'espère.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... situés dans le quadrilatère
et même en dehors du quadrilatère, tel qu'il est défini
dans la loi que nous avons adoptée en Chambre. Alors, nous avons
acheté jusqu'ici seize maisons, plus seize autres. Nous
procédons, actuellement, à l'évaluations de 25 autres
propriétés et, sans doute il y en aura trois autres, selon les
avis.
M. LAPORTE; Comme je poserai peut-être moins de questions, y
a-t-il, dans les immobilisations, des sommes d'argent de prévues pour
certains achats au poste 12?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui. Il y a un montant d'argent, pas
très considérable.
M. LE PRESIDENT (M. Bousquet): Il est six heures.
M. LAPORTE: Chut! Oubliez cela, M. le Président.
UNE VOIX: Attendez donc!
M. LAPORTE: On ne vous a pas demandé de dire cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il y a un montant prévu qui n'est pas
très important. Comme nous ne prévoyons pas acheter, dès
cette année, ces propriétés, nous n'avons pas cru devoir
demander de fonds pour cette année, parce que nous avons
déjà suffisamment de travail.
M. LE PRESIDENT (M. Bousquet): A l'ordre! Avec la permission du
député de Chambly...
M. LAPORTE: Oui.
M. LE PRESIDENT (M. Bousquet): ... et du ministre des Affaires
culturelles, nous suspendons nos travaux jusqu'à...
M. LAPORTE: Huit heures et quart.
M. LE PRESIDENT (M. Bousquet): ... huit heures et quart.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, je ne sais pas si nous
continuons.
M. LAPORTE: Non, je viens d'être averti que le premier ministre
nous évince.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah!
M. LAPORTE: Il m'a dit de vous en parler poliment.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne sais pas à quel moment nous
reprendrons.
M. LAPORTE: Je pense bien que cela ira à la semaine
prochaine.
M. LE PRESIDENT (M. Bousquet): Alors, nous ajournons à une
séance subséquente.
M. LAPORTE: Il est prévu qu'il y aura des bills privés
demain matin.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il a parlé des Affaires
culturelles.
M. LAPORTE: Enfin, il est possible que nous terminions demain. Cela va
finir par être vrai qu'il n'y en a plus pour très longtemps.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je l'espère, pour nous puissions nous
occuper de la Place Royale.
M. LAPORTE: C'est ce que je veux, que vous vous en occupiez.
Reprise de la séance à 20 h 19
Crédits du Conseil exécutif
M. GAUTHIER (Berthier) (président du comité des subsides):
A l'ordre, messieurs!
M. BERTRAND: Nous pourrions continuer ou terminer l'office ce soir. Nous
avions le problème de McLennon, le Beatle...
M. LESAGE: John Lennon.
M. BERTRAND: Je ne le connais pas très bien.
M. LESAGE: Moi, non plus, M. le Président.
M. BERTRAND: Je n'ai vu que sa photo. Je dois avouer au chef de
l'Opposition que tout ce que j'avais vu, c'était l'individu dans son lit
avec sa femme et son enfant. On indiquait dans la légende qu'il avait
invité le premier ministre du Canada...
M. LESAGE: C'est ça.
M. BERTRAND: ... à le rencontrer, mais pas nécessairement
au lit. C'est la seule chose que J'avais vue. Depuis que le chef de
l'Opposition en a parlé, j'ai eu l'occasion de demander à mon
attaché de presse, M. Ladouceur de m'obtenir tous les articles qui ont
été publiés, ainsi que les photos. Nous vivons dans un
siècle où il est renversant de voir la publicité qui est
faite autour de ce bonhomme qui peut avoir, comme tout humain, certaines
qualités. Cependant, cette publicité ronflante équivaut
quasi à du jaunisme dans ce domaine-là. Pour répondre au
chef de l'Opposition, voici les faits tels que je les al obtenus.
Dans le cadre de la série d'émissions « Exploring
music », il y a treize émissions; ça ne veut pas dire
qu'elles vont être consacrées à M. Lennon...
M. LESAGE: Non, il y en a une.
M. BERTRAND: ... qu'on s'entende bien. Treize émissions seront
diffusées l'automne prochain à l'intention des
élèves de 6e et 7e années du secteur de l'enseignement
protestant.
M. LESAGE: Ce sont des enfants de 12, 13 et 14 ans,
rappelons-nous-en.
M. BERTRAND: Oui.
M. LESAGE: Bien, c'est important.
M. BERTRAND: Dans ce domaine d' « Exploring music », 84
personnalités du monde de la musique seront interviewées,
représentant différentes périodes importantes de
l'histoire de la musique. Voici quelques-unes de ces personnalités: Eric
McClean, critique musical; mademoiselle Avital, attaché culturel du
consulat d'Israël à Montréal; MM. Richard Verreault, Robert
Savoie, Yoland Guérard, Jacques Loussler, François Morel, Calvin
Sieb, Barbara Petland, Petula Clark, etc, etc. je j'ai pas tous les
autres noms et M. John Lennon des Beatles.
Le pédagogue, du ministère de l'Education, de la
série Exploring Music, donc, M. William Stevens...
M. LESAGE: Il est du ministère de l'Education? Malgré les
dénégations du ministre cet après-midi?
M. BERTRAND: Je pense bien que le ministre, à ce
moment-là, n'était pas au courant de tous les faits.
M. LESAGE: Il aurait été mieux de dire qu'il
n'était pas au courant plutôt que de nier.
M. BERTRAND: Il faut dire que, dans ce domaine-là, quels que
soient les ministres dans un ministère, on ne peut jamais être au
fait de tout. Le réalisateur Jean-Pierre Parisse qui est, lui, de
Radio-Québec...
M. LESAGE: J'ai lu son nom dans les journaux.
M. BERTRAND: Oui, Je l'ai lu, moi aussi. Je pense que c'est dans
Montréal-Matin.
M. LESAGE: C'est Parisse ou Parizé? M. BERTRAND: Parisse.
M. LESAGE: Comme Montréal-Matin n'est pas mon évangile,
j'ai trouvé son nom dans le journal Le Soleil ou le Devoir.
M. BERTRAND: Oui, mais disons que je n'ai jamais pris les journaux,
quels qu'ils soient, pour des évangiles. D'ailleurs, ils ne voudraient
pas en être.
M. MICHAUD: C'est votre livre d'heure...
M. BERTRAND: Alors, M. Jean-Pierre Parisse, le réalisateur, de
même que Mme Eli-
zabeth Green, du service des moyens techniques d'enseignement du
ministère de l'Education, ont convenu d'interviewer M. Lennon parce que
les Beatles représentent, qu'on le veuille ou non, un fait important et
indéniable dont il faut tenir compte dans l'histoire de
l'évolution de la musique, du moins c'est un fait contemporain. On ne
peut le nier.
A ce moment-là, la question qui se pose: Est-ce qu'on aurait
dû éviter cette interview alors qu'il est de passage à
Montréal, étant donné qu'il est le créateur de ce
genre de musique et de chansons? Est-ce discutable? On ne peut nier qu'il y a
là un phénomène contemporain. Et qui peut le mieux
renseigner sur ce fait, si ce n'est le créateur? Je conviens que les
images que l'on voit de lui, sa conduite peut-être, Je ne veux pas en
juger, mais étant donné qu'il l'étale publiquement, nous
portent à critiquer. Mais d'autre part, doit-on appliquer le principe
qu'on ne doit pas s'en occuper? Je ne dis pas que ce n'est pas discutable. Dans
une foule de domaine, dans la littérature, par exemple, des
écrivains fameux, célèbres, je ne veux pas comparer, je ne
parle pas de l'auteur du livre. Je conteste, je veux parler seulement des gens
du passé et non pas des sommités actuelles, je ne veux pas parler
des faits contemporains dans le domaine de la littérature de
contestation, en particulier l'auteur de ce volume fameux. Je conteste, mais
badinage à part...
M. MICHAUD: Que le premier ministre arrête sa publicité, le
livre est épuisé, mais pas l'auteur.
M. BERTRAND: J'allais dire que les deux le sont.
M. MICHAUD: Je vous ai vu venir.
M. BERTRAND: J'ai hâte de voir le deuxième tome.
M. MICHAUD: Vous en serez l'une des têtes d'affiche.
M. BERTRAND: Est-ce que nous allons mettre de côté la
littérature, ou certaines parties de la littérature, parce que
des écrivains ont pu être condamnés jadis et même
emprisonnés à cause de la conduite qui leur a été
reprochée, même devant les tribunaux, pour certains crimes qui ont
toujours été qualifiés de dégoûtants? A ce
moment-là, porter un jugement est assez difficile. Par contre, il faut
noter que cela s'adresse comme le chef de l'Opposition le disait
tantôt à des élèves de douze et treize ans.
Est-ce que le ministère de l'Education, et en particulier les
pédagogues, n'auraient pas dû exercer un meilleur jugement? On
peut se poser la question.
Je tiens à dire, en pareille circonstance comment sont
établies les relations de travail entre le ministère de
l'Education du Québec et Radio-Québec. La production des
émissions et des documents audio-visuels se divise en quatre phases. Le
ministère c'est-à-dire les officiers, les employés,
ceux qui sont chargés de ces problèmes-là prend la
décision de faire produire des émissions ou des documents
audio-visuels sur un tel sujet.
Deuxièmement, le service de production pédagogique du
ministère, le service des moyens techniques d'enseignement affectent un
pédagogue à la préparation du contenu pédagogique
de cette production. Radio-Québec met alors à la disposition de
ce pédagogue un réalisateur et ses services de production. Cette
deuxième phase se termine par un texte signé par le
pédagogue. Quand il y a une interview, aucun doute que le
pédagogue récite l'interview, en partie ou au complet.
Troisièmement, le réalisateur entreprend la
réalisation des émissions ou des documents audio-visuels. Le
pédagogue affecté à cette production par le service des
moyens techniques et d'enseignement du ministère de l'Education, se met
à la disposition du réalisateur. Cette phase numéro trois
se termine par le produit fini.
La phase numéro quatre consiste en l'acceptation ou le refus, par
le ministère commanditaire, du produit fini.
Voilà, M. le Président, ce qui a été fait au
sujet de la production d'une émission éducative. J'ai
donné les raisons pour lesquelles le dénommé John Lennon
des Beatles a été interviewé. On voit comment, dans ce
cas, Radio-Québec n'a aucune responsabilité puisque c'est le
pédagogue délégué du ministère de
l'Education qui demande à Radio-Québec de faire une interview
comme on l'a fait dans ce cas-là. Je pense que l'interview s'est faite
à l'hôtel Reine-Elizabeth.
M. LESAGE: Ce doit être là, il est au Ut.
M. BERTRAND: C'est sûr, c'est un homme qui a besoin de repos.
M. LESAGE: Le premier ministre nous a parlé avec une grande
franchise. Je l'apprécie énormément. Il a voulu tirer de
l'histoire des précédents qui ne pourraient peut-être pas
pleinement justifier dans son esprit mais excuser certains actes qui ont
été posés par des fonc-
tionnaires de Radio-Québec et du ministère de
l'Education.
Je dirais que pour ce qui est des grands maîtres du passé
qui ont été emprisonnés pour certains c'est vrai
pour des bêtises assez graves dans certains cas, c'est vrai
aussi cela n'avait pas l'effet immédiat que ça peut avoir
maintenant parce que les communications instantanées n'étaient
pas inventées à ce moment-là. Je donne un exemple.
L'auteur qui a été le plus emprisonné de tous et qui a
été le plus grand objet de controverse est probablement Casanova.
Les Mémoires de Casanova, bien sûr, ont été
retrouvés très longtemps après sa mort, et cela n'a pas eu
le même effet que s'ils avaient été publiés de son
vivant et à grand renfort de publicité. Ce n'est pas du tout la
même chose.
Ce qu'il y a, c'est qu'il faut tenir compte que nous sommes aujourd'hui
dans un monde de communications instantanées, de diffusion
instantanée. La meilleure preuve, c'est cette publicité, que le
premier ministre a presque eu la tentation de qualifier de jaune, autour de ce
monsieur Lennon et de sa compagne.
M. BERTRAND: Lennon. Je me trompais tout à l'heure en disant
Lemmon. C'est Lennon.
M. LESAGE: Evidemment, les jeunes d'aujourd'hui prennent connaissance de
ces choses-là. Ils voient les images. Lorsqu'ils entendront ce monsieur
à l'automne, ils sauront qu'il s'agit d'un monsieur qui a fait du
« bed-in », parce que c'est comme ça qu'on appelle ce qu'il
fait actuellement.
