Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Dix heures onze minutes)
Le Président (M. Lemieux): La commission du budget et de
l'administration reprend ce matin la consultation générale et les
auditions publiques sur le Rapport quinquennal sur l'application de la Loi sur
les assurances du Québec et en particulier sur le chapitre traitant des
liens commerciaux des assureurs. Je demanderais au groupe suivant, soit
à l'Association des intermédiaires - oui, je m'excuse, M. le
député de Labelle.
M. Léonard: Je vois qu'à 13 heures il y aura les
remarques finales. Donc ça pourrait aller jusqu'à 13 h 30? C'est
ça. Moi, je ne pourrai pas dépasser 13 heures. Je veux simplement
en avertir la commission.
Le Président (M. Lemieux): Mme la ministre.
Mme Robic: Je n'ai pas de problème, mais on peut diminuer
le nombre de questions, notre période...
Le Président (M. Lemieux): Donc, l'ordre de la Chambre en
principe, si je me tiens strictement sur (e plan du droit parlementaire,
l'ordre de la Chambre est pour 13 heures. On devrait terminera 13 heures.
M. Léonard: O.K. Je m'assure simplement...
Le Président (M. Lemieux): On pourra s'organiser à
l'intérieur des groupes pour qu'on ait du temps.
M. Léonard: Moi, j'ai une obligation que je ne peux pas
retarder à ce moment-ci.
Mme Robic: Alors, essayons de circonscrire ça.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle, est-ce que vous aimeriez quand même que je puisse faire en sorte
qu'au niveau de la procédure on puisse essayer d'en arriver à se
conserver un petit cinq minutes à la fin pour des remarques finales?
M. Léonard: Ah oui! Cinq ou dix minutes.
Le Président (M. Lemieux): Ça va? Mme la ministre,
ça pourrait aller ça?
Mme Robic: Parfait.
Le Président (M. Lemieux): Parfait! Alors, l'ordre du jour
est le suivant. Dans un premier temps, à 10 heures, nous devrions
entendre l'Association des intermédiaires en assurance de personnes du
Québec, à 11 heures, le Regroupement des cabinets de courtage
d'assurance du Québec et, à 12 heures, l'Association des
banquiers canadiens. Est-ce que l'ordre du jour est adopté?
Adopté. Je vous remercie.
Maintenant, je demanderais aux représentants de l'Association des
intermédiaires en assurance de personnes du Québec de bien
vouloir prendre place ici en avant de moi à la table des témoins,
s'il vous plaît. Ici, oui. Dans un deuxième temps, je demanderais
au porte-parole du groupe de bien vouloir s'identifier et de nous
présenter les personnes qui l'accompagnent.
M. Desrochers (Rénald): Bonjour, mon nom est Rénald
Desrochers, président de l'Association des intermédiaires en
assurance de personnes. Je suis accompagné de Jacques Mercier, le
président du conseil, et de M. Serge Alary, notre trésorier.
Le Président (M. Lemieux): Permettez-moi de vous rappeler
brièvement les règles de l'audition: 20 minutes seront
consacrées à l'exposé de votre mémoire, puis suivra
une période de 40 minutes d'échanges avec les membres de cette
commission. Alors, sans plus tarder, nous vous écoutons relativement au
mémoire que vous avez à présenter à cette
commission.
Association des intermédiaires en assurance de
personnes du Québec
M. Desrochers: Merci. M. le Président de la commission,
Mme la ministre, Mmes et MM. les députés, l'Association des
intermédiaires en assurance de personnes du Québec est une
association professionnelle récemment créée en vertu de la
Loi sur les intermédiaires de marché. Notre association regroupe
présentement plus de 13 000 intermédiaires en assurance de
personnes au Québec, qu'ils soient courtiers ou agents.
Depuis sa création le 1er octobre 1989, notre association s'est
efforcée de mettre en place les instruments nécessaires afin
d'assumer les responsabilités que lui confère la loi. Ces
responsabilités, est-il besoin de le souligner, concernent plus
spécifiquement le maintien de la discipline de nos sociétaires et
leur formation. Aussi ces responsabilités visent-elles, à
l'instar d'autres corporations professionnelles, à protéger les
intérêts du public.
En abordant le Rapport quinquennal, je voudrais dire d'emblée que
nous n'avons pas la prétention de faire une étude exhaustive et
approfondie de toutes les dimensions de ce dernier. Notre contribution se
limitera à certains aspects principaux du Rapport, dont les
recommandations ou orientations préconisées pourraient avoir des
effets directs ou indirects sur le rôle des intermédiaires en
assurance de personnes ainsi que sur les relations qu'ils tissent avec les
consommateurs et les assureurs eux-mêmes.
Le principal souci que nous avons en commentant ce Rapport consiste
à Intervenir là où nous pensons qu'il est souhaitable,
voire môme nécessaire, que le législateur apporte une
attention particulière à la protection du public. Notre
argumentation visera par conséquent à faire valoir la ou les
façons qui pourraient être utilisées afin de permettre,
tant au législateur qu'à l'association elle-même, de mieux
jouer leur rôle dans la défense des intérêts du
public et, ce faisant, des sociétaires eux-mêmes.
Les objectifs du Rapport quinquennal. L'Association des
intermédiaires en assurance de personnes du Québec souscrit
à l'ensemble des objectifs énoncés dans le Rapport
quinquennal. Nous croyons en effet qu'il est important de revoir certains
aspects de la Loi sur les assurances de façon à rendre plus
compétitives nos institutions financières et a leur procurer les
moyens d'accentuer leur présence autant sur le plan
québécois et canadien que sur le plan international.
Au moment où d'importants changements se produisent au sein des
blocs économiques internationaux, le Québec ne peut se permettre
le luxe de ne pas fournir à ses institutions financières les
outils nécessaires tout comme le cadre législatif
approprié qui leur permettront de constituer les structures
financières propres à l'affirmation de notre identité.
L'affirmation des institutions financières du Québec sur la
scène internationale devra passer par l'aménagement d'un cadre
législatif nous permettant de mettre à profit nos forces de
coopération mutuelle. L'histoire économique du Québec nous
apprend à cet égard que, si nous voulons survivre et durer, nous
sommes condamnés à l'excellence. La législation
gouvernementale doit refléter cette préoccupation et nous sommes
heureux de constater que les orientations préconisées dans le
Rapport quinquennal s'inscrivent dans cette voie.
Les préoccupations que nous avons en tant qu'association
professionnelle vouée à la défense des
intérêts du public et des sociétaires que nous
représentons visent, entre autres choses, à nous assurer que les
mesures qui seront mises de l'avant par le gouvernement en matière
d'institutions financières tiendront également compte de la
protection adéquate du public investisseur, des consommateurs de
produits et de services financiers, tout comme de la législation qui
encadre les intermédiaires de marché. Alors que les
intermédiaires de marché bénéficient d'un
encadrement législatif rigoureux, il est important de voir à ce
que les amendements qui seront apportés à la Loi sur les
assurances trouvent une certaine réciprocité avec la loi qui nous
encadre. C'est pourquoi nous pensons que la Loi sur les assurances doit
être harmonisée avec la Loi sur les intermédiaires de
marché.
M. Mercier (Jacques il.): Mme la ministre, les normes
gouvernementales de capital à l'intention des assureurs. Afin
d'éviter que nos assureurs québécois se trouvent en
position délicate, nous croyons que le législateur doit
prévoir des normes de capitalisation souples qui assureront le maintien
de liquidités suffisantes à leur diversification. Des normes trop
contraignantes sur la liquidité des assureurs pourraient rendre leurs
produits moins compétitifs sur le marché financier. En outre,
nous devons nous rappeler les orientations préconisées par le
gouvernement en matière de rémunération nivelée
auxquelles nous souscrivons entièrement.
Le mouvement en faveur de l'instauration de la
rémunération nivelée chez les intermédiaires en
assurance de personnes a été suivi par un certain nombre de
compagnies, dont la Great-West, la Mutuelle du Canada, la Standard Life et La
Survivance. Il serait malheureux, à cause de normes de capitalisation
trop strictes obligeant les compagnies à compter sur un haut niveau de
réserves financières, qu'on les empêche de passer du
système de rémunération actuel à celui de
rémunération nivelée. Comme ce dernier aura d'importantes
répercussions sur les intermédiaires en assurance de personnes et
les pratiques des compagnies et qu'il assurera aux consommateurs un service sur
toute la durée de vie de la police, il nous apparaît souhaitable
et nécessaire que Mme la ministre considère cet
élément dans ses normes de capitalisation.
L'instauration de la rémunération nivelée ne se
fera pas par enchantement. Il faudra trouver les moyens visant à
bonifier et encourager par des incitatifs concrets les compagnies qui y
adhéreront. À cet égard, des normes de capitalisation qui
tiendraient davantage compte de cet élément pourraient sans nul
doute nous permettre de rendre plus réelle la volonté
gouvernementale de mettre en application ie système de
rémunération nivelée qui, devons-nous le souligner, en
vertu de l'article 21 de la Loi sur les intermédiaires de marché,
devrait entrer en vigueur en janvier 1991
Les institutions financières et les liens commerciaux. Le
décloisonnement des institutions financières et l'achat
récent de certains fleurons financiers du Québec par des
institutions financières étrangères a relancé le
débat sur la pertinence de permettre ou non des liens commerciaux entre
des institutions financières et d'autres types de corporations. Les
transactions intéressées, les conflits d'intérêts,
la divulgation
de renseignements confidentiels et les délits d'initiés
sont tous des dangers potentiels envers lesquels nous devons être d'une
extrême vigilance.
Il serait inacceptable et très dommageable pour l'ensemble de la
société de permettre indirectement aux institutions
financières d'obtenir des informations privilégiées et de
les utiliser sans que les individus n'y aient préalablement consenti.
Nous observons déjà des formes de sollicitation malheureuses
d'institutions financières qui identifient des clientèles cibles
à partir d'informations confidentielles et qui procèdent à
de la solicitation via la publicité de masse ou le marketing direct.
Nous croyons que le législateur doit établir des normes
strictes qui empêchent la circulation indue des informations sans le
consentement préalable des principaux intéressés. Dans la
même optique, nous sommes d'avis que le consommateur doit pouvoir
bénéficier de la confidentialité des renseignements qu'il
divulgue et connaître l'usage qui en sera fait pour être ainsi en
mesure de limiter leur utilisation. Face à ces dangers, nous
recommandons que les institutions financières soient soumises à
un code de déontologie qu'élaborera le gouvernement et qui
énoncera clairement les devoirs et responsabilités des
institutions financières en matière de confidentialité des
renseignements. l'harmonisation des lois canadiennes sur les assurances. notre
association supporte pleinement les efforts du gouvernement visant une
meilleure harmonisation des lois canadiennes sur les assurances. puisque
environ 70 % des primes d'assurance de personnes souscrites au québec le
sont par des compagnies à charte non québécoise, il
s'ensuit qu'un pourcentage semblable d'intermédiaires en assurance de
personnes est amené à faire affaire lui aussi avec des compagnies
à charte non québécoise. en conséquence, nous
encourageons fortement les autorités gouvernementales à prendre
le pouls de ces compagnies et à voir de quelle façon nous pouvons
harmoniser mutuellement nos législations, sans pour autant entraver le
nécessaire développement des compagnies à charte
québécoise.
En ce qui concerne la pratique des intermédiaires en assurance de
personnes, nous attirons particulièrement votre attention sur les
efforts d'harmonisation à faire en ce qui a trait notamment aux
conditions de délivrance des certificats pour les non-résidents.
Nous considérons que les conditions de délivrance d'un certificat
d'agent d'assurances ne devraient pas être différentes pour les
non-résidents de la province et espérons que le gouvernement du
Québec soulèvera ce point lors d'une prochaine conférence
des surintendants en assurances.
Dans le contexte du libre-échange, nous soulignons aussi que des
efforts d'harmonisation devraient éventuellement être
envisagés avec certains États américains, tels les
États fron- taliers de la Floride et de la Californie. Le
libre-échange nous permet d'envisager l'avenir différemment que
par le passé et les lois doivent, à notre avis, en tenir
davantage compte.
M. Alary (Serge): Les aspects corporatifs et
opérationnels. Dans ce chapitre qui comporte six sections, nous
n'analyserons que les parties D, EetF.
Les accords de réseaux, partie D. Selon le Rapport quinquennal,
ce type d'accord permet aux institutions d'un même groupe de
bénéficier d'économies d'échelle substantielles.
Selon les résultats que nous avons pu observer à date dans divers
accords de réseaux, nous ne sommes pas totalement en accord avec cette
proposition. Nous trouvons plutôt que la preuve de cette dernière
reste à faire. À tout le moins, nous mettons en doute sa
portée générale.
En ce qui concerne les accords de réseaux, nos craintes portent
surtout sur la libre circulation des renseignements personnels. En vertu de la
Loi sur les intermédiaires de marché, les intermédiaires
de marché en assurance sont responsables des renseignements personnels
qu'ils recueillent dans l'exercice de leurs activités. Il ne faudrait
pas que les assureurs à qui ils transmettent ces informations à
titre privilégié puissent les utiliser à d'autres
fins.
Bien que les ventes liées soient aussi prohibées par cette
loi, il demeure que les réseaux pourront, par la publicité de
masse et grâce au partage des informations, solliciter la vente de
produits financiers. Pour notre association, non seulement faut-il
prévoir un pouvoir de réglementation, mais fixer au plus
tôt un cadre normatif avant que les réseaux ne se soient
déjà transféré toutes les informations pertinentes.
À l'intérieur de ce cadre normatif, ne pourrait-on pas obliger
les institutions financières à obtenir l'autorisation des clients
pour l'utilisation de renseignements nominaux ou autres? amélioration du
régime de surveillance. nous manifestons notre appui aux orientations
proposées, car nous croyons que cela ne pourra qu'améliorer la
santé financière des assureurs et la qualité des produits
offerts. par ailleurs, nous pensons également qu'il importe de
créer des liens entre les instances surveillant les
intermédiaires de marché en assurance et celles surveillant les
assureurs, cela afin de permettre que le régime de surveillance soit
vraiment étanche. il ressort de l'expérience de la discipline des
intermédiaires de marché dont nous sommes chargés que des
gestes répréhensibles de l'industrie sont parfois le
résultat de pratiques ou de politiques des assureurs. nous croyons par
conséquent important d'assurer une meilleure coordination et
intégration du régime de surveillance des assureurs avec celui
des intermédiaires en assurance.
Concernant l'adaptation du cadre légal aux réalités
actuelles, nous "priorisons" l'harmonisa-
tion de l'ensemble des dispositions de la Loi sur les assurances aux
nouvelles dispositions de la Loi sur les intermédiaires de
marché. Il importe pour nous de pouvoir opposer aux assureurs ainsi
qu'à tout autre corps professionnel dont ils pourraient recruter les
services l'exclusivité des actes réservés aux
intermédiaires de marché en assurance de personnes, que ce soit
pour la sollicitation d'assurances ou pour la vente de produits d'assurance.
Trop souvent avons-nous constaté au cours des dernières
années que les compagnies d'assurances excluaient les
intermédiaires de certaines ventes. Aussi plusieurs compagnies
d'assurances ont-elles développé des services d'actuariat qui,
jusqu'à un certain point, remplacent les intermédiaires.
Nous avons également constaté que l'assurance collective
bénéficiait d'un régime de faveur et que la vente de ce
type d'assurance permettait à plusieurs institutions financières
ou autres corporations commerciales d'offrir à leurs clients des
régimes d'assurances, sans pour autant requérir les services d'un
intermédiaire de marché en assurance. L'exemple d'un
récent appel d'offres de l'Office des services de garde pour le plan
d'assurance collective des travailleurs et travailleuses en garderie parte par
lui-même. En privilégiant un assureur plutôt que de
déterminer des normes minimales de couverture, on a du même coup
empêché les garderies de faire affaire avec un assureur-vie ou une
compagnie de leur choix.
L'assurance collective étant assujettie aux mêmes
règles que l'assurance de personnes, la vente d'un programme d'assurance
collective au preneur de contrat doit se faire par des intermédiaires
exclusivement. Dans la pratique actuelle, ce n'est pas le cas. D'autre part,
dans la mesure où le groupe visé par l'assurance collective est
important, tout le service, et même la sollicitation ou la
négociation d'assurance auprès des personnes membres du groupe ne
devraient-ils pas être faits par des intermédiaires? Nous croyons
à cet effet qu'il y aurait lieu de modifier les dispositions actuelles
prévues au règlement d'application de la Loi sur les
assurances.
Au cours des dernières années, nous avons également
constaté que la majorité des assureurs se livraient à une
publicité de masse directement auprès des clients des
intermédiaires de marché en assurance. Nous croyons qu'il s'agit
de sollicitation d'assurance qui ne devrait pouvoir se faire sans la
collaboration des intermédiaires de marché en assurance, qui sont
les seules personnes autorisées en vertu de la loi à offrir de
l'assurance.
