(Neuf heures quarante minutes)
Le Vice-Président (M. Picard) :
Bon jeudi à tous. Veuillez vous asseoir, s'il vous plaît.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Nous débutons
nos travaux avec la rubrique Déclarations
de députés, et la première déclaration est pour M. le député de
Saint-Jean.
Souligner la création d'un programme d'aide aux
entrepreneurs par
la Chambre de commerce et de l'industrie du Haut-Richelieu
M. Louis Lemieux
M. Lemieux : Merci
beaucoup, M. le Président. Depuis cette semaine, la CCIHR, la Chambre de commerce et d'industrie du Haut-Richelieu, avec qui je me suis
associé pour financer le projet, avec ma collègue de Huntingdon,
offre un service d'accompagnement
pour les petits commerçants et entrepreneurs, pour les aider dans la foulée de
la pandémie. Il s'agit d'un programme
tout simple d'écoute et de référence, pour s'assurer qu'ils sachent quelle aide
est disponible pour eux et où et quelles ressources sont à leur
disposition pour obtenir les conseils dont ils ont tant besoin.
M. le Président, les agriculteurs ont leurs travailleurs de rang, les centres-villes
ont leurs travailleurs de rue, et le Haut-Richelieu a maintenant des
travailleurs, appelons-les, de commerce pour réconforter et venir en aide aux
petits entrepreneurs et commerçants, de même qu'aux travailleurs autonomes. On
va les aider à identifier des moyens et des ressources
pas seulement pour les aider à passer au travers, mais pour qu'ils s'en
remettent en repartant de plus belle, pour faire partie de la relance,
qui est à portée de main. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, M. le député de Saint-Jean. Nous poursuivons avec M. le député de La
Pinière.
Souligner le Nouvel An chinois
M. Gaétan Barrette
M. Barrette : M. le
Président, selon le calendrier
lunaire, demain, le 12 février, ce sera le Nouvel An, et, pour la
communauté chinoise, c'est la fête la plus importante.
Alors, M. le Président, permettez-moi. (S'exprime
en mandarin).
Alors, bonne
année du buffle à toute la communauté chinoise et bonne année à toutes les
communautés asiatiques et musulmanes qui utilisent le calendrier
lunaire! Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député de La
Pinière. Et je vous félicite pour
votre chinois. Je cède la parole à Mme la députée de Saint-François.
Rendre hommage à M. Sébastien Grandmont, ailliculteur,
lauréat
du concours Tournez-vous vers l'excellence!
Mme Geneviève Hébert
Mme Hébert : Merci, M.
le Président. Je félicite
M. Sébastien Grandmont, ailliculteur de Martinville, grand gagnant
du récent concours Tournez-vous vers l'excellence! organisé par La Financière
agricole du Québec.
Lui et sa
conjointe, Mme Marie-Pierre Dubeau, sont chefs de file en production d'ail
dans la province. Ils transforment annuellement plus de 20 tonnes de
fleurs d'ail selon un procédé de transformation unique. Leurs fleurs d'ail
fermentées sont offertes dans plus de
500 points de vente et exportées aux États-Unis et en Europe. En
quelques années, ils ont bâti une entreprise, Le Petit Mas, dont la
réputation est enviable.
Dans le contexte de la pandémie,
M. Grandmont nous fait percevoir un avenir prometteur à travers la relève.
Il jette un éclairage positif sur l'agriculture, secteur vital de l'économie québécoise.
M. Grandmont,
Mme Dubeau, nous sommes fiers de votre parcours d'entrepreneurs, qui
témoigne de votre sens des affaires.
Vous êtes un modèle de réussite pour vos pairs, votre communauté et l'ensemble
du Québec. Vous faites briller notre agriculture
jusqu'à l'international. Bravo pour vos talents et accomplissements! Merci, M.
le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée. Nous poursuivons avec Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Offrir
son soutien aux personnes itinérantes
dans le contexte de la crise sanitaire
Mme Paule Robitaille
Mme Robitaille : Merci, M.
le Président. Le dimanche
17 janvier, on a trouvé un homme mort de froid dans une toilette
chimique du centre-ville de Montréal. Il s'appelait Raphael André, il
avait 51 ans, il venait de très, très loin, mais à Montréal il était sans-abri. Aujourd'hui, M. le Président, j'aimerais lui rendre hommage. Raphael était
d'abord un être humain, un membre
d'une grande famille, celle de la nation innue, qui avait un passé, un présent,
des joies, des peines. Il est mort dans des conditions inacceptables.
Dans un pays comme le nôtre, M. le Président, c'est inacceptable.
Du
même souffle, M. le Président, j'aimerais saluer ces milliers d'hommes et de
femmes, au Québec, comme lui, des personnes en situation d'itinérance pour qui cette urgence sanitaire
porte un immense coup sur leur existence déjà très fragile. J'aimerais
leur dire que nous ferons tout ici en notre possible pour leur trouver un
chez-soi.
J'aimerais
aussi rendre hommage et dire merci à des centaines d'intervenants et
d'intervenantes qui les épaulent avec patience, forts d'une immense compassion,
tous les jours. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, Mme la députée. La prochaine déclaration est
pour M. le député de Maskinongé.
Rendre hommage à M. Jean-Pierre
Bourassa, entomologiste et professeur
émérite de l'Université du Québec à Trois-Rivières
M. Simon Allaire
M. Allaire :
Merci, M. le Président. Aujourd'hui, je souhaite rendre hommage à
M. Jean-Pierre Bourassa, un biologiste,
entomologiste et professeur émérite au Département des sciences et de
l'environnement de l'Université du Québec à Trois-Rivières.
Professeur
depuis plus de 30 ans, Jean-Pierre Bourassa s'est toujours
dévoué à la promotion et à la vulgarisation des sciences ainsi qu'à la
mise en valeur du patrimoine écologique. Il a d'ailleurs été le premier directeur
général de l'Insectarium de Montréal.
Ayant à coeur la
promotion des sciences et de la technologie auprès des jeunes, M. Bourassa
s'est impliqué pendant près de 10 ans
au sein du conseil d'administration de l'organisme Technoscience Mauricie—Centre‑du‑Québec. Auteur de trois ouvrages sur les insectes, il a diffusé ses
connaissances et partagé sa passion. D'ailleurs, plusieurs jeunes ont reçu son livre, Fascinants
insectes, en cadeau.
Pour
toutes ces réalisations et pour votre grande implication auprès des jeunes,
M. Bourassa, je vous dis un grand merci. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Picard) : Merci, M.
le député de Maskinongé.
Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Champlain.
Rendre hommage à M. Camille
Brouillette, président
du Club des aînés de Saint-Tite inc.
Mme Sonia LeBel
Mme LeBel :
Merci, M. le Président. Aujourd'hui, je veux prendre ces quelques instants pour
rendre un hommage bien mérité à M. Camille Brouillette, le
président du Club des aînés de Saint-Tite.
Je
tiens vraiment à souligner, M. le Président, son dévouement exceptionnel pour
le Club des aînés de Saint‑Tite. Membre
du conseil depuis 2008, élu vice-président en 2012 et président en 2018, il ne
compte pas ses heures pour voir au bon fonctionnement de l'organisation.
Particulièrement en ces temps difficiles, en ces temps de pandémie, M. le
Président, il est toujours disponible
pour répondre aux demandes venant d'organismes, de fournisseurs et s'assure que
ses membres vont bien. Les
collaborateurs et membres du conseil du club le confirment : il écoute,
respecte les idées de chacun et veille à
ce qu'un bon climat de collaboration existe. Il est reconnu pour ses qualités
de gestionnaire, un homme motivant et rassembleur.
C'est
avec grand plaisir que je le remercie sincèrement pour son excellent travail
effectué et son implication dans sa communauté. Merci.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée. Je cède
maintenant la parole à M. le député de René‑Lévesque.
Souligner le travail du nouveau
conseil d'administration de
l'équipe de hockey Le Drakkar de Baie-Comeau
M. Martin Ouellet
M. Ouellet : M. le Président, je souhaite souligner le travail
de la nouvelle organisation de notre équipe de hockey favorite sur la
Côte-Nord.
À la suite de la refonte complète de
sa gouvernance, Le Drakkar de Baie-Comeau a débuté la saison avec un tout
nouveau conseil d'administration composé de
gestionnaires diversifiés et motivés. Soulignons l'implication des membres
propriétaires, la ville de Baie-Comeau, des
membres partisans, imprégnés de l'énergie de la ville, des membres privilégiés
provenant des institutions ainsi qu'un membre représentant la communauté de
Pessamit.
En
cette période sans précédent où l'organisation doit faire face, en termes de
priorité pour la santé et la sécurité de tous, l'organisation ne ménage
pas ses efforts pour réaliser les ambitions de nos jeunes espoirs de demain. Le Drakkar
offre une expérience unique d'intensité,
d'émotion et de passion pour notre sport national qui est un joyau pour la
communauté.
Merci
aux membres du conseil d'administration sortant qui ont contribué au
succès du Drakkar. Bonne saison de hockey à
toute l'organisation, aux bénévoles et aux partisans. Merci de partager vos
compétences et votre expérience au bénéfice du club de hockey junior de
Baie-Comeau. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, M. le député. Cela met fin à la rubrique
Déclarations de députés.
Je suspends les
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
9 h 48)
(Reprise à 10 h 4)
Le Président :
Mmes et MM. les députés, d'abord, un bon jeudi à vous toutes et à vous tous.
Recueillons-nous quelques instants.
Je vous remercie.
Veuillez vous asseoir.
Nous poursuivons les
affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles ni présentation de projets de loi.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt
de documents, M. le leader du gouvernement.
Rapport sur la mise en application du chapitre VI.1
du Code des professions relativement à
l'encadrement de la psychothérapie
M. Jolin-Barrette : Oui, bonjour, M. le Président. Permettez-moi
de déposer, au nom de ma collègue, le rapport sur la mise en application du chapitre VI.1 du Code des professions relativement à l'encadrement de la psychothérapie pour le
deuxième quinquennat. Merci, M. le Président.
Le Président :
Ce document est déposé.
Il n'y a pas de dépôt
de rapports de commissions.
Il n'y a pas de dépôt
de pétitions.
Il n'y a pas de
réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une violation de
droit ou de privilège.
Questions et réponses orales
Nous
en sommes donc maintenant à la période
de questions et de réponse orales, et
je cède la parole à la cheffe de
l'opposition officielle.
Enquête sur la gestion de la pandémie de coronavirus
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade :
Merci, M. le Président. La première fois que j'ai demandé au premier ministre
du Québec de déclencher une enquête publique
indépendante, c'était au mois d'août dernier. Depuis, il s'obstine et ne veut
pas la faire. Puis plus nous
avançons, plus que le temps passe, on se rend compte à quel point cette
commission d'enquête publique est essentielle,
car, sans enquête publique, on ne pourra pas savoir si les extraordinaires
pouvoirs que le gouvernement s'est octroyés
ont été utilisés judicieusement. On ne pourra pas savoir si les contrats
octroyés pendant la crise étaient justifiés. On ne pourra pas savoir non plus si la Santé publique est une
organisation qui est bien outillée pour gérer adéquatement une crise de cette ampleur. On ne pourra pas savoir si
la coordination interministérielle a été efficace. On ne pourra pas savoir
si les communications de masse ont eu
l'effet escompté. On ne pourra pas savoir non plus si la campagne de
vaccination a été bien optimisée. On
ne pourra pas savoir si la cellule de crise a été efficace. On ne pourra pas
savoir si les programmes d'aide d'urgence
ont répondu aux besoins réels. On ne pourra pas savoir non plus si les
confinements auraient pu être organisés différemment. Et je pourrais
continuer ainsi longtemps.
Je rappellerais au premier
ministre que c'est grâce à l'initiative du premier ministre Lucien Bouchard que
la commission Nicolet a vu le jour sur la crise du verglas, et c'est ce qui nous
permet aujourd'hui d'avoir l'une des meilleures organisations
en matière de sécurité civile.
Est-ce que le premier ministre peut accepter de
déclencher une enquête publique indépendante?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
M. le Président, le poste de Commissaire à la santé a été aboli en 2016 par le
gouvernement libéral. C'est un
organisme indépendant. On a consulté tous les partis politiques, on a choisi
Mme Castonguay. Et Mme Castonguay a tous les pouvoirs, incluant les pouvoirs d'enquête. Et je continue à
ne pas savoir si le problème de la cheffe de l'opposition officielle, c'est que Mme Castonguay n'est
pas indépendante, selon elle, ou n'est pas compétente, selon elle, mais elle
insiste pour qu'on mette en place une autre commission.
M. le
Président, ça a été dur, durant la première vague, puis on a posé des gestes
forts. On a embauché 10 000 préposés, ça aurait dû être fait
depuis plusieurs années. On a mis un patron dans chaque CHSLD pour s'assurer
enfin qu'il y ait quelqu'un qui s'assure que
tous les employés portent de l'équipement de protection individuelle, ce qui
n'était pas le cas, on avait congédié plusieurs de ces personnes-là dans
l'ancien gouvernement.
Donc, M. le
Président, je pense que Mme Castonguay va faire toute la lumière. Je pense
qu'on voit déjà que la situation s'est beaucoup améliorée, dans la
deuxième vague. Donc, je ne sais pas ce que la cheffe de l'opposition
officielle veut.
Le Président : En terminant.
M. Legault : Est-ce qu'elle
trouve que Mme Castonguay n'est pas compétente ou pas indépendante?
Le Président : Première
complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique
Anglade
Mme Anglade :
À aucun moment on ne remet la compétence de Mme Castonguay en jeu. Elle a
un mandat qui est extrêmement limité.
Les questions que j'ai posées plus tôt, elle ne pourra pas y répondre. Or, ce
sont des questions qui sont légitimes. Pourquoi avoir tardé à renflouer les
réserves d'équipement de protection? Pourquoi avoir tardé à recommander le port
du masque dans l'espace public? Pourquoi avoir tardé à recommander le port des
masques N95 pour les travailleurs de la santé dans les zones chaudes?
Pourquoi avoir attendu la mi-février pour un système de détection des
variants?
Pourquoi ne pas avoir une enquête publique
indépendante pour répondre à l'ensemble de ces questions?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François
Legault
M. Legault : M. le
Président, je l'ai dit à plusieurs
reprises, au total, au Québec, on n'a jamais manqué d'équipement de protection individuelle. Donc, que ce soient
des gants, que ce soient des masques, que ce soient des blouses, on n'en
a jamais manqué.
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît!
M. Legault : Par contre, par contre, étant donné qu'il n'y
avait pas de patron responsable, entre autres, des équipements, il y a
des CHSLD qui n'ont pas levé la main pour dire : Il m'en manque.
Des voix : ...
Le Président : Je vais
demander, s'il vous plaît... Encore une fois, questions, c'est intéressant de
les entendre; réponses, tout autant. Alors, je vous demande votre
collaboration. M. le premier ministre, continuez.
M. Legault : M. le
Président, je me rappelle très bien
d'avoir posé la question à plusieurs reprises. On me disait : Quand
un CHSLD nous dit qu'il manque d'équipement, il reçoit tout l'équipement en
24 heures.
• (10 h 10) •
Le Président : En terminant.
