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(Seize heures vingt-six minutes)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission du budget et de l'administration est réunie,
cet après-midi, afin de poursuivre le débat sur le discours sur
le budget. Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire: Non, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci. Permettez-moi de vous
faire état des règles de fonctionnement.
M. Léonard: Pas cet après-midi, O.K., ça va.
Demain.
Le Président (M. Lemieux): Demain. Alors, ce sera à
une autre séance. Il n'y a aucun problème. Tout au début
de la commission, vous pouvez nous en faire état, M. le
député de Labelle. Alors permettez-moi de rappeler les
règles du débat. Le mandat que nous entreprenons aujourd'hui,
pour une période de 10 heures, prend la forme d'une interrogation au
ministre des Finances, par les membres de la commission, sur la politique
budgétaire présentée lors du discours sur le budget. Les
règles du débat ont été fixées par la
commission de l'Assemblée nationale le 23 mai 1984. Nos travaux vont
commencer par une période de déclarations d'ouverture, au cours
de laquelle le ministre des Finances, puis le critique financier de
l'Opposition pourront prendre la parole pendant 20 minutes. Les membres de la
commission auront ensuite un temps de parole de 10 minutes, réparti en
une ou plusieurs interventions, et M. le ministre disposera d'un temps de
parole de 10 minutes, après chacune des interventions. M. le ministre
des Finances, la parole est à vous, pour votre déclaration
d'ouverture. M. le député de Labelle.
Une voix: M. le Président, si je comprends bien...
M. Léonard: En termes de procédure, avant de
laisser la parole au ministre, les gens, ou chacun des membres qui sont ici,
ont droit à 10 minutes interruptibles.
Le Président (M. Lemieux): Oui, en une ou plusieurs
interventions.
M. Léonard: En une ou plusieurs interventions.
Le Président (M. Lemieux): Mais vous devez comprendre, M.
le député de Labelle, qu'il pourrait arriver qu'un
député puisse poser plusieurs questions et, comme le temps de M.
le ministre des Finances n'est pas comptabilisé, ceci aurait pour effet
de priver les autres parlementaires de leur droit de parole. Alors, M. le
député, anciennement M. le député de Belle-chasse,
M. Claude Lachance, qui était président de cette commission, a
établi aussi qu'à cette commission, la règle de
l'alternance . et de l'équité, aussi, s'appliquait. Alors, je
vais user de mon bon jugement pour faire en sorte que le droit de chacun des
parlementaires soit respecté.
M. Léonard: Pour les 10 minutes, oui.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances,
vous avez la parole.
M. Levesque: Si je comprends bien, M. le Président, c'est
que j'ai un droit de parole après chaque intervention.
Le Président (M. Lemieux): De 10 minutes. Et lorsque M. le
critique de l'Opposition officielle aura terminé sa déclaration
d'ouverture de 20 minutes, la pratique est à l'effet que, M. le
ministre, vous avez 10 minutes. Et après, le débat s'engage en
commençant par le député de l'Opposition, soit M. le
député de Labelle ou M. le député de Bertrand.
M. Léonard: Mais l'alternance vient après les 10
minutes.
Le Président (M. Lemieux): L'alternance vient
après.
M. Léonard: Après les 20 minutes plutôt.
Le Président (M. Lemieux): Après les 20
minutes.
M. Léonard: Toutes les 10 minutes.
Le Président (M. Lemieux): À chacune des
périodes de 10 minutes.
M. Levesque: Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances, la
parole est à vous.
M. Levesque: Comme vous le voyez, je suis accompagné de
plusieurs collègues de l'Assemblée nationale, qui auront
certainement l'occasion de s'exprimer soit sur l'ensemble ou sur une partie
ou l'autre des éléments du budget. De plus, je suis
accompagné de personnes compétentes, évidemment, dans
plusieurs domaines spécialisés. S'il y a des questions d'ordre
plus technique, nous serons heureux de faire participer ces personnes, s'il y a
lieu, au gré évidemment de l'Opposition ou des membres de la
commission.
M. Léonard: Est-ce que c'est une permission
générale qui est demandée?
M. Levesque: C'est fait régulièrement,
ça.
Le Président (M. Lemieux): C'est fait, oui, sur des
détails d'ordre technique.
M. Levesque: Oui.
Le Président (M. Lemieux): II n'y a aucun problème,
M. le député de Labelle, c'est la pratique.
Remarques préliminaires M. Gérard D.
Levesque
M. Levesque: Je suis très heureux, évidemment, de
me présenter, aujourd'hui, devant cette commission parlementaire pour
discuter du budget que je présentais à l'Assemblée
nationale, le 26 avril. Il est important de noter que ce budget a
été préparé dans le contexte économique et
financier le plus contraignant des dernières années. Les mesures
que ce budget comporte doivent évidemment être
interprétées dans ce contexte. Heureusement, j'aime à le
rappeler, l'assainissement des finances publiques réalisé au
cours des dernières années nous permet maintenant de faire face
avec un minimum de sérénité à cette conjoncture
évidemment plus difficile. Non seulement a-t-il été
possible, M. le Président, de maintenir les acquis
réalisés dans les budgets précédents, mais,
à plusieurs égards, nous avons même pu leur apporter de
l'amélioration et répondre encore mieux aux aspirations de la
population. Si, dès le début de notre premier mandat, nous
n'avions pas entrepris le redressement de la situation financière,
l'endettement supplémentaire, malgré ce qu'en disait
récemment le chef de l'Opposition - et j'aurai l'occasion
moi-même, j'espère avoir l'occasion de remettre les choses dans
leur véritable perspective - l'endettement supplémentaire,
surtout avec les taux d'intérêt actuels, nous aurait forcés
à réduire les services à la population ou encore à
surcharger les contribuables.
Au cours de la préparation du budget, une série de
facteurs se sont conjugués pour nous obliger à adopter une
approche extrêmement serrée dans l'élaboration des mesures
fiscales et budgétaires. D'abord, il y a eu la
détérioration des perspectives économiques et des
perspectives touchant les sociétés d'État, à cause,
notamment, des politiques monétaires et budgétaires du
gouvernement fédéral. Et, d'une façon encore plus directe,
lorsqu'on parle du gouvernement fédéral, il y a ces nouvelles
coupures aux transferts fédéraux, venant s'ajouter à
celles, évidemment, des années précédentes. Au
total, du côté des revenus, le manque à gagner, par rapport
à ce que nous avions anticipé l'an dernier, pour 1990-1991,
s'établissait à 338 000 000 $. Du côté des
dépenses, nous avions prévu, en mai 1989, une croissance de 5, 4
% en 1990-1991. Malgré les mesures de compression, l'évolution de
la situation économique, le coût des conventions collectives et
les priorités du gouvernement feront plutôt augmenter les
dépenses: au lieu de 5, 4 %, ce sera plutôt 6, 3 %, soit 470 000
000 $ de plus que prévu. Donc, du côté des revenus, un
manque à gagner de 338 000 000 $; du côté des
dépenses, une augmentation de 470 000 000 $. Ce qui amène un
total de 808 000 000 $ comme impasse qui se présentait à nous,
même après les mesures que nous avions prises, depuis quelque
temps, pour essayer de contrôler encore davantage la croissance possible
des dépenses. Une première façon de combler ce manque
à gagner a été de verser, comme vous le savez, en mars,
certaines prestations de sécurité du revenu payables le 1er
avril. Lorsque nous l'avons fait, nous l'avons fait pour aider les
assistés sociaux qui auraient dû attendre au 2 avril pour obtenir
leur chèque. Nous avons fait en sorte qu'ils puissent l'avoir avant
cette fin de semaine des 30 et 31 mars. Nous avons pu ainsi réduire le
problème, si vous voulez, pour l'année 1990-1991, de 183 000 000
$.
Sur le plan fiscal, nous avons adopté une approche qui nous
permet de prélever de nouveaux revenus sans remettre en question les
acquis de nos politiques des dernières années. Ainsi, nous
n'avons pas voulu augmenter l'impôt sur le revenu afin de ne pas affecter
négativement le caractère concurrentiel de l'économie
québécoise. De la même façon, nous avons
considéré que le taux de la taxe de vente était
suffisamment élevé. Nous nous sommes donc tournés vers des
biens moins nécessaires sur lesquels les taux sont relativement bas,
à savoir les tabacs et les boissons alcooliques. Les taux des taxes sur
les cigarettes et la bière continueront d'ailleurs de demeurer
inférieurs à ceux des autres provinces canadiennes. Nous avons
aussi exigé une contribution des entreprises en leur imposant une
surtaxe, portant cette dernière de 12 % à 15 %.
D'autre part, la partie des investissements dans le réseau
routier, qui servira à améliorer la sécurité
routière, sera financée par la Régie de l'assurance
automobile, étant donné l'importance des surplus accumulés
par cet organisme au-delà même de sa réserve actuarielle.
Ni les contribuables ni l'économie n'en seront affectés. Avec
l'ensemble des masures de ce budget et en tenant compte de l'impact du dernier
budget de l'On-
tario, le fardeau fiscal du secteur privé québécois
ne dépassera celui de l'Ontario que de 3,5 % en 1990, soit le même
niveau que l'an dernier.
Sur le plan fiscal, il a été possible de poursuivre les
politiques mises en oeuvre au cours des dernières années pour
rendre le régime fiscal plus concurrentiel et venir en aide aux familles
et aux personnes les plus démunies de la société. Pour
l'année d'imposition 1991, ce sont des gains de 408 000 000 $ qui seront
ainsi apportés aux contribuables, soit 60 % aux familles.
Enfin, il nous a semblé souhaitable de relever temporairement
l'objectif de déficit pour le porter à 1 750 000 000 $, en
1990-1991. Il s'agit là d'une pause dans notre stratégie à
l'égard du déficit, et, dès 1992-1993, nous le
ramènerons - nous l'espérons bien, du moins -en bas du niveau des
immobilisations. Un budget avec des augmentations fiscales trop
élevées serait allé à contre-courant de nos efforts
pour maintenir l'économie et la création d'emplois au
Québec. Encore une fois, la gestion serrée des dépenses
publiques pratiquée au cours des dernières années nous
aura permis de traverser une période difficile, sans avoir à
surcharger les contribuables ni à détériorer à
moyen terme la situation financière du gouvernement.