Dans un autre ordre d'idées, nous croyons que les assureurs
devraient adapter leurs pratiques et politiques de façon à
enrayer le remplacement systématique. Aussi, la recommandation des
assureurs nécessaire à l'émission et au renouvellement
d'un certificat d'agent d'assuran- ces, si elle subsiste, devrait être
génératrice d'obligations et de responsabilités pour
être significative. Par ailleurs, que penser des 91 compagnies, sur les
171 autorisées à exercer au Québec, qui n'ont pas
recommandé de certificats d'assurance en 1989? Que vendent-elles et par
quels intermédiaires offrent-elles les produits et services aux
consommateurs? C'est là une réalité qui nous
apparaît surprenante et sur laquelle nous souhaiterions obtenir des
précisions. finalement, nous tenons à vous soumettre la
problématique suivante: les produits de rente offerts par un assureur
sont identifiés comme des produits d'assurance de personnes. ces
produits de rente sont donc assujettis aux mêmes normes que les autres
produits d'assurance de personnes en cas de remplacement. or, ces produits de
rente sont aussi offerts par des institutions financières qui ne sont
pas des assureurs et donc par des préposés travaillant pour ces
institutions financières qui ne sont pas titulaires d'un certificat
d'intermédiaire de marché. il ressort de cette situation que les
assureurs et intermédiaires de marché en assurance sont
assujettis à des règles plus exigeantes que ne le sont les
institutions financières et leurs préposés. cela est-il
normal?
M. Desrochers: Le Rapport quinquennal énonce les
orientations devant mener aux prochaines modifications de la législation
sur les assurances. L'Association des intermédiaires en assurance de
personnes du Québec endosse les orientations du gouvernement, qui visent
à instaurer un régime de normes souple, marqué au coin de
la prudence et axé sur des institutions financières solides et
bien adaptées à leur environnement concurrentiel.
Notre association constate toutefois que le contexte de
décloisonnement est propice à l'émergence de situations de
conflits d'intérêts et s'accompagne de menaces à la
confidentialité de l'information. Nous préconisons, dans un tel
contexte, des mesures de prévention et de contrôle reposant sur la
formation adéquate des intermédiaires, la transparence de
l'information, l'éthique professionnelle et le respect d'une saine
concurrence. (10 h 30)
Plus précisément, nous recommandons au gouvernement qu'il
adopte, entre autres, les mesures suivantes: Que, de façon
générale, la Loi sur les assurances soit harmonisée avec
la Loi sur les intermédiaires de marché. Que la réforme
des normes de capitalisation tienne compte du passage du système actuel
de rémunération à un système de
rémunération nivelée et que des moyens soient mis de
l'avant pour encourager les compagnies à adhérer à ce
dernier. Qu'en matière de liens commerciaux la législation
établisse des normes strictes qui empêcheront la circulation indue
d'informations sans te consentement préalable des
intéressés. Que les consommateurs
puissent bénéficier de la confidentialité des
renseignements qu'ils divulguent et connaître l'usage qui en sera fait,
pour être ainsi en mesure de limiter leur utilisation. Qu'un cadre
normatif soit élaboré le plus tôt possible afin
d'éviter le transfert d'informations confidentielles entre les
institutions financières. Que les institutions financières
soient, à cet égard, soumises à un code de
déontologie énonçant clairement leurs devoirs et
responsabilités en matière de confidentialité de
renseignements. Qu'en matière d'harmonisation des lois canadiennes sur
les assurances les conditions de délivrance d'un certificat d'agent
d'assurances soient identiques pour un résident et un
non-résident d'une province canadienne. Qu'en matière de
surveillance le législateur prévoie créer des liens entre
les instances surveillant les intermédiaires en assurance et celles
surveillant les assureurs. Qu'à cet effet une meilleure coordination et
intégration des régimes de surveillance soit envisagée.
Que l'assurance collective et l'assurance vendue par publicité de masse
soient assujetties aux mêmes règles que la vente d'assurance de
personnes. Que des règles uniformes s'appliquent aux assureurs et aux
institutions financières concernant les cas de remplacement de contrats
de rente. Que les assureurs soient amenés à adapter leurs
pratiques et politiques de façon à enrayer le remplacement
systématique.
Nous assurons les autorités gouvernementales de notre
entière collaboration et continuerons à encourager nos
sociétaires à viser les plus hauts standards de compétence
et d'éthique professionnelle. Nous souhaitons toutefois que le
législateur saisisse bien l'importance d'assujettir les compagnies
à des devoirs et à des responsabilités similaires à
celles régissant les intermédiaires en assurance de personnes.
Car tous les efforts qui seront déployés par les
intermédiaires seront vains si les compagnies elles-mêmes ne se
conforment pas à un code de déontologie aussi rigoureux.
En terminant, nous tenons à vous souligner que nous sommes
heureux d'avoir pu contribuer à la réflexion à laquelle
nous a invités Mme la ministre en déposant ce Rapport quinquennal
et espérons que nos commentaires ont pu contribuer à l'avancement
des travaux de cette commission. Merci.
Le Président (M. Lemieux): Merci. Mme la ministre
déléguée aux Finances.
Mme Robic: Merci, M. le Président. Je vous félicite
parce que, tout le long de ce mémoire, on remarque votre souci assez
particulier pour la protection des consommateurs. Vous pouvez être
assurés que c'est un élément qui, pour moi, est fort
important. D'ailleurs, dans toute notre réflexion, dans la
préparation de ce Rapport quinquennal, nous en avons tenu compte.
Je souscris également à votre déclaration qui dit
que nos compagnies doivent se différencier par l'excellence. Je suis
tout à fait d'accord.
Dans votre mémoire, à la page 10, vous traitez de la
rémunération nivelée et vous dites: II nous apparaît
souhaitable et nécessaire que la ministre considère le passage du
système de rémunération actuel à celui de
rémunération nivelée dans ses normes de capitalisation.
Voulez-vous élaborer là-dessus? Qu'est-ce que vous voulez dire au
juste par ça?
M. Mercier: Mme la ministre, bien entendu, dans les normes de
capitalisation, je pense que vous n'êtes pas sans savoir que, lorsque
viendra le temps de passer du système de rémunération
traditionnel actuel que tout le monde connaît à un système
de rémunération nivelée, tel que le prévoit
l'article 21 de la Loi sur les assurances, qui normalement devrait entrer en
vigueur en janvier 1991, mais on sait que ça va peut-être aller un
petit peu plus loin... Dans le passage à cette nouvelle
rémunération là, de l'ancienne à la nouvelle, pour
assurer la période de transition et introduire cette nouvelle
rémunération, il est évident que ça va apporter des
changements importants au niveau des institutions financières
québécoises, particulièrement sur le plan administratif,
sur le plan informatique, sur le plan des réseaux de distribution. On
n'a qu'à penser à certaines institutions financières qui
opèrent deux réseaux de distribution, un au Québec et un
hors Québec également, et la rémunération
nivelée, si on allait dans ce sens-là, serait-elle introduite
seulement au Québec ou si elle le serait sur le plan canadien? Bien
entendu, ça va amener des investissements importants de la part des
institutions financières du Québec. Alors, nous voulons dire par
ça, si les normes étaient trop contraignantes, que ça
pourrait sûrement affecter la liquidité des institutions
financières. Est-ce que ça pourrait être un
empêchement majeur pour ces institutions de passer de la
rémunération actuelle à la nouvelle, celle que nous
préconisons, la rémunération nivelée?
C'est dans ce sens-là qu'on veut vous dire, Mme la ministre, s'il
y avait une espèce de souplesse vis-à-vis des institutions
financières du Québec pour justement permettre à nos
institutions d'aller vers ce nouveau système de
rémunération, que ce serait très apprécié de
la part de ces institutions.
Mme Robic: Vous êtes en train de me dire que, pour
instituer une rémunération nivelée, on devrait permettre
à nos compagnies d'assurances de rencontrer des normes de capitalisation
qui seraient moins élevées que ce qui est établi. J'ai des
problèmes avec ça parce que, quand on établit des normes
de capitalisation, c'est pour s'assurer de la solidité financière
de nos institutions et c'est pour la protection du citoyen, et je me demande
jusqu'à quel point ça serait compatible. Alors, je verrais un
danger mais,
enfin, je comprends votre désir de voir s'instituer la
rémunération nivelée. Oui, c'est un énorme fardeau
pour nos compagnies.
Vous avez parlé également, au sujet de la
rémunération nivelée, d'obliger les compagnies qui ne sont
pas à charte québécoise mais bien à charte
canadienne d'instituer le même système au Québec. C'est
ça que vous nous dites aussi? Quand on oblige, on oblige tout le monde
qui opère au Québec?
M. Mercier: Vous n'avez qu'à regarder les compagnies que
nous avons mentionnées tantôt, comme la Great-West dont le
siège social est à Winnipeg. Vous avez la Mutuelle du Canada,
dont le siège social est à Waterloo en Ontario, et vous avez la
Standard Life qui est une compagnie écossaise. Alors ces gens-là,
évidemment, ont des sièges sociaux hors Québec et ces
institutions financières ont décidé, elles,
d'établir la rémunération nivelée. Je pense
à la Mutuelle du Canada, parce que c'est une compagnie que je connais un
peu mieux. Elle a décidé, bien entendu, d'établir la
rémunération nivelée au plan pancanadien. Or, c'est une
philosophie corporative bien entendu. C'est un nouveau concept cette formule de
rémunération. Il y a deux objectifs bien importants
derrière tout ça, qui sont la conservation des affaires et la
rétention des agents. Or, bien entendu, si on vient opérer au
Québec, il faudrait que les compagnies hors Québec soient
soumises à la même réglementation que nos institutions
financières québécoises. Bien entendu, le marché
québécois étant limité, on peut s'apercevoir qu'une
compagnie qui opère sur le plan canadien ou qui va opérer sur le
plan mondial a une capacité financière supérieure à
celle qui est limitée dans ses opérations à la province de
Québec. Si la compagnie doit injecter - pour des compagnies de taille
importante, je lance un chiffre qui m'apparaît raisonnable -
peut-être 60 000 000 $, 70 000 000 $, 75 000 000 $, peut-être
même 100 000 000 $, la compagnie doit le prendre quelque part cet
argent-là. Bien entendu, ça va affecter la liquidité de la
compagnie. Or, si on regarde sur une longue période et non pas à
court terme, nous sommes d'avis que le consommateur serait bien servi et
ça permettrait quand même à la compagnie de
développer des produits et d'offrir ces produits-là au
consommateur. Ça permettrait également à la même
compagnie de pouvoir se diversifier, ce qui va vraiment dans le contexte du
décloisonnement des institutions financières qui a
été amorcé dans les années 1984, 1985, quelque
chose du genre, et auquel le gouvernement a souscrit entièrement par le
biais du décloisonnement des institutions. Or, c'est dans ce
sens-là, Mme la Présidente, que se veut notre intervention.
M. Desrochers: Si vous me permettez, un petit complément.
Notre démarche aussi vise l'augmentation de la qualité du service
au client. On sait que la formule actuelle de rémunération ne
comporte pas de retour financier après quatre, cinq ou six ans,
dépendamment des contrats avec les assureurs, ce qui n'incite
évidemment pas, ne favorise pas que l'agent, l'assureur,
l'intermédiaire en assurance rencontre un client sans qu'il y ait de
rémunération qui y soit attachée. La
rémunération actuelle est concentrée sur la nouvelle vente
et les nouvelles affaires. Alors, c'est l'objectif. Quand I'AIAPQ parle de
rémunération nivelée, la forme à ce moment-ci ne
nous apparaît pas... On n'a pas de démarche sur la forme que cela
peut prendre dans les faits. C'est strictement au niveau du principe d'une
rémunération qui va être étendue sur la durée
d'un contrat de façon à améliorer la qualité du
service, et que l'agent soit incité à retourner ou à
confirmer sa présence chez le client plutôt que d'être
constamment préoccupé par de nouvelles ventes.
Mme Robic: À la page 18, vous dites, en parlant de la
propriété des institutions financières
québécoises, que les critères devant guider la ministre
doivent être objectifs et précis pour éliminer le plus
possible les pressions des lobbyistes. Quel genre de critères
voyez-vous? De quel genre de critères parions-nous ici?
M. Desrochers: Nous trouvons tout simplement, Mme la ministre,
que le critère d'une intervention large, sans définition assez
précise, ouvre la porte à beaucoup de négociations. On a
simplement remarqué ça. On n'a pas non plus d'idée exacte
de la forme que ça pourrait prendre. C'est simplement une chose qu'on a
remarquée au passage, qu'il y avait beaucoup de place à
interprétation. Alors, on pense que, si c'était un peu plus
précis, ça pourrait faciliter les choses à tout le
monde.
Mme Robic: Vous semblez nous dire qu'il y a plus de danger de
transactions intéressées avec des liens commerciaux en aval qu'en
amont. J'aimerais que vous élaboriez là-dessus
également.
M. Alary: En fait, au niveau des intérêts des
intermédiaires de marché, on s'est peut-être plus ou moins
prononcés. Ce qu'on fait, c'est qu'on va dans le sens d'appuyer les
recommandations du rapport, mais on n'a pas vraiment approfondi les
critères qui ont été avancés pour
l'établissement. Notre objectif, au bout de la ligne, c'est que les
intérêts des consommateurs continuent d'être bien
protégés; on veut que les investissements qui seront faits dans
une direction ou dans l'autre permettent de rencontrer ces
critères-là, mais on ne va pas vers des recommandations qui
pourraient faire varier ou parler de pourcentages bien précis. On va, de
façon générale, dans le sens du rapport et de ce qui a
été proposé.
Le Président (M. Forget): Mme la ministre, votre temps de
parole est terminé. Je cède la parole au député de
Labelle.
M. Léonard: Oui. Je voudrais saluer les
représentants des intermédiaires en courtage. Je voudrais poser
une question en particulier, que vous avez soulevée dans votre
mémoire, celle concernant la confidentialité des renseignements
personnels que les courtiers détiennent. Est-ce que vous trouvez que la
loi actuelle est suffisante? Je crois comprendre que non, puisque vous faites
des remarques assez incisives là-dessus et que, parlant de la protection
du consommateur, c'est vraiment de ça qu'on parle... Est-ce que vous
trouvez que les recommandations ou, en tout cas, les intentions qui sont
énoncées dans le Rapport quinquennal sont suffisantes
présentement?
M. Alary: Si vous me le permettez, M. le député de
Labelle, actuellement, la nouvelle loi 134 sur les intermédiaires de
marché prévoit, à l'article 25, que l'assureur-vie ou
l'intermédiaire de marché doit obtenir de la part de son client
une autorisation écrite pour divulguer les renseignements qu'il a
obtenus lorsqu'il a fait souscrire une police d'assurance ou un produit
d'assurance.
Quand on parle d'harmonisation de la loi sur les intermédiaires
avec la Loi sur les assurances, on veut que les mêmes conditions soient
reconduites auprès des compagnies d'assurances ou des assureurs de
façon à ce que les mêmes règles existent et que ce
soit le consommateur qui donne son autorisation écrite également.
En fait, en tant qu'assureur-vie, on peut obtenir des informations et on
s'engage à ne pas les divulguer, mais ces informations sont
transférées aux compagnies d'assurances. Alors on veut que les
compagnies d'assurances soient également...
M. Léonard: Donc, ce que vous voulez, c'est qu'il y ait
une suite là-dessus. Est-ce que vous savez, lorsque les entreprises
d'assurances font elles-mêmes ou vendent au comptoir, si elles respectent
la confidentialité ou non, ou pensez-vous que les renseignements qui
sont obtenus par la vente par la poste, par exemple, sont divulgués ou
circulent à travers l'entreprise sans aucune restriction ou sans
restrictions suffisantes? (10 h 45)
M. Alary: En fait, quand on parle de vente par la poste, à
ce moment-là, justement, c'est de quelle façon la compagnie
d'assurances a obtenu les coordonnés des gens qui sont
sollicités. C'est une forme de circulation des informations, justement,
qu'elle prend et qu'elle a obtenues des intermédiaires de marché.
Et la publicité de masse, on veut que la sollicitation soit faite par
quelqu'un qui est autorisé à la faire en vertu de la loi. Notre
prétention, c'est que ce sont les intermédiaires de marché
qui sont actuellement les seules personnes autorisées à faire de
la sollicitation d'assurance.
M. Léonard: Oui. Si je comprends bien, vous voulez
l'exclusivité. Mais, dans le cas, par exemple, où ce sont des
contrats quasi automatiques, où vous avez une police sans aucun
problème qui se renouvelle, pourquoi devrait-on faire appel à un
professionnel ou à un intermédiaire professionnel, plutôt
que ça se fasse automatiquement? J'aimerais ça que vous vous
exprimiez là-dessus parce que, au fond, un simple commis à une
caisse ou à une banque peut faire un dépôt de 25 000 $ ou
de 100 000 $ et il ne posera pas de questions. Sa responsabilité est
aussi importante que celle d'un intermédiaire financier qui vend une
police d'assurance automobile ou une police d'assurance-vie tout à fait
standard. Je pose la question. J'aimerais vous entendre là-dessus.
M. Desrochers: Un exemple très simple qui pourrait
être souligné, c'est celui des transactions hypothécaires.
Par exemple, un individu se présente chez un prêteur
hypothécaire et, souvent, on voit qu'il y a de
l'assurance-inva-lidité qui y est accrochée ou, à tout le
moins, on fait l'offre de protéger cet investissement par une assurance
sur la vie. Souventefois, les personnes ou les clients en question ont
déjà des couvertures impressionnantes, soit par leur employeur,
soit avec des assurances individuelles, et peut-être que cette protection
supplémentaire n'est pas nécessaire. Un autre exemple aussi... On
peut le déceler simplement après analyse.
M. Léonard: Entre nous, est-ce qu'un courtier va dire que
c'est inutile une police d'assurance?
M. Desrochers: Vous savez, l'assurance-vie, c'est - je mets
ça entre guillemets - une espèce de mal nécessaire. On
s'assure, on couvre, par définition, le besoin qu'on a à couvrir.
