Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Quatorze heures douze minutes)
Le Président (M. Richard): Dans un premier temps, est-ce
qu'il y a des remplacements, M. le secrétaire?
Le Secrétaire: Non, M. le Président, il n'y a aucun
remplacement.
Le Président (M. Richard): Merci, M. Comeau. Maintenant,
je déclare la séance ouverte. Je vous rappelle le mandat de notre
commission qui est de poursuivre les auditions publiques dans le cadre de la
consultation générale sur l'étude de la procédure
d'évaluation et d'examen des impacts sur l'environnement et sa
portée, notamment en ce qui a trait aux grands projets industriels et
aux projets concernant la disposition des déchets solides et
domestiques, et cela, en tenant compte, évidemment, de la
procédure québécoise actuelle, du rapport Lacoste, de la
procédure ontarienne et de la procédure suggérée
par le gouvernement fédéral.
Nous recevons comme premier groupe, cet après-midi, l'Union des
producteurs agricoles, représentée par M. Jean-Yves Couillard et
Mme Suzanne Cloutier. Si vous voulez prendre place, s'il vous plaît. Vous
avez une heure maximum. Vous faites votre présentation et, normalement,
c'est divisé en trois. Vous avez une présentation de 20 minutes
maximum donnant l'opportunité aux deux groupes de parlementaires de vous
questionner. Si vous pensez que vous aimez mieux ne pas avoir de questions,
vous n'avez qu'à parler plus longtemps et on questionne moins. Si votre
lancement est plus court, bien, nous, ça nous donne l'opportunité
de poser des questions. Ça dépend de votre vision des choses.
Alors, sur ce, je vous laisse la parole, M. Couillard, pour les prochaines
minutes.
Union des producteurs agricoles
M. Couillard (Jean-Yves): Merci, M. le Président. Et merci
également aux membres de la commission de nous recevoir cet
après-midi. Comme vous connaissez tous aussi Mme Cloutier qui
m'accompagne, elle répondra également aux questions. Mme Cloutier
est un membre, un cadre chez nous, et c'est elle qui s'occupe du dossier, bien
sûr. On va essayer de faire rapidement, parce que ça vous
permettra de poser toutes les questions sans être bousculés vous
autres non plus.
Alors, l'agriculture québécoise des dernières
années n'a pas échappé à la réflexion sur la
protection et la regénération de l'environnement qui a
secoué la plupart des pays industrialisés. Ainsi, comme en
témoigne la déclaration des états généraux
du monde rural, la notion de développement durable et, plus
spécifiquement, d'agriculture écologique viable est maintenant au
coeur des préoccupations du monde agricole.
En raison de cette préoccupation, et parce que son territoire est
menacé par divers projets susceptibles d'altérer l'environnement,
le monde agricole s'intéresse vivement à la présente
consultation sur la procédure d'examen et d'évaluation des
impacts sur l'environnement. De par sa fonction même, qui est
d'intégrer la dimension environnementale lors de la planification de
divers projets, la procédure québécoise, résultant
de l'adoption de la Loi sur la qualité de l'environnement et du
Règlement sur l'évaluation et l'examen des impacts sur
l'environnement, contribue à la promotion du développement
durable et se doit donc d'être maintenue. Toutefois, comme les
consultations menées par le comité d'examen de la
procédure d'évaluation environnementale ont permis de le
constater, des améliorations doivent être apportées
à la procédure actuelle, afin de la rendre plus efficace et plus
transparente. Nous examinerons donc ces notions d'efficacité et de
transparence de la procédure, de même que la problématique
de l'assujettissement des projets, programmes et politiques.
Alors, au niveau de l'efficacité et de la transparence de la
procédure, les principes généraux qui devraient guider
toute procédure d'examen et d'évaluation des impacts
environnementaux sont, à notre avis, les suivants: tous les enjeux
environnementaux doivent être pris en compte afin d'en arriver à
la meilleure décision possible concernant la mise en oeuvre de projets
susceptibles d'affecter l'environnement. La procédure doit, à la
fois, permettre une bonne information du public et une prise en compte de ses
préoccupations et points de vue. La procédure doit être
perçue comme une étape de la planification de projet et non comme
une source de conflits ou un frein à la réalisation de projet.
Enfin, la procédure, pour être efficace, doit être souple,
rapide et transparente.
Imposition de délais plus précis. Comme le
démontrait le rapport Lacoste, le déroulement de la
procédure est plutôt long. Pour l'ensemble des projets, la
durée de la procédure se situait en moyenne à environ 33
mois. Seul le BAPE est soumis à un délai fixe, à savoir 4
mois pour la tenue de l'audience et le dépôt du rapport. Beaucoup
d'étapes pourraient être accélérées comme,
par exemple, la consultation sur la recevabilité de l'étude
d'impact et l'émission de
l'avis de recevabilité, l'élaboration du mandat
d'audience, l'analyse du projet après le dépôt du rapport
du BAPE et la prise de décision comme telle.
Dans un contexte de compétition croissante, le problème de
la lenteur de la procédure doit être sérieusement
analysé. Ainsi, l'imposition de délais pour les
différentes étapes mentionnées ci-dessus serait
souhaitable. Évidemment, il ne saurait être question d'appliquer
des échéances uniformes à tous les projets. Un
comité consultatif pourrait donner des avis sur les délais
à respecter pour différents types de projets. En effet, afin
d'éclairer le ministre sur certaines questions précises
relativement à la procédure, un comité consultatif,
formé d'experts environnementaux, de représentants de l'industrie
et de citoyens et s'adjoignant des spécialistes au besoin, pourrait
recevoir les avis des groupes et personnes intéressés et formuler
des recommandations.
Accroissement de la transparence de la procédure. La
procédure québécoise fait une large place à la
participation du public, en ce qu'elle inclut la possibilité de tenir
des audiences publiques. Toutefois, certaines composantes de la
procédure demeurent dans l'ombre. C'est le cas, notamment, de l'analyse
environnementale du ministre et des critères sur lesquels s'appuie le
ministre pour effectuer sa recommandation au Conseil des ministres. À
l'instar de ce que prévoit la procédure américaine, un
compte rendu de la décision comportant les éléments
suivants devrait être rendu public: la nature de la décision, les
variantes considérées, les facteurs pris en compte, le programme
de suivi et les mesures de mitigation.
Suivi de la procédure. Quand un projet est accepté par le
Conseil des ministres, se pose la question des mesures de mitigation et du
suivi du projet, autant pendant la période de réalisation
qu'après celle-ci. Nous croyons d'abord qu'aucune mesure
environnementale compensatoire alternative n'ayant aucun lien avec le projet ne
devrait servir de substitut à des mesures de mitigation reliées
directement au projet et nécessaires à l'atténuation des
impacts de celui-ci. Dans le cas de modifications majeures devant être
apportées à un projet déjà autorisé, le
public devrait être informé et même consulté s'il y a
lieu. Il nous apparaît également que des contrôles plus
fréquents du ministère de l'Environnement sont nécessaires
une fois le projet réalisé. Toutefois, pour être en mesure
d'effectuer ces contrôles, le MENVIQ doit disposer des ressources
nécessaires.
Médiation environnementale. La médiation environnementale
n'est pas prévue à la procédure québécoise,
mais elle fait partie intégrante du projet de loi fédéral
C-13 sur la mise en oeuvre du processus fédéral
d'évaluation environnementale. Elle a pour but de mettre les principales
parties intéressées en présence afin qu'elles s'entendent
sur les effets environnementaux d'un projet et sur les mesures
d'atténuation nécessaires. Elle a donc pour but de limiter le
recours à des audiences publiques.
La médiation pourrait s'appliquer à des projets non
litigieux, pour lesquels les parties directement touchées ou qui ont un
intérêt direct sont identifiées et sont d'accord avec la
médiation et pour lesquels la demande d'audience ne remet pas en
question le projet, mais porte plutôt sur certains points techniques
précis. Dans ces cas, la médiation pourrait être efficace,
tout en permettant d'alléger la procédure et la tâche du
BAPE. Toutefois, il s'agit d'un instrument dont la composante "consultation du
pubUc" est restreinte. Pour des projets contestés, recourir à
cette façon de faire signifierait retrancher les problèmes de
l'observation du public en général et pourrait discréditer
la procédure au plan de la transparence.
Évidemment, lorsque plusieurs outils de consultation peuvent
être utilisés, une instance doit effectuer un choix en tenant
compte des caractéristiques des différents projets. Il nous
semble que le comité consultatif auquel nous faisions
référence auparavant devrait faire des recommandations quant aux
projets pouvant être soumis à un processus de médiation.
Cependant, nous estimons qu'il revient au BAPE de jouer le rôle de
médiateur, comme il lui appartient de tenir des audiences publiques.
Comme c'est le cas pour les audiences publiques, un délai fixe devrait
être imposé pour la médiation.
Harmonisation avec les procédures d'autorisation de la CPTAQ.
Contrairement à ce qui a été avancé dans le rapport
Lacoste, nous croyons que le caractère décisionnel de la CPTA
concernant la localisation des projets en zone verte doit être maintenu -
le rapport Lacoste suggérait que le gouvernement puisse
considérer la possibilité de demander l'avis de la Commission,
tout en se réservant la décision finale. Alors, il est clair
qu'il n'appartient pas à la Commission de statuer sur l'ensemble des
impacts environnementaux, mais plutôt sur les impacts éventuels de
ces projets sur l'agriculture pratiquée ou sur le potentiel agricole du
milieu. C'est pourquoi elle n'a pas à attendre le rapport du BAPE avant
de rendre une décision.
Cependant, il apparaît souhaitable, pour éviter l'exclusion
de terres pour un projet qui ne serait jamais réalisé, faute
d'une décision favorable du Conseil des ministres, que le BAPE et la
Commission conviennent d'une procédure administrative pour que la
décision de la Commission de protection du territoire agricole soit
reportée à une date ultérieure au rapport. Il s'agit
là toutefois de cas d'exception puisque la majorité des projets
en zone agricole requiert une autorisation pour utilisation non agricole. Dans
le cas d'une autorisation pour usage non agricole, la décision de la
Commission peut être conditionnelle à la réalisation du
projet, si une interven-
tion en ce sens est faite auprès de la Commission de protection
du territoire agricole.
Afin que le processus soit plus efficace, il faudrait que les
démarches du promoteur auprès de la CPTA et du ministère
de l'Environnement se fassent de façon parallèle et
concertée afin que le choix de variantes de projets soit orienté
en fonction des impératifs tant agricoles qu'environnementaux. Il est
important de noter que la décision de la Commission d'autoriser
l'implantation d'un projet en milieu agricole ne porte pas sur les impacts
environnementaux globaux et n'affecte donc pas le résultat de la
procédure d'évaluation dans son ensemble. En effet,
l'étude de la Commission a une portée géographique
limitée et s'intéresse exclusivement à des critères
liés à l'agriculture.
Les modes d'assujettissement des projets. La procédure
québécoise est bien dotée quant à
l'assujettissement des projets puisqu'elle comporte une liste de projets
obligatoirement assujettis, ce qui laisse moins de place à l'arbitraire.
Cela constitue un avantage marqué par rapport à la
procédure américaine - fédérale - et par rapport
à la procédure fédérale actuelle, où les
autorités responsables décident elles-mêmes des projets qui
seront soumis à la procédure. D'ailleurs, la plupart des
poursuites devant les tribunaux, dans le cas de la procédure
américaine, portent sur l'assujettissement des projets. En Ontario, il
n'y a pas, à proprement parler, de liste de projets assujettis. Il
s'agit, aux dires du Groupe de travail sur l'amélioration de la
procédure ontarienne, d'un mécanisme ad hoc, incertain et
inefficace. De plus, le mécanisme de désignation ne repose sur
aucune liste de critères et de nombreuses demandes de désignation
viennent inonder les bureaux du ministère de l'Environnement.
Pour toutes les raisons énumérées
précédemment, nous croyons que le mode d'assujettissement actuel,
soit la liste de projets obligatoirement assujettis, est un bon instrument qui
doit être maintenu. Il ne nous semble pas opportun d'établir une
liste d'exclusion puisque les projets non soumis sont couverts par l'article
22, pour lequel il existe un lien d'exclusion. Toutefois, dans le cas de
projets flous ou nouveaux, un comité consultatif, tel que défini
auparavant, devrait faire des recommandations au ministre sur la pertinence
d'assujettir ce type de projet et de les ajouter à la liste d'inclusion.
De plus, cette instance neutre devrait, de façon
régulière, faire ses recommandations au ministre sur la mise
à jour de la liste d'assujettissement.
En ce qui concerne le mode d'assujettissement, nous croyons
également qu'aucune scission de projet pour fins d'évaluation
environnementale ne devrait être effectuée. Toutes les composantes
d'un même projet devraient donc être soumises à la
procédure et sa réalisation ne devrait pas être
amorcée avant que l'ensemble du projet n'ait été
étudié et qu'une décision n'ait été
prise.
Mme Cloutier (Suzanne): Alors, c'est moi qui va prendre la
relève pour continuer. Entrée en vigueur de tous les paragraphes
de l'article 2 du règlement. L'UPA a été récemment
confrontée à l'implantation de l'aluminerie Lauralco, dans la
région de Portneuf, et à l'impossibilité d'exprimer
clairement son opinion dans le cadre d'une audience publique. Elle est d'avis
que tous les paragraphes de l'article 2 du Règlement sur
l'évaluation et l'examen des impacts sur l'environnement devraient
être mis en vigueur et ce, dès maintenant. Le fait que le
paragraphe n, soit les grands projets industriels, de l'article 2 ne. soit pas
en vigueur affaiblit indéniablement la portée de la
procédure. Dans un contexte où le gouvernement
fédéral intervient davantage, où l'Ontario s'interroge sur
la possibilité d'étendre de façon plus systématique
sa procédure aux projets privés, l'argument de la distorsion
concurrentielle pour soustraire certains projets à la procédure
devient de moins en moins crédible. La procédure d'examen
d'évaluation des impacts, qui constitue un des outils du
développement durable, doit donc être appliquée de
façon générale et les grands projets industriels ne
doivent pas faire exception.
Assujettissement des lieux d'élimination des déchets
domestiques. L'établissement de lieux d'enfouissement sanitaire,
relevant de l'article 22 de la Loi sur la qualité de l'environnement,
n'est présentement pas soumis à la procédure et ne fait
donc pas l'objet d'audience publique. Pourtant, cette catégorie de
projet, en plus d'être susceptible de générer des effets
préjudiciables à l'environnement et à la santé
publique, est extrêmement litigieuse et mériterait que le public
soit à la fois bien informé et consulté. Mais, comme la
question des lieux d'enfouissement sanitaire ne peut être isolée
de la problématique de la gestion des déchets, nous croyons que,
dans un premier temps, les plans de gestion des déchets devraient
être soumis à la procédure. À cet égard,,
l'exemple de l'Ontario est extrêmement intéressant puisqu'on y
assujettit non seulement les plans de gestion des municipalités mais
également ceux des compagnies privées.
Evidemment, seuls les projets d'une certaine importance sont soumis
à la procédure. Le fait d'assujettir le plan de gestion des
déchets peut permettre une amélioration de celui-ci et même
une diminution du recours à l'enfouissement sanitaire. De plus, cela
permet de répondre à quelques questions fondamentales sur la
justification de certaines composantes et sur les objectifs à moyen et
long terme de la gestion des déchets. Nous croyons qu'une vaste
consultation publique conjointe, BAPE, MRC, municipalités, devrait
être menée afin d'étudier les divers plans de gestion des
déchets.
Dans un deuxième temps, il faudrait assujettir à la
procédure les projets spécifiques d'élimination des
déchets. L'UPA estime que les lieux d'enfouissement devraient être
soumis à la
procédure d'examen et d'évaluation des impacts sur
l'environnement.
Projets récréotouristiques. À l'instar du Conseil
de la conservation et de l'environnement, nous croyons que les projets
récréotouristiques d'envergure, comme les centres
intégrés - ski alpin, golf, hôtellerie... - devraient
être assujettis à la procédure d'évaluation et
d'examen. De plus, il nous apparaît important que les projets
d'habitation et de commerce susceptibles de générer de nouveaux
centres urbanisés ou semi-urbanisés en milieu rural soient soumis
à la procédure. (14 h 30)
Assujettissement des politiques et programmes. Le ministre peut, de par
l'article 6.3 de la Loi sur la qualité de l'environnement, mandater le
BAPE d'enquêter sur toute question relative à la qualité de
l'environnement. C'est en vertu de cet article que la consultation sur la
stratégie de protection de la forêt a été
menée. Il serait souhaitable que d'autres enquêtes de la sorte
soient menées sur les politiques et programmes ayant trait à la
gestion des ressources, des déchets et rejets. À cet
égard, la politique énergétique du Québec devrait
être soumise à un véritable débat public.
Rôle du BAPE. Le BAPE a pour fonctions d'enquêter sur toute
question relative à la qualité de l'environnement que lui soumet
le ministre et de faire rapport à ce dernier de ses constatations ainsi
que de l'analyse qui en a été faite. C'est également le
BAPE qui a la responsabilité de veiller à la tenue d'audiences
publiques sur des projets assujettis pour lesquels une demande d'audience a
été déposée et jugée recevable par le
ministre. À la lumière des travaux qu'il a menés au cours
des dernières années, le BAPE semble remplir adéquatement
son rôle dans les limites de son mandat. Toutefois, une question
importante se pose quant au pouvoir du BAPE. Actuellement, le BAPE n'a pas de
pouvoir décisionnel ni de véritable pouvoir de recommandation.
Serait-il adéquat que le BAPE soit doté de ces pouvoirs?
Bien que le BAPE ne détienne pas de véritable pouvoir de
recommandation, le fait de rendre son rapport public crée une forme de
pression sur l'appareil gouvernemental et donne aux conclusions du BAPE un
caractère de recommandations qu'il importe de maintenir. Bien que
l'idée de donner un véritable pouvoir de recommandation au BAPE
ou, comme c'est le cas de la Commission ontarienne d'évaluation
environnementale, d'en faire une instance décisionnelle puisse
apparaître intéressante à première vue,
l'expérience ontarienne tend à démontrer que le processus
a tendance à se judiciariser et que plusieurs projets échappent
à la procédure.
Eu égard à ces dernières constatations, il
apparaît préférable de laisser la décision
d'autoriser ou non un projet au Conseil des ministres. Par ailleurs, le MENVIQ
doit poursuivre son rôle d'encadrement technique - émission de
directives préliminaires relatives à chaque étude
d'impact, analyse environnementale. Une plus grande transparence doit cependant
entourer les actions et les décisions de ces deux dernières
instances. À cet effet, certaines phases de la procédure,
à savoir l'émission des directives, l'analyse environnementale du
MENVIQ, l'avis de recevabilité et les raisons motivant les
recommandations du ministre de l'Environnement, devraient être rendues
publiques. Finalement, dans la perspective d'une utilisation plus importante de
la médiation environnementale comme mécanisme de consultation du
public, le mandat du BAPE serait élargi pour contenir celui de
médiateur.
M. Couillard: Alors, au niveau de la conclusion et des
recommandations. Face à la nécessité d'intégrer
environnement et économie, la procédure d'évaluation et
d'examen des impacts sur l'environnement doit être maintenue et
étendue. La procédure québécoise possède des
avantages par rapport à d'autres procédures en vigueur, mais
certaines de ses composantes, dont la transparence, l'information et la
consultation du public, les délais et le suivi des projets, doivent
être améliorées.
Ainsi, afin d'améliorer ces aspects, nous croyons que l'analyse
environnementale du MENVIQ doit être rendue publique; que les
critères sur lesquels s'appuie le ministre pour faire sa recommandation
au Conseil des ministres devraient être rendus publics; que le
ministère de l'Environnement devrait effectuer des contrôles plus
fréquents lorsque les projets sont réalisés.
Quoique nous privilégions l'audience publique comme forme de
consultation, nous croyons que, dans certains cas, lorsque les projets ne sont
pas litigieux, le BAPE pourrait agir comme médiateur.
En ce qui a trait au mode d'assujettissement, le principe d'une liste
d'inclusion comporte des avantages marqués, mais tous les paragraphes de
la liste actuelle doivent être mis en vigueur. La portée de la
procédure et, par conséquent, les efforts pour s'approcher du
développement durable se trouvent compromis par l'exclusion des grands
projets industriels. La portée de la procédure est
également réduite par la scission des projets pour fins
d'évaluation environnementale. Ainsi, nous estimons que toutes les
composantes d'un même projet devraient être soumises à la
procédure.
Outre la mise en vigueur de tous les paragraphes de l'article 2 du
règlement, l'UPA est d'avis que les plans de gestion des déchets
domestiques devraient être soumis à la procédure, de
même que les projets spécifiques d'élimination des
déchets. Cette question est devenue, au fil des ans, un débat
environnemental majeur et le public ne doit pas en être
écarté. De plus, les projets récréotouristiques, de
même que les projets d'habitation et de commerce susceptibles
de générer de nouveaux centres urbanisés ou
semi-urbanisés en milieu rural devraient être soumis à la
procédure. Nous croyons également que les politiques et certains
programmes ayant trait à la gestion des ressources pourraient faire
l'objet de consultations publiques. Finalement, le rôle du BAPE devrait
être maintenu et il devrait englober celui de médiateur.
Toutefois, la décision d'autoriser un projet doit continuer de relever
du Conseil des ministres.
Alors, M. le Président, c'est le mémoire qu'on voulait
vous présenter.
Le Président (M. Garon): Alors, M. le député
de Deux-Montagnes.
M. Bergeron: Merci, M. le Président. Permettez-moi, au nom
du côté ministériel, de vous souhaiter la bienvenue ici
à cette commission. Je pense que l'UPA joue un rôle important chez
nous. D'ailleurs, on constatait que votre président est actuellement
à Paris, où il représente l'UPA avec les agriculteurs
français. Je pense que ça prouve tout l'intérêt que
votre organisme porte au milieu agricole, que ce soit au Québec ou bien
à l'extérieur.
Je vais aller peut-être à la fin de votre mémoire,
pour ma première question, parce que c'est un sujet qui est venu
souvent. Chacun des organismes qui sont venus ici a parlé du BAPE. Et,
à la page 12 de votre mémoire, vous dites: "Bien que le BAPE ne
détienne pas de véritable pouvoir de recommandation, le fait de
rendre son rapport public crée une forme de pression sur l'appareil
gouvernemental et donne aux conclusions du BAPE un caractère de
recommandation qu'il importe de maintenir. Bien que l'idée de donner un
véritable pouvoir de recommandation au BAPE ou, comme c'est le cas de la
Commission ontarienne d'évaluation environnementale, d'en faire une
instance décisionnelle puisse apparaître intéressante
à première vue -et c'est là que c'est important -
l'expérience ontarienne tend à démontrer que le processus
a tendance à se judiciariser et que plusieurs projets échappent
à la procédure. " C'est là qu'est ma question. Quelle est
votre position vis-à-vis du BAPE et quelle opinion vous avez
là-dessus, avec ce qui existe ici au Québec et en Ontario.
M. Couillard: Écoutez, monsieur, je dois vous
répondre dans un premier temps qu'au niveau du BAPE, et, d'ailleurs,
tout autour du BAPE, vous avez constaté qu'on est favorables vraiment
à la procédure' que le BAPE fait actuellement. On le dit
également, c'est peut-être celui-là qui est le plus rapide,
parce qu'il est soumis quand même à des longueurs, c'est quatre
mois maximum, alors vraiment il y a quand même un rapport qui sort assez
rapidement. Et quand on arrive à la deuxième, lorsqu'on parle de
judiciariser, c'est important pour nous autres. C'est ce bout-là qui
empêche vraiment plusieurs groupes de pouvoir faire des recommandations.
Si vous vous en allez exactement comme en Ontario ou ailleurs, et puis vous
donnez des pouvoirs, à ce moment-là ça commence à
prendre des avocats. Et ce ne sont pas tous les groupes qui peuvent se payer
des avocats, puis peut-être les meilleurs, je ne sais pas comment
ça se passe dans tout ça, et, à ce moment-là, les
groupes ont de la difficulté à pouvoir s'exprimer.
C'est pour ça qu'on dit qu'il y a plusieurs choses qui
échappent, c'est-à-dire que le public lui-même, lorsqu'on
s'en vient avec des avocats, vous ne vous exprimez plus. Tandis qu'autrement
c'est facile de pouvoir aller aux audiences, de dire votre point de vue.
J'essaierais de comparer ça un petit peu au niveau de la Commission de
protection du territoire agricole. Lorsqu'elle fait des audiences, vous n'avez
pas besoin d'avocat pour vous présenter. Vous présentez votre
dossier, vous présentez votre mémoire, et là, dans ce
cas-là, ça serait la même chose. Si vous mettez ça
trop judiciaire, à ce moment-là, il y a beaucoup de groupes qui
ne pourront plus, ou les groupes vont se regrouper, ou ça va être
des gros groupes qui vont pouvoir présenter leurs dossiers. Alors, nous
autres, on aime mieux plutôt que ça reste à la
portée de tout le monde, que ça soit facile d'accès.
M. Bergeron: Sur le dernier terme, quand vous dites que ce serait
plus facile pour différents groupes de se présenter, il a
été question, durant les trois dernières semaines, d'un
genre de regroupement, d'une fédération. Qu'est-ce que vous
pensez de ça? Est-ce que ça faciliterait, si des
représentants, même des individus, se regroupaient ensemble, une
force de frappe plus forte, afin de faire des représentations?
M. Couillard: Non, je ne crois pas. Je ne crois pas. Je pense
que, dans le monde ordinaire, il faut rester ordinaire. En tout cas, pour moi
là, je représente vraiment les gars de la terre et puis je
m'imagine que ce n'est pas tout le temps avec les avocats que vous
présentez les meilleurs dossiers. Je crois que c'est quand vous
êtes vous-même, que vous présentez votre affaire
vous-même, que vous l'exprimez vous-même, avec vos idées,
votre façon de penser, que c'est ce qui est le mieux.
M. Bergeron: O. K.
Le Président (M. Garon): J'aimerais corriger une erreur,
là. Vous savez qu'on peut aller soi-même devant n'importe quel
tribunal. On peut aller soi-même devant la Cour supérieure, devant
la Cour provinciale, devant n'importe quel tribunal. L'avocat, lui, a le droit
de représenter d'autres personnes. Quelqu'un qui n'est pas avocat ne
peut pas aller parier au nom d'une autre personne devant les tribunaux, mais
les gens eux-mêmes peuvent aller devant n'importe
quel tribunal au Québec.
M. Bergeron: Merci, M. le Président, de votre...
M. Couillard: Oui, mais moi, M. Garon, là... Excusez, M.
le Président. Je suis en accord avec vous, je l'ai déjà
fait. Mais ce que je peux vous dire, là, c'est que, quand vous arrivez
là et qu'il y a à peu près, dans la salle, une soixantaine
d'avocats qui vous regardent, je vous garantis que je parlais et je ne savais
pas si le son sortait ou ne sortait pas. C'est pour vous dire que c'est quand
même beaucoup plus difficile à exprimer assez facilement parce que
la procédure fait que... Ce n'est pas parce que ça nous cause des
embêtements, mais je vous garantis que la première fois, quand
vous arrivez dans une chose semblable, là, vous êtes quand
même un petit peu nerveux, vous avez de la difficulté à
vous exprimer. C'est plus difficile de vous exprimer. Vous avez toutes les
procédures. Vous vous demandez si vous êtes dedans, ces
procédures-là, ou à côté. Qu'est-ce que
ça va faire? Ce que je dis, "c'est-u" correct? Est-ce que ça a
été retenu contre moi ou pour? En tout cas, vous savez un petit
peu ce que ça représente. Je comprends que, pour les avocats,
c'est facile de l'exprimer mais moi, j'essaie tout simplement de vous dire ce
qu'on ressent lorsqu'on arrive dans les tribunaux où c'est plus
judiciaire.
Le Président (M. Garon): Je dirais qu'il y a autant de
cultivateurs qui sont des bons plaideurs que d'avocats qui sont des bons
plaideurs.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Garon): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. Bergeron: Le moins que je puisse dire c'est que vous avez
l'air très à l'aise lorsque vous vous adressez au
président, à des députés ou à des anciens
ministres. Je pense que vous semblez beaucoup plus à l'aise que si vous
vous présentez devant des avocats comme vous l'avez dit tout à
l'heure, parce qu'à vos réponses on voit que ça sort tout
à fait normalement.
Une question que je voudrais vous poser. En page 2 de votre
mémoire, M. Couillard. Vous dites: Tous les enjeux environnementaux
doivent être pris en compte..." Doit-on considérer aussi ceux
associés au développement agro-alimentaire? Par exemple,
porcheries, abattoirs, érosion de sol, usage des engrais chimiques. En
page 2 de votre mémoire, vous dites: 'Tous les enjeux environnementaux
doivent être pris en compte afin d'en arriver à la meilleure
décision possible concernant la mise en oeuvre de projets susceptibles
d'affecter l'environnement."
M. Couillard: À l'heure actuelle, ces pro- jets-là
n'échappent pas quand même à la loi. C'est
déjà en cours. Mais nous ne croyons pas, nous autres, que tous
les projets doivent vraiment passer par là. Ça veut dire,
déjà qu'il y ait des projets qui sont en place et que d'autres
s'installent, c'est bien certain que ceux qui s'installent; ils ne feront pas
de tort à l'environnement plus que ceux qui sont déjà
installés, à moins que ce soit dans des conditions bien
différentes. Alors, pour nous autres, ce n'est pas qu'on les exclut,
mais on dit: Déjà, il y a des choses qui existent. Ça ne
veut pas dire nécessairement qu'elles doivent toutes faire l'objet...
mais c'est bien sûr que, dans la recommandation où vous la
retrouvez, nous croyons également que les politiques de certains
programmes ayant trait à la gestion des ressources pourraient faire
l'objet de consultations publiques. Ça, ça inclut ces
projets-là. Mais, pour nous autres, c'est bien sûr que
déjà nous sommes soumis à des règlements, nous
sommes soumis à beaucoup de choses qui justifient les projets qui sont
en place. Alors, on ne voudrait pas non plus que, lorsque tu arrives pour
tâcher d'améliorer, d'agrandir ou de faire des choses semblables,
on soit soumis à des études d'impact à ne plus finir, qui
prennent deux ans de temps parce qu'à ce moment-là vous allez
mettre vraiment en danger l'industrie animale. En tout cas, au niveau du
Québec, c'est notre force au niveau agricole. Si ça prend trop de
temps, les agriculteurs, à ce moment-là, vont dire: Bien,
écoutez, avec ce que ça nous rapporte, là, bien,
arrangez-vous avec le projet. Nous autres, on n'a pas de temps à perdre
avec ça. C'est ça qui va arriver. Ils ne mettront pas de l'argent
énormément pour tâcher de tout faire une autre étude
d'impact à chaque fois que tu vas faire une porcherie.
Déjà on est soumis à beaucoup de règlements. Nous
autres, on calcule que c'est quand même suffisant.
Une voix: Merci.
M. Couillard: On ne les exclut pas, là, mais on croit que
dans l'ensemble, lorsqu'on parle d'un médiateur, lorsqu'on parle de
beaucoup de choses, ces choses-là vont être connues, elles sont
sur la table. Ça va être facile d'arriver à un
dénouement du projet.
Une voix: Merci.
M. Bergeron: En page 4, vous abordez la question de la
transparence du processus. Selon vous, madame ou monsieur, qu'est-ce qui a
failli dans ce système, à ce niveau? C'est que les promoteurs,
eux autres, vont essayer de mettre le plus de transparence, à ce qu'ils
disent, en tout cas; c'est bien entendu, tout le monde est pour la vertu, il
n'y a aucun problème là-dessus. Mais qu'est-ce que vous pensez
qui a fait défaut au niveau de la question de la transparence du
processus et qu'est-ce qu'on pourrait faire pour
l'améliorer?
M. Couillard: Bien, le principal... Réponds donc, Suzanne.
(14 h 45)
Mme Cloutier: Au niveau de la transparence, et c'est aussi une
question de délai, là, on pense, entre autres, à l'analyse
environnementale du MENVIQ qui n'est pas rendue publique, qui est difficilement
accessible. Si c'était possible d'avoir... On ne sait pas, en fait,
l'opinion du MENVIQ sur tel type de projet. Quand c'est un projet qui est
obligatoirement assujetti, ç'a été quoi, finalement, son
étude? Et également, au niveau de l'avis de recevabilité,
en regard des directives qui ont été données du
ministère de l'Environnement, le promoteur a-t-il adéquatement
rempli le mandat qui lui avait été conféré? Dans ce
sens-là, c'est... Bon, il y a ça. Il y a la question, aussi, de
la décision en tant que telle. Sur quoi se base le ministre pour donner
sa décision? Ça non plus, ce n'est pas toujours aussi
évident. On va dire: Le ministre de l'Environnement va... Il ne motive
pas nécessairement sa décision. Il va dire: Oui, on va le faire
ou on ne le fera pas. Ou: J'attends. Ou: Je vais demander d'autres
études, comme c'est arrivé récemment. Mais, finalement, il
n'y a pas de formule véritablement très précise en termes
de publication pour indiquer c'était quoi, les motifs de la
décision du ministre. Autant, également, au niveau de l'analyse
gouvernementale, ce n'est pas connu. Ce serait intéressant d'avoir
l'opinion du MENVIQ par rapport à un tel type de projet.
M. Bergeron: S'il y a un regroupement qui est jaloux de ses
droits et privilèges, c'est bien l'UPA. En page 6, vous dites, vous
souhaitez... En fait, le texte revient à ceci: Vous souhaitez conserver
le caractère décisionnel de la Commission de protection du
territoire agricole. Vous insistez beaucoup là-dessus et je pense que
c'est un des buts premiers de votre organisme. Mais ne trouvez-vous pas que
ça devient difficile d'harmoniser lorsque deux entités
décisionnelles doivent protéger leur pouvoir d'intervention?
Jusqu'où va aller la CPTAQ pour la protection du territoire?
En fait, moi, je trouve qu'à ce moment-là vous
protégez votre organisme, vous l'incluez, etc., mais ne trouvez-vous pas
que c'est déjà assez compliqué? S'il faut qu'il y ait deux
entités décisionnelles, ce ne sera peut-être pas plus
compliqué?
M. Couillard: C'est bien sûr qu'on protège notre
organisme, d'ailleurs, notre organisme nous protège aussi. Et, à
ce moment-là, je dois vous dire que probablement on a l'appui du
président, ici, aujourd'hui; je me sens vraiment correct. Je dois vous
dire que c'est bien sûr qu'au niveau de la Commission de protection du
territoire agricole, pour nous autres, elle prend une décision vraiment
sur tout ce qui a rapport à la terre, à la valeur de la terre,
à l'agriculture et l'impact que ça a sur le milieu agricole.
Pour nous, cet impact, ça demeure toujours nécessaire que
la Commission le fasse. C'est bien certain, par contre, que je comprends quand
même, pour aller plus loin, tout l'impact que ça cause au niveau
de l'environnement. C'est une autre décision. Mais la décision de
la Commission... Elle doit s'inscrire et elle doit rendre sa décision,
elle aussi, je dirais, pour savoir si vraiment dans le milieu où elle
est, là, ça touche directement l'agriculture ou si ça ne
touche pas l'agriculture, si, à d'autres endroits, ça toucherait
moins l'agriculture, et il pourrait y avoir la même rentabilité et
le projet pourrait avoir la même viabilité. Alors, c'est ça
vraiment qu'on demande à la Commission: qu'elle reste là, qu'elle
reste dans le décor et qu'elle soit capable de s'exprimer et qu'elle le
dise.
Parce que le projet, qu'il soit à Saint-Charles ou a Saint-Denis,
si vraiment il y a moins d'impact au niveau agricole que le projet soit un peu
à côté ou ailleurs, pour nous autres, c'est important, le
secteur agricole... On dit tout le temps qu'on veut protéger le secteur
agricole, mais, en bout de ligne, on met toujours des restrictions au secteur
agricole. On dit: Oui, on veut bien le protéger, mais il y a telle
affaire qui ne fait pas, il y a telle autre affaire qui ne fait pas. À
un moment donné, on se questionne sérieusement, nous autres.
On a mis en place des organismes, on veut qu'ils demeurent et qu'ils
conservent leur caractère de décision. Quand on dit
"harmonisation", c'est bien sûr que les deux ensemble peuvent regarder,
aussi; ça ne veut pas dire que l'un peut rendre une décision et
l'autre, rendre la décision contraire. Quant on dit: Les deux ensemble
peuvent regarder... Parce que si le projet peut avoir lieu dans une place
où il y a moins d'impact, à ce moment-là, ils vont prendre
une décision ensemble.
M. Bergeron: En fait, ce que je veux dire, le terme
"harmonisation", c'est très bien, mais le problème, c'est
d'arriver à cette harmonisation-là lorsque qu'on se rend compte
qu'il faut prendre une décision. Enfin! Une autre question. Vous dites,
à la page 5 de votre rapport, qu'il n'y a pas de suivi de la part du
ministère. Pensez-vous que les évaluations environnementales
devraient être faites chaque année ou tous les deux ans sur les
projets les plus importants et imposer qu'elles soient publiées?
M. Couillard: Oui, nous autres on ne mettait pas de temps
à l'intérieur de ça. On dit tout simplement: Ce dont on se
rend compte, c'est qu'il devrait y avoir des suivis, plus de contrôles.
C'est bien sûr qu'on cible ici le ministère de l'Environnement et
il doit aussi disposer des ressources nécessaires. Ça ne veut pas
dire que,
dans notre esprit, il n'y en a pas d'autres qui peuvent le faire aussi.
Mais c'est sûr que, quand on le marque, ça veut dire qu'on donne
une priorité au ministère de l'Environnement parce que c'est lui
qui est toujours responsable au bout, et c'est lui qui se fait toujours
critiquer au bout de tout ça, s'il y a des choses qui arrivent. Alors,
c'est pour ça qu'on a ciblé le ministère de
l'Environnement. C'est bien sûr que ça peut être
également d'autres choses. Ce peut être des organismes publics, ou
parapublics, ou aussi peut-être tout simplement des organismes du secteur
privé. Mais il faut que ça ait un caractère de suivi.
M. Bergeron: Ma dernière question, M. le Président.
Vous parlez aussi de projets commerciaux et d'habitation. Est-ce que vous
pensez qu'ils devraient être assujettis à une évaluation
à caractère régional? Vous avez parlé des MRC sous
l'égide du BAPE, par exemple. Est-ce que vous pourriez expliquer ce que
vous voulez dire par ceci? C'est madame qui a souligné ça.
Mme Cloutier: Bien, ce qu'on voulait dire c'est que
présentement, quand il y a des nouveaux centres intégrés,
on pense, entre autres, à des cas comme le mont Pinacle ou des choses
comme ça, il n'y a pas de formule, ils ne sont pas soumis, ces
projets-là, à une évaluation d'étude d'impact, et
nous, on pense qu'il y aurait lieu, quand ça modifie... Parce que la
CPTA, finalement, tout ce qu'elle va regarder à l'intérieur de
son mandat, c'est de protéger les sols agricoles, et l'impact que
ça peut avoir au niveau des lots avoisinants, mais elle ne mesurera pas
l'impact que ça peut avoir au niveau de la région, au niveau
socio-économique pour l'ensemble de la région. Et quand je dis
ça, ça ne veut pas dire nécessairement qu'on est contre le
projet, mais c'est de voir si réellement ça a un impact positif
ou négatif, le fait de le faire. Étant donné qu'il n'y a
pas d'instance qui le fait présentement pour ce type de projet
là, la seule instance c'est un peu la CPTA, quand c'est en zone verte,
qui va dire oui ou non, mais elle va s'appuyer uniquement sur le
caractère essentiellement agricole, alors que nous, on estime qu'il y a
d'autres critères qui sont en jeu là-dedans et qui devraient
être pris en compte. Et, pour ça, on dit: Bien, il y en a une
instance, c'est le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement. Pourquoi
le Bureau, finalement? Pour certains types de projets... Évidemment, ce
n'est pas les projets de trois habitations ou quoi que ce soit, mais ceux qui
créent vraiment des centres urbanisés, dans un milieu rural ou
semi-urbanisé. Je n'ai pas de définition exacte de ce que ce
serait, combien d'hôtels, ou combien de choses, mais c'est le but,
finalement, l'idée de ça. Et je pense qu'on n'est pas les seuls,
de toute façon, à avoir repris cette idée-là.
M. Bergeron: Merci. M. le Président, je ne sais pas s'il y
a de mes confrères ou consoeurs qui auraient des questions à
poser?
Le Président (M. Garon): Avez-vous fini? M. Bergeron:
Oui.
Le Président (M. Garon): M. le député de La
Prairie.
M. Lazure: Merci, M. le Président. Je veux d'abord saluer
M. Couillard et sa collègue, Mme Cloutier, et les remercier pour leur
présentation. L'Opposition est tout à fait à l'aise avec
les recommandations que vous faites. Vous êtes en bonne compagnie, non
seulement parce que l'Opposition est là, mais plusieurs groupes ont fait
ces recommandations-là... La dernière proposition dont vous
parliez tantôt avec mon collègue de Deux-Montagnes, non seulement
sur les projets récréotouristiques, mais quelques autres groupes
nous ont suggéré que les projets récréotouristiques
soient assujettis. Je suis d'accord avec ça, mais vous, vous ajoutez
aussi les projets d'habitation et de commerce susceptibles de
générer des nouveaux centres urbanisés ou
semi-urbanisés en milieu rural. Ça, je pense que c'est
très pertinent parce que, dans le fond, on touche à l'immense
problème de l'étalement urbain. Et, même s'il y a des
choses quasiment irréversibles qui ont été faites depuis
une vingtaine d'années, on peut encore en éviter un certain
nombre et une des meilleures façons de l'éviter, justement, c'est
en assujettissant ces projets domiciliaires à la procédure
d'évaluation et aux audiences publiques. Parce qu'on sait, M. le
Président, qu'il y a du dézonage agricole qui se fait à la
pièce, de plus en plus, dans plusieurs régions du Québec.
Et sans entrer dans ce débat-là, moi, je pense qu'on ne devrait
carrément pas laisser une municipalité ou quelques
municipalités aller de l'avant avec des projets domiciliaires parce
qu'elles ont réussi enfin à avoir le dézonage de la CPTA.
Remarquez qu'il y a même des cas où c'est la CPTA qui offre aux
municipalités de venir dézoner; c'est le cas dans Carignan, par
exemple. Toute la région de la carrière de Désourdy dans
Carignan, le comté de Chambly, pour la troisième fois en un an et
demi, la CPTA insiste, se met quasiment à genoux devant la
municipalité de Carignan et devant la MRC: Laissez-nous dézoner
ça. Et, heureusement, la municipalité a résisté
jusqu'ici. Mais vous avez raison de proposer que ce soit assujetti à la
procédure.
Moi, j'aime bien aussi votre proposition que, lorsqu'il y a des
modifications majeures qui sont apportées au projet déjà
autorisé, le public soit informé et même consulté,
s'il y a lieu. Bon. Ça va avec le suivi. Vous avez des suggestions
pertinentes quant au suivi aussi; ça, c'est une grosse lacune,
actuellement, le suivi. Qu'est-ce
qui est arrivé une fois que le certificat d'autorisation a
été accordé à l'entreprise? L'entreprise a
démarré et, au bout d'un an, deux ans, on peut se rendre compte
que, souvent, les exigences n'ont pas été respectées. Il y
a une lacune importante du côté du suivi.
Une première question sur les délais. Partons de la
constatation du rapport Lacoste qui dit: 33 mois, les délais moyens.
Vous autres, vous avez raison de dire qu'il faut que ce soit un peu
adapté à l'envergure du projet, donc, peut-être des
minimums, des maximums, selon la nature de ces projets-là, mais
avez-vous une estimation du temps maximum que ça devrait prendre,
l'évaluation? Un an, un an et demi, deux ans?
M. Couillard: Écoutez, on parlait de 33 mois, ça
veut dire que, dans notre idée à nous autres, il faut que ce soit
en bas de deux ans, parce que, si vous êtes revenus à deux ans, on
n'aura pas tellement amélioré les procédures. C'est pour
ça, vous remarquez à la page 3, qu'on dit qu'il y a un
comité consultatif. On vous parlait d'un comité consultatif;
c'est peut-être nouveau à ce moment-là. On trouve qu'un
comité consultatif pourrait faire avancer beaucoup de choses au niveau
des procédures, au niveau de tous les avis que les groupes veulent
donner. Il y a, en somme, beaucoup de choses que le comité consultatif
pourrait faire avancer, il pourrait aussi recommander des choses au ministre.
Ça dépend de la teneur des projets, bien sûr. Quand c'est
des gros projets, c'est bien certain qu'à ce moment-là je crois
qu'il faut y apporter toute l'attention. Et c'est pour ça qu'on a dit
qu'au niveau du comité consultatif beaucoup de projets pourraient
même aller, des fois, juste au niveau de la médiation. Ça
pourrait être beaucoup plus rapide, parce que, dans le contexte
économique où on vit aujourd'hui, on ne peut pas se permettre de
toujours prendre des procédures trop longues. C'est bien sûr qu'au
bout de deux ans et au bout de deux ans et demi le même projet, à
ce moment-là, bien, il est parti ailleurs, il est moins attrayant et,
à tout le moins, la clientèle que vous prévoyiez, vous ne
l'avez plus. Alors, c'est bien sûr que vous ne pouvez pas vous permettre,
dans beaucoup de projets, d'être trop longs.
M. Lazure: Ce comité consultatif - vous êtes
effectivement un des rares groupes à proposer ça et c'est
intéressant comme suggestion - vous le voyez consultatif en rapport
strictement avec la procédure d'évaluation?
M. Couillard: Ça va plus loin que ça. Eux autres,
ils ont dit: Oui. Mais on a dit: En effet...
M. Lazure: Parce qu'il existe, évidemment, vous le savez,
un comité consultatif sur l'environnement, actuellement.
M. Couillard: Oui.
M. Lazure: Mais vous, vous voyez un nouveau comité qui
serait surtout axé sur la procédure d'évaluation,
conseiller le ministre sur des changements à apporter, quels
critères utiliser pour apporter ces changements-là...
M. Couillard: Oui. Moi, je dirais oui, surtout au niveau de la
procédure à suivre à l'intérieur des projets.
