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(Dix heures sept minutes)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission du budget et de l'administration reprend ce matin la
consultation générale sur l'étude de l'opportunité
de maintenir en vigueur ou de modifier la Loi sur la fonction publique.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Non, M. le Président, il n'y a pas
de remplacement pour la séance.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le secrétaire.
Permettez-moi de vous faire lecture de l'ordre du jour. À l'instant
même, c'est-à-dire vers 10 h 9, nous entendrons la Commission de
la fonction publique pour, par la suite, entendre le Conseil permanent de la
jeunesse, pour entendre, vers midi, M. Jocelyn Dionne. Nous reprendrons nos
travaux à 15 heures pour entendre le Syndicat des professeurs de
l'État du Québec, à 16 heures, le Conseil des
communautés culturelles et de l'immigration, à 17 heures, Mme
Elisabeth Allard, à 17 h 30, M. Denis Verville, à 18 heures, M.
James Gow, et nous allons suspendre nos travaux à 18 h 30, pour
reprendre nos travaux à 20 heures, pour entendre l'Association des
anglophones de l'Estrie, à 21 heures, Alliance Québec, et
à 22 heures, MM. Guy Bisaillon et Jean-Claude Rivest, pour ajourner nos
travaux à 23 heures.
Est-ce que l'ordre du jour est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Merci. Nous
allons maintenant entendre les représentants de la Commission de la
fonction publique du Québec. Je demanderais au représentant de
l'organisme de bien vouloir s'identifier pour les fins de l'enregistrement du
Journal des débats et d'identifier les gens qui
l'accompagnent.
Commission de la fonction publique
M. Poulin (Jean-Noël): M. le Président, MM. les
députés, je suis Jean-Noël Poulin, président de la
Commission de la fonction publique. Il m'est agréable de vous
présenter les trois autres membres de notre organisme: Les commissaires
Juliette Barcelo et Jean-Paul Roberge, immédiatement à ma droite
et le commissaire Gilles Tremblay à ma gauche. Trois cadres
supérieurs de la Commission de la fonction publique font
également partie de notre délégation. Il s'agit de
MM. Jacques Milot et Gérard Lafond, respectivement directeur et
adjoint au directeur de la Direction de la vérification et des
enquêtes ainsi que de M. Michel Poirier, secrétaire de la
Commission.
Les quatre commissaires ont tenu à se présenter devant
vous, ce matin, pour deux raisons principales: premièrement, afin de
montrer le grand intérêt de la Commission de la fonction publique
pour les travaux de votre commission et pour appuyer son mémoire qu'elle
vous a fait parvenir le 21 septembre dernier, comme vous le demandiez. La
deuxième raison est que, conformément à la loi, nous
avons, tous les quatre, été nommés par l'Assemblée
nationale. Il existe donc un lien privilégié entre la Commission
de la fonction publique que nous composons et l'Assemblée nationale.
Je vous rappelle cette procédure pour corriger une impression
laissée par quelques intervenants qui nous ont
précédés et qui faisaient allusion à une situation
hiérarchique entre la Commission de la fonction publique et le Conseil
du trésor. Je voudrais qu'il soit bien clair que la Commission de la
fonction publique exerce son mandat de façon autonome et qu'elle estime
n'avoir de comptes à rendre qu'à l'Assemblée nationale ou
à ses commissions parlementaires. D'ailleurs, elle souhaiterait
s'adonner à cette reddition de comptes régulièrement.
La Commission de la fonction publique vous remercie de la recevoir dans
le cadre de votre étude sur l'opportunité de maintenir en vigueur
et, le cas échéant, de modifier la Loi sur la fonction publique.
Elle espère que son mémoire aidera votre commission dans sa
réflexion sur l'application de la Loi sur la fonction publique et
contribuera à trouver des éléments de réponse aux
questions fort pertinentes que vous avez soulevées dans votre document
de consultation.
Notre Commission n'a pas abordé d'examen de l'application de la
loi selon l'ordre des thèmes proposés. Elle a, évidemment,
insisté sur les sujets reliés plus directement aux champs de
compétence que lui a confiés le législateur, soit,
notamment, son rôle de tribunal administratif en vertu duquel elle rend
des décisions exécutoires, et son pouvoir de vérification
et de recommandation en ce qui concerne certaines applications de la loi. Ces
matières sont toutefois contenues, à divers degrés, dans
plusieurs des préoccupations de la commission parlementaire.
Tout au long de cet examen, notre Commission a procédé
à l'évaluation de situations, de gestes et de décisions
qui découlent de l'application de la loi et de ses exigences et aussi,
bien sûr, en regard des valeurs démocratiques sur
lesquelles elle est fondée. Ainsi, face à la
première question à laquelle la commission parlementaire devra
répondre, notre Commission recommande que soit maintenue la Loi sur la
fonction publique. Elle considère que l'objet de la loi, qui donne pour
mission à la fonction publique de fournir au public les services de
qualité auxquels il a droit, de mettre en oeuvre les politiques
établies par l'autorité constituée et d'assurer la
réalisation des autres objectifs de l'État, demeure très
pertinent et situe bien le rôle de l'appareil gouvernemental.
À cet égard, la Commission de la fonction publique partage
l'avis de Me Louis Borgeat de l'ENAP qui vous soumettait, il y a quelques
jours, que la Loi sur la fonction publique était une loi moderne,
avant-gardiste et qu'il n'y avait pas lieu à ce stade-ci d'en modifier
les fondements et les orientations.
De même, les moyens et objectifs fixés par le
législateur pour accomplir cette mission apparaissent
généralement appropriés. Cependant, pour compléter
de façon dynamique la réforme en cours et pour mieux guider les
responsables de la gestion des ressources humaines, la Commission de la
fonction publique croit essentiel que des modifications soient apportées
à la loi. De plus, certaines de nos recommandations visent
l'introduction de nouvelles normes réglementaires ou la modification de
politiques ou de directives.
Enfin, quelques recommandations ont pour objet le changement des
comportements et des attitudes. Ajoutons qu'il y a aussi des recommandations
d'un autre ordre concernant le maintien de dispositions de la loi qui nous
apparaissent toujours bien fondées et adéquates.
Les modifications proposées ont pour but de permettre le
parachèvement de la réforme amorcée. Elles ne doivent pas
être perçues comme un retour en arrière. En effet, à
la suite d'essais et d'expériences dans la mise en oeuvre de plusieurs
dispositions de la loi, il nous est apparu que, même après une
période de rodage, certaines déviations n'ont pas
été redressées, et qu'il faut maintenant corriger la
trajectoire pour atteindre lès véritables objectifs-de la
loi.
Ces diverses recommandations visent les droits et obligations des
fonctionnaires, la dotation des emplois, l'imputabilité et son
corollaire, la reddition de comptes, l'embauche du personnel occasionnel, le
régime syndical, le cadre institutionnel de la fonction publique et,
enfin, la gestion des emplois supérieurs et de leurs titulaires.
Après plus de six années d'application, notre Commission
constate que les dispositions de la loi concernant les droits et obligations
des fonctionnaires sont toujours correctes et même en avance sur ce qui
existe dans d'autres gouvernements, qui cherchent encore leur voie en
matière d'éthique et de discipline pour leur fonction publique.
La Commission souligne la publication récente par le Conseil
exécutif de documents sur l'éthique dans la fonction publique
québécoise.
Selon nous, ces documents constituent d'excellents guides et leur usage
devrait contribuer à une meilleure compréhension des droits et
obligations des fonctionnaires, et ainsi, faciliter le travail des
gestionnaires à cet égard.
La Commission de la fonction publique exprime sa position sur deux
questions toujours d'actualité: l'éthique comme telle et la
liberté politique des fonctionnaires, en se référant
à des auteurs québécois qui font autorité en la
matière. Elle conclut que les dispositions actuelles de la Loi sur la
fonction publique québécoise, portant sur les normes
d'éthique et de discipline, incluant celles sur la neutralité et
la liberté politique des fonctionnaires sont particulièrement
bien fondées, adéquates et bien équilibrées. Le
régime québécois en la matière devrait être
maintenu tel quel.
En ce qui a trait à la tenue des concours, notre Commission a
constaté un effritement dans l'application des règles de la
sélection au mérite. Elle a voulu attirer l'attention de la
commission parlementaire sur les multiples façons dont une des
règles de la sélection au mérite, la règle de
l'égalité d'accès, est trop souvent battue en
brèche. J'aimerais vous rapporter quelques exemples de ces pratiques qui
ont pour effet de limiter l'accès des citoyens à la fonction
publique.
Une première façon consiste tout simplement à
éviter de mettre en concours des emplois qui devraient l'être, en
utilisant de façon incorrecte des listes de déclaration
d'aptitudes. En effet, année après année, la Commission a
souligné, dans ses rapports annuels, les situations où, au lieu
de tenir un concours, un emploi a été comblé en
choisissant un candidat déjà déclaré "apte", mais
dans le cadre d'un concours qui avait pour but de combler un autre emploi.
Selon une étude basée sur un échantillon des listes en
vigueur le 1er octobre 1988, 15 % d'entre elles avaient ainsi fait l'objet
d'une utilisation différente de celles prévues à l'appel
de candidatures du concours visé.
Une deuxième façon de limiter l'accès consiste
à réduire les bassins de candidatures d'une façon non
prévue par le législateur. La Commission s'inquiète, en
effet, d'un courant de pensée qui a place, à l'effet qu'il faille
éviter des concours à fort volume de candidats pour le motif
qu'ils ne sont pas efficients et qu'ils créent de faux espoirs d'emploi.
La Commission croit, au contraire, qu'il est normal que les concours de
recrutement, à la fonction publique, soient à fort volume en
raison du principe même de l'égalité d'accès et de
l'intérêt des citoyens pour obtenir un emploi dans la fonction
publique. La Commission croit, de plus, que lorsqu'un citoyen est admissible
à un concours, c'est à lui qu'il revient de décider s'il
veut concourir ou non. Très souvent, pour réduire les bassins
de
candidatures dans les concours de recrutement, on aura recours à
des exigences additionnelles dans les conditions d'admission. Bien que la loi
donne ouverture à cette possibilité, la Commission constate que
40 % des appels de candidatures comportaient de telles exigences. Sans toujours
les remettre en cause, il lui apparaît que, dans plusieurs cas, celles-ci
ont pour but de réduire les bassins ou même de cibler des
candidats déjà en emploi à titre d'occasionnels.
Une autre limitation très importante se pose à
l'égard du citoyen qui n'a jamais travaillé dans la fonction
publique et qui réussit à être admis à un concours
de recrutement. La Commission veut attirer votre attention sur ses chances
d'être déclaré "apte" et d'obtenir un emploi. D'abord, dans
la grande majorité des concours, ce simple citoyen sera en
compétition avec des occasionnels qui ont souvent occupé des
emplois en concours. En effet, une étude de la Commission a permis de
constater que parmi toutes les person: nés nommées en
1988-1989, à la suite des concours de recrutement, 60,3 % d'entre elles
travaillaient ou avaient travaillé dans la fonction publique à
titre occasionnel.
Ce n'est pas tout, la possibilité pour le simple citoyen
d'obtenir un emploi à la suite des concours est encore diminuée
par le fait que les fonctionnaires y sont également admis. En effet, au
cours de la même période, 17 % des fonctionnaires promus par
concours l'ont été à la suite de tels concours de
recrutement. Une analyse de ces chiffres, sur la base d'un échantillon
représentatif, a démontré que seulement une personne sur
trois nommées à la suite d'un concours de recrutement provenait
de l'extérieur de la fonction publique; les autres étaient des
fonctionnaires ou avaient une expérience de la fonction publique comme
occasionnels.
La Commission a des préoccupations semblables à
l'égard de la promotion. Elle a constaté qu'il y a un recours
fréquent aux dispositions de la loi qui permettent de passer outre
à la tenue d'un concours pour donner une promotion. En effet, une
étude récente de la Commission basée sur plus de deux ans
indique que 36,3 % de toutes les promotions ont été
attribuées sans concours, alors qu'à son avis une telle mesure
devrait être exceptionnelle. Il a aussi été établi
qu'en 1987 1988, 30,4 % des promotions après concours ont
été attribuées à dos fonctionnaires qui, au moment
de la tenue de ces concours, étaient désignés à
titre provisoire pour les emplois qui en faisaient l'objet. L'ensemble de ces
situations onl pour effet d'entacher la transparence et la
crédibilité dos concours. Elles conduisent souvent le citoyen ou
le fonctionnaire à croire qu'il ne vaut pas la peine de concourir
puisque l'issue du concours est connue d'avance.
La Commission traite dans son mémoire des fondements de la
règle de la sélection au mérite dans les
sociétés démocratiques modernes et de son évolution
dans la fonction publique du
Québec. Le système du mérite dans la fonction
publique est la pierre angulaire de l'égalité d'accès de
tous les citoyens à la fonction publique et de la neutralité
politique de la fonction publique, deux principes démocratiques
fondamentaux. La Commission conclut sur ce point qu'il est essentiel de
sauvegarder les dispositions actuelles de la Loi sur la fonction publique qui
portent sur cette question. D'ailleurs, la sélection au mérite
n'est ni un obstacle, ni une contrainte imposée aux gestionnaires, c'est
plutôt le seul moyen pour constituer une fonction publique
compétente et impartiale, susceptible d'assurer la qualité et
l'efficacité des services rendus aux citoyens, votre première
préoccupation.
Dans l'appréciation des divers problèmes qu'elle a
soulevés, notre Commission a fondé son jugement sur les exigences
de la loi. Elle a aussi basé son évaluation sur des valeurs
reconnues dans la fonction publique moderne. Elle s'est également
appuyée sur des études particulières qu'elle a
menées depuis trois ans et dont je viens de vous citer les principaux
résultats. C'est pourquoi la Commission souhaite que vous portiez une
attention particulière aux recommandations qu'elle a formulées
dans son mémoire, quant à des modifications législatives
ou réglementaires relativement aux questions suivantes: le recours aux
exigences additionnelles qu'elle recommande de limiter davantage; la
délégation de tenues de concours qu'elle souhaite voir
réglementée; la promotion sans concours qui ne devrait être
qu'un mode exceptionnel de promotion; la promotion des intérimaires qui
devrait être éliminée; les réserves de candidatures
qui, au recrutement, devraient être utilisées avec plus de
discernement et de transparence; la redéfinition de la dynamique de la
promotion des fonctionnaires et la réserve des concours de recrutement
aux citoyens qui ne sont pas membres de la fonction publique; la clarification
du régime et du statut des employés occasionnels et de ceux qui
leur sont assimilés.
Les quelques années qui ont précédé
l'entrée en vigueur de la loi actuelle ont été fertiles en
discussions et propices à la réflexion sur la gestion de la chose
publique. Tous s'intéressaient au mot à la mode à cette
époque: "accountability". Cette expression a été traduite
par imputabilité, à défaut d'un terme plus juste.
L'imputabilité, c'était le transfert ou la
délégation de pouvoir, soit la responsabilisation avec, comme
corollaires, la reddition de comptes ou l'obligation de rendre compte de
l'usage fait du pouvoir délégué en vue de
l'accomplissement d'un mandat.
Enfin, s'ajoute la sanction des résultats. En 1990, il nous
semble que le processus de délégation d'autorité est bien
engagé, mais la reddition de comptes nous apparaît encore
sérieusement absente des processus de gestion, même si elle devait
constituer, en 1983, l'un des axes les plus
importants de la réforme de la gestion des ressources humaines.
La Commission n'attribue pas cette lacune à la négligence ou
à la mauvaise foi des gestionnaires, mais plutôt au fait que trop
souvent, on n'a pas encore distingué officiellement qui est responsable
de quoi et envers qui. La Commission est aussi consciente que la reddition de
comptes doit exister dans tous les secteurs de l'administration et que le
problème est vaste. Elle croit qu'un régime d'imputabilité
concernant l'ensemble des lespon-sabilltés de gestion devrait faire
l'objet d'un encadrement législatif. Advenant que cet encadrement
général tarde à venir, elle recommande que le
législateur inclue dans la Loi sur la fonction publique des dispositions
relatives à la reddition de comptes par les hauts fonctionnaires et
à la sanction des résultats en matière de gestion des
ressources humaines.
La fonction publique au Québec est actuellement constituée
d'environ 53 000 fonctionnaires réguliers et, à certaines
périodes de l'année, de plus de 20 000 autres citoyens
employés par l'État selon des formules diverses, avec des statuts
plus ou moins ambigus et que l'on alluble tous du terme "occasionnel".
La Commission considère très préoccupante la
situation des employés occasionnels dans la fonction publique, dont le
nombre, en juin 1989, atteignait près de 21 000 personnes, soit 40 % de
l'effectif régulier.
Nous sommes revenus, en pire, à la situation que le
législateur croyait avoir corrigée, du moins en partie, en 1983.
Par l'importance de leur nombre, la nature et la durée prolongée
des emplois qu'ils occupent, ces employés forment une fonction publique
parallèle, hétéroclite et régie par des
règles qui nous apparaissent inadéquates.
Tout en invitant la commission parlementaire à compléter
l'examen de la situation des employés occasionnels, le mémoire de
la Commission ajoute quelques considérations et commentaires sur
plusieurs aspects des problèmes déjà identifiés,
notamment en ce qui a trait à l'usage du terme "occasionnel" pour
qualifier une réalité qui est tout autre.
En effet, pour les occasionnels embauchés d'une façon
saisonnière ou cyclique, et les occasionnels embauchés pour une
longue durée, on devrait trouver une appellation et un régime
approprié. Suivant la Commission, ces employés devraient
être recrutés par voie de concours en application des articles 42
à 50 de la loi.
La définition de l'employé occasionnel devrait s'appliquer
seulement aux vrais occasionnels, c'est-à-dire ceux qui sont
embauchés pour pallier à une pénurie provisoire de
ressources humaines due à un surcroît de travail, pour une
période maximale de six mois, ou ceux embauchés pour remplacer un
employé régulier absent. Ces employés occasionnels
devraient être soumis à un processus de recrutement et de
sélection plus souple, mais dont les modalités seraient
précisées par un règlement contenant des normes favorables
à l'égalité d'accès.
Enfin, notre Commission recommande que le recrutement et la
sélection de ces véritables employés occasionnels soient
confiés à l'Office des ressources humaines Cette façon de
procéder assurerait un meilleur service aux citoyens, candidats à
ce type d'emploi et permettrait sans doute une économie de temps et
d'argent pour le gouvernement.
Concernant le règlement de la situation précaire d'un
grand nombre d'occasionnels déjà embauchés de façon
cyclique ou pour une longue durée, la Commission considère que le
concours réservé n'est pas une solution légale ni
acceptable Elle envisage plutôt le recours à une disposition
comparable à celle de l'article 164 de la loi actuelle, à titre
de disposition exceptionnelle, pour régler les cas de nombreux
employés occasionnels qui se retrouvent dans des situations
ambiguës et difficiles.
Les différents éléments de notre proposition
relative aux occasionnels ne devraient pas être dissocias. Ils sont
susceptibles, croyons nous, non seulement de corriger en partie la situation
actuelle, mais aussi d'éviter que ne se répèto, une
troisième fois, une situation pour le moins anormale. C'est pourquoi la
Commission recommande que le législateur inscrive dans la loi un cadre
régissant les emplois des employés occasionnels.
Pour ce qui est du régime syndical, notre Commission a
réexaminé le point souvent remis en cause, celui de l'aire de
négociation, plus spécifiquement les matières exclues du
champ de la négociation suivant l'article 70 de la loi. Après
avoir discuté du bien-fondé de l'exclusion de ces
matières, notre Commission recommande que soient maintenues et
respectées les (imitations actuelles imposées à
l'étendue des matières négociables.
Selon la Commission, le partage actuel des responsabilités entre
le Conseil du trésor, l'Office des ressources humaines, la Commission de
la fonction publique et les ministères et organismes, permet au
gouvernement une gestion adéquate de ses ressources humaines en vue de
la réalisation de la mission que la loi confie à la fonction
publique. Elle a choisi de laisser à chacun de ces organismes le soin de
proposer les modifications qui pourraient améliorer leur fonctionnement
ou suggérer un nouveau partage des responsabilités. Vous
comprendrez, en effet, que son pouvoir quasi judiciaire d'une part, et son
mandat de vérification et de recommandation d'autre part, lui imposent
une certaine réserve envers les organismes qui sont l'objet de ces
interventions.
La Commission suggère cependant que le double rôle du
Conseil du trésor dans les domaines de la gestion financière et
de la gestion des ressources humaines soit réexaminé. Par
rapport
aux champs de compétence de la Commission, une seule modification
est proposée relativement aux recours prévus à l'article
127 qui, soit dit en passant, est accessible à quelque 12 000 personnes.
La Commission a eu l'occasion d'intervenir à plusieurs occasions au
sujet de la gestion des emplois supérieurs et de leur titulaire. Il lui
apparaît que les nouvelles orientations du Conseil du trésor sont
de nature à éviter la répétition des
problèmes rencontrés au cours des dernières années.
Elle reste attentive, cependant, à certains cas qui ne seraient pas
touchés par les nouvelles directives du Conseil du trésor, mais
n'en demeurent pas moins problématiques. (10 h 30)
Toutefois, la Commission considère que l'efficacité du
système proposé serait accrue par une supervision
centralisée de la carrière des cadres supérieurs. Selon la
Commission, il s'agit là d'une responsabilité que le
législateur a confié à l'Office des ressources humaines
par les dispositions du paragraphe 12 de l'article 99 de la loi; il serait
opportun que l'Office voit à son application immédiatement.
En ce qui a trait à la relève du personnel
d'encadrement supérieur, la Commission souscrit à toutes formes
de développement et de perfectionnement qui tiennent compte des besoins
de l'administration et des aspirations légitimes des fonctionnaires
à la condition, toutefois, que l'octroi des promotions se fasse en
respectant l'égalité d'accès pour tous et en application
de la règle de la sélection au mérite.
En terminant, la Commission, dans le cadre de ses compétences,
demeure à l'entière disposition de la commission parlementaire
pour répondre à toute question que cette dernière pourrait
juger à propos de lui soumettre ou encore, pousser plus avant l'examen
d'autres sujets d'intérêt pour la fonction publique.
Le Président (M. Lemieux): Merci. M. le président
de la Commission. J'aimerais vous mentionner que l'ensemble de la deputation a
pris connaissance de vos mémoires. De mémoires préalables,
je pense à 1988-1989, de différents rapports que vous avez
soumis, y compris la promotion des intérimaires. Mais vous êtes
bien au courant que nous avons très peu de temps pour échanger.
Alors, je vais quand même passer immédiatement la parole au
député des Îles-de-la-Madeleine pour revenir du
côté du député de La Prairie. Quant à moi,
j'ai trois ou quatre questions ici. Et le député de Limoilou a
aussi des questions, je crois.
M. le député des îles-de-la Madeleine.
M. Farrah: Merci beaucoup, M. le Président. Dans un
premier temps, je veux féliciter M. Poulin et son équipe pour
l'excellence de son mémoire. Ça démontre un travail
consciencieux qui a été fait et c'est avec beaucoup plaisir que
je l'ai lu.
Le premier point qui m'a frappé, c'est à la page 35, au
niveau des occasionnels. Je pense que vous l'avez soulevé aussi dans
votre présentation. Vous avez dit que la problématique au niveau
des occasionnels dans un premier temps, lors de la refonte en 1983, qu'on
voulait rendre ces gens-là permanents. On disait qu'on avait
réglé un problème ad hoc à ce moment-là. Et,
à ce moment-ci, on est rendu avec un problème à peu
près similaire.
Donc, la loi n'a pas fait en sorte de réparer ou de régler
cette situation-là. D'autre part, également, qu'est-ce qui m'a
frappé au niveau de votre mémoire, c'est que si on prend pour
exemple l'année 1988-1989 au niveau des nominations, vous dites - et
c'est exact à mon sens - que 60,3 % des occasionnels, pour
l'année 1988-1989, ont occupé le champ de nomination. Et si on
inclut aussi les fonctionnnaires là-dedans, ça veut dire 65 % de
l'ensemble des nominations qui ont été faites avec des
fonctionnaires et aussi avec des occasionnels.
Alors, la question est la suivante: Qu'est-ce qu'il y a de mal
là-dedans dans le sens suivant? C'est que, là, si le but
principal est un service de qualité au niveau de la population et si des
occasionnels ont eu la chance d'être embauchés occasionnels et ont
pu obtenir une certaine expertise au niveau de leur travail, dans un premier
temps, alors, où est le mal à embaucher ces gens-là pour
faire en sorte d'assurer un service de qualité, au bout de la ligne,
à nos concitoyens et concitoyennes, qui est le but principal de la
loi?
Et je pense que c'est un élément analogue quand
même, qu'on peut voir au niveau du privé aussi, où tu as un
pied dans la boîte dans un premier temps, où tu acquiers une
certaine expertise et, où, par la suite, tu peux accéder à
des postes permanents. Alors, j'aimerais vous entendre davantage
là-dessus, M. Poulin.
M. Poulin (Jean-Noël): M. le Président et MM. les
députés... En fait, votre remarque est très pertinente et
elle soulève justement le problème du choix ou de l'accès.
Vous avez remarqué que la Commission de la fonction publique ne
suggère aucunement que les occasionnels ou les citoyens qui ont pris une
expérience soient exclus des concours. Là n'est pas la question.
Ce que nous déplorons, c'est que le choix se fasse, au départ,
d'une façon arbitraire. D'où notre recommandation, pour les
occasionnels qui seraient engagés dans la fonction publique, à
long terme ou pour des projets spécifiques, qu'ils le soient suite
à un concours de recrutement, l'idée étant que les
citoyens, ceux qui n'ont pas la chance, eux, d'être occasionnels
connaissent les règles du jeu et n'aient pas l'impression, de toute
façon, qu'ils n'ont aucune chance.
M. Farrah: D'autre part aussi au niveau du recrutement, comme on
a mentionné, il y a de
plus en plus de fonctionnaires qui participent à des concours de
recrutement, suite aussi aux revendications ou au constat qui a
été fait aussi - on ne sait pas si c'est vrai, mais on va
présumer que c'est vrai - de plusieurs organismes qui sont venus
témoigner du fait qu'il existe, en tout cas, ou qu'il y a une perception
de patronage administratif. Est-ce que cène situation n'accrédite
pas cette thèse dans le sens que, souvent, des fonctionnaires ont
peut-être des héritiers à l'intérieur? Alors, par
conséquent, ils vont sur des concours de recrutement et, par la suite,
la promotion s'ensuit pas grand temps après. Alors, est-ce qu'on peut
accréditer la thèse de certains organismes pour dire qu'il y a
quand même un patronage administratif qui existe au sein de la fonction
publique québécoise?
M. Poulin (Jean-Noël): Nous ne pourrions pas vous affirmer
que le patronage administratif existe. Je dois vous dire que la Commission se
préoccupe beaucoup de cette possibilité égale ment. La
façon, pour elle, d'éviter que ça se produise au niveau
des concours, particulièrement des concours de promotion, c'est que les
promo tions se donnent, effectivement, par des concours de promotion et non pas
par des concours de recrutement qui, comme vous le savez, excluent le droit
d'appel, ce qui veut dire que si quelqu'un est promu à l'occasion d'un
concours de recrutement, nous ne pouvons pas intervenir au niveau d'un appel
avec une décision exécutoire. Évidemment, c'est une
difficulté que nous déplorons.
M. Farrah: Lorsqu'on parle d'équité au niveau de
l'ensemble des concitoyens et des concitoyennes du Québec d'avoir un
accès égal à la fonction publique, je pense qu'il faut
aussi regarder à l'interne, qu'il y ait aussi un accès
équitable à l'ensemble des fonctionnaires en ce qui concerne la
promotion. Je pense que les deux sont un peu interreliés.
M. Poulin (Jean-Noël): Effectivement. Vous avez
décelé, sans doute, que les préoccupations de la
Commission couvrent les deux secteurs: d'abord, la carrière des
fonctionnaires dans la fonction publique, qui est très importante, leurs
possibilités de promotion avec les recours prévus dans la loi.
D'un autre côté, la Commission se préoccupe
également du citoyen qui, lui, a souvent l'impression d'être
délaissé un peu. Il ne faudrait pas que la fonction publique soit
l'affaire des gestionnaires et des syndicats exclu sivement. Il y a le citoyen
qui est mal informé, qui n'a pas accès à tous les
documents, à toutes les possibilités et la Commission a choisi de
se préoccuper aussi du citoyen, comme la loi le prévoit.
M. Farrah: Maintenant, pour revenir au niveau des occasionnels,
à ce moment-là, est-ce que je dois interpréter votre
position comme allant à rencontre de celle du président du
Conseil du trésor qui a mentionné, à l'ouverture des
travaux de la commission, que 3500 postes occasionnels seront convertis en
postes permanents? Alors, est-ce que je peux interpréter ça comme
une position un peu à rencontre de celle du président du Conseil
du trésor? Je ne veux pas vous mettre dans l'eau chaude, remarquez bien,
là. Entre nous...
M. Poulin (Jean-Noël): M. le député, je ne
crois pas qu'il y ait incompatibilité entre le projet du Conseil du
trésor de convertir, de créer de nouveaux postes permanents. Le
problème sera de les combler et nous avons déjà pris
position à l'effet que la Commission de la fonction publique croit qu'il
serait illégal de faire des concours réservés aux
occasionnels, par exemple, ce que les occasionnels aimeraient bien voir se
passer dans certaines circonstances. Une autre difficulté, c'est le
nombre. La Commission ne peut pas se prononcer, nous n'avons pas los
éléments pour dire: il faudrait créer tant de postes,
plutôt qu'un tel autre nombre de postes. Nous devons nous en tenir au
niveau des principes d'accès et s'il doit y avoir accès suite
à la création de postes, ça devrait se faire selon l'ordre
du mérite.
M. Farrah: Par contre, pour continuer dans la même veine,
est-ce que le fait de procéder ainsi, comme le président du
Conseil du trésor l'a mentionné, de combler ces postes-là
à l'intérieur par concours, mais avec des gens à
l'intérieur de la banque d'occasionnels, si vous le permettez, ne peut
pas apporter une certaine amélioration au niveau des programmes
d'accès à l'égalité? On sait qu'au niveau des
occasionnels, c'est principalement des jeunes qui sont là dedans,
principalement des femmes II y a également des gens des minorités
visibles. Alors, par conséquent, n'y aurait il pas lieu de penser qu'une
telle procédure pourrait faire en sorte d'améliorer l'image de la
fonction publique au niveau des minorités ou des programmes
d'accès à l'égalité?
M. Poulin (Jean-Noël): Si je comprends bien, par les
concours?
M. Farrah: Non, ça dépend. Comme le
président du Conseil du trésor l'a mentionné, en comblant
les postes d'occasionnels avec des concours à l'intérieur de la
banque d'occasionnels... à l'intérieur des gens qui occupent des
postes occasionnels. On s'entend?
M. Poulin (Jean-Noël): M le député, j'ai
mentionné que la Commission croit que la loi ne permet pas cette
approche, d'une part, et, d'autre part, vous avez aussi remarqué que la
Commission n'exclut pas une intervention législa-
tive pour régler un certain nombre de cas par voie
législative, comme ç'a été fait en 1983 par
l'article 164 de la loi actuelle.
M. Farrah: Merci.
Le Président (M. Lemieux): Ça va, M. le
député?
M. Farrah: Dernière question, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le
député. Il vous reste quelques minutes.
M. Farrah: Au niveau de l'excellence: durant la commission ici on
a parlé à plusieurs reprises et mon collègue des
Mille-Îles qui, malheureusement, n'est pas ici ce matin, a discuté
à plusieurs reprises de l'apport ou du niveau d'excellence dans la
fonction publique et qu'est-ce qu'on a remarqué aussi au niveau des
différents intervenants qui sont venus, et principalement les syndicats,
malheureusement à cet égard, c'est qu'au niveau de l'excellence
on semblait quand même avoir une certaine retenue, entre autres, au
niveau des primes à l'excellence. Les syndicats nous disent: On n'est
pas intéressés qu'il y ait des primes à l'excellence.
Ça peut amener une certaine division à l'intérieur de nos
membres, etc. Est-ce que ça ne va pas un peu à l'encontre de
l'amélioration des services à la clientèle? Je pense que
viser l'excellence ce n'est pas méchant en soi, au contraire, et on a
senti, nous, chez la plupart des organismes qui sont venus nous rencontrer, une
certaine réticence à cet égard Ià. J'aimerais vous
entendre là dessus.
M. Poulin (Jean-Noël): M. le député, notre
réflexion nous a évidemment amenés à
considérer que dans la fonction publique, comme dans toute autre
organisation, une incitation constante à l'amélioration s'impose.
Tous ceux qui ont à coeur de rendre un meilleur service aux citoyens
doivent tendre vers l'excellence. À notre avis, les primes sont un moyen
qui peut être utilisé avantageusement à l'atteinte de cet
objectif. C'est un moyen parmi d'autres. Évidemment, cela implique la
mise en place d'un système d'évaluation adéquat des
résultats attendus et des performances. C'est un peu ce qui fait peur,
semble-t-il, à certains intervenants qui ont mentionné la peur de
l'arbitraire. En réponse à votre question, nous sommes en faveur
d'un système pour favoriser l'excellence.
M. Farrah: C'est tout, M. le Président, pour
l'instant.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député des Îles-de-la-Madeleine. M. le président, eu
égard à la conversation que vous avez eue avec le
député des Îles-de-la-Madeleine, je voudrais bien qu'on
soit clairs et bien comprendre le message que vous voulez nous passer. Eu
égard au fait qu'il y a un principe dans la loi qui veut qu'il y ait une
égalité des chances pour l'ensemble des citoyens du Québec
d'accéder à la fonction publique, le message que vous nous passez
que, eu égard aux pratiques actuelles, aux participations - d'ailleurs,
on retrouve une certaine partie de votre logique dans votre mémoire
puisque vous recommandez aux fonctionnaires une non-participation aux concours
de recrutement - est-ce que le message est le suivant: II y a peu de chance ou
les chances sont très amoindries pour le simple citoyen, eu égard
aux pratiques actuelles, d'accéder à un poste dans la fonction
publique? Est-ce ça que vous voulez nous dire?
M. Poulin (Jean-Noël): Effectivement. En fait, il a souvent
accès à des concours et plusieurs citoyens se découragent
parce qu'à force de passer des concours et de ne pas être retenus,
ils sont en compétition, comme nous l'avons mentionné, avec des
occasionnels et des fonctionnaires. C'est ce que nous déplorons. Notre
message n'est pas de pénaliser les fonctionnaires; au contraire, nous
recommandons un système qui permettrait aux fonctionnaires une promotion
dans la fonction publique et laisserait l'accès aux citoyens dans les
postes d'entrée probablement. (10 h 45)
Le Président (M. Lemieux): Dans votre esprit, ça
rejoint l'objectif de la loi?
M. Poulin (Jean-Noël): Ça devrait être
prévu.
Le Président (M. Lemieux): Ça va. Je vais y revenir
tout à l'heure. J'ai cinq, six questions. Je vais passer
immédiatement la parole au député de La Prairie. Je vais
revenir à la fin.
M. Lazure: Merci, M. le Président. J'ai quelques questions
et mes collègues vont en avoir tantôt aussi. Pour un peu continuer
dans le même ordre d'idée, la promotion sans concours. Vous notez
que, sur une période de deux ans, de 1986 à 1988, 36, 3 % des
promotions avaient été obtenues sans concours et vous trouvez,
à bon droit, que c'est un pourcentage plutôt très
élevé. Qu'est-ce que vous considéreriez comme un
pourcentage, entre guillemets, "normal"?
M. Poulin (Jean-Noël): M. le député, vous avez
une question qui m'embête sérieusement. Évidemment, nous
n'avons pas d'étude qui nous démontrerait ce que ça
devrait être. Lors de ces représentations, à la commission
Bisaillon, en 1983, la prévision de promotions sans concours
était une suggestion de la Commission de la fonction publique. Elle
prévoyait alors que ces promotions pourraient être accessibles
à des
fonctionnaires qui, par leur compétence, avaient, d'une certaine
façon, créé un poste qui méritait une promotion. Et
la préoccupation de l'époque était qu'un tel concours,
avec la participation d'une personne qui, de toute évidence,
remporterait le concours, mettait un peu de doute sur l'équité ou
l'impartialité du concours. Pour éviter ces situations, la
Commission avait suggéré, dans certains cas évidents, la
promotion sans concours. Je crois comprendre que son intention et celle du
législateur étaient de faire un régime d'exception qui
visait ces cas. Notre constatation, c'est que c'est devenu assez large et c'est
probablement utilisé de façon pas tellement conforme à
cette idée, au départ. En réponse à votre question,
M. le député, je ne pourrais pas vous dire ce que ça
pourrait être, en termes de proportion.
M. Lazure: En tout cas, je pense que c'est une clause qui est
assez correcte, de permettre exceptionnellement une promotion sans concours.
Mais là, ce n'est plus de l'exception, c'est plus du tiers; alors, il y
a nettement un abus. Mais comment y remédier sans exclure
carrément les promotions sans concours? Est-ce qu'il faut arriver
à un certain pourcentage? Parce que si c'est laissé ouvert comme
c'est actuellement, c'est sûr que les abus vont continuer et vont
même augmenter, à certaines périodes.
M. Poulin: Oui, M. le député...
M. Lazure: Qu'est-ce que vous nous proposez?
M. Poulin (Jean-Noël): Ce que nous propo sons, ce serait
d'avoir un libellé, dans la loi, qui soit plus restrictif, qui parle
effectivement de la proposition que la Commission faisait, en 1983, d'une
réévaluation à la hausse d'un emploi lorsqu'un titulaire
en poste a effectivement enrichi sa fonction au cours d'un laps de temps
raisonnable; ça, c'était la proposition de l'époque.
Aujourd'hui, selon les normes que l'Office des ressources humaines
détermine par règlement, il est promu s'il rencontre les
conditions d'admission de la classe de l'emploi ainsi
réévalué. Alors, c'est l'emploi qui est
réévalué alors que quelqu'un l'occupe; alors que, dans la
proposition, c'était une réévaluation, suite à la
place qu'occupait le fonctionnaire qui occupait ce poste-là. C'est une
situation délicate. Et notre prétention, c'est qu'il faut trouver
un moyen pour ne pas que ça devienne une porte d'entrée
arbitraire et non conforme à l'idée.
M. Lazure: D'accord. Dans un autre ordre d'idées, page 71,
vers la fin de votre mémoire, vous dites: "La Commission suggère
cependant que le rôle du Conseil du trésor dans les domaines de la
gestion financière et de la gestion des ressources humaines soit
réexaminé. En effet, ces deux domaines peuvent facilement se
trouver en opposition" Pourriez-vous parler avec un peu plus d'abondance
là-dessus?
Le Président (M. Lemieux): Pourriez-vous nous dire de
quelle façon ça devrait être
réexaminé9
M. Poulin (Jean-Noël): La ressource humaine est une
ressource très importante, nous en convenons tous. Et ce que nous
croyons, c'est que cette ressource est assez importante... qu'elle
mériterait d'être défendue au Conseil des ministres par un
ministre bien identifié et qui a cette préoccupation-là,
plutôt que de faire l'objet d'un arbitrage au niveau du Conseil du
trésor. Il est évident - ce n'est pas une critique du
système actuel ou de l'usage qu'on fait du système actuel - que
les questions de la gestion des ressources financières, si elles
côtoient et sont sous la responsabilité d'un même ministre,
quel qu'il soit, celles de la gestion des ressources humaines, l'arbitrage se
fait à ce niveau. Ce qui veut dire que les propositions qui remontent au
niveau du Conseil des ministres sont celles du ministre qui est responsable de
la gestion de ces deux ressources. Notre suggestion serait qu'il serait plus
profitable que la question de la gestion des ressources humaines soit
défendue jusqu'au Conseil des ministres par un ministre responsable.
M. Lazure: Merci, c'est clair, d'autant plus que nous sommes
d'accord avec cette position-là, nous la comprenons très
bien.
Ma dernièro question.
M. Léonard: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): ..M. le député de
Labelle.
M. Lazure: Je vais lui céder la parole tantôt. J'ai
une dernière question concernant ce que vous appelez la reddition des
comptes. Vous dites que la Commission n'attribue pas cette absence à la
négligence ou à la mauvaise foi, etc. C'est que certains
gestionnaires profitent de cette situation où on ne sait pas qui doit
faire quoi, qui se rapporte à qui. Alors, je vous pose la question: Qui
est-ce qui doit déterminer ça? Au fond, vous avez l'air de dire
que les lignes d'autorité sont mal tracées. Qu'est-ce qu'il
faudrait apporter comme correctif pour que ce soit plus clair et qu'on puisse
mettre en vigueur ce mécanisme de reddition de comptes?
M. Poulin (Jean-Noël): La Commission de la fonction publique
croit qu'il est temps que les hauts fonctionnaires puissent rendre compte de
leur gestion administrative et seulement de leur gestion administrative aux
commissions parlementaires. Il y a certains obstacles qui subsistent.
Prenons l'exemple de la gestion des ressources humaines qui nous
préoccupe d'une façon plus particulière. Vous constaterez,
à l'article 37, le libellé qui indique: "Sous la direction du
ministre dont il relève, le sous-ministre est responsable de la gestion
des ressources humaines du ministère. " Dès ce moment, il y a une
ambiguïté: qui est le premier responsable et auprès de qui?
Notre suggestion serait que ce soit clarifié dans la loi, que le
sous-ministre ou le dirigeant d'organisme est responsable de la gestion de ses
ressources, en particulier de celle des ressources humaines. Il n'est pas
question d'enlever la responsabilité ministérielle sur cette
question et il s'agit justement de savoir qui répond à qui, de
quoi et quand. Le partage est difficile dans le contexte actuel.
Des intervenants vous ont également fait valoir qu'il y a
d'autres lois, prenons la loi de la gestion financière où il n'y
a pas de prévision, il n'y a pas d'accompagnement de fait. À
l'instar du Vérificateur général, nous suggérons
qu'une clarification soit faite légalement. Nous n'avons pas de recette
à vous donner, le champ est très vaste.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: M. le Président, je trouve fort
intéressant les paragraphes que vous consacrez aux occasionnels. Je suis
en accord avec votre définition, que ce qui devrait déterminer
l'embauche d'occasionnels, c'est le caractère temporaire du besoin ou le
caractère de remplacement d'une personne. D'une certaine manière,
l'analyse que vous faites des concours quand il y en a. et du simple citoyen
qui n'est pas déjà dans la fonction publique versus le simple
citoyen qui est occasionnel, c'est sûr que dans la mesure où il y
a abus dans l'utilisation du statut, on crée un engorgement quand vient
le temps de faire des concours. Ce que je veux dire, c'est que s'il y avait
moins d'occasionnels, il y aurait moins d'occasionnels qui obtiendraient les
postes au moment où on les distribue et, toute règle mise
à part dans n'importe quel type d'entreprise, la personne qui rend
déjà un service a toujours un avantage versus l'inconnu, parce
que, pour le gestionnaire, la personne qui fait un travail d'une façon
satisfaisante a cet avantage d'être une "chose" connue.
Je pense qu'à cet égard là, vous posez très
bien le problème, mais dans le fond, qu'est-ce qui fait qu'il y a autant
d'occasionnels? On peut imaginer là, qu'il y a des considérations
budgétaires qui jouent, mais après une décennie dans un
poste, on peut se dire que le budget pourrait être stabilisé
à l'égard de cette personne là. Et, est-ce qu'il n'y a
pas, d'une certaine façon, le fait que l'accès à un poste
d'occasionnel est plus simple que l'accès à un poste permanent?
Et si on revient à la logique que le simple citoyen a une chance
égale d'avoir leur poste, est-ce qu'on ne doit pas aller dans le sens de
rendre plus rationnelle et plus juste, dans le fond, l'embauche d'occasionnels,
puisqu'il y en aura toujours de toute façon et qu'il y aura toujours des
transferts? Autrement dit, si j'étais un contribuable qui applique
à un concours, je reprocherais moins le fait qu'un occasionnel obtienne
un poste permanent que de ne pas avoir - une fois qu'on sait qu'un occasionne!
peut devenir permanent et a certains atouts pour le devenir - je reprocherais,
de ne pas avoir, moi, la chance de le devenir occasionnel pour pouvoir
éventuellement connaître la boîte, si on veut. Et si on
revenait à votre définition, je pense que - c'est difficile de
mettre des chiffres - mais il n'y aurait pas 21 000 occasionnels si on tombait
dans la définition que vous en donnez.
M. Poulin (Jean-Noël): Effectivement. D'autres
employés de l'État qui ne seraient pas des occasionnels, mais qui
seraient des employés qui, selon notre suggestion, devraient porter un
autre nom, pour des périodes prolongées, devraient, à
notre sens, être choisis selon la règle du mérite. Et,
s'ils étaient choisis selon la règle du mérite, la
Commission ne verrait pas d'objection à ce qu'ils graduent et ensuite
deviennent des employés réguliers ayant passé par un
système qui prévoirait, soit une période d'employés
temporaires plus longue, soit leur présence sur des listes,
déclaration d'aptitudes, jusqu'à ce qu'un poste s'ouvre. Mais ils
auraient été en compétition dès le départ
et, à ce moment-là, nous ne pourrions pas prétendre qu'ils
ont une facilité plus grande que des citoyens qui n'ont pas eu cette
chance.
M. Bourdon: On a parlé d'encouragement au rondement tout
à l'heure. Est-ce que vous ne pensez pas qu'une application plus
conforme à la loi, dans le fond, des mécanismes de concours et de
promotion, ça pourrait constituer une incitation à l'excellence
chez les employés? Je m'explique. C'est qu'un boni, c'est quelque chose
de passager. Une promotion, ça donne habituellement un salaire plus
élevé, un travail moins monotone, par hypothèse, plus de
défis, et un statut social plus valorisant. Et vous ne pensez pas que si
on agissait à ce niveau-là pour avoir moins de promotions sans
concours et d'autres manières qui sont utilisées pour passer
à côté du concours qui permet d'évaluer le
mérite, que ça serait un facteur qui encouragerait les gens
à "performer", la perspective d'une promotion?
M. Poulin (Jean-Noël): Nous sommes entièrement
d'accord, M. le député, avec cette hypothèse et je ne
pourrais pas l'exprimer mieux que vous l'avez fait.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Pointe-aux-Trembles. M le député
de
Limoilou.
(11 heures)
M. Després: Merci, M. le Président Je vais essayer
d'aller assez vite étant donné que plusieurs de mes
collègues veulent aussi poser des questions. J'aimerais revenir sur la
page 71 lorsque le député de Labelle a parlé sur le cadre
institutionnel de la fonction publique. Vous dites carrément:
Étant donné que le Conseil du trésor... on devrait
réexaminer l'aspect des deux responsabilités du Conseil du
trésor, c'est-à-dire celle qui est la responsabilité
financière dont il a carrément le contrôle et au niveau de
la gestion des ressources humaines, il a plutôt un rôle, quant
à moi, conseil et selon la loi aussi. Vous dites: On devrait donner le
chapeau maintenant à un nouveau ministre parce que le Conseil du
trésor... Ce que j'aimerais savoir de votre part, c'est qu'au fond le
Conseil du trésor ne joue pas le rôle de maître d'oeuvre
dans le développement des ressources humaines au moment où on se
parle, le rôle du Conseil du trésor. Si vous voulez donner le
chapeau à un nouveau ministre, c'est parce que vous voulez qu'il y ait
quelqu'un qui ait spécifiquement cette responsabilité-là
et qu'il ait comme mandat de voir au développement des ressources
humaines. Est-ce que vous êtes... Donc, vous n'êtes pas satisfait
au moment où on se parle du rôle que joue le Conseil du
trésor. Je veux bien comprendre ce que vous... Le rôle que joue
présentement le Conseil du trésor en matière de
développement de ressources humaines, et si on donne le chapeau à
un nouveau ministre, quels sont ses responsabilités et son rôle
face au développement des ressources humaines?
Le Président (M. Lemieux): Si vous êtes satisfait,
M. Poulin, est-ce qu'on pourrait faire mieux?
M. Poulin (Jean-Noël): M. le député, vous
allez... Je ne crois pas que nous pourrions dire que nous ne sommes pas
satisfaits du travail accompli par le Conseil du trésor. Nous sommes
conscients de la difficulté à laquelle fait face un responsable
qui doit faire des partages lui-même, qui doit faire un arbitrage et
être sujet aux critiques de personnes qui vont dire: Vous n'avez pas
atteint, vous n'avez pas défendu tel dossier, comme vous auriez dû
le faire, partagé qu'il est entre des choix à faire. Il est
normal que des choix soient faits. Il s'agit de savoir à quel niveau.
L'une des considérations que nous avons, c'est que ça
faciliterait les choses, déjà fort compliquées par
l'existence du Conseil du trésor, de la Commission de la fonction
publique, de l'Office des ressources humaines et de tous les ministères
et organismes qui sont aussi des acteurs très présents dans la
gestion des ressources humaines. Le fait qu'il y a des attentes, qu'il y a des
délégations et, aussi, l'absence dune reddition de comptes
appropriée, peut-être à l'interne et surtout à
l'externe. L'ensemble de la situation, d'après nous, serait certainement
plus clair s'il y avait un responsable de la gestion des ressources humaines
qui était différent de celui de la gestion des ressources
financières. C'est une attitude qui est courante et que l'on voit un peu
partout, c'est une position prise par les sous-ministres au niveau
fédéral, qui est suggérée par les études que
vous avez de l'OCDE et, en plus de ça, une autre action qui,
d'après nous, clarifierait le climat de la gestion en
général et celle des ressources humaines en particulier,
nonobstant l'organisation institutionnelle, c'est un système de
reddition de comptes à l'endroit approprié.
M. Després: Excusez-moi, M. le Président, il y
aurait peut-être une petite question. Maintenant, au niveau de chacun des
ministères ou de chacun des organismes, au niveau du
développe-mont dos ressources humaines, présentement, est-ce
qu'on accorde toute l'importance...? Je n'ai pas l'impression, souvent,
d'après ce qu'on a pu entendre, que, justement, au niveau de chacun des
ministères, que ce soit juste de la direction de la gestion du personnel
dans chacun des ministères, qu'on accorde toujours l'importance au
développement des ressources humaines.
M. Poulin (Jean-Noël): Nous n'avons pas d'étude qui
nous ferait une démonstration, M. le député, à cet
égard. Nous sommes sceptiques cependant, selon certaines attitudes ou
certaines requêtes que nous avons traitées, et nous avons
malheureusement tous été témoins de certaines
allégations à l'effet que le grand patron est trop occupé
à des choses importantes pour s'occuper de la gestion des ressources
humaines. Ce qui va à rencontre de ce qui est prévu dans la loi
où le sous-ministre, dirigeant de l'organisme, est le premier
responsable de la gestion des ressources humaines. Il s'agit là
probablement d'une évolution qui doit être continuellement en
période d'amélioration.
Le Président (M. Lemieux): Comme vous êtes un
délinquant, M. le député de Limoilou, en
additionnelle.
M. Després: Oui, merci beaucoup, M. le Président.
Je déplore le fait qu'on ait seulement une heure ou deux, M. le
Président, pour entendre la Commission de la fonction publique.
Peut-être une dernière question en ce qui concerne
l'imputabilité. J'ai vu à la page 9 de votre mémoire que
vous dites que l'imputabilité doit être basée sur trois
points: le transfert des responsabilités, la reddition de comptes et la
sanction des résultats. Donc, si vous parlez de transferts des
responsabilités, vous pariez d'une décentralisation des pouvoirs.
J'aimerais ça savoir comment vous conciliez la décentralisation
des
pouvoirs et l'imputabllité avec l'application de principes
d'uniformité et d'équité. Plus on décentralise,
plus il peut être difficile d'uniformiser les mesures de contrôle
d'imputabilité. J'aimerais vous entendre un petit peu là-dessus.
Il n'est pas dangereux justement, par le fait qu'on décentralise et
qu'on veut les rendre imputables, qu'il devienne difficile de rendre des
comptes et d'avoir une certaine uniformité?
M. Poulin (Jean-Noël): Une bonne démonstration sur
une possibilité vous a été faite par le
Vérificateur général. Il est assez intéressant de
constater que, sans qu'il y ait eu consultation entre le Vérificateur
général et la Commission de la fonction publique, nous avons,
à cet égard, des attitudes semblables. Le Vérificateur
général, qui est beaucoup plus compétent que nous dans les
systèmes de vérification, est allé plus loin dans les
processus ou les possibilités. Je dois vous dire que les membres de la
Commission sont tous d'accord avec ce que vous a proposé, un peu plus
détaillé que nous, un système d'imputabilité et de
reddition de comptes. Il nous semble que la reddition de comptes interne doit
être bien structurée; elle risque d'être moins efficace s'il
y a un blocage, si à un moment donné le sous-ministre
lui-même ne rend pas des comptes quelque part. Le sous-ministre ou le
dirigeant d'organisme est tenu à une reddition de comptes interne lui
aussi. Je présume que ça doit se faire et bien se faire. Il faut
que ce soit fait.
Ce que nous préconisons à l'instar, encore une fois, du
Vérificateur général, c'est que nous sommes probablement
rendus à un point où est-ce que les gestionnaires, la haute
fonction publique, devraient rendre des comptes à l'externe, donc
à une commission parlementaire. Notre prétention serait qu'un tel
système favoriserait tout le processus de reddition de comptes interne,
autrement dit la chaîne hiérarchique se mettrait en branle, et ce
serait certainement bénéfique. Nous sommes conscients, cependant,
des difficultés que cela implique. En fait, vous l'êtes
certainement plus que nous. Vous connaissez le système des commissions
parlementaires beaucoup plus que nous et il y a des difficultés. Mais
malgré ces difficultés-là, nous croyons que les avantages
d'un système de reddition de comptes externes pour les hauts
fonctionnaires et les dirigeants d'organisme méritent d'être
examinés de très près.
Le Président (M. Lemieux): Avez-vous terminé, M. le
député? M. le député de Saint-Louis.
M. Després: Je vais laisser le député de
Saint-Louis qui veut parler aussi sur l'imputabi lité.
M. Chagnon: Oui, ça va passer pour ma marotte! M. Poulin,
donc, sur le même sujet, vous suggérez comme l'a lui-même
fait M. Bernard il y a quelques années, que l'imputabilité
interne sur le plan de la gestion des programmes, sous-ministres et
sous-ministres adjoints soit imputable au Conseil du trésor, sur le pian
de la gestion générale de leur ministère, au Conseil
exécutif. C'est bien cela que je dois comprendre?
M. Poulin (Jean-Noël): Oui, oui. En fait...
M. Chagnon: Quant à l'imputabilité externe, vous
soulignez un peu comme l'a fait le Vérificateur général,
qu'on devrait voir nos sous-ministres, sous-ministres adjoints, venir devant
les commissions parlementaires faire la démonstration de leur bonne
administration, de l'aspect qualitatif de l'administration sur laquelle ils
auront eu à travailler. Est-ce que vous avez des sujets particuliers que
vous jugez qui devraient être des sujets sur lesquels les sous-ministres
et les sous-ministres adjoints devraient être particulièrement
imputables devant l'Assemblée nationale ou devant ces commissions
parlementaires? Le Vérificateur général lui avait
encadré un peu son approche? Est-ce que chez vous, vous avez une
approche "wide open" ou?
M. Poulin (Jean-Noël): M. le député, nous
avons une approche assez libérale à cet égard. Nous avons
étudié attentivement les propositions du Vérificateur
général. Nous sommes d'accord avec lui. Les points ou les sujets
qui devraient être traités, à notre égard, sont les
ressources qui sont mises à la disposition d'un haut fonctionnaire,
sous-ministre ou dirigeant d'organisme, des ressources humaines,
financières et matérielles et l'usage qu'ils en feraient pour
rencontrer, pour satisfaire la réalisation des programmes. Comme il a
été mentionné déjà par le
Vérificateur général, la gestion administrative et seule
la gestion administrative évidemment devrait faire l'objet d'une telle
démarche, d'une reddition de comptes. Les redditions de comptes à
d'autres niveaux se feront quand même et par probablement le ministre
responsable des politiques d'un ministère.
M. Chagnon: Évidemment que le Vérificateur
général avait comme premier sujet à l'ordre du jour de
cette première séance d'imputabilité, le rapport du
Vérificateur général. On pourrait peut-être
procéder pour la même chose que votre rapport ou celui de
l'ombudsman, du Protecteur du citoyen.
M. Poulin (Jean-Noël): C'est certainement une bonne
occasion.
M. Chagnon: Si je vous comprends bien, vous estimez que la partie
de l'imputabilité devrait être encore plus large que celle que
suggérait ici devant nous le Vérificateur
général?
M. Poulin (Jean-Noël): Pas nécessairement. Je pense
que le Vérificateur général allait déjà
assez loin, lui, dans sa recommandation. L'autre préoccupation que
j'aurais moi personnellement, ce serait qu'un tel système qui n'existe
pas actuellement soit mis en branle, soit mis en fonctionnement d'une
façon prudente.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chagnon: Dans le sens noble, évidem ment. On ne saurait
pas mieux faire... adresser autrement.
M. Poulin (Jean-Noël): Et, évidemment, nous avons
suggéré à l'instar, encore une fois, du
Vérificateur général, une indication à cet
égard dans la loi.
M. Chagnon: Je vous remercie, M. Poulin.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Saint-Louis. J'aurais peut-être trois petites
questions, M. le Président. Je vais revenir, à la toute fin, sur
l'imputabilité. Lorsqu'on parie, dans votre mémoire, à la
page 20-21... vous parlez du recours aux exigences additionnelles
prévues au dernier alinéa de l'article 43 et vous nous faites
état que ceci a peut-être pour effet de bloquer l'accès de
la fonction publique aux jeunes diplômés. Vous faites état
aussi qu'on pourrait en arriver à une certaine discrétion
administrative un peu autoritaire en exigeant des exigences additionnelles aux
conditions minimales d'admission.
Mais j'ai une autre préoccupation que celle-là. Et j'ai en
mémoire le discours que M. Benoît Morin lisait devant l'ENAP, le
16 octobre dernier, où il faisait état qu'il est
nécessaire d'en arriver à une nouvelle culture de gestion et il
citait la France. l'Angleterre. J'aimerais peut être vous faire remarquer
qu'il aurait pu citer l'ensemble des pays de l'OCDE. Et ma question est la
suivante: Considérant la sécurité d'emploi dont
bénéficient les fonctionnaires réguliers, que pensez-vous
des répercussions à long terme de recruter des
superspécialistes, comme l'indique - et comme c'est actuellement - la
tendance actuelle dans la fonction publique, plutôt que des
généralistes qu'on pourrait considérer plus polyvalents et
plus mobiles?
M. Poulin (Jean-Noël): II y a là, M. le
Président, un danger certain. Notre croyance, c'est que le danger vient
du fait d'une préoccupation à court terme. La
préoccupation à long terme pour la gestion do la chose publique
nous inciterait probablement davantage à recourir à une bonne
partie de généralistes ou de gens qui deviendront de réels
gestionnaires, plutôt que des hybrides, à moitié
gestionnaires et à moitié spécialistes.
Loin de nous l'idée de décrier les spécialis- tes.
Probablement que plusieurs d'entre nous en sommes ou en étions. Mais il
y a une préoccupation certaine. Et, de là notre recommandation
d'en venir à ce que le législateur avait prévu et que
l'Office des ressources humaines s'implique dans la question de la gestion des
cadres supérieurs d'une façon plus grande.
Le Président (M. Lemieux): Merci. Puisque vous parlez de
l'Office des ressources humaines, je regarde dans la Loi sur la fonction
publique. L'Office a pour fonction, à l'article 99, 12°,
"d'instaurer et de maintenir, en collaboration avec les ministères et
organismes et conformément aux politiques établies par le Conseil
du trésor, un système de planification et de développement
de la carrière du personnel d'encadrement".
Selon vous, croyez-vous que la délégation complète
des concours de recrutement et de promotion par l'ORH permet à l'Office
des ressources humaines d'assumer ses responsabilités qui sont
prévues à l'article 99, paragraphe 12, et d'instaurer et de
maintenir un système de planification et de développement de la
carrière du personnel d'encadrement? (11 h 15)
M. Poulin (Jean-Noël): Je ne crois pas qu'il pourrait le
faire entièrement, certainement pas, d'autant plus qu'il y a une autre
préoccupation que nous oublions très souvent. C'est que la
délégation des pouvoirs n'implique pas la
délégation de la responsabilité. Actuellement, cette
responsabilité appartient à l'Office des ressources humaines. Il
aura beau déléguer des pouvoirs d'agir à sa place. Il
demeure toujours responsable. En matière de délégation,
comme vous le savez, le pouvoir so délègue et non pas la
responsabilité.
Et, en plus de ça, qu'il y ait délégation ou non,
l'Office doit garder les moyens d'assurer ou d'exercer sa responsabilité
sur le système.
Le Président (M. Lemieux): Une dernière question
avant que je cède la parole au député de Labelle. Pour
rejoindre un peu le député de Limoilou et le député
de Saint-Louis, à la page 11, pourquoi recommandez-vous un encadrement
législatif de l'imputabilité? Est ce que c'est pour inclure, je
dirais, une obligation supplémentaire à celle qui existe
déjà ou est-ce tout simplement pour préciser les
responsabilités administratives des politiques?
M. Poulin (Jean-Noël): Ce sont les deux, M. le
Président. Une première constatation, c'est que c'est un sujet
délicat ut il faudrait qu'il soit encadré, selon nous.
Deuxièmement, c'est que la loi actuelle a déjà quelques
années de vie et il y a encore des lacunes au niveau de
l'imputabilité, de la reddition de comptes. Nous croyons que ça
prendrait un petit coup de pouce du législateur pour que le
système s'installe, si le législateur le
juge à propos.
Le Président (M. Lemieux): Merci. M. le
député de Labelle? M. le député de La Prairie?
M. Lazure: Oui, quelques questions encore.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
La Prairie, je vais vous donner cinq minutes de plus parce que, du
côté ministériel, on a pris cinq minutes de plus.
M. Lazure: Oui, merci, M. le Président. Ma première
question: il y a plusieurs intervenants, il y a deux semaines - notamment le
Syndicat des fonctionnaires et l'Association des cadres supérieurs - qui
proposaient de donner à votre Commission un pouvoir accru et même
décisionnel dans les enquêtes menées en vertu de l'article
115 de la loi. Moi, j'aimerais bien avoir votre réaction à
ça, M. le président. C'est revenu à deux ou trois reprises
dans nos...
M. Poulin (Jean-Noël): Nous ne sommes pas
nécessairement d'accord pour que le législateur prévoit
des pouvoirs accrus à la Commission de la fonction publique et voici
pourquoi. Nous croyons que l'équilibre actuel entre le pouvoir quasi
judiciaire de la Commission et son pouvoir d'enquête et de recommandation
est adéquat. Nous croyons également que nous disposons de moyens
importants pour nous acquitter de ces deux responsabilités. Nous avons,
par exemple, un pouvoir d'enquête, selon la loi, qui pourrait nous amener
à faire des enquêtes bien structurées si nous le jugions
à propos. Nous avons toujours la possibilité, en cas
extrêmes, do faire rapport à l'Assemblée nationale, comme
il est prévu dans notre loi et ce sont des moyens très forts.
L'équilibre qui existe actuellement nous semble un bon
équilibre pour la justice et l'efficience. Si, par exemple, nous
voulions accorder à la Commission de la fonction publique un pouvoir
d'ordonnance en vertu de l'article 115, vous devinez bien qu'il nous faudrait
respecter les règles d'équité, voire de justice naturelle.
Nous ne pourrions pas tout simplement, nous, décider de notre position
sans entendre tous les intervenants ou les personnes visées par un
litige quelconque. Ce serait alourdir sensiblement le système et nous ne
sommes pas convaincus que cela améliorerait sensiblement la situation.
D'autre part, je dois vous dire que des centaines de requêtes que nous
recevons, soit de citoyens, soit de fonctionnaires, nous faisons des
recommandations probablement dans une bonne proportion des requêtes ou
des litiges qui nous semblent fondés et approximativement 92 % de nos
recommandations sont suivies, ce qui est une proportion appréciable. Il
n'est pas dit qu'après notre présence à votre Commission,
ce pourcentage ne montera pas d'un ou deux crans.
M. Lazure: Ah! Notre commission s'en réjouirait. Vous
avez, d'une part, le pouvoir d'enquêter et vous avez le pouvoir de rendre
des décisions. Cela ne vous met-il pas dans une situation inconfortable
parfois?
Le Président (M. Lemieux): N'êtes-vous pas juge et
partie?