M. Legault : Mais, à
un moment donné, ce n'est pas nous
qui avons aboli les postes de gestionnaire dans les CHSLD.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : M. le Président, le premier
ministre vient de faire la
démonstration de la raison pour laquelle on a besoin d'avoir une enquête publique indépendante. Pendant des mois,
les gens sur le terrain nous ont dit qu'ils manquaient d'équipement. Les rapports présentent qu'il
manquait d'équipement. Les gens sont venus témoigner pour venir nous dire
à quel point ils n'avaient pas suffisamment
d'équipement. La seule personne que l'on entend dire qu'il ne manquait pas
d'équipement, au Québec, c'est le premier ministre.
Justement, une
commission d'enquête indépendante pourrait nous dire pourquoi est-ce que les
communications gouvernementales n'étaient pas alignées avec ce qui se
présentait sur le terrain. Voilà la raison pour laquelle on a besoin
d'une enquête publique indépendante.
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le
Président, Mme Castonguay,
commissaire indépendante, compétente, selon nous, va avoir accès aux chiffres pour chaque journée depuis le mois de
mars 2020 puis elle va pouvoir voir qu'il n'y a pas une journée où on
n'avait pas une réserve, au moins pour un
certain temps, de tous les équipements. Par contre, il y a des établissements
où il n'y avait plus de patron, où il
n'y avait pas personne pour aller demander de recevoir des équipements, puis
ça, c'est la responsabilité du gouvernement libéral.
Le Président :
Troisième complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : M. le
Président, si le premier ministre sait que c'est la faute du gouvernement
libéral, pourquoi ne
déclenche-t-il pas une enquête publique indépendante? Il a la réponse. Alors,
en quoi est-ce que c'est un problème? Il aurait la réponse.
Les
conclusions du rapport de la commissaire Castonguay ont déjà été écrites par la
vice-première ministre hier, elle a
dit : Il ne faudra pas se surprendre, ce sera la faute des libéraux. Et,
toutes les questions que je viens de soulever, la commissaire ne pourra
pas y répondre. Pourquoi? Pourtant, les Québécois, ils ont droit de savoir, M.
le Président.
À quand une véritable
enquête publique indépendante?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, je ne comprends pas pourquoi la cheffe de l'opposition
officielle ne fait pas confiance à Mme Castonguay pour aller regarder,
entre autres, puis je suis certain qu'elle va le faire, combien on avait d'équipement de protection disponible à chaque
jour depuis le début mars 2020. Puis j'espère qu'elle va être satisfaite
une fois qu'elle va avoir ça, là, de la part de Mme Castonguay.
Donc,
M. le Président, encore une fois, je ne le sais pas, pourquoi la cheffe de l'opposition officielle ne fait pas confiance à
Mme Castonguay pour faire ce travail-là, entre autres sur les équipements
de protection individuelle.
Le Président :
Question principale, M. le leader de l'opposition officielle.
Enquête sur la gestion de la pandémie de COVID-19
M. André Fortin
M. Fortin : Oui. Merci, M. le Président. Tout au long de la première vague, le
premier ministre a insisté, il nous a répété à nous, aux médias, aux
Québécois qu'il ne manquait pas d'équipement de protection pour les
travailleurs de la santé.
Aujourd'hui, la
CNESST, un organisme gouvernemental, l'a clairement contredit : des
visières à usage unique pleines de sueur que
les employés se partageaient, des sarraus de laboratoire inversés avec
serviette autour du cou comme équipement de protection, des conditions
de travail horribles. Et la version officielle du premier ministre, qu'il nous répète ce matin, c'est encore qu'il n'a pas manqué
d'équipement. Pourtant, M. le Président, le constat de la CNESST est clair :
dans plusieurs établissements, il a manqué d'équipement pour nos professionnels
de la santé.
Si
le premier ministre lui-même n'avait pas toute cette information-là sur la
première vague, est-ce que ce n'est pas là, M. le Président, la démonstration claire et évidente que, pour tout le
reste, pour la deuxième vague notamment, on a besoin d'une enquête
publique indépendante?
Le Président :
M. le ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale.
M. Jean Boulet
M. Boulet :
Merci, M. le Président. Évidemment, la CNESST a un rôle de prévention,
notamment des infections. Dans le
contexte exceptionnel que nous traversons, les inspecteurs de la CNESST ont
joué un rôle vraiment fondamental. Ils ont été appelés, ils ont fait un suivi à
des plaintes qui avaient été formulées pas simplement dans le secteur de la
santé, mais dans tous les secteurs
d'activité. Ils ont élaboré des guides de normes sanitaires complètement
nouvelles par secteur d'activité, 28 nouveaux guides, notamment
dans le secteur de la santé. Ils ont émis des avis de correction.
Donc, les
inspecteurs se déplaçaient, rencontraient les parties, s'assuraient de bien
informer, de bien donner les outils d'information pour s'assurer de
respecter les normes sanitaires que nous connaissons tous très bien. Les avis
de correction se sont concentrés lors de la
première vague, et il y a eu énormément d'amélioration suite au plan d'action que
mon collègue de la Santé a mis en place au
cours de l'été dernier. Et, ce que la CNESST a fait, nous devrions tous
collectivement être fiers de leurs accomplissements.
Le Président : En terminant.
M. Boulet : Merci, M. le
Président.
Le Président : Première
complémentaire, M. le leader de l'opposition officielle.
M. André
Fortin
M. Fortin :
Oui. M. le Président, dans le contexte actuel, on ne peut pas juste gérer, il
faut prévoir. Et c'est ça qu'on souhaite. La
commission d'enquête indépendante, là, elle permettrait de se préparer dans
l'éventualité, éventualité que
personne ne souhaite, d'une autre épidémie, M. le Président. Le gouvernement
fédéral, lui, se prépare déjà en augmentant la capacité de vaccins au pays, puis ça, c'était essentiel, mais ce
qu'on souhaite, c'est que le gouvernement du Québec aussi se prépare en
lançant une commission d'enquête pour identifier ses bonnes et ses moins bonnes
décisions puis corriger le tir. C'est pour ça qu'on a besoin d'une commission
d'enquête.
Le Président : M. le ministre
de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian
Dubé
M. Dubé : Alors, M. le
Président, en ligne avec les réponses du premier ministre et de mon collègue au
Travail, je pense qu'il est clair... Puis je
pense que les gens, même, le voient, la différence entre la première et la deuxième vague, là. On a eu la chance de prendre une période, cet été, pour être
capables de faire une grande différence avec cette deuxième vague là qu'on savait qui allait arriver. On ne savait
pas quand, mais on savait qu'elle allait arriver et on a eu une préparation
qui tenait compte de tout ce que nous avions vécu dans la première vague, M. le
Président. Alors, je pense que, dans ce
cadre-là... Et les gens peuvent le voir, au moment où on est rendus, en ce
moment, dans la deuxième vague, qu'on avait un état de préparation qui
tenait compte...
Le Président : En terminant.
M. Dubé : ...qui tenait compte de tout ce qu'on avait appris.
Ça fait que je pense qu'on sera prêts pour tout ce qui peut nous arriver
encore...
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le leader de l'opposition officielle.
M. André
Fortin
M. Fortin : Oui, M.
le Président, le problème avec les
réponses du premier ministre puis du ministre
de la Santé, c'est que Mme Castonguay, elle ne va qu'enquêter sur
la première vague, elle n'enquêtera pas sur la deuxième vague, M. le Président. Et pourtant il y a toutes sortes d'améliorations qu'on doit faire, des
améliorations pour protéger nos plus vulnérables, nos travailleurs de la
santé, en lien avec la deuxième vague.
On le sait,
que le gouvernement n'est pas d'accord. Hier, la ministre de la Sécurité publique nous a dit que la seule conclusion possible d'une commission d'enquête,
c'était de faire blâmer... de faire porter le blâme aux autres. Mais, s'ils
ont vraiment joué un sans-faute, pourquoi pas une commission d'enquête?
Le Président : M. le ministre
de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian
Dubé
M. Dubé : Alors, je vais être clair, là, M. le Président. À la question qui vient d'être posée, la Commissaire à la santé, Mme Castonguay, elle a toute la
liberté d'enquêter sur la première,
sur la deuxième vague. Elle a le choix, dans son mandat, de faire
exactement ce qu'elle veut faire pour s'assurer qu'elle met la lumière.
Alors, quand on dit qu'elle n'a pas le
choix, de regarder la deuxième vague, c'est complètement faux, M. le Président.
Elle a toute la liberté d'aller voir ce qui
s'est passé dans la première vague, les améliorations que nous avons mises en
place l'été dernier, et ce qui a été fait dans la deuxième vague.
Alors, moi, je vais
laisser travailler la Commissaire à la santé, on va lui laisser...
Le Président :
En terminant.
M. Dubé :
...faire son travail. Puis, lorsqu'on aura les conclusions, on pourra les
présenter.
Le Président :
Question principale, Mme la députée de Maurice-Richard.
Accès au test rapide de dépistage du coronavirus
Mme Marie Montpetit
Mme Montpetit :
M. le Président, ça fait des mois, des mois que le ministre de la Santé et le
premier ministre nous répètent qu'ils
refusent d'utiliser les tests rapides parce qu'ils ne sont pas fiables. Je
pense qu'on commence à l'avoir entendu, à plusieurs reprises, ici et sur
toutes les tribunes.
On
apprend ce matin que les résultats d'un projet pilote à la clinique Chauveau
viennent confirmer que les craintes du
gouvernement ne sont pas justifiées. En effet, les tests rapides ont permis de
dépister 89 % des cas positifs à la COVID. Pendant que l'Ontario a déjà fait plus de 1 million de tests
rapides, ici, au Québec, ils continuent de dormir, encore et toujours,
dans des entrepôts, depuis le mois d'octobre.
Maintenant
que le ministre a la conclusion, la conviction qu'il cherchait, que les tests
rapides peuvent être utiles, est-ce que le ministre va, maintenant,
enfin procéder à un déploiement massif des tests rapides à grande échelle?
Le Président :
M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Alors, M. le Président, on va devenir vraiment des experts en tests rapides,
parce que, même après deux briefings
techniques qui ont été présentés non seulement aux journalistes, mais à
l'opposition, il y a encore des questions, à savoir qu'on n'a pas de plan puis qu'on n'est pas d'accord avec les
tests rapides, ce qui est tout à fait faux, ce qui est tout à fait faux,
M. le Président, encore une fois.
Soyons
très clairs. Au début janvier, l'Institut national de santé publique, avec la
Santé publique, ont révisé leur position sur les tests. Il y a un document qui
a été préparé, très, très clair, auquel le ministère s'est associé en disant :
On comprend très bien que les tests rapides, maintenant, sont complémentaires
avec notre stratégie.
On n'a jamais manqué de tests. L'Ontario, c'est
une situation différente. On a pris très clairement une position sur les tests rapides, M. le Président. On est en déploiement,
en ce moment, les tests sont rendus dans nos différents établissements. On est
en train de développer la politique
pour être capables de bien les appliquer un peu partout. On a même commencé
dans certains endroits.
Alors,
c'est complètement faux de dire que nous sommes contre les tests rapides. Nous
avons une directive très claire, nous avons une directive très claire.
Des voix :
...
Le Président :
En terminant.
• (10 h 20) •
M. Dubé :
M. le Président, on peut en rire, mais ce n'est pas drôle, M. le Président.
Le Président :
Merci. Mme la députée de Maurice-Richard, votre
complémentaire.
Mme Marie Montpetit
Mme Montpetit :
Bien, pour une fois, on va être d'accord, le ministre puis moi, ce n'est pas
drôle. C'est vrai que ce n'est pas
drôle. C'est kafkaïen, ce débat. Son collègue, encore hier, le ministre délégué
à la Santé, nous disait, en cette Chambre,
et nous répétait que les tests rapides ne sont pas fiables. C'est ça, la ligne
du gouvernement. Alors, le ministre peut bien nous dire aujourd'hui que
ce n'est pas ça qu'il fait, c'est ça qu'il dit.
Et,
non, les tests rapides ne sont pas déployés à l'heure actuelle. Les CIUSSS ne
les utilisent pas, n'ont pas l'intention de les utiliser. Il n'y a pas
de plan de déploiement des tests rapides à l'heure actuelle.
Le Président :
M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Alors, écoutez, M. le Président, je trouve ça vraiment intéressant, parce que...
si la députée de Maurice-Richard veut en faire un sujet journalier, je n'ai aucun problème avec ça,
parce que notre position, elle est très claire.
On a dit qu'on était intéressés à
travailler avec les tests rapides, mais il fallait s'assurer qu'on le fasse, M. le
Président, dans un environnement
correct. Lorsqu'elle dit qu'ils sont fiables à 89 %, expliquez donc le
11 %. Qu'est‑ce qu'on doit faire avec le 11 % des faux
négatifs, M. le Président? Alors, je pense qu'il faut faire un débat.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
M. Dubé :
On a pris la peine, et je le répète, M. le Président, on a fait... pris la
peine de faire deux briefings techniques pour expliquer aux gens qu'est-ce que c'était, des tests rapides. Alors,
si la députée veut revenir régulièrement avec ce point-là...
Le Président :
En terminant.
M. Dubé :
...aucun problème, M. le Président.
Le
Président : Deuxième complémentaire. La parole n'appartient
qu'à la députée de Maurice-Richard.
Nous sommes tous attentifs.
Mme Marie Montpetit
Mme Montpetit :
Bien, écoutez, M. le Président, le ministre peut aller faire un briefing
technique aussi au Dr Weiss, à
la Dre Borgès Da Silva, au Dr Vadeboncoeur, au Dr Sheppard, à la Dre
Nemer, la scientifique en chef du Canada. Qui disent quoi? Déploiement massif des tests rapides dans nos écoles, dans
nos milieux de soins, dans les lieux à risque d'éclosion.
On
a des variants qui sont en sol québécois, à l'heure actuelle, on ne sait même pas combien
on en a et on va se priver des outils qu'on a présentement, au Québec,
pour faire des tests de dépistage rapide? C'est ridicule, M. le Président.
Le Président :
M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
M. Christian Dubé
M. Dubé : Oh là là, M. le Président! Moi, ce que
je dirais, là... Puis je veux être très, très clair, là, on n'a pas dit
qu'on ne veut pas en déployer. Ils sont déployés, les tests rapides, ils sont
déployés.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! S'il vous plaît!
M. Dubé : M. le
Président, la députée de Maurice-Richard, elle peut dire tout ce qu'elle veut, moi, je
vous dis : Ils sont déployés. On a fait une directive très claire,
on est en train de travailler avec tout le monde. Et je vais le dire, M. le Président, je vais communiquer dans les prochaines semaines, comme on a été
transparents sur l'ensemble de notre gestion,
du nombre de tests rapides qui est utilisé, mais dans les bons endroits, M. le Président, pour être sûrs que c'est fait correctement, avec la santé de la
population en tête, M. le Président. Merci.
Le Président :
Question principale, Mme la députée de Gaspé.
Mesures d'aide directe aux entreprises
Mme Méganne Perry Mélançon
Mme Perry
Mélançon : M. le Président, ça fait plusieurs semaines que j'essaie d'expliquer au ministre de l'Économie que son programme de prêts pardonnables ne fonctionne pas. Malgré
tout, on me répète la même chanson. Il va même jusqu'à dire que, s'il
y a un tel nombre de demandes qui
aboutissent, c'est que la situation des entreprises ne doit pas être si pire.