M. BERTRAND: Du « bed-in ».
M. LESAGE: Oui. Il y a eu du « sit-in », il y a du «
teach-in », du « love-in ».
M. BERTRAND: Là, c'est du « bed-in».
M. LESAGE: Oui, « bed-in ».
M. BERTRAND: Bedaine, « bed-in ».
M. LESAGE: C'est d'ailleurs le titre du journal La Gazette; «
Bed-in ». Dans les articles de journaux j'ai devant moi celui de
la Gazette il est bien spécifié ceci: « Lennon was
granted a ten day stay in Canada by the Department, of Immigration after a two
hour hearing with Immigration officials at Toronto airport Monday.
The hearing was held to inquire into Lennon's admissibility to Canada.
He had been denied entry to the United States because of a recent conviction in
London for possession of marijuana. »
M. BERTRAND: Le Canada fait preuve de très grande liberté,
on l'accorde à tous.
M. LESAGE: Ce que je veux dire, c'est que tout le monde sait que ce
bonhomme-là, qui va servir d'instrument d'éducation et de culture
à nos tout jeunes...
M. BERTRAND: J'ajouterai tantôt quelques renseignements pour
montrer que ça ne va pas aussi loin que ça.
M. LESAGE: ... qui va tout de même, dis-je, servir d'instrument
pour l'éducation et la culture de nos jeunes qui vont entrer dans ce que
les Anglais appellent le « teen age » qui est, hélas,
dangereux pour la marijuana, il faut bien le reconnaître, tous sauront
que c'est un bonhomme comme ça.
Quand on sait que, dans trop de nos collèges, à l'heure
actuelle, il est d'une facilité inconcevable de se procurer cette
drogue, la marijuana, ici, à Québec, j'ai des rapports de jeunes
étudiants à l'effet que c'est très facile sur les campus,
non seulement de l'université, mais sur les campus des CEGEP et
même au secondaire, d'obtenir cette drogue. Voici un bonhomme qui a
été convaincu de possession illégale de marijuana et qui
sert d'instrument pour l'éducation et la culture de notre jeunesse.
Parce que, même si c'est de la jeunesse de langue anglaise, le premier
ministre sera d'accord avec moi pour dire que c'est notre jeunesse à
nous.
M. BERTRAND: C'est notre jeunesse quand même. C'est vrai.
M. LESAGE: C'est notre jeunesse au Québec.
M. BERTRAND: Je donnerai tantôt quelques renseignements
additionnels pour compléter...
M. LESAGE: Je voulais dire que l'argument du premier ministre sur ce qui
a pu se faire il y a des siècles, dans le passé, ou même
avec le marquis de Sade, ne s'applique pas, parce qu'aujourd'hui tout se sait,
tout est publié à grand renfort de publicité, et c'est une
preuve de plus que Radio-Québec et l'Office d'information et de
publicité sont des instruments qu'il faut manier, même dans le
domaine de l'éducation parce que nous sommes dans le
domaine de l'éducation avec la plus grande prudence.
Jamais, jamais, nous n'entourerons ces organismes gouvernementaux d'assez de
contrôle, jamais nous ne prendrons assez de précaution à
leur égard. Il y aura toujours des erreurs. Il y a des
précautions qui sont prises à Radio-Canada, et Dieu sait qu'il y
en a des erreurs qui se commettent. Je demanderais au premier ministre de bien
réfléchir à tout cela, de continuer de penser qu'il faut
les contrôles non seulement financiers mais qu'il faut des
contrôles de gens indépendants du gouvernement,
indépendants de la politique, sur de pareils instruments, et qu'il faut
aussi un contrôle parlementaire, en dehors de tout contrôle
gouvernemental ou de tout contrôle extérieur.
Cest une preuve de plus. Cest arrivé comme ça et
justement, dans le domaine de l'éducation. Je n'ai pas l'intention
d'insister sur le cas. Je pense bien qu'il y aura moyen d'éviter que ce
monsieur passe pour un héros aux yeux de la jeunesse actuelle. Il serait
important qu'il ne passe pas pour un héros. Je pense qu'il y aura moyen
d'éviter ça maintenant que l'on est saisi du problème. Que
cela nous serve d'exemple sur le plan plus large des principes.
M. MICHAUD: J'aurais simplement quelques commentaires à ajouter
là-dessus. Il est clair que le problème qui est soulevé
devant nous et qui est porté à l'attention des
législateurs déborde les problèmes qui sont actuellement
soulevés dans le cas de l'entreprise privée.
Lennon, bien sûr, est un des maîtres de la musique moderne.
Mais cela présente des dangers lorsqu'il y a une identification entre le
producteur (l'artiste) et sa conduite personnelle. Le problème n'aurait
pas été soulevé si Radio-Québec cela
n'aurait peut-être pas coûté plus cher avait
dépêché, pour réaliser cette émission, une
équipe à Londres pour interroger M. Lennon sur ce qu'il pense de
la musique moderne, sur la façon dont il conçoit ce nouveau
rythme des Beatles, qui semble plus accordé à la civilisation de
la machine que les rythmes anciens, que les mélodies anciennes, la valse
et le reste.
Tout cela, bien sûr, peut contribuer à l'éducation
des jeunes, parce qu'ils vont vivre dans un monde qui va être totalement
différent du nôtre. Mais il est clair que, dès que des
fonds publics sont engagés dans des productions de cette nature, les
mesures de contrôle doivent être doublement rigoureuses, parce que
l'Etat doit répondre de certains faits et gestes.
Alors, que cela serve d'exemple pour l'avenir. Il y a possibilité
de concilier ces exigences. On a, d'ailleurs, le même exemple, dans un
cas que j'ai soulevé ici, de cette façon un peu morbide de
vouloir entrer dans la vie personnelle et privée des gens. On a pris un
de nos poètes, le poète Nelligan, et on a fait...
M. BERTRAND: Dans son cas, c'est difficile de ne pas y entrer; il ouvre
la porte de chambre et il se fait photographier au lit.
M. MICHAUD: Mais, si les producteurs de Radio-Québec
étaient allés...
M. BERTRAND: Au moins, s'il tenait la porte fermée.
M. MICHAUD: ... à Londres interroger M. Lennon sur ce qu'il pense
de la musique moderne...
M. BERTRAND: Je n'ai pas d'objection à ce qu'il fasse ce qu'il
voudra...
M. MICHAUD: ... comment il a été amené...
M. BERTRAND: ... mais qu'il le fasse derrière les portes
closes.
M. MICHAUD: ... à concevoir ces nouveaux rythmes, je dis: Oui. Je
cite également l'exemple de Nelligan. Remarquez que l'art,
habituellement, ne connaît pas de critères moraux. On peut
être pour ou contre; on peut dire que c'est bon ou mauvais, mais l'art ne
connaît pas de critères moraux. On a pris, par exemple, Nelligan,
un de nos plus grands poètes; dans le film on a consacré 59
minutes à des séquences filmées dans un asile
d'aliénés. On a projeté des images qui étaient
horribles et on n'a pas parlé du poète Nelligan.
Quand on aborde des problèmes comme ça, que l'on parle
d'art, bien sûr, dans toutes ses facettes qu'on accepte ou pas... Que le
premier ministre soit un amateur de discothèques ou qu'il aime mieux les
« grands violons» et les « sanglots longs et l'automne
»...
M. BERTRAND: Non, non.
M. MICHAUD: ... cela n'a rien à voir. Enfin, je ne connais pas
les goûts du premier ministre en musique.
M. BERTRAND: Je sais m'adapter de temps à autre.
M. MICHAUD: Les Beatles ont fait de très belles choses. Ils ont
fait des choses, évidemment, qui sont moins belles. Il y a dans
leurs
productions des scories, mais il y a aussi des choses très
belles. Que l'on s'en tienne aux critères et aux canons de l'art. Mais,
quand on arrive dans la vie privée des gens, ce qui se produit, c'est
que l'extrême popularité d'un des Beatles peut justifier et
cautionner des comportements individuels qui n'ont absolument rien à
voir avec son témoignage et avec son expression artistique. Cela c'est
extrêmement important.
Le premier ministre a parlé du passé. Bien sûr, s'il
fallait entrer dans la vie privée de tous ceux qui ont donné des
témoignages artistiques à l'humanité, on trouverait des
tas de choses. Là, je rejoins le chef de l'Opposition. Avec le
développement fantastique des moyens de communication, il faut
éviter de confondre la vie personnelle des artistes avec leur forme
d'expression de l'art. Dans ce cas-là, il peut y avoir une confusion.
C'est que le génie de Lennon, parce que c'est un génie sur le
plan musical, n'en est nécessairement pas un sur le plan de sa conduite
personnelle.
Je ne veux pas faire de blague inutile, mais si cette publicité
abusive est une incitation à une politique de natalité pour le
Québec cela se peut, car il y a un problème
démographique grave il faudrait quand même trouver des
moyens un peu plus séduisants que les photos publiées dans les
journaux et qui ne sont pas, elles, une incitation à une
véritable politique de la natalité.
M. BERTRAND: M. le Président, on verra, par les quelques propos
que je vais ajouter, que des personnes très sérieuses ont
exprimé des avis là-dessus. J'ai dit que la série
était réalisée par M. Jean-Pierre Parisse, de
Radio-Québec, et que la commande était placée par le
ministère de l'Education. Le pédagogue responsable en est M.
William Stevens. Cette série sera diffusée dans les écoles
au cours du premier semestre de l'année scolaire 1969-1970, où
l'on présentera des extraits de disques, ainsi que des entrevues de
compositeurs, de chefs d'orchestre et d'interprètes.
Le pédagogue responsable du contenu pédagogique de la
série je dirai en quoi consiste la série
considère le phénomène Beatle comme un apport important,
je l'ai noté tantôt, à l'évolution de la musique. Au
cours d'entrevues enregistrées à Radio-Québec pour les
fins de la même série d'émissions intitulée «
Exploring Music », deux de nos plus érninents musicologues, M.
Clermont Pépin, directeur du Conservatoire de musique de
Montréal, et M. Jean Papineau-Couture, doyen de la faculté de
musique de l'Université de Mont- réal, ont exprimé le
même avis, le premier le 14 mai 1969, et le second le 20 mai 1969: La
série « Exploring Music » a pour but d'explorer la musique
à partir de ses formes qui sont les plus familières aux
jeunes.
Le réalisateur et le pédagogue ont profité
le député de Gouin demandait si cela n'aurait pas
été mieux d'envoyer l'équipe à Londres du
passage, à Montréal, de compositeurs tous ceux qui sont
venus de chefs d'orchestre et d'interprètes pour interviewer ces
derniers. La décision, d'ailleurs, de diffuser tout ou partie de
l'interview de M. John Lennon ne sera prise qu'ultérieurement, tout
comme dans le cas de toutes les autres entrevues, c'est-à-dire lors du
montage final des émissions. Voici en quoi consistent les douze
émissions : La première, musique en général; la
deuxième, musique classique et baroque; la troisième, rythme et
percussion; la quatrième, folklore; la cinquième, opéra;
la sixième, jazz; la septième, musique canadienne; la
huitième, les compositeurs; la neuvième, les chefs d'orchestre;
la dixième, les interprètes; la onzième, les instruments
à cordes; la douzième, les instruments à clavier et les
autres instruments.
On voit donc que c'est une série joliment complète. Dans
ce domaine, je ne crois pas... Il ne faut pas se baser sur ces photos que l'on
voit dans les journaux et où La Presse est la première à
pénétrer dans cette chambre dont l'individu John Lennon devrait,
comme je l'ai dit tantôt, garder la porte close. C'est clair.
M. MICHAUD: Disons qu'il ne s'agit pas...
M. BERTRAND: Je doute fort, d'ailleurs, que nos jeunes de douze ou
treize ans lisent beaucoup les journaux. Ils s'attachent beaucoup plus à
la musique qu'ils entendent. Ils s'attachent à la musique, aux
chansonniers. Etant donné que c'est un phénomène de notre
époque, un phénomène contemporain...
M. MICHAUD: Là-dessus nous sommes d'accord.
M. BERTRAND: ... je crois qu'il n'y a pas de scandale, de ce
côté-là, ni de la part de Radio-Québec, ni du
ministère de l'Education.
