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(Seize heures ving-huit minutes)
Le Président (M. Garon): Alors, je déclare la
séance de la commission de l'aménagement et des
équipements ouverte. Rappelons le mandat de la commission, qui est de
poursuivre les audiences publiques dans le cadre de la consultation
générale sur l'étude du projet de loi 412, Loi sur
l'Office de protection de l'environnement du Québec et modifiant
diverses dispositions législatives.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a lieu d'annoncer des
remplacements?
Le Secrétaire: II n'y a pas de remplacement, M. le
Président.
Le Président (M. Garon): Alors, l'horaire de la
journée, c'est d'entendre d'abord, à 15 h 30, le Mouvement des
caisses Desjardins, ensuite le Conseil du patronat du Québec,
l'Association des eaux souterraines du Québec et l'Association des
manufacturiers du Québec.
Alors, j'appelle le Mouvement des caisses Desjardins pour venir nous
rencontrer à la table des délibérations. M. D'Amours, si
vous voulez nous présenter les gens qui vous accompagnent, en vous
rappelant que vous avez une heure, c'est-à-dire normalement 20 minutes
pour votre exposé, 20 minutes pour le parti ministériel, 20
minutes pour l'Opposition. Si vous en prenez moins, ils vont pouvoir, s'ils le
veulent, prendre le temps que vous n'aurez pas utilisé. Si vous en
prenez plus, bien, là, je soustrairai d'office,
moitié-moitié, le temps que vous aurez pris en plus du temps des
deux partis pour vous interroger. M. D'Amours.
Mouvement des caisses Desjardins
M. D'Amours (Alban): Merci, M. le Président. D'abord,
laissez-moi remercier la commission d'avoir invité le Mouvement des
caisses Desjardins à venir donner son point de vue à l'occasion
de l'étude de ce projet de loi.
Je vous présente, à ma gauche, Mme Johanne Blanchard, qui
est conseillère en crédit à la
Confédération, et, à ma droite, Mme Odette Dionne, qui est
avocate à la Confédération.
Vous aurez compris, M. le Président, à la lecture de notre
mémoire, qui est bref, que nous nous sommes attardés davantage
à étudier ce projet de loi dans la perspective des besoins que
nous ressentons, nous, comme institution financière, devant
l'application des lois et règlements plutôt qu'à faire un
exercice technique et tenter de relever les difficultés d'application de
ce projet de loi en lui-même.
Je dois souligner, d'abord, que le Mouvement des caisses Desjardins a
opté pour la protection de l'environnement et je tire de cette
«Option environnementale» une phrase qui nous situe bien par
rapport à cet objectif: «En raison de leur présence active
dans le milieu, les caisses peuvent jouer un rôle de première
ligne dans l'engagement du Mouvement des caisses Desjardins en faveur de la
protection de l'environnement. Proches de la population, de ses
préoccupations et de ses besoins, elles sont les leviers indispensables
de l'action.»
Deux grands objectifs guident la démarche des caisses dans le
cadre de l'«Option environnementale»: sensibiliser la population
à l'égard de la protection de l'environnement et faire la
démonstration que la protection de l'environnement est rentable.
L'engagement de Desjardins en matière d'environnement propose de
bâtir un partenariat afin de promouvoir la cause environnementale. Le
partenariat envisagé met toutefois en évidence les
responsabilités de chacun: la population d'un côte, les
entreprises et le gouvernement, d'autre part. Le Mouvement Desjardins juge donc
essentiel qu'au sein du gouvernement du Québec un ministère soit
redevable, envers les élus, de la mission environnementale. Il peut
s'avérer hasardeux ou seulement prématuré de multiplier
à ce moment-ci les acteurs avant qu'une véritable mobilisation
axée vers un développement durable ne se concrétise au
Québec.
La protection de l'environnement représente une mission complexe
en soi, entre autres de par la portée des variables environnementales et
leurs interrelations avec les variables économiques et sociales. Et
cette complexité commande nettement une intégration de
l'élaboration des orientations, des politiques et des textes
législatifs visant à protéger l'environnement et de leur
applicabilité.
Afin que soient rédigées de meilleures lois, politiques et
orientations destinées à protéger l'environnement, ceux
qui rédigent ces lois et ceux qui les appliquent doivent mettre à
contribution leurs compétences respectives. Malheureusement, parfois,
les prises de décision sont trop souvent déconnectées du
champ d'application. De ce fait, il y a des risques de désarticulation
entre la conception et l'application des lois, ce qui entraîne des
coûts additionnels pour les promoteurs et des risques de poursuites
judiciaires inutiles et parfois dilatoires.
Il faut donc qu'il soit démontré, à nos yeux,
qu'une réforme du ministère de l'Environnement améliorera
les interventions du ministère et qu'elle favorisera sensiblement la
qualité des
services aux citoyens.
Le Mouvement des caisses Desjardins recommande donc que le fondement
même de la réforme du ministère de l'Environnement porte
sur l'atteinte d'une utilisation optimale des connaissances, une
amélioration de l'application des lois et des politiques
administratives.
Le maintien des pouvoirs actuels du ministère de l'Environnement
au sein d'un même organisme devrait mieux favoriser, au sein de
l'appareil gouvernemental, l'adhésion à des objectifs communs en
matière d'environnement ainsi que le partage d'une même
volonté d'action concertée, animée par l'unité de
pensée la plus cohérente qui soit.
L'évaluation des incidences environnementales doit être un
élément essentiel de la prise de décision de l'ensemble
des ministères. Loger cette responsabilité dans un endroit
unique, comme un office, risquerait à nos yeux d'atténuer la
responsabilité de l'appareil gouvernemental à l'égard de
la protection de l'environnement.
Dans un objectif d'efficacité environnementale et de
cohérence dans les décisions, le ministère de
l'Environnement et les ministères à vocation économique
doivent s'enquérir des conséquences pratiques découlant de
l'application des lois. Ces informations et cette connaissance de la
réalité ne peuvent que contribuer, par un lien de cohésion
entre elles, au développement durable du Québec. Et ce
développement durable pourra être valorisé par une mise en
valeur d'expériences concrètes.
Il incombe à tous de concilier les préoccupations
écologiques et économiques par une mise en commun d'efforts et de
ressources ainsi que par la création de liens entre le ministère
de l'Environnement et les institutions et ministères promoteurs ou
à vocation économique. Cette harmonisation environnementale et
économique est source de création d'emplois au Québec,
laquelle peut être renforcée par le gouvernement, accentuant le
partenariat entre les divers secteurs d'activité.
Par ailleurs, il est nécessaire que les entreprises
québécoises demeurent concurrentielles, étant donné
le rôle vital qu'elles occupent dans l'économie. Et, à
cette fin, il faut repenser notre consommation, notre production ainsi que le
rôle de nos institutions. L'intérêt grandissant de la
population à l'égard d'un environnement sain fera en sorte
qu'elle n'encouragera pas les entreprises non respectueuses de l'environnement.
Par surcroît, la situation économique des dernières
années a amplifié les exigences de toutes sortes dans le monde
des affaires.
Chez Desjardins, nous sommes conscients qu'en pratique
l'intégration des impératifs environnementaux et des
intérêts économiques rencontre des difficultés. Il y
a des coûts rattachés à de nouvelles pratiques ou à
l'emploi de nouvelles technologies. En tant que prêteur, l'analyse du
projet d'investissement d'un emprunteur nous amène à prendre en
considération son positionnement face à la concurrence. La
technologie de ce promoteur répond-elle aux normes?
Dépasse-t-elle celle de ses concurrents? Voilà une
problématique quotidienne.
Le Mouvement des caisses Desjardins trouve important que de nouveaux
modèles d'analyse financière mettent en valeur les coûts
additionnels qu'engage une entreprise afin de répondre aux normes
environnementales. Ces coûts doivent être perçus comme un
investissement puisque la prévention en matière d'environnement
est moins dispendieuse que la réparation. Amener l'entreprise à
protéger l'environnement, c'est l'amener à mieux se gérer.
Desjardins encourage ses membres à assumer leurs responsabilités
et à investir dans la prévention, compte tenu des
bénéfices à long terme de tels investissements.
Le Mouvement Desjardins, dans cet esprit, recommande que le
gouvernement, en collaboration avec les milieux financiers, les milieux
professionnels - les comptables, les économistes, les ingénieurs
et les autres - ainsi que les milieux d'affaires, fasse évoluer la
notion classique de rentabilité au bénéfice des actions
faites pour protéger l'environnement. Les mesures de rentabilité
que nous appliquons aujourd'hui ne révèlent pas tous les
coûts réels de production; un exemple: les déversements
dans nos rivières ou dans le fleuve, évidemment, ne sont pas
compris dans les coûts d'opération de nos entreprises, et ces
dépenses de fonctionnement, lorsqu'elles ne sont pas prises en compte,
évitent évidemment de mesurer les coûts additionnels que
l'on fait supporter par la société et qui peuvent
éventuellement mettre fin ou interrompre les processus de renouvellement
même des ressources naturelles.
C'est dans cette optique-là que le Mouvement des caisses
Desjardins ne perçoit pas les redevances payables par les pollueurs
comme une fin en soi pour arriver à mieux protéger notre
environnement. Ces redevances constituent une incitation à entreprendre
des actions en vue de moins polluer, mais, ce qui est encore plus important, le
Mouvement Desjardins recommande que l'accent soit mis sur la prévention
au lieu de la réparation. Dans le cadre de l'application des lois et des
règlements actuels, l'imposition de redevances aux entreprises en
défaut demeure un principe acceptable et équitable, mais qui
gagnerait à être orienté vers des principes de
développement durable.
Le Mouvement des caisses Desjardins verrait comme très prometteur
pour la cause de l'environnement que le gouvernement crée des incitatifs
fiscaux encourageant la prévention et la restauration lorsque le
principe pollueur-payeur ne peut s'appliquer. Les redevances payables par les
pollueurs prendraient, dans ce contexte-là, le sens d'un impôt que
toute entreprise souhaiterait éliminer de ses livres puisque tout
impôt cause des préjudices à l'aspect concurrentiel.
Le Mouvement des caisses recommande que, dans le processus de
réforme, soient élaborés et évalués des
moyens d'appliquer ces redevances. Ces moyens doivent prendre en compte la
double préoccupation économie et environnement afin d'assurer la
protection de l'environnement et de maintenir, voire même d'augmenter la
compétitivité de nos entreprises en incitant les promoteurs
à saisir les occasions d'affaires qu'amène la protection de
l'environnement. Cette analyse permettra aux entreprises de divers secteurs
d'activité de tenir compte de l'impact de ces redevances et
d'apprécier les bénéfices attribua-bles au
développement durable.
La Loi sur la qualité de l'environnement, forte du principe du
pollueur-payeur, devra préciser l'application de ce principe. Il faut
soupeser à qui incombent les responsabilités environnementales.
De telles précisions s'avèrent essentielles, notamment à
l'égard des contaminations survenues jusque-là sous
l'égide et dans le respect des lois de l'époque, qui
étaient plus permissives. Aussi, des précisions sont
nécessaires afin que soit distinguée la notion de pollueur-payeur
de celle de propriétaire-payeur, par exemple, lorsqu'un prêteur
reprend un bien et qu'il n'est pas responsable de la contamination
antérieure.
Le Mouvement des caisses Desjardins recommande que le principe du
pollueur-payeur soit distingué du principe du propriétaire-payeur
et que des solutions soient cherchées à l'égard des
contaminations passées considérées comme des vices
cachés. Une application plus rigoureuse des lois et des
règlements deviendrait alors plus justifiable et équitable, ce
qui renforcerait le fondement du principe à la base des redevances
à payer par des contrevenants.
Parce qu'il existe toujours un risque de défaillance technique ou
d'erreur humaine, chaque entreprise participant à des opérations
délicates, telles que la manipulation, l'entreposage et le transport de
matières toxiques, est susceptible de porter atteinte à
l'environnement. Le Mouvement des caisses Desjardins recommande que les
entreprises puissent bénéficier d'un marché de l'assurance
environnementale plus accessible. Les garanties d'assurances ont, de
façon générale, une portée limitée eu
égard aux montants des situations et des risques couverts et le montant
des primes est élevé, nous devons le souligner.
Il serait impératif que le ministère de l'Environnement
voie à ce que les assureurs étudient des solutions qui
éviteraient de mettre en péril la santé financière
des entreprises exerçant une activité susceptible de porter
atteinte à l'environnement ou encore que les frais de
décontamination soient assumés par. la société
à l'aide d'instruments fiscaux semblables à ceux
déjà utilisés dans le domaine de l'exploration
minière.
En tant que prêteur et partenaire financier de l'entreprise, il
nous apparaît opportun de nous assurer que l'entreprise est
exploitée en conformité des lois et des règlements
environnementaux et que les biens mis en garantie protègent
adéquatement les avances faites à une entreprise.
Les entreprises auront de plus en plus recours à des
vérifications de conformité environnementale afin de s'assurer
qu'elles respectent les normes environnementales. La prestation de ces
services, dans l'intérêt du public, devra être
normalisée afin d'assurer une uniformité dans les méthodes
et les rapports utiles à différents utilisateurs, ainsi que
l'assurance d'une information intègre et objective.
Le Mouvement des caisses Desjardins recommande donc que le gouvernement
favorise une véritable concertation des professions
intéressées, et ceci dans l'exercice de leurs activités
professionnelles liées de près ou de loin à la protection
de l'environnement. Une corporation professionnelle, par exemple, dont les
membres participeraient à la vérification environnementale,
devrait être dotée d'un mécanisme
d'autorégle-mentation pour assurer à ses membres un encadrement
adéquat qui viendrait sanctionner leurs activités dans le sens
d'un développement durable. En effet, dans un nouveau marché, il
y a toujours un risque que la concurrence s'intensifie et que l'aspect
commercial prenne une importance démesurée. L'indépendance
des professionnels de ce domaine est donc plus que souhaitable.
La structure actuelle du ministère de l'Environnement permet de
faire appel à un organisme, le Bureau d'audiences publiques sur
l'environnement, le BAPE, autorisé à intervenir à des fins
d'information, de consultation et d'audiences publiques lorsqu'une expertise
distincte est requise. La constitution d'un organisme distinct en vertu du
projet de loi 412 fait en sorte de confier à l'organisme en question,
l'Office de protection de l'environnement du Québec, l'application de
certaines lois, de programmes de restauration et de prévention. Une
compétence distincte dans une activité à caractère
opérationnel, à nos yeux, est moins pertinente si les mandats et
attributions sont bien définis.
Structurellement, le réseau des bureaux régionaux
constitue un atout pour la gestion de l'environnement sur le territoire
québécois. Cette décentralisation permet un contact direct
avec les réalités locales, lesquelles devraient, par
l'intermédiaire d'un organisme central, être transmises et
décrites dans l'ensemble de la province. Renforcer les unités de
base que sont les bureaux régionaux devient donc nécessaire de
façon à assurer une unité de pensée et d'action de
l'ensemble. L'uniformisation de l'application des lois, des fonctions de
surveillance et de contrôle devient un critère essentiel dans la
gestion de ces bureaux régionaux.
Les bureaux régionaux doivent être secondés dans
leur action, recevoir l'aide nécessaire afin
de perfectionner sans cesse leurs services tout en favorisant leur
efficacité. Le Mouvement des caisses Desjardins recommande donc, dans le
cadre de l'analyse d'une réforme au ministère de l'Environnement,
que le réseau des bureaux régionaux soit maintenu et
renforcé en déléguant à ceux-ci la
délivrance des certificats d'autorisation et des permis. (16 h 45)
Le Mouvement des caisses Desjardins recommande que les délais de
traitement des demandes d'obtention de certificats d'autorisation et de permis
soient définis et que les promoteurs en soient informés lors de
la demande, et qu'on analyse les possibilités d'améliorer la
procédure d'obtention. À cet effet, le processus pourrait
prévoir une grille des documents nécessaires pour qu'une demande
puisse être mise en place, la décentralisation de
l'émission de ces certificats et permis ainsi que la diffusion
d'information auprès des promoteurs dans chaque secteur
d'activité.
Vous aurez donc compris, M. le Président, après cette
enumeration de souhaits et l'analyse brève de nos besoins et des besoins
que ressent le Mouvement Desjardins comme institution financière dans la
mise en avant de son option environnementale, qu'il arrive à la
conclusion que tous ces besoins-là pourraient être satisfaits sans
la création de l'Office de protection de l'environnement du
Québec. Je vous remercie.
Le Président (M. Garon): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président, vous
me permettrez, dans un premier temps, de remercier le Mouvement Desjardins pour
un mémoire de qualité qui déborde - et, là, ce
n'est pas un blâme - strictement la création, et vous profitez de
l'occasion pour nous faire part de préoccupations qui méritent
également des réponses.
Je vais tenter de me concentrer quand même sur l'essentiel qu'est
la création de l'Office, en tentant de faire le parallèle entre
ce qui vous anime comme mouvement et ce qui peut nous animer comme
ministère: un bon service à la clientèle, si possible un
excellent service à la clientèle.
Il y a deux ans, des sondages d'opinion publique nous indiquaient que 70
% de la population, qui sont nos clients, étaient insatisfaits de nos
services au ministère de l'Environnement du Québec. On a
tenté une première restructuration administrative à
l'interne. On a tenté de clarifier les responsabilités à
l'horizontale - des secteurs de pollution municipale, industrielle et agricole
-et ça s'est amélioré avec le temps. On a également
renforci - et vous l'avez souligné dans votre mémoire - nos
bureaux régionaux. Les effectifs, qui étaient de 200 il y a
quelques années, sont maintenant de quelque 800; il y a eu un
renforcissement de la base régionale comme telle. Et là, tout
ça aidant et le ministère faisant des modifications
réglementaires, etc., notre client est encore un petit peu plus
satisfait. Selon les derniers sondages, c'était 52 % de satisfaction,
mais, nous autres, on n'est pas satisfaits, au ministère de
l'Environnement, de 52 % de taux de satisfaction. On vise un petit peu plus que
ça.
On s'est dit: Quels sont nos problèmes de fonctionnement dans le
quotidien? On se rend compte qu'entre le ministère et les bureaux
régionaux il y a une espèce de joute de ping-pong de dossiers qui
fait en sorte que les responsabilités, même si on tente
administrative-ment de mettre une ligne de démarcation, lorsqu'on ne
réussit pas à s'entendre en région, on les monte au
central; une région décide d'une façon, l'autre
région décide de l'autre façon. On a eu des industriels
qui sont venus se plaindre, qui opéraient à la grandeur de la
province. Ils disaient: Ça n'a pas de bon sens, je ne peux pas me fier.
Et on se dit: Ce n'est pas avec ce genre de service là qu'on va
satisfaire notre clientèle davantage.
On s'est rendu compte également que le ministre de
l'Environnement était dans des situations - et, là, je m'adresse
peut-être davantage à la procureure du Mouvement - de
législateur parce qu'au niveau des lois et des règlements il
procède à l'adoption, d'exécuteur parce qu'il est
ministre, membre de l'Exécutif, et, lorsqu'il rend des ordonnances de
fermeture d'usines ou de fermeture de dépotoirs, ou quoi que ce soit,
c'est un pouvoir quasi judiciaire qui est exercé par le ministre, sans
vraiment qu'il y ait de murs entre ces trois pouvoirs. Et ça devient,
sur le plan des équilibres de la société, dangereux et
pour la société et pour le ministre, comme on le voit ces
jours-ci.
On s'est donc dit. Renforcissons, comme vous le dites. Je pense que vous
allez très bien dans votre mémoire lorsque vous nous parlez de la
réforme du ministère de l'Environnement, structurellement du
réseau des bureaux régionaux, etc. Vous visez une
uniformité, vous visez tout ça. Je pense qu'on vise exactement le
même objectif, et c'est là l'épine dorsale, finalement, de
l'Office de protection de l'environnement. Il va avoir l'autorité pour
émettre les certificats, il va avoir l'autorité pour entreprendre
certains programmes de restauration, il va avoir l'autorité
nécessaire pour rendre les ordonnances lorsque les ordonnances seront
requises et, en matière d'uniformité, les citoyens vont avoir des
droits d'appel de façon à créer une uniformité
d'application à travers la province de Québec. Je me dis: Est-ce
qu'on fait fausse route dans notre intention d'améliorer notre service
à la clientèle? Parce qu'on n'a pas d'autre intention que
ça en créant l'Office de protection de l'environnement.
M. D'Amours: M. le Président, la réaction de M. le
ministre rejoint beaucoup de nos
préoccupations. C'est dans la pratique des choses que nous en
sommes venus à ces conclusions. Les rapports que nous entretenons, comme
institution financière, avec le ministère de l'Environnement sont
très étroits. D'ailleurs, je le souligne, je tiens à le
souligner, nous avons établi une très belle collaboration. Elle
est constructive et elle nous permet de supporter auprès de nos caisses
cette option, de les instrumenter pour que notre option environnementale
veuille dire quelque chose et qu'elle entraîne des résultats
concrets dans le milieu.
Notre crainte tient au fait que nous sommes encore loin - nous le
pensons - des résultats que nous anticipions. Nous espérons faire
en sorte que le plus tôt possible nous aurons atteint cet état de
choses qui fait que la protection de l'environnement, ça devient un
investissement plutôt qu'un acte punitif. On entraîne des
coûts d'opération à l'entreprise et on prend l'entreprise
par surprise parce que, actuellement, il faut bien se le dire, beaucoup
d'entreprises n'ont pas les certificats requis. Dans le contexte d'une saine
gestion du crédit à ces entreprises, lorsque nous
découvrons qu'une entreprise n'a pas les autorisations requises, on est
dans la situation assez délicate de demander à cette entreprise
de requérir ces certificats et, dans l'hypothèse où elle
n'obtient pas ce certificat, bien, là, se détériore la
situation financière de cette entreprise puisque la valeur de ses actifs
en souffre. Je vais juste vous faire un...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous avez raison. Je ne veux pas
vous contredire là-dessus, mais la responsabilité de
réglementer, de mettre de l'avant ces programmes comme le programme que
nous avons annoncé la semaine dernière, le Programme de
réduction des rejets industriels, etc., cette
responsabilité-là relève du ministère. Moi, je ne
prétends pas qu'à date le ministère s'en soit
acquitté convenablement parce que le ministère est aux prises
avec des urgences quotidiennes. Le bureau régional, n'étant pas
un office, envoie le dossier difficile au ministère et l'accapare dans
sa fonction de législateur, de penseur, de développeur de
politique, de créateur de la symbiose qui doit se créer avec les
institutions financières, les assureurs, le secteur industriel, etc., ce
qui fait en sorte qu'on n'arrive jamais à regarder vers l'avant parce
qu'on est toujours pris à régler le problème - comme j'ai
eu l'occasion de le souligner aujourd'hui au député de La Prairie
en Chambre - d'en arrière. Et on pense peut-être qu'en
dégageant les responsabilités et en disant: Le ministère,
lui, sa vocation, c'est de légiférer, de réglementer, de
développer les politiques, de développer cette symbiose avec les
autres ministères du gouvernement, avec les autres partenaires à
l'extérieur du Québec et avec les partenaires privés au
Québec, on peut arriver à un meilleur résultat sur le plan
de l'efficacité du ministère, comme tel, parce qu'il ne sera plus
aux prises avec le problème quotidien d'éteindre le feu qui a
été allumé avant-hier. commentaires?
