Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Dix heures deux minutes)
La Présidente (Mme Bélanger): Je déclare
ouverte la séance de la commission de l'aménagement et des
équipements. Le mandat de la commission est de procéder à
l'interpellation adressée à la ministre de l'Énergie et
des Ressources et ministre responsable du Développement régional
par le député de Lévis, sur le sujet suivant: Le
développement régional. M. le Secrétaire, est-ce qu'il y
des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, Mme la Présidente. M. Maciocia
(Viger) est remplacé par M. Paradis (Matapédia) et M. Maltais
(Saguenay) est remplacé par M. Messier (Saint-Hyacinthe).
Organisation des travaux
La Présidente (Mme Bélanger): Merci. Alors, je vais
prendre quelques instants pour vous donner le déroulement de cette
interpellation. Il y a dix minutes réservées au
député interpellant et dix minutes à la ministre et, par
la suite, pour distribuer le temps: cinq minutes réservées aux
députés de l'Opposition, cinq minutes à la ministre ou au
ministre délégué, cinq minutes réservées
à un député ministériel et ainsi de suite. Alors,
M. le député de Lévis.
Exposé du sujet M. Jean Garon
M. Garon: Mme la Présidente, je veux vous dire qu'on
n'avait pas beaucoup le choix de faire une interpellation ce matin, le plus
rapidement possible, puisqu'il n'y a pas beaucoup de temps
réservé au développement régional en cette Chambre
par le gouvernement. Et malgré les appels répétés
depuis 1986 pour vérifier les engagements financiers, on est encore
aujourd'hui à attendre des moments de disponibilité, qui ne sont
pas tous dus à la ministre actuelle qui est en fonction seulement depuis
l'automne, mais les engagements financiers des mois de mars 1986 et
décembre 1986 n'ont pas été vérifiés.
Aucun engagement financier pour l'année 1987, aucun engagement
financier pour l'année 1988, aucun engagement financier pour
l'année 1989 et aucun pour les deux premiers mois de l'année 1990
n'a été vérifié. ce qui veut dire qu'au fond,
malgré les obligations du règlement qui disent qu'il doit y avoir
des vérifications, nous nous étions donné, et vous
êtes témoin, mme la présidente, comme
vice-présidente de la commission de ce matin, que les gens de la
commission de l'aménagement et des équipements s'étaient
donné comme mandat de mettre à date les engagements financiers.
Nous avons fait la même proposition à tous les ministres de tous
les ministères qui relèvent de la commission de
l'aménagement et des équipements.
Les engagements financiers ont été mis à date pour
le ministère des Transports par les deux ministres, même si les
renseignements n'ont pas encore été fournis, mais il y a eu, au
moins, des rencontres les 23, 24 et 30 janvier et le 1er février. Les
engagements ont été mis à date, quitte à fournir
des renseignements, également, pour le ministre des Affaires
municipales, le ministre de l'Environnement, le ministre du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche, de l'Habitation également. En fait, tous
les ministères qui relèvent de la commission de
l'aménagement et des équipements, sauf par la ministre
responsable de l'OPDQ ou du Développement régional qui, encore
là, n'a pas trouvé de disponibilité au cours des mois de
janvier, février et mars. Là, maintenant, on nous a dit... J'ai
vu qu'il y avait un communiqué; on a proposé un
échéancier, mais les propositions que j'ai eues nous reportent au
mois d'août, ce qui n'a pas de bon sens. Au fond, je comprends que la
ministre a de grosses responsabilités, Mme la Présidente, je
comprends qu'elle est ministre de l'Énergie et des Ressources et
ministre responsable du Développement régional, mais je pense
qu'il serait préférable, si la ministre n'a pas le temps de
s'occuper du Développement régional, qu'elle demande au premier
ministre d'affecter quelqu'un qui va trouver le temps pour le faire. Ce n'est
pas normal qu'on soit obligé de remonter cinq ans en arrière;
1986, 1987, 1988, 1989, 1990, ça fait presque cinq ans d'engagements
financiers!
Mme la Présidente, j'ai l'impression que si la ministre
était fière du bilan de son gouvernement, elle serait
fière de faire l'étude des engagements financiers. Mais j'ai
l'impression qu'il y a un peu, peut-être de la modestie, mais un peu de
honte là-dedans, qu'elle se dit: Le bilan du gouvernement en
matière de développement régional n'est tellement pas
montrable que j'aime autant refuser de faire les engagements financiers.
Il y a aussi des questions qui sont au feuilleton depuis le 27 novembre,
qui sont là depuis la première journée, l'ouverture de la
session, le 27 novembre, et auxquelles il n'y a eu aucune réponse
à date. Le 27 novembre, décembre, janvier, février, mars,
ça fait quatre mois. C'est long, quatre mois! Je comprends que la
ministre va dire: Je n'ai pas eu le temps. Mais il y a des fonctionnaires dans
son ministère, j'espère qu'il y a quelqu'un qui peut fournir les
réponses aux questions qu'on a posées, qui sont
des engagements normaux en vertu du règlement de
l'Assemblée nationale. On a l'impression qu'au ministère, comme
ministre responsable du Développement régional, on est au-dessus
des obligations de l'Assemblée nationale et on ne se sent pas
d'obligation de répondre aux questions qui sont, en vertu du
règlement, posées par les députés de l'Opposition
ou encore par le critique officiel qui, au fond, fait son travail de poser des
questions, qui, la plupart du temps, lui sont demandées par des gens du
terrain, des gens des régions qui se demandent où ça s'en
va. Actuellement, il n'y a plus personne qui sait exactement où s'en va
le développement régional. Vous allez dans le Bas-Saint-Laurent,
vous allez en Gaspésie, vous allez dans les différentes
régions du Québec, il n'y a plus personne qui a une idée
où s'en va le développement régional ou s'il y a encore
une préoccupation pour le développement régional de la
part du gouvernement. Quand vous rencontrez des groupes, on dit: On essaie de
dire que c'est le fédéral. Le fédéral dit: On est
prêt à mettre l'argent, mais le Québec ne met pas sa part;
les dossiers n'avancent pas à cause du taponnage. On s'est entendu avec
ce gouvernement fédéraliste à outrance que ça
marcherait bien. On voit, qu'il s'agisse d'environnement, qu'il s'agisse
d'électricité, qu'il s'agisse de développement
régional, ça n'a pas l'air de marcher mieux; s'il y a quelque
chose, ça marche moins bien qu'avant, malgré que le gouvernement
obtienne des sommes très modestes dans l'Entente auxiliaire
Canada-Québec. L'entente auxiliaire du mois de juin 1988, c'est une
entente très modeste, avec des sommes d'argent très faibles,
étant donné la population du Québec. Quand on pense que
l'entente représente des montants deux fois moindres que ceux des
ententes signées avec l'Ouest du Canada où il y a presque deux
fois moins de monde et, également, presque deux fois moins
élevés qu'avec les Maritimes où, il y a presque trois fois
moins de monde qu'au Québec, on se demande s'il n'y a pas des gens qui
dorment sur la "switch", dans le développement régional, parce
que ça ne fonctionne pas, ça ne marche pas. Et puis, les gens se
demandent ce qui se passe.
Regardons, par exemple, la question - j'aurai l'occasion d'y revenir au
cours de cet avant-midi - des centres de ski. Qu'il s'agisse des centres de ski
de la rive sud de Québec, où la principale ressource naturelle,
l'hiver, c'est vraiment la neige... Je me demande si on va faire comme
l'armée canadienne, si on va aller faire les pratiques en
Norvège, parce qu'il y a de la neige. Comme si on en manquait! Est-ce
que nos gens, ici, peuvent penser développer des centres de ski chez
nous? On devrait dire: Vous êtes mieux d'aller en Suisse, il n'y a pas
toujours de la neige ou il y a toujours des centres de ski. Ou encore, dans les
Alpes; une année sur deux, ils n'ont pas de neige, mais ils ont des
centres de ski. Nous autres, de la neige, on en a. Dans la région de
Québec, vous, comme présidente, de Mégantic-Compton, je
pense bien qu'on doit être dans les mêmes moyennes; je ne sais pas
en centimètres. Je me rappelle quand j'étudiais dans la
région de Québec, c'était 155 pouces de neige, en moyenne,
par année. Je ne pense pas que ça ait diminué. On regarde,
actuellement, en Gaspésie, la question des centres de ski entre
New-Richmond et Carleton. Là, quand on voit que c'est le bureau du
député de Bonaventure qui crée la bisbille, alors que les
gens avaient fait des consensus et qu'on voit que le promoteur des casinos
vient d'apparaître dans le décor; personne ne comprend pourquoi,
peut-être que la lumière est en train de se faire. Des fois, il y
a des "deals" qui sont incompréhensibles, mais les études sont
là quand même. C'est pour ça qu'il faut demander...
J'ai demandé également, et j'aurai l'occasion
également de revenir là-dessus... L'Entente auxiliaire
Canada-Québec, de juin 1988, on en a demandé un bilan, un bilan
préliminaire, après deux ans de fonctionnement. Où cela en
est rendu? Rien. Pas moyen d'avoir de bilan. Il me semble que si la ministre
était fière de son bilan, elle serait heureuse de le
déposer et de dire: Voici ce qu'on a fait. Voici ce qu'on a
réalisé. Mais là, rien. Alors, c'est pour ça, Mme
la Présidente, que ce matin, notre but, c'est d'obliger le gouvernement
à parler du développement régional. Et nous demandons tout
simplement - pas plus que pour les autres ministères - que ça
réponde "présent" au ministère pour les engagements
financiers, que ça répondre "présent" pour les questions
déposées au feuilleton de l'Assemblée nationale et pour un
certain nombre de questions que nous posons, qui sont les questions qu'on se
pose dans les différentes régions du Québec. Parce que,
même quand il y a des ententes signées entre la région et
le gouvernement, les projets n'avancent pas plus vite que s'il n'y avait pas
d'entente signée.
Il y a des gens qui se posent des questions, qui se demandent où
ça s'en va, le développement régional, s'il y a encore une
préoccupation de développement régional. On a vu le budget
des transports déposé cette semaine. Il n'y a sûrement pas
une grosse préoccupation de développement régional
là-dedans On a plutôt une préoccupation de
sous-développement régional, avec des budgets qui diminuent
considérablement dans les régions. On parle de budgets qui sont
presque diminués de moitié, là, quand on parle de budgets
qui vont baisser considérablement.
Je regarde un comté. Mme la présidente ne pourra pas
parler, ça fait qu'on va regarder Mégantic-Compton, un des plus
grands comtés au Québec en superficie. Je le sais, j'ai eu assez
à le parcourir durant les campagnes électorales. C'est un des
plus grands comtés. Bien, ça va être des grenailles.
Pourquoi? Pourtant, les routes sont construites habituellement dans les
super-
ficies qui sont considérables. Quand on regarde à
différents endroits, on voit des routes où il y a beaucoup de
"trafic" et où il n'y a pas de budget. Alors que d'autres routes,
où il y a moins de "trafic", sont rafistolées. On se demande
quels sont les critères. Mais il est certain que le critère, ce
n'est pas le développement régional. Alors qu'actuellement il y a
une crise importante au Québec en termes de développement
régional, différentes régions du Québec ont
l'impression que maintenant elles sont à la veille d'avoir un
numéro de téléphone chez Bell qui va dire: II n'y a plus
personne qui répond à ce numéro.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Lévis. Mme la ministre.
Réponse de la ministre Mme Lise Bacon
Mme Bacon: C'est là, Mme la Présidente, qu'on voit
que le député de Lévis n'a pas grand-chose à dire
ce matin. C'est évidemment une grande fierté pour moi,
aujourd'hui, d'avoir la chance d'entretenir mes collègues des
réalisations de notre gouvernement en matière de
développement régional.
Notre gouvernement travaille depuis décembre 1985 au
développement social, économique et culturel du Québec.
Et, au chapitre du développement régional, nous avons
veillé à ce que le développement se fasse sentir partout
au Québec, dans toutes les régions, au bénéfice de
tous les citoyens et citoyennes, quel que soit leur lieu de résidence.
Pour atteindre cet objectif notre gouvernement a mis en place des mesures
concrètes, a multiplié ses interventions, et j'en porterai
quelques-unes à votre attention.
Notre gouvernement s'est attaqué à la redéfinition
des régions administratives que l'on connaît aujourd'hui. Cette
nouvelle délimitation des régions administratives s'imposait, et
cela afin de retrouver une base statistique uniformisée pour chacun des
ministères et organismes québécois et permettre aussi
l'inclusion de chacune des 95 MRC dans une seule région administrative,
et non dans de multiples, comme c'était le cas pour un certain nombre de
MRC au Québec.
On retrouve maintenant des régions d'appartenance plus
homogènes où le gouvernement du Québec dispensera de plus
près ses services à la clientèle en décentralisant
le plus possible son administration. Aussi, notre gouvernement s'est
donné, pour la première fois au Québec, un plan d'action
en matière de développement régional, dont vous me
permettrez, Mme la Présidente, de rappeler les cinq grands volets:
d'abord, l'entre-preneurship et le démarrage d'entreprises, l'innovation
et la technologie, des ententes-cadres gouvernement-région, la
modulation de politiques et de programmes, et le soutien aux régions en
difficulté. (10 h 15)
Sur le plan de l'entrepreneurship et du démarrage d'entreprises,
le Programme régional de création d'emplois permanents, qu'on
appelle PRECEP, a obtenu un accord du Conseil des ministres et doit être
en opération à compter du 1er avril 1990.
Le soutien technique à la création d'entreprises n'est
pas, non plus, laissé en reste. Déjà, l'OPDQ finance
l'engagement d'agents de développement rural dans près de 30
corporations de développement économique supportées par le
ministère de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie par son
programme d'aide aux commissariats industriels. En septembre 1989, le Conseil
du trésor a autorisé l'OPDQ à subventionner la fondation
d'"entrepreneurship" à la création de son programme PAIE,
opérationnel depuis décembre dernier. Sont également
réalisées les mesures permettant l'octroi, par la SDI, d'une
subvention aux sociétés de placements dans l'entreprise
québécoise en démarrage et, aussi, la possibilité
de créer des SPEQ régionales.
Dans le second volet, l'implantation d'antennes régionales de
développement technologique attire l'attention. Un comité de
travail regroupant l'ensemble des intervenants concernés a
été formé à cet effet et un rapport à ce
sujet vient de m'être déposé. Le financement de ce
créneau sera inscrit à l'Entente auxiliaire Canada-Québec.
Par sa décision du 23 juillet 1986, notre gouvernement venait
officialiser les conférences socio-économiques régionales
et, aussi, concrétiser le partenariat gouvernement-région par les
ententes-cadres issues de chacune de ces conférences. De plus, en ce qui
a trait à la représentativité, notons que, depuis 1986, la
participation à l'organisation, la tenue des sommets se fait sur la base
d'une représentation égale du monde municipal, des milieux
socio-économiques et du gouvernement. Qui plus est, puisque cet exercice
se veut non partisan, Mme la Présidente, notre gouvernement a pris soin
de prévoir la participation des députés de l'Opposition
aux conférences. Ceci ne s'était jamais vu sous le Parti
québécois. Les objectifs à poursuivre, dans le cas de ces
exercices de concertation, demeurent la négociation d'axes prioritaires
de développement et aussi la concrétisation de projets
véritablement moteurs pour la région. Toutefois, certains
réajustements sont nécessaires et portent, notamment, sur la
démarche de concertation en régions. La sélection des
projets, la prise de décision et le financement des projets sont des
aspects actuellement en discussion, et le prochain cycle de conférences
devrait être amorcé dans l'optique de ces modifications et ce, en
concertation avec les comités organisateurs. La modulation des
politiques et programmes gouvernementaux au contexte particulier des
régions ou blocs de régions est un dossier important, faisant
appel aux efforts de nombreux
organismes et ministères, notamment lors des conférences
socio-économiques régionales. Déjà, l'OPDQ a
modulé ses programmes FDR et PRECEP, et la SDI accepte une certaine
modulation en regard des caractéristiques régionales. D'autres
programmes sont visés à moyen terme et l'Entente auxiliaire
Canada-Québec, dans sa conception même, différencie ses
interventions entre les régions de ressources et les régions
centrales. En outre, dans le cadre de l'établissement des programmes de
l'Entente, cette idée est partie intégrante des discussions.
