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(Dix heures huit minutes)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente du budget et de l'administration poursuit ce
matin ses consultations sur l'étude de l'opportunité de maintenir
en vigueur ou de modifier la Loi sur la fonction publique. M. le
secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Non, M. le Président, il n'y a pas
de remplacement pour la séance.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le secrétaire.
Permettez-moi de vous faire état de l'ordre du jour. Nous entendrons en
premier lieu M. Jean-P. Vézina, président de la
Société de l'assurance automobile du Québec puis suivra
vers 11 h 10 M. Gaston Ouellet, vice-président d'Alcan, à 12
heures, M. Jocelyn Jacques, président de l'Office des ressources
humaines. Nos travaux seront suspendus vers 13 heures, 13 h 15, pour reprendre
à 15 heures avec M. Pierre-André Paré, contrôleur
des finances, à 16 heures avec M. Claude Legault,
président-directeur général de la Régie des rentes
du Québec. À 17 heures, nous entendrons M Benoît Morin,
secrétaire général du Conseil exécutif, pour
suspendre nos travaux à 18 heures et reprendre à 20 heures avec
M. Robert Després, président de DRM Inc., pour terminer à
21 heures avec M. Daniel Johnson, président du Conseil du trésor
et ministre délégué à l'Administration et à
la Fonction publique. Est-ce que l'ordre du jour est adopté?
M. Lazure: Oui, adopté.
Mémoires déposés
Le Président (M. Lemieux): Merci. Maintenant, j'aimerais
vous faire un dépôt des mémoires suivants qui n'ont pas
été entendus. Étant donné que nous tenons
aujourd'hui la dernière séance d'auditions publiques relatives
à ce mandat, je voudrais déposer les mémoires reçus
dans les délais prescrits au secrétariat de la commission,
à la suite de l'avis public du 13 juin 1990, mais qui, à la
demande de leurs auteurs, n'ont pas été entendus par la
commission. Il s'agit du mémoire de la Commission des droits de la
personne, du mémoire du Conseil du statut de la femme, du mémoire
de M. Clermont Gignac, du ministère des Approvisionnements et Services,
du mémoire de M. Jean-Marie Desbiens, du mémoire de M. Camil
Genest, du mémoire de
M. Ghislain Pouliot, et du mémoire de M. Michel Robichaud. Ces
documents sont déposés.
Nous avons reçu, d'autre part, deux mémoires après
les délais. Il s'agit des mémoires de la Fédération
des entreprises d'aide temporaire et de M. Luc Fournier. Ces mémoires
seront également déposés.
Auditions
Je demanderais maintenant au président de la
Société de l'assurance automobile du Québec de bien
vouloir prendre place à la table des témoins avec les gens qui
l'accompagnent. Pour fins de l'enregistrement du Journal des débats,
je demanderais au président de la Société de
l'assurance automobile du Québec de bien vouloir s'identifier,
d'identifier les gens qui l'accompagnent, s'il vous plaît.
M. Vézina (Jean-P.): M. le Président, Jean
Vézina, président de la Société de l'assurance
automobile du Québec. J'ai, à ma gauche, M. Alain Bélanger
qui est directeur des ressources humaines à la société et,
à ma droite, Mme Thérèse Bélanger qui est
conseillère en ressources humaines chez nous.
Le Président (M. Lemieux): Nous sommes prêts
à vous entendre, M. Vézina. Vous avez 20 minutes pour
l'exposé de votre mémoire. Suivra une période de 40
minutes d'échange avec les parlementaires. Nous vous écoutons
immédiatement.
M. Jean-P. Vézina
M. Vézina: M. le Président. Je remercie le
président et les membres de cette commission pour leur invitation. Comme
la Société de l'assurance automobile est essentiellement une
entreprise de services et qu'aucun autre organisme au Québec,
privé ou public, n'a plus de clients que la Société, il
nous est apparu tout à fait souhaitable d'exprimer notre point de vue
et, surtout, notre vécu au sein de la Loi sur la fonction publique, qui
a comme objectif principal le même que le nôtre, de fournir au
public les services de qualité auxquels il a droit.
Il est sans doute important, M. le Président, avant d'entrer dans
le vif du sujet, de rappeler le statut juridique et le cadre de fonctionnement
de la Société de l'assurance automobile. On pourra mieux
comprendre par la suite nos commentaires et nos suggestions visant, si
possible, à améliorer la Loi sur la fonction publique et surtout,
visant à améliorer son
application dans des situations qui sont différentes de celles
qui prévalent généralement dans les ministères et
organismes dont le budget est voté par l'Assemblée nationale.
Créée en 1977, la Société de l'assurance
automobile du Québec est une corporation, au sens du Code civil, et
jouit des droits et privilè ges d'un mandataire du gouvernement. Elle
est gérée par un conseil d'administration composé de 11
membres, dont un président et un vice-président du conseil, tous
nommés par le gouvernement. Le président est aussi directeur
général de l'organisme. Le ministre des Transports est
responsable des activités de la société devant
l'Assemblée nationale depuis octobre 1980.
La mission de la société est essentiellement dans la
réduction des risques inhérents à l'usage de la route.
Cette mission s'articule autour de trois mandats précis, qui sont
complémentaires. Le premier, qui est celui qui coiffe toute l'action de
la société, consiste à promouvoir la
sécurité routière. En effet, l'objectif de
l'amélioration du bilan routier nous apparaît comme une condition
préalable sur laquelle repose la crédibilité de
l'entreprise. Cet objectif permet également d'encadrer, selon une
orientation précise, les gestes quotidiens posés par nos
employés.
Le deuxième mandat consiste à gérer la majeure
partie du Code de la sécurité routière: gestion du dossier
du conducteur, notamment l'accès à la conduite, le permis de
conduire, le système des points d'inaptitude, les examens
médicaux, etc., et gestion du dossier transporteur, vérification
mécanique des véhicules, contrôle routier, etc.
Enfin, le troisième mandat qui, historiquement, est la base de la
création de la société, consiste à indemniser
toutes les victimes de la route ayant subi des dommages corporels. En ce sens,
la Société est une compagnie d'assurances qui est d'ailleurs la
plus importante compagnie d'assurances au Québec. En termes d'actifs, la
Société de l'assurance automobile est devenue la deuxième
plus importante entreprise sous contrôle québécois. Seule
Hydro-Québec a des actifs plus élevés.
La Société jouit de la pleine autonomie financière
puisqu'elle prélève, au moment du renouvellement de
l'immatriculation et des permis de conduire, des contributions d'assurance de
449 000 000 $ en 1989. En outre, elle touche des revenus de placements sur les
fonds investis dans la réserve actuarielle et dans la réserve de
stabilisation; 440 000 000 $ en 1989. Enfin, elle charge des frais
d'administration pour les services qu'elle rend, 56 000 000 $ en 1989. La
Société gère donc des sommes considérables
auxquelles il faut ajouter la perception de sommes très
élevées qu'elle effectue au nom du gouvernement: les droits
d'immatriculation et de permis - 368 000 000 $ en 1989 - la taxe de vente sur
les contributions d'assurance - 41 000 000 $ en 1989 - et sur les transac-
tions des véhicules entre particuliers - 35 900 000 $ en 1989. Sans
compter les revenus de placements, c'est donc 1 000 000 000 $ que la
Société a perçus en 1989, et la transaction moyenne
était de l'ordre de 150 $.
J'ai cru bon de vous donner cette vision chiffrée pour bien faire
comprendre que le premier service que la population attend de la
Société, c'est d'être assurée d'une couverture
adéquate par un régime où les sommes perçues ne
sont pas arbitraires et que les sommes font l'objet d'un contrôle absolu
et d'une gestion éclairée.
La culture de la Société. La Société est un
organisme public dispensant des services essentiels dans un contexte de
monopole. Cette situation fait en sorte que les besoins qu'elle est
appelée à combler ne peuvent être satisfaits d'aucune autre
manière. Par conséquent, elle doit placer le service à la
clientèle au centre de ses principales préoccupations et en faire
l'élément premier de sa culture organisationnelle. La
Société a donc opté pour le parti pris du client, dont
elle s'efforce quotidiennement de satisfaire et d'anticiper les besoins. Ce
parti pris du client entraîne nécessairement le parti pris du
personnel, car les relations des employés avec la clientèle sont
grandements influencées par les relations de l'entreprise avec son
personnel. À l'égard du client, la Société cherche
à lui offrir un service de qualité, facilement accessible,
simple, rapide et courtois. La Société met toute sa confiance en
ses employés. Elle met d'abord l'accent sur la formation et sur le
développement d'un sentiment d'appartenance de l'employé à
l'organisme, et sur la participation aux objectifs communs. Elle favorise la
capacité d'innover des employés et les associe aux orientations
de la corporation afin qu'ils partagent la motivation et le sens du défi
qui sont nécessaires au développement et à la
crédibilité de l'entreprise.
À ce chapitre, soulignons que la Société s'est
dotée d'une politique de service à la clientèle, où
elle affirme clairement sa volonté corporative de viser à
satisfaire les besoins de ses clients. Elle y reconnaît l'apport de ses
employés aux réalisations antérieures, et les invite
à poursuivre les efforts qui sont investis dans le succès de
l'organisation. Pour favoriser la mise en oeuvre des orientations contenues
dans sa politique de service à la clientèle, la direction de la
Société a pris plusieurs engagements. Un de ces engagements porte
sur la recherche constante de la qualité.
La Société a, en effet, choisi de s'engager
résolument sur la voie de la gestion de la qualité. Ce concept se
fonde notamment sur les principes de conformité aux
spécifications, de prévention des erreurs, d'excellence dans le
service bien rendu du premier coup, de mesure et de responsabilité de
chaque employé. Enfin, la Société a fait de la
concertation avec ses partenaires nationaux et avec les intervenants du
milieu et ce, dans tous ses domaines de responsabilité, un choix
délibéré qu'elle perçoit commee une base
essentielle pour la réussite de ses mandats.
En résumé, les orientations que nous nous sommes
données sont les suivantes. Premièrement, assurer un service de
qualité qui satisfasse encore davantage les besoins des clients et
présenter une excellente compréhension des motifs à la
base des interventions de la Société; deuxièmement,
assurer à l'ensemble du personnel de la Société le soutien
et l'environnement adéquat pour lui permettre d'assumer avec
empressement ses fonctions auprès des clients; troisièmement,
garantir une gestion efficace, au meilleur coût, intégrant
harmonieusement les contrôles qu'impose la situation particulière
de la Société comme organisme d'État dans un secteur
monopolistique, enfin, rechercher la concertation avec l'ensemble des
partenaires, autant dans le domaine des services aux accidentés et du
transport que dans celui de la sécurité routière.
Pour s'acquitter de ces mandats, la Société compte sur
d'importantes ressources humaines, financières, matérielles et
informatiques, qu'elle s'applique à gérer de la manière la
plus efficiente possible. La Société dispose d'un effectif
régulier totalisant 1976 personnes et d'un effectif occasionnel
totalisant 770 années-personnes, répartis au siège social
et dans 8 centres administratifs et dans 49 centres de service à travers
tout le Québec. Son personnel régulier et occasionnel,
composé de 55 % de femmes, est assujetti aux dispositions de la Loi sur
la fonction publique et appartient à une trentaine de corps d'emploi.
L'équipe de gestion comprend 55 cadres supérieurs et 112 cadres
intermédiaires. Les conditions de travail sont régies par neuf
conventions collectives ou ententes intervenues entre le gouvernement du
Québec et les syndicats ou associations professionnelles
représentant les employés.
Par ailleurs, la Société compte sur un réseau de
partenaires pour la réalisation de ses mandats: les
commerçants-recycleurs, les écoles de conduite, les mandataires,
tels les caisses populaires Desjardins, les corps policiers et associations de
toutes sortes. La Société est un organisme qualifié dans
le jargon gouvernemental de non budgétaire, c'est-à-dire que son
budget annuel n'émane pas d'une décision de l'Assemblée
nationale. Le budget est approuvé par le conseil d'administration. Le
début de l'année financière, contrairement à celle
des ministères, est fixé au 1er janvier de chaque année.
Les traitements, honoraires, allocations, indemnités et autres
dépenses de la Société sont à la charge de cette
dernière.
L'administration des ressources matérielles est une
opération importante à la Société, qu'il s'agisse
de l'approvisionnement, de la gestion des stocks, de la gestion documentaire
et, bien sûr, de Ia gestion immobilière À ce chapitre, il
convient de rappeler qu'un des éléments qui retient l'attention
actuellement est sans contredit le regroupement des activités de la
Société, dans la région de Québec, dans un nouveau
siège social. La Société est non seulement maître
d'oeuvre de ce projet de construction, mais elle agit également comme
entrepreneur général. Il s'agit d'un projet de 50 000 000 $.
Au niveau de la gestion des ressources informatiques, la
Société est reconnue comme un chef de file au Québec. Sans
la mécanisation des opérations, qui permet d'accorder à
tous les citoyens et citoyennes du Québec, des services identiques dans
toutes les régions du Québec, le parti pris du client n'aurait
été qu'un voeu pieux.
M. le Président, j'espère, avec ce bref
résumé, convaincu les membres de cette commission que la
Société souscrit, de façon tangible, à l'objectif
principal de la Loi sur la fonction publique. Nous en faisons notre pain
quotidien, notre motivation de tous les instants. "Vous avez toute notre
attention", ce n'est pas qu'un slogan; c'est une attitude, une culture que nous
tentons de vivre collectivement.
Cet objectif ne peut s'inscrire qu'en misant sur notre principale
ressource, la ressource humaine. Nous accordons donc beaucoup d'attention
à la formation et au perfectionnement des employés.
Somme toute, M. le Président, nous avons acquis la certitude que,
ce qui motive les employés, c'est de se sentir utiles, valorisés
dans leurs fonctions, participant concrètement à des objectifs
collectifs. La responsabilité des employés ne va pas sans
l'attribution de pouvoirs. Les gens sans pouvoir sont les plus irresponsables.
Cela semble évident mais, malheureusement, ne transparaît pas
toujours dans les politiques et programmes des organismes centraux. J'y
reviendrai.
Appréciation globale de la Loi sur la fonction publique.
Globalement, la Société est d'avis que des progrès
importants ont été réalisés avec l'entrée en
vigueur de la Loi sur la fonction publique. Il n'était certes pas
inutile de confirmer la raison d'être de tout organisme public: fournir
au public les services de qualité auxquels il a droit. L'intention du
législateur de vouloir rendre l'exercice des pouvoirs de gestion des
ressources humaines le plus près possible des personnes
intéressées, et de favoriser l'application d'un régime
d'imputabilité nous apparaît également être la seule
orientation acceptable.
D'une part, nous constatons qu'il y a eu effectivement une
délégation de certaines activités dans les
ministères et les organismes - exemples, la tenue de concours, la
détermination du niveau des emplois - bien que, pour les emplois de
cadres supérieurs, il faille obtenir au préalable un avis du
Conseil du trésor.
D'autre part, l'Office des ressources humaines et le Conseil du
trésor ont mis en oeuvre des politiques, programmes, directives et
procédures pour favoriser l'accès de tous les citoyens et
citoyennes à la fonction publique.
Mentionnons également que les efforts du législateur
s'imposaient pour clarifier le partage des rôles des divers intervenants
en ressources humaines, qu'il s'agisse du Conseil du trésor, de l'Office
des ressources humaines, de la Commission de la fonction publique ou des
ministères et organismes.
Nous ne pouvons que souscrire aux grandes orientations de la Loi sur la
fonction publique. Mais la Société est d'avis que, dans son
applica tion, l'esprit de loi n'est pas toujours respecté et que
certaines orientations ne sont demeurées, du moins en plusieurs
circonstances, que de bonnes intentions.
L'objectif principal de la loi. Prenons d'abord, M. le Président,
cet objectif principal de la loi: fournir au public les services de
qualité auxquels il a droit. Est-ce qu'on comprend véritablement
ce que cela veut dire pour une entreprise comme la nôtre, qui offre des
services au comptoir à travers tout le Québec, aux
automobilistes, aux victimes de la route, mais également aux
entreprises?
Pour fournir un tel service, il faut d'abord être disponibles, en
nombre suffisant et aux heures qui conviennent aux clients. Je vous rappelle
que nos centres de services sont situés en très grande
majorité dans des centres d'achats, notamment. Il est impensable pour
nous de fermer nos bureaux à l'heure du midi; c'est ce que nous faisions
il y a à peine quelques années. Il est impensable, à
l'heure de la fermeture des centres de services, de renvoyer tous les clients
qui sont déjà dans nos bureaux; c'est aussi ce qu'on faisait il y
a quelques années. Par ailleurs, la clientèle se présente
à nos bureaux, surtout les vendredis et les derniers jours du mois. Il
est primordial de compter sur un personnel qualifié, permanent et
occasionnel, à temps complet et à temps partiel, travaillant
à l'intérieur d'horaires de travail suffisamment souples pour
répondre adéquatement à la demande de services.
Or, à chaque nouvelle convention collective, le texte devient de
plus en plus précis, laissant peu de place à une application
souple en fonction de particularités. C'est ainsi que la convention
collective de travail des fonctionnaires prévoit, entre autres, que
l'employé occupant un emploi à temps partiel est assuré
d'une semaine minimale de travail de 14 heures. La convention prévoit
aussi que l'employeur peut modifier la répartition des heures de travail
selon certaines conditions. Toutefois, l'organisation est tenue d'aviser
l'employé concerné, au moins 15 jours à l'avance, de
l'entrée en vigueur de la nouvelle répartition d'heures de
travail. Certaines périodes d'achalandage dans nos centres de services
sont identifiées, mais d'autres sont imprévisibles.
L'obligation d'une semaine minimale de 14 heures, de même qu'un
préavis de 15 jours, sont des contraintes à l'organisation d'un
service efficace à la clientèle.
Heureusement que nous avons, jusqu'à maintenant, réussi
à convenir, de façon non formelle, d'accommodements. Pour
maintenir un service de qualité, nous avons dû recruter des
employés occasionnels. Dans la majorité des cas, il s'agit
d'emplois à caractère régulier, à temps partiel,
dont l'horaire est ajusté aux périodes de pointe. Or, les
modifications récentes apportées aux directives régissant
les occasionnels nous laissent do moins on moins do marge de manoeu vro. Jo
comprends qu'il ost nooossairo d'assainir la gestion de cette catégorie
d'employés, car II est anormal de se retrouver avec des employés
dits "occasionnels" qui accumulent jusqu'à 5 ans et même plus de
service continu. Malheureusement, on tente de corriger la situation en adoptant
des normes universelles qui ne tiennent pas compte des particularités
d'un organisme comme le nôtre, qui doit fournir quotidiennement des
services de qualité au public et, pour ce faire, doit ajuster les
horaires de travail hebdomadairement et mensuellement.
De la même façon, et pour répondre sans doute
à une problématique réelle vécue dans la plupart
des ministères, les organismes centraux ont fait preuve, ces
dernières années, de beaucoup d'imagination pour mettre au point
des programmes visant à diminuer les effectifs: prime favorisant la
retraite par anticipation, prime qui, M le Président, dans un premier
temps, était versée même à des employés qui
avaient déjà droit à une pleine retraite. Alors, il n'y a
plus personne qui voulait prendre sa retraite; tous attendaient d'être
payés pour sortir. Traitement différé avec la
possibilité de "partir" maintenant et de rembourser plus tard.
Congés de toutes sortes: année sabbatique, congé pour
partir une entreprise, congé pour s'occuper d'un enfant à la
suite d'une paternité, etc. Nous avons même dû intervenir,
à la Société, contre un individu qui s'était
prévalu de son congé de paternité pour aller s'engager
chez un fournisseur, à salaire plus élevé. Plus
récemment, un professionnel demandait à la Société
de l'engager comme contractuel, alors qu'il prenait un congé sans solde
de son ministère. Le ministère nous affirmait que cela se
pratiquait.
Le Président (M. Lemieux): Qu'est-ce que vous avez dit? Le
ministère vous...
M. Vézina: Nous affirmait que c'était une
pratique...
Le Président (M. Lemieux): C'était une chose
courante.
M. Vézina: ..peut-être pas répandue, mais
qu'il y avait des précédents. Si cet objectif de
diminution des effectifs convenait et convient toujours à la
situation vécue par certains ministères, comment concilier un tel
objectif avec le développement d'une entreprise en pleine expansion?
Pouvait-on donner des primes à des employés pour quitter la
Société alors qu'il fallait les remplacer le lendemain? Peut-on
accepter d'accorder un congé immédiatement, dans le cas de
traitement différé, alors qu'il est impossible de s'assurer que
l'employé reviendra ensuite travailler pour la Société au
cours des quatre années suivant la période du congé?
Notre mandat nous interdit de payer des cadeaux qui
bénéficieraient à d'autres organismes ou à d'autres
ministères. Devant la prolifération de ces programmes de
départ, nous passons beaucoup de temps, lorsque l'application des
programmes nous laisse une marge de manoeuvre, à expliquer à nos
employés que nous ne pouvons pas appliquer, au sein de la
Société, telle ou telle mesure. C'est ainsi, par exemple, que
nous avons refusé de payer des employés pour qu'ils prennent leur
retraite, à moins de circonstances bien particulières. Cela
crée des frustrations, puisque le programme était appliqué
bien différemment ailleurs. Malgré cette marge de manoeuvre, nous
avons de plus en plus d'employés qui bénéficient de
congés avec ou sans solde Gérer l'absentéisme est devenu
une tâche importante des gestionnaires et des directions des ressources
humaines et présente, chez nous comme ailleurs, sur le plan des
coûts de recrutement et de formation, des montants non
négligeables.
M. le Président, nous croyons, par ailleurs, que vouloir en faire
trop crée une mauvaise image et entraîne la démotivation
des troupes. Autrement dit, la prolifération des programmes d'absence ou
de départ laisse l'image que la fonction publique mène à
tout, à la condition d'en sortir, et que l'élément le plus
motivant pour le personnel de la fonction publique, c'est d'être
présent le moins souvent possible. Bien sûr, je caricature, mais
hélas, c'est une bonne caricature qui explique pour beaucoup la
morosité parfois présente chez certains fonctionnaires.
L'imputabilité. Les gestionnaires de la Société
sont imputables devant le conseil d'ad ministration, sauf on ce qui ooncorno la
gostion des ressources humaines, puisque nous devons rendre des comptes, en
cette matière, au Conseil du trésor. Le conseil d'administration
évalue la gestion en regard de l'atteinte des résultats en cours
d'exercice financier, alors que le Conseil du trésor l'évalue en
regard du respect d'une procédure, en cours de réalisation d'une
activité. L'article 78 de la loi stipule que l'effectif de la
Société est déterminé par le Conseil du
trésor alors que les traitements, honoraires, allocations et
indemnités sont à la charge de la Société.
Les gestionnaires sont donc confrontés à une double
réalité dans le quotidien de leur gestion, soit l'existence de
deux systèmes d'imputabilité poursuivant des objectifs totale-
ment différents. Plus encore, le conseil d'administration de la
Société approuve le budget opérationnel en décembre
de chaque année puisque l'année financière de la
Société est celle du calendrier. Forcément, en approuvant
le budget, le conseil d'administration approuve l'effectif, mais ce n'est qu'en
avril, quatre mois après, que le Conseil du trésor nous informe
de l'effectif total autorisé et de la répartition entre
l'effectif régulier et occasionnel. Par ailleurs, comment peut-on
autoriser un effectif en ignorant totalement les orientations,
l'évolution des clientèles et 'Toutput" de l'entreprise?
Voilà un processus qui échappe à tout rationnel et qui, de
plus, n'a aucun Impact sur le budget de l'État. (10 h 30)
Pour nous conformer aux directives, nous fournissons des bilans de
gestion des ressources humaines au Conseil du trésor et nous
questionnons sur la pertinence et le suivi de ces bilans. Que veut-on
vérifier au juste? Que fait-on des données recueillies? Pourtant,
la Société dispose de ressources et de moyens et a mis en oeuvre
des politiques et des programmes qui sont conformes à l'esprit et
à la lettre de la Loi sur la fonction publique.
À titre d'exemple, M. le Président, nous n'avons pas
hésité à nous doter d'une politique pour gérer le
recours à la promotion sans concours, afin de limiter cette
procédure à des cas exceptionnels. Je n'ai pas besoin de vous
dire, M. le Président, que ce programme de promotion sans concours est
devenu totalement abusif. Nous avons également une politique sur la
substitution des postes de niveau professionnel, afin d'assurer un bon
équilibre entre les catégories d'emplois.
La déréglementation en gestion des ressources humaines. La
loi prévoit que le dirigeant d'organisme doit gérer ses
ressources humaines dans le cadre de politiques générales en
matière de gestion des ressources humaines. Cet énoncé
vient confirmer l'intention du législateur de
déréglementer la majorité des activités en cette
matière. Il confie la responsabilité d'établir les
politiques et d'évaluer leur réalisation au Conseil du
trésor. Dans les faits, nous constatons qu'il y a nu publication d'un
grand nombre de politiques et de directives, qui sont d'ailleurs
regroupées dans un beau recueil en huit volumes pour faciliter leur mise
à jour.
Toutefois, ces énoncés de politique sont
généralement suivis ou encadrés par des programmes et des
directives qui limitent la marge de manoeuvre initalement attribuée au
dirigeant d'organisme. Citons, à titre d'exemple, trois cas qui ont fait
l'objet de moult directives, procédures, orientations,
contre-orientations: la décentralisation du fichier des occasionnels,
les opérations d'évaluation des emplois de complexité
supérieure et enfin, le dossier des cadres intermédiaires. Dans
ces trois cas, les délais et la confusion ont entraîné
coûts et démotivation des
ressources.
En ce qui concerne les cadres intermédiaires, la finalisation du
dossier d'intégration s'éternise à cause de l'impact
financier de l'opération et de son ampleur au niveau de l'ensemble de la
fonction publique. On aurait dû prévoir les impacts avant
d'entamer le processus. C'est le cas aussi en ce qui concerne la
détermination des emplois de complexité supérieure Nous
n'étions pas et nous ne sommes toujours pas d'accord sur la notion
même d'emplois de complexité supérieure, mais nous n'avons
pas été consultés. Enfin, les consultations pour la
création ou les mises à jour des directives de classification
tendent à une normalisation plutôt qu'à une adaptation au
vécu des organisations.
La Société investit beaucoup dans la formation de ses
ressources, y compris les occasionnels. Après un certain temps, ceux qui
demeurent en emploi en viennent à démontrer une compétence
certaine. Il devient donc intéressant, efficient et rentable de pouvoir
confirmer ces ressources par des emplois permanents. Cependant, compte tenu du
principe de l'égalité d'accès de tous les citoyens et
citoyennes à la fonction publique, la loi édicte que les
fonctionnaires sont recrutés par voie de concours. Les employés
occasionnels doivent donc, à nouveau, faire la démonstration de
leur compétence, dans le cadre de processus de concours qui ne tiennent
pas toujours compte de la réalité du milieu de travail. Nous
sommes donc confrontés à des délais et des coûts,
nous perdons plusieurs de ces ressources en cours de processus, et nous devons
réinvestir dans la formation de nouveaux employés.
Si, par ailleurs, nos employés occasionnels arrivent à se
qualifier sur des concours de recrutement, nous apparaissons alors suspects et
nous devons répondre à des séries de questions et de
remises en question, notamment de la part de la Commission de la fonction
publique. On nous soupçonne, semble-t-il, de favoriser indûment
les employés occasionnels, alors qu'il nous semble tout a fait normal
que des employés qui accomplissent déjà une tâche
depuis trois, quatre ou cinq ans, aient une longueur d'avance sur des candidats
provenant de l'extérieur. Pourtant, sur les 100 nouveaux postes
permanents comblés au cours de 12 derniers mois, nous constatons que
seulement un tiers de ceux-ci l'ont été par des employés
occasionnels. Ce résultat nous amène à remettre en
question le processus d'embauche, puisque la société ne s'est pas
contentée de ressources inefficaces au cours des dernières
années. Je comprends qu'il y a un prix à payer pour assurer
l'égalité d'accès de tous les citoyens, mais est-ce qu'il
doit être aussi grand et aller de façon aussi importante à
l'encontre de principes d'efficience universelle reconnus en matière de
gestion?
En conclusion, M. le Président, nous affirmons, une fois de plus,
que nous souscrivons d'emblée aux grands principes énoncés
dans la loi, mais qu'il nous apparaît maintenant nécessaire de
mieux articuler leur application, notamment en départageant les
responsabilités, en définissant les règles de
fonctionnement, l'imputabilité, en soustrayant les organismes non
budgétaires de l'application des dispositions de l'article 78, en ce qui
concerne l'approbation de l'effectif Quant à nous, de la
Société, nous jugeons que si nous sommes capables de gérer
efficacement des services do grande qualité au public, c'est
grâce, avant tout, à la compétence et à la
motivation de notre personnel. Nous pouvons, je pense, accepter la
responsabilité complète de la gestion de nos employés dans
le cadre de la Loi sur la fonction publique. Je vous remercie.
Le Président (M. Lemieux): M. Vézina, je viens de
recevoir votre texte. Je le trouve très intéressant. J'aurais
aimé avoir une partie de la soirée pour le digérer. Je
dois vous féliciter pour votre approche que je considère vraiment
non mielleuse, claire, nette, précise et pragmatique. Et combien la
commission souhaiterait davantage voir des gestionnaires comme vous qui
viennent ici, non pas pour, je dirais, protéger leurs arrières ou
leurs acquis, ou s'enfermer dans une politique du silence, mais
carrément faire état des problèmes que, je pense,
ensemble, collectivement, par concertation ou autrement, on peut régler.
Je crois que votre exposé est à l'image de ce dont vous nous
faites état à la page 4, un parti pris pour le client.
La première question. N'ayant pas votre mémoire, moi et
mon collègue des Îles-de-la-Madeleine nous sommes réunis
hier soir avec le député de Limoilou pour, peut-être,
présumer de certaines questions qu'on pourrait vous poser et la
première est la suivante. On aimerait peut-être que les
réponses soient brèves, si c'est possible de le faire.
Croyez-vous que vous auriez pu réaliser les objectifs que vous avez
atteints, si vous aviez été dans un ministère plutôt
que dans une société ou une régie? Je vois votre directeur
des ressources humaines qui dit non, mais ce n'est pas à lui que je pose
la question. Je voudrais le savoir de vous.
M. Vézina: Sûrement pas.
Le Président (M. Lemieux): Pourquoi?
M. Vézina: Parce que, je vous l'ai dit tout à
l'heure, contrairement à un ministère, une société
comme la nôtre a des objectifs très précis. La loi nous dit
quoi faire et nous dit non seulement quoi faire mais comment le faire. Et on
n'a pas le choix. La clientèle est là, elle a besoin du service,
donc il faut être présent au moment où elle a besoin du
service. Je vous disais tout à l'heure qu'on avait 49 centres du
services qui sont dans des centres d'achats. Les
habitudes des gens, c'est de venir le midi, par exemple. Ce qu'on a
fait, c'est qu'on a tenté effectivement de créer chez-nous un
degré d'appartenance et on s'est donné comme culture qu'on
n'existait qu'en fonction du public.
Le Président (M. Lemieux): Ça va.
M. Vézina: Et on n'existe vraiment que pour ça.
Alors, à partir de ça, je pense qu'on a été
capables de se donner des marges de manoeuvre, ce qu'un ministère a plus
de difficulté à obtenir qu'un organisme comme le nôtre.
Le Président (M. Lemieux): Ça rejoint un peu la
deuxième question...
M. Vézina: Mais le législateur, M. le
Président, a voulu ça comme ça. Il faut quand même
être honnête. Le législateur a créé une
société, ou une régie à l'époque, justement
pour lui donner plus de possibilités.
Le Président (M. Lemieux): Vous savez, sans
présumer de ce que vous alliez dire ce matin, notre deuxième
question rejoint un peu ce que vous venez de dire. Et c'était la
suivante: Est-ce que votre marge de manoeuvre pour gérer vos ressources
est plus grande que celle des sous-ministres, comme dirigeants d'organismes? SI
oui pourquoi? Et cette autonomie, est-ce qu'elle vous est fondamentale à
l'efficience et à l'efficacité?
M. Vézina: La marge de manoeuvre pour gérer la
Société est nettement plus grande que celle d'un sous-ministre.
La marge de manoeuvre pour gérer les ressources humaines, c'est la Loi
sur la fonction publique.
Le Président (M. Lemieux): Donc, vous avez les mêmes
contraintes.
M. Vézina: Donc, j'ai aussi ce problème-là.
La seule marge de manoeuvre que j'ai peut être en plus sur la ressource
humaine, c'est que, même si j'ai un gel d'effectif permanent, je suis
obligé de répondre à des services et que la
clientèle est là. J'évolue avec une clientèle. Il y
a 35 000 victimes d'accident par année. Bien, nécessairement, je
comble par des contractuels à un moment donné.
Le Président (M. Lemieux): Est ce qu'il est plus facile
pour vous d'instaurer un système d'imputabilité au sein de votre
organisme que, d'après vous, dans un ministère?
M. Vézina: Je n'aime pas beaucoup, M. le Président,
que vous continuiez à me questionner en faisant des comparaisons avec
les ministères Je peux vous dire que, chez nous, il y a un
système d'imputabilité, et que nos directeurs, effectivement, ont
une reddition de compte. On vient de passer à travers une
opération que certains organismes comprennent bien, c'est la
vérification intégrée.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Vézina: Je suis sûr que je soulève
énormément de questions par rapport aux autres organismes. Au
moins, dans la vérification intégrée, ce qu'on nous a dit,
c'est qu'il y avait chez nous un préjugé favorable
vis-à-vis la clientèle, d'une part, et, d'autre part, que nos
cadres avaient des orientations et des redditions de compte. Donc, qu'il y
avait une imputabilité.
Le Président (M. Lemieux): Je vais vous poser
peut-être une question plus concrète. Comment
réussissez-vous à rendre un service adéquat aux citoyens
à travers la hiérarchie, dans les bureaux d'enregistrement, par
exemple?
M. Vézina: Dans les bureaux d'enregistrement?
Le Président (M. Lemieux): C'est-à-dire au niveau
de... lorsqu'on a à aller chercher... Je dis les bureaux
d'enregistrement...
M. Vézina: D'immatriculation?
Le Président (M. Lemieux): D'immatriculation, oui.
M. Vézina: Les bureaux d'immatriculation?
Le Président (M. Lemieux): Oui, je m'excuse
d'immatriculation.
M. Vézina: Les centres de services, que nous appelons chez
nous...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Vézina:... qui donnent l'immatriculation, mais qui vont
bien au-delà de l'immatriculation des véhicules et des permis de
conduire, qui donnent aussi un accès aux victimes de la route. Qui
gèrent aussi la réadaptation dans les centre régionaux.
Comment est-ce qu'on réussit? Tout simplement en identifiant bien les
besoins de la clientèle, et à quel moment ces besoins sont
requis. Écoutez, quoi qu'on fasse, même avec l'étalement
des permis d'immatriculation, les gens viennent les derniers jours de la
semaine et viennent aussi la dernière semaine du mois. Alors, on s'est
mis à gérer les pointes. Et non seulement on a fait ça,
mais on est en train d'établir même une gestion des files
d'attente.
Le Président (M. Lemieux): Une gestion des files
d'attente?
M. Vézina: Pour être sûr que le client,
quand il entre dans un centre de service Le Président (M.
Lemieux): Oui.
M. Vézina: ...que tout de suite, d'abord, il est
reçu. On lui fait état, tout de suite, s'il lui manque un
document. Il n'a pas besoin d'attendre pour retourner chez-lui s'il lui manque
un document. Et on lui signifie que son temps d'attente, au moment où il
entre, va être de 10 minutes. Et on le fait asseoir. On ne le fait pas
mettre en ligne dans une file d'attente où l'employé est
stressé derrière le comptoir parce qu'il y a 10 personnes en
avant de lui, et que le client est stressé, lui aussi, parce qu'il n'a
pas pris la bonne ligne. C'est un peu comme à la banque. Alors, on le
fait attendre dans une salle d'attente, et à un moment donné, son
nom apparaît sur un écran. À ce moment-là, la
clientèle est beaucoup moins stressée, la clientèle sait
combien de temps elle va attendre, et notre personnel est aussi beaucoup moins
stressé. Sans compter que, dans une région comme Montréal,
notre clientèle n'a pas besoin de prononcer les noms des
différentes ethnies, ce qui est toujours un peu stressant, d'avoir la
bonne prononciation et tout ça. Alors, ce qu'on fait, on essaie de voir
et de s'adapter aux besoins de la clientèle au moment où ce
besoin est ressenti. C'est tout.
Le Président (M. Lemieux): Je vais vous poser une autre
question, une question de 1000 $, comme on dit. Que vous apparaît-il
important de faire pour qu'un fonctionnaire de première ligne puisse
changer sa mentalité quant au service au public, c'est-à-dire
passer de l'utilisation de directives - c'est souvent le problème -
à plus de créativité et d'imagination?
M. Vézina: Bien, moi, je ne voudrais pas qu'il change
parce que ce n'est pas ça qu'on voit chez nous. Le fonctionnaire, chez
nous, qui est en première ligne, il est là pour servir le client.
Il connaît très bien l'organisme qui l'emploie, il est capable de
répondre aux clients bien au-delà...
Le Président (M. Lemieux): II a la marge de manoeuvre
voulue?
M. Vézina: Absolument, et il est capable de
répondre bien au-delà. On se dit, nous, que les gens en
première ligne sont sujets à se faire questionner, non seulement
sur le service que le client attend, mais sur toutes sortes de choses. Je vais
vous donner un exemple. Le client arrive au comptoir et dit: Coudon, madame, ou
coudon, monsieur qui est derrière le comptoir, est-ce qu'on doit
s'attacher à l'arrière? Est-ce légal ou non légal?
Si l'employé ne le sait pas, il dit: Ah! Je ne le sais pas. D'abord,
premièrement, il passe pour quelqu'un d'incompétent. Il dit: II
travaille pour un organisme et il ne le sait pas. Si, lui, ne le sait pas, qui
doit le savoir? Alors, il faut que nos employés puissent savoir quels
services ils rendent dans une chaîne de production et il faut, en plus,
qu'ils soient au courant des grandes orientations de l'entreprise et des
changements qui sont apportés aux lois que nous administrons. Alors, ils
deviennent des transmetteurs d'informations et, en plus, ils se sentent
beaucoup plus valorisés. Ils se sentent dans le coup, ils savent qu'ils
ont des objectifs à poursuivre, etc.
Je vous disais, tout à l'heure, qu'un des mandats que nous avons,
c'est l'amélioration du bilan routier. L'amélioration du bilan
routier, c'est peut-être plus un mandat d'un ministère que d'une
société parce que, améliorer le bilan routier, c'est
très large comme vocation. Ce n'est pas précis comme les autres
mandats que nous avons, mais on s'est dit que ça devait être le
mandat premier qui devait coiffer toute notre action. Pourquoi? Parce que si on
devait aller devant le public pour augmenter les contributions de 10 %, 15 % ou
20 % par année, les gens ne nous croiraient pas crédibles et que,
même si on était efficaces dans toutes les autres actions, si,
d'abord, on n'avait pas ça, on ne serait pas crédibles
Je pense que nos employés, maintenant, savent que chaque geste
qu'ils posent, c'est un geste qui contribue à l'amélioration du
bilan routier, même quand ils font de l'immatriculation, même quand
ils font de l'émission de permis, parce qu'on fait ça en fonction
d'objectifs précis. Ce n'est pas pour emmerder les gens qu'on fait de
l'immatriculation, c'est pour un contrôle du parc.
Le Président (M. Lemieux): M. le député des
Îles-de-la-Madeleine
M. Farrah: M. le président, au nom de ma formation
politique, je veux vous souhaiter la bienvenue et vous féliciter pour
l'excellent mémoire que vous nous avez présenté. Une
question fort simple pour débuter, M. le Président.
Êtes-vous d'accord avec l'imputabilité externe?
M. Vézina: L'imputabilité quoi?
M. Farrah: Externe; que vous pourriez venir devant une commission
parlementaire pour répondre à certaines questions, eu
égard à la gestion de votre organisme.
M. Vézina: Encore une fois, chez nous, c'est tellement
"visière levée" qu'il n'y a aucun problème. Le rapport
annuel fait état de tout ce qu'on fait et on fait des conférences
de presse continuellement. Alors, moi, si le gouvernement me dit, à un
moment donné, ou si le législateur me dit qu'il y a
l'imputabilité externe et qu'on vient devant une commission, moi, je
n'ai rien à cacher.
M. Farrah: O.K. Vous n'auriez pas d'objection à cela?
M. Vézina: Non, je n'ai pas d'objection. (10 h 45)
M. Farrah: C'est intéressant. J'ai remarqué aussi,
dans votre mémoire, que vous parliez d'un haut degré
d'appartenance des employés à la Société, donc,
possiblement, d'une plus grande valorisation des employés. J'aimerais
que vous me disiez de quelle façon s'applique la gestion de
l'excellence. Comment implantez-vous la notion d'excellence, chez vous, parce
que divers organismes qui sont venus devant nous, notamment les syndicats
où on parlait d'excellence, eux, n'étaient pas d'accord, par
exemple, avec des primes d'excellence. Ils aiment mieux, peut-être,
récupérer la masse qui était reliée à cela,
puis la répartir équitablement entre tout le monde. Alors, moi,
je ne pense pas que c'est bénéfique pour des employés ou
pour une société d'État, ou peu importe quelle
société privée ou publique. Alors, chez vous, de quelle
façon vous exploitez cela ou gérez vous l'excellence?
M. Vézina: Ça a été une longue
discussion chez nous. D'abord, l'excellence chez nous, on la favorise avant
tout sur le travail bien accompli. Je pense que la motivation de
l'employé, ce n'est pas de lui donner des journées de
congé, puis ce n'est pas de le payer; la motivation de l'employé,
c'est qu'il sache qu'il a fait une bonne job, puis il a fait une job qui fait
que les gens sont satisfaits de lui parce qu'il a posé les bons gestes.
Et l'excellence, dans ce cas-là, c'est bien plus de le valoriser par une
mention d'honneur. On a un journal Raconte chez nous, qui racon te,
justement, ce qui se passe dans la Société. Je pense que
ça a beaucoup plus de valeur qu'une journée de congé de se
voir cité dans le journal Raconte comme ayant fait un bon coup.
C'est bien plus comme ça qu'on valorise notre monde. On est capable de
dire aux gens chez nous que c'est mal fait, puis on est capable de dire
pourquoi c'est mal fait, mais on ost capable aussi, et surtout, de dire que
cest bien fait puis de valoriser ça dans le sens que je viens de dire.
Moi, je ne crois pas tellement aux primes puis aux congés. Je suis
anti-absentéisme, de toute façon.
M. Farrah: D'autre part, parce que ça laisse
présager que votre canal de communication doit être quand
même excellent au niveau de la hiérarchie, au niveau de la
structure.
M. Vézina: Ça, il faudrait demander à mon
monde.
M. Farrah: En tout cas, parce que j'imagine que le "feedback"...
Parce que, pour que quelqu'un soit valorisé, il faut quand même
qu'il y ait des échanges, il faut aussi qu'il ait un "feedback" sur sa
tâche s'il fait mal ou s'il fait bien.
M. Vézina: Oui. M. le député, je pense
qu'encore une fois, on est capable d'exiger de la qualité de nos
employés si on les valorise. On ne peut pas exiger de la qualité,
ça fait que... je disais tout à l'heure que pour être
responsable, il faut des pouvoirs; si on n'a pas de pouvoir, on n'est pas
responsable. Alors, on tente de donner des pouvoirs à nos
employés et de ne pas les contrôler à l'excès, parce
que les contrôler à l'excès, ça coûterait trop
cher de toute façon. Ce n'est pas ça; c'est les valoriser par
rapport, justement, aux objectifs communs. Et on a une politique
stratégique chez nous, qui va jusqu'à la fin. On a une politique
de la clientèle qui a été lue par tous les
employés. Par exemple, dans nos centres de services, à toutes les
semaines, de 8 h 30 à 10 heures, le mercredi matin, on fait de la
formation. On fait de la formation sur le travail qu'ils ont à faire,
mais on fait de la formation aussi sur des orientations, sur la motivation, sur
le travail bien fait, etc. Alors, c'est plus comme ça qu'on arrive
à valoriser.
Par exemple, chaque année, on émet une plaque au centre de
services qui a le plus "performé" au cours de l'année. Bien, je
peux vous dire que la compétition est drôlement forte, que les
gens se retroussent les manches puis, chaque année, on ne sait pas qui
va remporter la palme; c'est fantastique comme effet. Et à ça,
tout le personnel concourt. Et là, ça devient des objectifs
communs plutôt que de la performance individuelle.
M. Farrah: C'est intéressant. D'autre part - changement de
discours - page 16, vous dites, dans le premier paragraphe: "Pour nous
conformer aux directives, nous fournissons des bilans de gestion de ressources
humaines au Conseil du trésor. Nous nous questionnons sur la pertinence
et le suivi de ces bilans." Qu'est-ce que vous voulez dire par cela?
M. Vézina: M. le député, je me questionne
sur la pertinence de ça, parce que je n'ai jamais de "feedback" par
rapport à ça. Je me dis: À qui ça sert? À
quoi ça sert? Pourquoi on fait ça? C'est tout. C'est pour
ça que je me questionne.
M. Farrah: Alors, vous voudriez implanter le même
système qu'à la Régie?
M. Vézina: Le même système que...?
M. Farrah: Avoir un "feedback" à la
Société.
M. Vézina: Nécessairement. Si on me demande de
fournir des informations, j'aime bien qu'on me dise pourquoi, puis qu'on me
dise qu'est-ce qu'on va faire avec ça. Si j'ai une
mauvaise tendance, bien, on devrait me le dire.
M. Farrah: Qu'on me le dise que je me corrige.
M. Vézina: C'est ça
Le Président (M. Lemieux): Vous avez fourni un bilan
annuel de gestion; ça fait combien de temps que vous l'envoyez au
Conseil du trésor?
M. Vézina: Alain peut peut-être répondre
à ça.
M. Bélanger (Alain): Depuis aussi longtemps qu'on nous l'a
demandé. Je ne pourrais pas vous dire depuis...
Le Président (M. Lemieux): Mais ça fait plusieurs
années?
M. Bélanger (Alain): Oui
Le Président (M. Lemieux): Vous n'avez jamais eu de
"feedback"?
M. Bélanger (Alain): Non
Le Président (M. Lemieux): Jamais O.K. Ça va. M. le
député de La Prairie.
M. Lazure: M. le Président, moi je veux aussi, au nom de
l'Opposition, féliciter le président et son équipe pour
l'excellence de la présentation. Je trouve que c'est
rafraîchissant d'entendre un mémoire comme le sien. C'est
réconfortant aussi de ce côté-ci de la table, ça
confirme que c'était une bonne idée de créer une
Régie de l'assurance-automobile, M. le Président. C'était
une très bonne idée.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Vous l'avez passée, M.
le député de La Prairie! Vous l'avez passée!
M. Lazure: Merci, et pas inaperçue.
Le Président (M. Lemieux): Mais attendez vous à
avoir une réplique. Alors, un-zéro.
M. Lazure: J'ai eu l'occasion, pendant quelques années, au
Secrétariat aux relations avec les citoyens, de travailler beaucoup avec
la Société de l'assurance automobile. J'ai eu souvent l'occasion
de féliciter la Société et je le fais, là, pas par
flatterie; je l'ai fait publiquement à plusieurs reprises. C'est,
probablement, de tous les ministères et organismes, celui qui a fait les
efforts les plus considérables, depuis qu'il existe, pour axer toute son
action vers la qualité du service aux citoyens. Un fait un peu cocasse.
J'ai eu l'occasion, il y a environ un mois, en Monté-régie,
à Longueuil plus précisément, d'avoir une
expérience personnelle avec un de vos bureaux et c'a été
assez fantastique. J'ai observé incognito, presque caché, le
déroulement des opérations et c'est exactement comme le P.-D.G.
le décrit. C'est d'une grande efficacité, d'une très
grande efficacité et dune très grande courtoisie.
Le Président (M. Lemieux): On ne vous a pas reconnu?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lazure: J'étais caché. Vous avez, au fond...
Vous l'avoz dit tantôt, vous avez les mêmes contraintes que les
ministères et les autres organismes Vous avez en contrepartie la
même marge de manoeuvre, mais, M. le Président, ce qui est
différent, c'est que les dirigeants de la Société ont plus
d'imagination, plus de motivation, plus de volonté politique. Alors,
moi, je pense que ce n'est pas tellement une question de marge de manoeuvre, de
contraintes, parce que la preuve est faite maintenant, autant dans des
ministères.. Et ce que je dis de la Société de l'assurance
automobile, c'est vrai, depuis quelque temps, du ministère du Revenu
aussi. Donc, des ministères, des organismes, ont fait la preuve qu'avec
les mêmes règles du jeu, ils peuvent arriver à des services
de qualité exceptionnelle et, moi, pour...
J'en arrive à la conclusion que la grande différence,
c'est dans le choix des dirigeants des ministères et des entreprises.
C'est aussi simple que ça. La volonté, à la fois du
personnage politique qui répond de l'organisme à
l'Assemblée nationale, mais aussi, surtout, la motivation, je dirais, du
dirigeant de l'organisme ou du sous-ministre dans le cas d'un ministère,
y est pour énormément, avec la volonté de ceux et celles
qui l'entourent. Je pense que c'est révélateur, aussi, que le
président de la Société s'amène ce matin avec deux
collaborateurs, deux collègues qui sont aux ressources humaines, dans
les deux cas. Moi, je trouve ça très très
révélateur. L'accent que la Société...
Le Président (M. Lemieux): Et plus âgés que
M. Vézina. Et plus âgés que vous, j'imagine, vos
collègues qui vous accompagnent.
M. Vézina: Plus âgés que moi? Le
Président (M. Lemieux): Oui. M. Vézina: Pas du tout.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lazure: À mon avis, il faudrait... Justement, le
président parlait tantôt d'un certain système
d'émulation qui existe à l'intérieur de la
Société. Je pense qu'il faut transposer ça à
l'intérieur de la grande machine gouvernementale et revenir à
peut-être un peu plus d'émulation entre les sociétés
d'État, les organismes gouvernementaux et les ministères.
Moi, j'ai une question. Un commentaire sur les huit volumes.
L'échec flagrant de certains articles de la Loi sur la fonction
publique; quand on disait dans la nouvelle loi: il y aura
déréglementation. Vous parlez avec humour et justesse des huit
volumes de réglementation. On ne les appelle plus règlements, on
les appelle directives, politiques, contre-directives, orientations, tout ce
que vous voudrez, mais c'est aussi encombrant, sinon plus. Alors, il y a un
échec véritable de ce côté-là. Il n'y en a
pas eu de déréglementation et il y a un échec aussi - je
vais y revenir - sur l'absence de préoccupation majeure dans les
ministères et les organismes pour la qualité des services aux
citoyens. Autrement dit, échec sur l'article 2 qui dit dans la loi: "La
fonction publique a pour mission de fournir au public les services de
qualité auxquels il a droit, de mettre en oeuvre", etc. La question que
je vous pose, et, là, je vous demande de sortir de votre
responsabilité do dirigeant de la Société nt de revenir,
peut être, à vos postes dans la fonction publique: Quels conseils
auriez vous à donner au gouvernement, que ce soit par des
révisions à la loi, par d'autres pratiques ou d'autres gestes,
pour faire en sorte que l'article 2, et cette atmosphère que vous avez
réussi à créer, vous et vos prédécesseurs
à la Régie, puissent être créés dans
l'ensemble de la machine gouvernementale.
Le Président (M. Lemieux): J'aimerais mieux que ces
conseils-là soient donnés à la commission qu'au
gouvernement.
M. Lazure: Oui, mes excuses, M. le Président, à la
commission, qui va les transmettre au gouvernement, évidemment.
M. Vézina: M. le député, je vous remercie de
vos bonnes paroles, mais, d'abord, permettez moi de vous dire que ce n'est pas
juste le P. D.G. qui est en cause, c'est toute une organisation, c'est toute
une équipe de gestion qui partage les mêmes points de vuo. C'est
la présidence - chez nous, il n'y a pas l'État dans l'État
- c'est vraiment avec les vice-présidents aux opérations qu'on
gère la Société
Vous me demandez: qu'est ce qu'on devrait faire? Je pense que la
première chose à faire, c'est de faire disparaître cet
encadrement hiérarchisé qui est devenu un totem
épouvantable. Vous savez, on est probablement l'organisme qui est le
moins encadré, qui a le moins de cadres et, au moment où je suis
arrivé à la Société, pour parler à un
directeur de centre de services qui opérait à
Rivière-du-Loup, je devais passer par un vice-président, un
directeur de l'Est et un autre. Il y avait cinq paliers avant de parler
à celui qui était dans le champ et qui donnait les services au
public. Comment je pouvais arriver à avoir le pouls de la
clientèle?
En même temps, l'autre accès de la clientèle,
c'était par le système téléphonique. On a deux
centres de renseignements très volumineux. Savez-vous ce que j'ai fait
dans les premiers temps? Le vendredi après-midi, je passais les appels
directement à mon bureau, un certain nombre d'appels, bien sûr,
pour avoir un peu le pouls. Tant et aussi longtemps que les dirigeants n'ont
pas le pouls de la clientèle, c'est quoi les besoins de la
clientèle, comment ça fonctionne, et le pouls, surtout, du
personnel en région... Personnellement, j'ai visité presque tous
les centres de services et maintenant, dans les centres de services, le
directeur du centre opère avec son directeur régional et le
vice-président, c'est tout; il est très proche de la ligne. Ils
savent très bien qu'ils peuvent m'appeler, même directement.
Il faut repenser les organigrammes et avoir une hiérarchisation
beaucoup moins grande que celle que nous avons. Autrefois, on disait qu'un P.
D.G. ou un sous ministre, ça devait parler à trois, quatre
personnes, autrement, il était débordé. Ce n'est pas vrai,
ça. Il peut parler à 25 personnes et il ne sera pas
débordé; il a juste à organiser son travail. Au contraire,
il devrait parler, à mon avis, à 25 personnes, s'il veut avoir
vraiment le pouls de l'organisme. Je pense qu'il faudrait commencer par refaire
les organigrammes et arrêter de mettre des cadres et des niveaux. On
finit par ne pas s'y retrouver.
M. Lazure: Juste une petite réaction. Vous avez absolument
raison parce que, je faisais un petit calcul rapide; je pense que vous avez,
dans la Société, environ 7 %, 8 % d'encadrement sur l'ensemble de
vos effectifs, ce qui est beaucoup moins que dans la plupart des
ministères.
Une voix: Beaucoup moins.
M. Lazure: Beaucoup moins. Et j'étais content de vous
entendre dire que vous étiez contre, que vous êtes encore contre
la notion de postes de grande complexité. Je trouve ça
épouvantable. Je crois qu'on a beaucoup de choses en commun, au point de
vue gestion...
M. Vézina: Permettez-moi un commentaire...
M. Lazure: ...parce que c'est symptomatique d'une attitude qui
est beaucoup plus théorique et hiérarchisante que pratique
vis-à-vis la clientèle.
M. Vézina: Mais, peut-être que la commission n'a pas
compris ce que je voulais dire par rapport à ça, pourquoi nous
sommes contre les tâches de complexité supérieure. Chez
nous, on a des médecins, on a des actuaires, on a des
avocats, on a des ingénieurs, et on a des psychologues; il y a
à peu près toutes les disciplines Imaginez-vous,: si on arrive
avec cette; notion de complexité supérieure. Les actuaires vont
dire: Nous autres, notre job, c'est très complexe...
M. Lazure: Je l'avais compris comme ça, M.
Vézina.
M. Vézina:... alors qu'on les engage comme actuaires.
S'ils ne sont pas capables de travailler comme actuaires, écoutez, ils
iront ailleurs. Alors, c'est aberrant, cette notion de complexité
supérieure. On les paie en fonction... Si j'engage un spécialiste
neurologue, je le paie comme un spécialiste neurologue.
M. Lazure: Puis c'est une notion très élitiste.
C'est une notion élitiste d'étiqueter de complexité
supérieure tel ou tel poste. Alors, M. le Président, je conclus
pour laisser la parole au député de Labelle en disant que la
fonction publique devrait prendre exemple sur la Société pour
réduire le nombre considérable de cadres. Ça s'est
multiplié depuis quelques années, malheureusement.
Le Président (M. Lemieux): Vous dites quelques
années, depuis plusieurs années.
M. Lazure: Plusieurs années, oui.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle. (11 heures)
M. Léonard: Je voudrais saluer, évidemment, les
gens de la Société que j'ai eu l'occasion de connaître au
moment où j'ai été moi-même ministre des Transports,
quelques mois, et dont je connais le président depuis fort longtemps
pour avoir fréquenté les mêmes bancs d'université.
Je voudrais vous poser une question, parce que, au fond, la
Société existe depuis 12 ans. Au fond, c'est un organisme jeune
par rapport à l'ensemble du gouvernement et donc, vous avez eu
l'occasion de vous tailler un habit dans du neuf. Est-ce que ceci a
été un avantage? Est-ce que l'âge moyen de vos
employés diffère beaucoup de celui de la fonction publique?
Est-ce qu'en termes, disons, d'organisation, au sens large du terme, le fait
que ce soit une organisation nouvelle vous a donné des avantages ou ne
vous en a pas donné?
