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(Dix heures trois minutes)
Le Président (M. Gautrin): Je déclare la
séance de la commission de l'aménagement et des
équipements ouverte.
Le mandat de la commission pour cette séance est de
procéder à l'interpellation du ministre des Affaires municipales
par le député de Shefford sur le sujet suivant: les politiques
gouvernementales en matière d'habitation. M. le secrétaire,
est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Garon
(Lévis) est remplacé par M. Paré (Shefford).
Le Président (M. Gautrin): Est-ce qu'il y a d'autres
remplacements?
Le Secrétaire: Non, M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): Merci. Je me permets de vous
rappeler brièvement le déroulement d'une séance
d'interpellation. Dans un premier temps, l'interpellant, le
député de Shefford aura un temps de parole de 10 minutes, suivi
du ministre pour 10 minutes également. Par la suite, des périodes
de 5 minutes seront allouées selon la séquence suivante: un
député de l'Opposition officielle, le ministre, un
député du groupe ministériel. Vingt minutes avant midi,
j'accorderai 10 minutes de conclusion au ministre et un temps de
réplique égal au député de Shefford. De plus, si un
intervenant n'utilise pas entièrement le temps alloué, cela ne
réduit pas pour autant la durée de l'interpellation. Enfin, le
débat ne peut, à moins d'un consentement unanime, dépasser
midi. Sur ce, M. le député de Shefford, vous avez la parole pour
10 minutes.
Exposé du sujet M. Roger Paré
M. Paré: Merci, M. le Président. Je vais commencer
d'abord par souhaiter la bienvenue au nouveau ministre des Affaires
municipales, responsable de l'habitation, le quatrième en cinq ans. Vous
allez me permettre de parler très rapidement étant donné
le très court laps de temps qui m'est imparti par rapport au sujet qui
nous intéresse. Ma première intervention va porter sur ce qui est
en demande depuis tellement longtemps par l'ensemble des intervenants du
milieu, c'est-à-dire une véritable politique globale en
matière d'habitation au Québec. Je vais le prendre sur trois
volets et je commence tout de suite en disant que c'est tellement une
volonté que même ses prédécesseurs ont
manifesté, sans jamais réaliser, par contre, de
l'intérêt par rapport à une politique globale. Je vais
seulement vous rappeler qu'en 1986, lorsqu'il y a eu la loi 137,
transférant les pouvoirs d'un ministre à une
société d'État, le ministre du temps avait promis qu'il y
aurait une politique globale d'habitation l'année suivante; donc, en
1986 promis pour 1987. En 1987, c'est le ministre des Finances qui en parlait.
En 1988, c'est le premier ministre lui-même, dans le discours inaugural,
et, tout dernièrement, lors d'un échange officiel ici, votre
prédécesseur nous disait - je pourrais le citer - et ça
date du 17 mai 1990, ce n'est pas tellement vieux: Ils - en parlant de la table
de concertation - travaillent justement à l'élaboration de la
politique d'habitation, c'est ça qu'ils se sont donné comme
priorité. Il disait même: il me semble qu'au mois d'octobre on
devrait avoir fait ça, ce qu'il faut, si vraiment les groupes sont
sérieux pour être en mesure de la faire la politique d'habitation.
Malheureusement, on n'en a toujours pas. Mais vous voyez que de tout temps on
en a demandé, pas seulement nous. Chaque fois, vos
prédécesseurs ont quand même manifesté un
intérêt, mais sans jamais aller jusqu'à la
réalisation.
Montréal est allée plus loin. Montréal qui n'est
pas un gouvernement supérieur comme on les appelle, mais une ville
importante, s'est donné une politique d'habitation et a fait une
consultation dans le milieu. Mais là où je veux en venir, c'est
l'importance d'une politique d'habitation. Quand je parle d'une politique
d'habitation globale, c'est-à-dire qui inclut en même temps tout
le secteur de la construction dans un volet important et majeur, et le volet du
logement social qui serait l'autre volet finalement de cette politique
globale.
Comment est-ce qu'un gouvernement peut se passer d'une politique globale
d'habitation quand on connaît l'Importance de ce secteur? Seulement vous
rappeler quelques chiffres, je pense qui sont importants. Quand on sait qu'en
1988, donc, ça ne doit pas avoir beaucoup diminué, les
dépenses en construction résidentielle, seulement les
rénovations et les réparations, représentaient au
Québec 11 000 000 000 $; c'est 7,7 % du produit intérieur brut du
Québec, ce qui occupait plus de 100 000 travailleurs directement des
personnes reliées à l'industrie de la construction
résidentielle, je le dis bien, et c'est au-dessus de 11 000 entreprises
qui oeuvrent dans ce secteur, 11 000 PME, ce qui fait vraiment un poids
important au niveau du développement économique au Québec.
C'est tellement important ce secteur qu'en 1982, lors de la
prédécente récession qui nous a frappés
malheureusement, c'est
Corvée-habitation et des programmes de rénovation qui nous
ont permis d'accélérer la reprise économique et,
finalement, de se sortir de cette crise économique catastrophique.
Donc, quand on regarde seulement le volet construction, on
s'aperçoit de l'importance de ce secteur-là. Quand on regarde
maintenant dans le logement social, seulement la Société
d'habitation du Québec qui a 23 ans parce qu'elle a été
créée en 1967, il ne faut pas oublier que cette
Société a un budget de 215 000 000 $ par année et des
actifs de plus de 2 200 000 000 $, qu'elle est aussi propriétaire de 60
000 unités HLM, ça touche beaucoup, beaucoup de monde.
Donc, devant toute l'importance de ce secteur, je pense qu'il n'y a
personne qui va contester ça, comment pout on laisser un secteur aussi
majeur, non seulement au niveau social, mais au niveau économique,
à des politiques occasionnelles, à des politiques amenées
de façon tout à fait - comment je dirais ça; il y a toutes
sortes de mots qui sont utilisés de l'autre côté, le
ministre le disait lui-même - pour s'ajuster selon les circonstances.
Ça nous prend plus que ça.
Ça nous prend tellement plus que ça que le milieu
lui-même - et c'est là-dessus que je veux conclure - passe son
temps à faire des demandes. Je fais juste lire quelques manchettes qui
datent des dernières semaines pour vous montrer à quel point le
milieu, lui, est sensible et préoccupé et exige qu'il y ait des
mesures et une orientation précises. On lisait: L'habitation, le
chaînon manquant de la politique familiale. On voyait tout
dernièrement, dans le journal Les Affaires du 3 novembre,
ça ne fait pas tellement longtemps: D'accord en principe, l'industrie
trouve qu'un retour de Corvée-habitation est prématuré.
Mais, en même temps, on voit là-dedans un paquet de prises de
positions par toutes sortes de personnes de différents milieux qui
exigent des crédits d'impôt pour les acheteurs de première
maison, qui est un REER-habitation. Donc, les gens se questionnent, les gens
exigent et, pourtant, il semblerait qu'il n'y ait personne pour répondre
ici, à Québec.
Montréal, elle, conclut que les banlieues et non Montréal
ont profité du programme d'aide à l'achat d'une maison. Quand on
amène des programmes statutaires comme ça, que le gouvernement
décide, pour toutes sortes de raisons, mais sans consultation ou sans
véritable orientation, eh bien, il arrive quoi? Il y a des
conséquences. Il y a des résultats. Et Montréal se dit
victime d'un programme amené par Québec parce qu'on n'a pas tenu
compte de la particularité de ce qui se vit à Montréal et,
par ce programme d'aide à la mise de fonds, donc à l'accès
à la propriété, le gouvernement est coupable, selon ce que
disent non seulement les gens de Montréal comme tels, mais même
des groupes de constructeurs, finalement, le gouvernement est coupable
lui-même de l'étalement urbain.
On dit: La construction sauve Québec de la récession. Bon,
on parlait de ça en juin 1990. Malheureusement, si vous regardez,
maintenant, les nouvelles données, on se rend compte que ce n'est
absolument pas ça. Est-ce qu'on peut, au moment où on se parle,
laisser aller les choses en s'en lavant les mains, comme si ça ne nous
regarde pas, quand on sait très bien qu'au moment où on se parle,
présentement, à Montréal, il y a 20 000 logements vacants?
C'est 5, 4 % et, là, je vous dis, au moment où on se parle, c'est
les chiffres d'octobre 1990, et ça peut être plus au moment
où on se parle. Mais 5, 4 %, c'est-à-dire 25 000 logements, on
n'a jamais vu ça depuis 1978 et, au niveau du Québec, c'est 38
000 unités de logements qui sont vacants, c'est 5, 7 %
Je pense que le gouvernement ne peut pas ne pas avoir de vision
d'ensemble, ne peut pas faire comme si ce n'était pas sa
responsabilité et que tout ce grand secteur économique et social
soit laissé à la va comme je te pousse et selon l'intervention de
chacun des intervenants. Il faut absolument qu'on fasse autrement et,
d'ailleurs, si je lis quelque chose qui nous était envoyé, c'est
un communiqué de l'Association provinciale des constructeurs
d'habitations du Québec, daté du 16 novembre 1990. Donc, je ne
parle pas de vieilles choses. Je parle de choses tout à fait
récentes. Ça ne fait pas 15 jours.
La conclusion, c'était ceci: "En plus, en raison de l'importance
de l'industrie de la construction résidentielle dans l'économie
du Québec, l'APCHQ, avec l'appui de l'Union des municipalités du
Québec, réitère sa demande auprès du gouvernement
afin qu'il adopte une véritable politique d'habitation. Cette politique
permettrait de définir clairement le rôle des intervenants,
d'instaurer des mécanismes cohérents et coordonnés et
surtout de créer un ministère de l'habitation ayant pour mandat
d'établir et de suivre un plan stratégique conséquent. "
Là, vous voyez, ce n'est plus seulement les organismes qui s'occupent
des plus démunis, les associations de locataires, c'est l'APCHQ, c'est
l'Union des municipalités du Québec, c'est la ville de
Montréal, c'est l'ensemble des intervenants, qu'ils soient du grand
secteur de la construction, comme du grand secteur du logement social, qui
disent que l'irresponsabilité du gouvernement dans ce secteur n'est plus
acceptable puisque c'est un secteur non seulement très important, mais
l'habitation, c'est indispensable, c'est majeur, c'est fondamental, c'est
même reconnu comme un droit fondamental par la commission des droits et
des libertés du Québec.
Donc, si c'est aussi important pour les citoyens et si, en même
temps, c'est aussi important pour l'ensemble du milieu économique,
est-ce qu'il ne devrait pas y avoir un porte-parole à l'Assemblée
nationale? Mais je ne vais même pas si loin, je vous pose la question:
Est-ce qu'à tout le moins, il ne devrait pas y avoir
respect des engagements qui ont été pris par vos
prédécesseurs et une véritable politique globale en
matière d'habitation? et je conclus tout simplement par une question qui
va résumer tout ce que je viens de dire: le ministre convient-il de
l'importance de ce secteur pour l'économie du québec, et, par
conséquent, l'importance que soient définis dans une politique
globale et cohérente les choix du gouvernement et les orientations en
cette matière, particulièrement dans un contexte de
récession économique? merci. (10 h 15)
Le Président (M. Gautrin): Je vous remercie, M. le
député de Shefford. Je passerai maintenant la parole à M.
le ministre, député d'Argenteuil.
Réponse du ministre M. Claude Ryan
M. Ryan: Alors, M. le Président, je remercie le
député de Shefford de l'occasion qu'il nous fournit d'avoir un
échange sur les politiques d'habitation du gouvernement. Je remercie
également mes collègues qui sont venus nombreux manifester leur
intérêt pour les questions d'habitation et faire face aux
objections qui nous parviendront, hélas, des rangs plutôt
clairsemés du côté de l'Opposition. J'entre tout de suite
dans le sujet, vu le peu de temps qui nous est imparti pour ces remarques
introductoires.
Je voudrais, tout d'abord, situer tout le problème de la
construction d'habitations, dans son cadre le plus large possible. Si on parle
d'habitation, il faut parler de l'ensemble de tout ce qui se fait pour la
construction de logements nouveaux. Il faut parler également de ce qui
se fait pour la restauration des logements existants. Je m'en tiendrai, pour
commencer, à l'évolution des dernières années en ce
qui touche la construction de logements. On entend toutes sortes de refrains
à ce sujet. Je n'étais pas immédiatement en contact avec
les dossiers de l'habitation jusqu'à ces dernières semaines, mais
depuis que le premier ministre m'a confié la charge du secteur de
l'habitation, j'ai vu à m'informer et j'ai constaté ceci! Je
soumets ces chiffres au député de Shefford pour qu'il les
contredise, s'il en est capable. J'ai fait une comparaison entre les
données de la période 1981 à 1985 et la période de
1986 à 1989, c'est-à-dire les cinq dernières années
du gouvernement péquiste et les quatre premières années du
régime libéral, et j'ai constaté ceci. Pour la
construction de logements, l'apport du Québec dans l'ensemble canadien a
été, de 1981 à 1985, de 24,1 %; de 1986 à 1989, de
27,2 %. Si je regarde la valeur des permis de bâtir - c'est important
aussi, parce qu'on peut construire des cambuses et on peut construire des
maisons qui auront un coût élevé - de 1981 à 1985,
la valeur des permis de bâtir, au Québec, 21,2 % par rapport
à l'ensemble canadien; 1986 à 1989, 22,6 %. Si vous prenez,
maintenant, la valeur globale des travaux de construction résidentielle
réalisés, de 1981 à 1985, l'apport du Québec, 23,98
%; de 1986 à 1989, l'apport du Québec, 25,34 %. Alors, si on
compare les deux périodes, je ne vois pas de justification au langage
pseudo-dramatique qu'essaie d'emprunter le député de Shefford
quand il traite de ces questions.
Nous sommes tous conscients que nous avions atteint des plafonds
inégalés jusqu'à 1988 et, depuis ce temps, un certain
ajustement se produit. Nous avions eu 50 000 unités mises en chantier en
1988, c'est tombé à 41 000 en 1989 - 41 859 - et, en 1990, nous
aurons un résultat inférieur à 40 000, mais nous allons
vers un plateau de 40 000. Je crois que si on compare ça à
l'ensemble de l'évolution, il n'y a peut-être pas lieu
d'être aussi dramatique que certains affectent de l'être. J'avais
connaissance, ces jours derniers, des statistiques les plus récentes en
matière de taux d'occupation des logements au Québec. Savez-vous
que le taux d'inoccupation des logements est le plus élevé au
Québec que nous ayons eu depuis une vingtaine d'années, le plus
élevé par une grande marge? Mais quand vous avez 5 % des
logements qui ne sont pas occupés, avant de multiplier les constructions
nouvelles, il faut que vous vous demandiez comment ça se fait qu'il y a
un vide comme celui-là et que vous essayiez d'apporter des
remèdes. Peut-être que...
Moi, je ne dis pas qu'il ne faut pas continuer à construire. Vous
verrez tantôt que ce n'est pas mon opinion. Mais il faut quand même
prendre conscience de tous les faits, avant de se lancer dans des proclamations
qui ne tiennent pas compte de la réalité. Maintenant, si nous
avons obtenu ces résultats dont on vient de parler au cours des quatre
premières années du gouvernement libéral, ce n'est pas le
fruit du hasard ni de la pluie du printemps. Il n'y avait peut-être pas
de politique au sens dont parle le député de Shefford, et qui
était particulièrement chère à nos amis
péquistes d'en face qui n'étaient pas capables d'aborder une
question sans avoir un cathéchisme pour l'aborder, sans avoir une
doctrine fermée de a jusqu'à z.
Nous autres, nous préférons avoir des programmes, des
programmes qui marchent. Puis quand vous avez quatre, cinq, six, sept, huit
programmes qui marchent, c'est bien mieux qu'une politique théorique qui
crée des contraintes artificielles dans bien des secteurs et qui,
souvent, passe à côté des problèmes réels.