Pour
le bénéfice de cette Chambre, j'aimerais vous parler de ce qui se passe du côté
des MRC, qui administrent les programmes. Elles reçoivent des nouvelles directives à
chaque semaine. Quand elles ont besoin d'une précision, ça prend un temps fou avant d'avoir une réponse du ministère.
Elles sont débordées de demandes. Elles sont obligées de multiplier les séances d'information aux entreprises
pour expliquer les programmes conçus par la CAQ. Des MRC nous ont confié
qu'elles croulent sous la charge
administrative. Savez-vous c'est quoi, le délai de traitement des MRC qui
performent le mieux? Un mois, M. le Président, alors que le ministre de
l'Économie, nous, il nous parle de 10 jours.
Est-ce que le ministre
va encore me dire que son programme est fantastique?
Le Président : M. le ministre
des Finances.
M. Eric
Girard
M. Girard (Groulx) : Oui. Merci, M. le Président. Alors,
on vit une récession extrêmement importante, la plus grande récession depuis la Deuxième Guerre mondiale. Et le gouvernement
du Québec est le gouvernement qui a déployé le plus d'aide, au Canada, en complément de l'aide
du gouvernement fédéral.
Alors,
je rappelle que les entreprises ont accès à la Subvention salariale d'urgence,
pour les salaires, et l'aide aux loyers
commerciaux pour les loyers. Le gouvernement
du Québec vient en complément avec
l'AERAM pour payer les frais fixes jusqu'à 15 000 $,
et les prêts sont pardonnables à 80 %. Alors, si on fait l'énumération,
salaires, loyers, frais fixes, je pense que l'aide qui est là et
disponible, elle est généreuse.
Et,
oui, c'est des conditions difficiles, et nous travaillons avec les MRC pour
aider l'ensemble des entreprises québécoises.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Gaspé.
Mme Méganne Perry Mélançon
Mme Perry
Mélançon : M. le Président, ce n'est pas au fédéral que je pose ma
question ce matin. Le ministre nous a dit
qu'il avait simplifié son programme et que le formulaire avait maintenant cinq
pages. Mais, si son fameux formulaire change
à tout bout de champ, c'est loin d'être simple pour les gens sur le terrain. Ça
veut dire que les agents de développement perdent un temps fou à prendre
connaissance des changements à chaque semaine.
M. le Président, qui,
au gouvernement, est capable de concevoir un programme simple et efficace?
Le Président :
M. le ministre des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Oui, excusez-moi, M. le Président, il y a beaucoup de fils
à l'arrière.
Alors,
je veux être clair sur le formulaire, O.K.? Oui, au début, il y avait des
formulaires différents dans chacune
des MRC, et on a pris acte des critiques, et maintenant il y a un formulaire
standard de cinq pages. Et qu'est-ce qu'on demande, M. le Président? On demande
des états financiers pro forma. Ça, ça veut dire que vous devez présenter votre
situation financière, parce qu'il en va de l'intégrité des fonds publics. Oui,
on veut savoir à qui on prête de l'argent, et c'est normal, c'est ce que les
citoyens s'attendent. Ensuite, l'aide est déployée rapidement pour aider...
Le Président :
En terminant.
M. Girard
(Groulx) : ...et c'est dans le respect des finances publiques.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Gaspé.
Mme Méganne Perry Mélançon
Mme Perry
Mélançon : Les citoyens à qui on demande des états financiers
personnels n'avaient aucun problème financier avant la COVID, M. le
Président. Le ministre a permis aux MRC de prendre un gros 3 % des frais
d'administration sur l'enveloppe pour payer les salaires des agents affectés à
l'administration de ces programmes. Wow!
Est-ce
qu'il sait que la plupart de ces organisations ont un comité d'investissement
formé de gens d'affaires bénévoles pour analyser les demandes? Si je
comprends bien, le ministre a sous-traité à rabais l'administration de son
programme et laisse les MRC se dépêtrer avec ça.
Le Président :
M. le ministre des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Bien, mon impression, c'est qu'on était tous d'accord pour
utiliser... de favoriser le développement régional, et, oui, nous avons
utilisé les acteurs locaux pour déployer les fonds. Alors, si le prêt est de plus de 50 000 $, c'est traité au niveau
d'Investissement Québec. Et, lorsque le prêt est inférieur à
50 000 $, et on a augmenté ces montants jusqu'à
150 000 $, ça va directement dans les régions pour que les acteurs
locaux soient impliqués. C'est eux qui connaissent leur région et leurs
entreprises. Et le programme est très simple. Si vous avez un prêt de
100 000 $, vous avez jusqu'à 80 % du prêt, donc
80 000 $, qui est pardonnable et jusqu'à 15 000 $ par mois
de frais fixes qui sont éligibles.
Le Président :
Question principale, Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition.
Conditions
de travail dans le réseau de la santé et des services sociaux
Mme Manon
Massé
Mme Massé :
Merci, M. le Président. Je ne veux pas me lever... Je ne pouvais pas me lever
en Chambre ce matin sans offrir mes condoléances aux proches, aux familles, aux
collègues des deux intervenantes de la DPJ qui ont perdu la vie cette semaine. Quand j'ai appris la nouvelle,
j'ai appelé le syndicat. On m'a dit : On ne sait pas trop ce qui s'est
passé, on n'est pas prêts à tirer des
conclusions, mais il faut qu'on prenne soin les unes des autres parce que ce
qui s'en vient nous fait peur.
Vous n'avez
pas idée du niveau de détresse de ces filles-là. À tous les jours, elles vivent
des agressions, de la violence physique, psychologique, puis elles ne
dénoncent pas. Pourquoi? Bien, parce qu'on leur dit que c'est normal. C'est ça,
leur job.
Ce n'est pas
juste à la DPJ que les femmes vivent le calvaire, c'est partout dans nos services publics. Cet automne, j'en ai rencontré des centaines, elles m'ont toutes dit la même affaire : On n'a pas de voix, on ne
nous entend pas. On arrive là pour prendre soin des gens, mais le
système nous avale puis il nous recrache quand on a fini par craquer.
En décembre, il y a une auxiliaire qui est venue
à une de mes assemblées puis qui nous a lu comme témoignage sa lettre de
démission. C'est ça, l'ambiance dans nos services publics, puis c'est en train
de nous péter dans la face.
Est-ce que le
premier ministre va envoyer le message à la présidente du Conseil du trésor et
lui dire qu'elle doit investir massivement dans les conditions de nos travailleuses
du réseau public?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
M. le Président, moi aussi, j'ai trouvé ça très dur d'apprendre les deux
suicides des intervenantes dans des DPJ. Je veux d'ailleurs offrir
toutes mes condoléances aux familles de ces deux personnes-là.
M. le
Président, on le sait, déjà avant la pandémie il y avait un problème, un gros
problème de manque de personnel dans les DPJ. Mon collègue le ministre délégué
à la Santé et aux Services sociaux a annoncé à plusieurs reprises... Février 2019, nouveau budget. Juillet 2019,
un autre budget additionnel. Juillet 2020, un autre budget additionnel. On
a réussi à réduire les listes
d'attente, mais il y a encore énormément de travail à faire pour rendre la
charge de travail plus raisonnable pour les personnes qui s'occupent des
jeunes qui sont en détresse.
Donc, moi,
j'ai confiance en mon collègue le ministre délégué à la Santé et aux Services
sociaux. Et, jusqu'à présent, il a eu complètement carte blanche pour ajouter
des ressources, il a eu toute la collaboration du ministre des Finances.
C'est vrai
que, dans certains cas, c'est difficile de recruter. Bon, évidemment, on est en
négociation de conventions collectives, ça n'aide pas. On a hâte que ce soit
réglé, ces négociations de conventions collectives. On a prévu, parce que la
cheffe parle aussi des hôpitaux, une bonification importante des conditions de
travail pour les infirmières.
Le Président : En terminant.
M. Legault : Donc, M. le
Président, il y a encore du travail à faire, et c'est une priorité.
• (10 h 30) •
Le Président : Première
complémentaire, Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition.
Mme Manon
Massé
Mme Massé :
M. le Président, ils mettent de l'argent pour réduire les listes d'attente, c'est beau. Il n'y a personne, par contre,
qui veut aller travailler à la DPJ. Pourquoi? Parce
que, sur le terrain, c'est ça que les
filles nous disent, la job est dure,
puis en plus, bien, quand il arrive un drame, tu le portes sur toi, sur ton
coeur, dans ton âme, puis ce n'est pas rare qu'on te pointe du doigt.
Il faut que
le message du premier ministre soit clair, pas juste : Les négociations sont en cours, c'est : Conseil
du trésor, mets de l'argent, on a besoin de bonnes conditions.
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le
Président, c'est vrai que la situation est difficile dans les DPJ. Le ministre
délégué m'a parlé de certaines visites. Même
mon épouse est allée, Isabelle, visiter des DPJ. Il y a un travail extraordinaire qui se fait de ce côté-là,
puis il y a des intervenants, là, c'est de l'or en barre, ces personnes-là, et
il faut venir les appuyer. Il faut avoir plus de gens d'expérience aussi qui aident les nouveaux, parce qu'il y a
beaucoup de nouveaux qui arrivent là puis qui sont laissés un peu à
eux-mêmes.
Donc, je suis très conscient, M. le Président,
que, de façon générale...
Le Président : En terminant.
M. Legault :
...la santé mentale a été négligée depuis beaucoup trop longtemps.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition.
Mme Manon Massé
Mme Massé :
M. le Président, les gens, les femmes ne veulent pas aller travailler à la DPJ,
même quand on ouvre des postes, parce
qu'elles savent que les conditions de travail ne sont pas soutenables, elles
savent d'entrée de jeu l'état de détresse
de leurs collègues de travail qui sont déjà sur le terrain. Alors, il n'y a pas
deux mille solutions, il faut améliorer les conditions de travail de ces femmes-là, bien sûr, à la DPJ, dans
l'ensemble du réseau. Et la façon, ce n'est pas juste : On va
négocier, c'est de dire : On va donner des bonnes conditions.
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, ce n'est pas exact, de dire qu'il n'y a personne qui veut
aller travailler dans les DPJ. Il y a beaucoup plus d'employés aujourd'hui
qu'il y en avait il y a deux ans. Il n'y en a pas encore assez, mais, grâce à
ces embauches-là, il y a eu une
baisse des listes d'attente, ce qui est quand même extraordinaire. Mais il y a
encore du travail à faire, puis le
ministre délégué à la Santé m'en parle à chaque semaine. Et ça doit être une
priorité de société, s'occuper de nos jeunes qui ont des problèmes puis
qui vivent de la détresse.
Le Président :
Question principale, Mme la députée de Maurice-Richard.
Dépistage
des variants du coronavirus
Mme Marie Montpetit
Mme Montpetit :
...M. le Président. Hier, nous avons appris des nouvelles peu réjouissantes :
35 cas potentiels de variants à Montréal, dont un dans une école, et ça
vient s'ajouter aux 11 cas qui sont déjà identifiés. On est en urgence sanitaire depuis un an, M. le Président, et ça a
pris quatre semaines pour confirmer deux cas de variant de l'Afrique du Sud
en Abitibi. Chaque jour où un cas n'est pas dépisté, isolé, tracé, on donne la
chance au virus de se propager. On le sait, M.
le Président, en Ontario ils font du criblage sur 100 % des cas positifs
depuis la semaine dernière pour identifier la présence de tous les cas
de variants.
Pourquoi, encore une
fois, le gouvernement du Québec tarde à agir?
Le Président :
M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Alors, on va mettre les choses en perspective, M. le Président, parce que la
question des variants, pour nous,
elle est excessivement importante, puis je pense qu'on l'a démontré,
d'ailleurs. On a été excessivement transparents depuis quelques
semaines, lors des différents points de presse, quelle était notre politique en
termes de séquençage et maintenant en termes de criblage. Nous avons été très,
très clairs et très transparents sur ça, M. le Président.
Premièrement,
sur la question de séquençage, on fait du séquençage depuis le début de la
première vague. Donc, le séquençage, c'est vraiment pour bien comprendre
quels sont les nouveaux variants qui pourraient arriver.
Maintenant,
ce qu'on a rajouté, exactement comme l'Ontario a fait récemment, M. le
Président, c'est d'ajouter la partie
criblage, puis, la partie criblage, lorsqu'on reçoit un test positif, un test
positif par PCR, c'est d'y ajouter un autre test qui vient sur le même résultat pour être capable de savoir s'il y a
un nouveau variant dans ce test-là. Encore une fois, c'est quelque chose
qui peut se faire avec le test PCR.
On
a travaillé là-dessus. On a demandé à l'INSPQ, au cours des derniers jours,
d'accélérer le nombre de criblages...
Le Président :
En terminant.
M. Dubé :
...que l'on pourrait faire pour être à 100 % le plus rapidement possible.
Merci, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Maurice-Richard.
Mme Marie Montpetit
Mme Montpetit : M. le
Président, la réponse du ministre,
ça rappelle une triste situation déjà vue. Toujours un coup
de retard, le port du masque durant la première
vague, le port du N95 pour les travailleurs de la santé, la transmission par
aérosols, les purificateurs dans les écoles, les tests rapides, puis aujourd'hui c'est la chasse aux variants. On est en retard. Toujours
deux trains de retard. Toujours un coup de retard. C'est déjà
commencé, puis le ministre nous dit : Ici, dans quelques semaines,
on va cribler la majorité des cas. On ne sait même pas si c'est 100 %.
Est-ce que le
ministre peut nous assurer qu'il a pris tous les moyens qu'on ne revive pas ce
qu'on...
Le Président :
M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Je l'ai dit hier, là, je pense que la députée de Maurice-Richard devrait faire attention à ses termes, pour la population
seulement, pas pour moi, pour la population, M. le Président.
Le Président :
...de l'opposition officielle.
M. Fortin : M. le Président, c'est vous qui menez les travaux ici, en cette
Chambre, on se fie à votre bon jugement pour décider des termes
inappropriés en cette Chambre, mais moi, je n'ai rien entendu.
Le
Président : ...je pense que c'est assez clair. Lorsque quelque
chose est dit... On n'a pas à imputer quoi que ce soit, mais, quand quelque chose est dit, je le dis,
et je le dis assez rapidement. Je vous demande votre collaboration. Je pense
que vous comprenez tous.
M. le ministre, à
vous.
M. Dubé :
...M. le Président. Mais ce que j'aimerais dire aux Québécois, c'est que nous
avons été très rapides dans le
séquençage. On est la province, en ce moment, où il y en a le moins, de
variants, parce que nous travaillons, justement, sur le séquençage et sur le criblage. Et je l'ai dit, on en a fait une priorité, M. le Président, d'être en avant de la parade sur la question des nouveaux variants,
et nous allons continuer de l'être, peu importe ce que l'opposition
va dire sur ce sujet-là, M. le Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Maurice-Richard.