Tout achat additionnel... Bon, si on veut rendre riche notre succession ou nos
survivants, ça, c'est une décision personnelle, mais on doit au
moins savoir qu'on veut rendre riches nos survivants. Alors, c'est le principal
problème. un autre exemple aussi, on pense au "mass marketing" de cartes
de crédit. on sait que c'est assez répandu. il y a beaucoup de
personnes qui sont assurées sans même le savoir. pour au moins une
occasion, dans un règlement de succession, on a découvert cette
assurance-là tout près d'un an après le
décès. la personne ne savait pas qu'elle avait de l'assurance
là. personne ne le savait. donc, cette personne-là a
acheté de l'assurance en signant un document à travers toutes
sortes d'autres et puis, bon, ça l'a assurée. tant mieux pour la
succession. elle était très heureuse de ça. je vois un peu
ce à quoi
vous voulez en venir: Mieux vaut en avoir trop que pas assez. Mais il
reste que c'est une dépense non calculée, non prévue par
une analyse de besoins bien structurée avec un professionnel. C'est
simplement dans cet objectif, pour éviter les abus de toutes parts,
parce qu'on signe tellement de papiers sans les lire qu'il y a des gens qui
s'assurent, qui paient des primes sans trop s'en rendre compte et ne savent
même pas qu'ils sont assurés.
M. Mercier: M. le député, si vous me permettez,
vous avez un point important également. Seulement la désignation
du bénéficiaire, par exemple, je pense que ça prend une
certaine connaissance pour être capable de bien conseiller le
consommateur quant au choix de son bénéficiaire. Ce qui est
important avec le produit d'assurance qui est vendu à un consommateur,
c'est que les héritiers ou ceux qui auront droit éventuellement
à ces prestations puissent les toucher selon les règles
établies. Pensez seulement à la désignation du
bénéficiaire et c'est déjà un service
important.
Je pense que M. et Mme Tout-le-Monde, à l'intérieur des
institutions financières, ne sont pas habilités pour
répondre à ces questions.
M. Léonard: Mais ça, si vous permettez, M. Mercier,
généralement, dans une police d'assurance comme ça, on dit
simplement les ayants droit. Ça prend une décision quasi
particulière pour dire ce sera une personne en particulier. Il s'agit
vraiment d'un geste de planification, tandis que, dans l'autre cas, les ayants
droit, ça réfère au testament, finalement, s'il y en a
un.
M. Mercier: Savez-vous qu'il y a beaucoup de gens qui n'ont pas
de testament en 1990? Et, lors du décès, ça entraîne
des complications.
M. Léonard: Bien là, c'est le Code civil qui y
pourvoit.
M. Mercier: II y a la règle un tiers deux tiers et
ça entraîne des problèmes importants.
Alors, nous, le rôle que nous devons jouer, qui est un rôle
professionnel, c'est de donner les services adéquats à ceux qui
souscrivent ce genre de contrat.
M. Léonard: Dans la question de la confidentialité,
trouvez-vous que l'Inspecteur général des institutions
financières ait une responsabilité particulière
vis-à-vis des consommateurs ou de ceux qui prennent de l'assurance?
Oui?
M. Desrochers: Nous pensons que oui. Il est certain que
l'Inspecteur a probablement ce souci, mais l'Inspecteur a le souci
également de s'en tenir à ce qui existe dans la loi.
M. Léonard: Incidemment, je constate que l'Inspecteur
général ne participe pas à nos travaux depuis hier. Je
trouve ça un peu exceptionnel, il me semble que c'est une question qui
le concerne très directement. Est-ce qu'il y a une raison
particulière pour laquelle il n'est pas ici?
Mme Robic: M. le Président, l'Inspecteur
général a contribué à la préparation du
Rapport quinquennal. C'est un document qui va se traduire par un projet de loi
et l'Inspecteur général sera présent au moment de la
présentation de ce projet de loi.
M. Léonard: On discute de son Rapport quinquennal. Il me
semble que ce serait important qu'il soit ici.
Mme Robic: Je pense qu'il est très bien
représenté.
M. Léonard: Je ne critique pas M. le sous-ministre des
Finances.
Mme Robic: Non, pas du tout. Nous avons des gens du bureau de
l'Inspecteur général qui suivent nos travaux depuis le
début.
M. Léonard: alors, je ne compare pas une personne à
l'autre ou quoi que ce soit, je trouve qu'il s'agit de son rapport. nous
entendons des mémoires en ce qui concerne son rapport. il me semble
qu'il conviendrait qu'il soit là. il n'a pas de raison
particulière? est-ce qu'il est en voyage?
Mme Robic: Je voudrais vous rappeler que c'est un rapport
gouvernemental, c'est un rapport politique. L'Inspecteur général
y a contribué et il a ici des représentants, ce matin, deux
représentants, qui étaient là hier d'ailleurs, qui suivent
nos travaux. Je crois que vous allez le voir très présent au
moment du projet de loi.
M. Léonard: Mais il me semble que ça devrait
être normal qu'il soit ici, puisque c'est le rapport qu'il signe
lui-même. On parle de la confidentialité des usagers, des
consommateurs. C'est une question importante et toutes les questions que nous
avons évoquées jusqu'ici touchent aux responsabilités de
l'Inspecteur général.
Le Président (M. Forget): M. le député de
Labelle, je pense que ça déborde un petit peu. Je pense qu'on est
ici pour écouter des groupes. Il faudrait s'en tenir à
ça.
M. Léonard: Bien. Il y a une des recommandations -
ça déborde? - qu'il y a ici, page 46, dans le Rapport
quinquennal, qui parle du rôle de l'Inspecteur général.
Comme dit Mme la ministre, il a contribué à l'écrire, il
l'a pratiquement
signé, ou presque, et puis on parle de son rôle, il me
semble que c'est sa juridiction la plus complète, la plus large. je
m'étonne qu'il ne soit pas là. il n'y a pas de raison plus que
ça.
Mme Robic: Je pense que je vous ai dit qu'il était
représenté ici.
M. Léonard: Si je comprends, il est assis à son
bureau et il nous écoute sur le perroquet.
Le Président (M. Forget): Je pense, M. le
député de Labelle, que la ministre a répondu à
votre question et je pense qu'on est ici pour écouter des groupes. Il
faudrait s'en tenir à cette discipline. Il vous reste une minute, M. le
député.
M. Léonard: Une minute. Je voudrais simplement poser une
question. Est-ce que vous trouvez qu'il y a beaucoup de remplacements qui se
font d'une police à l'autre et que c'est un mal qui existe dans le
domaine de l'assurance qui devrait être corrigé?
M. Desrochers: oui, m. le député, c'est un mal qui
existe depuis toujours. je pense qu'il ne disparaîtra jamais
complètement. nous croyons, au risque de nous répéter,
qu'une des façons de régler ce problème-là, c'est
d'enlever à l'intermédiaire en assurance la charge, pour gagner
sa vie, d'être obligé d'être toujours à la recherche
d'une nouvelle vente et d'une nouvelle commission pour pouvoir avoir des sous
pour faire son épicerie.
Cela étant dit, la rémunération sur base
nivelée, sous quelque forme qu'elle soit - on n'en est pas rendu
là, on est loin de là - aurait, à notre avis, tendance
à ralentir ce genre de phénomène, du fait que l'assureur
serait beaucoup plus préoccupé par la conservation de ses
affaires, du fait qu'il est rémunéré. Donc, le
consommateur, lui, avant de remplacer un contrat, aura facilement l'envers de
la médaille de l'autre assureur qui viendra tenter de sauver son contrat
en place.
M. Léonard: En place. Bon, c'est ça. C'est la
rémunération...
M. Desrochers: Actuellement, il y a peu de tentatives sur une
police qui a un certain âge parce que, bon, comme je n'ai plus de
commission là-dessus, qu'il la remplace, moi, il faut que j'aille faire
d'autres ventes. Comprenez-vous là? C'est un peu négatif ce que
je dis là, mais je pense que ça reflète bien la
réalité économique des intermédiaires en assurance
de personnes.
Le Président (M. Forget): M. le député de
Labelle, votre temps est écoulé. Alors, Mme la ministre.
Mme Robic: À la page 22, vous dites: "II ressort, de
l'expérience de la discipline des intermédiaires dont nous sommes
chargés, que des gestes répréhensibles de l'industrie sont
parfois le résultat de pratiques ou de politiques des assureurs."
Pouvez-vous expliciter là-dessus?
M. Desrochers: Mme la ministre, quand on est près du
domaine - ça reste de la vente, l'assurance à ce moment-ci - on
est envahi continuellement de publicité à l'intérieur...
Quand on parle d'un assureur-vie, d'un intermédiaire, des
publicités d'assureurs nous incitent à vendre leurs produits
moyennant telle rémunération: Voici la commission qu'on est
prêt à vous verser. Voici ce qui arrive. Alors, c'est une
espèce de harcèlement auquel on est continuellement
confronté pour vendre de nouvelles affaires auprès d'une
compagnie. Vous savez, un remplacement est toujours mauvais, quand c'est la
compagnie qui perd le contrat, et est toujours raisonnable, quand c'est la
compagnie qui vend le contrat. Alors, c'est la guerre. C'est la
compétition qui fait ça et ce n'est pas mauvais en soi, parce
qu'il est évident qu'il y a de nouveaux produits qui sont
intéressants. Il reste que les compagnies, entre elles, sont en
compétition et inventent continuellement de nouvelles choses. C'est
certain que c'est bon pour le consommateur, mais ça crée un
mouvement qui entraîne des remplacements aussi; il ne faut pas
négliger ça. Alors, quand on parle dans ce sens-là, c'est
simplement ça. S'il y avait un code d'éthique qui serait aussi
serré que celui qui régit l'intermédiaire qui
régirait les assureurs, on pense à des normes à faire,
à construire dans ce sujet-là, ce ne serait certainement pas pour
nuire à la qualité des affaires, à la conservation des
affaires et, encore une fois, au service à notre consommateur.
Le Président (M. Forget): M. le député de
Labelle, est-ce que vous avez d'autres intervenants? Est-ce vous ou un autre
intervenant?
M. Boisclair: Merci, M. le Président. Deux choses,
essentiellement.
Le Président (M. Forget): M. le député de
Gouin.
M. Boisclair: Vous avez souligné avec pertinence toute la
question des transactions qui pourraient se faire entre initiés et le
problème de la confidentialité des renseignements personnels, des
renseignements nominatifs. Vous suggérez un code de déontologie.
À un autre niveau dans l'appareil gouvernemental, il se fait tout un
débat, à l'heure actuelle, sur l'extension de la loi sur
l'accès à l'information au secteur privé; c'est un
débat qui, je pense, pourrait vous intéresser. Au-delà du
code de déontologie qui est une de vos propositions, est-ce qu'il y
a
d'autres alternatives que vous avez étudiées pour assurer
justement... Dans le fond, ce que vous recherchez, c'est la protection du
consommateur, donc la protection des renseignements nominatifs qui sont
détenus par les différentes entreprises de courtage. Est-ce que
vous avez étudié d'autres possibilités que le code de
déontologie pour justement arriver aux mêmes objectifs?
M. Desrochers: Vous savez, en tant qu'association, comme vous
l'avez si bien dit, notre objectif est de protéger le consommateur dans
tout ça, au niveau de la divulgation. Alors, si c'est une voie
parallèle qui a tout à fait le même résultat, je
pense que l'association pourrait s'en satisfaire grandement.
M. Boisclair: À l'heure actuelle, il y a une commission
parlementaire qui étudiera le projet de loi modifiant la loi sur
l'accès et toute la question de l'extension au secteur privé. En
tout cas, si on se fie aux propos de la ministre des Communications, d'ici
à trois ou à quatre ans, il est très clair qu'il y aura
une extension des objectifs de la loi sur l'accès, à savoir la
protection des renseignements personnels, des renseignements nominatifs,
à un certain nombre de secteurs prioritaires dont, entre autres, le
secteur bancaire qui a été identifié comme prioritaire
à cause du décloisonnement et du transfert d'information. En tout
cas, je pense que c'est une alternative qui pourrait être
intéressante, une piste qui pourrait être étudiée
lors d'autres forums.
Je voudrais revenir à la question de la
rémunération nivelée. Vous pariez des problèmes de
transition qu'il pourrait y avoir. Vous dites essentiellement: Pour en arriver
à la rémunération nivelée, il faudrait modifier
possiblement ou mettre un incitatif dans nos règles de capitalisation
pour assurer que cette transition se fasse à partir du système
actuel. Essentiellement, si j'essaie juste de bien saisir - vous me corrigerez
si je me trompe - vous dites: Pour éviter le transfert d'une compagnie
d'assurances à une autre... Parce que, une fois que le courtier a fait
sa commission, il n'est plus intéressé à entretenir le
client. Il a empoché le gros de la commission. Après deux ans,
une fois qu'il a fait l'argent qu'il avait à faire dans une compagnie,
il peut facilement le transférer à une autre. Vous dites
essentiellement: II faut introduire la rémunération
nivelée pour inciter le courtier à demeurer et qu'il puisse
obtenir sa commission sur un plus grand nombre d'années. Est-ce que vous
avez été capable d'évaluer auprès des gens, chez
vous, en ce qui concerne la transition, exactement l'impact de l'introduction
de la rémunération nivelée? De quelle façon
pourrait-on l'introduire, outre... On sait que la loi, et vous le soulignez,
l'article 21, si je me souviens bien...
M. Desrochers: Article 25.
M. Boisclair: ...devrait s'appliquer dès 1991. Mais est-ce
que vous avez une certaine préoccupation quant à l'introduction,
quant à la transition? Je présume que, possiblement, les
entreprises devront avoir de nouveaux employés à salaire sur une
plus grande période. J'aimerais peut-être vous entendre
là-dessus, parce qu'il est très clair que ça n'aura pas le
même impact pour un nouveau courtier, par exemple, qui entre dans une
maison de courtage. Il va falloir, sans doute, qu'H soit à salaire plus
longtemps, comme on le fait dans le courtage mobilier. (11 heures)
M. Desrochers: Le principal objectif de notre démarche
ici, au niveau de la capitalisation des assureurs, c'est que, dans les
recherches qu'on a faites, dans les études, dans les sondages, il y a
une espèce de vent - nous autres, en tout cas, auprès de nos
membres - et on est, à ce moment-ci, également en train de sonder
les consommateurs sur différentes choses. On aura un portrait plus clair
de tout ça dans les prochains mois. Cependant, pour avoir
travaillé d'assez près ce dossier-là, je peux vous dire
qu'il y a deux espèces de courants. Il y a des assureurs qui ne sont pas
d'accord avec ce système-là et d'autres, oui. La preuve, c'est
qu'il y en a qui le font, et très bien. Maintenant, c'est un
investissement. Et, si on le voit comme une dépense à court terme
qui peut affecter les chiffres ou le bilan des compagnies d'assurances, au
niveau des capitalisations et des réserves, il risque d'y avoir un
problème, dépendamment de ce que le gouvernement va utiliser
comme méthode de calcul. Alors les assureurs, ceux qui en ont fait
l'expérience présentement et qui ont amorti ça sur des
périodes très longues, ils le voient comme un investissement et
disent: Voici, on aura le retour du pendule dans huit ou dix ans
là-dessus et on partira encore plus fort. Alors nous, évidemment,
on a tenté d'avoir des renseignements un peu plus précis en
termes de coûts. Vous savez que les assureurs sont un peu
réticents à nous donner les chiffres précis. On parie
d'ordres de grandeur: Nous, on est bien content, on pense que ça ne
devrait pas coûter trop cher. D'autres nous disent: Ça ne nous a
rien coûté. Alors, il faut essayer de voir dans tout ça,
qu'elle est la définition du "n'a rien coûté". Quand on
parie d'un investissement, on peut traduire que ça n'a rien
coûté. J'achète une maison, ça coûte de
l'argent, mais je peux peut-être dire que ça ne coûte rien
aussi. Ça dépend de quelle façon je vois ça. Est-ce
que c'est un investissement ou une dépense?
M. Boisclair: Monsieur..
M. Desrochers: Alors, il faudrait prévoir une
espèce... Quand on parie de transition, à ce moment-ci, c'est
qu'on voudrait que le gouvernement tienne compte de cet
élément-là, que, nous, on voit comme un investissement
à long terme,
et ne pas concentrer cette dépense-là sur un ou deux ans,
en tout début, ce qui affecterait, bien sûr - on n'est pas
inconscient dans tout ça - les chiffres d'une compagnie dans une
année donnée ou l'année un d'une telle chose. Il faudrait
prévoir une espèce de mécanisme et, quand on parle
d'incitatifs, eh bien! ça pourrait être ça, prévoir
une espèce de mécanisme. Je laisse les professionnels en chiffres
s'occuper de cet aspect-là, mais il y a certainement une façon de
s'en sortir, pour trouver une espèce d'incitatif quelconque à
aller vers ce système-là.
Le Président (M. Forget): M. le député.
M. Boisclair: Ce que vous recherchez, essentiellement, c'est de
favoriser l'introduction de la rémunération nivelée. Vous
dites, entre autres: II faudrait qu'il y ait des incitatifs au niveau des
normes de capitalisation. Vous sem-blez établir un lien de cause
à effet entre l'introduction de la rémunération
nivelée et les normes de capitalisation, que vous voudriez plus souples,
et vous voudriez avoir des incitatifs pour...