Par conséquent, je ne fais pas du tout une obsession de ce concept et si
l'on veut nous critiquer sous l'angle des programmes, je suis tout à
fait prêt à soutenir la discussion. Au bout de la ligne, si vous
avez plusieurs bons programmes, ça voudra dire que vous avez une bonne
politique. Puis, si vous avez une politique attrayante et que vos programmes
soient faibles, vous aurez une
mauvaise politique, même si elle est présentée dans
une très belle forme avec une belle page couverture et tout ça.
Je pense que c'est important de clarifier ça.
Le gouvernement en matière de logement social. Nous avons
diminué la production de logements sociaux au cours des dernières
années J'ai fait des chiffres: de 1982 à 1985, on avait une
moyenne de 6193 unités par année, de 1986 à 1989, nous
sommes à 5347. Deux explications ici Moi, je ne discute jamais des
chiffres. Le député de Shefford me connaît. On s'entend,
puis le chiffre est notre maître. Puis quand il est là, ça
ne sert à rien de vouloir le contourner ou le cacher, c'est aussi bien
de le dire franchement. Mais il y a deux raisons qui expliquent ça. Tout
d'abord, nous avons défini, de manière plus serrée, les
seuils d'admission. Il y avait beaucoup de gens qui étaient admis dans
les HLM autre fois, et qui n'étalent pas nécessairement dans une
condition financière qui justifiait leur admission dans des
unités d'habitation où on les subventionnait à peu
près, dans le temps, à 350 $ par mois de déficit qui
était payé par le gouvernement.
On s'est dit: On est prêts à maintenir des logements
sociaux, mais on va les maintenir pour des personnes, des familles qui en ont
besoin. Et le nombre de personnes de condition modeste qui ont accès
à des HLM aujourd'hui, même s'il y a eu diminution dans le nombre
absolu, est plus élevé qu'il ne l'était dans les
années du gouvernement péquiste.
En deuxième lieu, il y a eu le désengagement du
gouvernement fédéral qu'on ne peut pas passer sous silence et une
répartition fort contestable des sommes mises à la disposition
des provinces par le gouvernement fédéral, laquelle a
malheureusement favorisé l'Ontario au cours des dernières
années pour des raisons que nous pourrons expliquer pendant la
discussion. Mais malgré cela, nous avons une performance qui est quand
même fort honorable avec une moyenne de 5347 unités par
année. En plus, nous avons lancé un programme de promotion de la
construction d'habitations qui est un des meilleurs qu'ait jamais eu le
Québec. Le programme AMI, je ne pense pas que le député de
Shefford le connaisse beaucoup et, s'il le connaît, Je pense qu'il a
intérêt à ne pas trop en parier. C'est un programme qui,
dans l'espace de deux ans, a permis l'accession à la
propriété de 32 000 foyers avec de jeunes enfants, 32 000 foyers.
Je le souligne pour les auditeurs qui nous écoutent. C'est un des plus
beaux programmes qu'on a, un program me très simple, accessible à
tous les couples qui ont de jeunes enfants, qui en sont à l'achat de
leur première maison et qui veulent acheter une maison d'une valeur de
110 000 $ ou moins. Il y a du potentiel énorme de ce
côté-là et nous sommes intéressés à le
développer ce programme. Mais je tiens à souligner qu'il est
déjà là et qu'il fait un travail immense.
Nous avons le programme de restauration des loyers, des logements. Il y
avait la partie qui s'adresse aux propriétaires occupants. Nous
partageons les coûts avec le fédéral. Ce
programme-là continue. Il a donné de très bons
résultats encore au cours de la dernière année. Le
fédéral s'est retiré du volet "immeubles locatifs", le
propriétaire qui loue des logements à d'autres Qu'est-ce que nous
avons fait? Nous l'avons réinstitué. Nous avons
créé un programme de notre propre initiative, le programme PRIL
pour lequel nous avons mis de côté cette année 15 000 000
$, qui va permettre la restauration d'au moins 2600 unités de logements.
Et on entend le développer encore ce programme. On a des demandes plus
considérables pour la prochaine année. Ça, c'est PRIL,
Programme de restauration des immeubles locatifs.
En plus, co n'est pas tout de bâtir des maisons, de
déployer des choses matérielles. Un grand nombre de foyers qui
occupent des logements, mais dont le loyer est trop élevé pour
leurs moyens, il faut aider ces personnes-là. On a lancé des
programmes formidables de ce côté-là. Le programme qu'on a
ajouté à l'aide sociale, l'allocation spéciale pour les
ménages qui vivent dans des régions où le niveau moyen du
loyer est plus élevé que pour l'ensemble du Québec,
savez-vous qu'il y en a près de 50 000 qui bénéficient
cette année de cette allocation-logement pour les familles qui sont
inscrites au bien-être social?
En plus, on a participé à fond au Programme de
supplément au loyer qui fait partie de la politique
fédérale, qui invite les provinces à participer à
50 %. Encore cette année, nous subventionnons un grand nombre de foyers
au titre de ce programme là. Le programme Logiren-te, supplément
de loyer pour les personnes âgées de 60 ans et plus, savez-vous
qu'au cours des trois dernières années il y a 10 000
bénéficiaires de plus qui sont venus s'ajouter sur les listes? On
était à 30 000, on est rendu maintenant à 42 000. Je ne
parle pas là, parce que le temps me tait défaut, du programme de
remboursement de l'impôt foncier que nous avons amélioré
encore cette année et qui compte cette année 642 000
bénéficiaires qui vont chercher en tout au-delà de 150 000
000 $. Mais ça, ça encourage la propriété.
Ça encourage les gens à prendre leurs responsabilités
Je parlerai plus tard dans le débat de choses que nous
envisageons de faire au cours des mois à venir. Je pense que j'ai bien
situé que nous avons eu des résultats fort encourageants ces
dernières années et nous les devons à des programmes
efficaces qui sont les éléments d'une politique dont le
député de Shefford refuse malheureusement de constater
l'existence.
Le Président (M. Gautrin): Merci, M. le ministre
Maintenant, M. le député de Shefford, pour cinq minutes.
Argumentation M. Roger Paré
M. Paré: Oui, vous allez m'excuser si je parle vite parce
que je veux réagir une minute avant de retourner sur un autre sujet.
Juste pour dire que je suis très déçu que le ministre, ce
matin, nous dise qu'il n'a pas besoin de politique d'habitation, que les
programmes suffisent. Je vais vous dire: Oui, ça prend des bons
programmes, sauf qu'il ne faudrait pas oublier que les programmes que vous avez
mentionnés, c'étaient des programmes qui existaient do notre
temps, pour la plupart, sauf que quand vous êtes arrivés au
pouvoir, la première chose que vous avez faite a été
d'abolir le ministère de l'Habitation et ensuite de ça abolir des
programmes qui fonctionnaient bien. Et quand vous parlez d'un programme d'aide
à la mise de fonds qui est un très bon programme, je dois vous
dire que le programme d'accès à la propriété qui
existait dans le temps du Parti québécois était bien
meilleur et qu'il y avait bien plus de gens qui y participaient, qu'au
programme actuel. Quand vous parlez de Logirente, je vais vous dire que c'est
le Parti québécois qui a mis sur pied Logirente pour les gens de
65 ans et plus, qui l'a baissé à 60 ans. Vous aviez un engagement
en 1985 de le baisser à 55 ans. Vous ne parlez même plus de
baisser à 55 ans. Il faut aussi dire la vérité aux gens.
Donc, qu'il y ait des bons programmes, oui il y en a, sauf que vous l'avez
reconnu, les programmes sont moins accessibles et pourtant les gens sont de
plus en plus pauvres et ça aussi, il va falloir y revenir.
Mais In ou je veux aller maintenant c'est ma deuxième question,
et vous avez embarqué là dessus, je suis content et vous avez
reconnu des choses - c'est par rapport à la fameuse entente-cadre
fédérale provinciale sur le logement social Et il faut en parler
parce que, finalement, c'est ça qui est votre politique. Vous êtes
maintenant dépendant du gouvernement fédéral en grande
partie parce que vous avez signé une entente-cadre qui vous contraint.
Et c'est le gouvernement fédéral lui-même qui le
reconnaît, entre autres, l'honorable Redway, ministre d'État
à l'Habitation, dans un communiqué qui ne date pas de tellement
longtemps. Il le disait qu'il était en évaluation et en
consultation parce que le rôle de chef de file que joue le gouvernement
fédéral dans le logement des Canadiens souligne sa volonté
de veiller à sa bonne gérance. Donc, on est devenu, au
Québec, dans le logement social, finalement, mandataires et
exécutants par rapport aux décisions et aux grandes orientations
qui sont prises à Ottawa.
Et quand on regarde ce qui se passe depuis l'entente-cadre, je dois vous
dire qu'il y a quelque chose de désolant et de lamentable. Et vous aviez
raison de dire qu'il s'en construit moins de logement social même si les
besoins sont encore plus grands au Québec. Il s'en fait moins, entre
autres, parce qu'on est dépendant de cette orientation
fédérale - et ils nous coupent les fonds, vous l'avez dit
vous-même - il s'en fait quelques centaines de moins par année.
Donc, c'est quelques centaines de citoyens et de familles de moins qu'on aide
à chaque année. Et làdessus, quand on regarde l'entente
telle qu'elle a été signée, alors qu'on nous avait promis
des montants qui allaient en augmentant à chaque année, jusqu'en
1992, on s'aperçoit que, d'une décision unilatérale de
février 1990, le ministre fédéral, M. Wilson, a
coupé 51 000 000 $ là-dedans. Donc, première coupure, le
Québec a moins qu'il avait prévu.
En 1989, le Québec a subi une diminution de 11 % des
crédits fédéraux, ce qui s'est traduit par une
réduction de 675 unités. Donc, on s'aperçoit qu'il s'en
fait moins parce que le fédéral nous en donne moins. Au niveau du
programme PARCQ, dans ça, vous l'avez dit et c'est vrai, il faut bien le
reconnaître, qui a été pénalisé? C'est le
Québec, parce que c'est au Québec où il y a te plus de
locataires, parce que c'est Québec qui utilisait davantage le budget de
propriétaire-bailleur; 58 % du budget au Québec étaient
utilisés à ce volet, alors que dans les autres provinces, c'est
seulement 28 %. Qui a été pénalisé? Le
Québec. On a perdu des montants aux deux années finalement
où on nous a coupés là-dessus. En plus, dans le budget de
1989, M. Wilson - l'injure et l'insulte, de ce côté-là,
ça va bien a augmenté, dans le logement social, 632 000 000 $ en
nouveaux engagements financiers, par rapport à 1988. Qu'est-ce que le
Québec a eu là dessus? 43 000 000 $. Qu'est-ce que l'Ontario a
eu? 400 000 000 $, quasiment 10 lois plus et ça n'a pas de sens et
ça continue comme ça. En 1986, quand on a signé l'entente
cadre, on avait 24 % du total des budgets fédéraux au logement
social, on est baissé à 17 % et l'Ontario qui avait 31 %, lui,
est monté à 40 %. Plus ça va à chaque année,
de façon continue, le Québec est pénalisé. Est-ce
que vous avez l'intention de ne rien faire, de ne même pas assister aux
conférences fédérales-provinciales sur le logement social?
Quelles sont vos intentions par rapport à l'entente-cadre
fédérale-provinciale, est-ce que vous allez laisser la situation
se détériorer? Est-ce que vous allez continuer à laisser
les Québécois payer à coups de millions pour
développer le logement social en Ontario?
Le Président (M. Gautrin): Je vous remercie, M. le
député de Shefford. M. le ministre et député
d'Argenteuil.
M. Claude Ryan
M. Ryan: Oui. Je suis très heureux qu'on aborde ce
sujet-là. (10 h 30)
Le Président (M. Gautrin): Vous avez cinq minutes.
M. Ryan: Tout d'abord, il faut rappeler le contexte. En 1986, une
entente a été signée. Le gouvernement
fédéral avait dicté ses conditions. Le Québec a
clairement indiqué son point de vue à l'époque. Il a fait
valoir les intérêts du Québec, avec toute la fermeté
possible. À ce moment, il avait le choix entre ne pas signer d'entente
et priver les Québécois de sommes auxquelles ils avaient droit,
signer une entente en s'évertuant à l'améliorer par la
suite. Alors, l'entente a été signée à
l'époque. Elle a produit, dans l'ensemble, un certain nombre de
résultats qui ne sont pas dédaignables. Mais nous con tinuons
d'agir de manière qu'un équilibre plus satisfaisant soit obtenu
pour le Québec.
Il me fait plaisir de signaler au député de Shefford que,
pour la présente année, la part du Québec a
déjà augmenté sensiblement. Elle avail descendu
jusqu'à 18 % et, cette année, elle monte à 23 %. Notre
objectif, c'est 26 %. Alors, nous sommes quand même à une
distance... Il y a des manières différentes de travailler. On
peut travailler en cassant les vitres, en chialant tout le temps, en pensant
qu'on peut arracher tant qu'on n'est pas satisfait à 100 %; c'est une
manière, et il y a l'autre manière qui dit: On va le chercher
graduellement, morceau par morceau. Dans ce cas-ci, je pense que les
résultats que je viens d'évoquer indiquent que nos
démarches sont loin d'avoir été infructueuses.
Personnellement, je vais regarder très attentivement le contenu de cette
entente, de manière à vérifier si des modifications
devraient être réclamées par le Québec et si j'en
venais à la conclusion que certaines dispositions de l'entente demeurent
foncièrement inacceptables pour le Québec, j'irai jusqu'à
envisager de recommander au gouvernement de dénoncer l'entente, et de
demander qu'on la renégocie au complet. Je ne recule pas devant cette
perspective. Je ferai l'examen au cours des prochaines semaines et je suis
très heureux que le député de Shefford ait
enfourché le débat de ce côté. Je suis
complètement d'accord avec lui pour déplorer le
désengagement du gouvernement fédéral dans ce secteur
extrêmement vital pour le bon fonctionnement de l'économie et pour
la justice sociale. Je déplore particulièrement, je pense que
c'est bon que nos auditeurs sachent ce qui s'est passé. Autrefois, on
répartissait les sommes au prorata des besoins des populations. Cette
fois-ci, on a réparti les ressources en tenant compte du nombre
d'unités d'habitations qu'on construit dans chaque province. Comme le
coût de construction d'une unité en Ontario est beaucoup plus
élevé qu'au Quebec, pour un nombre d'unités
équivalent à leur place relative, ils obtiennent des sommes plus
irnpor tantes que nous. C'est un déséquilibre dont la
constatation est faite par la plupart des provinces maintenant, M. Arsenault.
Toutes les provin- ces sont d'accord avec nous là dessus. C'est un point
que nous allons gagner et tant que nous ne l'aurons pas gagné, nous
allons lutter pour l'obtenir. Je suis content que vous ayez attiré notre
attention là-dessus. J'espère que nous pourrons compter sur
l'appui de l'Opposition dans les démarches que nous ferons.
Le Président (M. Gautrin): Je vous remercie, M. le
ministre. J'appellerai maintenant le député de Rimouski pour cinq
minutes.
M. Michel Tremblay
M. Tremblay (Rimouski): Merci, M. le Président. Vous me
permettrez d'apporter ma voix aux propos qui sont tenus par le critique de
l'Opposition, et en même temps par le parti ministériel, quant
à notre intervention dans le secteur de l'habitation.
