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(Quinze heures quarante-trois minutes)
Le Président (M. Lemieux): La commission du budget et de
l'administration est réunie afin de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 89, Loi modifiant la
Loi concernant l'impôt sur la vente en détail et d'autres
dispositions législatives d'ordre fiscal. M. le secrétaire,
est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président: Mme Caron
(Terrebonne) remplacera M. Beaulne (Bertrand); M. Khelfa (Richelieu) remplacera
Mme Bégin (Bellechasse); M. Thérien (Rousseau) remplacera M.
Després (Limoilou); et M. Brouil-lette (Champlain) remplacera M. LeSage
(Hull).
Remarques préliminaires
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
secrétaire. Nous en sommes maintenant aux déclarations
d'ouverture et je demanderais à M. le ministre si, effectivement, il a
l'intention de faire des remarques préliminaires.
M. Savoie: Non, M. le Président, je n'ai pas l'intention
de faire des remarques préliminaires.
Le Président (M. Lemieux): J'aimerais demander à
monsieur le porte-parole de l'Opposition, M. le député de
Labelle, s'il a l'intention de faire des remarques préliminaires.
M. Léonard: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle, la parole est à vous.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: M. le Président, nous avons un projet
de loi fort important qui implique une réforme profonde de notre
système fiscal et qui est couplé, d'ailleurs, avec la
réforme que fait le gouvernement fédéral à l'heure
actuelle sur la taxe sur les produits et services, alors que le gouvernement
fédéral transforme sa taxe de vente sur la fabrication en une
taxe sur les produits et services, une taxe qui va être perçue
à différents stades de la production avec tout un système
de perception et de crédits et qui va introduire des changements
profonds. Je vois que le débat même à la Chambre des
communes et au Sénat, à l'heure actuelle, n'est pas
terminé, que les sénateurs en particulier font une lutte contre
ce projet, qu'il y a eu, d'ailleurs, des discussions très longues
à la Chambre des communes. Il y a eu un très grand débat
sur cette question parce que le changement est fondamental. Le gouvernement
fédérai a eu, à mon sens, l'honnêteté
politique d'annoncer sa réforme en 1987. En même temps qu'il
abaissait les taux d'imposition, l'impôt sur le revenu, il introduisait
une réforme de la taxe sur les produits et services qu'il voulait
neutre. Mais le débat s'est fait depuis trois ans, au gouvernement
fédéral, de sorte que les citoyens ont eu connaissance des
modifications qui étaient apportées. Malgré tout
ça, il y a eu beaucoup d'opposition et l'opposition, à l'heure
actuelle, est transportée au Sénat. Je pense qu'il faut noter, en
passant, qu'au Sénat canadien ce sont les sénateurs
libéraux qui s'opposent à ce projet de loi. Les sénateurs
libéraux, qui sont des amis de nos amis d'en face, ont des objections
majeures, à ce qu'ils disent, à ce que ce projet de loi soit
adopté. Nous, nous n'en avions pratiquement pas entendu parler ici, au
gouvernement du Québec. Depuis 1987, le gouvernement ici n'en a pas
parlé plus qu'il ne faut, sauf que nous savions que le ministre du
Revenu du gouvernement du Québec avait de fortes oppositions à ce
projet de loi qu'il a manifestées au cours de l'hiver dernier,
notamment. Ceci nous a amenés, finalement, à des
déclarations publiques à l'effet que le gouvernement du
Québec avait des réticences majeures à suivre le
gouvernement fédéral, comme les autres provinces canadiennes
d'ailleurs, qui n'ont pas emboîté le pas au gouvernement
fédéral. Alors, le ministre du Revenu, M. Yves Séguin, a
fait des déclarations publiques qui ont été
entérinées... Je vais en citer quelques-unes ici. Il les a
rappellées, d'ailleurs, le 23 octobre dernier où il disait: La
fiscalité est l'art de tirer sur le dos de la poule le maximum de plumes
avec le minimum de cris. C'est l'ex-ministre du Revenu du Québec qui
parle.
M. Savoie: Non, ce n'est pas l'ex-ministre du Revenu qui parle,
c'est un ancien ministre des Finances français, une citation qui date du
XVIe siècle.
M. Léonard: Citée par le ministre du Revenu du
Québec...
M. Savoie: Parfait.
M. Léonard: ...qui est toujours député de
Montmorency. J'ai été interrompu par le ministre du Revenu
à l'heure actuelle. Je pense que lui n'aurait pas eu fa culture d'aller
chercher une telle citation, c'est son collègue qui l'a eue, à
l'époque.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle, s'il vous plaît. Vous avez suffisamment d'expérience
parlementaire, M. le député de Labelle. Vous pourriez m'enseigner
la procédure, M. le député de Labelle.
M. Léonard: Très bien. Le ministre du Revenu m'a
interrompu sans vous demander la permission. Il n'avait pas le droit de le
faire, d'ailleurs, alors il s'attire des plumes... des bosses sous ses plumes.
Alors, ce qu'il en dit, c'est qu'à son humble avis, et je cite: À
mon humble avis, elle sera complexe, injuste, chère et dure pour
l'économie, surtout en cette période de récession qui
s'annonce. Ce que nous disions il le dit aussi. Il dit qu'il y a des avantages,
effectivement, à la TPS fédérale, mais il dit aussi que
malheureusement la TPS a une face cachée. En effet, dit-il, sous le
couvert d'une réforme de la taxe d'accise portant sur les produits, le
gouvernement fédéral introduit un nouveau champ de taxation, la
taxe sur les services, deux fois plus importante que la taxe sur les produits.
Ça me paraît drôlement important, cette affirmation.
Il dit plus loin: II est surprenant que personne n'ait mis en doute les
revenus anticipés de la TPS présentés aux documents
officiels. En réalité, la TPS récoltera environ 30 000 000
000 $ comparativement à 18 000 000 000 $ sous l'ancien système.
C'était une accusation considérable à l'effet que le
gouvernement fédéral allait chercher 12 000 000 000 $ de plus
sans le dire. Il a répété cette affirmation, je pense
bien, à la télévision et personne ne l'a critiqué
depuis et je pense qu'on doit quand même accorder une certaine
crédibilité.
Le ministre du Revenu actuel est très peu loquace sur toute cette
question. J'ai hâte de l'entendre. Il a dit qu'il n'avait pas de
remarques préliminaires à faire. Je suppose, à ce
moment-là, qu'il n'a même pas repris cette affirmation de son
collègue. Je suppose aussi que son collègue, qui est un
spécialiste de la fiscalité, n'a pas été
désigné tout a coup ministre du Revenu. Il a été
désigné ministre du Revenu à cause de ses
compétences. Je suppose aussi que, lorsqu'il a mentionné ces 30
000 000 000 $, il ne parlait pas à travers son chapeau puisqu'il venait
à peine de quitter le ministère du Revenu et du Travail du
Québec. Donc, il devait avoir en sa possession ou en sa mémoire
des chiffres très précis, des évaluations qui ont
été faites au ministère du Revenu. J'aimerais bien
entendre le ministre là-dessus. Il n'a pas fait de remarques
préliminaires, je ne sais pas pourquoi. Ça a l'air que son projet
de loi, il ne le considère pas assez important pour faire des remarques
préliminaires. Je suppose cependant qu'en réplique il
répondra à cette question, à cette affirmation de son
collègue, son ex-collègue ministre du Revenu.
Lorsque l'ex-ministre du Revenu dit 30 000 000 000 $, je voudrais
simplement mettre en parallèle le fait que dans beaucoup, beaucoup de
pays où on a instauré cette taxe sur la valeur ajoutée -
à Ottawa, la TPS et, ici au Québec, la taxe de vente du
Québec qui est une taxe de vente mais transformée par l'actuel
projet de loi - lorsqu'on a appliqué de tels systèmes,
généralement on est allé tirer des revenus plus
élevés que prévus. Est-ce que cela a un impact sur le
travail au noir? Est-ce que, effectivement, par l'application d'un tel
système de taxation sur la taxe de vente qui est de contrôle plus
facile que l'impôt sur le revenu, on contrôle davantage la
production et la comptabilité des produits manufacturés comme des
services et qu'effectivement, finalement, le rendement d'une telle taxe est
plus important que ce qui avait été prévu? Je pense qu'on
ne doit pas l'exclure, a priori, compte tenu de l'expérience des autres
pays en la matière et il ne faut surtout pas l'exclure, compte tenu des
affirmations de l'ex-ministre du Revenu qui, lui, a estimé son rendement
pour le Canada à 30 000 000 000 $.
Si on fait la relation ici, avec le Québec, à supposer
qu'on évalue qu'au Québec les revenues tirés de la TPS
fédérale seront d'à peu près le quart, soit 7 500
000 000 $ ici au Québec, on peut probablement estimer qu'il y a des
sommes considérables qui vont être perçues et que ça
doit affecter vraisemblablement l'assiette. Alors, j'aimerais que le ministre
nous réponde sur cette affirmation de son ex-collègue du Revenu.
Les prévisions qui ont été établies à Ottawa
sont, à mon sens là - je vais les qualifier -
grossièrement sous-estimées. Est-ce qu'il ne s'agirait pas de la
même opération ici? J'aimerais bien ça que le ministre ne
me parle pas simplement des biens qui vont être taxés le 1er
janvier 1991, mais aussi des services qui vont s'ajouter à partir du 1er
janvier 1992, pour savoir si son collègue, le ministre des Finances,
l'avait inséré dans ses prévisions au budget de l'an
dernier, qu'il les avait camouflées sans en parler, d'ailleurs, dans son
budget sans dire clairement qu'il avait introduit la nouvelle taxe de vente du
Québec dans les prévisions budgétaires du gouvernement
qu'il avait déposées, sans le dire...
Si tel est le cas, si jamais le rendement était supérieur
à ce qui a été prévu, alors qu'il a collé
son assiette sur l'assiette fédérale, on peut penser que le
rendement de la taxe de vente du Québec sera très largement
supérieur à ce qui a été déclaré et,
donc, que les 362 000 000 $ que le gouvernement met dans ses poches par cette
opération, pour l'année 1991, vont être beaucoup plus que
362 000 000 $ - peut-être bien qu'il s'agit de 500 000 000 $. Et
j'aimerais que le ministre nous rassure sur cette hypothèse, parce que,
dans une période de récession économique comme celle que
nous connaissons, ce n'est pas indifférent que le ministère des
Finances et le ministère du Revenu
aillent chercher dans le fond des poches des contribuables 500 000 000 $
qu'il met, lui, dans sa poche pour le bénéfice du
gouvernement.
Justement, je vais rappeler l'affirmation que j'ai citée hier,
que le mouvement Desjardins a affirmé, quant à lui, que la
relance de l'économie passait par la relance de la consommation. En
faisant cela, le gouvernement du Québec va accentuer, accentuer
gravement la récession économique, justement au moment où
il ne doit pas le faire. Une autre chose que l'ex-ministre du Revenu affirme,
c'est qu'il se pose la question sur ceux qui paieront la taxe. En fait, il fait
l'analyse que la taxe va comporter deux volets: la taxe sur les biens
présentement qui s'applique dans certains secteurs, mais aussi
l'élément nouveau, c'est que cette taxe va s'appliquer sur les
services. Or, très peu de services sont taxés
présentement. Tout ce qu'on appelle services professionnels, par
exemple, notaires, avocats, n'est pas taxé. Les services d'assurance
sont taxés, eux, à 5 %. Alors, on peut penser que la taxe sur les
services va représenter un rendement important, inédit, dont on
ne connaît pas le rendement exact mais qu'il estime, lui, à 75 %
de la TPS en ce qui concerne le fédéral, donc un
élément très important.
L'ex-ministre dit aussi que cette taxe va être très
complexe d'administration: La TPS, dit-il, est complexe. La loi a près
de 300 articles et déjà 1500 directives d'interprétation
sont prêtes. Et ce n'est que le début. L'administration fiscale
fera face à un défi colossal, 3 000 000 de nouveaux mandataires -
il parle toujours du Canada - des milliers de fonctionnaires additionnels et un
nombre imposant de vérifications portant sur les versements de taxes,
les crédits, les remboursements, et cela sur chacun des biens tout au
long du processus de fabrication. Il faut se rappeler que la TPS est une taxe
multistade. La taxe sur les services, comme elle sera chargée
directement aux consommateurs, sera moins problématique mais
réserve des surprises sur son ampleur. Et, dit-il, ceux qui se sont
réjouis de l'harmonisation de la taxe de vente du Québec avec la
TPS fédérale devraient y regarder à deux fois, car les
deux taxes demeureront chacune dans une loi distincte avec des formulaires
différents et forcément dans les limites constitutionnelles du
Québec, c'est-à-dire sans permettre à celui-ci de
constituer une taxe indirecte comme l'est la TPS. Alors, il fait intervenir le
fait que nous aurons de toute façon deux lois pour administrer la
perception de la taxe: la TPS fédérale et la taxe de vente du
Québec. Là, évidemment, en mentionnant ce fait, je fais
référence au protocole d'entente qui a été
signé le 30 août dernier, encore une fois, signé alors que
nous y...