M. Lazure: Vous enquêtez; vous décidez.
M. Poulin (Jean-Noël): La Commission est très
prudente à cet égard, M. le député. Nous avons,
à l'occasion, des appels qui nous sont faits en vertu d'un des articles
qui visent notre pouvoir quasi judiciaire, en même temps que des demandes
d'enquête sur le même sujet. La Commission a pris comme politique
de travailler en tenant compte de la gradation des recours. Nous ne ferons pas,
à la fois, une enquête sur un sujet qui est en appel à la
Commission ou ailleurs. Nous allons tenir compte des recours et notre choix,
c'est de choisir le recours qui est le plus susceptible, évidemment, si
nous avons le choix, de régler le problème ou le litige.
M. Lazure: Une dernière question. À la page 20,
vous parlez du vieillissement des effectifs. C'est le groupe des jeunes qui
vient juste après vous, le Conseil permanent de la jeunesse, justement.
Qu'est-ce que vous entendez par le vieillissement de l'effectif? Sur quoi vous
basez-vous pour dire qu'il y a un vieillissement? Deuxièmement, est-ce
que ça vous inquiète? Troisièmement, est-ce que la loi qui
a aboli l'âge obligatoire de la retraite a eu pour effet de vieillir
beaucoup les effectifs? Avez-vous des chiffres là-dessus?
M. Poulin (Jean-Noël): Nous n'avons pas d'étude. Nous
partageons, M. le député, les préoccupations de l'Office
des ressources humaines sur cette question. Nous sommes bien conscients que la
diminution des entrées dans la fonction publique au cours des
dernières années a fait que la population des fonctionnaires que
nous sommes vieillit, et c'est inquiétant à long terme. La
préoccupation est celle que nous partageons avec l'Office à cet
égard.
Le Président (M. Lemieux): Merci. M. le
député de Labelle et, après, M. le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Léonard: Je voudrais vous poser une question. Vous avez
fait une remarque sur les comportements et les attitudes, puis je suppose bien
que votre mémoire porte là-dessus surtout, sur celles que vous
jugez les plus importantes, en termes d'attitudes et de comportements. Par
ailleurs, est-ce que vous trouvez qu'il y a des organismes ou des
ministères où c'est pire qu'ailleurs ou mieux qu'ailleurs?
M. Poulin (Jean-Noël): M. le député, nous ne
sommes pas encore rendus là dans nos études, nous ne pourrions
pas vous faire une gradation.
M. Léonard: Vous le dites d'une façon
générale, à la cantonade.
M. Poulin (Jean-Noël): II arrive certaines années,
par exemple, que nous ayons plus de requêtes de fonctionnaires ou de
citoyens en provenance d'un ministère ou d'un organisme. Nous n'avons
pas encore identifié d'autres raisons que l'importance du
ministère en termes de nombre, le nombre des concours, par exemple, ou
des postes à doter. Nous ne pouvons pas porter un jugement sur la
capacité ou...
M. Léonard: Je comprends que ça peut être
difficile à dire, mais sur un autre sujet, je ne safe pas si
l'Interprète bien votre mémoire en disant que, finalement, la
Commission devrait quand même avoir un peu plus de droit de regard Ici et
là. Je vais simplifier en disant que ce serait une attitude plutôt
centralisatrice vis-à-vis de ta Commission. Par ailleurs, j'aimerais
savoir ce que vous pensez de la mobilité du personnel, autant en termes
de cadre supérieur, intermédiaire ou de personnel professionnel
à l'intérieur de la fonction publique. Est-ce qu'une plus grande
mainmise de la Commission serait de nature à favoriser 1a
mobilité et là polyvalence du personnel?
M. Poulin (Jean-Noël): Si je comprends bien, c'est notre
impression. Il n'est pas question pour nous de demander d'avoir des pouvoirs de
ce côté-là, M. le député.
M. Léonard: Si vous avez des impressions...
M. Poulln (Jean-Noël): II est évident, comme
gestionnaire. Ha, ha, ha!
M. Léonard:... qui pourraient conduire à des
demandes, ça pourrait, mais enfin, on va s'arrêter dans une
étape, disons.
M. Poulln (Jean-Noël): SI vous nous demandez notre
impression à titre de gestionnaire, effectivement, une plus grande
mobilité est un facteur très important pour l'employeur d'abord
et pour les employés ensuite. Je pense que vous rejoignez là un
peu des préoccupations qu'exprimait votre voisin plus tôt. Je
reviens aussi à ce que je mentionnais tout à l'heure,
malheureusement, à moins d'incitation et d'une préoccupation
générale par rapport à l'employeur gouvernemental, il peut
arriver que des gestionnaires pensent à l'efficience ou à des
objectifs à court terme.
M. Léonard: Les concours fermés ou là
où il n'y a pas de concoure, c'est ce que ça veut dire.
M. Poulin (Jean-Noël): À cet égard... M.
Léonard: C'est un indice de ça.
M, Poulln (Jean-Noël):... je comprends un peu votre
intervention par rapport aux concours, par exemple, que nous souhaitons voir le
plus possible Interministériels, alors que plusieurs gestionnaires
essaient de limiter ça à leur personnel, avec, il faut le dire,
des objectifs nobles et valables, bien souvent, par exemple, de dire: Je veux
donner à mon personnel la chance d'avoir une promotion. Je vais essayer
de réduire la compétition à mon personnel et non pas
l'étendre à toute la fonction publique. Et là, je pense,
nous revenons à la proposition que l'Office des ressources humaines, en
vertu de l'item 12 de l'article 89, devrait s'intéresser davantage et,
lui, avoir une préoccupation de l'institution gouvernementale et non pas
simplement de gestionnaires locaux.
M. Léonard: Vos réflexions sur le personne]
occasionnel, ça porte sur 60 000 fonctionnaires permanents, à
plein temps - ou 56 000 - et 20 000 fonctionnaires occasionnels. Au fond,
est-ce que ce n'est pas là le sas entre te privé et 4e public et
la fonction publique? Est-ce que ça n'Implique pas, finalement, que
c'est une ouverture vis-à-vis de l'ensemble des gens, d'avoir du
personnel occasionnel?
M. Poulin {Jean-Noël): En fait, notre...
M. Léonard: En d'autres termes, quand les
ministères se referment sur eux-mêmes, la fonction publique aussi
se referme sur elle-même?
M. Poulin (Jean-Noël): Peut-être, peut-être.
Notre prétention, en fait, par rapport aux occasionnels, nonobstant les
définitions qu'on en fait et les propositions de changer de
définition, c'est que les occasionnels, sauf les occasionnels à
court terme pour remplacer quelqu'un qui est absent, devraient être
embauchés selon la règle du mérite. Et cela, pour nous,
ça contourne des difficultés énormes.
M. Léonard: Oui, mais en termes de sécurité
d'emploi? Parce que vous, vous voulez les transférer à
l'intérieur même de la fonction publique, donc leur donner une
sécurité d'emploi au bout d'un certain temps.
M. Poulin (Jean-Noël): Éventuellement, oui, selon des
modalités différentes qui pourraient être, comme on le
mentionnait plus tôt, un statut d'employé temporaire.
M. Léonard: Vous pourriez Intervenir selon la règle
du mérite, mais sans Intervenir sur la question de la
sécurité.
M. Poulin (Jean-Noël): Oui. La question de
sécurité, on pourrait discourir sur des modalités
d'application. Nous sommes prêts à le faire. Mais, pour nous, la
partie importante de notre mémoire, c'est d'insister sur le fait que ces
gens-là, à long terme, devraient être embauchés
selon la règle du mérite.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Pointe-aux-Trembles. Merci, M. le député de Labelle.
M. Bourdon: Vous dites que les dispositions actuelles de la Loi
sur la fonction publique portant sur les normes d'éthique et de
discipline, incluant celles sur la neutralité et la liberté
politique des fonctionnaires, sont particulièrement bien fondées.
Je partage ça, alors, je suis à l'aise pour vous poser quelques
questions pointues. Est-il normal qu'un fonctionnaire de l'État qui
transige avec des dirigeants d'entreprises sollicite les mêmes dirigeants
d'entreprises pour un parti politique? Et l'autre question: Estimez-vous normal
qu'on vérifie l'allégeance politique des gens qui demandent un
emploi pour le gouvernement? Et la dernière, la troisième:
Estimez-vous même normal qu'un cabinet ministériel soit saisi des
demandes d'emploi des requérants d'emplois?
M. Poulin (Jean-Noël): M. le député, les deux
premières questions que vous avez soulevées, j'aimerais pouvoir y
répondre, mais vous comprendrez qu'il pourrait arriver qu'on fasse appel
au tribunal qu'est la Commission de la fonction publique pour certains litiges
qui mettraient en cause des allégations comme celles-là et je ne
pourrais pas, moi, vous donner un avis là-dessus, je serais mal
venu.
Quant à la dernière question, il me surprendrait, moi, que
les listes de fonctionnaires ou d'éventuels fonctionnaires passent par
le circuit des cabinets. Évidemment, nous ne pourrions pas appuyer une
telle chose, et j'espère que ça ne se fait pas.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le président.
Question brève, M. le député des
Îles-de-la-Madeleine, sans préambule.
M. Farrah: Très brève, M. le Président.
Donc, je ne sais pas si vous avez pris connaissance du mémoire que notro
collègue, le député de Saint-Hyacinthe, Charles Messier, a
rendu public ici. Alors, c'est peut-être un peu dans la même veine.
Donc, je peux présumer que vous n'êtes pas d'accord à
l'effet que M. Messier disait ou recommandait, qu'un attaché politique,
après trois ans de travail dans un bureau de comté ou un cabinet
de ministre, soit affecté à la fonction publique de façon
automatique, sans concours, mémoire auquel souscrivait M. le
député de La Prairie. Alors, êtes-vous d'accord avec cette
position de M. Messier?
M. Poulin (Jean-Noël): M. le député, nous
sommes d'accord avec la règle du mérite. La porte d'entrée
dans la fonction publique, c'est la règle du mérite. Je dois vous
dire que, personnellement, il y a certains arguments qui ont été
utilisés par le député qui a comparu devant vous qui me
semblent sympathiques. Mais notre position, carrément, c'est que
même, malgré des éléments intéressants, la
règle du mérite doit s'appliquer. Et nous pensons un peu, comme
pour les occasionnels ou en matière de promotion pour les
intérimaires, que quelqu'un qui a la chance de prendre des
expériences de la nature dont faisaient état les intervenants,
devrait être bien placé pour se présenter à des
concours et faire bonne figure.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le Président.
Une question bien rapide: Avez-vous déjà comptabilisé le
coût moyen d'un appel logé par un fonctionnaire devant la fonction
publique?
M. Poulin (Jean-Noël): Nous ne l'avons pas fait, M. le
député.
Le Président (M. Lemieux): Plus sensible au processus de
conciliation qu'à une espèce de judiciarisation...
M. Poulin (Jean-Noël): Oui.
Le Président (M. Lemieux): ...eu égard aux
coûts...
M. Poulin (Jean-Noël): Oui, certainement.
Le Président (M. Lemieux): ...qui sont
engendrés.
M. Poulin (Jean-Noël): Certainement, M. le
député. Je dois vous dire, en réponse à votre
première question, nous ne l'avons pas fait, justement parce que
beaucoup d'appels qui aboutissent chez nous se règlent par
différents modes de conciliation, de médiation, de discussion,
comme vous le savez fort bien, de...
Le Président (M. Lemieux): II y a une nouvelle philosophie
à la Commission de la fonction publique, avec un nouveau
président.
M. Poulin (Jean-Noël): Pardon?
Le Président (M. Lemieux): II y a une nouvelle philosophie
à la Commission de la fonction publique.
M. Poulin (Jean-Noël): J'espère que c'est positif, M.
le Président.
Le Président (M. Lemieux): Moi, je le vois positivement,
M. le Président. Alors, nous vous remercions de votre collaboration et
de votre participation à cette commission. Nous allons suspendre nos
travaux environ trois minutes pour permettre aux Conseil permanent de la
jeunesse de bien vouloir prendre place.
(Suspension de la séance à 11 h 32)
(Reprise à 11 h 35)
Le Président (M. Lemieux). À
l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous plaît!
Auriez-vous... Je demanderais au Conseil permanent de la jeunesse de bien
vouloir prendre place à la table des témoins. À l'ordre,
s'il vous plaît! Puis-je demander aux membres du Conseil permanent...
À l'ordre, s'il vous plaît! S'il vous plaft! La commission reprend
ses travaux. Je demanderais le silence, s'il vous plaît et je demanderais
aux députés de bien vouloir prendre place à leur
siège. S'il vous plaît. Merci de votre collaboration. Nous allons
entendre maintenant le Conseil permanent de la jeunesse. Je demanderais au
porte-parole du groupe de bien vouloir s'identifier et de nous présenter
les gens qui l'accompagnent, s'il vous plaît.
Conseil permanent de la jeunesse
M. Tanguay (Sylvain): Bonjour, M. le Président. Bonjour,
MM. les députés. Mon nom est Sylvain Tanguay. Je suis le
vice-président du Conseil permanent de la jeunesse. J'aimerais vous
présenter les personnes qui m'accompagnent: Mme Diane Bois,
secrétaire générale du Conseil et Mme Louise Bisson,
agente de recherche et de développement au Conseil.
Comme vous le savez certainement, le Conseil permanent de la jeunesse
est un organisme consultatif du gouvernement du Québec qui doit informer
le gouvernement de toute question relative à la jeunesse. Notre
intervention dans le cadre de cette commission, je dirais, vient intervenir sur
l'absence, ou en tout cas, la faible représentation des jeunes au sein
des effectifs réguliers de la fonction publique et aussi, je dirais, du
statut précaire des emplois qui leur sont offerts depuis la tendance des
dernières années.
Donc, nous interviendrons particulièrement sur le vieillissement
des effectifs de la fonction publique, en présentant un constat de la
situation et sur l'importance de mettre de l'avant une politique de
rajeunissement des effectifs réguliers, particulièrement de la
fonction publique. C'est donc un cri d'alarme que nous venons livrer
aujourd'hui afin que cesse ce qu'on pourrait qualifier de mise à
l'écart de la fonction publique des jeunes Québécois et
Québécoises. Car si les tendances actuelles se maintiennent, les
conséquences, tant pour les jeunes que pour la fonction publique
elle-même, pourraient être désastreuses. On sait que les
jeunes connaissent présentement une situation difficile sur le plan de
l'emploi et que la récession dans laquelle nous entrons n'est pas pour
aider la situation des jeunes sur le marché du travail.
Un diagnostic a déjà été posé. La
fonction publique québécoise, comme bien d'autres organisations
publiques ou parapubliques, est vieillissante Les statistiques sur l'effectif
régulier de la fonction publique démontrent en effet que les
jeunes de moins de 30 ans y sont de moins en moins nombreux Par contre, la
proportion des travailleuses et travailleurs âgés entre 35 et 55
ans ne cesse de croître depuis une dizaine d'années. En mars 1990,
la proportion de jeunes de moins de 30 ans ne représentait que 6,5 % de
l'ensemble de l'effectif régulier de la fonction publique alors que
cette proportion s'établissait à 29 % en mars 1980. Ainsi, entre
1980 et 1990, le nombre de jeunes adultes au sein de l'effectif régulier
est passé de 15 502 à 3446 personnes, ce qui représente
une diminution de l'ordre de 77,8 % en 10 ans. Ce qui n'est pas peu dire.
Pendant cette même période, le groupe d'âge compris
entre 35 et 44 ans, comme celui compris entre 45 et 54 ans, augmente en
importance. La proportion des 35-44 ans s'établissait à 22,7 % de
l'effectif total en 1980, alors qu'elle passe à 42,3 % en 1990 Le groupe
d'âge des 45-54, pour sa part, qui représentait 17,7 % en 1980,
compte maintenant pour 22,9 % de l'ensemble des effectifs réguliers,
donc, un accroissement de ces deux groupes d'âge.
Tout en connaissant une diminution importante de la proportion de jeunes
au sein de son effectif régulier, la fonction publique voit
également chuter le recrutement de jeunes de moins de 30 ans depuis
1985. Alors qu'à cette époque, ceux-ci représentaient 53,4
% de l'ensemble des personnes recrutées, les jeunes ne comptent que pour
seulement 38,6 % du recrutement en 1988-1989. Si l'on tient compte d'un facteur
différent, soit celui de l'expérience inférieure à
trois ans, on obtient des taux d'embauché plus élevés,
mais connaissant aussi une diminution. En 1985-1986, 63,6 % des personnes
recrutées possédaient trois ans ou moins d'expérience. En
1988-1989, ce pourcentage se situe à 45,5 %. Parmi ces personnes, le
Conseil du trésor estime qu'en 1985-1986, près des trois quarts,
73,9 %, étaient des jeunes de moins de 30 ans, alors qu'en 1988-1989,
ceux-ci représentaient un peu moins du tiers, soit 63,9 %. Donc, le
diagnostic présente très bien la baisse régulière
soit au niveau du recrutement, soit au niveau des emplois, pour les jeunes dans
la fonction publique.
Pour juger du poids relatif du groupe d'âge des moins de 30 ans au
sein de la fonction publique, on la compare souvent à la population
active, c'est-à-dire la main-d'oeuvre en emploi
ou à la recherche d'un emploi. Ainsi, en mars 1990, on constate
que les moins de 30 ans représentent 32,1 % de la population active
totale, avec une proportion de seulement 6,5 %. Les jeunes de l'effectif
régulier de la fonction publique apparaissent donc nettement
sous-repré-sentés en regard de la population active. À
l'opposé, le groupe d'âge des 35-44 ans, qui constitue 42,3 % de
l'effectif régulier de la fonction publique, y est
surreprésenté par rapport à la population active, puisque
ce groupe ne représente que 26,7 % de la main-d'oeuvre
québécoise. Il est donc important, devant un constat aussi clair
que le vieillissement de la fonction publique est en
accélération, d'assurer le rajeunissement de la fonction publique
québé coiso.
Le Conseil permanent de la jeunesse ne peut que s'interroger sur la
faible représentation des jeunes dans la fonction publique et, surtout,
sur la diminution croissante des personnes de moins de 30 ans recrutées
depuis quelques années. Quelle sorte de relève prépare-ton
à la fonction publique pour les années qui viennent et pour les
années qui viennent de passer?
Les difficultés d'intégration des jeunes adultes au
marché du travail sont telles qu'il semble inconcevable aux yeux du
Conseil, que les efforts de l'État employeur pour favoriser
l'accès à des emplois stables et de qualité à un
nombre significatif de jeunes Québécois et
Québécoises, soient si mitigés. Pour le Conseil, le
rajeunissement des effectifs et la planification de la relève
constituent des défis majeurs que l'administration publique
québécoise a à relever dès maintenant. Des
défis qui, de toute évidence, ne peuvent être
dissociés de ceux tout aussi importants que posent le vieillissement
d'une organisation. Ainsi, comment peut on, dans l'avenir, assurer l'atteinte
de l'objectif principal de la Loi sur la fonction publique, fournir des
services de qualité de plus en plus efficaces aux citoyens du
Québec, sans s'assurer d'une relève compétente et
motivée? Si, à court terme, l'efficience de l'administration
publique n'est pas compromise, qu'en est il à moyen terme? Ce
vieillissement est inquiétant aujourd'hui et, si rien ne se fait, il
sera de plus en plus inquiétant dans les années qui viennent.
Bien sûr, depuis quelques années, on étudie la
question du vieillissement des effectifs. On a proposé certaines actions
et formulé quelques objectifs à l'égard du rajeunissement,
comme les réserves de candidatures pour les diplômés et les
objectifs de recrutement aux conditions minimales d'admission des classes
d'emploi. Toutefois, force est de constater que les résultats ne sont
pas encore très concluants en ces matières. De trop nombreux
obstacles entravent, dans les faits, la réalisation de ces objectifs.
(11 h 45)
Le Conseil permanent de la jeunesse est convaincu que si le gouvernement
ne s'assure pas d'une meilleure représentation des jeunes adultes dans
sa fonction publique, il ne peut prétendre favoriser la contribution
optimale des diverses composantes de la société
québécoise, comme le stipule l'objet de la Loi sur la fonction
publique. Dès lors, l'enjeu réside en la recherche de moyens pour
concilier les objectifs de rajeunissement de la fonction publique avec les
contraintes administratives et les résistances structurelles. Ces moyens
devront s'inscrire dans le cadre actuel ou modifié de la Loi sur la
fonction publique.
Pour atteindre l'objectif d'une plus juste représentation des
jeunes, le Conseil recommande à l'État-employeur de s'engager
dans une véritable politique de rajeunissement de sa fonction publique
Cette politique devrait, en plus de déterminer des orientations claires
en matière de recrutement extérieur, accorder une importance
substantielle au mécanisme de suivi et d'évaluation des mesures
proposées pour favoriser l'intégration des jeunes dans la
fonction publique. Une telle politique devrait aussi, nécessairement,
intégrer des mesures visant à favoriser l'adéquation entre
la formation scolaire et les besoins de la fonction publique.
De l'avis du Conseil, la politique de rajeunissement de la fonction
publique québécoise devrait, en premier lieu, réaffirmer
des objectifs précis quant à l'embauche et aux conditions
minimales d'admission des classes d'emploi après évaluation des
orientations suggérées par le Conseil du trésor,
établie actuellement à 65 % pour l'effectif régulier et
à 58 % pour l'effectif occasionnel. En l'absence de programme
d'accès à l'égalité pour les jeunes, ces objectifs
demeurent un des seuls moyens à la disposition de la fonction publique
pour favoriser l'embauche de jeunes. Voilà pourquoi il devient
extrêmement important pour le Conseil que les objectifs gouvernementaux
soient clairement inscrits dans une politique globale de rajeunissement des
effectifs réguliers.
Le Conseil permanent de la jeunesse estime aussi qu'une politique de
rajeunissement de la fonction publique doit nécessairement
prévoir les possibilités, les responsabilités de chacun
des acteurs dans le suivi et le contrôle des orientations
gouvernementales. À ce titre, fe Conseil permanent de la jeunesse
propose que soit nommé dans chaque ministère et organisme un
responsable chargé de veiller à l'application des objectifs
gouvernementaux de rajeunissement. Ce rôle peut être dévolu
à un comité d'intégration des jeunes ou à un
répondant à la jeunesse ou bien à la Direction des
ressources humaines. Vous avez le choix. De plus, le Conseil estime essentiel
d'indiquer dans la Loi sur la fonction publique l'obligation de rendre compte,
dans le rapport annuel des ministères et organismes, de l'application
des orientations gouvernementales en matière de rajeunissement des
effectifs. Pour le Conseil, le rajeunissement de la fonction publique passe
aussi nécessairement par la libération
accrue de postes déjà occupés, car il ne saurait
être question pour la fonction publique d'une période faste
où l'embauche serait, à nouveau, privilégiée. Une
politique de rajeunissement devrait donc, de l'avis du Conseil, s'assurer de
favoriser les départs volontaires de la fonction publique. Aussi, le
Conseil propose-t-il de procéder à l'évaluation des
programmes actuels de départ volontaire et d'aménagement du temps
de travail, dans l'optique de leurs effets réels et potentiels sur le
rajeunissement des effectifs, afin d'être en mesure de proposer des
programmes renouvelés qui s'inscriront avant tout dans un objectif de
renouvellement de l'effectif régulier de la fonction publique, à
la différence d'un objectif d'attrition de ces effectifs.
Les mesures proposées ne devront pas non plus viser uniquement le
remplacement des postes ainsi dégagés par des ressources
occasionnelles De façon à s'assurer de leur succès
auprès des employés, le Conseil insiste pour que les programmes
proposés soient assortis de modalités plus incitatives et plus
attrayantes pour ceux et celles qui désirent s'en prévaloir.
Nous sommes bien conscients que de tels programmes s'avéreront
coûteux mais le Conseil estime que c'est le prix que la fonction publique
a, malheureusement, à payer pour avoir manqué à certains
de ses devoirs en matière de planification de main-d'oeuvre à
long terme.
Compte tenu de ses préoccupations constantes pour l'exode des
jeunes des régions éloignées, le Conseil croit qu'une
politique de rajeunissement de la fonction publique doit également
proposer des mesures permettant de freiner cet exode. Lors des audiences
publiques que le Conseil a tenues au printemps 1989, on a pu constater
jusqu'à quel point, dans les régions éloignées
comme la Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine, le
Bas-Saint-Laurent, la Côte-Nord et l'Abitibi, les jeunes comme les
intervenants et les décideurs locaux sont très
préoccupés par le phénomène de l'exode des jeunes.
Ceux-ci, contraints de quitter tôt ou tard leurs régions, faute
d'emplois disponibles et d'accès à la formation postsecondaire,
affirment pourtant leur volonté d'y vivre et d'y travailler et partant,
de participer au processus de développement régional. De l'avis
du Conseil, l'administration publique québécoise, par sa
structure régionale, peut faire preuve de dynamisme et d'innovation, en
favorisant l'embauche de jeunes dans leur région d'origine et ainsi
contribuer à leur donner une chance d'y bâtir leur avenir comme
plusieurs le souhaitent. À ce titre, le Conseil recommande que l'Office
des ressources humaines révise ses règlements sur les conditions
d'admission, de manière à accepter lors de l'ouverture de tout
poste requérant une formation postsecondaire dans ces régions,
non seulement les candidatures de personnes dont la résidence principale
est située dans la région concernée, mais aussi toutes
celles de personnes ayant dû quitter la région pour poursuivre des
études postsecondaires, dont principalement des jeunes.
D'autre part, la fonction publique se heurte aussi à la
réticence de certains gestionnaires à engager des gens peu
expérimentés nécessitant, entre autres, plus
d'encadrement. Dans un contexte de restrictions mais aussi d'efficience
où il faut faire plus avec moins, on préfère souvent
recruter des personnes d'expérience plutôt que d'investir dans de
jeunes recrues.
Les statistiques présentées au début de cette
présentation le montrent très bien. Malgré les
orientations gouvernementales, le manque d'expérience devient souvent,
dans les faits, un obstacle à l'embauche de jeunes. Les résultats
du recours à la réserve universitaire le prouvent bien pour
l'année 1989-1990. Alors que 837 étudiantes et étudiants
ont été admis à la réserve universitaire, on a tenu
seulement 7 concours pour finalement titulariser 18 candidats ou candidates
à des postes sur 837.
À ce chapitre, le Conseil permanent de la jeunesse est d'avis que
le pouvoir prévu dans la Loi sur la fonction publique de recourir
à des exigences additionnelles dans les conditions d'admission à
un concours de recrutement, permet trop facilement aux gestionnaires de
contourner les objectifs gouvernementaux en matière de rajeunissement.
Sur ce point, on rejoint d'ailleurs la Commission de la fonction publique.
Le Conseil permanent de la jeunesse recommande donc que l'on resserre
davantage le recours à ces exigences additionnelles, notamment en
matière d'expérience, de façon à s'assurer qu'un
nombre significatif de personnes de moins de 30 ans soient en mesure de
participer à ces concours. De plus, le Conseil demande que l'État
s'engage dans le développement de relations étroites avec les
milieux d'enseignement dans le but de pouvoir offrir davantage, au sein de la
fonction publique, des programmes d'alternance études travail et de
stages pratiques, en conformité avec les exigences scolaires et les
besoins de la fonction publique.
De l'avis du Conseil, une politique de rajeunissement dort donc
nécessairement prévoir des mesures facilitant l'insertion
professionnelle des jeunes. Enfin, le Conseil recommande que l'administration
publique, en matière de rajeunissement de ses effectifs, mette en place
des mesures adéquates de formation en emploi à l'égard de
ses nouvelles recrues. Le Conseil suggère, entre autres, des mesures de
parrainage qui mettraient à contribution des employés plus
expérimentés, comme des retraitées et retraités
à temps partiel, par exemple, facilitant ainsi l'intégration de
nouvelles recrues et assurant efficacement l'acquisition des compétences
propres aux postes occupés.
Voilà qui complète la partie sur les préoccupations
du Conseil face au rajeunissement de la fonction publique. Je vais céder
la parole à
Mme Bois qui va vous parier de toute la question inhérente
à la précarité des emplois qui sont offerts aux
jeunes.
Mme Bois (Diane): À cette nécessité de
rajeunir la fonction publique, comme on vient de le démontrer, un
deuxième défi s'impose pour nous, soit celui de lutter contre la
précarité de l'emploi dans la fonction publique. En effet, un des
traits marquants du marché du travail est celui de l'accroissement de la
précarité des emplois qui génère ainsi deux classes
de travailleuses et de travailleurs, soit, d'une part, les réguliers
permanents et, d'autre part, les précaires, sans aucune
sécurité d'emploi et bien souvent avec, pour un même
travail effectué, des avantages différents.
La flexibilité de l'employeur devient syno nyme
d'insécurité et d'absence; do perspectives, même à
court terme, pour ces employés. Pour le Conseil, la lutte à la
précarité de l'emploi doit être vigoureusement entreprise,
car elle ne peut qu'avoir des conséquences négatives sur la
participation significative des jeunes à la vie économique et
sociale du Québec. La fonction publique n'échappe pas à la
réalité de la précarité de l'emploi. Entre 1984 et
1987, la proportion des ressources occasionnelles parmi l'ensemble des
employés d'État est passée de 14,2 % à 18 %. Selon
les données de mars 1990, cette proportion atteint 19,6 %.
Des données trimestrielles établies de juin 1989 à
mars 1990 par l'Office des ressources humaines précise que les jeunes
adultes de moins de 30 ans comptent pour plus de 30 % des effectifs
occasionnels. Selon une enquête du Syndicat des professionnels du
gouvernement du Québec, au 17 novembre 1989, 42,9 % des cotisants
occasionnels étaient âgés de moins de 30 ans. Cette
proportion atteignait 73,4 % chez les moins de 25 ans et tombait à 9,9 %
chez les personnes âgées de plus de 30 ans.
Certains diront que les emplois occasionnels permettent aux jeunes
d'acquérir de l'expérience. De l'avis du Conseil, cette
étape générant insécurité et
instabilité ne convient pas aux jeunes. À maintes occasions, ils
ont démontré le désir d'une insertion durable sur le
marché du travail offrant des perspectives non seulement à court
terme, mais aussi à moyen et à long terme.
Bien que le Conseil soit conscient que l'emploi occasionnel soit
nécessaire dans certaines situations, il évalue, comme d'autres
personnes, que l'ensemble de l'effectif occasionnel actuel, soit 19,6 % de
l'effectif total, est trop élevé pour ne prétendre vouloir
pallier qu'à des besoins ponctuels. L'emploi occasionnel est-il devenu
un outil de gestion des ressources humaines auquel succombent trop facilement
les gestionnaires? De l'avis du Conseil, l'emploi occasionnel à la
fonction publique constitue un investissement en ressources humaines peu
rentable. Le personnel occasionnel investit sa force de travail, souvent pour
des périodes importantes, sans aucune perspective de voir
reconnaître son engagement dans cette organisation. D'un emploi
occasionnel à l'autre, motivation, engagement, performance, excellence
sont exigés le plus souvent avec un support et un encadrement minimum.
Les gestionnaires, quant à eux, investissent minimalement dans du
personnel qui quittera à brève ou moyenne échéance,
sans aucun pouvoir de le maintenir en emploi s'il est qualifié ou
compétent.
Le Conseil estime que la fonction publique doit reconnaître la
part de l'engagement du personnel occasionnel en faisant en sorte que le
système de dotation des emplois réguliers accorde priorité
aux employés occasionnels de la fonction publique lors de l'ouverture de
postes. Cette reconnaissance ne peut être réalisable que dans la
mesure où le système de dotation des emplois est
révisé. Le mode actuel de recrutement des employés
occasionnels est fortement critiqué dans l'opinion publique en ce qu'il,
croit-elle, ouvre toute grande la porte au favoritisme.
Comment interpréter les faits différemment quand
même la Commission de la fonction publique, dans son rapport annuel
1988-1989, rapporte que le manque d'uniformité dans les méthodes
utilisées par les divers ministères et organismes ne cesse
d'être sources d'irritation, sinon d'iniquités pour les personnes
à la recherche d'un emploi occasionnel? Elle est venue, encore ce matin,
le réaffirmer dans sa présentation. Alors, l'objectif
d'égalité d'accès est mis en cause et la compétence
des fonctionnaires mise en doute.
Aussi, le Conseil s'interroge-t-il sur la pertinence de maintenir la
dualité du système de recrutement: un pour les postes
réguliers et un autre pour les postes occasionnels? Les deux
systèmes poursuivent-ils les mêmes objectifs, soit d'assurer la
transparence du système et de préserver la
crédibilité des concours? Le Conseil croit qu'une
évaluation significative des candidatures devrait être
assurée, que ce soit pour des postes occasionnels ou réguliers,
et rencontrer les mêmes objectifs de transparence et de
crédibilité.
Afin de s'assurer du respect du principe de l'égalité
d'accès à tous les citoyens et citoyennes de la fonction
publique, le Conseil permanent de la jeunesse recommande donc d'évaluer
et de revoir le système de dotation des emplois, à la
lumière de ce principe, et les objectifs précédemment
mentionnés.
En guise de conclusion, j'aimerais porter à votre
réflexion la citation suivante du politicolo-gue, M. Léon Dion.
"Il est tragique de constater qu'une société qui, dans un
contexte difficile, connaîtra au cours des deux prochaines
décennies de profondes mutations dans sa culture, son économie,
sinon sa politique, se prive à ce point du concours de la jeunesse, ce
levain d'idéal et d'imagination créatrice qui, pourtant,
devrait
remplir un rôle moteur dans la mise au point d'innovations
libératrices dans tous les domaines." Je vous remercie.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie pour la
présentation de votre mémoire. Je dois avouer que votre
mémoire me fatigue, mais me fatigue d'une manière positive.
J'aurais peut-être d'autres commentaires à la fin, mais, M. le
député de Saint-Louis... (12 heures)
M. Chagnon: Moi, il ne me fatigue pas, mais il ne m'a pas surpris
comme mémoire. Au départ, au nom des membres de notre formation,
j'aime rais vous remercier pour l'excellente qualité du mémoire
que vous nous avez préparé C'est aussi votre rôle, mais
c'est important de continuer à sensibiliser non seulement les
élus, non seulement les membres de l'Assemblée nationale, mais
l'ensemble de la population sur une problématique qui est tout à
fait réelle pour tous ceux qui ont moins - dans votre mémoire,
vous parlez des moins de 30 ans, vous m'excuserez, je vieillis un peu - mais
les moins de 40 ans, en tout cas, et il y en a ici plusieurs autour, dans cette
enceinte et autour de cette table, sauf le président et le
député d'Orford. Les citoyens d'Orford ont toujours eu le don et
le chic de se choisir un député mûr...
Une voix: Mature.
M. Chagnon: ...et mature, mais sensible à la jeunesse,
comme dit le président.
La réflexion que vous faites est un peu celle que tous et chacun
d'entre nous avons déjà faite, à savoir que nos
aînés, disons les plus de 40 ans, ont joyeusement profité
de l'éclosion, de l'explosion et de la création de la fonction
publique dans le milieu des années soixante et se sont emparés
d'à peu près tous les postes, évidemment les postes de
tête, les postes moyens, les postes intermédiaires, professionnels
et tout et tout. Ils se sont donné avec le temps la
sécurité d'emploi et ils se sont garantis à vie, et
là on se retrouve dans une situation où des moins de 40 ans sont
aussi scolarisés que leurs aînés, pas d'une
génération, mais souvent plus scolarisés que leurs
aînés, puis ils se ramassent dans l'éternel cercle vicieux
de jobs occasionnels pendant 3, 6, 8 et 10 mois pour faire des emplois de type
professionnel, environnementaliste, biologiste, ou bibliothécaire.
Finalement, on se pose des questions aussi comme société, les
grands gourous se posent des questions. Je me dis: C'est épouvantable,
on vit dans une société où on connaît des
problèmes de démographie, où on a des taux de rendement
démographique à 1,3 %, 1,4 %, puis très curieusement,
comment se fait-il qu'une société qui, il y a 25-30 ans, avait
des rendements démographiques à presque quatre enfants par
famille, s'aperçoive que tu as une difficulté à pouvoir
faire travailler tes jeunes?
C'est tes jeunes qui vont avoir des enfants, ce ne sont pas les gens de
55 ans et plus qui vont avoir des enfants, sauf quelques rares exceptions.
Une voix: Sauf le président.
M. Chagnon: ...le président, Pierre Elliott Trudeau, et
des affaires de même. Mais, il y a...
Le Président (M. Lemieux): Toute comparaison, en soi, est
boîteuse, n'oubliez jamais ça
M. Chagnon: C'était pour lui faire plaisir. Je parlo do
Trudeau.
Le Président (M. Lemieux): J'ai compris.
M. Chagnon: C'est évident que la capacité ou
l'incapacité d'une société de pouvoir
générer des emplois pour ses jeunes, c'est un automatisme pour se
créer des problèmes d'ordre non seulement démographique de
peuplement, mais aussi de pérennité à une
société. Les solutions que vous envisagez vis-à-vis de la
fonction publique, on peut les regarder et, peut-être même, dans
certains cas, les remettre en question.
En plus du problème mentionné, il y a l'autre
problème qu'en 1990, le gouvernement, il ne faut pas se le cacher, c'est
une industrie en déclin. Je ne pense pas que demain matin on parte avec
60 000 fonctionnaires, puis qu'on s'attende à monter à 100 000
d'ici deux ou trois ans. S'il y en a qui pense ça, c'est aussi bien de
sauter en bas de la fenêtre ou, mieux, la tête en premier. Quand tu
as un déficit accumulé d'autour de 40 000 000 000 $, une
problématique financière dans laquelle on évolue et dans
laquelle on va évoluer pour des années à venir, c'est
entendu que ce n'est pas l'explosion du nombre d'emplois dans l'industrie de la
fonction publique qui va nous permettre de pouvoir ramasser la clientèle
jeune qui va sortir des cégeps et des universités. Par ailleurs,
on a d'autres problèmes d'intégration dans la fonction publique
et pour lesquels les jeunes sont particulièrement plus sensibles: les
problèmes d'intégration des femmes, particulièrement dans
les postes de cadres, le problème des handicapés dans la fonction
publique, les autochtones, les minorités culturelles, les
communautés culturelles. Imaginez-vous, en plus, s'il faut être
jeune et membre d'une communauté culturelle, allez-y voir si c'est
facile d'être intégré dans la fonction publique? Ce n'est
pas un cas particulier pour le gouvernement du Québec, c'est encore vrai
pour la ville de Montréal. Il y a pas mal plus de monde des
communautés culturelles dans la région de Montréal ou
à la CUM.
Vous nous dites: Intégrez un jeune par ministère qui verra
à s'occuper de sensibiliser et de fouetter le ministère en
question pour qu'il y
soit non seulement sensible, mais aussi ouvert, actif, pour permettre
l'intégration de jeunes dans la machine. Il disait: Oui, c'est une
solution, mais c'est une solution qui a déjà été
mise de l'avant, entre autres par les autochtones, entre autres par les
communautés culturelles. Après quatre, cinq, six, sept ans, huit
ans dans certains cas, d'expérience, je suis obligé de constater
que ça n'a pas eu des effets miraculeux. J'aimerais savoir si, quant
à vous, vous avez étudié un peu comment d'autres - entre
guillemets, parce que ce n'est pas votre cas - minorités qui ont eu ce
réflexe de chercher à régler une situation par le biais
d'une personne en autorité dans chacun des ministères... Quel a
été le coefficient d'efficacité? Et est-ce que c'est un
coefficient d'efficacité que vous voudriez avoir pour vous? Merci.
M. Tanguay: Ce que j'aimerais mentionner, c'est qu'on ne parle
pas nécessairement d'un poste pour un jeune par ministère, pour
sensibiliser les autres membres du ministère à engager des
jeunes. C'est sûr que ce n'est pas une mauvaise idée, que cette
personne-là qui soit responsable du suivi et du contrôle des
objectifs que le gouvernement se fixe en matière de rajeunissement, que
ce soit un jeune qui fasse ce travail-là. Ce n'est pas une mauvaise
idée. Cependant, ce qu'on présente, c'est beaucoup plus de dire:
Le gouvernement se fixe des objectifs; dans la dernière année, il
se fixait des objectifs de 65 % pour l'embauche de l'effectif régulier
et 58 % pour l'embauche de l'effectif occasionnel. Ces objectifs-là,
est-ce qu'il y a quelqu'un, quelque part, qui fait en sorte qu'ils soient
respectés et qu'ils soient poursuivis par les ministères et par
l'ensemble de la fonction publique québécoise? À l'heure
actuelle, on n'a pas les résultats, on n'a pas été en
mesure d'avoir les résultats sur les objectifs qui ont été
émis par le Conseil du trésor. On ne sait pas si les
résultats sont bons ou s'ils ne sont pas bons parce que ça fait
seulement un an. Cependant, on sait qu'il n'y a pas de mécanisme de
suivi de ces objectifs-là, et c'est ce qu'on demande, que l'on mette en
place une politique de rajeunissement de la fonction publique dans laquelle il
y aura des objectifs clairs et précis pour l'embauche des jeunes et
qu'on fasse en sorte qu'il y ait un comité de contrôle ou une
méthode de contrôle, de suivi pour s'assurer qu'on atteindra les
objectifs qui seront fixés.
Le Président (M. Lemieux): M. le député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Chagnon: Jo vous remercie. M. Tançjuay.
Le Président (M. Lemieux): M le député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: Merci, M. le Président. Bonjour, M. Tanguay,
mesdames. Moi aussi, je veux souligner l'excellence de votre mémoire.
C'est avec beaucoup de plaisir que je l'ai lu, que je l'ai accueilli aussi.
C'est un sujet qui n'est pas facile. Les jeunes - je l'ai vécu
moi-même - sont un peu victimes du système également,
autant au niveau du privé que du public. Sauf qu'au niveau du public, je
pense qu'il y a un rôle social et moral qui est relié à
tout ça. Je pense que vous avez démontré nettement qu'il y
a une sous-représentation des jeunes. Et je pense qu'en tant que
gouvernement, on doit se poser la question: Est-ce que notre fonction publique
représente adéquatement la population, toutes les couches de la
population? Et il y a une sous-représentativlté au niveau des
jeunes. Je me posais la question. J'ai dit: Est-ce qu'une solution serait
d'inclure les jeunes au niveau des programmes d'accès à
l'égalité? À mon point de vue, ce serait néfaste
parce que c'est marginaliser les jeunes de dire: Les jeunes, on va les inclure
à l'intérieur des programmes d'accès à
l'égalité. Moi, je ne pense pas qu'au niveau moral... En tout
cas, personnellement, j'aurais de la misère à vivre avec
ça parce que ce serait peut-être faire un affront un peu à
notre jeunesse, en disant: On les marginalise et on va leur donner un programme
d'accès à l'égalité. Sauf que ça ne
règle pas votre problème.
Par contre, quand j'ai lu votre mémoire, et je fais
référence ici à la page 10 et à la page 15
également - et je vais lire très brièvement - dans le
paragraphe qui s'intitule "Les mécanismes de suivi et de
contrôle", à la fin du paragraphe, vous dites: "Les responsables
ont-ils les moyens d'agir et le pouvoir de faire des recommandations en regard
des orientations gouvernementales? Les ministères et organismes sont-ils
tenus de rendre compte de leurs efforts et résultats en matière
de rajeunissement?" Si je vais à la page 15, dans le troisième
paragraphe, "Prévoir des mécanismes et suivis de contrôle",
vous dites, au milieu du paragraphe: "Ce rôle peut être
dévolu à un comité d'intégration des jeunes ou un
répondant à la jeunesse ou à la Direction des ressources
humaines.", comme disait tantôt mon collègue de Saint-Louis. Et
c'est là que je me suis dit: Voilà peut-être l'importance
de l'imputabilité. Parce que, suite à des représentations
comme vous venez nous faire aujourd'hui et aussi suite aux nouveaux
règlements des commissions où vous pouvez être entendus
très facilement, voilà, je pense, un rôle en tant
qu'élu, qu'il serait important de dire: Bon, on a rencontré
divers groupes de jeunes dont le vôtre, et de dire aux hauts
fonctionnaires: Qu'est-ce que vous faites, vous, pour la jeunesse, pour
l'intégration des jeunes dans la fonction publique? Ça m'a
vraiment sensibilisé au fait... Ça a donné de l'importance
encore, c'est très important, mais ça a donné plus de
crédibilité à la thèse de l'imputabilité. Je
pense que voilà là un moyen. Il ne faut pas rêver, je ne
pense pas qu'il y ait de moyen miracle... Je voudrais bien
là, mais je n'ai pas la prétention d'avoir un moyen
miracle pour intégrer les jeunes comme je voudrais bien au niveau de la
fonction publique, au gouvernement. Mais voilà un moyen - je voudrais
vous entendre là-dessus - quand même important, s'il est mis
à notre disposition, qui pourra faire en sorte d'avancer le dossier des
jeunes au niveau de l'intégration dans la fonction publique. Alors,
qu'est-ce que vous on pensez?
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député des Îles-de-la-Madeleine. Vous pouvez
répondre et après je vais passer la parole à
l'Opposition.
M. Tanguay: En tout cas, nous autres, jusqu'où on va sur
cette question-là, à savoir que les ministères doivent
poursuivre les objectifs, on va jusqu'au point de dire que chaque
ministère, dans le rapport annuel de ses activités, doit rendre
compte des efforts qu'il a mis de l'avant pour intégrer des jeunes dans
son ministère et rendre compte aussi de l'atteinte des objectifs qui lui
ont été fixés précédemment par le Conseil du
trésor. Nous, on va jusque-là pour les fins de notre
mémoire.
Mme Bois: Je vais compléter en ajoutant que si,
effectivement, il y a des orientations politiques qui sont mises de l'avant,
mais qu'on ne s'assure pas que ces orientations-là sont observées
ou appliquées par les gestionnaires, ce sont des voeux pieux; ça
demeure des voeux pieux. Je pense que le rajeunissement de la fonction
publique, ça demande plus que des voeux pieux, ça prend des
actions et une volonté politique de rajeunir la fonction publique. Parce
que le vieillissement de la fonction publique pose aussi des problèmes
aux gestionnaires en termes de développement de ces personnes-là,
de sécurité au travail, de mobilité. Bien souvent, les
gens, à un certain âge, peut-être bougent moins dans
l'appareil, mais le rajeunissement de la fonction publique... Si demain, on
veut une fonction publique compétente et surtout motivée,
ça prend absolument des orientations claires, précises,
réaffirmées, avec des méthodes qui permettent de s'assurer
que les gestionnaires observent ces... Parce que si les jeunes, on les laisse
poireauter pendant 10 ans en se disant que c'est conjoncturel, leur situation,
on se demande quelle sera leur motivation dans 10 ans, de travailler...
d'être sur le marché du travail... parce qu'on les aura mis de
côté pendant une période très longue.
Le Président (M. Lemieux): M le député des
Îles-de-la-Madeleine, je suis obligé de passer la parole à
M. le député de La Prairie, quitte à ce que, à la
toute fin..
M. Farrah: En tout cas, je pourrai revenir.
M. Lazure: Merci, M. le Président. C'est bien sûr
que ce n'est pas une consolation pour les jeunes que de dire: C'est comme
ça ailleurs. C'est vrai que c'est comme ça ailleurs, pas
seulement dans les autres fonctions publiques, mais dans le privé aussi.
C'est tout le système social actuel qui fait que les jeunes sont dans un
cercle vicieux. On vous dit: Instruisez-vous au maximum, c'est un bon placement
Une fois que vous ave/ passé plusieurs années a vous instrui re,
vous arrivez sur le marché du travail et on vous dit: Non, on n'est pas
intéressé, vous n'avez pas d'expérience.
Plusieurs pays européens ont trouvé une solution partielle
à cette impasse-là, en accentuant des systèmes qui ont
toujours été gardés, en Autriche et en Allemagne en
particulier, le système d'apprenti, dans le sens très large du
terme; dans le sens très très large, je ne parle pas juste de
l'apprenti menuisier, l'apprenti dans n'importe quoi, y compris dans la
fonction publique. Je pense qu'au Québec, on devrait regarder de plus
près l'expérience de ces pays européens qui
réussissent à intégrer le jeune ou la jeune dans le monde
du travail par le biais de ces programmes d'apprentissage. On peut appeler
ça des programmes de stage, si vous voulez. À cet égard,
je vais... Vous en parlez un petit peu dans votre mémoire, du programme
de stage. Est-ce que vous avez des suggestions à faire pour
améliorer ce programme de stage ou l'étendre?
M. Tanguay: Oui. C'est sûr que nous autres on intervient
sur les programmes de stage. Toute la fonction d'apprenti, ce n'est pas un
domaine qu'on a étudié ou qu'on a analysé, en tout cas pas
dans le sens des employés de la fonction publique. Cependant, la
question que ça me pose aussi de penser à un système
d'apprenti c'est peut-être de créer une nouvelle classe d'emploi
pour les jeunes avant qu'ils puissent accéder, encore une fois, à
des emplois réguliers dans la fonction publique. Ce qu'on mentionne
aujourd'hui, c'est que l'effectif régulier de la fonction publique est
vieillissant. Il y a 6,5 % des gens qui ont moins de 30 ans dans la composition
d'ensemble des effectifs réguliers de la fonction publique. On parte de
stages, mais de stages pour des étudiants. On dit que, oui, il y a une
façon peut-être d'entrer dans la fonction publique par le biais de
stages pour des étudiants, mais que ce ne soit pas, je dirais, une
marche obligatoire pour entrer comme permanent dans la fonction publique, le
fait d'y suivre un stage, après ça d'y être.. Si on met en
plus une nouvelle étape qui est d'être un apprenti et après
ça on deviendra un travailleur régulier de la fonction
publique... Mais les jeunes d'aujourd'hui qui ont 24, 25 ans ou 28 ans, qui
sortent des universités, qui sont prêts à travailler, il ne
faut pas... On dit souvent, la relève, mais cette
relève-là qui a ?4 ans, qui sort de l'université à
25, ce sont des gens qui sont prêts à travailler, qui ont
été
formés pour embarquer sur le marché du travail. Si, une
fois qu'ils sortent de l'université, on les embarque dans un
système d'apprentissage, qu'on fait, à toutes fins pratiques, par
les emplois occasionnels, on retarde de plus en plus l'accès à un
emploi régulier et stable dans la fonction publique et, à ce
moment-là, on va penser que, pour avoir un accès stable à
la fonction publique, il faut avoir 35 ou 38 ans. (12 h 15)
M. Lazure: M. le Président, moi je ne préconise pas
ce système là, mais jo dis que des pays européens ont
trouvé cette façon-là commode.
Deuxièmement, le vieillissement... Vous savez, le paradis perdu,
vous no le retrouverez pas. De 1960 à 1975, c'était le paradis
pour les jeunes. Et vous avez la malchance de ne pas être nés
à ce moment-là... de ne pas avoir atteint l'âge de 25 ans
à ce moment là. Parce que tout le monde à 25 ans, 30 ans,
pouvait rentrer dans la fonction publique. C'était la construction de la
fonction publique. Elle commençait en 1960. Or, c'est sûr que de
1960 à 1975, on allait vous chercher à la sortie de
l'université. Mais là, il y a une consolidation et le
vieillissement, il faut faire attention. J'aimerais ça qu'on compare
l'âge moyen de la fonction publique ici au Québec avec l'âge
moyen de la fonction publique en France ou en Angleterre ou en Allemagne. On se
rendrait compte probablement qu'on est plus jeunes ici que dans ces
pays-là. Alors, je pense que vous ne ferez pas beaucoup, quant à
moi, de millage - expression commune - en utilisant juste ces
pourcentages-là. C'est épouvantable, on a juste tant de pour cent
de jeunes dans les nouveaux. C'est normal qu'il en soit ainsi dans le moment.
Ce qui n'est pas normal, c'est que vous restiez occasionnels, par exemple, et
que vous soyez embauchés comme occasionnels Après combien
d'années comme occasionnels, vous devriez devenir permanents
d'après vous? Titularisés. Avez-vous une idée
là-dessus?
Mme Bois: De un an à dix ans finalement. Parce que nous on
dit: Par rajeunissement de la... Il y a des gens qui sont en poste...
M. Lazure: Voulez-vous rétrécir votre fourchette un
peu? Ha, ha, ha!
Mme Bois: Parce qu'il y a des gens qui... J'ai peut-être
mal compris la question. On sait qu'il y a des gens qui occupent des postes
occasionnels pendant 10 ans et ils sont encore occasionnels.
M. Lazure: Ce n'est pas ça ma question. Mme Bois:
Excusez-moi.
M. Lazure: Non, je suis bien conscient de ce
problème-là. Je vous demande... Étant donné que
ça va prendre quelques années avant que le gouvernement corrige
cette situation aberrante d'avoir 40 % des employés qui sont des
occasionnels, comme dans les hôpitaux, d'ailleurs, ça va prendre
quelque temps avant que ça soit corrigé. En attendant, est-ce que
vous seriez d'avis qu'un occasionnel, qui est occasionnel depuis trois, quatre,
cinq ou six ans, surtout toujours au même poste, ne devrait pas devenir
permanent?
Mme Bois: Je pense que la proposition du Conseil est qu'on
révise le système de dotation, un peu comme le disait la
Commission de la fonction publique, c'est-à-dire le recrutement au
mérite, c'est à dire autant pour les occasionnels que pour les
permanents, pour faire en sorte que les personnes qui occupent des postes
occasionnels puissent avoir accès, avoir au moins une perspective de
devenir permanentes. Elles investissent à force de travail et, pour le
gestionnaire, ça devient rentable dans la mesure où il sait qu'il
va pouvoir maintenir la personne en emploi. Actuellement, ce n'est le cas ni
pour l'un ni pour l'autre. Nous disons: Révisons le système de
dotation au niveau du recrutement des occasionnels pour leur permettre de
devenir occasionnels, on n'a pas fixé de temps, à savoir deux ou
trois ans, ça pourrait être lorsqu'un poste s'ouvre, il y a une
espèce de priorité d'embauche aux occasionnels, parce qu'ils
auront été recrutés sur la base du principe du
mérite.
Le Président (M. Lemieux): Merci. M. le
député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: Je m'ajoute aux autres pour vous féliciter de
votre mémoire. Mais il est sûr que l'État
québécois ayant pris son ampleur dans une décennie
particulière, de 1960 à 1970, ça place les jeunes,
aujourd'hui, dans une situation très défavorable.
Je voudrais cependant dire que ceux des jeunes des années
soixante qui ont pris le professionnel plutôt que le
général sont dans une situation qui devient de plus en plus
précaire aussi. Moi, je rencontre des travailleurs de Vickers qui ont
une misère invraisemblable à aller se chercher une carte de
compétence parce que ceux de ma génération qui avaient la
formation en sciences humaines et qui ont occupé l'État, ont
décidé que le diplôme faisait foi de tout. Ça a
développé que les changements de nature industrielle qui se
passent dans l'est de Montréal, par exemple, décroissance des
chantiers maritimes, des chemins de fer et pas d'industries de remplacement
encore, ces gens-là sont démunis parce que la formation en
emploi, on n'a pas fait ça non plus. On a favorisé la
scolarisation et là, on a le paradoxe de jeunes qui sont
surscolarisés par rapport aux emplois qu'ils occupent et de
travailleuses et travailleurs dans la cinquantaine qui sont
sous-scolarisés pour pouvoir s'adapter aux changements de
l'économie.
Ce que j'apprécie dans votre mémoire, c'est que vous ne
mettez pas de l'avant l'idée d'enlever les gens plus âgés
pour mettre les jeunes. Vous pensez plutôt à des mesures
incitatives pour essayer de renouveler la fonction publique Dans ce
sens-là, je trouve que ça a de l'allure. Mais même si
ça déborde un peu le cadre, je voudrais vous souligner que, dans
le fond, il y a la fonction publique qui peut jouer un rôle à cet
égard, mais que le problème de fond aussi, c'est le peu
d'importance que notre société a attaché jusqu'ici
à l'emploi. Ça ne va pas de soi, cette question-là. Ce que
j'entends par là, c'est qu'il peut... Je suis parfaitement d'accord avec
vous qu'il doit se faire quelque chose de mesurable dans la fonction publique
et quo ça doit favori ser ceux qui ont été exclus
jusqu'ici par la force des choses; donc, des mesures positives. Je pense que,
pour l'ensemble de la société, le secteur public ne suffira pas
à procurer de l'emploi. Je finis avec ça. Quand il y a eu des
émeutes en Angleterre il y a quelques années, j'avais
été très touché de voir qu'à Manchester, par
exemple, 90 % des jeunes de cette grande ville industrielle avaient la garantie
de ne jamais travailler. Le mélange de scolarisation et d'absence
d'opportunités réelles de travailler ça crée des
mélanges qui peuvent être détonnants à un moment
donné.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Pointe-aux-Trembles. C'est un commentaire?
M. Bourdon: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Merci. Alors, je veux
simplement vous faire état de ceci: C'est que la commission a à
sa disposition une étude qui porte sur le profil de l'effectif
régulier do la fonction publique et elle a l'âge moyen des
entrées en fonction par catégorie d'emplois et par sexe, de
même que la répartition par âge de l'ensemble de l'effectif
régulier. Et, effectivement, c'est inquiétant quand on se rend
compte que la moyenne d'âge est d'au-dessus de 30 ans, il y a de
sérieuses questions à se poser. Vous avez raison de vous
demander: quelle sorte de relève prépare-t-on à la
fonction publique, à la jeunesse, ici au niveau de la fonction publique
québécoise? Mais on est sensibles La Commission de la fonction
publique, dans son mémoire à la page 21, disait aussi que les
conditions et les exigences additionnelles avaient pour effet de bloquer
l'accès à la fonction publique aux jeunes diplômés.
Je pense que la Commission aura à réfléchir
sérieusement sur cet aspect là parce que je veux que vous sachiez
que, nous aussi, on est bien conscients que nos effectifs vieillissent et qu'on
aura un renouvellement des cadres à faire d'ici l'an 2000 et l'an 2000,
c'est dans 10 ans seulement. Il va falloir que des organismes, il va falloir
que des gens songent sérieusement à préparer une fonction
publique pour l'an 2000 et ce n'est pas nous qui allons être là,
ce sont des gens comme vous qui vont être là. C'est un commentaire
tout simplement! M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: Oui, brièvement parce que je pense que mon
collègue d'Orford a aussi des questions à poser. Tantôt
quand on faisait le constat, on disait: Ça prend une volonté
aussi gouvernementale et politique. Je pense qu'il faut admettre que ça
prend une concertation tant au niveau gouvernemental des hauts fonctionnaires
qu'au niveau des syndicats également. La question se pose: A ton la
marge de manoeuvre nécessaire au niveau des conventions collectives,
pour faire en sorte de donner une priorité ou une
préférence ou donner une plus grande accessibilité aux
jeunes? Je pense que c'est un débat qui doit se situer à tous ces
niveaux-là pour s'assurer qu'il y ait une concertation et que le message
passe à tous les niveaux dans la fonction publique. J'aimerais
peut-être vous entendre là-dessus.
M. Tanguay: C'est sûr que la concertation, ce n'est jamais
nuisible pour autant que ça se fasse dans un temps défini, que
ça ne prenne pas des années et des années avant
d'être efficace. D'autre part, ce qui est important aussi c'est que dans
l'immédiat, on parlait de renouveler les cadres de la fonction publique
pour l'an 2000, si on veut arriver à l'an 2000 et avoir une fonction
publique en santé, il faut commencer à poser des gestes. Ces
gestes-là ne demandent pas nécessairement que la loi soit
modifiée ou que ça coûte des fortunes. Ça demande
entre autres que l'on resserre la possibilité de détourner les
mesures ou les normes d'embauche pour favoriser, je dirais, le critère
d'embauché minimum pour les statuls d'emploi. Déjà
là, ce sera une chose qui, mise en application, appliquée par
tous les ministères, pourrait faire en sorte que les jeunes aient
accès, tout au moins, aux concours de recrutement. Déjà,
il y a des gestes qui pourraient être posés. Puis on n'a
peut-être pas les meilleures solutions, mais il faut aussi s'enlever de
l'idée que le constat est de dire: Dans 10 ans, ça va se
rétablir et de dire aussi: c'est sûr, les années soixante
et le début des années soixante-dix ont fait en sorte qu'on a mis
en place la fonction publique et, là, il n'y a pas bien de place. Alors,
c'est bon de nous sensibiliser Mais, nous autres, on vous sensibilise en vous
disant: Pensez à ce qu'il y ait des gestes qui doivent être
posés rapidement pour faire en sorte que les jeunes entrent dans la
fonction publique et commencent à renouveler la force de travail de la
fonction publique, parce que d'ici 10 ans, quand on viendra à se dire:
Bon, là, il faudrait faire quelque chose, il sera peut-être un peu
trop tard. Et on arrivera avec une perte de l'expérience des gens qui
seront sortis et tout un
groupe qui va rentrer et qui va être sans expérience.
Alors, commençons immédiatement à faire entrer des
jeunes pour qu'on ait une fonction publique d'expérience en l'an 2000
autant qu'on l'a présentement.
Le Président (M. Lemieux): Merci. M. le
député de Limoilou, une dernière question. Je dois passer
après M. le député de Labelle. Je devrai donner deux
minutes de plus au député de Labelle.
M. Després: Oui. Juste rapidement, peut-être avec
l'annonce du président du Conseil du trésor la semaine
dernière où il parlait de la conversion de 3500 postes
d'occasionnels en postes de permanence. Vous donnez que 30 % des jeunes... En
tout cas, cette annonce-là devrait aider un peu l'accès des
jeunes à ces postes de permanence si les jeunes occupent
présentement 30 % des postes.
Mme Bois: Actuellement, les mesures ne permettent pas à
ces 30 %, selon le système de..
M. Després: Pas automatiquement. Mme Bois:
Pardon?
M. Després: Allez y. Pas automatiquement, mais il y a 30 %
des postes occasionnels...
Mme Bois: Non, actuellement, le système, c'est que si un
poste s'ouvre, on s'en va selon le système soit de réallocation
des ressources, mutation, promotion, affectation ou on s'en va au recrutement.
Les occasionnels doivent poser leur candidature au niveau du recrutement. On
n'a peut-être pas évalué la candidature au mérite,
au départ, ce qui fait que ces personnes-là peuvent aussi
être mises de côté.
M. Després: II y a une chose que j'aimerais savoir, M. le
Président, parce que je sais que vous me donne? peu do lomps Dans un
autre ordre d'idéo, en ce qui concerne les autres fonctions publiques
canadiennes, es! ce que vous avez regardé ce qui se fait ailleurs,
c'est-à-dire est-ce que le pourcentage des jeunes dans la fonction
publique correspond dans les autres fonctions publiques sensiblement au
même type de pourcentage, premièrement? Et, deuxièmement,
est-ce qu'on a instauré, à certains endroits, dans d'autres
fonctions publiques, des programmes, précisément, que ce soient
de stages ou d'intégration pour favoriser l'intégration des gens
dans les nouveaux postes de permanence?
Mme Bois: On regrette de vous informer que le temps ne nous a pas
permis de faire l'analyse de ce qui se passe effectivement dans les autres
fonctions publiques, sauf qu'on se promet de s'attarder à ça.
J'aimerais juste ajouter quelque chose concernant la réflexion sur la
concertation. Moi, il y a une chose qui m'inquiète. C'est, comme on le
sait, que les employés réguliers ou les membres des syndicats
sont des personnes âgées de plus de 30 ans, au niveau de la
concertation, est-ce que les syndicats vont vraiment défendre des
personnes qui ne sont pas membres de leur organisation, finalement? Alors, la
concertation, moi, je pense qu'elle devrait aller plus loin que ça et
peut-être inventer de nouvelles pistes. Tantôt, on parlait de
formation professionnelle. Bien, on est peut-être contre des
systèmes d'apprentissage comme tels, mais on est pour des programmes
d'alternance études-travail qui permettent aux jeunes d'entrer dans la
fonction publique et de prendre de l'expérience, de connaître la
culture de la boîte, de développer leurs habiletés, ce qui
ferait que, par la suite, les gestionnaires seraient intéressés,
après leurs études, d'aller les chercher parce que ces personnes
auront déjà un petit peu plus d'expérience. Moi, je pense
qu'il faut trouver des mesures simples, concrètes pour permettre aux
jeunes d'aller chercher un peu d'expérience avant la fin de leurs
études, pour leur permettre d'aller chercher un emploi à la fin
de leurs études, pour que l'obstacle du manque d'expérience soit
diminué, finalement.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie. Non, M. le
député de Limoilou, on ira...
M. Després: Tout simplement, en terminant, M. le
Président, juste pour mentionner à Mme Bois...
Le Président (M. Lemieux): ...à moins que vous ne
vouliez...
M. Després: Non, juste un commentaire. Je voulais juste
mentionner à Mme Bois que si jamais vous aviez des informations ou des
données concernant les autres fonctions publiques qui pourraient servir
aux membres de la commission comme analyse ou des recommandations
éventuelles de nous les fournir...
Mme Bois: On serait heureux de collaborer, oui.