Ainsi, nous a-t-il été possible de faire face à une
conjoncture plus difficile tout en poursuivant nos orientations fondamentales
pour répondre aux aspirations des Québécois. Le budget que
je présentais il y a deux semaines comporte six grands objectifs:
d'abord, soutenir l'économie au cours du ralentissement actuel, puis
former une main-d'oeuvre qualifiée, utiliser la fiscalité pour
promouvoir la croissance économique, favoriser un meilleur
environnement, améliorer la fiscalité des particuliers et des
familles et mettre en place un secteur public plus efficace. On me permettra,
durant les quelques minutes qui me restent dans cette intervention, de
développer succinctement ces six objectifs. d'abord, c'est pour soutenir
l'économie pendant le ralentissement. plusieurs mesures ont
été mises de l'avant, notamment: l'accélération des
investissements du secteur public dans les secteurs de l'éducation et de
l'enseignement supérieur, de la santé et des services sociaux,
ainsi que dans celui des affaires culturelles; l'accélération des
investissements pour une somme de 279 000 000 $, dont 72 000 000 $ pour des
équipements culturels; ensuite, un plan quinquennal d'investissements
dans le réseau routier, pour une somme de 1 700 000 000 $; puis des
mesures particulières pour aider les pme en difficulté
financière temporaire à passer à travers cette
période difficile; et, évidemment, plusieurs mesures pour
soutenir le développement des régions, particulièrement
dans les domaines de l'agriculture, de la pêche, de la foret, des mines,
du tourisme; et les sommes affectées plus spécifiquement au
développement régional proprement dit.
Une innovation très importante de ce budget, si je veux
maintenant aborder le second objectif qui est de former une main d'oeuvre
qualifiée, une innovation très importante, dis-je, est
l'introduction d'un crédit d'impôt pour les dépenses de
formation des travailleurs: 40 % pour les PME et 20 % pour les autres
entreprises. Dans le cas d'un plan de développement des ressources
humaines, les taux seront même de 50 % et de 30 %, respectivement. Dans
un monde où la technologie prend de plus en plus d'importance et
où il est nécessaire de s'adapter rapidement aux besoins des
marchés, une main-d'oeuvre de qualité constitue évidemment
un atout indispensable. Cette nouvelle mesure, j'en suis persuadé, ne
pourra qu'être bénéfique pour la croissance
économique et la création d'emplois.
J'ai mentionné, tout à l'heure, sur les six objectifs, un
troisième qui était d'utiliser la fiscalité pour
promouvoir la croissance économique. Pour favoriser la croissance
économique, la fiscalité a de nouveau été
utilisée, tout comme au cours de notre premier mandat. Les
améliorations ont été apportées au fonds
d'investissement REA, et divers mécanismes pour faciliter la
levée de capital de risque ont été reconduits ou
bonifiés: aide à la mise de fonds pour les SPEQ; actions
accréditives pour l'exploration minière; parts permanentes des
caisses populaires.
J'ai aussi traité, dans ce budget, du projet de taxe sur les
produits et services. La perspective d'une coexistence de deux régimes
fiscaux au niveau des ventes au détail est en particulier fort
inquiétante. Comme je l'ai expliqué, nous cherchons à
protéger les intérêts des contribuables du Québec.
C'est pourquoi nous explorons, avec le gouvernement fédéral, les
divers moyens possibles pour améliorer la situation.
Un autre objectif: celui de relever le défi de l'environnement.
Une plus grande qualité de vie est au coeur des préoccupations
des Québécois. À cette fin, le budget 1990-1991
annonçait donc deux initiatives importantes: la création d'un
organisme pour la récupération et le recyclage des déchets
solides; la création d'un volet recherche environnementale, à
l'intérieur du Fonds de développement technologique, avec une
enveloppe budgétaire de 50 000 000 $. Ces deux mesures s'ajoutaient aux
augmentations de crédits de plus de 55 000 000 $, annoncées en
mars dernier, pour le ministère de l'Environnement. La
préoccupation de notre gouvernement pour l'environnement ne pourrait
être mieux illustrée. Il faut bien se rappeler aussi que, depuis
notre arrivée au pouvoir en 1985, l'augmentation annuelle moyenne a
été d'environ 20 %, à l'environnement, quand on sait que
l'augmentation des dépenses, en général, était de 5
%.
Un cinquième objectif, c'est d'améliorer la
fiscalité et de venir en aide aux familles. Pour rendre la
fiscalité plus compétitive et venir en aide aux personnes les
plus démunies ainsi qu'aux familles, c'est une somme de 408 000 000 $
qui a été dégagée dans ce budget. Les
crédits d'impôt sur le revenu seront tout d'abord indexés
de 4,8 %, au 1er janvier 1991. L'indexation s'appliquera aussi aux programmes
de sécurité du revenu destinés aux personnes aptes au
travail, soit les programmes APTE et APPORT. On sait que les prestations des
personnes inaptes au travail, elles, sont indexées automatiquement. Nous
avons voulu aussi venir en aide aux familles et améliorer encore le
régime mis en place au cours des dernières années. Ainsi,
les allocations de maternité ont été augmentées de
240 $ à 360 $. L'allocation à la naissance pour les enfants de
troisième rang et les suivants a été portée de 4500
$ à 6000 $. Le programme d'accès à la
propriété a été amélioré et une
augmentation du plafond de 100 000 $ à 110 000 $ a été
apportée. (16 h 45)
II y a un sixième objectif qui fait partie, évidemment, de
nos préoccupations, c'est de mettre en place un secteur public plus
efficace. Sur le plan des finances publiques, j'ai indiqué dans ce
discours sur le budget que des progrès remarquables avaient
été accomplis au cours des dernières années.
J'ajoutais cependant que nous devions maintenir les acquis et continuer de
répondre aux attentes de la population. Cela signifie, sur le plan
financier, équilibrer à moyen terme le solde des
opérations courantes et même commencer à rembourser les
déficits passés dès que l'économie le permettra.
Sur le plan fiscal, poursuivre le réaménagement du régime
fiscal pour accroître la compétitivité de
l'économie. Sur le plan des transferts fédéraux, mettre de
l'avant des propositions concrètes pour que le gouvernement
fédéral assume vraiment son rôle de redistribution au
Canada, ce que je me suis engagé à faire très rapidement.
Cela nous évitera d'avoir à compenser, par la fiscalité,
les effets du désengagement fédéral sur nos
équilibres financiers. Sur le plan des dépenses, poursuivre la
gestion serrée en redéfinissant le rôle à jouer par
le secteur public et le partage des responsabilités entre les paliers
provincial et local de gouvernement. Les perspectives triennales
présentées dans ce budget montrent d'ailleurs qu'après la
pause exigée par la conjoncture actuelle, la mise en oeuvre d'une telle
stratégie permettra de poursuivre l'amélioration de la situation
financière et de maintenir la compétitivité de notre
régime fiscal. Notre capacité de maintenir une forte croissance
économique et d'offrir des services de qualité aux citoyens en
dépend. M. le Président, avec les orientations que je viens
d'exposer, il est clair que la politique fiscale et budgétaire de notre
gouvernement devrait répondre aux aspirations bien légitimes de
nos concitoyens et de nos concitoyennes. Je vous remercie, M. le
Président.
L« Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. M. le critique de l'Opposition officielle, M. le député
de Labelle.
M. Jacquet Léonard
M. Léonard: m. le président, je viens d'entendre le
ministre des finances nous refaire à peu près le discours sur le
budget qu'il nous a fait le soir du 26 avril dernier, en le résumant,
bien entendu, à 20 minutes, mais je pense qu'il a repris l'essentiel de
ce discours sur le budget. au départ de ces minutes que j'ai ici, je
vais simplement dire d'abord une vérité qui saute aux yeux
à la suite de la lecture de ce budget et même des commentaires que
nous en avons tirés, et nous en avons lus dans les journaux aussi. le
budget que nous avons devant nous est un budget sans perspectives,
marqué au coin de l'immobilisme, de la complaisance du gouvernement, de
l'incurie vis-à-vis de la situation. alors que le québec traverse
actuellement une période cruciale d'adaptation à sa participation
au village global - pour employer une expression - qui caractérise celle
du libre-échange, et bientôt aussi à l'europe de 1992,
l'action gouvernementale est absente. dans ce contexte, vous allez comprendre
pourquoi, mes collègues et moi-même, nous avons
déposé toute une série de motions de blâme à
l'endroit du gouvernement au cours du débat qui s'est engagé
à l'assemblée nationale.
Alors que le Conseil des affaires sociales dénonce
l'éclatement de la société québécoise en
deux, dans son rapport de l'an dernier, alors qu'il indique maintenant, dans
son nouveau document publié il y a quelques jours à peine, que le
taux de chômage atteindrait près de 25 %, en tenant compte du
nombre d'assistés sociaux, de bénéficiaires de
l'assurance-chômage et de travailleurs découragés, le
gouvernement nous présente un budget qui ne contient aucune mesure de
stimulation de l'emploi auprès de cette clientèle. Il abandonne
carrément cette clientèle. Ce problème de
société constitue l'un des défis majeurs auxquels on doit
s'attaquer, mais, dans le discours sur le budget, nous ne trouvons rien
à ce sujet, rien.
On devrait aussi, on aurait dû encourager les initiatives
communautaires régionales, locales. Au lieu de faire cela, le
gouvernement accapare, par organismes interposés, le champ fiscal des
municipalités. Le gouvernement prend prétexte qu'on paie
davantage, au niveau local, en Ontario qu'au Québec, pour exiger une
hausse des taxes municipales et scolaires. De même, au niveau de
l'électricité, du tabac, des boissons alcoolisées et des
frais de scolarité, on nous dit qu'on paie moins cher au Québec
qu'ailleurs. Mais est-ce
qu'on a entendu parler par ce gouvernement d'une baisse correspondante
de l'impôt sur le revenu des particuliers, malgré que l'on paie
davantage au Québec qu'en Ontario? Non, absolument pas. Hypocrisie,
alors que l'on sait très bien qu'on paie davantage d'impôt au
Québec qu'en Ontario, qu'on paie davantage d'impôt sous toutes ses
formes. Au total, on parle d'une hausse des taxes avant, pendant et
après le discours sur le budget de l'ordre de 1 200 000 000 $ sur une
base annuelle.