M. Lazure: Vous ne parlez pas de financement des groupes. Vous en
avez dit un petit mot tantôt, là, mais vous n'insistez pas
beaucoup. Est-ce que ce comité consultatif, par exemple, pourrait faire
des suggestions sur comment financer, à l'occasion des audiences
publiques, des groupes qui n'ont pas les moyens de s'organiser pour
préparer une présentation?
M. Couillard: Non. Nous autres, au niveau de l'UPA, bien
sûr qu'on est un groupe de pression, mais on se finance nous autres
mêmes.
M. Lazure: Vous avez vos finances.
M. Couillard: À ce moment-là, on demande à
nos membres de nous financer. Des fois, on a un peu de difficulté, mais
ils s'aperçoivent qu'on est nécessaires; c'est bien rare que nos
augmentations de cotisations ne passent pas, malgré qu'on a des
périodes qui sont très difficiles, mais ils s'aperçoivent
de la nécessité de financer un organisme. C'est pour ça
qu'on ne s'est vraiment pas penchés, au niveau des groupes, sur quelle
façon les financer. Je trouve quand même que, lorsque vous
embarquez dans une chose semblable, ça devient très difficile. Il
y a beaucoup de groupes qui vont se réclamer le représentant ou
les représentants d'une partie de la société. Plus ils
vont représenter de personnes, plus ils vont vous demander d'argent,
probablement. Alors, moi, je ne veux pas embarquer dans une affaire comme
ça. Je pense que chacun des groupes se définira. Je pense qu'ils
vont être capables de vous exposer leurs demandes bien mieux que je peux
le faire moi-même...
M. Lazure: Mais vous n'êtes pas contre...
M. Couillard: Surtout financiers, je n'haïs pas
ça.
M. Lazure: Vous n'êtes pas contre le fait que, par loi,
comme ça s'est fait en Ontario en 1988, ou autrement, il y ait des
dispositions de prévues pour aider au financement de certains groupes.
Vous n'êtes pas contre ça.
M. Couillard: Je comprends qu'il y ait une
nécessité de ce côté-là, parce que c'est
vraiment ces groupes-là aussi qui sont des gardiens de
l'environnement.
M. Lazure: Sur les déchets solides, vous avez une
proposition qui me plaît beaucoup. Vous proposez de faire un peu à
la façon de l'Ontario, d'assujettir les plans de gestion de
déchets et ensuite d'assujettir les projets d'élimination de
déchets par une vaste consultation qui inclurait à la fois le
BAPE, les MRC, les municipalités. Moi, je pense que c'est une position
tout à fait défendable, tout à fait louable. Alors, je
comprends que, vous autres, vous collaboreriez, dans une étude comme
celle-là, à une discussion publique, un débat public, sur
d'abord les systèmes de gestion de déchets et ensuite lorsqu'il y
aurait un projet particulier qui a le moindrement d'envergure.
M. Couillard: Oui. Je vous dirais oui, parce que vous
n'êtes pas sans savoir que chaque fois que ces choses-là arrivent
- ça s'en vient tout le temps - c'est: jamais dans ma cour, mais
ça continue jusqu'à ce que ce soit dans la nôtre.
M. Lazure: Souvent, c'est dans vos cours agricoles.
M. Couillard: C'est ça.
M. Lazure: Tout proche des cours agricoles.
M. Couillard: Alors, nous autres on disait, à ce
moment-là: C'est bon d'en parler tout de suite parce que ces
projets-là, de toute façon... De plus en plus on va être
confrontés avec des projets semblables. Pour nous autres, on va parler
des deux: la façon de le faire et aussi où vont être les
projets. De toute façon, on n'aura pas le choix. On va être
confrontés avec ça. Et, pour nous autres, c'est important d'en
parler tout de suite.
M. Lazure: Ça va. En ce qui concerne les déchets
solides. En Europe, il y a des pays qui ont pas mal d'expérience
maintenant avec le compostage et qui ont une certaine expérience avec
toute la population agricole qui utilise de plus en plus le compost, l'engrais.
On me dit que dans ces pays-là, au début, il y a eu de la
résistance, pas mal, de la part des agriculteurs. Des anciens
déchets qui deviennent de l'engrais, du compost, ça avait
occasionné une certaine réticence, mais il semble que,
graduellement, c'est entré dans les moeurs. Ici, à l'UPA, est-ce
que vous avez des groupes qui discutent de cette question-là, de cette
éventualité? Est-ce que vous voyez ça venir bientôt?
M. Proulx, est-ce qu'il va nous rapporter des expériences de
là-bas, dans ce sens-là?
M. Couillard: Je douterais qu'il va nous rapporter des
expériences rapidement dans une semaine, avec les problèmes que
les Européens vivent également. Je pense qu'il va surtout
regarder ça. On n'a pas de résistance. Ce n'est pas de la
résistance qu'on a. Ce qu'on demande plus, que ce soit au niveau des
boues des usines d'épuration, que ce soit au niveau des déchets
solides, que ce soit tout ce qui s'appelle récupération, toutes
ces choses-là... Ce n'est pas qu'on a de la résistance. Mais on
veut être vraiment convaincus que tous les matériaux que nous
allons employer, ce sont des matériaux qui vont être exempts de
métaux lourds et qui vont être bons pour nos terres. Alors, nous
autres, on dit: Ça s'inscrit dans une agriculture durable, mais par
contre il faut aussi qu'ils soient de qualité. S'ils ne sont pas de
qualité, à ce moment-là, nous n'en avons pas besoin. C'est
aussi clair que ça.
C'est pour ça qu'on est vraiment favorables à la politique
du gouvernement, dès qu'on parle du 3RVE. On est vraiment favorables
à ça. À ce moment-là, tout ce qui s'appelle
matériaux récupérables qu'on peut utiliser c'est une
économie, en même temps, qui est apportée, et ça
s'inscrit dans l'agriculture durable. Le restant vous l'enfouissez. Mais c'est
bien certain qu'à ce moment-là c'est peut-être le tiers que
vous enfouissez, ce n'est pas la totalité. C'est également au
niveau des boues d'usines d'épuration. Au niveau du compostage on est
favorables, mais on vous dit: À l'heure actuelle, il faudrait
peut-être réviser certaines politiques, tant du côté
du ministère que... ou des deux partis du gouvernement. On a eu de la
misère avec les deux partis, au niveau de l'environnement. Alors, c'est
bien sûr qu'à ce moment-là, nous autres, on est favorables
à toutes ces choses-là, mais il faut aussi être capable de
le faire. Il faut avoir la possibilité de le faire. Il faut que les
réglementations nous le permettent. Il faut avoir la
facilité.
M. Lazure: Merci, M. le Président. Moi, je n'ai pas
d'autres questions. Je voudrais remercier les gens de l'UPA.
Le Président (M. Garon): Mme la députée de
Vachon.
Mme Pelchat: J'aurais un commentaire à faire. On devrait
peut-être essayer d'éviter de comparer la CPTAQ au BAPE parce que
je pense que la CPTAQ, c'est clair que c'est un organisme quasi judiciaire qui
rend des décisions et il y a même un organisme d'appel maintenant.
Je comprends de ne pas judiciariser, mais l'exemple de la CPTAQ n'est
peut-être pas le bon.
L'autre chose c'est que vous nous dites que vous ne souhaitez pas
nécessairement que tous les projets agro-alimentaires soient soumis
à la procédure des évaluations d'impact parce que
ça pourrait éventuellement ralentir ce secteur-là au
niveau de son développement. Il est évident que l'Association des
manufacturiers nous a dit la même chose et l'Association des
constructeurs de
routes va sûrement nous dire la~ même chose. Mais je dois
vous souligner que, pour nous, ce qui est important, c'est d'évaluer la
possibilité de soumettre tous les projets qui peuvent avoir une
incidence sur notre environnement à court, à moyen et à
long terme. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Garon): Je veux remercier les
représentants de l'Union des producteurs agricoles et je suspends les
travaux pour quelques instants pour permettre à l'Association des
constructeurs de routes et grands travaux du Québec de s'approcher de la
table des délibérations.
(Suspension de la séance à 15 h 7)
(Reprise à 15 h 8)
Le Président (M. Garon): Nous reprenons nos travaux de la
commission. M. Richard, directeur général de l'Association des
constructeurs de routes et grands travaux, si vous voulez vous présenter
et présenter les gens qui vous accompagnent. Vous avez une heure devant
la commission. Normalement, vous prenez 20 minutes, il y a 20 minutes pour le
parti ministériel et 20 minutes pour l'Opposition. Ce que vous prendrez
en plus leur sera soustrait, ce que vous prendrez en moins leur sera
rajouté. À vous la parole.
Association des constructeurs de routes et grands
travaux du Québec
M. Richard (Gabriel): Merci, M. le Président. Ça me
fait plaisir de vous saluer et les membres de la commission et de vous
remercier de nous avoir invités. À ma droite, je vous
présente M. Réjean Gingras, qui est de l'exécutif de
Pavage Beaubassin et membre de l'exécutif du conseil d'administration de
notre association, et Me Gisèle Bourque, qui est directrice des services
juridiques. Je vais lui demander de vous faire part du résumé de
notre mémoire et, après, ça me fera plaisir de diriger les
réponses à vos questions. Me Bourque.
Mme Bourque (Gisèle): L'Association des constructeurs de
routes et grands travaux du Québec, incorporée en 1944, regroupe
sur une base volontaire quelque 600 entrepreneurs oeuvrant dans le domaine des
travaux de génie civil, de voirie et de transport d'énergie dont
ils exécutent environ 90 % du volume total octroyé au secteur
public.
Parmi les donneurs d'ouvrage importants, notons le ministère des
Transports, le ministère de l'Environnement, celui de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation, la Société
québécoise d'assainissement des eaux, les communautés
urbaines, les municipalités, Hydro-Québec, la
SEBJ et d'autres. La grande majorité des contrats obtenus par les
entrepreneurs le sont par le biais de soumissions publiques et sont
exécutés dans la totalité des cas selon les plans et devis
approuvés par des ingénieurs et des architectes, . le tout selon
les plus strictes règles de l'art, tout en respectant
l'environnement.
Les entrepreneurs représentés par l'ACRGTQ
exécutent les travaux découlant des contrats qui leur sont
octroyés avec un souci de la qualité selon les plus fondamentales
règles de l'art et sont sensibilisés à la
sécurité et au bien-être du public ainsi qu'à la
protection de l'environnement.
Or, la procédure québécoise actuelle
d'évaluation et d'examen des impacts sur l'environnement, à cause
des délais qu'elle implique et de certaines autres lacunes se situant
à une phase antérieure à la procédure
environnementale, retarde indûment la réalisation des projets
d'amélioration ou de développement du réseau routier du
ministère des Transports du Québec, portant ainsi
préjudice à la population en général.
L'ACRGTQ reconnaît certes l'importance des mécanismes de
consultation et d'audiences publiques instaurés par la
législation québécoise, mais souhaiterait que des
améliorations soient apportées à leurs structures de
fonctionnement afin que la procédure d'évaluation des impacts sur
l'environnement atteigne un degré d'efficacité plus valable et
ce, dans un délai ne portant pas préjudice au bien-être des
citoyens et au développement économique du Québec.
En effet, certaines expériences récentes dans ce domaine
nous laissent perplexes quant aux objectifs réels visés par
l'organisme responsable de cette consultation. Toutefois, mentionnons que la
procédure a démontré son utilité dans de nombreux
dossiers pour susciter et canaliser les débats publics sur des enjeux
majeurs, pour mieux situer la solution de problèmes particuliers dans la
définition et l'application de politiques générales et
pour bonifier, d'un point de vue environnemental, la conception et les
modalités de réalisation des projets. Elle permet d'Informer
adéquatement la population des véritables répercussions
d'un projet sur l'environnement. Ainsi, il arrive que certaines
appréhensions soient dissipées.
La commission de l'aménagement et des équipements
désirant donc savoir si la procédure québécoise
actuelle d'évaluation et d'examen des impacts sur l'environnement
répond aux attentes des personnes, des groupes et des
municipalités, nous prêtons donc, de bonne foi, notre assistance
et collaboration, quoique nous n'ayons pas la prétention d'être
des spécialistes en la matière. Nous réitérons que
notre étude porte essentiellement sur le réseau routier, mais
nous croyons que nos remarques s'appliquent dans d'autres domaines.
Notre mémoire comporte trois chapitres qui
sont les suivants: le déroulement de la procédure
d'évaluation des impacts sur l'environnement, les implications de la
procédure d'évaluation des impacts sur l'environnement à
l'égard de la réalisation des projets d'infrastructures de
transport et l'identification des faiblesses apparaissant à la
procédure d'évaluation des impacts sur l'environnement ainsi que
les correctifs envisageables.
Concernant le déroulement de la procédure
d'évaluation des impacts sur l'environnement établie en fonction
des articles 31.1 et suivants de la Loi sur la qualité de
l'environnement ainsi que du Règlement sur l'évaluation et
l'examen des impacts sur l'environnement, précisons qu'il y a 6 phases
et 16 étapes telles que décrites aux pages 8 et 9 de notre
mémoire.
Certains types de travaux de construction sont assujettis à la
procédure d'évaluation des impacts sur l'environnement à
l'égard de la réalisation des projets d'infrastructures de
transport. Il s'agit des travaux suivants: la construction, la reconstruction
ou l'élargissement d'une infrastructure routière publique sur une
longueur de plus d'un kilomètre, prévue pour quatre voies ou
plus, ou dont l'emprise moyenne sera égale ou supérieure à
35 mètres; le dragage, le creusage, le remplissage ou le remblayage dans
un cours d'eau ou dans un lac, à l'intérieur de la limite des
hautes eaux prioritaires moyennes, sur une distance supérieure ou
égale à 300 mètres ou pour une superficie
supérieure ou égale à 5000 mètres carrés; le
détournement ou la dérivation d'un fleuve ou d'une
rivière.
De plus, ces travaux ne peuvent être entrepris sans obtenir
préalablement un certificat d'autorisation de réalisation par
décret gouvernemental. Il doit être suivi par l'obtention d'un
certificat d'autorisation de construire délivré par le
sous-ministre de l'Environnement. Doivent également faire l'objet de ce
dernier certificat tous les projets de construction, reconstruction ou
élargissement d'une infrastructure routière publique
située à moins de 60 mètres des rives d'un cours d'eau et
sur une distance cumulative de plus de 300 mètres.
La préparation d'un projet routier comprend, de façon
générale, quatre étapes majeures: la planification,
l'avant-projet, les plans et devis, l'acquisition des terrains. Les 10
activités rattachées à ces 4 étapes sont
décrites aux pages 15 et 16 de notre mémoire.
Nous sommes en mesure de constater qu'un projet d'amélioration ou
de développement du réseau routier principal ne s'improvise pas.
Il requiert, avant sa réalisation, un travail préparatoire
important nécessitant l'intervention de plusieurs spécialistes.
De plus, la nature du projet, sa longueur, sa localisation géographique,
les contraintes physiques du milieu, les budgets disponibles, les
procédures d'engagement de firmes privées, les changements dans
la programmation ministérielle sont autant de facteurs pouvant
influencer la durée du processus de préparation.
Le temps nécessaire à la préparation d'un projet
routier a souvent atteint et même dépassé, dans certains
cas, 13 ans. Cela comprend l'ensemble des travaux et des études
nécessaires à partir des analyses d'opportunité, de
l'établissement des tracés jusqu'à l'octroi du contrat en
vue de la réalisation. Bien que cette situation soit explicable par la
complexité du processus et de nombreuses contraintes en présence,
elle demeure inacceptable. Nous devons toutefois admettre que le
ministère des Transports s'est récemment sensiblement
amélioré en ce qui a trait à la lenteur des
délais.
Selon les spécialistes en la matière, trois causes
principales sont à l'origine de ces délais. Il s'agit
d'éléments liés à la gestion du programme et au
fonctionnement interne du ministère des Transports du Québec; des
difficultés de programmation dans l'établissement des
priorités des projets; du processus d'évaluation environnementale
lui-même.
Il importe de considérer le fait que dans de nombreux cas une
très large part des délais constatés vient du fait que le
travail préparatoire à la réalisation d'un projet est
à toutes fins pratiques suspendu pour de longues périodes en
raison de la révision des priorités ou de contraintes
budgétaires.
Il serait souhaitable que le ministère des Transports
intègre dans sa démarche de préparation d'un projet
routier un processus continu d'information et de consultation de la population.
En effet, en informant la population des objectifs et des
caractéristiques d'un projet dès les toutes premières
étapes, il serait possible d'apporter plus rapidement certains
correctifs au projet et d'éviter bon nombre de contestations
ultérieures.
Nous avons identifié les faiblesses apparaissant à la
procédure d'évaluation des impacts sur l'environnement et
envisagé des correctifs. Dans un premier temps nous aborderons la
question des délais. La procédure d'évaluation des impacts
sur l'environnement comporte trois grandes périodes. La première
période, dont la durée dépend entièrement
d'activités gouvernementales, se situe entre le dépôt de
l'avis de projet et le moment où le ministère de l'Environnement
transmet la directive préliminaire à différents
ministères et au promoteur pour consultation. La seconde période
s'étend de la consultation sur la directive préliminaire jusqu'au
dépôt officiel de l'étude d'impact, et sa durée
dépend du temps utilisé par le promoteur pour réaliser et
améliorer l'étude d'impact. La dernière période
correspond au temps consacré à la préparation de l'avis de
recevabilité, à la consultation publique, et à l'analyse
du projet effectuée par les différents organismes
gouvernementaux.
Dans notre mémoire, à l'annexe I, tableau 1 et figure 2,
nous produisons des statistiques
puisées dans le rapport du comité de révision de la
procédure sous étude, appelé communément rapport
Lacoste, révélant les délais pris à chacune des
étapes de la procédure pour l'ensemble des projets assujettis,
depuis 1981. Ces données sont expliquées aux pages 22 à 27
de notre mémoire.
Les correctifs envisageables sont les suivants. La durée totale
du processus formel d'évaluation et d'examen pourrait se trouver
sensiblement réduite. Les délais rattachés à
l'élaboration de la directive et à l'analyse de
recevabilité sont perçus comme étant trop longs. À
l'exception de la période de consultation publique, 45 jours, et de la
durée des audiences publiques, 4 mois, la loi et les règlements
ne prescrivent aucun délai maximum pour réaliser les
étapes de la procédure. Il y aurait donc lieu d'inclure
systématiquement aux délais un maximum devant s'appliquer
à toutes les autres étapes dans la loi et/ou un règlement,
en fonction de la durée de construction des projets à
réaliser qui, celle-ci, devrait être le délai maximum.
À titre de faiblesse, viennent ensuite le contenu de l'avis de
projet et la directive ministérielle. Le formulaire standard de l'avis
de projet préparé par le ministère de l'Environnement et
complété par le ministère des Transports demeure un outil
adéquat puisqu'il permet la transmission de renseignements
généraux sur un projet habituellement très
préliminaire. Cependant, la majorité des avis de projet
contiennent rarement une énumération d'options réalistes
et les renseignements sont limités, quant à la
problématique, à la justification du projet et à la
description des contextes économique et social de son insertion, tel
qu'en fait foi l'exemple d'avis de projet apparaissant à l'annexe
II.
De la même manière, nous considérons que la
directive ministérielle ne tient pas compte de l'ampleur et de
l'échelle du projet et sert de prétexte à la
réalisation d'inventaires et d'analyses démesurés sans
regard aux impacts potentiels appréhendés. De plus, la directive
ministérielle devrait mieux refléter les préoccupations
réelles et précises des organismes publics consultés par
le ministère de l'Environnement, eu égard au projet.
Après avoir étudié le contenu de certaines
directives, il nous apparaît que celles-ci sont presque toujours
uniformes et ne cernent pas les vrais enjeux dans les études
environnementales, tel qu'en fait foi le modèle de directive figurant
à l'annexe III.
En conséquence, nous avons envisagé les correctifs
suivants. Nous croyons que l'avis de projet et la directive
ministérielle devraient être améliorés quant
à leur précision et leur pertinence et qu'il est également
essentiel d'en atténuer le caractère restrictif qu'ils semblent
vouloir imposer, grâce à des outils d'assistance tels des banques
de données et des guides de référence mieux
documentés.
Les directives devraient cerner les vrais enjeux dans les études
environnementales et, à cet effet, toutes les informations disponibles
au sein des organismes publics - gouvernemental ou autres - devraient
être à la disposition du ministère des Transports. De plus,
les résultats de la consultation interministérielle
effectuée par le ministère de l'Environnement devraient
être annexés au projet de directive. Finalement, le nom d'une
personne-ressource pour chaque ministère devrait être transmis au
ministère des Transports.
La troisième faiblesse identifiée est le manque
d'harmonisation de la procédure d'évaluation des impacts sur
l'environnement avec les autres procédures d'autorisation d'un
même projet.
Plusieurs projets d'amélioration du réseau routier
principal et régional sont assujettis à la fois aux dispositions
de la Loi sur la protection du territoire agricole et du Règlement sur
l'évaluation et l'examen des impacts sur l'environnement. Il s'agit,
dans la plupart des cas, de projets situés en zone agricole, d'une
longueur de plus d'un kilomètre, prévus pour quatre voies de
circulation ou plus, ou dont l'emprise moyenne est égale ou
supérieure à 35 mètres. Cette double procédure et
la préséance accordée par l'article 97 de la Loi sur la
protection du territoire agricole au certificat émis par la CPTAQ sont
souvent source d'incohérence et de délais importants dans le
cheminement d'un projet.
Nous croyons comme correctif qu'il serait opportun d'intégrer en
un seul processus les procédures actuelles d'analyse, d'audition et
d'autorisation établies par les deux lois. Ceci permettrait de diminuer
les délais, de favoriser la réalisation d'études d'impact
plus objectives, de regrouper la consultation publique et d'améliorer
l'ensemble du processus. En conséquence, la Loi sur la protection du
territoire agricole pourrait être modifiée afin d'éliminer
la préséance accordée au certificat émis par la
CPTAQ et pour subordonner l'émission de ce certificat au décret
gouvernemental émis en vertu de la Loi sur la qualité de
l'environnement.
Finalement, certains types de projets assujettis à la
procédure québécoise peuvent l'être également
à la procédure fédérale. Le ministère de
l'Environnement, de concert avec le BAPE, devrait signer avec le Bureau
fédéral d'examen des évaluations environnementales un
protocole d'entente permettant d'harmoniser les deux procédures.
La quatrième faiblesse est, à notre avis, le faible
recours à la médiation environnementale. La médiation
environnementale est une technique de résolution des conflits qui a
l'avantage de prêter à moins d'antagonisme que l'audience. La
procédure actuelle ne prévoit pas d'étape formelle de
médiation. Toutefois, au cours des dernières années,
quelques expériences ont été
tentées permettant ainsi d'améliorer la procédure.
Comme la médiation est un processus volontaire, elle ne peut avoir lieu
que lorsque les citoyens acceptent l'hypothèse du projet et
désirent scruter certains aspects, obtenir des modifications ou des
conditions de réalisation favorables à leurs
intérêts.
Selon nous, les correctifs suivants s'imposent. La médiation
environnementale devrait être favorisée dans les dossiers
où il y a une demande d'audience et où il semble y avoir, aux
dires du promoteur ainsi qu'à ceux des requérants, une
possibilité de résolution de conflits et lorsque toutes les
parties sont consentantes à tenter l'expérience. Un mandat formel
et explicite de décider s'il y a lieu de recourir à la
médiation devrait être confié au Bureau d'audiences
publiques sur l'environnement en raison des garanties institutionnelles qu'il
offre. Nous croyons que ce dernier devrait recourir à un organisme
indépendant dûment qualifié à cet effet et que la
loi soit modifiée en conséquence. Cet organisme aurait d'abord la
responsabilité d'établir un processus formel et explicite de
médiation et de produire un guide de procédures ainsi qu'un code
de déontologie. Notons que le délai accordé pour la
médiation et, si celle-ci échoue, pour recourir à la
procédure du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement ne devrait
toutefois pas dépasser quatre mois.
Finalement, abordons la cinquième faiblesse qui a trait aux
audiences publiques. L'évaluation de la demande d'audiences publiques
est un processus délicat et, dans certains cas, plutôt long. Dans
un souci de rendre les règles du jeu plus strictes et plus claires, il
serait souhaitable que les requérants soient plus rapidement
informés du sort de leur demande, c'est-à-dire: acceptée,
refusée ou encore évaluation suspendue pour tenter une
médiation.
Par ailleurs, la présence de spécialistes en
contre-expertise engagés par le Bureau d'audiences publiques sur
l'environnement conduit, dans bien des cas, à des échanges dont
la teneur scientifique n'apporte aucun éclairage à la population.
Ces discours hermétiques servent souvent de faire-valoir et conduisent
à une plus grande incompréhension et à une
inquiétude de la population face aux conséquences
environnementales du projet. De plus, il n'existe aucun critère
permettant au ministre de l'Environnement de déterminer la
frivolité d'une demande d'audiences publiques.
En guise de correctif, le ministre devrait informer dans un court
délai les requérants du sort de leur demande d'audiences
publiques. De plus, le système de contre-expertise, tel que permis par
le BAPE, étant très lourd, celui-ci devrait être revu afin
de maximiser les résultats des audiences publiques. Finalement, la
notion de frivolité devrait être carrément
éliminée de la loi.
En guise de conclusion, nous croyons que la procédure
d'évaluation des impacts sur l'environnement est très utile,
voire nécessaire, afin d'améliorer le milieu environnemental dans
lequel nous évoluons. Par ailleurs, il serait fort souhaitable que des
améliorations substantielles y soient apportées afin de la rendre
plus performante en diminuant les délais qui y sont reliés.
De plus, le ministère de l'Environnement, en rendant plus
accessibles les données et les connaissances permettant de faire un
choix des éléments techniques et juridiques pertinents au
traitement de certaines catégories de dossiers, permettrait aux
initiateurs de cerner les vrais enjeux dans les études environnementales
et d'améliorer la cohérence de leurs décisions. Bien
sûr, pour la mise en application de certaines modifications à la
procédure actuelle, des amendements aux législations existantes
s'imposent. Elles pourront être apportées lorsqu'une concertation
entre tous les intervenants impliqués sera établie et qu'une
volonté gouvernementale de responsabiliser davantage tous les organismes
concernés émergera.
Le Président (M. Garon): Je vous remercie, Me Bourque et
M. Richard. La parole est maintenant au député de Saguenay.
M. Maltais: Merci, M. le Président. M. Gingras et M.
Parenteau, membres du conseil d'administration, M. Richard et Mme Bourque, qui
sont, entre parenthèses, des habitués des commissions
parlementaires, bienvenue aux audiences de cette commission au nom du
gouvernement du Québec. Je pense qu'il est très
intéressant l'apport que vous apportez à cette commission et dans
d'autres commissions aussi. On vous voit assez souvent en commission
parlementaire parce que votre association représente une partie
importante du développement économique au Québec et je
pense qu'on reconnaît dans votre association ce qu'on appelle
communément "les constructeurs". Et les constructeurs, c'est avec eux
qu'on bâtit un pays. Ce n'est pas avec les démolisseurs, mais avec
les constructeurs, et c'est important.
Vous avez apporté aussi une nouvelle philosophie, un peu, dans
votre mémoire, qu'on ne rencontre pas... On a quand même quelques
mémoires d'auditionnés ici, peut-être 45 ou 50 depuis 2
semaines, et vous êtes les premiers à apporter certaines choses.
En particulier, vous nous soulignez que ça serait peut-être -
à la page 33 de votre mémoire - possible de faire travailler deux
ministères ensemble: l'Agriculture et l'Environnement. Vous ne pensez
pas que c'est trop un gros défi à nous demander de demander
à la société québécoise de faire travailler
deux ministères ensemble? Voyez-vous, on en a un, ça ne marche
pas. Imaginez-vous si on en avait deux. Et les deux qui ne marchent pas, au
Québec, sont ceux et celles... Toutes les plaintes qu'on reçoit
à nos bureaux de comté, c'est dans
le domaine de la commission de la protection du territoire et de
l'environnement. Pensez-vous qu'en les mettant tous les deux ensemble on va
avoir un résultat plus rapide, plus contigu, un résultat qui va
être plus adapté à vos besoins et à l'ensemble de la
société? Vous pensez ça, vous.
M. Richard (Gabriel): D'abord, M. Maltais, je veux vous remercier
pour vos bonnes paroles du début. C'est vraiment réconfortant
pour nous. Quant à votre question, oui, on pense que oui. On pense que,
si les règles sont claires, sont bien définies, les deux peuvent
coopérer dans le but de faire une étude environnementale qui va
répondre aux besoins des deux.
On va même plus loin que ça. Justement, la semaine
passée, quelqu'un de Montréal m'appelait pour me demander ce
qu'on recommandait au fédéral pour former un Bureau d'audiences
publiques fédéral qui viendrait faire des auditions au
Québec et ainsi de suite. Je lui ai dit que, tant que nous sommes
concernés, on pense qu'il devrait y avoir seulement un Bureau
d'audiences publiques, seulement une procédure d'évaluation des
impacts, etc., et qu'il était possible même, entre le
fédéral et le provincial, d'arriver à établir une
procédure qui va permettre de répondre aux besoins de tout le
monde. Je pense que c'est absolument inadéquat de vouloir continuer,
dans les années quatre-vingt-dix et suivantes, à passer notre
temps à faire des audiences et à discuter de choses et d'autres
avant de réussir à réaliser des projets. (15 h 30)
M. Maltais: Effectivement, vous avez raison. À l'heure
actuelle, si je comprends bien - et on le retrouve un petit peu plus loin dans
votre mémoire - vous avez la CPTAQ, vous avez le ministère de
l'Environnement du Québec et vous avez Environnement Canada. Vous en
avez trois qui ont trois procédures différentes, qui tiennent
tous tes trois des audiences publiques ou semi-publiques. Je n'entrerai pas
dans la procédure fédérale, je vous avoue que je ne la
connais pas et que je n'ai pas l'intention de l'étudier non plus trop
longuement. Ce qu'on veut, c'est s'harmoniser, au Québec, finalement. Le
but de cette commission, c'est d'avoir une procédure, d'avoir la bonne
et de sacrer la paix à ceux qui veulent développer le
Québec - en fait, c'est l'objectif de la commission - et de faire des
recommandations à l'Assemblée natipnale à la fin de la
commission.
Pourriez-vous, d'après votre expérience - ou d'autres
membres du conseil d'administration - me donner, par exemple, un cas où
vous avez été pris avec la CPTAQ et l'Environnement et me dire
lequel a pris plus de temps et comment ça s'est réglé?
Avez-vous en mémoire - ou peut-être de vos collègues - un
cas où vous avez été pris avec la CPTAQ par-dessus la
tête puis l'Environnement, puis le BAPE, puis tout ce qui finit par E,
incluant les audiences publiques des deux côtés et pourriez-vous
me dire comment ça a pris de temps à régler?
M. Richard (Gabriel): Non. Malheureusement, notre association
n'intervient pas à ce niveau-là ou à cette
étape-là. À moins que mes compagnons aient des cas
personnels... Je m'aperçois que non. Ce que nous vous disons là,
ça a fait l'objet de consultations que nous avons faites avec plusieurs
personnes pour arriver à vous...
M. Maltais: Vous, M. Richard, si vous étiez parlementaire,
que vous arriviez à l'Assemblée nationale et que vous disiez: On
veut modifier la procédure, on va dire qu'il va y en avoir une,
ça ne sera pas la CPTAQ, ni le BAPE, II va y en avoir une nouvelle,
qu'on va appeler procédure Z pour fins de discussion, comment les autres
groupes réagiraient-ils à ça?
M. Richard (Gabriel): Bien, je pense que les autres groupes
devraient bien réagir à ça. Émettons
l'hypothèse qu'une telle procédure relèverait du
ministère de l'Environnement. C'est sa fonction, c'est son rôle et
on lui donne la responsabilité de faire ça avec des règles
claires. Quand le ministère de l'Environnement ferait une étude
ou des audiences publiques qui ont rapport à la protection du territoire
agricole, bien, ça serait simple d'écrire dans cette
procédure-là les règles qui concernent le territoire
agricole. Il pourrait y avoir consultation entre différentes personnes
et arriver à s'entendre là-dessus.
M. Maltais: Bien, vous parlez, à un moment donné...
On parte de délais, bien sûr, là. Mais vous, les
délais, est-ce que ça vous concerne beaucoup pour les grands
travaux? Vous êtes les derniers, en bout de route. Vous commencez vos
travaux quand tous les délais ont été respectés. On
en a de 0 à 40 mois, dans certains cas, là. Mais vous autres,
personnellement, le contrat vous est accordé lorsque tout est
réglé, j'imagine. Vous ne devez pas commencer les travaux, et une
audience publique la semaine suivante, et la CPTAQ dans l'autre semaine. Vous
devez commencer vos travaux lorsque tous les permis ont été
libérés.
M. Richard (Gabriel): Oui. C'est pour ça que je vous
disais que nous ne sommes pas familiers avec ce qui se passe avant. Maintenant,
nous sommes concernés pas nécessairement comme entrepreneurs -
quand ça prend 10, 12 ou 13 ans pour préparer un projet - mais
nous sommés concernés comme contribuables. On pense que...
M. Maltais: Ah, ah!
M. Richard (Gabriel): ...ça n'a pas grand bon sens que
ça prenne 12 ans puis 13 ans à préparer quelque chose qui
prend 2 ans à construire.
M. Maltais: Voyez-vous...
M. Richard (Gabriel): II me semble que...
M. Maltais: ...le contribuable pense comme vous, au
québec. vous avez une grande logique. les contribuables pensent que
ça n'a pas de bon sens, que c'est trop long.
M. Richard (Gabriel): C'est ça.
M. Maltais: Tout le monde pense que c'est trop long, au fond.
Mais moi, à ce que je reviens encore... C'est surprenant un petit peu,
là, votre position là-dedans. Qui devrait avoir l'autorité
là-dedans? Est-ce le MENVIQ ou le BAPE ou la CPTAQ? Vous avez l'air
à avoir eu des problèmes extraordinaires avec la CPTAQ,
là, parce que vous en parlez tout le long de votre mémoire.
M. Richard (Gabriel): Non, non. On n'a pas eu de problèmes
extraordinaires, mais on pense qu'il doit y avoir un patron dans une affaire
comme ça. Dans un avion, il y a un pilote.
M. Maltais: De préférence.
M. Richard (Gabriel): Ha, ha, ha! Ça prendrait... Je pense
que ça devrait être le MENVIQ qui soit responsable de
ça.
M. Maltais: O.K. Vous parlez au niveau d'un protocole qui
pourrait être signé avec le gouvernement fédéral
là-dessus, là. Je ne suis pas sûr que ce soit... En tout
cas, à notre avis, nous autres, en environnement, voyez-vous, on pense
que c'est comme ta propre femme. Tu n'aimes pas ça la partager.
Alors...
Une voix: Ah!
M. Maltais: Et les femmes n'aiment pas partager leur mari. Hein?
Alors, l'environnement, à mon avis, pensez-vous que ça devrait
être, justement, de juridiction totalement provinciale? Quel est...
Comment vous voyez ça, l'ingérence du fédéral,
là-dedans?
M. Richard (Gabriel): Bien, je l'ai déjà
dénoncée.
M. Maltais: Vous aussi?
M. Richard (Gabriel): Je l'ai dénoncée au ministre
fédéral de l'Environnement. Ce qu'on pense, nous, c'est que
l'environnement... La procédure devrait relever spécialement des
provinces parce que ce sont les provinces... L'environnement est d'abord dans
les provinces. Pour les choses qui passent les frontières, là, on
peut s'harmoniser ou se coordonner avec le fédéral. Je pense que
des gens intelligents sont capables de se réunir et d'arriver à
développer une procédure pour respecter l'environnement
provincial, greffer à ça... En dedans de cette
procédure-là, il y aura, bien sûr, ce qui concerne la
protection du territoire agricole et on pourrait ajouter des
éléments qui intéressent le fédéral comme,
par exemple, les pluies acides, les cours d'eau qui passent d'une province
à l'autre...
M. Maltais: Les poissons.
M. Richard (Gabriel): ...les mouvements de l'air, etc. Dans le
fond, le fédéral, c'est nous autres aussi, là. Quand je
fais mes rapports d'impôt, je pense que j'en ai connaissance,
là.
M. Maltais: Oui. Le contribuable a toujours raison
là-dessus. Vous parlez d'une chose qui est quand même fort
importante dans votre mémoire, et vous y consacrez plusieurs pages - un
bon chapitre - c'est la médiation. En fait, c'est un arbitre parce que
si, comme citoyen, vous faites référence à tous les
problèmes que tout le monde rencontre là-dessus et que,
finalement, on s'en va vers des voles qui sont parallèles et qui ne se
rencontreront jamais... c'est un peu ça, en fait, la base de votre
exposé. A quelle étape dans le processus, vous voyez ça,
la médiation? C'est lorsque c'est bloqué de tous bords et de tous
côtés ou si vous voyez une médiation aussitôt que
ça accroche un peu? La voyez-vous avant les audiences, après les
audiences, pendant les audiences ou indépendamment du résultat
des audiences? C'est à la page 36 de votre mémoire.
M. Richard (Gabriel): D'abord, la médiation, ça
présuppose que deux parties sont consentantes à s'entendre et
sont prêtes à faire ce qu'il faut pour obtenir un accord. Alors,
si...
M. Maltais: Je m'excuse. Ça, c'est la règle de base
polie et il y a l'autre qui est obligatoire - la médiation - lorsque le
gouvernement décrète qu'il y a un médiateur...
M. Richard (Gabriel): Oui.
M. Maltais: ...si on prend ça au niveau du travail. Alors,
il y a deux façons de faire la médiation.
M. Richard (Gabriel): II y a deux façons, oui.
M. Maltais: De bonne entente ou par obligation.
M. Richard (Gabriel): Oui.
M. Maltais: Alors, entendons-nous là-dessus et on
continue.
M. Richard (Gabriel): Mais, dans l'environnement, je pense que la
médiation peut surtout
s'appliquer lorsque les deux parties croient qu'un projet est utile et
qu'il reste certaines choses à améliorer pour le rendre à
la satisfaction des deux. C'est dans ce sens-là que nous parlons de la
médiation. Et à quel niveau? Eh bien, une fois que la
décision est prise qu'il doit y avoir des audiences publiques et que le
BAPE s'aperçoit que c'est un projet qui pourrait être facilement
mieux réglé par la médiation que par la poursuite
d'audiences publiques, c'est le BAPE qui devrait décider ou avoir le
pouvoir de décider de demander la médiation.
Maintenant, nous allons un petit peu plus loin. Nous disons que... parce
qu'il ne faut pas manger son pain et le garder. Il faut... On ne pense pas que
le BAPE devrait faire la médiation lui-même étant
donné qu'il est responsable des auditions publiques. Alors, il devrait y
avoir un organisme impartial qui est un spécialiste de la
médiation qui a seulement ce rôle-là à faire pour
exister, un organisme comme le Centre d'arbitrage qui est à
Québec ou un organisme semblable qui pourrait établir une
procédure adéquate de médiation, une procédure
appropriée, qui pourrait, année après année,
cumuler les résultats des médiations qui ont été
faites, etc., faire de la recherche à ce sujet-là, former des
médiateurs d'expérience, de compétence, etc. De cette
façon-là, nous pensons que ça pourrait fonctionner.
M. Maltais: Au fond, ce que vous souhaiteriez, c'est que ce soit
un ombudsman qui empêche la chicane qui, elle, amène
automatiquement des délais épouvantables... Un genre d'ombudsman.
Vous parlez d'un comité de médiation. Est-ce que le ministre ne
pourrait pas être médiateur? Est-ce que - je ne sais pas - le
Protecteur du citoyen ne pourrait pas être médiateur ou si
ça prendrait vraiment un médiateur spécifique pour
l'environnement? Comment verriez-vous ça, vous?
M. Richard (Gabriel): D'abord, je ne pense pas que le ministre
pourrait être médiateur parce que...
M. Maltais: II est source de conflits dans bien des cas.
M. Richard (Gabriel):... le ministre a d'autres... Je sais que
c'est fait dans bien des cas, mais, dans notre système, on ne demande
pas à des gens d'avoir une compétence reconnue dans un domaine
pour être ministre dans ce domaine-là. Ce n'est pas notre
système. Alors, moi, je pense qu'un médiateur, il faut que ce
soit une personne qui est compétente, qui a acquis les connaissances du
milieu, les connaissances techniques, etc., pour être capable d'arriver
à amener les deux parties à s'entendre. La compétence,
dans les années quatre-vingt-dix, je pense que c'est ça qu'il
faut développer.
M. Maltais: Avez-vous des exemples où il y a eu une
médiation dans vos dossiers? Je ne me souviens pas de mémoire
s'il y en a eu ou s'il n'y en a pas eu, mais est-ce que vous avez eu
connaissance vous autres, parmi vos membres, qu'il y a eu une médiation
de bonne entente entre deux parties ou si ç'a toujours suivi son cours?
Me Bourque.
Une voix: II n'y en a jamais eu. M. Maltais: II n'y en a
jamais eu.
M. Richard (Gabriel): Ce que nous vous disons, c'est que nous
nous basons sur des expériences que nous avons eues dans la
construction, en médiation...
M. Maltais: C'est ça, oui, oui.
M. Richard (Gabriel):... où nous avons été
capables d'amener les parties à s'entendre, et on pense...
M. Maltais: Je comprends bien ça. Dans la page 43 de votre
projet, dans les correctifs envisageables, vous dites: "La Loi sur la
qualité de l'environnement devrait définir des critères
précis permettant au ministre de déterminer l'opportunité
d'obtenir une audience publique. " Alors, la loi permettrait au ministre de
décréter si oui ou non il y a des audiences publiques. C'est un
peu ça que vous... J'aimerais ça que vous spécifiiez un
petit peu là-dessus parce que... Si je ne me trompe pas, le pouvoir de
décréter les audiences... C'est le BAPE qui décide s'il y
a des audiences ou non ou c'est te ministre? Quelqu'un me corrigera quelque
part. C'est le ministre qui décide ça?
Une voix: Le ministre.
Une voix: À la demande du public.
M. Maltais: À la demande du public. Je ne comprends pas
votre recommandation. Je voudrais bien qu'on m'explique ça comme il
faut.
M. Richard (Gabriel): Regardez, je pense que... Même tout
à l'heure, les gens du milieu agricole ont aussi dit qu'il n'y avait pas
de critères d'établis pour motiver ou justifier les
décisions d'avoir ou de ne pas avoir d'audiences publiques. Ce que nous
nous sommes fait dire dans nos consultations, c'est qu'il n'y a rien de
suffisamment clair et précis sur lequel le ministre doit s'appuyer pour
justifier ses décisions d'exiger ou de ne pas exiger une audience
publique. Prenez la notion de frivolité. Il n'y a rien à la loi
qui dit ce que c'est, frivolité. Il me semble qu'une demande frivole,
ça ne devrait même pas aller jusqu'au ministre avant d'être
retournée.
M. Maltais: Nous autres, en langage parlementaire, M. Richard,
une demande frivole, c'est une demande de l'Opposition, mais ce n'est pas
ça que vous êtes en train de nous expliquer.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lazure: II y a bien plus de réponses frivoles que de
questions frivoles.
M. Mariais: C'est juste un aparté. On va continuer.
M. Richard (Gabriel): Ça fait qu'il me semble qu'il
devrait y avoir des critères que la loi décrit pour aider le
ministre à motiver sa décision de tenir ou de ne pas tenir
d'audience publique.
M. Maltais: Maintenant, le BAPE, pour vous autres - je parle
toujours comme entreprise... une recommandation à laquelle vous avez
indiqué qu'il devrait fonctionner d'une façon
interministérielle. Une majorité de vos employeurs... le
ministère des Transports qui va en appel d'offres et... Bon. Pour les
travaux des grandes routes, le ministère des Transports est quand
même un client important pour vous autres. L'Agriculture aussi,
j'imagine, est un employeur important pour vous autres. En fait, vous souhaitez
une certaine coordination entre ces ministères-là pour
alléger la procédure. Vous en arrivez... parce qu'au début
vous dites que les délais n'ont pas de bon sens. Je reviens à ma
question de tantôt. Pensez-vous qu'une coordination de deux, trois,
quatre ou cinq ministères est susceptible, de la façon que
ça fonctionne aujourd'hui, d'alléger cette
procédure-là?
M. Richard (Gabriel): Je suis obligé de vous
répondre comme tout à l'heure. Je pense que oui. Je pense qu'on
est arrivé au point où les gens réalisent de mieux en
mieux, de plus en plus qu'il y a trop de délais dans ce que nous faisons
et qu'il faut réduire ça, puis il va falloir se parler et se
comprendre. Il va falloir se concerter entre nous pour y arriver puis, si nous,
on n'est pas capables de nous concerter entre ministères du même
gouvernement provincial, comment on va faire pour nous concerter avec l'autre
qui... (15 h 45)
M. Maltais: Regardez, ça fait quand même sept ou
huit jours qu'on est en audiences. On a rencontré l'Association des
ingénieurs, qui sont des gens avec qui vous faites affaire aussi - les
ingénieurs professionnels - qui avaient un peu les mêmes
récriminations que vous autres. On a rencontré les
ingénieurs de l'environnement. Alors, là, c'est un peu plus
sérieux dans notre affaire, moins frivole. On leur a posé la
question suivante: Y aurait-il moyen de raccourcir les délais? Et
là, je prends mes collègues à témoin. On nous a
répondu que des super-spécialistes de l'environnement se
réservaient en tout temps le droit d'améliorer, de changer les
critères en cours de route. Alors, c'est là qu'est le
problème, à mon avis. Si, vous, vous présentez un projet,
M. Richard, et puis on vous donne la recette du jour pour conduire votre projet
jusqu'au bout, mais, en cours de route, on change de recette trois ou quatre
fois, quelle sorte de tarte que ça va faire à la fin de
l'année? Bien là, on ne parle plus à la fin de
l'année, on est rendu au quart de siècle si on continue de
même.
Alors, je pense que le problème majeur c'est qu'il va falloir
établir des critères au ministère de l'Environnement puis
qu'on ne les change pas en cours de route. Si on change la recette en cours de
route, il n'y a plus moyen, il n'y a plus personne là... Les
ingénieurs nous ont dit ici qu'ils n'avaient pas de pouvoir
là-dessus - sur les superspécialistes - qu'ils devaient se garder
le pouvoir de changer de critères en cours de route. Alors, on va
prendre ces superspécialistes-là qui changent la recette, on va
prendre ceux de la CPTA et on va prendre ceux des Transports. Ça fait
pas mal de monde qui change de critères. Comment voulez-vous que Jos.
