Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Dix heures douze minutes)
Le Président (M. Lemieux): La commission du budget et de
l'administration est réunie afin d'entendre le Vérificateur
général dans le cadre de l'examen de son rapport annuel pour
l'année financière se terminant le 31 mars 1989. M. le
secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Doyon
(Louis-Hébert) remplacera M. Bélisle (Mille-Îles).
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le secrétaire.
Permettez-moi de vous rappeler brièvement les règles de
l'audition. Les règles de procédure pour l'exécution de ce
mandat, telles qu'établies le 18 août 1987, sont les suivantes. La
séance débutera par une période de déclarations
d'ouverture, réparties selon l'ordre suivant: M. le Vérificateur
général, pour une durée de 15 minutes, le porte-parole de
l'Opposition, M. le député de Labelle, pour une période de
15 minutes, et le porte-parole des députés ministériels,
M. le député de Saint-Louis, pour une période de 15
minutes. La période des déclarations d'ouverture ne sera pas
suivie de répliques ou de commentaires de la part des membres ou du
Vérificateur général. Une période d'échanges
avec le Vérificateur général suivra celle des
déclarations d'ouverture et se poursuivra jusqu'à la fin de la
séance, soit à 18 heures. Les groupes parlementaires disposeront
de temps de parole égaux, en respectant l'alternance dans les
interventions. Et, le temps de parole inutilisé par un groupe
parlementaire sera disponible pour l'autre groupe parlementaire, en vertu d'une
décision rendue par la commission de l'Assemblée nationale le 3
décembre - ici, j'ai 1966, c'est sûrement une erreur - 1986. La
période d'échanges avec le Vérificateur débutera
par l'Intervention du porte-parole de l'Opposition. Les membres de la
commission disposeront d'un temps de parole de 20 minutes par intervention. Le
temps de réponse du Vérificateur général sera
imputé au temps de parole du député qui pose la question.
M. le Vérificateur, si vos réponses sont longues, le
député a moins de temps de parole.
Déclarations d'ouverture
J'invite maintenant M. le Vérificateur général
à prendre la parole et à nous présenter les gens qui
l'accompagnent. M. le Vérificateur général.
M. Rhéal Châtelain
M. Châtelain (Rhéal): Merci, M. le Président.
Depuis maintenant quatre ans, la commission que vous présidez entend le
Vérificateur général sur son rapport annuel à
l'Assemblée nationale. C'est avec empressement et avec un sens profond
du devoir que le Vérificateur général collabore à
vos travaux. Cette année, l'examen par la commission porte sur le
rapport de l'année financière terminée le 31 mars 1989. Je
voudrais vous présenter, M. le Président, un bref aperçu
de certains sujets - évidemment, c'est impossible de présenter
tout le rapport -qui apparaissent au rapport.
La première partie du rapport comporte des remarques
générales sur le devoir de renseigner l'Assemblée
nationale et sur la présentation de l'information financière du
gouvernement. Ce sont là des sujets bien connus de cette commission; ils
ont été discutés lors d'auditions antérieures.
La vérification législative, c'est-à-dire la
vérification effectuée par le Vérificateur
général, dont il a le mandat, est l'un des moyens mis à la
disposition des membres de l'Assemblée nationale pour favoriser
l'exercice de leur rôle de surveillance et de contrôle. Le
législateur doit être informé sur les activités de
l'administration. Je me permets donc d'insister à nouveau sur la
nécessité de la reddition de comptes des responsables de la
gestion au gouvernement d'abord, c'est-à-dire à l'interne, et
ensuite à l'Assemblée nationale, c'est-à-dire à
l'externe.
La responsabilité de la gestion revient, dans les faits, aux
sous-ministres et aux dirigeants d'organismes. C'est l'Assemblée
nationale qui, en définitive, leur confie un mandat d'exécution
de programmes selon des critères de gestion optimale des ressources.
Puisqu'ils détiennent ainsi le pouvoir de gérer - ils le
détiennent de l'Assemblée nationale, en définitive - ces
gestionnaires devraient pouvoir répondre en commission parlementaire de
la qualité de leurs gestes administratifs. Il m'apparaît utile de
rappeler ma conviction que le rapport annuel du Vérificateur
général à l'Assemblée nationale ne prendra toute sa
signification que le jour où les gestionnaires des fonds et autres biens
publics seront appelés à rendre publiquement compte de leur
gestion. Cette pratique déjà bien établie dans d'autres
Législatures - et je pourrais dire dans la très grande
majorité des Législatures au Canada -contribuerait à
l'atteinte de l'excellence dans l'administration publique.
L'imputabilité externe, M. le Président, ne se limite pas,
cependant, aux témoignages des
hauts fonctionnaires en commission parlementaire. Certains organismes et
entreprises du gouvernement dont le budget de fonctionnement n'est pas
assujetti au vote de l'Assemblée nationale assurent une partie de
l'accomplissement de la mission gouvernementale à même les fonds
publics. Il importe, dans ces cas, que les liens d'imputabilité soient
bien établis pour assurer une information adéquate à
l'Assemblée nationale.
Je reprends donc, encore cette année, certaines observations sur
la nécessité d'une loi cadre sur les organismes et les
entreprises du gouvernement. Les considérations générales
émises à ce sujet à la page 19 du rapport annuel
reviennent de façon plus détaillée aux pages 79 et
suivantes.
La loi-cadre proposée par le Vérificateur
général vise un modèle d'imputabilité envers
l'Assemblée nationale et le gouvernement. Elle devrait d'abord
définir les organismes et les entreprises du gouvernement, et en faire
une classification selon la nature de leurs activités Cette disposition
déterminerait les exigences d'imputabilité propres à
chaque catégorie d'entités, tout en respectant les
caractéristiques de chacune.
La loi-cadre préciserait les modalités de leadership du
gouvernement sur la fonction direction des entités qui en
relèvent pour assurer ainsi l'exercice des contrôles a priori.
Cette loi-cadre regrouperait aussi les contrôles fondamentaux a
posteriori en matière de reddition de comptes et surtout en
matière de reddition de comptes à l'Assemblée nationale.
Une telle loi serait de portée générale et ne se
substituerait pas aux lois particulières. Seuls les contrôles
pertinents à chacune des entités et qui ne seraient pas
prévus dans la loi-cadre devraient alors être
précisés dans les différentes lois constitutives.
Le champ de compétence du Vérificateur
général englobe les ministères, les organismes et les
entreprises du gouvernement. Là où il n'est pas le
vérificateur en exercice, la Loi sur le Vérificateur
général lui accorde (c'est-à-dire au Vérificateur
général) un droit de regard. Le Vérificateur
général est ainsi en mesure d'assurer que le droit de
l'Assemblée nationale d'être informée est
sauvegardé, même lorsque des organismes et des entreprises du
gouvernement confient leur vérification externe à d'autres
vérificateurs.
Le Vérificateur général estime qu'il est de son
devoir d'être vigilant et de prévenir l'Assemblée nationale
de tout risque d'affaiblissement ou d'atténuation de ce droit de regard.
Il comprendrait mal que l'Assemblée nationale se prive volontairement
d'être informée sur l'utilisation de fonds dont le gouvernement
pourrait éventuellement être tenu responsable. C'est pourquoi, aux
pages 16 et 17 du rapport annuel, je rappelle certaines circonstances qui ont
entouré l'adoption du projet de loi 145 sur le
Curateur public, en juin 1989. Je recommande, dans le rapport annuel,
que soit considérée une proposition que j'avais formulée
au gouvernement à l'époque, visant à faire reconfirmer -
non pas à confirmer, mais à reconfirmer -dans la Loi sur le
Curateur public l'exercice du droit de regard par le Vérificateur
général sur la vérification des livres et comptes relatifs
à la gestion des biens sous curatelle.
Il est difficile de concevoir que tant le gouvernement que
l'Assemblée nationale ne trouveraient pas intérêt à
ce que le droit de regard puisse continuer d'être exercé par le
Vérificateur général sur la vérification d'une
partie essentielle de la gestion du Curateur public. Le gouvernement et
l'Assemblée nationale renonceraient ainsi à une
prérogative de pouvoir être informés dans certaines
circonstances. Reconnaissons que l'administration des biens sous curatelle est
un service que le gouvernement offre à la population par
l'intermédiaire du Curateur public et dont le gouvernement demeure, en
définitive responsable. Il ne s'agit pas de confier cette
vérification externe au Vérificateur général, mais
bien de reconfirmer l'exercice d'un droit de regard, par ce dernier, sur la
vérification.
Dans mes remarques générales, je fais également des
commentaires et des recommandations sur la présentation de l'information
financière du gouvernement. L'opinion et les observations du
Vérificateur général sur les états financiers du
gouvernement se retrouvent, comme c'est maintenant la pratique, dans les
comptes publics préparés par le ministère des
Finances.
La réforme importante des conventions comptables entreprise au
cours des années récentes a fait en sorte que la situation
financière du gouvernement et les résultats de ses
opérations sont présentés d'une manière plus
fidèle et plus complète. Les améliorations
apportées à la présentation des états financiers du
gouvernement du Québec permettent maintenant de les comparer
avantageusement avec ceux des autres provinces canadiennes. Cependant, du
travail reste à faire. D'autres recommandations du comité sur la
comptabilité et la vérification des organismes du secteur public
de l'Institut canadien des comptables agréés, c'est-à-dire
IICCA, ne sont pas encore appliquées. Elles concernent, entre autres, la
délimitation du périmètre comptable du gouvernement et la
comptabilisation des obligations découlant de ses régimes de
retraite. Je rappelle cependant les efforts faits par le gouvernement pour
préciser son entité comptable. J'ai même été
informé que des travaux s'effectuent présentement pour
préparer un projet d'états financiers consolidés
présentant l'information financière selon les recommandations de
l'ICCA. Par ailleurs, je recommande de nouveau au gouvernement de redresser ses
pratiques comptables pour comptabiliser à ses états financiers la
partie non
inscrite du passif envers ses régimes de retraite.
M. le Président, je précise immédiatement que les
recommandations de l'ICCA concernant la comptabilisation des obligations
découlant des régimes de retraite se rapportent aux
salariés du secteur public, y compris ceux des gouvernements. Elles ne
couvrent pas, par contre, les programmes publics de protection du revenu, comme
le Régime de pensions du Canada et le Régime de rentes du
Québec. L'ICCA reconnaît la particularité de ces
régimes et en fera une étude distincte plus tard.
La deuxième partie du rapport de 1989 commence à la page
31. Elle présente les résultats de la vérification
financière et de conformité du gouvernement et de ses
ministères, des fonds spéciaux et des fonds renouvelables, et des
organismes et des entreprises du gouvernement. C'est l'essentiel du rapport;
c'est le résultat de l'ensemble de nos vérifications. On y
retrouvera également les résultats de cinq missions de
vérification intégrée, d'une étude d'envergure
gouvernementale sur certains aspects de la gestion des ressources informatiques
et d'une vérification de l'utilisation des subventions accordées
par le ministère de la Santé et des Services sociaux.
Une de nos missions de vérification intégrée a
été effectuée auprès de la Commission
administrative des régimes de retraite et d'assurances,
c'est-à-dire la CARRA. La gestion de ces régimes est un sujet qui
préoccupe les membres de cette commission. Compte tenu de ces
préoccupations, des sommes en cause et du grand nombre de personnes
visées par ces régimes, nous avons donc examiné cette
gestion plus en profondeur. La CARRA est actuellement responsable de
l'administration de 23 régimes regroupant environ 448 000 cotisants et
75 000 prestataires. Parmi les régimes de retraite que la Commission
administre, notons, entre autres, celui des employés du gouvernement et
des organismes publics, le RREGOP, celui des fonctionnaires, le RRF, et celui
des enseignants, le RRE.
Nous avons formulé certaines observations à la suite de
notre vérification dont les résultats apparaissent aux pages 117
et suivantes. Entre autres, des employeurs d'un grand nombre
d'établissements du réseau de la santé et des services
sociaux ont perçu par erreur approximativement - c'est une somme
estimée en ce moment - 20 000 000 $ de cotisations sur du traitement non
admissible entre le 1er janvier 1987 et le 31 mai 1989. Autre exemple, 30 % des
prestataires ayant des dossiers actifs au 31 décembre 1988 ne recevaient
pas le montant de rentes auquel ils avaient droit. Cependant, les
déboursés par erreur ne représentent que 0,3 % de la
valeur des rentes versées. Autre exemple, la CARRA n'avise pas les
ex-cotisants qu'ils doivent faire une demande pour bénéficier
d'un remboursement ou d'une rente. Au 31 décembre 1987, quelque 84 800
ex-cotisants avaient versé à la CARRA des cotisations totalisant
avec les intérêts environ 400 000 000 $. De ce nombre, 1550
ex-cotisants étaient admissibles à une rente.
Maintenant, dans le domaine de la gestion des ressources informatiques
au gouvernement, nous en étions en 1988-1989 à la deuxième
année d'une vérification d'envergure gouvernementale
s'échelonnant sur trois ans. La première journée, les
travaux ont porté sur la réglementation de l'activité
informatique et sur certains aspects du développement des
systèmes. Cette année, nous avons examiné la coordination
gouvernementale en matière de sécurité. Nous avons
examiné les systèmes complémentaires à SAGIP,
c'est-à-dire le système qui comprend, entre autres, le
système de paie du gouvernement. Nous avons aussi examiné les
systèmes qui sont complémentaires à SYGBEC, qui est le
système budgétaire et comptable du gouvernement, ainsi que
l'encadrement de l'activité informatique dans les organisations du
secteur public. Les résultats de cette vérification sont
consignés aux pages 195 à 222 du rapport.
Nous avons constaté que les orientations gouvernementales sur la
sécurité informatique ne sont pas bien définies et que la
norme en vigueur, en plus de souffrir de désuétude, n'est pas
toujours appliquée. Sur l'aspect de la relève, la liste des
systèmes essentiels gouvernementaux mériterait d'être
actualisée. Nous avons également relevé que la
concertation entre les organisations est insuffisante pour permettre une vision
d'ensemble des efforts de développement à l'égard des
systèmes complémentaires à SAGIP et à SYGBEC.
Au chapitre du recrutement et de la sélection des employés
occasionnels des ministères et des organismes, nous concluons que le
cadre administratif en place contribue peu, c'est le cas de le dire, à
l'utilisation économique des ressources.
Enfin, quant à l'encadrement de l'activité informatique
dans les organisations, nous attirons l'attention sur certaines lacunes
importantes dans la planification, dans la gestion des projets de
développement de systèmes et dans le suivi et la reddition de
comptes qu'effectuent les organisations en matière de coûts de
développement.
La troisième et dernière année de cette
étude sur les activités informatiques sera consacrée au
secteur de la micro-informatique et à la qualité de la
sécurité informatique dans les organisations. C'est ce qui fera,
en partie, l'objet du rapport de cette année.
M. le Président, l'importance, maintenant, des fonds publics
engagés dans les dépenses de transfert, à peu près
75 % du budget du gouvernement, nous a amenés à nous
préoccuper davantage de cet aspect de notre mandat concernant
l'utilisation qui est faite de ces fonds par
les entités subventionnées. Cette vérification,
cependant, devait être précédée d'un examen des
procédés d'allocation utilisés par un ministère
dans la distribution des subventions. En 1987-1988, nous avons donc entrepris
la vérification de l'utilisation des subventions accordées au
réseau de la santé et des services sociaux. Ces subventions
totalisent, par exemple, 7 752 000 000 $ en 1989-1990, c'est-à-dire dans
l'année en cours, ou 31 % des dépenses de transfert du
gouvernement. Il ne faut pas oublier que les dépenses de transfert
représentent quand même 75 %.
La phase initiale de cette vérification, réalisée
en 1987-1989 a porté sur l'allocation des subventions par le
ministère de la Santé et des Services sociaux. Elle avait pour
but d'examiner et de déterminer, au niveau du ministère, la
première année, jusqu'à quel point l'allocation
était faite en tenant compte de l'économie et de l'efficience.
Nous avons aussi examiné les mécanismes mis en place par le
ministère pour mesurer le degré d'atteinte de ses objectifs, les
objectifs du ministère. Cette première phase nous a permis
également de poursuivre, au niveau du ministère même,
certains travaux de vérification exécutés l'année
précédente à la Régie de l'assurance-maladie du
Québec.
La deuxième phase, effectuée en 1988-1989 et dont on fait
rapport dans le document qui nous concerne aujourd'hui, visait à nous
assurer que les conseils régionaux et les établissements de
services sociaux disposaient de systèmes et procédés
valables pour contrôler l'utilisation des subventions reçues. La
vérification visait à déterminer si ces entités se
conformaient aux dispositions législatives et réglementaires, et
aux directives ministérielles examinées lors de la
première phase de cette vérification l'année
précédente, à l'intérieur même du
ministère. Les résultats de cette deuxième phase
apparaissent aux pages 225 à 245 du rapport.
En 1989-1990, nous poursuivons - c'est-à-dire dans l'année
en cours, maintenant - notre vérification, mais, cette fois-ci, dans les
centres hospitaliers avec, comme objectif, l'utilisation des ressources
financières et matérielles mises à leur disposition.
Enfin, M. le Président, dans la troisième et dernière
partie du rapport annuel, laquelle débute à la page 247, le
Vérificateur général rend compte de ses propres
activités et fournit des renseignements généraux sur son
organisation, ses devoirs et ses responsabilités, sa structure
organisationnelle et la planification de ses activités de
vérification.
Je vous remercie, M. le Président, de m'entendre devant la
commission que vous présidez. C'est avec plaisir que je répondrai
à vos questions. À ma gauche, ici, M. le Président, vous
voyez M. Guy Breton, vérificateur général adjoint. La
raison pour laquelle il est assis immédiatement à ma gauche,
c'est qu'il était le maître d'oeuvre de ce rapport.
Voilà.
Le Président (M. Lemieux): Ce n'est pas un homme de
gauche, nécessairement.
M. Chatelain: c'est un homme d'action.
M. Chagnon: Vous auriez dû l'asseoir à votre
droite.
Le Président (M. Lemieux): Parce qu'on est tellement
habitué à voir M. Bédard tout près de vous, mais
là, je crois qu'il n'est pas tellement loin.
M. Chatelain: D'accord. Alors...
Le Président (M. Lemieux): Un pas derrière.
M. Chatelain: D'accord. Alors, je profite de l'occasion pour vous
présenter M. Bédard, vérificateur général
adjoint, et, également, M. Jean-Pierre Fortin, ici, tout près de
M. Bédard, qui est vérificateur général adjoint
à notre bureau de Montréal, c'est-à-dire qu'il est
responsable de la direction générale de Montréal.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez plus d'adjoints que
les députés.
M. Chatelain: D'accord.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
Vérificateur.
M. Chatelain: Alors, c'est avec plaisir qu'on répondra
à vos questions et j'aurai l'occasion, évidemment, si vous le
permettez à ce moment-là, M. le Président, de demander
à mes adjoints de participer aux travaux.
Le Président (M. Lemieux): Vous êtes bien aimable,
M. le Vérificateur général. Maintenant, je céderai
la parole à M. le porte-parole de l'Opposition officielle, M. le
député de Labelle. (10 h 30)
M. Jacques Léonard
M. Léonard: M. le Président, M. le
Vérificateur général et tous les gens qui l'accompagnent,
je voudrais d'abord, si vous le permettez, vous saluer et vous remercier
d'être venus en grand nombre aujourd'hui. Je pense que vous faites partie
d'une équipe très importante au gouvernement qui relève,
d'ailleurs, directement de l'Assemblée nationale; j'y reviendrai tout
à l'heure. Vous avez fait, je pense, depuis un certain temps - depuis
longtemps que ça existe, évidemment, l'institution du
Vérificateur général - depuis les dernières
années, beaucoup de travail fouillé. On s'en rend compte à
la lecture de vos documents. Je voudrais, simplement, vous féliciter,
vous remercier aussi du travail que vous faites pour l'institution
gouvernementale et
pour les Québécois, par l'institution gouvernementale.
J'ai pris connaissance de ce rapport et, évidemment, j'ai eu
quelques réflexions en marge de ce rapport. J'ai eu l'occasion de faire
de la vérification dans le secteur privé et je me suis
posé la question de l'analogie qu'on pouvait introduire ici, au niveau
du gouvernement. L'Assemblée nationale est, en quelque sorte, le conseil
d'administration, si on peut dire, des Québécois par rapport
à leur institution majeure qui est le gouvernement ici. Si vous regardez
ce qui se passe dans une entreprise, à chaque année, le conseil
d'administration propose à l'assemblée des actionnaires la
nomination d'un vérificateur général, d'un
vérificateur en l'occurrence, lequel jouit d'une grande
indépendance dans l'exercice de son travail et qui est d'autant plus
importante qu'il doit faire des recommandations à l'assemblée
générale en rapport avec les conclusions auxquelles il en est
arrivé dans son travail. Donc, l'indépendance du
vérificateur est, évidemment, très importante. Il fait son
travail, et il dépose ses recommandations et ses états financiers
préliminaires, si l'on veut, parce qu'il en a le contrôle devant
le comité de vérification du conseil d'administration, en quelque
sorte un peu ce que nous sommes ici, la commission du budget et de
l'administration par délégation de la commission de
l'Assemblée nationale; nous jouons ce rôle pratiquement, ici.
Alors, j'ai lu ce rapport avec un peu cette analogie en tête.
Ça m'a rappelé aussi des souvenirs, pas juste des
souvenirs, mais des choses que je fais même actuellement en dehors de
l'Assemblée nationale, comme membre du bureau de direction de la
Financière Entraide-Coopérants. J'ai essayé
d'établir cette analogie. Il y a la production d'états financiers
sur lesquels le vérificateur pose un jugement et émet son rapport
de vérification, ce que nous avons actuellement dans le document des
comptes publics. Mais il y a aussi la production d'un rapport qui met le doigt
sur les défaillances de l'entreprise en termes de gestion, de
contrôle interne et qui fait partie de discussions au niveau du
comité de vérification. Je pense que nous en sommes là
présentement sur le rapport du Vérificateur qui a
été déposé à l'Assemblée nationale,
mais qui doit être étudié devant cette commission. Un
comité de vérification dans une grande entreprise étudie
les recommandations du vérificateur de l'entreprise et fait son propre
rapport au conseil d'administration et, possiblement aussi, à
l'assemblée des actionnaires. Une des considérations les plus
importantes dans un tel rapport, ce sont les suites qui sont données au
rapport du vérificateur.
La question ce matin, évidemment, ce sont les suites qui sont
données au rapport du Vérificateur général du
Québec. J'ai bien noté qu'on discutait beaucoup du principe de
l'im-putabilité qui fait appel à différentes notions et je
vois bien que les oppositions se tiennent, même sur des questions de
principe, sur le fait de la responsabilité ministérielle du
ministre et aussi sur l'imputabilité des hauts fonctionnaires par
rapport au gouvernement. Alors, moi, je pense que nous devons, à un
moment donné, peut-être, nous éloigner un peu de cette
question qui, en fait, n'a jamais été tranchée depuis fort
longtemps et qui peut être difficile à trancher. Je pense surtout
que ce qui est important, c'est qu'il y ait des suites au rapport. En termes
d'efficacité, en termes concrets, est-ce que le Vérificateur,
lorsqu'il fait une recommandation, lorsqu'il met le doigt sur des
défaillances de contrôle interne, lorsqu'il met le doigt sur la
fuite de fonds... Et chacun sait comment ça peut se produire, des fois
à l'insu même des hauts gestionnaires de ministères. Ces
choses se produisent aussi simplement par des déviations dans
l'opération quotidienne du travail des gens. Alors, je pense
qu'indépendamment des aspects qui ont l'air spectaculaires des choses,
il faut surtout s'assurer que les correctifs sont apportés. Et ce qu'il
y a dans le rapport du Vérificateur, ce sont les défaillances qui
existent dans le gouvernement, qui ont été constatées.
J'ai pu me rendre compte qu'il y avait des réponses des
ministères, parfois des explications et parfois même pas
d'explications. J'ai remarqué que, dans un cas en particulier, on y
répondait avec une hauteur presque insultante à l'endroit du
Vérificateur général et je trouve ça inacceptable,
inadmissible de la part d'organismes du gouvernement. Et je n'implique pas,
là-dedans, la responsabilité ministérielle; je n'en fais
pas une question de politique partisane, absolument pas. C'est un fait;
à la lecture même du rapport, on le voit. Et c'est
inacceptable.
Alors, je pense que, s'il est difficile de trancher cette question
d'imputabillté parce qu'elle peut poser des problèmes pratiques
à résoudre, il faut cependant qu'il y ait quelqu'un qui dise
quelle a été la suite donnée aux recommandations du
rapport et aux remarques qui ont été faites dans ce rapport. Et
moi, je ne veux absolument pas mettre en opposition les autorités
politiques et les autorités administratives. Je pense qu'il appartient
aux deux de poser le geste et c'est de la responsabilité de
l'exécutif du gouvernement de le faire. Donc, c'est au ministre et au
sous-ministre, ou les deux ensemble, mais il faut que quelque chose se passe
lorsqu'on détecte des problèmes comme ceux qui ont
été rendus publics dans le rapport de M. le Vérificateur
général.
J'ai donc l'intention, au cours de ce jour - et je voudrais qu'à
ce stade-ci on ne chicane pas sur la procédure - de déposer une
motion dont la teneur sera à peu près celle-ci, si nous pouvons
le faire: Que le gouvernement informe l'Assemblée nationale, dans
l'année qui suit le dépôt du rapport annuel du
Vérificateur général, des mesures qu'il a prises pour
donner
suite aux remarques et recommandations contenues dans ce rapport. je
pense qu'il est très important qu'on ait de ces suites et, si les
membres de la commission, de part et d'autre, s'entendent, nous pourrions, au
cours de la journée ou à la fin de cette journée, nous
entendre là-dessus, statuer, corriger, s'il le faut, la teneur
môme de la motion. mais au moins que l'on sensibilise le gouvernement sur
le fait qu'il doit y avoir un rapport, que les sous-ministres viennent, si ce
sont eux qui doivent y répondre, et que le ministre aussi y vienne, mais
qu'au fond les québécois et l'assemblée nationale soient
rassurés quant aux suites qui sont données aux recommandations du
rapport du vérificateur.
Je reviendrai sur différents points au cours de la
journée, puisque nous a 'ons quelque six heures pour étudier le
rapport du Vérificateur général. Je trouve que ce n'est
pas nécessairement très long, parce que je mets en relation les
travaux que nous faisons ici et ceux que nous faisons lorsque nous
étudions les engagements financiers. Au fond, l'étude des
engagements financiers constitue une, autre facette du travail que nous avons
à faire, soit le contrôle des fonds publics et de l'administration
publique comme Assemblée nationale. Et je pense qu'on ne peut pas
ignorer les deux aspects. Je souhaite que les Québécois soient
mis au courant le plus possible. Je regrette un peu que nous soyons dans cette
salle, si vénérable soit-elle, parce que les journalistes auront
de la difficulté à suivre nos travaux, vu qu'ils doivent
être présents ici physiquement, alors que dans d'autres salles ils
peuvent écouter à distance, mais, enfin, je suppose que c'est
parce qu'il siège quatre commissions aujourd'hui.
Je reviendrai, au cours de la journée, sur les différents
points qui ont été soulevés, en particulier sur cette
question de la loi-cadre sur les organismes du gouvernement.
L'imputabilité, je viens d'en traiter un peu; je pense qu'on a
peut-être intérêt, dans une première étape,
à dépasser la question elle-même pour au moins nous
entendre sur le principe qu'il doit y avoir des suites et que ces suites
doivent être rendues publiques. Je voudrais revenir sur cette question
d'information financière, parce qu'il est important que les états
financiers rendent compte, le plus exactement possible, des résultats
obtenus au cours de l'année et que ce soit avec toutes les normes que
l'on connaît en termes de divulgation d'informations dans les
états financiers qui les rendent comparables, notamment. Donc, c'est un
point majeur.
Je voudrais aussi, avec mes collègues, aborder la question
centrale de l'informatique. J'ai simplement deux mots sur ce sujet. Les
réseaux de renseignements informatiques, notamment sur le plan
comptable, sont d'une importance capitale dans des grandes entreprises et au
gouvernement parce que ce sont les porteurs ou tes vecteurs de l'Information
finan- cière et comptable d'un gouvernement, donc à la base du
système de renseignements, à la base aussi du contrôle des
opérations et des contrôles financiers dans une entreprise.
Alors, je vais m'arrêter ici, M. le Président, et
céder la parole, je suppose, au porte-parole du gouvernement.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Labelle. Vos propos sont très
intéressants, mais vous me permettrez de clarifier peut-être un
point de procédure dans un premier temps.
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Je prends acte de votre
suggestion, eu égard à la motion que vous déposez, mais
vous êtes bien conscient que j'ai un mandat qui est vraiment
spécifique à remplir aujourd'hui, et c'est un mandat aussi qui
m'est déféré par la commission de l'Assemblée
nationale. Vous me permettrez de retourner à mes premières amours
en droit; vous connaissez une règle de droit qui dit: Delegatus non
potest delegare. On vous a sans doute dit ça souvent. Alors, je suis
très cerné par le mandat de la commission, ce qui fait que je ne
peux pas débattre de cette motion ici aujourd'hui. J'en prends acte et
je dois vous avouer bien honnêtement que je suis intéressé
à ce qu'on puisse se rencontrer pour juger du forum qui serait à
propos pour faire ce débat. Sur ce, je passe la parole à M. le
député de Saint-Louis.
M. Léonard: M. le Président, là-dessus,
est-ce que je peux simplement intervenir?
Le Président (M. Lemieux): Oui, monsieur.
M. Léonard: Je sais que ça pose quelques questions
de procédure, le dépôt d'une telle motion, sauf que je
pense que nous devons nous-mêmes faire rapport à la commission de
l'Assemblée nationale et que, via ce rapport, nous pourrions aborder
cette question des suites à donner au rapport du Vérificateur
général. Je le fais en toute déférence. Je voudrais
simplement que nous aussi, nous cherchions l'efficacité et que, si nous
ne pouvons pas étudier une telle motion dans le cadre même de
cette commission aujourd'hui, nous puissions l'aborder ailleurs, à une
autre instance ou à un autre moment, mais que nous le fassions un de ces
jours.
Le Président (M. Lemieux): Je n'y ai aucune objection, M.
le député de Labelle. M. le député de
Saint-Louis.
M. Jacques Chagnon
M. Chagnon: Merci, M. le Président. Je voudrais aussi
saluer M. le Vérificateur général,
son adjoint, M. Breton, qui est assis à notre table, et les gens
qui ont accompagné le Vérificateur général dans la
présentation des travaux du Vérificateur général
qui nous ont été déposés avant les fêtes,
avant Noël, au salon bleu, c'est-à-dire à l'Assemblée
nationale.
Nous notons, M. le Vérificateur, que nous en sommes à la
quatrième année consécutive d'audition du rapport du
Vérificateur général. Je pense que c'est franchement,
consciencieusement, que le parti ministériel, depuis quatre ans, se fait
fort non seulement d'écouter, mais de s'intéresser et aussi de
faire le suivi des travaux de la vérification générale
proprement dite.
M. le député de Labelle avait raison d'évoquer ses
souvenirs du secteur privé puisque c'est là un fait nouveau que,
depuis 1986, nous faisons l'audition véritable des travaux du
Vérificateur général. Il m'apparaît aussi
extrêmement important que les mandataires du peuple, les
députés, en collaboration avec le Vérificateur
général et aidés par le Vérificateur
général, fassent ce travail de vérification, d'une part,
du suivi des dépenses gouvernementales, de l'opportunité de ces
dépenses, du bien-fondé de ces dépenses et, finalement, de
la qualité de la gestion générale du gouvernement.
Nous sommes, effectivement, le comité de vérification du
gouvernement et c'est à ce chapitre que nous siégeons:
suffisamment ou non suffisamment, nous pourrions élaborer longuement sur
l'une ou l'autre de ces deux hypothèses. Il n'en demeure pas moins que
des changements majeurs sont survenus. Parmi ceux là, vous en avez
évoqué quelques-uns qui ont fait l'objet de discussions maintes
et maintes fois au sein de ce comité gouvernemental qui est la
commission parlementaire du budget et de l'administration. (10 h 45)
Effectivement, comme vous le signalez à la page 23 de votre
rapport, les conventions comptables du gouvernement ont été
modifiées et, lorsque vous dites que "le Conseil du trésor a
procédé à une réforme importante des conventions
comptables au cours des dernières années", vous signifiez que
"ces conventions comptables modifiées assurent une présentation
plus fidèle et plus complète de la situation financière du
gouvernement et des résultats de ses opérations. Une refonte du
texte des conventions comptables, effectuée en 1987, en rend aussi la
description plus claire et plus succincte* Si vous saviez, M. le
Vérificateur général, combien de fois l'Opposition nous a
reproché d'avoir, finalement, écouté le sens des
recommandations que vous aviez faites pendant de très nombreuses
années au gouvernement précédent. Nous avons finalement
modifié les conventions comptables dans le sens recommandé par le
Vérificateur général depuis au moins six ans. On nous en
fait encore le reproche. Il n'en demeure pas moins que je conçois, moi
aussi, que, de la façon dont nous formulons maintenant nos
opérations budgétaires, effectivement, c'est vraiment plus clair
et plus précis, et c'est plus vrai aussi. C'est plus vrai, entre autres,
lorsque nous incorporons dans nos livres, parfois, les travers ou les
problèmes financiers, mais aussi, de temps en temps, les succès
de nos sociétés d'État. Ça nous permet d'avoir une
lecture beaucoup plus claire et beaucoup plus transparente de la façon
dont l'État gère ses fonds.
Je voudrais revenir aux remarques générales de votre
rapport, un peu contrairement au député de Labelle qui disait que
l'imputabilité est un dossier difficile à trancher, car j'ai cru
comprendre - le député de Labelle pourra me corriger plus tard -
que, dans les propos du député de Labelle, il y avait une
intention de regarder peut-être davantage des recommandations
particulières qui ont pu être faites au niveau de chacun des
ministères ou encore des organismes que vous avez
vérifiés. Je trouve que c'est tout à fait raisonnable de
le faire, mais il m'apparaît personnellement que les arbres ne doivent
pas nous faire perdre la forêt. Dans vos remarques
générales, vous avez mis du temps, de l'énergie à
situer une problématique qui est assez particulière au
Québec, celle de l'imputabilité de la gestion par ceux qu'on a
qualifiés de mandarins, ceux qu'on a qualifiés de hauts
fonctionnaires du gouvernement. Je suis profondément convaincu
personnellement de l'évolution des gouvernements et
particulièrement de ceux de tradition britannique dans lesquels on
retrouvait la responsabilité gouvernementale et la responsabilité
ministérielle qui faisaient en sorte qu'on pouvait tenter de s'imaginer
qu'un ministre pouvait être responsable de chacun des faits et gestes de
chacun de ses fonctionnaires chaque jour de son temps travaillé pour le
gouvernement, que c'était la responsabilité unique du ministre.
Ça pouvait peut-être fonctionner entre l'adoption de la Magna
Carta au début du Xlll° siècle et la période qui,
probablement, nous a amenés jusqu'à la veille de la
Deuxième Grande Guerre. Mais l'importance qu'ont pris les
différents gouvernements et particulièrement les nôtres a
fait en sorte de créer des ministères extrêmement
complexes, des ministères à double niveau d'organisation - je
pense à la Santé et aussi à l'Éducation - avec des
multiplicateurs que sont les établissements locaux. Et finalement,
fatalement, la complexité et l'importance des gouvernements rendent
quasi impossible d'exiger du ministre d'être responsable de chacun des
actes posés par son propre ministère.
Il apparaît donc que le rôle même de la femme ou de
l'homme politique a évolué, dans le sens qu'il est devenu
davantage le concepteur de la pensée politique et de l'organisation
politique. Et c'est à ces administrateurs de voir à
aménager les ressources et à faire en sorte de trouver les
moyens, tant financiers, humains que techniques, pour orienter la
volonté gouvernementale ou, à tout le moins, la volonté
du
ministre sur le plan politique. Dans ce cadre-là, pour nous qui
sommes depuis plusieurs années intéressés aux
modèles de gestion, aux problèmes de gestion et aussi aux
problèmes que vous soulevez dans vos différents rapports depuis
plusieurs années, je conçois fort bien que nous aurions
intérêt, non seulement dans cette commission-ci, mais dans toutes
les autres aussi, à avoir l'opportunité de pouvoir discuter
directement avec - qui? - le sous-ministre dans un ministère, mais
aussi, comme vous le suggérez à la page 19 en ce qui concerne la
loi-cadre sur les organismes et les entreprises du gouvernement... Vous vous
souviendrez, l'an dernier, de la discussion que nous avions eue ensemble sur la
RAMQ, la Régie de l'assurance-maladie du Québec. On avait
remonté la fillère de vérification de la RAMQ, mais
pourtant, parce que ce n'est pas notre commission ici, puis pour toutes sortes
de raisons qui sont d'ordre mécanique, on n'était pas capables
d'aller au coeur du problème, puis d'aller faire en sorte de poursuivre
l'étape de vérification que nous avions amorcée ici. On
n'était pas capables d'aller plus loin. Nous n'avons pas
été élus, je pense, personne ici autour de la table, pour
être des parlementaires manchots ou culs-de-jatte.
C'est dans ce cadre-là que je confirme qu'il nous faudrait
d'abord, par le biais d'un mandat qui devrait devenir celui de la commission du
budget et de l'administration... M. le Président, vous me corrigerez si
je m'abuse, mais je pense que la commission, à tous les cinq ans, a un
mandat de réétudier la Loi sur la fonction publique. Nous sommes
à fa fin de ces cinq ans, ou à peu près. Je discutais avec
l'ancienne ministre responsable de la Fonction publique, qui est venue me voir
à mon bureau de comté, il y a quelques semaines, Mme Denise
LeBlanc-Bantey, on discutait de cette question-là. Elle avait
été la marraine de la Loi sur la fonction publique, il y a
à peu près cinq ans. Je lui disais: II me semble qu'il y a une
étape no 2 à laquelle il faut passer. C'est bien beau d'avoir
réformé fa Loi sur la fonction publique, il y a cinq ans, mais il
faut maintenant aller plus loin et faire en sorte de resituer, de rapprocher,
d'insérer dans la Loi sur la fonction publique le concept de
l'im-putabilité de nos fonctionnaires. Elle était d'accord, soit
dit en passant.
Je ne suis pas de l'avis du député de Labelle, je pense
qu'on se comprendrait assez rapidement, lorsqu'il dit que c'est un dossier
difficile à trancher. Oui, c'est un dossier difficile à trancher,
mais ça ne doit pas nous rebuter. Ça ne doit pas nous rebuter
comme parlementaires. L'avenir même du rôle du parlementaire
tourne autour de sa capacité de faire la vérification de la
gestion d'un gouvernement, de son gouvernement ou de celui de... Enfin, c'est
toujours notre gouvernement, qu'on soit dans l'Opposition ou du
côté ministériel. Et, profondément, cette
approche-là devra être étudiée ici et relativement
rapidement.
Évidemment, si on corrigeait la Loi sur la fonction publique,
ça nous amènerait dans une situation où, même avec
la conception de l'im-putabiiité de la fonction publique autour des
commissions parlementaires ou a l'intérieur des commissions
parlementaires, il nous faudrait aussi - et ça, c'est pas mal plus
compliqué, mais il faudrait trouver le moyen d'y arriver - arriver
à ce que vous avez évoqué comme étant la loi-cadre
sur les organismes et les entreprises du gouvernement. Ça, c'est assez
compliqué. On me dit qu'il y a 56 organismes que vous avez
vous-même vérifiés, presque tous, sauf erreur; vous avez
vérifié 55 des organismes gouvernementaux, il y en a six que vous
n'avez pas vérifiés. Des entreprises du gouvernement, il y a en
31 que vous avez vérifiées et il y a 52 que vous n'avez pas
vérifiées. Ça, c'est beaucoup.
Ça m'apparaît être un ouvrage intéressant pour
notre commission et aussi, je pense, pour le ministère des Finances, de
regarder cette possibilité. La question de la modification de la Loi sur
la fonction publique, maintenant, relèverait du Conseil du
trésor; quant à celle-ci, elle pourrait davantage relever du
ministère des Finances. Mais, si nous étions capables - on
apprend toujours à manger du pablum avant de manger du steak - et si
nous arrivions, même au cours de cette Législature, à faire
en sorte de faire un pas, un pas plus loin dans le concept, dans les voies de
l'imputabilité, en modifiant la Loi sur la fonction publique pour y
arriver, nous aurions fait déjà beaucoup d'ouvrage. On aurait
fait un grand pas.
Vous nous avez aussi, dans votre rapport, M. le Vérificateur,
fait part de différentes questions qui ont touché et qui touchent
- touché, parce que c'est votre deuxième année, vous nous
avez avertis que, la troisième année, vous auriez un
complément, un programme en trois volets sur l'informatique. C'est clair
que - et les parlementaires ici l'ont démontré au cours des
engagements financiers des différents ministres dits financiers qui ont
passé ici - nous avons effectivement posé beaucoup de questions
sur l'organisation des services informatiques gouvernementaux. Si parfois on a
l'impression que nous serions capables de desservir autant le gouvernement du
Québec que celui du Canada et probablement aussi le Pentagone, on n'en
demeure pas moins un peu les esclaves d'un langage ésotérique
dans lequel quelques gourous de l'informatique vont être capables de se
comprendre. On a parié de quoi, hier? On était rendus dans un
sept...
Le Président (M. Lemieux): Dans des passerelles et dans
des ports d'attaches.
M. Chagnon: Enfin, ça avait l'air plus compliqué
que de défaire le porte-avions Nimitz et de le remonter en dedans d'une
semaine.
Notre béotisme en matière d'informatique fait que
ça va nous prendre des ressources particulières pour être
capables de faire le tour du dossier informatique, quant à nous.
Je vais conclure en disant, comme vous l'avez fait, d'ailleurs, M. le
Vérificateur général à l'article 1.57 et en vous
posant, en même temps, la question: "Ce n'est pas une mince tâche
pour le Vérificateur général que de préparer un
document qui rende pleinement justice aux entités
vérifiées. En attirant l'attention, comme l'exige son devoir
professionnel, sur les manquements de la gestion, il risque de publier un texte
qui projette fâcheusement une image plutôt négative. S'il y
consacrait plus de ressources que celles dont il peut raisonnablement disposer,
il pourrait s'attacher à présenter un rapport qui chercherait
davantage à identifier des points forts pour faire contrepoids, en
quelque sorte, aux points faibles de la gestion gouvernementale." L'exercice
que nous faisons ce matin ne coûte rien, mais vous pourrez toujours - je
vous pose la question - nous faire l'étalage de points forts qui
pourraient faire contrepoids aux points faibles que votre rapport
soulève. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Saint-Louis. Pour vous rassurer, M. le
député de Saint-Louis, il est de l'intention de cette commission
de prendre ses responsabilités et de faire en sorte que le mandat, qui
lui est confié par l'article 171 de la Loi sur la fonction publique, la
loi 51, soit accompli, disons, probablement dans les semaines qui vont suivre.
M. le député de Labelle, vous avez la parole.
Discussion générale
M. Léonard: M. le Président, je vais laisser
l'interprétation de mes propos au député de Saint-Louis;
c'est lui qui l'a faite, je ne veux pas embarquer sur ce terrain. Je pense
qu'il y a eu des discussions ici, depuis fort longtemps, sur la question de
l'imputabilité et c'est son gouvernement qui est au pouvoir, à
l'heure actuelle. Alors, passons là-dessus parce que je voudrais arriver
sur des sujets particuliers présentement et nous reviendrons sur des
questions de normes comptables ou de réglementation et tout ce qu'on
voudra.
Manque de coordination
dans le développement
des systèmes informatiques
Je voudrais, M. le Vérificateur, d'abord, toucher un sujet qui
m'apparaît au coeur des opérations du gouvernement et au coeur du
réseau de renseignements opérationnels du gouvernement qu'est
l'informatique. Nous étudions les engagements financiers et ce qui
apparaît là-dedans, c'est que, miette à miette, il se
construit un univers sur lequel à peu près personne ne semble
avoir de contrôle et, chaque fois que nous posons des questions, chacun
se renvoie la balle, du ministère des Communications au Conseil du
trésor, à Approvisionnements et Services, etc. Et le
ministère, évidemment, lui-même, qui requiert des services,
a des spécifications qui font que, finalement, nous avons beaucoup de
difficultés à avoir une image globale, intégrée des
besoins d'informatique. Chaque fois que nous étudions un engagement, il
se relie toujours à une décision antérieure, avec la
conséquence qu'on a l'impression que personne n'y peut rien, mais qu'il
se construit là un monstre.
Vous avez étudié cette question. Vous avez commencé
l'an dernier, vous avez poursuivi cette année et vous dites que vous
poursuivrez l'an prochain. Je pense que votre rapport démontre qu'il y a
une explosion des coûts, une absence de contrôles et je dirais
même des problèmes quant aux perspectives mêmes qu'on
nourrit sur le développement de l'informatique. (11 heures)
Vous avez abordé la question de la sécurité de
l'information qui en soi intéresse drôlement chacun des citoyens
et la Charte des droits et libertés au premier chef. Et puis,
après, vous nous parlez aussi du développement et de la
planification. Alors, dans certains secteurs, juste pour relever ce que vous
nous dites, sur la question de la sécurité, il y avait deux
organismes qui n'ont pas nommé de coordonnâtes de
sécurité, six qui ne disposaient pas de programme de
sécurité; aucune organisation ne s'est dotée d'un
programme continu de sensibilisation à la sécurité et une
seule effectue une évaluation annuelle du développement et du
fonctionnement des mesures de sécurité; donc, problème
majeur qui touche les citoyens fondamentalement.
Maintenant, la coordination quant au développement et à la
planification. À la page 204 de votre rapport, je pense, vous faites des
constatations intéressantes. Vous dites: II y a 17 organismes qui ont
développé individuellement des applications similaires
opérant en majorité sur micro-ordinateurs; quatre ont uni leurs
efforts et une organisation a profité de l'expérience d'une
autre. Remarquez que ce que vous dites, c'est que chacun développe la
même chose partout; il y en a 17 qui ont fait la même chose comme
ça. Au paragraphe 11.26, vous répétez essentiellement la
même constatation: 17 encore qui ont développé
individuellement un système informatique similaire. Je pense que
là c'est une indication très nette qu'il y a absence de
coordination dans le développement. Et, s'il y a absence de coordination
dans le développement, je pense que c'est vrai qu'on est en train de
bâtir une espèce d'animal dont le nez est une trompe
d'éléphant et la queue, c'est la queue d'un cheval et n'importe
quoi. Mais, au fond, c'est un problème majeur.