M. Després: Merci.
Le Président (M. Lemieux): Alors, je vous remercie, M. le
député de Limoilou. Écoutez, M. le député
d'Orford, vous n'êtes pas membre de cette commission. Je sais que vous
avez demandé la parole, mais je dois passer la parole au
député de Labelle. S'il y a consentement, à la fin, pour
que vous posiez vos questions, il n'y aura pas de problème si
l'Opposition y consent. M. le député de Labelle.
M. Léonard: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle, vous avez pas loin de 10 minutes. ( 12 h 30)
M. Léonard: M. le Président, je voudrais
féliciter ceux qui sont venus présenter leur mémoire. J'ai
écouté cette discussion et je suis frappé par cette
expression "l'an 2000". J'ai toujours pensé que lorsqu'on reportait la
solution des questions à 10 ans, ça voulait dire qu'on n'en
apportait pas. Quand on voyait la fonction publique en l'an 2000, ça
voulait dire, finalement, qu'on n'avait pas le goût de prendre des
mesures qui s'imposaient pour corriger les problèmes qu'on avait
à court terme.
Je pense qu'il faut se poser la question maintenant. Et la question qui
est posée par les jeunes, n'est qu'ils n'ont pas accès à
la fonction publique, purement et simplement et que, nous,, quand nous disons
que nous en sortirons dans 10 ans, c'est que nous nous protégeons
très bien, parce que nous ne serons plus là et que les autres,
ceux qui y seront entrés, ils vont raisonner comme nous et i\s
attendront leurs 10 ans, parce qu'on reste 25 ans, 30 ans peut-être, pour
ceux qui durent tout le temps dans une fonction comme celle-là.
Moi, je pense qu'il est dramatique que les jeunes n'aient pas
accès à la fonction publique plus que maintenant. Dramatique! On
avait des expressions au niveau universitaire, mais on sait très bien
qu'à partir de 60 ans, on se souvient qu'on a eu des idées et
qu'on n'en a pas beau coup de nouvelles. On se souvient qu'on en avait. Et le
caractère dynamique d'un corps, tant au privé qu'au public, est
déterminé, en bonne partie, par les jeunes qui entrent avec des
idées neuves. Et je ne voudrais pas le faire en termes de flatterie
envers les jeunes actuellement, pas du tout, parce qu'on pourrait dire toutes
sortes de choses là-dessus. Mais c'est un fait que c'est comme
ça.
Donc, je pense qu'il faut se poser la question maintenant. Et la
fonction publique dans l'an 2000 va refléter les décisions qu'on
va prendre maintenant en ce qui concerne les jeunes.
Je crois une chose. Et j'ai posé plusieurs questions
là-dessus depuis le début de la commission. Un des
problèmes que nous avons, c'est celui de la mobilité dans la
fonction publique, de la polyvalence de nos employés, ce qui fait que
nos jeunes ne peuvent pas entrer facilement. C'est que nous sommes assis sur
des chaises et rivés nous-mêmes à nos chaises.
Alors, ça, ça ne fait pas un organisme très
dynamique lorsqu'on s'en tient à cela. Et il y a une mobilité
à l'intérieur qui est défaillante, mais aussi entre le
secteur privé, le reste du monde et la fonction publique. Et, ça,
quand on aura assumé, assuré cela, je pense que, là, on va
en ouvrir des postes. Lorsqu'on va vouloir faire des efforts pour faire changer
des gens d'endroit, je pense que, là, on va en ouvrir des postes et je
pense qu'au Québec, on a été beaucoup trop rivés
sur cette question de la sécurité d'emploi, beaucoup trop
rivés et que ça a eu des impacts considérables par la
suite.
Évidemment, on pourrait dire plein de choses Je pense aussi que
l'avenir, ça va être vous l'ave/ mentionné par rapport
à la formation - des stages en emploi, des périodes d'emploi, des
périodes de formation en lien ou pas avec l'entreprise, mais il faut
voir ça dans ce sens là.
Alors, j'aurais peut-être une question très
générale. Mais il me semble qu'on devrait la poser. C'est quoi,
les perspectives pour vous de la fonction publique, qu'est-ce que c'est une
fonction publique ou qu'est-ce que c'est l'État pour un jeune qui rentre
sur le marché du travail ou qui vont entrer, pourrait en dire, parce
qu'il n'est pas rentré tout de suite?
Le Président (M. Lemieux): Oui?
M. Tanguay: Ce que ça représente pour les jeunes,
ce que ça aurait dû ou ce que ça devrait
représenter, je dirais, c'est une certaine stabilité
d'emploi.
M. Léonard:...
M. Tanguay: Bon.
M. Léonard: Mais...
M. Tanguay: Sauf qu'on n'en est plus là.
M. Léonard: Je pense que ce que je viens de dire, pour
moi, ce n'est pas nécessairement un avantage, une stabilité.
M. Tanguay: En tout cas, ce n'est pas un avantage. Quand on est
dans une...
M. Léonard: Bien, c'est un avantage pour la personne, mais
d'un point de vue de l'État, je me pose la question.
Mme Bois: Je pense que la fonction publique...
Le Président (M. Lemieux): Oui, j'ai compris que vous
n'étiez pas tout à fait d'accord. Allez-y avec votre
collègue de droite.
Mme Bois: Je pense que le Conseil a tenu des audiences publiques
en 1989. Les jeunes sont venus manifester leur désir de travailler,
d'avoir des emplois durables. Ils ont, à la même occasion,
manifesté leur désir de travailler pour la fonction publique si
elle était en mesure de leur offrir des emplois où il y aurait
une possibilité de développement de leur carrière.
Ça prend
aussi des emplois intéressants. Ça prend des emplois
où la fonction publique est dynamique. Si la fonction publique ne bouge
pas, probablement que les jeunes ne seront pas intéressés
à travailler dans la fonction publique. Mais si les emplois qu'on leur
offre, sont des emplois durables et de qualité, des emplois où
ils peuvent faire aller un peu leur imagination, être créateurs
.
Le Président (M. Lemieux): C'est ce que je voulais
entendre de vous!
Mme Bois: ...avec des possibilités de se bouger et des
possibilités de développer leurs compétences par des
programmes de formation en emploi, je pense que les jeunes seront
intéressés. Mais je pense qu'ils ne sont pas
intéressés à traîner derrière un bureau et
à ne pas bouger.
Le Président (M. Lemieux): M le député de
Labelle, la parole est à vous
M. Léonard: Je suis d'accord avec ça Je n'ai pas de
problème. Mais combien de temps un emploi est-il intéressant pour
une personne, à votre avis?
Mme Bois: Moi, d'après mon observation à moi,
grosso modo, même si je suis un peu jeune, je pense que les gens qui
entrent dans un emploi en fonction publique demeurent pas plus de 4 ans dans un
emploi. Et on se rend compte que les personnes âgées de 45 ans ont
moins besoin de relever des défis. Elles ont leur famille; elles veulent
diversifier un peu leur intérêts. Peut-être que les jeunes,
au début de leur carrière, ils ont le goût de prendre des
bouchées doubles, d'aller voir un peu tout ce qui se passe et
d'acquérir beaucoup de connaissances.
Moi, je ne pense pas que les jeunes restent dans un même emploi
très longtemps, sauf que je pense que c'est juste un enrichissement pour
la fonction publique de voir que des jeunes vont dans différents
ministères avec des cultures différentes, des façons de
travailler, avec une infinité de programmes. Je pense que c'est un plus
pour la fonction publique que des jeunes bougent, contrairement à des
gens qui ne bougent pas.
M. Léonard: Je suis tout à fait d'accord. Madame
est en train d'illustrer le point que je voulais dire. c'est-à-dire plus
une fonction publique vieillit, moins elle bouge. Alors, il faut donc rassurer
la mobilité, la polyvalence, intégrer des jeunes. Je voulais
faire ce point.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Labelle Est ce qu'il y a consentement - ce serait
vraiment terminé -pour que le député d'Orford pose une
question? Un instant, s'il vous plaît!
M. Léonard: Bien rapide!
Le Président (M. Lemieux): Bien rapide? Alors, il y a
consentement, M. le député d'Orford, de la part de la
commission.
M. Benoit: À la page 17 de votre mémoire, vous
soulignez un double problème. D'abord, les jeunes qui n'ont pas
accès à la fonction publique, mais les Jeunes aussi qui quittent
les régions. Et vous arrivez avec un voeu pieux, faire preuve de
dynamisme et d'innovation en favorisant l'embauche des jeunes dans les
régions d'origine. On sait tous le problème de l'exode des jeunes
des régions qui est absolument extraordinaire, dans des régions
comme les Îles-de-la-Madeleine, le bas de la Gaspésie, même
des sous-régions, des villes comme Coaticook qui sont à une heure
de Sherbrooke, où on voit les jeunes quitter pour aller vers les grands
centres. Jusqu'où iriez-vous dans ce voeu pieux-là, si vous aviez
à le mettre dans la réalité des choses d'aujourd'hui?
"Preuve de dynamisme et d'innovation", ça veut dire quoi, ça?
Est-ce que vous exigeriez une adresse dans la ville où on l'engage?
Est-ce que vous exigeriez que le concours stipule que la personne a dû
faire ses études là? Jusqu'où êtes-vous prêts
à aller dans une mesure pratique?
Le Président (M. Lemieux):...
M. Tanguay: Ce qu'on mentionne sur ce point-là, c'est que
les postes qui sont ouverts dans les régions soient accessibles aux
jeunes qui proviennent de ces régions-là, mais qui ont dû
quitter ou qui habitent à l'extérieur, parce qu'ils ont dû
quitter pour aller soit travailler ou pour aller se former, que ce soit au
collégial ou à l'université. Je dirais que la condition,
c'est d'être originaire de la région. L'autre condition, celle qui
est appliquée présentement, c'est d'être résident On
ne peut pas demander à des jeunes qui sont allés se former
à l'extérieur d'être nécessairement résidents
de leur région d'origine. Ils n'y seront pas résidents s'ils ne
peuvent pas aller y travailler.
Donc, c'est sûr que ce n'est pas la mer à boire, les
emplois qui peuvent être offerts aux jeunes qui sont partis de leur
région dans la fonction publique, sauf que c'est là une intention
qui peut porter fruit dans tout le réseau parapu-blic du gouvernement
aussi.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député d'Orford. Pour terminer, M. le député de
Labelle avait un petit commentaire à ajouter, je pense.
M. Léonard: Oui. Je voulais simplement mettre en
lumière un graphique qui a été déposé devant
la commission par M. Bélanger, une des études qui démontre
que trois catégories d'em-
plois comptent plus de 40 % de leurs membres éligibles à
une retraite avec pleine pension d'ici l'an 2000, soit dans moins de 10 ans: La
haute direction, la gérance, les cadres intermédiaires et les
ouvriers. Ça, ça veut dire qu'il y a de la place dès
maintenant, 40 % d'ici 1O ans. Je pense que le taux d'embauche qui s'est
passé entre les années soixante et soixante-dix, ça doit
être à peu près équivalent à ce qu'il y a
là. C'est ça que ça veut dire. Alors, je trouve que vous
arrivez justement à un bon moment pour poser la question par rapport aux
jeunes. C'est qu'on va renouveler la fonction publique à partir de
maintenant et pas en l'an 2000.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Labelle. Alors, nous vous remercions pour votre
collaboration et la présentation de votre mémoire. Et je
demanderais maintenant à M. Jocelyn Dionne de bien vouloir prendre place
à la table des témoins. Nous allons suspendre environ deux
minutes seulement.
(Suspension de la séance à 12 h 35)
(Reprise 12 h 41)
Le Président (M. Lemieux): La commission du budget et de
l'administration reprend ses travaux et nous allons entendre maintenant M.
Jocelyn Dionne. Nous voulons bien vous entendre, M. Dionne, si vous voulez bien
commencer.
M. Jocelyn Dionne
M. Dionne (Jocelyn): Je me présente, Jocelyn Dionne. Je
suis professionnel au ministère des Communications depuis cinq ans et
demi, presque six ans. La particularité de mon statut, c'est que je suis
occasionnel. On en a parlé largement ce matin. On en reparle encore. Je
ne lirai pas mon mémoire, je vais le résumer parce que j'ai vu
que le temps passe.
Le Président (M. Lemieux): Nous l'avons tous lu. Nous ne
l'avons pas apporté, nous l'avons tous lu.
M. Dionne: Je tiens à remercier d'abord la commission de
me permettre l'occasion d'exprimer et de raconter le vécu d'un
occasionnel au gouvernement du Québec. Le but que je me suis fixé
en venant ici, c'est d'abord pour garder mon emploi, faire en sorte que la
commission soit consciente du risque que je cours d'ici quelques mois.
Le Président (M. Lemieux): Soyez bien à l'aise,
vous êtes chez vous ici.
M. Dionne: Merci. La deuxième partie du but, c'est que
j'aimerais que la commission demande à mon employeur d'être loyal
à mon égard. Le vécu d'un occasionnel au gouvernement du
Québec, ce n'est pas facile. J'ai 42 ans, donc ça veut dire quo
j'ai accédé dans la trentaine à un tournant de ma
carrière où j'avais à faire un choix. Je quittais
l'entreprise privée à mon compte et je pensais que dans la
spécialité où je suis comme agent d'information en
communication, c'était une ouverture intéressante,
sérieuse, pour un projet de carrière En y accédant comme
occasionnel, ça ne me dérangeait pas parce que je me disais: Je
vais faire des sacrifices, je vais faire des concessions. Peut-être qu'un
jour je pourrai envisager une carrière de façon sérieuse.
Mais après cinq ans et demi, je me rends compte que ça a plus
l'air des illusions qu'autre chose. Alors, si je veux conserver mon emploi, il
faudrait envisager sérieusement les changements à la loi
actuelle. Parce que, autant la Loi sur la fonction publique que les autres lois
qui conditionnent le travail des citoyens au Québec, j'entends les
normes du travail ou les droits de la personne, ne nous touchent pas Alors on
est un peu une classe a part à l'heure actuelle. (12 h 45)
L'article 83 de la Loi sur la fonction publique m'exclut des
systèmes de gestion, des méthodes de gestion prévues dans
la Loi de la fonction publique et je suis soumis strictement aux directives
arbitraires du Conseil du trésor. Il y a une directive qui vient de
passer dernièrement, en juin, qui dit que dorénavant un emploi
d'occasionnel sur projet spécifique ne devra pas durer plus de deux ans.
Je comprends bien l'objectif qui est valable, parce que finalement le poste que
j'occupe actuellement est dans la liste des 3500 qui deviendront permanents
possiblement, et dès l'instant où le Conseil du trésor
aura donné son accord, moi, je viendrai de perdre mon emploi. Et
à 42 ans, je pense que ça me fait réfléchir
sérieusement. J'aimerais que la commission en prenne conscience.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. Dionne. M.
le député de Saint-Louis, est-ce que vous avez des
commentaires?
M. Chagnon: Je pense que le cas de M. Dionne - et je vous
remercie de venir témoigner devant la commission - le cas de M. Dionne
n'est pas un cas particulier. La problématique des occasionnels qui a
été soulevée est un peu particulière. Vous savez
que le Conseil du trésor a annoncé au début de ces travaux
qu'il avait l'intention de titulariser 3500 des 12 000 postes occasionnels que
compte la fonction publique actuellement.
J'avais.. Je remarque que dans le plaidoyer de M. Jocelyn...
Une voix: Dionne.
M. Chagnon:... Dionne, Dionne, je m'excuse,
de M. Dionne, il y a quelques questions que je pourrais me poser. Vous
parlez de la précarité des emplois, vous parlez des avantages
sociaux inférieurs d'une personne assise entre deux chaises. Je sais, il
me semble, en tout cas, que, parmi les avantages sociaux inférieurs des
occasionnels, moi, je serais porté à nuancer un peu. Les
fonctionnaires et les ouvriers occasionnels ont deux statuts. Il y a ceux qui
sont engagés pour plus d'un an et ceux qui sont engagés pour
moins d'un an. Ceux qui sont engagés pour plus d'un an ont exactement
les mêmes avantages sociaux que les employés réguliers de
la fonction publique. On s'entend là dessus.
M, Dionne: C'est vrai.
M. Chagnon: Les occasionnels qui sont engagés pour moins
d'un an bénéficient, eux, d'un supplément de traitement de
11, 12 % par année s'ils sont fonctionnaires ou ouvriers et 6, 5 %, si
ma mémoire est bonne, s'ils sont professionnels, pour les
dédommager de certains inconvénients et certaines clauses qu'ils
n'ont pas à leur contrat d'occasionnels comme, je ne sais pas quoi,
l'absence de certains avantages sociaux, congés de maladie,
événements familiaux, les problèmes qui peuvent se poser
pour une mère ou un père de famille dans certaines circonstances
et ce ne sont pas des avantages sociaux qui sont prévus dans la
convention collective des occasionnels. Mais il y a une réparation, je
dirais, de l'État qui est do 11, 12 % pour les fonctionnaires et
ouvriers et vous m'avez signalé que vous étiez professionnel,
donc de 6, 5 % en deçà de votre salaire et en deçà
du salaire qui est le même salaire qu'un autre employé
professionnel pour corriger ces écarts-là. N'est-ce pas le
cas?
M. Dionne: C'est le cas sauf que ça, ce sont des gains, ce
sont des avantages qui sont consentis pendant la période d'emploi. Sauf
que lorsqu'on est licencié, on le redonne automatiquement à la
Commission de l'assurance-chômage, parce que ces gains-là sont
considérés comme du salaire qui entre après la
période de travail. Alors, ils le déduisent en partant des
bénéfices que tu pourrais retirer de l'assurance-chômage.
Donc, les avantages que le gouvernement du Québec m'a donnés sur
ma paie au jour le jour, à la fin de mon contrat, je les redonne en bloc
à l'assurance-chômage. Alors, je suis devant rien.
M. Chagnon: Oui, mais ça, peut être là.
M. Dionne: II y a peut-être des ajustements à faire
et des ententes à prendre à ce niveau-là.
M. Chagnon: Sauf que là, votre employeur, ce n'est pas
l'assurance-chômage, c'est le gouvernement du Québec, le
ministère des
Communications, ce que vous nous avez dit. Alors, si le ministère
des Communications vous donne un bonus de 11, 12 % ou de 6, 5 %, il ne faut pas
lui en vouloir là.
M. Dionne: Non, non, je...
M. Chagnon: On peut corriger ça rapidement si le syndicat
est d'accord. On peut l'enlever. Mais c'est..
M. Dionne: Ha, ha, ha! Ce n'est pas ça que je veux dire.
Je veux dire que, justement, la différence, la correction qui est
apportée en cours d'emploi, finalement, je la perds en partant.
Ça ne m'a pas avancé. Donc, c'est pour ça que je
considérais que les avantages sociaux sont...
M. Chagnon: Qu'est-ce qui vous motive à continuer
d'être occasionnel au ministère des Communications?
M. Dionne: Mais d'abord, le travail de communicateur au
gouvernement du Québec, particulièrement au ministère des
Communications, m'intéresse. J'aime ça. Alors, je veux garder mon
emploi.
M. Chagnon: Mais le secteur régulier, le secteur
privé, ça doit être un secteur qui est plein d'espaces pour
de bons communicateurs et...
M. Dionne:.. je l'ai occupé à quelques reprises
à mon compte également. Donc, ce n'est pas tellement la peur des
défis ou la peur de la perte de mon emploi dans le fond. Ce n'est pas
ça qui me traumatise et ce n'est pas ça qui m'incite fortement
à vous en parler aujourd'hui, mais c'est surtout le fait que...
M. Chagnon: Je dis ça parce que - je ne sais pas, moi -
l'ornithologiste est moins susceptible d'être requis par l'entreprise
privée que par un organisme public qui fera de l'observation, qui fera
ci, qui fera ça. Donc, on va chercher... C'est l'exemple que je cite
comme occasionnel le plus souvent. Et la personne en question qui a ces
qualifications-là n'a pas beaucoup d'autres choix. Mais dans le cas
d'une personne qui est professionnelle depuis six ans au ministère des
Communications, si on ne se sent pas bien, si on se sent assis entre deux
chaises, si on se sent dans un emploi précaire, pourquoi ne pas en
choisir un autre dans le secteur privé qui, dans la région de
Québec, dans la région de Montréal, en tout cas, ou
ailleurs, nous permet de vivre et d'avoir des conditions d'emploi, des
conditions de travail qui soient plus ou moins payées - ce n'est pas
important - mais quelque chose qu'il nous fait plaisir de faire?
M. Dionne: Le secteur des communications...
Évidemment, c'est le secteur public qui est peut-être un
des plus gros employeurs, ici, dans la région de Québec et j'ai
quitté la région de Kamouraska spécifiquement pour pouvoir
avoir un emploi ici, dans la région de Québec. Alors, ce n'est
pas tellement la peur de changer d'endroit; j'ai même travaillé
à la Baie James. Ce n'est pas ma disponibilité à aller
trouver un emploi où il y en a un. Mais, si à chaque fois que
j'en ai un et que j'ai une perspective d'avenir dedans, on me dit: On te
l'enlève parce que ça nous tente, bien là, moi, je trouve
ça moins drôle.
Le Président (M. Lemieux): M. le député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Chagnon: Merci, M. Oionne.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M le
député de Saint-Louis.
M. Farrah: M. le Président, concernant les
recommandations, vous dites: Titularisation auto matique des occasionnels
après trois ans de service au gouvernement. Est-ce que ça veut
dire sans concours?
M. Dionne: Moi, je le verrais sans concours, en tout cas. Dans
mon cas personnel, vous avez dû le voir dans mon mémoire, la
"concourite" aiguë, je l'ai attrapée parce que j'ai passé
beaucoup de concours, beaucoup d'entrevues. J'en ai passé une trentaine
en six ans Alors, dans mon cas, je pense que j'ai réussi à
convaincre mon employeur de mes capacités, de mes com pétences,
du fait que je suis travailleur et que je suis capable de relever les
défis qui peuvent m'être confiés à la fonction
publique. Alors, je ne vois pas comment un concours, surtout quand on sait
maintenant la façon dont ils sont faits ces concours-là...
Le Président (M. Lemieux): C'est dû à
quoi?
M. Dionne: Les concours qui sont faits actuellement, soit par le
biais de l'Office des ressources humaines, quand c'est un concours qui est
ouvert de façon très vaste au niveau de la province, ou, si c'est
un concours local, administré par le ministère, ça ne vise
pas à savoir si la personne est compétente. Ça vise
à éliminer des gens. Le dernier concours que j'ai essayé
comme agent à l'information, on était 2000. Comment voulez-vous
arriver à savoir si quelqu'un est compétent là-dedans?
J'ai un diplôme universitaire, j'ai des compétences et des
expériences de travail qui sont dans mon dossier et je ne suis pas plus
avancé que celui qui sort de l'université et qui - je ne sais pas
- est premier de classe, est une "bol"...
M. Chagnon: Pour les occasionnels, ça?
Le Président (M. Lemieux): Non.
M. Dionne: Non, les concours pour les permanents. Si, demain
matin, vous dites: Pour ton poste, si tu veux l'avoir, tu devras passer un
concours On ne considérera pas mes acquis.
Le Président (M. Lemieux): Je peux rejoindre la question
du député des Îles-de-la-Madeleine. Dans votre
mémoire, vous dites: Titulariser les occasionnels embauchés sur
des projets spécifiques ou qui occupent des postes
déclarés permanents par le Conseil du trésor et vous
faites état que l'intégration de ces occasionnels aux effectifs
permanents passerait par une déclaration d'aptitudes.
M. Dionne: Exact.
Le Président (M. Lemieux): Alors, vous êtes
consentant à ce que vos aptitudes, vos habiletés professionnelles
et même vos connaissances puissent être
vérifiées?
M. Dionne: Je pense qu'elles ont été
vérifiées depuis cinq ans.
Le Président (M. Lemieux): Alors, ex facto, du fait que
vous avez été occasionnel pendant cinq ans, vous dites: J'ai
droit à mon poste permanent.
M. Dionne: Comment puis-je prouver davantage que je suis
compétent?
Le Président (M. Lemieux): Comment conciliez-vous
ça avec un des objectifs de la loi, l'équité des...
c'est-à-dire l'accès des citoyens à la fonction
publique?
M. Dionne: Au moment où je suis entré comme
occasionnel à la fonction publique, j'étais au même niveau
que tous les citoyens du Québec. J'étais dans une banque. C'a
pris deux ans avant que mon nom arrive en début de liste et que je sois
référé comme spécialiste. Il n'y a aucune
ingérence administrative ou politique qui est intervenue. J'ai dû
passer un examen écrit et une entrevue pour justifier mes
capacités et j'ai été embauché.
Le Président (M. Lemieux): Vous dites: On les a
déjà vérifiées et je devrais être...
Ça va, je comprends. Allez-y, M. le député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: ...Moi, je comprends, votre situation est très
déplorable. Quand on passe 30 concours, comme vous l'avez dit dans votre
mémoire, c'est peut-être un cas isolé, mais c'est quand
même quelque chose qui nous indique que ça ne va trop bien. Il y a
des situations, il y a des lacunes à vérifier. Au-delà de
tout ça, vous
avez 30 concours, comme je viens de dire, vous l'avez mentionné
dans votre mémoire. Mais est-ce qu'on vous a dit, ou avez-vous
posé la question à savoir pour quelle raison vous n'avez pas
été retenu? Le feedback est important également. S'il y a
des lacunes, de savoir lesquelles et pouvoir les corriger. Est-ce que vous avez
posé la question?
M. Dionne: Oui. La plupart du temps, lorsqu'on embauche un
occasionnel, on cherche quelqu'un qui a des aptitudes très
précises. Moi, par exemple, au ministère des Communications, j'y
ai accédé parce que j'avais des expériences reliées
au domaine de l'édition, le domaine de la production des écrits.
Je suis entré chez l'Éditeur officiel, donc j'avais toutes les
aptitudes nécessaires. C'est dans ce sens-là qu'on a voulu
vérifier mon expérience. Il reste que j'avais quand même
les autres connaissances dans le domaine des communications en
général. Et, la plupart du temps, les occasionnels sont
embauchés comme ça, dans un but très précis. J'ai
une collègue au bureau et c'est une rédactrice. Elle, elle est
embauchée comme ça. C'est son emploi. Elle est sur la liste des
3500 également. Donc, je pense qu'on doit établir notre
compétence. Je n'ai jamais vu d'ingérence administrative, dire:
Je tiens absolument à ce que quelqu'un soit embauché plutôt
qu'un autre. Je n'ai pas vu ce cas-là. Les gens que je côtoie ont
dû justifier leur compétence avant d'entrer à la fonction
publique. On est très exigeant à notre égard, même
plus qu'à l'égard des permanents. Il n'y a pas une journée
où je me fais dire par quelqu'un C'est une chance d'avoir un occasionnel
dans l'organisation. S'il y a du travail qui se poursuit en soirée, chez
nous, à la Direction des communica tions, c'est
génôralemont un ou deux occasionnels et une secrétaire
occasionnelle. Les permanents n'y sont jamais. Ça vous donne le portrait
de la fonction publique actuelle. Il y a 30 % de gens qui bougent et les
autres, quand ils en ont envie.
M. Farrah: Vous l'avez écrit dans votre
mémoire.
M. Dionne: Je suis franc.
Le Président (M. Lemieux): On apprécie votre
franchise.
M. Farrah: Vous accumulez huit semaines de temps
supplémentaire, je pense
M. Dionne: Dans un an, dans la première année.
M. Farrah: Dans un an. Je sais que vous l'avez indiqué
dans votre mémoire, mais là vous n'avez pas répondu
à ma question, malheureusement, M. Dionne: ce sont des concours de
recrutement que vous avez appliqués?
M. Dionne: C'était des postes qui étaient offerts
comme occasionnels.
M. Farrah: Mais, par après, est-ce que ce sont des
postes...
Le Président (M. Lemieux): Avez-vous appliqué sur
des concours de recrutement?
M. Dionne: Oui. M. Farrah: Bon, O.K.
M. Dionne: Je n'ai même pas franchi l'étape de
l'examen écrit.
M. Farrah: Et vous, avez-vous posé des questions pour
savoir pour quelle raison? C'est ça qu'est ma question très
précise.
M. Dionne: Mon dossier...
M. Farrah: Après 30 fois, quelqu'un doit se dire:
Ça n'a pas de sens, il faut que je pose des questions. Avez-vous
posé des questions, à savoir pour quelle raison vous n'avez pas
fait d'examen ou qu'est-ce qui se passait dans votre cas?
Le Président (M. Lemieux): Vous n'avez pas franchi
l'examen écrit. Vous étiez bloqué à l'oral, ou
quoi?
M. Dionne: Non. D'abord, on présente un dossier. Ils en
font une première évaluation.
M. Farrah: Une sélection.
M. Dionne: Là, sur les deux concours d'agent d'information
qui ont été offerts à la fonction publique comme poste
permanent, je ne me suis pas rendu seulement à l'examen écrit.
Allez donc savoir la vraie raison. Moi, on m'a dit: Ton dossier n'est pas assez
fort.
Le Président (M. Lemieux): Ça va. J'ai
peut-être une dernière question. Est-ce que vous avez
terminé, M. le député de...
M. Farrah: Oui, je vous remercie. Merci, M. Dionne.
Le Président (M. Lemieux): On remarque que dans la
deuxième partie de votre mémoire, vous parlez d'établir un
nouveau processus d'embauché comportant une porte d'entrée unique
et possédant certaines caractéristiques. Il y en a une qui me
fatigue plus que d'autres. Lorsque vous dites: "L'établissement de
critères de sélection par un comité tripartite, Office des
ressources humaines, ministères et syndicats." Est-ce que c'est votre
désir d'impliquer les syndicats dans le processus de
sélection?
M. Dionne: Pas dans le processus de sélection, mais dans
l'établissement de critères, de normes minimales d'entrée
à la fonction publique. Je pense que...
Le Président (M. Lemieux): Voyez-vous cette
implication-là?
M. Dionne: Sur l'établissement môme des
critères de base. Un comité tripartite qui dit... Supposons, par
exemple, comme agent d'information. Pour devenir agent d'information, il
faudrait avoir telles connaissances. La procédure d'embauché
devrait être de telle manière.
Le Président (M. Lemieux): Vous ne faites pas confiance
aux AGP?
M. Dionne: Pardon?
Le Président (M. Lemieux): Vous ne faites pas confiance
aux agents de gestion de personnel? Vous ne faites pas confiance à
l'Office des ressources humaines dans l'établissement des choix, des
critères, des grilles de choix des habiletés professionnelles
requises pour ces emplois? Vous devez avoir quelque chose derrière la
tête qui fait que vous amenez les syndicats là? Je ne comprends
pas pourquoi? (13 heures)
M. Dionne: Non. C'est que je trouve que le syndicat a quand
même une vision différente, évidemment, de celle de
l'employeur, puis apporte un éclairage différent sur les
problèmes ou les inconvénients que quelqu'un peut subir, peut
avoir, lorsqu'il va passer un concours.
Le Président (M. Lemieux): Ça va.
M. Dionne: De toute façon, je sais que notre syndicat
préconise la tenue de concours, donc, je ne pense pas que je
parle...
Le Président (M. Lemieux): Je trouve ça un petit
peu inquiétant, vous savez. J'ai rarement vu... Quand on en donne
à un syndicat, ça devient toujours un droit acquis. Ça m'a
toujours inquiété. C'est difficile après d'aller
rechercher ce qu'on lui a donné. Et je trouve qu'au niveau des pouvoirs
de gestion, actuellement, j'ai mes réserves. Alors, M. le
député de La Prairie.
M. Lazure: Merci, M. le Président. Je pense qu'il faut
féliciter M. Dionne pour nous avoir exposé sa saga
personnelle.
Le Président (M. Lemieux): C'est le problème des
occasionnels, je pense. C'est intéressant.
M. Lazure: C'est le problème des occasion- nels, c'est le
problème des prolétaires de la fonction publique, des
exploités de la fonction publique, pour ainsi dire. C'est le
problème qu'on retrouve aussi dans les hôpitaux, remarquez. On en
parie moins depuis quelques temps mais, au moment où il y a eu un
conflit avec les infirmières, tout le monde en parlait, tout le monde
trouvait ça épouvantable, mais il n'y a pas eu beaucoup de
correctifs apportés. Quand presque 40 % d'une main-d'oeuvre, que ce soit
dans un hôpital ou dans une fonction publique, est constituée
d'occasionnels, il y a un vice majeur; c'est un cancer; ça n'a pas
d'allure. Ça n'a vraiment pas d'allure. Dans les débuts, les
gestionnaires et les politiciens pensaient faire des économies, mais
ça n'est même plus une économie, aujourd'hui, parce que,
comme le député de Saint-Louis le faisait remarquer tantôt,
les occasionnels ont pratiquement tous les bénéfices marginaux,
maintenant, tous les avantages sociaux. Pratiquement. Donc, il n'y a pas
vraiment de grosse économie puis, au plan humain, c'est un gaspillage
épouvantable. C'est un gaspillage épouvantable. Alors, de ce
côté-ci de la table en tout cas, vous avez certainement un
allié inconditionnel.
Que devrait être le pourcentage, dans la fonction publique,
d'occasionnels? Au lieu de 40 %, j'ai l'impression que ça devrait
être 10 % à 15 % maximum. Il y a des postes qui devront toujours
demeurer occasionnels, il n'y a personne qui discute ça, mais cette
exagération grossière, pour moi, si j'avais une critique à
faire aux gestionnaires moyens, supérieurs, peu importe quel niveau,
ça serait la critique numéro un: Vous avez manqué votre
coup avec cette prolifération de postes d'occasionnels.
M. Dionne: Sauf que c'est ça notre pourcentage, c'est 15 %
au Québec: 60 000, 12 000 occasionnels.
Une voix: C'est 20 %.
M. Dionne: 12 % sur 60 000 postes à temps complet.
M. Lazure: Non, je dis que 15 % serait vraiment un gros maximum.
Mais il y a plusieurs corps où c'est 40 % d'occasionnels. Mais le
gouvernement commence à le reconnaître, là, heureusement.
Moi, je pense qu'on accorde trop d'importance aux concours, et vous avez raison
de dire, M. Dionne: Si j'ai donné satisfaction depuis cinq ans à
mes employeurs, est-ce que ça ne vaut pas plusieurs concours, ça?
Je réponds: Oui, ça vaut plusieurs concours. Et il me semble que
si on est pour continuer à maintenir tous ces postes artificiellement
appelés occasionnels, alors qu'ils sont des postes réguliers,
finalement, comme le vôtre, à ce moment-là, il va falloir
les titulariser, il va falloir leur donner la permanence. Vous dites:
Après trois ans. Bon. Peut-
être trois ans, peut-être quatre ans, deux ans et demi, je
ne le sais pas, mais je pense qu'en toute justice sociale, ces gens là
devraient avoir la permanence, si on est pour continuer à
perpétuer le système. Mais il ne faut pas le perpétuer le
système, il faut le briser puis, le plus rapidement possible, convertir
ces postes-là.
J'aurais une question. Dans le processus d'embauché que vous
proposez, à savoir la formation d'une banque centrale où on
aurait tous les candidats qui répondent aux critères de base,
est-ce que ça veut dire, ça, qu'il n'y aurait plus d'appels de
candidature?
M. Dionne: Non, c'est que, à un moment donné, la
Commission de la fonction publique, juste avant le début de la
Commission sur la fonction publique, avait soulevé le problème
que de privilégier des occasionnels pour l'accès aux emplois par
rapport aux citoyens, au public en général, n'était pas
équitable. Alors, je pense que, pour faciliter l'accès aux
citoyens à la fonction publique, l'utilisation d'une banque centrale
où les postes qui sont offerts, les emplois, dans le fond, qui sont
offerts aux citoyens, soient publicises, par exemple, par le biais des centres
d'emplois du Canada, Communications-Québec ou les centres
Travail-Québec. C'est très facile de le faire savoir à
l'échelle de la province qu'il y a des emplois d'offerts. Les citoyens
sont libres, ils ont le choix, ils sont renseignés, ils peuvent faire
application. À ce moment-là, il y a une banque de
créée pour gérer ces gens-là et un jury de
sélection, lorsque, par exemple, dans le cas d'un occasionnel, pour que
ce soit plus léger, plus rapide, parce que souvent les besoins sont
assez urgents, c'est le cas d'un remplacement, d'un projet spécifique,
eh bien, on pourrait avoir un jury de sélection qui serait
ministériel et qui pourrait déterminer le choix d'un
employé. Dans le cas d'un poste permanent, ça pourrait être
plus...
M. Lazure: Mais ce serait quoi la durée de la
validité de la candidature? Autrement dit, vous mettez votre candidature
en cette banque centrale; votre candidature est valide pour combien de temps?
Un an, deux ans, trois ans? Six mois?
M. Dionne: À l'heure actuelle, il existe
déjà, pour les occasionnels qui ont travaillé un an et
plus sur un projet spécifique et qui ont été
référés par leur employeur, une banque de rappel
interministériel qui est gérée par l'Office des ressources
humaines. Alors, on est dedans pendant trois ans et si on n'est pas
référé pendant cette période-là, on en
sort.
M. Lazure: Dans votre système, l'ancienneté dans la
banque compterait-elle pour quelque chose?
M. Dionne: Actuellement elle compte, puis je pense qu'elle
devrait compter, parce que si on veut que les personnes les plus vieilles qui
sont arrivées dans le système puissent cheminer dans leur vie, il
faut que ce soit comme ça.
M. Lazure: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): J'ai peut-être un dernier
commentaire. En vous écoutant, ça m'amène un peu à
ça. Peut-être qu'au début, les origines de la fonction
publique, la permanence chez les gens de la fonction publique origine sans
doute du fait qu'on voulait éviter qu'il y ait peut-être une
ingérence politique. Souvenez-vous de votre histoire - Philippe-Gabriel
Marchand, Taschereau, Duplessis et compagnie - et je me dis: Pourquoi le
fonctionnaire devrait-il être permanent? Si on en arrivait à une
imputabilité à tous les niveaux, est-ce que ça ne nous
conduirait pas vers plus de mobilité, puis à un meilleur
accès? Dans le privé, tout le monde est occasionnel. C'est
simplement cette réflexion-là que je vous fais à la toute
fin: Est-ce que les fonctionnaires devraient être permanents?
M. Dionne: Personnellement, je partagerais cette
opinion-là, parce que j'ai déjà été au
privé pendant des années, j'ai été à mon
compte et la meilleure façon d'être efficace, d'être
rentable dans une organisation, c'est d'avoir l'imputabilité.
L'imputabilité suppose une sanction: Lorsqu'on manque notre coup, on
paie pour. C'est ça la responsabilité et j'y crois fermement et
c'est le principe que j'applique quotidiennement.
Le Président (M. Lemieux): Peut-être devrait-on
songer à remettre ça en question, effectivement.
M. Dionne: Ça viendrait peut-être stabiliser des
choses.
Le Président (M. Lemieux): C'est simplement une question
que je me posais en vous écoutant. Nous vous remercions d'être
venu devant cette commission et de nous avoir présenté votre
mémoire. Nous avons trouvé ça très
intéressant et on espère qu'à l'avenir, au niveau des
commissions parlementaires, il y aura davantage d'individus, de particuliers,
qui viendront témoigner comme vous. Il faut que ces gens-là
sachent que le Parlement, c'est un peu leur maison et on apprécie
grandement quand des contribuables, des payeurs de taxes, vous qui payez nos
salaires, venez ici nous faire preuve de vos témoignages et de vos
expériences. Merci.
Nous suspendons maintenant nos travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 9)
(Reprise à 15 h 18)
Le Président (M. Lemieux): A l'ordre, s'il vous
plaît! La commission du budget et de l'administration reprend ses travaux
et nous allons maintenant entendre, dans le cadre du mandat de la commission du
budget et de l'administration relativement à l'opportunité de
maintenir en vigueur la loi sur la fonction publique, le Syndicat des
professeurs de l'État du Québec. Je demanderais au principal
intéressé, à l'intervenant, de bien vouloir s'identifier
et de nous présenter les gens qui l'accompagnent, s'il vous
plaît.
Syndicat des professeurs de l'État du
Québec
M. Perron (Luc): Mon nom est Luc Perron, président du
Syndicat des professeurs de l'État du Québec. Je suis un peu
comme un instrument, si vous voulez, un instrumentiste dans un orchestre. Les
cordes actuellement me font défaut. Je vous présente, à ma
droite, M. Paul Boucher, qui est représentant des COFI, Centres
d'orientation et de formation des immigrants du ministère des
Communautés culturelles et d'Immigration, à ma gauche, M. Yvon
Thiboutôt, du Conservatoire d'art dramatique de Montréal, et aussi
à ma gauche, M. Rodolfo Masella, professeur de basson au Conservatoire
de musique de Montréal. Et puis va se joindre à nous, M. Jean
Lalonde, professeur à l'Institut de tourisme et d'hôtellerie du
Québec, et j'excuse M. Pierre Poirier, de l'Institut de technologie
agro-alimentaire de La Pocatière.
M. le Président, MM. les députés, vous savez, comme
dans un orchestre parfois, il y a des instruments qui jouent très
silencieusement et ça permet quand même à la
mélodie, si vous voulez, de s'exprimer. C'est pourquoi je vais demander
à mon collègue, si vous voulez, d'agir en mon nom comme
interprète et acteur, et il va vous présenter le mémoire
que nous voulons vous adresser. Alors, Yvon Thiboutôt.
Le Président (M. Lemieux): C'est évident On
comprend très bien pourquoi. Allez-y.
M. Thiboutôt (Yvon): Merci. Mémoire du Syndicat des
professeurs de l'État du Québec présenté à
la commission du budget et de l'administration le 23 octobre 1990.
Nous remercions l'Assemblée nationale de permettre au public
d'exprimer son opinion relativement à la Loi sur la fonction publique.
Nous sommes d'avis que le gouvernement, par ses ministères et
organismes, constitue un levier social et économique nécessaire
dans notre société à titre d'employeur. Contrairement
à une masse de clichés, nous sommes fiers d'afficher que les
employés de l'État assument des services indispensables dans
notre société et veulent le faire de la meilleure manière
possible. Nous situons le groupe que nous représentons, puis nous
émettrons un ensemble de questions en tenant compte de l'orientation
indiquée par la commission de privilégier quatre thèmes
principaux. Nous terminons en soumettant des suggestions.
Notre groupe, le Syndicat des professeurs de l'État du
Québec se compose d'environ 850 professeurs fonctionnaires,
répartis dans 21 maisons d'enseignement spécialisé,
relevant de 4 employeurs: le ministère des Affaires culturelles, le
ministère de l'Agriculture, Pêcheries et Alimentation, le
ministère des Communautés culturelles et Immigration et le
ministère du Tourisme. Le SPEQ travaille constamment avec le Conseil du
trésor au regard de leurs responsabilités dévolues par la
Loi sur la fonction publique.
Deux conservatoires d'art dramatique à Montréal et
à Québec, sept conservatoires de musique à Chicoutimi,
Hull, Montréal, Québec, Rimouski, Trois-Rivières et
Val-d'Or, deux instituts de technologie agro-alimentaire à La
Pocatière et Saint-Hyacinthe, l'Institut de tourisme et
d'hôtellerie du Québec, neuf centres d'orientation et de formation
des immigrants, six à Montréal, un à Hull, à
Québec et à Sherbrooke, particularisent l'ensemble de ces 21
maisons d'enseignement spécialisé. Nous voulons, par ce
mémoire, contribuer au questionnement de la commission en axant nos
interventions sur les 4 thèmes que vous avez articulés:
premièrement, qualité et efficacité des services rendus
dans les 21 maisons d'enseignement spécialisé;
deuxièmement, imputabilité; troisièmement, leadership du
Secrétariat du Conseil du trésor; quatrièmement, dotation
des emplois et développement des ressources humaines. 1) Qualité
et efficacité des services rendus dans les 21 maisons d'enseignement
spécialisé. a) Est-il normal que le Protecteur du citoyen eut
dû intervenir dans le dossier d'étudiantes et d'étudiants
du Conservatoire de musique de Montréal et qu'il ait obligé
l'institution locale à reprendre des étudiantes, et des
étudiants étant donné les irrégularités
commises par des jurys, lors de la tenue d'examens de fin d'année? b)
Est-il normal que des immigrantes et des immigrants attendent en moyenne plus
d'une demi-année avant d'avoir accès aux Centres d'orientation et
de formation des immigrants? Ne pas leur faciliter une intégration
à l'aide des services spécialisés existants contrevient
à la mission de la Loi sur la fonction publique. Notons qu'en même
temps, le gouvernement proclame avec emphase la mise en oeuvre de politiques
d'accueil et d'intégration des immigrantes et des immigrants. Où
sont-elles? Existe-t-il une politique cohérente sur l'intégration
des arrivantes et des arrivants à la société francophone
du Québec?
c) Est-il normal d'accepter que les autorités du ministère
de l'Agriculture empêchent les professeurs de participer aux états
généraux de l'UPA portant sur la formation agricole? d) N'est-il
pas gênant pour la gestion d'une maison d'enseignement,
détournée momentanément de sa raison d'être, de
constater que le développement pédagogique de l'Institut de
tourisme et d'hôtellerie du Québec ait été remis sur
ses rails suite à des pressions exercées uniquement par le
syndicat? Que faisait donc la gestion pendant cette période?
Des éléments de réponse. Dans les conservatoires.
La question a) nous permet de vous indiquer que la direction
générale des conservatoires de musique et d'art dramatique
s'éloigne des responsabilités de formation du ministère
des Affaires culturelles de dispenser des services d'enseignement
spécialisé dans les régions où les conservatoires
se trouvent. Que des étudiantes et des étudiants subissent des
préjudices suite à une mauvaise gestion, ce sont pour les
gestionnaires des situations normales à corriger et ce, de
manière ponctuelle, sans autre questionnement. De multiples autres
gestes posés traduisent le peu de préoccupations à la
réalisation des services. L'inauguration, en grande pompe, du nouveau
local du Conservatoire de musique de Hull, en septembre 1987, à des
coûts estimés à plus de 2 000 000 $, n'a pas
empêché l'incurie administrative de se manifester, l'oubli de
l'insonorisation ayant été constaté lors de
l'inauguration. Or, l'insonorisation dans une telle maison s'avère la
donnée de base au plan architectural. La fermeture constante, depuis
quelques années, de classe d'instruments dans les conservatoires de
régions, l'exode encouragé des étudiantes et des
étudiants de niveau avancé par les gestionnaires, l'absence
d'incitations administratives d'harmoniser le réseau des conservatoires
avec le réseau de l'éducation de manière à
s'assurer une optimisation des services à rendre, font en sorte que les
talents québécois ne peuvent pas recevoir la formation
professionnelle adéquate. Ce type de gestion prive notre
société d'un développement culturel pour le moins
indispensable à sa survie.
L'enflure d'une structure administrative aux dépens du maintien
et du développement des classes d'instruments dans l'ensemble des
régions, vient contredire la mise en place de moyens favorables pour
répondre à la mission, telle qu'elle apparaît à
l'article 2 de la Loi sur la fonction publique.
Pourquoi les gestionnaires québécois, malgré une
reconnaissance internationale de la qualité de ces maisons
d'enseignement et les conclusions de nombreuses études confirmant cette
thèse - par exemple, le rapport Trowsdale, décembre 1988 - ne
s'enorgueillissent-ils pas de la réputation de ces maisons et
n'augmentent-ils pas leur capacité de gestion à répondre
aux besoins locaux au lieu de se faire une joie administrative de gérer
leur décroissance et de contribuer à leur
dépérissement? Chercheraient-ils l'extinction?
Obnubilé à la seule pensée que les conservatoires
doivent quitter la fonction publique pour mieux disparaître sans doute et
se soustraire ainsi à l'application de la Loi sur la fonction publique,
le Ministère se situe aux antipodes de la volonté du
législateur de vouloir dispenser des services appropriés et de
qualité dans chacune des régions du Québec.
Dans les COFI. À la question b, le service à la
clientèle en dernière préoccupation, ne permet pas de
répondre aux nombreuses demandes d'intégration des immigrantes et
des immigrants. Plus de 50 classes ont été fermées entre
juillet et octobre. Plus de 750 immigrantes et immigrants adultes ont
été ainsi privés de services d'intégration. Et que
dire des quelques milliers qui attendent? Où va la gestion et ses
millions de dollars?
Comment pouvons-nous agréer à la location à coup de
millions d'un immeuble inapproprié, le Centre régional du parc
à Montréal, dans Parc Extension, en 1990, dont le but serait de
faciliter l'Intégration d'immigrantes et d'immigrants? La qualité
des services passe-t-elle par une croissance de strates de gestionnaires au
détriment des services d'opération à développer? La
gestion, dans son autodéveloppement, pourrait à la limite
dévorer des millions sans dispenser des services d'intégration.
N'est-ce pas là un gaspillage inacceptable et malheureusement ça
semble une constante dans la gestion des ministères. Les errances
comptables des services de la gestion entraînent des contrôles
correctifs administratifs dispendieux. Cascades, dans sa gestion, serait au
moins 20 ans en avant si on la comparait à la gestion publique.
Alors que, de plus en plus, la population veut vivre en français,
la gestion du ministère des Communautés culturelles et
Immigration dépense des millions dans des moyens administratifs
empêchant le développement de services indispensables à la
réalisation d'un Québec français. L'administration, dans
son autodéveloppement, veut même rayer de son vocabulaire le terme
COFI, car il oblige un service à dispenser. Les COFI, à l'image
de leur service de paie manuel, connaissent un sous-développement dans
leur nécessaire pédagogique. Alors, la qualité des
services et leur développement n'intéressent pas la gestion. Quel
non-sens. Quelle tristesse!
Dans les ITA, à la question c, le public, dans sa sagesse de
votant, pourrait-il accepter que des professeurs concernés soient
empêchés de participer aux états généraux de
l'Union des producteurs agricoles portant, entre autres, sur la formation
agricole, en février 1991? La qualité des services de formation
ne peut croître en vase clos, et il est inadmissible de priver des
professeurs d'une occasion de réfléchir. Contigu à ce
phénomène inexplicable, la nouvelle gestion
des 1TA valorise les coupures, les augmentations de tâches de
travail et le grossissement de mécanismes de contrôle, maintient
en permanence les menaces de fermeture de programmes d'enseignement, et
s'installe dans son autodéveloppement croissant de la gestion au
détriment de la qualité des enseignements offerts.
À l'ITHQ, à la question d, les professeurs ont
réussi à obliger une transformation de la gestion des services de
l'enseignement. N'est-ce pas là une démarche originale? Leur
créativité a failli être arrêtée par des
mécanismes d'autodéfense de la part de certains gestionnaires du
ministère du Tourisme. Ils ne sont plus là aujourd'hui pour
répondre de leurs actes Des mécanismes qui diminuent les ravages
de l'en tropie pourraient facilement être remis en place 2)
Imputabilité. Est-il normal que dans les différents
ministères avec lesquels nous avons à collaborer, ceux-ci
fabriquent et produisent, souvent à la cachette, au détriment de
la transparence d'une gestion participative, une masse d'informations souvent
tordues et incorrectes sur les services offerts? Est-il normal que le syndicat
doive passer par un jugement du Tribunal du travail, décision de Mme la
juge Louise Ménard, en date du 10 septembre 1990, pour se faire
reconnaître le droit de critiquer l'administration dans le respect des
dispositions d'éthique telles qu'elles apparaissent dans la loi? Les
cotisations des membres du syndicat pourraient servir à d'autres fins,
telle la promotion de ses membres dans leur capacité à se
renouveler. Une gestion dans ces ministères à vieille
mentalité, c'est à-dire aux antipodes des aspects positifs
liés à la participation des principaux intéressés
dans une maison d'enseignement, permet le développement de situations
préjudiciables et abusives aux clientèles de ces services
d'État. Ces dernières années, le syndicat a dû agir
avec vigueur pour resituer l'Institut de tourisme et d'hôtellerie du
Québec dans l'axe de sa raison d'être: la formation
professionnelle dans les domaines de la restauration, de l'hôtellerie et
du tourisme. Ailleurs, les professeurs ont dû, par de
sévères pétitions aux administrations du MAC et du MCCI,
exposer ouvertement leur mécontentement d'une gestion défavorable
au développement des services respectifs dans chacun de ses
ministères. Nous déplorons que l'absence de mécanismes
d'imputabilité permette à des gestionnaires en transit, à
la direction générale des conservatoires au MAC et à la
direction générale des opérations du Québec au
MCCI, de contribuer par des moyens administratifs inappropriés au
dépérissement, d'une part, des conservatoires par la fermeture de
classes d'instruments et la non-systématisation de moyens originaux,
d'élargir les bases de la clientèle et, d'autre part, par des
baisses tragiques du temps d'enseignement, 750 périodes d'enseignement
à 600 périodes d'enseignement, sans aucune analyse, et des refus
de donner des services d'intégration aux émigrantes et aux
emigrants des COFI.
De plus, dans ce dernier cas, l'administration refusant
d'apprécier l'histoire des COFI, veut les tranformer en maisons
quelconques de langue, reléguant ainsi aux oubliettes tout le volet de
l'intégration à nos nouveaux arrivants et arrivantes. Est-ce aux
Québécois déjà installés de
s'intégrer aux nouvelles ethnies ou bien n'est-ce pas à nous
d'assumer et d'assurer les conditions favorisant l'intégration
harmonieuse des emigrants et des émigrantes, tels qu'ils la souhaitent?
Inutile de vous dire que l'employeur possède des leviers puissants
lorsqu'il décide de punir un professeur, suite à un écart
de conduite Nulle pareille n'existe dans l'appréciation des types de
gestion, même si une gestion s'avère catastrophique par la mise en
place de moyens favorisant la disparition graduelle de services utiles à
la population. 3) Leadership du Secrétariat du Conseil du trésor.
Une expérience toute récente de la conclusion d'une convention
collective, en octobre 1990, confirme que les parties ont beaucoup à
faire pour en arriver à finaliser une négociation dans les
délais raisonnables. Est-il compréhensible que la partie
patronale, dans un comité de négociation d'une convention
collective, soit représentée par des gens distants du milieu des
opérations? Est-il permis de penser que le Secrétariat du Conseil
du trésor ne veut, lors de la négociation, approfondir la
qualité des services que les employeurs doivent offrir à leur
clientèle respective?
(15 h 30)
Dans un domaine aussi important que la prévention des accidents
et des maladies professionnelles, est-il acceptable que le Secrétariat
du Conseil du trésor, en 1990, malgré les sept ans d'existence de
l'Association paritaire pour la santé et la sécurité du
travail, secteur administration provinciale (APSSAP), n'ait pas réussi
à organiser et à participer au développement des nouvelles
mentalités dans ce domaine, ne réussissant même pas
à obliger les ministères défavorables à la mise en
place de mécanismes de participation à le faire? 4) Dotation des
emplois et développement des ressources humaines. Le traitement que l'on
fait subir à nos membres illustre éloquemment la
dépréciation des ressources humaines dans la fonction publique.
Dans le document de la commission, nous y lisons: "Les ressources humaines
étant le moteur et l'âme de la fonction publique". La
transposition de ces belles paroles dans notre corps d'emploi demeure un voeu
pieux, car près de 50 % des professeurs fonctionnaires ont un statut
précaire malgré qu'ils dispensent leur expertise pour la plupart
d'entre eux depuis de nombreuses années. Il va sans dire qu'un
employeur, soucieux de la modernité à introduire dans le monde
des relations de travail, mise sur la rentabilité de deux concepts
chers
aux gestionnaires: la motivation et la satisfaction. Le
Secrétariat du Conseil du trésor est à contre-courant dans
le domaine de la gestion des ressources humaines. Il favorise la
déstabilité, la désorganisation, la mise en
évidence d'un pouvoir répressif sur les statuts
précaires.
Est-il pensable, dans un domaine aussi spécialisé que le
nôtre, en tenant compte des distinctions entre les différents
types d'enseignement, que l'employeur puisse demander de manière
inconsidérée aux professeurs d'investir leur expertise en ne
faisant aucun effort pour leur garantir l'application de conditions de travail
dans une perspective d'un minimum de stabilité de carrière? La
négociation difficile de la réduction des écarts entre les
professeurs occasionnels et les professeurs réguliers, tout en faisant
l'Impossible pour maintenir et améliorer les conditions de l'exercice de
la profession pour l'ensemble des professeurs, expose à sa face
même une dépréciation de la ressource engagée et, a
fortiori, un manque de perspective dans la quantité et la qualité
des services à offrir à la population.
Des suggestions. La première suggestion consiste à
extirper la mentalité, dans la gestion, de "petits comptables à
la petite semaine", laquelle devrait être corrigée et
remplacée par la transparence, le dialogue, le respect de la
représentation syndicale. L'appréciation du geste professionnel
permettrait le développement d'une confiance dans le travail, d'un
respect dans les relations de travail et provoquerait la redécouverte du
capital humain. Les services, consé-quemment, répondraient plus
et mieux à la mission de la Loi sur la fonction publique
La deuxième suggestion consiste à ventiler obligatoirement
le manque d'envergure de l'actuelle gestion par un quelconque processus de
dotation permettant l'introduction d'une gestion favorable où les
employés sont bien traités et se sentent en
sécurité. Ainsi, les professeurs, capital humain, seraient encore
plus engagés, plus intéressés et, en bout de ligne, plus
productifs.
La troisième suggestion serait d'arrêter
l'autodéveloppement des gestions pour elles-mêmes, lesquelles
considèrent presque de manière accidentelle les services de
formation professionnelle et ceux d'intégration des immigrantes et des
immigrants. Ce gaspillage correspond à des positions
réductionnistes adoptées par les partisans d'un genre de gestion
décrit plus haut.
Nous sommes conscients que le SPEQ, le Syndicat des professeurs de
l'État du Québec, par ses composantes, participe dans un tournant
de gestion aux services nécessaires au Québec. Si la gestion
autoreproductrice se maintient, les services assumés par les professeurs
fonctionnaires disparaîtront. Si la gestion se transforme et devient au
service de la clientèle et donc, plus participative, les services
assumés par les professeurs fonctionnaires augmenteront et leur
contribution à la société québécoise sera
d'autant plus importante, car, finalement, ce sont les professeurs qui
connaissent davantage les services offerts par l'enseignement et qui
possèdent l'expertise nécessaire à l'amélioration
de ces services.
Résumé du mémoire du 23 octobre 1990
présenté à la commission du budget et de l'administration
par le Syndicat des professeurs de l'État du Québec. Les services
d'enseignement spécialisé dispensés par les professeurs
fonctionnaires sont menacés de disparition par des mentalités de
gestionnaires prédateurs enclins à centrer les argents sur leur
autodéveloppement et leur autosécurité comme service de
gestion, sans égard à la nécessité des services
à dispenser en réponse aux besoins des clientèles. Des
entreprises québécoises telle Cascade devraient aider à la
transformation de la gestion au Secrétariat du Conseil du trésor
et à celle des ministères, et permettre ainsi la
redécouverte de l'humain dans le travail. La réappropriation du
travail par les employés passe par le respect, par la reconnaissance des
représentations syndicales, par des conditions de stabilité
d'emploi et favorise l'adhésion, la collaboration et le
développement qualitatif de services professionnels. La Loi sur la
fonction publique doit donc susciter la transformation de la gestion,
l'oxygéner et provoquer l'introduction urgente d'un nouveau concept de
gestion au service des clientèles.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie. Dans
l'ensemble, à la lecture de votre mémoire, on a l'impression - du
moins vous nous donnez l'impression - d'avoir une image d'une gestion qui est
déficiente et peu efficace, qu'on assiste à une espèce de
forme, je dirais, d'auto-développement des cadres. Est-ce que c'est
parce qu'il y en a trop ou est-ce qu'on pourrait présumer que la loi
comme telle sur la fonction publique, selon vous, pourrait prévoir des
mécanismes de réduction du personnel d'encadrement dans sa forme
actuelle? C'est la question que je vous pose.
M. Perron (Luc): C'est certain qu'au niveau de l'augmentation, la
perspective du mémoire, si vous voulez, ou la rétrospective, je
devrais dire, va chercher des années quatre-vingt jusqu'à
maintenant. Alors, ce que nous constatons, c'est qu'au niveau du corps
professoral, de l'ensemble des services que nous avons assumés, il y a
eu, si vous voulez, une stagnation. Par ailleurs, lorqu'on regarde au niveau de
l'évolution de l'administration, c'est effarant, en termes de
proportions.
Le Président (M. Lemieux): Avez-vous une idée de
ces proportions-là en termes de pourcentage?
M. Perron (Luc): Quand vous regardez, par
exemple, la Direction générale des conservatoires de
musique et d'art dramatique, pour une personne en 1980, aujourd'hui, elle doit
compter à peu près sur huit personnes. Alors, vous avez un ratio
de 800 %. Je ne veux pas tomber dans la statistique, mais si vous regardez le
nombre de professeurs qu'il y avait en 1980, vous avez une baisse des effectifs
réguliers, puis une augmentation des occasionnels dans ce
réseau-là, mais, somme toute, à peu près le
même nombre de professeurs pour l'ensemble des neuf conservatoires. Puis
il en est de même dans les ITA, où vous avez des
développements, à notre sens abusifs, de services qui permettent
à l'administration de s'autoregarder ou de s'autodévelopper. Ce
que nous voulons dire par là, c'est que ça ne dessert pas de
façon tangible et immédiate le service de l'enseignement.
Le Président (M. Lemieux): Et la clientèle,
j'imagine.
M. Perron (Luc): Et la clientèle a fortiori. Vous avez,
par exemple, l'agriculture biologique, qui est un domaine de l'heure, et vous
avez une maison d'enseignement comme Saint-Hyacinthe, qui ne peut pas en
patter, actuellement, parce que l'administration n'est pas prête, si vous
voulez, n'est pas disponible d'esprit pour trafter de ce sujet-là.
Alors, évidemment, c'est un sujet fondamental. M y a des aberrations
comme celle-là qui existent, au moment où on se parle, et c'est
ce que nous dénonçons. Quand vous regardez, par exemple, au
niveau des COFI, dans les neuf COFI, vous avez des situations que nous jugeons
catastrophiques. Vous avez l'administration qui valorise l'organigramme, qui
valorise la structuration sur papier de cases, somme toute intéressante
lorsque quelqu'un analyse un organigramme, et compte tenu qu'on doit justifier
l'organigramme, on met des personnes dans des petites cases de l'organigramme.
Ils appellent ça le POAS, le Programme d'organisation d'administration
supérieure. Il semble qu'ils étaient dans un état de
sous-développement, dans ce ministère. Alors ça a
tellement enflé, actuellement, que ça prend des proportions
démesurées, selon nous. Vous avez des listes d'immigrants -
actuellement dans la région de Montréal il y a au-delà de
4000 immigrants sur des listes d'attente - qui ne reçoivent pas les
services d'intégration auxquels ils auraient droit. Puis en même
temps, ce que le mémoire dit, c'est que l'administration valorise une
vitrine dans un quartier tout à fait défavorable, selon nous,
à l'intégration harmonieuse d'immigrants et d'immigrantes. On
parle de Parc-Extension, dans la région de Montréal, tout
près du parc Jarry, où vous avez les articles du Devoir,
en novembre 1989, qui dénonçaient, si vous voulez, les
activités peu orthodoxes qui se déroulent dans cet
environnement-là. Et l'administration, sur papier, de son centre
d'opération à Montréal, si vous voulez, estime que cette
grande structure, donc cette ex-polyvalente William Hingston Comprehensive High
School, devrait desservir avantageusement des services, mais sans tenir compte
vraiment de l'abc de l'intégration d'au-delà de 1000 immigrants
qu'on veut stationner dans un tel édifice. Actuellement, nous sommes
à terminer une tournée avec des ex-stagiaires des COFI. On a fait
Québec, on a fait Montréal. Je faisais ça avec Paul, ici.
Nous demandons aux ex-stagiaires qui veulent, qui parlent français, qui
s'intègrent à notre belle société
québécoise, s'ils voient d'un bon oeil stationner 1000 immigrants
dans le même édifice, dans une super structure, enfin, une
polyvalente, si vous voulez, si c'est favorable à l'intégration.
C'est évident qu'ils disent non. Ils disent que c'est triste qu'on en
arrive là. Et c'est ça que nous dénonçons, si vous
voulez. Nous ne voulons pas que le mémoire soit accueilli, si vous
voulez, paradoxalement comme une apologie du suicide, dans le sens que nous ne
voulons pas que les maisons de formation spécialisées ferment,
mais nous sommes à regret de constater que si l'élan
administratif est maintenu tel qu'il est là, on va assister, si vous
voulez, à des endroits comme te Conservatoire de musique de Rimouski,
où quelqu'un, un historien, pourra passer sur la rue Sainte-Marie, y
voir une plaque, Conservatoire de musique de Rimouski, mais s'il
s'intéresse au contenu, il va voir qu'il n'y a pas
d'élèves, qu'il n'y a pas de clientèle, parce que
l'administration, dans cette autoreproduction suffisante, s'est
éloignée de l'abc de la clientèle et des besoins de la
clientèle. C'est triste.