Conséquemment, cette nouvelle orientation fait son chemin.
Le cinquième volet, celui du soutien des régions en
difficulté, voit aussi un de ses moyens principaux, le contrat de
relance, en bonne voie de réalisation. La désignation des cinq
MRC et des cinq milieux à économie simple qui
bénéficieront, à titre d'expérience pilote, de
cette nouvelle mesure est complétée. L'établissement de la
procédure à suivre pour parvenir à la signature d'un tel
contrat est en bonne voie de réalisation. Une fois les autorisations
gouvernementales obtenues, les protocoles d'entente pourront être
signés avec les milieux concernés. Ainsi, la signature de
l'Entente auxiliaire Canada-Québec sur le développement des
régions permettra aussi des retombées qui seront
bénéfiques dans l'ensemble des régions. Notons, à
l'item des projets déjà considérés par l'Entente,
le projet de papeterie de Matane, le projet d'aluminerie Alouette de
Sept-îles et le Centre de conférence internationale de
Montréal. En quelques jours, avec le début du prochain exercice
financier, le gouvernement sera définitivement prêt à
"opérationnaliser" plusieurs programmes complémentaires
associés à cette entente d'harmonisation des actions de
développement intervenue entre les deux gouvernements.
En conclusion, Mme la Présidente, j'aimerais rappeler à
votre attention les activités de concertation qui se sont
déroulées depuis octobre dernier et auxquelles j'ai eu le plaisir
de m'as-socier.
En premier lieu, nous avons tenu, les 19 et 20 janvier dernier, un
important sommet régional dans toute la nouvelle région
Chaudière-Appa-laches, pour laquelle une entente-cadre sera
signée en avril prochain. La participation gouvernementale sera
confirmée lors de la signature de cette entente. Elle est estimée
à 94 800 000 $, dont 8 700 000 $ proviennent de l'OPDQ. De plus, deux
conférences biennales se sont tenues, dans la région de
l'Abitibi-Témiscamingue et dans la région de la
Montérégie, pour lesquelles le gouvernement a pris des
engagements totalisant 15 400 000 $, dont 1 600 000 $ proviennent de l'OPDQ.
Aussi, dans moins d'une semaine, se tiendra le Sommet économique de
Lanaudière qui sera, je n'en ai aucun doute, une autre preuve de notre
dynamisme, qui est un dynamisme concerté avec cette nouvelle
région.
Par la suite, les prochaines conférences prévues sont
celles du Saguenay-Lac-Saint-Jean, à la fin de l'automne. J'ai le
plaisir d'annoncer officiellement aujourd'hui la tenue de la Conférence
socio-économique régionale pour la région
Nord-du-Québec, qui est prévue pour octobre 1991 et pour laquelle
un budget de 100 000 $ sera versé à l'organisme régional
de concertation. Donc, Mme la Présidente, toutes les régions
seront couvertes par ce grand déploiement de concertation que le
gouvernement a entrepris avec les régions.
Mme la Présidente, notre gouvernement est loin d'avoir
délaissé le développement régional et, plus que
jamais, il travaille à développer, avec nos partenaires de ce
milieu, notre grand Québec. Nous dépassons même le
Québec pour aller vers l'international. Le 28 août 1989, de
concert avec le ministère des Affaires internationales, l'OPDQ a
signé avec l'ACDI un accord de collaboration où l'OPDQ et le
ministère des Affaires internationales acceptaient de former l'agence
d'exécution de l'élaboration d'un schéma
d'aménagement du Kivu au Caire. De plus, il y a deux conférences,
Mme la Présidente. Nous avons aussi travaillé avec le Zaïre.
Nous sommes donc présents, non seulement dans nos grandes
régions, mais nous débordons vers l'international pour faire
bénéficier les pays qui ont besoin de notre aide, de nos
connaissances, de notre expertise, et pour accroître cette
possibilité de développer des pays ou des régions comme
nous le faisons, ici, au Québec.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, Mme la ministre. M.
le député de Lévis.
Argumentation M. Jean Garon
M. Garon: Mme la Présidente, j'écoutais et je me
disais: C'est gentil, les mots. C'est gentil, les mots, mais, si on prend les
volets de son programme qu'a mentionnés la ministre, dans le plan du
gouvernement, plan d'action en matière de développement
régional, et qu'on regarde les données concrètes, on
s'aperçoit, je dois vous le dire, que la chanson ne suit pas la musique
ou que la chanson précède la musique, si vous voulez.
Dans le volet 2, Innovation et développement technologique,
ça paraît bien: Le transfert technologique, nos connaissances
techniques... La réalité, les budgets... Fonds de
développement technologique, budget annoncé l'an dernier dans les
crédits de 1989-1990: 60 000 000 $; dépenses probables: 1 398 000
$. C'est de l'inflation verbale: 60 000 000 $ annoncés et il n'y aura
même pas 1 500 000 $ dépensés; 1 398 000 $ de
dépenses probables. Ce ne sont pas mes chiffres, ce sont les chiffres du
gouvernement qui viennent d'être publiés; budget 1990-1991, qui
indique
les dépenses probables de l'an dernier. Pensez-vous qu'on va
dépasser le mur du son avec 1 398 000 $ sur un budget annoncé de
60 000 000 $? Franchement! Il faut arrêter de rire du monde! C'est
vraiment rire du monde! Le seul développement technologique qu'on fait
actuellement, c'est l'inflation verbale. Là, les moteurs sont ouverts.
Je vais vous dire une chose. Le mur du son... On est à Mach 3.
Deuxièmement, quand on parle après ça du 1er volet
du programme "entrepreneurship", et des barrages d'entreprise, il y avait un
programme qui marchait, qui s'appelait PECEC, qui a créé 27 000
emplois en douze ans. Les libéraux ont dit: Ça porte trop le nom
de la marque de commerce du gouvernement du Parti québécois. Il
faut changer ça.
On a annoncé PRECEP. Il n'y a personne qui sait comment ça
va marcher; personne ne sait combien il va y avoir d'argent là-dedans,
sauf qu'actuellement ce sont des prêts à des entreprises où
les taux d'intérêt s'en vont vers les 15 % et les 16 %, puisque le
"prime rate" est rendu... Le taux d'escompté est rendu à 13, 51
%, annoncé hier. Là, on dit: On va faire des prêts aux
entreprises. Imaginez-vous que l'entreprise a des difficultés, qu'elle a
besoin de prêts, actuellement, quand souvent elle n'a même pas la
capacité d'emprunter parce qu'elle n'aurait pas la capitalisation
suffisante. Sous l'ancien gouvernement, on avait des fonds de capitalisation,
des prêts à la capitalisation, justement, pour organiser le
"leverage" des entreprises pour qu'elles puissent emprunter, aidant à
capitaliser l'entreprise.
Dans une situation comme celle qu'on connaît, je vais vous dire
une chose: ça va être comme le programme APPORT, puis comme le
Fonds de développement technique, ça ne marchera pas PRECEP.
Trouvez des gens qui savent comment ça va marcher, PRECEP! Il n'y a pas
grand monde, puis il n'y a pas grand monde qui voit des bilans
là-dedans.
Troisième point: l'entente-cadre de développement
gouvernement-région. Y a-t-il quelque chose qui marche moins que
ça? Même quand les ententes sont signées, il n'y a rien qui
arrive. Les gens sont là pour en témoigner. En automne, je suis
allé en Gaspésie. Un an après, ils m'ont dit: On est
découragés; on avait 22 projets dans le domaine agricole - j'ai
rencontré les gens de l'agriculture - et il n'y en a pas un qui marche.
Pas un. Zéro. J'ai vu des gens dans les différents secteurs. La
route 195 entre Matane et Amqui devait commencer le 23 septembre. Une couple de
jours avant l'élection, ils ont pu dire qu'il y avait une panne, il est
arrivé quelque chose; pas un pouce n'est fait, rien n'est
commencé. Combien de choses que je pourrais dire, comme ça, qui
ne marchent pas, qui sont dans l'entente-cadre de développement.
Les projets qui marchent le moins, ce sont les projets où le
gouvernement est seul par- tenaire. Les routes, où le gouvernement n'a
pas besoin d'attendre après le fédéral, après un
promoteur, il est lui-même partenaire et ça n'avance pas.
Partenaire avec lui-même; il se chicane avec lui-même. Modulation
de politique de programmes. Il faut avoir été dans les sommets
régionaux pour voir qu'on envoie tout le monde aux programmes
réguliers des ministères. Il n'y en a pas de modulation et de
politique de programmes régionaux. Il n'y en a aucun. Il ne faut pas se
conter des histoires. Ce sont tous des gens qui sont renvoyés dans les
programmes réguliers, puis après, les gens s'amusent: ils font
des projets, on change des critères. On dit, par exemple, qu'il n'y a
plus d'argent: Vous reviendrez l'an prochain.
Puis après: Soutien aux régions en difficulté. Il y
a quoi là-dedans? Il n'y a rien, puis trouvez-moi une région qui
va vous dire qu'elle a trouvé quelque chose dans le soutien aux
régions en difficulté. J'aimerais avoir des explications
là-dessus. C'est quoi le soutien de régions en difficulté?
On les soutient pour qu'elles restent en difficulté? Peut-être.
Mais je ne vois rien pour les sortir des difficultés dans les choses qui
ont été réalisées par le gouvernement
jusqu'à maintenant.
Mme la Présidente, je trouve que c'étaient des beaux mots,
des objectifs qui ont l'air ronflants; sauf qu'ils sont ronflants,
c'est-à-dire on s'aperçoit que le gouvernement dort!
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Lévis. M. le ministre
délégué au Développement régional.
M. Raymond Savoie
M. Savoie: Merci, Mme la Présidente. Je voudrais d'abord
commencer en félicitant le député de Lévis d'avoir
demandé cette interpellation sur le développement
régional, parce que cette mesure parlementaire va nous permettre,
justement, de discuter et de faire valoir les réalisations de notre
gouvernement dans les cinq dernières années et d'établir
aussi, je pense, un dialogue avec les membres de l'Opposition, un dialogue qui
se veut constructif pour voir effectivement où nous sommes rendus au
niveau du développement régional.
Le député de Lévis, je pense, est en mesure de
constater que depuis les cinq dernières années, effectivement, il
s'est brassé beaucoup de choses au Québec au niveau du
développement régional. Et je pense qu'on sera en mesure, au cour
de cette interpellation, d'y faire valoir... Je ne pourrai pas finir mes
remarques préliminaires, Mme la Présidente, sans faire deux
constatations. Venant d'une région périphérique,
d'Abitibi-Témiscamingue, j'ai à coeur le développement de
cette région et de l'ensemble des régions du Québec.
Et j'ai constaté, de la part de mes col-
lègues, un effort constant, une volonté prononcée
d'y parvenir à un stade avancé au niveau du développement
régional. Le député de Lévis constatera qu'avec
nous, aujourd'hui, il y a plusieurs députés du côté
ministériel. Je dois constater, malheureusement, que le
député de Lévis est seul. C'est un peu regrettable, parce
qu'on sait qu'auparavant il y avait une certaine volonté chez eux de
voir au développement régional. Toutefois, j'aurais
personnellement grandement apprécié que, effectivement, on lui
donne un peu d'appui et qu'il ne se présente pas seul à cette
interpellation.
Quels sont les principes qui doivent effectivement guider ce
gouvernement au niveau de son développement régional? Moi,
finalement, j'en arrive à la conclusion qu'il y en a quatre, quatre
principes qui doivent guider l'ensemble de nos interventions lorsqu'on approche
un consensus au niveau du développement régional.
Le premier, évidemment, est une constante, c'est-à-dire
que ça doit se faire dans les régions, par les gens des
régions. Tout le monde est d'accord pour dire que la structure du sommet
socio-économique est, à sa base même, fiable et
structurante, et qu'on peut toujours y apporter des correctifs. On peut
toujours la restructurer et y revoir, mais le principe même de faire des
sommets, d'aller chercher dans la région ses propres orientations est
une mesure sûre de développement. Et je pense que le
député de Lévis sera d'accord avec cette orientation. (10
h 30)
Le deuxième élément, c'est bien sûr une
flexibilité. Flexibilité dans nos programmes, flexibilité
administrative, flexibilité réglementaire et fiscale, pour
permettre aux régions de mieux s'épanouir. Et je pense qu'au
cours des cinq dernières années, et particulièrement
depuis les quelques derniers mois, nous avons tâché de voir
à ce que cette flexibilité soit d'abord renforcée au
niveau de nos approches dans le développement régional.
Cet échange que nous avons avec les régions et cette
attitude de flexibilité dans le développement de nos programmes
donnent les résultats escomptés. Nous voulons aussi, comme
principe de base, voir à des notions de présence
régionale. L'OPDQ a des bureaux dans chacune des régions. Il
maintient... Le directeur régional de l'OPDQ joue un rôle
très important au niveau du développement et de
l'épanouissement de sa région et de la mise en application de nos
programmes; il veille au grain en ce qui concerne les projets de
développement.
Finalement, je pense que le quatrième principe est certainement
la concertation. Nous avons indiqué, à plusieurs reprises,
l'importance de la concertation, au niveau du développement
régional, l'importance de voir à la participation des
gouvernements fédéral et municipaux, de s'assurer, par exemple,
que des organismes comme le ministère des Transports ou la SDI, puissent
participer conjointement aux efforts de l'ensemble du gouvernement en vue de la
réalisation du développement régional.
Je voudrais, Mme la Présidente, citer deux exemples. Je pense que
l'ensemble des membres de l'Assemblée nationale, de même que ceux
et celles qui nous écoutent, vont rapidement constater comme
étant des exemples assez frappants de la mise en marche de ces principes
que, je crois, nous maintenons, comme principes de base de notre
développement régional.
Plusieurs parmi vous se souviendront que certaines mesures
proposées dans le discours sur le budget de 1989 encouragent la mise sur
pied des sociétés de placements dans l'entreprise
québécoise, ce qu'on appelle des SPEQ. À cet égard,
une subvention non imposable de la SDI, la Société de
développement industriel, pour un maximum de 5000 $ ou 10 000 $, selon
le cas, et accordée pour faciliter le démarrage d'une SPEQ a
été mise sur pied. De plus, la Loi modifiant la Loi sur les SPEQ
offre la possibilité de créer des SPEQ régionales.
Alors, vous voyez là ce que je disais au niveau de certaines
flexibilités d'un développement dans les régions, par les
régions. Vous voyez ces principes-là qui commencent à
émerger. Jusqu'à maintenant, 10 SPEQ régionales ont
été créées, et nous entendons poursuivre les
efforts dans cette direction. Je vous rappelle également que la nouvelle
loi...
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion.
M. Savoie: Très bien.
La Présidente (Mme Bélanger): II vous reste six
secondes.
M. Savoie: Je voudrais également souligner peut-être
un autre élément, les actions accréditives que nous avons
maintenues, qui répond, je crois, a un besoin régional, qui
risque de donner des développements importants dans plusieurs
régions du Québec. Tous ces éléments font en sorte
que nous tâchons, d'une façon constante, de maintenir des
principes concernant le développement régional dans le contexte
des principes que je viens juste de vous énumérer.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci.
M. Savoie: Malheureusement, Mme la Présidente, mon temps
est écoulé et je dois terminer très rapidement en
remerciant encore une fois, je pense, le député, de nous
permettre de faire cet échange que je crois constructtf.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Lévis.