M. Desrochers: Simplement, il ne faudrait pas que nos compagnies
soient empêchées, à cause des normes de capitalisation,
d'adhérer à un tel système qui les rendrait
vulnérables dans leur solidité.
M. Boisclair: C'est en plein ça que je voulais vous
entendre dire, mais jusqu'à quel point? C'est ça qu'il serait
intéressant de voir, jusqu'à quel point, déjà, il y
a un certain nombre d'expériences qui sont faites au niveau des
compagnies qui ont introduit la rémunération nivelée, pour
plaider pour avoir des normes de capitalisation plus strictes, compte tenu de
certaines préoccupations que les gens peuvent avoir de protection du
citoyen ou des choses semblables, en regard des normes de capitalisation qui
sont là, dans le fond, pour assurer une certaine protection.
M. Desrochers: Bien sûr.
M. Boisclair: Pour plaider pour des normes de capitalisation plus
souples, au delà d'un incitatif pour une rémunération
nivelée, il y a une démonstration qui n'est pas encore
évidente, mais qui serait intéressante. Je comprends très
bien votre préoccupation, mais sur le lien de cause à effet que
vous établissez, j'aimerais ça vous entendre...
M. Desrochers: II ne faudrait pas, non plus, que ça ait
l'effet contraire. C'est ce que j'entends.
M. Boisclair: Oui, dans ce sens-là c'est sûr,
mais... Ça va aller.
Le Président (M. Forget): Ça va. Alors, Mme la
ministre, en conclusion.
Mme Robic: Alors, M. le Président, j'aimerais remercier
I'AIAPQ de nous avoir fait part de ses préoccupations. Je remarque que
vous nous appuyez. En somme, vous êtes d'accord en grande partie avec les
conclusions de notre Rapport quinquennal. Cependant, vous nous faites part de
certaines de vos inquiétudes, telles l'harmonisation et la
réglementation. Vous nous dites que nous avons besoin d'une
réglementation serrée, pour les transactions
intéressées, les conflits d'intérêts et la
divulgation des renseignements confidentiels. Vous pouvez être
assurés que nous allons tenir compte de vos remarques dans le projet de
loi que nous aurons à présenter, puisque ce sont également
des préoccupations du gouvernement. Alors on vous remercie
infiniment.
Le Président (M. Forget): Alors, les conclusions du
député de Labelle.
M. Léonard: Je voudrais à mon tour remercier les
représentants de l'Association des intermédiaires en assurance de
personnes du Québec et les remercier aussi de leur mémoire, des
remarques qu'ils ont faites. Cela a touché des sujets qui n'avaient pas
été tellement traités jusqu'ici, bien que de temps en
temps on y ait fait référence, notamment à la protection
du consommateur. Je comprends que cela vous tienne beaucoup à coeur,
parce qu'il s'agit de vos-clients directs. Quant aux autres sujets, je constate
que vous ne vous prononcez pas très clairement, mais je comprends aussi
que ce n'était peut-être pas votre rôle de le faire sur la
structure de financement des compagnies d'assurances. C'est un peu loin de vos
préoccupations. Je comprends que vous ayez été moins
explicites là-dessus que par exemple, sur la confidentialité ou
la rémunération. Alors, je vous remercie beaucoup de votre
témoignage.
Le Président (M. Forget): Alors, messieurs, en tant que
président, je vous remercie beaucoup de votre participation. Ça
nous a permis de nous éclairer dans certains domaines. Merci.
J'inviterais le groupe suivant, le Regroupement des cabinets de courtage
d'assurance du Québec, à bien vouloir prendre place.
Madame, je suppose que c'est vous qui êtes la présidente.
Je voudrais que vous vous identifiiez quand même, présentiez les
gens qui vous accompagnent et je voudrais tout simplement mentionner que vous
avez 20 minutes pour expliquer votre mémoire et 40 minutes pour les
échanges.
Mme Marleau (Caroie): Parfait, M. le Président.
Le Président (M. Forget): La parole est à vous.
Regroupement des cabinets de courtage d'assurance du
Québec
Mme Marteau: Je me présente. Mon nom est Carole Marteau,
présidente du Regroupement des cabinets de courtage. À ma droite
ici, notre directeur général, M. Jean-Marie Derome, et notre
aviseur légal, Me André Bois.
M. le Président de la commission, Mme la ministre, MM. les
députés, je ne procéderai pas à la lecture
intégrale de notre mémoire, puisque celui-ci a déjà
été déposé à la commission. Je me bornerai
à vous en donner les grandes lignes qui portent essentiellement sur la
section 0 du chapitre 5 du Rapport quinquennal sur l'application de la Loi sur
tes assurances.
Les accords de réseaux. La position du RCCAQ en ce domaine est la
même depuis plusieurs années et a déjà
été présentée dans un mémoire remis au
gouvernement lors de la période de consultation menant à la loi
134 sur le décloisonnement des intermédiaires de marché en
assurance. Nous émettons de fortes réserves en ce qui concerne
les accords de réseaux. Nous estimons en effet que la complexité
des services financiers dont l'assurance fait partie fait que ceux-ci ne
peuvent ôtre acquis sans l'assistance d'un conseiller qui se doit
d'être impartial et indépendant. Or, cette situation nous
apparaît irréalisable dans un contexte d'accords de
réseaux. À titre d'exemple, je citerai le cas de l'assurance-vie
distribuée dans le cadre d'une entente banque-compagnie qui, dans tous
les cas que nous connaissons, coûte plus cher que ce que coûterait
un montant équivalent en assurance-vie temporaire.
Accords de réseaux entre une entreprise commerciale et une
institution financière. Notre position s'applique autant aux accords de
réseaux intervenant entre deux institutions financières
qu'à ceux impliquant une entreprise commerciale et une institution
financière. Dans ce dernier cas, au problème de l'absence de
conseil impartial s'ajoutera celui qui découle inévitablement de
la distribution de produits mixtes, c'est-à-dire un produit comportant
deux éléments indissociables, par exemple la vente d'un bien
corporel, une automobile, avec comme accessoire un bien incorporel,
l'assurance. En conséquence, s'il y a lieu d'encourager les liens
commerciaux, il convient cependant d'en réglementer avec circonspection
certains phénomènes issus du nouveau contexte provenant de la
libéralisation de certaines normes applicables aux institutions
financières.
Depuis 1984, les assureurs constitués au Québec peuvent,
et je cite, "offrir en vente les produits d'une institution financière".
Cette autorisation de conclure des accords de réseaux ne se retrouve pas
dans la Loi sur les sociétés de fiducie et les
sociétés d'épargne ni dans la Loi sur les caisses
d'épargne et de crédit. Pour ces deux types d'institution, c'est
le gouvernement, après avoir pris l'avis du ministre, qui peut autoriser
une institution financière ou un groupe d'institutions
financières à conclure de telles ententes. Les modalités
se rattachant à cette autorisation sont clairement établies dans
les deux lois concernées. Nous estimons que la solution adoptée
pour les sociétés de fiducie et les caisses devrait
également être retenue pour les assureurs car, en plus de
favoriser une meilleure promotion des intérêts des institutions
financières québécoises, elle traduit une volonté
positive d'harmonisation législative.
La divulgation des renseignements confidentiels. La Loi sur les
intermédiaires de marché a déjà, sur ce sujet,
établi un précédent avec ses articles 25 et 201,
paragraphe 17. Cette réglementation positive, qui implique dans le cas
de divulgation d'informations confidentielles l'autorisation spécifique
de la personne concernée et l'émission de règles
édictées par le gouvernement pour protéger le
consommateur, devrait s'appliquer en totalité autant aux assureurs
qu'aux intermédiaires de marché.
Ce droit à la confidentialité doit d'autant plus
être bien protégé qu'il est actuellement soumis, dans le
domaine de l'assurance, à de nombreuses entorses provenant de la
sollicitation postale, cartes de crédit, relevés de comptes de
compagnies pétrolières. En remplissant un formulaire
d'adhésion, le consommateur n'a aucune garantie que les informations
confidentielles consignées à la proposition seront
traitées comme telles. Plus encore, les dispositions de l'article 25 de
la Loi sur les intermédiaires de marché nous paraît
être un minimum, si on tient compte que le respect de la vie
privée d'une personne est un droit qui est constitutionnalisé
à l'article 5 de la Charte des droits et libertés de la
personne.
Les ventes libres. D'abord les limites de la législation
actuelle. Nous convenons que la répression pénale des ventes
liées, qu'elles soient le fait d'intermédiaires de marché
ou d'institutions financières, devrait être maintenue. Cependant,
si l'intention du législateur est évidente, il n'en demeure pas
moins que l'efficacité des dispositions prévues est
limitée, et ce, pour deux raisons. Premièrement, la preuve d'une
contrainte exercée par un intermédiaire ou une institution
financière sur un consommateur est particulièrement difficile
à faire, puisqu'il s'agit d'apprécier des éléments
bien souvent subjectifs. Ce moyen est répressif et n'a aucune valeur
préventive. Ce qui démontre que ces mesures ont été
érigées pour réglementer la concurrence et non pour
protéger adéquatement le consommateur. Tel qu'il est
présentement envisagé, le concept de ventes liées nous
apparaît étroit et inadéquat. Il ne rend pas compte des
nouvelles pratiques moins flagrantes, plus subtiles, mais qui n'en sont pas
moins tout aussi pernicieuses. il s'agit de la distribution des produits
mixtes ou complexes offerts pour un prix unique et qui ne permet pas de
déterminer le coût des composantes du produit. un exemple, nous
revenons à la vente d'une automobile et à l'assurance qui peut
être incluse à ce moment-là. cette pratique ne comporte pas
comme tel un élément de coercition, mais elle a
inévitablement pour effet de placer le consommateur dans une situation
où il ne peut pas donner un consentement éclairé.
Ensuite, les avenues à examiner. Peut-être sortons-nous ici
du strict cadre du Rapport quinquennal sur l'application de la Loi sur les
assurances. Cependant, nous nous sentons autorisés à le faire
pour pouvoir donner une vue complète de notre position sur ce sujet, qui
est d'une très grande importance pour les courtiers d'assurances. Nous
croyons qu'il y aurait lieu d'examiner les deux mesures suivantes.
Premièrement, la Loi sur les assurances devrait prévoir un
pouvoir de réglementation portant sur les modalités et la teneur
des informations qu'un assureur doit fournir à un consommateur à
propos de sa liberté de choix, lorsque des produits financiers sont
offerts en situation de réseaux. Deuxièmement, nous croyons que
la Loi sur les assurances ainsi que la réglementation afférente
devraient en certains cas interdire des produits mixtes et, en d'autres cas,
les contrôler. (11 h 15)
Biens matériels associés à un produit d'assurance.
Nous proposons une prohibition formelle de cette pratique pour les raisons
suivantes. Il nous apparaît impossible d'appliquer les dispositions du
Code civil et de la Loi sur la protection du consommateur, lorsqu'on associe
étroitement et indissolublement la distribution d'un bien
matériel et l'assurance. Le produit est inévitablement
distribué par le vendeur du bien matériel qui, bien qu'il ne soit
pas habilité à le faire, donne inévitablement des conseils
sur la portion assurance, ne serait-ce que pour vanter le mérite du
produit matériel. Nous doutons que des assureurs québécois
puissent en ce domaine rivaliser avec certains groupes financiers
étrangers. Cette pratique donne également lieu, par la technique
de transfert de prix, à une opération de cession occulte de
profits d'une entreprise contrôlée au niveau provincial à
une entreprise contrôlée par une autre juridiction.
Produits mixtes: assurance et autre produit financier. Nous ne nous
opposons pas à cette pratique dans la mesure où une
réglementation adéquate est adoptée permettant notamment
au consommateur d'être bien informé du prix de chacune des
composantes de la transaction. Ce dernier doit être en mesure de pouvoir
comparer les prix pour effectuer un choix libre et judicieux.
En conclusion, la RCCAQ fait les propositions suivantes. En ce qui
concerne les accords de réseaux, que la Loi sur les assurances prohibe
les accords de réseaux entre un assureur et une entreprise commerciale.
Que le paragraphe e de l'article 331 de la Loi sur les assurances soit
supprimé et que le pouvoir de conclure des accords de réseaux
soit plutôt accordé par décret du gouvernement. Que la Loi
sur les assurances comporte une disposition de protection de la vie
privée accordant des garanties de confidentialité au moins
égales à celles de l'article 25 de la Loi sur les
intermédiaires de marché. En ce qui a trait aux ventes
liées, que la prohibition des ventes liées soit maintenue et que
le gouvernement soit également habilité à adopter des
règlements en cette matière.
Outre le concept de ventes liées, tel qu'il est très
restrictivement défini dans la législation actuelle, la Loi sur
les assurances devrait introduire le concept de produit mixte et prohiber,
d'une part, l'association de produits d'assurance avec des produits
matériels et, d'autre part, habiliter le gouvernement à
réglementer la divulgation des prix, des composantes et du taux de
chacune des composantes, lorsque deux classes d'assurances différentes
ou encore lorsqu'une assurance et un autre produit financier sont
distribués comme produits liés.
De tous les intervenants, nous pensons que le courtier d'assurances est
celui qui se veut le plus près du consommateur, il faut imaginer que ce
consommateur peut difficilement se retrouver dans des situations, par exemple,
comme lors de l'achat d'une automobile, lorsque vous avez à discuter
toujours avec votre vendeur automobile du prix de l'automobile, de certaines
garanties dites universelles, d'un financement qui peut être soutenu en
partie par le garage et en fin de compte d'une assurance. Je pense que c'est
impossible, même pour un consommateur peut-être bien
éduqué, de se retrouver dans tous ces coûts-là et
ces chiffres-là. Ici, nos manufacturiers de produits financiers n'ont
encore que discrètement déployé leur capacité de
marketing. Dans un avenir où un fort pourcentage de gens auront des
rentes personnelles, des FERR, également dans un avenir qui nous
obligera peut-être à privatiser certains secteurs de
l'assurance-santé, il faut prévoir des mesures où le
consommateur fera des choix clairs et éclairés. Également,
de façon très importante, pour la survie du courtier, les
réglementations sont de plus en plus strictes en ce qui a trait à
notre formation. D'ailleurs, on exige de plus en plus du courtier d'assurances
une formation continue, une formation ponctuelle et, lorsqu'on voit des
vendeurs d'automobiles ou des vendeurs d'électro-ménagers vendre
un produit d'assurance, il est un peu curieux qu'on exige de nous tant de
formation et tant d'éthique.
Je termine donc là-dessus et je m'empresserai de répondre
à vos questions. Merci.
Le Président (M. Lemieux): Mme la ministre
déléguée aux Finances.
Mme Robic: Oui, M. le Président. D'abord, je voudrais vous
remercier pour votre mémoire. On voit que les groupes qui sont
très près du consommateur s'Inquiètent beaucoup de sa
protection et je vous en félicite. Vous nous adressez un plaidoyer en
faveur de l'indépendance et de l'objectivité qui doivent entourer
la vente d'assurance à un consommateur. Plusieurs nous ont cependant
invités à favoriser la synergie entre les institutions
financières d'un même groupe, disant qu'ils pouvaient offrir des
produits à un meilleur coût parce qu'ils font partie justement
d'un même groupe et qu'il y a là certaines économies. J'ai
un peu de difficulté à concilier l'un et l'autre. Peut-être
qu'on ne peut pas concilier ces deux thèses, mais j'aimerais que vous
m'éclairiez un peu.
Mme Marteau: SI on parie strictement de prix, pour un certain
pourcentage des transactions, c'est fort possible, comme vous le dites, mais si
on parle de produits d'assurance... Tantôt, j'entendais dire que les
produits d'assurance étaient pas mal standard. C'est absolument faux,
même si on peut le croire au premier abord. Alors, quand on
représente, par exemple, juste une compagnie, je ne crois pas qu'une
compagnie puisse absolument développer une gamme de produits pouvant
s'ajuster aux besoins de chaque consommateur. C'est peut-être la raison,
à ce moment-là, pour laquelle il faut avoir plusieurs assureurs,
bien connaître les produits de chacun pour pouvoir ajuster les produits
à la demande et à l'exigence de chaque consommateur.
Mme Robic: Vous vous dites d'accord avec notre intention
d'adopter des mesures visant à permettre une meilleure conscientisation
de leur part aux affaires... Je m'excuse là. Il faudrait que je sois
capable de lire votre écriture. Ha, ha, ha! Je trouvais que
c'était une bonne question, mais je me suis perdue dans l'explication de
la question. C'est au sujet du rôle des mutualistes dans leurs
entreprises. Vous nous dites qu'ils devraient jouer un rôle plus
important dans les décisions qui sont prises et je me demandais s'il y
avait eu des critiques à ce niveau-là ou si vous, vous aviez
reçu des critiques des mutualistes qui ne se trouvaient peut-être
pas aussi impliqués qu'ils devraient l'être. C'est tout simplement
une remarque que vous faisiez?
Mme Marteau: Ce n'est pas... Si on en parle, c'est au-delà
de certaines plaintes. C'est peut-être, comme on vous l'a
déjà expliqué, certains dangers. On s'en va vers une
ère de vulgarisation et peut-être que c'est bien. Les mutualistes
vont s'impliquer et vont s'interroger, parce qu'on va vulgariser tout
ça. Au préalable, ce n'était pas le cas et les
mutualistes, si on prend l'exemple d'une assemblée annuelle, on disait:
Les mutualistes ne participent pas. Ils ne participaient pas vraiment, parce
qu'ils ne se sentaient pas capables d'affronter ce genre de réunion.