Bleau, au bout de la ligne, avec son petit dossier et son petit papier, il ne
soit pas mêlé? Alors, moi la question sur laquelle je reviens:
Pensez-vous que plus on va mêler de monde à la recette plus la
recette va être rapide ou si ça ne serait pas
préférable d'en éliminer du monde en cours de route pour
qu'il y en ait un groupe qui prenne la décision, qui s'appelle le BAPE,
puis qui soit exécutoire?
M. Richard (Gabriel): Bien c'est sûr qu'il faut arriver
à ce qu'un groupe prenne la décision, c'est sûr. Mais, dans
nos temps modernes, il faut consulter, il faut tenir compte de l'opinion de
nombreux intervenants. Quand vous parliez de critères qui ont
été changés en cours de route, c'est bien sûr que
c'est ça qui se passe. Alors, c'est pour ça que nous vous disons:
Fixons les critères dans la loi... qu'on ne veut pas qu'ils changent,
qu'on veut qu'ils demeurent immuables. Faisons ça de même.
Pour le restant, pour nous entendre, pendant que je
réfléchissais à la réponse à votre question
tout à l'heure, j'ai trouvé deux cas récents, au cours des
deux dernières années, où on a révisé la loi
des contrats de construction, puis on l'a fait. On a fait un gros comité
où il y avait des gens de nombreux ministères, ministère
des Approvisionnements et Services, Transports, Énergie, Agriculture,
Éducation, etc., et des sociétés comme la
Société québécoise d'assainissement des eaux. On
est pourtant arrivé à produire un document qui faisait l'objet
d'un consensus.
Dans le déneigement, on est arrivé à faire un
système - vous vous en rappelez... On avait consulté un paquet
d'intervenants et on est
arrivé à faire un règlement qui faisait l'affaire.
Alors, on est capable...
M. Maltais: Mon temps est fini, M. Richard. Je vous remercie puis
merci à vos collaborateurs mais, demain - je sais que vous demeurez un
petit peu partout, vos bureaux sont à Montréal -si vous
étiez ici comme auditeur... Ils sont à Québec?
Le Président (M. Garon): C'est un des rares organismes qui
est situé à Québec.
M. Maltais: Je les félicite. On les félicite.
Demain, j'aimerais ça que vous veniez sur la fin de l'après-midi
à 3 heures ici. On va rencontrer le ministère de l'Environnement
puis j'ai des questions que je vais poser qui seraient intéressantes
pour vous, pour votre association.
M. Richard (Gabriel): J'aimerais bien ça, M. Maltais, mais
malheureusement je suis déjà pris à Montréal. C'est
vrai que notre bureau est à Québec, mais on en ouvre un à
Montréal comme pied-à-terre puis c'est l'ouverture officielle
demain.
M. Maltais: Envoyez-nous Mme Bourque, qu'on aime bien nous
autres.
M. Richard (Gabriel): Mme Bourque aussi doit venir à
Montréal et...
M. Maltais: C'est intéressant parce qu'on a un cas typique
épatant demain.
M. Richard (Gabriel): Est-ce qu'il y aurait une autre
journée qu'on pourrait...
M. Maltais: Malheureusement, ce n'est pas nous autres qui
cédulons ça, c'est le président et il est très
autoritaire.
Le Président (M. Garon): je ne vous conseillerais pas
d'envoyer mme bourque au député du saguenay, parce qu'il ne veut
pas judiciariser le processus.
M. Maltais: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Garon): Alors, ceci étant dit, je
vais appeler le député de La Prairie.
M- Lazure: Merci, M. le Président. Je veux, au nom de
l'Opposition, remercier M. Richard et ses collègues, Mme Bourque, M.
Parenteau et M. Gingras, de nous avoir présenté leur travail qui
contient plusieurs remarques intéressantes et des suggestions
intéressantes.
Je voudrais revenir sur ce que le député de Saguenay
soulevait tantôt. Je comprends que votre association... Comme
association, vous n'avez pas eu d'expérience avec la procédure
d'évaluation, mais c'est évident que beaucoup de vos membres en
ont eu et j'imagine que les suggestions que vous nous faites à la
commission sont basées sur des expériences que certains de vos
membres ont eues. Est-ce que vous pourriez essayer, là, même si ce
n'est pas de l'expérience directe, encore une fois, de nous rapporter
les obstacles principaux? À quelle phase de cette longue
procédure vous rencontrez les choses les plus inacceptables, les choses
qui sont celles qu'on aurait avantage à modifier? Je comprends que vous
en parlez dans votre mémoire de façon théorique, mais
j'aimerais ça si c'était raccroché à des projets
particuliers. Ne donnez pas de noms. Je ne veux pas savoir de noms, là,
mais le genre de projet où il est arrivé tel ou tel délai.
Par exemple, vous dites: Les directives ne sont pas pertinentes dans bien des
cas. Qu'est-ce que vous voulez-vous dire exactement?
M. Richard (Gabriel): D'accord. Premièrement, il n'y a pas
de nos membres qui sont impliqués dans les procédures
préalables à l'octroi du contrat parce que les donneurs d'ouvrage
ont recours a nos services au moment où tout ce travail-là est
fait et que l'appel d'offres a été lancé. Alors, on n'en a
pas d'expérience pratique à vous dire. Ce que nous connaissons,
c'est un peu comme beaucoup de gens. Nous nous tenons au courant des choses qui
se font. Vous vous rappelez de Soligaz, quand c'est arrivé. On a lu les
journaux comme tout le monde puis on sait bien qu'il y a eu des
problèmes chez Soligaz.
Maintenant, pour essayer de vous éclairer un peu mieux quand on
vous dit qu'il y a des délais antérieurs qui sont longs et qu'il
y a des choses qui pourraient être améliorées... On vous a
donné des exemples d'avis que vous avez à l'annexe II, si vous
voulez la prendre. Je peux vous démontrer certaines choses qui
pourraient être faites différemment pour illustrer notre propos.
Prenez l'annexe II, item 5, qui est Propriété des terrains. Vous
voyez la description, c'en est un avis qui a été signé au
ministère de l'Environnement par le ministère des Transports.
Alors, dans l'item Propriété des terrains, on demande:
"Indiquer, s'il y a lieu, le statut de propriété des terrains
où la réalisation du projet est prévue et mentionner
depuis quand et dans quelles proportions ces terrains sont acquis (exemple:
propriété privée à 100 %, terrain acquis à
75 % suite aux expropriations, etc.). Ces renseignements pourraient
apparaître sur une carte", et ainsi de suite. La réponse: "Le
projet se situant entièrement dans la zone expropriée par le
gouvernement fédéral pour l'aéroport de Mirabel, aucun des
terrains requis n'est de propriété privée." Mais
ça, ce sont des terrains sur lesquels la construction va se faire, cette
réponse là. On ne parle pas de voisinage. Il me semble que tout
ce qui est alentour de la route qu'on veut construire, on devrait en parler
pour
mieux situer l'affaire.
Si vous allez à la page suivante, le titre du projet c'est
Objectifs et justification du projet. "Mentionner les objectifs du projet et
indiquer la cohérence de ceux-ci avec les plans et programmes de
développement au niveau local, régional ou national." C'est
ça qu'est la question. La réponse: "Les objectifs du projet sont:
d'assurer une liaison autoroutière entre la municipalité de
Lachute et l'aéroport de Mirabel; de relier Lachute à
Montréal via le boulevard Mirabel."
Bien, premièrement on ne parle pas de justification. La question
c'est: Objectifs et justification. On ne dit pas: Pourquoi est-ce que ça
prend une deuxième route pour relier Mirabel a la localité de
Lachute? Moi, je connaissais la région un peu. Je sais qu'il y a une
route qu'on peut emprunter pour partir de Lachute et aller à
l'aéroport de Mirabel. Alors, pourquoi en veut-on une deuxième?
Ce n'est pas marqué, là. C'est bien limitatif, c'est trop concis.
Je ne pense pas que quelqu'un qui a a faire un travail de juger si c'est
adéquat pour l'environnement peut faire son travail adéquatement
en faisant ça.
M. Lazure: Une petite question...
M. Richard (Gabriel): Je pourrais continuer dans cet
avis-là puis tout vous...
M. Lazure: D'accord, je vois ce que vous voulez dire. En fait,
les annexes que vous avez brochées à votre mémoire sont
fort intéressantes. Si le public était consulté au moment
de la directive, pensez-vous que ça aiderait à rendre la
directive plus pertinente?
M. Richard (Gabriel): C'est un peu embêtant de... Je pense
que oui parce que... On vous le dit, d'ailleurs, dans notre mémoire,
dans des cas de travaux routiers par exemple, qu'il y aurait avantage à
consulter la population depuis le début. Je vais vous donner un
exemple... Tenez, cette fois-ci, j'en ai un en tête. Le boulevard
Ville-Marie à Montréal. Il a été construit dans les
années soixante et onze, soixante-douze... on a commencé à
faire le tunnel Ville-Marie. A ce moment-là, on parlait d'aller jusqu'au
tunnel La Fontaine; c'est ça qu'était le projet. Ce
projet-là ne s'est jamais fait. Il s'est fait en deux étapes: On
s'est rendu jusqu'à Delorimier, dans un premier temps; après
ça, sept ou huit ans après, on a fait de Delorimier
jusqu'à - je ne sais pas - Pie-IX. Rappelez-vous le tollé de
protestations qu'il y a eu. Chaque année, il y avait des mouvements qui
se faisaient. Si on avait consulté la population au tout début,
quand on a fait le projet, peut-être que ce projet-là...
M. Lazure: II n'aurait pas été fait du tout,
peut-être.
M. Richard (Gabriel): Peut-être qu'il n'au- rait pas
été fait du tout, mais peut-être que les gens auraient
réalisé que ça n'avait pas de bon sens de ne pas le faire.
Alors, quand ça n'a pas de bon sens de ne pas faire quelque chose, bien,
on accepte les inconvénients.
M. Lazure: la médiation, vous en parlez assez
longuement... je voudrais mieux comprendre. vous dites que c'est le bureau
d'audiences publiques qui devrait en être chargé, mais il
confierait à un organisme privé le soin d'établir des
critères. est-ce que c'est l'organisme privé en question qui
agirait comme médiateur, à la demande du bape? c'est
ça?
M. Richard (Gabriel): Exactement ça. C'est pour que
l'organisme privé devienne un vrai organisme de médiation
compétent qui est capable de faire le suivi et de faire la formation des
médiateurs. On ne s'improvise pas médiateur en environnement du
jour au lendemain.
M. Lazure: Vous ne verriez pas le BAPE lui-même faire
ça?
M. Richard (Gabriel): Je ne pense pas. Je pense que c'est un
rôle qu'on... Nous en avons, des organismes comme ça. Je vous ai
parlé du Centre d'arbitrage commercial national et international du
Québec, qui est ici sur Grande-Allée. C'en est un organisme qui
ne demande pas mieux que de s'occuper de choses comme ça. Il fait
déjà de l'arbitrage, il fait déjà du travail pour
solutionner, alternativement à la cour, des litiges qui existent dans le
domaine de la construction, dans le domaine des arts, dans le domaine de la
communication. Alors, pourquoi ne pas greffer l'environnement?
M. Lazure: Pourquoi voulez-vous enlever le concept de
frivolité? Est-ce que, à votre connaissance, ça a
été mal utilisé, ce concept-là, pour refuser une
audience qui aurait été demandée pour des raisons
frivoles? Je ne comprends pas très bien parce que vous êtes un des
rares groupes qui dit: Enlevons cette notion-là, et remplaçons
ça par des critères. Moi je trouve Ça un peu dangereux,
personnellement là, de . mettre une camisole de force, une nouvelle
série de critères, qui seraient toujours discutables, tandis que
le concept de frivolité, sans le définir, tout le monde comprend
à peu près ce que c'est, et à ma connaissance on n'en a
pas abusé jusqu'ici.
M. Richard (Gabriel): Non, c'est des gens qui nous ont dit
ça qu'il y avait eu des demandes frivoles qui avaient été
faites, mais je n'ai pas d'exemples à vous donner. Après avoir
écouté ça, nous avons regardé la loi et nous en
avons discuté entre nous pour essayer de savoir c'est quoi "frivole". Il
n'y a rien qui dit dans la loi: "La frivolité..." Alors, on s'est
demandé: Pourquoi
est-ce que c'est là? c'est tellement évident ce que vous
dites. si quelqu'un arrive avec une affaire frivole, on n'a pas besoin d'une
loi pour retourner ça. on le retourne et ça vient dé
finir.
M. Lazure: Mon collègue de Jonquière, M. le
Président, aurait une intervention.
M. Dufour: Je voulais juste dire que, si ce n'est pas
marqué, la frivolité, c'est qu'il y a bien des chances que le
processus va être obligé de suivre son cours. Vous dites que vous
n'avez pas d'expérience au point de vue de la médiation. On en
à une, nous autres, dans la région. C'est l'autoroute en devenir.
Ce n'est pas une autoroute, c'est plutôt une voie, un boulevard à
accès limité. Il y a eu une médiation. La médiation
a eu lieu ça fait déjà trois ou quatre mois. Le ministre
ne s'est pas encore prononcé, il n'y a pas eu de décret. Ce qui
fait qu'on aura beau mettre le processus en marche, quand il n'y a plus rien
qui arrête des choses, ça ne bouge pas. Vous autres, votre
attitude par rapport à ça, c'est quoi?
M. Richard (Gabriel): Bien, elle est écrite dans notre
mémoire notre attitude. On vous dit: Mettons des délais pour ces
choses-là. S'il y avait un délai qui obligeait le ministre
à rendre sa décision dans un certain temps après que la
médiation est faite, ça se ferait. Quand il y a des
délais, les gens les respectent. C'est quand il n'y en a pas qu'ils ne
les respectent pas.
M. Dufour: Mais vous n'avez pas l'impression qu'on se sert de
cela aussi pour retarder des projets des fois?
M. Richard (Gabriel): C'est possible.
M. Dufour: 13 ans sur un projet, il ne faut pas être un
grand magicien, là. Ça fait du temps.
M. Richard (Gabriel): Ah, il y a toutes sortes de raisons. Disons
qu'un projet est lancé parce que les gens du moment y croient. Ces
gens-là changent de place, ils sont remplacés par d'autres et les
autres y croient moins, où les parties changent et ainsi de suite. Ce
qui fait qu'il y a toutes sortes de raisons qui font retarder un projet. Mais
c'est pour ça qu'on dit, nous: Quant un projet mérite
d'être entrepris, fixons des délais. SI on dit que c'est un projet
qui va prendre deux ans à construire, pourquoi ça prendrait dix
ans à y penser? On dit: Si ça prend deux ans à construire,
ça devrait être le temps le plus long. Alors, que ça ne
prenne pas plus que deux ans pour y penser ou pour faire les études
d'impact et ainsi de suite.
M. Dufour: Mais aux Transports, si vous êtes... vous devez
avoir les mêmes informations que nous autres. Il paraît qu'une
route, entre le temps qu'on décide et la réaliser, ça
prend au moins sept ans. Trouvez-vous que ça a de l'allure,
ça?
M. Richard (Gabriel): Je trouve que c'est trop long. C'est dans
notre mémoire, c'est dans le rapport Lacoste et vous avez toutes les
données, là, qui vous indiquent le temps que ça prend. Je
trouve qu'en 1991 ça n'a pas de bon sens. Si on veut prospérer
économiquement, il va falloir trouver des solutions. Autrement, on ne
prospérera pas.
M. Dufour: Ça va.
M. Lazure: M. le Président...
Le Président (M. Garon): M. le député de La
Prairie.
M. Lazure: ...juste peut-être un dernier volet. Justement,
le ministère des Transports, parce que dans le rapport Lacoste - vous
venez d'y faire allusion - il est identifié, le ministère des
Transports, comme étant souvent un des responsables des longs
délais...
M. Dufour: Oui, ça n'a pas de bon sens.
M. Lazure: II ne faut pas l'oublier, ça. Moi, je trouve
intéressante votre suggestion, votre demande, en fait, qu'il y ait une
plus grande disponibilité de l'information et que les informations
disponibles venant des autres ministères puissent être mises
à la disposition du ministère des Transports qui, lui, les
mettrait à la disposition de vos gens. Ça, c'est une plainte
qu'on a entendue. Il me semble que les Transports autant que d'autres
ministères, l'Environnement aussi, auraient avantage à être
plus transparents et à se rendre plus disponibles. C'est assez cocasse.
De plus en plus, quand on a des demandes de renseignements, on se fait
répondre qu'en vertu de la loi sur l'accès à l'information
vous ne pouvez pas avoir telle ou telle chose. C'est rendu... C'est une loi qui
a été faite pour permettre un plus grand accès de la
population aux informations qui sont dans la machine gouvernementale et, trop
souvent, malheureusement, il y a des fonctionnaires ou des élus,
peut-être, des ministres ou des fonctionnaires qui utilisent cette
loi-là pour retirer de l'information, ne pas fournir l'information
à la population. Je ne sais pas si vous avez eu des expériences
semblables.
M. Richard (Gabriel): Je n'ai pas d'expérience
précise, mais ce que vous dites, c'est bien vrai, c'est ça. Je
pense qu'il faut arrêter de faire ça. Il faut dire: On fait des
choses. On les fait rapidement, efficacement et c'est comme ça qu'on va
prospérer, sinon...
M. Lazure: On se comprend bien. Merci beaucoup.
M. Richard (Gabriel): Merci beaucoup.
Le Président (M. Garon): Je remercie les
représentants de l'Association des constructeurs de routes et grands
travaux du Québec et je suspends pour quelques instants les travaux de
la commission. J'appelle en même temps le Barreau du Québec et
l'Association du Barreau canadien, section Québec, à s'approcher
de la table de la commission pour les délibérations.
(Suspension de la séance à 16 h 3)
(Reprise à 16 h 8)
Le Président (M. Garon): La commission de
l'aménagement et des équipements reprend ses travaux et j'appelle
M. Marc Sauvé, secrétaire du Comité service de recherche
et de législation. Je lui demande de nous présenter la ou les
personnes qui l'accompagnent en lui disant que vous avez une heure devant la
commission. Normalement, vous prenez 20 minutes pour exposer votre
mémoire verbalement et, ensuite, le parti ministériel a 20
minutes et le parti de l'Opposition 20 minutes. Tout ce que vous prenez en
moins leur est ajouté, ce que vous prenez en plus leur est soustrait
dans la même proportion. À vous la parole.
Barreau du Québec et Association du Barreau
canadien, division du Québec
M. Sauvé (Marc): D'accord. Alors, merci, M. le
Président, mesdames, messieurs les membres de la commission. D'abord,
qu'il me soit permis de présenter les membres de notre
délégation. Vous avez, à ma droite, Me André
Prévost, de la firme McCarthy, Tétrault, de Montréal, et,
à ma gauche - ça ne saurait tarder, je l'espère, à
un moment donné - Me Denis Langlois, de la firme Lavery, de Billy, et
moi-même, Marc Sauvé, avocat au service de recherche et de
législation au Barreau du Québec.
Alors, en vertu du Code des professions, le Barreau du Québec,
à l'instar de l'ensemble des corporations professionnelles du
Québec, a comme principal mandat celui de la protection du public. C'est
à la lumière de ce mandat qu'il faut interpréter notre
démarche d'aujourd'hui - de cet après-midi - devant vous. Le
Barreau du Québec est conscient de l'importance des aspects juridiques
posés en matière d'environnement et de protection de
l'environnement. Nous sommes déjà intervenus sur la question des
déchets dangereux, par exemple, devant la commission Charbonneau, en
juin 1990, et sur le projet de loi C-78 fédéral concernant le
processus d'évaluation des impacts environnementaux, en décem-
bre 1990. Le Barreau du Québec, en collaboration avec l'Association du
Barreau canadien, division du Québec, a produit le mémoire que
nous vous présentons cet après-midi sur le document de
consultation de la commission.
La qualité de l'environnement fait évidemment partie
intégrante du patrimoine de notre société et il est sain
que la population veille à sa conservation. L'acceptation par le public
d'un projet ayant des répercussions environnementales apparaît de
plus en plus comme une nécessité. Cette acceptation par le public
minimise les tensions et les conflits pouvant survenir lorsque le projet est
complété et qu'il est en opération. Elle réduit les
risques de procédures judiciaires, tels les recours en injonction et les
réclamations en dommages.
La procédure d'examen et d'évaluation des impacts sur
l'environnement prévue à la Loi sur la qualité de
l'environnement fait l'objet de critiques, tant de la part des groupes
écologiques que de l'industrie en général. Nous entendons,
dans le présent mémoire, faire connaître notre point de vue
sur le processus actuel d'évaluation des impacts environnementaux. Nous
formulerons des recommandations qui, selon nous, seraient susceptibles
d'améliorer l'efficacité de la procédure tout en
renforçant le droit des citoyens à être consultés
sur la mise en oeuvre de projets susceptibles d'affecter la qualité de
leur environnement.
Alors, sans plus tarder, je cède la parole à Me
André Prévost, qui nous présentera les grandes lignes de
notre mémoire.
M. Prévost (André): Alors, au départ,
j'aimerais... Souvent, en commission, c'est l'endroit pour faire des critiques
qui sont plutôt négatives. Moi, je vais commencer par une critique
qui est très positive. Ce qui m'a frappé lorsque j'ai vu le
document de consultation, j'ai constaté... Et je veux en
féliciter les auteurs parce que je trouve que le document de
consultation qui a été remis aux gens pour faire un
mémoire était très bien fait et, je pense, pointait assez
bien les problèmes qui résultent de 10 ans d'application du
système qu'on connaît actuellement. Ce document-là est
tellement bien fait que vous allez probablement voir, de notre mémoire,
qu'on n'a pas répondu à la moitié des questions qui sont
posées. Mais on a peut-être essayé d'insister, dans notre
document, sur les éléments qui nous paraissaient
peut-être...
D'un point de vue juridique, il faut bien comprendre que nous sommes le
Barreau. On ne représente pas un secteur industriel en particulier,
mais, du point de vue du Barreau, on a essayé de résumer nos
commentaires à certains aspects qui nous semblaient importants. En fait,
à la lecture du mémoire, vous allez constater qu'on a
regroupé sous sept thèmes nos commentaires sur la
procédure actuelle.
Le premier commentaire porte sur les
projets qui sont présentement soumis à la procédure
d'évaluation des impacts. Évidemment, on n'est pas les premiers
à vous en parler, mais on sait que l'article 2 du Règlement sur
l'évaluation n'est pas en vigueur en sa totalité. Au risque
peut-être de paraître simplistes, on pense que, s'il
méritait d'être voté ou d'être accepté par le
Conseil des ministres, il valait peut-être aussi la peine d'être
mis en vigueur. On comprend très bien les raisons ou les motifs qui ont
pu retarder la mise en vigueur de ces paragraphes de l'article 2, mais nous
croyons tout de même qu'à l'heure actuelle le temps est
peut-être venu et le climat social est aussi venu pour mettre en
application ces dispositions.
Toutefois, nos commentaires ne s'arrêtent pas là quant aux
projets eux-mêmes. Pour les gens qui ont eu la chance, dans certains cas,
le malheur de se présenter devant le BAPE ou de participer à ce
système d'évaluation, on réalise que, dans certains
projets qui sont un peu plus d'importance, on a tendance à ramener
continuellement au promoteur la justification de son projet, et c'est un mot
dont on a beaucoup entendu parler, surtout au cours des 12 derniers mois.
Évidemment, la justification d'un projet est extrêmement
importante, mais d'après nous la justification du projet devrait
même précéder la présentation du projet
lui-même. On croit que le gouvernement devrait assumer un certain
leadership au niveau de la consultation et on croit que l'élaboration
des politiques du gouvernement pourrait, dans une certaine mesure, faire
l'objet d'une forme de consultation auprès du public. Cette consultation
pourrait être menée, soit par le BAPE, soit par un autre
organisme.
Si on prenait, par exemple, sans se référer à des
exemples précis, la politique énergétique du gouvernement,
si la politique énergétique du gouvernement était d'abord
soumise à un processus de consultation publique, il pourrait se
dégager un consensus social. Les projets qui seraient
présentés en aval nécessiteraient à ce
moment-là d'être évalués pour les impacts qu'ils
présentent en tant que tels, mais la justification du projet
lui-même serait déjà contenue par l'acceptation sociale de
la politique gouvernementale. Vivre un peu l'expérience démontre
ou montre souvent les frustations qu'un promoteur et que les citoyens
appelés à participer vont vivre lorsqu'il n'y a pas eu de
consensus fait sur les politiques. On pourrait même penser qu'un tel
mécanisme de consultation pourrait exister, non seulement pour les
grandes politiques gouvernementales, mais pour certains projets globaux comme,
par exemple, l'établissement d'un parc industriel dans un endroit
donné, où on attirera, au cours des années, un certain
nombre d'entreprises. Il y aurait peut-être moyen de faire une
consultation publique sur la pertinence d'avoir le parc industriel à
l'endroit où on le voit, avec le type d'industrie qu'on projette d'y
établir. De cette façon-là, on croit - et, d'ailleurs, je
pense - qu'on n'invente rien. C'est quelque chose qui était
déjà proposé dans le rapport Lacoste en 1988. C'est
quelque chose qui existe actuellement, du moins en partie en Ontario et dans
d'autres juridictions.
Notre deuxième commentaire porte sur l'étude d'impact
elle-même. Il n'y a rien de plus frustrant, pour les acteurs ou les
intervenants au processus d'évaluation environnementale, que d'arriver
au moment des audiences publiques devant le BAPE et de réaliser que
l'étude d'impact ne traite peut-être pas de certains sujets qu'on
aurait voulu voir traités parce que, finalement, ça constitue une
zone d'inquiétude ou de préoccupation pour les gens qui sont
autour.
À ce niveau-là, sans s'étendre trop sur le sujet -
on pourra répondre à des questions - on est d'accord avec un
système de consultation au niveau de l'élaboration de la
directive préliminaire, c'est-à-dire au niveau de
l'élaboration de ce que sera le contenu de l'étude d'impact. On
pense qu'en y associant le public à ce stade-là de la
procédure on évitera peut-être beaucoup de problèmes
qui se posent actuellement au moment des audiences tenues par le BAPE.
Le troisième point qu'on traite dans notre mémoire, c'est
l'analyse de l'étude d'impact qui est soumise par le promoteur. On pense
qu'actuellement les gens ont peut-être raison de se plaindre qu'ils
arrivent dans le système actuel au stade de l'audience publique et ils
sont confrontés à une étude d'impact qui est souvent
volumineuse. Ils sont un peu au courant du projet, mais sans plus. Il faut
voir, souvent, le découragement des gens qui sont assis dans la salle,
lors des audiences publiques, pour comprendre que notre système n'est
peut-être pas tout à fait adapté à un débat
qui soit accessible pour les citoyens. On pense qu'actuellement il manque, au
niveau des citoyens, une forme d'aide quelconque pour mieux comprendre le
projet lui-même, mieux comprendre les différents tenants et
aboutissants de l'étude d'impact.
Évidemment, on parle beaucoup, dans les médias, des formes
de subvention. On se pose la question: Comment est-ce qu'on va décider
des mécanismes de subvention? Est-ce qu'on subventionne les gens qui
demeurent dans le quartier qui est juste à côté du site
industriel projeté? Est-ce qu'on subventionne l'organisme international
pour - je ne sais pas - la protection des poissons et dont le siège
social est à Tokyo? Ce n'est pas facile. Nous allons vous admettre qu'au
Barreau on n'a définitivement pas étudié la question assez
en profondeur pour vous faire des suggestions.
Par contre, pendant que se fait cette réflexion, on pense qu'il y
a peut-être une mesure plus rapide ou assez pratique qui pourrait
être mise en vigueur. C'est celle de la mise à la disposition des
gens d'un conseiller technique qui pourrait être désigné
par le BAPE, lorsque l'étude d'impact est rendue publique et que
mandat lui est confié. Cet aviseur technique pourrait être
un expert du domaine dont on va traiter, qui va prendre connaissance de
l'étude d'impact et qui va pouvoir, d'une part, donner les explications
aux citoyens. Les citoyens peuvent le consulter autant qu'ils le veulent, les
groupes qui sont intéressés au projet, et ce consultant - on l'a
appelé un genre d'ombuds-man - pourrait aussi adresser des questions
directement à l'expert qui a préparé l'étude
d'impact ou au promoteur lui-même, avant qu'arrive la période de
l'audience publique en tant que telle. De cette façon-là, les
gens pourraient peut-être avoir le support technique dans des
matières qui sont souvent compliquées et qui requièrent
une meilleure compréhension.
Comme je vous dis, c'est une suggestion pratique, mais qui ne met pas de
côté d'autres formes qui sont peut-être des formes de
contre-étude ou de contre-expertise, mais on pense qu'à ce
niveau-là il devrait y avoir une étude un peu plus poussée
pour identifier les pour et les contre.
Il y a eu une question qui a été posée tout
à l'heure ici ou un commentaire qui a été fait tout
à l'heure concernant le rôle du BAPE lui-même, son
rôle consultatif ou son rôle décisionnel. On va plaider
contre notre cause, contre la cause des avocats, mais, nous vous admettons,
nous voyons actuellement le rôle du BAPE comme étant les oreilles
du gouvernement. Le gouvernement donne en bout de ligne une autorisation
à un projet. Le gouvernement, par son ministère de
l'Environnement, prend connaissance d'études scientifiques. Mais le
gouvernement veut aussi, par l'intermédiaire du BAPE, avoir un peu les
réactions sur le terrain, ce que les gens en pensent.
Alors, nous, nous voyons le BAPE comme étant les oreilles du
gouvernement et on pense que c'est important que le gouvernement ait des
mécanismes pour être à l'écoute des gens qui
pourraient être affectés par le projet. On croit, dans la
même veine, que, si on devait donner un rôle décisionnel au
BAPE, vous venez de le transformer en une commission qui va exercer un
rôle qui est beaucoup plus judiciarisé dans lequel, veut, veut
pas, parce que cet organisme-là va exercer un contrôle judiciaire,
va prendre la décision, vous allez devoir passer à travers les
étapes des interrogatoires, des contre-interrogatoires, des
contre-expertises. Ça va être beaucoup plus formaliste et ce que
le Barreau craint, c'est que le but premier du BAPE et de la consultation
publique soit perdu et qu'on se retrouve, finalement, dans une guerre de gens
qui ont les moyens de se payer des experts et des avocats et, fort
malheureusement, peut-être pas au bénéfice des gens qui
sont autour et qui vont être les premiers affectés. Alors, nous,
nous croyons que le gouvernement devrait continuer à exercer le
rôle qu'il a, celui de prendre la décision, et qu'il devrait
continuer de donner au
BAPE le rôle qu'il exerce et qu'on croit qu'il doit exercer, qui
est celui de la consultation.
Au niveau des audiences publiques, encore là, nous croyons que
dans certains cas on aboutit à des débats qui sont un peu
contradictoires. Le promoteur, des fois, se sent peut-être mis un peu au
banc des accusés. Par une consultation sur la directive
préliminaire, par la mise à la disposition des intervenants d'un
expert qui peut les aider, nous croyons que ça va aider à enlever
un peu ce caractère souvent sous pression des audiences, surtout lorsque
les audiences devant le BAPE se prolongent pendant un certain cas. Alors, on
croit que les mesures qu'on vous a suggérées
précédemment pourraient viser à corriger cela et, en
même temps, on passe peut-être le message que le délai de
quatre mois prévu au règlement pour le mandat du BAPE
devrait continuer à exister.
J'en arrive aux délais et, évidemment, c'a
été peut-être la partie la plus longue de notre
mémoire, mais on trouve - et je reprends ici des commentaires qui ont
été faits précédemment - que, lorsqu'un
système est mis en place sans délai, c'est là que,
généralement, on se retrouve avec des procédures qui ne se
terminent plus et qui n'en finissent plus. Le rapport Lacoste a donné un
tableau - et je suis sûr que vous en avez pris connaissance - mais c'est
vraiment un triste constat à ce niveau-là. C'est d'ailleurs la
première recommandation du rapport Lacoste.
On parlait tout à l'heure des délais qui sont pris pour
faire des études d'impact et, soit, nous vous l'accordons et tant pis
pour le promoteur s'il prend du temps, c'est son projet à lui qui
retarde s'il prend trop de temps, lui, à faire son étude
d'impact. Mais j'aimerais quand même vous dire que le rapport Lacoste
nous révèle qu'entre le dépôt de l'étude
d'impact puis l'adoption du décret, dans des cas, entre autres, de
dragage, de creusage, la moyenne est de 25 mois, ce qui est au-delà de
deux ans. C'est énorme. La moyenne en tout des projets était
près de trois ans. Dans certains cas, c'est allé a quatre ans
pour passer à travers un projet. On trouve que, définitivement,
ces délais sont trop longs et vont peut-être plus
décourager l'accès à la procédure qu'autre
chose.
On vous a souligné, en pages 13 et 14 de notre mémoire,
une structure de délai qui totalise 14 mois, exclusion faite du
délai pour faire l'étude d'impact. Si le promoteur peut faire son
étude d'impact en trois mois, ce sera 14 plus 3. S'il le fait en six
mois, ce sera 14 plus 6 et on met... on est prêt à suggérer
un délai d'un an au promoteur pour faire son étude d'impact et,
s'il a besoin de plus que ça, on pense que ça devrait être
accordé uniquement par le cabinet puisque c'est lui, en
définitive, qui a le pouvoir décisionnel là-dessus. Nous
trouvons que les délais trop longs ne nuisent pas seulement au
promoteur, mais nuisent à la population, vous.
Finalement, dans les cas qui ont été trop longs, on a
usé les gens qui sont autour et on croit que les gens qui donnent ou qui
mettent beaucoup d'efforts à participer à ces
audiences-là, on devrait plutôt mettre en place une
procédure qui favorise leur participation, plutôt que de les
éliminer tranquillement par la fatigue ou par la force des choses.
Alors, c'est, en résumé, nos recommandations avec une
dernière qui est sur le chevauchement de juridictions. Il y a autant le
chevauchement du fédéral avec le provincial que le chevauchement
entre plusieurs ministères du même gouvernement, ici, du
gouvernement du Québec, et nous croyons encore que, dans la mesure du.
possible, il devrait s'établir des processus conjoints de façon
à ne pas additionner continuellement processus par-dessus processus.
Est-ce qu'on peut faire des processus conjoints? Est-ce qu'on doit faire
des processus simultanés? C'est une question à déterminer,
mais il faut définitivement apporter une solution à ce
niveau-là. C'est, grosso modo, le résumé de notre
mémoire. On sera heureux de répondre aux questions.
Le Président (M. Garon): Mme la députée de
Vachon.
Mme Pelchat: Merci, M. le Président. J'aimerais, au nom de
l'équipe ministérielle, souhaiter la bienvenue aux membres du
Barreau. Vous n'avez peut-être pas répondu une à une
à toutes les questions telles qu'elles étaient libellées
dans le document, mais je peux vous dire que vous avez répondu dans
l'ensemble aux principales interrogations des membres de la commission et,
notamment, vous êtes un des seuls organismes à avoir traité
du chevauchement de juridictions. Le seul point que vous n'avez pas vraiment
touché, c'est les déchets domestiques, mais j'ai l'impression
que, quand vous nous dites de soumettre tous les programmes et politiques du
gouvernement, vous les incluez là-dedans.
J'aurais juste un petit commentaire à faire. Quand vous parlez du
dragage, creusage qui, selon... j'imagine que c'est selon la page du rapport
Lacoste, vous disiez 25 mois. C'est important de le corriger. C'est 25 projets
et 13 mois qui ont été pris...
Une voix: Ah!
Mme Pelchat: À la ligne en haut, c'est la même page
que vous, à la page 48.
M. Prévost: Non, je suis... Moi, pour vous dire
exactement, je suis à la page 20, au tableau sommaire des
délais...
Mme Pelchat: En tout cas, à la page 48, vous avez le
délai des résidences, procédures, catégories de
projet, trois phases de la procédure. Vous avez dragage, creusage, mois:
13, 2, nombre de projets: 25.
M. Prévost: Ah! O. K. et...
Mme Pelchat: Vous avez raison, de toute façon. Les
délais sont... Tous les intervenants qui sont venus ici sont venus nous
dire à quel point les délais étaient impossibles et qu'il
fallait que ça change. C'est assez qu'il y en a qui sont venus nous voir
un peu avant vous pour nous dire: Non seulement il faut que ça change,
mais, s'il vous plaît, ne soumettez pas plus de projets, là, parce
que ça va être trop long puis on ne pourra faire du
développement agro-alimentaire. Si on formalise, on institutionnalise la
consultation à l'étape de l'élaboration de la
procédure comme telle, ce qu'on appelle le "scoping", est-ce que
ça n'aurait pas pour effet d'allonger aussi les délais? (16 h
30)
M. Prévost: Je pense qu'il faut le regarder encore
là dans une certaine limite de temps. Je pense que, en fait, si on
regarde les mêmes statistiques du rapport Lacoste, on va s'apercevoir que
juste la période de consultation interministérielle sur le projet
de directives préliminaires prend déjà plusieurs mois.
Alors, j'ai l'impression que, si vous tenez votre processus de consultation
interministérielle et que vous faites, en même temps, votre
processus de consultation publique, vous n'ajouterez pas un nombre de mois.
Nous, on croyait qu'à l'intérieur d'un délai probablement
de soixante jours, de deux mois, il était possible d'aller chercher,
dans une phase de consultation publique, les différentes attentes de la
population. Et, encore là, on est d'accord avec le fait que toute
procédure d'audiences additionnelles peut entraîner des
délais additionnels. Mais ce qu'on croit, c'est que, si on l'encadre
bien et si on l'encadre dans des délais, on pense qu'on va éviter
des problèmes à l'autre bout. Finalement, vous allez
réduire votre période d'audiences publiques après
l'étude d'impact de façon générale si vous la
soumettez avant à la procédure de "scoping".
Mme Pelchat: Mais vous avez bien dit que le délai de
quatre mois du BAPE ne devrait pas être modifié?
M. Prévost: D'accord avec vous.
Mme Pelchat: Je ne pense pas, et vous êtes d'accord avec
moi, là, que ce soit ce délai-là qui allonge vraiment la
procédure comme telle. Ce ne sont pas les quatre mois que prend le BAPE
pour rendre sa décision qui sont... Quand on dit que, effectivement, les
promoteurs, ça leur prend du temps à élaborer leur
étude d'impact - et on le dit aussi pour essayer un peu de
défendre les fonctionnaires du ministère de l'Environnement
et
les gens qui ont un rôle à remplir - c'est souvent parce
que la directive n'est pas claire. Vous nous apportez une solution, c'est le
"scoping".
Est-ce qu'il n'y aurait pas d'autres façons d'amener une
directive beaucoup plus claire, beaucoup plus précise, de la part du
ministère de l'Environnement, que celle du "scoping", qui en est une,
sauf que ça amène d'autres problèmes? Est-ce que, à
ce moment-là, vous feriez jouer le rôle de votre ombudsman
à l'étape du "scoping" aussi? Parce que c'est assez technique,
l'élaboration de la directive, et je ne suis pas certaine dans quelle
mesure le public, le commun des mortels, M. Tout-le-Monde, là, pourrait
participer à ça sans avoir cette expertise-là non plus.
C'est une autre chose, là. Mais, à part le "scoping", est-ce
qu'il n'y a pas d'autres façons que cette directive-là puisse
être plus claire?
M. Prévost: On en suggère une dans notre
mémoire, et c'est peut-être par le ministère de
l'Environnement, l'adoption de certains guides de préparation des
études d'impact. On croit que, dépendant des catégories de
projets, dépendant du type de technologie qu'on veut mettre en place,
les études d'impact devraient probablement différer. S'il y avait
des guides qui étaient publiés par le ministère de
l'Environnement et qui déterminaient à l'avance les points qui,
généralement, doivent être couverts dans une étude
d'impact relative à tel ou tel genre de projet, le "scoping" serait de
beaucoup facilité. Il faudrait voir si le projet tombe directement dans
cette classification-là et si, exceptionnellement, on a besoin d'y
ajouter autre chose.
Mme Pelchat: Est-ce que l'élaboration de ce guide devrait
être précédée par l'évaluation des politiques
et des programmes du gouvernement?
M. Prévost: Définitivement. Je pense que la
consultation publique est autant à l'avantage du gouvernement que des
gens qui sont gouvernés, effectivement.
Mme Pelchat: Sinon plus. Quel genre d'aide pourrait-on accorder
à ce moment-là au public pour se présenter devant une
immense consultation publique, par exemple, sur des programmes ou des
politiques énergétiques? À ce moment-là, est-ce que
c'est là qu'on nommerait votre ombudsman, votre conseiller technique
spécial ou...
M. Prévost: Je ne crois pas. Je pense que ce qu'on a le
plus en tête, au niveau de l'ombudsman, du technicien, c'est beaucoup
plus au niveau de l'évaluation d'un projet privé,
c'est-à-dire le projet qui serait en aval de la politique. Au niveau du
mécanisme de consultation sur la politique en tant que telle, c'est
là qu'on ouvre beaucoup plus la porte à des formes de subventions
pour aider les gens à se retenir un expert, à pouvoir critiquer
certains organismes qui pourraient peut-être avoir les moyens de faire
une critique de la politique. Parce que là, ce qu'on va essayer de
dégager, c'est un consensus social sur un développement
quelconque. Je pense qu'il est aussi normal que le gouvernement subventionne
les gens qui vont commenter là-dessus de façon à ce qu'on
soit capable d'établir un consensus. Une fois ce consensus établi
et qu'on rentre dans un projet d'application en aval, vu que le consensus est
déjà fait, là, on pourrait probablement se contenter ou on
pourrait probablement avoir assez d'aide de la part de - guillemets -
l'ombudsman dont on parlait.
Mme Pelchat: Je voudrais faire un commentaire, parce que mon
collègue de Lotbinière aimerait poser des questions, mais sur la
non-judiciarisation du BAPE, on est tout à fait d'accord et vous me
rassurez parce qu'à la page 2 de votre mémoire j'ai cru
comprendre... Par la suite, j'ai vu que ce n'était pas ça, mais
j'avais peur - et vous dites que vous plaidez contre vous-mêmes,
là - que vous vouliez intégrer les avocats dans le processus. On
voit que ce n'est pas ça. On en est très heureux.
M. Prévost: On est quand même heureux de participer
au processus lorsque l'occasion se présente.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Pelchat: Et je peux vous dire, pas pour vous envoyer des
fleurs, qu'on est toujours heureux d'avoir le Barreau devant nous. On l'a eu il
n'y a pas longtemps pour le Bureau de révision de l'évaluation
foncière et votre contribution est toujours très
appréciée. Merci.
Le Président (M. Garon): M. le député de La
Prairie.
M. Lazure: Merci, M. le Président. Au nom de l'Opposition,
je veux féliciter les représentants du Barreau pour cette
excellente présentation. Moi, j'ai bien aimé la remarque que vous
venez de faire, M. Prévost, à savoir que la consultation du
public, c'est un service que le public rend au gouvernement et aux promoteurs
aussi, évidemment. Dans ce sens-là, je pense que ça nous
donne peut-être un filon pour développer dans notre rapport final
la justification d'une aide financière de la part des promoteurs et du
gouvernement, jusqu'à un certain point, mais surtout de la part des
promoteurs à l'égard de groupes qui veulent faire des
représentations et qui n'ont souvent pas les moyens de le faire.
Il y a plusieurs recommandations judicieuses. Je pense que vous exprimez
bien, en tout cas, le même point de vue que de ce côté-cl
de
la table quand vous dites: Le temps est venu de mettre en vigueur les
articles qui n'ont jamais été en vigueur depuis presque 10 ans.
C'est cette évolution de la société qui nous permet de
dire que le gouvernement doit devenir plus exigeant et que ça ne va pas
nécessairement à l'encontre de l'intérêt public, au
contraire.
Les délais que vous proposez, 14 mois, à l'exclusion de la
durée de la préparation de l'étude d'impact par le
promoteur, ça me paraît tout à fait raisonnable. Il y en a
qui ont été plus audacieux que vous, qui proposaient 12 mois en
tout et partout. Ça, c'est le maximum qu'on a vu, mais d'autres
proposaient 18 mois en tout et partout. Ça peut rejoindre vos 14 mois,
plus le délai pour le promoteur.
J'aime bien aussi votre position à savoir que le public doit
être mis dans le coup le plus rapidement possible. J'ai une question
à vous poser sur la notion d'ombudsman que vous proposez à
certaines étapes où cette personne-là viendrait
éclairer le public ou ferait un peu oeuvre de vulgarisateur
auprès du public. Ça me fait hésiter un peu, je vous
l'avoue. Est-ce qu'on ne pourrait pas obtenir le même résultat en
demandant que l'analyse qui est faite par le ministère de
l'Environnement, l'analyse de l'étude d'impact fournie par le
promoteur... si on demandait que cette analyse-là soit soumise en
même temps que les autres documents pour l'audience publique et qu'il y
ait une espèce de traduction en termes abordables pour le grand public,
justement par les fonctionnaires du ministère, est-ce qu'on
n'obtiendrait pas les mêmes résultats que de recourir à une
personne complètement en dehors du dossier?
M. Langlois (Denis): On a parié, tout à l'heure, de
"scoping". Je pense qu'on peut retrouver, à l'intérieur du
"scoping"... D'ailleurs, c'est une procédure qui est reconnue aux
États-Unis dans leur réglementation. On retrouve ici... Au
Québec, on n'a pas de cadre général qui va nous dire, par
exemple: Qu'est-ce que doit contenir une étude d'impact, quelle est
l'ampleur que doit prendre l'étude d'impact, quelle est l'orientation
qu'elle doit prendre et tout? je pense qu'on aurait peut-être, avantage
à regarder ce qui se fait du côté américain. je
pense notamment aux règlements qui ont été adoptés
aux états-unis, sous l'égide fédérale, en vertu du
"national environmental policy act", qui est le cadre général de
réglementation aux états-unis en matière d'études
d'impact. ils ont, là-bas, préparé, depuis 1973, un cadre
général qui... à l'époque, ils appelaient ça
des "guide lines". dès 1978, c'est devenu des règlements.
là-dedans, on retrouve le cadre général de ce qu'on entend
par le "scoping". ça permet, dans un premier temps, de vraiment
définir quelle est l'ampleur que doit prendre l'étude d'impact,
et nous croyons que ce serait peut-être une façon
appropriée d'éviter les délais, par la suite, en cernant
de façon beaucoup plus précise ce qu'on doit faire.