M. Vézina: Mais, M. le député, tout de
suite, je vous arrête là, parce que, effectivement, on n'a pas
construit, la Régie à l'époque et la Société
maintenant, à partir du personnel nouveau. L'embryon, au départ,
était pour indemniser les victimes de la route. À la fin de 1980,
il y avait à peu près 300 employés à la
Société et II est arrive 2400 employés du Bureau des
véhicules automobiles du Québec. Je vous prie de me croire, ce
n'était pas un cadeau. En tout cas, c'est arrivé au mois de
décembre. Nous, on a considéré que c'était un
cadeau de Noël dur à prendre. Bon.
M. Léonard: Ça n'est pas gentil envers eux
ça.
M. Vézina: Non, je ne suis pas gentil envers le BVA, mais
écoutez, c'était, déjà à l'époque,
sous tutelle depuis un an au Conseil du trésor, quand même Bon,
les faits sont là. En ce sens qu'on a du personnel qui n'est pas plus
jeune que dans l'ensemble de la fonction publique, et je pense qu'on a
réintégré ce monde-là très bien. Ces
gens-là sont très heureux maintenant chez nous.
M. Léonard: Alors, ça a été
finalement que les objectifs de la Société, les objectifs du
travail ont été très bien expliqués Au fond,
ça a été un modèle de formation à l'interne,
qui a amené les gens à bien comprendre ce qu'ils avaient à
faire. Je pense que ça, c'est un élément
déterminant. Alors, pourquoi n'est-ce pas possible de faire ça
dans les ministères?
M. Vézina: Moi, je pense que c'est possible de le faire
dans les ministères. Écoutez, par exemple, on fait...
M. Léonard: Alors, pourquoi ça ne se fait pas?
M. Vézina: On fait, par exemple, une fois par mois,
l'accueil des nouveaux employés. On engage des employés à
Rouyn-Noranda aussi bien qu'en Gaspésie. On les amène tous
à Québec pour une journée La réunion commence le
matin par un exposé d'une demi-heure, par moi-même, où je
leur dis ce qu'est une société, puis ce qu'on fait par rapport
à un ministère et, bon, etc. Et mes vice-présidents sont
là. Déjà, il y a un degré d'appartenance, juste au
moment de l'accueil. Ils ont déjà vu d'abord...
M. Léonard: Ma question...
M. Vézina:... le siège social et tout
ça.
M. Léonard: Ma question, M. Vézina, c'est: Pourquoi
n'arrive-t-on pas à le faire dans les ministères ou dans d'autres
organismes? Pourquoi? Pourquoi ça ne serait pas un déclencheur
ou...
M. Vézina: Je disais tout à l'heure qu'il faut se
rapprocher d'abord des clientèles, première chose. Il faut aussi,
je pense, accepter de prendre des risques par rapport aux clientèles. Je
pense que la clientèle, à mon avis, est beaucoup plus importante
que les directives. Il faut être
capable, à un moment donné, de prendre des risques avec
les directives pour répondre aux besoins des clientèles.
Une voix: C'est ça
M. Vézina: Et personnellement, j'en prends. J'ai toujours
la priorité clientèle. S'il faut ouvrir après les heures
et s'il faut passer outre à une directive, je pense que la
clientèle a priorité et, personnellement en tout cas, chez nous,
on fait ça.
M. Léonard: En fait, ce que nous dites, vous nous
répondez en décrivant ce que vous faites.
M. Vézina: Écoutez...
M. Léonard: Vous dites que les autres ne le font pas.
C'est ça le problème.
Une voix: Bien, oui, c'est ça.
M. Vézina: Ça, c'est vous qui dites que les autres
ne le font pas.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard: C'est la question que je vous pose. Je vous la
pose. À un moment donné, vous répondez... J'ai un autre
point que je voulais soulever. C'est que vous avez dit que le conseil
d'administration adoptait le budget et donc, dans les faits, adoptait un plan
d'effectif que le Conseil du trésor vous autorisait seulement quatre
mois après, dans le meilleur des cas. Est-ce que... Là, je pense
qu'on fait... Ça se trouve à toucher tout le point du
contrôle nécessaire que le Conseil du trésor doit exercer
sur une société d'État, quelle qu'elle soit Je pense que
ça fait partie de son rôle et de la marge d'autonomie qu'on lui
donne, à cette société, comme la façon ou le moment
où on doit le faire, donc, des articulations de type pratique entre les
deux. J'aimerais ça que vous expliquiez davantage la solution que vous
aimeriez trouver.
M. Vézina: Écoutez, sur l'effectif, c'est
très simple. Effectivement, le conseil d'administration accepte le
budget en décembre, puisque l'année financière commence le
1er janvier. Et ce budget-là... C'est dans la loi. Et c'est le conseil
d'administration qui est responsable de l'adoption du budget. L'effectif, c'est
le Conseil du trésor. Nécessairement, ça devient presque
routinier, le Conseil du trésor. Parce que, s'il nous approuve un
effectif permanent, en années-personnes, occasionnels, qui est
différent de ce que mon conseil d'administration a approuvé,
qu'est-ce que je vais faire, vous pensez? Il faut quand même que je rende
le service. Je n'ai pas le choix. Nécessairement, je vais combler par
des contrac- tuels. Si bien qu'il y a trois types de personnel chez nous. Il y
a un personnel permanent, il y a un personnel occasionnel, il y a un personnel
contractuel. Même s'il n'y avait pas cette contrainte, on aurait quand
même du personnel contractuel, parce que dans certains domaines comme
l'informatique, par exemple, sur des plans de développement, il vaut
mieux engager du personnel contractuel, pour un temps. Ceci dit, probablement
que le nombre des contractuels est beaucoup plus élevé qu'on ne
le souhaiterait, à cause de ça. Vous dites: Qu'est-ce qu'il devra
faire? Le Conseil du trésor doit avoir un lien par rapport à la
société, mais, des redditions de compte, on en a à la
société. Le vérificateur passe chaque année pour
les redditions de comptes.
M. Léonard: Est-ce que vous êtes en train de dire
que, finalement, pour vous, le Conseil du trésor, ça ne devrait
pas exister?
M. Vézina: Non, mais écoutez, le Conseil du
trésor... On a une marge de manoeuvre, vis-à-vis le Conseil du
trésor, beaucoup plus grande qu'un ministère. Ça va de
soi. Ça ne nous fait rien de présenter notre effectif au Conseil
du trésor. Mais, comment pouvez-vous approuver l'effectif si vous ne
savez rien de l'"output" de l'entreprise, si vous ne savez rien des
clientèles de l'entreprise? C'est aberrant! C'est complètement
aberrant! Pourquoi approuver la ressource X et ne pas toucher à la
ressource Y ou Z, et l'approuver tout simplement en termes de nombre? En plus,
ça n'a aucun effet budgétaire sur l'État. Ça n'a
aucun effet sur le budget de l'État, aucun effet. Ça nous
apparaît de la paperasse.
M. Léonard: Je repose la question, alors. Le Conseil du
trésor, d'après vous, a peu de relations organiques avec la
Société de l'assurance automobile du Québec. C'est ce que
je comprends.
M. Vézina: Oui.
M. Léonard: Alors vous aimeriez mieux relever directement
ou, en tout cas, que l'on s'en tienne au rapport ou à la
vérification faite par le Vérificateur général?
M. Vézina: Absolument, comme toute entreprise.
M. Léonard: Donc, au fond, votre suggestion c'est
d'évacuer le Conseil du trésor?
M. Vézina: Absolument.
Le Président (M. Lemieux): Ça va.
M. Léonard: J'ai quelque problème quand même
avec ça.
M. Vézina: Encore une fois, je veux que le
député me comprenne bien et que la commission me comprenne.
À l'heure actuelle, le rôle du Conseil du trésor
vis-à-vis de la société, c'est quoi? C'est de faire
approuver les achats de plus de X millions de dollars, donc des achats
extraordinaires. Deuxièmement, d'approuver les effectifs au mois
d'avril, quand ils sont approuvés au mois de décembre. C'est
ça, le rôle du Conseil du trésor vis-à-vis nous. Il
ne faut pas se le cacher. Alors, nous autres, on n'a rien contre le Conseil du
trésor. Ce n'est pas très, très contraignant, le Conseil
du trésor par rapport à nous. Quand on achète, par
exemple, un nouvel ordinateur, nécessairement, il faut le faire
approuver.
M. Léonard: Si je poussais le raisonnement au bout, le
Conseil du trésor, si toutes les sociétés de l'État
s'administraient, entre guillemets, bien, pas besoin du Conseil du
trésor.
M. Vézina: Oui, parce que, effectivement, on a la pleine
autonomie financière. On pourrait avoir une reddition de compte
vis-à-vis le Conseil du trésor. On pourrait.. par exemple,
d'avoir respecté les effectifs, ça pourrait...
M. Léonard: Votre actionnaire c'est qui? C'est le Conseil
du trésor, le Conseil des ministres, ou...
M. Vézina: C'est le ministre des Transports qui est
responsable. Il n'y a pas d'actionnaire comme tel.
M. Léonard: II est très souvent aussi membre du
Conseil du trésor.
M. Vézina: Pardon?
M. Léonard: II est très souvent aussi membre du
Conseil du trésor, le ministre des Transports.
M. Vézina: Absolument.
Une voix: Pas nécessairement.
Le Président (M. Lemieux): Pas nécessairement.
M. Léonard: Pas nécessairement, mais très
souvent.
M. Vézina: Pas nécessairement, non. Le
Président (M. Lemieux): Depuis 1985.
M. Léonard: C'est un sentiment d'indépendance
fortement prononcé.
M. Vézina: Est-ce que vous trouvez, M. le
député.. Je vous pose ta question, M. le député,
vous me permettez de vous poser une question?
M. Léonard: Vous pouvez toujours.
M. Vézina: Est ce que vous trouvez que c'est normal..
M. Léonard: Je vais essayer de répondre plus
précisément que le premier ministre, quand on lui pose des
questions.
Le Président (M. Lemieux): M. le député...
C'est vraiment hors d'ordre. Je ne pouvais pas laisser passer celle-là.
Peut-être voulez-vous réagir comme un futur président du
Conseil du trésor, M. le député de Labelle, mais s'il vous
plaît! Posez la question, M. Vézina.
M. Vézina: Est-ce que vous trouvez que c'est normal qu'on
ait la compétence pour percevoir 1 000 000 $ par année, plus la
perception des montants d'argent du ministère des Finances en droits
d'immatriculation, du ministère du Revenu, taxes de vente, etc., on a la
compétence pour faire ça et c'est le Vérificateur
général qui juge do ça, qu'on ait cette compétence
là, et que le Conseil du trésor ne s'en mêle pas et, par
contre, quand on achète des plaques d'immatriculation on est
obligé de demander la permission au Conseil du trésor. Moi, je
trouve ça aberrant. Écoutez, notre produit, ce sont les plaques,
monsieur.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard: Non. Je vais vous répondre
là-dessus. Je pense que le gouvernement et l'administration
gouvernementale constituent un tout. L'État existe, et il a besoin d'un
organisme central pour surveiller, contrôler le tout. Que des organismes,
dans l'État, jouissent d'une autonomie plus ou moins grande, ça,
je pense que ça va se vérifier, puis ça existera toujours,
et c'est souhaitable que ça existe, mais s'il n'y a pas d'organisme
central, dans certain cas, ça peut aller bien un certain temps, mais ce
n'est sûrement pas la règle générale qu'il n'y en
ait pas.
M. Vézina: Vous savez, M. le député, que le
Conseil du trésor négocie toutes nos conventions collectives. On
n'a rien à voir avec nos conventions collectives. Donc,
déjà...
M. Léonard: Vous comprenez pourquoi il a à voir
à vos effectifs. Je pense que le problème que j'ai posé
c'est que, finalement, il y a un décalage d'approbation du plan
d'effectif entre tes deux, puis, en réalité, c'est là que
se joue la marge de manoeuvre de la Société. Tant que ça
va bien, je pense qu'ils ne vous regardent pas trop, puis je comprends qu'ils
ne le fassent pas
dans ces circonstances, mais le jour où vous ne leur fournirez
plus 625 000 000 $ pour cinq ans, je ne suis pas sûr qu'ils ne vous
regarderont pas de plus près.
M. Vézina: Je vous laisse ce commentaire
Le Président (M. Lemieux): M. le député des
Îles-de-la-Madeleine, il reste trois ou quatre minutes, maximum.
M. Farrah: J'ai deux ou trois questions, M. le Président,
très brèves. À la suite du résultat dont vous nous
avez fait part, à l'intérieur de votre boîte, qui
m'apparaît très très intéressant, êtes vous
consulté ou participez vous à l'élabora tion de certaines
directives ou politiques qui vous sont transmises par le Trésor ou
l'office des ressources humaines?
M. Vézina: Ça arrive, à l'occasion,
effectivement, qu'on participe, par l'entremise de nos ressources humaines,
mais très rarement. Très, très rarement. Et, je pense
qu'il y a des politiques qui nous affectent énormément, j'en ai
fait état dans mon exposé, et qu'on aimerait... Par exemple, je
vous l'ai dit tout à l'heure, la promotion des postes exceptionnels, je
pense que ça ne pouvait pas s'appliquer chez nous; c'était
inapplicable chez nous. On est obligé de s'adapter par rapport à
ça. Et je peux vous dire que la façon dont on s'est
adapté, ce n'est pas du tout de la même façon que c'est
géré ailleurs.
M. Farrah: Ça va. Une autre question, M. le
Président?
Le Président (M. Lemieux): Allez y, oui, rapidement.
M. Farrah: Est-ce que vos cadres supérieurs ont plus de
responsabilités, niveau à niveau comparable, par rapport à
la fonction publique? Exemple, est-ce qu'un administrateur III ou un cadre III
a les mêmes pouvoirs chez vous que dans un ministère quelconque au
gouvernement?
M. Vézina: Écoutez, on a un budget d'à peu
près 180 000 000 $. Il y a très peu de cadres, alors nos cadres
ont des pouvoirs nettement plus grands que dans un ministère.
M. Farrah: Et ça fonctionne bien? M. Vézina:
Ça fonctionne très bien
M. Farrah: Dernière question, M. le Président. J'ai
constaté, dans votre rapport, que le pourcentage des employés
féminins chez vous est très important; 55 % si ma mémoire
est fidèle. Est-ce qu'il y a eu une politique particulière chez
vous par rapport à l'embauche de personnel féminin, d'une part;
et, d'autre part, j'aimerais connaître le pourcentage d'employés
féminins au niveau des cadres, même s'il n'y en a pas tellement,
des cadres, chez vous, comme vous nous dites. Est-ce que vous avez le
pourcentage précis des cadres féminins dans votre organisme?
M. Vézina: Cadres intermédiaires, on est à
30 %; cadres supérieurs, on est à 10 %. Cadres supérieurs,
je dois vous dire que les efforts que l'on fait chaque année, c'est
invraisemblable: on engage deux nouvelles femmes une année, puis il y en
a deux qui partent. C'est toujours à reprendre, constamment,
malgré les efforts qu'on fait. Mais, on va peut-être y venir en
"meublant" pas mal mieux les cadres intermédiaires, pour arriver aux
cadres supérieurs.
Ce qu'on fait aussi par rapport aux femmes, on paie des cours de
perfectionnement et, quand elles reviennent, on les met dans des positions -
même si, ça aussi, ce n'est peut-être pas les directives qui
sont appliquées à la lettre - mais on les met dans des positions
où on leur donne des pouvoirs pour, justement, qu'elles puissent se
former, puis accéder à des concours par la suite, des concours de
professionnels, notamment.
M. Farrah: Merci beaucoup.
Le Président (M. Lemieux): M. Vézina, seulement un
petit commentaire, on va terminer là-dessus. Êtes-vous en train de
nous dire que, parfois, il faut être délinquant pour mieux
fonctionner?
M. Vézina: Ha, ha, ha! Parfois il faut avoir une notion
bien précise des priorités.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie. Alors, nous
vous remercions pour votre collaboration à cette commission
parlementaire et nous allons suspendre nos travaux deux minutes pour permettre
à M. Gaston Ouellet, vice-président d'Alcan, de bien vouloir
prendre place.
(Suspension de la séance à 11 h 15)
(Reprise à 11 h 18)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission du budget et de l'administration reprend ses
travaux. Nous allons maintenant entendre M. Gaston Ouellet,
vice-président d'Alcan.
Dans un premier temps, M. Ouellet, je veux vous remercier pour vous
être déplacé et pour avoir accepté si gentiment
l'invitation de la commission du budget et de l'administration.
Avant d'exposer votre mémoire ou vos commentaires, voulez-vous
vous identifier pour les fins d'enregistrement du Journal des débats,
puis nous allons vous écouter.
M. Gaston Ouellet
M. Ouellet (Gaston): Très bien. Mon nom est Gaston
Ouellet. Je suis le vice-président aux ressources humaines pour la
Société d'électrolyse et de chimie Alcan Ltée.
M. le Président, je tiens d'abord à vous remercier de
m'avoir invité à partager avec vous la vision des approches
d'Alcan en matière de gestion des ressources humaines. Alcan et la
fonction publique du Québec partagent les mêmes objectifs:
qualité, productivité et services aux clients. Ces objectifs
impliquent une recherche constante de l'excellence et les travaux de cette
commission du budget et de l'administration reflètent bien ce souci
d'améliorer la qualité et l'efficacité des services que
vous rendez aux citoyens du Québec.
N'ayant aucune expérience de travail dans la fonction publique,
vous comprendrez que je ne suis pas ici pour vous donner des leçons de
choses; je suis ici à titre personnel et je vou drais vous faire
partager, de mon point de vue, nos expériences et nos
préoccupations présentes et futures, en espérant que cet
échange pourra vous être utile dans vos travaux futurs. Vous
pourrez lire, dans la version écrite de ma présentation,
l'histoire et la mission d'Alcan. J'aimerais, sans plus tarder, passer à
l'historique de la gestion des ressources humaines chez Alcan.
Chez Alcan, comme dans les autres entreprises, la première
moitié du siècle a été marquée par
l'approche taylorienne en gestion de la main-d'?uvre. Les structures de
gestion étaient très hiérarchisées, les
tâches bien délimitées et les décisions
étaient souvent rendues sans réplique. Les gestionnaires de
première ligne avaient beaucoup de liberté. Leur relation avec
leurs subalternes était directe et ils ne sentaient pas le besoin
d'avoir l'appui des professionnels en ressources humaines pour faire leur
travail.
Dans les années soixante-dix, la situation s'est mise à
changer rapidement Les structures organisationnelles sont devenues plus
complexes, les ouvriers, les cadres sont devenus plus critiques, plus
inquisiteurs et plus revendicateurs. On a senti le besoin de raffiner nos modes
de gestion. Des jeunes diplômés, fraîchement émoius
des écoles d'administration, de facultés de sciences sociales, de
départements de relations industrielles, ont fait leur entrée
dans les usines et au bureau-chef, apportant avec eux des approches
systématiques et cartésiennes; je suis un de ceux-là.
Pour assurer une gestion équitable et répondre aux besoins
des employés de la direction, on a rationalisé la gestion des
ressources humaines en mettant en place un grand nombre de systèmes et
de procédures: des conventions collectives de plus en plus
précises, des règles de transfert, de promotion et de
démotion très détaillées, des systèmes
d'évaluation des tâches et de rémunération
complexes, des procédures de sélection et d'évaluation de
rendement si sophistiquées que les gestionnaires avaient du mal à
s'y retrouver.
En même temps que les spécialistes des ressources humaines
ont fait leur apparition, d'autres professionnels de la finance, du marketing,
des relations publiques, sont venus joindre les rangs de l'entreprise. Ces
spécialistes sont arrivés, souvent, à la demande du
gestionnaire qui se sentait mal équipé pour faire face aux
situations devenues plus complexes. Au cours des années, chez Alcan,
nous avons équipé nos gestionnaires de nombreux outils de travail
pour les aider à mieux gérer leurs employés, mais, par la
même occasion, nous leur avons rendu la tâche plus difficile. Ils
sont devenus, en quelque sorte, des victimes de la prolifération des
systèmes et, aujourd'hui, ils ont du mal à gérer
efficacement.
L'exemple le plus typique est celui du différend entre un
superviseur et un employé. Souvent, par manque de communication, le
problème se transforme en grief, se retrouve dans les mains de
l'officier syndical et de l'agent du personnel. Une procédure stricte et
lente se met alors en marche et peut aller jusqu'à l'arbitrage, alors
que le problème aurait bien pu se régler sur place, entre les
deux individus.
La récession majeure des années quatre-vingt a
forcé Alcan, comme beaucoup d'entreprises, à mettre en place des
programmes d'allégement de structures, de réduction des effectifs
et des dépenses générales. Comme vous le verrez dans les
organigrammes que je vous ai présentés en annexe, la structure
d'Alcan Aluminium Ltée a été allégée de
façon significative au cours des années quatre-vingt. À
l'échelon corporatif, un niveau hiérarchique complet a
été éliminé, faisant place à une
organisation beaucoup plus simple et décentralisée
Cette réorganisation a eu des répercussions importantes
sur l'ensemble des activités d'Alcan à travers le monde.
Plusieurs sociétés du groupe ont été
restructurées. Les activités de fabrication en Amérique du
Nord ont été intégrées et rationalisées avec
beaucoup de succès. Durant cette période, le nombre de cadres et
d'employés syndiqués a diminué de façon
significative, ce qui a permis à l'entreprise de faire des
économies de plus de 200 000 000 $ par année. Vous le remarquez,
nous n'avons pas été les seuls à faire ce genre de
décrassage.
Au cours du printemps 1990, Sécal, qui est la
société canadienne la plus importante du groupe Alcan, a
procédé elle-même à une restructuration majeure. Au
siège social, les trois divisions opérationnelles responsables de
la fabrication ont été éliminées. Ce travail est
maintenant assuré au niveau régional. Les directeurs d'usines
sont désormais chargés de la gestion de l'ensemble de leurs
opérations. Chacun d'eux doit atteindre des objectifs bien
définis et sera jugé en fonction des résultats
obtenus.
C'est sans doute ce que vous appelez l'imputabilité.
La modernisation de nos installations amène également des
bouleversements majeurs dans notre effectif. Un taux élevé
d'attrition naturelle permet aujourd'hui d'absorber les surplus de
main-d'oeuvre qu'entraîne la fermeture de nos vieilles salles de cuves.
Le changement ne doit cependant pas se limiter au groupe de production. Il faut
également rationaliser les services et l'appareil administratif. Nous
devons donc redoubler d'efforts, car malgré l'efficacité des
programmes de rationalisation, nous n'avons pas encore réussi à
contrer efficacement l'augmentation des dépenses dans les secteurs de
service et de l'administration.
Nous avons parcouru beaucoup de chemin depuis le début des
années quatre-vingt, mais la route est encore très longue. C'est
un voyage sans fin, qui s'inscrit sous le signe de l'amélioration
constante. Dans le domaine de la gestion des ressources humaines, quels
enseignements peut-on dégager de cette expérience passée?
Dans cette deuxième partie de mon exposé, je vais essayer de
synthétiser ces enseignements autour de 10 leçons. Ce sont les
leçons que nous, on essaie de pratiquer. Je ne voudrais pas donner
l'impression à la commission que nous maîtrisons toutes ces
leçons. C'est ce que nous essayons de comprendre, ensemble, dans notre
société.
Première leçon. Les employés, un avantage
compétitif à long terme. La recherche de nouvelles technologies
et de nouveaux procédés se poursuivra au cours des années
1990 et même s'accélèrera, je dirais. Mais il semble de
plus en plus évident que c'est dans le domaine de la gestion des
ressources humaines que se livrera la bataille définitive ou
décisive. Dans notre industrie, comme dans d'autres organisations
d'ailleurs, c'est l'entreprise qui maximisera l'utilisation du potentiel des
employés qui aura le plus de chances de conserver sa position de chef de
file. Les grandes entreprises de classe mondiale ont déjà compris
cette leçon et la mettent en pratique. Tant et aussi longtemps que nos
ressources humaines seront d'abord et uniquement considérées
comme un coût, que nous ne serons pas convaincus qu'elles constituent une
ressource stratégique essentielle pour la réussite de
l'entreprise, nos grands discours sur la qualité resteront vains.
Certes, il nous faut continuer à rationaliser nos
opérations, moderniser nos usines, tirer avantage des nouvelles
technologies. Tous ces programme sont une condition essentielle à la
sauvegarde de notre positition concurrentielle Cependant, on ne peu pas so
pormotlro (Jo gaspiller l'énergie créatrice des gens à qui
on demande de produire de la qualité. La qualité fait appel
à l'engagement et à la participation des employés. Et
lorsque M. le président de la Régie de l'assurance automobile
parlait de donner le pouvoir aux employés, c'est tout à fait dans
cette lignée-là. La qualité, comme disait quelqu'un
récemment, il faut avoir le goût d'en faire!
Deuxième leçon. Décentralisation et
responsabilisation, la seule voie. Une structure lourdement
hiérarchisée et centralisée s'adapte difficilement aux
exigences nouvelles de l'entreprise. L'accent mis aujourd'hui sur la
satisfaction des clients, des actionnaires et des employés demande une
forme d'organisation plus souple et plus décentralisée. Nos
diverses expériences de restructuration, chez nous, nous ont clairement
démontré que la décentralisation et la
délégation de l'autorité au plus bas niveau de
l'organisation sont les meilleures façons de responsabiliser les gens et
de leur permettre d'utiliser leur plein potentiel. Les grands programmes
téléguidés d'en haut sont généralement
conçus loin de l'action, répondent mal aux besoins des clients et
sont difficiles à gérer.
Troisième leçon. La mesure de la qualité.
Décentralisation et responsabilisation ne veulent pas dire absence de
contrôle et laisser-faire. La qualité ne peut exister en l'absence
de normes, de standards et de mesures. C'est la responsabilité du
gestionnaire de s'assurer que les employés connaissent et comprennent
parfaitement les exigences des clients. On a eu un exemple dans la discussion
de tout à l'heure. Il en est de même pour le contrôle;
celui-ci doit être exercé au plus bas niveau possible et
laissé dans les mains de celui dont l'action peut influencer la valeur
du produit ou la valeur du service rendu. (11 h 30)
Quatrième leçon. Contrer la multiplication des
"staff1, des cadres "staff1. Comme je l'ai
mentionné au début de cet exposé, une
variété impressionnante de spécialistes de toute
discipline ont envahi, avec les années, les différents paliers de
l'organisation, de notre organisation. Habiles à justifier leur
existence, ces spécialistes ont réussi à se multiplier,
grâce à leur faculté de créer de nouveaux programmes
et systèmes. Certes, l'organisation moderne ne peut fonctionner sans ces
spécialistes, mais leur nombre a tellement grandi qu'aujourd'hui, ils
ont pratiquement submergé les gestionnaires. Dans un tel contexte, la
gestion devient de plus en plus lourde, éloignée des
véritables préoccupations de la base. Il faut revenir à
l'essentiel et n'accepter la présence des spécialistes que dans
la mesure où elle ajoute à la valeur du produit ou du service
rendu aux clients internes et externes.
Cinquième leçon. Couper les activités avant do
couper les têtes. En période de crise, un des moyens les plus
efficaces pour rédulre les coûts est de couper des têtes
Cette cure d'amaigrissement risque cependant d'être de courte
durée si le niveau d'activité ne change pas. C'est comme passer
d'une diète à une autre sans vouloir changer son régime
alimentaire. On ne peut pas imposer de mesures drastiques durant les
années de vaches maigres et reprendre ensuite de
l'embonpoint au cours des années prospères II faut
plutôt chercher à éliminer les activités non
essentielles, c'est-à-dire celles qui n'ajoutent rien de significatif
à la valeur du produit ou du service. Encore une fois, c'est la
même règle qui s'applique.
Tout le monde connaît l'exemple classique d'un département
d'inspection dans une usine, qui devient inutile à partir du moment
où les employés de production se chargent eux-mêmes de
contrôler la qualité du produit.
Sixième leçon. Le changement ne vient pas uniquement d'en
haut. Il est parfaitement illusoire de croire que les changements en
matière de gestion doivent être introduits uniquement à
partir du haut de la hiérarchie Le changement peut et doit se produire
à tous les niveaux de l'organisation. Il s'agit de laisser à ceux
qui sont insatisfaits du statu quo, à nos leaders naturels - ils peuvent
être ouvriers, techniciens, contremaîtres, gestionnaires - leur
laisser la liberté de transformer les choses Les ingrédients de
cette recette sont: un climat ouvert, le droit à l'essai, le droit
à l'erreur, un goût du risque et la créativité. Une
recette qui, comme on le sait, prend forme difficilement dans une structure
rigide et centralisée.
Septième leçon. L'approche résolution de
problème. Bien des gens ont compris qu'une grande partie des
problèmes peut être solutionnée par les employés
eux-mêmes Après tout, ce sont eux qui sont près de
l'action. Ce sont eux qui s'occupent des services. Encore là, dans la
présentation précédente, on a eu de bons exemples. Cette
pratique, malheureusement, est peu répandue dans nos organisations
traditionnelles. J'entendais, il y a quelques années, des gens qui me
disaient: "Lorsqu'on entre dans le stationnement de l'usine, on a un peu comme
l'impression de mettre notre matière grise dans le coffre à
gants, d'aller travailler, et de la reprendre en sortant." Quand on voit
ça, c'est vraiment désolant.
Les entreprises de classe mondiale ont compris qu'il s'agit là
d'un gaspillage de talent inacceptable. Elles ont donc modifié leurs
structures ainsi que leur mode de gestion pour faire appel à la
contribution des employés. Ce faisant, elles se sont dotées d'une
puissance de résolution de problème fantastique. On connaît
l'exemple des Japonais, de Toyota et de tout le reste. Ils ont aussi, en
même temps, travaillé à éliminer la
non-qualité. C'est sans doute la qualité de la gestion qui fait
toute la différence. On en a parlé tout à l'heure.
Cependant, avant d'impliquer la base, il faut convaincre les gestionnaires.
L'engagement des employés constitue probablement la transformation la
plus difficile à réaliser parce que les gestionnaires se sentent
menacés dans ces changements de rôle. C'est un changement de
culture profond, qui ne peut se faire à coups de systèmes. C'est
pourquoi il est à la fois si facile d'en comprendre la
nécessité et si difficile d'en faire l'application.
Huitième leçon. La formation, une nécessité,
plus que jamais Tout le monde reconnaît qu'aujourd'hui, une
démarche qualité passe par une plus grande formation des
employés. Chez Alcan, nous n'avons pas ménagé nos efforts
et notre argent dans ce domaine, mais il nous faut, cependant, être plus
efficaces dans le diagnostic des besoins et le développement des
programmes qui assurent un transfert adéquat des acquis.
La formation, pour être rentable, doit d'abord permettre
l'acquisition du savoir-faire directement relié à la tâche
à accomplir. Et ce savoir-faire doit être réinvesti dans
les activités courantes des employés.
Neuvième loçon Nouveau mode de gestion: les actes avec les
mots. Le virage entrepris chez Alcan au cours des dernières
années est en train de donner des résultats intéressants.
Mais, comme je vous le disais, notre chemin est très long et on est loin
d'avoir atteint le degré de satisfaction qu'on voudrait. Il a permis,
cependant.. Ça a permis l'émergence d'un style de gestion plus
souple et plus dynamique. La satisfaction du client, par l'excellence et la
qualité de nos produits et services, est devenue notre objectif
premier.
Le message de notre président et chef de la direction, qui est:
simplicité, confiance, intégrité et rigueur, se traduit de
plus en plus dans nos gestes quotidiens II y a une volonté
évidente d'alléger les systèmes. Les gens ont moins
tendance à réinventer la roue. Il y a moins de batailles de
clochers et de chasses gardées. La guerre à la duplication est
déclarée.
Nous amorçons un virage que certaines entreprises de classe
mondiale ont réussi à effectuer, c'est-à-dire changer le
modèle de gestion des ressources humaines. Je vous ai soumis deux
graphiques qui résument un peu les études qui ont
été faites dans différentes organisations et entreprises
à travers le monde, qui ont essayé de rechercher quel est le
nouveau style, quel est le nouveau mode de gestion qu'ont adopté ces
entreprises à succès, ces organisations à succès.
Vous verrez ce modèle traditionnel et ce modèle nouveau. Et j'ai
essayé, là-dedans, de résumer ce qui s'est dit à
travers la littérature; et ces modèles, nous nous en servons pour
discussion avec les cadres supérieurs, à Alcan.
Dixième leçon et la dernière. Les responsables de
la fonction ressources humaines doivent renouveler leur approche. Je
répète souvent aux directeurs du personnel que leur principal
objectif, durant les années quatre-vingt-dix, sera d'aider les
gestionnaires à impliquer davantage leurs employés dans la
solution des problèmes auxquels ils sont confrontés.
Accepter un tel mandat, c'est décider de modifier les rôles
traditionnels. Voici, en termes comparatifs, comment ce virage peut être
abordé. Ce que je demande à mes directeurs de personnel, c'est
qu'ils soient moins des administrateurs
de politiques, moins des gardiens de systèmes, moins des gardiens
du statu quo, moins des techniciens seulement en personnel, moins une
béquille pour le gestionnaire, moins des contrôleurs de
programmes. Je voudrais qu'ils soient davantage près du plancher,
près de l'action, centrés sur la solution des problèmes
concrets au niveau du plancher, des agents de changement qui travaillent
à la relation d'aide pour aider le gestionnaire au niveau de l'action,
qui utilisent l'approche réseau, l'approche client-fournisseur pour
mieux rendre des services pratiques au niveau du plancher, et qu'ils aient le
sens des affaires.
En conclusion. Basé sur l'expérience vécue au cours
des dernières années, j'ai essayé de vous exposer, de mon
point de vue personnel, notre vision de la gestion des ressources humaines chez
Alcan, et essayer d'en tirer quelques réflexions. Encore une fois, nous
ne prétendons pas avoir mis en application toutes ces leçons,
bien au contraire. Comme on l'a dit, c'est un voyage qui est long et qui
s'inscrit sous le signe de l'amélioration constante. Bien entendu, Alcan
n'est pas la fonction publique du gouvernement du Québec. Plusieurs
éléments nous distinguent, mais les défis que
connaît le gouvernement peuvent se retrouver, dans une certaine mesure,
au sein d'une entreprise industrielle d'envergure internationale comme la
nôtre. Il faut rappeler que nous avons 57 000 employés à
travers le monde, dont 10 000 au Québec. C'est une grande
boîte.
Nous croyons que, dans votre milieu, comme dans le nôtre,
l'allégement des structures, la décentralisation, la
responsabilisation des employés, sont d'excellents outils permettant une
plus grande satisfaction des besoins de l'organisation. Tous ces changements
doivent être apportés en tenant compte de la redéfinition
des rôles de la direction, des employés et de leurs
représentants. Je vous remercie de votre attention.
Le Président (M. Lemieux): Nous vous remercions, M.
Ouellet, de nous avoir fait part de cette expertise du secteur privé.
Quant à moi, j'ai deux ou trois questions à poser, mais mon
collègue de Saint-Louis a demandé la parole. Alors, je vais
souligner la présence du député de Chauveau, M. Poulin. M.
le député de Saint-Louis, la parole est à vous.
M. Chagnon: M. Ouellet, je voudrais vous remercier au nom de
notre formation, d'autant plus vous remercier, que, si j'ai bien compris, c'est
la commission qui vous a invité. Donc je présume que le
vice-président aux relations du travail et aux relations humaines
d'Alcan n'a pas que cela à faire, venir à Québec pour
exposer comment fonctionne sa compagnie. Comment fonctionnez-vous? Vous avez
fait des modifications...
Le Président (M. Lemieux): M. le député
de
Saint-Louis, voulez-vous parler un peu plus fort?
Peut-être vous approcher du micro, s'il vous plaît!
M. Chagnon: Je pourrais peut-être m'appro-cher du micro.
Pardon?
Le Président (M. Lemieux): C'est un commentaire hors
d'ordre du député de Labelle. Vous pouvez continuer.
M. Chagnon: Alors, passons-y. Votre plan d'organisation en 1988,
par rapport à celui qui existait en 1980, est manifestement moins grand.
Un des aspects que vous avez mentionnés, c'est qu'il faut d'abord couper
les activités avant de couper les têtes. Alors, quand je regarde
dans votre organigramme de 1988 par rapport à celui de 1980, j'ai
l'impression qu'il y a eu sûrement une épidémie pour le
moins radicale dans l'encadrement chez Alcan. Je ne sais pas s'ils sont tous
morts ou s'ils n'ont plus d'activités chez Alcan, en tout cas, il y a un
problème. Là où il y avait 2 cadres en 1988, il y en avait
13 en 1980; là où il y avait 51 cadres ou "staffs", il n'y en a
plus que 17. Sont-ils tous morts ou...
M. Ouetlet: Non, ils ne sont pas tous morts.
M. Chagnon: Mais votre théorie de couper les
activités avant de couper les têtes, j'ai l'impression qu'elle a
été un peu sabotée par le problème de dynamique du
marché dans l'aluminium ou autre chose.
M. Oueliet: Au début des années 1984-1985, on a
reconnu, de toute façon, qu'on était très gras et qu'on
pouvait couper un peu dans le gras, et lorsqu'on en arrive à une
période où c'est un peu plus sophistiqué, il faut vraiment
chercher au niveau des activités. Mais, aussi, on a coupé des
activités à ce moment-là parce que, par exemple, on avait
des bureaux régionaux, un en Europe, un en Asie, un en Amérique
latine, un en Amérique du Nord, et ces bureaux contrôlaient
l'ensemble des activités des opérations à
l'intérieur d'un secteur géographique très important.
Alors, ça veut dire que, par exemple, une usine en Malaisie fonctionnait
et se rapportait à un bureau à Hong Kong, et ce bureau dirigeait
l'ensemble des actitivés de toute l'Asie du Sud-Est. Alors, tout le
contrôle se faisait d'abord à partir de l'usine, ensuite à
partir des régions et, finalement, s'acheminait jusqu'à
Montréal au grand bureau-chef. Tout à coup, on a
décidé d'éliminer tous ces bureaux régionaux et on
a dit: Les gens qui opèrent dans ces sociétés-là se
rapporteront maintenant directement à Montréal. On a donc
éliminé l'activité de contrôle au niveau
régional et, par voie de conséquence, on a aussi
éliminé les têtes.
M. Chagnon: Mais, à ce moment-là, vous vous
êtes donc trouvé à centraliser plus qu'à
décentraliser.
M. Ouellet: Non, pas nécessairement. On a donné
à ce moment-là beaucoup plus de respon sabilités au niveau
local. On a fait la même chose dernièrement au niveau de SECAL. On
n'a pas centralisé parce qu'on a gardé au niveau du bureau-chef,
un très petit nombre de dirigeants, et on demande maintenant aux gens
qui sont dans les usines, aux gens qui sont responsables de leur
société dans différents pays, de diriger l'ensemble de
leurs activités: on leur donne les objectifs et on essaie, non pas de
les contrôler sur la manière dont ils remplissent ces
objectifs-là, mais sur la façon dont ils vont les rencontrer.
M. Chagnon: La décentralisation et la responsabilisation
accrue de vos unités de travail, de vos unités de production,
ça vous est apparu comme étant une politique normale,
après quoi? Après la crise de 1982 ou autrement? À qui
sont-ils imputables? Finalement, ils sont impu tables à un bureau
régional, ils ont une reddition de comptes à faire devant
quelqu'un, comme vous, vous en avez une vis-à-vis de votre
président et le président en a une vis-à-vis de
l'assemblée générale de ses actionnaires. (11 h 45)
M. Ouellet: Évidemment. Il est bien sûr que la crise
nous a aidés beaucoup. Ça a été un choc important.
Et Alcan ne fait pas exception par rapport à d'autres entreprises.
Durant la crise, plusieurs entreprises, plusieurs sociétés, ont
dû procéder à un processus de rationalisation très
important. On s'est rendu compte que, de toute façon, comme le disait
notre président, on avait un système de "guards on guards". On
avait beaucoup de niveaux qui contrôlaient un autre niveau, et notre
système était très lourd. On pouvait fort bien
opérer d'une manière beaucoup plus rapide, d'une manière
beaucoup plus efficace si ces niveaux intermédiaires étaient
éliminés.
M. Chagnon: Sur le plan de la reddition de comptes, votre
principe d'imputabilité, lorsque vous parlez d'imputabilité... le
député de Labelle mentionnait qu'à de nouveaux maux on
trouve de nouvelles formulations ou à de vieux problèmes on
essaie de trouver une nouvelle formulation, entre autres,
l'imputabilité. Mais, la reddition des comptes, chez vous, puisque vous
êtes décentralisé, il faut bien que quelqu'un soit
responsable de quelque chose quelque part. Ça implique une clarification
des objectifs, j'imagine.
M. Ouellet: Tout à fait.
M. Chagnon: Et ça implique aussi une façon de
déterminer les moyens que vous donnerez aux gens que vous avez
responsabilisés pour qu'ils puissent atteindre ces objectifs-là,
sinon, on n'en sort pas, c'est infernal.
M. Ouellet: C'est pour ça qu'au niveau de la
définition des objectifs, c'est un exercice très important. Si,
par exemple, on donne des objectifs précis à un directeur
d'usine, il faut d'abord, dans un premier temps, s'asseoir avec lui et
décider de ce qui sera faisable, et c'est à lui de nous dire:
Messieurs, vous me demandez de partir de Chicoutlmi, d'aller à
Québec, vous me donnez un vélo et vous voulez que je me rende
là en six heures. C'est impossible Alors, il y a cette discussion qui
prend place, au moment de l'établissement des objectifs, et, une fois
qu'on a établi les objectifs, c'est à lui, ensuite, de livrer le
produit, et tout ça dans un cadre qui tient à la fois compte des
restrictions budgétaires, de la convention collective, des autres
restrictions qu'il a.
M. Chagnon: Je vous remercie, M. Ouellet.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M le
député de Saint-Louis. M. Ouellet, j'ai devant moi un document
qui nous donne peut-être les orientations sur le genre... ou qu'est-ce
qu'on veut demander dans la fonction publique aux fonctionnaires de l'an 2000,
mais, préalablement, j'aimerais vous faire une petite remarque. Mme
Elisabeth Allard, qui avait présenté un mémoire devant
nous, faisait ressortir l'importance de considérer les ressources
humaines comme un actif plutôt que comme un coût, et de les
gérer comme tel, pour générer la productivité
recherchée. Elle disait que ça permettrait à la fonction
publique de mieux affronter les défis pour le cap des dix prochaines
années. Je pense qu'elle vous rejoint sur cet aspect.
J'ai peut-être une question qui a trois volets. Première
question. J'aimerais savoir: Est-ce que vous pourriez nous décrire quel
type de gestionnaire vous recherchez, ou vous voulez développer pour les
dix prochaines années? Deuxième question, comment est
organisé, chez vous, la gestion des ressources humaines, eu égard
à la responsabilité financière? Et, la troisième,
comment, chez vous, préparez-vous votre relève? Ça va?
M. Ouellet: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Alors, j'aimerais vous entendre
sur ces trois aspects.
M. Ouellet: Pour répondre à votre question, je
pense qu'il faut se référer un peu au document que je vous ai
présenté en annexe 2. On est vraiment conscients qu'il faut
changer la façon de procéder; il faut que nos gestionnaires
lassent un virage important. Vous savez, on a été
entraînés, dans le passé, avec des patrons. Alors, un
patron, par définition, ça connaît tout,
ça donne des commentaires sur tout et ça doit
répondre à tout. Il faut maintenant retrouver une autre
façon de procéder, un autre style de gestion, c'est-à-dire
savoir écouter plutôt que savoir parler, déléguer
les responsabilités plutôt que contrôler et donner des
ordres, pouvoir communiquer de haut en bas et de bas en haut, pouvoir se
retrouver dans une situation où il y a beaucoup de travail de
réseau et non pas seulement un travail: "C'est mon territoire, je sais
ce que je fais, je n'ai pas besoin des autres, ne venez pas sur mon terrain."
Et ça va prendre, à ce moment-là, un type de gestionnaire
qui est fort différent de ce qu'on a connu dans les années
passées. Et on est en train de réfléchir beaucoup à
ce profil qu'on doit donner aux gestionnaires. Ce genre de modèle que,
vous avez dans l'annexe 2, on l'utilise justement pour réfléchir
dans nos programmes de formation sur ce que devraient être, et comment on
devrait former nos gestionnaires, justement pour pouvoir assurer les modes de
gestion qu'on est en train de mettre en place. Si on veut que, demain, on
puisse utiliser le talent de nos gens, si on veut que ce soient eux qui
règlent les problèmes sur le plancher, il faut que le
gestionnaire arrive à avoir une approche différente par rapport
aux problèmes, par rapport aux choses qu'il y a à faire. Et c'est
toute une mentalité à changer
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que le droit à
l'erreur existe chez les gestionnaires, chez vous?
M. Ouellet: Définitivement, il doit exister. Certains
pensent qu'il existe avec beaucoup de limitation. Je pense que ça
dépend du type d'individus qu'on a. Certains sont plus agressifs que
d'autres, certains sont plus craintifs. Il est bien sûr que, lorsqu'il
s'agit de dépenses considérables, il y a un processus de
contrôle qui s'opère. Mais, dans la gestion quotidienne, tous les
jours, dépendant du caractère de l'individu, certainement, il a
droit à l'erreur.
Le Président (M. Lemieux): Et est-ce qu'il y a une
séparation gestion financière et gestion des ressources
humaines?
M. Ouellet: Chez nous, depuis fort longtemps, il y a toujours eu
une séparation entre la gestion financière et la gestion des
ressources humaines.
Le Président (M. Lemieux): Est ce que, à votre
connaissance personnelle, c'est la même chose au niveau des grandes
compagnies?
M. Ouellet: C'est, je crois, la même chose. La plupart des
grandes sociétés sont organisées de cette
façon-là, c'est à-dire qu'il y a une distinction nette
entre la direction financière et celle des ressources humaines.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie. M. le
député de Labelle.
M. Léonard: Bonjour, M. Ouellet. Je vous remercie de votre
mémoire, où vous faites état de ce qui se passe chez
Alcan. J'aimerais vous poser une question. Dans les entreprises, on a une
certaine perception de la fonction publique. Je vous vois juste esquisser un
sourire puis, vous le retirez prudemment, mais c'est là-dessus que je
vais vous interroger. Quelle est votre perception de la fonction publique?
M. Ouellet: Je disais, au début de mon exposé, que
Je ne suis pas ici pour venir faire un jugement de la fonction publique.
M. Léonard: Non, pas un jugement, mais donnez-nous au
moins vos impressions, parce que je suis convaincu que vous en discutez. J'ai
déjà fréquenté quelques entreprises, et c'est un
sujet abordé très fréquemment.
M. Ouellet: Je pense que la fonction publique a une mission qui
est fort différente de la nôtre, dans un sens. Vous avez à
servir le grand public et, de ce fait, vous avez des contraintes, des
obligations qui sont fort différentes des nôtres. Mais, je pense
aussi que comme dans la grande entreprise, vous êtes affligés de
maux importants, de problèmes importants. C'est un peu le même
genre de problèmes que nous avons, c'est-à-dire la lourdeur des
systèmes, le nombre de paliers trop nombreux, le manque de
communications entre les différents paliers. C'est la conséquence
d'une structure qui est lourde, qui est bureaucratisée.
Quand je parle de bureaucratie, souvent, à la blague, dans
l'entreprise privée, on dit: Gouvernement égale bureaucratie. On
se dit: Nous, on n'a pas ce genre de problèmes. Mais on a exactement le
même genre de problèmes. On a aussi, souvent, ces systèmes
bureaucratisés, détaillés, dans lesquels on s'enfarge, on
s'empêtre et il faut vraiment être à la chasse et se
débarrasser de ce type de système. Alors, la façon dont je
vois la fonction publique, c'est que vous avez, chez vous, probablement
à une échelle plus large, et probablement avec plus de
contraintes et plus de limites, ce type de problème. Je pense que, nous,
on a probablement plus de liberté et plus de moyens concrets pour s'en
sortir. Vous avez toute une tâche devant vous pour essayer de rendre la
fonction publique plus productive, plus centrée sur la qualité
des services rendus à la clientèle. Mais, d'après moi, la
seule façon de procéder, c'est de retourner à la base et
de recommencer à donner aux gens, doucement, la responsabilité
des actes qu'ils ont à poser et de ne surtout pas essayer de
régler ça à partir d'en haut par un grand
système.
M. Léonard: Je comprends que vous trouvez
que je vous amène dans un monde qui apparaît toujours un
peu dangereux dans l'entreprise privée, qui est celui de la politique,
avec un petit p ou un grand p, comme on voudra. Mais, est-ce que, pour vous,
l'expérience que vous avez vécue en éliminant les paliers
intermédiaires, ça pourrait correspondre au plan public à
ce que le gouvernement confie à des systèmes locaux politiques ou
administratifs de type, par exemple, municipalités ou autres
institutions de niveau local, comme vous avez fait, vous, dans vos usines un
peu partout à travers le monde, vous leur avez donné beaucoup
plus de liberté de manoeuvre? Est-ce qu'on pourrait l'interpréter
ou faire une certaine analogie?
M. Ouellet: Oui, je crois. Je crois que vous pouvez
interpréter dans ce sens-là. Je crois que, lorsqu'il y a trop de
centralisation, trop de structuration au niveau du sommet, c'est
extrêmement difficile d'arriver à avoir un service de
qualité et d'être efficace. Parce que souvent, comme je le disais
tout à l'heure, ces programmes bâtis à partir du haut font
du nivellement pour l'ensemble des individus et se trouvent difficilement
applicables dans certaines situations particulières. On a eu un exemple
tout à l'heure du président de la Régie de l'assurance
automobile qui en parlait et eux veulent administrer leur
société, leur régie comme un peu une société
indépendante. Et ils ont tout à fait raison, je crois. Parce que,
en ce faisant, ils auront... Ils sont imputables évidemment. Ils sont
responsables. Ils doivent rendre des comptes. Mais si on leur donne la
responsabilité, il faut leur donner de façon entière,
à mon avis, et ils devraient être capables à ce
moment-là de mieux répondre aux besoins des gens. Et je pense que
ce même principe devrait s'appliquer dans d'autres secteurs de la
fonction publique. Évidemment, je connais mal ou peu tous ces rouages.
Mais définitivement, je crois qu'il faut pousser vers une
responsabilisation, une décentralisation des choses le plus possible. Je
crois que ce système devrait fonctionner aussi au niveau de la fonction
publique.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Je pense que, quand on dit cela, on fait appel
à des mécanismes de contrôle par la suite qui peuvent
être très larges. Dans l'entreprise privée, c'est
finalement en gros le rendement. Et lorsque vous motivez votre personnel
à être très efficace, effectivement, le résultat se
retrouve au bout de l'année ou au bout de deux, trois ans dans les
résultats concrets de production. La réalité de la
fonction publique ou des institutions politiques, c'est que c'est plus
difficile à mesurer.
M. Ouellet: Évidemment.
M. Léonard: Est-ce que, pour vous, le contrôle
analogue au plan local est suffisant lorsqu'on parle de mode électoral,
d'élection pour choisir les dirigeants, parce que c'est là qu'ils
sont jugés par leurs commettants? Est-ce qu'à ce moment
là, si cela était suffisamment articulé, on pourrait
améliorer de beaucoup l'administration du public prise d'une
façon globale? Je ne parle pas juste de la fonction publique, mais de la
fonction publique dans son ensemble comprenant la fonction publique des
administrations locales.
M. Ouellet: Je ne crois pas que décentralisation veuille
dire que ces gens-là devraient être nommés sur le plan
politique.
M. Léonard: Non, je ne parle pas des fonctionnaires, mais
je parle... Le contrôle final se résume à ça.
À tous les quatre ans, par exemple, il y a des élections,
supposons, dans une municipalité. Mais le maire et le conseil municipal,
lui, est responsable de ses fonctionnaires. Et dans la mesure où
l'État voudrait, lui, décentraliser sur un palier politique
local, il faudrait qu'il s'en remette de ses devoirs à ces
gens-là. Donc, il faut effectivement prévoir un mécanisme
de contrôle. Le contrôle politique, c'est ça, c'est
l'élection. Est-ce que, pour vous, ça vous apparaît
suffisant, motivateur, c'est possible compte tenu de l'expérience que
vous avez eue à travers le monde là dessus? (12 heures)
M. Ouellet: Je ne crois pas que le contrôle politique
devrait être le seul contrôle. Je ne crois pas que ce devrait
être suffisant. Bien sûr que décentraliser, comme je disais
tout à l'heure, ça veut aussi dire contrôler et rendre des
comptes. Par exemple, prenons la Régie. Il faut que cette régie,
de façon régulière, tous les ans, puisse rendre des
comptes au gouvernement, il est bien évident. De quelle façon
ça peut fonctionner au niveau d'une municipalité? Là,
c'est peut-être différent, mais chaque année, il devrait y
avoir un bilan au niveau de l'ensemble de la population pour rendre compte des
choses. Si ce bilan, au cours des années, devient satisfaisant, ce sera
au peuple à parler. Je crois qu'il faut partir du principe que les
problèmes sont mieux réglés, de façon plus efficace
au niveau le plus bas, d'abord, et que si on fait ce genre de
décentralisation, on aura meilleure chance d'arriver à un service
plus efficace, plus adapté aux besoins des clients.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle Dernière question, peut-être sans préambule, M. le
député...
M. Farrah: J'aurais trois questions, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Trois questions. Allez-y.
M. Farrah: D'une part, tantôt, votre question sur le droit
à l'erreur, M. le Président. Je pense que l'erreur est dans la
nature humaine. Lorsqu'on donne l'autonomie ou on veut que les gens soient
créatifs, je pense qu'il y a ce risque qui est tout à fait
légitime. Je pense que le problème, M. le Président, c'est
qu'il ne faut pas répéter les erreurs. Dans ce sens, chez vous,
avez-vous un mécanisme de contrôle qui peut faire en sorte qu'une
situation qui est souvent erratique ne soit pas répétée
à tour de bras. C'est la question que je me pose aussi au niveau de la
fonction publique. Avons-nous les mécanismes qu'il faut de
contrôle efficace pour s'assurer que les erreurs ne soient pas
répétées? Chez vous, dans ce sens-là, est-ce que
vous avez des mécanismes particuliers de contrôle à cette
fin?
M. Ouellet: Non, on n'a pas de mécanisme particulier. S'il
se fait une erreur magistrale dans une usine, on s'attend à ce que le
chef de cette usine, le directeur de l'usine soit en mesure de corriger cette
erreur. Ça ne veut pas dire qu'on ne s'intéressera pas à
l'erreur. Si, par exemple, on a un incendie, un accident ou quelque chose
dé sérieux qui arrive, on s'assoira sûrement avec ces
gens-là. On essaiera de comprendre qu'est-ce qui s'est passé.
C'est évident. Mais les mécanismes pour solutionner ces
erreurs-là doivent encore être au plus bas niveau et non pas...
Parce que si on partait du principe qu'on doit établir un système
compliqué de contrôle des erreurs, on pourrait justifier une
armée importante au niveau du bureau chef, parce qu'on en aurait tous
les jours. Des erreurs, il y a seulement ceux qui ne font rien qui ne font pas
d'erreur
M. Farrah: Ça nuirait à la
créativité, etc. On a un climat., je comprends très
bien.
M. Ouellet: C'est ça.
M. Farrah: Deuxième question. Dans votre annexe, au niveau
des modèles de gestion des ressources humaines. Vous avez le
modèle traditionnel et le modèle nouveau. Il y a deux
éléments particulièrement qui attirent mon attention,
c'est dans le modèle traditionnel, pouvoir conféré par le
poste, alors que dans le nouveau modèle de gestion des ressources
humaines, c'est pouvoir conféré par la compétence et
l'influence. Ça m'apparaît très intéressant.
J'aimerais que vous élaboriez là-dessus, un. L'autre
élément important, au niveau des deux modèles, c'est
traditionnel, c'est transmission de l'information à partir du haut de
l'échelle et dans le nouveau modèle, c'est communication dans les
deux sens et latéral. Ce qui m'apparaît extrêmement
intéressant pour avoir le "feed-back" d'en bas justement, pour assurer
un service à la clientèle efficace, et aussi pour émettre
des politiques et des program- mes qui correspondent aux attentes du terrain et
aux attentes des gens qui l'appliquent sur le terrain. J'aimerais vous entendre
sur ces deux éléments-là du nouveau modèle de
gestion des ressources humaines.
M. Ouellet: Par exemple, au niveau... Il faut d'abord
rémunérer plus pour la contribution et le rendement que pour le
poste. On a chez nous de très grands spécialistes, soit en
métallurgie, soit en chimie, etc., et selon la hiérarchie des
tâches, ils se retrouvent souvent à un niveau intermédiaire
ou légèrement supérieur. Si le rendement de ces individus
est normal, on les paie selon la structure de salaire habituelle. Mais si, par
contre, on a de ces chercheurs, de ces spécialistes qui font des
découvertes importantes, qui ont une contribution très importante
au niveau, par exemple, d'un nouveau produit ou d'un nouveau
procédé, etc., if faut trouver des moyens pour reconnaître
ça, parce que, à ce moment-là, il faut payer pour la
compétence et non pas seulement payer parce que le poste se retrouve
à tel niveau, au niveau hiérarchique. C'est plus facile au niveau
des cadres, évidemment. Au niveau des conventions collectives on a des
limitations qu'on n'a pas au niveau des cadres non syndiqués. Il faut
vraiment chercher à avoir un système de
rémunération qui facilite ce genre de chose, c'est-à-dire
payer pour la contribution de celui qui est là, qui a fait un apport
important et pas nécessairement payer pour le niveau de la
tâche.