Le critique de l'Opposition nous faisait larmoyer un peu sur l'ensemble
des programmes qui sont présentement en cours, en laissant entendre que
tout n'allait pas dans la construction. Bien au contraire, je pense que nous
avons, comme gouvernement, mis de l'avant des programmes qui répondent
aux besoins immédiats de la population, particulièrement pour la
famille. Je m'en voudrais de ne pas parler du programme d'aide à la mise
de fonds. je voudrais profiter de l'occasion qui m'est offerte pour parler d'un
sujet qui préoccupe beaucoup de familles québécoises ayant
de jeunes enfants, soit celui de l'accession à la
propriété. il faut d'abord reconnaître, m. le
président, que l'accession à la propriété
résidentielle constitue pour la très grande majorité des
ménages un objectif fondamental à réaliser. cependant,
pour bon nombre de familles avec de jeunes enfants, l'absence du capital de
mise de fonds requis par les institutions financières représente
un obstacle majeur à l'achat d'une première
propriété. le 12 mai 1988, en mettant sur pied son programme
d'aide à la mise de fonds, le gouvernement actuel choisissait de donner
le coup de pouce nécessaire aux familles qui étaient en mesure de
rencontrer les paiements mensuels, mais qui n'avaient pu ramasser la mise de
fonds requise pour l'achat d'une première résidence. deux ans et
demi plus tard, les résultats sont éloquents: plus de 32 000
certificats de prêts ont été émis, et le coût
total des acquisitions représente plus de 2 200 000 000 $. en
garantissant pour une période de sept ans un prêt additionnel au
prêt hypothécaire, et en payant les intérêts sur ce
prêt durant la même période, le gouvernement a aidé
de façon significative les familles ayant des entants en bas âge
à se porter acquéreurs d'une première résidence,
qu'elle soit neuve ou usagée. en plus de permettre à des dizaines
de milliers de québécois et de québécoises de voir
leur rêve se concrétiser, le programme d'aide à la mise de
fonds a un impact non négligeable sur notre
économie puisque, comme vous le savez, M. le Président,
l'habitation ne se limite pas à la construction neuve et à la
rénovation, mais comprend, entre autres choses, tout le domaine des
transactions immobilières qui constituent les activités
principales d'un grand nombre de notaires, courtiers, agents immobiliers,
institutions financières, évaluateurs,
arpenteurs-géomètres, etc. M. le Président, chaque dollar
dépensé dans le domaine de l'habitation a un effet multiplicateur
important.
De plus, le programme d'accession à la propriété
favorisera chez les nouveaux propriétaires une accumulation de capital
et la constitution d'un patrimoine immobilier leur permettra d'être
à l'abri des hausses de loyer et représentera pour eux une
sécurité importante au moment de la retraite. M. le
Président, j'ai mentionné plus tôt que le programme d'aide
a la mise de fonds a été lancé en mai 1988 pour une
période de trois ans. Il a été mis en place, ce programme
d'accès à la propriété, à l'intention des
familles ayant deux enfants ou plus. Aujourd'hui, une famille avec un enfant
peut y avoir accès. Ce programme permet aux familles qui n'ont jamais
été propriétaires d'une résidence principale
d'obtenir, pendant sept ans, une garantie de prêt pouvant atteindre 10 %
de la valeur de l'hypothèque jusqu'à un maximum de 7000 $. Le
gouvernement assume les intérêts pendant cette période. La
valeur du terrain et la résidence ne devraient pas excéder 110
000 $ en 1990. Entre le 12 mai 1988 et le 28 avril 1989, plus de 4500 familles
ont pu bénéficier du programme et devenir propriétaires
d'une résidence dont la valeur moyenne s'est établie à
près de 64 000 $. le Président (M. Gautrin): Je vous remercie, M.
le député de Rimouski. M. le député de Shefford,
pour cinq minutes maintenant.
M. Roger Paré
M. Paré: Oui, merci, M. le Président. Encore une
fois, je dois dire que je me rends compte que le ministre a
décidé que l'entente-cadre était pour être
maintenue, négociée et, dans son sens, améliorée,
avec un objectif de 26 %, donc aller chercher la part de ce qu'on paie
normalement, si on est 26 %, 26 %. Donc, on n'a pas de gain, sinon de laisser
les autres décider pour nous autres des grandes orientations. Je dois
vous dire qu'on est toujours mieux quand on décide soi-même ce
qu'on fait avec notre argent.
Là, j'en viens maintenant à un problème
précis et particulier concernant le programme PARCQ et, comme c'est
directement relié de toute façon parce que PARCQ, justement,
c'est une entente fédérale-provinciale, il s'est retiré de
façon cavalière, unilatérale, sans consultation du volet
locatif. Sauf que la Société d'habitation du Québec est
responsable rie l'application du programme PARCQ. Ce programme-là est
censé aider à la rénovation des logements et, quand on
parle du volet locatif, donc les propriétaires bailleurs doivent faire
en sorte d'aller dans des travaux majeurs et garantir ensuite que
l'augmentation du loyer va être très raisonnable par la suite,
qu'il y a un droit au maintien dans les lieux pour les locataires qui sont en
place. Donc, si le propriétaire décide de rénover pour
avoir de meilleures conditions d'habitabilité, ensuite de ça,
pour les locataires, eh bien, il doit garantir que ça va demeurer
locatif, qu'il n'y aura pas d'augmentation démesurée et qu'il y a
un droit de maintien dans les lieux pour les locataires. Mais il doit respecter
le mode locatif pendant cinq ans. Vous allez m'expliquer, vous allez me dire ce
que vous avez l'intention de répondre à la lettre du POPIR
comité de logement de Montréal, qui vous a écrit
concernant un dossier Le Domaine du fleuve sur le boulevard LaSalle, à
la ville de LaSalle, l'ancienne bâtisse qui s'appelait plutôt le
Fontainebleau. Dans ce dossier, où il y a cinq grosses
résidences, il y en a une où on a réussi, depuis une
année, à faire partir tout le monde, même par des moyens de
harcèlement.
On a réussi à libérer 22 logements qui sont
situés dans l'immeuble du 9253 ou 9259 boulevard LaSalle à la
ville de LaSalle, et, c'est public, c'est dans les journaux, il y a des
panneaux devant la maison, on est en train de vendre ça en
copropriétés. Donc, on n'a pas respecté le programme
PARCQ, c'est pour faire des condominiums. Les gens n'ont pas eu de maintien
dans les lieux, on ne respecte pas l'engagement qui veut qu'on garde le mode
locatif pendant cinq ans et qu'il n'y ait pas d'augmentation alors qu'on nous
dit que si les locataires veulent retourner maintenant, il y aura une
augmentation, non pas raisonnable, de 3 %, 4 %, 5 % ou 8 % ou 10 %, avec les
travaux qui ont été effectués, mais plutôt une
augmentation de l'ordre de 80 %, 90 % à 100 % puisque le loyer
augmenterait de 300 $ par mois.
Et pourtant, le 20 août, la Société d'habitation du
Québec était informée, puisqu'il y avait
déjà des annonces devant la maison, il y avait déjà
des annonces dans les journaux, les gens s'étaient déjà
plaints à la Régie du logement du Québec. Comment se
fait-il que le 20 août, on apprenait, de façon confirmée,
enregistrée, que la Société d'habitation du Québec
a versé à cette entreprise, ce promoteur immobilier, une aide
financière de 203 093 $? La demande des gens du coin qui se sont
regroupés ou qui ont fait la demande, via le POPIR comité de
logements de Montréal. Est-ce que le ministre a l'intention de
répondre positivement aux deux demandes qui sont faites, d'Instituer une
enquête sur la pratique de la Société d'habitation du
Québec dans le dossier du complexe immobilier Le Domaine du fleuve,
premièrement? Et deuxièmement, d'exiger de la compagnie 2448-5275
Québec
inc., qu'elle rembourse au gouvernement du Québec l'aide de 203
093 $ qu'elle a obtenue le ou vers le 20 août 1990.
Donc, j'aimerais savoir, étant donné que c'est important,
parce que d'intervenir dans ce dossier-là pourrait empêcher au
moins que ça se reproduise ailleurs, y compris dans les quatre immeubles
voisins, dont on est en train de faire exactement la même chose,
c'est-à-dire pour des raisons de travaux majeurs, d'expulser des gens de
l'immeuble voisin et selon la prétention des locataires et de l'ensemble
des gens du coin, y compris de l'organisme POPIR, on est en train de vouloir
faire la même chose dans le deuxième immeuble que le premier
immeuble dont je viens de vous donner l'adresse.
Le Président (M. Gautrin): Je vous remercie, M. le
député de Shefford. M. le ministre des Affaires municipales,
député d'Argenteuil, pour cinq minutes.
M. Claude Ryan
M. Ryan: Oui, M. le Président. Vous remarquez que le
député de Shefford n'a pas parlé du programme PARCQ, ni du
programme PRIL parce que je pense que ça dépasserait sa
capacité que de dire tous les effets bienfaisants qui découlent
de ces deux programmes. Le programme PARCQ est un excellent programme, qui
continue de fonctionner à frais partagés, entre le gouvernement
fédéral et le gouvernement du Québec, pour ce qui touche
les logements occupés par leurs propriétaires. Je tiens à
dire que ce programme, qui permet de financer une bonne partie des travaux de
réparations, dans des maisons usagées, est un programme
éminemment bienfaisant, qui a rendu service, encore au cours de la
dernière année, à des millieurs de propriétaires
occupants.
Le programme PRIL est venu s'ajouter à celui-ci. Le
fédéral s'était retiré du volet "immeuble locatif.
" Et le gouvernement du Québec a décidé d'instituer, de sa
propre initiative, à compter de cette année, un programme qui
vise à faciliter la restauration de logements dans des maisons à
logements multiples, à condition, comme l'a signalé le
député de Shefford, que le propriétaire s'engage à
garder des locataires pour au moins cinq ans. Il ne pourra pas augmenter les
loyers pendant une période de cinq ans. Ça, c'est sous le
gouvernement précédent. Il y avait le programme Loginove. Le
député de Shefford se souvient peut-être que c'était
un an, l'augmentation des loyers; actuellement, c'est cinq ans. C'aurait pu
être signalé, ça aussi. Ça fait partie du dossier,
M. le Président. Je le mentionne pour que tous les gens connaissent
toutes les données du dossier. (10 h 45)
Maintenant, le député de Shefford m'adresse une question
à propos du Domaine du fleuve. C'est un dossier dont j'ai
été saisi ces derniers temps, sur lequel j'ai demandé
à une collaboratrice de mon cabinet de recueillir toutes les
données nécessaires. Nous avons examiné le dossier et,
jusqu'à ce jour, je ne vois pas le lieu d'instituer une enquête du
genre de celle que propose le député de Shefford, parce que les
explications que j'ai eues, jusqu'à maintenant, me permettent de croire
que les choses se sont passées régulièrement. Il y a deux
aspects qui m'ont retenu particulièrement. D'abord, il y a un changement
de statut juridique qui est survenu dans le cas des propriétaires. Il y
a plusieurs personnes qui sont propriétaires, mais, d'après les
renseignements que j'ai obtenus jusqu'à ce jour - il y a encore
certaines vérifications que je dois compléter - je n'ai pas
besoin d'une enquête extérieure. Je suis capable de faire ces
vérifications-là moi-même, avec mes services. Je veux
m'assurer que ce sont les mêmes personnes qui sont propriétaires.
Ça, ça fait un premier point.
Deuxième point. Évidemment, pour restaurer tous ces
logements-là, il a fallu que les gens en sortent. On ne peut pas faire
des restaurations majeures quand les gens sont sur place. Alors, à peu
près tous les locataires, sauf un, ont consenti, par écrit,
à une relocalisation dans des locaux qui leur apparaissaient
satisfaisants. Est-ce qu'on va aller remettre en question des ententes qui ont
été faites en bonne et due forme? Je ne pense pas que ce soit
possible. Je crois qu'il y a un ou deux cas où le locataire a
logé plainte - c'est peut être celui qui alimente la critique du
député de shefford - mais s'il y a des points précis que
le député de shefford veut porter à mon attention, je les
vérifierai immédiatement - immédiatement - et il sait que
j'en suis capable à part ça.
Je tiens à signaler, enfin, que la Société
d'habitation du Québec verra à récupérer toute
subvention qui aurait été versée en totalité ou en
partie si le propriétaire ne respectait pas les conditions du contrat
qu'If a signé. Alors jusqu'à maintenant, selon nos informations,
les conditions du contrat signé par le propriétaire avec la
Société d'habitation du Québec, pour le financement
partiel des travaux de restauration effectués à ce pavillon du
Domaine du fleuve, répondent aux conditions qui avaient
été fixées, mais si on a des éléments
à m'apporter, je les examinerai avec toute l'impartialité dont je
suis capable.
Le Président (M. Gautrin): Je vous remercie, M. le
ministre. Mme la députée de Mégantic-Compton maintenant,
pour cinq minutes.
Mme Madeleine Bélanger
Mme Bélanger: Merci, M. le Président. Le
débat que nous faisons aujourd'hui porte sur la politique d'habitation
du gouvernement québécois et nous donne l'occasion d'informer la
population
de la situation réellement vécue à travers les
régions du Québec. Dès l'arrivée au pouvoir du
gouvernement libéral, nous avons assuré une cohérence des
objectifs à atteindre. Pour y arriver, il va s'en dire que le volet
habitation a dû faire l'objet de changements d'orientations importants.
En effet, certains programmes qui s'adressaient naguère à une
population mieux nantie de la société ont dû être
abolis à la faveur d'une autre moins fortunée. Une telle
orientation a répondu à un objectif fondamental de la
société québécoise, soit d'assurer une meilleure
équité sociale dans la population québécoise. Le
gouvernement libéral est fier de cette mesure globale qui a permis de
rejoindre des clientèles dispersées dans les régions du
Québec et, croyez-moi, dans Mégantic-Compton, une telle
orientation a été reçue de façon satisfaisante.
Cette nouvelle façon de procéder aura ainsi permis au
gouvernement québécois de mieux répartir les ressources
disponibles tout en tenant compte des problématiques régionales
particulières lorsque vient le temps de choisir un mode d'intervention
plutôt qu'un autre. Rappelons également que de 1986 à 1989,
cette nouvelle conception a permis la réalisation de 4577 nouvelles
unités de logements sociaux, en moyenne, chaque année, pour un
total de 18 309.
M. le Président, il est encourageant de constater que les efforts
du gouvernement québécois en matière d'habitation tiennent
enfin compte des défis qui nous attendent à l'aube des
années 2000. Nul n'ignore que le Québec, à l'instar des
autres provinces canadiennes, sera confronté aux besoins d'une
population vieillissante, lesquels nécessiteront la mise en place de
mesures sociales et économiques adaptées aux
réalités de demain. Il faut garder à l'esprit une
réalité selon laquelle le Québec compte un peu plus de 650
000 personnes âgées, soit 10 % de la population totale. Si les
tendances actuelles se poursuivent, on devra alors parler d'un pourcentage
atteignant 25 % autour des années 2030. Ces chiffres démontrent
à eux seuls l'ampleur et la portée des défis à
relever au cours des prochaines années, défis que nous devons
préparer dès maintenant. À l'égard des personnes
âgées, cette situation implique que les interventions
gouvernementales en matière d'habitation devront être
adaptées à leurs besoins particuliers, qu'il s'agisse de
personnes autonomes ou en perte d'autonomie.
Soulignons également que près de 60 % des 58 000
habitations à loyer modique publiques sont occupées par des
personnes âgées. D'ailleurs, dans le comté que je
représente, les besoins sont aussi grandissants. Dans cette perspective,
j'estime nécessaire que le gouvernement du Québec
établisse des ponts de collaboration entre ceux et celles qui
administrent ces programmes et les agents impliqués de près ou de
loin dans le secteur de l'habitation au sein de nos régions.
L'enjeu est de taille, puisqu'on doit parler d'une perspective visant
à améliorer la qualité de vie au Québec. En somme,
le gouvernement libéral est fin prêt à relever les
défis qui nous attendent dans un domaine aussi crucial, sur le plan
social comme sur le plan économique, qu'est l'habitation. Il va sans
dire que, dans l'avenir, la mission sociale assumée par l'État
québécois prendra probablement une part de plus en plus grande
des ressources financières mises à la disposition de la
population québécoise, et ce, afin que le Québec puisse
mieux maîtriser son avenir. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): Je vous remercie, Mme la
députée de Mégantic-Compton. Je passe maintenant la parole
à M. le député de Shefford pour cinq minutes.