Mme Marie Montpetit
Mme Montpetit : M. le
Président, tous les experts, hier,
nous ont dit qu'ils sont préoccupés. On a peu de cas parce qu'on ne les a pas
dépistés. C'est ça, la réalité. On est en retard. On navigue dans le
noir parce qu'on ne teste pas suffisamment
la présence des variants. Le ministre, c'est son rôle, de rassurer les Québécois.
Est-ce qu'il peut nous rassurer qu'on ne va pas se réveiller la semaine prochaine
avec 100 cas, 200 cas, 300 cas, 500 cas de variants?
Le Président :
M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Mon rôle, M. le Président, là, c'est de
s'assurer qu'on fait tous les bons gestes à tous les jours. Quand on a eu le rapport, hier, de ce qui s'est passé à
l'école Saint-Stanislas, nous nous sommes assurés qu'il y aurait
un criblage sur tous les tests
positifs, tous les tests positifs de Saint-Stanislas, pour comprendre le nombre
de variants, si variants il y a
dans le cas de Saint-Stanislas.
Alors,
ce que j'aimerais rassurer les Québécois, M. le
Président, c'est qu'autant dans le
séquençage, qu'on a bien expliqué, maintenant dans le criblage, nous ne sommes
pas en retard, nous sommes en avance. Et, lorsque nous avons des tests
positifs qui nous inquiètent dans des situations particulières, comme par
exemple le cas de Stanislas...
Le Président :
En terminant.
M. Dubé :
...nous sommes là avec les bons tests, M. le Président.
Le Président :
Question principale, M. le député de Jean-Lesage.
Projet de réseau structurant de
transport en commun à Québec
M. Sol Zanetti
M. Zanetti : Merci, M.
le Président. Pour saboter les
projets de transport en commun dans la région de Québec, la CAQ est d'une efficacité redoutable. Dans
l'opposition, ils militaient contre les voies réservées pour les autobus en
banlieue...
Le
Président : ...«saboter»
est un terme... D'ailleurs, je vous laisse... je vous entends prononcer
certains termes, certains sont dans
les propos non parlementaires. Je vous demande d'être prudents. Je vous fais
seulement un rappel parce que
je veux que les débats se continuent, mais soyez prudents, s'il vous plaît, sur
les termes à être utilisés.
M. Nadeau-Dubois : M. le
Président, à ma connaissance, le
terme «saboter» ne figure pas au recueil des propos non parlementaires.
Le Président :
Il pourrait le devenir, cependant, alors je vous demande d'être prudents.
Merci.
M. Nadeau-Dubois :
C'est dans votre pouvoir de l'y inclure, mais, s'il vous plaît, ne pas induire
que le député a utilisé un mot qui était déjà...
Le
Président : Non, on
va arrêter le débat, il y a une période
de questions. Je vous demande d'être
prudents, c'est le message et le fond du message. M. le député, à vous.
M. Zanetti : Alors, ils ont milité contre les voies réservées
pour les autobus dans les banlieues. Aujourd'hui qu'ils sont
au pouvoir, ils sont en train de faire couler le plus important, le plus grand
projet de transport en commun de la ville
de Québec, de l'histoire de notre capitale nationale.
J'aurais
aimé connaître les idées de la CAQ pour le transport collectif à Québec.
J'ai invité le député de Chauveau en débat, je n'ai toujours pas de
réponse. Les députés de la CAQ ne disent rien, ne proposent rien pour le
transport en commun à Québec. Aux élections de 2018, là, ils se sont tous
engagés, toute la gang, à réaliser le projet de transport structurant. Aujourd'hui, le projet sert encore plus les banlieues que le projet initial,
mais là, tout d'un coup, ils le bloquent.
Les faits, M. le
Président, c'est que, plus le projet sert les banlieues, plus la CAQ s'y
oppose. Pourquoi?
• (10 h 40) •
Le Président :
M. le ministre des Transports.
M. François Bonnardel
M. Bonnardel :
Bien, M. le Président, je vais répondre au député de Québec la même réponse que
j'ai donnée au député de Marquette cette semaine, au député de Mont-Royal avant
les fêtes : C'est un projet important pour la ville de Québec. C'est un projet important pour nous, comme gouvernement.
C'est un projet qui a bien évolué entre le tome I et le tome II.
Dans
le tome I, il y avait une part de tramway qui coûtait 2,4 milliards.
Dans la deuxième version, le coût a augmenté à 3,1 milliards. Il y a une portion pour la périphérie, on va
l'appeler ainsi, qui était de 200 millions. Le travail que j'avais
à faire, c'était de bien évaluer, encore une fois, le projet comme tel et de
voir pourquoi il ne répondait pas à nos besoins. Il y a eu un rapport du BAPE qui a été, on pourrait dire, dévastateur,
dans une certaine mesure. Et, dans ces conditions, on devait travailler pour être capables de s'assurer
que la colonne vertébrale était la bonne, de bonifier le projet et de
s'assurer, encore une fois, avec la ville de Québec qu'on puisse offrir
le meilleur projet de tramway pour tous les usagers.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Jean-Lesage.
M. Sol Zanetti
M. Zanetti :
Dans le projet que vous avez appuyé et le projet qu'il y a aujourd'hui, la
différence entre les deux, c'est que le projet, aujourd'hui, dessert
encore plus les banlieues, ça va encore plus loin. Il y a même des Flexibus qui
vont chercher les gens dans leurs maisons.
Il y a 1,6 milliard de dollars qui est attribué dans le projet à
l'extérieur du centre-ville.
Pourquoi est-ce que
le ministre des Transports n'utilise pas les bons chiffres?
Le Président :
M. le ministre des Transports.
M. François Bonnardel
M. Bonnardel :
M. le Président, le député de Québec ne peut pas nier le fait que le rapport du
BAPE était très inquiétant, sinon
dévastateur. Dans ces conditions, il était important, comme ministre, avec mon
équipe, qu'on puisse étudier le
projet, donner un rapport qui était convenable pour le projet comme tel et de
s'assurer qu'on puisse bien desservir la périphérie. C'est ce qu'on a fait. J'ai confirmé que la colonne
vertébrale, le tramway, était le bon choix. Mais est-ce qu'on peut aller plus loin? Oui. C'est le travail que
l'on fait, présentement. Le canal de communication est ouvert avec la ville
de Québec. Laissez-nous faire le travail, soyez patients.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Jean-Lesage.
M. Sol Zanetti
M. Zanetti :
Depuis le rapport du BAPE, il y a eu un ajout de Flexibus. Dans les banlieues
éloignées, on va chercher les gens à
la maison pour les ramener. Alors, il y a eu des réponses qui ont été données.
La question, là, c'est que la CAQ a l'air
de voir Québec comme une bourgade folklorique qui n'a pas le droit à un service
de transport en commun moderne. Nous, on la voit comme la capitale d'un
pays moderne qui pourra avoir et qui doit avoir son réseau de transport.
Pourquoi est-ce que
le gouvernement manque d'ambition?
Le Président : M. le ministre
des Transports.
M. François
Bonnardel
M. Bonnardel :
M. le Président, le député a raison, Québec mérite un réseau structurant.
Québec est la seule ville de
500 000 habitants au Canada qui n'a pas un réseau lourd, un réseau
structurant. On veut livrer le projet, mais on veut livrer le meilleur projet. Et c'est le travail que
nous faisons présentement, au ministère, pour être capables d'offrir le
meilleur projet aux usagers, à la clientèle de Québec, mais surtout,
aussi, pour toute la périphérie.
Donc,
je vous dis encore une fois, les sommes sont importantes. C'est
3,3 milliards, ce projet. On veut prendre les meilleures décisions pour un projet qui va durer
dans le temps, qui va durer pour les 50, 75 prochaines années. Soyez
patients.
Le Président :
Question principale, M. le député de Marquette.
Développement du transport
collectif dans
la région de la Capitale-Nationale
M. Enrico Ciccone
M. Ciccone : M. le Président, nous sommes à la croisée des chemins concernant le
tramway. Après avoir mis plusieurs bâtons dans les rails du projet, le
gouvernement doit décider s'il va de l'avant ou s'il continue à gagner du
temps.
On comprend que la
CAQ souhaite une meilleure desserte dans les banlieues, et nous sommes
d'accord. La documentation produite par les
villes démontre que 1 milliard de dollars, pour les banlieues, y sont
alloués. C'est ce que le premier ministre demande. Cependant, il n'est
pas encore satisfait.
Alors,
pour respecter le budget, à quel endroit la CAQ veut couper? Quels sont les
arrondissements qui devront être sacrifiés?
Cap-Rouge? Vanier? Limoilou? Charlesbourg? Si la ministre de la Capitale-Nationale ne veut pas entrer dans les détails, le ministre des Transports,
lui, doit le faire. Les citoyens de Québec sont en droit de savoir.
Cette
semaine, la ville a mis cartes sur table. Est-ce que le ministre
s'engage à être transparent et faire la même chose?
Le Président :
M. le ministre des Transports.
M. François Bonnardel
M. Bonnardel :
Bien, M. le Président, je suis transparent. Je l'ai toujours été et je vais
continuer de l'être. J'ai mentionné... et
vous avez bien écouté la réponse que j'ai donnée au député, à savoir que le
projet a bien évolué, puis je vais
répondre la même chose que je vous ai donnée au débat de fin de séance de mardi
soir. Entre le tome I et le tome II, il y a énormément de changements. Le coût du tramway
est plus élevé, la portion de la périphérie a évolué et changé. C'est mon travail de bien évaluer ce projet et de le
rendre meilleur pour répondre, encore une fois, à toute la périphérie de Québec puis de m'assurer qu'on aura le
meilleur projet pour les 50, 75 prochaines années.
Donc,
encore une fois, oui, tout le monde est pressé, tout le monde voudrait qu'on
l'annonce rapidement, mais on doit bien faire les choses, et je vous demande
juste un peu de patience pour qu'on soit capables, encore une fois, de bien
le travailler et d'offrir le meilleur projet pour la ville de Québec et sa
périphérie.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Marquette.
M. Enrico Ciccone
M. Ciccone : M. le
Président, continuons sur un autre
projet que la CAQ décide de ne pas dévoiler ses informations. Le ministre
des Transports a reporté deux fois la grande annonce du troisième lien. On ne
connaît toujours pas le prix, où va-t-il
déboucher. On attend l'étude d'achalandage. Le MTQ reste silencieux face au
BAPE. On entend maintenant parler d'un problème de pente. Bref, le
député de La Peltrie, qui a mis son siège en jeu, commence à être nerveux.
Est-ce que
le ministre des Transports peut rassurer son collègue avec une annonce
officielle et le début des travaux?
Le Président :
M. le ministre des Transports.
M. François Bonnardel
M. Bonnardel :
On va régler une chose, M. le Président, là, il n'y a pas de problème de pente,
O.K.? On va régler ça tout de suite, là.
Premièrement,
entre la phase I ou le tracé I qui avait été annoncé, j'avais demandé
à mes équipes de travailler aussi sur
un tracé centre-ville—centre-ville.
Et je pense que, quand on a dévoilé ce tracé centre-ville—centre-ville, on a pu faire l'unanimité. On a vu les réactions du maire de Québec, on a vu les réactions du
maire de Lévis et de plusieurs maires qui ont dit : Bravo!
Il y avait
une touche importante, dans ce deuxième tracé, c'est le transport collectif.
C'est important pour moi d'avoir un tunnel qui aura du transport collectif, encore une fois, pour être capable de répondre et de boucler la boucle du transport,
réseau structurant, celui de Lévis...
Le Président : En terminant.
M. Bonnardel : ...et de s'assurer qu'on ait la meilleure offre
possible de transport collectif pour les gens de Québec...
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Marquette.
M. Enrico Ciccone
M. Ciccone : Encore
une fois, la CAQ semble être dépassée
par les projets de transport. Malgré de grandes promesses électorales avec le REM à Chambly, on apprend
cette semaine que cette belle promesse tombe à l'eau et que le ministre
des Transports doit reculer. Une
chance que le député de Chambly, lui, n'a pas mis son siège en jeu. Force de
constater, M. le Président,
que la moyenne au bâton dans les grands projets du ministre
laisse à désirer et que ses belles promesses ne seront pas respectées.
Le Président : M. le ministre
des Transports.
M. François Bonnardel
M. Bonnardel :
Bien, M. le Président, encore une fois, le projet de réseau structurant est
important pour notre gouvernement, le tunnel Québec-Lévis est important pour notre gouvernement, comme tous les projets du REM et toutes les phases futures que
nous souhaitons mettre de l'avant, le projet de Gatineau aussi qui est
important. Donc, dans ces conditions, on y travaille pour offrir, encore une
fois, les meilleurs projets possible pour l'ensemble des Québécois.
Le Président : Question
principale, M. le député de Jacques-Cartier.
Adoption et mise en
oeuvre du Principe de Joyce
M. Gregory Kelley
M. Kelley : Tout le Québec a été ébranlé par la mort tragique
de Joyce Echaquan. Les nations autochtones ont réclamé l'action. La nation québécoise a demandé pour l'action. Mais le gouvernement est rendu où dans l'action? Parce
qu'hier le chef Ottawa de la communauté Manawan a dit que le travail
n'est pas terminé et il faut que ça bouge.
M. le Président, le document ici sur le Principe
de Joyce, c'est un guide pour le gouvernement. Et c'est clair, qu'est-ce que les autochtones demandent : ils
demandent le droit d'avoir accès sans aucune discrimination à tous les services
sociaux et en santé.
You cannot have half justice,
Mr. Speaker, you can only have full justice.
Notre société demeure
toujours ébranlée par l'affaire et la mort de Joyce Echaquan.
Alors, ma question pour le gouvernement :
C'est quoi, votre plan de match de rendre justice à Joyce?
Le Président : M. le ministre
de la Justice.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : M. le Président, la mort de Joyce Echaquan a
touché l'ensemble de la population québécoise, et il y a des réformes qui s'imposent. Et, depuis la nomination du
nouveau ministre des Affaires autochtones, vous avez pu voir, M. le Président, que nous annonçons d'une
façon qui est rapide et qui fait en sorte de prendre en considération les
besoins des nations autochtones.
Je pense que
le dialogue que nous devons construire doit se faire de nation à nation. Et, les difficultés qu'il y a eu, M. le Président, dans l'histoire, il faut les
réparer, M. le Président. Et c'est ensemble qu'on va réussir à réparer ces
difficultés, ces événements qui sont
survenus. Mais il ne faut plus jamais, M. le Président, qu'un tel événement
survienne, plus jamais, M. le
Président, et il y a unanimité en cette Chambre, M. le Président, et dans
l'ensemble de la population québécoise. Alors, on doit avoir une sensibilité
particulière. Il doit y avoir des actions particulières qui sont faites de
concert avec les nations autochtones.
C'est ce que nous faisons, c'est ce que le ministre des Affaires autochtones
fait, et c'est que nous continuerons de faire, M. le Président, sans
relâche, parce que nous devons cela aux Premières Nations, M. le Président...
Le Président : En terminant.
M. Jolin-Barrette : ...et nous
continuerons de le faire, M. le Président.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Jacques-Cartier.
M. Gregory Kelley
M. Kelley : Le ministre
de la Justice parle de sans relâche, mais hier le chef Ottawa a questionné s'il
y a un relâchement de la part du
gouvernement de faire des actions concrètes. Ça fait depuis le temps des fêtes
où le ministre des Affaires autochtones n'a pas parlé avec le chef de
Manawan.