Également il y a le fait que vous ne pouvez pas avoir la liste des
autres mutualistes, vous êtes un peu isolés. Alors, c'est ce qui
fait certainement qu'il y a certaines plaintes, mais, quand on parle de
transparence à tous les niveaux, c'est surtout avant qu'il n'arrive
peut-être des plaintes majeures.
Mme Robic: Alors, vous n'êtes pas tout à fait
d'accord avec ceux qui défendent la thèse que "largement diffus"
veut dire protection, parce que implication d'un grand nombre. Vous dites que
ce n'est si simple que ça.
Mme Marteau: Largement diffus?
M. Derome (Jean-Marie): Je ne pense pas que le fait que ce soit
largement diffusé facilite, au contraire, le contrôle par un
certain groupe. Si on ne permet pas à chacun des individus d'obtenir la
liste de ses confrères à l'intérieur d'une mutuelle, pour
qu'il puisse les contacter s'il a à protester, ce que la
présidente voulait vous dire, c'est qu'il se sent seul devant une
assemblée où le conseil d'administration de la mutuelle a
déjà pratiquement tout décidé. Il fait ratifier par
une assemblée des mutualistes, mais les mutualistes qui seraient contre
une position du conseil d'administration ont très peu de chances de
faire valoir leur point de vue à cause du manque d'information, de la
difficulté à en obtenir.
Mme Robic: Alors...
M. Derome: Sans publier les renseignements confidentiels, je
pense qu'en obligeant les mutuelles à publier la liste à ceux qui
le demandent, la liste de leurs confrères mutualisés, on aiderait
beaucoup les gens à se sentir appuyés et à aller faire des
représentations devant les conseils d'administration.
Mme Robic: D'après vous, c'est un mythe, l'implication des
mutualistes dans leur compagnie et la protection du consommateur grâce
à une large diffusion, des actions ou est-ce que ça permet
à l'administration de gérer, de prendre toutes les
décisions sans être contrainte?
M. Derome: C'est sûr et certain que le fait qu'il y ait
beaucoup de gens peut inciter un conseil d'administration à être
beaucoup plus prudent. Mais, si les mutualisés ne peuvent en aucune
façon obtenir la liste des autres mutualisés, je pense, si
j'avais à protester contre un fait d'un conseil d'administration de ma
mutuelle, si je ne peux pas me pencher et aller chercher des appuis autour de
moi parmi mes mutualisés que je ne connais pas, je pense qu'il serait
sage qu'on permette cette divulgation. Ça aiderait
justement la masse des gens à contrôler un peu mieux les
actions de leur mutuelle.
Le Président (M. Lemieux): Merci, Mme la ministre. M. le
député de Labelle, s'il vous plaît.
M. Léonard: je voudrais saluer les gens qui
représentent cette association des cabinets de courtage d'assurance. je
voudrais poser des questions sur les ventes liées, l'assurance. vous
avez fait mention de l'assurance automobile. jusqu'où ça
s'arrête, l'interdiction de ventes liées? par exemple, vous
achetez une automobile avec une garantie de cinq ans sur les
réparations, les pièces majeures, etc. est-ce que, pour vous,
ça fait partie de l'assurance ou si c'est vraiment juste
l'assurance-accident que vous voulez couvrir?
Mme Marleau: Ici, on parle d'assurance, si on parle de
protection, de responsabilité civile, de dommages. On ne parle pas, par
exemple, de ce qui touche à la rouille et à tout ça. C'est
une forme... C'est comme la Banque Royale qui vend pare-chocs à
pare-chocs. C'est une forme d'assurance. On garde le principe de l'assurance,
mais nous...
M. Léonard: Oui, mais vous excluez ça. C'est
vraiment strictement...
Mme Marleau: Nous, on voudrait précisément voir
à s'attaquer à ce qui touche l'assurance, le produit que nous
vendons.
M. Léonard: Parce que, là, en termes de protection
du consommateur, il y a matière pas mal.
Mme Marleau: Ah! Mais là, ce serait un autre... Demandez
ça à d'autres.
M. Derome: Si je peux amplifier, c'est que vous parlez de
garantie du produit, de garantie de la qualité et de l'exactitude de la
fabrication, ce qui est, en fait, une certaine assurance de la part du
producteur. Mais lui, il doit s'assurer contre la présence d'erreurs ou
d'omissions dans la fabrication de ses produits.
M. Léonard: O.K. Donnez-moi alors des cas de ventes
liées en matière de responsabilité civile. Il y a
évidemment tout le domaine de l'assurance générale
où je suppose qu'il y en a beaucoup. En assurance-vie, est-ce qu'il y en
a autant, des ventes liées?
Mme Marleau: Je demanderais à Me Bois, qui, hier... Un
exemple concernant les FERR pour les gens âgés.
M. Bois (André): Dans le mémoire, et eu
égard à la façon dont vous l'exprimez, on a
mentionné que la locution "ventes liées" n'était pas une
expression bien, bien précise parce que, traditionnellement, ventes
liées, c'est un terme qui est emprunté à la Loi sur les
monopoles, les "tie-in arrangements" et on a transposé ça dans la
Loi sur les assurances. ce que ça signifie, c'est carrément le
cas où j'emprunte à la banque royale et on me dit: si vous voulez
votre emprunt, vous allez vous assurer auprès de tel agent. c'est
tellement flagrant que les institutions financières, qui sont pas mal
plus raffinées que ça et qui ont un respect de la loi quand
même assez poussé, n'iront pas commettre ce genre d'impair. (11 h
30)
Les problèmes récents auxquels nous nous attaquons, mais
sous le vocable élargi de "ventes liées", ce sont les produits
associés. On a vu, par exemple, les compagnies japonaises d'automobiles
vendre une automobile assurance comprise, c'est-à-dire
l'assurance-collision ou l'assurance-responsabilité comprise. Et, si
vous ne voulez pas l'assurance, vous payez l'automobile le même prix. Le
problème avec ça, c'est que ça occulte la partie assurance
ou la composante assurance dans le prix. Si j'achète la voiture, par
exemple, à 15 000 $, moi, à ce moment-là j'ignore tout de
la question de savoir si l'assurance me coûte 600 $, si elle me
coûte 700 $ ou si elle me coûte 800 $. C'est là qu'est le
problème.
Avec des assureurs-vie qui vont avoir un peu plus d'imagination... Comme
ils en ont beaucoup, je vais donner un deuxième exemple. On sait, comme
on l'a dit tout à l'heure, que les produits de rentes sont vendus par
les compagnies d'assurance-vie. Alors, je suis une compagnie d'assurance-vie et
j'ai des liens commerciaux avec une corporation qui s'occupe
d'hébergement des personnes âgées. Je vais voir une
personne âgée et je lui dis: Vous avez atteint 70 ans, vous allez
en résidence. Je vous offre une belle rente, un FERR, un Fonds
enregistré de revenu de retraite. Mais, si vous achetez mon FERR, on
vend en même temps l'hébergement à tel endroit moins cher.
Bon. Tout ça semble être de la fiction, mais, en matière de
marketing, on n'est plus à l'âge de la serviette dans la
boîte de savon. En matière financière, on est quand
même assez subtil.
Alors, c'est ce genre de situations où l'on vend des produits
complexes. On les associe de façon indissociable et le consommateur
n'est pas capable de comparer. Maintenant, du point de vue du courtier qui veut
gagner sa vie, et vous savez que le Regroupement est un syndicat professionnel,
il ne se cache pas du fait qu'il fait ses représentations d'abord pour
lui, pour ses membres... Mais le courtier ne peut plus faire son boulot
à ce moment-là. Comment peut-il, dans le cas d'un FERR, par
exemple, la rente, dire à un consommateur: Ta rente, tu la paies trop
cher, consommateur? Le consommateur va dire non, ce n'est pas si cher que
ça, puisque
j'ai un rabais à l'hospice. Comment s'y retrouver?
Alors, c'est surtout le problème auquel nous nous attaquons et
pas tellement au problème des ventes liées qui... D'abord, c'est
difficile à réprimer. C'est après le coup que ça se
fait. Une fois que la personne s'en aperçoit, elle n'ose plus aller se
plaindre. Elle attend que son mal se passe.
M. Léonard: Sur un autre plan, j'ai vu que vous avez
relevé les polices standard. Vous dites que ça existe peu ou pas,
ou que ça ne devrait pas exister, disons. Ça fait appel à
toute la question du professionnalisme des courtiers. J'aimerais vous entendre
sur la formation nécessaire pour être courtier dans un bureau de
courtage, en rapport avec la Loi sur les assurances, évidemment, et,
disons aussi, sur une question qui est celle du code de déontologie-Dans
certains cas, on nous propose de le mettre dans la Loi sur les assurances ou de
donner des pouvoirs à l'Inspecteur général des
institutions financières. Mais, lorsqu'il y a une association
professionnelle, la loi constitutive d'un ordre de professionnels implique que
l'ordre doit se donner un code de déontologie. J'aimerais vous entendre
sur cette question de la formation et du code de déontologie.
Mme Marteau: M. Derome a siégé au Conseil des
assurances. Il va vous donner exactement...
M. Derome: Sur la formation des courtiers d'assurances et des
intermédiaires de marché et en assurance de dommages et en
assurance de personnes, comme vous le savez, le gouvernement a
créé deux conseils. Je siège présentement au
Conseil des assurances de dommages et nous avons comme mandat de
déterminer la formation minimale et le degré d'expérience
nécessaire à la pratique du métier d'intermédiaire
de marché et, en particulier, d'intermédiaire de marché en
assurance de dommages. Donc, à ce niveau-là, la
réglementation est pratiquement terminée au conseil, elle est
maintenant soumise à l'approbation du gouvernement et je pense que, de
plus en plus, le courtier d'assurances ou l'agent d'assurances de dommages sera
de mieux en mieux formé. Les exigences se font de plus en plus
précises et de plus en plus exigeantes.
Donc, au niveau de la formation, on exige de nous une formation qui va
passer maintenant par le cégep. Ça va être deux ou trois
ans de cégep. Et ce qu'on dit, c'est que, si vous nous obligez, nous,
les intermédaires de marché, à être formés si
adéquatement que ça dans la distribution des produits financiers
et de l'assurance, pourquoi laisser distribuer de l'assurance par cartes de
crédit ou par un intermédiaire qui n'est pas un
intermédiaire de marché en services financiers, mais qui est un
vendeur d'automobiles ou un vendeur de balayeuses électriques? Au niveau
de la formation, je pense que le gouvernement a pris les précautions
nécessaires pour améliorer la formation que les courtiers
d'assurances subissaient déjà par la voie de leur association
professionnelle.
M. Léonard: Ce serait cégep, option
administration?
M. Derome: Eh bien! on verra. En fait, la base, c'était
une cinquième année avant, pour les courtiers d'assurances, plus
une formation en assurance. Maintenant la base sera un cégep
général, plus une formation en assurance également. Quant
au code de déontologie, le Conseil des assurances aura à
établir un code de déontologie pour tous les
intermédiaires de marché en assurance, sauf pour ceux qui sont
membres de l'Association des courtiers d'assurances de la province de
Québec ou pour l'Association des intermédiaires de marché
en assurance de personnes. Ce seront ces deux associations-là qui
détermineront le code de déontologie, mais, encore une fois,
après approbation de leur réglementation par le gouvernement.
Alors, je pense qu'au niveau des intermédiaires de marché le
gouvernement a fait son devoir et a très bien encadré notre
profession et la profession des intermédiaires de marché en
services financiers.
Cependant, il reste à réglementer, justement, les gens qui
ne sont réglementés nulle part et qui s'autorisent à
vendre de l'assurance ou même à la donner gratis. Les gens de
Toyota donnaient une assurance gratis avec une automobile, mais on a les
contrats de Toyota qui nous disent que ça coûtait 600 $ par police
d'assurance. Même si tu ne l'achetais pas, on payait les mêmes 600
$. On a des consommateurs qui ont acheté des voitures, mais qui ont
conservé leur assurance par l'entremise de courtiers; ils ont
payé les mêmes 600 $ et ils ne le savent pas. Nous, on a eu en
main le contrat de Toyota, mais ils ont payé pareil les 600 $ et ils
n'ont pas eu d'assurance. Donc, on pense qu'il y a une exagération et
que ça devrait être réglementé.
Le Président (M. Lemieux): C'est tout, M. le
député de Labelle?
M. Léonard: Pour l'instant, oui.
Le Président (M. Lemieux): Pas d'autres...
Mme Robic: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Ça va.
Mme Robic: Madame, messieurs, j'aimerais vous remercier de votre
présence. Je vous félicite encore de votre souci pour la
protection du consommateur. Vous pouvez être assurés que ce qu'on
recherche, nous, au niveau du gouvernement, c'est ce juste équilibre
entre la protec-
tion du consommateur et le développement économique de nos
institutions, le développement de nos institutions et leur rôle
à jouer dans l'économie du Québec. Je pense que c'est cet
équilibre que l'on recherche tout au long de ce Rapport quinquennal et
vous pouvez être assurés que je vais continuer à
défendre avec vigueur cet objectif. Pour nous, on ne peut absolument pas
escamoter les obligations envers le consommateur. Alors, je vous remercie
infiniment de nous appuyer dans ce domaine.
Le Président (M. Lemieux): Merci, Mme la ministre. M. le
député de Labelle.
M. Léonard: Je remercie les gens de l'association
d'être ici, d'autant plus qu'il y a des gens très proches de chez
nous, la représentante, ici, Mme Marteau. Je vois très bien votre
préoccupation et je comprends un peu plus la nature du travail du
courtier. Je comprends que cela s'inscrit dans tout le domaine du conseil
financier, de la planification financière. L'assurance-vie est un geste
particulièrement important tandis que l'autre touche plus la
responsabilité civile, lorsqu'on parle de l'assurance
générale, l'IARD en particulier. Alors, je vois un peu plus
qu'avec des gestes de plus en plus complexes au niveau de la vie du monde des
affaires on a besoin et recours à des courtiers professionnels. Alors,
je vous remercie beaucoup de votre témoignage, ça a
été très enrichissant.
Mme Marleau: Merci.
Le Président (M. Lemieux): Nous vous remercions pour votre
participation aux travaux de cette commission parlementaire.
J'inviterais maintenant le prochain groupe, soit l'Association des
banquiers canadiens, à bien vouloir prendre place à la table des
témoins, s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à 11 h 40) (Reprise à 11 h
49)
Le Président (M. Lemieux): La commission du budget et de
l'administration reprend ses travaux et nous allons maintenant entendre
l'Association des banquiers canadiens. Alors j'aimerais demander au
représentant ou à la représentante, au porte-parole du
groupe, de bien vouloir s'Identifier et de nous présenter, s'il vous
plaît, les gens qui l'accompagnent.
Association des banquiers canadiens
Mme Sinclair (Helen K.): Mme la ministre, M. le Président,
MM. les députés, je me présente, Helen Sinclair,
présidente de l'Association des banquiers canadiens, organisme qui
représente quelque 65 banques canadiennes en matière de politique
gouvernementale. Je suis accompagnée de M. Glenn Rourke, à ma
droite, qui vient tout juste de terminer son mandat à titre de
président du Comité du Québec de notre association. M.
Rourke est premier vice-président, Direction des grandes entreprises et
administrations publiques à la Banque de Montréal. Je suis
également accompagnée, à ma gauche, de M. Daniel Ferron,
chef des affaires publiques et secrétaire du Comité du
Québec de l'Association des banquiers canadiens.
Nous apprécions vivement cette occasion qui nous est offerte
d'exposer la position de l'industrie bancaire à l'égard du
Rapport quinquennal du gouvernement du Québec sur l'application de la
Loi sur les assurances. Le rapport présente une série de
propositions bien étayées, visant à modifier la
réglementation de l'assurance au Québec, et réaffirme
l'engagement actuel du Québec de s'assurer que son cadre
législatif offre la souplesse nécessaire et est suffisamment
moderne pour permettre à ses institutions financières de faire
face à la concurrence ici et à l'étranger. Il est à
souhaiter que le gouvernement fédéral emboîtera le pas au
Québec pour moderniser rapidement son propre cadre
législatif.
Avant de passer à l'essentiel de notre présentation,
j'aimerais peut-être répondre à deux importantes questions.
La première: Pourquoi l'industrie bancaire s'intéresse-t-elle
à ce rapport et au commerce de l'assurance en général? Et
la deuxième: En quoi les commentaires de notre industrie, sur ce
rapport, devraient-ils vous intéresser? Tout d'abord
l'intérêt que nous portons à ce rapport, et tout
particulièrement à ces audiences, vient du fait qu'avec
l'effritement des quatre piliers traditionnels les compagnies d'assurances sont
de plus en plus impliquées dans des secteurs qui étaient
jusqu'à maintenant réservés aux banques,
c'est-à-dire les dépôts et les prêts commerciaux,
alors que les banques ont pris leur part des visées dans le domaine des
assurances.
D'ailleurs, ces audiences n'ont pas uniquement pour but de fixer les
règles destinées à régir les compagnies
d'assurances à charte québécoise, mais ont
également pour objectif de jeter les bases d'une politique globale en
matière de propriété et de liens commerciaux pour
l'ensemble des institutions financières québécoises.
Quant à l'intérêt que notre industrie a, comme je
l'ai mentionné, certaines des très importantes questions
discutées à ces audiences ont des répercussions qui vont
bien au-delà de l'industrie de l'assurance. Elles ont des
conséquences énormes sur la stabilité du système de
contrôle du secteur financier et sur la protection du consommateur. Ce
sont toutes des questions à l'égard desquelles notre industrie a
élaboré une position détaillée.