Deuxièmement, dans la planification elle-même, vous notez,
à la page 207, cette fois, que quatre organisations n'ont pas de plan de
développement. Alors, je me demande comment on peut faire ça, du
développement informatique sans plan de développement. Je dois
dire que je m'interroge beaucoup. Je ne sais pas comment on peut faire
ça. Des plans non à jour: trois; ce qui revient à dire que
c'est le même cas que les premiers, pratiquement. Une portée
insuffisante du plan, c'est déjà mieux que de ne pas en avoir,
mais ça veut dire que, si vous planifiez pour aller dans un cul-de-sac,
vous n'irez pas très loin. En tout cas! Absence d'architecture de
données: sept. Absence d'orientations technologiques: six organisations
sur les treize que vous avez étudiées. Je pense que c'est une
donnée épouvantable quant à l'efficacité du
développement de l'informatique dans notre gouvernement. Alors,
j'aimerais vous entendre là-dessus, comment vous voyez la suite des
choses, parce que vous avez fait des recommandations très
élaborées sur la question. Je commence par ce secteur parce que
l'informatique, telle qu'elle a été conçue ici,
localisée, centralisée au ministère des Communications,
touche finalement tout le gouvernement, tous les réseaux, tout le
système comptable, tout le système de renseignement, toutes les
banques de données. Alors, j'aimerais vous entendre sur cette
question.
Le Président (M. Lemieux): M. le Vérificateur
générai.
M. Chatelain: Je vous remercie, M. le Président.
Évidemment, comme l'a souligné le député, c'est un
sujet qui nous préoccupe énormément à cause des
sommes en cause et surtout à cause de l'augmentation des
dépenses; on voit ça d'année en année. Il y a une
sorte de conflit à l'intérieur du gouvernement quant à
l'autonomie administrative des ministères et je pense que le
député l'a souligné, II y a touché de toute
façon. C'est que. d'une part, il y a un organisme de coordination, de
contrôle, au centre, qui s'appelle le Conseil du trésor. Il y a
les ministères, avec les sous-ministres, qui eux doivent jouir d'une
certaine autonomie. En tenant compte évidemment des résultats, de
certains résultats justement, il en résulte un manque de
coordination vu cette autonomie que l'on veut laisser aux ministères. Le
député a mis le doigt exactement sur ce
problème-là, par exemple, dans le développement de
systèmes informatiques, surtout ceux qui sont complémentaires
à SAGIP et à SYGBEC. Nous avons fait des constatations qui
illustrent fort bien ce manque de coordination. On développe des
systèmes qui sont complémentaires. Dans le fond, ce sont les
mêmes systèmes au niveau des ministères qui rencontrent les
mêmes objectifs d'un ministère à l'autre, mais on les
développe d'une façon distincte, d'une façon autonome,
individuellement et ainsi de suite. On voit aussi ce que ça cause. Il y
a des disparités énormes entre les systèmes et surtout
dans le coût de développement de ces systèmes-là.
Vous avez touché au point, bien sûr. D'ailleurs, nous avons fait
des recommandations, dans le rapport, à l'effet que le Conseil du
trésor devrait justement renforcer son rôle de coordination, au
moins émettre des politiques, des directives pour assurer cette
coordination-là. On l'a souligné au Conseil du trésor.
Tantôt, le député de Saint-Louis, avec beaucoup
d'à-propos, a fait référence à un paragraphe de la
première partie de notre rapport, à l'effet que, selon notre
mandat, notre attention doit porter, on doit faire rapport sur les
défaillances, si vous voulez, dans les systèmes de gestion du
gouvernement, etc. C'est l'essence de notre mandat. L'Assemblée
nationale nous a dit de faire rapport sur ce qui allait mal et non pas sur ce
qui allait bien. Évidemment, ça peut donner une image qui peut
être quand même distorsionnée à certains moments
donnés, si on insiste toujours sur les points négatifs. Mais
quand même, dans le domaine de l'informatique, on doit dire que depuis
une couple d'années, depuis deux ans au moins, le Conseil du
trésor a fait des efforts de ce côté-là, des efforts
du côté de la coordination, surtout pour encadrer le
développement de l'informatique à l'intérieur du
gouvernement. Ça commence à se faire ressentir, mais on voit
quand même le résultat du manque de coordination qui existait.
M. Léonard: Mais, dans votre esprit, est-ce que c'est le
Conseil du trésor qui doit faire ça ou bien si c'est le
ministère des Communications qui... ça ne doit pas être lui
qui initie la planification du développement. Le Conseil du
trésor, c'est un organisme d'analyse, de critique de ce que font les
ministères par rapport à certaines balises qui sont
données dans l'administration gouvernementale. Mais, à l'origine,
il semble que c'est au ministère des Communications à concevoir
la planification du système.
M. Chatelain: D'accord. Mais la façon dont je vois le
rôle...
M. Léonard: O. K.
M. Chatelain: Le ministère des Communications, vu son
expertise, devrait agir comme ministère-conseil surtout de ce
côté-là; il devrait se pencher du côté
technique ou technologique du développement de l'informatique. Il
devrait fournir des conseils, surveiller par exemple, c'est-à-dire faire
des recommandations aux différents ministères quant à
l'achat d'équipement, à la nature de l'équipement et la
nature des systèmes qu'on pourrait développer, etc. Cependant, le
Conseil du trésor, je pense que lui, ce qui le concerne davantage, ce
qui le préoccupe davantage, c'est surtout le dollar, c'est-à-
dire la dépense elle-même, les prévisions
budgétaires: où est-ce qu'on s'en va, l'effet sur les finances du
Québec, etc., et, également, les grandes politiques de
développement.
M. Léonard: Quand vous dites que le ministère des
Communications doit se pencher surtout sur l'aspect technologique, est-ce que
vous pensez vraiment qu'on peut distinguer à ce point la quincaillerie
du reste...
M. Chatelain: Très difficilement, évidemment.
M. Léonard:... de la cervelle?
M. Chatelain: Bien sûr, quand on parle de quincaillerie, on
parle de dollars aussi.
M. Léonard: Non, non. Je ne nie pas ça, mais il me
semble que la planification, la conception même du système de
renseignements à l'intérieur du gouvernement, est-ce que vous,
vous dites, vous êtes en train de me dire que c'est plus le Conseil du
trésor que le ministère des Communications qui doit faire
ça?
M. Chatelain: D'accord.
M. Léonard: Ça me surprend un peu.
M. Chatelain: Mais le Conseil du trésor, dans son
rôle général, vous savez, dans son rôle
général, disons que le Conseil du trésor agit d'une
certaine façon comme le gérant général, si vous
voulez, du gouvernement. Dans ce sens, il gère à distance mais
c'est lui qui émet des politiques et des directives de gestion pour
pouvoir contrôler, si vous voulez, l'évolution, entre autres,
l'évolution des dépenses du gouvernement et pour pouvoir
contrôler aussi l'approbation des budgets, etc. C'est le Conseil du
trésor qui a un rôle à jouer, à cause,
évidemment, de l'effet...
M. Léonard: Alors, je vais pousser... M. Chatelain:
Oui.
M. Léonard:... un peu plus loin ma réflexion.
Est-ce que vous vous êtes posé la question sur l'endroit où
devrait être logé le système de communication informatique
au gouvernement? Est-ce qu'il est bien logé aux Communications ou s'il
ne devrait pas, à ce moment-là, aller au Conseil du trésor
directement?
M. Chatelain: II y a une partie de la question que je n'ai pas
saisie. Il doit contrôler le système de?
M. Léonard: Est-ce que le système
informatique...
M. Chatelain: Oui.
M. Léonard:... les ressources informatiques, la gestion
des ressources informatiques au gouvernement est bien localisée au
ministère des Communications ou si ça devrait aller au Conseil du
trésor? Parce qu'à mon sens, moi, il me semble qu'on ne doit pas
séparer la quincaillerie de la planification même.
M. Chatelain: D'accord. O. K. Pour la gestion de l'informatique,
comme telle, l'informatique, c'est un instrument, c'est un outil, simplement un
outil, et, évidemment, la gestion doit rester au niveau des
ministères comme tels. Maintenant, le ministère des
Communications a déjà une bonne partie de ces outils-là.
Il y a déjà des outils énormes au ministère des
Communications qui lui doit gérer ses propres outils, pour commencer, il
gère même des systèmes qui sont là, à la
disposition ou au service des différents ministères. D'accord, le
ministère des Communications a un certain rôle de gestion, mais
surtout à l'intérieur de son propre ministère et aussi
dans les services qu'il offre aux autres ministères, à partir de
son propre équipement, bien sûr, mais aussi à cause de son
rôle, au ministère des Communications, comme je le disais
tantôt...
M. Léonard: Oui, oui.
M. Chatelain:... il a un rôle, il adéfinitivement un rôle de conseil à jouer après
des autres ministères, un rôle de surveillance également.
Maintenant, je pourrais passer... M. le Président, avec votre
permission...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Chatelain:... est-ce que je pourrais demander à M.
Jean-Noël Thériault, qui est le directeur de vérification
chez nous, responsable justement de cette étude d'envergure sur la
gestion de l'informatique au gouvernement...
M. Léonard: En tout cas, si vous voulez. Je ne me rappelle
pas la traduction de software, mais le hardware et le software...
Des voix: Logiciel.
M. Léonard: Logiciel? O. K. Mais je l'entends dans son
sens le plus général, pas juste des logiciels particuliers,
précis ou spécifiques. Il me semble que, si on veut concevoir une
direction des services informatiques, on devrait trouver à la même
place et le software et le hardware et la quincaillerie. Je comprends que le
Conseil du trésor joue un rôle important, mais, dans ma
conception, le Conseil du trésor est un second relais. Les
ministères ont une autonomie, déposent des politiques avec des
plans de gestion
et le conseil du trésor se penche là-dessus et ce n'est
pas lui qui les conçoit. dans le cas de la communication informatique,
on a décidé que ça relevait du ministère des
communications. donc, est-ce qu'on est en train de dire, finalement, que le
ministère des communications n'a pas tous les instalments ou bien
ça devrait être logé ailleurs? c'est ça, le sens de
ma question.
M. Chatelain: M. le Président, est-ce qu'on pourrait
demander à M. Jean-Noël Thériault, s'il vous plaît,
qui, comme je le disais tantôt, est directeur de la vérification
chez nous, responsable de cette étude-là?
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous tout de même
vous identifier, monsieur.
M. Thériault (Jean-Noël): Jean-Noël
Thériault, directeur de la vérification.
Le Président (M. Lemieux): Merci, ça va.
M. Thériault: J'ai de la misère à saisir
votre question, mais je vais essayer de vous donner dés
éléments et vous me poserez d'autres questions si vous le jugez
à propos.
M. Léonard: Je ne sais pas, il me semble que c'est une
question qui est claire. Est-ce que la quincaillerie et le logiciel fondamental
ne doivent pas se retrouver au même endroit? Justement, là, on a
des problèmes parce que toute la responsabilité et la conception
sont diffuses à l'intérieur du gouvernement de sorte qu'on
n'arrive pas à faire un bon système. On fait simplement le faire
grossir miette à miette, partout dans le gouvernement.
M. Thériault: II faut bien s'imaginer qu'au gouvernement
du Québec, quand même, il y a des systèmes, il y a des
informaticiens. C'est gros et on he peut pas penser que tous les informaticiens
devraient être centralisés quelque part pour penser à
quelque chose. Au ministère des Communications, il y a ce qu'on appelle
la DGI qui est le centre de traitement. Ça fournit des services
informatiques. C'est un fournisseur de services, d'équipements; ils
fournissent le hardware. Il y a également les fournisseurs de services
de software; c'est la direction de la technologie qui assiste, qui donne
assistance, par le biais d'études, par exemple, sur des logiciels qui
sont fournis par le domaine privé, à savoir lesquels sont les
meilleurs. Il y a des études qui sont faites de façon
centralisée. Ces études sont distribuées aux
ministères qui n'ont pas à refaire ces études-là.
Il y a également un service de soutien au niveau d'analystes, si besoin
est manifesté auprès des ministères. Il ne faut pas
oublier qu'il y a quand même sept gros centres de traitement au
gouvernement du Québec. Et là on retrouve évidemment ces
mêmes types d'ex- perts, en termes de hardware et en termes de software,
mais toujours en communication avec le ministère des Communications qui
lui, voit à fournir des études d'ordre général et
à donner un support.
M. Léonard: Oui, je comprends. Si on en prenait, un cas.
par exemple, le système informatique qui touche au contrôleur
général du gouvernement, aux Finances.
Une voix: SYGBEC.
M. Léonard: C'est un gros système. C'est le
système comptable, en quelque sorte. Moi, je comprends que ça
doit être fait en relation avec le ministère des Communications.
M. Chatelain dit que c'est le Conseil du trésor qui est
là-dedans. À mon sens, le Conseil du trésor, dans un tel
système, n'utilise que le produit de ce système, finalement. Et
ceux qui sont vraiment à l'origine, dans les deux cas, ce sont le
ministère des Communications et le ministère des Finances. Alors,
comment voyez-vous l'intégration des deux? Je ne vois pas comment le
Conseil du trésor vient là-dedans.
M. Thériault: Non. Quand on parie du rôle du Conseil
du trésor, il se fait surtout sentir au niveau des systèmes en
développement. Lorsque le système est en opération,
évidemment, quand on parie des dépenses récurrentes
d'exploitation, etc., pour les budgets, son rôle se limite, entre
guillemets, à approuver les choses. Maintenant, lorsqu'un système
est en opération comme SYGBEC, évidemment, c'est l'usager, qui
est le Contrôleur des finances, et le fournisseur de services, le
hardware, qui est le ministère des Communications, qui entrent en
interaction. Mais c'est à toutes fins pratiques transparent, à ce
moment-là. On opère un système chez un fournisseur de
services. On pourrait opérer le système chez IST ou à la
DGI, ça ne changerait pas grand-chose. Eux autres font fonctionner
l'ordinateur pour le compte du Contrôleur des finances qui, lui,
opère vraiment son système avec son personnel d'entretien, etc.
O. K. ? Mais, évidemment, lorsqu'il y a des problèmes vraiment
techniques, au niveau des systèmes d'exploitation, par exemple, si on
parie de MVS, des logiciels de télécommunication comme CICS,
évidemment tout ce qui entoure vraiment la boîte permet de la
faire fonctionner, les logiciels intégrés au système
d'exploitation, là, c'est le ministère des Communications. Mais
l'application, le système lui-même, SYGBEC, ça, c'est le
Contrôleur des finances, c'est son bébé. Et on verrait mal
qu'un autre ministère vienne modifier des choses parce qu'il n'est pas
en mesure de connaître les besoins. (11 h 15)
M. Léonard: Je comprends très bien que même
le ministère des Communications ne
pourrait pas modiflor le systèmn comptable transcrit dans un
système Informatique mais II reste quand même que la direction
générale, la conception même du système ne peut pas
être laissée à sept - comme vous avez dit - principaux
usagers dans le gouvernement. Il y a quand même une philosophie
générale qui doit être établie au ministère
des Communications.
M. Thériault: Exact.
M. Léonard: C'est ce que j'appelle le software
général du gouvernement. S'il y a ça... Parce que, quand
on parle de planification ici ou de développement, il y a finalement une
planification fondamentale qui devrait être faite au niveau même de
la conception du système au ministère des Communications; si
c'est logé là les services informatiques, ils doivent savoir
où ils s'en vont. Est-ce qu'il n'y a pas une carence importante
là-dedans? Et ce n'est pas une critique que je fais envers le
gouvernement, j'espère que les députés du gouvernement...
je pense simplement en termes de système gouvernemental. Est-ce qu'il
n'y a pas un problème important à ce niveau-là?
M. Thériault: Le ministère des Communications son
rôle c'est peut-être d'imprégner justement une philosophie,
par exemple on peut penser philosophie IBM. O.K. on dit: Au gouvernement, on
penche vers IBM parce que...
M. Léonard: C'est encore technologique.
M. Thériault: C'est technologique. Il faut que ce soit
compatible. Quand on parle de software et de logiciels précis,
évidemment il faut que ce soit les usagers eux-mêmes qui
identifient des besoins, qui participent au développement de ces
systèmes-là. Et, d'ailleurs, toutes les méthodologies a la
mode des grandes firmes du Québec prônent cette participation des
usagers. Lorsque les usagers ne sont pas impliqués à 100 % dans
ces développements-là, c'est l'une des causes des échecs
ou des retards.
M. Léonard: Laissez-moi exprimer un peu mon cynisme parce
que je comprends que des firmes, des fournisseurs de quincaillerie eux autres
ils poussent sur la participation des usagers parce que ça fait des
commandes en plus et on voit ce que ça donne: II y en a 17 qui
développent la même affaire partout dans le gouvernement. Et la
coordination me paraît difficile à faire. Et c'est justement
ça le point, je trouve que vous avez touché là. Quand vous
mentionnez cela, c'est le signe d'un problème fondamental, à mon
sens. Vous le prenez par ses effets dans les ministères. Mais, à
la base, c'est quoi que le ministère des Communications pense par
rapport au développement du système?
Le Président (M. Lemieux): M. le Vérificateur
général.
M. Châtelain: D'accord, c'est-à-dire je voudrais
retourner à une question de tantôt. Le rôle du Conseil du
trésor est, comme on le précise dans le rapport, dans certaines
recommandations, le Conseil du trésor a un rôle de
préparation, d'approbation ou d'émission de politiques et de
directives sur l'ensemble de la gestion gouvernementale y compris
l'informatique. C'est pour cela que nous avons attiré justement
l'attention du Conseil du trésor sur le manque de directives
précises, sur le développement de l'informatique, entre autres.
Le Conseil du trésor dans sa réponse, c'est-à-dire le
secrétariat du Conseil du trésor reconnaît
évidemment qu'il y a quand même un travail à faire de ce
côté-là. Il y a quand même un manque parce que le
Conseil du trésor reconnaît que, présentement, il y a des
directives concernant le développement du système, entre autres,
en élaboration, en développement, ou en préparation,
c'est-à-dire pour approbation et ensuite pour émission à
tous les ministères. Les ministères seront tenus de suivre ces
directives-là par la suite. Le ministère des Communications agit
comme ministère-ressource dans la préparation de ces directives.
D'accord. Mais je vois bien tout de suite que le député va poser
la question: C'est bien beau émettre des directives mais qui s'assure du
respect des directives par la suite et qui s'assure qu'il y a une coordination
dans tout ça et qu'on s'en tient à ces directives-là et
que ces directives-là vont assurer ce contrôle, cette
surveillance, cette coordination, etc.? Je pense bien que c'est ce qui
préoccupe le député dans cette question. Alors, c'est pour
cela qu'on l'a soulevée. C'est que, d'une part, nous avons
constaté, c'est-à-dire que, d'une part, les ministères
jouissent de cette autonomie qui leur est accordée par les
différentes lois, entre autres la Loi sur la fonction publique à
laquelle on a fait référence tantôt, ils jouissent de cette
autonomie-là et, d'autre part, il y a quand même une
responsabilité de coordination ou d'émission des directives qui
doit être jouée par le Conseil du trésor, d'une part, et le
ministère des Communications, d'autre part. Le ministère des
Communications, c'est lui qui, dans bien des systèmes, fournit la
machine. Il devrait fournir également le software, si vous voulez, bien
sûr. Et le Contrôleur des finances, dans l'exemple qu'on a pris
tantôt, c'est lui évidemment qui est responsable du
système, c'est lui qui fait fonctionner le système. Mais je
reconnais que le ministère des Communications a définitivement un
rôle à jouer à cause justement de sa mission à
l'Intérieur du gouvernement et ça comprend l'informatique. C'est
ce que nous déplorons: ce manque de coordination, ce manque de
surveillance, ce manque de suivi.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez
terminé, M. le Vérificateur?
Alors, je vais peut-être aller dans le même sens que M. le
député de Labelle et mes questions seront peut-être plus
directes et j'aimerais bien peut-être avoir des réponses qui sont
peut-être parfois, M. le Vérificateur, moins techniques pour que
ce domaine de l'informatique ne soit pas simplement laissé aux gourous
de l'informatique. Je vais revenir sur d'autres questions que j'aimerais vous
poser et l'annonce mes couleurs à l'avance sur la gestion des
corporations décentralisée, sur la loi-cadre sur le financement
où H semblerait qu'on parle d'un montant de 15 000 000 000 $ qui serait,
je dirais, dilué par les organismes put '; s. Je crois que c'est bien 15
000 000 000 $, est-ce exact? où il y aurait plus ou moins de
contrôle. Comme on est allé dans le sens du bilan informatique, je
vais aller dans ce sens-là. Il est évident qu'à
écouter les différents ministères lors des engagements
financiers, de l'étude des crédits ou lorsqu'on a à
auditionner votre rapport, vous nous faites état souvent dans vos
rapports de situations flagrantes de gaspillage - j'emploie bien l'expression
-en informatique. Est-ce le cas?
M. Chatelain: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Et vous avez déjà
entrepris en 1988, je pense, une étude d'envergure gouvernementale
répartie sur trois volets; je me réfère à votre
rapport de 1989 à la page 200, paragraphe 11. 5, et je me
réfère aussi à votre rapport de 1988, paragraphe 12. 6
Peu, importe le gouvernement, je pense que M. le député de
Labelle, tout à l'heure, l'a bien dit, ce n'est pas ça qui est
important, je pense que ce n'est pas politique, mais davantage administratif.
On a vu, il y a eu Girafe 2000 et vous nous en avez fait état aussi dans
votre rapport, par exemple, à la page 89, paragraphe 11. 51, vous nous
dites qu'une organisation a investi plus de 10 000 000 $ pour des
systèmes non intégrés en attendant de faire approuver la
stratégie de mise en oeuvre de son plan directeur par le Conseil du
trésor. Vous nous donnez aussi un deuxième exemple qui montre
qu'un projet de 4 900 000 $ a coûté à terme 8 400 000 $ aux
contribuables, et je me réfère au paragraphe 11. 46 de la page
208 de votre rapport de 1989. Vous nous donnez aussi d'autres exemples. Vous
dites ainsi que 28 organismes et ministères - exemples qui ont
été repris - se sont dotés d'un système de gestion
à cet effet et les coûts de développement ont varié
entre 357 000 $ et 12 000 $; paragraphe 11. 28, page 215 de votre rapport de
1989.
Eu égard à ce que vous avez dit tout à l'heure, mes
questions seraient peut-être les suivantes Que reprochez-vous exactement
au Conseil du trésor? Est-ce le fait qu'il n'émet pas de
directives claires sur les procédures en matière de
développement, d'entretien, de suivi informatique, dans un premier
temps? C'est ma première question. On a l'impression que tout le monde
se passe un petit peu la patate chaude. Le Conseil du trésor est
là, il attend que les Communications interviennent et les Communications
attendent que chacun des ministères intervienne et chacun prend un soin
jaloux de ses responsabilités.
Ma deuxième question a trait au ministère des
Communications comme tel. Quel rôle devrait-iI vraiment jouer? Ma
troisième question serait la suivante. Quel aspect se rapportant
à l'informatique, de manière très concrète et
visuelle, vous apparaît le plus important de corriger actuellement au
gouvernement? Et est-ce que vous avez fait des investigations? Ce qui me
fatigue le plus, le député de Labelle en a été
témoin aussi et les membres de cette commission, ce sont les coûts
de dépassement. Permettez-moi de vous dire que ça me... Vous
savez, quand on voit des coûts de dépassement qui vont parfois
à 25 % du coût initial, c'est fatigant pour des parlementaires.
Est-ce que vous avez fait des investigations au sujet des achats de
matériel et du recours qu'on fait, je dirais, de façon continue
à des firmes de consultants? Êtes-vous en mesure de nous dire quel
est le coût annuel actuellement de l'informatique? Qu'est-ce que
ça coûte au niveau de l'informatique annuelle au gouvernement du
Québec? On me parlait d'un chiffre de 250 000 000 $ à 300 000 000
$.
Une voix: 312 000 000 $.
Le Président (M. Lemieux): 312 000 000 $ C'est
combien?
Une voix: 312 000 000 $.
Le Président (M. Lemieux): O. K. Alors si vous pouviez
répondre à ces questions: Est-ce que le Conseil du trésor
fait sa job? Est-ce que le ministère des Communications la fait? S'il ne
la fait pas, en quoi? Je suis bien conscient que vous n'avez pas de directives
à donner à chacun des ministères et je ne vous demande pas
de leur donner des directives, je vous demande de réfléchir tout
haut devant cette commission, M. le Vérificateur général,
en ne ménageant personne, s'il vous plaît. M. le
Vérificateur général.
M. Châtelain: Merci. C'est toute une question. Je devrais
dire qu'il y a plusieurs questions. De toute façon, concernant le
rôle du Conseil du trésor auquel on a touché tantôt,
dans le fond, ce qu'on reproche au Conseil du trésor, si on fait
l'analyse de tous ces paragraphes, des recommandations et des réactions
du Conseil du trésor dans le dernier rapport annuel, c'est que
peut-être que le Conseil du trésor est on retard, dans certains
cas, dans l'émission de certaines directives; entre autres je pense
à ce qu'on a fait du côté de la relève des
systèmes. On a préparé une liste des systèmes
pour
lesquels on devrait assurer une relève. Cette liste-là est
désuète. Dans le développement de systèmes,
l'émission de directives concernant le développement de
systèmes Informatiques, et Dieu sait que ça coûte cher le
développement de systèmes informatiques, il y a un manque dans le
moment de directives claires à ce sujet-là. Les normes de
sécurité, par exemple, il y a un manque également de ce
côté-là. On n'a pas de directives et de politiques claires
ou à jour et révisées, etc., de la part du Conseil du
trésor. Ce qu'on reproche un peu c'est que le Conseil du trésor
est en retard dans l'émission des directives. Il a un rôle
à jouer de ce côté-là définitivement.
D'ailleurs c'est le rôle du Conseil du trésor d'émettre des
politiques et directives concernant l'administration, concernant la gestion du
gouvernement comme telle et surtout, évidemment dans le cas qui nous
concerne, l'informatique et le développement de l'informatique. ce que
l'on voit dans notre rapport, ce sont des symptômes de quelque chose,
d'un mal à quelque part. quand il y a des symptômes il y a des
causes. et les causes justement c'est ce manque de leadership, si vous voulez,
dans l'émission de directives et le suivi qu'on exerce par exemple sur
le respect, ou qu'on devrait exercer sur le respect, de ces
directives-là. comme je l'ai signalé tantôt, par exemple,
à une réponse à un commentaire du député de
saint-louis, le conseil du trésor - je ne voudrais pas quand même
lancer la pierre et dire que le conseil du trésor n'a rien fait - a
émis des directives dans le passé, en a émis d'autres, a
pris des actions plutôt concrètes depuis deux ans.
évidemment, on commence tout simplement à voir le résultat
de l'application de ces actions-là, mais on signale qu'il y a encore des
directives qui ne sont pas émises. il y a encore des lacunes de ce
côté-là. il y a certaines directives qui ne sont pas encore
émises, qui sont en préparation. or, d'après moi,
ça c'est le rôle du conseil du trésor. le conseil du
trésor devrait agir de ce côté-là, préparer
ces directives-là, s'assurer qu'elles sont respectées. et ceci,
pour corriger toutes les lacunes qu'on soulève, nous, dans notre
rapport, entre autres, dans le développement de systèmes, le
manque de planification, le manque par exemple de sécurité, de
procédés qui assurent une sécurité étanche
sur les sytèmes informatiques, etc.
Maintenant, en réponse à une autre question, vous avez
mentionné les contrats d'achats, par exemple, d'informatique. Non, on ne
s'est pas penché particulièrement sur cet aspect-là de
l'informatique.
Le Président (M. Lemieux): Pourquoi?
M. Chatelain: Parce qu'on n'a pas eu le temps évidemment.
On a des ressources limitées. Je ne voudrais pas avoir l'air d'un type
sur la défensive, car ce n'est pas ça.
Le Président (M. Lemieux): Non, je ne veux pas... Tous les
membres de cette commission... M. le député de Labelle a
posé de nombreuses questions là-dessus, de même que les
députés ministériels, on voit ça rentrer à
coups de 100 000 $, 200 000 $, 300 000 $.
M. Léonard: Le problème des dépassements
dans tout le gouvernement, sur toutes sortes de contrats mais en particulier
sur l'informatique. C'est fatigant parce qu'on est absolument démunis
là-dessus.
M. Chatelain: D'accord.
Le Président (M. Lemieux): Et le député de
Saint-Louis en faisait état, les gourous de l'informatique...
M. Châtelain: On ne s'est pas penchés sur la
question des contrats, c'est-à-dire les dépassements ou peu
importe, disons la gestion des contrats. Dans l'ensemble du gouvernement, y
compris l'informatique, on ne s'est pas penchés là-dessus
particulièrement. Lorsque l'on fait des interventions de
vérification dans les divers ministères, ça fait partie de
nos procédés de vérification de s'assurer, par exemple, du
respect de la conformité de la réglementation. Mais ça ce
n'est pas une étude qui est dirigée vers, si vous voulez, la
gestion comme telle des contrats.
Concernant les dépassements, il y a deux sortes de
dépassements auxquels on pourrait se référer. C'est que,
d'une part, il pourrait y avoir des dépassements au-delà du
montant des crédits budgétaires ou encore du montant des
engagements budgétaires, si vous voulez. Un autre genre de
dépassement: on pourrait noter, par exemple, des dépassements
au-delà du plan comme tel d'un ministère de réaliser
certains travaux de construction ou certains contrats d'achats, etc. Des plans
originaux, il peut y avoir des dépassements là. Pardon?
M. Léonard: Quand il n'y en a pas c'est...
M. Chatelain: D'accord. Alors, il y aurait ce genre de
dépassement. Il y a des dépassements bien qu'ils soient
strictement légaux ou conformes, si vous voulez, à la loi, d'une
façon stricte, dans le sens que des fonds ont été
votés par l'Assemblée nationale et les contrats d'achats, peu
importe, sont à l'intérieur des fonds. Il n'y a pas de
dépassements aux crédits. Ça peut être strictement
légal de ce côté-là mais il peut y avoir quand
même des dépassements comparativement, par exemple, à un
budget original dans un ministère, ça c'est bien sûr, ou
concernant encore les plans qui existent ou qui n'existent pas dans les
ministères. Il peut y avoir ce genre de dépassements là.
Il y en a d'autres aussi. Une fois le contrat signé, c'est qu'on peut
noter qu'il
y a des dépassements ensuite en cours de route et on amende le
contrat; ça c'est un autre genre de dépassement encore. Nous ne
nous sommes pas penchés particulièrement sur ces
dépassements là. Je ne dis pas qu'on le fera pas, c'est un sujet
qui vous préoccupe et qui nous préoccupe également. Alors,
à un moment donné on fera une étude particulière,
je ne dis pas dans l'ensemble des ministères, mais dans certains
secteurs particuliers sur les dépassements et on essaiera de
décortiquer tout ça, quel genre de dépassements note-t-on,
etc. Maintenant, M. le Président, il y avait tellement de
questions...
Le Président (M. Lemieux): Sur les firmes de consultants.
Il y avait es firmes de consultants aussi. Alors, j'imagine, vous ne vous
êtes jamais penchés.
M. Chatelain: La môme chose.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez parlé du
Conseil du trésor et effectivement le Conseil du trésor a
émis une directive qui oblige maintenant, je pense, chacun des
ministères à se doter d'un plan annuel de réalisation - je
pense que vous êtes au courant de ça - de môme que d'un plan
stratégique sur cinq ans et d'un plan opérationnel sur trois ans.
Il me semble que le tout, on me dit que ça devrait être d'ici la
fin de l'année 1990. Alors, j'imagine que vous voyez ça de
façon positive.
M. Chatelain: Absolument. (11 h30)
Le Président (M. Lemieux): Maintenant, vous n'avez pas
parlé du ministère des Communications. Le ministère des
Communications comme tel.
M. Chatelain: On a touché au ministère des
Communications, si vous voulez...
Le Président (M. Lemieux): Le rôle qu'il aurait
à jouer.
M. Chatelain: Oui, on y a touché...
Le Président (M. Lemieux): Parce qu'on se rend
compte...
M. Châtelain: D'accord. On n'a pas fait une
vérification comme telle sur le ministère des
Communications...
Le Président (M. Lemieux): Le rôle qu'il devrait
jouer parce qu'on semble dire que le Conseil du trésor attend toujours
après les recommandations du ministère des Communications, dans
l'ensemble du réseau informatique.
M. Chatelain: M. le Président, est-ce qu'on pourrait
demander à M. Breton, s'il vous plaît?
M. Breton (Guy): Le rôle du ministère des
Communications, on l'a dit, était de fournir les concepts, les
idées. Sa mission est d'interrelier les sept grands centres, interrelier
les applications de tous les ministères, de sorte qu'un jour ils
puissent se parler ensemble. Ça c'est le grand concept éventuel.
Quand tout à l'heure, le député de Labelle cherchait
l'idée maîtresse qui fournissait la logique pour tout l'ensemble,
il faut dire que c'est le rôle du ministère des Communications
éventuellement, une fois qu'il aura déterminé la
technologie pour le faire, d'offrir une grille ou un réseau
d'intercommunications complet pour toute l'information, de sorte que chacun
pourra échanger de l'information. Mais ça reste encore à
faire parce que ce n'est pas seulement une question de technologie, c'est une
question de logique aussi. Il y a la question d'adapter l'information de chacun
par rapport à celle de l'autre et il n'est pas nécessairement
requis que tout le monde ait accès à toute l'information.
Donc, le ministère des Communications a une vue d'ensemble de
l'informatique dans le gouvernement. Et si on cherche celui qui détient
la clé de ce que devrait être l'ensemble de l'informatique, c'est
le ministère des Communications. Il a les personnes-ressources pour
faire ces réflexions, pour faire des propositions. Bien sûr, ces
propositions sont présentées sur certaines priorités parce
qu'il n'y a pas assez de ressources pour tout faire. On peut conclure que c'est
là que se trouve la réponse à votre question.
Le Conseil du trésor, ensuite, doit s'assurer que les fonds sont
dépensés en fonction d'un plan. C'est pourquoi on demande
à chacun un plan de cinq ans, un plan opérationnel, etc.
Le Président (M. Lemieux): Je voudrais revenir sur,
peut-être un autre sujet, la gestion des corporations
décentralisée. Mais je vois qu'il y a d'autres de mes
collègues aussi qui veulent Intervenir. On pourra revenir dans le
courant... mais je vais demander quand même s'il y a consentement. Parce
que, quand M. le député de Labelle, tout à l'heure avait
la parole, si un de ses collègues... parce que vous avez 20 minutes pour
vous-même. Si un de vos collègues veut intervenir, je n'ai pas
d'objection.
Une voix: Sur cette question-là.
Le Président (M. Lemieux): Et sur mes 20 minutes, eux
voudraient intervenir.
M. Léonard: O. K., je vais être plutôt
d'accord en tout cas. On va essayer..
Le Président (M. Lemieux): Qu'il y ait une certaine...
M. Léonard:... de rendre les travaux de la commission
efficaces...
Le Président (M. Lemieux): D'accord.
M. Léonard:... et si ça vous complète,
l'autre, d'accord.
Le Président (M. Lemieux): Alors vous permettez. Ça
complète. M. le député de...
M. Léonard: Nous en bénéficierons, nous
aussi, si je comprends.
Le Président (M. Lemieux): Oui, la même chose. M. le
député des Iles-de-la-Madeleine.
Dépassement aux montants prévus aux
contrats
M. Farrah: Oui, M. le Vérificateur général.
Surtout concernant les dépassements au niveau contrat, alors qu'on va en
soumission et que le montant est x et qu'on a un ajout après, soit
durant tes travaux ou après... On a vu- des contrats, nous ici, au
niveau du ministère du Revenu, entre autres, où il y avait un
contrat de 600 000 $ et qu'il y avait un dépassement de 300 000 $ pour
que le montant total soit de 900 000 $. C'est quand même un
dépassement de 50 %. Et je pense quand même que c'est important
à ce niveau-là que, éventuellement, dans la mesure du
possible, vous puissiez faire des vérifications. Parce que, ce que j'ai
constaté aussi... J'ai constaté pour les gens concernés
que, pour eux, c'était normal. Il semblait qu'au niveau de
l'informatique, spécialement, c'était très difficile
d'arriver avec des précisions au niveau du contrat. Et moi,
écoutez, c'est peut-être légitime et normal, mais on ne m'a
pas convaincu que ça l'était. Et je pense qu'il serait important,
dans la mesure du possible, qu'il y ait peut-être des
vérifications à faire à ce niveau-là parce que je
ne trouve pas que c'est normal, moi, quand tu vas en soumission, initialement
avec un montant x, qu'il y ait des dépassements de 50 %. Je pense que
c'est quand même considérable alors... Les dépassements de
contrat comme tel.
Le Président (M. Lemieux): M. le Vérificateur.
M. Chatelain: Merci, M. le Président. C'est exactement le
genre de sujet qui nous préoccupe. Quand on regarde le contrat, c'est
bien beau de déterminer si on respecte les lois, strictement les lois et
les règlements mais c'est aussi la façon dont on les utilise
qu'il faut regarder. Il peut toujours y avoir des abus.
En parlant de contrats, il peut y avoir des dépassements mais il
peut aussi y avoir des fractionnements de contrats. Fractionnement, par
exemple, pour être en mesure d'émettre des contrats sous la barre
d'un certain montant et pouvoir retourner ensuite et pouvoir donner à
nouveau le contrat, par exemple, à la même firme. On peut
fractionner des contrats. Nous avons déjà fait rapport de
certains exemples de ce genre de fractionnements dans le passé dans
notre rapport annuel.
Évidemment, on ne pourra jamais empêcher certains
dépassements qui n'étaient pas prévus et qui sont tout
à fait légitimes, c'est bien sûr. Mais, nous, notre
rôle est très difficile à ce moment-là; quand on a
des dépassements, il est très difficile pour nous de
déterminer, dans le fond, s'il y a eu manigance - vous m'avez
demandé d'employer des termes qui étaient clairs. C'est
très difficile pour nous de le déterminer. C'est le genre de
choses qui nous préoccupent, parce que le respect de la loi comme telle,
c'est une chose, le respect de la réglementation, c'est une autre chose,
mais l'utilisation qu'on en fait, par contre...
M. Farrah: On doute de la manigance, parce que c'est
peut-être légitime aussi...
M. Chatelain: Oui.
M. Farrah: II reste que ce n'est pas de la bonne gestion. Moi,
j'ai posé la question aussi, il y a peut-être aussi des
problèmes au niveau des estimés. À ce moment-là,
est-ce qu'il y a... Il y a sûrement un problème à quelque
part, il faut trouver une solution pour régler ça, parce que
c'est inadmissible, compte tenu, aussi, que les ressources ne seront pas
indéfinies. Même si elles l'étaient, ce n'est pas une
raison non plus pour mal les gérer, dans ce sens-là... Surtout
quand la réponse est arrivée en disant que, bon, c'est un peu
normal. Je n'ai pas trouvé ça normal, moi. Ça ne m'a pas
convaincu, en tout cas.
Le Président (M. Lemieux): Vous savez, ça semble,
comme le dit le député des Îles-de-la-Madeleine... A une de
ces commissions ici, on nous a dit que c'est tout à fait une chose
normale, c'est une coutume, c'est dans les règles de l'art qu'il y ait
des dépassements en informatique. Vous me permettrez, moi-même
comme président de cette commission, d'avoir eu à sursauter. Il
me semble que c'est tellement facile parfois de, je ne dirais pas de camoufler
des choses, mais de cacher une mauvaise gestion par des mégaprojets ou
des projets voyant leur coût de dépassement augmenter de 50 % du
projet initial. Avez-vous des commentaires là-dessus, M. le
Vérificateur général?
M. Chatelain: Absolument. J'abonde dans le même sens que M.
le député des Îles-de-la-Madeleine, tantôt. Souvent
c'est symptomatique, mais symptomatique de quoi? Peut-être d'une mauvaise
gestion, bien sûr, au départ. Le manque de plan de
développement, le manque de plan
directeur bien sûr, puis le suivi complet de ces
plans-là.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
Vérificateur général. M. le député de
Saint-Louis.
M. Chagnon: Brièvement, M. le Président, je sais
qu'au Conseil du trésor...
Le Président (M. Lemieux): II reste deux minutes, M. le
député de Saint-Louis, je me dois de respecter l'enveloppe...
M. Chagnon: c'est donc pour ça que je disais:
brièvement. au conseil du trésor en 1986-1987, on a fait un
moratoire sur l'acquisition d'équipement. vous vous en souvenez, on
avait l'impression que l'animal était emballé, puis on a mis les
freins, dur. il a fallu d'une part déterminer... quand on a eu des
demandes de ministères, on a demandé d'abord aux
ministères, justement, d'avoir des plans directeurs d'acquisition, de
fonctionnement. est-ce que vous avez vérifié partout si ces
plans-là étaient, d'une part, existants? puis,
deuxièmement, on a aussi, après 1967, commencé à
laisser passer les acquisitions pour chacun des ministères sectoriels,
après avoir évidemment fait en sorte que le ministère des
communications détermine le bien-fondé technologique, et
deuxièmement qu'on puisse éventuellement voir la qualité
du partenariat économique que pouvait procurer une acquisition dans un
sens ou dans un autre. est-ce qu'on a évalué... le conseil du
trésor a toujours demandé, au moment des acquisitions, de faire,
en acceptant des acquisitions...
Une voix: Brièvement M. le député de
Saint-Louis.
M. Chagnon: Oui, si vous me laissiez parler, je pourrais finir.
Quand on fait les acquisitions, on a demandé toujours de faire les
évaluations économiques nous permettant de faire une
récupération sur nos investissements, soit en termes de
personnel, soit en termes de ci ou de ça. Est-ce que vous avez
évalué ça, aussi, dans les différents
ministères où on a déjà fait des acquisitions?
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Saint-Louis. M. le Vérificateur
général? M. Thériault? Je vais vous donner le môme
nombre de temps que M. Thériault va en prendre à votre temps, je
vais additionner le nombre de temps qu'il va apporter dans sa réponse
pour vous le donner, M. le député de Labelle. Ça va?
M. Thériault: Je dois préciser qu'on n'a pas
évalué ça, mais on a regardé cet aspect-là,
la gestion des coûts et bénéfices dans les
différents ministères. On parie de plan d'acquisition
d'équipement. Tout ce qui est acquisition d'équipement, la
plupart des ministères et organismes ont produit des plans d'acquisition
d'équipement. Par contre, on voit dans notre rapport que ça ne
s'accroche pas nécessairement à une pensée
stratégique ou à un plan directeur sur quelques années.
Mais il y a des plans d'acquisition d'équipement. C'est quand même
assez bien contrôlé sur cet aspect-là. Maintenant, au
niveau du suivi de tout ça, des coûts, des avantages et
bénéfices, on fait ressortir dans notre rapport plusieurs lacunes
Effectivement, là-dessus, c'est incomplet, de telle sorte que, si on
vient pour évaluer un investissement à savoir s'il est rentable
ou non, les données qu'on a en main sont incomplètes et la
conclusion qu'on en tire, ça vaut ce que ça vaut.
Le Président (M. Lemieux): Merci. M. le
député de Labelle, maintenant la parole est à vous.
Responsabilité de la gestion des ressources
informatiques
M. Léonard: Oui, M. le Vérificateur
général, j'ai avec moi le député de Gouin, qui est
critique du ministère des Communications. Je voudrais revenir à
cette question, parce qu'elle m'apparaît vraiment centrale. Je vous
écoute et je comprends très bien dans quelle optique vous avez
fait vos remarques. Il reste quand même qu'on est devant l'impression
que, si on a tranché, dans le temps, que le ministère des
Communications avait la responsabilité de la gestion des ressources
informatiques, ça devait aller avec toute la responsabilité,
jusqu'à un certain point. Le Conseil du trésor a un rôle
critique, il peut émettre des directives, comme il en émet
à tous les ministères, mais c'est une responsabilité
fondamentale du ministère des Communications d'opérer, de faire
la gestion des ressources informatiques. La question qui va venir - et je
passerai la parole au député de Gouin, peut-être
après vous, comme vous voudrez - c'est, finalement, est-ce que le
ministère des Communications a une autorité conséquente au
mandat qu'il a? Parce que, si vous avez détecté des
symptômes que vous nous avez décrits dans votre document, il y a,
à la base, des problèmes d'autorité sur les gestes qu'ils
doivent poser envers les autres ministères. Peut-être que c'est un
problème de... Il peut y avoir des aspects politiques, puis là je
n'entends pas partisans, mais politiques, à l'Intérieur, en
termes d'équilibre de fonctions et de pouvoirs de la part... de
pouvoirs, oui, à l'intérieur du gouvernement, mais tout se passe
comme si le ministère des Communications n'avait pas ou
n'exerçait pas, à un moment donné, une espèce de
veto par rapport à des développements qu'il devrait
contrôler ou qu'il devrait analyser avant qu'ils ne se fassent dans
chacun des ministères. Et c'est là que je dis, a-t-il
l'autorité pour exercer son mandat de façon effective?
M. Châtelain: M. Thériault, s'il vous
plaît.
M. Thériault: Le ministère des Communications, son
autorité au gouvernement du Québec est d'ordre moral.
M. Léonard: Moral?
M. Thériault: Le décideur, c'est le Conseil du
trésor. Je prends, par exemple, la politique sur la
sécurité informatique...
Le Président (M. Lemieux): C'est comme les victoires
morales.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Thériault: C'est à peu près ça. Je
donne comme exemple la politique sur la sécurité informatique et
la norme. Ça a été la conception et le bébé
du ministère des Communications qui a travaillé ça, qui a
retourné l'expertise et qui l'a déposé au Conseil du
trésor. Depuis que c'est déposé, c'est le Conseil du
trésor qui doit dire: O.K., on met ça en application.
M. Léonard: Alors, quand vous me dites moral, c'est dans
un sens un peu sarcastique.
M. Thériault: Bien, moral...
M. Léonard: Alors qui a la vraie autorité...
M. Thériault: ...expertise.
M. Léonard: ...sur les systèmes informatiques?
Est-ce qu'il y a quelqu'un qui l'a?
M. Thériault: Le pouvoir décisionnel, si on parle
de développement, qu'on parle de quoi que ce soit en informatique, le
pouvoir décisionnel du comment faire les choses, c'est le Conseil du
trésor.
