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(Seize heures huit minutes)
Le Président (M. Farrah): La commission du budget et de
l'administration poursuit ses travaux. Je vous rappelle le mandat de la
commission qui est le suivant. C'est une consultation générale
sur le document de consultation intitulé "Le courtage immobilier".
Dans un premier temps, si vous le permettez, pour le
bénéfice des membres de la commission et de ceux et celles qui
sont présents aussi avec nous, je vais vous soumettre l'ordre du jour de
la consultation pour cet après-midi, jusqu'en début de
soirée. Alors, l'ordre du jour est le suivant: à 16 heures, nous
allons entendre l'Association des consommateurs du Canada (Québec) inc.,
à 17 heures, Consommation et Corporations Canada, à 18 heures, la
Chambre des notaires du Québec, à 19 heures, le Barreau du
Québec, à 20 heures, le Regroupement des courtiers et agents
d'immeubles de la région de Baie-Comeau.
Alors, sans plus tarder, pour respecter l'ordre du jour et l'horaire,
j'inviterais le premier groupe à se présenter devant nous, qui
est l'Association des consommateurs du Canada (Québec) inc., s'il vous
plaît. Alors, veuillez vous présenter à la table, en avant,
s'il vous plaît.
Merci de votre présence. Sans plus tarder, j'aimerais vous
signifier un peu les règles de l'audition. Vous avez jusqu'à un
maximum de 20 minutes pour la présentation de votre mémoire et,
par la suite, il y a 40 minutes d'échanges qui seront réparties
équitablement, soit 20-20 entre la partie ministérielle et
l'Opposition.
Alors, sans plus tarder, je vous invite à débuter nos
travaux. Aussi, dans un premier temps, j'aimerais, s'il vous plaît, que
la porte-parole du groupe se nomme ainsi que la personne qui l'accompagne.
Association des consommateurs du Canada
(Québec) inc.
Mme Brisebois (Lucile): Merci. Mme la ministre, M. le
Président, MM. les députés, je me présente, mon nom
est Lucile Brisebois, je suis la présidente du comité
d'habitation de l'Association des consommateurs du Canada (Québec) inc.
Mme Rachel Dalzell est aussi membre de cette commission et également
vice-présidente de notre Association.
Fondée en 1948, l'Association des consommateurs du Canada
(Québec) inc. a pour but d'aider les Québécois à
gérer leur argent d'une manière prudente et efficace et de leur
garantir, grâce à une coopération avec tous les secteurs de
l'économie, un meilleur niveau de vie. L'ACCQ est le porte-parole le
plus ancien et aussi, nous le croyons, le plus efficace défenseur des
intérêts des consommateurs sur le marché. Notre groupe
s'empresse de commenter le document de consultation émanant du cabinet
de la ministre déléguée aux Finances sur le courtage
immobilier.
Notre comité de l'habitation était bien déçu
d'apprendre que la Loi sur la protection du consommateur ne touchait pas le
domaine de l'Immobilier, lors de la mise en vigueur de. cette loi. Enfin, le
gouvernement nous présente, en juin 1990, un document de consultation
sur le courtage immobilier. Notre comité de l'habitation ne peut
s'empêcher d'être surpris, tout de même, en lisant, à
l'item B du chapitre 2 de ce document, que les principes de la structure
proposent l'application d'un cadre de contrôle des activités de
l'immobilier via les principes d'autoréglementation, d'autogestion et
d'autodiscipline.
Alors, pour un consommateur, ça n'a rien de très
rassurant. Il nous apparaît même un peu naïf d'utiliser ces
termes dans un milieu qu'on qualifie de jungle, où même certains
n'ont pas besoin de permis pour opérer. On sait que l'achat d'une maison
est la transaction la plus importante que font les consommateurs la plupart du
temps. Ce secteur est très important et touche tous les foyers
québécois dans leur logement. On est propriétaire de son
logement ou on paie un loyer pour se loger, alors, le prix des maisons est
très important pour nous. Déjà, le consommateur est
gravement touché. Certains paient, pour se loger, jusqu'à 50 % de
leur revenu à cause de la spéculation qui se fait sur l'immeuble,
ce qui est indécent.
Alors, notre groupe est opposé à l'idée d'un
organisme quelconque d'autoréglementation qui ait le rôle de
surveillance des activités de 1450 entreprises de courtage et de plus de
12 000 agents, en plus des 16 000 personnes employées directement par
ces entreprises, même si les chambres d'immeubles et l'Association de
l'immeuble du Québec demeurent en place. Il s'agit, pour nous, presque,
pour le gouvernement, de fuir ses responsabilités, de se défaire
du coût de toute l'opération de surveillance du domaine de
l'immeuble. Je peux dire que ça, c'est notre première impression
quand on a lu le document.
Alors, les raisons de notre opposition à la création de
cet organisme sont la nature même du milieu de l'immeuble et la nature
des transactions qui sont faites, aussi la complexité du domaine
immobilier. Il ne faudra surtout pas, d'après nous, que les membres de
ce conseil d'autoréglementation soient nommés par le
gouvernement. Le mandat qu'on propose pour ce conseil est très important
et lourd de responsabilités. Il serait appelé à s'assurer
de la
probité, de la compétence des courtiers et des agents, de
la formation de tout ce monde et aussi de s'autofinancer à môme
l'argent reçu pour les permis des intervenants, de même que
d'élaborer également les règlements d'application de la
loi.
Le document de consultation qu'on nous présente nous donne peu
d'informations sur la structure proposée. Quel genre de droit de regard
le gouvernement conservera-t-il? Le Service de courtage du Québec
dispara?tra-t-il? Le poste de surintendant sera-t-il aboli? Nous ne voyons pas
vraiment pourquoi le système ne continuerait pas tel qu'il est
maintenant. L'Association des consommateurs croit que les courtiers devraient
faire partie de la chambre d'immeubles locale où est situé leur
bureau. Les chambres d'immeubles font l'arbitrage des comptes entre agents.
D'un autre côté, l'Association de l'immeuble du Québec a
pour mission l'avancement des intérêts professionnels des
courtiers et agents d'immeubles et veille à promouvoir la
compétence des courtiers et agents, réglemente leur conduite dans
l'exercice de la profession, facilite et encourage leur formation, favorise la
recherche et l'enseignement dans le domaine de l'immobilier, assure aussi la
protection du public. L'Association de l'immeuble du Québec a
réglementé dans le domaine de la déontologie et de la
discipline ainsi que dans celui de l'arbitrage et de la conciliation des
comptes entre courtiers et agents.
Alors, comment les chambres d'immeubles et l'Association de l'immeuble
du Québec peuvent-elles bien fonctionner et réglementer, faire
l'arbitrage des comptes entre agents et entre agents et courtiers quand les
courtiers ne font pas partie de leur chambre d'immeubles locale ou de
l'Association de l'immeuble du Québec? Nous en venons à la
conclusion que les courtiers doivent faire partie de ces deux organismes et
cela n'exclut pas le courtier qui travaille seul, qui devrait aussi se
soumettre aux mêmes exigences que les autres.
Si vous parlez à des gens du milieu de l'immeuble, vous vous
rendez compte qu'il y a un malaise. On nous dit vouloir faire un travail
professionnel et éliminer les gens qui font du tort à la
profession. On semble blâmer le Service du courtage qui ne serait pas
constant dans ses décisions et pas assez sévère
vis-à-vis de certains intervenants récalcitrants du milieu. D'un
autre côté, l'Association de l'immeuble du Québec fait
déjà un grand pourcentage de surveillance du milieu de l'immeuble
et est chargée déjà de certaines réglementations,
de formation du milieu de l'immeuble. Il nous apparaît que, si le
gouvernement voit la nécessité de faire des changements de
structure de l'immobilier, l'Association de l'immeuble du Québec devrait
devenir cet organisme autoréglementé suggéré dans
le document de consultation.
L'Association de l'immeuble du Québec a gardé sa
crédibilité et a fait ses preuves au cours des années.
Elle a présenté dernièrement une Nouvelle promesse d'achat
qui est une amélioration dans le milieu. Nous croyons que les membres du
conseil de cette association pourraient devenir les membres du conseil de cet
organisme autoréglementé et accomplir les tâches
indiquées au document: réglementation, formation, comité
de discipline avec syndic et droit d'appel pour les acheteurs ou vendeurs
d'immeubles. Cependant, cet organisme devrait dépendre de l'Office des
professions du Québec.
Mme la ministre, dans sa lettre du début du document, mentionne
justement qu'elle souhaite la gestion des régimes de qualification
professionnelle des intervenants. Nous croyons que les courtiers bien
qualifiés devraient être reconnus comme des professionnels
gérés par une corporation sous la surveillance de l'Office des
professions du Québec. L'Office des professions surveillerait et devrait
approuver tous les documents de l'organisme qui gérerait le monde de
l'immobilier. L'Office a fait ses preuves; il surveille nombre de corporations
qui, aujourd'hui, fonctionnent mieux pour une meilleure protection du public.
Au sujet de la distinction, par exemple, entre courtier et agent, y aura-t-il
lieu d'augmenter le degré de responsabilité de l'agent? nous
demande le document. Si l'agent doit partager sa commission à 50-50 avec
le courtier, celui-ci doit partager sa responsabilité avec l'agent,
d'après nous. Par contre, l'agent doit avoir la responsabilité de
préparer correctement son mandat avec le client. Il doit vérifier
l'information qu'il y inscrit et être responsable de ses erreurs dans le
mandat.
Le courtier devrait payer un permis en conséquence avec le nombre
de succursales qu'il exploite et le nombre d'agents inscrits à son
permis. Au sujet du cumul des permis, la loi sur le courtage devrait
déterminer, par règlement, les occupations, professions ou
activités jugées incompatibles avec l'exercice du courtage
immobilier, de façon à éviter les conflits
d'intérêts.
Au sujet des assurances, la loi sur le courtage devrait aussi
déterminer dans quel cas un courtier pourrait être exempté
de l'obligation de détenir un contrat d'assurance-responsabilité
professionnelle. Nous croyons que tous les agents ou les courtiers doivent
avoir ce genre de contrat d'assurance-responsabilité.
Au sujet des dépôts en comptes en fidéicommis, il
est important que la loi prévoie dans quelles circonstances le
dépôt doit être remboursé au promettant-acheteur, ce
que le courtier peut et doit faire en cas de litige entre acheteur et vendeur
ou ce qu'il advient de l'intérêt sur les dépôts. Il
devrait y avoir un guide qui dit exactement ce qui doit arriver de façon
à ce que tout le monde fonctionne de la même façon. C'est
ça notre remarque ici.
Au sujet du fonds d'indemnisation. Le fonds d'indemnisation couvre
présentement toute perte
causée par fraude et détournement de fonds d'un compte en
fidéicommis. Il y aurait lieu de dédommager aussi pour les cas de
mauvaise administration et les pertes causées par un agent
négligent ou inexpérimenté.
Il y a lieu d'établir aussi une meilleure réglementation
pour les franchises de l'immeuble et le même organisme
autoréglementé devrait se charger de cette réglementation.
Il y a des faillites dans les franchises présentement qui causent des
problèmes réels et importants. Chaque franchise devrait
être gérée par un courtier. Paraît-il qu'il y a des
franchises qui sont administrées par un agent ou une personne qui n'est
pas un courtier et il semble que ça ne devrait pas exister. Il faut
exiger que, dans chaque bureau franchisé, il y ait un courtier à
l'administration. Au sujet du partage des commissions, ce partage devrait
être limité aux détenteurs de permis et la commission de
référence entre agents devrait être encouragée et
être définie par la loi.
Le partage de commission n'intéresse pas tellement le client; il
ne sait pas trop ce qui se passe dans ce domaine-là, mais tout partage
de commission de référence devrait être consigné
dans un registre tenu par le courtier pour référence en cas de
litige.
L'Association des consommateurs du Canada (Québec) inc., est
d'accord avec la création de catégories distinctes de permis. Il
faut s'assurer que l'agent qui serait appelé à vendre des
immeubles commerciaux et industriels à revenu ait la compétence
pour faire \a transaction et protéger ses clients.
La divulgation. Évidemment, au sujet de la divulgation des
conflits d'intérêts il va de soi que le courtier ou l'agent doive
avoir l'obligation de divulger par écrit tout intérêt dans
une transaction. La loi doit aussi défendre aux courtiers et agents de
spéculer dans l'immeuble pour leur compte, ce qui porte atteinte
à l'image de professionalisme de la profession. L'organisme devrait
aussi banaliser ce genre d'activités.
L'évaluateur agréé. Nous on a une remarque à
faire dans ce sens où la loi devrait exiger qu'un évaluateur
agréé fasse partie du personnel dans un bureau de courtier.
Ça existe déjà dans les grands bureaux. C'est lui qui
devrait aider le vendeur d'une maison à décider du prix à
demander pour une maison de façon à demander un prix
réaliste, à éviter la hausse exorbitante du prix des
maisons, dans l'espérance de garder le prix des maisons à un
niveau raisonnable et réaliste. On voit ce qui arrive
présentement à Toronto et même au Québec. Des gens
ne récupéreront l'investissement fait en achetant leur maison que
dans plusieurs années et peut-être jamais parce que les maisons se
vendent à des prix exorbitants mais qui sont en train de tomber
drôlement.
L'Association des consommateurs du Canada (Québec) inc.,
espérait des changements à la Loi sur le courtage immobilier du
Québec. Nous n'envisagions pas un organisme autoréglementé
dans l'immoblier, mais, puisque le document de consultation
présenté en juin suggère la création d'un tel
organisme, nous croyons que le conseil d'administration de l'Association de
l'immeuble du Québec serait celui qui est le plus apte à
être chargé de cette tâche puisqu'il fait déjà
une grande partie de ce travail de surveillance et qu'il a un personnel en
place déjà habilité à cette tâche.
Cependant, à ce titre d'organisme autoréglementé
elle devrait dépendre de l'Office des professions du Québec et
elle devrait aussi soumettre pour acceptation tous ses documents et faire
rapport de ses activités. De cette façon le gouvernement aurait
son droit de regard sur l'immobilier. L'Office des professions est
chargé de la surveillance de nombreuses corporations qui sous son
égide ont amélioré leur administration et leurs
activités et même la crédibilité de leur profession.
Trois de nos membres sont des administrateurs nommés dans des
corporations différentes et nous sommes tous trois d'avis que ça
a bien fonctionné et que les corporations ont vraiment fait des
progrès dans leur administration et pour la protection du public aussi.
Je vous remercie.
Le Président (M. Farrah): Merci beaucoup. Dans un premier
temps, nous allons entendre la ministre, en réplique au mémoire,
pour une période maximale de 10 minutes. On reviendra après
à l'Opposition pour un autre 10 minutes. Alors, Mme la ministre, la
parole est à vous.
Mme Robic: Merci, M. le Président. Mesdames, Mme Brisebois
et Mme Desjardins, bienvenue à cette consultation. On vous remercie de
votre présence.
Vous avez raison, c'est voulu, mon document est un document de
consultation. Je n'ai pas voulu couler des politiques dans le ciment avant
d'avoir eu la possibilité d'entendre l'industrie se prononcer. Vous
m'avez avoué tout â l'heure, en vous présentant à
moi, que vous aviez déjà, vous aussi, comme moi, fait de
l'immeuble. Donc vous savez que ça fait longtemps que l'industrie
demande que l'on revoie la loi sur l'immobilier, mais je n'ai pas voulu le
faire avant de consulter. On a été assez agréablement
surpris de voir l'intérêt que l'on a suscité avec notre
commission parlementaire puisque 30 groupes vont se présenter devant
nous. Alors, je crois qu'après cette consultation nous allons être
en bonne posture pour écrire un projet de loi qui reflétera le
plus possible le désir de l'industrie.
Je vous avoue que votre document me surprend un peu dans certaines de
ses remarques. Il est très bien, je vous remercie et je vous en
félicite, mais je vous trouve durs, au début, à la page 1,
quand vous dites: "II nous apparaît un peu naïf d'utiliser ces
termes dans un milieu
qu'on qualifie de jungle. " Mais, d'un autre côté, vous
nous dites: "Nous ne voyons vraiment pas pourquoi le système ne
continuerait pas tel qu'il est maintenant. " Je vous avoue là que je
trouve ça un peu ambigu et, premièrement, j'aimerais que vous
m'expliquiez un peu ce que vous voulez dire par "jungle" et comprendre
pourquoi. Je comprends mal que vous me suggériez de ne pas faire de
changements.
Mme Brisebois: En réalité, au début, je vous
le dis comment ça nous a frappé de penser à
l'autoréglemention pour ce groupe-là parce que tout le monde sait
que ce n'est pas facile de manoeuvrer dans ce monde-là. C'est
peut-être mieux administré maintenant, mais mol, en tout cas...
Tout le monde parle de ce domaine-là comme un domaine difficile
où il n'y a pas vraiment de manière, de guide pour ce
monde-là.
J'ai travaillé pour des compagnies. Je vous dis que, d'un
gérant à l'autre, les choses n'étaient jamais pareilles.
Il faut avoir fait de l'immeuble pour savoir comme c'est difficile; même
dans son propre bureau, on peut se faire avoir par des gens. Tu es
obligé de cacher tes papiers. Ce n'est pas facile. On entend toutes
sortes de choses vraiment qui se passent dans le domaine de l'immeuble. C'est
les développeurs, et tout ça. Personne ne peut dire que c'est un
milieu qui est facile en réalité. Peut-être que le mot
"jungle" vous surprend, mais c'est comme ça que les gens en parlent, je
vous jure.
Je dois vous dire qu'après y avoir bien pensé et avoir
réalisé que l'Association de l'immeuble serait le groupe qui
pourrait bien gérer cette chose-là, vu qu'elle en fait une grande
partie maintenant, on est absolument sûrs que ça serait la
meilleure solution. Ce qu'on a pensé aussi, c'est que quand... Vous
savez, quand on parie d'un organisme d'autoréglementation, ce qu'on
n'aurait pas voulu voir, c'est un groupe de personnes qui viennent de n'importe
où, qui seraient nommées sur ce conseil-là et qui auraient
à gérer tout ce milieu-là. Ça, ça nous
paraîtrait dangereux parce qu'on en a vu plusieurs de ces
comités-là qui ont été nommés ou... Ce n'est
pas nécessairement... Ce n'est pas toujours nécessairement les
personnes qu'il faut. Ça prend des gens très habitués
à ce milieu-là.
C'est un milieu qui n'est pas facile et qui doit être bien
administré, on espère. Alors, c'est pour ça qu'on est
arrivés à la conclusion que ça serait le meilleur groupe
parce qu'il est déjà dans le milieu et on a trouvé qu'il
fonctionne bien, il a gardé sa crédibilité. On n'a pas
d'intérêt particulier à faire ça, autrement que
d'espérer que les choses fonctionnent le mieux possible. Parce que dans
un milieu comme ça, pour avoir fait de l'immeuble moi-même, je
vous assure que même ton gérant, tu ne peux pas, des fois, avoir
la confiance. C'est chacun pour soi dans ce milieu-là. Tu es en
affaires, alors il faut que tu te débattes et que tu joues des
coudes.
Ça prend quelqu'un qui va administrer du mieux possible. C'est
à cette conclusion, finalement, qu'on est arrivés.
Mme Robic: Alors, je veux vous rassurer; malgré que l'on
suggère un organisme d'autoréglementation, il n'est pas question
que le gouvernement se désengage de ses responsabilités, c'est
bien sûr.
Mme Brisebois: Non, parce que c'est la tendance, pour ça,
je suis d'accord avec vous que c'est la tendance. Nous autres, comme je vous
dis, on est quatre même. Je ne pensais pas à M. Lacombe, qui a
été administrateur nommé. C'est une chose qui est
absolument différente. Ça n'existe nulle part ailleurs, mais
l'Office des professions fait vraiment un bon travail et, après avoir vu
dans ces différentes corporations quatre de nous qui en ont
parlé, on trouve que ç'a été pour le mieux, que cet
Office-là fonctionne très bien, que les documents qu'ils ont
sortis sont extraordinaires, et que ces gens-là, aujourd'hui, quand ils
administrent leurs corporations, ils savent où ils vont. Ce n'est pas
quelque chose qui marche à la va comme je te pousse, parce que la
plupart sont des bénévoles. (16 h 30)
En tout cas, nous on trouve extraordinaire le travail qui s'est fait
là et que c'est une amélioration. Une fois que ces
corporations-là sont installées, qu'elles ont leurs documents, on
continue d'être une surveillance, ce n'est rien qui m'apparaît...
C'est très très bien accepté dans le milieu, alors, on ne
voit pas pourquoi ça ne serait pas cet organisme-là. Comme je
vous dis, on n'avait aucune information sur la façon que le
gouvernement... Vous faites attention, comme vous dites, de ne rien
suggérer, mais est-ce que vous avez l'intention de laisser le bureau de
l'immeuble, c'est-à-dire, comment vous l'appelez, le courtier, le
surintendant de l'immeuble et son groupe là, si vous laissez ça
en place, ou non? On ne le sait pas. Alors, nous autres, on est arrivé
à cette conclusion-là après...
Mme Robic: Mais là je veux réellement vous rassurer
parce que, bien sûr, contrairement peut-être à vous, on
regarde ce que l'industrie a fait. C'est réellement l'Association, il
faut tout de même rendre hommage à l'Association qui s'est prise
en main et qui s'est organisée avec un code de déontologie, et
des comités de surveillance...
Mme Brisebois: Oui. Un syndic et un droit d'appel pour que les
gens puissent aller à quelqu'un s'ils ont un litige quelconque parce que
moi, ça fait déjà quand même 10 ans que j'ai
quitté, mais je peux vous djre que ça n'existait pas et qu'il n'y
avait même pas de lois sur la façon que la commission était
distribuée, par
exemple. Moi j'ai perdu des commissions parce que mon gérant
trouvait que ce n'était pas comme ça qu'il fallait qUe ça
se fasse et quand. j'ai vu les règlements, après, je me suis
aperçue que je perdais de l'argent parce que je n'étais pas
informée. Alors, c'est ça que je voudrais que ça
soit...
Mme Robic: On ne vous demandera pas pour qui vous travailliez
dans ce temps-là.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Brisebois: C'est dur ce métier-là, Je vous
jure.
Mme Robic: Oui. Mais dans cette consultation-là, je pense
- j'espère qu'on le dit assez clairement - que le gouvernement n'a pas
l'Intention de se désengager. Mais je suppose que, n'appuyant pas le
principe d'autoréglementation, vous ne vous êtes pas
penchée sur, peut-être, avec un organisme
d'autoréglementation, le rôle que le gouvernement pourrait se
garder. Vous ne vous êtes pas penchée là-dessus?
Mme Brisebois: Vous voulez dire... Mme Robic: Si on
créait un organisme...
Mme Brisebois:... un groupe que vous organiseriez, que le
gouvernement organiserait?
Mme Robic: Non. Si on créait, si le gouvernement
créait de par sa loi un organisme d'autoréglementation, ost-ce
que vous vous êtes penchée sur le rôle que le gouvernement
pourrait se garder vis-à-vis cet organisme
d'autoréglementation?
Mme Brisebois: Nous autres, on pensait que le droit de regard de
l'Office, c'est le gouvernement. C'est gouvernemental, l'Office des professions
du Québec. D'après nous, ce serait suffisant. L'Office peut
surveiller, par exemple, la Corporation professionnelle des évaluateurs
agréés. Je ne vois pas pourquoi il ne pourrait pas s'occuper de
l'immeuble aussi.
Mme Robic: Mais un surintendant pourrait aussi bien le faire,
cependant, si ce n'était pas...
Mme Brisebois: Ah! Sûrement!
Mme Robic: Du moment que... Pour vous, il est important qu'il y
ait un organisme gouvernemental qui puisse...
Mme Brisebois: Ah! Absolument!
Mme Robic: D'accord.
Mme Brisebois: Absolument! Absolument!
Comme je le dis, la raison pour laquelle on pensait à l'Office,
c'est qu'on n'a pas... Je pense que ça, c'était un droit de
regard. On ne sait pas si ce serait suffisant pour le gouvernement comme droit
de regard. Mais enfin, si c'est ça... Vous allez voir les opinions des
autres, à part de ça. Vous avez beaucoup de gens qui vont vous
dire... Mais, définitivement, il y a des critiques contre non pas le
surintendant lui-même, mais son bureau. Comme je vous ai dit, on dit que
ces gens-là, qui font de l'immeuble sérieusement, veulent que les
choses se fassent bien et d'une façon professionnelle. Il y a des gens
qui font des choses qui ne sont pas acceptables par d'autres agents. Il y a
toutes sortes de monde dans le monde. Alors, la raison, c'est qu'on essaie de
garder un professionnalisme. Nous autres, on vous le dit, si un
évaluateur agréé est reconnu comme un professionnel,
pourquoi un courtier qui est bien renseigné ne pourrait pas aussi avoir
le titre de professionnel? Ça aiderait la profession, d'abord. Et on
parle toujours de profession, même dans votre document. C'est une
profession et on a pensé qu'elle pourrait être traitée
à peu près sur le même pied que d'autres corporations qui
travaillent bien aussi, qui veulent faire un bon travail, qui veulent faire un
travail d'une façon professionnelle.
Le Président (M. Farrah): Mme la ministre, votre temps est
expiré...
Mme Robic: Je reviendrai, M. le Président.
Le Président (M. Farrah):.. concernant vos
premières 10 minutes. Alors, vous pourrez revenir...
Mme Robic: D'accord.
Le Président (M. Farrah):... après l'Opposition.
Alors, je passe la parole aussitôt à M. le député de
Labelle.
M. Léonard: M. le Président, mesdames, bienvenue
ici, à la commission parlementaire sur le courtage immobilier. J'aurais
quelques questions à vous poser. Mme la ministre trouve que vous
êtes un peu durs, moi, je prends un peu le point de vue contraire. Je
trouve qu'il y a des questions qui sont oubliées dans votre
mémoire, que j'aimerais bien vous poser.
Vous avez une expérience comme courtier et maintenant vous
êtes...
Mme Brisebois: Pas comme courtier, agent.
M. Léonard:... à la protection des consommateurs.
Pardon?
Mme Brisebois: J'étais agent, pas courtier.
M. Léonard: Alors, agent. Maintenant, vous êtes
à la protection des consommateurs, donc, vous avez changé de camp
entre-temps. Je me pose une question, par exemple, sur la structure. Vous
dites: L'Association de l'immeuble pourrait devenir cette structure. Mais la
question, à mon sens, qu'il faut se poser lorsqu'on passe là,
c'est: Quelle sera la composition du conseil? Il me semble que c'est là
où ça se joue. De qui est composé un tel conseil? Si c'est
composé strictement de courtiers ou d'agents, mais de gens de ce
côté-là de la barricade, ne trouvez-vous pas que le
consommateur peut être laissé pour compte là-dedans et que,
effectivement, là où le regard doit porter, c'est sur la
composition du conseil ou, en tout cas, la façon dont l'organisme va
fonctionner? Et, à l'Association de l'immeuble, ce sont vraiment des
courtiers qui sont là actuellement. Ne trouvez-vous pas que le
consommateur là-dedans n'est pas tellement protégé? Dans
le cas des ordres professionnels, il y a des gens de l'extérieur qui
siègent aux organismes décisionnels. Ça me paraît
une garantie minimale. Est-ce qu'on ne doit pas s'interroger sur cette
question?
Mme Dalzell (Rachel): Est-ce que je peux vous répondre,
monsieur?
M. Léonard: Ah, bien sûr! On est là pour
échanger.
Mme Dalzell: Je m'excuse, Mme la ministre, mon nom c'est Rachel
Côté-Dalzell et non Mme Desjardins.
Mme Robic: Je m'en excuse, Mme Dalzell, j'étais pour le
faire à la fin.
M. Léonard: Rachel Côté?
Mme Dalzell: J'ai remplacé M. Desjardins.
Pour vous répondre - je ne suis pas dans l'immeuble - mais je
peux vous dire que j'ai vraiment, peut-être que c'est une impression
d'une personne qui est en dehors du milieu, qui peut vous dire que le bureau du
surintendant ne met pas les forces en place pour que les lois ou la structure
soient... C'est plutôt vague; ce n'est jamais... On dirait que les
décisions sont vraiment... Dire oui ou non... C'est toujours un peu
vague, d'un côté ou de l'autre, pour plaire. Moi, j'ai
l'impression que les courtiers savent qu'ils peuvent s'en tirer très
bien. C'est vraiment l'impression que j'ai eue quand j'ai parlé à
certains groupes.
M. Léonard: Si je poursuis de ce côté, au
fond, il faudrait qu'à l'intérieur même de l'organisme ou
de la structure qu'on ne connaît pas encore il y ait une participation du
consommateur ou d'organismes qui représentent les consommateurs. Oui ou
non?
Mme Dalzell: Dans l'organisme, dans le groupe de courtiers en
immeubles, il devrait y avoir d'autres personnes qui soient familières
dans ce milieu-là, je ne sais pas, pour pouvoir... Que ce ne soit pas un
milieu aussi lâche qu'il l'est maintenant. Quand je dis le mot
"lâche", je ne veux pas dire lâche...
M. Léonard: Laxiste.
Mme Dalzell:... je veux dire vague, pas aussi structuré.
Et quand la loi est là et quand le document dit ceci, ça doit
être respecté, que la lettre de la loi soit appliquée.