C'est beaucoup plus sécurisant, et pour le public, et pour le
promoteur, de savoir: D'accord, vous avez tel projet, on s'entend sur les
orientations à prendre, ce que vous devez faire et tout. On fait les
étapes A, B et C puis, ensuite, on verra le résultat dans
l'étude d'impact et on aura l'occasion de la commenter lors de
l'audience publique qui durera, devant le BAPE, une période de quatre
mois. Alors, nous croyons vraiment que cette période antérieure
est fort importante puis ça permettrait de mettre de côté
certains aspects, et ça permettrait au promoteur de savoir ce sur quoi
va porter exactement son étude d'impact. Suite aux directives
ministérielles également qui vont quand même donner le
cadre général, le public aura également un "input"
dès ce moment-là pour cerner les paramètres.
M. Lazure: Oui. On est d'accord avec ça et plusieurs l'ont
recommandé. Je pense que ça rencontre l'assentiment des deux
côtés de la table ici, apparemment. Mais là vous pariez,
dans le stade initial, de la préparation de la directive à
l'adresse du promoteur, laquelle directive pourrait justement cibler certaines
choses et non pas être tous azimuts.
M. Langlois: Oui.
M. Lazure: Bon. Mais cette directive-là, dans votre
esprit, ça pourrait aller jusqu'à une consultation auprès
du public?
M. Langlois: Oui. M. Lazure: Oui. M. Langlois:
Si...
M. Lazure: Oui.
M. Prévost: Si vous me permettez, M. le
député. Pour en revenir à la question que vous posiez
directement tout à l'heure, c'est que la population a souvent la
perception, à tort ou à raison, que le ministère de
l'Environnement est trop relié au promoteur dans l'élaboration de
l'étude d'impact. On sait que pendant tout le temps que se
déroule l'étude d'impact - puis nous croyons que c'est sain que
ça se passe de cette façon-là aussi parce que le
ministère peut remettre le promoteur dans la ligne de ce qui doit
être analysé - mais on sait qu'à toutes les étapes
de l'étude d'impact le ministère a son "input".
La raison pour laquelle on parlait de ce genre d'ombudsman était
peut-être pour donner à la population une assurance additionnelle
que les dés ne seraient pas nécessairement pipés avant
qu'ils arrivent, qu'ils s'assoient dans la salle et qu'ils entendent tout. Ils
pourraient avoir les
conseils ou les explications d'une personne qui serait peut-être
considérée plus indépendante au départ. Mon
commentaire ne se veut pas du tout une critique de l'impartialité ou de
la partialité du MENVIQ, au contraire. Mais, aux yeux de la population,
ça donnerait peut-être un peu plus de crédibilité
aux explications qui sont données.
M. Lazure: Oui, je comprends. Vous dites, à un moment
donné, à la page 10 de votre mémoire: Le ministère
de l'Environnement n'assume pas adéquatement ses responsabilités
dans le processus d'élaboration des études d'impact sur
l'environnement. Bon. On en a traité un petit peu tantôt,
là, en rapport avec la directive. Mais pouvez-vous expliciter un peu ce
que vous voulez dire, en haut de la page 2?
M. Prévost: Oui. Ce commentaire-là, M. le
député, visait essentiellement ce que je viens de vous donner. On
a souvent l'impression que le ministère n'a peut-être pas
étudié assez à fond certains aspects de l'étude
d'impact et ce qu'on fait ici, on résume des critiques. Ce n'est pas les
critiques que le Barreau formule. C'est un résumé des critiques
qu'on peut voir revenir assez souvent parmi les gens. Encore là, on
croit qu'il y a une perception fort malheureusement négative ou parfois
négative, de la part du public, du rôle du ministère. On
pense qu'on devrait essayer de revaloriser le rôle du ministère de
l'Environnement à ce niveau-là.
M. Lazure: Et, ensuite, vous dites: Le mécanisme des
audiences publiques favorise l'affrontement plutôt que la
coopération.
M. Prévost: Et ça, c'est malheureux dans bien des
cas parce que nous croyons que s'il y a un forum dans lequel tout le monde
devrait être capable de se parler, pour en sortir des consensus, c'est
bien le forum des audiences publiques. Ce qui est peut-être un peu
malheureux, c'est que, pour certains projets qui sont peut-être un peu
plus politiques ou qui ont un peu plus d'impact, arrive le jeu des groupes de
pression.
Justement, la suggestion qu'on faisait du "scoping" va fort probablement
diminuer cette pression qui arrive maintenant en bout de ligne, puisque des le
départ les gens vont pouvoir dire ce que eux croient que devrait traiter
l'étude d'impact. Or, c'est, dans cette perspective-là qu'on
croit que le "scoping" pourrait vraiment venir en aide à
l'atmosphère, si vous voulez, des audiences publiques. (16 h 45)
M. Lazure: Bon. Ça rencontre un peu notre point de vue
aussi. Dernière chose. J'ai bien aimé votre suggestion de tenir
des consultations publiques lorsqu'il s'agit de créer un parc
industriel. Je pense que ce serait une bonne façon de faire de la
prévention. D'autres groupes nous ont proposé d'assujettir les
projets récréo- touristiques ou les projets importants
d'habitation, surtout quand ça s'en va en zone rurale ou semi-rurale,
mais je pense que votre suggestion de tenir une consultation publique, dans le
cas de nouveaux parcs industriels ou d'agrandissement de parcs industriels...
Parce que les gens ne se rendent pas compte, souvent, ils disent: Oui, bon,
d'accord, la municipalité change le règlement de zonage. On n'est
pas contre. Mais après que le parc industriel a commencé à
attirer des industries, là, ils se rendent compte qu'ils ont dit oui
à quelque chose qui les achale au plan environnemental. A ce
moment-là, il est un peu tard pour intervenir, dans bien des cas.
M. Prévost: en plus, il y a, évidemment, tout
l'aspect de la contamination cumulative des industries dans le parc industriel.
c'est peut-être à ce moment-là qu'on peut en discuter.
M. Lazure: C'est ça. M. le Président, merci, au nom
de l'Opposition, au Barreau, pour sa bonne contribution.
Le Président (M. Garon): Avez-vous d'autre chose? M. le
député de Lotbinière.
M. Camden: Merci, M. le Président. Je voudrais
féliciter les membres du Barreau de cette excellente qualité du
document et, évidemment, des faits et des arguments
évoqués. J'ai trouvé plus particulièrement fort
intéressante votre approche à l'égard de cette
consultation où, plus particulièrement, les promoteurs se
retrouvent souvent au banc des accusés. J'ai été en mesure
de mesurer davantage toute l'importance de vos propos avec le débat qui
a eu cours, il y a plusieurs années, dans le cadre de la
traversée Lotbinière-Grondines où HydroQuébec, dans
son processus, a peut-être eu des erreurs de parcours, où,
probablement, oui, effectivement, s'il y avait eu un certain nombre
d'études déposées sur la table ou enfin des
éléments qui auraient fait en sorte de procéder à
une consultation, probablement que les gens auraient donné des
indications plus claires à la société d'État.
Maintenant, à quoi peut-on imputer tout ça? Est-ce que
c'est la procédure des audiences qui fait en sorte... qui parfois
alourdit... C'est le processus lui-même qui transforme ces promoteurs en
accusés, sans qu'on finisse par considérer ce que sont
véritablement les coûts environnementaux versus les
bénéfices sociaux ou à l'égard de la
société en général, à l'égard de
l'économie, à l'égard du développement de la
société.
M. Prévost: À mon avis, il y a plusieurs facteurs
qui entrent en ligne de compte. L'un des premiers facteurs, c'est - je crois
encore et je le répète - l'implication du public à la
dernière phase du projet. Alors, les gens ont nettement
l'impression qu'au moment où ils sont consultés le projet
est déjà décidé. Ça, c'est le premier
malaise. Le deuxième malaise, c'est que les gens ont de la
difficulté à comprendre.
Là-dessus, j'ouvre une parenthèse. Dans le rapport
Lacoste, on disait, entre autres, que, de façon générale,
les études d'impact étaient peut-être un peu trop
compliquées. C'était peut-être un peu trop
encyclopédique. Pour en avoir regardé, travaillant directement
avec des promoteurs, on soumet une étude d'impact que moi, j'ai de la
difficulté à comprendre en entier. Si, moi, j'ai de la
difficulté en travaillant pendant un an sur l'étude d'impact, je
peux bien présumer que les gens qui vont la lire vont avoir encore plus
de difficulté.
Je pense qu'il y a cette méconnaissance ou cette mauvaise
compréhension des différentes analyses. Souvent, par une aide,
bon, un, une implication dès le départ, deux, une meilleure aide
pour faire comprendre aux gens ce qu'il en est... Parce que, finalement, si
pour ces projets-là on décide de consulter les gens, c'est parce
qu'on veut savoir ce qu'ils en pensent. Si on veut savoir ce qu'ils pensent, il
faudrait peut-être qu'ils comprennent de quoi on parle. Là-dessus,
on pense que ces mécanismes-là vont être probablement deux
correctifs qui ne solutionneront peut-être pas le cas dans tous les
dossiers, mais qui vont sûrement apporter des remèdes à ce
sentiment ou à ce qu'on est capable de voir se manifester, dans
certaines audiences du BAPE, dans des projets qui sont un petit peu plus
serrés, des projets qui attirent un peu plus l'intérêt du
public.
M. Camden: Dans cette consultation préliminaire de la
population que vous favorisez, que je partage largement pour avoir vécu
un dossier qui était assez pénible pour les gens de ma
région, comment voyez-vous cette consultation, cette implication? Est-ce
que vous la voyez à partir d'une implication hâtive du BAPE, comme
une démarche guidée par le promoteur ou enfin par la voie d'une
consultation générale? Qui va faire les invitations? Qui va se
retrouver dans ce processus au premier chapitre? Le BAPE, le MENVIQ, le
promoteur?
Dans le cas de la société Hydro-Québec, on retrouve
là des ressources humaines et financières considérables
qui permettent parfois de noyer carrément les intervenants du milieu.
Mais, dans d'autres cas, il n'en est pas toujours ainsi,
particulièrement dans les grands projets. Il y a évidemment
beaucoup de ressources qui sont rendues disponibles à ces gens.
M. Prévost: En fait, on pense que qui que ce soit qui
mène... On pense que, si le BAPE, finalement, est l'organisme qui sert
de consultant pour le gouvernement par rapport aux appréhensions ou aux
préoccupations de la population, il serait peut-être logique de
laisser au BAPE le travail de "scoping". Évidemment, ça
n'enlève pas les obligations qu'a le promoteur de faire une certaine
publicité de son projet, de déposer les documents qui ont
été préparés et qui accompagnent souvent son avis
de projet. Alors, on pense qu'au niveau du "scoping" le BAPE pourrait
probablement jouer le rôle de celui qui harmonise la consultation. On
pense que la population devrait être directement consultée.
À ce niveau-là, pour reprendre la suggestion de Mme la
députée, tout à l'heure, nous croyons qu'effectivement une
ressource technique devrait être là pour aider les gens,
même à ce premier stade préliminaire, de façon
à ce que les gens puissent manifester leurs préoccupations de
façon plus pratique à l'égard du projet.
M. Camden: O.K. Il y a peut-être... Ça sous-tend
aussi un autre point, c'est celui de la création d'un fond ou de rendre
peut-être possibles certaines ressources à ces groupes, là.
Je voudrais peut-être vous entendre là-dessus, comment vous voyez,
vous articulez ça. Qui contrôle ça? Qui pourrait en
bénéficier? À ce moment-là, évidemment, on a
constaté parfois, dans ces projets-là, qu'il arrivait que ce
n'était pas davantage à l'égard des impacts comme tels que
les gens se soulevaient, mais c'était davantage un débat sur
l'à-propos, pas nécessairement du projet, mais d'une politique ou
d'un investissement, sur l'à-propos de développer, par exemple,
les alumineries au Québec, l'à-propos d'avoir des lignes de
transport d'énergie, l'à-propos de la vendre, et ça
débordait tout à fait le cadre d'impact qui était,
à ce moment-là, évidemment, sur l'ensemble du territoire
québécois, mais qui avait aussi davantage un impact dans le
milieu directement où le projet allait se dérouler ou être
mis de l'avant.
M. Prévost: Écoutez, je m'excuse. J'ai perdu le fil
de votre question, M. le député, et je m'en excuse, là,
vraiment.
M. Camden: Alors, peut-être, regardez... M.
Prévost: Juste très rapidement.
M. Camden: Moi, mon questionnement était à l'effet
s'il y avait un fonds, d'abord, qui viendrait...
M. Prévost: Ah oui! O.K.
M. Camden: Qui le gérerait? Comment on le partagerait et
est-ce que ça ne risque pas, ça, d'être davantage
matière à alimenter un débat qui risquerait d'être
faussé par rapport à...
M. Prévost: Comme je disais un peu tout à l'heure,
on pense qu'il faudrait peut-être faire une distinction entre
l'élaboration de la politique et le projet qui vient en aval. Au niveau
de
l'élaboration de la politique, il nous semble tout à fait
logique d'avoir des mécanismes de subvention pour pouvoir permettre
à des groupes de citoyens, à des organismes qui sont, finalement,
impliqués dans le domaine de l'environnement, de pouvoir formuler des
points de vue pour critiquer l'adoption d'une politique. Si on a des consensus
sociaux qui se dégagent des politiques, quand on arrivera au niveau de
l'application d'un projet particulier, on pense qu'on n'aurait peut-être
pas autant besoin d'autant de ressources et de financement.
On croyait, dans un premier temps, que l'essai de notre genre
d'ombudsman serait peut-être suffisant. Maintenant, au niveau de
l'élaboration de la politique, comment est-ce qu'on devrait
déterminer qui devrait avoir de l'argent, dans quelle proportion et pour
faire quoi? On n'a vraiment pas la connaissance actuellement. Ce qu'on vous dit
par contre... et on sait que vous savez que ça existe dans d'autres
juridictions... On devrait peut-être prendre la peine de faire un peu le
post mortem de l'expérience vécue dans d'autres juridictions. On
sait qu'en Ontario, entre autres, sur leur politique d'élimination des
déchets, ça a pris une certaine période de temps,
même très longue, juste pour décider à qui on
donnerait des sommes d'argent et pour quel montant on le donnerait. Est-ce
qu'il y a des façons plus simples d'attribuer des sommes? Quels sont les
critères?
En m'en venant ici, on en a discuté dans l'auto. On a pris le
téléphone et j'ai appelé Yves Lauzon, qui est l'avocat qui
était en charge du Fonds d'aide aux recours collectifs, parce que je
veux dire qu'il y a peut-être un parallèle qu'on pourrait faire
avec le Fonds d'aide aux recours collectifs où le gouvernement accepte
de donner des sommes d'argent à un groupe de citoyens pour faire valoir
leurs droits. Me Lauzon me disait que l'expérience à date du
Fonds d'aide aux recours collectifs était une expérience qui
était positive - et, lui n'étant plus là, je vais prendre
son commentaire comme étant peut-être un peu plus objectif - et
que, de façon générale, parce qu'ils avaient une grille de
critères qui était bien élaborée et parce qu'il y
avait aussi un délai d'un mois qui est fixé au règlement,
il trouvait que le système avait passablement bien fonctionné
depuis, je ne sais pas... ça fait peut-être cinq ou six ans que le
Fonds existe. On peut peut-être penser à quelque chose de
semblable, plus que ça, oui.
M. Lazure: Plus que ça, oui, oui.
M. Prévost: Ça remonte même peut-être
à dix ans.
M. Lazure: Dans le temps d'un bon gouvernement.
M. Prévost: D'un autre gouvernement. Ha, ha, ha!
M. Maltais: Oui, ça, là...
M. Prévost: Souvent, on dit: On devrait regarder dans
d'autres juridictions comment ça se passe, mais on a déjà
des fonds d'aide ici qu'on pourrait peut-être regarder et pour lesquels
on pourrait peut-être avoir de bons exemples ou trouver de bonnes
formules. Mais, là-dessus, on va vous dire: Notre réflexion est
loin d'arriver à sa fin. On n'a pas... On a peut-être
été un peu coincés nous aussi dans les délais et on
n'a vraiment pas pu y donner la réflexion qu'on aurait voulu y
donner.
M. Camden: O.K. Vous avez soulevé la question des
délais. En totalisant les délais que vous proposez pour chacune
des étapes de la procédure d'évaluation, on en arrive
à peu près autour de 24 mois, soit deux ans. Est-ce que ça
ne vous apparaît pas un petit peu long comme processus de consultation?
Moi, si je tiens compte de ce qu'on a entendu ici de ceux qui vous ont
précédés, on parle généralement de 12
à 15 mois comme délai de consultation et même il y en a qui
allaient jusqu'à un délai beaucoup plus court, soit 9 mois de
consultation.
M. Prévost: Deux choses là-dessus. Il ne faut pas
oublier que, dans les 24 mois, vous avez un an qui est attribué à
la préparation de l'étude d'impact. Si le promoteur est capable
de produire une étude d'impact en moins d'un an, c'est ça qui est
soustrait du 24 ou du 26 mois, finalement. Or, c'est 14 mois, plus.
Deuxièmement, a ce niveau-là, encore, si on regarde le
délai moyen qui est pris par le BAPE actuellement, c'est
déjà une bonne amélioration si on en arrivait à 26
mois comme délai maximal puis on va peut-être réaliser que,
dans bien des cas, on serait inférieur à 26 mois. On en
arriverait peut-être à 18 mois, comme on en a parlé tout
à l'heure, parce que souvent le promoteur a déjà, avant
d'envoyer son avis de projet, certaines études préliminaires de
faites sur les principaux impacts. Donc, il s'agit, à partir du
"scoping", de compléter ce qui doit être complété.
Par contre, dans d'autres projets, par exemple - et on peut peut-être
penser au projet Grande-Baleine, pour le nommer - on pourrait peut-être
penser que ce serait plus qu'un an. Évidemment, il y a des projets qui
sont des mégaprojets qui sont peut-être différents. Mais
pour la majorité des projets pour lesquels les articles ne sont pas
encore en vigueur, moi, je présume que ce serait des délais qui
ne sont peut-être pas aussi longs que ça.
Le Président (M. Morin): M. le député de
Lotbinière.
M. Camden: J'aurais peut-être une dernière
question rapidement. Est-ce que vous seriez en faveur d'une
régionalisation du processus de consultations publiques, là,
faisant en sorte qu'on limite parfois l'expression en regard de certains
projets à des régions plus particulières? Par exemple, on
a des cas qui me viennent à l'esprit de marinas où des gens d'une
autre région tout à fait du Québec sont venus intervenir
dans le processus d'une marina, laquelle n'avait, à mon avis, aucun
impact chez eux, soit sauf peut-être de s'approprier parfois une
clientèle.
M. Prévost: II faut... On s'y référait tout
à l'heure un peu. Évidemment, il y a des cas qui sont plus
malheureux que d'autres. Il y a des cas, par contre, où des groupes
écologiques qui sont de l'extérieur de la région ont pu
apporter un apport positif. Je pense, entre autres, à l'Association des
biologistes du Québec qui intervient dans presque tous les débats
qui concernent ou qui peuvent entraîner une pollution des eaux. Je pense
à d'autres organismes aussi qui ont pu apporter vraiment un apport
positif.
Je pense là-dessus que ça va dépendre beaucoup plus
de la façon dont le BAPE décide de conduire ses audiences. Si on
décide d'appliquer les interventions sur les vrais problèmes que
pose ou que peut poser le projet en question, je pense qu'on en arrive beaucoup
plus à quel rôle devrait jouer le BAPE dans l'administration de sa
procédure. Là-dessus, je ne blâme pas le BAPE, mais dans
certains cas peut-être que le BAPE, en ouvrant un peu la porte, la porte
s'est ouverte plus grande, plus grande et plus grande. Mais je ne pense pas
qu'au départ on devrait limiter strictement à une
région.
Il y a une chose, par exemple, à laquelle on devrait
peut-être faire attention, c'est de s'assurer que les gens qui sont
vraiment affectés par le projet aient voix au chapitre, par exemple,
puissent parler, ne soient pas enterrés par une guerre qui se passe
entre des groupements écologiques et un promoteur ou des groupements
économiques, mais que les gens puissent s'exprimer.
Le Président (M. Morin): Je vous remercie. C'est ce qui
met fin au temps à la disposition du parti ministériel.
L'Opposition, M. le député de La Prairie.
M. Lazure: M. le Président, je tiens à remercier
les représentants du Barreau pour leur excellent mémoire.
Le Président (M. Morin): Alors, au nom de la commission,
on vous remercie de votre aimable contribution. On suspend quelques instants
pour permettre à l'autre groupe de s'approcher.
(Suspension de la séance à 17 heures)
(Reprise à 17 h 2)
Le Président (M. Morin): Alors, nous y allons. Nous
souhaitons la bienvenue à la CSN. Nous disposons d'une heure.
Évidemment, nous suggérons que vous disposiez de 20 minutes pour
exposer et il restera 20 minutes pour chaque groupe parlementaire. Si vous en
prenez plus, il en restera moins pour les autres. Ceci dit, on vous demande de
bien vouloir vous présenter et d'y aller de votre exposé.
Confédération des syndicats
nationaux
Mme Lamontagne (Céline): Bonjour. Mon nom est
Céline Lamontagne, je suis troisième vice-présidente de la
CSN et je vais vous présenter les personnes qui m'accompagnent. À
ma droite, Roger Laroche, qui a fait la recherche et qui a travaillé
à la rédaction du mémoire et, à ma gauche, Serge
Quenneville, qui est l'un de nos conseillers en matière
environnementale. Je vais essayer de m'en tenir aux 20 minutes. J'avoue que
c'est la chose que je trouve toujours la plus difficile. Alors, je vais y aller
assez rapidement.
D'abord, on vous remercie d'avoir accepté de nous entendre. On
est aussi heureux de l'initiative qu'a prise la commission de lancer une
consultation sur le processus d'examen et d'évaluation des impacts
environnementaux. On souhaite donc que ça puisse continuer à
faire la promotion de la consultation publique et peut-être,
souhaitons-le, que ça permette de réactualiser des
recommandations qui sont encore actuellement, déjà, qui sont sur
des tablettes et qui attendent une décision politique pour être
mises en oeuvre.
L'examen et l'évaluation des impacts environnementaux, d'autres
l'ont sûrement dit avant nous, c'est une question qui apparaît
très, très complexe et aussi un terrain un peu fertile à
toutes sortes de positions un peu extrémistes, mais on trouve ça
important, donc, dans ce contexte-là, dans le contexte aussi de la
sensibilité de la population à l'environnement, de renforcer le
caractère démocratique et le caractère public du processus
d'examen et d'évaluation.
Avant d'arriver aux recommandations, juste préciser comment,
nous, comme syndicat, on est interpellés au niveau de la question plus
large de l'environnement. C'est sûr qu'on est interpellés d'abord
sur le terrain des milieux de travail, sur le terrain même des
entreprises. On souhaite et on a même commencé à demander,
dans le cadre des conventions collectives, d'être plus près, plus
consultés, de travailler avec les employeurs aux perspectives que les
entreprises ont pour améliorer leurs performances environnementales, si
on veut.
Au niveau des régions, on a participé beaucoup dans le
passé, par nos structures
régionales, à plusieurs consultations publiques et, entre
autres, à la commission Charbonneau. On participe aussi avec beaucoup de
comités de citoyens et de représentants de la population sur des
questions d'ordre régional et, au niveau sectoriel, on a fait même
des représentations auprès du ministre pour être plus
présents dans les comités techniques qui sont mis sur pied. Un
exemple, c'est le programme de réduction des rejets industriels. On
souhaite être présents dans les différents comités
techniques sectoriels. Donc, tout ça pour vous dire que,
premièrement, on s'implique dans le dossier environnement et,
deuxièmement, on souhaite être aussi partie prenante aux
orientations qui se font, autant aux niveaux local, régional et
sectoriel. Alors, je pense que vous allez comprendre que tout ça, c'est
pour dire également que, quoiqu'il fasse renforcir le caractère
de la consultation publique et renforcir, finalement, le processus
démocratique...
Alors, ce qu'on peut constater, c'est que la participation aux audiences
du BAPE reste parfois assez basse, particulièrement venant de citoyens
et de citoyennes non organisés, et on pense que ce n'est pas à
cause d'un désintéressement de la population, mais parce qu'il
n'est pas toujours facile de saisir les enjeux techniques, économiques
et environnementaux que soulèvent les projets en consultation.
Finalement - je pense que d'autres l'ont dit avant nous également -
c'est qu'il y a un déséquilibre entre le citoyen ordinaire et
celui qui fait la promotion d'un projet.
Alors, pour essayer de pallier ce problème, nous, on pense qu'il
faut qu'il y ait un meilleur encadrement et un des moyens qu'on propose, c'est
qu'il y ait un processus de formation qui soit associé au processus
d'information qui est actuellement en vigueur. Donc, on sait qu'il y a une
étape où on est appelé à questionner celui qui est
responsable d'un projet, mais on demande qu'on organise, avant cette
étape ou en même temps, de la formation de façon à
ce que les interventions des citoyens et citoyennes soient mieux ciblées
et sûrement plus éclairées et peut-être plus
responsables.
Deuxièmement, on propose aussi, dans le but de renforcir la
participation et de favoriser la participation, que devrait être
accordée une aide financière à des groupes à but
non lucratif afin de mieux préparer leur intervention. On pense que ce
fonds devrait être proportionnel à l'ampleur du projet et
ça devrait être administré par un comité qui serait
composé de membres provenant du BAPE. Et aussi - et là ce n'est
pas facile - que les sommes allouées tiennent compte de la
représentation du groupe, de son implication dans le milieu, de son
expertise, etc.
Il y a aussi un autre aspect qui nous apparaît important quand on
parle de démocratie, de consultation, c'est l'accès à
l'information. Ce n'est pas toujours facile d'avoir les études, les
dossiers. Alors, nous, on pense qu'il devrait y avoir la mise sur pied de
dépôts régionaux permanents pour tous les documents
provenant du BAPE et on croit qu'il devrait y avoir une politique de
façon a faciliter l'accès et la diffusion des documents aussi
provenant du MENVIQ et du BAPE, que les documents qui proviennent du MENVIQ
soient mis à la disposition du BAPE et qu'il ait les fonds
nécessaires pour en faire une plus large diffusion, entre autres,
auprès des intervenants et intervenantes qui en feraient une demande et
qui en ont besoin pour faire soit leur analyse ou leur étude ou qui ont
des groupes qui ont un rôle à jouer dans le milieu.
L'autre aspect, aussi dans le but de donner plus d'outils à la
population, c'est d'essayer de demander que les études qu'on nous
présente, que les études d'impact soient allégées
et simplifiées, soient vulgarisées, parce que, actuellement, les
documents qu'on nous présente sont souvent fort volumineux, très
techniques. Des fois, on se demande si ce n'est pas souhaité qu'on
comprenne le moins possible. Alors, on demande que les documents soient
vulgarisés et aussi on souhaiterait que les impacts
socio-économiques soient mieux définis dans les études,
les analyses d'impact qui sont faites par le promoteur.
Aussi, ce qui est souhaité et ça, ça a
été un amendement qui a été bien discuté par
notre conseil confédéral lorsqu'on a adopté les
propositions du mémoire, c'est que le promoteur commande ses
études d'impact d'une firme qui serait accréditée par le
MENVIQ, pour la raison suivante. C'est qu'on a comme, je dirais, entre
guillemets, une certaine méfiance face à certaines études
qui nous arrivent de la personne qui tient à son projet. Donc, on
souhaite qu'il y ait des firmes qui soient accréditées par le
MENVIQ et que ce soit là que les promoteurs fassent faire leurs
études d'impact.
Ensuite, un autre élément toujours dans le processus, et
ça a été, je pense, mentionné par les intervenants
avant nous, c'est que le public soit impliqué bien avant dans le
processus d'examen et d'évaluation. On demande donc à cet effet
que, dès le début, dès l'élaboration de la
directive qui est faite au promoteur, il y ait une forme de consultation
publique. Alors, nous croyons que l'implication hâtive du public
permettrait de mieux cerner les enjeux du projet et limiterait ainsi les
interventions d'opposition systémique au profit d'interventions plus
responsables et aussi - et c'est ça qui est important - ça
permettrait, si tel projet dans telle région donnée ne
répond pas aux attentes qu'on peut avoir, peut-être aussi Je
développement d'alternatives.
Aussi, dans une logique d'équité, on croit que le
décret visant à rendre non opérants les paragraphes g et n
du règlement doit être aboli, que ça doit être
l'ensemble des entreprises qui
- doit être soumis au processus. Je pense que c'est une question
d'équité. Et aussi je pense que, dans la mentalité, c'est
un privilège de ne pas être soumis au règlement et
ça continue à perpétuer l'idée que, finalement,
l'économique et l'environnemental c'est deux choses qui s'affrontent
alors qu'on devrait tendre, au contraire, à concilier
l'économique et la question environnementale, parce qu'on parle
constamment, on l'a signalé dans notre mémoire, de
développement durable, et c'est quand on va concilier ces deux
aspects-là qu'on va arriver à vraiment des projets de
développement industriel qui à la fois respectent l'environnement
et sont productifs au niveau économique.
Toujours dans ce sens-là, on demande aussi que le BAPE soit
chargé de faire des consultations nécessaires à
l'élaboration de stratégies sectorielles concernant le
développement économique viable au Québec, donc, aussi,
que le BAPE soit informé des politiques sectorielles des
ministères et qu'à certaines occasions il fasse des consultations
beaucoup plus larges comme, par exemple, la question des déchets
dangereux, c'était une consultation plus large, plus sectorielle, la
question d'une politique forestière...
En terminant sur le processus avant d'aborder la question de la gestion
des déchets, nous, on souhaite aussi, comme le Barreau d'ailleurs, que
le processus reste non judiciarisé, reste informel et très
fonctionnel au niveau démocratique, parce que, alourdir le processus,
ça peut avoir un impact en termes de... Au niveau de la consultation,
c'est toujours un blocage quand c'est trop judiciarisé pour l'ensemble
des citoyens. (17 h 15)
Sur la gestion des déchets, comme tout le monde on constate que
c'est un problème important de notre société
industrialisée, de notre société de consommation. Donc, on
a trouvé intéressant que la commission pose des questions sur cet
aspect-là. Et, là aussi, on pense que la population doit
être partie prenante aux politiques qui vont se développer au
niveau de la gestion des déchets, donc au niveau municipal, au niveau
des MRC et on recommande, dans ce sens-là, que l'implantation de lieux
d'enfouissement sanitaire soit assujettie à la procédure
d'évaluation des impacts sur l'environnement. De plus, on pense que s'il
y a eu nécessité d'avoir une commission sur la gestion des
déchets dangereux - les recommandations ne sont pas encore en
application, mais quand même - la question des déchets domestiques
prend une ampleur importante en termes de solutions et aussi en termes de la
sensibilité de la population à cette question-là. Donc, on
pense qu'il devrait y avoir une consultation large sur la question de
l'ensemble des déchets domestiques et de l'ensemble des déchets
qu'on appelle, des fois, industriels légers, c'est-à-dire toutes
les questions qui n'ont pas été couvertes par la commis- sion
Charbonneau.
Par ailleurs, une autre remarque toujours sur la question de la gestion
des déchets, c'est la présence de l'industrie privée dans
les centres de traitement et d'élimination des déchets. Je pense
qu'on ne veut pas rejeter le fait qu'il y ait des sociétés
privées, mais, par ailleurs, on pense qu'il doit y avoir une meilleure
réglementation parce qu'on ne voudrait pas qu'on fasse du profit, entre
guillemets, sur le dos de la santé de la population. On trouve
primordial que le pouvoir public soit partie prenante dans la gestion des
infrastructures et dans l'élaboration des plans de gestion. Il y a aussi
un problème, on en parle peu dans le mémoire, mais, dans
certaines compagnies privées qui font le traitement des déchets,
il y a des problèmes énormes de santé et
sécurité au travail pour les travailleurs qui oeuvrent dans ces
compagnies-là. Alors, c'est un double problème.
En terminant, quelques remarques sur l'ensemble du processus de
consultation. Nous, on souhaite d'abord que votre commission recommande
l'application des recommandations du rapport Lacoste et on croit aussi que ce
qui est le plus démobilisant, je dirais, au niveau des consultations
publiques... C'est avec beaucoup de conviction que beaucoup de citoyens et de
citoyennes et d'organisations comme la nôtre se présentent soit
devant des commissions parlementaires ou devant divers types de commissions -
on pourrait en nommer une liste: la commission Charbonneau, par exemple, a fait
deux tournées, il y a eu plusieurs mémoires de
présentés - et c'est un peu inquiétant de voir que,
finalement, plusieurs rapports demeurent sur les tablettes. Je n'en ferai pas
la liste; vous les connaissez aussi bien que moi. Mais, si on veut valoriser la
consultation du public, la consultation de la population, la population attend
des réponses aux recommandations qui sont faites par les
différentes commissions et elle attend que ce soit mis en application.
Alors, le résultat de votre commission, si vous en arriviez à
faire mettre en application certaines recommandations, ce serait, je pense, un
succès important. Merci beaucoup.
Le Président (M. Morin): Je vous remercie, Mme Lamontagne.
Il reste environ 22 minutes à chacun des deux groupes parlementaires.
Alors, pour la partie ministérielle, Mme la députée de
Vachon.
Mme Pelchat: Merci, M. le Président. J'aimerais vous
saluer au nom du parti ministériel et vous souligner que c'est avec
beaucoup d'intérêt qu'on vous reçoit aujourd'hui parce que
vous êtes le seul syndicat à se présenter à notre
commission parlementaire. Je ne sais pas si c'est votre grand
intérêt - je m'excuse, je n'ai pas...
Une voix:...
Mme Pelchat: ...votre grand intérêt au niveau de
l'environnement ou un intérêt particulier pour la commission de
l'aménagement et des équipements, mais, enfin, ça nous
fait plaisir. Je tiens à le souligner; je pense qu'on fait
référence à l'UPA, ce n'est pas la même forme.
Une voix:...
Mme Pelchat: Je m'excuse, M. le Président, si on a des
commentaires à faire, peut-être qu'on pourra les faire
tantôt avec le député de La Prairie.
Vous avez tout un mémoire et il est très complexe, il y a
plusieurs recommandations et plusieurs recommandations qui sont assez
innovatrices. Vous sortez de certains... c'est-à-dire que vous allez
beaucoup plus loin que certaines recommandations qui nous ont été
faites et, notamment, sur les fonds. Vous nous proposez même, sur le
fonds qui aiderait à financer les organismes qui se
présenteraient devant le BAPE, vous nous recommandez un comité
permanent qui relèverait du Bureau d'audiences publiques et votre
recommandation, c'est qu'à cette fin un comité permanent relevant
du Bureau d'audiences publiques soit créé et que celui-ci soit
composé, de façon paritaire, de membres provenant du BAPE et de
membres provenant du public; qu'un code de procédure et
d'admissibilité soit établi et connu de tous. Par la suite, vous
nous recommandez que ces sommes proviennent d'un fonds spécial du budget
alloué au MENVIQ; l'enveloppe allouée doit être
proportionnelle à l'ampleur du projet et les sommes allouées aux
différents groupes qui en font la demande doivent être
proportionnelles à leur implication dans le milieu.
Comme critères d'accréditation et de détermination
d'allocation de fonds, ce n'est pas de la petite bière, ce que vous
demandez là. Dans l'application pratique, j'aimerais ça que vous
m'expliquiez comment ça pourrait se concrétiser, demain matin, si
on mettait un comité comme ça. D'abord, un code de
procédure et d'admissibilité, est-ce que ça voudrait dire
qu'il y aurait certains organismes environnementaux qui seraient
accrédités et d'autres qui ne le seraient pas, et comment la CSN
voit-elle qu'on pourrait accréditer ces groupes-là et aussi
refuser l'accréditation à certains? Et comment peut-on
évaluer l'ampleur du projet et évaluer l'implication dans le
milieu d'un organisme environnemental, et c'est pour ça qu'on devrait
leur donner une plus grosse subvention, par exemple? La CSN représente
je ne sais pas combien de milliers de membres par rapport à la CSD; la
CSD aurait moins de subventions parce qu'elle représente moins de
membres? Je ne sais pas si vous voyez, Mme Lamontagne, ce que je veux dire.
C'est assez arbitraire, en tout cas, quant à moi, l'évaluation
proportionnelle à leur implication dans le milieu. C'est difficile pour
moi de juger ça parce que l'Association des biologistes du Québec
ne représente pas nécessairement beaucoup de monde, mais son
implication dans le milieu est très grande. Je ne sais pas si vous voyez
la problématique.
Le Président (M. Morin): Mme Lamontagne.
Mme Lamontagne (Céline): D'abord, ce qu'on souhaite, ce
qui est principal dans la proposition, c'est qu'il y ait une aide
financière qui soit accordée aux groupes. Et quand on marque "aux
groupes", on ne pensait pas surtout à nous, même si on est un
groupe a but non lucratif, parce qu'on est quand même des ressources.
Mais il y a beaucoup de groupes, de comités de citoyens dans les
régions, de comités environnementaux qui n'ont pas les moyens et
ça, c'est vrai en environnement et c'est vrai dans d'autres secteurs
d'activité aussi. Alors, ça, c'est d'abord le principe.
Deuxièmement, quand on parle de comité permanent,
ça ne veut pas dire nécessairement un comité à
plein temps. C'est un comité qui est nommé, qui a comme mandat
d'administrer ce montant-là, donc d'allouer. L'autre aspect, ça,
on n'a pas été jusque dans la cuisine, à savoir comment on
ferait un règlement pour ça. Mais la question qui se pose, c'est:
Est-ce qu'on va...
Bon, l'ampleur du projet, c'est peut-être un peu plus simple.
Quand c'est un projet régional, qu'il y a des études beaucoup
moins considérables ou beaucoup moins d'aspects à analyser, donc
ça demande moins de recherche de la part des groupes, disons que les
sommes allouées peuvent être plus modestes. C'est sûr que si
c'était Grande-Baleine, avec les études qu'Hydro a sur la
question, ça demande beaucoup plus de recherche ou d'analyse. Mais quand
c'est un projet régional, même dans un quartier de Montréal
où c'est très circonscrit comme cadre, les sommes pourraient
être plus modestes.
Sur l'implication dans le milieu, je vais vous avouer qu'on n'a pas fait
de définition, mais ce qu'on voulait aussi éviter, c'est que -
surtout en environnement ces dernières années, ça pousse
comme des champignons, les groupes environnementaux - on voulait que ce soit
quand même des groupes soit qui aient fait une action, qui soient un peu
reconnus, sans parler de mécanisme d'accréditation -
peut-être qu'il faudra en arriver là - ou encore des groupes de
citoyens qui représentent vraiment la population de la région, de
la ville ou du quartier. Donc, on voulait qu'il y ait des balises dans ce
sens-là pour ne pas que ce soit comme un fonds sans fin où, ce
matin, on se met tous les trois, on se forme un groupe, on demande de l'argent
et, demain matin, on n'existe plus une fois qu'on a fait cette étude.
Autrement, il n'y aura plus de crédibilité et ça va
être aussi un fonds sans fin. Ça va impliquer beaucoup beaucoup
de... Mais on peut réfléchir plus en détail si vous
arrivez à cette conclusion-là. On sera prêt à
réfléchir plus
en détail pour...
Mme Pelchat: Je pense que vos explications apportent un peu
d'éclairage et, quand vous dites...
Le Président (M. Morin): Alors, Mme la
députée de Vachon.
Mme Pelchat: Oui. Alors, quand vous dites qu'il ne faudrait pas
que ce soit un fonds sans fin, que n'importe qui pourrait se constituer en
groupe le lendemain matin, c'est aussi une de nos préoccupations.
Vous avez fait allusion aussi à ce que le ministère de
l'Environnement devrait accréditer des firmes d'experts qui seraient
susceptibles de participer aux études d'impact. Là, je me pose
des questions. D'abord, les firmes d'experts - on est encore dans un processus
de libre marché - toutes les firmes qui emploient des experts, des
ingénieurs ou des biologistes, normalement, il y a une espèce de
contrôle de l'éthique, un code de déontologie; en tout cas,
ils sont membres d'une corporation. Alors, je me demande comment le
ministère de l'Environnement ferait pour choisir quelle firme serait
meilleure qu'une autre pour élaborer les études d'impact.
Peut-être que je vous ai mal comprise là.
Mme Lamontagne (Céline): Non...
Le Président (M. Morin): Mme Lamontagne.
Mme Lamontagne (Céline): Oui, effectivement. Bon. Le
raisonnement qui s'est fait et ça vient beaucoup de personnes qui
oeuvrent... en tout cas, de militants, chez nous, qui oeuvrent dans les
régions, c'est qu'ils ont peu confiance, des fois, aux études
d'impact que telle compagnie ou telle autre doit faire faire. Alors, il y avait
l'hypothèse: II y a une seule firme qui fait toutes les études
d'impact. C'est un petit peu utopique et, comme on est dans une situation,
comme vous le dites, de libre marché...
Mme Pelchat:...
Mme Lamontagne (Céline): Alors, ce qu'on veut dire par
là, c'est qu'il y a 10 firmes, 20 firmes et il faudrait qu'elles soient
comme reconnues par le ministère pour leur compétence
professionnelle et ce serait ces firmes-là chez qui la compagnie ou le
promoteur devrait faire faire les études d'impact. Mais on ne veut pas
dire accréditer une ou deux firmes, mais qu'il y ait comme une
espèce de sceau de qualité, si on veut, sur les firmes en
question pour que les études d'impact aient une
crédibilité quand le promoteur arrive avec une étude
d'impact. C'est comme un sceau de qualité. Je ne sais pas si mon
collègue...
Le Président (M. Morin): M. Laroche.
M. Laroche (Roger): Laroche. Juste pour ajouter une chose. Au
niveau des laboratoires, déjà le MENVIQ a une politique et une
orientation, depuis longtemps, d'accréditer les laboratoires du
Québec. C'est simplement une vérification des procédures
de laboratoire, des normes, un petit contrôle qui se fait. Il y a moyen
d'avoir la même chose au niveau des firmes qui produisent des
études d'impact sans que cela ne nécessite une énorme
machine de mise en branle. C'est dans ce sens-là que c'était vu.
Mais au moins que Jos. Bleau, sur le coin de la rue, qui se part une firme de
consultants - et, vous le savez comme moi, c'est ce qui se passe actuellement -
passe par un processus de validation.
Le Président (M. Morin): Mme la députée de
Vachon.
Mme Pelchat: Oui. Je ne sais pas combien il me reste de temps, M.
le Président.
Le Président (M. Morin): II reste environ 13 minutes pour
la partie ministérielle.
Mme Pelchat: On avait 22 minutes chacun? Le Président
(M. Morin): Oui.
Mme Pelchat: Ah! O.K. Je commençais à me presser
là parce que j'avais compris 22 minutes...
Le Président (M. Morin): Ne vous pressez pas, madame.
Mme Pelchat: ...à nous deux.
Le Président (M. Morin): Allez-y gaiement.
Mme Pelchat: Merci. J'ai perdu ma question, mais je voulais faire
un commentaire tantôt. C'est parce que je repensais aux syndicats. Ce que
je voulais dire, c'est que vous étiez la seule des trois grandes
centrales syndicales à se présenter ici. Il y a eu le Syndicat
des fonctionnaires qui est venu ici, mais des trois grandes syndicales, je
pense que c'est important de le souligner, vous êtes la seule qui avez eu
le courage de venir nous faire part de vos commentaires.
Votre recommandation 15, que l'implantation d'un lieu d'enfouissement
sanitaire soit assujettie à la procédure d'évaluation et
d'examen des impacts sur l'environnement, et la recommandation 16, que le BAPE
soit mandaté pour tenir une consultation large sur une politique
nationale de gestion des déchets domestiques et commerciaux, que cette
consultation se tienne sur une base régionale et nationale couvrant
l'ensemble des déchets non inclus lors de la commission Charbonneau.
Est-ce que vous ne croyez pas que
si on faisait, que ce soit le BAPE ou un autre organisme de consultation
- parce qu'il y a plusieurs personnes qui sont venues nous dire que, s'il y
avait une telle consultation sur des programmes, sur des politiques du
gouvernement, ça ne devrait pas être nécessairement le
BAPE, mais plutôt une commission parlementaire comme celle-ci ou un autre
médium... Mais, dépendam-ment du médium pour consulter,
est-ce que vous ne pensez pas qu'une fois qu'on aura fait une consultation
large sur une des politiques comme, par exemple, la gestion
intégrée des déchets, est-ce qu'on aura besoin, par la
suite, de soumettre à l'évaluation des impacts l'implantation
d'un lieu d'enfouissement? Ou, avant de choisir de soumettre ou non des sites
d'enfouissement à la procédure, ne devrait-on pas tenir une
évaluation de la politique comme telle de la gestion
intégrée des déchets?
Le Président (M. Morin): Mme Lamontagne. Mme Pelchat:
Je peux répéter.
Le Président (M. Morin): À moins de
préciser?
Mme Lamontagne (Céline): Non, non, c'est parce que...
Le Président (M. Morin): M. Laroche.
M. Laroche: O.K. Sur cette note, il est clair que la
consultation... Le problème, actuellement, est abordé de
façon soit régionale, soit municipale, disparate. Chacun y va de
son plan de gestion, chacun y va de son plan d'orientation. Les grandes
politiques sont définies, mais elles s'intègrent très
très mal au niveau du Québec. Ce qui serait intéressant
dans cette résolution-là, c'est que le Québec
lui-même, en tant qu'entité, fasse des consultations pour avoir
une vue d'ensemble, une politique d'ensemble de la gestion des déchets,
ce qui n'implique absolument pas le besoin de vérifier les
infrastructures. C'est-à-dire, un lieu d'enfouissement, c'est une
infrastructure; il y a des choses spécifiques et techniques à
voir. Mais ça, ce n'est pas nécessairement inclus dans la
consultation. Ce qu'on veut dans la consultation, c'est des orientations.