M. D'Amours: Les objectifs que vous mettez de l'avant, si nous
avions cette assurance qu'ils pourraient être atteints dans les plus
brefs délais, nous n'aurions pas d'objection majeure. Sauf que,
peut-être que la création de cet Office entraînera des
coûts de fonctionnement qui devront être supportés par des
taxes additionnelles. La création d'une institution de plus... Vous
comprendrez bien que la position d'une entreprise privée devant un
projet semblable, alors que le ministère de l'Environnement est en
besoin de ressources... On convient que le ministère de l'Environnement
a besoin de plus de ressources. Nous sentons, chez nous, que les dossiers ont
de la difficulté à se terminer, précisément parce
que vous n'avez pas suffisamment de ressources. Et, dans ce sens-là,
est-ce qu'on ne surchargera pas le dossier en créant cet Office?
On exprime des craintes de cette nature. On ne veut pas s'insérer
dans la responsabilité gouvernementale que vous avez de mieux servir le
citoyen et de proposer ce qui est le mieux pour nous. Sauf que, là,
comme institution financière qui supportons les coûts et aussi
devant le danger qu'on remette à trop tard, à mon sens et
à notre sens, la poursuite d'un objectif de développement
durable, c'est ça que l'on craint.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je remarque que vous êtes
très constant parce que, au tout début de votre mémoire,
au deuxième paragraphe, vous parlez de l'évaluation des
incidences environnementales et vous dites que ça doit être
«un élément essentiel de la prise de décision de
l'ensemble des ministères. Loger cette responsabilité dans un
endroit unique comme un office risquerait d'atténuer la
responsabilité de l'appareil gouvernemental à l'égard de
la protection de l'environnement.»
Il y a eu, par le passé, sous un autre gouvernement, un organisme
indépendant, si je peux utiliser l'expression, qui a été
créé pour procéder aux évaluations
environnementales de l'ensemble des projets. La commission parlementaire vient
de se pencher là-dessus, tout le monde y a participé, y inclus
les projets gouvernementaux.
Et là, moi, je n'ai pas, comme ministre de l'Environnement et
selon mon expérience de . deux ans, l'intention de revenir sur le
passé et de dire: Ils ont mal fait. Non. Je pense que, lorsqu'ils ont
créé le BAPE, le gouvernement précédent, ils ont
créé un organisme à part, indépendant, où
c'est centralisé. Je pense que ça fonctionne relativement bien
pour les mandats qu'il a. Son problème, c'est qu'il n'a pratiquement pas
de juridiction. J'attend un rapport des
membres de l'Assemblée nationale d'ici quelques semaines au plus
tard... M. Lazure, je ne sais pas... Et, à partir de ce
moment-là, on pourra lui donner un rôle plus pratique. Mais, je
vois que vous êtes consistant. Vous êtes méfiant à
chaque fois qu'il s'agit de la création d'un organisme, et ça...
Vous êtes près de vos sous et il faut l'être, dans la
vie.
M. D'Amours: Vous retrouvez aussi, M. le Président, dans
notre mémoire, un bon nombre de recommandations que nous avions
déjà faites au moment de la commission parlementaire entourant la
création du BAPE. Nous souhaitons que ces évaluations-là
se fassent rapidement, mais qu'elles soient à la disposition des
entreprises. Dans notre mémoire, nous soulignons l'importance que prend
la création d'un marché des assurances. Le marché des
assurances ne pourra pas lever si nous n'avons pas en main ces
évaluations environnementales de projets d'entreprises, par exemple.
Parce qu'une entreprise comme une compagnie d'assurances qui est face à
un projet à risque environnemental et qui doit mettre au point une
police de protection environnementale, si elle n'a pas les moyens techniques et
cette assurance d'un organisme comme le BAPE qu'elle pourra assurer ces
risques-là, elle ne se lancera pas dedans. Et la conséquence,
aujourd'hui au Québec, on n'a qu'un pool d'assureurs dont les assurances
sont limitées à 1 000 000 $. Et donc, à toutes fins
pratiques, on est très limité là-dedans. Alors, encore une
fois, c'est un besoin pour nous plus pressant que la création d'un
office.
M. Maltais: M. le Président, vous me permettez une
question?
Le Président (M. Garon): M. le député de
Saguenay.
M. Maltais: Ce que vous dites est très juste et
très vrai. Pourquoi on en est venu à une limitation dans les
couvertures de risques environnementaux? Parce qu'il faut se rappeler qu'il y a
15, 20 ans, c'était «at large». Il n'y avait pas de limites.
Mais, au cours des années, lorsque les compagnies ont commencé
à être identifiées et poursuivies devant les tribunaux, les
assureurs se sont aperçus que c'était un flot de
déversement d'argent. Ils ont limité ça. Le Mouvement
Desjardins est quand même un assureur important au Québec. Quelle
est la recherche que vous faites là-dedans?
M. D'Amours: Nous, la recherche que nous faisons actuellement, on
essaie de regrouper d'autres compagnies, d'élargir ce pool, parce que,
seuls, on ne peut pas assumer les risques environnementaux actuels. Donc, il
faut avoir des partenaires.
Deuxièmement, notre objectif, c'est d'élargir cette
couverture, mais toujours avec de bonnes évaluations. Je vais vous
donner le cas d'une entreprise. C'est arrivé sur mon bureau
récemment. Une entreprise qui fait un chiffre d'affaires de plusieurs
millions, environ 10 000 000 $ par année. Cette entreprise, dans le
contexte actuel où la protection de l'environnement prend une valeur,
une valeur certaine pour l'entreprise - ça rejoint les valeurs
éthiques des propriétaires de l'entreprise aussi - cette
entreprise-là décide de faire une évaluation
environnementale pour faire part à ses actionnaires de la qualité
de leurs investissements. On découvre, en faisant l'évaluation
environnementale, que le terrain sur lequel cette entreprise, qui, en principe,
n'est pas polluante - elle est à risque environnemental limité -
est installée est pollué et qu'il va falloir le
décontaminer. Or, l'entreprise n'est pas capable de se payer le
coût de la decontamination et l'institution bancaire, en l'occurrence, se
voit dans l'obligation de retirer la marge de crédit à une
entreprise qui est relativement florissante. Évidemment, devant de
telles situations, les assureurs ne veulent pas prendre ces
risques-là.
M. Maltais: Mais, lorsque vous parlez de pool d'assureurs, est-ce
que Desjardins ne pourrait pas, étant donné que c'est un assureur
important maintenant au Québec - je pense que vous êtes
considéré comme un assureur important dans le monde commercial et
industriel; vous prenez, je pense, la place que vous devez prendre - prendre le
leadership de ça, former une espèce de consortium? Parce que
c'est un problème réel, non seulement pour les grandes
entreprises, mais, moi, je pense surtout aux PME. D'ailleurs, une grande partie
de votre clientèle, ce sont des PME...
M. D'Amours: Oui.
M. Maltais: ...quoique vous ayez des grandes entreprises aussi.
Mais le nombre fait que ce sont les PME qui sont le plus
régulièrement prises là-dedans. C'est non seulement un
problème d'entreprises et de créanciers - comme vous l'êtes
dans le cas de l'entreprise qui est là -mais c'est un problème de
société aussi. Parce que les actionnaires, dans le cas que vous
venez de nous citer, du jour au lendemain, ils ont appris qu'ils étaient
ruinés.
M. D'Amours: Oui. (17 heures)
M. Maltais: c'est aussi clair que ça parce que le principe
du pollueur-payeur ne s'est pas appliqué il y a 25, 30 ou 40 ans. ce
terrain-là, il n'a pas été pollué lors de la
création, il a été pollué par quelqu'un. est-ce que
desjardins ne pourrait pas, en retour, prendre ce leadership, regarder non
seulement au québec mais avec un genre de consortium qui pourrait faire
de la
réassurance sur le marché de la réassurance? Parce
que, aux États-Unis, il en existe un, marché. Vous le savez fort
bien. Et est-ce qu'on ne pourrait pas, quelqu'un... Il faudrait, au
Québec, que, finalement... Et je pense que ce n'est pas le rôle du
gouvernement ou d'un ministère de prendre ce leadership-là, mais
que ce serait le rôle d'une institution comme la vôtre. Et
là je pense qu'on rendrait service, vous rendriez grandement service
à vos membres, qui sont moi et M. Tremblay, et tous les gens autour de
la table, à vos entreprises, et ça garantirait aussi, de cette
façon-là, une meilleure sécurité sur vos
prêts.
M. D'Amours: M. le Président, il est clair que cette
option, pour Desjardins, est une option que l'on envisage, sauf qu'on est
devant l'histoire de la poule et de l'oeuf. C'est la poule et l'oeuf, au sens
où les risques environnementaux, on n'est pas capable de les mesurer
complètement tant et aussi longtemps qu'on n'aura pas fait le
ménage dans un certain nombre de choses. Exemple, dans les principes,
pollueur-payeur, il faut le distinguer du propriétaire. Et, si le
propriétaire n'est pas responsable de la pollution antérieure,
que l'on puisse l'en dégager. Et là on fait face à un
très gros problème.
M. Maltais: Oui, mais, lorsque l'entreprise ou le BAPE aura
donné... que les audiences publiques auront été
prononcées, le risque est quand même fort calculé, à
ce moment-là. C'est un risque identifiable.
M. D'Amours: Ah oui! C'est pour ça que, dans notre
mémoire, lorsque nous sommes venus devant vous la première fois,
nous avons souhaité que ces évaluations-là se fassent,
que, même, elles s'étendent à des grands projets
industriels et qu'on utilise plus souvent qu'autrement ces évaluations
parce qu'elles nous donnent cette assurance dont nous avons besoin comme
prêteurs. Là-dessus, je pense que notre message a
été très clair.
Par ailleurs, devant le problème actuel que nous vivons et
lorsque le propriétaire n'est pas responsable de la pollution qu'il
découvre sur son terrain - c'a été produit par d'autres
antérieurement à son occupation - il faudra trouver une
façon pour que la société assume ce coût-là.
Et là on aura mis de l'avant des conditions, un environnement favorable
à ce que l'on puisse prendre une sorte de leadership. C'est l'histoire
de la poule et de l'oeuf dont je vous parle.
M. Maltais: Bien, vous savez sans doute aussi... Vous avez
beaucoup de clients qui s'appellent les municipalités - et je terminerai
là-dessus, M. le Président - il y a beaucoup de clients qui sont
des municipalités chez vous, et vous savez que les municipalités
peuvent se ruiner également...
M. D'Amours: Ah, absolument!
M. Maltais: ...avec des choses comme ça,
particulièrement dans les villes. Dans les campagnes, c'est moins pire;
on est moins pollueurs un peu qu'en ville, c'est connu. Mais, il reste quand
même une chose, c'est que les municipalités, ce sont des citoyens,
hein. Et on a vu combien de cas de municipalités qui sont prises avec
des terrains? On parle particulièrement de l'Abitibi, là, ou
d'autres coins, ou Mercier qui est un cas fort connu où la nappe
phréatique est polluée.
Moi, je pense que c'est peut-être un défi, ça. Je
regardais votre président la semaine passée, dans la
cathédrale de Québec, lorsqu'il parlait de défis pour
l'ensemble des Québécois, l'ensemble de la population. Ça
serait un défi pour Desjardins, ça. Vous seriez des innovateurs
extraordinaires. Vous rendriez service à l'ensemble de la population, et
je pense que tout ie monde pourrait vous applaudir. Puis je pense que c'est un
rôle, c'est un leadership que vous devriez prendre. En tout cas, c'est
une suggestion bien humble que je vous fais, mais je suis convaincu qu'en plus
vous avez déjà l'expertise dans la boîte pour faire une
évolution graduelle et sérieuse là-dessus. Oui, merci.
Le Président (M. Garon): M. le ministre. Bien, il est
encore dans son 20 minutes. Il reste...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ça va, allez-y, M. le
député de l'Opposition.
Le Président (M. Garon): M. le député de La
Prairie.
M. Lazure: Merci, M. le Président. Je veux saluer le
porte-parole, M. D'Amours, et ses collègues, Mme Dionne et Mme
Blanchard, et les remercier pour leur présentation qui est claire,
courte, mais bien étoffée. Vous avez raison de dire que le
fardeau de la preuve pour justifier ce nouvel organisme repose sur les
épaules, les pauvres épaules du ministre. Elles ont beau
être larges, mais il y a beaucoup de choses qui reposent sur ses
épaules et, nous aussi, quand le ministre fait état des choses
qu'il veut corriger, on est convaincus, comme, d'ailleurs, la plupart des
présentateurs à cette commission... Les trois quarts des
mémoires disent: Ça ne nous paraît pas utile,
nécessaire d'avoir un nouvel organisme; au contraire, c'est
coûteux, c'est inutile et ça va ajouter encore de la confusion, de
l'incoordination.
La plupart des situations que le ministre veut corriger, il peut les
corriger sans créer de nouvel organisme. Ce qui manque, ce n'est pas un
nouvel organisme, ce qui manque, c'est la
volonté politique de changer des choses. C'est ça qui est
le problème. Par exemple, je vais le citer quand il dit: Avec l'Office,
on aurait une meilleure articulation. Les régions, ce serait plus
homogène, leurs décisions. Il n'y a rien qui assure ça. Il
n'y a rien qui assure ça. Office ou pas Office, les décisions,
région par région, devront être harmonisées et
coordonnées «cen-tralement» parlant; elles devront
découler d'une source centrale limpide et claire qui, ensuite, va
inspirer chaque région. Ce n'est pas la présence d'une nouvelle
structure qui va assurer la coordination et l'harmonisation.
Le droit d'appel. Il nous dit aussi aujourd'hui que le droit d'appel
serait amélioré avec l'Office. Encore là, il peut le faire
en amendant la loi actuelle. Il peut très bien le faire; pas besoin de
créer un organisme pour ça. D'ailleurs, ce qu'il propose de faire
comme droit d'appel et de révision dans son projet 412, ce n'est pas
satisfaisant, à supposer que... Parce qu'ils ont encore la
majorité, M. le Président, comme vous le savez, alors, c'est
possible que le projet de loi soit adopté.
Nous, on espère qu'il ne sera pas adopté; on espère
que le ministre va comprendre, après avoir entendu pendant quelques
semaines les 30 groupes; on espère qu'il va se raviser et mettre sur la
glace ce projet-là, qui est Inutile et coûteux. Mais, si jamais il
le fait adopter par sa majorité, nous pensons que la procédure
d'appel n'est pas correcte parce qu'elle s'applique seulement - à
l'article 97 - à une personne ou à une municipalité, une
personne qui est directement concernée ou une municipalité, alors
que le Centre québécois du droit à l'environnement - on va
les entendre la semaine prochaine - nous partageons son opinion: il faut qu'un
remaniement de la procédure d'appel soit conçu en
intégrant la possibilité que toute personne puisse y
accéder, que le certificat ou permis ait été refusé
ou accordé. Autrement dit, il ne faut pas limiter le droit d'appel ou de
révision simplement au promoteur, au développeur ou à la
municipalité; il faut que ce soit accessible à n'importe quel
citoyen ou à n'importe quelle citoyenne qui sent que ses droits à
un environnement sain sont lésés. Et, si on veut faire ça,
il va falloir que le ministre amende son projet de loi.
Mol, je veux saluer les efforts que le Mouvement Desjardins fait depuis
quelques années pour favoriser les entreprises qui sont respectueuses de
l'environnement; la position de Desjardins est très claire à cet
égard. Je veux aussi souligner la participation de Desjardins à
un effort considérable qui est fait dans la région de
Victoriaville, dans Arthabaska, avec le groupe de M. Normand Maurice, quant au
recyclage et à la récupération. Le Mouvement Desjardins
appuie ces efforts qui consistent non seulement à favoriser le recyclage
de matières recyclables, mais aussi à favoriser le
développement des jeunes qui, autrement, bien souvent, seraient des
jeunes décrocheurs.
J'ai une couple de questions à poser. La première: Vous
parlez beaucoup, à bon droit, de développement durable dans votre
mémoire; vous parlez de concertation; vous parlez de l'importance de
mettre ensemble, à la même table, les professionnels de
l'environnement. Si je ne m'abuse, vous avez un siège à la table
de concertation, Desjardins, et on a su, par les propos du sous-ministre Mead
quand il a démissionné, que la table de concertation marchait
très mal, ne marchait pas. Est-ce que vous pourriez donner à la
commission votre appréciation du fonctionnement de la table de
concertation?
M. D'Amours: Je n'y ai pas participé personnellement. Vous
savez que c'est mon président qui y participait. Nous avons
contribué, avec nos services, aux travaux de cette commission. Ce que je
peux dire, c'est que la raison pour laquelle elle n'a pas fonctionné, je
pense que c'est toujours la difficulté d'arriver à un consensus
autour de la notion de développement durable et des implications et des
responsabilités . qui incombent à tous les groupes dans la
poursuite de cet objectif de développement durable. Et c'est là
où il faut s'entendre. C'est un petit peu l'esprit dans lequel on vient
témoigner aujourd'hui, une deuxième fois, dans ce domaine de
l'environnement.
Il y a des gestes à poser et des consensus à obtenir sur
les choses essentielles pour assurer ce développement durable. Et, dans
ce sens-là, lorsque nous regardons ou considérons le
développement industriel du Québec, ces consensus, à notre
sens, ne sont pas encore tout à fait clairs. Et le premier consensus,
c'est de faire en sorte qu'on intègre, dans les coûts
d'opération de nos entreprises, le coût de la protection de
l'environnement. Et ça, c'est primordial. Il faut que tous les
partenaires autour de la table puissent arriver à cette conclusion le
plus rapidement possible. Si on n'y arrive pas et qu'on trébuche sur des
intérêts particuliers en cours de route, évidemment, les
consensus autour de la notion de développement durable ne seront pas
atteints et les tables d'économie et environnement que nous souhaitons
avoir chez nous ne donneront pas les fruits anticipés.
Elle est peut-être superficielle, ma critique, mais je pense que
ce qu'il faut retenir, c'est les consensus sur la notion de
développement durable.
M. Lazure: Dans un autre ordre d'idées, vous parlez du
principe du pollueur-payeur avec lequel vous vous dites d'accord. Mais vous
demandez aussi qu'on fasse la distinction entre «pollueur» et
«propriétaire», «propriétaire-payeur» et
«pollueur-payeur». Et je pense que c'est tout à fait
pertinent, ce que vous dites à cet égard. Pour ce qui est de
l'avenir, la plupart
des gens sont assez d'accord pour dire qu'il doit y avoir un
système - on venait tout juste de le dire - par lequel le pollueur devra
défrayer à l'avance le coût de la décontamination.
Mais, pour le passé, vous savez, on a un lourd héritage. Et ce
n'est pas seulement le gouvernement qui a précédé celui de
1985; ce sont tous les gouvernements depuis 25 ans, 30 ans, y compris le
gouvernement libéral, si on veut remonter dans les années
soixante, à l'époque où la population, ici comme ailleurs,
était moins sensible au respect de l'environnement.
Quelle est votre proposition quant à la décontamination de
ce qui a été fait dans le passé et qui n'est souvent pas
attribuable, où on ne peut pas faire payer la facture par le vrai
pollueur? Il est disparu ou peu importe. Qu'est-ce que vous préconisez
comme formule?
M. D'Amours: Ce que l'on propose, c'est d'utiliser des avantages
fiscaux, des incitatifs fiscaux. Et, dans ce domaine-là, il nous
semblerait approprié que l'on utilise les incitatifs fiscaux
utilisés dans le domaine de l'exploration minière. On
connaît l'efficacité de ces incitatifs fiscaux à
l'époque où ils étaient florissants, si on veut, à
l'époque où ils existaient. Et ça pourrait être
réinventé dans le domaine de la restauration, de sorte qu'en
créant ces incitatifs on pourrait créer des
sociétés en commandite qui, elles, feraient participer et
bénéficier les propriétaires des terrains et
entraîneraient une dépense fiscale gouvernementale, mais qui
donnerait lieu à une revalorisation du terrain et ferait en sorte que
les risques qu'entraîne la décontamination en termes de
coûts... On peut estimer les coûts de la décontamination
d'un terrain, mais on n'a pas beaucoup d'expérience quant aux
coûts réels qu'on doit supporter pour décontaminer un
terrain. (17 h 15)
C'était la même chose lorsqu'on a fait de l'exploration
minière, eh bien, on n'était pas sûr de trouver, mais les
sociétés en commandite ont trouvé les façons
d'amener les investisseurs à faire de l'exploration minière et
d'en tirer des avantages. La même chose, à notre sens - l'analogie
se prête bien ici - pour faire réaliser la décontamination
et redonner la valeur économique aux terrains. Imaginez, dans l'est de
Montréal, si, à l'aide d'incitatifs fiscaux assez puissants, on
arrivait à remettre à l'industrie l'ensemble des terrains qui
sont là, contaminés, il y aurait une force économique
intéressante que pourrait récupérer la ville de
Montréal, l'est de Montréal. Ça, les entreprises
elles-mêmes ne peuvent pas le faire; il faut y aller avec une
dépense fiscale, à notre sens.
Le Président (M. Garon): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Brièvement, pour
compléter sur la décontamination, vous avez raison, il y a, dans
ce domaine-là, de l'évolution technologique qui est rapide et qui
nous permet de diminuer les coûts. Dans la région de
Montréal, le problème est important, mais la valeur des terrains
comme telle, au pied carré ou au mètre carré, versus les
coûts de décontamination, qui sont connus lorsque c'est
contaminé aux hydrocarbures - on parle spécialement de la
région de l'est de Montréal - commence à surpasser la
valeur de décontamination. Donc, la décontamination comme telle
s'amorce pour des raisons économiques. Ce qui reste après vaut
plus cher une fois que c'est décontaminé.
Je vous dirai que votre approche est intéressante. Je vous
soulignerai que le gouvernement a déjà, sur le plan de la
fiscalité - ce n'est pas suffisant - deux incitatifs qui sont en marche:
l'amortissement accéléré lorsqu'il s'agit de biens, sur
trois ans, et des crédits d'impôt pour un projet d'innovation en
technologie environnementale, qui étaient dans le budget du ministre des
Finances pour 1990-1991. Je pense qu'avec des mesures comme ça on s'en
va vers la voie d'un développement durable.
M. Lazure: Au nom de l'Opposition, je remercie les
représentants du Mouvement Desjardins pour leur mémoire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Et, au nom du gouvernement, je
pense, M. le Président, le siège social étant dans votre
comté, les remerciements au Mouvement Desjardins...
Le Président (M. Garon): Pardon? Alors, je vous remercie,
M. D'Amours, d'être venu rencontrer les membres de la commission, ainsi
que Mme Blanchard et Mme Dionne. Je suspends pour quelques instants les travaux
de la commission, le temps que le Conseil du patronat du Québec puisse
s'approcher de la table de délibérations.
(Suspension de la séance à 17 h 18)
(Reprise à 17 h 19)
Le Président (M. Garon): La commission reprend ses
travaux. J'invite M. Ghislain Dufour, président du Conseil du patronat
du Québec, à nous présenter les gens qui l'accompagnent,
tout en lui rappelant que, comme il le sait d'ailleurs, il dispose d'une heure;
normalement, c'est 20 minutes pour exposer votre mémoire, 20 minutes
pour les libéraux, 20 minutes pour l'Opposition officielle. Ce que vous
prendrez en plus leur sera soustrait; ce que vous prendrez en moins pourra leur
être ajouté, s'ils le désirent bien.