Étant de l'extérieur, c'est vraiment l'impression que l'immeuble
me donne. Si vous avez un courtier qui est plus arrogant, plus fort ou plus ci
ou plus fortuné ou meilleur vendeur, bien, il peut remporter la palme et
tout lui est permis. C'est ça que...
M. Léonard: Disons que, si je comprends, vous seriez
d'accord pour que ça devienne une profession, mais...
Mme Dalzell: C'est ça. M. Léonard:...
régie par...
Mme Dalzell: L'Office des professions du Québec.
M. Léonard:... l'Office, oui. Mais est-ce que ce n'est pas
un peu utopique de penser ça? Parce qu'au regard de la formation
actuelle, les gens qui oeuvrent dans ce milieu, il me semble qu'il y a un
certain décalage. Une profession ou les professions, actuellement,
visent à peu près toutes à avoir au moins une formation
universitaire, premier cycle.
Mme Dalzell: Bien, pas nécessairement. Si vous prenez tous
les groupes qui sont à l'Office des professions du Québec...
M. Léonard: II y en a 24 ordres professionnels, 24 ou 26,
de cet ordre-là.
Mme Dalzell: Non, je ne pourrais pas...
Une voix: 40.
M. Léonard: C'est 40?
Une voix: Oui.
Une voix: C'est 40?
Mme Brisebois: C'est une chose sur laquelle l'Office des
professions travaille, d'avoir des meilleurs cours pour ces gens-là
parce que, dans beaucoup de professions comme ça, les cours ne sont pas
vraiment décidés. C'est quelque chose
que peut-être, comme je vous le dis, le conseil en question
pourrait voir et il serait responsable de la formation. Et je sais que, dans
certaines professions, dans le moment, il y a des cours qui se donnent à
Laval qui ne s'étaient jamais donnés parce que la corporation en
question voit à ce que les cours se donnent en même temps à
Québec et à Montréal, par deux universités
différentes, mais de façon à faire une meilleure
formation, il y a un besoin d'une meilleure formation. Les agents aujourd'hui
ont une meilleure formation qu'autrefois, parce qu'autrefois c'était
très facile. Aujourd'hui ça se donne dans les cégeps et ce
sont des cours qui peuvent durer jusqu'à six mois et on a l'impression
que ces gens-là sont mieux... C'est quelque chose, d'ailleurs, qui est
déjà en marche de chercher à avoir une meilleure formation
pour tous ces professionnels-là. Ce n'est pas des médecins, ce
n'est pas des... On est sûr de la formation de certaines professions,
mais il y a des professions qui sont un peu sur la frange, et on se demande
où ils la prennent. Il y a des gens qui prennent dès titres
aujourd'hui qui n'ont pas la formation et on est au courant aussi. Mais
l'Office des professions fait beaucoup à ce sujet. Nous autres, on a
beaucoup d'informations parce qu'on a affaire à ces gens-là, on
sait comment ça fonctionne.
M. Léonard: Vous êtes l'Association des
consommateurs, quelles sont les principales plaintes que vous recevez des
consommateurs à l'égard des courtiers ou des agents?
Mme Brisebois: Vas-y, vas-y.
Mme Dalzell: La majeure partie du temps c'est qu'un contrat,
quand ils arrivent vis-à-vis... Si la transaction se termine mal, le
contrat a été mal fait... Même s'il a été
bien fait, pour prouver leur point, il faut qu'ils aillent en cour et il faut
prendre des avocats pour se défendre. Si vous le soumettez au
surintendant ça prend énormément de temps, et une
transaction immobilière, c'est une maison. Vous donnez un
dépôt pour acheter cette maison-là. Le dépôt
reste là. Vous ne pouvez pas vous retourner de l'autre côté
et aller vous acheter une autre maison tant que votre argent n'est pas revenu.
C'est dans cette voie-là qu'on a des plaintes.
M. Léonard: Donc, ça tourne autour de
l'encaissement du dépôt, pour la plupart?
Mme Dalzell: Pas seulement ça... M. Léonard:
Pas seulement.
Mme Dalzell: .. mais quand il faut se prendre un avocat pour se
défendre, bien, tout de suite là, il y a une période de
temps qui se perd.
M. Léonard: Oui.
Mme Brisebois: Si je peux aussi ajouter. Dans le cas, par
exemple, de l'offre d'achat de compagnies, d'associations de constructeurs...
L'offre d'achat, par exemple, pour un condominium est faite et il y a 13
clauses dans cette offre-là qui protègent le constructeur au
détriment du consommateur. Alors, quand vous arrivez avec un
problème comme ça, qu'est-ce que vous pensez? On n'a pas
d'endroit où aller C'est là qu'on aurait besoin justement d'un
syndic ou d'un droit d'appel, qu'il y ait quelque chose où on peut se
plaindre sans aller au tribunal parce que ça coûte cher. Les gens
sont pris. Nous autres, on sait les plaintes qui existent là-dedans, des
contrats mal faits, des offres qui sont faites, pas nécessairement par
une... (16 h 45)
Les offres, par exemple de la chambre ou les offres de l'Association de
l'immeuble sont bien faites. Mais il y a des propriétaires ou des
constructeurs qui ont leurs propres offres qui sont faites en fonction de cette
compagnie-là. C'est quelque chose qu'on essaie d'obtenir depuis
longtemps, nous autres, une offre standard pour tout le monde, qui serait une
protection pour le consommateur. Là-dedans, il y a toutes sortes de
choses qui ne sont pas réglementées, et ça se fait
à peu près à la bonne franquette. Quand une compagnie a le
droit de faire sa propre offre d'achat, ça devient compliqué,
elle met ce qu'elle veut dedans. Il n'y a pas de protection pour le
consommateur là-dedans.
M. Léonard: Quand il y a des litiges en dehors de cela,
généralement, c'est que l'agent ou le courtier a mal
dirigé les opérations? C'est ça...
Mme Brisebois: Les courtiers, aujourd'hui... M.
Léonard:... en termes professionnels?
Mme Brisebois:... utilisent ordinairement l'offre de la chambre
d'immeubles ou l'offre de l'Association de l'immeuble. Je parle chez les
constructeurs, mais c'est quand même quelque chose aussi. C'est un milieu
où il y a beaucoup de problèmes.
M. Léonard: Mais quand c'est un...
Le Président (M. Farrah): M. le député de
Labelle, je m'excuse, votre première tranche de 10 minutes est
terminée.
M. Léonard: Ah! C'est correct.
Le Président (M. Farrah): Vous pourrez revenir
ultérieurement. Mme la ministre, à vous la parole.
Mme Robic: J'ai l'impression qu'on se vole nos questions. Vous
avez parlé assez longuement tout à l'heure, Mme Brisebois, des
problèmes qu'un agent peut rencontrer dans un bureau ou entre agents.
Mais vous comprendrez que, nous, notre responsabilité première,
c'est au niveau du consommateur. Je vous entends parler, Mme Dalzell, de
certains problèmes vécus par des consommateurs. Vous ne pensez
pas qu'un organisme d'autoréglementation, avec un comité de
discipline, un syndic, tout en gardant un droit d'appel, ne faciliterait pas
justement des règlements hors cour?
Mme Dalzell: Si vous aviez un comité en place comme
ça, quelle période de temps... Quand vous achetez une maison,
vous avez fait un dépôt de 5000 $, quelle période de temps
ça représente si votre offre, pour une raison ou pour une autre,
ne se concrétise pas et que vos 5000 $ en fidéicommis ne peuvent
pas être dégagés tant que toutes les décisions,
comme un comité de réglementation que vous proposez... C'est
toujours le consommateur qui va être piégé.
Mme Robic: Alors, ça serait difficile pour moi en ce
moment de vous dire combien de temps, mais ça dépendrait sans
doute du nombre de plaintes que ce comité de discipline aurait à
examiner. Je suis assez impressionnée, je dois vous avouer, parce que,
quand on a commencé notre consultation, on a parlé au Protecteur
du citoyen qui nous a fait part, dans une période de 18 mois, d'à
peu près six, sept plaintes. Alors, si ce n'est pas plus exorbitant que
ça comme plaintes, j'aurais bon espoir que ça se règle
assez facilement. Bien sûr, il faut qu'on demeure avec un droit d'appel
et il faut que ce droit d'appel demeure. Alors, c'est difficile de dire le
temps que ça pourrait prendre.
Je voudrais revenir sur l'organisme d'auto-réglementation. Vous
nous dites: S'il doit y en avoir un, on vous suggère que ce soit
l'Association qui devienne l'organisme d'autoréglementation. En ce
moment, l'Association joue un rôle à deux niveaux: elle fait la
promotion des intérêts de ses membres et elle fait
également le protection du consommateur. Elle est également
rattachée aux chambres d'immeubles. D'abord, il y a quelque chose,
j'avoue que j'ai un problème avec un organisme qui joue les deux
rôles, mais croyez-vous qu'un organisme qui l'a fait, qui a joué
les deux rôles, peut se désengager et assumer les
responsabilités d'un organisme d'autoréglementation?
Mme Brisebois: De toute façon, ça existe
déjà; il y a déjà des plaintes qui vont vers eux.
Je pense que, évidemment, il y a toujours la.. En tout cas, vous pensez
qu'il peut y avoir conflit d'intérêts entre les deux, mais
ça se fait déjà. Je pense que ce qui nous rassurerait,
nous autres, ça serait que ce soit chapeauté par l'Office. Il y
aurait une surveillance, et puis il le fait pour d'autres corporations, comme
je vous le dis. Moi, par exemple, je suis aux évaluateurs
agréés. Alors, le syndic a le droit d'appel dans ça et
tout est surveillé par la profession. C'est dans ce sens-là. On
ne laisserait pas un groupe peut-être comme celui-là opérer
sans surveillance, mais il faut qu'il y ait un droit de regard, il faut que le
gouvernement ait un droit de regard. Il faut absolument aussi avoir l'assurance
que ces gens-là vont avoir un syndic, qu'il va y avoir aussi le droit
d'appel. Il y a eu. des occasions où on a eu connaissance, nous autres,
que des gens qui sont nommés des fois à ces commissions-là
ne sont pas nécessairement les gens qui devraient être là.
Ça prend quelqu'un qui va avoir vraiment l'expérience pour
s'occuper de tout ce monde-là. Il y a 12 000 agents qu'on a dit, 1450
bureaux de courtiers. C'est du travail. Ça prend une équipe.
Ça dépend comment vous voulez le faire. Naturellement, comme je
vous le dis, on ne sait pas par votre document si vous allez garder le
surintendant de l'immeuble comme il est. Il s'est passé des choses qui
ont été difficiles avec le surintendant de l'immeuble aussi. Moi,
j'ai vécu la période de Westgate, je ne sais pas si quelqu'un de
vous autres se rappelle ça. Un courtier a fait faillite à un
moment donné et on était quelque chose comme 500 agents qui ont
perdu de l'argent dans cette histoire-là. Ça prend quelque chose
de...
Mme Robic: Enfin, j'aimerais vous ramener au niveau de la
protection du consommateur parce que, dans la refonte de cette loi sur
l'immobilier, c'est réellement ce qui nous préoccupe en premier
lieu, le consommateur et la protection du consommateur. Et cet organisme
d'autoréglementation, dans notre vue à nous, serait voué
à la protection du consommateur et bien sûr que le gouvernement ne
se désengagerait pas, il y aurait une présence là de
surveillance du gouvernement, mais il pourrait définitivement y avoir un
autre organisme, que ce soit les chambres ou autres, qui pourrait voir aux
intérêts des courtiers et des agents. Il s'agirait pour les gens
intéressés de voir à nommer les bonnes personnes à
ces organismes. Mais maintenant quand vous nous dites: Le gouvernement ne
devrait pas nommer les membres, est-ce que vous croyez que les membres
devraient être élus au suffrage universel? Est-ce que vous croyez
qu'il devrait y avoir une représentation et des consommateurs et du
gouvernement sur ce conseil d'administration? Comment le voyez-vous le conseil
d'administration?
Mme Brisebois: Non, on ne pense pas à quelqu'un qui serait
nommé au suffrage universel, mais il faut quelqu'un qui a de la
crédibilité, c'est sûr. Ce qui nous a porté vers
cette
association-là c'est qu'elle fait déjà la
formation, elle réglemente et fait déjà quelque chose. On
ne sait pas trop quelle relation il y aurait si cette association demeurait et
que vous nommiez quelqu'un d'autre; qu'est-ce qui arriverait? Ce qui est le
plus important là-dedans, c'est la formation des gens, c'est la
réglementation et ça se fait déjà par un groupe et
qu'est-ce que ce conseil-là ferait? Comment? Quelle relation voyez-vous
entre les deux? C'est ça qui est difficile pour nous. Ce qui serait
absolument important ça serait, justement, que vous ayez des
représentations d'associations de consommateurs sur ce
conseil-là, ça c'est sûr, ce que l'Association de
l'immeuble pourrait faire aussi. C'est absolument important. Comment cela
fonctionnerait-il exactement? Qu'est-ce que vous voulez donner comme charge ou
comme mandat à ce groupe-là? Vous savez, c'est ça qui
n'était pas tout à fait clair. Nous autres on a été
portés à penser que ça pouvait être ce groupe avec
l'Office des professions, mais c'est sûr que la représentation de
consommateurs sur ces associations ça serait une protection, et que ce
soit quelqu'un aussi qui soit habitué à traiter des questions
comme quelqu'un des associations de consommateurs, non pas quelqu'un qui vienne
du public qui serait nécessairement là. Ça prend quelqu'un
d'habitué pour voir où est la protection et savoir ce qu'il faut
dire ou demander pour une meilleure protection. Alors, c'est sûr que
c'est requis et que c'est absolument nécessaire. Ça donne de la
crédibilité et ça nous aide, nous autres aussi, à
mieux comprendre. On le demande à beaucoup de conseils; à
l'alimentation, ça fait longtemps qu'on demande d'avoir des
représentants sur certains conseils pour comprendre ce qui se passe et
être capable de dire que c'est pour telle raison qu'ils font telle chose;
autrement, des fois, il se pose des gestes et on ne le sait pas parce qu'on ne
sait pas ce qu'il y a derrière, l'idée de ça. Alors, c'est
très très important pour nous.
Mme Robic: Vous avez parlé de l'importance de la
formation.
Mme Brisebois: Oui.
Mme Robic: Nous suggérons dans notre document d'avoir des
permis différents pour les différentes activités, qu'il y
ait un permis au niveau de la vente résidentielle; II pourrait y avoir
un autre permis pour faire du commercial ou de l'industriel. Ça pourrait
être une spécialisation cependant. Comment voyez-vous cela? Est-ce
que vous voyez ça d'un bon oeil?
Mme Dalzell: Veux-tu que je réponde?
Mme Brisebois: Réponds.
Mme Dalzell: Moi je trouve que c'est vraiment... Si vous allez
dans la location commerciale, c'est vraiment un milieu complètement...
C'est des contrats qui sont complètement différents de ceux d'un
agent d'immeubles qui fait de la résidence privée. Je pense qu'il
devrait y avoir une distinction dans les différents niveaux, soit la
vente de résidences, la vente de commerces. Ça devrait être
séparé et il devrait y avoir différents... Chacun devrait
avoir un permis différent pour ces choses-là.
Mme Robic: Pas seulement une spécialisation, mais bien un
permis.
Mme Dalzell: Un permis et une qualification.
Mme Robic: Oui, bien sûr. Bien sûr. Mme Dalzell:
Une qualification qui... Mme Robic: Oui, bien sûr. Merci.
Le Président (M. Farrah): Mme la ministre, votre temps est
expiré.
Mme Robic: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Farrah): Je reconnais maintenant M. le
député de Bertrand. À vous la parole, M. le
député.
M. Beaulne: Vous avez souligné dans votre mémoire
un point fondamental, celui d'être un peu sceptique face à
l'idée de, l'autoréglementation. Moi, j'aurais trois questions
assez précises à vous poser. Tout à l'heure, mon
collègue a abordé un peu la question en soulevant le volet des
plaintes. Vous avez parlé un peu du type de plaintes que les
consommateurs peuvent avoir, mais pourriez-vous nous donner une indication du
nombre de plaintes que votre organisme aurait pu avoir en matière de
courtage immobilier? Est-ce que vous avez beaucoup de plaintes à ce
niveau-là ou si vous n'en avez pas?
Mme Brisebois: Les plaintes qu'on reçoit, c'est au sujet
de l'habitation.
M. Beaulne: Est-ce que vous en avez beaucoup?
Mme Brisebois: Si vous lisez les rapports de l'Office de la
protection du consommateur, c'est la même chose, c'est l'habitation.
C'est là où est le problème. Même qu'aujourd'hui,
les associations de consommateurs, on en reçoit moins, nous autres,
parce qu'aujourd'hui il y a la Régie des entreprises de construction qui
en reçoit beaucoup.
Le domaine s'est beaucoup amélioré. Vous savez, je ne veux
pas... je veux dire dans l'habitation comme telle parce que,
déjà, la
situation était lamentable; aujourd'hui, avec la Régie,
ça a aidé beaucoup. La Régie donne des licences aux
entrepreneurs. Vous pouvez l'appeler pour savoir si tel entrepreneur travaille
et ces gens-là sont obligés de témoigner de leur
compétence et de présenter des bilans pour attester leur
solvabilité. Il y a un gros changement dans le milieu.
Il y a un gros changement aussi dans la formation parce que, il y a
à peu près dix ans, quand j'ai fait de l'immeuble, je vous jure
que la formation qu'on nous donnait, ce n'était pas grand-chose; tu
apprenais sur le tas, en faisant le travail. Je n'avais jamais beaucoup entendu
parler d'immeuble commercial ou de location; ça je n'avais jamais
entendu parler de ça et je n'en ai jamais fait, de toute façon.
Mais c'est pour vous dire que c'est amélioré, mais, pour la
formation, il faut, comme ma collègue vous le disait, des permis
différents pour être sûr que ces gens-là qui font des
affaires avec le consommateur sont qualifiés et capables de bien les
protéger parce que le consommateur ne connaît rien
là-dedans, absolument. Il achète une maison une fois dans sa vie
puis c'est complètement nouveau pour lui. (17 heures)
J'ai fait de l'immeuble. Après que j'ai cessé, avec la
formation acquise auprès d'asssociations de consommateurs, je me suis
assise et j'ai écrit un livre pour aider ces gens-là pour leur
dire comment fonctionner parce que je trouvais ça lamentable. Ces
gens-là sont absolument incapables de se défendre, bien souvent.
Les plaintes sont vraiment...
Mme Dalzell: Je vais vous répondre. Vous me demandez si on
a eu beaucoup de plaintes. C'est ça, votre question. Nous en avons eu
beaucoup. Malheureusement, nous n'avons pas un programme qui pourrait permettre
de vous dire exactement le nombre de plaintes qui sont rentrées au
bureau. Cette année, moins que l'an dernier. Mais, si je peux me
souvenir, il y a à peu près trois ans, des plaintes, on en avait
au moins 10 à 15 par semaine. Il y a trois ans. Maintenant, cette
année, je vous dis, il n'y en a presque plus. C'est vraiment toutes
sortes d'autres plaintes, mais pas celles-là.
M. Beaulne: Ma deuxième question concerne quelque chose
que vous avez soulevé tout à l'heure. Vous avez parlé des
contrats un peu taillés sur mesure que les vendeurs de condo
apportaient, avec 13 clauses ou un certain nombre de clauses. Je ne suis pas
un...
Mme Brisebois: ..construction, mais ça touche le...
M. Beaulne: Mais il me semble que, n'étant pas un expert
dans le domaine, ça paraît un peu bizarre que n'importe qui puisse
arriver avec des contrats taillés sur mesure là-dedans. Dans ce .
contexte-là, ne pensez-vous pas qu'en fonction de la protection des
consommateurs ça serait une bonne chose que l'organisme de
réglementation, quel qu'il soit, parce qu'il y a un peu de confusion
à savoir de quoi aura l'air cet organisme-là...
Mme Brisebois: Je ne sais pas si...
M. Beaulne: ...que cet organisme-là puisse établir
des formes standards de contrats qui pourraient être
étudiés et expliqués aux consommateurs et, à la
fois, aux agents qui doivent s'en servir?
Mme Brisebois: L'Association de l'immeuble a sorti une promesse
d'achat qui est très efficace. On peut la convertir pour servir à
l'achat d'un condominium. Mais celle dont on parle ici, c'est une offre des
associations de constructeurs. Nous autres, on a dénoncé
ça complètement, et le dossier est rendu à l'office de
l'habitation du Québec. On espère qu'il vont faire quelque chose
à ce sujet-là avant longtemps. On a dénoncé
complètement les plans de garantie de maisons neuves. Ça,
c'était un de nos dossiers et c'est rendu à l'Office des
professions. C'est un peu à part du courtage, mais ça fait partie
des plaintes qu'on reçoit sur l'immeuble.
M. Beaulne: Et finalement, au niveau des commissions de
référence, vous avez indiqué que ce serait une bonne chose
qu'elles soient inscrites dans un registre, mais, moi, il me semble que, comme
consommateur, vous n'allez pas assez loin dans votre demande dans le sens
où, d'être inscrites dans un registre, c'est bien beau, mais vous
ne pensez pas que ça devrait être divulgué
également, comme les députés, comme les ministres, comme
tout le monde doit divulguer des activités ou des actifs qui peuvent
potentiellement aboutir à des conflits d'intérêts?
Mme Brisebois: La raison pour laquelle on demande que ce soit
inscrit dans un registre, c'est au cas où il y aurait un litige, que ce
soft bien enregistré parce qu'il peut y avoir une cause. On veut
être certains que les gens qui ont des problèmes avec des
commissions soient capables de vérifier et avoir les bons chiffres.
Ce qu'on voulait dire ici, c'est que la façon dont la commission
est partagée entre le courtier et l'agent, le client, lui, c'est rare
qu'il va discuter de ça. Il n'est pas tellement intéressé
à savoir qui va avoir quelle commission. C'est séparé.
J'ai déjà essayé d'expliquer ça à quelqu'un,
et même mon éditeur ne voulait pas parler de ça, parce
qu'on sait que c'est 50 %. Et aujourd'hui ça fonctionne un peu
différemment parce que les commissions sont négociables. Si c'est
le courtier, d'habitude, c'est 50-50 et tu divises, à part ça, la
moitié du courtier va avec
l'autre courtier si c'est un autre courtier qui vend. Ça, ce
n'est pas quelque chose qui Intéresse le public, mais c'est
intéressant d'être certain qu'il y a un registre où c'est
tenu en note dans chaque maison de courtier. C'est dans ce sens-là qu'on
a expliqué.
M. Beaulne: Mais pensez-vous que ça devrait être
divulgué?
Mme Brisebois: Divulgué aux clients? M. Beaulne:
Oui.
Mme Brisebois: Bon, ça pourrait, mais ce n'est pas une
chose qui est... À moins qu'il y ait un litige, le client, d'habitude,
n'est pas tellement intéressé. Si ça l'intéresse,
c'est lui qui paie la commission, où elle va, et s'il nous pose des
questions... Je n'ai jamais, moi personnellement, en tout cas, je n'ai jamais
eu de personnes qui m'ont demandé comment ça se divisait. Je veux
dire c'est quelque chose qui est... Mais il n'y a pas rien qui les
empêche de leur dire, s'ils veulent, s'ils sont
intéressés.
Le Président (M. Farrah): M. le député de
Bertrand, votre temps de parole est terminé.
M. Beaulne: Oui.
Le Président (M. Farrah): Merci. Mme la ministre, en
conclusion.
Mme Robic: M. le Président, merci beaucoup. Mme Brisebois,
Mme Dalzell, merci de votre présence. Vos propos ont été
intéressants et éclairants. On va certainement en tenir compte.
Je veux, cependant, avant de vous laisser aller, vous rassurer. Malgré
que le gouvernement croie que l'industrie est rendue à un point
où elle peut s'autoréglementer, ce n'est pas que le gouvernement
veuille bien se désengager, nous avons bien l'intention de garder une
présence et un droit de regard sur cette industrie et sur ces
organismes.
Alors, nous allons prendre bonne note de vos remarques et on
espère que notre projet de loi rencontrera vos objectifs. Merci
infiniment. . Le Président (M. Farrah): Merci, Mme la ministre.
M. le député de Labelle, en conclusion.
M. Léonard: C'est à mon tour de vous remercier. Je
suis très heureux des commentaires que vous avez faits au nom des
consommateurs et je pense que nous allons prendre en considération vos
remarques.
Le Président (M. Farrah): Alors, au nom des membres de la
commission, je vous remercie infiniment.
Alors, j'appellerais l'autre groupe, s'il vous plaît, qui est
Consommation et Corporations. Canada. Alors, messieurs, au nom des membres de
fa commission, je vous souhaite la plus cordiale des bienvenues et je vous
rappelle brièvement comment ça se déroule. Alors, c'est 20
minutes maximum pour la présentation de votre mémoire et 40
minutes réparties équitablement entre l'Opposition et le
gouvernement, pour la période des questions, après. Alors, sans
plus tarder, j'aimerais que, dans un premier temps, vous vous présentiez
ainsi que la personne qui vous accompagne et vous pourrez procéder avec
votre mémoire.
Bureau de la politique de concurrence
M. Addy (George): Merci, M. le Président. Je m'appelle
George Addy, je suis sous-directeur principal des enquêtes et recherches
du Bureau de la politique de concurrence, qui fait partie du ministère
de Consommation et Corporations Canada. Avec moi est M. Christian Michaud, un
des officiers, et, lors de la période des questions, il se pourrait que
je me réfère à M. Michaud pour des informations
détaillées telles que vous les avez couvertes tantôt, le
chiffre de plaintes, le nombre de plaintes, ce genre de questions, si ça
se soulève.
Le Président (M. Farrah): Alors, bienvenue et nous vous
écoutons.
M. Addy: Merci. Je suis heureux d'avoir l'occasion de
présenter aujourd'hui l'opinion du Bureau de la politique de concurrence
devant cette commission parlementaire sur le courtage immobilier. Comme
plusieurs d'entre vous le savez peut-être, la Loi sur la concurrence du
Canada, dans sa forme originale, ne s'appliquait pas au courtage immobilier, ni
aux professions, ni même à aucune industrie de services.
Cependant, à mesure que grandissait le rôle du secteur des
services dans l'économie, cette lacune est devenue plus apparente. La
croissance rapide du secteur des services au cours des années
soixante-dix a donné un élan supplémentaire à la
réforme effectuée dans le cadre du processus de modification
à la loi en 1976.
L'application de la Loi sur la concurrence, depuis 1976, au secteur
tertiaire et plus particulièrement aux professions, liée à
l'augmentation de l'information disponible aux consommateurs, a eu pour effet
d'accroître les pressions de la concurrence sur quelques-unes des
professions. Face à ces pressions, les membres des professions doivent
éviter de réagir en adoptant, sciemment ou non, les pratiques qui
pourraient entraver illégalement la concurrence et contrevenir à
la Loi sur la concurrence. Depuis l'adoption des modifications en 1976, le
Bureau de la politique de concurrence prend une part active en aidant les
membres des diverses professions à structurer leur conduite de
manière
à éviter de contrevenir à la loi.
Vu la concurrence à laquelle nous faisons face aujourd'hui sur le
marché des services professionnels, il est plus important que jamais de
poursuivre cette initiative.
La Loi sur la concurrence est une loi de portée
générale qui régit la conduite des activités
commerciales au Canada. Certaines activités ayant trait au sport
amateur, aux négociations collectives et à la souscription des
valeurs sont expressément exclues du champ d'application de la loi.
Cependant, les activités de tous les autres groupes ou associations, y
compris des associations professionnelles, sont assujetties à la loi,
sauf lorsqu'il s'agit d'une activité effectivement
réglementée, comme nous le verrons; j'en discuterai, plus tard.
Tant les dispositions criminelles que non criminelles de la loi peuvent
s'appliquer aux professions.
La Loi sur la concurrence part du principe voulant que la concurrence
soit le meilleur moyen de s'assurer que les ressources sont utilisées de
façon à maximiser l'efficacité et la productivité,
en plus de récompenser les innovations et d'offrir la plus vaste gamme
de services au consommateur, aux prix les plus compétitifs. Au Bureau,
nous trouvons que la profession d'intermédiaire immobilier ainsi que les
professions en général devraient être soumises aux
mêmes pressions concurrentielles que les autres professions. Une
concurrence juste et vigoureuse demeure le meilleur moyen de promouvoir un
climat social sain dans lequel les intérêts du public sont bien
défendus.
Les modifications apportées à la Loi sur la concurrence en
1986 comprennent une nouvelle clause qui dit, à l'article 1. 1, que la
loi a pour objet de préserver et de favoriser la concurrence au Canada,
dans le but de stimuler l'adaptabilité et l'efficience de
l'économie. Plus précisément, la loi a pour objet de
maintenir la concurrence afin d'assurer à la petite et à la
moyenne entreprise une chance honnête de participer à
l'économie canadienne et aussi d'assurer au consommateur des prix
compétitifs et un choix dans les produits. Même si certains
aspects des professions sont actuellement régis par des
règlements ayant force de loi, nous appuyons le principe selon lequel la
réglementation doit être réduite et non pas accrue pour
donner le plus de chances possible aux professions de demeurer concurrentielles
dans une économie de plus en plus dynamique.