M. Léonard: Bien, en tout cas, moi, ça me
pose...
M. Thériault: Remarquez...
M. Léonard: Je pense qu'il y a un problème majeur
là.
M. Thériautt: Remarquez bien...
M. Léonard: On est d'accord, là? Il y a un
problème majeur?
Le Président (M. Lemieux): M. le Vérificateur,
à la réponse du député de Labelle - question,
pardon.
M. Châtelain: Je ne voudrais pas me prononcer sur des
politiques comme telles, ce n'est pas mon rôle.
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, c'est vrai.
M. Châtelain: Évidemment, d'accord? Mais il faut
s'entendre. Comme Vérificateur et comme Vérificateur qui doit se
pencher sur la qualité de la gestion, à un certain moment
donné, je sais bien que, quand on accorde ou on attribue ou on confie
une responsabilité à une personne, il faut lui donner quand
même l'autorité qui va avec. C'est aussi simple que ça. Je
pense que je réponds à la question du député, en
disant ça.
M. Léonard: O.K.
M. Châtelain: Alors, si on lui donne une
responsabilité, même si elle est morale, si on lui donne une
responsabilité et si on ne lui donne aucune autorité pour pouvoir
l'exercer par la suite, eh bien, je regrette, on va avoir des situations comme
on en voit là.
Le Président (M. Lemieux): Alors, vous êtes
prêt à aller en politique, M. le Vérificateur, vous savez
dire indirectement ce que vous n'avez pas le droit de dire directement.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Je vais laisser la parole au
député de Gouin.
Coûts reliés à
l'informatique
Le Président (M. Lemieux): Oui, alors, M. le
député de Gouin.
M. Boisclair: Merci, M. le Président. Ce n'est pas une
chose simple quand on essaie d'aborder toute cette question de la gestion de
ces ressources informatiques. J'ai essayé de chercher un certain nombre
de documents, dont le président du Conseil du trésor nous avait
fait mention à l'occasion des engagements financiers. Il y a un document
qui a été produit par le ministère des Communications,
"Bilan et perspectives, les technologies de l'information au gouvernement du
Québec", de 1987 à 1988, un document qui relate, un peu, de
quelles façons se sont faites les dépenses et j'aimerais
peut-être, dans un premier temps, attirer l'attention sur un graphique
qui est présenté en page 199, où on parte des
différentes dépenses qui se sont faites ces dernières
années, en matière d'informatique.
Quand on regarde, d'une part, et c'est très bien divisé en
trois catégories: le développement, l'entretien et
l'exploitation, on ne parie pas de
petites sommes. Quand on regarde en coûts de
création, on s'aperçoit que les coûts de création de
nouveaux systèmes ont progressé de 7,8 % annuellement; les
coûts d'exploitation ont progressé de 16,4 % par an et ceux
d'entretien ont progressé de 18,6 % par année. On nous dit
même, dans le même rapport qui est produit par le ministère
des Communications - on retrouve les mêmes chiffres dans le rapport - on
peut dire que, pour chaque dollar investi en informatique, 0,22 $ sont
consacrés à la création de nouveaux systèmes, et
les 0,78 $ restants sont presque entièrement affectés à
l'entretien et à l'exploitation des systèmes existants. (11 h
45)
Si on fait un certain nombre de comparaisons avec tout ce
qui se passe ailleurs, ce qui est bien à la mode ces temps-ci, on
s'aperçoit, tout particulièrement pour la question de la
répartition des ressources, particulièrement auprès de
contractants, d'entreprises québécoises, toutes proportions
gardées, que le gouvernement du Québec dépense trois fois
plus que les États-Unis pour les services contractuels. Donc, il y a
quand même des sommes d'argent importantes qui sont affectées
à ces ressources-là.
Maintenant, il semble y avoir une certaine divergence quant
aux différentes responsabilités qui sont accordées aux
différents ministères. Je ne suis pas convaincu que ma
vis-à-vis, la ministre des Communications, serait bien contente
d'apprendre qu'elle n'a qu'un pouvoir moral sur la question des gestions des
ressources informatiques. On nous apprend dans le même document, produit
par le ministre des Communications, que le processus de production et de
régulation de l'activité informatique du secteur public est
soumis à deux niveaux d'intervenants: d'une part, comme vous le
soulignez, d'ailleurs, en page 199 au paragraphe 11.2, les différents
ministères et, deuxièmement, une administration centrale
formée du Conseil du trésor, d'Approvisionnements et Services, du
ministère de l'Industrie et du Commerce aussi et du ministère des
Communications.
Moi, j'aimerais bien qu'on essaie de se comprendre parce
qu'à la fois, dans votre rapport, il y a des recommandations qui
s'adressent au ministère des Communications, certaines s'adressent au
Conseil du trésor, certaines s'adressent directement aux
différents ministères et, en fonction de certaines
réponses qui nous ont été données aux questions du
député de Labelle et du président de la commission, il
semble y avoir une certaine divergence quant à la perception que le
ministère des Communications a de sa responsabilité. Je me
réfère toujours à ce même document du
ministère des Communications. Le rôle, c'est ce que
prétend, du moins, le ministère des Communications dans ce
dossier-là, et je lirai le texte: "Le ministère des
Communications intervient dans le domaine de l'informatique et des
télécommunications par
l'intermédiaire des directions
générales." Vous faisiez mention, tout à l'heure, des
trois directions générales, la DGI, la direction
générale des télécommunications et celle des
technologies, où, principalement, le mandat qui serait confié au
ministère des Communications serait de viser et rationaliser le
développement de l'informatique au sein du gouvernement en vue d'en
augmenter l'efficacité. Quant à celui de fa Direction
générale de l'informatique, il offre ses services d'informatique
aux ministères et organismes qui n'ont pas de ressources
nécessaires pour répondre eux-mêmes à leurs besoins
en ce domaine et il y a celui des télécommunications qui voit
à fournir un certain nombre de services de
télécommunications qui seraient nécessaires à leur
travail quotidien. Alors, on se retrouve avec aussi le Conseil du trésor
qui, lui, serait responsable d'assurer la coordination gouvernementale dans le
domaine de l'information et des technologies sur trois pians. D'abord favoriser
une administration gouvernementale efficace, favoriser une utilisation optimale
de l'information des technologies au sein du gouvernement et le Conseil du
trésor serait responsable d'assurer le respect des objectifs
gouvernementaux, de transparence et d'équité en édictant
ou en participant à l'établissement de règles
administratives concernant la gestion du personnel, comme ça a
été soulevé, tout à l'heure, par les
différents intervenants.
Ma question est un peu., n'est pas nécessairement
simple à trouver devant le nombre important d'intervenants qui se
retrouvent impliqués dans ce dossier-là mais je crois qu'elle est
d'autant plus pertinente lorsqu'on regarde les sommes importantes qui sont
affectées à ces budgets-là - on parle de 312 000 000 $ -
et d'une progression aussi, comme j'ai essayé de le démontrer,
une progression quand même assez importante ces dernières
années. est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de revoir de fond en comble les
attributions qui sont faites aux différents intervenants
là-dessus pour éviter, comme vous le souleviez tout à
l'heure, comme vous le soulevez dans votre rapport, le dédoublement des
ressources, le manque de planification? vous le souleviez tout à
l'heure... vous le soulevez quand vous parlez, et c'est intéressant de
voir la remarque, c'est la première fois que je voyais ça dans...
c'est la seule fois que je l'ai vue dans le rapport du vérificateur
général, où vous vous êtes même permis de
faire un commentaire suite à une réaction du secrétariat
du conseil du trésor. c'est le seul endroit, peut-être que
ça se retrouve à d'autres endroits dans votre rapport, mais, en
tout cas, c'est quand même... je ne sais pas si c'est... c'est la
première fois que je participe à une étude semblable
à celle-là mais c'est ta première fois que je remarquais
ça où, malgré les recommandations que vous mettez de
lavant, le conseil du trésor affirme par ailleurs que les
difficultés et carences observées par le
Vérificateur général reflètent bien la
situation parce que le secrétariat... c'est plutôt ici, - je
m'excuse - parce que la recommandation du Vérificateur
général laisse croire à la nécessité d'un
processus de planification permanent, uniforme et complet pour toutes les
organisations alors que certaines d'entre elles n'ont pas de tels besoins.
Donc, il semble y avoir, dès le départ, divergence entre le
secrétariat du Conseil du trésor et le Vérificateur
général, et vous vous permettez même de réagir
à cet état de fait là. Donc, la question est: Est-ce qu'il
n'y aurait pas lieu de revoir, de façon plus générale,
comment se fait le développement de ce réseau-là? Je pense
que le député de Labelle a démontré l'importance et
la vitalité des ressources et du besoin grandissant, mais est-ce qu'il
n'y aurait pas lieu de revoir la façon dont se fait tout le processus de
consultation entre les ministères concernés, entre
l'administration centrale et les différents ministères?
Le Président (M. Lemieux): M. le Vérificateur
général.
M. Châtelain: Merci, M. le Président. Un premier
commentaire sur le fait que le Vérificateur général a une
réaction à un commentaire du Conseil du trésor, le
député a absolument raison, c'est le seul endroit, je crois, dans
notre rapport où on réagit à des commentaires d'un
ministère ou du Conseil du trésor. C'est le seul endroit, parce
qu'ici nous croyons que ça s'imposait pour rétablir certaines
choses à la suite de la réponse du Conseil du trésor.
C'est le seul endroit: c'est arrivé dans les années
passées, mais cette année, c'était le seul endroit, vous
avez absolument raison.
Je pense bien que les diverses constatations de notre rapport indiquent
évidemment une carence, si vous voulez, concernant le contrôle, la
surveillance du développement et de l'exploitation des systèmes
informatiques dans l'ensemble du gouvernement. Maintenant, à savoir si
le ministère des Communications exerce son rôle, si son rôle
devrait être amendé, celui du Conseil du trésor, et ainsi
de suite, je pense qu'il s'agit là d'un aspect qui dépasse les
fonctions du Vérificateur général comme telles, parce que
là on peut toucher à des aspects politiques. Cependant, je peux
quand même émettre un commentaire à l'effet que, si on voit
ces symptômes, ces carences, comme je le disais tantôt, c'est qu'il
y a une cause à ça. Et puis je pense bien que, si on veut donner
un rôle de surveillance, de contrôle et de surveillance, surtout,
il faut donner, il faut accorder à la personne ou à la partie
à qui on accorde ce rôle-là les outils pour pouvoir exercer
ce rôle-là. Je pense que, dans le moment, il y a certains outils
qui sont là: entre autres, le Conseil du trésor. Bien, d'une
part, le ministère des Communications, qui, lui, peut aider le Conseil
du trésor ou conseiller le Conseil du trésor et l'ensemble des
ministères, sur les orientations à prendre, et ainsi de suite,
mais, d'autre part, le Conseil du trésor, qui émet des directives
et des politiques, devrait être en mesure de pouvoir en assurer le
respect; c'est ça qui est important, c'est de pouvoir en assurer le
respect au niveau de chacun des ministères. Maintenant, est-ce que
ça doit se faire au niveau du Conseil du trésor comme tel, au
niveau du ministère des Communications? Je pense que ça
dépasse le rôle, comme tel, du Vérificateur
général.
M. Boisclair: Si on regarde entre autres... Prenons juste
l'exemple de la sécurité informatique: vous recommandez au
Conseil du trésor de préciser au plus tôt les attentes,
orientations et exigences gouvernementales en matière de
sécurité. "Nous lui avons recommandé aussi de
réviser périodiquement la liste des systèmes informatiques
qu'il considère essentiels". Alors, ça, c'est une recommandation
qui est adressée au Conseil du trésor. Cependant, c'est le
ministère des Communications qui, dans le même rapport fourni
à tous les ministères, semble avoir la prétention de cette
responsabilité de la sécurité et, dans le même
rapport, on dit que c'est le ministère des Communications qui met sur
pied des groupes de travail interministériels, qui réalise
plusieurs mandats pendant l'année, dresse un portrait de la situation,
revoit les orientations, propose une politique et révise la norme - on
donne même la norme NIGQ-02, je n'ai pas la moindre idée de quoi
il s'agit - mais c'est le ministère des Communications qui oeuvre, qui,
en fait, va répondre à la recommandation qui, cepehdant, est
adressée au Conseil du trésor. J'essaie juste d'y voir clair et
de...
M. Châtelain: M. le Président, est-ce qu'on pourrait
demander à M. Thériault de répondre, s'il vous
plaît.
Le Président (M. Lemieux): M. Thériault.
M. Thériault: Deux choses. La première, au niveau
du partage des responsabilités entre le Conseil du trésor et le
ministère des Communications, avec ce qui existe ici au Québec,
il faut dire qu'ailleurs - je ne dirais pas de par le vaste monde, mais aux
États-Unis, dans d'autres gouvernements législatifs - le
rôle qui est dévolu au ministère des Communications, partie
DGTI, Direction générale des technologies d'information, est
greffé avec le décideur, qui est le Conseil du trésor.
Ça se fait ailleurs. Je ne dis pas que c'est la meilleure chose, mais il
y a des choses qui se font autrement ailleurs. Ça fonctionne aussi.
Mieux ou moins bien? Je ne le sais pas, ça reste à voir, mais il
y a des choses qui se font ailleurs.
Maintenant, au niveau de la politique de sécurité, je
pense bien que ça démontre très bien
la dualité des rôles. Le ministère des
Communications a à penser, a à établir la politique,
à établir la norme. C'est lui qui forme les groupes de travail
qui font la recherche, qui écrivent les normes. C'est soumis au Conseil
du trésor qui, lui, doit l'adopter et la "pomper", si l'on veut, dans
les ministères sous forme de directives. C'est lui qui décide si
ça fait ou si ça ne fait pas.
Évidemment, si vous le remarquez, il y a des délais dans
la production de cette norme. La norme qui a été
préparée, composée par le ministère des
Communications ne convenait pas tout à fait, semble-t-il, au Conseil du
trésor. Il y a eu des délais, il y a eu du... D'ailleurs, elle
n'est pas encore officialisée. Ils sont en train de la retravaller. Il y
avait des divergences de points de vue. Mais vous voyez très bien
là le décalage entre les deux. Il y en a un qui fabrique, qui
compose et qui suggère, et l'autre qui autorise et donne la
directive.
M. Boisclair: Est-ce que vous vous êtes penché, en
analysant justement les dépenses qui sont faites en matière
d'informatique ou d'acquisition, sur le critère de partenariat
économique qui est un nouveau critère qui existe depuis 1987,
développé par le ministère de l'Industrie et du Commerce,
qui est l'un des quatre qui le contrôlent, et la pertinence de ce
critère? On reçoit déjà, de notre
côté, un certain nombre de gens qui remettent en question
l'efficacité de cette mesure-là qui, dans bien des cas, serait
associée à des coûts développés beaucoup plus
importants que prévus, particulièrement pour l'achat de
télécopieurs.
Le Président (M. Lemieux): Ce n'est pas tellement dans le
mandat du Vérificateur général...
M. Chatelain: Exactement.
Le Président (M. Lemieux):... de questionner les...
M. Boisclair: Ce n'est pas dans... Mais est-ce que ça a
été parce que, quand même, vous n'avez pas du tout
regardé cette...
M. Chatelain: Non.
M. Boisclair: Ce n'est pas dans votre mandat et ce n'est pas
dans...
M. Chatelain: Exactement, M. le Président, c'est
précisément...
Le Président (M. Lemieux): L'article 25 de la Loi sur le
Vérificateur.
M. Chatelain: Oui, ça dépasse le rôle du
Vérificateur à ce moment-là de se prononcer quant à
l'opportunité d'une telle politique. Ça dépasse le
rôle du Vérificateur générai, c'est sûr.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Pointe-aux-Trembles.
Une voix: Non.
M. Léonard: II nous reste combien de temps?
Le Président (M. Lemieux): Jusqu'à midi, M. le
député de Labelle.
M. Léonard: Oui, O. K.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que ça va? M. le
député de Pointe-aux-Trembles.
M. Léonard: Après ça, on prendra un autre
sujet.
M. Bourdon: M. le Président, on a parié de
dépassements dans le domaine de l'informatique. Je pense que ce
problème touche plusieurs ministères. Je voudrais souligner au
Vérificateur général, en particulier, Santé et
Services sociaux et Transports. Le titulaire actuel de Santé et Services
sociaux pourrait s'appeler le ministre des dépassements. À cet
égard, je reprends les termes du Vérificateur
général, il y a des dépassements parfaitement
légitimes. Si on donne un contrat pour 60 lits d'hôpitaux et qu'on
décide de passer à 120, le coût va être
doublé.
Mais moi, ce qui me préoccupe, ce sont les dépassements
planifiés, et à deux égards. Le premier égard, on
sait que, dans les règles d'attribution de contrats aux architectes et
ingénieurs, quand on dépasse un volume prévisible de 10
000 000 $, ont doit faire siéger les ordres professionnels et ça
complique un peu la manipulation des comités de sélection, alors
on s'arrange pour être en dessous de 10 000 000 $.
Le deuxième facteur dans l'attribution des contrats, il est
certain qu'il y a des dépassements dont on peut soupçonner qu'ils
sont planifiés, notamment quand, par hypothèse, le
soumissionnaire est en bas du prix coûtant et qu'après ça
on voit, par les dépassements, qu'on s'en est tirés relativement
bien, mais je ne suis pas sûr que le contribuable ait fait respecter la
règle qui va dans ça. Dans le fond - c'est une question et une
suggestion en même temps - est-ce qu'il n'y aurait pas moyen de faire le
point sur ces dépassements et d'en trouver les causes? La firme
d'architectes et la firme d'ingénieurs qui sont payées et qui
reçoivent ensemble 10 % de la valeur du contrat pour faire les plans, je
ne suis peut-être pas assez initié à l'appareil
gouvernemental, j'ai compris qu'elles sont payées pour faire des plans
complets et des devis
complets pour un travail complet, et que les extra, comme on les appelle
dans le jargon du métier, devraient être limités à
des choses mineures. J'aimerais savoir du Vérificateur
général s'il a déjà des données
là-dessus.
Le Président (M. Lemieux): M. le Vérificateur
général.
M. Châtelain: Oui, merci, M. le Président.
Maintenant, à savoir si nous avons des données sur ceci, comme je
le signalais tantôt, nous ne nous sommes pas penchés
particulièrement sur cet aspect des contrats ou de la gestion des
contrats, si vous voulez, à l'intérieur du gouvernement. C'est
bien sûr que nous sommes sensibles au fait qu'il peut y avoir des
dépassements planifiés, c'est évident. C'est bien
difficile quand même pour un Vérificateur de déterminer si
un dépassement a été planifié comme tel, dans le
sens que le député de Pointe-aux-Trembles l'a soulevé. Un
vérificateur peut constater des dépassements, peut établir
des statistiques, peut constater le fait qu'il y ait des dépassements
à répétition et, à ce moment-là, on peut se
poser de sérieuses questions. (12 heures)
Comme je le mentionnais tantôt aussi, on peut se pencher sur
certains aspects comme des fractionnements de contrat, entre autres, pour
diverses raisons. Il y a des dépassements qui sont tout à fait
légitimes, il y en a d'autres qui ont peut-être l'apparence
d'être légitimes et qui ne le sont pas tellement. Alors, M. le
Président, c'est quand même un sujet, comme je le disais
tantôt, qui nous préoccupe et qui va nous préoccuper
davantage. Je peux quand même vous rassurer en vous informant que c'est
un sujet sur lequel on va se pencher au cours, peut-être pas des
prochains mois, mais au cours des prochaines années.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
Vérificateur général.
Une voix: II me reste...
Le Président (M. Lemieux): II ne vous reste plus de temps,
mais si vous avez une question rapide.
M. Léonard: Très rapidement. Je veux juste
conclure, parce qu'on a parlé beaucoup d'informatique et tout ça,
simplement pour dire qu'il me semble qu'il y a un problème important
d'attribution de responsabilités et d'autorité à
l'intérieur du gouvernement. Il faudrait que ce soit clarifié
parce que c'est ça que ça met en lumière finalement, votre
rapport. Au-delà des symptômes, il y a une question très
importante, et je dirais, fondamentale, qui est la gestion du réseau
d'information à l'intérieur même du ministère et du
gouvernement.
Gestion des corporations
décentralisées
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Labelle. M. le Vérificateur, dans un autre ordre
d'idées, au niveau de la gestion des corporations
décentralisées, lorsqu'on regarde votre rapport, vous y avez
joint votre loi et je fais état de l'article 30, principalement, qui
nous dit: "Le Vérificateur général peut procéder
à la vérification, ou à tout complément de
vérification, des registres, des dossiers, des documents et des comptes
d'un établissement, institution, association ou entreprise relativement
à l'utilisation de toute subvention qui lui est accordée par un
organisme public ou un organisme du gouvernement".
J'aimerais aussi vous référer à votre article 42,
qui dit: "Le Vérificateur général signale, dans ce
rapport, tout sujet ou tout cas qui, d'après lui, mérite
d'être porté à l'attention de l'Assemblée nationale
et qui découle des travaux de vérification concernant les
organismes publics - le deuxièmement - les bénéficiaires
de subventions des organismes publics et des organismes du gouvernement".
Vous faites état, au paragraphe 13.28, à la page 256 de
votre rapport, de ceci. "Le Vérificateur général a
exécuté, au cours de la dernière année, la
deuxième étape d'une mission portant sur l'utilisation des
subventions. Les travaux ont consisté à vérifier
l'utilisation des subventions par certaines entités du secteur des
services sociaux faisant partie du réseau relevant du ministère
de la Santé et des Services sociaux. Au cours de la prochaine semaine,
le Vérificateur général complétera cette
vérification, cette fois dans le secteur de la santé et
entreprendra une mission de même nature dans un autre secteur
d'activités du gouvernement".
À première vue, ça me semble, en tout cas en ce qui
me concerne, peut-être pas suffisant, on verra pourquoi. Ma
première question, est-ce que vous pourriez me préciser, ma
question est très simple, la nature ou la notion de subvention comme
telle, bien la déterminer? Jusqu'où cette notion-là permet
au Vérificateur d'aller dans sa vérification? Et,
subsidiairement, vous savez que le budget de la santé, c'est environ un
petit peu plus de 10 000 000 000 $, un tiers du budget de la province. Est-ce
que, comme Vérificateur général - j'essaie de me fonder un
peu sur l'article 41 de la Loi d'interprétation qui dit qu'un statut
doit toujours recevoir une interprétation qui est large, libérale
et qui assure son accomplissement et son objet - est-ce que le
Vérificateur général est habilité à
évaluer le degré d'optimisation - j'ai . deux hôpitaux, pas
loin de trois hôpitaux, dans mon comté - des ressources, et c'est
ça ma deuxième question, dans un hôpital et est-ce qu'il
est de l'intention du vérificateur général d'effectuer
davantage de vérifications au niveau des hôpitaux?
Pas besoin de vous dire que, chez nous,
avec la fusion du foyer Saint-Antoine, c'est un budget de pas loin de 70
000 000 $ On y voit 80 cadres dans un hôpital. Dans un autre
hôpital, c'est un budget qui va dans les 25 000 000 $. Est-ce que,
vraiment, la loi permet au Vérificateur général
d'évaluer cette optimisation des ressources qui sont dans un
hôpital et de voir si, effectivement, les sommes dépensées
vont bien au bon endroit?
M. le Vérificateur.
M. Chatelain: Merci, M. te Président. Pour commencer, je
vais préciser le mandat du Vérificateur général, en
ce qui concerne la vérification des subventions et ce qui constitue une
subvention dans le sens de la Loi sur le Vérificateur
général. Je vais vous donner une interprétation du
Vérificateur général lui-même, et non pas une de ses
conseillers juridiques et ainsi de suite, la façon que
j'interprète la loi, d'accord? Tout d'abord, la loi dit bien que le
Vérificateur général peut vérifier l'utilisation
qui est faite d'une subvention. Qu'est-ce qu'une subvention dans ce
sens-là? C'est un paiement de transfert, c'est un montant d'argent qui
est versé par un organisme public ou un organisme du gouvernement, on
parle des ministères du gouvernement et des organismes du gouvernement
comme tels, qui versent des subventions, par exemple, à des tierces
parties pour certaines fins, pour des fins précises. Un hôpital,
évidemment, c'est pour fournir des services de santé et ainsi de
suite. D'accord? Alors, quand le Vérificateur général
doit-il intervenir et de quelle façon? Évidemment, quand il y a
des subventions de versées et que des subventions, comme je le disais,
sont versées à certaines fins. Alors, donc, le premier mandat du
Vérificateur général est peut-être d'établir
qu'on utilise ces subventions-là aux fins qui sont prévues dans
des lois, pour commencer, et qu'elles sont utilisées aussi
conformément à la réglementation qui existe,
premièrement. Deuxièmement, quand on parle de vérification
d'utilisation d'une subvention, si le gouvernement verse une subvention, disons
d'équilibre budgétaire ou pour équilibrer un budget..
Le Président (M. Lemieux): Dans les urgences, à
titre d'exemple?
M. Chatelain : Voilà, voilà.
Le Président (M. Lemieux): 500 000 000 $ dans nos
urgences.
M. Chatelain: Bien sûr. Alors la fin, ce n'est pas
seulement de fournir un service, mais c'est aussi d'équilibrer le
budget, de payer des dépenses, d'acquitter des dépenses,
d'accord? Donc, de quelle façon est-ce que l'organisme
subventionné ou l'institution subventionnée doit s'acquitter de
son mandat lorsqu'elle dépense des fonds? Elle doit s'en acquitter
évidemment d'une façon économique, efficiente et efficace.
Quand on parte d'utilisation d'une subvention, on veut dire la bonne
utilisation d'une subvention, c'est bien sûr! D'après moi, c'est
clair. Alors, donc, quand on demande au Vérificateur
général de vérifier l'utilisation qui est faite d'une
subvention, il faut regarder au début quelles sont les conditions de
cette subvention-là, pour quelles fins et ainsi de suite. À ce
moment-là - vous avez mentionné les établissements de
santé -c'est évident que le Vérificateur
général peut aller regarder non seulement la qualité,
entre guillemets, la qualité des services de santé ou la gestion
qu'on en fait, la façon dont on fournit des services de santé,
mais aussi si on le fait de façon efficace, économe et
efficiente. Ça va jusque-là, parce que, si on n'est pas efficace,
si on n'est pas économe, si on n'est pas efficient, vous savez que le
montant des subventions devra nécessairement augmenter ou on devra
couper dans les services de santé, c'est clair. Alors, voilà la
façon dont j'interprète le rôle du Vérificateur
général.
Maintenant, quand on regarde les sommes en cause, ce sont des sommes qui
sont astronomiques, je l'ai mentionné tantôt: les paiements de
transfert, c'est 75 % du budget du gouvernement. Alors, est-ce que le
Vérificateur général ne devrait pas avoir beaucoup plus
d'intervention? De ce côté-là, je suis bien d'accord avec
vous, bien sûr. Jusqu'à maintenant, on n'en a pas fait beaucoup,
on en a fait très peu; lorsqu'on regarde les sommes en cause, on en a
fait très peu. Évidemment, il y avait une question de ressources
de ce côté-là, c'est une question de ressources parce que,
dans le mandat du Vérificateur général, il y a certains
aspects qui sont obligatoires. Entre autres, la vérification
d'états financiers, c'est obligatoire. Le Vérificateur
général ne peut pas utiliser sa discrétion et dire: Je ne
vérifie pas les états financiers cette année D'une part,
il y a ça. Alors, donc, il y a tout l'aspect du mandat du
Vérificateur général qui n'est pas discrétionnaire.
Avec les ressources qu'il a, à ce moment-là, il y a seulement
certaines ressources qu'il peut appliquer sur des aspects qui sont plus
discrétionnaires. Celui-là en est un et celui-là, ce
mandat-là, cette partie-là du mandat n'est pas obligatoire. Mais
tout de même, comme vous le voyez, vous vous rendez compte, là,
maintenant que, depuis deux ans, trois ans même, si on parle de la
Régie de l'assurance-maladie, quand ça a commencé, depuis
deux ou trois ans, nous orientons des efforts additionnels, des ressources
additionnelles de ce côté-là. Alors, vous savez maintenant
que, l'an passé, nous avons fait une vérification au niveau des
conseils régionaux, au niveau également de certains
établissements des services sociaux, et cette année, comme nous
l'avons mentionné...
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous
parlez d'établissements, est-ce que vous pariez
d'hôpitaux?
M. Chatelain: Non, non, les services sociaux seulement, mais
cette année...
Le Président (M. Lemieux): O.K.
M. Chatelain: ...maintenant, durant l'année en cours.
durant l'année en cours, nous faisons une vérification au niveau
des hôpitaux comme tels et nous...
Le Président (M. Lemieux): Elle est en train de se faire
actuellement?
M. Chatelain: oui, elle est en train de se faire, oui, c'est
ça. et, également du côté de l'éducation
maintenant, parce que c'est un autre gros ministère à subvention.
o.k.? alors, nous commençons des interventions de ce
côté-là, nous sommes présentement à
l'intérieur même du ministère, comme nous étions
à l'intérieur du ministère de la santé et des
services sociaux, il y a deux ans, pour voir quels sont les
procédés ou les processus en place à l'intérieur du
ministère concernant l'allocation de subventions. et également
aussi, cette année, nous nous penchons, par exemple, sur l'aspect du
transport scolaire: ça veut dire des interventions au niveau même
des commissions scolaires, dans le moment.
Le Président (M. Lemieux): Alors, vous allez manquer de
personnel tout à l'heure?
M. Chatelain: Bien sûr, comme je l'ai déjà
dit, si on devait couvrir tout l'ensemble de notre champ de compétence -
quand je dis champ de compétence, ça comprendrait même les
institutions subventionnées.
Le Président (M. Lemieux): Alors, si je comprends bien le
sens de votre réponse, ça veut dire que vous pouvez aller
jusqu'à évaluer ce degré d'optimisation des ressources
humaines qu'il y a dans un hôpital?
M. Chatelain: Voilà. Bien, oui, d'accord, parce que...
Le Président (M. Lemieux): À la limite?
M. Chatelain: oui, à la limite, c'est ça, parce
que, comme je le disais, on peut raisonner, par exemple, par l'absurde:
qu'est-ce que ça veut dire, l'utilisation d'une subvention?
Le Président (M. Lemieux): Ben, c'est la raison pour
laquelle je vous ai demandé de bien me le définir...
M. Chatelain: Voilà, voilà.
Le Président (M. Lemieux): ...M. le Vérificateur
général. M. le député de Prévost.
M. Forget: Alors, M. le Président, M. le
Vérificateur général. J'aurais trois questions à
vous poser. Ma première, lorsque vous ave2 parlé du transport
scolaire, est-ce que ça pourrait aller aussi loin, à un moment
donné, que de dire à une commission scolaire: La construction de
l'école, vous devriez aller vers telle, telle région, parce que,
je vous dirais franchement, au niveau du transport scolaire, ça
coûterait trop cher d'aller dans telle région? Au niveau des
recommandations, d'attirer l'attention des commissions scolaires d'avoir les
enfants plus près des écoles, aussi bien au niveau primaire qu'au
niveau secondaire?
M. Chatelain: M. le Président, je comprends bien le sens
de la question. C'est d'une logique absolue, cependant je ne pense pas que le
mandat du Vérificateur général aille aussi loin. Le
Vérificateur général peut constater évidemment que
les distances à franchir sont énormes. Ça coûte
cher. Il peut constater ça. Maintenant, aller jusqu'à mentionner
qu'une commission scolaire n'a pas choisi le bon endroit pour construire une
école, je pense que ça dépasse un peu le rôle du
Vérificateur général.
M. Forget: Voici ma deuxième question. Ça serait au
niveau du ministère de la Justice. Vous savez présentement, dans
plusieurs palais de justice, au niveau du Québec, surtout dans notre
région, on sait qu'il y a des jugements qui ont été rendus
et apparemment des comptes à recevoir, des amendes qui ont
été données ne sont pas récupérées.
Ça représente quand même énormément de
montants d'argent présentement qui traînent, qui ne sont pas
collectés.
M. Chatelain: Je voudrais céder la parole à M.
Bédard, le vérificateur général adjoint.
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous vous identifiez
pour les fins de l'enregistrement du Journal des débats, M.
Bédard?
M. Bédard (Gilles): Merci. Gilles Bédard,
vérificateur général adjoint. Au ministère de la
Justice, des préoccupations à l'égard de la perception des
amendes et des frais et aussi des préoccupations à l'égard
du bureau juridique du Code de la sécurité routière. Vous
faites référence aux pages 44, 45 du rapport.
À l'égard de la perception des amendes et des frais, on
note une certaine carence à l'égard du rôle de certains
percepteurs. On trouve qu'ils n'assument pas adéquatement leur
rôle et conséquemment les huissiers ne répondent pas
toujours aux attentes qu'on leur a données. C'est ce qui fait que les
brefs assignés à certains huissiers prennent un temps assez
con-
sidérable à revenir au ministère de la Justice et
sans obtenir d'explications.
M. Forget: J'ai bien compris. Lorsque le jugement est rendu et
les amendes sont établies... Une fois le montant d'argent fixé,
par exemple, ils sont obligés... Il semble que là il y a
réellement un problème, que le compte n'est jamais envoyé
à la personne pour payer son amende.
M. Bédard: Ce qui arrive, c'est que.. Ça va, M. le
Président...
M. Forget: De toute façon.
M. Bédard: C'est que, lorsque le jugement d'une cause
implique l'imposition d'une amende et qu'elle n'est pas payée, à
ce moment-là il y a deux possibilités. On peut prendre
arrangement. Si ça ne donne pas de résultats, on confie le
dossier à un huissier. À la suite du bref de saisie qui a
été assigné, le huissier est supposé donner suite
en allant rendre visite à l'individu et lui demander d'acquitter
l'amende ou encore saisir, si le besoin s'en fait sentir. C'est à partir
de ce moment-là que le rôle du percepteur au ministère
prend toute son importance. Il doit suivre l'évolution des brefs qu'il a
assignés aux huissiers pour faire en sorte que l'argent soit
retourné, s'il y a eu perception, ou encore que le huissier rende compte
s'il n'a pas été en mesure d'identifier ou de retrouver la
personne pour que les mesures soient engendrées au ministère,
pour radier ou prendre d'autres procédures.
Le Président (M. Lemieux): Ça va, M. le
député de Prévost? M. le député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: M. le Président, pour revenir au
ministère de la Santé, je pense que vous avez eu un grand
débat au niveau de la RAMQ. En tout cas, il y a deux ans, je
n'étais pas membre de la commission. C'est mon collègue de
Saint-Louis tantôt qui y faisait allusion. J'imagine qu'à ce
moment-là vous avez certainement discuté de la
rémunération des médecins. Je présume.
Tantôt, lorsqu'on parlait des problèmes de l'efficience de
l'argent qui est investi au niveau de la santé, est-ce que vous avez
fait des suivis, ou vous avez regardé, au niveau de la tarification des
médecins, peut-être un genre d'incitation d'une utilisation
abusive de la carte-soleil? Parce que plus il y a de clientèle qui passe
devant le médecin et plus c'est rentable, dans la plupart des cas.
Est-ce que ce système peut faire en sorte de traiter peut-être
plus de patients qu'on aurait besoin de traiter, d'une part? Et, par
conséquent, ça peut aller jusqu'aux engorgements des urgences,
aux engorgements des hôpitaux. J'imagine que ce n'est pas
nécessairement la seule raison. Je pense que ce sont des
éléments
i qu'il est important d'éclaircir. ma question est bien
simple, est-ce que, suite aux discussions que vous avez eues avec la commission
par rapport à la RAMQ, il y a eu des recommandations qui ont
été données dans ce sens-là? (12 h 15)
Le Président (M. Lemieux): M. le Vérifica-teur
général.
M. Chatelain: Je pourrais demander à M. Arthur Roberge,
s'il vous plaît, de répondre à la question.
Le Président (M. Lemieux): s'il vous plaît, m.
roberge, vous identifier pour les fins de l'enregistrement du journal des
débats. vos nom. prénom et fonction, s'il vous
plaît
M. Roberge (Arthur): Arthur Roberge. direc teur principal de
vérification.
Le Président (M. Lemieux): Ça va, M. Roberge?
M. Roberge: Oui, ça va. Pour répondre à la
question de M. le député, on a fait cette
vérification-là en 1987 à la RAMQ et, comme M. le
Vérificateur général le disait, en 1988, nous sommes
allés au ministère de la Santé et des Services sociaux
pour entreprendre aussi notre mandat sur les subventions dans les
établissements de services sociaux.
À cette époque-là, c'est-à-dire à ce
moment-là, on a regardé si, effectivement, le ministère en
soi était bien au fait de ce qu'on avait dit et des problèmes
qu'on avait soulevés lors de notre vérification de la
Régie de l'as surance-maladie du Québec; problèmes qui
portaient, si vous vous souvenez, sur la détermination des services
assurés. Qu'est-ce que, effectivement, on assure? Problèmes qui
portaient aussi sur le "lui-même", cette obligation que le professionnel
de la santé a à rendre lui-même les soins. Problèmes
qu'on avait soulevés aussi au niveau du paiement de
l'assurance-responsabilite professionnelle, en partie, pour les
médecins, et problèmes aussi qu'on avait soulevés surtout
au niveau du contrôle. Et c'est le point que vous avez touché, au
niveau du contrôle des paiements aux professionnels de la santé.
Problèmes aussi qu'il y avait entre les modes de paiement. Les
médecins peuvent être payés à l'unité,
d'autres à salaire, d'autres à vacation; et des
responsabilités aussi des établissements, à ce
niveau-là
Alors, effectivement, ce que nous avons noté c'est que le
ministère, d'après les informations que nous avons eues,
était au fait de tout ça, de tous ces problèmes de
contrôle que la Régie pouvait avoir et, dans notre rapport sur la
Régie de l'assurance-maladie du Québec, on disait, effectivement
que la Régie avait porté à la connaissance du
ministère les problèmes qu'elle connaissait dans l'administration
du
régime d'assurance-maladie du Québec.
Dans le suivi qu'on a pu faire aussi, c'est qu'on avait aussi, à
un moment donné, dit, entre autres, que la Régie payait trop
rapidement ses professionnels de la santé. Dans le sens qu'elle ne
profitait pas des délais qu'elle pouvait se permettre et qui
étaient consignés dans les ententes avec les
fédérations. Alors on a fait un suivi là-dessus et,
à date, si vous voulez, la Régie applique la même politique
de paiement; elle les paie encore dans les mêmes délais.
Le Président (M. Lemieux): M. le député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: Donc, M. le Président, si je comprends bien, le
ministère est au fait des lacunes...
M. Roberge: Oui
M. Farrah:... au fait de la situation...
M. Roberge: Oui.
M. Farrah: mais n'a pas réagi ou à peu près
pas réagi, n'a pas émis de correctifs, malgré qu'il soit
au courant de la situation.
M. Roberge: Actuellement, non. Actuellement, il n'y a pas eu de
démarches formelles. Il y a eu des choses de faites. Le gouvernement a
désassuré les soins de physiatrie en cabinet privé.
Une voix: D'accord.
M. Farrah: Et, selon votre analyse, si vous permettez, est-ce que
ces correctifs là, s'ils sont apportés, ça peut faire en
sorte de faire des économies substantielles? C'est ça qui est
important aussi.
M. Roberge: Ici, là-dessus, oui Bien, c'est-à-dire,
oui et non. Nous, ce qu'on disait, c'est qu'il faut vraiment que la
détermination des services assurés soit claire. Qu'est-ce qu'on
paie et qu'est-ce qu'on ne paie pas? Il y a des notions aussi de l'obligation
de rendre soi-même les soins, que le professionnel de la santé a
à rendre lui-même les soins. Et vous savez qu'actuellement il y a
eu une certaine évolution dans la pratique médicale. Il y a
beaucoup de gens qui interviennent dans les soins, etc. On demandait que tout
ça soit mieux clarifié. Est ce que ça va apporter
certaines économies ou pas? Je ne le sais pas.
On disait aussi qu'il y avait certains ministères... c'est-a
dire, à cette époque-là, que le ministère
était au courant de tout ça. Et aussi que le ministère est
au courant que des établissements rémunèrent des
professionnels de la santé en sus de ce que les professionnels de la
santé reçoivent de la Régie de l'assurance- maladie du
Québec. Alors ça c'est un point qu'on avait soulevé l'an
passé dans notre rapport...
Une voix: Rapport de 1988.
M. Roberge:... sur le ministère. Le rapport de 1988.
M. Farrah: Je ne veux pas paraître hors d'ordre non plus,
mais je pense quand même que c'est d'actualité, c'est pour
ça que je pose la question.
Le Président (M. Lemieux): II vous reste une minute, M. le
député de... Je sais que...
M. Farrah: Alors ces montants-là, c'est combien en plus
qui sont défrayés par le ministère, au-delà de la
RAMQ?
M. Roberge: II est difficile pour nous de le dire. On a vu que le
ministère en était conscient. Par contre, on n'a pas une
étude d'ensemble sur tout ça. On n'est pas capable de vous dire
ce matin ce que les hôpitaux peuvent, disons, donner en surplus. On a vu
des cas.
Le Président (M. Lemieux): M. le Vérificateur
général, vous semblez...
M. Chatelain: C'est très difficile, c'est presque
impossible de déterminer les montants en cause. Ce qu'on peut dire,
c'est que les montants sont quand même assez importants. Mais,
déterminer avec un certain degré de précision, on
n'oserait même pas, à cause, justement, des problèmes de
définition, et ainsi de suite.
Le Président (M. Lemieux): O. K.
M. Chatelain: Par exemple, vous allez vous souvenir, M. le
Président, quand vous en aviez discuté en commission. On avait
donné des exemples de cas où un médecin, par exemple,
pouvait poser tant d'actes par jour, puis ainsi de suite, et c'était
presque physiquement ou humainement impossible. Vous savez...
Le Président (M. Lemieux): II aurait fallu qu'il travaille
365 jours par années, 24 heures par jour.
M. Chatelain: À peu près. Ça c'est un cas,
il y en a d'autres. Mais c'est quoi, la norme? C'est presque impossible
à établir. Alors, établir des statistiques pour faire des
projections à partir de données comme ça, c'est
impossible.
Le Président (M. Lemieux): En avez-vous découvert
d'autres?
M. Chatelain: Ha, ha, ha! En réponse à la question,
par contre, nous ne nous sommes pas
repenchés exactement sur ces problèmes. En d'autres mots,
est-ce qu'on a fait un suivi là dessus?
Le Président (M. Lemieux): C'est ça, oui.
M. Chatelain: On ne l'a pas fait encore, comme tel.
Le Président (M. Lemieux): Votre temps est
épuisé. M. le député de Limoilou, vous
interviendrez un peu plus tard, la prochaine fois. M. le député
de Labelle?
Pouvoir de restriction du Vérificateur
général
M. Léonard: M. le Vérificateur
général, nous avons beaucoup parlé du système
informatique, donc du système de renseignement à la base des
opérations du gouvernement Je voudrais maintenant aborder une autre
question, qui est celle de vos remarques et de vos états financiers, ou
de votre rapport de vérification. Si je me réfère aux
comptes publics, vous avez fait un rapport de vérification à la
page 37. En passant, je souligne simplement que ça m'a
étonné de trouver un rapport de vérification après
les états financiers, alors que dans le secteur privé c'est la
première page d'un rapport financier que le rapport du
vérificateur de l'entreprise Peut être que vous pourrez me
répondre là-dessus. C'est quand même la première
chose que l'on lit quand on lit les états financiers; on veut savoir
s'il y a des restrictions au rapport. Or, dans votre rapport, à la page
37 des comptes publics, il y a une restriction qui porte sur le déficit
actuariel des fonds de pension des employés du gouvernement. La
restriction porte donc sur un montant de 9 000 000 000 $ et quelques centaines
de millions. C'est quand même une somme importante, alors que les actifs
totaux du gouvernement, actifs et passifs, sont de 45 000 000 000 $. C'est donc
quelque chose comme le cinquième des actifs dont on parle ici. Je veux
aborder cette question, parce qu'à mon sens, vis à-vis les
prêteurs au gouvernement, ça a sûrement une grande
importance quant à la cote de crédit, quant aussi à la
fiabilité des états. Est ce que vous maintenez toujours que cette
réserve est une dette réelle, même si elle est actuarielle,
et qu'elle doit paraître aux états financiers, et donc qu'elle
devrait être incorporée aux états financiers?
Le Président (M. Lemieux): M. le Vérifica teur
général?
M. Chatelain: Absolument, M. le Président, c'est une dette
réelle, j'ai déjà employé le terme, c'est une dette
véritable du gouvernement, au même titre, par exemple, que les
dettes au niveau des obligations du gouvernement. Quand je parle d'obligations,
je parle des emprunts du gouvernement C'est une dette qui est absolument aussi
véritable qu'un emprunt, parce que ce sont des obligations que le
gouvernement sera obligé de rencontrer, d'honorer, de respecter, et pour
lesquelles les services ont déjà été rendus. Ces
bénéfices là, ce sont des bénéfices à
venir, mais, des bénéfices des employés du gouvernement
C'est pour des services qui ont déjà été rendus au
gouvernement, donc l'obligation existe aujourd'hui.
M. Léonard: Le fédéral fait la même
chose aussi. Il a une dette actuarielle qu'il n'incorpore pas a ses
états financiers
M. Chatelain: D'accord, absolument, mais il y en a une partie
seulement, au fédéral, comme au Québec.
M. Leonard: Comme au Québec.
M. Chatelain: Au Québec, la proportion qui n'est pas
inscrite - appelons ça comme ça, dans le moment..
M. Léonard: Oui, c'est ça, les 9 000 000 000 $,
c'est la proportion non inscrite.
M. Chatelain: J'aurai des.
M. Léonard: Non provisionnée...
M. Chatelain: Non provisionnée, si vous voulez. Au
fédéral, ça peut varier, selon les hypothèses,
parce que, vous savez, vous avez des hypothèses actuarielles qui peuvent
faire varier les chiffres d'une façon tout à fait
significative.
M. Léonard: Disons que, puisque vous parlez des
hypotheses, dans le cas où vous prenez comme hypothèse un
rendement net de 3 %, alors qu'en réalité, depuis cinq ou six
ans, le rendement net est de 4 %, 5 % et maintenant 7 %, c'est
considérable... Alors, si on essaie d'introduire dans un état
financier des dettes sur base de réserve actuarielle qui font la
supposition que le rendement net est 3 %, il me semble qu'on a comme un petit
peu le doigt dans l'oeil, aussi.