M. Roger Paré
M. Paré: Toujours dans l'entente-cadre
fédérale-provinciale. Finalement, on a conclu que l'aide à
l'habitation, de 1986 à 1989, s'est accrue, en moyenne, de 19, 9 % par
année en Ontario comparativement à 1, 6 % au Québec. Donc,
ça veut dire que, quand on joue dans des millions, le Québec
aurait dû recevoir 1 012 000 000 $ en subventions au lieu des 695 000 000
$. Ça veut dire que c'est par centaines de millions dont on parle. En
plus, on a vu - dans la réponse précédente le ministre en
a parié - que, de façon arbitraire, il s'est retiré du
volet logement locatif du programme PARCQ. Donc, ça veut dire que
Québec doit maintenant assumer seul là où il juge qu'il y
a des priorités, des urgences et des besoins pour la population.
Je dois vous dire... Je vais vous en parler en dehors tantôt,
parce que je trouve que ce n'est pas clair comme réponse, il va falloir
qu'on trouve une solution, parce que si, dans ce cas précisément
du Domaine du fleuve, on est allés dans le domaine locatif, dans le
volet locatif, ça veut dire que, là, on ne répond pas aux
normes, parce que ça doit être le maintien dans les lieux et
ça doit être, en même temps, le volet locatif qui est
maintenu sans augmentation trop considérable. Si c'est dans le volet
propriétaire-occupant, j'espère que vous allez faire la
vérification pour vous assurer que ceux qui vont aller y demeurer, ce
sont les propriétaires eux-mêmes. Mais j'y reviendrai.
Toujours dans l'entente-cadre fédérale-provinciale, s'il y
a un domaine, encore une fois, où le Québec est
pénalisé, c'est au niveau des coopératives d'habitation et
des organismes sans but lucratif. Dans ce domaine, on sait comment c'est
important. On veut bien que la plupart des Québécois deviennent
propriétaires. C'est l'achat majeur le plus important des citoyennes et
citoyens du Québec que de s'acheter une maison. Heureusement, les
Québécois sont devenus majoritairement propriétaires, mais
encore sous le taux de propriétaires qu'on retrouve dans les
autres provinces canadiennes.
Mais tout le monde ne peut pas devenir propriétaire individuel
à cause de sa volonté ou de ses moyens. Et, à ce
moment-là, qu'est-ce qu'on fait? On peut peut-être... sous une
autre forme, c'est-à-dire les coopératives d'habitation. Dans ce
domaine, encore une fois, on se rend compte que, de 1981 à 1985, sous le
Parti québécois, il y avait eu presque 12 000 unités
coopératives. De 1986 à 1991, avec la dernière annonce qui
vient de se faire, on se rendrait à peu près à 6350.
Regardez la différence, la marge plutôt négative par
rapport à ce qui se faisait dans un volet - et, ça, il ne faut
pas l'ou blier - où on peut réaliser, à moindre coût
pour l'État, du logement social où les coûts par logement
sont nettement inférieurs à ceux encourus pour les logements
sociaux, cest-à-dlre entre 600 $ et 1 000 $ par logement de moins. Moi,
je pense qu'il faut le regarder à un moment donné, surtout que
c'est un mode de logement pour des gens qui décident de se prendre en
main et de se donner un mode de logement qui leur donne une certaine
responsabilisation, mais aussi et surtout une certaine autonomie. À ce
niveau-là, si vous regardez les tableaux, effectivement, il y a eu
diminution constante du nombre d'unités. En 1990, malheureusement, il y
en a eu seulement 600. Encore une fois, le 7 juin dernier, toujours avec votre
prédécesseur, M. Picotte, il affirmait que l'appel de
propositions qui serait lancé nous permettrait d'aller voir pour 1500
unités sur deux ans. On se rend compte que, moins d'un mois
après, c'est-à-dire le 6 juillet, il y a un appel de propositions
qui est lancé et on y va seulement pour 600 unités en 1991. Donc,
le ministre nous avait dit: écoutez, comme il y a eu une petite
année en 1990, à peu près 500, 600 unités, on va
s'organiser pour qu'il y ait une plus grosse année en 1991, et on nous
arrive avec 600 unités. j'aimerais ça que le ministre nous dise
ce qu'il a l'intention de faire par rapport aux coopératives
d'habitation? on a coupé les budgets des grt dans le passé,
ensuite de ça on a aboli logipop volet 2 qui permettait des
coopératives. à ce moment-là, le mouvement
coopératif a demandé qu'il y ait un nouveau programme qui soit
mis sur pied et cette demande a été faite le 1er juillet 1988;
les gens du mouvement coopératif ont demandé qu'il y ait un
nouveau programme. il semblerait qu'à la table de concertation, le 12
novembre dernier, il y aurait eu consensus par rapport à un programme
qui a été soumis par le comité coopératif qui est
à la table de concertation et le milieu n'a pas eu de nouvelles depuis
ce temps-là. est-ce qu'on a l'intention de répondre favorablement
au programme acquisition-rénovation qui vous est soumis par la table de
concertation?
Le Président (M. Gautrin): Je vous remercie. M. le
député de Shefford. Je passerai la parole maintenant à M.
le ministre des Affaires municipales.
M. Claude Ryan
M. Ryan: D'abord, je voudrais souligner au député
de Shefford qu'en matière de coopératives d'habitation, j'ai
peut-être une expérience un petit peu plus longue que la sienne.
J'ai été président d'une coopérative d'habitation
pendant de nombreuses années, la Coopérative d'habitation de
Montréal qui avait construit des centaines d'habitations dans le domaine
Saint-Sulpice, à Gentilly, dans le secteur de Jacques-Cartier, à
Charlemagne, à Saint-Léonard. Je veux vous dire, pour votre
information, que nous avons construit des centaines de maisons sans aller
chercher des subventions du gouvernement. C'était pour la petite classe
moyenne. Nous construisions au prix minimum que ne pouvait concurrencer aucun
autre producteur. Je suis très fier du travail que nous avons fait
là dedans et je veux vous assurer que je garde une très bonne
impression de la contribution que les coopératives peuvent fournir au
développement de l'habitation.
Quand le député de Shefford signale qu'il y a eu une
baisse dans le nombre d'unités produites par des organismes à
caractère coopératif ou social, il a raison. Il a raison, mais
encore une fois, il me force à rappeler une considération que
j'ai émise plus tôt dans le débat. C'est que les programmes
du gouvernement péqulste s'adressaient non seulement aux milieux qui en
avaient un besoin démontré, mais aussi à de nombreux
autres, qui étaient capables de subvenir à leurs projets dans ces
domaines, par leurs ressources à eux. Moi, quand j'ai dirigé une
coopérative d'habitation, je ne passais pas mon temps à
téléphoner à Québec pour avoir de l'aide. Je
m'arrangeais pour que les travaux se fassent sur le terrain et qu'on
réponde au budget qu'on s'était fixé et aux attentes des
sociétaires. C'est ça la véritable coopération. Ce
n'est pas de passer son temps à téléphoner à
Québec, encore une fois. Alors, nous avons resserré les
critères d'admissibilité et qu'en conséquence il y ait eu
moins d'unités produites, je pense que c'est une chose qui se comprend
aisément.
Maintenant, je vais assurer le député de Shefford que la
programmation de l'année 1991-1992 n'est pas encore établie. M.
Arsenault m'a soumis des projets que nous allons examiner au cours des
prochaines semaines. Et quand il parte de 600 unités qui auraient
été fixées comme objectif pour 1991, il m'étonne.
Ce n'est sûrement pas pour 1991-1992, parce que nous n'avons pas pris de
décision là-dessus encore. (11 heures)
Au cours des dernières années, je pourrais signaler
l'évolution qui s'est faite d'une année à l'autre, mais je
pense que ça ne donnerait rien. Je mentionnerai seulement qu'au cours de
l'année 1989 il y a eu 1479 unités qui ont été
produites
par des organismes à caractère coopératif. Cette
année, en 1990, encore une fois, je n'ai jamais essayé de cacher
des chiffres et tout, pour l'année 1990, au 6 novembre, nous
étions à 661 unités. Alors, s'il y en a 700, 800 pour
l'année 1990, ça va être à peu près le
maximum, à moins que des miracles se feraient au mois de
décembre, ce que je n'anticipe pas. Mais on regarde pour l'année
1991-1992 et je serai très heureux de fournir les renseignements en
temps utile là-dessus. Encore une fois, il y a un rôle très
intéressant qui peut être accompli par ces organismes et je
rappelle que la table de concertation dont a parlé le
député de Shefford doit me soumettre un projet en ce qui touche
le logement coopératif, lequel je n'ai pas reçu encore. Je dois
le recevoir dans un avenir prochain et dès que je l'aurai reçu,
je serai très heureux de l'examiner consciencieusement, comme je le fais
avec toutes les propositions sérieuses qui sont portées à
mon attention.
Le Président (M. Gautrin): Merci, M. le ministre. Je vais
maintenant passer la parole à M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Réal Gauvin
M. Gauvin: Merci, M. le Président. Depuis quelques
minutes, on entend le député de Shefford relater certains cas
particuliers au niveau de régions urbaines et il relève quelques
dossiers négatifs. Moi, je me dois, M. le ministre, de faire la
démonstration que la plupart des programmes de la Société
d'habitation du Québec dans les régions comme celle que je
représente, fonctionnent très bien. On parlait tantôt.. Le
député de Shefford parlait du programme PAQ. Le programme PAQ en
est un qui vise une clientèle cible à faible revenu,
carrément orienté vers une clientèle à faible
revenu. Et dans des régions rurales ou semi-rurales, c'est un programme
qui a beaucoup de succès, apprécié de la population, et
les gens y participent avec beaucoup d'intérêt. Et je voulais
faire ce point parce que depuis quelques minutes, comme je le mentionnais, on
vise uniquement - et c'est le rôle évidemment du
député de Shefford - les dossiers qui apparaissent les plus
négatifs.
J'aimerais parler aussi d'autres programmes qui réussissent assez
bien dans la région que je représente ou que je connais mieux,
qui sont les programmes qui sont issus de l'entente-cadre sur l'habitation
sociale de 1986, le Programme de logement sans but lucratif privé,
programme destiné aux coopératives d'habitation et organismes
sans but lucratif pour des ménages composés de personnes
démunies.
L'aide au déficit d'exploitation est aussi un apport
intéressant. Ce volet permet de réaliser des logements permanents
pour des familles et des personnes seules, des personnes handicapées,
des personnes âgées autonomes ou en perte d'autonomie dont les
revenus admissibles sont faibles, c'est-à-dire qu'ils ne
dépassent pas le seuil des revenus impérieux fixé par la
Société d'habitation et la Société canadienne de
logement. Le loyer payé par les ménages admissibles est
comparable à celui des HLM et correspond, règle
générale, à 25 % du revenu de ces ménages.
J'aimerais aussi vous parler de l'aide au rabattement de taux
d'intérêt hypothécaire. Ce deuxième volet d'aide
financière permet également d'aider les groupes qui
désirent réaliser des projets de logements, des projets de
chambres ou de lits en faveur de clientèles ayant besoin
d'hébergement temporaire ou spécial. La clientèle
desservie est très variée. C'est des femmes victimes de violence,
toxicomanes, itinérants, Itinérantes, jeunes en
difficulté, ex-détenus et ex psychiatrisés. L'aide
financière est également versée sur une période
maximale de 35 ans et consiste en une subvention annuelle qui couvre les
différences entre la somme nécessaire pour l'amortissement des
coûts reconnus et le montant requis pour amortir ces coûts à
un taux d'intérêt annuel de 2 %. L'organisme n'a donc qu'à
payer le remboursement hypothécaire requis pour un prêt à
un taux de 2 % en plus de ses dépenses d'exploitation annuelle. La
subvention annuelle moyenne se situe actuellement autour de 1740 $ par
unité de logement dans ces projets.
J'aimerais aussi parler d'une partie de problèmes que peut vivre
l'ensemble du Québec. On reconnaît que la construction au Canada
peut avoir sensiblement diminué en général. Mais le
ministre a déjà mentionné l'effort qui a été
fait de la part de notre gouvernement, du gouvernement actuel, et il
parlé du succès des différents programmes que je viens de
mentionner dans plusieurs régions au Québec. Et c'est bon de le
rappeler parce que si on retient uniquement les quelques dossiers
négatifs que le député de Shefford fait ressortir,
évidemment, on devra se rappeler que le Québec est grand, il y a
des populations très diversifiées et ces populations-là se
sentent satisfaites de la plupart de nos programmes. Moi, j'aimerais
peut-être souhaiter qu'un inventaire des logements existants soit fait
dans certains milieux pour apprécier la possibilité de convertir
encore davantage certains logements à des coûts moindres, ce qui
permettrait de répondre à un plus grand nombre de personnes au
niveau de la population.
M. le Président, la meilleure sécurité, comme
député d'un milieu semi-urbain ou semi-rural, comme vous le
voulez, dans une autre partie du comté que je représente, qui est
beaucoup plus rurale, est la présence du ministre acutel dans ces
dossiers, soit le ministre des Affaires municipales et responsable de
l'habitation. Son passé, comme responsable de dossiers tout aussi
importants, a été marqué par sa compréhension des
situations spécifiques comme celles qu'on débat ce matin. Je vous
remercie, M.
le Président.
Le Président (M. Gautrin): merci, m. le
député de montmagny-l'islet. je passe maintenant la parole, pour
cinq minutes, au député de shefford.
M. Roger Paré
M. Paré: Merci, M. le Président. J'aimerais
maintenant qu'on aborde un peu, parce qu'on est obligé de le faire comme
ça, un petit peu à sauté-mouton, le dossier des HLM.
Ça non plus, je trouve que ce n'est pas très rose comme
situation. Le ministre l'a encore reconnu tantôt, et je vais le
réaffirmer parce que c'est une réalité, on a
diminué considérablement le nombre de HLM. Si on fait juste
comparer deux années, en 1989, il y en avait 858 alors qu'en 1985, il y
en avait 2400, grosso modo; donc, trois fois moins maintenant. Est-ce que
ça veut dire que les besoins ont diminué et qu'il y a moins de
pauvres, moins de gens qui en ont besoin au Québec? On n'a qu'à
regarder "Deux Québec dans Un". On n'a qu'à regarder les
dernières statistiques qui nous disent qu'à Montréal, il y
a plus de 30 % de gens pauvres pour s'apercevoir que le Québec
s'appauvrit et non pas s'enrichit, présentement. Donc, les besoins sont
plus grands et on en bâtit moins. Donc, première des choses, on
construit moins de HLM. En plus, probablement pour ne pas être
confronté par des chiffres un peu trop éloquents pour montrer la
misère et les besoins, la dernière mise à jour des listes
d'attente dans les HLM a été faite en 1985. Depuis, on ne
comptabilise plus. Comme ça, on n'est pas obligé de dire.
Regardez les listes d'attente et la misère, les besoins sont là,
il faudrait y répondre. On a arrêté de comptabiliser.
Doric, c'est que la situation doit être assez grave pour la cacher. Donc,
on en construit moins.
Est-ce qu'on peut se dire: Bon, au moins, on en construit encore
quelques-uns? Bien non, on va plus loin que ça. Non seulement on en
construit moins par le fameux règlement du 28 février 1990 qui a
été déposé sans discussion, sans préavis,
mais qui est rentré tout de suite en vigueur... À ce
moment-là, c'était quoi? On est venu dire que non seulement on en
constuit moins mais qu'on va sortir des gens qui sont déjà
dedans. Et lesquels va-t-on sortir? Ce sont les familles. Comment est-ce qu'on
peut, en même temps, au Québec, parier de
dénatalité, de vieillissement, de politique familiale - le beau
discours de la politique familiale - et, en même temps, diviser des
familles? Là, vous me dites toujours: Ah! le député de
Shefford a dit telle chose. Bien, je vais citer des gens. Comme ça, vous
allez vous apercevoir que je ne suis pas le seul à voir clair. Le Bureau
du conseil des élus du rassemblement des citoyens et des citoyennes de
Montréal - ce n'est pas moi, ça, je parle au nom d'un groupe, un
parti montréalais qui disait - je vais vous citer seulement quelques
phrases qui vont vous montrer comment, à quel point c'est grave - "Ce
règlement n'a pour effet que d'appauvrir un nombre grandissant de
ménages, annuler l'effet de la parité d'aide sociale... Cette
motion indiquait que pareille mesure ne pouvait que provoquer
l'éclatement des familles. " Donc, on se rend compte que...