M. Garon: Mme la Présidente, quand le
député a dit, encore dans l'inflation verbale, qu'il est
entouré de nombreux députés ministériels, je dois
vous dire qu'à l'exception de vous, Mme la Présidente, il y en a
deux. C'est encore de l'inflation verbale. Le député de
Lotbiiiière...
La Présidente (Mme Bélanger): Je m'excuse, M. le
député de Lévis, j'ai oublié l'alternance et
c'était le député de Saint-Hyacinthe qui devait prendre la
parole.
M. Garon: O.K. Correct.
M. Camden: mme la présidente, question d'ordre.
l'inflation verbale du député de lot- binière... qu'est-ce
qui emballe le député de lévis?
Une voix: C'est parce qu'il a maigri. M. Camden: On
s'emballe, ce matin!
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, à
l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Charles Messier
M. Messier: Merci, Mme la Présidente. L'Opposition
officielle est malvenue de se lancer dans un débat, comme celui de ce
matin, portant sur le développement régional. À cet
égard, la ministre a fait état de grandes lignes d'action et,
surtout, de la philosophie qui guide le gouvernement libéral pour
assurer l'essor et la prospérité économiques des
régions du Québec.
Cependant, je ne puis manquer de souligner que le Parti
québécois a la mémoire courte, je dirais même
sélective, ce qui l'empêche de voir les choses en perspective.
Aussi m'apparait-il opportun de lui rappeler certains souvenirs ou
épisodes malheureux du temps où le Parti québécois
formait le gouvernement.
Cette vue d'ensemble de la période de 1976 à 1985 se
caractérise d'abord et avant tout par un manque de cohérence
total de la planification économique. En effet, durant cette
période, nombre de décisions ou gestes posés n'avaient
souvent, hélas, aucun rapport avec la réalité
économique. Ainsi, au nom d'un symbole, d'un objectif irrationnel ou,
à tout le moins, émotif, on n'hésitait pas à
utiliser les fonds publics et à s'aventurer dans des domaines ou des
secteurs dont l'avenir était voué à l'échec. On
remarquera, Mme la Présidente, que certains dossiers cités
avaient un impact régional ou une incidence directe sur la fierté
des populations visées. Un premier exemple me vient à l'esprit,
le dossier de l'amiante. Une aventure si burlesque, Mme la Présidente,
que les bévues accumulées par le gouvernement du Parti
québécois ont vite tourné à la catastrophe à
la fois régionale et nationale.
Régionale, car un nombre important de travailleurs ont vite
été déçus en apprenant que la politique
gouvernementale mise sur pied, à l'époque, leur a fait perdre
leur emploi. Également nationale, car la réputation du
Québec s'est trouvée entachée du fait qu'une
décision aussi majeure que la nationalisation, avec les
conséquences négatives qui ont suivi, a trouvé écho
sur le plan international. Rappelons-nous la tête de mort imprimée
sur les produits d'amiante, comme étant des produits dangereux, qui
n'ont certes pas aidé à informer la population sur les normes et
les précautions à apporter aux produits de l'amiante. Donc, ce
symbole de nationalisme a coûté aux contribuables une somme de 59
800 000 $ pour les seules années 1978 à 1984.
À l'époque, on promettait, dans le secteur de l'amiante,
un avenir garanti qui permettrait aux Québécois d'entrer dans le
club privé et exclusif des exploitants étrangers. Cette aventure
s'est soldée par la perte d'emploi pour 1144 personnes, entre 1979 et
1983. De plus, notre gouvernement a consenti des garanties de prêts afin
que puissent se poursuivre certaines activités et pour sauver des
emplois. Le gouvernement libéral a dû, pour sa part, restaurer la
crédibilité du Québec dans ce dossier et faire porter la
bataille là où elle se devait, soit contrer la campagne
américaine entreprise contre les produits fabriqués à base
d'amiante, j
En réalité, Mme la Présidente, le gouvernement du
Parti québécois avait besoin d'un tel dossier symbolique pour
prouver sa crédibilité, faute de pouvoir déclarer
l'indépendance puisqu'il n'avait pas obtenu le mandat nécessaire.
Le dossier de la Raffinerie de sucre du Québec constitue un
deuxième exemple de canard boiteux. L'ancien ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation, qui est devant nous, se souviendra de
ce coup d'épée dans l'eau, Mme la Présidente. Un autre
symbole de nationalisme économique basé sur l'irréalisme
et en raison des lois du marché de l'époque.
Pour l'essentiel, rappelons que le gouvernement du Parti
québécois a injecté 50 000 000 $ dans cette raffinerie,
mais l'aventure tourna mal, au point où elle dut faire raffiner le sucre
brut en Ontario parce qu'incapable de suffire à la demande. Ce qui
devait survenir arriva. La raffinerie est devenue un canard boiteux qui a
accumulé des déficits d'environ 1 400 000 $. Voilà
illustrés deux exemples, Mme la Présidente, qui nous font dire,
sans hésiter, que l'ancien gouvernement du Parti québécois
a aidé à appauvrir le Québec. Ces exemples, je pourrais
les multiplier, mais d'autres de mes collègues auront l'occasion
d'aborder d'autres dossiers de ce genre. Alors, aujourd'hui, l'Opposition
officielle n'a certes pas de leçon à nous donner sur les
façons d'assurer une saine gestion des fonds publics, lui qui les a
carrément dilapidés à l'époque.
La réalité, c'est que le présent gouverne-
ment a dû faire un effort de redressement des finances publiques,
une opération douloureuse, certes, mais dont les résultats,
aujourd'hui, nous prouvent que nous avions raison d'agir ainsi. Et je vous
remercie, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Saint-Hyacinthe. M. le député de
Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: Mme la Présidente, je veux vous dire que s'il y
a des députés présents pour faire des discours comme
ça, s'ils n'étaient pas présents, on ne perdrait rien.
J'ai l'impression que le député de Saint-Hyacinthe passera
à l'histoire pour une seule chose: avoir donné un chien noir
à M. Chirac, le maire de Paris. À part de ça, ce n'est pas
avec des discours comme ça qu'on va faire du développement. Au
contraire, la raffinerie de sucre au sujet de laquelle tout le monde se dit,
actuellement, que c'était une mauvaise décision du gouvernement,
il y a des personnes qui auraient voulu l'acheter, mais à condition que
l'équipement ne soit pas sorti de dedans. On se rend compte,
actuellement, qu'au contraire, c'était une excellente opération.
Actuellement, le gouvernement fait des pieds et des mains pour ne pas la vendre
à des gens qui auraient voulu "opérer" l'entreprise, justement
pour ne pas que les gens s'aperçoivent qu'il a pris une décision
désastreuse à ce point de vue là.
Dans les régions, je vais vous dire que la principale
retombée économique, c'a été deux choses: les
lignosulfonates et les BPC. C'est ça les principales retombées.
Les lignosulfonates, les têtes de mort, oui, on est à la veille
d'en avoir le long des chemins, mais pas pour les raisons que vous pensez. On
peut en parler, des têtes de mort, on peut en parler, parce que le
dossier des lignosulfonates n'est pas terminé. C'est un dossier qui va
continuer. Je trouve ça gentil qu'on aide les pays
sous-développés, mais quand je voyais un article dans Le
Soleil, la semaine dernière, où l'on entraîne des gens
à "opérer" ces appareils de photocoagulation alors qu'on n'en a
pas nous-mêmes et que, actuellement, le CHUL, à Québec, le
Centre hospitalier de l'Université Laval doit faire lui-même une
collecte parce qu'il n'a pas d'appareil de photocoagulation. On a
entraîné des gens, dans les pays sous-développés,
pour "opérer" des appareils que le gouvernement fédéral
leur fournira peut-être, alors qu'il n'y en a même pas chez nous,
qu'il y en a quatre à Montréal, mais qu'il n'y en a pas ici,
selon un article du Soleil, la semaine dernière. Je dois vous
dire que si c'est ça le développement que veut faire le
gouvernement, je trouve ça un peu curieux.
Ça me fait penser, justement, au Sommet de la Gaspésie -
je ne sais pas si la ministre va entrer dans la même opération -
où il y avait 500 000 $ pour un club de golf à Gaspé,
alors que, actuellement, les gens n'en veulent même pas parce qu'ils ne
veulent pas affecter leurs taxes là-dedans; mais il n'y avait pas 500
000 $ pour un tomodensitomètre à Chandler, pour que les gens
puissent avoir le résultat de leur diagnostic chez eux. Ils doivent
aller passer des "tomos" à Rimouski, avec des dépenses
d'opération, seulement en transport, qui coûtent 135 000 $ par
année.
Est-ce que c'est ça, le développement régional,
avec ces priorités qui ne sont placées nulle part? Je vais vous
dire une chose: le député de Saint-Hyacinthe a besoin d'avoir une
piqûre d'éclairage parce qu'il ne connaît pas grand-chose au
développement régional.
Comme je vois le député de Matapédia, qui aura sans
doute la parole, je vais lui dire une chose. Je vais demander à la
ministre, avant même qu'il ne parle, s'il peut nous dire comment d'argent
a été placé dans la Caisse de dépôt, en
Gaspésie? Dans le fonds de la Caisse de dépôt, à
part la propagande, comment y a-t-il d'argent réel, de piastres et de
cents qui ont été placés, qui ont été
prêtés, qui ont été investis en Gaspésie avec
le fonds régional de la Caisse de dépôt? À part
d'avoir fait de la broue, de dire qu'il y en aura un, maintenant, combien y
a-t-il d'argent sorti? C'est un peu comme le développement
technologique, 60 000 000 $, mais 1 398 000 $ de dépenses probables
cette année, pour l'année écoulée. Je vais vous
dire, ce n'est pas avec ça qu'on va faire la révolution
régionale. Ne nous contons pas d'histoire.
En plus, j'aimerais demander à la ministre, parce qu'il semble
que, dans les bilans globaux, ça a l'air d'être compliqué,
je vais lui poser une question simple: Pour le fonds de la Caisse de
dépôt, en Gaspésie, combien y a-t-il eu d'argent
dépensé? Deuxièmement, concernant le centre de ski de la
Gaspésie, qu'est-ce qui va arriver? Est-ce que la ministre peut nous
dire, maintenant qu'il y a eu un rapport qui avait été
signé par tous les intervenants, qui a indiqué d'une façon
très forte que c'était le mont Saint-Joseph à Carieton qui
était le meilleur, selon les études qu'elle a maintenant en main,
est-ce qu'elle a l'intention de s'impliquer ou non et de respecter l'engagement
de son prédécesseur, Marc-Yvan Côté, qui avait dit:
Entendez-vous et, lorsque les gens se seront entendus, on fera faire une
étude conjointe avec tous les intervenants qui ont signé, une
étude concluante pour dire que ce sera à tel endroit? Est-ce
qu'elle va faire de la politique avec la secrétaire du
député de Bona-venture ou si elle va affecter, elle va respecter
la décision des gens du milieu ou, autrement, si elle va contribuer
à attiser une chicane stérile qui ne donnera aucun
résultat, qui ne mènera nulle part? Est-ce que c'est
ça?
J'aimerais savoir, aussi, par rapport au club de golf à
Gaspé, est-ce que, étant donné,
maintenant, que les citoyens ne semblent pas être
intéressés à ce que leurs taxes servent à
développer un golf à Gaspé alors qu'il y en a un à
Fort-Prével, à 18 kilomètres, 11 milles, est-ce qu'elle a
l'intention d'affecter les 500 000 $ pour le tomodensitomètre de
Chandler où les gens de la Gaspésie, qui sont
éloignés, ont le droit d'avoir des soins de santé aussi
bons qu'ailleurs? Est-ce que c'est possible d'imaginer que le
tomodensitomètre de Chandler devienne une réalité puisque,
maintenant, on va épargner les 500 000 $ du club de golf de
Gaspé?
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Lévis. M. le ministre
délégué au Développement régional, c'est
votre tour.
M. Raymond Savoie
M. Savoie: Merci, Mme la Présidente. Je pense que le
député de Lévis s'est avancé un peu au niveau de la
qualité de vie de nos citoyens en région et sur les efforts de
notre gouvernement. Il a parlé d'un tomodensitomètre dans la
région de Chandler. Je peux vous dire que je connais plusieurs
régions qui ont sérieusement développé des
équipements lourds au niveau des centres hospitaliers au cours des
dernières années. Pour parler de l'Abitibi, encore une fois,
parce que je connais bien la région, il s'agit d'une région
périphérique, éloignée, qui, évidemment,
lorsque nous sommes arrivés, était en sérieux
déficit au niveau des équipements lourds. Je peux dire au
député de Lévis que, en quatre ans, nous nous sommes
dotés d'un tomodensitomètre, d'un "scanner", comme le veut
l'expression populaire, et également de la médecine
nucléaire, que nous sommes en mesure de développer d'autres
spécialisations, particulièrement au niveau de la cardiologie, et
qu'il y a là, en tout cas, certainement dans l'ensemble des centres
hospitaliers de la région d'Abitibi-Témiscamingue, une
très nette progression au cours des quatre dernières
années. Je peux vous dire que c'est exactement la même chose, par
exemple, au niveau de la Côte-Nord. Je peux vous dire que, bien
sûr, il y a une continuation des demandes de développement
d'équipements lourds de plusieurs régions, mais que nous
"adressons" ces demandes-là avec la plus grande
célérité, en tenant compte de la capacité de payer,
de révolution de chacun des centres hospitaliers, en pesant le pour et
le contre de ces équipements-là, en tenant compte, comme facteur
de base, de l'ensemble du développement régional.
(10 h 45)
Lorsqu'on parle de qualité de vie en région, on ne parle
pas seulement, évidemment, des soins de santé, quoique ce soit
certainement un des éléments de base, on parle également
d'autre chose. Je voudrais rappeler au député de Lévis,
par exemple, les efforts considérables qui ont été faits
au cours des quatre, cinq dernières années pour le
développement d'infrastructures culturelles en région. On sait
qu'au cours des quatre, cinq dernières années, je pense,
l'ensemble des régions du Québec, particulièrement les
régions périphériques, vraiment celles qui sont les plus
démunies face à ce mouvement-là, ont vu se
développer chez elles des programmes, des structures qui visent
spécifiquement l'artiste. On y a vu naître, au cours des trois,
quatre dernières années, un véritable mouvement de
développement culturel qui a ajouté grandement à la
qualité de vie. Je peux vous dire que l'OPDQ a été un
instrument très précieux dans ce développement,
particulièrement à cause de ses implications au niveau des
sommets socio-économiques, particulièrement à cause de sa
volonté de doter les régions d'infrastructures et d'organismes
capables de susciter une vie culturelle intense. Je pourrais multiplier les
exemples, et j'en ai une dizaine, ici, devant moi, où, effectivement, on
a donné naissance à des agrandissements de centres culturels,
à des complexes culturels spécifiques où il y a des
engagements pris, des travaux débutés pour des centres
importants. Je peux vous dire, comme député et ministre dans ce
gouvernement, depuis les quatre, cinq dernières années, dans les
commentaires, les critiques constructrives, bien sûr, qu'on nous apporte,
dans nos échanges avec les MRC, les maires, les intervenants sociaux, la
notion de développement d'infrastructures culturelles a certainement
été une des grandes réalisations au cours de notre premier
mandat. Plusieurs intervenants nous ont félicités pour les
efforts constants que nous avons démontrés au niveau du
développement culturel.
M. Garon:...
M. Savoie: Oui, M. le député de Lévis, nous
avons reçu des lettres et il me fera plaisir de les déposer
auprès de Mme la Présidente, si vous voulez bien, pour voir,
justement, évidemment, qu'il y a eu une volonté d'agir; on l'a
sentie, cette volonté.