M. Chatelain: Bien sûr. Alors, en gros, au
fédéral, la somme qui est non inscrite est à peu
près de 4 000 000 000 $ Au fédéral, c'est simplement la
partie des bénéfices qui est reliée à l'indexation
C'est celle-là qui n'est pas provisionnée D'accord? Ça
représente, en gros, une somme de 4 000 000 000 $
M. Léonard: Et, ici, au Québec. Excusez.
M. Chatelain: Oui
M. Léonard:... est-ce que, pour établir la
somme de 9 000 000 000 $, le taux de rendement net qu'on a
considéré, c'est 3 % ou si c'est plus ou moins?
M. Chatelain: là, je ne sais pas si on a la
réponse ici. on pourrait peut être donner la réponse plus
tard. On va essayer de l'établir, M. le Président.
M. Léonard: C'est parce que, si le rendement net est
à 9 %, peut-être que vous n'avez plus de dettes du tout! Oui?
M. Chatelain: les hypothèses ont été
vérifiées et revérifiées de façon
très précise et sur plusieurs aspects à cause, justement,
de l'impact de ces chiffres.
M. Léonard: Très bien. En tout cas, vous avez
jugé qu'il fallait qualifier le rapport.
M. Chatelain: ah absolument! le président m'a souffle une
autre question tantôt. en ontario, par exemple dans les autres provinces,
la somme n'est pas provisionnée; elle n'est pas capitalisée. il y
a des sommes qui sont capitalisées, mais elles ne sont pas
capitalisées - excusez-moi, ce n'est pas le bon terme -
provisionnées, d'accord? elles ne sont pas provisionnées.
Le Président (M. Lemieux): Je me réfère au
comité des comptes publics, à certains exposés qui avaient
été faits par le Vérificateur.
M. Chatelain: D'accord. Mais, cependant, l'Institut canadien des
comptables agréés, comme on l'a souligné, a pris position
là dessus. Puis, nous, on s'en tient maintenant à cette prise do
position. C'est une recommandation. Je pense que le gouvernement
reconnaît le bien fondé de la recommandation de l'Institut
canadien des comptables agréés. Ils ont peut-être des
problèmes pratiques quant à l'inscription comme telle de ce
montant-là. Dans les autres provinces, ce n'est pas encore inscrit.
C'est inscrit, c'est-à-dire, mais il y en a encore des bonnes parties
qui ne sont pas provisionnées. cependant, on voit quand même une
évolution dans les autres provinces. ça évolue, dans le
sens qu'en ontario, entre autres, on vient de changer justement l'approche et
la méthode.
M. Léonard: Nous l'avions changé, à
l'époque; en 1978 à peu près.
M. Chatelain: C'était un début, bien oui, en 1978.
M. le Président, je ne savais pas si ça vous
intéresserait. On savait que ça préoccupait les membres de
la commission, ce sujet là. On a fait un tableau et on a mis la
comparaison de toutes les provinces quant à l'inscription ou à la
comptabilisation des régimes de retraite.
M. Léonard: Vous voulez le déposer?
M. Chatelain: Bien, ça dépend du président.
Le document est prêt.
M. Léonard: Moi, je souhaite qu'on puisse le
déposer.
M. Chatelain: C'est simplement une comparaison.
Une voix: M. le Président, sûrement, n'aura pas
d'objection.
Le Président (M. Lemieux): Vous allez me permettre
d'examiner le document avant d'en autoriser le dépôt.
Une voix: C'est de la censure de documentation.
Le Président (M. Lemieux): Non. Du tout.
M. Léonard: M. le Président, je regrette... M. le
Vérificateur général propose de déposer un document
analysant ou comparant ce qui se passe dans d'autres provinces du Canada par
rapport à cela. Est-ce que vous avez des objections à ce qu'il
dépose un tel document?
Le Président (M. Lemieux): je vais vérifier
mon...
M. Léonard: II relève de l'Assemblée
nationale, le Vérificateur général. Je voudrais simplement
vous mentionner ce fait.
Le Président (M. Lemieux): Oui, j'en suis conscient, M. le
député de Libelle. J'en suis tellement conscient que, depuis que
nous sommes au pouvoir, nous n'avons jamais eu d'objection de quelque nature
que ce soit à auditionner le Vérificateur général -
et je ne voudrais pas devenir politique - ce qui n'a jamais été
de 1976 à 1985.
L'article 162. Un document ne peut être déposé en
commission qu'avec la permission de son président. Alors...
M. Léonard: Le permettez-vous?
Le Président (M. Lemieux): Vous me permettrez d'en prendre
connaissance, M. le député de Labelle, préalablement, et
je verrai s'il y a lieu d'en autoriser le dépôt. Vous pouvez me le
passer. Alors, vous pouvez continuer, M. le député de
Labelle.
M. Léonard: M. le Vérificateur, par rapport
à cette qualification d'états financiers, est-ce que c'est
courant qu'il y ait des qualifications ou des restrictions... C'est ça,
le mot français?
M. Chatelain: Restrictions, oui.
M. Léonard:... restrictions aux états financiers?
Est-ce que c'est une pratique courante? Ça arrive souvent, dans des
rapports des vérificateurs généraux de provinces ou de
gouvernements?
M. Chatelain: Ça n'arrive pas tellement souvent. C'est
arrivé assez régulièrement, maintenant, au niveau
fédéral et au Québec On ne l'a pas encore vu, dans le cas
des autres provinces au Canada, sur le sujet, entre autres, qui nous concerne,
qui nous préoccupe. Mais, dans le moment, n'y a pas de restrictions
comme telles dans les rapports des vérificateurs généraux
des autres provinces, encore. Mais, quand je dis encore, c'est parce que je
sais pertinemment que, suite aux recommandations de l'Institut canadien des CA,
les vérificateurs généraux des autres provinces sont en
train de prendre position.
M. Léonard: Est-ce que vous avez...
M. Chatelain: Je ne dévoile rien, mais on peut s'attendre
à avoir des restrictions, maintenant, dans les rapports des
autres...
M. Léonard:... des renseignements sur la pratique aux
États-Unis, là-dessus? Il y a des rapports de vérification
qui doivent se faire aussi sur les états financiers et les
résultats d'opérations des États aux
États-Unis.
M. Chatelain: Ah oui!
M. Léonard: Est-ce qu'il y a de telles qualifications aux
rapports?
M. Chatelain: Je ne peux pas me prononcer là-dessus. Je
pensais... Je peux me prononcer seulement au niveau des États-Unis
mêmes, mais pas au niveau des États.
M. Léonard: Disons que, vous, est-ce que... Quel est le
montant? Parce que je sais que ce n'est pas nécessairement un montant
qui peut commander ou entraîner une qualification au rapport du
vérificateur. Mais qu'est-ce que vous jugez - le mot anglais, c'est
"material" - significatif?
M. Chatelain: Le niveau d'importance relative.
M. Léonard: Oui
(12 h 30)
M. Chatelain: C'est ça, le niveau d'importance
relative.
M. Léonard: Oui. Qu'est-ce que vous jugez comme importance
significative pour mettre une qualification au rapport? Je vais aller un peu
plus loin. Voyez-vous, quand vous notez des défaillances majeures de
contrôle interne dans certains ministères, je me suis posé
la question à savoir si ça ne devait pas entraîner des
notes ou des qualifications même au rapport.
M. Chatelain: Oui, d'accord
M. Léonard: parce que vous voyez des sommes de 250 000 000
$ se promener; ça a une importance assez grande. alors, est-ce que vous
vous êtes posé cette question-là?
M. Chatelain: Je le sais, M. le Président, ça fait
partie du rôle d'un Vérificateur. Dans la vérification des
états financiers, avant d'émettre une opinion, c'est bien
sûr...
M. Léonard: C'est quoi le "bottom line"?
M. Chatelain: C'est ça, c'est le niveau d'importance
relative. D'ailleurs, c'est pour ça que, dans la partie 1 du rapport
annuel de cette année, on traite de ce sujet. On commence...
M. Léonard: Oui.
M. Chatelain:... à en traiter. On parle de niveau
d'importance relative et de niveau de confiance. Ce sont des termes qui sont
main tenant employés en vérification lorsqu'on fait des sondages.
D'accord? Alors, lorsque vous soulevez, par exemple, des erreurs, en tout
cas...
M. Léonard: II y a toutes sortes d'éléments
qui peuvent amener une qualification à un rapport.
M. Chatelain: Oui
M. Léonard: ça pourrait être une
défaillance de contrôle à l'intérieur du
gouvernement comme là, les problèmes qu'il y a autour de
l'informatique, je pense que ce sont des problèmes de gérance de
l'informatique, et non pas sur la qualité même de l'information,
qui sont en cause.
M. Chatelain: C'est ça.
M. Léonard: Je comprends que vous ne qualifiez pas.
M. Chatelain: C'est ça.
M. Léonard: Donc, il y a ces questions qui pourraient
être soulevées, mais il y a aussi les montants on cause. Lorsqu'on
me dit II a été payé 250 000 000 $ en trop dans Ies
affaires sociales, est-ce que ce n'est pas un élément
important?
M. Chatelain: d'accord. ii y a deux choses à
considérer là-dedans. quand on dit qu'il y a eu 250 000 000 $
payés en trop, quel effet cela peut-il avoir sur les états
financiers pour un vérificateur?
M. Léonard: C'est ça.
M. Chatelain: Si le montant a été payé, il
est reflété dans les états financiers. Les états
financiers présentent la situation; donc, un Vérificateur ne peut
pas qualifier sur cet aspect-là...
M. Léonard: D'accord.
M. Chatelain:... mais il peut commenter quand même dans son
rapport annuel à l'Assemblée nationale sur la
non-conformité et le manque de contrôle. Ça, c'est une
autre chose. Ça, ça fait partie de son mandat,
également.
M. Léonard: Ça, c'est la deuxième partie du
rapport.
M. Chatelain: C'est ça.
M. Léonard: Ce n'est pas le rapport financier
lui-même dans les comptes publics.
M. Chatelain: C'est ça, exactement. M. Léonard:
Je comprends. Ça va.
M. Chatelain: D'accord. Alors, c'est ça. Donc, ça
répond, en partie, à la question, tantôt, lorsque vous
parliez des ministères, des erreurs qu'on découvre dans les
ministères et ainsi de suite. Mais quand il y a des erreurs
véritables, des erreurs comptables véritables dans la
présentation de l'information financière, là,
évidemment, il y a le niveau d'importance relative qui entre en ligne de
compte.
M. Léonard: Quel est votre seuil?
M. Chatelain: O. K D'accord. M. le Président, est ce qu'on
pourrait demander à M. Yvan Mathieu, directeur principal chez nous?
M. Mathieu (Yvan): O. K. Yvan Mathieu, directeur principal au
Vérificateur général. En fait, notre norme au niveau de
l'importance relative a été déterminée à 0,
5 % des dépenses du gouvernement. Celles-ci étant d'environ 30
000 000 000 $; ça veut dire 150 000 000 $, 155 000 000 $. C'est notre
niveau d'importance relative.
M. Léonard: C'est votre niveau d'importance relative.
M. Mathieu: Oui.
M. Léonard: Je vous pose la question: Pourquoi n'avez-vous
pas qualifié votre rapport, quand il y a 738 000 000 $ de
dépenses payées d'avance qui ont été
comptabilisées à l'année antérieure?
M. Chatelain: D'accord. Il faut regarder l'effet net des
inscriptions, ici. L'effet des inscriptions était de 11 000 000 $. C'est
l'effet net, on s'est penchés là-dessus.
M. Léonard: Et l'an prochain?
M. Chatelain: Ah! L'an prochain, on n'y est pas encore.
Évidemment, on le regardera dans le contexte de l'an prochain. On verra
l'impact l'an prochain.
M. Léonard: Et la première année?
M. Chatelain: La première année, oui, et on l'a
souligné.
M. Léonard: II était beaucoup plus que de 11 000
000 $.
M. Chatelain: Oui.
M. Léonard: II était de 600 000 000 $.
M. Chatelain: Et on l'a souligné, on a attiré
l'attention.
M. Léonard: Un instant! On ne parle pas de la même
chose. Vous avez mentionné la question, dans votre rapport, au niveau
interne.
M. Chatelain: Oui.
M. Léonard: Dans le rapport, nous parlions bien du niveau
d'importance relative pour qualifier le rapport du Vérificateur sur les
états financiers du gouvernement dans les comptes publics.
M. Chatelain: là, je n'ai pas le rapport de
l'année précédente, je regrette, c'est-à-dire notre
rapport sur les états financiers de l'année
précédente.
M. Mathieu: Mais, là-dessus, je pourrais toujours
répondre, M. le Président. Effectivement, il y avait un effet de
848 000 000 $, je pense, ou de 600 000 000 $...
M. Léonard: II y a différentes... Quand on regarde
les rapports, une année, c'était à peu près 600 000
000 $; l'autre année, 11 000 000 $ et après ça on peut
avoir des montants plus importants.
M. Mathieu: On parle de l'effet de ça à la page 23
des comptes publics. Effectivement, on
parle de 848 000 000 $. Il faut tout de même dire que ces
dépenses avaient été comptabilisées dans les
états financiers du gouvernement.
M. Léonard: Pourquoi ne les a-ton pas données?
M. Mathieu: Ces dépenses-là respectaient aussi les
conventions comptables du gouvernement.
M. Léonard: Bien, si on parle des conventions comptables,
dans au moins.. Si je comprends la politique générale de l'ICCA,
l'Institut des comptables ou l'Ordre des comptables agréés du
Québec, actuellement, les normes qu'il émet quant à la
vérification des états financiers des gouvernements se
rapprochent très nettement de ce qui se passe dans le public. Alors,
lorsqu'il y a changement de méthodes comptables ou qu'il y a
modification dans la présentation des engagements financiers qui ont une
importance significative sur le résultat des opérations, la
divulgation doit en être intégrale et porter sur plusieurs
années. Or, ça peut même amener des qualifications au
rapport des vérificateurs. Ça doit être mentionné
à la face même du rapport du vérificateur et c'est
effectivement la question que je vous pose. Vous m'avez dit que votre seuil
d'importance relative était de 150 000 000 $. Nous parlons de montants
de 600 000 000 $ à 800 000 000 $ et ma question est toujours la
même: Pourquoi n'avez-vous pas qualifié votre rapport?
M Chatelain: Parce que, M. le Président, l'inscription
était conforme aux conventions comptables. Les conventions comptables
avaient été amendées.
M. Léonard: Ce n'est pas défendu de payer des
dépenses d'avance. Ça...
M. Chatelain: non, non, d'accord. elle était conforme aux
conventions comptables et elle était divulguée. ce qui est
arrivé, elle était divulguée carrément dans le bas
de l'état des...
M. Léonard:... dans une annexe.
M. Chatelain:... revenus Non, non, excusez, dans l'état
des revenus et dépenses. C'était divulgué à la face
même des revenus et dépenses avant le montant du
déficit.
M. Léonard: Ah oui.
M. Chatelain: On avait le montant du déficit avant.. Quand
je dis "on", les états financiers présentaient le montant du
déficit avant la dépense additionnelle et après.
M. Léonard: O. K.
M. Chatelain: La divulgation était complète.
M. Léonard: Dans les normes, l'effet de ces modifications,
parce qu'il s'agit vraiment de ça sur les résultats réels
dans l'état de revenus et dépenses doit être clairement
identifié et on doit dire - et le vérificateur lui-même
doit signaler, dans son rapport - qu'il y a eu modification quant à la
présentation. C'est pour ça que je pose la question.
M. Chatelain: attendez. il y avait divulga- tion complote.
là, maintenant, je suis dans une situation ou je suis obligé de
défendre les actions du gouvernement, mais...
M. Léonard: Le Vérificateur lui-même doit...
M. Chatelain:... de toute façon
M. Léonard: Le Vérificateur lui même doit le
mentionner
M. Chatelain: Attendez. Un instant. Si...
M. Léonard: Si c'est d'une importance
matérielle.
M. Chatelain: Si c'est d'une importance matérielle.
M. Léonard:... significative, pardon
M. Chatelain: Si ce n'est pas conforme aux conventions
comptables, si les conventions comptables ne sont pas divulguées
clairement Mais c'était clair.
M. Léonard: Mais, M. le Vérificateur, je voudrais
simplement vous dire que, dans une entreprise qui change de méthode
dévaluation de ses stocks, qui est tout à fait conforme aux
conventions comptables, aux méthodes comptables, ça doit
être mentionné au rapport du Vérificateur. C'est de
même nature.
M. Chatelain: Non, non, je regrette, ce n'est pas de même
nature.
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous, M. le
Vérificateur général, s'il vous plaît... M. le
député de Labelle, je suis conscient que vous êtes sur
votre temps de parole, mais il y aurait peut-être lieu de laisser
élaborer le Vérificateur général.
M. Léonard: Oui, je le laisse...
Le Président (M. Lemieux): M. le Vérificateur
général.
M. Chatelain: D'accord. Ce n'est pas... C'était une
modification, justement, d'une convention comptable. Ce qui est important pour
nous, c'est que la convention comptable soit claire, qu'elle soit
divulguée, que l'information, à la face même des
états financiers, soit divulguée. Que ce ne soit pas
caché, que l'effet lui-même soit évident et, dans ce
contexte-là, évidemment, ce n'était pas facile pour nous
de décider, à ce moment-là. Ce n'était absolument
pas facile, et là je parle... Attendez, je parle de notre rôle
comme vérificateur des engagements financiers et non pas notre
rôle comme Vérificateur général, comme nous l'avons
mentionné dans le rapport annuel à l'Assemblée nationale
Dans l'expression de notre opinion sur les états financiers, ce
n'était pas facile de trancher cette question-là. Je dois vous
assurer que nous nous sommes penchés de façon très
sérieuse là dessus; nous l'avons considérée de
façon très sérieuse. Nous avons obtenu des avis
là-dessus, également, et nous avons conclu en définitive
que l'information était là et que ça ne méritait
pas une restriction. Mais il y a un autre problème. C'était
conforme, c'était tout à fait conforme, tout était
là.
M. Léonard: Mon point n'est pas là.
M. Chatelain: Oui, c'est ça. Il y a un autre
problème, ici. La difficulté provient de ceci: c'est la
comparabilité, si vous voulez, des résultats d une année
à l'autre. D'accord?
M. Léonard: Exactement.
M. Chatelain: Quand on a regardé ça, l'an
passé, nous nous sommes dit: Oui, c'est vrai, ça peut nuire
à la comparabilité. Cependant, l'information de l'an
passé, à la face même des états financiers,
était claire. Pour des fins de comparabilité, les analystes, ou
peu importe, les lecteurs des états financiers pouvaient le faire,
pouvaient l'établir. Maintenant, ça, c'était pour l'an
passé; c'était la première année que ça
arrivait. Maintenant, si ça se reproduit - vous avez mentionné
l'an prochain - si ça se reproduit d'année en année,
là, à un moment donné, la comparabilité, on ne
pourra plus la faire. C'est pour ça que je vous dis ça sous toute
réserve.
M. Léonard: quand même, je dois noter qu'il s'agit
de deux choses de nature bien différente: des dépenses
payées d'avance et des dépenses réellement encourues.
alors que d'habitude on présentait un état de revenus et
dépenses, par le fait qu'on paie des dépenses d'avance, on vient
de réduire le déficit de 2 238 000 000 $ du québec
à 1 500 000 000 $ dans ses prévisions au discours sur le budget
l'an passé. c'est 50 % du "bottom line", 50 %. il me semble qu'on ne
peut pas se permettre de ne pas mentionner ça au rapport.
M. Chatelain: Non, mais c'était clair, c'était
clair.
Le Président (M. Lemieux): M. le...
M. Chatelain: D'accord.
Le Président (M. Lemieux):... Vérificateur
général. M. le député de Limoilou.
M. Léonard: II aurait pu répondre.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le Vérificateur
général, oui.
M. Després: Non, je n'ai pas d'objection.
Le Président (M. Lemieux): Je n'ai pas d'objection non
plus. M. le Vérificateur.
M. Chatelain: Non, non, mais je suis très sensible aux
remarques du député, très sensible. Mais comme je l'ai
dit, ce n'était pas facile. Cela a été une décision
qui a été prise en toute connaissance de cause, à ce
moment-là. Et peut-être sans dévoiler de secrets, je
pourrais dire que nous sommes assujettis nous-mêmes à l'inspection
professionnelle de l'Ordre des comptables agréés du
Québec. L'Ordre des comptables agréés nous a
inspectés au cours de la dernière année. C'est un sujet
sur lequel l'inspection professionnelle a porté. Et puis je dois dire -
en tout cas, je ne peux pas dévoiler de secrets, évidemment, de
ce côté-là...
M. Léonard: Ce n'est pas un secret. C'est très
public, les états financiers du gouvernement du Québec.
M. Chatelain: Non, non. Je parle de l'inspection, les
résultats de l'inspection professionnelle. Je ne peux pas
dévoiler de secrets de ce côté-là, mais à la
suite de l'inspection, l'Ordre ne nous a pas réprimandés sur la
façon dont nous avions agi.
Le Président (M. Lemieux): M. le Vérificateur
général. M. le député de Limoilou et M. le
député des îles vont vouloir intervenir.
M. Després: Peut-être seulement un petit commentaire
avant de revenir sur un point qui a été discuté tout
à l'heure, M. le Président. Il n'empêche que toutes les
modifications comptables que vous aviez demandées au fil des
années, depuis que vous venez en commission parlementaire du budget et
de l'administration - et le Conseil du trésor lui-même a
procédé à une réforme importante des conventions
comptables au cours des dernières années - nous
permettent... Je pense que vous étiez très clair
là-dessus: Ces conventions comptables modifient, assurent une
présentation plus fidèle et plus complète de la situation
financière du gouvernement et des résultats de ses
opérations. Une refonte du texte des conventions comptables
effectuée en 1987 en rend aussi la description plus claire et plus
succincte. Donc, je pense que vous êtes très très clair.
Ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas place à modifications,
à corrections. Il y a une chose qui est certaine, c'est que les
conventions comptables qui ont été modifiées de la part du
gouvernement ont permis, justement, de répondre à un certain
nombre de vos attentes.
Vérification Des organismes et entreprises du
gouvernement
Peut-être pour revenir sur un point, M. le Vérificateur
général, que je voudrais... En ce qui concerne la
vérification, il y a un certain nombre d'entreprises, de
sociétés d'État sur lesquelles vous avez fait une
vérification, cette année. Il y en a un certain nombre, je pense.
Est-ce que vous avez le nombre exact? Est-ce que ça se peut, une
trentaine? Peut-être une trentaine, si j'ai bonne mémoire.
M. Chatelain: À la page 79, on présente le petit
tableau.
M. Després: Oui.
M. Chatelain: Les entreprises du gouvernement - si on parle des
sociétés d'État, ça s'apparente plus aux
entreprises du gouvernement - nous en avons vérifié 31.
M. Després: 31, O. K. Non vérifiées, 52.
M. Chatelain: C'est ça, oui. Vérifiées par
d'autres vérificateurs.
M. Després: D'autres vérificateurs. O. K. Qu'est-ce
qui fait que c'est vous? C'est le conseil d'administration de la
société qui détermine si c'est ie Vérificateur
général?
M. Chatelain: Non. C'est surtout la loi. C'est la loi
constitutive de la société.
M. Després: C'est la société qui le dit
directement, à ce moment-là.
M. Chatelain: Oui. La loi constitutive ou encore la Loi sur les
compagnies. Ça dépend en vertu de quelle loi la
société est incorporée.
M. Després: Est incorporée, ça va. Je
voudrais revenir. Vous me disiez, tout à l'heure, que l'année
dernière dans les conseils régionaux de santé et services
sociaux, eux, il y a eu des vérifications dans certains conseils. Il y
en a dans les conseils de services sociaux aussi.
M. Chatelain: Oui.
M. Després: O. K. Aucun hôpital n'a
été vérifié au moment où on se parle,
présentement, là.
M. Chatelain: Oui
M. Després: Donc, je suppose qu'il va y avoir un
échantillonnage de ces hôpitaux qui va être fait. Est-ce que
ça va être plusieurs hôpitaux? Est-ce que ça va
être réparti à travers le Québec, dépendant
des régions, sans déterminer, nécessairement, quels sont
les hôpitaux? Comment est déterminé, un peu.
l'échantillonnage?On y va par région, on y va par le
budget de l'institution? J'aimerais peut-être avoir un petit peu de
détails pour voir comment on peut refléter, sans
déterminer les institutions?
M. Chatelain: M. le Président, vous réalisez qu'on
anticipe sur les travaux qu'on est en train de faire cette année, mais
je n'ai pas d'objection à donner ce genre d'information.
M. Després: La question que je pose aurait pu s'adapter
aussi aux CRSSS, ou aux conseils de services sociaux. Moi, l'objectif que j'ai
en posant la question, c'est de savoir un peu comment..
M. Chatelain: D'accord, je comprends. Ça dépend du
sens de la question.
Le Président (M. Lemieux): M. le Vérificateur
général.
M. Després:... cet échantillonnage est fait. On y
va par région, par budget, quoi? On se base sur quoi?
Une voix: D'accord. M. Roberge.
M. Roberge: Alors, ici, pour répondre a votre question,
les critères de sélection qu'on a utilisés dans les CH, on
a voulu d'abord éviter les centres qui sont à gros
problèmes, qui seraient sur le point d'être mis sous tutelle
C'était pour éviter d'avoir une distorsion. Prendre les pires, si
vous voulez, ou, d'après ce qu'on sait, ceux qui seraient les pires.
Alors, on a voulu éviter ça, d'une part. C'est une
sélection aléatoire aussi, d'une certaine façon. On a
voulu prendre différents types de centres hospitaliers. Vous savez, il y
a des centres de courte durée, de longue durée, il y a des
centres psychiatriques. Aussi on a voulu prendre des centres qui avaient un
gros budget, un moyen et un petit; alors disons l'importance des sous. La
situation
géographique peut avoir une certaine importance aussi. Bien
sûr, on a aussi tenu compte de nos disponibilités de ressources.
(12 h 45)
M. Després: Donc ce sont les critères sur lesquels
vous vous êtes basés.
M. Roberge: Oui.
M. Després: O. K. Est-ce possible de savoir tout
simplement le nombre? Par exemple, si on y va avec les CRSSS, combien se sont
fait vérifier dans le cadre de...
M. Roberge: Non, mais là vous parlez des hôpitaux,
hein?
M. Després: Non, non. O. K., ça va. C'est parce
qu'on me disait...
M. Roberge: D'accord
M. Després:... qu'on anticipe un petit peu parce que ce
n'est pas encore arrivé, mais, sur les hôpitaux, est-il possible
de savoir combien il y en a?
M. Roberge: On a fait trois CRSSS, six centres d'accueil de
réadaptation, six CLSC et trois CSS.
Le Président (M. Lemieux): Page 228, je pense.
M. Després: Trois CSS.
M. Roberge: Vous avez tout ça en bas de page.
M. Després: Au niveau des hôpitaux, est ce qu'on
peut avoir un nombre à la grandeur du Québec?
M. Roberge: De quinze à dix-huit environ.
M. Després: De quinze à dix-huit.
M. Roberge: Oui.
M. Després: On ira à la vérification.
M. Roberge: C'est en cours actuellement.
M. Després: Donc, il y en aura sûrement dans la
région de Québec.
M. Roberge: Oui, parce que Québec est un endroit quand
même important au niveau des centres. Il y a Montréal aussi, c'est
sûr.
M. Després: O. K.
M. Roberge: II y en a en région.
M. Després: OK Mais au
Le Président (M. Lemieux): Mais Montréal...
M. Després: O. K. Le type de vérification que vous
allez exercer dans le CRSSS - je pose la question pour les deux niveaux - pour
ce qui est passé et ce qui est à venir au niveau du CRSSS et au
niveau des hôpitaux... Le type de vérification, est-ce le
même? Vous me disiez tout à l'heure: Au niveau du
ministère, du gouvernement, on n'a pas le choix. On fait la
vérification des états financiers. Est-ce une vérification
d'états financiers, une vérification intégrée? Je
sais que vous ne pouvez pas faire de vérification intégrée
dans chacune de ces institutions-là; ce serait impossible. Mais est-ce
qu'il y en a une qui sera choisie pour faire une vérification
intégrée? Quel type de vérification? J'aimerais que vous
m'expliquiez si c'est la même chose que vous faites avec les
ministères ou s'il va y avoir des choses différentes.
M. Roberge: Si on commence par celle qu'on fait actuellement, en
1990, nos objectifs de vérification sont dirigés vers une bonne,
une saine utilisation des ressources financières et matérielles.
Actuellement, c'est ce qu'on fait, c'est-à-dire dans les hôpitaux
que nous allons visiter. Donc on regarde, par exemple, la gestion de la
trésorerie, parce qu'il y a quand même plusieurs milliards de
dollars, il y a des opérations bancaires, etc., toutes sortes de choses
là-dedans, et on regarde la gestion du matériel et de
l'équipement ou des biens et des services. Le troisième objectif
qu'on a, c'est que les hôpitaux qui sont dans notre échantillonage
et qui ont à faire des équilibres budgétaires, en arriver
à un équilibre budgétaire, on regarde quels sont les
gestes que les autorités de l'institution posent pour en arriver
à cet équilibre budgétaire qui leur est demandé par
le ministère. Ce sont les objectils qu'on poursuit.
L'an passé, en fait, on avait deux objectifs majeurs. Le premier
était de regarder la conformité de l'établissement aux
lois de la santé et des services sociaux, aux règlements et aux
directives ministérielles, donc directives du ministère, d'une
part; d'autre part, on regardait de façon générale la
qualité des procédés et des moyens employés pour
utiliser les subventions reçues. Ça pouvait porter autant sur la
planification des activités de l'établissement, ses rapports
financiers, sa prestation de soins et de services, la formation de son
personnel, l'évaluation de son personnel. En gros, c'étaient les
sujets qu'on pouvait toucher.
M. Després: Est-ce qu'on peut dire que la
vérification dans les CRSSS et dans les CLSC était plus une
vérification qualitative, alors que celle qui sera faite dans les
hôpitaux portera beaucoup plus sur l'aspect quantitatif, l'aspect
monétaire des entrées et surtout de la dépense, que
ce soit au niveau de la trésorerie, des équipements ou de
l'équilibre budgétaire, que ce sera plus quantitatif?
M. Roberge: Oui, ici vous avez raison. Une partie de votre
question portait là-dessus. Ce n'est pas une vérification
financière en soi. Ces établissements ont des
vérificateurs financiers. Donc, on regarde plus la qualité des
procédés et des moyens dont on se sert pour utiliser les
subventions reçues. Il peut arriver, à l'occasion, qu'on fasse un
complément de vérification, par contre, sur certains sujets de
portée financière.
M. Després: O. K. Combien de temps approximativement peut
durer une vérification dans une institution de santé, un
hôpital? Est-ce que vous êtes là pendant trois mois, six
mois, un mois?
M. Roberge: Oui.
M. Després: Approximativement. Je comprends que, tout
dépendant de la grosseur de l'institution, le nombre de ressources que
vous mettez peut varier d'une institution à l'autre; ça fait 10
000 000 $, 70 000 000 $...
M. Roberge: Alors, concerne vous le dites, un hôpital,
ça peut être considérable. Il y a des hôpitaux qui
sont plus gros que certains ministères. Actuellement, on a en place des
équipes de trois personnes et ça prend environ quatre semaines
pour les objectifs de vérification qu'on poursuit dans les
hôpitaux.
M. Després: O. K. Je vous remercie beaucoup. Ça me
va.
Le Président (M. Lemieux): M. le député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: M. le Président...
M. Roberge: Oui, oui... C'est sûr que, lorsque je dis que
cela prend quatre semaines sur place, il y a de la préparation
avant...
M. Després: Non, non...
M. Roberge: et il y a du travail à faire après.
M. Després:... c'était juste pour avoir une
idée du temps que vous étiez sur place comme tel. Je comprends
bien qu'il y a une préparation qui se fait avant, une préparation
par la suite.
M. Chatelain: Évidemment, M. le Président, si on
parte de vérification d'optimisation des ressources dans les
hôpitaux, on pourrait englou- tir des ressources là-dedans d'une
façon astronomique. Si on prend un hôpital comme l'hôpital
Notre-Dame, peu importe... Il y a des hôpitaux, comme le disait M.
Roberge, qui sont beaucoup, plus considérables qu'un ministère du
gouvernement. D'accord?
M. Després: Effectivement, c'est pour ça que je
voulais vous poser la question. Pour voir par rapport aux objectifs que vous
vous fixiez, le temps, etc.
M. Chatelain: Absolument Vous allez noter qu'au début on
est obligé de restreindre la portée de notre vérification
On commence à des endroits, si vous voulez, où nous sommes plus
familiers, où nous nous sentons plus à l'aise pour porter des
jugements: par exemple, sur la qualité de la gestion. C'est pour
ça qu'on se limite à ces endroits là, à ces ces
champs d'intervention là pour commencer. Évidemment, on pourrait
prendre tout un éventail de champs d'intervention et là, comme je
le disais, on engloutirait des ressources à n'en plus finir.
M. Després: Je vous remercie, M. le Vérificateur.
M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: Oui, M. le Président. Vous avez exigé,
ou vous êtes favorable à ce que le ministère des Finances
adopte peut-être une loi-cadre pour les entreprises du gouvernement.
Est-ce que vous pouvez m'expliquer en quoi cela améliorerait la
situation ou quels seraient les objectifs de cette loi-là et les gains
potentiels a cet égard?
M. Chatelain: D'accord. M. le Président... Le
Président (M. Lemieux): Oui.
M. Chatelain:.. C'est un sujet sur lequel on est revenu assez
souvent dans le passé, mais je suis content de la question. Ce qui
arrive dans le moment, c'est qu'il y a beaucoup d'organismes et d'entreprises
du gouvernement, la majorité des entreprises et des organismes du
gouvernement, surtout celles et ceux qui ont la plus haute visibilité,
comme Hydro, entre autres, qui sont assujettis à une loi constitutive.
Chaque loi constitutive prévoit certaines exigences ou certaines
obligations, si vous voulez, de rendre compte, et là je parle devant
l'Assemblée nationale ou devant le gouvernement. Par exemple, une
entité doit présenter un plan de développement devant
l'Assemblée nationale, et ainsi de suite. Mais c'est qu'il y a beaucoup
de variations d'une loi constitutive a une autre. On ne peut pas tracer un
portrait à peu près uniforme des exigences d'imputabilité
de ces organismes là et de ces entreprises-là, vis à-vis
le gouvernement et vis-à-vis l'Assemblée nationale. Alors,
d'après nous, c'est une carence qui est assez sérieuse.
Nous, ce qui nous concerne c'est l'Assemblée nationale. Notre
mandat, on l'a de l'Assemblée nationale et on fait rapport à
l'Assemblée nationale. En ce qui concerne l'Assemblée nationale,
nous pensons qu'il devrait y avoir quand même un certain minimum de
règles précises, claires, quant à l'information dont elle
doit disposer pour savoir qu'est-ce qui se passe dans ces organismes et ces
entreprises là. Après tout, c'est l'Assemblée nationale
qui a confié des mandats. C'est l'Assemblée nationale qui a
voté ces lois-là. C'est elle qui a confié des mandats
à ces entités. Alors l'Assemblée nationale doit être
informée sur la façon, par exemple, dont l'entreprise s'occupe de
son mandat. Entre autres, le plan de développement, les objectifs, ainsi
de suite. Comment est-ce qu'on se propose de s'acquitter de ces objectifs? Et,
un'" fois l'année terminée, de quelle façon s'est-on
acquitté des objectifs? Des rapports, hein? C'est une façon pour
l'Assemblée nationale d'exercer son rôle de surveillance.
Dans le moment on ne peut pas, on ne peut absolument pas se fier sur les
lois constitutives. Il y a beaucoup de carences de ce
côté-là. Alors ce qu'on recommande, c'est qu'il y ait une
loi d'ordre général, une loi-cadre d'application
générale qui s'appliquerait à l'ensemble des
sociétés d'État - employons le mot "société
d'État" si vous voulez bien - évidemment, avec des règles
s'appliquant à l'ensemble. On pourrait catégoriser comme
ça se fait au fédéral: ça s'est fait à
Ottawa. Les sociétés d'État seraient
catégorisées. Donc, pour telle catégorie de
sociétés d'État, voici les exigences au point de vue de
lïmputabilité. Pour d'autres, ça seraient d'autres
exigences. Par exemple, on n'aurait pas les mêmes exigences pour Hydro,
ou encore pour la Caisse de dépôt que pour le Grand
Théâtre de Québec, parce qu'on parle maintenant d'une
institution de culture. On ne pourrait pas avoir les mêmes exigences.
C'est ça que j'entends, par les "catégoriser"; et ensuite
établir des exigences d'imputabilité pour chacune d'elles.
Ça ne veut pas dire quand même qu'il n'y aurait pas
nécessité pour des lois constitutives, pour des lois
particulières. Dans chacune des lois particulières, il y aurait
évidemment des exigences qui sont tout simplement uniques ou
particulières à chacune des entreprises. Mais là, moi, je
parle des grandes exigences d'imputabilité. C'est ce qu'on recommande.
Au fédéral, c'est en place depuis 1984, je crois, un tel
régime; et il y a une loi-cadre qui a été adoptée
au fédéral. Et c'est depuis cette date également que nous,
ici, nous recommandons justement l'adoption d'une loi-cadre.
M. Farrah: M. le Président, si vous permettez...
Le Président (M. Lemieux): Je vais vous laisser deux ou
trois minutes, parce que M. le député de Labelle, tout à
l'heure, a demandé le dépôt d'un document. J'aimerais
rendre la décision avant treize heures.
M. Farrah: Ce ne sera pas long. HydroQuébec, par exemple,
leur plan de développement est soumis à la commission
parlementaire de l'économie et du travail à chaque année,
et ça, à votre point de vue, ce n'est pas suffisant?
M. Chatelain: Non... Bien, c'est suffisant dans le cas d'Hydro,
oui, parce que justement, par coïncidence, dans la loi d'Hydro, il y a
cette exigence-là. Mais il y a peut-être d'autres exigences qui ne
sont pas dans la loi d'Hydro, d'accord. Ou encore cette exigence-là, que
l'on voit dans la loi d'Hydro, on ne la voit pas dans d'autres lois
constitutives. Alors, ce serait pour mettre de l'ordre, vous savez, avoir un
cadre, justement, d'imputabilité, pour l'ensemble des
sociétés d'État.
M. Farrah: Ça va, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député des Îles-de-la-Madeleine. Alors, M. le
député de Labelle, vous avez demandé qu'un document soit
déposé, qui concerne la comptabilisation des obligations
découlant des régimes de retraite des salariés dans les
états financiers du gouvernement. Alors effectivement, en vertu de
l'article 162 du règlement, le président a une entière
discrétion. Il y a une décision, aussi, du 12 octobre 1984, qui
dit que la présidence n'a pas à chercher à obtenir le
consentement de qui que se soit, eu égard au dépôt de
documents. Par contre, il y a certains critères jurisprudentiels qui
nous guident. Est-ce que le présent document est pertinent? Je dois
répondre par l'affirmative. Est-ce que le présent document fait
en sorte qu'il est d'une nature confidentielle au sens de la Loi sur
l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des
renseignements personnels? Je dois répondre que non: il a un
caractère public dans son ensemble, il n'est pas de nature
confidentielle. Et, eu égard à l'authenticité du document,
il a été déposé par le Vérificateur
général. Alors, eu égard à l'ensemble de ces
critères jurisprudentiels, j'autorise le dépôt de ce
document.
M. Léonard: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): II y aura lieu, M. le
secrétaire, de le faire distribuer à l'ensemble des
députés. M. le Vérificateur.
M. Chatelain: D'accord. M. le Président, non pas sur le
sujet que nous venez de soulever à l'instant, mais sur une question que
nous avions eue tantôt...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Chatelain:... du député de Labelle...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le
Vérificateur.
M. Chatelain:... concernant les états financiers et
l'opinion sur les états financiers du gouvernement de l'an dernier. Je
ne l'avais pas devant moi tantôt. J'ai obtenu une copie, juste ment, de
l'opinion que nous avions émise sur les états financiers du
gouvernement. Et je dois attirer l'attention de la commission, M. le
Président, sur le fait que nous avons précisément
attiré l'attention sur le fait qu'il y avait des dépenses
additionnelles qui apparaissaient à la face même des états
financiers et que ceci constituait une modification, si vous voulez,
ponctuelle, une modification ponctuelle dans les conventions comptables. Nous
l'avons fait ressortir clairement dans notre opinion sur les états
financiers.
Le Président (M. Lemieux): Une modification positive.
M. Chatelain: On ne s'est pas prononcés sur la valeur de
la modification, non, non. On s'est prononcés sur le fait...
Le Président (M. Lemieux): Ça va
M. Chatelain:... qu'il y avait une discontinuité d'une
année à l'autre dans les conventions comptables. Je remercie M.
le député.
M. Léonard: Alors, l'an prochain, s'il y a encore
discontinuité, il peut y avoir un effet très significatif sur le
bas des états financiers.
M. Chatelain: Absolument, M. le Président, et ça,
je pense que même on y a déjà fait allusion dans notre
rapport de cette année, dans le rapport à l'Assemblée
nationale, parce qu'on a dit...
M. Léonard: Dans le rapport de l'Assemblée
nationale, vous y avez fait allusion, et l'effet net a été
introduit dans les annexes.
M. Chatelain: Oui.
M. Léonard: II a été indiqué au bas
des états et introduit dans les annexes. Mon point c'était: comme
il y a des dépenses payées d'avance qui sont incluses dans les
états, est-ce que le Vérificateur général ne doit
pas mentionner ça, parce que ce n'est pas sur la même base que les
autres dépenses?
M. Chatelain: D'accord, d'accord, et puis...
M. Léonard: Étant donné que... cette
année.
M. Chatelain: le député avait absolument raison. On
l'a signalé, appelons ça pour le moment la discontinuité
dans les conventions comptables
M. Léonard: C'est parce que, en acceptant que c'est
conforme, vous êtes finalement amenés à dire que dans une
année où il n'y aurait pas de dépenses payées
d'avance... que là ça aussi ça a un effet majeur sur les
états financiers. Parce que même cette année, s'il y avait
seulement 11 000 000 $ de différence, l'an prochain s'il n'y en a pas,
la différence va être de 738 000 000 $.
M. Chatelain: Ça va être à l'inverse, l'an
prochain, ça va être à l'inverse.
M. Léonard: Je trouve qu'on s'est engagés dans un
cul-de-sac pour l'avenir, là-dessus.
Le Président (M. Lemieux): Alors je vous remercie, M le
député de Labelle. Alors, nous allons ajourner nos travaux...
Nous allons, pardon, suspendre nos travaux jusqu'à 15 heures cet
après-midi.
(Suspension de la séance à 12 h 59)
(Reprise à 15 h 13)
Le Président (M. Lemieux): La commission du budget et de
l'administration reprend ses travaux afin d'entendre le Vérificateur
général dans le cadre de l'examen de son rapport annuel pour
l'année financière se terminant le 31 mars 1989. La parole est
à M. le député de Labelle.
M. Léonard: M. le Président, je voudrais juste
poursuivre un peu sur le sujet sur lequel nous nous étions
laissés quelque vingt minutes avant que la séance ne se termine,
avant midi Vous avez dit que vous aviez discuté avec l'institut des C.
A. afin de ne pas qualifier le rapport l'an passé parce que,
effectivement, la différence était plutôt non significative
l'an dernier compte tenu du montant, mais que vous aviez qualifié votre
rapport aux comptes publics l'année antérieure. L'institut des C.
A. ne vous a pas réprimandé, c'est très bien.
J'apprécie votre compétence et je pense qu'on n'en est pas
à ce niveau-là, présentement. C'est juste qu'à un
moment donné, pour la lecture des états financiers de la part du
public, je pense qu'il doit y avoir des "provisions" importantes qui doivent
être mises au rapport
Maintenant, le problème qui se pose n'est pas terminé;
c'est ça, la question. C'est que, cette année, les montants en
cause étaient de 11 000 000 $, mais c'était un plus de 700 000
000 $ et un moins de 700 000 000 $, à peu près de cet ordre de
grandeur. L'an pro-
chain, si vous n'avez pas de dépenses payées d'avance et
que vous voulez comparer les niveaux de déficit, comment allez-vous
traiter la question? Parce qu'il ne s'agit pas d'un changement de
méthode, c'est juste qu'il n'y a pas de montant en cause. Sauf que le
fait que la méthode ait été changée l'année
antérieure, il y a deux ans, va avoir un impact majeur sur la
comparabilité des états.
M. Chatelain: Oui, M. le Président, évidemment, il
y aurait absolument un impact majeur sur la comparabilité des
états financiers si le gouvernement discontinue la pratique d'avoir des
dépenses additionnelles ou d'anticiper, si vous voulez, des
dépenses à peu près au même montant qu'il l'a fait
au cours des deux dernières années. Bien sûr, à ce
moment-là, ça va avoir un impact. En d'autres mots, ça
voudrait dire qu'on rechange la convention comptable.
M. Léonard: C'est ça que ça veut dire?
M. Chatelain: Oui. Alors, ça aurait un effet sur la
comparabilité. Mais, à ce moment-là, il va falloir
regarder quel est le montant de l'effet, parce que ça va
dépendre: si les dépenses l'avaient été seulement
sur cette année-là, l'année prochaine dont on parle...
M. Léonard: C'est ça.
M. Chatelain: ...si tout l'impact était dans une
année, c'est évident que l'impact va être quand même
considérable. À ce moment-là, il va falloir faire quelque
chose en tant que Vérificateur, c'est sûr.
M. Léonard: oui, mais il me semble qu'on discute presque
de deux choses. est-ce que c'est vraiment une convention ou si ce n'est pas un
des fondements de la comptabilité que les dépenses soient
attribuées à l'année à laquelle elles
appartiennent? ce n'est même plus une convention comptable, mais c'est
presque au niveau des fondements généraux que, finalement, on
essaie de déterminer des résultats exactement dans une
année et non pas de jouer d'une année sur l'autre pour avoir des
résultats qui sont, disons, plus semblables d'une année sur
l'autre. moi, je me pose la question: est-ce que c'est vraiment une
modification comptable? parce que du fait qu'on ne pose pas le geste dans une
année, on n'a pas modifié nécessairement la convention,
mais on a un résultat complètement différent; 50 % de
différence sur la "bottom line", je trouve ça très
important et vous allez en convenir avec moi. on l'a admis cet avant-midi.