Compte tenu du caractère autorégulateur d'un bon nombre de
professions, en conformité avec les lois provinciales, il arrive qu'une
conduite généralement introduite par la Loi sur la concurrence
soit déjà sanctionnée par un organisme de
réglementation. Le niveau de réglementation diffère selon
les professions, et il existe, en outre, divers degrés de
réglementation d'une même profession, selon les provinces. Le
degré selon lequel une telle réglementation empiète sur
l'application des lois fédérales sur la concurrence a
été examiné par les tribunaux au fil des années,
par le biais de ce que nous appelons "le moyen de défense de conduite
réglementée".
La jurisprudence existant dans ce domaine nous montre qu'en dépit
de l'existence de lois provinciales réglementant une industrie
particulière on ne peut supposer que chaque activité de cette
industrie ou que chaque dimension de la concurrence s'y exerçant se
trouve ainsi soustraite de l'application de notre loi. Comme Mme la juge Reed
l'a dit récemment dans l'arrêt Industrial Milk Producers
Association versus British Columbia Milk Board, ce ne sont pas les diverses
industries en entier qui sont exemptées par le moyen de défense,
mais simplement les activités qui sont exigées ou
autorisées par une loi fédérale ou provinciale, selon le
cas. De fait, je dirais que, de plus, les tribunaux sont disposés
à Interpréter de façon assez restrictive la portée
de textes réglementaires afin de donner un rayonnement accru aux
objectifs de politique de concurrence.
Maintenant, si je pouvais adresser les recommandations que nous avons
faites dans notre mémoire... Tel qu'expliqué dans le
mémoire, notre principale recommandation est que tout pouvoir
délégué à l'organisme d'autoréglementation
doit être défini avec le plus de précision possible tout en
reflétant les objectifs du législateur. Ainsi, le
législateur s'assurera que ses objectifs seront atteints, mais ne
donnera pas de pouvoirs supplémentaires a l'industrie. En effet, ces
pouvoirs pourraient mettre certaines activités à l'abri de
l'application de la Loi sur la concurrence, en vertu de cette défense de
conduite réglementée que j'ai décrite
précédemment. (17 h 15)
Nos recommandations, en ce qui concerne l'organisme
d'autoréglementation, sont comme suit. Au niveau de la composition de
l'organisme, nous croyons qu'il est important que, parmi les
représentants de l'industrie siégeant au sein de cet organisme,
certains ne soient pas des membres de chambres d'immeubles. En effet, ces
non-membres ont souvent décidé de ne pas se joindre aux chambres
d'immeubles, non seulement pour des raisons financières, mais aussi pour
une différence d'approche vis-à-vis de l'exercice de leur
profession. Il serait donc nécessaire que leur point de vue soit
considéré par l'organisme.
L'adhésion aux chambres devrait rester libre. Si les chambres
sont responsables de l'application de la réglementation de l'organisme,
il serait important de clairement définir le pouvoir des chambres afin
d'éviter que cette réglementation soit utilisée pour
protéger certaines activités de l'application de la Loi sur la
concurrence et de l'ordonnance d'interdiction, dont on vous a fait part dans
notre mémoire.
En ce qui concerne la rémunération, la
réglementation devrait être réduite au strict
minimum. Par contre, elle devrait prévoir que le partage de la
commission soit divulgué au client qui pourrait utiliser cette
information pour négocier la meilleure commission possible, basée
sur tes services qui lui sont offerts. De plus, lorsque le montant de la
commission allant au courtier vendeur est spécifié dans le
contrat et qu'il y a une vente impliquant une collaboration entre deux
courtiers, le courtier inscripteur devrait être obligé de remettre
ce montant au courtier vendeur. En effet, tel que décrit dans notre
mémoire, il existe encore une certaine forme de discrimination contre
les courtiers à rabais, à l'effet que certains courtiers
traditionnels ne leur donnent qu'une portion réduite de la commission,
habituellement au courtier vendeur, dans le but d'obliger ces courtiers
à augmenter leur commission.
La reconnaissance des agents et courtiers de l'acheteur pourrait
être une solution au problème de partage de la commission entre
courtiers inscripteurs et vendeurs. Nous sommes aussi en faveur de la
commission de référence, à la condition que le client en
soit informé. Cette commission pourrait permettre à ce client de
profiter de rabais occasionnels sur d'autres services professionnels.
Ainsi, toute personne habilitée à agir comme courtier
devrait avoir accès tant au partage de la commission qu'à une
commission complète. Cette mesure augmentera le nombre de participants
à l'industrie et pourrait permettre un accroissement plus rapide de la
concurrence.
Il est proposé que l'organisme d'autoréglementation
réglemente la publicité faite par les courtiers et agents. Une
fois encore, nous croyons que la réglementation de la publicité
devrait être minimale et que les limites imposées à la
publicité soient clairement définies. En effet, la
publicité est un élément primordial pour la concurrence
puisqu'elle permet de transmettre aux consommateurs l'information
nécessaire à leur choix.
Dans le domaine du courtage immobilier, la Loi sur la concurrence et
l'ordonnance d'interdiction spécifient déjà que la
publicité ne doit pas être fausse ou trompeuse. Toutes
restrictions supplémentaires ne devraient être imposées que
si elles reflètent un besoin de protection du consommateur qui ne peut
être atteint autrement.
Maintenant, en ce qui concerne les barrières à
l'entrée, la profession devrait rester le plus accessible possible et ne
devrait pas limiter la mobilité des intermédiaires immobiliers en
imposant des barrières artificielles à leur champ
d'activité. Ainsi, nous recommandons que la formation soit facilement
accessible et elle ne devrait pas être contingentée. De
même, les exigences minimales de formation pour accéder à
la profession ne devraient pas être trop élevées. Les
intermédiaires immobiliers devraient être encouragés, sur
une base volontaire, à suivre une formation plus poussée. Cette
formation et leur expérience pourraient leur permettre de
s'établir comme spécialistes dans certains domaines de courtage
immobilier.
De plus, on devrait reconnaître officiellement l'existence de
consultants, tout en leur permettant un accès facile à leur
pratique dans l'industrie du courtage immobilier. Ces consultants ne devraient
pas nécessairement être autorisés à agir comme
Intermédiaires Immobiliers, mais pourraient augmenter la concurrence sur
le marché en offrant un service alternatif. Nous sommes en accord avec
la proposition d'augmenter la responsabilité de l'agent. En effet, cette
mesure permettra une plus grande autonomie de l'agent et, dans certaines firmes
de courtage, chaque agent pourrait librement fixer le niveau de sa
rémunération et du service qu'il veut offrir.
Nous sommes aussi en accord avec le cumul des permis si les
critères de formation sont rencontrés. De même, les
cabinets disciplinaires devraient pouvoir offrir des services de courtage
Immobilier. Ces mesures auront pour effet d'augmenter la concurrence dans le
marché et sont en harmonie avec la présente
déréglementation du secteur financier.
Les agents et courtiers devraient aussi pouvoir exercer d'autres
occupations à moins qu'il n'existe un conflit d'intérêts
évident entre l'exercice du courtage immobilier et certaines
occupations. Dans ce dernier cas, la loi devrait prévoir les occupations
jugées en conflit d'intérêts et devrait permettre aux
agents et courtiers de pratiquer toute autre profession.
Aussi, ils devraient être autorisés à travailler
à temps partiel, puisqu'un agent disponible aux heures critiques peut
offrir un service de qualité. Si la crainte est qu'un agent à
temps partiel ne soit pas disponible, la réglementation devrait
prévoir un mécanisme disciplinaire basé sur les plaintes
des clients et non pas uniquement sur celles des concurrents.
En ce qui concerne le franchisage, à notre avis, le fanchisage
devrait être encouragé pour les mêmes raisons que nous avons
citées pour appuyer la proposition d'augmenter la responsabilité
de l'agent. En effet, chaque franchisé représente une firme
indépendante aux termes de notre loi, ce qui augmente le nombre de
concurrents présents dans le marché. De plus, le franchisage est
efficace puisqu'il permet aux franchisés de profiter de la
publicité commune, une des seules économies d'échelle dans
cette industrie.
En ce qui concerne les agents ou courtiers de l'acheteur, comme nous
l'avons dit précédemment, nous croyons que le concept d'agent ou
courtier d'acheteur devrait être développé. Dans la
situation présente, le courtier représente un acheteur potentiel,
agit en fait au titre de sous-agent pour le courtier inscripteur. Le
consommateur a donc la fausse impression que l'agent
qui l'aide à trouver une propriété travaille pour
lui.
En conclusion, nous appuyons de façon générale la
proposition de révision de la loi. Elle pourra amener des changements
bénéfiques tant pour les consommateurs que pour les membres de
l'industrie, mais, pour que les consommateurs profitent pleinement de ces
modifications qui augmenteront le niveau de professionnalisme, de même
que la responsabilité des courtiers et des agents d'immeubles, elle
devra laisser les mécanismes du marché et de la concurrence jouer
pleinement leur rôle.
Ces mécanismes assureront que les courtiers et les agents
resteront efficaces et innovateurs. Cependant, une réglementation
importante du marché qui découragerait l'efficacité irait
à l'encontre du bien-être des consommateurs. Afin d'assurer que la
nouvelle réglementation ne soit pas utilisée comme objectif autre
que celui établi par le législateur, elle devrait être
précise et claire. De plus, les pouvoirs délégués
à l'organisme d'autoréglementation devraient être
limités afin qu'ils ne remplacent pas le rôle important que le
marché libre doit jouer. La plupart des propositions faites dans le
document de consultation sont très positives mais ne pourront être
entièrement efficaces sans le maintien d'une concurrence saine.
M. le Président, j'aimerais vous remercier de nous avoir permis
de participer aux audiences publiques à ce sujet et je serais heureux de
répondre à des questions, que ce soit aujourd'hui, ou vous
être de service dans le futur dans vos études. Merci.
Le Président (M. Farrah): Merci infiniment, M. Addy. Sans
plus tarder, je cède la parole à Mme la ministre pour, dans un
premier temps, une période maximale de 10 minutes.
Mme Robic: Merci, M. le Président. Bienvenue, messieurs,
à cette table. On apprécie que vous vous soyez
déplacés pour venir nous présenter votre mémoire.
Je vous avoue que j'aurais tendance dans des transactions d'affaires à
être plutôt d'accord avec vous quand il s'agit de concurrence et de
libre entreprise et de libre marché. Cependant, on est dans un domaine
très particulier, l'immobilier. L'achat d'une maison, c'est souvent la
transaction financière la plus importante qu'une personne fera dans sa
vie C'est souvent le seul patrimoine qu'elle laisse à ses enfants ou
à sa famille. Donc, il devient excessivement important que cette
personne qui va faire cette transaction soit bien servie par les gens qui sont
habilités à le faire, qui ont la possibilité de le faire.
Donc, je vous avoue - je suis persuadée même - qu'il est fort
important que les personnes qui sont dans cette profession soient des personnes
qui soient bien formées. Je suis d'accord avec vous, il ne faut pas
mettre les normes à un niveau tel qu'on vient contingenter, ce n'est
certainement pas mon désir, mais que ces personnes-là soient bien
formées, que la profession soit assez encadrée pour que - et
encore une fois c'est parce que la transaction est tellement importante, ce
sont des montants énormes, c'est une responsabilité que
l'acheteur prend - on ait une profession qui soit tout de même bien
organisée pour pouvoir agir rapidement, s'il y avait des abus, des
conflits d'intérêts ou de la fraude même. Donc, je vous
avoue que je ne peux pas vous suivre complètement dans votre
argumentation.
Je voudrais revenir à votre mémoire. Aux pages 11 et 12 de
votre mémoire, vous mettez le gouvernement en garde de ne pas
déléguer tous les pouvoirs à l'organisme
d'autoréglementation, notamment dans l'élaboration des
critères d'admission puisque l'industrie pourrait ainsi se
protéger de l'application de la Loi sur la concurrence ou de
l'ordonnance d'interdiction émise en 1988. Pourriez-vous expliciter?
Croyez-vous que l'autoréglementation soit possible pour le courtage
immobilier ou s'il faut que le gouvernement conserve un droit de regard?
Le Président (M. Farrah): M. Addy.
M. Addy: Si on parle de la structure de l'organisme, on croit
qu'il devrait y avoir une représentation sur l'organisme vaste. À
cet égard-là, nous sommes d'avis que le gouvernement devrait y
participer, en plus des agents membres et des agents non membres, et une
représentation soit par l'entremise du représentant du
gouvernement ou peut-être spécifiquement pour le consommateur.
Lorsque nous traitions dans le mémoire du concept de la
défense de conduite réglementée, nous voulions souligner
que, selon la jurisprudence, s'il y a une délégation à un
organisme et que cet organisme se saisit de ce pouvoir
délégué et agit, il va être exclu de la loi, de
notre loi, la Loi sur la concurrence. Face à ce sujet-là, il faut
reconnaître qu'il ne sera pas sujet aux articles traitant de complot; il
ne sera pas sujet aux articles traitant de publicité trompeuse. Il ne
sera pas sujet à toutes les autres prévisions, aux articles de
notre loi qui sont établis pour protéger le consommateur. Tout ce
que nous voulions faire à ce moment-là, c'est souligner ce
fait-là, que si à l'organisme il est donné ce mandat et il
le saisit, en fait, il va être exclu de l'application de la Loi sur la
concurrence. C'est ça l'idée qu'on voulait souligner, je
crois.
Mme Robic: Parlons de l'organisme d'autoréglementation.
Vous avez des réserves quant à la composition du conseil
d'administration. Voulez-vous nous dire un peu comment vous verriez la
formation de ce conseil?
M. Addy: Tel que je l'ai indiqué tantôt,
peut-être pas clairement, nous voyons un
organisme qui aurait une représentation qui ne serait pas
limitée aux chambres d'immeubles. C'est là la base de notre
inquiétude. Quant à qui devrait être là en surplus
des chambres d'immeubles, nous proposons des agents ou courtiers qui ne sont
pas membres d'une chambre d'immeubles, parce qu'il y en a, et le gouvernement,
soit par l'entremise du bureau du surintendant ou une autre participation du
gouvernement à ce niveau là. Et si le législateur
considère que c'est assez, il n'y aura pas besoin d'un quatrième
volet, un consommateur indépendant, si vous voulez, une
représentation de consommateurs indépendants. (17 h 30)
Mme Robic: Vous ne voyez pas nécessairement la
nécessité d'avoir quelqu'un, un consommateur, un
représentant des consommateurs sur ce conseil d'administration?
M. Addy: Je crois qu'on pourrait laisser ça au
législateur de déterminer si c'est par l'entremise du
surintendant ou d'autres participations officielles du gouvernement
adéquatement couvertes.
Mme Robic: Le conseil doit être nommé ou élu
et par qui, s'il doit être nommé par qui?
M. Addy: Est-ce que je peux consulter? Mme Robic: Ah
oui!
M. Addy: Je ne crois pas qu'on ait considéré
ça.
Mme Robic: C'est ce que je fais. Alors, vous pouvez le faire vous
aussi, consulter!
M. Addy: Sur ce point-là on ne peut faire autrement que de
vouloir que les règlements qui gèrent l'opération et la
nomination soient approuvés par le conseil.
Mme Robic: Revenons à votre mémoire. À la
page 21, vous faites allusion aux consultants en immobilier et suggérez
que la définition de l'acte de courtage pourrait être plus
restreinte afin de ne pas couvrir le type de services offerts par ces
consultants. Voulez-vous élaborer là-dessus?
M. Addy: II existe dans le marché des consultants qui,
strictement parlant, ne seraient pas compris comme courtiers en immobilier, et
je crois qu'il y en a un qui va comparaître devant votre comité
à un moment donné. C'est ce genre d'individus et ce genre de
services qui sont offerts au consommateur dont on aimerait qu'ils soient inclus
dans les considérations dans la loi.
Mme Robic: Décrivez-moi ce que fait un consultant? Est-ce
qu'il fait des actes de cour- tage?
M. Addy: Je vais vous référer à mon
confrère.
M. Michaud (Christian): Ce qu'on a vu comme consultant
jusqu'à maintenant, c'est surtout au niveau du comment remplir un
contrat de courtage immobilier, comment mettre sa maison à vendre,
comment préparer sa maison pour une transaction immobilière.
C'est le genre de services qu'ils offrent. Ce qu'on a vu maintenant ça
se limite à ça. Au niveau commercial et industriel il y a des
consultants qui font plus, qui représentent, par exemple, le locateur
d'espace ou des choses comme ça, mais au niveau résidentiel on
parle surtout de la préparation de la maison et de la préparation
de la transaction.
Mme Robic: Ce consultant-là qui donne des conseils
à ses clients est-ce qu'il ne doit pas avoir une formation quelconque?
De ces conseils-là vont dépendre les décisions que le
consommateur va prendre; est-ce que ce n'est pas justement eux qui devraient
être très bien formés?
M. Michaud: Comme ils ne participent pas à l'ensemble de
la transaction, notre avis est que s'ils ont une formation de base... C'est
pour ça d'ailleurs qu'on recommande qu'ils soient Inclus peut-être
dans une disposition de la loi. Présentement, il n'y a pas de
disposition qui reconnaît les consultants, c'est difficile pour eux
d'exister sous une forme quelconque. Donc, en les mettant dans la loi, il y
aurait peut-être moyen de mettre une formation pour eux mais on ne pense
pas que la formation a besoin d'être aussi élevée que celle
d'un courtier ou d'un agent qui doit participer à toute la
transaction.
Le Président (M. Farrah): Mme la ministre, je vais vous
interrompre malheureusement.
Mme Robic: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Farrah): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Oui, M. Addy, M. Michaud. Je conçois
que la concurrence est conçue par vous-mêmes comme étant un
bien en soi, ce qui n'est pas nécessairement faux. Je suis d'accord avec
vous, en tout cas, en ce qui concerne le long terme; dans un monde idéal
où toute l'information circulerait, où vous avez des vendeurs
absolument froids et des acheteurs froids et très bien informés,
là ça joue. Bon, on connaît le contexte. Mais la
réalité, cependant, ce n'est pas exactement cela. Il reste des
cas où vraiment il y a de l'exploitation, Vous avez traité, vous,
de la publicité. Bon, la publicité il y en a qui moralement
trouvent que ça ne doit pas exister
mais pour d'autres, lorsqu'on est dans les affaires, on change
d'idée assez rapidement. Cependant, il y a quand même des abus en
ce sens-là et ceux qui achètent des maisons ne sont pas des gens
qui ont nécessairement une formation universitaire et même chez
les universitaires parfois vous allez en trouver qui sont, entre guillemets, de
beaux poissons pour l'immobilier.
Alors, je trouve que de limiter presque à zéro la
réglementation - ce n'est pas ce que vous dites, mais je sens qu'il
faudrait qu'il y en ait le moins possible... Je me demande quand même
où se situe la protection du consommateur. Votre principe, c'est
qu'à terme, si la concurrence joue parfaitement, le consommateur est
protégé, si on résume. Effectivement, dans le monde
idéal, c'est ça, mais la réalité, cependant, n'est
pas exactement cela. Alors comment voyez-vous la protection du consommateur
ordinaire dans le contexte de l'immobilier, où c'est la transaction de
leur vie dans bien des cas?
M. Addy: Si je peux traiter de la question en ce qui concerne,
par exemple, la publicité, il y a déjà une loi existante
qui gère la publicité trompeuse. Ce que nous voulions dire, c'est
si le législateur provincial considère que, dans la
réglementation du courtage immobilier, l'organisme qui va être mis
en place devrait avoir le pouvoir d'inclure, d'exclure ou de prohiber la
publicité, nous voulons souligner qu'il faut reconnaître que ce
sera la seule loi qui va le protéger et, une fois que le
législateur se sera prononcé, notre loi sera
déplacée.
En ce qui concerne l'information au consommateur, on est toujours d'avis
que le plus d'informations il y a, le mieux c'est pour le consommateur; il a de
l'information pour faire son choix. Je reconnais que tous les consommateurs ne
seront pas intéressés à savoir comment la commission sera
répartie entre le courtier vendeur et le courtier inscripteur, je suis
entièrement d'accord, mais it y en a qui vont l'être et, s'il y en
a qui le sont et qui agissent sur cette information dans leur choix de courtier
ou d'agent, cela va favoriser la concurrence dans cette profession.
M. Léonard: Je pense que vous êtes à peu
près le premier organisme qui vient. nous dire qu'il faut que ce soit
divulgué, public, les commissions de référence. Je note
bien, oui, oui. Et je pense que vous avez raison là-dessus. Bon.
J'ai noté une chose dans votre mémoire aussi, à la
page 19, et je pense que ça vaut la peine de s'y référer,
sur la formation, je pense que c'est la première fois que je vois une
affirmation de ce type. Par exemple, au dernier paragraphe: "Le niveau de
formation du courtier ou de l'agent ne semble pas être relié au
choix que fait le consommateur. De plus, les courtiers et agents semblent
accepter ce fait puisque la publicité sur le niveau de formation est
presque inexistante. " Je suppose que c'est presque une accusation.
M. Addy: Non, c'est plutôt une constatation de fait.
M. Léonard: Ha, ha, ha!
M. Addy: Nous recevons, par l'entremise de la direction de
publicité trompeuse, des plaintes, et les plaintes que nous avons
reçues ne traitent pas d'une représentation fausse en ce qui
concerne la formation du courtier ou de l'agent.
M. Léonard: Mais c'est quand même un peu curieux que
vous ne teniez pas plus que ça à une formation plus
poussée des courtiers et agents.
M. Addy: Non. Je crois que notre proposition n'est pas à
cet effet-là. Notre proposition est simplement que la formation est une
chose nécessaire, évidemment, et nous le. supportons. Ce que nous
ne voulons pas voir, c'est l'utilisation de la formation comme manière
de limiter la concurrence.
M. Léonard: De contingenter et...
M. Addy: C'est ça. De prévenir, disons, quelqu'un
qui serait spécialiste dans l'immobilier résidentiel, qui
pourrait avoir seulement un permis et qui ne pourrait pas avoir un permis comme
courtier dans l'immobilier commercial en même temps, même s'il
était prêt à prendre la formation. C'est ça qui nous
inquiète au point de vue de la formation. Nous sommes en faveur de la
formation. Ce n'est pas ça. On ne veut pas que la formation soit une
façon déguisée de restreindre la concurrence.
M. Léonard: Mais est-ce que vous voulez dire de la
formation que je qualifierais de formelle ou académique ou de la
formation par expérience? Parce qu'à mon sens quelqu'un peut se
former par expérience, si on le prend au sens large en termes de
formation, alors que la formation académique ne donne pas
nécessairement plus de facilité à quelqu'un d'agir dans le
domaine. Ça m'étonne, une affirmation comme cela. Je comprends
qu'on ne veut pas limiter l'accès et qu'on ne veut surtout pas limiter
la concurrence, mais, au fond, la concurrence entre des agents bien
formés, ça peut aider davantage, il me semble. Donc, le souhait
que vous formulez, je le comprends, mais il me semble de façon
très restreinte que c'est limité comme champ d'application parce
que la formation, de façon générale, a toujours conduit
à une amélioration des conduites de la vie et de la concurrence
aussi.
M. Addy: Je suis d'accord et c'est pour ça que j'essayais
de préciser que ce n'est pas une
objection à la formation, mais c'est à une façon
d'utiliser la formation pour contraindre la concurrence. C'est ça, notre
inquiétude. Nous n'avons aucune objection à la formation et ses
droits.
M. Léonard: Est-ce que je vous interprète mal en
pensant qu'en 1789 vous auriez été très heureux des
résultats de la Révolution française lorsque les
corporations professionnelles ont toutes été abolies?
M. Addy: II n'y avait pas de Loi sur la concurrence à
cette époque-là non plus.
Le Président (M. Farrah): Ça va, M. le
député de Labelle? Alors, Mme la ministre.
Mme Robic: Oui, M. le Président. Je voudrais
revenir à la formation parce que vous faites également, dans
votre document... Vous nous dites que vous doutez que la création de
catégories de permis augmente la protection offerte au public
consommateur. Moi aussi, j'ai un problème avec cette
affirmation-là. N'est-il pas vrai que, dans les différents types
de transactions immobilières, encore si l'on croit que la formation est
importante pour bien servir le consommateur, eh bien! c'est important
également qu'on ait une formation, je ne veux pas dire accrue, mais une
formation spécialisée pour les différents domaines de
l'immobilier? Et, encore là, ce n'est pas pour empêcher une
personne de faire un ou l'autre. Il pourrait tout faire, du moment qu'il serait
formé pour faire et du résidentiel et du commercial et de
l'industriel. Dans ma tête à moi, si cette personne est bien
formée dans ces domaines, le consommateur ne va en être que mieux
servi.
Le Président (M. Farrah): M. Michaud.
M. Michaud: Ce que vous avez conclu correspond un peu à ce
qu'on dit en autant qu'il n'y ait pas de limitation dans la mobilité
d'une catégorie à l'autre. Ce qu'on dit aussi, c'est qu'une fois
que le courtier a une formation générale, peut-être qu'on
pourrait l'empêcher de se dire spécialiste en commercial, par
exemple, s'il n'a jamais pratiqué en commercial. Mais, de là
à l'empêcher à faire du commercial, je vois toute une
différence.
Donc, d'accord avec la formation, d'accord avec la reconnaissance de
l'expérience mais sans empêcher la mobilité entre les
catégories et je pense que c'est ça que vous dites, vous aussi.
Je pense qu'on s'entend sur ça.
Mme Robic: Alors vous, dans le fond, vous aimez mieux des
spécialités que des catégories de permis. C'est ce que
vous nous dites.
M. Michaud: C'est ça.
Mme Robic: Bon. Ça va, M. le Président.
Le Président (M. Farrah): Merci, Mme la ministre. M. le
député de Bertrand, la parole est à vous.
M. Beaulne: Oui. J'ai suivi vos discussions avec mon
collègue sur votre philosophie de la concurrence. Il y a une question
qui me vient à l'esprit. Est-ce que ces principes-là que vous
avez énoncés s'appliquent de façon
généralisée à tous les secteurs de l'immobilier ou
si vous seriez prêts à être un peu plus nuancés selon
les différents types de secteurs immobiliers? Ceux qui vous ont
précédé, le groupe qui vous a précédé
a indiqué qu'il y avait toutes sortes de nouvelles transactions qui se
développaient dans le marché immobilier et au niveau du maintien
d'une sorte de concurrence; est-ce que, par exemple, vous estimez que le
même type de philosophie devrait s'appliquer dans le domaine du
résidentiel que dans le domaine du commercial ou dans le domaine du
locatif?
M. Addy: Au point de vue de la philosophie, je crois que
ça devrait s'appliquer dans une catégorie à travers toutes
les catégories. On pourrait peut-être remarquer une
différence de la part de l'intérêt du client d'une
catégorie à l'autre. Peut-être que le client
résidentiel ne serait pas, comme je l'ai mentionné tantôt,
Intéressé à savoir le partage de la commission.
Peut-être que le consommateur dans l'industriel, qui fait plus de ces
transactions-là, serait plus intéressé à ce genre
d'information. (17 h 45)
Au point de vue philosophique, je crois que ces principes devraient
s'appliquer à travers toutes les catégories.
M. Beaulne: II y a un commentaire, une réflexion
plutôt qui me vient à l'esprit. Ce qui découle de ce que
vous nous avez présenté, c'est que vous insistez
énormément sur l'information beaucoup plus que sur la
réglementation. Je ne peux pas m'empêcher d'établir un
certain parallèle à ce niveau-là entre ce qui s'est
passé au comité des finances de la Chambre des communes en
matière de frais bancaires et ce que vous venez de nous dire, dans le
sens où on a laissé finalement, après les protestations
des groupes de consommateurs, ainsi de suite, face à l'industrie
bancaire, il y a deux, trois ans, on a laissé finalement l'industrie
bancaire s'autoréglementer à ce niveau-là, mais en
exigeant une information plus adéquate.
Alors, aujourd'hui, vous allez dans les banques, les caisses populaires,
les institutions financières et vous allez voir les taux
d'intérêt, les taux de rendement, enfin, tous les frais
afférents aux différentes transactions financières
affichés. Ça n'a pas empêché les institutions
financières d'augmenter de façon consistante, et
jusqu'à encore tout à fait récemment, les frais
financiers qui sont perçus sur, par exemple, le paiement d'une facture,
ou des transactions aussi banales que celles-là.
Alors, c'est là où je me pose là question. Au
niveau de l'information, oui. Tant mieux. Finalement, vous dites: Plus il y a
d'information qui circule, plus, au fond, le consommateur est à
même de juger. Mais compte tenu de l'expérience qu'on a dans le
domaine du secteur des banques, entre autres, au niveau des frais financiers,
moi, je ne suis pas tout à fait convaincu que l'intensification de
l'information est la réponse adéquate au problème et la
façon la plus adéquate de protéger le consommateur
là-dedans.
M. Addy: Je ne suis pas assez familier avec l'industrie
financière et le système qui est en place
d'autoréglementation dans ce secteur-là pour commenter
longuement, mais je noterais, juste comme observation, qu'il est, de fait,
assez évident que le nombre de participants dans les deux marchés
est très différent; si cela cause le résultat que vous
soulevez, je n'en ai aucune idée. Mais la concentration de joueurs ou de
participants dans le domaine financier est beaucoup plus restreinte que dans le
domaine immobilier.