M. le Président, je pense qu'il est important qu'on en fasse ici
l'énumération parce que c'est cela la réalité.
Au-delà des mots, au-delà des discours, au-delà du
discours sur le budget, il y a des réalités. Le gouvernement
s'est rendu à la demande des universités et a imposé aux
étudiants des frais de scolarité nettement plus
élevés. C'est une taxe à l'éducation
supérieure. Alors, elle est faite, elle est imposée par les
universités interposées, mais c'est quand même cela la
réalité, compte tenu du contexte social particulier du
Québec. Nos jeunes auront à supporter une hausse de 130 % des
frais de scolarité en l'espace d'à peine deux ans. Dès le
mois de septembre 1990, les frais de scolarité passeront de 540 $ par
année à 890 $ par année et, un an plus tard, ces frais
atteindront 1240 $ par année. Par cette mesure, le gouvernement ira
chercher dans les poches des jeunes 52 000 000 $ de plus en 1990-1991, 104 000
000 $ en 1991-1992 et 104 000 000 $ en 1992-1993: 260 000 000 $ en trois ans.
Voilà une taxe significative pour les gens, surtout pour les jeunes.
Deuxièmement, le gouvernement s'est rendu à une demande
d'Hydro-Québec en ce qui concerne la hausse des tarifs
d'électricité. Les gens paieront davantage à partir du 1er
mai, paieront davantage à compter du 1er janvier, avec la TPS, et
paieront davantage le 1er mai 1991, l'an prochain, 7 % de plus; au total, 23 %
environ, sur 13 mois. Pour un ménage qui occupe un logement moyen,
chauffé à l'électricité, il s'agit d'une
augmentation de 247 $ par année, 23,1 %, en tenant compte,
évidemment, de la TPS et de la taxe de vente provinciale. C'est une
augmentation considérable. J'en profite pour dire aussi que cela se
retrouve directement dans son budget, puisque, par suite des changements de
conventions comptables, les surplus ou les profits réalisés par
Hydro-Québec se retrouvent directement comptabilisés au budget du
Québec. La seule partie excédant le niveau de l'inflation
signifie qu'Hydro-Québec ira chercher dans la poche des
Québécois, au-delà de l'inflation, 133 000 000 $ en
1990-1991, 229 000 000 $ en 1991-1992, 319 000 000 $ en 1992-1993. Total: 681
000 000 $ en trois ans par Hydro-Québec. Ça, c'est la
réalité au-delà du discours.
Troisièmement - nous en sommes toujours avant ce budget - la
hausse des taxes scolaires. En transférant aux commissions scolaires la
gestion des équipements et des immeubles, le gouvernement du Parti
libéral force ces dernières à hausser les taxes scolaires
de 320 000 000 $ par année. En trois ans, les contribuables devront
payer 960 000 000 $ de plus. Il s'agit là d'une augmentation
considérable. Je comprends que, pour ses propres états, cette
année, c'est 191 000 000 $, mais pour le compte de taxe des
contribuables c'est 320 000 000 $. C'est de cela dont il s'agit, pour les
contribuables: 320 000 000 $ additionnels cette année, l'an prochain,
l'année suivante.
M. le Président, cette décision est d'autant plus odieuse
qu'elle détruit le pacte fiscal qui existe depuis 1980 entre le
gouvernement et les municipalités, parce que, autour de ce pacte fiscal,
il faut savoir que le gouvernement avait convenu qu'il réservait en
exclusivité le champ des taxes foncières aux
municipalités, et cette entente a fait consensus au Québec. Les
commissions scolaires devaient se voir remplacer intégralement dans le
champ de l'impôt foncier scolaire qu'elles occupaient, sauf l'exception
que l'on connaît bien. Donc, elles devaient se voir subventionner leurs
dépenses d'opération au complet. Dans le livre des
crédits, qui nous a été remis le 31 mars dernier,
l'indexation de la masse budgétaire des commissions scolaires
n'était que de 1 %. Donc, elles doivent aller chercher la
différence par le champ de l'impôt foncier scolaire élargi,
ou tel qu'il a été élargi. Alors, M. le Président,
c'est une décision capitale, mais le gouvernement n'a pas remis aux
municipalités les 2 % qu'il était allé chercher par le
pacte fiscal de 1979-1980. Il les a gardés. Il n'en a pas parlé,
pas un mot. 2 % de la taxe de vente. Des centaines de millions. C'était
de l'ordre de 400 000 000 $ à 425 000 000 $ en 1979-1980 et,
aujourd'hui, possiblement de 600 000 000 $ à 700 000 000 $. Il n'a pas
remis ce champ fiscal aux municipalités. Et il a surtout détruit,
par un tel geste, les bonnes relations qui existaient entre le gouvernement et
les municipalités. J'en parle au plan institutionnel. Maintenant, je
suppose bien qu'il va arriver avec un programme de péréquation
dont on va nous rebattre les oreilles, mais qui, au fond, très
probablement, va être une source de décisions arbitraires, en
fonction des municipalités. On peut penser, compte tenu des
expériences en ce domaine, que ce sera vraiment à du paternalisme
politique que nous assisterons.
Évidemment, le budget lui-même contenait certaines taxes.
Nous les avons vues. Sur le tabac, le gouvernement libéral ira chercher
133 000 000 $ de plus auprès des fumeurs en 1990-1991, 192 000 000 $ en
1991-1992, 204 000 000 $ en 1992-1993. En trois ans, 529 000 000 $, chez les
fumeurs. (17 heures)
Ceux qui prennent de l'alcool, ils vont payer davantage: 103 000 000 $
cette année, 107 000 000 $ chaque année au cours des deux
années prochaines. Au total, 317 000 000 $ de
plus sur ces trois ans, sur un produit qui est déjà
très largement taxé. Je comprends qu'à l'occasion, au
passage de l'imposition de ces nouvelles taxes, de ces augmentations de taxes,
on va nous faire la morale, bien sûr. Mais, nous en parlons sur le plan
financier, il s'agit là de trois taxes qui augmentent de façon
substantielle le fardeau des contribuables: 529 000 000 $ pour le tabac et 317
000 000 $ pour l'alcool. Donc, nous parions de 846 000 000 $ au total pour deux
taxes sur trois ans. Je sais que le ministre peut m'interrompre, il a
présenté ses "mesurettes" sur cinq ans; nous présentons
ces taxes sur trois ans.
Par ailleurs, en ce qui concerne la surtaxe aux entreprises, vous aurez
noté que l'impôt sur les entreprises diminue de 2,77 % dans
l'ensemble. Mais la surtaxe des entreprises, elle, a augmenté de 12 %
à 15 %. Donc, c'est une augmentation qui va rendre au gouvernement des
sommes additionnelles de 351 000 000 $ sur trois ans; c'est considérable
encore une fois: 104 000 000 $ cette année, 119 000 000 $ l'an prochain,
128 000 000 $ l'année suivante. Donc, 104 000 000 $ cette année.
Par ailleurs, les perspectives économiques étant au
ralentissement, le rendement de l'impôt sur les corporations va baisser
et donc, au total, nous assistons à une baisse de près de 3 % de
l'impôt et de la surtaxe des entreprises.
Alors, nous avons donc dans ce budget trois taxes annoncées
directement. Maintenant, il y en a d'autres qui sont annoncées pour
l'avenir. Nous ne connaissons pas encore le niveau de ces nouvelles taxes, mais
ça viendra bientôt, parce que l'une concerne la Régie de
l'assurance automobile du Québec, de laquelle on veut tirer 625 000 000
$ en cinq ans. Alors, aux prévisions des revenus en provenance de la
Régie de l'assurance automobile du Québec, nous trouvons une
augmentation de 104 000 000 $. Donc, les automobilistes seront soulagés
de millions, en plus de l'argent qui provient des coffres de la RAAQ. Le
gouvernement n'injecte rien là. Nous y reviendrons au programme de
développement de la voirie. Il reste que, maintenant, la Régie de
l'assurance automobile du Québec est en train de devenir une machine
à sous pour le gouvernement, alors que sa fonction, c'est d'administrer
un programme d'assurance-accidents pour les automobiles. C'est ça sa
fonction, et non pas d'être une source de revenu du gouvernement. Mais on
est en train de transformer sa fonction en une fonction de ponction des
automobilistes.
M. le Président, un autre secteur qui est touché et qui
sera touché, qui va affecter directement les municipalités, cette
fois, c'est celui du transport en commun. Sans consulter les
municipalités, le gouvernement indique qu'il est dans son intention de
transférer aux villes les coûts du fonctionnement du transport en
commun. Cette volonté de se défaire de ces responsabilités
forcera les villes où il y a un système de transport en commun
à augmenter l'impôt foncier d'un montant qui pourrait atteindre
277 000 000 $ par année, ou bien à augmenter les tarifs de ceux
qui circulent en autobus ou en système de transport en commun, comme le
métro dans la région métropolitaine de Montréal,
à augmenter, dis-je, la carte d'abonnement mensuel ou le tarif de la
circulation. Il s'agit là d'une augmentation considérable qu'on
estime à environ 150 000 000 $, strictement sur le territoire de la
Communauté urbaine de Montréal et de la Société de
transport en commun à Montréal.
Je voudrais attirer l'attention de la commission sur les impacts, les
conséquences d'un tel geste. Cette augmentation devra être
supportée par les gens qui vivent sur le territoire de l'île de
Montréal. Les taxes monteront, les coûts de transport en commun
vont monter, avec le résultat que l'achalandage du réseau de
transport en commun va baisser et, donc, que les automobiles vont circuler en
plus grand nombre sur l'île. Deuxièmement, si les taxes
foncières augmentent, alors qu'elles sont déjà très
élevées sur le territoire de I De de Montréal, nous allons
assister à un phénomène d'exode urbain déjà
bien connu que les politiques du gouvernement, depuis 15 ans, avaient
essayé de contrer. Nous allons assister à de l'étalement
urbain, à une pression accentuée sur le zonage agricole, sur les
terres agricoles autour de la ville; donc, nous assisterons à des
conséquences au terme desquelles IHe de Montréal risque de se
vider d'une population qui, déjà, a beaucoup de peine à se
maintenir, quand elle ne diminue pas carrément.