Je pourrais également parler, M. le député de
Lévis, d'un constat qui se fait également en région
lorsqu'on parie de qualité de vie et qui se lit très bien aussi
au niveau du développement touristique qui, finalement, est un apport
économique important, c'est le développement des infrastructures
touristiques. Il y a eu, là aussi, je pense... Si vous vous rappelez les
quatre principes dont je vous ai fait part tout à l'heure, au niveau de
la flexibilité de concertation, on a vu l'OPDQ intervenir à
plusieurs reprises au niveau du développement d'infrastructures
touristiques importantes. Ces infrastructures touristiques non seulement
développent une industrie qui apporte beaucoup de retombées
économiques dans une région, mais également
agrémentent la vie de ceux et celles qui y demeurent, puisque ça
nous donne des activités additionnelles et des oc-
casions... Ça donne lieu à des infrastructures, par
exemple...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Savoie: ...des centres de congrès. Ça donne lieu
à des infrastructures touristiques, favorisant le renforcement des
orientations. Justement, hier soir, je suis allé faire un discours
à Bécancour, où il y a effectivement un nouveau centre
auquel a. participé le gouvernement pour 1 000 000 $. Un centre de
congrès...
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre.
M. Savoie: ...de grande classe. Je m'excuse...
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre.
M. Savoie: ...je dois terminer.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Saint-Jean.
M. Michel Charbonneau
M. Charbonneau: Merci, Mme la Présidente. Il me fait
plaisir, aujourd'hui, d'intervenir dans le cadre de cette interpellation
portant sur le développement régional. Le bilan du gouvernement
libéral est, à ce titre, plus qu'intéressant parce qu'on
sent, partout en région, qu'une direction est enfin donnée au
développement économique de chacune des régions. Comme on
l'a souligné tout à l'heure, l'effort du gouvernement a d'abord
dû porter sur le redressement des finances publiques. Des gestes parfois
douloureux ont dû être posés afin que le gouvernement
obtienne ce qu'il est convenu d'appeler une marge de manoeuvre suffisamment
importante pour agir. Mais il est un domaine qui, à notre avis, a des
incidences directes sur le développement régional, il s'agit du
dossier culturel. Plus que quiconque, la ministre responsable du
développement régional est bien au fait de ce dossier,
puisqu'elle en a assumé la responsabilité. Aujourd'hui encore,
l'Office de planification et de développement du Québec participe
au financement de plusieurs équipements culturels, lesquels ont des
incidences en région. Donc, Mme la Présidente, avant même
1985, notre formation politique a reconnu que l'investissement culturel
"générait" des bénéfices certains dans l'ensemble
du Québec. Investissements immobiliers, bien sûr, mais
également bénéfice humain, en ce que les 63 programmes
d'aide du ministère des Affaires culturelles contribuent de près
ou de loin à raffermir le développement culturel chez nous.
À cet égard, le gouvernement libéral a entrepris un
premier mandat, en 1985, en établis- sant que l'initiative locale et
régionale devait constituer une base importante du développement
culturel. Cette vision m'apparaît essentielle pour comprendre l'action du
présent gouvernement, contrairement à celui du Parti
québécois qui, entre 1976 et 1985, a exercé une
véritable mainmise sur la culture québécoise. On
connaît la suite, Mme la Présidente. En faisant miroiter cette
façon d'agir à la communauté culturelle et artistique,
cela a fini par les désavantager.
C'est bien un gouvernement libéral qui a fait grimper la part du
budget de l'État de 0,67 % en 1985 à 0,71 % en 1989 et à
0,72 % en 1990. C'est donc dire que l'objectif de l'atteinte du 1 %
préconisé par notre formation politique est en voie d'être
atteint. C'est finalement tout le Québec qui peut être fier de
cette performance du gouvernement libéral. Et pourtant, cette
opération s'effectue sans que le gouvernement québécois
impose ses volontés à la communauté artistique et
culturelle.
C'est aussi un gouvernement libéral qui a fait adopter une loi
sur le statut de l'artiste. Pour l'ensemble des Québécois, une
simple promesse péquiste ne suffisait pas. Le gouvernement
libéral a, à juste titre, évalué que le temps
était venu de donner aux artistes et créateurs la juste part qui
leur revenait. Je n'ai pas à détailler ici l'incidence d'une
telle mesure en région, où les jeunes artistes ne craignent plus
d'entrevoir une carrière enfin reconnue sur le plan fiscal.
Oui, Mme la Présidente, la place offerte aux jeunes depuis 1985 a
constitue un virage important par rapport aux années 1976-1985. La
réalité, c'est que l'ancien gouvernement avait ignoré la
relève québécoise alors que le présent gouvernement
est passé à l'action. De plus, la manie malsaine de l'ancien
gouvernement de vouloir tout réglementer a conduit à une
démotivation du milieu culturel. Entre 1976 et 1985, ce gouvernement
cherchait obstinément à impressionner. Des manifestations
d'envergure tournaient quelquefois au vinaigre, parce qu'administrées en
amateur. J'en veux pour preuve le délicieux dossier des fêtes
nationales, une bévue majeure de l'ancien gouvernement, dont l'impact a
fait en sorte de décourager des centaines de bénévoles
présents dans les régions. Sans en rappeler les
péripéties, soulignons que l'idée essentielle de
l'administration d'une subvention de 3 000 000 $ a conduit à un
déficit de plus de 1 000 000 $ parce que l'ancien gouvernement avait
décidé de contrôler les festivités. On connaît
la suite. L'incompétence de certains administrateurs et les abus
d'autres ont presque discrédité cette fête pourtant digne
et marquée au coin de la fierté québécoise.
Alors, Mme la Présidente, cet exemple suffit pour
démontrer que la vision culturelle de l'ancien gouvernement manquait de
rigueur autant que de perspective. Et je n'ai pas abordé l'utopie du
livre blanc sur le développement culturel
empreint de dirigisme. Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: Mme la Présidente, j'ai remarqué que le
député de Saint-Jean a évité de parler des
batteries au plomb. On a l'impression qu'il en a respiré un peu. C'est
plutôt là qu'il y aurait des têtes de mort. On parle de
l'amiante, mais les batteries au plomb, c'est peut-être ça qui
donne des têtes de mort. Quand on dit, par exemple, des têtes de
mort, j'ai l'impression qu'en termes de développement régional,
en plus d'engager un bateau russe pour les transporter en Angleterre et les
ramener, c'est du drôle de développement régional. Sauf que
j'avais posé des questions à la ministre. Je comprends qu'il y a
des discours. Il faut que les gens soient contents de voir que le
député - on m'a dit que c'était le député de
Saint-Jean, je ne savais pas que... Je pensais que c'était un
fonctionnaire, je ne le connaissais pas. Au moins, ça lui a donné
l'opportunité de montrer qu'il était le nouveau
député de Saint-Jean parce que, à date - ça fait
six mois qu'on est dans cette Chambre - c'est la première fois que je
l'entends parler. Il a l'air content, alors il n'aura pas grand-chose comme
ça pour Saint-Jean.
Mais, je peux vous dire ceci: J'avais posé des questions à
la ministre sur le fonds de la Caisse de dépôt en Gaspésie.
Combien d'argent avait été prêté par le fonds de la
Caisse de dépôt en Gaspésie depuis qu'il a
été constitué par une grande déclaration du
ministre des Finances, qui en avait une fierté incroyable? Combien y
a-t-il d'argent prêté? Il semble, encore là, que, dans le
domaine des bilans concrets, il n'y a pas grand réalisation parce que je
n'ai pas entendu un son. Tout ce que je demande, c'est le bilan dans le domaine
du fonds, pas seulement pour un comté, pour toute la Gaspésie. On
ne dira pas que j'y vais à coup de cure-dents; je donne une chance
à la ministre de dire, pour toute la Gaspésie, combien la Caisse
de dépôt, dans le Fonds de développement régional
qu'elle a constitué, a prêté en Gaspésie?
Deuxièmement, il semble que vous ne dépenserez pas les 500
000 $ pour le golf de Gaspé, qu'on avait choisi parce que le
gouvernement - la main gauche ne peut pas ignorer ce que fait la main droite -
n'avait pas les 500 000 $ pour l'hôpital de Chandler qui était
à quelques centaines de milles de Rimouski, pour ceux qui ne connaissent
pas les distances. Là, il n'y avait pas d'argent pour les 500 000 $,
pour le tomodensitomètre, mais il avait 500 000 $ pour un club de golf.
Alors là, les citoyens ne veulent pas que - et il va y avoir un
référendum au mois de mai à Gaspé concernant ce
club de golf - leurs taxes municipales servent à ça. Ils ont
demandé un référendum là-dessus, qui doit avoir
lieu en mai. Je demande simplement à la ministre: Si vous avez rien
qu'un 500 000 $, est-ce que, à ce moment-là, ça ne serait
pas mieux de l'affecter pour le tomodensitomètre de l'hôpital de
Chandler alors que même les gens, les citoyens de Gaspé, ne
veulent pas de club de golf parce qu'ils pensent qu'il y a d'autres
priorités que ça en Gapésie. Ce n'est pas une question
compliquée, on n'est pas dans le cinquième degré
d'abstraction, on n'est pas dans la médecine nucléaire; inflation
verbale, encore là, pour montrer que c'est l'ère de la
médecine nucléaire. Il est à la veille de manquer de
bâton, comme les bâtons de "Popsicle", qu'on met sur la langue des
enfants pour voir s'ils ont les amygdales. C'est de cette manière que
ça marche et là, on nous dit... Là, je parle d'un appareil
moderne. Est-ce que les gens de la Gaspésie n'ont pas le droit à
ça eux autres aussi? Est-ce qu'on ne serait pas mieux, si on a un seul
500 000 $, de l'affecter à l'hôpital de Chandler pour un
tomodensitomètre, pour faire de la radiographie axiale, parce que les
gens en ont besoin? Est-ce qu'on pourrait nous dire également ce qui va
arriver, en termes de développement régional, des centres de ski?
J'ai demandé de... Du mont Saint-Joseph de Çarleton, où
les gens se sont prononcés, avec tous les intervenants; il y a eu une
étude unanime pour dire que c'était le meilleur centre. Est-ce
que la ministre a l'intention d'affecter ses 3 000 000 $ dans le moins bon des
deux centres ou si elle a l'intention de dire que l'étude n'est pas
valable? Vous demandez une question concrète; ce n'est pas une question
compliquée parce que tous ceux qui ont eu à dire un mot
là-dessus ont dit que le meilleur centre - d'après l'analyse qui
a été faite, qui n'a été contestée par
personne - ça doit être le mont Saint-Joseph à
Çarleton. La division et la chicane sont créées par le
bureau même du député, comme s'il voulait qu'il y ait une
chicane pour ne pas qu'il y ait d'argent investi. Je demande à la
ministre: Est-ce qu'elle va faire quelque chose ou si elle ne fera rien?
Maintenant, le monde est divisé. Le ministre précédent
avait demandé de se regrouper, d'en arriver à une conclusion. Il
y a eu un regroupement, une étude qui arrive à la conclusion qui
dit: L'argent qui doit être investi doit l'être au mont
Saint-Joseph à Çarleton.
Je vais demander une question très simple, également, pour
les centres de ski Chaudière-Ap-palaches où les gens ont
demandé 3 600 000 $ pour quatre centres de ski, parce qu'il y a beaucoup
de chômage et que c'est l'une des principales ressources en termes de
développement.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci. M. le
député de Lévis. (11 heures)
M. Garon: Est-ce qu'on pense qu'il peut y avoir une
décision?
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Lévis. Mme la ministre responsable du
Développement régional.
Mme Lise Bacon
Mme Bacon: Oui, Mme la Présidente. Lorsqu'on aborde le
thème du développement régional, on ne peut estimer, de
fait, que ce dossier constitue une véritable mission gouvernementale en
soi. Certes, Mme la Présidente, l'Office de planification et de
développement du Québec alloue des ressources financières
dans les différentes régions du Québec, lesquelles
ressources contribuent à un enrichissement certain. Et se limiter aux
réalisations spécifiques de l'OPDQ représente vraiment une
vision qui est trop limitative du rôle de l'État dans le
développement régional.
Le gouvernement libéral a donc consacré une vocation
horizontale au développement régional, dans son plan d'action
ainsi que dans ses réalisations au cours des dernières
années. Vous aurez compris qu'il s'agit d'une mission essentiellement
partagée entre plusieurs ministères sectoriels. Un plan d'action
qui a été déposé par le gouvernement en 1988
accorde une large place au développement régional comme mission
gouvernementale. Cet énoncé d'orientation fait part de
réalisations au cours des dernières années, fait aussi
preuve que cette mission partagée entre les différents
ministères réussit. Cette façon de voir rend les choses un
peu plus complexes. De cela, nous convenons, il est évident, mais il est
impossible de parler véritablement de développement
régional si l'on s'affaire à centraliser à outrance les
leviers de commande qui permettent aux régions de profiter efficacement
des programmes gouvernementaux. Il serait quasiment impossible, Mme la
Présidente, d'identifier les véritables priorités de la
région si l'un ou l'autre des ministères sectoriels n'avait pas
droit de regard et d'action quant à la mise en oeuvre des programmes qui
sont mis à leur disposition. Vous vous souvenez sans doute de l'une des
préoccupations majeures du gouvernement lorsqu'il a accédé
au pouvoir en 1985. Il s'engageait, rien de moins, à créer un
climat propice à l'investissement aussi bien de la part du secteur
privé que du secteur public. En 1990, le présent gouvernement
peut être fier d'avoir su créer ce climat, en ce sens que le
secteur industriel constitue aujourd'hui un véritable partenaire de
l'État québécois. Au cours de l'année 1989, des
investissements majeurs ont été annoncés, lesquels auront
des retombées à l'échelle régionale en termes
d'emploi, de trai-tance et de sous-traitance. Prenons, par exemple, le secteur
de la première transformation des métaux. On doit aussi parier de
projets de l'ordre de 4 800 000 000 $ pour l'année 1989. Le seul fait
d'évoquer des projets d'envergure comme celui de l'aluminerie ABI
à Bécancour, celui de Reynolds à Baie Comeau ou encore le
projet Alouette à Sept-îles et le projet Alumax à
Deschambault suffisent à démontrer la détermination et le
dynamisme du secteur privé, mais également la volonté du
gouvernement québécois d'assurer la prospérité
économique dans chacune de ces régions. Ces dossiers constituent
aussi des exemples concrets de réalisations à l'échelle
régionale. Ces projets d'investissement majeurs que notre gouvernement
ont réussi à attirer constituent aussi autant de chances de
créer des centaines d'emplois, de "générer" des
investissements dans différents secteurs d'activité. J'ai
mentionné tout à l'heure que les ministères sectoriels ont
un rôle majeur à jouer sur la question du développement
régional; leurs interventions ont, à n'en pas douter, un impact
positif sur le développement économique, sur la qualité de
vie de l'ensemble de la population des régions du Québec. C'est
notamment à l'occasion des conférences socio-économiques
régionales que les ministères sectoriels, les ministères
ayant une clientèle dispersée sur le territoire interviennent
auprès des régions. La préparation de ces
conférences, la sélection, la finalisation des projets issus des
intervenants du milieu traduisent bien la sensibilité de ces
ministères à leur clientèle régionale. De plus,
chacun des ministères a des programmes ou activités à
incidence régionale.
Mme la Présidente, la confiance que la population a mise dans le
gouvernement libéral repose essentiellement sur cette capacité de
créer un climat sain, un climat propice à l'investissement pour
faire en sorte que le secteur privé devienne un véritable
partenaire du développement du Québec en région. Il ne
saurait y avoir de Québec fort, Mme la Présidente, sans le
développement de régions fortes et ce, dans le respect de leur
contribution propre.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va, Mme la
ministre. M. le député de Deux-Montagnes.