M. Beaulne: Oui, mais il semblait y avoir, selon ce que nous ont
exposé les gens de l'Association des consommateurs, ceux qui vous ont
précédés, un problème de standardisation au niveau
des types de contrat et au niveau des formules que les gens étaient
appelés de plus en plus à signer, dans ce domaine-là.
Alors, cette absence d'uniformité, jusqu'à un certain point, au
fond, vous n'y touchez pas beaucoup dans votre mémoire.
M. Addy: Non. Au point de vue standardisation des contrats, je ne
crois pas, si je me rappelle bien, qu'on y ait touché, du tout, dans le
mémoire. Je crois que ce serait quelque chose que l'organisme qui serait
mis en place devrait étudier, s'il y a ou non des difficultés au
niveau du consommateur, avec une variété ou non de contrats.
Peut-être M. Michaud pourrait, s'il a de l'expérience en ce qui
concerne les plaintes...
M. Michaud: Au niveau des plaintes sur l'uniformisation des
contrats, on n'en a pas tellement. Mais je suis quand même assez d'accord
avec le commentaire. Si on parle juste d'uniformisation des contrats, je ne
pense pas qu'on s'oppose à ça, nous. Tout ce qu'on dit, c'est:
D'accord pour qu'ils soient uniformes, mais avec le plus d'informations
disponibles au consommateur quand il signe ce contrat-là. C'est
ça, finalement. C'est vrai que, si, en magasinant, le consommateur voit
trois ou quatre contrats différents, à un moment donné il
peut se perdre complètement parce qu'il n'a pas de connaissance
technique dans le milieu. Peut-être que l'uniformisation serait une bonne
chose, mais pour autant qu'il ait le maximum d'informations pour qu'il fasse
son choix basé sur cette information-là.
Le Président (M. Farrah): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Oui. Une question sur l'affirmation que vous
faites ou, en tout cas, le désir que vous exprimez qu'il y ait des
courtiers pour les acheteurs autant que des courtiers pour les vendeurs. Est-ce
que les uns peuvent agir indifféremment pour le vendeur ou pour
l'acheteur? Un courtier pourrait agir indifféremment ou bien s'il s'agit
là d'une spécialisation? Il y a des courtiers qui seraient
plutôt acheteurs et d'autres vendeurs; je suppose que c'est
peut-être comme ça que les marchés s'orienteraient, de
toute façon. Et ne craignez-vous pas que, finalement, en favorisant deux
courtiers, ça va augmenter les coûts nécessairement? Il y a
deux cuisiniers dans la sauce au lieu d'y en avoir un. En définitive, il
y en a deux au lieu d'un.
M. Michaud: II y a déjà souvent deux cuisiniers
dans la sauce quand il y un courtier inscripteur et un courtier vendeur qui se
partagent la tâche. Ils sont déjà deux parce que...
M. Léonard: Là, ça va en faire trois.
M. Michaud: Non, non. Ce qu'on propose, nous, c'est que le
courtier vendeur disparaisse au profit du courtier ou de l'agent de l'acheteur.
Tout ce qu'on dit c'est... La façon dont ça fonctionne en ce
moment, c'est que quelqu'un qui veut vendre sa maison inscrit sa maison
auprès d'un courtier. Celui-là l'inscrit, par exemple, au
système de service interagences. S'il y a un autre courtier qui a un
acheteur potentiel, il va le voir. Ils se partagent la commission d'une
façon quelconque. Nous autres, ce qu'on dit, c'est qu'en fait ce sont
deux tâches différentes. Il y en a un qui représente
l'acheteur et il y en a un qui représente le vendeur. Ces
tâches-là devraient être séparées. Autrement
dit, celui qui est l'acheteur va pouvoir négocier avec son courtier les
conditions sous lesquelles il veut se chercher une maison, au même titre
que le vendeur négocie avec son courtier les conditions selon lesquelles
il veut vendre sa maison. Ce sont deux fonctions différentes.
M. Léonard: Et si les deux sont dans le même domaine
et qu'ils peuvent agir indifféremment, vendeur ou acheteur, courtier
vendeur, courtier acheteur, au fond, la connivence va s'instaurer très
vite.
M. Michaud: La connivence pourrait s'ins-
taller très vite aussi. On n'a pas été jusqu'au
point de dire comment ça devrait fonctionner dans les marchés. Ce
qu'on propose, c'est de dire qu'en ayant un agent ou un courtier de l'acheteur,
en séparant les deux fonctions, on peut permettre à l'acheteur de
bénéficier des mômes profits que le vendeur,
c'est-à-dire de pouvoir trouver un courtier qui veut... Ne pas
simplement se baser sur qui inscrit la maison ou si c'est lui qui est le plus
proche, mais à celui qui m'offre le meilleur taux, à celui qui
m'offre le meilleur service, à celui qui va me faire ça pour moi,
l'autre ne me le fera pas.
M. Léonard: Ah bien moi, je suis bien d'accord avec vous,
si je suis un acheteur, en tout cas. Je pense que je vais demander plein de
conseils à mon courtier.
M. Michaud: Mais ce n'est pas vous... Dans l'état
présent, ce n'est pas vous qui allez payer pour, par exemple, ce n'est
pas vous qui allez décider combien votre courtier va recevoir, c'est le
vendeur, avec son courtier inscripteur, qui va décider ça.
M. Léonard: Ah, je pense que vous avez raison! Quand vous
dites que l'acheteur, de toute façon, va le payer parce que c'est
compris dans le prix de la maison, effectivement, vous avez raison.
Le Président (M. Farrah): C'est tout, M. le
député de Labelle?
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Farrah): Alors, merci, Mme la
ministre.
Mme Robic: Je voudrais peut-être revenir là-dessus.
Est-ce que vous êtes en train de nous dire que le courtier inscripteur ne
devrait pas être le courtier de l'acheteur, ou, on parle d'agent ici, que
l'agent inscripteur ne devrait pas être également l'agent vendeur,
qu'il ne pourrait pas faire les deux fonctions? Parce que c'est bien
différent.
M. Michaud: Oui. Bien, je...
Mme Robic: Mais ce que vous me dites, comprenons-nous, c'est que
l'agent qui inscrit une maison en vente au nom d'un courtier, cet
agent-là ne pourrait pas être le même agent qui
négocierait pour l'acheteur.
M. Michaud: Non, je ne pense pas que c'est ça...
Mme Robic: Non?
M. Michaud: Non, ce n'est pas ça que je dis.
Mme Robic: Ah! Qu'est-ce que vous dites?
M. Michaud: Peut-être que ce n'est pas clair, je vais
essayer de l'exprimer plus clairement. L'agent du vendeur pourrait être
aussi bien l'agent de l'acheteur. Si l'acheteur est au courant de ce
fait-là, on n'a pas d'objection à Ça-
Mme Robic: Ah, ah, ah!
M. Michaud: Mais ce qu'on dit, c'est qu'il devrait y avoir une
catégorie de courtiers et d'agents qui représenteraient les
acheteurs de façon exclusive, c'est-à-dire que moi, par exemple,
je suis courtier de l'acheteur; moi, ce que je vais faire, c'est essayer
d'obtenir le plus bas prix possible sur cette
propriété-là. Je vais me battre pour toi parce que je n'ai
pas l'intention de défendre le vendeur; ce n'est pas ma job, moi, je te
défends, toi.
Mme Robic: Oui, c'est permis ça, il n'y a pas de loi qui
défend ça, de vous spécialiser: agent ou courtier vendeur
ou acheteur. En tout cas, ça peut être intéressant. Je ne
sais pas si c'est faisable, mais c'est intéressant. Merci,
messieurs.
Le Président (M. Farrah): En conclusion.
Mme Robic: Vous voulez que je conclue, M. le
Président.
Le Président (M. Farrah): Si vous voulez bien.
Mme Robic: Alors, messieurs, merci infiniment, ç'a
été intéressant. Comme l'a dit le député de
Labelle, vous avez soulevé des points qui n'ont pas été
soulevés dans d'autres mémoires jusqu'à présent.
C'était intéressant d'avoir un autre son de cloche. Alors, on
vous remercie infiniment de votre présence.
Le Président (M. Farrah): Merci, Mme la ministre. M. le
député de Labelle, en conclusion.
M. Léonard: Merci, aussi. À mon tour, je voudrais
quand même souligner la contribution qu'il me semble que vous avez
apportée, c'est que la circulation de l'information dans le domaine de
l'Immobilier est très importante. Je comprends qu'on peut toujours avoir
quelques réticences sur la publicité, mais il faut admettre que
la publicité joue un rôle fondamental dans l'économie de
marché. Donc, il faut simplement souhaiter qu'elle soit juste, correcte,
équitable, simplement. Mais, effectivement, je suis bien d'accord avec
vous que, dans le domaine de l'immobilier, l'information doit bien
circuler.
Le Président (M. Farrah): Merci, M. le
député de Labelle. Au nom des membres de la commission, je vous
remercie infiniment d'avoir présenté votre mémoire. Au
revoir.
Sans plus tarder, j'invite maintenant les gens de la Chambre des
notaires du Québec. Mesdames, messieurs, bienvenue. Au nom des membres
de la commission, je vous souhaite la plus cordiale des bienvenues. Comme je
l'ai mentionné aux autres groupes, je veux vous aviser que, pour votre
présentation, vous avez une durée maximum de 20 minutes. Alors
sans plus tarder, peut-être que le porte-parole pourrait s'identifier
ainsi qu'identifier les personnes qui l'accompagnent.
Chambre des notaires du Québec
M. Talpis (Jeffrey): M. le Président, MM. les membres de
la commission, Mme la ministre, bonne fin d'après-midi. Je voudrais tout
d'abord vous présenter les représentants de la Chambre des
notaires du Québec pour cet après-midi. À mon
extrême gauche, Me Sylvie Berthold, notaire à la direction de la
recherche à la Chambre des notaires; à ma gauche, Me Jean
Lambert, notaire, ancien président de la Chambre des notaires et
vice-président du comité de législation de la Chambre des
notaires. Mon nom est Jeffrey Talpis. Je suis notaire et président du
comité de législation de la Chambre des notaires.
Le Président (M. Farrah): Madame, messieurs, bienvenue et
on vous écoute.
M. Talpis: Avant de passer la parole à Me Jean Lambert,
qui va parler au nom de la Chambre des notaires, j'aimerais, au nom de la
Chambre des notaires, vous exprimer notre plaisir d'avoir été
invités à nous faire entendre dans le cadre de processus de
consultation relatif au document sur le courtage immobilier, qui a
été déposé à l'Assemblée nationale
par la ministre déléguée aux Finances, Mme Robic. Alors,
je passe la parole à Me Jean Lambert.
M. Lambert (Jean): Merci, Me Talpis. M. le Président, Mme
la ministre, messieurs de l'Opposition, vous avez, j'espère, je
présume, pris connaissance du mémoire, alors je le survolerai
rapidement pour peut-être s'accorder un plus grand temps de questions et
réponses.
Alors, tout de go, évidemment, on appuie avec empressement les
buts poursuivis par Mme la ministre dans son effort de moderniser la loi sur le
courtage. Les observations que nous avons formulées dans le
mémoire ne remettent évidemment pas en cause ce grand principe.
Mais, par ailleurs, on en a profité pour préciser certains points
au passage. Par exemple, on sait que certains notaires, à un moment
donné, ont fait du courtage une activité qui était devenue
plus qu'occasionnelle, une activité Importante; alors on a
précisé dans notre mémoire que, pour nous, dans ce
cas-là, les notaires devraient se conformer à la Loi sur le
courtage immobilier et obtenir un permis. De sorte que l'activité de
courtage que les notaires pourraient faire ne serait qu'une activité
accessoire et à l'occasion de leurs travaux. Je pense que c'était
une précision qui n'avait pas été apportée
jusqu'à maintenant sur cette question. Alors, on a profité de
notre mémoire pour le préciser. (18 heures)
On a traité de l'offre d'achat, document éminemment
important à l'occasion de la signature d'une transaction
immobilière. A cet égard, au niveau des offres d'achat touchant
le secteur résidentiel faites par M. et Mme Ordinaire qui se portent
acquéreurs d'un immeuble, on croit que dans ce cas-là l'offre
d'achat doit être réglementée. L'industrie elle-même,
depuis un certain nombre d'années, s'est attaquée à ce
document et, encore dernièrement, en a suggéré un à
l'ensemble des courtiers et agents immobiliers du Québec. Nous croyons
que l'État devrait prendre en charge de formuler ce contrat-là un
peu comme il l'a fait pour le bail immobilier. À cet égard, comme
il s'agit d'un acte juridique important, évidemment l'idéal c'est
qu'il y ait toujours un juriste au moment de la conclusion, sauf que la
réalité quotidienne ne nous permet pas de penser que ce sera
toujours possible, de sorte que les gens du secteur devraient avoir une offre
de type standard et toute modification qui comporterait des modifications au
niveau juridique devrait être effectuée par un juriste; quant au
reste, le courtier ou l'agent bien formé pourrait fort bien se tirer
d'affaire.
Au niveau de la formation, le mémoire là-dessus appuie
aussi le désir à la fois de la ministre et de l'industrie de
resserrer davantage. C'est évidemment là où passe la
protection du public, une meilleure formation de tous les professionnels;
alors, que ce soit dans le secteur immobilier ou autres, je pense que c'est
là une évidence. Nous suggérons que l'accessibilité
à la formation soit faite à des coûts raisonnables dans
toutes les régions du Québec, et on a pensé au
réseau des collèges d'enseignement général et
professionnel. Nous croyons que les normes et standards seraient définis
par l'organisme d'auto-réglementation plutôt que par le ministre
de l'Enseignement supérieur et de la Science. Si, en fait, on veut
donner un sens à autoréglementation, ça veut dire que le
secteur lui-même, je pense, est à même de définir les
normes et les standards. Donc, nous suggérons qu'on en vienne à
cette solution que l'on retrouve d'ailleurs dans le secteur professionnel dit
classique.
Au niveau de la pratique du courtage, le document de consultation posait
diverses questions. Nous y avons répondu; par exemple, la distinction
courtier et agent. Nous n'avons pas vu l'Importance d'augmenter comme tel le
degré (. de responsabilité de l'agent.
La capacité financière, nous avons cru qu'il était
raisonnable d'augmenter le montant malgré qu'après prise de
connaissance d'un autre mémoire on s'est posé la question: Dans
le fond, qu'est-ce qu'on vise avec ce prérequis d'avoir à
déposer une somme? Alors, peut-être qu'une caution pourrait faire
ou, même encore, peut-être qu'il y a d'autres mécanismes.
Après notre mémoire, nous aussi on s'est reposé la
question. Dans le fond, qu'est-ce qu'on cherche avec ça?
Le cumul des permis* C'est toute la question du décloisonnement
des intermédiaires de marché. Pour nous, ce n'est pas
évident que le public va gagner à permettre qu'on puisse grouper
ensemble des gens qui sont dans différents secteurs. Ce à quoi on
va assister évidemment, on va assister à des achats de nouveaux
bureaux, des achats de nouveaux tapis, on va assister à beaucoup de
tape-à-l'oeil, mais au bout de la ligne je pense que, si l'on
considère l'acte même, c'est une relation très personnelle
entre le courtier ou l'agent et les acheteurs et les vendeurs. C'est souvent
des choses qui se passent à l'extérieur, ça se passe sur
le terrain. Là, c'est là que ça se passe le courtage
immobilier. Les gens qui en font vont vous le dire, c'est là que
ça se passe. Alors, qu'on ait de superstructures comme, je ne sais pas
moi, être branché sur Los Angeles pour savoir quel est le
marché là à 9 h 10 le matin, je ne suis pas sûr que
la protection du public en demande à ce point-là. De toute
façon il n'est pas dit que l'industrie ne serait peut-être pas
capable d'avoir ce genre d'information là. Le décloisonnement
là-dedans, on a eu beau chercher pour y trouver des avantages, il y a
certains groupes commerciaux ou industriels qui, eux autres, trouveraient
peut-être des avantages, mais pour le consommateur, M. et Mme Ordinaire,
ça ne nous est pas paru évident. Remarquez, peut-être qu'on
ne les a pas vus.
Le franchisage, c'est une réalité. On a simplement
mentionné que le franchisage ne devrait pas constituer une
barrière pour empêcher la bonne application des règlements
et de la Loi sur le courtage. Quant aux assurances, nous-mêmes avons
imposé l'assurance obligatoire et d'autres secteur professionnels l'ont
fait également; alors, on ne voit pas pourquoi ce ne devrait pas
être la règle dans ce cas-ci.
Au niveau des dépôts en fidéicommis, il y a
déjà eu, je pense, de l'amélioration à cet
égard dans l'industrie; alors, nous croyons que le dépôt,
par exemple en ce qui concerne les conditions de remise à l'un ou
l'autre, devrait appartenir à notre système de droit
général qui est le Code civil. Par ailleurs, quant aux
intérêts, on pense que ça appartient naturellement aux
déposants. Il faut être pratiques, toutefois; si c'est un
dépôt à très court terme, disons moins de 30 jours,
là je pense qu'il n'y a peut-être pas lieu d'en parler, mais,
évidemment, il est certain, les frais bancaires étant ce qu'ils
sont aujourd'hui, comme un représentant à ma droite l'a bien
soulevé tantôt, que les détenteurs de fonds en
fidéicommis font face à des coûts; alors, il devra
être permis, à ce moment-là, de les répercuter
à la clientèle.
Nous avons, à la page 14 de notre mémoire, glissé
rapidement sur un aspect. On pense qu'à l'occasion d'une nouvelle Loi
sur le courtage on devrait entrevoir les aspects de droit international
privé. On parle de libre-échange; je ne sais pas si on va pouvoir
aller vendre des immeubles à Mexico, mais il me semble que ça
s'en vient, et il y a peut-être des Mexicains qui vont venir en vendre
ici. À tout événement, avec le jugement de la Cour
suprême sur la mobilité. des professionnels au Canada,
c'est-à-dire l'arrêt Andrews d'il y a quelques années, plus
la publicité ce printemps, on voit qu'il y a tout un chambardement dans
la mobilité, alors on pense qu'il serait temps de profiter de cette
occasion pour savoir comment ça fonctionne avec les agents qui viennent
des autres provinces, etc. En tout cas, on vous soulève que ce serait
une bonne occasion.
Quant aux catégories de permis, on pense que c'est une bonne
chose. Remarquez qu'on n'a pas nécessairement approfondi plus qu'il ne
faut cette question, mais il est certain que, si, dans l'esprit du public, on
peut percevoir d'une façon claire la capacité professionnelle de
quelqu'un qui a à nous vendre des services, le public est mieux
informé. Alors, c'est certain qu'à prime abord la question des
catégories de permis nous semble une bonne chose.
Quant à la divulgation des conflits d'intérêts, on
pense évidemment que l'obligation de divulguer est une panacée.
L'important, c'est de ne pas se placer en situation de conflit
d'intérêts. Alors, vous avez, dans notre mémoire,
expliqué un petit peu en détail comment on entrevoit cette
question. Il est certain que l'agent ou le courtier qui s'intéresse
à un immeuble doit... En fait, il ne devrait plus y avoir de mandat qui
puisse se poursuivre. Il y a comme quelque chose de difficile à soutenir
au point de vue intellectuel à cet égard.
Le document de consultation parlait de la résolution de tout
contrat, si je me rappelle bien le mot à mot. On pense que "tout
contrat", ça peut risquer d'aller trop loin. Un acheteur de bonne foi,
par exemple, qui a signé un contrat de vente pourrait se retrouver dans
une situation tout à fait curieuse et subir un préjudice si,
soudainement, il voyait son contrat annulé pour le motif qu'on aurait
fait un accroc au niveau du courtage. Ce qu'on pense à ce
niveau-là, c'est que les contrats qui devront être annulables
seront les contrats de courtage, d'inscription ou de mandat donnés
à l'agent ou à la firme de courtage, mais non pas le contrat du
consommateur lui-même. Il y aura plutôt un recours en dommages. On
pense que c'est beaucoup plus
approprié, sinon on va créer une instabilité dans
les titres immobiliers, qui sera difficile... Mais on va regarder et on va
dire: Cette vente a été passée il y a trois ou quatre ans,
est-ce qu'il y avait un agent d'immeuble ou non sur cet immeuble? Si oui,
est-ce qu'il était intéressé et ne l'a pas dit, pour
savoir si le titre est... Vous voyez tout de suite que ça peut aller
très très loin et ce ne serait sûrement pas souhaitable
pour la protection du public.
Alors, on apporte une conclusion rapide en disant que la standardisation
de l'offre d'achat par l'État - on parle bien du niveau
résidentiel; aux niveaux commercial et industriel, c'est un autre
secteur - la réglementation sévère des conflits
d'intérêts, une meilleure formation des courtiers et agents et la
réunion de conditions de travail qui favorisent une plus grande
stabilité - l'instabilité a été un peu la marque de
commerce de ce secteur - une plus grande stabilité des effectifs,
ça, c'est souhaité par l'industrie elle-même. On pense que
c'est là les éléments favorables à une plus grande
protection du public.
Maintenant, j'aimerais faire une parenthèse. J'aurais aimé
avoir l'occasion de parler au président de la commission avant. C'est
que j'aurais aimé, en tout cas j'en fais la demande, déposer un
court mémoire provenant du Conseil interprofessionnel du Québec
dont je suis vice-président et qui traite de l'aspect particulier de
l'autorité de l'organisme d'autoréglementation.
Le Conseil était intervenu l'an passé dans le débat
sur les intermédiaires de marché. Le Conseil s'est
prononcé, malheureusement, un petit peu tardivement, mais on m'a
demandé de pourvoir... Alors, on a un certain nombre ici de copies, une
quinzaine disponibles pour cette commission. Si vous me permettez, je prends
deux minutes simplement pour vous dire ce qu'il en est.
Le Conseil estime que le gouvernement du Québec, en 1973...
Le Président (M. Farrah): Me Lambert, dans un premier
temps, ça me prend le consentement des deux côtés de la
table.
M. Lambert: Ah! Pardon. Excusez-moi.
Le Président (M. Farrah): Alors, il ne semble pas y avoir
de problème. Alors, j'autorise le dépôt du document.
Dépôt d'un avis du Conseil
interprofessionnel du Québec
M. Lambert: Parfait. Alors, j'ai une copie ici. Est-ce qu'on vous
en remet immédiatement? J'ai une quinzaine de copies qu'on peut vous
remettre.
Le Président (M. Farrah): M. le secrétaire.
M. Lambert: Pendant qu'on procède, je vous donne
rapidement la substance de ce mémoire qui porte spécifiquement et
uniquement sur ce point. En substance, ça dit ceci: En 1973-1974,
à la suite des travaux de la commission Castonguay-Nepveu, le
gouvernement du Québec a décidé de mettre de l'ordre dans
les activités professionnelles au Québec. Il a adopté un
train de mesures législatives, pour ceux, en tout cas, qui ont suivi
ça à l'époque, assez important, sans doute là un
des plus importants si on met de côté le Code civil qui va nous
arriver à un moment donné, où il y avait une trentaine de
lois, plus le Code des professions.
Ce qui est à retenir, c'est que le gouvernement, à
l'époque, a retenu la protection du public comme dénominateur
commun à l'ensemble du contrôle des activités
professionnelles, de sorte, par exemple, que le Collège des
médecins n'est pas sous l'autorité du ministre responsable de la
Santé, les arpenteurs ne sont pas sous l'autorité du ministre des
Terres et Forêts, les avocats et notaires ne sont pas sous
l'autorité du ministère de la Justice, etc.
Donc, la nature de l'activité n'a rien à voir avec la
structure, l'organisation, l'adoption de règlements et la gestion
dé la déontologie et de la formation, les critères
d'admissibilité, etc. C'est le ministre chargé de l'application
des lois professionnelles qui réunit tout ça et l'Office des
professions est cet organisme qui, avec les années, a acquis une bonne
expérience dans le domaine, qui conseille le ministre et voit aussi
à pallier lorsqu'il y a carence, qui fait les études et qui est
en contact fréquent avec ces organismes professionnels.
Ce que le Conseil interprofessionnel vous dit, c'est ceci: On voit
depuis quelques années la création de nouveaux organismes qu'on
qualifie rait de quasi professionnels qui, finalement, n'ont pas d'autre
objectif que de voir à la protection du public. D'ailleurs, on
s'empresse d'adopter des codes de déontologie, de créer des fonds
d'indemnisation, d'avoir de l'assurance-responsabilité, etc. Dans le
fond, on copie ce qui a été fait dans le monde professionnel,
mais on ne veut pas mettre ça sous le contrôle de l'Office des
professions. On veut créer un nouveau monde à côté.
Alors, ça n'a pas été établi, cette
justification-là, et le document de consultation propose de créer
un organisme d'autoréglementation. Est-ce que cet organisme sera
à nouveau créé sous une autre autorité que celle du
ministre responsable des lois professionnelles?
Le Conseil interprofessionnel vous dit: Bien nous, on n'est pas de cet
avis-là, on n'a rien vu qui nous justifie de penser que l'Office des
professions et le ministre responsable de l'application des lois
professionnelles ne pourraient pas très bien s'acquitter de cette
tâche, d'autant plus que le président de l'Office des professions,
il y a quelques mois, mentionnait justement qu'on est à élaborer
une troisième catégorie de profes-
sions qui pourraient, je pense, offrir la souplesse nécessaire
à des groupes professionnels, quasi professionnels, qui n'ont
peut-être pas besoin d'avoir un carcan ou un encadrement aussi rigide que
les professions dites classiques. (18 h 15)
Voilà brièvement résumé ce document, et on
est maintenant disponibles pour vos questions.
Le Président (M. Farrah): Me Lambert, merci de votre
présentation. Sans plus tarder, je passe la parole à Mme la
ministre. Mme la ministre.
Mme Robic: Merci, M. le Président. Bienvenue, ça me
fait plaisir de recevoir la Chambre des notaires du Québec, et on a lu
votre mémoire avec, vous comprendrez, beaucoup d'intérêt.
J'ai même souri, il y a un moment, mais je vois que dans votre
présentation le réalisme que je vous connais était
très présent. Vous nous dites, contrairement à bien
d'autres qui sont passés ici, que l'association des chambres d'immeubles
ne devrait pas être l'organisme d'autoré- glementation. Est-ce que
vous pourriez, s'il vous plaît, nous donner vos raisons pour cette...
M. Lambert: Parce qu'il y en a une qui résume, je pense
bien, la situation. L'Association de l'immeuble est née, sauf erreur,
d'un désir des chambres d'immeubles de se doter d'un organisme qui ait
une représentation provinciale et qui puisse offrir les services que
chaque chambre, je pense, ne pouvait pas s'offrir. C'est un peu, dans le fond,
une fédération. Alors, ce que j'ai vu un petit peu des comptes
rendus de ceux qui ont comparu devant vous, ils ont dit: Bon, bien, si
l'Association disparaît, nous autres, on va se créer une
fédération.
Bien, mon Dieu, l'Association c'est la fédération, qu'elle
demeure. Mais que, par contre, le gouvernement crée un nouvel organisme
qui aura mission de faire respecter la loi et les règlements.
Maintenant, c'est difficile de renier son passé. Je sais que
l'Association a fait un excellent travail au cours des dernières
années. Elle a augmenté les standards, elle a travaillé
beaucoup sur la déontologie, et tout ça. Il reste que la mission
fondamentale, et on l'a reconnu, de l'Association, c'est la promotion des
intérêts des membres. Alors, on n'enlève rien à
l'Association, sauf qu'on dit: Ça fait quand même longtemps que
l'Association oeuvre au bénéfice de la promotion de ses membres,
et là, soudainement, parce qu'elle deviendrait un organisme provincial,
on va changer l'objectif. C'est un peu difficile à croire.
Mme Robic: Vous avez des problèmes à voir la
transition s'opérer.
M. Lambert: D'autant plus que les chambres d'immeubles vont
être obligées de se recréer un autre organisme. Alors, je
ne sais pas ce que le gouvernement va rembourser aux chambres; s'il prend
l'association, c'est un peu une expropriation.
Mme Robic: Vous savez; le gouvernement ne rembourse pas souvent,
hein?
M. Lambert: Alors, donc, le milieu va perdre sa
fédération et va être obligé de s'en faire une
deuxième. Alors, peut-être...
Mme Robic: Également, vous êtes à peu
près les seuls qui nous dites que les membres devraient être
nommés par l'État. Je voudrais, avant même de parler... eh
bien, on va parler du conseil d'administration. Comment voyez-vous ce conseil
d'administration composé et pourquoi par l'État plutôt que
par le milieu? Est-ce qu'on doit avoir des représentations des
consommateurs et des représentations... Par exemple, vous dites qu'il
doit y avoir un notaire. Alors, vous ne demandez pas la majorité, mais
vous dites qu'il devrait y avoir un notaire. Mais, on peut s'imaginer, s'il y
avait un notaire, l'Ordre des comptables nous dirait qu'il devrait y avoir un
comptable, il devrait y avoir un avocat. J'aimerais que vous nous disiez
comment vous voyez cette composition-là et pourquoi un notaire
plutôt qu'un autre qui peut faire des transactions à un moment
donné.
M. Lambert: Quand on a écrit ça, on fonctionnait
avec le cadre qu'on a présumé, c'est-à-dire d'un organisme
sous l'autorité de l'Inspecteur général, via le
surintendant du courtage. Dans ce cas-là, on pense que c'est
l'État qui doit nommer les représentants comme il l'a fait dans
d'autres cas semblables. Par ailleurs, si on pense à un organisme qui
s'apparenterait plus à un organisme vraiment professionnel, sous
l'autorité de l'Office des professions, on n'écrirait pas la
même chose. Et là on verrait que le modèle professionnel
soit utilisé, c'est-à-dire qu'il y ait une bonne
représentation qui vienne du milieu parce que
l'autoréglementation, c'est ce que ça veut dire. Les gens
viennent du milieu.