Alors, je pose la question :
Est-ce que ce gouvernement va déposer un projet de loi pour rendre justice à
Joyce, un projet de loi sur le Principe de Joyce, oui ou non?
Le Président :
M. le ministre de la Forêt, de la Faune et des Parcs.
M. Pierre Dufour
M. Dufour :
Oui. M. le Président, je pense que c'est important de préciser au collègue que,
justement, cet après-midi, on a justement un
caucus autochtone et on va discuter de la situation avec mon collègue, M. le
ministre des Affaires autochtones.
Donc, je pense que c'est important de nous donner le temps de voir, justement,
la discussion qu'on aura cet après-midi là-dessus. Merci.
• (10 h 50) •
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Jacques-Cartier.
M. Gregory Kelley
M. Kelley :
M. le Président, le gouvernement fédéral a pris action. Ils ont organisé deux
rencontres avec tous les partenaires
partout au Canada sur le Principe de Joyce. Ils ont pris l'engagement, le
gouvernement fédéral, de déposer un projet
de loi sur le Principe de Joyce. Et hier, quand même, le ministre des Affaires
autochtones a dit qu'il va soutenir la communauté
puis il a annoncé 2 millions de dollars pour les projets pour la
communauté de Manawan, pour faire la bataille, pour faire la suite pour
le Principe de Joyce.
Alors,
je pose la question au gouvernement : Est-ce que vous prenez
l'engagement de déposer un projet de loi sur le Principe de Joyce ici
avant la fin de la session?
Le Président :
M. le ministre de la Justice.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : M. le Président, comme je l'ai dit, nous
travaillons avec les nations autochtones. Le ministre responsable des Affaires autochtones est à leur
écoute, et on trouve des solutions ensemble, M. le Président. Et le ministre
des Affaires autochtones, M. le Président,
va continuer de travailler avec les nations autochtones, va continuer aussi de
prendre en considération... Et c'est pour ça, M. le Président, qu'il a déposé
notamment un projet de loi sur les enfants autochtones
disparus, parce que les nations autochtones ont souhaité un projet de loi qui
était distinct. Et qu'est-ce qu'on a
fait? On les a écoutés, M. le Président. On a séparé les dispositions qui
étaient dans l'ancien projet de loi qui avait été déposé par la ministre
de la Santé à l'époque et on a fait un projet de loi, on les a consultés.
Alors, on est à
l'écoute des besoins des nations autochtones et on va continuer, M. le
Président, d'agir de cette façon-là pour faire en sorte de répondre à leurs besoins,
leurs aspirations.
Le Président :
Cela met fin à la période de questions et de réponses orales.
Motions sans préavis
Nous passons maintenant
à la rubrique des motions sans préavis, et je reconnais M. le député de La
Pinière.
M. Barrette : Merci, M.
le Président. Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter
la motion suivante conjointement avec le député de Rosemont, le député
de Chomedey et la députée de Marie-Victorin :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte des difficultés que vivent plusieurs
entreprises du Québec afin de passer au travers des effets de la
pandémie sur leurs finances;
«Qu'elle
considère que les contrats publics pourraient faire en sorte de lever une
partie du fardeau de sur les épaules de ses entreprises en leur
permettant de combler des contrats d'une importance significative;
«Qu'elle
reconnaisse que l'usage de l'approvisionnement de gré à gré au courant de la
pandémie n'a malheureusement pas
favorisé les entreprises québécoises, qui pourtant étaient et sont toujours en
mesure de fournir notamment des équipements de protection personnelle;
«Qu'elle
rappelle que le précédent président du Conseil du trésor affirmait qu'il allait
permettre par règlement une facilitation
d'accès au contrat publics pour [des] producteurs locaux dans le cadre du
projet de loi 37, Loi visant principalement à instituer le Centre
d'acquisitions gouvernementales et Infrastructures technologiques Québec;
«Qu'elle
souligne que le dépôt de ce règlement se fait attendre et qu'en attendant ce
sont les fournisseurs régionaux québécois qui paient le prix de ces
délais;
«Qu'elle
rappelle que la population québécoise a fait preuve d'une grande solidarité
envers les entreprises québécoises en achetant lorsque possible des
denrées produites localement;
«Qu'elle
rappelle également que le gouvernement du Québec a fait une campagne pour
favoriser l'achat local par la population québécoise, mais que celui-ci
ne fait malheureusement pas preuve d'exemplarité en la matière;
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement de la CAQ de favoriser l'accès
des entreprises québécoises aux contrats de l'État et qu'elle exige que
le gouvernement caquiste dépose rapidement le règlement associé au projet de loi 37, dans lequel l'accès aux contrats
publics pour les entreprises québécoises sera simplifié et favorisé de façon
évidente;
«Enfin,
qu'elle demande au gouvernement caquiste de favoriser lorsqu'il est possible et
que les exigences sont respectées, les fournisseurs québécois conformes au
détriment des fournisseurs étrangers.» Merci, M. le Président.
Le Président :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Jolin-Barrette :
Pas de consentement, M. le Président.
Le
Président : Pas de consentement. Je reconnais maintenant Mme la
députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue.
Mme Lessard-Therrien : Merci,
M. le Président. Je demande le consentement de la Chambre pour débattre de la motion suivante conjointement
avec le député de Marquette, le député de Chomedey et la députée de Marie‑Victorin :
«Que l'Assemblée
nationale reconnaisse la nécessité
pour les municipalités des régions du Québec d'être desservies par des services de transport collectif fiables et
de qualité, particulièrement pour les personnes aînées, les jeunes, les
personnes immigrantes et les personnes à mobilité réduite;
«Qu'elle
prenne acte que des transporteurs par autocar ont suspendu certaines liaisons
desservant les régions en raison du
manque d'achalandage dans le contexte de la pandémie de COVID-19, et ce, malgré
l'aide financière d'urgence offerte par le gouvernement;
«Qu'elle
prenne acte que la Fédération québécoise des municipalités réitère l'importance
de revoir le modèle actuel qui favorise
la desserte des liaisons les plus rentables au détriment des besoins de la
population dans les régions périphériques;
«Qu'elle
affirme l'importance de lancer une réflexion sur le transport collectif
interurbain dans les régions du Québec, comme le réclament des dizaines
de MRC ainsi que la Fédération des transporteurs par autobus;
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement d'organiser un sommet national
sur le transport collectif régional interurbain.»
Le Président :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Jolin-Barrette :
Pas de consentement, M. le Président.
Le Président :
Pas de consentement. Je reconnais M. le leader du troisième groupe
d'opposition.
M. Ouellet : Merci, M. le Président. Je sollicite le consentement des membres de
cette Assemblée afin de présenter, conjointement avec la députée de
Mille-Îles, la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue, la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale reconnaisse que la SEPAQ n'effectue présentement aucune
vérification permettant de confirmer l'adresse de résidence des
locateurs de ses chalets;
«Par conséquent,
qu'elle demande au gouvernement d'exiger de la SEPAQ une vérification des
adresses avant d'autoriser la location de
tout chalet, et d'interdire toute location à des visiteurs en provenance de
l'extérieur des zones de couleur de ses sites.»
Le Président :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Jolin-Barrette :
Pas de consentement, M. le Président.
Le Président :
Pas de consentement. Je reconnais M. le ministre de l'Énergie et des Ressources
naturelles.
Souligner
la concrétisation d'un partenariat permettant
la réalisation du projet de parc éolien Apuiat
M. Julien :
Oui, merci, M. le Président. Je sollicite le consentement de cette Assemblée
afin de présenter la motion suivante
conjointement avec la députée de Mercier, le leader du troisième groupe
d'opposition, le député de Chomedey, le député de Rimouski, la députée
de Marie-Victorin et le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata :
«Que
l'Assemblée nationale souligne la concrétisation d'un partenariat historique
permettant la matérialisation de l'important projet éolien Apuiat;
«Qu'elle
mentionne que la détermination de la nation innue et des élus de la Côte-Nord
ainsi que les efforts concertés du gouvernement du Québec,
d'Hydro-Québec et de Boralex, ont mené à la matérialisation de cette entente;
«Qu'elle
rappelle qu'il s'agit d'un projet rassembleur pour les communautés innues ainsi
qu'un facteur de rapprochement entre le gouvernement du Québec et les
Innus;
«Qu'elle
affirme que la construction de ce parc éolien engendrera des retombées
économiques directes et indirectes dans toute la région de la Côte-Nord et ailleurs
au Québec tout en contribuant à consolider la durabilité de nos milieux
de vie nordiques et à la capacité des communautés d'habiter [le] Nord;
«Qu'enfin,
elle souligne que ce projet, s'appuyant sur la transition énergétique,
s'inscrit directement [dans] la relance économique du Québec, offrant un
complément à notre production hydroélectrique et une source d'énergie propre.»
Le Président :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Jolin-Barrette : Il y a consentement,
sans débat, M. le Président.
Mise aux voix
Le
Président : Consentement, sans débat. Je vous demande donc vos votes respectifs sur cette motion.
M. le leader du gouvernement?
M. Jolin-Barrette : Pour.
Le Président : M. le leader
de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Président : M. le leader
du deuxième groupe d'opposition?
M. Nadeau-Dubois : Pour.
Le Président : M. le leader
du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet : Pour.
Le Président : Mme la députée
de Marie-Victorin?
Mme Fournier : Pour.
Le Président : Cette motion
est donc adoptée.
Avis touchant les travaux des commissions
Nous passons à la rubrique Avis touchant les
travaux des commissions. M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette :
Oui, M.
le Président. J'avise cette Assemblée
que la Commission de l'agriculture,
des pêcheries, de l'énergie et des
ressources naturelles poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 77, Loi sur l'Institut de technologie
agroalimentaire du Québec,
aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 13 heures et de 14 heures
à 16 h 30, ainsi que le mardi 16 février 2021, de
9 h 30 à midi, à la salle du Conseil législatif;
La Commission
de l'aménagement du territoire poursuivra l'étude détaillée du projet de loi
n° 67, Loi instaurant un nouveau
régime d'aménagement dans les zones inondables des lacs et des cours d'eau,
octroyant temporairement aux municipalités des pouvoirs visant à
répondre à certains besoins et modifiant diverses dispositions, aujourd'hui,
après les affaires courantes jusqu'à 13 heures
et de 14 heures à 16 h 30, ainsi que le mardi 16 février
2021, de 9 h 30 à midi, à la salle Pauline-Marois;
La Commission
des transports et de l'environnement poursuivra l'étude détaillée du projet de
loi n° 65, Loi modifiant principalement
la Loi sur la qualité de l'environnement en matière de consigne et de collecte
sélective, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 13 heures
et de 14 heures à 16 h 30, à la salle Marie-Claire-Kirkland;
La Commission des institutions poursuivra l'étude détaillée
du projet de loi n° 84, Loi
visant à aider les personnes victimes d'infractions
criminelles et à favoriser leur rétablissement, aujourd'hui, après les
affaires courantes jusqu'à 13 heures et
de 14 heures à 16 h 30, à la salle de l'Assemblée nationale,
ainsi que le mardi 16 février 2021, de 9 h 30 à midi, à
la salle Marie-Claire-Kirkland;
La Commission des finances publiques entreprendra par visioconférence
les consultations particulières sur le projet de loi n° 60, Loi modifiant la Loi sur la fonction
publique et d'autres dispositions,
aujourd'hui, après les affaires courantes, pour une durée d'une heure,
et de 14 heures à 16 h 45.
• (11 heures) •
Le Président : Je vous remercie. Est-ce qu'il y a consentement pour
déroger à l'ordre spécial concernant l'horaire des travaux des
commissions? Il y a consentement.
Pour ma part, je vous avise que la Commission de
l'administration publique se réunira en séance de travail le lundi 15 février
2021, de 15 heures à 17 heures, en séance virtuelle, afin de procéder
à l'analyse de rapports annuels.
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée
Nous en sommes à la
rubrique Renseignements sur les travaux de l'Assemblée.
Je vous rappelle que, lors de l'interpellation prévue pour
demain, vendredi 12 février 2021, Mme la députée de Maurice-Richard s'adressera à M. le ministre de la Santé et des Services sociaux sur le
sujet suivant : La gestion de la
lutte contre la pandémie de COVID-19 par le gouvernement caquiste et ses
conséquences.
M. le leader du
deuxième groupe d'opposition.
M. Nadeau-Dubois :
Merci, M. le Président. Puisque c'est l'utilité de cette rubrique, j'aimerais
connaître les intentions du leader du gouvernement concernant le projet
de loi n° 39 sur la réforme du mode de scrutin.
Le
projet de loi a été présenté le 25 septembre 2019, ça fait donc plus d'un
an et demi maintenant. Il y a des consultations
particulières qui se sont tenues le 22 et 23 janvier ainsi que les 4, 5 et
6 février 2020, on a entendu près d'une quarantaine d'intervenants, d'intervenantes et de groupes. Le rapport de
la commission a été déposé le 11 février 2020. Le principe du projet de loi a été adopté le
8 octobre 2020, et le projet de loi a été référé à la Commission des
institutions pour l'étude détaillée. Par contre, cette étude détaillée
n'a toujours pas commencé. À l'heure actuelle, la Commission des institutions
étudie, disons, en alternance les projets de loi nos 64 et 84 sur la réforme de l'IVAC et de la protection des
renseignements personnels.
Ma
question concerne les intentions du gouvernement, en fait du leader du
gouvernement, sur le projet de loi sur la réforme du mode de scrutin. C'est un projet de loi qui est attendu.
L'Assemblée a beaucoup travaillé sur ce projet de loi. Il y a beaucoup de voix ici, à l'Assemblée, mais
aussi dans la société civile qui se demandent quel est l'avenir de ce projet
de loi, surtout que ce projet de loi, vous
le savez, M. le Président, il est né d'une entente transpartisane qu'a signée
le chef de la formation politique qui
est maintenant au pouvoir. Nous l'avions signée également. Vous comprendrez
donc qu'on a un vif intérêt à savoir qu'est-ce qui arrive avec le projet
de loi sur la réforme du mode de scrutin.
Le
leader du gouvernement ne peut pas prédire l'avenir, mais il peut nous donner
ses intentions. J'aimerais qu'il nous dise quelle est son intention à l'égard
du projet de loi sur la réforme du mode de scrutin. Compte-t-il l'appeler cette
session, si c'est possible?
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Mais, M. le Président, vous savez, le projet de
loi n° 39 est piloté par la présidente du Conseil du trésor et également
ministre responsable du secrétariat québécois aux relations canadiennes, M. le
Président. Et, tout l'automne dernier, savez-vous ce qui est arrivé, M.
le Président? Les collègues des oppositions ont tenu la ministre en commission parlementaire avec le projet de loi
n° 66, M. le Président, sur les infrastructures pour la relance
économique, M. le Président. Alors,
comme on dit, la ministre ne peut pas avoir le don d'ubiquité, elle ne peut pas
être partout en même temps, M. le Président. Donc, on a fait le projet
de loi n° 66 dans un premier temps.