M. Garon: Mme la Présidente, mon mouchoir. Je
commençais à pleurer quasiment.
Mme Bacon: Mais ça va prendre un parapluie pour ses
injures, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Bon, nous revenons
aux débats. M. le député de Deux-Montagnes.
M. Jean-Guy Bergeron
M. Bergeron: Mme la Présidente, parler de
développement régional ce matin est intéressant à
plusieurs égards En effet, les retombées positives ou
négatives de l'action gouvernemen-
tale permettent de mesurer presque avec précision la conjoncture
socio-économique de chacune des régions. Comme l'indiquait le
ministre, il y a quelques instants, le gouvernement libéral a
tenté et même réussi à faire en sorte que les
régions se reprennent en main.
D'abord, diagnostiquons l'état de santé de notre
économie. Pour ce faire, Mme la Présidente, remontons donc au
début du premier mandat du gouvernement libéral. Le ministre
québécois des Finances, avant d'élaborer les budgets du
Québec, devait dresser cet état de santé des finances
publiques. Auparavant, Mme la Présidente, on me permettra de souligner
une prémisse très importante. Le chef de l'Opposition officielle
a, à maintes reprises, répété qu'en période
de crise économique l'État devait avoir dégagé une
marge de manoeuvre confortable pour aider les régions à traverser
les conjonctures difficiles, et c'est là le noeud du problème de
l'ancien gouvernement qui n'a jamais réussi à dégager
cette marge de manoeuvre. Enfin, le gouvernement du Parti
québécois a bel et bien légué un problème
structurel en augmentant de façon dramatique le déficit des
finances publiques.
Dans une telle perspective, la thèse du présent chef de
l'Opposition s'écroulait. Non seulement ce dernier a-t-il
été incapable de se créer une marge de manoeuvre, mais il
a réussi, et avec quel succès, à alourdir de façon
dramatique la structure du déficit des finances publiques
québécoises. L'impuissance de l'ancien gouvernement a
coûté cher, trop cher, Mme la Présidente. Souvenez vous des
taux de chômage qui, dans certaines régions, frôlaient les
30 %. Souvenez-vous de l'impact de cette crise qui a déstabilisé
une partie de notre structure économique dans les régions. Et,
pour seule consolation, le gouvernement de l'époque avait à
offrir des solutions ni-chair, ni-poisson. Donc rien de planifié, rien
de cohérent et, surtout, rien d'efficace pour aider les régions
du Québec à traverser une période difficile.
Mme la Présidente, je disais que l'ancien gouvernement avait
réussi à s'étrangler lui-même en raison du
déficit rendu dangereux. En 1977, 5 000 000 000 $ et, en 1986, 27 800
000 000 $. C'est ça l'héritage que nous avons reçu. Ces
chiffres démontraient à eux seuls l'ampleur du fardeau de la
dette par rapport à notre capacité de payer. L'état de
santé économique du Québec au cours des années 1976
à 1985 a été terrible. Dans cette perspective, le
gouvernement libéral n'a eu d'autre choix que de procéder
à l'urgence d'un redressement, et ses efforts ont porté fruit.
À titre d'exemple, le ministre de Lévis, le député
de Lévis - je m'excuse, je retourne dans les années en
arrière - disait tout à l'heure: Chez nous, la chanson suit la
musique. Je dois vous dire, M. le député de Lévis, que,
dans le comté de Deux-Montagnes, le chômage est presque
inexistant. Je l'ai dit durant la campagne élec- torale, et on ne m'a
jamais réfuté, chez nous, on a eu confiance au plan d'action
économique régional du gouvernement libéral. Chez nous,
nos hommes et nos femmes d'affaires ont investi. Qu'on prenne pour exemple
Laval et les Basses-Laurentides, où il y a du travail et presque pas de
chômage; c'est là, dans les régions de Laval et des
Basses-Laurentides qu'on trouve la réponse au développement
régional qu'a proposé notre parti depuis 1985.
En parlant de développement régional, que dire de la
décision du gouvernement libéral d'investir 175 000 000 $ dans la
modernisation de la ligne Montréal-Deux-Montagnes? Je n'ai pas le temps,
ce matin, de vous parler de tous les effets bénéfiques qui en
découleront, mais cette décision du gouvernement libéral
va encore profiter au développement régional.
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion, M. le
député de Deux-Montagnes.
M. Bergeron: En conclusion, madame, je suis convaincu que notre
parti va continuer à développer les régions dans le
meilleur intérêt de tous les Québécois et de toutes
les Québécoises. Je vous remercie.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député. M. le député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: Mme la Présidente, je pense que c'est le premier
discours vrai que j'entends ce matin. Mais le député de
Deux-Montagnes a l'avantage d'être situé dans le pourtour de
l'ouest de Montréal. Quand il s'agit de l'ouest de Montréal, le
gouvernement a de l'argent. Quand il s'agit des routes, par exemple, pour
l'ouest de Montréal, là, le gouvernement a de l'argent. Je n'ai
jamais nié ça, au contraire. Quand il s'agit de McGill et de
Concordia, le gouvernement a de l'argent. Quand il s'agit même de
Bishop's, le gouvernement a de l'argent. Alors, comme il s'agit de trains vers
l'ouest de Montréal, le gouvernement a de l'argent. Vous remarquerez que
vers l'est, il n'y en a plus, cependant. Là, il n'a plus une cenne vers
l'est. Quand le député disait: Chez nous, dans l'ouest, il n'y a
pas de chômage, je regardais à quel point le député
de Lotbinière le regardait avec envie. Le député de
Matapédia, lui, est peut-être moins modeste, mais je pense bien
qu'intérieurement il vous regardait avec envie également, parce
que le chômage dans Matapédia est rendu à quoi? 20 %, 25 %?
Et le député de Matapédia a dû se rendre compte
aussi que les seules routes qui ont été faites dans
Matapédia au cours des dix dernières années ont
été faites essentiellement par le gouvernement
précédent. Il aimerait bien ça qu'il puisse s'en faire
maintenant comme il s'en faisait sous l'ancien gouvernement.
En Gaspésie, c'est pareil. Là, on parle de régions.
Il y avait une politique de développement régional. Il faut
appeler les choses par leur nom. Quand j'ai demandé tantôt
à la ministre... Je ne demande pas des choses compliquées. Une
interpellation, normalement, c'est pour poser des questions et avoir des
réponses. Je vais répéter encore, parce que je ne
m'attendais pas d'avoir des discours préparés d'avance, qu'on
vient lire comme si on ne posait pas de questions. On vient lire les discours.
J'avais toujours l'impression que la ministre était... Je l'avais vue
dans d'autres domaines, elle prenait plus action, plus position, elle
s'affirmait davantage. Je remarque qu'elle n'a pas l'air à l'aise dans
le développement régional. Les discours sont
préparés d'avance. Elle ne sort pas de son texte. C'est
préparé sans doute par son cabinet, parce que je pense bien que,
même des fonctionnaires, n'auraient pas préparé des
discours comme ceux-là. Mais je pose encore une question bien simple: La
Caisse de dépôt, dans son fonds de développement
régional pour la Gaspésie, a investi combien en Gaspésie?
Elle a prêté combien? Pas dire: On va faire un fonds
régional dans la Caisse de dépôt des fonds
régionaux. Combien a-t-elle prêté avec ce fonds
régional?
Je pose d'autres questions. Alors qu'on a promis 3 000 000 $ aux gens de
la Gaspésie s'ils s'entendaient sur un centre de ski ils ont fait une
étude qui arrive à la conclusion où tout le monde est
assis à terre pour accepter l'arbitrage de l'étude. On dit: C'est
le mont Saint-Joseph à Carieton. Là, il n'arrive rien. Depuis ce
temps-là, on voit que c'est le bureau du député qui part
la chicane comme s'il voulait qu'il y ait une chicane pour pouvoir dire: II y a
une chicane. Pour ne pas dire oui à qui que ce soit, alors que
c'était entendu pour les gens, et que l'étude était
concluante pour dire qu'il y avait un endroit. Je demande simplement à
la ministre: Allez-vous dire oui aux résultats de l'étude, oui
à Carleton, oui à M. Malenfant? C'est simple: les gens se le
demandent. Ils disent: On a fait une étude. On a travaillé
pendant deux ans dans un sommet régional. Tout ce que le
ministère nous a demandé, on l'a fait. Le ministre nous a
demandé de nous entendre: on a fait une étude. On était
tous partis à l'étude et l'étude a dit: C'est ça.
Est-ce que le ministère du Loisir a dit que l'étude
n'était pas bonne et qu'il la remettait en cause ou, si on admet que
l'étude est bonne, à ce moment-là, est-ce qu'on a
l'intention de livrer la marchandise? C'est une question qui n'est pas
compliquée.
Au sommet, il manquait 500 000 $ pour Chandler. Il n'y avait pas 500 000
$ pour Chandler, pour les malades de la Gaspésie, mais il y avait 500
000 $ pour la bourgoisie qui joue au golf alors qu'à Gaspé, il y
a déjà un club de golf à Fort Prével, à 18
kilomètres ou 11 milles. Je demande: Étant donné que les
citoyens ne semblent pas vouloir mettre la partie pour un club de golf à
Gaspé, est-ce qu'on aura les 500 000 $ pour l'hôpital de Chandler?
Question simple. Là, le silence se fait du côté de la
ministre. Je comprends les discours de thuriféraire, mais je pose des
questions à la ministre. Le but de l'interpellation, c'est de poser des
questions à la ministre. Alors, les députés pourraient
attendre avant de la vanter, parce qu'elle ne répond pas encore. Je
voudrais savoir un certain nombre de choses.
La salle de spectacles de Rimouski, puisqu'on parle d'une salle de
spectacles dans l'entente-cadre du Bas-Saint-Laurent. Le fédéral,
lui, a déjà annoncé 1 500 000 $ dans le projet. L'OPDQ
dort contribuer pour 1 500 000 $ sur trois ans. Est-ce que la ministre peut
nous dire...
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion, M. le
député de Lévis.
M. Garon: ...quel est l'état d'avancement de ce dossier,
puisque ses députés viennent de dire que le développement
culturel est très important sur le plan économique?
J'espère qu'elle ne viendra pas nous dire, par exemple, comme le
ministre du Tourisme, quand on lui a demandé ce qu'il avait fait pour le
tourisme, il a dit: J'ai organisé un gala.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Lévis. M. le ministre
délégué au Développement régional.
M. Raymond Savoie
M. Savoie: Merci, Mme la Présidente. Évidemment,
c'est une interpellation et on a vu le député de Lévis
faire le tour de tout un ensemble de dossiers avec une certaine
incohérence. Alors, il tire à gauche, il tire à droite,
mais il n'a pas vraiment de construction dans son argumentation qui nous
permette de répondre à quelque chose de précis. Il va
peut-être nous parler... Bien, il tire à gauche, puis il tire
à droite. Je vais vous donner un exemple tout simplement sur l'ensemble
des exemples qu'il nous donne. Il a parlé du centre de ski qui a
été un engagement de notre gouvernement au niveau d'un sommet
socio-économique, dans un contexte de développement
régional où l'on dit qu'il y a un engagement du sommet. Puis il
nous parie des gens de Carleton. (11 h 15)
Je comprends mal cette orientation, puisque les faits vont exactement en
faveur du développement régional, dans un consensus de
développement régional. L'engagement du gouvernement était
d'appuyer un promoteur-investisseur. Un promoteur-investisseur s'est
présenté, a pris des engagements, a fait ses
développements. Et on est en train de regarder ce qu'il va faire,
d'examiner les engagements qu'il va prendre,
pour voir si ça rencontre les orientations du sommet. Si
ça rencontre ces orientations-là et si ça entre dans nos
lignes directrices qui ont été émises au sommet, bien,
nous allons y participer ou décider de ne pas y participer, selon le
cas.
Il nous arrive, maintenant, avec une argumentation où il est
difficile d'avoir une prise en main véritable d'une argumentation qui
vise les politiques de ce gouvernement dans un contexte de développement
régional. Il veut qu'on aborde des questions comme la Caisse de
dépôt, qui est là, qui fonctionne; les sommes d'argent sont
déposées, dont nous n'avons pas encore, bien sûr,
reçu le bilan, mais qui sera déposé et, j'imagine, fera
l'objet de discussions avec le ministre responsable lors de l'étude des
crédits.
Je vois mal les orientations dans le contexte de l'interpellation
où nous devons aborder soit des sujets spécifiques au*
développement régional ou les principes de base, soit les grandes
orientations au niveau de notre politique globale. Mais ce qui nous arrive,
c'est qu'il tire à gauche, il tire à droite, et il est difficile
d'y arriver puis de faire une intervention concrète.
J'ai tâché, dès le début du discours, de
parler, par exemple, de cas spécifiques, des principes de base; quelques
interventions, à titre d'exemple, comme les SPEQ, les actions
accréditives et d'autres. On pourrait parler des sommets. J'ai
parlé également d'une volonté de développer une
certaine qualité de vie dans nos orientations de développement,
des soins de santé et des choses comme ça.
Mais on revient, lorsqu'on cherche à cerner exactement ce que
veut dire le député. Il est difficile de voir exactement
où il s'en va avec ses sabots. Je comprends que le député
de Lévis est bien intentionné. Je comprends qu'il veut aussi
chercher à faire une certaine réflexion, dans le contexte de la
procédure parlementaire, sur les notions du développement
régional, mais qu'est-ce qu'il dit exactement?
Le député s'en va à Chandler et parle d'un
tomodensitomètre, alors qu'il y en a un à Rimouski qui n'est pas
utilisé à 100 % et au sujet duquel il y a des discussions entre
la région, le CRSS et le ministère sur les normes, par exemple.
Il y a une certaine flexibilité, toutefois - et je tiens à le
souligner - au sujet des orientations que nous prendrons pour obtenir un "scan"
à Chandler mais, par contre, il y a des échanges et ils sont
constants.
Alors, où il s'en va exactement, on ne le sait pas. C'est
ça, le problème, et j'aimerais bien ça m'entretenir bien
franchement, bien directement, avec le député de Lévis. On
reconnaît, . bien sûr, que, dans nos orientations concernant le
développement régional, il y a une volonté de servir, il y
a une volonté de donner satisfaction à ces principes de
développement régional, et qu'il y a toujours place pour
l'amélioration. On est toujours d'accord, par le processus
parlementaire, pour trouver des mécanismes visant à
acquérir et à donner des résultats heureux pour nous
améliorer. Mais, là, ça prend au moins des
recommandations. Là, tout ce qu'on a, ça me semble vague.
Si le député de Lévis veut parler de la
Gaspésie, des structures, des approches, des engagements au niveau du
sommet, je suis tout à fait d'accord pour l'entreprendre. Maintenant,
s'il nous arrive en disant: Bon, le "scan" de Chandler va mal. On est
prêt à ouvrir le dossier, à examiner le dossier du
"scanner" à Chandler, puis à échanger des propos avec lui
et faire valoir notre point de vue, où nous en sommes rendus dans la
décision, quelles sont les interventions que peut faire l'OPDQ ou le
ministre en question sur cette orientation-là, mais qu'il n'aille pas
à gauche puis à droite. Finalement, ce que je demande au
député de Lévis, c'est...
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion, M. le
ministre.
M. Savoie: ...de structurer son argumentation, de nous donner une
poignée pour qu'on puisse, effectivement, avoir un échange.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Matapédia.
M. Henri Paradis
M. Paradis (Matapédia): Merci, Mme la Présidente.
Il me fait plaisir de pouvoir parler au député de Lévis au
cours de cette interpellation, ce matin. Il a cité abondamment le
comté de Matapédia, la Gaspésie, mais, enfin, il y a un
certain nombre de choses qui doivent être rectifiées. Je prends
juste comme exemple les routes.