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous voulez
vérifier si c'est un vote ou si c'est le quorum, madame?
M. Léonard: Le député des
Îles-de-la-Madeleine, si je comprends bien, souhaite qu'il y ait le feu
pour éviter d'avoir à étudier un tel projet de loi. Je
comprends ses réticences. Alors, cette entente a été
rendue publique le 30 août, en pleine convocation spéciale des
Chambres, alors que l'Assemblée nationale était convoquée
pour autre chose, une chose complètement différente de la
déclaration ministérielle qu'il a faite à l'occasion. Il
a, par la même occasion, rendu publique une entente qu'il avait
signée avec le fédérai, ou le lendemain de sa
déclaration ministérielle, donc pratiquement en catimini, en
pleines vacances. Il faut voir toute la complexité parce que c'est de
ça que je pariais, cet aspect complexité de l'administration de
la taxe. La taxe de vente du Québec est modifiée. Son assiette va
être la même que celle du gouvernement fédéral, mais
il s'agira cependant toujours de deux lois différentes. Et il faut voir
plus loin parce que la TPS fédérale est une taxe qui va
être imposée à plusieurs stades du processus de fabrication
avec un système compliqué de crédits et de versements au
gouvernement fédéral, alors que ia taxe de vente, elle, va
être appliquée surtout à la fin, parce que c'est le
consommateur qui va la payer, et que le système de crédit va
s'appliquer parfois sur certains biens et parfois ne s'appliquera pas parce
que, dépendant de la nature du bien, il y aura déjà une
taxe de vente qui aura été perçue et, dans la plupart des
cas, il n'y en aura pas qui aura été perçue. Alors, ce
qu'il en dit, l'ex-collègue du ministère du Revenu ou celui qui
l'a précédé, il dit: De plus, l'entente intervenue afin de
confier l'administration de la TPS fédérale à Revenu
Québec constitue en pratique un recul important sur le plan de
l'autonomie fiscale, puisque le ministre du Revenu du Québec sera sous
l'autorité d'Ottawa et n'aura aucune discrétion dans
l'interprétation ni dans l'application de la TPS dont il aura pourtant
la responsabilité au Québec. (16 heures)
M. le Président, le ministre des Finances s'est
pété les bretelles, je pense que c'est le mot qui convient
surtout à la façon dont il s'exprime, sur cette entente, mais le
ministre du Revenu du Québec, le ministre des Finances et le
gouvernement du Québec, finalement, ont perdu toute autonomie dans
l'application de leur propre loi. Parce qu'on a convenu par cette entente
d'harmoniser l'assiette et, donc, de se servir absolument... de laisser tomber
toute autonomie en ce qui concerne la détermination de cette assiette.
Cette assiette sera uniforme, harmonisée et le ministre des Finances du
Québec convient qu'il ne la modifiera pas.
Nous y reviendrons éventuellement, je suppose, tout au long de la
discussion de cette loi, mais il reste que je vais souligner deux ou trois
paragraphes fort importants en ce qui concerne cette harmonisation qui touche
directement à l'autonomie du Québec en ce qui con-
cerne la taxe de vente qui est du ressort constitutionnel des provinces.
Le Québec convient de respecter les paramètres nationaux requis
pour assurer une application uniforme et cohérente de la TPS à
travers le Canada. Le point 4 fait qu'on convient de respecter les
paramètres. Donc, ce n'est plus le Québec qui les fixe, c'est le
gouvernement fédéral qui les fixe et lui-même, dans sa
propre taxe, va être obligé d'en tenir compte. Au point 6, le
Canada et le Québec reconnaissent l'importance de maintenir une
cohérence entre leurs assiettes fiscales respectives. Autre
élément, autre élément qui fait que, finalement, il
ne s'en départira pas. Et nous l'avons très bien vu dans toute la
discussion qui a entouré la perception de la taxe de vente du
Québec sur le livre. Ce produit, le livre, n'était pas
imposé jusque-là, n'était pas imposé. Et tout
à coup, par l'effet de la déclaration ministérielle du 30
août dernier, le livre, tout à coup, est devenu imposé.
Tout le monde a regimbé sur cette question, parce que le livre n'a
jamais été imposé, comme H ne l'est pas en Angleterre,
comme H ne l'est pas dans beaucoup de pays et, lorsqu'il l'est, c'est à
des taux très réduits que les livres sont imposés, que les
imprimés sont imposés. Bref, il a fallu une bataille de plusieurs
mois pour finalement amener le ministre des Finances à rembourser la
taxe de vente du Québec imposée sur les livres. Cette taxe, il va
la percevoir et il va finalement appliquer une espèce de crédit
équivalent au montant perçu pour la taxe, si nous comprenons, de
façon à ce que l'assiette demeure identique entre l'assiette
fédérale et l'assiette du Québec.
Alors, nous nous retrouvons... nous avons une preuve tout de suite qu'il
sera extrêmement difficile de ne pas avoir la même assiette. On le
voit très bien par cet exemple du livre et on peut se poser la question
sur ce qui va arriver sur tous les produits qui, ici, étaient
exemptés de taxe. Nous avons fait état en deuxième
lecture, M. le Président, de l'exemption de taxe que nous avions, nous,
donnée à d'autres secteurs comme le meuble, les vêtements,
les chaussures. À partir du 1er janvier prochain, ces secteurs
connaîtront une taxe de vente du Québec. C'est
considérable, M. le Président, parce que, dans ces secteurs, il
était particulièrement important de ne pas appliquer de taxe de
vente, parce que c'étaient des secteurs névralgiques au
Québec et que, surtout dans des périodes de récession
comme celle que nous connaissons, ces secteurs doivent continuer à
être exemptés. Nous avons, d'ailleurs nous aurons l'occasion de le
mentionner, une foule de gens qui ont réclamé d'être
exemptés de ces secteurs. Le fait que l'assiette soit la même que
celle du fédéral va nous empêcher d'exempter ces secteurs.
Donc, tout de suite, ce gouvernement, il faut le constater, vient "clencher"
des secteurs complets de notre économie: le vêtement, qui sera
moins concurrentiel vis-à-vis de l'Ontario qu'il ne l'est maintenant, le
meuble, les chaussures, tous des secteurs qui emploient une foule de gens
ici.
Le Président (M. Lemieux): M. te député de
Labelle, en conclusion, s'il vous plaît.
M. Léonard: Oui, M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Rapidement, M. le
député.
M. Léonard: Oui. C'est malgré nous,
évidemment, que nous allons commencer l'étude de ce projet de loi
article par article, en commission, parce que... Je rappelle simplement Ie6
arguments que nous avons et que nous aurons à développer: cette
taxe nous enlève toute flexibilité sur le plan économique,
elle s'applique à un mauvais moment, à un moment où nous
entrons en récession, depuis quelques mois déjà, cette
taxe va s'appliquer indifféremment à tous les secteurs et je
pense qu'elle sera très dommageable à l'économie du
Québec.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Labelle. Est-ce qu'H y a d'autres remarques
préliminaires? Mme la députée des
Chutes-de-la-Chaudière.
M. Léonard: La ministre ne répond pas aux
objections?
Mme Caron: Non, de Terrebonne, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Terrebonne, je m'excuse,
madame. Je m'excuse. C'est vraiment une erreur impardonnable de ma part, et je
m'en souviendrai. Terrebonne.
Mme Joceiyne Caron
Mme Caron: Merci, M. le Président. Vous comprendrez que je
m'en voudrais énormément de ne pas profiter de ce temps des
remarques préliminaires pour rappeler à quel point je m'oppose
vivement à ce projet de loi 89. J'ai toujours cru qu'un gouvernement
devrait être à l'écoute d'une population, être
conscient des réalités et conscient do la capacité de
payer des contribuables.
Je m'interroge sérieusement, à savoir si les membres de ce
gouvernement, lorsqu'ils retournent dans leur comté, lorsqu'ils font du
bureau de comté, lorsqu'ils font des activités les fins de
semaine, puisque présentement nous sommes en session intensive,
entendent les mêmes commentaires que nous, sur ce projet de loi. Les
Québécois et les Québécoises, ce qu'ils nous disent
constamment, c'est qu'ils ne sont plus capables de recevoir de surplus de
taxes. Ils en ont suffisamment reçus depuis plus d'un an. Je comprends
mat qu'on reste aussi indifférent ou
qu'on ne prenne pas la peine de calculer, puis d'additionner ce que
toutes ces hausses ont fait, au cours de l'année, au budget des
contribuables québécois, à moins qu'ils ne vivent dans un
autre pays tout à fait en dehors du nôtre. Ça
m'étonne énormément. Et ce n'est pas seulement les
contribuables québécois qui ont cette perception-là - et
je l'ai clairement démontré, dans ma deuxième intervention
sur le projet de loi - mais aussi des économistes qui nous ont dit:
Assez! Ce n'est pas le bon moment de faire cette réforme-là.
Il y a aussi des entreprises qui ont alerté le gouvernement, qui
lui ont donné toute l'argumentation nécessaire pour
démontrer tous les problèmes qui seraient engendrés par ce
projet de loi. Et le gouvernement continue de faire la sourde oreille, continue
de croire qu'il détient la vérité et qu'il n'y a rien
à faire. On ne prend même plus la peine, M. le Président,
d'écouter les citoyens. On se retrouve devant une situation de
récession, dans une crise, où les pertes d'emplois augmentent
à une vitesse vertigineuse. Seulement dans la région Laurentides,
les pertes d'emplois sont passées de 6,1 % à 11,8 %, donc une
augmentation de 5,7 %. Toutes ces personnes qui ont perdu leurs emplois, parce
que ce sont bien des personnes qui ont perdu des emplois, vont se retrouver
avec les mêmes augmentations de taxes que ce gouvernement-là nous
a données, depuis un an, et avec l'élargissement des taxes,
maintenant, par ce projet de loi 89.
On a eu des commentaires du côté des industries...
l'industrie de l'insolvabilité, parce que vous savez très bien
que, lorsque nous sommes en période de récession, de crise, cette
industrie vit des jours extrêmement heureux, ce sont des jours
très fastes pour cette industrie. En décembre, le 1er
décembre 1990, on nous rapportait que présentement, l'industrie
de l'insolvabilité connaît des jours encore meilleurs qu'en 1982,
donc au plus fort de la crise de l'ancien gouvernement. Vous savez que ces
gens-là, eux, de l'industrie de l'insolvabilité, en
période de récession, ils le savent immédiatement parce
qu'automatiquement, bien sûr, ils voient les industries tomber comme des
mouches. Les industries vont immédiatement... Ils sont tout de suite
concernés, bien sûr, et ils ont, eux, le nez collé à
la réalité. On s'attendrait à ce que les ministres aient
cette même vision de la réalité ou, s'ils ne l'ont pas,
prennent la peine de s'informer.
Nous sommes donc en inflation. Lorsque des économistes aussi
importants que Clément Gignac, économiste principal à la
Banque Nationale du Canada...
M. Léonard: M. le Président, est-ce que je pourrais
faire remarquer que le ministre devrait écouter ma collègue de
Terrebonne au lieu de lire un livre? Il me semble que c'est le ministre du
Revenu et qu'à mon sens...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle...
M. Léonard: ...il est trop tard pour que se fasse sa
formation. Il devrait écouter.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle, s'il vous plaît.
M. Léonard: C'est une marque d'arrogance, ce qu'il fait
là.
Le Président (M. Lemieux): Je pense que votre remarque est
hors d'ordre. On ne peut présumer ni... Je ne peux présumer des
intentions de M. le ministre du Revenu à l'effet que M. le ministre du
Revenu n'écoutait pas. Écoutez, vraiment, votre temps de parole
était expiré. Alors, Mme la députée de Terrebonne,
s'il vous plaît.