Alors, il y aurait sûrement lieu de procéder à la
composition de, appelons ça soit un bureau ou un conseil
général, c'est à peu près les deux termes les plus
utilisés dans le monde professionnel, sur lequel nous croyons devraient
aussi siéger des représentants du public, c'est-à-dire des
gens nommés Comme nous, on a quatre représentants nommés
par l'Office des professions, qui ne doivent absolument pas être membres
de l'Ordre chez nous. Alors, vraiment, des gens qui viennent de
l'extérieur et qui apportent un éclairage à nos travaux
tout à fait bénéfique. L'ensemble des corporations
professionnelles vous diront que c'était un des points de la
réforme de 1975. Et ça a été extrêmement
bénéfique à tous les organismes professionnels
d'avoir cette arrivée de sang extérieur, d'aération
externe par les membres dits externes.
Mme Robic: Vous qui avez une grande expérience, ayant
été président de la Chambre des notaires du Québec
pendant quelques années, est-ce que vous avez le chiffre magique quand
il s'agit de la composition d'un conseil d'administration? Qu'est-ce que c'est,
un conseil d'administration qui est représentatif et qui est efficace?
On sait que, s'il y a trop de monde, c'est difficile - je n'ai pas posé
la question... Alors, est-ce que vous avez ce chiffre magique qui fait que
c'est efficace?
M. Lambert: II y a deux paliers au niveau du Code des
professions. Vous avez les professions qui ont moins de 3000 membres; elles ont
un conseil, je pense, de 14. Alors que les grandes corporations
professionnelles qui ont plus de 3000 ont un conseil de 30 personnes. Chez
nous, nous en avons 30. Je crois qu'au Barreau c'est le cas, à l'Ordre
des comptables, etc. Ce sont 30 personnes et c'est généralement
25 élus, 4 membres nommés par l'Office des professions, donc, des
membres externes, et généralement le bâtonnier ou le
président sortant, selon le terme, de l'ordre professionnel, ce qui
constitue ce qu'on appelle le grand bureau qui, lui-même, se nomme ce
qu'on appelle un comité administratif une espèce
d'exécutif, de 6 personnes dans le cas des grandes professions, et de 4
dans le cas des petites. Et ce comité administratif, lui, se
réunit sur une base mensuelle, plus fréquente.
Mme Robic: Le grand comité, le conseil se réunit,
quoi...
M. Lambert: À peu près quatre fois par
année, c'est l'obligation. Des fois, ça peut être cinq ou
six, mais disons que généralement ça joue autour de quatre
à cinq fois par année.
Mme Robic: Je comprends que votre préférence est
pour que cet organisme soit un organisme régi par l'Office des
professions. Je vous avoue que je ne suis pas sûre que l'Office des
professions soit prêt à accueillir cet organisme aujourd'hui.
Alors, ce sera peut-être à regarder. Mais si cet organisme
était un organisme d'auto-réglementation, un peu comme il en
existe dans la loi 134 - et je vous avoue que je ne retiens peut-être pas
tout à fait le modèle de la loi 134, avec un organisme et un
conseil - mais, si on n'avait qu'un seul organisme d'autoréglementation,
quel est le rôle que devrait se réserver le gouvernement? Parce
que, bien sûr, le gouvernement ne se désengage pas, le
gouvernement veut garder un droit de regard. Mais quel est le rôle que
doit se garder le gouvernement? Comment voyez-vous ce rôle-là?
M. Lambert: D'abord, le gouvernement doit officialiser l'adoption
des règlements de cet organisme d'autoréglementation. Donc, le
gouvernement doit continuellement voir si cet organisme, à qui il fait
confiance... On parle d'autoréglementation, on dit donc au milieu:
Écoutez, gérez-vous, mais on a l'oeil ouvert. Donc, tous les
règlements doivent faire l'objet d'une adoption par le Conseil des
ministres. Par ailleurs, le gouvernement vérifie comment l'organisme
s'acquitte de sa tâche: De l'inspection professionnelle, par exemple, en
fait-il sur une base sérieuse ou si on fait juste semblant? Est-ce que,
par exemple, le mécanisme disciplinaire fonctionne bien ou bien si on se
donne une bonne tape dans le dos et on se fait des petits reproches verbaux,
etc.? Également, le gouvernement doit, à l'occasion, par exemple,
d'une modification importante dans ses politiques qui peuvent avoir une
incidence sur l'organisme professionnel, lui demander d'ajuster sa
réglementation. Alors, on le voit actuellement, par exemple, avec le cas
de la citoyenneté et du domicile au Québec. L'Assemblée
nationale aura à voter là-dessus dans les prochaines semaines,
semble-t-il. Alors, ça, ça vient, évidemment, de
discussions qui ont eu lieu. C'est la même chose au niveau de la
discrimination, par exemple. L'État peut dire: Là, nous, on
voudrait que vous éliminiez de vos règlements ce qui pourrait
être de la discrimination, etc. Donc, le gouvernement a continuellement
un rôle de surveillance pour voir si l'organisme s'acquitte bien de sa
tâche parce que, évidemment, l'organisme agit aussi bien que la
bonne volonté des gens qui sont là. Généralement,
ça fonctionne bien, mais il peut arriver des fois, à l'occasion,
qu'un organisme d'autoréglementation soit dirigé par des gens qui
n'ont peut-être pas la notion de protection du public aussi à
coeur. Alors, à ce moment-là, je pense que l'État doit
intervenir.
Le Président (M. Farrah): Alors, Mme la ministre, vos
premières 10 minutes sont terminées. M. le député
de Labelle.
M. Léonard: Oui, M. le Président. Je voudrais
saluer les gens qui représentent la Chambre des notaires, leur souhaiter
la bienvenue ici. Je note une chose en passant, avant de démarrer, que
vous acceptez de payer le permis et la cotisation. Parce qu'on a eu un autre
groupe qui est venu avant et qui faisait des distinctions là-dessus. Si
le champ de votre pratique touche beaucoup le courtage immobilier, je pense
que, à l'occasion, ça vaut la peine de payer la cotisation.
M. Lambert: Ce qu'on a dit dans notre...
M. Léonard: En tout cas, vous dites que vous acceptez de
payer le permis.
M. Lambert: Oui, oui. Ce qu'on a dit dans notre mémoire,
si quelqu'un fait du courtage comme activité importante, il devra se
plier à la loi.
M. Léonard: Ça va.
M. Lambert: Mais c'est sûr que si, à l'occasion, par
exemple, d'un règlement de succession, j'ai le mandat de vendre un
immeuble, là, je n'aurai pas à m'inscrire comme courtier. C'est
ça, il faut se comprendre. C'est un peu comme quand je fais le calcul
des actifs dans la succession, je fais du travail comptable, je n'ai pas besoin
d'être inscrit à l'Ordre des comptables agréés.
Alors, on se comprend là-dessus.
M. Léonard: Je voudrais revenir sur cet ordre
professionnel parce que je trouve que, depuis le début, c'est une
question de fond, on y touche chaque fois qu'on entend un mémoire. Il y
a, actuellement, deux types de corporations professionnelles. J'ai fait venir,
depuis le début de la séance, on m'a remis le document, le
rapport annuel de l'Office des professions du Québec; il y a 22
corporations professionnelles qui ont un titré réservé et
un champ d'exercice exclusif, il y en a un certain nombre d'autres, une
quinzaine, peut-être 18, si je comprends, qui ont seulement un titre
réservé.
Dans le cas des agents et courtiers, je ne sais pas si les deux seraient
dans le même cas, ils auraient donc un titre réservé; ou il
s'agirait de créer une troisième catégorie ou on en
resterait à deux catégories et elles rentreraient dans la
deuxième catégorie. Quand on regarde la nomenclature de toutes
celles qui sont là, c'est quand même de nature assez
différente de ce qu'il y a. Il y a quelque temps, on entendait ici des
témoignages sur les assurances. Les courtiers d'assurances ont aussi un
rôle assez important dans les activités commerciales. Est-ce que,
s'il se créait une corporation professionnelle, ce serait un peu le
même cas? J'aimerais ça vous entendre là-dessus parce que,
dans ce cas-là, si on va plus loin là-dessus, on peut se poser la
question sur d'autres corporations du même type.
Le Président (M. Farrah): Me Lambert.
M. Lambert: Alors, vous avez effectivement deux types de
corporations professionnelles. Juste pour être précis parce que
vous avez utilisé deux fois le même terme, il y a les professions
à titre réservé et les autres à exercice
exclusif.
M. Léonard: Oui, c'est ça.
M. Lambert: Alors, il y a finalement un monde de
différences, c'est-à-dire que si je m'affiche, par exemple, comme
courtier en immeubles...
M. Léonard: C'est-à-dire...
M. Lambert:... mais que c'est seulement le titre de courtier en
immeubles qui est régi, ça veut dire que je peux faire du
courtage immobilier, mais non assujetti en autant que je n'utilise pas le terme
courtier en immeubles.
M. Léonard: Oui, mais actuellement... M. Lambert:
Alors, ça, c'est la...
M. Léonard:... les deux ont un titre
réservé, mais l'une des catégories a en plus un champ
d'exercice exclusif.
M. Lambert: Oui. Enfin, l'important, c'est le champ d'exercice
exclusif.
M. Léonard: C'est ça.
M. Lambert: Par exemple, une personne peut exercer en droit si
elle est avocate ou notaire; ça, c'est clair, ou en médecine ou
comme comptable agréé, etc. Il y en a 18.
M. Léonard: 22.
M. Lambert: Les 22... Exercice exclusif?
M. Léonard: Exercice exclusif, 22. Je viens de les
compter.
M. Lambert: D'accord. Alors, la question est la suivante:
Qu'est-ce que l'État veut faire? Est-ce qu'il veut simplement
protéger le titre de courtier ou agent d'immeubles ou s'il veut toucher
l'activité elle-même? Alors, dès l'instant qu'on veut
toucher à l'activité, on ne parle plus du titre, ce n'est plus
suffisant, il faut parler d'un exercice exclusif. Je ne sais pas si...
M. Léonard: Oui.
M. Lambert:... on se comprend très bien.
M. Léonard: Oui. (18 h 30)
M. Lambert: Par exemple, si vous êtes psychologue,
l'État peut engager des gens qui vont faire du travail de psychologie;
en autant qu'ils n'utilisent pas le terme "psychologue", ça va
très bien. Pour les travailleurs sociaux, c'est la même chose; en
autant qu'ils n'utilisent pas le terme "travailleurs sociaux", ils pourront
être des intervenants sociaux, par exemple. C'est ce qu'on marquera
d'ailleurs dans les conventions collectives - on fera bien attention de toucher
au titre - alors ces gens-là, à tous égards, feront du
travail comme le font ceux qui sont détenteurs du titre, sauf qu'eux ne
seront pas assujettis à être membres de la corporation et,
évidemment,
tout ce qui s'ensuit, déontologie, etc.
M. Léonard: Donc, vous les mettriez simplement avec un
titre réservé.
M. Lambert: Absolument pas. Moi, je pense que, si vous voulez
contrôler l'activité, il faudra à ce moment-là qu'il
y ait un exercice exclusif. En d'autres termes, si l'État dit: Les
activités de courtage immobilier ne devront être faites que par
certaines personnes détenant un permis ou quelques autres rarissimes
exceptions, bien, à ce moment-là c'est un exercice exclusif.
Parce quo, sinon, moi je peux faire, demain, des ventes d'immeubles. Je peux
agir comme intermédiaire. En autant que je ne m'afficherai pas comme
agent d'immeubles ou courtier en immeubles, vous ne pourrez rien faire, parce
que ce que le titre réservé - et ça le dit bien - couvre,
ce n'est que le titre mais non l'activité.
M. Léonard: Si on s'en tient à ce qui a
présidé à la définition des ordres professionnels
avec champ d'exercice exclusif, là il y a des exigences de formation qui
sont bien au-delà de ce qu'on exige actuellement pour les courtiers. On
parle de médecins. On parle d'ingénieurs civils, forestiers.
Quand on fait le tour, c'est vraiment une formation universitaire, même
dans certains cas assez poussée, qui est exigée, alors que ce
n'est pas du tout le cas des courtiers et agents en immobilier. Je ne sais pas
si on va être d'accord là-dessus. Je pourrais poser la question
à Mme la ministre qui y répondra tout à l'heure. Au fond,
il faudrait entendre le ministre responsable de l'Office des professions, ici,
parce qu'il me semble qu'il aurait quelque chose à dire. Peut-être
que Mme la ministre va accepter que le champ lui glisse sous les pieds, mais il
reste qu'il faut quand même se poser cette question. Les exigences qui
sont posées pour les corporations professionnelles à champ
exclusif, c'est autre chose que ce que l'on connaît pour les courtiers.
C'est vraiment très différent. Et c'est pour ça que ma
question revient: Est-ce que, si ce n'est pas juste le titre mais que vous
voulez légiférer ou réglementer aussi les
activités, il n'y a pas lieu d'avoir une autre catégorie?
M. Lambert: Je faisais référence tantôt dans
la présentation - et dans le mémoire du Conseil
interprofessionnel vous allez le retrouver - à une troisième
catégorie qui protégerait l'activité. On se comprend.
C'est l'activité que vous voulez aussi protéger. Je comprends
qu'au niveau de la formation... encore que je vous dirais qu'il y a quelques
professions dans les titres réservés qui ont une formation
collégiale seulement. Mais, ceci étant dit, je comprends quand
même la préoccupation, et elle est réelle. C'est la raison
pour laquelle le président de l'Office et le Conseil interprofessionnel,
depuis quelques années, nous parlons d'un troisième groupe qui
permettrait peut-être un encadrement un peu plus souple que, disons,
certaines professions dites classiques auxquelles vous avez fait
référence tantôt, mais, quand même, en donnant un
effet concret à ce contrôle-là. Parce que, si le sujet vous
intéresse, vous pourrez regarder tout ce qui s'est publié au
cours des dernières années sur les titres réservés
et vous allez voir que c'est le drame. Parce que le plus grand - comment
dirais-je cela? - celui qui respecte le moins le système professionnel
au Québec c'est l'État du Québec Parce que,
systématiquement, dans les ordres professionnels à titre
réservé, il s'emploie à engager des gens sans le titre,
mais qui ont la formation, pour pas que ces gens-là soient membres de
leur corporation professionnelle, ce qui crée une distorsion
énorme. Alors, là-dessus, vous pourrez, si le coeur vous en dit,
approfondir la question et c'est toute la problématique du monde
professionnel à titre réservé ou, par exemple,
l'Inspecteur général est là, cette fois-là,
à bon droit, au niveau de l'assurance-responsabilité. On voulait
créer un fonds interprofessionnel, il a dit: Oui, mais qu'est-ce qui
arrive des professionnels à titre réservé? La
journée où il va y avoir une catastrophe, ils ne renouvellent pas
leur cotisation à l'ordre professionnel, ils continuent d'exercer pareil
puisque c'est seulement le titre qui est protégé, alors ils
continuent d'agir et là ils ne sont plus assujettis à leur
corporation professionnelle, donc plus obligés de payer les primes pour
le sinistre qui sera passé. Alors, il a dit: Moi, ça me
préoccupe beaucoup. Effectivement, c'était très
préoccupant. Alors c'est toute la dynamique des titres
réservés au Québec. Je pense bien que ce n'est pas le
forum ici pour le faire, mais moi je vous dis que c'est un problème
sérieux. Alors, si on pense créer un nouvel organisme et qu'on
veut effectivement mettre de l'ordre dans une activité, il faudra au
moins s'organiser. Allons-y sur la troisième voie, mais il faudra quand
même atteindre le résultat qu'on recherche et vraiment
contrôler une activité, pas seulement le titre.
Le Président (M. Farrah): Je m'excuse, M. le
député de Labelle, votre temps était écoulé,
vous pourrez revenir avec votre deuxième tranche de 10 minutes. Alors,
Mme la ministre.
Mme Robic: Je voudrais tout simplement revenir sur un sujet qui a
été traité par le député de Labelle au
niveau de vos activités comme notaire. Vous dites bien à la page
6, vous précisez que, "pour le notaire, l'exercice du courtage
immobilier doit demeurer une activité accessoire à son travail."
Ça me porte à penser que vous n'auriez aucune objection si on
faisait un changement à la loi pour dire "dans l'exercice de leurs
fonctions" plutôt qu'"en exercice de leurs fonctions"; est-ce qu'on se
comprend là-dessus? En ce moment, je pense qu'il y a un accroc dans la
loi qui permet peut-être à des
notaires de faire du courtage Immobilier... M. Lambert: Oui.
Mme Robic:... pas nécessairement dans l'exercice de leurs
fonctions. Est-ce que vous auriez..
M. Lambert: Écoutez, quand le temps arrivera de voir la
rédaction juridique appropriée, je pense qu'on sera bien
disponibles pour aider Mme la ministre. Ce qui est clair, c'est que les
activités de courtage qui ne sont pas accessoires au travail du
notaire... c'est-à-dire que le notaire qui décide de faire du
courtage d'une façon organisée avec des annonces, etc.,
ça, c'est du courtage qui devrait être soumis à la loi sur
le courtage et on voit très mal que le titre professionnel du notaire
serve à valider ces activités-là. Je pense que c'est ce
qu'on a dit dans le mémoire et ce que je répète d'une
façon claire. En d'autres termes, on ne souhaite pas que les notaires
fassent du courtage, à moindre et à grande échelle. On
veut simplement que ces activités qu'ils font à l'occasion d'un
travail, à ce moment-là, ça, oui; mais autrement, si on
décide de faire du courtage comme tel, de solliciter des mandats de
vendre, etc. ça, ça doit être assujetti à la
loi.
Mme Robic: Et le notaire aurait un choix à faire à
ce moment-là parce qu'il ne pourrait pas...
M. Lambert: Oui, notre code de déontologie est clair
là-dessus.
Mme Robic:... professer là.
M. Lambert: II est très très clair; à
l'article 4. 01. 01f: "L'exercice de la fonction de courtier ou agent...
Mme Robic: C'est ça.
M. Lambert:... immobilier détenant un permis ou un
certificat d'inscription en vertu de la loi sur le courtage... " Alors, le
titre dit: "sont incompatibles avec l'exercice de la profession de notaire. "
Donc, c'est clair, il est notaire ou il est courtier en Immeubles, c'est un
choix qu'il aura à faire.
Mme Robic: Mais vous êtes, je crois, un des seuls qui avez
touché au franchisage. La plupart nous disent de ne pas y toucher. Mais
vous nous faites certaines suggestions, et j'aimerais ça que vous
explicitiez à ce niveau-là. Vous nous dites qu'il faudrait
responsabiliser le franchisage. J'ai un problème parce que je pense
qu'on ne peut pas nécessairement légiférer seulement pour
un type de franchisage, il y a tout un domaine nouveau qui s'est ouvert
à ce niveau-là, je pense qu'il va falloir un jour toucher
ça globalement, toucher cette industrie-là d'une façon
globale. J'aimerais peut-être vous entendre parce que certaines
inquiétudes nous ont été signalées. Je vous avoue
que je n'ai pas de solution. Alors, j'aimerais vous entendre un peu plus
longuement là-dessus.
M. Lambert: Oui. Ce qu'on a considéré au niveau du
mémoire et, en toute honnêteté, on n'a pas fait une
étude du secteur du franchisage comme tel... On s'est bornés un
petit peu à des expériences sur le tas. On sait que, par exemple,
dans certains types de franchisages, il nous a semblé que le
franchiseur, j'imagine que c'est lui qui détient le permis de courtage -
ce n'est pas le cas?
Mme Robic: Non. Le franchiseur n'a pas nécessairement un
permis de courtage, c'est le franchisé qui a le permis; lui ne fait que
vendre une publicité, une marque de commerce, etc.
M. Lambert: Oui. Nous, ce qu'on a dit, c'est que cette formule
commerciale je pense qu'on ne peut pas s'y opposer - fleurit sur le
marché et c'est une formule qui est populaire et qui a aussi des
avantages, il faut l'admettre. Ce qu'on a dit simplement, c'est que le
franchisage ne doit pas constituer une barrière dans l'application de la
loi. On faisait référence entre autres à des agents, par
exemple, qui auraient des ententes particulières qu'on assimilerait
à du franchisage et qui, disont-le net, touchent à peu
près le plus clair de la commission ou payent une espèce de
redevance au franchiseur. Dans les faits ils sont presque courtiers sans
l'être et ils ne sont pas nécessairement l'objet d'une
surveillance appropriée de la part du courtier comme ce doit être
actuellement. Alors, à moins qu'on repense toute la relation courtier et
agent, à ce moment-là ce serait différent, mais si l'on
regarde cette relation-là il ne faudra pas que le franchisage soit une
formule qui vienne mettre des murs, et entre autres, empêcher la
responsabilité en termes de protection du public et la
responsabilité à laquelle pourrait avoir recours par exemple le
citoyen qui serait le consommateur qui serait aux prises avec un mauvais
service et qu'en définitive le courtier se dise: Écoutez, bien
moi je n'étais pas en relation avec vous, mais c'était un de mes
franchisés, réglez avec lui. Alors, c'est ça qu'on avait
plutôt en vue lorsqu'on a dit que cette formule-là ne devrait pas
empêcher la loi de s'appliquer et que les lignes demeurent peu importe la
formule commerciale d'organisation qu'on utilise.
Mme Robic: Au niveau de la rémunération, encore
là, vous faites bande à part, vous nous dites que vous êtes
contre la Commission de référence. Mais vous dites que vous
êtes pour le partage des commissions aux détenteurs de
permis ou professionnels. Ça ça permet qui? Ça
comprend qui ce partage de commission-là et pourquoi êtes-vous
contre les commissions de référence?
M. Lambert: Alors, le partage de commission c'est une chose. La
commission de référence ou "finder's fee" c'est autre chose. Au
niveau de la commission de référence, ou j'ai mal lu, mais je
pense qu'on n'est pas les seuls à être contre. Enfin, ce qu'on
trouve dans la commission de référence, disons que ça peut
créer ce que j'appellerais des relations commerciales incestueuses. Le
courtage et le travail du courtier et de l'agent, c'est de trouver un acheteur
à un vendeur ou un vendeur à un acheteur. C'est l'essence
même de ce travail. Or, si l'on se décharge et on obtient par
exemple des informations privilégiées et qu'on est prêts
à rémunérer moyennant une commission de
référence, là-dessus on a des réserves
énormes. On pense que ça crée des liens qui ne sont pas
à l'avantage du public. Dans le fond, pourquoi payer une commission de
référence? Pourquoi la paie-t-on? Quelle est la justification en
arrière d'une commission de références? C'est quelqu'un
qui nous donne une information, qui nous donne un quelque chose, qui nous
permet d'avoir un avantage par rapport à la situation antérieure
où on n'avait pas cette information-là. Il y a peut-être
des cas où c'est tout à fait bénin, mais de la permettre
nous on pense surtout avec l'évolution actuelle du
décloisonnement je ne pense pas que ce soit à l'avantage du
public.
Quant à l'autre aspect du partage des commissions, je pense bien
qu'entre agents ou entre courtiers ça va de soi, c'est
déjà une pratique. Maintenant, si un notaire à l'occasion
d'un travail professionnel partage le travail de vente d'un immeuble avec un
agent, je ne vois pas pourquoi il ne pourrait pas s'entendre avec cet
agent-là ou ce courtier, pour un partage de commission. C'est
simplement, on se comprend, le partage doit se faire entre gens détenant
un permis ou ceux qui sont dans les exceptions comme nous ou peut-être un
ou deux autres là. (18 h 45)
Mme Robic: Je me reprends, c'est vrai, vous avez raison, vous ne
faites pas bande à pan:, c'était mitigé, comme je vous le
dis, je m'excuse de vous avoir... Je voudrais revenir sur les commissions de
référence. Il y a un problème quand c'est divulgué.
Est-ce que le même problème se présente quand c'est
divulgué? Je pense que vous faites référence à une
commission de référence d'une personne qui donne de l'information
privilégiée à un agent, mais si l'on parle d'un bureau
multidisciplinaire ou sous un même toit vous avez différents
professionnels, que ce soit, si on se réfère à la loi 134,
un courtier en assurances générales, un courtier en assurances de
personne ou un planificateur financier, et si on disait: La décision
était de permettre égale- ment au courtier immobilier de faire
partie de ce genre de cabinet multidisciplinaire, là aussi vous seriez
contre la commission de référence, bien sûr, avec
divulgation. Il faudrait que le client soit bien informé, quand on lui
suggère d'aller chez le voisin, qu'il y a peut-être un gain
là aussi, donc ça devrait le faire réfléchir.
M. Lambert: Un jour, on aura peut-être les moyens de faire
une étude sur la divulgation, qui est quand même un
phénomène relativement récent. Il reste qu'on est
convaincus que la divulgation, c'est une panacée. La meilleure situation
est toujours d'empêcher la situation originelle. Je sais que plusieurs
personnes se sont présentées devant vous pour, par exemple,
être tout à fait d'accord pour faire la promotion des cabinets
multidisciplinaires.
Là-dessus, nous avons des réserves. Nous ne croyons pas
que le public soit vraiment le gagnant au bout de la ligne. Il y aura
peut-être une courte période où il y aura une transition
et, évidemment, une guerre de concurrence où le public sera
peut-être en apparence gagnant, mais, après, de nouvelles
situations vont se créer et on n'est pas certains que le public va
être gagnant. Par exemple, le courtier en valeurs qui apprend de son
voisin, courtier en immeubles, qu'untel a vendu et vient de toucher i_n beau
400 000 $ comptant, part avec sa valise pour aller le voir et le sollicite, et
il a une information de première main. Est-ce que le public est bien
protégé dans une situation semblable? Je ne le sais pas.
Là-dessus, je pense qu'il y a avantage à ce que le courtage...
L'industrie veut davantage donner de la force à son statut professionnel
et je pense que c'est une bonne chose, mais, en permettant cette diffusion et
de s'accrocher avec d'autres, je pense que les gens vont nourrir une
méfiance et on l'a vu même déjà à une petite
échelle actuellement, par exemple, les parentés; telle compagnie
de fiducie qui a sa section de courtage fait aussi la promotion de ses
prêts hypothécaires. C'est bien évident que, quand une
offre d'achat est signée et qu'il est question d'un financement, comme
par hasard, c'est un financement de ce fiduciaire qu'on va suggérer.
Est-ce que, à la fin du mois, il y a un quota et un petit quelque chose
de plus à l'agent qui aura vendu un peu plus d'hypothèques?
Peut-être. Ce n'est pas impensable. Mais est-ce que le public est bien
servi? Ce n'est pas sûr que ce soit l'hypothèque au meilleur taux,
dans ce cas-là, qui soit accordée. Il y a des agents qui ont
assez de stature professionnelle, nonobstant ce fait-là, pour dire
à leur client: Vous savez, le meilleur taux est à tel endroit.
Mais il y en a d'autres qui vont penser à leur fin de mois. Ils vont
faire des restrictions, ne parieront pas, et ça, c'est
déjà une parenté qui existe à l'heure actuelle.
Là, on va mettre ça à l'intérieur d'un cabinet
multidisciplinaire. et je me dis, encore là, qu'est-ce que le public va
encore gagner? Qu'est-ce que
cette multidisciplinarité va apporter au public consommateur de
produits de courtage immobiliers? Entendons-nous, on parle de ça
là. C'est-, à-dire que quelqu'un qui a besoin d'un professionnel
pour trouver un acheteur à sa maison ou quelqu'un qui cherche une maison
et qui veut trouver un vendeur, qu'est-ce qu'un cabinet multidisciplinalre
vient faire là-dedans? Qu'est-ce qu'il vient améliorer? On ne l'a
pas trouvée, là réponse. Peut-être, mais ce n'est
pas évident.
Le Président (M. Farrah): Merci, Me Lambert. Je vais
reconnaître maintenant M. le député de Bertrand.
M. Beaulne: Oui. À la page 7, vous dites: "Afin de mieux
équilibrer le rapport de force entre les parties, idéalement,
l'offre d'achat devrait être rédigée par un notaire. "
C'est un bon petit commanditaire de bon aloi, mais il y a une question qui me
vient à l'esprit. Il existe une pratique - je connais des gens qui la
font et probablement vous aussi - où des notaires, en raison des
contacts qu'ils ont avec les différents intervenants des milieux
commerciaux économiques, sont parfois utilisés comme
intermédiaires, c'est-à-dire qu'on va demander à des
notaires d'agir un peu comme intermédiaires pour vendre une
propriété commerciale ou résidentielle et le notaire va
agir comme référence, parfois en identifiant, dans sa base de
clientèle ou parmi les gens qu'il pourrait s'adonner à
rencontrer, des acheteurs pour une propriété. Dans un contexte
comme celui-là, comment différen-cieriez-vous et comment
réglementeriez-vous l'activité du notaire dans son rôle, si
vous voulez, de proposeur de contrat, comme vous le proposez ici, et son
rôle d'agent d'immeubles finalement dans un contexte comme
celui-là?