C'est-à-dire que tout le problème du transport des
déchets, le problème de la gestion des sites et le
problème de la tarification pourraient faire partie de cette
chose-là, comment harmoniser les programmes de recyclage avec des
programmes de réduction réelle, les impacts d'une politique de
réduction de l'emballage sur l'industrie de l'emballage. Ces
choses-là doivent être tenues en compte et un genre de politique
et de consultation nationales à ce niveau-là serait important, ce
qui n'empêche pas le besoin, comme je vous disais, techniquement, de
vérifier les sites. (17 h 30)
Le Président (M. Morin): Mme la députée de
Vachon.
Mme Pelchat: Mais quand vous dites... Bon, un lieu
d'enfouissement, c'est connu, ce sont des règles connues; est-ce
qu'à ce moment-là on devrait le soumettre à chaque fois?
Par exemple, si, dans chacune des MRC du Québec, on décide
d'avoir un site d'enfouissement, est-ce qu'on devrait le soumettre à une
procédure, à chaque fois, ou si on ne devrait pas dire tout
simplement: Que le gouvernement fasse une évaluation
générale et qu'après ça on ne soit pas
obligé de faire une évaluation pour chacun des sites? Parce que
ça, c'est la préoccupation de plusieurs personnes quant au
délai de la procédure comme telle. Et, si on augmente les projets
à être assujettis comme, par exemple, des dossiers connus, comme
l'enfouissement sanitaire, est-ce qu'on n'alourdit pas encore plus le
processus?
Le Président (M. Morin): M. Laroche.
M. Laroche: Ça dépend comment on le prend. Si vous
faites votre consultation, si vous avez une politique générale,
un plan d'action du Québec dans lequel vous mettez des infrastructures,
vos études d'impact et la consultation deviennent beaucoup moins longues
parce que c'est tout simplement quelque chose qui vient s'intégrer dans
un volet. D'après moi, actuellement, on est un petit peu dans ce que
vous suggérez, c'est-à-dire qu'il y a un certificat
d'assainissement qui va être remis pour l'opération du site et
c'est tout. La présence de l'industrie privée, Mme Lamontagne l'a
souligné, nous pose un problème. L'industrie de la
dépollution est une industrie qui est problématique au
Québec et la population a un problème de confiance dans cette
industrie-là, et la majorité des sites, actuellement, qui
opèrent sont dans les mains de l'industrie privée. Il y a des
balises sérieuses à mettre dans l'opération de ces
sites-là et il y a une intégration régionale du site
à la réalité de la population aussi. Donc, c'est seulement
par une consultation publique qu'on va avoir ce genre de...
Le Président (M. Morin): Mme la députée de
Vachon.
Mme Pelchat: Dites-moi donc comment on pourrait - je ne veux pas
dire qu'ils ne sont pas responsables, mais - demander aux municipalités
et, par la suite, aux MRC de faire des évaluations, peut-être, des
impacts environnementaux, régionales, plus locales, pour des sites
d'enfouissement, par exemple? Est-ce que ça pourrait se faire, parce
qu'on parle de régionalisation des activités du BAPE à une
échelle plus petite et où les gens se sentent plus près
des décideurs? Est-ce que c'est juste le gouvernement du Québec
qui devrait avoir ce pouvoir-là ou si les municl-
palités, entre elles, par exemple, qui se forment en
régies intermunicipales pour la gestion des déchets ne pourraient
pas avoir un pouvoir d'évaluation des impacts sur l'environnement, par
exemple, sur le choix d'un site ou le choix, encore, de faire du compostage ou
de ne pas en faire, ou de prendre un procédé de biogaz ou de
Orfa, comme c'est à la mode dans le comté du Dr Lazure?
Le Président (M. Morin): M. Laroche.
M. Laroche: L'approche régionale sera toujours la
meilleure en autant que ça s'intègre dans un plan national. Je
reviens toujours sur ça mais, effectivement, oui. Et il y a des
expériences qui se font actuellement. La ville de Montréal va
déposer très bientôt un plan d'action et un
énoncé d'orientation pour consultation publique par son propre
organisme qui est le Bureau de consultation de Montréal. Et, dans ce
cadre-là, l'ensemble de la problématique, autant toxique, autant
de localisation de sites, et de tous les programmes qui viennent avec, que ce
soit réduction, les 3RVE ou autres, va être sous consultation.
Tant mieux s'il y a des organismes régionaux qui le font, mais là
où les organismes régionaux ne le font pas, à ce
moment-là, quelqu'un va devoir assumer cette
responsabilité-là.
Mme Pelchat: Mais est-ce qu'on ne devrait pas
déléguer le pouvoir à l'organisme régional, ne
serait-ce que pour la gestion des déchets domestiques?
Le Président (M. Morin): Mme Lamontagne.
Mme Lamontagne (Céline): Si on délègue le
pouvoir, il faudrait aussi peut-être aider et soutenir, soit par
quelqu'un du BAPE, des ressources techniques du BAPE, soutenir cette
consultation-là, parce que ce que vont vous dire les
municipalités ou les MRC, c'est que, financièrement, c'est plus
difficile pour elles et qu'elles n'ont peut-être pas l'expertise tout le
temps. Alors, qu'à l'intérieur d'une grande politique nationale,
pour les aspects spécifiques des régions, la consultation se
fasse dans les régions par les gouvernements régionaux, eh tout
cas les organismes régionaux, c'est correct, mais ils auraient besoin
d'un soutien, soit qu'il vienne du BAPE ou d'ailleurs, mais peut-être du
BAPE.
Mme Pelchat: Merci.
Le Président (M. Morin): Ça va. Alors, au nom de
l'Opposition officielle, M. le député de La Prairie.
M. Lazure: Merci, M. le Président. Au nom de l'Opposition,
je veux souhaiter la bienvenue à Mme Lamontagne et ses collègues,
M. Laroche et
M. Quenneville, et les féliciter aussi pour leur
présentation fort intéressante.
Je vais enchaîner avec les déchets domestiques puisqu'on en
parle depuis quelques minutes. La députée de Vachon disait
tantôt: Oui, mais des audiences publiques chaque fois qu'il y aura un
projet... Le "chaque fois" m'a frappé parce que ça n'arrive pas
si souvent que ça. On parle de beaucoup de projets, mais il y en a
très peu de projets qui sont, en réalité, approuvés
et mis en marche, parce que la vie, la longévité d'un site c'est
au moins 25 ans. Donc, il faut être prudent dans les termes. Moi, je
pense qu'il n'y en aurait pas tant que ça.
Mme Pelchat: Ce n'était pas une affirmation,
c'était une question.
M. Lazure: C'était une question. Bon. Moi, je suis
favorable, l'Opposition est favorable à ce qu'il y ait des audiences
publiques dans chaque cas, mais précédées par des
audiences publiques sur une politique nationale. Je me réjouis beaucoup,
beaucoup de la section de votre mémoire qui touche les déchets
domestiques. Vous l'avez très bien traitée; certains l'ont
escamotée. Moi, en tout cas, j'aime beaucoup votre recommandation aussi,
au fond, de venir, par une commission d'enquête, compléter le
travail de la commission Charbonneau et de faire une commission d'enquête
non pas seulement sur les déchets domestiques, mais, au fond, sur tous
les déchets non dangereux qui n'ont pas été couverts par
Charbonneau. Et ça, ça inclut les pneus, ça inclut les
déchets biomédicaux, ça inclut un tas de choses qui sont
entre deux chaises. Nous, en tout cas, l'Opposition, on dit: Bravo! pour vos
recommandations qui touchent les déchets.
Moi, j'aime bien aussi votre expression "les tablettes du bon vouloir".
Je retiens cette expression, je la trouve suave. C'est sûrement frustrant
pour les individus ou les groupes qui se présentent pour la
deuxième, troisième, quatrième fois devant certaines
commissions, et qui se rendent compte que le rapport de telle ou telle
commission, ça fait trois ans qu'il est sorti et il n'est pas encore en
vigueur; un autre rapport, ça fait un an et il n'est pas encore en
vigueur. Alors, nous aussi de l'Opposition, on met beaucoup d'espoir dans cette
commission-ci. Je pense qu'on s'achemine vers une espèce de consensus
assez large sur beaucoup de questions, d'après les réactions de
mes collègues ministériels d'en face. Et peut-être qu'il y
a de l'espoir au bout du tunnel, que le rapport de cette commission-ci va agir
comme un détonateur puissant pour mettre en branle la mise en
application de tous ces rapports qui sont sur les tablettes du bon vouloir.
L'accréditation des firmes, moi, je suis tout à fait
d'accord. J'aime bien cette idée, c'est original, on ne l'a pas entendue
d'autres groupes et je trouve que c'est très réaliste. Ce n'est
pas
plus compliqué que les laboratoires privés que le
ministère accrédite actuellement. Alors, je pense que ça
serait sécurisant pour tout le monde de savoir qu'il y a quand
même un minimum de critères rencontrés par ces
firmes-là, puisqu'elles font partie de la liste approuvée.
Santé et sécurité au travail, vous avez dit, avec
beaucoup de justesse, que, dans bien des industries... Bon, l'industrie du
déchet domestique c'en est une où il y a des problèmes de
santé et de sécurité au travail, sur les lieux de travail.
Et ça m'amène à vous poser la question: Est-ce que, dans
vos syndicats, vous constatez qu'il y a plusieurs unités où on a
ajouté, à la fonction santé et sécurité du
comité paritaire de l'entreprise, le volet environnement? Parce que
ça se fait dans certains syndicats. Mais est-ce que ça se fait
beaucoup chez vous?
Le Président (M. Morin): Mme Lamontagne.
Mme Lamontagne (Céline): On n'a pas une enquête
chiffrée sur cette question-là, mais ce qu'on peut dire, c'est
d'abord qu'actuellement, dans chacune de nos fédérations
professionnelles, dans chacun de nos organismes régionaux, il y a
maintenant un responsable en environnement. Des fois, c'est le même que
la personne responsable en santé et sécurité; des fois,
c'est une personne différente. Et surtout dans le secteur privé
et dans beaucoup d'hôpitaux, des syndicats qui ont travaillé sur
des politiques, à savoir comment traiter les déchets
biomédicaux, comment les détruire, etc., ils ont aussi des
responsables en environnement et il y a une jonction qui se fait avec les
comités de santé et de sécurité.
On va faire un colloque au mois de novembre auquel sont invités
à participer tous les syndicats locaux et on espère, suite
à ce colloque, que ce soit aussi un détonateur, comme votre
commission, pour qu'il y ait de plus en plus de syndicats qui aient une
fonction officielle de responsable au niveau de l'environnement.
M. Lazure: Un colloque sur l'environnement?
Mme Lamontagne (Céline): Oui. M. Lazure: Oui?
Mme Lamontagne (Céline): Les syndicats et l'environnement,
comment les syndicats abordent la question de l'environnement.
Le Président (M. Morin): M. le député de La
Prairie.
M. Lazure: J'exprime le souhait que les élus seront
invités à ce colloque.
Mme Lamontagne (Céline): On en prend bonne note.
M. Lazure: J'aime bien aussi votre idée d'organiser des
sessions de formation: Le BAPE, de concert avec le promoteur, devra
organiser une ou des séances de formation avec comme objectif de mieux
équiper les intervenants aux audiences. C'est vrai, les gens n'ont
aucune idée comment ça va se passer aux audiences: d'abord, parce
que c'est assez récent dans nos moeurs et, deuxièmement, parce
qu'il n'y en a pas eu beaucoup d'audiences, il y en a eu 43 en 10 ans, une
quarantaine en 10 ans, ce n'est pas beaucoup.
Moi, je pense qu'il y a du travail préliminaire
d'éducation populaire. Ça peut être fait. Il y a beaucoup
de groupes qui nous ont dit: Le public devrait être consulté
dès le moment où l'avis de projet est déposé au
ministère ou, à tout le moins, dès le moment où le
ministère commence à rédiger, fait un brouillon de
directive, pour l'étude d'impact, au promoteur, rend public l'avis
préliminaire de l'étude d'impact. Peut-être que c'est
à ce moment-là que la séance d'information pourrait se
tenir, en même temps que d'avoir les réactions du public sur ce
projet de directive préliminaire au promoteur. Qu'est-ce que vous en
pensez?
Le Président (M. Morin): Mme Lamontagne.
Mme Lamontagne (Céline): Ça pourrait se faire
à ce moment-là, mais nous, on voyait aussi que la session de
formation devait aider les groupes ou les citoyens et citoyennes à
être mieux équipés, si on veut, pour questionner ou pour
discuter avec le promoteur. Alors, au niveau de la directive, c'est le cadre
seulement de la directive alors qu'après les études
d'impact...
M. Lazure: Plus large, oui.
Mme Lamontagne (Céline): ...c'est sur les études
d'impact qu'on souhaitait que les personnes soient mieux équipées
pour discuter, si on veut. Juste la situation - le Barreau en a aussi
parlé un peu - d'affrontements, tout le monde est sur ses gardes et,
comme on est, des fois, mal informés ou pas suffisamment
informés, ce n'est pas sur un terrain égalitaire que le
débat se fait. Alors, c'est à ce niveau-là qu'on trouvait
ça important, mais l'un ou l'autre, on peut... Un n'empêche pas
l'autre, sauf qu'il ne faut pas, non plus, alourdir le processus.
Le Président (M. Morin): Pour compléter, M.
Laroche.
M. Laroche: Merci. Si vous permettez. On a essayé, la CSN
a essayé une expérience. Lors des audiences sur les directives du
canal Lachine, qui est une audience conjointe
Québec-fédéral, on a réuni des groupes
communautaires de la région qui n'avaient absolument pas l'intention de
participer...
M. Lazure: "On", c'était qui? M. Laroche: La
CSN.
Mme Lamontagne (Céline): C'est ça, au niveau
régional. (17 h 45)
M. Laroche: Au niveau régional. Cinq groupes se sont
présentés et on a passé une journée avec eux pour
au moins démystifier l'aspect technique, les enjeux toxicologiques
à l'intérieur de ça, sans prendre partie pour le canal
lui-même, mais au moins les équiper. Et je peux vous dire, et vous
pourrez vérifier avec les membres de la commission, que les cinq groupes
se sont présentés, les cinq ont déposé des
mémoires et les mémoires sont très intéressants,
parce que ce n'est pas ce qu'on appelle un peu dans notre mémoire,
à nous, des opposants systémiques, ceux qui se sont fait de
l'opposition un mode de vie, un mode de financement, et ça,
malheureusement, il faut l'admettre, ça fait partie de la
réalité, sans lien avec l'opposition politique. Mais...
M. Lazure: Mais l'opposition, ça peut être un noble
gagne-pain aussi.
M. Laroche: Oui, elle est parfaite en autant qu'elle contribue au
débat. C'est dans dans ce sens-là que nous, on veut
équiper aussi les membres.
Mme Lamontagne (Céline): M. Quenneville aurait quelque
chose...
Le Président (M. Morin): M. Quenneville.
M. Quenneville (Serge): Oui, c'est ça. Sur la formation,
je pense que ça peut être un élément
intéressant aussi de le voir en termes de contact entre le promoteur et
la population, parce que, actuellement, ce qu'on vit c'est un contact qui est
très encadré, relativement encadré à
l'intérieur du processus des audiences, donc quand la commission
siège. Si, par malheur, comme c'est arrivé antérieurement,
le promoteur a oublié, a omis, volontairement ou involontairement, de
donner de l'information, comme c'est arrivé dans plusieurs audiences, le
processus de formation préalable peut permettre justement,
peut-être, d'ouvrir un peu plus sur l'information qui doit être
accessible à la population et de faire en sorte qu'il y ait un
roulement, que, quand la commission siège, ce soit mieux huilé et
que le processus même, au niveau de la commission, se fasse
adéquatement à ce moment-là. Ça peut aussi servir
à ça, la formation.
En même temps, je veux juste revenir sur une autre question
antérieurement, quand on pariait aussi de la nécessité
d'accréditer des firmes de consultants en environnement, et je pense que
ça rejoint le Barreau aussi, c'est que le processus de formation qui
peut se faire - tout ça, je pense, ça se tient ensemble - peut
permettre aussi d'avoir une espèce d'éthique au niveau des
promoteurs, ce qu'on ne vit pas actuellement. Les promoteurs n'ont pas de
cadre, pas juste au niveau de l'étude d'impact en environnement, mais
aussi ils n'ont pas de cadre de consultation au niveau de la population, ils
n'ont pas de cadre d'approche, ce qui fait que chacun des promoteurs, souvent,
le fait par lui-même. Et, maintenant, il y a des firmes en communication
qui s'associent au processus avec le promoteur et là ça vient
complexifier beaucoup le processus d'audiences. Et le promoteur va même
aller faire lui-même sa consultation au niveau de la population. On voit
même des promoteurs avoir un bureau dans la localité pour faire la
promotion de... Ça, à quelque part, il y a peut-être des
questions d'éthique à y avoir de ce côté-là,
et le rôle du BAPE et du ministère devrait peut-être
intervenir là-dessus, et le processus de formation, peut-être,
peut jouer sur ça et encadrer ça.
Le Président (M. Morin): Oui, M. le député
de La Prairie.
M. Lazure: Bon, je pense que vous avez absolument raison, parce
que j'ai en tête un exemple où le promoteur dépense autant
d'argent, sinon plus, pour la firme de relations publiques qu'il a
embauchée que pour la firme de consultants qui a fait son étude
d'impact.
Toujours pour revenir à ce que j'appellerais de
l'éducation populaire et de la préparation des intervenants qui
ne sont pas des habitués du circuit, hein? à ce moment-là,
ça ne peut pas être des séances d'étude du BAPE dans
l'abstrait. Je pense que vous avez raison, c'est mieux si c'est avec le BAPE,
avec le promoteur - parce que les gens sont préoccupés, pas par
l'environnement en général, théoriquement, mais par ce
projet-là - avec le promoteur, et pourquoi pas au moment de l'avis de
projet? Le promoteur s'en vient dans un parc industriel, puis H décide
qu'il veut partir telle entreprise, il prépare son avis de projet pour
le ministère. Ça pourrait être rendu public et le BAPE
pourrait tenir une séance d'éducation, si je peux dire, ou
d'information avec le promoteur à ce moment-là.
Le Président (M. Morin): Mme Lamontagne.
Mme Lamontagne (Céline): Oui, ça pourrait
être un aspect intéressant. Oui.
M. Lazure: Le financement. Bon, je comprends ce que vous
proposez, la structure, puis en Ontario, eux, ça ressemble un peu
à ça. Ils forment un comité d'aide financière qui
est composé de deux personnes, une nommée par l'équivalent
du BAPE, comme vous le proposez, et l'autre nommée par la Commission des
affaires
municipales, parce que ça touche surtout le public, ce n'est pas
pour toutes les audiences avec le privé, mais c'est surtout les
audiences en rapport avec le public et le parapublic. C'est pour ça
qu'ils ont choisi les Affaires municipales. Mais ma question, c'est surtout sur
la provenance des fonds. Vous dites: Un fonds spécial provenant du
ministère de l'Environnement. Vous ne parlez pas de fonds venant des
promoteurs? Est-ce que le financement serait fait seulement par le
ministère ou par les promoteurs aussi?
Le Président (M. Morin): Mme Lamontagne.
Mme Lamontagne (Céline): bien, si vous voulez mettre un
fonds national où ceux qui ont des projets, les promoteurs contribuent
pour aider la démocratie, je pense que ça peut être aussi
intéressant. mais ça serait important que ce fonds-là soit
géré par le bape ou par le comité du bape, que ça
soit de la gestion publique et non pas privée. mais, si on peut
convaincre hydro ou d'autres grandes firmes du genre à investir dans un
fonds pour aider à la démocratie, ça peut être
intéressant, oui.
Le Président (M. Morin): M. le député de La
Prairie.
M. Lazure: Oui, vous avez d'autres recommandations aussi
concernant les bibliothèques, les dépôts régionaux
permanents. Ça aussi, c'est assez original, puis je pense que c'est bien
pertinent, ça serait utile. Les gens sont prêts à aller
bouffer ces informations-là. Il y a beaucoup de personnes qui sont
prêtes à intégrer ces informations puis elles ne sont pas
disponibles. Alors, on devrait effectivement utiliser les bibliothèques,
et je ne dirais pas seulement universitaires ou collégiales, mais aussi
les bibliothèques municipales, les bibliothèques...
Mme Lamontagne (Céline): Commissions scolaires.
M. Lazure: ...scolaires ou municipales, parce qu'il y a beaucoup
de bibliothèques municipales qui ont des services le soir et qui,
même, font de la promotion des groupes environnementaux. Moi, je pense,
M. le Président, que je vais m'en tenir à ces questions parce que
je n'ai vraiment pas de dispute avec 99 % sinon 100 % des recommandations de la
CSN. Je les trouve tout à fait pertinentes et je partage leur
orientation. Je les remercie.
Le Président (M. Morin): Alors, ça va. Les deux
partis m'indiquent que leur questionnement est épuisé. Alors,
encore une fois, on vous remercie. On reconnaît encore la rigueur des
mémoires déposés par la CSN. Merci de votre
contribution.
Mme Lamontagne (Céline): Merci beaucoup.
Le Président (M. Morin): Alors, on suspend quelques
instants pour permettre à l'autre groupe de s'installer.
(Suspension de la séance à 17 h 53)
(Reprise à 17 h 54)
Le Président (M. Morin): Tout le monde est en place?
Alors, je vous informe que nous disposons de 30 minutes. La coutume veut que
l'intervenant et les deux partis disposent chacun d'un tiers du temps, soit 10
minutes pour vous et 10 minutes pour les deux autres groupes parlementaires. si
vous deviez dépasser votre temps, 11 faudra l'enlever aux autres et, si
vous ne deviez pas l'utiliser totalement, ce sont les partis parlementaires qui
en bénéficieront. ceci dit, je vous demande de bien vouloir vous
identifier, ainsi que ceux qui vous accompagnent.
Bureau d'assurance du Canada et Groupement technique
des assureurs (1989) inc.
Mme Lamontagne (Hélène): Merci, M. le
Président. Messieurs dames les députés, je vous
présente, à ma droite, M. Jean-Guy Claveau, qui est le directeur
de la Canadian Security, compagnie d'assurances, et qui est membre du
Comité des entreprises du Bureau d'assurance du Canada; à ma
gauche, M. Samir Hasbani, qui est le directeur pour le Québec du
Groupement technique des assureurs; je suis Hélène Lamontagne,
avocate-conseil principale du Bureau d'assurance du Canada.
Le Président (M. Morin): Nous vous écoutons.
Mme Lamontagne (Hélène): Merci. Alors, je vais
essayer d'être brève, surtout que nous sommes le dernier groupe
avant le souper et je suis certaine que vous avez hâte d'avoir un repos
bien mérité.
Notre mémoire avait pour but de présenter les
intérêts de nos deux organismes de façon
générale sans, cependant, faire une analyse
détaillée des pouvoirs et des techniques utilisées par le
BAPE.
Alors, j'aimerais d'abord introduire mon groupe, le Bureau d'assurance
du Canada. En quelques mots, c'est une association nationale
représentant la presque totalité des assureurs de dommages au
Canada et au Québec. "Assureurs de dommages", ça signifie
l'assurance automobile, l'assurance-habitation, l'entreprise, la
responsabilité civile et nous représentons également les
assureurs qui fournissent du cautionnement. La mission du BAC est très
simple et générale; c'est de promouvoir tout simplement une saine
indus-
trie des assurances de dommages au Québec.
Pour sa part, le Groupement technique des assureurs est un organisme
à but lucratif dont les actionnaires sont aussi des assureurs de
dommages et des réassureurs. Ils offrent des services à tout
organisme quelconque, que ce soit des assureurs ou autres personnes qui
demandent leurs services, des services d'inspection et d'ingénierie, de
tarification, d'enseignement des techniques de prévention des sinistres,
par exemple, en incendie, vol, responsabilité civile, et, depuis 1985,
ils offrent des services techniques en matière environnementale.
Comme remarques préliminaires, j'aimerais d'abord dire
brièvement pourquoi nous sommes intéressés à tout
ce qui a un impact ou toute analyse sur l'environnement. La fonction de
l'assurance, c'est l'indemnisation des dommages, évidemment,
causés par un accident. Alors, qu'il s'agisse d'un accident de la route,
qu'il s'agisse d'un incendie ou, ici, dans le cas des activités d'une
usine quelconque. Alors, par conséquent, les personnes qui subissent des
dommages s'attendent d'être indemnisées par l'auteur du dommage,
si c'est causé par un tiers, le plus rapidement possible et dans une
juste mesure. Alors, ceci est relativement facile dans le cas d'un accident de
la route ou d'un incendie, car la cause de l'accident, l'auteur, les dommages
sont facilement identifiables et sont arrêtés dans le temps. Mais,
en matière de dommages à l'environnement, en
général, la cause des dommages ne peut être
arrêtée dans le temps. C'est du long terme, c'est du graduel.
C'est peut-être très difficile d'identifier, d'abord, l'auteur du
dommage qui est inconnu ou insolvable, il est difficile d'identifier l'ampleur
des dommages qui peut être infinie et il est bien souvent absolument
impossible de réparer à 100 % les dommages qui sont causés
à ce moment-là par un accident qui affecte l'environnement. Par
conséquent, pour les entreprises qui pourraient se voir affectées
par une telle activité et un tel dommage, ce qu'elles veulent obtenir,
c'est une certaine garantie économique, financière, pour les
protéger contre les résultats imprévus - je dis bien
"imprévus" - de leurs activités futures, qui sont des
activités régulières et qui sont des activités
légitimes. Elles demandent alors de l'assurance, soit parce qu'elles
prennent des précautions ou parce que des lois quelconques les y ont
obligées.
Donc, notre industrie, qui n'est pas impliquée directement dans
le processus d'évaluation et d'examen des impacts sur l'environnement,
par exemple, des grands projets, des avant-projets surtout, peut, cependant,
être affectée par ce qui se fait à ce niveau, parce
qu'à long terme et après coup, évidemment, elle peut en
payer la facture, plus tard, selon les activités qui auraient
été approuvées éventuellement par un organisme
gouvernemental. Donc, à ce moment-là, il y a deux aspects qui
sont reliés au rôle de l'as- surance, c'est la protection des
entreprises et c'est la gestion des risques.
En matière de protection des entreprises, les assureurs ont non
seulement le rôle de payer les pots cassés, mais aussi ils doivent
faire de la prévention. Un bon assureur devrait, à ce
moment-là, faire une évaluation des risques qu'il veut fournir.
On semble s'attendre, de nos jours, à ce que les assureurs paient
n'importe qui, n'importe quoi, sans tenir compte des facteurs aussi
déterminants que la négligence, la faute ou encore
l'inévitabilité de la perte elle-même. En fait, il faut
quand même reconnaître que le coût des sinistres et tous les
frais qui y sont associés, comme les frais juridiques, l'expertise, sont
indemnisés à même les primes. Évidemment, les primes
reflètent toujours ce que ça coûte, à ce
moment-là, pour payer les sinistres passés. Donc, plus les
sinistres augmentent, plus ils se traduisent, au bout de la ligne, par des
hausses de primes que les assureurs assument d'abord et, ensuite, qu'ils
repassent évidemment à leurs assurés, puis,
évidemment, c'est le consommateur qui paie lorsqu'il achète le
produit de cet assuré-là.
Plusieurs lois actuelles obligent les entreprises à se procurer
de l'assurance, surtout lorsque c'est relié à un permis
d'exploitation. Donc, indirectement, en exigeant une telle protection, les
assureurs deviennent quasi les policiers de l'environnement. Alors, ils font
une évaluation et, s'ils sont satisfaits de l'évaluation, ils
vont fournir de l'assurance et, en contrepartie, le gouvernement, à ce
moment-là, va fournir un permis à telle exploitation. L'assurance
devient un peu comme un filet de secours utilisé pour cueillir à
peu près toutes les retombées des activités des
entreprises, à n'importe quel moment et dans toutes les
circonstances.
Il s'agit d'un rôle très minime de l'assurance, en fin de
compte. Parce que l'assureur n'a pas pour seule mission d'indemniser ou de
réparer, mais il doit d'abord et avant tout reconnaître, parmi les
activités de son client, le potentiel de dommages et suggérer des
correctifs pour les prévenir ou les minimiser. C'est réellement
de la protection qu'il fait à ce moment-là, de la
prévision, de la protection éventuelle, évidemment, pour
le public, et aussi pour être certain qu'il assure quelqu'un qui est
assurable. Alors, il s'agit du rôle, en général, de
l'assurance à ce moment-là.
Donc, comme j'ai dit antérieurement, d'abord l'indemnisation,
c'est des dommages au tiers et non pas ses dommages à lui qu'il a
causés sur son terrain. Il s'agit des pertes éventuelles, donc
dans le futur, des pertes imprévisibles, et, aussi, c'est toujours des
dommages... Généralement, les dommages qui vont être
protégés, ce sont des dommages qui sont arrivés de
façon soudaine et accidentelle et non pas de façon graduelle et
prévisible. C'est d'abord la distinction principale et majeure à
se
rappeler. Donc, tout ce qui s'appelle dommages susceptibles de se
produire à la suite d'éléments passés ne seront
généralement pas assurés.
L'assurance-responsabilité civile, qui est l'assurance principale qui
peut avoir un impact dans l'environnement, ne couvre pas tous les dommages
subis par un tiers, seulement certains dommages. Pour votre propre
renseignement, en ce qui concerne les dommages subis par l'individu
lui-même sur son propre terrain, de plus en plus c'est un domaine que les
gouvernements aimeraient qu'il soit assuré ou assurable et il est
possible qu'il y ait un marché dans ce domaine-là oui se
développe graduellement. On le voit aux États-Unis et il est
possible qu'il arrive au Canada. Mais ce genre de protection, par exemple, ce
serait une station-service qui voudrait se protéger elle-même pour
les fuites sur son propre terrain. mais qui n'affecteront pas
l'extérieur, les voisins, à ce moment-là. Mais cet
individu-là peut causer quand même des dommages assez importants
au sol. Alors, c'est pour cette personne-là, pour se protéger. On
sait très bien que la décontamination, c'est très cher.
Cette personne-là voudrait s'assurer parce qu'elle n'a pas toujours les
moyens de le faire. Graduellement, il y a peut-être un marché qui
va se développer dans ce domaine-là, mais ça va se faire
à des conditions très sévères quand même et
ça devrait se faire après une présélection, une
analyse très sérieuse des terrains et, évidemment, des
procédures suivies par cet individu-là.
Il y a un autre domaine qui est affecté, que l'on voit, qui
commence à être affecté par les prérequis
législatifs en matière d'environnement: on exige de plus en plus
des cautions lorsqu'ils voient que la responsabilité civile
générale n'est pas disponible ou parce que... Dans le domaine du
permis, les législateurs, normalement, voient plutôt que la
caution serait l'idéal pour couvrir une personne qui obtient un permis
quelconque. La caution, en quelques mots, c'est un peu comme un banquier qui
accorde un prêt. Le cautionnement, lui, ne prévoit aucun sinistre.
À ce moment-là, la prime payée par le débiteur
principal, c'est vraiment considéré comme une
rémunération d'un service, c'est le recours du crédit qui
lui est accordé. En cas de défaillance, donc, une personne qui
aurait eu un permis mais qui, pour une raison quelconque, ne suit pas les
règles qui lui sont imposées par une telle loi, en cas de
défaillance de cette personne-là, la caution indemnisera le
créancier. Ici, ce serait, par exemple, le ministère, le
gouvernement.
Toutefois, en contrepartie, cette personne qui a été
cautionnée s'est toujours engagée personnellement
vis-à-vis de l'assureur à rembourser au complet tout ce qui
aurait été payé par l'assureur au gouvernement. Donc, vous
voyez, c'est réellement du financement à long terme. C'est un peu
comme un système bancaire. Comme les banques le font un peu, au moyen de
lettres de crédit, les compagnies d'assurances, évidemment, les
compagnies de cautionnement, elles, doivent s'intéresser à
l'évaluation des impacts sur l'environnement parce qu'elles doivent
savoir dans quoi elles s'embarquent, en d'autres mots.
Donc, si on veut que les assureurs, que ce soit en responsabilité
ou en cautionnement, soient de plus en plus impliqués dans l'assurance,
la couverture, les garanties financières quelconques des personnes qui
demandent des permis, il faut évidemment que le gouvernement favorise la
prévention et la gestion des risques en adoptant des lois et des
règlements appropriés. Et la première étape,
évidemment, de ce processus, c'est l'évaluation et l'examen des
impacts, ce que vous faites, ce qui est proposé ici aujourd'hui, et ce
qui se fait pour les grands projets. Une fois en place, évidemment, il
faut aussi s'assurer que la réglementation qui est proposée est
appliquée et est applicable, et qu'elle est pratique.
La gestion des risques, maintenant. La gestion des risques constitue
pour les assureurs, de plus en plus, surtout en matière
environnementale, un prérequis pour l'obtention d'une assurance qui est
reliée à des activités pouvant affecter l'environnement.
Ça, ça veut dire que les individus, les entreprises qui demandent
d'être assurés devront se soumettre à des critères
bien particuliers pour, à ce moment-là, justifier ou obtenir de
l'assurance quelconque.
Le Bureau d'assurance du Canada, en février 1991, donc, tout
récemment, a émis, pour la première fois, un
énoncé de principe sur l'assurance et l'environnement. Et
l'énoncé, vous le retrouvez dans notre mémoire aux pages
6, 7 et 8. L'énoncé présente surtout les mesures de
prévention des accidents, l'analyse préalable des
différentes activités. En d'autres mots, il dit: S'il n'y a aucun
risque à ce moment-là de telle activité,
évidemment, il n'y a pas de problème d'assurance. Il n'y a aucun
risque environnemental. Si une entreprise quelconque est une entreprise
sérieuse, qui a un bon système de gestion de risques, qui suit
les règlements et qui n'a pas d'antécédents de sinistre ou
de mauvais management quelconque de la part de ses directeurs, elle va aussi
éventuellement trouver de l'assurance. Mais si une entreprise a un
mauvais record, que ce soit un mauvais conducteur, par exemple, sur la route,
si une entreprise a un mauvais record, qu'elle a un mauvais management, qu'elle
a déjà eu plusieurs poursuites au niveau des ministères,
que ce soit ici ou ailleurs - par exemple ça peut être une
entreprise nationale - cette entreprise-là ne trouvera pas d'assurance
ou, si elle en trouve, elle va en trouver très difficilement ou encore
elle va en trouver à des prix très élevés. Alors,
c'est réellement l'implication de l'assurance en matière
d'analyse des entreprises qui veulent avoir des permis.
Donc, pour ne pas laisser le champ libre aux pollueurs
négligents, ineptes et délibérés, les
assureurs vont toujours refuser d'assurer les risques ou les
installations où les mesures de sécurité laissent à
désirer, où la direction fait preuve de négligence - et on
l'a vu dans certains cas - où les sinistres de pollution sont
répétés - même s'il n'y avait pas de
législation, parce que ce n'est quand même pas tout
légiféré - et où surtout la technologie de
contrôle de la pollution est inexistante. Et cette technologie de la
pollution, on la retrouve parce que des services comme le GTA, par exemple,
vont faire des inspections sur les lieux et font une analyse des
activités de l'entreprise, de la direction, des dossiers
antécédents pour voir quel est réellement le record, si
vous voulez, des activités de telle entreprise. À ce
moment-là, il s'agit des inspections, des vérifications
environnementales, et M. Hasbani pourrait vous donner plus de détails de
la façon dont ces inspections s'opèrent, les critères
qu'ils exigent et, éventuellement, les résultats de ces
inspections-là.
Ce qu'il faut se rappeler, c'est que le fait, pour une entreprise, de
posséder une assurance appropriée ne devrait jamais constituer en
lui-même un critère d'acceptation pour qu'un ministère
accorde un permis automatiquement. Et c'est toujours le danger, ça.
Qu'il s'agisse d'un permis d'exploitation d'une entreprise quelconque ou qu'il
s'agisse d'un permis tout simplement exigé par la Loi sur la protection
du consommateur, quel que soit le domaine, ça ne devrait pas être
de l'automatisme à ce moment-là. Les assureurs ont leurs propres
critères, les gouvernements ont leurs propres critères et c'est
à espérer que toutes les exigences, évidemment, grosso
modo, protègent le consommateur et le public et les gouvernements et les
fonds publics en général, tous ensemble.
Je n'ai pas dépassé mon temps, M. le Président?
Le Président (M. Morin): Oui, mais enfin... Vous avez
dépassé, mais vous avez le droit de le faire. Il restera moins de
temps aux autres, aux partis parlementaires pour poser des questions.
Mme Lamontagne (Hélène): Vous avez des
recommandations qui sont très précises à la page 13. Par
exemple, pour être précis, les quelques recommandations,
c'était, évidemment, que nous favorisons toujours les mesures de
prévention et de gestion en autant qu'il y a un suivi. Au niveau
particulier des recommandations sur les projets assujettis au BAPE,
éventuellement, nous, en étudiant les législations et ce
qui se passe aux États-Unis et au Canada, dans d'autres provinces, nous
ne sommes pas du tout contre, évidemment, que d'autres projets soient
assujettis, des projets plus petits qui sont surtout les clients des assureurs,
parce que ça protège vraiment tout le monde, et aussi, si c'est
possible, avoir un échange de documentation ou d'information entre les
ministères impliqués et les assureurs. Parce qu'eux, ils ont
aussi leur banque de données. Par exemple, les inspections faites par le
GTA pourraient certainement être d'une utilité pour les
ministères dans certaines circonstances. Peut-être qu'ils ont
déjà, à ce moment-là, un dossier qui existe sur un
lieu, un terrain, que vous n'aviez pas, parce qu'elles existent depuis quand
même plusieurs années. Alors, nous souhaitons une harmonisation
des procédures et législations; pour nous, ça semble
logique, parce que beaucoup de ces dossiers-là sont nationaux.
Finalement, nous espérons que les lois exigent de plus en plus des
inspections régulières et sérieuses et surtout des
inspections indépendantes pour éviter, à ce
moment-là, les conflits d'intérêts. Alors, M. le
Président, je suis à votre disposition et MM. Claveau et Hasbani
pourront répondre à vos questions.
Le Président
(M. Morin): mme lamontagne, je vous
remercie. chaque groupe parlementaire dispose maintenant d'environ sept
minutes. pour le parti ministériel, mme la députée de
château-guay.
Mme Cardinal: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir
de vous accueillir, au nom des membres ministériels de cette commission,
et je vous remercie pour la présentation de votre mémoire. Je
tiens aussi à vous féliciter pour la diligence avec laquelle vous
vous êtes rendus sur les lieux lors de la tornade dans le comté de
Maskinongé afin de rassurer la population. Est-ce que c'est votre
nouvelle politique d'intervention?
Mme Lamontagne (Hélène): Ah! Ce n'est pas nouveau,
on était là à Saint-Basile.
Mme Cardinal: Aussi. Bon voilà. Dans votre
résumé, à la page 2, vous mentionnez: "Pour être
assurables, les entreprises doivent démontrer qu'elles ont satisfait les
normes précises touchant la protection de l'environnement, qu'il
s'agisse d'assurance-responsabilité civile ou de cautionnement." Est-ce
que cette pratique est nouvelle et depuis quand l'appliquez-vous?
Mme Lamontagne (Hélène): M. Hasbani pourrait
peut-être être en mesure de vous répondre plus
spécifiquement puisqu'il est du service d'inspection.
Le Président (M. Morin): M. Hasbani, on vous
écoute. Allez-y.
M. Hasbani (Samir): En fait, ce que vous aimeriez savoir, c'est
ce qu'on fait actuellement.
Mme Cardinal: Oui, si c'est nouveau, là. Est-ce que c'est
une pratique nouvelle ou si ça a toujours existé, cette
préoccupation particulière...
M. Hasbani: ...pour l'environnement.
Mme Cardinal: ...pour l'environnement?
M. Hasbani: Comme Mme Lamontagne l'a mentionné, depuis
1985-1986, on a pressenti qu'il y avait un besoin, alors on a embarqué
dans cette ligne. Nos services d'inspection sont offerts aux assureurs, aux
gestionnaires de risques. On a plus de 100 ans d'existence, on a toujours fait
des inspections dans le domaine de la prévention des incendies,
responsabilité civile, etc. On a fait plusieurs genres d'inspection. On
a quelqu'un qui s'occupe de l'environnement, à notre emploi. On a
entraîné certains de nos inspecteurs à faire des
relevés d'inspection. Les relevés, principalement, c'est des
rapports d'évaluation des risques reliés à la
responsabilité civile du côté de la pollution et de
l'environnement. Nos rapports donnent un aperçu. Par exemple, on fait un
relevé sur le stockage des liquides, les gaz ou les solides, qui peuvent
présenter un danger pour l'environnement. On fait des évaluations
des risques de pollution accidentelle; on a des guides là-dessus, nos
inspecteurs sont... On fait des études des méthodes de traitement
des déchets qui sont utilisées sur place, on fait un
relevé de ces études qui sont en utilisation et le rendement,
s'il est efficace ou non, selon certaines normes qu'on utilise à
l'interne. On fait une vérification des permis et s'il y a un respect de
ces prescriptions-là en conséquence. On fait des études
des plans d'intervention en cas d'accident, on les analyse, on évalue
les programmes de prévention et on fait un relevé des sinistres,
s'il y a eu des sinistres dans le passé, et des infractions
antérieures, s'il y a eu des infractions. On fait toutes sortes de
recommandations qui visent à réduire les risques et on leur
demande de nous répondre sur quelles sont leurs intentions face à
ces recommandations.
Mme Cardinal: Maintenant...
Le Président (M. Morin): Mme la députée de
Châteauguay. Allez-y.
Mme Cardinal: Merci. Dans ce même ordre d'idées,
est-ce que vous accepteriez de mettre à la disposition du MENVIQ, par
exemple, vos rapports d'expertises dans ces domaines?
Le Président (M. Morin): M. Hasbani.
M. Hasbani: Merci. Excusez-moi. On pourrait, étant
donné, comme Mme Lamontagne vous l'a dit, que l'on est un organisme
à but lucratif tout de même, on offre nos services, ça nous
ferait plaisir de travailler pour le MENVIQ. On l'a déjà fait
auparavant; en 1988, on a présenté un document pour le stockage
des liquides dangereux.
Le Président (M. Morin): Mme la députée de
Châteauguay.
Mme Cardinal: Merci. Dans votre mémoire, à la page
2, vous mentionnez très clairement: "Quoique notre industrie ne soit pas
impliquée directement dans ces processus d'évaluation et d'examen
des impacts sur l'environnement, surtout en ce qui a trait aux grands projets
industriels, ces évaluations peuvent avoir des portées directes
sur I assurance-responsabilité civile des entreprises, de quelque
envergure qu'elles soient." Est-ce que vous avez déjà
refusé d'assurer un client, par exemple, pour une négligence
environnementale?
Le Président (M. Morin): Mme Lamontagne.
Mme Lamontagne (Hélène): Je vais laisser
répondre M. Claveau, qui représente une compagnie qui fait de
l'assurance-responsabilité civile.
Le Président (M. Morin): Alors, M. Claveau, nous vous
écoutons.
M. Claveau (Jean-Guy): C'est évident, les assureurs sont
très très prudents dans l'acceptation des risques avec
exposé de pollution. Le prérequis, c'est quand même la
gestion du risque, c'est-à-dire l'évaluation et
l'établissement des risques de pollution, soit par un rapport fait par
le GTA ou toute autre entreprise. C'est évident que des assureurs
peuvent refuser d'accepter de souscrire un risque qui ne se conforme pas
à des minimums de prévention ou à des règlements ou
des contrôles existants du gouvernement, c'est évident.
Mme Cardinal: Est-ce qu'il me reste du temps?
Le Président (M. Morin): Oui, Mme la députée
de Châteauguay, il vous reste environ deux minutes trente.
Mme Cardinal: Oui, vous voulez poser une question, mon
collègue?
Le Président (M. Morin): C'est le député de
Saguenay? (18 h 15)
M. Maltais: J'aimerais ça savoir - il y a quelques
années déjà que j'ai quitté la profession - est-ce
que c'est vrai que vous avez retiré rumbrella" sur les risques
environnementaux? Vous avez retiré la couverture qu'on appelait
"parapluie", en bons risques, qui exclut les risques environnementaux
maintenant?
Le Président (M. Morin): Mme Lamontagne.
Mme Lamontagne (Hélène): Oui, c'est exact, les
formulaires du BAC, qui suivent pratiquement les formulaires américains,
ont été modifiés de façon substantielle en 1986
pour réduire énormément la protection automatique en
matière
environnementale. Alors, ce qu'ils ont fait, évidemment, au lieu
de le donner à tout le monde de façon très universelle,
surtout sur la rétroactivité, sur les risques passés, ils
ont complètement changé les couvertures d'assurance. Ce qui est
dans la police, au point de vue environnemental, est quand même
très très limité et la personne qui pourrait avoir besoin
de cette assurance-là doit l'acheter, doit la négocier avec un
assureur. À ce moment-là, on lui vendra ce qui est
nécessaire et ça se négocie.
Le Président (M. Morin): Oui, M. le député
de Saguenay.
M. Maltais: Est-ce que c'est le GTA qui établit, par
exemple, la tarification pour les municipalités ou si l'on doit se fier
encore à la Dominion Security?
Le Président (M. Morin): M. Hasbani.
M. Hasbani: Là, vous posez toute une question. Quand on
parle de tarification, le GTA a établi des normes de tarification qui
sont basées sur les coûts des sinistres, comme vous le savez
probablement, et c'est vraiment laissé au soin de chacune des compagnies
de décider comment elles agissent. Toutes nos études sont
actuarielles et basées sur les études des cinq années
précédentes. On a un service de l'actuariat qui s'occupe de
ça et c'est laissé au libre choix des assureurs.
M. Maltais: Ça va.
Le Président (M. Morin): Merci. C'est maintenant à
l'Opposition officielle. M. le député de La Prairie.
M. Lazure: Je vous remercie, M. le Président. Au nom de
l'Opposition, je veux souhaiter la bienvenue à Mme Lamontagne et
à ses deux collègues et les remercier de s'être
donné la peine de venir nous faire cette présentation. J'ai
quelques questions à leur poser. Je veux d'abord souligner et exprimer
notre satisfaction de l'accent que vous placez sur le suivi, l'importance que
le ministère de l'Environnement assure un suivi. Nous pensons qu'une
grande partie des problèmes pourrait être évitée ou
prévenue s'il y avait des inspections et s'il y avait un suivi beaucoup
plus serré. Pour ça, évidemment, il faudrait que le
ministère de l'Environnement ait un plus grand nombre d'employés,
d'inspecteurs. Il y a littéralement des milliers de certificats
d'autorisation qui se donnent à chaque année à des
entreprises de toutes sortes et, moi, c'est une des questions que je vais poser
demain au ministère: Combien des entreprises qui reçoivent ces
certificats à chaque année sont ensuite visitées et c'est
quoi le programme? Est-ce une fois par année, par la suite, ou une fois
par deux ans, une fois par cinq ans? Je soupçonne que plusieurs ne sont
pas revues avant un bon bout de temps. Donc, vous avez raison de mettre
l'accent sur l'importance de ce suivi.