M. le Président, il s'agit là d'une décision
très grave qui comporte des conséquences majeures, qui signifie
que le territoire urbain de nos capitales régionales va être
affecté grandement. 277 000 000 $ sur le budget de cette année,
ce sont les prévisions du déficit des coûts de
fonctionnement des sociétés de transport en commun. Donc, sur
trois ans, vous multipliez par trois, et, là encore, vous avez des
conséquences considérables de l'ordre de 800 000 000 $ sur trois
ans, mais qui vont avoir, cette fois, des impacts majeurs sur
l'aménagement urbain dans nos grandes villes et capitales
régionales.
M. le Président, il s'agit là d'augmentations
considérables: 1 219 000 000 $ sur une base annuelle cette année,
environ 1 500 000 000 $ l'an prochain. Mais l'an prochain, comme par hasard, on
fera silence sur les décisions qui sont prises cette année, alors
que les impacts de ces décisions joueront pleinement. Des
décisions considérables, des taxes régressives qui
touchent au même niveau le pauvre et le riche. Au même niveau.
C'est ça, la signification d'une taxe régressive.
M. le Président, il faut ajouter encore que le ministre des
Finances a dit, lors de son discours sur le budget - il l'a même
répété aujourd'hui - qu'il n'avait pas augmenté
l'impôt
sur le revenu, qu'il avait même diminué l'impôt sur
le revenu en indexant les crédits d'impôt. Je veux simplement,
puisque le temps achève, mais nous y reviendrons, dire au ministre des
Finances qu'il a augmenté les impôts sur le revenu, cette
année, de 1 442 000 000 $, de 14, 01 %. C'est ça l'augmentation
de l'impôt sur le revenu, cette année, en tenant compte même
des 312 000 000 $ d'indexation de crédits d'impôt. C'est ça
la réalité. Il y a une augmentation du rendement de l'impôt
sur le revenu des particuliers de trois fois le taux de l'inflation, cette
année. Trois fois, M. le Président. Considérable! Total de
toutes ces augmentations de taxes et d'impôt de 1 219 000 000 $ et de 1
442 000 000 $: 2 641 000 000 $. C'est ça, M. le Président. Je
vous remercie.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Labelle. Est-ce que ça va, M. le ministre des
Finances?
M. Levesque: Oui, monsieur. Le Président (M. Lemieux):
Oui?
M. Levesque: Ça va, ça va. Ça va pour
l'Opposition, mais on va prendre note de ça. Je crois que j'ai droit
à 10 minutes.
Le Président (M. Lemieux): Oui. M. le ministre des
Finances, la parole est à vous.
M. Gérard D. Levesque (réplique)
M. Levesque: Bon. Alors, M. le Président, on comprend fort
bien que l'Opposition répète ce qu'elle nous dit depuis jeudi
soir, le 26 avril, et elle ne semble pas avoir compris les messages assez
clairs qu'on lui faisait parvenir. On est parti à additionner toutes
sortes de choses, M. le Président. On additionne encore une fois des
choses qui sont dans le budget, d'autres choses qui ne sont pas dans le budget,
des choses qui ne rapportent rien au gouvernement. Mais on additionne tout
ça, sans sourciller, surtout les gens qui devraient savoir, qui savent -
pas seulement devraient savoir mieux, mais savent mieux, aussi - lorsqu'on fait
de telles additions, que l'on parle des tabacs et des alcools. Je suis bien
d'accord. C'est facile de nous dire: Mais vous avez des taxes sur les tabacs et
les alcools. Mais ce bon député de Labelle, ce qu'il oublie de
nous dire, c'est que, même après ces augmentations de taxes sur le
tabac et les alcools, le Québec demeure la moins taxée des
provinces canadiennes à ce chapitre. Il devrait ajouter ça.
Qu'est-ce qu'on recherche? Est-ce qu'on recherche simplement la confrontation
ou est-ce qu'on recherche la vérité? Après tout, on est
supposés renseigner nos concitoyens. Si on oublie ça, on oublie
un élément extrêmement important de la
réalité.
Après ça, on s'en va en dehors du budget. On dit: Mais il
n'y a rien, là-dedans. Il n'y a pas d'augmentation d'impôt. Alors,
trouvons autre chose. Alors, on s'en va dans des débats qui ont eu lieu
il y a trois mois, par exemple sur les frais de scolarité. Et là,
on fait un débat sur le budget, sur les frais de scolarité, une
chose qui a été réglée il y a trois mois. Il y a eu
des grèves d'étudiants. Il y a un tas de choses qui se sont
passées depuis ce temps-là. Mais on s'en va chercher ça,
pour essayer d'entrer ça dans le budget, en disant qu'on n'est pas
transparents. S'il y a une chose qui a été transparente,
c'était bien les frais de scolarité. Ç'a été
sur la place publique pendant des mois. Ç'a été
annoncé, même avant les dernières élections, qu'on
avait gelé pour quatre ans, pour notre premier mandat. On s'était
engagés à geler cela. Ça fait vingt ans que c'est
gelé, les frais de scolarité. Lors de la dernière
élection, vous n'avez jamais entendu parler que ça continuerait
à être gelé. Tout le monde le savait, ça. Il n'y a
pas de manque de transparence là-dedans. Le manque de transparence,
c'est vous autres qui arrivez et qui me flanquez ça dans mon budget.
Qu'est-ce qui arrive avec les frais de scolarité? Il arrive
justement que, si on prend le détail de cela - je l'avais il y a un
instant - le rendement brut de la hausse des frais de scolarité, 52 000
000 $; l'utilisation, financement des universités, 40 500 000 $;
coûts supplémentaires des prêts et bourses, 11 500 000 $; 52
000 000 $ au total. Qu'est-ce que ça vient faire dans le budget,
ça? Voulez-vous me le dire? Vous additionnez ça. Avec un
front!
Pas seulement ça, vous aller chercher la question
d'Hydro-Québec. Hydro-Québec, ça pourrait être une
entreprise comme la téléphonie, comme Bell Canada, pour
l'utilisation du téléphone. Avant la nationalisation de
l'électricité, c'étaient les compagnies privées,
l'électricité. Elles augmentaient leurs tarifs. Qu'est-ce que
c'est pour qu'on nous apporte ça dans le budget? Ce n'est pas pour le
budget. Ce n'est même pas pour des dividendes. Vous avez passé une
loi afin d'aller chercher des dividendes à Hydro-Québec. Vous en
souvenez-vous? Bien, justement, vous avez commencé à dire que
c'était pour nous donner des dividendes. Ça ne nous donne pas un
sou de dividendes. Ni cette année, ni l'an prochain. Il n'y a rien de
prévu dans les dividendes, pour le gouvernement. Ce sont simplement des
services d'Hydro. Et pourquoi les services d'Hydro? Ça a
été expliqué, ça, en commission parlementaire, en
pleine transparence. Ça n'a rien à voir avec mon budget. Et quand
on se scandalise des 7, 5 %, mais où étiez-vous, en 1982, cher
ami, lorsque ça a été augmenté de 16, 3 %?
Une voix: II était là.
M. Levesque: On se scandalise vite, aujour-
d'hui! On sait qu'à cause des problèmes
d'hydrau-licité. Hydro-Québec a dû after, non pas vendre
son produit, mais a été obligée d'acheter de
l'énergie. Elle a besoin de ces sommes-là comme n'importe quelle
société privée. On sait que la qualité du service
aussi est une question qui intéresse la population. Hydro-Québec
a fait ses preuves, a fait sa preuve, si vous voulez. Mais ça n'a rien
à voir avec mon budget. On peut dire qu'indirectement, dans des
conventions comptables, comme l'a mentionné le député,
tous les résultats des sociétés d'État entrent, non
pas pour les besoins financiers nets, mais dans le déficit en
général. Mais ce n'est pas du tout dans cette optique-là
qu'Hydro-Québec demande simplement d'avoir une augmentation. Ça
n'a rien à voir avec mon budget. Il y a eu 12 % de hausse dans les
coûts à Hydro-Québec, puis il y a 7, 5 % d'augmentation de
tarification. J'essaie de comprendre votre argumentation. Je comprends que vous
êtes mal pris, mais essayez de ne pas entrer ces choses-là dans
notre discussion. (17 h 15)
Je regardais aussi, on pariait d'autres choses aussi. Qu'est-ce qu'on
apportait? On apportait le transport en commun. Dans le discours sur le budget,
je mentionne simplement ceci: "II serait important, dans le but d'avoir une
plus grande efficacité dans le secteur public, que l'on confie à
ceux qui sont les plus près de telle et telle activité
l'administration et le financement de l'activité, quitte à
trouver des sources de revenus correspondantes. " C'est tout ce que j'ai dit,
je n'ai jamais annoncé qu'il y avait des... Ce que j'ai annoncé,
c'est qu'on voulait discuter, on voulait discuter avec les autorités
concernées du transport en commun. C'est ça que j'ai dit, je n'ai
pas donné de décision, loin de là, il n'y a pas de
décision de prise. Pourquoi est-ce qu'on vient puis qu'on additionne 277
000 000 $, et qu'on se tourne de bord, qu'on se dit: C'est ça, les
taxes, là. Il n'est pas question d'une décision là-dedans.
Tout ce qu'on dit c'est: On veut s'asseoir avec les municipalités
concernées. Vous le savez, les municipalités veulent être
consultées. Elles en ont assez entendu parler de ça, là?
Bon, on dit: Très bien, on veut discuter avec vous du transport en
commun et d'autres sujets aussi, qui intéressent les
municipalités, puis on veut le faire dans la plus grande transparence,
avec le plus de consultations possible. Mais, n'additionnez pas les chiffres
comme ça, comme vous le faites là! Il n'y a pas un comptable qui
ferait ça, hein! Voyons donc!
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Levesque: Alors, j'essaie de trouver les arguments. Prenez le
budget tel que je l'ai soumis, regardez-le, étudiez-le. Mais j'ai
remarqué que vous aviez fait une sorte de revue, que vous étiez
aller chercher les frais de scolarité, imaginez-vous, les tarifs
d'électricité, qu'est-ce que ça vient faire dans le
budget? Pas un sou qui entre dans nos équilibres avec les frais de
scolarité, qui améliore ta situation financière. Ça
améliore le sort de l'éducation supérieure, des
universités. Et, surtout, un doyen de faculté qui m'arrive avec
ça, ça me confond presque. Mais j'aurai l'occasion, au cours de
ce long débat, de revenir sur plusieurs de ces choses. Est-ce qu'il
reste? Oh! Il ne reste pas de temps. Bon, alors, je vais m'en tenir...