M. Farrah: Pensez-vous qu'un tel système peut être
applicable dans la fonction publique, compte tenu des conventions collectives,
entre autres?
M. Ouellet: Au niveau des conventions collectives, ça
m'apparaît difficile d'imaginer un système de la sorte. On a le
même type de problème chez nous. Au niveau des conventions
collectives, on est loin de s'être entendus sur ce type de paiement pour
la contribution. Ça pose toutes sortes de problèmes.
M. Farrah: Comment l'appliquez-vous, compte tenu que vous ne vous
êtes pas entendus?
M. Ouellet: Nous, on l'applique spécifiquement et
uniquement pour les cadres intermédiaires et les cadres
supérieurs. On ne l'applique pas pour les conventions collectives.
M. Farrah: Une dernière question, M. le Président,
si vous permettez. Un élément intéressant aussi de votre
mémoire, c'est à la page 9. Vous en avez parlé
brièvement avec mon collègue, le député de
Saint-Louis. Lorsque vous dites, à l'avant-dernier paragraphe: "Une
entreprise ne peut imposer des mesures drastiques durant les années de
vaches maigres et reprendre
ensuite de l'embonpoint au cours des années plus
prospères. Il faut plutôt chercher à éliminer les
activités non essentielles, celles qui n'ajoutent rien de significatif
à la valeur du produit ou du service." Ça, ça
m'apparaît excessivement intéressant et, moi, je suis
essentiellement d'accord avec ça. Ce n'est pas parce que tu as plus
d'argent qu'il faut que tu mettes des structures pour le plaisir. L'important,
c'est d'avoir une structure efficace, une structure à laquelle
correspond le service qu'on veut donner à la population. Alors, qu'il y
ait une récession ou qu'il n'y en ait pas, il faut que ta structure soit
quand même très efficace. C'est ça que vous voulez dire, je
pense bien.
M. Ouellet: Vous avez tout à fait raison, M. le
député.
M. Farrah: Alors merci, monsieur
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que chez vous, chez
Alcan, vous reconnaissez l'excellence et vous récompensez l'excellence,
les meilleurs?
M. Ouellet: Tout à fait
Le Président (M. Lemieux): Vous êtes d'accord qu'il
y en a qui sont meilleurs que d'autres. Il y a des bons, des moins bons et
ainsi de suite.
M. Ouellet: Absolument. C'est la nature humaine et on a
même un système qui fait qu'on veut reconnaître
l'excellence, non seulement la reconnaître au niveau de la
rémunération, mais la reconnaître dans d'autres formes dont
on parlait tantôt.
Le Président (M. Lemieux): Malgré qu'au niveau des
conventions collectives vous ayez certaines difficultés, vous essayez de
rechercher les moyens pour avoir à atteindre cet objectif-là?
M. Ouellet: Oui. Absolument, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Ça va. Alors, M.
Ouellet, nous vous remercions de votre collaboration et de votre participation
à cette commission parlementaire. De vous être
déplacé pour venir témoigner ici, devant les membres de la
commission, témoigne de votre intérêt à la
collectivité et on vous en remercie.
M. OueNet: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Nous allons suspendre trois
minutes pour permettre à l'Office des ressources humaines de bien
vouloir prendre place, s'il vous plaît, à la table des
témoins. Quant aux personnes qui sont debout en arrière, il reste
encore des sièges ici, si elles veulent s'asseoir.
(Suspension de la séance à 12 h 7)
(Reprise à 12 h 12)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! S'il vous plaît, M. le député de
Saint-Louis.
M. Chagnon: Oui, présent.
Le Président (M. Lemieux): Présent, à votre
siège. À l'ordre, s'il vous plaît! La Commission du budget
et de l'administration reprend ses travaux pour entendre M. Jocelyn Jacques,
président de l'Office des ressources humaines. M. Jacques, auriez-vous
l'amabilité de bien vouloir vous identifier pour les fins
d'enregistrement au Journal des débats et de nous
présenter les gens qui vous accompagnent.
M. Jacques (Jocelyn): Jocelyn Jacques, président de
l'Office des ressources humaines. Je suis accompagné, à ma
droite, de Mme Nicole Charette, vice-présidente carrière et
mobilité, Mme Francine Roy, vice-présidente au
développement des politiques et support et M. Yvan Cliche, responsable
de la recherche et du développement
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie. Oui, M. le
député de La Prairie.
M. Lazure: M. le Président, compte tenu de l'heure, est-ce
que nous pourrions demander au président de l'Office de bien vouloir
s'en tenir peut-être aux 20 minutes habituelles parce qu'on a beaucoup de
questions à lui poser dans l'autre période, dans les 40 minutes
qui resteront après ça.
Le Président (M. Lemieux): Quitte à ce que nous
évitions d'aller dîner, M. le député de La
Prairie.
M. Lazure: Bien, ça, c'est un autre problème parce
que nous avons un caucus à 13 h 30.
Le Président (M. Lemieux): Ah bon! O.K. Alors, ça
va. Ce n'est pas la convention collective.
M. Lazure: Non, non.
Le Président (M. Lemieux): Ça va. S'U vous
plaît, M. Jacques, si vous voulez bien essayer, dans la mesure du
possible, de vous en tenir à ces 20 minutes parce que je suis bien
conscient que votre texte a 19 pages. Nous venons de l'avoir. On n'a pas pu en
prendre connaissance
et je pense que la lecture de ce texte, ça veut peut-être
dire une demi-heure ou 45 minutes.
Alors, si vous pouviez simplifier dans la mesure du possible, s'il vous
plaît. Nous vous écoutons.
M. Jocelyn Jacques
M. Jacques: Ça me fera plaisir, M. le
Président...
Le Président (M. Lemieux): Merci.
M. Jacques: ...et je vais même viser à être un
peu plus court que les 20 minutes.
M. le Président, distingués membres, je vous remercie de
l'invitation que vous m'avez faite de participer à vos travaux relatifs
à un sujet non seulement important, majeur pour notre appareil public,
mais un sujet qui me tient particulièrement à coeur.
Vous vous attendez sans doute à ce que je réponde aux
questions fondamentales que vous vous posez - je vais le faire de mon mieux -
lesquelles questions sont contenues dans un excellent document de consultation
que vous avez rendu public en juin dernier. Vous devez également
souhaiter que je rende compte de l'exercice des fonctions que la loi a
confiées à l'Office des ressources humaines dont j'assume la
direction depuis avril 1988, avec l'appui, soit dit en passant, d'une
équipe de personnes compétentes et dévouées
à qui j'aimerais rendre hommage devant vous.
Avant de me prêter à la réponse aux questions qui
vous préoccupent, vous me permettrez, je l'espère, de
réfléchir un peu avec vous sur l'importance stratégique
que prendront, à mon avis, les ressources humaines et leur gestion au
cours des années quatre-vingt dix.
Votre commission est appelée à exercer une influence
déterminante sur le développement du mode d'organisation et de
gestion de ces ressources. Or, il est évident que des changements
prennent un temps appréciable pour s'opérer dans une entreprise
de service de la taille de la fonction publique. C'est pourquoi j'ai
pensé qu'il pourrait être utile également de projeter un
regard en direction de l'an 2000 pour mieux esquisser le mode d'organisation et
de gestion ainsi que le type de ressources humaines qui seraient souhaitables
dans cette perspective. Je terminerai avec l'identification de certains points
qui nous préoccupent particulièrement, actuellement, ou qui sont
en fait pour nous des défis.
Tout d'abord, un rappel. J'aimerais vous rappeler que la loi de 1983 a
été un tournant marquant pour l'aspect législatif
encadrant la fonction publique. Nous sommes effectivement passés d'un
cadre réglementaire technique normatif vers une législation
à saveur d'orientation, de cadre général et de politique.
Je pense que beaucoup de personnes ont minimise ce tournant et que nous
commençons dans les faits, dans beaucoup de cas, à voir les vrais
effets et je tiens à vous dire que ça me paraît normal.
Lorsqu'on parle de valeurs, d'attitudes, de comportement dans une énorme
machine comme le gouvernement du Québec, je pense que c'est
inévitable. C'est à la fois, cette nouvelle loi, un esprit et une
façon de faire et, disons-le, il y a beaucoup d'apprentissage à
faire là-dedans. Je crois qu'il faut tenir compte de cette situation
avant, peut-être, de porter certains jugements qui pourraient
paraître sévères.
Dans un premier temps, M. le Président, j'aimerais vous
résumer qu'est-ce qui imprègne notre présence et notre
présentation. Tout d'abord, une chose, pour nous, est fondamentale, et
les premières pages de la déclaration sont consacrées
à cette description. Je vous ia rappellerai tout simplement. Je crois
que tout le monde sent - et vous particulièrement au niveau de
l'Assemblée nationale - que le rôle de la société...
en fait, qu'il y a beaucoup de changements qui sont déjà en
cours. Ça touche le rôle du gouvernement, ça touche ses
priorités, ça touche ses façons de faire. Nous sentons
tous cela. J'aimerais vous rappeler que, considérant l'effectif que nous
avons dans la fonction publique, qui est en moyenne... Nos professionnels, par
exemple, ont en moyenne 43 ans; on en a environ 13 000. Nos cadres
supérieurs ont environ 47 ans; on en a un peu plus de 2000. Nos cadres
intermédiaires ont environ 48 ans; on en a 2500 à 2600. Ce que
j'aimerais vous rappeler, c'est que ce tournant que nous sentons tous devoir
faire, nous allons devoir le faire essentiellement avec les personnes en place.
Ça, je pense qu'on l'oublie et ça va devenir un défi
important, mais, à mes yeux, fascinant.
Comment enclencher un virage avec des personnes qui sont là, qui
sont matures maintenant, qui sont compétentes, qui ont beaucoup
d'expérience, qui ont vécu toutes sortes de choses, des bonnes
comme des moins bonnes? Ça, pour la gestion publique en
général, ça sera une tâche majeure pour les
années à venir. Je pense que, malheureusement, certaines
personnes oublient ça, oublient que nous devrons le faire avec les
personnes en place, essentiellement, soit qu'on le néglige ou soit tout
simplement qu'on ne veuille pas le voir parce que, dans certains cas, ça
pourrait peut-être être un défi inatteignable. Ça
veut dire - j'y reviendrai tout à l'heure très rapidement - que
nous devrons absolument développer de nouvelles conceptions. Par
exemple, la carrière, nous sommes habitués à la voir de
façon verticale. C'est automatique, qui dit carrière dit
promotion. Je pense que, dans la situation où nous sommes et où
nous serons dans les années à venir, carrière devra aussi
prendre d'autres sens que la mobilité horizontale. Le
développement devra aussi passer beaucoup par la mobilité et les
expériences diversifiées, la polyvalence. Ça, ça
vaut pour nos professionnels comme pour nos cadres.
Et que dire de la relève, aujourd'hui, parce que vous savez que
10 ans dans une institution comme la fonction publique, ça vient vite
parce que les âges des institutions ne sont pas sur la même cadence
que nos âges à nous. Ça, je pense que c'est un des messages
que nous voulons vous passer, se rappeler que ce virage devra être fait
avec essentiellement des personnes qui sont là en place.
Le deuxième message majeur ou la deuxième raison
d'être de notre présentation, c'est que la ressource humaine -
d'autres groupes l'ont dit, d'autres vont le répéter, je
l'espère - c'est véritablement la ressource stratégique
pour les années à venir. Pourquoi faut-il se le rappeler? Bien,
malheureusement, je pense que dans le secteur public, souvent, la ressource
humaine on la prend pour acquise. On prend pour acquis qu'elle va suivre, on
prend pour acquis qu'elle va naturellement, personnellement, facilement
évoluer et c'est un peu la mauvaise définition ou
l'inconvénient que nous avons développé avec la
sécurité d'emploi. Les considérant là pour un peu,
toujours, on les prend pour acquis.
Je crois qu'il faudra changer nos façons de voir
là-dessus. J'aimerais, là-dessus, vous citer un texte de M.
Benoit Morin, secrétaire général du gouvernement, qui,
lors de la signature d'un protocole d'entente, le 16 octobre dernier,
déclarait ce qui suit. Faisant référence au monde qui
change et aux impératifs qui en découlent, il signalait que les
autorités de nombreux pays "s'attaquent avec vigueur à un certain
nombre de faiblesses structurelles ou fonctionnelles devenues chroniques,
considérant que le poids des changements qui surviennent dans leur
environnement ne leur permettra plus de tolérer ces carences " II
ajoutait qu'"on accorde partout une priorité à la révision
de la gestion des organisations, à la gestion des politiques, à
la gestion des ressources, particulièrement les ressources humaines. "
Sur les ressources humaines, il disait explicitement: "... dans un tel contexte
de changement, les personnes continueront, plus que jamais, de constituer la
"ressource", le facteur le plus stratégique. A l'évidence, ce
seront elles qui feront la différence. Et ce, en fonction du type, du
degré de leur développement, de leur habileté, etc. "
Donc, mon credo - et il est partagé par beaucoup d'autres de plus
en plus, et particulièrement par mon équipe - c'est la ressource
humaine. Le privé l'a compris. Je pense que vous avez eu des exemples,
je ne reviendrai pas là-dessus. Il a surtout compris que c'est le
véritable avantage comparatif. La technologie, on peut se la procurer,
surtout avec la mondialisation, les tarifs, les barrières qui tombent.
Toute organisation peut se procurer de plus en plus facilement la technologie
de fine pointe. Les structures, on peut toujours les changer. Les politiques et
les procédures, on peut les abolir, en faire d'autres. L'information,
c'est un phénomène; elle est accessible. La ressource humaine,
c'est le facteur comparatif. Les organisations dans le secteur privé ont
compris ça, que si elles veulent performer, si elles veulent
dépasser les autres, elles doivent miser là dessus.
C'est le multiplicateur des autres sources. C'est la façon avec
laquelle je résume ça. C'est le virus capable de maintenir ou de
bonifier le fonctionnement des systèmes. Si on la néglige, les
coûts cachés sont énormes. En fait, j'aimerais vous
rappeler que dans beaucoup d'entreprises privées où on a
calculé les coûts de la non-qualité, laquelle est souvent
due à la gestion des ressources humaines, on l'estime de 20 % à
30 % du fonctionnement. Je crois que dans le secteur public on devra se
rappeler ça.
Notre troisième message est le suivant Ressources humaines
stratégiques,. vous. allez me dire. Qu'est ce que ça veut dire?
[Est- ce qu'il y a moyen d'être opérationnel? On l'a entendu, mais
est-ce que vous pourriez nous indiquer de la façon la plus claire
possible qu'est-ce que ça veut dire concrètement, pratiquement,
parce que j'ai suivi vos travaux et je sais que beaucoup d'entre vous sont
préoccupés par l'aspect pratique? Qu'est-ce qu'il faut faire?
Qu'est-ce que vous en pensez?
La façon dont je résume ça, c'est que ressources
humaines stratégiques, ça veut dire que la préoccupation
ressources humaines doit venir dès le début des décisions
importantes. Par exemple, on ne peut plus se contenter d'imaginer des
changements de structure, des changements de mission d'une organisation, des
changements de rôle et, après, se poser la question: Oui, mais
quel va être l'impact sur nos ressources humaines9 II faut
inverser ce processus-là La préoccupation ressources humaines
doit être présente dès le début de la
démarche de la décision stratégique.
Alors, ressources humaines, fonction stratégique, c'est ça
ce que ça veut dire. On ne peut plus se contenter de les mettre à
la fin et se poser la question au bout du processus: Mais qu'est-ce qui va
arriver à nos ressources humaines?
D'un point de vue gestion, nous avons une section là-dessus.
Essentiellement, j'aimerais vous rappeler que ça veut dire
assouplissement au maximum. D'autres groupes vous en ont parlé; j'y
tiens. Il y a eu beaucoup de fait là-dessus, particulièrement
à l'ORH, vous le savez, on vous l'a dit. Je pense que mon organisme et
j'en suis fier, c'est carrément inscrit dans l'esprit de la loi 83.
Certains lui reprochent même d'être allé trop vite. Nous
pourrons en discuter tout à l'heure, et c'est peut être vrai
à certains égards.
Nous avons de plus en plus de politiques générales, mais
l'assouplissement, à nos yeux, ça doit se continuer La
délégation doit se poursuivre, mais en s'intensifiant. Pour en
venir à ce que le gestionnaire - le véritable acteur dans la
gestion des ressources humaines, c'est le ges-
tionnaire, le cadre - soit le pivot, le centre. Et nous tous, du secteur
des ressources humaines, que ce soit au central comme dans les
ministères et organismes, nous avons réalisé que nous
sommes des supports. Et ça, c'est difficile à comprendre, c'est
difficile à vivre.
J'y reviendrai, mais passer d'un rôle de pouvoir à un
rôle d'influence, c'est un défi énorme pour une
organisation. Le pouvoir est tentant, le pouvoir semble facile, lorsqu'on le
donne dans une loi, une politique, une norme, mais je vous rappelle que
ça, c'a déjà été vécu au
Québec! Nous avons tenté cette approche-là. Et je serais
très malheureux si nous devions y revenir systématiquement d'une
façon générale.
Ceci dit, en passant, je ne suis aucunement opposé à ce
qu'on réserve certaines choses, on pourrait en parler tout à
l'heure. Mais, d'une façon générale, je vous invite
à ne pas tomber dans ce piège et de relire les mémoires
qui ont été déposés en 1981-1982 où
là, précisément, on critiquait le central, la norme, I
étouffement du système. Gestion, ça veut dire
flexibilité, souplesse.
Je vais vous donner un exemple, pour nous, ce que ça peut vouloir
dire. Dans la dotation, par exemple - nous y reviendrons - il y a un
défi énorme. Il faut que la dotation en vienne à
être au service du gestionnaire. Il faut qu'il en vienne, qu'il soit
convaincu que ce sont des outils qu'il a, et non pas des contraintes, des
empêchements, des choses à suivre. Et là-dessus, je ne suis
absolument pas les conseils de M. Bisaillon qui vous invitait à mettre
le processus de dotation dans la loi. Je pense que ce serait un recul majeur et
je ne peux absolument pas partager ce point de vue. La dotation doit devenir
comme étant perçue au service. Actuellement, c'est encore
perçu comme des obstacles. Nous, nous avons encore du boulot à
faire là-dedans, des choses à changer. Mais c'est ça,
l'objectif. Ça doit devenir perçu comme des outils.
Vous allez me dire: Oui, mais, dans un tel contexte, central, ça
fait quoi? Un ORH ou un équivalent, quel rôle ça fait? Il y
a même deux personnes ici qui vous ont dit qu'elles ont tellement bien
fait leur rôle elles doivent disparaître. Je me la suis
posée, la question.
Le Président (M. Lemieux): Vous l'avez dit, vous aussi,
dans un de vos discours, M. Jacques.
M. Jacques: Disparaître, c'est fort. Je vais vous expliquer
l'idée. Je pense que M. Dumais était particulièrement
optimiste. Nous avons fait la réflexion. Je me suis posé la
question et j'ai constaté que, dans les grosses organisations, dans les
multinationales, par exemple - et je crois qu'il y a eu un exemple qui a
précédé, ici, tout à l'heure - au Mouvement
Desjardins, il y a au central une fonction ressources humaines. D'une part,
ça m'a rassuré - je venais d'être nommé
président - et, d'autre part, j'ai surtout cherché qu'est-ce
qu'ils font, qu'est-ce qu'il leur reste une fois que la décentralisation
est réellement enclenchée, une fois qu'on contrôle bien le
système. Là-dessus, je dois vous avouer qu'on a des points
à marquer. Qu'est-ce que ça fait?
Puis l'autre question qui se pose, c'est: Ça contrôle
comment, une fonction centrale ORH et quel genre de leadership existe? Je
voudrais traiter rapidement ces trois points-là, parce que je sais
qu'ils vous tiennent à coeur et je sais que vous vous interrogez
beaucoup là
II a dit: II y a deux façons de voir le conseil, parce qu'un
organisme central, ça conseille. Il a dit: "On peut s'asseoir et
attendre ou devenir pro-actif." Il y a une chose qu'il a oublié de dire:
Dans la fonction conseil, si le client ne le désire pas, il ne sera pas
acheteur, et c'est là qu'est le changement. J'ai beau dire de l'Office
des ressources humaines qu'il y a des belles choses de disponibles, si le
client ne le veut pas, ça ne passera pas, et je ne suis pas sûr
que de lui imposer, ce serait mieux.
Ça fait quoi donc un organisme central? Ça monte des
tableaux de bord; ça identifie les grands phénomènes;
ça met le doigt sur les problèmes de fond; ça anime la
concertation - et là-dessus il y a des progrès rapides qui se
font, particulièrement avec les comités des sous-ministres -
ça la nourrit. Ce n'est pas de l'angélisme dont je vous parle,
c'est d'une nécessité. La gestion des ressources humaines dans
les années à venir passe par la concertation, l'implication des
gestionnaires, l'implication des organismes centraux et l'implication des
décideurs. Ça passe par là, j'en suis convaincu. C'est la
seule façon d'imprégner la gestion en général et
c'est la seule façon d'entraîner plutôt que de forcer. En
fait, il faut partager les problèmes. Le contrôle se fait comment?
Et là je vais peut-être vous surprendre; il se fait par des
valeurs, par des préoccupations corporatives, par le partage de
problèmes et par des discussions ou des façons de voir qui
doivent devenir générales le plus possible et qui doivent
être partagées.
Le contrôle, c'est une nouvelle définition qu'il y a
derrière cette philosophie-là. Il ne se fait pas du haut vers le
bas, il se fait de façon horizontale. Ça, c'est nouveau, et il
faudra encore plus apprendre à vivre ça. Vous allez me dire: Tout
ça est naïf. Certains vous l'ont sans doute dit. Tout ça est
utopique. C'est une mode passagère. Ne vous en faites pas, je tiens
à vous
rappeler que ça se fait Plusieurs grandes orga nisations,
particulièrement dans le secteur privé, l'ont fait, et on ne peut
pas rejeter du revers de la main leurs expériences. D'autres veulent le
faire; d'autres y pensent. La France est un bel exemple. Imaginez qu
actuellement le gouverne ment français s'attaque aux conceptions bureau
cratiques de l'appareil français. Qui aurait pu imaginer ça il y
a à peine trois ans?
À plusieurs égards, la France était pour nous, en
termes de gestion, un exemple à ne pas suivre. Moi, je l'ai même
enseigné. Je suis heureux de voir qu'aujourd'hui, il se retourne de
bord. Opération 2000 au gouvernement fédéral essaie de le
faire. Le gouvernement de l'Ontario essaie de le faire. Moi, je suis convaincu,
en m'inspirant d'exemples plus près de nous comme Cascades qui le fait,
IBM Bromont le fait, Hyundai qui est en train de le faire, donc, que c'est
faisable. Je vous mets en garde contre ceux qui vous disent: Tout ça
c'est bien beau, mais c'est naïf, c'est utopique, c'est trop
théorique, c'est décroché de la réalité.
Un des derniers points que je voudrais soulever avec vous, parce qu'on
me dit qu'il me reste trois ou quatre minutes, si je veux respecter la demande
de M. le Président, j'aimerais terminer rapidement avec des
préoccupations que nous avons actuellement. L'utilisation maximale des
ressources humaines, nous en sommes très préoccupés, et
là-dessus, nous sommes heureux de constater que suite, entre autres,
à nos travaux, à nos réflexions et, à plusieurs
égards, à notre insistance, il y a une nouvelle politique qui a
été adoptée le 25 septembre dernier, politique qui vise
l'utilisation maximale des cadres et l'évaluation, leur rendement, etc.
Je suis heureux, parce que cette politique est très moderne et elle
s'inspire des réalisations les plus récentes qui ont
été faites ailleurs.
Un autre point qui nous tient particulièrement à coeur:
les concours et l'image des concours. Vous en avez entendu parler. Vous avez
certainement entendu toutes sortes de choses là-dessus. Moi aussi,
n'ayez crainte. Mais il y a quelque chose de particulièrement important
là-dedans pour les cadres. Je crois qu'on pourra y revenir plus en
détail, particulièrement avec l'aide d'une de mes
vice-présidentes; on a de bonnes raisons pour expliquer l'image des
concours. On pourra y venir, mais j'aimerais vous rappeler une chose, je crois
que, particulièrement pour les cadres - et c'est surtout à ce
niveau-là que l'image est ternie - il y a des choses à changer
dans notre notion de concours et je pense qu'on a pris trop facilement pour
acquis qu'on pouvait choisir un cadre de la même façon qu'on
pouvait choisir un professionnel, un techlcien ou autre. Il y a des
particularités qu'on n'a pas réussi encore à
intégrer dans nos mécanismes d'évaluation ou de "testing".
Ces particularités, ce sont les valeurs, les aspects de la
personnalité et surtout les dossiers des cadres.
Ça, je dois admettre que nous avons peu d'information Qui
sont-ils? Dans quoi sont-ils bons? Dans quel contexte sont-ils performants?
Ça, ça manque énormément d'un point de vue central
au point de vue du gouvernement. Il faut mieux les connaître Je vous
rappellerai que, dans le secteur privé, la notion de concours de cadre
est très peu présente. On les choisit à partir de leur
performance, à partir de références ainsi que des tests,
mais surtout au niveau de la personnalité. On a des questions à
se poser sur la façon de juger nos cadres.
Troisièmement, la spécialisation nous inquiète
grandement. Tant au niveau des professionnels que des cadres, la
spécialisation est trop présente, est trop forte. Nous insistons
trop sur le cas par cas. Mais je vous rappellerai que de passer du cas par cas
à des mécanismes de planification ou d'orientation, ça va
demander toute une révolution dans notre machine. Elle est axée
sur la gestion du cas par cas lorsqu'on parle des personnes. La
spécialisation nous inquiète, surtout pour le futur, et un de nos
défis c'est de convaincre non seulement les cadres que la
spécialisation peut leur jouer des tours, mais même nos
professionnels. Amener peut-être - et ça va vous sembler
complètement utopique - certains cadres à dire: Oui, on m'offre
une promotion actuellement, elle est peut-être possible, rentable
à court terme, mais je me dois pour mon futur, peut-être, de la
retarder ou de la remettre en cause.
Je termine en disant un ou deux autres points qui nous
intéressent particulièrement: le profil de nos gestionnaires pour
les années à venir, qu'est ce que nous voulons Nous savons qu'il
y a des choses qui doivent changer. Le tableau de bord, nos tests, j'en ai
parlé, il faut les réviser, être absolument innovateurs et
suggérer des nouveaux mécanismes pour la mobilité, et
j'inclus la mobilité avec les réseaux, chose qui n'a jamais
été faite. Je ne sais pas s'il y a des obstacles
infranchissables, mais H faudra les regarder. Et je termine en disant: Au
niveau de la recherche, je pense que, règle générale, au
gouvernement du Québec, nous ne sommes pas assez comparatifs et pas
assez prospectifs, et ça, c'est un défi que nous nous sommes
donné.
En terminant, M, le Président, avant de passer à la
période de questions, je suis optimiste malgré tout cela,
malgré les imperfections, parce que beaucoup a été fait.
La machine est enclenchée partout, et je suis surtout optimiste parce
que j'aimerais vous rendre un hommage, la classe politique
québécoise. C'est rare qu'on le fait. J'ai fouillé, j'ai
regardé et le gouvernement du Québec est le seul gouvernement
à avoir, en l'espace de huit ans, regardé de façon
systématique, à deux reprises, le fonctionnement de son appareil,
particulièrement de ses ressources humaines. Ça, c'est
encourageant et ça, je pense, est prometteur d'avenir. Je tiens à
vous féliciter de le faire. Je vous remercie.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. Jacques.
Seulement un petit commentaire avant de passer la parole au
député des Îles-de-la-Madeleine. Vous savez, la
naïveté en certaines circonstances peut cacher un sentiment d'agir,
et elle est peut-être l'adage de cette vieille phrase de Machiavel qui
disait: La force du lion et la ruse du renard. Alors, comme vous êtes
anciennement de l'ENAP, vous devez comprendre ce que je veux dire. M. le
député des Îles-de-la-Madeleine, la parole est à
vous.
M. Farrah: Merci, M. le Président. Dans un premier temps,
au nom des membres de ma formation politique, on vous remercie infiniment
d'avoir accepté notre invitation de venir ici à la commission.
C'est avec beaucoup de plaisir qu'on vous reçoit, sauf que je
déplore un peu peut-être... on aurait aimé recevoir le
mémoire préalablement pour pouvoir le lire, l'utiliser. Quand
même, en tout cas, on peut comprendre peut-être ce qui s'est
passé.
D'autre part, je vais dans le vif du sujet, M. Jacques. Je dois vous
dire qu'à mon point de vue, ça demeure quand même
très théorique. Peut-être par déformation
professionnelle, je ne le sais pas. Ça me semble des voeux pieux, parce
que je n'ai pas quelque chose de quand même très concret. Des
mécanismes de mobilité, mais lesquels? Bon, toutes sortes de
belles choses. Et d'entrée de jeu, c'est: Est-ce qu'il y a une
concertation continue entre les organismes centraux, les ministères, les
organismes quant à l'établissement des priorités des
grandes orientations, des politiques et programmes en matière de gestion
des ressources humaines? Tantôt, on a eu le président de la
Société de l'assurance automobile du Québec qui nous
disait justement qu'il était très peu consulté sur les
politiques aux orientations, et, dans votre discours, vous avez fait
état de concertation. Je pense que ce sont des beaux termes, ça.
Est-ce que ça existe vraiment en termes concrets? C'est là qu'on
peut porter le jugement, au-delà des voeux. Et je sais quand même
- je ne vous vise pas personnellement, vous êtes là depuis 1988 -
je vise tous les gouvernements ou tous ceux qui sont passés là.
Mais est-ce qu'il existe un mécanisme de concertation continue?
Le Président (M. Lemieux): Et ce, depuis que vous
êtes président, effectivement, M. Jacques
M. Jacques: Avant de parler de la concertation, si elle existe,
j'aimerais revenir sur la mobilité où notre approche vous parait
théorique. De votre point de vue, je comprends parfaitement. Cependant,
j'aimerais vous rappeler que, pour ce qui est de la mobilité, nous en
sommes encore à l'époque, malheureusement, où nous devons
expliquer, vendre, et beaucoup de mes collègues dans les ressources
humaines partagent le problème, nous en sommes encore à
l'époque où il faut expliquer le pourquoi de la
mobilité.
La mobilité, et c'est une des choses qu'il faut contribuer
à changer, est encore vue, dans beaucoup de cas, de façon
péjorative. Lorsque quelqu'un indique qu'il veut bouger,
immédiatement, des doutes s'installent. Nous en sommes encore là.
On se dit que s'il veut bouger, c'est parce qu'il y a quelque chose de pas
correct. Son patron ne doit pas l'aimer, ou il doit mal s'entendre avec son
patron. Nous en sommes là, malheureusement. Il y a encore beaucoup de
travail à faire.
M. Farrah: Sauf qu'à un moment donné, il va falloir
passer aux actes. Ça ne peut pas prendre 15 ans non plus. Il va falloir
qu'il y ait une force de persuasion ou arriver avec des choses concrètes
quand même, je pense. Parce que les défis qui nous attendent, eux,
ils sont là présents. Et à un moment donné, il va
falloir qu'on se concerte pour pouvoir justement les affronter ces
défis-là.
Le Président (M. Lemieux): Pour revenir, M. Jacques,
à la question très précise du député des
Îles-de-la-Madeleine, parce que je ne voudrais pas avoir l'impression que
vous êtes un peu comme un ministre qui ne voudrait pas répondre,
on a souvent cette expérience-là, nous, de notre bord, vous
savez, et l'Opposition aussi. On l'a déjà eue. Est-ce que
ça existe, est-ce que vraiment il y a une concertation avec des
organismes centraux actuellement? Je pense que vous êtes suffisamment
informé au sein de la gestion des ressources humaines pour, vous savez,
nous donner, là, vraiment une réponse qui est claire, nette et
précise sur ce sujet.
M. Jacques: Je pense que c'est clair que ça n'existe pas
assez.
Le Président (M. Lemieux): Bon. Ça va. C'est
ça qu'on veut savoir.
M. Jacques: Cependant, il y a des exemples récents qui
sont prometteurs, ça commence.
Le Président (M. Lemieux): Ça commence?
M. Jacques: Réellement, ça démarre. Il y a
deux exemples très concrets, qu'on peut citer, qui ont été
faits on concertation.
Le Président (M. Lemieux): Citez-nous-les.
M. Jacques: Avec l'implication, par exemple, des comités
de sous-ministres du Trésor et de l'Office des ressources humaines. La
nouvelle politique de développement des cadres est un exemple...
M. Farrah: II y en a qui ne sont pas là.
Une vpix: Pardon?
M. Farrah: Les présidents d'organisme ne sont pas
là.
M. Jacques: Pardon?
M. Farrah: Les présidents d'organisme ne sont pas
là.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que les dirigeants
d'organisme sont là?
M. Jacques: Non, les présidents d'organisme ne sont pas
présents à ces mécanismes pour le moment.
Le Président (M. Lemieux): O.K. Ça va. Une voix:
Pour quelle raison?
M. Farrah: Non, mais là, poursuivez, c'est votre...
M. Jacques: Je pourrai y venir sur les raisons, de la
façon avec laquelle moi, je les vois et les explique. Donc, M n'y en a
pas assez. Je pense que c'est la voie du futur. Il y a des exemples
récents, importants, majeurs qui se sont faits. J'en ai cité
deux, les deux politiques, tout en avouant, donc, que ça commence
à peine. Mais c'était sans doute une des choses qui, dans
l'application de la loi, a pris le plus de temps à comprendre.
Le Président (M. Lemieux): On est conscients de ce qui
s'est fait au niveau du comité d'implantation de la loi. On sait qu'il
n'y en a eu seulement deux, réunions. Alors, ce n'est pas la mer
à boire, on est au courant de ça. On a les dates, on a les heures
et on sait combien de temps c'a duré. C'est pour ça qu'on voulait
avoir la réponse.
M. Farrah: Pour quelles raisons, M. le président, les
directeurs, les présidents d'organisme ne sont pas mis à
contribution?
M. Jacques: Ça a toujours été le cas, c'est
le problème. Il aurait été intéressant que vous
posiez la question à M. Bernard, parce que, lorsqu'il était
secrétaire général du gouvernement, il avait un peu le
même réflexe. Ce qui semble être une cause objective, c'est
la différence au niveau du mode de fonctionnement. La plupart des
organismes - et j'en suis un, mais je suis aussi une exception, je suis le seul
président d'organisme qui a le droit de siéger au forum des
sous-ministres ou qui a rang de sous-ministre - la plupart des
présidents d'organisme ont des mandats spécifiés dans une
loi. Ce qui fait que leur rôle est beaucoup plus précis, beaucoup
plus cernabie et, à cet égard, différent du rôle
d'un sous-ministre qui, lui, a des préoccupations beaucoup plus
générales. Donc, là, les préoccupations ne sont pas
les mêmes. Les intérêts ne sont pas toujours les mêmes
et c'est ce qui fait que l'arrimage semble difficile. Et il y a peut-être
aussi une question de nombre Nous sommes 25 sous-ministres, d'ajouter je ne
sais pas combien de présidents et on s'arrête où avec les
présidents, parce qu'il y en a de différentes tailles. Vous ave?
vu la Régie des rentes, vous avez vu l'assurance automobile...
M. Farrah: Sauf que 35 % des effectifs régis par la Loi
sur la fonction publique sont dans les organismes.
M. Jacques: C'est un fait.
M. Farrah: C'est quand même considérable. (12 h
45)
M. Jacques: C'est un fait. Moi-même, j'ai, pour ce qui est
de la politique des cadres, rencontré les présidents ou
vice-présidents d'organisme pour en discuter avec eux. J'étais
accompagné, à ce moment-là, l'an passé, de M.
Pierre Bernier, qui est aujourd'hui à la mission gouvernementale,
à l'ENAP. Évidemment, c'a été très bien
accueilli. Je crois que dans beaucoup de cas on est capables quand même,
sans peut-être avoir un mécanisme officiel, d'aller chercher leur
avis. Moi, pour ce qui est de la politique des cadres, je l'ai fait. Nous
l'avons fait à l'Office. Nous les avons contactés et veuillez me
croire que la réception a été extraordinaire.
M. Farrah: Une autre question maintenant. La
délégation complète aux ministères et organismes
des concours de promotion et de recrutement des cadres supérieurs par
l'Office des ressources humaines vous permet-elle de vous acquitter de votre
responsabilité de planifier et de développer la carrière
du personnel d'encadrement? Parce qu'on sait que dans la Loi sur la fonction
publique, l'article 99, 12e alinéa, dit: "d'instaurer et de maintenir,
en collaboration avec les ministères et organismes et
conformément aux politiques établies par le Conseil du
trésor, un système de planification et de développement de
la carrière du personnel d'encadrement." Alors, le fait d'avoir
délégué, est-ce que vous pouvez vous acquitter de cette
tâche de façon efficace?
Le Président (M. Lemieux): Comment planifier, M.
Jacques...
M. Farrah: Avez-vous les pouvoirs de le faire?
Le Président (M. Lemieux): alors que c'est chaque
ministère qui effectue l'encadrement?
M. Farrah: Suite à une délégation.
M. Jacques: Solon l'approcho dont je vous ai parlé, et
sans doute que je demanderai à une de mes vice-présidentes de
compléter là-dessus, comment planifier? Pour répondre
à votre question, nous, nous croyons quo, pour atteindre cet objectif,
le seul véritable moyen d'y arriver, c'est par un partage - j'insiste
sur le mot partage - de profil de cadre au niveau central, au niveau
interministériel. Qu'est-ce que nous voulons comme cadre pour les
années à venir? Je dis: Partage, parce que la méthode
normative autoritaire a déjà été essayée et
elle n'a pas atteint les objectifs non plus. La gestion centrale des cadres,
dans le sens de vouloir faire bouger les cadres un peu malgré eux
souvent, de con vaincre un sous-ministre qu'il doit se départir de tel
bon cadre pour l'envoyer ailleurs, je n'y crois pas. Je n'y crois pas parce que
je pense que ça va développer des résistances
énormes et toutes sortes de trucs pour l'éviter. Mais la gestion
centrale dans le sens de qu'est-ce que nous voulons comme cadre, d'amener les
responsables à se poser des questions en conséquence, de
définir des profils de cadre... Si nous en venons à passer des
messages que, pour devenir classe III, il faut avoir vécu des
expériences vraiment diversifiées, il faut avoir fait preuve,
soit en termes d'apprentissage théorique ou pratique, qu'on a
effectivement acquis une base en gestion; si, pour devenir classe II, il en
faut encore plus en termes d'exigences, là, je pense qu'on va atteindre
l'objectif et qu'on les nomme en fonction de ça. Ça sera la seule
preuve qui va faire. Mais je pense que l'approche, je dirais autoritaire, ne
fonctionnera pas. Il faut que ça soit partagé. Il faut d'abord
s'interroger sur ce qu'on veut comme cadre. Sur quoi veut-on qu'il soit surtout
apte à développer des habiletés, etc.?
Là-dessus, on a la chance d'avoir Mme Charette qui vient du
fédéral, entre guillemets, où ils prennent un peu une
approche comme ça. Si vous permettez, je lui demanderais de
compléter.
M. Farrah: Oui. Avant de passer à madame, est-ce que vous
pensez qu'il faut récupérer certains de ces pouvoirs-là,
oui ou non? Concrètement, là.
M. Jacques: Je pense qu'il faut les récupérer. Il
faut arriver comme s'ils étaient récupérés et il
faut que ça devienne partagé. Si on les récupère
strictement d'un point de vue légal et que ça ne soit pas voulu,
je doute de l'effet. Je doute sincèrement de l'effet. Ce qu'il faut
faire comprendre, c'est qu'un cadre supérieur, c'est un bien corporatif
et, ça, ça n'existe pas assez. Ça, je suis d'accord avec
vous; c'est un bien corporatif. La plupart des grosses organisations
considèrent leurs cadres comme un bien corporatif. Actuellement, c'est
encore trop considéré comme un bien ministériel et,
là-dessus, je comprends très bien votre préoccupation. Je
la partage. C'est vu comme un bien ministériel.
M. Farrah: Donc, ma conclusion, c'est qu'il faut que vous
récupériez certaines de ces délégations. Vous avez
délégué certains pouvoirs et il faut que vous les
récupériez pour que ça fonctionne, mais vous dites, par
exemple: II faut que ça soit fait de façon acceptable pour les
deux parties. C'est ça que vous me dites?
M. Jacques: Oui. Plus que les deux parties.
M. Farrah: Tout le monde. Si ces gens-là ne veulent pas
céder ces pouvoirs-là, c'est de la foutaise. Donc, c'est le
même problème qu'on a maintenant. Donc, on ne le règle pas.
Ça va. Je comprends.
M. Jacques: En fait, nous, il nous resterait à les
convaincre d'embarquer.
Mme Charette (Nicole): Juste quelques mots à ce
sujet-là. Peut-être pour vous dire qu'on a observé que la
question de la délégation par rapport au problème de
mobilité des cadres supérieurs, on peut l'examiner d'un autre
point de vue. Parce qu'on nous dit, d'après les chiffres, c'est qu'avant
la délégation et après la délégation, il n'y
a pas beaucoup de changements au niveau de la mobilité des cadres.
D'ailleurs, on se rend compte que, dans le processus de sélection des
cadres supérieurs, que l'exercice soit délégué ou
pas, les gens dans les ministères qui sont en train de choisir un de
leurs cadres, ils sont très impliqués dans le choix des cadres.
Ils sont membres très actifs des comités de sélection. Ce
n'est pas parce que l'activité n'est pas déléguée
que c'était l'Office qui choisissait les cadres. Alors, nous, notre
point de vue là-dessus, c'est que le problème de la
mobilité des cadres, ce n'est pas un problème de
délégation de concours. C'est plus un problème de
spécificité au niveau des tâches du profil très
pointu recherché pour exécuter une tâche le plus rapidement
possible.
M. Farrah: Là, ça tombe justement au niveau d'un
graphique que j'ai ici, au niveau des critères d'évaluation pour
l'embauche de cadres supérieurs. Et là, ici, moi, selon le
graphique que j'ai, les relations humaines, prises de décisions, le
jugement, l'esprit d'analyse, la créativité d'ouverture d'esprit,
le sens des responsabilités comptent à peu près pour 5 %,
6 % de l'évaluation, comme critère d'évaluation. Et moi,
ce sont des choses concrètes comme ça que j'aimerais voir dans
une éventuelle fonction publique où on se dit qu'on assume un
plus grand leadership, où on s'assure que nos cadres supérieurs
qui, à mon point de vue, font un excellent travail quand même...
Mais avec les défis qui nous attendent, il faut s'assurer d'avoir les
profils voulus. Et ce
sont des choses concrètes comme ça, mais au delà
des voeux pieux et des grands principes, est-ce qu'on va changer ces
choses-là pour s'assurer que ces critères-là, qui comptent
pour 5 %, comptent davantage pour s'assurer qu'on ait des gestionnaires
efficaces aux bonnes places?
Mme Charette: Oui
M. Jacques: Vous faites allusion à la
spécialisation dont je parlais tout à l'heure. Nous sommes
très inquiets. Nous pouvons aller très loin là-dedans
d'une façon, je dirais, normative. Par exemple... Et ça a
déjà été essayé, je tiens à vous le
rappeler, dans les années quatre vingt Le contexte n'était pas
prêt, me direz vous. Aujourd'hui, ce serait plus facile. On a
essayé de vendre aux sous-ministres ou aux gestionnaires des
modèles de cadre, disant: II faut que tout le monde ait un minimum en
gestion au premier niveau. Pour monter, il faut faire preuve d'avoir de la
mobilité, en fait, dans les critères, beaucoup moins de poids sur
les connaissances et les connaissances particulières de la boîte.
Ça n'avait pas marché en 1980. Ça a été une
résistance épouvantable. Ce sur quoi il faut travailler,
ça va vous paraître naïf, mais tout en poussant sur
l'idée, peut-être, en s'appuyant sur une politique gouvernementale
plus claire, d'une orientation plus définie là-dessus, mais si
nous ne réussissons pas à convaincre le cadre lui-même
qu'il se rend un mauvais service, ce faisant, je pense qu'on aura toujours de
la difficulté. Et si on ne passe pas des messages à la machine
à l'effet que pour progresser réelle ment, il faut faire preuve
de plus de polyvalence, nous ne réussirons rien. Mais je vais
jusqu'à dire et penser que si nous ne réussissons pas à
convaincre le cadre lui-même en plus, évidemment, de son patron
qui lui offre les tentations, qui lui offre l'occasion de progresser
très rapidement dans des secteurs de plus en plus, malheureusement,
pointus, ce constat-là.
Le Président (M. Lemieux): Ça va.
M. Jacques:... qui n'est pas nouveau, soit dit en passant.
Ça a toujours été le cas.
Le Président (M. Lemieux): Ça va, M. le
président de l'Office. Écoutez, moi, je suis un de ceux qui
pensent que l'Office doit avoir dans l'avenir - ce n'est peut-être pas
l'occupation de la commission - un rôle important à jouer. Il
s'agit de savoir où il se situe. Les questions que j'aimerais vous
poser, j'ai peut-être trois ou quatre questions. D'abord, est-ce qu'il
existe actuellement des processus de planification des ressources humaines? Et
si elles existent, selon vous, est-ce que les processus existant de
planification des ressources humaines à moyen et à long terme
permettent l'élaboration de la mise en oeuvre d'un système de
dotation des emplois qui pourrait être cohérent et efficace?
Est-ce qu'il en existe? Parce que je dois vous dire que j'en ai demandé
dans plusieurs ministères, une soixantaine, et j'en ai reçu deux
ou trois, dont le vôtre
M. Jacques: Nous, nous avons fait une étude et vous faites
sans doute allusion à celle qui concerne les informaticiens. Il y a eu
un exercice, pour cette catégorie de personnes, de ce qu'on pourrait
appeler planification de ressources humaines Ce qui se passe là-dedans,
M. le Président, c'est que le besoin n'était pas là.
À venir jusqu'à tout récemment, il faut toujours se
rappeler que la croissance était toujours présente, que les
ressources, lorsqu'on en manquait, on allait en chercher et que personne ne
posait de question sur: Oui, mais l'impact des changements qui sont de plus en
plus...
Le Président (M. Lemieux): Mais sur ce projet-là,
M. Jacques, même le vôtre, ce que je ne comprends pas.. Je suis
peut être perdu et je ne comprends peut-être pas. Gorbatchev,
ça lui a pris deux ans En deux ans, il veut passer d'une économie
communautaire à une économie de marché. En six mois, on
fait la réunification de l'Allemagne et en quatre ans on me
présente un projet de planification des ressources humaines. Je ne me
situe plus là-dedans. Je ne comprends pas. Ce que j'ai reçu dans
vos documents, ce sont des projets à venir, sur une période
échelonnée sur quatre ans. Est-ce qu'il y a moyen de raccourcir,
d'être peut-être un peu plus rapide dans ce domaine? C'est
ça qu'on veut savoir tout simplement.
M. Jacques: Lorsqu'on pense... Par exemple, prenons la
catégorie du personnel du bureau. Je pense que le moyen va s'imposer
parce que de plus en plus de personnes voient le besoin apparaître. Nous
sommes conscients qu'avec la bureautique et tout, toute la catégorie
qu'on appelle PBTA, secrétaires, etc., est en train de changer
radicalement. Là s'impose un exercice de réflexion. Qu'est-ce qui
va arriver à ces personnes? Comment ça va influencer leurs
tâches? Est-ce qu'il va falloir en recycler? Les techniciennes deviennent
quasi professionnelles et vice versa avec l'outillage technologique. Je pense
que, ça peut vous paraître bête, mais le besoin
n'était pas ressenti. C'est ce que nous avons constaté.
Le Président (M. Lemieux): En un mot c'est une nouvelle
culture de gestion qu'il va falloir développer dans notre fonction
publique.
M. Jacques: C'est plus qu'une nouvelle culture. Il y a en qui,
dès qu'ils entendent parler du mot "planification de ressources
humaines" disent: Un, c'est impossible; deux, ça ne s'est jamais fait;
trois, ça ne se fera jamais, parce
que qui peut prévoir ce qui va arriver dans cinq ans?
Le Président (M. Lemieux): C'est ce que le
président du Conseil du trésor nous a dit, d'ailleurs. J'ai une
autre question à vous poser. Est-ce qu'un système de
vérification des résultats obtenus par les ministères et
organismes dans l'implantation des politiques et programmes de gestion des
ressources humaines a été développé et mis en
oeuvre à votre connaissance?
M. Jacques: J'ai perdu le...
Le Président (M. Lemieux): Je répète la
question bien calmement. Est-ce qu'un système de vérification des
résultats obtenus par les ministères et organismes, dans
l'implantation des politiques et programmes de gestion des ressources humaines
a été développé et mis en oeuvre, à votre
connaissance, soit par le Conseil du trésor ou d'autres organismes?
M. Jacques: La politique qui viserait, je dirais, si on le prend
d'une façon globale...
Le Président (M. Lemieux): Oui, ou non, à votre
connaissance?
M. Jacques: Le sens où vous utilisez le mot politique
globale, je n'en ai pas vu.
Le Président (M. Lemieux): Dans le sens... M. Jacques:
On a de l'information...
Le Président (M. Lemieux): Sur les bilans annuels de
gestion?
M. Jacques: C'est ça
Le Président (M. Lemieux): Qui sont davantage quantitatifs
que qualitatifs, on s'entend là-dessus?
M. Jacques: Oui. Ceux que j'ai vus, effectivement.
Le Président (M. Lemieux): Peut-être une petite
dernière question. Est-ce que les politiques et programmes actuels en
matière de gestion des ressources humaines accordent suffisamment de
latitude aux ministères et organismes quant aux moyens à prendre
pour les appliquer?
M. Jacques: À ce que je sache, en général,
je vais peut-être vous surprendre là-dessus, je dirais, en termes
de tendance ou de proportion, oui, il y a beaucoup plus de possibilités
dans le système qui ne sont pas utilisées Là-dessus je
vais peut-être vous surprendre.
Le Président (M. Lemieux): Oui, vous me surprenez,
effectivement.
M. Jacques: Je vais vous donner un exemple. Je sais qu'il y a eu
beaucoup de questions ici sur le régime de négociation où
on voudrait, entre autres, inclure certains aspects qui ne sont pas inclus
actuellement selon la loi dans le régime de négociation. J'ai
réalisé que chez nous, par exemple, on pouvait associer du
personnel à la sélection des cadres, via les critères. Ils
ont choisi ensemble les critères. Théoriquement, c'est plus ou
moins défendu, mais ça ne l'est pas. C'est plus ou moins permis,
mais ce n'est pas défendu. Ce que je vais vous dire c'est qu'il y a
beaucoup de ces choses qui pourraient se régler par le style de gestion.
Si c'est possible de faire participer les employés, qu'ils s'entendent
sur les critères de sélection qui vont être utilisés
pour choisir un cadre, c'est possible, ce n'est pas défendu, ce n'est
pas illégal. Ça indique qu'il y a du potentiel dans nos
systèmes et que, malheureusement, il n'est pas toujours utilisé
ou pas assez souvent utilisé.
Le Président (M. Lemieux): Ça va, M.
Jacques. Vraiment deux petites dernières. Elles sont vraiment
courtes et les réponses peuvent être courtes. SAGIP, chez vous.
J'ai une étude qui vient de votre boîte à l'effet qu'on
vous a déjà suggéré que SAGIP aille à la
fois aux Communications ou chez le Contrôleur des finances. C'est quoi la
vocation de SAGIP par rapport à votre organisation? Est-ce que ça
a vraiment une relation? Ou auriez-vous objection que ça puisse s'en
aller chez le Contrôleur des finances ou aux Communications?
Peut-être que ce n'est pas vous qui étiez là à
l'époque, mais on a déjà fait cette suggestion et
ça vient de chez vous, ça vient de votre boîte, à
l'intérieur. (13 heures)
M. Jacques: Nous nous sommes effectivement posé la
question lorsque nous avons réfléchi sur notre organisation et
son futur. C'est un fait que, comme organisme spécialisé en
ressources humaines, lorsqu'on voit la paie, ça nous amène
à poser des questions. Je m'en suis posé. Nous sommes en pleine
réflexion là-dessus, actuellement. Il y a un mécanisme qui
est en train de réviser SAGIP, mais ma position personnelle
là-dessus, M. le Président, c'est la suivante. Il faut d'abord
redéfinir SAGIP et ce qu'il nous faut, comme organisme central, c'est
l'information de gestion. Il faut s'assurer qu'on puisse garder accès
à l'information de gestion. Une fois redéfini, recentré,
précisé et une fois qu'on aura l'information de gestion
disponible, accessible, on peut imaginer n'importe quel scénario.
Le Président (M. Lemieux): O.K. Ça va. Une
dernière question. La relève, on en parle beaucoup. Le programme
de relève de gestion de Formacadres, ça a été
questionné à maintes reprises quant à sa formule. Moi, ce
que j'aime-
rais savoir de vous, parce que j'ai rencontré des gens qui ont
été amenés à suivre ce cours de Formacadres et,
dans la pratique, j'ai eu certaines réactions, parfois positives et
parfois négatives - je pense qu'il faut être objec tif -
j'aimerais savoir votre vision à vous de Formacadres. Vous voyez
ça comment? Vous avez vu que la relève, la gestion des ressources
humaines, c'est un élément essentiel, à mon avis, à
notre administration publique. Je pense que les gens qui sont ici, plusieurs
fonctionnaires croient à ça. Moi, je crois en leur
compétence Forma-cadres, comment le voyez-vous par rapport à ce
qu'il est actuellement, ce qu'il doit devenir et par rapport au rôle que
joue actuellement l'ENAP?
M. Jacques: O.K. Je vous rappellerai que Formacadres a
été précisément évalué au cours des
deux ou trois dernières années. Formacadres a fait l'objet d'une
évaluation en profondeur, môme animée un bout do temps par
une firmo extérieure et II y a eu beaucoup de consultations. D'une part,
Formacadres a été réévalué. Les changements
qui sont en train de se vivre dans Formacadres et qui vont sans doute
continuer, mais qui sont déjà amorcés, c'est, d'une
part... Formacadres s'est toujours heurté - et vous allez me comprendre
là-dessus - aux traditions qui existent dans notre gestion parce que
Forma-cadres est essentiellement un programme qui vise des
généralistes et non pas un spécialiste et les
résistances, les critiques, la plus ou moins grande participation de
certains ministères que d'autres tournent toujours autour de ça.
Plutôt que des gestionnaires, ils veulent avoir, dans un premier temps,
plus au premier niveau, IV et V, des personnes dont la connaissance, la
spécialisation est plus forte.
Ça, c'est le problème de fond de Forma cadres. On pense
avoir résolu une partie du problème en disant et en accueillant
maintenant les candidats des ministères qui vont être
spécialistes, mais qu'on va essayer de généraliser
plutôt que de vouloir passer l'appel du généraliste
à tout prix. Peut-être qu'on s'est assagis dans le temps et, cette
année, on a trouvé un truc. On dit: On va
généraliser vos spécialistes, on va leur donner un peu un
cours de gestion. Là, ça pose déjà moins de
problèmes. On sent un relâchement dans l'appareil où les
résistances commencent à tomber, d'autant plus que les
ministères vont pouvoir pistonner eux-mêmes leurs candidats, les
identifier, les suivre et on va exiger uniquement des exigences minimales en
termes de gestion et de stages à l'extérieur.
Le Président (M. Lemieux): Face à la
résistance au placement de ces gens de Forma-cadres, est-ce que vous
croyez être en mesure de vaincre ça aussi? Oui. madame.
Mme Roy (Francine): À la question du placement des
finissants de Formacadres, actuellement, près de 90 % des finissants
sont placés.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
Mme Roy: Dans les deux dernières années, 50 % des
finissants se sont placés dans leur dernier stage, finalement, et le
temps moyen de placement pour les autres 50 % est de trois à quatre
mois. Alors, je pense qu'il y a des situations particulières. Vous allez
peut-être me sortir, sans faire des personnalités, le cas un, le
cas deux, mais quand on regarde l'ensemble, sur la centaine de finissants,
c'est ça la situation.
Le Président (M. Lemieux): Ce qui est important aussi
Mme Roy: Je voudrais ajouter à ce que M. Jacques a dit On
a maintenu l'insistance, la formation à la gestion. La formation
à la gestion, c'est par faire de la gestion. Je veux juste vous rappeler
une recherche, qui a été faite aux États-Unis, qui dit que
50 % de la formation pour les cadres doit être faite en emploi. C'est
encore l'objectif fondamental du programme Formacadres.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie. Simplement
pour dire que l'Office des ressources humaines, à mes yeux, a toujours
un rôle à jouer, mais il s'agit de savoir où. M. le
député de La Prairie
M. Lazure: Merci, M. le Président. J'ai trois ou quatre
questions bien précises. Mais, avant, je veux faire un ou deux
commentaires. Je vous avoue que ça m'a inquiété,
dès votre premier message - que vous appeliez vos messages - et je vous
cite Vous avez dit: Nous allons devoir enclencher un virage. Nous devrons faire
ceci.. Vous avez toujours utilisé le temps futur. Moi, je me dis:
Qu'est-ce qui s'est passe depuis? La loi est en vigueur depuis six ans. Je
comprends que vous, vous êtes là depuis deux ans environ. Mais
ça m'inquiète beaucoup que vous preniez la peine de dire. Mon
premier message, le plus important, c'est que nous allons devoir faire ceci;
nous allons devoir faire cela. J'aurais aimé que vous nous exposiez ce
que vous avez fait à l'Office depuis deux ans ou depuis quatre ou cinq
ans.