Le Président (M. Lemieux): Je comprends très bien
le sens de votre intervention. M. le député de Saint-Louis ou M.
le député des îles... M. le député de
Saint-Louis.
M. Chagnon: Merci, M. le Président. J'ai lu, comme tous
les membres de cette commission, le réquisitoire que vous nous avez
formulé et qui fait état d'irritants et d'accrochages qui sont
parfois sûrement majeurs, avec certaines institutions dans lesquelles...
qui sont vos milieux de travail, finalement. Et certaines difficultés
qui semblent découler de relations de travail entre employés et
employeurs de ces institutions-là. J'ai eu si peu de difficultés,
je l'avoue, à tenter d'arrimer les conclusions de votre mémoire
avec les mandats et l'objectif de cette commission-ci. En
général, les gens nous indiquent quels sont les irritants dans la
Loi sur la fonction publique qui peuvent être améliorés et
souhaitables en fonction de l'amélioration de la qualité des
services aux citoyens et citoyennes, l'amélioration ou la reprise ou la
remise en question d'un principe de gestion qui s'appelle imputabilité
interne ou externe, troisièmement, le rôle du Conseil du
trésor dans l'organisation des ressources humaines et,
quatrièmement, une politique de
dotation. Si je vous demandais quels sont les articles de la Loi sur la
fonction publique qui, selon vous, devraient être modifiés et
comment devraient-ils être modifiés, comment me répond
riez-vous?
M. Perron (Luc): Je pense que ce serait à pou près
la suivante. Il faut se situer dans la perspective, nous, dans laquelle nous
sommes places de prime abord. C'est-à-dire que nous avons, si vous
voulez, le défaut d'être éloignés des grandes
orientations. J'ai assisté à l'ouverture de la commission et j'ai
entendu M. Johnson parler des grandes orientations au niveau de la gestion
même des services publics et de l'utilisation optimale du personnel de la
fonction publique et du concept de qualité globale et ainsi de suite.
Nous, au niveau des opérations, on a le défaut d'être dans
le quotidien, d'être vraiment dans la valorisation même du service.
Quand vous parlez de la qualité des services, c'est de l'article 2 de la
Loi sur la fonction publique. Nous sommes fortement préoccupés.
Quand nous vous disons que si nous laissons l'administration poursuivre ce
qu'elle fait, il y a des conservatoires, demain matin, qui n'existeront plus.
Pour le Québec, si je prends Chicoutimi, si je prends Rimouski, si je
prends Val-d'Or, si je prends Hull, les régions
périphériques, si vous voulez, par rapport à
Montréal, Québec, ça veut dire que comme
société distincte que nous sommes, nous acceptons de nous
handicaper, nous acceptons de nous priver d'un potentiel artistique
régional. À notre sens, c'est inadmissible. Si le service public
doit répondre en termes de développement, en termes de besoin
d'identité culturelle, il doit donner l'opportunité à
travers ces maisons que sont les conservatoires, où il y a
gratuité, d'y répondre. Quand vous dites "le rôle du
Conseil du trésor", nous en parlons fort brièvement, il va sans
dire, mais ce que nous disons est fondamental. Nous avons déposé,
nous, un projet de convention collective en novembre 1988 Nous avons
signé avec M. Johnson la convention collective SPEQ le 4 octobre 1990.
Nous portons un jugement à travers le mémoire en disant qu'au
niveau de la table de négociations SPEQ, il y avait des gens qui
étaient distants, même des services comme tels. Ça fait en
sorte qu'il y a des disfonctions qui s'intègrent, de par l'application
de la loi, mais ce n'est pas l'article comme tel qui...
M. Chagnon: Deux choses. Spécifiquement sur la question de
la négociation comme telle, et pour m'être intéressé
d'assez près à ces questions-là, n'y avait-il pas un
conseiller en gestion de ressources humaines du ministère de tutelle,
par exemple, des conservatoires au moment de la négociation? (15 h
45)
M. Perron (Luc): Oui, c'est exact. Mais ils sont tellement
distants des opérations qu'on pourrait faire le test ensemble de le
faire venir... Somme toute, je pense qu'il ne faut pas le faire, parce que
ça ne serait pas gentil. Mais on pourrait lui demander c'est quoi le
quatrième cycle au conservatoire. Et après un an et demi de
négociations, ils ne réussissent pas encore à le situer au
niveau des études, le quatrième cycle étant au niveau de
la maîtrise. Ce que je veux vous dire par cet exemple-là, c'est
que les gens étant loin comme tels, si vous voulez, des besoins de
l'enseignement, de la qualité de formation professionnelle musicale,
c'est un petit peu normal qu'à la table de négociations, la
réception ou le développement même du service ne soient pas
tenues, en ligne de compte.
Puis, pour répondre à votre question première sur
le dernier volet que j'ai mentionné, au niveau de la dotation, c'est une
grande partie du mémoire que nous faisons mention, parce qu'il est
permis, par la Loi sur la fonction publique, de s'engager ou de se soustraire,
si vous voulez, à la notion de poste. Donc, il y a un aspect non
négociable dans la loi qui fait en sorte que c'est le Conseil du
trésor qui détermine les effectifs, et nous, nous sommes à
même - encore là, c'est triste - de démontrer à la
face du public québécois la dépréciation de
l'employeur-État à l'égard des ressources
spécialisées engagées, compte tenu qu'on a au-delà
de 50 % du personnel qui est occasionnel et, là, je vous invite à
vivre un statut précaire chez nous. Ça veut dire un pouvoir...
Malgré les bonnes volontés patronales à l'occasion,
ça veut dire l'institutionnalisation d'un pouvoir répressif parce
que la personne qui ne veut pas, par exemple, dans une région
donnée, donner une conférence de presse pour la directrice ou le
directeur local, ne se voit pas offrir un contrat la session suivante. C'est un
exemple que nous avons malheureusement vécu, mais l'occasionnel, c'est
ce qu'il vit tous les jours et l'employeur là-dedans... Il reste que
c'est du ressort de la Loi sur la fonction publique d'améliorer, je
pense, la situation de 50 % de nos effectifs dans les maisons d'enseignement
spécialisé.
M. Chagnon: Est-ce que vous jugeriez plus rassurant,
"extensionnellement", si on pouvait modifier, par exemple, l'article 37 de la
Loi sur la fonction publique qui spécifie et qui traite de
l'imputabilité? Est-ce que ça vous rassurerait de savoir que,
administrativement partant, le responsable... On parlait de conservatoire. Je
présume que le ministère de tutelle est le ministère des
Affaires culturelles et...
M. Perron (Luc): Oui.
M. Chagnon:... que le ou la sous-ministre adjointe pourrait venir
expliquer aux membres de la commission parlementaire sur la culture, par
exemple, pourquoi le ratio, le raisonnement sous-jacent à sa
volonté ou à la volonté des institu-
tions de Chicoutimi et de Rimouski, pour prendre celles que vous
mentionniez, d'avoir pris telle ou telle décision d'ordre administratif
qui est, au fond, la raison même de votre réquisitoire, encore une
fois. Si l'imputabilité externe faite par des parlementaires
vis-à-vis des parlementaires pouvait permettre de donner, à tout
le moins, une explication sur ce que vous recherchez, ne trouveriez-vous pas
ça rassurant, d'abord comme citoyen, ensuite comme
employé-enseignant de l'État?
M. Perron (Luc): Je trouve que ça se situerait
effectivement dans un tracé constructif. À titre d'exemple, pour
bien répondre à votre question, si la sous-ministre... Par
exemple, je pense à Mme Malo. Si elle avait été imputable
de la construction ou de l'inauguration du Conservatoire de musique de Hull, en
1987, possiblement qu'elle occuperait d'autres fonctions aujourd'hui. Pourquoi?
Parce qu'il est inconcevable, si vous voulez, comme on dit dans le
mémoire, que lors de l'inauguration d'un conservatoire, on ait
oublié l'insonorisation. On a fait ça en grande pompe à
Hull. 2 000 000 $! C'était M. Rocheleau, à l'époque, qui a
fait cela, je veux dire, pour se situer historiquement parlant. Nous, on est un
peu surpris de la chose et actuellement, par ailleurs, au moment où on
se parle, je dois vous dire que ça se termine, mais ça se termine
durant la période d'année scolaire. Ça se termine en
obligeant les enseignants de donner de l'enseignement dans des écoles
non favorables à cette formation professionnelle musicale et, ça,
je pense que c'est incorrect, mais je dois vous dire, dans une perspective
à ce moment-ci, que le Conservatoire de musique de Hull, s'il continue,
il va y avoir une baisse graduelle d'élèves parce qu'on n'y
injecte pas ce qu'il faut vraiment pour le faire, mais ce sera la maison
possiblement la mieux insonorisée au Québec. On est en train de
"compétitionner" avec des studios d'enregistrement tellement que la
sonorisation va être bonne.
Deuxième exemple, le super COFI à Montréal. C'est
évident que c'est M. Riddell, qui parte de la transparence, qui a un
discours somme toute très intéressant au niveau, si vous voulez,
de l'ouverture de l'Interculturel et tout ça, est imputable
administrativement du pourquoi d'un édifice aussi inabordable, aussi
inacceptable pour l'intégration des milieux immigrants dans la bette
région de Montréal. Il est fort possible aussi, enfin, qu'il y
aurait des résultats qui ne seraient peut-être pas ceux qu'il
aimerait avoir. J'aurais moult exemples comme ça à vous donner et
je terminerai avec un dernier qui me chagrine. À Rimouski, en 1982, on
avait un orchestre régional symphonique à cause du conservatoire.
Compte tenu de mesures administratives mises de l'avant, aujourd'hui, on n'a
pas cet orchestre symphoni-que à Rimouski. Nous l'avons à
Chicoutimi. Bon, Chicoutimi, demain, peut-être qu'on ne l'aura pas si on
laisse faire l'administration. Et puis, là-dedans, il y a un
règlement d'éthique, l'article 4 de la section II dans la loi.
Puis, nous sommes à même de vous dire que c'est un tiers, c'est
une madame du Tribunal du travail qui nous permet, nous, les enseignants, tout
en étant syndiqués et fonctionnaires, de dire: Écoutez,
quand l'administration comme l'administration de l'ITHQ, l'Institut du tourisme
et d'hôtellerie du Québec, à l'époque, elle errait,
elle était orientée, si vous vouiez, sur un volet international.
Elle voulait aller faire de la cuisine québécoise en Afrique, par
exemple. Nous, on calculait, comme enseignants, qu'on s'éloignait de la
mission première de la maison: une formation. Là, il n'y a pas eu
une imputabilité, comme vous le mentionnez, mais il y a eu des
changements, ce qui fait qu'actuellement, l'Institut de tourisme, avec nos
interventions, est plus dans le domaine de la formation.
M. Chagnon: Ce dernier point me chicote un peu comme
parlementaire au nom de la commission. Je pense que.. Il n'y a pas une
poursuite?
M. Perron (Luc): Le monsieur nous poursuit. On prend de la valeur
à tous les ans.
M. Chagnon: C'est un dossier qu'on considère ici sub
judice. Alors...
M. Perron (Luc): Excusez.
Le Président (M. Lemieux): Alors, si je comprends bien,
dans le sens de la question du député de Saint-Louis, vous
n'êtes pas contre une forme d'imputabilité externe?
M. Perron (Luc): Non, je pense qu'au niveau des administrateurs
d'État, il devrait effectivement...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Perron (Luc): Je partage un peu l'opinion du
vérificateur qui vous a soumis cet effet-là. Il faudrait
permettre à l'administration de rendre des comptes. Ça
permettrait aux députés élus d'intervenir de façon
plus judicieuse dans l'ensemble du devenir des services collectifs.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
La Prairie.
M. Lazure: Merci, M. le Président. Je veux
féliciter les représentants du Syndicat des professeurs de
l'État du Québec. C'est clair, le message, mais j'ai rarement vu
une critique aussi sévère de la gestion. S'il y a un
mémoire parmi tous ceux qu'on a vus à date qui peut nous servir
de source d'illustration pour exiger qu'on mette en marche un système
d'imputabilité, de reddition de comptes, comme le président de
la
Commission de la fonction publique l'appelait ce matin, bien, votre
mémoire en contient une mine d'exemples où, si les hauts
fonctionnaires qui ont pris des décisions à l'époque dans
les exemples que vous nous donnez, avaient eu à rendre compte de leurs
décisions, je pense que ça aurait été de nature
à améliorer la qualité de leur gestion. Moi, je comprends
très bien tout ce que vous dites. Je comprends bien qu'à
Rimouski, j'ai bien compris quand vous dites qu'il y a la plaque
d'identification, qu'il y a un conservatoire, mais il n'y a pas
d'élève, il n'y a pas de clientèle.
M. Perron (Luc): Non, actuellement, il y a une clientèle
à Rimouski. Il y a au-delà de 110 élèves à
peu près, au moment où on se parle. Mais c'est dans une vision,
si vous voulez, que je dégage à partir du comportement
administratif depuis 10 ans. Si ça se maintient encore cinq ans ou six
ans, mais il y aura une plaque commémorative...
M. Lazure: Ah bon!
M. Perron (Luc):... qui dira que le conservatoire a
existé.
M. Lazure: II y a un certain nombre de cadres qui ont ça
comme ambition, comme rêve d'avoir l'immense service, département
- appelez ça comme vous voudrez - où on n'est pas
embarrassés par la clientèle, où on a tous les avantages
du poste, mais sans aucune clientèle pour nous empêcher de faire
de l'autogestion, comme vous le disiez tantôt. Moi, je regarde les...
J'ai la conviction profonde... On n'a pas les chiffres depuis 1970, mais j'ai
la conviction profonde que le pourcentage d'encadrement a trop augmenté
dans la fonction publique. J'ai des chiffres depuis seulement 1986, de 1986
à 1990, comme on vient de me remettre: Cadres supérieurs, haute
direction et cadres intermédiaires: en 1986, un total de 5154; en 1990,
un total de 5251. Donc, augmentation d'environ une centaine, alors qu'en
réalité, il y a une diminution dans l'ensemble de la fonction
publique. Moi, j'ai la conviction profonde que, depuis 10 ans, 15 ans, on voit
à la fois le phénomène contradictoire d'une diminution des
fonctionnaires, diminution des non-cadres, puis augmentation des cadres. Je
comprends très bien, puis je suis porté à vous donner
raison pas mal sur toute la ligne. Mais je me dis, cette dénonciation,
parce que c'en est une - vous la faites en termes éloquents - cette
dénonciation que vous faites aujourd'hui devant cette commission-ci,
est-ce que vous l'avez déjà faite ailleurs dans vos instances
supérieures? Il y a de toute évidence dans votre corps, et c'est
un corps important, 850 personnes qui enseignent dans différents
secteurs. Tout ce mécontentement a-t-il été
véhiculé aux autorités et qu'est-ce qu'on en a fait de ce
message-là?
M. Perron (Luc): Oui, depuis 10 ans, de façon
systématique, si vous voulez, nous rappelons à l'administration
que, selon nous, elle prend des directions qui sont contraires au
développement du service. Je vous ai donné des exemples. Au MCCI,
au ministère des Communautés culturelles et Immigration, avec M.
Riddell, le 3 novembre 1989, pour citer un exemple, il y a au-delà de
130 professeurs qui lui disaient, somme toute fort gentiment, que de
créer un super COFI dans Parc Extension, c'était contraire, si
vous voulez, à l'abc de l'intégration. Puis M. Riddell, il dit,
en tout cas, en ces termes, et là, je caricature à peine... Mais
pour lui, fêter les 20 ans des COFI, c'était de créer une
superstructure à l'image de nos polyvalentes d'autrefois. Pour nous, en
tout cas, c'était, si vous voulez, des pensées tout à fait
incorrectes. Et j'aurais beaucoup d'exemples comme ça à vous
donner dans chacun des ministères. Mais j'aimerais juste reprendre votre
commentaire principal au sujet de l'imputabilité et concilier un peu les
deux interventions qui ont été faites là-dessus. C'est
évident que pour nous, l'imputabilité, on la juge importante
comme pointe de l'iceberg, si vous voulez, en mes termes, parce que ça
génère, en dessous, quelque chose de fondamentalement important.
Ça génère, en dessous de ça, une transparence qui
n'existe pas. Elle existe quand elle vous parle à vous, mais elle
n'existe pas quand on parle aux opérationnels en bas, sauf quand on
l'obtient par des journalistes à gauche ou à droite. C'est
triste, mais c'est un petit peu comme ça. L'imputabilité, pour
nous, dans mon hypothèse, c'est que ça génère
vraiment une gestion participative. Ça va générer vraiment
le sous-ministre, le sous-ministre adjoint, les directions d'être
à l'écoute des gens aux opérations, d'être à
l'écoute, donc, des enseignants, d'être à l'écoute
de l'expertise, et ils vont être beaucoup plus sensibles, si vous voulez,
à nos interventions, dans le sens que la direction qu'ils vont prendre,
ils vont savoir que nous, avec eux, dans le cadre d'une participation, d'une
transparence, on va dire aussi notre mot. Et c'est ça qui nous est
fondamentalement le plus important.
M. Lazure: M. le Président, surtout les remarques que vous
faites au sujet des COFI, parce l'Opposition depuis quelque temps a
soulevé la question à plusieurs reprises. Vous confirmez nos
appréhensions. Pour des raisons strictement d'ordre budgétaire,
le gouvernement actuel, le gouvernement du Québec, néglige et
prive plusieurs centaines d'immigrants et d'immigrantes...
M. Perron (Luc): Vous pouvez dire des milliers. (16 heures)
M. Lazure:... de services élémentaires
d'enseignement du français qui sont l'ABC d'une intégration. Et,
en même temps, la semaine
passée, le gouvernement annonce... le Conseil du trésor
annonce une subvention de 750 000 $ à l'ENAP, à l'École
nationale d'administration publique, pour le perfectionnement de ses cadres
supérieurs. Bon. Parfait pour le perfectionnement des cadres
supérieurs. Peut-être prendront-ils des décisions plus
sages que celles qu'ils ont prises dans le passé? Mais en même
temps, je me dis: Si on trouve 750 000 $ pour le perfectionnement de l'ENAP,
pourquoi n'en trouve-ton pas pour satisfaire à la demande des immigrants
et des immigrantes? Au lieu d'attendre que ce soit le gouvernement
fédéral, le grand frère, qui vienne subventionner ou
financer, par toutes sortes de complications... de vouloir compliquer... cet
enseignement-là. J'ai quelques questions, la première concernant
les conservatoires. J'ai vu dans les journaux, il y a quelque temps, qu'il
était question de privatiser des conservatoires. Qu'en est-il de cette
question-là? Ça ne m'a pas trop étonné parce qu'on
connaît un peu, depuis 1985, l'espèce de courant souterrain,
insidieux du gouvernement actuel vers la privatisation de certaines
institutions. Alors, moi, je vous demande à vous autres, qu'en est-il de
cette rumeur qui veut qu'on privatise des conservatoires?
M. Perron (Luc): Depuis 1978, si vous voulez, l'administration
des conservatoires, c'est...
M. Lazure: Ho, ce n'est pas partisan.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît.
M. Lazure: Je parle de l'actualité. Je parle de ce que
j'ai vu dans les journaux, il y a quelque temps, là.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît Oui. Vous
pouvez répondre à la question.
M. Perron (Luc): Depuis 1978, si vous voulez, lorsqu'on parie
d'une gestion autoreproductrice, c'est qu'il y a toujours eu le même
stéréotype d'administrateur qui veut ou qui se fait une gloire de
se départir, si vous voulez, d'un des fleurons, en termes d'institutions
nationales, que sont les conservatoires. Et, effectivement, il se parle
beaucoup, dans les coulisses du Ministère, si vous voulez, de privatiser
ce réseau d'institutions nationales. Et c'est malheureux parce que le
postulat de ça, c'est qu'on pense trop New York, on pense trop
Rockefeller ou on pense trop des familles de philanthropes qui, effectivement
aux États-Unis, peuvent se permettre de financer une école, si
vous voulez, d'une formation aussi pointue au niveau musical. Au Québec,
il n'y a pas d'équivalent. Alors, l'administration, actuellement,
effectivement, c'est dans des ambitions avouées qu'ils aimeraient bien,
si vous voulez, se défaire des conservatoires de l'intérieur du
ministère des
Affaires culturelles. Donc, se départir d'un volet de formation
important.
M. Lazure: Je ne doute pas que les hauts fonctionnaires en
parlent depuis 1978, mais ce dont je ne doute pas non plus, c'est que ce
n'était pas la volonté politique du gouvernement à
l'époque, en 1978, de privatiser les conservatoires. Ça, je peux
vous le dire et la volonté politique de l'Opposition, actuellement,
c'est de s'opposer à toute privatisation de conservatoires.
M. Perron (Luc): Même jusqu'à mettre en doute, si
vous voulez, la gratuité qui particularise...
Le Président (M. Lemieux): Je voudrais tout simplement
faire remarquer au député de La Prairie - je pense qu'il en est
conscient - qu'il est hors d'ordre en émettant ce commentaire. Et j'ai
déjà dit, dès le début, à l'ouverture de
cette commission-là, que dans la mesure du possible, et ça, dans
l'intérêt de ceux qui nous écoutent, des payeurs de taxes
et de la collectivité, je veux qu'elle soit apolitique. Et c'est
peut-être le premier défi que nous aurons à relever comme
parlementaires. Vous pouvez continuer, M. le député de La
Prairie.
M. Lazure: M. le Président, j'ai été
stimulé à aller dans cette voie par le député de
Saint-Louis dont vous avez entendu la remarque tantôt, M. le
Président. Alors, je tourne la page et je pose une question... Alors, je
souhaite que vous soyez aussi vigilant vis-à-vis du député
de Saint-Louis que vous l'êtes vis-à-vis du député
de La Prairie.
Le Président (M. Lemieux): Soyez sans inquiétude,
M. le député de La Prairie. J'ai l'habitude d'être beaucoup
plus coriace avec les membres de l'équipe libérale que je peux
l'être avec l'Opposition. Il semblerait.
M. Lazure: La deuxième question que j'avais, M. le
Président, touche les ITA, les instituts de technique agricole, je
suppose. Vous dites, à la page 6, qu'il semblerait que les
autorités refusent à vos professeurs de participer aux
états généraux de l'UPA. Pourriez-vous m'expliquer un peu
sur quelle base les autorités refusent-elles cette..
M. Perron (Luc): Selon nous, c'est sur une base occulte, mais ce
qui est certain, c'est que la volonté sous-ministérielle
affichée, éclatée, est à l'effet qu'elle ne veut
pas que les professeurs participent, si vous voulez, aux sujets des ateliers,
concernant les ateliers de formation agricole à l'intérieur de
l'UPA, à l'intérieur des états généraux.
Nous, on calcule que c'est totalement, enfin, inadmissible, parce que
l'enseignement ne se fait pas en vase clos. L'ensei-
gnement se fait à l'intérieur de l'ensemble des
réseaux constitués au Québec, et l'UPA, s'il en est, c'est
un organisme important et on devrait être au fait ou on doit être
à même de pouvoir participer, de façon visible, si vous
voulez, à ces états-là. On le fera, bien sûr, mais
on le fera sous le couvert du chapeau syndical. On calcule que l'employeur se
prive d'une participation à cet effet-là.
M. Lazure: La dernière question touche les occasionnels.
Vous disiez, tantôt, que vous aviez presque 50 % de vos effectifs qui
étaient occasionnels. Alors... C'est plutôt un commentaire Je
pense, M. le Président, que c'est aussi inaccep table dans ce corps de
professeurs que ça l'est dans d'autres corps. Ce matin, je faisais des
commentaires sur certains corps où il y avait 40 %, mais là, 50
%, c'est encore plus critiquable. C'est peut-être aussi une partie de
l'explication du moral qui semble excessivement bas dans votre corps de
professeurs. Si presque la moitié de vos collègues vivent avec
cet aspect précaire de leur carrière, je pense qu'on peut
très bien comprendre pourquoi vous utilisez le ton que vous utilisez
dans votre mémoire. Je peux simplement souhaiter que, là aussi,
les autorités supérieures de la fonction publique vont
remédier à cette situation-là le plus tôt possible
et maintenir au strict minimum le nombre d'occasionnels.
Si vous avez un recul, il y a 10 ans, 15 ans, je ne sais pas, moi,
normalement, il y aurait eu quel pourcentage d'occasionnels dans un corps comme
le vôtre de 800 personnes?
M. Perron (Luc): Normalement, nous avions, antérieurement,
si vous voulez, l'équivalent de 9 % de l'ensemble des effectifs...
M. Lazure: 9 %, 10 %.
M. Perron (Luc): Ça aurait été possiblement
un coussin raisonnable, selon nous. Mais, actuellement, comme vous le
mentionnez si bien, c'est au-delà de 50 % et ça touche de plein
fouet, bien sûr, la Loi sur la fonction publique où là,
vous avez un problème de structuration qui permet même à un
employeur de bonne foi, ou à une partie patronale de bonne foi, de ne
pas être inventive dans ses moyens. C'est-à-dire, quand vous
parliez tantôt des immigrants, immigrantes, vous en avez au-delà
de 4000 en attente, à Montréal. Compte tenu que vous avez un gros
bassin d'occasionnels, c'est évident que ça ne stimule pas
l'organisation à être inventive en termes de moyens administratifs
pour répondre au développement du service. Alors, compte tenu
qu'ils ont quand même de l'argent, mais ils se lancent dans des
constructions, selon nous, monstrueuses, au détriment du service
à donner.
Ce problème de structuration-là touche de plein fouet, si
vous voulez, la Loi sur la fonction publique. Et, malheureusement, comme corps
d'emploi, nous sommes un très mauvais exemple, selon nous, pour la
partie patronale, dans sa gestion des ressources humaines.
Le Président (M. Lemieux): M. le député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: Oui, merci, M. le Président. Je vais excuser
notre collègue de La Prairie. Tous les gens qui sont venus ici, je pense
que ce qui fait la crédibilité de la commission, je pense que
c'est quand même son caractère non partisan et objectif. Et je
trouve ça déplorable que, lorsque les caméras de
télévision rentrent dans notre enceinte, le député
de La Prairie parle toujours dans un but partisan.
Le Président (M. Lemieux): M. le député des
Îles-de-la-Madeleine, ne mettez pas d'huile sur le feu, s'il vous
plaît.
M. Lazure: M. le Président, je trouve déplorable
l'esprit mesquin du député des Îles-de-la-Madeleine.
Le Président (M. Lemieux): Alors, le tout...
M. Lazure: J'avais commencé à parler avant que les
caméras n'arrivent dans la salle...
M. Farrah: À la lumière, M. le Président, du
mémoire...
Le Président (M. Lemieux): M. le député des
Îles-de-la-Madeleine, s'il vous plaît.
M. Lazure: ...peuvent le faire.
Le Président (M. Lemieux): M. le député des
Îles-de-la-Madeleine, la parole...
M. Farrah: Oui, M. le Président. À la lecture du
mémoire, je dois vous dire honnêtement, lorsque j'ai lu le
mémoire, je me suis dit: C'est une réquisition. Je me suis dit:
est-ce qu'on veut rendre des comptes par rapport aux gestionnaires?
Honnêtement, là, parce que ça me semblait quand même
relativement flou à certains égards. Je vous le dis bien
honnêtement. Alors, je me suis dit: Est-ce qu'on veut rendre des comptes?
On était en négociation, à l'époque. Ça
s'est signé le 4 octobre, votre convention, je pense?
M. Perron (Luc): Elle s'est signée le 4 octobre.
M. Farrah: Alors, je me suis dit: Peut-être que le climat
n'est quand même pas excellent ou pas propice aux bonnes relations, d'une
part. D'autre part, quand même, avec les explications que vous nous
apportez en avant, je dois quand
même admettre que ça m'éclaircit davantage, d'une
part. Et, d'autre part aussi, qu'est-ce qui me préoccupe, c'est le
service à la clientèle. C'est l'objectif aussi qu'on a ici, au
niveau de la commission, c'est d'améliorer le service à la
clientèle. Mais je regrette, à certains égards, que votre
document soit flou, en termes de recommandations, précisément. Et
je vais vous donner un exemple, à la page 11, au deuxième
paragraphe. On parle de suggestions. Au deuxième paragraphe, vous dites:
"La deuxième suggestion consiste à ventiler obligatoirement le
manque d'envergure de l'actuelle gestion par un quelconque processus de
dotation permettant l'introduction d'une gestion favorable à ce que les
employés soient bien traités et se sentent en
sécurité. Ainsi, les professeurs, capital humain, seraient
infiniment plus engagés, plus intéressés et, en bout de
ligne, plus productifs. " Quel processus vous suggérez pour pallier
à cette situation-là, pour ventiler ou... Quel processus que vous
suggérez? C'est ça un peu que je vous reproche à
l'intérieur de votre document.
M. Perron (Luc): Je pense que l'explication est fort simple.
Quand on lit ce qui précède et puis, on constate, si vous voulez,
en termes de présence dans le travail, d'au-delà 50 % du
personnel occasionnel, c'est évident que ce paragraphe-là, en
termes de suggestion, il vient dire à l'employeur ou aux gens qui sont
lies à la Loi sur la fonction publique, que ça prend des
effectifs sur une base plus stable. Nous n'avons pas été, si vous
voulez, trop ambitieux en disant que de 50 %, ça devrait être
réduit à 10 % d'occasionnels. On mise sur l'intelligence des
parties. On se dit tout simplement lorsqu'on veut un service, dans une
continuité respectable, ça prend des ressources sur une base
régulière. Et je suis à même de vous dire que si
vous regardez la situation présente, vous avez, par exemple, à
ITHQ, des gens qui sont là depuis 20 ans comme occasionnels. Dans les
conservatoires, vous avez des gens qui sont là depuis plus de 12 ou 13
ans comme occasionnels. Il me semble que lorsqu'on parle dans une perspective,
c'est juste de permettre à ces gens-là, si vous voulez,
d'être intégrés à l'intérieur
d'activités régulières, et c'est tout simplement ça
le sens du paragraphe.
M. Farrah: Vous formulez essentiellement un besoin d'être
entendus, écoutés. Vous voulez participer au processus
décisionnel, qui est tout à fait bon en soi. D'ailleurs, je pense
que si ça n'existe pas, je pense qu'il faudrait l'implanter. Mais
pouvez-vous nous donner des exemples de dossiers où vous souhaiteriez
être entendus ou participer?
M. Perron (Luc): II y a moult exemples. Nous sommes, si vous
voulez, des gens qui sommes spécialisés dans des disciplines
distinctes. Tantôt, je me suis amené en disant que j'avais les
cordes un peu coupées. Alors restons dans le domaine des affaires
culturelles, des conservatoires de musique. Vous avez une direction
générale qui a créé une direction des services
pédagogiques en 1983. Nous, nous étions contre cela parce qu'il
existe au sens de la loi de 1942 un comité d'études qui n'est pas
utilisé actuellement, un comité d'études musicales qui
ferait appel, justement, à l'expertise que sont les professeurs de
l'ensemble des conservatoires. L'administration a voulu faire ça seule.
De 1983 à 1989, ça n'a absolument rien donné, sinon du
gaspillage, sinon une imposante montagne de paperasse, ce que parfois on
observe dans la fonction publique, malheureusement. Là, actuellement, il
se disent qu'ils ne vont nulle part avec ça. Qu'est-ce qu'ils font? Ils
rencontrent tous les professeurs dans leur discipline concernée pour
construire des programmes, si vous voulez, qui sont à point et qui
permettent aux conservatoires d'être à la fine pointe de
l'actualité. Ça, c'est une réalité. C'est à
travers ça que nous disons que l'administration devrait être
beaucoup plus transparente.
Dans les COFI, je peux vous sortir le même exemple, où vous
avez une nouvelle gestion qui arrive il y a 3 ans, où elle fait fi des
20 ans d'expérience des professeurs. Elle dit: Moi, j'arrive de
l'éducation, moi je sais ce que c'est, et un programme, ça se
fait en 6 mois. Ça fait 3 ans qu'ils pensent ça La, actuellement,
ils mettent à contribution des professeurs dans la création de
moyens pour construire dos programmes de façon plus visible, pour aider
l'ensemble du corps professoral. On demande seulement à être
utilisés. Et c'est triste d'être obligés de vous le dire
parce que nous sommes un groupe professionnel, disons, au sens noble du terme,
dans le sens que nous avons une formation, nous avons une
spécialité, et on demande à ce qu'elle soit
utilisée. Mais l'administration, qui arrive des fois à tort,
selon nous, méconnaît et veut méconnaître parce
qu'elle dit: Nous, nous savons. On dit: Écoutez, demandez-le nous.
Utilisez-nous et on va être transparents. Et c'est ça qu'on
reproche. Si on le faisait le moindrement, vous auriez des conservatoires qui
seraient en train de se développer présentement. Je parte de
Val-d'Or.
A Val-d'Or, vous avez une situation depuis le début des
années soixante-dix, où vous n'avez que des professeurs
occasionnels. La seule personne qui est permanente, c'est la directrice. La
directrice est une flûtiste. Elle était d'abord professeure
occasionnelle. Elle est devenue directrice par intérim. Là, elle
est devenue permanente. C'est un non-sens. C'est un conservatoire qui ne
fonctionne qu'avec des ressources occasionnelles, alors qu'il devrait y avoir
une stabilité dans le corps professoral. Il y a beaucoup de talents dans
la région de Val-d'Or et de Rouyn-Noranda, et on maintient toujours les
gens avec une épée de Damoclès. C'est totalement
inadmissible. Et dans les fondements mêmes du geste ou de l'acte
professionnel, nous sommes obligés de nous battre. (16 h 15)
On va vous donner l'exemple de l'Institut de tourisme. Nous avons
dû intervenir publiquement. Nous avons dû vraiment faire en sorte
que le politique nous entende et se dise, une fois pour toutes: l'Institut, on
l'oriente de quelle manière? Il nous a entendus et, actuellement,
vraiment, il s'en va dans le domaine de formation: la restauration
d'hôtellerie et du tourisme. Mais il a fallu qu'on intervienne, et
là on est utilisés. On aimerait bien mieux vous dire,
actuellement, on aimerait bien mieux faire le constat que, compte tenu d'une
mentalité de gestion existante, la transparence existe. Mais nous sommes
à même de vous dire que, dans la fonction publique, on doit faire
le constat qu'elle n'existe pas. Et je vous donne, dans le mémoire, un
exemple, au niveau de la santé et sécurité. C'est un
dossier dans lequel je suis très actif. J'agis comme coprésident
syndical au niveau de l'ensemble du secteur de l'administration provinciale.
Donc, je suis président depuis 1983 parce que, fondamentalement, je
crois en la transformation d'attitudes. Je crois à la création de
comportements sécuritaires. L'employeur où ça a
très bien réussi, c'est parce qu'il y avait des tragédies.
Le Mont-Sainte-Anne a réussi à faire quelque chose de
modèle en termes de santé et sécurité parce qu'il y
a eu des tragédies. Moi, je me dis que l'intelligence des gestionnaires,
peut être à travers l'ENAP et autres, mais l'intelligence des
gestionnaires devrait faire en sorte de construire des mécanismes de
prévention et de développer des attitudes, au lieu
d'expérimenter des maladies professionnelles, mais de développer
des attitudes favorables en termes d'organisation du travail et qui soient
propices à ce que les performances soient plus visibles à travers
les services. Il n'y a pas la notion de profit chez nous. Les performances sont
possibles et sont plus éclatées.
M. Farrah: Au niveau de l'imputabilité, M. le
Président, on a fait mention que vous étiez d'accord avec une
forme d'imputabilité au niveau des hauts fonctionnaires, des
sous-ministres, etc. Maintenant, est-ce que vous souhaitez une
imputabilité à votre niveau et, si oui, comment devrait-elle
prendre forme?
M. Perron (Luc): C'est-à-dire qu'à notre niveau,
elle est, je devrais dire, sans jeu de mots, permanente. Quand je dis: Sans jeu
de mots, c'est que je pense aux 50 % d'occasionnels. Elle est permanente dans
le sens que, quand vous regardez les conservatoires de musique, vous avez
là une particularité sur laquelle on se base au niveau des
concours. Vous avez et je vous cite là-dedans - c'est triste parce que,
comme Québécois, ça m'attriste beaucoup - un rapport qui
est de Trowsdale, de 1988, où, lui, fait mention que l'institution
d'excellence au Canada, en termes de formation musicale professionnelle, c'est
la maison que sont les conservatoires, et McGill comprend cela. Alors,
l'imputabilité se traduit, si vous voulez, vraiment à travers les
résultats que nous allons chercher. Et là-dedans, je n'ai aucune
gêne à dire que les conservatoires, par rapport à ce qui
existe dans le marché en termes de talents éclatés, de
talents visibles, tant en art dramatique qu'en musique, que nous sommes
performants et il en est ainsi dans les différents domaines de
spécialisation.
Quand vous regardez les COFI, où c'est peut-être moins
palpable... Je vous invite à venir avec moi, gratuitement - c'est
ça les institutions d'État, c'est gratuit - à aller
rencontrer des exstagiaires de COFI. Vous en avez ici, à Québec,
il y en a un sur la rue Marquette. Allons parler avec eux, qui sont
passés à COFI, et vous allez voir leur fierté de la terre
d'accueil, leur fierté d'utiliser le français et leur
fierté de vouloir vivre des valeurs québécoises.
Ça, c'est la plus belle paie, c'est la plus belle performance. Là
aussi, l'imputabilité est présente.
M. Farrah: Une dernière question, M. le Président,
en ce qui me concerne, si vous me permettez, au niveau de l'article 70 de la
loi. Tantôt, vous avez fait mention que c'est non négociable. Ce
sont les parties non négociables au niveau des conventions collectives.
Est-ce que vous pensez que certains éléments, comme la nomination
de candidats à la fonction publique, la classification des emplois, etc.
Est-ce que vous pensez qu'il y a de ces éléments-là qui
devraient être exclus pour être négociés
éventuellement ou... J'aimerais avoir votre point de vue
là-dessus.
M. Perron (Luc): C'est-à-dire que l'ensemble des
éléments qui sont là, qui sont sortis du champ de la
négociation pour atteindre le nombre de postes, un plancher d'emploi ou
la classification, ça devrait être dans le champ du
négociable. Selon nous, on devrait, si vous voulez, à
visière levée - l'État-employeur ou l'employeur que sont
les ministères et organismes - être capable de fonctionner avec
intelligence, entre parties responsables et puis d'y aller, d'intégrer
ça dans le champ de la négociation.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
La Prairie, s'il vous plaît.
M. Lazure: Juste une question. Je vous remercie, M. le
Président. Vous dites, à la page 10. "Le Secrétariat du
Conseil du trésor est à contre-courant dans le domaine de la
gestion des ressources humaines. Il favorise la déstabilité, la
désorganisation, la mise en exergue d'un pouvoir répressif
à exercer sur les statuts précaires." C'est une accusation assez
grave. Mais, en
rapport avec le Conseil du trésor, vous savez sans doute que, de
1983 jusqu'en 1988, les gouvernements de cette période-là, de
différents partis - donc, ce n'est pas partisan pour le
député de Saint-Louis - il y avait deux ministres responsables de
l'administration de la loi. le président du Conseil du trésor et
un autre ministre nommé par le Conseil des ministres. En 1988, le
gouvernement a changé cette situation et il y a un seul ministre qui est
le président du Conseil du trésor responsable de l'ensemble de la
loi. Est-ce que vous êtes d'avis que la formule actuelle est
satisfaisante ou est-ce que vous êtes d'avis qu'il y aurait lieu de
nommer un deuxième ministre, comme la Commission de la fonction publique
le disait ce matin? C'était leur opinion, à eux, qu'il serait
opportun de désigner un deuxième ministre, surtout pour les
aspects de la loi qui touchent les ressources humaines.
M. Perron (Luc): Nous sommes d'avis, là-dedans, qu'il
apparaît un conflit d'intérêts, que ça serait mieux,
si vous voulez, deux ministres qui soient responsables à la suite de la
question que vous posez. Mais je profite de ce que vous mentionnez comme
prémices, en disant que la disparition du ministère de la
fonction publique a peut-être contribué à l'arrivée,
justement, d'une responsabilité unique. Ce que je veux dire, c'est qu'au
niveau de sa disparition, on a soustrait l'importance qu'occupent
peut-être les ressources humaines comme telles.
M. Lazure: Vous voulez dire que ce qui serait peut-être
encore plus souhaitable de votre part, ce serait de revenir à un
ministère de la fonction publique.
M. Perron (Luc): C'est-à-dire que la disparition a fait en
sorte que, nous, dans l'hypothèse que nous faisions ou dans
l'observation que j'induisais, c'est que l'ensemble des directions de personnel
des ministères et organismes aurait dû remplacer de manière
structurelle, informelle ou formelle, si vous voulez, le pourquoi ou
l'existence ou les raisons d'être du ministère de la fonction
publique antérieurement. Alors, c'est un questionnement que je
soulève tout haut, là-dedans, parce que ça prend une
cohérence, ça prend une cohésion d'ensemble. Sinon, on
constate que, nous, c'est juste quatre ministères, mais c'est comme
s'ils travaillaient, des fois, en vase clos par rapport à l'utilisation
de leur personnel.
Le Président (M. Lemieux): Merci. Alors, une minute, M. le
député de Saint-Louis. Terminé?
A*. Chagnon: Brièvement. D'abord, je voudrais remercier
les membres du Syndicat des professeurs de l'État...
Le Président (M. Lemieux): II vous reste une minute
d'intervention, pas pour des commentaires nécessairement. Aflez-y, M. te
député de Saint-Louis.
M. Chagnon: Oui. Alors, je voudrais remercier les membres du
Syndicat des professeurs de l'État du Québec d'être venus
nous rencontrer. Je ne voudrais toutefois pas les laisser partir sans corriger
deux interventions que notre collègue de La Prairie nous a faites et qui
ne sont peut-être pas justifiées, en tout cas, au moins. Je prends
celle de ce taux d'encadrement que vous avez soulevé comme étant
un problème que le député de La Prairie considérait
comme un problème récent. Si je me fie au document du Syndicat
des professionnels du gouvernement du Québec pour lo
développement du Québec, d'une fonction publique forte et
efficace, dans sa page 15. On mentionnait ainsi que "gérer la
décroissance est, de toute évidence, une lourde tâche car,
de 1977 à 1983, alors que l'ensemble du personnel de la fonction
publique augmentait de 6,67 % en comptant le personnel occasionnel de plus en
plus nombreux - déjà à ce moment - les cadres et les
autres personnels de directions supérieures augmentaient de 43,89 %." Et
la deuxième...
M. Lazure: M. le Président, si vous permettez, j'ai
justement dit que c'était sur une longue échelle. Le
député de Saint-Louis n'écoutait pas, comme ça lui
arrive souvent.
M. Chagnon: J'ai voulu suggérer...
M. Lazure: J'ai précisé que J'avais des
statistiques seulement des quatre dernières années...
M. Chagnon: Je pense que j'avais la parole, M. le
Président. Est-ce que je pourrais récupérer la parole que
j'avais? Le député, quand ce sera...
Le Président (M. Lemieux): M. le député
de
La Prairie...
M. Lazure: Oui, mais je n'accepte pas que vous disiez des choses
qui soient inexactes.
M. Chagnon: M. le député de La Prairie, vous
relirez les galées puis vous nous en reparlerez
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis, s'il vous plaît. Alors, disons que l'échelle des
statistiques devient un petit peu plus longue. Alors, vous terminez, là,
M. le député de Saint-Louis?
M. Chagnon: Alors, quant à la deuxième affirmation
du député de La Prairie à l'effet que le gouvernement ne
se préoccupe pas de la
question de la francisation des immigrants, je lui ferai savoir tout
simplement que, depuis trois ans maintenant, plus de la moitié du budget
du ministère des Communautés culturelles et Immigration va
justement à la francisation des immigrants, et c'est par plusieurs
millions de dollars que nous avons...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis, je vous arrête, ce n'est pas plus pertinent. On conclut
là-dessus. Je vous remercie de votre participation à cette
commission parlementaire, et nous allons suspendre une minute de plus que
d'habitude; trois minutes au lieu de deux minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 23)
(Reprisée 16 h 25)
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît! À
l'ordre, s'il vous plaît! Je demanderais maintenant au Conseil des
communautés culturelles et de l'immigration de bien vouloir prendre
place à la table des témoins.
Une voix: II y a un avis...
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! Alors, la commission du budget et de l'administration... Ça
va, M. le député de La Prairie, M. le député de
Saint-Louis. Alors, on commence nos auditions avec le Conseil des
communautés culturelles et de l'immigration. Alors, je demanderais
à Mme la représentante de ce groupe de bien vouloir s'identifier,
s'il vous plaît.
Conseil des communautés culturelles et de
l'immigration du Québec
Mme Folco (Raymonde): Raymonde Folco. Je suis la
présidente du Conseil des communautés culturelles et de
l'immigration du Québec.
M. le Président, mesdames et messieurs les membres de la
commission parlementaire du budget et de l'administration de l'Assemblée
nationale du Québec, le Conseil des communautés culturelles et de
l'immigration vous remercie d'avoir bien voulu nous recevoir aujourd'hui pour
fins de présentation d'un mémoire portant sur l'étude de
l'opportunité de maintenir en vigueur ou, le cas échéant,
de modifier la Loi sur la fonction publique. Et ce mémoire portera plus
spécifiquement sur divers aspects relatifs à la
représentation des communautés culturelles dans la fonction
publique québécoise.
Créé par une loi de l'Assemblée nationale du
Québec adoptée le 20 décembre 1984 et entrée en
vigueur le 1er avril 1985, le Conseil des communautés culturelles et de
l'immigration est un organisme permanent et autonome dont la fonction
principale est de conseiller la ministre des Communautés culturelles et
Immigration. La mise sur pied du Conseil des communautés culturelles et
de l'immigration, organisme de consultation et de recherche, procède
d'une démarche qui vise à convier la population et les principaux
secteurs de la société à une réflexion collective
sur les questions touchant l'immigration et les communautés
culturelles.
Il y a quelques semaines, alors que nous confirmions notre participation
aux audiences de la présente commission parlementaire, nous analysions
avec le secrétaire de la commission du budget et de l'administration,
les raisons justifiant notre présence devant vous aujourd'hui. Comme
vous le savez, le Conseil est intervenu à toutes les étapes qui
ont conduit à la préparation puis à l'implantation d'un
programme d'accès à l'égalité au sein de la
fonction publique québécoise. En effet, c'est le 20 mars 1990 que
le président du Conseil du trésor et ministre
délégué à l'Administration et à la Fonction
publique, M. Daniel Johnson, annonçait officiellement la mise en place
du programme d'accès à l'égalité de la fonction
publique du Québec pour les membres des communautés
culturelles.
Ce programme, d'une durée de quatre ans, de 1990 à 1994,
s'inscrit dans le contexte légal des actions du gouvernement du
Québec et constitue une intervention intégrée au processus
de la gestion des ressources humaines. C'est précisément au
niveau de l'application de la Loi sur la fonction publique, sanctionnée
le 22 décembre 1983, que le Conseil est intervenu auprès du
Conseil du trésor et de l'Office des ressources humaines. La Loi sur la
fonction publique a été adoptée le 1er avril 1984. Cette
loi faisait disparaître le ministère de la fonction publique et
l'office du recrutement et de la sélection du personnel. Elle confiait
ainsi au Conseil du trésor l'élaboration des politiques
générales en matière de gestion des ressources humaines,
et son article 80 le mandat d'établir des programmes d'accès
à l'égalité en vue de corriger la situation de personnes
faisant partie de groupes victimes de discrimination dans l'emploi.
Créé par la même loi, l'Office des ressources
humaines s'est vu confier la responsabilité du recrutement et de la
promotion des fonctionnaires. L'Office des ressources humaines est aussi
chargé de proposer au gouvernement, au Conseil du trésor,
à un ministère ou à un organisme des mesures pour
améliorer la gestion et le développement des ressources humaines
au sein de la fonction publique. L'Office est aussi chargé d'assurer
l'application des politiques du gouvernement concernant notamment les
programmes d'accès à l'égalité qui visent notamment
les femmes, les membres des communautés culturelles, les personnes
handicapées et les autochtones. L'examen par le Conseil des
thèmes privilégiés par la commission du budget et de
l'administra-
tion nous a permis d'orienter notre intervention sur les questions
relatives à la dotation des emplois et au développement des
ressources humaines. Le programme d'accès à
l'égalité étant en vigueur au sein de la fonction publique
du Québec depuis le printemps de 1990, d'aucuns croiraient non opportune
l'intervention du Conseil des communautés culturelles et de
l'immigration devant la commission du budget et de l'administration, dont le
mandat est d'étudier l'opportunité de maintenir en vigueur ou, le
cas échéant, de modifier la Loi sur la fonction publique. Notre
organisme, tout en croyant à l'impact positif à moyen terme du
programme d'accès a l'égalité, demeure fermement convaincu
que beaucoup reste à faire dans ce domaine.
Permettez-nous de faire un bref rappel des principales
réalisations du Conseil dans le domaine couvert par le thème que
nous avons choisi de traiter en priorité, à savoir: la dotation
des emplois et te développement des ressources humaines. Le dossier de
l'accès à l'égalité en emploi est un des dossiers
majeurs du Conseil. Le dossier de l'accès à
l'égalité... Excusez-moi. Nous ne mentionnerons pas le contenu et
l'ampleur de la correspondance ainsi que les échanges de documents
intervenus entre le Conseil, les ministères et les organismes
concernés par la gestion des ressources humaines dans la fonction
publique du Québec. Cette correspondance et ces documents touchent
différents éléments dont la dotation, la planification,
l'administration, l'organisation, la direction, le développement et
l'évaluation des ressources humaines.
Au nombre des publications du Conseil sur la question, retenons un avis
à la ministre des Communautés culturelles et Immigration
intitulé Programmes d'accès à l'égalité en
emploi à l'intention des communautés culturelles, jalon pour une
société harmonieuse qui a été publié en
1988; une étude dont le titre est Pour une meilleure
représentation des communautés culturelles dans la fonction
publique québécoise, octobre 1988; un rapport-synthèse
publié suite à une Journée d'étude organisée
par le Conseil le 4 novembre 1988; un document intitulé Programme
d'accès à l'égalité en emploi à l'intention
des communautés cuttureltes, publié en mars 1988, et, enfin, un
avis à la ministre des Communautés culturelles et immigration
intitulé Sur la création de services de référence
de candidature de personnes des communautés culturelles, qui a paru en
1989.
Dans l'avis à la ministre sur Les programmes d'accès
à l'égalité en emploi à l'intention des
communautés culturelles, jalon pour une société
harmonieuse, le Conseil réclamait l'implantation de programmes
d'accès à l'égalité pour les communautés
culturelles, en particulier dans le secteur public. Le Conseil faisait
remarquer que les membres des Communautés culturelles
représentaient moins de 4 % des effectifs globaux de la fonction
publique québécoise, pourcentage qui est à peu près
le même aujourd'hui. Si l'on considère la définition des
communautés culturelles, la clientèle cible retenue par le
Conseil du trésor et l'Office des ressources humaines qui est: "Les
membres des minorités visibles et les personnes qui sont de langue
maternelle autre que le français et l'anglais", le taux de
présence dans l'effectif de la fonction publique et pour l'ensemble des
catégories d'emploi est de 1, 7 %.
En tenant compte de ce cadre historique, le Conseil veut d'abord
souligner le concept très important qui est mentionné dans le
document de consultation à propos du mandat de la présente
commission parlementaire, il s'agit du concept de changement traduit selon les
termes suivants: "les articles de la loi ont pour but de faciliter et de
permettre l'accomplissement de la mission, fournir au public des services de
qualité auxquels il a droit en introduisant une philosophie nouvelle de
gestion des ressources humaines de la fonction publique. "
En abordant le coeur de notre présentation devant la commission
du budget et de l'administration, nous avons encore un écho des propos
de son président et député de Vanier, M. Jean-Guy Lemieux.
Vous disiez en substance, M. le Président, que cette consultation
publique, prévue par la loi, sera l'occasion de mettre au jour tous les
problèmes que vit la fonction publique québécoise et d'en
identifier les causes. La commission parlementaire veut vérifier si le
ConseH du trésor et si les gestions de chacun des ministères ont
pris leurs responsabilités depuis sept ans. Et je cite ici un article du
journal La Presse, qui a paru en octobre 1990, où votre
déclaration s'achevait sur les considérations suivantes. Je cite
encore: "la Loi sur la fonction publique a été sanctionnée
le 22 décembre 1983 pour répondre à quatre objectifs:
contrer la lourdeur de la réglementation antérieure, accentuer
l'autonomie de gestion des ministères et des organismes, assouplir la
règle du mérite pour améliorer la
représentativité de groupés minoritaires dans la fonction
publique et freiner la prolifération des vérifications et des
contrôles du Conseil du trésor. "
Le Conseil des communautés culturelles et de l'Immigration se
présente en commission parlementaire en ayant conscience de l'ensemble
des mesures prises depuis 1983, et qui ont été
déterminantes dans l'atteinte des objectifs de la réforme de la
fonction publique proposée à l'époque Mieux, depuis plus
de cinq ans qu'il existe, le Conseil des communautés culturelles et de
l'immigration a participé de diverses manières aux actions des
instances responsables de l'application de la Loi sur la fonction publique en
vue de répondre adéquatement aux. exigences d'une philosophie
nouvelle de gestion des ressources humaines.
Le Conseil est donc capable de mesurer l'ampleur du chemin parcouru vers
l'atteinte de l'objectif principal de la loi. Notre intervention
va porter initialement sur la progression des travaux d'implantation des
moyens prévus pour atteindre les objectifs mis de l'avant lors de la
mise à jour de la loi, le 1er juillet 1984, les articles 80 et 81, et
depuis le 1er mars 1985, notamment en la section 2 sur la dotation,
c'est-à-dire celle qui englobe les articles 42 à 54
inclusivement. Nous estimons que le cadre législatif constitué
par la loi est convenable, mais nous voulons saisir la commission du budget et
de l'administration sur le fait qu'en matière de gestion des ressources
humaines, les modalités d'implantation et la mise en oeuvre des
politiques et des mesures visant l'opérationalisation du programme
d'accès à l'égalité de la fonction publique, marque
une rupture importante et constitue un facteur majeur de changement dans le
moteur et l'âme de la fonction publique que sont les ressources
humaines.
Dans le chapitre suivant, le Conseil veut ouvrir la réflexion sur
l'avenir, en essayant rapidement d'élaborer autour de la notion de
changement dans la gestion des ressources humaines, qui est le véritable
enjeu pour la fonction publique québécoise à la fin de ce
siècle. Par la suite, avant de dégager quelques recommandations,
nous allons mettre en évidence le fait que l'accès à
l'égalité représente, au sein de la fonction publique, le
principal défi de l'action concertée dans le contexte des
mutations socioculturelles, économiques et politiques qui traversent la
société québécoise des années
quatre-vingt-dix. Défi qui ne pourrait être que difficilement
relevé si une conception réductrice de l'égalité
venait miner les intentions mêmes du PAE.
Je voudrais maintenant parler de la dotation des emplois et du
développement des ressources humaines, en particulier, ici, la notion de
changement dans la gestion des ressources humaines, un enjeu de taille. Le
programme d'accès à l'égalité de la fonction
publique du Québec, pour les membres des communautés culturelles,
est une intervention intégrée au processus de la gestion des
ressources humaines. Cette intervention constitue le changement le plus
remarquable du développement des ressour ces humaines des
dernières décennies pour les quelque 60 000 fonctionnaires
régis par la loi. Le Conseil des communautés culturelles et de
l'immigration croit nécessaire de prendre la mesure de ce changement qui
représente un enjeu de taille dans le cadre et au-delà de
l'exercice d'examen et de révision de la Loi sur la fonction publique.
Le programme d'accès à l'égalité, le PAE de la
fonction publique, vise donc à rendre le personnel, à tous les
niveaux, plus représentatif de l'ensemble des ressources humaines
disponibles. Cette opération est organisée dans une perspective
d'équité à l'égard de tous les groupes qui
composent la population, mais également au profit d'une utilisation
optimale des compétences dont l'employeur qu'est la fonction publique du
Québec peut disposer.
On peut définir un tel programme comme un processus de changement
planifié et global mis en oeuvre par la fonction publique du
Québec en vue de déterminer et de supprimer la discrimination
dans son système d'emploi, d'assurer une représentation
équitable des membres des groupes victimes de discrimination dans tous
les secteurs et à tous les niveaux d'emploi et de responsabilité.
Nous considérons que le PAE de la fonction publique, en plus de
contribuer à réduire les inégalités, permet
à l'employeur, c'est-à-dire l'État, d'en tirer un certain
nombre de bénéfices reliés, notamment, à
l'amélioration des méthodes de planification et de gestion des
ressources humaines, l'accès à un bassin élargi de
main-d'oeuvre qualifiée, la diminution des risques de poursuites
judiciaires intentées en vertu des lois antidiscriminatoires. La mise en
place de tous le processus et l'implantation du PAE dans la fonction publique
constitue la réalisation d'un changement qui mobilise les
énergies tout en déclenchant de fortes résistances.
Ce changement important prend à la fois la forme d'une
réorganisation administrative et celle d'une révision de la
culture organisationnelle de la fonction publique. Comme ces changements
s'effectuent en parallèle avec la rationalisation des effectifs, la mise
en place de nouveaux systèmes informatiques dans un contexte de
conditions économiques difficiles et de bouleversements des valeurs
socioculturelles, nous comprenons qu'ils vont entraîner une modification
en profondeur des politiques qui servent l'application de la loi actuellement
en révision. La fonction publique du Québec est
véritablement à l'aube d'une période de mutation. C'est un
enjeu de taille. Pouvons-nous aller jusqu'à dire que le PAE pourrait
représenter pour la fonction publique une opportunité
stratégique?
Envisager la démarche vers l'accès à
l'égalité sous l'angle d'un profond changement opportun à
opérer nous semble stimulant. Il est aussi vrai que vouloir
négliger les revendications des femmes face aux conditions de travail ou
celles des minorités socioculturelles en faveur du droit à la
différence et à l'accessibilité économique, c'est
lutter contre un mouvement irréversible dont la fonction publique ne
peut sortir gagnante à long terme.
Notre souci, au Conseil des communautés culturelles et de
l'immigration, quand nous examinons les changements nécessaires
occasionnés par l'implantation puis l'opérationalisation dans la
fonction publique, c'est principalement de mesurer l'ampleur exacte de ces
changements. C'est un défi de taille, car il implique de dépasser
les aspects techniques, légaux et l'ensemble des éléments
des négociations patronales et syndicales qui accompagnent le
développement d'un PAE. Avant de revenir sur ces considérations
pratiques que nous aborderons dans le
chapitre suivant, nous voulons expliquer rapidement qu'au-delà
des statistiques, le PAE dans la fonction publique exige une modification de la
culture organisationnelle et un changement d'attitudes au sein des ressources
humaines. "Ce sont les attitudes et les politiques qui seront mises en cause"
explique le correspondant de la Presse canadienne à Québec dans
un article paru dans le journal La Presse du 9 octobre 1990.
Comment modifier la culture organisationnelle de la fonction publique?
Comment changer les ressources humaines? Nous n'avons pas de recettes à
vous proposer. Nous voulons simplement montrer que le défi du changement
est un défi de taille pour la fonction publique. Faire évoluer la
culture organisationnelle pour la rendre plus conforme à de nouvelles
valeurs d'accès à l'égalité, représente une
entreprise importante. Modifier la culture veut dire réussir un certain
nombre d'opérations:
Développer un projet d'entreprise et définir un
énoncé de valeurs claires, qualité et efficacité
des services.
Créer et renforcer le leadership du maître d'oeuvre de
l'implantation de la loi, le Conseil du trésor, afin de soutenir le
projet de la fonction publique et d'en assurer la
crédibilité.
Identifier la cause du changement. II faut que les personnes
concernées connaissent les raisons et l'importance de la cause pour
justifier un changement.
Définir un plan de communication. Dès le début du
projet de changement, il faut informer rapidement et efficacement tous les
intervenants sur les enjeux, les buts et les étapes du changement. La
participation des personnes concernées est proportionnelle au
degré d'information reçue.
Former en fonction des besoins des ressources humaines. Un changement de
culture doit être appuyé par des mesures adéquates de
formation. Différentes approches pourront être utilisées -
ateliers, colloques, travail en équipe -
Renforcer les acquis. Il est primordial, dans un processus de changement
de la culture organisationnelle et des mentalités, de reconnaître
les progrès accomplis, de soutenir les actions prises et de manifester
de manière tangible aux ressources humaines l'intérêt de la
fonction publique pour les changements visés.
Le changement au sein des ressources humaines est relié à
tous les autres changements. Effectuer des changements draconiens dans
l'affectation du personnel peut permettre d'apporter un regard nouveau et une
contribution différente au succès de l'opération de change
ment des attitudes. Plus fondamentalement, il est important de travailler au
changement d'attitudes avec le personnel en place qui souvent ne demande
qu'à collaborer. Les programmes d'information et de formation sont
primordiaux. Nous allons rapidement passer en revue quelques aspects pratiques
du Programme d'accès à l'égalité de la fonction
publique avant de dégager quelques recommandations que nous
présentons à la commission du budget et de l'administration.
Les programmes d'accès à l'égalité.
"Bienvenue dans la fonction publique aux membres des communautés
culturelles" sont les termes utilisés par le président du Conseil
du trésor et ministre délégué à
l'Administration et à la Fonction publique, en conclusion de son
allocution le 20 mars 1990, lors de l'annonce officielle de la mise en place du
PAE de la fonction publique québécoise. Bienvenue dans la
fonction publique, c'est aussi le titre d'un dépliant qui fait la
promotion du PAE gouvernemental. Le Conseil des communautés culturelles
et de l'immigration est satisfait de la réalisation du PAE de la
fonction publique du Québec pour les membres des communautés
culturellles suivant un échéancier de quatre ans (1990 à
1994). (16 h 45)
Ce programme complet vise à augmenter le niveau de
représentation des membres des communautés culturelles dans la
fonction publique afin qu'il rejoigne celui de leur disponibilité
externe, soit 9 %. Pour y parvenir, le PAE fixe à 12 %, pour une
période de quatre ans, le taux d'embauche par voie de recrutement
externe pour toutes les catégories d'emploi des membres des
communautés culturelles. Précisons que ce programme s'adresse aux
membres des minorités visibles et aux personnes dont la langue
maternelle est autre que le français et l'anglais. Mais un facteur
pouvant grandement influencer le degré réel d'accès des
membres des communautés culturelles à la fonction publique est le
type de définitions que l'on donne au concept même
d'égalité.
Le concept d'égalité ne fait pas l'unanimité au
Québec. Difficile à saisir, de par sa distinction entre
égalité formelle et égalité véritable, il se
prête difficilement à une définition rigoureuse à
cause de sa valeur symbolique et de l'évolution de la
société qui lui attribue un sens pouvant rapidement
évoluer.
Ce n'est que depuis le début des années quatre-vingt que
le Québec et le Canada ont inscrit dans leurs lois le principe
d'égalité. Avant cette date, ce principe ne constituait pas une
norme dont l'observance était assurée par les tribunaux; il
s'agissait, tout au plus, de l'une des composantes du principe de
l'égalité ou de primauté du droit - rule of law - dont
notre droit constitutionnel non écrit avait hérité par le
biais du préambule de la loi constitutionnelle de 1867 A V. Decey,
historien bien connu pour sa définition do l'égalité pro
forma, écrivait en 1885, dans son Introduction to the Study of
Constitutional Law, que l'égalité, c'est "la sujétion
égale de toutes les classes aux lois ordinaires du pays
administrées par les tribunaux ordinaires". C'est sur cette notion
étroite d'égalité que s'est longtemps appuyée la
jurisprudence en matière de traitement des minorités.
En fait, l'affirmation abstraite du principe d'égalité
dans une société libérale n'a guère de
signification pour les groupes défavorisés, à moins qu'il
n'y ait de la part des autorités étatiques des interventions
égalitaires. Un traitement égalitaire ne signifie pas un
traitement identique.
Le Conseil des communautés culturelles et de l'immigration
souscrit entièrement à une interprétation du concept
d'égalité, qui suppose que l'égalité n'est pas
simplement ou même primordialement un traitement identique, mais
plutôt le fait de corriger les injustices subies par certains groupes. Et
puisque cette dernière interprétation s'adresse directement
à la réalité de l'inégalité, elle
répond mieux, croyons-nous, à l'objectif général du
PAE.