M. MICHAUD: La décision, par le réalisateur, d'inviter M.
Lennon à exprimer ses points de vue sur la musique moderne est
excellente. Ce que nous essayons de dire, il ne s'agit pas de soulever des
tempêtes dans un verre d'eau.
M. BERTRAND: Excepté que ça arrive au
moment où cet individu est l'objet d'une large publicité
au Québec, au Canada et à travers le monde.
M. MICHAUD: Les ébats amoureux de M. Lennon en fait ne
m'intéressent guère et ne doivent guère intéresser
le public.
M. BERTRAND: Cela va durer ce que durent les roses, l'espace
c'est le cas de le dire d'un matin.
M. MICHAUD: Vous êtes dans les Stances à Dupérier
sur la mort de sa fille. Monsieur connaît Malherbe.
M. BERTRAND: Alors, deuxième question qui m'avait
été posée par le chef de l'Opposition...
M. MICHAUD: Le premier ministre a des lettres, il cite Malherbe.
M. BERTRAND: ... il y avait la campagne d'embellissement. Mettons-y du
piquant.
M. LESAGE: Oui, si le premier ministre me permet, j'ai eu la
réponse par les journaux.
M. BERTRAND: Vous l'avez eue?
M. LESAGE: Par les journaux, parce que le ministre du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche a donné une conférence de presse
où il a donné dans le menu détail réponse aux
questions que j'avais posées, sauf pour ce qui est du contenu exact,
premièrement, des émissions de télévision et,
deuxièmement, des annonces, de la publicité dans les
hebdomadaires. Mais tout le reste, quant au coût, ça va bien. Mais
il y a une question...
M. BERTRAND: Il n'y a rien de...Il y a une chose qui m'a
frappé...
M. LESAGE: ... à laquelle il n'y a pas eu de réponse,
c'est SOPEC. Combien?
M. LOUBIER: Rien.
M. BERTRAND: Pas un seul sou.
M. LESAGE: C'est l'Union Nationale qui va payer?
M. LOUBIER: Ce n'est pas gentil ça.
M. BERTRAND: Non, SOPEC apporte sa col- laboration gratuite, et sachons
reconnaître, au-delà de la partisanerie, le geste de
gratuité posé par tous les postes de télévision et
par la compagnie SOPEC.
M. LESAGE: Oui, oui.
M. BERTRAND: En fin de compte, ce sont des compatriotes.
M. LESAGE: SOPEC va quand même avoir son 15% en plaçant,
comme on dit, les annonces dans les journaux, les annonces dans les hebdos.
M. BERTRAND: Bien oui, mais pour montrer comment on peut faire de la
propagande, je lis le Soleil du 29 mai...
M. MICHAUD: Une note, un mémo de notice.
M. BERTRAND: ... le titre c'est: Opération Gaspésie
$600,000 pour y mettre du plaisant.
M. LESAGE: C'est vrai, c'est la conférence, c'est le rapport de
la conférence de presse du ministre du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche.
M. BERTRAND: Oui, mais, à ce moment-là, on a l'impression
que ça coûte $600,000. La personne qui ne s'attache qu'au titre,
ça dit $600,000 pour y mettre du plaisant en Gaspésie. Or,
dès les premières lignes, plus de $600,000 en publicité,
dont $500,000 comme participation gratuite.
M. LESAGE: Oui, c'est la vérité.
M. BERTRAND: La vérité est là, pas dans le
titre.
M. LESAGE: Oui, bien oui.
M. LOUBIER: Pas dans le titre.
M. BERTRAND: Disons que, dans le titre, il y en a, puis il n'y en a pas.
C'est $600,000...
M. LESAGE: Il y en a beaucoup dans le titre, il y en a pour
$600,000.
M. BERTRAND: ... le titre, je le sais, plaît davantage à
l'Opposition.
M. LESAGE: J'ai dit que j'avais eu tous les renseignements que je
voulais.
M. BERTRAND: La première partie de l'ar-
ticle plaît davantage au gouvernement, parce que c'est plus vrai.
Mais c'est moins vrai, le titre, ça, je sais que ça plaît
à l'Opposition la propagande.
M. MICHAUD: Mais le premier ministre connaît sans doute le
mécanisme, le phénomène de compensation en matière
de publicité. Il arrive que le gouvernement du Québec
achète du temps d'antenne dans les postes privés de radio et paye
pour. Il est normal, dans la presse écrite, que l'on achète un
pavé publicitaire, que l'on envoie un communiqué de presse qui,
lui, est publié gratuitement. Ce n'est donc pas tout à fait
gratuit, je sais que c'est une gentillesse que peuvent faire, à
l'occasion, les postes privés...
M. LOUBIER: Non, non.
M. MICHAUD: ... mais en retour de certains avantages dans d'autres
domaines, là où SOPEC achète du temps d'antenne, il
reçoit sa commission.
M. BERTRAND: Quant à moi, je ne peux que féliciter le
ministre du tourisme d'avoir organisé cette magnifique campagne de
publicité...
M. LESAGE: Ah! ce n'est pas lui! M. BERTRAND: ... pour la
Gaspésie. M. LOUBIER: Très bien.
M. LESAGE: Ce n'est pas lui,
M. MICHAUD: Est-ce que le thème « Mettez-y du plaisant
» reçoit la sanction du ministre des Affaires culturelles?
M. BERTRAND: Il est heureux qu'il y ait une campagne de cette nature
d'organisée, afin de faire connaître davantage à tous nos
compatriotes...
M. MICHAUD: Est-ce que le premier ministre permettra au ministre des
Affaires culturelles de commenter le thème judicieux qui a
été choisi?
M. BERTRAND: ... ce magnifique coin du pays que constitue la
Gaspésie.
M. MICHAUD: Non, ce n'est pas ça, la question.
M. LESAGE: « Mettez-y du plaisant » est-ce que le ministre
des Affaires culturelles est d'accord?
M. BERTRAND: Mettons-y du plaisant. J'ai regardé dans le
dictionnaire ce matin...
M. MICHAUD: Oui.
M. LESAGE: Mais le ministre des Affaires culturelles... ?
M. BERTRAND: ... ça veut dire: Mettons-y de l'amusant, mettons-y
de l'agréable.
M. LESAGE: Le ministre des Affaires culturelles fait signe de la
tête qu'il n'est pas d'accord. Je voudrais bien que ce soit
enregistré au journal des Débats.
M. BERTRAND: Bien, il ne peut pas enregistrer le signe de sa
tête.
M. LESAGE: Non, mais moi, je l'enregistre.
M. BERTRAND: Mais disons que, dans le fond, je crois, il trouve le
mot...
M, MICHAUD: Est-ce que le premier ministre se superpose, comme
autorité linguistique, au ministre des Affaires culturelles?
M. BERTRAND: ... Mettons-y du plaisant, ce n'est pas si mal.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je le trouve très plaisant.
M. BERTRAND: C'est plaisant, c'est amusant, c'est agréable. C'est
ça que ça veut dire en fait.
M. MICHAUD: Mais le premier ministre devient...
M. BERTRAND: Mettons-y, ça veut dire plus que ça, le
dictionnaire, je me rappelle: Mettons-y du piquant.
M. LESAGE: Ah, ça c'est une autre affaire.
M. BERTRAND: Mettons-y du piquant, mettons-y de l'amusant, mettons-y de
l'agréable, c'est ça que ça veut dire.
M. LESAGE: De la gaieté.
M. BERTRAND: Ce n'est pas si mal.
M. LESAGE: Mettons-y de la gaieté, ce serait français.
M. BERTRAND: De la gaieté.
M. LESAGE: C'est parce que plaisant, ce n'est pas un substantif.
M. MICHAUD: Plaisant devient participe présent.
M. BERTRAND: Mais tous les gens vont s'interroger sur « plaisant
», ça va attirer davantage la curiosité.
M. LOUBIER: C'est pour ça que c'est bon.
M. MICHAUD: Plaisant devient participe présent.
M. BERTRAND: A tout événement, voilà une excellente
campagne...
M. MICHAUD: Ecoutez, comme autorité linguistique, le premier
ministre peut aller se rhabiller, s'il défend ce
thème-là.
M. BERTRAND: ... pour faire connaître davantage la
Gaspésie, ce coin trop ignoré où la nature est tellement
belle. De nouveau, je félicite le ministre du Tourisme, de la Chasse et
de la Pêche qui, une fois de plus, manifeste son esprit d'imagination en
même temps que son dynamisme.
M. LESAGE: Nous irons la visiter cet été au cours de la
campagne électorale.
M. MICHAUD: Une question un peu plus sérieuse: Est-ce que le
premier ministre aurait objection à déposer les échelles
de salaires des techniciens de Radio-Québec? Je ne lui demande pas cela
immédiatement.
M. BERTRAND: Je pourrai avec plaisir fournir ces renseignements. Disons
que j'essaierai de les obtenir pour le début de la semaine
prochaine.
M. MICHAUD: Est-ce déjà fait, comparativement aux
échelles de salaires payés à Radio-Canada, par
exemple?
M. BERTRAND: Je fournirai tous ces renseignements.
M. MICHAUD: Pour ce qui concerne les contrats d'achats
d'équipement, on en a discuté. On a la quasi-certitude que,
partout où c'est possible, l'administration de Radio-Québec suit
le principe des appels d'offres pour acheter son matériel.
M. BERTRAND: Oui. En principe, oui.
M. MICHAUD: En principe oui. C'est l'exception, lorsqu'il n'y a qu'un
seul fournisseur possible?
M. BERTRAND: C'est l'exception où il n'y a pas d'appels d'offres.
Comme l'a noté avec raison le député de
Montréal-Laurier, ça dépend de ce qui a été
acheté au début. Il arrive un moment où, avec tel
équipement, doivent aller tels accessoires. A ce moment-là, il ne
peut y avoir d'appels d'offres. Cela a été à la suite
d'appels d'offres qu'on a acheté tel équipement provenant de
telle compagnie. Quand il s'agit des pièces de rechange ou des
pièces complémentaires, à ce moment-là, il n'y a
pas d'appels d'offres.
M. MICHAUD: Une autre question. Mais, à celle-là, le
premier ministre pourra répondre plus tard, au sujet du contrat de
location des meubles. Apparemment, Radio-Québec n'a pas acheté
ses meubles, mais elle a loué tout l'équipement de... Je pose la
question. Vous pourrez répondre plus tard.
M. BERTRAND: Je n'aurai pas d'objection à fournir tous ces
renseignements.
M. MICHAUD: Ce contrat de location des meubles à
Radio-Québec pourra être déposé?
M. BERTRAND: Oui. Très bien. Je répondrai à
cela.
M. LESAGE: Alors, article suivant parce que c'est un article statutaire
celui-là. Le suivant, c'est l'article 11: Comité d'étude
sur les institutions financières. Où le comité en
est-il?
M. BERTRAND: Voici.
M. LESAGE: Je m'excuse d'interrompre le premier ministre. Le
président me demande si l'article 10 a été adopté.
Il a été adopté. Nous étions à l'article 11
qui ne requiert pas de vote, mais je crois que l'article 10 n'a pas
été rapporté comme adopté.
M. BERTRAND: Mais je leur ai dit tantôt qu'il avait
été adopté.
M. LESAGE : Il avait été adopté, après le
vote qui a été pris sur l'article 9.
M. BERTRAND: C'est ça. Voici. Le comité d'étude sur
les institutions financières. D'abord, le comité était
formé de MM. Jacques Parizeau, Douglas Fullerton, Yves Pratte, Michel
Bélanger, Robert Després, secrétaire: Jacques
Prémont. Le comité avait été formé à
la suite d'un arrêté ministériel 2461 du 22 décembre
1965. Le délai accordé au comité d'étude sur les
institutions financières pour faire rapport avait été
prolongé jusqu'au 1er avril 1969. Il a été de nouveau
prolongé jusqu'au 1er juin, suivant l'arrêté en conseil 821
du 26 mars 1969. Le comité a terminé son étude, la
rédaction du rapport est complétée et on complète
actuellement la traduction en anglais du rapport ainsi que
l'impression dans les deux langues. M. Parizeau m'a dit dernièrement que
nous devrions l'avoir sous peu.
M. BOURASSA: Je me demandais s'il ne pourrait pas être possible
d'avoir la publication du rapport avant la discussion des crédits des
institutions financières.
M. BERTRAND: Le député de Mericer peut être
assuré... Je l'avais demandé à M. Parizeau; il savait que
nous étions au stade de l'étude des estimations
budgétaires, mais il attend le volume qui doit sortir des presses ces
jours-ci.