Et je voudrais élargir un peu la discussion. On a beaucoup
parlé de cadres jusqu'ici, mais il n'y a pas que les cadres dans la
fonction publique Je comprends qu'il y en a beaucoup, peut-être trop.
Mais il y a aussi les autres. Et ma première question, c'est quand on
regarde l'article 99 de la loi. L'Office a pour fonction, au paragraphe 8,
ça dit "de proposer au gouvernement, au Conseil du trésor,
à un ministère ou à un organisme des mesures pour
améliorer la dotation, la gestion et le développement des
ressources humaines au sein de la fonction publique, ainsi que des
mesures pour assurer l'accès à l'égalité en
emploi."
Voulez-vous me dire quelles sortes de mesures vous avez proposées
au Conseil du trésor depuis un an, depuis deux ans, depuis six mois
concernant l'amélioration du développement des ressources
humaines en regard du nombre considérable d'occasionnels dans la
fonction publique?
M. Jacques: Sur les occasionnels, il est clair que nous n'avons
absolument pas proposé de politique ou de façon tout simplement,
parce que...
M. Lazure: Merci, ça va. Vous n'en avez pas
proposé? Merci.
M. Jacques: ...ce n'est absolument pas dans notre mandat au
niveau des occasionnels.
M. Lazure: Ah bien, c'est dans la loi, mon cher ami! Je viens de
vous le lire. De proposer...
M. Jacques: Pour ce qui est des occasionnels?
M. Lazure: Bien oui, mais la loi n'exclut pas les occasionnels,
que je sache. Mais, deuxième question. Le président du Conseil du
trésor a émis un communiqué de presse hier. "Daniel
Johnson annonce la tenue de concours réservés à certains
employés occasionnels." Est-ce que vous avez été
consulté sur les mesures qu'annonce M. Johnson concernant les
occasionnels?
M. Jacques: II y a eu de nombreuses discussions, je dirais, dans
les derniers trois ou quatre jours, discussions qui portaient surtout sur
comment operational iser la décision, quelle qu'elle soit, parce qu'il y
a déjà eu une expérience passée et ça a
déjà été vécu chez nous. On a donc
joué avec différents scénarios et il y a eu de nombreux
contacts et de nombreuses discussions avec les personnes chez nous.
M. Lazure: Êtes-vous d'accord avec ce que propose M.
Johnson?
M. Jacques: Je pense que..
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
député de...
M. Lazure: II n'est pas obligé de répondre.
Le Président (M. Lemieux): C'est ça.
Écoutez, M. Jacques est ici pour l'Office des ressources humaines. Il
est un témoin et il n'a pas à répondre des
décisions qui sont prises par le président du Conseil du
trésor. Le président du Conseil du trésor va
témoigner devant cette commission; on pourra lui poser la question.
M. Lazure: On va lui poser la question ce soir, oui. Mais ma
deuxième question, toujours le même article 99, qui vous donne des
pouvoirs considérables à l'Office. J'espère que vous en
êtes conscient. Au paragraphe 9, "de conseiller un ministère, un
organisme, le Conseil du trésor ou le gouvernement en matière de
gestion et d'organisation administrative, notamment pour accroître la
qualité du service au public", avez-vous conseillé
récemment, depuis deux ans ou un an et demi, le Conseil du
trésor, un ministère ou le gouvernement en matière
d'organisation administrative pour accroître la qualité du service
au public? Et si oui, qu'est-ce que vous avez conseillé?
M. Jacques: Au niveau du conseil, vous parlez de services
à la clientèle, par exemple.
M. Lazure: Oui
M. Jacques: II n'y a pas eu de conseil, comme tel, sauf là
où nous sommes intervenus, cependant. C'est qu'avec certains
ministères et organismes, nous sommes intervenus un peu en aide au
niveau de la formation de leur personnel pour ce qui est du service à la
clientèle, les suggestions quant aux programmes utilisés, aux
façons d'aborder ça pour améliorer ça. Notre
intervention s'est située à ce niveau-là, pas directement,
indirectement, en support, en conseil, comment faire ça, comment aborder
ça. Notre rôle s'est plus situé à ce
niveau-là, mais nous ne sommes pas intervenus directement.
Nous-mêmes, nous avons fait des changements à l'interne pour ce
qui est des services à la clientèle, mais, ça, ça
nous concernait nous. Pour ce qui est des ministères et organismes, nous
sommes plus situés au niveau d'aide, d'appui; pour ce qui est des
approches possibles: comment changer la situation, quels outils utiliser, quels
programmes utiliser, etc.
M. Lazure: Est-ce que vous avez considéré ça
une priorité depuis que vous êtes président?
M. Jacques: Depuis que je suis président,
l'accélération ou l'intensification, de concert avec mes
collègues, sur le support en général au niveau des
politiques - ceci entre là-dedans à mes yeux - est prioritaire,
mais il faut se rappeler... Parce que, à votre première question,
c'est-à-dire "qu'est-ce que vous avez fait", j'aimerais vous rappeler
que l'Office - et ça a été dit plusieurs fois ici - a
complètement repensé son mode de fonctionnement pour ce qui est
des concours. Ça, c'est quelque chose et ce n'était pas facile.
Deuxièmement, on lui avait donné un mandat de devenir support
pour ce qui est des politiques au gouvernement, politiques qui sont
définies souvent par le Conseil du trésor.
Nous sommes support à ces politiques-là. Là, il a
fallu redéfinir complètement nos rôles et, dans beaucoup de
cas, c'étaient des rôles complètement nouveaux. Être
support à une politique gouvernementale, ça exige un exercice
complètement différent que de gérer la politique ou que
d'appliquer la politique.
M. Lazure: M. le Président, moi, je pense que vous perdez
des parlementaires quand vous tenez un tel discours. M. le Président, je
vous le dis comme je le pense, parce que la loi est très claire, la loi
vous donne des responsabilités. Cette loi-là... (13 h 15)
M. Jacques: Regardez l'aspect.
M. Lazure: Excusez-moi. Cette loi-là, l'objet de la loi,
c'est l'article 2, c'est fondamental: "La fonction publique a pour mission de
fournir au public les services de qualité auxquels il a droit, de mettre
en oeuvre les politiques établies par l'autorité
constituée et d'assurer la réalisation des autres objectifs de
l'État. " Moi, tout ce que j'ai entondu de vous depuis un certain temps,
c'est très éloigné d'une préoccupation do la
qualité du service au public, très très
éloigné. Et je vous pose la question bien candidement: Est-ce que
vous accordez de l'importance à ça, à ce que l'ensemble
des 60 000 personnes à la fonction publique dispensent des services de
qualité de plus en plus appréciable? Est-ce que vous, dans vos
actions concrètes, pas dans des recherches ou dans des cours mais dans
vos actions concrètes, qui vous sont quasiment dictées par la
loi... Vous avez pour fonction, encore une fois je le répète, de
conseiller tous les ministères, tous les organismes, y compris le
Conseil du trésor, pour que la qualité du service au public soit
assurée. Qu'est-ce que vous faites à cet égard?
M. Jacques: Bien, je peux vous rappeler que lorsqu'on parle de
conseiller, parce que vous utilisez bien l'expression selon la loi
"conseiller", d'une part, pour bien comprendre ce que ça veut dire, il
faut réaliser que le principal contact avec les citoyens est à
partir des ministères. Je pense qu'on s'entend là-dessus: le
contact, c'est le ministère.
M. Lazure: Oui, oui, mais qu'est-ce que vous faites pour
conseiller les ministères, les organismes? Je comprends que vous n'allez
pas directement à la clientèle vous autres mêmes, je
connais assez le système pour ça, mais qu'est-ce que vous faites
de concret pour aider les ministères et organismes à assurer un
meilleur service?
M. Jacques: Règle générale, lorsque, d'une
part, évidemment, on indique qu'il y a des choses de disponibles, on
sert de véhicule d'information: tel ministère a fait telle chose.
De savoir que ça se fait, que c'est faisable, que le ministère du
Revenu l'a fait, c'est déjà gros. Un de nos premiers rôles,
c'est de propager l'idée. Ça peut vous paraître facile,
mais c'est déjà quelque chose, propager l'idée, être
un centre d'information. Deuxièmement, lorsque le ministère est
sensibilisé, en veut, embarque, bien, là, notre rôle, c'est
de l'aider, de lui montrer qu'est-ce qu'il est possible de faire, qu'est-ce qui
est disponible sur le marché chez nous ou ailleurs, etc., mais un
rôle conseil. Je reviens un peu à ce que je disais tout à
l'heure, si l'organisation ou le milieu ne veut pas, le Conseil n'est pas
sensibilisé à l'aspect conseil. Là, il y a deux approches
possibles: l'approche directive, l'approche peut-être un peu plus lente
et longue de conviction.
Dans l'esprit de la loi actuelle, c'est plus la deuxième approche
qui est valorisée, approche avec laquelle je suis en accord. Vous, vous
dites: Peut-être que c'est trop lent, peut-être que le service
à la clientèle, comme préoccupation, n'est pas assez
généralisée C'est évident que, par rapport
à... Si vos objectifs ou vos exigences sont très fortes, vous
avez peut être raison do dire - et le Protecteur du citoyen le disait
hier, d'autres l'ont dit - qu'il faudra sans doute accélérer
là-dessus, comme administration publique et que, face à vos
exigences, pas assez a été fait.
Maintenant, moi, tout ce que je peux vous dire, c'est que conseil, voici
ce que ça veut dire selon, entre autres, l'esprit de la loi. Si,
à vos yeux, conseil veut dire: pouvoir forcer un ministère
à s'occuper de ses clients, là, ça ne va pas.
M. Lazure: M. le Président, il est bien évident
que, dans mon esprit, conseiller, ça ne veut pas dire forcer. Ça
veut dire, quand même, utiliser les pouvoirs que la loi vous donne pour
organiser des rencontres de persuasion et susciter des pratiques dans les
ministères et les organismes et valoriser la qualité du service
au public. Moi, |e n'ai pas l'impression que l'Office des ressources humaines,
je vous le dis bien franchement, accorde une priorité à la
valorisation du service de qualité à la clientèle. C'est
mon impression. J'espère que je me trompe. Mais si on revient à
votre utilisation du temps futur, j'espère que ça va changer.
Maintenant, ce n'est pas moi qui parle de conseiller, encore une fois,
c'est la loi. Et la loi, elle est faite pour que la fonction publique dispense
un bon service au public. Et l'Office des ressources, il est là pour
s'assurer que l'ensemble des employés de la fonction publique vont
être constamment soucieux de l'article 2 de la loi. J'aimerais ça
qu'on ait de l'Office des gestes concrets qui démontrent que vous
êtes des chiens de garde de l'article 2 de la loi.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de La Prairie.
M. Jacques: Pour compléter votre intervention, je dois
avouer qu'en termes de proportion d'activité, vous avez
complètement raison. Nos activités de conseil et de support ont
surtout porté sur les programmes gouvernementaux officiels,
égalité en emploi - et là il y a eu beaucoup
d'énergie mise là-dessus - des programmes d'aide aux
employés, des programmes de politique de développement. Ceci
étant dit, c'est un fait que, par rapport à ça, ce que
nous avons pu faire dans ce que vous, vous dites services aux citoyens, ce
n'est pas de la même proportion. Là-dessus, je dois avouer que
vous avez raison.
Le Président (M. Lemieux): Une dernière petite
question, M. Jacques, qui me fatigue. Lors des engagements financiers, je crois
que c'est du ministère du Revenu, je crois que le sous-ministre à
l'époque n'était pas Bernard Angers, je ne sais pas si
c'était M. Robert Diamant qui est à la CSST, mais je pense que
c'est M. Diamant qui était là, et j'avais été un
petit peu estomaqué de voir que ça avait coûté 40
000 $ à 50 000 $ pour qu'on puisse engager une firme privée pour
avoir à évaluer la possibilité de trouver des chasseurs de
têtes, de trouver ce qu'il y avait de meilleur comme gestionnaires, dans
le cadre d'emplois dans la fonction publique.
J'avais demandé, à cette époque là,
ça apparaît dans les engagements financiers, c'est clair,
ça m'avait un petit peu... Parce que je considérais, et
étant un ancien de l'Office, je considérais que l'Office avait
toute l'expertise voulue pour faire cette évaluation-là. Je me
souvenais, entre autres, aux examens d'exercice du courrier, communément
appelés "in basket". Ce que j'aimerais savoir de vous, maintenant,
est-ce que vous sensibilisez davantage les ministères au fait que
l'Office des ressources humaines et qu'à l'Office, ils ont toute la
compétence voulue pour avoir à évaluer, y compris les
dirigeants d'organismes, des cadres, sans prendre l'argent des contribuables
pour aller dans des entreprises privées alors que chez nous on a cette
expertise-là. Est-ce que je me trompe on disant quo vous l'ave/, cette
expertise là chez vous? Et qu'est ce qui lait qu'on passe à
côté comme ça et qu'on va dans des firmes
privées?
M. Jacques: L'expertise, nous en avons une partie, elle
était centrée autour des cadres de premier niveau, surtout dans
le contexte du choix de Formacadres. Là, vous faites allusion à
des cadres très très supérieurs. Donc, il y avait une
expertise de développée là. Il y a d'autres organismes
qui, à ce niveau-là aussi, ont des choses. La stratégie
que nous avons prise là-dessus, c'est que plutôt que de
dédoubler, nous, on va compléter. Parce que, pour évaluer
un cadre, un centre de simulation, c'est un des volets. Il y a d'autres
éléments qu'il faut ajouter et viser le plus rapidement possible
les cadres très supérieurs. L'image qu'on avait comme
évaluateur de cadres n'était pas pour le niveau auquel vous
faites allusion. Lorsque vous parlez de chasseur de têtes, vous parlez de
sous-ministre adjoint ou d'administrateur deux ou trois.
Le Président (M. Lemieux): On peut parler de
vice-président d'organisme. Je me souviens. Je pense qu'il s'agissait
d'un poste d'administrateur. C'était un administrateur III à
l'époque et, je vais vous avouer, ça m'a surpris, parce qu'il me
semble... Est-ce qu'actuellement il y a une promotion qui se fait chez vous
à l'effet que vous avez cette expertise-là d'évaluation
des cadres au niveau de la fonction publique?
M. Jacques: Une promotion de l'expertise comme telle...
Le Président (M. Lemieux): Pour l'évaluation de ces
gens-là.
M. Jacques:... pour l'évaluation, nous-mêmes,
globalement, non, parce que nous sommes conscients que, globalement, il est
impossible de le faire. Il y a une promotion, il y a un fort usage de beaucoup
de nos outils. Vous faisiez allusion au courrier et, ça, même nous
avons certains problèmes d'utilisation de nos outils. Ils sont tellement
largement utilisés qu'on a craint qu'ils s'usent très vite dans
le temps. L'exercice du courrier est un de ceux-là. C'est plutôt
un appariement qu'on fait avec différentes choses qui existent et on est
concients qu'il nous faut développer, comme je vous le disais dans ma
présentation, de nouveaux outils, de nouveaux tests plus modernes qui
vont être accessibles aux cadres, pour le choix des cadres, pour leur
évaluation.
Le Président (M. Lemieux): Moi, je vais me charger de les
envoyer chez vous lorsqu'ils vont passer aux engagements financiers et que
ça va coûter de l'argent. Je vais leur demander si effectivement,
avant, ils se sont informés auprès de l'Office des ressources
humaines s'il n'avait pas toutes ces compétences là, parce que je
pense que c'est une forme d'économie pour la société.
Nous vous remercions M. Jacques ainsi que vos collaborateurs de votre
participation à cette commission parlementaire et nous suspendons nos
travaux jusqu'à 15 heures cet après-midi.
(Suspension de la séance à 13 h 22)
(Reprise à 15 h 42)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il
vous plaît! plusieurs retards. Cela vient du fait qu'on avait
à prendre un vote en Chambre sur une motion du premier ministre qui
requérait les deux tiers des votes. Alors, c'est la raison pour laquelle
on accuse un retard qui est quand même considérable. Nous sommes
prêts maintenant à entendre le contrôleur des finances. Je
lui demanderais de bien vouloir s'identifier et de nous identifier les gens qui
l'accompagnent, s'il vous plaît.
M. Pierre-André Paré
M. Paré (Pierre-André): Bonjour, M. le
Président. J'ai à ma droite, Jean-Claude Savard, contrôleur
adjoint, Michelle Auger, qui travaille au service du développement
professionnel chez nous, à ma gaucho, Marcel Gosselin, qui est directeur
général pour la préparation des comptes publics et
Ambroise Saint-Hilaire, qui est recherchiste.
M. le Président, il me fait plaisir de vous rencontrer
aujourd'hui pour m'exprimer sur l'objet de cette commission, soit, et je cite
"Étude de l'opportunité de maintenir en vigueur ou, le cas
échéant, de modifier la Loi sur la fonction publique. " Mais
avant de vous présenter mes réflexions et tel que vous le
sollicitez, mon opinion sur cet important sujet, permettez-moi de bien situer
les responsabilités et rôle du Contrôleur des finances, tel
que le prévoit la Loi sur l'administration financière. Le
Contrôleur des finances doit tenir la comptabilité du
gouvernement, enregistrer les engagements financiers et voir à ce que
les paiements qui en découlent ne dépassent pas les budgets votes
II doit s'assurer de la conformité des transactions et acquérir
la conviction que les paiements se font selon les règles établies
par les lois, directives et règlements gouvernementaux. Il doit voir
à ce qu'aucun mandat de paiement ne soit émis à moins que
le tout soit conforme. De plus, il doit procéder à la
comptabilisation des revenus et également vérifier les
systèmes informatiques en exploitation et en développement.
Enfin, il peut poster des gens où il le désire pour qu'ils
puissent prendre connaissance librement de tous les dossiers relatifs à
ses responsabilités.
À ces titres, la Loi sur la fonction publique est, pour le
Contrôleur des finances, une loi importante qui provoque et régit
au gouvernement des déboursés non moins importants et qui doivent
donc faire l'objet d'un contrôle comme toutes les autres lois.
Le Contrôleur des finances n'a pas à juger de
l'opportunité des programmes gouvernementaux ni de leur pertinence. Par
contre, il doit s'assurer que les engagements financiers et les paiements qui
en découlent se font légalement. Môme s'il n'est pas
habituel de voir le Contrôleur des finances émettre des
commentaires sur l'opportunité de modifier ou pas une loi, il lui est
loisible de s'exprimer, surtout pour indiquer los difficultés, s'il en
est, d'appliquer et de faire respecter cette loi, plus particulièrement
au chapitre des conséquences sur le contrôle financier qui en
découle. Évidemment, en ces matières, il est difficile de
dissocier l'opinion du Contrôleur des finances en tant qu'institution et
en tant que gestionnaire.
Pour ceux qui ont le texte, je vais passer directement à la page
13, parce que la section qui suit, c'est un petit peu ce qui s'est passé
au cours des quatre dernières années au contrôle des
finances. Et s'il y a des questions à la fin des 20 minutes, ça
me fera plaisir d'y répondre. Et, en passant, à la page 13, on se
trouve à passer automatiquement aux questions que la commission a
posées, si vous le voulez bien, M. le Président, par des
commentaires sur le document de consultation. Sans répéter toutes
les questions qui préoccupent la commission, j'aime rais quand
mémo traitor des principaux thèmes soulevés dans le
rapport que vous m'avez fait parvenir.
Qualité et efficacité des services rendus aux citoyens Les
citoyens ou les clients, entre guillemets, sont des gens qui doivent se
soumettre à des règles établies pour obtenir le produit
que seul le gouvernement lui offre dans la majorité des cas. Ce sont
donc des clients captifs, qui savent d'instinct qu'à peu près
toutes les lois prévoient des recours de première,
deuxième et souvent de troisième instance Or, qui est satisfait
des impôts, des taxes, des droits de toutes sortes, etc. ? Personne. Et
qui plus est, 10 % à 15 % des gens contestent toujours une
décision, quelle qu'en soit la validité. Les décisions
prises par les administrations gouvernementales respectent les lois et
règlements et, généralement, on fait des efforts de suivi
pour s'assurer de la conformité aux règles. Cette façon de
travailler peut donc entraîner certains délais. Les principales
causes des délais déraisonnables concernent, dans la plupart des
cas, des demandes compliquées qui nécessitent des
références et recherches poussées pour éviter des
erreurs. Un des cas les plus flagrants est celui d'une personne qui a des
droits en vertu des régimes de retraite gouvernementaux. Il y a une
limite à ne pas oublier les exceptions et avantages additionnels permis
selon une matrice de circonstances toujours de plus en plus
compliquée.
En général, il existe des outils pour répondre aux
clients, mais certains fonctionnaires ne font pas confiance aux
systèmes, surtout s'ils sont informatisés. Ils
préfèrent contrevérifier, trois fois plutôt qu'une,
avant de donner des réponses définitives. Et normalement, les
contacts avec les clients provoquent des transactions de toutes sortes et les
systèmes ne sont pas toujours interactifs. Cela signifie une
série de rappels pour assurer le bon traitement des demandes de clients.
En un mot, l'informatisation
accélère le traitement de masse, mais ne donne pas les
réponses et les raisons des questions. Pourquoi a-t-on augmenté
les tarifs, les droits, les impôts, etc.? L'une des formes de
rétroaction les plus répandues est reliée au pourcentage
de plaintes qui, selon plusieurs, est le meilleur baromètre.
Curieusement, lorsqu'on ne reçoit pas de plaintes, on se demande s'il
n'y a pas laxisme.
L'exigence des citoyens envers les gouvernements, en termes de
qualité du service, est réellement élevée, et
même plus élevée que dans l'entreprise privée. Le
citoyen s'attend à une réponse immédiate, exacte, et des
corrections, s'il y a lieu, qui ne souffrent aucun délai. Le client
gouvernemental se comporte comme un propriétaire d'entreprise et,
à bon droit, je crois. Mais le fonctionnaire n'a pas toujours la
possibilité de plaire, puisque les programmes gouvernementaux sont
destines à desservir des populations et des besoins
généraux sans nécessairement tenir compte de toutes les
exceptions.
Lorsqu'on parle de produits gouvernementaux, on ne parle habituellement
pas de produits de consommation. Au service à la clientèle, on ne
peut changer une prestation d'aide sociale qui ne satisfait jamais vraiment,
pour des émoluments plus élevés. Et on pourrait passer en
revue plusieurs programmes et se retrouver devant la même situation. Ce
qui n'est pas acceptable, c'est que le client soit traité comme une
quantité négligeable qu'on doit servir pour remplir un peu sa
journée. Cette attitude n'est pas commune et si elle existe, nous avons
pu constater qu'elle est réprouvée rapidement.
Voilà pourquoi il faut, je crois, parler de relations avec les
citoyens au lieu de service à la clientèle. Mieux servir une
population ou une clientèle ne veut pas dire nécessairement plus
ou moins d'argent, plus ou moins de personnel, plus ou moins de changements,
plus ou moins d'organismes. Telles sont les prémisses qu'il ne faut
jamais oublier. Il faut plutôt s'assurer que le personnel qui travaille
avec les clients se sente en confiance et bien supporté. Le personnel a
le droit de recevoir une formation pour savoir comment travailler avec les
différents clients. Il faut s'assurer que les personnes traitant avec
les clients ne sont pas effrayées par les moyens de communication
modernes. En fait, mettez trois écrans devant une personne, si elle n'a
pas confiance, elle ne s'en servira pas.
Je passe au paragraphe suivant. La confidentialité à
outrance des banques d'information concernant les individus est une cause
importante d'application des programmes. Il faudra l'admettre tôt ou tard
et décider qu'un individu qui veut bénéficier des
programmes gouvernementaux doit permettre l'accès à ses dossiers
dans tout le gouvernement, sauf le dossier médical, s'il en est, et en
certaines circonstances. Beaucoup d'unités administratives croient
impossible l'application de la technologie, et la refusent. Souvent, le
croisement des informations désamor- cerait rapidement une impasse pour
un client. Imaginons simplement qu'un fournisseur se plaigne des délais
indus, mais qu'on constate qu'il est délinquant au ministère du
Revenu. On peut aussi affirmer qu'il y a beaucoup de tribunaux d'appel et de
révision. Leur raison d'être est sûrement légitime
mais une très grande concertation aiderait à unifier les plaintes
des insatisfaits et d'améliorer ainsi le service aux clients.
En fait, le système actuel peut laisser croire qu'on encourage
les plaintes et, qui plus est, il y a des citoyens qui sont devenus très
habiles en ce domaine. J'aimerais cependant rappeler à la commission
qu'en général les services publics sont beaucoup plus
préoccupés qu'on ne le croit du service à la
clientèle, mais sous l'angle du service à la population en
général. Un grand nombre de responsabilités font l'objet
de préoccupations constantes dans tout l'appareil gouvernemental. Les
ministères sont très concernés par le service aux groupes
de clients, aux agriculteurs, aux payeurs de taxes, aux étudiants, aux
retraités, aux entreprises, aux malades, etc. Ces grandes
responsabilités sont très suivies par chaque groupe de l'appareil
étatique. En ces matières, l'imputabilité ne fait pas
défaut. En somme, il est rare qu'on Implante un programme gouvernemental
destiné aux citoyens sans qu'on se préoccupe de ses effets
à court, moyen et long terme, sur la population en
général. Le problème qui survient souvent est celui de
desservir des clients, individuellement, à l'intérieur des
programmes. Encore une fois, je rappelle que l'imputabilité du service
est toujours présente, mais comment peut-on plaire en tout temps et
partout dans les programmes gouvernementaux?
L'imputabilité. Les responsabilités en matière de
personnel des ministères et des organismes sont fixées clairement
dans la Loi sur la fonction publique. Elles sont relativement bien connues au
niveau sous-ministériel et directionnel, et, en général,
il existe des mécanismes de vérification de l'application
technique des règles. Les transactions financières ayant trait au
personnel sont bien contrôlées ainsi que les règles
permettant de déclencher des paiements respectés.
L'étanchéité des systèmes est valable et les
autorisations respectent les règles édictées. Vous
comprendrez que j'évoque ici le caractère technique des
opérations et que je ne porte aucun jugement sur l'à-propos des
méthodes utilisées.
La Loi sur la fonction publique indique clairement les
responsabilités des sous-ministres, les rend imputables, leur donne des
pouvoirs et des devoirs, et, en particulier, ceux de déléguer et
de sous-déléguer. Toutes les autres lois sont loin d'être
aussi claires sur les mêmes questions et provoquent nécessairement
une différence d'interprétation, surtout en matière
d'imputabi-lité. Les ambiguïtés sont plus marquées au
niveau
des ressources financières et encore plus au niveau des
ressources matérielles et informationnelles. Faut-il modifier la Loi sur
la fonction publique ou les autres lois? Ou si l'on veut, l'effort de lire des
lois plus anciennes avec des yeux de 1990 est-il suffisant? Très
souvent, la réponse se retrouve dans la tête des gestionnaires,
mais ces derniers aimeraient bien voir inscrit clairement dans les lois que les
sous-ministres sont responsables de la gestion financière,
matérielle et informationnelle. Pour ma part, il ne fait aucun doute que
la responsabilité des ministres, des sous-ministres et des dirigeants
d'organisme s'étend à tous les domaines. Nous avons relevé
31 lois constitutives de ministère et essayé de dégager la
valeur des textes. Dans tous les cas, les sous-ministres ont la
responsabilité des affaires courantes, et on y indique toujours "sous la
direction du ministre".
Dans un autre ordre d'idées, j'ajouterais que le gestionnaire qui
fait des efforts constants pour améliorer l'efficacité de son
groupe de travail se retrouve tôt ou tard confronté à la
dure réalité de ne pas jouir des bénéfices. Non
seulement il perd ses budgets, mais encore, lorsqu'il commence à
indiquer certaines difficultés, on lui dit rapidement qu'il perd son
efficacité. Par contre, s'il a été plutôt discret,
il a à peu près le même traitement à tout point de
vue.
Enfin, je crois que la gérance des ressources humaines, c'est
plus que la gérance des règlements qui les gouvernent.
Je vais me diriger directement à la page 25. Pour le moment,
j'aimerais souligner que le gouvernement et le Parlement ont actuellement tous
les outils en main pour demander des comptes en ce qui concerne un certain
nombre de sujets. Il peut les demander au ministre, au sous-ministre, devant
une commission parlementaire ou devant des groupes ou des personnes
désignés par le Conseil du trésor. Cependant, il n'est pas
clair que la reddition de compte à être exigée des
fonctionnaires peut se faire dans le cadre des lois actuelles. Cela veut donc
dire qu'on aboutira tôt ou tard à un débat sur cette
question, d'abord aux différents paliers politiques, puis, si
nécessaire, au palier administratif. Il faudra sûrement
considérer que, selon le cas, les méthodes de reddition de compte
peuvent changer, y compris celles de demander des comptes aux hauts
fonctionnaires, d'examiner le rapport du Vérificateur
général, etc.
Je saute le paragraphe suivant pour aller à: En
réalité, une partie de la réponse se retrouve dans la
définition même de la terminologie. En anglais, on utilise le
terme "accountability". Ce mot, à lui seul, implique une
responsabilité totale, qui coiffe les domaines financier, humain et
autres. Sans être linguiste, je crois qu'au Québec on a surtout
associé le terme "imputabi-lité" à la
responsabilité des ressources humaines.
Pour ce qui concerne les autres élé- ments - je suis rendu
au début de la page 27 - vous comprendrez que je ne fais pas de
commentaires sur le maître d'oeuvre, mais, personnellement, j'interroge
sérieusement le fait que la place laissée à la jeunesse et
aux femmes est très limitée, et quand je regarde ce que l'on voit
aujourd'hui, je trouve ça très déplorable.
Et je me dirige directement à la page 23, à ma conclusion,
que je considère comme étant probablement une des parties les
plus importantes du document que je vous ai remis. Je dis qu'en guise de
conclusion, à la page 28, à l'item 5, la modification de la Loi
sur la fonction publique peut être utile, voire même importante,
pour certaines particularités. Mais, généralement, les
responsabilités à assumer selon la Loi sur la fonction publique
sont assez précises, du moins en matière de transactions
financières. Pour les domaines concernant la négociation et les
autres, je laisse le soin aux principaux intéressés d'indiquer
leurs préoccupations. J'ai cependant un début de solution
à vous proposer.
Au cours des dernières années, la Fondation sur la
vérification intégrée a développé, avec les
dirigeants gouvernementaux et des dirigeants d'entreprises de haut calibre, un
consensus sur 12 critères qui permettent à des dirigeants
d'évaluer leur performance et leur efficacité. Cette
méthode de travail est très simple Elle demande que le
président d'organisme, le directeur général ou le
sous-ministre établisse lui-même sa performance en relation avec
ces 12 critères. Par la suite, on procède à la publication
d'une déclaration de performance.
La Fondation canadienne pour la vérification
intégrée - je suis en haut de la page 30 - est un organisme
national créé dans le but d'améliorer la gestion, la
reddition de compte et la vérification dans le secteur public.
L'étude entreprise en 1984 s'est terminée en 1987. Elle indique,
entre autres, que le terme "efficacité" a des liens avec l'efficience,
la gestion pratique, le rendement, le résultat, l'excellence, la
capacité d'adaptation, l'obligation de rendre compte et le
contrôle. Cet ensemble de liens a été suffisant pour
inciter le comité à dire que si l'on fait rapport sur notre
efficacité, on rend compte de l'ensemble de notre gestion et c'est, je
crois, ce que l'on recherche au plus haut degré. Dans le but d'aider les
organisations, le groupe de travail en est venu à la conclusion qu'un
dirigeant d'organisme ou un sous-ministre qui présente un rapport sur
ces douze attributs fait automatiquement une reddition de compte de son
efficacité.
Le premier de ces critères est l'orientation de la gestion. Dans
quelle mesure les objectifs d'un organisme, ses programmes, ses champs
d'activité, ou les fonctions des employés sont-ils clairs, bien
intégrés et compris, et reflétés de façon
appropriée dans les plans, la structure, la délégation
d'autorité et les processus décisionnels de l'organisme?
Je suis à la page 31. La pertinence. Dans
quelle mesure un programme ou un champ d'activité est-il toujours
nécessaire en regard des problèmes ou conditions auxquels il est
censé répondre?
L'à-propos. Dans quelle mesure la conception d'un programme ou de
ses principales composantes et l'effort déployé sont-ils logiques
par rapport aux objectifs spécifiques à atteindre?
La réalisation des résultats escomptés. Dans quelle
mesure les buts et objectifs sont-il réalisés?
Le degré de satisfaction. Dans quelle mesure les électeurs
et les clients d'un programme ou d'un champ d'activité jugent ils
celui-ci satisfaisant?
Les effets secondaires. Dans quelle mesure d'autres effets importants
ont-ils lieu, qu'ils soient intentionnels ou non, positifs ou non?
Les coûts et la productivité. Les liens entre les
coûts, les intrants et les résultats.
La capacité d'adaptation. La capacité d'un organisme
à s'adapter aux changements dans les marchés, à la
concurrence, au financement disponible ou à la technologie.
Les résultats financiers. L'appariement et la comptabilité
des revenus ainsi que les coûts.
Page 33. L'environnement de travail. Dans quelle mesure l'organisme
fournit-il une ambiance de travail convenable à ses employés,
offre-t-il des occasions appropriées de perfectionnement et de
réalisation, et encourage t-il l'engagement, l'initiative et la
sécurité?
La protection de l'actif. Dans quelle mesure les éléments
importants de l'actif sont ils protégés?
Le contrôle et la communication des résultats. Dans quelle
mesure les principales questions de performance et de force organisationnelle
sont-elles décelées, communiquées et étroitement
contrôlées? Vous trouverez, en annexe, des textes un peu plus
complets sur ces éléments.
Évidemment, tout le monde peut dire: Encore un rapport. Supposons
simplement que tous les sous-ministres et dirigeants d'organisme au
Québec complètent un rapport sur ces douze attributs.
Déjà là, nous aurions un sérieux début de
reddition de compte et le système d'imputabi-lité se mettrait en
branle dune façon plus systémique, tout en respectant la culture
organisationnelle de chaque entité. Dans l'état actuel des lois,
je crois que ce rapport devrait être déposé par le ministre
- c'est un rapport de reddition de compte.
Avant de terminer, il faut savoir que les hauts fonctionnaires seront
intéressés à se présenter devant les instances
gouvernementales ou parlementaires, à condition d'avoir l'assurance
qu'ils seront questionnés sur l'ensemble de leur gestion et de leur
efficacité. Il est dangereux que ce genre d'exercice tourne rapidement
au blâme de gestes isolés et non nécessairement dans un
cadre global.
Le danger de séparer la responsabilité
ministérielle et sous-ministérielle en responsabilité
politique et administrative peut contenir un problème potentiellement
important, à savoir: Comment un gouvernement peut-il avoir la main sur
sa fonction publique?
Je vous remercie beaucoup de votre attention.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le Contrôleur
des finances. Quelques questions peut-être, d'ordre technique. Est-ce que
vous avez eu à établir une estimation des coûts
occasionnés par la décentralisation de l'engagement des
occasionnels?
M. Paré (Pierre-André): On a pu déterminer
que, dans l'ensemble gouvernemental, il y avait eu des économies
appréciables sur la décentralisation pour la saisie des
transactions de données. Par exemple, au ministère des
Transports, c'est une économie aux alentours de 700 000 $, de
façon récurrente. Du côté du personnel, il y a 100
personnes de moins qui travaillent au Contrôle des finances maintenant.
Il y en a seulement 20 qui ont été transférées dans
les ministères. Il y a une économie d'à peu près 80
personnes. Du côté du traitement informatique, on fait une
économie de 350 000 $ actuellement, de façon récurrente;
une autre économie de 100 000 $, qui nous évite d'imprimer des
listes ainsi qu'une autre économie de 100 000 $. Actuellement, on estime
qu'on doit être aux environs de 1 500 000 $ de bénéfices
nets que ça a rapporté au niveau gouvernemental global.
Maintenant, on n'a pas fait le prix de revient détaillé de tous
ces bénéfices-là qu'on a pu avoir avec la
décentralisation (16 heures)
Le Président (M. Lemieux): O.K. On va revenir sur cette
question parce que je pense qu'elle mérite une certaine
précision. C'est à l'égard de la décentralisation
dans chacun des ministères qui ont à opérer maintenant la
tenue de concours, qui ont à gérer les occasionnels, ce qui
crée à peu près environ 60 à 70 banques
d'occasionnels dans chacun des ministères. Est-ce que vous avez fait une
étude là-dessus? C'est le sens de la question.
M. Paré (Pierre-André): Ah! O.K., là, vous
parlez au niveau personnel, vous ne pariez pas de transactions
financières qu'on fait au Québec.
Le Président (M. Lemieux): Non, je ne parlais pas des
transactions. Non. Je parle du personnel. C'est la raison pour laquelle j'ai
employé l'expression "engagement".
M. Paré (Pierre-André): Non, on n'a pas
de...
Le Président (M. Lemieux): Vous n'avez pas de...
M. Paré (Pierre-André):... chiffres. D'ailleurs, si
vous me demandez des chiffres au niveau gouvernemental pour savoir s'il y a des
coûts précis ou s'il y a une comptabilité des prix de
revient qui se fait au gouvernement, je dois vous dire qu'il ne s'en fait
pas.
Le Président (M. Lemieux): Alors, c'est la même
chose, j'imagine, au niveau de la délégation des concours. Vous
n'avez pas plus de chiffres.
M. Paré (Pierre-André): À ma connaissance,
il ne se fait pas de prix de revient au gouvernement. Il se fait une
comptabilité dans laquelle on établit les actifs, les passifs,
une comptabilité traditionnelle, mais il n'y a pas de prix de revient
qui se maintient dans chaque organisme. Lorsqu'il y a des programmes qui sont
partis ou qui sont présentés, il y a une estimation des
coûts qui est faite mais II n'y a pas vraiment un prix de revient qui est
tenu, comme on dit en comptabilité, qui répartit tous les
coûts sur quatre ans, cinq ans, qui répartit les surfaces de
plancher, qui répartit tout le personnel. Ça n'existe pas.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que ce genre
d'évaluation-là peut être faite par le Conseil du
trésor?... a pu être faite?
M. Paré (Pierre-André): Actuellement, II n'y a pas
de données pour le faire. Je veux dire qu'il faudrait que les
données soient cumulées de façon différente. Au
gouvernement, ça n'existe pas.
Le Président (M. Lemieux): O. K. Eu égard aux
fonctions que vous opérez, M. le Contrôleur des finances, est-ce
que, aujourd'hui, il vous apparaît souhaitable de séparer les
responsabilités concernant les ressources financières, les
ressources humaines et matérielles?
M. Paré (Pierre-André): Moi pour un, en autant que
je suis concerné, si on prend une structure à l'intérieur
d'un ministère, c'est évident qu'on a un ministre, un
sous-ministre et qu'ils sont responsables de l'ensemble. Cependant, si on parle
au niveau gouvernemental, est-ce qu'on doit distinguer les ressources
matérielles, les ressources financières, les ressources humaines?
C'est évident qu'il y a des instances différentes qui
s'occupent des ressources humaines et des règlements, et des
façons de travailler du côté des ressources humaines en
tant que dotation. Et il y a des choses différentes qui existent du
côté financier. Ce que j'ai pu observer au cours des 25
dernières années, si vous voulez - c'est parce que je suis dans
la fonction publique quand même depuis 1963 - c'est qu'à toutes
les fois qu'on a tenté de faire des séparations entre ce qui est
les ressources financières et les ressources humaines, ça a
fonctionné jusqu'à ce qu'il y ait une négociation ou
jusqu'à ce qu'on soit obligé de travailler pour trouver ce qu'on
paie ou ce qu'on ne paie pas, quelle sorte d'avantages on donne ou on ne donne
pas. Et, à partir de ce moment-là, c'est bien de valeur, mais
là, il faut mettre tout ça ensemble sinon ça ne marche
plus Alors, à chaque fois que ça a été
séparé, on a été obligé de les remettre
ensemble pour réussir à faire ça. Et, après
ça, ils les ont reséparées, ils les ont remises ensemble,
ils les ont reséparées et ils les ont remises ensemble. C'est
toujours ça qui arrive. Je m'excuse d'être aussi franc mais c'est
ce que j'ai vu.
Le Président (M. Lemieux): Ah non! ce qu'on recherche,
c'est une commission franche. C'est ce qu'on veut, que vous soyez franc. Vos 12
commandements... vous parlez de 12 éléments disons vos 12
commandements, à la page 31, est-ce qu'ils sont tirés de la
Fondation canadienne sur la vérification intégrée? Est-ce
que c'est tiré de ça?
M. Paré (Pierre-André): Oui.
Le Président (M. Lemieux): Oui. Est-ce que c'est
appliqué ailleurs, ça?
M. Paré (Pierre-André): Oui...
Le Président (M. Lemieux): Dans d'autres provinces ou
ailleurs, est-ce que ça se fait?
M. Paré (Pierre-André): c'est appliqué dans
différents organismes. Au Manitoba, d'ailleurs, il y a une
expérience qui a commencé, il y a deux ans. C'est le cabinet qui
a décrété ça et qui a dit: II y a deux
ministères qui vont se servir de ces critères-là pour
évaluer leur performance et qui vont faire leur reddition de compte
C'est utilisé dans plusieurs municipalités et aussi dans
plusieurs hôpitaux. Il faut dire qu'en 1980, il y avait eu un rapport
semblable pour les hôpitaux, surtout ontariens où c'est
utilisé, au gouvernement canadien, dans plusieurs agences canadiennes.
Et c'est aussi... Ça sert aussi dans certains ministères et on
s'en sert... J'ai eu la liste, tout à l'heure, et on me disait qu'on
s'en servait aussi au Contrôleur général du Canada. Ils
sont plus avancés que nous autres.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis.
M. Chagnon: Alors, je vais remercier le Contrôleur des
finances, au nom de ma formation, d'être venu nous renseigner et nous
indiquer un peu ce qu'était sa vision de l'amélioration de la loi
de la fonction publique. Il m'apparaît assez important que dans vos pages
20 à 25, vous avez traité de l'imputabilité, tant
interne qu'externe. À la page 21, vous avez mentionné que
la Loi sur la fonction publique indiquait clairement les responsabilités
des sous-ministres, les rendant imputables. Elle leur donne des pouvoirs et, en
particulier, ceux de délégués et de
sous-délégués. Mais la loi n'est pas si claire en ce qui
concerne l'imputabilité de ces derniers vis-à-vis de
l'Assemblée nationale, vis-à-vis de la reddition des comptes de
leur propre gestion dans chacun de leur ministère, ou dans chacun des
organismes sous tutelle d'un ministère vis-à-vis des membres de
l'Assemblée par le biais de commissions parlementaires. Vous n'avez pas
tiré de conclusion directe de ce constat. Qu'est-ce que vous en
pensez"?
M. Paré (Pierre-André): La conclusion que j'en
tire, c'est que la plupart des fonctionnaires, sous-ministres et hauts
fonctionnaires que j'ai rencontrés sont intéressés
à venir rendre compte, devant la commission parlementaire, des gestes
administratifs ou de leur gestion des ressources humaines, si vous voulez. Ils
ne sont pas vraiment intéressés à venir parler, par
exemple, uniquement de leur gestion de ressources humaines. Ils sont
intéressés à parler de leur gestion en
général, selon un cadre bien établi, et aussi, selon des
formes un peu plus prescrites, comme on en rencontre dans d'autres
gouvernements, des partis qui sont à huis clos ou quoi que ce soit. Moi
aussi, il m'a aussi semblé qu'ils préféraient, dans
certains cas, selon les sujets, être accompagnés de leur ministre
ou ne pas l'être. C'est-à-dire qu'il n'y a personne qui a
été capable de me dire clairement: Je veux y aller tout seul et
m'expliquer là dessus. Tout le monde a dit: Oui, pour ça, je suis
prêt à y aller tout seul, pour ça, non, pour ça,
j'irais peut-être. En somme, il semble y avoir une difficulté pour
l'ensemble des sous-ministres et l'ensemble des gens... des sous-ministres
adjoints, si l'on veut, à se décider à dire: On va aller
rendre compte devant une commission parlementaire, devant l'Assemblée
nationale, devant le Conseil du trésor ou devant l'instance que vous
voulez, sans que ce soit un petit peu cadré ou sans qu'on sache c'est
quoi.
Et lorsqu'on essaie de le cadrer, on a beaucoup de difficultés
parce qu'on dit: Est-ce qu'on va aller rendre compte devant un groupe des
ressources humaines, devant un autre groupe des ressources matérielles,
devant un autre groupe des ressources financières alors que tout est
interrelié? Mais l'assentiment général, c'est que tous les
sous ministres et tous los sous ministres adjoints que j'ai vus sont
prêts à rendre compte, mais aimeraient bien être
accompagnés de leur ministre, parce qu'ils considèrent que
ça serait très normal. Et plusieurs m'ont dit aussi que les 12
points qu'il y avaient là étaient un point de départ
très intéressant pour commencer à rendre des comptes.
M. Chagnon: Vous avez aussi mentionné dans le haut de la
page 26 de votre rapport, de votre mémoire, qu'en scrutant tout ce qui
se passe dans les autres provinces et au gouvernement fédéral, on
constate une imputabilité des hauts fonctionnaires devant les
commissions parlementaires. Y viennent-ils avec leur ministre?
M. Paré (Pierre-André): Oui, mais il faut faire
attention. Ces gens-là sont convoqués, mais sont convoqués
pour un point précis et on leur pose une question précise. Je
prends, par exemple, si vous permettez, M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Oui, je vous suis là
dessus, parce que .. Ha, ha, ha! Je vous suis.
M. Paré (Pierre-André): Vous me permettez de donner
juste un exemple. Andy McDonald, qui est Contrôleur des finances au
gouvernement canadien, s'est fart demander d'aller expliquer en commission
parlementaire de quelle façon il faisait la vérification des
comptes de dépenses des membres de la Législature. Il a
passé deux heures à s'expliquer sur ce point-là, qui
était purement une question administrative. Il est sorti de là,
évidemment, en petits morceaux, parce qu'il n'avait pas fait toute sa
job. Mais c'était à huis clos et c'était lui qui
était en cause. Je pense que ça, ça se faisait. Mais il ne
pouvait pas... Je lui ai posé la question: Est-ce que tu aurais pu
être convoqué devant la commission avec ton ministre et avoir les
mêmes questions? Il m'a dit: Oui, sûrement. Mais là, le
débat aurait pris une autre allure. Mais la personne n'aurait pas.
Alors, c'est pour ça que je dis que...
Lorsqu'on parle de reddition de compte dans les provinces... Parlez avec
Jim Peters, qui vient de I'Alberta, qui est Contrôleur des finances en
Alberta, ils font une reddition de compte. Ils ont commencé à en
faire, ça fait à peu près de quatre à cinq mois,
mais seulement sur des sujets précis, qu'on vote. Par exemple, le
Contrôleur général, le sous-ministre des Finances et celui
qui s'occupe du Conseil du trésor ou l'équivalent, devant la
commission, pour examiner ensemble les comptes publics, comment ça a
été fait, ce que ça a donné et comment ils ont
calculé le déficit. On ne remet pas en cause les pratiques
gouvernementales. On ne remet pas en cause les niveaux de déficit On
fait juste expliquer de quelle façon on a fait les calculs. À ce
moment-là, il n'y a pas de problème. Mais lorsqu'il y en a un qui
dit: Pourquoi n'avez-vous pas décidé de faire ça au lieu
de faire ça? là, c'est une autre question Je parlais aussi...
Vous m'arrêterez, M. le Président, parce que j'ai un certain
nombre d'exemples à la grandeur du pays, dans d'autres provinces
évidemment. Le Nouveau-Brunswick, qui est également dans la
même situation avec le...
Le Président (M. Lemieux): ...l'Ontario.
M. Paré (Pierre-André): Pardon?
Le Président (M. Lemieux): L'Ontario.
M. Paré (Pierre-André): L'Ontario a
également une reddition de compte, mais ça se fait toujours de
façon un peu différente. Il y a une nomination par la commission
parlementaire de certains membres pour examiner certaines choses dans des
endroits précis, à certains endroits, qui sont des endroits bien
corrects. Et on examine certains points seulement.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Paré (Pierre-André): Alors..
Le Président (M. Lemieux): On le laisse faire, bien.
M. Paré (Pierre-André): Ce que je veux dire, c'est
que toute la reddition de compte, tout le discours qui dit: Ailleurs, ça
se fait, ça se fait, mais ça se fait sur des points
précis.
M. Chagnon: Est-ce que vous suggérez, par exemple, que
cela se fasse sur le rapport du Vérificateur général?
M. Paré (Pierre-André): Le rapport du
Vérificateur général, ce qu'on en a vu et ce que j'en ai
vu dans d'autres provinces et au gouvernement canadien, ce sont des pratiques
un peu différentes. Si on prend, par exemple, l'Ontario et l'Alberta,
eux font un rapport au Vérificateur général. Ils donnent
le rapport au ministre et au sous-ministre et ils attendent trois ans avant de
le dévoiler. Tant que ce n'est pas dévoilé, ce n'est pas
dévoilé, mais si, après trois ans, il n'y a pas de
correction puis que le Vérificateur juge que c'est vraiment un point
majeur, c'est seulement à ce moment-là qu'il le dévoile.
Donc, l'administration a toujours un an ou deux, parce qu'on sait que, dans les
gouvernements, ça ne se corrige pas le lendemain. Or, quand on arrive
devant ces façons-là, c'est plus facile de dire "on va s'en
aller" que quand on prend le rapport du Vérificateur qui est tout chaud
et qui fait référence à des actes qui ont
été posés une année précédente ou une
année avant - ça fait déjà deux ans - et puis qu'on
n'attend pas pour le mettre en pratique, c'est plus difficile. Mais la
reddition de ce qui se passe pour le Vérificateur général,
ça ne m'apparaît pas une chose qui ne pourrait pas être
regardée par ta commission parlementaire, mais il y a beaucoup de cas
où le ministre, je pense, voudra être présent.
M. Chagnon: Le rapport du Protecteur du citoyen?
M. Paré (Pierre-André): Le rapport du Protecteur du
citoyen, c'est un.. Vous allez dire que je parle de tout, là, mais...
Excusez-moi, M. le Président. Le rapport du Protecteur du citoyen est un
rapport qui rapporte si des gens, dans les ministères, ont bien ou mal
répondu, ont pris plus ou moins de temps ou quelle sorte de rapport.
M. Chagnon: Le service à la clientèle.
M. Paré (Pierre-André): Service à la
clientèle Et le rapport du Protecteur du citoyen, assez souvent, est
très intéressant, parce qu'il permet aux organismes qui ont dans
leur organisation des fonctions ou des spécialités pour
répondre aux citoyens. C'est presque une espèce de contrôle
du citoyen, ce Protecteur du citoyen là.
M. Chagnon: Mais pensez-vous que c'est un sujet qui devrait faire
l'objet de reddition vis-à-vis de l'Assemblée par les hauts
fonctionnaires des ministères qui seraient concernés?
M. Paré (Pierre-André): Je pense qu'il n'y aurait
pas d'objection à poser des questions au sous-ministre: Pourquoi
ça t'a pris tant de temps à répondre ou pourquoi tu n'as
pas donné la réponse? Je veux dire, c'est purement
administratif.
M. Chagnon: Rapport annuel d'un ministère ou d'un
organisme public.
M. Paré (Pierre-André): C'est la même chose,
je pense qu'il n'y a pas de problème de ce côté-la.
M. Chagnon: Merci. Une dernière question, M. le
Président?
Le Président (M. Lemieux): Oui. Ça va, M. le
député de Saint-Louis. Ça va.
M. Chagnon: Page 21
M. Paré (Pierre-André): Oui.
M. Chagnon: Page 22, je m'excuse. J'ai eu une surprise dans votre
mémoire lorsque vous parliez des "ambiguïtés marquées
au niveau des ressources financières et encore plus au niveau des
ressources matérielles et informationnelles. Faut-il modifier la Loi sur
la fonction publique ou les autres lois? Ou encore, l'effort de lire les lois
plus anciennes avec des yeux de 1990 est-il suffisant?" Et c'est là que
j'ai eu une surprise: 'Très souvent la réponse se retrouve dans
la tête des gestionnaires. " Je voudrais bien savoir lesquels: "Mais ces
derniers aimeraient bien voir inscrit clairement dans les lois que les
sous-ministres sont responsables de la gestion des ressources
financières, matérielles et informationnelles. " Selon vous,
est-ce que c'est vraiment
un questionnement que des gestionnaires peuvent se poser dans leur
ministère à savoir si le sous-ministre, dans leur esprit, ne
serait pas responsable de la gestion des ressources financières
matérielles ou informationnelles?
Au paragraphe suivant, vous dites: "Pour ma part, comme Contrôleur
des finances, c'est assez normal aussi, j'estime qu'il n'y a pas de doute, il
n'y a pas de doute dans mon esprit quant au rôle du sous-ministre,
puisqu'il y a 31 lois qui viennent préciser entre autres,
particulièrement le rôle du sous-ministre dans chacun des
ministères. " On dit toujours: "Le sous-ministre fonctionne et travaille
sous la direction du ministre, mais il a la responsabilité de
l'organisation administrative de son ministère. " Mais est-ce que des
gestionnaires... Très souvent, la réponse se retrouve dans la
tête de gestionnaires qui aimeraient voir inscrit clairement - ce qui
m'apparaît contradictoire avec le paragraphe suivant - que les
sous-ministres soient responsables de la gestion des ressources
financières, matérielles et humaines, etc.
M. Paré (Pierre-André): M. le Président, la
question du député est très pertinente parce que, assez
souvent, les sous-ministres et les gestionnaires qui suivent le sous-ministre
ne sont pas des gens qui aiment prendre des chances pour prendre une
décision. Alors, si ce n'est pas écrit dans la loi, ce n'est pas
écrit dans la loi, ils ne l'ont pas; si c'est écrit dans la loi,
ils l'ont. Alors, je vais répondre, peut être par un exemple, au
député qui pose la question. (16 h 15)
L'an dernier, on a eu un problème, à un moment
donné, avec des contrats pour l'ouverture des chemins au
ministère des Transports. De toute évidence, on n'aurait pas
dû payer un contrat, mais le contrat avait été passé
et c'était en plein du mois de lévrier. On aurait pu me dire:
Vous n'avez pas le droit de le payer. Par contre, si on s'était
empêché de payer le contrat, le lendemain matin, peut-être
que les chemins n'auraient pas été ouverts, en plein milieu de la
période d'hiver. On a décidé de payer. Ils m'ont dit: Tu
n'as pas le droit. J'ai dit: C'est bien correct, je n'ai pas le droit. Mais
j'ai dit: Je ne suis pas certain que si je ne paie pas, et que demain matin il
y a un téléphone dans n'importe quel cabinet do
député ou de ministre, nous dire qu'il y a une madame qui n'a pas
réussi à se rendre à l'hôpital ou qui a fait un
accident ou qui a brisé sur les chemins, qu'ils vont me
féliciter. Alors, ce n'est pas marqué... Je suis quand
même...
Le Président (M. Lemieux): Contrôleur des finances
délinquant.
M. Paré (Pierre-André): C'est ça. Des
voix: Ha, ha, ha!
M. Paré (Pierre-André): Jusqu'à un certain
point, M. le Président, quand même. Au mois de juin, il n'y avait
plus de glace, on s'en est servi.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): M. le député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Chagnon: Dans ce cas-là, il faudrait inscrire dans la
loi les morceaux d'imputabilité ou les sujets à propos desquels
l'imputabilité des hauts fonctionnaires devrait s'inscrire pour qu'ils
puissent venir devant une commission parlementaire, selon ce que vous dites, et
préciser.
M. Paré (Pierre-André): M. le Président,
juste deux minutes pour préciser la réponse. C'est qu'en fait, il
y a deux façons de voir ça. On peut tenter de faire une liste
très exhaustive des cas où les gens sont imputables et les cas
où ils ne le sont pas. Et si on fait ça, on s'encar-cane, selon
moi, très, très profondément dans un système
où, là, on est encore... Là, ça veut dire
ça, ça ne veut pas dire que c'est dans l'autre liste. Tandis que,
si on commence de façon plutôt graduelle, en faisant venir les
ministres ou les sous-ministres qui sont prêts à venir, pour des
programmes qui sont importants, on va commencer à se faire la main et on
va bâtir notre propre système d'imputabilité. C'est ce que
je dis à toutes fins pratiques.
Le Président (M. Lemieux): Ça va.
M. Chagnon: Je vous remercie, M. Paré.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Saint-Louis. M. le député des
îles-de-la -Madeleine, il vous reste quatre minutes, après je dois
passer à...
M. Farrah: Merci, M. le Président...
Le Président (M. Lemieux):... M. le député
de Labelle.
M. Farrah:... très brièvement, saluer le
Contrôleur des finances et les membres qui l'accompagnent
également. Trois questions assez brèves. Premièrement, en
tant que contrôleur des finances, êtes vous pour
l'imputabilité externe?