M. Savoie: Bien que ça ne soit pas digne de
répétition, je pourrais facilement répéter ce qu'a
dit à date la députée, et je suis en train de
vérifier ses dires dans les lois fiscales.
Mme Caron: M. le Président, je l'ai mentionné, dans
le peu de temps depuis que j'ai commencé mon discours, à
plusieurs reprises, j'ai parlé de la capacité d'écoute de
ce gouvernement. Je pense que c'était une allusion très claire,
même si le ministre ne l'a pas comprise. Donc, l'économiste
principal à la Banque Nationale du Canada, M. Clément Gignac,
lui, semble être davantage conscient que ce gouvernement de l'inflation
qui existe au Québec. Il ne l'attribue pas à des
phénomènes extérieurs à la politique de ce
gouvernement mais, au contraire, il l'attribue carrément aux
décisions prises par ce gouvernement. Il donne les principaux facteurs
en citant la hausse de 7,5 % du coût de l'électricité, les
hausses de taxes scolaires, les primes d'assurance automobile et le
dégel des frais de scolarité. Il ajoute que l'inflation va
grimper encore et très rapidement avec la hausse du prix de l'essence et
l'entrée en vigueur de la TPS.
C'est donc dans ce contexte-là que le gouvernement nous
présente un projet de loi pour venir chercher encore davantage dans les
poches des contribuables alors qu'il y a de plus en plus de chômeurs,
alors que 12 000 personnes supplémentaires se retrouvent sur l'aide
sociale. Ces personnes-là ont été victimes de coupures
avec la loi 37 et, pour ces personnes-là, le prix des objets qu'elles
doivent acheter, des biens de consommation, des biens essentiels, le prix est
le même. Et là on leur annonce qu'en plus des taxes qu'elles
avaient déjà elles devront s'ajouter les taxes sur les
chaussures, des taxes sur les meubles, sur les vêtements, sur les
appareils électroménagers. Je suis vraiment tout à fait
étonnée de l'inconscience de ce gouvernement. J'avais des gens
justement, hier soir, qui me
disaient: Mais ils ne s'en rendent pas compte, qu'est-ce qu'on peut
faire pour qu'ils se rendent compte qu'on n'est plus capables de payer?
Qu'est-ce qui nous reste comme moyen si un gouvernement ne nous entend pas?
Qu'est-ce qui nous reste? Que voulez-vous, M. le Président, ils sont
loin d'entendre les citoyens et les citoyennes, ils n'entendent même pas
la voix de l'Opposition qui est directement devant eux. (16 h 15)
Donc, on a décidé d'ajouter à toute la kyrielle de
taxes que j'ai déjà mentionnées ce projet de lot. Et
qu'est-ce que les entreprises en pensent? On a tenté de nous dire que
ça améliorerait le sort des entreprises. Eh bien,
malheureusement, la Corporation des marchands de meubles du Québec et
l'Institut des manufacturiers du vêtement du Québec sont loin
d'être d'accord, M. le Président, très loin. Je pense que
je vais les citer quelque peu: L'érosion du pouvoir d'achat des
consommateurs jointe à l'augmentation constante et graduelle du fardeau
fiscal, surtout dans un contexte d'essoufflement économique, auront, il
va sans dire, de graves répercussions pour l'ensemble de l'industrie du
meuble. Quelles sont ces répercussions? Il y en a plusieurs. Imposer une
taxe de 8 % sur les meubles aura comme effets de compresser davantage les
dépenses de consommation, compressions qui se feront sentir surtout dans
le secteur des biens durables, dont les meubles évidemment,
d'accroître davantage l'indice de malaise des consommateurs au plus bas
niveau depuis 1983 - donc, nous sommes au plus bas niveau depuis la
dernière crise - d'accroître davantage l'endettement des
consommateurs fortement touchés par la croissance des impôts et le
ralentissement du revenu familial. Lorsqu'il y a perte d'emploi, c'est
évident qu'il y a ralentissement du revenu familial et c'est
évident aussi que la croissance des impôts - et là on
aurait peut-être pu davantage dire la croissance des taxes indirectes du
gouvernement - fait que le taux d'endettement n'a jamais été
aussi fort pour les consommateurs. Autre conséquence: de modifier les
parts de marché des différentes catégories de
dépenses, de ralentir la productivité des entreprises et de les
rendre encore plus vulnérables à la concurrence
étrangère. Tout le contraire de ce qu'on a tenté de nous
démontrer de l'autre côté. Donc, les secteurs mous,
évidemment, se retrouveront dans une situation beaucoup plus
vulnérable du côté de la concurrence
étrangère. De réduire le nombre d'emplois au Québec
et d'accentuer la croissance du chômage. Avec le taux de chômage
où nous sommes rendus, accentuer encore ce taux devient plus
qu'alarmant. De ralentir la croissance des revenus gouvernementaux et
d'augmenter les déficits gouvernementaux, vu les perspectives d'une
reprise anémique sur le plan économique. Parce qu'il faut
rappeler aussi que ce gouvernement n'a pris aucune mesure pour relever
l'économie, absolument pas. On ne tend aucunement à mettre en
place des programmes, comme le Parti québécois l'avait fait en
1982, pour améliorer les emplois au Québec. Le plan Biron 1, le
plan Biron 2. Il n'y a absolument rien de comparable qui se fait à
l'heure actuelle par ce gouvernement. On a décidé de maintenir la
crise, de ne rien faire parce que c'est l'attitude normale du gouvernement
depuis quelques années. On ne fait rien, on laisse flotter les
événements. Et on voit le résultat aujourd'hui. Et, bien
sûr, cette nouvelle mesure va prolonger la période d'essoufflement
et retarder la reprise de l'économie.
Le directeur général de la Corporation des marchands de
meubles du Québec, M. Yves Varin, concluait en disant: Faut-il rappeler
qu'une telle taxe sur les meubles avait, vers la fin de la décennie
1970, été instaurée? Les conséquences de cette taxe
avaient vite été jugées néfastes. C'est pourquoi
elle fut abolie en 1981. Donc, si on maintient cette décision, si dans
un contexte de prospérité, dans les années soixante-dix,
cette taxe avait été jugée néfaste, c'est
évident qu'aujourd'hui elle va se retrouver encore plus néfaste,
dans un climat de récession. Donc, ce qu'on prévoit du
côté des marchands de meubles du Québec, c'est que le
nombre d'emplois de cette industrie pourra décroître, près
de 21 000 personnes pourront perdre leur emploi de ce
côté-là.
C'est la même chose du côté de l'Institut des
manufacturiers du vêtement du Québec qui, eux aussi, craignent
énormément du côté de la concurrence
étrangère et qui nous disent très bien qu'une hausse de
taxe sur les vêtements freinera les achats des consommateurs ou
favorisera les achats de vêtements aux États-Unis au
détriment du produit québécois, créant ainsi des
pertes d'emploi et une augmentation du taux de chômage au Québec
avec les conséquences désastreuses telles que nous les
connaissons tant au plan économique que social. Et si on connaît
un petit peu la situation du vêtement du côté des
États-Unis, c'est bien évident que la frontière n'est pas
très loin et que ça pourra être extrêmement tentant
pour les consommateurs québécois d'aller se procurer des
vêtements aux États-Unis plutôt que d'acheter des
vêtements ici avec une taxe de 8 %.
C'est la même chose du côté des chaussures. Qu'on
soit la famille la plus démunie qu'on puisse imaginer, c'est
évident que ces gens-là doivent acheter des chaussures. Et on
sait que souvent, du côté des familles défavorisées,
démunies, il y a plusieurs enfants dans la famille; donc,
automatiquement, les achats, à ce niveau-là, sont d'une
importance très grande et tout ajout de taxe constitue quelque chose
d'extrêmement difficile pour ces gens-là.
On a tenté, de l'autre côté, de nous dire aussi
qu'il y avait une grande protection du côté des plus
démunis parce qu'ils avaient des crédits
d'impôt. Les réactions sont très partagées de
ce côté-là parce qu'on sait très bien que souvent,
parmi les plus démunis, rares sont les personnes qui font une
déclaration d'impôt puisqu'elles n'ont absolument pas de revenu
à déclarer. J'aimerais aussi citer un article qui est paru tout
dernièrement, de Monique Girard Solomita, qui dit que le crédit
d'impôt qui est prévu sur la TPS - et non sur la TVQ -
pénalise les familles avec enfants. Et je vais éviter toute la
longueur du calcul, mais ce qu'on nous dit, c'est que les couples non
mariés, avec enfants, profiteront moins du crédit d'impôt
sur la TPS que les couples vivant dans la même situation, mais sans
enfants. La démonstration qu'on nous fait, c'est que pour les couples
maries le calcul se fait... Dans le cas des premiers couples - je vais essayer
de vous simplifier ça, là - chacun des conjoints est
considéré comme célibataire. Donc, le revenu qui est
imposable pour chacun est de 20 000 $, si on prend un revenu moyen de 20 000 $
par conjoint. D'accord? Donc, ils recevront, pour crédit de la TPS, 380
$, soit 190 $ chacun. Alors qu'un couple avec enfants, marié, qui fait
son rapport d'impôt et dont les deux revenus sont calculés
ensemble, soit 40 000 $, eux n'auront droit à aucun remboursement
puisqu'on ne calculera pas pour chacun 20 000 $, mais ensemble 40 000 $.
J'avoue que l'ACEF du Nord a réagi très fortement devant cette
situation. Elle s'oppose évidemment avec vigueur à la TPS
fédérale, mais s'oppose aussi avec vigueur à la TVQ qui
nous est présentée aujourd'hui par le projet de loi 89. La
Fédération des associations coopératives d'économie
familiale du Québec, qui est en relation directe avec les familles les
plus démunies, qui fait le calcul budgétaire de ces familles et
qui tente de trouver des solutions, qui doit très, très souvent
négocier des ententes avec Hydro-Québec parce que ces
familles-là n'arrivent pas à payer leur compte
d'électricité et se retrouvent souvent avec des coupures,
même l'hiver... Donc, la Fédération des associations
coopératives d'économie familiale du Québec a
dénoncé vertement la TVQ québécoise et a vraiment
manifesté son indignation devant cette nouvelle hausse qui s'ajoutait
à toutes les autres.
Je sais que le ministre nous dira que l'Association des consommateurs du
Québec, qui regroupe 3000 membres, elle, s'est prononcée et a dit
qu'elle était favorable au principe, sauf qu'elle a très
clairement indiqué qu'elle n'endossait pas, à l'heure actuelle,
la façon de le faire. Et on a fait des recommandations extrêmement
précises, c'est-à-dire qu'on a bien indiqué que la TPS
fédérale et la taxe québécoise devraient
apparaître séparément sur la facture qui est remise au
consommateur parce qu'on craint, effectivement, de se retrouver devant un
véritable fouillis à ce niveau-là. On a aussi
dénoncé le fait que la taxe québécoise s'ajoute
à la TPS fédérale, qu'elle soit calculée
par-dessus. On a aussi demandé une garantie pour une pleine indexation
des crédits d'impôt pour la taxe de vente du Québec,
garantie que nous n'avons toujours pas à ce jour, M. le
Président, et que le ministre semble très loin de pouvoir nous
donner. À moins qu'il ne retrouve ça dans ses documents, à
moins que le ministre des Finances ne lui ait glissé une garantie dans
ce sens, ce qui m'éton-nerait beaucoup.
Vous savez, les crédits d'impôt, c'est ce qu'on nous dit
qui va permettre d'établir une certaine justice par rapport aux
démunis. Mais je tiens à rappeler que la plupart ne font pas de
déclaration d'impôt. Ces crédits d'impôt
n'apporteront aucunement de remède, ne seront aucunement une mesure
positive pour la classe moyenne, la famille moyenne. Et c'est celle qui est la
plus brimée par ce gouvernement depuis un an, parce que toutes les
hausses qu'on a ajoutées au cours de la dernière année ont
touché directement la classe moyenne. Lorsqu'on parle de hausse de taxe
scolaire, on attaque fortement la classe moyenne. Lorsqu'on parle de hausse des
frais de scolarité, on attaquait encore une fois la classe moyenne.
Même s'il y avait un moyen de prévu pour les plus démunis,
la classe moyenne, elle, on ne l'aidait aucunement. Même chose du
côté de l'électricité. La classe moyenne, elle, est
complètement à bout de souffle. Je suis extrêmement
surprise que ce gouvernement ne s'en rende aucunement compte et fasse toujours
comme si la réalité qui était vécue par les
consommateurs, par les contribuables québécois n'était que
le fruit de l'imagination de l'Opposition.