M. BOURASSA: Cela veut dire qu'il reste une chance théorique.
Cela ferait une discussion des estimations beaucoup plus
intéressante.
M. BERTRAND: D'autre part, ça va être un rapport assez
volumineux. Je pense bien que le député de Mercier va vouloir le
lire. Je sais qu'il est très intelligent, qu'il lit très
rapidement, mais je pense qu'il va, comme tous les autres, prendre le soin de
le lire avant de faire des commentaires.
M. BOURASSA: Il ne sera pas nécessaire de refaire toutes les
études qui ont été faites, pour en prendre connaissance
plus rapidement et pour avoir une discussion...
M. BERTRAND: Il n'y a de faute de la part d'aucun des membres, ni du
gouvernement. Nous attendons la publication du rapport.
M. LESAGE: Est-ce que le premier ministre a une idée des
recommandations générales...
M. BERTRAND: Non.
M. LESAGE: ... plus particulièrement en ce qui touche les
opérations financières des caisses populaires?
M. BERTRAND: Non, le seul...
M. LESAGE: Parce que c'est assez urgent cela, n'est-ce pas?
M. BERTRAND: Oui, je comprends. J'en ai déjà parlé
avec M. Parizeau. Je n'ai aucune idée des recommandations. Le seul
problème que, personnellement M. Gabias avait soumis des
problèmes au comité j'avais soumis au comité, c'est
celui de la mutualisation de l'Industrielle.
M. LESAGE: Oui, mais cela...
M. BERTRAND: Mais je veux dire, c'est le seul...
M. LESAGE: ... a été réglé au comité
en bas.
M. BERTRAND: Oui, je le sais. J'avais soumis ce problème au
comité, mais je sais que mon collègue M. Gabias, qui était
ministre, avait soumis quelques autres problèmes.
M. LESAGE: Quelques problèmes ont été soumis et il
y a eu des rapports intérimaires sur des questions précises?
M. BERTRAND: C'est cela.
M. LESAGE: Il y en a eu. Mais sur ce problème
général de la participation plus directe des caisses populaires
à des opérations bancaires, à des opérations
fiduciaires, le rapport est attendu avec beaucoup d'impatience.
M. BERTRAND: Je sais qu'à peu près dans tous les milieux
on attend ce rapport avec beaucoup d'impatience. On a hâte de le lire et
surtout d'y lire les recommandations que ces messieurs feront au
gouvernement.
M. BOURASSA: Est-ce que le premier ministre est au courant qu'il y a des
recommandations sur le plan des incitations au réinvestissement au
Québec? Le premier ministre n'est pas au courant?
M. BERTRAND: Non.
M. BOURASSA: Est-ce que le premier ministre... je me demande s'il avait
répondu, s'il avait annoncé quelque chose là-dessus dans
le cas de l'Alliance Credit. Je me souviens que le premier ministre avait
dit...
M. BERTRAND: Le député de Drummond m'a envoyé une
note personnelle l'autre jour. Disons
que, dans ce domaine-là, j'avais fait examiner le dossier
à l'époque...
M. BOURASSA: Oui.
M. BERTRAND: ... pour savoir si des procédures pouvaient
être prises ou devaient être prises...
M. BOURASSA: Vous aviez dit que dans...
M. BERTRAND: J'ai eu un premier rapport à l'effet qu'on ne le
croyait pas, du moins d'après la première étude qui avait
été faite. A ce moment-là j'ai demandé que l'on
réexamine le dossier at j'essaierai peut-être de donner la
réponse en Chambre au début de la semaine prochaine.
M. BOURASSA: D'accord. M. LESAGE: Adopté.
M. BERTRAND: Poste 12.Commissiond'enquête sur la situation de la
langue française...
M. LESAGE: Est-ce que cela a duré assez longtemps pour que les
commissaires aient eu le temps d'apprendre l'anglais?
M. BERTRAND: Avec M. McQueney, je pense qu'ils parlent tous
français autour de la table. La commission a été
créée...
M. LESAGE: Cela leur prend du temps à se mettre en marche.
M. BERTRAND: C'est un problème...
M. LESAGE: Non, mais à se mettre en marche.
M. BERTRAND: Oui, c'est un problème extrêmement
complexe.
M. LESAGE: D'accord, mais au moins qu'on se mette en marche.
M. BERTRAND: Oui, je crois qu'ils ont terminé cette
opération que j'appellerais de cerner le problème.
M. LESAGE: Oui.
M. BERTRAND: Et que l'on doit se mettre en branle maintenant pour
recevoir des mémoires. Des annonces ont paru dans les journaux,
d'ailleurs.
M. LESAGE: Oui, j'ai vu cela.
M. BERTRAND: Ils peuvent d'abord prendre connaissance des
mémoires qui ont été présentés au
comité sur le fameux bill 85. Disons qu'ils se ressemblent pas mal
tous.
M. LESAGE: C'est-à-dire que cela se ressemble surtout par les
extrêmes.
M. BERTRAND: Oui, il y a deux genres d'extrémistes dans ce
domaine-là. Ceux qui disent non; d'autres qui disent oui.
M. LESAGE: Us disent: Non, non, non! Les autres disent: Oui, oui,
oui!
M. BERTRAND: Non, non, non! A tout événement, nous nous
sommes aperçus que ce pro- blème de la langue était
joliment compliqué.
M. LESAGE: Il permet que les extrêmes se rejoignent dans
l'extrémisme.
M. BERTRAND: C'est cela. La commission devrait se mettre au travail
publiquement bientôt. Elle l'a fait privément. On connaît
les noms des commissaires...
M. LESAGE: Oui, cela va. C'est la lenteur qui m'ennuie.
M. BOURASSA: Il y a le problème que des études analogues
auraient pu être faites par la commission...
M. BERTRAND: Voici ce que j'ai indiqué lors d'une entrevue que
m'avaient demandée d'ailleurs, les commissaires. Premièrement, il
y a des travaux qui ont coûté énormément cher...
M. LESAGE: M. le Président, je suis obligé d'invoquer le
règlement. Je me sentirais très mal à l'aise pour
intervenir, alors que mes propos peuvent être rapportés par un
journaliste qui fait partie du conseil des ministres.
M. BERTRAND: Il est ministre d'Etat, délégué
auprès de la tribune de la presse.
M. LESAGE: Ah, c'est lui le ministre de la propagande!
M. BERTRAND: Ah oui, c'est la fonction publique.
M. BOURASSA: Nous allons aller le retrouver tout à l'heure.
M. MAILLOUX: Est-ce la poule d'or qui vous a attiré?
M. BERTRAND: J'espère qu'il va prendre des notes copieuses.
Premièrement, il y a des travaux qui ont été accomplis par
la commission Laurendeau-Dunton.
M. BOURASSA: Oui.
M. BERTRAND: Deuxièmement, nous avons aussi le ministère
des Affaires culturelles, avec M. Frégault, et l'Office de la langue
française où des travaux ont été conduits depuis
plusieurs années.
M. BOURASSA: Donc, cela veut dire qu'il y a de la coopération
avec la commission Laurendeau-Dunton.
M. BERTRAND: Je les ai invités, d'ailleurs. Ils y pensaient, mais
j'ai senti le besoin de leur dire d'utiliser tout ce qui existe d'abord avant
de se lancer dans des études que nous avons peut-être au
gouvernement ou qu'on peut se procurer auprès de la commission
Laurendeau-Dunton. Cest ce qui s'est fait.
Le calendrier de travail doit être définitivement
arrêté la semaine prochaine. Cest M. Frégault, on le sait,
qui est secrétaire de la commission, avec comme secrétaire
adjoint, Me Louis Robichaud.
M. BOURASSA: Oui, Jacques Robichaud. M. BERTRAND: Oui Jacques, pas
Louis.
M. BOURASSA: Il y a déjà deux Louis Robichaud.
M. BERTRAND: Oui, il y a Louis là-bas et Louis à
Montréal.
M. LESAGE: Cest ça.
M. BOURASSA: La commission prévoit-elle, par exemple je
pose la question; je suppose que c'est le cas de rencontrer les gros
employeurs du Québec?
M. BERTRAND: Oui, nous nous proposons je crois que c'est une
démarche qui devrait être une des premières, d'ailleurs
de rencontrer du moins, quelques-uns des représentants du monde
de l'économie.
M. BOURASSA: J'avais déjà suggéré, à
plusieurs reprises, qu'une façon concrète et pra- tique de faire
avancer le problème, c'était peut-être, de rencontrer les
vingt plus gros employeurs du Québec, ce pourrait créer des
effets d'entrafnement sur les autres.
M. BERTRAND: Ils peuvent à l'heure actuelle, d'abord, rencontrer
un groupe qui est déjà constitué, celui que l'on appelle
le Conseil général de l'industrie.
M. BOURASSA: Oui.
M. BERTRAND: Vous avez, dans ce groupe-là, 40 à 45
personnes qui représentent le monde de l'industrie et du commerce au
Québec, disons les têtes dirigeantes.
M. BOURASSA: Si on regarde la composition du Conseil de l'industrie, il
y a, évidemment, les présidents de compagnies, les gros
actionnaires, etc, mais il est peut-être aussi important de rencontrer
les « managers », les directeurs généraux, parce que
ce sont eux qui établissent les directives pour des choses comme
ça.
M. BERTRAND: Il y a, d'ailleurs, au sein de cette commission, on le
sait, M. Aimé Gagné qui vient de l'Alcan et qui a joué un
rôle de premier plan dans la francisation à l'Alcan.
M. BOURASSA: Oui, il a fait des exposés intéressants
là-dessus.
M. LESAGE: La seule suggestion que je voudrais faire...
M. BERTRAND: On a envoyé, pour le moment du moins, c'est
un départ 500 lettres aux grands employeurs pour entrer en
communication avec eux et recevoir des commentaires. On se propose de
rencontrer de ces gens-là.
M. BOURASSA: Mais le ministre des Affaires culturelles n'avait pas fait
ça depuis trois ans? Cela fait trois ans qu'il siège et il n'y
avait pas pensé encore?
M. BERTRAND: Oui, il faut donner ce crédit à notre
collègue des Affaires culturelles. Dans ce domaine-là il
l'a déjà noté en Chambre, d'ailleurs il a
reçu la coopération de plusieurs grandes industries au
Québec désireuses de franciser l'atmosphère dans leurs
usines, etc. Je le prierais de donner des renseignements additionnels.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
M. BOURASSA: Oui, oui, J'aimerais l'entendre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... je regrette que le député de
Mercier ne fût point là le jour où nous discutâmes de
ce poste...
M. BERTRAND: Là, surveillez-vous.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... de la langue française.
M. LESAGE: Où est le député de Gouin?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'ai indiqué à son
collègue, le député de Chambly, que l'Office de la langue
française, par son service de promotion du français, a pris
contact avec plus de 150 entreprises dont, à l'heure actuelle, au moins
80 sont disposées à nous donner leur collaboration.
M. BOURASSA: Quand ces contacts ont-ils été faits?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ces contacts ont été faits
pendant les trois dernières années, notamment au cours...
M. BOURASSA: Au cours des dernières semaines?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...des derniers douze mois, alors que nous
avons mis...
M. BERTRAND: Les contacts sont devenus plus étroits.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... en marche un service de promotion du
français qui permet de faire de l'Office de la langue française
quelque chose de vivant et non pas quelque chose que méprisait l'ancien
gouvernement.
M. BOURASSA: Tout ce que je conclus, M. le Président, c'est que
le peu d'action qui a été fait jusqu'à maintenant, c'est
grâce à l'Opposition qui a fait bouger le ministre et le
gouvernement par des débats au cours des récents mois.
M. TREMBLAY (Chicoutimi); Le mauvais français de l'Opposition
nous a incités à le faire.
M. LESAGE: M. le Président, je connais bien le secrétaire
de la commission, et je veux termi- ner là-dessus, c'est un grand
gentilhomme et je sais qu'il prend toujours les conseils ou les avis d'une
façon sérieuse. J'espère que lorsque la commission
entendra un des gros employeurs du Québec, M. Bradfield, la commission
ne siégera pas sur le campus de l'université. Alors,
adopté.
M. BERTRAND: Adopté.
M. LE PRESIDENT (M. Gauthier, Berthier): Poste 12, adopté, poste
13.
M. BERTRAND: Poste 13, réception, subventions.
Le chef de l'Opposition connaît ces subventions?