M. Paré (Pierre-André): En tant que
Contrôleur des finances, je dis qu'il y a une imputabilité. Elle
n'est ni externe, ni interne, c'est une imputabilité totale. Et
l'imputabilité, pour moi, ce n'est même pas un mot qui traduit
vraiment la réalité. Ça devrait être la
responsabilisation d'un sous-ministre. On peut être imputable de tout. Je
veux dire, dans le fond, à la rigueur, le gouvernement est responsable
des
roches que votre auto tire parce qu'il y a de la gravelle au lieu que ce
soit pavé. Mais ils sont responsables de tout le ministère,
ministre et sous-ministres mais, à l'intérieur de ces minis
tères et de ces organismes là, ils ont découpé les
responsabilités entre eux, ils ont décidé comment ils se
les partageaient. Mais, de façon finale, il y a quelqu'un qui est
responsable. Moi, la division entre interne et externe, je vais vous dire
pourquoi je trouve que c'est dangereux. À la fin, lorsque vous divisez
l'administratif et que vous le laissez aller seul, lorsque le politique arrive
et dit: Là, on voudrait s'en aller dans tel sens, l'administratif dit:
Excusez-nous, mais nous autres, on est imputables de cette manière
là et si vous voulez vous promener du côté politique,
promenez-vous tout seul un bout de temps, jusqu'à temps qu'on
réussisse à se rejoindre.
M. Farrah: C'est interrelié. Il ne faut pas. scinder.
M. Paré (Pierre-André): C'est très,
très dangereux, à mon point de vue.
M. Farrah: Non, c'est qu'on...
M. Paré (Pierre-André): Je veux dire, à la
rigueur, on pourrait se retrouver avec un gouvernement qui change et, pendant
quatre ans de temps, il roulerait sur l'ancienne imputabilité et l'autre
gouvernement n'aurait rien à dire.
M. Farrah: C'est qu'on fait un sondage sur l'imputabilrté
parce que, on se rend compte que tous les gens sont pour, mais quand... Ceux
qui décident ça, à l'interne, quand ils se
réunissent, ils sont contre. Ça fait que là, on est en
train de faire le pointage.
Des voix: Ha, ha, hal
M. Farrah: C'est pour ça. C'est dans ce
sens-là.
M. Paré (Pierre-André): Je veux dire...
M. Farrah: Deuxième question. À la page 18, vous
avez sauté deux, trois lignes, ça m'a paru important, là.
"Il faut également s'assurer que les personnes traitant avec les clients
ne sont pas effrayées par les moyens modernes de communication et
commencent à les utiliser facilement, etc. " Vers la fin, les deux
dernières phrases, ou les trois dernières: "II faudrait donc
apprivoiser les fonctionnaires à la technologie, à commencer par
les cadres et les sous-ministres. " Qu'est-ce que vous voulez dire par
là?
M. Paré (Pierre-André): Je veux dire, M. le
Président, que les cadres et les fonctionnaires sont les plus
réticents à utiliser un modèle de communication, à
utiliser les moyens modernes de travail. La dernière étude en
ligne qu'on a entendue, c'est l'expérience de la
Confédération des caisses populaires qui a parti un programme de
la qualité totale et qui s'est aperçue que la poche de
résistance la plus difficile à modifier, c'est l'étage dos
cadres. Un cadre, c'est fier; un cadre, c'est cadre; un cadre, ça
mène; un cadre, c'est boss, un cadre, ça n'a rien à
apprendre, un cadre, ça ne se forme pas. C'est bien de valeur, mais il
faudrait qu'ils changent, sinon il n'y a rien qui change.
M. Farrah: C'est intéressant et ça amène
à ma dernière question, M. le Président, avant de
passer.
Le Président (M. Lemieux): Oui, allez-y, M. le
député des îles-de la-Madeleine.
M. Farrah: parce que ma dernière question est la suivante.
Page 16, deuxième paragraphe, vous dites: "Lorsqu'on parle de produits
gouvernementaux, on ne parle pas de produits de consommation, habituellement.
Au service à la clientèle on ne peut changer une prestation
d'aide sociale qui ne satisfait vraiment jamais le client, etc. " Est-ce que
ça veut dire que le fonctionnaire qui, au bout de la ligne, au service
à la clientèle, à cause d'un manque de communication,
parce qu'il n'a pas participé à l'élaboration des
politiques et des directives ou des programmes, souvent n'a pas l'explication
d'une décision à rendre. Il ne peut justifier une décision
dans le sens suivant, et là, vous le mentionnez plus loin, les
contraintes financières, budgétaires, etc. Parce qu'un non, quand
c'est expliqué, c'est plus facile à prendre. Souvent le
problème, c'est que, au niveau du client - et on le vit en tant que
députés nous il va voir tel fonctionnaire dans un bureau
quelconque, dans une région, dans une ville, il a un problème -
c'est ça, noir sur blanc, c'est ça - il ne l'explique pas. Il n'y
a pas un manque de communication flagrant qui fait en sorte que le service
à la clientèle est diminué passablement?
M. Paré (Pierre-André): C'est-à-dire que si
vous voulez faire un parallèle entre le service à la
clientèle qui s'est fait, par exemple, au gouvernement, et qui, selon
mon point de vue, et la plupart du personnel fait beaucoup d'efforts pour
donner un bon service pour répondre, par rapport à celui qui peut
se faire dans l'entreprise privée, c'est un peu ça le
parallèle que j'avais. Si vous allez dans n'importe quel grand magasin,
vous avez un problème avec un appareil de consommation que vous avez
acheté, le grand magasin va tout simplement vous le changer, il va vous
en donner un, et s'il n'en a pas, de qualité supérieure, bonjour
la visite, il ne veut pas perdre un client. Ce n'est pas tout à fait la
même chose qui arrive au gouvernement avec les programmes qu'on a.
D'abord, on aimerait même
perdre des clients, souvent. Deuxièment, quand on dit non, c'est
vrai qu'on peut l'expliquer, mais si vous dites à quelqu'un: Non, tu
n'as pas le droit à l'aide sociale, et que la personne en a besoin,
qu'elle y ait droit ou qu'elle n'y ait pas droit, ce n'est pas encore certain
qu'elle va trouver ça plaisant de se faire dire non.
La plupart du temps, les fonctionnaires qui ont i\ répondre
connaissent une partie des réponses ou une raison des réponses,
mais ils ne peuvent pas dépasser un certain point, ou ils ne peuvent pas
dépasser un certain nombre d'éléments, parce que, à
un moment donné, ça devient du domaine de la politique. Et on
doit dire que les fonctionnaires en général sont assez bien
informés des réponses à donner. Il y a des petites
différences à faire, mais ils font bien ça.
M. Farrah: Donc, dans l'ensemble, vous dites qu'à la base
ils sont bien informés. Ils ont toute l'information voulue pour
justifier une décision.
M. Paré (Pierre-André): Je ne dis pas que si demain
matin vous prenez le téléphone, que vous appelez et que vous
dites: Pourquoi vous avez augmenté les immatriculations de 16 $? ils
vont vous donner toute la littérature...
Le Président (M. Lemieux): Ils sont mieux de le demander
à leur député.
M. Paré (Pierre-André): ...mais ils vont pouvoir
vous dire: Écoutez, il y a des problèmes. On veut faire payer
les... Ils peuvent vous donner des explications de base.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député des Îles-de-la-Madeleine. M. le député
de Labelle.
M. Léonard: Moi aussi je voudrais saluer M. le
Contrôleur. Je voudrais saluer aussi ceux qui vous accompagnent. Je
voudrais quand même revenir sur cette question d'imputabilité. Je
pense que vous avez éclairci les notions ou la réalité en
ce qui concerne l'imputabilité. À mon sens, je reviens sur ce que
j'en disais l'autre soir. On a tout à coup découvert un mot
auquel on accroche beaucoup de vertus. Alors qu'avant on parlait de
responsabilité, là on parle d'imputabilité. C'est
peut-être plus large. Je comprends. Mais, d'un point de vue pratique, ce
qu'on pourrait peut-être déplorer, c'est qu'il n'y ait pas de
rapports suffisamment étayés qui parviennent aux parlementaires
en règle générale, eux qui définissent les
politiques et les orientations. Lorsque l'on voit des rapports annuels de
ministères, c'est très beau. L'impression qu'on en a, c'est que
tout va bien dans le meilleur des mondes et il faut découvrir
derrière certains chiffres, quand c'est apparent, la
réalité plus triste un peu.
Je me demande si, à travers les 12 ques- tions que vous posez
à la fin de votre document, on pourrait constituer une espèce de
cadre de réponses à des questions très précises,
sur lequel le ministère viendrait à s'expliquer. Là, je
dis le ministère. Ce que j'hésiterai à préciser,
c'est si c'est le ministre ou le sous-ministre. Parce que, à mon sens,
finalement, ce que vous avez bien dit aussi c'est que c'est le ministre qui est
responsable. Là, on retrouve le principe fondamental de la
responsabilité ministérielle. Alors, est-ce que vous pensez qu'on
pourrait améliorer sensiblement les rapports qui doivent émaner
des ministères et qu'ils sortent surtout plus rapidement et non pas un
an et demi ou deux ans après? Je rappelle que dans l'entreprise
privée c'est trois mois, ou quatre mois.
M. Paré (Pierre-André): M. le Président, le
député de Labelle fait référence à des
rapports plus rapides...
M. Léonard: Plus étoffés, plus
étayés.
M. Paré (Pierre-André): Et plus
étoffés avec des références à
l'imputabilité ou à T'accoun-tability" si vous aimez mieux, entre
guillemets...
M. Léonard: Oui.
M. Paré (Pierre-André): ...de reddition de compte.
Dans un sens, premièrement, je pense qu'il y a lieu et qu'il est
possible de faire des rapports à la fin d'une année
financière, plus rapidement que de les faire un an et demi après,
premièrement. Deuxièmement, on parle de 12 attributs, je veux
dire, c'est évident qu'on peut dégager de ça un certain
cadre, et dire: On pourra le faire. Et d'ailleurs, à ça je vous
dirais que, l'an dernier, il y a eu un choix de fait de 20 compagnies par le
groupe de la comptabilité intégrée, et dans ces 20
compagnies-là, on a choisi 20 compagnies qu'on a retrouvées comme
faisant une reddition de compte dans leur rapport final annuel, les meilleurs
redditions de compte. Et on a décerné cinq palmes, ou cinq prix,
et c'est le groupe qui a fait ce document-là, l'efficacité, qui a
évalué ça. Ceux qui sont arrivés les premiers,
c'est Trilon, Banque de Montréal, Northern Telecom, et puis Onex. Et
lorsque Trilon a appris qu'elle avait gagné, elle ne savait pas que
ça existait. Ça veut dire que cette compagnie-là avait
pris des gens pour bâtir son imputabilité. Alors il est tout
à fait possible, à mon point de vue, de bâtir un cadre de
travail qui donne un rapport sur la reddition des comptes pour les
ministères, et de façon rapide à la fin d'une
année, pour répondre clairement à la question du
député de Labelle, j'espère.
M. Léonard: Je vais faire un autre détour. Que
pensez-vous de l'étude des engagements financiers qui est faite
actuellement par les parlementaires?
M. Paré (Pierre-André): L'étude des... Ma,
ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Attention à ce que vous
allez dire.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard: Je pose la question, vous n'avez pas à
m'interrompre, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Non, non, c'est vrai, M. le
député de Labelle.
M. Paré (Pierre-André): Ce que je dirais, M. le
Président, c'est que la question du député de Labelle est
tout à fait pertinente, Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Entièrement d'accord.
D'ailleurs je n'ai pas soulevé la non-pertinence de la question du
député de Labelle.
M. Paré (Pierre-André): Ha, ha, ha! Il y a
sûrement lieu de réexaminer de quelle façon on regarde les
engagements financiers, de quelle façon on fait parvenir les
informations à la commission pour les engagements financiers, qu'est-ce
qu'on y fournit comme informations.
M. Léonard: Je pense, quant à moi, pour le
bénéfice de mes collègues, que ça devrait commencer
par là, parce que s'il y a quelque chose d'absolument insipide, c'est
vraiment les rapports qui nous parviennent sur les engagements financiers. Je
le dis sans accuser personne, mais si, dans une entreprise privée, on
avait de tels rapports pour juger de l'administration, je peux vous dire que
ça ne marcherait pas cinq minutes. Alors je pense qu'il va falloir
définir ça, puis il me semble que le Contrôleur des
finances, comme le Conseil du trésor, justement, ont des choses à
dire sur le format, premièrement, des renseignements qui nous
parviennent.
Autre question. Le rapport du Vérificateur général
comprend un certain nombre de recommandations qui, à mon sens, sont
très pertinentes, qui font suite à des études
poussées. Nous le regardons Ici, en commission parlementaire, c'est
cette commission parlementaire qui l'examine. Mais par ailleurs, il n'y a
jamais aucun rapport qui nous parvient sur les mesures correctrices prises par
le gouvernement là-dessus. Est-ce que vous pensez que ça devrait
faire partie du système d'imputabilité?
M. Paré (Pierre-André): M le Président,
définitivement, oui...
Le Président (M. Lemieux): La réponse est
claire.
M. Paré (Pierre-André): ...définitivement,
je pense que même les ministères ou les organismes
vérifiés, qu'ils aiment ou qu'ils n'aiment pas le
Vérificateur général, devraient être capables de
fournir des informations aux parlementaires sur ce qu'ils ont fait pour
corriger ou pour ne pas corriger, les raisons pourquoi ils ne l'ont pas
corrigé. C'est tout à fait normal, je veux dire, c'est une
question simplement d'administration courante, à mon point de vue.
M. Léonard: Une autre question, est-ce que vous ne trouvez
pas que lorsque le gouvernement dépose son budget, il devrait être
très explicite et aller plus en détail, et présenter de
l'information de nature beaucoup plus conforme à des principes
d'imputablité que maintenant? Il y a eu, juste pour vous aider, il y a
quand même eu une réforme vers les années 1972, dans
laquelle on a présenté l'information budgétaire par
programmes. Donc, je pense que ça, ça a été un
avantage. Mais au-delà de ça, là encore l'information nous
parvient très globale, sous forme de chiffres et lorsque nous posons des
questions, très souvent elles sont vagues à souhait et le jus -
pour dire le mot - est réservé aux conférences de presse.
(16 h 30)
Le Président (M. Lemieux): M. le Contrôleur des
finances, j'aimerais faire remarquer - j'ai voulu entendre la question du
député de Labelle |usqu'à la (in - qu'elle est non
pertinente. On étudie l'imputabilité, j'en conviens, mais non pas
la teneur, l'aspect de l'administration financière ou le budget comme
tel et la commission a un mandat qui est bien spécifique. Je pense que
le député de Labelle le savait fort bien.
M. Léonard: M. le Président, je voulais juste faire
le tour des choses...
Le Président (M. Lemieux): Je vous ai vu venir, M. le
député de Labelle.
M. Léonard: ...qui touchaient à
l'imputabilité parce que, à mon sens, ça commence par le
premier élément, qui est le budget, qui indique les orientations
dont le ministre doit répondre et si l'on parle de
l'imputabilité, dont l'administration doit répondre. La seule
question qui reste à savoir, c'est: Est-ce qu'il doit répondre
devant des parlementaires, le sous-ministre, ou devant son ministre? Parce que,
pour le reste, sur le système d'imputabilité, tout le monde est
d'accord.
Le Président (M. Lemieux): Ah! là, c'est
correct
M. Léonard: Alors, le budget?
Le Président (M. Lemieux): Pas le budget, mais devant qui
doit il répondre?
M. Léonard: Non. Je pense qu'on va se comprendre parce que
vous dites partout, urbi et orbl, que vous êtes pour
l'imputabilité. Je pense
que le premier élément, c'est quand le gouvernement
indique ses orientations et je ne lui conteste pas le droit de le faire, mais
il indique ses orientations au public, à la fonction publique et
à ses fonctionnaires - donc, c'est ça la commande - et la
fonction publique doit être jugée en fonction de la commande. Si
nous, comme parlementaires, nous n'avons pas d'éléments
suffisamment précis pour les juger, il me semble que là,
justement, il manque le premier maillon de la chaîne.
M. Paré (Pierre-André): M. le Président, il
y a beaucoup de choses que le député de Labelle a
mentionnées II y a le budget, il y a de quelle façon le budget
pourrait être présenté, les informations que le budget
pourrait contenir, la commande que le budget passe aux ministères comme
étant des programmes à exécuter par les ministères,
de quelle façon les ministères peuvent rendre compte de leur
gestion vis-à-vis de ces commandes qui ont été
passées par le budget avec un peu plus de détail... C'est
évident qu'à l'ensemble de la question on peut dire qu'il peut y
avoir des améliorations. Il y a une chose que je voudrais rappeler
à la commission, je ne peux pas donner une réponse
complète à la question du député de Labelle, M. le
Président...
Le Président (M. Lemieux): Mais, d'ailleurs, je maintiens
la décision que j'ai mentionnée tout à l'heure. Le lien
est si éloigné. Même si je me colle à l'article 41
de la loi de l'interprétation, eu égard à notre mandat qui
veut qu'il soit large, libéral, qu'il ait une fin et dans son esprit,
encore là, je suis obligé de faire un effort. Je suis
obligé d'être tellement libéral que je ne suis pas
libéral comme ça.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Alors, essayez de me
comprendre, M. le député de Labelle. Je veux bien être
ouvert, perméable, mais je ne suis pas...
M. Léonard: Ah! M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): ...pas à ce point
là! Je ne suis pas capable parce que je serais le premier à me
faire reprocher ça comme président. Vous le savez à part
ça. Alors, essayez de vous en tenir strictement au mandat de la
commission.
M. Paré (Pierre-André): M. le
Président...
M. Léonard: Vous vous qualifiez vous-même de
libéral. C'est hasardeux.
M. Paré (Pierre-André): ...j'ajouterais seulement
que, peut-être, depuis 1972, puisque dans la question il y avait cette
référence... Il y aurait peut-être Intérêt
à regarder de quelle façon on a évolué dans la
présentation budgétaire depuis 1972 et on retrouverait
probablement une réponse satisfaisante aux questions du
député de Labelle, en partie.
M. Léonard: Si ça a évolué. Des
voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Labelle.
M. Léonard: Je...
Le Président (M. Lemieux): Oui, vous pouvez continuer.
M. Léonard: Une autre question. On a beaucoup parlé
ici de la décentralisation comme étant une des avenues de
l'avenir, puisqu'un document de réflexion sur l'an 2000 portait
là-dessus. Quels sont les problèmes que vous voyez, vous, comme
Contrôleur des finances ou quelle est la façon dont vous voyez la
décentralisation comme Contrôleur des finances par rapport
à toute cette question de la fonction publique et, en même temps,
du contrôle nécessaire que vous exercez vous-même au plan
des finances?
M. Paré (Pierre-André): M. le Président, du
côté de la décentralisation, au Contrôleur des
finances même, on a déjà, nous, procédé
à une décentralisation pour permettre aux ministères de
faire eux-mêmes leurs transactions - soit dit en passant qu'on va voir,
avant, de quelle façon ils font ça pour s'assurer qu'ils font les
transactions... correctement - et cette façon-là de
procéder était en ligne avec un des objectifs de la Loi sur la
fonction publique, puisque ça permet à un ministère de
faire ses transactions financières directement et, donc, de pouvoir
répondre au client lui-même, directement, sans attendre que le
Contrôleur fasse des choses ou ne fasse pas des choses, ce qui permet une
accélération d'un service. Si on parle de décentralisation
au niveau global, c'est-à-dire comme concept, en disant: les
ministères sont souverains, ils doivent avoir leur propre système
de comptabilité, ils doivent avoir leur propre système de
dotation de personnel, ils doivent avoir leur propre système de tout, je
dirais personnellement que, pour un gouvernement, ça ne peut pas
fonctionner, parce que, deux ans après, il va y avoir des lois qui vont
être quatre fois plus compliquées que celles qu'on a là
parce qu'il va y avoir eu des abus.
Par contre, la décentralisation peut se faire d'une certaine
façon. On peut confier des responsabilités et en garder une
certaine, responsabilité. On a fait, nous autres, au Contrôleur
des finances, une décentralisation de la saisie des données et
on est toujours respon-
sables des données qui sont fournies dans les états
financiers. Mais on s'est assurés que les gens... Ce n'est pas
marqué dans la loi que celui qui est responsable d'un acte doit tenir le
crayon et doit tout faire ça lui-même. Alors, les organismes
centraux devraient être capables de comprendre qu'ils ne sont pas
toujours obligés de tenir le crayon eux-mêmes pour écrire
toutes les feuilles ou écrire tout ça. Alors, dans ce
sens-là, la décentralisation est possible. C'est une question de
confiance.
Le Président (M. Lemieux): Merci II reste quatre minutes,
M. le député de Saint-Louis, et M. le député de
Limoilou a demandé la parole. Je voudrais bien qu'il n'y ait pas de
préambule et que ce soit bref, votre question.
M. Chagnon: Sur le dernier point soulevé.. Est-ce que la
décentralisation des saisies de données, ministère par
ministère, avec les gens de votre service, dans chacun des
ministères, n'a pas amené un problème d'acculturation,
c'est-à-dire s'approprier la culture du nouveau ministère dans
lequel ces gens-là ont été impliqués, par rapport
à la culture du Contrôleur des finances?
M. Paré (Pierre-André): Ces gens-là, dans
les ministères, ont commencé par comprendre pourquoi nous, on
faisait des transactions, pourquoi on faisait ces contrôles-là,
pourquoi on les exerçait. Une fois qu'ils les ont compris, ils ont
amélioré les contrôles qu'ils faisaient à
l'intérieur de leur propre ministère. On a vérifié
ces contrôles-là et on a dit: Si ces contrôles-là
sont satisfaisants, on ne voit pas pourquoi on en inventerait quatre de plus;
on va s'en satisfaire et on va toujours s'assurer qu'ils existent.
Le Président (M. Lemieux): Ça va. Alors, M. le
député de Limoilou, il vous reste deux minutes et quelques
secondes.
M. Després (Michel): Oui. À la page 18 de votre
mémoire, au deuxième paragraphe, vous dites: "La
confidentialité à outrance des banques d'information concernant
les Individus est une cause importante des problèmes d'application des
programmes. " Pouvez-vous m'expllquer ce que vous voulez dire exactement?
M. Paré (Pierre-André): Je veux dire que vous
avez... tout est confidentiel, au gouvernement. Votre dossier, peu importe le
ministère où il se trouve, est à peu près toujours
confidentiel. Si bien que vous vous adressez à un ministère et
que vous avez une réponse de ce ministère-là. Par contre,
si ce ministère-là savait que vous avez d'autres démarches
d'entreprises dans d'autres ministères, pour d'autres raisons, il
consoliderait l'ensemble du dossier et il dirait: Bien là, là...
C'est un par dessus l'autre et non pas... Les droits seraient différents
et ça Irait plus rapidement.
M. Després (Michel): O. K.
M. Paré (Pierre-André): On a juste à penser
aux adresses. Dans le fond, à combien de places votre nom est-il, au
gouvernement, avec votre adresse et votre numéro de
téléphone, là? Je veux dire: juste ça,
là.
M. Després (Michel): Dans tous les ministères.
M. Paré (Pierre-André): mettre à jour
que...
M. Després (Michel): Probablement dans tous les
ministères.
M. Paré (Pierre-André): On va continuer, si on veut
Les régimes de retraite, là, c'est tout à fait... Quand on
pense que quand on demande sa retraite et qu'on demande un certificat de
naissance et que ça fait 35 ans que la personne travaille pour nous
autres... On n'a pas réussi à garder sa date de naissance dans
nos dossiers! Là, il commence à y avoir une affaire qui ne marche
pas, là.
M. Després (Michel): C'est très confidentiel.
Peut être une dernière question qui s'adresse directement
au Contrôleur des finances. Tantôt, quand le président de la
commission vous a demandé si vous aviez établi les coûts
des occasionnels par la décentralisation, vous avez donné
quelques chiffres mais, par la suite, vous avez dit: Dans la fonction publique,
en ce qui concerne les services ou les produits, on ne peut pas établir
de coût de revient. Je demande au Contrôleur des finances si ce
serait possible et si on devrait le faire.
M. Paré (Pierre-André): Non seulement doit-on se
demander si c'est possible mais on doit le faire parce qu'il n'y a aucune
entreprise qui existe et qui réussit à donner quelque chose de
rentable sans avoir un système de prix de revient. Et le système
de prix de revient, je vous ferai remarquer qu'il n'y a aucune règle qui
empêche de l'installer, dans aucun ministère.
M. Després (Michel): Pourquoi ne le fait-on pas, à
ce moment-là?
M. Paré (Pierre-André): On ne le demande pas. Je
veux dire...
Le Président (M. Lemieux): Pourquoi on ne le fait pas?
M. Paré (Pierre-André):... la question... C'est
probablement la première fois que quelqu'un pose une question sur le
prix de revient
des choses dans un ministère. On ne l'a jamais demandé, on
ne l'a jamais fait.
Le Président (M. Lemieux): C'est intéressant.
M. Paré (Pierre-André): Qu'est-ce que vous voulez
que je vous dise?
M. Després (Michel): Assez impressionnant! Merci,
monsieur.
Le Président (M. Lemieux): Alors, merci, M. le
Contrôleur des finances. C'est noté et enregistré. Alors,
on vous remercie de votre participation à cette commission parlementaire
et je demanderais au prochain intervenant - il s'agit du
président-directeur général de la Régie des rentes
du Québec - de bien vouloir prendre place à la table des
témoins. Nous allons suspendre deux minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 40)
(Reprisée 16 h 43)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! Auriez-vous la gentillesse de bien vouloir regagner vos
sièges s'il vous plaît? À l'ordre, s'il vous plaît!
Vous aurez l'occasion d'échanger vos voeux dans quelques mois.
Auriez-vous la gentillesse de bien vouloir reprendre vos places s'il vous
plaît? À l'ordre, s'il vous plaît!
La commission du budget et de l'administration doit reprendre ses
travaux. S'il vous plaît! Alors, nous reprenons nos travaux pour entendre
la Régie des rentes du Québec. Et je demanderais au principal
intervenant de bien vouloir s'identifier et d'identifier les gens qui
l'accompagnent, s'il vous plaît.
M. Claude Legault
M. Legault (Claude): Bonjour, M le Président. Mon nom est
Claude Legault. Je suis le président de la Régie des rentes;
à ma droite, M. Bernard Lemay, directeur du service à la
clientèle et à ma gauche, Mme Monique Maheux, directrice des
communications.
Le Président (M. Lemieux): Alors, vous avez 20 minutes
pour l'exposé de votre mémoire. Suivra un échange avec les
parlementaires. Alors, nous sommes prêts à vous
écouter.
M. Legault: Je vous remercie. Comme vous...
Le Président (M. Lemieux): ..de votre intervention?
M. Legault: De mon intervention, en fait, je voudrais vous
résumer brièvement le mémoire... Le Président
(M. Lemieux): Ça va. M. Legault: ...puisque vous l'avez
déjà reçu.
Le Président (M. Lemieux): Oui. Mais de votre
Intervention, c'est un résumé que vous avez?
M. Legault: C'est un simple résumé.
Le Président (M. Lemieux): Ah, O.K. Ça va. Alors,
nous vous écoutons. Ça va.
M. Legault: Alors, si vous avez besoin de copies additionnelles
du mémoire, on aura...
Le Président (M. Lemieux): Non, ça va pour le
mémoire. Je croyais que vous aviez un résumé qui avait
été distribué et je ne l'avais pas eu. Ça va.
M. Legault: D'accord. Donc, nous essaierons, dans les minutes qui
nous sont imparties, de vous présenter principalement les approches de
service à la clientèle qui ont été
développées à la Régie des rentes. Et permettez-moi
tout d'abord de vous dire qu'en ce qui concerne la Loi sur la fonction
publique, trop souvent on est porté à prêter l'oreille aux
nombreuses critiques que les gens formulent alentour de cette même loi et
d'autres, se servant souvent de ces arguments en disant que c'est un
empêchement, que ça contient trop de difficultés et que
voilà une des principales raisons pour lesquelles, soit les services ne
sont pas adéquats, soit d'autres plaintes que les gens peuvent
formuler.
Quant à nous, nous sommes convaincus que la loi, telle qu'elle
est actuellement, nous fournit les outils nécessaires à une saine
gestion et principalement, au rôle qui est de rendre des services directs
à la population, ce qui n'empêchera sûrement pas cette
commission de se pencher et de faire les recommandations nécessaires, si
vous le jugez à propos, afin d'assouplir et de rajeunir cette même
Loi sur la fonction publique.
Je dirige la Régie des rentes depuis 1980 et, depuis ce temps,
nous avons exclusivement recherché à servir nos clientèles
en identifiant d'une façon particulière, dès le
début, quelle était cette véritable clientèle. Trop
souvent, on est porté à penser qu'à la Régie des
rentes, la clientèle, c'est celle des bénéficiaires. Quant
à nous, nous avons pris notre mandat d'une façon plus large afin
d'identifier les cotisants au Régime de rentes comme étant les
véritables clients en nous donnant comme vocation de faire en sorte que
l'on soit perçus comme étant les fiduciaires de leurs droits, et,
à ce titre, responsables de les conseiller et de les amener à la
liquidation de leurs droits, lorsqu'ils y ont accès,
selon l'âge ou selon l'événement qui peut être
tantôt l'invalidité ou encore un décès.
Il faut savoir qu'actuellement la Régie des rentes dessert 800
000 bénéficiaires et qu'elle a dans ses fichiers 3 000 000 de
cotisants actifs II y a plus de 5 000 000 de dossiers qui sont actifs, mais
pour lesquels les gens ne cotisent pas de façon régulière,
des gens qui, bien que n'ayant pas le droit encore de recevoir leur rente, ne
sont pas présents sur le marché du travail.
II faut également savoir qu'à la fin du siècle,
dans seulement 10 ans, nous devrons desservir 1 600 000
bénéficiaires et traiter, actuellement, au-delà de 100 000
demandes par année et que, d'ici quelques années, nous traiterons
près de 200 000 nouvelles demandes par année.
Il est impossible de gérer une telle quantité de demandes
et de clients sans recevoir de temps à autre des plaintes de gens
insatisfaits, de gens à qui la compréhension du régime a
passé outre aux informations que l'on rendait disponibles, et c'est
à nous de faire en sorte que l'information soit plus accessible et plus
claire.
Il y a différentes façons de comptabiliser ces plaintes.
Le dernier sondage que nous avons effectué démontre un taux de
satisfaction de la clientèle de plus de 94 %. On pourrait très
bien s'asseoir sur nos lauriers et dire que ce taux en lui-même
démontre un niveau de satisfaction suffisant. On doit plutôt se
pencher sur les 6 % de gens qui démontrent un niveau d'insatisfaction,
dû souvent, comme je le disais, à l'incompréhension de nos
lois, qui sont très difficiles à percevoir, mais aussi dû
à nos systèmes qui ne sont pas, sur le plan informatique,
adéquats et pour lesquels nous sommes en train de parfaire une refonte
des systèmes d'information nous permettant de fournir en direct des
informations plus adéquates à l'ensemble de nos cotisants.
Là où les gens ont dénoté une certaine carence
quant aux services rendus, c'est, entre autres, pour des choses aussi simples
que le temps d'attente pour un simple formulaire. C'est quand même
surprenant, malgré tous les efforts qu'on a faits. Mais ce qu'il y a
d'important, c'est de ne jamais oublier d'aller sonder les résultats,
d'obtenir la rétroinformation de nos efforts pour constater une lacune
aussi facile à corriger que celle-là et de tout simplement faire
en sorte que les gens qui reçoivent au téléphone une
demande de formulaire, plutôt que d'acheminer ça, comme
c'était le cas dans le passé, vers d'autres départements,
de prendre le nom de la personne, de l'inscrire directement sur une enveloppe,
d'y insérer le formulaire demandé et ça peut donc partir
dans les trois minutes qui suivent le téléphone.
Alors, des choses aussi simples et aussi banales que ça, il ne
faut pas toujours essayer de regarder simplement ce qu'il y a de
compliqué, parce qu'on oublie trop en arrière ce qui est souvent
très simple. Très simple également, la question des
formulaires sur lesquels, au cours des dix années passées, on
s'est penché, à quelques reprises, et la dernière
réécriture de ces formulaires prescrits remonte à moins
d'une année, pour s'assurer que les gens qui auront à les
compléter sont capables de réussir ce simple examen de le
compléter de façon simple, non stressante et complète,
pour les besoins de l'organisme. Trop souvent, dans le passé, autant
chez nous qu'ailleurs, on a constaté qu'on posait des questions n la
population que l'on avait dans nos propres fichiers Comme le disait M.
Paré. tout à l'heure, souvent dans le fichier du voisin. Mais
encore plus scandaleux, souvent dans les nôtres-mêmes.
Pour simplifier la tâche de l'administration, on était
porté à demander des renseignements additionnels. On recevait
tout, condensé dans une même enveloppe, et c'était plus
facile. On doit donc se rendre compte qu'on n'est pas là pour rechercher
la facilité, mais bien pour s'assurer de la qualité des services
rendus a la clientèle.
Pour ce qui est de cette clientèle qui reste insatisfaite
après les efforts que l'on a pu formuler, trop souvent, les gens
oublient que, dans le cas de la Régie des rentes, le réexamen, la
révision par l'administration elle-même, fait partie du
mécanisme déjà inscrit dans la loi, un mécanisme
simple. Et les gens, plutôt que d'en profiter, malgré qu'on les
informe qu'ils n'ont qu'à nous communiquer leur volonté de voir
la décision examinée en révision, négligent de le
faire et, entre autres, souvent, ils iront s'adresser directement au Protecteur
du citoyen On n'a rien contre l'organisme du Protecteur du citoyen, au
contraire, mais on doit, avant de regarder les statistiques compilées
par le Protecteur, s'assurer que tout le monde a la même
définition du mot "plainte"
Sur 435 plaintes logées auprès du Protecteur du citoyen,
l'an passé, seulement 62 s'étaient prévalus du droit de
révision de leur cas à la Régie. Nous sommes d'opinion que
le Protecteur du citoyen aurait pu très facilement s'assurer que les
gens profitaient de ce droit qui était inclus dans la loi, avant de
compiler comme une plainte auprès du Protecteur du citoyen, faisant en
sorte d'apporter une attention démesurée aux mécanismes de
services rendus à la clientèle. Donc, quant à nous, nous
sommes assurés que la clientèle, si on veut bien la servir, il
faut qu'elle se sente accueillie et ce n'est pas en cumulant les organismes qui
vont compiler des plaintes que les gens vont se sentir davantage bien servis
par l'appareil gouvernemental.
À la Régie, nous avons des valeurs de gestion que, non
seulement nous essayons de mettre en pratique, mais que nous vivons depuis un
certain temps. Et la principale de ces valeurs de gestion est celle qui dit que
la Régie vise la production de services de qualité au moindre
coût. Des intervenants antérieurs ont dit qu'il y
avait peu de moyens de vérifier quel était le coût
de la gestion, à l'unité, des services rendus. I) y a au moins
une chose qui peut être faite et ceci sera fait chez nous; il y a
déjà une étude comparative en marche pour so comparer avec
le secteur privé, mais également s'assurer que la recherche des
services au moindre coût est constamment ce qui habite les
employés, le personnel de la Régie. Donc, ça n'a pas
été facile en tout temps.
Les gens nous disaient tout simplement que si on veut rendre de
meilleurs services, il faut donc tout simplement avoir plus de ressources et
plus d'argent disponible. Chez nous, nous croyons que ce n'est pas
nécessairement l'argent qui va produire de meilleurs services, mais
qu'il y a moyen d'être ingénieux. Ne serait-ce que le
dépôt direct, par exemple, lorsqu'on voit que les rentes des gens
sont versées directement dans les comptes de banque, c'est un exercice
où tout le monde sort gagnant, tant la Régie, que le
bénéficiaire et la banque. Tout le monde y trouve un avantage et
on y fait des économies assez substantielles pour amener le gouvernement
à favoriser dorénavant les allocations familiales comme
étant également disponibles à ce service de
dépôt direct. Donc, des moyens semblables. Par exemple, un autre
qui me vient à l'esprit: nos bureaux d'accueil périodiques. La
Régie a des bureaux permanents et, en plus de ces bureaux permanents,
elle se déplace dans une région afin de rendre les services
là où se trouve la population.
Nous avons mis sur pied un service de prise de rendez-vous. Donc, avant
de se déplacer vers une ville à l'extérieur, les gens sont
informés par les journaux locaux, la radio et tout, de la date où
on sera là. Les gens nous appellent et prennent un rendez-vous. Par le
simple fait de prendre un rendez-vous, nous pouvons régler par
téléphone plus de la moitié des demandes de rendez-vous.
Donc les gens trouvent plus facile de régler leur cas par
téléphone ot nous pouvons servir plus de gens avec moins de
ressources. Voiià des moyens de rechercher l'efficacité à
moindre coût, tout en améliorant les services à la
clientèle. C'est donc avec cet esprit-là que se veut le service
à la clientèle à la Régie.
La technologie moderne, la technologie informatique, entre autres, doit
être développée, non pas seulement afin de sauver des
dollars à l'administration, et de sauver des démarches
administratives, mais doit être pensée en fonction des besoins de
la population. C'est à ce titre-là qu'en 1989 nous recevions le
prix OCTAS qui, pour un service informatique en développement,
était le premier à recevoir ce prix pour un service
développé en fonction de la clientèle. Voilà donc
des moyens différents, jusqu'à la technologie de pointe, qui
peuvent être envisagés pour l'avenir.
Quant à nous, pour l'avenir, nous croyons que nous devrons
apprivoiser la nouvelle tech- nologie, que ce soit la télévision
interactive, la télématique, les systèmes
téléphoniques informatisés ou encore le traitement de
l'image par l'informatique, autant de technologies que nous devons suivre, que
nous devons apprivoiser pour améliorer nos services. Dans un temps plus
immédiat, la Régie se penchera, au cours des prochaines
années, sur ces technologies, parce que nous ne pensons pas pouvoir
pénétrer cette façon de communiquer très
rapidement. C'est que l'on se rend compte que, malheureusement, le
Québec, comme ailleurs, compte un nombre élevé
d'analphabètes et que nous limitons actuellement nos moyens de
communication avec la population par des dépliants, par des
écrits, qui ne sont pas facilement déchiffrables pour une grande
partie de la population. Il faudra donc se rapprocher de l'image, se rapprocher
de la télévision, se rapprocher des médias de
communication autres que l'écriture afin de rejoindre cette
clientèle.
Le Président (M. Lemieux): Merci...
M. Legault: C'est donc, pour autant que l'on est capable de vous
Informer rapidement, vous qui avez lu le mémoire, et de répondre
à vos questions qui suivront, les principaux points qui touchent le
service à la clientèle, à la Régie. M. le
Président, nous sommes disponibles à répondre aux
questions de la commission.
Le Président (M. Lemieux): Merci. Une question assez
simple, est-ce que vous auriez pu réaliser aussi facilement vos
objectifs si vous aviez été dans un ministère?
M. Legault: Vous savez, je pense que oui, Moi je pense que oui,
parce que, il y a quelques années, l'ENAP avait décerné
certains prix, mais on passera rapidement par-dessus le prix
décerné...
Le Président (M. Lemieux): Et par-dessus l'ENAP.
M. Legault: Non, pas par-dessus l'ENAP, je n'oserais pas, mais,
à un groupe de gestionnaires, nous étions une douzaine. L'ENAP
avait remarqué, ces gens-là, peu importe où ils
évoluaient, ça fonctionnait toujours. Alors que, peu importe les
lois, peu importe la loi de la fonction publique, peu importe quand les gens
viennent dire: Au gouvernement, on a des contraintes avec des cadres non
compétents, avec des 'tablettes", pour les appeler par leur nom... Mais
allez donc voir chez GM puis chez Bell Canada, s'ils en ont aussi. Il y en a
partout. Quand Bell Canada a perdu son contrat en Arabie Saoudite, ils ont
reçu 500 personnes, qui étaient toutes des cadres, qui ont
regagné le Québec et envers qui la compagnie était
redevable. Qu'est-ce qu'on fait avec ce monde-là? (17 heures)
Le Président (M. Lemieux): C'est donc dire qu'à vos
yeux, ce n'est pas plus difficile dins taurer un vrai système
d'imputabilité, à la fois au niveau d'un ministère qu'au
niveau d'un organisme? Il n'y a pas de nuance pour vous, il n'y a pas de
différence?
M. Legault: Vous savez, c'est que vous faites deux questions de
votre question. Vous me partez maintenant d'imputabilité. Je vous dis
que, dans un premier temps, on peut réussir les objectifs que l'on se
donne, pour autant que l'on ait un plan stratégique, que l'on ait des
priorités qui soient établies, que l'on ait des objectifs
mesurables et que l'on puisse les suivre. Après ça, si vous
voulez qu'on parle d'à qui on doit en rendre compte, c'est deux. Mais,
dans un premier temps, on doit être capable d'accomplir ces
tâches-la, et, dans un deuxième temps, de savoir si on doit rendre
compte ou non. On s'amuse beaucoup, à la Régie des rentes, en
faisant qu'on essaie, d'année en année, de préparer le
budget en se disant: Et si c'était notre compagnie, qu'est-ce qu'on
ferait? Est-ce qu'on ne couperait pas 1 000 000 $ ou 2 000 000 $ cette
année, à quelque part? Alors cherchons où. Bien, on est
fier d'avoir des budgets qui grossissent moins vite que l'inflation. £t
d'année en année, on s'améliore, et, tout en
s'améliorant, en améliorant les services à la
clientèle, il faut que l'informatique, quand elle se développe,
qu'elle soit rentable, un jour. Il faut qu'on finisse par retirer les
bénéfices de ça.
Le Président (M. Lemieux): Ça va
M. Legault: Je me souviens qu'une année, on avait dit aux
gens qu'ils nous devaient 24 demi-postes. Tout le monde disait qu'ils sauvaient
une demi-année/personne...
Le Président (M. Lemieux): Vous avez répondu
à ma question, M. Legault. M. le député des
Iles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: M. le Président, au nom de notre formation
politique, je vous souhaite la bienvenue, à vous et à vos
collègues. Dans l'élaboration des politiques, des directives de
gestion de ressources humaines, par exemple, par l'Office des ressources
humaines, êtes-vous consulté, en tant que président
d'organisme? Si oui, comment?
M. Legault: Nous sommes consultés, mais principalement au
travers une délégation que l'on donne à notre directeur
des ressources humaines. Bien entendu, c'est suivi très
étroitement par le vice-président, qui est responsable de ce
secteur-là. Mais les organismes centraux nous consultent suffisamment
pour ne pas que l'on apprenne, ni par les journaux, ni par des directives, tes
décisions qui viennent d'être prises. Ordinaire- ment, moi, je
n'ai jamais vu de surprises en 10 ans que je suis au gouvernement.
M. Farrah: C'est intéressant parce que vous êtes le
premier qui nous indique cette voie-là. On est contents de savoir que
ça se fait parce que c'est tout à fait normal, de toute
façon, d'ailleurs.
M. Legault: Oui, ça se fait.
M. Farrah: Au niveau de l'imputabilité, avez-vous des
idées sur le partage - excusez l'expression - de la matière qui
serait imputable, la politique versus l'administratif? Je ne sais pas si vous
avez réfléchi là-dessus. Si oui, où serait la
délimitation?
M. Legault: Bon, avant de parier de partage, permettez-moi de
donner mon opinion en général sur l'imputabilité. Je me
sens déjà passablement partagé et vous voudriez que je le
sois encore davantage. Peut-être qu'il y a de la place encore pour un peu
de partage.
Le Président (M. Lemieux): Nous ne sommes que de simples
citoyens, nous autres, vous savez.
M. Legault: Vous savez, c'est que je ne sais plus combien j'en ai
de boss. De temps en temps, c'est le Secrétaire général de
la province, ça va de soi; de temps en temps, et assez souvent
j'espère, à sa satisfaction, c'est le ministre, bien que
ça ne soit qu'un ministre titulaire, donc, qui n'est pas responsable
directement de l'administration, mais en tant que ministre titulaire, j'ai des
comptes à lui rendre. Nous avons également deux contrats de
gestion avec le gouvernement: un pour les régimes complémentaires
et un pour les allocations d'aide à la famille. Après qu'on a
reçu ces mandats là, le sous-ministre qui est responsable de
l'ensemble du ministère a donc son mot à dire pour ces deux
programmes-là. Il ne faudrait pas que j'oublie à travers
ça que j'ai un conseil d'administration. Alors, quelquefois, lorsque
nous pensons que notre rôle en est un de fiduciaire, on a donc à
rendre des comptes directement à la population et à travers
ça on est capables de servir tous nos maîtres, mais si on doit
également en servir un autre, moi, je veux bien, mais si vous enlevez
des choses pour lesquelles je me rapporte déjà, pour certaines,
au ministre, c'est donc à lui qu'il faut poser la question. Si lui est
d'accord pour que, dorénavant, il ne soit plus le responsable
vis-à-vis de nous de tel et tel secteur, mais que ça soit
quelqu'un qui sera à côté de lui ou en haut de lui,
ça, je ne le sais pas. On ne m'a jamais répondu à
ça. À ce moment-là, je ne sais pas comment on pourrait
arriver.
Le danger que je trouve qui pourrait guetter les sous-ministres et les
dirigeants des organismes, c'est que, si c'est une commission
quelconque qui devient une commission publique, qui, attendons quelques
années, sera télévisée... - Tout à l'heure,
M. Paré disait qu'il y en avait eu des bouts qui s'étaient
passés à huis-clos, mais il nous a donné beaucoup de
détails pour des choses qui s'étaient passées à
huis-clos Finalement, dans tout ça, si on devient des gens sous les feux
de la rampe, avec les caméras braquées sur nous, est-ce qu'il n'y
a pas un danger que l'on commence à s'imaginer qu'on est des gens
publics? Que dirait le ministre qui entendrait son sous-ministre ou son
dirigeant d'organisme répondre à une commission parlementaire: Eh
bien voilà, j'avais suggéré ça au ministre mais il
ne l'a pas retenu? Est-ce qu'on peut imaginer une telle situation? Alors, quant
à moi, l'imputabilité, elle existe déjà, mais elle
existe, dans le système parlementaire qui est le nôtre, envers les
ministres. Si, à un moment donné, on veut qu'elle existe ailleurs
qu'envers le ministre, eh bien moi, je n'ai pas d'opinion à
émettre là-dessus pour l'instant.
M. Farrah: Oui, mais quand même, au niveau de votre
organisation... Il y a de la gestion dont vous êtes responsable, de la
gestion administrative. Je ne pense pas que le ministre... Le ministre ne peut
pas être responsable ou au-dessus de tout pour une question
administrative d'un bureau x. Alors, à ce moment-là, dans ce
sens-là, cette partie de la gestion qui relève exclusivement de
l'interne, chez vous, est-ce que cette partie-là ne devrait pas
être imputable?
M. Legault: Mais elle l'est au conseil d'administration
actuellement. Le conseil d'administration me délègue son
autorité administrative et je lui en rends compte. Et si,
dorénavant, je dois rendre compte à une autre institution, moi,
ça m'est égal. Ça ne me dérangerait pas de le
faire. Mais est-ce que je le ferais à la place du conseil ou en plus?
Dans un ministère, c'est le ministre qui est responsable de
l'administration. Il peut très bion ne pas questionner chacun des gestes
posés, mais il a le pouvoir de le faire et le devoir de le faire. Et si,
tout à coup, il se fait répondre par son sous-ministre: Je
regrette, M. le ministre, mais ça, ça regarde la commission.
Alors, il me semble que celui qui va être capable de départager
ça... Moi, on n'a pas réussi à me démontrer la
clarté entre un système parlementaire et un système
d'actionnariat dans une compagnie.
M. Farrah: Sauf que le principe d'imputabi-lité ne
soustrait pas la responsabilité du ministre.
M. Legault: Non, non
Le Président (M. Lemieux): La responsabilité
ministérielle.
M. Farrah: II n'y a personne qui souhaite ça non plus, li
n'y a personne qui s'administre dans ce cas-là non plus. Il n'y a pas un
ministre qui accepterait ça. Mais juste un exemple. Est-ce que votre
mémoire a été validé par votre conseil
d'administration?
M. Legault: Ils l'ont reçu.
M. Farrah: Ils l'ont accepté avant que vous le...
M. Legault: Ils ne l'ont pas...
M. Farrah: C'est dans ce sens-là, ce que je veux dire.
M. Legault: Bien, oui, d'accord. Le conseil s'est
réservé certains pouvoirs qui sont de son autorité. Pour
le restant, il m'a délégué l'administration et je suis en
général redevable au conseil, qui peut appeler devant lui chacun
des éléments et, ni plus ni moins, me faire parader devant lui et
dire: Mais, comment ça se fait que vous avez manqué de jugement
en écrivant tel mémoire? Et je serai responsable des gestes que
je pose quotidiennement. Donc, le conseil ne peut pas être de chacune des
décisions. Mais, à ce moment-là, je suis quand même
redevable au conseil de chacune des décisions que je prends. Et s'il
décide que, dorénavant, tous les écrits que je signerai
avant de sortir de la Régie devront passer par le conseil, alors, je
devrai le faire. Et il viendra le dire: Voilà, à cause de ton
manque de jugement, je limite dorénavant, ton pouvoir exclusif en telle
matière, et tu devras passer par un comité du conseil ou etc.
Alors, c'est là que j'ai de la difficulté à comprendre ce
qu'on recherche. Je le sais très bien que, de la part des
parlementaires, on recherche une meilleure connaissance de l'appareil. Et
ça, c'est tout en votre honneur de souhaiter mieux comprendre le
fonctionnement de l'appareil gouvernemental.
Le Président (M. Lemieux): Ce n'est pas ça qu'on
recherche. En tout cas, O.K., allez-y.
M. Legault: Non, mais il y a des gens qui vont à
l'imputabilité comme ça. Il y en a d'autres qui vont à
l'imputabilité de façon différente. Mais je ne le sais
pas, ce que l'on vise au gouvernement par "imputabilité" lorsqu'on l'est
déjà envers un ministre et dans un organisme où on l'est
déjà envers un conseil d'administration.
Le Président (M. Lemieux): O.K., Georges.
M. Farrah: Avec la loi, c'est le service de la qualité aux
citoyens.
M. Legault: Voilà, mais...
Le Président (M. Lemieux): M. le député
de
La Prairie.
M. Lazure: Merci, M. le Président. Je suis personnellement
heureux et aussi au nom de l'Opposition de souhaiter la bienvenue à M.
Legault et à ses collègues. Ce matin, nous avions le
président... te P. -D. G de la Société de l'assurance
automobile du Québec et je faisais remarquer que, compte tenu de la
qualité des services que la Société de l'assurance
automobile fournit à la population du Québec, nous étions
fiers, de ce côté-ci de la table, d'avoir créé la
Régie, comme elle s'appelait autrefois, mais qui a changé de nom.
De la même façon, moi, je suis fier d'avoir contribué
à la nomination du P. -D. G. de la Régie des rentes, M. Legault,
en 1980, et d'avoir travaillé avec lui. Parce que la Régie des
rentes est un des organismes qui se classent parmi ceux qui sont l'objet de
moins de plaintes de la part de la population. C'est plutôt rare. Et
c'était comme ça au moment où, au Secrétariat des
relations avec les citoyens, nous avions l'oreille bien attentive aux plaintes
des citoyens vis-à-vis des ministères, vis-à-vis des
organismes gouvernementaux. La Régie des rentes est un des quelques
organismes qui avait une bonne cote, une très bonne cote. Je suis
content de voir que ça continue. (17 h 15)
J'ai simplement quelques questions factuelles pour m'aider en même
temps à faire ma mise à jour sur mes connaissances de la
Régie. Parce que j'ai un peu perdu de vue la Régie depuis
quelques années après en avoir assumé la
responsabilité pendant quatre ou cinq ans, avec le P. -D. G. Les bureaux
régionaux. Vous avez parlé des locaux, des bureaux d'accueil
temporaires que vous avez, là, ce qui est un très bon service.
Mais les bureaux régionaux permaments, est-ce que leur nombre a
augmenté? Vous vous souviendrez sans doute qu'il y avait eu des
pressions pour qu'on en mette quelques nouveaux sur pied de manière
à ce que toutes les régions du Québec... Est-ce que toutes
les régions sont maintenant couvertes? Est-ce que chaque région
administrative a un bureau?
M. Legault: C'est le même nombre qu'il y avait...
M. Lazure: II n'y a pas eu d'augmentation.
M. Legault:... en 1980... Il n'y a pas eu d'augmentation, mais
nous avons changé, modifié les méthodes des bureaux
d'accueil à temps partiel de façon que l'on puisse davantage
servir la population. Donc, nous couvrons maintenant 50 villes au
Québec...
M. Lazure: Dans les bureaux temporaires d'accueil?
M. Legault:... par les bureaux temporaires.
Exact Donc, il y en a beaucoup plus qu'avant, beaucoup plus de visites,
donc, une espèce d'éclatement des points de contrôle que
sont les bureaux permanents.
M. Lazure: Vous avez aussi, parlé tantôt du besoin
de ressources financières additionnelles, de ressources en personnel et
de ressources financières Le nombre d'employés, que vous avez, au
total c'est quoi maintenant, à peu près, là?
M. Legault: C'est Le nombre d'employés permanents est de
740 et si on y additionne les occasionnels, ça fait... plus 200
occasionnels. Donc, ça fait..
M. Lazure: Est-ce que ça a bougé depuis 10 ans,
depuis sept ou huit ans?
M. Legault: Oui, ça a bougé mais pas de
façon tellement significative. Je dirais peut-être une
cinquantaine sur 10 ans, alors qu'il y avait...
M. Lazure: Est-ce que vous pensez que pour améliorer la
qualité... Parce que là, votre clientèle, c'est., bon, les
allocations familiales, les régies.. Régie des rentes, personnes
âgées... Pour améliorer la qualité de vos services,
est-ce que vous pensez que ce serait utile d'avoir d'autres bureaux., d'avoir
au moins un bureau dans chaque région?
M. Legault: Nous sommes actuellement capables de répondre
aux demandes à partir des bureaux que nous avons vers les bureaux
temporaires, et les bureaux temporaires rendent de meilleurs services dans le
sens où, les localités où sont logés les bureaux
permanents obligeraient les gens à se déplacer beaucoup. Alors,
si on avait quatre, cinq, six bureaux permanents de plus, on serait donc
obligés de voir les gens se déplacer vers ces bureaux-là,
alors que là, actuellement, c'est nous qui nous déplaçons
vers la clientèle.
M. Lazure: Je veux dire que, dans mon esprit, s'il y avait ajout
de deux, trois bureaux régionaux permanents pour couvrir les
régions qui n'en ont pas, ça n'enlèverait pas les autres,
les 45 ou 50 bureaux temporaires, évidemment. Parce que.
M. Legault: Bien, ça les enlèverait au moins dans
les villes où ils seraient.
M. Lazure: Oui, oui. Bien sûr. Mais c'est..
M. Legault: Par exemple, si on prend la ville de Granby, qui est
entre Sherbrooke et Montréal, s'il y avait un bureau permanent à
Granby, bien il n'y aurait plus de bureau temporaire. Alors, actuellement, les
études que l'on
fait nous démontrent que la clientèle n'a pas à
attendre avant de rencontrer la Régie.
M. Lazure: Les formulaires, vous en avez dit un mot,
tantôt. Et on a vu, avec le Protecteur du citoyen et avec nos propres
sondages aussi, que ça continue d'être un gros problème, la
compréhension, l'absence de langage simple dans les formulaires; pas
seulement chez vous mais dans l'ensemble de la machine, là.
M. Legault: Oui, oui.
M. Lazure: Est-ce que vous utilisez des comités de
personnes âgées, par exemple, quand vous...? Je pense qu'il y
avait eu quelques essais, à l'époque. Est-ce que ça
continue, ça? Est-ce que ça se fait
régulièrement?...
M. Legault: Absolument.
M. Lazure: ...les comités d'usagers pour tester vos
formulaires?
M. Legault: Et ce ne sont pas des comités permanents. Ce
sont des gens quo l'on prend au hasard à chaque fois. Parce que c'est
bien entendu que s'ils en ont complété une fois et qu'on les
rappelle au bout d'un an, ils ont déjà commencé à
gagner une partie du langage, si hermétique. Donc... Par exemple, on
envoie un relevé personnalisé aux gens lorsqu'ils atteignent 59
ans. Je peux vous dire que le premier que nous avons envoyé ressemblait,
à s'y méprendre, aux anciennes déclarations du
ministère du Revenu qu'on devait compléter. C'était d'une
complexité incroyable, et aujourd'hui, on est rendu avec quelque chose
de très imagé et on fait constamment des sondages parmi les gens
qui le reçoivent afin de savoir, non seulement la compréhension
mais le niveau de rétention de l'information qu'ils ont roçuo.
Cost tout à fait satisfaisant. Et on ne permettrait pas à un
formulaire de sortir à l'imprimerie ou d'être approuvé par
le conseil s'il n'y avait pas ce comité-là qui avait
réussi le test à 100 %. Il faut donc que 10 personnes qui sont
choisies réussissent le test à 100 %. S'il y en a deux qui font
des erreurs, c'est que le document est encore trop compliqué et on
recherche des mots plus simples, des caractères plus gros et quelque
chose de plus aéré pour ne pas qu'il soit rebutant.
M. Lazure: Dans le rapport annuel du Protecteur du citoyen,
est-ce que le nombre de plaintes touchant vos services à la Régie
est important, en pourcentage ou en nombre absolu? Je ne l'ai pas en
mémoire.