Le Président (M. Lemieux): En conclusion, Mme la
députée de Terrebonne.
Mme Caron: Merci, M. le Président. J'invite fortement le
ministre responsable de ce projet de loi à être attentif aux
demandes des citoyens et des citoyennes du Québec. Ces demandes se font,
bien sûr, présentement par la voie de l'Opposition. Mais je
l'invite peut-être à faire des recherches un petit peu dans le
milieu de l'ensemble des députés de son gouvernement et à
vérifier que ce que nous avançons est parfaitement la
réalité vécue par les Québécois et les
Québécoises et ne pas seulement écouter l'Opposition, mais
écouter aussi tous les spécialistes qui se sont prononcés
sur le sujet. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, Mme la
députée de Terrebonne. Si je comprends bien, maintenant, c'est au
tour de M. le député de Gouin au niveau des remarques
préliminaires. M. le député de Gouin.
M. André Boisclair
M. Boisclair: Oui. Merci, M. le Président. Il n'est jamais
bien agréable de discuter de l'impo-
sition d'une nouvelle taxe à la fois, je suis convaincu, pour les
parlementaires libéraux qui, à ce jour, depuis quoi, 40 minutes,
et à l'occasion des travaux en Chambre, ne se sont pas vraiment
exprimés bien à fond sur cette question... Donc, à la fois
pour nous et, je pense, pour l'ensemble des parlementaires, ce n'est pas une
chose facile de discuter d'une taxe semblable à celle-là,
d'autant plus si on prend en considération l'ensemble des implications
à la fois fiscales, politiques et sociales que l'imposition d'une
nouvelle taxe pourrait avoir sur notre économie.
M. le Président, j'aimerais aborder dans mes remarques
préliminaires un certain nombre d'éléments. Vous me
permettrez, dans un premier temps, de parler du contexte dans lequel on impose
la nouvelle TVQ, peut-être aussi de ses conséquences et du contenu
de certains éléments du projet de loi et parler aussi d'un
certain nombre de secteurs qui me préoccupent particulièrement,
que ce soit l'industrie du textile et des vêtements ou que ce soit tout
le secteur des industries culturelles. Et, s'il me reste un peu de temps,
j'aimerais aborder la question de l'administration de la taxe et la question
des crédits d'impôt. Ceci étant dit, M. le
Président, d'entrée de jeu, je me questionne sur le silence du
ministre et sur le silence des membres libéraux de cette commission. Ma
courte expérience parlementaire m'aura appris qu'il est de tradition de
voir le ministre, à tout le moins au début de l'étude du
projet de loi, faire un certain nombre de remarques préliminaires, ce
qui permet, bien sûr, d'éclairer l'ensemble des membres de la
commission sur peut-être un certain nombre de perceptions ou sur le
contenu du projet de loi. Le silence du ministre m'inquiète, d'autant
plus qu'il occupe une fonction privilégiée qui l'amène de
façon quotidienne à répondre aux demandes des citoyens.
S'il y a un ministère dans l'appareil de l'État qui est en
constante relation entre les citoyens et les citoyennes du Québec, c'est
bien le ministère du Revenu. La grande majorité des citoyens et
des citoyennes remplissent un rapport d'impôt. Ce sont eux qui souvent
ont à faire un certain nombre de représentations quant à
la façon dont, par exemple, le formulaire pour remplir nos rapports
d'impôt est conçu. Je crois que, s'il y a une qualité qui
est nécessaire pour exercer la fonction de ministre du Revenu, c'est
bien celle, à tout le moins, d'être soucieux des commentaires de
la population en général. (16 h 30)
M. le Président, peut-être que le ministre... Il faut se
rappeler aussi le contexte dans lequel nous nous trouvons. Si c'est maintenant
le député d'Abitibi-Est qui est responsable du ministère
du Revenu, c'est bien parce que le député de Montmorency a
décidé de faire de cette question un enjeu fondamental qui l'a
amené à démissionner du gouvernement. J'imagine, sans
avoir pu y assister, les vives discussions qu'il y a eu alentour de la table du
Conseil des ministres et je suis convaincu que le ministre sera fidèle
à la tradition de solidarité ministérielle.
Peut-être que son silence signifie à tout le moins qu'il ne se
fera pas un grand défenseur de la nouvelle taxe, la nouvelle TVQ. M. le
Président, tenons-nous en aux faits, en parlant premièrement du
contexte dans lequel on se retrouve à étudier, cet
après-midi, le projet de loi 89.
M. le Président, cette nouvelle taxe s'ajoute à trois
nouvelles taxes aussi qui ont été annoncées dans le
discours sur le budget. Rappelons l'augmentation de taxes sur les boissons
alcooliques, qui va chercher 103 000 000 $ dans la poche des consommateurs; le
gouvernement récoltera aussi, de plus, 133 000 000 $ suite à la
hausse de la taxe sur les tabacs; les entreprises aussi, M. le
Président, auront été affectées par ces nouvelles
taxes. Effectivement, on a décidé d'une augmentation de
l'impôt sur les profits des contributions des employeurs au fonds des
services de santé et de la taxe sur le capital. Au total, le
gouvernement s'enrichit de 104 000 000 $, en 1990-1991, grâce à
cette mesure. Ces trois augmentations annoncées dans le discours sur le
budget font qu'il y aura une ponction d'environ 1 200 000 000 $ de 1990
à 1993, sur une période de trois ans.
Or, c'est dans ce contexte que le 30 août dernier le ministre des
Finances nous annonce, un peu de façon particulière, parce que
faut-il se rappeler le contexte dans lequel on nous a annoncé la
nouvelle taxe de vente québécoise... On avait convoqué
l'ensemble des parlementaires pour discuter de deux choses: la formation de la
commission constitutionnelle Bélanger-Campeau et le prolongement de
l'autoroute 30 à Kanawake. Et, un peu par surprise, le ministre des
Finances, de façon un peu inhabituelle, par le biais d'une
déclaration ministérielle, nous annonce ses intentions quant
à l'harmonisation avec la TPS fédérale.
M. le Président, cette réforme calquée sur la TPS
fédérale rapportera au gouvernement des revenus de 77 000 000 $
cette année, un montant qui atteindra 324 000 000 $ l'an prochain, et au
total, M. le Président, 362 000 000 $ au cours des trois prochaines
années. Donc, d'entrée de jeu, on aura beau me parler des
crédits d'impôt qui seront offerts aux contribuables à
revenus plus modestes, il n'en demeure pas moins que c'est une ponction de 362
000 000 $ sur une période de trois ans, 362 000 000 $ qu'on va aller
prendre dans la poche des contribuables pour les affecter au gouvernement du
Québec.
M. le Président, cette taxe s'ajoute aussi à toutes celles
qui ont été imposées par différents organismes
gouvernementaux. Ma collègue députée de Terrebonne, tout
à l'heure, nous parlait des frais de scolarité: une augmentation,
M. le Président, de 130 % sur une période de deux ans. La
contribution des étudiants augmentera de 52 000 000 $ en 1990-1991, 104
000 000 $ en
1991-1992. Je vais vous dire, ça commence à faire pas mal
d'argent! Les tarifs d'Hydro-Québec, augmentés au-delà de
l'inflation; le financement des commissions scolaires, 320 000 000 $; les
permis de conduire, l'immatriculation; et si l'on tient compte aussi des
intentions du gouvernement annoncées dans le discours sur le budget,
c'est 1 014 000 000 $ au total, le total potentiel, 1 014 000 000 $, en
1990-1991. Et en 1990-1993, si toutes les intentions manifestées se
maintiennent et se réalisent, c'est 4 382 000 000 $. Écoutez, 4
000 000 000 $, là, on ne discute pas de l'achat - je ne sais pas, moi -
de valises pour le gouvernement du Québec, on ne discute pas de la
construction d'un pont, on parle de 4 382 000 000 $, ponction qui sera faite
dans la poche des contribuables.
Alors, M. le Président, à tout le moins, dans ce
contexte-là qui nous amène à discuter de la TPS, on aurait
pu s'attendre à ce que le gouvernement à la fois prenne plus de
temps, démontre aussi une plus grande volonté pour discuter de
cette question, puisse à tout le moins déposer un certain nombre
d'études. On me dit que ça a été fait dans certains
cas. On l'a fait... Il y a eu un comité interministériel qui
s'est penché sur la question du livre; il y en a eu d'autres,
apparemment, dans d'autres secteurs. Le ministre des Finances, en commission
parlementaire, me rappelle-t-on, a déposé un certain nombre
d'études d'impact de l'imposition d'une nouvelle taxe pour les
contribuables. Mais, dans bien d'autres secteurs, aucune étude n'a
été déposée, rien n'a été
présenté à l'ensemble des parlementaires. Il est quand
même difficile, M. le Président... On nous demande notre
consentement, on nous demande d'appuyer cette mesure alors que nous ne sommes
même pas à même de consulter les études qui ont
été préparées par le ministère du Revenu ou
le ministère des Finances. Vous comprendrez, M. le Président, que
dès le départ, en privant l'Opposition officielle d'un certain
nombre de documents qui nous apparaissent fondamentaux, il est difficile
d'accorder notre appui, comme ça, de façon rapide, au projet de
loi 89 qui impose la nouvelle taxe de vente québécoise.
M. le Président, cette réforme-là se fera en deux
étapes. Le député de Verdun, hier, nous rappelait à
juste titre que, bien sûr, par ce projet de loi, nous diminuerons la taxe
de vente québécoise. Actuellement à 9 %, elle passera
à 8 % au premier 1er janvier 1991. Elle diminuera aussi de 8 % à
7 % au 1er janvier 1992. Mais ce qu'il faut aussi rappeler, c'est que dans la
première étape, d'ici le 1er janvier 1991, par le même
coup, en diminuant la taxe de vente de 9 % à 8 %, on élargira
aussi l'assiette des biens immobiliers. Au 1er janvier 1992,
l'élargissement de l'assiette de taxation pour y inclure aussi
l'ensemble des services.
M. le Président, qu'est-ce que le ministre nous a
présenté, lui qui tient de façon si con- vaincante
à avoir notre consentement, qui souhaite... J'entendais le ministre des
Finances encore cette semaine, au salon de l'Assemblée nationale, nous
dire: C'est inscrit dans votre programme, vous devriez nous appuyer. Mais
à tout le moins, M. le Président, je pense que nous sommes en
droit d'exiger un certain nombre d'études et aussi nous serons en droit
- et je crois que nous pourrions peut-être le faire, je vais le
suggérer sûrement à mes collègues - d'entendre,
avant l'étude du projet de loi, peut-être un certain nombre
d'intervenants. Je suis convaincu que c'est une suggestion qui plaira à
mon collègue, le député de Labelle et porte-parole de
l'Opposition officielle en matière de finances. Je crois que nous devons
nous faire un devoir de faire ce travaif-fà, de faire un travail
correct. Il est dommage de voir que c'est un peu à la sauvette, en fin
de session, dans la grande noirceur, que nous aurons à étudier ce
projet de loi. De façon quotidienne, nous rencontrons des intervenants,
que ce soit des gens du milieu - et j'y reviendrai tout à l'heure - du
vêtement, que ce soit des gens des industries culturelles, qui demandent
à rencontrer notre caucus pour nous sensibiliser aux différentes
conséquences de la TPS, qui nous demandent d'intervenir auprès du
ministre, qui nous demandent d'intervenir auprès du gouvernement
libéral pour à tout le moins essayer, comme on l'a fait dans le
cas du livre, de réduire les effets qu'aura la TPS
québécoise, bien sûr, qui s'appliquera dorénavant
à l'ensemble des biens mobiliers et des services.
M. le Président, il y a un secteur, particulièrement,
où je crois que nous nous devons d'avoir un certain nombre de
réponses. Le ministre est en train de s'informer dans sa lecture, qui
semble des plus intéressantes, sur l'application de la TPS dans le
secteur du vêtement; je suis convaincu que c'est ça qu'il lit,
parce que ça doit lui aussi le préoccuper. Ça doit le
préoccuper, l'application de la TPS dans le secteur du vêtement.