La Cour suprême du Canada a d'ailleurs clairement indiqué
que le concept de désavantage est au coeur même de la recherche de
l'égalité et que l'égalité nécessite un
traitement équitable qui tient compte de la situation des individus
plutôt qu'un traitement simplement égal.
Malheureusement, encore trop de personnes dans la fonction publique ou
même dans certaines sphères gouvernementales semblent s'inspirer
du concept étroit de l'égalité formelle. Lorsque les
personnes responsables du recrutement s'en tiennent à une telle
interprétation, les membres des groupes minoritaires font face à
des difficultés quasiment insurmontables: d'une part, la
comparabilité exigée se heurte au fait que la norme donnant droit
à l'égalité est souvent impossible à atteindre;
d'autre part, le désavantage qu'occulte l'égalité formelle
devient presque impossible à prouver.
II ne nous semble pas téméraire d'affirmer que beaucoup
reste à faire avant que I'ensemble des membres de la fonction publique
acceptent le fait que des mesures correctives favorisant les membres des
communautés culturelles s'imposent pour pallier aux carences
évidentes dans certains secteurs d'activités. Accepter le PAE
comme un état de fait est une chose, reconnaître la justice
fondamentale de ce programme en est une autre.
En débutant ce dernier chapitre de notre mémoire, avant
celui des recommandations, nous soulignions, dans le libellé de notre
titre, le fait que pour le Conseil des communautés culturelles et de
l'immigration, les PAE représentaient le défi des années
quatre-vingt-dix. Nos préoccupations dans le contexte de restriction
économique et de rareté des emplois que nous connaissons,
s'étendent à des aspects qui, dans un avenir proche, à
notre avis, mériteront une attention plus grande.
En effet, quelle que soit la direction que prendra notre
société après la phase de redéfinition de son
avenir politique et constitutionnel que nous vivons actuellement,
l'accès à l'égalité deviendra progressivement un
phénomène social d'envergure. Cette mutation de
l'intérêt d'un nombre grandissant de personnes pour les questions
de justice sociale et d'équité, dans tous les secteurs de
l'activité économique, culturelle et politique, causera des
remous et fera émerger de nouvelles problématiques.
Au nombre de ces problématiques, le Conseil retient la place
prépondérante que prendra le principe d'égalité et
l'avènement de nouvelles formes de discrimination (indirecte et
systémique) qui nécessiteront une évolution des concepts
juridiques dans le domaine du droit du travail et de l'application des chartes
des droits de la personne. Dans le rapport de la Commission royale
d'enquête qu'elle soumettait au gouvernement fédéral
à Ottawa, en 1984, la juge Rosalia S. Abella insistait sur le fait que
la lutte à la discrimination systémique devait devenir un choix
de société. Elle ajoutait, et je cite: "Le principe
d'égalité doit avoir pour objet de corriger le plus rapidement
possible une situation engendrée par un état d'esprit et un mode
de pensée qui limitent de façon arbitraire les femmes, les
autochtones, les personnes handicapées et les minorités
visibles". Une forme de discrimination attire l'attention des
spécialistes, celle qui est inscrite dans les systèmes d'emploi
et qui existe même derrière des pratiques apparemment neutres: la
discrimination systémique.
Dans l'introduction de son livre sur le sujet, Mme
Marie-Thérèse Chicha-Pontbriand précise: "Cette
discrimination est en effet de nature dynamique, en constante évolution
sous l'influence de variables de nature diverse: économiques,
psychologiques, législatives et autres; l'interaction de ces variables
contribue à maintenir, et souvent, amplifier la situation
d'inégalité on emploi des membres des groupes cibles". Dans le
secteur do l'emploi, l'auteur donne une autre définition: "La
discrimination systémique en emploi est une situation
d'inégalité cumulative et dynamique résultant de
l'interaction sur le marché du travail de pratiques, de comportements ou
de décisions, individuels ou institutionnels, ayant des effets
préjudiciables, voulus ou non, sur les membres de groupes visés
par l'article 10 de la Charte. C'est à ce type de discrimination que le
PAE s'attaque directement.
Le Conseil des communautés culturelles et de l'immigration
reconnaît le rôle primordial que doit jouer chacun des
ministères et des organismes pour contribuer à l'atteinte de
l'objectif gouvernemental. Nous approuvons le fait que le plan d'action
organisationnel ait été retenu comme mesure
privilégiée pour l'application du PAE. Cette décision
s'appuie sur l'expérience du programme d'équité en emploi
pour les femmes. Le plan d'action organisationnel est un outil de gestion qui
permet à chacune des organisations, à l'intérieur de la
fonction publique, de traduire la situation spécifique de cette
clientèle dans son effectif, d'identifier la problématique
particulière de son organisation et de déterminer ses propres
priorités d'intervention qui lui permettront
d'atteindre le taux d'embauche et d'intégrer cette
clientèle à son organisation.
Outre l'implication des sous-ministres et l'engagement des gestionnaires
qui constituent des gages importants pour la mise en oeuvre efficace du PAE et
sa réussite, le Conseil tient à mettre l'accent sur l'importance
des mesures de sensibilisation et de celles qui visent l'amélioration du
processus de dotation et le développement des ressources humaines.
L'échéancier général de réalisation ainsi
que l'organisation et la répartition des responsabilités et les
mécanismes de suivi sont expliqués et présentés en
détail, suivant l'ordre des objectifs et des mesures dans un document
public. Il s'agit du guide officiel intitulé Programme d'accès
à l'égalité, publié par le Conseil du
trésor, en mars 1990. Tous les éléments du programme sont
importants et le document a le mérite de mettre en évidence, dans
les pages 55 à 60, les rôles et responsabilités des
ministères et des organismes dont la participation et l'action
concertée sont indispensables à la réalisation du PAE
gouvernemental.
Il nous paraît impératif de s'assurer do la mise en
application concrète de l'ensemble des éléments du
programme décrit dans ce guide. D'autre part, le ministère des
Communautés culturelles et Immigration doit continuer à jouer un
rôle central dans le dossier du PAE. En effet, il est responsable de
l'élaboration et de la diffusion de l'énoncé de politique
sur les relations interculturelles et interraciales. Il informe et sensibilise
la population sur le profil socio-économique et culturel des diverses
communautés culturelles et sur leur intégration à la
société québécoise. Il participe à la
diffusion des sessions de formation destinées au personnel de la
fonction publique. Il publicise auprès des membres des
communautés culturelles le programme d'accès à
l'égalité conçu à leur intention. Il est
consulté pour la réalisation du répertoire des personnes
issues des communautés culturelles qui sont prêtes à
siéger aux comités de sélection Il participe, avec divers
intervenants, à l'identification des instances responsables d'accorder
la reconnaissance des diplômes. Il siège à la table de
concertation en matière d'évaluation linguistique - connaissance
du français -. Enfin, le ministère des Communautés
culturelles et Immigration veille à l'harmonisation des cueillettes de
données effectuées par les divers intervenants qui ont un
rôle à jouer à l'égard de la clientèle
cible.
Sur ces considérations, qui ouvrent la voie à de
nombreuses questions, s'achève la présentation du Conseil des
communautés culturelles et de l'immigration devant la commission du
budget et de l'administration, dans le cadre de la consultation
générale portant sur la révision de la Loi sur la Fonction
publique. Nous arrivons à notre dernier chapitre qui porte sur les
recommandations que nous formulons.
Le Président (M. Lemieux): Mme Folco, nous avons en main
ces recommandations-là. Alors, nous allons éviter d'avoir
à vous les faire lire. Nous avons aussi pris connaissance de votre
mémoire. On en a des résumés qui ont été
distribués aux membres de cette commission. Alors, M. le
député de Limoilou, la parole est à vous.
M. Després: Merci, M. le Président. Une couple de
questions, rapidement. À la page 17, dans vos recommandations, vous
dites, dans le premier paragraphe: "En guise de conclusion, le Conseil voudrait
exprimer au Conseil du trésor, à l'occasion de cette consultation
publique et en présence des membres de la commission parlementaire, sa
satisfaction pour l'ensemble des actions qui ont mené à
l'implantation du programme d'accès à l'égalité. "
Et dans les recommandations qui suivent, il n'y a aucune recommandation qui
modifie comme telle la Loi sur la fonction publique. Est ce qu'on peut conclure
que la loi, pour vous, est satisfaisante et que le succès du programme
d'accès à l'égalité réside uniquement dans
la façon dont il sera appliqué?
Mme Folco: Nous pensons que oui. C'est-à-dire que nous
avons mis l'emphase, dans notre mémoire, sur la façon dont le
programme va être reçu à l'intérieur de la fonction
publique. J'ai parlé de discrimination systémique. Nous pensons
que la loi nous satisfait, telle qu'elle a été formulée.
Ce que nous espérons et ce que nous souhaitons, c'est que la
façon dont la loi va être réalisée à
l'intérieur de la fonction publique, cela aussi va nous satisfaire dans
le temps. Pour le moment, nous n'avons pas d'évaluation suffisamment
profonde pour voir dans quelle mesure les embauches, à
l'intérieur de la fonction publique, répondent à la loi.
Mais en ce qui concerne la loi elle même, oui.
M. Després: Donc, ce que vous voulez, ce sont des mesures
de contrôle qui vont permettre de vous assuror quo vous allez atteindre
les objectifs dans le cadre du programme d'accès à
l'égalité.
Mme Folco: Voilà. M. Després: Ce sont...
Mme Folco: Effectivement, ce sont les mesures de contrôle.
Mais ce qui nous semble important aussi, c'est de sensibiliser et d'informer,
d'une part, à l'intérieur de la fonction publique, pour que les
fonctionnaires et, en particulier, les hauts fonctionnaires, soient plus
réceptifs à la loi et puissent donc faire fi peut-être de
la discrimination systémique qui existe à l'intérieur de
la fonction publique. Donc, d'une par), une question d'information ot de
sensibili sation à l'intérieur; d'autre part, une question
d'information et de sensibilisation auprès du public. Je pense
que nous sommes aujourd'hui dans une conjoncture économique qui va
peut-être engendrer un plus haut taux de chômage Compte tenu de
cela, il se pourrait que nous ayons à faire face à ce qu'on
appelle communément un "backlash" de la part de la population ou d'une
partie de la population, qui pourrait nous demander: Comment se fait-il que
nous réservons une place, un 12 % des places dans la fonction publique
à une partie de la population et que le reste de la population n'a pas
accès à ces 10 % d'embauché? Donc, je pense qu'il est
important, compte tenu de la situation économique, aujourd'hui, qui
risque de s'empirer, que le public, lui, soit informé et puisse bien
comprendre le bien-fondé de ce statut, de ce règlement.
M. Després: Pour revenir à la Loi sur la fonction
publique, à la page 9 de votre mémoire, quand vous vous
interrogez en disant: "Comment modifier la structure organisationnelle de la
fonction publique?", vous dites, en commençant: "Comment changer les
ressources humaines? Nous n'avons pas de recette à proposer." Mais dans
les points que vous détaillez, au deuxième point, vous dites:
"Créer et renforcer le leadership du maître d'oeuvre de
l'implantation de la loi - Conseil du trésor - afin de soutenir le
projet de fonction publique." C'est toujours par rapport a votre programme
d'accès à l'égalité?
Mme Folco: Toujours.
M. Oesprés: Toujours. Donc, le leadership dont vous parlez
là, c'esf strictement dans le cadre du programme d'accès à
l'égalité.
Mme Folco: Oui.
M. Després: Strictement.
Mme Folco: Nous nous en sommes tenus, dans nos commentaires,
à ces programmes-là.
M. Després: Ça va, M. le Président, pour
l'instant, pour moi.
Le Président (M. Lemieux): Le député de
Saint-Louis a peut-être une ou deux questions. (17 heures)
M. Chagnon: Je voudrais vous remercier, Mme Folco, au nom de
notre groupe parlementaire, d'avoir présenté ce mémoire et
de nous indiquer un peu la problématique que des membres, non seulement
des minorités visibles, mais des membres des communautés
culturelles peuvent avoir à s'intégrer à la fonction
publique. Un des freins, semble-t-il, à notre volonté commune de
voir s'améliorer le nombre et le pourcentage de membres de
communautés culturelles dans la fonction publique, serait le fait -
c'est un fait - que l'essentiel de la fonction publique
québécoise se trouve à Québec. Ce n'est pas
vraiment l'endroit où on retrouve un nombre suffisant, semble-t-il, de
membres des communautés culturelles. Malgré une politique
d'accès à légalité que le gouvernement a
instituée, ce serait un frein qui, semble-t-il, limiterait passablement
la capacité et la volonté des membres des communautés
culturelles à s'intégrer dans la fonction publique. Est-ce que
c'est un argument que vous avez déjà entendu? Comment vous
le...
Mme Folco: C'est un argument que nous entendons souvent, M. le
député.
M. Chagnon: Classique.
Mme Folco: Si vous permettez... Est-ce que je vous ai
coupé? Non. Voici. Il est bien clair qu'un grand pourcentage des
communautés culturelles sont établies dans la région
montréalaise, la région métropolitaine de Montréal.
Cependant, nous croyons qu'il y a un nombre plus important que cela ne
paraît de membres des communautés culturelles qui se
présentent aux concours de la fonction publique. Malheureusement,
lorsqu'on parle aux fonctionnaires et qu'on essaie de savoir, justement, quelle
est cette situation, de façon numérique, quelles sont les
statistiques qui nous permettraient, justement, de savoir le nombre des membres
de la fonction publique qui se présentent au premier palier, qui
parviennent au second palier et ainsi de suite. Les fonctionnaires nous
répondent que ces statistiques n'existent pas, que, pour le moment, la
question n'est pas posée aux candidats, ce qui ne permet donc pas de
savoir combien, effectivement et dans la réalité, de personnes se
présentent - personnes des communautés culturelles, toujours -
aux concours. Si nous avions ce chiffre-là, je pense qu'on pourrait
répondre peut-être en posant moins d'hypothèses.
L'hypothèse que je poserais, c'est la suivante: qu'effectivement,
si la fonction publique, dans ses effectifs, était plus nombreuse
à Montréal, il se pourrait bien qu'il y ait un chiffre plus
important de membres des communautés culturelles qui se
présentent aux concours. Soit. Mais je pense que la discrimination
systémique, insidieuse, à l'intérieur de la fonction
publique, fait aussi que les personnes qui se présentent ne parviennent
pas à décrocher l'emploi. Je pense qu'il faut regarder ces deux
aspects-là. Et il ne faut pas trop mettre l'accent sur le fait que la
fonction publique est à Montréal. Parce que lorsqu'on a
déjà déménagé d'un pays pour en arriver dans
un autre et qu'on y va pour des raisons souvent qui vont nous permettre de
vivre mieux que dans notre pays d'origine, je pense que de
déménager, disons, de l'Uruguay pour arriver au Canada ou au
Québec, c'est une grosse chose comparativement à
déménager de
Montréal à Québec. Lorsqu'on va à la
recherche d'emploi, on est prêt à faire bien des choses. Alors je
pense qu'il ne faut pas trop miser sur cette chose, tout en disant bien que
c'est un des facteurs.
Le Président (M. Lemieux): Merci beaucoup, M. le
député de Saint-Louis. M. le député de La
Prairie.
M. Lazure: Oui, merci, M. le Président. Je voudrais dire
à Mme la présidente que notre formation politique est d'accord
avec l'objectif qu'il y ait le plus rapidement possible dans la fonction
publique le pourcentage équivalent à ce que vous
représentez dans la population totale, soit environ 9 %. C'est une lutte
que les Québécois francophones ont menée pendant plusieurs
années, plusieurs décennies, plusieurs générations
avec le gouvernement central, le gouvernement fédéral, et
même aujourd'hui, au moment où on se parle, que je sache, la
représentation des Québécois dans la fonction publique
fédérale n'est pas de 25 %. Ce qui serait normal puisque nous
sommes 25 % du total de la population canadienne. Alors, nous partageons cet
objectif et, cependant, le député de Saint-Louis l'a
soulevé tantôt - je voulais le soulever -, il est bien sûr
que ce qui aiderait, probablement, c'est que votre bassin de population
à desservir, à savoir les communautés culturelles, si
elles essaimaient un peu plus, si elles allaient un peu plus dans les diverses
régions du Québec, je pense que cet objectif serait rempli plus
rapidement.
J'ai une question à vous poser. La première recommandation
que vous faites, vous dites: "Qu'une instance dûment identifiée,
autre que l'Office des ressources humaines, reçoive le mandat
d'évaluer périodiquement le degré d'application du PAE et
les résultats obtenus par secteur. " Pourquoi un autre organisme que
l'Office des ressources humaines?
Mme Folco: Simplement, il nous semblait important que cette
instance soit extérieure à l'Office des ressources humaines et
puisse regarder avec un certain éloignement, et puisse analyser de
façon plus objective, peut-être, et puisse évaluer les
résultats du Programme d'accès à
l'égalité.
M. Lazure: Avez-vous en tête un organisme quelconque?
Mme Folco: Non, je n'ai personne en tête,
précisément. Je sais qu'il y a un certain nombre d'individus,
à Montréal, en particulier, qui ont voulu se regrouper pour
assurer l'évaluation - je ne peux pas dire de quelle façon - mais
pour assurer l'évaluation des programmes d'accès d'année
en année. Ce sont des individus qui ont pris sur eux la charge et la
responsabilité de le faire Ce que nous demandons, nous, dans cette
première recommandation, c'est que cette instance soit dûment
identifiée par le gouvernement et que cette évaluation fasse
partie du Programme d'accès à l'égalité
lui-même.
M. Lazure: Mais depuis que le Conseil existe, depuis 1984,
sûrement que vous avez dû avoir, d'année en année,
des chiffres de l'Office des ressources humaines. Est-ce que vous avez des
critiques à formuler sur les réponses que l'Office donnait aux
demandes du Conseil? Je ne parle pas de vous personnellement. Je comprends que
vous êtes nouvelle, mais le Conseil existe quand même. Vous avez eu
une prédécesseure. Est-ce que vous avez des raisons de critiquer
la qualité ou la quantité des réponses données par
l'Office?
Mme Folco: Non. Je voudra/s dire deux choses. D'une part, je ne
veux pas critiquer la qualité des remarques, des commentaires ou des
analyses qui ont été produites par l'Office des ressources
humaines. Ce n'est pas du tout le cas. D'autre part, compte tenu du fait que le
Programme d'accès à l'égalité n'a même pas un
an, il a été proclamé au mois de mars, l'année
dernière, nous n'avons pas eu de motif de demander à l'Office des
ressources humaines l'évaluation des programmes qui concernaient les
communautés culturelles. Mais je tiens à souligner qu'il n'y a
pas de blâme ou de raison négative pour laquelle nous voudrions
que ce soit un organisme autre que l'Office qui mène cette
évaluation.
M. Lazure: J'ai devant moi le rapport de la gestion des
ressources humaines de novembre 1989 où on dit que le pourcentage des
communautés culturelles, dans la fontion publique, est de 3, 9 %, mais
je n'ai pas les pourcentages pour les années antérieures. Vous
faites allusion au plan qui a été rendu public
dernièrement, mais, d'autre part, depuis que le Conseil existe, depuis
1984, il y a eu un effort fait par les gouvernements. Mais vous n'avez pas les
pourcentages annuellement.
Mme Folco: Malheureusement, je ne peux vous donner aucun chiffre.
Je peux, en revenant à Montréal demain matin, retrouver les
chiffres dont vous parlez. Ce que j'ai voulu faire cet après-midi,
devant la commission, c'est de me centrer sur le Programme d'accès
à l'égalité parce que c'est un programme gouvernemental
qui nous permet de demander quelque chose de bien objectif et de bien
situé.
M. Lazure: Oui, oui.
Mme Folco: Je pense qu'à ce moment-là, on peut
demander une évaluation sur des objectifs qui ont été bien
ciblés.
M. Lazure: Oui, il y a eu un programme semblable pour les
personnes handicapées, mais on sait que ça n'a pas donné
de très bons résultats à date. J'espère que vous
aurez un meilleur résultat que les personnes handicapées ont
eu.
Mme Folco: Je vous remercie M. Lazure.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M le
député de La Prairie. Dernière question, M le
député de Nelligan. Brièvement, puisqu'il y a eu une
entente comme de qupi. On est un polit peu pressés par le temps, alors
M. le député de Nelligan, la parole est à vous. Comme je
sais que vous n'êtes pas intervenu beaucoup, alors prenez donc tout le
temps à votre disposition.
M. Williams: Merci, M le Président. Merci, Mme Folco pour
votre présentation aujourd'hui. Je vais essayer d'être assez bref.
J'ai trois volets à ma question ou trois questions. L'un - et ce
n'était pas vraiment touché dans le mémoire - des quatre
termes que nous étudions aujourd'hui, c'est la qualité du
service. Je voudrais savoir si le Conseil a reçu les commentaires des
communautés culturelles sur la qualité des services de notre
fonction publique. Ce n'est pas vraiment touché, ce n'est pas la
priorité. Je vais demander trois questions très courtes pour
\/ous donner une chance. L'autre...
Le Président (M. Lemieux): Si possible, des
réponses brèves. Si possible Allez-y, M. le
député.
M. Williams: Je pense que nous avons reçu le message.
L'autre, c'est... Après nous, le gouvernement a engagé les
personnes. Est-ce qu'elles sont bienvenues? Qu'est-ce que nous pourrions faire
pour aider les communautés culturelles à se sentir plus
bienvenues dans notre fonction publique? Je ne parle par de communication sur
l'embauche. Je parle après qu'elles sont engagées.
Troisièmement - et peut-être que vous ne voudrez pas
répondre - , nous avons entendu quelques fois, aujourd'hui, que la
communauté d'expression anglaise veut avoir un programme d'accès
à l'égalité aussi, un peu comme le Programme
d'accès à l'égalité dont vous avez discuté
aujourd'hui. Je voudrais avoir vos commentaires sur cette demande
Mme Folco: Ce sont vos trois questions, M le
député?
M. Williams: Ce sont les trois questions courtes.
Mme Folco: Je vous remercie. Pour la première question qui
traite de la qualité et de l'efficacité des services rendus aux
citoyens, je dois dire que lorsque nous avons été invités
à présenter notre mémoire devant la commission, nous avons
voulu nous centrer sur quelque chose qui concerne plus particulièrement
les communautés culturelles et les immigrants. C'est la raison pour
laquelle nous n'avons pas parlé des quatre points au total. Nous avons
voulu nous centrer sur un point qui était la dotation des emplois et le
développement des ressources humaines. Ce que je peux vous dire de
façon plus informelle, peut-être, c'est que, en ce qui concerne la
qualité et l'efficacité des services rendus aux citoyens,
à ma connaissance, parmi les membres des communautés culturelles
que je côtoie dans mon emploi, il ne semblerait pas que les citoyens -
les citoyens des communautés culturelles, on s'entend - soient outre
mesure insatisfaits des services, de la qualité ou de
l'efficacité des services. Réponse très courte.
En ce qui concerne la deuxième question, les membres des
communautés culturelles, une fois embauchés dans la fonction
publique, sont-ils les bienvenus? Voilà justement un des
problèmes qu'on appelle la discrimination systémique. C'est que
pour que les membres des communautés culturelles se sentent bienvenus
dans la fonction publique, il faut qu'ils sentent qu'une fois embauchés,
ils ont la possibilité d'avoir accès à des emplois
supérieurs. Et il y a, dans la fonction publique, à ma
connaissance, peu ou même pas - j'irais même à aller
jusque-là - d'emplois supérieurs qui soient... où des
communautés culturelles sont titulaires d'emplois supérieurs.
Donc, il doit y avoir - comment je vais dire - un genre de volonté, de
la part des cadres supérieurs de la fonction publique, de faire savoir
aux personnes qui sont déjà à l'intérieur qu'il y a
une bonne possibilité pour ces personnes-là de monter dans la
hiérarchie de la fonction publique.
Il y a aussi un certain nombre de recommandations que nous avons faites,
justement, aux pages 17 et 18, c'est à-dire que... en particulier
à la page 18. la sensibilisation de la population à
l'intérieur de la fonction publique pour que les fonctionnaires
comprennent le bien-fondé des programmes d'accès à
l'égalité. Et ça a été une partie du texte
que je vous ai présenté cet après-midi,
c'est-à-dire l'égalité à l'emploi, et des sessions,
peut-être, de sensibilisation pour que ses cadres supérieurs - et
je mise beaucoup sur les cadres supérieurs, parce que c'est là
que la politique se fait - puissent comprendre pourquoi les membres des
communautés culturelles ont besoin de programmes d'accès à
l'égalité pour pouvoir, d'une part, entrer dans la fonction
publique et, d'autre part, monter dans la fonction publique. Je pense que le
bien-fondé de ces programmes n'est pas toujours bien compris par
l'ensemble de la fonction publique québécoise.
Troisième question - je passe très rapidement - en ce qui
concerne la population anglophone du Québec et les programmes
d'accès à l'égalité. Je pense que vous-même
vous le savez
qu'il m'est impossible de me prononcer, en tant que présidente
des communautés culturelles et de l'immigration, sur la population
anglophone, puisque la population anglophone elle-même ne désirait
pas être considérée comme une communauté culturelle
au Québec Je ne pourrai donc pas répondre à la question.
Par contre, on pourrait se rencontrer à l'extérieur, j'aurais
peut-être des choses qu'on pourrait discuter ensemble.
M. Williams: Merci beaucoup de votre réponse.
C'était très clair.
Le Président (M. Lemieux): Nous vous remercions, Madame,
d'avoir participé à cette commission parlementaire et nous
demandons maintenant à Mme Élisabeth Allard de bien vouloir
prendre place à la table des témoins. Vous disposez, Mme Allard,
d'une dizaine de minutes environ pour résumer votre mémoire.
Permettez-moi de vous dire que l'ensemble, ici, des membres de la commission du
budget et de l'administration ont lu votre mémoire. Il y a un tableau
synthèse qui en a été fait et, personnellement, moi, je le
considère très intéressant. Il y a des côtés
théoriques, mais il y a des aspects pratiques qui soulèvent des
questions excessivement intéressantes aux yeux..., en tout cas, à
mes yeux personnellement. Je tiens à vous le mentionner. Et j'aimerais
savoir une chose de vous en commençant: Est-ce que vous travaillez au
sein de la fonction publique?
Mme Allard (Elisabeth): Non.
Le Président (M. Lemieux): Non? Ça va Alors,
voulez-vous vous identifier pour fins de l'enregistrement du Journal des
débats
Mme Elisabeth Allard
Mme Allard: D'accord. M. le Président, MM. les membres de
la commission, mon nom est Élisabeth Allard. La position contenue dans
mon mémoire se résume de la façon suivante. Le rythme de
la réforme de l'administration publique, entreprise avec la loi de 1983,
doit être maintenu et intensifié. Nous verrons d'abord pourquoi la
poursuite de la réforme est nécessaire et ensuite comment cette
réforme peut s'articuler. (17 h 15)
Premièrement, les raisons motivant la poursuite de la
réforme. D'une part, on constate que l'amélioration de la
qualité et de l'efficacité des services publics demeure une
préoccupation constante. En effet, le niveau d'efficacité
visé n'a pas été atteint par l'approche axée sur le
contrôle des ressources et sur une réponse bureaucratique des
demandes de la société. D'autre part, diverses pressions
s'exercent en faveur de la poursuite de changements dans la gestion
publique.
Premièrement, la complexité et la rapidité des
changements dans l'environnement des entreprises publiques et privées,
sur les plans socio culturel, économique, technologique et
politique.
Deuxièmement, l'État, comme rouage important de
l'économie nationale, d'où la nécessité d'un
secteur public efficace pour relever les défis économiques de
l'avenir.
Troisièmement, le sentiment général
d'insatisfaction des usagers qui semble exister à l'égard du
secteur public. On sait que les usagers sont souvent confrontés à
des tracasseries administratives et à des délais
interminables.
Quatrièmement, l'environnement de travail bureaucratique et
contraignant des fonctionnaires, qui s'éloigne de la définition
d'une gestion véritable. On entend par gestion, normalement, la
définition des objectifs et l'harmonisation des objectifs avec les
ressources et la fluidité de l'environnement, d'une part, et on entend
aussi la direction du personnel. Cet environnement de travail rend les
fonctionnaires démotivés et peu orientés vers les
résultats à atteindre.
Cinquièmement, l'avènement d'une nouvelle approche pour
gérer les ressources humaines, ce qu'on appelle la gestion
stratégique des ressources humaines, qui signifie une démarche
intégrée, proactive, axée sur le long terme et permettant
l'intégration de la dimension ressources humaines à la gestion
globale d'une organisation.
Sixièmement, la prise de conscience de la communauté
d'affaires à l'égard de la nécessité de
considérer les ressources humaines comme la source d'un avantage
concurrentiel durable, permettant ainsi d'assurer le succès et la survie
à long terme des entreprises privées.
Septièmement, les transformations importantes, au sein de
l'administration publique de la plupart des pays industrialisés, que ce
soit à l'égard des modes de gestion, notamment la gestion du
personrtel, de la prestation des services, de la formulation des politiques ou
des systèmes de contrôle. Et enfin, l'évolution
marquée vers un rôle plus stratégique et plus central des
premiers responsables de la fonction ressources humaines à
l'intérieur des organisations, tel que l'ont démontré les
résultats d'une recherche portant sur 21 vice-présidents ou
directeurs des ressources humaines d'entreprises québécoises.
Alors, on a vu le pourquoi de la réforme, la poursuite de la
réforme de la gestion publique. Maintenant, les recommandations à
l'égard de l'articulation de la réforme. Compte tenu des forces
poussant aux changements énoncés précédemment, des
considérations économiques à long terme, des
considérations budgétaires à court terme et de la
nécessité de répondre aux besoins du public, la Loi sur la
fonction publique doit être modifiée de façon à
mettre l'accent sur
l'amélioration de l'efficacité gouvernementale globale et
sur la qualité des services
En conséquence, un nouveau style de gestion doit être
adopté, considérant la gestion des ressources humaines comme
élément moteur de l'accroissement, de l'efficacité de la
gestion publique. Cette nouvelle vision que je propose nécessite donc le
repositionnement et le renouvellement de la fonction ressources humaines, qui
peuvent être envisagés sous six angles différents.
Premièrement, une gestion des ressources humaines
stratégique, c'est-à-dire qui se situe plus près des
centres de décision, qui détient une importance égale
à la gestion financière; ce qui implique la
nécessité d'établir un véritable rapport de force
par la séparation des responsabilités en matière de
gestion des ressources humaines de celles liées aux questions
financières et, donc, une modification des rôles des organismes
centraux, soit l'Office des ressources humaines et le Conseil du
trésor.
Deuxième recommandation une gestion des ressources humaines
décentralisée, c'est-à-dire le maintien de la
délégation dos compétences d'administration du personnel
au sous ministre et dirigeants des ministères et organismes, ainsi que
la décentralisation des pouvoirs le plus près des personnes
intéressées, à l'intérieur des ministères et
organismes.
Troisièmement, une gestion des ressources humaines
prévisionnelle et intégrée, ce qui comporte quatre
implications. L'Office des ressources humaines sera chargé uniquement de
la définition d'une vision globale de la gestion des ressources
humaines, d'orientation des ressources humaines à long terme et de
politique générale de gestion des ressources humaines. Les
tâches opérationnelles actuellement accomplies par l'Office dos
ressources humaines seront placées sous la responsabilité des
ministères et organismes. Un processus de coordination
interministériel devra être établi par l'Office des
ressources humaines afin d'assurer la cohérence de l'action
gouvernementale et l'Office des ressources humaines devra participer activement
à la négociation centralisée des conventions collectives
en vue d'intégrer les principes généraux de gestion des
ressources humaines au contenu des conventions.
Quatrième recommandation: une gestion des ressources humaines
axée sur les clients. Les fonctionnaires, particulièrement le
personnel en contact, devront prendre en considération les besoins des
usagers et veiiler à la satisfaction des clients. C'est en se
préoccupant des objectifs de qualité des services publics que les
fonctionnaires pourront le mieux contribuer à la réussite
organisationnelle.
Cinquièmement: une gestion des ressources humaines faisant
évoluer la fonction publique vers une culture du service public comme
moyen souple de contrôle et intégrant des éléments
clés comme l'autonomie d'action, l'esprit d'initiative, la
responsabilité, la performance, la qualité, la réalisation
des objectifs.
Dernière recommandation: une gestion des ressources humaines
flexible, c'est-à-dire la simplification et la modernisation des
systèmes et pratiques de gestion des ressources humaines afin d'en
accroître la souplesse et la flexibilité, et afin de permettre
à l'organisation d'évoluer dans un cadre de gestion moins
complexe et de s'adapter plus rapidement aux changements environnementaux et
organisationnels.
En conclusion, ces six recommandations font ressortir l'importance de
considérer les ressources humaines comme un actif plutôt que comme
un coût, actif que l'on doit développer, valoriser et mobiliser.
C'est ainsi que des effets positifs à long terme, comme l'accroissement
de la productivité et de l'efficacité gouvernementale, pourront
être générés et permettront à la fonction
publique québécoise de franchir aisément le cap du XXe
siècle. Merci.
Le Président (M. Lemieux): Merci. Mme Allard. M. le
député de Limoilou, vous avez des questions?
M. Després: Oui. Vous proposez dans votre mémoire,
entre autres, un rapatriement de la gestion des ressources humaines en
confiant, notamment, la responsabilité globale de cette fonction
à l'Office des ressources humaines, entre autres, les politiques
générales et la vision d'ensemble dans le domaine. D'autre part,
vous soulignez que vous déléguez aux ministères et aux
organismes la tâche d'exécution reliée à la gestion
des ressources humaines qui est présentement effectuée, elle, par
l'Office. On sait que ce type de délégation est souvent mal
perçu par les ministères et par les organismes, où on se
dit souvent que les organismes centraux gardent ce qui est le plus
intéressant et délèguent ce qui l'est moins. Ce qui donne
l'impression aux ministères et aux organismes de leur faire perdre
l'autonomie de l'utilisation de leurs ressources qui sont, pour eux,
déjà rares. Comment contrez-vous cette réaction?
Mme Allard: Je crois d'abord qu'il ne s'agit pas de
déléguer des choses moins intéressantes aux
ministères et organismes, mais, plutôt, de rapatrier certains
pouvoirs ou certaines... l'ensemble des fonctions concernant la gestion des
ressources humaines, de façon à ce que chaque ministère et
organisme puisse exercer une responsabilité à cet égard.
Et je pense que ça ne diminue pas, au contraire, l'autonomie, parce que
lorsque l'Office des ressources humaines établit un cadre ou un plan
d'ensemble de gestion des ressources humaines, il ne s'agit pas d'imposer ce
plan-là, mais de le véhiculer de façon à respecter
les réalités des différents ministères et
organismes qui, eux, seront chargés d'intégrer ces grandes
politiques-là à l'intérieur de leur
réalité et de leur contexte.
Le Président (M. Lemieux): Vous parlez des grandes
orientations?
Mme Allard: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Dans ce sens-là?
Mme Allard: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Vous pouvez continuer M. le
député de Limoilou.
M. Després: Oui. Compte tenu de la connaissance que vous
avez présentement de la fonction publique, croyez-vous que la conviction
que vous exprimez, quant à l'importance que vous donnez du facteur
humain dans l'organisation, est profondément partagée au niveau
des gestionnaires de la machine gouvernementale?
Mme Allard: Disons que c'est difficile pour moi de
répondre comme ça parce que je ne connais pas bien l'organisation
du secteur public. Cependant, à l'intérieur de mes entrevues avec
les gens que j'ai rencontrés dans le cadre de mon mémoire de
maîtrise, je pense qu'il y a quand même une préoccupation
importante en faveur de la gestion des ressources humaines, en faveur des
aspects humains. Toutefois, il semble qu'ils soient assez contraints ou
limités par l'ensemble des réglementations qui les
empêchent d'agir vraiment sur ces aspects-là.
M. Després: Mais le problème, au niveau de la
gestion, étant donné que vous êtes convaincue de
l'importance de la gestion des ressources humaines, vous ne croyez pas que, au
niveau des gestionnaires et pour les gestionnaires, il est plus important de
posséder à fond ce qu'on appelle les techniques de gestion des
ressources humaines ou plutôt les qualités personnelles qui ont
fait de lui un bon gestionnaire des ressources humaines, et qui font qu'il peut
développer un esprit d'équipe, un esprit d'appartenance à
l'organisation chez les employés qu'il dirige?
Mme Allard: Les deux éléments sont
intéressants, c'est-à-dire qu'il est nécessaire pour un
gestionnaire d'avoir certaines compétences techniques, mais il n'en
reste pas moins que des compétences reliées aux relations
humaines et à la qualité de sa gestion en regard des ressources
humaines de son unité, sont absolument essentielles pour bien
gérer une organisation. Alors...
M. Després: Ce que je veux dire, c'est: est-ce que le
gestionnaire n'a pas justement l'impression que ce sont justement les
techniques de gestion des ressources humaines qui règlent les
problèmes de gestion des ressources humaines, alors qu'il y a bien
d'autres facteurs du côté humain qui, bien souvent, peuvent
combler ces techniques-là?
Mme Allard: II est possible, effectivement, qu'ils aient cette
perception liée à l'aspect technique de la gestion des ressources
humaines, mais il faut voir aussi que dans tout le courant qui s'installe, au
niveau de la gestion des ressources humaines, on ne veut pas seulement se
préoccuper de l'aspect humain, dans le sens où on veut satisfaire
les besoins, mais on veut s'assurer do gérer nos ressources humaines en
fonction de l'atteinte des objectifs d'une organisation. Alors, il y a tout
l'aspect, quand même, rigueur et connaissance spécialisée
qui doivent intervenir. Mais, effectivement, ces deux
éléments-là sont importants dans la gestion, et je pense
qu'il faut faire attention entre insister trop sur les techniques et moins sur
les aspects humains. Je pense qu'une combinaison, un certain équilibre
entre ces deux éléments-là est intéressant.
M. Després: Merci, Mme Allard. M. le Président, je
ne sais pas si d'autres collègues ont des questions.
Le Président (M. Lemieux): M. le député des
îles-de la Madeleine.
M. Farrah: Oui, merci M. le Président, et,
brièvement, je sais qu'on n'a pas beaucoup de temps. Alors, Mme Allard,
peut-être vous féliciter, au nom de notre formation politique,
pour l'excellent mémoire que vous nous avez présenté. Deux
courtes questions. Premièrement, vous faites état, avec brio, je
pense, des perspectives de changement, l'environnement. Vous êtes
peut-être l'une des premières à nous décrire un peu
la fonction publique en rapport avec l'environnement des années
quatre-vingt-dix et de l'an 2000, en fonction de la technologie, au niveau de
la main-d'oeuvre, au niveau du libre-échange, de la mondialisation des
échanges, etc. Cependant, vous dites également un peu plus loin
dans votre mémoire, à la page 11, que la machine est lourde pour
réagir à cet environnement-là. Et je pense que c'est tout
à fait juste. Par contre, comment pensez-vous qu'on peut orienter la
machine ou la fonction publique de façon à pouvoir affronter ces
défis là, compte tenu de la lourdeur de cette machine là,
et notamment, je prends juste pour exemple la convention collective. Est-ce que
la convention collective - tout ce qui a été acquis, je pense que
c'est légitime et on ne va pas mettre ça en cause -, mais est-ce
que la convention collective, par exemple, peut être un frein, un peu,
à cette fonction publique qu'on veut, en l'an 2000, capable de pouvoir
réagir face aux changements qui nous attendent?
Mme Allard: Oui, je pense, effectivement, actuellement, dans la
façon dont les conventions
collectives sont formulées dans l'aspect surspécialisation
et surréglementation qui est contenu dans les conventions collectives,
c'est sûr que ça ne facilite pas du tout les tâches. Au
contraire, ça peut limiter la facilité ou la capacité
d'adaptation du gouvernement, la flexibilité dans les réactions
face aux changements de l'environnement. Mais je pense que c'est quand
même... Ce sont des cadres de gestion. II s'agirait peut-être de
les simplifier et de s'assurer, finalement... Je pense que les syndicats,
à tout le moins, devront être plus ouverts ou donner plus de marge
de manoeuvre. Je pense qu'il y a cet aspect-là qu'il faudra comprendre
un petit peu mieux.
Le Président (M. Lemieux): J'espère qu'ils vous
entendent.
M. Farrah: Une dernière question, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député des
Îles-de-la-Madeleine. (17 h 30)
M. Farrah: Aussi, vous comparez beaucoup le public versus le
privé. Et, dans votre analyse, lorsque vous comparez aussi ou
considérez l'environnement, au niveau de la planification
stratégique, je pense que c'est tout à fait juste et on voit
régulièrement ça, au niveau du privé. À
l'opposé, par contre, plusieurs organismes ou plusieurs personnes qui
sont venus nous rencontrer ont dit: Bon, le public et le privé,
ça ne se compare pas tellement. Alors, j'aimerais vous entendre
là-dessus. Est-ce qu'on peut, de votre point de vue, comparer la
fonction publique ou la gestion des ressources humaines dans la fonction
publique versus le privé?
Mme Allard: Je pense qu'on peut la comparer dans le sens
où la gestion des ressources humaines et les nouveaux pourants qui
entrent à l'intérieur de ça traitent beaucoup de la
qualité des services. Et ça, c'est une dimension qui est
très fréquente dans l'entreprise privée et qui est tout
aussi essentielle, sinon plus, dans le secteur public. Alors, à ce point
de vue...
M. Farrah: Mais au niveau des solutions, cependant.
Mme Allard: Oui
M. Farrah: Est-ce que les solutions sont sensiblement les
mêmes ou peuvent s'appliquer de la même façon, en termes
d'analogie?
Mme Allard: II y a des choses qui sont similaires, effectivement,
qui peuvent être appliquées de la même façon.
Lorsqu'on parle d'une culture, qu'elle soit dans le contexte du secteur
privé ou dans le contexte du secteur public... Évidemment, il y a
une culture par- ticulière pour chacun des types d'organisation. Il y a
même des cultures à l'intérieur des unités ou des
départements, mais cette dimension-là est à
élaborer dans le contexte, dans la réalité du secteur
public, mais est tout à fait comparable et non... Ça ne permet
pas de distinguer ces deux secteurs-là.
M. Farrah: Merci.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
La Prairie et nous allons revenir avec M. le député de
Saint-Louis.
M. Lazure: Je veux féliciter Mme Allard pour cette
présentation qui vient compléter l'avant dernière qui vous
a précédée, celle du Syndicat des professeurs qui,
à leur façon, dans un style complètement différent
du vôtre, nous faisait état d'une déficience majeure dans
la fonction publique quant à la gestion des ressources humaines,
déficience majeure que vous identifiez, vous aussi, mais dans une
structure théorique qui est bien intéressante.
Je constate, dans les recommandations que vous nous faites, la
première qui vise à mettre les ressources humaines sur le
même pied que les ressources financières. Quant à nous,
c'est vraiment, en tout cas, un point majeur. La question que je voulais vous
poser: À ce moment-là, vous concluez, je suppose, que c'est
nécessaire d'avoir un autre ministre, à part le président
du Conseil du trésor qui s'occupe de la gestion des ressources
financières, un autre ministre responsable qui répond auConseil des ministres de la gestion des ressources humaines?
Mme Allard: Effectivement. ;
M. Lazure: Oui. La décentralisation que vous prônez
aussi me paraît tout à fait pertinente. On nous a répondu,
il y a quelques semaines, quand on a demandé ce qui était
arrivé des objectifs qui avaient présidé à la
création du Secrétariat des relations avec les citoyens. Le
Secrétariat, qui avait été fondé, mis sur pied en
1983, qui a été dissout ensuite à la fin de 1985, visait
les mêmes objectifs que vous exposez, à toutes fins pratiques:
l'accent sur le service à la clientèle. Et on nous a dit:
Ça, depuis que nous avons aboli... Le gouvernement actuel... Depuis
1985... Depuis qu'ils ont aboli le Secrétariat, ils nous ont
répondu: C'est maintenant rendu dans les ministères et dans les
organismes. Il y a un service qui s'occupe de la qualité des relations
avec les citoyens. Je ne sais pas si, dans votre étude, vous avez
rencontré ces services-là dans les ministères, dans les
organismes.
Mme Allard: Non. Ça ne m'a pas été... Je
n'ai pas pu, eu l'occasion de voir si, effectivement, ces services-là
existaient.
M. Lazure: Ça ne s'est pas manifesté. Mme
Allard: Non.
M. Lazure: D'ailleurs, j'ai posé la question à
d'autres personnes ou d'autres groupes et ça semble, des services
très discrets dans l'ensemble de la machine. Pour dire le fond de ma
pensée, je pense que c'est carrément négligé par
l'on semble des ministères et des organismes, sauf quelques exceptions
qu'on peut identifier, mais, dans l'ensemble de la machine, c'est
carrément négligé. Par conséquent, quant à
moi, c'est un excellent réquisitoire que vous faites, au fond, pour
qu'on remette en valeur, au moins sur le même pied que la gestion des
ressources financières, sinon sur un pied supérieur, la gestion
des ressources humaines et une gestion axée sur les clients, sur le
service à la clientèle.
Alors, M. le Président, je n'ai pas d'autres questions, pas
d'autres commentaires
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Mme Allard, nous avons été
sensibilisés au fait qu'il y avait une grave carence au plan de
l'évaluation du personnel par les supérieurs
hiérarchiques. Or, si l'on parle de gestion des ressources humaines, il
me semble que c'est un des éléments fondamentaux qu'il y ait une
évaluation. Comment pensez-vous qu'on pourrait pallier à cette
carence pour arriver à un résultat qui ne soit pas
nécessairement - disons que ce n'est pas dans un esprit punitif que je
pose la question, pas ça du tout mais au fond, c'est une carence qu'il y
a dans la fonction publique que celle de l'évaluation? Je pense que
toute politique de gestion des ressources humaines doit en tenir compte.
Comment corrigeriez-vous ça?
Mme Allard: Vous avez parfaitement raison. L'évaluation du
rendement des ressources humaines est une des composantes essentielles d'un
processus complet de gestion des ressources humaines. C'est un processus,
cependant, difficile à appliquer, étant donné qu'il y a
quand même des dimensions subjectives à l'intérieur de ce
processus-là. Mais je pense que dans le contexte d'une gestion des
ressources humaines qu'on dit axée sur les clients, des gens axés
aussi sur les résultats, je pense qu'il y a moyen de repenser le
système d'évaluation du rendement en fonction de la performance
des gens, en termes d'objectif à atteindre. En ce sens-là, la
gestion des ressources humaines, l'évaluation du rendement viennent
supporter l'ensemble des politiques de gestion des ressources humaines,
l'ensemble des grandes orientations que l'on veut avoir à partir, donc,
de la gestion des ressources humaines. Alors, s'il n'y a pas
d'évaluation du rendement, effectivement, ça risque de poser
problème, mais ça n'empêche pas le fonctionnement de se
faire, mais ça ne permet pas l'échange, le feedback de se faire
de la part des cadres hiérarchiques ou subalternes.
M. Léonard: Est-ce que vous trouvez qu'il y a des
problèmes de système dans la fonction publique qui font qu'on est
incapable d'arriver à cette évaluation comme le privé?
Est-ce que vous avez mis le doigt sur un certain nombre de ces
problèmes?
Mme Allard: Je n'ai pas été en mesure, comme tel,
de voir s'il y avait, effectivement, une différence, comrrient on
pouvait modifier le système d'évaluation du rendement dans le
secteur public, pourquoi il ne s'appliquait pas de la même
manière. Je n'ai pas été en mesure de voir ça. Je
dois dire que, même dans le secteur privé, l'évaluation du
rendement est toujours une question épineuse. Ce n'est pas quelque chose
de facile à gérer et à faire appliquer par l'ensemble des
cadres hiérarchicjues. Et souvent, une des lacunes, une des faiblesses,
à cet égard, c'est le manque de support du d'appui de la part de
la haute direction en faveur d'un système d'évaluation du
rendement, et c'est tout l'ensemble des dimensions informations reliées
à l'exercice d'évaluation du rendement. On a plutôt
l'impression qu'il s'agit d'une formalité administrative. On ne voit pas
vraiment l'utilité d'évaluer correctement ces ressources humaines
de façon périodique. Il s'agit de comprendre que
l'évaluation du rendement, tout simplement, vise à gérer
le feedback vise aussi à accroître la performance des gens
M. Léonard: Je suppose que vous voyez bien que
l'évaluation, c'est quand même une des composantes majeures de
tout système de promotion par la suite. Est-ce que vous pensez que les
promotions, dans la fonction publique, sont trop automatiques ou trop faciles,
comparativement au privé ou...
Mme Allard: Trop faciles. Je ne pense pas que ce soit si facile
que ça. La seule différence, c'est que c'est beaucoup plus
axé, je crois, selon la connaissance que j'ai, sur les points, en termes
d'ancienneté. Ça, c'est un élément qui fait un
petit peu abstraction de toute la dimension performance, résultats
atteints par un employé.
M. Léonard: Alors, pour vous, la sécurité
est trop... On l'obtient trop facilement, puis ça peut... C'est à
rencontre, un peu, du mérite au rendement. C'est ça que vous me
dites?
Mme Allard: Ça vient défier un petit peu cet
élément-là.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
de
La Prairie, vous avez une question?
M. Lazure: Juste une très courte. Est-ce que votre travail
vous a permis de vous former une opinion sur le ratio de cadres par rapport
à non-cadres dans l'ensemble de la fonction publique? Est-ce que vous
trouvez qu'il y a trop de cadres, pas assez de cadres ou juste assez de
cadres?
Mme Allard: Si je fais référence à mon
étude, je dois dire tout de suite que, dans la répartition du
secteur privé et du secteur public, il y avait 13 entreprises du secteur
privé et 8 du secteur public, ce qui ne me donne quand même pas un
large échantillon pour me prononcer sur une question comme
celle-là. Mon impression personnelle est qu'il y a, on perçoit
beaucoup que la fonction publique est très hiérarchisée et
les niveaux hiérarchiques sont souvent très nombreux. Ça,
c'est une perception que je donne comme ça, mais ce n'est pas
appuyé sur ma recherche.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Oui Est ce que, d'après vous, si on
voulait s'orienter vers une gestion des ressources humaines beaucoup plus
moderne, les cadres (les cadres intermédiaires ou les cadres
supérieurs) seraient plus prêts à le prendre que le reste
de la fonction publique? Qu'est-ce qui bloque? Qu'est-ce qui fait que,
finalement, on est incapables, en tout cas, ou on n'est pas orientés
tellement vers... on n'a pas pris cette orientation?
Mme Allard: Je pense que le problème vient davantage des
niveaux supérieurs dans le sens où tant qu'on n'a pas une vision
d'ensemble, une vision globale de ce qu'on veut comme...
M. Léonard: Les conflits syndicaux n'ont pas
été un élément bloquant là-dedans?
Mme Allard: Oui. Je pense que oui. On ne peut pas penser le
contraire. Je pense qu'il y a eu un élément peut-être qui
créait des tensions. Mais je pense qu'il y a peut-être moyen de
voir comment ça peut s'intégrer, tout ça, avec une
philosophie générale.
M. Léonard: Revenons à votre proposition quant aux
structures. Vous distinguez ressources financières de ressources
humaines. À part les subventions, les opérations du gouvernement,
ça consiste à gérer des ressources humaines, parce que ce
sont des fonctionnaires qui sont là. Alors, comment feriez-vous le
partage des ressources financières par rapport aux ressources humaines?
Au fond, si le Conseil du trésor n'a plus les ressources humaines,
disons, la Commis- sion de la fonction publique, est-ce qu'il y a encore des
raisons pour le maintenir? Est-ce qu'on ne devrait pas simplement revenir
à l'ancien bon ministère des Finances?
Mme Allard: II reste toute la dimension de la négociation
des conventions collectives, dans le fond, qui, dans la proposition...
M. Léonard: Ça, c'est le Trésor et ça
ne serait pas l'Office des ressources humaines? Il me semble, tout à
l'heure, que vous avez dit que c'était l'Office des ressources
humaines.
Mme Allard: Qui devrait participer activement...
M. Léonard: Ah, participer activement. Mme
Allard:.. à la négociation centralisée.
M. Léonard: Mais qui va décider le Conseil du
trésor par rapport à la participation active dos rossourcos
humaines?
Mme Allard: Je pense qu'il faudrait qu'il y ait une implication
conjointe, une intégration entre ces deux organismes-là pour la
négociation des conventions collectives. Mais il reste que toute la
négociation, comme telle, ce sont souvent des dimensions à court
terme par rapport à toute la dimension à long terme d'une
élaboration d'une gestion des ressources humaines. Mais il y a...
M. Léonard: Parce que ce que vous proposez, c'est de
refaire le chemin inverse de ce qui a été fait depuis 15 ans. On
est partis d'un ministère des Finances et avec une grande
décentralisation dans la négociation des conventions collectives.
Graduellement, quand on regarde tout ça, on est arrivés à
un entonnoir où c'est, finalement, le Conseil du trésor qui
négocie, qui administre et qui contrôle. Alors, là, on
refait le chemin inverse. Parce que c'est ça, finalement. On avait
l'impression de devenir moderne, je suppose, en centralisant.
Mme Allard: Les principes modernes sont actuellement beaucoup
plus vers la décentralisation. C'est un fait. Il y a quand même
des organismes qui ont, dans les secteurs publics à
l'étranger...
M. Léonard: Ça m'amène à une
question.
Mme Allard:... qui ont rapatrié la partie
négociations collectives avec la gestion des ressources humaines.
Là, je ne suis pas sûre dans quelle mesure ça sera
efficace, mais...
M. Léonard: Bon. Il y a tout un aspect de votre
mémoire qui touche à la décentralisation,
très bien, mais si l'on décentralise, qu'en est-il de la
déréglementation? Parce qu'au fond, ça suppose qu'il y a
un esprit majeur qui préside à l'administration des ressources
humaines, à la gestion des ressources humaines et si, en même
temps, on veut décentraliser, parce que ça aussi, c'est un
courant fort à la mode, alors, comment va-ton concilier ça?
Mme Allard: Avec la déréglementation?
M. Léonard: Déréglementation,
décentralisation.
Mme Allard: Je pense que ce sont des éléments qui
devraient aller dans le même sens. Si on décentralise, on
devrait...
M. Léonard: Parce qu'on est dans une fonction publique
là. On n'est pas chez le dépanneur où l'employé est
sous la surveillance de son patron presque immédiat. Une fonction
publique, il y en a 60 000 et je suppose que ça prend des règles;
autrement, vous arrivez très vite à l'arbitraire. Enfin, je pense
qu'il y a quelques questions qui se posent dans ce sens-là.
Mme Allard: C'est sûr qu'il faut qu'il y ait des
règles. Il faut qu'il y ait une forme du politique qui encadre la
gestion dans le secteur public. Mais je pense qu'il y a peut-être moyen
de simplifier ce qui existe déjà. Je pense qu'actuellement, c'est
surréglementé. Les gens ne peuvent plus fonctionner sans aller
voir dans le petit livre ou dans le manuel ce qui se passe. On n'a plus de
marge de manoeuvre.
M. Léonard: On mentionnait, par exemple, ce matin, que des
gestionnaires, dans un ministère, pour aller plus vite, pour
régler et pour être bien efficaces, évitaient pratiquement
les concours de promotion. Bon, je suppose que, là, on va dire que c'est
de la déréglementation de facto. Mais si on veut respecter les
programmes d'accès à l'égalité de l'emploi et
toutes sortes d'autres espèces de programmes qu'on met en place dans la
fonction publique, il faut quand même maintenir de la
réglementation. Et la Commission de la fonction publique, ce matin, est
venue dire aussi que, finalement, il faudrait qu'elle ait la haute main sur un
certain nombre d'éléments qui lui échappaient et qui
causaient des problèmes, à l'heure actuelle. Je trouve qu'on a
des objectifs, mais pour y arriver, parfois, il faut passer par la
réglementation. Alors, poursuivre les deux en même temps,
ça fait quelques contradictions en cours de route.
Mme Allard: II y a quand même possibilité, je crois,
d'avoir des guides plus généraux que de la réglementation
dans le détail. (17 h 45)
M. Léonard: Oui, oui. Je suis d'accord.
Mme Allard: Je pense qu'on peut gérer de façon
sommaire quelles sont les principales orientations sans aller dans le
détail des procédures et des sous-règlements et des
articles.
M. Léonard: Vous feriez de la réglementation
à deux ou trois niveaux, sans suivre nécessairement tous les
niveaux hiérarchiques, au moins à dos niveaux plus restreints,
mais à quelques niveaux.
Mme Allard: Oui, de façon à laisser une plus grande
marge de manoeuvre aux décideurs, aux gestionnaires.
M. Léonard: Merci beaucoup.
Le Président (M. Lemieux): Merci. Alors, nous vous
remercions de votre participation à cette commission parlementaire et
nous allons suspendre environ deux minutes pour permettre à M. Denis
Verville de prendre place à la table des témoins.
(Suspension de la séance à 17 h 47)
(Reprise à 17 h50)
Le Président (M. Lemieux): La commission du budget et de
l'administration reprend ses travaux, dans le cadre de son mandat, pour
entendre M. Denis Verville. Bonjour M. Verville. Voulez-vous bien vous
identifier personnellement pour les fins de l'enregistrement du Journal des
débats.
M. Denis Verville
M. Verville (dénis): Je m'appelle Denis Verville. Je
travaille pour le ministre de l'Énergie et des Ressources à titre
d'employé saisonnier. Je présente ce mémoire à
titre de citoyen. Est-ce que je parle assez fort?
Le Président (M. Lemieux): Vous parlez assez fort et on
sera d'autant plus attentif que vous le présentez à titre de
citoyen. Je veux que vous vous sentiez bien à l'aise dans cette grande
salle. C'est aussi la vôtre. Soyez bien à l'aise.
M. Verville: Merci. Je le présente à titre de
citoyen et de travailleur dans la fonction publique.
M. le Président, ma présence en ce lieu n'est pas le fruit
du hasard ni celui d'un destin quelconque, mais c'est la
nécessité des choses ou le bon sens qui m'a poussé
à me produire à cette commission du budget de l'administration
sur l'étude de l'opportunité de maintenir en vigueur
ou, le cas échéant, de rpodifier la Loi sur la fonction
publique du Québec. Cette nécessité des choses, M. le
Président, découle d'une conjoncture qui dépasse
l'entendement au niveau de l'accessibilité à la fonction publique
du Québec. D'un côté, il y a le simple citoyen qui ne
pourra jamais avoir accès à la fonction publique du Québec
à titre de fonctionnaire permanent, car le recrutement se fait par voie
de concours, en allant carrément chercher l'élite
théorique de la population québécoise.
D'un autre côté, le simple citoyen qui a réussi
à accéder à un poste occasionnel ou saisonnier, à
partir d'une banque d'emploi, est obligé, après 3, 5, 10, 15 et
même 18 ans de loyaux services, de passer un concours ouvert au public et
de le réussir avec succès afin d'être promu comme
fonctionnairo permanent sur son propre poste, si ce poste a été
reconnu comme un poste permanent.
M. le Président, comme on peut le constater, il y a un
sérieux problème au niveau de la fonction publique du
Québec. Ainsi, la permanence n'est pas à la portée du
simple citoyen, ce qui va contre les articles 3.3 et 3.5 de la Loi sur la
fonction publique du Québec. De plus, l'employé occasionnel ou
saisonnier, n'est pas reconnu au niveau de son expérience de travail et
de sa loyauté, ce qui va contre les articles 2 et 3.1 de la Loi sur la
fonction publique du Québec.
M. le Président, la Loi sur la fonction publique du Québec
crée ainsi certaines injustices et il est impérieux qu'elle soit
modifiée dans un esprit où la probité humaniste l'emporte
sur la probité élitisle statutaire.
M. le Président, il importe de vous dire qu'une bonne loi sur la
fonction publique se doit de tenir compte et de respecter la nature humaine de
l'individu, des groupes ethniques, du rapport homme-femme, des personnes
handicapées physiquement. mentalement et des différentes couches
sociales qui composent la société québécoise.
Également, une bonne fonction publique se doit d'avoir un système
organisationnel sain, organique, humain, qui reconnaît la nature humaine
de chaque personne qui la compose et de la population qui attend de la fonction
publique du Québec des services de qualité.
Présentement, M. le Président, nous pouvons dire que
l'esprit de la présente loi a tous les attributs possibles pour
respecter cet idéal selon les articles 2 et 3 de la Loi sur la fonction
publique du Québec. L'article 1 nous démontre ainsi que la
mission de la fonction publique est de fournir au public les services de
qualité auxquels il a droit. Par contre, l'article 2 nous précise
un mode d'organjsation des ressources humaines destiné à
favoriser; 1. l'efficience de l'administration ainsi que l'utilisation et le
développement des ressources humaines d'une façon optimale; 2.
l'exercjce des pouvoirs de gestion des ressources humaines le plus près
possible des personnes intéressées et l'application d'un
régime selon lequel le fonctionnaire investi de ces pouvoirs de gestion
dort rendre compte, compte tenu des moyens mis à sa disposition; 3.
l'égalité d'accès de tous les citoyens à la
fonction publique; 4. l'impartialité et l'équité des
décisions affectant les fonctionnaires; 5. la contribution optimale, au
sein de la fonction publique, des services des diverses composantes.
Comme vous pouvez vous en rendre compte, M. le Président, les
fondements d'une bonne fonction publique sont déjà en place. Il
s'agit donc de les appliquer adéquatement et de s'assurer que les autres
articles de la loi ne les ternissent. En conséquence, M. le
Président, concernant l'accessibilité à la fonction
publique du Québec, nous pensons fortement qu'il faut se départir
du caractère élitiste de la loi sur la fonction publique du
Québec, car l'esprit de l'article 42 de la Loi stipule que les
fonctionnaires sont recrutés par voie de concours, ce qui va contre les
principes de l'article 3.3 sur l'égalité d'accès de tous
les citoyens à la fonction publique et de l'article 3.5 sur la
contribution optimale au sein de la fonction publique des diverses composantes.
Donc, la nature humaine des citoyens des diverses composantes de la
société est brimée, car la promotion par voie de concours
ne s'intéresse qu'à l'élite qui ne représente qu'un
infime échantillon de la société québécoise.
Pour remédier à cette injustice, nous proposons de remplacer
l'article 42 par le suivant: "Les fonctionnaires sont recrutés et promus
par voie de recrutement populaire et cela, sans concours écrit, en
tenant compte des alinéas numérotés 3 et 5 de l'article
3." Désormais, il faudra remplacer partout où il sera
mentionné dans le texte de la Loi sur la Fonction publique, le mot
"concours" par la séquence des mots suivants "du recrutement
populaire".
M. le Président, en remaniant l'article 42 de la présente
loi, il devient évident que le processus de dotation sera modifié
dans sa phase de sélection du personnel. En somme, le principe de
sélection élitiste est anéanti. En l'occurrence, M. le
Président, le recrutement populaire pourrait s'inspirer, dans une
certaine mesure, du processus de recrutement des occasionnels et des
saisonniers, mais en s'assurant qu'il n'y ait pas de fraude. Un des moyens pour
éliminer cette fraude serait peut-être de choisir, de façon
aléatoire, les personnes qui ont postulé à un nouveau
poste de travail dans la fonction publique dont l'avis est apparu dans les
journaux, selon une clientèle cible. Exemple: ça pourrait
être du recrutement populaire auprès des groupes ethniques.
De plus, M. le Président, concernant l'accessibilité
à la permanence pour les employés de la fonction publique du
Québec dont le statut d'emploi est soit occasionnel, soit saisonnier,
nous croyons, M. le Président, qu'il est impératif, juste,
équitable, normal, logique et naturel que
les personnes dont le poste de travail a été
considéré comme permanent - actuellement il y a 3500 postes qui
l'ont été par le Conseil du trésor et par l'Office des
ressources humalnes n'aient pas à passer par voie de concours
spécifique ou externe. Il est farfelu de procéder autrement.
Présentement, M. le Président, il y a des employés
occasionnels ou saisonniers qui travaillent à leur poste de travail
depuis plusieurs années. Certaines personnes oeuvrent ainsi loyalement
depuis 3, 5, 10, 15 et même 18 ans. M. le Président, ces simples
citoyens travaillant dans la fonction publique du Québec ont
prouvé qu'ils étaient compétents dans leur travail
puisqu'ils sont là depuis de nombreuses années et que les
employeurs de chaque unité administrative avaient la latitude et
l'opportunité de ne pas renouveler leur contrat à chaque
année. Donc, M. le Président, vous avez une preuve directe de
leur compétence. C'est une évidence.
Pire, M. le Président, lorsque l'on explique cette situation
organisationnelle au monde des affaires, de la gestion, des étudiants,
de la population, en général, la plupart sont d'accord que les
gens dont le poste a été considéré comme permanent
aient la permanence sans concours. Bref, M. le Président, pour
démontrer que nous ne fabulons pas, une pétition a circulé
dans trois organisations dont voici les copies que je pourrai vous donner
tantôt, et tous, d'une façon majoritaire, peu importent la
catégorie d'emploi - fonctionnaire, professionnel - et le statut
d'emploi - permanent, occasionnel, saisonnier, étudiant - ont
répondu favorablement à la pétition.