Conseil du patronat du Québec
M. Dufour (Ghislain): Merci, M. le Président. Mes deux
collègues: à ma droite, M.
Jacques Garon, qui est directeur de la recherche socio-économique
au Conseil du patronat - je pense qu'il n'y a pas de lien de parenté
avec le président; M. André Buisson, qui est
vice-président, opération et mise en marché, de la
Société Laurentide inc., qui est avec nous au nom de
l'Association québécoise de l'industrie de la peinture.
M. le Président, Mmes, MM. les membres de la commission, nous
voudrions d'abord remercier votre commission de bien vouloir recevoir nos
commentaires. Disons, d'entrée de jeu, que ce projet de réforme
n'implique pas de changement dans les lois et règlements en vigueur, pas
plus que des dépenses supplémentaires, selon les
déclarations du ministre de l'Environnement à cet effet.
Étant donné les pouvoirs administratifs importants que
l'on entend conférer à l'Office, il s'agit pour nous de
déterminer, dans la mesure du possible, si le ministère de
l'Environnement, scindé en deux organismes, rendra des services plus
efficaces à la société québécoise et aux
entreprises en particulier que ceux dispensés actuellement par le
ministère. En somme, le projet proposé permettra-t-il
d'améliorer la qualité de vie de notre société?
Nous exprimerons d'abord trois remarques générales, puis
poserons un certain nombre de questions relatives à l'Office
proposé, analyserons certains articles du projet de loi, advenant que le
ministre y donne suite, et exprimerons certaines conclusions.
Donc, trois remarques générales. La première, un
encadrement juridique et réglementaire contraignant. Nous constatons
depuis quelques années une dichotomie entre le discours du gouvernement
en matière de politique environnementale et son action. D'une part, les
nombreuses modifications apportées à la Loi sur la qualité
de l'environnement et les règlements qui ont suivi de même que les
commissions et les audiences publiques qui se sont penchées sur les
multiples facettes de la problématique environnementale ont
résulté en un encadrement juridique et coercitif toujours plus
contraignant. D'autre part, dans maintes de ses déclarations, le
ministère de l'Environnement a fait sienne la notion de
développement durable, comme en témoigne, par exemple, le mandat
et les attentes de la Table ronde québécoise sur l'environnement
et l'économie que le ministre de l'Environnement mettait sur pied en
1991.
Bref, prévenir, conserver, recycler, réparer, ces quatre
points d'appui suggérés par le ministère de
l'Environnement pour soutenir le développement durable se sont
concrétisés jusqu'à maintenant par un encadrement
juridique et réglementaire de plus en plus contraignant, sans grande
considération pour les recommandations faites à ce jour par le
milieu des affaires.
En quoi la création de l'Office améliorerait-elle cette
situation? N'y aurait-il pas plutôt lieu que le ministère consacre
des ressources importantes à l'évaluation, dans l'encadrement
juridique et réglementaire de plus en plus contraignant qui est
imposé aux entreprises?
Deuxième commentaire général: absence de solution
pratique. Alors que le ministère s'occupait activement d'amender
plusieurs fois la Loi sur la qualité de l'environnement, il s'est, quant
à nous, moins attaché à régler diverses
difficultés pratiques rencontrées par les entreprises. Ainsi, les
entreprises sont toujours exposées à de longs délais pour
obtenir des certificats d'autorisation ou des permis et on n'a pas
trouvé de solution satisfaisante aux longues discussions sur
l'appréciation des risques et des normes. En quoi la création de
l'Office améliorera-t-elle cette situation?
Un troisième commentaire général: Ne met-on pas la
charrue devant les boeufs? Au cours des derniers mois, des politiques
concernant l'élimination des BPC, la gestion des déchets, la
gestion des sols contaminés de même que la réglementation
sur les attestations d'assainissement ont été mises de l'avant.
Mais avant même d'en connaître les résultats, on veut
scinder le ministère en deux organismes.
Ne serait-il pas plus sage de s'assurer de la bonne gestion des
politiques environnementales et des règlements actuels à partir
des structures existantes d'un seul organisme, soit le ministère, avant
de créer une autre institution qui n'aura qu'un rôle
complémentaire? Sous l'apparence anodine d'un mandat de surveillance et
de contrôle confié à l'Office, est-ce qu'on ne va pas
perpétuer, tout simplement, les problèmes auxquels est
confronté le ministère? En éloignant les personnes
responsables de l'élaboration des politiques environnementales de celles
qui surveillent et enquêtent sur le terrain, ne risque-ton pas
d'accentuer davantage les problèmes d'interprétation qui
surviennent déjà en ce qui a trait à l'application des
lois et règlements?
D'autres questions, plus précises, se posent également, M.
le Président, cette fois en regard même de l'Office
proposé. Premièrement, le projet de loi prévoit qu'en plus
de recevoir et de donner suite à toute plainte d'un citoyen relative
à l'environnement l'Office administrera un service d'urgences.
S'agira-t-ii du même service d'urgences qui existe déjà au
ministère de l'Environnement, ce avec quoi nous serions en
désaccord?
Deuxièmement, nous appuyons la mise sur pied d'un service
efficace d'urgences, car de nombreux incidents survenus à ce jour nous
ont démontré la limite du pouvoir étatique dans ce
domaine. Étant donné, cependant, que le budget de fonctionnement
accordé au ministère de l'Environnement restera le même
après que le ministère aura été scindé en
deux organismes, d'où viendront les fonds requis pour
l'établissement d'un tel service d'urgences?
Troisièmement, le ministre s'engage à
donner suite aux plaintes possibles de tout citoyen. On comprend alors
pourquoi le gouvernement prévoit que plus de la moitié des 1800
postes du ministère seront transférés à l'Office.
Mais est-ce seulement réaliste d'envisager de répondre à
toutes les plaintes des citoyens?
Quatrièmement, en vertu de la réglementation actuelle et
future du ministère de l'Environnement, il y aurait, toujours selon les
déclarations du ministre, une volonté croissante d'imposer de
nouvelles taxes indirectes. Ainsi, l'Office percevrait des sommes très
importantes lors de rémission d'attestations, de certificats
d'autorisation et de permis, ou encore en imposant des amendes.
On aurait pu penser que les sommes ainsi recueillies auraient
défrayé les coûts d'un service d'urgences
environnementales. Mais cet argent, nous dit-on, sera versé au fonds
consolidé du revenu du gouvernement et redistribué par la suite
à l'Office, selon les besoins. Ce qui revient à dire, M. le
Président, selon nous, que l'Office devra s'en tenir au budget qui lui
sera alloué par le ministre. Sans moyens accrus en termes de ressources
humaines ou financières pour accomplir l'ensemble de leurs fonctions, le
ministère et l'Office seront-ils plus efficaces que les structures
unifiées actuelles? Il faudrait nous le démontrer davantage.
M. le Président, c'est rare qu'on fasse ça quand on
interroge un projet de loi, mais comme on ne sait pas le désir politique
de passer ou de ne pas passer ce projet de loi, nous nous sommes quand
même attardes à l'analyse de certains articles du projet de loi,
qu'il faudrait sûrement corriger si on décide d'y donner
suite.
Notre mémoire s'attarde à un certain nombre d'articles.
Comme c'est technique, je ne les reprendrai pas tous. Je vais reprendre surtout
ceux qui se réfèrent à un certain nombre de principes, et
je dois vous dire, M. Lazure, qu'on a regardé aussi la question des
appels et que, nous aussi, on aurait des interrogations là-dessus.
D'abord l'article 3. Selon cet article, au moins un membre provenant du
milieu des affaires sera nommé au conseil d'administration de l'Office.
On a une forte interrogation face à ça. Comment un seul
porte-parole du milieu des affaires, quand on pense au primaire, au secondaire,
au tertiaire, à la fonction parapublique, à Hy...
o-Québec, etc., comment pourrait-on retrouver, dans un seul homme ou une
seule femme, un représentant de tous ces milieux qui sont
préoccupés par les dossiers de l'environnement? C'est pourquoi
nous suggérons donc que les personnes appelées à
siéger au conseil d'administration de l'Office soient d'abord et avant
tout des gens qui connaissent bien le dossier de l'environnement et qui
pourraient représenter toute une série de
préoccupations.
Deuxièmement, l'article 7. Le ministre de l'Environnement
envisage l'Office comme un organisme «autonome» et
«distinct». Cependant, les vice-présidents de l'Office
seront nommés par le gouvernement. Donc, il nomme le président et
il nomme les vice-présidents. Ça ne nous fait pas vraiment
découvrir que l'Office serait autonome, M. le ministre.
L'article 18, 7°. L'Office «publie ou autrement diffuse les
données statistiques dont il dispose relativement à la
qualité de l'environnement». Il est absolument essentiel que le
Québec dispose - quant à nous, et on est d'accord avec ça
- d'une source officielle de renseignements fiables sur la qualité de
l'air, la qualité des eaux, la qualité des sols. L'Office
pourrait d'ailleurs devenir un tel centre de diffusion de données
statistiques. Cependant, les entreprises sont déjà tenues de
fournir régulièrement une quantité importante de
données touchant leurs opérations et l'incidence de ces
dernières sur l'environnement. Il faudrait préciser
expressément que la collecte de ces statistiques à des fins de
consommation publique ne vise que l'évaluation de la qualité de
l'air, de l'eau et du sol dans une région déterminée afin
d'éviter que les entreprises ne perçoivent cette démarche
comme un exercice d'auto-incrimination.
L'article 24 est important aussi. L'Office identifie ses
priorités d'intervention et élabore ses orientations, mais
«le ministre peut donner des directives portant sur les objectifs et
l'orientation de l'Office». Bien que le ministre soit politiquement
responsable des activités de l'Office, il n'en demeure pas moins que
l'autonomie de ce dernier est encore, ici, sévèrement
limitée. (17 h 30)
L'article 32. «Une personne ou une municipalité».
Même s'il s'agit, bien sûr, d'une personne morale, est-ce que cela
comprend les institutions publiques, parapubliques, les ministères?
C'est une habitude de la part des gouvernements de se soustraire à leurs
propres lois. Nous pensons, quant à nous, que tous les organismes,
toutes les institutions, quelles qu'elles soient, doivent suivre les
mêmes règles.
Il y a d'autres commentaires techniques, M. le Président, mais je
n'ai pas l'intention de les reprendre. Je veux rester plutôt au niveau
des grandes approches, ce qui nous amène à conclure. Pour
l'essentiel, donc, l'Office de l'environnement n'aurait aucune autonomie
réelle, aucune autonomie propre. Il ne ferait que renforcer les pouvoirs
de contrôle et de surveillance du ministère de l'Environnement.
Est-ce vraiment ce que le ministre et le ministère recherchent? Cette
réforme administrative n'apporte, en effet, aucune indication quant
à la volonté du ministère d'accorder autant d'importance
à la poursuite du développement durable qu'aux contrôles et
aux sanctions prévus par la Loi sur la qualité de
l'environnement. N'y aurait-il pas lieu qu'il attache plus d'importance
à cet objectif du développement durable? Les contrôles et
la surveillance n'accaparent-ils pas déjà toute l'at-
tention du ministère?
Deuxième conclusion. La mise en place d'un service d'urgences
environnementales plus efficace est certes, quant à nous, une
orientation tout à fait positive. Quelle place, cependant, entend-on
faire à l'industrie à l'intérieur de ce service?
Troisièmement, quoi qu'il arrive, il ne faudrait surtout pas
qu'à cause d'un manque éventuel de ressources humaines,
financières et techniques au ministère de l'Environnement du
Québec, celui-ci tente de faire assumer par d'autres, donc l'Office ici,
en l'occurrence, la responsabilité des échecs des politiques
gouvernementales qu'il aura, par ailleurs, lui-même définies?
En résumé, M. le Président, nous ne nous opposons
pas à la création de l'office de l'environnement proposée
par le projet de loi 412, mais, avant d'y donner suite, il serait sage que le
ministre et le gouvernement répondent clairement à toutes ces
interrogations que nous avons dans ce bref mémoire. Autrement, il y a
risque que sa création ne soit symbole - pour les entreprises en tout
cas - que de police, de surveillance et de contrôle accrus, ce qui n'est
aucunement de nature à aider le ministère à
améliorer son image actuelle et, ainsi, à jouer le rôle,
par ailleurs essentiel, que nous considérons que ce ministère
doit assumer dans la société québécoise. Merci, M.
le Président. Voyez-vous, j'ai donné du temps et à
l'Opposition et au parti...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On vous en sait gré. Je
tiens à remercier le Conseil du patronat qui est, pour le
ministère de l'Environnement du Québec, un partenaire essentiel
si nous souhaitons relever, dans le concret de tous les jours, le défi
du développement durable. Vous nous adressez des questions
spécifiques. Je ne veux pas les éviter, mais je veux qu'on
s'entende sur la prémisse, comme telle, de notre échange.
Vous avez eu, je pense, l'avantage d'assister à l'échange
que nous avons eu avec le Mouvement Desjardins. Dans le but de faire avancer le
débat, nous ne reprendrons pas les mêmes arguments.
Vous mentionnez dans vos remarques générales du
début, au dernier paragraphe de la page 2: «Bref, prévenir,
conserver, recycler et réparer, ces quatre points d'appui
suggérés par le ministère de l'Environnement pour soutenir
le développement durable se sont concrétisés
jusqu'à maintenant par un encadrement juridique et réglementaire
de plus en plus contraignant, sans grande considération pour les
recommandations faites à ce jour par le milieu des affaires. » On
peut profiter de l'occasion pour faire un bref survol des deux dernières
années en législation et en réglementation. Il y a des
endroits où vous avez raison; il y a d'autres endroits où il
faudrait peut-être mettre un petit peu d'eau dans le vin. Le premier
projet de loi - et vous aviez fait des recommandations très fortes - le
projet de loi 65, loi pollueur-payeur, nous sommes allés plus loin comme
gouvernement. Nous n'avons pas tenu compte complètement des remarques du
Conseil du patronat. Et ça, il n'y a pas, là-dessus, de
difficulté d'interprétation.
L'autre projet de loi, la création de RECYC-QUÉBEC, je ne
pense pas qu'il y ait eu, à ce moment-là, de distance
énorme entre le discours environnemental et le Conseil du patronat. La
seule réglementation au cours de la première année: le
contenu en soufre dans le mazout lourd, de façon à ce que le
Québec poursuive sa lutte contre les pluies acides. Nous avons eu
à mener un combat interne avec le ministère de l'Énergie
et des Ressources, mais la réglementation a été
adoptée et personne n'en est mort. Aujourd'hui, le Québec a
rencontré, il a même surpassé ses objectifs en termes de
diminution d'émissions de SO2 et de pluies acides. On a rencontré
les objectifs qu'on s'était fixés il y a une dizaine
d'années. Je pense que c'est grâce à la collaboration de
tout le monde et, surtout, de l'Association québécoise de lutte
contre les pluies acides.
Au cours de la présente année, les mesures mises de
l'avant, on a prolongé pour trois ans le programme de la
Société québécoise d'assainissement des eaux. Je ne
pense pas que le monde industriel ou patronal se soit opposé. Au
contraire, je pense que c'est une mesure qui a été accueillie
favorablement.
Une voix: Ils ont eu peur...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ils ont eu peur de ne pas l'avoir,
mais, ça, c'est une autre chose. Au niveau de la législation
comme telle, on a adopté, à l'Assemblée nationale, le
projet de loi 143 qui modifiait la loi du départ sur le Programme de
réduction des rejets industriels, pour donner suite à plusieurs
recommandations du monde patronal. Nous avions reçu 75 mémoires
et plusieurs des recommandations, entre autres du monde patronal, ont
été incorporées à cette modification
législative.
Nous avons adopté également le projet de loi 405 sur les
matières dangereuses. Autrefois, on ne traitait que de déchets
dangereux. De façon à permettre à l'entreprise de traiter
non plus des déchets, mais des matières dangereuses, nous avons
modifié la législation. Là non plus il n'y a pas eu,
à ma connaissance, d'objection majeure du Conseil du patronat ou du
monde patronal comme tel.
Les modifications réglementaires qui s'en viennent sont plus
nombreuses. Celles qui ont été publiées et qui ont
été mises en vigueur au cours de la dernière année
sont: Règlement sur carrières et sablières, à la
demande du monde patronal, entre autres; Règlement sur les neiges
usées, c'est un règlement qui a été
accepté par les deux unions municipales et par la table
Québec-municipalités, suite à deux visites de la part du
ministre de l'Environnement à cette table; Règlement sur les
déchets solides, encore une fois à la demande du monde municipal
et des divers intervenants; Règlement sur l'entreposage des pneus hors
d'usage, à la demande du ministère de la Sécurité
publique et du ministère de l'Environnement du Québec qui
étaient débordés par le problème.
Il y a des modifications réglementaires qui sont
prépubliées présentement et qui sont en période de
consultation, entre autres avec le Conseil du patronat. Règlement sur
les pâtes et papiers, je pense qu'il était en retard. C'est un
règlement qui, présentement, reçoit l'aval de plusieurs
intervenants, même patronaux, dans le monde des pâtes et papiers
parce que nous étions en retard dans ce domaine-là et que notre
......règlement......présentement serait supérieur
qualitativement à celui du gouvernement fédéral et nous
placerait non pas à l'avant-garde - c'est un règlement de
rattrapage - mais dans le milieu de la réglementation au niveau des
pâtes et papiers. Peut-être que, si on l'avait fait avant, on
aurait eu des investissements également avant.
Premier Règlement sur les déchets biomédicaux. Je
n'ai pas eu d'objection du monde patronal. Nous sommes allés en
prépublication. Nous avons eu le support de l'Opposition et de
Santé et Services sociaux qui est le principal client visé.
Le règlement sur les attestations d'assainissement en milieu
industriel, dont nous avons annoncé la prépublication la semaine
dernière. Nous sommes en consultation et les observations du monde
patronal sont également bienvenues.
L'image qui découle... Et ça, c'est l'ensemble de la
réglementation. Je pense qu'il s'agit d'une réglementation qui a
été progressive et qui a tenu en équilibre, finalement.
Vous allez me dire: II y a eu des exagérations à certains
endroits, c'est votre rôle comme monde patronal. Mais, au total, comme
ministre de l'Environnement, je n'ai pas l'impression qu'on a assommé le
monde patronal. Je ne sais pas si cette démonstration-là vous
convainc qu'on n'a pas été aussi dur que vous le
prétendez. 1. Dufour (Ghislain): Vous feriez, en plus d'un
ministre, un bon directeur des affaires publiques d'une grande compagnie
polluante. Vous vendez bien, évidemment, le programme législatif
et réglementaire du gouvernement. Mais je suis obligé de ne pas
être d'accord.
Je vais simplement prendre, par exemple, celui qui est en débat
actuellement sur les pâtes et papiers, et je vais vous citer le
président que vous allez écouter demain soir, André
Duchesne, qui dit ceci: «Lors du dépôt de leur projet d'un
règlement respectif-c'est ce dont vous venez de parler - les ministres
Pierre
Paradis et Jean Charest - et je cite toujours - ont
déclaré avec une belle unanimité que leur médecine,
bien qu'amère au goût, aurait un impact peu significatif sur la
rentabilité des usines. Les faits sont les suivants, dit André
Duchesne. Selon les plus récentes évaluations, le projet de
règlement québécois sur les fabriques de pâtes et
papiers nécessiterait des déboursés de 1 600 000 000 $
pour rendre conformes les usines papetières existantes. Même en
supposant les capitaux disponibles, plusieurs usines ne pourront justifier de
tels investissements parce qu'ils feraient disparaître tout espoir de
rentabilité. L'industrie n'investira donc pas ce 1 600 000 000 $, elle
risque plutôt de fermer, selon les estimations mêmes de votre
ministère, une demi-douzaine d'usines, au coût d'environ 5000
emplois directs et indirects.» Voilà juste une réaction
à un projet de règlement. -¦¦- M. Paradis
(Brome-Missisquoi): je ne sais pas de quand elle date. je ne l'ai pas avec
moi, mais je m'engage à vous faire parvenir une réaction de... il
y a eu beaucoup de discussions...
M. Dufour (Ghislain): Non. La réaction... Votre projet,
c'est novembre. La réaction de Duchesne est du 17 décembre, juste
avant Noël.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Bon. Est-ce que je peux vous faire
parvenir une réaction de M. Duchesne après Noël, une fois
que nous sommes retournés en prépublication, dans l'esprit
d'après les fêtes? Le langage et le discours ont changé.
Pourquoi? Parce que...
M. Dufour (Ghislain): Ce n'est pas...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...au niveau de nos comités
techniques, dans la préparation de nos règlements, l'industrie
est représentée, l'industrie fait valoir ses points de vue et,
lorsque ses points de vue sont acceptés par l'ensemble des intervenants,
les écologistes et les gens du ministère, la
réglementation est modifiée, et je m'engage à vous faire
parvenir cette déclaration de M. Duchesne.
M. Dufour (Ghislain): Juste un mot là-dessus. Quand on a
préparé notre mémoire, M. le ministre, autour de la table
il y avait peinture, plastique, pétrole, ingénieurs-conseils,
services-conseils en environnement, mines, AMQ, papetières. Alors, ils
ont souscrit à ce mémoire-ci.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, mais je...
M. Dufour (Ghislain): Je veux vous parler d'un autre projet parce
que je suis venu en débattre avec vous.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
M. Dufour (Ghlslain): C'est le 65 sur la decontamination des
sols. Vous vous rappellerez tout ce qu'on a dit au sujet de ce projet de loi,
alors il n'a pas été bien reçu par les milieux de
l'entreprise. Je veux bien qu'on décontamine les sols, sauf qu'on a
toujours le même problème aujourd'hui, M. le ministre, qu'on avait
quand on en a débattu: Où est-ce qu'on les met, les sols? On a le
problème actuellement dans Montréal-Est avec une entreprise
pétrolière qui veut justement...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. Dufour, c'est...
M. Dufour (Ghislain): ...essayer d'avoir une nouvelle
technologie, et vous savez comment la population réagit.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si vous me permettez, M. Dufour.
Je ne suis pas d'accord avec vous quand vous dites qu'on a le même
problème qu'on avait lorsque le projet de loi a été
débattu parce que, sur le terrain, ce n'est pas la
réalité. À l'époque, vous n'aviez qu'un endroit
autorisé pour disposer de vos sols contaminés...
M. Dufour (Ghislain): Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...c'était en Ontario.
C'était connu.
M. Dufour (Ghislain): Bien oui!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Depuis ce temps, vous avez de la
technologie de décontamination qui a été acceptée
par le ministère de l'Environnement et, donc, de grandes industries
multinationales dans ce domaine-là, parce que les coûts sont
coûteux, s'apprêtent à décontaminer des terrains
importants dans l'est de Montréal.
M. Dufour (Ghislain): Bien, c'est...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous avez également, sur
111e de Montréal, un site d'enfouissement qui a été
autorisé par le ministère de l'Environnement pour les terrains
contaminés. Si ma mémoire est fidèle - j'y vais de
mémoire - c'est la compagnie Cintec. Donc, le fait d'avoir de la
législation qui soit contraignante a provoqué du
développement technologique et a provoqué des issues. Tant qu'on
ne s'y attaquait pas, c'est certain que ce n'était pas
provoqué.