Faut-il rappeler que c'est un secteur qui joue un rôle fondamental dans
notre économie? Permettez-moi de vous rappeler que, juste pour la
région de Montréal, ils sont 14 400 emplois dans le secteur du
textile. 41 000 - d'ailleurs, je parle de la région 01, à la fois
Montréal et Laval - 41 000 emplois dans le secteur de l'habillement. Au
total, 55 400 emplois, ce qui représente 23,9 % du secteur
manufacturier, alors que ce secteur représente, pour l'ensemble du
Québec, 17 %. Lorsqu'on sait que l'ensemble du secteur du textile et de
l'habillement compte pour 52 % de la main-d'oeuvre manufacturière
à Montréal, je crois que nous sommes en droit d'obtenir un
certain nombre de réponses.
Est-ce qu'il y a une étude qui a été faite, M. le
ministre, sur cette question-là? Est-ce que les intervenants ont
été entendus? Nous aimerions bien connaître, à tout
le moins, votre
opinion. Parce que, il faut le rappeler, présentement - et
là je cite l'annexe à la déclaration ministérielle
concernant l'administration de la TPS et la réforme des taxes à
la consommation au Québec - les ventes de vêtements de 500 $ ou
moins, sauf les vêtements de protection utilisés dans une
activité sportive, ainsi que les ventes de chaussures de 125 $ ou moins
sont exemptées de la taxe de vente du Québec. Et tout à
l'heure ma collègue députée de Terrebonne parlait des
meubles meublants pour une habitation résidentielle qui, eux aussi, sont
exemptés.
M. le Président, nous recevons, de façon quotidienne, des
représentations. L'Institut des manufacturiers du vêtement du
Québec, en date du 21 novembre 1990, m'adressait une lettre. C'est M.
Israël Shames qui m'écrivait et qui nous disait: Les modifications
de taxe à la consommation annoncées le 30 août dernier par
le ministre québécois des Finances, M. Gérard D. Levesque,
et le taux d'imposition de cette taxe constituent une situation sérieuse
pour l'industrie québécoise du vêtement. Selon les
années, cette industrie se classe au premier ou au second rang en
importance, comme secteur industriel, au Québec - écoutez,
là, je ne parle pas d'un petit secteur manufacturier, je ne parle pas
d'un secteur qui emploie, je ne sais pas, quelques centaines d'employés,
je vous parle d'un des secteurs les plus importants pour le Québec -
Elle compte à elle seule environ 60 000 emplois directs à travers
le Québec et engendre localement environ 100 000 emplois
supplémentaires chez le fournisseur de biens et services à cette
industrie.
M. le Président, est-ce qu'il y a une étude qui a
été préparée par le ministère du Revenu?
S'il y en a une - le ministre me fait signe que oui - pourquoi n'a-t-elle pas
encore été déposée? S'il y a un secteur crucial
à l'heure actuelle, lorsqu'on tient compte des négociations du
GATT... Le démantèlement de l'arrangement multifibres, M. le
Président, risque de remettre en question cette industrie qui est
déjà fragile, qui déjà doit faire face à une
concurrence internationale accrue. Bien, je ne vois pas pourquoi le ministre,
M. le Président, se plaît à rire et à prendre
ça à la légère. Je suis convaincu que, si les
représentants de l'industrie étaient ici présents, ils ne
trouveraient pas du tout satisfaisante la complaisance du ministre du Revenu.
Ce sont des préoccupations, M. le ministre, qui sont légitimes.
Et si le ministre se plaît à adopter la même attitude qu'il
a prise à l'occasion de la commission Bélanger-Campeau, si la
seule chose qu'il trouve à dire à ces gens qui viennent
s'exprimer et avec lesquels il n'est pas d'accord, c'est de quitter, je peux
vous dire que les citoyens et citoyennes du Québec...
Une voix: C'est vrai.
M. Boisclair: ...ont raison d'être inquiets. M. le
Président, le devoir que nous avons tous, que l'ensemble des
parlementaires ont, c'est à tout le moins d'écouter les gens qui
font des représentations légitimes. Et ce n'est pas parce qu'on
n'est pas d'accord avec ce que les gens nous disent... Moi aussi, j'en
rencontre des gens, dans mon bureau, avec qui je ne suis pas d'accord, mais, ma
foi du bon Dieu, je ne prends pas la fuite par en avant. Et j'ai, à tout
le moins, le respect de ces gens-là et le respect de leur opinion, et je
les écoute.
M. le Président, c'est très faible, très faible de
quitter en avant, et de ne même pas avoir la décence de les
écouter. Sans doute, encore une fois, le ministre était-il
à cours d'arguments, parce que son silence, M. le Président, nous
laisse perplexes. L'intervention et le sourire du ministre m'ont fait perdre le
fil de mes idées.
J'aimerais revenir au secteur manufacturier. M. le Président, M.
Shames continue, en m'écri-vant: Ainsi que nous l'avons
déjà fait valoir aux diverses instances gouvernementales, une
hausse de taxe sur le vêtement freinerait les achats des consommateurs et
favoriserait les achats de vêtements aux États-Unis. M. le
Président, la baisse des ventes au détail commence
déjà à se faire sentir. Ça fait tous les titres
dans les journaux. Vous savez, M. le ministre, que 59 % du produit
intérieur brut sont constitués essentiellement de ventes à
la consommation. 59 % du PIB, ce sont les achats des consommateurs. Est-ce que,
par exemple, le ministre pourrait nous répondre: Quelles seront les
conséquences pour les gens qui habitent aux frontières du
Québec? On a vu les effets désastreux au moment de l'imposition
de la taxe sur l'essence. Souvenez-vous de tout le débat qu'il y a eu
pour les gens qui habitaient près des frontières ontariennes ou
près de la frontière américaine. (16 h 45)
Le Président (M. Lemieux): En conclusion, M. le
député de Gouin.
M. Boisclair: C'est une question qui est importante. Il y aura
des effets d'éviction importants et, je crois, ce qu'on appelle des
"externalités", des effets pervers à cette nouvelle taxe.
À tout le moins, M. le Président, je crois que nous pourrions
avoir réponse à nos questions. J'aurais aimé avoir eu le
temps, M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): II vous reste une minute 14
secondes.
M. Boisclair: ...de parler du secteur des industries
culturelles...
Le Président (M. Lemieux): Habituellement, quand je dis
"en conclusion", c'est qu'il vous reste environ une minute, une minute 15
secondes. O.K.?
M. Boisclair: Bon, alors je prendrai la
dernière minute qu'il me reste pour parler des industries
culturelles. M. le Président, notre grande prétention à
constituer une société distincte repose essentiellement sur le
dynamisme de nos industries culturelles. Savez-vous que, à l'heure
actuelle, l'imposition sur un billet de théâtre, sur un billet
d'opéra, un billet de cinéma, sera 10 % de taxe municipale plus
15 virgule quelque chose, si on tient compte de la TPS et de la TVQ, 25 %? 25
%; M. le Président, sur un billet de théâtre, un billet
d'opéra, un billet de concert qui iront renflouer le gouvernement du
Québec. 25 %! Les activités culturelles au Québec seront
plus taxées que l'essence. M. le Président, ce que nous disons au
ministre, en conclusion, c'est qu'il aurait dû faire preuve
d'imagination, faire preuve de courage, faire preuve de lucidité. Bien
sûr, avoir fait une certaine discrimination en fonction de l'importance
collective de chacun des biens ou services aurait amené un certain
nombre de critiques, c'était inévitable, mais, à tout le
moins, aurait permis, peut-être, une plus grande justice, comme on l'a
reconnu dans plusieurs pays. M. le Président, je terminerai
là-dessus en souhaitant que nous pourrons entendre un certain nombre de
groupes et en souhaitant aussi que le ministre se fasse plus loquace sur cette
question. Parce que là je suis obligé de conclure que nos
arguments le laissent béat, qu'il n'a pas de réponses à
nos questions. Alors, nous avons hâte de l'entendre, M. le
Président. Merci.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Gouin. M. le député de
Pointe-aux-Trembles.
Une voix:...
Le Président (M. Lemieux): Non, non, c'est interdit en
commission parlementaire. M. le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Michel Bourdon
M. Bourdon: M. le Président, je voudrais d'abord dire
à mon collègue de Gouin que le ministre est sans doute sage de ne
pas parler parce que, d'une part, il ne sait sans doute pas quoi dire et que,
d'autre part, son prédécesseur a parlé puis il n'est plus
là. Le prédécesseur, M. Yves Séguin, lui, it a dit
la vérité sur cette taxe, la TPS, que, d'une part, elle constitue
un transfert phénoménal de fiscalité des entreprises vers
les individus, puis il avait trouvé une formule fort
intéressante. Il dit: Pour régler le problème de 30 000
entreprises qui payaient une taxe un peu bebête du fédéral
sur les produits manufacturés, au Québec, pour alléger 30
000 entreprises, on va imposer 3 000 000 de contribuables. Ça a eu comme
conséquence que, dans son dos, lui qui était ministre du Travail
et ministre du Revenu, le ministre des Finances et d'autres ont
négocié avec Ottawa, puis que le ministre est parti. Alors, le
ministre ne peut pas parler des négociations, il n'était pas
là pour la négociation avec Ottawa, puis son
prédécesseur non plus. Sauf que le ministre des Finances est
à quatre pattes devant le fédéral. Pour lui, le
gouvernement senior, c'est Ottawa. Nous autres, on est une succursale. On est
une petite banque nationale pépère en région qui ne marche
pas fort, puis le bureau-chef est à Ottawa. Alors, Ottawa a
décidé de taxer. On taxe, pareil comme eux, sur deux ans et puis
on va collecter pour eux. Le fédéral étant le "shylock",
le Québec a décidé d'être le collecteur pour le
"shylock". Or, c'est une taxe, M. le Président, qui a été
annoncée hypocritement, qui est injuste et puis qui va être
mauvaise pour l'économie. Rappelons-nous, M. le Président, que,
au figuré, c'est quasiment derrière les barricades de la crise
autochtone que le ministre des Finances s'est caché pour annoncer en
douce, à une session spéciale qui avait été
convoquée à cause de la crise amérindienne et pour former
la commission Bélanger-Campeau... Il a annoncé... à
propos, une petite déclaration ministérielle avec une annexe
d'à peu près 100 pages, une espèce de nouveau discours sur
le budget, pour dire: Le fédéral frappe et je vais frapper avec
le fédéral contre la population. On avait raison, à
l'époque, de citer la phrase de la Bible qui dit: "Je viendrai comme un
voleur."
Alors, en pleine canicule, le gouvernement a décidé d'y
aller. Et le problème, M. le Président, c'est que les gens en
arrachent. Ça, on voit ça dans nos comtés, les gens en
arrachent. Et le gouvernement va y aller encore plus fort. Qu'est-ce qu'ils
apprennent, les jeunes couples qui ont acheté des maisons dans le
quartier Pointe-aux-Trembles, entre autres - de mon comté - pour autour
de 100 000 $ il y a trois ans? Bien, ils apprennent que leur hypothèque
est renouvelée, pas à 9 % mais à 13 % et 14 %. Ça,
c'est un bienfait du fédéralisme qui leur arrive d'un coup sec.
Ils vont paver 200 $, 250 $, 300 $ par mois de plus d'hypothèque.
Ça, c'a été une première nouvelle qu'ils ont
apprise. Vive le Canada! Et que nos libertés sont garanties dans ce pays
où les taux d'intérêt sont tels qu'un jeune couple avec
enfants se retrouve avec une dépense de 250 $, 300 $ de plus par mois,
en frais d'intérêt, parce que l'économie, nous disait-on,
surchauffait à Toronto! Et, il y a trois semaines, on a appris qu'elle
ne surchauffe plus mais que les taux d'intérêt sont
élevés pareil. Mais les gens payent. Ils ont appris aussi
qu'Hydro-Québec augmentait leur facture d'électricité, non
pas d'une somme égale à l'inflation, ce qui pourrait se
comprendre... Mais il faut bien qu'Hydro-Québec arrive, puis l'inflation
la touche elle aussi. Mais HydroQuébec demandait des hausses de tarifs
et la ministre de l'Énergie et des Ressources lui a donné tout ce
qu'elle demandait, moins 20 000 000 $. Et ces deux hausses de 7 % qui
s'ajoutent à la TPS fédérale de 7 %... L'effet
composé, là... On est près de 24 % de hausse des tarifs
d'électricité pendant un an. Les gens payent, le jeune couple
dont je parle, de Pointe-aux-Trembles, qui a renouvelé son
hypothèque... Deuxième mauvaise nouvelle: Hydro-Québec
augmente ses tarifs deux fois et elle les augmente de presque 5 % de plus que
l'inflation parce qu'il ne pleut pas assez. En plus, le fédéral
va percevoir sa TPS sur la facture d'électricité. Et la TVQ,
ça s'en vient faire la même chose que la TPS à terme. On le
sait, là, le taux a été baissé de 9 % à 8 %
et, dans le cas de la restauration, de 10 % à 8 %, sauf qu'on a couvert
un grand nombre de choses qui n'étaient pas couvertes par la taxe de
vente du Québec avant les meubles, les vêtements, les chaussures
et certains électroménagers, qui avaient été
exemptés à l'époque où le Parti
québécois était au pouvoir. Et au lieu d'être
à quatre pattes devant Jean Chrétien comme le ministre des
Finances est à quatre pattes devant le ministre fédéral
aujourd'hui, le ministre des Finances de l'époque, Jacques Parizeau,
s'est tenu debout, il nous a mis une fiscalité québécoise
et il a exempté de la taxe de vente des secteurs où on produit.