Donc, afin de respecter les articles 2, 3. 1 et 3. 3 de la Loi sur la
fonction publique et de reconnaître la loyauté des employés
occasionnels, saisonniers et même étudiants, nous proposons de
généraliser l'article 164 de la façon suivante: "Le
gouvernement du Québec attribue le statut de permanent au fonctionnaire
dont le statut est soit saisonnier, soit occasionnel, soit étudiant qui
satisfait à toutes les conditions suivantes: "1. il occupe un emploi qui
fait partie des activités régulières de son
ministère ou de son organisme; "2. sa fiche de notation démontre
qu'il est un employé qui mérite d'avoir le statut de permanent
selon les dispositions de l'article 14, si nécessaire; "3. il a
été identifié par le gouvernement du Québec et l'un
des syndicats de la fonction publique du Québec; "4. il a fait l'objet
d'une déclaration d'aptitudes par l'Office des ressources humaines.
"
Aussi, M. le Président, concernant la reconnaissance de
l'employé occasionnel, saisonnier et étudiant d'être un
fonctionnaire à part entière, nous souhaitons vivement que les
articles 83 à 85 qui excluent de la présente loi ces statuts
d'emploi, sauf pour les articles 64 à 76, soient biffés.
Également, il serait urgent de mieux définir le mot
"fonctionnaire" de l'article 1 de la Loi sur la fonction publique du
Québec afin que la définition inclue tous les statuts d'emploi
Par exemple. cette modification pourrait se lire de la façon suivante:
"Toute personne visée dans le présent article esf un
fonctionnaire et toute personne rémunérée en fonction de
tâches bien précises dans la fonction publique du Québec
est considérée comme fonctionnaire, peu importe que le statut
d'emploi soit permanent, soit saisonnier, soit occasionnel, soit
étudiant. " (18 heures)
Enfin, M. le Président, concernant l'agressivité de
l'environnement externe de la fonction publique du Québec, tant au
niveau des catastrophes environnementales que des crises sociales, nous
proposons d'ajouter un article qui stipulerait que le ou la fonctionnaire ne
doit pas subir de préjudice au niveau de son emploi s'il y a à
l'extérieur de la fonction publique du Québec des catastrophes
environnementales, des émeutes, des rébellions, des insurrections
ou d'autres épiphénomènes de ce genre.
Merci.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. Verville. Vous faites
état dans votre mémoire d'abolir le recrutement par voie de
concours inscrit à l'article 42 de la loi et de le remplacer par du
recrutement populaire, car le recrutement par voie de concours, vous le
définissez comme étant élitiste, et le recrutement
populaire sans concours, vous dites qu'il pourrait s'inspirer du processus des
employés occasionnels et saisonniers. Peut être les deux questions
que j'aimerais poser: Par quel mécanisme la loi pourrait-elle rendre
transparente cette procédure de recrutement populaire? Et la
deuxième question: Est-ce qu'un organisme central serait responsable de
cette opération de recrutement populaire?
M. Verville: Le mécanisme, ça, il y a plusieurs
façons d'après moi, là. Je dirais, à simple titre
de citoyen, que ce mécanisme-là pourrait se faire au niveau du
recrutement qui se fait présentement paf les journaux. Il y a un avis
qui est envoyé au niveau des journaux. La première étape
pourrait se faire comme elle se fait présentement. Une fois que
l'individu s'inscrit à ce concours-là, il pourrait, une fois
qu'il est inscrit - disons, il y a 100 personnes - il pourrait y avoir un genre
de sélection aléatoire de ces 100 personnes dans le but d'avoir
seulement un échantillon global de...
Le Président (M. Lemieux): Je comprends ce que vous me
dites. Les conditions d'admission à un corps d'emplois n'existeraient
plus?
M. Verville: Oui, ça existerait. Disons qu'un individu est
biologiste, qui applique à un concours. Il appliquerait à ce
concours-là. Ce serait un recrutement populaire.
Le Président (M. Lemieux): Sans aucune réserve.
M. Verville: Comment?
Le Président (M. Lemieux): Sans aucune réserve, de
quelque nature qu'elle soit.
M. Verville: II pourrait y avoir des réserves. Il pourrait
ne pas y en avoir, tout dépendant du type, de la nature du poste.
Disons, s'il n'y a pas de réserve, au moins, il pourrait y avoir
une formation académique. Premièrement, cest la formation
académique. C'est un biologiste dont ils ont besoin. Disons, s'il y a
100 biologistes qui s'inscrivent à ce concours-là, c'est
sûr que parmi les 100 biologistes il y a une élite
là-dedans. Il y en a peut-être cinq qui sont très,
très bons, au niveau théorique, mais il y en a d'autres, la
classe moyenne, là-dedans, il y a beaucoup plus de monde de la classe
moyenne, et il y a d'autres personnes aussi qui sont moins bonnes. En y allant
de façon aléatoire, je pense qu'il pourrait y avoir des
élites, il pourrait y avoir beaucoup plus de monde dans la moyenne des
choses et quelques personnes qui sont un peu moins bonnes au niveau
académique. En faisant un choix de façon aléatoire, de
cette manière-là. disons que tu choisis 10 personnes
aléatoires. Tu passes une entrevue. Il y aurait une entrevue qui serait
passée pour ces 10 personnes-là. Au niveau de ces 10 personnes
là, il y aurait une personne qui serait choisie ot, après, il y
aurait une évaluation de cet individu-là qui pourrait se faire
durant une période de six mois. Là, ce serait beaucoup plus
concret. L'individu il serait dans un milieu de travail et puis on pourrait
être plus en mesure de voir comment il peut réagir face à
une situation de crise, etc. Je pense que ce serait beaucoup plus juste de
cette manière-là. Au niveau d'un concours, le me demande vraiment
la validité d'un concours, la valeur réelle d'un concours sur le
plan humain, sur sa dimension comme telle. Je ne pense pas qu'un concours
puisse évaluer un individu pour dire: Ça c'est une personne
compétente, d'après un concours. Là, c'est de même
que l'appareil gouvernemental pense. Il pense qu'un concours, ça donne
la compétence, mais ça, je ne pense pas. On pourrait prendre deux
individus: un qui a passé un concours avec succès et un autre
individu qui n'a pas passé le concours et avec deux emplois similaires.
Dans les deux cas, je pense que les individus, ils resteraient en emploi
et...
Le Président (M. Lemieux): Quel organisme, selon vous,
serait responsable de ce concours?
M. Verville: L'organisme responsable, je crois que c'est la
Direction des ressources humaines.
Le Président (M. Lemieux): De chaque ministère ou
d'un organisme central?
M. Verville: Ça peut être l'Office des ressources
humaines, en collaboration avec la Direction des ressources humaines, en
collaboration avec le gestionnaire, en collaboration avec le Conseil du
trésor et en collaboration avec les syndicats comme tels. Il pourrait y
avoir un genre d'étude. Avant de tout faire ceci, il faut étudier
comme il faut l'aspect social ou les différentes composantes de la
société québécoise. Il y a x pour cent de groupes
ethniques, il y a x pour cent de personnes qui sont handicapées, et puis
il s'agit de regarder les proportions, au niveau de la société,
et puis de les appliquer, autrement dit, au niveau de la fonction publique.
C'est d'avoir l'image de la population québécoise au niveau de la
fonction publique. La population québécoise n'est pas une
élite. Il y a différents groupes là-dedans, il y a
différentes composantes. Je crois que c'est beaucoup mieux d'avoir une
fonction publique qui est à l'image de la population que d'avoir une
fonction publique qui est à l'image d'une vision un peu
élitiste.
Le Président (M. Lemieux): Ça va. Je vous remercie,
M. Verville. D'autres questions? Avez-vous des questions, M. le
député de La Prairie?
M. Lazure: Oui, merci, M. le Président. J'avais une
question sur votre recommandation 5, quand vous dites: Ajouter un article qui
stipulerait que le fonctionnaire ne doit pas subir de préjudice au
niveau de son emploi s'il y a à l'extérieur de la fonction
publique des catastrophes environnementales, des émeutes, des
rébellions, etc. Je ne comprends pas trop trop à quelle sorte de
situation vous faites allusion...
Une voix:...
M. Lazure: Oui, d'une part. Est-ce que vous avez des informartons
secrètes à l'effet qu'on aurait une autre catastrophe
environnementale, écologique ou une autre émeute? Mais,
sérieusement, est-ce que vous pouvez nous donner un peu plus de
détails sur cette recommandation-là?
M. Verville: Prenons un exemple: Saint-Basile-le-Grand. Il y a eu
une catastrophe au niveau environnemental et puis, suite à ça, il
y a eu un gel des fonds dans la fonction publique et puis, c'est ça...
Au niveau financier, ce qui arrive, au niveau des ressources
financières, matérielles, etc., c'est bloqué, et puis ce
sont les individus, ce sont les fonctionnaires qui paient pour ça. Je
pense que ça ne devrait pas arriver, ces
épiphénomènes-là. Comme ce qui est arrivé,
disons, cet été, au niveau des autochtones, ce qui est
arrivé à Châteauguay, ce qui est arrivé à
Oka, c'est malheureux, ce qui est arrivé, mais c'est arrivé, puis
c'est de valeur. Ce n'est pas juste aux fonctionnaires à payer pour
ça. Les
fonctionnaires, je pense, sont prêts à payer, mais que tout
le monde paie pour ça. Si c'est l'État qui doit payer pour
ça, ce n'est pas correct.
M. Lazure: Si ça peut vous rassurer, moi, comme
contribuable, je paie une bonne partie de ça aussi, parce que les 50 000
000 $ que coûtent Saint-Basile et Saint-Amable et les 150 000 000 $ que
coûte la crise amérindienne, ce ne sont pas seulement les
fonctionnaires qui vont écoper, on va tous écoper
là-dessus.
M. Verville: Ce ne sont pas seulement les fonctionnaires, mais,
aussitôt qu'il y a des catastrophes de ce genre, on semble vouloir geler
le côté monétaire...
Le Président (M. Lemieux): M. le
député...
M. Verville:... et d'empêcher les ressources humaines, en
tout cas, d'empêcher l'organisation...
M. Lazure: Je comprends, oui.
Le Président (M. Lemieux): M. le député des
Îles-de-la-Madeleine, vous avez une dernière question.
M. Farrah: Oui, M. le Président, c'est un bref
commentaire. C'est que je ne pense pas que ça a amené des mises
à pied de fonctionnaires ou quoi que ce soit, qu'une telle crise arrive.
Je pense que c'est très difficilement gérable, une telle
proposition. C'est quoi une crise? Qui déciderait que c'est une crise ou
pas? En tout cas, ça m'apparaît quand même difficilement
gérable, une chose comme ça.
M. Verville: Une crise, vous avez un exemple, ce qui est
arrivé à Oka, Châteauguay...
M. Farrah: Est-ce qu'il y a eu un impact sur les
fonctionnaires?
M. Verville: Comment?
M. Farrah: Est-ce qu'il y a eu un impact sur les
fonctionnaires?
M. Verville: Pour l'instant, on anticipe qu'il va peut-être
y avoir un impact. On l'anticipe.
M. Farrah: À quel niveau?
M. Verville: Au niveau de geler les effectifs et puis au niveau
des prolongations, peut-être pas prolongations, mais il y a des postes...
C'est arrivé au niveau de Saint-Basile-le-Grand. C'est l'impression
qu'on a eue. C'est peut-être une fausse impression, mais c'est cette
impression-là qu'on a eue au niveau de la fonction publique.
M. Farrah: Parce que la gestion des ressources
financières, aussi, c'est la gestion globale du gouvernement, aussi, en
termes d'économie. Alors, je pense qu'on ne peut pas s'arrêter sur
une pièce comme telle, mais en tout cas, c'est seulement...
M. Verville: C'est juste une proposition. M. Farrah:
Ça va, O. K.
Le Président (M. Lemieux): Alors, nous vous remercions, M.
Verville, pour votre participation à cette commission parlementaire.
Nous allons suspendre doux minutes pour permettre à M. Gow de bien
vouloir prendre place, s'il vous plaît, à la table des
témoins.
(Suspension de la séance à 18 h 9)
(Reprise 18 h 10)
Le Président (M. Lemieux): La commission du budget et de
l'administration reprend ses travaux Je demanderais à l'intervenant de
bien vouloir s'identifier pour les fins de l'enregistrement du Journal des
débâts.
M. James lain Gow
M. Gow (James lain): Merci, M. le Président. Je m'appelle
lain Gow, je suis professeur de science politique à l'Université
de Montréal. À titre d'introduction, j'aimerais préciser
que je suis ici en mon nom personnel. Si j'ai pensé avoir quelque chose
à dire à cette commission, c'est parce que j'observe la fonction
publique du Québec depuis environ 25 ans à titre de professeur.
Et j'ai essayé de formuler des commentaires qui vous seraient
utiles, qui se répartissent en deux blocs, si vous voulez: un bloc qui
consiste en un commentaire d'ordre général sur les services aux
citoyens et l'imputabilité, et un autre bloc composé d'un certain
nombre de suggestions pratiques, j'espère.
Donc, je commence avec les services rendus aux citoyens. En suivant
votre cheminement du document de consultation, vous demandez si le citoyen
reçoit des services de qualité auxquels il a droit. Il me semble
que la formulation en elle-même révèle une certaine
confusion. Nous avons des indications que les citoyens ne sont pas toujours
satisfaits de leurs services publics. J'ai joint au mémoire les
résultats d'un sondage Gallup du printemps dernier, résultats
qui, il me semble, sont assez accablants pour nos services publics. J'ai bien
précisé que ces résultats-là affectent davantage
les services décentralisés, mais il reste que ces services
relèvent de différents ministères du gouvernement du
Québec. Je note que votre commission a commandité un sondage dont
les résultats sont, n'est-ce pas,
résumés dans Le Soleil de ce matin. Et, si on
pensait y trouver un son de cloche différent parce que 9
Québécois sur 10 jugent les fonctionnaires compétents, il
me semble que la différence se trouve dans le fait que votre sondage
porte sur les fonctionnaires et les services rendus. Le sondage de l'institut
Gallup porte sur les résultats, êtes-vous satisfaits des rues?
Êtes-vous satisfaits des vidanges? Êtes-vous satisfaits des
écoles, des services médicaux? et ainsi de suite. Donc, il me
semble qu'il y a une différence importante de nature entre les deux
sondages.
De toute façon, l'autre question qui me semble importante, c'est
celle qui suit, dans mon mémoire, c'est à-dire: Si les citoyens
sont satisfaits, insatisfaits, à qui la faute? Il me semble, avec le
Protecteur du citoyen, que ce n'est pas nécessairement la faute des
fonctionnaires et qu'il y a deux grandes raisons possibles. au-delà de
l'incompétence ou de l'oisiveté des fonctionnaires, qui rendaient
les citoyens insatisfaits: d'une part, on a des systèmes bureaucratiques
à cause de la législation et de la négociation collective;
d'autre part, on a les politiques gouvernementales. Et quand on pose une
question, à savoir si les gens sont satisfaits de leurs services, il me
semble que c'est le gouvernement, sous la surveillance de l'Assemblée
nationale, qui doit décider quelles sont les demandes des citoyens qui
vont être satisfaites et dans quelle mesure. Donc, souvent, les citoyens
insatisfaits doivent s'adresser au gouvernement plutôt qu'aux
fonctionnaires. Ça me semble quelque chose d'élémentaire,
mais qui disparaît souvent de notre réflexion.
Je dis, dans ce mémoire qu'il me semblerait opportun de revenir
au service auquel on a fait allusion cet après-midi: le service de
secrétariat aux relations avec les citoyens ou quelque chose dans le
genre. Mais, surtout, il me semble que, si on veut parler
d'imputabilité, il faudrait voir que le fonctionnaire,
traditionnellement, a été le serviteur fidèle du
gouvernement du jour, à l'intérieur du cadre tracé par la
législation. Aujourd'hui, on demande aux fonctionnaires d'être
plus efficients et plus efficaces. Mais le problème, c'est de savoir s}
on peut servir deux maîtres, entre le public qui revendique droits et
avantages et le gouvernement élu, responsable devant la population. Moi,
ma solution à tout cela, je dirais que, si voua voulez vraiment tenir
les fonctionnaires responsables de leur gestion, il faudrait "autonomiser"
davantage la gestion des programmes. Quand vous avez un programme stable, qui
fonctionne de façon assez régulière, il me semble que si
vous voulez rendre ça imputable devant le Parlement, ici, il faudrait
créer un organisme autonome et, à ce moment-là, les
fonctionnaires pourraient effectivement être responsables. Sinon, il
faudrait s'attendre à ce que la prudence demeure une valeur
privilégiée par les hauts fonctionnaires. Dans l'administra- tion
publique, la notion d'entrepreneur doit être réservée
surtout aux élus. J'ajoute à cela que, dans le rapport annuel de
la Commission de la fonction publique, on fait valoir un autre mot qui me
semble beaucoup plus apte. C'est le mot "fiduciaire". On parle beaucoup
d'entrepreneur-ship, ces temps-ci, dans la fonction publique. Il me semble que,
si vraiment les hauts fonctionnaires devaient se comporter en entrepreneurs,
les députés n'en seraient que malheureux.
À propos des organismes de mise en oeuvre de la loi, j'ai dit que
le partage des responsabilités me paraît opportun. Je crois que
c'était bien conçu à l'époque. À entendre la
discussion aujourd'hui sur la nécessité d'avoir un ministre
distinct pour la fonction publique, il me semble qu'il faudrait y penser deux
ou trois fois avant de revenir là-dedans. À l'époque, nous
l'avons connu de 1969 à 1983, et il y a toujours eu des
ambiguïtés et des tensions entre le ministère de la Fonction
publique et le Conseil du trésor.
Cela étant dit, néanmoins, il faut comprendre qu'avec le
partage actuel il va y avoir des tensions entre le Conseil du trésor,
l'Office des ressources humaines et la Commission de la fonction publique.
À propos des promotions sans concours, l'Office des ressources humaines
les trouve utiles et justifiées aussi bien que justifiables. Mais, en
même temps que le Conseil du trésor, la Commission de la fonction
publique s'en inquiète. Il me semble que le partage des rôles
mène à ces prises de position différentes.
Dans tout cela, néanmoins, il ne faudrait pas sous-estimer la
responsabilité des organismes de gestion face au devoir
d'égalité et de protection du régime du mérite. Il
me semble que les dangers de favoritisme et les restrictions excessives aux
candidatures dont parle la Commission de la fonction publique sont des dangers
réels. Dans la fonction publique, une tension entre flexibilité
et uniformité, entre dynamisme et contrôle est
inévitable.
À propos de la dotation des emplois, vous avez vu sans doute que
ma suggestion est de créer un corps de stagiaires en administration
publique qui serait rattaché à l'Office des ressources humaines.
La raison d'être de cette proposition, c'est le problème, le
dilemme des étudiants universitaires, de nos jours, qui voient
l'accès à la fonction publique quasiment bloqué par
l'avantage qu'on accorde aux gens qui sont déjà dans le
système, lorsqu'on recrute. Depuis la rédaction de ce
mémoire, j'ai eu sous les yeux un numéro d"'Optique gestion", une
publication de l'Office des ressources humaines du mois d'avril 1990, où
on parle du problème du vieillissement des effectifs de la fonction
publique. Là-dedans, on voit que les plus jeunes
générations sont quasiment absentes de la fonction publique
québécoise, et la comparaison avec le gouvernement
fédéral qui est présentée dans les statistiques
n'est pas à la faveur du Québec, loin de là, au contraire.
Le fédéral a su mieux
introduire des jeunes à tous les niveaux de la fonction
publique.
Il me semble qu'en même temps on pourrait satisfaire aux besoins
des ministères et organismes en créant un corps de stagiaires qui
pourraient profiter de, mettons, trois affectations dans des ministères
différents, d'une durée de six mois. Si, au bout de trois
affectations, ces gens-là n'avaient pas trouvé preneur, il me
semble que ça ne serait pas un tort qu'on mette fin à leur
candidature. Je ne vois pas d'autre façon de donner une chance aux
diplômés d'université de compétitionner avec les
gens qui sont déjà à l'intérieur de la
boîte.
Autre suggestion pratique qui paraît dans mon mémoire,
c'est d'obliger le Conseil du trésor à publier un rapport annuel.
Je dois dire que je trouve assez ironique que le grand responsable de
l'imputabilité au sein du gouvernement du Québec ne publie pas de
rapport annuel, tandis que même le ministère du Conseil
exécutif en publie un. Je ne vois aucune raison pour laquelle le Conseil
ne rendrait pas compte de ses activités devant l'Assemblée
nationale.
Un dernier commentaire pratique. Je pense que la législation
québécoise, en ce qui concerne l'activité politique, est
bien formulée. Elle est supérieure à la loi
fédérale qui a été déclarée
inconstitutionnelle par la Cour fédérale. Néanmoins, il me
semble qu'il y a des failles dans cette législation quand on a vu l'an
dernier que quelqu'un qui manipulait des fonds du gouvernement du Québec
pour le ministère des Transports, dans la région de
Montréal, pendant ses loisirs, était percepteur de fonds pour un
parti politique que je ne nommerai pas. Il me semble que ce n'est pas quelque
chose qui était prévu par les députés à ce
moment-là, et je m'en remets à votre expertise. S'il y a moyen
d'éviter de tels excès ou de telles ambiguïtés dans
la législation actuelle, tant mieux, mais, sinon, il faudrait ajouter
quelques clauses pour préciser ces objections-là.
Donc, en général, moi, je trouve que la loi actuelle
répond aux deux soucis de flexibilité et de contrôle qui
étaient siens. J'ai voulu attirer l'attention de la commission sur le
problème de l'insatisfaction relative des citoyens quant à leurs
services publics et offrir une mise en garde contre une simplification qui me
semble être présente dans le titre même de votre document.
Dire que la raison d'être de la fonction publique est d'être au
service du citoyen, il me semble que vous avez oublié l'autre partie de
la clause qu'on a lue tout à l'heure. L'article 2 de la loi dit:
Être au service des citoyens, oui, mais mettre en oeuvre les politiques
établies par l'autorité constituée et assurer la
réalisation des autres objectifs de l'État. Là, il y a
toute une différence. Si on veut renforcer l'imputabilité des
fonctionnaires, on devrait songer à renforcer leur autonomie pour
assurer la relève et rendre justice aux jeunes. Il devrait être
créé à l'Office des ressources humaines un cours de
stagiaire en administration publique.
Je pense que je vais m'arrêter là, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Simplement un petit commentaire
au niveau du sondage qui a été effectué à la
demande de la commission. Notre sondage s'adressait strictement à la
fonction publique comme telle, c'est-à-dire qu'elle no visait que les
ministères concernés, alors que si je regarde votre sondage,
à la fin, il y a à la fois du municipal, du fédéral
et du provincial Je pense que c'étaient différents intervenants.
Je veux simplement apporter cette précision-là. C'est
peut-être pour ça que...
M. Gow: C'est tout à fait vrai...
Le Président (M. Lemieux):... les résultats sont
différents.
M. Gow: Je pense l'avoir dit dans mon texte. Effectivement il n'y
a qu'un seul service fédéral, néanmoins,
là-dedans...
Le Président (M. Lemieux): Les postes.
M. Gow:... où, d'ailleurs, les Québécois...
C'est la seule fois qu'ils rejoignent le public des autres provinces. Ils ont
un taux de satisfaction assez respectable, mais, si on voit que ça
touche quand même l'école secondaire, l'école primaire et
tes services récréatifs, les services médicaux, il me
semble qu'on est à aborder des sujets qui relèvent de certains
ministères du gouvernement du Québec.
Le Président (M. Lemieux): L'autre petit commentaire,
c'est que, effectivement, le titre de notre document de consultation, c'est "La
fonction publique au service du citoyen", mais, à nos yeux, l'accessoire
suivait le principal. Évidemment, nous sommes, je vous dirais,
très au fait qu'effectivement nous voulons, nous aussi, atteindre les
objectifs qui sont poursuivis par les articles 2 et 3 de la loi. Je pense que
le tout...
Je voulais tout simplement apporter ce petit commentaire. Nous en sommes
très préoccupés. C'est une préoccupation constante,
d'ailleurs, des membres de cette commission. Sur ce, je céderais
maintenant la parole au député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: Merci, M. le Président. M. Gow, au nom de notre
formation politique, je vous remercie pour la présentation de votre
mémoire. Ce fut très intéressant.
D'entrée de jeu, à la page 3 de votre mémoire, vous
dites: "Une forme d'imputabilité doit être ou devrait être
attribuée au Conseil du trésor. " Comme vous le savez, selon le
règlement de l'Assemblée nationale, le Conseil du
trésor
doit... Il y a la défense des crédits qui se fait au sein
des commissions. C'est une forme d'imputabilité, en fin de compte, parce
qu'on peut poser des questions de façon très large aux
différents ministères, dont le Conseil du trésor lorsqu'il
se présente à la commission. Ne trouvez-vous pas ça
suffisant comme démarche?
M. Gow: Je ne me fais pas d'illusions sur le poids d'un rapport
annuel parce que ce sont vraiment des détails
élémentaires, mais je me situe dans la position de quelqu'un,
à l'extérieur de l'appareil gouvernemental, qui cherche à
savoir ce qui se passe. Je pense que c'est quand même le seul organisme
d'importance qui n'en fait pas un. Il me semble qu'il y a quelque chose
d'illogique dans leur comportement.
M. Farrah: Donc, c'est plus à titre d'information à
la population.
M. Gow: Eh bien! c'est-à-dire que je crois que,
déjà, un vérificateur général a dit que le
rapport annuel est tout de même une base qui permet aux gens de poser les
bonnes questions, n'est-ce pas? Quand même, quand vous voyez un rapport
annuel, des fois, ça vous inspire des questions: Que fait il, ce service
là? Quels sont ses objectifs? etc. Il me semble que ce serait une aide
pour vous aussi.
M. Farrah: Par rapport aux citoyens. Sauf que par rapport...
M. Gow: Par rapport aux députés aussi.
M. Farrah: Non, mais sauf que par rapport aux
députés, ce qui est important pour nous...
M. Gow: Oui, oui.
M. Farrah:... et ça, comme on le dit depuis le
début de la commission, c'est une imputabilité des hauts
fonctionnaires, aussi, qui viennent défendre devant nous les politiques
qu'ils administrent ou les décisions qu'ils prennent. Alors, c'est plus
dans ce sens-là que la présence du président du Conseil du
trésor qui, lui, vient à la commission.
M. Gow: Oui, il me semble que c'est utile. Absolument. C'est
sûrement, mais on constate aussi que... Nous avons un mémoire de
maîtrise qui vient d'être déposé chez nous et qui
montre que, selon les statistiques de votre Assemblée, les
députés ne se servent pas de tous les moyens à leur
disposition pour tenir imputables les fonctionnaires, loin de là.
M. Farrah: Ça va. Alors, une dernière question en
ce qui me concerne, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): C'est compris.
M. Farrah: Quel statut faudrait-il accorder à ces
étudiants stagiaires dont vous proposez la formule et comment
feriez-vous la sélection au mérite au terme des trois stages que
vous proposez? Donc, ils seraient choisis ces gens-là. Quel statut on
leur donnerait?
M. Gow: Bien, il me semble qu'on pourrait. Je pense qu'il
faudrait amender la loi pour permettre à l'Office de créer un
corps - je ne sais pas si ça pourrait se faire par réglementation
- qui aurait un statut non permanent, justement, qui pourrait être mis
à l'essai par une offre de l'Office des ressources humaines aux
ministères, un peu comme d'autres organismes le font dans d'autres pays.
Comme l'organisation des corps, en France, on pourrait proposer aux
ministères, à chaque année ou à chaque trimestre,
une liste de personnes disponibles avec leur profil. On pourrait leur permettre
de les interviewer.
M. Farrah: Ça ne vient pas à rencontre un peu de la
réglementation de la Commission de la fonction publique qui dit que,
pour une plus grande équité au niveau de l'embauche, ce soit fait
de façon beaucoup plus générale au niveau de la
population?
M. Gow: Non, je ne crois pas, parce que, moi, je verrais que ce
soit justement un concours général au lieu d'être...
Savez-vous ce qu'on dit à nos étudiants présentement?
Inscrivez-vous à l'Office, puis on vous appellera au cas où il y
aurait un concours où vous êtes eligible. Tandis que le
gouvernement fédéral vient recruter... Il a repris le recrutement
généralisé d'un groupe de stagiaires. Il me semble que
c'est faisable.
M. Farrah: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député des îles. M. le député de La
Prairie.
M. Lazure: Merci, M. le Président. Moi, je veux
féliciter M. Gow parce qu'il y a plusieurs suggestions
intéressantes dans son mémoire. Il nous fait partager le fruit de
son expérience, de sa vaste expérience. Je le remercie aussi au
nom de ceux et celles qui ont travaillé au secrétariat des
relations avec les citoyens, pour l'hommage qu'il rend au travail de ce
secrétariat.
Le Président (M. Lemieux): Ça, c'est de la
politique.
M. Lazure: Vous n'êtes pas le premier, d'ailleurs, à
souligner le rôle utile qu'a joué cette petite boîte qui
était modeste, où il y avait à peine une douzaine
d'employés, 10 ou 12, et qui a joué un rôle moteur et
stimulateur auprès des ministères et des organismes. Et je
trouve
dommage que, en 1985, à toutes fins pratiques, on ait mis la clef
dans la boîte, et nos recherches toutes récentes nous indiquent
que, même si... Théoriquement, on a dit: Cette fonction-là
sera assumée par les ministères et les organismes. Mais on nous
dit que toute la documentation qui avait été accumulée
durant ces trois années est maintenant quelque part dans des
boîtes au ministère des Communications. Et, à toutes fins
pratiques, c'était un début de travail utite qui n'a pas eu de
suite. Alors, moi, je pense que notre commission devra se pencher là
dessus. Ce n'est pas nécessairement un secrétariàt comme
celui qui existait, mais il faut vraiment qu'il y ait dans l'appareil
gouvernemental - moi, j'en suis persuadé - une espèce de chien de
garde, un stimulateur de cette préoccupation de la qualité du
service à la clientèle.
M. Gow: Est-ce que je peux dire un mot là-dessus?
M. Lazure: Oui.
Le Président (M. Lemieux): J'aimerais vous entendre
là-dessus, moi aussi.
M. GoW: J'ai laissé cet été, en m'adressant
au Protecteur du citoyen, des plaintes à propos de
l'impossibilité de rejoindre par téléphone la Régie
de l'assurance-maladie et Revenu Québec. On a répondu avec
empressement, mais la réponse est venue assez vite que ce sont des
problèmes de système qui ne concernent pas le Protecteur du
citoyen. Alors, il me semble que, quelque part au gouvernement, des gens qui se
penchent sur ces problèmes de façon, pas uniformisée...
Assurer un certain suivi dans ces questions serait important.
M. Lazure: Absolument. Alors, ce n'est certainement pas avec la
structure très centralisée qui, actuellement - je parle de la Loi
sur la fonction publique, c'est notre préoccupation - n'est la
responsabilité que d'un seul ministre, le président du Conseil du
trésor. Ce n'est certainement pas avec cette structure-là qu'on
va pouvoir ramener un souci minimum pour la qualité des services aux
citoyens parce qu'il est trop pris à autre chose et c'est normal qu'il
en soit ainsi.
Moi, je trouve aussi pertinente votre remarque que les fonctionnaires ne
doivent pas seulement répondre de la qualité de leur service
à la clientèle, mais aussi auprès des élus. Et
c'est peut-être un volet qu'on oublie trop souvent. Vous faites bien de
nous le rappeler. Sondage. Moi, je vais en parler plus longtemps demain matin
puisqu'on en aura l'occasion, avec le Protecteur du citoyen. Je trouve
dommage... Ce sondage-là, à mon avis, n'est pas fiable. Le
sondage qui a été rendu public, là. C'est la commission
qui a commandé un tel sondage, mais pour des raisons techniques,
à mon avis, il n'est pas fiable parce qu'on a dit: On va garder, dans
l'échantillonnage, les personnes qui ont eu recours à un des
organismes ou un des ministères du gouvernement au moins une fois durant
l'année. Or, à peu près tout le monde a recours au
ministère du Revenu une fois par année. À peu près
tout le monde a recours à la Régie de l'assurance automobile pour
son permis de conduire, l'immatriculation, une fois par année. Par
conséquent, on a surchargé cet organisme et le ministère,
la Régie de l'assurance automobile et le ministère du Revenu, aux
dépens des autres ministères et organismes. Autrement dit, sur
l'échantillonnage total de 1100, il y en a plus de 700 qui ont
été des clients de ces deux organisations-là. Alors, le
plus qu'on peut dire c'est que le 90 % de satisfaction, il a trait au
ministère du Revenu, via le rapport d'impôt, et il a trait
à l'immatriculation et au certificat de conduire. Et on ne peut pas dire
beaucoup plus que ça. Alors, je trouve que c'est un peu dommage parce
que ça donne l'impression qu'il y a un grand degré de
satisfaction pour l'ensemble de la fonction publique. Et vous faites bien de
nous rappeler que l'autre sondage, qui touche des services moins
spécifiquement québécois, touche quand même des
choses qui nous intéressent, comme les écoles primaires, les
écoles secondaires, les loisirs, les bibliothèques, etc. Alors,
ce sondage là est à prendre avec un grain de sel.
Finalement, notre formation est entièrement d'accord avec vous
quand vous dites qu'un fonctionnaire qui manipule des fonds publics ne devrait
pas manipuler les fonds d'un parti politique ou s'occuper de la perception de
fonds pour un parti politique. Alors, M. le Président, c'est tout. Mais
si M. Gow a des réactions au sondage ou si...
M. Gow: Seulement que... Ça ferait tout de même
plaisir au ministère du Revenu de se voir bien cité parce qu'il
est souvent cité dans le rapport de l'ombudsman dans le sens inverse.
Alors, c'est quand mérite dans ce sens-là que les
ministères les plus fréquentés s'en tirent avec de bonnes
notes. C'est quand même aussi très...
M. Lazure: J'ajouterais que quand le secrétariat existait
- les relations avec les citoyens - la première année, je me
rappelle, le prix citron était allé au ministère du
Revenu. Mais, l'année suivante, II avait eu le prix orange parce qu'il
avait fait des progrès considérables. Alors, ce n'est pas
surprenant qu'il y ait assez de satisfaction vis-à-vis du
ministère du Revenu, et la même chose pour la Régie de
l'assurance automobile. C'est un organisme qui a fait beaucoup beaucoup de
progrès, qui a fait énormément d'efforts pour
améliorer ses services à la clientèle et, heureusement, on
en voit les résultats aujourd'hui.
Le Président (M. Lemieux): Je ne veux pas engager une
polémique sur la fiabilité du sondage. Moi, je vais vous dire le
contraire, qu'il est fiable et qu'il est représentatif, puisque 37 % des
répondants à ce sondage ont identifié le ministère
du Revenu, 36 % ont identifié la Régie de l'assurance automobile
du Québec, et 25 % ont identifié d'autres services du
gouvernement, et il a été très scientifique. La marge
d'erreur est de 3, 4 % sur un échantillonnage, dans un premier temps, de
2300 personnes, pour être ramené à quelque 1100 personnes.
Alors, il y a peut-être une question d'interprétatjon
Peut-être qu'on peut donner une interprétation qui est
différente en soi, mais on aura l'occasion, probablement demain, avec le
Protecteur du citoyen, de regarder ça davantage en profondeur.
Moi, pour terminer, je tiens à vous remercier de votre
participation à cette commission parlementaire. Je veux que vous sachiez
qu'elle a été des plus positives. Et je dois vous avouer,
à ma grande honte, comme président à la commission du
budget et de l'administration, que j'ai appris par vous, en lisant votre
mémoire, que le Conseil du trésor ne déposait pas de
rapport annuel. Or, je dois vous avouer que... Écoutez, j'ai
été très surpris comme parlementaire. Évidemment,
le président du Conseil du trésor a à répondre des
engagements financiers et de ses crédits devant notre commission, mais
jamais il ne m'est venu à l'idée de lui demander si,
effectivement, il avait à produire un rapport annuel. Et c'est curieux
parce que dans l'ensemble des autres organismes, souvent la première
chose que fait la commission, c'est qu'elle consulte les rapports annuels des
autres organismes. Alors, je dois vous remercier, mais, au-delà de tout
ça, vos commentaires sont excessivement positifs et enrichiront
probablement les recommandations de la commission.
M. Gow: Merci.
Le Président (M. Lemieux): On vous remercie de votre
collaboration, et nous suspendons jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 36)
(Reprise à 20 h 7)
Association des anglophones de l'Estrie
Le Président (M. Lemieux): La commission du budget et de
l'administration reprend ses travaux pour entendre l'Association des
anglophones de l'Estrie. Je demanderais aux représentants de cette
association de bien vouloir prendre place à la table des témoins,
s'il vous plaît.
Alors, nous sommes prêts à vous écouter relativement
à la présentation de votre mémoire que vous avez soumis
à la commission du budget et de l'administration. Est-ce qu'il y a une
troisième personne? Bon. Ça va. Alors, si le tableau vous
dérange, on pourra le reculer un petit peu tout à l'heure.
Mme Goodfellow (Marjorie): Nous allons le déménager
après.
Le Président (M. Lemieux): Ça va. Nous vous
remercions. Or, nous vous écoutons, madame.
Mme Goodfellow: Très bien.
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous
préalablement vous identifier et nous présenter la personne qui
vous accompagne, s'il vous plaît?
Mme Goodfellow: Très bien. Bonsoir, M. le
Président, membres de la commission. Je vous présente à ma
gauche, Susan Mastine, executive director for the Association; à ma
droite, Heather Keith-Ryan, membre du conseil d'administration et,
également avec moi, ex-présidente de l'Association. Vous avez
reçu notre mémoire. Je n'ai pas l'intention de le lire au complet
mais je vais vous souligner...
Le Président (M. Lemieux): Je sais que vous êtes
très modeste. Mais auriez-vous la gentillesse vous-même de vous
identifier?
Mme Goodfellow: Pardon?
Le Président (M. Lemieux): Pourriez-vous vous identifier,
vous nommer...
Mme Goodfellow: Oh! Excusez-moi.
Le Président (M. Lemieux):... s'il vous plaît?
Mme Goodfellow: Moi, je suis Marjorie Goodfellow,
présidente de ce comité et aussi une ex-présidente de
l'Association.
Le Président (M. Lemieux): Nous vous remercions.
Mme Goodfellow: Vous avez reçu notre mémoire Je
n'ai pas l'intention de le lire au complet, mais je vais vous souligner
quelques points importants. Je veux d'abord parler de notre Association qui a
été fondée en 1979. Notre but primordial est de promouvoir
la qualité de vie pour les citoyens d'expression anglaise ainsi que leur
participation à part entière dans la société
québécoise. Un des moyens d'accomplir cette tâche est
d'assurer un accès aussi large que possible aux emplois pour tous les
membres de notre communauté, particulièrement pour nos jeunes.
Sans emploi pour les jeunes, l'avenir de notre communauté est incertain.
Nous avons
apporté une carte qui indique le nombre et les lieux des bureaux
gouvernementaux québécois dans notre région. Les limites
des Cantons de l'Est sont indiquées en bleu, les contours orange
indiquent une région avec une population de 10 % et plus qui parle
anglais à la maison selon le dernier recensement du Canada. Les zones
hachurées en orange indiquent les divisions du recensement où se
trouve une population de 10 % et plus qui parle anglais à la maison.
This gives you an idea of where in Eastern Townships English-speaking people
live. Now we will show you where the various provincial government offices are
located. We have not included such prior governmental offices as schoolboards,
hospitals, CLSCs, etc. The large dots represent the five major government
employers. The departments that employ the largest number of people in our
region are Transports, Sûreté du Québec, Main-d'oeuvre,
Sécurité du revenu et Formation professionnelle, Justice,
Énergie et Ressources. The small red dots stand for any other provincial
government office. Some of these dots appear beside the names of towns and
cities such as Cowansville, Granby, and Arthabaska. Others are so numerous that
we have put them in a special box: Sherbrooke, for example, which is the
capital of administrative region 05, Drummondville, Victoriaville, Thetford
Mines and Lake Megantic. Some of these centers are outside the orange lines,
representing significant English-speaking populations; nonetheless, they serve
a larger number of English-speaking people than may be apparent. As anyone who
lives in a rural area knows, country residents and village people travel to
receive any service, be it shopping, banking, health care, as well as to earn
their living. Now we have finished with the map,
Je n'ai pas terminé... Les endroits où se trouvent les
cercles en couleur représentent en tout environ 5000 emplois
réguliers ou temporaires. Ça veut dire que le gouvernement
provincial est un des employeurs majeurs dans notre région. Mais ce
n'est pas facile de trouver parmi ces employés une personne d'expression
anglaise. Si vous consultez l'annexe D du mémoire, vous verrez qu'en
Estrie il y en a 6 parmi 1108 employés réguliers. Pour les autres
régions, dont une partie se trouve dans les Cantons de l'Est
historiques, c'est difficile de préciser exactement, parce que les
chiffres ne sont disponibles que globalement par région administrative.
Mais les statistiques à l'annexe D pour ces régions
administratives ne nous amènent pas à une conclusion plus
positive.
It was in this context that we studied the Public Service Act. Our
overall conclusion is that it provides the legal framework for achieving an
equitable number of English-speaking employees in the provincial work force. I
do not intend to review our reasons for coming to this conclusion, you will
find them in the brief, on pages 4 to 7.
Nous n'avons qu'une recommandation concernant la loi elle-même.
À la page 7, l'Association recommande que l'article 43 soit
amendé pour inclure lès Québécois d'expression
anglaise dans son programme d'accès à l'égalité.
L'Association recommande aussi qu'une telle politique d'accès à
l'égalité soit vérifiée afin de s'assurer que soit
atteint l'objectif d'augmenter le nombre de Québécois anglophones
dans la fonction publique québécoise.
Nous avons quelques recommandations concernant l'application de la loi.
Afin de s'assurer que les politiques et les procédures soient mises en
place pour attirer les candidats d'expression anglaise, l'Association
recommande que des postes clés soient désignés et qu'au
moins une personne occupant le poste de président ou
vice-président de l'Office des ressources humaines soit anglophone. Si
aucun posté n'est à pourvoir à ce moment-ci, on devrait
permettre la nomination d'un troisième vice-président
jusqu'à ce que soit terminé le mandat d'un des fonctionnaires
actuels. Également, l'Association recommande que la Commission de la
fonction publique devrait être composée d'au moins une personne
d'expression anglaise. S'il n'y a actuellement aucune vacance, on pourrait Se
prévaloir des pouvoirs prévus à l'article 121 et nommer un
autre commissaire, un anglophone, jusqu'à ce que soit terminé le
mandat d'un des Commissaires actuels.
La fonction publique québécoise devra être
perçue par la communauté anglophone comme ouverte et accessible.
On devrait diffuser plus d'information auprès des jeunes et du public
sur les méthodes de recrutement, les exigences d'embauche et les emplois
disponibles. L'Association recommande que des sessions d'information soient
tenues en anglais dans les écoles secondaires, au collège
Champlain et à l'Université Bishop afin d'informer les jeunes sur
les genres d'emplois disponibles, comment les postuler et les niveaux de
compétence en français requis. Également l'Association
recommande que des sessions publiques d'information soient tenues à
Sherbrooke et à Cowansville. Le nombre d'emplois disponibles
publiée dans les journaux sont restreints. Tous les autres sont
affichés à l'Office des ressources humaines et quelques-uns dans
les centres d'Emploi Canada. Pour connaître les emplois disponibles, les
gens de la région 05 se rendent au bureau de l'Office des ressources
humaines à Sherbrooke. Ceux de la région 16 doivent se rendre au
complexe Desjardins à Montréal. Pour les résidents du nord
des Cantons de l'Est, régions 12 et 04, le bureau le plus proche est
situé à Trois-Rivières. L'Association recommande de
publier en anglais un plus grand nombre d'emplois disponibles dans la presse
anglophone régionale telle que The Record, Stanstead Journal and
The Townships Sun. L'Association recommande de publier
régulièrement en anglais un message encourageant les gens en
recherche d'emploi à se rendre à l'Office
des ressources humaines pour connaître les postes à
combler.
L'Association recommande d'installer un bureau d'information à
l'Office des ressources humaines plus près de la population de la
région 16, par exemple à Granby ou à Cowansville. De
même, pour le secteur nord, des Cantons de l'Est, des bureaux
d'information devraient être situés à Drummondville,
Victoriaville et Th. etford Mines.
La Loi sur la fonction publique prévoit un stage probatoire d'au
moins six mois et une plus longue période pour certaines classes
d'emploi. L'Association recommande que les employés d'expression
anglaise en stage probatoire puissent bénéficier d'un stage
probatoire plus long pour leur permettre de s'adapter à un milieu
culturel et linguistique différent avant qu'on évalue leur
efficacité.
Educators in the Eastern Townships are particularly sensitive to the
need for preparing English-speaking youth for the job market in the region, in
order to help the community renew itself. They are taking many creative
measures in this regard, such as cooperative education programs that place
students in work environments. They are also gearing curricula to meet the
needs of the job market. Therefore the Association recommends that the
Québec public service communicate with educators at the Eastern
Townships, district of Bedford, and the Eastern Québec schoolboarcjs to
discuss ways of participating in their cooperative education programs, so that
students spend time working in the public service and to ensure that educators
are knowledgeable about requirements for public service jobs.
En conclusion, l'Association des Town-shippers félicite le
gouvernement du Québec pour son initiative, à savoir de consulter
l'opinion du public sur cet important dossier. Aussi, il faut souligner qu'il
existe un autre groupe d'étude, le Comité consultatif sur
l'accès des anglophones à la fonction publique provinciale,
formée par M. Daniel Johnson au printemps dernier. Nous avons
présenté un mémoire devant les membres de ce groupe au
mois d'août et nous avons hâte de connaître ses
recommandations. Nous souhaitons une collaboration étroite entre les
membres du comité Blair, le Conseil du trésor et la commission du
budget et de l'administration.
L'Association s'attend à ce que des mesures soient prises pour
encourager une plus grande participation des citoyens d'expression anglaise aux
emplois dans la fonction publique du Québec et particulièrement
dans notre région. Si c'est le cas, l'Association est prête
à jouer un rôle actif pour atteindre les objectifs d'une plus
grande présence anglophone au sein de la fonction publique dans les
Cantons de l'Est Nous vous remercions, M. le Président, pour votre,
attention. (20 h 15)
Le Président (M. Lemieux): Merci, madame.
M. le député de Nelligan.
M. Williams: Merci beaucoup, M. le Président. Au
départ, je voudrais vous féliciter pour votre excellent
mémoire et je voudrais dire bienvenue pour notre formation à
cette commission. Chaque fois que je rencontre le groupe de Townshippers,
j'apprends quelque chose de la communauté d'expression anglaise. Encore
une fois, ce soir, avec votre mémoire, vous avez démontré
une grande compréhension de la communauté d'expression anglaise
dans le territoire de l'Estrie. Et je voudrais vous féliciter.
J'ai plusieurs questions à vous demander. Mais je voudrais
commencer... Vous avez certainement, si vous voulez, des questions de
sous-représentation de la communauté d'expression anglaise dans
la fonction publique et j'ai plusieurs questions à cet égard.
Mais je voudrais commencer avec une autre question avant. Un des quatre
thèmes que nous voulons étudier, c'est le caractère du
service. Vous n'avez pas vraiment beaucoup le temps de discuter ça dans
votre mémoire Mais la fonction publique est pour donner le service aux
populations. Je voudrais savoir si dans vos démarches, vous avez
entendu, d'une façon officieuse, une variation des qualités et
quantités de services et ce que les personnes dans la communauté
d'expression anglaise, dans la région de l'Estrie, pensent sur la
qualité du service de la fonction publique.
Mme Goodfellow: Nous avons discuté cet aspect pendant
notre voyage de Sherbrooke à Québec, aujourd'hui. Nous avons des
expériences qui varient selon le ministère, selon la
région. As for myself, when I go to talk to the people in the Revenue of
Québec Department, I have absolutely no difficulty in being served in my
language. They seem to give a very good service. The service, when I get a
driver's license, is not by and large available in English, I would say. So,
those are my own two personal experiences. Heather.
Mme Keith-Ryan (Heather): Sûrement, dans les états
de crise, personnellement, que j'ai eu connaissance... Je sais que mes enfants
étaient dans un accident de voiture et, moi, j'étais un peu
énervée, c'est toujours une situation de crise et, quand j'ai
téléphoné à la police, ils n'ont rien compris en
anglais. Ça, c'est un service essentiel. Première chose, c'est un
interurbain de chez nous, mais à part ça, ç'a
été la réceptionniste qui n'était pas capable de
savoir de quoi je parlais quand j'ai parlé d'un accident de voiture,
qu'on avait besoin des ambulances et tout.
Aussi, souvent, dans une situation de crise, et je parle de la
région du secteur ouest des Cantons do l'Est, quand les personnes ont
besoin d'avoir accès aux services de bien-être, ou môme le
CSS, pour des problèmes de jeunes en difficulté, soit des abus
physiques ou autres, c'est
une situation de crise. Et sûr et certain, la réception
laisse à désirer. Il y a beaucoup de lacunes dans ces services
pour la population qui est considérable dans les Cantons de l'Est.
Mme Mastine (Susan): Au niveau du ministère des
Transports, de mon expérience, j'ai des difficultés, des fois,
avec des personnes qui travaillent au niveau de l'expropriation, qui viennent
parler aux gens pour savoir si on accepterait ou pas d'élargir le
chemin. D'un autre côté, j'ai entendu de bons commentaires au
niveau du Protecteur du citoyen, des gens qui sont très satisfaits avec
les services qu'ils ont.
Mme Goodfellow: Alors, comme vous voyez, c'est certainement une
variété d'expériences.
M. Williams: Actually, when we did a "sondage" for the
commission, ourselves, we found that the level of satisfaction - and we talked
about this study earlier this after noon - was similar in the English-speaking
community than it was in the majority community. When you answered my question,
you talked about quality service, you talked whether services were available in
your language. That is obviously a key part of service quality. But over and
above that, have there been comments, whether the services were given in French
or in English, about the quality of services available? Are there any
discussions about that?
Mme Goodfellow: Well, I think it perhaps is the same sort of
variety. I think that Heather spoke a bit about quality of service in her
response as well. When one cannot get quick response from the police, whether
it is in French or in English, it is a problem.
M. Williams: I share that feeling too. On just a small
clarification, we are studying just the "fonction publique" and the police is
not included in that. However, the point is the same and that example is just
as strong.
Vous avez mentionné, et j'ai oublié le chiffre exact,
mais, si je me souviens bien, vous avez mentionné que vous avez -
ça existe - six représentants de la communauté
d'expression anglaise dans la fonction publique, dans la...
Mme Goodfellow: La région 05. Oui.
M. Williams: 05. Je voudrais juste clarifier. Je ne veux, pas
faire un débat avec les chiffres, mais cette auto-identification - et
peut-être que ça va être un peu plus - ce sont des personnes
qui choisissent d'être identifiées comme langue maternelle
anglaise, si je ne me suis pas trompé. Quand même, j'ai voulu
juste ouvrir cette parenthèse et faire une clarification. Votre point,
il y a une sous-représentation de la communauté d'expression
anglaise. Je ne veux pas faire un débat si c'est six ou une douzaine,
mais j'ai voulu avoir..
Mme Goodfellow: C'est ça. Parce que moi, j'aurais un
problème à identifier une personne de ma connaissance qui
travaille pour la fonction publique du Québec.
M. Williams: Ouf, mais ça touche les problèmes et
la question que je voudrais vous poser. Parce que vous avez parlé d'un
programme d'accès à l'égalité. C'est une des
solutions pour corriger. Ce n'est pas la seule que vous avez mentionnée,
mais c'est certainement une que vous avez privilégiée.
C'était mon "feeling". Au niveau pratique, comment ça va marcher,
si nous avons déjà un programme d'accès à
l'égalité pour les communautés culturelles, si nous
essayons d'ajouter la communauté d'expression anglaise? Pour mon
opinion, ce sont deux définitions différentes, deux visions
québécoises différentes. Comment nous allons mettre
ça sur pied, en pratique?
If we have affirmative action for cultural communities, for women, for
handicapped, how do we adjust it to make sense in your recommendation, and is
it not changing the definition of the English-speaking community into a very
limited definition? I know that it is a very leading question but I would
really like to spend some time talking about that.
Mme Goodfellow: I do not see a change of the definition or the
interpretation of the status of the English speaking community at all. Lack of
access to employment does not depend on numbers. If that were the case, you
would not have to worry about women on affirmative action program because women
form more that 50 % of the population Similarly, I do not think it changes the
status for the English-speaking community. I think that, when a community is so
little represented in a public service, it requires special attention. And in
our brief, in addition to the affirmative action program, we have tried to
outline some of the Ways where we think special attention must be placed. And I
would regard that as part of the affirmative action program to focus this
special attention on this category of the population which Is so little present
in the public service of Québec. I see that program as being a number of
branches, one of them, and a very important one, being information to the
public in (jouerai because English speaking community does not tend to have
people to let it know in the public service; it needs to have special sources
of information about jobs that are available and that French-speaking people
tend to know about because they know somebody who works in the public service.
Therefore, we would like to see, as part of that affirmative action program,
special efforts taken to inform the community about Job openings, whether
they
be permanent or occasional. In addition, we believe, through our
experience with the federal public service, that one of the best ways to get
young people interested in working for the public service is to visit the
schools and to explain to the students the options that would be opened to them
were they too apply and as well to talk to the people who are educating them so
that the classes which are structured will be structured in the direction so
that these students are better prepared for employment in the public service.
(20 h 30)
M. Williams:... in term6 of more vibrant or active communication
strategies, and you have less of those, as well as |he apprenticeship type of
program to break the circle. I find those very interesting and I certainly lake
note about that. And I think we both agree that there is an
under-representation. What I want to go back to, just one more time, is w, e
were talking about affirmative action, in the terms that we were talking about
in 1990. It is a fairly legal term in which we were talking about,
acknowledging discrimination, acknowledging a very legal approach to things and
setting up targets. What I am not sure about... Your answer talked about a
whole new approach to the English-speaking community and I find that
fascinating, but I want to go back. Are you using affirmative action in a
liberal sense, no joke intended, but in a non legalistic sense, or are you
saying you actually need an affirmative action as it is set up for the cultural
communities? And if so, again, I would ask: How would you define the
English-speaking community differently than you would be defining in terms of
cultural communities? And that is what I am trying to get out. Is it a more
fluid definition or are you really suggesting we need a legal definition of
affirmative action program?
Mme Goodfellow: O. K. Heather would like to say something.
Mme Keith-Ryan: Une chose qu'il faut noter c'est que les autres
immigrants, les autres communautés culturelles qui viennent
s'établir ici au Québec s'établissent surtout dans les
grosses villes. Et je pense que le nombre des immigrants dans les Cantons de
l'Est est très, très petit, parce que la communauté de
soutien pour les immigrants, c'est soit à Montréal ou une autre
grosse ville. Alors, c'est complètement différent dans les
régions rurales que dans la ville. Alors, on peut dire qu'on a en effet
une seule minorité dans les Cantons de l'Est, à mon point de vue.
Peut-être que Marjorie a d'autres, opinions.
Mme Goodfellow: No. I would agree I would think that wo have some
difficulty in struggling with the differentiation between ourselves, and what
you seem to bo saying as the cultural communities. There are not that many
members of the cultural communities in our region in comparison to ourselves
and we have a long history there. We do not think of ourselves as anything but
Quebeckers and not necessarily members of a cultural community.
One thing that I would like to stress, because it is not stressed in our
brief, I think one of the aspects that we would look for, in an affirmative
action program, is to have the objective of hiring English-speaking people...
made one for which managers would be accountable. Now, you have me at a
disadvantage, because I am not a lawyer, I know, nor are you. But the legal
definition of affirmative action is one that I can go with or leave, as far as
my knowledge is concerned. But I think it is clear that what we are seeking is
some positive results.
M. Williams: O. K. Merci.
Le Président (M. Lemieux): Une dernière question,
M. le député de Nelligan.
M. Williams: Merci beaucoup pour cette clarification parce que la
chose qui m'a touché beaucoup, vous voulez avoir une réponse
régionale. Parce qu'avec mille quelque chose, vous voulez avoir une
réponse dans l'Estrie. Vous voulez...
Mme Goodfellow: Dans les Cantons de l'Est...
M. Williams: Excusez-moi.
Mme Goofellow:... qui sont plus larges que l'Estrie.
M. Williams: Je m'excuse. Dans les Cantons de l'Est. Et je pense
que c'est un peu parce que vous êtes attachés à
l'importance de garder les jeunes dans votre région et je trouve
ça très important. Je voudrais poser une dernière question
sur le niveau de compétence en français quand tu entres dans la
fonction publique. Vous avez fait quelques remarques et je ne veux pas
déroger trop de la question. Est-ce que vous pensez que la
communauté d'expression anglaise, les jeunes de la communauté
d'expression anglaise sont assez bien formés dans la langue seconde
qu'est le français? Qu'ils sont à l'aise d'entrer dans la
fonction publique? Et, sinon, qu'est-ce que nous pourrons faire pour ajouter
ça?
Mme Goodfellow: Je pense que plusieurs jeunes de notre
communauté sont assez bien formés pour fonctionner, travailler en
français. Je pense aussi que quelques-uns n'ont pas assez confiance dans
leurs capacités de parler français. C'est pourquoi nous avons
recommandé un stage probatoire. C'est vrai que plusieurs autres
personnes ne sont pas assez bien formées en langue seconde, le
français, pour travailler; et de ce côté, nous souhaitons
toujours qu'il y aura des sommes d'argent fournies pour avoir des programmes de
plus en plus efficaces en langue seconde au sein des écoles. Do you want
to add anything?
Mme Keith-Ryan: Je peux dire que mes cinq enfants ont
étudié à l'élémentaire et au secondaire en
français, alors ils n'ont aucune difficulté à s'adapter
à travailler dans le marché québécois. Je pense
qu'il y a une proportion assez forte. Actuellement, les statistiques
démontrent que les jeunes anglophones sont les personnes les plus
bilingues au Québec. Je pense qu'on a fait notre possible pour s'adapter
à la réalité et on est prêts à faire notre
part et on veut avoir les meilleures chances de la faire.
Le Président (M. Lemieux): Oui, vous pouvez continuer.
Mme Goodfellow: Nous avons une autre chose à ajouter
concernant les examens pour devenir fonctionnaire. Je demanderais à Mme
Mastine de répondre.
Mme Mastine: II y a un de nos membres qui a fait l'examen pour un
concours récemment à Sherbrooke, au mois de septembre. Suite
à ça, on se demande exactement quels sont les critères au
niveau du bilinguisme qui est requis. Il semble qu'il y a plusieurs questions,
une dizaine de questions sur l'examen, qui impliquent une connaissance des
proverbes, qui n'est pas nécessairement indicative du niveau de
connaissance du français comme langue seconde.
Le Président (M. Lemieux): Nous vous remercions de ce
commentaire. M. le député de La Prairie.
M. Lazure: Merci, M. le Président. Je pense que, de notre
côté, nous n'avons pas du tout de problème pour appuyer
votre objectif d'augmenter le nombre d'anglophones dans la fonction publique
québécoise. On peut avoir des divergences d'opinions; cependant,
quant aux façons d'arriver à ça, quant aux méthodes
pour réaliser cet objectif. Moi, je ne suis pas du tout certain que
c'est en créant un programme d'accès à
l'égalité qu'on va y arriver. Je ne suis pas sûr du tout.
Je suis plutôt porté à dire non. Il faut d'abord trouver
les causes. Les programmes d'accès à l'égalité,
comme je les comprends moi, c'est dans des clientèles où,
historiquement, il y a eu discrimination ou négligence. Historiquement,
le Québec reconnaît, comme bien d'autres sociétés,
qu'on a négligé l'embauche des femmes dans le passé. Donc,
il est logique d'avoir un programme d'accès à
l'égalité pour faire du rattrapage. Même chose pour les
personnes handicapées, même chose pour... Alors, historiquement,
c'est deux exemples où, pour un nouveau phénomène
social... L'arrivée de plusieurs communautés culturelles au
Québec, c'est un nouveau phénomène social, relativement
nouveau, depuis 15, 20 ans et, par conséquent, il peut être
justifié de créer un programme d'accès à
l'égalité pour ces personnes-là qui, autrement, pourraient
être négligées. Mais, dans le cas des anglophones des
Cantons de l'Est, est-ce que historiquement c'est une clientèle qui a
été négligée dans la fonction publique? Je ne le
sais pas. Ça dépendrait à quelle période de
l'histoire on se rattache. Sûrement qu'au temps de l'Union la
clientèle anglophone n'était pas négligée dans la
fonction publique. Sûrement pas dans les années 1800 et quelques,
au contraire. Alors, moi, je reviens aux causes: Premièrement, ma
question, est-ce que vous connaissez approximativement le nombre de jeunes
femmes ou hommes anglophones dans les Cantons de l'Est qui ont fait application
et qui ont été refusés à la fonction publique, pour
une raison ou pour une autre? Autrement dit, est-ce qu'il y a une demande de la
part de votre clientèle, de votre population, de votre
société pour ce genre de travail là?
Mme Goodfellow: Les statistiques sont très difficiles
à savoir. C'est entendu que, si quelqu'un fait une demande pour un
emploi et qu'il est refusé, ce n'est pas publié dans les
journaux. Ce n'est pas facile de ramasser ces statistiques. Alors, je ne peux
pas dire oui ou non, mais je suis certaine d'une chose, c'est que nos jeunes
veulent travailler dans la région parce qu'ils sont attachés
à leur région. S'ils ne peuvent pas avoir un accès large
et ouvert aux endroits, c'est difficile pour eux de rester chez nous. Alors,
étant donné le fait que le nombre des anglophones au sein de la
fonction publique est aussi limité, je dois penser qu'il y a une
barrière d'une sorte ou l'autre...
M. Lazure: Qu'il y a?
Mme Goodfellow: Une barrière.
M. Lazure: Une barrière. Encore là, quelles sont
les causes qui ont amené l'édification de la barrière? Par
exemple vous dites des recommandations comme 12 là: Les employés
d'expression anglaise, en stage probatoire, devraient avoir une période
plus longue. Vous dites à 8: publier régulièrement en
anglais un message encourageant les gens en recherche d'emploi à se
rendre à l'Office des ressources humaines. Vous dites à 5:.. des
sessions d'information tenues en anglais. C'est en anglais, en anglais, en
anglais! Par contre, vous vous adressez à une population qui devra
travailler en français, dans un milieu français. Est ce qu'il n'y
a pas un danger, par les demandes particulières que vous faites, de
perpétuer une barrière? Moi, je pense que la
principale barrière c'est la barrière do la langue. Une
barrière peut être socio-culturelle en plus, mais la
barrière de la langue est certainement très importante. Mais est
ce que par vos demandes vous ne venez pas grossir encore cet
obstacle-là?
Mme Goodfellow: Je pense que non. Je pense qu'en parlant aux gens
dans leur langue on ouvre la porte plus grande et c'est plus facile d'y entrer.
C'est bien compris dans notre communauté que la langue de travail au
Québec est le français. Ce n'est pas quelque chose qu'on doit
apprendre chez nous. Mais il faut donner le message que les membres de notre
communauté sont bienvenus au sein de la fonction publique. C'est l'un
des moyens que nous pensons qui sera efficace
M. Lazure: Ça, je serais plutôt porté
à partager votre opinion qu'il y a probablement plusieurs secteurs de la
fonction publique où les anglophones ne se sentent pas bienvenus Je suis
prêt à partager cette opinion mais je ne suis pas sûr que ce
soit en créant un programme d'accès à
l'égalité, que ce soit en multipliant les interventions en
anglais qu'on va créer une meilleure réceptivité de la
part de la fonction publique. Je ne suis pas certain. Au contraire, moi, je
pense qu'on aurait avantage à ce que ces démarches-là, que
ce soit les séances d'information, les annonces, ce soit fait en
français, justement pour inculquer de plus en plus aux jeunes
anglophones que c'est en français qu'ils vont travailler, que c'est en
français qu'ils vont vivre.
Mme Goodfellow: Je pense que c'est très difficile quand
les statistiques concernant l'accès à l'emploi, le recrutement,
les personnes, embauchées ou non, ne sont pas disponibles. Alors, je
suis d'accord avec vous qu'il faut identifier les causes mais, sans les
statistiques, sans une étude en profondeur, c'est impossible
d'identifier les causes sauf si la commission Blair est capable de le faire;
mais, sans les statistiques, sans l'information requise, c'est très
difficile d'identifier les causes. Mais je pense qu'avec un programme
d'accès à l'égalité les moyens seront en place et
c'est un moyen de faire une étape en avant.