Je voulais aussi vous demander si vous aviez réfléchi au
problème de financement des groupes lors des audiences publiques. Il y a
des groupes qui aimeraient se présenter et qui n'ont pas les moyens de
s'organiser, soit dépenses de secrétariat ou encore
dépenses d'experts qu'ils voudraient consulter. En Ontario, depuis
quelque temps, ils ont une loi sur le financement des intervenants. Dans notre
document de consultation, on posait quelques questions là-dessus. Est-ce
que vous pouvez nous faire part de vos idées?
Le Président (M. Morin): Mme Lamontagne.
Mme Lamontagne (Hélène): Nous ne nous sommes pas
trop arrêtés sur le côté du financement des
interventions. Je suis personnellement au courant du programme qui existe en
Ontario et qui, d'ailleurs, de plus en plus, est rattaché à tout
genre d'interventions ou d'auditions publiques. Par exemple, on l'a vu
dernièrement en Colombie-Britannique, au Yukon et dans les . Territoires
du Nord-Ouest ils ont un peu la même... Alors, probablement que c'est
normal. Si vous voulez faire une intervention publique qui est
réellement publique et démocratique et potable, c'est certain
qu'il faut à ce moment-là que ces groupes soient financés
d'une façon quelconque. Le seul commentaire que j'ai dans mon
mémoire à cet effet est que nous ne sommes pas contre un
financement quelconque, quelle que soit la façon que le gouvernement le
prévoit, mais, par contre, il faut quand même qu'il y ait un
contrôle des intervenants; d'abord, il faudrait que les intervenants
soient strictement des gens qui sont du Québec et qui sont
affectés directement. La raison pour laquelle c'est ici, c'est parce que
nous connaissons effectivement certains intervenants professionnels qui se
promènent un peu partout, d'un pays à l'autre ou d'une province
à l'autre, et qui ne représentent pas nécessairement les
intérêts de la province ou de l'État. Deuxièmement,
ce que nous mentionnons, c'est qu'il devrait y avoir des dispositions pour
prévoir et empêcher les abus quelconques pour que ça
devienne réellement une plate-forme publique sans but trop trop
spécifique, ce qu'on mentionnait d'ailleurs par d'autres
interventions.
Le Président (M. Morin): M. le député de La
Prairie.
M. Lazure: À la page 13, vous parlez des mesures de
prévention et de gestion des risques reliés aux déchets
domestiques comme aux déchets dangereux. Cette notion de la gestion des
risques reliés aux déchets domestiques, il n'y en a pas beaucoup
qui nous ont parlé de cette notion-là; est-ce que vous pourriez
élaborer un
petit peu là-dessus? Comment te ministère pourrait-il en
arriver à mieux faire cette gestion des risques reliés aux
déchets domestiques?
Mme La montagne (Hélène): Nous le voyons
graduellement par certaines législations. Lorsqu'on impose, par exemple,
des contrôles sur les contenants, on impose, par exemple, le recyclage,
ou des règlements qui diraient où est-ce qu'ils peuvent aller
porter ou transporter leurs déchets. Ils vont réglementer aussi
l'entreposage des déchets domestiques quelconques. C'est tout le domaine
du traitement, de la manutention du début à la fin des
déchets domestiques. Alors, on le voit déjà dans le
transport, par exemple, où on demande certains contenants. On va
interdire, dans certaines régions, par exemple, que les déchets
dangereux passent dans le tunnel. C'est un peu dans le même contexte, que
l'on contrôle surtout la façon de la manutention et la
façon de disposer et les endroits. C'est ça, pour nous, qui est
un contrôle du risque comme tel.
M. Lazure: C'est intéressant parce qu'il existe un certain
nombre de mesures et de règlements, comme vous le dites, concernant les
déchets dangereux, mais, les déchets domestiques, je pense que
c'est encore l'enfance dans ce domaine-là. Est-ce que vous pensez que ce
serait utile qu'il y ait une vaste consultation publique, genre commission
d'enquête, comme la commission Charbonneau qui a étudié les
déchets dangereux, et qu'une telle commission s'attaque maintenant
à tout ce qui est déchet, mais non dangereux: déchets
domestiques, déchets biomédicaux, pneus usés, etc.? Est-ce
que vous pensez que ça pourrait être utile à ce stade-ci de
notre évolution?
Le Président (M. Morin): Mme Lamontagne.
Mme Lamontagne (Hélène): Oui, je le crois,
éventuellement, lorsqu'il sera possible évidemment d'avoir une
étude dans ce domaine-là, parce que c'est un gros
problème, surtout de se débarrasser des déchets
domestiques. C'est là ou l'ampleur est la plus vaste actuellement,
où réellement les individus et le public peuvent s'identifier de
plus en plus. Souvent, ça va découler en d'autres
règlements sur l'emballage, par exemple. Vous pouvez avoir un tas de
suivis sur les cannettes, l'usage des cannettes. Vous avez déjà
de la réglementation; ça fait partie d'un même tout. Et
aider les municipalités aussi à contrôler les
dépotoirs publics et à impliquer le public dans la façon
que ça doit se faire à ce moment-là.
Le Président (M. Morin): Le temps étant
écoulé, Mme Lamontague, MM. Claveau et Hasbani, on vous remercie
de votre participation.
J'informe les personnes présentes que la commission ajourne ses
travaux. .
Une voix: Suspend.
Le Président (M. Morin): ...suspend, c'est-à-dire,
ses travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 24)
(Reprise à 20 h 15)
Le Président (M. Camden): Je déclare la
séance ouverte et j'invite le Front commun québécois pour
une gestion écologique des déchets à venir nous
présenter son mémoire. Est-ce que vous pouvez vous
présenter pour le bénéfice de nos collègues et
également, évidemment, pour l'enregistrement des
débats?
Front commun québécois pour une gestion
écologique des déchets
Mme Cotnoir (Liliane): Oui. Je vous présente Alain
Rajotte, du comité exécutif du Front commun pour une gestion
écologique; Lise Desjardins, qui fait aussi partie du Front commun pour
une gestion écologique des déchets et qui est aussi membre du
groupe de l'Arbre à Blain-ville - un groupe environnemental - et moi,
c'est Liliane Cotnoir. Je suis du Groupe de recherche en écologie
sociale. On étudie présentement le phénomène
de...
Le Président (M. Camden): Je vais peut-être vous
préciser, avant que vous alliez plus loin, que vous avez 10 minutes pour
exposer votre mémoire et tout ce dont vous voudrez entourer le
mémoire. Et chacune des parties, soit l'aile ministérielle, aura
10 minutes pour poser des questions et il en va ainsi également pour les
critiques de l'Opposition. Si vous excédez la période de 10
minutes, le temps sera amputé d'autant à la période des
questions et réparti équitablement entre les deux formations.
Ça va? Alors, le coup de sifflet est donné, Mme Cotnoir. Vous
pouvez nous dire ce qui vous apparaît le plus utile à l'avancement
de nos travaux.
Mme Cotnoir: Bon, parfait. Je fais de la recherche en sociologie
de l'environnement. J'étudie, avec d'autres collègues, pourquoi
des groupes environnementaux en région se soulèvent ou se
questionnent sur le problème de la gestion des déchets. Puis,
notre façon de procéder, c'est de travailler étroitement
avec les groupes et de les aider aussi dans leur lutte locale ou dans la
compréhension des problèmes.
Maintenant, juste pour vous informer aussi, j'ai déjà
suivi de très près et j'ai participé à la
rédaction d'un rapport qui a été produit par le Bureau
d'audiences publiques sur l'environnement. Donc, je connais assez bien la
procédure. J'ai fait mon mémoire de maîtrise sur la
procédure d'évaluation environnementale. Je me suis plus
particulièrement intéressée à la question de
la participation du public dans le cadre de la procédure.
D'abord, ce qu'il faut absolument que je vous dise, premièrement,
c'est ce que c'est, le Front commun pour une gestion écologique des
déchets. Le Front commun pour une gestion écologique des
déchets regroupe plus de 30 groupes au Québec. Ce sont des
groupes qui viennent de partout dans la province de Québec. On a des
groupes d'Abitibi, de Val-d'Or, d'Amos, de Senneterre, des Laurentides, avec
l'Arbre de Blainville, des groupes du Sud-Ouest du Québec, de la
Mauricie, de l'Estrie, de Québec, de Montréal. On s'est
regroupé quand même depuis peu de temps, c'est-à-dire qu'on
travaille ensemble depuis à peu près un an et demi. Mais, en
travaillant ensemble, on s'est rendu compte qu'il y avait des problèmes
de gestion des déchets au Québec et que ces problèmes de
gestion des déchets, c'était un problème qui était
aussi lié à un manque de leadership de la part du gouvernement du
Québec pour mettre en place les mécanismes qui permettraient de
régler les problèmes de ce côté-la.
Maintenant, ceci dit, si les gens ont commencé à
travailler ensemble, c'est parce que, dans leur région, ils subissaient
les impacts de la "malgestion" des déchets au Québec et c'est
pour ça que, ensemble, ils ont décidé de travailler sur le
plan national pour essayer qu'il y ait des changements de faits à un
niveau plus global.
Alors, on tient à remercier la commission qui a accepté de
nous entendre. Vous faites un travail qui est extrêmement important. Les
recommandations que vous allez faire concernant la procédure
d'évaluation environnementale vont avoir des impacts importants sur la
vie des gens et c'est important d'en prendre conscience et on fonde beaucoup
d'espoir sur votre attitude là-dedans et votre ouverture à
vraiment lutter pour améliorer la condition et la qualité de vie
des gens au Québec.
Bon, ceci dit, vous avez eu notre mémoire, vous savez un petit
peu où est-ce qu'on en est. On est un petit peu gentils, dans le
mémoire. Maintenant qu'on se parte entre quatre yeux, je pense que c'est
clair qu'on peut dire que la procédure d'évaluation
environnementale a de nombreux et sérieux problèmes et que,
à ce niveau-là, il faut qu'il y ait des changements importants
qui soient faits pour, justement, changer et combler ces trous-là. Le
rapport Lacoste en a énuméré plusieurs. Maintenant, je
pense qu'il faut non seulement mettre en application les recommandations du
rapport Lacoste, mais il faut aller plus loin. Il faut aller plus loin et
ça, dans différents domaines.
Nous autres, on représente le Front commun pour la gestion
écologique des déchets. On s'occupe surtout de ce
problème-là, alors on va parler surtout de celui-là.
Disons que, présentement, la façon dont on fonctionne, c'est
qu'on fait de l'évaluation cas par cas. On évalue des projets
d'incinération, des projets d'élimination des déchets,
comme on l'a fait à Blainville, lorsque est venu le temps
d'évaluer le projet de stabilisation des déchets par le
procédé Stablex. Maintenant, l'évaluation de ces
procédés-là cas par cas, ça ne donne rien dans la
mesure où ces projets-là ne s'inscrivent pas dans une politique
globale de gestion Intégrée des déchets. Et ça,
c'est quelque chose qui est bien important à comprendre parce que si on
décide de brûler des déchets ou de mettre en place des
structures qui permettent d'éliminer des déchets et que, à
cause de ça, on enlève des marchés pour la
récupération et le recyclage, et aussi qu'on crée des
impacts par ces projets-là, on part déjà d'un pas en
arrière plutôt que d'un pas en avant. Alors, c'est important de
comprendre que, avant de faire ces évaluations de projets, il faut
d'abord et avant tout comprendre que le gouvernement prenne le leadership et
mette en place tous les mécanismes nécessaires qui nous mettent
dans la voie de la gestion intégrée des déchets, ce qui
implique une réduction à la source, la
récupération, le recyclage des déchets.
Maintenant, disons, peut-être pour compléter ce
point-là, que le rapport Lacoste mentionne qu'il faut faire une
évaluation des politiques globales qui peuvent avoir des impacts sur
l'environnement. Nous autres, ce qu'on dit, c'est que non seulement il faut
évaluer ces politiques-là, mais il faut les créer. Et
deuxièmement, effectivement, il faut amener la population à faire
un consensus et à participer à l'élaboration de ces
politiques-là.
Le rapport Lacoste souligne aussi qu'il faut amener la participation du
public plus tôt dans la procédure d'évaluation
environnementale. Jusqu'à maintenant, on peut dire qu'il y a eu des
expériences extrêmement malheureuses. Puis je peux dire aussi que,
même si on peut amener la participation du public plus tôt dans la
procédure, il y a aussi d'autres prérequis qui doivent être
faits. On observe au Québec, à certains endroits, des projets qui
vont faire l'objet d'une évaluation environnementale mais, avant de
passer en audience, ils . ont déjà les bases qui sont
coulées dans le ciment. Les municipalités ont signé des
contrats avec des entreprises privées. Déjà, on coule dans
le ciment qu'il faut s'en aller avec un incinérateur, par exemple, avec
Foster Wheeler. La régie intermunicipale des déchets, à
Montréal, a déjà signé des contrats avec Foster
Wheeler. Donc, les citoyens se retrouvent, par exemple, devant le BAPE
où là, finalement, on doit évaluer un projet qu'on ne peut
plus remettre en question parce que les contrats sont déjà
signés. Alors, ça, ce sont des conditions de base qu'il faut
éliminer et même si on amène la participation plus
tôt dans la procédure, si ces conditions-là ne sont pas
éliminées, ça ne donne rien de participer plus tôt
dans la procédure. Ça, c'est un exemple de
conditions qu'il faut mettre en place aussi, qui vont faire en sorte que
la procédure, là, elle va commencer à avoir un certain
sens. Parce que, sans éliminer ces barrières-là, ça
ne donne rien d'aller devant la commission du BAPE et lui dire: Bien,
écoutez, on n'en veut pas, de ce projet-là, si
déjà, tout est mis en place.
Dans le rapport Lacoste, on mentionne aussi qu'il faut amener la
participation du public dans la suite de la procédure
d'évaluation environnementale, c'est-à-dire que, après
qu'il y a eu audience publique et qu'on a soit autorisé ou refusé
un projet, il faut amener la participation du public aussi dans la
deuxième étape. Donc, nous autres, on appuie cette
recommandation-là, c'est évident, mais on tient aussi à
souligner que, présentement, au Québec, il y a de gros
problèmes à ce niveau-là et, à Blainville, ils le
vivent concrètement chez eux. À Blainville, on a autorisé
un projet d'élimination des déchets et, après
l'autorisation de l'élimination des déchets par le
procédé Stablex, il y a eu des changements dans les conditions de
réalisation du procédé de stabilisation des déchets
et ces changements de conditions n'ont jamais été soumis à
la participation du public. Et la population, à ce moment-là, a
vraiment l'impression d'être bafouée par le gouvernement et par
l'entreprise, parce qu'elle a participé à une procédure
d'évaluation environnementale d'un projet qui, dans le fond, est tout
à fait différent maintenant. Non seulement on n'élimine
pas les déchets du Québec ici, mais on élimine une grosse
partie des déchets des États-Unis sur le site de Stablex alors
que Stablex était supposé être la solution pour les
déchets du Québec. Maintenant, on remplit le trou avec des
déchets des États-Unis et on raccourcit la
longévité de ce site-là; donc, on ne répond pas
à un problème du Québec. Et non seulement ça, mais
le procédé lui-même a été changé et il
n'y a pas eu d'évaluation là-dessus. Ça, ça se
passe a Blainville, et les gens ne veulent plus que ça se passe, ils
veulent que ça change. Ça a des impacts importants à ce
niveau-là.
Maintenant, je pense que les gens du Front commun veulent vous dire
aussi qu'ils sont prêts à travailler avec le gouvernement et les
entreprises pour trouver des solutions au problème de la gestion de
déchets. Je pense que c'est important. Et ils veulent vous passer le
message également et c'est important que vous le compreniez, que vous le
saisissiez, qu'ils sont prêts à surveiller et à aider le
gouvernement pour protéger l'environnement, mais, pour ça,
ça prend une clé qui est bien importante, cette
clé-là, c'est l'accès à l'information. Au
Québec, on a une loi désuète là-dessus. Aux
États-Unis, à ce niveau-là, on a fait des pas qui sont
importants. Au Québec, il faut améliorer cet accès
à l'information pour pouvoir permettre aux citoyens de suivre ce qui se
passe chez eux et pouvoir dire au gouvernement: Regardez, ici, il y a quelque
chose, il y a un problème là, ou pouvoir aller devant la justice
et dire: Écoutez, il y a un règlement, il y a une norme, bien,
maintenant, il faut être capable d'amener cette compagnie-là en
cour. Ces moyens-là, les citoyens ne les ont pas maintenant. Le
ministère de l'Environnement offre peu de possibilités pour avoir
accès à l'information ou c'est très difficile d'avoir
accès à cette information-là ou encore c'est trop long ou
encore on met toutes sortes de barrières pour empêcher cet
accès à l'information.
Si vous voulez quelqu'un qui vous explique un petit peu qu'est-ce que
c'est les problèmes d'accès à l'information, Lise
Desjardins est très bien placée pour vous en parler. À
Blainville, ils ont fait des pieds et des mains, ils ont engagé un
avocat, ils sont dans la lutte depuis plusieurs mois pour essayer d'avoir de
l'information, et c'est impossible de savoir ce qui se passe à 500
mètres de leur cour; c'est impossible d'aller visiter le site; c'est
impossible de savoir d'où viennent les déchets et quels types de
déchets sont enfouis, quels sont les procédés qui sont
utilisés. Ça, c'est aberrant, parce que c'est une solution qui
peut avoir des impacts sur la santé de leur population. Il reste quand
même que le terrain sur lequel Stablex élimine ses déchets,
c'est un terrain qui appartient au Québec. Quand la compagnie Stablex va
avoir rempli le trou, c'est les Québécois qui vont hériter
de ce trou-là, rempli de déchets, et c'est important qu'on puisse
faire le suivi de ce dossier-là. (20 h 30)
Maintenant, une question qui est bien fondamentale aussi, je pense,
quels que soient les règlements et les procédures dont on se
dote, ce qui est fondamental, c'est que l'esprit de ces lois et
règlements soit respecté. Où est-ce que je veux en venir
avec ça? Juste pour vous donner un exemple. J'ai lu dans les journaux
qu'Hydro-Québec est venue dire que ça n'avait pas de sens, que le
Bureau d'audiences publiques ne savait pas ce qu'il faisait. Ils ont
demandé qu'on passe la ligne sous-fluviale entre Grondines et
Lotbinière. Ils ont dit: Ça n'a pas de sens, ça
coûte x millions de dollars et on ne pourra pas l'utiliser après.
Mais ce qu'Hydro-Québec ne vous a pas dit peut-être - vous me
direz si je me trompe, mais ça m'étonnerait qu'ils vous aient dit
ça - ce qu'ils ne vous ont probablement pas dit, c'est que, si le
gouvernement a été obligé d'autoriser cette
ligne-là, c'est parce qu'Hydro-Québec, jusqu'à la
dernière minute, a toujours refusé de mettre sur la table un
document qui disait clairement que c'était faisable de passer sous le
fleuve. La SNC avait produit un rapport qui disait que c'était possible
de passer sous le fleuve. Mais la population, quand elle a su
qu'Hydro-Québec cachait ce document-là, elle a été
complètement horrifiée de voir l'attitude d'Hydro-Québec
et, quelque part, il fallait presque acheter la paix sociale à
Grondines-Lotbinière. Ça, c'est juste un petit exemple pour
vous expliquer que, dans la procédure d'évaluation
environnementale, il faut que les gouvernements, que le ministère de
l'Environnement, que les industries respectent la Loi sur la qualité de
l'environnement. Ça, c'est quelque chose d'hyper-important.
Une autre façon de respecter l'esprit de la Loi sur la
qualité de l'environnement, ou encore de la détourner, par
exemple, dans l'est de Montréal, Esso a le projet de brûler des
sols contaminés. On ne fera pas d'audiences publiques concernant le fait
de brûler ces sols-là. Il n'y en a pas de prévu. Et on
prétend, entre autres, que les déchets dangereux ont
été produits avant la mise en application du Règlement sur
les déchets dangereux. Je pense que c'est de la responsabilité du
ministre de l'Environnement, via l'article 6.3, de demander qu'il y ait des
audiences publiques sur la réalisation de ces projets-là.
Ça, c'est une façon de détourner...
Le Président (M. Camden): Mme Cotnoir...
Mme Cotnoir: J'ai fini. J'ai fini. Alors, c'est une façon
de dire finalement qu'à plusieurs niveaux il faut respecter les lois et
l'esprit dans lequel ça s'inscrit.
Je tiens à souligner que, dans le fond, ce qui est important,
c'est que, tout le monde ensemble, on travaille à l'amélioration
de la procédure d'évaluation environnementale et c'est important
que la population ait aussi les moyens de participer, qu'elle ait les
ressources financières. Je veux dire, venir ici, ça coûte
des sous. On n'a pas toujours les moyens de le faire. Et faire les
démarches pour avoir accès à l'information, ce n'est pas
facile. C'est important de ne pas prendre les orientations que, par exemple, M.
Paradis est en train de faire dans les coupures... pas les coupures mais les
orientations de financement des groupes environnementaux. C'est important de
donner les ressources aux groupes à ce niveau-là pour qu'ils
puissent mieux intervenir sur la question de la protection de l'environnement
au Québec.
Sur ce, je vais plutôt vous laisser du temps pour poser des
questions. Je pourrai peut-être compléter d'autres informations
à partir des questions que vous allez poser.
Le Président (M. Camden): Je vous remercie, Mme Cotnoir.
Il nous reste à peine plus de sept minutes trente secondes pour poser
des questions à être réparties équitablement.
Mme Cotnoir: Oui? J'ai commencé à 9 h 15. Il reste
quinze minutes, douze minutes.
Le Président (M. Camden): II reste sept minutes par parti,
quatorze minutes. Le député de Saguenay va vous formuler des
questions auxquelles vous voudrez bien répondre. M. le
député de Saguenay.
M. Maltais: Merci, M. le Président. Au nom du
gouvernement, j'aimerais souhaiter la bienvenue à Mme Cotnoir, M.
Rajotte et Mme Desjardins à cette commission. J'ai lu attentivement
votre mémoire et vous en avez fait un résumé assez
succinct. Juste au départ, est-ce . que vous êtes de la
région de Montréal?
M. Rajotte (Alain): Oui.
M. Maltais: Juste une petite question. Oui?
Mme Cotnoir: Moi, ça?
M. Maltais: Oui.
Mme Cotnoir: Bien, j'étudie à Montréal,
oui.
M. Maltais: Vous avez beaucoup parlé de
l'incinération de déchets. Vous avez parlé de ce qui se
passe à Sainte-Thérèse, de ce qui se passe un peu à
Montréal. Il y a un vieux dicton, vous savez, "n'importe où, mais
pas dans ma cour". Je vais vous conter une petite anecdote, vous allez
peut-être rire un peu. C'est toujours le fun de dire... Moi, j'ai
hérité de 187 containers de BPC qui viennent de Montréal.
Je n'en ai pas produit un ciel de gallon chez nous!
Mme Cotnoir: Chez vous, dans quelle ville? M. Maltais: Je
suis de Baie-Comeau, moi. Mme Cotnoir: Ah oui! Ah, bien oui! M.
Maltais: Ouais, ouais! Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Cotnoir: Aïe! si vous voulez, là, j'ai une carte
de membre pour le Front commun pour une gestion écologique des
déchets; ça va me faire plaisir de vous la vend re.
M. Maltais: J'aurais aimé mieux que vous preniez la
moitié d'un container.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Maltais: Avec vos 30 groupes, je me serais claire de
ça.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Maltais: C'est pour vous dire, vous savez, que je suis contre
toute exportation de déchets. Ça, c'est un principe de base: je
suis contre toute exportation de déchets. Qu'ils soient de
Montréal et qu'ils s'en aillent à Blainville, ça n'a pas
de bon sens. Qu'ils soient de Montréal et s'en aillent à
Baie-Comeau, ça en a encore pas mal moins. Puis, en plus, les miens ont
passé par l'Angleterre. Je suis le seul dans la province
dont les BPC ont autant voyagé. Ils ont voyagé plus que
les autres. Mais il y a quand même une chose, un principe à
quelque part qu'il va falloir reconnaître. Vous dites que
l'incinération - sans doute, vous avez raison, moi, je ne suis pas un
spécialiste là-dedans - ce n'est pas bon. L'enfouissement, c'est
dangereux. Mais qu'est-ce qu'on va faire avec ça?
Mme Cotnoir: II brûle de vous répondre.
M. Maltais: Qu'est-ce que vous suggérez, là, comme
solution à la destruction des produits dangereux? Si ce n'est pas
l'incinération, ni l'enfouissement, c'est quoi?
M. Rajotte: Bien, je pense, en tout cas, et surtout venant d'un
politicien, je pense qu'il ne faut pas tomber strictement dans le piège
de la réponse technologique. Je pense que le problème qu'on vit
au Québec, et vous l'avez vécu à Baie-Comeau, le fameux
syndrome "pas dans ma cour", c'est le début d'une prise de conscience
dans la population. On joue avec le feu depuis très longtemps au niveau
de la production de biens et de la consommation de biens. Maintenant, comment
peut-on partir d'une situation où on était insconscient des
retombées - et on l'est même souvent toujours - pour aller
à une situation où on va devenir conscient et où on va, si
vous voulez, prendre le fameux virage vert dont tout le monde parle? Et je
pense que dans la présentation que Liliane a faite, le point majeur pour
nous - point majeur qui a d'ailleurs été reconnu par M. Reilly,
de l'Agence de protection de l'environnement des États-Unis, ce qui a eu
un impact certain sur la réduction à la source des
émissions dangereuses aux États-Unis - c'est l'accès
à l'information ou, si vous voulez, la loi qui s'appelle SARA 313, aux
États-Unis, qui force les entreprises qui utilisent une liste de
substances établies - de là le 3-1-3, 313 substances - à
dire aux populations: Bien, l'entreprise X utilise tant de milliers de tonnes
de tel produit, en émet tant de milliers de tonnes dans l'environnement
par ses cheminées, par son effluent, par ses déchets ou par ses
produits. Ça, ça a eu un impact plus grand sur les producteurs
pour changer ces processus-là parce qu'ils avaient à rendre des
comptes. Il y a des problèmes, comme vous l'avez dit, avec les BPC,
c'est sûr, puis il va y en avoir d'autres. On va vous parler des BPC.
Pensons aux CFC, pensons à des pesticides comme les DDT qui ont
été bannis. Il va y en avoir d'autres dans le futur. On parle
maintenant des dioxines, des furannes, et j'en passe. Je pense que le
problème...
M. Maltais: Je m'excuse, là, mais ma question c'est... Je
comprends ce que vous voulez dire puis j'approuve ça. Mais ce que je
veux savoir, c'est: Si on ne les brûle pas et si on ne les enterre pas,
qu'est-ce qu'on fait avec?
Remarquez bien, je parte de tous les déchets, là. M.
Rajotte: Oui.
M. Maltais: Si on ne les enterre pas puis on ne les brûle
pas, puis que ça ne se mange pas, on fait quoi avec ça?
M. Rajotte: Puisque vous voulez aller directement aux questions
technologiques, il y a des solutions aux déchets domestiques qui sont
moins dommageables à l'incinération, qui va laisser une partie
d'enfouissement, environ 33 %, ce qui est le cas pour l'incinération,
mais elle va vous laisser avec 33 % de cendres qui sont fortement
contaminées avec lesquelles vous ne pouvez rien faire. Alors que le
recyclage, la réutilisation, le compostage vont vous laisser avec encore
une fois environ 33 % de déchets réellement dangereux avec
lesquels on ne sait pas quoi faire...
M. Maltais: Non, mais...
M. Rajotte: Laissez-moi finir. Mais là c'est la job de la
société de réglementer des produits qui sont trop
coûteux pour la société. Et il y a quantité de
produits qu'on fait aujourd'hui et qu'on ne devrait pas produire.
Vous parlez des BPC. Moi, je trouve ça bien pire, ce que La Tuque
fait avec ses chlores qu'elle met dans la Saint-Maurice. Ça, c'est
à tous les jours que ça se passe. Plutôt que juste porter
attention aux BPC qui devraient être bien entreposés, si on
n'avait pas juste des Lévy et si on avait un ministère de
l'Environnement qui fait plus sa job, on serait bien mieux de regarder ce qui
sort au bout des cheminées et des tuyaux comme à La Tuque.
Mme Cotnoir: Mais, peut-être juste pour aussi donner suite
à votre question. Je pense que, quand il y a un dégât d'eau
dans une cave, la première chose à faire, ce n'est pas juste de
sortir la moppe puis de l'éponger, c'est de fermer le robinet ou
réduire le débit d'eau. Puis ce qu'il faut faire, c'est: 1) un
moratoire sur les incinérateurs, parce que ça, ça a des
Impacts sur l'environnement puis ça peut nuire à des programmes,
la mise en place de programmes de réutilisation et de recyclage; 2)
mettre en place tous les mécanismes, toutes les structures
nécessaires qui vont mettre le Québec sur la voie de la
réduction, de la réutilisation et du recyclage. Ça, c'est
une position...
M. Maltais: Regardez bien, je vous arrête. Vous êtes
venus ici, à Québec, vous êtes partis de Montréal.
Soit que vous soyez venus en avion, en autobus, en train ou en automobile. De
toute façon, il y a des pneus en dessous de ça sauf le train.
Puis le train, le CN est assez en retard, vous n'avez pas dû le prendre.
Alors, vous avez
dû prendre un autre moyen qui a des pneus. Mme Cotnoir:
Tout à fait.
M. Maltais: On use des pneus au Québec. Le recyclage, il
n'y a personne qui en veut. Vous savez, il y a 2 500 000 automobiles qui
changent deux fois de pneus par année, ça fait pas mal de pneus.
On fait quoi avec ça?
Mme Cotnoir: Monsieur, je pense qu'au Québec, pour la
gestion des déchets, c'est comme partout dans le monde, c'est un
problème complexe où il y a des solutions qui doivent être
mises de l'avant par tous les intervenants du Québec, en
commençant par le gouvernement, qui doit prendre un certain leadership,
et les entreprises privées qui doivent participer à ça.
C'est sûr que la population a un rôle à jouer, mais le
message qu'on vient dire, c'est qu'il y a un leadership à prendre
quelque part. L'Ontario a déjà fait des pas à ce
niveau-là.
M. Maltais: Je comprends, Mme Rajotte. Regardez, on fait la
commission, on la...
Mme Cotnoir: Madame qui?
M. Rajotte: M. Cotnoir et Mme Rajotte!
M. Maltais: Excusez-moi, Mme Cotnoir. Je m'excuse, je m'excuse.
Tout simplement, on fait notre commission pour avoir des idées comment
prévenir ces choses-là. Ce que vous nous dites c'est vrai, on est
conscients. C'est pour ça qu'on s'est donné un mandat
d'initiative, cette commission-là qui va faire un rapport à
l'Assemblée nationale avec des recommandations bien précises dans
lesquelles on voudrait inscrire vos recommandations et ce que vous nous dites
également.
Mais, moi, j'aurais aimé ça vous entendre nous dire...
Écoutez, c'est vrai que les incinérateurs, ça pollue, et
l'enfouissement ça fait des sols pollués. Ça c'est vrai,
on est tous conscients de ça. Vous avez beaucoup parlé du
système américain. Mon collègue et moi, nous arrivons
d'une conférence à Washington. Je vais vous dire une chose, c'est
beaucoup mieux dans le jardin du voisin que dans notre propre cour. Ne venez
pas me citer les États-Unis en exemple, parce que vous allez frapper un
"jack-knife".
Mme Cotnoir: Non, on ne parlait pas des procédures.
M. Maltais: Ni l'Ontario non plus.
Mme Cotnoir: On pariait de la loi sur l'accès à
l'information.
M. Maltais: Je pense qu'au Québec on doit être assez
adultes ensemble pour trouver des solutions. C'est pour ça qu'on veut
cette com- mission-là.
Mme Cotnoir: Monsieur, je ne sais pas si vous vous rendez compte
mais...
Le Président (M. Camden): Juste un instant. Pour le
bénéfice de tout le monde, le temps du parti ministériel
est terminé. Vous pourrez tout de même y répondre de
quelque façon, Mme Cotnoir.
M. Maltais: Je m'excuse, le docteur continuera.
Le Président (M. Camden): en principe, ça doit
être... vous souhaitez une réponse de madame à ces propos,
m. le député de la prairie?
M. Lazure: Madame peut continuer et finir sa phrase, sa
réponse, et je reprendrai ensuite. Vous pouvez terminer votre
réponse au député de Saguenay, si vous voulez.
Mme Cotnoir: Ce que je pourrais vous dire c'est que, finalement,
c'est très difficile en 20 minutes, je dirais même en 15 minutes,
de venir vous parler de solutions. Dans le fond, la procédure que vous
nous offrez n'est absolument pas un lieu possible de discussion. Dans le fond,
qu'est-ce que vous voulez qu'on règle dans ces 10 minutes?
M. Maltais: On ne veut pas régler rien, on veut vous
entendre.
Mme Cotnoir: Oui, mais...
M. Rajotte: Oui, mais vous utilisez les arguments des
entrepreneurs.
M. Maltais: Je m'excuse, j'utilise votre mémoire. Ce n'est
pas moi qui l'ai écrit.
M. Rajotte: C'est-à-dire... Non, mais écoutez
bien...
Le Président (M. Camden): écoutez, pour le
débat, adressez-vous à la présidence. ça va
éviter les échanges entre les personnes et les débats.
vous vous adresserez à moi.
M. Rajotte: Bon, d'accord. La présidence c'est vous. Il ne
faut pas aller très loin, il faut aller en Ontario pour voir le
recyclage des huiles usées. Il ne faut pas aller très loin, il
faut lire ce qu'il y avait ce matin ou hier, je pense, dans The Gazette,
le point de vue de David Suzuki qui était très juste, qui
disait ceci, qu'en Colombie-Britannique ça a pris l'intervention du
gouvernement pour favoriser l'utilisation des huiles usées
récupérables pour rendre au marché du recyclage des huiles
usées un bon potentiel.
Le problème qu'on a à Québec, c'est qu'on a un
sous-ministre de l'Environnement, M. Marsan, qui favorise l'incinération
des huiles usées en prétendant que ce n'est pas payant de
récupérer les huiles alors qu'on a les infrastructures au Canada
pour le faire. Quel est le message que le gouvernement est en train de passer
à la population? C'est que ce n'est pas payant de recycler. C'est plus
payant de brûler avant même qu'on ait fait des audiences publiques
sur des politiques globales, ce dont justement on fait la critique.
C'est-à-dire que, nous, on est prêts à faire le
débat avec les promoteurs de l'incinération mais, ce qu'on dit:
D'abord, commençons par faire l'évaluation des politiques
globales qu'on veut établir au Québec sur une gestion
écologique avant de décider que les promoteurs vont rentrer par
la porte d'en arrière et vont faire ce qu'ils veulent au Québec,
ce qui se passe. Écoutez, à Valleyfield, les conseils municipaux
se sont voté 600 000 $ pour faire la promotion d'incinérateurs,
alors que... (20 h 45)
Une voix: 600 000 $?
Le Président (M. Camden): S'il vous plaît! S'il vous
plaît!
M. Rajotte: Oui, alors que, déjà, la population
faisait clairement entendre qu'elle n'en voulait pas. Ça fait qu'on
dépense l'argent des contribuables à promouvoir des projets que
les gens ne sont pas prêts à accepter. Mais ce n'est pas vrai
que...
Le Président (M. Camden): M. le député de La
Prairie.
S'il vous plaît, là, pas d'interventions de part et
d'autre. Ça s'adresse aux deux.
M. le député de La Prairie.
M. Lazure: Merci, M. le Président. Alors, au nom de
l'Opposition, je souhaite la bienvenue à Mme Cotnoir, M. Rajotte et Mme
Desjardins, de Blainville. Je voudrais les remercier de leur présence
ici, ce soir. Moi, je pense que, quand vous dites qu'on devrait avoir des
débats publics sur les politiques de disposition des déchets,
qu'il s'agisse d'huiles usées, qu'il s'agisse de pneus, qu'il s'agisse
de n'importe quoi, nous, en tout cas, on est d'accord avec ça. On est
d'accord, de la même façon qu'il devrait y avoir un grand
débat public sur l'avenir énergétique au Québec
avant de faire quoi que ce soit d'autre en haut, dans le nord.
Mais, vous autres, de quelle façon vous voyez ça, un
débat public? Prenons le cas que vous venez de citer, les huiles
usées, le reraffinage des huiles, la disposition des huiles
usées. Qui est-ce qui pourrait ou qui devrait conduire un tel
débat, animer un tel débat? Est-ce que c'est le BAPE? Est-ce que
c'est un autre organisme? Qui est-ce qui devrait animer ces débats-
là, à supposer que le gouvernement veuille en tenir un?
Mme Cotnoir: si vous le permettez, j'aimerais passer la parole,
peut-être avant de répondre à la question, à lise
desjardins, qui a quelque chose à dire aussi concernant ce qui se passe
à blainville.
Mme Desjardins (Lise): Bon. O.K. Moi, je vais parler au nom de
tous les citoyens de Blainville. C'est important que j'aie la chance de vous
parler parce que c'est la seule opportunité que je peux avoir.
Nous, à Blainville, on est pris avec le syndrome de "pas dans ta
cour". Moi, je demeure tout près, j'ai une famille et tout. Les citoyens
de la ville de Blainville nagent dans la noirceur. On pose des questions
à notre municipalité, on a été en audiences
publiques. On a aussi été à la Commission d'accès
à l'information et c'est toujours sous enquête. Ça veut
dire que, quand c'est sous enquête, on n'a aucune information parce que
c'est sous enquête, mais, pendant ce temps-là, le
procédé "silo safe" est toujours compromis parce qu'on doute
fortement du procédé. On a eu des gens qui sont venus nous
parler; on a vu des documents là-dessus et ça nous a vraiment
inquiétés.
Donc, ce serait important que le gouvernement se penche sur Stablex et
sur Blainville pour pouvoir nous aider à avoir nos fameuses informations
parce que c'est notre santé qui en dépend. Puis tout le monde
à Blainville, la majorité des foyers, ne sait pas ce que
ça veut dire, un procédé "silo safe", parce que la
municipalité de Blainville ne veut pas répondre à nos
questions. On s'est déplacés. Le maire nous dit qu'on est des
chasseurs de fantômes. Je ne considère . pas, quand on a notre
santé qui en dépend ou celle de notre famille, qu'on devient des
chasseurs de fantômes. C'est le contraire, on travaille tous pour un
patrimoine commun. Ça veut dire que notre province, ça appartient
à tout le monde, ça; ça n'appartient pas juste à
vous, ici, ça appartient aux petits enfants qui poussent aussi et qui
vont vouloir avoir un environnement sain. C'est là-dessus qu'il faudrait
qu'on se tienne tous la main et qu'on travaille. Il y a sûrement des
scientifiques, il y a sûrement des gens qui sont superinstruits qui
peuvent répondre à plus de questions que moi, mais, moi, je vous
dis simplement ce que Blainville vit présentement.
M. Lazure: II y a deux choses sur Stablex à Blainville qui
nous inquiètent autant que... Bien, pas autant que vous parce que vous
vivez tout ça.
Mme Desjardins: Non, parce que moi, je demeure tout
près.
M. Lazure: Mais il y a deux choses qu'on
trouve inquiétantes, nous autres. La première chose, c'est
justement que cette enquête s'éternise à ce
point-là.
Mme Desjardins: Très longue.
M. Lazure: Ça fait longtemps. Même durant les
audiences de la commission Charbonneau, on a prétendu que c'était
sous enquête puis... Bon. Alors, ça fait des mois et des
mois...
Mme Desjardins: On a même prétendu que
c'était dangereux.
M. Lazure: Deuxième...
Mme Desjardins: Vous savez...
Le Président (M. Camden): Écoutez, si vous le
permettez, vous allez permettre au député de La Prairie de poser
sa question et vous lui répondrez par la suite, madame.
Mme Desjardins: Certainement, monsieur.
M. Lazure: Deuxième chose qui est inquiétante,
c'est le fait - ça ne date pas d'hier, mais ce n'est pas parce que
ça date d'avant-hier que c'est correct, ce n'est pas correct - c'est le
fait que 75 % de ce qu'ils traitent - et vous le dites dans votre
mémoire et vous avez raison - environ 75 % de ce qu'ils traitent vient
des États-Unis, et c'est là que le gouvernement, celui-ci ou
n'importe quel autre, manque de leadership. Ça n'a pas de bon sens!
Ça n'a pas de bon sens de laisser une telle situation. Et ce n'est
unique à Stablex, remarquez, parce que, à Gatineau, à
Decom, l'incinérateur de déchets biomédicaux ne traite
qu'à peu près 20 % à 25 % des déchets
biomédicaux du Québec. Le reste, ça vient de l'Ontario et
des États-Unis. Tricil, dans le sud-ouest, c'est la même chose. La
majeure partie de ce qu'ils traitent vient des États-Unis et de
l'Ontario. Alors, ça n'a pas d'allure. Pendant ce temps-là, nous,
on ne sait pas où mettre nos choses, mais c'est au gouvernement à
établir des grandes orientations là-dessus et à les
soumettre au public, et c'est ça la grande lacune actuellement.
Mme Desjardins: C'est bien au gouvernement d'amener des
solutions? Mais qu'est-ce que...
M. Lazure: Oui, nous, on pense ça.
Mme Desjardins: ...vous attendez, monsieur?
M. Lazure: Je ne suis pas au gouvernement, madame, là.
Moi, je suis dans l'Opposition.
Mme Desjardins: Excusez-moi. Bon, il y a sûrement
quelqu'un...
M. Lazure: C'est de l'autre côté.
Mme Desjardins: ...ici qui fait partie du gouvernement. Qu'est-ce
que vous attendez? Je vous pose la question aujourd'hui, ce soir. Parce que
moi, quand je vais revenir à Blainville, j'ai des comptes à
rendre aux gens là-bas. Qu'est-ce que vous nous donnez comme
solution?
M. Lazure: Écoutez...
Mme Desjardins: Ça serait important que j'aie une
réponse.
M. Lazure: Un des objectifs de cette commission...
Le Président (M. Camden): Madame, madame, vous me
permettez, là. On va peut-être vous rappeler simplement
qu'à l'intérieur d'une commission parlementaire, lors de la
présentation d'un mémoire, ce sont les membres de
l'Assemblée nationale, en l'occurrence les députés, qui
sont mandatés ici, sur cette commission, qui posent des questions de
façon à avoir votre éclairage, ce qui permettrait, par la
suite, de modifier, d'amender de quelque façon la loi et les
règlements qui l'accompagnent. C'est l'objet premier de cette
consultation qui est faite. Alors, madame, je vous indique qu'on a
déjà excédé largement le temps. On a
consacré six minutes de plus aux 30 minutes déjà
prévues. Je vous remercie de vos commentaires.
Mme Cotnoir: Je voudrais juste mentionner qu'il y a une question
à laquelle on n'a pas répondue.
Le Président (M. Camden): Le temps est terminé.
Écoutez, il faut...
Mme Cotnoir: Deux minutes. Peut-être juste pour dire que,
dans le fond, je pense qu'une proposition devrait être faite...
Le Président (M. Camden): 30 secondes.
Mme Cotnoir: ...au niveau des solutions, c'est de mettre en place
une commission qui va évaluer et faire le tour de la province de
Québec concernant la gestion des déchets solides. Et c'est
important d'impliquer les maires et les différents intervenants au
Québec pour trouver des solutions à ce niveau-là.
Le Président (M. Camden): O.K. Je vous remercie beaucoup,
Mme Cotnoir...
Une voix: Merci beaucoup.
Le Président (M. Camden): ...et les gens qui vous
accompagnaient. Ceci met fin à l'échange avec le Front commun
québécois pour une
gestion écologique des déchets.
Nous allons suspendre quelques instants pour permettre au groupe Waste
Management de prendre place.
(Suspension de la séance à 20 h 52)
(Reprise à 20 h 53)
WMI du Québec
Le Président (M. Camden): M. Bournival,
vice-président, je crois, de Waste Management, WMI. Est-ce que vous
voulez nous présenter les gens qui vous accompagnent, à votre
gauche et à votre droite?
M. Bournival (Jean-Marc): Oui, M. le Président. J'ai,
à ma gauche, ici, M. Michel Camirand, qui est directeur de nos sites
d'enfouissement au Québec, et, à ma droite, M. André
Simard, ingénieur, qui fait partie de la firme d'ingénierie
ADS.
Une voix: Je m'excuse, je n'ai pas entendu.
M. Bournival: M. Simard, André Simard, fait partie de la
firme d'ingénierie ADS.
Le Président (M. Camden): M. Bournival, avant que vous ne
débutiez la présentation de votre mémoire, vous avez 20
minutes pour présenter votre mémoire. Chacune des formations
politiques aura réciproquement 20 minutes de chaque côté et
le temps, si vous excédez, évidemment, vos 20 minutes, sera
amputé de part et d'autre à la période des questions.
M. Bournival: Merci, M. le Président. Mesdames et
messieurs les membres de la commission, M. le secrétaire, la tenue d'une
commission parlementaire portant sur la procédure d'évaluation et
d'examen des impacts environnementaux constitue une initiative dont WMI vous
est fort gré. L'environnement demeurant une priorité pour
l'ensemble des Québécois, de tels travaux pourront certes
être bénéfiques s'il existe parmi les intervenants une
très grande concertation et une volonté commune d'identifier des
solutions pour améliorer la qualité des mécanismes de
sauvegarde et de protection de l'environnement.
WMI a été créée en 1968 et constitue
aujourd'hui la plus importante compagnie au monde dans le domaine de la gestion
intégrée des déchets. Présente sur quatre
continents, WMI offre principalement les services suivants: réduction et
recyclage des déchets; collecte des déchets résidentiels,
commerciaux et Industriels; conception, construction et gestion de sites
d'élimination; techniques de transformation des déchets en
énergie; compostage; conception et opération
d'incinérateurs de déchets domestiques et biomédicaux.