Tout à l'heure, il disait: Pour les routes, le
député de Matapédia est jaloux du député de
Lotbinière. Mais il faudrait peut-être dire, M. le
député de Lévis, Mme la Présidente, que les seules
interventions du gouvernement péquiste, à l'époque,
ça a pris des cataclysmes naturels pour son intervention sur la 132.
Ça a pris un glissement de terrain à Saint-Fabien pour que vous
puissiez faire la réfection de la 132. Ça a pris des
éboulements à Saint-Joachim-de-Tourelle pour que vous puissiez
faire une intervention directe sur la 132, dans le comté de Matane.
Alors, qu'on vienne nous dire, aujourd'hui, que le gouvernement
libéral n'est pas intervenu, bon, enfin... Dans mon comté, pour
votre information, Mme la Présidente, et pour l'information,
évidemment, du député de Lévis, c'est 25 000 000 $
qu'on a mis. Ne cherchez pas dans les crédits, je vous le dis, c'est 25
000 000 $ qu'il y a eu dans le comté de Matapédia pour la
réfection des routes.
Cela étant dit, on reconnaît l'incohérence,
effectivement, du député de Lévis lorsqu'il parle:
Plantons des scanners partout. Ça coûte quoi un scanner par la
suite, ça? Qu'est-ce que vous avez fait pour la sanié, vous
autres? Qu'est-ce que vous avez fait pour desservir les régions au
niveau de la santé? Comment avez-vous pris des mesures incitatives pour
inviter les régions à être desservies correctement par les
médecins? Vous n'avez rien fait et, pour votre information, lorsque vous
étiez membre de ce gouvernement-là, vous n'étiez pas
membre exclusivement pour l'hôpital de Lévis. À
Matapédia, à Mont-Joli, il y a un hôpital. À Amqui,
il y a un hôpital aussi. Lorsqu'on manquait de médecins, lorsqu'on
manquait de chirurgiens, vous n'étiez pas là. C'est facile,
aujourd'hui, de dire: Qu'est-ce que le gouvernement va faire? Mais qu'avez-vous
fait, vous? C'est ça, la question aussi. On a un héritage tout
à fait particulier. Vous étiez membre de ce gouvernement.
Enfin, on aura l'occasion de "rééchanger"
là-dessus, mais j'aimerais vous parler un petit peu plus du plan
d'action en matière de développement régional. Vous ne
semblez pas saisir l'essence même de cela. Rappelons-nous les sommets
économiques. On les a reconnus, on dit que c'est une formule
perfectible, soit, mais qu'est-ce que vous avez fait, vous autres, votre beau
gouvernement, votre bon gouvernement? Vous avez fait des sommets
économiques à Montréal, à Québec, mais
pendant qu'en Gaspésie on était en difficulté, vous nous
avez complètement ignorés. C'est ça, la triste
réalité. Vous avez écrit un beau livre blanc. Jacques
Léonard, c'est quelque chose que vous connaissez, ça, c'est
quelqu'un. Un autre, Le choix dés régions, un
dénommé François Gendron; c'est quelqu'un que vous
connaissez, ça. Ce sont des livres où il n'y avait rien,
où vous avez posé des questions sur le devenir du Québec,
mais pendant ce temps-là les régions périphériques
telle la Gaspésie, tel le comté de Matapédia, vous
n'étiez pas là, M. le député de Lévis.
Alors, pour reprendre l'essence même du plan d'action en
matière de développement régional, on a reconnu les
sommets économiques, oui. On a fait le découpage des
régions que vous n'avez jamais eu le courage de faire. On a signé
l'Entente auxiliaire Canada-Québec. On a fait ce plan d'action avec cinq
volets particuliers. On n'a pas la prétention de croire que ça
peut régler tous les problèmes, mais il y a quand même une
ligne directrice, il y a une volonté gouvernementale de faire les
choses. On a mis l'accent, entre autres, sur "l'entrepreneurship", le
démarrage d'entreprises, l'innovation technologique. On ne veut pas
réécrire et prétendre que toutes les régions vont
faire de l'innovation technologique, mais on peut faire cette diffusion,
reconnaître, dans certaines régions, qu'on peut développer
à partir des créneaux existants.
La modulation des programmes, vous en savez quelque chose, M. le
député de Lévis, vous ne l'avez jamais faite. Le soutien
aux régions en difficulté, chez nous, entre autres, dans la MRC
de la Matapédia, nous aurons un contrat de relance pour...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis... M. le député de
Matapédia...
M. Paradis (Matapédia): ...permettre à tous les
acteurs locaux et régionaux de pouvoir se prendre en main. On aura
sûrement l'occasion de recroiser le fer, mon cher ami, et ça me
fera plaisir de le faire.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député. M. le député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: Mme la Présidente, j'écoutais le
député de Matapédia et j'avais l'impression qu'il
n'était pas bien ce matin, parce que Saint-Joachim-de-Toufelle, c'est il
y a à peu près 20 ans. Tout le gouvernement Bourassa, de 1970
à 1976, après Saint-Joachim-de-Tourelle; alors là,
franchement, il aurait pu se référer aussi à
Saint-Jean-Vianney, c'est un peu avant. Ça fait des... Je vais vous dire
ce qu'on a fait. Les ententes qu'on a signées avec le
fédéral en 1984, ça donnait 100 000 000 $ que le
fédéral versait au Québec. Quatre ans après, c'est
115 000 000 $ c'est-à-dire, en argent indexé, à peu
près deux fois et demie moins. Quand on dit: Qu'est-ce qu'on a fait? Au
moins, on peut dire que même avec le gouvernement libéral Trudeau,
a Ottawa, on a négocié plus d'argent qui a été
sanctionné après ça par l'arrivée des conservateurs
que les libéreaux pour qui c'est presque deux fois moins en dollars
constants: 900 000 000 $ en 1984, versus 515 000 000 $ en 1988. Les 515 000 000
$, on ne sait même pas s'ils vont être dépensés parce
qu'on voit que le ministre responsable du Développement régional
ne répond plus et, à plusieurs reprises, on a vu des
députés ou des ministres fédéraux dire: Nous, on a
donné notre réponse. Le Québec ne dit rien. Alors,
premièrement, on ne sait même pas si les 515 000 000 $ vont
être dépensés à cause de l'incurie du gouvernement
du Québec dans le développement régional.
Deuxièmement, quand le ministre délégué nous parle
des principes de base, je vais vous dire une chose. Moi peut-être que je
suis un peu vieux jeu, mais je me rappelle qu'on disait dans l'Évangile:
La foi sans les oeuvres... Vous savez, les principes de la vertu sans leur
pratique, ça ne m'intéresse pas beaucoup. On peut parler des plus
beaux principes au monde, si on ne les applique jamais, ça donne quoi,
ça?
J'ai dit tantôt que vous avez parlé de vos cinq programmes,
cinq points. L'innovation technologique, comprenez-vous, c'est un des cinq
points. J'ai dit: L'an passé, vous aviez un budget de 60 000 000
$; dépenses probables sur les 60 000 000 $: 1 398 000 $. Ce n'est plus
dans les principes brumeux, vaporeux, sidéraux, si vous voulez. Dans le
concret, là, dans les choses terre à terre, quand la
députée de Mégantic-Compton veut savoir son affaire sur
une route, elle a un bout concret de route. On ne faisait pas des sommets
régionaux nous autres pour faire des bouts de route. C'est rendu que
même le député de Lotbinière doit demander de la
gravelle dans un sommet régional. Écoutez, vous. C'est rendu
même que des éditorialistes disent qu'avec le gouvernement actuel,
on était mieux dans le temps de Taschereau, dans le temps de Duplessis;
au moins, il y avait des chemins dans le temps des élections.
On va faire le même bout de chemin dans le temps des
élections. On n'a plus de chemin. On parle du tourisme, mais on veut
venir faire éclater leurs pneus dans nos trous. Hein? C'est ça
que vont faire les touristes, faire essayer nos routes, hein, avoir
l'impression d'avoir fait un tour de tape-cul au Québec parce qu'on a
été dans des routes brisées. Voyons donc! Comprenez vous.
Je demande, encore là... Quand on dit que la Gaspésie n'a pas de
promotteur, pardon! Le projet dans lequel ont cheminé les gens, tout le
temps, et M. Marc-Yvan Côté, qui était
prédécesseur de la ministre, n'a jamais dit que ce n'était
pas un promoteur le projet COOP de Carleton. Il n'a jamais dit que ce
n'était pas un promoteur.
Là, j'ai vu que le ministre délégué a
commencé à dire qu'il faudrait qu'il se trouve un promoteur. J'ai
compris que le projet de Carleton était accepté au sommet
à condition qu'il y ait unanimité. Il y a eu unanimité
pour le projet de Saint-Joseph et là on dit: Oui, mais où est le
promoteur? J'avais compris moi... J'ai assisté, pas comme le
député d'Abitibi-Est, moi, j'ai assisté. C'était un
projet COOP avec l'industrie hôtelière existante, avec les gens du
milieu, pour ne pas développer une structure hôtelière mais
pour faire travailler l'industrie hôtelière existante pendant
l'hiver. Le député de Matapédia, j'aimerais lui dire aussi
que, dans l'ancien gouvernement, en 1985, quand on est parti, il y avait 85 000
emplois en agriculture. Actuellement, il y en a 25 000 de moins. Ça
touche son comté.
Dans le domaine des pêches, le monde péchait et le monde
travaillait dans les usines. Aujourd'hui, les usines sont fermées et on
est en train de faire un plan pour savoir laquelle on va fermer cette
année, parce qu'on n'a plus assez de pêches sous le gouvernement
actuel. Les usines, actuellement, les gens n'y travailleront même pas dix
semaines pour faire leurs timbres de chômage. C'est ça, le
gouvernement actuel, en Gaspésie. Quand on dit, par exemple, si on veut
avoir des bilans... J'ai l'impression que le député de
Matapédia, actuellement, il vit dans un monde à part, dans une
bulle d'un cartomancien ou d'une cartomancienne, mais ce n'est pas ça,
le monde réel. En Gaspésie, actuellement, l'agriculture s'en va
chez le diable, les usines ferment.
L'usine qu'on a ouverte, la Fromagerie d'Amqui, a été
fermée sous le gouvernement actuel, et on transporte maintenant le lait,
imaginez-vous, de la Gaspésie jusqu'à Québec parce qu'on a
fermé l'usine d'Amqui. On a sans doute donné une subvention pour
agrandir l'usine à Québec, pour fermer celle d'Amqui. Est-ce que
c'est ça, le développement régional? Arrêtez donc!
Il faut même que je vous ramène à l'Évangile, que la
main gauche n'ignore pas ce que fait la main droite. Il faut qu'on dise
également que la foi sans les oeuvres, ça ne donne pas
grand-chose. Vous pouvez bien parler des grands principes du
développement régional, mais je vous demande,
concrètement, le "tomo" de Chandler... Vous dites: L'hôpital de
Rimouski n'utilise pas entièrement le sien. Voulez-vous dire que vous
avez fait une étude pour savoir si le golf de Fort-Prével, lui,
était utilisé à 100 % avant de donner le O. K. de 500 000
$ pour Gaspé? J'aimerais avoir une copie de l'étude qui
démontre que le golf de Fort-Prével était utilisé
à 100 %. Est-ce que vous n'ouvrirez pas un hôpital ou une section
d'hôpital en Abitibi et ne donnerez pas d'appareil parce que ceux des
hôpitaux de Montréal ne sont pas utilisés à 100 %?
Savez-vous quelle distance il y a entre le bout de la Gaspésie et
Rimouski? Est-ce que c'est ça, du développement? (11 h 30)
C'est pour ça que je demande des réponses
concrètes. La Caisse de dépôt...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis. Merci. C'est terminé,
malheureusement.
M. Garon: Je repose les mêmes questions que je pose depuis
le début.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre
délégué aux Mines et au Développement
régional et responsable de l'application des lois professionnelles.
M. Raymond Savoie
M. Savoie: Merci, Mme la Présidente. On est revenu sur le
tomodensitomètre de Chandler et on compare ça à un club de
golf. Le député de Lévis doit concevoir très
facilement qu'entre un scanner et l'opération d'un club de golf, il y a
une grosse différence. La première, c'est l'implication constante
du gouvernement dans ses frais de fonctionnement, c'est une certaine
équité entre les centres hospitaliers régionaux. Un club
de golf, une fois que c'est décollé, une fois que les
infrastructures sont établies et qu'il y a création de sept ou
huit emplois pour le maintien et le fonctionnement de ce club de
golf-là, il doit faire ses frais et va fonctionner à ses
frais; le gouvernement n'y intervient plus. Ça devient une source,
finalement, de qualité de vie au niveau de cette
région-là. Le gouvernement, ce n'est pas une structure
gouvernementale, ce n'est pas une intervention gouvernementale unique. Je
comprends mal de le voir comparer, comme il le fait, le cas du
tomodensitomètre à Chandler avec un club de golf. Ce n'est pas
logique.
Lorsqu'on parle de développement régional, et lorsqu'on a
parié de nos principes... Ils sont importants, nos principes, parce
qu'il y a une grande différence entre ceux et celles que nous maintenons
et ceux et celles que vous avez maintenus. Ça a des répercussions
importantes pour l'ensemble de la population québécoise. Lorsque
vous, vous avez fait votre développement régional, comme le
soulignait un député, tout à l'heure, au niveau, par
exemple, de l'amiante, il y a là une répercussion directe au
niveau du développement régional. Si l'amiante a
été détruite, c'est à cause de votre politique de
nationalisation qui a eu un impact immédiat sur le développement
de cette région, qui l'a reculée pour plusieurs années.
Aujourd'hui, grâce à plusieurs efforts - je pense à
l'intervention constante au niveau du développement régional - on
a réussi à diversifier et à créer certaines
entreprises de développement.
Bien sûr, je suis d'accord avec le député; s'il ne
veut pas parler des principes, des grandes orientations en ce qui concerne les
grandes interventions au niveau du développement régional, on n'a
pas à en parier, mais, à ce moment-là, il faudrait qu'il
arrive avec des choses précises au niveau d'interventions, au niveau du
développement régional. On lui demande, il nous revient avec un
tomodensitomètre à Chandler qu'il veut comparer à un club
de golf. Je le comprends mal. Si, spécifiquement, la question du
député porte sur le développement d'un scanner à
Chandler, qu'il nous en fasse la demande et nous lui ferons pan* de
l'état du dossier. Certainement, ça ne fait pas l'objet de
l'interpellation, cette fois-ci. Je suis certain que le ministre de la
Santé et des Services sociaux se ferait un grand plaisir de lui faire
part de l'ensemble, je pense, de notre bonne gestion financière dans le
développement des équipements lourds dans les centres
hospitaliers.
Le député de Lévis revient encore une fois - je
dois le souligner - dans ce processus parlementaire qu'est une interpellation,
il doit nous arriver avec des orientations de développement,
d'argumentation très précise. Il ne peut pas arriver en tapant
à gauche et à droite, en cherchant à qui mieux mieux des
cas isolés, souvent, des exemples mal fondés pour en faire un
échange pour, finalement, que cette interpellation soit constructive. Ce
n'est pas ce qui se produit ici. Il nous arrive avec, finalement, des citations
qu'il dit des Évangiles - et j'en doute sérieusement - pour nous
dire, finalement, qu'on devrait lâcher les grands principes et
s'embarquer dans des cas précis; il ne nous arrive pas avec une
orientation précise. Il ne nous arrive pas, par exemple, avec une
problématique au niveau des SPEQ, le fait qu'ils sont peut-être,
en tant qu'instruments de développement régional... Qu'il manque
tel ajustement. Il ne nous arrive pas, non plus, avec une orientation quant
à la création d'un nouveau programme. Il ne nous arrive pas, non
plus, avec des orientations spécifiques pour les soins de
r.anté. Il nous garroche un cas sur lequel, je pense, de
bonne foi, nous lui avons répondu qu'effectivement, au niveau de
Rimouski... Bien sûr, on est bien conscient qu'il y a une forte distance
entre, par exemple, un bout de la péninsule et la ville de Rimouski,
mais, finalement, le "scan", comme équipement régional,
n'était pas là auparavant - je tiens à vous le souligner -
et il y a maintenant un autre centre hospitalier qui veut développer
cette infrastructure. Je veux bien. Mais effectivement, je considère que
finalement, l'interpellation qu'on nous a présentée aujourd'hui
est un peu abusive. Non, mais sincèrement, je suis tout à fait
prêt à reconnaître qu'on peut toujours améliorer nos
orientations en ce qui concerne notre développement régional.