M. Lazure: Moi, je peux vous dire comme dernière remarque
que le programme d'accès à l'égalité ce n'est pas
nécessairement une garantie que ça va augmenter beaucoup le
recrutement. On a l'exemple chez les personnes handicapées où
l'objectif du gouvernement en 1984 était de 2 % dans la fonction
publique. C'a a été jusqu'à 0, 9 % et c'est
rebaissé à 0, 7 %. Alors, le programme d'accès à
l'égalité, il faut faire attention. Ce n'est pas la voie royale
vers l'équité dans la fonction publique. Pas du tout. Mais
ça peut être un moyen...
Mme Goodfellow: Mais il faut améliorer le programme peut
être. Heather, did you want to say something?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Westmount a demandé la parole, mais je vais revenir avec vous, M. le
député de Nelligan. Vous avez encore quelques commentaires?
M. Williams: Premièrement, je n'ai pas entendu... Il n'y a
aucun doute que les personnes de la communauté d'expression anglaise
savent qu'ils vont travailler en français dans la fonction publique. Je
n'ai pas entendu quelque chose qui doute de ça.
Mme Goodfellow: Non, c'est bien entendu. (20h45)
M. Williams: La chose que j'ai entendue, que quelqu'un ou
plusieurs ont fait la recommandation de briser le cercle vicieux, le manque de
participation entre la communauté d'expression anglaise et la fonction
publique et, si ce n'est pas vrai, je voudrais avoir la clarification de
ça... Aussi, je me souviens, et peut-être que je me suis
trompé, que la communauté d'expression anglaise a mis un
programme futur pour augmenter le niveau du Canada pour la fonction publique il
y a quelques années. Peut-être que ce n'est pas vrai. Je voudrais
avoir une réponse si c'est vrai.
Nous avons augmenté le niveau de candidatures, the level of
applications went up throughout the province, but the level of hiring did not
go up. Is that similar to what you remember in terms of experience of a few
years ago, in terms of actually the myth that the English-speaking community
was not applying was in fact challenged in a sense, and the English-speaking
community more or less tried to increase the number of applications, but the
hiring actually did not go up? Is that consistent with all or any of your
studies?
Mme Goodfellow: I cannot say with any certainty.
M. Williams: O. K. Thank you.
Le Président (M. Lemieux): De consentement pour M. le
député de Westmount? Consentement. Ça va. M. Holden.
M. Holden: Vous êtes très généreux,
messieurs.
Le Président (M. Lemieux): Ils sont toujours
généreux.
M. Holden: Vous êtes tous des messieurs... Une voix:
Très libéral.
Le Président (M. Lemieux): Toujours. M. Williams:
Très libéral. Le Président (M. Lemieux):
Très libéral. Une voix: Ha, ha, ha! Dans le bon
sens.
Le Président (M. Lemieux): Dans le sens empirique du
terme.
Une voix: Oui.
Le Président (M. Lemieux): M. Holden. M. le
député de Westmount.
M. Holden: Mr. Chairman, I too want to welcome the Townshippers
group. We asked a question today in the House; we were asking about an
affirmative action program and the minister said this: "M. le Président,
c'est que, lorsqu'il a été question de mettre sur pied ce
programme, nous avons consulté les représentants de la
communauté anglophone du Québec, soit notamment Alliance
Québec, et, à leur demande, nous avons exclu les anglophones du
programme d'accès à l'égalité. "
First of all, I would like to know whether you either were involved in,
or approved of, that particular position because I now understand that you are
asking for affirmative action along the same lines, I presume, as the
affirmative action program for the cultural communities. And, if you are now
asking for an affirmative action program, what kind of pressure and what kind
of demands are you making, apart from this kind of a brief? Because I think
that it is fair to say that we, Anglophones, are going to have to start
operating under the squeaking wheel principle. I know the minister said, well,
he does not want to have to look at his program every six months or so, and see
if people have changed their minds. But I think that, if a lot of pressure were
brought to bear on the minister, he might, in fact, see the light and give in
on the question of affirmative action. So I wonder if you could address those
points of mine.
Mme Goodfellow: Well, we are always hopeful when we appear before
this body, in this place, that what we have to say will be taken seriously and
considered seriously. We as well meet regularly with our members of the
National Assembly and talk to them about our concerns. Employment is a very
large concern of ours, and we put pressure on many fronts, not just in the
province, but also at the federal level, where there is also
under-representation, although not as serious. Apart from that, it has not been
our habit to be any squeakier. We squeak regularly, but we do not scream
awfully frequently.
M. Holden: And were you involved at all in that decision which
was made apparently at the outset, where the minister was told that the
anglophone community does not want an affirmative action program?
M. Goodfellow: I am not aware that Townshippers Association was
requested to express an opinion. We are, however, a part of the Alliance
Québec organization and, therefore, presumably might be considered to
have been a part of that decision. But I am not aware that our board of
directors was asked an opinion.
M. Holden: But you are very definitely, now, in favour of
one?
Mme Goodfellow: We, very definitely, are now, because we did riot
express an opinion anti it at any time. So, there has been no change in our
position. I think it is fair to say, however, as we become more concerned about
the future of our community, that we are looking seriously at every possible
source of jobs for young people. And it is fair also, I think, to say that, as
we become a little more frantic, our thought processus evolved and we become
more interested in ways that perhaps 10 years ago we would not have been
interested in.
M. Holden: Are your young people... For instance, I see that the
SQ is a big employer in your area. Are the young people making any effort to
join the SQ or to take an interest in it?
Mme Goodfellow: I cannot say with any certainty.
M. Holden: Do you know anybody whose kids have tried?
Mme Goodfellow: No. It is really not seen as an option, because
people do not know how to get in there. It is not easy - I am sure that I do
not have to tell you - to get taken into a large complicated bureaucratic
structure like a government service, afnd it is far easier to apply to private
industry where there are fewer steps to take, fewer exams to write, and so on.
So, the process, the complexity of the process, quite often turns people off
before they get very far along it.
M. Holden: It is intimidating. Mme Goodfellow: Yes
M. Holden: It is like the electoral process. Thank you, Mr.
Chairman.
Le Président (M. Lemieux): O. K. Mr. Holden M. le
député de Nelligan, pour terminer, s'il vous plaît.
M. Williams: En terminant, O. K. Merci beaucoup, M. le
Président. Je voudrais ajouter une clarification. J'ai parlé avec
le président du Conseil du trésor et, jusqu'à date, nous
n'avons jamais entendu que la communauté d'expression anglaise veut
être définie comme une communauté culturelle. So, this
whole point about not being one and to be part of the cultural communities, I
think, was key to the Minister's remarks, as we looked at it.
Mme Goodfellow: I see.
M. Williams: The other point is: what I appreciated about your
paper today, and from the Townshippers that I have always seen, is not quickly
rallying behind a slogan or a particular program. You put together a whole
diverse range of solutions, and I think that it is what we are looking for. We
are not looking for affirmative action to support or not to support, we are
talking about, in this case, the underrepresenta-tion of the English-speaking
community. What I understood from your brief was it is a complex problem and it
takes many different approaches and not just one little slogan to do it; it
takes a lot of effort. Finally, we are talking about practical solutions. I do
not want to name any particular town but, in the towns where the
English-speaking community is in the Eastern Townships, you want to make sure
the people are employed. And that is the kind of solutions that you will be
looking for.
Mme Goodfellow: That is right
M. Williams: Avec cette approche, je voudrais dire merci beaucoup
à l'Association des Townshippers pour leurs commentaires, leur
mémoire, et je pense que vous avez donné un mémoire
très précis sur les besoins particuliers de la communauté
d'expression anglaise. Merci beaucoup.
Mme Goodfellow: Merci.
Le Président (M. Lemieux): Merci Je m'excuse. Nous vous
remercions pour la présentation de votre mémoire devant cette
commission et j'inviterais maintenant les représentants d'Alliance
Québec de bien vouloir prendre; place à la table des
témoins. Nous allons suspendre environ deux minutes pour vous permettre
de le faire.
(Suspension de la séance à 20 h 54)
(Reprise à 20 h 57)
Le Président (M. Lemieux): À Tordre, s'il vous
plaît!
La commission du budget et de l'administra- tion reprend ses travaux
pour entendre le mémoire présenté par Alliance
Québec. Je demanderais aux membres de ce groupe... S'il vous
plaît, auriez-vous la gentillesse et l'amabilité de bien vouloir
prendre vos places. Et je demanderais aux membres d'Alliance Québec de
bien vouloir prendre place à la table des témoins qui se situe en
face de moi. Le représentant du groupe aurait-il la gentillesse de nous
présenter les gens qui l'accompagnent et de nous faire part du contenu
de leur mémoire.
Alliance Québec
M. Keaton (Robert): Merci, M. le Président. Merci beaucoup
pour l'invitation de comparaître devant cette commission sur une question
très importante pour tout le Québec, quelle que soit la langue,
quel que soit le groupe. C'est la question de service de la fonction publique.
Ça me rappelle, vous avez tous une copie de notre soumission, notre
rapport. Cette question en soulève... D'abord, on a axé notre
présentation sur un des aspects de tout l'ensemble des questions de la
fonction publique, celui...
Le Président (M. Lemieux): Auriez-vous la gentillesse de
bien vouloir vous identifier et nous présenter les gens qui vous
accompagnent?
M. Keaton: Oh, excusez-moi. On est tellement pressés.
À ma gauche, c'est Maria Peluso, qui est un membre de la direction
d'Alliance Québec, Marie-Andrée Bastien, la directrice executive
d'Alliance Québec, et Mme Vicky Percival, directrice des affaires
légales d'Alliance Québec. Et moi, je suis le président,
Bob Keaton.
Le Président (M. Lemieux): Vous pouvez commencer
maintenant.
M. Keaton: Nous avons décidé d'axer notre rapport
sur un des aspects importants dans la grande question de la fonction publique,
c'est la question de l'emploi. Dans ce cas-ci, c'est l'opportunité de
l'emploi pour les minorités, tout spécifiquement pour les
minorités anglophones du Québec. Un des grands savants du XXe
siècle, Max Weber, a beaucoup réfléchi et beaucoup
écrit sur la fonction publique, au début de ce siècle. Il
a souligné l'importance, dans une démocratie, de
l'intégration des minorités dans une société, dans
la fonction publique. Déjà, au début de ce siècle,
on s'est penché sur cette question. Il disait qu'une
société moderne et démocratique, l'avantage
d'intégrer les minorités, c'est d'abord pour exploiter, dans le
sens positif, toutes les ressources humaines d'une société, avec
tous les talents que peuvent apporter tous les membres, tous les citoyens d'une
société.
Il a aussi souligné l'importance de l'intégration des
minorités dans la fonction publique, spécifiquement dans la
fonction publique, en ce
qui concerne la stabilité politique, la stabilité sociale.
L'intégration sociale est essentielle pour une société.
Une des meilleures façons d'assurer l'intégration des
minorités, c'est d'offrir toutes les possibilités de l'emploi
dans la fonction publique. Pourquoi? Parce que, d'abord, ça
démontre que le gouvernement appartient à tous les citoyens, pas
simplement à la majorité, mais à tous les citoyens.
Deuxièmement, ça crée une appartenance à tous les
membres de la société envers le gouvernement. C'est d'abord le
gouvernement de tous les citoyens. C'est mon gouvernement comme c'est votre
gouvernement. Dans ce cas-ci, c'est le gouvernement du Québec et nous
appartenons... Ça appartient à nous et nous appartenons à
ce gouvernement-là, dans le sens que nous sommes
intégrés.
Donc, aujourd'hui, on se trouve 80, pas 80 mais 60, 70 ans plus tard, et
ça reste un des grands défis de toutes les sociétés
modernes. Parce qu'on remarque, on constate à travers le monde que les
sociétés modernes sont caractérisées par la
diversité dans la société. Les sociétés
modernes ne sont plus monolithes. Ce sont toutes des sociétés
avec une grande diversité, d'où l'importance, aujourd'hui, de
continuer de vraiment réaliser le but prévu par Max Weber, le but
d'intégration des minorités.
En ce qui concerne la communauté anglophone du Québec, la
communauté d'expression anglophone du Québec, nous avons
constaté, il y a quelques années, que le taux de participation
des anglophones du Québec au sein de la fonction publique se chiffrait,
à la grande surprise de beaucoup de monde, il y a quelques
années, 10 ans à peu près, se chiffrait à peu
près à 1, 5 %. On constatait, il y a quatre ans, que ce
chiffre-là est tombé à 0, 8 % et quelque chose, je n'ai
pas le chiffre exact. Nous avons constaté, à Alliance
Québec, en faisant la recherche sur cette question importante, que,
malgré les efforts du passé du gouvernement, le taux de
participation des anglophones au Québec, dans la fonction publique, est
tombé à 0, 75 %, moins de 1 %, dans une population où le
pourcentage d'anglophones du Québec se chiffre à peu près
à 12, 6 %. On vous a donné les chiffres dans notre rapport: il y
a à peu près 52 000 fonctionnaires employés dans la
fonction publique au Québec, mais il y a guère 390 à 397
dits anglophones au Québec, à travers la province.
À Montréal, où la population anglophone, dans la
grande région montréalaise, se chiffre à peu près
à 35 %, où le nombre de fonctionnaires se chiffre entre 10 000 et
11 000, il n'y a pas plus de 90 anglophones employés par la fonction
publique du Québec, québécoise. Donc, c'est tout de
même surprenant, étant donné qu'on a constaté une
évolution remarquable au sein de la communauté anglophone du
Québec en ce qui concerne le taux de bilinguisme. La communauté
anglophone du Québec, depuis plusieurs années maintenant, a fait
des efforts énormes pour mieux s'intégrer au Québec, dans
un Québec changeant, un Québec de plus en plus francophone, de
plus en plus français. Notre communauté a péniblement
augmenté dans le taux de bilinguisme jusqu'à maintenant; selon
les données de 1986, 60 % de notre communauté est
considérée comme bilingue. Et, si on regarde ces chiffres en
termes de groupes d'âge, on croit, on voit que le taux de bilinguisme est
même plus élevé parmi les plus jeunes, ça veut dire
les jeunes qui sont maintenant sur le marché. Donc, au moment où
notre communauté est de plus en plus capable, de plus en plus
compétente pour fonctionner dans un milieu essentiellement francophone
maintenant au Québec, le taux de participation en ce qui concerne
l'accès et l'emploi tombe. Ça, c'est une contradiction flagrante.
Et malgré toute l'attention que nous avons donnée à ce
phénomène-là, toute la bonne volonté des
gouvernements consécutifs, même avec le Parti
québécois, le gouvernement du Parti québécois, le
gouvernement du Parti libéral, il y a un problème Ce n'est pas
simplement un problème, c'est un problème grave, un
problème sérieux.
Pourquoi ce manque d'emploi, ce manque de participation par les
anglophones dans la fonction publique? Il faut dire aussi que le gouvernement
du Québec représente le plus grand employeur au Québec.
Mais pourquoi il y a un niveau de participation si bas que cela?
Traditionnellement, on dit souvent que les anglophones ne sont pas tellement
intéressés à travailler dans la fonction publique. Alors
les anglophones d'habitude sont intéressés de travailler dans le
marché privé. Ça, c'est plutôt une image du
passé qui est plus ou moins vraie, mais maintenant ça ne peut
plus être une raison. Ce que nous avons témoigné,
constaté, souligné, c'est qu'il y a un malaise social
très, très grave, pas simplement pour la minorité
affectée par ce problème, mais c'est un problème social au
Québec. C'est un problème de toute la société
québécoise, présumant que tout le monde est
intéressé d'assurer ('Intégration des minorités
dans la société générale du Québec.
Le problème sur lequel j'attire l'attention, c'est qu'il y a au
sein de notre communauté un sentiment, un sentiment de discrimination.
J'hésite à employer ce mot, discrimination. Mon vocabulaire
d'habitude est très prudent en ce sens-là. Mais il y a une
perception. Je ne dis pas que c'est vrai, qu'il y a de la discrimination, qu'on
appelle aujourd'hui la discrimination endémique ou systémique,
dans un système. Je ne dis pas, parce que ce serait très,
très difficile de faire un cas empirique, avec l'évidence, pour
prouver que ça existe, mais la perception est là et la perception
est répandue dans notre communauté.
Quand on parle aux jeunes, aujourd'hui, ils disent. Écoute, on
est bilingues maintenant, on cherche de l'emploi, mais ça ne vaut pas la
peine
de faire application pour la fonction publique au Québec parce
que notre nom n'est pas français. Alors, c'est un problème. C'est
un problème à tel point qu'Alliance Québec, qui a toujours
essayé de contribuer à résoudre le problème, est
arrivée au point maintenant qu'on ne peut plus appuyer une simple
expression de volonté du gouvernement, d'où notre appel à
j'emploi, à l'accès, ce qu'on appelle "affirmative action
program". En ce sens-là, je donne la parole à. Mme Peluso, qui
est plus experte que moi à expliquer le contenu de cette
idée.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît,
madame.
Mme Peluso (Maria): Merci. Le présent rapport porte sur
certaines activités liées à la problématique des
relations de la communauté anglaise au sein de la fonction publique
québécoise, et plus spécifiquement sur les questions
reliées aux programmes d'accès à l'égalité.
Nous pensons que la problématique des relations avec la
communauté anglaise, d'expression anglaise, doit être
traitée d'une façon globale Cette problématique couvre les
aspects sociaux, économiques, culturels et politiques de la vie et de la
société québécoise. Les activités
mentionnées dans le rapport correspondent aux projets spéciaux
parmi lesquels figurent la mise en place d'un programme d'accès à
l'égalité, le développement des relations avec la
communauté anglaise, l'intégration harmonieuse et la
participation active des membres issus de la communauté anglaise, la
recherche par la communauté anglaise d'une meilleure
compréhension du rôle des institutions québécoises,
une participation accrue au développement culturel et au
développement économique, etc. L'ensemble de ces questions
devrait se traduire par un énoncé de politique global
décrivant les grandes orientations stratégiques que la fonction
publique se donnera.
L'aspect spécifique du dossier des relations avec la
communauté anglaise dans ce rapport porte essentiellement sur la. mise
en place du programme d'accès à l'égalité. Les
programmes d'accès à l'égalité, les PAE,
constituent seulement une des composantes du dossier des relations avec la
communauté anglaise. Les PAE, en soi, sont des programmes dont la mise
en application se traduit par des projets spécifiques, dont les
suivants: l'embauche des membres issus de la communauté anglaise, la
sensibilisation du milieu d'accueil -. ça veut dire la fonction publique
- la formation du personnel des organisations et des organismes qui se trouvent
au sein de la fonction publique, établissement de liaisons avec les
membres de la communauté anglaise, l'adoption de plans d'information et
de communication adaptés à la problématique de leur
relation avec la communauté anglaise, le développement
d'activités de recherche, documentation et évaluation de
l'embauche.
En 1982, le gouvernement du Québec sanctionnait une loi modifiant
la Charte des droits et libertés de la personne qui accordait aux
programmes d'accès à l'égalité une assise
légale et permettait leur implantation dans la province. Toutefois, les
dispositions de la Charte relatives aux programmes d'accès à
l'égalité ont été mises en vigueur en 1985
seulement. Il faut préciser que le premier alinéa de l'article
86. 2 de la Charte dit: 'Tout programme d'accès à
l'égalité doit être approuvé par la Commission
à moins qu'il ne soit imposé par le tribunal. " Et cet article de
la Charte n'a pas été mis en vigueur.
Les objectifs poursuivis par la Commission des droits de la personne
servent à corriger la situation des personnes faisant partie des groupes
victimes de discrimination dans l'emploi ainsi que dans les secteurs de
l'éducation ou de la santé et dans tout autre service
ordinairement offert au public. Il existe au Québec trois types de
programmes d'accès à l'égalité régis par la
Charte: les programmes recommandés par la Commission des droits de la
personne ou ceux imposés par un tribunal, les programmes obligatoires
qui résultent de l'obligation que le gouvernement s'est donnée en
vertu de l'article 86. 7 de la Charte d'implanter des programmes d'accès
à l'égalité dans les ministères ou organismes
gouvernementaux, et les -programmes volontaires qui résultent de
l'initiative d'un individu, d'une organisation.
Selon le règlement mis en vigueur en 1986 qui ne régit que
les programmes recommandés ou imposés, les groupes cibles sont
les femmes, les membres des communautés culturelles, les personnes
handicapées et les autochtones. Les femmes représentent le seul
groupe cible visé par les programmes obligatoires dans la fonction
publique québécoise. Selon le guide d'élaboration d'un
programme volontaire de la Commission des droits de la personne, les groupes
cibles, dans le cas des programmes volontaires, ce sont ceux, entre guillemets,
qui sont caractérisés par un ou plusieurs des motifs ou
critères de distinction illicite énumérés à
l'article 10 de la Charte des droits et libertés de la personne: race,
couleur, sexe, grossesse, orientation sexuelle, état civil, âge,
religion, conviction politique, origine ethnique ou nationale, condition
sociale, handicap et langue. Donc, les membres peuvent être
identifiés et dénombrés, tant à l'intérieur
de l'organisation, s'il y sont présents, qu'à l'extérieur
de l'organisation. (21 h 15)
Les programmes d'accès à l'égalité, qu'ils
soient volontaires, recommandés ou imposés, doivent contenir les
mesures suivantes: 1. des objectifs quantitatifs quant à
l'amélioration de la représentation des membres du groupe cible;
2. des mesures de redressement qui consistent à accorder temporairement
aux personnes des
groupes cibles certains avantages préférentiels; 3. des
mesures d'égalité des chances qui visent à assurer
l'égalité d'exercice d'un droit, notamment en éliminant
des pratiques discriminatoires dans la gestion de l'entreprise; 4. des mesures
de soutien; 5. des mesures de contrôle et d'évaluation doivent
être prévues pour suivre l'évolution de la situation et
pour veiller au respect des échéanciers. Ces mécanismes
permettent également d'évaluer les progrès
réalisés et les difficultés rencontrées.
Selon notre rapport d'Alliance Québec, nous supposons la
présence d'un certain nombre de conditions pour assurer la
réussite d'un tel programme: l'engagement de la haute direction; la
nomination d'une personne responsable de l'élaboration et de
l'implantation du programme, cette personne devant avoir un statut de cadre
supérieur de préférence; la concertation entre les
partenaires présents dans l'organisation - ça veut dire
l'employeur, les syndicats, les employés concernés; la formation
et l'information des personnes appelées à participer à la
réalisation des programmes et de l'ensemble des employés.
J'ai élaboré également des stratégies. Les
problèmes évoqués et l'évolution des dossiers dont
nous avons présenté les grandes lignes nous poussent à
prendre des orientations plus précises et plus directes si on veut
aboutir à des résultats. Cet ensemble d'orientations doit
s'inscrire dans une stratégie tenant compte des forces et des faiblesses
des organismes dans la fonction publique, dans leur organisation et dans leur
structure fonctionnelle. À ce titre, on peut considérer qu'une
stratégie représente un ensemble de mesures. Ces mesures sont
prises dans une optique globale afin de tenir compte de l'organisation et de
l'environnement. Et le but ultime de celle-ci est de modifier une situation qui
prévaut à l'échelle du milieu. La modification de la
situation peut avoir un caractère collectif, le cas des PAE; un
caractère interactif, le cas d'une stratégie du marketing des
produits; ou encore un caractère informatif, le cas d'une
stratégie de publicité ou de communication.
Ainsi, la stratégie se compose nécessairement des buts
visés, d'un énoncé d'orientations à
privilégier, de l'ensemble des actions à entreprendre, des moyens
que la fonction publique du Québec compte mobiliser Pour Alliance
Québec, il est important, dans ces dossiers, que la fonction publique
suive attentivement et s'intéresse aux processus sociaux et pas
seulement aux situations d'explosion sociale quand elles surviennent. Il sera
donc opportun que la fonction publique du Québec puisse prendre en
compte cette orientation et réponde aux besoins des
Québécois et Québécoises anglais, avec une justice
sociale et en toute entière égalité.
M. Keaton: Voilà, M. le Président. Nous sommes
prêts maintenant pour les questions.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Nelligan.
M. Williams: M. le président, au nom de notre formation,
je voudrais vous souhaiter la bienvenue à la commission et je voudrais
vous dire merci pour votre mémoire. Je pense que nous sommes tous ici
pour étudier les questions de la fonction publique Nous avons quatre
thèmes. Nous voulons aider la fonction publique à
améliorer sa qualité de service. J'ai voulu suivre la même
piste des questions que j'ai fartes avec les Townshippers, mais, avec vos
remarques, je pense, je vais commencer avec lus autres questions.
J'ai trouvé votre document, votre mémoire, ferme, mais
j'ai trouvé, si j'ai bien compris, quelques-unes de vos remarques
choquantes un peu. Vos remarques... Vous avez parlé de discrimination
quand nous partons de la fonction publique. Et peut-être due j'ai mal
compris, mais nous pourrons discuter de ça. Mais je voudrais clarifier
quelques chiffres avant parce que, peut-être, ça va donner une
petite clarification et aussi ça va donner une base à mes
questions.
Nous avons parlé d'une représentation de la
communauté d'expression anglaise d'environ 0, 8 % de la fonction
publique. Je voudrais juste clarifier cette auto identification de la
population dans la fonction publique. Oui, c'est le chiffre que j'ai
moi-même utilisé, mais ce n'est pas clair exactement le niveau de
la représentation. Je ne veux pas faire un débat sur les
chiffres, mais si c'est encore f % ou 2 %, ça ne fait pas une grande
différence; mais je voudrais juste clarifier ce point, parce que, si la
communauté d'expression anglaise représente 9 % ou 12, 6 %, 1 %
ou 2 % ce n'est encore pas assez grand et j'espère que nous pourrons
trouver les solutions à cette question. La façon dont vous avez
expliqué le niveau de la communauté d'expression anglaise ici
à 12, 6 %, ça touche une question, pour moi, fondamentale. Aussi
votre point que vous voulez avoir un programme d'accès à
l'égalité c'est attaché à ça. Ça
touche la question de la définition de la communauté d'expression
anglaise.
Here, you talked about sentimental perceptions of discrimination. You
talked about the need for affirmative action program which, my understanding of
that, is based on the fact that there is discrimination. And my understanding
is that, in fact that - and you wanted it to be similar to the cultural
communities affirmative action program, one is I never thought, and I would
like this clarified, whether the English community called itself a cultural
community and whether it felt at ease with that. If it did, how would it fit in
affirmative action programs as a second program? And then, third and quite
importantly, what examples have you had about discrimination? There Is no
question that we have acknowledged a problem, and we are
addressing it in terms of "sensibilisation", but I would like to read
those with some pretty fundamental things you said today, and I would like to
be able to explore them tonight with you. So I leave... Those are three
questions, generally, that I think, that need dialogue and, if I misunderstood
something, I would be very pleased to have it cleared up.
Mme Peluso: Maybe I can address some of your concerns. Certainly,
given the length of time in which we had to get this brief ready for you,
ça ne nous a pas donné beaucoup de temps pour élaborer
bien comme il faut tout le rapport qu'on a souhaité vous donner. M.
Williams, en ce qui concerne la question de discrimination, je pense qu'il y a
évidemment certaines barrières. Les faits parlent par
eux-mêmes. Le fait existe qu'il y a tant de pourcentage de la
communauté anglaise dans la société
québécoise et tant qui sont représentés au sein de
la fonction publique. Ça, c'est une réalité autant que
c'est une réalité pour les autres groupes cibles, autant pour les
femmes, autant pour les gens handicapés, autant pour les gens des
communautés culturelles.
Dans le rapport, ça n'indique nulle part qu'on est membre d'une
communauté culturelle. Mais, quand même, on occupe une place d'un
statut minoritaire au Québec. Et ça, c'est clair. Je ne pense pas
que personne ne va nier le fait qu'on occupe une place minoritaire en nombre.
Donc, on désire tout simplement avoir l'accès et la
qualité du service et des produits qui viennent de la fonction publique
de la même manière que la société majoritaire, tout
simplement.
M. Keaton: Et ce n'est pas nous autres qui avons
décidé des catégories. Il y a tant de catégories,
les groupes culturels, les groupes linguistiques, tous ces groupes là
Alors ça nous force effectivement à... On se trouve dans quelle
catégorie? Est-ce que c'est clair qu'il y a une communauté
anglophone du Québec? C'est même reconnu dans la loi. Ça
existe. Selon les chiffres de 1986, le pourcentage qui considère la
langue maternelle comme la langue anglaise so chiffre a 12, 6 %, en termes
absolus, à peu près 800 000 Quand on regarde les chiffres du
nombre d'employés dans la fonction publique, on constate qu'il y a une
diminution de ces chiffres pendant que le taux de bilinguisme au Québec
au sein do la communauté anglophone augmente, et que le pourcentage des
gens qui font application n'est pas très, très haut, et |e nombre
d'engagés, quand on regarde 397 sur 52 000, on dit qu'il y a quelque
chose dans le système qui ne marche pas.
Mme Peluso: Une autre chose. Vous demandez les barrières
de la discrimination Je vous en donne une tout simplement. Il n'y a aucun
centre de main-d'oeuvre québécois dans aucun cégep anglais
au Québec. Ça existe dans les cégeps francophones et dans
le système scolaire francophone. En voilà une. On ne peut pas
avoir des services qu'on accorde à certains et qu'on n'accorde pas ces
mêmes services à tout le monde qui demeure ici au
Québec.
M. Williams: Merci. Pour cette question, vous avez utilisé
le mot "discrimination" encore et ça me touche beaucoup parce que c'est
un mot assez fort. Il n'y aucun doute qu'il y a une sous-représentation
dans mon évaluation, c'est pourquoi nous avons le comité Blair
qui étudie cette question. Mais je voudrais savoir, est-ce que le seul
problème c'est le système? Est-ce que c'est un manque de
communication? Est-ce que la seule façon de corriger le problème
est un programme d'accès à l'égalité ou est-ce
qu'il y a d'autres choses à faire? Avec le but d'améliorer la
représentation de tous les Québécois dans la fonction
publique, est-ce que c'est juste par les moyens d'un programme d'accès
à l'égalité qui, à mon opinion - je ne suis pas
l'avocat ici - est une interprétation assez légale, ou est-ce que
c'est des choses plus communautaires, plus souples, plus flexibles, comme
l'exemple que vous venez de mentionner d'avoir les personnes disponibles au
niveau du cégep? Est-ce qu'il y a d'autres choses à faire pour
améliorer cette chose? Parce que nous avons, je pense, tous
souligné le problème, maintenant nous cherchons une solution.
Est-ce qu'il y a d'autres moyens?
M. Keaton: II me semble que d'abord, trouver une solution exige
qu'il y ait une volonté de reconnaître qu'il y a un
problème. Je vois souvent que certaines personnes disent: Écoute!
Ce n'est pas un problème. C'est votre problème, ce n'est pas
notre problème. Si le gouvernement ou les leaders politiques
constataient les mêmes chiffres que nous constatons, qu'ils disent s'il y
a un problème, et pas simplement laisser le fardeau à la
minorité de convaincre la majorité qu'il y a un problème.
Car on ne convaincra jamais si les gens ne veulent pas admettre qu'il y a un
problème. Ce que je veux dire, avant de commencer avec la liste de
toutes les mesures qu'on peut prendre pour résoudre le problème,
il faut changer l'attitude à l'effet qu'on veut résoudre le
problème. En ce qui concerne les mesures spécifiques, je pense
que Mme Peluso a quelque chose. (21 h 30)
Mme Peluso: Je pense aussi à la discrimination. C'est
basé d'abord sur l'ignorance et une perception dans les deux sens.
N'oubliez pas, au sein d'une grande boîte qui est la fonction publique
québécoise, il y a toutes sortes de contraintes qui ne sont pas
nécessairement des contraintes discriminatoires en soi, mais qui sont
des contraintes du milieu dans lequel on travaille dans la fonction publique.
Il y a beaucoup d'exigences, beaucoup de directives, beaucoup d'exigences
contrôlées par le trésorier, beaucoup
d'exigences politiques. Alors, je ne dis pas que toute la discrimination
brute est une discrimination vraiment individuelle, face à face avec la
communauté anglaise. Mais, quand même, il y a toujours une
discrimination systématique et ça, c'est basé sur une
perception et c'est... Dans une fonction publique, n'importe laquelle, on se
fait des priorités et ces priorités-là, c'est toujours un
problème, dans l'administration publique, n'importe laquelle. C'est un
problème global dans chaque administration publique que j'ai
étudiée... que les priorités, c'est l'implantation d'un
programme sans, des fois, tenir compte du contexte social de la
société. Et de plus en plus, je pense que c'est un défi
pour les fonctions publiques à travers le monde en France, aux
États-Unis - de répondre avec nos programmes qui ne sont pas
isolés, là, dans une boîte à quelque part mais qui
sont vraiment des programmes qui répondent à la
réalité de la société, aux composantes de cette
réalité, et que c'est une réalité de plus en plus
diversifiée au Québec. Et ce n'est pas quelque chose qui est
unique au Québec. C'est quelque chose qui existe. Franchement, c'est
quelque chose... Je pense que l'administration publique a évolué
énormément.
En ce qui concerne votre question des moyens, il n'y a pas un moyen...
Vous parlez comme s'il y avait un moyen autre que les PAE. Au contraire, quand
on répond à une clientèle, on trouve des moyens, dans un
contexte et dans une stratégie bien planifiés dans lesquels, si
on est sérieux avec notre affaire, on répondra, puis on arrivera
à répondre aux exigences.
Le Président (M. Lemieux): M. le député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: Oui, M. le Président. À mon tour de vous
souhaiter la bienvenue aussi. Ça fait plaisir de vous voir ici. il y a
M. Keaton... Vous avez dit, dans votre énoncé, tantôt, que
même des anglophones qui sont parfaitement bilingues passent des concours
de recrutement et vous dites que ces gens-là n'accèdent pas
à l'emploi parce qu'ils ont un nom à consonnance anglaise. Alors,
comme argument, je trouve ça quand même très fort,
honnêtement. Pour moi, un francophone qui parle anglais, qui est
bilingue, ou un anglophone qui parle français et qui est bilingue,
à mon point de vue, ce sont deux personnes qui sont égales, au
niveau linguistique du moins. Et à ce moment-là, c'est quand
même un constat, je trouve, qui est dangereux et qui n'est pas à
l'image de la société québécoise. Je m'excuse
mais... En tout cas, j'aimerais vous entendre là-dessus.
M. Keaton: Oui. Écoutez bien. Je ne dis pas que c'est ce
qui se passe et le fait des choses. Je vous ai dit que c'est la perception. Et
vous pouvez me dire: Bon, si c'est une fausse perception, ne le croyez pas.
Mais ce que je veux dire, c'est que ce n'est pas un secret. Quand je dis
ça, ce n'est pas un secret. Je ne cache rien. C'est ça qui
circule dans la communauté maintenant. Pour quelle raison? Si c'est
faux, bon, je... J'entends mal, M. Léonard.
M. Léonard: Est-ce que vous ne contribuez pas un peu
à cette perception?
M. Keaton: Ce que je veux dire c'est qu'il y a une certaine
attitude, maintenant, à ce que je vois, là. C'est que quand les
anglophones disent quelque chose que les francophones ne veulent pas croire,
là, ils n'écoutent pas. Ils disent: C'est une "joke", bon, bon,
bon.. Ce que je veux dire, c'est qu'il y a désaffection Si vous voulez
la communauté anglophone au Québec, si vous voulez que cette
communauté contribue au développement du Québec, avec tous
les talents, toute l'éducation, toute la richesse qui existent dans la
communauté anglophone, il faut tenir compte de ces
perceptions-là.
M. Farrah: M. le Président, j'admets candidement qu'il y a
quand même une sous-représentation et une lacune au niveau des
services anglophones. Et moi-même, chez nous, aux
Îles-de-la-Madeleine, même si c'est loin, on a une clientèle
anglophone et je suis convaincu que ce n'est peut-être pas toujours
facile de trouver un service en langue anglaise au niveau des différents
ministères.
J'aurais aimé que vous auriez élaboré davantage ou
amené des statistiques au niveau du nombre d'anglophones qui passent des
concours, à savoir c'est quoi le taux d'échecs ou c'est combien
de pourcentage", d'une part, et deuxièmement, aussi, j'aurais
aimé ou... une solution à votre problème, pas en
totalité mais en partie. L'imputabilité des hauts fonctionnaires
face à ces gens-là qui pourraient venir ici en commission
parlementaire et des organismes comme vous et bien d'autres au niveau de la
communauté anglophone, ou d'autres communautés linguistiques au
Québec, qui peuvent faire pression au niveau de leurs élus, du au
niveau des élus en général, pour qu'on puisse poser des
questions à ces gens là s'ils sont Imputables devant nous,
à savoir s'il y a des discriminations à l'intérieur des
politiques d'embauché de différents ministères. Alors, je
pense que l'imputabilité peut être un moyen, pas une
panacée mais quand même un moyen important, pour que ça
amène une diminution, peut-être, de la discrimination, s'il y en
a. J'aimerais vous entendre au niveau statistique et ce que vous pensez de
l'imputabilité également.
Mme Peluso: Je pourrais si le comité, si la commission...
On pourra vous les fournir. Je pense que cette information devait
déjà être à votre disposition quelque part dans la
boîte administrative. Mais, si vous voulez, je pourrai vous les faire
sortir. On n'était pas, compte tenu
des délais de mettre le rapport ensemble. On vous a fourni les
statistiques qu'on avait dans nos mains dans le temps. Par la suite, on a eu
d'autres statistiques qu'on pourra fournir. Disons qu'on aimerait bien
maintenir un contact avec la fonction publique en ce qui concerne la
problématique du manque d'anglophones et on serait prêt à
collaborer, à donner tout renseignement nécessaire pour prouver
potre cas, définitivement.
M. Farrah: Lorsqu'on parle de discrimination, il faut faire
attention. Cet après-midi, il y a quelqu'un qui est venu. Op a entendu
quelqu'un qui nous a dit qu'il avait passé 30 concours. C'est un
francophone qui a passé 30 concours, et il n'en a pas réussi un,
et qui mettait en doute pratiquement le système. C'est pour vous dire,
quand même, que ça existe à tous les niveaux, des doutes ou
des mauvaises perceptions.
Mme Peluso: Je vous dis, monsieur, je vous dis seulement que
l'objectif fondamental d'un programme d'accès à
l'égalité, c'est pour donner un traitement
préférentiel aux minorités qui existent dans la
société et qui sont également servies par la fonction
publique. Ce n'est pas uniquement une question d'avoir des questions
égales, c'est une question de répondre à un
déséquilibre qui existe, un écart assez énorme,
flagrant entre ceux qui sont engagés et ceux qui ne sont pas
engagés. C'est ça un programme d'accès à
l'égalité, finalement.
M. Keaton: Mais les chiffres, on en a besoin aussi. Surtout les
chiffres en ce qui concerne le nombre d'anglophones qui demandent l'emploi, le
nombre qui réussit leurs examens et tous ces chiffres-là. C'est
dans notre intérêt, comme c'est dans votre intérêt,
d'avoir ces chiffres exacts; effectivement, si notre "assomption" n'est pas
correcte, on va l'abandonner. On n'est pas là pour essayer de prouver
une situation qui n'existe pas.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie.
Effectivement, j'ai peut-être été un peu surpris
moi-même par certains de vos propos et surtout ceux lorsque vous avez
fait état d'une certaine forme, peut-être, de discrimination,
peut-être pas apparente, mais véhiculée ou sur une forme
d'impression quelconque. Mais vous savez, je pense, que l'accès à
la fonction publique, ce n'est pas une quesfion de communauté. Il ne
s'agit pas d'être francophone, il ne s'agit pas d'être anglophone.
Je pense qu'il s'agit de faire partie de la collectivité
québécoise. Elle est multiethnique, la collectivité
québécoise. Vous avez, à l'article 3, paragraphe 3 de la
loi 51, un élément qui vous dit ceci: L'égalité
d'accès de tous les citoyens à la fonction publique, peu importe
leur couleur, peu importent lours origines, peu importe leur langue. Et, en ce
sens-là, j'ai de la difficulté à vivre ou à
accepter que, pour la communauté anglophone, il pourrait y avoir un
programme d'accès à l'égalité visant a la
favoriser. Je me demande si on rencontrerait - c'est une question que je me
pose comme président de cette commission - les objectifs de la loi.
J'ai une autre préoccupation, et je vais demander peut-être
aux organismes concernés de me fournir les statistiques, parce que
ça m'inquiète ce que vous me dites, je ne vous le cacherai pas.
Vous-même, avez-vous des statistiques sur la participation des
anglophones aux concours de recrutement de la fonction publique? C'est ce que
vous avez entre les mains, des statistiques de cette nature-là, à
savoir le nombre d'anglophones diplômés de cégeps ou
d'universités ou d'écoles secondaires qui ont participé
à des concours de recrutement, que ce soit au niveau professionnel, que
ce soit au niveau des cadres administratifs ou du personnel ouvrier? Si vous
avez ce type d'information et si vous avez une forme quelconque de
discrimination qui ait pu se faire, moi, je me charge, comme président
de cette commission, d'avoir à regarder ça de très
près. Mais je n'aime pas que ce genre de message... Je ne pense pas que
nous sommes... Je ne pense pas que la population en général soit
chauvine au Québec, puis je ne pense pas qu'on ait des attitudes de ce
genre-là. Et quand j'entends des choses comme ça, ça fait
trop de mal à l'ensemble des Québécois, y compris à
vous-mêmes et y compris à nous-mêmes, et je vais vous avouer
que ça m'effraie un petit peu. C'est un commentaire que je vous fais
simplement.
M. Keaton: Je ne comprends pas pourquoi vous auriez une plus
grande difficulté d'accepter qu'il y ait un besoin pour l'emploi des
anglophones que pour les communautés culturelles désignées
dans la loi. Vous avez mis en place un programme d'accès à
l'égalité pour les communautés culturelles lorsque le taux
de participation se chiffre à 3, 5 %. Mais quand nous arrivons devant
vous et disons que la communauté anglophone du Québec, qui est
ici historiquement depuis plus longtemps, disons, que d'autres groupes, mais
que le taux de participation est de 0, 75 %, vous avez une difficulté
à comprendre pourquoi nous demandons un programme d'accès
à l'égalité. Pourquoi ce double standard? Est-ce que vous
croyez vraiment que la communauté anglophone du Québec est
tellement puissante, tellement privilégiée, tellement quoi,
qu'elle n'a pas besoin d'un programme pour mieux s'intégrer dans la
fonction publique? C'est pourquoi j'ai de la difficulté à
comprendre pourquoi vous avez cotte difficulté à comprendre.
Mais, pour la deuxième question, les statistiques, il y a un
problème. Nous nous engageons à fournir les données plus
tard, parce que, comme nous avons expliqué, d'habitude Alliance
Québec a une bonne
réputation pour vraiment faire des rapports
équilibrés, des rapports vraiment documentés, autant que
possible. Nous nous excusons de ne pas vraiment être en mesure de vous
fournir les données, parce que nous étions, nous sommes
engagés, vous avez peut être remarqué quo notre
organisation est engagée dans une grande consultation au sein de la
communauté angle phone du Québec, qui prend le personnel à
plein temps. On veut vous fournir toutes les données possibles, et puis,
si on se trompe, on vu l'admettre. On va admettre que nous nous trompons.
Le Président (M. Lemieux): Ce que je veux que vous
compreniez, c'est qu'il n'y a pas de préjugés défavorables
à votre endroit, de notre part. C'est ça aussi que j'aimerais que
vous puissiez comprendre.
M. Keaton: Oui, merci.
Le Président (M. Lemieux): Et on regardera à ce
niveau-là, au niveau des statistiques, puis on regardera aussi
globalement s'il y a possibilité de faire quelque chose. Mais je veux
qu'au moment où vous quitterez cette salle vous soyez bien à
l'aise II n'y a pas de préjugés défavorablés
à la communauté anglophone de la part de cette commission
parlementaire. M. le député de La Prairie...
M. Keaton: Encore une fois, je ne viens pas ici pour vous accuser
ou accuser le gouvernement...
Le Président (M. Lemieux): Non, non...
M. Keaton:... ou la fonction publique. C'est qu'il y a une
perception dans notre communauté et, si la perception est fausse dans le
sens que ce n'est pas la réalité, c'est à notre avantage
de dissiper cette perception.
Le Président (M. Lemieux): D'accord. M. le
député de La Prairie.
M. Lazure: Merci, M. le Président. Les seuls faits qui
sont vérifiables et fiables, c'est le pourcentage d'anglophones
actuellement à la fonction publique: 0, 7 %, 0, 8 %, 0, 9 %, 1 %. Tout
le reste, c'est de l'impressionnisme, M. Keaton. Et moi, je déplore que
vous avanciez des gros mots comme "discrimination apparente" ou "sentiment de
discrimination" lorsque vous n'avez même pas de chiffres pour appuyer le
nombre de personnes anglophones qui auraient été victimes de
cette discrimination apparente. On s'entend donc sur la constatation, il y a
une sous-représentation. Mais là où on ne s'entendra
probable ment pas c'est sur les causes de la sous-représentation et,
deuxièmement, sur les moyens d'y remédier. Sur les causes, moi,
je ne suis pas du tout convaincu que ce que vous réclamez à
grands cris pour la population anglophone, et non pas allophone - là
vous parlez des anglophones et non pas des allophones, comprenons-nous bien
niais dans le cas des anglophones, le ou la jeune qui sort de que ce soit
McGill ou l'Université de Montréal, ça arrive de temps en
temps, je ne suis pas du tout convaincu que ces jeunes anglophones, hommes et
femmes, sont tellement intéressés à la fonction publique
québécoise Je n'en suis pas convaincu du tout, du tout Je dirais
même que le système anglophone actuel d'enseignement
collégial et d'enseignement universitaire anglophone, probablement qu'il
renseigne mal le jeune ou la jeune sur la fonction publique
québécoise Je dirais aussi qu'Alliance Québec renseigne
mal le ou la jeune Québécoise anglophone. Je dirais que The
Gazette renseigne mal le ou là jeune Québécoise anglophone
sur le climat de la fonction publique québécoise, sur
l'État québécois, sur le gouvernement
québécois, quelle que soit la couleur au pouvoir. Et, s'il y a
une discrimination réelle, vous nous le prouverez un jour par des
chiffres, mais j'en doute beaucoup. Mais ce qu'il y a peut-être comme
cause, c'est le manque d'éclairage do votre part, de la part de The
Gazette, de la part des médias, de CJAD, de l'ensemble des médias
anglophones qui représentent trop souvent l'État du
Québec, la fonction publique du Québec comme étant Un
gouvernement étranger, un État étranger. Et ça, ce
n'est pas de nature à attirer la jeune ou le jeune anglophone vers la
fonction publique. On pourrait discourir longuement sur les causes d'un
intérêt que je vois moi-même comme très mitigé
de la part des anglophones jeunes. (21 h 45)
Maintenant, sur les moyens d'y remédier. À supposer qu'il
y ait un problème, les moyens d'y remédier... le programme
d'accès à l'égalité, c'est loin d'être
sûr que ce serait justifié. Les programmes d'accès à
l'égalité, historiquement, ont été
créés lorsqu'il y avait discrimination évidente,
indiscutable: les femmes, les autochtones, les personnes: handicapées.
Indiscutablement. Discrimination historique. Négligence historique. Les
communautés culturelles, vous évoquez leur cas. Dans leur cas, ce
n'est pas un phénomène historique, c'est un
phénomène récent. Mais je pense que, dans le cas des
communautés culturelles, il est plus normal que les jeunes, les
arrivants, nouveaux au Québec, et contrairement aux anglophones qui sont
ici depuis plusieurs générations, ils aient besoin d'un coup de
pouce pour une certaine période de temps.
Alors, moi, M. le Président, je trouve que, à la fois sur
les causes et sur les remèdes, on peut diverger sur la constatation
qu'il n'y en a pas beaucoup. Ça, je l'ai faite la constatation aussi
pour les personnes handicapées. Vous savez, il y a 11 % ou 12 % de
personnes handicapées au
Québec, mais il y en a seulement 0, 9 %, 0, 7 %, à peu
près le même pourcentage que les anglophones, dans la fonction
publique, et ça fait sept ou huit ans qu'il y a un programme
d'accès à l'égalité. Alors, ce n'est pas vraiment
un remède miracle, le programme d'accès à
l'égalité.
M. Keaton: C'est un peu comme le patient qui va chez le
médecin. Le médecin blâme la victime. Vous blâmez la
victime.
M. Lazure: Pardon? Je blâme..
M. Keaton: Excusez-moi, mais quand vous dites que les
institutions anglophones ne font pas l'éclairage de ce qui se passe
à la fonction publique...
M. Lazure: Oui. C'est ce que je dis.
M. Keaton:... est-ce que le gouvernement fait l'éclairage?
Pourquoi vous insistez que c'est sur la minorité que tombe le fardeau
d'éclaircir la fonction publique? Je veux dire, excusez-moi...
M. Lazure: Le gouvernement, quand il annonce des postes libres
à la fonction publique, il les met à la disposition de toute la
population, et il les annonce même en anglais, vous le dites
vous-même dans votre mémoire, maintenant. Il n'est pas
obligé de les annoncer en anglais.
M. Keaton: Mais expliquez...
Mme Peluso: Mais ce n'est pas le seul moyen de recrutement.
M. Lazure: Non.
M. Keaton: II n'y a pas de bureau de recrutement dans les
universités anglophones.
Mme Peluso: Dans les écoles. M. Keaton: Dans les
écoles.
M. Lazure: S'il y avait plus d'anglophones qui
fréquentaient les cégeps francophones et les universités
francophones, peut-être qu'à ce moment-là ils seraient
mieux initiés au climat social qu'on retrouve dans la fonction publique
québécoise et peut-être qu'ils seraient plus
intéressés à aller à la fonction publique
québécoise.
Le Président (M. Lemieux): Et c'est le seul moyen, par
voie de recrutement, c'est le seul moyen d'accéder à la fonction
publique. Il n'y en a pas d'autre que celui-là. Du moins, moi, je n'en
connais pas d'autre. Si vous en connaissez d'autres, faites-le-moi savoir.
M. Keaton: Vous demandez et vous exigez la preuve en chiffres
pour la discrimination, de ce qu'on dit de la discrimination.
M. Lazure: Oui.
M. Keaton: Mais est-ce qu'il y a des chiffres qui
démontrent empiriquement qu'il y avait de la discrimination envers les
femmes?
M. Lazure: Oui. Oui. Mais c'est un consensus très social,
en tout cas, autant de la part des anglophones que des francophones.
Là-dessus, on s'entendait très bien, vous autres puis nous
autres. Pour les handicapés puis pour les femmes, il n'y a pas eu de
discussion.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? M. le député de Saint-Louis.
M. Chagnon: Oui. Je note et j'admets au départ que le
pourcentage d'anglophones qui travaillent dans la fonction publique n'a pas sa
corrélation dans le pourcentage d'anglophones qui habitent,
résident au Québec. Ça, ça m'apparaît
évident. Il n'y a même pas de discussion a ce niveau-là qui
puisse se faire. Ce que j'aimerais comprendre, ce qui m'apparaît
être nouveau dans le document d'Alliance Québec, c'est le fait que
l'on demande un programme d'accès à l'égalité cette
année et que, l'an dernier ou récemment, Alliance Québec
et aussi Voice of English Québec avaient demandé au gouvernement
de ne pas faire un programme d'accès à l'égalité
pour spécifiquement les anglophones.
Enfin, c'était ma compréhension à l'époque.
Peut-être que je me trompais. Il semblait y avoir une entente mutuelle
pour définir, ou pour ne pas vouloir définir, la
communauté anglophone comme étant semblable aux
communautés culturelles, qui, comme vous l'avez expliqué tout
à l'heure, n'ont pas cette tradition séculaire, bicentenaire, de
la représentation anglophone au Québec. Pourquoi avez-vous
cheminé dans le sens d'un programme d'accès à
l'égalité? Parallèlement, vous savez qu'il y a un
comité qui a été mis sur pied, entre autres, par le
Conseil du trésor, pour venir remettre ou tenter de corriger la
situation que vous avez soulevée. Pour corriger la situation que vous
avez soulevée, il faut d'abord être capable de la quantifier, de
la définir - tous, on l'admet ensemble - être capable de
définir, s'il y a, par exemple, un pourcentage de gens de la
communauté anglophone qui veulent participer à travailler
à l'intérieur de la fonction publique québécoise.
Ce genre de paramètres, pour prendre une orientation, prendre une
décision, m'apparaît nécessaire au départ. Mais
j'aimerais comprendre le cheminement du mouvement pour passer, de ce
comité mis sur pied qui faisait de la communauté anglophone une
communauté vraiment à part des autres communautés
culturelles, à cette demande,
aujourd'hui, d'être ni plus, ni moins intégrée dans
le même processus de "affirmative action program", pour non seulement la
communauté anglophone mais aussi les autres communautés
culturelles.
M. Keaton: Je laisse à Mme Percival d'expliquer le
cheminement, la confusion sur la question de la position d'Alliance
Québec.
Mme Percival-Hilton (Victoria): Merci beaucoup. Je voudrais dire,
dans un premier temps, ça va faire un autre sujet sur lequel on va
être encore d'accord, c'est-à-dire qu'il semble y avoir beaucoup
de choses que moi également j'aimerais comprendre. Je m'identifie comme
étant une permanente à temps partiel depuis quelques
années et ensuite à temps plein chez Alliance. Je pense qu'il y a
quand même eu une certaine facilité à confondre les
questions. La question d'objection à la présence et l'inclusion
de la communauté anglophone dans le concept de communauté
culturelle, je pense, on est tous d'accord, ça date depuis la
création de l'Alliance; les raisons historiques, les raisons politiques
sont toutes bien connues. Cependant, et j'insiste là-dessus, je parle de
par mes connaissances personnelles comme étant témoin idoine
à la situation, à ma connaissance, l'Alliance ne s'est jamais
objectée à un tel programme... Dans le temps, ce n'était
pas identifié comme étant un programme d'action positive aux
communautés culturelles. Moi, je peux vous dire, je fais
référence à un discours qui a été
donné par M. Daniel Johnson au mois de novembre 1988 dans lequel les
groupes cibles avaient été identifiés dans un premier
temps comme étant les minorités visibles et, je souligne, les
personnes dont la langue maternelle n'est pas le français. Donc...
M. Chagnon: Ou l'anglais.
Mme Percival-Hilton: Non. Je m'excuse, monsieur.
M. Chagnon: Exact, vous avez raison, je pense entre autres aux
communautés Sri Lankaises et Hindoues qui ont... C'est vrai vous avez
raison.
Mme Percival-Hilton: Je m excuse. On a d'ailleurs le document
avec nous. J'étais également présente en personne, avec M.
Royal Orr, dans une entrevue avec M. Daniel Johnson, dans le temps où
les groupes cibles initialement pour ce programme étaient les personnes
dont la langue n'était pas le français, dans un premier temps,
et, dans un deuxième temps, les minorités visibles. Moi, encore
une fois, et j'insiste là-dessus, je ne parle que pour mes connaissances
personnelles. L'Alliance n'a jamais été consultée par la
suite. On ne s'est jamais objectés. D'ailleurs, M. Daniel Johnson, lors
de la conférence qui avait été organisée par le
conseil sur les communautés culturelles, avait fait l'annonce comme quoi
les groupes cibles avaient été identifiés comme je viens
de dire.
Donc, comme vous, monsieur, j'aimerais également avoir certaines
clarifications là-dessus. Je ne sais pas si ça répond
à votre question.
M. Chagnon: Ça répond à ma question. Ma
compréhension avait été la suivante: c'est
qu'effectivement la communauté anglophone ne voulait pas être
rattachée aux communautés culturelles dans le programme
d'accès à l'égalité qui a été mis sur
pied il y a quelque temps.
Mme Percival-Hiltbn: J'ai tout dit là-dessus. Ce n'est
définitivement pas ma compréhension. Les faits, que je vous
soumets, sont tout à fait le contraire. En tant qlie je suis
concernée, l'Alliance n'a jamais été consultée
d'une façon officielle sur la question d'être inclus ou pas, parce
que notre compréhension était qu'on serait inclus dans le
programme qui visait à augmenter la participation des minorités
dans la fonction publique.
M. Chagnon: You are telling me that you asked to be on the same
level, on the same foot, that any other cultural communities in
Québec?
Mme Percival-Htlton: Je vous réponds, monsieur, que les
groupes cibles qui avaient été identifiés par le Conseil
du trésor, initialement, incluaient les personnes dont la langue
maternelle n'était pas le français.
Le Président (M. Lemieux): O.K. Ça va M. le
député de Saint-Louis, je m'excuse. Je dois céder ia
parole au député de Nelligan. Il reste trois minutes, M. le
député de Nelligan.
M. Williams: En terminant?
Le Président (M. Lemieux): Oui, pour terminer.
M. Léonard: On a encore quelques minutes, non?
Le Président (M. Lemieux): Alors, vous voulez,
après, monsieur...
M. Léonard: Bien oui, je veux intervenir.
Le Président (M. Lemieux): Alors, ça va. M. le
député de Nelligan et M. le député de...
M. Léonard: Allez-y.
M. Williams: I clarified this statement in a previous workshop,
in a previous presentation, I should do it again. In this debate, I think we
have lost some time talking about definitions,
which is... One of the things we are looking for is solutions. The
remarks to the Minister were, in fact, more directed towards the... In our
understanding, the English speaking community has never tried to define itself
as a cultural community. And the point should stop there, not in terms of any
affirmative action program. In all the discussions with the English-speaking
community, it did not define itself as a cultural community. And those, I
think, it is more the clarifications...
Mme Percival-Hilton: I am sorry, because I understood the
question to be completely in relation to the affirmative action program.
M. Williams: No. You answered it quite correctly, and I am just,
at this point, saying...
Mme Percival-Hilton: O. K. D'accord
M. Williams:... the clarifications that I brought, and I wanted
to do it very precisely to this debate.
Mme Percival-Hilton: Parce que ça me ferait plaisir de
vous le montrer. On a le texte dans lequel les groupes étaient bien
identifiés.
M. Williams: Ce n'est pas une question de ça. Avec l'autre
groupe, j'ai déjà fait des clarifications. Vous n'étiez
pas ici, mais j'ai voulu leur donner la même chance d'apporter des
clarifications sur la question de la définition de la communauté.
Ce n'est pas en touchant aux programmes d'accès à
l'égalité. C'est beaucoup plus une question de savoir quelle est
la définition d'une communauté d'expression anglaise.
Pour moi, en terminant, je voudrais dire merci beaucoup pour les
remarques d'Alliance. Ça a touché beaucoup de sujets. A mon
opinion, il n'y a aucun doute que nous voulons avoir une fonction publique qui
a le même visage que la société québécoise.
Sur le comité Blair, nous avons déjà soulevé
l'importance de la représentation de la communauté d'expression
anglaise et le manque entre le niveau de représentants et le niveau de
la communauté, et nous voulons trouver les solutions. J'espère
que nous pourrons, dans l'avenir, avoir des discussions sur quelles sont les
meilleures pistes pour trouver des solutions. Toutes les pistes. Tous les
moyens. Pas juste en privilégier une. Pas nécessairement dire: II
y a juste un problème. Je pense que nous voulons accepter qu'il y a un
problème, maintenant, nous cherchons à tous les niveaux afin de
trouver des solutions. Merci beaucoup.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Nelligan. M. le député de Saint
Louis.
M. Chagnon: Allons-y.
Le Président (M. Lemieux): Non, vous pouvez revenir. Vous
pouvez... Oui, allez-y, M. le député de Saint-Louis.
Après, je vais terminer avec le député de Labelle.
M. Holden: Si le député de Saint-Louis se
résigne, j'aimerais bien avoir 30 secondes, si la commission me le
permet.
Une voix: Oui, il ne veut pas parler. M. Chagnon: Si
j'hésite...
M. Holden: Si vous ne voulez pas vous servir de votre
temps...
M. Chagnon: Ah! Ne soyez pas inquiet, M. le député,
ça me ferait plaisir que vous continuiez après moi, je n'ai pas
de problème. Je voudrais revenir sur le programme d'accès
à l'égalité. Le programme d'accès à
l'égalité qui a été mis sur pied est un programme
d'accès qui était spécifiquement dédié aux
personnes, aux minorités visibles qui ne parlaient pas le
français, mais je ne peux pas considérer plusieurs... En tout
cas, des gens qui depuis toujours habitent, depuis 200 ans en tout cas, au
Québec ne sont pas des membres des minorités visibles. M. Keaton,
mon ancien professeur, n'est pas un membre des communautés visibles, il
est aussi blanc que moi.
M. Keaton: Invisible, maintenant. Des voix: Ha, ha,
ha!
M. Chagnon: Mais c'est dans ce sens-là où on ne
pouvait pas... Je ne pense pas encore aujourd'hui qu'il soit approprié
de greffer la communauté anglophone dans le programme d'accès
à l'égalité à l'ensemble des autres
communautés, particulièrement des communautés
visibles.
Le Président (M. Lemieux): Ça va, M. le
député?
Mme Percival-Hilton: J'ajouterais juste une précision. Les
groupes cibles sont divisés en deux catégories: un, ce sont les
minorités visibles; l'autre catégorie, ce sont les gens dont la
langue maternelle n'est pas le français, et aujourd'hui ça a
été changé, comme vous savez. Mais je vous soumets ces
deux catégories distinctes.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: M. le Président, je salue les gens
d'Alliance Québec. Je voudrais juste faire des réflexions. Je
pense qu'il y a aussi des directions que les jeunes diplômés
prennent lorsqu'ils quittent les écoles et les universités,
McGill en particulier, puis vous avez trois universités
anglophones au Québec. Sur le nombre que nous avons, déjà
c'est quelque chose. Au fond, je pense que la tendance c'est plutôt
d'aller vers le gouvernement fédéral. J'aimerais bien voir les
statistiques du gouvernement fédéral, parce que, à un
moment donné, on pourrait faire des comparaisons aussi là-dessus.
De toute façon, on n'aura pas de problèmes quand ce sera
intégré et fusionné, la fonction publique
fédérale et la fonction publique québécoise;
ça rétablira peut-être des équilibres, voyez-vous?
Alors, il ne faudrait pas oublier ce facteur. Quant à moi, je
récuse ici qu'on mentionne ces grands mots de "discrimination", parce
qu'il y a 15 ans les francophones étaient obligés, eux, de
travailler en anglais. Tout le monde!
Le Président (M. Lemieux): C'est tout, M. le
député de Labelle. Oui, allez-y, oui.
M. Keaton: On ne peut pas refaire toutes les batailles du
passé, monsieur.
M. Léonard: C'est récent encore.
M. Keaton: Ce que je veux dire c'est que nous venons devant vous
de bonne foi, pas simplement pour défendre un groupe minoritaire au
Québec, mais de bonne foi pour la société
québécoise. Et je réfère encore au grand savant, si
vous n'avez jamais entendu parler de Max Weber... Alors Max Weber a
constaté il y a longtemps...
M. Léonard:... qu'on n'est pas anglophone qu'on ne l'a pas
lu.
M. Keaton: Excusez-moi, monsieur, mais ce que je veux dire, j'ai
commencé de bonne foi, je n'ai pas voulu descendre dans la
partisanerie.
M. Léonard: Ce n'est pas partisan.
M. Keaton: J'ai dit qu'il y a un problème pour la
société québécoise, et c'est important, pour le
gouvernement surtout, de s'adresser à ce problème-là parce
que ce n'est pas simplement un problème pour la minorité, c'est
un problème pour l'ensemble du Québec.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie de votre
collaboration, puis de cette participation à cette commission, et je ne
voudrais surtout pas que vous en sortiez avec un goût amer. Je pense que
ce qui est intéressant, ce qui doit se faire, c'est que tous ensemble
nous puissions travailler ensemble pour le bien-être
général des Québécois et des
Québécoises, et nous vous remercions de votre collaboration.
Mme Peluso: Je veux ajouter, M. le Président. Je pense, ce
n'est pas un goût amer, au contraire, c'est une opportunité qui se
présente et un défi pour la fonction publique au
Québec.
M. Léonard: Radio-Canada peut s'en aller?
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie. Nous allons
suspendre trois minutes pour demander aux deux autres intervenants, M.
Jean-Claude Rivest et M. Guy Bisaillon, de bien vouloir pendre place à
la table des témoins.
(Suspension de la séance à 22 h 3)
(Reprise à 22 h 10)
Le Président (M. Lemieux): La commission du budget et de
^administration reprend ses travaux afin d'entendre le ou les prochains
intervenants. Là, je pense qu'il y a un absent. Non, je pense que je te
vois apparaître. Ce n'est pas lui?