Mais là le ministre des Finances ajoute: Bang! Moi, je frappe
là-dessus aussi.
La TPS comme la TVQ sont des taxes foncièrement injustes. Une
personne qui gagne 75 000 $ par année et qui achète une voiture
de 15 000 $ paie 8 % et 7 % composés: 15,56 %. Une personne qui en gagne
30 000 $ - la moitié moins - paie le même montant. Et j'ai beau
écouter les experts patentés nous dire que ça, c'est
infiniment plus juste vu que tout le monde paie le même, je ne peux pas
m'empêcher de penser que la TVQ et la TPS sont bien plus proches de la
"poll tax" de Margaret Thatcher que des mesures progressistes. Il n'y a rien de
progressiste dans la TPS. Il n'y a rien de progressiste dans la taxe de vente
du Québec. Tout le monde paie égal. Et Mme Thatcher, c'est
ça qu'elle a découvert en Grande-Bretagne, que la "poll tax"
n'était pas populaire. Oui, notre programme parle d'une taxe sur la
valeur ajoutée. Bien, oui. Mais on dit d'abord qu'il faut la
différencier et qu'elle ne doit pas être égale sur tout. Je
vais prendre un exemple. Si jamais il lit le Journal des débats,
même le ministre des Finances qui est le vrai interlocuteur, alors
s'il le lit, c'est sûr qu'une taxe sur les Rolls Royce, ça ne fera
pas battre bien des députés libéraux dans les
comtés, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, nous devons
suspendre nos travaux pour quelques instants.
M. Bourdon: Pour aller voter, parfait.
Le Président (M. Lemieux): On me fait état qu'il y
a un vote en Chambre. Alors, nous suspendons nos travaux. Vous avez fait huit
minutes, M. le député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: Allons à la Chambre. (Suspension de la
séance 16 h 56)
(Reprisée 17 h 13)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît*
Une autre suspension des travaux à ce stade-ci, M. le
député de Labelle. M. le député de
Pointe-aux-Trembles, la parole est à vous.
M. Bourdon: M. le Président, comme...
M. Léonard: Si on assure le quorum, on va attendre...
Le Président (M. Lemieux): II y a quorum actuellement.
M. Léonard:...
M. Bourdon: On va s'en aller. On va attendre que...
Le Président (M. Lemieux): C'est quatre membres. Un, deux,
trois... Est-ce qu'il y a quelqu'un qui soulève l'absence de quorum? Il
n'y a personne là. Est-ce qu'il y a quelqu'un qui soulève
l'absence de quorum?
M. Lazure: Le quorum est de combien, M. le Président?
Le Président (M. Lemieux): De quatre.
M. Lazure: Étant donné que je dois quitter pour
quelques minutes, M. le Président, j'appréhende que le quorum ne
sera pas observé puisque je quitte pour quelques minutes.
Le Président (M. Lemieux): Non, parce qu'il y a quorum
actuellement.
Motion proposant d'étudier l'article 1
M. Savoie: M. le Président, vous pouvez passer à
l'article 1, s'il vous plaît.
Le Président (M. Lemieux): En faites-vous une motion, M.
le député d'Abitibi-Est?
M. Savoie: Oui, j'en fais motion, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que la motion est
recevable. Est-ce que la motion est adoptée? Adopté. J'ai une
proposition qui a été adoptée et faite par le
député d'Abitlbi-Est que
je me dois de juger recevable en vertu du règlement à
l'effet d'appeler l'article 1 du projet de loi 89, Loi modifiant la Loi
concernant l'impôt sur la vente en détail et d'autres dispositions
législatives d'ordre fiscal.
Discussion sur le défaut de quorum
M. Léonard: M. le Président, je pense qu'on n'avait
pas quorum. Au moment où on est venus, on a demandé de faire un
caucus. On est allés le faire et on revient. Je pense que nous en sommes
aux remarques préliminaires.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle, écoutez, le problème que j'ai, c'est que je dois
appliquer le règlement et, en vertu du règlement, il faut
absolument qu'absence de quorum me soit soulevée. L'absence de quorum ne
m'a pas été soulevée en vertu de l'article 156,
troisième paragraphe: "Une fois la séance déclarée
ouverte, le quorum est présumé exister tant que son défaut
n'a pas été signalé par un membre ou constaté par
le résultat d'un vote. Dans ces cas, le président suspend la
séance", ce qui n'a pas été le cas. Le
député d'Abitibi-Est m'a soumis une motion qui était
recevable à l'effet de passer immédiatement à
l'étude de l'article 1, et j'ai demandé le vote à l'effet
de passer effectivement à l'étude de l'article 1; le vote a
été pris, la motion a été adoptée, je me
dois d'appeler l'article 1 du projet de loi 89.
M. Bourdon: ...quorum quand vous l'avez voté, voyons donc!
Vous n'aviez pas le quorum quand vous l'avez voté, puis on vous a
souligné qu'il n'y avait pas quorum. Arrêtez, là, les
affaires de bras!
Le Président (M. Lemieux): Ce que je veux vous dire, M. le
député de Pointe-aux-Trembles, à la lecture de l'article
156, troisième paragraphe, c'est que le quorum est présumé
exister. Je vais reprendre la lecture de l'article...
M. Bourdon: On vous avait demandé de constater qu'il
n'existait pas...
M. Léonard: ...quorum, quand on est partis...
M. Bourdon: On a dit qu'il n'y avait plus quorum.
Le Président (M. Lemieux): Oui, mais regardez, M. le
député de Pointe-aux-Trembles, regardez, au niveau de la
séquence, à partir du moment où vous m'avez demandé
de constater s'il y avait quorum, je vous ai répondu: Oui. Il y avait
quorum. Il y avait quorum au moment où vous m'avez demandé de le
constater. Moi, je dois ici, en tant que président, appliquer le
règlement...
M. Léonard: Je m'excuse, M. le Président, alors
votons là, tout de suite... ¦ Le Président (M. Lemieux):
Alors, le vote a été pris!
M. Léonard: Comment ça, le vote a été
pris?
Le Président (M. Lemieux): Le vote...
M. Bourdon: Là, vous êtes en train d'instaurer la
clôture en commission parlementaire, soyons sérieux,
là!
M. Léonard: On est allés faire un caucus.
M. Bourdon: On est allés faire un caucus, on en avait le
droit, puis vous avez, en notre absence et sans quorum...
M. Léonard: On avait le droit de faire un caucus.
M. Bourdon: ...décidé de faire la clôture en
commission parlementaire...
M. Léonard: Là, ça va faire, là!
M. Bourdon: Ça va faire, là.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Pointe-aux-Trembles, la séance avait été
déclarée ouverte...
M. Bourdon: Et on était aux remarques
préliminaires...
Le Président (M. Lemieux): Nous étions aux
remarques préliminaires...
M. Bourdon: Vous n'aviez pas quorum et vous le saviez que vous
n'aviez pas quorum quand vous avez voté! Ça, c'est clair, vous ne
l'aviez pas....
Le Président (M. Lemieux): Au moment où on m'a
demandé...
M. Bourdon: Vous étiez trois.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Pointe-aux-Trembles, au moment où on m'a demandé si,
effectivement, il y avait absence de quorum, il y avait quorum, et, au moment
où l'équipe des députés de l'Opposition ont
quitté la commission parlementaire, personne ne m'a soulevé
l'absence de quorum et c'est alors, à cet instant même, que le
député d'Abitibi-Est est intervenu, me soulevant l'article 156,
troisième paragraphe, et me disant: Appelez l'article 1 du
règlement. Et si je lis le troisième paragraphe de l'article 156:
"Une fois la séance déclarée
ouverte, le quorum est présumé exister tant que son
défaut n'a pas été signalé..." Vous savez, moi, je
me dois d'appliquer...
M. Lazure: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de La Prairie.
M. Lazure: M. le Président, je dois vous rappeler que
lorsque j'ai quitté la salle il y a cinq minutes, je vous ai dit, bien
clairement, que j'appréhendais qu'il n'y aurait pas quorum, en quittant
la salle puisque j'avais compté le nombre de députés
autour de la table et que, appréhendant qu'il n'y aurait pas quorum, je
vous ai demandé aussi de prendre note que nous avions un caucus de cinq
minutes. Je vous ai signifié que nous avions un caucus de cinq minutes.
Si notre commission ne peut pas fonctionner avec des règles de gentil
hommerie, de courtoisie élémentaire, je pense qu'on va avoir des
journées et des soirées difficiles dans les jours qui viennent.
Je vous ai signifié bien clairement que nous avions un caucus de cinq
minutes et, au bout de quatre minutes, nous sommes revenus, M. le
Président. Alors, lorsqu'une formation politique, au cours d'une
commission parlementaire, demande quelques minutes de répit pour tenir
un caucus, il est de coutume qu'on accepte et qu'on ne profite pas de cette
occasion pour demander un vote ou présenter une motion, comme ça
a été le cas.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Oui, M. le Président. Je pense qu'au
terme de l'article 244, avant de passer à l'étude
détaillée d'un projet de loi et selon la coutume... Il y a une
décision qui a été rendue. Et, selon la coutume, le
processus d'étude détaillée débute d'abord par des
remarques préliminaires, lesquelles, en l'occurrence, n'étaient
pas terminées, et se continue par la suite par des motions
préliminaires et, finalement, par l'étude article par article. Il
faut que chaque étape soit respectée et, en l'occurrence,
ça ne l'a pas été. Le fait d'étudier une motion
préliminaire signifie donc que l'étape des remarques
préliminaires est terminée, mais elle ne l'était pas
à l'époque. Et, pour revenir à cette étape, la
commission doit adopter une motion.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a d'autres
éléments?
M. Léonard: Les remarques préliminaires
n'étaient pas terminées. L'Opposition n'a jamais dit, ni le
député de Labelle ni personne ici qu'ils avaient terminé
les remarques préliminaires et, donc, cette étape-là
n'était pas terminée. Je pense qu'il faut vraiment constater ce
fait qu'on ne pouvait pas passer tout de suite à l'étape de
l'étude article par article. Je pense qu'il m'ap-paraît
très important...
Une voix: M. le Président...
M. Léonard: Et puis si on regarde... Un instant, M. le
Président.
M. Boisclair: À tout le moins, M. le Président,
pourrions-nous suspendre pour vérifier les galées, pour voir si
vous avez bien mis terme au débat?
M. Léonard: M. le Président, je pense qu'il y a des
étapes qui n'ont pas été respectées, c'est
fondamental, là, franchement.
Le Président (M. Lemieux): Je ne crois pas qu'au niveau de
la procédure... Ce n'est pas le fait que les étapes n'ont pas
été respectées comme telles. J'aimerais faire remarquer au
député de La Prairie qu'à ma connaissance je ne me
souviens pas qu'il ait fait état qu'il y aurait, dans le couloir, un
caucus d'environ cinq minutes et je vais suspendre...
M. Léonard: Oui, oui, ça a été fait
ici.
Le Président (M. Lemieux): Écoutez, écoutez,
je vais suspendre pour vérifier ce fait-là, si effectivement
ça paraît aux galées. J'ai vérifié avec le
secrétaire, celui-ci ne se souvient pas d'avoir entendu M. le
député de La Prairie avoir fait état qu'il quittait pour
un caucus de cinq minutes dans le passage. Écoutez, je vais...
M. Lazure: II est possible que je n'aie pas été
placé directement vis-à-vis mon micro lorsque je vous ai dit
ça. Mais ce qui est impossible, cependant, ce qui est totalement
impossible, c'est que vous n'ayez pas entendu, parce que je me suis
adressé à vous.