Le point de vue de notre industrie n'est
certes pas négligeable en regard de la forte présence des
banques à charte au Québec. Celles-ci comptent plus de 31 000
employés, soit près de 1% de la main-d'?uvre du
Québec, et elles versent chaque année 844 000 000 $ en salaires
et avantages sociaux. Les banques exploitent environ 1500 succursales dans la
province et possèdent près de 67 000 000 000 $ d'actif au
Québec. De plus, les banques sont les principales institutions de
dépôt au Québec, comptant plus de 41 000 000 000 $ en
dépôt à la fin de mars 1989. Étant donné un
écart de 26 000 000 000 $ de l'actif par rapport au passif, il est clair
que les banques sont aussi la principale source de crédit. Elles forment
une composante clé de l'économie de la province et contribuent
grandement à son essor. Et c'est vrai non seulement dans le cas des
particuliers, mais aussi pour les secteurs industriel, commercial, immobilier
et agricole.
Maintenant que je vous ai fait part du rôle important des banques
au Québec et de notre intérêt mutuel quant à la
révision de la législation du secteur financier au Québec,
j'entends vous exposer les commentaires de notre industrie sur le rapport
proprement dit comme l'énonce le mémoire que nous
présentons à votre commission.
Même si nous appuyons plusieurs des recommandations du rapport,
nous entretenons de sérieuses préoccupations à
l'égard des positions visant à continuer d'autoriser les
assureurs québécois et vraisemblablement les autres institutions
du Québec à demeurer à capital fermé et à
maintenir des liens commerciaux.
Nous applaudissons à l'accent mis sur la protection du
consommateur et sur la nécessité de préserver la
stabilité des institutions et de rendre le secteur de l'assurance plus
compétitif. Nous appuyons également la position de renforcer les
règles de capitalisation applicables aux assureurs. Comme les assureurs
s'engagent de plus en plus dans des activités de dépôt, que
ce soit en faisant l'acquisition de filiales de dépôt ou en
créant leur propre filiale de dépôt, nous sommes d'avis
qu'il n'est pas du tout approprié de suggérer que le capital
servant au soutien d'une filiale de dépôt puisse également
servir au soutien des activités d'assurance de la société
mère. C'est pourquoi nous apprécions le fait que le gouvernement
ait reconnu la nécessité d'adopter des standards internationaux
en matière de double comptage du capital.
Notre industrie appuie fermement l'élargissement de la gamme des
accords de réseaux admissibles et le leadership dont on a fait preuve te
gouvernement du Québec dans ce domaine. Comme le souligne le rapport, de
tels accords de réseaux se traduisent non seulement par des
économies d'échelle substantielles, mais aussi par des avantages
considérables pour le consommateur. L'expérience de l'une de vos
institutions provinciales, le Mouvement Desjardins, en fournit un excellent
exemple. Le président du Mouve- ment, M. Claude Béland, a
affirmé en janvier dernier devant le comité sénatorial des
banques et du commerce que la vente au détail de produits d'assurance
générale dans les caisses du Québec a donné lieu
à une réduction des primes de l'ordre de 10 %à20 %.
Le rapport souligne les deux grandes préoccupations que suscitent
les accords de réseaux, c'est-à-dire les ventes liées et
la divulgation abusive de renseignements confidentiels. Nous croyons que
l'autorégiementation et de fréquentes consultations entre le
gouvernement et les institutions financières dans l'établissement
de la réglementation touchant les accords des réseaux donneront
lieu à un système efficace, permettant à la fois de
protéger les consommateurs et de leur faire bénéficier des
avantages d'un recours accru aux accords de réseaux pour la distribution
des produits financiers.
La concurrence exerce un effet dissuasrf quant aux abus comme les ventes
liées. En ce qui touche la protection du consommateur, les banques
canadiennes sont les premières au monde, à ma connaissance les
seules, à concevoir un code visant à assurer la
confidentialité des renseignements sur chaque client.
Une dernière recommandation que nous appuyons a trait à la
nécessité d'harmoniser le plus possible la législation
fédérale et les législations de chaque province non
seulement dans le secteur de l'assurance, mais aussi en ce qui a trait à
toutes les autres institutions financières.
J'aborderai maintenant les éléments du rapport qui
présentent le plus d'intérêt pour notre industrie et qui,
à mon sens, constituent également une préoccupation
importante dans le cadre de ces audiences, et je veux parler de la
propriété et des liens commerciaux.
À notre avis, puisque les barrières réglementaires
séparant les quatre piliers financiers sont tombées et que les
compagnies d'assurances exercent de nouvelles activités de la nature des
dépôts, les gouvernements fédéral et provinciaux
devraient revoir la réglementation existante et établir des
règles qui exigent l'ouverture du capital de toutes les grandes
institutions qui acceptent des dépôts.
En ce qui a trait aux liens commerciaux en amont et en aval, notre
association affiche clairement son opposition à ces deux formes de liens
commerciaux et vous presse de revoir la politique permettant aux institutions
financières d'établir et de maintenir de tels liens. La question
des liens commerciaux en amont est étroitement liée à
celle de la propriété des institutions financières. Comme
vous le savez, le fait que les banques canadiennes soient tenues d'ouvrir leur
capital a pour résultat d'empêcher les banques de maintenir des
liens commerciaux en amont. Nous appuyons cette restriction et soulignons que
cette exigence a contribué à la
solidité des institutions financières canadiennes. Elle
comporte deux grands avantages. Premièrement, c'est la protection la
plus efficace contre les transactions intéressées et l'usage
abusif des fonds des déposants et, deuxièmement, la
propriété à capital élargi renforce les chances de
conserver le contrôle canadien sur cet important secteur. (12 heures)
En ce qui a trait aux risques accrus de transactions
intéressées et à l'instabilité qu'elles
représentent pour le secteur financier, le rapport semble accepter
l'argument voulant que le danger pourrait être écarté par
l'établissement de règles applicables aux transactions
intéressées et aux transactions entre personnes liées.
Nous croyons qu'il importe de souligner très clairement ceci: la
propriété à capital élargi a permis de
réduire les risques de transactions intéressées mais, avec
de simples restrictions, on ne peut qu'espérer réduire le nombre
de cas de transactions intéressées. C'est de toute
évidence une solution de deuxième ordre. en effet, il est
difficile en pratique de faire respecter de telles règles. quel que soit
le cadre réglementaire, les dirigeants des institutions à capital
fermé peuvent être fortement incités à s'engager
dans des transactions intéressées et il leur sera toujours
possible de contourner la réglementation s'ils le désirent. la
plupart des faillites d'institutions membres de la société
d'assurance-dépôts du canada sont liées aux transactions
intéressées d'actionnaires. dans certains cas, elles sont le
fruit de propriétaires cupides alors que, dans d'autres cas, il s'agit
de tentatives faites en toute bonne foi mais mal avisées de soutenir la
situation financière d'une société commerciale
affiliée.
L'expérience américaine est encore plus troublante que
celle du Canada. Bien que ta situation des banques commerciales et des
sociétés de portefeuille bancaire américaines soit
différente, une question que j'aborderai dans un moment, il n'existe
aucune restriction légale empêchant une société
d'épargne et de prêts fédéral d'établir des
liens commerciaux en amont. Les récentes faillites des
sociétés d'épargne et de prêts aux États-Unis
illustrent bien qu'une politique permissive en matière de
propriété peut avoir de graves répercussions fiscales pour
le gouvernement en plus de miner la confiance du public envers le
système financier. La crise des sociétés d'épargne
et de prêts laissera aux contribuables américains un fardeau de
plusieurs centaines de milliards de dollars, dont les répercussions se
feront longuement sentir sur l'économie et la vie politique
américaine.
Les organismes de surveillance des sept grands pays
industrialisés reconnaissent les mérites d'exiger l'ouverture du
capital des institutions financières et de restreindre les liens
commerciaux en amont. Chez les sept grands, la propriété des
grandes banques commerciales ou des sociétés mères de
portefeuille bancaire est à capital élargi ou relève de
l'État. Bien que dans bon nombre de ces pays la législation
n'oblige pas les grandes banques commerciales à ouvrir leur capital, en
pratique la propriété de ces institutions est à capital
élargi. C'est le résultat combiné de l'application de
limites à l'actionnariat, de l'exercice du pouvoir de révision
par les organismes de surveillance et de la persuasion morale des organismes de
surveillance.
Voici quelques exemples à titre informatrf. Au Royaume-Uni,
personne ne peut contrôler 15 % ou plus des actions votantes d'une grande
banque sans l'approbation de la Banque d'Angleterre. Le gouverneur de la Banque
d'Angleterre a officiellement déclaré, et je cite, "qu'il
examinerait longuement la question", avant d'approuver la prise en charge d'une
grande banque du Royaume-Uni par une entreprise commerciale. Aux
États-Unis, les grandes banques commerciales américaines sont des
filiales de sociétés de portefeuille bancaire. Les
sociétés mères de chacune des grandes banques commerciales
américaines sont le plus souvent à capital élargi et leurs
actions sont transigées sur les principaux marchés boursiers
américains. Les lois "Bank Holding Company Act" et "International
Banking Act" empêchent toute entreprise commerciale américaine ou
étrangère de faire l'acquisition d'une banque américaine
ou d'une société de portefeuille bancaire. En Italie, où
toutes les grandes banques sont propriétés de l'État ou
organismes publics, il existe une politique gouvernementale non officielle qui
vise à tenir les banques à l'écart du secteur commercial.
Le gouvernement italien étudie actuellement un projet de loi antitrust
qui donnerait force de loi à cette politique administrative et
discrétionnaire. Le projet de loi prévoit que l'acquisition de
plus de 5 % des actions d'une banque par une entreprise non financière
devra recevoir l'autorisation de la Banque d'Italie. Chaque tranche
supplémentaire de 5 % devrait également être
approuvée jusqu'à concurrence d'une limite à
établir, soit entre 15 % et 20 % du capital de la banque. En attendant
que le projet de loi soit accepté, les organismes de surveillance
limitent à 15 % la participation des entreprises non financières
dans toute nouvelle banque.
Par contre, il semble que le rapport accepte l'argument selon lequel les
liens commerciaux sont nécessaires pour assurer une source de capital
aux institutions financières non bancaires car, autrement, seules les
banques auraient la taille suffisante pour jouer le rôle de catalyseur du
dynamisme économique. À cela, nous répondons que la notion
selon laquelle la croissance des institutions à capital largement
réparti est limitée en raison d'un accès insuffisant au
capital ne se vérifie pas dans les faits. Certaines des plus importantes
institutions financières du Québec sont des coopératives
et des mutuelles d'assurances établies au Québec à capital
élargi,
tel le groupe La Laurentienne et les caisses Desjardins. Ces entreprises
n'ont pas de liens commerciaux en amont et opposent aux banques une concurrence
efficace. En effet, les caisses Oesjardins représentent la
sixième institution financière en importance au Canada en termes
d'actifs.
En ce qui a trait aux liens commerciaux en aval, nous appuyons la
proposition voulant que les types de filiales des compagnies d'assurances se
limitent à une liste de filiales dont les activités sont
accessoires ou connexes au commerce des assurances. Bien que le rapport propose
d'autoriser les investissements dans une entreprise non accessoire
jusqu'à concurrence de 30 %, nous préférons l'application
d'une restriction davantage en accord avec les dispositions de la Loi sur les
banques et également avec la loi québécoise sur les
sociétés de fiducie et les sociétés
d'épargne, lesquelles limitent les investissements en aval à 10 %
des actions votantes d'une entreprise, même si le rapport énonce
la position selon laquelle, en raison de la structure des engagements des
compagnies d'assurances, il est approprié que ces institutions soient
autorisées à détenir une plus large part d'investissements
passifs en actions que ne le pourrait une institution de dépôt.
Cependant, cette structure est en train de changer. Les compagnies d'assurances
augmentent leurs engagements à court terme qui font concurrence aux
produits de dépôt des banques et des sociétés de
fiducie.
Soulignons aussi que le plafond de 30 % applicable aux actions votantes,
même s'il ne s'agit pas d'une position de contrôle proprement dite,
permet aux détenteurs d'exercer une influence considérable,
surtout dans le cas des institutions à capital ouvert. Nous sommes
d'avis qu'une limite inférieure à 10 % serait peut-être
plus appropriée.
En ce qui a trait aux banques étrangères, soulignons que
bon nombre des sept grands pays industrialisés ont fait de
sérieux efforts pour faire échec aux liens commerciaux en aval et
certains imposent même des restrictions qui vont bien au-delà de
ce que le Québec propose, par exemple, le Canada même, l'Italie,
le Japon et les États-Unis.
Je conclurai notre présentation par la question de la
propriété des institutions financières canadiennes par des
étrangers. Le rapport recommande que le Québec abolisse les
limites de 10 % et de 25 % à l'égard des placements
étrangers dans des compagnies d'assurances provinciales et remplace
cette règle par une disposition unique qui limiterait la
propriété étrangère de compagnies d'assurances
à 30 % des actions votantes, à moins d'une autorisation contraire
du ministre. Cependant, les non-résidents seraient autorisés
à établir au Québec une nouvelle compagnie d'assurances.
Même si nous reconnaissons qu'il s'agit d'un excellent effort en vue d'en
arriver à un compromis entre des vues divergentes sur l'investissement
étranger approprié, nous aimerions souligner un point essentiel.
Premièrement, certaines industries comme le transport, les
communications et le secteur financier jouent un rôle si essentiel dans
la stabilité et l'essor de l'économie que, depuis toujours, les
gouvernements considèrent qu'il est nécessaire de s'assurer que
les principaux intervenants de ces industries soient des institutions
contrôlées par des intérêts domestiques.
Deuxièmement, à l'heure où les marchés
s'internationalisent, le Québec aura de plus en plus de
difficulté à maintenir deux différents régimes de
propriété, l'un régissant les investisseurs d'ici et
l'autre, les investisseurs étrangers. Des pressions s'exercent pour que
le Québec accorde aux investisseurs étrangers le même
traitement qu'aux investisseurs d'ici.
À la lumière de ce qui précède, nous croyons
que la propriété à capital élargi est le seul moyen
efficace d'assurer un contrôle domestique de nos institutions
financières dans le cadre d'un régime de traitement national.
Dans le cas des banques de l'annexe I, la limite de 10 % élimine toute
possibilité qu'un particulier ou un groupe d'actionnaires
étrangers n'en prennent le contrôle. Cette disposition
répond aux exigences relatives au traitement national, puisque les
investisseurs canadiens et étrangers sont assujettis aux mêmes
restrictions. Voilà une autre raison pour laquelle nous pressons le
Québec de considérer l'adoption d'une réglementation
exigeant l'ouverture du capital de toutes ses institutions financières.
Et, avant de clore la question de la propriété
étrangère, soulignons que, des autres sept grands, aucun ne
permet à des non-résidents de faire l'acquisition de ses grandes
banques.
En somme, nous appuyons sincèrement les efforts du gouvernement
du Québec pour assurer un cadre législatif concurrentiel à
ses institutions financières. Comme l'indique te rapport, l'un des
aspects essentiels de la réforme, c'est que l'industrie et le
gouvernement travaillent ensemble vers une protection accrue des
intérêts du consommateur. La principale préoccupation du
consommateur, c'est le maintien d'institutions financières stables et
solvables. C'est dans ce contexte de protection du consommateur et de
solvabilité des institutions financières que nous avons cru bon
de mettre tant l'accent sur les questions de propriété et de
liens commerciaux.
Nous espérons que nos commentaires vous ont été
utiles et vous invitons à nous faire part de vos questions sur le
contenu de notre présentation ou sur des sujets dont nous n'avons pas
discuté aujourd'hui. Je vous remercie.
Le Président (M. Lemieux): Merci, madame. Mme la ministre
déléguée aux Finances.
Mme Robic: Oui, M. le Président. Je remer-
cie l'Association des banquiers canadiens de sa présence et de sa
participation. Je dois vous dire que je vous ai écoutés avec
beaucoup d'intérêt et que c'est dommage que le temps nous presse.
Je pense qu'on pourrait discuter longtemps de certains de vos commentaires dans
votre mémoire. Je pense qu'il y a tout un débat qui pourrait se
faire autour de cela et, certainement, ça va nous porter à une
grande réflexion, mais je dois aller tout de suite à certaines
questions qui me viennent en tête en vous écoutant. Entre autres,
vous avez une crainte au niveau des liens commerciaux, à savoir le
danger des transactions intéressées. J'aimerais vous entendre un
peu plus à fond sur cette crainte que vous avez.
Mme Sinclair: Laissez-moi parler dans le contexte des liens en
amont, juste pour en faire un exemple. Je crois que la crainte est celle-ci.
C'est que vous avez un propriétaire contrôlant les actions d'une
institution qui accepte les fonds du public, que ce soit des
dépôts ou d'autres fonds, qui est en position de placer ces
dépôts non seulement dans des actifs financiers mais dans d'autres
entreprises commerciales, qui sont aussi détenues par lui, le même
propriétaire, et, surtout, quand ces autres entreprises tombent en
difficultés financières, il peut encore une fois, utiliser les
fonds des déposants publics pour essayer de couvrir la position de
l'entreprise commerciale. (12 h 15)
Mme Robic: Mais, justement, en obligeant les compagnies d'aller
en amont pour avoir des entreprises commerciales, n'est-il pas possible pour
nous de faire en sorte que ce genre d'activité ne se produise pas,
qu'une fois que l'institution financière a investi dans un holding en
amont et que ce holding fait des acquisitions on puisse prévoir dans la
loi un mécanisme qui fait que, si dans ce bras commercial il y avait une
compagnie en danger, c'est bien sûr que les institutions
financières dans le bras financier ne pourraient pas aller investir dans
ces entreprises?