Un des problèmes que le Mouvement Desjardins a soulignés
tantôt est que, tant que l'est de Montréal n'est pas
décontaminé, on a des problèmes à rebâtir le
tissu industriel de l'est de Montréal et il faut y faire face. La loi 65
nous a permis, au ministère de l'Environnement, d'intervenir là
où on n'aurait jamais pu intervenir - on n'avait pas les pouvoirs de le
faire - le site de Mercier, ordonnance d'urgence du ministre de
l'Environnement. Dans le cas également de la décontamination de
la Balmet, à Saint-Jean, nous avons utilisé les pouvoirs de la
loi 65; dans le cas de Mines Eldorado, en Abitibi, n'eût
été de la loi 65, nous n'aurions pu intervenir avec autant
d'efficacité. Donc, nous n'en sommes pas là où nous
étions, et je vous le soumets bien respectueusement, au moment de
l'adoption de la loi 65.
M. Dufour (Ghislain): Oui, mais il reste qu'on n'a pas
réglé le problème de l'entreposage, au Québec, des
sols contaminés, sauf certains cas, comme le cas d'Eldorado ou le cas de
Montréal-Est qui est un cas. Mais ce n'est pas la solution globale qu'on
a trouvée au Québec.
Au-delà de ça, on pourrait prendre chacun des
règlements ou chacune des lois, mais je termine le mémoire en
disant que vous avez une image auprès des entreprises qui est une image
d'irritant...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dure.
M. Dufour (Ghislain): Non, je n'ai pas dit dure parce que, nous,
le principe du pollueur-payeur, on l'a accepté, vous le savez
très bien, puis, tout à l'heure, on pourra revenir avec M. Lazure
sur le passé, etc. Mais, le principe, nous, on l'accepte, sauf qu'il
faut être très prudent dans ce domaine-là parce que
l'équilibre entre la protection de l'environnement, avec laquelle on est
tout à fait d'accord, et le développement économique,
quant à nous, n'est pas toujours assuré, et ça, c'est
drôlement important, et vous le savez dans le dossier de la Baie James.
Mais ce que vivent les entreprises de façon très,
très...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Là, je vais vous
interrompre, M. Dufour, parce que vous m'ouvrez une porte. Je le sais dans le
dossier de Grande-Baleine comme ministre de l'Environnement; je le sais
également dans le dossier de Soligaz.
M. Dufour (Ghislain): Ah oui! Ah oui! Je l'avais oublié.
Voyez-vous, il y en a d'autres.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Et, présentement, ce n'est
pas le ministère de l'Environnement, je le souligne, qui n'a pas fait
son travail dans le dossier de Soligaz. Le ministre de l'Environnement a eu
à prendre des décisions. Il les a recommandées au Conseil
des ministres; le Conseil des ministres les a entérinées et les
certificats ont été émis.
M. Dufour (Ghislain): On est d'accord avec la façon dont
vous avez dirigé, vis-à-vis du BAPE, le dossier de Soligaz. On
pourrait discuter de Grande-Baleine.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. C'est ouvert à
Grande-Baleine également. (17 h 45)
M. Dufour (Ghislain): Mais je voudrais vous donner de
façon concrète... Voici un entrepreneur qui vit avec vous puis
qui, lui, la loi 65, la loi 412, il vit des problèmes très
concrets. Alors, voici comment il les vit, par exemple. Simplement la notion de
produits, de déchets dangereux versus produits dangereux dans une
entreprise.
M. Buisson (André): C'est un exemple qui peut être
minime, mais, l'an passé, on l'a vécu au niveau de la fourniture
de peinture à signalisation pour le ministère des Transports. Au
niveau du produit fini qui est expédié, il était
considéré comme un produit dangereux. Un baril plein était
considéré comme un produit dangereux puis, au moment où on
devait récupérer ce baril-là, ça devenait un
déchet dangereux une fois qu'il était vide de son contenu. Ce
sont de légères anomalies où on sait difficilement sur
quel pied danser. C'est à titre d'exemple.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): et vous faites partie - je l'ai
mentionné tantôt - des insatisfaits de l'action du
ministère de l'environnement parce que, lorsque vous vivez une telle
aberration, vous dites: je suis un payeur de taxes. je produis et je
génère de l'activité économique. donnez-moi les
règles du jeu, puis donnez-les-moi claires, puis je vais savoir
où m'en aller. si vous ne me les donnez pas claires et que je ne sais
pas où m'en aller, ça m'occasionne des problèmes. il n'y a
pas de petits cas comme ça, ce sont tous des cas qui sont importants.
nous, on a eu des témoignages comme le vôtre d'entrepreneurs, de
travailleurs et d'à peu près tout le monde au ministère.
puis on en est venu à la conclusion qu'il fallait changer la
définition. tant qu'on restait pris dans les définitions de
«déchets dangereux», on n'en sortait pas. on avait des
jugements des tribunaux qui nous disaient: s'ils la réutilisent, ce
n'est pas un déchet, c'est une matière. on a englobé le
terme générique de façon à être plus efficace
sur le plan environnemental puis plus clair envers l'entrepreneur qui se doit
de faire face au ministère de l'environnement du québec. on pense
que c'est comme ça. mais, ça, ça y gnd... passer une loi,
même avec la bonne collaboration de nos amis d'en face, passer la
réglementation qui doit en découler, même avec la bonne
collaboration de tout le ministère et des amis d'en face, on parle d'un
processus législatif et réglementaire sur deux ans quand on
s'attaque à ce type de problème avec toute l'énergie qu'on
peut y mettre. donc, parfois, on semble être en retard. dans le but
d'avoir plus d'efficacité, on se dit: pourquoi n'est-on pas aussi
efficace que ça? parce que, des fois, on éteint des feux au
ministère de l'environnement. puis tout le ministère, les
r bureaux régionaux comme le central, est pris dans le
quotidien à éteindre des feux. Puis on se dit: Peut-être
que, si on plaçait le quotidien dans les bureaux régionaux,
proche d'où sont les problèmes, à partir de ce
moment-là, on pourrait obtenir certains résultats puis on
dégagerait le ministère pour vous donner des règles, que,
parfois, vous allez juger sévères - je m'en excuse, mais on les
aura au moins discutées avant - qui soient claires et applicables de
façon à ce que vous sachiez comment vivre avec le
ministère.
M. Dufour (Ghislain): M. le ministre, pour vous retourner la
queston face à cette phrase qui vous a fait sursauter, remarquez bien
qu'on ne dit pas que c'est sans considération aucune. On dit «sans
grande considération». C'est important. Mais comment l'Office que
vous proposez viendrait nous aider, nous, à régler ce
problème-là?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'Office n'est pas l'instrument de
réglementation, n'est pas l'instrument de législation, n'est pas
l'instrument d'émission des politiques, n'est pas l'instrument de
l'interministériel et de faire affaire avec l'ensemble des autres
gouvernements. Ça, c'est le travail d'un ministère comme tel et
le ministère va continuer de s'acquitter de cette tâche, on
l'espère avec plus d'efficacité, parce qu'il va être
dégagé des urgences quotidiennes. L'Office, c'est l'application
comme telle de ce qu'on aura adopté en législation, en
réglementation ou en directive.
Dans le quotidien, si vous avez une entreprise qui a besoin d'un
certificat d'autorisation pour construire son entreprise puis d'un certificat
d'exploitation pour l'exploiter, vous savez comment c'est compliqué et
comment ça marche. À partir de ce moment-là, elle saura
que c'est au niveau de l'Office dans sa région qu'elle va aller chercher
son certificat. L'entrepreneur va savoir que c'est au niveau de l'Office dans
sa région que le suivi va être fait et l'entrepreneur va avoir un
point d'entrée, un guichet là où aller.
Maintenant, s'il y a des infractions qui sont commises, il va savoir que
c'est à partir du service d'inspection régional que c'est commis.
S'il veut modifier la loi et les règlements parce que ce n'est pas
correct, il peut en faire part à l'Office, mais c'est le
ministère qui va conserver cette attribution; le Conseil du patronat va
pouvoir conserver ses contacts avec le ministère de l'Environnement du
Québec de façon à avoir de l'influence dans ces
modifications réglementaires et législatives. C'est tout
simplement de façon à rendre un meilleur service à la
clientèle. Il n'y a pas d'autre objectif qui est visé et,
présentement, ce service n'est pas satisfaisant avec une utilisation
maximum de la structure actuelle. C'est la difficulté à laquelle
nous faisons face.
M. Dufour (Ghislain): On peut continuer à
échanger? Oui? Là où vous nous préoccupez,
c'est quand on voit le rôle qu'aurait cet Office par les permis, les
certificats d'attestation, etc., peu importe. Ce n'est pas présent dans
le projet de loi, mais, dans la déclaration ministérielle que
vous avez faite au moment du dépôt du projet de loi, vous avez dit
que vous pourriez utiliser votre pouvoir réglementaire comme ministre
pour, à ce moment-là, fixer des coûts aux entreprises pour
fins de permis, pour fins d'attestation, etc. Je peux vous citer là.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
M. Dufour (Ghislain): D'ailleurs, le débat a
été fait sur la place publique. À un moment donné,
on parlait de 80 000 000 $. C'a été ramené à des
proportions plus réduites, d'accord, mais vous allez comprendre les
inquiétudes des entreprises qui se disent: Si je donne mon aval à
un office de ce genre-là, je ne sais rien dans la loi de ce qui me pend
au bout du nez parce que le pouvoir réglementaire du ministre est
là, qui va faire que mon ami ici, un jour, pour un permis qu'il
demandera, je ne sais pas où, il devra payer x dollars; l'autre ira
chercher un certificat d'attestation, etc., etc. Tout ça, M. le
ministre, c'est par votre pouvoir réglementaire. Ça, ne demandez
pas à des gens d'affaires de souscrire à ça parce qu'ils
ne savent pas où ils s'en vont.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne vous le demanderai pas non
plus parce que, ça, ça ne fait pas partie de l'Office.
M. Dufour (Ghislain): Bien oui, mais...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour que tout le monde se
comprenne bien, ce que nous avons annoncé la semaine dernière, le
Programme de réduction des rejets industriels, les certificats
d'attestation d'assainissement, relève du pouvoir réglementaire
qui va appartenir au ministère de l'Environnement, office ou pas
d'office; ça, c'est clair, je veux que tout le monde comprenne bien
cette situation-là. Même si on ne met pas sur pied un office, ce
qui a été annoncé la semaine passée, c'a
été adopté...
M. Dufour (Ghislain): O.K.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...c'est en prépublication,
nous sommes prêts en discuter...
M. Dufour (Ghislain): Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...mais ça, ça
demeure et ça n'ajoute rien; ça ne sert même pas, au moment
où on se parle, à financer directement ou indirectement
l'Office.
M. Dufour (Ghislain): O.K. Ça, c'est ce qui est en projet
et qu'on aura l'occasion de débattre.
Je vous cite ici, le 17 décembre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ah bien! M. Dufour (Ghislain):
Ah, ce n'est plus ça?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne le sais pas, je vais
écouter la citation. Ça évolue rapidement, dans les
projets de loi.
M. Dufour (Ghislain): Ah oui! Mais je dois dire que, nous autres,
on a préparé notre mémoire avec ce qu'on avait comme
matériel.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On écoute tellement les
gens qu'on consulte...
M. Dufour (Ghislain): Oui, oui!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...qu'on est obligé de
modifier!
M. Dufour (Ghislain): Mais je vous le lis pareil, je vous le lis
pareil.
Une voix: N'enregistrez pas ça au Journal des
débats!
M. Dufour (Ghislain): En vertu de la réglementation
actuelle - celle-là, on peut la connaître - mais en vertu de la
réglementation future du ministère - celle-là, on ne la
connaît pas, O.K., peut-être que vous non plus - et dans une
volonté croissante d'appliquer le principe de pollueur-payeur, des
sommes pourront être perçues par l'Office dans le cadre de ses
divers mandats - on parle de l'Office, là - telle l'émission
d'attestations, de certificats d'autorisation ou encore de permis, etc.
Ça, une déclaration comme ça, quand vous ne retrouvez pas
ça dans la loi, c'est donner un chèque en blanc; ça, les
entreprises peuvent difficilement... Je sais que vous ne me demandez pas d'y
souscrire, mais les entreprises ont un problème avec ça.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je comprends le problème de
perception. S'il n'y avait pas de problème de perception, nous ne
serions pas en commission parlementaire à cette étape-ci.
Généralement, si nous acceptons ou si nous souscrivons
d'emblée à une commission parlementaire, c'est parce que, oui, il
y a des problèmes de perception, c'est parce que, oui, il y a
également des problèmes de précision. Vous soulevez
plusieurs questions précises dans votre mémoire et chacune des
questions mérite une réponse de la part de l'appareil
gouvernemental.
Ce que je tente de dégager comme consensus, c'est un consensus
d'efficacité administrative au ministère de l'Environnement du
Québec. J'ai cette responsabilité-là aussi. On a la
respon-
sabilité de corriger les problèmes du passé, on a
la responsabilité de bien gérer le présent et on a la
responsabilité de prévoir l'avenir. Présentement, ce que
je vous dis comme ministre de l'Environnement - vous pouvez me croire ou ne pas
me croire - c'est que je n'ai pas les outils administratifs nécessaires
pour bien servir la clientèle, et le monde des entreprises est une
clientèle très importante au ministère de l'Environnement
du Québec. Si vous me dites qu'avec (a., structure actuelle vos
entreprises sont satisfaites, de ne pas toucher à ça, que
ça va bien, . moi, ça va là, je n'ai pas de
problème comme ministre de l'Environnement; ça m'en fait un de
moins sur les épaules.
M. Dufour (Ghislain): J'espère que ce n'est pas le message
qu'on a laissé. Vous aurez remarqué que, nous, on n'a pas honni
le projet de loi, je veux dire, on l'interroge; on a besoin d'être
convaincu qu'il est nécessaire. C'est évident, nous autres, que
des offices... Je veux dire, on participe à un paquet d'offices, on
participe aussi à la CSST et on participe à un office qui est
créé ou à créer de M. Bourbeau. On est très
interrogateur parce que, dans la machine gouvernementale, quelque chose qui se
crée et qui reste petit, on ne connaît pas ça.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Que l'on crée l'Office pu
que l'on ne crée pas l'Office, parmi les ministères du
gouvernement du Québec ou les autres sociétés, les
ministères de l'Environnement sont des ministères en croissance.
Ça, je vous le dis comme homme politique.
M. Dufour (Ghislain): Ah oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Nous ne sommes pas capables,
à partir des ressources qui sont mises à notre disposition -
présentement, nous sommes le plus jeune ministère au gouvernement
du Québec - de nous acquitter des mandats de plus en plus nombreux.
Je ne vous dis pas qu'il faut aller chercher de nouvelles ressources
à l'extérieur; peut-être en prendre dans d'autres
ministères et les acheminer au ministère de l'Environnement du
Québec. Que vous ayez un office ou que vous n'ayez pas d'office, quel
que soit le gouverne-tent en place, il y aura, au cours des 10 prochaines
années, croissance du ministère de l'Environnement du
Québec.
M. Dufour (Ghislain): Je pourrais demander à M. Garon, qui
a une question à vous poser.
M. Garon (Jacques): M. le ministre, justement, en raison de ce
que vous venez de dire - autrement dit, tout le monde reconnaît que vos
ressources sont très limitées - on mentionne dans le projet de
loi que l'Office pourra regarder à la création peut-être
d'un nouveau service d'urgences environnementales. Est-ce qu'il y a un peu plus
de précisions que vous pourriez nous donner à cet effet? Parce
que je pense que, ça, c'est très, très important non
seulement pour les entreprises, mais aux yeux de la population en
général.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce dont il s'agit dans
l'état actuel de la législation, c'est du transfert du service
d'urgences environnementales, tel qu'il existe présentement, à la
juridiction de l'Office de protection de l'environnement. C'est un service qui
fonctionne 7 jours par semaine, 24 heures par jour et dont l'efficacité
a été de beaucoup améliorée au cours des deux
dernières années. Vous pouvez me donner des cas où
ça n'a pas fonctionné parce que ceux-là font les
médias toutes les fois, quand ça ne fonctionne pas, mais, moi, je
peux vous donner la liste des cas où ce service a donné du
service à l'entreprise et au public, les fins de semaine, les
congés fériés. Des catastrophes ont été
évitées grâce à leur efficacité
d'intervention. À peu près chaque fois où ils ont
manqué leur coup - on ne les mentionnera pas - c'était dans les
médias, en première page.
Le Président (M. Garon): M. le député de
Jonquière, pour une période équivalente de 24 minutes.
M. Lazure: La Prairie, M. le Président. Le
Président (M. Garon): La Prairie.
M. Lazure: Merci, M. le Président. Je veux, au nom de
l'Opposition, remercier M. Dufour et ses deux collègues pour leur
présentation. Je veux simplement prendre quelques moments pour
réagir aux propos du ministre de l'Environnement. Il se débat
évidemment beaucoup, beaucoup, et il parle d'abondance, mais il faut en
prendre et en laisser. Par exemple, le projet de loi 405, les matières
dangereuses... Monsieur a raison parce que les dispositions relatives à
ce projet de loi 405, qui a été adopté en décembre,
ne sont pas encore en vigueur parce que le projet de règlement qui
devait être présenté en même temps que le projet de
loi n'a pas été présenté. L'Opposition
réclamait à hauts cris - mes collègues s'en souviennent -
ce projet de règlement en commission parlementaire, en décembre.
Le ministre l'a promis, promis, promis. Nous avons même demandé au
ministre de faire venir le Conseil du patronat. Je me rappelle avoir
piloté une motion pour qu'on entende le Conseil du patronat et le
ministre a refusé de vous entendre, M. Dufour. Il a refusé
ça.
M. Dufour (Ghislain): Ah bon! On en prend note.
M. Lazure: Tenez-vous-le pour dit.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lazure: Vous savez - deuxième exemple - le ministre a
fait toute une enumeration de règlements ou de projets de
règlements de lois qu'il a fait adopter, qu'il a pilotés, bravo!
Il a parlé des déchets biomédicaux, du Règlement
sur les déchets biomédicaux. Écoutez, ça a pris
quatre ans avant que ce gouvernement-là n'accouche du règlement
sur les déchets biomédicaux, quatre ans. C'est M. Lincoln qui
avait commencé ça en décembre 1987; M. Lincoln l'avait
promis. D'accord, il est adopté; ce n'est pas un mauvais
règlement, mais, encore une fois, le ministre fait la preuve de ce qu'on
avance, ce n'est pas le manque de règlements, le manque de lois, le
manque de structures, c'est le manque de dynamisme et de vision parce qu'on a
un règlement sur les déchets biomédicaux, on a un
incinérateur, un seul pour le Québec qui est dans l'Outaouais,
Dicom, qui appartient à Laidlaw, et 80 % de ce que traite cet
incinérateur, M. le Président, viennent d'hors du
Québec.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. Lazure, juste...
M. Lazure: Non, non, je ne vous ai pas interrompu...
Le Président (M. Garon): M. le député de La
Prairie, c'est vous qui avez la parole. (18 heures)
M. Lazure: M. le Président, rappelez donc à l'ordre
le député de Brome-Missisquoi. Il y a quelques petits
incinérateurs d'hôpitaux comme Notre-Dame, mais on parle d'un
incinérateur public, pour satisfaire les besoins de tout le
Québec. Il y en a un important, Dicom, dans l'Outaouais. Le ministre -
ça fait plusieurs fois qu'on le saisit de ça - accepte sans
broncher -au nom de quoi? je ne le sais pas - à cette usine, de
l'ensemble des déchets qu'on traite, seulement 20 % viennent du
Québec, alors que grand nombre d'hôpitaux ne savent pas trop quoi
faire des déchets biomédicaux. C'est un peu la même chose
pour les pneus usés. Aujourd'hui, j'ai soulevé en Chambre la
situation complètement absurde où Ani-Mat, la seule compagnie qui
recycle les pneus usés au Québec, à
Saint-Élie-d'Orford, est obligée d'aller soumissionner en Ontario
et de se faire donner une subvention, un contrat de 1 300 000 $ par le
ministère de l'Environnement de l'Ontario parce que le ministère
de l'Environnement du Québec ne s'occupe pas de ses affaires. Pendant ce
temps-là, on a des montagnes, des millions de pneus au Québec. Il
se contente de faire quoi, le ministre de l'Environnement? De proclamer des
règlements de gardiennage de pneus, des services de garde aux pneus.
C'est ce qu'il fait, le ministre de l'Environnement, au lieu d'être
à l'avant-garde et de convaincre son gouvernement, son Conseil des
ministres d'investir de l'argent pour recycler les pneus. C'est rentable au
plan économique. Ani-Mat a un chiffre d'affaires de 5 000 000 $, exporte
80 % de sa production. Il y a des marchés pour ça. Le ministre le
sait. C'est pour ça que c'est d'autant plus déplorable.
Mais je vais revenir à votre mémoire, c'est moins
déprimant, M. Dufour. Je vous félicite...
M. Dufour (Ghislain): Pour une fois!
M. Lazure: ...ce n'est pas tous les jours qu'on est du même
côté, on est du même côté.
Le Président (M. Garon): Nous enregistrons cette minute
historique.
M. Lazure: La première question que j'ai, M. Dufour...
Une voix: Le même point de vue...
M. Lazure: Le gros de votre mémoire fait la
démonstration que c'est un projet de loi qui n'est pas nécessaire
et vous le dites à certains endroits. Par contre, vous arrivez à
la conclusion et, là, vous reculez un petit peu. Vous dites: On n'est
pas contre. Je regarde le mémoire de l'Association des manufacturiers,
laquelle viendra ce soir. Mais vous avez quand même des relations avec
ces collègues manufacturiers! Il y en qui font partie de votre Conseil,
j'imagine, et je suis sérieux là. Comment concilier votre
timidité presque amicale pour le ministre de l'Environnement à
l'égard de ce projet de loi inacceptable, comment concilier ça
avec ce que les gens qui sont manufacturiers, qui appartiennent à votre
Conseil, qui vont être représentés ce soir par un autre
mémoire qui dit: Non seulement la création de l'Office n'est pas
justifiée, mais cette création pourrait avoir des effets tout
à fait contraires à ceux recherchés en plus de constituer
un obstacle de plus à l'amélioration de la capacité
concurrentielle des entreprises manufacturières et à la
compétitivité de celle-ci?
M. Dufour (Ghislain): M. le ministre, vous avez peut-être
trouvé...
M. Lazure: Je vous remercie de m'appeler «M. le
ministre», mais je...