M. Legault: En nombre absolu, j'ai trouvé qu'il
était important, et j'ai rencontré le Protecteur du citoyen
immédiatement après la parution de son rapport où il
parlait de 425 plaintes - 425 plaintes, quant à moi, c'était une
augmentation insatisfaisante - pour me rendre compte, finalement, comme je le
disais tout à l'heure, qu'il n'y en avait que 62 qui étaient
passées par le mécanisme de révision. Il y avait donc 62
plaintes au Protecteur du citoyen. Après ça, quand on regarde le
nombre de plaintes qui sont fondées, dans le sens des services
différents qu'on aurait pu rendre, eh bien, il n'y en a à peu
près pas, mais il y a toujours place pour l'amélioration. Mais
c'est très peu significatif le nombre de plaintes que l'on aurait pu
corriger par des moyens différents. Quelqu'un qui se plaint de ne pas
avoir droit à une rente d'invalidité quand il n'y a pas droit,
c'est malheureux, mais ça ne lui donne pas de droit additionnel, allons
voir le Protecteur.
M. Lazure: Juste une dernière question peut-être.
Les formulaires, est-ce que vous en imprimez un certain nombre de copies en
braille?
M. Legault: Non. Quand je vous disais tout à l'heure que
nous devons nous orienter vers les analphabètes, je n'ai pas
complété mon information, c'est vers les analphabètes,
vers les malentendants, si jamais il y a des messages publicitaires à la
télévision, et vers les gens handicapés de la vue. C'est
toute une nouvelle approche envers ceux qui ne peuvent pas comprendre, pour
n'importe quelle raison, que l'on veut faire.
M. Lazure: Est-ce que c'est dans vos plans de le faire
bientôt? Parce que ce n'est pas un grand nombre de personnes, c'est
quelques milliers de personnes, puis ce n'est pas un gros coût non plus,
c'est presque rien.
M. Legault: Absolument.
M. Lazure: Je pense que c'est... Ça reflète quand
même un peu, malgré l'éloge que je faisais tantôt des
services de la Régie, qu'il y a, dans l'ensemble gouvernemental,
vraiment un oubli de la personne handicapée. On a vu que les effectifs
de personnes handicapées dans la fonction publique sont de 0,7 %, alors
que l'objectif était de 2 % en 1984. Ça a tombé. Et les
formulaires en braille, quelque mille formulaires en braille, ce n'est pas
très très coûteux. Donc, c'est une question vraiment de
présence des personnes handicapées à l'esprit des
gestionnaires. Je ne sais pas comment on pourra y arriver, mais c'est...
M. Legault: On va sûrement y arriver; c'est l'engagement
qu'on prend de se tourner vers ces clientèles qui ont été
trop longtemps négligées.
M. Lazure: Merci.
Le Président (M. Lemieux): C'est une
constante que l'on retrouve abstraction faite...
M. Lazure: Dans l'ensemble des ministères puis des...
Le Président (M. Lemieux):... de la couleur des
gouvernements aussi, je tiens bien à le mentionner.
M. Legault: Oui, oui.
M. Lazure: Oui.
Le Président (M. Lemieux): O. K. Ça va.
M. Lazure: Merci.
Le Président (M. Lemieux): Alors, nous vous remercions
pour votre participation et votre collaboration à cette commission
parlementaire. Nous allons susprendre deux minutes afin de permettre au
prochain témoin, M. Benoît Morin, secrétaire
général du Conseil exécutif, de bien vouloir prendre
place.
(Suspension de la séance à 17 h 25)
(Reprise 17 h 28)
Le Président (M. Lemieux): A l'ordre, s'il vous
plaît. Auriez-vous la gentillesse, l'amabilité de bien vouloir
prendre vos places, s'il vous plaît. À l'ordre, s'il vous
plaît. La commission du budget et de l'administration reprend ses travaux
Nous allons entendre maintenant le secrétaire général du
Conseil exécutif. Je lui demanderais de bien vouloir s'identifier aux
fins de l'enregistrement du Journal des débats et de nous
présenter les gens qui l'accompagnent.
M. Benoit Morin
M. Morin (Benoit): Je suis Benoît Morin, secrétaire
général du Conseil exécutif et je suis accompagné
cet après-midi par trois collègues: Mme Nicole Malo,
sous-ministre aux Affaires culturelles; M. Bernard Angers, sous-ministre du
Revenu et M. Pierre Sarault, secrétaire général
associé aux Affaires culturelles et sociales au Conseil
exécutif.
M. le Président, je souhaite d'abord vous remercier, ainsi que le
vice-président, M. le député de La Peltrie, de La Prairie,
je m'excuse, et tous les membres de la commission de m'avoir invité
à m'adresser à vous dans le cadre de votre examen de la Loi sur
la fonction publique, qui se déroule conformément à la
prescription de l'article 172 de cette même loi.
En guise d'amorce à nos échanges, j'ai cru utile et
opportun de procéder à une déclaration liminaire qui
s'inspire et résume les conclusions de mes collègues, des
sous-ministres, en ce qui a trait à l'objet principal de vos travaux,
à savoir l'opportunité de maintenir en vigueur ou, le cas
échéant, de modifier la Loi sur la fonction publique. Si vous m'y
autorisez, M. le Président, je procéderai au dépôt
et à la lecture de cette déclaration, dont j'ai remis copie au
secrétaire.
Le Président (M. Lemieux): J'ai autorisé le
dépôt, M. Morin.
M. Morin (Benoit): M. le Président, les sous ministres ont
pris connaissance avec beaucoup d'intérêt du questionnement retenu
par la commission parlementaire dans le but de réaliser son
présent mandat. Intervenant presque à la toute fin de vos
travaux, vous comprendrez que nous ferons porter nos commentaires et nos
observations d'abord et avant tout sur les éléments qui nous
apparaissent essentiels, eu égard au rôle et aux fonctions
dévolus aux sous-ministres au sein de l'appareil étatique
québécois et ce, sans pour autant que la commission estime,
espérons-nous, que nous considérions secondaires et moins
importants d'autres thèmes qui ont pu par ailleurs faire l'objet
d'échanges et d'approfondissement utiles et concluants entre la
commission et un certain nombre d'intervenants qui nous ont
précédé jusqu'à maintenant.
La commission s'interroge donc ultimement sur l'opportunité de
maintenir en vigueur ou, le cas échéant, de modifier la Loi sur
la fonction publique, à la lumière des progrès accomplis
dans l'atteinte de son objectif premier, soit de fournir au public les services
de qualité auxquels il a droit, de mettre en oeuvre les politiques
établies par l'autorité constituée et d'assurer la
réalisation des autres objectifs de l'État.
La mission de la fonction publique québécoise, ainsi
définie à l'article 2 de la loi, le législateur a
précisé, dès l'article suivant, les valeurs, la
philosophie de gestion qui devaient dorénavant présider à
la réalisation de ce mandat L'article 3 de la loi établit en
effet que l'organisation des ressources humaines, de l'administration publique
québécoise, doit avoir pour but de favoriser d'abord l'efficience
de l'administration ainsi que l'utilisation et le développement des
ressources humaines d'une façon optimale.
Deuxièmement, l'exercice des pouvoirs de gestion des ressources
humaines le plus près possible des personnes intéressées
et l'application d'un régime selon lequel le fonctionnaire investi de
ces pouvoirs de gestion doit en rendre compte, compte tenu des moyens mis
à sa disposition. Troisièmement, l'égalité
d'accès à tous les citoyens à la fonction publique.
Quatrièmement, l'impartialité et l'équité des
décisions affectant les fonctionnaires et, cinquièmement,
finalement, la contribution optimale, au sein de la fonction publique, des
diverses composantes de la société québécoise.
Quand on relit les réflexions qui ont
présidé à la rédaction d'une telle Loi sur
la fonction publique, on comprend que le but recherché était de
se doter d'un cadre législatif pour les ressources humaines de
l'administration publique, qui visait moins à déterminer et
à normer les choses qu'à définir des objectifs et à
permettre une gestion véritable des personnels à
l'intérieur de l'appareil administratif public, les personnes
constituant le facteur le plus stratégique dans la production des biens
et services, que l'État souhaitait assumer, et ce,
évidemment.
Un tel type de loi contrastait de façon marquée avec celle
qui l'avait précédée et même, dans une certaine
mesure, avec la philosophie de gestion qui préside à la gestion
des autres ressources. Je pense ici aux ressources financières et
budgétaires, matérielles et technologiques d'information, qui
sont nécessaires à la production des services à la
population.
Passer d'un régime, d'un système centralisé,
où le respect do la norme constituait le critère
d'évaluation de la performance à un régime de
responsabilisation où, ultimement, la qualité et la
quantité des résultats devraient faire l'objet de
l'appréciation, faisait appel, c'est le moins qu'on puisse dire,
à une véritable révolution culturelle.
Les attitudes, les pratiques, les habiletés nouvelles qu'une
telle mesure innovatrice requérait des individus, les organisations
sectorielles ou centrales ne pouvaient se développer que
progressivement.
La commission parlementaire partagera sans doute le jugement des experts
en développement organisationnel et en sociologie des organisations
à savoir que l'introduction d'un tel changement dans une organisation,
voire une organisation aussi complexe et diversifiée que
l'administration publique québécoise qui doit continuer, comme il
se doit, à fournir les services quotidiens à la population et aux
élus, ne peut se faire que graduellement.
Les sous-ministres sont également bien conscients que tout n'a
pas encore été réalisé. Mais à observer ce
que tentent actuellement de faire les autres administrations publiques des pays
développés dans le domaine de la gestion des ressources humaines,
nous sommes déjà assurés, qu'avec une loi de cette nature,
l'administration publique québécoise est sur la bonne voie. Et
ce, bien sûr, à condition de tirer profit des observations
pertinentes et des recommandations qui seront formulées au terme de
l'évaluation en cours, laquelle, rappelons-le, avait été
judicieusement planifiée par le législateur.
Ceci étant dit, nous aimerions maintenant nous attarder à
trois aspects qui, pensons-nous, rejoignent le questionnement fondamental de la
commission, à savoir, d'abord la part qu'il faut accorder à la
gestion des ressources humaines et à la Loi sur la fonction publique qui
l'encadre dans le maintien et l'accroissement de la qualité et de
l'efficacité des services à la population; deuxièmement,
la nature, la portée et les limites des régimes
d'imputabilité au sein de l'appareil étatique
québécois; troisièmement, les enjeux et défis de
l'administration publique au cours des prochaines années ainsi que ceux
de la fonction publique qui l'anime.
Parlons donc d'abord de la qualité et de l'efficacité des
services rendus aux citoyens. La commission parlementaire, soucieuse d'assumer
pleinement son mandat, a considéré primordial de s'interroger sur
le lien à établir entre la Loi sur la fonction publique et la
qualité et l'efficacité des services rendus aux citoyens. Les
sous-ministres souhaitent répondre à ce questionnement en
soumettant les principaux éléments de leur réflexion sur
la problématique de la dispensation par l'État de services aux
citoyens dans une société développée comme l'est le
Québec.
La commission amorce son questionnement sur ce thème à
partir d'une allocution du Protecteur du citoyen qui a juridiction sur 110
ministères et organismes, et qui déclarait à cette
occasion avoir reçu, au cours de l'année 1989-1990, près
de 22 000 demandes, dont 19 000 demandes d'enquête. Il avait
accepté d'enquêter dans environ 8 000 dossiers pour y constater
que 28 % des plaintes étaient fondées. Il notait finalement que
les ministères et organismes donnaient suite à ses
recommandations dans plus de 99 % des cas.
Il convient peut-être de constater d'abord que, heureusement, au
Québec, le législateur a prévu depuis plusieurs
années des instances auxquelles les citoyens peuvent recourir pour se
conforter suite à un geste administratif ou, le cas
échéant, pour faire corriger les erreurs qui les
pénalisent injustement. Il ne faudrait pas par ailleurs se surprendre
que ces mécanismes et recours soient de plus en plus utilisés par
les citoyens et les citoyennes mieux informés de leur existence. Au
contraire, on devrait peut-être être rassurés d'observer
qu'on nous rapporte que le nombre de plaintes fondées soit
proportionnellement aussi bas, compte tenu des millions d'actes, de gestes et
de services rendus par l'appareil étatique au cours d'une
année.
Il est indéniable que les ministères et les organismes
doivent viser énergiquement à réduire à zéro
les erreurs dans la dispensation des services et continuer à les
corriger avec célérité lorsqu'elles sont
identifiées. À cette fin, les progrès doivent continuer
à se faire de façon constante dans la gestion des organisations,
la planification des tâches, l'organisation du travail, la formation
continue des personnels et la mise en place de mécanismes de
rétroinformation pour les clientèles. Cependant, comme le fait
à juste titre la commission parlementaire dans son questionnement sur ce
thème, si on considère l'aspect des délais jugés
déraisonnables, lorsqu'il y en a, ou celui de la qualité des
outils ou pouvoirs confiés aux fonctionnaires de première ligne,
ou encore le degré de latitude pour adapter les réponses aux
besoins ou circonstances
particulières, les sous-ministres estiment qu'il n'y a pas de
réponse simple et unique qui puisse être fournie.
Les études internes des ministères, ou peut être
même celles de la commission, nous démontrent que, dans certains
secteurs, des progrès substantiels ont été
réalisés et maintenus au cours des dernières
années, alors que dans d'autres, des difficultés provisoires ont
surgi puis se sont estompées. Et lorsqu'on se penche sur ces
difficultés pour les analyser, on est obligés rapidement de
considérer et de prendre en compte, en plus de la gestion des ressources
humaines, les autres facteurs ou intrants qui interviennent dans la production
du service. De fait, l'examen attentif nous renvoie immédiate ment
à l'identification et à l'analyse, non seulement de tous les
facteurs qui interviennent ou influent sur la production proprement dite du
service, mais également ceux qui influencent la perception et
l'appréciation que le citoyen s'en fait.
Prenons peut-être quelques instants pour identifier quelques-uns
de ces facteurs. D'abord, la Loi sur la fonction publique stipule
elle-même que les services auxquels le public a droit doivent être
de qualité. L'administration publique perçoit clairement dans cet
énoncé qu'il y aura nécessairement une limite à la
portée du droil, limite qui sera d'abord tributaire de la
législation habilitante à produire le service.
Premier facteur, donc, la qualité de la loi habilitante,
notamment sa clarté quant aux objectifs recherchés et aux
clientèles visées, de même que le degré de souplesse
qu'elle prévoit quant au mode et aux normes d'application. Ensuite, un
deuxième facteur peut être relié au caractère
controversé ou non du service offert par l'État, de même
qu'à la perception qu'a le citoyen-client de voir ou non l'avantage
personne) qu'il retire du service produit par le repré sentant de
l'État. À titre d'exemple, mentionnons le programme d'allocations
de maternité dont la clientèle est facile à identifier.
Les conditions à remplir sont simples, relativement peu contraignantes,
et cette allocation est un ajout net au budget de la cliente.
À l'opposé, le service est beaucoup plus délicat
à dispenser à un client lorsque son existence ou son niveau de
vie dépend du versement d'une prestation. C'est également le cas
lorsque le bénéfice, le service, est collectif, et souvent
difficilement cernable pour le citoyen, la personne considérée
isolément Pensons par exemple aux mesures qui visent la protection des
berges, le zonage agricole, le code de la sécurité
routière, où le service rendu peut mener à des contraintes
individuelles immédiatement palpa blés.
Avant de revenir à la dimension proprement dite des ressources
humaines comme facteur déterminant, rappelons bien sûr que trois
autres types de ressources doivent également entrer en ligne de compte
quand vient le moment de produire et de dispenser des services aux citoyens il
s'agit, vous l'aurez deviné, des ressources financières et
budgétaires, des ressources matérielles, et des ressources
technologiques d'information Leur quantité suffisante et leur
qualité doivent, bien sûr, entrer en ligne de compte quand on
analyse et on juge de la qualité et de l'efficacité des services
produits. Ces quelques facteurs extérieurs aux ressources humainos et
à la gestion qui en est faite étant rappelés, revenons
à la préoccupation ultime de la commission, à savoir
est-ce que la Loi sur la fonction publique constitue un cadre
législatif, une loi de système administratif en matière de
gestion des ressources humaines qui contribue favorablement à la
qualité et l'efficacité des services aux citoyens?
Les sous-ministres considèrent que l'employé qui assure la
liaison avec le public représente l'élément fondamental du
service à la clientèle. C'est lui qui dispense les services, et
par conséquent, sa préparation, son attitude, le support que nous
lui accordons constituent des facteurs qui seront déterminants dans la
qualité du service
L'employé doit voir l'importance de son rôle dans la
mission confiée à son organisation. Il doit avoir une juste
perception de ses responsabilités, disposer d'une marge de manoeuvre
suffisante pour accomplir sa fonction et être évalué en
fonction de ses résultats, compte tenu des ressources mises à sa
disposition.
Il doit également bien connaître le service qu'il assure
à la population. Nous devons donc le supporter par des programmes de
formation adaptés et continus qui seront d'autant plus articulés
que le cadre légal est complexe. Cette formation doit également
permettre à l'employé d'avoir une attitude positive d'ouverture
envers la clientèle qu'il sert
Le succès de la rencontre entre le client et l'employé
dépend beaucoup de la relation de confiance qui s'établit entre
eux. L'employé doit démontrer qu'il est en mesure d'aider son
interlocuteur et qu'il prendra les moyens à sa disposition pour y
parvenir. S'il y a des doutes sur la compétence ou l'attitude de
l'employé, même une bonne décision ne sera pas
perçue comme telle. C'est encore pire, évidemment, lorsque la
décision n'est pas bonne.
L'organisation doit donc mettre à la disposition de
l'employé des outils aussi simples, performants et fiables que possible.
Si la formation doit être complète et soutenue, on doit faire en
sorte que les formulaires, les normes, les procédures et les guides
d'intervention allient la simplicité, la clarté et
l'efficacité.
On doit également s'assurer que les conditions matérielles
dans lesquelles le service est dispensé sont appropriées. Les
locaux devront en conséquence être aménagés dans le
respect de l'employé et du client, tant en regard de la
confidentialité que de la sécurité.
La quantité de ressources disponibles et, évidemment, la
qualité de leur gestion influencent donc au plus haut point l'ensemble
des conditions dans lesquelles les services sont dispensés.
Finalement, notons que la ressource technologique d'information, en
évolution accélérée dans notre environnement, va
constituer un facteur déterminant au cours dos prochaines années,
quant à la perception qu'on aura de la qualité et de
l'efficacité des services offerts par les entreprises privées ou
publiques. Des investissements significatifs seront sans doute requis au cours
des 10 prochaines années.
En conclusion, la description qui vient d'être faite des
principaux éléments qui font l'objet du "management" en
matière de produc tion de services aux citoyens permet d'identifier
toute l'importance du "leadership" qui doit être exercé par les
autorités des organisations qui performent dans ce domaine.
De plus, quand on isole spécifiquement la dimension de la gestion
des ressources humaines des autres facteurs ou intrants qui contribuent
à la production des services aux citoyens ou qui influent sur la
perception qu'ils en ont, force est de constater que les valeurs, les principes
et les objectifs de la Loi sur la fonction publique en vigueur au Québec
sont tout à fait adéquats. L'économie
générale du cadre institutionnel et la dynamique qu'elle
sous-tend en font une loi dite de système administratif apte à
faire face efficacement au défi quotidien du service au citoyen.
Je voudrais aborder maintenant le deuxième point de ma
présentation, cet après-midi, soit la question de la
responsabilisation et de Cim-putabilité.
Les sous-ministres reconnaissent aisément que, depuis
l'entrée en vigueur de la présente Loi sur la fonction publique,
les progrès réalisés en matière de
responsabilisation et de délégation dans le domaine de la gestion
des ressources humaines ont pu être lents à se concrétiser
à l'intérieur des organisations, compte tenu du caractère
novateur de telles valeurs de gestion au sein d'une administration
publique.
Comme l'évoque le rapport gouvernemental sur la mise en oeuvre de
la Loi sur la fonction publique, une fois émises les politiques et
directives cadres, la plupart des sous-ministres ont amorcé
immédiatement la mise en place d'un premier plan de
délégation de leurs responsabilités et de leurs pouvoirs
en gestion des ressources humaines. Des progrès substantiels restent
à être réalisés au niveau de la reddition formelle
des comptes résultant de cette délégation à
l'intérieur des organisations. Au moment du bilan qui est fait, les
sous-ministres ont le sentiment qu'il faudra accélérer la
révision d'outils existants et sans doute en développer de
nouveaux pour mieux rencontrer cette exigence nouvelle.
Par ailleurs, en plus des efforts de chacun d'eux au sein de leur
organisation, dans le domaine non seulement de la délégation
formelle proprement dite, mais également de la transformation que cela a
exigé dans le rôle joué par les directions des ressources
humaines et dans celui des gestionnaires, des progrès ont
été enregistrés au cours des dernières
années au plan de l'implication collective des sous-ministres dans la
gestion des ressources humaines.
Des résultats concrets sont venus illustrer cette forme
d'implication par le canal du Comité des sous-ministres sur le
développement des ressources humaines et le Comité sur la gestion
des ressources humaines. Les mesures corporatives récentes en
matière de développement des ressources humaines et de gestion
des emplois d'encadrement et de leur titulaire sont l'illustration de cette
nouvelle concertation qui s'est établie entre les organismes centraux
concernés et les premiers responsables de la gestion des ressources
humaines au sein des ministères que sont les sous-ministres sous la
direction de leur ministre. (17 h 45)
Dans le cadre de ces politiques générales et corporatives,
les sous-ministres doivent pouvoir être en mesure de continuer à
compter sur une marge de manoeuvre raisonnable, compte tenu des
impératifs et des exigences de transparence et d'équité
propres au secteur public, et ce, afin de pouvoir continuer à
gérer en tenant compte de la spécificité de la mission du
ministère, de celle de sa culture organisationnelle, de sa
clientèle, de la nature des services à lui offrir et du profil de
ses effectifs. Le sous-ministre doit cependant rendre compte de l'usage qu'il a
fait de cette marge de manoeuvre et des résultats atteints. C'est
à cette fin que, suite à la recommandation du Forum des
sous-ministres, quant aux modalités, j'ai annoncé
récemment l'introduction progressive des éléments d'un
régime d'imputabilité auprès de l'autorité
suprême de l'Exécutif dans un régime parlementaire de type
britannique, soit le premier ministre. Le secrétaire
général du Conseil exécutif, à titre de
sous-ministre du premier ministre, assumera la responsabilité effective
de ce régime à partir, bien sûr, des observations des
ministres et des renseignements qu'il pourra demander aux organismes centraux,
compte tenu de leur champ de compétence respectif.
Les aspects des rôles et responsabilités des sous-ministres
qui seront pris en compte dans ce régime sont les suivants, d'abord, des
responsabilités intraministérielles, soit la gestion des
ressources humaines, budgétaires, financières, matérielles
et technologiques de l'information, la gestion des politiques et des
programmes, la gestion de l'encadrement organisationnel; deuxièmement,
les responsabilités interministérielles ainsi
qu'intergouvemementales et, troisièmement,
les responsabilités reliées au rôle support et
conseil auprès du ministre et au rôle support et conseil
auprès du gouvernement
Ceci étant maintenant acquis à l'interne, cette formule
d'imputabilité de l'administratif au sein de l'appareil exécutif
vient en quelque sorte encadrer une imputabilité qui a toujours
existé pour les sous-ministres - il est important de le rappeler -
même si elle n'était pas supportée par une procédure
explicite.
Toujours dans la même perspective et pour faciliter et orienter
l'implication collective des sous-ministres dans le processus d'adaptation de
l'appareil administratif et de ses modes de fonctionnement, j'ai demandé
au Comité des sous-ministres sur la gestion des ressources humaines de
poursuivre ses travaux au cours de la prochaine année sur les objectifs
suivants: d'abord, finaliser l'articulation des mesures découlant des
résultats de l'étude que l'Office des ressources humaines a
menée, à sa demande, auprès des cadres supérieurs,
de façon à ce que le Forum des sous-ministres puisse formuler des
recommandations aux organismes centraux concernés avant la fin du
présent exercice financier; deuxièmement, conduire une
étude du même ordre concernant les cadres intermédiaires et
les professionnels et faire rapport en septembre 1991 et, troisièmement,
continuer à formuler des avis au Forum des sous ministros sur les
projets de règlement, politiques ou directives soumis par les organismes
centraux dans le domaine de la gestion des ressources humaines.
Le Comité des sous-ministres sur le développement des
ressources humaines, pour sa part, se penchera en priorité sur la
supervision de la mise en oeuvre des orientations gouvernementales retenues,
à sa suggestion, en matière de développement pour la haute
fonction publique. De plus, il examinera, au cours des prochains mois, les
propositions de l'Office des ressources humaines concernant le
développement des cadres supérieurs de niveaux IV et V.
Pour terminer ce chapitre sur les comités des sous-ministres,
j'ai informé le Forum des sous-ministres que le mandat du Comité
sur les politiques administratives et financières allait être revu
pour tenir compte de la mise en oeuvre des éléments du
régime d'imputabilité interne que j'ai annoncé.
Par ailleurs, nous avons observé qu'au cours des travaux de la
commission certains intervenants ont souhaité revenir sur des
éléments d'une problématique d'imputabilité dite
externe pour les sous-ministres. Pour l'heure, les sous-ministres s'interrogent
sur la faisabilité de réunir les conditions qui permettraient de
dessiner les contours d'un véritable régime d'imputabilité
auprès de l'Assemblée nationale ou de l'une de ses commissions.
L'esprit, les principes et les usages qui marquent l'évolution de notre
système parlementaire ont donné pour résultat un
équilibre particulier et délicat entre les organes
constitutionnels du système, notamment entre le législatif et
l'exécutif. Au sein de l'exécutif, le principe de
responsabilité ministérielle est assumé pleinement et le
sous-ministre, qui est nommé sur recommandation du chef de
l'Exécutif par le gouvernement, n'est objectivement en situation de
rendre véritablement des comptes dans le cadre d'un réel
régime d'imputabilité qu'au ministre et aux autorités de
l'Exécutif
Envisager et structurer un véritable concept
d'imputabilité externe pour les sous-ministres ne pourrait se faire sans
accepter de remettre en cause le principe de responsabilité
ministérielle tel qu'il est exercé ainsi qu'un grand nombre de
règles et d'usages qui président aux rapports entre le
législatif et l'exécutif. Voilà des thèmes
difficiles et complexes, parce qu'ils rejoignent des pratiques aux fondements
de notre système, et seuls des élus, selon nous, ont
compétence pour envisager des remises en question de cette nature.
Afin de compléter le tour d'horizon des paramètres qui
doivent être pris en compte par les sous-ministres dans l'exercice de
leur fonction, la commission parlementaire appréciera peut-être
qu'un mot soit dit sur la lecture qui est faite de l'évolution de
l'environnement oxtorno h l'administration publique et des conséquences
sur elle dos enjeux et défis qu'aura à affronter la
société québécoise dans l'avenir
prévisible.
Notons d'abord que la globalisation des économies et des cultures
qui s'accélère constitue l'avènement d'un ordre nouveau et
très certainement durable. Au Québec, comme dans les autres
sociétés, l'impact se manifestera sous diverses formes,
lesquelles sont loin d'être toutes mesurables à ce moment-ci. Or,
les caractéristiques, les forces et faiblesses de notre
société, dans un tel contexte de changement et de concurrence,
exigeront, comme ce sera le cas ailleurs, que les politiques et les programmes
gouvernementaux changent sans doute d'intensité et de nature, et ce,
d'abord parce que les problèmes à solutionner se
présenteront fréquemment sous des angles nouveaux, souvent
inédits, et revêtiront une complexité nouvelle dans leurs
composantes et leurs conséquences, ensuite, parce que l'ampleur des
ressources disponibles ne permettra pas aux États de simplement ajouter
les nouvelles mesures aux anciennes, ni de se limiter à envisager et
à retenir des voies et moyens traditionnels pour leur mise en
oeuvre.
En conséquence, les personnes qui concevront et mettront en
oeuvre ces politiques et ces programmes, devront dorénavant compter sur
un encadrement des organisations et un support des grands systèmes,
lois, règlements, politiques et directives de portée
administrative, qui visent d'abord la responsabilisation pour atteindre la
productivité et la qualité des résultats plutôt
que
l'unique contrôle a priori des ressources nécessaires
à leur production.
Or, heureusement, notre Loi sur la fonction publique s'inscrit
déjà dans cette vision moderne des choses. La commission
conviendra sans doute avec les sous-ministres qu'il serait regrettable,
à l'occasion du présent bilan d'étape sur sa mise en
oeuvre, qu'on succombe à la tentation de l'alourdir ou d'atténuer
la portée de la philosophie de gestion dont elle est porteuse. Par
ailleurs, l'administration publique, pour être assurée de faire
face aux situations nouvelles qui s'annoncent, devra être en mesure de
réunir les conditions qui assurent une gestion de ce changement continu.
Dans ce contexte, un accent, une priorité renouvelée devra
être mise sur le "management" proprement dit. Ce renforcement devra
s'appuyer sur un développement des ressources humaines qui doit viser
non seulement les habiletés de gestion, lorsque nécessaire, mais
également une connaissance large et structurée de l'environnement
externe et une parfaite maîtrise de l'environnement immédiat.
Les priorités qui se dégagent dans le domaine de la
gestion sont les suivantes: d'abord, au plan de la gestion des politiques et
des programmes, priorité à l'évaluation, priorité
aussi à la mise au point et à l'utilisation des outils
nécessaires à un meilleur suivi de la qualité de la
gestion et de la production des activités et des services, enfin,
priorité à l'adaptation des services aux besoins changeants, plus
diversifiés et plus segmentés des citoyens et des citoyennes. Au
plan de la gestion des ressources, priorité à la
décentralisation et à la responsabilisation des gestionnaires
dans le but d'assurer une optimali-sation continue des ressources, dans le
contexte de rareté que nous traverserons. Priorité aussi à
la planification des emplois, de façon à faire face, notamment,
au renouvellement massif des effectifs, au tournant du siècle, et
à éviter une cassure coûteuse. Enfin, au plan de la gestion
des organisations, priorité au réalignement, au recentrage et
à la modernisation continue.
Face à ces enjeux et aux défis que nous partageons,
d'ailleurs, avec toutes les administrations publiques des pays
développés, force est de constater que la Loi sur la fonction
publique, adoptée en 1983, constitue, en matière de gestion des
ressources humaines, un cadre et un outil adéquat, parce qu'elle permet,
favorise et soutient un "management" qui peut s'adapter souplement à
l'évolution des besoins des citoyens et aux exigences de l'appareil
étatique.
Les dispositions relatives à l'éthique et à la
discipline sont adéquates et équilibrées, comme le
soulignaient d'autres intervenants. Les efforts déployés de
façon continue, suite au rapport de notre comité de sous
ministres sur la problématique reliée à l'éthique,
devraient assurer, comme il se doit, l'atteinte d'un haut standard sur ce plan
particulièrement névralgique de la pratique du service
public.
En résumé, les sous-ministres considèrent que cette
loi de gestion, encore jeune, devrait continuer à présider
à la recherche de l'optimalisation des ressources humaines dans la
production des services à la population.
M. le Président, MM. les députés, je vous
remercie.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
secrétaire général. Ça a l'avantage, à
certains endroits, d'être très clair. Probablement qu'on aura pas
mal de questions à vous poser. M. le député de
Saint-Louis, vous commencez.
M. Chagnon: Merci, M. le Président. M. le
secrétaire général, Mme et MM. les sous-ministres, au nom
de mon groupe parlementaire, je tiens à vous remercier d'avoir bien
voulu vous présenter devant la commission. Je présume que, sans
être surréaliste, le fait que vous vous soyez
présentés devant la commission comme tel impliquait
sûrement une nouvelle ouverture que votre document liminaire ne manifeste
pas à l'égard de l'imputabilité vis-à-vis du
législatif. Je dois dire que j'ai été un peu
déçu du fond du document, tant sur le plan du service au citoyen
que sur le plan de l'imputabilité. Sur le plan de l'imputabilité,
j'ai eu comme l'impression, dont j'espère vous saurez me dégager,
qu'en ce qui concerne le sens de la reddition des comptes devant les membres de
l'Assemblée nationale les sous-ministres se postaient, un peu comme l'a
signalé le vice-président aux relations humaines d'Alcan ce
matin, comme les gardiens en chef du statu quo. Les intervenants que nous avons
reçus depuis maintenant au-delà de... combien de semaines, M. le
Président?
Le Président (M. Lemieux): Deux semaines, trois semaines
environ.
M. Chagnon: Trois semaines. De tous les intervenants que nous
avons reçus depuis trois semaines, seul votre
prédécesseur, M. Legault, a manifesté quelques
hésitations à venir rendre compte, dans un cadre dont on pourrait
discuter plus largement, qui mériterait sûrement d'être
structuré, mais de venir rendre compte devant des membres de
l'Assemblée nationale de la gestion strictement administrative du type:
Regardons ensemble le rapport du Vérificateur général dans
le ministère qui vous préoccupe, qui vous occupe, en fait. La
seule hésitation que nous avons eue, c'était celle de M.
Legault.
Votre rapport mentionne... On parle d'imputabilité,
vous-mêmes vous vous inscrivez dans un courant qui, à tout le
moins, sur le plan du vocabulaire, comme dirait le député de
Labelle, s'inscrit dans cet écart entre l'imputabilité interne
dont on parle particulièrement à partir de la page 16 et
l'imputabilité externe dont on fait mention aux pages 20 et 21. À
la page 16, sur l'imputabilité interne, je suis un petit peu
surpris, mais j'ai sûrement mal compris, que, dorénavant,
"un régime d'imputabilité auprès de l'autorité
suprême de l'Excécutif dans un régime parlementaire" sera
introduit progressivement. Ça ne m'apparaît pas être une
manoeuvre qui fera éclater les colonnes du Temple. D'autant plus qu'en
1982, le mercredi 24 novembre 1982, à l'Assemblée nationale, tous
les membres ont adopté une résolution qui stipulait ceci: "que
l'Assemblée nationale demande plus spécifiquement au gouvernement
d'élaborer, d'implanter progressivement un régime
d'imputabilité visant tous les fonctionnaires, en commençant par
les sous-ministres et dirigeants d'organismes, et ce, suivant un
échéancier à être déposé en cette
Chambre d'ici un an." Je présume que l'année 1982-1983 est
passée et qu'on l'a oublié. Sauf qu'on est rendu en 1990; on
commence à déterrer ces morceaux-là.
Il n'en demeure pas moins que la responsabilité
ministérielle, dans le cadre d'un régime parlementaire de type
britannique dont on fait part à la page 16 et qu'on remet en question,
aux pages 19 et 21, quant à l'espèce d'impuissance à aller
vers l'imputabilité externe, c'est-à-dire la reddition de comptes
devant les parlementaires, m'apparaît surprenante. On s'interroge sur la
faisabilité. Je puis me permettre d'exprimer au moins l'opinion que
d'autres régimes parlementaires de type britannique, comme tous les
autres gouvernements provinciaux du Canada - il y a un autre gouvernement
parlementaire de type britannique dans lequel on retrouve aussi la
responsabilité ministérielle comme fondement du pouvoir, je
pense, entre autres, au gouvernement fédéral du Canada - ont mis
sur pied cette organisation de reddition de compte vis-à-vis des
commissions parlementaires de, soit leur Chambre des communes ou leur
assemblée législative propre, cela, entre autres, pour tenter de
justement permettre aux législateurs de donner un service ou de
permettre de s'assurer que les législateurs pourront jouer leur
rôle de contrôleurs. (18 heures)
C'est le rôle, en 1990, des membres d'une Législature qui
ne sont pas membres de l'Exécutif. C'est évidemment un rôle
de contrôle sur l'organisation de l'appareil public. Le rapport que vous
nous soumettez fait mention d'un accroissement - et on le voit, entre autres,
dans le rapport du Protecteur du citoyen - du nombre de plaintes. Vous dites:
Heureusement qu'on a un Protecteur du citoyen qui est bien équipé
tant en termes matériels que sur le plan financier, humain, pour pouvoir
répondre à ces plaintes-là. Mais nous, ça nous
inquiète, parce que, quand nous allons, tous les quatre ans, à
notre grande assemblée d'actionnaires, tout le monde ne revient pas ici
en forme et...
Le Président (M. Lemieux): ...leurs actions étaient
à la baisse.
M. Chagnon: il y en a qui ne reviennent pas du tout. Et quand on
constate qu'il y a des choses que le législateur, peu importe son parti,
pourrait tenter d'aider à corriger avec l'assemblée ou le Forum
des sous-ministres, chacun dans son domaine particulier, il nous
apparaîtrait plutôt évident et plus moderne comme
façon de procéder vis-à-vis du corps législatif de
faire plus que de s'interroger sur la faisabilité. J'aimerais savoir
combien de temps vous avez l'intention de vous interroger sur la
faisabilité de réunir les conditions qui permettraient de
dessiner les contours d'un véritable régime
d'imputabilité. C'est fatigant, ça.
Le Président (M. Lemieux): Et j'aimerais simplement
ajouter ceci, peut-être, M. le secrétaire général.
Votre prédécesseur. I ex-secrétaire général,
M. Louis Bernard, était devant nous et il nous disait ceci: Rendre le
ministre seul responsable du moindre geste de chacun de ses fonctionnaires,
c'est instaurer un régime d'irresponsabilité administrative et
ruiner toute chance d'améliorer la qualité de gestion.
M. Chagnon: Combien de temps avez-vous l'intention de prendre
pour vous interrroger sur la faisabilité de réunir les conditions
qui permettraient de dessiner les contours d'un véritable régime
d'imputabilité?
M. Morin (Benoit): Je répondrai en vous rappelant que,
dans mon texte, j'ai bien indiqué qu'il appartiendrait sans doute aux
élus de décider des remises en cause du système...
Le Président (M. Lemieux): C'est ce qu'on fait.
M. Morin (Benoit): ...qu'implique la mise en place d'un
régime d'imputabilité externe. Je n'ai pas dit que les
sous-ministres étaient contre, mais qu'ils avaient beaucoup de
questions. Je dois vous dire qu'en 1982 les mêmes questions avaient aussi
été soulevées lors de la présentation du
mémoire des sous-ministres de l'époque sur la loi de la fonction
publique. Je notais notamment qu'en page 7 du document de l'époque on
disait que l'élaboration et la mise en oeuvre d'un régime
d'imputabilité exige une profonde réflexion sur le fonctionnement
de notre système politique et la nature des règles du jeu
administratif. Il y a deux paragraphes où on traite de toute cette
question. Et j'ai l'impression que la réflexion, elle ne s'est pas
faite, en tout cas jusqu'à présent.
Mais ce qu'on soulève, c'est qu'il y a ici des questions quand
même assez fondamentales et qu'on a l'impression que c'était
peut-être un peu mettre la charrue devant les boeufs que de
prétendre instaurer un système d'imputabilité externe des
sous-ministres et dirigeants d'organismes dans le cadre actuel, où, en
fait, on a
quand même un grand principe qui est le principe de la
responsabilité ministérielle, où c'est le ministre qui
répond au nom de l'exécutif devant le législatif des
gestes de l'administration.
Vous soulignez le fait que le ministre ne peut pas être au courant
de tous les faits et gestes qui se passent dans un ministère. Je suis
tout à fait d'accord avec vous sur ce point-là. Je vous dirais
que même le sous-ministre lui-même, dans son omniscience
supposée, ne peut pas être au courant de tout ce qui se passe dans
son ministère, c'est évident, surtout avec la complexité
de l'administration que l'on connaît maintenant. Mais le problème
se pose effectivement dans le cadre d'un système constitutionnel, qui
fait reposer d'abord sur les élus la responsabilité de
répondre devant l'Assemblée, le Parlement, des gestes de
l'administration. C'est dans ce contexte-là que notre
présentation doit être appréciée.
M. Chagnon: Le fait que neuf autres Parlements provinciaux, un
Parlement fédéral, du même type de régime, qui
correspond aussi à la même compréhension de la
responsabilité minis térielle, étudient, par exemple, le
rapport du Vérificateur général, pour vous,
sous-ministres, est-ce que vous trouvez - je cherche le bon adjectif -
contraignante l'idée qu'au Québec on fasse comme les autres,
d'être moins distinct dans le fond, mais de faire comme les autres et de
permettre aux membres d'une Législature de l'Assemblée nationale,
ici, de pouvoir avoir les lumières des membres de la haute fonction
publique sur un dossier comme celui du Vérificateur
général?
M. Morin (Benoît): Je pense que les sous-ministres, d'une
façon générale, n'ont aucun problème,
effectivement, à répondre à des questions d'information
qui leur sont posées. D'ailleurs, ils le font
régulièrement lors des étudos on commission, si on ponso
aux questions lors des crédits, aux.. Ils font les comptes publics. Il
n'y a aucun problème de ce côté-là. Ça, je ne
vois pas en quoi il y a un problème. Mais encore faudrait-il,
effectivement, qualifier qu'est-ce qu'on entend par reddition de compte.
Est-ce que c'est strictement de donner de l'information factuelle? Je n'ai pas
l'impression que c'est ça. J'ai l'impression que ça
dépasse la simple transmission d'information factuelle, à moins
que j'aie une mauvaise perception de ce qu'on entend par reddition de compte.
J'ai l'impression que ça dépasse beaucoup cela.
Et, tout à l'heure, j'entendais le député des
Îles-de-la-Madeleine qui posait une question à mon
prédécesseur, M. Legault, quant à la distinction, par
exemple, entre le politique et l'administratif. Bien, je pense que c'est une
question très difficile et j'aurais beaucoup de difficultés
à vous donner une réponse claire, nette et précise quant
à ce qui distingue précisément le politique et
l'administratif. On en a tous une notion générale, mais ce ne
sont quand même pas des notions qui peuvent se couper au couteau
et...
Le Président (M. Lemieux): Alors... Non, mais, M. le
député des Îles-de-la-Madeleine, M. le député
de La Prairie me tire l'oreille depuis tout à l'heure. Je pense qu'il
brûle d'envie, là. Alors, on reviendra tout à l'heure, M.
le député des Îles-de-la-Madeleine, à vous et au
député de Limoilou. M. le député de La Prairie.
M. Lazure: Merci, M. le Président. Je veux saluer M. le
secrétaire général et ses collègues. Et je dois
dire que je suis encore plus déçu que le député de
Saint-Louis, et pas seulement parce que je suis dans l'Opposition.
Sérieusement, la raison est la suivante. Moi, en fait, il y a deux
mémoires qui m'ont particulièrement déçu. On
achève nos séances, on finit ce soir et il y a deux
mémoires qui m'ont particulièrement déçu: celui-ci
et celui du président de l'Office des ressources humaines. Et s'il y a
deux groupements desquels on devait s'attendre à beaucoup... l'ENAP
aussi. Oui, mais l'ENAP, c'est en dehors de la structure; mais ça a une
grosse influence sur la structure, par exemple, je m'en rends compte,
très grosse, et vice versa. Mais je m'en tiens aux gens qui sont dans la
fonction publique.
L'objet de nos séances - et c'est quand même un mandat qui
vient de la loi et qui vient de l'Assemblée nationale, c'est un mandat
qu'on doit prendre au sérieux - c'était d'étudier le
fonctionnement à date de cette loi-là, depuis cinq ou six ans, et
de faire des recommandations au gouvernement, à savoir si on doit
maintenir la loi ou la modifier. C'est ça, l'objet, M. le
Président. Et, à cet égard, les gens qui sont le mieux
placés pour renseigner les élus, cette commission,
l'Assemblée nationale et le public, par nous, les gens qui sont le mieux
placés pour nous renseigner sur les effets de la loi, depuis cinq, six
ans, sont les gens qui nous renseignent le moins.
Moi, je ne retiens à peu près rien - je le dis comme je le
pense - je n'ai pas d'éclairage particulier à retenir de ce
mémoire. Il y a beaucoup de beaux termes et ça me fait penser
à un cours d'administration, justement, à un cours de l'ENAP,
peut-être. Mais je ne retiens rien, malheureusement. On ne me dit pas ce
qui a bien fonctionné dans cette loi-là, ce qui a mal
fonctionné et, dans ce qui a mal fonctionné, pourquoi ça a
mal fonctionné puis voici les remèdes qu'on vous
suggère.
Le Forum des sous-ministres auquel vous faites allusion à
plusieurs reprises, c'est quand même le bassin, le groupe, dans la
fonction publique, qui est le plus en mesure de nous éclairer, les
élus. Si vous, vous ne le faites pas, qui va le faire? Et c'est vous
autres qui avez les
plus gros moyens aussi pour le faire. Alors, à cet égard,
je suis très déçu, encore plus que le député
de Saint-Louis, je le répète, mais...
Le Président (M. Lemieux): Monsieur..
M. Lazure: Ma deuxième remarque... Vous dites, à la
page 14... Parce que, au fond, dans votre texte, vous nous faites part de
quelques projets, là, qui s'en viennent. Le député de
Saint-Louis en a relevé un, tantôt, et moi, je relève aussi
qu'à la page 14 vous nous dites que "la plupart des sous-ministres ont
amorcé... la mise en place d'un premier plan de délégation
de leurs responsabilités et de leurs pouvoirs". Après six ans, le
premier plan! La question que je vous pose est: Pourquoi n'y en a-t-il pas eu
avant ça? Juste cette question la. Est-ce que vous pouvez me
répondre? Pourquoi il n'y en a pas eu avant ça?
M. Morin (Benoît): Mais lorsqu'on dit que "la plupart des
sous-ministres ont amorcé immédiatement", on ne parle pas
nécessairement de choses qui se sont produites au cours des derniers
mois. Je me suis peut-être mal exprimé.
M. Lazure: Bien, je lis ce que je lis, là:
"...amorcé immédiatement la mise en place d'un premier plan de
délégation".
M. Morin (Benoît): Mais c'était après
l'adoption de la loi qui a été adoptée en 1983, c'est ce
que je voulais dire.
M. Lazure: Oui, oui.
Le Président (M. Lemieux): On en est rendu où?
M. Lazure: Oui, oui, mais depuis tout le temps. C'est
relativement secondaire, mais je le prends comme exemple de l'espèce de
ton qu'il y a dans le mémoire où on nous dit: On va faire telle
chose, on va y penser, on va aller dans telle ou telle direction. Mais je
voudrais bien aussi entendre vos réactions au rapport du Protecteur du
citoyen. Le Protecteur du citoyen, non seulement dans son rapport mais aussi
dans ses remarques, et je suis sûr que vous avez iu au moins les
reportages, aujourd'hui puis hier, est très sévère
vis-à-vis de la fonction publique. Il dit: Non seulement ça ne
s'améliore pas, la qualité des services à la population,
mais ça se détériore. Quelles sont vos réactions
à ça?
M. Morin (Benoît): Je pense que là, il y a une
question de perception. Moi, j'ai plutôt l'impression contraire. Je dois
vous dire que le Protecteur du citoyen a vu, effectivement, même son
mandat s'élargir au cours des dernières années. Il
procède donc à des enquêtes encore sur plus de plaintes
qu'auparavant et, comme je le mentionnais, nos citoyens sont désormais
de plus en plus informés de leurs droits, par toutes sortes de moyens,
et ça, c'est l'État qui met ces moyens la à la disposition
des gens. Les gens peuvent se plaindre parce qu'ils savent qu'ils ont des
raisons do se plaindre à cause de l'informa tion qui leur est
communiquée. Je crois qu'au cours des années il y a eu une
amélioration quand même constante de la part de l'État pour
mieux renseigner les citoyens sur leurs droits, ce qui a amené ceux-ci,
évidemment, à, sans doute, adresser des plaintes de façon
plus marquées vis-à-vis de l'État. Alors, c'est...
M. Lazure: Je pense que c'est vrai jusqu'à un certain
point mais, à la limite, si on caricature, plus il y aura de plaintes,
plus ce sera le signe que ça va bien, que les citoyens sont bien
renseignés. Je reviens à un point précis de la loi. Un des
autres objectifs de la loi, c'était de déréglementer, de
diminuer la quantité de règlements, et c'est encore le Protecteur
du citoyen qui en parlait dans son mémoire puis d'autres nous l'ont dit,
il n'y a pas eu de déréglementation. On a changé les mots,
il y a moins de règlements, mais il y a plus de politiques
d'orientation, de réorientation, etc. Le Protecteur du citoyen nous a
parlé d'une collection de huit volumes de directives et d'orienta tion.
Il a fait des remarques assez sévères sur l'abondance. Qu'est-ce
que vous avez fait depuis quelques années pour diminuer ça?
M. Morin (Benoît): Là, M. le
député, je pense qu'il faut quand même distinguer ici,
à ce moment-là, la réglementation en matière de
gestion des ressources humaines. Moi, je parlais vraiment de
réglementation en matière de gestion des ressources humaines. Je
pense que, là, il y a vraiment eu déréglementation. On a
donné beaucoup plus de responsabilités aux gestionnaires, et
ça, je crois que c'a été, en tout cas, un des objectifs
recherchés par la Loi sur la fonction publique de responsabiliser les
gestionnaires vis à-vis de la gestion des ressources humaines, parce
qu'il faut quand même retourner... Si on retourne plusieurs années
en arrière, on constate qu'à l'époque, bien, à qui
était confiée la gestion des ressources humaines? Au directeur du
personnel, à l'époque, ou, maintenant, au directeur des
ressources humaines. Et on avait constaté, finalement, que les
gestionnaires se préoccupaient peut-être assez peu ou, en tout
cas, pas assez de la gestion de leur ressource la plus importante: les
personnes. Et, à ce point de vue là, je pense que la Loi sur la
fonction publique, a eu un effet très positif. Et c'est dans ce
sens-là parce que, évidemment, si vous me parlez de la
réglementation en général, j'aurais mauvaise grâce
à tenter de vous contredire. Au contraire, c'est évident qu'il y
a eu une réglementation. La réglementation, je pense, est
la...
M. Lazure: Ce n'est pas ce que nous avons entendu des groupes qui
sont venus. En tout cas, sur un autre plan, les services aux citoyens, vous en
parlez de façon théorique dans le premier chapitre, mais,
lorsqu'en 1985 le Secrétariat des relations avec les citoyens a
été fermé, on a transféré officiellement,
par décision du Conseil des ministres, la responsabilité du
secrétariat aux différents ministères et organismes. Par
conséquent, j'imagine que ça doit intéresser le Forum des
sous-ministres de voir où en sont les choses de ce point de vue. Est-ce
que vous pouvez nous éclairer un peu là-dessus?
M. Morin (Benoît): II faut dire que nous avons quand
même un certain nombre de secrétariats, maintenant, à
clientèle peut-être plus particulière. Je pense au
Secrétariat à la jeunesse, par exemple; vous avez le
Secrétariat à la condition féminine qui, notamment, par
exemple... Prenons l'exemple du Secrétariat à la condition
féminine qui a fait quand même, je pense, un effort assez
remarquable de publicité, par exemple, pour un projet de loi très
important, le projet de loi 146 sur le patrimoine familial. Alors, c'est une..
(18 h 15)
M. Lazure: Je pense qu'on ne se comprend pas, là. Les
préoccupations pour la qualité des services, dont c'était
l'objectif premier au Secrétariat, ont été remises dans
chaque ministère. L'idée, c'était que, dans chaque
ministère et organisme, il y aurait une personne ou un groupe quelconque
qui en ferait sa préoccupation, qui serait le chien de garde, pour ainsi
dire, de la qualité des services aux citoyens. Or, on a demandé
à plusieurs groupements, y compris des fonctionnaires, des
professionnels, des cadres, des cadres en particulier, je me rappelle, on a
posé la question: Comment ça fonctionne? Là, on s'est
regardés les uns les autres, puis les gens n'avaient pas l'air de savoir
comment ça fonctionnait.
M. Morin (Benoît): À ma connaissance, chacun des
ministères au gouvernement s'est donné des orientations,
effectivement, et des objectifs à remplir dans ce domaine-là. Je
n'ai malheureusement pas de documentation à vous remettre cet
après-midi, mais je pense, en tout cas, à moins que je ne sois
contredit par mes collègues...
M. Lazure: Juste une dernière chose. Si je comprends bien
- et vous me corrigerez si ce n'est pas ça - sur la reddition des
comptes, vous dites: On n'est pas prêts et on n'est pas d'accord pour le
moment. On va y penser et tout ça, aux élus, à
l'extérieur. Par contre, vous ajoutez: Si les élus nous
l'imposent, on va le faire. C'est ça?
M. Morin (Benoît): Ce qu'on dit, finalement, en fait, c'est
que c'est un problème tellement fondamental qu'il appartient aux
élus de décider, finalement, s'ils sont prêts à
faire une réforme du système qui va entraîner, finalement,
la mise en place d'un tel régime d'imputabillté externe. Nous ne
disons pas: Nous sommes absolument contre, il n'en est pas question et nous
allons tout faire pour bloquer une telle mise en place. Tout ce que nous vous
disons, c'est que c'est quand même quelque chose de très vaste,
comme réforme et que c'est des remises en cause fondamentales. Je pense
qu'il ne faut pas se le cacher. Et si on demande, effectivement, aux
sous-ministres et aux hauts fonctionnaires de se pencher sur cette
question-là, encore faut-il que les personnes à qui,
actuellement, chez qui ils sont imputables... Et je vous ai mentionné
les ministres et le gouvernement. Si la demande est faite: Vous devez
travailler sur un tel projet, à ce moment-là, je pense bien que
les sous-ministres se pencheront sur la question. Mais je pense que c'est un
vaste tour de piste, c'est ce que nous vous disons.
Le Président (M. Lemieux): M. le député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: Merci, M. le Président. Bonjour M. Morin,
madame et messieurs. Moi, je suis d'accord avec vous que c'est un sujet
très délicat, qui peut avoir des conséquences
extrêmement graves, importantes, bénéfiques
également. Présentement, nous sommes des élus, je pense.
Là, ma question, c'est la suivante. Là, vous êtes
là, c'est à titre conseil qu'on vous demande. Je vais vous dire
l'impression que j'ai, et j'espère qu'elle est fausse, tout simplement
parce qu'on n'est pas ici pour détruire personne, mais qu'on est ici
pour s'entraider tout le monde. Je pense que c'est la réalité,
travailler en concertation. J'ai beaucoup de respect pour les sous-ministres,
aussi pour l'ensemble de la fonction publique, c'est des gens très
compétents, des gens qui travaillent très très fort. Il
n'y a aucun doute là-dessus, la compétence de ces gens-là.
C'est pour ça que, pour moi, le paragraphe 2, de la page 19 quand on
dit: "...les sous-ministres s'interrogent sur la faisabilité", c'est
très flou. Le mémoire est très théorique,
d'ailleurs, également. Qu'est-ce que je veux vous dire, c'est que je
suis convaincu...
Moi, ma perception du mémoire, c'est qu'on essaie un peu de
gagner du temps. J'ai l'impression que vous êtes contre. J'espère
me tromper, honnêtement.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
La Prairie, s'il vous plaît, M. le député de La
Prairie.
M. Farrah: C'est la perception que j'en retire, de ça. Et
à titre conseil, si vous êtes contre, j'aimerais bien savoir
pourquoi. Peut-être
que c'est une bonne chose que d'être contre, que ça
n'existe pas: Ce n'est pas un absolu, l'im-putabiltté. Je pense que
c'est très important, mais, si je ne suis pas correct, qu'on me le dise
et c'est quoi les conséquences dangereuses. Et si oui, de façon
modérée, de façon graduelle, j'aimerais ça, au lieu
de dire qu'on s'interroge, parce que je suis convaincu qu'il y en a que...
Aïe! vous n'êtes pas des fous. Je le sais que vous n'êtes pas
des fous et des folles. Je suis convaincu que vous avez vos idées
à savoir de quelle façon on devrait l'implanter, s'il faut
l'implanter, graduellement, quels sujets il faudrait toucher, peut-être
qu'il faudrait l'étoffer davan tage par après. Mais on pourrait
avoir au moins un embryon d'indication. Et si vous êtes contre, parfait!
Pour quelle raison? Vous avez peut-être raison et on vous le dira.
M. Morin (Benoit): Je dirais qu'actuellement nous sommes contre.
Dans le cadre actuel, ça ne nous semble pas...
M. Farrah: Bon.
Le Président (M. Lemieux): C'est ça qu'on veut
savoir, M. Morin.
M. Morin (Benoît): Ça ne nous semble pas..
Le Président (M. Lemieux): C'est ça qu'on veut
savoir.
M. Farrah: Ça, je suis content de vous l'entendre dire, M.
Morin. Bon. Allez-y. Parfait. Ça va.
Mais pour quelle raison? Je veux que vous élaboriez.
Peut-être pouvez-vous élaborer pour quelle raison? Vous disiez,
là, à cause du cadre.
M. Morin (Benoît): A cause du cadre constitutionnel actuel,
où, effectivement... Je vous ai mentionné tout à l'heure
qu'il y a toute ta question de la responsabilité ministérielle,
qui est quand même un principe, je pense, fondamental, qui s'est
élaboré au cours des siècles... L'équilibre qui
s'est élaboré au cours des siècles entre l'Executif et le
législatif, dans notre système parlementaire britannique, ce
n'est pas quelque chose que l'on renverse du revers de la main du jour au
lendemain. Et si on veut le modifier, je pense qu'il va falloir quand
même faire quelques études sérieuses pour conclure qu'on
veut un autre système, peut-être un système à
l'américaine. Parce que c'est quand même ça. On parle de
ça, finalement. On en est rendu, à ce moment-là, à
suggérer pratiquement qu'on en vienne à un système qui
pourrait s'apparenter au système américain, mais nous ne sommes
pas dans un système présidentiel à l'américaine
présentement.