M. Lambert: Le code de déontologie actuellement
l'empêcherait d'agir comme notaire officier public dans le cas où
il serait partie à une transaction. Le projet de refonte de notre code
de déontologie qui est actuellement à l'étude, qui devrait
être proposé à l'Office des professions bientôt,
vient, d'ailleurs d'une façon encore plus précise, établir
ces restrictions.
Si le notaire fait un travail de courtage dans ce cas-là, il est
une partie et il est assujetti au code de déontologie quant aux
représentations trompeuses ou tout autre chose qu'il pourrait faire au
préjudice de son client. Là, il n'est pas là comme
officier public.
M. Beaulne: Vous avez soulevé quelque chose qui est assez
intéressant. D'ailleurs, je pense que vous êtes le premier groupe
à le soulever. Jusqu'ici, à ma connaissance, tous les groupes qui
se sont succédé, on leur a posé à peu près
la même question au niveau de l'autoré-glementation par rapport
à être assujetti à l'Ordre des professions. C'est la
première fois qu'on entend une proposition à l'effet d'assouplir
un peu, d'établir une troisième catégorie, comme vous
dites, dans ce sens-là. Ça vaudrait la peine... J'aimerais vous
entendre un peu élaborer sur ce que vous avez en tête par cette
troisième catégorie. Quelles seraient tes
références de base par rapport à
l'autoréglementation? On dit que les courtiers, à l'heure
actuelle, que les agents qui travaillent pour les courtiers ne répondent
pas aux normes que se donnent les groupes qui sont reconnus par l'Office des
professions. Habituellement, Ils ont une formation universitaire, ainsi de
suite. Quels seraient les types de critères dans votre troisième
catégorie qui seraient mis de l'avant?
M. Lambert: Écoutez. D'abord, l'objectif premier, c'est la
protection du public. Donc, vous avez tout le train qui se rattache à
ça: déontologie, assurance-responsabilité, fonds
d'indemnisation, etc. Quel que soit le type de profession ou de formation, il
reste que ça, ça doit être établi. D'ailleurs,
déjà dans l'industrie, on l'a remarqué au cours des
dernières années, de diverses façons, on a établi
à peu près ces mécanismes-là.
La troisième voie serait une voie moins contraignante sans doute
au niveau des études préalables à l'admission, mais je
pense que, quant au reste, ça suivra les courants normaux de protection
du public. Maintenant, il faut se comprendre. Si vous me permettez 15 secondes
pour vous dire que l'Office des professions et l'autoréglementation, ce
n'est absolument pas opposé. L'Office des professions est là pour
conseiller le ministre et faire des travaux, mais les corporations
professionnelles dépendent du ministre responsable de l'application des
lois professionnelles et non pas de l'Office, même si dans les faits
l'Office sert un peu de secrétariat au ministre. Il faut bien se
comprendre. Alors, chacune des 40 corporations professionnelles est un
organisme d'autoréglementation en ce sens que ce sont les gens de la
profession qui réglementent leur profession, qui la gèrent, mais
sous surveillance du ministre responsable de l'application des lois
professionnelles et l'Office des professions, lui, vient aider, soutenir,
conseiller le ministre. Donc, ce n'est pas incompatible. Une troisième
voie peut très bien être ajoutée aux deux actuelles.
M. Beaulne: II y a une possibilité aussi qui a
été amenée au cours des discussions
précédentes, c'est d'avoir une sorte de standardisation dans les
contrats d'achat, les offres d'achat. À ce moment-là, si on
obtient une forme de standardisation de ce genre-là, est-ce que votre
suggestion de la page 7 de faire entériner les offres d'achat par les
notaires tient toujours et jusqu'à quel point est-ce que vous seriez
prêts à mitiger ce que vous recommande là-dedans, advenant
qu'on ait une standardisation plus
poussée des contrats?
M- Lambert: Si on lit bien le troisième paragraphe de la
page 7, on dit ceci. On dit: "Afin de mieux équilibrer le rapport de
force entre les parties, idéalement, l'offre d'achat -
i-déalement, l'offre d'achat - devrait être rédigée
par un notaire." Bon. Je saute la phrase suivante. "Cependant, dans la vie
quotidienne, il est difficile d'imaginer que toutes les offres d'achat puissent
bénéficier de l'intervention du notaire." Je pense qu'on dit
clairement que ça ne serait pas pratique. Et c'est pour ça qu'on
dit clairement que ce ne serait pas pratique. C'est pour ça qu'on dit
qu'à ce moment-là on devrait avoir une formule type. D'ailleurs,
c'est ce que déjà l'industrie a pas mal fait à venir
jusqu'à maintenant. Il peut y avoir des divergences un peu sur la
façon de le faire, mais je pense que l'idée est là. Alors,
nous, ce qu'on dit, c'est que l'État devrait superviser, faire cette
formule-là et, à ce moment-là, l'agent, le courtier
pourrait très bien, dans les cas standards où il n'y a pas de
problème, opérer avec ça. Maintenant, si à un
moment donné, il y a des problèmes d'ordre juridique qui
surviennent, à ce moment-là, un juriste devra intervenir pour
modifier l'offre. Par exemple, ça m'est arrivé pas plus tard que
cette semaine. Il y a eu vraiment des aspects juridiques dans une offre et j'ai
eu affaire à des gens qui avaient tout à fait la stature
professionnelle et qui ont dit: Ça va être un juriste qui va le
faire, parce que c'était vraiment une question de juriste dans ce
cas-là. Alors, ça fonctionne très bien. Mais, dans bien
des cas, on n'aura pas besoin de faire intervenir un juriste. Il faut
être pratique aussi. La formule sera bien faite. Les gens qui
l'appliqueront auront une bonne formation; c'est ce que désire
l'industrie. À ce moment-là, il n'y a pas de problème.
M. Beaulne: La formule type ou la standardisation, qui devrait la
formuler?
M. Lambert: On vous suggère que ce soit l'État qui
le fasse.
M. Beaulne: L'État?
M. Lambert: Le surintendant du courtage, j'imagine qu'il va
demeurer. Par exemple, si l'organisme d'autoréglementation était
sous ie couvert de l'Office, il reste que l'activité elle-même
peut demeurer au niveau du ministre actuel. Je pense que le ministère de
la Santé s'occupe des questions de santé, même si le
Collège des médecins dépend du ministre responsable de
l'application des lois professionnelles. Alors, je pense qu'il n'y a pas de
problème.
Le Préskient (M. Farrah): Merci beaucoup. Mme la ministre,
en guise de conclusion.
Mme Robic: Merci, M. le Président. Je dois vous avouer
que, moi aussi, ça m'a fait un peu sourire, ce paragraphe-là
parce que je voyais le notaire être obligé de suivre un agent
d'immeubles les fins de semaine et les soirs pour contresigner les
contre-contre-contre-offres. Mais je vous remercie infiniment, ça a
été très intéressant de vous entendre. Je pense que
vous avez soulevé des points très importants. Vous pouvez
être assurés qu'on vous reviendra sur le point tout à fait
spécifique des exceptions et dans quelles conditions il peut y avoir des
exceptions. Mais, pour le mémoire tel quel, vous pouvez être
assurés que nous allons tenir compte de vos remarques, on pense qu'elles
sont fort pertinentes. Ça a été un plaisir de vous
entendre. Merci beaucoup.
Le Président (M. Farrah): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: M. le Président, je pense que nous
sommes allés en profondeur sur cette question de l'ordre professionnel
ou d'une troisième voie réservée, enfin, on pourra voir.
On verra les conclusions de la ministre là-dessus. Il y a aussi d'autres
sujets que vous aviez abordés et que nous n'avons pas abordés
comme le contrat standard, les avantages d'une telle disposition et aussi des
perspectives que vous avez ouvertes sur le champ d'application internationale.
Je pense effectivement avec vous qu'il y a matière, dans l'avenir,
à regarder ça très attentivement. Quoi qu'il en soit,
merci beaucoup, quant à moi.
Le Président (M. Farrah): À mon tour, au nom des
membres de la commission, merci infiniment pour votre présentation.
On suspend cinq minutes.
(Suspension de la séance à 18 h 59)
(Reprise à 19 h 9)
Le Président (M. Farrah): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du budget et de l'administration reprend ses travaux.
J'inviterais les gens du Barreau du Québec à se présenter
à la table, s'il vous plaît. Madame et messieurs, au nom des
membres de la commission, nous vous souhaitons la bienvenue. Comme nous l'avons
dit aux autres groupes, vous avez un maximum de 20 minutes pour la
présentation de votre mémoire. Sans plus tarder, j'aimerais
peut-être que le porte-parole du groupe se nomme et qu'il nomme les gens
qui l'accompagnent, s'il vous plaît.
Barreau du Québec
Mme Vadboncoeur (Suzanne): Mme la
ministre, Mmes et MM. les membres de la commission, mon nom est Suzanne
Vadboncoeur. Je suis avocate, directrice du Service de recherche et de
législation au Barreau du Québec. Je suis accompagnée,
à ma droite, de Me Robert Godin, de pratique privée à
Montréal, et de Me Georges Taschereau, de pratique privée ici,
à Québec. Je veux d'abord souligner le regret de la
bâtonnière du Québec, Me Borenstein, de ne pouvoir
être parmi les membres ce soir; elle est encore au congrès du
Barreau canadien, sur un autre continent. Elle sera de retour seulement
à la fin de la semaine, alors, je vous transmets quand même ses
salutations.
Le Président (M. Farrah): Madame, je dois vous aviser
qu'au cours de votre présentation je devrai quitter parce que j'ai
d'autres obligations. Ce n'est pas par désintéressement, mais
bien parce que j'ai un engagement.
Mme Vadboncoeur: D'accord.
Le Président (M. Farrah): J'aime à le
préciser quand même. Alors, on vous écoute.
Mme Vadboncoeur: Merci. Je vais donc résumer le
mémoire dans ses grandes lignes et je pense que la discussion pourra
ensuite porter... Ce sera peut-être, finalement, plus intéressant
qu'un résumé de mémoire que tout le monde, je suppose, a
déjà lu.
Au niveau de la révision des structures, le comité du
Barreau déplore, évidemment, la structure actuelle et son manque
de cohérence. C'est la raison pour laquelle il est d'accord avec le
principe de la nouvelle structure proposée C'est un peu désolant
de voir, à l'heure actuelle, que la formation est dispensée par
différents organismes, en passant par les cégeps et par
l'Association de l'immeuble du Québec, par les chambres, etc. Les permis
sont délivrés par une agence, enfin par une agence, par un
service gouvernemental. La discipline est assurée par l'Association. La
conciliation est assurée par les chambres. Alors, c'est un petit peu un
fouillis, tout ça, et ça manque forcément
d'efficacité, compte tenu que ces associations-là sont à
adhésion volontaire et que, aussi, leurs règlements n'ont pas
force obligatoire, n'ont pas de reconnaissance juridique officielle. Donc, le
Barreau souscrit à l'idée d'une structure ayant comme principe de
base l'autoréglementation, l'autogestion et l'autodiscipline.
Quant à l'organisme d'autoréglementation, je pense que
tout le monde est d'accord avec les grands principes qui sont
énoncés dans le document de consultation, mais il y a quand
même certaines interrogations qui ont été soulevées
par les membres du comité, et ce, de façon unanime. On se demande
jusqu'où va aller le droit de regard du gouvernement. À plusieurs
pages du document de consultation, on sent cette volonté d'être
omniprésent au sein de l'organisme d'autoréglementation. Il ne
faudrait pas justement que cette ingérence ou ce droit de regard
équivaille à nier les principes que l'on veut mettre de l'avant,
qui sont autoréglementation, autogestion et autodiscipline. On se
demande également si le surintendant va continuer d'exister. Comment les
pouvoirs d'enquête seront-ils exercés? Qui sera chargé de
la suspension ou de la révocation des permis? Enfin, il y a une foule de
questions auxquelles on n'a pu répondre et on espère que vous
pourrez y répondre tout à l'heure.
Quant à la conciliation et à l'arbitrage de comptes, on a
émis quelques réserves au sujet des mécanismes
proposés. Nous sommes évidemment d'accord pour que la
conciliation et l'arbitrage de comptes continuent d'être assurés
par les chambres d'immeubles lorsque ce sont deux membres des chambres qui sont
en litige. Par contre, lorsqu'un conflit implique un consommateur, l'arbitrage
de comptes devant l'organisme d'autoréglementation serait vraiment une
nouvelle avenue et on se demande si c'est une bonne chose que ce soit ainsi. Il
nous semble que ça devrait être un recours facultatif
laissé au choix du consommateur et le comité d'arbitrage devrait,
en toutes circonstances, surtout lorsqu'un consommateur est impliqué,
être présidé par un juriste, de façon à
pouvoir respecter les règles de justice naturelle. Lorsqu'un conflit,
par ailleurs, oppose deux détenteurs de permis mais dont l'un n'est pas
membre d'une chambre d'immeubles, à ce moment-là, nous croyons
que ce sont les tribunaux de droit commun qui devraient avoir juridiction.
C'est d'ailleurs le principe qui est mis de l'avant chez les corporations
professionnelles à l'heure actuelle.
Sur le plan de la réglementation, le comité du Barreau
estime qu'on devrait établir comme prioritaire une réglementation
au sujet de l'inspection professionnelle. On a senti tout le long du document
de consultation que le souci premier de la ministre et du gouvernement
était la protection du public. L'inspection professionnelle bien
structurée et bien administrée est un des facteurs qui,
finalement, a comme conséquence de mieux protéger le public parce
qu'il s'agit finalement d'un contrôle a priori avant que le dommage ne
soit subi. Donc, il y aurait lieu d'avoir une réglementation rigoureuse
sur l'inspection professionnelle.
Au niveau de l'assurance, toujours dans le domaine de la
réglementation, nous sommes d'avis que la règle de l'assurance
obligatoire pour les courtiers doit demeurer absolument universelle. Or, la
façon dont c'est rédigé dans le document de consultation
nous cause certaines interrogations. On se demande d'abord si l'assurance
demeurera obligatoire pour les courtiers. Ça ne semble pas certain. On
parle que les règlements pourront porter sur; donc, ce n'est pas
nécessairement un devoir réglementaire, mais bien une
faculté, quelque chose de facultatif. Et, deuxièmement, si
jamais un tel règlement existait, on se demande si ce
règlement-là va devoir établir le caractère
obligatoire de l'assurance pour les courtiers, ce qui est loin d'être
sûr.
En ce qui concerne la formation, bon, le comité,
évidemment, est tout à fait favorable à ce que l'organisme
d'autoréglementation vérifie et contrôle la qualification
des courtiers et des agents et établisse des programmes
appropriés. Quant au comité de discipline, nous soumettons que
cet organisme quasi judiciaire doit avoir le pouvoir de sanctionner la conduite
reprehensible dont pourraient se rendre coupables certains courtiers et, donc,
doit avoir le pouvoir de donner des sanctions qui ont un effet punitif, d'une
part, et dissuasif, d'autre part. C'est une des lacunes, d'ailleurs, du
régime actuel: c'est qu'il n'y a absolument aucun pouvoir de sanction en
ce qui concerne le permis.
Or, le comité de discipline à venir devra avoir le pouvoir
de suspendre et même de révoquer le permis des courtiers et des
agents et, également, un pouvoir de radiation, temporaire ou permanente.
Il est Important, toutefois, en matière disciplinaire, de conserver un
droit d'appel. D'ailleurs, le document de consultation y fait
référence, mais le comité du Barreau tenait à
préciser l'importance qu'il accorde à un tel droit d'appel en
matière disciplinaire.
Quant à la pratique du courtage immobilier, on mentionne,
à la page 17 du document, les exigences que l'on accorde face au
responsable de chacune des places d'affaires lorsqu'un courtier, justement, a
plusieurs places d'affaires. Ça aussi, ça nous a posé
certains problèmes pratiques. On ignore et on voit mal comment on
pourrait vérifier si la personne, le responsable d'une place d'affaires
possède l'expérience et les qualifications requises pour un
courtier. Finalement, on se dit que la meilleure façon de le savoir, si
elle n'est pas la seule, c'est d'obtenir le permis de courtier. Étant
donné que ça pourrait être un courtier à l'emploi
d'un autre courtier, évidemment, il pourra y avoir des dispenses
relatives aux comptes en fiducie et à d'autres - oui - l'assurance
obligatoire. Donc, ce responsable, finalement, devrait être
lui-même un courtier.
La distinction courtier et agent. Le comité du Barreau souhaite
que le nouveau régime clarifie la notion d'agent autonome. Nous
aimerions également que les agents qui agissent comme courtiers, dans
bien des cas où les courtiers sont à peu près absents,
soient considérés comme des courtiers, donc tenus aux mêmes
obligations, incluant une obtention du permis de courtier.
Le code de déontologie devra être clair quant aux devoirs
et obligations du courtier et de l'agent, notamment en ce qui concerne les
conflits d'intérêts - on reviendra un petit peu plus tard
là-dessus - et sur la vérification de l'exactitude, de la
véracité des mentions contenues au "listing".
Quant aux prérequis relatifs au permis du courtier, quant
à l'exigence de solvabilité de 10 000 $, le Barreau s'interroge
vraiment sur la pertinence de cette exigence, puisque cette preuve de la
capacité financière ne représente finalement qu'un
portrait financier à une date donnée et ne constitue aucunement
une garantie de solvabilité pour toute la durée de
validité du permis. On ne voit pas non plus pourquoi on devrait
être plus exigeant vis-à-vis des courtiers que vis-à-vis
des professionnels régis par le Code des professions qui, eux aussi, ont
à détenir des sommes ou des biens pour des clients.
Donc, on suggère, entre autres, le dépôt d'un
cautionnement - je vous réfère à la page 10 du
mémoire - qui pourrait servir, même qui pourrait avoir un effet
dissuasif, en ce sens que ce cautionnement pourrait servir à indemniser
le client en cas de fraude. Si le montant était insuffisant par rapport
à la réclamation du client, le fonds verserait la
différence.
En ce qui concerne le cumul des permis, le Barreau a analysé
ça en regard des cabinets multidisciplinaires et en regard des fonctions
incompatibles. Quant aux cabinets multidisciplinaires, c'est une question qui
intéresse le Barreau du Québec depuis fort longtemps. On pilote,
à l'Office des professions, ce dossier-là depuis plusieurs
années, alors on serait très malvenus de vous dire aujourd'hui
qu'on est contre la multidisciplinarité, bien au contraire, sauf que,
évidemment, il faut que ce soit encadré. Il faut que ce soit
encadre sur le plan de la responsabilité, sur le plan de l'inspection
professionnelle. Mais le principe lui-même des cabinets
multidisciplinaires, le comité y est tout à fait favorable.
Quant au cumul des permis proprement dit, donc que la même
personne puisse cumuler les permis prévus par la Loi sur le courtage
immobilier et les permis prévus par la Loi sur les intermédiaires
de marché, encore là il n'y a rien, en soi, d'incompatible que
quelqu'un cumule un, deux ou trois permis, pour autant qu'on soit excessivement
sévère et rigoureux sur les critères de formation, donc
d'admission à chacun des - je n'ose pas dire le mot "profession", mais
enfin - corps professionnels. Donc, qu'on soit rigoureux quant aux
critères d'admission, quant à la discipline, quant à
l'inspection professionnelle, pour autant qu'on évite les situations de
conflit d'intérêts. Il n'y a rien de vraiment incompatible en soi,
ni quant au cumul des permis ni quant aux fonctions elles-mêmes
incompatibles, d'ailleurs.
Quant au franchisage, étant donné qu'il s'agit d'une
formule commerciale qui est de plus en plus ouverte, on ne peut pas être
contre ça. On trouve intéressante cette formule de franchisage,
sauf que, étant donné qu'il n'y a aucun
cadre juridique qui existe à l'heure actuelle au Québec,
dans les lois québécoises en tout cas, on voit mal ce qu'un
règlement viendrait faire dans ce domaine précis. Sauf qu'il y a
quand même un principe qui doit demeurer si jamais le gouvernement
décide de légiférer là-dessus, c'est que chaque
franchisé devra nécessairement détenir un permis de
courtier, puisque, évidemment, il y aura un lien direct avec le
consommateur. Les règles relatives à la publicité
devraient faire en sorte que le consommateur ne soit pas induit en erreur,
spécifiquement sur le plan de l'identité et de la
responsabilité du franchisé.
Les dépôts et comptes en fidéicommis. Sur le plan du
remboursement, on demande si on devrait prévoir les cas de remboursement
des dépôts. Vous savez que ces dépôts-là sont
régis par le Code civil, à l'heure actuelle. Or, il ne nous
semble pas être de mise qu'une loi statutaire ou même qu'un
règlement, encore pire, vienne modifier le Code civil à cet
égard et prévoie des précisions ou des tempéraments
aux règles du dépôt, tel que défini dans le Code
civil. Alors, à partir du moment où ce n'est pas régi par
le Code civil - soit dit en passant, ça devrait peut-être
l'être, de même que le franchisage, il faudra peut-être en
faire la suggestion à ceux qui travaillent sur la réforme du Code
civil - mais tant que ça ne sera pas fait, étant donné que
c'est une question qui n'est pas d'ordre public, on pourrait peut-être
suggérer aux parties de prévoir des cas. Donc, les formules
pourraient peut-être être modifiées et prévoir
certains cas de remboursement. Ces clauses seraient évidemment
d'adhésion tout à fait libre et ça pourrait régler,
dans bien des cas, les remboursements.
Quant aux intérêts sur les dépôts, ils ne
devraient en aucun cas appartenir aux courtiers. Nous sommes d'avis qu'à
défaut d'entente entre les parties ces intérêts-là
devraient peut-être être versés à un fonds
spécial qui serait administré par l'organisme
d'autoréglementation et servirait à la formation, discipline,
inspection, donc qui serait au service des courtiers et des agents, toujours
dans un souci de protection du public. Je fais allusion ici aux avocats et aux
notaires qui sont soumis à ce genre d'obligation. Alors, les
intérêts de leurs comptes en fidéicommis doivent
obligatoirement être versés soit à une fondation dans
certaines autres provinces du Canada, soit dans un fonds spécial, ce qui
est le cas de la Chambre des notaires et du Barreau du Québec. Ces
fonds-là servent justement à la formation, à la recherche
du droit, à la réforme du droit, à faire des commentaires
sur la législation et à l'établissement des
bibliothèques de droit.
Quant au fonds d'indemnisation, le comité du Barreau estime qu'il
n'y a pas lieu d'aller au-delà de ce qu'on prévoit, au moment
où on se parle, quant à la juridiction même du fonds
d'indemnisation. On s'interroge cependant sur le montant, 10 000 $, sur la
suffisance du montant de 10 000 $.
Quant à la rémunération, il faut évidemment
être conséquent avec la position du comité sur le cumul des
permis et les cabinets multidisciplinaires. Donc, encore là, on est
ouvert, en principe, au partage de commission, avec les mêmes balises,
les mêmes critères, les mêmes réserves que celles que
j'ai exprimées tout à l'heure, c'est-à-dire qu'il faut
éviter les situations de conflit d'intérêts, il faut avoir
un contrôle serré des normes d'admission, de formation, de
discipline, déontologie et, sous ces réserves-là, on n'a
pas d'objection au principe du partage de commission. On se dit qu'à
partir du moment où les gens sont bien formés et travaillent
bien, qu'il y a des organismes qui se tiennent debout pour assurer la
compétence et la protection du public, ça ne change rien qu'il y
ait partage ou non, ça ne change rien pour le client qu'il y ait partage
de commission ou non, surtout si ce partage-là doit être
divulgué et consigné dans un registre, ce avec quoi le Barreau
n'a absolument pas d'objection. On souscrit donc au principe du partage, mais
entre détenteurs de permis, évidemment; il n'est pas question
d'avoir un "finder's fee" sur le coin de la rue qui vous transmet une
clientèle. Le principe du partage de commission doit demeurer entre
détenteurs de permis, donc Loi sur le courtage, Loi sur les
intermédiaires de marché et les personnes habilitées
à agir comme courtiers sans avoir à détenir de permis,
c'est-à-dire, pour le moment, les notaires, avocats, etc. (19 h 30)
Ce qu'il faut éviter là-dedans - et c'est probablement le
principe qui devra guider le législateur - c'est que le partage de
commission devienne un moyen d'introduire par la bande des gens dans la
pratique du courtage sans qu'ils détiennent de permis et sans qu'ils
soient nécessairement compétents pour ce faire.
Au niveau des catégories de permis, finalement, l'examen
préalable, évidemment, aucun problème. C'est un
critère de formation qui sera uniforme pour tout le monde.
En ce qui concerne les catégories proprement dites, l'orientation
décrite au document de consultation semble avoir pour effet de vraiment
cloisonner les permis de façon à éviter ou empêcher
un détenteur d'un permis, par exemple, résidentiel
d'opérer dans le domaine commercial ou d'opérer dans le domaine
à revenu, etc. Pour les grandes villes, Montréal, Québec,
Laval, Trois-Rivières, etc., ça peut bien aller, mais en
région ça peut vraiment poser des problèmes. Nous ne
croyons pas que ce genre de cloisonnement devrait signifier
l'empêchement, finalement, pour différentes personnes de pratiquer
le courtage immobilier en région. Alors, le permis de base, un petit peu
comme pour les avocats, toujours après des critères solides
d'admission, devrait donner la possibilité à tout courtier de
pratiquer dans tous les domaines et que, par la suite, la personne
puisse se spécialiser en suivant des cours, en suivant, justement, des
stages de perfectionnement ou ce qu'on pourra trouver et, à ce
moment-là, ce sera dans la publicité que cette personne-là
pourra afficher... que cette formation un petit peu plus
spécialisée pourra être traduite.
Au niveau de la divulgation, j'en ai dit un mot tout à l'heure.
Nous sommes tout à fait favorables à ce que le courtier ou
l'agent soit tenu de divulguer par écrit tout intérêt qu'il
a dans une transaction. Nous voudrions que ces critères-là soient
très larges, enfin, que la définition de conflit
d'intérêts soit le plus large possible. On fait allusion,
d'ailleurs, à une expression employée au code de
déontologie des avocats qui parle d'indépendance professionnelle
et d'avantages personnels directs ou indirects, actuels ou éventuels.
Donc, c'est suffisamment large. Et, aussi, l'article ou la règle de
pratique 3.9.1 du code de l'Association de l'immeuble du Québec est dans
la bonne voie. Donc, tout conflit d'intérêts à
éviter.
Par contre, on a de sérieuses réserves à l'endroit
du droit de résolution que le document de consultation prévoit
créer en faveur du client, advenant un défaut de divulgation de
la part du courtier ou de l'agent. On pourra peut-être revenir
là-dessus parce que je pense qu'il y en a plusieurs qui pourraient avoir
un mot a dire sur cet aspect-là. Mais, encore une fois, il n'appartient
pas à une loi statutaire d'instituer des règles de droit civil,
des règles de droit, oui, civil. Les dispositions actuelles du Code et
celles qui seront contenues éventuellement dans la réforme du
Code civil fournissent suffisamment de recours au client lésé
sans qu'il soit nécessaire d'en instituer d'autres, et nous croyons que
c'est excessivement dangereux pour la stabilité des transactions
commerciales. Des sanctions pénales et disciplinaires pourraient
toutefois être prévues pour sanctionner justement le défaut
de divulgation des conflits d'intérêts.
L'obligation de confidentialité. Évidemment, le
comité du Barreau est tout à fait d'accord. On recommande que
cette obligation-là soit inscrite et cernée dans la loi et que
toute contravention soit passible de sanctions pénales et
disciplinaires, les deux.
Alors, dans les grandes lignes, ça constitue l'essentiel des
positions du Barreau du Québec sur le document de consultation sur le
courtage immobilier. Merci.
Le Président (M. Forget): Je vous remercie beaucoup de
votre exposé. Alors, Mme la ministre, à vous la parole.
Mme Robic: Merci, M. le Président. Mme Vadboncoeur,
messieurs, bienvenue. Vous me permettrez peut-être de toucher à
certaines de vos remarques préliminaires. Au début, vous avez
posé plusieurs questions. Vous avez fait un énoncé sous
cette forme interrogatoire. Je voudrais vous rappeler, si je peux me permettre,
que ce n'est pas un projet de loi qu'on vous soumet, c'est réellement
une consultation. Si j'ai voulu la faire le plus large possible, c'était
justement pour pouvoir vous entendre, pour pouvoir non pas réagir
à un projet de loi ou à des recommandations que le gouvernement
pourrait faire, mais plutôt pour pouvoir vous donner l'occasion à
chacun d'entre vous de vous prononcer aussi largement que possible et de nous
donner un meilleur - et vous le faites d'ailleurs très bien -
éventail de toute l'industrie, de toute la problématique et des
solutions possibles à apporter. Alors, pour moi, enfin, qui aurai
éventuellement à écrire un projet de loi, je trouve que
cette consultation est fort importante et j'ose croire que ce projet de loi
reflétera les inquiétudes et les attentes de gens qui sont
passés devant nous.
J'aimerais vous poser la question, à savoir: Comment voyez-vous
l'organisme d'autoréglementation? Est-ce que vous êtes d'accord
avec la Chambre des notaires à dire que ça ne devrait pas
être l'Association qui existe déjà, mais un organisme tout
à fait nouveau, ou avec la plupart des intervenants qui semblaient
croire que cette transition était possible?