Le Président (M. Lemieux): II vous reste une minute, M. le
ministre.
M. Levesque: Une minute, mais c'est difficile de commencer un
sujet pour le terminer dans une minute.
Le Président (M. Lemieux): Oui, j'en conviens, j'en
conviens.
M. Levesque: Lorsqu'on parle des sans-emploi, c'est important,
mais il n'y a pas un gouvernement qui a eu autant de souci d'aider les
sans-emploi, qui a fait en sorte de faire une réforme comme celle que
nous avons faite, pour faire en sorte que les sans-emploi soient incités
à aller au travail. Il y avait dans certaines époques que...
Le Président (M. Lemieux): 10 secondes, M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: L'honorable député a bien connu, des
périodes où c'était mieux d'être sur l'aide sociale
que de travailler. Alors, nous avons fait des progrès
considérables, nous avons apporté le programme APPORT, nous avons
fait en sorte, également, que...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances,
s'il vous plaît?
M. Levesque: D'accord. Nous allons revenir là-dessus.
Le Président (M. Lemieux): Alors, M. le
député de Labelle, la parole est à vous.
M. Léonard: II se trouve justement...
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse. La pratique est
à l'effet, M. le ministre des Finances, que, maintenant, c'est un 10
minutes au partie ministériel, alors qu'il est le critique de
l'Opposition officielle. M. le député de Bertrand a
demandé la parole...
M. Levesque: C'est à lui?
Le Président (M. Lemieux): Mais non, c'est-à-dire
que M. le député de Bertrand a demandé la parole et j'ai
reconnu M. le député de Labelle,
parce que lui aussi a demandé la parole. Et la pratique est
à l'effet qu'il y a 10 minutes accordées, au tout début du
débat, au critique de l'Opposition officielle. Ça a toujours
été comme ça, M. le ministre des Finances. Ça a
toujours été comme ça.
M. Léonard: M. le Président, il y a eu les
remarques préliminaires de 20 minutes chacun et chacun 10 minutes.
Le Président (M. Lemieux): Et maintenant ce sont des 10
minutes. Et après chacune des interventions, M. le ministre, vous avez
10 minutes.
M. Levesque: Encore 10 minutes...
Le Président (M. Lemieux): Que ce soit du
côté ministériel ou du côté de
l'Opposition.
M. Levesque: Après la déposition.
M. Léonard: Je n'en doute pas que vous allez
l'utiliser.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez toujours vos 10
minutes, M. le ministre. À la fois du côté
ministériel et à la fois du côté de
l'Opposition.
M. Levesque: O. K.
Le Président (M. Lemieux): Ça a toujours
été la pratique.
M. Levesque: Alors, je peux commencer.
Le Président (M. Lemieux): Sauf, s'il y avait eu
consentement du député de Labelle, M. le député de
Bertrand aurait pu avoir la parole. Alors, M. le député de
Labelle, conformément à la pratique, la parole est à
vous.
Discussion générale Revenus
anticipés
M. Léonard: M. le Président, il se trouve justement
que nous savons additionner. C'est ça la différence. Nous savons
additionner. Quand j'ai fait le tour des augmentations de taxes qui ont
été décrétées cet hiver, ça donne 1
219 000 000 $, c'est ça que ça donne. Je comprends tout l'art du
ministre des Finances et du gouvernement à camoufler ces taxes. Parce
que c'est ça qu'il a essayé de faire, de les égrener au
fil des semaines et des mois, d'en sortir avant, d'en sortir pendant et d'en
sortir après, de sorte que si on n'avait pas fait l'addition, ça
n'aurait pas paru. C'est ce qu'il souhaitait. Mais nous avons
additionné. Et nous ne nous plaçons pas du point de vue du
gouverne- ment, si vous voulez. C'est vous qui êtes au gouvernement,
mais, nous, nous nous plaçons du côté de la population du
Québec. Et la population du Québec, elle, va devoir soustraire,
dans son portefeuille. C'est ça qu'elle va devoir faire. Nous sommes en
face de la réalité. Les étudiants devront soustraire de
leurs portefeuilles 52 000 000 $ de plus en frais de scolarité cette
année. 52 000 000 $. Et je comprends que le ministre des Finances dise:
C'est en dehors de mon budget. La réalité, cependant, c'est que
dans son budget il aurait dû augmenter le budget des universités,
parce qu'elles ont des besoins criants depuis trois, quatre ans qu'elles le
disent au gouvernement, qu'elles ont des besoins criants et face à la
formation professionnelle, face aussi aux nouveaux besoins, surtout dans le
contexte que j'ai décrit au début de mon intervention, elles ont
besoin de fonds considérables. Les étudiants paieront pour
ça 52 000 000 $ qu'ils soustrairont de leurs portefeuilles.
Deuxièmement... Il y en qui cherchent de quoi rire...
Deuxièmement, M. le ministre des Finances me parle
d'Hydro-Québec, ça n'a rien à voir dans son budget,
dit-il. Mais, ce que nous avons additionné, ce n'est même pas
toutes les augmentations d'Hydro-Québec. Ce ne sont que les
augmentations qui dépassent l'inflation, telles qu'il les a
prévues lui-même à son budget. Que celles-là, celles
qui dépassent l'inflation. C'est avec ça que nous arrivons
à un chiffre de 133 000 000 $ de plus cette année, pour les
contribuables québécois. 133 000 000 $. Ce n'est rien, c'est en
dehors de son budget? Je regrette, M. le ministre des Finances ne connaît
pas son dossier quand il dit ça. Parce que son déficit comprend
tous les revenus d'Hydro-Québec, tous les revenus d'Hydro-Québec,
401 000 000 $...
M. Levesque: Un instant, là. Je l'ai mentionné.
M. Léonard: Alors, Hydro-Québec fait partie
intégrante des états financiers du gouvernement du Québec,
justement, à la suite des changements de conventions comptables. S'il ne
faisait pas cela, comme ça se faisait antérieurement, son
déficit serait de 401 000 000 $ plus élevé que maintenant.
Alors, si on veut parler des conventions comptables et du changement des
conventions comptables, on va s'en parler, mais j'additionne correctement, et
les nouvelles conventions impliquent que tous les revenus d'Hydro-Québec
font partie des états financiers et du calcul du déficit de 1 750
000 000 $: tous les revenus nets d'Hydro-Québec. En quelque sorte, M. le
ministre des Finances nous parle des dividendes, mais qu'ils soient
payés ou non, ils sont comptabilisés dans le déficit du
gouvernement.
Même chose pour les commissions scolaires, le gouvernement a
soustrait de ses dépenses des crédits qu'il aurait dû
assumer s'il n'avait pas
ouvert le champ de l'impôt foncier aux commissions scolaires. Quel
est le résultat pour le contribuable québécois? Son compte
de taxes scolaires va doubler ou à peu près. Parce que le
gouvernement, lui, n'a indexé que de 1 % l'enveloppe des commissions
scolaires. Ce n'est pas suffisant, sûrement, pour faire face aux
augmentations de salaire dans ces commissions scolaires. Mais il dit que, sous
le couvert d'entretien des équipements scolaires, ce sont les
commissions scolaires qui vont les assumer, les contribuables
québécois. Nous avons additionné correctement
l'augmentation de l'impôt foncier scolaire vis-à-vis le
portefeuille des Québécois, qui devront soustraire, eux. Alors,
moi, je pense, M. le Président, que nous additionnons correctement.
Les transports, si le ministre des Finances n'a pas l'intention de faire
ce qu'il dit, pourquoi en a-t-il parlé dans son budget? Est-ce qu'il
parle pour ne rien dire? Jamais, on pense qu'il est responsable. Il annonce
l'intention du gouvernement de remettre aux sociétés de transport
en commun et aux municipalités dont c'est le territoire, tout le
coût de fonctionnement de ces commissions de transport. Donc,
augmentation de taxes foncières municipales, cette fois, ou augmentation
de la tarification, ou les deux, ou d'une autre source qui est
évoquée. Mais qui paie? Le contribuable
québécois.
Nous additionnons correctement. Il n'a pas inclus dans son budget
l'augmentation des frais d'immatriculation, le contribuable
québécois les paiera, 104 000 000 $. Il les paiera. M. le
ministre des Finances dit: Ce n'est pas mes affaires. C'est un Ponce Pilate. Il
s'en lave (es mains. Ponce Pilate. Alors, c'est ça. Il n'est pas
responsable. Alors, c'est un ministre des Finances, à mon sens, sur
lequel on peut se poser des questions.
Est-ce que nous sommes en période de crise? Est-ce que nous
sommes en période de récession? Non, ni en crise, ni en
récession, en ralentissement économique. Alors, le ralentissement
économique vient de coûter 1 219 000 000 $, sur base annuelle, aux
contribuables québécois, en taxes additionnelles, et puis, le
rendement de l'impôt sur le revenu des particuliers, 1 442 000 000 $. je
corrige, le total est de 2 661 000 000 $ de plus sur les seules taxes que je
viens d'énumérer, m. le président, 2 661 000 000 $.
Le ministre des Finances dit que ce n'est pas lui. Il a
décidé et son gouvernement a décidé de ne pas
assumer certaines dépenses, certains crédits aux organismes que
nous avons mentionnés: les universités, les commissions
scolaires, les municipalités, en ce qui concerne le transport en commun.
Et il demande des rentrées de fonds de la Régie de
l'assurance-automobile du Québec qui, elle, se retournera pour retaxer
le contribuable, augmentation phénoménale pour un simple
ralentissement économique. Pourquoi, ça? Parce que, depuis
quelques années, justement, on avait très soigné l'image
du gouvernement. On avait payé des dépenses d'avance, on avait
comptabilisé dans l'année où ça avait
été payé, plutôt que dans l'année où
ça aurait dû appartenir. Et je vois très bien que quand le
gouvernement fait ses comparaisons d'augmentation de ' dépenses, comme
par hasard tout à coup, il met ses états financiers sur une base
comparable. C'est une situation que le Vérificateur
général a dénoncée, mais qui, aujourd'hui,
pénalise le contribuable québécois, parce que, tout
à coup, pour maintenir le déficit à un niveau raisonnable,
même si on l'augmente encore de 150 000 000 $ sur l'an passé, on
est obligé d'augmenter les taxes des contribuables
québécois.