M. Chatelain: Non, mais le fait demeure que c'est...
M. Léonard: Alors ma question, si vous voulez: Est-ce que,
à ce moment-là, vous n'allez pas être amené à
qualifier votre rapport de Vérificateur même s'il n'y a pas de
geste de posé? Là, vous êtes, il me semble, dans un dilemme
assez pénible.
M. Chatelain: Pas tellement. Écoutez, d'abord, pour
commencer dans...
M. Léonard: Vous allez être obligé de
recourir à l'institut des C.A., encore une fois.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chatelain: Oui, d'accord. Il y a deux choses à
regarder. Il va y avoir deux choses à regarder. La convention comptable,
elle, demeure une convention comptable et c'est prévu dans les lois,
ici. Je ne dis pas que ce sont des bonnes conventions comptables, c'est une
autre chose. C'est prévu dans la législation, ici, que les
conventions comptables sont approuvées par le Conseil du trésor;
et celle-là, précisément, elle a été
également approuvée par le Conseil du trésor. Alors, nous,
on peut se questionner sur la valeur de la convention comptable comme telle,
quant à son impact sur la bonne présentation de l'information
financière. C'est là qu'on intervient, hein?
Alors, pour commencer, évidemment, on regarde si la convention
comptable a été approuvée. Elle a été
approuvée. Est-ce qu'elle est dévoilée? Oui. Correct,
ça va. Maintenant, l'effet qu'elle a sur la présentation de
l'information financière, là, on peut mettre notre mot. C'est
bien sûr, hein? Alors, c'est ce qu'on a fait, d'ailleurs, l'an
passé. Quand je parle de l'an passé, il faut parler de
l'année 1988, d'accord?
M. Léonard: Oui
M. Chatelain: En 1988, on a signalé justement, le manque
d'uniformité des conventions comptables - ça, c'en est un manque
d'uniformité - d'une année à l'autre ou le manque de
continuité d'une année à l'autre. On a soulevé
ça. Pour l'année en cours, il n'y a pas eu de modification de la
convention comptable; c'était la même, O.K.? On a eu encore des
dépenses additionnelles ou des dépenses anticipées.
C'était la même et l'impact comme tel sur la comparabilité
était minime cette fois-ci: il était seulement de 11 000 000
$.
L'an prochain, si la pratique est discontinuée, il va y avoir
deux choses. Il va y avoir encore un manque de continuité. D'abord, pour
commencer, la modification à la convention comptable; il va falloir
qu'elle soit changée à nouveau, premièrement.
Deuxièmement, il y aurait le manque de continuité, bien
sûr, et, à ce moment-là, nous, on va se prononcer sur
l'effet
du manque de continuité ou appelons ça comme on le voudra,
sur l'effet de ce geste-là...
M. Léonard: Sur la comparabilité.
M. Chatelain:... sur la comparabilité. Alors, là,
il va falloir regarder le montant de l'accroc à la comparabilité.
Il va falloir se prononcer là-dessus à ce moment-là.
M. Léonard: En tout cas, je ne suis pas sûr que
c'est une simple convention. Il me semble que ça touche aux
équilibres mêmes entre les états financiers qui sont un des
aspects, parce que, finalement, il. l'y aurait plus de
comptabilité...
M. Chatelain: Oui, mais c'est une convention comptable,
évidemment, qui porte atteinte à un principe.
M. Léonard: Bien, c'est ça.
M. Chatelain: Le principe de la continuité. Ça,
c'est une autre chose, bien sûr. Ça porte atteinte à ce
principe-là et, d'ailleurs, c'est pour ça qu'on parle de
comparabilité, c'est pour ça, d'ailleurs, aussi, qu'on l'a
souligné. Il y a quelque chose qui est arrivé en 1988, d'une
façon ponctuelle à cette année-là. On a
modifié et on a discontinué une certaine pratique comptable.
M. Léonard: O. K. L'autre élément, c'est que
- je déborde un peu là, j'arriverai à autre chose par la
suite - finalement, vous faites un rapport de vérification sur les
états financiers, états financiers qui arrivent un an, presque
deux ans aprèslte discours sur le budget, en quelque sorte.
M. Chatelain: Ah! O. K. D'accord.
M. Léonard: Pas tout à fait, là. Un an et
trois quarts à peu près, un an et demi, si on ne chicane pas
trop. C'est ça?
M. Chatelain: Oui.
M. Léonard: II me semble que, jusqu'à un certain
point, ça a perdu un peu de son intérêt, pas
nécessairement d'un point de vue financier, mais d'un point de vue
politique avec un grand P, pour l'ensemble de la population. Est-ce que, lors
d'un discours sur le budget, le Vérificateur ne peut pas, lui,
être associé, jusqu'à un certain point, pour qu'il y ait un
minimum de règles fondamentales qui soient respectées dans la
présentation d'un discours sur le budget?
M. Chatelain: Ce n'est pas encore dans le mandat du
Vérificateur général comme tel, cet aspect-là.
Est-ce que ce serait justifié? C'est une autre chose D'accord? Dans le
moment, le mandat du Vérificateur général prévoit,
entre autres - dans la loi, il faut s'entendre - que le Vérificateur
général peut faire des commentaires ou des recommandations, si
vous voulez, dans son rapport annuel, sur le contenu et la forme des documents
d'information financière qui sont déposés à
l'Assemblée nationale ou en commission pour fins de surveillance,
justement, de l'utilisation des fonds publics.
M. Léonard: C'est un mandat large, en somme.
M. Chatelain: C'est un mandat large, oui. dans ce sens-là.
Alors, éventuellement, si on interprétait ce mandat-là ou
cet article de la loi de façon encore très vaste, ça
pourrait aller jusqu'à se prononcer, éventuellement, sur le genre
d'information que le ministre des Finances présente, par exemple, dans
son discours sur le budget, mais sans jamais, évidemment, toucher a
l'aspect politique, c'est bien sûr.
M. Léonard: Non, absolument pas. M. Chatelain:
Jamais, absolument pas.
M. Léonard: C'est juste, je pense, que l'aspect
comparabilité...
M. Chatelain: D'une part.
M. Léonard:... est important..
M. Chatelain: D'accord.
M. Léonard:... à cette étape du
discours.
M. Chatelain: d'accord. ça pourrait aller
jusque-là, éventuellement. mais ce mandat-là, je le vois
plutôt dans ce sens ci. par exemple, prenons le livre des crédits
qui est déposé...
M. Léonard: C'est ça
M. Chatelain:... à l'Assemblée nationale.
M. Léonard: Oui.
M. Chatelain: Est-ce que ce livre des crédits est
réellement utile aux députés pour qu'ils puissent exercer
leur rôle de surveillance? Quand ils étudient les crédits
d'un ministère, est-ce que ce document leur donne suffisamment
d'information pour pouvoir évaluer le geste qu'ils posent quand ils
votent des crédits, pour pouvoir évaluer, subséquemment,
la performance du ministère quand les comptes publics sont produits
à la fin de l'année? Alors, c'est la façon dont je vois ce
mandat, dans le sens qu'on pourrait faire des propositions.
M. Léonard: Je peux vous répondre, M. le
Vérificateur...
M. Chatelain: Oui, oui, d'accord.
M. Léonard: par expérience là dessus.
M. Chatelain: Oui.
M. Léonard: Vraiment pas. Parce que, si vous êtes
dans l'entreprise privée, même dans l'entreprise parapublique,
vous savez, quand vous prenez des décisions budgétaires, il y a
beaucoup plus d'informations que ce que les députés ont ici. Je
ne le dis pas parce que c'est récent comme pratique, parce que ça
a toujours été comme ça. Ce n'est pas du tout
présenté sous la forme décisionnelle qu'on pourrait avoir
et avec des renseignements suffisants pour que les députés
sachent, de façon raisonnable, ce sur quoi ils se penchent.
M. Chatelain: D'accord. Alors, c'est la façon, dans le
moment, M. le Président, dont on interprète cette partie de notre
mandat: c'est de regarder la forme et le contenu de ces documents qui sont
déposés à l'Assemblée nationale pour essayer
d'analyser leur utilité pour les députés. Peut-être
qu'éventuellement on pourrait se rendre jusqu'à extensionner
notre mandat pour dire: Bien oui, l'information qui est là, est-ce
qu'elle est présentée d'une façon uniforme, correcte,
d'une année à l'autre, vous savez, pour qu'elle ne soit pas
tendancieuse, employons un mot comme ça?
M. Léonard: O. K.
M. Chatelain: D'accord?
M. Léonard: C'est ça.
M. Chatelain: Mais, dans le moment, on va commencer à la
base et regarder l'utilité de ces documents pour les
députés.
Maintenant, M. le député a touché à un autre
aspect, les 18 mois de décalage...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Chatelain: II y a deux choses. Dans notre rapport annuel,
ça fait quelques années qu'on revient là dessus. On
souligne que, bien que ce soit conforme à la loi, la date du
dépôt des comptes publics à l'Assemblée nationale
est très tardive, c'est en décembre, simplement avant
l'ajournement de Noël. C'est pas mal tard. Écoutez, l'année
financière est terminée depuis le mois de mars.
M. Léonard: On ne fait pas ce qu'on demande aux
entreprises de faire...
M. Chatelain: Voilà!
M. Léonard:... en d'autres termes.
M. Chatelain: Alors, bien que la loi le permette, nous, on
recommande, on suggère que les comptes publics soient
déposés plus tôt pour qu'ils aient encore une certaine
utilité. D'ailleurs, dans d'autres gouvernements, les comptes publics,
maintenant, sont déposés plus tôt, pour des fins
d'utilité. il y a une autre recommandation qu'on fait également
dans notre rapport; vous allez la voir au paragraphe 2. 10, à la page
?a, tout à fait au bas de la page. je pense que ça rejoint peut
être une des préoccupations du député. on dit bien:
"l'état des revenus et dépenses... " attendez. le gouvernement
n'applique pas intégralement encore toutes les recommandations du
comité de l'institut canadien des c. a. dans la présentation des
états financiers. entre autres, l'état des revenus et
dépenses présente une comparaison, dans le moment, des
états réels d'une année financière à
l'autre, "mais ne fait aucune comparaison avec les résultats
prévus apparaissant au livre des crédits et au discours sur le
budget. " alors, s'il y avait cette comparaison, ça serait
peut-être encore plus utile pour les députés, dans le
sens...
M. Léonard: Oui.
M. Chatelain:... de la question que le député a
posée tantôt. Alors, c'en est une recommandation, ça aussi,
de l'Institut canadien des C. A.
M. Léonard: Alors, je vous remercie d'attirer notre
attention sur ce point. Effectivement, c'est très important, parce que,
même si on n'a pas de renseignements en cours d'année, au moins
d'une année à l'autre, on pourra comparer.
M. Chatelain: Voilà.
M. Léonard: Très bien. Il me reste combien de
temps, M. le Président?
Le Président (M. Lemieux): Dix minutes, M. le
député de Labelle.
Manque de collaboration de la CSST
M. Léonard: Dix minutes, bon! Je voudrais aborder une
autre question sur un plan plus précis ou plus spécifique.
À la page 85 de votre rapport, vous nous parlez de la CSST. J'ai lu
cette partie de votre rapport avec particulièrement
d'intérêt parce que les commentaires de la CSST m'ont fait
sursauter, pour ne pas dire plus. Vous soulignez un certain nombre de
problèmes qu'il y a là-dedans et puis vous faites des
recommandations sur différentes questions. Mais ce sur quoi je veux
attirer l'attention de la commission aussi, c'est sur le style de
réponses
que nous avons de la csst. je ne sais pas si vous avez souvent de telles
réponses de la part d'organismes du gouvernement. ça me surprend
beaucoup; ce n'est pas une chose que l'on verrait ailleurs, je peux vous le
dire. ça ne se voit pas parce que, s'il y a une chose que l'entreprise
privée respecte, c'est bien le vérificateur de l'entreprise, le
vérificateur externe - le vérificateur interne aussi, mais
particulièrement, externe - nommé par l'assemblée des
actionnaires. on peut en prendre au hasard, de ces réactions-là.
en d'autres termes, il y a des décisions qui sont prises par le conseil
d'administration, de son propre chef, à rencontre des directives du
conseil du trésor et, quand vous les rappelez à l'ordre...
Le Président (M. Lemieux): est-ce que vous faites
référence au rapport, m. le député?
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Lemieux): A quel endroit, s'il vous
plaît?
Une voix: Page 85.
M. Léonard: page 85 et suivantes. j'ai cherché des
remarques ou des commentaires de la commission et j'aimerais entendre le
Vérificateur général là-dessus.
Le Président (M. Lemieux): M. le Vérificateur
général.
M. Léonard: Vous avez sûrement eu des
difficultés de communication avec eux.
M. Chatelain: M. le Président, je dois dire que...
M. Léonard: Les réponses sont
cavalières.
M. Chatelain: d'accord. je dois dire qu'elles sont
peut-être cavalières, mais, au moins, au cours de la
dernière année, on a eu des réponses. l'année
précédente, on n'avait même pas eu de réponses; on
l'avait souligné, d'ailleurs, m. le président, vous vous en
souviendrez.
Le Président (M. Lemieux): Je m'en souviens.
M. Chatelain: On l'avait souligné. Lorsqu'on avait fait
une vérification intégrée à la CSST, à la
demande du gouvernement d'ailleurs, une demande qu'on avait eue par
décret, on n'avait pas eu de réaction. On n'avait pas pu valider
nos constatations auprès de la direction de la CSST qui avait
refusé, tout simplement, d'émettre des commentaires sur nos
constatations. Au moins, au cours de la dernière année, la CSST a
été plus positive dans ses relations avec nous, dans le sens
qu'elle a produit des réactions. On a note une grande
amélioration du point de vue de la coopération entre la CSST et
nous-mêmes, au cours de la dernière année. C'est vrai,
j'admets qu'il y a certains commentaires qui sont peut-être encore,
disons, entre guillemets, cavaliers C'est vrai, mais on ne lâche pas; on
va retourner avec d'autres recommandations.
M. Léonard: II reste quand même qu'on va discuter
d'imputabilité...
M. Chatelain: Oui.
M. Léonard:... dans ce cas-là
M. Chatelain: Oui
M. Léonard: finalement, on va revenir à ça.
vous avez là un organisme d'état qui doit se plier à la
vérification effectuée par le vérificateur
général, qui collabore très difficilement. si tel est le
cas, qu'il ne collabore pas ou qu'il collabore très pou ou - je dirais,
moi - de façon cavalière, quels sont vos recours, à vous?
est-ce que vous pouvez vous adresser directement au ministre, qui est
l'autorité politique du ministère, pour que les choses se
fassent?
M. Chatelain: Bien sûr. M. le Président,
évidemment, ce n'est pas prévu dans notre loi comme telle, mais
je pense qu'il n'y a rien qui nous empêche de nous référer
au ministre, au président, peu importe, de suivre toute l'échelle
hiérarchique jusqu'à l'Assemblée nationale. On peut
rapporter des situations qui sont pénibles, oui, et on le fait
d'ailleurs. Dans notre loi, il est déjà prévu qu'on peut
attirer l'attention des instances gouvernementales, des organismes de
contrôle du gouvernement, par exemple, sur certaines situations que l'on
découvrirait dans des organismes, des ministères et ainsi de
suite, et sur lesquelles, par exemple, il n'y aurait pas d'action qui serait
prise. On peut attirer l'attention du Conseil du trésor, entre
autres.
Maintenant, l'Assemblée nationale, c'est une autre chose.
Évidemment, quand on rencontre des situations comme celle-là, on
en fait part, dans notre rapport annuel à l'Assemblée nationale,
comme on l'a fait l'an passé sur la situation que nous avions
rencontrée, à ce moment-là, à la CSST. Ça a
été dit noir sur blanc, c'était clair, c'était dans
le chapitre 1 et ailleurs dans le rapport également; on avait
attiré l'attention là dessus clairement. Ensuite, en commission
parle mentaire, on a également attiré l'attention
là-dessus. (15 h 30)
II y a une autre disposition, dans la Loi sur le Vérificateur
général, qui fait en sorte que le Vérificateur
général peut toujours émettre un rapport spécial
à l'Assemblée nationale en tout
temps, sur une situation d'une importance ou d'une urgence telle qu'elle
ne pourrait pas attendre la parution du rapport annuel ou la publication du
rapport annuel du Vérificateur général.
Comme coïncidence au point de vue du "timing", lorsque nous avons
fait face à cette situation-là l'an passé, on en
était à préparer notre rapport annuel à
l'Assemblée nationale. Donc, on l'a mis dans le même rapport
annuel; c'est-à-dire cette situation-là. Mais on pourrait
toujours, à la rigueur, émettre un rapport spécial
à l'Assemblée nationale, mais ça prendrait une situation
tout à fait extraordinaire pour que nous fassions ça
Cependant, vous avez mentionné l'irnputabi-lité. Moi, je
veux bien, ça fait longtemps que le Vérificateur
général le recommande et on en a parlé ici ce matin. Je
pense qu'on noterait un changement d'attitude marqué de la part des
gestionnaires et là, je ne veux pas leur imputer une mauvaise
volonté, il faut s'entendre. On noterait tout de suite un changement
d'attitude de la part des hauts fonctionnaires, des gestionnaires, des
dirigeants d'organismes quant au suivi qui serait exercé sur les
recommandations du Vérificateur général. Les
recommandations du Vérificateur général auraient beaucoup
plus de poids si ces hauts fonctionnaires avaient à venir
répondre de leur gestion et sur les constatations du Vérificateur
général en commission parlementaire. La commission parlementaire
pourrait exercer ses propres suivis à ce moment-là - ça se
fait ailleurs - et demander des rapports à ces gestionnaires-là
justement sur l'implantation des recommandations du Vérificateur
général. je pourrais poursuivre, mais juste une petite
parenthèse. à ottawa, entre autres, les hauts fonctionnaires
comparaissent devant le comité des comptes publics depuis 1962, au
moins. le comité des comptes publics, une fois que la direction d'un
organisme a comparu, lui demande un échéance quant à
l'implantation des recommandations non seulement ça, il lui demande de
revenir devant la commission lui faire rapport sur l'implantation quelques mois
plus tard. alors, je vous dis que les recommandations du vérificateur
général, à ce moment-là, ont beaucoup plus
d'impact.
M. Léonard: Je comprends que le débat dévie
un peu là-dessus, mais, quand même, il me semble qu'il y a encore
une autorité politique au-dessus de la CSST. Quand la CSST dit, bon,
qu'ils n'appliquent pas la politique de stationnement du Conseil du
trésor parce qu'ils ont une politique qui leur est propre, qu'ils
passent outre à une directive du Conseil du trésor, il me semble
que le ministre, lui, doit rectifier vis-à-vis de la direction de
l'organisme; en tout cas, de ceux qui exécutent.
L'autre question aussi, c'est que, sur la gestion des fonds à
court terme, on dit: Bien, la
Caisse de dépôt et placement du Québec ne
gère pas de fonds à court terme. Si c'est la raison, le
ministère des Finances gère des fonds à court terme. Donc,
ils pourraient obtenir des rendements très intéressants
là-dessus. Et, à mon sens, c'est une incartade inacceptable de la
part d'un organisme du gouvernement, qui ne respecte pas les directives. Dans
ce cas, c'est la responsabilité du ministre d'intervenir et de dire:
Vous allez faire telle chose.
Donc, la discussion sur l'imputabilité, ça porte sur la
façon dont les comptes sont rendus devant la commission ici ou devant le
Vérificateur général. Mais, moi, j'en ai ici sur le fond
des choses, le fond de l'attitude de la CSST. Il me semble, qu'on soit dans un
régime d'im-putabilité des fonctionnaires ou non, que cette
question-là doit se régler. Je ne sais pas si vous voulez
intervenir davantage là-dessus; mais il y a des millions, là. On
parle de 600 000 000 $ de déposés. Ils en dépensent
à peu près 120 000 000 $ par mois ou quelque chose comme
ça. Bref, ce sont des sommes importantes quand il y a des taux
d'intérêt de 12 %; il me semble qu'il y a plusieurs millions
là. Alors, je ne sais pas. Quand vous me dites que ça a
changé cette année, bon, peut-être...
M. Chatelain: Non, non, il faut s'entendre. Quand je dis que
ça a changé cette année, je parle de la nature des
relations avec la direction.
M. Léonard: Je trouve que, là, ça
dépasse même l'imputabilité des fonctionnaires. Le ministre
titulaire doit intervenir, à mon sens.
M. Chatelain: Mais il y a une chose. Ce qui fait l'objet du
rapport du Vérificateur général, ce sont des gestes
administratifs, non pas des gestes politiques, il faut s'entendre.
M. Léonard: Oui, oui.
M. Chatelain: Et puis la responsabilité administrative,
elle se situe beaucoup plus au niveau de la direction qu'au niveau du ministre.
La responsabilité politique, d'accord, est au niveau du ministre, c'est
bien sûr.
M. Léonard: ça dépend des distinctions qu'on
fait entre politique... un ministre, c'est administratif aussi: il est membre
du conseil exécutif.
M. Chatelain: Oui, d'accord. Mais nous, évidemment, comme
je vous le dis, notre rôle s'exerce auprès de la direction et non
pas au niveau politique, par exemple auprès du ministre. Cela
n'empêche pas que, chaque fois qu'on termine une vérification, on
prépare un rapport à la gestion. On l'appelle des fois "lettre
à la gestion" ou "rapport à la gestion". Dans le cas des
ministères, on envoie une copie au ministre.
Dans le cas des organismes et des entreprises qui ont des conseils
d'administration, à cause, justement, du rôle du conseil
d'administration ou du président et ainsi de suite, à cause de
leur autonomie additionnelle - mais je parle bien du point de vue administratif
- on émet notre rapport seulement au conseil d'administration, au
président et aussi au P. -D. G. Cependant, on ne l'émet pas au
ministre, mais on avise le ministre qu'un rapport a été
émis. À ce moment-là, c'est au ministre de l'obtenir et je
sais que, dans la grande majorité des cas, il obtient le rapport. Alors,
le ministre est informé à ce moment-là. Ça ne veut
pas dire, d'autre part, que, dans des situations très sérieuses,
on n'irait pas au ministre. D'ailleurs, à l'occasion, nous sommes
allés au niveau ministériel pour faire part au ministre de
situations très pénibles. Nous sommes allés au niveau du
ministre pour voir si le ministre ne pourrait pas intervenir et faire quelque
chose. C'est arrivé dans certaines circonstances.
M. Léonard: Là, on va vous reposer la question du
seuil de l'importance relative.
M. Chatelain: Ah non! Ha, ha, ha! Il n'y a pas de seuil de
l'importance relative dans ces cas-là. Non, non. Voilà, c'est une
question de jugement, à ce moment-là, tout simplement. C'est
ça. On reconnaît le rôle du conseil d'administration et le
rôle du président ou de la direction, qui jouissent d'une
autonomie de gestion. Mais là, vous allez dire que je reviens toujours
sur la même rengaine. C'est qu'à ce moment-là il s'agit de
gestes administratifs. Il devrait y avoir une suite. Je suis d'accord avec
vous. Je suis d'accord avec l'objectif que vous poursuivez. Il devrait y avoir
un suivi, mais un suivi, pour que ça porte, c'est ici que ça
devrait se faire, entre autres. Ça so fait dans le rapport du
Vérificateur général, ça se fait dans les rapports
de gestion et ainsi de suite. Mais il y aurait des suites si c'était
fait publiquement. Et je n'invente pas quelque chose quand je dis ça,
vous le savez. Ça se fait ailleurs, et ça se fait ailleurs d'une
façon très constructive.
M. Léonard: La grande entreprise publique à la
Bourse doit donner beaucoup de renseignements au public.
M. Chatelain: Voilà! À la minute où il y a
un événement, un élément significatif qui se passe
dans les opérations courantes, elle doit le divulguer dans le
public.
M. Léonard: Oui. Je trouve que nos sociétés
d'État ont parfois des actifs, un volume considérable et puis,
ça a une importance capitale. Je ne pense pas juste à Hydro
Québec, mais les filliales de SGF disposent de capitaux importants.
Quand il y a des éléments significatifs, s'ils étaient
listés à la Bourse, il est clair que, le lendemain matin,
ça devrait être connu, parce que c'est une obligation de la
Commission des valeurs mobilières et les règlements de la Bourse
interviennent. Oui, je comprends votre point. On n'en est pas encore rendus
là, si je comprends bien, mais je pense que c'est dans cette direction
qu'il faut aller. Il faut que les renseignements soient publics...
M. Chatelain: Voilà!
M. Léonard:... à moins qu'il y ait des
problèmes de concurrence qui interviennent au niveau des plans
stratégiques des entreprises.
M. Chatelain: Oui.
M. Léonard: ça, je comprends qu'à un moment
donné il faut avoir quand même une prudence dans la lutte
concurrentielle. on ne peut pas tout sortir comme ça.
M. Chatelain: Ces préoccupations, M. le Président,
rejoignent également les recommandations que nous faisions concernant
une loi-cadre, parce que...
M. Léonard: Oui, oui.
M. Chatelain: ... ce genre de renseignements qui devraient
être rendus publics et surtout portés à l'attention de
l'assemblée nationale, ce serait prévu.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que ça va, M. le
député de Labelle?
M. Léonard: Ça va.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé depuis
cinq minutes. Ce n'est pas bien grave. Ce n'est pas grave M. le
Vérificateur général, je comprends bien les
préoccupations de M. le député de Labelle. Je pourrais les
résumer succinctement en disant qu'il serait important qu'au niveau
d'une commission il y ait un suivi des recommandations ou des rapports du
Vérificateur général. C'est d'autant plus
inquiétant à la CSST que le conseil d'administration est
paritaire. Or, on devrait se dire que l'ouverture d'esprit aurait dû
être un petit peu plus grande, mais il ne semble pas que ce soit le
cas.
M. Léonard: Vous êtes en train de dire que vous
êtes presque d'accord avec la petite motion qu'on a faite ce matin,
quitte à la libeller autrement?
Montants dus par la CARRA à
d'ex-cotisants
Le Président (M. Lemieux): Ce n'est pas ça,
non. Je réfléchis Prenez ça comme étant un
obiter dictum en droit, monsieur, une opinion, tout simplement. Il y a un cas
d'espèce, et je pense aux contribuables de mon comté. Ça
peut être des contribuables du député de Labelle ou du
député de Prévost ou du député de Nelligan,
ou de tous ceux qui sont autour de cette table. C'est le cas qui s'est
passé à la CARRA - on trouve ça un peu à la page
131 de votre rapport - où vous faisiez état que la CARRA aurait
entre les mains 400 000 000 $ qui représentaient un dû envers 84
000 ex-cotisants. De ce nombre, 1550 pourraient être rentiers - capital
et intérêt - et 83 250 autres pourraient disposer de leur
cotisation selon des modalités variées: remboursement, rente
différée. Je fais référence au paragraphe 7. 62,
page 131, de votre rapport de 1989.
Vous êtes en train de me dire qu'il est possible que j'aie dans
mon comté des gens qui ont droit à une rente et qui ont droit
à récupérer leur dû. Ça peut être une
veuve et, à la limite, je pense - on me corrigera - ça pourrait
être même les enfants d'un ex-cotisant qui, à ce moment-ci,
ignorent qu'ils ont droit à une rente ou à un remboursement.
Effectivement, avant de venir ici, je me suis informé à la CARRA,
j'ai fait les démarche au niveau des fonctionnaires de la CARRA. J'ai
été un peu surpris, pour ne pas dire un peu scandalisé, de
voir que ça a pris trois ans de négociations avec la CARRA, la
RAMO, et la CAI, qui est la Commission d'accès à l'information,
pour en arriver à un protocole d'entente au niveau de l'échange
comme tel de renseignements. On me disait ici que, en accord avec la RAMQ, dans
un avenir rapproché, on sera capable de retracer les ex-cotisants et de
leur rappeler qu'ils ont droit à une certaine somme d'argent. Trois ans,
je trouve ça pas mal, pas mal fort.
Je ne sais pas si vous étiez au courant de cette chose-là.
Il semble que, dans votre rapport, Vous ne faites pas état actuellement
que la CARRA prévoit corriger ces lacunes là. Je relève
les paragraphes 7. 59 à 7 62. Est ce qu'effectivement on vous avait
informé des politiques de la CARRA et que celle-ci s'appliquait
actuellement, était dans des démarches pour voir à
corriger ces choses-là? Est-ce que vous en faites état dans votre
rapport? Je ne l'ai pas vu dans votre rapport. Il y a peut-être le point
7. 65, mais est-ce que ça s'appliquait à la partie e aussi de
votre rapport, page 132?
M. Chatelain: À la partie e?
Le Président (M. Lemieux): Je vais vous poser une
question, M. le Vérificateur général.
M. Chatelain: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Si vous n'aviez pas fait
état de çà...
M. Chatelain: Oui, d'accord, on peut se poser la question: Est-ce
qu'il serait arrivé quelque chose?
Le Président (M. Lemieux): On va se poser la question
sincèrement.
M. Chatelain: Est-ce qu'il va arriver quelque chose?
Le Président (M. Lemieux): Parce que ça touche nos
contribuables, ça touche les gens de nos comtés. Puis, c'est un
droit acquis, à part ça. Je comprends mal l'attitude d'un
président d'organisme public qui a agi de cette
manière-là. Si vous n'aviez pas vu ça, qu'est-ce qui se
serait passé?
M. Chatelain: Je pense qu'il serait facile pour nous de
répondre, M. le Président. Ça fait plusieurs
années, vous voyez...
Le Président (M. Lemieux): Ça n'a pas d'allure,
ça.
M. Chatelain: Vous avez attiré l'attention, M. le
Président, sur un secteur bien précis, dans notre rapport, mais
ce n'est pas la seule chose. Ce n'est pas un reproche, au contraire, ce n'est
pas ça que je veux dire, il y en a beaucoup...
Le Président (M. Lemieux): Non, non, vous pouvez vous
étendre, M. le Vérificateur général.
M. Chatelain: II y en a beaucoup, il y a beaucoup de lacunes, de
défaillances administratives, peu importe, qu'on soulève depuis
plusieurs années. Si on fait un retour en arrière, si on
regardait le rapport, par exemple, d'il y a deux ans ou trois ans, vous verriez
presque autant de pages, et on n'avait pas fait une vérification
intégrée, il y a trois ans. On en voyait presque autant.
Là, on fait une vérification intégrée qui confirme
absolument ce qu'on a trouvé il y a trois ans; en gros, puis ce sont les
mêmes situations qu'on retrouve. On peut se poser des questions. J'ai vu
dernièrement une personne qui disait: Si je n'en avais pas parlé,
qu'est-ce qui serait arrive? Il est arrivé quelque chose, mais, si elle
n'en avait pas parlé, qu'est-ce qui serait arrivé? Vous posez la
même question.
Le Président (M. Lemieux): Je pose la même question,
parce que, quand je vois que ça a pris trois ans à
s'entendre...
M. Chatelain: Bien sûr.
Le Président (M. Lemieux):... je commence à douter
de la bonne foi et de la bonne volonté des gens.
M. Chatelain: D'accord. Alors, ce sont des
situations... Les cas que vous relevez ne sont peut-être pas tous
des cas très pénibles, dans le sens que les gens qui avaient
droit, supposons, à une rente tenaient à avoir la rente tout de
suite ou peut être voulaient avoir une rente différée, peu
importe. Mais quand même.
Le Président (M. Lemieux): Mais même les banques
à charte, M. le Vérificateur général, lorsqu'un
compte est inactif après deux ans, nous envoient une lettre et nous
informent de ces choses-là. Les caisses populaires le font aussi.
M. Chatelain: voilà.
Le Président (M. Lemieux): Je comprends mal qu'un
organisme d'État ne puisse pas opérer dans ce sens-là.
M. Chatelain: Voilà. Puis, je pense que l'organisme
d'État, ici, se retranchait peut-être derrière la loi, mais
c'était peut-être une interprétation assez restrictive de
la loi. Je pense bien que vous avez raison de le soulever, car ces
personnes-là ne sont pas toujours au courant des bénéfices
auxquels elles ont ou auraient droit, au moins, qu'elles puissent prendre une
décision on connaissance de cause Est ce que je pourrais demander, M. le
Président, à M. Bédard, vérificateur
général adjoint, de compléter?
Le Président (M. Lemieux): Oui, oui, M. le
vérificateur général adjoint. Oui, M. Bédard.
M. Bédard: Dans un premier temps, il y a une nouvelle loi
qui existe et qui dit que, à tous les trois ans, la CARRA doit faire
rapport à chacun des bénéficiaires ou aux ex-cotisants, ou
aux participants, de l'évolution de leur régime. Donc, dans ce
contexte, on devrait voir une amélioration. Au deuxième
commentaire que vous aviez avancé tantôt, à l'effet que
ça prend trois ans, je comprends très bien votre
préoccupation, mais il ne faudrait pas conclure pour autant que c'est la
CARRA qui est le seul responsable lors de cette négociation. On n'est
pas en mesure de commenter là-dessus.
Le Président (M. Lemieux): D'accord.
M. Bédard: Est-ce que c'est la RAMQ qui n'a pas
répondu aux attentes de la CARRA? Est-ce que c'est la CARRA? C'est
difficile pour nous de conclure. Il ne faut pas oublier que la loi stipule que
nul ne peut prétendre avoir un bénéfice, un avantage ou un
remboursement prévu par les régimes de retraite à moins
d'en faire la demande à la Commission. Donc, étant donné
que les gens qui ont participé n'avaient pas fait de demande, ça
revenait à eux d'initier cette demande. Toutefois, je pense que la
CARRA, dans le message qu'on lui transmettait, a compris qu'elle devait aviser
ou informer davantage. Je pense qu'elle s'est portée volontaire. (15 h
45)
Le Président (M. Lemieux): C'est étirer la loi
d'une drôle de façon. Est ce que vous avez l'intention qu'il y ait
un suivi là-dessus du Vérificateur général au
niveau de la CARRA?
M. Chatelain: Oui, M. le Président. Comme je vous l'ai
dit, vu qu'à tous les ans on fait rapport...
Le Président (M. Lemieux): Ça va revenir.
M. Chatelain: Retournez des années en arrière et
vous allez retrouver à peu près tout ça, excepté
que cette année on a fait une vérification intégrée
et on a mis tout ça dans le même rapport. Mais, à tous les
ans, on fait des suivis, peut-être pas sur l'ensemble, mais au moins sur
certains de ces points et, d'ici trois ans, on va avoir revu tous ces
points-là.
Loi-cadre sur les organismes et les entreprises du
gouvernement
Le Président (M. Lemieux): D'accord. Sur un autre aspect
pourquoi, M. eu Vérificateur général, tenez-vous tant
à ce que le gouvernement adopte une loi-cadre sur les organismes et les
entreprises du gouvernement? Pouvez-vous nous dire pourquoi? Qu'est-ce que vous
avez derrière la tête, M. le Vérificateur?
M. Chatelain: D'accord. On voudrait voir en place un
régime d'imputabilité, entre guillemets.
Le Président (M. Lemieux): Ça peut
représenter quel montant, quelle somme d'argent?
M. Chatelain: Ah! Il n'y a pas de somme d'argent
d'impliquée là-dedans comme telle.
Le Président (M. Lemieux): Non.
M. Chatelain: Non. C'est tout simplement pour mettre de l'ordre,
si vous voulez, dans la façon de faire rapport, la façon de
s'acquitter d'une obligation redditionnelle, la façon de transmettre de
l'information, si vous voulez, à l'Assemblée nationale; au
gouvernement aussi et à l'Assemblée nationale. Qu'est-ce qu'on
veut dire par ça? Écoutez, ce sont des organismes du gouvernement
qui doivent être responsables au gouvernement en premier lieu et
également à l'Assemblée nationale qui vote les lois.
Le Président (M. Lemieux): Mais ça n'impliquera
pas, subsidiairement ou indirectement, un contrôle sur certaines sommes
d'argent?
M. Chatelain: II y aurait certains contrôles.
Le Président (M. Lemieux): II me semble.
M. Chatelain: ...bien sûr, bien oui, sur des secteurs bien
spécifiques. Vous en avez, des contrôles. L'Assemblée
nationale et le gouvernement ont quand même certains contrôles avec
les lois actuelles, certains contrôles. Mais ce que je soulevais ce
matin, c'est qu'il n'y a pas uniformité ou il n'y a pas un régime
constant bien équilibré, si vous voulez, concernant ces
contrôles-là. Alors, ce qu'on rechercherait, c'est que certaines
mesures de surveillance, si vous voulez, ou de transmission d'informations, au
gouvernement d'abord et à l'Assemblée nationale ensuite, soient
en place et que ça se fasse d'une façon presque automatique ou
systématique, je devrais dire, à tous les ans. Par exemple, que
les entreprises et les organismes du gouvernement fassent rapport à
l'Assemblée nationale, lui communiquent, par exemple, leur plan de
développement. Ensuite, qu'ils lui communiquent à tous les ans
leur plan opérationnel Qu'à la fin de l'année, une fois
que sont déposés les rapports annuels de ces
sociétés d'État là, qui comprennent,
évidemment, les états financiers et ainsi de suite, l'on
prévoie dans une telle loi ce qui devrait être contenu dans ces
rapports, pour que l'Assemblée nationale puisse évaluer de quelle
façon l'organisme ou l'entreprise se sont acquittés du mandat qui
leur a été donné par l'Assemblée nationale. Alors,
c'est pour que l'on puisse retrouver un ensemble de règles qui
s'appliquerait à l'ensemble, également, des organismes et des
entreprises, justement dans le domaine de l'imputabilité ou de
l'obligation redditionnelle. C'est tout simplement ça. Alors, c'est
ça qu'on recherche. Ça n'existe pas.
Le Président (M. Lemieux): Est ce que ça existe
ailleurs?
M. Chatelain: II y a certains mécanismes de contrôle
dans le moment qui existent, mais c'est d'une façon ad hoc dans les lois
constitutives de chacune de ces entreprises. C'est d'une façon ad hoc et
vous ne voyez pas d'uniformité, là, dans le moment, d'une
entreprise à l'autre.
Le Président (M. Lemieux): Une telle loi-cadre
existe-t-elle au gouvernement fédéral ou dans d'autres
provinces?
M. Chatelain: Oui, ça existe.
Le Président (M. Lemieux): Au gouvernement
fédéral?
M. Chatelain: Ça existe au fédéral: c'est
une loi-cadre qui est assez bien articulée, bien
détaillée. De fait, la loi-cadre au niveau fédéral
fait partie de la Loi sur l'administration financière qui a
été amendée pour incorporer cette partie, ce qu'on appelle
la loi-cadre, du jour au lendemain, la Loi sur l'administration
financière, n'a pas doublé, elle a quadruplé, je
crois.
Le Président (M. Lemieux): Vous savez, quand vous me dites
que ça existe au fédéral, ça m'inquiète,
quand je regarde l'ampleur de leur déficit.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chatelain: D'accord. D'ailleurs, ce que M. Breton me signale,
c'est que, dans le fond, ce que l'on vise, ce sont les mêmes principes,
par exemple, que ce qui est exigé au niveau de la Commission des valeurs
mobilières...
Le Président (M. Lemieux): O.K. Ça va.
M. Chatelain: ...quand on demande la divulgation, vous savez, de
certains renseignements.
Le Président (M. Lemieux): Je comprends. M. Chatelain:
Bien sûr.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
Vérificateur. M. le député de Provost.
M. Forget: M. le Président, M. le Vérificateur, au
paragraphe 3.34, à la page 45...
Le Président (M. Lemieux): Vous avez dix minutes.
Absence de suivi des brefs de saisie au
ministère de la Justice
M. Forget: ...au ministère de la Justice, encore une fois,
vous soulignez que, sur 96 brefs qui auraient été
retrouvés au ministère, 82 n'ont toujours pas été
renvoyés. Comment expliquer qu'une telle chose puisse se produire
présentement?
M. Chatelain: M. Bédard?
Le Président (M. Lemieux): M. Bédard, oui. M. le
vérificateur général adjoint.
M. Bédard: Merci. Au point 3.34, c'est un suivi sur un
rapport que nous avions fait l'an passé. L'an passé, nous avions
une préoccupation sur 174 brefs et, lors de notre vérification,
78 d'entre eux avaient été retracés à un moment
donné; 96 demeuraient en circulation et on nous avait dit qu'un suivi
serait fait éventuellement. Nous revenons cette année. Nous
faisons le même genre de vérification en faisant le suivi. Au
point 3.32, on fait part de 30 dossiers qu'on a regardés pour
l'année en cours. On constate qu'il y a encore des déficiences
importantes dans certains palais de justice. On revient pour faire
un suivi et on se rend compte qu'effectivement ce qu'on reprochait l'an
passé et ce qu'on reproche encore cette année, c'est le manque de
suivi, ce qui fait que les palais de justice ne reçoivent pas l'argent
qu'ils devraient recevoir dans des délais suffisamment courts. On
constate qu'il n'y a pas eu de suite donnée à notre rapport de
l'an passé. Des 96 dossiers, il en demeurait 82 qui étaient
toujours en circulation et qui n'étaient pas retournés au palais
de justice.
Dans la réponse, on dit: "Une mise en demeure a été
signifiée aux huissiers concernés, tel que le prévoit la
directive sur le contrôle de brefs de saisie comés aux huissiers.
Suite à la mise en demeure, le ministère a
récupéré selon les commentaires du ministère - il
restera à nous de le revoir le 6 octobre 1989 - la somme totale de 82
brefs. " Il faut remarquer que certains de ces brefs dataient depuis plusieurs
années.
M. Chatelain: m. le président, il s'agissait de la
réponse du ministère que m. bédard a lue. ça
rejoint presque le commentaire que vous avez fait tantôt. si personne
n'avait donné le coup de sifflet, qu'est ce qui serait arrivé?
ici, c, est le ministère qui a donné le coup de silfflet.
finalement, il est arrivé quelque chose. le ministère a
donné le coup de sifflet, après que nous soyons revenus à
la charge. ça revient à peu près, à ce qu'on disait
tantôt. si personne n'avait parlé, qu'est-ce qui serait
arrivé?
M. Forget: Si vous regardez le rapport de l'an dernier, c'est
quand même beaucoup d'argent. Si vous regardez à la page 40,
à 4 48 du rapport de l'an passé, sur 11 193 dossiers, vous avez,
quand même, 1 548 000 $. C'est beaucoup d'argent.
M. Bédard: Effectivement, ça prive les fonds
publics de sommes d'argent importantes. En plus, souvent, lorsqu'on retarde, on
peut avoir des difficultés à retrouver les gens et
récupérer les sommes en cause. On peut perdre... Ça prive
les fonds publics.
M. Léonard: Vous avez de la difficulté à
retrouver les huissiers?
M. Bédard: Ce sont les palais de justice qui voient
à ça.
Le Président (M. Lemieux): Vous pouvez continuer, M. le
député de Prévost.
M. Forget: C'est un fait, comme le député de
Labelle le mentionnait...
M. Bédard: Vous me permettez d'ajouter ceci toutefois?
M. Forget: O. K. D'accord
M. Bédard: On reproche le manque de suivi ou encore les
traces de suivi au dossier ne sont pas faites dans les temps que nous jugeons
appropriés. De plus, certains huissiers avaient catalogué
certaines gens comme des personnes introuvables, alors que nous, en suivant la
même démarche que les percepteurs, on a pu - et c'est ce qu'on
constate au paragraphe 3. 32 - retracer trois personnes. Donc,
définitivement, on trouve qu'il y a un peu de négligence.
M. Forget: C'est à-dire que, au ministère de la
Justice, il y a un malaise, au niveau de la perception de l'argent.
M. Bédard: Je ne sais pas si vous avez un malaise. Ce que
nous trouvons, c'est que les percepteurs ne s'acquittent pas des
responsabilités qui leur ont été confiées.
Le Président (M. Lemieux): C'est plus loin qu'un malaise,
ça!
M. Forget: Disons, je pense que, quand même..
M. Bédard: A tout le moins, pas promptement.
Le Président (M. Lemieux): vous, vous êtes plus
diplomate. vous n'êtes pas vérificateur adjoint encore! continuez,
m. le député de prévost.
M. Forget: Présentement, si on regarde aller ça, on
sait qu'il y a une petite amélioration avec l'année
précédente. Mais si vous reculez en arrière, si on regarde
les années 1982, est-ce que c'était un malaise qui s'est produit
depuis plusieurs années?
M. Bédard: on a fait cette vérification l'an
passé et cette année. je ne pourrais pas vous dire pour les
années précédentes ce qui en est résulté
quand vous dites qu'il y a amélioration, je suis obligé de dire
qu'à mon point de vue il n'y a pas eu amélioration. je reviens
aux commentaires du vérificateur général qui disait
tantôt: si on n'était pas revenus faire un suivi sur les 96 brefs,
qu'est-ce qui en aurait résulté? je ne suis pas capable de
commenter mais, à tout le moins, c'est le fait qu'on soit revenus
à la charge, qui fait en sorte qu'il y a eu un suivi à notre
rapport de l'année précédente.
M. Forget: Est-ce que le ministre a été
drôlement sensibilisé à ça?
M. Bedard: D'ailleurs, ça c'est le suivi, mais, en plus,
le nouveau texte pour l'année en cours, le paragraphe 3 32, comme je
vous l'ai dit tantôt, confirme que la défaillance existe tou-
jours.
Le Président (M. Lemieux): II y a un sous-ministre
associé à l'administration au ministère de la Justice?
Ça relève de sa responsabilité, ça. Est-ce qu'il
est au courant?
M. Chatelain: Oui, M. le Président. Il y a un
sous-ministre associé à l'administration.
Le Président (M. Lemieux): Oui, le sous-ministre
associé à l'administration. Ah, vous avez même
rencontré le sous-ministre en titre actuel?
M. Chatelain: Non, pas actuel; à ce moment-là.
Le Président (M. Lemieux): Ah, O. K. À ce
moment-là, le sous-ministre en titre, est-ce que c'était M.
Jacoby?
M. Chatelain: Pas à l'époque, non.
Le Président (M. Lemieux): C'était en quelle
année?
M. Chatelain: M. Jean Alarie.
Le Président (M. Lemieux): Oh, Jean Alarie, O. K., qui
était par intérim seulement.
M. Chatelain: C'est exact. Voilà.
Le Président (M. Lemieux): II était seulement par
intérim.
M. Chatelain: Oui.
Le Président (M. Lemieux): O. K. Ça va. M. le
Vérificateur.