Mme Sinclair: Oui, on peut toujours essayer d'introduire des
restrictions et des règlements. Nous avons bien noté que c'est
bien l'intention du gouvernement de le faire. Je pense que notre argument,
c'est que c'est vraiment une solution de deuxième ordre. C'est une
solution de deuxième ordre, parce que c'est une question très
subjective de savoir, par exemple, quand l'entreprise commerciale est en
danger, et c'est aussi très difficile parce que, en fait, les agents
réglementaires, les autorités gouvernementales ne sont pas
vraiment en position de vérifier d'un jour à l'autre que les
fonds des déposants ne s'en vont pas vers des entreprises commerciales.
Ce n'est pas la nature de la réglementation gouvernementale.
Je sais que vous serez en position de regarder les intérêts
commerciaux et de passer jugement. Est-ce que vous voulez vraiment que ces
intérêts-là soient propriétaires d'institutions
financières? Mais là aussi il y a des problèmes de
subjectivité. Vous savez, au début des années
quatre-vingt, M. Campeau a fait un effort pour acquérir notre plus
grande institution de fiducie. A ce moment-la, s'il avait réussi, je ne
pense pas que les autorités gouvernementales se seraient vues en
position de dire: Non; ce n'est pas quelque chose qu'il faudrait faire.
C'est très, très difficile d'exercer un jugement. Vous
avez toujours la tentation de faire passer les fonds des déposants dans
d'autres entreprises. Tandis que, si vous avez le capital élargi, la
tentation n'existe plus.
Mme Robic: Vous êtes en faveur de l'élimination
totale du double comptage. Vous voyez ça comme un problème
réel, le double comptage, ou ce sont des craintes mal fondées de
certaines personnes?
Mme Sinclair: nous observons tout simplement que, dans le
contexte international, les autorités des autres pays n'acceptent pas le
double comptage. la banque de réglementation internationale en suisse
n'accepte pas le double comptage. alors, je ne sais pas s'il y a des
problèmes en particulier dans certaines institutions, mais on peut bien
voir que si on permet le double comptage, surtout dans un contexte où la
diversification se fait à travers des filiales, vous allez avoir des
entreprises de portefeuille qui en fin de compte ne seront pas bien
capitalisées.
Mme Robic: Vous parlez d'un délai pour la mise en
application des normes de capital, à la page 3. De quel genre de
délai est-il question?
Mme Sinclair: Nous n'avons pas quelque chose de spécifique
à vous recommander, Mme la ministre. Nous reconnaissons que dans
certains cas ça pourrait être un délai assez
prolongé, mais nous n'avons pas de recommandation spécifique.
Mme Robic: Et un délai prolongé?
Mme Sinclair: Je pense que vous avez raison quand vous avez dit
dans votre rapport: II faudrait traiter chaque cas comme un cas particulier. Je
pense que vous avez bien raison.
Mme Robic: Ça va, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, Mme la ministre
déléguée aux Finances. M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Je voudrais saluer les représen-
tants de l'Association des banquiers du Canada et les remercier
d'être venus présenter un mémoire devant cette commission.
Je voudrais faire une remarque en partant. Vous avez un bureau à
Montréal, mais votre siège social est à Toronto, si je
comprends bien.
Mme Sinclair: Le siège social de l'Association est
à Toronto. Nous avons un institut dont le siège social est
à Montréal et nous avons un bureau de l'Association à
Montréal, dont M. Ferron est secrétaire.
M. Léonard: Bien. Je constate que les témoignages
devant cette commission, par rapport au Rapport quinquennal, divergent
radicalement selon que nous avons affaire à des gens du secteur de
l'assurance, ici, au Québec, ou bien à des gens qui sont en
dehors du secteur de l'assurance. Je tiens à le faire remarquer à
la commission; jusqu'ici les positions sont enlignées très
nettement par rapport à ce facteur. Par exemple, sur les conflits
d'intérêts, les groupes ou l'organisation de grands groupes, je
pense qu'il y a des positions intéressantes. Disons qu'au Canada nous
assistons à une grande concentration du secteur bancaire. Il y a
sûrement des conflits d'intérêts potentiels à
l'intérieur même des banques. Je suppose que, si on nous en parle,
c'est qu'on nous en parte en connaissance de cause. Et le problème,
aussi, c'est que, lorsqu'il y a de grandes institutions comme celles-là,
lorsqu'elles font des erreurs, elles en font de grandes. Je pense que, dans le
secteur de l'assurance, on n'a pas eu à déplorer de telles
erreurs jusqu'ici. Mais, lorsque les banques se sont mises à investir
dans les pays sous-dévelop-pés à des taux usuraires,
ça a causé des pertes considérables, encore beaucoup plus
que les conflits d'intérêts à l'intérieur de nos
secteurs financiers. Je ne veux pas excuser une erreur par l'autre, c'est bien
évident, mais je pense que la prudence s'impose partout et que la
question de la concentration du secteur bancaire en est une majeure pour les
intérêts du pays et les intérêts du Québec en
particulier.
Alors, je vois qu'actuellement, à la suite de la loi de 1984, de
la loi 75, les compagnies d'assurances ont connu un essor intéressant,
important, qu'elles se sont développées, qu'elles ont fait
pratiquement ce que les banques faisaient dans leur secteur: se
développer en amont, en aval. Et je pense que les assureurs qui sont
venus témoigner ici ont manifesté qu'ils étaient en
désaccord avec les propositions de la ministre, sur la table
actuellement, mais je vois que les banques sont en accord. Et si je comprends
bien, peut-être que je tire une conclusion trop vite, mais un tel rapport
et de telles positions, ça indique à peu près clairement
que ça affaiblirait le secteur de l'assurance en faveur des autres, des
banques. Alors, j'aimerais vous entendre sur mon commentaire.
Mme Sinclair: je pourrais vous faire un commentaire,
premièrement, sur la question de la concentration du secteur bancaire.
il est vrai, en ce moment, que les banques contrôlent à peu
près juste au-delà de 50 % des dépôts au canada et,
si vous comptez les compagnies d'assurances, de fiducie, les caisses
populaires, les caisses d'épargne et les compagnies de
trésorerie, environ 60 % des actifs, il faut vous dire qu'au cours des
années quatre-vingt le secteur bancaire a perdu une part substantielle
du marché en faveur de toutes ces autres institutions. les caisses
populaires, les fiducies, les compagnies de prêts, les compagnies
d'assurance-vie ont toutes, toutes, grandi plus vite, substantiellement plus
vite, que les banques. donc, vous pouvez avoir un avis d'une façon ou de
l'autre sur la concentration dans l'industrie bancaire, mais je pense qu'il est
assez clair que, en fait, les autres institutions grandissent plus vite que les
banques et, s'il y avait la concentration, qu'elles diminueraient.
Les statistiques, là-dessus, sont très claires. La plus
grande banque au pays, c'est la Banque Royale, et la deuxième, c'est la
Banque de Commerce. La plus grande institution financière au Canada, par
contre, ce n'est pas une banque, c'est une compagnie qui s'appelle Trilon et
qui a comme filiales Royal Trust, le Trust Royal, London Life qui était
ici devant vous hier, Wellington Insurance, une compagnie de crédit-bail
automobile, plusieurs compagnies d'investissement. C'est une compagnie de
portefeuille financier qui, en fait, a environ 10 000 000 000 $ de plus en
actifs que la Banque Royale aujourd'hui. Une compagnie qui s'appelle Power
Financial est plus grande, pour les mêmes raisons, que la Banque de
Commerce. Alors, je pense qu'il est temps que nous commencions à
regarder la question de la grandeur peut-être d'une façon un peu
différente de la façon dont on l'a regardée auparavant. Il
faut vous dire qu'il n'y a aucune banque canadienne aujourd'hui qui soit parmi
les 50 plus grandes banques du monde. Il y a 10 ans, il y avait quatre banques
canadiennes qui occupaient un rang parmi les 50 grandes banques mondiales. Nous
avons beaucoup perdu en matière de compétitivité
internationale au cours de la dernière décennie.
Pour passer à la question des prêts aux pays
sous-développés, oui, ils ont été faits
C'étaient des prêts qui, au moment même, semblaient bons.
C'étaient des prêts qui étaient faits sans
intérêts abusifs, mais des intérêts qui ont
été faits avec un raisonnement de crédit et qui, par la
suite, se sont vus pas aussi bons qu'on les croyait au début. Il faut
dire que c'est très facile pour les compagnies d'assurances et de
fiducie de dire: Vous étiez mal avisées. C'est vrai qu'on
était mal avisées, mais eux autres, ils n'étaient pas dans
ce marché à ce moment. Nous étions, en tant que banques
canadiennes, parmi toutes les bonnes banques mondiales en faisant
ces prêts-là aux pays sous-développés. On
était, en fait, encouragées par les gouvernements de nos propres
pays. Nous appuyons fortement l'entrée des compagnies d'assurances et de
fiducie dans les marchés commerciaux, mais on va voir, dans une
décennie, si les erreurs qui ont été faites dans les
marchés commerciaux par les banques jusqu'à présent ne
seront pas répétées par les autres institutions qui
entrent dans ces mêmes marchés. On le verra très bien.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous avec
terminé, M. le député de Labelle? Avez-vous d'autres
questions Mme la ministre? Est-ce que ça va? Ça va. Oui, M. le
député de Bertrand.
M. Beaulne: J'ai, moi aussi, trouvé votre
présentation très intéressante, mais il me semble, dans la
perspective de ce qui nous intéresse ici, au Québec, et en
particulier en fonction du Rapport quinquennal, que vos commentaires, quoique
très justes, apparaissent un peu déphasés par rapport
à ce qui se passe au Québec, dans le sens où vous avez
mentionné que la Banque Royale est la principale banque. La Banque
Royale a 58 000 000 000 $ ou 60 000 000 000 $ d'actifs, à peu
près, alors que, si on regarde du côté des institutions
québécoises, la plus grosse des six banques à charte,
c'est la Banque Nationale qui est loin derrière, la cinquième en
termes d'actifs.
Ce qui nous apparaît un peu bizarre, c'est qu'on a l'impression
que les intervenants, qui sont parfois de l'extérieur du Québec,
qui ont atteint une taille impressionnante qui leur permet d'effectuer des
percées importantes sur les marchés internationaux, comme c'est
le cas des grandes banques à charte canadiennes, se sentent, tout
à coup, un peu menacés lorsque, au Québec, on essaie de
mettre sur pied nos propres organismes qui aient le moindrement du muscle. Et
je vous réfère à tout le débat, à ce
sujet-là, sur les activités de la Caisse de dépôt et
placement du Québec, qui a été plus ou moins bien
perçue à l'extérieur du Québec. Alors, dans le sens
de la globalisation et de l'expansion des activités financières
et commerciales internationales, je trouve un peu surprenant le fait que, par
exemple, vous recommandiez que les compagnies d'assurances ne puissent pas
avoir plus de 10 % du capital des filiales ou d'autres activités
commerciales, alors que les banques ont sauté à pieds joints sur
les maisons de courtage, lorsque le courtage est devenu une activité
rentable et s'inscrivait parfaitement bien dans la politique de diversification
des revenus autres que les revenus d'intérêt. (12 h 30)
Alors, je me demande jusqu'à quel point les commentaires que vous
faites sur les principaux points du pian quinquennal s'inspirent davantage de
la conjoncture qui fart qu'au niveau fédéral on ne voit pas
poindre à l'horizon, à l'heure actuelle, le genre de
réformes qui ont été introduites au Québec et qui
vous placent, vous, comme vous êtes sous juridiction
fédérale, dans une sorte de carcan par rapport à la
flexibilité qui a été introduite au Québec depuis
1984-1985 au niveau des institutions financières. J'aimerais savoir
jusqu'à quel point, au fond, si la loi fédérale sur les
banques... Vous avez parlé d'harmonisation, les intervenants qui sont
venus avant vous ont également parlé d'harmonisation, mais, quand
on parte d'harmonisation, on parle d'harmonisation en fonction de normes
quelconques. Alors, lorsque vous parlez d'harmonisation, si l'harmonisation en
question allait au niveau fédéral plutôt dans le sens de la
libéralisation des activités comme on l'a fait au Québec,
jugeriez-vous à ce moment-là que la libéralisation a tout
autant ses avantages que par rapport aux contraintes que vous expliquez dans
votre rapport?
Mme Sinclair: Peut-être un détail explicatif quant
à l'acquisition des filiales dans l'industrie de l'investissement. Nous
appuyons fortement les compagnies de portefeuille financier et la disparition
des piliers, c'est-à-dire que nous n'avons pas de préoccupations
sur la fusion entre les fiducies, les banques, les assurances et les courtiers
en valeurs immobilières. Ce qui nous préoccupe, ce sont les liens
entre le monde financier et le monde commercial.
Pour répondre directement à votre question, je dois vous
dire que le fédéral, en fait, n'envisage pas en ce moment pour
les fiducies des règlements de capital élargi. Alors, non, je ne
peux pas vous dire qu'en fait nos commentaires d'aujourd'hui seraient
différents si le fédéral avait déposé son
projet de loi sur les changements financiers, parce qu'en matière de
propriétés et d'institutions non bancaires le
fédéral voit les choses de la même façon que la
province de Québec. Et nous avons noté notre point de vue aussi
bien avec le fédéral qu'avec le gouvernement
québécois.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé, M. le
député de Bertrand?
M. Beaulne: Bien simplement une petite question...
Le Président (M. Lemieux): Oui, allez-y.
M. Beaulne: ...un petit commentaire plutôt additionnel. Je
me rappelle très bien que, dans le contexte où le Québec
essayait de mettre sur pied le centre financier, le centre bancaire
international à Montréal, l'Association des banquiers canadiens
n'avait pas applaudi à pieds joints cette initiative qui était
issue des milieux financiers et des milieux commerciaux
québécois. Alors, c'est simplement un commentaire que je vous
fais dans le contexte de celui qu'a fait mon
collègue par rapport à vos présentations ici et
à celles qui ont été faites par les assureurs et les
compagnies qui sont bel et bien incrustées au Québec.
Mme Sinclair: II faut dire que, dans le cas du centre financier
au Québec, nous n'étions pas opposés à ce que
Montréal soit nommée, ni à ce que Vancouver soit
nommée. Ce qui nous a troublés, c'est qu'on a restreint les
centres à ces deux villes-là et on n'a pas laissé aux
autres villes canadiennes les mêmes chances de devenir centres financiers
internationaux. C'était le seul point d'opposition à cette
politique-là.
Le Président (M. Lemieux): Ça va, M. le
député de Bertrand? Merci. Est-ce que vous avez d'autres
commentaires, Mme la ministre?
Mme Robic: Oui, M. le Président. Vous parlez de votre
ouverture vis-à-vis du domaine financier, d'aller vers un autre domaine
financier et des accords qu'il pourrait y avoir entre un domaine et l'autre.
Mais vous avez un nouvel élément qui se présente au niveau
des banques, la Banque Amex, American Express, qui est maintenant une banque
à charte canadienne. Estelle membre de l'ABC? Quelle est votre
réaction, avec l'entrée d'Amex au Canada? C'est une banque qui
offre de nombreux services non financiers. Est-ce que ça ne vous inerte
pas à demander la même chose au gouvernement fédéral
dans son décloisonnement?
Mme Sinclair: Oui. American Express Bank, la Banque American
Express est membre de l'Association des banquiers canadiens. Ce qui nous a
troublés dans son application, c'est deux choses principales.
Premièrement, une question pure et simple de processus. C'est qu'on
avait depuis longtemps des changements dans les lois financières
canadiennes et qu'on allait examiner au cours des débats publics les
questions qui s'appliquaient à American Express. En fait, on n'a pas
jusqu'à ce jour déposé la loi, mais on a quand même
accordé une licence bancaire à American Express,
c'est-à-dire qu'on n'a pas vraiment traité des questions
fondamentales dans sa demande de devenir banque. Ça, c'est la
première chose. La deuxième des choses, c'était une
question de liens commerciaux. C'est la même question qu'on discute avec
vous aujourd'hui. Non, on ne demandera pas - en fait, American Express est dans
tout - de pouvoirs dans les domaines commerciaux; dans les domaines financiers,
oui.
Mme Robic: Plusieurs courtiers en assurances décrient le
fait que des institutions financières, telles les banques, pourraient
vendre de l'assurance dans leurs succursales et nous disent que la vente de
l'assurance, ça ne se traite pas comme un dépôt qu'on vient
faire dans une institution financière; il y a un service particulier
à donner qui répond à un besoin précis du client;
donc, ça doit se faire par des courtiers qui ont la formation voulue.
J'aimerais vous entendre là-dessus, la vente d'assurance directement
dans les succursales des banques.