La Présidente (Mme Bélanger): En con elusion.
M. Savoie: Nous sommes toujours prêts à examiner des
structures mieux organisées pour le développement
régional. Il faudrait avoir des échanges spécifiques
là-dessus, pas un peu sur tout et sur rien.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Lotbinière.
M. Lewis Camden
M. Camden: Merci, Mme la Présidente. Au cours des
années soixante, la société québécoise s'est
dotée d'un réseau routier moderne et efficace. En plus de
constituer des liens économiques et de communication, ce réseau
représentait un outil de développement pour chacune des
régions. Sa réalisation a généré des
investissements dans tous les secteurs de l'économie
québécoise, en plus de contribuer à la création
d'emplois. Sa réalisation a généré des
investissements majeurs. Or, à la fin des années soixante-dix,
l'État québécois a mis l'accent sur l'entretien du
réseau et le parachèvement des travaux. Mais on note
déjà, à cette époque, que le gouvernement du Parti
québécois néglige le réseau au point où les
usagers de la route s'aperçoivent d'une détérioration du
réseau, tant régional que provincal; quant au réseau
local, c'est tout simplement pitoyable.
D'ailleurs, au moment où il formait l'Opposition, le Parti
libéral du Québec a harcelé le gouvernement du temps pour
le peu de cas qu'il faisait du dossier de la voirie. Par exemple, nous avions
établi que le gouvernement du Parti québécois avait
alloué, en matière de voirie rurale, un budget inchangé,
toute proportion gardée, entre 1976 et 1985. Je rappellerai ici, Mme la
Présidente, aux membres de la commission, que des rangs fermaient, dans
ma circonscription, en période de dégel. Impossible d'y
accéder par ambulance, pas plus avec le service des incendies. Telle
était la situation au moment où je suis arrivé, en 1985,
pendant qu'à Québec, ici, on voguait au rythme des grands
principes péquistes. Aucune espèce d'application pratique
n'existait dans le milieu, chez les gens.
Aussitôt au pouvoir, le gouvernement actuel a dû corriger
les politiques budgétaires et les grandes orientations en matière
de voirie parce que le réseau routier québécois ne
répondait déjà plus, en 1985, aux nornes des
qualités de surface. Mme la Présidente, je rappellerai ici,
brièvement, la route 218, dans Lotbinière-Ouest: affaissement du
profil, orniérage, des travaux réclamés par les maires, le
préfet de la MRC-Bécancour; rien de fait sous mon
prédécesseur, de l'inertie. On a consacré 1 700 000 $,
madame, depuis 1985, à rétablir, à restabiiiser cette
route. Quant à la 20, dans ma circonscription, on se concentrait,
à l'époque, à faire du rapiéçage. On
excavait, on faisait un petit rapiéçage à la
péquiste, pendant que nous, on est obligés d'y aller de couches
d'usurp de travaux majeurs pour corriger une situation qu'on avait
laissé se détériorer.
Toutefois, madame, on comprend que la crise économique a durement
frappé le Québec au cours des années quatre-vingt. Mais
comme le soulignait un de mes collègues tout à l'heure, le
gouvernement de l'époque n'avait pas réussi à se
créer une marge de manoeuvre suffisante pour apporter un soutien minimum
aux régions du Québec. Or, dans un domaine comme la voirie, les
budgets alloués à l'entretien des routes avaient dû faire
l'objet de priorités gouvernementales, mais on restait sourd aux appels
"logés" par les régions du Québec. Pour sa part, le
gouvernement libéral a reconnu que ce secteur d'activité
nécessitait une attention particulière, soit celle d'un ministre
délégué.
Rappelons que le Québec consacre plus de 1 000 000 000 $ par
année à son réseau routier. De cette somme, 575 000 000 $
vont à l'entretien et à la conservation du réseau routier,
et 440 000 000 $ à sa construction ou à la reconstruction de
nouveaux tronçons et de tronçons qui nécessitent un
renforcement. Aussi, bien conscient de la réalité, le ministre
délégué aux Transports soulignait, le 16 novembre dernier,
que l'accent serait particulièrement axé sur la réfection
des routes existantes. De plus, le gouvernement libéral considère
que le réseau routier a, au plan économique, une importance
capitale. Par exemple, les coûts de transport que doivent assumer les
entreprises dans des marchés de plus en plus concurrentiels sont
largement dépendants de la disponibilité d'un réseau
routier efficace et rapide. Une réalité comme celle-là,
Mme la Présidente, avait complètement échappé
à l'ancien gouvernement. Et je pourrais donner un exemple. Une
amélioration de la rue Industrielle, à Saint-Apollinaire, qui
était tout à fait justifiée, ne serait-ce que sur le plan
de la sécurité; rien de fait par nos prédécesseurs,
dans un secteur où on accueille, par jour, près de 1000
travailleurs dont presque 200 viennent du comté de Lévis, et
celui des Chutes-de-la-Chaudière. Or, nous avons été pour
ces gens, à bien des égards, générateurs d'emplois
et on a contribué également au soutien de ces entreprises et au
développement industriel, en mettant en place des infrastructures pour
approvisionner en eau industrielle.
En conclusion, Mme la Présidente, c'est que des efforts ont
été consacrés de façon importante dans ma
circonscription comme dans bien des régions au Québec. Je pense
que nous nous sommes engagés de façon déterminée
à améliorer la situation des régions et nous allons
poursuivre dans cette voie.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Lotbinière. Étant donné les
dépassements de quelques secondes à chacune des interventions,
nous en sommes rendus à la conclusion des deux... Bien, malheureusement,
M. le député de Lévis, les cinq minutes...
M. Garon: Vous ne pouvez pas m'enlever mon droit de parole, quand
même.
La Présidente (Mme Bélanger): Vous avez encore 10
minutes.
M. Garon: Non, non, mais il reste cinq minutes.
La Présidente (Mme Bélanger): Mais c'est parce
qu'on doit finir à midi.
M. Garon: C'est vous qui faisiez respecter le droit de
parole...
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, mais
écoutez, quand je dis...
M. Garon: ...vous ne pouvez pas me pénaliser parce que
vous ne l'avez pas fait respecter.
La Présidente (Mme Bélanger): ...en conclusion, que
je dis que c'est terminé et qu'on continue, je ne peux pas couper la
parole.
M. Garon: Oui, oui, mais vous ne pouvez pas m'enlever du temps
parce que vous n'avez pas fait respecter le droit de parole. On
dépas-
sera midi de trois, quatre minutes et on va avoir...
La Présidente (Mme Bélanger): Vous-même, M.
le député de Lévis, vous avez dépassé de
deux minutes et demie.
M. Garon: Non, non, mais j'ai moins dépassé que les
autres.
La Présidente (Mme Bélanger): Chacun des
intervenants a eu une minute... Les cinq minutes sont vite...
M. Garon: On m'a fait parvenir TAide mémoire pour
l'interpellation", comment doit se partager le temps.
Mme Bacon: Comme le député de Lévis a
déjà dépassé de deux minutes et demie, il pourrait
peut-être utiliser deux minutes et demie au lieu de faire perdre le temps
de la Chambre.
La Présidente (Mme Bélanger): Bon, là on
parlemente et vous perdez encore du temps. On doit quitter, on doit finir
l'interpellation à midi.
M. Garon: Oui, mais à condition de commencer à 10
heures.
La Présidente (Mme Bélanger): On a commencé
à 10 h 1.
M. Garon: Moi aussi, j'étais là.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, je peux vous
donner deux minutes de réplique pour conserver les deux 10 minutes de la
fin.
M. Jean Garon
M. Garon: O.K. Alors, Mme la Présidente, j'ai
écouté le député de Lotbinière. J'ai
été estomaqué un peu parce que les chiffres sont
là. Les chiffres sont là! Si on compare les quatre années
des deux partis politiques, en termes de voirie, ou si on compare cinq ans, si
vous voulez, encore, si on prend 1981-1985 inclusivement et 1986 à 1990
inclusivement, on se rend compte que le gouvernement libéral aura
dépensé 445 000 000 $ de moins dans les routes, sur la
conservation ou l'entretien, que le gouvernement précédent. Et,
dans le temps du Parti québécois, je peux vous dire une chose: on
n'avait pas d'annonces dans les journaux pour les gens qui se plaignaient que
les routes étaient un désastre. Même les gens qui publient
les annonces, qui ne sont pas reconnus comme étant des amis particuliers
du Parti québécois - au contraire, ils sont plutôt reconnus
pour être souscripteurs à la caisse du Parti libéral du
Québec - ils disent quoi? Ils disent au fond qu'il y avait 13 % des
routes déficientes en 1985 et qu'aujourd'hui c'est rendu à 33 %.
Ce qu'ils disent, au fond, c'est que les routes se sont
détérioriées dans une proportion considérable sous
le gouvernement actuel. Aujourd'hui, ils en sont rendus à dire que 55 %
des autoroutes sont dans un mauvais état. Le comté de
Lotbinière est un des endroits où le chemin est en mauvais
état justement parce que, sur les 10 kilomètres qui
précèdent Laurier-Station, quand on s'en vient de
Montréal, ce sont à peu près les endroits où les
ornières sont dans le plus mauvais état. Alors, je pense que le
député de Lotbinière devrait faire attention avant de
parler de corde dans la maison d'un pendu. Parce qu'il est un peu dans un
endroit où lui-même... Les routes sont dans un mauvais
état. C'est la situation et c'est dans son propre comté, sur
l'autoroute 20. Voyez-vous? Et aussi, en montant vers Trois-Rivières, on
se rend compte qu'il y a un endroit où il y a à peu près
10 kilomètres d'ornières profondes. Vous remarquerez aussi - on
vient de dire également, et ce sont les intervenants qui publient dans
les journaux, qui disent que, et selon les études du ministère -
la route en plus mauvais état, c'est la dernière qui a
été faite par les libéraux, la route de la Beauce. La
dernière autoroute qui a été faite par les
libéraux, c'est celle qui est dans le plus mauvais état.
Pourquoi? Parce que la rigueur n'est pas là et c'est le
Vérificateur général, en plus, qui dit...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis.
M. Garon: ...que le contrôle, que la surveillance est moins
efficace que jamais sous le gouvernement actuel; il. l'a dit dans son rapport
du 31 mars 1987.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Lévis. Mme la ministre, vous avez dix minutes,
en réplique.
Conclusions Mme Lise Bacon
Mme Bacon: Mme la Présidente, l'interpellation de ce
matin, qui était demandée par le député de
Lévis, aura certainement permis au gouvernement de préciser, une
fois de plus, ses priorités et ses lignes d'action en matière de
développement régional. Pour sa part, l'Opposition officielle
nous a habitués au genre de démagogie qu'elle nous a encore
démontré ce matin.
Il est normal qu'en fonction des règles parlementaires
l'Opposition cherche à critiquer le critiquable. Force m'est de
constater que cette même Opposition a du mal à accomplir sa
tâche. Je ne veux pas signifier par là que le travail du
gouvernement québécois est terminé sur les questions
relatives au développement régional,
mais je tiens à souligner que ce même gouvernement suit une
ligne parfaitement droite, conforme aux aspirations du milieu et aussi,
susceptible d'encourager Tentrepreneurship" et les initiatives tant locales que
régionales. Personnellement, je suis fière d'appartenir à
un gouvernement qui a résolument affirmé sa confiance à
l'égard du milieu régional. Croyez-moi, nous ne sommes pas
déçus, de ce côté-ci de la Chambre, des
résultats obtenus depuis décembre 1985.
En faisant état tout à l'heure des performances accomplies
aussi bien par le gouvernement que par le milieu, je crois avoir réussi
à établir de façon nette et précise toute la
cohérence de la stratégie gouvernementale.
Vous aurez aussi remarqué que cette stratégie repose, pour
l'essentiel, sur cette idée de partenariat du gouvernement avec les
régions. Je rappelle, pour le bénéfice de ceux et de
celles qui nous écoutent ce matin, qu'après avoir tracé un
diagnostic de l'état de la situation des régions, notre
gouvernement a suggéré un plan d'action visant une
stratégie d'intervention en cinq volets qui, croyons-nous, répond
à la problématique du développement régional:
'Tentrepreneurship", le démarrage d'entreprises, l'innovation, le
développement technologique, l'en-tente-cadre de développement
gouvernement-région, la modulation de politique de programmes et le
soutien aux régions en difficulté. (11 h 45)
On retiendra également, Mme la Présidente, que la
philosophie de base qui guide le gouvernement consiste à appliquer le
principe selon lequel le développement de chacune des régions se
doit de refléter une attitude plus humaine, une approche certainement
moins autoritaire que celle pratiquée par l'ancien gouvernement et,
surtout, moins bureaucratique. C'est précisément dans ce sens que
notre gouvernement a amorcé, dès 1986, ce virage important en
matière de développement régional.
Nous avions énoncé dans un programme électoral et
appliqué dans les orientations gouvernementales une prémisse
selon laquelle la notion d'État-animateur dort prendre le pas sur celle
de l'État-entrepreneur universel. Ça signifie que le gouvernement
québécois devait assumer un rôle de soutien et d'aide qui
facilite le travail réalisé en région. Pour atteindre un
tel résultat, le gouvernement a dû effectuer une révision
de ses relations entre l'État et les citoyens. Des mesures rigoureuses
ont dû être prises pour endiguer la tendance naturelle de toute
bureaucratie à vouloir bâtir des empires.
Il s'agit rien de moins, Mme la Présidente, que de faire en sorte
que le gouvernement du Québec assume toute la responsabilité de
canaliser les forces vives du milieu et de collaborer au développement
de chacune des régions, dans le respect des particularités
propres à chacune d'entre elles. Il a donc apporté sa
contribution sans prétendre se substituer à l'esprit
créateur des citoyens. Voilà la réponse apportée
par le gouvernement pour que prenne véritablement cet envol tant
souhaité de la part des milieux locaux et régionaux.
L'évolution du Québec a franchi des pas de géant au cours
des 20 dernières années. C'est pourquoi nous avons établi
clairement que l'État ne devait plus s'imposer comme le principal agent
de changement. Nous avons plutôt choisi une voie d'appui sur les
dynamismes régionaux et locaux, et une transition majeure s'est
effectuée afin que le gouvernement puisse réapprendre à
faire confiance aux citoyens et ce, dès 1986. Animateur plutôt
qu'initiateur, voilà l'idée de base qui a guidé l'action
du gouvernement québécois depuis son accession au pouvoir. Seront
également menés des efforts en faveur d'une humanisation des
programmes gouvernementaux tout en contrôlant étroitement les
coûts et en décentralisant la gestion dans la mesure du possible.
Les exemples des programmes tels que le Fonds de développement
régional, des programmes expérimentaux de création
d'emplois communautaires se sont inspirés de cette approche
décentralisée dans chacune des régions. Le rôle de
l'Office de planification et de développement du Québec en est un
d'agent de liaison entre les ministères et organismes du gouvernement
par la mise en oeuvre des plans, programmes et projets de développement
économique et social qui intéressent plusieurs ministères
ou organismes du gouvernement. On convient aisément que, pour le
citoyen, toute cette opération peut paraître un peu complexe.