M. Chatelain: D'accord. Mais vous avez employé des termes
très clairs tantôt, vous disiez qu'il y avait un malaise. C'est
vrai, c'est un malaise sérieux qui existait, le député l'a
fait ressortir tantôt, surtout quand on voit qu'il y a certains de ces
brefs qui avaient été émis en 1982, puis, en 1988, on
n'avait pris aucune action. Mais ce qui est encore plus sérieux, qui me
laisse très songeur, c'est que, quand les brefs ont été
signifiés une seconde fois, le défendeur, dans certains cas, a
donné la preuve qu'il s'était acquitté de son amende.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Prévost, vous pouvez continuer.
M. Forget: Voici. Au paragraphe 3. 32, vous dites: Dans trois
dossiers portant la mention "personne introuvable", les défendeurs
pouvaient être...
M. Chatelain: Identifiés.
M. Forget:... identifiés. C'est ça. Alors, c'est
justement ce que vous avez soulevé tout à l'heure. Mais, par
contre, je ne comprends pas comment ça se fait que les huissiers ne
peuvent pas être plus efficaces que ça.
M. Bédard: Bien, écoutez. Ce que nous pouvons dire,
c'est que des dossiers étaient identifiés comme personnes
introuvables, suite à une démarche pas tellement
compliquée - on a tout simplement suivi la même façon de
procéder qu'eux devaient faire - on a facilement, je peux vraiment dire
facilement, retrouvé - parce que ce n'était pas là notre
mission - au moins la trace de ces gens-là.
Mais il faut bien s'entendre. C'est l'huissier qui avait donné
comme mention "personne introuvable" lorsqu'il a retourné le dossier.
Donc, il avait identifié ces personnes comme étant introuvables.
Et l'huissier a une certaine procédure à suivre dans ce contexte.
Et on a suivi, nous, cette procédure et on les a facilement
retrouvés.
M. Forget: C'est générai au niveau du
Québec? C'est le même phénomène au niveau des palais
de justice?
M. Chatelain: On avait rencontré - parce qu'on n'avait pas
fait le tour de tous les palais de justice - le sous-ministre à
l'époque et on avait dit: Écoutez, on a une préoccupation.
On ne peut pas généraliser, parce qu'on n'a pas fait une
vérification à l'échelle de la province. Le
ministère, à l'époque, nous avait dit: On a fait quelques
sondages, nous aussi - suite à notre rencontre, il nous était
revenu quelques mois plus tard - et ça semble - on n'a rien pour
justifier ça - être généralisé. Donc, on va
poser des gestes. Et, à cet égard, on voit dans la
réponse, encore une fois, du ministère qu'il était
d'accord pour dire que des choses devaient être enclenchées. Il
disait: "Une vérification du 25 août 1989 démontre qu'il
n'y a pas eu de changements depuis le 13 octobre 1988 puisque la diminution du
nombre des dossiers en défaut représente 49 % en valeur absolue
et 51 % en valeur monétaire par rapport au 31 mars 1988. Le
ministère considère ce dossier très sérieusement et
fera un rappel des directives émises auprès des gestionnaires en
cause. "
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Prévost, et souhaitons que le nouveau
sous-ministre en titre, M. Jacques Chamberland puisse écouter ces
propos, les propos de la commission. Je pense que ça pourrait être
intéressant. M. le député de Labelle, la parole est
à vous.
M. Léonard: Je dirais ainsi que le ministre...
Le Président (M. Lemieux): Ainsi quo le ministre,
excusez.
M. Léonard: ...d'autant plus qu'il y a des remarques du
Vérificateur général et qu'il n'agit pas. À mon
sens, lui aussi est en cause, parce que l'imputabilité, ce n'est pas
juste aux fonctionnaires ou aux hauts fonctionnaires, je pense, quand on
parie.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Léonard: Ça s'adresse, premièrement, au
titulaire du ministère et je le dirais quel que soit le
gouvernement.
Le Président (M. Lemieux): Ça va. M. le
député de Bertrand.
Gestion des liquidités de certains
organismes
M. Beaulne: M. le Vérificateur général,
j'aimerais simplement discuter brièvement d'un aspect que vous avez
souligné à quelques reprises dans le rapport. C'est le
problème de la gestion des liquidités de certains organismes.
Tout à l'heure, on a mentionné la CARRA. Je pense que ça
se situe au niveau de 500 000 $, ici. Mais également, dans le cas de la
CSST, ça représente des sommes un peu plus importantes.
Dans ce contexte-là, la question que je me pose, c'est: Comment
expliquer cette négligence ou cette inconscience? Enfin, comment
expliquer cette situation, compte tenu du fait que chacun de ces
organismes-là a des trésoriers? Et, s'ils ont des
trésoriers, il me semble qu'un des principes fondamentaux d'un bon
trésorier - en tant qu'ex-banquier, ça me vient tout de suite
à l'esprit - c'est de gérer les liquidités de façon
à faire fructifier au maximum ce dont on dispose. (16 heures)
Alors, je remarque que, dans le cas de la CSST, selon la réponse
qu'on vous a donnée, ce sont eux qui déterminent... C'est une
réponse, disons, un peu technique, mais, au-delà de cette
réponse technique, comment expliquez-vous cette situation qui revient
à quelques autres reprises? Je vous ai mentionné deux cas; ce
sont les deux qui m'ont frappé davantage. Alors, comment expliquez-vous
cette situation et avez-vous des solutions ou des recommandations pour y
remédier, de façon à minimiser ces manques à
gagner?
M. Chatelain: D'accord, M. le Président Est-ce qu'on
pourrait demander à M. Bédard, s'il vous plaît?
Le Président (M. Lemieux): M. Bédard, s'il vous
plaît.
M. Bédard: Je ne pense pas qu'il s'agisse de mauvaise foi.
Souvent, c'est l'interprétation des intervenants qui diffère et,
dans la réponse de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail, on voit qu'elle donne son
interprétation, sa façon de voir. Je ne parle pas seulement de la
Commission - certains dirigeants d'organismes, veulent avoir une certaine
autonomie dans la gestion de leurs liquidités et ne pas être
à la merci de la Caisse de dépôt dans leurs besoins
financiers à court terme. De plus, pour la définition des besoins
de liquidité à court terme on n'est pas toujours sur la
même longueur d'onde. Toutefois une chose est claire, c'est que la Caisse
de dépôt existe pour gérer les fonds publics. Les fonds qui
sont excédentaires, et qui ne répondent pas aux besoins
immédiats des organismes et des entreprises, doivent être
transférés à la Caisse de dépôt, puisque
c'est sa mission, c'est sa raison d'être, de gérer ces fonds.
M. Beaulne: De l'ensemble des organismes?
M. Bédard: Je ne dirais pas de l'ensemble, mais de la
Régie des rentes du Québec, de la Régie de l'assurance
automobile du Québec, de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail.
M. Beaulne: Je comprends, mais ça ne répond pas,
quand même, à la première partie de la question, à
savoir que, indépendamment du fait que pour une raison ou pour une autre
ils transfèrent ou ne transfèrent pas ça à la
Caisse de dépôt, il demeure que, même en conservant la
gestion de ces liquidités, je m'explique difficilement, de la part d'un
trésorier d'un organisme comme celui-là - quelle que soit leur
définition de leurs besoins à court terme - ce manque de
préoccupation face à cette situation.
M. Bédard: Je ne croirais pas qu'il s'agisse d'un manque
de préoccupation. Je pense qu'ils sont préoccupés. Ils
essaient d'identifier et de répondre selon leur interprétation -
c'est vrai pour la Commission et pour d'autres organis mes - à la
définition de liquidités dont ils ont besoin ou de
liquidités qu'ils doivent transmettre. Je pense qu'ils se penchent
là-dessus assez sérieusement, sauf que leur interprétation
va toujours dans le sens de vouloir garder le plus possible de
liquidités à l'intérieur des organisations qu'ils
représentent, en général.
M. Léonard: Au fond, la directive n'est pas assez claire ni assez
draconienne pour ces organismes là. s'il y a une marge
d'interprétation comme ccjlle là Parce qu'il mo semble qu'il
y a des économies à faire. Si le gouvernement dit à
ces organismes de déposer les sommes à un endroit et en fait une
gestion intégrée, con solidée, il va obtenir de meilleurs
rendements sur ces fonds, il va obtenir aussi de meilleurs taux d'emprunt, en
tout cas. Mais comment se fait-il
qu'on puisse arriver à interpréter, à étirer
des réglementations, des bouts d'articles de loi, pour les garder chez
soi? Il me semble que, dans n'importe quel organisme, le contrôle des
fonds, des liquidités, c'est une mesure qui indique ce qu'on a comme
contrôle sur les opérations en général. C'est le
nerf qu'on a là et, si ça s'en va dans toutes les directions,
c'est très difficile de maintenir une gestion intégrée
là-dedans. Est-ce que, du point de vue légal ou juridique, il y
aurait des articles à resserrer, quand il s'agit de la disposition des
liquidités?
M. Chatelain: d'accord. m. le président, dans certains
cas, je crois qu'il y a des interprétations abusives de la loi, c'est
évident.
M. Léonard: Abusives.
M. Chatelain: Oui, abusives de la loi. Par exemple, la loi sur la
CSST prévoit que la Caisse de dépôt gère les fonds
dont la Commission n'a pas un besoin immédiat.
M. Léonard: Le mot "immédiat", elle
l'étire.
M. Chatelain: Voilà! C'est ça
M. Léonard: C'est ça, j'avais bien lu
M. Chatelain: Alors, voilà comment on interprète le
mot "immédiat". Si on l'interprète en voulant dire que ce. sont
des fonds dont on n'aura pas besoin au cours de la prochaine année,
à ce moment-là, ce serait immédiat. Lorsqu'on note des
abus d'interprétation de la loi, à ce moment-là, je pense
qu'il revient au législateur ou au gouvernement de faire en sorte de
river le clou bien comme il faut, de préciser ce qu'on veut dire.
Réforme du cadastre
québécois
M. Léonard: Je voudrais aborder un autre sujet. C'est un
sujet qui est fort intéressant, soit la vérification que vous
avez faite au ministère de l'Énergie et des Ressources. Là
aussi, je trouve que c'est d'une limpidité extraordinaire par rapport
à des pratiques que nous avons au gouvernement. Vous vous êtes
attaqué en particulier à toute la question de la cartographie, du
cadastre, de la gestion des terres publiques.
Depuis le matin, nous discutons de grands principes comptables et de
tout ce qu'on veut. Là, je pense que ça touche - et je voudrais
sensibiliser les députés à cette question - à peu
près tous les comtés, surtout ceux qui sont en milieu rural,
semi-rural. J'avais eu, à l'occasion, à toucher à ce
dossier lorsque j'étais à l'aménagement; et aux Affaires
municipales où je l'ai vu de l'autre bout. Ici, on ne parle même
pas des Affaires municipales, quand on sait l'importance qu'a cette question
pour confectionner tous les schémas d'aménagement, les plans
d'urbanisme, la réglementation de zonage, etc. Lorsque ce n'est pas
assis sur de bonnes bases, un tel système, ça peut
entraîner des injustices, à terme, qui ne peuvent que grossir.
C'est une boule de neige qui grossit.
Alors, j'ai regardé ça attentivement. La première
des choses que l'on voit, le premier chapitre que vous avez fait
là-dessus, c'est la cartographie. On voit au paragraphe 6. 9, juste pour
vous le faire relire parce que vous l'avez écrit, qu'on a
dépensé 5 000 000 $ sur une période de trois ans pour des
besoins qui n'existaient pas, simplement. Il n'y avait pas d'utilisateurs de
ces fichues cartes électroniques et tout ce qu'on veut. Et votre
recommandation: "Le ministère devrait identifier les besoins des
utilisateurs, évaluer les coûts et préciser les
échéanciers avant de présenter des projets au
gouvernement. " J'ai trouvé ça plutôt savoureux parce quo,
finalement, il y a quelqu'un qui a pensé un beau système dans
l'idéal, mais au fond ça ne correspondait à rien dans la
pratique et ça a coûté 5 000 000 $ au gouvernement.
Je ne sais pas si vous avez des commentaires particuliers à faire
sur cette question-là. C'est, évidemment, la base. À un
moment donné, on pensait qu'on ferait ça par satellite, ces
belles cartes, en photographiant à partir presque de la lune. Mais
là, on retombe sur terre et. dans le territoire québécois,
les cartes sont faites par photographie aérienne mais, dans la pratique
des choses, on n'a pas de bornes sur le territoire lui-même et les lots
eux-mêmes ne sont pratiquement pas cadastrés.
Est-ce que vous avez eu l'occasion de discuter avec le ministère
du problème de la cartographie, qui est à la base?
M. Chatelain: D'accord. M. le Président, c'est un autre
cas évident - on en parlait ce matin dans le domaine de l'informatique -
de lacunes du côté de la planification. Si on avait bien
planifié, on ne se serait pas retrouvés dans des situations comme
ça. En d'autres mots, si on avait étudié exactement la
nature du projet, les besoins, les possibilités pour les utilisateurs de
se servir ensuite de ces instruments-là, on ne se serait pas
embarqués dans un projet comme ça, je ne le pense pas. Je pense
bien que ça illustre abondamment des lacunes ou des déficiences
de planification. Cependant, en réponse à la question du
député, à la fin, je me demande si...
Le Président (M. Lemieux): Administrative.
M. Chatelain: Ah oui, il faut s'entendre. Administrative. Moi, je
ne parle...
Le Président (M. Lemieux): Non, non, mais c'est parce que
je pense au phénomène d'im-putabilité. Je m'excuse de vous
avoir interrompu mais je pense que c'est un bel exemple.
M. Chatelain: D'accord. Évidemment, quand...
Le Président (M. Lemieux): Continuez, M. le
Vérificateur.
M. Chatelain:... je parle, je ne parle que de gestes
administratifs.
Le Président (M. Lemieux): Je pensais à la motion
du député de Labelle.
M. Léonard: elle n'est pas partisane. elle est politique
si on veut, mais non partisane. je voudrais dire ça. c'est ia
distinction que je ferais.
M. Chatelain: M. Bédard pourrait peut-être ajouter
quelque chose à ma réponse.
M. Bédard: finalement, vous avez touché à
des points importants. ce qu'on reprochait dans notre rapport, ce sont trois
choses pas d'analyse des besoins des utilisateurs, les moyens techniques
à privilégier n'étaient pas précisés et,
finalement, mauvaise estimation des coûts. puis, finalement, il y avait
un autre montant de 5 000 000 $ qu'on avait oublié de considérer.
toutefois, il faut bien comprendre que ce projet n'a pas encore
débuté. ce qu'on reproche, c'est qu'il y avait dans la
planification un paquet de choses qui n'avaient pas été
considérées.
M. Léonard: Le deuxième volet... Je voudrais vous
ramener à la question du cadastre aux paragraphes 6. 18, 6. 19 et 6. 20.
La confection du cadastre est une opération majeure sur le territoire
québécois. Le cadastre n'existe que dans certaines villes
pratiquement et, en dehors de ça, il n'y en a pas ou, en tout cas, c'est
très faible comme dispositif. Est-ce que vous pensez, après avoir
regardé la question, qu'on peut y arriver? Est ce que c'est faisable
pratiquement? Parce que là, on a reporté l'échéance
de 10 ans a 17 ans, mais on s'aperçoit que les coûts, au lieu
d'être de 7 $ par lot seront de 130 $ par lot; donc, même
l'estimation qui est là, 346 000 000 $, ça pourrait être
doubler ou tripler, j'exagère à peine, je pense. Est-ce qu'on
doit continuer dans cette voie? Est-ce que le ministère ne doit pas
s'attaquer.. Vous dites qu'on devrait diviser en trois volets ou
catégoriser de trois façons les opérations qu'il y a
à faire. Qu'est-ce que vous en pensez, vous? Est ce que finalement vous
n'êtes pas en train de dire au ministère: Reprenez donc toute la
question de façon pratique et faites-nous un plan pour réaliser
le cadastre au Québec?
M. Chatelain: M. le Président, est-ce qu'on pourrait
demander à M. Bédard, s'il vous plaît?
Le Président (M. Lemieux): M. Bédard, s'il vous
plait.
M. Bédard: Notre vérification révèle
que la planification qui avait été faite manquait un peu de
profondeur, car beaucoup de choses n'avaient pas été
précisées. Lorsqu'on a enclenché l'étape
exécution, on s'est rendu compte, entre autres, que, lorsque les
spécialistes arrivaient sur place, lors de la cueillette des
données, on poussait beaucoup plus loin les travaux qui étaient
probablement nécessaires, donc, des coûts importants. C'est ce qui
a fait que le ministère a été obligé de revoir sa
planification, de revoir l'évaluation des coûts, de
préciser ses exigences. Mais de là à conclure que les
nouvelles projections du ministère, compte tenu de l'information qu'il a
maintenant, compte tenu qu'il a précisé ce dont il a besoin pour
conclure dans ce dossier, si sont valables pour répondre à
l'estimation qu'il s'est donnée, je n'oserais pas me prononcer ni mon
directeur, Gilles Thomassin, qui a fait la vérification... Je pense
qu'on n'est pas en mesure de se prononcer, qu'on n'a pas pousse suffisamment
loin notre vérification pour conclure si cette nouvelle estimation est
réaliste Toutefois, compte tenu des problèmes qu'ils ont
vécus, ils ont précisé leurs besoins,
précisé leurs exigences, ils ont revu leurs coûts, donc
tout nous porte à croire que ça devrait, dans un certain sons
être mieux planifié Maintenant, ils devront aussi s'assurer de la
participation et de la coordination des divers intervenants
M. Leonard: OK. En tout cas, je note que...
M. Bédard: Entre autres, le ministère de la
Justice.
M. Léonard: Oui, mais je vais revenir à cet aspect
des choses. Mais simplement quand vous me dites. Peut être que ce n'est
pas la peine de reprendre la planification, je note une chose. On avait
prévu de faire l'opération sur dix ans Après quatre ans.
seulement ? % des lots fais. nu l'objet de la réforme sont
représentés sur des nouveaux plans cadastraux. Je pense que c'est
une indication. Je pense qu'on va se retrouver ici en l'an 2050.
M. Bédard: Vous me permettez, M. le Président.
M. Léonard: Oui.
M. Bédard: Je pense qu'il ne faudrait pas extrapoler.
Effectivement, lorsque vous le regardez à sa face même, comme vous
venez de le décrire, ça semble vous démontrer qu'il y a
des problèmes sérieux
M. Léonard: Je me suis posé quelques questions.
M. Bédard: Toutefois, il y a beaucoup de travaux qui ont
été enclenchés et ils sont sur le point de se terminer. Je
ne suis pas en mesure de conclure, remarquez bien.
M. Léonard: Oui.
M. Bédard: mais il ne faudrait pas prendre cette
statistique de 2 % pour extrapoler, et justifier que, effectivement les 17 ans
sont hors de portée; ça, je pense que ce ne serait pas
équitable puisqu'il y a beaucoup de travaux qui ont été
enclenchés, qui sont sur le point d'être terminés et qui
pourront contribuer à la conclusion de certaines opérations.
M. Léonard: j'ai un autre aspect des choses. j'ai lu vos
recommandations et les remarques qui ont été faites aussi par le
ministère de l'énergie et des ressources la question qui a surgi
à mon esprit, c'est celle des relations interministérielles qu'il
y a dans ce dossier. elles sont majeures. tous les ministères
pratiquement sont touchés par le cadastre, par la gestion des terres
publiques: le ministère du loisir, de la chasse et de la pêche.
mais je vais en amener un: c'est celui des affaires municipales, car il y a des
municipalités et des mrc dans ce dossier. ce n'est pas mentionné
là-dedans; vous n'avez pas eu, je suppose, à ie faire. mais je
voudrais simplement attirer votre attention sur le fait que les mrc, parce
qu'elles ont dû déposer un schéma d'aménagement, ont
dû so poser la question du cadastre et faire leurs plans d'urbanisme en
fonction de ça. je pense que cette question du cadastre du québec
a un impact majeur vis-à-vis des autres ministères. là, je
viens de parler des affaires municipales; ça touche pratiquement toute
la population et, si les cadastres sont mal faits, c'est une chose. (16 h
15)
D'autre part, le ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche, lui aussi, est impliqué dans cette question-là. J'y
reviendrai tout à l'heure; je pense que je n'aurai pas le temps de
terminer cette question avant la fin de mes 20 minutes. La gestion des terres
publiques, les lots avec occupation illégale, c'est une catastrophe sous
certains aspects pour le Québec, pour la faune, pour les terres
publiques et moi, je pense qu'on ne peut pas oublier ce facteur. Je ne sais pas
si on a pris suffisamment en compte les aspects interministériels de
toute cette question. Si vous vouiez commenter.
Le Président (M. Lemieux): M. le vérificateur
général adjoint.
M. Bédard: Quand vous dites "pris en compte", c'est lors
de notre vérification ou le ministère lors de sa
planification?
M. Léonard: Je m'interroge si le ministère le fait
suffisamment; de la même façon si vous-même, dans votre
vérification, vous avez été à même de
constater qu'à un moment donné ça avait des implications
un peu partout. Je disais, par exemple, tout à l'heure, que ça a
des impacts sur les gens. Quand le ministère de l'Énergie et des
Ressources se trompe de ligne sur ses cadastres, sur la ligne des eaux
simplement, les titres de propriété des gens qui sont sur le bord
viennent de changer. Parce que j'ai un cas très précis en
tête d'une municipalité où il y a à peu près
25 propriétaires qui ont des titres de propriété sur le
lot du voisin. Chacun depuis 80 ans, vit sur une terre qui appartient au
voisin. Alors, il serait extraordinaire, comme complexité...
Le Président (M. Lemieux): M. le vérificateur
général adjoint.
M. Bédard: Et, d'ailleurs, vous avez raison.
Personnellement, j'ai reçu...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bédard: ...une lettre...
Une voix: II avait ça dans sa poche!
M. Bédard: ...en provenance du ministère de
l'énergie et des ressources qui dit: avis public, rénovation
cadastrale. pourriez-vous vous présenter pour voir s'il y a des
problèmes, et on pourrait répondre à vos questions? donc,
vous avez raison: il y a des répercussions un peu partout. je crois que,
lors de nos vérifications...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Vous vous étiez
parlé? Vous traînez vos lettres comme ça, vous, dans...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard: Mais j'ai vu que sa lettre était
passablement usée; vous voyez comme il y a pensé longtemps.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): J'ai remarqué ça,
oui.
M. Chatelain: Je peux témoigner que c'est un sujet qui le
préoccupe, parce que ça fait longtemps que je la vois, cette
lettre-là.
Le Président (M. Lemieux): Comme le député
de Labelle le mentionne, ça touche de nombreux citoyens, effectivement.
M. le vérificateur général adjoint.
M. Villeneuve (Jean-Marc): Jean Marc Villeneuve, directeur
principal de la vérification. Ce que l'on dit, c'est que la
réalisation est ralentie, comme M. le député le disait,
lorsque l'occupation réelle est différente de celle que,
normalement, le cadastre démontre. Donc, il faut aller en cour et
obtenir un jugement. Les rencontres avec le ministère de la Justice et
le ministère de l'Énergie et des Ressources pour
accélérer le règlement de tels cas n'ont pas donné
de résultats jusqu'à présent. C'est assez long à
régler, ces cas-là, habituellement. Donc, c'est tout ça
qui retarde aussi le processus.
M. Léonard: Et les anciennes parties ou, si vous voulez,
l'ancien ministère de la colonisation qui joue encore là-dedans,
vie...
M. Bédard: Mais on voit très bien qu'il y a eu un
certain manque de coordination, à tout le moins. On a seulement à
se référer, je ne me rappelle pas à quel paragraphe du
rapport, au ministère de la Justice pour revoir la
légalité de certaines transactions. À un moment
donné, c'était le goulot d'étranglement, on n'était
pas capables de répondre aux besoins. Donc, on voit très bien
qu'il y a eu un manque de coordination entre les divers intervenants. Et pour
arriver à répondre aux besoins de la réforme du cadastre,
il faut absolument avoir une bonne coordination entre tous les intervenants.
Entre autres, le ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche
et le ministère de la Justice ont des rôles importants à
jouer.
M. Léonard: Oui. Vous venez d'évoquer le rôle
du ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche. Comment
pensez-vous qu'on pourra régler, à terme, la question des
occupations illégales sur les terres publiques? Vous le mentionnez dans
votre rapport, c'est un fait connu et, plus on laisse passer le temps, plus il
y en a et plus ça va être difficile de revenir là-dessus.
D'autre part, le ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche
s'oppose... En tout cas, il y a des différends importants entre le
ministère de l'Énergie et des Ressources et le ministère
du Loisir, de la Chasse et de la Pêche. Le ministère du Loisir, de
la Chasse et de la Pêche s'oppose à ce qu'il y ait des baux
donnés trop facilement, parce que ça a un impact marqué
sur le contrôle et la protection de la faune. Alors, je trouve que, dans
votre rapport, les aspects des relations interministérielles,
là-dedans, ne sont pas ressor-tis beaucoup. Vous allez me dire
peut-être que ça ne touche pas le contrôle des fonds. Par
ailleurs, c'est d'une importance capitale, au-delà des dollars, pour la
gestion du domaine public; et ça, je pense que c'est vraiment du domaine
des responsabilités de l'Assemblée nationale.
M. Bédard: Écoutez.
M. Léonard: Excusez-moi. Je trouve qu'il y a peu
d'instances au gouvernement qui peuvent mettre sur la place publique un tel
dossier, parce qu'il a des ramifications un peu partout. Il n'y a pas un
ministère qui le sort parce qu'il ne se sent pas responsable lui
même, parce qu'il n'en contrôle qu'une partie; alors que le
Vérificateur général peut voir l'ensemble du dossier
Peut-être que, si vous n'avez pas eu le temps de vous attacher à
cet aspect des choses, éventuellement, vous pourriez le faire, parce
qu'à mon sens, c'est capital.
M. Bédard: Mais je pourrais peut-être juste ajouter
ceci. Le commentaire qu'on formule a l'égard de la gestion des terres
publiques, c'est que le ministère n'a pas de politique d'ensemble de
gestion des terres publiques. C'est peut-être ça qui fait qu'on
peut retrouver ces lacunes-là dans notre rapport. C'est ce qu'on
reproche le plus au ministère, de ne pas se donner une politique qui va
lui permettre de cerner tous les problèmes auxquels vous faites
allusion. Je pense qu'on le mentionne dans un de nos commentaires à
637.
Une voix: Oui. Je ne sais pas si c'est 6. 37.
M. Bédard: On dit: "Ces pratiques ne sont pas
intégrées dans une politique d'ensemble de gestion des terres
publiques, définissant ses orientations. L'absence d'une telle politique
ne favorise pas une utilisation polyvalente et rationnelle du territoire
public. "
M. Léonard: Ce matin, nous avons discuté
très longuement et largement du rôle et de la gestion des services
informatiques. Ça touchait le système de renseignements à
l'intérieur même du gouvernement. Les terres publiques touchent
pratiquement tous les citoyens au Québec, bien au-delà du
gouvernement. Le gouvernement lui-même est partie à la chose, mais
chacun habite sur un territoire, un morceau de territoire quelque part et, si
les titres ne sont pas clairs, si on n'arrive pas à faire un peu d'ordre
là dedans, si on ne se donne pas une politique de gestion des terres
publiques, on va courir à la catastrophe, parce que plus le temps va
passer, plus ça va être compliqué de régler la
question.
M. Chatelain: C'est évident, M. le Président, et on
le fait ressortir, d'ailleurs, dans le paragraphe suivant, à 6. 38. Je
pense bien que c'est le paragraphe que le député a soulevé
tantôt. On mentionne divers ministères et on le dit bien: "Ces
pratiques de gestion ne sont pas toutes acceptées par les
différents ministères et organismes intéressés
à l'utilisation des terres publiques et de leurs ressources" Vous voyez
bien que, s il n'y a pas accord ou entente entre les ministères sur les
objectifs, ou encore sur la façon de les atteindre, ces objectifs, on
n'ar-
rivera pas à grand-chose dans l'ensemble du gouvernement. On va
rencontrer des situations comme celle qu'oh décrie, c'est
évident.
Par exemple, vous avez mentionné le ministère du Loisir,
de la Chasse et de la Pêche, le ministère des Transports qui fait
des expropriations, ainsi de suite.
M. Léonard: Ça, on va y revenir.
M. Chatelain: Oui, je comprends. Ça touche un autre sujet,
mais quand même.
M. Léonard: Oui, oui. C'est pareil. On touche toujours la
même chose.
Le Président (M. Lemieux): M. le Vérificateur
général. M. le député de Prévost.
Prêts de l'Office du crédit
agricole
M. Forget: Moi, M. le Président, remarquez bien, la
question que je veux vous poser n'est pas dans le rapport, mais
déjà ça a été vérifié. Si ma
mémoire est bonne, c'est au début. C'est concernant
l'agriculture, l'Office du crédit agricole. Je sais que, voilà
une couple d'années, on avait eu des problèmes sérieux au
niveau de l'Office. Maintenant, est-ce qu'il y a un suivi?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Prévost est particulièrement intéressé. Je pense
que vous n'êtes pas sans savoir qu'il est un agriculteur
émérite au Québec. C'est un exemple à suivre. Une
ferme multidisciplinaire.
Une voix: polyvalente.
Le Président (M. Lemieux): Polyvalente.
M. Chatelain: À part ça, je pense que le
député vient d'un beau bout de pays. Non seulement beau, mais
bon.
Le Président (M. Lemieux): oui, un beau bout de pays. pas
aussi beau que le mien, mais un beau bout de pays. lui vient d'un bon bout de
pays; moi, je viens d'un beau bout de pays!
M. Chatelain: C'est le même que le mien.
Le Président (M. Lemieux): ah bon! vous êtes en
conflit d'intérêts, m. le vérificateur. c'est la
première fois qu'on vous prend en défaut.
M. Chatelain: Oui, alors, M le Président...
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous
répéter votre question, peut-être, pour le
bénéfice du Vérificateur général
adjoint?
M. Forget: Voici, c'est concernant l'Office du crédit
agricole. Vous savez, pendant une couple d'années, il y avait eu, quand
même, une vérification où vous aviez été
assez sévère concernant le crédit agricole. Est-ce qu'il y
a un suivi au niveau de l'Office du crédit agricole de la
vérification? Je sais que cette année on n'en parle pas
là-dedans, mais on l'a fait déjà; si ma mémoire est
bonne, c'est if y a trois ans.
M. Chatelain: M. le Président, est-ce qu'on parle de la
régie?
Une voix: De l'Office. M. Chatelain: De l'Office.
M. Bédard: Si ma mémoire est bonne, M. le
Président, nous avions enclenché, à l'époque, une
vérification d'optimisation des ressources à la Régie des
assurances agricoles.
M. Forget: Oui, il y a eu quand même, au niveau de la
stabilisation, l'assurance-stabilisation.
M. Bédard: Oui.
M. Forget: Mais, si ma mémoire est bonne également,
au début, vous étiez intervenu auprès de l'Office
concernant les prêts. Vous savez, on avait quand même
retrouvé environ 100 000 000 $ qui n'étaient pas
récupérés, une chose comme ça, 90 000 000 $, si ma
mémoire est bonne. C'est pour ça que je vous pose la question:
Est-ce qu'il y a eu un suivi face à tout ça ou si vous avez
l'intention d'avoir un suivi à un moment donné?
M. Bédard: Oui. Jocelyn.
M. Harvey (Jocelyn): Le chiffre auquel vous faites
référence...
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous pourriez vous
identifier, titre, nom et fonction?
M. Harvey: Jocelyn Harvey, directeur de la
vérification.
Le Président (M. Lemieux): Vous venez de passer à
l'histoire.
M. Harvey: C'est ça. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Harvey: J'en suis très heureux. Je suis peut-être
moins heureux de ne pas avoir la réponse exacte à la question que
le député me pose, par exemple. J'essaie de reculer aussi loin
que je connais l'Office du crédit agricole et de me souvenir du
commentaire auquel le député fait référence, mais
je vous avoue que je ne le
retrouve pas. J'ai les commentaires qui ont été faits
durant les deux dernières années et qui ne touchent pas ça
du tout.
Le Président (M. Lemieux): Au meilleur de votre
connaissance.
M. Harvey: Les 90 000 000 $ auxquels vous avez fait
référence me font penser à l'estimation des pertes...
Une voix: Oui.
M. Harvey:... qu'on fait dans le Fonds d'assurance-prêts
agricoles et forestiers créé pour garantir les prêts faits
par l'Office du crédit agricole, mais aussi par des institutions
privées en vertu des différentes lois qu'administre l'Office du
crédit agricole. C'est un estimé des pertes qu'on établit
annuellement. Par contre, vous m'en excuserez, mais, à ce que je sache,
il n'y avait pas eu de critique sur la gestion de ces dossiers-là. On
parle de 1 600 000 000 $ de prêts garantis par le fonds et on estime
qu'ils vont en perdre environ 90 000 000 $ avec les années.
M. Forget: Mais ce à quoi je réfère, c'est
bien au niveau de l'Office. Si ma mémoire est bonne, c'est en 1985 ou
1986, en tout cas, qu'il y avait eu un suivi là-dessus et il y avait eu
quand même une critique. Remarquez bien, quand même, c'est loin. Je
suis conscient que c'est loin.
M. Bédard: Peut-être faites-vous
référence à la suffisance des primes parce que l'Office
devait être autosuffisant.
M. Forget: Non. C'était bien l'Office.
M. Bédard: Écoutez, tout ce que je peux dire, c'est
que nous allons faire un suivi.
M. Forget: Oui, d'accord.
M. Bédard: Avec votre permission, on pourra
peut-être revenir, si on a les réponses, parce que vraiment...
M. Forget: O. K. D'accord. Maintenant...
M. Bédard:... je m'excuse, mais on ne peut pas donner les
réponses à vos préoccupations.
M. Chatelain: Un instant, M. le Président. Je me demande
si je pourrais consulter juste une seconde.
Le Président (M. Lemieux): Oui, oui. Aucun
problème.
M. Chatelain: O K
Une voix: Ah! Ça, c'est au niveau du financement
M. Forget: C'est au niveau du financement.
M. Chatelain: l'office contractait des emprunts auprès
d'institutions bancaires et il aurait dû passer par le ministère
des finances, si je me souviens bien. c'est ça?
M. Forget: Oui.
M. Harvey: Je vais essayer de vous répondre en termes
faciles. Ce que je connais de ça, c est qu'en vertu d'une loi l'Office
devait affecter les remboursements de capital qu'il recevait au remboursement
de capital de ses emprunts, par le biais d'un fonds qui s'appelait le fonds
spécial du crédit agricole. Le fonds spécial du
crédit agricole avait servi, je crois, pendant quatre ans, à
faire transiter les sommes, tout simplement C'est un compte de banque sur
lequel l'Office faisait un chèque qu'il déposait et, la
même journée, il faisait un chèque du même montant
pour rembourser ses emprunts De sorte qu'en réalité il sest dit,
après quatre ans d'utilisation de ce fonds là: Écoutez, il
ne sert à rien, parce que, en réalité, toutes les fois
qu'on reçoit un remboursement de 12 $ ou de 25 $ de capital d'un
prêt qu'on a fait, on ne peut pas prendre ces 25 $ chaque jour et les
verser dans le fonds, et faire un versement équivalent, naturellement,
à nos prêteurs. Il le faisait à toutes les semaines,
à toutes les deux semaines ou à tous les mois, dépendant
des sommes impliquées. À ce moment-là, naturellement, le
compte de transit ne servait qu'à recevoir un chèque une
journée et à émettre un chèque la même
journée, et les gens ont décidé de ne plus l'utiliser.
Nous autres, ce qu'on avait critiqué, on avait dit: Cette loi existe
quand même et vous devriez continuer de l'utiliser, parce que la loi est
là; si vous ne voulez pas l'utiliser, obtenez les autorisations en
conséquence.
M. Forget: Oui, d'accord, aujourd'hui, c'est encore la même
chose, mais, quand même, dans ces années là, disons qu'on
garantissait les prêts et, lorsque l'emprunteur ne pouvait pas payer,
c'était l'Office qui payait la note. Si on s'en souvient, on avait eu,
quand même, plusieurs faillites et l'Office avait été
obligé d'éponger les montants d'argent. (16 h 30)
Une voix: Est-ce que ça été porté
à leur connaissance?
M. Forget: Oui, oui. Disons qu'il y a eu un rapport là
dessus, d'ailleurs, du Vérificateur général, à
l'époque.
M. Chatelain: Là, on n'a pas les renseignements, M. le
Président. Est-ce qu'on pourrait
obtenir les renseignements et vous les communiquer par écrit?
Le Président (M. Lemieux): Les communiquer, non pas
à moi, mais à la commission. Oui.
M. Chatelain: À la commission, oui, d'accord.
Le Président (M. Lemieux): Oui, je pense que ça
pourrait être intéressant.
M. Chatelain: O. K.
M. Forget: Et puis, moi, j'aimerais savoir s'il serait possible
dans les années futures d'avoir une vérification...
M. Chatelain: Un suivi là-dessus. M. Forget:... un
suivi de tout ça. M. Chatelain: C'est sûr, d'accord.
M. Forget: Ça m'amène une autre question,
également. Au niveau de l'assurance-stabilisation, est-ce qu'il y a un
suivi qui se fait?
M. Bédard: Là, vous parlez de la Régie des
assurances agricoles.
M. Forget: Oui.
M. Chatelain: Bon, effectivement, on n'a pas fait un suivi de
notre vérification intégrée que nous avions
effectuée à la Régie. On avait fait rapport, les
commentaires étaient quand même importants. Beaucoup
étaient des commentaires se rapportant à la conformité. On
n'a pas fait de suivi en tant que tel. On a fait notre mandat d'attestation
financière l'an passé et ça s'est limité à
ça.
Le Président (M. Lemieux): M. le député des
Îles-de-la-Madeleine.
Trop-versés d'aide sociale
M. Farrah: Oui, merci, M. le Président. Je vais intervenir
concernant les trop versés au niveau de l'aide sociale. Ça
m'apparaît passablement important et tout ça est probablement mis
en relief, aussi, avec l'informatique. Quand on parle de dossiers
informatiques, souvent, on dit que ça va être plus efficace, que
ça va permettre peut-être de récupérer des sommes de
façon plus rapide, ou. en tout cas, d'émettre même les avis
de cotisation, etc. Et là, moi, je regarde, à la page 48, les
trop-versés au niveau de l'aide sociale; on parle d'une addition pour
l'année 1989 de 27 000 000 $. Aussi, on parle, plus bas, ici, de
rétablissement des créances. "Dans 46 % des cas,
l'établissement des créances, une fois l'information disponible
au dossier, comporte des délais variant entre un mois et demi et 42 mois
et demi", avec une moyenne de 7 mois.
Alors, j'aimerais savoir de votre part, c'est quoi, effectivement? De
quelle façon le ministère pourrait-il procéder pour
diminuer peut-être un peu le délai, d'une part? D'autre part, de
quelle façon, avec un rapport coûts-bénéfices, on
pourrait amener un meilleur contrôle, pour éviter du moins des
trop-versés de cette ampleur-là, ces 27 000 000 $, quand
même, c'est de l'argent. Alors au niveau de votre recherche, est-ce que
vous avez regardé ces hypothèses-là?
Le Président (M. Lemieux): M. le Vérificateur.
M. Chatelain: O. K. Je pense bien que le député
soulève deux points dans cette question-là, évidemment. Il
y a le montant des trop-versés...
M. Farrah: Oui.
M. Chatelain:... des non-perçus et des trop-versés,
si vous voulez, d'aide sociale, l'augmentation dans les trop-versés.
Cela veut dire qu'on ne récupère pas ces trop-versés. On
donne une liste de retards ou de délais dans certaines activités
du ministère. C'est presque un cercle vicieux; plus on retarde, plus
ça va être difficile d'aller récupérer les
trop-versés. On parle d'assistés sociaux, dans beaucoup de cas,
alors...
Le Président (M. Lemieux): Ils n'en ont pas. M.
Chatelain: C'est évident.
Le Président (M. Lemieux): II n'y a pas de potentiel de
remboursement, pas de capacité de remboursement.
M. Chatelain: Voilà. Alors, plus on retarde, plus la
situation se détériore.
Le Président (M. Lemieux): Ce qui est important, c'est
qu'on évite d'en faire.
M. Chatelain: Voilà! Vous avez absolument raison, M. le
Président. C'est dès le début qu'on devrait faire en sorte
qu'il n'y en ait pas de trop-versés, c'est-à-dire qu'on ne fasse
pas de versements à des personnes qui n'y ont pas droit.
Le Président (M. Lemieux): Arrêter
l'hémorragie.
M. Chatelain: Voilà, au début. Parce que là
on est dans une situation qui est presque sans issue. Mais, cependant, pour
poursuivre sur la question, M. le Président, est-ce qu'on pourrait
demander à M. Feriand de répondre?
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Ferland (Jean-Luc): jean-luc fertand, directeur principal. au
niveau des trop-versés d'aide sociale, je pense que le ministère
fait quand même un effort appréciable pour essayer qu'ils ne
soient pas en augmentation constante. il est en train de revoir l'ensemble des
procédures de versement de l'aide sociale dans tout ce qui touche ce
qu'on peut appeler les bureaux régionaux ou centres
travail-québec. la difficulté dans l'aide sociale, c'est
d'établir vraiment le trop-versé comme tel. dans le cas d'un
créancier ordinaire, il est assez facile de détecter quand il ne
sera plus capable de nous payer, ce qui n'est pas le cas d'un assisté
social. souvent ces gens font un retour au travail, ils transmettent
l'information, mais le temps que l'information soit traitée au
ministère - c'est quand même une machine administrative qui est
très lourde - ça engendre un trop-versé qui est
difficilement récupérable dans plusieurs cas, parce que c'est
souvent un besoin de base, un besoin essentiel. c'est pour ça qu'il faut
regarder ça avec cette optique-là.
Il est sûr que le ministère pourrait quand même
s'améliorer - c'est notre point de vue et c'est pourquoi on fait ces
commentaires-là -apporter de l'amélioration dans les
mécanismes en place pour essayer d'être plus rapide au niveau de
l'inscription et de la perception des créances. Mais il reste, quand
même, que c'est une grosse machine et il est très difficile, avec
une clientèle comme ça, d'avoir des critères de
rentabilité et de perception, comme on peut en retrouver dans
l'entreprise privée.
Le Président (M. Lemieux): Au Revenu, par exemple.
M. Ferland: C'est le cas.
Le Président (M. Lemieux): II me semblait.
M. Farrah: Par rapport à l'augmentation...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
des îles...
M. Farrah: Oui, merci, M. le Président. L'augmentation
était de 27 000 000 $, en 1989. Quel était le montant,
l'année précédente?
M. Chatelain: Ah bon! D'accord. On peut le sortir assez
facilement.
M. Farrah: Seulement pour voir la tendance, là.
M. Chatelain: Oui, oui, d'accord, bien sûr. Mais ce qui est
important à retenir quand même, pendant qu'on regarde
ça...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Chatelain: c'est un montant cumulatif, ça, les 254 000
000 $, au 31 mars 1989. ça ne veut pas dire que c'était
simplement des versements de l'année 1988-1989.
M. Farrah: Non, c'est cumulatif
M. Chatelain: C'est le total cumulatif à ce jour. O. K.
?
M. Farrah: Où il s'ajoutait 27 000 000 $. M. Chatelain:
Voilà, c'est ça.
M. Farrah: Mais c'était combien, l'année d'avant
pour voir la tendance?
M. Chatelain: Évidemment. 27 000 000 $ par rapport
à 254 000 000 $, donc 227 000 000 $, l'année
précédente; mais on va le confirmer tout de suite, un instant.
L'année précédente, le 31 mars 1988, le montant
était de 235 000 000 $; il était, au 31 mars 1989, de 254 000 000
$.
M. Farrah: C'est à peu près la même
chose.
M. Chatelain: Oui Une voix: Non.
M. Chatelain: Ah oui, oui! Ce qui explique. Voilà. Comme
comptable... J'essayais de faire la conciliation entre les chiffres qu'on avait
donnés D'autant plus que je sais que, maintenant, il y a un
député, ici, qui est comptable, je savais que je me ferais
vérifier là-dessus; alors, je veux être doublement
sûr.
Le Président (M. Lemieux): D'ailleurs, il est très
attentif à vos propos.
M. Chatelain: Oui
Le Président (M. Lemieux): Attention, M. le
Vérificateur!
M. Chatelain: Oui! Je veux être doublement sûr de ce
qu'on avance. Alors, voilà! On dit bien que l'augmentation est de 27 000
000 $; le chiffre de l'année précédente était de
235 000 000 $, il est maintenant de 254 000 000 $. Ce qui explique que
l'augmentation n'est pas tout simplement de 27 000 000 $, c'est qu'il y a eu un
montant qui a été radié...
Le Président (M. Lemieux): O. K.
M. Chatelain:... en cours d'année
M. Farrah: D'autre part, M. le Président, si vous
permettez...
Le Président (M. Lemieux): Oui, O.K.
M. Bédard: finalement, ce qui vous préoccupe le
plus au sujet des trop versés d'aide sociale, à la page 48, au
point 3.48 - c'est le fait qu'à partir du moment où la
réclamation a été préparée le
ministère prend en moyenne quatre mois et demi avant de prendre contact
avec l'ex-bénéficiaire. c'est peut-être le reproche le plus
sérieux.
M. Farrah: Plus tu attends, plus il est difficile à
retrouver aussi, probablement.
M. Bédard: C'est ça.
Embauche d'occasionnels
M. Farrah: o.k. d'autre part, une question aussi au niveau de
l'embauche d'occasionnels. dans votre exposé, ce matin, vous en avez
parlé très brièvement.
M. Chatelain: Oui
M. Farrah: si ma mémoire est fidèle, vous disiez
que ça amène des coûts excessifs et ce n'est
peut-être pas non plus nécessairement efficace.
M. Chatelain: Voilà.
M. Farrah: Je ne veux pas, non plus, vous tirer les paroles de la
bouche, mais c'est la perception de ma compréhension, ce matin.
J'aimerais que vous élaboriez davantage là-dessus.