L'autre question, bien sûr, c'est sur la composition du conseil
d'administration; et une troisième question: le rôle que doit se
réserver le gouvernement. Vous sembliez avoir certaines
inquiétudes et dire: Oui, je vous avoue que oui. Je crois que c'est
important que le gouvernement ait un droit de regard au nom de la protection du
consommateur. Jusqu'où doit-il aller? J'aimerais vous entendre.
Mme Vadboncoeur: En ce qui concerne le fait, en tout cas la
question qui se pose, à savoir si l'Association devrait ou pas
être cet organisme d'autoréglementation, je vous avoue que je
pense qu'il n'appartient pas au Barreau de dire si l'Association devrait ou
pas. Nous, on est ici surtout pour allumer des lumières rouges ou pour
apporter certaines suggestions ou certaines mises en garde. Est-ce que
ça devrait être l'Association, telle qu'elle existe à
l'heure actuelle, ou un autre groupement? Moi, en tout cas, je ne me sens pas
du tout autorisée de quelque façon que ce soit à
répondre à cette question-là. Personnellement, je n'ai pas
de problème avec l'Association telle qu'elle existe au moment où
on se parle.
Quant au conseil d'administration, je ne sais pas dans quel..
Évidemment, on ne connaît pas encore tout à (ait comment
fonctionnera cet organisme d'autoréglernentation. SI vous me le
permettez, Mme la ministre, j'aimerais peut-être inverser et parler du
rôle du gouvernement avant le conseil d'administration parce que le
rôle du gouvernement, peut-être, influencera la réponse
sur la composition du conseil. Le rôle du gouvernement, Je pense
qu'il doit d'abord s'opérer par l'approbation des règlements
qu'adoptera cet organisme. On se demande justement s'il y aura deux niveaux de
réglementation, un petit peu comme dans la loi 134, c'est-à-dire:
Est-ce qu'il y aura des règlements qui seront adoptés directement
par le gouvernement, d'une part, et adoptés par l'organisme, d'autre
part, qui seront, eux, évidemment, approuvés par le gouvernement,
ou ce sera uniquement l'organisme lui-même qui sera autosuffisant sur le
plan de la réglementation, quitte à ce que ses règlements
soient quand même approuvés par le gouvernement? Donc, est-ce que
le gouvernement aura un rôle à jouer? Oui. Est-ce qu'il aura
à adopter lui-même des règlements? Ça, ça
dépend du cadre que vous voulez adopter.
Chose certaine, on ne veut pas que le rôle du gouvernement soit
trop envahissant. On ne veut pas que les décisions puissent être
renversées ou puissent être même questionnées par le
gouvernement. On ne veut évidemment pas qu'il y ait d'ingérence
sur le plan de l'inspection professionnelle, sur le plan disciplinaire, sur le
plan de l'arbitrage de comptes, sur le plan de régie interne. Ce sont
des contrôles sur les membres qui doivent s'exercer à
l'intérieur de cet organisme d'autoréglementation. À part
le contrôle que peut exercer le gouvernement sur le contenu des
règlements qui prévoiront ces différents organismes de
conciliation, discipline, etc., ces organismes-là donc, conseil
d'arbitrage, comité de discipline, comité d'inspection
professionnelle, etc., devront pouvoir opérer sans entrave quelle
qu'elle soit. Pendant qu'on est sur le rôle du gouvernement, vous avez
peut-être quelque chose à ajouter.
Mme Robic: Je voudrais revenir sur une question. Vous
écartez... En étendant rénumération, j'ai
l'impression que vous écartez complètement le gouvernement.
Où est-ce que le gouvernement doit avoir un droit de regard? À
quel niveau est-ce que le gouvernement doit avoit un droit de regard?
M. Godin (Robert P. ): Robert Godin. Je pense que ce qu'on a
discuté en comité et ce qu'on essaie de faire ressortir, c'est
que, d'une part, une fois que l'organisme est créé, il doit avoir
sa vie, il doit avoir son autonomie, il doit pouvoir fonctionner.
C'était simplement la phrase, à la page 13 de votre document, qui
disait: "Le gouvernement (... ) pourra réviser en tout temps le pouvoir
discrétionnaire qu'il lui a confié. " On se demandait un petit
peu si ça voulait dire qu'il y avait une sorte de contrôle direct
constant. En ce sens-là, l'organisme devrait pouvoir opérer et
remplir son rôle et opérer dans le cadre des règlements qui
auront été adoptés par le gouvernement à son
égard. Par contre, évidemment, si l'organisme ne remplit pas son
rôle, le gouver- nement doit également avoir le pouvoir de
rentrer, de prendre le contrôle et de suppléer à ce qui
peut être inefficace ou fautif.
Mme Robic: Ce que fait l'Office des professions.
M. Godin (Robert P. ): Oui
Mme Robic: D'accord. J'aimerais vous entendre sur la composition
du conseil d'administration. Est-ce que vous avez des idées
là-dessus?
Mme Vadboncoeur: Écoutez, si cet organisme semble se
diriger vers un organisme mitoyen entre la loi 134 et le Code des professions,
je peux vous indiquer que le Barreau du Québec, un peu comme la Chambre
- Me Lambert vous expliquait tout à l'heure, d'après ce que j'ai
pu comprendre - nous, on a un conseil général qui est l'organe
décisionnel du Barreau et qui est formé de 35 membres qui ont
droit de vote et on a un comité administratif qui est formé de 9
membres qui ont aussi droit de vote, dont 9 membres élus. Cet organisme
du comité administratif se réunit à peu près aux
trois semaines, quelque chose comme ça, et voit à
l'administration courante. Quant au conseil général, bien que ce
soit l'organisme décisionnel, il ne se rencontre que quatre ou cinq fois
par année et décide des grandes orientations politiques du
Barreau. Donc, je ne sais pas si vous nous interrogez quant au nombre, quant
à la composition, est-ce que ça devrait être formé
de représentants du gouvernement, de courtiers, de...
Mme Robic: Certains nous disent: Bon, ça devrait
être choisi par l'industrie, ça devrait être des membres de
l'industrie. D'autres nous ont dit: Ça devrait être choisi par les
membres des chambres. D'autres nous ont dit: Ça devrait être au
suffrage universel des membres. D'autres nous ont dit: II devrait y avoir
également à ce comité, ce conseil, des membres des
consommateurs, des représentants du consommateur et des
représentants du gouvernement. Est-ce que vous vous êtes
penchés là-dessus?
Le Président (M. Forget): Mme la ministre, le temps est
épuisé.
Mme Robic: C'est terminé, M. le Président? Alors,
retenez la question.
Le Président (M. Forget): Voulez-vous... M. le
député de Labelle?
Mme Robic: J'aurai d'autre chose.
Le Président (M. Forget): O. K. On peut continuer? (19 h
45)
M. Léonard: On peut continuer et, après, nous
prendrons plus de temps, si c'est nécessaire. Il faudrait avoir la
réponse, là.
Le Président (M. Forget): On limitera tout à
l'heure. O.K. Mme la ministre, on va vous laisser la parole.
Mme Vadboncoeur: On ne s'est pas vraiment penchés
là-dessus, pour être bien honnête avec vous. Encore une
fois, si je fais un petit peu un parallèle, je pense que le Barreau
n'aurait absolument aucune objection à ce qu'un conseil d'administration
inclue des gens du public, comme c'est le cas pour les corporations
professionnelles, d'autant plus que ce sont eux qui sont les consommateurs des
services des agents et des courtiers. Qu'il y ait quelqu'un du gouvernement,
personnellement - et je parle vraiment personnellement - je ne suis pas
tellement favorable à ça. Justement, si on veut vraiment que cet
organisme soit basé sur des principes d'autodiscipline, d'autogestion et
d'autoréglementation et que. par ailleurs, le gouvernement conserve un
certain contrôle par le biais de l'approbation des règlements
notamment, je ne vois pas pourquoi quelqu'un du gouvernement siégerait
au conseil d'administration.
Mme Roblc: Merci.
Le Président (M. Forget): Merci, Mme la ministre. Je passe
la parole au député de Labelle.
M. Léonard: Madame, messieurs, je comprends que vous
posiez beaucoup de questions dans votre document parce que le document de
consultation était assez vague, et nous avons eu l'occasion de le
souligner au début. Je comprends qu'avant de s'orienter
là-dessus, vous-mêmes, vous vous interrogiez. Au fond, ça
aurait pu être une seule question: Que pensez-vous du courtage immobilier
au Québec? On aurait pu poser cette question-là. Bon.
Bref, je voudrais vous poser une question. Tout à l'heure, nous
avons entendu la Chambre des notaires et même le Conseil
interprofessionnel dire que ça devrait être un ordre
professionnel, une corporation professionnelle, quitte à créer
une troisième catégorie de corporations professionnelles.
Êtes-vous d'accord, oui ou non, avec ça?
Mme Vadboncoeur: Non. Justement, quand on a étudié
le document de consultation, on s'est tous mis d'accord pour que ça ne
devienne pas une corporation professionnelle régie par le Code des
professions. On était plutôt d'accord pour que ça s'enligne
plus vers les intermédiaires de marché que vers les corporations
professionnelles.
M. Léonard: Oui, pourquoi?
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Vadboncoeur: Pour alléger les...
Une voix: Pourquoi?
M. Taschereau (Georges): Georges Tas-chereau. Voici. Nous nous
sommes posé cette question-là. On est partis d'une
expérience particulière et nous avons abouti presque à une
situation de principe sans trouver la réponse complètement. Nous
avons remarqué au cours des dernières années que certaines
activités immobilières, notamment dans le domaine des
sociétés en commandite, tombaient sous le coup de la Loi sur les
valeurs mobilières et ne faisaient l'objet d'aucun contrôle de la
part du monde du courtage immobilier. On le voit depuis une couple
d'années, il y a des gens qui ont été victimes d'aventures
dans le domaine de sociétés en commandite
immobilières.
Là, on s'est dit qu'il y a tout de même une espèce
d'équivalence entre les services qui sont rendus par les
intermédiaires de marché et les services qui sont rendus par les
gens du courtage. Il est bien facile de dire que, dans le cas des services qui
sont rendus par les intermédiaires de marché, ces derniers
agissent entre des compagnies dans le domaine des services financiers et
s'adressent au consommateur, alors que, dans le domaine du courtage immobilier,
Ils agissent comme intermédiaires le plus souvent entre deux individus.
Mais on s'est dit: C'est un mirage, ça. Finalement, est-ce qu'on ne doit
pas considérer la nature du service? C'est un service qui n'est pas un
service financier, mais c'est un service qui est de nature commerciale. On
s'est dit que ce sont des services qui sont conciliables et on
s'aperçoit qu'il y a deux bras du gouvernement qui contrôlent les
deux activités: d'une part, les intermédiaires financiers sont
contrôlés par l'Inspecteur général des institutions
financières et, d'autre part, le monde du courtage immobilier est sous
le contrôle de Mme la ministre ici, Louise Robic. Il n'y a pas de
cohérence entre les réglementations en vertu de la Loi sur les
valeurs mobilières et en vertu de la Loi sur le courtage immobilier au
niveau de ces activités-là.
On s'est dit: Est-ce qu'il n'y aurait pas avantage à ce que,
à un moment donné, toutes les activités où des
immeubles sont impliqués, qu'il s'agisse d'opérations de courtage
strictement ou d'activités de nature commerciale, comme au niveau des
sociétés en commandite et tout ça, ça tombe sous le
contrôle d'une seule autorité? On s'est dit que ça
faciliterait peut-être la chose, le contrôle de ces
activités-là et on en est venus à dire. Est-ce qu'il n'y
aurait pas avantage même à ce que l'Inspecteur
général des institutions financières contrôle toutes
les activités de courtage immobilier? On s'est dit: C'est le
gouvernement qui énoncera des politiques là-dessus.
On en est venus à dire: Si on peut concevoir que l'Inspecteur
général des institutions financières contrôle
à la fois les activités des intermédiaires financiers et
les activités des courtiers, est-ce qu'on peut en venir à la
formation de cabinets multidisciplinaires où il y aurait à la
fois des courtiers et des intermédiaires de marché au sens de la
loi 134? Ce sont toutes les interrogations qu'on s'est posées.
M. Léonard: Mais disons que dans la mesure où il y
a eu une certaine déréglementation, un décloisonnement
dans ce domaine, surtout des activités financières, probablement
ici dans le courtage immobilier éventuellement, dans la mesure où
il y a un décloisonnement, il me semble qu'on doit avoir en contrepartie
des assurances qui soient données, par exemple, par une corporation
professionnelle sérieuse parce que autant on ouvre, autant, à un
moment donné, on doit avoir une contrepartie. Sur ce plan-là, je
suppose que toutes les corporations professionnelles où les membres sont
fiers de leur corporation professionnelle et ont à coeur qu'il n'y ait
pas de scandales trop souvent là-dedans... En réalité,
dans le monde de la finance, on a assisté à des scandales
financiers de toutes sortes au cours des dernières années. Est-ce
que le fait d'avoir une profession, une corporation professionnelle
sérieuse, dans l'immeuble en l'occurrence, ça ne pourrait pas
être une garantie de protection beaucoup plus qu'un corps particulier et
que ça tombe sous le coup de la loi générale?
M. Godin (Robert P. ): Je pense que ce qui nous a frappés,
c'est que le courtage est quand même une activité commerciale.
C'est une entreprise commerciale qui ne s'apparente pas d'une façon
immédiate à une profession. Je pense que la plupart des
professions exigent une scolarité beaucoup plus considérable. Les
répercussions du contrôle sont considérables. Je pense
qu'il y a une réglementation d'une profession qui est beaucoup plus
stricte, qui est beaucoup plus élaborée.
M. Léonard: Juste avant de continuer, en
réalité, on sait - et ça a été dit plusieurs
fois ici, devant la commission - que dans le cas de l'immobilier, pour les
ménages, la plus grosse transaction de leur vie, peut-être
à part le contrat de mariage, c'est finalement la transaction d'achat de
leur maison. Ça me paraît une activité commerciale
drôlement sérieuse. Est-ce qu'il n'y a pas des garanties
professionnelles qui devraient accompagner une telle transaction?
M. Godin (Robert P. ): Je ne pense pas que ce soit
nécessairement par la création d'une profession qu'on va
atteindre ce but-là. Je pense que le courtage, quand même, n'est
pas une activité si complexe ou si difficile qu'on peut apparenter aux
professions médicales ou au droit ou aux autres professions qu'on
connaît. On parle d'une activité commerciale qu'on veut
réglementer, à laquelle on veut donner une discipline, on veut
donner un cadre, on veut protéger les consommateurs, mais, à ce
train-là, toute activité commerciale devrait faire l'objet d'une
profession finalement. Je ne pense que ce soit l'objectif. On veut encadrer
cette activité-là...
M. Léonard: Dans fa même foulée, à
plusieurs reprises, vous dites dans votre document qu'une loi statutaire ne
peut instituer des règles qui relèvent du Code civil. En
réalité, vous êtes un peu gênés par ce
principe de droit, finalement.
M. Godin (Robert P. ): Non. Peut-être que je peux vous
expliquer.
M. Léonard: Ce n'est pas applicable à ça,
mais finalement, la loi statutaire, vous ne pourrez pas aller très loin
non plus.
M. Godin (Robert P. ): Non, je pense que ce qu'on essayait de
dire dans notre mémoire, dans les cas où on en parle... on en
parle, je pense, pour la question de franchise, on en parie...
M. Léonard: À trois reprises, je pense, vous
soulignez ça...
M. Godin (Robert P. ): Oui. C'est ça. On en parle pour la
question des dépôts et le droit de résolution. Le droit
civil, en principe, le droit commun opère pour régler ces
problèmes-là, ou n'opère pas. Par exemple, la question de
franchise, on devrait peut-être avoir des dispositions spécifiques
en matière de franchisage, ce qu'on n'a pas, et ce n'est pas vraiment
à l'intérieur d'une loi qui réglemente le courtage
immobilier... Le franchisage dépasse de beaucoup le courtage
immobilier.
Question des dépôts. Les dépôts... La
façon de traiter un dépôt relève du droit civil. Si
vous avez fait des offres avec un dépôt, le contrat doit
prévoir... En l'absence de prévisions dans le contrat, c'est le
droit normal qui devra prévoir les règles. On a des dispositions
dans le Code civil sur la vente. On a des dispositions sur les offres, sur les
précontrats, qui normalement... C'est dans le Code civil qu'on devrait
retrouver ces règles-là plutôt que dans une règle
qui se veut très spécifique en courtage immobilier.
M. Léonard: Oui.
M. Godin (Robert P. ): Alors, c'est dans ce sens-là qu'on
a fait le commentaire.
M. Léonard: Je reviens à la question sur
une corporation professionnelle. Vous vous interrogez, vous n'êtes
pas absolument formels que ça ne devrait pas exister non plus.
M. Godin (Robert P.): On n'a pas fait l'étude en
profondeur. On imagine que vous aviez à vos dispositions des
moyens...
M. Léonard: Est-ce un non catégorique
définitif ou un non, disons...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Godin (Robert P.): C'est un non viscéral de notre
expérience.
M. Léonard: Oui.
M. Godin (Robert P.): On ne trouve pas que c'est le genre
d'activité qui se prête a priori à une
réglementation aussi complexe que celle d'une profession.
Le Président (M. Forget): M. le député de
Labelle, le temps est écoulé.
M. Léonard: Cela a passé vite.
Le Président (M. Forget): Alors, il reste environ cinq
minutes d'un côté comme de l'autre. Alors, Mme la ministre.
Mme Robic: Merci, M. le Président. Dans l'introduction de
votre mémoire, vous dites qu'un grand nombre d'avocats exercent le
courtage immobilier. Dans quelles circonstances font-ils des actes
immobiliers?
Mme Vadboncoeur: C'est-à-dire que...
Mme Robic: Je comprends mal qu'il puisse se faire... Vous avez
des avocats qui font de l'immobilier sur une large échelle.
Mme Vadboncoeur: Oui, c'est ça. En fait, on fait
référence à deux situations: aux avocats qui font du
courtage proprement dit, et des avocats qui pratiquent en droit immobilier. Ce
sont deux choses. Les avocats qui font du courtage, je ne pourrais pas vous
donner le nombre, mais je sais qu'il y a plusieurs bureaux d'avocats qui
existent dans la province et qui font du courtage immobilier. Est-ce qu'ils
font exclusivement ça? Je sais que c'est à peu près
exclusivement ça.
Par contre, il y a des avocats et des bureaux d'avocats qui se
spécialisent aussi en droit immobilier, que ce soit pour une question de
financement ou de vente ou... bon. Il y a des avocats qui pratiquent en
courtage, oui, effectivement.
Mme Robic: Alors, le Barreau permet à des avocats de faire
du courtage immobilier non pas seulement en exercice de leurs fonctions, mais
dans l'exercice de leurs fonctions.
Mme Vadboncoeur: Exact. Ce n'est pas une fonction
incompatible.
Mme Robic: Elle n'est pas incompatible pour vous, tandis que la
Chambre des notaires dit que ça devrait être seulement dans
l'exercice de leurs fonctions.
Mme Vadboncoeur: Oui, effectivement, j'ai entendu Me Lambert,
tout à l'heure...
Mme Robic: II y a une divergence d'opi nions, là, entre
vous..
Mme Vadboncoeur: Oui Mme Robic: Oui.
Mme Vadboncoeur: II y a une divergence d'opinions
là-dessus et un avocat, pour nous, doit pouvoir faire autre chose.
Enfin, c'est quoi, l'exercice de la profession, finalement? Avec les champs de
pratique qui s'ouvrent de plus en plus, c'est de plus en plus difficile de
limiter l'exercice de la profession d'avocat au type traditionnel qu'on a
toujours connu. Le courtage immobilier, chez les avocats, commence à
devenir un domaine que l'on peut privilégier, et, à cause des
obligations quand même déontologiques que nous avons et des autres
règlements qui régissent la profession d'avocat, nous avons des
instruments suffisamment précis, suffisamment rigoureux pour quand
même contrôler la compétence de ces gens-là. Alors,
pour nous, définitivement, il n'est pas question de limiter le droit
pour les avocats de pratiquer en courtage immobilier. (20 heures)
Mme Robic: Donc, il peut y avoir des avocats qui font des
montages de sociétés en commandite.
Mme Vadboncoeur: Exact.
Mme Robic: Je voudrais vous dire également que j'ai la
responsabilité et du courtage immobilier et des valeurs
mobilières. Donc, on touche à ça. Il n'y a pas de
réglementation et ça presse, je vous promets qu'on va s'en
occuper.
Une voix: Bravo!
Mme Robic: Je ne sais pas si on va régler tous les
problèmes, enfin, on va tenter d'en régler un certain nombre.
Alors, j'ai perdu le fil de mes idées. Ces avocats qui pratiquent le
courtage immobilier sur une grande échelle, si ça devient leur
activité principale - vous me dites qu'il y a des bureaux qui ne font
que ça - est-ce que vous auriez des objections à ce que l'on
exige d'eux qu'ils passent les examens pour obtenir un permis, comme
tous les autres qui exercent la profession?
Mme Vadboncoeur: Écoutez, je pense que ces avocats dans ce
domaine devraient sûrement être consultés à cet
égard.
Mme Robic: On connaît leur réponse à eux. Ha,
ha, ha!
Mme Vadboncoeur: Pardon? Je pense que l'avocat, tout comme le
notaire d'ailleurs, avec le cours qu'il suit à la Faculté do
droit, dans pratiquement tous les domaines du droit civil, est assez bien
équipé, si je puis dire, sur le plan de la vente d'immeubles.
Alors, écoutez, je ne peux pas vous dire: Non, i! n'est pas question du
tout qu'on se soumette à des examens. Ce n'est pas du tout la question.
Mais, comme pour les autres courtiers, les intermédiaires de
marché, la corporation professionnelle doit quand même demeurer
indépendante et éviter l'ingérence des gens qui n'ont pas
affaire aux corporations professionnelles régies par le Code des
professions.
Le Président (M. Forget): Mme la ministre, votre temps est
écoulé, je vous remercie. Je passe la parole au
député de Bertrand.
M. Beaulne: Merci, M. le Président. Je dois admettre que
plus la discussion avance, plus je suis perplexe face à vos commentaires
et à votre mémoire. D'abord, je suis assez surpris de voir que,
d'une part, vous dites qu'il y a plusieurs avocats qui font des transactions
immobilières, sans pouvoir préciser quelle est l'ampleur du
phénomène, et, d'autre part, vous vous objectez à ce qu'il
y ait une forme de réglementation beaucoup plus structurée,
peut-être rattachée à l'Office des professions, un peu
comme le proposaient les notaires. Les notaires, eux, ont avoué, ont
admis qu'un certain nombre d'entre eux pratiquent du courtage immobilier, mais
ils ne semblent pas aussi réfractaires que vous à vouloir
divulguer leurs activités ou à vouloir contribuer aux organismes
qui réglementeraient les activités de courtage. Ce qui m'intrigue
un peu, c'est... Au fond, ce que vous êtes en train de nous dire, c'est
que vous êtes en train de procéder à un
décloisonnement de vos activités sans réglementation et
que vous voulez que ça demeure tel quel, si j'ai bien compris ce que
vous venez de nous dire. D'un côté, vous êtes d'accord pour
que vos membres non seulement pratiquent le courtage immobilier, mais qu'ils le
fassent de plus en plus, donc qu'ils décloisonnent leurs
activités, qu'ils étendent leurs activités à
d'autres champs, un peu comme le font les institutions financières,
mais, d'autre part, vous ne voulez pas que cette activité-là soit
réglementée. Alors, je trouve qu'il y a quelque chose d'un peu
incohérent dans ce que vous nous avez présenté et
j'aimerais que vous nous apportiez des précisions.
M. Godin (Robert P. ): Non, je ne pense pas qu'on aille si loin
que ça. Je pense que la question qui est posée est une question
qui est très lourde de conséquences et très complexe. Dans
quelle mesure les avocats vont-ils continuer à décloisonner leur
profession? C'est une question qui se pose chaque jour. Vous regardez les
maisons de comptables, par exemple, qui sont devenues complètement
décloisonnées et qui exercent un assez grand nombre de
professions. Est-ce que c'est l'avenir des professions tranquillement de se
décloisonner? C'est une question qu'on se pose. Nous demander, à
brûle-pourpoint: Pensez-vous que les avocats devront se soumettre aux
règles du courtage immobilier? je pense qu'on n'est pas habilités
à vous répondre ça ici, aujourd'hui. Je pense que c'est
une question qui est complexe. Certainement, les avocats qui oeuvrent dans ce
domaine-là ont énormément d'entraînement, ont une
connaissance du droit qui est probablement fort supérieure à la
connaissance que les courtiers peuvent normalement avoir, même quand ils
ont leur permis. Alors, je pense qu'au niveau compétence, au niveau
connaissance du droit, connaissance des affaires ils ont certainement une
compétence, au départ. Ils sont régis par l'organisme
professionnel en ce qui a trait aux comptes en fidéicommis, etc. Ils ont
des règles très sévères en matière de
conflits d'intérêts, également.
Alors, à première vue, la réponse n'est pas facile.
Est-ce que c'est quelque chose d'absolu? Je ne peux pas vous répondre,
je veux dire que c'est quelque chose qui devrait être discuté
à l'intérieur du Barreau et vraiment analysé. Est-ce qu'il
y a beaucoup d'avocats qui font ça? Quel est le nombre? Quelle est la
valeur des transactions qu'ils font annuellement? On n'a pas cette
information-là ici, je ne sais même pas si le Barreau l'a, de
façon systématique.
M. Léonard: On a, si vous permettez...
Le Président (M. Forget): II reste une minute.
M. Léonard: M. le Président, on a aussi une
même opposition de positions entre les notaires et vous, en ce qui
concerne les cabinets multidisciplinaires. Eux ne voient pas tellement
d'avantages pour le public, sinon pour les intermédiaires
eux-mêmes ou les courtiers et les professionnels. C'est un peu le
même raisonnement qui sous-tend votre position.
M. Godin (Robert P. ): La question des cabinets
multidisciplinaires, également, est très complexe. Si on regarde
la pratique, par exemple, aux États-Unis, on voit que les avocats
américains développent des pratiques accessoires. Les
cabinets d'avocats deviennent multidiscipli-naires. On voit des associations
entres les avocats et les comptables, par exemple, pour des fins
particulières. Alors, je pense que de plus en plus on a tendance,
à l'instar des institutions financières, des compagnies
d'assurances et des banques qui se décloisonnent, tout le marché
financier se décloisonne, on va voir les professions se
décloisonner pour être en mesure.. Je vous donne un exemple: Dans
le domaine de l'environnement, un client qui a un problème
d'environnement a besoin d'un avocat; il a besoin d'un ingénieur, il a
besoin d'un comptable. Si vous aviez un cabinet multidisciplinaire qui serait
spécialisé en matière d'environnement, vous seriez en
mesure de donner un service particulier à ce client-là. Alors, je
pense qu'on va de plus en plus voir ce genre d'évolution dans les
professions, où les problèmes deviennent de plus en plus
complexes, où on est obligé de réunir des ressources
multidisciplinaires. Je pense que le Barreau a toujours pris cette
position-là, qu'il y ait une évolution vers les cabinets
multidisciplinaires. Dans le domaine financier, certaine ment, on l'a vu dans
nos marchés, dans nos institutions financières.
Le Président (M. Forget): M le député de
Labelle, le temps est épuisé. Je vous remercie. Alors, comme
conclusion, Mme la ministre.
Mme Robic: M. le Président, j'ai l'impression qu'on
commençait seulement à se réchauffer et qu'on aurait pu
discuter encore longtemps, c'est très très intéressant. Je
n'ai aucun doute que les avocats qui font du courtage immobilier pourraient
passer l'examen en déjeunant le matin. Je ne suis pas si sûre, par
exemple, que ça fait de bons vendeurs, les avocats,
nécessairement de bons vendeurs. J'aurais voulu toucher bien d'autres
aspects de ce fameux projet qu'on va préparer, mais on vous remercie.
Les échanges ont été intéressants et, comme je vous
le dis, j'aurais eu une multitude d'autres questions. Alors, merci infiniment
de votre présence, d'avoir suscité ces questions. Les
réponses nous portent à vouloir creuser encore plus. Alors, merci
infiniment.
Le Président (M. Forget): Merci, Mme la ministre. Comme
conclusion, M. le député de Labelle.
M. Léonard: Alors, madame et messieurs, à mon tour
de vous remercier. Je vois que c'est difficile. On consulte des gens en droit
et on a une réponse différente entre les avocats et les notaires.
Vous voyez!
Le Président (M. Forget): Alors, MM. les avocats, comme
membres de la commission, on vous remercie beaucoup. Je pense que ça va
donner de très bons résultats. Merci.
J'appellerais les intervenants suivants, c'est le Regroupement des
courtiers et agents d'immeubles de la région de Baie-Comeau.
Une voix: II en manque un. Vous savez que la Côte Nord est
remplie de barrages. Ce n'est pas des barrages routiers mais... il y en a un
qui n'a pas pu se rendre.
Le Président (M. Forget): Alors, on voudrait vous
souhaiter la plus cordiale bienvenue, comme membre de la commission. Si vous
voulez vous identifier.
Regroupement des courtiers et agents d'immeubles de la
région de Baie-Comeau
M. Nazair (Antoine): Je suis Antoine Nazair, agent d'immeubles
à Baie-Comeau. Je devais avoir avec moi M. Marcel Imbeault.