Le Président (M. Lemieux): Je vais suspendre pour
vérifier parce qu'au meilleur de ma connaissance, M. le
député de La Prairie, je ne m'en souviens pas. Je vais suspendre
pour vérifier les galées, environ cinq minutes.
M. Léonard: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M le député
de Labelle.
M. Léonard: ...vous êtes le président de
cette commission et, à mon sens, je répète bien
respectueusement que vous devez protéger le droit des parlementaires a
s'exprimer...
Une voix: Nous ne sommes pas d'accord.
M. Léonard: II était très clair que les
remarques préliminaires n'étaient pas terminées,
nous nous sommes levés en disant que nous faisions un caucus. D'autant
plus qu'il y avait seulement deux députés de l'autre
côté. Donc, nous avons demandé, et c'est très
clairement entendu, ça a été très clairement dit,
de ce côté-ci, que nous faisions un caucus de cinq minutes et,
donc, nous avons suspendu.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis.
M. Chagnon: Je ne pourrais pas intervenir sur les derniers propos
du député de Labelle parce que j'étais absent à ce
moment-là. Mais je pense que les travaux de la Chambre et les travaux
d'une commission doivent toujours être le suivi de ce que la Chambre nous
a commandé comme demande. Qu'est-ce que la Chambre nous a
demandé? La demande de la Chambre, l'exécution que nous devons
faire des travaux de la Chambre, c'est d'analyser et de regarder chacun des
articles du projet de loi. La seule véritable question que nous avons
à travailler ici, c'est évidemment de commencer à
travailler ce projet de loi article par article.
Et la commande que la Chambre nous a donnée, eh bien, tous les
membres de cette assemblée en ont été saisis au même
moment, cet après-midi, lorsque la Chambre a été...
M. Bourdon: M. le Président, c'est une question de
règlement.
Le Président (M. Lemieux): Je décide de suspendre
10 minutes, je veux vérifier les galées. M. le
député de...
M. Bourdon: M. le Président, quand une résolution a
été faite par le député d'Abitibi-Est alors que
tous les gens présents ici savaient qu'il n'y avait pas quorum, ce qui
rend la résolution illégale, c'est à un moment où
j'avais commencé une intervention et j'avais droit à 20 minutes.
Et vous m'avez dit, avant de quitter, qu'il y avait 8 minutes et 25 secondes de
passées. Pourriez-vous répondre à ma question: Est-il de
coutume qu'on interrompe une intervention pour adopter une résolution?
Et une dernière chose, M. le Président, si l'idée, c'est
de faire comme au Sénat, ça va faire comme au Sénat.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Pointe-aux-Trembles, j'aimerais vous faire remarquer que votre question est
excessivement pertinente, c'est la raison... Et si ma décision allait
dans le sens qu'on aurait à continuer les remarques
préliminaires, c'est effectivement eu égard à ce que vous
venez d'invoquer et non pas parce que la procédure comme telle aurait
été, je dirais, faussée. Et c'est l'élément,
je dirais, peut-être le plus important eu égard à la
décision que j'aurais à rendre. C'est ce que vous avez
soulevé et c'est la raison pour laquelle je veux vérifier les
galées. Parce que M. le député d'Abitibi-Est, en vertu de
l'article 156, paragraphe 3, était en droit de faire la motion qu'il a
faite.
M. Savoie: Tu avais cessé ton discours et tu avais
quitté la salle. Alors, on pouvait présumer qu'on pouvait
continuer.
M. Lazure: M. le Président, pour avoir... M. Chagnon:
M. le Président, question de...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
La Prairie et, après, M. le député de Saint-Louis, une
dernière intervention. M. le député de La Prairie.
M. Lazure: Pour avoir siégé ensemble, vous,
à titre de président, et moi, à titre de
vice-président, dans cette commission à plusieurs reprises, nous
avons tous les deux respecté certaines règles traditionnelles. Je
me rappelle que cette commission, il y a quelque temps, a siégé
pour étudier la Loi sur la fonction publique. Et je me souviens
qu'à un moment donné, au début d'une séance, une
des toutes premières séances, votre formation politique a
demandé un ajournement pour faire un caucus de quelques minutes et
ça a été accordé de façon informelle. Je
vous répète, M. le Président, que tout à l'heure,
il y a 15 minutes environ, lorsque moi et mes collègues nous nous sommes
levés, je vous ai dit... Il se peut que ce ne soit pas enregistré
au Journal des débats, parce que j'étais levé. Je
vous ai dit: Nous allons tenir un caucus de cinq minutes. Le ministre du Revenu
m'a entendu. Vous m'avez entendu, M. le Président. Le secrétaire
de la commission m'a entendu et un autre député présent
ici m'a entendu.
Une voix: Oui, tout le monde l'a entendu.
M. Lazure: Alors, je pense qu'il faut faire preuve d'un minimum
de bonne foi et ne pas profiter d'une situation tout à fait normale, un
caucus de cinq minutes d'une formation politique, pour essayer de faire de la
finasserie.
M. Savoie: Attends une seconde.
M. Lazure: Ce n'est pas de la finasserie d'avocat, c'est de la
finasserie de notaire dans le cas...
M. Savoie: Oui, on va respecter la parole du
député.
M. Lazure: Je n'avais pas fini de mon droit de parole.
Le Président (M. Lemieux): M. le
député...
Allez-y, M. le député de La Prairie. M. Savoie:
Demandez-lui.
M. Lazure: M. le ministre, je peux compléter mon
intervention?
M. Savoie: Oui.
M. Lazure: Ce n'est pas vous qui présidez là,
c'est...
M. Savoie: Non. Mais demandez-lui, il va vous
répondre.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît. Allez-y,
M. le député de La Prairie.
M. Lazure: Je n'ai rien à demander au
député. Je m'adresse au président.
Le Président (M. Lemieux): Je vous écoute, M. le
député de La Prairie. Continuez.
M. Lazure: Bon. J'allais conclure en vous implorant d'accepter la
bonne foi de notre formation. Nous avons fait exactement ce que nous avons dit
que nous allions faire, c'est-à-dire tenir un caucus de cinq minutes en
attendant que vos collègues soient arrivés pour tenir la
séance.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de La Prairie. M. le député de
Saint-Louis.
M. Chagnon: Alors, brièvement, M. le Président.
Puisque vous avez déjà annoncé que vous suspendriez pour
prendre une décision sur la demande des députés de Labelle
et de La Prairie, je vous requiers, au moment de la prise de décision,
que vous preniez votre décision eu égard à l'ordre de la
Chambre que nous avons reçu cet après-midi et,
particulièrement, fondez votre opinion sur cet ordre que nous avons et
que nous devons remplir.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Saint-Louis. M. le député d'Abitibi-Est,
vous avez quelque chose à ajouter?
M. Savoie: Simplement, je me suis demandé si les
déclarations du député de La Prairie étaient
fondées. Alors, j'ai demandé à mon collègue si
effectivement c'était ce qu'il a dit. Je n'ai pas besoin de le
répéter, il va le dire de lui-même.
Le Président (M. Lemieux): Et vous aviez un commentaire,
M. le député d'Abitibi-Est, par rapport aux remarques
préliminaires du député de Pointe-aux-Trembles tout
à l'heure.
M. Savoie: Oui, bien, c'est ça. Lorsqu'il a quitté
volontairement la salle... Il s'est levé et il a quitté
volontairement la salle. À ce moment-là, la procédure nous
permettait de procéder à l'article 1 puisqu'on présumait,
étant donné qu'ils se sont levés et qu'ils ont
quitté, qu'il y a eu un changement de politique au niveau de
l'Opposition.
M. Bourdon: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Je vais suspendre. M. le
député de Prévost...
M. Bourdon: Faites donc comme à Val-d'Or, M. le ministre.
Sortez donc.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, M. le
député de Pointe-aux-Trembles.
M. Savoie: Bien, ce n'est pas moi, c'est vous autres qui sortez.
Ce n'est pas moi.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Prévost.
M. Forget: Écoutez, moi, tout simplement, lorsque vous
vous êtes levés pour partir...
M. Bourdon: Ça ne restera pas calme, vous allez voir.
M. Forget: ...je n'avais aucune idée où vous vous
en alliez. Je pensais que vous vous en alliez... parce qu'il n'y avait pas
d'explication.
Le Président (M. Lemieux): Alors, oui, M. le
député de Prévost.
M. Forget: Écoutez, vous avez tout simplement
mentionné, si j'ai bien compris, que vous ne vous trouviez pas à
revenir.
M. Lazure: Voyons donc!
M. Forget: Mais moi, j'ai compris ça de vous.
M. Lazure: Ah, bien non. Là, il y a de la mauvaise foi
quelque part.
Le Président (M. Lemieux): Alors, je vous remercie. Nous
suspendons nos travaux 15 minutes.
(Suspension de la séance à 17 h 30)
(Reprise à 17 h 49)
Le Président (M. Lemieux): La commission du budget et de
l'administration reprend ses travaux pour faire l'étude
détaillée du projet de
loi 89, Loi modifiant la Loi concernant l'impôt sur la vente en
détail et d'autres dispositions législatives d'ordre fiscal.
Relativement au problème de procédure qui a été
soulevé, je vais suspendre les travaux jusqu'à 20 heures,
considérant qu'il m'est essentiel d'obtenir les galées puisqu'il
s'agit d'une question mixte de fait et de droit. Et il me semble excessivement
important que je puisse prendre connaissance des galées. Alors, je vais
rendre la décision au début de l'ouverture de la commission, vers
20 heures. M. le député de La Prairie.
M. Lazure: M. le Président, est-ce que, dans ces
circonstances-là, étant donné que notre formation
politique voudra aussi consulter les galées, on peut prendre pour acquis
qu'il y aura une copie-Le Président (M. Lemieux): Aucune
objection, M. le député de La Prairie, aucune objection.
M. Lazure: ...pour notre formation avant le début de la
séance?
Le Président (M. Lemieux): Non. Les galées, ce sont
des documents d'ordre public et... C'est que...
M. Lazure: C'est juste par commodité: en demander deux
copies au lieu d'une.
Le Président (M. Lemieux): Je comprends très bien
ça, M. le député de La Prairie. Alors, nous suspendons nos
travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 50)
(Reprise à 20 h 16)
Le Président (M. Lemieux): La commission du budget et de
l'administration reprend ses travaux, relativement à l'étude du
projet de loi 89, Loi modifiant la Loi concernant l'impôt sur la vente en
détail et d'autres dispositions législatives d'ordre fiscal. Un
petit instant, s'il vous plaît.
Une voix: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui. M. le député
de La Prairie.
M. Lazure: Question de règlement. J'ai eu le temps de
prendre connaissance de la transcription. J'ai eu aussi le temps de prendre
connaissance de quelques articles dans Beauchesne version anglaise et dans
Geoffrion. Et j'aimerais, pour vous offrir une tentative de solution pour
sortir de cette espèce d'impasse dans laquelle nous sommes actuellement,
M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
La Prairie?
M. Lazure: ...et pour tenter de rétablir le climat de
confiance mutuelle...
M. Farrah: Je m'excuse, M. le Président. M. Lazure:
C'est une question de règlement.
Le Président (M. Lemieux): Oui, je n'ai pas d'objection
à vous entendre, M. le député des îles.
M. Farrah: Moi, c'est juste pour savoir si vous avez les
documents. Est-ce que vous avez distribué les galées?
Le Président (M. Lemieux): On va vous en distribuer une
copie. C'est vrai que vous les aviez demandées, M. le
député des Îles-de-la-Madeleine. Effectivement, vous les
aviez demandées.
M. Farrah: C'est qu'on aimerait les avoir de notre
côté aussi tout simplement. Je m'excuse auprès de mon
collègue de La Prairie.
M. Lazure: C'est tout à fait légitime.
Le Président (M. Lemieux): C'est toujours avec beaucoup de
complaisance que j'écoute Beauchesne et compagnie.
M. Lazure: Alors, on va commencer par Beauchesne puisque vous
citez Beauchesne. Je m'excuse de devoir le citer en anglais; c'est le seul
exemplaire que j'ai. À l'article 592, page 194... J'ai toujours la
parole?
Le Président (M. Lemieux): Vous pouvez y aller M. le
député.
M. Lazure: L'article 592 traite de la définition du
quorum. Ensuite l'article 593 est pertinent à notre situation, je crois.