M. Chatelain: D'accord. M. Jean-Noël Thériault va se
joindre à nous, tantôt. Vous avez absolument raison. Quand on
regarde ça, c'est presque aberrant. Il faut s'entendre. Est-ce que c'est
efficace? C'est peut-être efficace dans le sens qu'on identifie les
occasionnels. Quand on dit "être efficace", le but du système,
c'est de pouvoir offrir des emplois à des occasionnels selon un
système donné. Maintenant, est-ce que c'est efficient? Là,
on a de sérieuses réserves, surtout quand on voit le nombre de
candidatures que nous allons retrouver dans un système pour, ensuite,
recruter au cours de l'année un certain nombre d'individus. Quand on
parle, par exemple, d'un système où il y a 9239 candidatures pour
recruter 15 personnes à partir de ce fichier-là au cours de
l'année, c'est une proportion qui est absolument hors de tout sens
commun.
Alors, ça explique, ça indique clairement, je pense bien,
que le système est extrêmement lourd. Mais le but de l'exercice,
je pense bien, dans notre rapport, c'était d'indiquer - il y avait
plusieurs choses qu'on visait - entre autres: C'est qu'on indiquait que tous
les ministères devaient développer son propre système;
plusieurs ministères avaient développé, d'une façon
autonome, leur propre système. Il n'y avait peut-être pas de
constance ou d'uniformité d'un système à l'autre, etc. Il
y a des systèmes qui ont été très dispendieux
à développer et, quand on voit tout ça, on se demande
"Qu'est-ce que ça donne?", en français, "qu'ossa donne?". On
regarde et on a des exemples comme ça. Si vous allez lu au bas de la
page 205, le graphique illustre ça, exactement.
Le Président (M. Lemieux): Ça vaut la peine d'aller
voir ça.
M. Farrah: Donc, ça, c'est en relief avec la politique
d'embauché d'occasionnels de juin 1986, si ma mémoire est
fidèle?
M. Chatelain: Oui, je pense bien que oui. Une voix:
D'accord.
M. Farrah: Est-ce que vous avez donné des recommandations
à cet égard-là au Conseil du trésor?
M. Thériault: Oui, au paragraphe 11.35. Est-ce que je dois
donner mon nom à nouveau?
Le Président (M. Lemieux): Non, ça va.
M. Thériault: Non, ça va? On a recommandé au
Conseil du trésor, à 11.35, de revoir tout ce qui est en place,
le mécanisme qui est en place, "dans la perspective d'une gestion plus
économique et plus fonctionnelle des ressources affectées
à ce secteur d'activités". Évidemment, nous autres, notre
rôle, ce n'est pas de donner la solution là-dessus. On a dit au
Conseil du trésor: Regardez tout ce secteur-là, il y a anguille
sous roche; refaites le point depuis 1986 et proposez ou organisez-vous pour
que soit proposée par le biais de l'ORH ou tout autre organisme une
solution peut-être plus économique que celle qui existe
actuellement.
M. Farrah: Peut-être un genre de fichier central...
M. Thériault: On ne donne pas de solution. Ça
pourrait être ça.
M. Farrah: ...où les ministères pourraient aller
piger.
M. Thériault: Ça pourrait être ça.
M. Farrah: Et non pas avoir un système parallèle
à chaque ministère.
M. Thériault: Exact. Il y a plusieurs combinaisons
possibles, remarquez bien. Tout ce que je peux faire, moi, c'est
développer des scénarios comme ça, mais ce n'est pas
nécessairement le plus économique. Ça pourrait être
un fichier central, mais seulement pour les fonctions les plus
répandues, comme agent de bureau ou agent de secrétariat, avec
des fichiers particuliers pour les ministères qui ont des fonctions
spécialisées, comme le ministère des Transports, le
ministère du Revenu, etc. Ça peut être des combinaisons,
mais il faut que le Conseil du trésor, ou un organisme habilité
à le faire, pose un diagnostic, étudie la situation.
M. Farrah: Ça va
M. Chatelain: M. le Président, je pense que c'est
indiqué à un endroit dans notre rapport. Ce qui arrive avec ce
système-là, c'est qu'il y a certaines personnes,
évidemment, qui sont anxieuses et qui veulent obtenir un emploi au
gouvernement. Elles doivent alors présenter une demande de candidature
dans 27 ministères, disons.
Le Président (M. Lemieux): C'est exactement ce qui
arrive.
M. Chatelain: Bien oui. Alors, ce qu'elles font maintenant...
Le Président (M. Lemieux): On le voit dans nos bureaux de
comté, quand les gens viennent nous voir.
M. Chatelain: Alors, maintenant, on voit des bureaux de
consultants qui offrent ce service là, qui préparent des C.V.,
des curriculum vitae, pour ces personnes. Et ce sont ces consultants qui se
chargent de les faire parvenir à tous les ministères, pour
s'assurer que la candidature apparaît dans cette multitude de
systèmes.
Le Président (M. Lemieux): On pourrait même aller
plus loin. On pourrait même parler des postes permanents lorsqu'on
reçoit 4000, 5000 candidatures, aussi. En tout cas, on va
peut-être y revenir lors de la révision de la Loi sur la fonction
publique. Avez-vous terminé?
M. Farrah: Moi, j'aurais peut-être une
réflexion...
Le Président (M. Lemieux): Oui, allez-y.
M. Farrah: ...en dehors du rapport, si vous le permettez. C'est
concernant certains dossiers qu'on a traités ici, au niveau des
Approvisionnements et Services. La conclusion à laquelle on en est
venus, c'est que le ministère des Approvisionnements et Services, son
rôle, en fin de compte, c'était d'acheter tel produit au meilleur
coût.
M. Chatelain: Oui. En gros, oui.
M. Farrah: Nous, ce qu'on reprochait souvent, c'est qu'à
un moment donné on nous passait des commandes de 3000 ou 5000 valises
Ça peut paraître marginal comme exemple. Sauf qu'on s'est rendu
compte que le ministère des Approvisionnements et Services, en fin de
compte, de façon systématique, acquiesçait à toutes
les demandes des ministères. Donc, lorsque la commande était
passée, c'était d'aller chercher ça au meilleur coût
possible. Sauf qu'on se demandait, compte tenu que les achats sont
centralisés, s'il n'y aurait peut-être pas lieu de penser que
Approvisionnements et Services pourrait peut-être effectuer un certain
contrôle sur les achats, parce que c'est systématique comme
acceptation. Ça ne relève peut-être pas
nécessairement de votre mandat, mais je ne sais pas si vos
vérifications pourraient faire en sorte d'amener un contrôle plus
adéquat, pour éviter peut-être des achats superflus.
M. Chatelain: D'accord, mais là, on touche un autre
aspect.
Le Président (M. Lemieux): l'observation du
député des îles-de-la-madeleine ne relève pas du
mandat de notre commission, effectivement. je pense qu'il l'avait bien
souligné avant et, de bonne foi, les membres l'ont accepté
Systèmes informatiques du gouvernement et vie
privée des gens
Moi, il me resterait une minute pour une question. Ce matin, on a
beaucoup parlé d'informatique. Et je pense que la presse était
présente; il y avait beaucoup de personnes présentes. Il semble
que beaucoup de gens aient été un petit peu inquiets. J'aurais
peut-être une question à vous poser. C'est la suivante: Est-ce que
la vie privée des Québécois et des
Québécoises est en danger par les informations disponibles
actuellement dans les divers systèmes informatiques gouvernementaux?
M. Chatelain: Non, je ne ferais... Non, non, écoutez...
J'ai ou l'occasion...
Le Président (M. Lemieux): Parce qu'il y a...
M. Chatelain: Oui, d'accord. J'ai eu l'occasion aussi de le
préciser publiquement dans le passé, en réponse à
des questions que j'avais eues. C'est vrai que, dans notre rapport, on signale
certaines lacunes, quand même, assez sérieuses, au niveau de la
sécurité, et ça corn prend la sécurité
d'accès aux données. Mais c'est d'une façon interne, il
faut s'entendre. C'est d'une façon interne, au gouvernement que la
sécurité est déficiente. Des personnes qui ont
accès à la machine et qui sont responsables de l'opération
de la machine ne devraient pas avoir accès aux données, pour que
ces mêmes personnes ne puissent pas changer les données. C'est un
élément de la sécurité informatique, bien
sûr. (16 h 45)
M. Léonard: Pour qu'elles ne puissent pas changer le
programme.
M. Chatelain: Changer le programme, si vous voulez. Ou encore, en
ayant accès à des données, une personne pourrait changer
les données le concernant, par exemple, à l'impôt, peu
importe. D'accord? Alors, on en a vu des faiblesses, par exemple, avec les mots
de passe, les accès, mais on ne va pas jusqu'à dire qu'on
s'expose, à l'externe, à ce qu'il y ait du coulage.
Écoutez, il y aura toujours une possibilité de coulage, mais
ça, c'est dans tous les systèmes. S'il y a de la collusion. Mais,
il faut être un expert, il faut connaître, évidemment, les
mécanismes de fonctionnement à l'intérieur du
ministère et de ces boites pour y avoir accès. Je ne dis pas que
ça ne serait pas possible. Oui, c'est possible, mais c'est tellement
improbable qu'il ne faut quand même pas alarmer la population avec
ça.
Le Président (M. Lemieux): La vie privée des gens
est bien protégée.
M. Chatelain: Oui, oui.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez quelque chose
à ajouter?
M. Thériault: Oui. Ce serait peut-être dans le sens
que cette année, notre étude d'envergure gouvernementale a
justement porté - l'année que nous vivons présentement -
sur la qualité de la sécurité. Dans nos critères
pour retenir les systèmes qu'on doit vérifier au niveau de
l'accès, justement, ça fait partie des dimensions, l'aspect vie
privée des gens, les informations qui doivent demeurer confidentielles.
On se demande effectivement si c'est bien protégé et si les gens
qui ont accès à ces informations sont seulement ceux qui
travaillent avec ça.
Le Président (M. Lemieux): Je pense que vous êtes
bien conscient du type...
M. Thériault: Ça doit être couvert de
façon gouvernementale.
Le Président (M. Lemieux): ..de problèmes que
ça pourrait amener, engendrer.
M. Farrah: D'ailleurs, il y a eu une manchette suite à nos
débats de ce matin...
Le Président (M. Lemieux): Oui, c'est la raison pour
laquelle, eu égard à tout ce qui s'est passé...
M. Farrah: ...disant que l'information n'était
peut-être pas confidentielle.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle, s'il vous plaît.
M. Léonard: Oui, peut-être que nous y reviendrons
ultérieurement, mais je sais que vous devez quitter, M. le
Président...
Le Président (M. Lemieux): Oui, je dois quitter.
M. Léonard: ...et je voudrais connaître vos
réactions à la motion que j'avais annoncée ce matin, et
savoir comment nous pourrons en disposer.
Le Président (M. Lemieux): Nous pourrons en disposer en
séance de travail, effectivement.
M. Léonard: Est-ce que vous acceptez de faire une
séance de travail là-dessus?
Le Président (M. Lemieux): II y aura effectivement une
séance de travail. Je vais en parler aux membres de cette
commission.
M. Léonard: O.K. Parce que ce ne sera pas...
Le Président (M. Lemieux): On en disposera en
séance de travail.
M. Léonard: ...nécessairement le libellé
qu'il y a là. On peut le modifier...
Le Président (M. Lemieux): D'accord. M. Léonard:
...pour le rendre correct.
Le Président (M. Lemieux): Je pense que vous étiez
bien conscient - d'ailleurs, votre conseiller juridique vous en avait bien fait
état - que ce n'était pas le forum approprié...
M. Léonard: Oui, oui.
Le Président (M. Lemieux): ...et qu'il y aura lieu d'y
aller en séance de travail.
M. Léonard: Je voulais quand même vous sensibiliser
ici...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Léonard: ...pour qu'on ait des suivis à tout
ça.
Le Président (M. Lemieux): Ça va, M. le
député de Labelle, oui. M. Léonard:
Ça va.
Le Président (M. Lemieux): Vous allez m'excuser, M. le
Vérificateur général, mais j'ai une obligation qui est
vraiment particulière et qui m'oblige à vous quitter à
cette heure-ci.
M. Chatelain: Vous êtes tout excusé, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: On parle de sécurité en matière
d'informatique. Je pense que la confidentialité, c'est la
sécurité des contribuables. A cet égard-là,
l'émission "Pulse" à CFCF Télévision
récemment faisait état d'une entrevue avec une personne d'une
agence de crédit, de recouvrement, donc, qui est habituée d'y
avoir affaire. Et la personne interviewée, en une demi-heure, a
reconstitué toute la vie de l'animateur, du caméraman, de
l'assistante à la réalisation et du réalisateur en
appelant des gens au gouvernement, dans des ministères. C'était
au point de révéler le montant de la bourse obtenue par le
caméraman quand il était étudiant à Toronto, onze
ans avant. Donc, il y a là un problème, je pense, très
spécifique. On sait qu'il y a des problèmes de piratage de
systèmes d'ordinateurs, mais, quand on voit l'ampleur de
l'équipement qui est en cause, ça fait beaucoup de terminaux,
donc, beaucoup d'accès, donc beaucoup de choses qui peuvent sortir. Il y
avait dans le reportage qui a été fait des renseignements
proprement confidentiels qui n'avaient aucune raison d'être
dévoilés. Alors...
M. Chatelain: D'accord, M. le Président, comme M.
Thériault le signalait tantôt, c'est un aspect sur lequel on se
penche présentement, au cours de la présente année, vous
savez, dans la troisième année de notre vérification sur
la gestion des systèmes informatiques. Malheureusement, chaque
année, vous voyez dans notre rapport annuel presque une litanie quant au
manque de sécurité sur l'information dans les systèmes
informatiques du gouvernement. Mais, quand on les décrie, ces manques de
sécurité, il faut se rappeler que c'est à l'interne du
gouvernement comme tel. C'est pour ça que j'ai fait la précision
tantôt qu'il ne faut quand même pas alarmer la population. Mais,
quand même, je suis bien conscient de ce que le député
soulève, de ce que vous soulevez. Une personne qui se donnerait la peine
de cumuler de l'information pourrait monter un joli dossier sur un autre
individu. Alors, c'est là qu'est le danger. C'est la multitude, le flot
d'informations qu'il y a.
Le Président (M. Chagnon): Merci, M. le
Vérificateur général. M. le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: Ça va.
Le Président (M. Chagnon): Ça va. M. le
député de Labelle.
Absence de planification à la
Société immobilière du Québec
M. Léonard: Oui. M. le Président, à ce
stade-ci de nos travaux, je voudrais aborder une autre question, qui est celle
de la Société immobilière du Québec. Vous avez fait
une vérification, je pense, intégrée, comme vous
dites?
M. Chatelain: C'est ça, M. le Président, oui.
M. Léonard: II en ressort un certain nombre de choses, un
certain nombre de recommandations Je veux simplement, en partant, attirer
l'attention sur le fait qu'il n'y a pas de planification - si je dois conclure,
en tout cas - ou pratiquement pas, à la Société
immobilière du Québec. Parce que la première
recommandation que vous faites, c'est que "la Société devrait
disposer d'un plan de développement qui tienne compte des besoins
immobiliers des clients. " Libellé de cette façon
générale, ça veut dire qu'il n'y a pas de plan; on ne
connaît même pas les besoins immobiliers des clients. Vous dites
qu'il n'y a pas "de plan à long terme... de conservation des 500
édifices du gouvernement, qui sont évalués, quant à
eux, à 1 400 000 000 $... On ne parle pas de grenailles ou de
"pinottes", ou de tout ce que vous voudrez; on parle d'équipements
importants. Ça m'étonne un peu parce que, justement, quand on
parle de biens immobiliers, on parle toujours de long terme. Il y a quelque
chose de contradictoire dans les termes eux-mêmes et je voudrais,
là-dessus, laisser la parole à mon collègue de
Pointe-aux-Trembles, s'il veut aller plus à fond dans cette
question.
Le Président (M. Chagnon): Allez, M. le
député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: Vous dites, en page 183: "La Société
peut difficilement élaborer un plan de développement sans
disposer du plan triennal des besoins immobiliers de sa clientèle.
L'élaboration de ce plan triennal est sous la responsabilité du
ministère des Approvisionnements et Services et il n'était pas
connu de la Société au moment de notre vérification". Ma
question c'est: II était dû depuis quand, ce plan-là ou il
tardait depuis quand?
M. Léonard: C'était dans le mandat même,
à sa création.
M. Chatelain: Donne ton nom.
M. Deblois (Roger): Roger Deblois, directeur de
vérification
Le Président (M. Chagnon): M. Deblois
M. Deblois: M le Président, il y a eu une entente, en
1988, entre le ministère des Approvisionnements et Services et la SIQ,
dans laquelle le ministère donnait ses recommandations et la relation
qu'il devrait y avoir entre les deux entités. C'est dans cette
entente-là, qu'il donnait ses directives; le ministère disait
qu'il se gardait le privilège de préparer le plan triennal des
besoins immobiliers de tout le gouvernement du Québec.
M. Bourdon: Donc, le plan mentionné il y a trois ans et
pour trois ans est en retard de trois ans. Il n'y en a jamais eu.
M. Deblois: II est en retard, à date; il n'est pas encore
là.
M. Bourdon: O.K.
M. Deblois: C'est-à-dire au moment de notre rapport.
M. Bourdon: D'accord. Et, depuis votre rapport, est-ce que le
ministère s'est occupé de ça et a fait un plan?
Le Président (M. Chagnon): M le Vérificateur? M.
Deblois.
M. Deblois: À ma connaissance, l'automne dernier, à
la préparation du rapport, ce plan triennal là n'était pas
encore disponible. Aujourd'hui, quelques mois après, je ne pourrais pas
vous dire.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: En tout cas, c'est...
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Là-dessus, si vous me le permettez,
à la création de la SIQ, il me semble que c'était un de
ses mandats, d'élaborer un plan de développement des
édifices, des propriétés immobilières?
M. Deblois: Oui Maintenant, après...
M. Léonard: Alors, ça remonte à quand, cette
création-là? C'est en 1981, 1982?
Le Président (M. Chagnon): En 1987.
M. Deblois: En 1984. La Société immobilière
a commencé ses opérations en octobre 1984.
M. Léonard: Bon, O.K. Le projet de loi qui la
créait a été adopté en 1983, quelque chose comme
ça.
M. Deblois: C'est ça. Et ça a changé en
1986, lorsque le ministère des Approvisionnements et Services a
été créé. C'est à ce moment-là qu'on
a créé une autre entité qui devenait le ministère
responsable de la Société immobilière. Et c'est à
ce moment-là qu'il y a eu un partage des responsabilités.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: Écoutez, c'est parce qu'on n'a ni plan, ni
projection des besoins des clients; et c'est gros. On n'a pas, non plus, de
plan à long terme de conservation des édifices. Et vous
soulignez, au rapport, que, des immobilisations prévues pour
l'année que vous avez étudiée, on a dépensé
65 000 000 $ sur un total de 98 000 000 $. Alors, je suppose que, quand on
prévoyait 98 000 000 $ d'immobilisations, il y avait des besoins pour 98
000 000 $ et qu'on en a satisfait pour 65 000 000 $. Il y a quelque chose
là-dedans qui est un peu, à proprement parler, incroyable, parce
qu'on n'a pas de plan d'utilisation et on n'a pas de plan de conservation.
Donc, on ne sait pas ce qui va arriver de nos édifices, ni de quels
édifices on a besoin.
Le Président (M. Chagnon): M. le Vérificateur.
M. Chatelain: La constatation, c'est que, ne disposant pas de
plan à long terme et ne disposant pas de façon précise
d'une élaboration des besoins immobiliers, je pense bien que la
Société ne peut planifier que sur le court terme, c'est
évident. Alors, on voit là les résultats du court terme.
La Société a dû, cette année-là,
établir un plan que pour l'année à venir, donc pour les
besoins immédiats qui pouvaient être déterminés
à ce moment-là. Est-ce que mon collègue, M. Bédard,
voudrait ajouter quelque chose?
M. Bédard: Vous avez tout à fait raison. Cette
carence, ce manque de coordination entre le ministère des
Approvisionnements et Services, avec la Société, fait en sorte
que la Société n'a pas de vision globale de ses besoins et de ses
orientations. Dans ce contexte, sur un budget de 98 000 000 $, on a
dépensé 65 000 000 $ sur des choses qui étaient
quelquefois différentes de celles qui étaient incluses dans le 98
000 000 .$. C'est le reflet d'un manque de planification, d'un manque de vision
globale. On n'a pas dépensé la
totalité du budget, et en plus, certaines dépenses ne
faisaient pas partie des 98 000 000 $.
M. Bourdon: Mais dans le fond, ce qui se dégage du
rapport, M. le Vérificateur général, c'est qu'il n'y a pas
de planification des besoins de la clientèle. On marche au jour le jour,
selon les besoins exprimés par la clientèle; la clientèle
étant les ministères, ça prend un sens commercial
ordinaire.
Mais, quand on regarde, à la page 186, ce qui arrive aux demandes
de la clientèle, quand la clientèle fait des demandes, le
délai moyen de réalisation, en jours de calendrier, quand il y a
des travaux à effectuer, c'est 358 jours. Je remarque, au paragraphe 10.
34, que "le délai moyen de réalisation d'une demande est de 358
jours, dont 212 jours pour la période de préparation des
solutions proposées. " La réflexion occupe beaucoup plus d'espace
et de temps que la réalisation. Dans ce sens-là, on peut dire que
c'est "songé" ce que fait la Société immobilière.
Disons que ça l'est, je pense, à l'excès.
Vous mentionnez également dans le rapport qu'en moyenne c'est
livré 70 jours en retard. Alors, on fait une demande: ça prend
212 jours à l'analyser, ça prend 358 jours à la
réaliser et, en moyenne, on est 70 jours en retard quand c'est
réalisé. Vous dites, au paragraphe 10. 36: "Ces délais et
ces dépassements d'échéancier entraînent des
coûts supplémentaires à la Société, qu'elle
en soit responsable ou non. À titre d'exemple, nous avons relevé
un cas mettant en cause plusieurs intervenants, où la
Société a dû retarder la livraison des locaux à un
tiers, ce qui a entraîné un manque à gagner d'environ 375
000 $ en revenus de loyer. "
Le Président (M. Chagnon): M. le Vérificateur.
M. Chatelain: Est-ce qu'on pourrait demander à M.
Bédard, s'il vous plaît, M. le Président?
Le Président (M. Chagnon): M. Bédard.
M. Bédard: Dans un premier temps, pour ajouter aux propos
sur le tableau, lorsqu'on parle du délai de livraison de 70 jours, vous
avez tout à fait raison, mais, lorsqu'on parle des 212 jours, il
faudrait peut-être préciser. On fait référence au
temps requis pour la préparation de la solution par la
Société et au délai d'acceptation de la proposition par le
client. C'est le délai du client pour accepter la proposition de la
Société, et non pas seulement le temps pendant lequel la
Société réfléchit sur ses propositions. Il
n'était pas possible, pour nous, d'identifier qui était
responsable des délais. Est-ce que c'est le client? Le manque
d'informations nous empêchait de conclure. Toutefois, on en arrivait
à la même conclusion que vous: 70 jours de délai de li-
vraison.
M. Bourdon: Je suis d'accord quant à l'explication. C'est
que les délais sont imputables aux clients, mais les clients ne
connaissent pas et ne formulent pas à la Société
immobilière leurs besoins Le ministère, il représente un
peu l'ensemble des clients. Ce que je comprends de votre rapport, c'est que le
ministère devrait s'enquérir auprès des clients de leurs
besoins d'espace. Une entreprise privée qui est confrontée
à ça le fait, demande à ses services: Quels sont vos
besoins et on va planifier nos choses Mais la Société, elle, est
donc prise pour fonctionner au jour le jour, selon les demandes qu'on lui fait.
(17 heures)
Et ça m'amène à poser une autre question. J'ai un
peu peur de la réponse. Est-ce que la Société a fait des
études coûts-bénéfices de la location d'immeubles
par rapport à l'achat d'immeubles?
Une voix: Pour certains, oui.
M. Bourdon: L'achat ou la construction d'immeubles Parce que ce
que je remarque dans votre rapport, c'est que des 2 500 000 mètres
carrés d'immeubles dont la Société s'occupe, il y en a 1
000 000 de mètres carrés qui sont loués. Est-ce qu'il y a
des études coûts-bénéfices sur la construction d'un
immeuble versus la location d'un immeuble? Je m'explique: j'ai pris
connaissance, en septembre dernier, d'un appel d'offres pour un immeuble
à Montréal, pour le ministère des Transports. On
requérait un immeuble à un kilomètre de l'intersection de
deux rues. Il y avait juste un immeuble dans le kilomètre en question et
on parlait d'un contrat de location d'une valeur de 16 000 000 $ par
année... C'est que, voyez-vous, le gouvernement et d'autres disent qu'il
est toujours plus avantageux d'être propriétaire que locataire,
et, quand on veut le louer pour 16 000 000 $ par année, il me semble
qu'on devrait peut-être envisager d'être propriétaire de
l'immeuble en question Alors, je ne sais pas s'il y a des études
coûts avantages et je ne veux d'aucune façon dire que la
Société immobilière ne doit pas louer, mais, avant de
construire ou de louer, elle doit se demander ce que ça coûte.
M. Deblois: Oui, comme on le dit dans le rapport, tout projet
d'une certaine importance, de 110 000 $ et plus, doit être
approuvé par le ministère des Approvisionnements et Services.
Alors, lorsqu'il y a des demandes, tout besoin d'espace doit être
approuvé par le ministère des Approvisionnements et Services La
Société, sur demande, va faire des analyses à savoir
est-ce qu'il est préférable daller en construction, location,
location-acquisition Mais c'est le ministère qui prend la
décision du choix de la
solution.
M. Bourdon: D'accord. Est-ce qu'on pourrait, M. le
Président...
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon:... avoir une idée de la proportion des besoins
qui ont été comblés par construction ou par acquisition,
je ne sais pas, et de la proportion qui a été comblée par
location?
M. Deblois: Les 65 000 000 $, il y a de l'aménagement, il
y a de nouveaux aménagements à l'intérieur de ça.
Mais ça, c'est statique. À l'aperçu général,
à la page 181, on a un peu la proportion de ce qui est de la
propriété, en location et autres.
M. Bourdon: Oui, c'est un indicateur de l'état de
l'ensemble du parc immobilier de l'État, mais ça ne nous donne
pas une indication de la tendance. Ce que j'entends, moi, c'est. En douze mois,
on loue pour combien et on construit pour combien?
M. Deblois: D'accord. La tendance, actuellement, est surtout vers
la location-acquisition. C'est la tendance qu'on voit.
M. Bourdon: Qu'est-ce que vous entendez par
location-acquisition?
M. Deblois: C'est une location pure, avec une option d'achat au
bout de 20 ans, 25 ans, 30 ans.
Une voix: À l'échéance du bail.
M. Léonard: Je vais poser une question.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: vous avez vérifié,
évidemment, les opérations de la société
immobilière du québec. est-ce qu'elle détient tous les
espaces loués ou possédés par te gouvernement,
actuellement, ou pas?
M. Chatelain: Oui.
M. Léonard: Je vais poursuivre, alors.
M. Chatelain: Oui, oui, c'est parce qu'il y a des cas
particuliers.
M. Léonard: II y a quelques cas particuliers. Mais est-ce
que vous êtes satisfait, après avoir fait votre
vérification, du contrôle du gouvernement sur ses
propriétés immobilières? Y a-t-il une relation entre les
terrains possédés par le gouvernement au ministère de
l'Énergie et des Ressources et au ministère des Transports et les
propriétés possédées et occupées par le
gouvernement, donc qui comprennent un édifice? Deuxièmement - je
vais aller plus loin - si vous avez fait une vérification, avez-vous
fait une liaison entre les comptes de taxes envoyés par les
municipalités aux Affaires municipales et vos propriétés
à la SIQ? Est-ce qu'il y a une relation qui a été
établie en termes administratifs, lorsque le gouvernement paie ses
comptes de taxes municipales ou ses "en lieu" de taxes aux
municipalités? Il y a beaucoup de choses là-dedans, mais...
Le Président (M. Chagnon): M. le Vérificateur.
M. Léonard: en d'autres termes, j'en reviens encore
à la question des relations interministérielles dans un dossier
comme celui-là.
M. Chatelain: Sur la première partie de la question
concernant - appelons ça ainsi pour le moment - la coordination
interministérielle. Pour le moment, les édifices dont le
gouvernement est propriétaire, les terrains dont il est
propriétaire par l'entremise de divers ministères, et les
édifices qu'ils occupent. C'est ça, dans le fond.
M. Léonard: Ah oui! Il y a tout ça.
M. Chatelain: En gros, est-ce qu'il y a une relation entre les
deux? Est-ce qu'il se fait un joint? Je doute... Je ne crois pas, là et
je regarde mes collègues... On n'a pas fait d'études...
M. Léonard: Ce n'était pas dans... M. Chatelain:
Un de ses mandats, là.
M. Léonard: un des éléments de
vérification?
M. Chatelain: Non, pas dans ce sens-là. C'est vrai qu'on
aurait pu faire un joint à un moment donne, parce que, là, je
réalise...
M. Léonard: Bien, des titres de propriété,
c'est important, non?
M. Chatelain: Oui. C'est parce qu'on a fait une
vérification à la Société immobilière. On a
regardé la gestion, si vous voulez, des propriétés du
gouvernement. D'autre part, on a regardé le cadastre, les terrains et
les terres publiques. Ensuite, on aurait probablement, pu faire une relation
entre les deux, faire un joint.
Mais je douterais que l'on puisse... On m'indique qu'on a
peut-être un autre complément d'information, ici.
Le Président (M. Chagnon): Est-ce que vous pourriez vous
nommer, s'il vous plaît?
M. Ferland: Jean-Luc Feriand. Dans le cadre de la
vérification financière de la SIQ, on s'assure quand même
chaque année que cette société-là assume sa
responsabilité de payer des taxes sur ses immeubles. Chaque
année, on a des projets de vérification qui nous assurent de
façon raisonnable que la société s'acquitte de cette
responsabilité-là via le ministère des Affaires
municipales. Mais de là à dire qu'on a regardé si tous les
immeubles qui sont dans la banque d'immeubles de la SIQ sont l'objet de taxes
et que la société a systématiquement payé toutes
les taxes dues, je dois dire qu'on ne l'a pas regardé. Mais, au fil des
années, avec les échantillonnages qu'on fait sur cette banque
d'immeubles dans le cadre de notre vérification financière, on
serait susceptibles de retrouver des cas où les taxes n'auraient pas
été payées, s'il y en avait. Là-dessus, les
systèmes en place nous portent à croire que les taxes du
ministère sont payées sur les immeubles dont il est
propriétaire.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Labelle, vous avez l'air de quelqu'un qui veut poser une question
complémentaire.
M. Léonard: Oui, c'est ça. À ce
moment-là, quel est le mandat de la SIQ exactement par rapport aux
immeubles gouvernementaux? Il me semble que c'était de gérer les
immeubles loués, les immeubles possédés en propre, puis
peut-être qu'il y a d'autres cas... je pense en louer, en
posséder. Est-ce qu'il y a autre chose? Est-ce qu'elle détient un
mandat sur tous les immeubles occupés par le gouvernement, ou si c'est
un mandat par lequel elle s'occupe de la moitié, du tiers ou des trois
quarts? Bref, qu'est-ce qui reste dans les autres?
M. Chstelain: D'accord. M. Deblois.
M. Deblois: Oui. En 1984, lorsque la Société a
commencé ses opérations, le gouvernement a désigné
par décret les immeubles et les entités dont elle aurait la
responsabilité. Ça s'est fait en 1984. Il y a quelques immeubles
qui peuvent être exclus, par exemple, comme le parlement, ici, et le
Musée de la civilisation.
M. Chatelain: Certaines entités.
M. Léonard: Ah! C'est exclu. Ils ne l'ont même pas
dans leurs livres pour mémoire?
M. Deblois: Non. C'est parce que le décret...
M. Léonard: Do sorte qu'il n'y a pas encore de
contrôle... C'est une question qu'on a déjà
discutée. Il n'y a pas de contrôle, à aucun endroit au
gouvernement, sur l'ensemble des propriétés du gouvernement.
M. Chatelain: Bien, il faut s'entendre. Si on inclut le
parlement, l'Assemblée nationale, ses édifices, si on inclut tout
ça dans le grand terme "gouvernement", c'est bien sûr qu'il n'y a
pas de contrôle. Il y a les cas particuliers, comme la CSST. Il y a le
Directeur général des élections, je pense bien, qui, lui,
est propriétaire de l'immeubl. e II y a des cas particuliers comme
ça.
M. Léonard: Selon des lois qui ont été
adoptées, qui le prévoyaient.
M. Chatelain: Oui, voilà.
M. Léonard: O. K. Mais il reste quand même que,
quelle que soit la loi, si c'est propriété du gouvernement,
à un moment donné, la question que je pose, finalement, c'est:
Est-ce que la SIQ ne devrait pas avoir au moins un droit de regard, comme vous
en exigez un sur les organismes du gouvernement? C'est ce que vous revendiquez.
Alors, dans son domaine, ça pourrait être la même chose et
je sais qu'il y a toutes, sortes de cas. Par exemple, Place Desjardins à
Montréal: le gouvernement est propriétaire, via la corporation,
de Place Desjardins. Il reste qu'il y a des immeubles considérables qui
relèvent, qui appartiennent ou qui sont loués par le gouverne
ment. Le mandat de la SIQ, ne devrait-il pas être étendu, si ce
n'est pas le cas?
Le Président (M. Lemieux): M. le Vérificateur.
M. Chatelain: Comme Vérificateur, ça ne fait pas
partie de mes fonctions de me prononcer sur les mandats qui sont
confiés. Mais je regarde, par exemple, les édifices du Parlement.
On est dans un édifice du Parlement, dans le moment. Je pense bien
qu'à ce moment-là il y a une question de juridiction ou une
question de la souveraineté du Parlement comme tel. Alors, il ne faut
pas...
M. Léonard: Ça, c'est correct.
M. Chatelain: D'accord? Mais je ne me...
M. Léonard: Mais ils pourraient l'avoir dans leurs livres,
qu'il y a un édifice du Parlement quelque part.
M. Chatelain: D'accord. Mais on pourrait peut-être se poser
des questions. Sans mettre en cause le mandat des entités
gouvernementales, ce n'est pas ma fonction, on pourrait peut-être se
poser des questions dans certains cas, par exemple, ou on voit des organismes
du gouver-
nement que vous mentionniez tantôt - qui sont propriétaires
d'immeubles. À ce moment-là, comme je le dis, mais je ne vais pas
plus loin que ça, on pourrait se poser des questions. Oui, M.
Bédard.
Le Président (M. Chagnon): M. Bedard
M. Bédard: Votre question est complexe, mais, en
même temps, pertinente. Vous avez tout à fait raison de dire que,
s'il y avait centrale-ment une certaine coordination, on aurait peut-être
une uniformité dans l'approche, entre autres, au niveau de la
construction, de la rénovation. Les normes qui s'appliquent aux
établissements qui sont assujettis à la SIQ seraient les
mêmes pour les autres qui ne sont pas assujettis aux normes de la
Société immobilière du Québec.
M. Deblois: Seulement pour ajouter, si vous le permettez,
à la page 81, dans notre graphique, lorsqu'on a "Autres, 3 %"...
M. Léonard: Oui
M. Deblois:... ça comprend le parlement, par exemple. Ils
n'ont pas la propriété, mais ils ont la gérance de ces
édifices-là, l'entretien, l'exploitation de l'édifice. Ce
sont eux qui ont la gérance de ça.
M. Léonard: O. K. Je sais que nous avons
dépassé nos 20 minutes.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Labelle, vous me faisiez part de votre intention de vider le sujet de la
SIQ.
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Chagnon): ... si j'ai l'aval des
députés ministériels, vous pourriez continuer et,
évidemment le temps continuera à couler comme...
M. Léonard: C'est correct.
Le Président (M. Chagnon): Ça vous va?
M. Léonard: Je vais intervenir là-dessus.
Le Président (M. Chagnon): II y a consentement. Allez, M.
le député de Labelle.
M. Léonard: non, j'ai posé ma question. je viens de
la poser. ils l'ont trouvée complexe, m'ont-ils dit.
Le Président (M. Chagnon): Alors, M. le
Vérificateur général.
M. Bourdon: Pour ajouter à ce que j'ai dit
précédemment, moi, il m'apparait que la SIQ devrait non seulement
être pourvue, par le ministère des Approvisionnements et Services,
d'un plan triennal faisant état des besoins de la clientèle, mais
il me semble qu'il devrait y avoir on permanence une étude
coûts-avantages pour toutes les locations de la SIQ. Parce que Ià
c'est un domaine un peu vierge. On sait qu'il y a 1 000 000 de mètres
carrés loués. Il doit y avoir des baux qui viennent à
échéance. Est-ce qu'on se pose la question en bon père de
famille, comme dit le Code civil, ou en bon administrateur? Est-ce qu'on loue
le bon endroit au bon prix, aux bonnes conditions? Autrement dit, il nous
semble, en tout cas, nous de notre groupe, qu'il y a quelque chose
d'inquiétant à voir qu'il n'y a pas de planification plus
sérieuse de l'ensemble des besoins d'agrandissement, de location,
d'achat et même d'entretien de l'ensemble des immeubles de
l'État.
M. Chatelain: M. Bédard, M. le Président. Le
Président (M. Chagnon): M. Bédard.
M. Bédard: Merci. J'endosse votre préoccupation
à l'égard des plans triennaux qui devraient être
présents pour permettre à la Société
immobilière du Québec de bien gérer et de s'acquitter de
sa responsabilité. Toutefois, à l'égard des études
coûts-bénéfices auxquelles vous faites allusion, c'est la
responsabilité du ministère des Approvisionnements et Services.
On ne conclut pas ici dans l'étude que ça n'existe pas. Tout ce
qu'on dit, c'est que le ministère des Approvisionnements et Services
communique avec la Société immobilière du Québec
pour faire ces études-là. Maintenant, on n'a pas fait la
vérification du ministère des Approvisionnements et Services, qui
nous permettrait de conclure dans le contexte que vous dites. Je crois
toutefois que ces études-là existent. Maintenant, est-ce qu'elles
sont faites pour tous les projets? Ça, ça reste à voir
dans nos prochaines vérifications.
M. Léonard: O. K. Je poserais une autre question. Est-ce
que vous considérez que les coûts de construction, les coûts
d'opération, d'entretien de ces immeubles-là rentrent dans les
normes et qu'il n'y a pas de problèmes particuliers à signaler
là-dessus? Vous avez des barèmes, je suppose. Qu'est-ce que
ça vaut, un mètre carré en édifice gouvernemental?
100 $ le mètre à peu près?
Le Président (M. Chagnon): C'est le point 10. 40.
M. Léonard: Ça vaut plus que ça.
M. Bédard: C'est ça. Au point 10. 40, on dit: "En
règle générale, nous avons constaté que le
coût de ces travaux était bien contrôlé dans les
dossiers analysés." Donc, on n'a pas retrouvé de
majoration de contrats et très peu de changements à la
Société immobilière du Québec lors de notre
vérification. Maintenant, si M. Deblois veut poursuivre.
M. Deblois: Au niveau des contrats d'exploitation, on
procède par soumissions sur les contrats, puis on va au fichier des
fournisseurs, dépendamment des montants qu'on doit accorder. Alois, on
n'a pas regardé l'octroi de contrats comme tel, mais on suit cette
procédure d'octroi de contrats au niveau de l'exploitation. On parle
là-dedans de politique de faire-faire de la Société. La
Société s'est donné cette politique de faire-faire; alors,
il y a de plus en plus de contrats à ce niveau-là. (17 h 15)
M. Léonard: Quels sont les coûts de location
actuellement, disons au pied carré ou au mètre
carré...
M. Deblois: Ça varie beaucoup.
M. Léonard: ...en général?
M. Deblois: C'est 120 000 000 $...
M. Léonard: À Québec et Montréal,
disons.
M. Deblois: C'est difficile. Dépendamment si c'est au
centre-ville...
M. Léonard: Oui, si c'est au centre-ville.
M. Deblois: ...ou à l'extérieur, il y a beaucoup de
différence entre le coût au mètre carré, même
dans une même ville; dépendamment de la situation, il y a beaucoup
de différence.
Le Président (M. Chagnon): Au-dessus d'une bouche de
métro ou pas au-dessus.
M. Deblois: C'est ça.
Le Président (M. Chagnon): Est-ce qu'il y a d'autres
questions?
M. Léonard: Non, ça va pour la SIQ.
Le Président (M. Chagnon): Oui. M. le député
de Louis-Hébert.
Transferts de fonds entre la RAMQ et la RAAQ
M. Doyon: Oui. Merci, M. le Président. J'aimerais
peut-être savoir si vous avez eu l'occasion de vérifier s'il
existe une politique quelconque qui permet, par exemple, au ministère de
la Santé et des Services sociaux de récupérer certaines
sommes d'argent, suite à des accidents de voiture qui entraînent,
évidemment, des dé- boursés de la part du ministère
de la Santé et des Services sociaux, lesquels déboursés
sont pour soigner des blessures de toutes sortes, de toute nature, et
pourraient être imputés à la Régie de l'assurance
automobile du Québec. Est-ce qu'il y a des arrangements qui existent, de
quelque façon, qui permettent des transferts de fonds entre l'organisme
payeur, en I occurrence, le ministère ou la Régie de
l'assurance-maladie, et la RAAQ, par exemple? Comment ça se passe,
là?
M. Bédard: À ce que je sache et là, j'ai
peut-être besoin de l'aide de Gilles Larrivee. Mais à ce que je
sache, il existe une entente entre la Régie de l'assurance-maladie et la
RAAQ à l'effet qu'on puisse transférer un montant global, sur une
base estimative, année après année, pour couvrir les
sommes qui résultent des accidentés. Maintenant, si ma
mémoire est bonne, c'était de l'ordre de 60 000 000 $.
Une voix: C'est la CSST, ça.
M. Bédard: Oui, mais il ne parle pas de la CSST.
M. Doyon: Non. Je ne parle pas des accidents du travail; je parle
des accidents de la route.
Une voix: Vous parlez de la Régie de l'assurance
automobile du Québec, oui.
M. Bédard: Je crois que le montant est de l'ordre de 65
000 000 $ sur une base annuelle, 60 000 000 $ ou 65 000 000 $ Vous me donnez
une seconde, s'il vous plaît?
M. Doyon: Oui, oui; bien sûr, bien sûr.
M. Bédard: Au départ, c'était de 60 000 000
$. Ça a été indexé d'année en année.
Il est maintenant à 65 000 000 $.
M. Doyon: Vous autres, est-ce que vous avez fait la
vérification? Est-ce que ça correspond à la
réalité ou si c'est tout simplement un estimé qui fait
l'affaire des deux parties? Est-ce que vous vous préoccupez de voir
à ce que ça représente vraiment le coût qui est
déboursé, par exemple, par la Régie de l'as surance
maladie? Parce qu'on sait que la RAAQ a des surplus. Le ministère manque
d'argent pour soigner les gens et je me dis qu'il y a peut-être de la
récupération à faire là. Je ne le sais pas. Est-ce
que vous avez vérifié, est-ce que vous avez regardé cet
aspect des choses?
M. Bédard: Bon. Au départ, une étude avait
été faite pour justifier les 60 000 000 $, de sorte que le
président de la RAAQ et les responsables de la Régie
s'étaient entendus sur le montant de 60 000 000 $. Maintenant, ces
montants-là sont
reconduits d'année en année. À savoir si c'est
justifié maintenant compte tenu de l'étude qui avait
été faite à l'époque, on n'a pas
vérifié ça.
M. Doyon: Vous n'avez pas vérifié. M.
Bédard: Non
M. Doyon: Est-ce que ça pourrait être dans votre
mandat de regarder ça et de nous donner une idée à nous
autres? Est-ce que c'est équitable? Est-ce que tout le monde y trouve
son compte ou est ce qu'il y en a qui profitent d'une aubaine là-dedans,
à quelque part?
M. Chatelain: D'accord. M. le Président, oui, on pourrait
faire ça. Évidemment, la façon dont on procéderait,
ce serait, pour nous, de demander à la RAAQ de mettre à jour son
étude sur ce sujet.
M. Doyon: Combien ça a coûté?
M. Chatelain: Pardon?
M. Doyon: Combien ça a coûté à la
RAAQ?
M. Chatelain: Oui, oui, d'accord. Alors, on demanderait à
la RAAQ de mettre à jour les données pour ces
années-là et nous, ensuite, on vérifierait le
bien-fondé ou encore, si vous voulez, l'exactitude d'une telle
étude.
M. Doyon: Ça pourrait être intéressant. M.
Chatelain: Oui, d'accord.
M. Doyon: Ça pourrait être intéressant,
d'autant plus que les gens qui vont à l'hôpital, qui sont
soignés suite à un accident de voiture, le disent, que c'est
suite à un accident de voiture. Ça doit avoir un but. Moi, j'ai
toujours pensé que le fait qu'on demandait à une personne: Est-ce
que c'est un accident de travail? Est-ce que c'est un accident de voiture -
quand on va à l'hôpital, on nous demande ça, la
première chose - c'était de façon à permettre la
récupération de ces montants-là par la Régie de
l'assurance-maladie auprès de la RAAQ. Mais, si on ne le fait pas
systématiquement cas par cas, je ne vois pas pourquoi on nous demande
encore ce renseignement-là, parce qu'il me semble plus ou moins utile,
si on a établi un montant qu'on indexe tout simplement année
après année.
Une autre question, M. le Président - et peut-être qu'on
pourra revenir ultérieurement une autre fois là-dessus - sur
laquelle j'aimerais avoir une réponse de la part de nos invités.
On sait que la police de la route procédait à un certain nombre
de vérifications, à des pesées, émettait des
infractions, vérifiait quelle sorte de "fuel", de carburant était
dans les camions et vérifiait aussi, et je pense que c'est important, si
les transferts de propriété des camions avaient été
faits. J'ai eu l'occasion de faire une étude il y a quelques
années, pour le ministère des Transports, alors que
j'étais adjoint parlementaire au ministre des Transports. Je suis
allé gratter un peu cette affaire-là et je me suis aperçu
qu'il y a beaucoup de camions dont le transfert de propriété
n'avait pas été fait; d'où une perte de revenus pour le
gouvernement. Alors que les compagnies étaient vendues, quelqu'un en
prenait charge et on continuait de procéder, comme ils disent, sous les
anciens permis, les anciennes licences Donc, peu ou pas de vérification
était faite suite au démantèlement de la police de la
route. On aura, d'ici quelques mois, une nouvelle police de la route, qui aura,
justement, pour mandat de vérifier le carburant des camions, les
transferts de propriété et d'émettre des contraventions
suite à des dépassements de poids par axe, etc. Est-ce que vous
avez pu évaluer - moi, j'en avais fait une évaluation à
l'époque, mais j'étais un petit peu dans la purée de pois
- les pertes de revenus qui ont découlé pour le gouvernement du
Québec de l'absence d'une véritable police de la route, dont le
mandat premier et unique était de s'occuper de ce genre de choses
là? Est-ce quelque chose sur quoi vous avez eu l'occasion de vous
pencher?