Camouflage! Et c'est pour cela que le chef de l'Opposition a
parlé de tripotage de chiffres. C'est de cela dont on parle, parce que
les Québécois paient au bout de la ligne. Aujourd'hui, cette
année, pour ramener le déficit sur une base correcte, dit-on, ils
sont obligés de payer des taxes et de subir une augmentation de taxes
considérable, alors que les taux d'intérêt sont
élevés, très élevés, alors que la TPS va
s'abattre sur eux le 1er janvier. Le gouvernement du Québec, au lieu de
stimuler l'économie, en remet, et lui sera une des grandes causes, un
des grands facteurs de la récession économique qui est en train
de s'abattre sur le Québec.
C'est ça. Vous en remettez au lieu d'aider.
M. Levesque: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: Plus j'écoute le député de
Labelle, plus je suis porté à lui retourner le compliment de
tripotage qu'il est en train de faire dans la critique du budget. C'est du
véritable tripotage! On va pêcher à gauche et à
droite. Où est cette transparence que l'on nous reproche à tort
et dont on manque tellement du côté de l'Opposition? Juste un
exemple. Le député de Labelle s'est pourfendu en Chambre et
continue ici, en commission, à parler de la croissance de 14 % des
revenus à l'impôt sur le revenu des particuliers. (17 h 30)
M. Léonard: Trois fois l'inflation.
Dépenses anticipées
M. Levesque: 14 %. Et là, il se promène avec
ça et il se croit lui-même. Non, mais c'est effrayant! Est-ce
qu'il ne peut pas tenir compte de la réalité? Ces 14 %, est-ce
qu'il ne doit pas tenir compte qu'il y a un impact des réductions
d'impôt pour l'année d'imposition 1988? Je l'ai dit ça en
Chambre, mais c'est comme si je n'avais pas parié du tout. Cet
impact-là des réductions d'impôt qui ont pris la forme de
remboursement au début de 1989-1990 de
307 000 000 $, alors il faut qu'il l'enlève des 14 %. C'est moins
3, 3 %, à cause de cet impact-là. Qu'il regarde dans ses livres,
il va le trouver.
C'est important de rappeler, justement à ce propos, que les
réductions d'impôt que nous avons annoncées dans le
discours sur le budget 1988-1989... Là, il n'écoute plus.
Avez-vous remarqué là? Il s'en va jaser parce que, là, il
ne veut pas savoir. Parce que, s'il écoute et comprend, il ne pourra
pas... Parce qu'il n'aime pas ça mentir. Mais là, il aime mieux
jaser et dire: Bien, je n'ai pas compris. Mais là, je voudrais qu'il
écoute. Il faut lui rappeler que les réductions d'impôt...
Vous savez, on a baissé les impôts, je me rappelle en 1988-1989,
de 1 400 000 000 $, mais il ne veut pas entendre parler de ça. mais
ç'a des effets ça quand on baisse, dans une année, les
impôts d'une somme aussi considérable. mais cette
réduction-là, à l'égard de 1988, a
été introduite aux déductions à la source à
compter de janvier 1989. ainsi les sommes dues pour l'année d'imposition
1988 ont pris forme de remboursement, à la fin de 1988-1989 pour 240 000
000 $, et, au début de 1989-1990, pour 307 000 000 $. c'est ces 307 000
000 $. je veux qu'il en tienne compte. c'était un total de 547 000 000
$. ce que je tiens compte dans les 3, 3 % que j'enlève aux 14 %, c'est
ces 307 000 000 $.
De plus, nous avons poursuivi un programme de remboursements
anticipés du ministère du Revenu qui a entraîné un
niveau, non pas de 80 000 000 $, 90 000 000 $ de remboursements, mais de 308
000 000 $ de remboursements en mars 1990, soit environ 220 000 000 $ de plus
qu'au niveau normal de remboursements. Alors, il faut enlever un autre 4, 2 %.
Et, là, vous arrivez, si vous faites cet exercice-là, ce n'est
pas à 14 %, lorsque vous en tenez compte, c'est à 6, 5 %.
La croissance des salaires, des traitements en 1990, 6, 6 %. On ne peut
pas arriver beaucoup plus proche. Il ne veut pas en entendre parler. ii ne veut
pas! qu'est-ce que vous voulez que je fasse? il va continuer de parler de 14 %
demain, toute la journée. il n'en tient pas compte. alors, si, en
conclusion, après la correction de ces facteurs-là, on remarque
que le taux de croissance des revenus à l'impôt des particuliers
est ramené à 6, 5 %, ce qui est compatible avec
l'évolution des salaires et traitements à 6, 6 % et de la base
économique des revenus assujettie à l'impôt, 6, 9 %, parce
que, là, s'il ne tient pas compte... il parlait du revenu disponible la
dernière fois. je pense que c'était en chambre. le
député de labelle parlait de revenus des...
M. Léonard: Mais là, c'est parce que vous n'aviez
pas la réponse à ce moment-là.
M. Levesque: Je ne l'avais pas aussi précise que je viens
de vous la donner. Mais je suis heureux que vous l'ayez entendue et
j'espère que vous l'avez comprise, parce que...
M. Léonard: On y reviendra.
M. Levesque:... dans la base économique, vous avez ce qui
est assujetti à l'impôt.
M. Léonard: On y reviendra.
M. Levesque: Tandis que si vous ajoutez l'aide sociale, par
exemple, ça ne compte pas. C'est du revenu disponible, mais ce n'est pas
la base économique sur laquelle se base l'impôt. Mais il ne veut
rien savoir de ça. Là, il commence. Je pense que c'est une bonne
chose qu'on va avoir quelques heures ensemble. Puis je pense qu'à la
fin, c'est un homme honnête, le député de Labelle, un homme
juste, puis un homme qui a une compétence. Il a une bonne
compétence. Je suis convaincu qu'il va dire: II y a des choses qui m'ont
échappé et, maintenant, je suis prêt à nuancer mes
propos. Ça me ferait plaisir de l'entendre.
Hydro-Québec cela étant dit, j'ai d'autre chose
aussi que je pourrais peut-être ajouter. lorsque l'on parle des tarifs
d'hydro-québec, parce que le député de labelle est revenu
même sur ce que j'ai dit tout à l'heure que ce n'était
pas... il est revenu. mais est-ce que le député de labelle veut
dire que nous autres, on a dit: ii faut augmenter l'impôt, il faut
qu'hydro-québec augmente ses tarifs parce que, nous autres, on veut
avoir plus d'argent. d'abord, il sait fort bien que ça ne donne pas un
sous. il n'y a pas de dividende. donc, les besoins financiers nets sont de 765
000 000 $ et ils vont rester à 765 000 000 $, quel que soit ce que
hydro-québec fait pour ses tarifs. maintenant, sur papier, est-ce qu'il
n'y aurait pas un avantage? s'il regarde sur papier simplement, à cause
des conventions comptables, sur papier, il va s'apercevoir que ça va
nous donner des profits d'hydro-québec, cette année, de 164 000
000 $ de moins que l'an dernier. ce n'est pas ça qui améliore
notre "bottom line", comme on dit. vous allez dire: oui, mais ça aurait
été pire si elle n'avait pas augmenté. je comprends. mais
quelle est la situation d'hydro-québec? hydro-québec est une
société qui devrait au moins avoir, il me semble, un comportement
qui ressemble un peu à l'entreprise privée, parce que c'est une
entreprise, justement, qui s'occupe de production et de distribution
d'électricité. on doit s'attendre que cette
société-là soit une société bien
gérée, qui puisse donner des rendements. alors, nous avons un
actif de 30 000 000 000 $. quel est le rendement d'hydro? parce que,
normalement, si c'était privatisé, on s'attendrait à ce
qu'hydro-québec puisse avoir un rendement sur le capital qui
serait intéressant. Le rendement sur l'avoir propre: 4, 8 %; le
rendement sur l'actif total: 1, 3 %. Vous savez que dans l'entreprise
privée, si c'était ça... Vous pensez qu'elle
exagère en augmentant les tarifs de 7, 5 %. Si c'était
l'entreprise privée, ne pensez-vous pas qu'elle augmenterait plus que
ça? De fait, lorsqu'on regarde la situation à travers
l'Amérique du Nord, on s'aperçoit que ce sont les taux les plus
bas, ou à peu près les plus bas - je n'ai pas tous les taux ici -
et, de fait, si on prend un exemple: là facture moyenne, pour
l'abonné résidentiel qui demeure à Toronto par rapport
à celui qui demeure à Montréal est de 34 % plus
élevée à Toronto. Alors, il ne faut pas faire de
démagogie, là-dedans. Moi, j'aimerais bien mieux qu'on ne paie
rien pour l'électricité. Mais il y a une chose, il y a une
situation de fait dont il faut tenir compte.
Le Président (M. Lemieux): Ça va, continuez, M. le
ministre. Je me demandais qui devait intervenir entre moi et le
député de Mille-Îles. Ça va. C'est
réglé, M. le ministre.
M. Levesque: Alors...
Le Président (M. Lemieux): II vous reste une minute.
M. Levesque: ii reste toujours une minute. lorsqu'on regarde le
budget, en résumé, il n'y a qu'une seule hausse de taxes
véritable, dans la liste que donne le député: ce sont les
taxes d'alcool et de tabac, où nous demeurons les plus bas. on peut
dire: ii y avait l'impôt foncier scolaire qui va augmenter. et c'est
directement relié à votre action. là, je dois dire que
c'est un fait que, dans le budget, vous allez retrouver... mais c'était
fait avant le budget, ça. tout de même, je dois dire que vous
retrouvez, dans le livre des crédits, 191 000 000 $ de diminution dans
les crédits du ministère de l'éducation. d'ailleurs, je
m'y réfère, c'est en toute transparence, dans le budget.