M. LESAGE: Oui.
M. BERTRAND: C'est le petit budget du premier ministre.
M. LESAGE: Il est plus gros qu'il était....
M. BERTRAND: C'est le budget quiaide, disons, à renflouer
certains autres collègues.
M. LESAGE: Oui, en effet, il permet d'accorder des subventions lors des
50e, 75e, 100e anniversaires de municipalités ou de paroisses, à
des oeuvres charitables.
M. BERTRAND: Troisième centenaire de Contrecoeur.
M. LESAGE: Je sais, quelquefois des oeuvres charitables très
méritoires qu'il n'y a aucun moyen de subventionner autrement.
M. BERTRAND: Il y a, par exemple, le Cercle juif de langue
française.
M. LESAGE: Cest un budget qui est nécessaire, il y a les
réceptions.
M. BERTRAND: Il y a des subventions, au cours de l'année 68/69,
pour un montant de $448,314.85.
M. LESAGE: Les réceptions du gouvernement, en
général, sont payées à même ce budget, ou si
elles sont payées par les divers ministères, je vais prendre un
exemple..,
M. BERTRAND: Oui.
M. LESAGE: La réception de cet après-midi, l'Office
franco-québécois de la jeunesse, je suppose que c'est l'Office
franco-québécois...
M. BERTRAND: C'est le ministère des Affaires
intergouvernementales.
M. LESAGE: C'est ça. Et lorsque le premier ministre reçoit
à déjeuner et qu'il a la gentillesse de m'inviter...
M. BERTRAND: C'est la présidence du Conseil.
M. LESAGE: ...duConseil, et c'est compris... M. BERTRAND: C'est compris
là-dedans. M. LESAGE: ... au poste que nous étudions. M.
BERTRAND: Oui, c'est compris.
M. LESAGE: C'était simplement pour cotte clarification parce que
je n'ai pas de détails à demander.
M. BERTRAND: C'est ça.
M. LESAGE: Je pourrais demander la liste de toutes les subventions, mais
je n'en ai pas l'intention et je ne le ferai pas.
M. BERTRAND: Il y a également...
M. LESAGE: Je fais confiance au premier ministre.
M. BERTRAND: ... quand nous recevons des personnages, comme le chef de
l'Opposition le sait,...
M. LESAGE: Oui.
M. BERTRAND: ... nous offrons un cadeau aux personnes...
M. LESAGE: C'est entendu.
M. BERTRAND: ...que nous recevons. Alors, il y a des cadeaux qui ont
été offerts aux personnalités.
M. LESAGE: Ce sont des choses qui doivent se faire.
M. BERTRAND: Parfois, c'est un volume, parfois c'est une pièce
d'artisanat. Nous encourageons nos gens du Québec.
M. LESAGE: Très bien, adopté. Poste 14.
M. LE PRESIDENT (M. Gauthier, Berthier): Poste 14, adopté.
M. LESAGE: Non, poste 13.
M. LE PRESIDENT (M. Gauthier; Berthier): Poste 13, adopté. Poste
14.
M. BERTRAND: Poste 14, honoraires, dépenses diverses ou
imprévues.
M. LESAGE: Il faut que je fasse durer mes questions cinq minutes pour
donner une chance au sous-ministre des Affaires intergouvernementales
d'arriver.
M. BERTRAND: Il est arrivé.
M. LESAGE: Le premier ministre m'avait dit neuf heures et quart. Je fais
tout mon possible pour...
M. BERTRAND: Il est arrivé, il a trouvé une gardienne.
Alors, il est arrivé, si on veut...
M. LESAGE: Poste 14...
M. BOURASSA: Je pensais qu'il avait eu d'autres jumeaux.
M. BERTRAND: Honoraires, dépenses diverses ou imprévues,
montants payés pour certains honoraires, pour services professionnels et
également...
M. LESAGE: Ce sont des services rendus au Conseil exécutif, des
demandes de mémoires et des avis professionnels.
M. BERTRAND: Oui, voici...
M. LESAGE: Qu'on me donne des exemples pour me rafraîchir la
mémoire.
M. BERTRAND: Par exemple, des honoraires pour services professionnels
rendus en rapport avec un bill, comme le bill 47, Loi modifiant la loi des
marchés agricoles. Le premier ministre, à l'époque, avait
fait faire une étude. L'avocat qui a travaillé à la
rédaction du projet de loi n'a pas été payé par
nous...
M. LESAGE: Ah bon!
M. BERTRAND: ... il a été payé par
l'exé-
cutif, c'est le bureau de Beaupré, Trudeau et Sylvestre.
On se rappelle l'avocat Trudeau qui avait témoigné devant
le comité.
M. LESAGE: Oui, en effet.
M. BERTRAND: Alors, certaines études ont été
commandées et ont été payées...
M. LESAGE: On se souviendra des scènes que faisait feu le premier
ministre Johnson pour les honoraires payés à un homme qui est
maintenant juge de la cour Suprême? J'ai devant moi des réponses
concernant les honoraires payés à d'autres avocats, et les
montants sont encore plus considérables que ceux qui avaient
été payés à M. Pigeon.
M. BERTRAND: Il n'y a aucun doute que, dans ce domaine-là, les
honoraires sont élevés.
M. LESAGE: Et cela servait d'argument à scandale au
prédécesseur du premier ministre.
Il est bon que ça se dise.
M. BERTRAND: Cela ne l'a pas empêché d'être
nommé à la cour Suprême.
M. LESAGE : Non, mais il est bon que ça se dise.
M. BERTRAND: Cela ne lui enlevait pas sa valeur. D'ailleurs, M. Johnson
a toujours déclaré qu'il reconnaissait en Me Louis-Philippe
Pigeon, comme moi aussi je le reconnais...
M. LESAGE: Oui, mais on voulait, quand même, faire un
scandale...
M. BERTRAND: ... un cerveau de premier ordre. C'est un excellent
avocat.
M. LESAGE: ... pour des montants d'honoraires qui sont inférieurs
à ceux que le gouvernement actuel paie. Je ne mentionne pas de nom,
parce que je n'admets pas que l'on procède comme le
prédécesseur du premier ministre procédait.
M. BERTRAND: Il est sûr que les honoraires qui sont payés
sont assez élevés...
M. LESAGE: Bien oui.
M. BERTRAND: ... mais, d'autre part, ces gens-là ne sont pas
obligés d'accepter. On sait que c'est un domaine où les
honoraires sont éle- vés, soit pour les avocats ou pour les
professionnels en général.
M. BOURASSA: Adopté. M. BERTRAND: Adopté.
M. LESAGE: La Loi de l'exécutif et modifications; ce sont les
indemnités des ministres sans portefeuille, des ministres d'Etat?
M. BERTRAND: Les frais de représentation, les allocations et les
indemnités.
M. LESAGE: C'est ça. Loi électorale, $166,600 pour 68/69,
et il y a eu trois élections partielles.
M. BERTRAND: J'ai ici...
M. LESAGE: Le coût des élections partielles était-il
compris dans les $166,600?
M. BERTRAND: Oui, cela doit être compris là-dedans.
M. LESAGE: Si c'est compris, comment se fait-il que l'on
prévoie...
M. BERTRAND: Voici...
M. LESAGE: ... $174,600 pour la présente année? Le premier
ministre a-t-il reçu des avis de démission de certains de ses
collègues?
M. BERTRAND: Des avis de démission? Bien, j'en ai eu un j'ai le
comté de Trois-Rivières.
M. LESAGE: Oui, il y a celui-là, mais il ne coûte pas le
prix de trois?
M. BERTRAND: Non, non, mais j'ai le comté de
Trois-Rivières.
M. LESAGE: En a-t-il reçu deux autres?
M. BERTRAND: Si on veut le détail des dépenses, je pourrai
les donner.
M. LESAGE: Il y a combien pour les élections partielles?
M. BERTRAND: Il n'y a rien de prévu pour ça
spécifiquement. Ce que f ai ici, c'est $174,600: traitements,
$102,200...
M. LESAGE: Oui, mais...
M. BERTRAND: ... salaires, $15,200; frais de voyage, $3,000; frais de
bureau, $2,200; matériel, articles, $25,000; délimitation des
sections de vote, $25,000; autres dépenses, $2,000.
M. LESAGE: Oui, mais, à ce poste, il apparaît, pour 68/69,
qu'une dépense de $166,600 a été faite. Or, nous avons eu,
au cours de l'année financière, trois élections
partielles.
M. BERTRAND: Je vais donner au chef...
M. LESAGE: Ce que je ne comprends pas, c'est que le montant
effectivement dépensé, alors que nous avons eu trois
élections partielles, soit inférieur à la prévision
de cette année. Alors, comme chef du parti de l'Opposition...
M. BERTRAND: Je vais vérifier.
M. LESAGE: ... j'ai un certain intérêt à
comprendre.
M. BERTRAND: Je vais vérifier combien cela a
coûté.
M. LESAGE: Il est là M. Drouin; je l'ai vu en entrant. Pas besoin
d'ouvrir la grosse valise; je pense que vous pouvez répondre de
mémoire.
M. BERTRAND: Il me dit que, s'il y avait des élections
partielles, il y en aurait assez.
M. LESAGE: Bien oui, mais, alors, la réponse...
M. BERTRAND: Je n'ai pas, malheureusement...
M. LESAGE: ... que vient de me donner le premier ministre, je ne la
comprends plus.
M. BERTRAND: Malheureusement, il ne peut pas...
M. LESAGE: Que faites-vous du remboursement aux candidats?
M. BERTRAND: L'article 441 de la Loi électorale nous permet
d'aller dans ce fonds permanent, jamais vidé, qui s'appelle le fonds
consolidé.
M. LESAGE: Oui, je le comprends. Mais nous parlons du fonds
consolidé, ici. C'est un article qui s'appelle S-3.
M. BERTRAND: C'est cela, oui.
M. LESAGE: On dit qu'une dépense de $166,600, en vertu de la loi,
a été puisée dans le fonds consolidé.
M. BERTRAND: C'est cela.
M. LESAGE: Alors, les $166,000 doivent comprendre le remboursement des
dépenses électorales des candidats. S'ils ne les comprennent
pas...
M. BERTRAND: Non.
M. LESAGE: ... c'est une erreur. Ils devraient le comprendre. Ce n'est
pas un article à voter. On doit inscrire le montant qui a
été puisé dans le fonds consolidé. C'est cela que
veut dire la lettre S.
M. BERTRAND: Il a remboursé dans Notre-Dame-de-Grâce,
dit-il, quelque $11,000.
M. LESAGE: Mais, est-ce qu'ils sont compris dans les $166,000?
M. BERTRAND: Pas dans celui-là, mais dans l'autre.
M. LESAGE: $166,000, ce sont les dépenses de 68/69. Il faut
qu'ils le soient. S'ils ne sont pas compris, les chiffres sont
faussés.
M. BERTRAND: Ils sont compris dans le montant dépensé en
68/69.
M. LESAGE: Alors, il y a le remboursement dans
Notre-Dame-de-Grâce, il y a le remboursement dans Bagot dans les
$166,000.
M. BERTRAND: Dans Bagot.
M. LESAGE: Et puis on demande $174,600 cette année.
M. BERTRAND: Oui.
M. LESAGE: Est-ce qu'on prévoit des élections
générales pour bientôt?
M. BERTRAND: Non. On prévoit certainement une élection
partielle.
M. LESAGE: Oui, mais dans Trois-Rivières...
M. BERTRAND: De cela, j'en suis sûr.
M. LESAGE: ... cela ne coûte pas si cher que cela.
M. BERTRAND: Dans Trois-Rivières?
M. LESAGE: Cela ne peut pas coûter aussi cher dans
Trois-Rivières que dans trois comtés ensemble.
M. BERTRAND: Mais, c'est un gouvernement prévoyant. Il faut
prévoir. Gouverner, c'est prévoir.
M. LESAGE: Le premier ministre a-t-il reçu des avis de
démission de ses collègues?
M. BERTRAND; Un avis, de M. Yves Gabias.
M. LESAGE: Un. Avec trois élections partielles, cela a
coûté moins cher que les prévisions pour l'année
commencée. Alors, je ne comprends plus rien.
M. BOURASSA: Le ministre délégué à la
Fonction publique, après l'affaire du parc Forillon, a-t-il...
M. BERTRAND: L'élection générale de 1966
n'était pas prévue dans le budget.
M. LESAGE: Bien voyons!
M. BERTRAND: Ah! Vous avez même pris par surprise vos propres
gens. Vous êtes revenu de Floride, vous vous êtes rendu à
votre bureau, le teint bien basané, et vous avez dit: C'est le temps de
partir en campagne électorale, je suis reposé.