Je pourrais vous en citer d'autres, sauf que, comme le temps est
limité, on s'aperçoit que cette décision fait en sorte
qu'on vient diviser les familles. On sait maintenant, alors que tous les
renouvellements de baux ne sont pas faits, que des centaines de familles ont
quitté les HLM, parce que c'était trop coûteux de demeurer
dans les HLM. Mais là, on parte de familles qui ont quitté, on ne
parle même pas d'enfants qui ont décidé d'abandonner.
Comment peut-on faire, si on sait que les critères pour entrer dans un
HLM, c'est déjà d'être très démunis, comment
est-ce qu'on peut pousser le culot jusqu'à diviser les familles?
Ça veut dire que, dans les HLM, on va enlever des membres de la famille,
on va même enlever le pourcentage de travailleurs, parce que, très
souvent, ce sont les enfants qui sont travailleurs; donc, on va les enlever. Au
lieu de s'aider, la fraternité, la solidarité, ça devrait
exister au Québec, l'entraide entre les membres d'une famille, ça
devrait être même essentiel et fondamental. Au lieu de faire
ça, on dit aux parents: Si vous décidez de rester dans le HLM,
mettez vos enfants dehors. Donc, on divise les familles et eux autres sont plus
pauvres et le jeune ou la jeune qui décide de quitter pour s'en aller en
appartement ne peut pas aider ses parents et, en plus, se ramasse probablement
dans une situation de pauvreté. Au lieu d'avoir une famille qui s'aide,
qui fraternise et qui réussit à s'en sortir, au contraire, on va
avoir deux logements, deux familles qui vont s'appauvrir.
Le dernier règlement qui va entrer en vigueur le 18
décembre, mais qui est déjà en application dans bien des
Offices municipaux d'habitation du Québec, fait qu'on va limiter
l'accessibilité à la liste d'admissibilité. Bien
là, on veut cacher les besoins et c'est tellement vrai que je peux vous
donner un exemple. Dans un Office municipal d'habitation où on a mis en
branle justement cette nouvelle façon de faire, je peux vous dire
qu'alors que les besoins sont aussi importants et que les gens sont aussi
pauvres, on a réussi à diminuer la liste de 66 %. Ma question au
ministre: Est-ce que le ministre est prêt à revoir ces deux
règlements qui pénalisent les plus pauvres de la
société en tenant compte d'exemples qui se font ailleurs? Par
exemple en Ontario et en Colombie-Britannique, il y a un loyer maximum qui ne
dépasse pas le prix du loyer. Est-ce qu'il est prêt à
appliquer l'échelle Rogers qui fixe un loyer maximum? Est-ce qu'N est
prêt à utiliser l'échel-
le fédérale des loyers qui permet de considérer un
maximum de 5800 $ dans le cas des enfants ' de moins de 25 ans, contrairement
à 90 % du revenu selon le règlement de la Société
d'habitation du Québec? Ou est-ce qu'il est prêt à faire
comme le demande la ville de Montréal et au moins de le faire d'une
façon graduelle pour que ça soit moins dur pour les familles?
Le Président (M. Gautrin): Je vous remercie, M. le
député de Shefford. Maintenant, M. le ministre pour cinq
minutes.
M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, le député de
Shefford nous avait annoncé dans son intervention qu'il voulait parler
surtout des HLM, on va s'en tenir à ça. Je pense qu'il est
important de souligner que les HLM sont un endroit où se retrouvent en
très grande proportion des personnes âgées de 65 ans et
plus. Il y a près des deux tiers des occupants des HLM qui sont des
personnes âgées de 65 ans et plus. C'est par conséquent un
moyen, que la société met à leur disposition, qui n'est
pas négligeable.
Je voudrais souligner une chose à l'attention du
député de Shefford. C'est la première fois que nous avons
l'occasion d'échanger là-dessus, nous en aurons de nouvelles.
Mais je voudrais lui signaler que le HLM, malgré ses incontestables
mérites, est une formule qui coûte cher à la
société. Si la société est capable de mettre au
point des solutions satisfaisantes au problème de logement de certaines
catégories de citoyens, et que ces solutions coûtent moins cher
que le HLM, j'ose espérer qu'il ne viendra pas proposer dogmatiquement
de s'en tenir à la formule du HLM. Je vais donner des chiffres pour son
instruction. La subvention d'appoint que le gouvernement verse pour chaque
occupant de HLM actuellement, c'est 322 $ par mois, 322 $ par mois. Dans une
partie rurale dans votre comté, M. le député de Shefford,
comme dans le mien, vous savez très bien qu'il y a des gens qui se
logent avec des loyers de 200 $, 225 $, 250 $, 275 $ par mois, dans des
régions rurales. Ils voient des concitoyens qui sont logés dans
des HLM avec une subvention de 322 $, un coût de loyer qui va chercher
autour de 500 $ en moyenne. Je pense bien qu'une société qui veut
être juste ne peut pas se lancer là-dedans aveuglément et
éperdument. Elle va le faire dans la mesure où c'est
rigoureusement nécessaire. C'est pour ça que le gouvernement a
décidé de tenter d'autres avenues également. Quand nous
avons institué l'allocation de logement pour les foyers qui sont sur
l'aide sociale, c'était pour leur permettre d'avoir un supplément
de ressources qui leur permet d'occuper un logement sur le marché
privé. Nous voulons aller plus loin dans cette direction. C'est une voie
que j'explore avec mes collaborateurs très attentivement. L'alloca-
tion-logement coûte actuellement 42 $ par mois; HLM, 322 $ par mois;
Logirente, 56 $ par mois. Alors, ça vaut la peine même d'augmenter
cette allocation-là un peu pour que des personnes âgées de
60 ans et plus restent dans leurs logements, ne soient pas obligées
d'aller dans un HLM.
Je pense qu'il faudrait que le député de Shefford cesse de
se promener à travers le Québec en faisant croire que le HLM
c'est la solution magique. Il faut que nous apprenions à nos gens que
c'est une solution qui coûte cher. Dans la mesure où elle
nécessaire, je suis prêt à la soutenir, mais je ne veux pas
que ce soit la seule avenue qu'on considère. Si vous voulez parler
sérieusement du problème du soutien au logement - c'est là
que nous sommes - ce n'est pas d'abord un problème de construction des
HLM, c'est un problème de soutien au logement. C'est du logement
subventionné. Avant de pousser trop loin dans cette voie, il faut
s'assurer que les autres moyens qu'on pourrait explorer l'ont été
à fond, ont été vérifiés jusque dans leur
dernière possibilité. Or, nous en sommes encore au début
de l'action dans le soutien au logement et j'espère que le
député de Shefford va explorer ce volet-là. Il va
s'apercevoir qu'il comporte des possibilités énormes. (11 h
15)
II nous a parlé du nouveau règlement des HLM. D'abord,
l'ensemble du règlement a été soumis à la
discussion. C'a été discuté pendant trois, quatre ans,
cette affaire-là; c'a été prépublié. Il n'y
a rien qui n'a pas été fait de ce côté-là.
Pour les barèmes, les barèmes financiers, ça ne pouvait
pas être prépublié. Je ne verrais pas un gouvernement qui
va aller publier dans la Gazette du Québec qu'il va augmenter le tarif
des chambres d'hôpital ou des chambres dans les centres d'accueil. Il
décide, une bonne journée, que ça s'applique
immédiatement. Ça s'est fait comme ça dans votre temps;
ça se fait comme ça aujourd'hui; je le regrette infiniment. Mais
n'oubliez pas que ce que vous avez dit, ça vous a tout été
expliqué par mon prédécesseur, M. Picotte, en commission
parlementaire. Il vous l'a expliqué en long et en large.
C'est le résultat de l'harmonisation qu'il faut faire avec le
nouveau niveau des allocations sociales versées aux jeunes de moins de
30 ans. On a mis fin à la discrimination qui existait sous le
gouvernement péquiste; les jeunes sont traités comme les autres.
Mais, en retour, on leur dit: Vous allez prendre vos responsabilités;
quand il s'agit du loyer familial, vous allez en prendre une partie. Les
études que nous avons faites établissent que, tout compte fait,
en comptant honnêtement tous les facteurs qui doivent être
étudiés, la situation actuelle est plus avantageuse que celle qui
existait antérieurement. Voilà. On établit même que
la différence serait de l'ordre d'une centaine de dollars pour un foyer
avec... Est-ce un ou deux enfants?
Une voix: Ça, c'est pour un jeune qui se retrouve...
M. Ryan: Ah bon! La contribution du jeune adulte, une fois
qu'elle est faite conformément au nouveau règlement, il lui reste
encore, avec le nouveau régime d'aide sociale, 116 $ de plus dans ses
poches qu'avant la réforme sous le temps dont vous rêvez encore
avec une nostalgie qui m'étonne chez un député dynamique
et jeune comme vous.
Le Président (M. Gautrin):Je vous remercie, M. le
député d'Argenteuil. Maintenant, j'appellerais M. le
député de Lotbinière, pour cinq minutes.
M. Lewis Camden
M. Camden: M. le Président, il me fait plaisir de
participer à cette interpellation et d'apporter des
éléments d'information sur la contribution du gouvernement
libéral en regard de ses politiques d'aide à l'habitation. Je
traiterai plus particulièrement du programme Logirente qui vise à
aider les personnes âgées de 60 ans et plus dont le coût de
logement est trop élevé par rapport à leur revenu.
Permettez-moi d'abord de rappeler le principe de ce programme.
Essentiellement, le programme Logirente accorde une aide
complémentaire qui prend la forme d'une allocation-logement
correspondant à 75 % de la partie du coût du logement qui
excède 30 % des revenus du ménage bénéficiaire,
qu'il soit locataire, propriétaire ou chambreur. Le remboursement de
l'impôt foncier est déduit du montant de la subvention
accordée. Il faut noter également que les critères
d'admissibilité relatifs au loyer annuel maximum considéré
sont ajustés chaque année afin de tenir compte de l'augmentation
du coût de la vie. Mentionnons, enfin, que le programme Logirente est mis
en oeuvre par la Société d'habitation du Québec et est
administré par le ministère du Revenu.
Présentement, ce programme d'allocation-logement permet au
gouvernement d'alléger le fardeau financier que représente le
coût du logement pour quelque 42 000 ménages âgés
à faible revenu. Il s'agit là d'une progression
intéressante puisque, en trois ans, le nombre de
bénéficiaires de Logirente a augmenté de près de 10
000. Les prévisions budgétaires 1990-1991 pour ce programme sont
de 30 700 000 $. Les statistiques, quant à la clientèle, nous
révèlent que 91 % de l'ensemble des logements
subventionnés sont habités par des personnes vivant seules en
logement. On peut aussi remarquer que la subvention moyenne versée dans
le cadre du programme Logirente s'établit à 638,15 $ par
année. 0e tels résultats ont été obtenus en grande
partie grâce aux efforts qui ont été déployés
afin de faciliter le plus possible l'accès à ce programme En
effet, depuis plusieurs années, le gouvernement a graduellement assoupli
les modalités d'inscription et de révision du programme
Logirente. Il est important de souligner à ce propos qu'à compter
de cette année, les personnes qui désirent
bénéficier de Logirente peuvent maintenant s'inscrire en tout
temps de l'année. De plus, des mesures sont actuellement mises en place
afin de faciliter le processus de révision des dossiers des
bénéficiaires déjà admis au programme. Ceux-ci
pourront, par une simple formalité de révision, continuer
à toucher leur allocation-logement sans devoir soumettre une nouvelle
demande à cette fin. Ces ajustements constants devraient permettre
à un nombre croissant de ménages de bénéficier de
l'aide que procure le programme Logirente.
En terminant, j'aimerais souligner l'un des bénéfices
sociaux les plus importants du programme Logirente. En plus d'alléger le
fardeau financier du coût du logement de plusieurs milliers de
ménages âgés dans le besoin, Logirente encourage de
façon directe le maintien à domicile de ces personnes. Du
même coup, cela permet de retarder le plus possible, voire
d'éviter une prise en charge plus importante des besoins de logements de
cette clientèle par l'État, ce qui correspond, d'ailleurs, au
voeu constamment formulé par la clientèle elle-même qui
souhaite demeurer dans son milieu le plus près de sa population, celle
avec qui elle a composé tout au cours de sa vie Je vous remercie, M. le
Président, de votre attention.
Le Président (M. Gautrin): Je vous remercie, M le
député de Lotbinière. Je passe maintenant la parole
à M. le député de Shefford, pour cinq minutes
M. Roger Paré
M. Paré: Oui, merci, M. le Président. Je voudrais
maintenant en venir aux associations de locataires et les comités de
logements. Il y a dans différents milieux du Québec des groupes
qui, de façon pas mal naturelle, soit au niveau des
municipalités, soit au niveau des quartiers, ont finalement fini par se
structurer pour répondre à des véritables besoins. On sait
que le Regroupement des comités-logement et associations de locataires
du Québec existe depuis 1978 et qu'il est formé de 13 groupes qui
sont situés dans dans cinq régions du Québec:
Montréal, Montérégie, Sherbrooke, Thetford-Mines et
Québec.
Ces gens-là, il ne faut pas l'oublier, sont très
représentatifs de leur milieu. Ils sont proches des besoins et ils sont
très sollicités. Ils ont un rôle qui est totalement
différent et ça, vous le savez, des groupes de ressources
techniques ou des Offices municipaux d'habitation. Et même, beaucoup de
personnes leur sont transférées ou envoyées par la
Régie du logement
. qui, à un moment donné, s'aperçoit qu'elle ne
peut pas les aider, mais leur dit: Vos formules, l'aide que vous pourriez
avoir, allez donc voir votre comité de logements ou bien votre
association de locataires à tel endroit.
Ce sont des gens qui vont là pour avoir de l'aide. C'est souvent
les personnes plus âgées, plus démunies, qui ont un
intérêt à aller là où elles sont plus
comprises, là où c'est plus facile, là où ce n'est
pas gouvernemental, donc, au départ, il y a comme un mur moins difficile
à franchir, et où ce n'est pas juridique. Donc, ces
associations-là jouent un rôle très important d'aide, de
soutien, un rôle humanitaire. Mais ça prend de l'argent. C'est
évident qu'ils ont besoin d'être supportés, qu'ils ont
besoin d'être appuyés, et d'ailleurs, vous savez que la demande a
déjà été faite. Ce n'est pas nouveau, ce que je
vous demande là. Ce n'est pas nouveau, surtout ce que les' groupes vous
demandent eux-mêmes. C'est qu'ils soient reconnus comme tels.
La reconnaissance, comme dans n'importe quel secteur, ça veut
dire aussi du financement. Il faut le reconnaître. Si on veut qu'une
société soit plus humaine, que les plus démunis, que les
gens qui ont des problèmes particuliers de logement soient aidés,
surtout quand on parle - et on y reviendra un peu plus tard - de fermeture
possible de bureaux de la Régie du logement, eh bien, il faut qu'il y
ait quelque chose quelque part qui puisse venir en aide à ces
gens-là. Le quelque chose, c'est les comités avec du monde
dedans, donc, c'est quelqu'un.
Donc, je sais que la société estime que pour les
financer... Si on dit: 30 000 $ pour le Regroupement et 30 000 $ pour les 13
associations, c'est un budget d'à peu près 420 000 $ par
année. Est-ce que vous êtes prêt à envisager d'aider
ces gens-là devant le rôle très humanitaire qu'ils jouent
spécialement dans les quartiers qu'on connaît à
Montréal et Québec où il y a beaucoup de gens qui sont
démunis?