M. Dufour (Ghislain): M. l'ex-ministre, vous avez peut-être
trouvé dans l'AMQ un supporteur de votre thèse, bien, je veux
dire, vous en débattrez avec eux ce soir. Nous, ce qu'on dit, c'est que
ce projet de loi ne nous apparaît pas nécessaire, ne nous
apparaît pas utile, sauf qu'avant de le rejeter comme ça on a
opté pour poser des questions et demander au ministre de tenter de nous
le justifier. Je ne suis pas prêt à vous dire qu'il l'a fait. Je
pense qu'on a rempli notre rôle. C'est facile de toujours dire non
à
quelque chose, alors que, nous, on a plutôt voulu poser les bonnes
questions. Je pense que, dans ce sens-là, notre mémoire a fait
réfléchir le ministre. Il a même fait une étude
exhaustive de toutes ces lois, de tous ces règlements depuis je ne sais
plus combien d'années. Il n'aurait pas fait ça face à
ça. Alors, ça nous amène à un débat qui est
plus sain que de prendre des positions complètement extrêmes. Mais
vous avez raison. Nous, on continue de l'interroger. Ce n'est pas de la
timidité, je pense que c'est de l'intelligence.
M. Lazure: M. le Président, on peut être
opposé avec intelligence à un projet de loi qui n'est pas
acceptable. Je rappelle à M. Dufour que l'Opposition, le Parti
québécois, a voté pour certains projets de loi du ministre
de l'Environnement, notamment pollueur-payeur, le 65, notamment le 60. Mais ce
qu'on constate M. Dufour, c'est qu'après avoir voté pour de
bonnes lois comme ça sur papier l'action ne suit pas. Là
où vous et nous, on se rejoint très bien, c'est lorsque vous
dites: Nous constatons, depuis quelques années, une dichotomie entre le
discours du gouvernement en matière de politique environnementale et son
action. C'est ça, la tragédie. C'est qu'on a de beaux discours du
ministre de l'Environnement, mais on n'a pas d'action. C'est comme ça
sur toute la ligne.
Dans l'hypothèse où le ministre et son gouvernement
s'entêteraient et créeraient cet Office, je reviens à des
questions là-dessus, vous dites: Le droit d'appel... non pas le droit
d'appel, mais simplement les gens qui pourraient... Attendez un petit peu que
je me retrouve là. Lorsque vous dites que les 1800 employés sont
tous... Ah oui! «Le ministre s'engage à donner suite aux
plaintes...» C'est à la page 4 de votre mémoire. Vous
dites: Est-ce que c'est réaliste d'envisager de répondre à
toutes les plaintes? C'est là que vous avez dit: Ça va en prendre
plus que 1800 pour répondre à toutes les plaintes. Mais
là, ça m'a intrigué un peu, ça. D'après
vous, le ministre ou le ministère devrait s'arrêter aux plaintes
de qui? Comment décider: Je vais prendre cette plainte-là qui
vient de madame X et je ne prendrai pas la plainte qui vient de monsieur Y?
M. Dufour (Ghislain): Bien, écoutez, c'est év lent
que je ne peux pas répondre à ça. Dans toutes les
institutions gouvernementales qui ont mis sur pied des espèces
d'ombudsmans ou de gens qui font du tamisage des plaintes, il y en a qui sont
importantes, il y en a d'autres qui ne sont pas importantes. Sauf que c'est
évident que, si, demain matin, on faisait appel à tous les
Québécois pour se plaindre contre les entreprises, je pense qu'il
n'y aurait pas assez de fonctionnaires. Il faut pondérer ce genre
d'appels à la critique, à la contestation.
On n'a pas d'opposition à ce qu'il y ait un bureau des plaintes,
remarquez bien. Je pense que, dans ' certains cas, ce serait même utile,
et utile pour l'image des entreprises, parce qu'il y a des entreprises, et on
pourrait en citer, qui ne nous aident pas, nous, monde patronal, à
défendre le dossier de l'environnement, parce qu'il y en a qui
exagèrent et qui ont exagéré dans le passé. Alors,
qu'il y ait un bureau des plaintes bien structuré, on est d'accord avec
ça. Sauf que, où ça s'arrête? Encore là, vous
aurez remarqué que c'est sous forme d'interrogation: Comment on le
bâtit? Je le sais, dans un autre secteur, M. le député de
La Prairie, on est en train de mettre sur pied un bureau des plaintes à
la CSST. Ce n'est pas facile parce que comment tu gères une plainte
comme ça et que tu la gères bien, en tenant compte des structures
qui existent déjà et du rôle des fonctionnaires qui sont
là pour les appliquer? Il y a des mandats très, très
clairs qui sont donnés aux fonctionnaires, ici, de par cette
loi-là. Alors, tu gères ça comment?
Après deux ans, Dr Lazure, de débats à la CSST avec
le président et les centrales syndicales, on va en mettre un sur pied,
là, deux ans plus tard. Une des raisons pour lesquelles ça a pris
tant de temps, c'était pour bloquer ce qu'on appelle les requêtes
frivoles, pour ne pas accepter n'importe quoi. Il y a des gens qui se donnent
la mission de démolir tout le monde. Vous le savez, il y a des gens qui
se donnent la mission de démolir les politiciens et il y en a qui se
donnent la mission de démolir les entreprises. Alors, ni l'un ni l'autre
n'est acceptable.
M. Lazure: M. le Président, je voudrais demander à
M. Dufour aussi... Dans le fond, si vous aviez le choix entre un
ministère de l'Environnement qui serait rendu efficace à tous
égards, en particulier raccourcir les délais, un ministère
efficace, d'une part, et un office que le gouvernement s'entêterait
à créer et qui serait complètement autonome... Au fond,
qu'est-ce que vous voulez? Ma question, c'est: Votre choix, ce serait un office
totalement autonome ou un ministère de l'Environnement très
efficace?
M. Dufour (Ghislain): II y a sûrement des raisons que nous
ne connaissons pas qui font que le gouvernement et son ministre pilotent ce
dossier-là. On ne les a pas, mais, vu par nous, en l'absence de cette
information-là, que je respecte, on ne l'a pas, nous opterions pour un
ministère qui aurait les deux volets de sa mission, à savoir
législation-réglementation et respect de sa
législation-réglementation. Je pense que ça va de soi
qu'on ne peut pas couper les liens entre les deux, en tout cas vu par nous, la
question s'adressant à moi, M. le ministre. Je pense que, nous, on
opterait pour un ministère qui aurait les deux.
On a été plus loin dans le passé, et le ministre va
nous confirmer ça, on est des
groupes qui ont toujours supporté le ministre dans ses demandes
de crédits additionnels. Et c'est vrai. La dernière fois, le 50
000 000 $, on l'a drôlement supporté parce qu'on pense qu'il y a
des choses à faire et que l'équilibre entre le
développement économique et le développement
environnemental est important au Québec. Vu par nous, en dehors du
contexte politique, on a peur de la création d'un office. Remarquez bien
que ce qu'on dit à M. Paradis aujourd'hui, on l'a dit à M.
Bourbeau, il y a peine un mois, dans l'autre commission parlementaire sur la
création de l'Office de développement des ressources humaines. Le
Parti québécois avait la même position que nous dans ce
dossier-là. Vous avez, aujourd'hui, l'interrogation de ces grands
organismes. Ça inquiète parce que tout ce qui se crée, par
définition, dans la fonction publique, a tendance à être
gros. Je réponds au ministre en même temps, je suis d'accord quand
le ministre dit que, nonobstant ce qui va arriver avec l'Office, les budgets de
l'Environnement vont augmenter. On est d'accord avec ça, nous autres
aussi. Mais, à ce moment-là, je pense qu'il y a un meilleur
contrôle s'il garde les deux. Alors, à votre question
précise, ce soir, sans avoir pris de distance par rapport aux
réponses que nous a faites le ministre - il faudra faire quand
même un certain nombre d'analyses de ces réponses-là - on
opterait encore pour garder le tout au ministère.
M. Lazure: Je suis content d'avoir une réponse aussi
claire. Finalement, c'est la position de la plupart des groupes qui vont se
présenter devant cette commission. Vous avez raison de dire que ce sont
des raisons obscures. Nous non plus, on ne comprend pas pourquoi. Qui a
réclamé une telle création, à part les jeunes
libéraux? Les jeunes libéraux l'ont réclamée. Ils
l'ont fait passer à leur congrès, il y a un an, un an et demi.
À part eux autres, je n'ai entendu personne, aucun groupe
réclamer la création de cet Office. À quels besoins le
ministre répond-il en créant un tel office? Nous, étant
donné qu'il y a eu fuite de certains documents, on soupçonne
qu'une de ses motivations était d'aller chercher des sous. Mais c'est de
connaissance publique maintenant qu'il avait fait des estimations et que, par
des redevances, par des tarifs aux permis, il espérait se créer
une cagnotte, la cagnotte qu'il n'a pas eue de son chef depuis deux ans et
demi, qu'il devait avoir. Il devait avoir 50 000 000 $, la première
année. Il a eu à peine 25 000 000 $ sur deux ans, deux ans et
demi. Je pense que c'est ça, la principale raison obscure qui n'est pas
mise sur la table. Mais on sait que ses collègues ont dit: Non, il n'y
aura pas de cagnotte affectée, réservée au
ministère de l'Environnement par le biais de redevances. Il n'y en aura
pas. S'il y a des redevances et des tarifs, ça ira à l'ensemble
du Trésor.
Nous, on pense que cette commission va peut-être faire bouger le
ministre, dans le sens de s'attarder, d'utiliser son énergie, ses
talents à améliorer le fonctionnement de son
ministère.
Moi, j'ai une dernière question pour le Conseil du patronat. M.
Dufour, vous avez fait allusion au développement durable, vous aussi,
comme le Mouvement Desjardins auparavant. Je vous pose la même question
qu'au Mouvement Desjardins. Vous avez participé à la table de
concertation sur le développement durable. Comment expliquez-vous que
cette table ne semble pas donner les résultats escomptés?
M. Dufour (Ghislain): Juste avant de répondre à
votre question, j'aimerais quand même préciser que nous demeurons
interrogatifs quand on sort d'ici. Vous me demandez, au moment où on se
parle - 18 h 10 - qu'est-ce qu'on préfère. Je vous dis qu'on
préfère un ministère qui aurait les deux missions, les
deux volets. Mais le débat n'est pas terminé. Nous aussi, on va
prendre connaissance des arguments du ministre, du gouvernement, des
intervenants qui l'appuient. Le débat, pour nous, reste sur la
table.
Sur la table de l'environnement, je pourrais vous citer ici ce qu'on
avait dit lors de l'ouverture des travaux de la table. On avait dit que, pour
réussir cette table-là - et je lis le texte d'ouverture - on
devra établir une liste, par ordre de priorité, des
actions urgentes à entreprendre. Parmi celles-ci, citons la connaissance
partielle du ministère de l'Environnement de la quantité et de la
nature des déchets dangereux produits au Québec.» Et, nous,
on avait mis en tête de liste le dossier des déchets dangereux
dans le plan Charbonneau. Alors, ce qui est arrivé, c'est que tout le
monde est allé là avec sa préoccupation et sa liste. Comme
on était 30 autour de la table, c'est devenu non gérable. Mon
collègue, c'était Green, Daniel Green, alors c'est évident
qu'on n'avait pas toujours la même liste d'épicerie. Alors, compte
tenu de ça, on a peut-être vu un peu grand quand on a voulu
asseoir 30 personnes aussi différentes que, je ne sais pas, moi,
Gérald Larose, Claude Béland, etc., autour d'une table, pour
essayer, dans un temps relativement court, d'avoir des résultats
très, très concrets. Je ne pense pas qu'il y en ait eu. Je
défie quiconque de penser que, dans deux ans, ce groupe-là aurait
pu se donner une charte de l'environnement. Je ne crois pas à ça.
Ce n'est pas possible. Il y a trop d'éléments de débat
dans une charte comme celle-là. Les comités techniques continuent
de travailler. Nous, on continue de siéger, M. le député
de La Prairie, sur les comités parce qu'on pense qu'il y a du travail
qui peut se faire. Même si les comités n'arrivent pas à des
conclusions, que ces gens-là se parlent, c'est une première et
c'est positif.
Je vais terminer en disant justement que, moi, j'ai vécu bien des
tables, sous votre gouvernement puis sous le gouvernement actuel. Des tables
qui, après deux ans, n'ont pas donné beaucoup de
résultats, j'en ai vu d'autres. Ce
n'est pas négatif. je pense que l'expérience a
été tentée. par ailleurs, j'aurais des suggestions
très précises à faire au ministre s'il m'en demande. ha,
ha, ha!
M. Lazure: Vous avez vécu plusieurs tables, M. Dufour,
ça, j'en conviens, sous tous les gouvernements, mais, moi, j'ai rarement
vu une table qui a tellement d'échecs qu'elle provoque la
démission fracassante d'un sous-ministre adjoint responsable du
développement durable justement. Alors, je suis obligé de faire
le lien avec cette démission, au cours de laquelle M. Mead
déclarait que c'était l'absence de volonté politique du
gouvernement actuel, du ministre actuel, si cette table-là...
C'était son appréciation à M. Mead.
M. Dufour (Ghislain): C'est ça. Mais vous comprendrez que,
moi, je ne commenterai pas...
M. Lazure: C'est son appréciation, la vôtre est
différente.
M. Dufour (Ghislain): Vous comprendrez que, moi, je ne
commenterai pas les raisons de démission de M. Mead.
M. Lazure: Non, non. Ça, c'est mon commentaire. Je
remercie le Conseil du patronat.
Le Président (M. Garon): Nous remercions les
représentants du Conseil du patronat de leur présentation et nous
suspendons les travaux pendant quelques instants. Nous allons revenir en
commission pour déterminer ce qu'on va faire ce soir. On a un ordre de
la Chambre jusqu'à 21 heures et il y a deux groupes à
entendre.
(Suspension de la séance à 18 h 16)
(Reprise à 18 h 17)
Le Président (M. Garon): Alors, la commission reprend ses
travaux. Voici le dilemme que nous avons. Il est 18 h 20. Nous avons deux
groupes: l'Association des eaux souterraines du Québec qui était
convoquée pour 17 h 30 et, à 20 heures, l'Association des
manufacturiers du Québec. Alors, comme l'ordre de la Chambre est de
siéger jusqu'à 18 h 30 et de 20 heures à 21 heures,
à moins d'un consentement pour aller jusqu'à 22 heures, ce qui
était prévu initialement, mais comme il y a eu un
désistement à 21 heures puisqu'il y a des gens qui avaient
été convoqués sans être consultés et qui ne
pouvaient pas venir à 21 heures - ils ont dit qu'ils ne pouvaient pas
venir à 21 heures... Indépendamment du président, parce
que le président n'est pas d'accord. On consulte avant de convoquer. Il
fait partie des gens qui pensent que le Parlement peut faire bien des choses,
mais qu'il y a des choses qu'il ne peut pas faire. Alors, je veux savoir ce
dont vous convenez.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On pourrait, s'il y a entente avec
l'Opposition, et je le dis à titre de suggestion, entendre le
mémoire, revenir en prenant 10 minutes de chaque côté pour
les questionner, si les gens sont disponibles et nous accordent... On va le
faire en deux temps...
M. Lazure: Si je comprends bien, M. le Président...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...et raccourcir un peu le temps
de l'Association des manufacturiers. Moi, dans les circonstances, j'ai un
agenda qui est pris dans le béton.
M. Lazure: Notre proposition, c'est de commencer maintenant,
d'entendre le mémoire puis de continuer...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si ça va, il faut le
faire...
Le Président (M. Garon): On va suspendre à 18 h
30.
M. Lazure: ...de continuer à...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne veux pas enlever le
momentum.
M. Lazure: Oui, c'est ça, jusqu'à 18 h 30, puis
continuer à 20 heures? C'est ça. Je suis d'accord. Ça
va.
Le Président (M. Garon): Donc, nous appelons les
représentants de l'Association des eaux souterraines du Québec,
MM. Doyon et Rousseau. J'ai compris que M. Orner Rousseau est
vice-président exécutif de l'APCHQ et le porte-parole. Alors, si
vous voulez nous présenter les gens qui vous accompagnent. Vous avez
normalement 20 minutes pour présenter votre mémoire, normalement
20 minutes pour le parti ministériel et 20 minutes pour l'Opposition,
mais je vous dis d'avance que nous allons suspendre à 18 h 30 pour
reprendre à 20 heures.
Association des eaux souterraines du
Québec
M. Rousseau (Orner B.): M. le Président, merci. Mon nom
est Orner Rousseau. Je suis le vice-président exécutif de
l'Association provinciale des constructeurs d'habitations du Québec.
Évidemment, vous ne voyez pas mon nom apparaître là
puisque, effectivement, l'Association des eaux souterraines du Québec
est une association affiliée à l'Association provinciale. Alors,
à mon extrême droite, j'ai l'ex-président de l'Association
des eaux souterraines, M. Denis Croteau, qui est ingénieur et
hydrogéologue et qui est aussi responsable du dossier de l'environnement
au
niveau de cette Association; au centre, évidemment, M. Gilles
Doyon, directeur du contentieux de l'APCHQ. Alors, ces deux personnes auront
à défendre le dossier.
Néanmoins, je voudrais, M. le Président, si vous me le
permettez, faire une brève présentation sur l'organisation parce
qu'elle n'est sûrement pas connue au même titre que le Conseil du
patronat, le Mouvement Desjardins et l'Association provinciale des
constructeurs d'habitations. Néanmoins, je voudrais vous dire que, comme
association, elle a comme mandat de protéger les eaux souterraines en
termes de forage et aussi de captage des eaux. À cet égard, je
dois vous dire que cette Association est affiliée chez nous depuis 1985,
bien qu'elle existe depuis 1963. Depuis ce temps, évidemment, elle a pu
faire reconnaître par la Régie des entreprises de construction une
obligation que toute entreprise de construction qui fait du forage et du
captage d'eaux souterraines soit obligée de détenir une licence
d'entreprise de construction. Par ailleurs, je pense que l'Association a pu,
via le ministère de l'Environnement, travailler et dialoguer sur un
éventuel règlement sur la construction des ouvrages et du
captage, donc des normes très précises à cet effet pour
garantir la qualité des travaux et, aussi, le respect de
l'environnement. Donc, je dois vous dire que cette Association compte 170
entreprises de construction en eaux souterraines et que tout passe à peu
près par eux en ce qui a trait au forage et au captage des eaux. Sur ce,
je demanderais aux autres intervenants de faire la présentation.
M. Croteau (Denis): Mon intervention sera assez ou relativement
courte. Ça va faire plaisir à tout le monde.
Le Président (M. Garon): Voulez-vous vous Identifier?
M. Croteau: Denis Croteau. Le Président (M. Garon):
O.K.
M. Croteau: Mon intervention va être assez courte.
Ça va faire plaisir à tout le monde. On est une petite
association et on ne représente pas beaucoup de personnes. Notre impact
est quand même assez considérable à cause du nombre
d'utilisateurs d'eaux souterraines au Québec. On sous-estime ça.
C'est quand même assez important. Une déclaration de M. Clifford
Lincoln, alors ministre de l'Environnement, dans le supplément de
février 1987 de la revue Sciences et techniques de l'eau,
énonçait ce qui suit: «L'importance de notre
environnement, sous toutes ses facettes, n'est plus à prouver
aujourd'hui. Qualité de l'environnement et qualité de vie sont
des valeurs indissociables qui doivent faire l'objet d'une protection
acharnée et quotidienne. Bien sûr, nous sommes entourés de
richesses naturelles qui font de nous des privilégiés, l'eau
étant plus abondante. Pour le constater, nous n'avons qu'à songer
aux populations du tiers monde pour qui la recherche de l'eau est un travail de
tous les jours. «Mais cette abondance ne doit pas nous faire perdre de
vue la fragilité de cette ressource. L'eau est constamment
menacée par de nombreuses sources de pollution, et ce, depuis des
décennies. Il faut aujourd'hui restaurer cette dégradation, mais
surtout travailler pour qu'elle ne se poursuive pas. En effet, la protection de
l'eau, comme la protection de l'environnement, passe par la protection et la
conservation.»
Agréé d'emblée par l'Association des eaux
souterraines du Québec, cet énoncé prend toute son
importance et toute sa consistance lorsqu'on se réfère aux
statistiques publiées à l'émission «Le Point»,
à Radio-Canada, le 5 septembre 1989.
En effet, selon les données recueillies, 1 200 000 personnes
s'approvisionnent en eau potable en puisant de l'eau au Québec. En
d'autres termes, quelque 20 % de la population ont recours à un puits
artésien pour leur approvisionnement en eau potable. Ces mêmes
statistiques nous apprennent que jusqu'à 80 % des gens formant la
population de certaines localités au Québec puisent
également leur eau potable. Toujours selon les mêmes
données, il se creuse, en moyenne, 15 000 puits artésiens par
année au Québec. Voilà affirmée, en quelques
lignes, toute l'importance qualitative et quantitative des eaux souterraines au
Québec. Ce n'est qu'à titre d'experts de premier plan dans ce
domaine, conscients de l'importance de la ressource, que les
représentants de notre Association suivent révolution de la
législation et de la réglementation du ministère de
l'Environnement au regard de tout ce qui concerne les eaux souterraines.
M. Doyon (gilles): voilà, m. le président, mon nom
est gilles doyon. alors, d'emblée, avant de commencer, l'optique dans
laquelle on intervient est la suivante. d'abord, nous sommes une association
qui représente les intervenants de première ligne dans le domaine
du forage et du captage des eaux souterraines; c'est le gagne-pain des membres
de cette association-là et, en même temps, c'est une ressource
très importante.
L'autre volet de l'optique de notre intervention, c'est que, dans le
passé, nous avons, depuis de nombreuses années, tenté de
régler certaines situations avec le ministère. Nous ne jetons pas
de blâme ou quoi que ce soit, sauf que nous avons constaté avec le
temps que traiter avec un ministère et traiter avec un office ou une
régie, il y a des différences. Alors, quant à nous, quant
à l'article 1, nous nous déclarons en accord avec le principe de
la création d'un office de protection de l'environnement. Les raisons,
c'est que, premièrement, on parle d'une indépendance, même
si elle est relative, mais qui, quand même, donne à un tel
organisme une liberté d'action que l'on trouve plus
appropriée pour la réalisation des objets qu'on lui donne.
Deuxième élément, c'est qu'un tel organisme est apolitique
et apolitisé dans sa création, normalement, donc qu'un tel
organisme évite au ministre d'avoir à trancher entre
l'intérêt public et les intérêts privés.
Aussi, habituellement, un tel organisme - on pourra se référer
tantôt à d'autres - est constitué de gens qui
possèdent l'expertise, qui en sont membres puisqu'ils sont des experts
dans le domaine, donc qui sont plus en mesure d'intervenir, d'appliquer et de
réaliser leurs objets d'une façon souple et efficace.
Malgré tout, ce n'est pas parce qu'on crée une régie ou un
office qu'il n'a pas à répondre comme tel de ses faits et gestes
devant le ministre.
Alors, contrôle, surveillance et application de la
législation et de la réglementation spécialement pour un
office comme ça, nous nous déclarons en faveur de la
création d'un tel organisme. Nous nous référons ici, en
particulier... J'ai dit, tantôt, qu'on a eu à traiter longtemps
avec le ministère pour certains problèmes, entre autres, comme
organisation. Comme M. Rousseau en a fait mention tantôt, nous avons
réglé ou on pense, du moins, avoir réglé le* volet
de la protection du consommateur qui transige avec des gens qui sont des
entrepreneurs dans le domaine du captage des eaux souterraines. Alors, de la
main gauche, nous avons une situation qui est, comme telle, sous
contrôle, mais, de la main droite, nous avons besoin d'un
règlement pour que ces gens-là qui font du captage et du forage
en eaux souterraines ne fassent pas n'importe quoi ou n'utilisent pas n'importe
quel matériel. C'est dans cette optique-là qu'on vous disait, au
début, qu'on a besoin d'un office de protection de l'environnement.