M. LESAGE: C'est cela.
M. BERTRAND: Cela a coûté $6,900,000.
DES VOIX: Ah! Ah!
M. BERTRAND: Ce n'était pas prévu.
M. LESAGE: Oui. M. le Président, il est clair que si l'on donne
suite aux suggestions que j'ai faites, mercredi de la semaine dernière,
en ce qui touche les dépenses électorales, cela coûtera
plus que $6,900,000. Si le gouvernement, comme il doit le faire à mon
sens, prend à sa charge après avoir obtenu, des postes
privés de radio et de télévision, des émissions
gratuites pour les partis politiques ce qui devrait être, à
ce moment-là, la limite permise pour les partis politiques, soit $0.10
par électeur, s'il prend à sa charge la moitié, soit
$0.05, cela va coûter plus cher.
M. BERTRAND: Cela, c'est sûr.
M. LESAGE: Si le gouvernement prend à sa charge une certaine
partie de la publicité qui pourrait être contrôlée
dans les quotidiens et les hebdos, cela coûtera plus cher que $6
millions. Il vaut beaucoup mieux que ça coûte plus cher au
gouvernement et que les partis soient de moins en moins obligés d'avoir
recours à des fonds électoraux. Je reviens pour dire que cela
pourrait coûter encore plus cher si le gouvernement...
M. BERTRAND: C'est-à-dire que les partis ne sont pas
obligés d'avoir recours aux fonds électoraux. Ce sont les fonds
électoraux qui courent après les partis.
M. MAILLOUX: On a vu ça dans Bagot.
M. LESAGE: Oui, et les électeurs aussi souvent hélas! Mais
disons qu'il y a aussi toute la question du coût d'opération des
partis entre les élections générales qui devrait faire
l'objet de nos études. Et, puisque nous sommes à cet article,
l'autre jour, je suis intervenu dans le débat sur la motion du
député de Laurier. Je n'ai pas eu le temps de faire une
suggestion que je voulais faire. Je voudrais la faire ce soir, et je ne demande
pas de réponse tout de suite.
Je me demande si, à la lumière du rapport Barbeau,
à la lumière du discours prononcé par le
député de Laurier, des quelques remarques que j'ai faites du long
discours que j'avais l'intention de faire et du discours que le premier
ministre aussi était prêt à faire...
M. BERTRAND: Et que je conserve.
M. LESAGE: ...s'il n'y aurait pas lieu d'avoir une commission
parlementaire restreinte qui étudierait à nouveau cette question,
à partir de l'expérience vécue à l'élection
générale de 1966 et aux élections partielles qui ont eu
lieu depuis ce temps-là. Cela avait été fait en 1963,
lorsque nous avons innové dans le domaine. Cela a été fait
en 1965, lorsque, sur la recommandation d'un comité, l'Assemblée,
à l'unanimité, a augmenté la participation
gouvernementale, c'est-à-dire en fonds publics ou en dépenses
électorales. Je crois que, lorsque nous nous réunirons de nouveau
avant ou après les élections après
l'été, probablement après les élections il y
aurait lieu de reformer...
M. BERTRAND: On verra.
M. LESAGE: ... une commission restreinte de l'Assemblée nationale
pour étudier...
M. BERTRAND: Le chef de l'Opposition peut tenir pour acquis
qu'après les élections je m'occuperai de reformer
immédiatement le comité.
M. LESAGE: Bien, d'abord, il n'est pas formé.
M. BERTRAND: Je le remercie de nous voir encore au pouvoir. Je constate
qu'il a moins d'illusions qu'il n'en avait auparavant.
M. LESAGE: Non, non, c'est le contraire que je viens de dire. Je dis que
la commission devrait être formée, peu importe la question du
pouvoir.
UNE VOIX: Qu'il fasse ça le plus vite possible.
M. LESAGE: Elle devrait être formée pour étudier
cette question-là, pour voir quels sont les progrès que nous
pourrions faire pour améliorer encore le climat de ce
côté-là et pour enlever dans la population certains doutes
qui existent, certaines questions que les gens se posent. Je ne peux pas aller
plus loin parce que ce serait contraire au règlement, M. le
Président, vu qu'il y a une motion au feuilleton là-dessus. Je
voulais simplement suggérer la formation de cette commission pour
étudier le tout.
M. BERTRAND: J'ai donné tantôt le chiffre global des
dépenses d'élections de 1966, mais il ne faut pas oublier qu'il y
a eu, à même ce montant, une somme d'un peu plus de $1,800,000 qui
a été remise aux candidats.
M. LESAGE: Bien oui, mais aux partis, il n'y a rien
là-dedans.
M. BERTRAND: Pas aux partis, aux candidats $1,800,000.
M. LESAGE: Très bien. M. BERTRAND: Adopté? M. LESAGE: Oui.
M. BERTRAND: Merci.
M. LESAGE: D'ailleurs, nous n'adoptons pas; c'est statutaire. Alors, je
pense que, dans les crédits du premier ministre, à la
présidence du Conseil exécutif, il nous reste la planification,
au poste 7.
M. BERTRAND: La planification et les postes 4, 5, 6.
M. LESAGE: Commission de la fonction publique, Direction
générale des relations de travail, Coordination des services de
gestion do personnel et Office de planification du Québec. Alors, je
comprends que, demain, nous commencerons par le poste 7 et je le dis en
tournant mes yeux vers la tribune des journalistes pour continuer avec
4, 5 et 6.
M. BOURASSA: On peut prévenir le député de Montcalm
d'être en bonne forme demain pour subir les assauts de l'Opposition.
M. BERTRAND: Ah! il va être profondément inspiré;
son entourge va le préparer très bien à
répondre.
M. BOURASSA: Parce que, jusqu'à maintenant...
M. LESAGE: La flatterie ne donne jamais rien vis-à-vis des
journalistes.
M. BERTRAND: Ah non! ce sont peut-être les journalistes qui le
flattent.
M. BOURASSA: Non, mais, jusqu'à maintenant, il nous a servi du
verbiage. On peut en profiter pour le dire, il ne peut pas répondre.
M. BERTRAND: Alors, M. le Président, nous allons aborder les
crédits...
M. LESAGE: Faites entrer le père des jumeaux.
M. BERTRAND: ...des Affaires intergouvernementales, M. Morin.
M. LOUBIER: C'est le sous-ministre le plus « calé »
du gouvernement.
M. LESAGE : Je ne sais pas si le député de Bellechasse est
jaloux. Il essaie de l'imiter et il s'imagine que l'aspect de
l'extérieur du crâne est une indication de ce qu'il y a à
l'intérieur.
M. LOUBIER: C'est un symptôme.
M. LESAGE: Disons que ça coûte beaucoup plus cher que
ça coûtait lorsque le ministère
s'appelait le ministère des Affaires
fédérales-provinciales.
M. BOURASSA: Donnez-nous des explications.
M. BERTRAND: C'est un ministère qui se développe.
Il va, comme tous les autres ministères, souffrir de la maladie
de Parkinson comme on dit.
M. BOURASSA: Quel est le taux de croissance du budget en fait? Depuis
trois ans?
M. BERTRAND: Il ne faut pas oublier une chose, c'est que cette
année, entre autres, nous avons...
M. LESAGE: Gaboné.
M. BERTRAND: ... tout le domaine de la coopération avec
l'extérieur, le ministère de l'Education... Il est en train de
jouer le rôle de la pieuvre.
M. LESAGE: Qui ça? Le ministre de l'Education?
M. BERTRAND: Le sous-ministre. Le sous-ministre des Affaires
intergouvernementales.
M. LESAGE: Je pensais que le premier ministre parlait du ministre de
l'Education.
M. BERTRAND: Il étend les bras un peu partout.
M. BOURASSA: C'est un nouveau rôle ça, ou s'il l'a toujours
fait?
M. BERTRAND: Il le joue bien. Toute la coopération avec
l'extérieur qui relevait du ministère de l'Education a
été transférée au ministère des Affaires
intergouvernementales.
M. BOURASSA: Avec M. Frégault qui a laissé M.
Tremblay?
M. LESAGE: Oui, c'est M. Frégault.
M. BERTRAND: M. Frégault est commissaire de la coopération
avec l'extérieur et deuxièmement, le premier ministre lui a
demandé d'agir comme conseiller spécial auprès du Conseil
exécutif et en particulier du premier ministre en matière de
politique linguistique.
M. LESAGE: J'ai compris ça tantôt, oui.
M. BERTRAND: C'est pourquoi il a donné sa démission comme
sous-ministre des affaires culturelles.
M. LESAGE: Oui, mais c'est tout de même M. Frégault, si je
comprends bien, qui sous M. Morin, sous-ministre en titre, est chargé
plus spécialement, au ministère des Affaires
intergouvernementales, de la coopération avec l'extérieur?
M. BERTRAND: Pour nous, oui. C'est M. Frégault. C'est
ça.
M. LESAGE: C'est ce que je croyais. Maintenant...
M. BOURASSA: Il est difficile de comparer, je pense, pour avoir le taux
de croissance. Je laisse tomber ma question.
M. BERTRAND: Le taux de croissance du budget, je peux en donner une
idée. En 1967/68, c'était $1,980,700; en 1968/69 à cause
des délégations qui relevaient du ministère de l'Industrie
et du Commerce et qui, à compter de de ce moment-là, ont
relevé du nôtre; Délégation du Québec
à Paris, Délégation du Québec à Milan,
Délégation du Québec à New-York et
Délégation du Québec à Londres. Cette année,
d'autres délégations vont être établies ainsi que
des bureaux à Chicago, Boston et Dusseldorf en Allemagne.
M. BOURASSA: Si je comprends bien, le ministère a maintenant
juridiction, mais il doit y avoir une coopération assez étroite
avec le ministère des...
M. BERTRAND: C'est ça, coopération très
étroite. C'est d'ailleurs un homme qui exerce les fonctions de
sous-ministre des Affaires intergouvernementales. Alors, entre les
gouvernements, mais à l'intérieur du gouvernement aussi, la
coopération est très étendue avec tous les
ministères.
M. LESAGE: Je comprends, mais ce n'est pas M. Morin qui est
chargé des relations interministérielles. Si j'ai bien compris,
c'est M. Chouinard.
M. BERTRAND: Oui, ça c'est à un autre niveau.
M. LESAGE: C'est parce que les paroles qu'a
prononcées le premier ministre pouvaient laisser croire que ce
n'était pas...
M. BERTRAND: Cela relève du secrétariat
général. Excepté qu'au sujet des relations
intergouvernementales tout doit passer par le ministère des Affaires
intergouvernementales, de manière à bien coordonner l'action des
différents ministères, surtout en matière de relations
fédérales-provinciales et de relations interprovinciales. Tout
est centralisé au bureau du sous-ministre et de son
ministère.
M. LESAGE: Cela va être très bref. Au poste 1:
Administration, les salaires ont effectivement été de $131,600 en
1968/69 et on prévoit $174,900. Pourtant, tout cela est pour vingt
fonctionnaires. Si je comprends bien c'est l'explication habituelle
c'est qu'on n'a pas trouvé le personnel.
M. BERTRAND: Oui. On n'a pas trouvé et, deuxièmement, du
personnel avait été embauché l'an dernier mais pas pour
douze mois, c'est-à-dire qu'on a embauché dans le cours de
l'année.
M. LESAGE: Combien y en a-t-il?
M. BERTRAND: C'est l'éternel problème.
M. LESAGE: Je le connais.
M. BERTRAND: On a de la difficulté à recruter alors on
recrute souvent cinq ou six mois après le début de l'année
fiscale.
M. LESAGE: Combien y en a-t-il à l'heure actuelle dans
l'administration générale, sur les vingt qui sont
prévus?
M. BERTRAND: Trois postes sont libres.
M. LESAGE: De libres, c'est très bien, adopté. Article
2.
M. BERTRAND: Direction générale des relations
fédérales-provinciales.
M. LESAGE: C'est le même problème.
M. BERTRAND: C'est cela.
M. LESAGE: Trente, alors combien en manque-t-il?
M. BERTRAND: Quatre ou cinq.
M. LESAGE: Bon, que fait exactement le député de
Maskinongé, le Secrétaire de la province, à Ottawa, cette
semaine?
M. BERTRAND: A l'heure actuelle, le député de
Maskinongé participe, de même que M. Maltais, aux travaux de deux
comités. L'un sur les droits fondamentaux...