Là,
M. le Président, à la Commission des institutions, il y a beaucoup de projets
de loi. Actuellement, il y a le projet de loi n° 84 qui est étudié,
mais je suis convaincu que je vais avoir la collaboration des collègues des
oppositions pour adopter rapidement le projet
de loi n° 84. Il y a également
le projet de loi n° 64, qui tient beaucoup à coeur au député de Gouin,
je le sais personnellement, M. le
Président. Et tous les projets de loi qui sont au feuilleton seront appelés, M. le Président, pour
qu'on puisse les adopter, parce que c'est une volonté gouvernementale.
Le Président :
M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M. Nadeau-Dubois : Je connais bien les travaux de l'Assemblée nationale du Québec dans les derniers mois. Je veux souligner au leader du gouvernement qu'il a déposé un projet de loi sur la relance
économique, que c'est son chef qui a
décidé de faire porter ce projet de
loi par un nouveau ministre, parce qu'auparavant ce n'était pas la députée de
Champlain qui s'en occupait. Donc, il y a eu changement de portefeuille.
Ça, ce n'est pas Québec solidaire qui l'a décidé.
Donc,
moi, je lui demande ses intentions à lui. Est-ce qu'il a l'intention, dès que
seront terminées l'étude des projets de loi nos 64 et 84, d'appeler le projet de loi n° 39 à la
Commission des institutions?
Le Président :
Pas d'autre réponse? Je comprends que le discours ou l'échange est complété.
Affaires du jour
Vous
comprendrez que, la période des affaires courantes étant maintenant terminée,
nous allons maintenant passer aux affaires du jour. M. le leader du
gouvernement.
M. Jolin-Barrette :
Oui, M. le Président. Puisque nous n'avons pas d'affaires du jour, aujourd'hui,
et que le délai pour la transmission des débats de fin de séance n'est pas
écoulé — je
crois, à moins que vous ne m'indiquiez le contraire... donc ce n'est pas
écoulé — je
vous demanderais de suspendre nos travaux jusqu'à l'expiration de ce délai.
Le Président :
Alors, je suspends donc nos travaux pour quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à
11 h 5)
(Reprise à 11 h 23)
Le Président :
Et, de retour après cette courte suspension, je vous informe, à ce moment-ci,
que trois débats de fin de séance se
tiendront aujourd'hui, à 13 heures, en application de l'ordre
spécial. Le premier débat portera sur une question adressée par M. le député de Jacques-Cartier au ministre
de la Justice concernant
l'application du Principe de Joyce pour
les communautés autochtones afin de leur garantir des soins adéquats en matière
de santé. Le deuxième débat portera sur
une question adressée par M. le député de Jean-Lesage au ministre des Transports concernant le réseau structurant de transport en commun de Québec. Et
le troisième débat portera sur une question adressée par Mme la députée de Gaspé au
ministre des Finances concernant les programmes d'aide aux entreprises
en temps de pandémie.
Vous l'aurez donc
compris, à ce moment-ci... M. le leader du gouvernement, quelque chose à
ajouter?
M. Jolin-Barrette : Bien, simplement, M. le Président, que je vous suggère
de suspendre la séance de l'Assemblée jusqu'aux débats de fin de séance.
Le Président :
Et j'allais presque vous devancer.
De fait, je suspends
les travaux jusqu'à 13 heures, début des débats de séance. Merci à toutes
et à tous.
(Suspension de la séance à
11 h 24)
(Reprise à 13 h 5)
Débats de fin de séance
Le
Vice-Président (M. Picard) : Tel qu'annoncé précédemment, nous allons maintenant procéder aux trois
débats de fin de séance. Le premier
débat portera sur une question adressée par M. le député de Jacques-Cartier au ministre responsable
des Affaires autochtones, en remplacement du ministre
de la Justice, concernant l'application du Principe de Joyce pour les communautés autochtones afin de
leur garantir des soins adéquats en matière de santé.
Je
vous rappelle que, conformément à l'article 310 du règlement, le député
qui a soulevé le débat et le ministre qui lui répond ont chacun un temps de
parole de cinq minutes, et le député a ensuite droit à une réplique de deux
minutes.
M. le député de Jacques-Cartier,
je vous cède la parole.
Adoption
et mise en oeuvre du Principe de Joyce
M. Gregory Kelley
M. Kelley : Merci,
M. le Président. Alors, oui, aujourd'hui j'ai posé une question suite à une sortie, hier, du chef de la communauté
à Manawan, le chef Paul-Émile Ottawa, communauté attikamek, qui a pas mal... un
petit peu lancé un cri du coeur pour dire :
Oui, le gouvernement a pris certaines actions, mais il faut que le
dossier bouge encore. Tout n'est pas
réglé, loin d'être réglé. Je pense que le chef était un petit peu découragé aussi
que, sur un côté, le gouvernement
fédéral a pris plusieurs mesures concrètes, a pris des engagements
fermes envers le suivi du Principe de Joyce... puis il a dit : Il y a un
autre côté qui doit bouger plus vite, plus rapidement. Et je peux comprendre
ça.
J'ai mentionné ça aujourd'hui,
M. le Président, pendant la période de questions, que le document du Principe de Joyce, qui a été fait après une consultation
avec les trois communautés attikameks et aussi des consultations avec des
autres personnes, parce que c'était ouvert au grand public pour déposer leurs
commentaires, leurs suggestions... Alors, pour
une communauté, c'était une vaste consultation. Et ils ont déposé le document,
qui est vraiment un guide, c'est un guide.
Il y a plusieurs recommandations pour le gouvernement fédéral, plusieurs
recommandations pour le gouvernement du
Québec et quand même une feuille de route avec plusieurs suggestions sur
comment le gouvernement peut agir en matière de la santé et des services
sociaux.
C'était
quand même dit un petit peu, M. le Président, dans votre déclaration de
l'ouverture du débat, que c'est simple, qu'est-ce que la communauté
demande, c'est de n'avoir aucune discrimination quand c'est en termes d'avoir
l'accès à des services sociaux et en santé.
Il y a d'autres éléments aussi, mais c'est pas mal ça, la priorité et les
préoccupations de la communauté et de
plusieurs autochtones partout sur le territoire du Québec et au Canada, parce
que, quand même, on a vu les réactions, après qu'est-ce qui est arrivé à
Joyce Echaquan, puis on a vu qu'il y avait des autres cas similaires dans
le reste du Canada. Je sais que ça,
ce n'est pas pour le gouvernement du Québec à régler, mais c'est juste... je
veux mettre ça en contexte.
Et je sais que le ministre
va parler qu'après qu'il ait été nommé ministre il a fait une annonce pour
faire un investissement à Joliette, dans le centre d'amitié autochtone. C'est
une bonne chose. Je sais qu'à l'hôpital de Joliette il y a maintenant un bureau
pour la personne qui fait la liaison, le lien entre la communauté
de Manawan et l'hôpital de Joliette. C'est une bonne chose. Il y a une
nouvelle P.D.G. qui est responsable, puis il y a
des discussions. Mais encore, comme dans
le document, il
faut aller plus loin. Il faut
faire une réforme majeure pas juste à Joliette, mais partout sur le territoire du Québec. Et ça, c'est pourquoi,
je trouve, l'idée d'avoir un projet de loi est intéressante.
On va avoir une discussion,
parce que le ministre a déjà déposé un autre projet de loi sur un élément que l'ancien ministre a travaillé sur. On va avoir une
consultation, on va travailler là-dessus, sur les enfants perdus. Mais ça,
c'est un enjeu qui est très important, mais le Principe de Joyce, c'est une
autre affaire. Et aujourd'hui le ministre de la Justice a dit : Bien oui, on a ce projet de loi là, mais
je pense que le Principe de Joyce, c'est une autre chose. Si le ministre peut
donner à nous une façon de jumeler les deux, je suis ouvert à la discussion, mais,
je pense, pour l'instant, il faut, oui, finalement régler les questions
pour les enfants, puis après ça on peut regarder la question du Principe de
Joyce.
Et
ça fait plusieurs années depuis qu'on a eu un débat sur l'avenir des peuples
autochtones, au Québec, où a eu tout le monde, vraiment, autour de la
même table. Ça arrive, des fois, sur les enjeux économiques, ça arrive, des
fois, sur les autres enjeux, mais je pense qu'on est maintenant à un
moment où les attentes des peuples autochtones, c'est d'avoir quelque chose
plus large, une plus grande consultation.
Alors,
c'est ça, comme j'ai mentionné ce matin je sais que les défis sont différents,
mais je pense que qu'est‑ce qu'on
a vu avec le gouvernement fédéral, ça a été
d'organiser des rencontres avec tous les partenaires partout dans le pays et
quand même au Québec, de faire une annonce de 2 millions de dollars pour aider la communauté de Manawan de faire le suivi
eux-mêmes sur le Principe de Joyce, et je
pense que le gouvernement peut faire plus et doit faire plus pour rendre
justice à Joyce.
• (13 h 10) •
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député. M. le ministre
responsable des Affaires autochtones,
je vous cède la parole, et vous disposez d'un temps maximum de cinq
minutes.
M. Ian Lafrenière
M. Lafrenière : Merci beaucoup,
M. le Président. Merci à mon collègue de Jacques-Cartier pour la question, ce débat de fin de session. Malheureusement, on ne parle pas d'affaires autochtones assez souvent ensemble. Et,
vous savez, quand on m'a dit, tout à
l'heure, qu'il y avait un débat de fin de session, bien, au début, j'étais
surpris. Après ça, j'étais choqué. Je
me suis dit : Comment ça, je ne le sais pas? J'ai regardé sur mon
téléphone, j'ai dit : Pourtant, on a nos coordonnées, on se parle
souvent. Mais, M. le Président, même moi, je me suis rendu compte que j'avais
oublié que la pandémie avait changé
complètement notre façon de faire. On se voit beaucoup moins souvent. On
s'est croisés cette semaine pour une déclaration
de députés, et par la suite on s'est quittés. Alors, on se manque, je pense
qu'on manque ces moments-là où on doit
parler des vraies choses pour les Premières
Nations, qui nous écoutent, et je
veux le remercier pour cette occasion-là qu'on a aujourd'hui.
M. le Président, il y a plusieurs choses qui ont
été dites, je ne reprendrai pas chacun des éléments, mais je pense qu'il y a
des points très, très importants puis je veux rassurer mon collègue puis les
gens qui nous écoutent aujourd'hui.
Premièrement,
dès qu'on a reçu le Principe de Joyce, on l'a salué. Je l'ai reçu moi-même, la
communauté attikamek me l'a envoyé
personnellement. Je l'ai remis au premier
ministre, je l'ai remis au ministre de la Santé. Et la première chose qu'on a
dite, c'est : Félicitations, félicitations!, parce qu'effectivement il y a eu des consultations, il y a plusieurs personnes qui ont
été consultées, et c'est un travail qui est fort intéressant, fort important.
Cependant, M. le Président, je veux aussi vous rassurer qu'on n'a pas attendu le dépôt du Principe
de Joyce, parce que, oui, comme
partenaires, les Attikameks nous l'avaient dit. On a fait une annonce, et on a
fait une annonce le 6 novembre dernier
à l'hôpital de Joliette. Oui, il y avait une partie pour le centre d'amitié
autochtone, mais une partie hyperimportante, M. le Président, et c'est
la sécurisation culturelle. Et mon collègue le ministre de la Santé a décidé
qu'on n'agirait pas nécessairement juste sur
le personnel soignant. On aurait pu, hein, dire : Écoutez, il y a eu un
problème à l'hôpital, on va former le personnel soignant... on va
former, pardon, le personnel soignant de cet hôpital. La décision courageuse
qui a été prise, c'est de dire : On va
former l'ensemble du personnel soignant, les gens à l'accueil, les
gens de la sécurité, et l'ensemble du personnel de la santé aussi, pas juste cet hôpital,
mais, de façon responsable, l'ensemble du système
de la santé. Et ça, M. le Président, je veux le souligner aujourd'hui
parce que c'est une décision qui était importante.
Alors, oui,
j'entends que le fédéral a fait des annonces pour aider la communauté de
Manawan dans le suivi du Principe de
Joyce, c'est vrai. Je vous rappellerais qu'en novembre dernier, et j'ai toujours
fait part de mes annonces à mes collègues des oppositions, on a fait une annonce
qui était importante. Je l'ai fait avec le grand chef de la nation attikamek,
Constant Awashish. On était ensemble pour dire : On doit agir.
Et mon collègue de Jacques-Cartier, tantôt, a
dit quelque chose de tellement important : Les gens s'attendent d'avoir des gestes. Je peux vous sortir la
quantité de documents qui existent, hein, l'ENFFADA, commission
Viens, Vérité et réconciliation, Commission spéciale sur l'exploitation sexuelle
des mineurs, la commission Laurent, où on aura un rapport bientôt. La documentation, M. le Président, il
n'en manque pas. Je pense que le phénomène, il est connu. Et, vous savez,
lorsqu'on a vu la tragédie avec Joyce Echaquan, moi, j'ai des collègues
attikameks, des collègues innus qui m'ont dit : Là, vous êtes choqués parce que vous l'avez eu en
pleine face. Nous, ça fait des années qu'on vous dit que ça se passe, puis
vous ne faites rien.
Alors, M. le
Président, moi, j'ai reçu tout ça, je me suis dit : On doit être dans
l'action. Et l'action, pour moi, c'est le plan J'ai espoir, que j'ai déjà
partagé avec mon collègue, c'est de poser des gestes concrets. Les gens ont
besoin qu'on pose des gestes. Puis ce
ne sera pas réglé tout de suite, M. le Président, hein? Il faut se le dire,
tout le monde ici, il va falloir très
fort ensemble, et c'est pour ça que je tends la main à mon collègue de
l'opposition aussi. On doit travailler ensemble parce que, pendant trop
longtemps, oui, on a fait des consultations, on a fait des réunions... Je suis
allé dans une rencontre fédérale-provinciale-territoriale, il y a de
cela deux semaines, belle rencontre organisée. Nous, on avait agi en novembre dernier. Je me suis fait rappeler que
c'était important d'agir, on le sait. Et nous, on est dans l'action, M. le
Président, et chacune des annonces que j'ai faites, dans les dernières
semaines, derniers mois, c'étaient des actions concrètes.
Pour revenir
à l'article qui est sorti hier dans les médias, pour la relation avec le chef
Ottawa de Manawan, j'aimerais clarifier certains éléments. Avec la
nation attikamek, on s'est engagés à les rencontrer à chaque semaine. Alors,
moi, à chaque semaine je rencontrais tous
les membres de la nation attikamek. À plusieurs reprises, j'ai mon collègue ministre
de la Santé qui était avec moi. Et, avant
les fêtes, on a dit : Vous savez quoi? Pour l'année 2020‑2021, nous
allons nous rencontrer à chacun des
conseils d'administration du CNA, du Conseil de la nation atikamekw, et le
prochain est le 29 mars prochain.
J'ai parlé
tantôt au chef Paul-Émile Ottawa, je lui avais parlé hier aussi. Je veux vous
rassurer, il a mon numéro de cellulaire personnel, on se parle. Donc, il n'y a
pas de problème de communication, on est vraiment bien en lien ensemble.