L'exemple qu'on peut vous donner, c'est qu'on a, au niveau de
ministère du Travail, une régie, autrefois connue comme la
Régie des entreprises de construction du Québec, qui s'appelle
maintenant la Régie du bâtiment. Je pense que, comme régie,
elle a justement à appliquer une loi sur la qualification des
entrepreneurs et sur le bâtiment. Je pense qu'on peut citer ça en
exemple comme étant un organisme qui fonctionne et qui est quand
même respon-sai 'e. On peut vous dire, comme association, que, lorsqu'on
a eu, à un moment donné, des problèmes à
régler, ça s'est réglé plus vite avec un organisme
dont les fonctions précises sont d'appliquer une loi que de commencer
à faire le tour d'un ministère.
À l'article 3, il est prévu que l'Office sera
composé de neuf membres. Alors, on dit au ministre, en passant,
qu'étant l'Association qui représente le domaine des eaux
souterraines et qui a fait ses preuves dans le passé comme ayant fait
ses devoirs et ayant appris ses leçons, à ce moment-là, on
vous suggère l'Association comme étant l'un des neuf membres qui
devraient composer l'Office.
À l'article 18, on parle des fonctions qui seront
conférées à l'Office. Alors, à l'instar d'un petit
peu de nos prédécesseurs ici, à la table, nous aussi, on
pense qu'en termes de fonctions et d'objets qui seront dévolus à
l'Office ça ne nous paraît pas clair. Dans notre
compréhension à nous, quand on lit la Loi sur la qualité
de l'environnement et les autres lois et que l'on prend connaissance du projet
de loi 412, quant à nous, il y a des zones grises. Quelles seront les
¦fonctions précises de l'Office et en vertu de quelles
dispositions de la Loi sur la qualité de l'environnement ou d'autres
lois il sera clairement défini que ces fonctions-là
appartiendront ou non à l'Office? C'est ça qu'on recommande au
ministre de clarifier dans son projet de loi.
Le paragraphe 7° de l'article 18 prévoit que l'Office doit
publier ou autrement diffuser les données statistiques qu'il va
accumuler.
Nous, comme association, nous avons des membres qui doivent, en vertu de
la réglementation actuelle, transmettre au ministère de
l'Environnement ce qu'on appelle des rapports de forage, chaque fois qu'un de
nos membres oeuvre pour le forage d'un puits artésien. On sait que le
ministère tient à ces rapports de forage là et on sait
pourquoi. Il a besoin de connaître la composition, la configuration, la
caractérisation des sols où on travaille. Nous, on a souvent,
comme association, à inciter nos membres à s'occuper de
transmettre ces rapports-là et à le faire avec exactitude. On
peut vous envoyer une avalanche de rapports, mais, si n'importe quoi est
écrit dedans, ça ne vaut pas cher. Donc, comme association, on
appuie ça, mais on veut ce qu'on appellerait un retour sur
l'information. Donc, on est d'accord avec cette disposition-là et on
veut peut-être même la faire renforcer à l'effet que
l'Office, en retour, doit transmettre ces informations aux membres et aux
entrepreneurs qui en ont besoin dans le cadre de leur travail quotidien.
L'autre article, le huitième paragraphe...
Le Président (M. Garon): Comme il est 18 h 30 et que
l'heure est arrivée d'ajourner nos travaux, nous continuerons à
20 heures. Nous suspendons les travaux de la commission jusqu'à 20
heures ce soir.
(Suspension de la séance à 18 h 31)
(Reprise à 20 h 11)
Le Président (M. Garon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission reprend ses travaux. Comme vous étiez en train de
faire votre exposé et que vous n'aviez pas terminé, si vous
voulez le continuer.
M. Doyon (Gilles): Oui, M. le Président. Nous
étions rendus à la page 17 de notre mémoire concernant
l'article 20 du projet de loi qui prévoit que l'Office pourra
déléguer au président ou à une autre personne
nommément désignée certaines fonctions spécifiques
relatives aux certificats et permis. Alors, sous réserve qu'un droit
d'appel soit clairement établi dans la loi, nous sommes d'accord avec
cette disposition parce que, d'une part, une personne ainsi
désignée constitue un interlocuteur direct pour les intervenants
requérant un permis ou une autorisation, et c'est souvent
pratico-pratique, si on peut dire, et que d'autre part, une telle personne,
identifiée et connue par l'ensemble des intervenants, se doit d'agir
avec diligence et compétence dans ses dossiers, sinon elle doit
répondre de ses actes.
La page suivante. À l'article 22, dans le cadre de ses fonctions,
l'Office pourra conclure une entente. Alors, on s'identifie, l'Association,
comme étant un groupe vraiment représentatif du domaine des eaux
souterraines au niveau du forage et du captage des eaux souterraines et, encore
une fois, nous proposons au ministre que notre Association soit
approchée; nous proposons notre collaboration pour toute question
d'assistance ou de délégation de quoi que ce soit au niveau des
ententes qui pourraient être conclues.
Quant au dernier article, à la page 19, c'est une question
essentiellement juridique. C'est tout simplement que cet article prévoit
que, tant qu'une décision n'a pas été inscrite en
révision ou en appel, l'Office ou la personne ayant été
déléguée peut reconsidérer sa décision.
Comme procédure, c'est très souple de fonctionnement, c'est
simple et efficace et, en outre, ça permet en tout temps de revoir une
décision et en simplifiant la procédure. Cependant, une
interrogation nous vient par le libellé même de l'article
lorsqu'il dit: «Tant que...» Une fois les délais d'appel
expirés, mais que la personne ou l'Office pourra décider de
reconsidérer, est-ce qu'il pourra quand même le faire ou non? Il
s'agirait de préciser à ce stade-là qu'il y a un
délai ou des modalités à suivre pour reconsidérer
sa décision, sinon ça pourrait mettre en péril certaines
situations, certaines décisions déjà prises et au
préjudice de la personne concernée par l'autorisation, le
certificat ou le permis.
Alors, en conclusion, notre mémoire appuie l'idée de la
création d'un office de protection de l'environnement du Québec,
mais sous réserve qu'il soit constitué et doté de
fonctions, de pouvoirs et d'objets précis parce que, quant à
nous, à la lecture que nous faisons de la loi, ce n'est pas clair et net
à ce niveau-là. Nous recommandons que l'Association des eaux
souterraines soit consultée et représentée par un membre
désigné au sein de l'Office à être
créé et qui va regrouper neuf personnes; que l'un des mandats de
l'Office consiste spécifiquement à surveiller l'application de
toute réglementation relative à la construction d'ouvrages de
captage d'eaux souterraines; que l'Office soit tenu de publier ou de diffuser
les données statistiques dont il disposera relativement à la
composition, à la configuration et à la qualité des sols
et de l'environnement et, enfin, que l'Office puisse déléguer
à toute personne nommément désignée à cet
effet l'exercice de certains pouvoirs relatifs aux permis, certificats et
autorisations. Alors, voilà, M. le Président.
Le Président (M. Garon): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. Doyon, M. Croteau, M. Rousseau,
qui est un habitué de nos commissions parlementaires, je vous souhaite
la bienvenue et je vous félicite pour la qualité de votre
mémoire. Je vais tomber dans le vif du sujet. Vous nous avez dit
représenter 170 entreprises québécoises. S'agit-il
d'entreprises de petite envergure, de moyenne envergure, de grande envergure ou
un mélange de tout ça?
M. Doyon (Gilles): C'est un mélange de tout ça, M.
le ministre, effectivement. Il y a des petites entreprises, mais il y a des
grosses entreprises essentiellement québécoises. Il y a aussi de
grosses entreprises dans le domaine industriel et commercial; si on parie de la
Compagnie internationale des eaux, si on parie des Forages Saint-Lambert qui
vont même à l'extérieur du Québec, à
l'occasion, jusqu'en Afrique, partout. Alors, ça regroupe vraiment un
mélange composite d'intervenants dans le domaine.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que vous avez une
idée du nombre d'emplois qui sont soutenus par ces entreprises?
M. Croteau: En termes d'emplois...
M. Doyon (Gilles): Je ne sais pas si tu es en mesure de
répondre à ça.
M. Croteau: ...on vient englober d'autres secteurs. On a
commencé d'une façon assez restreinte. Ça englobait
seulement les gens qui faisaient du forage. Depuis quelque temps, on fait
intervenir les consultants, ça veut dire les gens du domaine de
l'engineering plus les gens qui s'occupent des installations de pompes.
Ça veut dire que, depuis quelque temps, notre nombre a probablement
doublé et on veut poursuivre. À l'heure actuelle, ça doit
impliquer probablement 1000 personnes, peut-être.
M. Doyon (Gilles): C'est exactement le chiffre vite fait auquel
on peut arriver, M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): O.K. Vous êtes
affiliés à l'APCHQ. Est-ce que vous êtes
également membres directement ou indirectement de l'Association
québécoise des techniques de l'eau?
M. Doyon (Gilles): Non, nous ne sommes ni affiliés, ni
membres comme tels de l'Association québécoise des techniques de
l'eau. Nous sommes, cependant, des membres à part entière de
l'Association provinciale des constructeurs d'habitations.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous nous avez fait part de votre
expérience pratique ou quotidienne dans vos relations avec
ministères, offices, régies, organismes. Moi, ce qui
m'intéresse, comme je l'ai dit tantôt, c'est la satisfaction du
client. Que le client fasse affaire avec le ministère de
l'Environnement, s'il est plus satisfait de faire affaire avec le
ministère de l'Environnement, je ne toucherai à rien, je vais
laisser ça comme ça. Je vais dire à M. Lazure: Vous aviez
raison, la population est satisfaite du ministère de l'Environnement et
de faire affaire avec un ministère. Dans vos expériences, avec
quels organismes gouvernementaux avez-vous fait affaire et quelle distinction
faites-vous quant à la façon de faire affaire comme petite et
moyenne entreprise, parfois comme grande entreprise, avec un ministère
ou un organisme qui est plus autonome?
M. Doyon (Gilles): Voilà, M. le ministre, au niveau du
ministère de l'Environnement, on a besoin, comme association mais comme
entrepreneur oeuvrant dans le domaine, d'une réglementation minimale en
matière de protection des eaux souterraines pour les gens qui
interviennent en matière de forage et de captage des eaux souterraines.
Depuis de nombreuses années, on a rencontré toutes sortes de
personnes au niveau du ministère et, à chaque fois, il faut aller
voir son supérieur qui doit aller voir son supérieur qui doit
aller voir le sous-ministre. À un moment donné, on arrive au
sous-ministre; on en trouve un qui, enfin, comprend notre problématique,
il est d'accord avec ça, mais, à un moment donné, il est
muté. Alors, on recommence. C'est un peu le problème qu'on a
vécu sans, encore une fois... C'est un peu ça à tous les
ministères, finalement. Et l'exemple qu'on peut vous donner, c'est qu'au
i..eau du ministère du Travail vous avez un organisme, vous en avez
même plusieurs, mais on peut vous citer l'ancienne Régie des
entreprises de construction du Québec qui est maintenant la Régie
du bâtiment. Et on trouve qu'en termes d'organisme, s'il est capable de
prendre ses responsabilités, s'il est capable d'appliquer une loi et,
s'il le faut, de faire des recommandations au ministre pour modifier les lois
lorsqu'elles ne sont pas applicables... D'un autre côté aussi,
lorsque vous avez un problème comme intervenant ou comme association
représentant des intervenants, vous avez des personnes physiques en
charge, avec des objets et des fonctions spécifiques. Et, à un
moment donné, s'il faut se parler dans le blanc des yeux, on peut le
faire et on peut y aller plus rapidement et régler les questions plus
rapidement. C'est notre façon de voir la chose.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce que vous recherchez, c'est
l'efficacité dans l'application des législations.
M. Doyon (Gilles): Et la simplicité aussi.
Efficacité et simplicité.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ça va.
Le Président (M. Garon): M. le député de La
Prairie.
M. Lazure: Merci, M. le Président. Je veux, au nom de
l'Opposition, saluer les gens de l'Association des eaux souterraines du
Québec.
Juste un petit commentaire sur les remarques du ministre avant de vous
poser quelques questions. Le ministre répète depuis quelques
séances: Nous avons constaté que la population n'est pas
satisfaite du ministère de l'Environnement, donc nous allons
créer une nouvelle structure qui va s'appeler l'Office. Mais si, dans un
an, après la création de l'Office - Dieu nous en garde, on
espère que ce ne sera pas créé, cet Office-là - si
le ministre s'entête et crée l'Office et qu'au bout d'un an le
sondage lui montre encore que la population est insatisfaite, est-ce qu'il va
créer un autre organisme?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On approche des
élections...
M. Lazure: Un autre organisme? On espère que vous ne serez
plus là. C'est vous qui en parlez; bien, vous m'ouvrez la porte.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lazure: On espère bien, nous autres aussi.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous en parlez plus que moi.
M. Lazure: Mais, M. le Président, je pense que
l'Association des eaux souterraines, je le soumets humblement, se fait
peut-être un petit peu d'illusions. Il ne s'agit pas de créer un
petit organisme qui va être indépendant, qui va être
efficace, c'est le refrain que nous transmet le ministre, mais il s'agit
véritablement d'un deuxième ministère qui va être
créé, parce que, on le sait, il nous l'a dit, l'Office va
absorber, va recevoir plus de 50 % des fonctionnaires actuels du
ministère. Ça va être une grosse boîte. On n'a
aucunement et vous n'avez aucune-
ment la garantie que ça va être plus efficace.
Maintenant, vous faites une affirmation aussi, j'aimerais
m'arrêter là-dessus. Vous dites, à la page 11 de votre
mémoire, qu'un des motifs de votre appui à la démarche du
ministre, c'est que cet Office-là sera, et ce sont vos termes,
«apolitique et apolitisé, du moins dans sa création».
Quand je regarde le texte du projet de loi, ça dit bien, à
l'article 3: «L'Office se compose de neuf membres, dont le
président et sept autres membres nommés par le
gouvernement»...
M. Doyon (Gilles): Oui.
M. Lazure: ...probablement à la suggestion du ministre de
l'Environnement. Quelle garantie avez-vous que ce sera apolitique et
apolitisé?
M. Doyon (Gilles): C'est pour ça, d'abord, qu'on demande,
nous, comme association, parmi les neuf secteurs représentés,
qu'il y ait un membre qui vienne de notre Association qui représente une
ressource drôlement importante au Québec. Deuxième chose,
je pense que M. le député Lazure sait mieux que quiconque que,
dans tout office comme ça, dans toute régie, dans toute
commission, c'est nommé par le gouvernement, c'est nommé par le
ministère, par le ministre et, par la suite, ces gens-là ont des
comptes à rendre. Ils ont des fonctions à remplir, ils ont des
tâches et, à un moment donné, ils ont des comptes à
rendre non seulement au ministre, mais aux gens pour qui ils administrent. Les
choses peuvent s'ajuster assez rapidement.
En termes de grosseur, je vous parlais tantôt de la Régie
des entreprises de construction devenue la Régie du bâtiment,
à laquelle, récemment, on a adjoint 1600 personnes qui ont
été transférées. Est-ce que ça va en faire
un organisme moins efficace et moins efficient pour autant? Je ne le sais pas.
Quant à moi, je pense que ça ne changera pas grand-chose.
J'aurais même été tenté de vous répondre
à la place du ministre, tantôt, à ce que vous disiez:
Qu'ar-rivera-t-il une fois qu'il aura son Office et que la population ne sera
toujours pas contente? Bien, j'aurais répondu une objection à
ça: C'est une question hypothétique.
M. Lazure: Ah! vous auriez pu vous en sortir...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lazure: ...si vous aviez été un invité,
mais pas si vous aviez été un ministre, par exemple.
Mais, M. le Président, c'est sûr, c'est normal que ce soit
le gouvernement qui nomme les membres; ce n'est pas là-dessus que j'en
ai. C'est votre affirmation, votre supposition que ce sera un groupe apolitique
et apolitisé. Quand on connaît le ministre de l'Environnement
surtout, ce serait étonnant qu'il amène son gouvernement à
faire des nominations apolitiques et apolitisées.
Dans un autre ordre d'idées, vous demandez d'être
représentés au conseil d'administration. Bon. Bravo! Mais
avez-vous une idée du nombre d'associations comme la vôtre qui
demanderaient une telle chose? Combien de sièges y aurait-il à ce
moment-là?
M. Doyon (Gilles): Évidemment, auriez-vous une idée
aussi de ceux qui ne seraient pas capables de croire en ce qu'ils
représentent, en ce qu'ils prennent comme responsabilités, qu'ils
font leur devoir, qui ne sont pas capables de croire assez en eux-mêmes
et qui disent que, nous, on ne devrait pas être là? C'est dans
cette optique-là qu'on le fait, M. le député. Je pense que
c'est de bonne guerre et on va y tenir à ce poste-là. Mais,
évidemment, on ne peut rêver en couleur, on sait qu'il doit y en
avoir peut-être 72. On ne le sait pas.
M. Lazure: Dans un tout autre ordre d'idées, vous
êtes des gens préoccupés par l'eau, la gestion de l'eau, la
qualité de l'eau. Je pense que c'est l'Association
québécoise des techniques de l'eau, l'AQTE...
M. Doyon (Gilles): Oui.
M. Lazure: ...qui nous a entretenus, l'autre jour, d'un
système de gestion qui existe en Europe beaucoup, notamment en France,
la gestion par bassins, autrement dit, des agences. Prenons un modèle
semblable aux municipalités régionales de comté ou
à des régions plus grandes, mais certaines agences qui se voient
investies par le gouvernement du pouvoir et de la responsabilité de
gérer des bassins d'eau. Est-ce que vous avez des idées, des
opinions sur cette formule de gestion de l'eau?
M. Doyon (Gilles): Je vais laisser M. Croteau répondre
à ça.
M. Croteau: En fait, on n'est pas si optimistes que ça
pour débuter. On espère avoir seulement... Toutes nos
démarches auprès du ministère de l'Environnement depuis
bon nombre d'années se sont butées... On n'a pas eu grand-chose.
Je pense que, pour partir, pour répondre vitement à votre
question, on n'en espère pas tant, d'autant plus que ça fait...
Quand vous parlez de gestion de bassins, vous impliquez beaucoup les autres
surfaces. Il y a d'autres intervenants de poids aussi qui sont peut-être
plus importants que nous autres en ternies de masse, mais vous dire qu'on a eu
des visées, non.
M. Doyon (Gilles): Pour compléter aussi ce que M. Croteau
dit, ce qu'on en a su, en particulier de la France, c'est que, justement, les
nappes phréatiques, souterraines sont drôlement
contaminées à certains endroits, même que des
agriculteurs ne sont même pas capables de se servir de l'eau pour
laquelle ils ont fait forer des puits. Évidemment, c'est peut-être
suite à ça, ce genre d'organisme là ou de structure
là qui est mis en place, qu'on se pose la question: Qu'est-ce qu'on
fait, premièrement, pour régler ce problème-là et,
deuxièmement, pour mettre les choses en application? Quant à
nous, on n'a pas de...
M. Lazure: Est-ce que vos membres ont l'impression qu'il y a une
augmentation des demandes pour puits artésiens, pour creusage de puits,
dans l'ensemble du territoire? Vous parlez d'à peu près 20 % de
la population qui s'alimente de cette façon-là?
M. Doyon (Gilles): Oui, c'est ça.
M. Lazure: Est-ce que c'est en augmentation, ce
pourcentage-là, ou en baisse ou stable?
M. Doyon (Gilles): Le pourcentage qu'on connaît, quant
à nous, peut-être que M. Croteau pourra me corriger, c'est que
ça se maintient d'année en année, sauf qu'il y a une
partie à laquelle on ne fait jamais référence,
évidemment, c'est ce qu'on appelle les compagnies qui puisent l'eau
à gros débit pour vendre de l'eau de source, qu'on appelle,
Labrador, à titre d'exemple.
M. Croteau: Nos interventions sont fonction des décisions
politiques qui sont prises. on a eu un effritement du marché par le
zonage agricole; en fait, c'est un des gros compétiteurs qu'on a eus. il
reste qu'il y a un certain équilibre. la demande est relativement
constante, certainement pas croissante.
M. Lazure: Merci.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Juste une question...
Le Président (M. Garon): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...suite à une
réponse que vous avez donnée au député de i
Apposition, vous avez dit que vous avez eu un effritement du marché
suite au zonage agricole.
M. Croteau: Ce qui arrive, c'est que le fait que vous interdisiez
la construction domiciliaire...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): En zone verte.
M. Croteau: ...en zone agricole, vous venez de couper tout
ça. Si, à cause de l'étalement urbain, vous interdisez
complètement la construction à l'extérieur des zones
urbaines déjà existantes, en fait, vous abolissez ça
complètement. Si les petites municipalités ne peuvent plus
croître... Parce que, nous autres, on tire nos revenus d'un genre de
débalancement des villages; il se forme un équilibre, puis,
finalement, s'il y a des afflux de population qui vont là, ça
débalance le système et, là, ils en ont besoin de plus. Il
y a des places comme la ville de Montréal où ils en ont
peut-être besoin de moins, Ils en ont beaucoup. Ça dépend,
on est fonction des grandes décisions prises par le gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): De façon à vous
éclairer, pour répondre à une de vos questions sur le
partage des responsabilités entre l'Office et le ministère comme
tel, dans le but d'accélérer le débat, on a un tableau de
préparé; on vous le fait circuler. Si vous avez des commentaires,
même après la commission parlementaire, vous les faites parvenir
au ministère, pour le moment.
M. Lazure: C'est un tableau pour ceux qui sont d'accord avec le
projet.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, je l'ai donné à
peu près à tous les intervenants, dont à vous, à
moins que vous ne soyez tombés d'accord tout à coup.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lazure: Non, non. Vous essayez de me séduire, mais
ça ne réussira pas.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. Dufour est parti avec sa
copie.
Une voix: Ce n'est pas sûr qu'il va comprendre.
Une voix: Tu parles de qui, là?
Le Président (M. Garon): Alors, je voudrais remercier
les...
Une voix: De mon ami, Francis.
Le Président (M. Garon): II faudrait éviter de vous
éparpiller parce que, après ça, on va manquer de temps et
on va se demander pourquoi. Je remercie les gens de l'Association des eaux
souterraines du Québec d'être venus rencontrer les membres de la
commission pour leur faire part de leur point de vue. Je suspends les travaux
pendant quelques instants, le temps pour l'Association des manufacturiers du
Québec de s'approcher à la table.
(Suspension de la séance à 20 h 29)
(Reprise à 20 h 30)
Le Président (M. Garon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous reprenons avec l'Association des manufacturiers du Québec.