M. Farrah: Par contre, ça existe dans les autres
provinces. Au niveau du gouvernement fédéral, on l'a dit
tantôt. Alors, quel cadre ça prendrait?
M. Morin (Benoît): Que je sache, le régime de
reddition dans les autres provinces se fait avec les ministres, règle
générale...
M. Farrah: Pas au niveau des commissions.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M.
Morin, mais j'ai présidé des comités des comptes
publics pendant deux ans et ça se fait en l'absence des ministres.
M. Morin (Benoit): Pour fournir de l'information.
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, dans toutes les
provinces.
M. Morin (Benoît): Mais pour fournir de l'information.
C'est habituellement pour répondre à des questions assez
factuelles. Je ne pense pas qu'on puisse parler d'une véritable... En
tous cas, ça dépend de quoi on parle lorsqu'on parle de reddition
de compte. Mais reddition de compte, c'est, finalement, expliquer pourquoi on a
posé tel geste, justifier pourquoi on l'a posé.
Le Président (M. Lemieux): C'est ça
M. Morin (Benoit): C'est là qu'on tombe, effectivement,
dans le champ difficile à cerner, souvent aussi du politique et de
l'administratif
Le Président (M. Lemieux): M. le député des
Îles-de-la-Madeleine, continuez.
M. Farrah: Page 13, vous dites, au quatrième paragraphe.
"En conclusion, la description qui vient d'être faite des principaux
éléments qui font l'objet du "management" - vous l'avez
élaborée dans les pages précédentes à 13 -
en matière de production des services aux citoyens permet d'identifier
toute l'importance du "leadership" qui doit être exercé par les
autorités des organisations qui perforaient dans ce domaine." Est-ce que
ça veut dire qu'il n'y a pas de "leadership" à l'heure qu'il est,
quand vous dites "leadership" qui doit être excercé"?
M. Morin (Benoît): Non. Mais ce que je dis, c'est que c'est
très important d'en exercer un "leadership" Et ce n'est pas strictement
par l'application de normes, finalement, qu'on exerce un "leadership".
Ça dépasse l'application stricte de règles, de normes.
C'est dans ce sens-là que je disais que je trouvais intéressante
la Loi sur la fonction publique, en ce sens qu'elle donne une marge de
manoeuvre aux gens qui leur permet, effectivement, d'exercer un "leadership"
dans l'exercice de leurs fonctions. Les gestion-
naires, finalement, de l'appareil administratif québécois
n'ont pas à se comporter strictement comme des automates qui se
conforment à des règles, des normes, mais ils ont une marge de
manoeuvre qui leur permet effectivement de prendre des initiatives et de
répondre d'une façon que je dirais souple et efficace aux besoins
du service public auprès des citoyens
M. Farrah: Dernière question, M. le Président.
À la page 14, dernier paragraphe, vous dites. "Des progrès
substantiels restent à être réalisés au niveau de la
reddition formelle des comptes", et à la page 15, premier paragraphe en
haut, vous dites: "Au moment du bilan qui est fait, les sous ministres ont le
sentiment qu'il faudra accélérer la révision d'outils
existants et sans doute en développer de nouveaux pour mieux rencontrer
cette exigence nouvelle" C'est là que, malheureusement, je vous trouve
un peu théorique. Quels sont ces outils? "La révision d'outils
existants, en développer de nouveaux pour mieux rencontrer cette
exigence nouvelle."
M. Morin (Benoît): Peut-être avoir, effectivement,
des mandats plus clairs, tenter de clarifier les mandats des gestionnaires. Il
y a des efforts encore à faire à ce point de vue là. Les
gens n'ont peut-être pas toujours une perception claire du mandat qui
leur est confié, des objectifs qu'on attend d'eux. Par ailleurs, aussi,
peut-être développer un système de sanction - et par
sanction je l'entends au sens neutre, ça peut être positif ou
ça peut être négatif, une sanction - qui permettrait
peut-être de mieux répondre aux actions posées par les
gestionnaires, que ces actions soient positives ou négatives. À
ce point de vue là, je pense qu'il y aurait encore des efforts à
faire pour mieux clarifier, d'une part, le mandat des gestionnaires, leurs
attentes, qu'est-ce qu'on attend d'eux et, ensuite, avoir peut-être un
système de sanctions plus varié, qui permette, par exemple, de
mieux récompenser celui qui performe d'une façon exceptionnelle
et sans doute peut-être aussi de sanctionner de façon
négative celui qui, au contraire, ne répond pas aux besoins du
service public.
M. Farrah: Merci, M. Morin.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que le Forum des
sous-ministres est au courant qu'il y a un protocole à Ottawa
relativement à la comparution où on détermine les
règles de la comparution des sous-ministres en commission parlementaire?
Est-ce que vous avez déjà pris connaissance de ce
document-là? Est-ce que vous êtes au courant aussi qu'il y a une
décision de la Chambre des communes, en 1987, qui a été
rendue à l'effet que, effectivement, les sous-ministres étaient
imputables à l'externe? Est-ce que vous êtes au courant? Est-ce
que le Forum des sous-ministres est au courant de ça?
M. Morin (Benoît): Ça, on a eu des communications,
effectivement, tant avec les gens à Ottawa, au bureau du Conseil
privé, qu'à Toronto.
Le Président (M. Lemieux): O.K.
M. Morin (Benoît): C'est ça. Ce que me soulignait M.
Sarault, notamment...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Morin (Benoît): ...qui a été pas mal
impliqué... Peut-être que je pourrais lui passer la parole?
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. Sarault.
M. Sarault (Pierre): Les informations qu'on a eues... On a
rencontré des gens en Ontario et à Ottawa pour, justement, monter
le système d'imputabilité interne dont M. Morin vous a
parlé. Et, à cette occasion-là, on a eu l'occasion de
discuter de la comparution des sous-ministres devant les commissions, autant
à Toronto d'ailleurs qu'à Ottawa. Le principe à la base de
cette comparution-là était l'information et l'explication de ce
qui s'était passé dans le ministère et qui avait
été rapporté par le Vérificateur
général. Dans le fond, le Vérificateur
général dépose un rapport, soulève un certain
nombre de questions et la commission peut les faire comparaître comme
témoin, c'est-à-dire pour expliquer la chose qui s'est
passée et qui a été soulevée par le
Vérificateur général. Je pense qu'il y a une distinction
à faire...
Le Président (M. Lemieux): C'est de ça qu'on
parte.
M. Sarault: ...entre expliquer et rendre des comptes. Ce qu'on
dit ici, c'est que rendre des comptes dans le sens de devoir respecter ce
qu'une commission pourrait nous demander de faire pour corriger quelque chose,
où la commission donnerait des mandats aux sous-ministres, ça
nous semble aller contre la tradition...
Le Président (M. Lemieux): II n'est pas question de
ça du tout, du tout, du tout.
M. Sarault: Mais, M. le Président, la notion de reddition
des comptes que vous retrouvez dans la Loi sur la fonction publique, c'est une
notion de ce type-là.
Le Président (M. Lemieux): Ah?
M. Sarault: Parce que c'est une notion interne à la
fonction publique, et c'est dans ce sens-là qu'il avait
été écrit dans notre mémoire
"véritable".
Le Président (M. Lemieux): Alors.
M. Sarault: II y a peut-être là un problème
de compréhension, de part et d'autre, du sens d'imputabilité.
Parce que, quand on vous parle d'imputabilité interne, c'est
véritablement une relation hiérarchique, si vous voulez, et nous
ne croyons pas qu'il doive y avoir une relation hiérarchique entre les
sous-ministres et l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Lemieux): Non...
M. Sarault: À partir de là, je pense qu'on
était peut-être dans une incompréhension.
Le Président (M. Lemieux): Probablement. Une
dernière question, je vais vous donner le temps. Est-ce que vous
êtes au courant si, au niveau des dirigeants d'organismes qui sont
responsables d'environ 35 % des effectifs de la fonction publique, ils sont
associés au Forum des sous-ministres? Est-ce qu'ils font partie des
sous-comités de ce forum?
M. Morin (Benoit): Vous parlez des dirigeants d'organismes? Non.
Le Forum des sous-ministres est vraiment limité, actuellement, aux
sous-ministres. Je vois le problème, en fait, que vous soulevez, c'est
toute la question de l'information, des communications entre les organismes. On
a un problème pratique, évidemment. Vous connaissez le nombre de
ces personnes, et c'est impossible pratiquement. Nous tenons un forum des
sous-ministres une fois par mois. Nous avons mis sur pied un cercle des
sous-mlnistres adjoints, parce que ces gens-là aussi sentaient le besoin
de pouvoir avoir des informations d'une façon un peu plus
privilégiée, alors nous avons mis sur pied un cercle des
sous-mlnistres adjoints pour répondre à ce besoin qu'ont les
sous-ministres adjoints d'être mieux informés, donc de pouvoir
réagir plus rapidement, par exemple, à l'instauration de
nouvelles politiques et d'être bien conscients, effectivement, des
objectifs recherchés par le gouvernement.
En ce qui concerne les dirigeants d'organismes, je dois vous avouer que
nous cherchons un moyen, effectivement, de mieux intégrer ces gens dans
un genre de forum qui pourrait se rapprocher de celui des sous-ministres. Vous
êtes conscient, par ailleurs, qu'il y a beaucoup de distinctions entre
ces divers organismes. Certains sont des organismes de réglementation.
Vous en avez d'autres qui sont des sociétés d'État. Il est
assez difficile, à un moment donné, il faut se... Il est assez
difficile de voir comment, actuellement en tout cas, avoir un forum qui
réunirait tout ce monde-là Je pense qu'il va plutôt falloir
tenter de faire des expériences avec des groupes plus restreints en
tentant d'avoir des forums d'organismes ayant des intérêts
communs.
Le Président (M. Lemieux): Mais, à vous, est ce que
ça vous semble nécessaire, oui ou non, simplement? Est-ce que
ça vous semble nécessaire? (18 h 30)
M. Morin (Benoît): Ça nous paraît, en tout
cas... Nécessaire, je ne sais pas si j'irais aussi loin que
nécessaire, mais sans doute utile, en tout cas.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Pointeaux Trembles.
M. Bourdon: M. le Président, moi aussi, je suis un peu
abasourdi par le document parce qu'on dirait qu'on s'adresse tellement à
un niveau élevé de l'appareil du gouvernement que c'est presque
éthéré comme document. Je vais vous donner un exemple.
À la page 23, quelle Québécoise, quel
Québécois peut être contre la "priorité au
réalignement, au recentrage et à la modernisation continue"? On
ne peut pas être contre ça. Mais quant à moi, je suis
peut-être très lent, mais, pour moi, ça ne veut rien dire.
Un autre exemple À la page 16, on dit: "... l'introduction progressive
des éléments d'un régime d'imputabilité
auprès de l'autorité suprême de l'Exécutif dans un
régime parlementaire de type britannique, soit le premier ministre. Le
secrétaire général du Conseil exécutif., assumera
la responsabilité effective de ce régime". Je sais que le
secrétaire général du Conseil exécutif est le
sous-ministre du premier ministre, qu'il est nommé par le premier
ministre. Je sais également que chaque ministre nomme son sous-ministre
et que le premier ministre nomme tous les ministres. Alors, ça...
À l'égard de l'imputabilité, c'est celle qui nous est
proposée. Celle là est aussi ancienne que ce Parlement. Le
premier ministre nomme ses ministres et les sous-ministres se rapportent aux
ministres. O. K. Parfait! On est bien contents de savoir que vous allez le
formaliser. Alors, moi, je pense, en tout cas, qu'à cet
égard-là, c'est un document qui, à force d'être
élevé comme inspiration, finit par être à
côté de la question.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertrand.
M. Beaulne: Oui, compte tenu de l'expérience du
secrétaire général, à la fois dans la fonction
publique et dans l'entreprise privée comme la mienne d'ailleurs -
j'aimerais lui poser la question suivante. Une des lacunes qui a
été signalée par plusieurs intervenants et par les
sondages qu'on a faits, c'est le problème de l'évaluation au sein
de la fonction publique et particulièrement le problème de
différencier entre, d'une part, l'excellence et, d'autre part,
l'insatisfaction de la performance. Et j'ai l'im-
pression que ce problème-là vient du fait que souvent,
dans la fonction publique, les individus qui évaluent les autres sont
pris avec une équipe avec laquelle ils devront travailler. C'est ce qui
explique peut-être que la grande partie des évaluations se situe
dans le noyau du centre, c'est-à-dire que tout le monde est
évalué de façon à ne pas déplaire à
qui que ce soit. Est-ce que vous ne pensez pas que l'imputabilrté
externe, c'est-à-dire le fait de devoir comparaître devant une
commission des parlementaires, ait un peu le même effet que le fait, pour
une entreprise privée, de devoir rendre compte à ses actionnaires
et fasse accepter par ceux qui sont évalués surtout de
façon plus négative l'impact de ces sanctions-là?
M. Morin (Benoît): Je crois que la façon, en fait,
de peut-être tenter de résoudre ce problème, je l'ai
mentionné tout à l'heure, ce serait peut-être,
effectivement, d'avoir des attentes signifiées peut-être de
façon plus claire, au départ. Il faut quand même que les
gens sachent ce qu'on attend d'eux pour pouvoir les évaluer. Si vous ne
savez pas ce qu'on attend de vous, vous aurez de la difficulté,
finalement, à poser des gestes qui pourront ensuite être
évalués. Ça me paraît plutôt être cette
façon de faire qui permettrait de répondre à cette
difficulté. Je l'ai mentionné tout à l'heure. Pour moi,
à qui on répond... Pour l'instant, en tout cas, la reddition de
comptes, elle doit se faire auprès du ministre, auprès du
gouvernement. Et c'est plutôt dans ce cas...
Est-ce que vous permettez? Monsieur...
M. Angers (Bernard): M. le Président, est-ce que vous me
permettez d'intervenir?
Le Président (M. Lemieux): Ça va.
M. Angers: Disons que j'aimerais intervenir sur deux questions
qui sont directement reliées aux questions qui ont été
soulevées. La première a trait à... Je crois que c'est M.
Lazure, ici, qui s'interrogeait sur la façon dont, finalement, le
secrétariat aux citoyens avait été remplacé dans
l'administration. Vous comprendrez que, dans un mémoire de nature
générale comme celui-là, surtout venant du
secrétaire général qui a une responsabilité de nous
évaluer au terme do l'exercice, ce n'est pas la place pour identifier
les bonnes performances ou les moins bonnes performances dans l'administration.
Cependant, je voudrais vous dire que... Je vais donner notre exemple, au
ministère du Revenu. Vous savez qu'on a un travail
particulièrement ardu et parfois même qu'on a de la misère
à se retrouver avec l'objectif qui est prévu pour le
fonctionnarisme, c'est-à-dire de servir les clientèles.
Souventefois, ils ne veulent pas nous voir. Qu'est-ce que vous voulez?
Ça fait que ça nous crée un peu de problèmes. Mais,
malgré tout, on a essayé, et ce n'est pas nouveau, en tout cas
depuis quelques années, d'introduire dans toute notre organisation une
préoccupation générale de respect et de service aux
citoyens, aux contribuables, parce que, vous savez, on en a 4 500 000 qui
viennent chez nous par devoir, c'est-à-dire qu'ils sont obligés
de venir. À ce moment-là, vous comprendrez que la relation n'est
pas du tout la même que dans le cadre de programmes où on donne
des bénéfices.
Donc, cette préoccupation-là existe dans le
ministère dans toutes les directions et, évidemment, au niveau
des services à la clientèle. Ce n'est pas la place,
évidemment, pour une apologie, parce que quelqu'un d'autre pourrait
venir dire: Écoutez, vous avez raté dans tel secteur, mais
ça s'est traduit, dans l'organisation, sous l'influx, évidemment,
des décisions de gouvernements, par différents gestes. Si vous me
permettez, je voudrais simplement vous énumérer ça ici et
vous demander si la Loi sur la fonction publique, telle qu'elle existe - parce
que c'est ça le but de l'exercice - permet aux ministères et aux
organisations, entre autres, de respecter l'objectif qui est de servir de
façon correcte les citoyens? Chez nous, on pense que cette loi-là
n'a constitué en aucune manière un frein à cet
exercice-là.
Il y a eu une simplification de formulaire. Ce n'est pas drôle de
se vanter, mais on va le faire, parce qu'il y en a assez qui nous disent, des
fois, qu'on agit mal - je ne parle pas de vous autres, évidemment.
Alors, on a simplifié le formulaire, on a simplifié le mieux
possible les déclarations...
M. Lazure: II y a un malentendu. Nous sommes parfaitement au
courant, M. Angers. Nous avons même fait l'éloge, au début
des travaux de cette commission, du Revenu et de la...
Le Président (M. Lemieux): Du ministère du Revenu,
à plusieurs reprises.
M. Lazure: À plusieurs reprises. Alors, n'offensez pas
votre propre modestie, nous l'avons fait.
M. Angers: Non, non, ce n'est pas ça que je voulais
dire.
Le Président (M. Lemieux): Nous l'avons fait.
M. Lazure: Ce que je demandais au secrétaire
général, c'était de nous renseigner sur les gestes
posés par le Forum des sous-ministres, et non pas ministère par
ministère. Nous sommes au courant que ça va bien au Revenu, que
ça va bien à la Société de l'assurance automobile.
Mais moi, ce qui m'intéressait, puis la Commission aussi je pense,
c'était de savoir ce que le Forum
des sous-ministres, ce que le secrétaire général
fait pour s'assurer que ça se fait partout dans la machine. C'est
ça. Puis je ne m'attendais pas à voir ça dans le
mémoire, mais je lui posais la question.
M. Angers: Vous comprendrez, M. le Président, que je ne
voulais pas vous dire que vous ne saviez pas qu'on faisait des bonnes choses,
mais je voulais illustrer par là que les ministères, au sein...
On participe au Forum des sous-ministres. Et Benoît, M. Benoît
Morin, notre secrétaire, sur une base régulière, nous
incite à mieux servir les citoyens. Entre autres, une dernière
initiative qu'il a prise, c'a été de faire venir le Protecteur du
citoyen lui-même. Il est venu nous parler, on a eu une bonne discussion,
et ça a fini par certains messages qui ont été
passés. Ce que je voulais vous dire c'est que, dans les
ministères, on fait notre possible et, en même temps, la loi ne
constitue pas, en tout cas, un frein à la réalisation de cet
objectif. Il peut y en avoir d'autres freins, ça peut être soft
des mesures qu'on est appelé à administrer...
Le Président (M. Lemieux): M. Morin, vous voulez
ajouter?
M. Morin (Benoit): C'est que M. Angers me faisait penser...
Effectivement, tout à l'heure, je répondais que les dirigeants
d'organismes, effectivement, ne faisaient pas partie du Forum des
sous-ministres. Cependant, je dois préciser, et Bernard me le rappelait,
qu'à l'occasion, effectivement, des dirigeants d'organismes, et je pense
notamment à M. Vézina aussi qui est venu au Forum des
sous-ministres pour expliquer les politiques, par exemple, de ce qui
était auparavant la Régie et qui est maintenant la
Société de l'assurance automobile, le Protecteur du citoyen est
venu aussi nous faire part de ses problèmes et tenter de nous inciter
à prendre des mesures pour obvier à ces problèmes, alors
les dirigeants d'organismes, quand même, viennent, mais sur une base
plutôt ponctuelle, assistent à certaines réunions pour
venir nous faire part de certaines de leurs préoccupations ou nous
donner certaines informations qu'Hs jugent utile de faire circuler à
travers l'administration.
Le Président (M. Lemieux): Merci. M. le
député de Saint-Louis.
M. Chagnon: C'est bien connu que de la discussion jaillit la
lumière. M. Sarault a évoqué l'expérience
ontarienne à double titre, dans la capitale fédérale et
dans la capitale ontarienne, à Toronto, ce qui s'y faisait. Je reviens
encore une fois sur ce qu'on a appelé l'imputabilité externe.
Lorsqu'on s'est rendu compte, d'un côté comme de l'autre de la
table, qu'on pourrait peut-être vouloir la même chose, j'ai cru
sentir, de la part des membres du Forum des sous-ministres qui sont ici avec
nous, qu'il ne semblait pas y avoir de problème, qu'on semblait
être plus ouverts que de s'interroger uniquement sur la
faisabilité éventuelle de réunir des conditions. On les a,
les conditions. C'est ces conditions-là qui nous intéressent.
Alors, ma question, c'est un peu celle que le Contrôleur des
finances, Pierre-André Paré, connu, par ailleurs, comme
étant un homme sérieux, Paul André Paré - j'ai une
erreur là-dessus en page 26 du document qu'il nous présentait ce
matin, nous a posée. Je vais vous la reposer: "En scrutant ce qui se
passe dans les autres provinces - page 26 de son mémoire - et au
gouvernement fédéral, on constate une imputabilité des
hauts fonctionnaires devant les commissions parlementaires. Y a-t-il - et c'est
là la question - des lois différentes ou des us et coutumes
différents?" Si oui, comment peut-on faire pour accélérer
le processus d'interrogation sur la faisabilité, de façon
à arrimer en harmonie ce qui se fait ailleurs, de façon à
pouvoir être capable de questionner sur une base administrative, non pas
politique, mais administrative? Et est-ce qu'on intégrera dans la
réglementation, ou la loi, ou notre règlement ici, à
l'Assemblée nationale, les façons qui pourront permettre aux
membres du corps administratif, en pensant aux sous-ministres en titre et
adjoints, de pouvoir s'échapper en répondant: C'est politique,
donc on n'y répond pas? Ce n'est pas une salle de torture, ici! Nous, on
veut savoir ce qui se passe dans certains ministères.
Quand M. Angers est venu ici, à la commission du budget et de
l'administration, on a discuté, bien sûr, tant dans les
crédits qu'aux engagements financiers. Mais aux engagements financiers,
je me rappelle avoir moi-même discuté avec M. Angers de la
problématique de l'implantation de l'informatique dans son
ministère. Combien est-ce qu'il y a d'"output" et combien est-ce qu'il y
a de ci et de ça, le ministre, ce n'est pas exactement son
problème, ça. C'est son problème quand il est
questionné en Chambre pour savoir pourquoi, au lieu de dépenser
50 000 000 $ en informatique, il s'en est dépensé 150 000 000 $.
Là, il y a un problème d'ordre politico-administratif.
Quand on essaie de comprendre pourquoi on veut prendre telle ou telle
disposition sur la base des moyens d'organisation que le sous-ministre veut
prendre dans son ministère, ça nous apparaît tout à
fait élémentaire qu'on puisse avoir les informations. Alors, la
question, c'est: Dans combien de temps, encore une fois, compte tenu de ce que
M. Sarault nous a dit, pouvez-vous réunir des conditions qui
permettraient de dessiner les contours d'un véritable régime
d'imputabilité vis-à-vis de l'Assemblée nationale, sinon
nous serons condamnés, dans les perspec tlves d'avenir qui nous
concernent, à vouloir entrer dans l'avenir a reculons?
Le Président (M. Lemieux): M. le secrétaire
général
M. Morin (Benoit): Je pense que, si nos mandats nous intimaient,
effectivement, de nous pencher sur cette question-là, ça pourrait
se faire assez rapidement. Je comprends, à ce moment-là, que nous
parlerons alors d'une reddition de compte dans un sens cependant beaucoup plus
restreint que celui que nous retenions.
Le Président (M. Lemieux): Entre nous, M. Morin, à
titre conseil, vous savez que ça ne sortira pas, entre nous, à
titre conseil...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Morin (Benoît): Je n'en doute pas que ça ne
sortira pas.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): De consente ment, M. le
député de Chauveau.
M. Poulin: Merci, M. le Président, je vous remercie aussi
de me donner la parole parce que je ne suis pas membre de cette commission,
donc... J'écoutais M. Angers pratiquement se vanter tantôt. On
sait le travail qu'ils ont fait, au ministère du Revenu,
vis-à-vis de la population. Ma question, M. le secrétaire
général, c'est: Comment allez-vous prendre de temps pour faire
comprendre à l'ensemble du Forum des sous-ministres de faire le
même travail que le ministère du Revenu a fait, entre autres, et
le même... Parce qu'on a quelque chose en commun, je pense, les deux, les
sous-ministres et toute la fonction publique, c'est de rendre le plus possible
de services à notre population. C'est la même clientèle. On
touche la même clientèle, peu importe les idées.
Le Président (M. Lemieux): Les mêmes payeurs de
taxes.
M. Poulin: Ce sont les mêmes payeurs, ce sont ces
gens-là qui payent nos salaires. Je me demande comment ça... En
tous cas, s'il y a deux ou trois ministères qui ont compris votre
message c'est déjà un gain, mais combien de temps ça va
prendre pour que, justement, l'ensemble des sous-ministres veuillent donner le
même service?
M. Morin (Benoît): Mais le message qui est fait à
l'ensemble des sous-ministres, je pense, avec des facettes différentes
d'une réunion à l'autre, c'est vraiment le service à la
clientèle, c'est une préoccupation qu'ils doivent avoir tous les
jours. Je pense que ce message...
M. Poulin: Comment se fait-il qu'on entendait, hier, M. Jacoby
nous dire qu'il y a deux ou trois ministères qui, réellement,
sont proches des citoyens mais qu'il y a encore... on parlait de 25 000, 30 000
plaintes qu'on va avoir prochainement encore? Comment se fait-il qu'on en est
encore à ce stade-là? Parce que je pense que, de concert avec la
politique, le ministère du Revenu a fait un travail exceptionnel. C'est
cette question que je me pose. Je n'ai pas participé tellement ici, mais
je me suis servi de ce qu'on appelle nous autres la radio. On sent un manque de
"leadership". Vous allez peut-être nous accuser de notre
côté de ne pas en donner assez large sur les critères,
mais, si c'est ça que vous voulez, donnez-nous des points bien
précis où le législateur va vous orienter aussi. Je suis
un de ceux...
Je ne suis sûrement pas un grand philosophe pour ceux qui me
connaissent. Je n'ai pas compris grand-chose dans votre document, sauf de la
théorie. Je pense que nous, on a besoin de ça. Dans tout le
système politique et dans tout le système fonctionnaliste, il y a
les terre à terre et il y a ceux qui rêvent. Ce qui m'importe chez
nous, dans mon comté - et c'est ça qu'on vise, chaque jour dans
nos bureaux de comté - c'est le service à la clientèle. Et
je me demande. Comment se fait-il que, dans vos forums... Probablement que vous
donnez le message, mais je pense que ça va être un message encore
beaucoup plus intense. Nous, on est élus tous les quatre ans. C'est
sûr qu'on peut sortir, mais je pense que vous, vous vous devez, de pair
avec le politique, de nous donner un service aussi à la clientèle
qui vient nous voir chaque jour.
M. Morin (Benoît): Je tiendrais d'abord à vous
rassurer en vous disant que ce message-là il est
répété, en tous cas, je pense qu'il y a des choses qui
doivent...
M. Poulin: Pourquoi n'est-il pas entendu?
M. Morin (Benoît): Par ailleurs, il faut dire quand
même que ce ne sont pas tous les ministères qui sont vraiment des
ministères à clientèle. Je n'ai pas revu le document de M.
Jacoby à savoir quel ministère il cite, mais je suppose que les
ministères qui sont des gros ministères à clientèle
sont des ministères qui...
M. Poulin: Je vous invite à voir ce que M. Jacoby a
écrit dans son document. Merci.
Le Président (M. Lemieux): Ça va, M. le
député de Chauveau. Une dernière question bien rapide,
c'est que vous avez annoncé une politique d'encadrement pour les cadres
et ça recouvre, je pense, les III, les administrateurs III et au-dessus.
Est-ce que vous avez l'intention d'y aller aussi avec une telle politique au
niveau des
administrateurs IV et V et même au niveau des professionnels et
des cadres intermédiaires? C'est de votre intention aussi?
M. Morin (Benoit): Oui. Je croyais l'avoir mentionné dans
mon...
Le Président (M. Lemieux): O.K. Ça va. Je vous
remercie de votre collaboration et de votre participation à cette
commission parlementaire.
M. Morin (Benoît): Je vous remercie
Le Président (M. Lemieux): Nous suspendons nos travaux
jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 48)
(Reprise à 20 h 3)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! La Commission du budget et de l'administration va reprendre ses
travaux dans le cadre de son mandat et nous demandons à M. Robert
Després de bien vouloir prendre place à la table des
témoins, s'il vous plaît. Bonsoir, M. Després. M.
Després est ici sur invitation de la commission. Il a une vaste
expérience dans le domaine de l'administration publique II est
peut-être le seul Québécois à siéger sur
autant de conseils d'administration au pays, tel qu'en faisait état, je
pense, il y a quelque temps, le Globe & Mail de Toronto où M.
Després faisait l'objet, je pense, de une ou deux pages complètes
sur sa carrière et ses faits de service. Alors je pense que s'il avait
été dans l'armée... Vous seriez peut-être
général, aujourd'hui, M. Després.
Sur ce, j'aimerais vous faire état que vous avez 20 minutes pour
nous exposer votre mémoire et les parlementaires ensuite vous poseront
quelques questions. La parole est à vous, M. Després.
M. Robert Després
M. Després (Robert): M. le Président Lemieux, M. le
vice-président Lazure, MM. les membres de la commission parlementaire
sur la révision de la Loi sur la fonction publique, je voudrais d'abord
vous remercier de m'avoir invité à vous donner mes vues sur la
fonction publique en regard des dispositions de la loi qui conditionne, dans
une large mesure, l'aspect qualitatif et quantitatif des services rendus au
public sans pour autant oublier qu'elle contient un cadre à partir
duquel s'effectuera la gestion des ressources humaines qui la composent.
Il va de soi que bien des choses se sont dites et se sont écrites
sur la fonction publique et la gestion du personnel qui en fait partie, que ce
soit par des commissions, des comités, des spécialistes et des
chercheurs du domaine ou dans le cadre d'études ou de débats
initiés par une commission comme la vôtre à partir d'un
article de loi crépusculaire qui force le législateur, à
un moment donné, à évaluer si les objectifs initiaux ont
été réalisés et si les résultats obtenus
sont conformes aux attentes du départ.
Il y a déjà un bon nombre d'années que j'ai
quitté la fonction publique. Toutefois, lorsqu'on y a
évolué et qu'on demeure dans la vieille capitale, il est
difficile, pour bon nombre de raisons, de s'en désintéresser. Mes
propos se voudront donc ceux d'un ancien cadre supérieur de la fonction
publique qui n'a pas vécu, il va de soi, sous le régime de la
présente loi, mais qui, en raison de certaines fonctions qu'il a
occupées depuis, aimerait faire part à votre Commission de
certaines observations qui, je l'espère, pourront lui être utiles
dans le cadre du mandat qui lui a été confié.
Disons d'abord qu'il est bien difficile de contester l'objet de la loi,
que ce soit au niveau de sa mission ou de son objet proprement dit. Ce qui
frappe cependant - même si on peut dire à la limite que c'est
implicite ou sous-entendu - c'est que nulle part, dans la deuxième
section de la loi, on ne souligne que les personnes recrutées doivent
être compétentes et posséder les dispositions, l'attitude
ou encore la mentalité pour fournir au public les services de
qualité auxquels il a droit. Il y a et il y aura toujours des personnes
qui, nonobstant leur compétence ou leur incompétence, n'ont pas
et ne posséderont jamais la personnalité, le caractère et
les autres qualités personnelles requises pour bien servir le public et
ce, quels que soient la formation et le perfectionnement qu'on puisse leur
donner. Il me semble que, sans enfreindre certains autres objectifs de la loi
ou d'autres législations, on devrait davantage en tenir compte au niveau
des critères de sélection et de la pondération qu'on
accorde aux qualités personnelles.
J'aimerais, en second lieu, vous dire que je comprends difficilement
pourquoi les fonctions inhérentes à la gestion des ressources
humaines sont généralement morcelées dans la fonction
publique Et le Québec, à ce niveau, ne fait pas exception si on
considère les responsabilités dévolues aux
ministères et aux organismes centraux, tels le Conseil du trésor,
l'Office des ressources humaines et la Commission de la fonction publique. Si,
d'une part, on peut accepter que la Commission de la fonction publique demeure
un organisme indépendant en raison de son rôle de validation, de
surveillance et de vérification tout autant que de tribunal d'appel pour
les syndiqués et les non-syndiqués qui s'estiment
lésés par le système, on peut, d'autre part, se demander
s'il est vraiment approprié que l'Office des ressources humaines fasse
cavalier à part.
Peut-on concevoir, gérer avec économie, efficacité
et efficience, les ressources humaines et obtenir une reddition adéquate
de compte de la part des responsables si, au lieu de regrouper sous une
même entité centrale les fonctions afférentes à la
gestion du personnel, on en crée une autre pour pourvoir à la
dotation des emplois et pour proposer au gouvernement les mesures susceptibles
d'améliorer la gestion et le développement des ressources
humaines?
Nulle part trouve-ton au gouvernement, contrairement à
l'entreprise privée, un secteur où est concentrée la
responsabilité générale de la gestion des ressources
humaines. Le gouvernement, qui est l'employeur le plus important au
Québec, ne devrait-il pas donner l'exemple de ce côté en
regroupant au sein d'un Conseil du trésor remanié la
responsabilité centrale de la gestion des ressources financières,
matérielles et humaines?
J'ai déjà eu l'occasion d'étudier en profondeur
cette question alors que j'étais membre de la Commission royale
d'enquête sur la gestion financière et l'imputabilité, dont
le rapport fut publié en 1979. Je fais mienne aujourd'hui, comme
à ce moment-là d'ailleurs, les recommandations que nous avions
alors formulées car, à mes yeux, elles sont encore
d'actualité et elles s'imposent si l'on veut se donner une base à
partir de laquelle on donnera aux ressources humaines la place qui leur
revient, tout en étant capables de mesurer véritablement la
qualité de la gestion et les progrès réalisés et
d'obtenir une imputabilité des plus complètes, mieux
articulée et plus facile à apprécier relativement aux
responsabilités déléguées au Trésor en cette
matière.
Le regroupement actuel des responsabilités confiées aux
organismes centraux est le résultat d'une longue évolution et de
lentes modifications survenues au sein de l'organisation et de l'administration
des gouvernements en général. S'il existe de nombreuses raisons
historiques pour expliquer la parcellisation de plusieurs des
responsabilités afférentes à la gestion des ressources
humaines et bien souvent pour la justifier, je pense que le moment est venu
d'apporter des changements à l'autorité et aux
responsabilités directes imparties au Conseil du trésor en le
transformant en un conseil de gestion doté de deux secrétariats
distincts: l'un pour la gestion financière et l'autre pour la gestion du
personnel. Le Conseil, tout comme aujourd'hui, serait présidé par
un ministre titulaire, assisté d'un vice-président, lui aussi
membre du Conseil des ministres, qui se préoccuperait
particulièrement de l'aspect des ressources humaines. En ce faisant, on
élimine un intermédiaire, on simplifie la coordination, on
facilite l'imputabilité et on se dote d'un organisme qui, sous la
direction d'un comité de ministres, se voit confier au niveau central
des responsabilités qui, par le truchement de deux secrétariats,
place sur un même pied la gestion des ressources humaines avec celles
afférentes à la trésorerie et aux biens matériels.
De plus, cette formule donnera au Conseil des ministres le meilleur moyen
d'exercer le pouvoir de direction nécessaire à
l'amélioration des systèmes de gestion au sein du
gouvernement.
J'ajouterais qu'en procédant ainsi, le conseil de gestion sera la
seule source de délégation des pouvoirs en matière de
ressources humaines et, en même temps, deviendra l'organisme centra!
unique à qui devront rendre des comptes les responsables qui se seront
vu dans ce cas-ci, déléguer des responsabilités en ce
domaine. Vous me permettrez bien à ce sujet, M. le Président, de
vous suggérer de relever les propos de la commission
précitée qui a été publiée en mars 1979,
notamment le chapitre VII qui débute à la page 121.
Je n'ai pas besoin de vous dire qu'on trouvera toujours de bonnes
raisons pour retarder la mise en place du réaménagement dont je
vous ai fait part pour le Conseil du trésor, que ce soit au plan
historique ou politique ou encore au niveau de la nécessité de
dissocier l'exercice de certaines responsabilités du niveau politique,
pour des motifs qui tiennent davantage à pouvoir faire porter le
blâme sur d'autres plutôt que celui de prendre ses
responsabilités et de faire une reddition de comptes transparente. Le
dicton qui veut que l'exemple vienne d'en haut me semble fort bien convenir
à la gestion des ressources humaines.
La proposition qui précède vise à une gestion
économique dynamique et efficace des ressources humaines, mais sa seule
implantation n'assurera pas pour autant une gestion intégrée,
améliorée de cette richesse indispensable au bon fonctionnement
de l'appareil gouvernemental. Pour y parvenir, il est nécessaire de
s'adjoindre, au niveau des sous-ministres, des gens ayant un profil de
connaissances et d'expérience qui en font des gestionnaires dont une des
préoccupations premières est la gestion des ressources humaines,
appuyée par des éléments mécaniques et dynamiques
d'une bonne et saine gestion, lesquels consistent à prévoir,
à planifier, à diriger, à organiser, à coordonner,
à contrôler et à rendre des comptes. Souventefois a-t-on vu
nommer à la tête de l'administration des ministères des
techniciens et spécialistes fort compétents et dont la conception
de la gestion et l'expertise en ce domaine ont été loin de
priori-ser la gestion adéquate des ressources humaines et le rendement
optimal auquel on était en droit de s'attendre d'elles, sans oublier
d'ajouter que le rendement global du ministère était souventefois
plutôt médiocre qu'autrement.
Je n'ai personnellement jamais compris pourquoi un sous-ministre en
titre d'un ministère ne s'adjoignait pas, au niveau de la gestion des
ressources humaines, un collaborateur immédiat au même titre qu'on
le fait, dans la plupart des
cas, pour le budget et les finances ou encore pour l'administration ou
la gestion des programmes, à qui il confierait la gestion de l'ensemble
de la fonction. Règle générale, on devrait exiger que,
dans chaque ministère, on ait une direction des ressources humaines
relevant directement du sous-ministre en titre au lieu de l'enterrer sous une
direction des finances ou de l'administration. C'est une responsabilité
trop importante pour qu'il en soit autrement. (20 h 15)
On devrait aussi porter une attention particulière aux niveaux
hiérarchiques de gestion. Il devrait y en avoir le moins possible et je
le reconnais volontiers. Mais encore faudrait-il réfléchir pour
trouver un substitut au premier niveau de gérance qui est disparu,
à toutes fins pratiques, depuis belle lurette. A-ton songé
à trouver des options valables pour le remplacer? Si on Va fait, je ne
crois pas qu'on ait encore trouvé de solution. On devrait s'y attarder
car je suis convaincu qu'on ne saurait gérer d'une façon
acceptable les ressources humaines et créer un climat de travail qui
plaira au personnel, tout en entretenant des relations de travail harmonieuses
et en assurant une qualité de services que la collectivité
appréciera si on ne trouve pas une solution appropriée à
cette carence du système.
Pour gérer comme il se doit, on a besoin de souplesse et de
latitude. Gérer implique aussi une délégation
d'autorité et de responsabilité. Sou-ventefois, et je l'ai
vécu au gouvernement, on se retrouve avec une responsabilité
déléguée sans autorité puisqu'une directive d'un
organisme central est venue non seulement la limiter mais, qui plus est,
souventefois l'éliminer. Les organismes centraux, avec toute la
considération que je leur porte, oublient trop souvent la
véritable définition des termes "coordination" et
"contrôle" qui s'apparentent davantage pour eux à limiter
même a rien l'autorité qui va de pair avec une
responsabilité déléguée plutôt qu'à
évaluer la progression de la délégation et le rendement
que Ion en obtient en regard des plans, des normes et des objectifs qui ont
été tracés.
Lorsque l'on gère, c'est parce que l'on s'est vu confier un
mandat et déléguer une autorité et les
responsabilités requises pour le mener à bien. Personne ne
contestera que, s'il en est ainsi, la personne qui l'a accepté se doit
d'être responsable de son mandat. La difficulté n'est pas de
savoir s'il y a une obligation de faire une reddition de comptes mais à
qui on doit la faire La chose n'est pas toujours facile, mais elle est toujours
possible pour peu que tous les intervenants soient objectifs et recherchent
véritablement une solution qui ne se voudra pas statique, mais
dynamique. Dès lors que l'on s'entend sur la notion
d'imputabilité et sur sa nécessité, il faut qu'il y ait
une volonté de mettre en place les mécanismes appropriés
pour la permettre. Je ne dirais pas que cette volonté fait
défaut, mais que l'on craint généralement à tous
les paliers supérieurs les incidences de sa mise en place pour des
raisons qui, à mes yeux, ne sont pas toujours fondées.
Qu'on le veuille ou non, le gouvernement n'échappera pas à
l'imputation d'un système intégré d'imputabilité.
C'est un peu comme un "hangover" ou avoir la gueule de bois. On peut le
retarder, mais on ne peut pas l'éviter, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): J'aurais aimé ça
que le secrétaire général vous entende. On espère
qu'il écoute les perroquets.
M. Després (Robert): Pour le retarder, on parle
tantôt d'imputabilité interne et externe du partage difficile des
responsabilités entre les ministres et les sous-ministres, de la
responsabilité ministérielle, de conflits de compétence et
d'autres raisons, qui tout en ayant leur raison d'être, ne devraient pas
dissuader l'autorité compétente de l'imposer. Le gestionnaire est
responsable de son mandat. À l'occasion, il peut y en avoir plus d'un et
je le reconnais. Cependant, il est généralement facile, que ce
soit dans le secteur public ou privé, de les identifier. Une fois qu'on
l'a fait, il s'agit de mettre en place le système adéquat
permettant que les redditions de compte appropriées se fassent.
Je vois difficilement comment le sous-ministre pourrait être
soustrait à l'obligation de rendre compte directement des
responsabilités qui lui ont été confiées et
déléguées à la commission parlementaire le plus
immédiatement concernée Je dis bien par le rendement
administratif et non politique de son ministère, tout en n'excluant pas
qu'il soit appelé aussi à faire une reddition de compte en bonne
et due forme au conseil de gestion. Je me permets également de vous dire
que la commission, dont je vous pariais tout à l'heure, a exprimé
des vues intéressantes à ce sujet.
Finalement, M. le Président, j'aimerais mentionner que lorsque
l'on apporte des changements radicaux à une loi comme celle de la
fonction publique, on devrait tout mettre en oeuvre pour que tous les
intervenants soient adéquatement préparés à en
appliquer les modalités lorsqu'on la mettra en vigueur. S'il en est
autrement, on n'obtiendra sûrement pas les résultats
anticipés.
Voilà, M. le Président et MM. les membres de la
Commission, les observations qui ont découlé d'une
réflexion rapide que j'ai faite du mandat qui a été
confié à votre commission. Ces commentaires, j'aimerais
l'ajouter, ne sont pas ceux d'un expert en matière
d'interprétation de la loi et de son application, mais d'un ancien
fonctionnaire, si je peux m'exprimer ainsi, qui est encore
intéressé à la chose publique et qui, tout comme ses
concitoyens, la voudrait la plus efficace, la plus dynamique et la plus
économique possible dans la fourniture des services de
qualité auxquels la population est en droit de s'attendre.
Merci.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. Després. Vous
n'avez sûrement pas étudié à l'ENAP?
M. Després (Robert): Pardon?
Le Président (M. Lemieux): Vous n'avez sûrement pas
étudié à l'ENAP?
M. Després (Robert): Non
Le Président (M. Lemieux): M lo député do La
Prairie.
M. Lazure: Merci, M. le Président. Je veux saluer M.
Després et le remercier de venir partager avec nous le fruit de sa large
expérience dans la fonction publique et dans la fonction privée.
Je trouve stimulante sa présentation. J'ai quelques questions et,
ensuite, une couple de commentaires.
D'abord, vous dites dès le début que, dans l'article 2 de
la loi, cet article qui, au fond, décrit l'objectif fondamental de la
loi qui est de bien servir la population et de bien servir les
représentants de la population qui constituent le gouvernement en
remplissant bien les mandats... Vous dites que cet article 2 est incomplet, et
je suis porté à partager votre avis Vous avez l'air de
suggérer qu'on devrait y introduire un volet par lequel on tiendrait
compte des aptitudes, caractère, personnalité, au fond,
qualités requises - et je vous cite - pour bien servir le public et
qu'on devrait aussi en tenir compte dans les critères de
sélection. Est ce que, pour vous, ce serait une chose réalisable
dans un texte de loi? Vous l'avez vu ailleurs de façon assez
précise, allant aussi loin que de dire: Ça devient un des
critères de sélection?
M. Després (Robert): M. Lazure, je pense que oui. Parce
que, lorsqu'on effectue le recrutement de fonctionnaires ou de personnel dans
la fonction publique qui, immédiatement, peuvent être
assignés à répondre au public, je pense que, dans la
grille d'évaluation, on devrait accorder une pondération ou une
importance plus grande que celle qui est accordée aujourd'hui, parce que
ce n'est pas tout le monde qui est capable de travailler avec le public, ce
n'est pas tout le monde qui est capable de le recevoir et de l'accueillir comme
il se doit et essayer, dans une certaine mesure, d'utiliser ses connaissances
pour vulgariser les explications que le contribuable recherche. Je sais que ce
n'est pas facile, mais, habituellement, quelqu'un qui a des
prédispositions pour traiter avec le public s'efforce de trouver les
moyens de rendre le service auquel s'attend la personne qui le demande.
M. Lazure: J'arrive au fond... Moi, ce que je retiens
principalement, c'est votre suggestion que le Conseil du trésor soit
réformé, que son mandat soit élargi, qu'on intègre
l'Office des ressources humaines et que, dans ce que vous appelez "conseil de
gestion", il y art le président qui sera toujours le président du
conseil de gestion, l'ancien président du Conseil du trésor, et
qu'il y art deux secrétariats sur un pied d'égalité...
M. Després (Robert): C'est ça.
M. Lazure: ...relations humaines et gestion financière et
que le vice-président du conseil de gestion soit l'équivalent
d'un ministre de la Fonction publique, si on veut, sans l'appeler comme
ça.
M. Després (Robert): Sans que ça s'appelle comme
ça, ça peut revenir à un équivalent, sauf que le
Conseil du trésor, dans son ensemble, est celui qui aura la
responsabilité de toutes les ressources gouvernementales. Et, à
mon avis, c'est facile, c'est beaucoup plus facile de parvenir à une
intégration pour assurer un fonctionnement qui correspond aux objectifs
que le gouvernement veut bien se donner.
M. Lazure: Où serait la Commission de la fonction
publique, à ce moment-là?
M. Després (Robert): La Commission de la fonction
publique, à mes yeux, devrait être où elle est
actuellement, comme le Vérificateur général est, en
quelque sorte, à l'extérieur de l'appareil gouvernemental. Il a
des comptes à rendre, bien sûr, aux législateurs et ils le
feront en temps et lieu. Parce que la Commission, c'est un peu un chien de
garde, aujourd'hui, si j'ai bien compris la portée de la nouvelle loi,
qui doit surveiller que tout ce qui a été édicté
est bien appliqué, qui sert également de tribunal d'appel et
d'organisme de surveillance.
M. Lazure: Moi, ça me plaît beaucoup, cette
approche-là. Dans les quelque 40 mémoires qu'on a entendus,
peut-être le seul qui est venu tout près de votre formulation,
c'est M. Louis Bernard qui nous parlait, pas plus tard qu'hier soir, d'un
comité de gestion. Vous parlez d'un conseil de gestion. Même dans
les termes, ça se rapproche beaucoup. Mais indépendamment des
termes, c'est l'idée fondamentale, le contenu. Moi, ça me
plaît beaucoup. Dans la mesure où, en autant qu'on soit bien
sûr qu'à l'intérieur de ça, les deux
secrétariats aient la même valeur morale, pour ainsi dire, la
même importance.
M. Després (Robert): Je pense... Si vous voulez, regardons
tout autour de nous, que ce soit dans la fonction publique ou que ce soit, si
vous voulez, dans le secteur privé. C'est rare que
vous voyez quelqu'un responsable de la trésorerie qui, au moins,
ne se trouvera pas deux adjoints compétents. Si vous voulez, un
financier peut être un bon gestionnaire de ressources humaines, mais ce
n'est pas nécessairement le cas. Je pense qu'aujourd'hui, on a assez de
gens d'expérience dans l'ensemble du Québec pour trouver une
personne qui pourrait, si vous voulez, être un collaborateur
immédiat du ministre responsable et du vice-président qui
l'assistera.
M. Lazure: Dernière question et remarque en même
temps. Aux pages 6 et 7, quand vous parlez d'imputabilité, vous dites:
"Qu'on le veuille ou non, le gouvernement n'échappera pas à
l'implantation d'un système intégré
d'imputabilité". Et vous semblez terminer votre paragraphe en disant
que, bon, on trouve toutes sortes de raisons. On en a entendu cet
après-midi des raisons. Pas de solution, mais beaucoup de raisons pour
ne pas le faire. Et vous terminez en disant: "...ne devrait pas dissuader
l'autorité compétente de l'imposer". Vous avez l'air de dire que
si la machine elle-même le fait, on va attendre bien longtemps encore. Il
faut que ça soit imposé.
M. Després (Robert): Oui, et même si on ne veut pas
l'appliquer, si vous voulez, intégralement au départ, on parle
souventefois de prototypes. Il y a peut-être lieu de faire des essais,
voir ce que ça va donner. Moi, je pense que si vous voulez, les
élus ont le droit d'être renseignés adéquatement sur
l'aspect administratif. Je comprends qu'à l'occasion du budget, à
moins que ça n'ait changé, il y a des questions d'ordre
politique, financier, administratif. Mais le sous-ministre comme tel a un
rôle important à jouer comme collaborateur immédiat du
ministre. Je pense que si on examine la plupart des législations, le
sous-chef est encore, si vous voulez, quelqu'un qui est désigné
comme ayant une responsabilité. Il y a des responsabilités aussi
qui lui sont déléguées de par la loi, par le
législateur. Et pour moi c'est normal qu'à la fin d'une
période donnée, selon celle qu'on choisira, il puisse
répondre, si vous voulez, des actes qu'il a posés en regard du
mandat que le législateur lui a confié.
M. Lazure: Merci, M. Després.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Pointe-aux-Trembles. (20 h 30)
M. Bourdon: Comme mon collègue de La Prairie, j'aime
beaucoup votre mémoire. Il y a là-dedans des choses fort
intéressantes comme de mettre sur le même pied la gestion des
ressources humaines et la gestion financière, sinon le risque qu'on
court, c'est qu'une fonction digère l'autre d'une certaine façon
ou que les deux accents ne soient pas placés. Vous parlez égale-
ment d'imputabilité dans des termes qui me plaisent plus que ceux du
mémoire d'avant. Maintenant je vous pose la question. Est-ce que le fait
d'avoir des sous-ministres ou des responsables d'organismes qui rendent des
comptes à une commission parlementaire, est-ce que vous voyez comme
d'autres le fait que la responsabilité ministérielle serait comme
mise de côté? Parce que l'argument qu'on nous sert c'est que la
responsabilité ministérielle est une, est indivisible et que si
le sous-ministre rend compte ailleurs - et on a fait la distinction
après-midi, rendre compte ça ne veut pas dire recevoir des
ordres, ça veut dire rendre compte, faire état de, étayer
ce qui se passe - pensez-vous que c'est fondé cette crainte qu'à
ce moment-là, la responsabilité du ministre, la
responsabilité ministérielle sera comme en danger?
M. Després (Robert): Évidemment ça, vous
comprendrez que sur le plan juridique, je ne me prononcerai pas parce que je ne
suis pas un expert en la matière. Je suis porté... Même si
c'était vrai. Partons du principe que si c'était vrai, il faut
tout de même regarder la réalité telle qu'elle est Le
sous-ministre est un collaborateur immédiat du ministre. Habituellement
les deux travaillent ensemble sauf qu'il y a une délégation, je
pense, de la partie administrative. Le ministre est tenu au courant, si vous
voulez, d'une façon très générale. Et quand on
regarde les autres responsabilités et le monopole, si vous voulez, qu'il
n'a pas de son temps mais qui est accordé à d'autres fonctions
ministérielles, je pense qu'il est plus normal et qu'il sied très
bien que le sous-ministre dise ce qu'il a fait. Ça se reflète, si
vous voulez, dans tous les gestes qu'il a posés, que ce soit en regard
des politiques qu'il a édictées, que ce soit en regard, si vous
voulez, de la façon dont il s'est acquitté des crédits
budgétaires qui lui ont été donnés, de la gestion
des ressources humaines dans son ministère et de tout ce qui est
périphérique aux autres domaines de son administration.
Remarquez bien - peut-être que je le vois mal, je ne dis pas que
les autres ont tort - mais il me semble que ça ne devrait pas être
un empêchement pour permettre justement aux élus du peuple qui ont
des responsabilités et, eux aussi, des comptes à rendre,
évidemment avoir au moins un dialogue annuel ou à tous les deux
ans sur l'administration de tel ministère ou organisme
gouvernemental.
M. Bourdon: En fait, ce que j'ajouterais, c'est que, pour ce qui
est de la revalorisation, entreprise il y a quand même un bon bout de
temps, du travail des parlementaires, il m'ap-paraft évident que
l'imputabilité viendrait assurer mieux que les élus aient un
contrôle sur les budgets qu'ils ont votés C'est sûr que la
responsabilité ministérielle implique que les ministres se
rapportent à la Chambre et que la Chambre
puisse sanctionner leurs gestes. Mais soyons pratiques, quand le
ministre fait rapport en Chambre, il fait rapport à des partis
politiques en Chambre qui ont un comportement - ça n'a rien de mauvais
à cet égard-là - il y en a un qui est majoritaire, qui
gouverne et puis qui est solidaire du ministre. Mais jo pense que, même
en régime parlementaire britanniquo, on peut voir qu'une commission
parlementaire a tendance à amenuiser les lignes partisanes et les
parlementaires ont en commun d'avoir été élus pour
surveiller ce qui est fait avec un budget de 35 000 000 000 $.
Même s'il demeure des divergences entre les parlementaires des
différents partis, il faudrait au moins qu'ils reçoivent la
même information pour se former une opinion et, après ça,
faire des programmes politiques qui proposent des choses qui peuvent être
différentes à la population. Sans compter que - et je dis
ça sans aucune partisannerie - il y a telle chose que le Conseil des
ministres et les parlementaires de la majorité où le niveau
d'information n'est pas toujours égal... ce que je veux dire, c'est que
c'était vrai quand le parti que je représente était au
pouvoir aussi, donc il y a comme un contrepoids à faire. Dans le fond,
l'électeur de mon comté qui me demande des comptes, lui, il a peu
à voir avec la responsabilité ministérielle II me demande
des comptes à moi. Il veut que je lui fasse une reddition de comptes,
parce que c'est moi qu'il a élu. Et, d'une certaine manière, la
reddition de compte que, comme parlementaire, je suis chargé de faire,
il faut que je la demande à ceux qui savent et c'est vrai que c'est le
ministre, au plan politique, qui porte les responsabilités et qui
défend, mais il faut au moins que les parlementaires sachent et, pour la
continuité du système, j'ai tendance à croire qu'une
meilleure information des parlementaires, quels qu'ils soient, ça peut
assurer une meilleure gestion de l'État parce que l'information est
mieux diffusée. Je m'excuse, M. le Président, j'ai
peut-être été un peu long, mais c'est ma fa con...
Le Président (M. Lemieux): Non, non, vous pouvez
continuer.
M. Bourdon: ...de concevoir que, si on pense que les
parlementaires jouent un rôle important dans la définition des
politiques de leur parti, entre autres, il faut au moins qu'ils sachent de quoi
on parle, qu'ils connaissent tous les aspects. On en sait beaucoup - je ne veux
pas dire qu'on est tenus dans l'ignorance - mais d'une façon imparfaite
et le ministre ça ne lui enlève pas sa responsabilité en
dernier lieu de répondre de son ministère.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé?
Est-ce que vous avez des commentaires, M. Després?
M. Després (Robert): Pardon?
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous avez des
commentaires relativement...
M. Després (Robert): Non, pas sur ce point-là.
Le Président (M. Lemieux): Non, ça va. M. le
député de Limoilou.
M. Després (Michel): Merci, M. le Président. M.
Després, après une quarantaine d'auditions, l'imputabilité
est le sujet le plus controversé chez tous les intervenants qui ont pu
passer devant cette commission. Vous dites à la page 7 de votre
mémoire, "qu'on le veuille ou non, le gouvernement n'échappera
pas à l'implantation d'un système intégré
d'imputabilité". J'aimerais savoir qu'est-ce qui vous amène,
vous, à cette conclusion-là?
Le Président (M. Lemieux): Vous semblez, M.
Després, être très précis à cet effet. Vous
semblez nous dire: "On ne pourra pas y échapper, à mes yeux."
C'est quoi la conjonction des faits? C'est quoi les éléments?