M. Bissonnet: Oh va faire comme d'habitude, M. le
Président. Il va arriver quand ça va être le temps!
Le Président (M. Lemieux): II me semble avoir vu...
Une voix: Avez-vous retrouvé votre partenaire? Dupont et
Dupond!
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Voulez vous vous identifier
pour les fins de l'enregistrement du Journal des débats, s'il
vous plaît?
M. Guy Bisaillon
M. Bisaillon (Guy): Guy Bisaillon, M. le Président. Je
n'ai pas d'autres fonctions que d'avoir été le président
de la commission spéciale dont vous avez abondamment entendu parler, je
pense. Si mon nom à été mentionné plusieurs fois
depuis les débuts de vos travaux, c'est moi!
Le Président (M. Lemieux): On est heureux de vous
rencontrer, M. l'ex-député de Sainte-Marie, si ma mémoire
est bonne. Et nous sommes prêts maintenant à vous entendre.
M. Bisaillon: M. le Président, il me fait plaisir
d'être présent à la commission parlementaire, à plus
d'un titre, d'ailleurs. Vous savez que c'eut la première fois que j'ai
l'occasion de témoigner devant une commission parlementaire. Je sais que
vous serez plus indulgents que je ne l'ai été dans le
passé pour les personnes qui étaient dans ma situation. Mais si
mon intérêt est triple, dans le fond, à être
présent à cette commission, d'une part, il y a eu les travaux
de
la commission spéciale dont on a fait mention qui ont
donné lieu à la Loi sur la fonction publique que vous
étudiez actuellement. Mais il y a eu aussi l'article 172 dans la Loi sur
la fonction publique, et je tiendrais à rappeler aux membres de la
commission que c'est un article qui avait été provoqué par
l'Opposition dans le temps. L'article 172 dans la. Loi sur la fonction publique
imposait au gouvernement l'obligation de resoumettre à l'examen d'une
commission parlementaire la loi et venait d'une recommandation de l'Opposition
du temps, de la même façon que les membres de cette commission
parlementaire qui avait adopté la Loi sur la fonction publique avaient
demandé un comité d'implantation qui fonctionnerait au niveau
gouvernemental après que la loi a été votée.
Donc, le comité d'implantation a connu un séjour et une
vie qui n'a pas duré très longtemps. Deux réunions et, une
fois que le président de l'office de recrutement et de sélection
du personnel du temps avait déposé son rapport de mise en
application et en marché de la loi, le comité d'implantation
avait cessé ses activités. Ce n'est que plus tard à
l'Assemblée nationale, par une résolution unanime votée
par l'Assemblée nationale, qu'on a reparlé et du comité et
du rapport de la commission spéciale et de la Loi sur la fonction
publique.
Alors, je voudrais donc vous mettre en garde, M. le Président et
membres de la commission parlementaire, sur un certain nombre
d'éléments. La commission spéciale avait fait des travaux
qui ont amené la loi, mais qui ont aussi amené d'autres choses
que la Loi sur la fonction publique. Et il faut les regarder dans leur
ensemble: La loi du Vérificateur général qui a suivi
provenait aussi des travaux de la commission parlementaire, de la même
façon que la commission parlementaire recommandait d'autres
éléments. Autrement dit, la Loi sur la fonction publique, ce
n'est pas tout ce que la commission spéciale avait recommandé et
ce n'est pas non plus que des choses qu'on retrouvait dans le rapport de la
commission spéciale. Autrement dit, il faut faire la distinction entre
ce qu'on retrouve dans la Loi sur la fonctipn publique et ce que la commission
spéciale avait constaté et recommandé à
l'époque.
C'est donc à la lumière, M. le Président, des
travaux de la commission spéciale et de ses recommandations à
regrouper au constat qu'on peut faire sur l'application de la Loi sur la
fonction publique que je vais m'adresser aux membres de la commission
parlementaire. En parlant du rôle du Conseil du trésor et des
organismes centraux, du problème de la dotation dans la fonction
publique et de quelques problèmes connexes, de la question des relations
de travail, mais vues sous l'angle de l'administration et de la gestion de la
fonction publique, de toute la question de l'imputabillté, des services
aux citoyens... Si le temps me permet, M. le Prési- dent, j'aimerais
terminer par quelques renseignements aux membres de la commission sur la
question du développement des ressources humaines et de la question des
cabinets politiques.
J'ai lu, M. le Président, avec attention le document que les
membres de la commission avaient mis de l'avant pour procéder à
la consultation. Au cours de mes interventions, je vais tenter de
répondre à chacune des questions qui étaient
soulevées par les membres de la commission parlementaire. J'ai aussi
pris connaissance du rapport-bilan du Conseil du trésor qui commence, en
fait, à la page 25 du document. Ça me semble un beau travail
universitaire, M. le Président. C'est la première fois que je
voyais le Conseil du trésor commencer un de ses documents par un
historique du passé. Ça m'a un peu étonné. J'ai
conclu que c'est peut-être parce qu'il y avait des choses qui
n'étaient pas tout à fait claires et précises dans le
bilan que le Conseil du trésor devait tracer.
Il faut se rappeler aussi, M. le Président, que ce travail du
Conseil du trésor a été précédé,
suite à l'adoption de la Loi sur la fonction publique, d'une longue
période de réflexion et de travail au niveau du Conseil du
trésor dans une opération qui s'appelait "Pour une
rénovation de l'administration publique", une opération qui a
duré près de deux ans ou deux ans et demi, si je ne me trompe
pas, qui reprenait essentiellement les travaux de la commission spéciale
pour essayer de voir comment, concrètement, on pouvait mettre en
application un certain nombre de recommandations.
Ça n'a pas été le plus bel exemple de
productivité que j'ai vu dans ma vie, mais, cependant, ça a
donné lieu à un document intéressant qui s'appelait "Les
actions proposées pour une rénovation de la fonction publique".
Ce document proposait toute une série de mesures en regard des grands
objectifs que fixait la Loi sur la fonction publique et indiquait
déjà les responsabilités à partager en regard des
gestes à poser ou des actions à réaliser.
M. le Président, je référerais les membres de la
commission parlementaire à l'annexe 1 de ce document: les actions
proposées. Je suis sûr que vos recherchistes vous l'ont
déjà montrée. S'ils ne vous l'ont pas déjà
montrée, ils vont vous la sortir. Vous avez le bilan des actions
proposées et des responsabilités partagées. Vous
constaterez encore une fois que, dans tout le domaine des ressources humaines,
du développement, de la gestion, du contrôle, de l'accroissement
de la productivité, il y a beaucoup plus de responsabilités qui
deviennent la responsabilité du Conseil du trésor qu'à
d'autres organismes. Autrement dit, même en faisant l'analyse des actions
à poser, en répartissant les responsabilités, le Conseil
du trésor s'est encore gardé la grande part du gâteau.
Je me souviens, M. le Président, quand on a
fait les travaux de la commission spéciale, qu'il y avait deux
péchés dans la fonction publique. Il y en avait un qui s'appelait
le Conseil du trésor et il y en avait un deuxième qui s'appelait
les syndicats. Au moment où je vous parle, près de huit ans
après, je n'ai pas l'impression qu'il y a grand-chose de changé.
Il demeure encore deux péchés: le Conseil du trésor et les
syndicats ou c'est inversé, les syndicats...
Le Président (M. Lemieux): Véniel ou mortel?
M. Bisaillon:... sont devenus le plus gros péché et
le Conseil du trésor le deuxième, peut-être.
Le Président (M. Lemieux): Véniel ou mortel?
M. Bisaillon: Pardon?
Le Président (M. Lemieux): Véniel ou mortel?
M. Bisaillon: II me semblait, à l'époque, que
c'étaient deux mortels.
Le Président (M. Lemieux): Ça va.
M. Bisaillon: En tout cas, s'ils n'en mouraient pas, il y en
avait peu qui y survivaient. Sauf qu'à l'examen, M. le Président,
il me semble qu'on ne peut pas, maintenant, jeter la pierre du premier coup au
Conseil du trésor. Il me semble qu'à l'égard de
l'application et de l'implantation de la Loi sur la fonction publique le
Conseil du trésor n'a pas été celui qui a le plus mal fait
ses devoirs.
Cette démarche, même un peu longue, pour une
rénovation de la fonction publique, a quand même amené un
plan d'implantation, a quand même donné lieu à des
réalisations en regard de l'application de la Loi sur la fonction
publique. Il y a peut-être d'autres organismes, ou ministères, ou
responsables qu'il faudrait identifier quant à une bonne application de
la Loi sur la fonction publique. Donc, le Conseil du trésor a
peut-être encore trop d'emprise sur l'ensemble de la gestion des
ressources, mais il n'est pas le seul responsable, aujourd'hui. À cet
égard et par rapport à ce qu'on a connu du fonctionnement du
Conseil du trésor avant la Loi sur la fonction publique, il me semble
qu'il y a eu d'importantes modifications, en tout cas, à tout le moins,
de mentalité à certains égards.
Je m'y référais quand je disais: Le Conseil du
trésor s'est encore conservé les plus grandes parties dans la
réalisation II y a toujours eu des difficultés dans le
fonctionnement entre ministères, organisations et Conseil du
trésor, comme il y en a toujours eu entre les organismes centraux et le
Conseil du trésor. Je sais que les gouvernements ont tenté de
résoudre la question à partir de la nouvelle Loi sur la fonction
publique en essayant de donner à l'Office des ressources humaines, par
exemple, et au Conseil du trésor un seul ministre, entre guillemets, de
tutelle Si on examine comment ça s'est passé dans les faits par
la suite, je n'ai pas l'impression que les deux organismes centraux, qui
répondent à un seul ministre, et au même ministre, aient
à ce point réglé des choses par rapport au passé.
II me semble qu'il serait plus simple, si on veut continuer à enrichir
les organisations.. Parce que, écoutez, M. le Président, je vais
vous le dire tout de suite, on peut faire avec les structures et les
organisations ce qu'on veut. Par exemple, on pourrait démontrer
aujourd'hui, si j'analysais le rôle de la Commission de la fonction
publique, que ces trois grandes activités pourraient être
réparties à trois autres types d'organisation et en donnant les
mêmes résultats Donc, on ne peut pas banaliser les organisations
indéfiniment sans avoir à un moment donné à se
poser la question sur les raisons de leur existence.
Il faut donc revenir à ce que la Loi sur la fonction publique
voulait faire, c'est-à-dire enrichir les organisations qui doivent
répondre de la gestion des ressources humaines, non seulement de la
gestion quotidienne des ressources humaines, mais aussi de son
développement. C'est un aspect qu'on oublie souvent quand on parle de la
gestion La gestion ce n'est pas juste le contrôle des effectifs et le
processus de dotation, c'est aussi le développement de ces
ressources-là, la gestion des carrières et l'utilisation maximale
des ressources. L'utilisation maximale des ressources, ça veut dire
aussi la bonne personne au bon endroit et l'utilisation totale des effectifs et
des compétences qui sont à leur disposition Or, dans ce
sens-là, je pense que l'Office des ressources humaines qu'on a
créé n'a pas donné nécessairement ou n'a pas
répondu aux attentes que l'on avait au moment où on a voté
la Loi sur la fonction publique.
M. le Président, je rappellerai que les membres de la commission
spéciale n'avaient pas fait de recommandation quant aux structures. Ils
avaient fait deux scénarios possibles: un où l'office de
recrutement et de sélection de personnel du temps disparaissait et un
autre où c'était, à toutes fins pratiques, le
ministère de la Fonction publique qui n'avait plus sa raison
d'être. Le gouvernement de l'époque - et je pense que tout le
monde était un peu d'accord avec sa position - a choisi de faire
disparaître le ministère de la Fonction publique, de
transférer une certaine partie des responsabilités du
ministère de la Fonction publique au Conseil du trésor, on
particulier tout ce qui regardait la négociation et la gostion
matérielle et financière, et devait renforcer l'Office des
ressources humaines en lui donnant l'autre mission du ministère de la
Fonction publique qui était le
développement des ressources, la gestion des ressources.
En pratique, il est clair que celui qui tient les cordons de la bourse,
quand il s'agit de déterminer les conditions de travail, il va en
même temps tenir le fort quand il s'agit de déterminer le nombre
des effectifs, la façon dont on va les répartir, etc. Or, dans ce
sens-là, il s'est un peu accaparé tranquillement les pouvoirs
que, théoriquement en tout cas, on s'attendait à voir remplir par
l'Office des ressources humaines. Dans ce sens-là, il me sernble qu'une
recommandation et une modification qu'on pourrait faire, c'est de rattacher
officiellement l'Office des ressources humaines à l'Exécutif
comme tel, que l'Office des ressources humaines réponde au bureau du
premier ministre ou à l'Exécutif; ce qui aurait comme avantage de
le rapprocher de la table des sous-ministres. On sait qu'un des
éléments de concertation entre les ministères et
organisations, c'est la table des sous-ministres qui se réunissent, et
qui devraient en tout cas se réunir de façon
régulière, sous l'aile de l'Exécutif Alors, il me semble
que, si l'Office dos ressources humaines dépendait directement de
l'Exécutif, ça aurait comme avantage à la fois de
préciser le rôle du Conseil du trésor quand on parle de
gestion et, en même temps, de donner effectivement le leadership
nécessaire à toute cette section qui s'appelle
"développement des ressources humaines" et qui est beaucoup plus large
que la perception que le Conseil du trésor en a eue jusqu'à
maintenant.
Alors, l'emprise du Cpnseil du trésor doit diminuer
peut-être, mais dans cet aspect-là de son travail seulement et,
jusqu'à un certain point, je pense que le Conseil du trésor n'a
pas la perspective nécessaire pour aller aussi loin en termes de
développement des ressources humaines. Et on peut le constater, M. le
Président, quand on lit le bilan du Conseil du trésor à la
page 45. Juste les termes utilisés par le Conseil du trésor pour
définir le mandat que donnait la Loi sur la fonction publique, c'est,
à toutes fins pratiques, l'illustration d'un mandat qu'on
interprète uniquement de façon quantitative plutôt que
qualitative. Et ce n'est pas anormal que le Conseil du trésor
réfléchisse comme ça. C'est pour ça qu'il a
été créé.
Je voudrais de plus, M. le Président, souligner que,
déjà, en 1982, la commission spéciale avait noté
que, depuis 1970, la Loi sur l'administration financière - qui a
créé, à toutes fins pratiques, le Conseil du trésor
- n'avait pas été révisée en profondeur. Avec les
années, on a ajouté des tâches, des missions au Conseil du
trésor, sans nécessairement réviser la loi dans son
ensemble. Et il me semble qu'il serait temps maintenant qu'une nouvelle
commission parlementaire, qui a un mandat non seulement de l'Assemblée
nationale mais inscrit dans une loi... Il serait grand temps que, par un
exercice soit d'une commission spéciale ou autrement, on procède
à une révision complète de la Loi sur l'administration
financière, ce qui permettrait de donner clairement au Conseil du
trésor le rôle qu'il a à jouer dans l'ensemble de
l'organisation de la fonction publique.
Est-ce que je prends trop de temps, M. le Président?
Le Président (M. Lemieux): Non, allez-y, ça va, pas
de problème.
M. Bisaillon: Pour ce qui est de l'Office des ressources
humaines, il me semble évident que, d'une part, il y a
l'élément que j'ai souligné. L'Office des ressources
humaines a, d'une part, eu beaucoup de difficultés à se
réorganiser suite à l'adoption de la Loi sur la fonction
publique. Ça passait d'un office qui était strictement de
recrutement et de sélection, ça devait intégrer en
même temps les effectifs ou une partie des effectifs du ministère
de la Fonction publique et, avec ça, faire une nouvelle organisation qui
devait avoir de nouveaux mandats. On comprendra, M. le Président, que
ça ne se fait pas on deux mois et que les départs de l'Office des
ressources humaines ont dû forcément être plus difficiles
à vivre qu'une organisation déjà existante à
laquelle on ajoute tout simplement un mandat. Ça mis de
côté, il me semble que l'Office des ressources humaines s'est trop
laissé gruger, entre guillemets toujours un peu de ses
responsabilités et est devenu beaucoup trop facilement un consultant aux
organisations de l'extérieur.
Quand je n'ai pas de pouvoirs, quand je ne me sens pas de quoi à
faire, je m'improvise conseil auprès des ministères qui m'en
feront la demande. Je rédige des papiers au cas où les gens en
auraient besoin. Et j'encourage par là le système qui veut que,
dans le fond, je ne réponde à rien. Et, si je ne réponds
à rien, on s'interroge, à un moment donné, sur
l'utilité de mon existence.
Alors, la loi prévoyait que l'Office devait
déléguer, en termes de concours de recrutement et tout ça,
ce qu'il a fait abondamment. Mais il me semble qu'il n'a pas suffisamment pris
à coeur sa mission et son rôle dans tout ce qui concerne le
développement des ressources humaines.
Pour ce qui est de la Commission de la fonction publique, M. le
Président, j'aurai l'occasion d'en parler tantôt quand je parierai
de dotation. Je l'ai dit tantôt. On pourrait faire l'exercice que toute
la partie "appel" pourrait être tenue par des arbitres, que sa partie qui
traite avec les fonctionnaires qui ne sont pas défendus par des
conventions collectives pourrait être tenue par le Protecteur du citoyen.
On pourrait jouer avec une organisation comme celle-là.
Ce que je retiens, cependant, c'est qu'elle joue un rôle - en plus
d'être un rôle d'adjudica-
teur pour régler les cas qui se présentent devant elle et
que la loi lui confie - de chien de garde un peu par rapport aux façons
de faire, non seulement des organismes et des ministères, mais aussi par
rapport à l'Office des ressources humaines. Et ce n'est pas mauvais
qu'à l'occasion on ait un organisme de contrôle par rapport aux
autres organisations existantes. Là où, par ailleurs, M. le
Président, je vois un rôle accru au niveau de la Commission de la
fonction publique, ce n'est surtout pas dans le sens que le mémoire que
la Commission a pu déposer devant vous... Je ne sais pas si ça a
déjà été fait. Ce n'est pas en prenant davantage de
pouvoirs d'adjudication que la Commission va jouer pleinement son rôle.
Il me semble que ça doit aller beaucoup plus dans le sens de la
recherche. (22 h 30)
Et dans le mémoire de la Commission de la fonction publique, on
peut trouver des éléments qui nous indiquent qu'il y a un
avantage à connaître les choses dont on parle et à ce que
des recherches aient été faites. J'écoutais les gens, les
intervenants qui m'ont précédé et je vous entendais faire
appel à des statistiques précises. Bien, dans le cas de la
Commission de la fonction publique, les recherches qui ont été
faites nous fournissent des statistiques. Elles nous démontrent, par
exemple, qu'il y a eu près de 40 % de promotions sans concours.
Ça nous donne des proportions qui nous permettent d'orienter, de
réorienter ou d'atténuer un certain nombre
d'éléments qu'on peut retrouver dans la loi.
Donc, si j'avais quelque chose à dire, M. le Président,
sur la Commission de la fonction publique, c'est le plus possible de ne pas lui
faire tenir davantage de rôles d'adjudication, mais d'orienter plus ses
travaux vers la recherche en rapport avec le développement de la
fonction publique, la gestion, et pas seulement sur les questions de dotation,
mais sur toutes les questions qui concernent les ressources de la fonction
publique.
M. le Président, ça m'amène à vous parler du
problème de la dotation. Je ne reprendrai pas tous les
éléments qu'un certain nombre de groupes ont pu
déjà vous présenter. Je voudrais juste partir du rapport
de la commission spéciale. Je voudrais dire que la commission
spéciale, en regard du mode de dotation - et vous retrouverez ça
aux pages 76 et 77, que j'aimais bien gros, du rapport de la commission,
ça vous donnait une séquence dans le processus de dotation... La
recommandation majeure, dans le fond, de la commission spéciale,
à l'époque, c'était que ce processus de dotation, dans ses
parties essentielles, soit inscrit dans la loi.
Lorsqu'on est arrivé en commission parlementaire, les
sous-ministres du temps qui avaient travaillé sur la Loi sur la fonction
publique nous disaient: Bien oui, mais écoutez, si on met le processus
de dotation dans la loi, ça va à l'encontre du principe
d'imputabilité. Ils avaient raison. Et, parce qu'ils avaient raison, M.
le Président, on ne l'a pas mis dans la loi. Mais je me suis rapidement
rendu compte que les mêmes sous-ministres, un an après, disaient:
Bien, écoutez, l'imputabilité, ce n'est pas sûr que
ça s'applique et ce n'est pas sûr qu'il faudrait appliquer
ça. Ça fait que l'imputabilité ça servait quand il
ne fallait pas mettre le processus de dotation dans la loi, mais ça ne
servait plus quand il fallait faire autre chose que de mettre le processus dans
la loi.
L'expérience nous démontre qu'il aurait dû
être dans la loi. On a juste à prendre toutes les
difficultés qu'on a connues en regard des mises en disponibilité
- je vais en reparler tantôt - ce qu'un de vos conseillers principaux
appelait les sacs verts, dans le temps; les sacs ne sont plus verts, mais ils
ont juste changé de couleur, M. le Président. Il y a tous les
problèmes des remplacements par intérim et des concours pour le
remplacement, le problème des contractuels et des occasionnels, les
concours de promotion sans le processus de recrutement, les concours de
promotion qui sont des concours de recrutement ouverts aux fonctionnaires.
Alors, tout ça, tous les problèmes qu'on rencontre
là-dedans et qu'on pourrait reprendre abondamment, mais que d'autres
mémoires ont traités, tout ça n'aurait probablement pas
connu cette intensité si la séquence et le processus de dotation
avaient été inscrits dans la loi.
Aujourd'hui, M. le Président, si j'avais encore a me prononcer,
je recommanderais que le processus soit inscrit dans la loi. Qu'il soit inscrit
dans la loi pour un temps déterminé, un peu comme la Commission
le recommandait pour l'ensemble des mesures concernant la fonction publique,
mais elle l'a recommandé aussi lorsqu'il s'est agi de la loi
elle-même, en disant: Dans cinq ans, on la révisera. Au moins pour
quelque temps, un peu comme la formule "sunset law", couperet; après
trois ans, si on ne l'a pas maintenue, elle disparaît. Alors, je ne sais
pas si je suis clair quand J'énonce ça, M. le Président,
mais on met le processus de dotation dans la loi. Il devient donc obligatoire
de passer par ce processus dans les nominations et, après trois ans, par
exemple, il disparaît si on ne l'a pas réinstallé dans la
loi ou si on ne l'a pas maintenu. Ça, c'est une formule.
L'autre formule, c'est, après trois ans, de soumettre ça
à un examen par une commission parlementaire spéciale ou les
nouvelles commissions parlementaires. Moi, vous m'excuserez, quand je parle de
commission spéciale, c'est parce que je n'ai pas vécu beaucoup
avec les nouvelles commissions parlementaires, les nouvelles formules, mais
ça pourrait être par le biais de la commission parlementaire
actuelle.
Alors, je ne reviens pas, M. le Président, sur tout le
système de processus, mais, en tout cas, il y avait un système
clair où il y avait des
séquences à observer et on allait en recrutement
uniquement quand tout ça n'avait pas fonctionné. Je pense que
ça devrait être dans la loi.
Deuxième question, c'est contractuel et occasionnel. M. le
Présidept, au moment des travaux de la commission en 1982, on
dénombrait à peu près 11 000 occasionnels et contractuels.
On s'était étonné de ça dans le rapport de la
commission; on avait recommandé quelques mesures transitoires. On avait
suggéré qu'un certain nombre, que tous ceux qui avaient plus de
cinq ans soient intégrés automatiquement, puis on avait dit: Avec
ces mesures-là et les autres mesures correctives que l'on pourrait
prendre, comme des concours réservés pour les occasionnels,
qu'avec toutes sortes de mesures probablement qu'on va éliminer ce
montant-là et, après, il faudra qu'il y ait des gens qui soient
responsables. C'était en 1982. Il y a eu des mesures de corrections
apportées dans jes années 1983-1984; il y en a eu d'autres en
début 1986, je pense, puis aujourd'hui on nous parle de 11 800, 11 900
occasionnels ou contractuels. Moi Je dirais, M. le Président, que si
vous ajoutiez à ça tous ceux qui ne sont pas couverts par la Loi
sur la fonction publique, mais qui émargent au budget de l'État,
ça dépasse de beaucoup les 11 000 dont on nous parle. On a beau
se gargariser avec le gel des effectifs de la fonction publique, on a beau
faire des beaux discours sur le fait qu'on a maintenu les effectifs, sinon
diminué les effectifs de la fonction publique, si, à
côté, on maintient des effectifs qui sont de toute façon
quasi permaments, on trompe quelqu'un quand on parle du gel des effectifs. Non
seulement on trompe quelqu'un, mais on prête aussi le flanc à
toute une série de critiques que l'État ne devrait pas se mettre
en situation de recevoir.
M. le Président, ce serait facile pour quelqu'un de
prétendre que c'est une belle façon de contourner la loi et les
principes qui sont dans la Loi sur la fonction publique, en regard du
recrutement et de la sélection au mérite, que d'engager 11 000
occasionnels et que tous les trois ou quatre ans, quand les gens commencent
à crier un peu trop, de dire: Oui, c'est vrai, on va intégrer
tous ceux qui ont plus de cinq ans. Ça veut dire que les 3000, 3500,
4000 ou 5000 qu'on intègre n'ont pas subi le même processus de
sélection que les autres. C'est une façon de faire indirectement
ce que la loi n'annonçait pas. Je ne dis pas que c'est pour ça
qu'on a des occasionnels, mais je dis que ça peut amener le monde
à penser que c'est pour ça, sinon pour masquer le fait qu'on a
encore des besoins de ressources externes dans la fonction publique.
Donc, M. le Président, je voudrais souligner qu'à cet
égard on devrait retourner aux recommandations de la commission
spéciale, faire en sorte que, même pour la sélection des
occasionnels, en autant qu'on ait de bonnes définitions... Pour moi, un
emploi saisonnier, ce n'est pas un emploi occasionnel. Ça devrait
être clairement compris. C'est un emploi à temps partiel. Un
emploi occasionnel, c'est l'emploi de quelqu'un, et il y en a des emplois
occasionnels, qui remplace quelqu'un pendant une période de temps
donnée. Les contractuels, c'est une autre affaire et il y en a des
contractuels réels, autrement dit, des fonctions qui vont être
à l'essai pendant un an. Mais un poste qu'on ne veut pas combler et
qu'on remplit par un occasionnel ou un contractuel, c'est, dans le fond, une
façon détournée de combler un poste à temps plein.
On devrait donc prendre la même séquence, la même
façon de faire dans l'engagement des occasionnels et des contractuels
qu'on prend pour les gens à temps plein.
J'ai combien de temps, M. le Président? J'ai 20 minutes?
Le Président (M. Lemieux): Disons une dizaine de minutes.
Ça fait une demi-heure.
M. Bisaillon: Une dizaine de minutes, je vais abréger dans
ce cas-là.
M. Léonard: Parlez-nous de l'imputabilité.
M. Bisaillon: L'imputabilité, j'y arrivais juste. Je
voudrais juste souligner une dernière chose sur le processus de
dotation, c'est que la règle du mérite avait été
étudiée par la commission spéciale et placée dans
la loi comme la commission spéciale l'avait recommandé,
c'est-à-dire avec des règles d'assouplissement qu'on jugeait
nécessaires: rangements par niveau, etc. J'ai l'impression qu'il y a eu
un abus de l'utilisation qu'on voulait faire et des assouplissements qu'on y
avait mis. Par exemple, quand la loi mentionnait - ce que la commission
spéciale n'avait pas fait - la possibilité que les concours
comportent ou renferment des exigences particulières, on a
peut-être abusé de cette notion d'exigences particulières
et fait en sorte qu'à mesure qu'on en ajoute - je ne vous donnerai pas
l'exemple de Povungnituk; il n'est pas récent celui-là, M. le
Président. C'était celui qu'on donnait à ia commission
spéciale en 1982. Alors, ce n'est pas vrai que c'est un exemple
récent. Povungnituk, on parlait de ça en 1982 et je ne suis pas
sûr d'ailleurs que ce n'était pas quelqu'un que vous connaissez
bien qui racontait ça. C'étaient des façons de contourner
la loi. Mais il en existe encore et ce n'était pas l'objectif qui
était poursuivi ni par la commission spéciale, ni par la loi.
L'imputabilité. Premier commentaire, M. le Président,
l'imputabilité. On ne fait pas ça et on n'applique pas ça
parce que c'est une mode, parce que les autres l'ont fait ou parce que c'est
quelque chose qui fait novateur. On applique ça parce que ça doit
répondre à des besoins qu'on a ressentis. Et on n'applique pas
ça selon une formule...
En passant, je ne suis pas d'accord, M. le Président, avec votre
définition, c'est-à-dire celle qu'on retrouvait dans votre
document de consultation sur l'Imputabilité. Ce n'est pas ça
l'imputabilité, quant à moi. La définition que vous en
donnez, c'est beaucoup plus que ça. Vous dites: L'Imputabllité
peut être définie comme un mécanisme qui permet
d'évaluer l'efficacité des fonctionnaires et les amène
à rendre compte de leurs actions. Pour mol, l'imputabilité, c'est
plus que ça. Ce n'est pas juste un moyen qu'on prend pour
vérifier quelque chose. C'est aussi toute une mentalité, un
changement d'attitude, une façon de gérer. L'imputablltté,
c'est non seulement la délégation de responsabilités, mais
aussi la délégation des moyens que ça prend pour exercer
ces responsabilités-là. Ça suppose aussi tout un
changement dans l'organisation. Ça suppose que, si je rends quelqu'un
responsable d'un secteur d'activité, je vais en même temps lui
donner les ressources financières, les ressources humaines et les
ressources matérielles pour réaliser ce mandat. Ça suppose
aussi que ça va appeler une gestion participative parce que je ne peux
pas, moi, accepter un mandat qu'un autre me donne les yeux fermés
à partir du moment où je sais que je vais être
contrôlé sur mes résultats. Donc, il y a une
négociation qui arrive forcément entre un supérieur et
entre un mandataire et le mandant sur: "C'est-u" suffisant ce qu'on me donne
comme ressources pour atteindre l'objectif qu'on me demande? Et, à un
moment donné, tout le monde s'entend là-dessus. C'est à
partir du moment où tout le monde s'entend qu'on peut dire que,
là, il commence à y avoir un système
d'imputabilité. C'est là-dessus que la personne qui a
accepté le mandat - donc, après l'avoir négocié -
va être jugée et c'est là-dessus qu'elle aura à
rendre des comptes.
La commission spéciale avait dit: Ça ne se fait pas vite
ça, ça prend du temps. Ça prend du temps, mais on devrait
commencer tout de suite et y aller par étapes. On avait donné
deux types d'étapes: des étapes quant aux organisations et des
étapes à l'intérieur des organisations. On avait dit: On
devrait d'abord commencer par les organismes quasi autonomes; après
ça, les organismes centraux; après ça, les
ministères à réseaux et, finalement, les ministères
et organismes. Et, à l'intérieur des ministères, on
devrait commencer d'abord par les hauts fonctionnaires, les cadres
supérieurs; après ça, descendre tout de suite aux
fonctionnaires qui ont affaire directement avec le public parce qu'un
système d'imputabilité ça vise aussi à rendre des
services plus efficaces aux citoyens. C'est aussi tourné vers les
citoyens et ça répond aux mêmes objectifs. Alors,
ça, c'étaient les étapes qu'on avait données.
Je vous signalerai aussi, M. le Président, que c'est ça
qui a fait l'objet d'une décision unanime de l'Assemblée
nationale. L'Assemblée nationale, peu de temps après la passation
de la loi, a voté une résolution qui disait: Le gouvernement
doit, dans l'année qui vient, déposer un plan d'implantation de
l'imputabilité. Ça, c'a été voté à
l'unanimité par l'Assemblée nationale, pas par une commission
parlementaire, par l'Assemblée nationale. Ça ne s'est jamais
fait. Il me semble que c'était dans les six mois qui ont suivi les
travaux de la commission... Non, excusez. Je pense que c'était dans les
six mois qui ont suivi la Loi sur la fonction publique. La loi a
été votée en 1983, donc, dans les six mois qui ont suivi.
On peut se placer à la fin de 1984. Alors, si votre intérêt
c'est de savoir si c'était sous l'ancien gouvernement, c'est
l'Assemblée nationale sous l'ancien gouvernement, mais à
l'unanimité. Mais à l'unanimité! Ça ne s'est jamais
fait. Donc, dans l'année qui a suivi, on n'a jamais eu de plan
d'Implantation. Par ailleurs, il me semblait que c'était Un voeu
clairement exprimé des élus d'entrer dans le champ
d'implantation. Qu'est-ce qui s'est passé par la suite, M. le
Président? Une réunion organisée conjointement par l'ENAP
et le Conseil du trésor - le groupe sur la productivité - qui
réunissait les sous-ministres et présidents d'organisme, et c'est
fà que les présidents d'organisme et sous-ministres ont
décide, ont dit que l'imputabilité, ça va faire, c'est
assez, on n'a pas besoin de ça. (22 h 45)
Par ailleurs, le même groupe pour une rénovation de la
fonction publique a fait un sondage auprès des cadres supérieurs
et des cadres Intermédiaires, et à 90 %, si ma mémoire est
exacte, les gens disaient: On veut l'imputabiIité. Alors, il faut se
poser la question sur qu'est-ce qui l'a bloquée? Qu'est-ce qui a fait
qu'à un moment donné les sous-ministres n'ont pas respecté
et l'orientation gouvernementale de l'époque et l'orientation de
l'Assemblée nationale, et n'ont pas respecté, non plus, les
besoins qu'ils sentaient en arrière d'eux autres? Parce que les cadres
supérieurs ne devaient pas répondre juste au questionnaire, ils
devaient le dire, de temps en temps à leurs sous-chefs. On a du grand
monde dans la fonction publique. Ils n'ont plus peur de parler, aujourd'hui.
Alors, peut-être que ça devait se discuter, ça, dans la
fonction publique. Comment te fait-il que ça a bloqué? Moi
j'évalue, M. le Président, que ça a bloqué parce
qu'on parlait de contrôle parlementaire de l'imputabilité. Et le
contrôle parlementaire de rimputabilité ça fait aussi peur
au ministre...
Le Président (M. Lemieux): On comprend ça.
M. Bisaillon:... Ça fait aussi peur au ministre que
ça fait peur au sous-ministre. Ça fait peur au ministre ou
à tous ceux qui l'ont été, parce qu'ils se disent:
Ça nous fait perdre la responsabilité ministérielle.
Ça ne nous la fait pas perdre, ça nous fait distinguer ce qui est
de la responsabilité ministérielle, et ce qui est de la
responsabilité administrative. Mais ils ont peur
aussi, les sous-ministres, parce qu'ils ont toujours donné comme
exemple deux, selon eux, deux modèles d'application de
l'imputabilité. Le premier exemple, c'était l'enquête sur
la Baie James On a dit: Écoutez, si c'est ça que ça donne
l'imputabilité, on n'est pas intéressé à ça.
Ils se trompaient juste dans quelque chose, M. le Président. Vous
n'étiez pas |à dans ce temps-là, mais l'enquête sur
la Baie James c'était une commission parlementaire qui questionnait une
décision gouvernementale. Or, des membres du conseil d'administration
d'Hydro-Québec sont venus témoigner et, effectivement, n'ont pas
été traités doucement par les parlementaires qui les ont
reçus. Il faut faire la distinction, là. Quand les membres du
conseil d'administration d'Hydro-Québec sont venus, là, ce
n'était pas de l'imputabilité au sens où on en parle quand
on parle de l'administration et du politique. Quand on parle d'un sous-ministre
qui va venir répondre de l'administration, c'est de son administration,
ce n'est pas des politiques de son ministre dont il parle. Mais les membres du
conseil d'administration d'Hydro-Québec c'étaient des politiques,
ça. Ce n'étaient pas des administrateurs au sens où on en
parle quand on parle du contrôle de l'imputabilité Ils venaient
comme membres d'un conseil d'administration, donc comme politiques qui
prenaient des orientations et des décisions pour une organisation, et,
à ce titre-là, ils ont reçu le traitement, en fait, que
tous les gens politiques peuvent recevoir, n'est-ce pas?
M. Chagnon: On vous le réserve. Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bisaillon: Mais, à purement parler, ce n'est pas un
traitement réservé à, bon.. J'admets cependant, M. le
Président, que le contrôle parlementaire ça n'est jamais
facile, pour deux raisons. D'une part, parce que les parlementaires, dans notre
système, ne sont pas habitués à ça. Et, d'autre
part, ils ne sont pas habitués à ça parce que ce n'est pas
ça la "game". Vous me pardonnerez l'expression. La "game" c'est: Plus je
déchire la chemise sur le dos de l'autre, plus j'ai l'impression que
j'ai gagné quelque chose et plus je peux mettre en danger le ministre,
plus moi, dans l'Opposition, je gagne des points. Bon, c'est ça la
"game" et on ne la changera pas, là. Sauf qu'il y a un exercice
tranquille qu'on peut faire du contrôle administratif par des
parlementaires. Et ça pourrait commencer. Moi, ce que je
suggérerais, M. le Président, c'est, avant de s'embarquer dans de
grandes vérifications, qu'on le fasse donc sur des choses
précises. Et une chose précise que recommandait la commission,
c'était les services aux citoyens. Si c'est important... Il n'y a rien,
d'après moi. de plus important pour des parlementaires que les services
de ceux qui ont été élus à ceux qui les ont
élus, et il ne devrait pas en avoir non plus pour les serviteurs de
l'État dont on parle. Alors c'est quelque chose, ça, où on
se retrouve sur les principes. Pourquoi n'essaierait-on pas un exercice
d'imputabilité sur l'administration de ce principe-là?
L'exemple que je vous donne, M. le Président, après la Loi
sur la fonction publique et après le rapport de la commission, il y a eu
un secrétariat qui a été mis sur pied pour les services
aux citoyens. Ce secrétariat-là a mis en branle un certain nombre
de mécanismes, de moyens, de vérification et d'information
auprès des ministères et organisations pour que les services aux
citoyens soient plus accessibles. Ce secrétariat-là a duré
une certaine période de temps, et finalement on a mis fin à ses
activités. Moi, j'ai toujours été d'accord à ce
qu'on mette fin aux activités du secrétariat. Le
secrétariat était là pour partir les choses, mais
ça devenait, à un moment donné, la responsabilité
des organisations. Il faut quand même se poser la question. Depuis qu'il
n'existe plus, le secrétariat, est-ce qu'il y en a encore des services
aux citoyens? Est-ce qu'on est allé plus loin que ce que le
secrétariat avait fait? Est-ce qu'on a pris des moyens pour
vérifier ce que la clientèle dit de nos services? Est-ce que
chaque organisation s'est inquiétée de savoir, ses clients,
qu'est-ce qu'ils disent? Et il faut faire la distinction quand on parle des
organisations, la distinction entre client et citoyen. Ce n'est pas toujours la
même chose. Pour bien des organisations dans la fonction publique, ils
vont nous parler du souci de leurs clients. Mais leurs clients, ce sont les
autres ministères. Il faut faire attention à ça.
Même en servant d'autres ministères, on doit avoir le souci des
citoyens. Qui vérifie ça? Ça, ça pourrait faire
l'objet d'un très bel exercice d'imputabilité où personne
ne se sentirait visé et où personne n'aurait intérêt
à tirer la couverte de son bord. Autrement dit, si vous voulez l'exercer
et l'appliquer une fois pour toutes, il faudra que vous vous trouviez des
moyens et des sujets surtout qui ne portent pas à controverse au plan
politique. Quand vous en trouverez qui ne portent pas à controverse au
plan politique ou, en tout cas, où les politiques sont convergentes,
faites l'exercice du contrôle parlementaire.
Je vous indique, M. le Président, aussi qu'on proposait des
façons de procéder pour le contrôle parlementaire et on
disait: Ce n'est pas tout le monde, tout le temps. Ça devrait être
sur une période de cinq ans, le contrôle de la gestion. On devrait
choisir un certain nombre de ministères et organismes par année,
une dizaine, une quinzaine par année sans les nommer d'avance, sans
qu'il y ait de rôle de fait sur le... Ça veut dire que tu peux
être demandé n'importe quand pour subir le contrôle
parlementaire. Et subir est le vrai mot. Moi, je pense que c'est
plus efficace ça, savoir que ça pourrait arriver, que le
fait que ça arrive. Dans ce sens-là, on devrait peut-être
se mettre au travail pour commencer à aller dans ça.
Il me reste une question, M. le Président, qui était
relations du travail. Je vais attendre les questions et je vais profiter de la
période des questions pour essayer de vous parler de cet
élément majeur.
Le Président (M. Lemieux): Très brièvement,
je veux peut-être vous dire qu'il y a une certaine constante, que le
contrôle parlementaire effraie toujours. Alors, si ça peut vous
rassurer. Ma question, c'est que, évidemment, le rapport de la
commission spéciale, le rapport Bisaillon, a donné naissance
quand même à une loi que je considère bonne, moderne,
très souple. On se rend compte qu'on retrouve dans la loi 51, environ,
peut-être 80 % des recommandations du rapport de la commission
spéciale Bisaillon. Moi, ce que j'aimerais savoir de vous, dans ce qu'on
retrouve actuellement dans la loi 51, dans les 80 % qu'on retrouve, qu'est-ce
qui, actuellement, aujourd'hui, d'après le recul que vous avez, n'a pas
trouvé ou n'a pas reçu d'application ou n'est pas appliqué
tel que l'énonçait votre rapport comme tel au point de vue
concret et pratique? Vous avez donné des exemples d'imputabilité.
Est-ce qu'il y a d'autres choses qui, actuellement, se trouvent dans la loi 51
et qui ne reçoit pas sa pleine application actuellement?
M. Bisaillon: Bien, dans les principes de départ, si on
regarde les principes qu'énonçait dès le départ la
Loi sur la fonction publique, ça devait tenir compte aussi des
ressources humaines. Et, au plan du développement des ressources
humaines et de leur contrôle et de leur utilisation, il me semble qu'il
n'y a pas eu grand chemin de fait. Je vous référerai cependant,
M. le Président, à un document qui est paru depuis ce
temps-là et qui pourrait peut-être vous indiquer, vous donner des
indications là-dessus. Ça s'appelle... C'est une thèse,
c'est un projet d'intervention dans le cadre d'une maîtrise à
l'ENAP qui s'appelle: "Le développement des ressources humaines au
gouvernement du Québec. " Vous pourriez peut-être consulter ce
document-là.
M. Chagnon: Qui est l'auteur? M. Bisaillon: Pardon? M.
Chagnon: Qui est l'auteur? M. Bisaillon: C'est moi. Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chagnon: J'avais soupçonné que... J'avais
soupçonné. Ha, ha, ha!
M. Bisaillon: C'est ma soirée pour me citer. Des voix:
Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Profitez-en. Ça arrive
si peu souvent.
M. Bisaillon: Ce que je voulais dire, M. le Président,
c'est que dans ce document-là, au moins, vous avez l'enquête faite
auprès de l'ensemble des sous-ministres et présidents d'organisme
sur le développement des ressources humaines. Vous avez
déjà leurs orientations et il y a une série de
recommandations qui sont dans ce document là qui s'appliqueraient
à la Loi sur la fonction publique. Alors, ça c'est Par rapport
aux ressources humaines, d'après moi, il n'y a pas eu grand-chose de
fait. Il n'y a pas eu grand-chose de fait non plus par rapport à la
productivité et à l'analyse, à l'évaluation des
programmes. C'était des éléments qui étaient
contenus dans la Loi sur la fonction publique. Il me semble qu'il y a peu de
chemin de fait. Il y a eu des tentatives, il y a eu des efforts. Autrement dit,
on sert, M. le Président... Globalement, on pourrait dire qu'on sait que
ça s'en va dans la bonne voie mais à tellement petits pas qu'on
se demande si, jamais, un jour, on va arriver à entrer dans le
commencement de ce que voulait faire la Loi sur la fonction publique.
Le Président (M. Lemieux): Et au niveau de
l'imputabilité, êtes-vous d'accord qu'il y a peu de choses qui se
sont faites?
M. Bisaillon: Oui. S'il y a des choses de faites, c'est des
choses qui ont été faites au niveau interne, c'est-à-dire
qu'il peut y avoir des organisations qui ont délégué
à l'intérieur de leur organisation. Ça ne doit pas
être... Je n'ai pas de chiffres, donc, je ne peux pas vous parler de
façon certaine, rhais, à ma connaissance, ça ne doit pas
être répandu. Au niveau gouvernemental, il n'y a à peu
près rien qui a été fait sinon, encore une fois, des
études et des voeux pieux sur le principe de la question.
Le Président (M. Lemieux): Ça va. M. le
député de Saint-Louis.
M. Chagnon: On peut dire, M. le Président - j'ai failli
dire le député Bisaillon - que M. Bisaillon parle d'abondance
d'un sujet qu'il connaît, qu'il aime bien et dont la démonstration
est sans équivoque, qui l'a sûrement passionné au moment
où il a travaillé sur les travaux de la commission qui a
porté son nom, puisque jusqu'à tout récemment, ce qu'il
nous disait, il a fait un projet d'intervention à l'ENAP dans la
même veine de ce sur quoi il travaillait. M. Bisaillon, la
séquence dans le temps, si on parle de 1983-1984... En 1983 la
commission fournit son rapport. L'Assemblée nationale adopte la loi.
En
1984, votre résolution, je ne connaissais pas l'existence de
cette résolution, l'Assemblée nationale en entier adopte cette
résolution et on se retrouve, bon, en 1990 pas plus avancés sur
le plan de l'imputabilité. On vous a dit: N'inscrivez pas le processus
de dotatiop dans la loi - c'est ce que vous nous avez dit - parce qu'on va
aller à l'imputabilité. Aujourd'hui, vous nous dites: Faites donc
les deux. Allez et inscrivez le processus de dotation dans la loi et, en
même temps, essayez de ramasser {'ensemble du dossier de
l'imputabilité externe. Il y a une forme de contradiction, me
semble-t-il, dans ce raisonnement-là.
M. Bisaillon: II peut sembler y avoir effectivement une
contradiction. Moi, je pense que, pour ce qui est de l'imputabilité
interne, on devrait forcer pour la mettre en application dès maintenant.
Quant à l'imputabilité externe... Et on ne pourra jamais avoir
que l'un, je dirais.
M. Chagnon: Exactement. On s'entend là-dessus.
M. Bisaillon: Ça va devoir s'accompagner des deux, donc,
d'un contrôle parlementaire. Comme j'estime que, si on n'est pas rendus
plus loin en termes d'imputabilité, c'est surtout à cause de la
notion de contrôle parlementaire de l'imputabilité, bien, je me
dis: Apprivoisons, donc, profitons du fait qu'on va avoir des sujets où,
au plan politique, il y aura convergence pour se servir de ces sujets-là
pour passer à un contrôle de l'administration de ces
orientations-là. Ça serait moins... Autrement dit, le danger de
jeu entre les politiques ou entre les députés serait moins
évident. Ils apprivoiseraient, eux autres aussi, l'exercice du
contrôle strict administratif. Et les administrateurs, eux autres, se
feraient aussi à l'habitude de passer et de trouver normal d'être
contrôlés par des parlementaires.
M. Chagnon: Le type d'intervention qui pourrait faire l'objet
d'imputabilité, le Vérificateur général s'est
lui-même cité - vous n'êtes pas le premier - il s'est
lui-même cité en disant: Bien, prenons le rapport du
Vérificateur général et faisons-en un instrument
d'imputabilité. Ça va un peu dans le sens de ce que vous
soulevez. Ça pourrait être aussi le rapport du Protecteur du
citoyen. Ça pourrait être le rapport annuel des ministères
et/ou des organismes...
M. Bisaillon: Ça pourrait être effectivement...
M. Chagnon:... parapublics.
M. Bisaillon: Le rapport du Vérificateur
général, ça devrait être ça depuis longtemps,
parce que ça existe depuis longtemps. Mais ça pourrait être
ces éléments-là qui sont des rapports annuels qu'on
devrait... qui ont trait à l'administration. Mais, moi, je le reliais au
service aux citoyens, parce qu'on n'a jamais non plus mis sur pied les
mécanismes de contrôle de ça. C'est difficile pour le
Vérificateur général, quand il fait une
vérification intégrée, d'examiner l'administration sous
cet angle-là. Alors, je me dis: Les mesures administratives en regard
d'un objectif qui est service aux citoyens amélioré, elles sont
très larges et elles peuvent varier d'un sous-ministre à l'autre,
d'une organisation à l'autre. Donc, en partant, tout le monde peut avoir
fait quelque chose. L'importance, c'est qu'en même temps ça permet
à ce sujet-là... Moi, je le trouvais pratique, parce qu'il permet
en même temps de pousser et de mettre de l'avant une autre
priorité de la fonction publique qui est le service aux citoyens. (23
heures)
M. Chagnon: Maintenant, comme le monde est habitué
à manger du pablum avant du steak et comme le principe
d'imputabilité est sur son plan... que l'organisation quotidienne n'est
pas vraiment sortie de l'oeuf, n'y aurait-il pas lieu d'inscrire dans la loi
les instruments que je venais d'évoquer, par exemple, le rapport du
Vérificateur général, etc., en inscrire deux, trois,
quatre dans la loi, comme étant des dossiers sur lesquels une forme
d'imputabilité auprès des hauts fonctionnaires devrait être
généralisée?
M. Bisaillon: Moi, je ne verrais pas d'un mauvais oeil qu'il y
ait des éléments d'inscrits dans la loi. Mais, si vous en
inscrivez, je pense que le premier que j'ai recommandé tantôt,
mettez le processus de dotation dans la loi, mettez-le juste pour un certain
temps, et, avant d'y mettre fin ou de le renouveler, procédez à
la vérification de son impact. Il me semble, en tout cas, que là
il y a un contrôle certain à exercer, un contrôle politique
et administratif sur les ressources et leur nombre et la façon dont on
les choisit et dont on les recrute.
M. Chagnon: C'est clair. Je vous remercie.
Le Président (M. Lemieux): M. le député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: Je veux vous féliciter pour votre
présentation qui était très intéressante. Un
obstacle à l'implantation de l'imputabilité, ce n'est pas un peu
la lourdeur du système? Parce que vous parliez, vous parlez avec
éloquence là, qu'il faut que chacun sache ce qu'il a à
faire aussi, qu'il a la marge de manoeuvre nécessaire pour le faire,
pour être imputable. Est-ce que le système actuel permet de faire
ça? Si on prend, entre autres, peut-être les conventions
collectives, est-ce que ça permet de faire ça, de haut en bas,
jusqu'aux services aux citoyens, comme
vous disiez? Et peut-être qu'on pourrait enchaîner au niveau
des relations de travail, que vous n'avez peut-être pas eu le temps
d'élaborer. Mais j'aimerais vous entendre là-dessus. Est-ce qu'il
n'y a pas un frein à ce niveau-là, sur l'Implantation?
M. Bisaillon: II y a des freins à l'imputabilité,
c'est sûr, mais ils ne sont pas dans le système. Ils sont dans les
personnes qui sont dans te système. Autrement dit, si, une fois qu'on a
compris ou qu'on adhère à ce moyen, à cet outil qu'est
l'imputabilité, il n'y a rien qui bloque en sol là-dedans,
ça peut aller tranquillement, ça peut être lourd, mais ce
n'est pas plus lourd que les contrôles, a priori, qu'on a connus dans le
passé. Ce n'est pas plus lourd que les mécanismes très
longs qu'on connaît actuellement, que les délais que les citoyens
sont obligés de subir. Ce n'est pas plus long que ça. Ça
ne sera pas plus difficile que ça. L'avantage, c'est que ça
suppose des ententes.
J'expliquais tantôt qu'avant d'accepter un mandat je dois
m'assurer d'avoir les outils pour le réaliser, ce mandat-là,
donc, je dois les négocier. Mais ça, je ne parle pas en termes de
relations de travail, mais je dois les discuter, si vous aimez mieux, avec le
gestionnaire qui me donne le mandat. De la même façon, je pense
que le système de relations de travail peut aider à ça. Il
peut aider à ça dans le sens qu'il nous donne des outils. Je dis,
en 1982, le premier péché, c'était le Conseil du
trésor et le syndicat, mais on n'a rien changé depuis 1982,
là-dedans.
Je vous signale que la commission spéciale faisait un certain
nombre de recommandations à cet égard-là, qui n'ont pas
été prises en compte. Ça n'a pas bougé, c'est
exactement la même situation. La seule chose qui est différente,
c'est que, dans le bilan tracé par le Conseil du trésor, on dit
que maintenant on a permis, au moment de la négociation des conditions
de travail, des aménagements de certains ministères. Mais on n'a
pas tenu compte de la recommandation que la commission spéciale faisait,
qui disait: Comment se fait-Il que, pendant que le Conseil du trésor
négocie les conventions collectives, il y a une table des partenaires,
partenaires de l'enseignement, partenaires des hôpitaux? Il n'y en a pas
de la fonction publique. Or, les conditions dans la fonction publique, ce n'est
pas juste les salaires ou ce n'est pas juste les coûts. Il y a aussi le
fonctionnement quotidien. Comment ça se fait qu'il n'y a pas une table
qui regroupe les ministères et organisations au moment des
négociations pour qu'on ait leur perception de l'impact qu'un certain
nombre de clauses des conventions collectives vont avoir, ou, encore, d'outils
qu'ils voudraient avoir et qu'on ne leur donne pas dans les conventions
collectives?
De la même façon, le régime syndical fait des
distinctions. Autrement dit, la loi publique fait un régime d'exceptions
pour les syndicats et je n'ai jamais compris pourquoi, et les membres de la
commission non plus à l'époque, puisqu'on a tous
recommandé que le Code du travail, en général, s'applique.
Qu'on fasse des restrictions dans les endroits où il faut en faire,
comme on en fait dans le Code du travail. On pourrait dire: Les agents de la
paix, Ils sont couverts par le Code du travail, et leur empêcher le droit
à la grève, comme on le fait pour les policiers ou pompiers. On
pourrait faire ça. Mais II n'y a rien qui justifie qu'ils ne soient pas
soumis au Code du travail. Et ça, ça a beaucoup d'Implications
parce que, là, actuellement, c'est gouvernemental. On dit: Tel secteur
d'activité, ce n'est pas syndicable. Où est-ce que vous avez vu
ça ailleurs? Le gouvernement, l'État, a une fâcheuse
tendance à passer dès lois pour d'autres qu'il ne s'applique pas
à lui-même. Il y en a plein d'exemples comme ça: le
régime syndical, par exemple. On a passé le Code du travail qui
s'applique à tout le monde, sauf pour le gouvernement. On a passé
une loi... Dans le Code du travail, il y a des règles pour les policiers
et pompiers et l'arbitrage que le gouvernement ne s'applique pas à
lui-même vis-à-vis les agents de la paix ou les policiers de la
Sûreté du Québec. Il y a plein de mesures d'exception quand
c'est le gouvernement. On demande aux citoyens de voter au municipal pour deux:
la mairie et les conseillers, mais ç'a" l'air qu'au provincial les
citoyens ne comprendraient pas ça. Donc, on ne fait pas la loi dans ce
sens-là. Alors, il y a plein de choses comme ça que l'État
fait pour les autres mais qu'il ne s'applique pas à lui-même. La
même chose pour les matières de négociation. Et moi, je ne
suis pas convaincu, M. le Président, que si on n'avait pas la
possibilité de faire négocier, par exemple, les clauses de
promotion - je donne ça à titre d'exemple - ça ne ferait
pas des chiens de garde additionnels dans le système pour nous
empêcher le laxisme dans les promotions, en tout cas, et ça ne
serait pas pire que quand c'est négocié dans d'autres grandes
compagnies comme Hydro-Québec ou ailleurs.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
La Prairie.
M. Lazure: Je vous remercie, M. le Président. Alors, moi,
je veux remercier notre ancien collègue pour son exposé
magistral. J'ai bien hâte aussi de lire son travail de maîtrise.
Vous voyez, M. le Président, que nous avions raison, vous et moi,
d'insister pour qu'il vienne nous faire part de son expérience, qu'il
vienne nous éclairer et, nonobstant un certain article dans un journal
qui laissait croire que la commission avait des réticences à
inviter M. Bisaillon, au contraire, nous avions hâte de vous rencontrer.
Les commentaires que vous faites sur l'imputabilité dans le sens
où il pourrait être opportun de l'initier en rapport avec le
service aux citoyens, je
trouve ça intéressant comme formule, surtout si c'est dans
un système où on ne rend pas publique à /'avance \a liste
des ministères ou des organismes. Votre système que vous avez
préconisé, que je trouve excellent...
Juste une question sur le double volet, gestion des ressources humaines,
gestion des ressources financières. On a eu plusieurs groupes ou
individus qui nous ont dit qu'un seul responsable ministériel, un seul
ministre, qui est le président du Conseil du tréspr actuellement,
pour répondre de ces deux types de gestion au Conseil des ministres, ce
n'est pas ce qu'il y a de mieux comme formule. Pendant longtemps, il y a eu
deux ministres, comme vous le savez, et j'aimerais bien avoir votre opinion
là-dessus.
M. Bisaillon: Je pense qu'effectivement ça devait
être tenté. Ça l'a été et je ne pense pas que
c'est la formule idéale. En tout cas, ça n'a pas donné les
résultats. Moi, je suis obligé de juger ça en fonction des
résultats. Théoriquement, c'était peut-être bien
intéressant, mais, en fonction des résultats, je ne pense pas que
ç'a donné des résultats. Par ailleurs, l'expérience
du passé n'est pas davantage meilleure. Autrement dit, on mettait un
ministre responsable de l'Office des ressources humaines, mais c'était
son quatrième intérêt ou à peu près Ce
n'était pas nécessairement toujours un ministre qui était
collé sur ces réalités-là non plus Autrement dit,
je pouvais être à l'Environnement et, en même temps,
responsable de l'Office des ressources humaines. Ça n'avait pas de
commun rapport et ce n'était pas évident, alors qu'il me semble
qu'en reliant ça au Conseil exécutif, là, il doit y avoir
une volonté d'organisatipn générale; là, il y a une
volonté de transparence; là, il y a une volonté de
concertation et il y a le mécanisme aussi puisque c'est là que se
réunit la table des sous-ministres et c'est par, peut être,
l'Exécutif qu'on pourrait à la fois donner la volonté
politique, parce qu'en développement des ressources humaines, avant la
volonté administrative, c'est la volonté politique parce que ce
n'est pas non plus toujours évidemment que c'est rentable de parler du
développement des ressources humaines. Ç'a l'air d'un sujet pour
spécialistes, mais c'est pourtant la réalité du monde de
tous les jours.
M. Lazure: Juste un rapport d'étape pour
l'édification de M. Bisaillon, mon ancien collègue. Je peux lui
dire que je voie très, très clairement maintenant les
différences entre l'imputabilité administrative et politique.
Maintenant, c'est clair comme de l'eau de roche: II fut un temps où
c'était moins clair.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard: Ce n'est pas aussi clair que ça peut en
avoir l'air.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Je pense que MM. les
députés de Labelle et de La Prairie...
M. Lazure: Je parlais pour moi.
Le Président (M. Lemieux):... ne partagent peut-être
pas le même avis sur cet aspect. M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Je ne partage toujours pas le même point
de vue sur cette question parce que, justement, la distinction entre le
politique et l'administratif, c'est très beau à le dire, mais
à le faire, c'est autre chose. Et vous avez eu raison de rappeler
exactement cette commission sur la Baie James qui a fait couler beaucoup de
salive, qui a fait beaucoup de tort, peut-être bien, mais les
conséquences sont là. Et chacun a pris la mesure de ce que
ça pourrait être. Alors, merci bien et merci bien. Si
l'Assemblée nationale devait aller dans ce sens-là, je veux dire,
je ne sais pas quel est l'intérêt parce que ça serait de
brasser à peu près n'importe quoi. Je pense que là-dessus.
si vous voulez, on a fait une distinction, l'autre jour, entre
imputabilité à l'interne et à l'externe en disant:
parlementaire, bon... Je pense que c'en est une et je considère bien que
dans des ministères la fonction publique exerce l'imputabilité.
C'est un nouveau mot pour dire toute la structure avec la responsabilité
que ça implique. En tout cas, moi, je conserve toujours mes
réticences vis-à-vis cette imputabilité parlementaire
où les fonctionnaires viendraient à la barre ici. Les
expériences qu'on a eues jusque-là, à mon sens, ne sont
pas assez déterminantes, probantes que ce serait un tel avantage.
Je voudrais vous poser une question. Vous dites que le processus de la
dotation, c'est-à-dire de la détermination des plans d'effectifs,
devrait être dans la loi directement. Je trouve que ça risque de
devenir très rigide dans l'administration publique. On dit
déjà que c'est rigide, une administration publique. Vous ne
pensez pas qu'on en remettra encore?
M. Bisaillon: Oui, ce serait effectivement très rigide
mais ce qui est recommandé par la commission, ça a fait l'objet
d'une politique, ça. Ça fait que c'est déjà tout
là, sous forme de politique, sauf que c'est plus difficile de contourner
un article de loi que de contourner une politique. Mais c'est
déjà là. Autrement dit, ce que je veux dire, M. le
député, les éléments sont déjà
là. Je recommande par ailleurs et je reconnais, je l'ai avoué
dès le départ, que ce n'est pas quelque chose qu'il est normal de
laisser dans une loi. Mais je trouve qu'on a fait l'expérience de ne pas
le mettre et on voit les résultats que ça donne. Alors, là
aussi, il faut procéder empiriquement. Mettons-le, mettons-le
pour un temps avec un couperet qui va faire que, si on veut le laisser,
on sera obligé d'en reparler sinon, ça retombera automatiquement.
Mais vous pourrez mesurer entre-temps les effets ou la différence.
Autrement dit, jusqu'à maintenant, on ne peut pas montrer la
différence. On ne peut parler à partir de données qui se
comparent parce qu'on n'a fait tout le temps qu'une chose. Faisons donc l'autre
pendant deux ans, pour voir s'il va y avoir des résultats
différents. Et, à partir des résultats, on pourra examiner
de quoi ça dépend.
Le Président (M. Lemieux): Merci. Alors, écoutez,
je comprends qu'il y a peut-être..
M. Léonard: On va écouter longtemps.
Le Président (M. Lemieux): .. des opinions
différentes à ma gauche mais je pense aussi que ce n'est
peut-être pas une raison pour ne rien faire et...
M. Léonard: C'est un point de vue. Ça va.
Le Président (M. Lemieux):. quand même, neuf
provinces... Il y a seulement le Québec, je pense, qui ne l'applique pas
et je pense que l'important, c'est d'essayer de trouver un certain
équilibre dans tout ça pour mieux servir les citoyens. Vous avez
fait des remarques sur l'Office tout à l'heure. Je veux simplement
terminer là-dessus bien rapidement parce que je sais qu'il est...
Une voix: Je ne suis pas contre cette distinction.
Le Président (M. Lemieux): Non, effectivement. Je sais
qu'il est assez tard. C'est que je veux simplement vous faire remarquer que
l'Office a un rôle-conseil en vertu de l'article 99, paragraphes 7 et 8,
sauf exception, je pense, pour les paragraphes 11 et 12. S'il avait agi
autrement, je pense qu'il aurait peut être outrepassé ses pouvoirs
aussi. Vous avez fait état tout à l'heure que l'Office n'avait
peut-être pas rempli tous les devoirs qu'il avait à faire. Il
avait seulement un rôle-conseil et je me demande dans quelle mesure il
avait les pouvoirs nécessaires pour aller plus loin que ça. C'est
seulement une remarque que je vous fais, eu égard à ce que je
vois à l'article 99.
M. Bisaillon: Oui, je comprends pourquoi vous le faites. Je
comprends que la loi peut parler d'un rôle-conseil, mais on peut exercer
un rôle-conseil de deux façons. On peut ouvrir un bureau, mettre
une affiche et dire: Je suis consultant. Venez me voir quand vous voudrez. Et
on peut prendre le leadership aussi de ça et dire...
Le Président (M. Lemieux): Ce que vous êtes en train
de me dire, c'est que..
M. Bisaillon:... moi, ma responsabilité, c'est les
ressources humaines. Voici ce que je sais des ressources humaines. Voici
l'expertise de mon monde. Est-ce que je peux aller vous rencontrer pour vous en
parler? Ça peut se vendre, ça, le développement des
ressources humaines comme le reste se vend.
Le Président (M. Lemieux): Ça va. Alors, donc.
M. Bisaillon: Donc, on pourrait être plus proactif, c'est
ça que je veux dire.
Le Président (III. Lemieux): J'ai très bien compris
Alors, nous vous remercions de votre participation à cette commission
parlementaire et nous ajournons nos travaux à demain, 10 heures.
(Fin de la séance à 23 h 15)