Je demande à M. Le Hir, vice-président et directeur
général de l'Association des manufacturiers du Québec, de
nous présenter les gens qui l'accompagnent. Normalement, pour
présenter votre mémoire, vous avez 20 minutes. Il y avait une
heure de prévue pour votre temps devant la commission. Maintenant, je
vais avoir un problème, puisqu'il est 20 h 30 et que l'ordre de la
chambre, c'était jusqu'à 21 heures. pour continuer au-delà
de 21 heures, je vais avoir besoin d'un consentement de part et d'autre. alors,
comme il est prévu 20 minutes, ensuite 20 minutes pour le parti
ministériel et 20 minutes pour l'opposition, je ne traverserai pas le
pont avant d'y être rendu. alors, vous avez 20 minutes puis, après
ça, on verra quand ii sera 21 heures.
Association des manufacturiers du
Québec
M. Le Hir (Richard): Merci, M. le Président. J'aimerais
tout d'abord vous présenter mes collaborateurs: M. Claude Chomski, le
président de notre comité de l'environnement, qui est
également le directeur de l'environnement pour la société
Pratt & Whitney Canada; M. Éric Hubar Meunier, qui est le directeur
des analyses et qui, en collaboration avec les membres du comité, a
élaboré le mémoire que nous vous avons soumis.
L'Association des manufacturiers du Québec remercie tout d'abord
le gouvernement pour l'occasion qui lui est donnée de présenter
son point de vue sur le projet de loi 412 portant sur la création de
l'Office de protection de l'environnement du Québec. En effet, ce projet
de loi pourrait modifier substantiellement l'organisation et les
responsabilités du MENVIQ et avoir un impact important sur la nature des
relations entre nos membres et le gouvernement en matière
d'environnement. De plus, ce projet de loi pourrait avoir des incidences
importantes sur les coûts qu'auront à supporter les
manufacturiers.
L'AMQ tient à souligner qu'elle a toujours
privilégié les mécanismes qui favorisent la consultation
et, dans la mesure du possible, la concertation entre les différents
intervenants de manière à instaurer au Québec un
régime réglementaire et administratif efficace qui permettra
d'atteindre un développement durable et d'améliorer la
compétitivité des manufacturiers. C'est dans cette perspective
que nous soumettons ce mémoire à la commission de
l'aménagement et des équipements.
La proposition du ministre de l'Environnement de créer l'Office
de protection de l'environnement est une autre des multiples tentatives de
réforme de la structure du ministère ayant pour but, entre autres
et peut-être prin- cipalement, de réduire ou d'éliminer les
tensions notoires entre, d'une part, les unités centrales responsables
de l'élaboration des politiques et des orientations
générales et, d'autre part, les unités régionales
chargées des fonctions opérationnelles et exécutoires.
L'expérience des manufacturiers relativement aux périodes
de transition souvent pénibles qui ont accompagné les
réorganisations répétées du MENVIQ les force
à examiner cette dernière tentative dans une perspective
d'efficacité. En somme, les manufacturiers se demandent si la
création d'un office de protection de l'environnement contribuera
véritablement à une application plus rigoureuse des lois et
règlements, ce que nous reconnaissons d'emblée comme étant
essentiel, et si elle permettra de résoudre les problèmes maintes
fois identifiés du régime réglementaire et administratif
québécois en matière d'environnement ou, au contraire, si
elle contribuera à les accentuer ou même à en créer
de nouveaux.
Ce mémoire se voulant le plus concis possible, nous nous
contenterons ici d'identifier et de décrire brièvement les
principaux problèmes du régime actuel en matière de
gestion de l'environnement. Ces problèmes ont été maintes
fois soulignés et expliqués par l'Association des manufacturiers
du Québec dans de nombreux mémoires présentés
devant cette commission ou soumis au ministère de l'Environnement. Nous
pouvons les identifier comme suit.
Tout d'abord, les lois et règlements sont parfois confus et
inapplicables et peuvent être même des obstacles majeurs à
la récupération, au recyclage, à la réutilisation
et à la revalorisation énergétique.
Deuxièmement, par surcroît, ces lois et règlements
sont souvent de nature discrétionnaire et donnent lieu à des
interprétations différentes entre les différentes
administrations régionales du MENVIQ.
Troisièmement, le ministère procède souvent par
directives, parfois confidentielles, qui n'ont aucune valeur juridique. Si
certaines d'entre elles peuvent être nécessaires dans certains
cas, leur multiplication indue conjuguée aux problèmes
d'harmonisation dans l'interprétation des lois et règlements en
région engendre des difficultés additionnelles surtout quand ces
directives ne sont pas connues des intervenants qu'elles visent.
Les lois et règlements sont souvent développés en
vase clos et sans consultation avec les entreprises visées. L'absence de
consultation à un stade qui permettrait d'incorporer les
préoccupations des entreprises et de tenir compte de leurs contraintes
opérationnelles engendre des difficultés d'application et
favorise la multiplication d'exigences tatillonnes à teneur
bureaucratique qui ne contribuent en rien à améliorer la
performance environnementale de l'entreprise, mais qui contribuent directement
à augmenter les coûts que doivent supporter les manufacturiers
et à surcharger les effectifs du ministère.
Cinquièmement, plusieurs dispositions de la Loi sur la
qualité de l'environnement ne sont pas encore en vigueur et plusieurs
règlements sont tout simplement inexistants bien qu'ils soient
identifiés et requis par la loi. Au lieu d'établir des
priorités et de mener à terme les divers outils
législatifs déjà prévus dans la loi, le
ministère continue de multiplier les versions de plusieurs projets de
règlements qui, bien qu'ils soient légitimes et
nécessaires, sont à leur tour laissés en suspens. Il est
donc devenu très difficile sinon impossible d'évaluer quels
seront les impacts cumulatifs de ces dispositions et règlements sur la
charge administrative des entreprises, sur les niveaux d'immobilisation qui
seront requis et selon quel échéancier ils devront être
implantés. Les impacts financiers sont d'autant plus difficiles à
évaluer que les projets de lois et de règlements sont très
rarement accompagnés d'études d'impact économique.
Sixièmement, le manque de ressources en équipement et en
personnel au MENVIQ, provoqué en partie par la multiplication des
exigences réglementaires et administratives, multiplication qui, dans
bien des cas, pourrait être évitée, est un obstacle
additionnel à l'application rigoureuse des lois et des
règlements.
Septièmement, les manufacturiers sont confrontés aux
nombreuses difficultés engendrées par la multiplicité des
organismes environnementaux fédéraux, provinciaux et municipaux
avec lesquels ils doivent interagir et par les nombreuses exigences
législatives et administratives de ces organismes, exigences qui tendent
à se multiplier, à se juxtaposer et à ne pas être
harmonisées.
Huitièmement, les manufacturiers sont aux prises avec des
délais administratifs considérables particulièrement dans
le cadre des émissions de certificats d'autorisation. De plus, les
exigences pour leur obtention varient substantiellement d'une région
à l'autre et peuvent être même modifiées en plein
milieu d'un projet. Cette situation engendre des problèmes majeurs de
planification et peut même remettre en cause la viabilité de
certains investissements, incluant des investissements visant la protection de
l'environnement.
Les problèmes identifiés dans la section piteédente
sont importants. Ils rendent difficile l'application rigoureuse des lois et
règlements, compliquent les décisions d'investissement et
alourdissent la charge administrative des entreprises. Ils augmentent les
coûts que doivent supporter les manufacturiers, coûts qui, dans
bien des cas, ne contribuent pas à améliorer leur performance
environnementale et qui pourraient et même devraient être
évités. Si le Québec veut se doter d'un régime
environnemental efficace qui favorisera l'atteinte du développement
durable, ces problèmes doivent être corrigés. Il s'agit
maintenant de voir si la création de l'Office de protection de
l'environnement apporte des solutions.
Le rôle principal de l'OPEQ serait de voir à l'application
plus rigoureuse des lois et règlements en vue d'assurer la protection de
l'environnement. Si l'AMQ a toujours été en faveur d'une
application rigoureuse des lois et règlements et a d'ailleurs maintes
fois suggéré que les effectifs du MENVIQ soient renforcés
à cet égard, il n'en demeure pas moins que le problème
fondamental qui empêche la réalisation de cet objectif demeure
plein et entier.
En effet, tant et aussi longtemps que les lois et règlements
demeureront confus, sujets à interprétation et qu'ils seront
élaborés en vase clos sans prendre en considération les
contraintes opérationnelles des entreprises, ils demeureront difficiles
ou impossibles à appliquer. Or, le projet de loi 412 n'apporte aucun
élément de solution à ce problème fondamental. Dans
cette perspective, nous croyons qu'il est illusoire de s'attendre à ce
que l'OPEQ soit plus efficace que le ministère de l'Environnement dans
sa forme actuelle.
Ensuite, la création de l'Office de protection de l'environnement
rendra encore plus complexe la structure du régime réglementaire
et administratif québécois, augmentera encore le nombre
d'organismes avec lesquels les entreprises devront interagir, contribuera
à multiplier les exigences administratives et réglementaires et
entraînera inévitablement le chevauchement de juridictions. Cette
dynamique se traduira inévitablement par des coûts additionnels
pour les manufacturiers.
De plus, en attribuant à l'OPEQ le pouvoir de gérer des
demandes d'autorisation, d'approbation, de certificat d'autorisation ou de
conformité, d'attestation et de permis découlant des lois qu'elle
administrerait, le gouvernement déléguerait ses
responsabilités en matière d'encadrement du développement
industriel à un organisme dont les administrateurs ne sont pas
élus par la population et ne sont donc pas redevables. Cette situation
serait d'autant plus problématique que les membres de l'Office
proviendraient de milieux fort différents et qu'un seul membre, ou
peut-être deux, sur neuf serait chargé de représenter tout
le milieu des affaires. À cet effet, il serait absolument
nécessaire que les manufacturiers, qui sont les premiers à
être visés, soient représentés équitablement
au sein de l'OPEQ.
Les décisions visant l'ensemble des permis d'opération, de
construction et de développement seraient donc issues d'un processus
d'arbitrage complexe, ce qui ne peut qu'allonger les délais
déjà trop longs auxquels sont confrontés les
manufacturiers. Par surcroît, les délais dans les émissions
des certificats d'autorisation pourraient être allongés davantage
car le ministère serait toujours responsable de l'émission des
certificats d'autorisation reliés aux études d'impact.
En résumé, nous pouvons conclure que la création de
l'OPEQ ne contribuera en rien à régler les problèmes du
régime actuel. S'il est une chose, elle les accentuerait à bien
des égards.
En plus d'exacerber les problèmes actuels, la création de
l'Office de protection de l'environnement risque d'en créer de nouveaux.
Tout d'abord, la création de l'Office de protection de l'environnement
aurait pour effet de séparer formellement les responsables de
l'élaboration des lois et des règlements des responsables de leur
application. Elle aurait également pour effet d'éloigner
davantage les concepteurs des lois et règlements des entreprises qui
devront y être assujetties.
La structure actuelle du MENVIQ permet, même si elle est
inefficace à cet égard, un minimum de concertation entre les
niveaux centraux et régionaux du MENVIQ. Cette concertation, aussi
faible soit-elle, est essentielle. En effet, les lois et règlements,
pour qu'ils soient applicables et efficaces, doivent tenir compte des
contraintes économiques et techniques des entreprises et de la
sensibilité relative des milieux récepteurs.
En séparant complètement la fonction d'élaboration
de la fonction d'application, on risque de favoriser davantage des lois et des
règlements qui correspondent peu ou pas à la
réalité sur le terrain. L'applicabilité des lois et
règlements n'en serait que diminuée.
De plus, les lois et règlements actuels étant souvent
confus et sujets à interprétation, il est essentiel qu'un lien
étroit soit maintenu entre le législateur et les responsables de
l'application des lois et règlements de manière à assurer
le respect de l'esprit de la loi et, ainsi, limiter le recours
systématique aux tribunaux.
Le projet de loi 412 pourrait aussi favoriser une judiciarisation
excessive du régime réglementaire. Bien que le processus de
révision et d'appel puisse sembler intéressant au premier coup
d'oeil, un examen plus approfondi nous force à tirer des
parallèles qui soulèvent plusieurs préoccupations.
Le processus de révision et d'appel proposé ressemble
étrangement au processus employé par la CSST. Or, les
manufacturiers sont les premiers à reconnaître que ce processus
cause de sérieuses difficultés. En effet, les révisions de
décisions à la CSST prennent en moyenne six mois et, quand ces
révisions sont portées en appel, on peut compter des
délais additionnels d'une ou deux années avant qu'une
décision finale soit rendue. Bien que le projet de loi fasse
référence à l'article 101, à l'obligation de rendre
la décision de révision avec diligence, cette disposition ne nous
permet pas de conclure d'emblée que les décisions pourront
être rendues dans des délais raisonnables. Ce risque est d'autant
plus Important que l'article 100 prévoit que «le comité de
révision peut rendre toute décision provisoire dans
l'intérêt de la protection de l'environnement» et que
«cette décision est sans appel et a effet jusqu'à ce que la
décision en révision soit exécutoire».
Considérant que le critère de «l'intérêt de la
protection de l'environnement» peut avoir une portée
considérable, il est facile de voir les nombreuses difficultés
que pourrait engendrer ce processus s'il n'est pas encadré par des
délais précis définis dans la loi.
De plus, l'expérience de nos membres ayant des usines aux
États-Unis, et donc familiers avec une approche judiciaire rigide, nous
porte à croire que l'application des exigences réglementaires
dans un tel régime devient litigieuse et compliquée et que la
gestion des dossiers environnementaux repose plus souvent entre les mains des
avocats qu'entre les mains de spécialistes en environnement, ce qui
donne comme résultat qu'on passe plus de temps à ergoter sur des
technicalités juridiques qu'à résoudre des
problèmes environnementaux.
Le projet de loi 412 est remarquablement dénué de toute
référence quant à son impact économique sur les
manufacturiers. En effet, P faut examiner la note du Secrétariat
à l'aménagement, au développement régional et
à l'environnement pour apprendre que l'Office de protection de
l'environnement compte aller chercher, d'ici cinq ans, au moins 76 000 000 $
annuellement, soit 66 000 000 $ en redevances, 5 300 000 $ en tarifs pour les
attestations du PRRI et 4 800 000 $ en actes administratifs. Ces sommes
seraient, évidemment, acquittées par les entreprises.
Comme le souligne lui-même le Secrétariat, aucune analyse
d'impact de l'imposition de redevances sur l'industrie ne semble disponible, et
nous ajouterons que les redevances qui seront éventuellement requises
par la CUM ne semblent pas avoir été prises en
considération dans ces calculs. De plus, dans la mesure où il est
probable que les redevances seraient versées au fonds consolidé
de la province, les objectifs d'autofinancement de l'OPEQ sont
sérieusement remis en question et il faut se demander si un tel
organisme est viable.
Aussi, nous n'avons aucune indication de la structure tarifaire qui
pourrait être employée dans le cadre des émissions de
certificats d'autorisation. Nous savons qu'il est fréquent pour
plusieurs entreprises de procéder par voie de certificat d'autorisation
scindé. Les entreprises seraient-elles obligées de payer pour
chaque certificat relié à un même projet?
Finalement, nous partageons les préoccupations du
Secrétariat à l'effet que l'OPEQ conserverait le montant des
amendes découlant des poursuites devant les tribunaux, ce qui
apparaît contre-indiqué, dans la mesure où le financement
d'un tel organisme ne doit pas influencer son zèle à faire
appliquer les lois.
Considérant les problèmes majeurs que nous avons
évoqués et les informations dont nous
disposons présentement, l'Association des manufacturiers du
Québec juge que la création de l'Office de protection de
l'environnement non seulement n'est pas justifiée, mais qu'elle pourrait
avoir des effets tout à fait contraires à ceux recherchés
en plus de constituer un obstacle de plus à l'amélioration de la
capacité concurrentielle des entreprises manufacturières du
Québec et à leur compétitivité.
Nous sommes toutefois disposés, comme nous l'avons maintes fois
exprimé, à travailler en étroite collaboration avec le
ministère de l'Environnement et d'autres intervenants pour trouver des
solutions concrètes et efficaces aux problèmes que
présente le cadre juridique actuel. Merci.
Le Président (M. Garon): Alors, comme il est 20 h
45...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce qu'on pourrait avoir une
entente? Moi, je pourrais décaler mon agenda; 15 minutes chaque, au
moins, l'Opposition et le parti ministériel, si ça va au critique
de l'Opposition officielle, 21 h 15.
M. Lazure: Ah oui! L'Opposition est prête à
consentir à toute prolongation pour avoir un dialogue avec
l'Association.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ça va, 21 h 15, si les
membres de la commission sont d'accord qu'on établisse-Une voix:
Pas de problème. Une voix: Aucun problème.
Le Président (M. Garon): Alors, M. le ministre, pour 15
minutes. (20 h 45)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. M. le Président, je
tiens à remercier l'Association des manufacturiers canadiens d'avoir
pris le temps de présenter un mémoire qui est
étoffé, qui renferme plusieurs vérités, quelques
inexactitudes sur lesquelles j'Insisterai.
Je vais peut-être commencer en suivant l'ordre que vous avez
choisi, pour suivre votre scénario. À la page 2, vous dites:
«La création d'ur office de protection de l'environnement est-elle
une réorganisation nécessaire du MENVIQ?» Vous parlez des
multiples tentatives de réforme de la structure du MENVIQ, de tensions
notoires à l'occasion... L'historique qui m'a été fourni
du MENVIQ, lorsque j'y suis arrivé il y a deux ans, ne m'indiquait pas
cette problématique, c'est-à-dire que le ministère avait,
à l'époque, huit ans et qu'il avait été construit
un petit peu crise après crise. Chaque fois qu'il arrivait une crise, on
ajoutait une direction, etc., un organigramme qui faisait en sorte que le
secteur industriel important que vous représentez avait à peu
près 28 portes d'entrée et 28 portes de sortie, un labyrinthe,
dans un sens effrayant et dans un sens rassurant pour l'industriel, en ce sens
que, s'il se faisait dire non dans une porte, il pouvait retourner ailleurs,
mais il fallait qu'il soit organisé pour les trouver, les 28 portes.
S'il n'était pas organisé pour les trouver, c'était un
labyrinthe où il se perdait et l'économie perdait du temps, la
création d'emplois perdait du temps au Québec.
J'ai tenté une réorganisation administrative à
l'horizontale, qu'on appelle, comme vous feriez dans une entreprise
privée: trois principales sources de pollution, secteur municipal,
secteur industriel et secteur agricole, de façon à ce que votre
clientèle, qui est la nôtre aussi, puisse s'adresser à une
porte d'entrée et avoir une réponse. Ça, c'était
à l'horizontale.
Sur le plan du fonctionnement, vous conservez - et nous les avons
renforcis au cours des deux dernières années - les bureaux
régionaux dans chacune des régions administratives, si bien que
l'industriel se présente au bureau régional avec sa demande.
Aussitôt que ça devient un petit peu plus complexe que ce à
quoi le fonctionnaire régional s'attend, il réfère le
dossier au central, dans la division de M. Marsan, que vous connaissez bien,
chez nous, tant et si bien que la résultante que vous déclarez un
petit peu plus loin a abouti à ça, il ne sait plus à quoi
s'en tenir, il ne sait plus à quel saint se vouer; son collègue,
dans une autre région, a eu un permis dans des circonstances comme
ça et lui, il ne peut pas l'avoir parce qu'il est dans une région
qui est autre, etc. Ça, c'est une problématique qui ne me
satisfait pas comme ministre de l'Environnement. Si on a une commission
parlementaire, si on a un projet de loi, c'est que je suis à la
recherche de solutions qui peuvent simplifier, pour la clientèle du
ministère, le processus de fonctionnement. On a écouté les
doléances des industries, on a écouté les doléances
des agriculteurs, on écoute les doléances d'à peu
près n'importe qui, les gens nous disent: Peut-être que l'Office,
ce n'est pas la solution, mais la solution, ce n'est certainement pas ce qui
existe présentement parce qu'on est très mécontents de ce
qui existe présentement.
Je mets la proposition sur la table et je vous dis: Donnez-nous
l'opportunité d'essayer un système où, dans chacune des
régions, l'Office va avoir comme fonction d'émettre les permis,
de faire le suivi du permis, de faire les inspections et de travailler avec
l'industrie de cette région-là. Lorsque l'industrie n'est pas
d'accord, elle a un droit d'appel au central pour établir une
espèce de jurisprudence uniforme, pour ne pas que les décisions
de la région B deviennent les décisions contraires à la
région C, pour que ça s'établisse au niveau de la province
de Québec et pour dégager le ministère. Parce que vous
avez raison de le souligner, notre réglementation, c'est un fouillis, ce
n'est pas compréhensible.
Moi, je peux vous dire que les révisions de réglementation
qu'on a entreprises depuis deux ans dans tous les domaines, on ne s'y
retrouvait plus. Pourquoi? Parce qu'à chaque jour on est pris avec des
urgences de terrain au ministère et les gens qui sont supposés,
au ministère, réfléchir aux directives, aux politiques,
à la réglementation et à la législation sont pris
dans le quotidien; éteindre le feu d'hier et d'avant-hier. Ce qu'on
tente de faire avec l'Office, c'est autant de dégager ces gens-là
- ils vont demeurer quelque 800. Pour faire de la réglementation et de
la législation, à 800, j'Imagine qu'il va y avoir une certaine
cohésion à un moment donné ou, au moins, qu'il devrait y
avoir de la production de quelque chose à un moment donné,
à 800; et 800 dans les régions pour donner le suivi dans le
quotidien à nos entreprises, dans le but de donner un service à
notre clientèle.
Si on me dit de tout garder ensemble dans la confusion et si c'est
ça que les manufacturiers réclament au Québec - c'est
important pour moi l'opinion des manufacturiers - je veux dire, bon, on va
continuer, mais ne vous attendez pas à ce que les urgences disparaissent
demain, parce qu'on gère encore des décennies de passé, on
gère aujourd'hui et on est obligés de prévoir demain en
environnement, c'est ça notre mission. Si on ne partage pas nos
responsabilités de façon claire sur le plan de l'organigramme ou
du fonctionnement de l'entreprise, je ne peux pas voir comment, que ce soit M.
Lazure qui soit ministre de l'Environnement ou que ce soit Pierre Paradis, on
va s'en sortir.
M. Le Hir: Mais je pense que vous pouvez obtenir tout ça
sans nécessairement créer un office. Un des problèmes que
nous pose votre proposition, c'est qu'en fait vous dites: On va avoir un
nouveau véhicule, un nouvel autobus. Mais où est-ce qu'on s'en va
avec ça? C'est bien. On serait peut-être, à la rigueur,
disposés à accepter l'idée d'un office à condition
qu'on ait un cadre législatif et réglementaire qui soit clair,
mais ce n'est absolument pas le cas. On veut bien avoir un office si on sait
quelles lois et quels règlements il va appliquer parce qu'à ce
moment-là on va savoir où on s'en va. Mais le problème
à l'heure actuelle, c'est que vous nous demandez d'accepter le
véhicule sans nous indiquer la destination. On n'est plus à
l'âge d'embarquer dans des «nowhere».
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Votre comparaison est bonne, votre
argumentation est bonne. En matière de pollution municipale,
essentiellement l'assainissement des eaux, je pense qu'on commence à
avoir une idée où on s'en va avec le monde municipal
là-dedans. Le Programme d'assainissement des eaux a une dizaine
d'années. On l'a complété cette année en y ajoutant
des facettes, etc. Je pense qu'on commence à avoir une direction
où on s'en va.