Et j'en profite pour aller à une autre question qui va pas mal
dans le même sens, même si ce n'est pas tout à fait un
regroupement identique, mais il y a aussi une demande qui vous a
été faite et que je trouve très importante. Le Centre
d'assistance et de référence à la cohabitation de
Montréal. Le partage du logement. Il faut s'occuper des
aînés. C'est la formule probablement la plus humaine, la plus
économique, qui permet à une personne de 65 ans et plus de
demeurer avec une personne aussi âgée ou moins âgée
par le partage du logement. Donc, pour l'État, ce n'est pas des
coûts, sauf que pour rassurer ces gens-là, il faut qu'il y ait un
organisme coordinateur qui mette en contact les gens, qui soit crédible
et qui soit connu. Et ça, moi, je pense que c'est une formule d'avenir
qui mérite d'être considérée. Ces gens-là ont
fait une demande en 1988, seulement de 90 000 $ pour deux ans. La demande a
été faite en 1988. On nous a dit que c'était favorable,
sauf qu'il semblerait que ça bloque quelque part, à moins que ce
soit débloqué dernièrement, ce que j'aimerais beaucoup,
sinon comment pourrait-on refuser à un organisme semblable, même
si ça amenait d'autres organismes à se mettre sur pied dans
d'autres régions du Québec, comment peut-on refuser à un
organisme semblable, même si ça amenait d'autres organismes
à se mettre sur pied dans d'autres régions du Québec, non
pas une dépense, mais un investissement aussi minime pour permettre de
mettre en contact et, ensuite de ça, d'avoir un suivi pour s'assurer que
ça va bien et qu'on ne met pas des personnes dans le trouble, mais qu'on
les aide? Comment pourrait-on refuser une aide semblable pour permettre
à des personnes âgées de pouvoir faire un partage du
logement qui ne coûte rien à la société, mais qui
permet à des gens de ne pas vivre l'isolement, de ne pas vivre
l'insécurité, de ne pas vivre la solitude? Je dois vous dire,
à mon avis, que c'est une économie par rapport à ce que
l'État pourrait investir quand on sait ce que la solitude peut amener en
termes de consommation de médicaments ou d'abus, finalement, de services
dans les institutions de santé et de services sociaux.
Le Président (M. Gautrin): Je vous remercie, M. le
député de Shefford. M. le ministre des Affaires municipales, pour
cinq minutes.
M. Claude Ryan
M. Ryan: L'intervention du député de Shefford ouvre
la porte à une discussion sur deux sujets: les associations de
locataires, ensuite, le projet particulier, une association de
références pour la cohabitation des personnes âgées.
En ce qui touche les associations de locataires, encore là, le
député de Shefford ressuscite une corde sensible chez moi, parce
que je me suis déjà occupé d'actions en faveur des
locataires, au début de ma carrière. J'ai fait partie de
groupements, à Montréal, qui se battaient contre des
augmentations arbitraires de loyer, et je dois rappeler, encore une fois,
qu'à l'époque nous faisions ce travail sans faire des coups de
téléphone tous les jours à Québec. Nous prenions
nos responsabilités. Nous n'avions pas beaucoup d'argent. Nous prenions
nos responsabilités et nous agissions de manière concrète
avec des résultats qui n'étaient jamais complètement
satisfaisants, mais il fallait reprendre l'action continuellement. Je voudrais
souligner que le principe de base, dans une société, c'est que
lorsque des citoyens se regroupent volontairement pour défendre des
objectifs valables, le principe de base, c'est qu'ils doivent financer l'action
qu'ils entreprennent, en général. Je pense bien que si on n'avait
pas ce principe de base, il y aurait quelque chose de
déréglé dans l'horloge démocratique.
Deuxièmement, lorsque des citoyens se
regroupent pour la poursuite d'objectifs éminemment sociaux et
qu'ils sont en provenance de milieux qui ne peuvent pas toujours leur fournir
toutes les ressources nécessaires, il est compréhensible et tout
à fait admissible que l'État examine la possibilité de
leur venir en aide, mais il faut que l'État le fasse avec discernement.
Au cours des dernières années, il n'y a à peu près
rien qui existait au Québec qui n'était pas subventionné
d'une manière ou de l'autre. On voyait un groupe de la
société qui se présentait à Québec et qui
disait: Cessez donc de subventionner tel groupe et, quelques semaines
après, des fois, c'étaient même des milieux de l'entreprise
qui se présentaient à Québec pour demander des exemptions
de taxes ou des subventions spéciales tout à fait contraires
à ce qu'ils étaient venus préconiser quelques semaines
plus tôt. Il faut faire un certain ménage continuel dans ces
subventions qui sont versées par le gouvernement et le
député de Shefford sait comme moi qu'en ce qui touche les
associations de locataires, il y en a déjà plusieurs qui
émargent à d'autres programmes gouvernementaux, soit le programme
des OVEP au ministère de l'Éducation, soit des programmes de
soutien financier au ministère de la Main-d'oeuvre et de la
Sécurité du revenu ou encore au ministère de la
Santé et des Services sociaux. Il faut faire un examen de tout
ça. Des fois, on est surpris de constater, quand on reçoit les
rapports financiers, qu'il y a des revenus qui viennent de trois, quatre, cinq
sources gouvernementales différentes. Il y a des personnes qui sont
même devenues assez expertes dans l'art de faire le tour de tous ces
programmes-là et d'en user suivant les périodes de
l'année. Je ne les blâme pas. Elles tirent partie au maximum et
c'est très bien. Mais je vous dis que j'aborde cet aspect, non sans
ouverture, mais avec une certaine prudence. Je le regarderai et je rendrai
compte au député de Shefford et à mes collègues de
la députation quand j'aurai complété l'examen de ceci. Je
ne ferme pas la porte, mais je ne l'ouvre pas à tout vent non plus. Je
suis au courant des discussions qui ont eu lieu sur le montant des subventions
demandées, mais je vous assure que je vais ouvrir le dossier à
neuf. Les chiffres qui ont été mentionnés jusqu'à
maintenant, ça va tout être à refaire, ça. (11 h
30)
Deuxièmement, en ce qui touche le centre de Montréal, pour
la cohabitation. C'est une idée qui est très intéressante.
C'est vrai, ça, que pour des personnes qui arrivent à un certain
âge, à un moment donné, la cohabitation peut être une
idée très intéressante, sous diverses formes. C'est
sûr que s'il existe quelque part un secrétariat ou un centre de
ressources qui puisse fournir des informations, des orientations, faciliter des
contacts et des rencontres, ça peut être excellent. Il y a
déjà eu une expérience qui a été faite
à cet égard au Saguenay, II y a deux ans, dont le rapport est
disponible. Je pense qu'on pourrait le mettre à la disposition - il y a
une évaluation qui a été faite - des
députés. Une demande avait été
présentée pour Montréal l'an dernier. Elle n'a pas pu
être retenue pour des raisons budgétaires Mais je vais l'examiner
avec intérêt en vue du prochain exercice budgétaire. Je ne
ferme pas la porte, mais je verrai à m'enquérir
concrètement du genre de travail qui se fait là, du genre de
ressources sur lesquelles on s'appuie et du genre d'appui qui pourrait
être opportun Mais je ne ferme pas la porte. Je suis content que le
député me rappelle ce sujet. Au cours des prochaines semaines,
d'ici le prochain budget, on aura eu le temps d'aller au fond du
problème.
Le Président (M. Gautrin): Je vous remercie, M. le
ministre. M. le député de Rimouski, pour cinq minutes.
M. Michel Tremblay
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, vous me
permettrez de profiter de cette interpellation pour parler des actions du
gouvernement du Québec à la suite du retrait de la participation
financière du gouvernement fédéral de la rénovation
des logements locatifs. L'analyse des données fournies par des
enquêtes conduites par Statistique Canada ou par la Société
canadienne d'hypothèques et de logement fait ressortir l'existence au
Québec d'environ 100 000 logements occupés par des ménages
à faibles revenus et nécessitant des réparations majeures.
De ce nombre, 63 000 logements sont occupés par des locataires. Ce
nombre ira en croissant, compte tenu que le parc de logements vieillit et
vieillira à un rythme qui ira en s'accélérant vu la
structure d'âge du parc des logements.
Il peut en coûter facilement entre 10 000 $ et 15 000 $ pour
remettre en état un logement de taille moyenne. De tels travaux, amortis
sur une période de 10 ans, entraînent respectivement des
augmentations mensuelles de loyer de l'ordre de 135 $ à 205 $. Les
locataires à faibles revenus n'ont tout simplement pas les moyens
d'assumer de telles hausses, d'où l'importance d'avoir un programme
PARCQ, volet destiné aux logements occupés par des
locataires.
L'aide financière gouvernementale a pris plusieurs formes depuis
la fin des années soixante. Au début, l'aide financière
visait plutôt à améliorer la qualité du stock de
logements, sans privilégier le maintien dans les lieux des occupants.
Avec la situation financière difficile vécue par les
différents paliers de gouvernement, l'intervention gouvernementale, dans
l'ensemble des programmes liés à l'habitation, s'est
orientée, ces dernières années, vers les ménages
les plus démunis. Dans ce contexte, le gouvernement du Canada et le
gouvernement du Québec concluaient le 13 mai 1986 l'entente-cadre
Canada-
Québec sur l'habitation sociale.
Parmi les programmes qui ont été mis en oeuvre en vertu de
cette entente, il y a eu, en octobre 1986, le Programme d'aide à la
restauration Canada-Québec connu sous l'abréviation PARCQ. Le
PARCQ accordait notamment une aide financière aux
propriétaires-bailleurs. C'était établi de façon
à produire des loyers, après rénovation, accessibles
à la clientèle à faibles revenus. Cette aide était
partagée également entre les deux niveaux de gouvernement.
Entre le 1er octobre 1986 et le 31 décembre 1989, le PARCQ a
permis la rénovation de plus de 15 000 unités locatives. Le 27
avril 1989, le gouvernement fédéral annonçait qu'il
diminuait sa contribution financière au volet locatif de PARCQ pour
l'année 1989, et qu'il l'abolissait complètement pour 1990.
Devant une telle décision, le ministre québécois
responsable de l'habitation de l'époque a communiqué et
rencontré, à quelques reprises, son homologue
fédéral pour lui signifier la déception du Québec
et lui demander de réviser cette décision. Le ministre a aussi
mis sur pied une coalition québécoise pour dénoncer, lors
d'une conférence de presse tenue en juin 1989, la décision du
gouvernement fédéral.
Cette coalition était composée, notamment, du
président de l'Union des municipalités du Québec, du
président de l'Union des municipalités régionales de
comté du Québec, du maire de la ville de Montréal, du
maire de la ville de Québec, du maire de la ville de Verdun et du
porte-parole du Parti québécois en matière
d'habitation.
À la fin de novembre 1989, un comité tripartite,
fédéral, provincial et municipal a été formé
de représentants de la Société d'habitation du
Québec et de la Société canadienne d'hypothèques et
de logement, de l'Union des municipalités du Québec et des villes
de Montréal, de Québec et de Verdun. Il avait comme mandat
d'analyser les moyens possibles d'intervenir dans la restauration des logements
locatifs occupés par les ménages à faibles revenus Ce
comité a soumis son rapport aux deux ministres responsables de
l'habitation, à Québec et à Ottawa, le 19 décembre
1989. Le 27 mars 1990, le ministre d'État à l'Habitation du
gouvernement fédéral, M. Alan Redway, faisait connaître son
refus de participer à la mise en oeuvre de cette proposition. Devant
cette situation, le gouvernement du Québec mettait en place, en juin
1990, le programme de rénovation d'immeubles locatifs, PRIL En vertu du
PRIL, la Société d'habitation du Québec pourra engager 15
000 000 $ au cours de l'exercice financier 1990-1991. Ce montant est
entièrement financé par le gouvernement du Québec et
devrait permettre la rénovation d'environ 2600 unités
d'habitation locatives, incluant les maisons de chambres. Le gouvernement du
Québec continue de s'associer avec quelque 235 villes ou
municipalités régionales de comté pour l'application du
PRIL auprès de la clientèle. Certaines de ces
municipalités, comme Montréal, Québec ou Verdun, ont
même leur propre programme de rénovation qui vient appuyer
davantage l'action du gouvernement. La mise en place du PRIL témoigne de
la préoccupation du gouvernement du Québec pour améliorer
les conditions d'habitation des ménages à faible revenu tout en
leur permettant de demeurer dans leur milieu, tout en conservant le parc de
logements locatifs existant.
Enfin, M. le Président, nous espérons, en 1991-1992,
être en mesure d'accroître considérablement les fonds
alloués au programme PRIL
Le Président (M. Gautrin): Je vous remercie, M. le
député de Rimouski. M. le député de Shefford.
M. Roger Paré
M. Paré: Oui. Merci, M. le Président. Je voudrais
maintenant, étant donné que c'est le dernier sujet qu'on va avoir
le temps de traiter, parier de la Régie du logement. La Régie du
logement, on nous dit toujours que c'est un droit, finalement, qu'on donne
à des gens qui ont des problèmes en matière de logement.
Sauf que, depuis le 1er septembre, c'est un droit qui est de moins en moins
accessible, spécialement quand on sait que ceux qui vont à la
Régie du logement dans le coeur des grandes villes comme Montréal
et Québec, ce sont des démunis. Et là, maintenant, on
vient de leur mettre un ticket modérateur: on ouvre un dossier et c'est
25 $ non remboursables. Quand on commence dans des services comme
ceux-là, où les citoyens vont là, pas par plaisir, mais
parce qu'ils sont mal pris, bien là, comme société, je
dois vous dire que je ne suis pas sûr qu'on devient plus humain, plus
attentif aux besoins des plus démunis de la société.
Spécialement avec la réponse que m'a faite le ministre
tantôt quand je lui demandais s'il est prêt à regarder pour
aider davantage les associations de locataires et les regroupements, et il
disait: Ils sont déjà aidés. Oui, ils sont aidés et
le bénévolat, c'est vrai que ça se fait. Sauf que, quand
on veut avoir des organismes un peu structurés, il faut qu'il y ait un
montant stable parce que les coûts sont là aussi pour les
logements et les autres dépenses. Si on refuse d'aider convenablement
les associations de locataires et qu'en plus, au niveau de la Régie du
logement, on s'en vient mettre un ticket modérateur - on appelle
ça des frais de 25 $ non remboursables, c'est tout simplement un
coût, une charge de 25 $ pour être capable d'aller ouvrir un
dossier pour se faire aider quand on pense qu'on a raison - je dois vous dire
que c'est un recul par rapport à des services qui étaient
gratuits pour des gens qui sont très souvent dans le besoin. Je le sais,
je suis déjà
allé voir à la Régie du logement et je suis
déjà allé entendre quelques causes pour voir comment
ça se passe et qui sont là. Et ça, je dois vous dire, je
me demande si c'est juste et si c'est correct. On impose quand vient le temps
de la fixation des loyers et les gens qui y vont, mais, pourtant, on n'impose
pas quand c'est la conciliation.
Par rapport à la Régie du logement, qu'on amène
maintenant 25 $ non remboursables, est-ce que c'est pour justifier qu'il va y
avoir moins de gens qui vont y aller et que ça va justifier l'autre
décision qu'on veut fermer des bureaux? Parce que n'oublions pas que
ça a été annoncé ça aussi, le gouvernement a
l'intention de fermer des bureaux de la Régie du logement à
certains endroits. On nous parle que, déjà, Victoriaville et
Jonquière sont fermés. Donc, on éloigne des services et
là où ils y sont encore, on fait en sorte d'éloigner
maintenant les citoyens parce qu'on leur met une charge.