Et moi,
je vais me permettre deux questions pour mon collègue de Jacques-Cartier, parce
que c'est un homme que je respecte beaucoup. Je sais qu'il aime le Québec et
les Premières Nations. Un, j'ai déjà invité les collègues de la deuxième et troisième opposition à se rencontrer
de façon mensuelle pour échanger sur les dossiers. J'espère qu'il va accepter l'offre. Et,
deuxièmement, quand il a fait référence au fédéral, j'espère qu'il ne nous
suggère pas de laisser le fédéral
embarquer dans des champs de compétence provinciale. Je suis persuadé
que ce n'était pas son intention, et c'est pour ça que je me permets de lui dire de clarifier sa position, tout à l'heure, dans son élément de réponse. Je sais qu'il aime les Premières
Nations, je sais qu'il aime le Québec, et c'est ensemble qu'on va y arriver, M.
le Président. Alors, c'est les deux questions que j'ai pour mon collègue.
Et, encore
une fois, merci pour ce temps de parler d'un sujet qu'on ne parle pas assez,
présentement, pendant la période de pandémie. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le ministre. M. le
député de Jacques-Cartier, votre droit de réplique de deux minutes.
M. Gregory Kelley (réplique)
M. Kelley : Oui. Bien, c'est clair, il y a toujours
les discussions des compétences une vers l'autre, et ça, c'est pourquoi j'ai posé une question aujourd'hui, parce que je veux que le Québec agisse dans ses propres
compétences qui est la santé et les
services sociaux. Alors, c'est pourquoi j'ai posé la question. Je vois que le gouvernement fédéral fait leur part dans leur compétence, parce que, oui, on a une
responsabilité pour les services sur la réserve de Manawan, mais moi, je parle
du système de santé en général, qui appartient à nous.
Deuxième
chose, je ne vais pas aller loin, je ne sais pas... Il a parlé avec le chef Ottawa,
hier, c'est bien correct, après que
l'article a sorti, mais comment on peut travailler ensemble — et, quand je dis «ensemble», gouvernement avec la
nation à Manawan — où
c'est très important, quand il n'y a pas de communication depuis plusieurs semaines?
C'est juste... tout, je répète qu'est-ce que
le chef a dit hier. Mais maintenant je sais qu'il y a des communications, et c'est
une bonne chose. Et j'espère que l'intervention qui se fait aujourd'hui
va avancer les choses dans la bonne direction.
Et, oui, je
suis toujours ouvert à collaborer avec le ministre, avec mes autres collègues
aussi, mais en même temps je veux
bien comprendre plus c'est quoi, cette collaboration que le ministre souhaite.
Est-ce que c'est plus donner à nous de l'information puis il part ou
est-ce qu'il veut vraiment l'input de l'opposition?
Et je pense
qu'on est capables de travailler ensemble. C'est fait. Je sais, puis je vais
regarder mes collègues des autres partis, qu'avec le ministre de l'Éducation il
y a des discussions souvent entre les critiques puis aussi le ministre
pour essayer d'améliorer la situation, des propositions sont faites.
Alors, moi, je suis d'accord et j'accepte
l'offre du ministre, je suis bien disponible pour faire ça, mais encore, je veux juste dire, j'espère qu'il y a quelque
chose plus concret et précis sur le Principe de Joyce qui va arriver ici, en
Chambre, un projet de loi qui est
déposé, qui va répondre à tous les besoins, à toutes les demandes de la nation
attikamek mais aussi des peuples autochtones
du Québec, parce que, comme j'ai dit ce matin, oui, les nations autochtones
demandent de l'action, mais c'est aussi la nation québécoise qui a
demandé de l'action après la mort de Joyce Echaquan.
Alors, c'est tout. Merci beaucoup pour votre écoute,
M. le Président.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, M. le député de Jacques-Cartier.
Nous allons maintenant procéder au deuxième
débat, qui portera sur une question adressée par M. le député de Jean-Lesage au ministre de l'Énergie et des Ressources
naturelles, en remplacement du ministre des Transports, concernant le réseau structurant de transport en commun de
Québec. M. le député de Jean-Lesage, vous disposez d'un temps de parole
de cinq minutes.
Projet de réseau structurant de transport en commun à
Québec
M. Sol Zanetti
M. Zanetti :
Merci beaucoup, M. le Président. Je remercie le ministre de pouvoir répondre à
ces questions. J'ai plusieurs
questions, alors je vais comme les poser à la fin mais d'abord exposer un peu
d'où elles viennent, ces questions.
C'est des questions qui viennent du fait que, le discours du gouvernement sur le réseau structurant, actuel, à Québec, il apparaît très
contradictoire. Je m'explique.
Essentiellement, là, en 2018, le gouvernement... bien, pas le gouvernement, mais la Coalition avenir Québec, aux élections, a dit : Nous allons
appuyer le réseau structurant. La version 2018 du réseau structurant, là,
quand on regarde le service dans les
banlieues, et là, les banlieues, là, je ne parle pas de Sainte-Foy, là, je
parle de Saint-Augustin-de-Desmaures, L'Ancienne-Lorette,
Val-Bélair, Loretteville, Wendake, Lac-Saint-Charles, Saint-Émile, Beauport,
cette desserte-là — et
même Charlesbourg — quand
on regarde le projet qui est sur la table aujourd'hui puis le projet 2018,
la desserte des banlieues périphériques est
plus importante, il y a plus de service. Alors, comment ça se fait que la
CAQ disait oui à un certain niveau de service puis qu'avec un niveau
supérieur de service aujourd'hui ils disent : Ce n'est pas assez? Ça,
j'aimerais qu'on m'explique ça.
Et là
l'argument que j'ai entendu, je prévois un peu le coup, c'est de dire :
Oui, mais il y a eu l'abandon du trambus. Le trambus, là, c'est un tracé qui n'a pas disparu,
c'est un tracé qui va devenir un métrobus avec voie réservée. C'est donc
une amélioration substantielle de la situation actuelle, d'une part. Mais, en
plus, ce n'est pas quelque chose, le trambus, qui
allait desservir Saint-Augustin-de-Desmaures, Ancienne-Lorette, Val-Bélair,
Loretteville, Wendake, Lac-Saint-Charles, Saint-Émile, Charlesbourg, Beauport. C'est quelque chose qui partait de l'Université
Laval, qui faisait l'essentiel de son
trajet au centre-ville puis qui arrêtait, là, à la fin de Limoilou, au début de
la limite de Beauport. Ça n'allait même pas à l'intérieur de Beauport, là, ça arrêtait, clac, aux limites. Et puis ce trajet-là
existe encore, mais il va être un
petit peu moins rapide qu'un
trambus.
Puis en
échange, pour les banlieues, que la Coalition
avenir Québec prétend défendre, qu'est-ce qu'il y a eu? Ajout de la couronne
périphérique en juin dernier et du Flexibus plus récemment. Ça, c'est quoi?
C'est des parcobus supplémentaires, c'est
des métrobus supplémentaires, c'est des express. Et le Flexibus, là, sur
demande, c'est un service d'autobus qui va chercher le monde chez eux, sur demande, puis qui les amène à l'arrêt le
plus proche dans le réseau, un service, là, qu'il n'y a même pas au centre-ville, un service assez extraordinaire.
• (13 h 20) •
Et pourtant la version du gouvernement reste la
même, ils disent : Ah! peu importe, là, si vous avez ajouté des services en banlieue, on trouve que le projet, il
est moins bon qu'avant pour les banlieues, alors on ne l'appuie pas, pour
cette raison-là, il faut
que vous retravailliez. Puis là, bien, le problème, c'est que, si vous
dites ça, bien là, ça retarde énormément
un projet qui est sur la table depuis plus
d'une décennie, à Québec, sur lequel les gens ont travaillé énormément,
qui est urgent pour la communauté
d'affaires de Québec, qui attend ça aussi pour faire des investissements, qui est urgent dans le cadre de la relance. Et nous, on veut
l'avoir au plus rapidement, et ce projet-là, il est prêt.
Donc, je vais vous poser mes questions.
D'une part,
les secteurs de Duberger, Saint-Émile, Loretteville et Beauport, là, quand on
regarde tous les projets, tous ces
secteurs-là, ils vont avoir une forte augmentation du service et de la rapidité de leur desserte. Pourquoi
est-ce que ce n'est pas assez
pour vous, pour le gouvernement?
Il y a
eu l'annonce, deuxième question, d'un
nouveau service pour les couronnes, le Flexibus. Pourquoi le Flexibus ne répond
pas aux critiques qu'a énoncées le BAPE, par exemple, puis, que dit le
gouvernement, il n'y aurait pas assez de service?
Troisième
question : Si on compare les deux projets, dans le projet 2018, pour
les banlieues, il y a moins de service, et pourtant vous l'avez appuyé.
Pourquoi?
Et dernière question : Est-ce que le
ministre reconnaît que 1,6 milliard de dollars va être investi en dehors
du centre-ville de Québec, et non 200 millions comme le prétend le premier
ministre? Ça fait le tour pour mes questions.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député. M. le ministre
de l'Énergie et des Ressources naturelles, je vous cède la parole et je
vous rappelle que vous disposez d'un temps maximum de cinq minutes.
M. Jonatan Julien
M. Julien :
Oui. Merci, M. le Président. Grand plaisir d'être ici aujourd'hui pour répondre
et de discuter avec mon collègue de Jean-Lesage du réseau de transport
structurant, là, de Québec.
Juste pour
clarifier certaines situations, M. le Président, effectivement, en 2018, notre
parti, actuellement au gouvernement,
on a dit : Nous, on est prêts à appuyer un réseau de transport structurant
sous certaines conditions, alors j'aimerais qu'on précise que c'est notre position depuis à la fois la campagne
électorale et comme gouvernement, conditions qu'on a énoncées à ce moment-là,
qui étaient, oui : pas de dépassement de coûts, 3,3 milliards,
1,8 milliard du gouvernement provincial, 1,2 du fédéral et
300 millions de la ville pour les aménagements, un lien interrives
optimisé, on veut que les deux rives, ici,
de la région soient touchées, et également une bonne desserte des banlieues de
la région de Québec. Alors, c'est les prémisses. Alors, nous, on dit :
On va appuyer un projet qui va répondre à ces conditions-là. Et nous, comme
gouvernement, on veut clairement que le projet qui est sur la table réponde à
ces conditions-là.
Alors, oui,
il y a eu de l'évolution dans le projet. Effectivement, là, les travaux sur le
réseau structurant, à Québec, ça
a commencé, ça, fin 2017, parce
que moi, je me suis présenté en 2017,
en novembre 2017, à la ville de
Québec, et après l'élection, effectivement, on a eu vent qu'il y
avait un travail qui pouvait se faire sur un potentiel réseau structurant avec
un tramway puis on y a travaillé. Puis après ça, naturellement... La ville y
travaille, là, de manière très, très, très assidue depuis trois ans maintenant,
un peu plus de trois ans.
Il y a
un rapport du BAPE qui est arrivé l'an dernier et qui a mentionné certains
éléments qui sont quand même assez en
lien avec ce que nous, on souhaite, et ce qu'on exige, en réalité, du réseau de
transport structurant. Et je réitère, on est encore favorables au réseau de
transport structurant à Québec et on est encore favorables à un transport lourd
sur la colonne vertébrale et qui
s'avère être un tramway. Cependant, ce qu'on observe et ce que le BAPE aussi
observait quand même, il concluait, avec l'analyse, que le projet de
tramway qui était devant lui, là, l'an dernier, là, n'améliorait pas significativement la mobilité des personnes dans
les banlieues, qui connaissent, d'ailleurs, la plus forte
croissance, dans ces banlieues-là, et qu'après la mise en place du réseau structurant
la proportion des citoyens qui utilisaient le transport en commun resterait sensiblement la même, là, dans
ces banlieues-là. Ça, là, c'est le BAPE qui dit ça, qui sonne la
sonnette d'alarme, qui, force est d'admettre, ne répond pas à l'exigence
qu'on souhaite voir.
Quand on
parle de banlieues, à Québec, avec forte croissance, il ne faudrait pas toutes
les renommer, là, mais, tu sais, il y a six arrondissements, à Québec,
dans la ville de Québec, puis après ça, naturellement, il y a la communauté métropolitaine.
Dans les six arrondissements, il faut convenir que l'arrondissement, en fin de
compte, de La Haute-Saint-Charles, où
on a Saint-Émile, Loretteville, où on a Val-Bélair... On a l'arrondissement des
Rivières avec Duberger, Vanier, Lebourgneuf, Neufchâtel, les anciennes villes, les secteurs... on a l'arrondissement
de Charlesbourg qui est l'ancienne ville de Charlesbourg, l'arrondissement de Beauport qui est l'ancienne
ville de Beauport. Je vous le dis, là, nous, quand on travaille, à la ville...
quand je travaillais, à la ville,
excusez-moi, quand on parlait des banlieues de Québec, on n'avait pas besoin
de se faire des dessins, là. On voit très bien que Sainte-Foy, Sillery, Québec,
bien, c'est la ville, là. Puis, quand on disait : Il faudrait peut-être
faire des parcs de proximité en banlieue, on ne pensait pas à Sainte-Foy, on ne
pensait pas à Québec, on ne pensait pas à
Saint-Sauveur, on pensait à ces quatre arrondissements‑là. Donc, trêve de
sémantique, on comprend où sont les banlieues à Québec. Le BAPE nous dit :
Ça ne répond pas. Nous, on souhaite que ça réponde.
Et alors là
ma question sous-jacente, c'est : Pourquoi tant d'empressement? On dit
qu'on veut un réseau de transport structurant,
nous, comme gouvernement. C'est le même objectif que la ville. On dit,
en fin de compte, qu'on doit avoir une colonne
vertébrale lourde. C'est la même volonté que la ville. On dit qu'on veut une
meilleure desserte des banlieues. Ça, on
le souhaite. Je crois que c'est la même volonté que la ville. Et on dit :
Prenons le temps. Ça fait trois ans, là, ce n'est pas trois, quatre mois de plus, pour un projet de 3,3 milliards de dollars pour les 50 à 75 prochaines années... Quand
quelqu'un me dit qu'il y a de
l'urgence que ce soit cette semaine, la semaine prochaine, je dis : Non,
non, non. On ne peut pas faire l'économie,
M. le Président, de ne pas prendre le temps nécessaire pour optimiser ce
projet-là qui, à sa face même, va faire en sorte que dans les 50, 75 prochaines années, on va avoir un
réseau de transport structurant à Québec qui va être optimisé. C'est ce qu'on
souhaite et on travaille très fort pour ça.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le ministre. M. le
député de Jean-Lesage, vous disposez de deux minutes pour votre réplique.
M. Sol Zanetti (réplique)
M. Zanetti : Je vous remercie, M. le Président. Écoutez, j'ai
eu peu de réponses aux questions précises que j'ai posées. Et, l'appui conditionnel que la CAQ
donnait en 2018, ces conditions-là ont été respectées. Les coûts sont respectés,
le lien interrives est respecté, il y a une
station intermodale à Sainte-Foy, et les banlieues sont desservies. Et le BAPE
a dit : Peut-être qu'on pourrait desservir mieux les banlieues. Ils
ont rajouté le Flexibus, avec un bus qui va chercher les gens chez eux.