M. Després (Robert): Moi, je pense que le gouvernement a
deux choix. Évidemment, réagir sous la pression, si vous voulez
être actif et prendre les devants. Quand on regarde l'environnement dans
lequel on vit, qu'on regarde, si vous vouiez, qu'on se promène un peu
partout, je pense que les gens d'aujourd'hui, par les moyens de communication,
sont beaucoup plus avides d'information. Et souventefois, l'information qu'ils
recherchent, ils ne l'obtiennent pas. Je sais que vous devez, dans vos
comtés respectifs avoir souventefois des questions qui vous sont
posées sur l'administration, par exemple, une de ces facettes dans le
ministère a, b ou c et souventefois la personne qui en est responsable
n'a pas l'opportunité de dire quelle en est sa conception; quels sont,
dans une certaine mesure, les objectifs qu'elle s'était donné,
qu'est-ce que c'est qu'elle a réalisé une fois qu'on
connaît les résultats en fin d'année, de façon
à ce qu'il y ait par les divers médias aussi une certaine
information qui soit véhiculée, sur les questions
d'actualité, à la population et que les élus du peuple
soient mieux renseignés sur le rendement, le comportement, si vous
voulez, et l'attitude des gens à qui des responsabilités
importantes ont été déléguées, soit par la
loi ou autrement.
Le Président (M. Lemieux): Lorsque vous parlez
d'environnement, est-ce que vous allez aussi loin que de penser aussi en termes
de libre concurrence, de libre-échange, de mondialisation, etc., qui
amènerait l'État, eu égard au fait qu'il y a quand
même une relation, tel qu'on le disait dans le mémoire des pays de
l'OCDE, qu'il y a
une relation directe entre la performance de l'administration et la
performance économique. Est-ce que ce type de facteurs extérieurs
d'après vous, peut jouer aussi un rôle?
M. Després (Robert): II peut sûrement jouer un
rôle parce qu'il n'y a pas de doute que, dans l'administration même
de son ministère, même s'il s'est donné des plans en
début d'année, ne soyons pas statiques, il doit s'adapter. Et
puis il y a ensuite, aussi ce qu'on remarque souven-tefois, la volonté
du législateur. Elle n'est pas toujours traduite au plan administratif
de la façon dont lui le souhaiterait. C'est une façon, si vous
voulez, pour les deux parties, au moins d'avoir l'opportunité ou
l'occasion d'échanger dans ces domaines-là qui sont importants.
En tant que législateur, vous pouvez bien adopter une loi, reste
à suivre la réglementation. Évidemment, le ministre et le
conseil vont y dépenser beaucoup de temps, mais nonobstant ces deux
pièces de base, la façon de traduire la loi et la
réglementation au niveau administratif peut faire en sorte qu'une loi
soit mieux acceptée, déplaise ou soit rejetée par le
public. Et, ici, il s'agit de voir la réaction des gens qu'elle vise
pour s'en rendre compte. Et quand il y a de grandes législations, on
peut s'en apercevoir. Si vous n'avez pas soin de renseigner les gens et,
ensuite, d'établir des mécanismes qui soient à la mesure
de ce qu'est leur perception, parce que la perception, souventefois, est
beaucoup 'plus dommageable, si vous voulez, que les faits réels...
Le Président (M. Lemieux): II faut être en polique
pour s'en soucier.
M. Després (Robert): ...et il faut savoir.
Le Président (M. Lemieux): Ça va. M. le
député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: Oui, merci, M. le Président. Dans un premier
temps, au nom de notre formation politique, je voudrais vous remercier de vous
être présenté a notre commission, d'avoir accepté
notre invitation. Je pense que c'est pratiquement un privilège pour nous
de vous avoir ici, compte tenu des obligations que vous avez. Alors merci
beaucoup.
Ce que je comprends de votre mémoire aussi principalement, c'est
que la ressource humaine, ce n'est pas une dépense, c'est un plus pour
l'entreprise, au niveau de la conception en partant, et ça, je pense que
c'est nettement démontré. Ce que j'apprécie beaucoup de
votre mémoire aussi, c'est le caractère pratique. Vous arrivez,
entre autres, au niveau du Conseil du trésor, avec une solution
très pratique et, malheureusement, les derniers mémoires
étaient très théoriques, mais là on
s'aperçoit quand même de votre présence ou de
l'expérience que vous avez vécue au cours des années.
Juste pour éclaircir une chose, à la page 4, vous dites:
"Le Conseil serait présidé par un ministre titulaire
assisté d'un vice président qui se préoccuperait
particulièrement de l'aspect des ressources humaines." Vous
sous-entendez également qu'il y aurait un vice-président ou une
vice-présidente pour les ressources financières, je
présume.
M. Després (Robert): Pas nécessairement. Pas
nécessairement, mais ce n'est pas exclu. Dans mon esprit, je vais
être bien honnête avec vous, j'aurais pensé que le ministre
titulaire se préoccuperait des deux fonctions, gestion des ressources
humaines et gestion, appelons ça des ressources matérielles et
financières, qu'il pourrait, si vous voulez, consacrer la majeure partie
de son temps au côté trésorerie ou finances ou vice versa
et que l'autre, sa préoccupation centrale serait la gestion des
ressources humai nés, tout ce qui aurait trait à la dotation, au
perfectionnement, à la formation, si vous voulez, et aux
négociations Je pense qu'il y a les mandats et tout ce qui est
périphérique à ça.
M. Farrah: Ma crainte dans un modèle comme cela, c'est
qu'il y ait un danger que le président du Conseil du trésor ou,
peu importe, la personne qui sera au-dessus, soit plus préoccupé
encore par l'aspect financier, compte tenu qu'il est peut être
obligé de cumuler les deux fonctions, être le superviseur de un,
mais que ce soit lui directement qui s'occupe des finances. Alors, n'y a-t-il
pas un danger de retomber dans la situation qu'on vit actuellement?
M. Després (Robert): Je pense qu'il n'y a pas... En tout
cas, personnellement, je n'ai aucune objection à ce que vous proposez.
C'est une formule qui peut très bien également se voir dans le
concept dont je vous ai fait part, comme on le voit ailleurs d'ailleurs.
M. Farrah: Merci. D'autre part, à la page 6, au
deuxième paragraphe, vous dites: "On devrait aussi porter une attention
particulière au niveau hiérarchique de gestion. Il devrait y en
avoir le moins possible, je le reconnais volontiers, mais encore faudrait-il
réfléchir pour trouver un substitut au premier niveau de
gérance qui a disparu depuis belle lurette." Vous dites, un peu plus
loin: "A-t-on songé à trouver des options valables pour le
remplacer?" Est-ce que vous avez songé à des options ou avez-vous
des options à nous soumettre qui pourraient être valables pour
remplacer ce que vous avancez là?
M. Després (Robert): Ah! Comme vous le savez, il y a
plusieurs recettes. En fait, si on fait un court historique, le premier niveau
de gérance que l'on a connu, que ce soit dans la fonction publique ou
dans le secteur privé, qui était celui de surveillant, de
contremaître, ainsi
de suite, est disparu. On l'a laissé aller. Je n'ai jamais
compris pourquoi les employeurs l'ont laissé aller aussi facilement.
C'est possiblement parce que ce n'étaient pas des vrais gestionnaires au
sens propre du mot.
Mais si vous avez soin de donner les responsabilités qui vont de
pair avec ce premier niveau de gérance, je pense qu'en autant que la
personne est qualifiée, ça peut jouer un rôle
éminemment pratique au niveau de la gestion des ressources humaines.
Mais ce n'est pas la seule formule, parce qu'il y en a d'autres qui ont
été essayées et qui ont été réussies.
Je pense que ce serait là, si vous voulez, une formule dont on devrait
laisser l'initiative dans les ministères. Si on a soin d'avoir, sous le
sous-ministre, un collaborateur immédiat compétent, qui va se
préoccuper de la gestion des ressources humaines, on concevra pour le
ministère les formules appropriées. Il y a des endroits, et vous
allez le regarder, où ce sont des chefs d'équipe, et les chefs
d'équipe, même s'ils ont une position très difficile parce
que, d'une part, ils sont syndiqués si ma mémoire est
fidèle, et, d'autre part, ils ont des responsabilités de
gérance, où ça fonctionne très bien. Il y a
d'autres endroits où ça ne fonctionne pas.
Maintenant, vous n'avez pas nécessairement besoin d'avoir un chef
d'équipe. Ça peut être dans la structure du
ministère, dans le programme de gestion des ressources humaines qu'on
donne l'occasion à un groupe donné de se choisir, par cycle ou
par période, quelqu'un tout simplement qui va les représenter. Il
n'y a rien qui s'oppose... Il s'agit de voir un peu ce qui se fait ailleurs et
d'essayer de l'adapter. Je ne pense pas qu'il y ait une recette magique, mais
j'estime qu'il y en a plusieurs. (20 h 45)
M. Farrah: Merci. Dans un autre ordre d'idées, au niveau
de l'imputabilité externe, je pense que vous me donnez un message assez
clair et qui est d'ailleurs pertinent. C'est d'être quand même
prudent avec l'imputabilité et on peut comprendre aussi l'attitude...
Moi, en tout cas, je comprends très bien l'attitude, notamment des hauts
fonctionnaires qui sont peut-être plus visés par le fait qu'il
faut savoir vers où on se dirige avec ça. On a parlé avec
le secrétaire général tantôt. Il faut bien
délimiter le cadre, je pense, avant de se lancer là-dedans Si je
comprends le phénomène de la résistance au changement, je
pense, au niveau de l'organisation, vous avez à vivre avec ça
beaucoup. Alors, il y a une façon d'implanter quelque chose pour
s'assurer de diminuer la résistance au changement en infor mation,
etc.
Cet aspect-là d'imputabilité externe, je ne sais pas si
vous pourriez nous donner un exemple de délimitation entre
l'administratif et le politique, parce qu'un consensus qui s'est fait au niveau
des discussions qu'on a eues à cet égard-là, c'est un peu
ça. Quelle est la délimitation entre le politique et
l'administratif? Avec votre expérience vécue, je ne sais pas si
vous pourriez nous donner un exemple concret ou qu'est-ce que vous en pensez
pour nous éclairer à ce niveau-là?
M. Després (Robert): Je pense, aujourd'hui, que ce soient
les ministères ou un organisme qui n'émerge pas à la
compétence du Conseil du trésor, si on veut obtenir des
crédits du gouvernement, il faut qu'il y ait un plan. Alors, dans ce
plan, j'ignore exactement le format, mais il y a sûrement ce qu'ils
appelaient les missions, autrefois, les objectifs et les moyens dont on se dote
pour les atteindre.
Donc, c'est ce à quoi on s'attend du ministère durant
l'année et on a confié à cette personne-là des
crédits pour qu'elle puisse s'en acquitter. Donc, vous avez là
une base à partir de laquelle l'imputabilité peut se faire.
Maintenant, dans le cadre de ce plan d'action du ministère, les
responsabilités ont été réparties entre divers
secteurs. Qu'on appelle ça programme abc, qu'on appelle ça le
secteur de l'administration, qu'on appelle ça le secteur de la gestion
des ressources humaines ou de l'administration, je pense que c'est sur
ça que le sous-ministre peut facilement rapporter ce qu'il a fait pour
s'acquitter de son mandat. Maintenant, ça peut être plus
compliqué que ça, mais si on s'assoit, vous savez, les outils au
gouvernement existent pour qu'il y ait un régime d'imputabilité.
Il s'agit de s'asseoir et de faire la démarcation qui s'impose entre le
politique et l'administratif. Je pense que c'est possible entre gens de bonne
volonté. Il appartiendra à chacun de ceux qui interviendront de
bien comprendre que cette imputabilité-là ne saurait se faire en
marge de la responsabilité ministérielle. Je pense qu'elle est
là et qu'elle demeure et qu'au plan administratif, à tout le
moins, il y a sûrement moyen d'être imputable sans que personne ne
soit lésé.
Si quelqu'un gère bien ou si quelqu'un administre bien le mandat
qu'on lui a confié, il n'y a pas de problème avec
l'imputabilité parce qu'il sait ce qui s'est passé, il sait ce
qu'il a réalisé et s'il a eu des écarts, bien, il est
capable de les expliquer. Je ne vois pas pourquoi on a cette crainte. Dans le
secteur privé, on le demande à nos gens. J'admets que ça
n'a peut-être pas les mêmes incidences auprès de la
population et je ne vois pas en quoi les gens pourraient se sentir
lésés.
M. Farrah: Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député des Îles-de-la-Madeleine. Seulement peut-être
une petite question. Nos statistiques nous ont révélé
souvent que lorsqu'on avait à faire appel à des gestionnaires ou
à choisir des gestionnaires, on retenait davantage des secteurs
ou des connaissances spécifiques à l'emploi que des
habiletés professionnelles comme telles. On constatait qu'on retenait
peut-être au niveau de l'évaluation des critères que 3 %
à 5 % étaient consacrés sur 100 points à
l'évaluation d'habiletés professionnelles comme telles et le
reste de l'évaluation portait davantage sur la connaissance comme telle
de l'emploi.
À votre avis, avoir à choisir ou à évaluer
un bon fonctionnaire ou, à vos yeux - c'est peut-être une question
d'opinion - quelles qualités ou quelles espèces
d'habiletés professionnelles vous apparaissent à vous comme
étant des habiletés essentielles et nécessaires?
Trouvez-vous aussi qu'on n'a peut-être pas tendance à former, je
dirais, davantage des spécialistes que des gestionnaires en gestion de
relations humaines, que de s'attarder tant au secteur connaissance de
l'activité de l'emploi plutôt que de développer, de
rechercher les habiletés chez l'individu? Est-ce que vous comprenez le
sens de ma question?
M. Després (Robert): Bon
Le Président (M. Lemieux): De gestionnaire,
c'est-à-dire.
M. Després (Robert): Moi, je pense que j'ai beaucoup plus
confiance en un généraliste, quelqu'un qui a à
gérer un ministère parce que vous savez que sauf les
particularités, les spécificités dont on doit tenir compte
dans la fonction publique, c'est davantage quelqu'un qui peut s'adapter
à cette machine-là et à avoir la facilité en
s'adaptant de comprendre ce qui se passe dans son ministère. Je ne pense
pas que le meilleur gestionnaire d'un ministère - ce n'est pas exclu
qu'il le soit - soit cependant nécessairement quelqu'un qui a une
connaissance profonde, si vous voulez, des activités propres au
ministère.
Un bon gestionnaire doit avoir la capacité d'apprendre rapidement
ce qui se passe, de pouvoir l'interpréter. Et deuxièmement, ce
qui est plus important, de s'adjoindre les compétences administratives
qui, elles, pourront être davantage spécialisées dans les
secteurs qui sont sous sa direction.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie. Pas d'autres
questions? Alors, nous vous remercions de votre participation à cette
commission parlementaire, sachant que vous êtes quand même
très occupé. Nous voulons vous faire savoir que nous l'avons
grandement apprécié et avons apprécié le contenu
très très pratique et très réaliste de votre
mémoire. Alors, nous allons maintenant suspendre pour deux, trois
minutes pour permettre au président du Conseil du trésor de bien
vouloir prendre place.
(Suspension de la séance à 20 h 52)
(Reprise à?O h 55)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du budget et de l'administration reprend ses travaux Nous
allons entendre maintenant le président du Conseil du trésor et
ministre délégué à l'Administration et à la
Fonction publique. Alors, M. le président du Conseil du trésor,
la parole est à vous.
M. Daniel Johnson
M. Johnson: Merci, M. le Président. Dans cette salle fort
solennelle, pour la dernière intervention de vos travaux publics dans
l'exécution du mandat qui a été le vôtre, je
tiendrais, pour avoir suivi ça, évidemment, de passablement
près, à vous féliciter pour la rigueur, l'ampleur, la
couverture des événements - si je peux me permettre - que vous
avez manifestées. Évidemment, ça s'applique
également à tous les gens qui ont comparu devant vous. Je retiens
avec vous que les premiers bénéficiaires de tous vos travaux qui,
je le répète, ne sont pas terminés - on pourrait
s'imaginer que vous avez terminé vos travaux, présumément,
ils no font que commencer, suite aux consultations publi ques - seront à
l'avantage, nous le souhaitons, de l'accroissement de la qualité des
services à la population, donc à l'avantage de ceux qui nous ont
demandé de les représenter ici à l'Assemblée
nationale.
Lors de mon intervention, au début de vos travaux, j'avais tenu
à rappeler les choix que nous avons faits depuis quelques années,
soit de poursuivre dans la voie de la responsabilisation croissante de
l'administration publique, de la plus grande efficacité à
déployer dans la poursuite des objectifs et donc, évidemment, de
l'excellence. C'est un ambitieux objectif qui, à mon sens encore, peut
être atteint à l'intérieur de la Loi sur la fonction
publique telle que nous la connaissons, car elle s'articule autour de principes
de décentralisation, d'efficacité, d'impartialité, de
mérite qui, tous, sont des gages que les fonctionnaires ont les bons
outils afin d'atteindre les objectifs gouvernementaux de service à la
clientèle. Ces notions correspondent déjà, d'ailleurs plus
que jamais, à la réalité des prochaines années en
matière de gestion des ressources humaines. Il ne fait pas de doute, par
ailleurs, que certains correctifs ponctuels à l'égard des mesures
d'application des modalités pourraient retenir l'attention de ceux qui
s'intéressent à ce sujet, dont vous-mêmes,
évidemment, en toute première ligne.
J'ai noté, dans les mémoires qui ont été
présentés devant la commission, certaines revendications qui
définissent un large consensus et qui ont d'ailleurs déjà
commencé à alimenter ma réflexion. Je donne l'exemple du
vieillissement de la fonction publique que nous constatons. Je suis
de ceux qui voient, au-delà d'une certaine gamme
d'inconvénients, certains avantages quant à l'expérience
que ça peut représenter au sein de la fonction publique, que ce
vieillissement qui ne devrait pas être un terme péjoratif. Mais je
suis tout aussi sensible à ce que ça signifie comme blocage
potentiel d'un marché du travail pour les plus jeunes qui tentent de
faire carrière dans la fonction publique québécoise, alors
que nous amorçons un ralentissement économique.
Par contre, d'autres revendications me sont apparues, je dirais
carrément corporatistes ou pécuniaires. Je note la demande encore
répétée que l'ensemble des conditions de travail qui se
rattachent à l'exercice des fonctions qu'on retrouve dans la fonction
publique devraient être négociables. Je l'ai dit et maintes fois
répété, chaque fois qu'on considère la Loi sur la
fonction publique, ces demandes reviennent, je le constate, mais y donner suite
ne pourrait avoir pour résultat que de prolonger indûment un
processus qui est déjà passablement lourd et, je l'ajoute, qui
risquerait d'enlever à la fonction publique la souplesse
d'exécution de ses activités dont elle a absolument besoin.
Je tiens à souligner que cet exemple que je note se situe aux
antipodes, autant que j'ai pu le noter, de la majorité des commentaires
et suggestions qu'on retrouve dans la cinquantaine de mémoires que vous
avez scrutés. La qualité et la diversité des intervenants
nous ont permis de connaître un peu mieux la perception que nos
concitoyens ont de la fonction publique.
Vous-mêmes, comme membres de la commission, et moi-même, nos
collègues de l'Assemblée nationale, sommes avant tout des
élus dont le rôle est d'être à l'écoute de la
population qui nous a choisis. À ce stade, je ne commenterai pas
davantage les différentes interventions, sauf peut-être celle qui
avait trait à l'incompatibilité, alléguée par
certains, qu'il y a entre la gestion des ressources humaines et la gestion des
ressources financières. Je laisse donc le soin à la commission de
commencer dès maintenant à colliger et à analyser toutes
les données qu'elle a reçues et c'est avec beaucoup
d'intérêt, Je vous le promets et je m'y engage, que je prendrai
connaissance de vos travaux, au fur et à mesure que vous les rendrez
publics, conformé ment à votre mandat.
Comme président du Conseil du trésor, j'y reviens, je suis
à la fois responsable de la gestion financière et de la gestion
des ressources humaines. Il m'apparaît important de faire ressortir que,
contrairement aux opinions que j'évoquais tout à l'heure, ces
deux missions ne sont pas incompatibles, elles sont plutôt
complémentaires et interdépendantes. L'actuelle Loi sur la
fonction publique permet d'operational iser, vous me permettrez le jargon,
cette complémentarité par la structure administrative qu'elle
permet de créer.
Les plus de 5000 dirigeants, cadres supé- rieurs, cadres
intermédiaires, qui oeuvrent dans la fonction publique, doivent, depuis
quelques années, tenir compte des ressources financières à
leur disposition et, de la même façon, le secteur financier, entre
guillemets, doit se soucier de l'existence de l'activité des ressources
humaines. On pense, pour résumer, à titre d'exemple, au
contrôle de l'effectif qui vraiment démontre cette interrelation
qui existe nécessairement entre les éléments dits de
ressources humaines et dits, par ailleurs, de ressources matérielles et
financières.
Au strict plan de la cohérence et de la limpidité du
message qui doit être transmis, le fait que les directives, dans ces deux
matières, émanent d'une seule et même source
présente, à mon sens, des avantages évidents. Certains
pourraient voir dans mes propos un plaidoyer en faveur d'une centralisation
accrue. Il n'en est rien, M. le Président, je ne partage aucunement ce
point de vue, même si les directives, dans les matières que j'ai
indiquées, proviennent du Conseil du trésor. La Loi sur la
fonction publique confère un large degré d'autonomie aux
ministères et organismes dans la gestion quotidienne des ressources
humaines et la Loi sur l'administration financière en fait tout autant
au chapitre des ressources financières.
Le rôle du Conseil du trésor est de gérer les grands
ensembles. Il autorise donc, dans un premier temps, une enveloppe globale et ce
sont les ministères et organismes qui procèdent, par la suite,
à la distribution entre les programmes. Le Conseil répartit les
ressources disponibles; il devient ensuite un régulateur si un
écart survient avec les ressources qui ont été
signifiées au départ. À mon sens, une telle structure
permet à la fois d'adapter rapidement la fonction publique aux
réalités et priorités économiques, sociales,
culturelles et autres qui sont en constante évolution et donne aux
gestionnaires des ministères et organismes sectoriels suffisamment de
latitude pour gérer efficacement les ressources humaines et
financières dont ils disposent.
Je ne crois donc pas qu'il soit opportun de séparer les deux
missions dans un proche avenir. Il nous faut cependant circonscrire, avec
encore plus de soin, les rôles de tous les intervenants, de façon
à éliminer autant que possible les ambiguïtés qui, en
termes budgétaires, sont peut-être non quantifiâmes, mais
qui n'en demeurent pas moins fort coûteuses au plan de
l'efficacité de la qualité des services à nos
concitoyens.
La décentralisation de la gestion des ressources humaines, telle
que nous la connaissons depuis l'adoption de la loi, permet aujourd'hui aux
ministères et organismes d'avoir la souplesse nécessaire pour
adapter leurs services en fonction de leur clientèle respective.
À titre d'exemple, la clientèle du ministère de
l'Agriculture, celle du ministère des Transports ou celle des Affaires
culturelles n'ont rien en commun les unes avec les autres car elles
requièrent des
services fort différents. La gestion des ressources humaines doit
donc tenir compte et pouvoir tenir compte de ces différences et
permettre de dispenser des services dont la qualité, incidemment, doit
correspondre au prix payé par nos concitoyens.
Comme élus, nous devons demeurer le plus possible à
l'écoute de nos commettants et la fonction publique, quant à
elle, se retrouve en toute première ligne auprès de cette
même clientèle pour rendre effectivement les services à la
population. Dans cet esprit, c'est avec un intérêt
particulièrement soutenu que j'ai pris connaissance des recommandations
et des commentaires du Protecteur du citoyen. Il faisait remarquer qu'au cours
du dernier exercice, quelque 8000 plaintes lui auraient été
transmises, dont plus du quart se sont révélées
fondées. Le chiffre peut paraître négligeable lorsqu'on le
met en regard des millions de gestes qui sont posés par l'administration
publique à l'égard de la clientèle, mais ce chiffre est
sans doute trop élevé, est certainement trop élevé,
si on considère qu'H est la dernière étape que les
citoyens et contribuables ont eue à franchir, car il existe une
multitude d'autres mécanismes d'appel, de révision, de plainte
à l'égard des gestes ou décisions du gouvernement et on ne
dort pas oublier que les bureaux des députés sont
également une de ces étapes que doivent franchir nos concitoyens
qui, véritablement, cherchent à redresser certains torts.
En fait, la recherche de la qualité totale est l'atteinte de
l'objectif "zéro plainte". Nous aurons connu un succès certain
dans la recherche de cet objectif le jour où le Protecteur du citoyen se
tournera les pouces et n'aura rien à faire. Je ne doute pas que les
recommandations que contient son mémoire, comme toutes celles qui vous
furent soumises, feront l'objet d'un examen attentif. En ce qui me concerne, je
retiens principalement celle qui suit que les fonctionnaires doivent traiter
les réclamations, les demandes de renseignements et plaintes des
citoyens et des citoyennes, non pas comme des simples dossiers, mais comme
l'expression légitime du besoin des clients qui sont la raison
d'être de l'administration publique. A cette fin, le rôle de la
fonction publique et de la loi qui la régit est de favoriser une
structure administrative souple et efficace qui permet aux clientèles
d'exprimer, le cas échéant, leur insatisfaction. De plus, les
citoyens doivent avoir la conviction que leur message atteindra les plus hauts
niveaux hiérarchiques et que des correctifs seront apportés dans
le traitement de leur dossier et des demandes futures.
Nous devons donc, il s'ensuit, valoriser l'identification et le
traitement des plaintes de même que la recherche d'un mécanisme de
règlement de celles-ci dans toutes les directions de tous les
ministères. La loi actuelle, en introduisant une gestion
décentralisée des res- sources humaines et une gestion sur la
base d'objectifs, offre déjà, selon moi, une bonne partie des
mécanismes requis pour y parvenir. Dans ce contexte et dans le but de
tendre vers l'excellence, j'estime opportun et important de procéder
à l'implantation la plus large possible d'une politique qui
amènera les organisations et les employés à se surpasser.
Cet objectif peut être atteint par la mise en place de mécanismes
d'information, rétroaction, évaluation de la performance des
organisations en matière de service au public J'annonce donc que j'ai
l'intention d'élaborer une telle politique et je compte bien la rendre
publique lors du dépôt des crédits pour l'année
prochaine, sort dès le premier trimestre de 1991
Cette vaste entreprise de services qu'est le gouvernement doit viser la
qualité totale dans les services rendus aux citoyens. Les contribuables
paient des impôts pour se procurer ces services. C'est la raison
d'être de la fonction publique et des fonctionnaires qui doivent
être motivés à contribuer à la poursuite et à
l'atteinte de cet objectif dans tous les ministères et organismes. Il
existe déjà - et je veux le souligner et j'insiste - des
initiatives remarquables dans ce sens, dans la fonction publique, dans certains
organismes ou à l'intérieur de certains ministères, mais
chacun des membres de cette entreprise qu'est le gouvernement, doit viser la
qualité totale dans l'accomplissement de sa mission La compétence
de nos employés de la fonction publique ne conduit nulle part s'ils sont
indifférents au public En conséquence, partout où cela est
possible, cette notion de service au public doit être introduite dans
l'évaluation du rendement et les employés performants à
cet égard doivent être encouragés de façon
tangible.
Cette préoccupation existe actuellement à tous les niveaux
Ce que j'introduis et ce que j'évoque ici ce soir c'est de
reconnaître spécifiquement la valeur, pour une entreprise de
services comme celle de l'administration publique, la reconnaissance, dis-je,
de cette dimension dans l'évaluation générale de la
qualité de nos services. Le souci de la qualité totale doit
être partagé donc, par l'ensemble de tous ceux qui sont
employés dans la fonction publique. Les sous-ministres et dirigeants
doivent en premier lieu savoir inculquer cette mentalité à ceux
qui relèvent de leur responsabilité. Chaque unité de
travail doit être bien consciente des attentes de la clientèle
qu'elle dessert, que ce soit une clientèle interne ou externe. Chaque
unité de travail doit être consciente du coût des ressources
humaines et matérielles requises pour rendre des services de
qualité et travailler à améliorer son niveau de
productivité. Les services de qualité rendus à moindre
coût, c'est ce que signifie la qualité totale. C'est ce à
quoi s'attendent nos clients, nos électeurs pour qui le rapport
qualité-prix signifie, là aussi, quelque chose.
C'est le défi que nous devons affronter et c'en est un qui se
relève quotidiennement, continuellement, par tous nos collaborateurs
Comme titulaire d'un organisme dit central, mon défi et celui de mes
collègues et collaborateurs est de mettre en place les politiques ol
program mes qui permettront aux ministères de relever ce défi
dans les prochaines années.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
président du Conseil du trésor. M. le député des
Îles-de-la-Madeleine, avez-vous une question? M. le député
de La Prairie. M. le député de La Prairie.
M. Lazure: Merci, M. le Président. Je vous remercie de me
donner la parole quelques minutes et je m'excuse à l'avance
auprès du ministre parce que je dois partir, mais mes collègues
vont continuer la discussion. C'est de bonne guerre... Le ministre... Je
comprends maintenant pourquoi il voulait venir deux fois. Il a eu une annonce
au début et il a une annonce à la fin. Au début, il nous a
annoncé la création des 3500 postes permanents et là, il
nous annonce une politique qui amènera les organisations et les
employés à se surpasser. Bravo! Mieux vaut tard que jamais.
L'article 2 de la loi - il connaît l'article 2 - "La fonction
publique a pour mission de fournir au public les services de qualité
auxquels il a droit." Ça, c'est l'objet principal de la loi. Ensuite,
à l'article 99, on voit que l'Office des ressources humaines a, entre
autres fonctions, au paragraphe 9, celle "de conseiller un ministère, un
organisme, le Conseil du trésor ou le gouvernement en matière de
gestion et d'organisation administrative, notamment pour accroître la
qualité du service au public". On verra ce que le ministre nous
annoncera en 1991, mais je pense qu'on doit conclure, d'après ce que
nous avons entendu de plusieurs groupes depuis quelques semaines, que le
ministre qui est, d'après l'article 171, le ministre responsable de
l'application de toutes les dispositions de la loi, n'a certainement pas
accordé une grosse priorité à ce volet de service à
la clientèle. Il nous dit qu'il va le faire maintenant. On verra
bien.
La deuxième remarque que j'ai, M. le Président, et
ça revient à la première annonce du ministre: la
création des 3500 postes per manents. Il était temps
évidemment que le gouvernement fasse quelque chose. La multiplication,
la prolifération de ces postes occasionnels a été
dénoncée par plusieurs organismes ici, encore ces jours derniers,
non seulement par le Conseil de la jeunesse, mais aussi la Commission de la
fonction publique, par le président, M. Poulin, je cite: "L'abus du
travail temporaire condamné." Le ministre savait évidemment que
ça allait être dénoncé ça, à la
commission, c'est pour cela qu'il est venu au tout début, il nous a fart
son annonce. Hier, il a envoyé un communiqué: "Daniel Johnson
annonce la tenue de concours réservés à certains
employés occasionnels." Quand on a lu ça, les membres de la
commission...
Bon, tant mieux! Les occasionnels vont avoir un concours spécial
et le problème va être réglé. Mais lorsqu'on lit
tout le communiqué et très attentivement, le ministre se garde
toutes les portes ouvertes et ça n'est plus, comme ça paraissait
être, une espèce d'engagement de donner la
préférence, la priorité, aux occasionnels qui sont
là depuis cinq ans. C'est pour ça, d'ailleurs, qu'hier, les
occasionnels ont manifesté leur mécontentement et, encore
aujourd'hui, ils l'ont manifesté. Je pense que le ministre... C'est vrai
ce qu'il a dit. C'est une vérité qu'il y a dans ça, mais
ce n'est pas toute la vérité.
Enfin, le sujet de la reddition des comptes. Le ministre y a fait
allusion un peu tantôt. Nous constatons, après toutes ces
séances, que la haute fonction publique, sauf quelques exceptions, ne
semble pas motivée, intéressée ou prête à
accepter un système de gestion où les fonctionnaires auraient
à rendre des comptes sur les gestes qui sont principalement
administratifs. Je sais que c'est difficile de séparer
complètement l'administratif du politique, je le comprends. Mais
plusieurs d'entre nous, nous pensons que les hauts fonctionnaires ou les
fonctionnaires, sans faire de discrimination, devraient le plus rapidement
possible - c'était l'un des objectifs, peut-être pas assez
explicite dans la loi, de la loi, ce qu'on a appelé
l'imputabilité, la reddition de comptes... Nous constatons et nous avons
constaté, surtout ces jours derniers et même aujourd'hui, en
entendant le Secrétaire général qui parlait un peu au nom
du Forum des sous-ministres, qu'il y a une résistance acharnée de
la part de la plupart des sous-ministres à accepter qu'ils soient
questionnés par des parlementaires, qu'ils aient à rendre des
comptes aux parlementaires. (21 h 15)
Nous ne demandons pas que le fonctionnaire soit tenu seul responsable.
Le ministre doit toujours garder l'ultime responsabilité, toujours, mais
le fonctionnaire doit assumer la responsabilité de ses décisions
administratives auprès du public, par le biais des parlementaires, mais
ça ne dégage pas le ministre de sa responsabilité,
contrairement à ce que l'un de vos éminents collègues a
dit ces jours derniers à l'ENAP. Alors, nous sommes déçus,
nous sommes déçus de voir que dans l'ensemble de la fonction
publique, surtout la haute fonction publique, dont vous êtes responsable,
totalement responsable de l'application de cette loi depuis deux ans, nous
sommes très déçus - et ça ce n'est pas partisan
parce que l'autre côté de la table l'a dit cet après-midi -
de voir qu'il y a eu peu de chemin de fait. Et s'il y a eu peu de chemin de
fait, je pense que c'est en bonne partie parce que vous n'avez pas
assumé votre responsabilité à cet égard, vous
n'avez pas assumé le leadership en tant que ministre responsable de la
loi, auquel
nous étions en droit de nous attendre.
Finalement, M. le Président, mes cinq minutes sont
écoulées. Je répéterai qu'il est grandement temps
que le ministre responsable de l'application de la loi et qui est aussi le
président du Conseil du trésor et qui est responsable des plans
d'accès à l'égalité, prenne en main la
réalisation de ces objectifs. Nous en avons parlé pour les
personnes handicapées, moins de 1 %, c'est tout à fait
inacceptable. Mais il faut que le président du Conseil du trésor
assume tout le leadership dont il peut être capable à cet
égard aussi. Merci.
Le Président (M. Lemieux): Merci M. le
député de Pointe-aux-Trembles, ça va? O. K. Non, c'est
parce que je croyais que vous vouliez faire vos 10 minutes. M. le
député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: Plus sous forme de question, parce que, avant notre
collègue, président du Conseil du trésor! Lorsque le
député de La Prairie dit que ce côté-ci de la table
nous étions déçus également peut-être de la
vision de certains fonctionnaires, notamment sur l'imputabilité, c'est
exact. Cependant on n'a pas dit qu'on était déçus du
président du Conseil du trésor. Je pense qu'il faut quand
même, bon, premièrement. Deuxièmement, je suis quand
même...
M. Johnson: Merci.
M. Farrah:... satisfait du fait que vous démontrez une
certaine ouverture face aux travaux de la commission, une belle ouverture. Je
pense que pour porter un jugement sur le président du Conseil du
trésor, il va falloir attendre que le mémoire soit
déposé, notre rapport soit déposé et après
on verra comment il l'accueillera ou comment il pourra appliquer les
suggestions qui seront faites au gouvernement. Il faut quand même mettre
ça très clair.
Sur l'imputabilité justement, vous n'en avez pas parlé
dans votre discours, M. le ministre. J'aimerais avoir votre position un peu sur
l'imputabilité. Est-ce une bonne chose? Est-ce une mauvaise chose?
Est-ce possible? Comment faudrait-il travailler pour arriver à implanter
l'imputabilité externe? Est-ce qu'il y a une formule que vous pourriez
nous suggérer pour peut-être savoir comment l'implanter ou comment
la travailler pour que son implantation soit positive, si ce n'est pas
possible, est-ce que ce ne l'est pas. En tout cas, j'aimerais vous entendre
là-dessus, M. le président du Conseil du trésor, compte
tenu que c'était quand même un élément majeur de
l'ensemble des discussions qu'on a eues avec tous les groupes et organismes qui
se sont présentés devant nous, je pense que de ne pas parler
d'imputabilité avec vous serait de passer à côté
d'un élément majeur de discus- sion durant les travaux de cette
commission.
Le Président (M. Lemieux): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Johnson: Très bien, M. le Président, et
présumément en réponse aux commentaires également
du député de La Prairie, si possible, pouvez vous me signifier de
quelle longueur de temps je dispose dans ce bloc-ci?
Le Président (M. Lemieux): Vous avez la longueur de temps
voulue.
M. Johnson: Jusqu'à 10 heures.
Le Président (M. Lemieux): Et, de consentement,
après 10 heures.
M. Léonard: À l'intérieur des 20
minutes.
Le Président (M. Lemieux): À l'intérieur des
20 minutes. Ah! Ça va. O. K. Je vois M. le député de
Labelle.
M. Chagnon: Jusqu'à 10 heures demain matin parce qu'il y a
une interpellation.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Alors, M. le président
du Conseil du trésor, pour être sérieux, environ cinq
minutes.
M. Johnson: Merci.
Une voix: Prises sur les 20...
M. Johnson: Dans l'ordre, le député de La Prairie a
soulevé trois points et le député des
Îles-de-la-Madeleine a repris le dernier point, je dirais, sur
l'imputabilité, alors je me permets de tenter de disposer des trois dans
le temps qui m'est imparti, de façon raisonnable.
Quant à savoir si, oui ou non, le président du Conseil du
trésor s'est soucié du service à la clientèle,
mieux vaut tard que jamais, prétend le député de La
Prairie, etc. Je veux simplement lui signaler que c'est depuis moins de deux
ans qu'existe un programme de reconnaissance de l'excellence qui vise
très précisément à souligner de façon
spécifique les contributions que font, partout dans la fonction
publique, nos collaborateurs de la fonction publique dans l'amélioration
du service à la clientèle et dans la recherche d'une meilleure
productivité et efficacité dans la poursuite des objectifs des
différents programmes des ministères. Alors, c'est un souci de
tous les instants, je dirais, quotidien, M. le Président, qui m'anime
à cet égard.
Deuxièmement, le cas de la conversion des emplois occasionnels.
Je veux bien admettre qu'un communiqué de presse peut pécher
par
excès d'utilisation de langues de bois, dirions nous. Ça
manque, évidemment - c'est des communications purement écrites -
d'âme; c'est inévitable. Je suis donc heureux d'avoir une occasion
comme celle-ci pour exprimer très précisément ce qui est
en cause. Sans pouvoir présumer de là où crèche, ou
sur quelle branche se perche le député de La Prairie, j'ignore
s'il souscrit à la demande syndicale de reconduire dans les postes
qu'ils occupent - une demande syndicale déjà formulée, je
ne prétends pas que c'est la dernière - de reconduire dans le
poste et la chaise qu'ils occupent à ce jour les employés qui
donc exercent certaines activités à titre d'occasionnels et dont
le poste et la fonction deviendraient par le fait même, sur leur
tête et leur personne, des postes réguliers.
À l'autre extrémité du spectre, je dirais, on
retrouve l'opinion de la Commission de la fonction publique dont vous vous
êtes inspiré quant à certains passages, mais à
l'égard de laquelle vous avez été passablement muet dans
ce dossier, quant à sa contribution qui a été celle, selon
l'avis de ses membres, que tous ces postes, du premier au dernier, devraient
faire l'objet de concours publics, point à la ligne. On se comprend
là. Il y a des conflits d'objectifs qui sont en cause dans la mesure
où il y a des éléments d'efficacité qui doivent
être poursuivis dans l'aménagement des ressources humaines; il y a
des éléments de plus grande accessibilité possible
à l'ensemble des postes réguliers de la fonction publique,
à lendroit du public en général et, à
l'intérieur de ce public, des clientèles à l'égard
desquelles nous faisons soit des efforts par les plans d'embauché,
notamment les handicapés, ou à l'égard desquelles il y a
des programmes d'accès à l'égalité comme les femmes
et les communautés culturelles. Nous avions donc réalisé
ce difficile équilibre entre l'atteinte de ces différents
objectifs en étant, par ailleurs, liés par, à tout le
moins, le critère de "raisonnabili-té" dans l'utilisation des
concours réservés à ceux qui se qualifient au sens
où nous l'avons exprimé.
Il est, selon moi, raisonnable de combler des postes, à partir de
listes réservées - et c'est la décision de chaque
dirigeant d'organisme ou de chaque sous-ministre - dont une constituée
à partir des occasionnels qui auront passé un concours qui leur
est réservé et qui constitue donc une liste à laquelle le
sous-ministre peut faire appel pour combler un poste d'occasionnel. Il est
raisonnable que ce nombre soit tel qu'il reste de la place parmi les 3500 afin
de combler ces postes selon les modes de recours à des concours non
réservés mais publics à l'ensemble de la population.
C'est l'équilibre qu'il faut préserver. Le seuil que l'on
choisit quant à la durée de service des occasionnels, deux ans,
trois ans, quatre ans, cinq ans ou peu importe, détermine largement le
nombre de tels postes qui, en solde, les concours réservés ayant
eu Heu, seront accessibles par voie de concours publics, y compris à
l'égard des clientèles pour lesquelles nous voulons faire des
efforts particuliers. C'est l'équilibre que j'ai tenté de
réaliser. Je ne ferme pas les yeux sur les difficultés
réelles que ça peut représenter au plan personnel pour
certains de nos collaborateurs qui, à titre d'occasionnels, avec ce
titre d'occasionnels, ont exécuté des travaux, des tâches
dans la fonction publique. Mais c'est notre responsabilité de tracer la
ligne quelque part, de répondre à un test de
"raison-nabilité" et de permettre l'atteinte d'objectifs aussi
variés que nombreux.
À l'égard de lïmputabilité, pour terminer, M.
le Président, je suis de l'école dont un de mes collègues
a exprimé les éléments principaux, il y a 48 heures ou
à peu près devant les anciens, je crois, de l'École
nationale d'administration publique.
J'écoutais M. Després tout à l'heure tracer un
parallèle avec ce qui peut se dérouler dans le secteur
privé. Si on veut continuer avec ce parallèle, c'est un peu comme
si, à l'assemblée des actionnaires d'une entreprise, si le
sous-ministre devait être imputable devant les élus, c'est un peu
comme si à l'assemblée des actionnaires on demandait au
vice-président marketing ou finances de venir répondre de ses
gestes. Or, il répond de ses gestes devant le conseil d'administration
choisi par les actionnaires.
Il y a cette étape dans les différents étages, je
devrais dire, des fonctions qui sont exercées, des
responsabilités qui incombent à différents niveaux dans
l'administration publique et politique, il y a de ces étapes qui
permettent de bien pouvoir, je dirais, arrimer la responsabilité d'une
fonction avec l'exécution de cette fonction. Si la loi prétend
que c'est sous la direction du ministre que le sous-ministre agit, il
m'apparaît normal qu'il soit imputable à ce ministre. Si notre
principe de responsabilité ministérielle oblige les membres de
l'exécutif à répondre devant les élus, il est bien
qu'il en soit ainsi à l'égard des gestes de l'administration dans
le forum qu'est l'Assemblée nationale ou nos commissions parlementaires,
comme je pourrais le faire actuellement.
Quant à moi, je suis attaché à ce principe de la
responsabilité ministérielle dont on voit qu'un des avantages
considérables, si on regarde le système politique de nos voisins
du sud où les membres de l'Exécutif ne sont pas élus, ils
sont choisis par un élu, d'accord, mais ne répondent en rien
devant des élus au même titre que nous le faisons
quotidiennement... Je suis parfaitement conscient des mécanismes de
contrôle du Sénat et de la Chambre des représentants
américains, mais c'est une différence de nature quant à la
responsabilité ministérielle qui sépare ce qu'on peut
observer dans ce système voisin et dans le nôtre. Et je continue
à prétendre que les courroies de transmission d'un étage
à l'autre de
notre électeur aux députés, aux membres de
l'Exécutif, au sous-ministre et à la prestation de services aux
citoyens à l'égard de laquelle il existe des mécanismes de
reddition de compte, que les étapes ne doivent pas être
escamotées et que, d'un étage à l'autre, d'une
étape à l'autre, c'est là que réside le meilleur
lieu des explications, questions et réponses, justifications qui, de
toute façon, sont du domaine public.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle. (21 h 30)
M. Léonard: M. le Président, c'est le dernier
intervenant dans la commission Je note d'abord un accord sur la loi, qui est
général, loi qui a été votée. Mais je pense
que ça n'a pas été remis en cause de façon globale.
Il y a des aménagements qui sont proposés Mais, sur le fond, sur
l'esprit de la loi, j'ai l'impression que les intervenants se sont
déclarés d'accord avec les objectifs, un bon nombre
d'éléments.
Ce qui a été déploré, c'est qu'elle
n'était pas mise en force, elle n'était pas appliquée
suffisamment. Mais je pense que c'est à ça surtout que nous avons
assisté. Je voudrais faire quelques remarques sur un certain nombre de
sujets. D'abord, je pense que nous n'avons pas été très
loin dans toute cette question de mobilité du personnel, de la
polyvalence du personnel. Et ça fait référence
évidemment à la gestion du personnel en général.
Mais je pense que là il y a eu beaucoup d'éléments qui ont
été soulevés. Je pense que nous y viendrons à la
commission ici.
Sur un autre plan, c'est celui de l'imputabilité. Le
président du Conseil du trésor vient d'y toucher. Je sais que
nous avons des différends là-dessus. Je les maintiens toujours.
Je ne parle pas de l'imputabilité interne. Je pense que tout le monde
s'entend. Ça doit exister. Mais parlons un peu de cette
imputabilité dite externe pour les fins de nos discussions ici. Je crois
que le principe de la responsabilité ministérielle est un
principe fondamental dans le système parlementaire britannique que nous
avons ici et que nous devons le préserver, à moins de changer de
système.
Maintenant, il faudrait s'entendre cependant sur l'imputabilité.
Si les sous-ministres ne viennent pas ici devant la commission ou devant des
parlementaires se justifier, il faut qu'il y ait des mécanismes par
lesquels les parlementaires vont devoir, eux, connaître la situation et
pouvoir discuter de l'administration gouvernementale en connaissance de cause.
Or, c'est là que le bât blesse, à mon sens. Les budgets que
nous avons, et en particulier les crédits déposés par le
président du Conseil du trésor sont d'une sécheresse
exemplaire. Il n'y a rien, sauf un chiffre par élément de
programme, point à la ligne.
Ça c'est fondamental. Et quand on fait les comparaisons avec
l'entreprise privée, notamment, tout le monde sait que dans une
entreprise privée, le premier document qu'on a à traiter pour un
bureau de direction et d'un conseil d'administration, c'est le budget de
l'année suivante où les décisions fondamentales se
prennent Et lorsque nous avons les crédits du ministère
déposés en début d'année ici, c'est
l'équivalent, si l'on veut. Or, H n'y a pas d'éléments, il
n'y a pas d'indicateurs suffisants pour que les parlementaires discutent en
toute connaissance de cause des budgets et des crédits de chacun des
ministères.
Les éléments nous sont livrés morceau par morceau,
miette à miette, si jamais on tombe sur les bonnes questions. Mais
règle générale, nous ne touchons, dans l'étude des
crédits, souvent que des aspects superficiels. C'est le premier
élément dans la question de l'imputabilité, le premier
élément; parce que par la suite, au cours de l'année, il y
a l'administration, l'application du budget. Il y a l'étude des
crédits, premièrement Mais il y a ensuite les engagements
financiers Et ça, on notera quau cours de l'automne, depuis un an que je
suis revenu à l'Assemblée nationale, j'ai cru voir passer dans
certains ministères l'étude des engagements financiers pour les
deux, trois années précédentes.
Comment voulez-vous que des parlementaires exercent le contrôle
parlementaire sur l'administration9 C'est ça Ça,
ç'en est un autre point fondamental. II n'y a pas
d'élément. Et si on va regarder comment ils sont
présentés, il n'y a rien là. C'est à peu
près impossible. Je vous prie, allez voir comment ça se passe
dans l'entreprise privée et vous allez voir très bien que dans
l'entreprise privée, il n'y a pas que des données
financières. Il y a toutes sortes d'indicateurs sur les ressources
humaines notamment et tous les gestes qui sont posés pour que les
ressources humaines donnent leur plein rendement, et ça on n'a pas
ça ici, pratiquement jamais, sauf à poser des questions.
Élément fondamental en ce qui concerne
l'imputabilité parce que, au fond, on réclame
l'imputabilité pour pouvoir poser des questions aux sous ministres parce
qu'on ne connaît pas le détail des choses. On ne peut jamais aller
au fond d'un dossier. Si on veut aller au fond d'un dossier, il faut avoir ces
éléments-là.
Je reviens à l'entreprise privée. Il y a beaucoup
d'indicateurs comparant l'entreprise elle-même avec ses concurrents,
donnant des indicateurs sur les concurrents, lorsqu'on peut les trouver, et
donnant, en plus, les courbes, l'évolution dans le temps. Nous n'avons
pas ces indicateurs ici, en commission parlementaire. Nous avons, par la suite,
les états financiers, au bout d'un an, neuf mois à peu
près, généralement, donc très tard, ce n'est pas au
cours des opérations. Et nous avons, ensuite, le rapport du
Vérificateur général qui, à l'occasion,
souligne
des défaillances. Il s'attaque à un ministère,
à un secteur, souligne des défaillances. Nous l'entendons, donc,
nous sommes a posteriori, encore là; et on est très loin de la
réalité.
Le problème, par la suite, c'est que, lorsque ces
défaillances sont soulevées par le Vérificateur
général, nous ne savons jamais ce que le gouvernement en a fait.
Est-ce qu'il a mis en pratique les recommandations du Vérificateur
général, les défauts, les défaillances qu'il a
trouvés dans l'administration gouvernementale? Parfois, on a des
échos, parfois, mais ce n'est pas systématique. Or, c'est
là que je pense que la question de l'imputabilité deviendrait
réelle. Si les parlementaires avaient les instruments, le ministre
pourrait venir avec son sous-ministre devant la commission parlementaire et je
pense que. là, on, aurait un exercice utile, efficace do contrôle
parlementaire. Mais jusque là nous n'avons pas les instruments. Nous
avons des instruments qui datent du XIXe siècle, et nous en sommes
restés là.
Le Président (M. Lemieux): Merci. M. le
député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: M. le Président, on achève des
audiences qui sont importantes parce qu'elles ont porté sur la
composition de la fonction publique, la relation hommes-femmes, les jeunes, les
handicapés. On a vu longtemps aussi les statuts inégaux des
personnes qui composent la fonction publique. On a vu les services que la
fonction publique doit rendre à la population: Et on a parlé des
comptes que la haute fonction publique devrait rendre aux parlementaires. Sur
la composition de la fonction publique, M. le Président, je pense qu'on
devrait arrêter d'en parler et élaborer des plans d'accès
à l'égalité pour les handicapés, les jeunes, les
femmes et les communautés culturelles. Cependant, si on veut favoriser
l'embauche de femmes et de jeunes, commençons par les occasionnels que
le président du Conseil du trésor envisage de "scraper", dans le
communiqué.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît! Il n'est
pas censé... S'il vous plaît! S'il vous plaît! Par respect
pour l'institution...
M. Bourdon: Ce que j'ajoute là-dessus...
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît! Un
instant! Ça va.
M. Bourdon: Alors, j'ajoute, là dessus, que, à cet
égard, il est d'une absolue injustice qu'au moment où une
personne voit son poste devenir permanent alors qu'elle l'a occupé comme
"précaire" pendant quatre, cinq, sept, huit ans, que là, le poste
devient permanent et la personne passe de précaire à
chômeuse, à ça, je pense qu'il faut trouver une solution.
À cet égard, le président du Conseil du trésor n'a
pas cité au complet le président de la fonction publique qui
disait que, 21 000 occasionnels versus 56 000 permanents, il y a eu abus de la
fonction. Et si le problème est compliqué, c'est parce qu'il
s'est "accumulé". Mais je pense qu'il serait raisonnable d'envisager que
tous les citoyens aient accès au statut d'occasionnel parce que ce n'est
pas pour peu de temps, c'est souvent pour longtemps, et que le passage
d'occasionnel à permanent se fasse selon une mécanique plus juste
que ce que le président du Conseil du trésor nous a
annoncé hier.
Les services que la fonction publique rend à la population, moi,
je suis sensible à ce que disait le Protecteur du citoyen, que, à
cet égard, la situation se détériore. Donc, ça
prend de l'action et de l'action vite parce que la fonction publique existe
pour rendre service à la populalion.
Quant aux comptes que la haute fonction publique devrait rendre aux
parlementaires, je ne voudrais pas que le forum des sous-ministres remplace le
gouverneur qui se battait pour ne pas rendre des comptes au Parlement. Je pense
que la haute fonction publique doit rendre des comptes à tous les
élus, et les députés sont des élus. Il n'y a pas
que les ministres qui le soient. Et à cet égard, je suis d'accord
avec ce que disait le député de La Prairie là-dessus. Ce
que j'entends par là, c'est que c'est sûr que la
responsabilité ministérielle ne se partage pas, mais
l'information, la reddition des comptes peut se faire à d'autres. Et,
que je sache, l'Ontario n'a pas un régime présidentiel à
l'américaine et les autres provinces non plus, le gouvernement
fédéral non plus. Donc, restons dans le parlementarisme
britannique, mais ne laissons pas le Forum des sous-ministres remplacer le
gouverneur dans le refus de rendre des comptes à la Chambre
élue.
Le Président (M. Lemieux): Avez-vous terminé, M. le
député de Pointe-aux-Trembles?
M. Bourdon: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Alors, comme il n'y a pas
d'intervention du côté ministériel, tout simplement une
remarque, M. le député de Pointe-aux-Trembles. Vous savez qu'en
vertu de la Loi sur la fonction publique, si elle était appliquée
intégralement, même en ce qui a trait aux concours actuellement
ouverts par le président du Conseil du trésor, c'est au
recrutement qu'on devrait aller, si vous avez bien lu le rapport de la
Commission de la fonction publique. Je ne veux pas tergiverser et ce n'est pas
de mon ressort de prendre des responsabilités ou des
décisions qui ne m'appartiennent pas, elles appartiennent au
président du Conseil du trésor, mais je veux faire cette
nuance-là.
Une autre nuance que j'aimerais apporter,
c'est sur l'imputabilité externe. M. le président du
Conseil du trésor est d'une école, l'imputabilité externe.
Le président de cette commission est d'une autre école, comme le
Vérificateur général, comme le Contrôleur des
finances, comme le président de la Commission de la fonction publique,
comme Louis Bernard, comme le président de la régie de
l'assurance auto, comme le Protecteur du citoyen, comme le député
de Limoilou, comme le député des Îles-de-la-Madeleine,
comme le député de Saint-Louis, comme le député de
Prévost et comme le député de Chauveau. Ce qui nous anime,
c'est que nous considérons et nous croyons qu'une imputabilité
externe va davantage servir le citoyen et c'est en ce sens-là que nous
considérons que c'est notre premier devoir et notre premier mandat Je ne
veux pas présumer, puisque les travaux de la Commission ne sont pas
terminés, je ne peux pas présumer des recommandations qu'elle
fera. Mais je peux vous dire une chose: je crois que l'imputabilité
externe, on peut peut-être aujourd'hui la retarder, mais, à mes
yeux, on ne pourra pas l'éviter.
Alors, sur ce, je vais ajourner les travaux.. Alors, le mot de la fin,
M. le président du Conseil du trésor?
M. Johnson: Ah! Pas nécessairement, ça, je peux
vous le laisser tant que vous voulez, M. le Président. Je pense que le
député de Labelle et le député de
Pointe-aux-Trembles ont évoqué des éléments qui
pourraient appeler des commentaires, vous-même d'ailleurs l'avez fait.
Parce que le député de Pointe-aux-Trembles, notamment, est
revenu, je dirais, pesamment sur le dossier de la dotation de 3500 postes
additionnels réguliers dans la fonction publique. Il a cité, de
façon incomplète, certains des chiffres. Je veux simplement
mettre en regard de ce qu'il a dit, que oui, il y a 52 000 emplois
réguliers dans la fonction publique et que peut-être 21 000
personnes occupent des emplois, par ailleurs, mais ceux-ci ne
représentent qu'environ 12 000 emplois équivalant au temps
complet. Donc, de toute évidence et à sa face même, il n'y
a pas 21 000 emplois occasionnels complets, à l'année, qui sont
en cause ici. On ne peut pas comparer des pommes avec des oranges de cette
façon-là et, à l'égard des 12 000
personnes-années, il y en a environ 3500 qui, au sens de
l'administration publique, comme on peut le voir, sont de la nature des emplois
réguliers.
Je note, par ailleurs, en terminant, sur l'imputabilité, M. le
Président...
M. Léonard: ...le contenu des débats...
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que c'est une question
de règlement?
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Alors, si c'est une question de
règlement, effectivement, M. le président du Conseil du
trésor...
M. Léonard: Parce qu'on s'est entendu que...
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, c'est qu'il n'y
a pas eu do question posée relativement à l'énoncé
que vous êtes en train de faire, j'ai laissé aller les travaux,
mais comme il y a une question de règlement et qu'il n'y a pas
consentement pour que vous puissiez poursuivre j'imagine? Il n'y a pas de
consentement, alors je me dois d'ajourner les travaux de cette commission en
vous mentionnant que les travaux ne font que débuter. Ils ne sont pas
terminés. Et je remercie l'ensemble des parlementaires ainsi que les
gens qui y ont contribué. Alors nous vous remercions et nous ajournons
sine die.
(Fin de la séance à 21 h 45)