ça a été annoncé au moment du dépôt
des crédits. quant aux frais de scolarité, je le
répète encore une fois, rien, rien, rien du tout dans le budget,
et cette somme d'argent fait en sorte que... puis j'espère que vous ne
pensez pas que les frais de scolarité étaient trop hauts au
québec. quand on regarde la liste, quand on regarde la
colombie-britannique, par exemple, 2414 $; québec, 540 $. vous savez, il
faut faire attention.
Quant à Hydro-Québec, nous venons d'en parler. Le
transport en commun, il n'en a pas été question. La RAAQ - vous
avez mentionné ça - ça ne coûte pas un sou pour les
contribuables, il n'y a pas de taxe qui va s'ajouter, et il y a là des
réserves qui sont importantes. La RAAQ dispose d'une réserve
actuarielle de 2 700 000 000$...
Le Président (M. Lemieux): En conclusion, si vous avez
terminé.
M. Levesque: Bien, c'est parce que je veux qu'il...
Le Président (M. Lemieux): Ah! O. K. Mais...
M. Levesque: La RAAQ dispose d'une réserve actuarielle de
2 700 000 000 $ et, en plus de ça, d'une réserve de stabilisation
de 1 200 000 000$.
Le Président (M. Lemieux): Merci.
Une voix: Pourquoi 1 200 000 000 $ de plus?
M. Levesque: La loi protège cette réserve de
stabilisation pour s'assurer qu'elle ne puisse jamais descendre à moins
de 20 % de la réserve actuarielle. Et dans l'industrie privée, 12
%, la moyenne. Nous, nous disons que c'est à 44 %, présentement,
la réserve de stabilisation, sans toucher, en plus de la réserve
actuarielle. Donc, je ne pense pas que l'on puisse se plaindre de la
préoccupation de la RAAQ d'investir dans la sécurité
routière, parce que c'est directement relié à ses
coûts.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministère
des Finances. M. le député de Mille-Îles.
M. Bélisle: M. le Président, si vous
préférez y aller, moi, je peux attendre à demain; il n'y a
pas de problème.
Le Président (M. Lemieux): Moi aussi, M. le
député de Mille-Îles, c'est comme vous voulez.
M. Bélisle: Je vous laisse aller, M. le
député.
Évolution dès finances publiques
Le Président (M. Lemieux): Vous le laissez aller? Bon.
Merci, M. le député de Mille-Îles. Alors, je me suis
posé certaines questions, eu égard peut-être aux
commentaires et au vocabulaire qui ont été utilisés, et
j'essaie de le dire avec toute modération, peut-être par le
député de Labelle où on a parlé, peut-être,
à certaines occasions, de camouflage, d'hypocrisie. Mais ce qui a
peut-être retenu davantage mon attention, c'est qu'on a parlé d'un
budget sans perspective.
Dans un premier temps, je voulais m'attar-der à démontrer
qu'il y avait une forme de perspective, qu'on entrevoyait l'avenir dans une
forme de perspective familiale. Mais, par après, M. le
député de Labelle m'a rattaché à une autre
préoccupation, eu égard à la nature ou eu égard
au profil socio-économique de mon comté, lorsqu'il a
parlé d'augmentation des frais d'immatriculation, lorsqu'il a
parlé de la taxation de la bière, du tabac et ainsi de suite. Le
comté que je représente est un comté où le revenu
est peut-être inférieur à fa moyenne et, sans être un
besoin primaire, pour beaucoup de gens, le tabac, la bière, c'est
peut-être une chose importante. C'est peut-être le seul luxe que
ces gens-là peuvent se payer.
Alors, je me suis permis d'essayer de songer à ce qui
s'était fait dans le passé, est-ce qu'effectivement, d'autres
gouvernements avaient pu taxer la boisson, la bière, et ainsi de suite.
Je me suis penché et j'ai regardé un petit peu ce qui
s'était passé à une certaine époque, et j'ai
constaté ceci. J'ai constaté que, dans le budget 1977-1978, il y
avait eu un relèvement des immatriculations des véhicules
commerciaux, celles-ci étant désormais déterminées
au poids des véhicules, et que les revenus supplémentaires
projetés ont donné 25 000 000 $. Je constate, dans ce même
budget de 1977-1978, qu'il y a un réaménagement aussi du
régime de redevances d'Hydro-Québec.
Alors, je me suis dit: On va aller voir un petit peu plus loin, et je
vois, dans le même budget de 1977-1978, qu'il y a une hausse de 8 %
à 10 % de la taxe sur les repas et l'hôtellerie. Alors, je regarde
dans le budget de 1978-1979. Qu'est-ce qu'on voit? Qu'est-ce que je vois pour
mon petit monde, les gens de chez nous pour qui c'est important, à
l'occasion, de pouvoir se payer un paquet de cigarettes? Mais je me rends
compte que, pour eux, il y a une forme de perspective de continuité dans
leur budget puisqu'ils avaient une augmentation du tabac en 1977-1978. Je
constate que leur perspective, en 1978-1979, il y a une augmentation de 48 000
000 $ dans les taxes sur le tabac, les cigarettes passant de 0,80 $ à
1,08 $; le cigare et le tabac à pipe - ça fume beaucoup la pipe
dans mon comté - de 0,25 $ à 0,30 $ et les cigares de moins de
0,10 $, 0,02 $ l'unité. Alors, je me suis dit: Regardons, voir, dans le
budget de 1979-1980. On se rend compte qu'on rencontre la même chose. (17
h 45) ii y a une imposition sur la taxe de vente de 8 % et, encore une fois,
hydro-québec: imposition, dans la mesure ci-dessous, à
hydroquébec, pour un rendement de 52 000 000 $ dès 1980. cette
taxe augmente, par la suite, à 63 000 000 $ en 1981, à 72 000 000
$ en 1982 et pourrait atteindre 130 000 000 $ en 1985. la perspective continue.
en 1980-1981, une hausse de 30 000 000 $ dans les taxes sur le tabac, à
la suite du remplacement des taxes à l'unité pour une taxe qu'on
dit uniforme de 40 % du prix de vente au détail. voilà un nouveau
principe qui vient d'être instauré, le principe de la taxe
ascenseur.
Alors, je continue. On regarde en 1981-1982 et ce qui est beaucoup plus
grave, en 1981-1982, c'est qu'on voit un relèvement de 40 % à 45
% des taxes sur le tabac, 35 000 000 $ annuellement. Je vous avais dit, tout
à l'heure, que mon premier sujet était la perspective d'une
politique familiale. Je m'arrête en 1981-1982 et qu'est-ce qu'on voit?
L'abolition des déductions pour garde d'enfants dans le cas d'enfants de
moins de six ans, 19 000 000 $ annuellement. Lorsqu'on voit le budget
supplémentaire de 1982, qu'est qu'on remarque? Un
réaménagement de l'imposition sur la bière
équivalant à une hausse de 22 000 000 $ jusqu'au 31 mars 1982, 65
000 000 $ pour 1982-1983. Et, dans une perspective toujours constante, dans une
logique budgétaire, qu'est-ce qu'on voit en 1982? Une augmentation
décrétée avant le budget supplémentaire, soit le 14
octobre 1981, des tarifs d'immatriculation de 41,6 % en moyenne, 60 % pour les
véhicules de promenade. Cette taxe rapporte 58 000 000 $ d'ici le 31
mars 1982. 1982-1983, la même chose, on passe une commande à la
SAQ, une augmentation de 2 500 000 $, ce qui devrait produire des dividendes
annuels de l'ordre de 50 000 000 $. Et de nouveau, encore, qu'est-ce qu'on
voit? Est-ce qu'on a fait preuve d'imagination et d'ouverture d'esprit? En
1982-1983, une taxe sur les cigarettes portée de 0,45 $ à 0,50 $
le paquet. et lorsqu'on regarde en 1984-1985, qu'est-ce qu'on voit? un
relèvement du taux de la taxe sur le tabac de 50 % à 55 %. le
coût est estimé à 38 000 000 $. lorsqu'on regarde en
1985-1986, c'est toujours la même chose, une augmentation de 5 % de la
taxe sur les cigarettes, qui passe ainsi de 55 % à 60 %. le gouvernement
récupère 133 000 000 $.
Voilà une certaine forme de continuité. Si, effectivement,
ces augmentations de taxes auraient eu comme effet de diminuer le
déficit, l'impôt des particuliers, les besoins nets de
l'État, mais ce n'est pas ce qu'on constate. On constate que, de 1977
à 1986, le déficit s'accroît de 2 000 000 000 $ et que, de
1977 à 1986, l'importance du déficit budgétaire a
augmenté de 233 000 000 $ par année. On se demande quelle sorte
de gestion administrative, économique et sociale s'est faite. Est-ce que
c'a profité au petit travailleur?
De plus, la dette nette, de 1977 à 1986, est passée de 5
300 000 000 $ à 27 900 000 000 $. La dette nette du Québec
augmente ainsi de 22 600 000 000 $. De 1977 à 1986, la dette nette du
Québec s'accroît en moyenne, chaque année, de 2 500 000 000
$. Est-ce qu'on peut parler vraiment d'une vision économique de ce que
devrait être la société ou est-ce qu'on peut parler
vraiment, dans les années passées, d'un budget qui était,
effectivement, sans perspective. Je pose sérieusement la question, parce
que je pense que, comme gouvernement, de 1985 à aujourd'hui, on s'est
effectivement placés du côté de la population, du
côté du petit monde. J'aimerais faire remarquer, peut-être,
au député
de Labelle que nous en sommes au cinquième budget, sans qu'il y
ait de hausse d'impôt. Nous en sommes maintenant rendus à avoir
réussi à diminuer les besoins financiers nets du gouvernement. Je
sais que ça fait sourire le député de Labelle de jalousie,
je le comprends. Je comprends, je l'accepte, je sympathise avec lui. Je
m'efforce d'être apolitique et d'essayer - étant président
de cette commission, j'ai quand même un droit de parole - de jeter un
regard sur le passé pour me demander: Est-ce que le député
de Labelle a raison? Parce qu'à l'intérieur du Parti
libéral il nous est permis de critiquer M. le ministre des Finances,
lequel doit comprendre que mes préoccupations, eu égard au
comté que je représente, sont d'ailleurs peut-être
similaires aux siennes, puisque vous ne pouvez pas dire que M. le ministre des
Finances représente un comté qui est riche ou avantagé.