Souvenons-nous, en effet, que depuis les années soixante le gouvernement
est intervenu progressivement mais avec ampleur en appliquant des programmes
à l'échelon du Québec; puis, l'État voulait
intervenir plus directement par des programmes d'aide sur les plans sectoriel,
territorial, ou encore en invitant la grande entreprise à venir
s'installer dans des régions précises. Un peu plus tard, soit au
milieu des années quatre-vingt, l'État québécois
fut aux prises avec des difficultés financières majeures qui
l'obligèrent à repenser de fond en comble aussi bien sa
philosophie que ses plans d'action. Je me rappelle également, Mme la
Présidente, qu'en 1987, un important virage s'est effectué
lorsque six décrets ont modifié les limites des régions
administratives de l'Outaouais et de la Côte-Nord et créé
quatre nouvelles régions, soit la Gaspésie, la
Montérégie, les Laurentides et Lanaudière.
Quant au rôle de l'OPDQ, Mme la Présidente, il doit
être perçu comme un agent impliqué fortement en
région du fait que le développement régional relève
de sa responsabilité, mais également parce qu'il possède
une expertise dans le domaine, que les leaders régionaux sont en contact
très fréquent avec le personnel de l'OPDQ et qu'il en est de
même avec le CRD, les organismes de concertation. La démarche
d'élabo-
ration, de conclusion d'ententes-cadres de développement
gouvernement-région a inspiré tout le cheminement de
l'organisation des conférences socio-économiques
régionales. En somme, c'est la cheville ouvrière de l'action du
gouvernement québécois en matière régionale depuis
1986 qui a constitué une véritable bougie d'allumage, de
nouvelles conditions sociales, économiques et culturelles susceptibles
de conduire un développement durable dans les régions. Pour y
parvenir, il fallait conjuguer les efforts pour mieux définir des axes
prioritaires, des projets significatifs de développement.
L'opération de concertation s'est inscrite dans une véritable
stratégie de développement à moyen et à long
termes. La clé de voûte de cette stratégie, le
développement régional a résidé dans la
façon dont les différents partenaires ont conjugué leurs
efforts pour donner à l'entente-cadre gouvernement-région une
ossature structurée sur des axes prioritaires de développement et
autour de quelques projets plus significatifs pour le développement de
la région. Ce nouvel accent supposait également un
réajustement au niveau de la démarche, requérait aussi une
implication de plusieurs acteurs socio-économiques qui,
jusque-là, avaient été ignorés. Nous avons
également mis l'accent sur certains thèmes comme les ressources
humaines, la planification de la main d'oeuvre, à une époque
où le Québec effectue des transitions majeures dans son
économie.
Nous avons adapté les actions et les programmes du gouvernement
aux réalités des régions. Nous avons également tenu
pour acquis que l'État continuait à jouer un rôle essentiel
dans cette nouvelle dynamique. Pour y arriver, il fallait identifier dès
le départ les axes prioritaires de développement pour mieux
raffermir l'action du gouvernement et la solidarité
in-trarégionale. Cet aspect intrarégional devait également
s'insérer dans cet objectif de préparation d'ententes-cadres et
de maximisation des ressources du milieu.
Le gouvernement a également tenu à ce que soient
élaborés des projets plus significatifs dans le cadre de
conférences régionales. Nous avons accepté la
présentation d'à peu près tous les projets, mais il
convenait, par la suite, d'effectuer des choix judicieux qui soient avantageux
pour l'ensemble des milieux locaux et régionaux. Pour y arriver, il
fallait convenir, dès le départ, entre les partenaires
régionaux, que des analyses et des devis d'opération beaucoup
plus poussés étaient nécessaires. Un des principes qui a
guidé le choix du gouvernement consistait à analyser ces projets
dans le centre d'une maximisation des données de base sur les
activités et les emplois de la région ainsi que les
conséquences sur la planification de la main-d'oeuvre. À ce
titre, les commissions scolaires et les commissions de formation
professionnelle ont été mises davantage à contribution
pour en évaluer les impacts. Nous avons également tenu à
ce que soient davantage impliquées les instances municipales dans le
développement de leur propre région. Elles constituent, Mme la
Présidente, des partenaires privilégiées en cette
matière. Le gouvernement reconnaît que les élus municipaux
ont vu leur représentation s'accroître dans le cadre des
conférences socio-économiques régionales.
Mme la Présidente, nous ne nous sommes pas trompés puisque
les instances municipales et les autres instances du milieu contribuent
à favoriser l'émergence de projets significatifs pour leur milieu
et s'associent plus directement à la mise en oeuvre de tels projets. Mme
la Présidente, le gouvernement libéral a vu à ce que
soient respectées les particularités régionales. Il a
également fait en sorte que soit renforcé le dynamisme des
institutions régionales et locales et fait en sorte que soit
assurée une présence plus dynamique de l'appareil d'État
dans et pour les régions. C'est donc dans cet esprit de
partenariat...
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion, Mme la
ministre.
Mme Bacon: ...que se poursuivra le travail amorcé pour les
années à venir, dans le sens d'une plus grande responsabilisation
et d'un développement harmonieux des régions du
Québec.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, Mme la ministre. M.
le député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: Mme la Présidente, je suis vraiment
déçu de l'interpellation de ce matin puisqu'on n'a pas
donné plus de réponses aux gens des régions que nous n'en
avons eu pour obtenir des engagements financiers, qu'il n'y a eu de
réponses données aux questions qui sont au feuilleton depuis le
27 novembre. On sent, actuellement, qu'il n'y a plus de développement
régional et qu'il n'y a plus de ministère du développement
régional. Aujourd'hui, la ministre, à mon avis, qui a
laissé parler tout le temps tout le monde de son côté, n'a
pas donné de réponse, ne répond plus au
développement régional. Elle est peut-être
surchargée, parce que l'électricité et les
problèmes de pannes d'Hydro-Québec - est-ce qu'on va dire que
c'est parce qu'on l'a nationalisée en 1962 ou parce qu'on est plus
préoccupés de vendre l'électricité aux
États-Unis que de fournir le réseau des
Québécois?
La question se pose, d'autant plus que lorsqu'il y a des
éruptions solaires, apparemment, ça affecte nos lignes au
Québec; mais ça n'a pas affecté la vente aux
États-Unis. Drôles d'éruptions magnétiques qui
affectent seulement l'électricité vendue aux
Québécois! Pourquoi? Justement, parce qu'on a un vieux
réseau et que le gouvernement a changé des priorités
en
arrivant au pouvoir pour vendre de l'électricité aux
États-Unis.
Dans le développement régional, qu'est-ce qu'on constate?
Les budgets baissent considérablement depuis l'arrivée des
libéraux au pouvoir et .'as crédits ne sont jamais
utilisés entièrement. Selon la synthèse des
opérations financières au 31 décembre 1989, les
dépenses de l'OPDQ seront de 38 100 000 $ par rapport à des
crédits autorisés de 69 000 000 $ et, selon les livres des
crédits, ces dépenses seront de 51 800 000 $. Ça veut dire
que, dans la meilleure des hypothèses, il y aura des crédits
périmés de 17 000 000 $. La ministre n'a pas trouvé bon
d'en parler. Comment peut-elle réaliser des ententes-cadres de son
gouvernement avec des budgets aussi faibles, qu'elle ne dépense
même pas?
Nous avons posé des questions concernant le bilan des ententes
sur le développement régional. Nous avons posé des
questions au feuilleton: il n'y a aucun bilan, aucune réponse. Pourquoi?
Parce que je pense que la ministre du Développement régional
n'est pas fière de faire un bilan des réalisations de son
gouvernement. On veut parler au niveau des principes, excepté que les
principes, il faut les appliquer à un moment donné; il faut qu'il
n'y ait pas seulement de la théorie, mais de la pratique. Dans la
pratique du développement régional, on voit que les
réalisations sont très minces, à tel point que,
normalement, les gouvernements qui sont fiers de tracer des bilans... Dans le
cas de la ministre du Développement régional, il n'y a pas de
bilan.
Dans l'Entente auxiliaire Canada-Québec de juin 1988, où
le gouvernement a été très faible et où il a
seulement négocié une entente de 515 000 000 $... Et même
à 515 000 000 $, l'entente tarde à être mise en oeuvre et,
selon le gouvernement fédéral, c'est le Québec qui
n'injecte pas d'argent neuf. Pourquoi la ministre refuse-t-elle de nous fournir
le bilan de cette entente? Elle pourrait indiquer où ça en est,
où ça s'en va, l'échéancier de réalisation.
Rien. La ministre devrait reconnaître que, si le bilan de cette entente
était favorable, elle n'hésiterait pas un instant à nous
tracer son bilan; et c'est pourquoi elle ne le trace pas. C'est parce qu'elle
n'en est pas fière.
J'ai posé des questions sur des projets concrets. Je n'ai pas
voulu avoir de grandes théories, de grandes études cosmiques ou
nous promener dans le monde sidéral des aurores magnétiques. Non,
j'ai voulu rester à terre. J'ai parlé de quoi? Du centre de ski
de la Gaspésie où toutes les exigences gouvernementales ont
été remplies et les gens ont fait un consensus. Il y a une
étude qui dit: mont Saint-Joseph, Carleton. On suscite la chicane pour
ne pas donner de réponse. On voit aussi dans les centres de ski de la
rive sud où tout le monde... C'est rare qu'il n'y ait pas de
partisanerie politique. Tous les gens de la rive sud sont solidaires pour dire
qu'ils souhaitent que le développement des centres de ski se fasse. Je
le dis d'autant plus que les deux comtés principalement touchés
sont les comtés de Montmagny et de Bellechasse, et également le
comté de Frontenac. Ils sont des comtés représentés
par des libéraux.
J'ai participé au consensus régional pour dire que, nous
aussi du Parti québécois, on souhaite le développement de
ces centres de ski. Pas de réponse. Pourtant, ce n'est pas l'argent qui
manque. Il y a des crédits périmés par millions à
l'OPDQ, au développement régional. Le club de golf de
Gaspé! Vous avez dit que vous n'aviez pas assez d'argent; vous aviez
seulement 500 000 $ et vous l'avez donné au club de golf que les gens ne
veulent pas. La ville de Gaspé met son argent dans un club de golf. Il y
en a un à côté. J'ai dit: Pourquoi ne pas prendre les 500
000 $, puis les mettre dans le tomoden-sitomètre de Chandler, pour que
l'argent ne soit pas laissé pour compte dans le domaine de la
médecine en Gaspésie? Le tomodensitomètre, c'est un
équipement normal. C'est comme l'automobile en 1990. On n'est pas dans
le temps de la voiture à cheval.
La salle de spectacles de Rimouski. Le ministre devrait connaître
ça. Il est au ministère des Affaires culturelles. J'ai
demandé une question: Où cela en est? Le gouvernement
fédéral a annoncé sa participation. Pas de réponse
de Québec. Même si l'entente-cadre est signée, qu'est-ce
qui va arriver dans le remplacement du programme PECEC par le programme PRECEP?
Il dit également, dans ce cas-là, que PECEC était un
programme qui marchait. En 12 ans, 27 000 emplois ont été
créés en vertu du programme, mais il avait la réputation
d'avoir été mis sur pied par le gouvernement du Parti
québécois. Donc, ce n'était pas bon, il fallait le changer
absolument.
On le change par le programme PRECEP. On ne sait même pas quand il
va s'appliquer, s'il va être opérationnel pour l'année
financière qui commence, quelles sont les modalités
d'application. Comment la ministre explique-t-elle les baisses de
crédits pour le nouveau programme? Si on pensait que ce programme
marcherait si bien, pourquoi a-t-on prévu moins de crédits que
pour l'ancien programme? C'est parce qu'on sait qu'il ne marchera pas. On sait
d'avance qu'il ne marchera pas. Il sera sans doute comme le programme APPORT,
où il y aura encore 10 fois trop de crédits, même s'il y a
des diminutions considérables par rapport à l'ancien programme du
gouvernement précédent qui, lui, marchait.
Quand les entreprises seront-elles informées des modalités
du nouveau programme? Mystère et boule de gomme. Le ministère du
Développement régional ne répond plus. Deux
ministères qui ne répondent plus d'une façon fantastique,
incroyable: les Transports, même si on a mis deux ministres. On a mis
deux ministres au développement régional pour créer
l'illusion que ça marche: deux ministres, un attaché
parlementaire
en limousine. Mais je vais vous dire une chose: on n'a jamais eu aussi
peu d'action depuis qu'on a deux ministres, deux... Je ne dirai pas le mot que
je voulais employer, mais ça ne tire pas fort, ça ne tire pas
fort sur la charette. Je dois vous dire que ça ne tire pas fort,
même s'il y a deux ministres au lieu d'un.
Quant à la formule des sommets régionaux, on se demande si
c'est une formule qui est utile, maintenant, puiqu'il n'y a plus de programmes
régionaux. On renvoie les gens à 100 % dans les programmes
réguliers. On est rendus à discuter d'asphalte, pas d'asphalte,
pardon, de gravelle, de bouts de gravelle, dans les programmes
régionaux. Il s'est fait de la gravelle dans le temps de Taschereau. Il
s'en est fait dans le temps de Duplessis. Il s'en est fait dans le temps de
Godbout et, là, on est rendus à faire des sommets
régionaux pour de la gravelle, pour se faire dire non, en plus, pour la
gravelle.
La formule libérale des sommets crée de plus en plus
d'insatisfaction et se révèle incapable d'atteindre les
objectifs. Huit ententes-cadres ont été signées avec
différentes régions du Québec. La plupart sont lentes
à être mises en oeuvre. Pourtant, on embarque les régions
dans un long processus de concertation. On crée des attentes. On
mobilise des fonctionnaires, on mobilise du personnel, on mobilise les
municipalités, on mobilise toutes sortes de personnes qui ne sont pas
payées à temps plein pour faire ça, elles. On annonce
à grand déploiement les ententes-cadres signées par les
partenaires, mais rien ne se passe, y compris les projets où le
gouvernement est le seul partenaire. Ça n'avance pas plus vite;
même moins vite, parce qu'il n'y a personne qui tire dessus autant.
Alors, comme il est le seul partenaire, ce sont sans doute les projets qui
marchent le moins vite parce qu'il peut y mettre le rythme qu'il veut.
On n'a qu'à citer le cas des routes où le gouvernement
s'engage partout, à part des études préparatoires, des
plans et devis, pour les firmes d'ingénieurs. On va les collecter par
après. Il n'y a pas beaucoup d'asphalte qui se fait, pas beaucoup de
routes, pas beaucoup d'autoroutes, pas beaucoup de construction réelle
de routes, pas beaucoup de réparation de routes non plus. La ministre
aurait dû nous dire si elle trouve correct de mobiliser les gens des
régions, qui consacrent beaucoup d'énergie à
préparer les semestres sans que rien ne se passe. Si le gouvernement n'a
pas d'argent à consacrer aux régions, il devrait le dire
honnêtement, pour que les gens des régions sachent à quoi
s'en tenir et ne pas les faire saliver pour rien.
La ministre n'estime-t-elle pas de son devoir de donner l'heure juste?
Elle a l'habitude de le faire. Elle l'a fait dans l'affaire des
lignosulfonates. Quand elle a été nommée, j'avais
même dit que j'étais content. Mais, j'aimerais qu'elle donne
l'heure juste aussi aux gens des régions pour quo cos derniers
consacrant lour énergie à des choses qui vont leur apporter
davantage...
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion, M. le
député.
M. Garon: et non pas perdre leur temps dans des sommets qui ne
donnent aucun résultat. Je vous remercie, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Lévis. La commission de l'aménagement et
des équipements, ayant accompli son mandat, ajourne ses travaux sine
die.
(Fin de la séance à 12 h 5)