En quoi les
conditions ne sont-elles pas respectées? Pourquoi est-ce qu'on ne peut pas aller de l'avant
maintenant? Il y a quelque chose qui
ne fonctionne pas dans le récit du gouvernement, il y a quelque de profondément
contradictoire. Et je pense que c'est
grave, ça cache quelque chose, et on aimerait ça savoir c'est quoi. Qu'est-ce
qui est derrière ce récit-là qui ne tient pas debout?
Deuxièmement, quand le ministre dit qu'il n'y a
pas d'urgence, ça fait 15 ans qu'on a besoin... plus, ça fait 20 ans qu'on a besoin d'un réseau structurant
à Québec. Il y a eu le SRB, ça n'a pas marché. Il y a eu des projets, puis là
il y a le tramway, puis là ça marche, puis là le projet, il attend juste un
O.K. du gouvernement pour aller de l'avant.
Puis comment
ça il n'y a pas d'urgence? On est en pleine crise climatique. S'il n'y a pas
d'urgence pour améliorer le transport
en commun, puis réduire les GES, puis améliorer la mobilité urbaine, s'il n'y a
pas d'urgence alors qu'on est en
crise de relance économique et qu'on a besoin, justement, de donner le goût à
des investisseurs, pour qu'ils puissent dire : Ah! tiens, Québec,
c'est une grosse ville, il y a un tramway, je peux m'installer là, il y a les
conditions qui sont remplies pour pouvoir
m'installer, si ça, ce n'est pas urgent à la relance économique puis l'urgence
climatique, bien, alors, c'est quoi, une urgence, pour la Coalition
avenir Québec?
Ce qui
m'apparaît clair, c'est que le problème, ce n'est pas que ce n'est pas une
urgence, c'est que ce n'est pas une priorité
du gouvernement. Puis en ce moment il y a des choses qu'ils ne nous disent pas,
parce que leur récit ne tient pas la route.
• (13 h 30) •
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, M. le député de Jean-Lesage.
Nous allons
maintenant procéder au troisième débat, qui portera sur une question adressée
par Mme la députée de Gaspé au
ministre des Finances concernant les programmes d'aide aux entreprises en temps
de pandémie. Mme la députée de Gaspé, vous disposez d'un temps de parole
de cinq minutes.
Mesures d'aide directe aux entreprises
Mme Méganne Perry Mélançon
Mme Perry
Mélançon : Merci, M. le Président. Ce n'est pas la première fois, je
pense, que... Je ne compte plus les fois où je me suis levée au salon
bleu pour dénoncer, ou questionner, ou... je ne veux pas dire dénoncer mais
plutôt questionner le gouvernement, le
ministre de l'Économie sur la façon qu'on s'y est pris, la méthode choisie pour
les programmes d'aide aux entreprises
en contexte de pandémie, parce que
je peux comprendre qu'il y a des bonnes intentions derrière ça, puis ça n'a jamais été l'objet de mes représentations ou de mes dénonciations, mais c'est dans la manière qu'on a choisie.
L'aide versée augmente l'endettement des
entreprises, et ça, c'est ce qu'on entend sur le terrain. Le ministère a délégué le déploiement des programmes à des
structures qui, même si elles ont des bonnes intentions aussi, n'étaient pas
prêtes à absorber un tel volume de demandes.
Alors, quand j'entends le ministre de
l'Économie dire que, bon, ses
programmes ne sont peut-être
pas populaires parce que la demande n'est pas là, la situation
est peut-être plus ou
moins stable, là, avec les
entrepreneurs, bien, j'ai de la difficulté à digérer ce genre de propos là.
Alors, les programmes sont lourds, complexes, et
surtout les consignes changent à peu près toutes les semaines. Et ça, il
faut qu'on l'entende du gouvernement. Il faut qu'on l'admette, que, présentement, là, rien ne va plus sur le terrain pour gérer les demandes d'aide financière. Et, quand on aura d'abord
reconnu que le problème existe, on pourra passer à un autre niveau du débat, parce qu'il y a des MRC, là, qui nous l'ont dit, on apprend encore à chaque semaine
toute la complexité du traitement des demandes.
Nous, ça fait
quand même plusieurs semaines qu'on demande à ce que les délais pour
traiter une demande d'aide financière, parce qu'on se rappelle qu'on est
en contexte d'urgence, urgence sanitaire, urgence économique pour nos entreprises qui ont dû
fermer leurs portes... Alors, ce délai-là, il ne doit pas, selon nous, dépasser
une semaine. Sept jours, c'est le
délai qu'on a demandé la semaine dernière au ministre de l'Économie. Et là,
pas plus tard que cette semaine, j'apprenais encore que, les MRC qui sont les plus performantes, qui réussissent,
avec les ressources qu'elles ont à gérer un bon niveau de demandes, bien, on parle d'un délai d'un mois
encore pour pouvoir toucher à des sommes, je rappelle, qui sont des prêts.
Alors, moi, je trouve
que, malheureusement, il y a peut-être trop peu qui est fait pour essayer de remonter...
d'aider financièrement les entreprises et qu'elles sortent du gouffre, parce
que, présentement, les témoignages ne font que se multiplier, présentement, surtout
les restaurateurs, les bars, qui en sont encore à 100 % fermés partout au
Québec.
Alors, ce
n'est pas normal, pour moi, que les MRC ou tous les organismes qui essaient
d'accompagner les entreprises le
disent, là, tout bas, parce que ce n'est pas le fun d'avoir à dire ça :
Écoutez, le dossier, c'est tellement complexe, il y a des critères
tellement contraignants, allez juste cogner à la porte du fédéral. Allez cogner
au fédéral, et vous serez aidés plus facilement.
Et là on parle souvent de complémentarité entre
les programmes, mais ce qu'on entend, c'est qu'il y a peu d'entreprises qui réussissent à aller jusqu'au
bout de leur demande ici, pour les programmes
du gouvernement du Québec, et
finalement essaient de s'en tirer avec les frais fixes et les compensations
pour le loyer, parce qu'on est plus capables d'arriver
à, bon... pas à une rentabilité encore, mais de se sortir la tête de l'eau. Parce
que je voyais encore un restaurateur qui
disait : Là, présentement, avec l'aide qu'on a au fédéral, bien, on arrive
à moins 9 000 $ de pertes
par mois, environ, alors que ce
serait 90 000 $ dans un contexte sans aide, sans aucune aide. Mais le
résultat, finalement, bien, c'est que les entreprises se font refuser de l'aide alors qu'elles y auraient
droit, M. le Président, du gouvernement du Québec. Les délais ne correspondent pas à l'urgence de la situation.
Plusieurs MRC sont complètement dépassées et témoignent elles-mêmes de la
lourdeur administrative des programmes.
Donc, j'ai
posé la question, le ministre des Finances y est allé... je comprends que ce
n'est pas nécessairement son dossier,
mais je me demande qui, finalement, prend le pouls avec les entrepreneurs, qui
parle aux restaurateurs, qui s'assure que
le programme soit révisé de fond en comble pour qu'on arrive avec quelque chose
qui correspond réellement aux besoins d'aide aux entreprises, qu'on
puisse déployer rapidement.
Donc, moi, je
parle de délai, je ne parle pas de chiffres, de montants, il y a eu encore des
bonifications, et je suis certaine
qu'on en parlera, mais ce que je veux, c'est que la manière de déployer le
programme soit facilitée. Et j'ai bien hâte d'entendre le ministre des
Finances sur ce sujet spécifiquement. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée de Gaspé. Je
cède maintenant la parole à M. le ministre des Finances. Vous disposez
d'un temps de parole de cinq minutes.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Merci pour la question. Merci de revenir sur cet important
sujet. Et c'est mon deuxième débat de
fin de séance sur ce sujet. Alors, c'est clairement un sujet qui est important
pour les entreprises. Et je pense que la députée a apporté un bon point,
c'est-à-dire que les aides que nous annonçons, elles ont des objectifs qui sont
de soutenir les citoyens, les entreprises, et il faut que, sur le
terrain, ce soit déployé avec efficacité.
Alors, je vais brosser le tableau de ce qu'on
fait et je vais essayer de terminer en discutant de la problématique particulière, là, de soumettre une demande dans le
cadre du programme de l'AERAM. Et, peut-être pour le bénéfice de tous, «tous» incluant ceux qui nous écoutent, et
il y a probablement mon père, qui est un ancien juriste, fan de nos travaux
parlementaires, alors, l'AERAM, là, je veux
juste le dire, c'est l'Aide aux entreprises en régions en alerte maximale.
C'est important de se le dire. Ça le dit, c'est un programme d'aide.
Alors, le gouvernement du Québec fait face...
nous faisons tous face à cette pandémie, plus de 100 millions de personnes infectées, récession mondiale, la plus
grande récession depuis la Deuxième
Guerre mondiale, défi de finances
publiques. Le gouvernement a répondu présent
avec 35 milliards d'aide, 8 %
du PIB, 21 milliards d'interventions directes, 14 milliards de
liquidités pour les entreprises.
Et j'en viens
à l'intervention directe qui nous concerne : Quels sont les programmes?
Alors, nous avons annoncé 2,5 milliards
pour le PACTE, qui est le Programme d'action concertée temporaire pour les
entreprises, ça, c'est les prêts de plus
de 50 000 $ qui sont offerts via Investissement Québec, et ensuite le
PAUPME, qui est le Programme d'aide d'urgence aux petites et moyennes
entreprises, qui, initialement, faisait des prêts jusqu'à 50 000 $,
mais qu'on a amenés jusqu'à 150 000 $, parce que, oui, il y a
eu une évolution, il y a eu une première vague, il y a une deuxième vague. Et,
oui, les formulaires, au début, étaient
différents dans chacune des MRC. On a standardisé les formulaires, on a
maintenant un formulaire de cinq pages qui est identique partout. Il y a eu,
bien sûr, l'aide aux loyers commerciaux, qui est un programme fédéral, que le gouvernement du Québec est la
province qui contribuait le plus avec 25 % du loyer. Ce programme a
évolué, puis c'est important de le dire, en la subvention canadienne pour les
loyers, qui offre jusqu'à 75 000 $ par mois d'aide aux entreprises. Et je vous rappelle qu'il y a la
Subvention salariale d'urgence canadienne. Donc, les salaires sont
subventionnés, les loyers sont
subventionnés, et l'AERAM, qui un sous-groupe du programme d'Aide d'urgence aux
petites entreprises, vise aux frais fixes pour les entreprises qui sont
fermées depuis le mois d'octobre.
Et puis
comment ça fonctionne? C'est que nous avons engagé les 110 MRC du Québec
et on leur donne des fonds qui vont
aider les entreprises via les fonds locaux d'investissement, et la moyenne des
interventions, c'est 14 jours pour déployer le capital. Mais, oui, il y a
des MRC... 14 jours, c'est une moyenne. Il y en a que c'est plus rapide
puis il y en a que c'est plus long.
Et je pense que la députée de Gaspé faisait référence... Lorsqu'elle dit «un
mois», je ne nie pas qu'il est possible qu'il y ait une des MRC qui va moins
vite que la moyenne, mais, en moyenne, on est à 14 jours.
Alors, il s'agit de faire des prêts — merci — et
les prêts, c'est... Supposons que vous avez un prêt de 100 000 $, alors,
il y a jusqu'à 80 % du prêt qui est pardonnable, donc 80 000 $,
on parle donc d'une aide directe qui est disponible si vous avez rempli le formulaire avec des états
financiers pro forma. «Pro forma», ça veut dire que vous devez donner vos
états financiers, mais ils n'ont pas besoin
d'être vérifiés. Mais, en raison de l'importance de l'intégrité des finances
publiques, on veut savoir à qui on prête de l'argent. On demande des
états financiers pro forma pour déployer le prêt. Et le prêt peut... vous pouvez être remboursés jusqu'à
15 000 $ par mois de frais fixes pour un total... Par exemple, si c'est quatre mois, ça
peut aller jusqu'à 60 000 $. On a parlé que vous pouviez aller
jusqu'à 80 %, par exemple, d'un prêt de 100 000 $, donc 80 000 $ pardonnable. Et donc vous
remplissez votre formulaire, vous soumettez votre demande, le Fonds local
d'investissement analyse votre demande,
déploie le prêt. Le prêt nous permet de savoir à qui on prête de l'argent et
assurer l'intégrité du programme.
• (13 h 40) •
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Gaspé,
vous disposez de deux minutes pour votre réplique.
Mme Méganne Perry Mélançon (réplique)
Mme Perry
Mélançon : Merci, M. le Président. Alors, j'aurais dû me douter qu'on me ferait encore un cours, là,
pour bien me décrire les programmes, les
programmes auxquels on a l'air d'être très fiers, du côté du gouvernement, mais, dans les faits, je
l'ai répété déjà même dans mon préambule, dans ma première intervention, on ne
parle pas des intentions et de la
somme qui a été investie mais bien de la méthode de déploiement du programme,
alors ce sont... encore dans les critères, encore dans les délais.
Je suis très
étonnée d'entendre de la part du ministre que les délais sont autour de
14 jours parce que, quand je parlais de cette MRC là qui nous a donné
l'exemple d'un mois, c'est une des MRC les plus performantes. Elle était même
fière de sa performance, parce qu'elles font tout ce qu'elles peuvent,
présentement, pour arriver à des résultats rapides.
Et je pense
que, quand le ministre dit : Il faut, bien sûr, s'assurer que c'est des
gens qui sont en mesure de rembourser les
prêts, bien, on ne peut pas juste se fier à des états financiers personnels.
Avec les dépenses extraordinaires de la COVID, on ne peut pas se fier à ces
résultats-là pour donner ou non des aides financières. Plusieurs se sont butés...
ont eu des refus parce qu'on
calculait les résultats... les finances que ces personnes-là ont présentement,
en temps de COVID. Je veux dire, c'est
inacceptable. C'est, finalement, d'endosser qu'il y aura plusieurs faillites. Et
le gouvernement se dit, bien, pas responsable parce qu'on demande des garanties, c'est normal, mais, de demander une
garantie personnelle, encore, en temps de pandémie, je trouve qu'il y a
ici un manque de sympathie, d'empathie envers la situation de nos
entrepreneurs.
Donc, les
délais, il faut que ça se raccourcisse, on l'a demandé. Il faut avoir un canal
direct avec les MRC. On ne peut pas
juste leur envoyer toute la paperasse, la bureaucratie, puis : Faites ce
que vous pouvez. Alors, il faut vraiment encore que le gouvernement en fasse plus. J'entends ce qu'on vient d'avoir
comme réponse, et ça ne me satisfait point. Alors, on va continuer à
faire les...
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée de Gaspé. Pour la suite de nos travaux, M. le ministre des Finances.
M. Girard (Groulx) : Oui. Alors
là, je sors de ma zone de confort, alors je vais lire, M. le Président.
Ajournement
M. le Président, je fais motion afin d'ajourner
nos travaux au mardi 16 février, à 10 heures.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci. En application de l'ordre spécial, j'inviterais les leaders parlementaires à m'indiquer le vote de leurs groupes sur cette motion. M. le ministre
des Finances?
M. Girard (Groulx) : Pour.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Mme la députée de Gaspé?
Mme Perry Mélançon : Pour.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Je vous remercie. Cette motion est adoptée.
En conséquence, nous ajournons nos travaux au
mardi 16 février 2021, à 10 heures.
(Fin de la séance à 13 h 43)