Dans une société, si on a mis sur pied ce genre
d'institutions, d'organismes, c'est qu'on les jugeait utiles. Et je pense
qu'ils ne sont pas moins utiles qu'ils l'ont déjà
été. Je pense que maintenant, voyant l'augmentation des
coûts, c'est le contraire. Depuis 10 ans. le coût des loyers a
augmenté de plus de 60 % et les revenus personnels de 30 %. Ça
veut dire qu'on se rend compte à quel point le besoin doit être
plus important. L'institution est de plus en plus importante, parce que les
gens sont de plus en plus pauvres. Et là, cet organisme d'appui, on s'en
vient faire en sorte qu'il soit moins accessible, parce qu'on va en fermer
à certains endroits. Pour les députés de région, et
vous en êtes un, M. le ministre, vous savez très bien que, quand
ça se fait d'une façon sporadique ou occasionnelle, une
présence dans un comté, ou que ça se fait seulement par
téléphone, c'est loin d'être la môme chose qu'un
service où il y a le contact personnel entre le citoyen et le
fonctionnaire responsable de donner l'information ou le service. On fait tous
la même chose, j'en suis convaincu, les 125, on essaie d'avoir chez nous,
non pas un téléphone, mais un service à proximité
parce qu'on sait que c'est là qu'on rend le meilleur service à
nos citoyens. Et, en plus, comment est-ce qu'on peut vouloir fermer des bureaux
et les rendre moins accessibles alors qu'on veut les utiliser davantage en
disant qu'on donne davantage de droits ou de recours aux citoyens, dans la
réglementation, entre autres, sur l'admissibilité où on
dit qu'à partir de maintenant les gens qui sont dans les HLM, qui vont
sentir qu'ils sont pénalisés ou, en tout cas, qu'ils ne sont pas
justement traités, vont pouvoir se référer à la
Régie du logement alors qu'ils ne pouvaient pas avant? Donc, on donne un
pouvoir de plus à la Régie.
Et je me rappelle, dans la loi 87, où on permettait la conversion
en copropriété, là aussi, on prévoyait un guichet
spécial pour les person- nes âgées et les personnes
handicapées. Donc, ça voulait dire un service plus humain, plus
proche qui, non seulement, règle des problèmes, donne de
l'information, donne de l'appui, mais est là comme un service proche de
la population. Donc, tout au cours des discussions qu'il y a eu depuis cinq
ans.. Avec l'abolition du ministère, on disait: II va falloir que la
Régie du logement soit plus présente. Avec la levée du
moratoire sur la conversion, la loi 87, on a dit exactement la même
chose, encore une fois: II va falloir qu'il y ait un guichet unique et qu'on
donne de l'information. Et voilà que maintenant, avec le nouveau
règlement, on dit en plus: Un rôle de plus, donc un droit de plus
pour les citoyens, mais en même temps on éloigne le service. Je ne
sais pas si le ministre peut me dire quelles sont ses intentions par rapport
à ce ticket modérateur qui est amené, premièrement,
et, deuxièment, surtout à ses intentions par rapport à la
fermeture des bureaux? le président (m. gautrin): je vous remercie, m.
le député de shefford. on va aborder maintenant la période
de conclusion qui va être partagée de cette façon: 10
minutes pour m. le ministre et 10 minutes pour le député de
shefford. m. le ministre, vous avez 10 minutes.
Conclusions M. Claude Ryan
M. Ryan: En ce qui touche la régie des loyers, je voudrais
dire un mot du montant qui est requis par une personne qui veut ouvrir un
dossier à la Régie. Il y a eu beaucoup d'abus ces
dernières années. Et les gens ne se rendent pas compte que chaque
fois qu'on fait un abus, ça entraîne des dépenses pour le
gouvernement qui devront être financées par d'autres, à
même les taxes ou l'endettement. Et pour développer davantage
l'esprit de responsabilité, on a dit: Une personne qui veut ouvrir un
dossier, on va lui demander un dépôt de 25 $. Les
régisseurs sont libres de remettre ce dépôt-là
à la personne qui a ouvert le dossier quand ils constatent qu'il y avait
vraiment matière sérieuse même s'ils ne donnent pas
nécessairement raison à la plaignante. Alors qu'on ait cette
espèce de frein modérateur contre des abus dont la preuve a
été faite à maintes reprises, je ne pense pas qu'il y ait
de quoi se scandaliser là-dedans parce que ce qu'on doit rappeler, c'est
que si ce n'était pas fait directement, ça serait financé
indirectement, c'est d'autres qui paieraient les frais d'abus faits par
certains, tandis qu'ici on a la garantie que ceux qui sont de bonne foi, qui y
vont sérieusement, vont pouvoir être remboursés par une
décision des régisseurs Je ne pense pas qu'il y ait
matière à instituer une grande querelle doctrinale
là-dessus On peut trouver qu'y y a d'autres moyens qui auraient pu
être imaginés,
très bien.
En ce qui touche les bureaux à fermer, moi j'ai été
saisi d'un cas dans la région des Laurentides. Quelqu'un m'a
écrit récemment pour me dire: II est question de fermer le bureau
de Joliette. On ne veut pas qu'il soit fermé. Tout le monde sait que
quand il est question d'arracher un poil à Joliette, c'est pas facile,
pas seulement au point de vue des représentants politiques, mais en
général parce que c'est une région qui défend ses
acquis avec beaucoup d'âpreté, nous le savons tous. Alors, il
n'est pas question de fermer le bureau de Joliette, suivant les renseignements
qu'on me communique. S'il est question d'autres bureaux, le
député pourra me les signaler, je lui répondrai
volontiers. Je prendrai les renseignements auprès de la Régie. La
Régie est l'un des aspects de la politique gouvernementale en
matière de logement que je n'ai pas encore eu le temps d'approfondir. Je
dois avoir des contacts avec les autorités de la Régie
prochainement. La présidente, Mme Thibault, m'a écrit et m'a
envoyé toute une série d'observations dont je me propose de
discuter avec elle prochainement. On entend toutes sortes de théories
à ce sujet. Je crois que, tout compte fait, il est bon d'avoir un
organisme comme celui-ci pour assurer une saine régulation des rapports
entre locataires et locateurs dans une société comme le
Québec où le pourcentage des locataires est encore très
élevé. Il faut une protection minimale pour les
propriétaires. Il en faut également une pour les locataires et je
pense que, dans l'ensemble, le régime que nous avons pourrait sans doute
subir des améliorations au point de vue de son organisation
concrète, mais foncièrement, de nature à répondre
à un besoin social fondamental. (11 h 45)
Je reviens maintenant au fond de notre discussion d'aujourd'hui en
conclusion, M. le Président. On veut parler de politique d'habitation.
Nous en parlons volontiers, nous sommes très heureux d'en parler. Toute
politique sérieuse d'habitation gravitera vraisemblablement autour des
cinq volets suivants: II faut une politique pour susciter la construction; il
faut une politique pour favoriser l'accès au logement pour les milieux
qui ne sont pas capables do se le fournir en vertu du seul jeu des
règles du marché; il faut une politique qui favorisera la
restauration des logements déjà en existence; il faut une
politique de soutien financier au logement pour les personnes qui peuvent s'en
procurer sur le marché privé, à un prix qui sera moins
élevé que celui des logements sociaux; il faut des formules
intermédiaires; il faut ensuite une politique de régulation des
rapports entre locataires et propriétaires.
Nous avons des programmes précis autour de chacun de ces volets
de ce qui constitue, quand on parle en termes synthétiques, une
politique. Si on veut parler de la politique d'habitation du gouvernement, il
faut faire une critique analytique de chacun de ces programmes, et on peut
tirer des conclusions générales ensuite. Il y a une autre
méthode qui consiste à dire: Nous définissons une
politique, ensuite nous aurons des programmes. Moi, je suis de la
méthode inductive. J'ai été de l'école inductive
toute ma vie. Je me méfie comme la peste de l'école deductive sur
le terrain de l'action. Ça conduit à toutes sortes d'abus, pas
seulement idéologiques, mais aussi administratifs et financiers. Je suis
de l'école inductive. Je vous dirai mon approche bien simplement, M. le
Président. Là, j'ai entrepris un examen critique de chacun de nos
programmes, autour de chacun de ces cinq volets fondamentaux, une politique
d'habitation... J'entreprendrai, avec les ressources que le gouvernement voudra
mettre à ma disposition, d'améliorer chacun des programmes que
nous avons dans chacun de ces volets, même de voir à mettre au
jour de nouveaux programmes si des carences devaient m'être
signalées, dans l'espoir qu'ayant amélioré tous ces
programmes et créé des programmes qui s'imposeront, le jugement
que voudrons porter nos concitoyens sur la politique d'habitation du
gouvernement sera plus généreux, plus compréhensif et plus
satisfait d'un certain point de vue. C'est de là qu'il faut partir. Je
ne vois pas comment... Je pourrais bien déclarer ce matin que le droit
au logement est un droit fondamental. Je l'affirme volontiers, mais tant que je
ne me suis pas enquis des moyens par lesquels la société peut
répondre à ce droit, je dois être prudent dans les
affirmations que je fais parce que, autrement, je crée des obligations
législatives dont la solution pratique dépendra de la
décision des juges. Nous ne pouvons pas créer des obligations qui
vont faire qu'on sera une société dirigée par des juges
malgré tout le respect que nous avons pour la magistrature. Alors, je
m'engage, aussi clairement qu'on peut le faire, à promouvoir
l'amélioration raisonnable et rationnelle des programmes que nous avons
dans le secteur de l'habitation, à créer au besoin de nouveaux
programmes en réponse aux besoins dont nous ferons la
vérification sur le terrain et pas uniquement à travers des
statistiques abstraites. C'est ça l'approche du gouvernement en
matière d'habitation.
Déjà nous faisons beaucoup sous chacun de ces volets-ci.
Ce n'est pas complet. On peut critiquer à juste titre, mais, je me
demande, encore une fois, si l'on veut faire une critique sérieuse qu'on
procède par la manière analytique pour commencer, pour arriver
ensuite au jugement d'ensemble dont j'accepterai volontiers qu'il soit
sévère si l'action a été déficiente de
manière vraiment prouvée, voilà, M. le Président,
l'approche.
J'apprécie le débat que nous avons ce matin et j'adresse
des remerciements cordiaux au député de Shefford pour avoir
favorisé cet échange qui s'est déroulé dans un
climat de sain
dialogue, je crois bien.
Je remercie également mes collègues de l'Assemblée
nationale, nombreux du côté gouvernemental, qui sont venus
témoigner, une fois de plus, de leur intérêt pour les
questions d'habitation.
Je signale que chaque député dans cette Chambre, s'il veut
être réaliste et honnête, pourra trouver dans son propre
comté des exemples de réalisations et matière d'habitation
ou de logement qui découlent directement des politiques de
gouvernement.
J'examinais, hier, la liste des certificats qui ont été
émis en faveur de jeunes couples qui achètent leur logement. Il y
en a dans tous les comtés du Québec. Je suis content de vous
rendre hommage, M. le Président. Il y en a parfois plus dans les
comtés péquistes que dans les comtés libéraux.
C'est probablement parce que vous avez vu qu'il y avait des besoins plus grands
dans certains comtés, on ne vous en fait pas reproche, mais si vous avez
oublié des besoins de notre côté on va vous demander de les
regarder.
Alors, quand on regarde ça, qu'on pense que c'est une liste
considérable, on est obligés de se dire qu'il se fait un travail
énorme. Mais venir dire qu'il ne se fait rien, quand dans mon seul
comté d'Argenteuil, j'ai au-delà de 400
bénéficiaires du programme AMI depuis un an et demi. Bien
franchement, 400 ménages bénéficiaires, c'est formidable.
J'aimerais qu'il y en eût 1000, mais je pense que 400 c'est
déjà un très bon commencement. Vous allez me donner les
statistiques pour les programmes de restauration pour chacun des comtés
du Québec parce que je voudrais que Shefford soit bien traité
également. Mais nous allons voir à ce que... prenant conscience
de tous les bienfaits qui découlent déjà de ces
politiques, nous en améliorions encore la performance avec la critique
que je souhaite de plus en plus constructive de notre ami le
député de Shefford.
Le Président (M. Gautrin): Je vous remercie, M. le
ministre et député d'Argenteuil. Pour 10 minutes, je
céderai la parole pour conclure à M. le député de
Shefford.
M. Roger Paré
M. Paré: Oui, merci M. le Président. Je vais devoir
conclure moi aussi en manifestant ma déception parce que le ministre n'a
pas écouté le milieu, et n'a pas compris le message que je lui ai
passé aujourd'hui au nom des autres.
Une politique d'habitation ce n'est pas juste des programmes, c'est une
orientation, et tout le monde le demande. Je dois dire que le milieu, à
partir de 1985. a manifesté sa déception qu'il n'y ait plus de
ministre, plus de porte-parole comme tel au Conseil des ministres, mais ils
sont devenus plus modérés avec le temps en disant: Bien, on ne
demandera pas tout de suite un ministre, on va demander au moins une politique
globale tellement c'est un sujet majeur important. J'ai donné des
chiffres tantôt, je ne les répéterai pas.
Le ministre nous revient maintenant en disant: On n'a pas besoin
d'orientation, on n'a pas besoin de politique. Une société a
besoin de plans de travail, a besoin de grands objectifs, ça a besoin de
définitions pour savoir où elle va, sinon ça s'en va
cahin-caha, comme on le voit dans tout le secteur de l'économie au
Québec présentement, et même dans le secteur social et
culturel. Ça s'en va tout croche quand on n'est pas capable de se donner
une ligne directrice, finalement, se fixer des objectifs. Quand le ministre dit
- et ça, je dois dire que ce n'est pas correct - quand il dit: Je ne
veux pas de politique, je ne veux pas que ce soit les juges qui
décident, mais, justoment, co ne sora pas les juges s'il y a une
politique, c'est les gens politiques, parce qu'une politique, c'est voté
ici, à l'Assemblée nationale, et c'est ensuite nous qui pouvons
la modifier, alors que, présentement, c'est des gens non
élus.
M. Ryan: Question de directive.
Le Président (M. Gautrin): Monsieur, une question de
règlement, si vous me permettez.
M. Ryan: Question de directive. Le Président (M.
Gautrin): Oui.
M. Ryan: Est-ce que le député de Shefford
consentira à une rectification parce qu'il vient de me citer d'une
manière erronée. Je n'ai jamais dit que...
M. Paré: Non. Je dois dire que j'ai seulement...
M. Ryan: Je n'ai jamais dit que j'étais...
M. Paré: M. le Président, j'ai seulement 10
minutes...
M. Ryan: Oui, mais...
M. Paré: ...et j'aimerais l'avoir pour
compléter...
M. Ryan: ...on peut vous le donner à la fin, si vous
voulez, mais je pense que vous n'avez pas le droit de véhiculer des
interprétations fausses.
M. Paré: À la fin, si vous voulez, avez
plaisir.
M. Ryan: Très bien.
Le Président (M. Gautrin): M. le député de
Shefford.
M. Paré: Maintenant, quand on dit qu'on n'a pas besoin de
politique, qu'on préfère des programmes qu'on va améliorer
on qu'on va rajouter, si nécessaire, je dois vous dire que ça
veut dire qu'il y en a comme une espèce de politique où il y a
des cheminements qu'on fait ou des lignes conductrices qu'on utilise
présentement; on a juste à regarder et c'est la
réalité. Au moment où on se parle, par rapport au
gouvernement libéral actuel, premièrement, c'est l'absence
d'objectif global et ça, c'est surtout, pas seulement le milieu social
de l'habitation, c'est surtout et de plus en plus le secteur construction qui
exige et qui demande, et vous allez voir que vous n'avez pas fini d'en avoir
des demandes dans ce sens-là. On va même maintenant demander,
étant donné qu'on s'aperçoit qu'on ne peut pas obtenir un
ministère de l'habitation, on demande un ministère de la
construction.
Ce qu'on voit depuis 1985, et ça tout le monde est capable de le
constater, c'est le désengagement de l'État, là-dedans
comme dans le reste. Je parlais des HLM tantôt, trois fois moins
maintenant qu'en 1985. Ce n'est pas vrai que je me promène à
travers le Québec, comme le disait le ministre tantôt, pour dire
que c'est la solution idéale et qu'on doit en bâtir partout. Il
doit y en avoir, étant donné que c'est un besoin, il doit y en
avoir et c'est reconnu. Ce n'est pas la seule solution. La preuve, j'ai
parié de beaucoup d'autres dossiers. J'ai parlé, entre autres,
des coopératives. La aussi, on a diminué considérablement,
alors que c'est beaucoup moins coûteux que les coopératives. On
dit qu'on s'implique, que les besoins sont plus grands. La
réalité, c'est quoi? C'est que les budgets de 1990 par rapport
à 1985, en termes d'argent investi, sont de 14 000 000 $ de moins.