M. LESAGE: Ah bon!
M. BERTRAND: Et l'autre sur le Sénat. Le troisième sur la
réforme judiciaire.
M. LESAGE: Pouvons-nous espérer avoir à la commission
permanente puisque c'est maintenant une commission permanente de la
constitution un rapport de ces deux ministres, après leur retour,
sur ces sujets-là?
M. BERTRAND: Non. Voici pourquoi: c'est parce que ces mêmes sujets
sont des travaux préparatoires à la conférence qui se
tiendra les 11, 12 et 13 juin, au niveau ministériel.
M. LESAGE: Je Usais dans le Devoir d'hier matin que le premier ministre
annonçait que la prochaine conférence constitutionnelle qui
devait avoir lieu les 11, 12 et 13 juin ne serait pas aussi publique que la
dernière ou les deux dernières conférences.
M. BERTRAND: Elle est à huis clos. M. LESAGE: Elle est à
huis clos? M. BERTRAND: Complètement.
M. LESAGE: Vous savez, je ne suis pas contre le huis clos. Je pense
franchement que si l'on veut arriver à une délimitation plus
précise des pouvoirs entre les ordres de gouvernements, et si l'on veut
travailler et arriver à quelque chose, c'est peut-être mieux de ne
pas trop parler devant la galerie.
M. BERTRAND: Si on veut aller davantage au fond des choses, c'est clair
qu'il faut qu'il y ait des séances à huis clos.
Deuxièmement, il faut qu'il y ait un nombre limité de
participants.
M. LESAGE: D'accord.
M. BERTRAND: Autrement, nous n'irons nulle part.
M. LESAGE: C'est ce que je voulais dire.
M. BERTRAND: Quand le premier ministre du Canada nous a écrit
nous disant qu'il avait reçu de la part de plusieurs la demande que ce
soit à huis clos, que, quant à lui, il nous laissait libres, il
avait son opinion, mais ne voulait pas la manifester. J'ai répondu qu'il
était bon qu'il y ait des conférences à huis clos et que
nous abondions dans le même sens que les autres participants.
M. LESAGE: Ce qui n'exclut pas, à un moment donné, que
quand on discute de grands principes, ce soit public. Mais, comme disent les
gens de langue anglaise, « If you want to go down the brass tacks...
M. BERTRAND: « You must remove your coat. » Il faut enlever
son veston...
M. LESAGE: Oui, oui d'accord.
M. BERTRAND: ... relever ses manches et travailler.
M. BOURASSA: Moins de slogan, plus d'action. Cela va être
l'attitude du gouvernement.
M. BERTRAND: Oui. M. LESAGE: Adopté. M. LOUBIER: Mettez-y du
plaisant.
M. BERTRAND: On va y mettre du plaisant quand même.
M. LESAGE: Vous voyez, M. le Président, quand nous avons un bon
président, cela va vite. Adopté. Trois.
M. BERTRAND: Je remercie le député de Berthier.
M. MAILLOUX: C'est vrai qu'il est bon. M. LESAGE: Même
problème ici, je pense...
M. BOURASSA: Coopération avec l'extérieur... Le premier
ministre n'a pas choisi son candidat pour dimanche a l'élection
présidentielle?
M. BERTRAND: Non, j'ai l'habitude de me mêler de mes affaires.
M. BOURASSA: Il n'a pas de tendance pour un...
M. BERTRAND: Non, j'ai l'habitude de me mêler de mes affaires.
M. BOURASSA: Cela commence par p.
M. BERTRAND: Il y a deux p. L'autre est un d.
M. LESAGE: D'abord que celui qui gagnera se mêlera de ses
affaires, c'est important.
M. BERTRAND: J'ai toujours dit qu'il était bon de se mêler
de ses affaires. Je m'en mêle et je ne vote pas, je ne suis...
M. LESAGE: Espérons que le prochain président de la France
fera la même chose à notre égard.
M. LOUBIER: Ce n'est pas mal.
M. BERTRAND: Il n'y a pas de changement quant au personnel. On me dit
qu'il y a une erreur.
M. LESAGE: Est-ce que le sous-ministre a décelé une erreur
dans ses propres crédits?
M. BERTRAND: Cela arrive. UNE VOIX: C'est la trésorerie. M.
LESAGE: Où est l'erreur?
M. BERTRAND: 25-17. Pour le nombre d'employés.
M. LESAGE: Ah bon! je comprends. M. BERTRAND: Entre
parenthèses.
M. LESAGE: Le programme de coopération coule $400,000
c'est le sous-article 6, je suis déjà rendu là
quelques milliers de dollars de plus, $446,000 de plus. Combien fait-on venir
de petits Gabonais avec cela?
M. BERTRAND: C'est une augmentation normale, à la suite des
ententes qui ont été signées avec la France lors de la
venue ici au Québec de M. Peyrefitte, qui était alors ministre de
l'Education en France. J'étais moi-même ministre de l'Education au
Québec et nous avions signé cette entente avec le gouvernement
français. C'est le prolongement des accords culturels signés par
nos prédécesseurs en 1965.
Nous avons continué, nous avons accéléré,
nous avons accru certaines politiques établies
par le ministre de l'Education et le gouvernement
précédent.
M. LESAGE: Oui. Nous payons si je comprends bien le voyage
de ceux qui viennent et la France paie le voyage des petits Canadiens.
M. BERTRAND: Environ 50/50. Cela équivaut à peu
près à moitié, moitié. D'une manière ou
d'une autre.
M. LESAGE: Oui, mais sont-ce les Français qui paient les voyages
des Canadiens et les Canadiens qui paient les voyages des Français?
M. BERTRAND: Pas dans tous les cas, mais on peut dire que, règle
générale, ça équivaut à peu près
à 50/50.
M. BOURASSA: Le coût effectif se partage sur une base...
M. BERTRAND: A peu près sur une base de 50/50. Il peut y avoir
certains voyages que nous avons payés ou qu'ils ont payés, mais
quand on fait le compte à la fin de l'année, cela arrive
moitié, moitié.
M. BOURASSA: Adopté.
M. LESAGE: Bon, les ententes internationales.
M. BOURASSA: Direction générale des relations
internationales.
M. LESAGE: Qui est le directeur général des relations
internationales?
M. BERTRAND: M. Maurice Héroux... M. PINARD: De Drummondville
autrefois.
M. BERTRAND: ... qui était auparavant directeur des
délégations.
M. LESAGE: Ce sont eux qui préparent les lettres que
s'échangent les gouvernements?
M. BERTRAND: Non, ceux qui préparent ça, c'est
d'abord...
M. LESAGE: Celui qui prépare ça est assis à votre
droite.
M. BERTRAND: Oui, mais on les discute.
M. LESAGE: Non, je dis celui qui les prépare.
M. BERTRAND: Il joue son rôle de sous-ministre et nous
corrigeons.
M. LESAGE: Pourquoi l'humilier comme cela?
M. LESAGE: Je me demande si quelquefois ce n'est pas le sous-ministre
qui corrige?
M. BERTRAND: Il se corrige.
M. LESAGE: Ou plutôt qui corrige quelquefois. Je voudrais savoir
exactement ce que foutent ces gens-là à qui on paye $133,000 en
salaires?
M. BERTRAND: L'administration des délégations à
l'étranger.
M. LESAGE: Ah bon!
M. BERTRAND: C'est ça qu'ils font.
M. LESAGE: Très bien, c'est l'administration de toutes nos
délégations.
M. BERTRAND: C'est ça.
M. LESAGE: Qui avait occupé cette fonction en premier lieu
lorsque nous avions créé cette division? M. Blais?
M. BERTRAND: Oui, c'est mon confrère de classe, M. Marcel
Blais.
M. LESAGE: Adopté. M. BERTRAND: Adopté.
M. LESAGE: Excusez-moi, il y a New York. Je suis obligé de
diviser. Je prends les sous-articles. Article 4-1, adopté. Article 4-2,
New-York.
Est-ce exact que...
M. BOURASSA: Le général Allard ou M. Allard?
M. BERTRAND: Il est prématuré, quant à moi, de
faire aucune annonce au sujet de M. Allard.
M. LESAGE: Comment s'appelle celui qui est là actuellement?
M. BERTRAND: M. Chartier.
M. LESAGE: A-t-il exprimé le désir de prendre sa retraite?
Il prend sa retraite, je crois?
M. BERTRAND: Nous sommes en pourparlers avec lui.
M. LESAGE: A ce sujet, oui?
M. BERTRAND: Pas pour la retraite.
M. BOURASSA: Pour une promotion.
M. BERTRAND: Oui.
M. BOURASSA: Entre guillemets.
M. BERTRAND: C'est ça. C'est parce que nous voulons appliquer la
politique que l'on retrouve dans le domaine diplomatique.
M. LESAGE: ... upstairs?
M. BERTRAND: D'habitude les gens occupent le poste pendant trois ou six
ans. Après, il y a mutation. Je pense que c'est excellent.
M. BOURASSA: D'accord. On le comprend.
M. BERTRAND: C'est la règle pour les consuls, les ambassadeurs.
Je ne vois pas pourquoi nous adopterions une attitude différente.
M. BOURASSA: On a compris.
M. BERTRAND: Je donne les raisons.
M. BOURASSA: Je vous ai compris.
M. LESAGE: Disputez votre sous-ministre, si vous voulez.
M. BERTRAND: D'ailleurs, c'est une politique de mutation qui va
s'appliquer pour toutes les délégations.
Adopté.
M. LESAGE: Oui. A Chicago?
M. BERTRAND: A Chicago, nous y voyons...
M. LESAGE: Vous n'avez pas trop de difficulté avec le maire?
M. BERTRAND: C'est M. Brassard, qui appartenait au ministère de
l'Industrie et du Commerce, qui est à Chicago.
M. LESAGE: Oui. A Paris, ça coûte plus cher
qu'ailleurs.
M. BERTRAND: A Paris, c'est M. Chapdelaine et à Londres, M.
Roberge.
M. LESAGE: Oui, et à Milan?
M. BERTRAND: A Milan, c'est un Italien...
M. BOURASSA: Le député de Dorion doit savoir son nom.
M. BERTRAND: Celui de Milan sera remplacé par M. Bergeron.
M. LESAGE: Alors, que deviendra M. Lanfranco?
M. BERTRAND: Il sera au ministère de l'Industrie et du Commerce
à Montréal.
M. PINARD: Il est rapatrié.
M. LESAGE: C'est M. Bergeron, quel est son premier nom?
Est-ce un Bergeron...
M. BERTRAND: L'ancien directeur général au
ministère de l'Industrie et du Commerce.
M. LESAGE: Ah bon! ce n'est pas un Bergeron d'origine italienne, du
comté de Dorion?
M. BERTRAND: M. Marcel Bergeron. Non, il s'occupe des Italiens.
M. BEAULIEU: Il a été engagé par le gouvernement en
1964. Il parle italien.
M. LESAGE: Oui, il parle italien, le ministre de l'Immigration dit que
M. Bergeron parle italien.
M. BERTRAND: Oui.
M. LESAGE: Milan et Londres, ça va? Direction
générale des relations internationales. Ah oui! Londres. Article
7, autres bureaux.
M. BOURASSA: Quels sont les bureaux? Le ministre de l'Industrie et du
Commerce a-t-il, si j'ai bien compris, annoncé des bureaux?
M. BERTRAND: A Dusseldorf.
M. LESAGE: Ce n'est pas prévu au budget.
M. BERTRAND: Oui.
M. LESAGE: Oui, « autres bureaux ». M. BERTRAND: Autres
bureaux.
M. BOURASSA: Oui, mais il n'y a qu'un montant de $20,000...
M. BERTRAND; Non, il y a $92,000. Voici, il ne faut pas oublier une
chose, le personnel est payé par le ministère de l'Industrie et
du Commerce.
M. LESAGE: Ah bon!
M. BOURASSA: Le ministre m'a dit aujourd'hui, au cours d'une
conversation téléphonique, comme il l'a dit d'ailleurs dans
plusieurs discours, cela fait neuf fois qu'il l'annonce il y
aurait plusieurs délégations commerciales en Allemagne et aux
Etats-Unis. Je trouve que les montants qui sont affectés
là...
M. BERTRAND: Nous sommes en voie d'en organiser, à Dusseldorf,
à Boston et à Chicago.