M. Rourke (Glenn): Mme la ministre, si on regarde la vente
d'assurance par les banques, nous avons établi, au Québec, un
réseau dont, je crois, les chiffres sont de 1500 et nous avons investi
beaucoup d'argent. La question de la formation, c'est une question de
formation; on peut bien former les gens à vendre des produits
très sophistiqués, dont de l'assurance. Nous pensons que, pour le
consommateur, ça serait quelque chose de bien, si les gens sont bien
formes pour la vente. Et ça pourrait, comme l'a dit M. Béland,
amener des réductions de primes pour les gens et nous ne voyons pas la
raison pour laquelle les banques ne pourraient pas vendre de l'assurance
partout dans leurs réseaux. Ça amènerait des
épargnes aux acheteurs d'assurance.
Mme Robic: vous êtes d'accord avec notre principe
d'autoréglementation. j'aimerais peut-être que vous nous parliez
un peu de la façon dont vous voyez s'établir les comités
de déontologie.
Mme Sinclair: Oui. Je pense qu'il y a plusieurs piliers
d'autoréglementation. Le premier, c'est vraiment le conseil de direction
de la banque ou de l'institution elle-même et les règlements
législatifs qui s'appliquent à ce conseil-là. Nous ne
sommes pas vraiment d'accord avec la proposition fédérale qui
exigerait qu'il y ait des membres du conseil, comme il le dit, non
affiliés. Nous ne sommes pas d'accord avec cette proposition-là,
parce que je pense qu'on va voir... Si on regardait les conseils des banques
aujourd'hui, on verrait que, dans plusieurs des cas, ce sont les directeurs qui
ont des intérêts avec des entreprises qui font affaire avec les
banques qui sont les meilleurs directeurs. Mais il est vrai que le conseil de
direction, c'est vraiment la première base
d'autoréglementation.
Je pense que les communications entre le conseil de direction, les
auditeurs de la banque, les comptables et les agences gouvernementales qui font
la réglementation sont très, très importantes et beaucoup
d'autoréglementation se fait à travers le transfert
d'informations pertinentes entre ces trois parties-là. Des fois c'est
vraiment une question d'information plutôt que de réglementation
proprement dite. Si l'information est disponible, vous avez introduit beaucoup
de discipline dans le marché. Troisièmement, je pense que les
liens informels entre les institutions, les industries et le gouvernement et la
persuasion morale du gouvernement peuvent être
très, très efficaces dans l'Incitation à
l'autoré-glementation.
Mme Robic: Merci.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé, Mme
la ministre? M. le député de Labelle?
M. Léonard: J'ai terminé moi aussi, ça
va.
Le Président (M. Lemieux): Terminé aussi. M. le
député de Bertrand, oui.
M. Beaulne: Simplement un commentaire sur
l'autoréglementation. Je pense en particulier, si l'on se
réfère au comité de la Chambre des communes qui a
étudié toute la question des frais bancaires, qu'on
s'était fié à l'autorégle-mentation à la
suite de la déposition du rapport, mais à écouter les
protestations des consommateurs à l'heure actuelle et l'augmentation des
frais qui sont chargés, par exemple pour la perception d'un compte
d'Hydro-Québec ou de n'importe quoi, on peut se demander jusqu'à
quel point l'autoréglémentation, que ce soit dans l'industrie
bancaire, dans l'industrie des assurances ou dans n'importe quelle forme
d'industrie, est la meilleure solution. D'ailleurs, je vous pose la question,
la même question que j'ai posée à des intervenants hier:
à mesure que la loi devient plus permissive au niveau de l'actionnariat
des entreprises financières et également au niveau de leurs
acquisitions, est-ce que vous pensez que ce mouvement de libéralisation
doit s'accompagner d'une réglementation plus sévère de la
part du gouvernement pour encadrer cette libéralisation ou faites-vous
exclusivement confiance au système d'autorégulation?
Mme Sinclair: Je pense qu'il faut d'abord essayer
l'autoréglémentation. Si l'autoréglémentation ne
fonctionne pas, le gouvernement a vraiment ce qu'il faut pour dire: Bon, c'est
nous autres qui allons faire la réglementation. Il faut vous dire que le
surintendant fédéral a commandité assez
dernièrement un rapport d'une compagnie de consultants sur la mise en
oeuvre des recommandations du comité parlementaire quant aux frais
bancaires. C'est un rapport public qui est disponible, mais je dois vous dire
que les résultats démontrent que toutes les banques aujourd'hui,
bien que ce projet de loi n'ait pas été adopté par la
Chambre des communes, que les pratiques dans toutes les banques sont en accord
absolu avec les recommandations du comité sur le projet de loi. C'est un
rapport public.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie. Avez-vous
terminé, M. le député de Bertrand? Alors, en conclusion,
M. le député de Labelle.
M. Léonard: Oui, en conclusion de la commission?
Le Président (M. Lemieux): En conclusion des travaux de la
commission.
M. Léonard: Alors, aux termes de ces... Le
Président (M. Lemieux): Un instant!
M. Léonard: Ah! Je pense que ça avait
été fait. Ah oui!
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous en avez
terminé relativement à l'audition de ce groupe-là?
M. Léonard: Oui, oui.
Le Président (M. Lemieux): Ça va.
M. Léonard: Je voulais les remercier de leur
témoignage...
Le Président (M. Lemieux): Ah oui! C'est ça. C'est
dans ce sens-là.
M. Léonard: ...ce que j'ai fait au début, de toute
façon.
Le Président (M. Lemieux): C'est dans ce sens-là,
M. le député de Labelle. Oui, effectivement.
M. Léonard: Je vous remercie des éclaircissements
que vous avez apportés dans votre mémoire. Merci de vos
témoignages. (12 h 45)
Le Président (M. Lemieux): Mme la ministre.
Mme Robic: M. le Président, de ce côté-ci de
ia table, on apprécie que les gens de l'Association des banquiers
canadiens soient venus témoigner à cette table. Nous
apprécions que vous ayez pris le temps de préparer un
mémoire et de vous être déplacés pour venir nous le
présenter. Vos remarques sont fort judicieuses et vous pouvez être
assurés que, dans la préparation de cette loi, nous en tiendrons
compte. Merci infiniment.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, Mme la
ministre déléguée aux Finances. Nous vous remercions pour
votre participation à cette commission parlementaire.
Maintenant nous allons passer aux remarques finales. Alors, M. le
député de Labelle.
Conclusions M. Jacques Léonard M. Léonard: Oui,
alors, M. le Président, je
voudrais conclure ces auditions qui ont lieu depuis une journée
et demie. Je pense que nous avons pu assister à l'expression de
l'opposition des compagnies d'assurances québécoises aux
propositions du Rapport quinquennal, notamment au chapitre des liens
commerciaux en aval, aux impacts inconnus de nouvelles normes de capitalisation
et à la surréglementation, au moins de la protection du
consommateur. Ceux qui se sont vraiment déclarés pour les
propositions sont des gens qui ont été à
l'extérieur de l'industrie ou du Québec.
Les objectifs de la ministre, nous l'avons dit en partant, à la
lecture du Rapport quinquennal, peuvent être louables. Je pense qu'il
s'agissait de l'expression de choses recommandâmes, mais les solutions
qui sont proposées n'apparaissent pas appropriées, sinon
contradictoires avec les objectifs qui ont été
énoncés, ce qui a été mis en lumière par
plusieurs des intervenants ici, à la commission. Les
intermédiaires de marché sont venus aujourd'hui, ils ont
présenté certaines propositions sur la protection des
consommateurs. Je pense qu'on peut les regarder avec intérêt. Il y
a des mesures qui peuvent être utiles, nécessaires et je pense que
cet aspect des choses mérite attention.
Je voudrais souligner une chose particulière qui a
été mise en lumière par des intervenants. En
préconisant seulement les liens en amont, la ministre force pratiquement
les mutuelles à se démutualiser. C'est ça que ça
veut dire. Je pense aussi qu'il y a eu un voeu qui a été
exprimé de façon différente, plus ou moins ouvertement:
c'est que la consultation devra reprendre au moment du dépôt du
projet de loi, parce que c'est là que les intentions seront suivies
d'effets et que ce sera concret. Je pense que c'est particulièrement
important. Donc, la définition exacte des propositions du Rapport
quinquennal se retrouvera dans le dépôt du projet de loi et je ne
pense pas qu'on puisse le faire avec le flou actuel des propositions du Rapport
quinquennal.
Je voudrais aussi souligner que la présence de l'Inspecteur
général aurait été souhaitable, comme il a
été de tradition qu'elle se fasse ici lorsqu'il s'agissait de
discuter des institutions financières. J'inviterais d'ailleurs Mme la
ministre à permettre à la commission de l'entendre dans une autre
séance de travail. Nous aurions de nombreuses questions à lui
poser, autant sur les problèmes qui ont été
soulevés au cours des derniers jours que sur les pouvoirs qu'on veut lui
donner, sur les moyens dont il aura besoin pour le faire, sur la
nécessité des modifications proposées. Je pense qu'il
serait de mise de le faire. Je suppose que la ministre ne s'y opposera pas,
étant donné qu'il a travaillé à l'implantation de
la loi de 1984, qu'il a été le premier Inspecteur
général qui a été nommé et, à cet
effet, je voudrais simplement déposer une motion à l'effet de
l'entendre qui se lirait comme suit: Que la commission du budget et de
l'administration souhaite entendre, pour donner suite à la consultation
générale sur le Rapport quinquennal sur l'application de la Loi
sur les assurances, l'Inspecteur général des institutions
financières.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous en faites une
proposition formelle ou est-ce une suggestion que vous faites dans le cadre
d'une séance de travail de la commission?
M. Léonard: Bien, à moins que la ministre nous dise
tout de suite qu'à une occasion ultérieure on aura l'occasion de
l'entendre.
Mme Robic: M. le Président, je pense qu'au moment de
l'étude de la loi article par article l'Inspecteur général
sera là. Il sera en position de répondre à toutes vos
questions. Ici, vous me surprenez un peu, parce que ce n'est réellement
pas le rapport de l'Inspecteur général. C'est le rapport de la
ministre. C'est moi qui l'ai signé, ce rapport. Donc, je crois que c'est
à moi que les questions doivent être posées, s'il y en a.
Au moment du dépôt de la loi, c'est bien sûr que vous aurez
l'occasion de questionner l'Inspecteur général.
M. Léonard: Ça concerne tout son secteur de
responsabilité. Maintenant, si la ministre dit qu'au moment du
dépôt du projet de loi l'Inspecteur général sera
là et pourra être entendu, je dis: Fort bien, je prends son
engagement et, donc, nous la ramènerons à ce
moment-là.
Le Président (M. Lemieux): Vous retirez la motion?
M. Léonard:...
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que ça va?
M. Léonard: Très bien.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Labelle. En conclusion, Mme la ministre.
Mme Louise Robic
Mme Robic: Merci, M. le Président.
M. le Président, je voudrais rappeler que l'article 425.1 de la
Loi sur les assurances fait que la ministre responsable des Institutions
financières doit déposer à tous les cinq ans un Rapport
quinquennal pour maintenir ou modifier les dispositions de la loi.
M. le Président, je voudrais vous rappeler que nous avons
maintenu dans notre Rapport quinquennal le cadre général de la
loi de 1984: les pouvoirs généraux des assureurs,
l'administration prudente des actifs, l'introduction des pouvoirs de
l'Inspecteur général des institutions
financières, mais nous avions l'obligation, en 1990, de
moderniser cette loi. En 1984, on parlait à peine de
décloisonnement, si on en parlait même, de décloisonnement.
Globalisation, internationalisation étaient des mots qui étaient
employés par des futuristes et on commençait seulement à
voir l'émergence de conglomérats. Aujourd'hui, on fait face
à cette nouvelle réalité et il faut faire en sorte que nos
compagnies soient bien équipées pour pouvoir
compétitionner non pas seulement au plan québécois, mais
aux plans national et international.
Le député de Labelle - qui n'est pas ici malheureusement -
a passé ces deux jours à nous dire: Où est le
problème? Il n'y a pas de problème, mais il y a des besoins.
L'industrie a des besoins. L'industrie nous a fait connaître, à
plusieurs reprises, ses besoins. Nous avons une industrie d'assurances qui est
en très bonne santé, pour la plupart, mais qui est dans une
position où elle a besoin de grandir, parce que si on ne grandit pas, M.
le Président, on est voué à la disparition. Elle a besoin
de se capitaliser. Et, je suis convaincue que, pour se capitaliser, c'est par
des liens en amont qu'elle va le faire et non pas des liens en aval. C'est la
possibilité qu'on lui donne et on trouve que c'est une ouverture que
l'on fait pour ces compagnies-là. On ne leur enlève rien, mais,
d'un autre côté, on le fait avec prudence.
Les mutuelles, M. le Président, que l'on a consultées
semblaient d'accord. Vous avez vu ma surprise hier de voir que plusieurs
maintenant s'opposaient à ma limitation des liens en aval. L'Opposition
me dit que les mutuelles ne peuvent pas aller. On en connaît une, entre
autres, qui est allée très facilement, qui a trouvé un
moyen. Ce moyen-là existe pour les autres mutuelles, si elles voulaient
l'adopter. Il y a un comité qui se penche présentement et
peut-être que ce comité va nous présenter de nouvelles
façons de se capitaliser et nous sommes tout à fait ouverts. La
preuve, c'est que je n'ai pas voulu couler un modèle dans mon Rapport
quinquennal. J'ai pensé qu'elles étaient assez dynamiques,
qu'elles pouvaient certainement innover dans le domaine. Je leur donne cette
possibilité-là.
Une façon de se capitaliser, également, c'est d'ouvrir la
propriété étrangère. Nous l'avons fait.
C'était une demande expresse de l'industrie. Les 10 % qui sont là
en ce moment, la règle des 10 %-25 %, on nous a dit qu'elle était
beaucoup trop étroite. Une participation de 10 %, c'est peu
intéressant comme investissement. On nous dit que ça le devient
à partir de 20 %, 30 %. Nous sommes tout à fait d'accord et c'est
pour cette raison que nous avons ouvert à la propriété
étrangère. Nous allons permettre à nos compagnies d'aller
chercher du capital nouveau, d'établir une synergie avec ces
compagnies-là, de profiter de leur expertise. C'est un champ nouveau
qu'on ouvre qui est fort important pour nos compagnies d'assurances.
On a parié d'harmonisation. On nous a dit: Bon, il ne faut pas
que le Québec recule pour pouvoir s'harmoniser. Pas du tout! Au
contraire, on est à l'avant-garde. On a fait avant tous cette... On a
été plus progressistes et on a réalisé qu'il
fallait moderniser nos institutions. D'autres nous regardent. J'ai
voyagé à quelques reprises au Canada pour rencontrer mes
homologues; tous nous regardent avec envie, c'est vrai. Il ne faut certainement
pas perdre notre avance et on espère servir d'exemple au reste du
Canada. Donc, je crois qu'on est en très bonne position ici, au
Québec, pour suggérer des normes qui pourraient être, bien
sûr, des normes minimales. Ça ne veut pas dire que tout le monde
doit être là, mais à l'intérieur de ces normes il
peut y avoir des ajustements qui conviennent le mieux à nos institutions
financières. Je pense, et vous l'avez mentionné, Mme la
présidente, que, si on est sérieux quand on parle
d'internationalisation, il faut regarder ce qui est fait en Europe. Il faut
regarder ce qui est fait ailleurs pour que nos institutions ne soient jamais
considérées comme des institutions de deuxième classe.
Vous avez mentionné le double comptage, votre inquiétude
à ce niveau. Nous aussi, nous avons une inquiétude au niveau du
double comptage. On réalise justement, et vous l'avez dit très
bien, si on veut réellement pouvoir aller sur les marchés
étrangers, qu'il faut tenir compte du comment ce double comptage est
perçu à l'extérieur du Québec. À ce niveau,
il serait important qu'on puisse, justement, réviser nos positions et
pouvoir encore une fois nous assurer que jamais nos compagnies ne soient
considérées comme des compagnies de deuxième classe.
M. le Président, je voudrais toucher un mot de l'Inspecteur
général. Je pense qu'en 1984 on avait donné un rôle
important à l'Inspecteur générai; il ne faut certainement
pas minimiser ce rôle. Mais il ne peut pas constamment agir comme
arbitre, cet Inspecteur général. On doit lui donner des normes,
on doit établir des normes que tout le monde, que tous les joueurs
connaissent et, de cette façon-là, aider l'industrie à
savoir comment se positionner et aider l'Inspecteur général dans
son travail, qui est énorme. On ne facilite pas le travail de
l'Inspecteur général quand on fait du décloisonnement et
qu'on permet des liens commerciaux et financiers. Donc, il faut absolument que
l'Inspecteur général ait des normes bien établies pour,
justement, faciliter son travail.
En conclusion, M. le Président, il y a eu une évolution
majeure qui s'est produite depuis 1984. Il y a eu des groupes qui se sont
formés, des accumulations importantes de capitaux et on a certainement
institutionnalisé l'épargne de nos concitoyens. Nous avons donc,
comme gouvernement, un rôle important à jouer au niveau de la
protection des épargnes des consommateurs. Nous avons également
un rôle important à jouer dans
le développement économique du Québec et toutes nos
institutions financières agissent comme levier économique
important.
M. le Président, le rôle de la ministre, tel que je le vois
et que j'ai l'intention de le jouer, c'est en cherchant l'équilibre
entre le développement économique du Québec et la
protection du consommateur. Merci.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, Mme la
ministre.
La commission ayant accompli son mandat, nous ajournons maintenant sine
die. J'aimerais faire remarquer aux membres de l'équipe
ministérielle que nous avons un dîner au ministère des
Finances, cet après-midi, pour une séance de travail.
(Fin de la séance à 13 heures)