Ce n'est pas un «nowhere» avec le monde municipal. En
matière de récupération et recyclage, c'est la même
chose. Je pense que le secteur municipal est bien embrayé, qu'il y a une
direction de donnée.
Le secteur agricole, c'est un véritable «nowhere». Il
n'y a pas de réglementation intégrée eau-air-sol et le
monde agricole se questionne: Dans quelle direction s'en va-t-on? Nous
travaillons actuellement en collaboration avec le monde agricole pour la
dégager.
En matière du monde industriel, je dirais que vous êtes
à mi-chemfn. Vous n'êtes pas sur un «nowhere», mais
vous n'avez pas une destination qui est connue non plus... qui est inconnue,
excusez!
M. Le Hir: Ha, ha, ha!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non. M. Le Hir, vous
pouvez en rire, mais si vous regardez...
M. Le Hir: Ah non! justement, on n'en rit pas, on en pleure.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...la législation ou la
réglementation de la dernière année qui touche vos
membres, qui touche les secteurs d'activité touchés par vos
membres, vous allez commencer à découvrir une direction. Si vous
ne l'avez pas vue, c'est peut-être que le tableau ne vous a pas
été présenté comme tel.
Les modifications réglementaires des deux dernières
années qui ont été publiées et mises en vigueur.
Premier règlement: contenu en soufre dans le mazout lourd, pour que l'on
continue à atteindre nos objectifs au Québec en matière de
réduction des pluies acides. Je pense que ça, ça n'a pas
pris personne par surprise, c'était annoncé depuis 1980 et tout
le monde a souscrit à cette norme. Le monde industriel, je ne pense pas
qu'il puisse prétendre aujourd'hui: On a été pris par
surprise par cette mesure-là.
Règlement sur les carrières et sablières: à
la demande du monde industriel, parce que le ministère de
l'Environnement voulait dire aux industriels quels types de
dépoussiéreurs ils devaient utiliser. Le monde industriel est
venu nous voir et il nous a dit: Dites-nous les normes de poussières et
on va s'arranger, nous autres, avec la mécanique. C'est dans ce
sens-là qu'on a modifié le Règlement sur les
carrières et sablières.
Règlement sur les neiges usées: à la demande du
monde municipal, la table Québec-municipalités, l'Union des
municipalités régionales de comté, l'Union des
municipalités du Québec, à leur demande et en concertation
avec eux et avec elles.
Règlement sur les déchets solides: à la demande de
tous les intervenants, de façon à permettre aux gestionnaires de
limiter les déchets solides dans leur territoire.
Règlement sur l'entreposage des pneus hors d'usage: à la
demande du ministère de l'Environnement et de la Sécurité
publique, suite à ce qui était arrivé à
Saint-Amable.
Les modifications réglementaires qui sont actuellement
prépubliées et en période de consultation.
Règlement sur les pâtes et papiers: 75 mémoires de
reçus. Actuellement, l'industrie des pâtes et papiers trouve que
la réglementation du Québec est meilleure que celle qui nous est
proposée par Ottawa. C'est une réglementation, et j'insiste
là-dessus, qui est de rattrapage, M. Le Hir. Vous pouvez sourire, mais,
si on avait eu une réglementation au Québec avant, les
investissements ne se seraient pas faits en Colombie-Britannique, les emplois
ne se seraient pas perdus au Québec présentement parce qu'on a
été la province la plus lente dans 'toute l'Amérique
à réglementer le secteur des pâtes et papiers. Les gens ont
investi ailleurs et, aujourd'hui, on paie en perte d'emplois parce qu'on n'a
pas eu le courage de réglementer en matière environnementale pour
que les multinationales viennent investir dans la modernisation des
papetières québécoises.
Premier Règlement sur les déchets biomédicaux: je
pense qu'on l'a fait en concertation avec à peu près tout le
monde et tout le monde est satisfait. Il entre en vigueur le 1er avril
prochain.
Il y a quelques jours, la semaine dernière, on a annoncé
le Règlement sur les attestations d'assainissement en milieu industriel,
ce qu'on a annoncé la semaine passée. Je pense qu'il n'y a
personne qui a crié au meurtre. Même, j'ai lu de vos
déclarations disant: On est d'accord avec l'approche, on est d'accord
avec le principe et les taux nous semblent raisonnables dans le contexte
économique actuel. Je ne veux pas exagérer vos
déclarations. Vous n'êtes peut-être pas allés aussi
loin, mais, vu que vous ne l'avez pas décrié complètement,
j'en ai déduit que l'approche était correcte.
Ce n'est pas un «nowhere» complet lorsqu'on vous donne ce
tracé-là. On vous dit: L'objectif n'est pas encore aussi
précis que dans le monde municipal, mais vous embarquez dans un
véhicule qui a pris cette avenue. En milieu industriel, c'est le
Programme de réduction des c'échets industriels et c'est
également le Programme des attestations d'assainissement. C'est
ça qui va être la formule. Et le véhicule, ça va
être ou le ministère, ou un office, ou une régie, ou une
commission. Moi, je souhaite que ce soit le véhicule le plus efficace
pour donner le service le plus efficace, dans les délais les plus
raisonnables, à vos membres qui veulent investir au Québec et
créer de l'emploi au Québec.
M. Le Hir: Bon. Vous nous avez dressé une liste
d'apothicaire, là. Je note que...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce n'est pas une liste
d'apothicaire, c'est une liste réglementaire adoptée par
l'Assemblée nationale.
M. Le Hir: Vous avez dressé une liste que vous
considérez exhaustive, pour dire les choses de cette façon.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, elle ne l'est pas.
M. Le Hir: Bon. Moi, je vous dirai que, parmi les points que vous
avez soulignés, il y en a, finalement, qui touchent le monde municipal.
Mais ce qui touche le monde industriel, il n'y en a pas tant que ça. Je
vais laisser M. Chomski, qui est ici, vous faire une petite perspective. Lui,
industriel, vit le problème et il va certainement pouvoir vous illustrer
la problématique telle qu'on la vit.
M. Chomski (Claude D.): M. le ministre, M le
député, je pense que, si on prend l'exemple du Règlement
sur les déchets dangereux qui est sorti en 1985, et il en fallait un -
il n'y avait rien et ça pouvait amener une situation désastreuse
- assez rapidement, le ministère, dans sa sagesse, s'est rendu compte
qu'il y avait des problèmes et a fait une étude, a demandé
des rapports à différents organismes, en 1986. Un superbe rapport
de synthèse a été publié en 1987, puis je me
souviens d'une invitation à l'Auberge Universel, en face de la pyramide
où sont les bureaux du ministère, où on nous a
annoncé différentes réformes qui allaient avoir lieu dans
le but d'alléger certaines contraintes, dans le but de favoriser le
recyclage en enlevant les entraves administratives, etc., qui devaient sortir,
on nous disait, au mois de septembre 1987. Puis il ne s'est rien
passé.
Au mois de mai 1988, on nous a convoqués également dans la
même salle. On nous a dit: Bon, voilà ce qu'il va faire;
maintenant, c'est sûr, les modifications vont sortir. Finalement, il y
avait de très bonnes choses qui étaient annoncées, et:
Pour quand ça va venir? Ça va venir pour le mois de septembre. En
1988, le 23 août, à Saint-Basile, est arrivé un certain
incident qu'on connaît bien et, brusquement - l'un de vos
prédécesseurs a peut-être paniqué - on a mis de
côté les bonnes choses qui avaient été
établies en concertation avec tout le monde et on a adopté, en
toute panique, une modification au Règlement sur les déchets
dangereux, qui a été publiée dans la Gazette
officielle, sans consultation, le 14 septembre 1988, si ma mémoire
est bonne, et qui, suivant la légende, aurait été
écrite par un fonctionnaire qui aurait été forcé
à l'écrire en une nuit. Cette modification au Règlement a
plusieurs anomalies. Je n'ai pas vraiment le temps de les citer, mais on sait
qu'il y a des choses anormales.
Ensuite, une commission a été formée, la
commission Charbonneau, qui a fait son rapport et qui est arrivée
aussi à des bonnes choses, puis on attend, on attend. Finalement, on
nous a dit, l'année dernière: Oui, on va vraiment
reconsidérer toute la problématique et introduire le concept de
matières dangereuses. Le concept était certainement fort bon, car
il ne faut pas oublier que les matières dangereuses, qu'elles soient des
déchets, sont aussi dangereuses pour l'environnement quand elles sont
neuves, c'est évident. Malheureusement, le projet de loi 405 a
été adopté sans aucune consultation de personne.
Peut-être qu'il y avait des bonnes choses dans le projet de loi, mais on
a été un peu surpris que, brusquement, il ait été
adopté à toute vitesse. On vient de voir une version, qui est
datée du mois de décembre, du Règlement sur les
matières dangereuses. On la regarde et on ne voit pas vraiment le reflet
des objectifs qui sont particuliers, d'enlever les entraves administratives,
les procédures tatillonnes. En particulier, il y a
énormément d'obstacles, comme vous le savez, au recyclage, et le
concept de matières dangereuses, normalement, tel qu'V nous avait
été présenté par certains de vos fonctionnaires
l'année dernière, devait, finalement, appliquer toutes les
rigueurs d'un règlement, tout le contrôle administratif seulement
aux déchets qui n'ont aucune valeur résiduelle et pour lesquels
il n'y a pas d'autre choix que de les détruire. Cela avait certainement
beaucoup de bon sens.
Par contre, le projet de règlement, le dernier, que nous avons et
qui date du mois de décembre ne reflète pas cela et on murmure
qu'en fait il serait déjà complètement
dépassé et qu'il y en aurait un autre. Mon comité, qui est
composé de membres volontaires de l'industrie, actuellement, passe de
plus en plus de temps, depuis peut-être deux, trois ans, à
étudier des projets, des avant-projets et à préparer des
mémoires, et on aimerait que ça aboutisse quelque part. (21
heures)
Je vous citerai un petit exemple de problème avec le
Règlement sur les déchets dangereux. Pour ceux qui sont dans
l'industrie, ils savent qu'ils ont jusqu'au 30 mars, qui est dans pas
longtemps, pour envoyer un rapport annuel qui est indiqué à
l'annexe 5 du Règlement sur les déchets dangereux. Bien, cette
annexe 5 qui veut établir un bilan... et il y a de très bonnes
raisons d'établir un bilan de ce qui a été
généré dans la province, où c'est parti, etc. Pour
une entreprise comme la nôtre, l'année dernière,
c'était quelque chose comme 60 formulaires différents de quatre
pages. Et tout le monde est d'accord, depuis des années, que ce
formulaire doit être simplifié; il demande des choses qui ne sont
pas utiles. Et le plus frustrant, c'est que, d'après ce qu'on entend
dire, nos 60 formulaires de quatre pages et tous ceux de nos collègues,
etc. dorment sur les tablettes, prennent de la poussière, parce que le
ministère n'a pas la main-d'oeuvre, n'a pas les ordinateurs, n'a pas ci,
n'a pas ça.
Et on se dit: On veut chercher des nouvelles ressources et les
dépenser à un nouvel organisme. Oui, il faudra, dans ce nouvel
organisme, installer un président, un vice-président, des hauts
fonctionnaires, etc. On pense que les ressources pourraient être mieux
utilisées à l'intérieur du cadre actuel et en se
dépêchant de compléter l'appareil réglementaire qui
doit être complété.
Si vous regardez une édition, disons, consolidée des
règlements - et ce sera mon dernier point pour l'instant - de toutes les
lois et de tous les règlements du ministère de l'Environnement,
qui prennent deux gros cartables verts, couleur vert foncé - ah! ce
n'est peut-être pas exactement l'Environnement - si vous regardez
l'historique de la loi de la qualité de l'environnement...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais être obligé
de vous arrêter, parce que M. Le Hir l'a dit tantôt, ce n'est pas
des lois et des règlements; des directives là-dedans plus souvent
qu'autrement.
M. Chomski: Non, il y a de tout. Il y a un premier volume avec
des lois et des règlements.
Le Président (M. Garon): Là, je vais être
obligé d'arrêter tout le monde parce que le temps dévolu au
ministre est déjà dépassé.
M. Chomski: Si vous me permettez de conclure. Si vous regardez la
Loi sur la qualité de l'environnement dans ce recueil...
Une voix:...
Le Président (M. Garon): Oui. Alors, je suis obligé
de passer la parole au député de La Prairie.
M. Lazure: Merci, M. le Président. Je veux saluer M. Le
Hir et ses collègues, au nom de l'Opposition. Nous avions failli nous
voir en décembre, justement autour du projet de loi 405 sur les
matières dangereuses. Si j'ai bonne mémoire, votre groupe avait
demandé d'être entendu, d'être consulté. Nous avions
transmis cette demande, aussi, au moment de la séance de la commission
et le ministre de l'Environnement a malheureusement refusé de vous
recevoir, comme il avait refusé de déposer des règlements
avec ce projet de loi là.
Moi, je ne suis pas étonné de votre position. Elle est
à peu près la même que celle du Conseil du patronat et elle
est à peu près celle que les trois quarts des groupes qui vont
venir à cette commission vont transmettre au ministre. On espère
simplement qu'il va écouter. Au lieu de simplement recommencer sa
cassette des
réalisations, de tout ce qu'il a fait adopter comme directives,
règlements et lois depuis deux ans, deux ans et demi, il devrait
plutôt essayer de nous démontrer comment cette structure, qui
s'appelle un office, va avoir le pouvoir magique de rendre efficaces les
mêmes personnes qui sont actuellement à son ministère. Il
nous dit, il vous dit, il dit à tout le monde: On veut créer un
office pour rendre nos services plus efficaces parce que vous n'êtes pas
satisfaits de nos services. Nous pensons qu'il devrait plutôt
s'arrêter, comme vous en faites la suggestion, à mieux dynamiser
ses équipes à l'intérieur du ministère.
Il y a quelques commentaires que vous faites que nous endossons
complètement, en particulier quand vous dites: «Plusieurs
dispositions de la Loi sur la qualité de l'environnement ne sont pas
encore en vigueur et plusieurs règlements sont tout simplement
inexistants bien qu'ils soient identifiés et requis par la loi. Au lieu
d'établir des priorités et de mener à terme les divers
outils législatifs déjà prévus dans la loi, le
ministère continue de multiplier les versions de plusieurs
projets.» Et M. Chomski a donné des exemples, tantôt, de la
multiplication des projets.
Un deuxième commentaire qui est pertinent aussi, à mon
avis: «Tant et aussi longtemps que les lois et règlements
demeureront confus, sujets à interprétation et qu'ils seront
élaborés en vase clos sans prendre en considération les
contraintes des entreprises, ils demeureront difficiles ou impossibles à
appliquer. Or, le projet de loi 412 n'apporte aucun élément de
solution.» Et c'est vrai que ça n'apporte aucun
élément de solution. «Dans cette perspective, nous croyons
qu'il est illusoire de s'attendre à ce que l'Office soit plus efficace
que le ministère dans sa forme actuelle. La création de l'Office
ne contribuera en rien à régler les problèmes du
régime actuel.»
Finalement, vous avez raison de craindre que ça va judiciariser
les opérations. Nous aussi, on craint ça. Et vous dites
«que la gestion des dossiers environnementaux», il y a un danger
que ça «repose plus souvent entre les mains des avocats qu'entre
les mains des spécialistes en environnement, ce qui donne comme
résultat qu'on passe plus de temps à ergoter sur des
tecMcalités juridiques qu'à résoudre des problèmes
environnementaux».
L'Opposition concourt à 100 % avec ces mises en garde que vous
faites, ces commentaires.
J'ai quelques questions à vous poser. La première: Vous
parlez de tensions notoires entre les instances régionales, les
unités régionales et le central. Est-ce que vous pourriez nous
donner quelques exemples de ces tensions-là?
M. Hubar Meunier (Éric): Écoutez, je pense que
c'est un secret de polichinelle, là; on peut certainement les
exemplifier, mais on n'invente rien en disant qu'il y a des tensions notoires.
D'ailleurs, si on examine, à savoir comment certains documents prennent
la voie publique, ça ne sort pas nécessairement du bureau
central, ça sort du régional et, des fois, c'est parce que
ça ne fait pas leur affaire. Alors, on pourrait rentrer dans des
détails bien spécifiques, vous faire une liste exhaustive des
tensions, mais je pense que ce n'est pas nécessaire.
M. Lazure: La table de concertation sur le développement
durable, je ne sais pas si vous en avez fait partie directement ou par le biais
du Conseil du patronat...
Mme Pelchat: Ha, ha, ha!
M. Lazure: ...mais vous avez des amis sûrement qui ont
été appelés à siéger à la table de
concertation.
Mme Pelchat: Par le biais du Conseil...
M. Lazure: J'y reviendrai au Conseil du patronat, tantôt,
puisque ça amuse ma collègue de Vachon.
Mme Pelchat: «Par le biais», c'est une insulte
à l'Association des manufacturiers de leur dire que «par le
biais»...
M. Lazure: Ce n'est pas une insulte. Mme Pelchat: Mais
franchement!
M. Lazure: Je vais attendre pour entendre M. Le Hir.
M. Le Hir: Je ne désavouerai pas le Conseil du patronat;
comme association, on en fait partie, sauf qu'on a parfois des
intérêts qui sont bien différents de l'ensemble des membres
du Conseil du patronat et, en matière d'environnement, c'est
particulièrement le cas.
M. Lazure: C'est ça. J'en prends bonne note. Ma question
ne devait pas porter là-dessus. Je pense que ce que vous venez de dire,
c'est tout à fait légitime. Ma question, c'était d'avoir
de vous une explication quant au non-fonctionnement de cette table sur le
développement durable. Est-ce que vous avez une opinion?
M. Le Hir: C'est difficile pour nous de vous faire part d'une
opinion, on n'y était pas. Je vous avoue franchement qu'à voir la
façon dont les choses ont abouti, en queue de poisson, on est
très heureux de ne pas y avoir été.
M. Lazure: Sur le manque de consultation que vous déplorez
à plusieurs reprises dans votre mémoire, et à bon droit
quant à nous, est-ce qu'à l'intérieur de la structure du
ministère, la
structure actuelle du ministère, vous avez des suggestions quant
à la façon de rendre plus efficace et plus réelle cette
concertation?
M. Le Hir: La première des choses qui seraient
essentielles, et on ne comprend d'ailleurs pas comment il se fait que le
ministère de l'Environnement ne l'ait pas fait, d'autres
ministères le font... Le ministère de M. Tremblay a fait une
consultation auprès des milieux industriels avant de lancer sa politique
des grappes industrielles, le ministre Bourbeau a fait une consultation
auprès des milieux syndicaux et patronaux avant de lancer son projet de
réforme de l'éducation, ils ont tous les deux
déposé des documents, des énoncés de politique.
Comment se fait-il qu'en matière d'environnement on n'ait pas
d'énoncé de politique? Comment se fait-il qu'on n'ait pas de
direction? Comment se fait-il qu'on ne sache pas à l'heure actuelle...
qu'on n'ait pas un cadre législatif et réglementaire qui nous
dise où on s'en va? Ce n'est pas te cas.
M. Lazure: Écoutez, je suis parfaitement d'accord avec
vous. M. Chomski parlait tantôt de formules multiples que les
manufacturiers doivent remplir concernant les matières dangereuses. Vous
dites, je pense avec raison, que ce n'est probablement même pas
utilisé, c'est ce qu'il y a de plus frustrant, et ça rappelle les
manifestes... La commission Charbonneau avait déploré que des
milliers et des milliers de manifestes sur le transport de matières
dangereuses étaient stockés dans des boîtes de carton et
que personne ne s'en occupait.
M. le Président, ce que, nous, nous disons au ministre de
l'Environnement... Il y a plein de choses qui sont élémentaires,
peut-être que c'est trop élémentaire pour ses grandes
ambitions, mais simplifier les formules, par exemple, à l'adresse des
manufacturiers concernant les matières dangereuses, ça peut
être un projet intéressant, on n'a pas besoin d'une nouvelle
structure pour ça, et s'assurer que le personnel du ministère
aura au moins la décence d'utiliser ces formules-là à bon
escient Nous avons, depuis que ces séances sont commencées,
entendu des arguments percutants, de votre groupe, M. Le Hir, et d'autres
groupes qui, à toutes fins pratiques, disent au ministre: Vous faites
fausse route. Au lieu de songer à une nouvelle structure qui va
simplement accentuer le manque de coordination... Déjà, c'est
difficile, dans une même boîte, de s'assurer de la coordination des
différents services, à plus forte raison quand il y aura deux
ministères, à toutes fins pratiques, parce qu'il y aura autant
d'effectifs dans l'un que dans l'autre, on aura encore beaucoup plus de
confusion. Nous espérons encore, M. Le Hir, que vos interventions avec
celles des autres vont réussir à faire reculer le ministre. Il
n'y a pas de mal à admettre qu'on fait fausse route. Dieu sait qu'il y a
suffisamment d'ouvrage dans le ministère sans qu'H consacre toutes ces
énergies-là à créer une nouvelle structure. Nous,
on partage à 99 % ce que vous exprimez dans votre mémoire et on
espère que le ministre va y réfléchir.
Une voix: Le 1 % qui reste, c'est quoi?
M. Lazure: Le 1 %, c'est la relation avec le Conseil du patronat,
justement.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lazure: On peut y revenir. Vous avez sûrement plusieurs
de vos membres qui sont à la fois membres de votre Association et
membres du Conseil du patronat. Exact?
M. Le Hir: C'est exact.
M. Lazure: Certains de ces membres-là se voient un peu,
j'imagine, confus, non?
M. Le Hir: Non
M. Lazure: Non? Parce qu'ils vont lire votre mémoire qui
est excellent, ils vont lire le mémoire de M. Dufour qui est bon, mais
où va aller leur allégeance?
M. Le Hir: Écoutez, là-dessus, c'est, au fond, bien
simple à comprendre. Le Conseil du patronat représente des
intérêts qui sont beaucoup plus larges que ceux des
manufacturiers. Lorsqu'un organisme comme celui-là doit
développer une position, la position qu'il finit pardévelopper, finalement, c'est le plus bas commun
dénominateur. Nous, comme nous ne représentons que les
manufacturiers, ta définition de nos intérêts est nettement
plus simple et nous n'avons pas les problèmes d'angoisse existentiels
auxquels, vous faites allusion.
M. Lazure: Merci beaucoup, M. Le Hir et vos collègues.
Le Préskient (M. Garon): Je remercie les
représentants de l'Association des manufacturiers du
Québec...
Une voix: M. le Président...
Une voix: II reste encore du temps.
Le Président (M. Garon): Le temps de chaque parti est
écoulé.
Une voix: Vous aviez dit 21 h 15.
Le Président (M. Garon): Non, non, j'avais dit: Chacun...
Finalement, H y a eu plus que T5 minutes, 17 minutes du côté du
ministre. SU y a consentement, ça ne me dérange pas, moi.
Une voix: Non, non, non.
Le Président (M. Garon): je remercie les membres de
l'association des manufacturiers du québec de nous avoir
rencontrés. les travaux sont supendus...
Une voix: Ajournés.
Le Président (M. Garon): Nous ajournons jusqu'à
demain matin, 9 h 30, dans cette même salle Louis-Joseph-Papineau.
(Fin de la séance à 21 h 13)
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