Imaginez-vous, si on mettait ça en dollars constants, la diminution des
budgets investis en habitation au Québec, c'est dramatique. J'ai juste
parlé tantôt du partage du logement qui ne coûterait rien.
On n'a pas réussi à régler ça. Ça fait deux
ans qu'on demande 45 000 $ pour une année, pour être capable de
mettre des gens en contact et d'avoir une structure porteuse. C'est presque
incroyable. Le ministre a parlé de Logirente. D'accord avec Logirente.
On ne parle plus, non plus, de l'engagement qu'on avait pris de ramener
ça à 55 ans. Donc, c'est le désengagement de
l'État. J'ai écouté les discours non seulement du
ministre, mais d'autres députés, on est lié et on revient
toujours à l'entente-cadre, on est à la remorque du gouvernement
fédéral. C'est le gouvernement fédéral
lui-même qui l'a dit, c'est lui qui a le rôle chef au niveau des
orientations et des dépenses qui vont se faire. C'est le gouvernement
fédéral qui dit ça et on se rend compte qu'effectivement,
c'est eux autres qui décident.
La preuve, cette année, c'a pris combien de temps avant d'aller
en appel de proposition sur les coopératives? C'a pris des mois et des
mois, et la réponse de votre prédécesseur, c'était
toujours la même affaire. On est obligé d'attendre ce qu'Ottawa
décide. C'est ça qu'on a entendu pendant des mois. Et ça,
je dois vous dire: C'est dommage de nier en même temps l'importance de ce
secteur névralgique au niveau économique. Je n'ai même pas
commencé là-dessus aujourd'hui, juste le côté social
de l'habitation. J'ai parié d'abord, en premier, de l'importance du
secteur économique et puis on n'en a pas parlé par la suite.
Moi, je dois vous dire: Le ministre des Affaires municipales et
responsable de l'habitation - parce qu'il n'a pas le titre de ministre de
l'habitation - a un rôle, à mon avis, qui est important. C'est de
venir en aide à ceux qui ont des problèmes, dans une des facettes
très importantes par rapport aux citoyens, qui est l'habitation. Et
pourtant, on fait quoi? Je suis d'accord avec les cinq points du ministre dans
une politique d'habitation. Je suis d'accord pour que les cinq principes de
base, ce soit ceux qu'il a énumérés. Qu'on ait une
politique, par exemple, pas juste des programmes.
Si on respectait ça, ça voudrait dire que, oui, on
aiderait les gens. Donc, ça veut dire: les petits propriétaires,
les locataires, les démunis, toutes les personnes. Et on irait au niveau
d'accès à la propriété et on irait aussi au niveau
d'aide au logement social. Mais, on fait quoi présentement? On
pénalise bien plus les gens qu'on les aide. Regardez les petits
propriétaires qui ont de la misère à arriver a cause des
taux d'intérêt. C'est vrai qu'on n'a pas de contrôle
là-dessus, mais on fait quoi pour les aider? On va augmenter
l'électricité de 23 % dans l'espace d'une année. On va
leur rajouter les taxes scolaires cette année qui vont avoir
augmenté de 150 %, 200 % et ça c'est le minimum dans chacune des
municipalités.
Vous pensez que ça aide les petits propriétaires qui sont
déjà à bout de souffle, qui ont de la misère
à arriver? Pour les plus démunis, on a fait quoi? On fait quoi?
On cache les vrais besoins. On diminue le nombre d'unités - même
le ministre l'a reconnu - en termes de logement social, on diminue l'aide, on
diminue les budgets, mais on n'amène rien pour les aider. À la
place, avec les règlements, on vient cacher et ça, tout le monde
le dit, tous les intervenants, par les règlements, on vient cacher les
véritables besoins en faisant en sorte que la liste d'attente soit moins
longue. Pourquoi? Parce qu'on a baissé le revenu. On a modifié un
paquet d'affaires, ce qui fait en sorte que les gens sont aussi pauvres, les
gens ont autant de misère, les besoins sont aussi grands, sinon plus
grands. Sauf que ça n'apparaît plus parce que sur la liste
d'attente, on enlève des personnes qui peuvent ajouter leur nom.
Donc, on dit: La liste est moins grande. On a moins de besoins. Donc, on
en construit moins. Ce n'est pas vrai. Ce n'est pas comme ça. Ce n'est
pas en cachant la pauvreté qu'on va régler quelque chose. C'est
en faisant effectivement, en prenant des mesures qui vont aider les plus
démunis et non pas faire ce qu'on est en train de faire. Toujours, on
est rendus... Et c'est ça, moi, la perception que j'ai des gestes qui
sont posés présentement. Dans bien des ministères, on est
rendus qu'on s'attaque aux plus démunis au lieu d'essayer de les aider.
Et une des orientations qui s'installent même à la
Société d'habitation du Québec, pas parce qu'ils le
choisissent, ces gens-là exécutent... C'est quoi qui est en train
de s'installer? C'est la même philosophie que la loi 37, c'est clair. De
toute façon, vous avez juste à regarder comment on traite les
assistés sociaux dans les HLM. C'est une philosophie de loi 37 qui fait
en sorte qu'il y ait une espèce d'équité - sauf que
l'équité se fait par le bas - en disant: Comme il y en a des plus
pauvres que vous, on peut se permettre de vous couper encore davantage. Donc,
on appauvrit davantage les plus pauvres et on fait en sorte que les pauvres ne
sont plus des victimes, mais des coupables. On les traite comme des coupables,
puis ça amène des conséquences dans la
société. Ça fait les conséquences qu'on voit. Il y
a deux Québec dans un... il y a des quartiers, à Montréal,
où le taux de mortalité est je ne sais plus combien de
pourcentage de plus que d'autres parce qu'ils sont plus pauvres et, ça,
l'habitation est un facteur important là-dedans. Il faut s'en
occuper.
Vous l'avez vu dans les journaux cette semaine. Je vais vous dire, moi,
je trouve ça dramatique, et c'est chaque ministre qui a une
responsabilité là-dessus, c'est toute la collectivité.
Quand on dit qu'il y a 150 tentatives de suicide par jour au Québec et
trois qui réussissent. C'est un record mondial. On n'a même pas le
droit de l'ignorer, ça devient la responsabilité de tous tes
ministres, pas seulement celui de la Santé et des Services sociaux, mais
celui de l'habitation et tous ceux qui ont une responsabilité par
rapport au vécu quotidien des citoyens. Quand on divise des familles
dans les HLM qui sont démunies et qu'on va faire deux logements de
pauvres au lieu de un, un peu moins pauvre, qu'on aide, pensez-vous que
ça n'a pas des effets directs ça, sur la statistique que je viens
de vous donner, qui n'est même pas une statistique, mais une
constatation.
Moi, je suis inquiet, M. le ministre, et je vous le passe, le message.
Sincèrement, on doit faire en sorte d'aider les pauvres au Québec
et non pas de les accuser, de trouver des moyens pour qu'ils s'en sortent et
non pas faire en sorte de dire: Mais il y en a des plus pauvres que vous, donc,
on peut se permettre de vous fesser dessus un peu, de vous accuser ou bien de
vous en enlever encore un peu plus par rapport aux services. Je vous le passe
d'une façon très honnête et sincère parce que les
chiffres nous prouvent que ça Va en s'aggravant. Vous avez vu les
derniers chiffres, à Montréal, où on dit qu'il y a
à peu près le tiers de la population qui est pauvre. Il va
falloir qu'on fasse quelque chose. Si ce n'est pas une politique, il va falloir
qu'on regarde. On ne peut pas faire en sorte qu'une métropole comme
Montréal soit en train de s'appauvrir, parce que c'est le coeur du
Québec, et la ville de Québec, qui est la capitale, est en train
de vivre exactement le même problème. On ne peut pas ignorer
ça. C'est aussi dans d'autres municipalités du Québec,
mais c'est là où c'est le plus grave, le plus perceptible et
où les conséquences sont les plus néfastes. Et, je vous le
dis, je suis prêt à vous offrir ma collaboration, mais il faut
faire quelque chose rapidement et, comme ministre responsable de l'habitation,
c'est un de points majeurs qu'il faut considérer pour aider ces
gens-là, à mon avis.
Le Président (M. Gautrin): Je vous remercie, M. le
député de Shefford. Il est maintenant midi. Pour continuer, il
faudrait avoir un consentement des partis. Le ministre signalait qu'il voulait
faire une brève intervention. Je vous proposerais la chose suivante, si
vous étiez d'accord. Qu'on accorde trois minutes aux ministériels
et trois minutes à l'Opposition et ensuite, on clôt le
débat. Est-ce qu'il y aurait consentement sur une telle proposition?
M. Paré: Ça va
Le Président (M. Gautrin): Alors, M. le ministre, pour
trois minutes.
M. Ryan: Je ne veut pas rouvrir tout le débat. Je voulais
d'abord clarifier une chose qui risque de déboucher sur un malentendu.
Moi, je n'ai pas dit que j'étais contre une politique d'habitation. Je
suis pour une politique d'habitation, mais il y a une certaine approche que je
privilégie pour en arriver à une politique d'habitation, c'est
l'approche inductive. Puis quand on a une politique... il y en a une politique
actuellement. Comme l'a dit le député de Shefford, elle est
là, elle est implicite. Elle se définit par lés
programmes. Je n'ai pas du tout peur des jugés là-dedans. Ne me
faites pas dire que je suis contre une politique, parce que j'ai peur des
juges! Je suis méfiant par rapport aux proclamations de droits absolus
en matière sociale. Ça, c'est le cas de toutes les
sociétés du monde aujourd'hui, parce qu'on se dit: Ça a
des répercussions législatives et judiciaires qu'on n'a pas
toujours mesurées avec soin puis qu'une société n'est pas
toujours capable d'apporter. Mais, fa, ça demande un peu plus de
retenue.
D'ailleurs, quand nous avons fait la Charte des droits au Québec,
nous avons été très prudents sur les droits sociaux
à cause de ça,
parce qu'une société ne peut pas affirmer une chose de
manière dogmatique et absolue si elle n'est pas moralement capable d'en
assurer le respect. On travaille tous pour que ce soit de plus en plus
respecté. C'est ça que je voulais dire. Je pense que ça,
c'est clair.
Deuxièmement, en ce qui touche les objectifs gouvernementaux,
là, nous sommes dans une période de gestation en vue de la
prochaine année budgétaire. Je suis saisi déjà des
objectifs qu'a proposés la Société en matière de
logement social. Nous examinerons ce qu'il y a lieu de faire pour assurer un
apport du secteur du logement à la relance économique en cette
période de dépression, de récession dans laquelle nous
sommes évidemment engagés actuellement. Je pense qu'il faut que
nous nous interrogions là-dessus. Nous allons le faire également.
Nous sommes à examiner la possibilité d'une meilleure
harmonisation des différents programmes d'aide aux milieux qui ont
besoin de soutien financier de la part du gouvernement. Il y a plusieurs
programmes. J'en ai mentionné de nombreux exemples au cours du
débat. Il faut assurer que ces programmes soient harmonisés de
façon qu'on ne donne pas plus à un qui est dans la même
situation qu'un autre. Ces choses-là sont en marche actuellement
à l'occasion des crédits et d'autres circonstances qui se
présenteront à nous. Il y aura le discours sur le budget
également. Je pense que des précisions seront apportées,
mais je veux vous assurer que nous allons voir à ce que le secteur de
l'habitation soit vraiment présent dans les préoccupations du
gouvernement pour la période qui s'engage. Au cours des mois de janvier
et de février, j'établirai des contacts avec des organismes qui
s'appliquent à travailler sur le terrain, suivant des modalités
que je déterminerai moi-même, évidemment, en prenant soin
de les consulter auparavant, de manière que les propositions que je
ferai au gouvernement procéderont à la fois de l'avis de nos
services compétents en la matière, des observations que m'auront
soumises les citoyens et leurs groupes et des recommandations que voudront me
faire les députés des deux côtés de la Chambre.
Le Président (M. Gautrin): Je vous remercie, M. le
ministre. Pour trois minutes, en conclusion, M. le député de
Shefford.
M. Paré: En conclusion, je vais essayer de reprendre dans
le même ordre. Quand le ministre dit que, pour lui, il y en a une
politique présentement, en tout cas il n'est pas contre une politique,
mais ça se traduit en termes de programmes, je ne suis pas seul à
dire que ça ne peut pas être juste ça, une politique. La
preuve, c'est que tout le monde demande autre chose. Et je vais juste vous lire
la fin d'un texte que je vous ai lu tantôt qui vient de gens qui sont du
milieu de la construction. Et c'est bon de vous le rappeler, M. le ministre,
parce que ce sont des gens qui sont à la table de concertation. Et
l'article est produit du 16 novembre; donc, ils n'ont pas émis ça
en ne sachant pas comment la table de concertation viendrait aider.
Après avoir fonctionné à cette table pendant à peu
près 8, 10 mois, ils se rendent compte que ce n'est pas ça, ce
n'est pas des mesures dilatoires qui vont empêcher le besoin. Ça
dit: Cette politique permettrait de définir clairement le rôle des
intervenants, d'instaurer des mécanismes cohérents et
coordonnés et. surtout de créer un ministère de
l'Habitation ayant pour mandat d'établir et de suivre un plan
stratégique conséquent. Je pense que je n'aurais même plus
besoin de rien dire tellement c'est clair et tellement ça nous dit c'est
quoi la différence entre une addition de programmes, des
améliorations à des programmes et une politique globale.
Ici, ce n'est pas un dogme, c'est tout simplement une expression comme
quoi un gouvernement a une volonté et a aussi une orientation, ce qu'il
n'a pas présentement. Vous dites que, bien oui, vous êtes en
période de gestation et de consultation pour un certain temps. Je
comprends ça et je respecte ça, vous arrivez. Sauf que le
discours que j'entends depuis cinq ans et depuis quatre ministres, c'est la
même chose et c'est pour ça que je me permets de ramener
ça. Je suis obligé parce que, depuis l'abolition du
ministère et, finalement, de certains programmes et tout ce qu'on a
vécu depuis un certain temps, on a formé un comité de
députés, on a eu d'autres comités, on a eu des
échanges avec Ottawa et, là, on a la table de concertation dont
on n'a même pas parlé ce matin. Et pourtant, ces gens-là...
c'était censé remplacer presque la politique de l'habitation,
c'était censé être la place... où on va. Et vous me
dites que c'est une tournée des autres organismes ou du milieu que vous
allez aller voir. Donc, la table, vous nous faites la preuve ce matin que ce
n'est même pas l'organisme principal, qu'en 8, 10 mois ils n'ont pas
réussi à s'entendre, ils n'ont pas réussi à nous
développer quelque chose. La preuve, c'est qu'eux autres nous demandent
autre chose maintenant. Le télégramme, l'Union des
municipalités et l'APCHQ, c'est du 16 novembre. Les autres membres
à la table, vous avez dû les rencontrer ou en entendre parler, que
ce soit les membres du FRAPRU ou d'autres associations, ils demandent, au
moment où on se parle, exactement la même chose. Je sais que je
suis, ce matin, porte-parole d'une majorité de membres ou d'organismes
qui sont présents à la table de concertation qui demandent un
politique globale en matière d'habitation. Je vous demande de
considérer cette demande sérieusement en vous rappelant - et je
ne le relirai pas parce que c'est sur les galées, de toute façon
- la fin du texte que je vous ai lu tantôt et vous allez voir que ce
n'est pas un dogme, mais que c'est une
orientation, une volonté d'action qui est manifestée dans
cette parole.
Le Président (M. Gautrin): Je vous remercie, M. le
député de Shefford. Je constate que la commission a rempli son
mandat et elle est ajournée sine die.
(Fin de la séance à 12 h 8)