Tout ceci pour vous, dire que je crois sincèrement qu'on a fait preuve
d'imagination et j'irais même jusqu'à dire qu'actuellement, aux
Finances, l'imagination, sous toutes ses formes, est au pouvoir.
Lorsqu'on regarde, depuis 1985, dans un des sujets qui me
préoccupent le plus, puisque j'aj peut-être un des taux les plus
élevés de familles monoparentales et où le revenu
inférieur, comme je le mentionnais tout à, l'heure, est
inférieur à la moyenne, alors c'est important de savoir si, ces
gens-là, il leur en reste un peu plus pour des besoins très
simples, pour permettre d'acheter une deuxième paire d'espadrilles au
deuxième enfant, pour permettre de payer des frais de scolarité
qui sont parfois minimes, d'acheter un cahier à dessins, et ainsi de
suite, à des enfants. Ce sont mes préoccupations
premières.
Comme on me dit qu'il me reste environ moins d'une minute, environ 30
secondes, je me permettrai, sans doute demain, de revenir sur ce que j'appelle
vraiment une perspective d'avenir en m'attachant davantage à la
perspective familiale? Qu'est-ce qu'on a fait comme gouvernement? Est-ce qu'on
a été responsable, oui ou non? Cette perspective familiale touche
tout le monde. Elle me touche, elle touche M. le ministre des Finances et elle
touche le député de Labelle. Merci.
M. le député de Labelle.
Pardon, M. le ministre des Finances, en réplique.
M. Levesque: Comme il ne reste que quelques minutes avant l'heure
de l'ajournement...
M. Léonard: Est-ce que je pourrais avoir une minute
à la fin, parce que j'avais une demande technique à
présenter?
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a
consentement?
M. Levesque: On va écouter tout de suite. Allez-y.
M. Léonard: Au plan technique, on a demandé, par la
voie de votre chef de cabinet, depuis une semaine environ, de nous fournir le
plan d'investissements dans le secteur public: celui d'avant et celui
d'après le discours sur le budget, celui où on nous indique une
accélération des investissements dans le secteur public.
M. Levesque: 269 000 000 $.
M. Léonard: 279 000 000 $.
M. Levesque: 279 000 000 $.
M. Léonard: Nous sommes maintenant en commission
parlementaire et c'aurait été intéressant d'avoir ce plan
et les tableaux pour savoir où nous en sommes, puisque nous sommes en
commission parlementaire. Nous avons nous-mêmes préparé une
liste de documents qui vont nous être nécessaires à
l'étude plus profonde du discours sur le budget...
M. Levesque: Je vais répondre tout de suite...
M. Léonard: Mais si vous permettez que je termine.
M. Levesque: ...à l'honorable député. Vous
savez que ça touche l'éducation. Ce sont des investissements
accélérés, qui devaient se faire dans les années
à venir et qu'on a rapprochés, vu la conjoncture
économique. Ça touche trois volets, si vous voulez.
M. Léonard: Oui, la santé... Trois ou quatre.
M. Levesque: Vous avez l'éducation, la santé, les
services sociaux et, également, les biens culturels.
M. Léonard: Mais il n'y a pas plus de détails que
ce que vous avez?
M. Levesque: Je peux vous donner quelques détails, si vous
voulez, mais, quant au projet précis, si vous voulez savoir s'il y a une
école ou un hôpital à tel endroit, ce sera fait par les
ministres sectoriels.
M. Léonard: Par les petites annonces. M. Levesque:
Bien, non. Une voix: Par les crédits.
M. Léonard: Je ne veux pas un secteur précis, mais
je pense que, dans le cas du secteur public, en général, il me
semble qu'il devrait y avoir un peu plus de détails là-dessus.
Vous devez sûrement avoir des tableaux ou vos fonctionnaires peuvent
avoir des tableaux sur les
plans d'investissements. Puisque vous parlez
d'accélération, ça veut dire au moins que vous savez de
quelle année à quelle année ils ont été
devancés. Je pense que c'est sur le plan technique que nous aurions
aimé avoir ces tableaux.
De la même façon, vous avez - et je signale cela, M. le
Président - fusionné cette année, M. le ministre des
Finances, deux tableaux: celui de l'écart fiscal des entreprises et
celui de l'écart fiscal des particuliers, en un seul que vous appelez le
secteur privé. Il me semble que c'aurait été
intéressant d'avoir les deux. Si vous avez pu fusionner les deux, c'est
donc que vous les possédez. Pourquoi ça n'a pas été
rendu public et pourquoi on n'aurait pas les deux maintenant, comme avant,
parce qu'il me semble que ce sont deux réalités fort
différentes que celui des entreprises et celui des particuliers? Si
ça peut vous aider à expliquer l'augmentation de 14 % de
l'impôt sur le revenu des particuliers, ça pourrait
peut-être être très éclairant d'avoir ce rapport.
M. Levesque: Dites-moi pas que vous allez reprendre vos 14 %
après tous les efforts que j'ai faits pour corriger cette mauvaise
impression que vous avez donnée, sans tenir compte...
M. Léonard: Vous avez aménagé les images des
années antérieures, bien, cette année, ça donne 14
% de plus. Mais on pourrait peut-être déposer la liste d'une
série de tableaux nécessaires, à notre sens, à
l'étude du budget, qui sont des tableaux de nature technique, M. le
Président. Vous en avez une là.
M. Levesque: Vous avez, à l'annexe E... M.
Léonard: Oui.
M. Levesque: ...tous les détails dont vous avez besoin
pour faire vos propres tableaux, si vous le désirez, parce que c'est
l'écart Québec-Ontario. C'est ce à quoi vous vous
référez.
M. Léonard: Comparativement aux années
antérieures, il est fusionné, M. le ministre.
M. Levesque: Non, mais là, vous l'avez en détail:
les taxes provinciales, l'impôt sur le revenu des particuliers.
M. Léonard: C'est à quelle page ça?
M. Levesque: Vous l'avez à la page 8 de l'annexe E. Vous
l'avez complètement en détail.
M. Léonard: Fusionné. Il est fusionné.
M. Levesque: II est fusionné dans le tableau, mais il
n'est pas fusionné dans... Vous avez le détail pour les taxes
locales, les taxes provinciales. Vous avez 12,2 % et vous avez le-17,4 % qui
est le secteur privé et le 3,9 %, mais ça, c'était avant
le budget de l'Ontario. C'est, maintenant, 3,5 %.
M. Léonard: Oui, mais il y avait des tableaux, auparavant,
qui distinguaient très nettement le cas des sociétés, des
entreprises...
M. Levesque: Bon, bien je vais regarder ça. Je vous
reviendrai avec ça.
M. Léonard: Très bien, merci. Est-ce que je
pourrais déposer cette liste de documents techniques, de tableaux qu'on
trouve, nous, très utiles à l'étude du discours sur le
budget qui comprend, par exemple, cette affaire d'écart de fardeau
fiscal? Est-ce que je peux déposer la demande?
Le Président (M. Lemieux): Je vais en prendre connaissance
avant, moi.
M. Léonard: Bien, c'est une liste technique. Je
dépose la demande. Je peux vous la lire si...
Le Président (M. Lemieux): À titre d'information au
ministre.
M. Léonard: Oui, des tableaux que nous voudrions?
Le Président (M. Lemieux): à titre d'information,
m. le ministre. j'autorise le dépôt à titre d'information,
m. le ministre. il n'y a aucun problème.
M. Levesque: Vous voulez avoir tout ça? M.
Léonard: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Comme c'a été
déposé, M. le ministre, j'aimerais en faire faire une photocopie,
s'il vous plaît. O.K. Ça va. On en a une photocopie.
M. Levesque: Alors, avant de terminer, il reste deux minutes, M.
le Président. Je voudrais simplement rappeler à cette Chambre,
à cette commission plutôt - excusez-moi, M. le Président -
que le député de Labelle - et je ne parle pas de ses
collègues qui, peut-être, sont arrivés plus tard -
lui-même devrait retourner à certains documents gouvernementaux
lorsqu'il parie, par exemple, de la situation financière du
gouvernement, lorsqu'il accuse le gouvernement de vouloir toucher certains
programmes négativement, d'après lui, etc., lorsqu'il
s'inquiète de transferts à certaines municipalités,
etc.
Il y a certains documents intéressants, sur lesquels je suis
tombé, récemment, du gouvernement du Québec, de septembre
1982. C'est curieux parce qu'on dirait que c'est un peu...
Même le vocabulaire n'est pas tellement différent de
certains écrits que l'on voit aujourd'hui. On disait: Le ralentissement
de la performance économique a amené le gouvernement à
réévaluer la pertinence de certains programmes existants - ce
n'est pas nouveau ça - et à diminuer le nombre de nouvelles
initiatives. C'était dans l'air dans le temps, ça. Ce n'est pas
quelque chose... Vous aviez des problèmes. Il y avait un ralentissement
aussi, plus qu'un ralentissement même.
M. Léonard: Plus qu'un ralentissement, exactement.
M. Levesque: Mais, vous y avez goûté! Vous disiez:
Bien que le taux réel de croissance des dépenses ait
diminué, depuis 1977, en raison du réajustement de la
programmation des dépenses par le gouvernement, il est demeuré
supérieur à la progression de la richesse collective. Vous vous
rendiez compte de ça. Il fut un temps où vous disiez que, pour
s'ajuster à la conjoncture économique, le gouvernement pouvait ne
ralentir que la mise en oeuvre de nouvelles initiatives. La dynamique nouvelle
des finances publiques du Québec oblige maintenant à
réduire soit le coût, soit le volume des activités
existantes. Alors, vous aviez compris que deux et deux font quatre, à un
moment donné. Vous aviez compris ça, à un moment
donné.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
ministre.
M. Levesque: Et vous aviez des préoccupations qui font
qu'aujourd'hui vous être très rapide sur la gâchette.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie. Sur ce...
M. Léonard: je vous remercie du compliment.
Le Président (M. Lemieux): ... m. le ministre, des
finances, nous ajournons nos travaux à demain, jeudi, 10 heures, dans la
même salle. demain, 10 heures.
(Fin de la séance à 18 h 1)