Malheureusement, il a été retenu. Notre organisme comprend un
déjeuner occasionnel avec tous les agents et courtiers de la
région de Baie-Comeau. À la suite du mémoire qu'on a
reçu..
Le Président (M. Forget): Alors, les procédures:
vous avez 20 minutes pour expliquer votre mémoire et vous avez un
échange pendant 40 minutes avec des intervenants...
M. Nazair: Merci beaucoup.
Le Président (M. Forget): ...du ministère...
M. Nazair: Mme la ministre, M. le Président, au nom de mes
confrères de travail et coéquipiers, je vous remercie de
l'occasion que vous m'offrez de venir vous présenter nos idées.
On a étudié ce que vous nous aviez soumis et on a... Étant
donné que nous, les court/ers., les agents, pardon, on est plus dans le
champ que les intervenants qui m'ont précédé, on a
pense... on a mis notre mémoire à sa plus courte expression, et
les choses qui nous touchent le plus près.
On dit que, dans l'intérêt du public, nous demandons que
quiconque, sous quelque forme que ce soit, directement ou indirectement, fait
la promotion pour la vente ou fait la vente de biens immobiliers doit
être détenteur d'un permis lui conférant les droits d'agir
pour autrui. Il s'appellera ce que ça voudra, qu'il soit notaire,
avocat, dentiste, ingénieur ou mécanicien, il fait de l'immeuble,
ça lui prend son permis.
D'ailleurs, pour être médecin, il faut faire partie de -
j'ai oublié le titre - des médecins. Vous avez la Chambre des
notaires. Vous avez des organismes qui les chapeautent, eux autres. Si je veux
être médecin, il faut que je devienne membre de lour corporation.
Si je veux être avocat, il faut quo j'aie mes cours en droit, et ainsi de
suite.
Deuxièmement, dans le but d'être reconnus à titre de
professionnels de l'immeuble, nous sommes contre le double emploi, ce qui
évitera tout risque de conflit d'intérêts. Si vous
permettez que j'élabore sur cette donnée-là... Tout
à l'heure, on avait un notaire, on avait un avocat qui, eux autres,
aussi, font de l'immeuble. Éventuellement, c'est pratique pour le
notaire de vendre la maison de Mme la veuve dont il vient de régler la
succession, s'il veut vous faire le contrat. Donc, il y a un conflit
d'intérêts tout de suite là. La même chose peut
s'appliquer dans différentes professions.
Nous sommes d'accord qu'un organisme d'autoréglementation
favorise les lois et règlements dans le but que chaque détenteur
de permis agisse avec intérêt pour le souci de tous les
consommateurs.
Quatrièmement, que le statut de professionnel de l'immobilier
soit reconnu pour les courtiers et agents d'immeubles.
J'entendais tout à l'heure des gens, mes
prédécesseurs, parler que l'agent d'immeubles, c'est un vendeur,
des pinottes. On est 13 634 vendeurs de pinottes et le volume des ventes, plus
ou moins 1 000 000 000 $ ou 2 000 000 000 $, ça n'a pas tellement
d'importance, c'est des pinottes. Vous voyez le volume de vente qui se fait
dans l'année dans la province de Québec, et mettez ça sur
le Canada. Mais ce n'est pas des professionnels, c'est des petits vendeurs. Il
faut que le notaire finalise son offre d'achat. Il faut que l'avocat lui dise
quoi faire. Il faut que l'arpenteur lui dise à quelle place est la
maison. Il faut que l'évalua-teur lui dise quoi faire. Mais on est des
vendeurs de pinottes, si j'écoute mes prédécesseurs.
En résumé, messieurs et Mme la ministre, c'est ce que
nous, de Baie-Comeau, nous revendiquons. Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Forget): Je vous remercie. Mme la
ministre, s'il vous plaît.
Mme Robic: Merci, M. le Président. Merci, M. Nazair, de
votre présence à cette table. Je peux vous dire que j'ai
déjà eu le plaisir de rencontrer M. Imbeault et de m'entretenir
avec lui. Vous lui direz tous nos regrets de ne pas l'avoir revu, mais qu'on
comprend son délai.
J'aimerais que vous nous disiez le genre de problèmes que vous
avez avec des non-détenteurs de permis dans votre région. (20 h
15)
M. Nazair: Dans notre région, il y a des professionnels en
droit qui ont formé un organisme de publicité. On demande 10 $
par semaine pour publiciser une maison. On annonce que c'est vendu sans
commission, c'est vendu directement par le propriétaire et ça ne
coûte rien à personne. On ne peut rien faire contre ça
parce que ces professionnels-là ont le droit de faire de l'immeuble. Ils
prétendent qu'il n'y a pas de conflit d'intérêts. Je ne
veux pas citer de cas, ce n'est pas correct et ce n'est pas bien, il faut
être charitable pour son prochain. Ils font une compétition qu'on
peut appeler déloyale. S'ils veulent faire de l'immeuble, ça ne
nous fait rien. Qu'ils prennent les mêmes responsabilités que nous
autres. Moi, comme agent d'immeubles, si je vois qu'il y a une aubaine dans la
réalisation d'une transaction, si je l'achète pour la revendre,
je dois, premièrement, indiquer que je suis agent d'immeubles;
deuxièmement, je l'achète pour des fins personnelles ou
spéculation, à défaut de quoi le ministère peut
revenir contre moi, m'obliger à rembourser le profit, les frais et les
intérêts. M. le professionnel peut faire ce qu'il veut. Mme la
veuve fait régler son testament et, pour lui rendre service, sa maison
est évaluée à 27 500 $, on va vous donner 30 000 $,
Madame, et on vous paie tout de suite; vous sauvez les frais de notaire. Ce
n'est pas le vendeur qui paie les frais de notaire. La dame vend sa maison et,
un mois après, on apprend que la maison a été vendue 42
000 $. Où est l'intérêt du public? L'agent d'immeubles
aurait vendu la maison à 42 000 $; c'est vrai qu'il aurait eu sa
commission sur 42 000 $, mais Mme la veuve aurait eu sa différence
à elle, par exemple. On aurait vendu, nous autres, selon
l'évaluation, selon une évaluation du marché et non pas
selon une évaluation qui fait notre affaire. Ça, c'est l'un des
points.
On est aux prises avec ces problèmes-là, on doit se
soumettre à toute réglementation, mais les autres professionnels
n'y sont pas obligés. On s'est dit: On est tous sur le même pied,
on a tous les mêmes règlements à suivre, autrement,
à quoi sert toute cette réglementation?
Mme Robic: Dans le fond, vous nous dites que ces
professionnels-là offrent des conseils de vente à des
particuliers qui veulent vendre leur maison sans commission. Je suppose
qu'à un moment donné ils doivent aller chez eux pour quelque
chose, ou ce n'est pas tellement avantageux. Où sont les gains
là-dedans? Qui... Est-ce que c'est le propriétaire qui fait
visiter sa propre maison? La pancarte appartient à qui? Expliquez-moi
comment ça fonctionne.
M. Nazair: Ça vous coûte 10 $ par semaine pour avoir
la photo de votre maison dans le journal.
Mme Robic: Oui.
M. Nazair: Vous devez payer la pancarte 30 $.
Mme Robic: Oui.
M. Nazair: Le bureau en question va... Évidemment, la page
du journal sort, les gens vont téléphoner au bureau en question
pour avoir
un rendez-vous pour visiter la maison. L'acheteur va aller
lui-même voir la maison, c'est le propriétaire qui fait tout le
travail et il y a eu entente verbale: Tu y vas, mais tu viens chez nous...
Mme Robic: Pour le contrat notarié.
M. Nazair: ...pour le contrat notarié. La promesse de
vente, c'est un acte notarié; donc, il se paie. Nous autres, ça
fait partie de notre travail. Les contre-propositions et contre, contre
contre-propositions, ce sont tous des actes notariés, lesquels doivent
être payés. J'ai vu des factures de publicité de 240 $. Ce
sont des moyens détournés et malhonnêtes. Est-ce que
ça répond un peu à votre question, Mme la mi nistre?
Mme Robic: Oui, merci. Vous vous êtes prononcés
contre le double emploi, le cumul des permis.
M. Nazair: Oui, madame.
Mme Robic: Dans une région, est ce qu'il n'y aurait pas
des avantages à ça?
M. Nazair: Je ne crois pas, madame. Je crois plutôt que, si
vous voulez être un vrai agent d'immeubles, vous n'avez pas le temps de
faire d'autre chose. Je me souviens, au cours d'un colloque qu'on avait eu,
l'animateur disait: C'est rendu qu'on se sent coupable parce qu'on a
laissé notre travail pour enlever nos pneus d'hiver, tellement... si on
est dévoué à notre travail, c'est ça. D'ailleurs,
vous voyez dans d'autres professions... prenez le médecin, il en a
jusque-là, du travail, et il n'a pas le temps de faire d'autre
chose.
Mme Robic: Ça, c'est le vrai professionnel.
M. Nazair: C'est ça, madame. C'est pour ça qu'on
dit qu'on devrait être reconnus comme professionnels. Évidemment,
il y aurait les rouages et tout ce que ça implique pour, comme on dit en
anglais, "screener" le bon et le mauvais et, après, bien...
Mme Robic: Oui. Est-ce que... Vous êtes contre le cumul des
permis parce que, pour vous, comme professionnel, vous dites: Ça prend
tout mon temps. Est-ce que vous êtes contre également les bureaux
multidisciplinaires?
M. Nazair: Ça pourrait peut-être... On ne s'est pas
attardé à ça. Là, je parle en mon nom personnel. Si
votre parlement est à vendre, j'ai un acheteur, si vous avez une maison
à vendre, j'ai un acheteur. Ça dépend, je pense, de la
formation ou de l'expérience de l'agent d'immeubles. Je sais que, les
premières années, il est mieux de s'en tenir aux petites choses,
à une maison bien ordinaire, pas trop compliquée à vendre,
que d'essayer de vendre un commerce qui fonctionne depuis 18 ans et, tous les
ans, à peine s'il arrive à zéro, alors que le
propriétaire passe deux semaines dans les Alpes, une semaine au Mont
Sainte-Anne, il a son condo en Floride et il va tuer son orignal tous les ans,
mais son commerce n'est pas rentable. Alors, à ce moment-là,
ça va, je crois - comme je dis, c'est mon opinion personnelle - selon
l'expérience de chacun. Il pourrait y avoir des tests, des
épreuves, des examens à passer pour avoir différentes...
je ne dirais pas catégories comme maisons et immeubles à revenus,
commerces ou autres, mais différents degrés ou permis: un permis
A permet telle chose, un permis B permet telle chose, etc., mais ça
pourrait se faire. Ça revient un peu à votre idée,
madame.
Mme Robic: Au niveau de la spécialisation plutôt que
des catégories.
M. Nazair: C'est ça.
Mme Robic: Parlez-nous donc un peu de la formation Chez vous,
d'abord, êtes-vous satisfaits du genre de formation que les agents
reçoivent? Est ce que vous avez une facilité à former des
agents dans votre région? Est-ce que vous avez des problèmes au
niveau de la formation?
M. Nazair: La formation de nos agents est faite actuellement par
le cégep. L'annonce se fait dans le journal et il y a un paquet de gens,
vu que c'est double emploi, ils vont là pour suivre le cours.
L'année suivante, après un an, un an et demi, il est resté
peut-être, je ne sais pas, le tiers de ces gens-là qui sont encore
en fonction. Je pense qu'on ne met pas assez l'emphase dans les cours que c'est
dur d'être agent d'immeubles. On ne fait pas juste prendre des promesses
d'achat et faire du "listing". Il faut travailler et c'est là que je
pense qu'il y a une lacune. Il y en a qui vont là parce qu'ils ne savent
pas dans quoi ils s'embarquent. Je croirais même que les cours
donnés par l'Association sont supérieurs aux autres. La preuve
est que c'est l'Association qui m'a donné mon cours.
Mme Robic: Ah, je vous dis, il y a des sourires en arrière
de vous, là. Je vois les sourires en arrière de vous,
là.
M. Nazair: Mme la ministre, souvent je leur parle aussi!
Mme Robic: Oui, hein! Ça va, M. le Président.
Le Président (M. Forget): Merci, Mme la ministre.
Mme Robic: M. le Président, je reviens.
Le Président (M. Forget): Vous revenez, il vous reste deux
minutes.
Mme Robic: J'avais oublié ma question: II y a combien
d'agents d'immeubles dans votre région de Baie-Comeau? Le
savez-vous?
M. Nazair: On est monté à un peu plus de 30 et
ça a descendu, on est à peu près 22 ou 23. Comme j'ai dit,
il y en a un groupe, il y avait les deux fonctions À un moment
donné, le patron a dit à la secrétaire: Tu restes ou tu
t'en vas. Fais l'un ou l'autre.
Mme Robic: Merci.
Le Président (M. Forget): Merci, Mme la ministre. Alors,
je passe la parole au député de Labelle.
M. Léonard: Je vous remercie d'être venu et du
témoignage que vous nous apportez sur la vraie vie d'agent d'immeubles
actuellement, surtout sur ce que vous dites sur le double emploi, au fond, et
les conflits d'intérêts. Je pense effectivement que c'est ce qui a
été admis d'ailleurs par d'autres qui sont passés,
où il y a des références qui se font et ça joue
dans les deux sens. Donc, on peut voir que ça se vérifie
concrètement. Moi, je vais vous poser une question. À mon sens,
ça tourne quand même autour de ça, le courtage immobilier:
Est-ce que vous, vous êtes d'accord pour que ça devienne une
corporation professionnelle ou bien si ça doit être
réglementé par une loi particulière?
M. Nazair: Une corporation professionnelle, M. le
député. Je me prétends professionnel dans mon travail. Il
se peut que je rate des coups comme un avocat a perdu son procès, comme
les autres professionnels ont manqué leur coup. Mais je me dévoue
et la plupart des gens que je connais dans ma ville, dans ma région qui
sont à temps plein, je pense qu'ils travaillent professionnellement. On
s'arrange pour que, quand on a fini un contrat, quand ça s'est
signé chez le notaire, il n'y ait aucun litige ni d'une part, ni de
l'autre, que le vendeur soit content de l'avoir vendu et que l'acheteur soit
content d'être aussi passé par un agent d'immeubles.
M. Léonard: O. K. Mais vous êtes conscient que
normalement les exigences de formation dans les corporations professionnelles
ont tendance à augmenter. Je comprends qu'on peut regarder d'autres
corporations professionnelles auxquelles vous pourriez vous comparer, mais la
pression depuis 10 ou 15 ans ou, si vous voulez, à partir du moment
où une corporation professionnelle est admise comme telle,
immédiatement après, il y a des standards qui sont exigés
et qui font qu'il y a des exigences en termes de formation. Vous pouvez penser
normalement que, s'il y a vraiment une corporation professionnelle, la
même évolution va se faire pour le courtage immobilier. Est-ce
que, par avance, vous êtes d'accord que les standards de formation
augmentent?
M. Nazair: C'est essentiel. Ça ne peut pas rester comme
c'est là. À peu près n'importe qui peut avoir un permis
d'agent d'immeubles et il peut faire à peu près n'importe quoi,
et il y a beaucoup d'étrangers à côté qui peuvent
devenir également agents d'immeubles et il n'y a rien pour les
arrêter. Tout à l'heure, on a mentionné justement les
compagnies qui s'occupent de vendre des actions pour les immeubles.
M. Léonard: Une commandite.
M. Nazair: Oui. Je peux vous dire qu'à Baie-Comeau il y a
à peu près 4 000 000 $ à 5 000 000 $ qui sont sortis et
c'est allé, excusez-moi, chez le diable. Mais on ne peut rien faire
contre ça.
M. Léonard: Donc, vous pensez que même des avocats
devraient suivre aussi des cours de vente.
M. Nazair: II devrait avoir son permis s'il veut faire de
l'immeuble, comme moi je devrai faire partie de l'organisation des avocats pour
faire du droit. Quand on a un problème de droit, on dit, nous autres:
Allez voir l'avocat. Je ne réglerai pas un litige entre l'acheteur et le
vendeur parce que ce n'est pas mon problème, c'est un problème
d'avocat. Si c'est ma responsabilité, je vais payer pour, mais, si c'est
une question de vice caché et ces choses-là, ce n'est pas moi qui
vais trancher: Ça. c'est un vice caché et ça, c'est
l'autre. On va aller voir l'avocat. C'est sa job, il va trancher la
question.
M. Léonard: Par ailleurs, une autre question a
été soulevée. Qu'est-ce que vous pensez de l'idée,
je pense que c'est par les notaires, entre le courtier de l'acheteur et le
courtier du vendeur? Qu'est-ce que vous pensez de cette réflexion?
M. Nazair: Je suis arrivé un peu en retard, mais,
normalement, le courtier acheteur...
M. Léonard: Oui, normalement, le courtier a un mandat d'un
vendeur, celui qui veut vendre une maison; parfois un acheteur s'adresse
à un courtier, mais, généralement, il y a plutôt un
courtier qui est celui du vendeur. La Chambre des notaires proposait qu'il y
ait une spécialisation et qu'il y ait des courtiers qui se
spécialisent plus à aider l'acheteur que de détenir un
mandat du côté du vendeur.
M. Nazair: Ça m'est arrivé quelquefois qu'on me
demande de procurer telle ou telle propriété. S'il y a des
partages de commissions, ça ne dérange ni le vendeur ni
l'acheteur. C'est sur le même magot; il faut couper en deux, en trois ou
en quatre.
M. Léonard: Oui...
M. Nazair: J'ai vu des avocats - excusez-moi, monsieur - me dire:
Peux-tu nous trouver à peu près, je ne sais pas, 3000 acres de
terrain? On veut organiser telle et telle chose. Alors, j'ai fait les
recherches nécessaires. Je suis arrivé avec quatre ou cinq
projets, et il m'a dit: Maintenant, qu'est-ce que tu me donnes? Bon. J'ai dit:
Moi, j'ai 25 % de la commission. Combien me laisses-tu?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Nazair: Ça ne faisait pas son affaire. Il aurait voulu
avoir 50 %, alors il est allé en voir un autre. L'autre, je ne sais pas
ce qu'il a fait. J'ai perdu la vente. Alors, je me demande qui est
professionnel entre les deux. Est-ce celui qui veut scalper le voisin? Je ne le
sais pas. (20 h 30)
M. Léonard: Oui, mais, sur le principe même de
l'existence d'une spécialisation à l'intérieur des
courtiers ou agents d'immeubles, les uns se spécialisant plus à
défendre les intérêts de l'acheteur plutôt que du
vendeur, vous dites que ça existe de toute façon. Mais, le
danger, est-ce que ce n'est pas qu'il y ait une connivence finalement entre les
deux et qu'il n'y ait pas de différence?
M. Nazair: Je pense qu'on ne peut pas empêcher un acheteur
de consulter un autre, et ça arrive souvent. Je suis à
Baie-Comeau depuis 1950, alors souvent les gars vont dire: Nazair, qu'est-ce
que tu penses de telle propriété? Est-ce que je devrais
l'acheter, oui ou non? Oui, va l'acheter, mais tu remarqueras telle chose
à telle place; il y a un défaut. Alors, il va s'entendre avec le
propriétaire. Je ne m'en mêle pas. Il me demande mon opinion et je
la lui donne. Dans les grands centres, évidemment, on est tous
étrangers et on se fout l'un de l'autre. Non, qu'un acheteur voie un
courtier pour acheter une propriété, évidemment,
l'acheteur a toujours le dernier mot. Si la propriété que le
courtier acheteur lui propose semble lui convenir... mais, d'un autre
côté, les courtiers vendeurs ne sont pas bêtes non plus,
hein? Les vendeurs de pinottes sont là et ils vont aller le voir, cet
acheteur là, et ils vont lui faire des propositions aussi. Alors, je ne
vois pas le danger.
Le Président (M. Forget): Merci, M. le
député de Labelle. Mme la ministre.
Mme Robic: Vous nous dites que vous êtes d'accord pour la
création d'un organisme d'auto-réglementation... Et, là,
on va faire plaisir en arrière, dans la galerie en arrière des
pinottes, en arrière, est-ce que vous croyez que l'Association peut se
transformer en organisme d'autoré-glementation ou si vous croyez que son
rôle de promouvoir les intérêts des membres fait qu'elle
pourrait peut-être changer de chapeau avec difficulté?
M. Nazair: Je pense que, si l'organisme
d'autoréglementation, c'est la chambre d'immeubles qui s'en occupe,
ça va donner la même satisfaction publique, par exemple, comme le
Collège des médecins. Le moindrement qu'un médecin n'est
pas correct, il est là pour le ramener à l'ordre Ces organismes
d'autoréglementation ont des règlements et je pense même
qu'ils ont des lois. Je n'ai pas été plus loin que ça,
mais je pense qu'il y a des lois qui régissent aussi.
L'Association de l'immeuble étant régie avec des lois
claires, nettes et précises, et immédiatement tous ceux qui vont
faire de l'immeuble rentrent dedans, à ce moment-là, le
moindrement que quelqu'un va être en dehors de la ligne, il va se faire
ramener à l'ordre. S'il ne se fait pas ramener à l'ordre par son
courtier, le courtier voisin va le ramener à l'ordre, lui. Il y a
également le public.
Mme Robic: Alors, si on avait un organisme
d'autoréglementation qui pourrait être l'Association ou former un
organisme en partant à zéro, il y aurait les chambres d'immeubles
qui, elles, pourraient possiblement, si elles le voulaient, demeurer comme
telles, se créer en fédération. Il y a quelques groupes
qui nous ont suggéré ça Et là, il y aurait
possiblement... En ce moment, les chambres d'immeubles font de l'arbitrage et
règlent des conflits entre des agents, etc.
Si on créait un organisme, normalement, cet organisme
d'autoréglementation devrait régir, appliquer le code de
déontologie. Est-ce que vous voyez un problème à ce que ce
rôle-là, qui est dévolu en ce moment aux chambres
régionales qui se retrouvent partout en province, soit donné
à l'organisme d'autoréglementation ou si vous croyez qu'il
faudrait que, au niveau des conflits entre agents, ça demeure aux
chambres, qui seraient l'organisme qui aurait la responsabilité de
promouvoir les droits des membres?
M. Nazair: Je sais qu'à la Chambre d'immeubles du
Bas-Saint-Laurent on préconise des cours en arbitrage parce que souvent
c'est dispendieux et souvent ça ne représente pas des sommes
astronomiques. Question de partage de commissions, en somme, ça peut
aller à quoi? Quelques milliers de dollars et ça peut
coûter cinq fois ça en frais. Il arrive que les chambres
d'immeubles réussissent à régler les litiges entre
les deux. Ça ne va pas plus loin.
Est-ce que ça serait, par exemple, la chambre provinciale,
l'Association de l'immeuble ou est-ce que ça serait les chambres
d'immeubles locales ou régionales? Je vais vous dire honnêtement,
je n'ai pas regardé ça. Comme je l'ai dit tantôt, moi, je
suis un vendeur de pinottes, je suis assez bien dedans.
Mme Robic: Merci beaucoup.
Le Président (M. Forget): Merci, Mme la ministre. Je passe
la parole au député de Bertrand.
M. Beaulne: Merci, M. le Président. D'abord, je tiens
à vous féliciter pour ce témoignage rafraîchissant
sur les activités dans votre secteur. Au fond, même si vous
êtes aujourd'hui le dernier intervenant, il me semble que c'est vous qui
avez posé la question fondamentale. Le problème me semble
être la redéfinition de ce qu'on classifie comme une profession
aujourd'hui. J'ai eu d'autres personnes dans mon comté, dans d'autres
secteurs d'activité, les hydrauliciens, par exemple, qui sont venus me
demander comment ils pouvaient se faire reconnaître comme professionnels
parce qu'ils agissaient dans un secteur où les accidents se
multipliaient et que n'importe qui s'improvisait manutentionnaire dans ce
secteur-là.
C'est un peu, au fond, ce que vous êtes venu nous dire. Je pense
qu'au fond, ce que vous nous dites, c'est que vous voulez que votre profession,
votre activité soit revalorisée. En étant
revalorisée, qu'elle soit traitée sur le même pied que les
professions et que, par conséquent, vous êtes prêt à
accepter une réglementation au même titre que les autres corps
professionnels et, dans ce sens, la troisième voie qui a
été indiquée un peu dans les discussions
précédentes, c'est-à-dire qu'à l'heure actuelle il
existe, au fond, si j'ai bien compris la discussion au cours de la
journée... Ce qui distingue le fait de reconnaître les avocats,
les notaires ou les autres groupes comme professionnels du vôtre,
finalement, somme toute, ce que j'ai compris moi, c'est le degré de
scolarité, alors qu'il y a toutes sortes d'activités comme la
vôtre qui exigent de plus en plus de connaissances et une formation. Dans
ce sens-là, j'aimerais que vous nous donniez vos commentaires sur la
possibilité, l'option d'ajouter une troisième catégorie,
un troisième volet à l'Office des professions tel qu'il existe
à l'heure actuelle, qui ajouterait une certaine flexibilité
à la reconnaissance des professions et qui viendrait peut-être
nous permettre de reconnaître votre activité comme une
activité professionnelle et la réglementer avec des normes
précises et, en plus de ça, protéger par une formation
adéquate ceux qui oeuvrent dans votre secteur.
M. Nazair: Si vous le permettez, d'abord, je vais donner un nom.
J'ai connu dans les années cinquante M. Guimont. Malheureusement, Albert
ne savait pas signer son nom. Quand la compagnie forestière voulait lui
donner un contrat, parce que dans ces périodes-là il y avait ce
qu'on appelle les "jobbers", il disait: On va donner toute une partie de
rivière pour couper le bols. Comment est-ce qu'il y a de cordes de bois?
Mon Albert passait peut-être cinq, six jours dans le bois avec ses gars,
il faisait le tour. Il y a 110 226 cordes de bois. La compagnie prenait des
photos aériennes, les bonshommes comptaient les arbres pour voir combien
il y en avait par pouce carré. Par tant de pouces, ça faisait
tant d'arbres. À plus ou moins 5 %, Albert était correct.
À un moment donné, j'arrive à la banque, Albert me
dit: Antoine, je vois que tu es pris avec des chèques certifiés.
À ce moment-là, Hydro commençait. Là, il
était mêlé. Il avait fait certifier ses chèques,
mais la caissière, elle, avait sorti les chèques des enveloppes
et était allée tous les étamper et elle les lui avait
rapportés. Mais quel chèque va dans quelle enveloppe, quand on ne
sait pas lire? Il y avait pour 800 000 $ de chèques certifiés. Il
donnait satisfaction à son employeur. Il n'avait pas d'instruction, mais
son employeur était satisfait de lui. Un professionnel, c'est celui qui
donne satisfaction à toutes les parties en cause.
Alors, s'il veut être capable de devenir un professionnel, il en
subira les conséquences ou bien il débarquera. Alors, vous
apporterez ce qu'il faut pour que les agents d'immeubles deviennent
professionnels et, si au lieu d'être 13 634 vendeurs, on n'en sera que 10
000, bien, on n'en sera que 10 000 mais le public sera protégé,
ses intérêts sont protégés, tant le vendeur que
l'acheteur. Je ne sais pas si ça répond à votre
question.
M. Beaulne: Oui, ça répond très bien.
M. Nazair: Mais je pense que c'est ça. Excusez-moi. Dans
10 ans d'immeuble, il y en a un qui m'a dit que j'étais une canaille.
Par contre, sa femme a dit: Ce n'est pas vrai. Il t'a donné cette
information-là. J'étais à côté de lui au
téléphone. Je fais mon possible et, à ce moment-là,
pas de problème. Que les autres agents... Qu'on devienne des
professionnels et qu'on en subisse les conséquences par quelque moyen
que ce soit, mais on l'est ou on ne l'est pas. .
M. Beaulne: Là, ça va, c'est clair.
Le Président (M. Forget): Merci, M. le
député de Bertrand. Alors, Mme la ministre, en conclusion.
Mme Robic: Merci, M. le Président. M.
Nazair, c'est un plaisir de vous entendre et, s'il y a quelqu'un ici qui
ne sait pas ce que c'est qu'un professionnel de l'immeuble là, on en a
un ici et c'est un vrai. Il n'a pas besoin de cumuler de permis. Bon an, mal
an, vous faites votre année. Je vous gage n'importe quoi, vous faites
votre année.
M. Nazair: J'essaie d'équilibrer votre budget. Des
voix: Ha, ha, ha!
Mme Robic: Vous devriez venir nous aider peut-être. Mais,
M. Nazair, moi, J'achèterais mes pinottes de vous n'importe quel |our de
la semaine.
M. Nazair: Merci, madame. Mme Robic: Merci.
Le Président (M. Forget): Mme la ministre, merci. Alors,
je passe la parole au député de Labelle.
M. Léonard: Oui. M. Nazair, merci pour votre
témoignage. Je pense que vous avez parlé d'expérience et
ça se sentait. Je pense que vous avez touché beaucoup les gens de
la commission ici. Merci bien.
M. Nazair: Merci pour le temps que vous avez donné.
Maintenant, vu que je m'en vais dans le Nord, si vous avez des messages au
Père Noël, c'est le temps.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Forget): M. Nazair, comme
président de la commission, je vous remercie. Je vous souhaite un bon
retour à Baie-Comeau.
Alors, c'est ajourné... Nos travaux sont ajournés jusqu'au
16 octobre, à 10 heures.
(Fin de la séance à 20 h 40)