Le Président (M. Chagnon): M. le Vérificateur.
M. Chatelain: M. le Président, on ne s'est pas
penchés sur la nature de ces problèmes. On sait qu'ils existent,
parce qu'on en entend parler, évidemment, comme les
députés. C'est le genre de choses, maintenant qu'on connaît
votre préoccupation, sur lesquelles on pourra se pencher lors d'une
prochaine intervention au ministère des Transports. On pourra se
pencher, justement, sur ces aspects-là.
M. Doyon: Oui. Ce serait extrêmement intéressant,
parce que je pense que, de la part du gouvernement, vous pourriez nous indiquer
des pistes. Le gouvernement a peut-être des... Même si on ne doit
pas prendre les amendes et les infractions comme une source de revenu
primordiale, on doit aussi préserver l'application des lois, les
dépassements de poids, etc., les transferts de propriété,
comme je le disais, et ne pas se fermer les yeux devant l'absence de
contrôles qui non seulement détériore notre patrimoine
collectif, mais, en plus, fait perdre des revenus considérables au
gouvernement. Alors, je suis heureux de voir que c'est quelque chose qui vous
préoccupe aussi.
M. Chatelain: Bien sûr, d'accord.
Le Président (M. Chagnon): Merci. M. le
député des Îles-de-la-Madeleine, s'il vous plaît.
Mauvaise estimation des coûts de
construction
M. Farrah: Merci, M. le Président. Avez-vous
regardé aussi tout l'aspect des soumissions, au niveau des constructions
principalement, eu égard aux estimés? Là, je m'explique.
J'ai un cas concret dans mon comté: la construction d'un hôpital.
On va construire un hôpital. Les estimations étaient de x; on va
en appel d'offres public: douze soumissionnaires sortent et il y a une
différence de 6 000 000 $ entre le coût estimé et...
Une voix: Et le plus bas?
M. Farrah: Non, non, entre les estimations du ministère et
le plus bas soumissionnaire.
Une voix: En plus.
M. Farrah: En plus. Là, tu dis: II y a un problème
quelque part parce que la réalité quand même...
L'estimé le plus juste, c'est quand tu vas en soumission. Là,
ça ne fonctionne pas. Il y a toutes sortes d'analyses qui se font. On
annule les soumissions. On embauche des spécialistes, des
ingénieurs. On regarde les plans; on fait ça pour aboutir au
même processus. Et là, on va retourner en soumission au mois de
mai prochain. À mon humble avis, je suis convaincu qu'on ne diminuera
pas la facture; s'il y a quelque chose, on va l'augmenter. Et le laps de temps
entre les deux a fait en sorte que ça a amené des coûts
supplémentaires au ministère, et l'indexation de ces
coûts-là également.
Un exemple qui m'a frappé, c'est, je pense, le palais de justice
de Saint-Joseph-de-Beauce où la même problématique est
arrivée. On est retourné en soumission un bout de temps plus tard
et, en fin de compte, la plus basse soumission du deuxième appel
d'offres était plus élevée que la première.
Là, on dit: Bon, mais la conjoncture n'était pas bonne. Les
entrepreneurs de construction avaient beaucoup de travaux dans l'ensemble du
Québec; donc, les soumissions étaient très
élevées parce qu'ils ne voulaient pas y aller, et tout ça.
Alors, je me pose la question a savoir si, effectivement, au bout de la ligne,
c'est rentable. À mon avis aussi, il y a un problème au niveau
des estimés en général. Je ne sais pas si vous vous
êtes déjà attardé à cette question-là
parce que, en termes d'économie de coûts, je pense que ce serait
quand même important.
M. Chatelain: D'accord. M. le Président, on ne s'est pas
penchés sur la nature de tels problèmes. On a fait une
vérification intégrée, il y a quelques années, au
ministère des Transports.
M. Bédard: En 1987.
M. Chatelain: En 1987, il y a deux ans, oui, c'est ça. On
a fait une vérification intégrée. Je crois qu'à ce
moment-là on a regardé, justement, une partie de ce
problème mais on n'a pas regardé le problème dans son
ensemble. Je pourrais demander à M. Bédard d'apporter des
précisions.
M. Farrah: D'ailleurs, je sais que c'est complexe, ça
touche plusieurs ministères.
M. Chatelain: Ah oui, oui, d'accord!
M. Farrah: Parce que des infrastructures, ce sont tous les
ministères qui en font, j'en suis conscient.
M. Chatelain: Bien sûr. Parce que, là, vous avez
soulevé un cas, par exemple un palais de justice; ensuite, un
hôpital.
M. Farrah: Un cas d'hôpital.
M. Chatelain: Vous savez, on a différents
intermédiaires là-dedans qui sont responsables, par exemple,
d'effectuer la construction.
Le Président (M. Chagnon): La SIQ ou la Corporation
d'hébergement, un des deux.
M. Chatelain: Voilà! Au cours de la présente
année, on fait une vérification au niveau des hôpitaux,
mais ce n'est pas un aspect qu'on regarde encore. Je ne dis pas qu'on ne le
regardera pas, éventuellement. Au ministère des Transports, je
sais qu'il y a eu des problèmes qui ont été
soulevés, dernièrement encore. Ailleurs, ça se
présente également. On en a soulevé d'autres, ce matin, au
niveau de l'informatique. Alors, comme je l'ai dit ce matin, vu la
préoccupation de l'Assemblée nationale - je ne parle pas
seulement des préoccupations de votre commission - on va se pencher
là-dessus bientôt; peut-être pas la semaine prochaine, mais
très bientôt on va se pencher sur ce problème.
Peut-être qu'on pourra le regarder aussi dans le contexte d'une
vérification intégrée. Si on fait une vérification
intégrée dans un ministère où il y a beaucoup de
constructions ou encore, qui est responsable de constructions, c'est le genre
de problème sur lequel on pourrait se pencher, à ce
moment-là. Maintenant, je ne sais pas si mon collègue, ici,
aurait quelque chose à ajouter.
M. Bédard: En 1987, au ministère des Transports, ce
qu'on avait conclu à l'égard de l'octroi des contrats, entre
autres, c'est que le processus était respecté et que la
règle du plus bas soumissionnaire était toujours suivie. De plus,
on disait que les règlements des réclamations sur contrat, ainsi
que le nombre d'avenants n'ont pas pour effet de gonfler indûment le
coût des
projets. par contre, à l'égard de la gestion des projets,
le coût final des projets, dépassant, en moyenne, de 6 % le
coût estimé, on disait, à l'époque, que
c'était, selon la politique gouvernementale, acceptable. sauf qu'on
reprochait - c'est peut-être une préoccupation que vous avez - que
le ministère ne contrôlait pas suffisamment la précision de
ses plans et devis, de sorte qu'il pouvait en résulter un écart
entre l'envergure des travaux de construction prévus dans les plans et
devis et les travaux vraiment réalisés. à cause de cette
imprécision, il était difficile de bien contrôler par la
suite. c'était la même chose au niveau de la durée
réelle des travaux. si je me rappelle bien, à l'époque, on
disait que la durée réelle dépassait de 23 % ou de 25 % le
temps qu'on avait prévu à l'origine. ça a sûrement
des conséquences au niveau du service, au niveau des coûts. on n'a
toutefois pas fait de suivi, par contre, de cette
vérification-là.
M. Farrah: Moi, je ne conteste pas la sélection; c'est
public, c'est le plus bas qui est choisi, etc., sauf que je me rends compte
que, de plus en plus, il y a une différence entre les estimés et
la réalité sur le terrain. Souvent, ça, au bout de la
ligne, ça amène des distorsions; en tout cas, ça
amène un exercice où tout le monde se vire de bord. Au bout de la
ligne, souvent la qualité de nos bâtiments en souffre, parce qu'on
fait des compressions, des compressions et des compressions pour arriver
à respecter les estimés du ministère. Au bout de la ligne,
quelque chose qui, en réalité, vaut sur le terrain 28 000 000 $,
s'il faut que tu le fasses à 22 000 000 $, ça ne prend pas un
comptable agréé, avec tout le respect que j'ai pour la
profession, pour comprendre qu'il faut que tu comprimes à quelque
part.
Une voix: II faut en avoir.
M. Farrah: Tu n'as pas la même qualité de
bâtiment. En tout cas, c'est une constatation que je fais; ça ne
veut pas dire qu'elle est exacte ou réelle, mais je sens quand
même qu'il y a une distorsion entre la réalité et les
estimés. Je pense que ce processus là amène des pertes
d'argent sûrement considérables, compte tenu que ça touche
l'ensemble du parc immobilier de l'ensemble des ministères. En tout cas,
je trouve ça intéressant que ça puisse vous
préoccuper, comme question.
M. Chatelain: D'accord.
M. Farrah: Et si, éventuellement...
M. Chatelain: M. le Président, on saisit bien la nature
des préoccupations du député. Croyez bien que dans un
mandat de vérification d'op- timatisation des ressources, c'est le genre
de problème qui devrait nous intéresser également. On va
se pencher là-dessus.
M. Farrah: J'apprécie. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Prévost.
Coût de certains services reliés à
la santé
M. Forget: Merci, M. le Président. Au ministère de
la Santé et des Services sociaux, il y a des familles d'accueil. Alors,
les gens s'entendent, au ministère, pour placer leurs enfants dans des
familles d'accueil. Ils s'engagent également à rembourser le
ministère de certains montants, selon l'entente. Est-ce que vous avez
fait une vérification comme quoi les personnes qui s'engagent paient
bien l'argent pour lequel elles s'engagent ou bien si ça traîne?
Ça représente, quand même, des montants d'argent assez
considérables. Entre autres, il y a, quand même, des personnes qui
sont très à l'aise là-dedans. Je pense qu'elles ne paient
jamais. Non, mais est-ce qu'il y a une vérification qui est faite dans
ce sens-là?
M. Chatelain: Vu qu'ici, dans notre rapport, on a parlé
des services de garde, je me demandais...
M. Forget: Oui, oui. Non, mais... M. Chatelain:... si
c'était, là, mais là...
M. Forget:... ce n'est pas les services de garde,
là...
M. Chatelain:... je me rends compte que c'est une autre chose.
(17 h 30)
M. Forget: C'est au niveau des familles d'accueil, là.
M. Chatelain: C'est une autre chose. M. Forget: Les
familles d'accueil.
M. Chatelain: M. le Président, on m'affirme tout de suite
qu'on ne s'est pas penchés sur cet aspect-là.
M. Forget: Ou tout. M. Chatelain: Du tout. M. Forget:
O. K. D'accord.
Le Président (M. Chagnon): Dans le rapport, page 49,
à "assistance-maladie" - vous en avez
parlé un peu pendant mon absence - dans l'année 1987, aux
points 3. 51 et 3. 55, on a déboursé 89 000 000 $ pour des
médicaments, entre autres, aux bénéficiaires de l'aide
sociale, ce qui est normal, notre loi le prévoit. Vous vous rappelez
que, l'an dernier, en étudiant la Régie de l'assurance-maladie du
Québec, on s'était aperçu qu'il y avait des écarts
dans l'offre. Ici, il semble qu'on art des écarts dans la demande.
Évidemment, il faut le préciser, il s'agit toujours de cas
marginaux. On n'avait pas 100 % des médecins agréés par la
Régie de l'assurance-maladie du Québec qui en étaient
rendus à 56 000 actes-année, comme l'an dernier. Lorsque vous
avez, examiné les dépenses concernant les médicaments
délivrés sur ordonnance, 3, 3 % des bénéficiaires
se sort procuré entre 1000 $ et 17 400 $ de médicaments chacun.
Comment l'avez-vous expliqué? On ne le retrouve pas ici. On retrouve,
brutalement, une donnée: 3, 3 % des bénéficiaires se sont
procuré entre 1000 $ et 17 400 $ de médicaments chacun, pour un
montant total de 24 000 000 $; ce qui est juste un peu inférieur au
tiers de la dépense totale. En deux mots, j'ai 3 % de
bénéficiaires qui dépensent 30 % des médicaments.
Ça ne paraît pas tout à fait normal, là.
M. Chatelain: Je pense bien. C'est la raison pour laquelle on l'a
souligné, bien que nous n'affirmions pas catégoriquement qu'il y
a un abus... Quand on voit des statistiques comme celles-là, on peut se
questionner sérieusement sur la cause de cette situation. Il faut
réaliser que certains médicaments sont très chers, bien
sûr. Il y a des cas de sidatiques et ainsi de suite, où les
médicaments sont très chers, où on a besoin de
médicaments d'une façon régulière et...
Le Président (M. Chagnon): Absolument, oui.
M. Chatelain: D'accord? On pense que ça dépasse
quand même les bornes. Alors, c'est pour ça qu'on donne ces
statistiques-là. Peut-être que mon collègue, M.
Bédard, pourrait ajouter à mon commentaire.
M. Bédard: Je pense que, de la façon dont le
commentaire est formulé, on ne conclut pas. Toutefois, selon les
statistiques, le ministère devrait se préoccuper et raffermir les
contrôles, entre autres, lorsque nous avons analysé le dossier et
qu'il n'indiquait pas de problèmes de santé.
Le Président (M. Chagnon): On parle de 79 cas. Selon nos
discussions de ce matin, le système informatique n'avait pas
repéré de problèmes de santé pour 79 des
bénéficiaires qui avalent dépensé au-delà de
2585 $ chacun. Je vais dire comme vous, c'est un peu curieux.
M. Bédard: Tout ce que nous disons, c'est que... Le
ministère, au point 3. 55, n'analyse pas la consommation de
médicaments par les bénéficiaires de l'aide sociale; en
d'autres mots, il ne la questionne pas. Dans des cas semblables, ça nous
semble évident que le ministère devrait se préoccuper,
questionner et voir si c'est justifié. C'est pour cette raison qu'on
commentait.
Le Président (M. Chagnon): À votre avis,
c'est...
M. Bédard: Mais on ne conclut pas.
Le Président (M. Chagnon):... un bar ouvert,
ça.
M. Bédard: Ha, ha, ha! Je ne voudrais pas conclure et dire
que c'est un bar ouvert dans le sens que n'importe qui peut prendre ce qu'il
veut à n'importe quel temps. C'est ce à quoi vous faites
allusion?
Le Président (M. Chagnon): Non, avec une prescription,
évidemment.
M. Chatelain: Oui. Dans le sens que vous avez soulevé, je
dirais oui. A la suite de notre intervention, c'est le ministère, qui a
instauré quand même certains contrôles, qui a pris des
mesures.
Le Président (M. Chagnon): Ça a été
fait.
M. Chatelain: Oui, oui.
Le Président (M. Chagnon): Ça a été
contrôlé.
M. Chatelain: Par la suite, oui. Il a pris des mesures. Par
exemple, on exige maintenant qu'un bénéficiaire qui reçoit
des médicaments s'adresse à la même pharmacie, entre
autres, pour...
Le Président (M. Chagnon): Pour éviter d'aller dans
cinq, six pharmacies différentes et...
M. Chatelain: Voilà! Au moins, on pourrait exercer un
contrôle. C'est un début, c'est un bon début de
contrôle.
Le Président (M. Chagnon): Encore une fois, il faut
préciser, parce que c'est important... Il y a tellement de
clichés qui tournent autour de la consommation de médicaments par
des bénéficiaires de l'aide sociale ou même des personnes
âgées... On parle de 3, 3 % des bénéficiaires, donc
ça exclut 96, 7 % des bénéficiaires. Je ne fais que le
rappeler.
M. Bédard:si vous me permettez, m. le président...
dans ces statistiques-là, c'est peut-être justifié,
aussi.
Le Président (M. Chagnon): Ah oui! Peut-être,
oui.
M. Bédard: On ne conclut pas que ce n'est pas
justifié.
Le Président (M. Chagnon): Absolument. Vous avez
mentionné des cas comme des sidéens ou encore des cas de cancers,
des "cocktails oncologiques" qui sont extrêmement dispendieux, des
malades cardiaques aussi peuvent avoir...
M. Bédard: Sauf que le ministère, lorsqu'on
questionnait, n'était pas en mesure de nous dire que c'était oui
ou non justifié.
Le Président (M. Chagnon): Et le ministère, selon
vous, a commencé à corriger la situation?
M. Deblois: C'est fait, d'ailleurs. Il y a un comité qui a
été créé entre la RAMQ, le ministère et
l'Ordre des pharmaciens, je crois, dans le sens que M. Chatelain disait tout
à l'heure. On a pris ce contrôle-là actuellement.
M. Bédard: Maintenant, à notre satisfaction... On
n'a pas vérifié si c'est satisfaisant.
Le Président (M. Chagnon): Prématuré, c'est
prématuré un peu pour le dire. M. le député de
Labelle.
Loi-cadre sur les organismes et les entreprises du gouvernement
(suite)
M. Léonard: M. le Vérificateur
général, je voudrais revenir sur un sujet qui a été
abordé à quelques reprises, deux fois, à ma connaissance,
au cours de la journée. Il s'agit de votre projet, ou de la
recommandation que vous faites, d'avoir une loi-cadre sur les organismes
gouvernementaux. J'ai lu dans la documentation que vous faites cette
recommandation depuis 1987, que vous en avez discuté aussi beaucoup au
cours des séances des années passées. Je n'étais
pas là pour le faire. Je voudrais simplement revenir peut-être un
peu sur la question. La réalité, c'est qu'il n'y a pas de
loi-cadre actuellement; si je comprends bien, vous la proposez en ayant en
tête un peu le modèle qu'il y a à Ottawa qui, je suppose,
m'a l'air de rencontrer ce que vous souhaiteriez qu'il y ait ici aussi à
Québec. J'ai aussi vu que vous recommandiez possiblement trois
classifications des entreprises, qui, sans vous commettre de façon
définitive non plus là-dessus... Est-ce que vous pensez vraiment
qu'on peut encadrer les organismes gouvernementaux dans à peu
près trois types de projets, trois types d'entreprises? Est-ce que vous
pourriez simplement nous décrire très rapidement ce qui en
est?
M. Chatelain: Je le crois. Je vais être obligé de
rester très général.
M. Léonard: Oui, d'accord.
M. Chatelain: Oui, je le crois. Ça a été
fait ailleurs.
M. Léonard: Ça été fait à
Ottawa.
M. Chatelain: ça a été fait à ottawa,
malgré qu'il y a des sous-catégories à un moment
donné. il y a peut-être trois catégories principales, mais
il y en a une qui se divise en deux sous-catégories. en gros, je
pourrais dire, il y a les organismes à vocations éducative et
culturelle, comme les musées, les théâtres, comme le centre
national des arts à ottawa, les galeries d'art, les galeries nationales,
etc. radio-canada, encore... alors, d'un côté il y a des
entreprises qui ont une mission culturelle. il y a les entreprises qui ont une
mission plus commerciale ou industrielle, par exemple la sgf, ou encore la
société nationale de l'amiante, la sna, ce genre d'entreprise a
une mission strictement commerciale. enfin, il y a des entreprises qui rendent
des services plutôt de nature gouvernementale et moins commerciale, si
vous vouiez. il y a aussi des entreprises à monopole, évidemment.
quand je dis "à monopole", je pense à des entreprises comme
loto-québec, hydro; ça, ce sont des entreprises à
monopole. c'est le genre de classification, en gros, qu'on pourrait avoir.
M. Léonard: Par ailleurs, supposons que vous faites cette
recommandation. Rien ne bouge et tout le monde prend beaucoup de temps à
réfléchir pour savoir si on devrait le faire ou pas, parce que,
sans douter de votre compétence, il y en a qui hésitent devant
des recommandations révolutionnaires! Alors, il y a quand même
certains dispositifs qu'on peut prendre et qui nous amènent dans cette
direction. Par exempte, j'ai lu - je ne sais pas au juste à quelle page
-que vous proposez un comité de vérification pour les entreprises
gouvernementales. Quand j'ai lu ça, j'ai été un peu
surpris, parce qu'il me semble qu'il y a un comité de
vérification dans toutes les entreprises, qu'elles soient
gouvernementales ou pas. À la minute où ce sont des entreprises
à but lucratif, il y a un rapport du Vérificateur, qu'il remet
à un comité de vérification; il me semble que dans la Loi
sur les compagnies il y a des dispositions à cet égard. Alors,
ça veut dire que le gouvernement n'oblige pas ses entreprises à
se conformer à sa propre loi. Est-ce que ce n'est pas un premier
élément qu'on pourrait recommander de suivre, et peut-être
sous un même chapeau, pour qu'on y arrive un peu plus rapidement,
à cette loi-cadre?
Un deuxième élément. Il y a, à mon sens,
dans toute grande organisation, une obligation de standardiser les rapports. Et
ça, je pense que c'est un élément important, quand on
arrive à
obliger les différentes parties d'une organisation, d'une grande
organisation, à produire des rapports standards, faits à peu
près sous la même forme - quitte à ce qu'il y ait des
blancs à certains endroits, parce qu'il n'y en pas une qui est pareille
- et, deuxièmement, des rapports périodiques,
réguliers.
Est-ce que, en remettant un ensemble de recommandations sous ce titre,
en termes opérationnels, on n'arriverait pas, finalement, à
quelque chose d'assez semblable? J'en parle de façon assez pratique,
là, mais j'aimerais entendre vos commentaires là-dessus.
M. Chatelain: D'accord Dans une loi-cadre, on ne va pas aussi
loin que de préciser la mécanique ou le contenu, la forme et le
contenu d'un rapport. Ce qui serait décrit dans une loi-cadre, ce serait
l'objectif recherché par un rapport. En d'autres mots, ça dirait
le genre d'information, par exemple, qui devrait être mis à la
disposition de l'Assemblée nationale. On peut parler d'un plan de
développement sans le définir beaucoup plus. Vous savez ce que je
veux dire?
M. Léonard: Oui, oui.
M. Chatelain: Sans le définir davantage et non pas le
préciser, parce que...
M. Léonard: Mais ma proposition, ce serait de dire: Faites
la recommandation sur les plans, sur les rapports, sur le comité de
vérification, même s'il n'y a pas de loi-cadre.
M. Chatelain: Ah! je comprends, dans le moment! Retournons au
comité de vérification.
M; Léonard: Ha, ha! La loi-cadre coiffera ces belles
choses par la suite.
M. Chatelain: D'accord, d'accord. Concernant les comités
de vérification, j'appuie d'emblée la recommandation, dans le
sens qu'il devrait y avoir des comités de vérification partout.
Pour moi, c'est la vertu, ha, ha! c'est aussi simple que ça; recommander
l'existence de comités de vérification, c'est la vertu. Bon! Dans
le moment, dans le cas des entreprises du gouvernement qui sont
incorporées en vertu de la Loi sur les compagnies, une partie de la loi
sur les compagnies, il faut s'entendre, là...
M. Léonard: Oui, ou de la Loi sur les compagnies, lorsque
ça a été acquis par...
M. Chatelain: Oui, mais...
M. Léonard:... supposons, la SGF.
M. Chatelain: Oui, d'accord, mais c'est parce qu'il y a certaines
parties de la Loi sur les compagnies qui s'appliquent aux organismes sans but
lucratif où il n'y a pas d'obligation de comité de
vérification. Cependant, pour les organismes à but lucratif, il y
a obligation. Il y a plusieurs entreprises du gouvernement, mais surtout des
filiales, qui sont incorporées en vertu de la Loi sur les compagnies. Il
doit y avoir des comités de vérification dans ces cas-là:
la loi l'exige. Par contre, il y a beaucoup d'entreprises du gouvernement, et
parmi les plus importantes, qui ne sont pas incorporées en vertu de la
Loi sur les compagnies, mais en vertu de lois constitutives
particulières...
M. Léonard: Oui
M. Chatelain: II n'est pas fait mention dans la très
grande majorité, de comités de vérification, mais
ça ne veut pas dire pour autant qu'il n'y en a pas. Dans beaucoup de ces
entreprises, il y a des comités de vérification. Je pense
à Hydro, entre autres, je pense à d'autres entreprises qu'on a
vérifiées nous-mêmes. Il n'y en a pas partout, on l'a
souligné dans le passé. Maintenant, je vais parler aussi des
organismes du gouvernement et non seulement des entreprises...
M. Léonard: O. K.
M. Chatelain:... parce qu'il y a une directive gouvernementale,
il y a une directive du Conseil du trésor sur les comités de
vérification. À l'intérieur du gouvernement même,
dans les ministères, il doit y en avoir, des comités de
vérification interne. Le Conseil du trésor, depuis à peu
près sept ou huit ans, je ne sais pas, une dizaine d'années,
recommande justement la constitution de ces comités de
vérification dans les organismes et les ministères. Graduellement
on en voit s'implanter, mais je dois dire que ça n'a pas beaucoup
bougé. On n'a pas fait de vérification sur ce sujet
dernièrement, mais on en a fait une il y a trois ou quatre ans, ou
quatre ou cinq ans. On n'avait pas été enterré par le
nombre de comités de vérification qui existaient à
l'époque.
M. Léonard: Ha, ha, ha!
M. Chatelain: c'est vrai, c'est vrai. et je ne suis pas
tellement optimiste, car je ne crois pas que le nombre ait augmenté
considérablement depuis.
M. Léonard: Depuis. Disons que, puisqu'on en est à
la fin de cette journée avec des idées sur l'avenir,
peut-être.. Pas question de mettre des contrôles parlementaires
dans ces comités de vérification?
M. Chatelain: Des contrôles parlementaires?
M. Léonard: Ou des parlementaires, des
représentants?
M. Chatelain: Ah non! ha, ha, ha! Je n'irais pas
jusque-là, parce que... Non, non, mais là, à ce
moment-là...
M. Léonard: Ha, ha, ha!
M. Chatelain: Si vous parlez de représentants des
actionnaires, je veux bien... Dans le sens que vous l'avez mentionné ce
matin, quand vous avez fait une...
M. Léonard: Nous sommes actionnaires
d'Hydro-Québec, à beaucoup...
M. Chatelain: Oui, mais je ne dirais pas, je n'irais pas jusqu'au
point de dire que ce serait peut-être le rôle d'un
député d'être membre d'un comité de
vérification, mais peut-être des...
M. Léonard: Non, non, de la commission ici, comme
telle.
M. Chatelain: D'accord, mais il faudrait que ce soit prévu
dans les lois, par exemple, que le gouvernement... Dans le moment, c'est
prévu dans les lois que c'est le gouvernement qui nomme les membres du
conseil d'administration. Ensuite, les membres du comité de
vérification sont choisis parmi les membres du conseil d'administration.
Ça, je pense que ça devrait être prévu dans les lois
constitutives dès le départ. Mais, évidemment, les membres
du conseil d'administration, une fois choisis, et les membres du comité
de vérification, bien qu'on pourrait dire qu'ils représentent
essentiellement le gouvernement qui serait l'actionnaire... Moi, je vais plus
loin que ça. Je pense que vous allez être d'accord avec ça:
l'actionnaire, ce n'est pas réellement le gouvernement. Peut-être,
en termes juridiques restreints, c'est le gouvernement qui est l'actionnaire,
c'est lui qui détient les actions. Mais j'irais plus loin que ça:
dans le fond, ce sont qui les actionnaires? C'est l'ensemble de la population,
représentée par l'Assemblée nationale. (17 h 45)
M. Léonard: Vous aviez une question complémentaire,
M. le député de Saint-Louis? M. le Président.
Le Président (M. Chagnon): Oui Merci, M. le
député de Labelle. Dans l'ordre des choses, est-ce que vous ne
pensez pas qu'il serait, je ne dirais pas prématuré, mais
peut-être plus facile d'amorcer le principe de l'imputabilité en
commençant par modifier d'abord la Loi sur la fonction publique, d'une
part, parce que c'est une des choses qu'on aura à voir venir dans les
mois qui viennent? D'autre part, aussi, pour permettre de baliser - même
si on a quand même la loi fédérale pour regarder ce qui
pourrait être fait en termes d'imputabilité et d'imputabilisation
des sociétés de la couronne - est-ce qu'il ne serait pas plus
facile et plus normal, est-ce qu'on n'aurait pas déjà fait un
grand pas en faisant en sorte de modifier la Loi sur la fonction publique, dans
le sens de l'imputabilité des membres de la fonction publique?
M. Chatelain: Oui. Il y a divers aspects dans tout ça.
C'est que si la loi sur la fonction publique était amendée et
qu'on inclurait les principes de l'imputabilité... Mais de
l'administration, il faut s'entendre...
Le Président (M. Chagnon): Oui, oui.
M. Chatelain: C'est-à-dire l'imputabilité des
fonctionnaires, ce serait déjà un pas dans la bonne direction, un
très grand pas dans la bonne direction, parce que déjà
ça indiquerait une orientation, c'est-à-dire une ligne de
conduite générale à suivre. D'une part, il y a ça.
Il y a toute l'autre imputabilité des sociétés
d'État, lorsqu'on parle d'une loi-cadre. Ça, d'après moi,
c'est un autre problème. C'est peut-être encore le même
objectif. On parle toujours de l'imputabilité envers l'Assemblée
nationale. Mais là c'est une tout autre approche. Là, on ne parle
pas de l'imputabilité de gestionnaires comme tels, mais on parle de
l'imputabilité d'une direction d'ensemble, globale, vous savez, d'une
entreprise. C'est une autre chose.
Cependant, lorsqu'on parle d'imputabilité dans le sens des
recommandations que le Vérificateur général fait depuis
quelques années, de l'imputabilité des hauts fonctionnaires -
à mon humble avis, il n'est pas nécessaire d'attendre des
modifications dans la Loi sur la fonction publique bien que ça aiderait
énormément. Les règles de procédure de
l'Assemblée nationale et du fonctionnement des commissions permettraient
aux fonctionnaires de pouvoir venir témoigner en commission.
Le Président (M. Chagnon): Est-ce que ce ne serait pas
plus clair en l'ajoutant à la Loi sur la fonction publique?
M. Chatelain: Ça serait plus clair. Ça aiderait
énormément. Ça deviendrait même une
déclaration de principe.
Le Président (M. Chagnon): Ça pourrait même
éliminer certaines résistances de machines.
M. Chatelain: Je suis bien d'accord.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Sur un autre sujet, très rapidement,
mais dans le même ordre d'idées, sur les organismes du
gouvernement. Vous êtes amené à avoir des relations avec
les vérificateurs
externes de ces entreprises. Vous nous avez parlé, vous avez
mentionné votre droit de regard. Il fallait qu'il y ait un prolongement
parce que votre mandat est quand même un peu différent de celui
d'un vérificateur dans le privé. Est-ce que ça vous a
posé des problèmes particuliers au cours de vos
vérifications? Est-ce que vous avez eu, pas des difficultés...
Mais est-ce que vous avez eu des difficultés à cet égard,
à négocier ou à travailler avec des vérificateurs
externes?
M. Chatelain: D'accord, oui. M. le Président, je vois que
je parle à un membre de l'Ordre des comptables agréés du
Québec, quand je me fais poser cette question-là. Oui on a eu
certaines difficultés - qui ont été aplanies, remarquez
bien - dans nos relations avec les bureaux de comptables qui agissent comme
vérificateurs externes auprès des entreprises où on doit
exercer un droit de regard. Quand je dis des difficultés, c'est tout
simplement dans le sens de l'accès, c'est-à-dire dans le sens de
l'accès à l'information que ces vérificateurs doivent
mettre à notre disposition, d'une part. Là je parle
d'états financiers, de rapports...
M. Léonard: Ils refusent de mettre leurs dossiers de
vérification à votre disposition?
M. Chatelain: Dossiers de vérification, oui. Au
début, on s'entend. Disons que ce n'était pas un refus, mais
c'était une hésitation. D'accord?
M. Léonard: Vous avez fait le parrain. Des voix:
Ha, ha, ha!
M. Chatelain: D'accord. On a eu certains problèmes de ce
côté-là. Ça remontait à une difficulté
d'interprétation, justement, de la Loi sur le Vérificateur
général. Est-ce que les vérificateurs externes de ces
entreprises devraient faire parvenir telle et telle documentation de
façon automatique au Vérificateur général? Toute
autre documentation à la demande du Vérificateur
général - vous me suivez? Toute autre documentation qu'on devait
lui remettre? Ensuite, est-ce qu'on devrait permettre l'accès au
Vérificateur général à leurs dossiers, entre
autres? Également, on pourrait aller plus loin que ça, est-ce que
le Vérificateur général... Le problème
n'était pas, à ce moment-là, avec les bureaux de
comptables, mais avec les entreprises mêmes. Est-ce qu'on peut aller
effectuer des compléments de vérification dans les entreprises
mêmes? Dans la loi, on peut le faire.
Au début, vous savez, c'était une nouvelle loi. Ça
a commencé en 1985, c'était une nouvelle pratique. À ce
moment-là, on a eu des problèmes, des hésitations et des
problèmes d'interprétation. On a eu des rencontres avec les
bureaux de comptables. On a rencontré tous les bureaux de comptables -
un représentant par bureau de comptables, qui ont des mandats dans les
entreprises du gouvernement et ses organismes. Et il y en a beaucoup. Alors, on
a eu des rencontres avec eux. Et ensuite les discussions se sont poursuivies au
niveau de l'Ordre des C. A. du Québec et on en est arrivés
à une entente à ce sujet-là. Ça a été
difficile, ça a été douloureux, mais maintenant on a une
entente. Nous en sommes maintenant au point où nous communiquons
à nouveau avec chacun des bureaux et le vérificateur de chacun de
ces bureaux-là, pour leur faire part des détails de cette
entente. On va maintenant fonctionner à partir de cette entente.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Oui, j'ai... Vos remarques sont très
intéressantes et je vous remercie de vos explications
là-dessus.
Ensuite, par rapport aux entreprises du gouvernement... Ça veut
dire qu'elles ont accès ou qu'elles reçoivent deux séries
de recommandations, une de la part du vérificateur externe et une de
votre part. Si vous avez un droit de regard, vous faites aussi des
recommandations en conséquence.
M. Chatelain: Aussi...
M. Léonard: En a-t-il été tenu compte? Y
a-t-il eu un suivi?
M. Chatelain: On n'en est pas encore rendus là. On est
dans les débuts de...
M. Léonard: Les débuts de la collaboration.
M. Chatelain: Voilà. Appelons ça dans les
débuts de l'exercice du droit de regard, si vous voulez. Nous en sommes
dans les débuts. Mais c'est quand même une situation qui est
très possible. Par exemple, une fois que nous avons les rapports
à notre disposition et ainsi de suite, on peut demander d'autres
interventions de vérification ou demander d'approfondir certains
aspects, entre autres. Parce que notre mandat, à ce moment-là,
c'est: Est-ce qu'il y a des choses que la vérification a
révélées qui devraient être portées à
l'attention de l'Assemblée nationale? C'est simple et c'est complexe en
même temps. C'est qu'à ce moment-là un vérificateur
externe peut être placé dans une position un petit peu
embarrassante. En effet, si je fais un travail, si j'en fais part au
Vérificateur général et que jamais c'est rendu public
à l'Assemblée nationale, peut-être que je n'aurai pas -
là je parle comme si j'étais vérificateur externe - un
mandat renouvelé l'année suivante Vous me comprenez, bien
sûr. Dans ces cas, on peut demander - c'est prévu dans la loi -
d'autres interventions de vérification pour approfondir certains points.
À
ce moment-là, on prend sous notre propre responsabilité
d'approfondir ce point-là, de le poursuivre et de rendre publics
certains aspects jusqu'au niveau de l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Je sais qu'il nous reste juste deux ou trois
minutes et j'aurais, juste en termes, pas de conclusion tout de suite, mais
quand même... Monsieur mon collègue de Pointe-aux-Trembles, cet
avant-midi - avant le dîner, il me semble - a mentionné le cas des
dépassements dans les contrats du gouvernement. Nous n'avons pas le
temps d'en discuter, mais j'attire votre attention sur cette question. Je ne
sais pas, je ne veux pas et je ne peux pas, de toute façon, intervenir
dans vos décisions quant aux vérifications à faire, mais
je trouve qu'il y a un certain nombre de dépassements dans les
coûts, dans les projets, dans les contrats du gouvernement. Je ne sais
pas s'il n'y a pas lieu d'aller voir un peu plus précisément ce
qu'il y a là-dedans. C'est un secteur qui a l'air de prendre une
certaine ampleur et... Dans le privé, quand il y a des
dépassements, on s'interroge beaucoup et ça donne lieu à
des rapports. Alors, je suppose qu'au niveau du gouvernement aussi on pourrait
se poser les mêmes questions.
L'autre question c'est celle des travaux de la commission, ici, qui
portent sur des engagements financiers. Ça a été juste
effleuré cet avant-midi, mais je me trouve particulièrement
démuni pour parler intelligemment des choses quand j'ai des
renseignements comme ceux que nous avons. De toute façon, il serait
peut-être difficile d'en parler intelligemment, personnellement, mais il
reste que pour la commission elle-même...
Le Président (M. Chagnon): Trêve de modestie, M. le
député.
M. Léonard: ...est-ce qu'il n'y a pas des
éléments, quand même, à faire ressurgir sur le
dessus du panier? Au fond, votre travail et le notre sont
complémentaires sur ce sujet et il faudrait, il me semble, travailler en
relations plus étroites. Nous passons des heures et des heures ici
à étudier des engagements financiers et à faire un travail
sur lequel je me pose beaucoup de questions, pour ne pas dire plus... Ou moins,
comme vous voulez. J'aimerais entendre vos commentaires là-dessus. Si
vous n'aviez que ces éléments, vous, pour porter un jugement sur
l'administration gouvernementale, que feriez-vous et que diriez-vous?
M. Chatelain: Je ne sais pas si j'ai assez de paires de gants
à me mettre....
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Chatelain: ...avant de répondre à cette
question-là.
Le Président (M. Chagnon): Vous n'êtes pas
obligé de nous parler de suicide tout de suite.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chatelain: M. le Président, j'aimerais répondre
à la question de cette façon. Si on regarde le mandat du
Vérificateur général, c'est que, justement, l'article 43.2
de la Loi sur le Vérificateur général dit bien que le
Vérificateur peut faire des commentaires dans son rapport annuel, il
faut s'entendre, des objections, des commentaires qui peuvent aller
jusqu'à des recommandations sur - je reviens encore à ceci - la
forme et le contenu des documents d'information financière, et les
documents auxquels le député a fait
référence...
M. Léonard: ...nous avons accès, pour exercer notre
contrôle parlementaire. Je trouve qu'il y a un problème
là.
M. Chatelain: ...ça en est... Ce sont des documents
d'information financière.
M. Léonard: Et ça dure depuis très
longtemps. Alors je n'accuse personne.
M. Chatelain: Ah!
M. Léonard: Je vous dis que ça dure depuis
très longtemps. C'est une tradition.
M. Chatelain: Je comprends. En 1968, 1969, j'étais
là, comme contrôleur des finances, et c'était les
débuts.
M. Léonard: Ça remonte aux culottes à
Vautrin.
M. Chatelain: II y avait une commission à ce
moment-là... Ha, ha, ha! D'accord. Dans le mandat du
Vérificateur général, il peut justement se pencher sur le
genre de documents, ou, si vous voulez, sur une étude des documents qui
sont mis à la disposition des députés pour pouvoir exercer
leur rôle de contrôle et de surveillance. Et, comme je vous le
disais ce matin, nous débutons par le livre des crédits qui est
déposé à l'Assemblée nationale. Évidemment,
ce qui va suivre, ce seront les comptes publics parce qu'ils suivent les
crédits.
On pourrait aller plus loin. Mais toujours dans le sens que
l'information qui est là, est-ce qu'elle est utile ou tendancieuse? Mais
je ne veux absolument pas faire allusion aux politiques du gouvernement ou aux
politiques des programmes. Ça ne regarde pas le Vérificateur
général, absolument pas.
Alors on pourrait regarder certains aspects de la documentation, par
exemple, qui accompagne le discours sur le budget. Éventuellement, on
pourrait regarder le genre de documentation qui est fournie aux
députés lors de l'étude des engagements financiers; on
pourrait aller jusque-là, mais ce n'est quand même pas dans le but
d'intervenir auprès des commissions pour leur dire: Vous ne faites pas
bien votre travail. Ce n'est pas ça. Ça ne regarde pas le
Vérificateur général. Les documents mêmes fournis
sont-ils utiles dans l'objectif visé par ces commissions-là? On
pourrait se pencher sur ces cas-là. Dans d'autres juridictions on va
maintenant un peu plus loin. C'est qu'on commence maintenant à demander
au Vérificateur général d'être présent lors
de l'étude des crédits des ministères, pour lui demander
tout simplement: "La présentation sur les crédits... Est-ce
qu'elle est plus ou moins conforme, par exemple, à ce que vous avez
noté dans le passé, M. le Vérificateur
général, lorsque vous avez vu des dépassements et ainsi de
suite? Est-ce que ça semble être - pour employer un canadianisme -
est-ce que ça semble être bien "enligné", cette fois-ci?
Vous savez, ce genre de question-là. Vous voyez, le Vérificateur
général, dans d'autres juridictions, commence à intervenir
à ces niveaux-là. Mais là, dans le moment, je n'irai pas
plus loin que ça. Tout simplement pour dire que dans notre loi,
actuellement... Il y a quand même une certaine ouverture, de ce
côté-là. Mais ce n'est pas demain qu'on va regarder le
genre de documents qui sont déposés lors de l'étude des
engagements financiers. Est-ce que ça conclut, M. le
député...
M. Léonard: Je suis un peu déçu, parce que
j'aurais aimé avoir vos commentaires là-dessus. Parce qu'il me
semblé qu'on fait un travail un peu semblable et... Le secrétaire
de la commission me prie de me faire faire une correction, parce qu'il
paraît que c'est en mai 1969 que la création de la commission des
engagements financiers a remplacé l'ancienne commission des comptes
publics qui, elle, avait étudié les culottes à
Vautrin.
M. Chatelain: Oui. O. K. J'avais dit 1968. C'est 1969.
Conclusions
M. Léonard: C'est 1969. En terminant, M. le
Vérificateur général, vous me permettrez de vous remercier
- je le fais au nom de l'Opposition officielle, ici - et de remercier tous les
gens qui vous accompagnent. Ils ont eu une présence nombreuse et
impressionnante tout au long de la journée. Ils nous ont fourni tous les
renseignements que nous avons demandés. Et j'ai eu beaucoup de plaisir
à participer aujourd'hui aux travaux de cette commission. Je vous
remercie beaucoup.
Le Président (M. Chagnon): Je vous remercie, M. le
député de Labelle. Je tiens aussi, au nom de la commission, donc
du parti ministériel et de l'Opposition, à réitérer
les remerciements de la commission pour votre grande collaboration, habituelle
collaboration, dirais-je, M. le Vérificateur, ainsi qu'à tous les
membres de votre équipe. Je tiens à remercier tous les membres de
cette commission. En terminant, je signalerai quéventuellement tous les
membres de cette commission seront intéressés à voir
développer le point 146 de votre document, au moment où vous
parliez du degré ou du niveau de confiance qui s'exprime en pourcentage.
Le jour n'est pas tellement loin où le rapport du Vérificateur
dira, en toutes lettres, qu'il situe son niveau de confiance global à un
pourcentage donné habituellement entre 95 % et 99 %. Ça sera
encore plus facile pour tous les membres de la commission qui ne sont pas
comptables agréés de pouvoir émettre un jugement global
sur chacune des données et des remarques que vous faites.
Vous savez - le député de Labelle l'a mentionné, je
pense qu'il a tout à fait raison -les membres d'une commission
parlementaire comme celle ci jouent un rôle: le rôle de
comité de vérification du gouvernement. Mais le
Vérificateur général joue aussi un rôle
extrêmement complémentaire au rôle, essentiel dans une
démocratie, que les membres du Parlement doivent effectuer. S'il
advenait, dans un avenir, quel qu'il soit, des situations comme celles que vous
avez évoquées à la page 18 du document
particulièrement, entre les articles 1. 24 à 1. 28, pour ne pas
nommer la CSST, s'il devait advenir un problème comme celui-ci, il me
semble qu'il serait à propos que le Vérificateur
général communique avec la commission comme telle et demande le
support de la commission pour l'épauler dans une aide... Ça a
été dit et redit publiquement, on a vu passer les obus par les
journaux à une certaine époque, alors qu'à la demande
même du ministre, si je me rappelle bien, le Vérificateur
général avait fait une enquête sur la CSST et avait
été plus ou moins bien reçu.
S'il advenait que ça arrive encore, je pense qu'il serait
à propos, de la part du Vérificateur général, de
tenir les membres de la commission parlementaire du budget et de
l'administration au courant des démêlés qu'il peut avoir
avec un organisme parapublic aussi important, quand même il serait moins
important, mais un organisme parapublic quel qu'il soit. Encore une fois, en
terminant, je tiens à vous remercier et à nous souhaiter,
évidemment, dans les années à venir, des rapports qui
s'aminciront, compte tenu de l'amélioration de performance
administrative que les gouvernements pourront avoir. Cela est un rêve,
peut-être, que nous partageons tous. Merci.
M. Chatelain: M. le Président, si vous me permettez,
évidemment, ce serait l'objectif du Vérificateur
général, éventuellement, d'avoir à émettre
un rapport qui ne contient qu'une page. Bien sûr.
Je vous assure que les rencontres comme celle d'aujourd'hui sont une
source d'encouragement pour le Vérificateur général. Nous
apprécions grandement votre appui, l'appui de cette commission. De fait,
ces rencontres sont très réconfortantes, non seulement pour le
Vérificateur général, mais, quand je dis
Vérificateur général, je veux dire pour l'ensemble de mes
collaborateurs. Alors, je vous remercie bien sincèrement de votre appui.
Nous sommes au service de l'Assemblée nationale. Vous pouvez être
assurés de notre grand sens du devoir. C'est pour vous que nous
accomplissons notre mandat quotidiennement. Merci beaucoup.
Le Président (M. Chagnon): Merci. En parlant d'engagements
financiers, on n'a pas vu les vôtres, cette année.
M. Chatelain: Les engagements financiers, les nôtres, sont
maintenant dirigés au Bureau de l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Chagnon): Alors, j'ajourne la commission
sine die, qui a complété son mandat visant à examiner le
rapport du Vérificateur général pour l'année
financière terminée le 31 mars 1989.
(Fin de la séance à 18 h 3)