M. BOURASSA: Alors, c'est une autre prévision qui ne paraît
pas mais, de toute façon, disons que les sommes impliquées ne
sont pas importantes. Le point que je veux souligner au premier ministre, c'est
que ces délégations commerciales sont extrêmement
importantes, à mon sens, pour l'avenir économique, pour le
progrès, la croissance économique du Québec...
M. BERTRAND: C'est vrai.
M. BOURASSA: ... on connaît le succès des
délégations commerciales ontariennes aux Etats-Unis. Or, sans
aucunement mettre en question la compétence du ministère des
Affaires intergouvernementales. Loin de là, je demande des explications.
Pourquoi ça ne relève pas du ministère de l'Industrie et
du Commerce?
M. BERTRAND: Nous avons centralisé ça au ministère
des Affaires intergouvernementales pour une meilleure coordination, mais
ça n'empêche pas du tout ces gens-là d'être en
relation avec leur ministère. Au contraire, le ministère des
Affaires intergouvemementales coordonne les activités extérieures
ou intérieures, au Canada ici, entre les gouvernements, et je crois que
c'est un agent absolument essentiel dans un gouvernement qu'il y ait cette
coordination. Cela n'empêche pas les liens très étroits,
d'une part, entre le ministère de l'Industrie et du Commerce et les
représentants commerciaux, entre le ministère de l'Education et
ceux qui représentent le ministère de l'Education, par exemple,
à la maison du Québec à Paris, pas plus qu'entre le
représentant du ministère des Affaires culturelles et son
ministère.
M. BOURASSA: Non, je comprends que, sur le plan des principes, il y a
une justification...
M. BERTRAND: Non seulement des principes, mais de la pratique.
M. BOURASSA: ... de la coordination, mais je voudrais avoir certaines
assurances de la part du premier ministre. Dans les trois moyens de
développer le Québec: les capitaux publics, les capitaux internes
et les capitaux étrangers, je pense bien qu'à court terme les
capitaux étrangers peuvent nous donner un bon coup de main. Pour aller
chercher des capitaux étrangers, il faut des délégations
commerciales qui fonctionnent efficacement. Pour qu'elles fonctionnent
efficacement, bien, forcément, il faut qu'il y ait un leadership.
Alors, je pose des questions en ce sens: Comment le leadership du
ministère de l'industrie et du Commerce que ce soit le ministre
ou les fonctionnaires peut-il fonctionner avec le ministère des
Affaires intergouvernementales?
M. BERTRAND: Ceux qui représentent le ministère de
l'Industrie et du Commerce sont en relation directe avec ce ministère.
Pour la partie commerciale ou pour la promotion industrielle, le leadership est
exercé par le ministère de l'Industrie et du Commerce, en
relation très étroite avec ses représentants. Il me semble
qu'il n'y a pas...
M. BOURASSA: Evidemment, je n'ai pas été...
M. BERTRAND: D'ailleurs, il s'agit... M. BOURASSA: ... surveiller...
M. BERTRAND: ... de la qualité et de la compétence des
hommes qui sont là. Ce sont eux qui, en fait, deviennent des agents de
promotion économique et industrielle.
M. BOURASSA: Il ne faut pas que les structures, quand même,
puissent constituer des obstacles au dynamisme des hommes en place.
M. BERTRAND: J'en ai discuté avec mon
collègue de l'Industrie et du Commerce et il y a d'excellentes
relations entre les deux ministères. Il n'y a pas de problème et
je ne crois pas qu'il en ait existé auparavant, non plus.
M. BOURASSA: Non, c'est parce que le premier ministre sait que ça
fait trois ans que nous réclamons ces
délégations-là dans le sud et dans l'ouest des Etats-Unis.
Pour ma part, aussitôt que j'ai été élu
député, j'ai dit que c'était une chose qui manquait. Elles
ne sont pas encore établies, après trois ans de pouvoir.
M. BERTRAND: Oui, mais on les établit.
M. BOURASSA: Oui, mais cela aurait dû être fait depuis trois
ou...
M. BERTRAND: On les établit; j'ai donné des exemples
tantôt.
M. BOURASSA: ... quatre ans.
M. BERTRAND: En Allemagne de l'Ouest et puis au nord-est et au sud-ouest
des Etats-Unis.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Le premier ministre a mentionné qu'il
n'existait pas de conflit, parce que tout dépendait du ministère
de l'Industrie et du Commerce. Maintenant que ça dépend du
ministère des Affaires intergouvernementales, on se pose certaines
questions.
M. BERTRAND: Il n'y a pas de conflit.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Tant mieux, tant mieux.
M. BERTRAND: Je suis bien à l'aise parce que j'ai beaucoup de
ministères et d'activités. J'essaie d'examiner tous les
problèmes bien objectivement à l'intérieur du
ministère. J'ai déjà demandé à mon
collègue du ministère de l'Industrie et du Commerce, si le fait
que ce soit rattaché au ministère des Affaires
intergouvernementales créait des problèmes. Il m'a dit: Pas du
tout. Aucun problème; les relations sont excellentes.
M. PINARD: Qui fait la coordination entre tous ces services? Qui a la
responsabilité de faire la coordination entre tous ces services dont
parle le premier ministre pour que ce soit réellement efficace?
M. BERTRAND: D'abord, au point de vue de l'organisation proprement dite,
c'est le minis- tère des Affaires intergouvernementales. Au point de vue
de l'action, c'est le ministère de l'Industrie et du Commerce.
Le ministère des Affaires intergouvernementales a toujours
relevé du premier ministre; d'abord, de M. Lesage, ensuite, de mon
prédécesseur, M. Johnson, et, maintenant, c'est moi. S'il y avait
un ministre chargé seulement de ce ministère-là, je ne dis
pas que cela ne créerait pas des problèmes parce que chaque
ministre est jaloux de son autorité. Mais, quand on est occupé
à plusieurs ministères, bien...
M. BOURASSA: C'est le sous-ministre.
M. BERTRAND: ... on est moins jaloux de son autorité, parce que
l'on s'habitue à partager avec les autres.
M. LESAGE: Il est jaloux de son autorité, mais il est
extrêmement jaloux de son budget.
M. BERTRAND: Oui. M. BOURASSA: Adopté.
M. LESAGE: Adopté. M. le Président, il reste le poste 5,
l'Office franco-québécois de la jeunesse. Au lieu de $500,000,
c'est $750,000. Cela est en vertu de la nouvelle entente, je suppose?
M. BERTRAND: Croissance normale.
M. LESAGE: Cela veut dire qu'il y aura 50% de plus de petits Canadiens
qui vont aller en France et 50% de plus de petits Français qui vont
venir au Canada.
M. BERTRAND: Des moitiés de petits Canadiens que l'on va mettre
avec des moitiés de petits Français et on va faire des Canadiens
français.
M. LESAGE: Ah non! ça...
M. BOURASSA: Elle n'est pas mal.
M. LESAGE: Elle n'est pas mal, mais...
M. PINARD: Cela va faire des Français du Canada.
M. LESAGE: ... cela se rapproche des théories de de Gaulle.
M. PINARD: Cela va faire des Français du Canada.
M. LESAGE: Des Français canadiens ou des Français du
Canada, je n'aime pas beaucoup cela.
M. BERTRAND: Alors, je...
M. LESAGE: C'est une nouvelle entente qui augemente de 50%, n'est-ce
pas?
M. BERTRAND: Cest-à-dire que c'est une augmentation normale
à frais partagés.
M. LESAGE: Moitié par le gouvernement français et
moitié par...
M. BERTRAND: On l'a déjà dit, parité...
M. BAILLARGEON: L'industrie va être plus prospère. On va
exporter plus de produits.
M. BERTRAND: ... d'autorité et parité de
dépenses.
M. LESAGE: C'est tout de même un autre article que celui de
tantôt. Alors, M. le Président, vous voyez que...
M. BOURASSA: Nous collaborons.
M. LESAGE: ... quand le gouvernement est raisonnable, nous collaborons.
Nous avons bien collaboré pour une autre raison. Il y a une autre raison
et je tiendrais à la mentionner. C'est que nous savons que demain le
premier ministre sera honoré par son alma mater, l'Université de
Montréal. Il recevra la plus grand honneur que puisse décerner
l'Université de Montréal, le titre de docteur de
l'université. Au nom de tous mes collègues, je l'en
félicite très sincèrement. Je suis sûr qu'il en est
fier, et il a raison de l'être.
M. BERTRAND: Je remercie le chef de l'Opposition de ses propos
très aimables. En effet, je suis fier de retourner demain à mon
alma mater où j'ai étudié pendant trois ans, de 1938
à 1941. Cela fait déjà 28 ans que j'ai été
reçu avocat. Je vois mon collègue le député de
Verchères qui branle la tête. A ce moment-là, il
était à Laval et je me rappelle avoir eu l'occasion de venir,
comme représentant de l'Université de Montréal avec Jean
Drapeau, participer à un débat à l'université Laval
et mon collègue, le député de Verchères,
était président de la commission des débats.
M. LESAGE: Ah bon!
M. BERTRAND: J'ai même un souvenir, une belle photo où nous
voyons ces figures de jeunes gens...
M. LESAGE: Plus minces.
M. BERTRAND: ... qui semblaient alertes, pleins de vie...
M. LESAGE: Plus minces.
M. BERTRAND: Cela nous rappelle de bons souvenirs. Je suis heureux de
cet honneur qui me sera fait demain, et j'en profiterai, dans les propos que je
prononcerai demain à titre de remerciements au nom de tous les autres
récipiendaires, pour parler un peu de la vie des hommes politiques.
M. GAUTHIER (Roberval) (président du comité des subsides):
M. le Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le comité a
adopté des résolutions et qu'il demande la permission de
siéger à nouveau.
M. LEBEL (président): L'honorable premier ministre propose que
les résolutions soient maintenant lues et adoptées. Cette motion
sera-t-elle agréée? Agréé.
M. BERTRAND: M. le Président, demain vendredi...
M. LE PRESIDENT: Excusez-moi. Quand le comité
siégera-t-il?
M. BERTRAND: A la prochaine séance. M. LE PRESIDENT: A la
prochaine séance.
M. BERTRAND: Demain, vendredi, nous aurons les estimations
budgétaires du Conseil exécutif en haut.
M. LESAGE: Nous commençons, si je comprends bien, par le bill de
l'Hydro-Québec.
M. BERTRAND: Affaires culturelles. Parle bill de l'Hydro-Québec,
Affaires culturelles après.
M. LESAGE: Il y a une troisième lecture aussi. Nous sommes
prêts & la passer, avec amendement.
M. BERTRAND: Troisième lecture du Conseil supérieur?
M. LESAGE: Oui, de l'Education.
M. BERTRAND: Oui, et ensuite Affaires culturelles à
terminer...
M. BOURASSA: Ce n'est pas trop long.
M. BERTRAND: ... Je pense qu'il reste à peine une heure.
M. LESAGE: Je ne crois pas. Non, non! Je ne pense pas que le
député de Chambly soit ici demain.
M. LAPORTE: S'il le faut.
M. C ADIEUX: Au moins deux heures avec Jean-Noël.
M. BERTRAND: Alors c'est le Conseil exécutif et...
M. LESAGE: Après, la loi de l'Hydro-Québec. La
troisième lecture d'abord, ensuite la Loi de l'Hydro-Québec, et
ensuite ce seront les articles que nous avons mentionnés tout à
l'heure...
M. BERTRAND: Oui, 4, 5, 6.
M. LESAGE: ... c'est-à-dire les articles qui restent au Conseil
exécutif.
M. BERTRAND: C'est cela.
UNE VOIX: Le député de Montcalm.
M. BERTRAND: Et mon leader parlementaire donnera l'ordre des travaux
pour lundi.
M. LESAGE: Pour lundi, oui.
M. BERTRAND: Il est entendu c'est aussi bien de le dire
immédiatement que le débat sur le budget se poursuivra
à compter de mardi. Mon collègue...
M. BOURASSA: Enfin!
M. BERTRAND: ... le député de Champlain a
préparé un discours plein d'éloquence, de fougue, de
dynamisme, empreint de combativité, et, mardi, tenez-vous sur vos
gardes.
M. BOURASSA: Est-ce qu'il réfute nos arguments?
M. BERTRAND: Ah, il en a des arguments!
M. LEDUC (Taillon): Je me charge de répondre au
député de Champlain.
M. BERTRAND: Alors, M. le Président, demain matin, dix heures
trente.
M. LE PRESIDENT: La Chambre s'ajourne à demain matin, dix heures
trente.
(Fin de la séance: 21 h 54)