Établie au Québec en 1984, WMI concentre ses
opérations dans la région de Hull-Ottawa, Mauricie-Bois-Francs,
Montréal et procure du travail à plus de 400 employés.
Consciente de sa responsabilité sociale et soucieuse de protéger
ainsi que d'améliorer la qualité de l'environnement, WMI a
développé une technologie des plus sécuritaires au monde
et qui dépasse largement les normes québécoises telles
qu'établies par le Règlement sur les déchets solides. Dans
le domaine des sites d'enfouissement, notamment, WMI a réussi à
mettre au point un système sophistiqué de membranes qui
éliminent l'écoulement du NxMat vers la nappe phréatique
et un système de captage des gaz de méthane qui élimine la
pollution atmosphérique.
La gestion des déchets constitue un secteur d'activité que
les gouvernements ne sont pas encore parvenus à démystifier. Le
public craint, à raison, que leurs déchets deviennent une source
de pollution telle que leur environnement immédiat sera affecté
de façon irrémédiable. Ces craintes ont certes leur raison
d'être si on analyse les statistiques récemment émises par
le ministère de l'Environnement.
Sur 42 dépotoirs illégaux encore en opération au
Québec, la quasi-totalité, soit environ 97,6 %, sont en
exploitation soit par une municipalité, une MRC ou une régie
intermunicipale. Il existe, par ailleurs, de nos jours au Québec, 294
dépôts en tranchées dans lesquels le ministère a
relevé de sérieux problèmes reliés à
l'aménagement, au recouvrement, de même qu'au creusage et à
la propreté des terrains.
La crise de confiance que vit le public est basée sur une prise
de conscience que les installations de gestion des déchets ne sont pas
suffisamment sécuritaires ou ne sont pas réglementées
assez sévèrement pour protéger la nappe phréatique.
De plus, le public perçoit la rareté des ressources comme
étant une préoccupation majeure à laquelle les
gouvernements ont la responsabilité de trouver des solutions pour
encourager la récupération et le recyclage des produits.
En vertu de l'article 31.1 de la Loi sur la qualité de
l'environnement et de l'article 2 du Règlement sur l'évaluation
et l'examen des impacts sur l'environnement, la gestion des déchets ne
constitue pas pour l'instant une catégorie de projets sujette à
la procédure prévue. À cet égard, WMI
considère que de ne pas assujettir la gestion des déchets
à la procédure d'examen pose un problème sérieux.
En effet, compte tenu des lacunes majeures que renferme le règlement sur
les déchets solides au niveau des certificats et des permis
d'exploitation des sites d'enfouissement, il existe, en pratique, une absence
quasi-totale de contrôle sur la qualité et la
sécurité des sites d'enfouissement sanitaire. Devant un tel
état de fait, les munici-
palités ont pratiquement les coudées franches pour
gérer leurs déchets comme bon leur semble. En acceptant que le
ministère de l'Environnement et, éventuellement, le public,
soient saisis de questions telles que la sélection et
l'établissement d'un site ou la façon de l'opérer, on
démontrerait une ouverture d'esprit, un désir de transparence et
une volonté d'éduquer le public à l'idée qu'une
gestion sécuritaire et propre des déchets ne peut nullement
être néfaste pour l'environnement. (21 heures)
L'article 2 du Règlement sur l'évaluation et l'examen des
impacts sur l'environnement manque d'uniformité et de cohérence.
Pourquoi le législateur n'a-t-il assujetti que ces types de projets
à la procédure d'examen et d'évaluation? Pourquoi n'a-t-il
pas traité les industries sur un pied égalitaire? Pour qu'une
telle procédure soit efficace, il faut, selon nous, que tout projet
risquant d'avoir des répercussions sur l'environnement soit assujetti
aux mécanismes de contrôle prévus par le Règlement.
La liste, telle qu'établie, ouvre la voie à des exclusions
injustifiées et discrédite le système aux yeux du public.
Par ailleurs, si cette commission optait pour inclure le projet de gestion des
déchets à la liste des projets assujettis, nous estimons que des
recommandations devraient être soumises au législateur de
façon à ce que soient créés des mécanismes
d'arrimage entre la Loi sur la qualité de l'environnement et la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme en vertu de laquelle les sites
d'enfouissement sont intégrés à la politique du
schéma d'aménagement.
Selon les études du ministère de l'Environnement, il
existe 341 sites d'enfouissement sanitaire dans les 12 directions
régionales. Nous croyons qu'il serait avantageux que le nombre de ces
lieux soit réduit de façon à ce que le propriétaire
de chacun d'entre eux gère une plus grande quantité de
déchets, bénéficie d'un meilleur rendement et donc soit en
mesure d'offrir une technologie des plus avant-gardistes et plus
sécuritaire.
En ce qui concerne le rôle du BAPE, nous estimons que le
système actuel ainsi que le principe sous-jacent d'audiences publiques
qu'il favorise sont adéquats. Nous ne croyons pas que cette institution
devrait se voir conférer un degré d'autonomie accru. Le ministre
de l'Environnement peut fort bien déterminer quels sont les projets pour
lesquels des audiences publiques s'imposent. En l'occurrence, si l'on
assujettissait la gestion des déchets à la procédure
d'examen et d'évaluation, il appartiendrait au ministre de
l'Environnement de juger, à la lumière des politiques et des
orientations de son gouvernement, si l'étape des audiences publiques
s'avère nécessaire. Toutefois, nous croyons qu'au stade initial
d'assujettissement des projets à la procédure d'évaluation
le ministre ne devrait se voir accorder aucune marge de manoeuvre pour
décider s'il est opportun d'assujettir ou de soustraire un projet. Cette
liste de projets devrait être conçue avec plus de rigueur et la
procédure administrative devrait s'imposer, sans exception, à
chacun des projets déjà identifiés.
Par ailleurs, nous estimons que la procédure d'évaluation
et d'examen des impacts serait définitivement plus efficace si les
délais prévus pour chacune des étapes étaient
stricts et de rigueur. Nous concevons mal que des délais indus puissent
retarder impunément l'implantation de projets. À titre d'exemple,
il n'est pas rare que l'analyse d'une étude d'impact du promoteur par le
ministère puisse prendre de 8 à 10 mois. Des délais
s'ajoutent à nouveau pour que les résultats et conclusions de
cette analyse soient rendus publics par le ministre. Des délais
supplémentaires surviennent au moment où le ministre doit
décider s'il soumettra ou non au BAPE un projet pour l'audience publique
et, le cas échéant, un laps de temps injustifié se produit
à nouveau avant que l'analyse des conclusions du BAPE ne soit
complétée et que le ministre ne saisisse le Conseil des ministres
de ses recommandations.
Enfin, l'article 3 du Règlement sur l'évaluation et
l'examen des impacts énumère une liste de paramètres
très généraux qui, trop souvent, ne sont pas
adaptés à la spécificité d'un projet. Les lignes
directrices qu'encadrent ces paramètres sont nombreuses et parfois
inutiles quant à la finalité d'un projet particulier. Il y aurait
donc lieu de laisser la discrétion administrative aux responsables du
ministère de l'Environnement de sélectionner dans une liste de
critères ceux qu'un promoteur doit remplir pour satisfaire aux exigences
précises d'un projet.
Bien que nous soyons favorables à ce que la procédure
d'évaluation et d'examen des impacts environnementaux s'applique
à tous les projets de gestion des déchets, nous croyons qu'il est
primordial que les mécanismes de base, déjà
créés en vertu du règlement sur les déchets
solides, soient d'abord révisés et respectés. Selon nous,
il serait tout à fait impertinent d'alourdir la procédure de
contrôle des projets de gestion des déchets, et même
d'assujettir occasionnellement de tels projets à des audiences publiques
si les procédures déjà existantes en matière de
certificats et de permis d'exploitation ne parviennent pas à être
mieux respectées. Le Règlement sur les déchets solides
est, selon nous, désuet et inadapté aux réalités du
XXIe siècle. Si le législateur ne sévit pas en cette
matière et ne structure pas davantage son approche dans ce domaine,
notre société risque, de toute évidence, d'être
confrontée d'ici quelques années à une situation
dramatique.
En ce qui concerne la nature des systèmes et technologies devant
être utilisés dans un site d'enfouissement, le règlement
est, de toute évidence, trop peu sévère. Les exigences du
législateur en ce qui a trait notamment aux devis d'un site, au
système de récupération des gaz et
liquides, aux couches protectrices et au compactage des déchets
devraient être mieux spécifiées. À cet égard,
il serait intéressant pour le législateur québécois
de s'inspirer du modèle américain. En effet, il y a à
peine deux semaines, l'Environmental Protection Agency, mieux connue sous le
nom de EPA, a établi les normes nationales qui affecteront
désormais la qualité de la gestion des déchets solides et
qui feront en sorte que les dépotoirs seront systématiquement
éliminés.
Ce nouveau règlement en vigueur depuis le mois d'août 1991
sera appliqué d'Ici 1996 et peut se résumer ainsi: Tout site
devra posséder un système de détection des fuites de
substances chimiques et dangereuses. Tout nouveau site d'enfouissement devra
contenir des membranes de façon à éviter le
déversement de contaminants susceptibles d'affecter la nappe
phréatique. Des 6000 sites qui existent présentement aux
États-Unis, l'EPA a l'intention de réduire le nombre à
3000 afin d'accroître l'efficacité, la qualité et le
rendement de chacun d'eux. Une telle approche assurera sans doute une meilleure
répartition des sites à travers le pays et encouragera
l'utilisation d'une technologie sécuritaire pour la protection de
l'environnement.
Enfin, dans le domaine de la revalorisation des déchets, nous
croyons qu'il est nécessaire que le législateur
québécois inclue dans un règlement sur les déchets
solides des mesures fortement Incitatives en matière de tri, de
récupération et de recyclage des produits, de façon
à générer dans le public et parmi les intervenants
municipaux une prise de conscience réelle quant à la
nécessité de protéger nos ressources et de les
restaurer.
Les recommandations que nous venons d'énoncer sont le fruit d'une
réflexion et d'une analyse sérieuses des lacunes que nous avons
pu observer au Québec au fil des années, eu égard à
la façon dont les différents paliers de gouvernement traitent la
question fondamentale de la gestion des déchets. Il est toutefois fort
réconfortant de constater qu'il existe un désir réel de la
part des membres de cette commission de conseiller le gouvernement du
Québec sur les modifications qu'il devrait apporter afin de
démystifier les craintes du public et de procurer à ce dernier la
garantie que le sol québécois sera désormais
protégé et à l'abri des abus qui ont pu jusqu'à ce
jour être commis. WMI sera heureuse de partager son expertise si le
gouvernement et les membres de cette commission désirent procéder
à des études plus détaillées sur la gestion des
déchets. Je vous remercie.
Le Président (M. Camden): On vous remercie, M. Bournival.
Est-ce qu'il y a un autre de vos collègues qui a à exprimer des
propos, puisque vous êtes à 13 minutes, 45 secondes? Prêt
à la période de questions? Très bien. Alors, Mme
Pelchat.
Mme Pelchat: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Camden): Mme la députée de
Vachon.
Mme Pelchat: Merci. J'aimerais souhaiter la bienvenue aux gens de
WMI à notre commission et je dois vous dire qu'on prend bonne note de
votre offre de services. Quand vous nous dites que vous serez heureux de
partager votre expertise si le gouvernement le juge bon, encore une fois,
j'espère que ce sera à titre volontaire, bénévole
et gratuit, comme vous le faites maintenant. On en prend bonne note, par
exemple. Si je comprends bien, et j'aimerais peut-être que vous me
donniez votre opinion là-dessus, vous semblez être d'accord avec
la politique du gouvernement actuel sur la gestion québécoise des
déchets domestiques, c'est-à-dire d'abord la réduction
à la source, la revalorisation et, ensuite, l'enfouissement.
M. Bournival: Oui, nous sommes d'accord avec ce
procédé-là parce que, comme vous le savez, obtenir des
sites d'enfouissement aujourd'hui est devenu quelque chose de très
difficile. Alors, il faut d'abord conserver les sites d'enfouissement que nous
avons le plus longtemps possible. Le but de notre organisation n'est pas
nécessairement de remplir nos sites le plus longtemps possible. Notre
but est d'abord de recycler tout ce qui est recyclable et de
récupérer tout ce qui est récupérable et, ensuite
de ça, il y a toujours - comme on le disait dans la présentation
auparavant - une certaine partie des déchets qui va continuer à
aller dans les sites d'enfouissement.
Il y a aussi - et ça va plus loin que ça - il y a quand
même toute une éducation qui doit être faite au niveau du
public et au niveau, aussi, des concepteurs de produits. Il y a beaucoup de
produits, présentement, qui ne sont pas récupérables d'une
façon pratique. Si on prend un sac de déchets, quand on dit qu'un
sac de déchets est récupérable à 95 %, c'est vrai
en laboratoire, mais au niveau pratique, lorsque vous recevez 100 000 tonnes de
déchets par année, ou si vous recevez 500 tonnes de
déchets par jour, pratiquement, ce n'est pas faisable.
Mme Pelchat: Mais, en ce moment, est-ce que vous servez des
municipalités où la cueillette sélective, le tri à
la source est effectué?
M. Bournival: notre compagnie a un centre de tri,
présentement, à mascouche et nous faisons plusieurs contrats pour
la régie intermunicipale des déchets.
Mme Pelchat: Et en ce moment, par exemple, à Mascouche,
les déchets - appelons-les les matières ressources, les
matières récupérables - que vous récupérez,
est-ce que l'écoulé-
ment de ces matières-là se fait facilement? Est-ce que
vous avez des problèmes? Êtes-vous obligés d'entreposer des
stocks de plastique, de métal ou de carton, par exemple?
M. Bournival: Faisant partie d'un organisme qui est quand
même assez important, chez nous, chez Waste Management, nous sommes
organisés pour écouler nos produits. Nous avons
créé un "joint venture" avec la Stone Containers pour
l'élimination de tous les produits forestiers. Alors, tous nos produits
forestiers, c'est-à-dire papier et carton sont pris en charge par Stone
Containers qui, eux, soit qu'ils nous trouvent un marché pour les
éliminer, soit qu'ils les prennent eux-mêmes. Ça, c'est
à travers l'Amérique du Nord. Nous avons aussi un autre, excusez
l'expression anglaise, "joint venture" avec Du Pont. Eux,
récupèrent tout le plastique que l'on produit à travers
l'Amérique du Nord. On est en train de bâtir six plans de
récupération à travers les États-Unis pour,
justement, recevoir ces matières-là, les transformer et les
recréer en matières premières. Et nous avons, avec
American Can, le même arrangement pour ce qui est des produits de
métal et de verre. Alors, en autant que nous, on est concernés,
nous avons les marchés pour éliminer ce genre de produits
là. D'ailleurs, Stone Containers est censé commencer
éventuellement à Shawinigan une usine de désencrage;
à ce moment-là, ça veut dire que notre papier va s'en
aller à Shawinigan.
Mme Pelchat: Donc, c'est possible d'écouler les
matières que l'on récupère sur les marchés.
M. Bournival: C'est possible. Ce n'est pas facile, mais c'est
possible.
Mme Pelchat: C'est important ce que vous dites parce que
plusieurs personnes nous disent: On veut bien en faire de la réduction
à la source, on veut bien encourager les gens à faire du tri
à la source, récupérer ces matières-là, mais
souvent on reste pris avec. Vous êtes la preuve vivante que ce n'est pas
le cas quand on est un peu débrouillard.
M. Bournival: Nous avons...
Mme Pelchat: Comme dirait ma mère, des petits gars
débrouillards, là, ça arrive toujours à se
débattre là-dedans et à réussir à
l'écouler.
M. Bournival: II y a une particuliarité, quand même,
qu'il faut bien considérer, c'est que nous récupérons des
millions de tonnes par année. Alors, on a des marchés
nécessairement conséquents aux volumes que l'on peut garantir. Ce
n'est pas le cas de tout le monde. Le petit récupérateur a
beaucoup plus de difficulté, très souvent, à
écouler son produit localement.
Mme Pelchat: À votre centre de tri à Mascouche,
vous avez combien de tonnage par année?
M. Bournival: On reçoit environ, actuellement, je crois,
150 à 200 tonnes par jour.
Mme Pelchat: Et c'est un centre de tri qui appartient... c'est
privé, c'est à Waste Management. Ce n'est pas à la
municipalité.
M. Bournival: C'est à nous, oui. On en fait aussi à
Bécancour. On a un contrat avec la ville de Bécancour pour faire
du recyclage dans la Mauricie, les Bois-Francs.
Mme Pelchat: Dans votre mémoire, vous n'êtes pas
trop sévères à l'égard du ministère de
l'Environnement, contrairement à plusieurs intervenants qui sont venus
avant vous. Vous semblez être beaucoup plus sévères
à l'égard des municipalités et des MRC et ça me
préoccupe parce qu'on a, depuis deux semaines, essayé de voir
dans quelle mesure on ne pourrait pas déléguer aux
municipalités, aux régies intermunicipales de gestion des
déchets certains pouvoirs, notamment les pouvoirs de procéder
peut-être eux-mêmes à l'évaluation des impacts
environnementaux d'un site d'enfouissement.
À la page 2, quand vous dites que, sur 42 dépotoirs
illégaux encore en opération au Québec, la
quasi-totalité, 97,6 % - on pourrait dire 98 % - sont encore en
exploitation soit par une municipalité, une MRC ou une régie
intermunicipale, c'est un peu accablant pour les municipalités.
À la page 3, concernant l'assujettissement à la
procédure d'évaluation des sites d'enfouissement et toute la
gestion intégrée des déchets, vous dites à cet
égard: "WMI considère que de ne pas assujettir la gestion des
déchets à la procédure d'examen pose des problèmes
sérieux." J'aimerais vous entendre là-dessus. "En effet, compte
tenu des lacunes majeures que renferme le règlement sur les
déchets solides au niveau des certificats et des permis d'exploitation
des sites d'enfouissement, il existe en pratique une absence quasi totale de
contrôle sur la qualité et la sécurité des sites
d'enfouissement sanitaire." Je commence à avoir peur, là. Il y en
a un pas loin de chez nous. Je vous jure que, demain matin, je vais faire
attention quand je vais passer pas loin de là. "Devant un tel
état de fait, les municipalités ont pratiquement les
coudées franches pour gérer leurs déchets comme bon leur
semble. En acceptant que le ministère de l'Environnement et
éventuellement le public soient saisis des questions telles que la
sélection et l'établissement d'un site ou la façon de
l'opérer, on démontrerait une ouverture d'esprit, un désir
de transparence", etc. (21 h 15)
D'abord, je dois vous dire que je suis très
heureuse qu'une entreprise de votre envergure vienne nous dire: S'il
vous plaît, pouvez-vous nous assujettir? Effectivement, ne pas être
assujetti nous donne plus de problèmes; le syndrome du "pas dans ma
cour" est encore pire parce qu'ils ne savent pas à quoi s'attendre, ce
n'est pas public.
Mais, deuxièmement, on a l'impression que de vous assujettir,
ça enlèverait peut-être la responsabilité des
municipalités à votre égard ou, en fait, le gouvernement
du Québec mettrait des balises bien claires et là vous diriez aux
municipalités: Écoute bien, on suit ce que le gouvernement du
Québec nous dit; charge-nous tes taxes ou à peu près. Vous
semblez, en tout cas, avoir beaucoup de récriminations contre les
municipalités et, aussi, quand vous dites qu'avec le Règlement
sur les déchets solides il semble y avoir un problème, une
absence quasi totale de contrôle sur la qualité et la
sécurité, là, ça vise plus les fonctionnaires et le
ministère de l'Environnement. J'aimerais vous entendre
là-dessus.
M. Bournival: D'abord, les statistiques qui sont
mentionnées dans le rapport sont des statistiques qui ont
été publiées par le ministère de l'Environnement
lui-même.
Mme Pelchat: Ah! Moi, je ne les contredis pas, au contraire. Je
suis certaine que vous n'êtes pas venus nous dire des menteries ici, des
mensonges, pour dire le mot juste.
M. Bournival: Ce que l'on recommande en réalité
dans ce rapport-là, dans cette présentation-là, c'est
ceci: Qu'on prépare l'avenir de nos générations futures
aujourd'hui. Tout ce qui se passe au niveau environnemental, c'est eux qui vont
en avoir les répercussions et pas nécessairement demain matin,
mais souvent les répercussions au niveau environnemental se
révèlent dans 5,10 ou 20 ans.
On a actuellement - je regardais certaines statistiques - aux
États-Unis, 1000 sites d'enfouissement à nettoyer et le
coût moyen par nettoyage est de 25 000 000 $ à 50 000 000 $ par
site. Alors, ce sont des chiffres qui sont quand même importants et ce
sont des chiffres majeurs. Basés sur cette information-là, sur ce
qu'ils ont vécu - peut-être qu'ils se sont
préoccupés de l'environnement avant nous - on dit: On le sait
aujourd'hui; pourquoi ne pas prendre les mesures pour corriger le
problème aujourd'hui? Pourquoi attendre dans 10 ans d'ici pour
être obligés de faire comme eux autres et nettoyer des sites?
Quand on parle des municipalités, nécessairement, la
grande majorité des sites au Québec sont contrôlés
par les municipalités. Il y a encore beaucoup de sites où, tout
simplement, ce que l'on fait, c'est que l'on prend les déchets, on les
met soit dans une coulée ou dans un trou ou quelque chose comme
ça et on les enterre.
C'est dans ce sens-là que l'on dit que...
Mme Pelchat: Pourtant, M. Bournival, on a un règlement
là-dessus. Vous êtes en train de me dire que le règlement
n'est pas appliqué.
M. Bournival: Écoutez, c'est...
Mme Pelchat: Dites-nous-le, on est là pour ça.
M. Bournival: Le problème est ceci: C'est qu'il est
très difficile, j'imagine, dans une situation pratique... Vous savez,
dans un bureau ou dans une salle comme ici, parler de théorie, c'est
facile; on peut dire: On va les fermer. Mais, le lendemain, ces
populatlons-là, où vont-elles mettre leurs déchets? Alors,
c'est ça l'idée.
Maintenant, ce que nous recommandons dans ça, c'est que tout le
monde soit traité sur le même pied. Il y a un organisme au
Québec qui est reconnu, qui pourrait éventuellement se
créer une réputation pour évaluer les impacts
environnementaux, il y en a un qui existe et qui s'appelle le BAPE. Pourquoi ne
pas s'en servir? À ce moment-là, que tous les intervenants au
milieu de l'environnement passent par cette procédure-là, que ce
soient les entreprises privées ou les municipalités. Lorsqu'on
parle d'établir un site d'enfouissement dans une municipalité,
qu'elles soient soumises exactement aux mêmes critères et que le
BAPE prenne le temps d'évaluer les impacts environnementaux d'un site
d'enfouissement, qu'il soit municipal ou privé.
Alors, c'est dans ce sens-là que l'on dit que tout le monde
devrait être soumis... Et une des recommandations qu'on fait aussi, c'est
tout simplement de réduire le nombre parce que des sites
d'enfouissement, ça coûte extrêmement cher. Et ce qui est
important dans un site d'enfouissement, c'est au moment de la conception, au
moment où on commence un site d'enfouissement, c'est le début, la
préparation et la conception d'un site qui vont donner les
résultats futurs. Alors, s'il est bien parti, on va avoir de bons
résultats; s'il est mal structuré, s'il est mal conçu,
vous allez avoir des problèmes avec ça constamment.
Et ce qui arrive, il ne faut pas oublier une chose, vous savez,
même s'il y a une dilution des eaux contaminées, elles sont
là pareil. Si vous mettez une cuillerée de sel dans un gallon
d'eau puis que vous le mettez dans cinq gallons d'eau, il reste une
cuillerée de sel. Lorsque les eaux qu'on appelle communément les
eaux de lixK/ia-tion dans notre jargon s'écoulent dans le sol, elles se
filtrent naturellement, excepté qu'elles se mélangent aux eaux
souterraines. Ce que l'on recommande, ce qui a été mis en place
depuis le mois d'août aux États-Unis, on exige maintenant que tous
les sols soient protégés parce que, dans
un site d'enfouissement, vous avez deux problèmes majeurs: vous
avez les eaux contaminées et vous avez des gaz. Si vous êtes
capables d'installer un système qui va empêcher les déchets
d'avoir des contacts avec les eaux souterraines, à ce moment-là,
vous éliminez votre principal problème. Si vous avez un
système de captage des gaz et que vous les utilisez soit pour les
récupérer ou même les brûler, à ce
moment-là, vous éliminez le deuxième système qui
est l'évaporation des gaz dans l'atmosphère, ce qui crée
une pollution atmosphérique. Si vous contrôlez ces deux
éléments-là, à ce moment-là, vous
réglez 99 % de votre problème d'élimination.
Mme Pelchat: Mais, quand vous nous demandez d'assujettir la
gestion des déchets solides à la procédure, vous
êtes bien conscients que cette procédure-là inclue une
étape qui est l'étape des audiences publiques. Vous nous dites,
en page 5: "En l'occurrence, si l'on assujettissait la gestion des
déchets à la procédure d'examen et d'évaluation, il
appartiendrait au ministre de l'Environnement de juger, à la
lumière des politiques et des orientations de son gouvernement, si
l'étape des audiences publiques s'avère nécessaire."
Alors, en ce moment, une fois qu'on a déclaré publique
l'étude d'impact, n'importe quel citoyen peut demander des audiences
publiques. Est-ce que vous seriez prêts aussi à vous soumettre
à cette même procédure-là? Parce que...
M. Bournival: Oui.
Mme Pelchat: ...je ne pense pas qu'on pourrait la modifier
dépendamment des projets et...
M. Bournival: Non, et c'est ce qu'on demande aussi, que tout le
monde soit soumis à la même procédure. Le plus gros
problème qu'on rencontre dans le domaine des sites d'enfouissement, que
ce soit au Québec, que ce soit en Ontario, que ce soit aux
États-Unis, c'est toujours que les gens ne savent pas ce qui se passe.
C'est l'ignorance des gens qui leur fait peur. Alors, ne connaissant pas ce qui
se passe dans un site d'enfouissement, les gens sont inquiets...
Mme Pelchat: Ils ont peur.
M. Bournival: ...et c'est pour ça qu'il y a beaucoup de
contestation. Si, par ce procédé du BAPE, on était
capables d'arriver et de démontrer les procédures que l'on suit
au niveau des sites et de rassurer les gens à travers un organisme qui a
une crédibilité, si cet organisme pouvait dire au public: Oui, la
procédure qu'il suit est bonne, à ce moment-là, vous allez
faire tomber la plupart des oppositions parce qu'ils vont pouvoir s'y fier.
Si nous, comme industrie privée, on arrive et on dit: Bon,
écoute, on a la meilleure technique sur le marché, ils vont dire:
Bien oui, tu n'es pas pour dire que tu n'as pas la bonne, hein? Alors, on n'a
pas un corps intermédiaire qui est placé pour évaluer
réellement ce qu'on fait, que ce soit nous ou que ce soient les
municipalités. Maintenant, si le BAPE avait la responsabilité de
vérifier ça, à ce moment-là, s'il y a un projet qui
n'est pas propre pour l'environnement, ils vont pouvoir l'arrêter et
demander des corrections, que ce soit à l'industrie privée, aux
corps publics ou aux municipalités. Ça va?
Mme Pelchat: J'ai deux autres questions à vous poser,
concernant particulièrement le compostage. Vous avez dit que vous aviez
une certaine expertise dans le compostage. J'aimerais savoir où vous
faites du compostage et quel type de compostage vous faites. Est-ce que
c'est...
M. Bournival: On ne fait pas de compostage au Québec. On
en fait dans plusieurs de nos sites d'enfouissement aux États-Unis,
là où vous avez des cueillettes particulièrement pour les
feuilles et le gazon. C'est le genre de compostage d'où vous sortez la
plus belle qualité de compostage. Si vous mettez trop d'autres produits
dedans, vous le contaminez.
Mme Pelchat: O.K. Alors, vous faites un compostage à
partir d'une ressource qui est déjà triée, à la
base.
M. Bournival: Oui, parce que c'est très difficile de faire
de la récupération ou du recyclage à partir du sac vert.
Vous savez, les gens arrivent et disent: Écoutez, on va partir du sac
vert et on va faire ci et on va faire ça. On traite des milliards de
livres de déchets par année et on n'a jamais trouvé la
solution miracle pour arriver avec... Je ne parle pas en laboratoire. On parle
tout le temps de petit... Il y a toutes sortes de procédés
actuellement, excepté que, lorsque vous mettez ça en exloitation
d'envergure ou commerciale, vous n'êtes pas capables, ça ne
fonctionne pas. Alors...
Mme Pelchat: C'est un peu... Je ne veux pas que vous portiez un
jugement sur ce que d'autres, peut-être des compétiteurs, font,
mais à Chertsey, en ce moment, c'est ce qu'on fait. On y va directement
avec le sac vert et, à partir du sac vert, on fait du compostage.
M. Bournival: Je n'ai pas vu l'installation. J'en ai entendu
parler mais je ne l'ai pas vue à Chertsey. Maintenant, c'est très
difficile de faire quelque chose de pratique avec ça. Alors, si on veut
avoir une qualité, c'est comme dans le recyclage. Si vous essayez de
faire du recyclage à partir d'un sac de vidanges, vous avez votre
Presse qui est écrasée dans la bouteille de jus de
tomate, de ketchup ou des affaires de même, votre papier est
contaminé. Ce n'est plus bon.
Mme Pelchat: C'est ça.
M. Bournival: II faut partir avec un produit qui est propre;
à ce moment-là, on va finir avec un produit de
qualité.
Mme Pelchat: Dernière question, M. Bournival.
M. Bournival: Vous pouvez faire de l'argent, vous pouvez le
vendre en autant qu'il est bon.
Mme Pelchat: La qualité du résidu que l'on cueille
est importante. On parle beaucoup, ici, du financement des groupes qui
s'opposeraient, ou des citoyens qui voudraient entendre le BAPE sur la
sécurité d'un projet dans leur environnement, dans leur coin.
Est-ce qu'une entreprise comme Waste Management serait prête à
contribuer à un fonds collectif qui servirait aux citoyens qui n'ont pas
nécessairement l'expertise et le financement, comme un promoteur, pour
se faire valoir et qui veulent connaître les implications, les tenants et
aboutissants d'un projet? C'est une colle, hein?
M. Bournival: Vous me posez une très bonne question,
à ce niveau-ci. Je ne peux pas vous répondre là-dessus. Je
n'ai pas pensé à ce...
Mme Pelchat: Alors, on vous invite à y
réfléchir.
M. Bournival: Merci.
Mme Pelchat: Merci beaucoup, M. Bournival.
Le Président (M. Camden): M. le député de La
Prairie.
M. Lazure: Merci, M. le Président. Je veux, au nom de
l'Opposition, saluer M. Bournival et ses deux collègues, M. Camirand, M.
Simard, et les remercier de leur contribution aux travaux de notre commission
Avec touto l'expérience quo votre entreprise possède en
Amérique et sur d'autres continents - mais je pense surtout à
l'Amérique du Nord - vous avez eu sûrement des situations
où l'État ou le pays vous demandait de soumettre votre plan, avec
étude d'impact, à des audiences publiques. Si tel est le cas,
comment ça vous a servi, ça? De quelle façon... Vous avez
trouvé ça utile? Vous avez trouvé ça
intéressant, ou une perte de temps, ou quoi?
M. Bournival: C'est ce qu'on recommande, en fait, dans le
rapport. C'est que, comme je le disais tout à l'heure à la
députée de Vachon, le plus gros problème qu'on rencontre,
dans le domaine de l'enfouissement sanitaire en particulier, c'est
l'insécurité des gens. C'est quand ils sont insécures
qu'ils sont contre. Si on est capables de donner une information, nous n'avons
aucune réticence à soumettre notre information au public pour le
genre de travaux que l'on fait. On n'a aucune réticence à ouvrir
nos portes pour que les gens viennent visiter ce que l'on fait, en tout
temps.
On a des normes internes extrêmement sévères qui
excèdent de beaucoup ce que le ministère de l'Environnement
exige, tout simplement parce qu'on ne peut pas se permettre de faire des
erreurs, parce que, lorsqu'on fait des erreurs, on paie beaucoup plus cher que
les autres. À ce moment-là, nos normes internes sont
extrêmement sévères. Et ce n'est pas seulement à la
discrétion du directeur local de voir comment il opère son site.
Nous avons toute une batterie de spécialistes, de vérificateurs,
qui viennent voir constamment si les normes sont suivies, si les plans sont
suivis et si tout fonctionne tel que c'est supposé fonctionner.
M. Lazure: Ce serait possible de fournir à la commission
ces normes-là? Vous avez ça par écrit, en blanc et noir?
Les normes dont vous dites qu'elles sont même supérieures à
celles du ministère de l'Environnement, ça nous
intéresserait de voir ça.
M. Bournival: Est-ce qu'il y a quelque chose...
M. Simard (André): II y a quelques guides. Nous, on a
travaillé avec des normes techniques.
M. Bournival: C'est que nous avons des piles et des piles de
documentation, de règles internes et de politiques internes, dans tous
les domaines possibles et imaginables. Vous savez, c'est quand même
relativement complexe.
M. Lazure: Non, on ne veut pas être noyés. On veut
juste comprendre un peu en quoi vos normes sont égales ou
supérieures à celles du ministère On ne veut pas
être enfouis. On n'est pas dos déchets, ni dangoreux, ni
solides
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Pelchat: On est récupérables.
M. Lazure: Sérieusement, parce que vous avez
mentionné ça deux, trois fois, ce soir: On a des normes
supérieures à celles du ministère de l'Environnement. Je
trouve ça intéressant qu'une entreprise se donne autant
d'exigences professionnelles, comme ça, mais vous pourriez partager
ça avec nous autres?
M. Camirand (Michel): On a effectivement,
comme M. Simard le mentionnait tout à l'heure, des normes
précises au niveau de la construction d'un site d'enfouissement, au
départ, qui sont supérieures à ce qu'exige le
règlement sur les déchets solides au Québec.
M. Lazure: Ça, on peut les avoir?
M. Camirand: Oui, ça, il n'y a pas de doute
là-dessus.
M. Lazure: D'accord. (21 h 30)
M. Camirand: Par contre, nous avons également des normes
d'opération quotidienne qui sont incluses à l'intérieur
d'un volume ou d'une procédure interne chez WMI. De là à
étaler nos procédures, il faudrait peut-être qu'on puisse
en discuter là, avec la haute direction. Je donne un exemple concret: M.
Bournival, tout à l'heure, mentionnait que le directeur
général d'une site d'enfouissement n'a pas la pleine
autorité pour accueillir, pour recevoir dans son site n'importe quel
type de déchets. Je peux le faire mais, la semaine dernière, nous
avions une équipe de vérificateurs, de quatre personnes qui ont
passé la semaine chez nous pour vérifier si les déchets
que nous avons reçus au site sont conformes à la politique
interne de WMI. Et, lorsque ces vérificateurs-là trouvent des
choses qui sont embêtantes pour le directeur général,
inutile de vous dire que je dois aller au confessionnal.
M. Lazure: Est-ce que vous voulez dire que vos sites au
Québec, sont visités plus souvent à l'improviste par vos
vérificateurs que par les vérificateurs du ministère de
l'Environnement?
M. Camirand: Exact. Exact.
M. Lazure: Oui. Je m'en doutais un peu. Combien de sites
avez-vous au Québec?
M. Camirand: Nous opérons deux sites actuellement.
M. Lazure: Lesquels?
M. Camirand: À Saint-Étienne et à
Sainte-Gertrude, ville de Bécancour.
M. Lazure: Est-ce que vous n'avez pas eu un site exproprié
récemment, là, ou...
M. Camirand: Non. Pas encore.
M. Lazure: Pas encore.
M. Camirand: C'est à l'étude actuellement.
M. Lazure: Est-ce à Saint-Étienne, ça?
M. Camirand: Exact.
M. Lazure: Oui. Ce n'est pas encore fini, ça?
M. Camirand: Disons que pour votre information...
M. Lazure: Oui.
M. Camirand: ...il y a un avis de bien de réserve de
placé sur le bien-fonds et la Régie, parce qu'il s'est
créé une régie dans la région de la Mauricie, une
régie intermunicipale des déchets qui regroupe 45
municipalités, la Régie devrait, dans les prochains jours, se
doter d'un conseil d'administration, d'une part, et j'imagine, entreprendre la
procédure puisqu'une des responsabilités qu'elle s'est
données au niveau de sa réglementation, ce serait l'expropriation
du site d'enfouissement de Saint-Étienne.
M. Lazure: Combien cela fait-il d'années que vous
êtes là?
M. Camirand: Depuis avril 1989. M. Bournival: Ça
fait deux ans.
M. Lazure: II y a - c'est une affirmation là - mais je
pense qu'il y a un certain mécontentement dans la région à
l'égard de votre entreprise; pourriez-vous nous expliquer un peu ce que
c'est?
M. Bournival: C'est quand même une histoire relativement
longue, là. Lorsque nous avons soumissionné en 1989 à la
Régie intermunicipale des déchets de Montréal pour
l'élimination des déchets de Montréal, nous avions
acheté à ce moment-là le site de Saint-Étienne, et
notre projet, c'était de transférer les déchets de
Montréal à Saint-Étienne. Et ça, ça a
causé tout un émoi dans la population et c'est à partir de
là que ça a causé certains problèmes.
Il y a eu une autre chose aussi qui s'est produite, c'est qu'à
Saint-Étienne on chargeait 10 $ la tonne pour enfouir les
déchets. Et si vous voulez faire un travail au niveau enfouissement, un
travail - si vous vous êtes établi des normes de
sécurité minimales - vous n'êtes pas capables
d'opérer à 10 $ la tonne. Alors, on a fait une augmentation de
prix. C'était énorme, si vous voulez, comparativement; on est
passés de 10 $ à 28 $. C'était énorme au niveau
pourcentage, excepté qu'au niveau prix, à 28 $ la tonne, ce n'est
quand même pas un prix excessif si on regarde le contexte qu'il y a
actuellement au Québec, où chez Miron, on paie 40 $ et vous avez
42 $ à Saint-Nicéphore. Si on regarde les prix, si vous allez
à Toronto, on paie 170 $.
Alors, il fallait quand même, en faisant un investissement et en
voulant corriger les problèmes qu'il y avait sur le site, aller chercher
un prix qui était un minimum à ce moment-là. Ce
sont les deux principales choses qui ont accroché, si vous
voulez.
M. Lazure: Combien de routes de transport de déchets
solides avez-vous au Québec, à peu près?
M. Bournival: Combien de routes de transport?
M. Lazure: Vous êtes propriétaires de certaines
routes, des ronnes si vous voulez, des ronnes de déchets,
là...
M. Bournival: Oui, il y a des...
M. Lazure: ...pour collecter les déchets porte à
porte, ou dans les commerces ou...
M. Bournival: II y a deux choses là-dedans... comment
ça fonctionne. C'est que vous avez des contrats municipaux qui sont des
contrats à termes précis: Vous prenez un contrat pour une
période de trois ans. Alors, ça varie énormément
d'une période à l'autre.
M. Lazure: Oui, oui. Mais au moment où on se parle,
environ?
M. Bournival: On doit en avoir à peu près une
centaine.
M. Lazure: Une centaine.
M. Bournival: Non. On en a plus que ça. On doit en avoir
à peu près 150, je dirais.
M. Lazure: 150. Et, généralement, ce sont des
municipalités qui vous donnent un contrat d'un an, deux ans, trois
ans?
M. Bournival: II y a trois catégories de déchets,
en principe: vous avez des déchets, ce qu'on appelle du domestique, du
municipal; nous avons du commercial avec les dépanneurs, les industries
et des choses semblables et nous avons l'industriel avec les boîtes de
construction ou les grands producteurs de déchets, si vous voulez; ils
mettent ça dans des boîtes d'une capacité
supérieure.
Alors, lorsqu'on parle de déchets commerciaux, ce sont des
routes. Lorsque vous vous référez à des routes, c'est un
camion, disons, qui travaille à temps plein. C'est que, dans une
municipalité, vous pouvez avoir plusieurs routes. Vous avez des
municipalités où ça prend huit camions pour faire la
municipalité, une autre où ça en prend trois, l'autre,
ça en prend dix Lorsqu'on arrive du côté commercial, c'est
beaucoup plus stable parce que ce sont aussi des clients avec qui on a
signé individuellement. Alors, c'est assez rare que vous perdiez tous
vos clients la même journée. Tandis que vous avez un contrat...
Exemple: on faisait Laval. On avait 18 camions qui travaillaient à
Laval. On a perdu le contrat; il y a 18 camions qui ont arrêté, du
jour au lendemain. Ce sont des choses qui arrivent dans notre... Ce sont des
contrats à termes, alors, à ce moment-là, lorsque le
contrat est terminé, le contrat est terminé.
Et lorsqu'on arrive du côté de l'industriel, c'est
extrêmement saisonnier. Exemple: Dans la période de la
construction, on peut avoir 100 voyages par jour et, dans la période
d'hiver, on peut avoir 30 voyages par jour. Alors, ça dépend
toujours un petit peu soit de la saison ou du genre de services que l'on
offre.
M. Lazure: II y a eu aussi des rumeurs - ça a paru dans
les journaux, à un moment donné - comme quoi votre compagnie, aux
États-Unis, avait été obligée de payer des amendes
dans certains États, à quelques reprises. C'était
relié à quoi, ça, en général?
M. Bournival: II y a deux choses là-dedans. Lorsque vous
parlez au niveau de l'environnement, il n'existe pas encore de science de
l'environnement, il n'y a pas de livre qui vous donne les normes. Quand vous
bâtissez un pont, vous êtes capable de calculer. Vous dites: Bien,
si je ne fais pas telle chose, je vais faire une erreur et le pont va tomber.
Au niveau de l'environnement, au cours des années,
nécessairement, il y a eu des erreurs de faites et, souvent, c'est
nous-mêmes qui les avons rapportées, les erreurs. Il y a eu des
enquêtes et on a eu des pénalités.
La seule chose, c'est que quand vous vous appelez Waste Management et
que vous êtes une grosse organisation, si vous faites la moindre erreur,
vous avez une pénalité qui peut être de 2 000 000 $ ou 3
000 000 $. Si vous vous appelez Jos Bleau, bien souvent, il n'y a pas d'argent
pour payer et on le laisse passer. C'est un petit peu comme le "Super Fund" aux
États-Unis, actuellement. Lorsqu'on découvre un site qui est
contaminé, on poursuit tout le monde et on fait payer ceux qui ont de
l'argent. Alors, lorsque vous parlez des compagnies comme Waste Management qui
sont plus... Ils appellent ça le système du "deep pocket". Si
vous avez une compagnie qui est plus en moyens que les autres, à ce
moment-là, on lui impose des pénalités qui sont souvent -
ce qu'on appelle - exemplaires et qui ne sont pas nécessairement
proportionnelles à l'offense commise.
M. Lazure: Vous êtes assez sévère - puis
probablement avec raison, là - à l'égard des
municipalités et du ministère de l'Environnement. Vous dites, et
je vous cite, là. "L'absence de contrôle mène les
municipalités à gérer les déchets comme bon leur
semble." Vous disiez ça tantôt. Pouvez-vous nous expliquer un peu,
là, le genre d'abus ou de fautes qui sont commises par
des municipalités dans la gestion de leurs sites
d'enfouissement?
M. Simard: II y a différents aspects qui sont souvent
passés. Je prends, par exemple, la qualité des eaux de
lixiviation qui sont rejetées dans l'environnement. Dans la
majorité des cas que je connais, en tout cas, elles ne sont pas
conformes aux règlements du ministère de l'Environnement. Disons
que, au niveau de l'opération même des sites, il y a souvent des
lacunes. Le recouvrement journalier, par exemple, qui est exigé, n'est
pas souvent respecté. On n'exige pas nécessairement de suivi des
eaux souterraines ou, si c'est exigé, on ne fait pas le contrôle
de ça par après pour savoir si ça se maintient ou pas. Je
ne dis pas qu'il y a un laisser-aller total, sauf que ce n'est pas ce qu'on
peut appeler une gestion efficace de l'environnement ou des sites.
M. Lazure: Vos deux sites sont mieux gérés que
ça, là, de ce point de vue?
M. Simard: Disons que moi, je ne suis pas employé comme
tel de Waste Management, mais...
M. Lazure: Mais les deux sites de Waste... Oui?
M. Simard: ...je peux vous dire que mon expérience... Moi,
je suis concepteur de sites, O.K.? Si je compare les sites qu'on a
conçus selon les normes québécoises et les sites qu'on a
conçus pour Waste Management selon leurs propres normes internes, je
peux vous dire que c'est le jour et la nuit, là, c'est
complètement... Les normes de Waste sont très
sévères à l'interne et le suivi et l'opération des
sites, ça ne se compare pas avec ce qui se fait ici, au Québec,
dans les sites municipaux.
Le Président (M. Camden): M. le député de
Dubuc?
M. Morin: Oui, M. le Président. Effectivement, votre
mémoire est interprété comme très critique envers
les municipalités. Autant, disons, une des solutions que vous proposez,
avec laquelle je suis entièrement d'accord... C'est-à-dire que,
si on veut éliminer l'inquiétude de la population, c'est en
assujettissant la gestion des déchets ou, à tout le moins,
l'implantation de nouveaux sites d'enfouissement à la procédure
d'évaluation environnementale; ça, je pense qu'il n'y a aucun
doute. Avec la crédibilité qu'on connaît au BAPE, je pense
que ça donnerait la confiance ou ça éliminerait
l'inquiétude que la population est en droit d'avoir lorsqu'elle n'a pas
l'information d'un organisme crédible. Là-dessus, là, je
calcule que, si jamais on réussissait à obtenir
l'assujettissement, 80 % des problèmes que vous apportez seraient
éliminés.
Autant je suis d'accord sur cet aspect-là, autant je suis un
peu... je m'interroge sur non pas les accusations mais le jugement
sévère envers les municipalités. Parce que si, d'une part,
c'est la responsabilité des municipalités de procéder
à la cueillette, de procéder à la disposition des
déchets, en fin de compte de faire la gestion des déchets, il
n'en demeure pas moins un fait: c'est qu'elles sont assujetties à des
normes environnementales, comme au niveau de l'acceptation d'un nouveau site
d'enfouissement sanitaire, qui viennent du ministère de l'Environnement.
Ce n'est pas une municipalité. Lorsqu'il y a lieu de procéder
à la fermeture, d'ordonner la fermeture d'un site, ça vient du
ministère de l'Environnement et non pas d'une municipalité, parce
qu'on voit assez fréquemment que les municipalités font rapport
au ministère de l'Environnement, disant: Le site untel est
saturé. Mais c'est le ministère de l'Environnement qui dit: Bien,
on va permettre tel excédent, etc. Donc, c'est le ministère de
l'Environnement qui décide de lui-même d'excéder ses
propres normes et non pas les municipalités. Lorsqu'il s'agit d'ordonner
ou d'accepter des mesures de réhabilitation ou de fermeture d'un site,
c'est selon des normes ou des directives du ministère de l'Environnement
et non pas des municipalités.
En tout cas, je pourrais continuer longtemps comme ça pour vous
démontrer que, si d'une part, il est vrai que les municipalités
ont à gérer, elles sont assujetties à des normes du
ministère de l'Environnement qui lui, refuse de les appliquer. Quand il
s'agit de l'implantation d'un nouveau site, si le ministère de
l'Environnement n'ordonne pas ou ne décrète pas un nouveau site
d'enfouissement, les municipalités ne pourront pas le faire, surtout
à cause de ce qu'on a dit tout à l'heure, que ce n'est pas
assujetti à des audiences publiques, ce qui, finalement,
éliminerait un paquet de problèmes.
Donc, vous apportez une solution avec laquelle je suis d'accord, mais
votre critique ne me paraît pas totalement rigoureuse à cause du
fait que si, d'une part, ce sont les municipalités qui gèrent,
assez souvent, c'est le ministère de l'Environnement qui refuse de
mettre ses culottes. Non, mais écoutez...
Mme Pelchat: Pas dans les sites d'enfouissement.
M. Morin: Enfin, excusez l'expression mais je pense que, de toute
façon, ce qui est important pour moi, c'est de me faire comprendre.
Une voix: C'est masculin, là.
M. Morin: Alors, je voudrais avoir votre réaction
là-dessus.
M. Bournival: Ce qui arrive dans ce rapport-là, c'est
qu'on fait une constatation à partir
de statistiques qui sont produites par le ministère de
l'Environnement. D'accord? Nécessairement, au Québec, il y a
environ une quinzaine de sites d'enfouissement sanitaire qui sont
opérés par des compagnies privées et peut-être 75
opérés par des municipalités, à part les sites en
tranchée et tout ça. Nécessairement, s'il y en a plus du
côté des municipalités, il va y avoir plus de
problèmes de ce côté-là que de l'autre
côté, il faut bien me comprendre.
Lorsqu'on parle de ça, ce n'est pas nécessairement pour
blâmer les municipalités, c'est qu'elles n'ont pas
nécessairement d'alternatives présentement. Ce qu'on
suggère, c'est tout simplement: faisons moins de sites, permettons-leur
d'avoir des volumes plus importants pour avoir assez de revenus pour être
capables d'investir, que ce soit l'industrie privée, des
municipalités, des MRC, des régies ou... Ils peuvent bien le
faire. La question n'est pas là, qu'ils ne peuvent pas le faire. Je ne
dis pas que c'est seulement l'industrie privée qui peut bien faire. La
seule chose, c'est que plus on va mettre de sites, plus on va avoir de petits
sites, moins il va y avoir d'argent pour être capables de mettre en place
des normes qui vont protéger l'environnement. (21 h 45)
Alors, qu'on en fasse moins mais qu'on les fasse plus gros et qu'on
exige des normes plus sévères lorsqu'on les met en place. C'est
ça qu'on recommande. Alors, ce n'est pas nécessairement ce qu'on
voulait faire, une critique au niveau des municipalités, c'est une
constatation beaucoup plus qu'une critique.
M. Morin: Parce que... M. le Président, il reste du temps,
oui? Vous me permettrez d'y aller d'un exemple. J'ai vécu des
expériences là-dessus où, lors d'études et de
beaucoup de discussions autour de la question des déchets d'une MRC,
j'ai vu des firmes spécialisées déclarer aux journaux:
Votons pour la solution de la gestion par voie de compost, mettons, com
postage. Évidemment que tout le monde a dit: Bien, qu'est-ce qu'on
attend? Ils ont la solution. On arrivait le lendemain et on disait: Enfin,
préparez-nous le contrat, on le signe tout de suite si vous avez la
solution. Mais je n'ai jamais été capable de voir une firme
prête à signer.
Un autre tantôt, c'était un système d'enfouissement
sanitaire et, bien sûr, avec de la récupération et tout
ça, et de l'enfouissement sécuritaire à tous points de
vue. Quand vous parliez d'un site d'enfouissement qui protège la nappe
phréatique au niveau des gaz, quelque chose de protégé
à 100 % et avec un coût raisonnable, ça sortait dans les
journaux, ça, et les maires ou les gens de la MRC passaient pour des
gnochons ou des pochetons. Alors, on arrivait le lendemain et on disait:
Signez, mettez le prix qu'on veut et prenez les textes vous-mêmes; on
vous laisse composer le tout. On n'a jamais été capables de
trouver une firme. Bien, vous comprendrez que la crédibilité des
municipalités en prenait un coup.
Alors, je vous donne ça, cet exemple-là, pour dire que,
finalement, les alternatives, il n'en existe pas tant que ça. Et comme
vous le disiez vous-même, l'expérience n'est pas d'un
millénaire au niveau de l'environnement. En tous cas, je voulais juste
ajouter ça pour dire que tout n'est pas si facile.
Le Président (M. Camden): II reste près de trois
minutes. M. le député de La Prairie.
M. Lazure: Peut-être... Vous dites aussi, à un
moment donné, que le règlement sur les déchets solides est
désuet, qu'il devrait être révisé, mis à
jour, etc. Pouvez-vous nous donner quelques exemples de questions sur
lesquelles le règlement n'est pas adéquat et puis
mériterait d'être modifié?
M. Simard: Quelques idées me viennent à l'esprit
pour l'instant. Par exemple, la hauteur des déchets, qui est toujours
limitée à quatre mètres, qui favorise l'étalement
des sites. Donc, ça prend de l'espace et on est en train
d'étendre les sites au lieu de les laisser monter, ce qui sauverait
énormément d'espace, premièrement. Deuxièmement, au
niveau de la contamination des eaux souterraines, il y a des critères
hydrogéologiques qui doivent être respectés et si le site
rencontre ces critères-là, on peut enfouir directement dans le
sol.
Mais ces normes-là ne sont pas... C'est démontré.
Il y a des sites qui respectent ces normes-là sur le plan
hydrogéologique mais qui. aujourd'hui, créent de la contamination
importante. Et ça, ça prendrait une révision. On devrait
plutôt contenir ces eaux-là à l'intérieur de quelque
chose d'étanche et traiter les eaux avant de les rejeter. Nous, on est
en train de les laisser aller dans la nappe souterraine... Il y a certains
paramètres qui subissent un traitement mais il y en a d'autres qui n'ont
pas de traitement; c'est simplement une dilution par la nappe. Le
règlement le permet, ça, et ce n'est pas une solution
adéquate.
M. Lazure: Moi, j'aime bien votre recommandation d'inclure dans
le règlement sur les déchets solides, et je cite: "...des mesures
fortement incitatives en matière de tri, de récupération
et de recyclage des produits. Le gouvernement devrait aussi établir un
plan d'action visant à créer des marchés pour les
matières recyclées, promouvoir l'utilisation des matières
recyclées par le secteur manufacturier et en faire valoir les avantages
économiques pour le public." Vous avez des propositions assez
concrètes en tête, que vous pourriez fournir si jamais le
gouvernement décidait d'inclure ça dans son règlement.
M. Bournival: Parlez-vous au niveau de la
récupération?
M. Lazure: Oui.
M. Bournival: Mais certainement. Nous faisons actuellement de la
récupération. Si vous prenez un exemple, actuellement, une des
mesures qui pourrait être prise vient d'être mise en force en
Ontario, où on a banni des sites d'enfouissement sanitaire tout le
carton et le bois, ce qui force automatiquement au recyclage. Mais tant que les
gens peuvent... Vous savez, on s'imagine que le recyclage, il y a une fortune
à faire là-dedans. Il y a un coût social au recyclage;
ça coûte de l'argent, ça, ce n'est pas
nécessairement rentable. Vous savez, ça, c'est une chose. Des
fois, au début, on s'imaginait qu'avec le recyclage on sauverait une
fortune. Maintenant, lorsqu'on met en place des choses comme ça,
automatiquement, on est obligés de faire du recyclage parce qu'il n'y a
pas d'autre alternative. Alors, ce sont des moyens précis, comme le
bois, les pneus; il y a bien des choses qui peuvent être faites au niveau
du recyclage.
M. Lazure: Merci beaucoup.
Le Président (M. Camden): Mme la députée de
Vachon.
Mme Pelchat: Oui, M. le Président. Je pense qu'il faut
faire attention quand on blâme, je dirais cavalièrement, le
ministère de l'Environnement, quand on dit que le ministère "ne
met pas ses culottes". Je comprends mon collègue de Dubuc qui est un
ancien maire-Une voix: Un ex-maire.
Mme Pelchat: Vous étiez maire... de venir à la
défense des municipalités, là, mais...
M. Morin: Ce sont des expériences, des histoires
vécues.
Mme Pelchat: Le problème, c'est que, si le
ministère de l'Environnement, demain matin, fermait tous les sites qui
sont gérés par les municipalités, on aurait des
problèmes parce que les déchets, on ne pourrait pas les mettre
ailleurs. Et il faudrait d'abord que les municipalités, dans chacune des
municipalités régionales de comté, acceptent d'identifier
dans leur cour un site d'enfouissement pour qu'on en dispose. Qu'est-ce que
vous en pensez, M. Bournival, de la réglementation possible qui
viendrait du ministère, qui dirait aux MRC que c'est fini? La
municipalité de Saint-Hubert ou de Longueuil, là, vous n'allez
plus à Saint-Nicéphore, de l'autre bord, vous n'y allez plus;
vous allez dans votre MRC. Vous le trouvez, votre site d'enfouissement,
là, et c'est là que vous disposez de vos déchets.
On parlait tantôt de l'exportation de déchets. On n'a pas
juste à penser aux déchets qui nous viennent des
États-Unis. Je ne suis pas convaincue, moi, que les gens de
Saint-Nicéphore sont bien heureux d'avoir les 140 000 tonnes de
déchets par année de la ville de Longueuil. Alors,
éventuellement, je pense que le gouvernement devra se positionner et
publier un règlement qui ira dans ce sens-là. Bien que vous soyez
contre la multiplication des sites, je pense que ça va être la
responsabilité de chacune des municipalités, de chacune des MRC
de dire: Mes poubelles, dans ma cour!
M. Bournival: C'est un petit peu plus compliqué que
ça parce qu'il y a toute une série d'autres déchets
actuellement. Exemple, si vous avez des déchets contaminés, vous
allez prendre vos déchets contaminés, vous allez les amener
à Mercier pour les faire traiter dans un site de Tricil, d'accord? On ne
peut pas avoir un site de déchets contaminés dans chaque MRC.
Mme Pelchat: On peut avoir des déchets domestiques non
dangereux.
M. Bournival: Oui. Les déchets... On vit au Québec.
Le Québec, c'est une province. En principe, on est chez nous partout.
Vous savez, on ne peut pas avoir une solution pour tous les problèmes
dans chaque MRC à travers le Québec.
Mme Pelchat: Mais vous êtes d'accord avec moi que chaque
municipalité produit des déchets domestiques; pas
nécessairement des déchets dangereux, pas nécessairement
des dépotoirs de pneus. Je vous parle de mon sac vert à moi,
à Saint-Hubert, sur la rue Godin. Tout le monde, on a notre sac vert.
Est-ce que ça ne serait pas logique de dire que ce sac vert là,
ces déchets domestiques doivent être enfouis dans la MRC?
M. Bournival: Je crois que ça serait très
difficile. Si vous prenez un exemple, actuellement, il y a peut-être IHe
de Montréal qui est dans une situation un peu particulière avec
Miron. Mais c'est assez rare, un peu partout en Amérique du Nord, que
vous enfouissiez vos déchets au centre-ville. Alors, c'est un petit peu
aberrant, de la manière que ça vient. Actuellement, ce qui
arrive, ça vient de l'extérieur et ça s'en vient à
l'intérieur. Habituellement, c'est le contraire.
Je verrais mal, moi, qu'on restreigne tous les déchets dans leur
propre milieu parce que, à ce moment-là, on créerait
d'autres problèmes. Il y a certains secteurs qui ne sont pas
adéquats pour ça. Et où est-ce qu'ils vont aller? Je
comprends qu'on refuse les déchets américains, et je suis
entièrement d'accord avec vous. Et ça,
ce n'est pas une question. Mais lorsqu'on arrive au Québec, vous
savez, c'est un petit peu comme... On prend des produits d'une place, on les
amène à l'autre. On prend les produits de l'autre et on les
amène à l'autre place.
S'il y a des terrains ou des endroits qui sont propices et qui peuvent
être bien faits, qui peuvent être bien contrôlés, moi,
mon principe, ça serait tout simplement... Vous parlez du
ministère de l'Environnement, où on a un problème. Qu'on
fasse moins de sites et qu'on mette un inspecteur du ministère de
l'Environnement par site. Comment fait-on pour contrôler la viande? Dans
chaque abattoir, il y a un inspecteur gouvernemental. Mais, si vous avez 297
sites, vous ne pouvez pas avoir 297 inspecteurs.
Si on avait 40 sites au Québec, qui seraient assez gros pour
recevoir une quantité relativement importante, qui
généreraient assez de revenus pour faire des études et
mettre en place des mécanismes et des techniques qui
protégeraient les sols, que ça soit géré par
l'industrie privée ou le public, on n'en est pas là-dessus. Tout
simplement, ce qu'on dit, c'est qu'un site d'enfouissement ne peut pas
opérer avec 30 000 tonnes par année. Ça ne se peut pas,
ça. Ce n'est pas rentable. Vous avez des problèmes
inhérents, de base, qui vous coûtent... Ça vous prend 150
000, 200 000, 250 000 tonnes par année pour opérer un site
d'enfouissement. C'est pour ça que si vous restreignez ça
à une MRC, à ce moment-là, vous n'êtes pas capable
de gérer un site d'une façon efficace.
M. Camirand: Si vous permettez, en termes d'aménagement de
territoire, c'est merveilleux qu'une MRC puisse prévoir dans son
schéma d'aménagement un espace, un endroit où,
éventuellement, il pourrait y avoir, donc, dans chaque MRC, un site
d'enfouissement. Mais, comme M. Bournival le mentionnait, les petites MRC,
moins populeuses, seraient pénalisées parce qu'elles ne
pourraient pas investir les montants nécessaires pour avoir un suivi
environnemental adéquat, contrairement aux MRC plus populeuses qui
génèrent, donc, des volumes de déchets plus importants. Et
également, il se poserait la question de certaines MRC dans des milieux
très particuliers que sont, entre autres, les communautés
urbaines au Québec.
Mme Pelchat: Merci.
Le Président (M. Camden): Alors, ça termine
là nos échanges. Je remercie les gens de WMI du Québec de
leur contribution aux travaux de la commission. Je suspens pour quelques
instants pour permettre aux gens de Serrener Consultation inc...
(Suspension de la séance à 21 h 56)
(Reprise à 21 h 57)
Serrener Consultation inc.
Le Président (M. Camden): Afin de ne pas perdre de temps,
nous allons reprendre nos travaux. Alors, s'il vous plaît! M. Shoiry, si
vous voulez nous présenter votre collaborateur.
M. Shoiry (Jean): Oui, M. Jean-Louis Chamard, qui est
vice-président chez nous.
Le Président (M. Camden): M. Chamard?
M. Shoiry: Oui, c'est ça.
M. Chamard (Jean-Louis): C-h-a-m-a-r-d.
Le Président (M. Camden): Ça va. On vous remercie.
Alors, est-ce qu'on veut bien procéder? On souhaite la bienvenue aux
gens du groupe Serrener Consultation inc, et je vous rappelle que vous avez 30
minutes au total, donc 10 minutes de présentation, et 20 minutes seront
partagées équitablement entre la formation ministérielle
et celle de l'Opposition afin de formuler des questions auxquelles vous
êtes invités à répondre. Je vous invite à
débuter immédiatement pour au moins les 10 prochaines minutes, et
si vous excédez ce temps-là, bien sûr, ce sera du temps qui
sera réduit d'autant aux deux formations politiques pour formuler les
questions.
M. Shoiry: Merci de nous donner l'occasion de vous
présenter ce soir notre réflexion concernant le sujet
d'étude de la commission. On a tenté de résumer
succintement notre pensée en rapport avec le sujet. Notre compagnie est
un groupe d'experts-conseils qui oeuvrent exclusivement dans le domaine de
l'environnement et, plus particulièrement, la gestion des
déchets. On est une trentaine de professionnels actuellement. On
travaille à travers le Québec, les États de la
Nouvelle-Angleterre ainsi que les Maritimes. Au Québec, nous sommes
impliqués sur une trentaine de lieux d'enfouissement sanitaire dans
l'élaboration de la gestion, de la mise en oeuvre de plans directeurs de
gestion des déchets pour des villes, MRC et régions et dans
l'implantation de centres de compostage ou d'autres mesures de réduction
et de réemploi des déchets.
La réflexion de la commission ne nous est pas inconnue puisqu'on
est souvent invités à des rencontres et présentations pour
informer la population et les intervenants d'un projet ou encore de
problèmes environnementaux liés à la gestion des
déchets solides. Notre première constatation
générale est qu'il y a un manque de connaissances dans le
domaine, l'éducation sur l'élimination des déchets ayant
toujours été inexistante. On accentue plutôt les vertus de
la récupération et du recyclage. Bien entendu, cela
est excellent mais une véritable prise de décision dans
une région doit répondre a des spécificités
régionales et à une connaissance globale de la
problématique existante. L'élimination des déchets par
enfouissement doit s'intégrer dans une approche globale de gestion des
déchets et, pour ce faire, il faut que les élus municipaux,
c'est-à-dire nos décideurs, possèdent les outils
nécessaires.
La politique gouvernementale s'oriente vers la réduction à
la source, le réemploi, le recyclage, la valorisation et
l'élimination. On parle de diminuer de 50 % les emballages d'ici l'an
2000. On compte sur les 3R, le V et l'élimination. Les décisions
de plusieurs villes américaines et européennes montrent qu'il ne
s'agit pas seulement d'un discours à saveur environnementale mais bien
d'un choix technologique et politique profond. En fait, ce qu'on constate
actuellement, c'est que notre sac vert, on le prend dans une globalité
et on ne compartimente pas ce sac-là. En fait, il faudrait prendre
conscience qu'il existe des déchets municipaux. Dans une
municipalité, on retrouve des déchets municipaux, commerciaux,
industriels, des matériaux secs, des déchets dangereux
domestiques, des résidus verts, des boues d'usines d'épuration,
des boues de fosses septiques, des déchets biomédicaux, en fait,
une série de déchets qui, en 1991, nécessitent une gestion
par composante et non pas de façon globale, comme ça a
été fait dans le passé et comme le règlement le
dicte.
Pour ce faire, un plan de gestion intégrée des
déchets demeure un outil essentiel pour les décideurs et pour une
communauté. Un tel plan permet de planifier à long terme, les
différentes composantes qui doivent s'intégrer à
l'enfouissement sanitaire pour assurer une réduction, un
réemploi, une valorisation des déchets.
À titre d'exemple, vous avez en annexe une copie des extraits de
réglementation de l'État de la Californie qui a rendu
obligatoire, par le biais d'une réglementation, que chaque
communauté régionale se dote d'un plan directeur de gestion
intégrée des déchets. Ça permet, en fait, sur une
période de 20 ans, de planifier à la fois les coûts, les
différentes composantes qui peuvent s'intégrer pour diminuer
notre quantité. Également, des mesures telle l'interdiction
d'éliminer par enfouissement le carton et les résidus verts, sont
encore des incitatifs qui obligent les municipalités à
préserver les lieux actuels et à diminuer les impacts
associés à leur opération.
Plusieurs États américains reconnaissent l'existence de
déchets dangereux dits domestiques qui prennent la voie de
l'incinérateur ou du site d'enfouissement et qui obligent le
renforcement des contrôles, des inspections et des registres aux lieux de
traitement et d'élimination, obligent la mise en place de
dépôts de récupération, recyclage et entreposage
sécuritaire de produits tels les huiles, les batteries, les pneus et les
solvants. Ces exemples et approches réglementaires s'accompagnent
habituellement d'assistance technique et financière. Dans l'État
du Vermont, une taxe exigée par tonne générée
permet à ce dernier de percevoir un montant permettant ainsi de
créer un fonds environnemental, en plus d'avoir une certaine
connaissance sur les quantités générées par la
communauté.
De façon générale, notre réflexion est que
le Règlement sur les déchets solides ne tiendrait pas le coup
d'une étude d'impact environnemental associée à la gestion
régionale des déchets solides. Le processus décisionnel
actuel pour faire avancer un dossier au Québec est déficient et
ne repose pas sur une connaissance précise des
spécificités régionales ni sur l'implantation de
prérequis établis par le gouvernement. On retrouve plutôt
un ensemble d'étapes à suivre et un règlement
désuet qui limitent l'éclosion d'une véritable
consultation et concertation régionale. La mise en place des solutions
aux problèmes environnementaux liés à la gestion des
déchets passe inévitablement par une phase de
consultation-concertation, une conscientisation de la situation qui
prévaut dans une région et les alternatives qui s'offrent, en
plus des choix que la communauté régionale est disposée
à prendre.
Les interventions dictées par les lois et règlements
actuels tel l'article 54 de la Loi sur la qualité de l'environnement et
les autorisations requises par la CPTAQ limitent grandement la mise en place
d'une approche méthodique et concertée.
Le premier bilan réalisé sur les sites d'enfouissement
sanitaire au Québec démontre que 50 % de ceux-ci sont
déficients, qu'ils ont des lacunes significatives au niveau de
l'aménagement, de l'exploitation journalière et de la
restauration finale. De même, selon le plan directeur du
ministère, on prévoyait l'ouverture d'environ 20 autres lieux
d'enfouissement dits de deuxième génération, afin de
répondre adéquatement à la quantité de
déchets générés dans les différentes
régions du Québec. L'expérience démontre que, dans
les cinq dernières années, les sites qui ont été
fermés n'ont pas été remplacés.
Si l'utilisation d'un site est envisagée par une
communauté, une base de négociation, de conciliation et de
compensation doit être établie avec la communauté
hôtesse. De plus, l'utilisation d'un site ne pourrait être
nécessaire que pour une période donnée, mais à
coût supérieur pour des municipalités hors région.
La communauté hôtesse doit être compensée; ce
principe a été largement reconnu. Le fait de restreindre à
certaines limites géographiques l'obligation d'accepter tous les
déchets peut entraîner des frictions entre voisins, ce qui va
à rencontre d'une politique de gestion intégrée des
déchets, puis-qu'à notre point de vue celle-ci doit s'appuyer sur
une concertation régionale englobant plusieurs MRC.
Le volume entraîné par ces regroupements
peut ainsi justifier l'acquisition d'équipements et la mise en
place d'aménagements additionnels. On bénéficie ainsi
d'une qualité accrue des opérations et donc d'une diminution des
impacts potentiels sur l'environnement.
La difficulté d'implanter de nouveaux lieux d'enfouissement
reflète bien le bilan de notre passé. La transition vécue
au Québec, en 1978, de passer des dépotoirs à des sites
d'enfouissement, a été réalisée avec succès.
Cependant, lorsqu'on regarde la situation actuelle, ne devrait-on pas mieux
optimiser l'opération et la gestion des sites actuellement en
opération? Il faut, pour ce faire, développer l'expertise
technique nécessaire pour résoudre les problèmes auxquels
on est confronté.
La philosophie actuellement associée à l'enfouissement
sanitaire est "beau, bon et pas cher". Le règlement dicte les
règles de l'art. En fait, si le gestionnaire d'un lieu observe le
règlement, le site sera bien exploité et cette saine gestion
permet de générer d'importantes économies à moyen
et long terme. Le fait de renforcer les contrôles des sites par le
ministère est obligatoire.
Chez nos voisins du Sud, l'EPA vient de renforcer les normes pour les
sites d'enfouissement des déchets municipaux. Ils exigent des devis de
performance pour le captage de lixiviat, l'imperméabilisation des sites,
la protection des eaux souterraines et des mesures de contrôle pour
interdire l'élimination de déchets dangereux dans les sites.
Selon nous, il faut envisager la mise en force du cas par cas pour certains
aspects de la réglementation, exercer un contrôle plus
sévère et définir les limites applicables à chaque
site.
Le ministère connaît bien le fardeau associé au
contrôle et au suivi nécessaire pour des sites fermés. On
n'a qu'à penser aux sites identifiés par le GERLED, soit celui de
Sainte-Julie ou de Delson, qui continuent à être une source
importante de pollution.
Le ministère a pu constater que la garantie financière
nécessaire pour l'ouverture d'un site, est bien peu par rapport au
coût de la restauration d'un site. Le ministère a-t-il
réellement résolu les nuisances occasionnées par
Sainte-Julie? L'idée d'un fonds, associé au contrôle et au
suivi des sites, est indispensable. Un fonds de restauration ne reflète
pas l'esprit de la réglementation actuelle.
En résumé, il faut avant tout mettre en place un ensemble
d'outils - éducation, réglementation, assistance technique et
financière - qui permettra d'amorcer, à l'aide d'une connaissance
adéquate, un véritable processus d'évaluation des impacts
environnementaux. L'assujettissement des sites à la procédure
d'évaluation des impacts environnementaux demeure à
évaluer. Dans la mesure où le ministère effectue un suivi
- contrôle approprié - et où la population locale est
informée, impliquée dans la prise de décisions, des frais
et des énergies énormes seront épargnés. Merci.
Le Président (M. Camden): On vous remercie, M. Shoiry.
Maintenant, je crois que c'est Mme la députée de Vachon.
Mme Pelchat: On dispose de combien de temps, M. le
Président? Pour qu'on se comprenne bien.
Le Président (M. Camden): Vous disposez de cinq minutes de
part et d'autre. Chacun cinq minutes.
Mme Pelchat: Cinq minutes.
Le Président (M. Camden): Chronométrées.
Mme Pelchat: Un chausson aux pommes avec ça?
Le Président (M. Camden): Presquement.
Mme Pelchat: Je voudrais vous souhaiter la bienvenue. On a cinq
minutes. On n'a pas beaucoup de temps. Je peux vous dire que j'ai beaucoup
aimé les exemples de législation américaine dont vous
faites part dans votre mémoire et qui seraient certainement à
considérer, autant dans nos recommandations que par le ministère
lui-même, dans l'élaboration de ses règlements. Tout de
suite, et j'aimerais ça que vous me répondiez d'un oui ou non...
Peut-être que M. Chamard pourrait participer, étant donné
que vous avez une très bonne expérience au ministère de
l'Environnement, comme exfonctionnaire du ministère et surtout comme...
J'aurais envie de vous parler de Collecte sélective aussi, M. Chamard -
vous connaissez bien ça - du Fonds québécois de
récupération et tout ça. J'aurais envie de vous parler de
ça mais on a juste cinq minutes. Est-ce que vous êtes
d'accord...
Une voix: On va faire ça après.
Mme Pelchat: Bon, un instant, il y a imbroglio.
Le Président (M. Camden): Vous avez dix minutes, Mme la
députée de Vachon.
Mme Pelchat: Je vais commencer à respirer, là.
Le Président (M. Camden): On vous a donné cinq
minutes en prime pour cette fin de soirée. Bonne tenue au cours de la
journée. Il reste...
Mme Pelchat: Non, non, on s'était trompé. C'est le
président... Suivez donc la madame derrière vous. Les femmes ont
toujours raison.
Le Président (M. Camden): Malheureusement, on n'a pas de
miroir ici pour surveiller l'arrière.
Mme Pelchat: O.K. Alors, sur la question que j'ai posée au
groupe précédent, vous autres non plus vous n'avez pas l'air
à être d'accord sur le fait qu'on dise aux municipalités
régionales de comté ou aux régies intermunicipales: "Y
as-tu" moyen... Et je ne parle pas nécessairement... il faut faire
attention de pousser à l'extrême limite les petites MRC et tout
ça. Mais je regarde une MRC comme la MRC de Champlain. C'est quand
même 395 000 de population, pas loin de 400 000. Il n'y a pas moyen qu'on
dise à ces gens-là, et qu'on impose par loi, comme la
législation américaine qui semble très
sévère dans certains cas: Dans votre cour, vos poubelles?
Ça ne serait pas de responsabiliser un peu plus les
municipalités?
M. Shoiry: Bien, l'idée d'obliger un plan directeur va un
peu dans cette optique-là d'au moins amorcer une réflexion
à savoir si on sait où on s'en va. L'élu, le politicien,
est là pour 4 ans, peut-être 8, peut-être 12, mais en fait,
mentalement, lorsqu'on parle à ces gens-là, ils sont là
pour une courte période de temps et lorsqu'on leur dit: la gestion des
déchets c'est pour 15 ans, 20 ans, un site d'enfouissement, on n'ouvre
pas ça pour 4 ans... Et lorsqu'on connaît l'opposition qui existe,
des fois on se dit: Bien, Saint-Nicéphore, ce n'est pas si loin que
ça et ça serait une possibilité. Ça fait que
ça c'est une réalité à laquelle on est
confrontés. Donc, une réflexion sur une période de 20 ans,
l'élaboration d'un plan directeur, je pense que c'est un
prérequis appuyé d'une bonne réglementation.
Deuxième chose le découpage d'une MRC, c'est fait de
façon assez aléatoire.
Mme Pelchat: Oui.
M. Shoiry: Pour la gestion des déchets, on a un centre de
masse, la zone urbaine, et c'est de là que part le gisement qu'on
appelle, autant de matières secondaires que de déchets proprement
dit et, dans bien des cas, si je prends Saint-Hyacinthe, il est localisé
à l'extrême limite de la MRC. Donc, possiblement qu'il y aurait
intérêt d'aller sur un site de la MRC voisine. Alors, le
découpage fait par la MRC, ce n'est pas réellement... C'est pour
ça que...
Mme Pelchat: C'est ça. Je ne parlais pas
nécessairement d'une MRC, je parlais d'une...
M. Shoiry: ...de regroupement. Mme Pelchat:
...régionalisation de...
M. Shoiry: Exact. C'est ce qu'on mentionne dans notre
mémoire, effectivement, il y aurait intérêt de parler en
termes de région et non pas de MRC, comme c'est fait actuellement avec
l'amendement du règlement, et de se concerter en termes de
région. On vient de travailler pour la région de
Lanaudière où on a regroupé six MRC avec l'assistance de
l'OPDQ dans ce dossier-là et ça permet d'avoir une vision
beaucoup plus globale, beaucoup plus régionale d'une
problématique en termes de gestion de déchets.
Mme Pelchat: Je vous arrête là, vous. Vous parlez de
la région de Lanaudière...
M. Shoiry: Oui.
Mme Pelchat: Vous parlez de l'assistance de l'OPDQ, vous parlez
des 250 000 $ de l'OPDQ pour le compostage à Chertsey.
M. Chamard: Non, non. On parle de...
Mme Pelchat: Vous pouvez m'en parler de ça aussi
là.
M. Shoiry: Oui, on peut en parler.
M. Chamard: On parle de 60 000 $ qui viennent, moite de l'OPDQ,
moitié de l'Environnement.
M. Shoiry: Le but de ce mandat-là était
d'établir un plan directeur pour la région.
Mme Pelchat: Ah oui. Je me souviens... M. Shoiry: Donc,
faire l'étude...
Mme Pelchat: ...c'était au Sommet socio-économique
de Lanaudière.
M. Shoiry: C'est ça.
Mme Pelchat: C'est moi qui représentais le ministre, c'est
moi qui ai donné cet argent-là, je me souviens.
M. Shoiry: On a fait l'étude, d'ailleurs, de l'usine de
Chertsey.
Mme Pelchat: Oui.
M. Shoiry: On a regardé les sites d'enfouissement
existants qui sont trois sites privés dans les... Dans les six MRC, on
retrouve trois sites d'élimination privés, la collecte
sélective, alors comment concerter cette grande région-là
en termes de gestion intégrée des déchets?
Mme Pelchat: Donc, le premier conseil qu'on devrait donner au
ministre de l'Environnement dans notre rapport, c'est de revoir son
règlement sur l'élimination des déchets domestiques.
M. Shoiry: ...de façon intégrale. Mme Pelchat:
...de façon intégrale... M. Shoiry: Oui,
complètement.
Mme Pelchat: ...d'être encore plus sévère et
peut-être de penser à éliminer certains déchets qui
auraient une permission d'enfouissement. Vous avez parlé de carton, de
verre, de...
M. Shoiry: ...de mettre des mesures coerci-tives
concrètes, exact, oui C'est ça.
Mme Pelchat: Ça, c'est intéressant de la part de M.
Chamard, ça
M. Chamard: En fait, il date de 1978, il a été
conçu en 1976-1977, donc ça fait déjà 15 ans et
depuis ce temps-là - 15 ans - il y a beaucoup de chemin qu'on a fait, de
sorte qu'il faudrait peut-être qu'on le voie sous l'angle un peu plus
large que ce qu'il est là.
Mme Pelchat: Est-ce que vous seriez d'accord, vous, à ce
que tous les sites d'enfouissement au Québec, tout ce qui fait partie de
la gestion intégrée de nos déchets, soient soumis à
une procédure d'évaluation d'impact avec audiences publiques,
avec participation du BAPE, avec... Comme WMI est venue nous le dire.
M. Shoiry: Oui, effectivement, c'est nécessaire. Mais
est-ce que, actuellement, le timing, entre guillemets, est bon? Est-ce qu'on a
le prérequis nécessaire? C'est pour ça qu'on a mis: "Le
règlement ne tiendrait pas le coup d'une étude d'impact" parce
qu'on n'a pas les prérequis nécessaires. Si on regarde la
démarche actuelle, il faut aller à la CPTAQ pour avoir le droit
de... Parce que, habituellement, les sites vont être en zone verte.
L'autre aspect, est-ce qu'on a une médiation dans la région qui
existe? Le BAPE n'a pas le rôle d'être médiateur, de
concilier des intérêts, de réussir à faire en sorte
que les gens vont discuter ensemble et la gestion intégrée des
déchets repose sur une concertation dans une région pour que
l'ensemble des intervenants puisse discuter ensemble. Le BAPE reçoit des
opinions et il transmet des recommandations, mais est-ce que ça va
faciliter le discours entre les différents intervenants, entre les
opposants? Il va toujours y avoir des opposants dans une région. Et, en
1987, lorsqu'il y avait eu l'élaboration de la politique, dans notre
mémoire à ce moment-là, on avait recommandé qu'il y
ait des groupes de médiation qui se placent en région. Je crois
que ça aurait été fort utile dans votre région
à ce moment-là, il y a quelques années, qu'il y ait un
médiateur, une espèce d'ombuds-man, quelqu'un de neutre,
totalement neutre, qui arrive dans une région en temps qu'expert et qui
soit capable d'écouter les différents intervenants.
Mme Pelchat: Le Barreau...
M. Shoiry: En somme, on est favorable à ça, mais on
dit que c'est trop tôt actuellement. Il y a tellement de mesures
coercitives à mettre en place, une réglementation plus
rigoureuse.
Mme Pelchat: À ce moment-là, est-ce qu'on ne
devrait pas tenir une évaluation globale sur la politique comme
telle?
M. Shoiry: Exact.
Mme Pelchat: Ce serait déjà un pas comme vous
diles..
M. Shoiry: Ça serait un bon pas effectivement, oui.
M. Chamard: Lorsqu'on sait qu'il y a 50 % des sites qui ne sont
pas conformes à ce qu'on a là et qu'on essaie de mettre ça
plus juste, plus sévère etc., on va avoir 70 % ou 75 %. Donc, il
faut qu'on règle ce qu'on a là. Il y a 30 à 35 sites qui
doivent être réglés.
M. Shoiry: C'est un prérequis parce que ça va faire
en sorte, également, que le véritable coût associé
à la gestion des déchets va être connu. Actuellement,
enfouir à 10 $, 15 $ la tonne, "no way". Ce n'est pas réaliste.
On n'a pas les fonds de fermeture, on ne met pas de côté les
sommes nécessaires pour assurer que pendant 20 ans, suite à la
fermeture du terrain, ce terrain-là va continuer à bouger, va
continuer à vivre là.
Mme Pelchat: Dans votre mémoire vous semblez vraiment
prioriser l'enfouissement plutôt qu'une autre méthode
d'élimination, suite à la réduction des 3R plutôt
que l'incinération, par exemple.
M. Shoiry: La réflexion qui a été faite par
la commission était par rapport aux sites. Donc, on a voulu parler plus
spécifiquement de sites. Mais dans les faits, ça demeure une
composante essentielle. On n'a pas le choix, ça prend un site
d'enfouissement. Dans bien des cas, ça constitue la fondation de la mise
en place d'autres solutions. Donc, on a beau faire de la
récupération, du recyclage, du compostage, il n'en demeure pas
moins que, si on n'a pas de site, on reste encore avec le même
problème dans la région. Au contraire, on fait la promotion de
récupérer le gisement dans le commercial qui est peu couvert par
les municipalités.
Mme Pelchat: En résumé, une révision
complète de notre règlement. Ce n'est pas une mince tâche,
mais on va suggérer au ministre de commencer le plus tôt possible.
(22 h 15)
M. Shoiry: II y a beaucoup de modèles qui existent.
Mme Pelchat: Continuer à promouvoir la réduction
à la source des 3R et continuer à encourager Collecte
sélective Québec. Merci.
Le Président (M. Camden): M. le député de La
Prairie.
M. Lazure: Merci, M. le Président. Au nom de l'Opposition,
je veux souhaiter la bienvenue aux deux représentants de Serrener et les
remercier pour leur présentation.
Je vais enchaîner sur une des remarques que vous venez de faire,
soit qu'environ 50 % des sites actuels ne sont pas conformes aux
règlements, même si les règlements ne sont pas très,
très exigeants. D'après vous, est-ce parce que ça
coûterait trop cher de les rendre conformes ou bien est-ce parce que
c'est mal surveillé, autant par le ministère que par les
municipalités et, par conséquent, les élus municipaux, les
MRC, ne sont même pas poussés dans le dos pour faire le
nécessaire? Est-ce une question de coûts, surtout? C'est
probablement un mélange de tout ça, mais c'est quoi qui
prédomine? La question des coûts, la question du manque de
connaissance des normes, la question du manque de surveillance?
M. Chamard: Je pense que c'est un peu tout ça. Les gens ne
sont pas prêts à suivre ça parce qu'ils ne savent pas
comment ça se passe, ça se gère. Donc, comment voulez-vous
que M. X, Y, Z, dans sa ville, puisse aller suivre, savoir, connaître si
c'est bien fait ou pas? Il y a ça. L'autre point, c'est que lorsque
ça fait 10 ou 15 ans, je charrie peut-être un peu, mais lorsqu'on
voit un seul membre de l'Environnement venir une fois par année, et,
lorsqu'il vient, il vient faire une heure ou deux...
M. Lazure: Quand le député appelle.
M. Chamard:... c'est toujours plus facile après ça
de dire: Bon, le gars, il vient de venir, on peut maintenant faire ça
comme on veut ou presque. Il faudrait qu'un suivi soit plus vite fait et mieux
aussi. Peut-être que Jean...
M. Shoiry: En gros, c'est les constatations. Il y a eu une
tolérance, si on veut. Il ne faut pas oublier qu'on est passé
quand même de 1500 dépotoirs à 70 sites. Ça,
ç'a été fait en 1978. Il y a quand même eu une
grande transition qui a été faite.
M. Lazure: Je me rappelle de ça. Ça a
bardé.
M. Shoiry: Après ce coup de barre, on a soufflé un
peu. Là, on a dit: On a fait le coup de barre, c'est parti; et là
on a laissé aller les choses un peu à ce moment-là. Il y a
eu une tolérance, des habitudes qui ont été prises. Mais,
si on prend le règlement actuel et qu'on l'applique, on aura
déjà une très grande amélioration au niveau de la
qualité des opérations.
M. Lazure: D'accord. Puis, d'après vous, est-ce que
ça coûterait très cher?
M. Shoiry: Bien, si je prends juste l'exemple du traitement des
eaux de lixiviation pour une petite communauté, un site qui
reçoit 10 000 tonnes par année, une MRC de 20 000 habitants, une
usine de traitement des eaux, c'est quelques centaines de milliers de dollars
minimum. Quant à l'impact sur un coût à la tonne, on va
parler de 4 $ à 5 $ la tonne, immédiatement, juste pour
ça. Assurer des frais pour la fermeture du site, 20 ans - on ferme le
site lorsqu'il est complété; pendant 20 ans, il faut l'entretenir
- c'est encore quelques dollars la tonne qu'il faut monter comme
réserve. Donc, les coûts devraient facilement, actuellement, sur
plusieurs sites, être doublés pour réellement pouvoir
assurer les sommes nécessaires pour bien gérer les sites.
M. Lazure: Mon collègue de Dubuc, M. le Président.
Je reviendrai avec une petite question à la fin.
M. Morin: Moi, je ne comprends pas l'hésitation que vous
semblez avoir concernant l'assujettissement de nouveaux sites. Je ne parle pas,
évidemment, de ce qui existe et qui n'est pas conforme. Il s'agirait
peut-être de durcir et peut-être d'appliquer un peu plus
sévèrement la réglementation existante, mais, en ce qui
concerne les nouveaux projets d'implantation de sites d'enfouissement
sanitaire, je comprends mal votre hésitation à ce que ce soit
assujetti à la procédure d'évaluation des impacts parce
que, on l'a dit tout à l'heure - je pense que je vous l'ai dit -
là où il y a de la population, il y a très peu de places
pour établir des sites et, là où il n'y a pas beaucoup de
monde, où il y a de l'espace, c'est gens-là ne veulent pas.
Donc, la seule possibilité qui reste, parce qu'on l'a dit, il
n'est pas certain qu'on puisse permettre à une MRC d'enfouir ses propres
déchets comme ça; il faut probablement penser que ça
déborde les MRC, aller là où il y a de l'espace, mais pas
nécessairement de densité de population. La seule
possibilité pour sécuriser - parce que ce qui fait que les gens
n'en veulent pas, c'est parce qu'ils ont des doutes, ils ne veulent pas se
faire polluer et ils ne veulent pas manger ou boire les déchets des
autres. Si on leur donne l'assurance, à partir, évidemment, d'une
audience publique sous la responsabilité du BAPE, je pense qu'on
règle une partie du problème en autant, évidemment, que
l'enfouissement est concerné, je pense.
M. Shoiry: Oui. Je pense que, pour...
M. Morin: Alors, l'hésitation, je la comprends mal. Je
voudrais là-dessus...
M. Shoiry: Je pense que vous avez fait la nuance lorsque vous
avez commencé ce que vous avez dit pour des nouveaux sites.
M. Morin: D'accord. Oui.
M. Shoiry: Je pense que là on a déjà une
nuance intéressante. Effectivement, pour des nouveaux sites, c'est
intéressant. Mais il ne faut pas oublier qu'on a déjà 70
sites dans la province, puis qu'on ne connaît même pas le bilan
réel de ces sites-là, quelle durée de vie ils ont, s'il y
a possibilité de les agrandir. Est ce que...
M. Morin: Vous ne les connaissez pas?
M. Shoiry: Très très peu. Je peux vous dire que si
on disait: Demain matin, on passe de 4 mètres à 10 mètres,
la surélévation, si on pouvait augmenter, quelle capacité
irait-on chercher dans la province? On ne le sait pas tellement. Le FJORD
l'avait faite, cette étude-là.
En fait, pour pouvoir répondre à votre question, je pense
que ça devrait être également la procédure pour le
choix d'un site, c'est-à-dire que la recherche de zones favorables
devrait être assujettie au BAPE également pour ensuite, au niveau
du site retenu, faire encore une audience publique. Donc, effectivement, pour
ce qui est d'une région qui a son plan directeur et qui veut implanter
un site, le BAPE serait un outil tout indiqué pour ça, et pour la
recherche de zones favorables également.
M. Lazure: Une dernière question peut-être. Vous
parlez, à la page 4, de l'État du Vermont qui exige une taxe par
tonne générée de déchets.
M. Shoiry: Oui
M. Lazure: Parlez-vous de déchets commerciaux, industriels
ou domestiques?
M. Shoiry: Tout inclus. Les déchets domestiques, vous
faites référence aux déchets provenant du secteur
résidentiel?
M. Lazure: Oui.
M. Shoiry: Mais, si on prend les déchets municipaux,
générés par une municipalité, cela inclut le
commercial, l'industriel et le résidentiel, et, à ce
moment-là, c'est une taxe à la tonne, enfouis,
incinérés ou éliminés.
M. Lazure: Chargée à la municipalité? M.
Shoiry: Chargée à la municipalité..
M. Lazure: Je ne comprends pas.
M. Shoiry: ...ou au privé.
M. Lazure: Comment ça fonctionne?
M. Shoiry: Alors, ce qu'on fait, c'est qu'on a un bassin. On
dessert un bassin.
M. Lazure: Oui.
M. Shoiry: Lorsqu'on a le site d'élimination, ça
coûte tant la tonne pour enfouir les déchets. Sur ce tant la
tonne, il y a un montant qui est mis de côté et qui est
retourné à l'État du Vermont. Alors, c'est une taxe
d'élimination, si on veut...
M. Lazure: Ah bon!
M. Shoiry: ...qui est chargée à l'utilisateur pour
la disposition des déchets. Il y a également l'État de
Connecticut, dont vous avez la référence en annexe, qui pratique
également ça.
M. Lazure: M. le Président...
M. Shoiry: Cette taxe-là sert à implanter des
mesures de réduction, de réemploi, de recyclage. Donc, c'est un
incitatif direct pour les communautés.
M. Lazure: D'accord, merci, M. le Président.
Le Président (M. Camden): M. Shoiry, je vous remercie,
ainsi que M. Chamard, de votre contribution à cette commission. Sur ce,
j'ajourne les travaux au 2 octobre, 9 h 30.
(Fin de la séance à 22 h 26)