Je le lis en anglais pour être sûr de ne pas le traduire de
façon incorrecte: "Until a quorum is present, the committee cannot
proceed to its business if that business concerns the making of decisions. It
is the duty of the Clerk - et, dans les termes fédéraux, "clerk"
serait l'équivalent du secrétaire de la commission quant à
moi - it is the duty of the Clerk attending the committee to bring to the
attention of the Chairman the fact of the lack of a quorum, whereupon the
Chairman must suspend the proceedings until a quorum is again present or
adjourn the committee to some future time."
Je crois, M. le Président, que le sens de cet article est limpide
et tout à fait clair et la responsabilité du secrétaire,
du "clerk" comme on l'appelle ici, et je vois que personne ne l'a
fait d'après la transcription, la responsabilité du
secrétaire consistait à vous rappeler, à vous comme
président de la commission, qu'il n'y avait pas quorum. À ce
moment-là, selon Beauchesne, vous devez comme président suspendre
la séance ou l'ajourner. L'un ou l'autre. Alors je pense que, à
moins qu'on ne conteste la teneur de l'article 593 dans Beauchesne, à
moins qu'on n'essaie de contester ça...
Une voix: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Je comprends très bien,
monsieur, là. Vous pouvez continuer.
M. Lazure: Vous comprenez très bien? À ce
moment-là, je pense, M. le Président, que tout ce qui s'est
passé durant l'absence de quatre minutes des membres de cette commission
de ce côté-ci de la table, que tout ce qui s'est passé
à ce moment-là ne peut pas être retenu comme étant
légitime.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez d'autres
éléments à faire valoir?
M. Lazure: Pas pour le moment, pas pour le moment.
M. Boisclair. Rapidement, M. le Président, si vous me
permettez de soumettre à votre attention l'article 190 de notre
règlement, qui stipule que les motions doivent être
écrites, sauf celles dont les termes ne varient pas, faisant bien
sûr référence à des motions de première
lecture, deuxième lecture ou troisième lecture, et j'aimerais
savoir - c'est à l'article 190, M. le Président - si, d'une part,
le secrétaire ou vous-même avez reçu une motion
écrite du ministre du Revenu et député d'Abitibi-Est et
porter à votre attention, aussi, l'article 221: "Avant de mettre une
motion aux voix, le président en donne lecture". Il m'apparaît,
à la lecture du "transcript" des débats, que vous n'avez pas lu
la motion avant de la mettre aux voix. Alors j'aimerais donc vous demander,
à cet égard, une directive. Il me semble de façon assez
claire que vous avez quand même... que les choses ont été
un peu précipitées durant ces quelques minutes où nous
nous sommes réunis en caucus et il m'apparaît que le
règlement à cet égard n'a pas été
respecté.
Le Président (M. Lemieux): Ça va. Je comprends
l'argumentation là-dessus. Il n'y a pas de problème.
M. Bourdon: M. te Président, un point bref. Je regarde la
transcription du débat et je vous souligne d'entrée de jeu que,
dans le haut de la page, le président dit: "A l'ordre, s'il vous
plaît! ...une autre suspension des travaux à ce stade-ci, M. le
député de Labelle". Et, là, vous terminez en disant: "M.
le député de Pointe-aux-Trembles, la parole est à vous",
alors, avant ¦ qu'il n'y ait une motion sur la table, j'avais la parole
et je n'avais pas terminé l'intervention de 20 minutes à laquelle
le règlement me donne droit et, dans ce sens-là, je pense qu'on
devrait continuer, M. le Président, là où on avait
laissé, c'est-à-dire à mon intervention.
Le Président (M. Lemieux): Oui, monsieur, ça va, M.
le député de Pointe-aux-Trembles. Ça, j'en ai tenu compte
tout à l'heure, vous aviez fait cette argumentation-là, ça
va.
M. Bourdon: Bon.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
La Prairie, oui, pour terminer une dernière...
M. Lazure: Oui, juste une dernière remarque cette fois-ci,
qui est rattachée à la transcription. Comme je vous le disais
avant l'ajournement, j'ai... je cite la transcription. Vous aviez
répondu que le quorum était de quatre - c'est dès la
première page de la transcription - et je dis: "Étant
donné que je dois quitter pour quelques minutes, M. le Président,
j'appréhende que le quorum ne sera pas observé puisque je quitte
pour quelques minutes." Alors, il y avait même un préavis,
à vous comme président et au secrétaire de la commission,
qu'il n'y aurait pas quorum. Moi, je ne comprends pas, surtout compte tenu de
Beauchesne, pourquoi à ce moment-là on procède à
prendre un vote sur une motion. Je ne comprends pas. Alors, moi, je propose que
nous revenions effectivement aux remarques préliminaires du
député de Pointe-aux-Trembles le plus tôt possible.
Le Président (M. Lemieux): Oui, Mme la
députée de Terrebonne.
Mme Caron: Merci, M. le Président. Autre point important,
je pense, on n'a aucunement demandé aux autres membres de la commission
s'il y avait d'autres membres qui voulaient exprimer des remarques
préliminaires et on n'a aucunement demandé au ministre s'il
voulait exercer son droit de réplique, avant de commencer à
déposer des motions.
M. Savoie: Ça a tout été fait,
ça.
Mme Caron: Ce n'est pas du tout inscrit dans les
galées.
M. Savoie: Ça a tout été fait,
ça.
M. Boisclair: Alors, M. le Président, si le ministre remet
en question le "transcript" des débats, est-ce qu'on doit se fier, M. le
Président, à l'enregistrement, à la bande
magnétique ou si on doit se fier à la transcription de nos
débats?
C'est là aussi une autre question qu'il faudra peut-être
résoudre.
Décision du président
Le Président (M. Lemieux): Ça va. Écoutez,
j'ai regardé ça attentivement. J'ai aussi, après avoir
rédigé moi-même une petite décision sur sept pages
seul, consulté - je ne vous le cacherai pas, parce que je trouvais que
le point était très délicat - les conseillers en droit
parlementaire qui ont aussi, je dirais, analysé le dossier, et ils
arrivent à peu près aux mêmes conclusions que moi. Les
conclusions sont similaires; sans que je leur aie parlé, on arrive
à peu près aux mêmes conclusions. Il est évident, et
c'est seulement une remarque, c'est un obiter dictum, comme on dirait en droit
- M. Grenier comprend ce que je veux dire - c'est évident qu'on ne peut
pas en arriver à soulever un quorum d'une manière
appréhendée. On ne l'a jamais fait en Chambre, puisque la
personne se doit d'être présente. C'est comme en droit en
contre-interrogatoire. En interrogatoire principal, lorsqu'on en arrive
à poser une question qui est purement de nature hypothétique,
immédiatement, vous allez voir le procureur de la partie adverse qui va
vous dire: C'est hypothétique. Et on ne peut pas appréhender
qu'effectivement il n'y a pas de quorum, parce qu'un quorum, c'est une question
de fait, ce n'est pas une question de droit. C'est strictement une question de
fait, à savoir s'il y a tant de personnes qui sont là pour
composer la nature de ce quorum-là.
Les questions que je me suis posées sont les suivantes: Est-ce
que M. le député d'Abitibi-Est pouvait demander au
président de cette commission de passer à une autre étape
de l'étude détaillée du projet de loi? Est-ce que, dans le
cas qui nous concerne, le président a constaté, séance
tenante, qu'il y avait défaut de quorum? Là-dessus, ce qu'on peut
constater, et j'ai ici deux versions, c'est qu'à la reprise de nos
travaux, après une suspension pour voter en Chambre vers 17 heures, j'ai
redonné, tel qu'en témoignent les galées, la parole au
député de Pointe-aux-Trembles, qui avait été
interrompu, on se souvient bien, au moment de la suspension. J'ai,
effectivement, et je l'ai dans mes notes, fait remarquer au
député de Pointe-aux-Trembles, et je m'en souviens, ça
n'apparaît pas aux galées, qu'il lui restait huit minutes.
À partir du moment où les parlementaires ont repris leur
siège en commission parlementaire, c'est là que le défaut
de quorum a été soulevé et c'est à partir de ce
moment que j'ai effectivement constaté, eu égard au
règlement et à son article 156.3, que le quorum existait, qu'il
était valide, quand l'ensemble des députés se sont
levés. Et connaissant ses droits, le député de
Pointe-aux-Trembles était au courant qu'il lui restait huit minutes de
droit de parole. Quand l'ensemble des députés se sont
levés, à l'excep- tion du député de La Prairie qui
s'est levé mais qui est resté dans la salle, aucun d'entre vous
ne m'a demandé de suspendre les travaux, d'autant plus que j'avais
donné, comme je le disais tout à l'heure, la parole au
député de Pointe-aux-Trembles et que celui-ci, en connaissance de
cause, savait que son droit de parole n'était pas terminé. Mais,
séance tenante, tous les députés sont sortis sans donner,
et je m'en souviens, à la présidence d'explication, sans
même demander à la présidence de suspension. L'option dont
disposaient les députés, à cette époque-là,
en vertu du règlement, était de me demander de suspendre les
travaux.
On peut penser qu'on peut quitter la commission, effectivement, comme
l'a souligné le député de Labelle, pour un caucus, mais il
est important de le dire à la présidence. La présidence ne
peut pas évaluer les états d'âme. Peu importe le groupe,
peu importe le parti ministériel, il est difficile pour moi
d'évaluer des gestes. Je suis limité, moi, dans mon
interprétation, par un règlement. Et dans ce cas-ci, lorsque le
député d'Abitibi-Est m'a présenté une motion en
bonne et due forme, je l'ai jugée recevable de facto. Elle n'a pas
à être écrite si, de facto, j'en viens à la
conclusion, et c'est un privilège de la présidence, qu'elle est
recevable dans les faits et en droit. C'est un privilège qu'a la
présidence, ça, d'avoir effectivement à juger de la
recevabilité d'une motion et, ça, je l'ai fait. Cette motion a
été votée, elle a été dûment
adoptée et elle était valide, parce qu'elle ne visait pas dans le
présent cas à clore le débat, mais plutôt à
passer à une autre étape de l'étude
détaillée du projet de loi. Et, comme je l'ai dit tout à
l'heure, et je reprends peut-être une partie, ici, de ce que j'avais
écrit, malgré que le député de La Prairie,
lorsqu'il est resté ici, nous ait dit qu'il appréhendait le
défaut de quorum, on doit admettre que la seule expression de cette
appréhension-là ne faisait pas preuve de sa présence, car
en effet seul un membre présent peut soulever le défaut de
quorum. La séance pouvait être comme je l'ai dit tout à
l'heure tenue comme étant régulière et valide. (20 h
30)
Lorsque le député d'Abitibi-Est a présenté
sa motion, elle a été dûment votée par les
députés présents. Ce qui est important au niveau du
quorum, ce n'est pas la présence ou non soit de l'Opposition ou du parti
ministériel, c'est qu'il y ait suffisamment de personnes
présentes pour assurer ce quorum-là. L'élément
juridique, c'est de savoir s'il y avait effectivement quorum ou pas. Or, sur
deux questions au niveau du droit, ça n'a pas été
soulevé comme quoi il y avait absence de quorum, si ce n'est que M. le
député de La Prairie faisait état hypothétiquement
que, si lui quittait, il aurait pu y avoir défaut de quorum, mais aucun
membre de ceux présents n'a fait état de ça et, en vertu
de l'article 156.3, je me devais de constater qu'effectivement il y
avait quorum et que c'était valide. Comme président, il
était de mon devoir de poursuivre tes travaux de cette commission et de
donner la parole au député d'Abitibi-Est.
J'en arrive à la conclusion qu'effectivement au niveau du droit
et au niveau de la procédure la motion du député de
d'Abitibi-Est est rece-vable, mais j'aimerais lui faire remarquer, eu
égard à la nature du débat, eu égard à une
certaine polémique qui a peut-être pu s'engendrer, eu égard
que parfois il peut arriver qu'on ait peut-être une interprétation
des faits qui puisse laisser un doute, susceptible peut-être, dans
l'esprit du président, même si parfois le règlement peut
être restrictif et difficile... Il y a un principe en droit qui dit: lex
dura sed scripta. Lorsque la loi est écrite ou lorsque le
règlement est écrit, on doit l'appliquer, mais nous devons quand
même penser au bon déroulement de ces travaux.
J'aimerais simplement lire l'article 195 à M. le
député d'Abitibi-Est, qui dit ceci: "L'auteur d'une motion ou,
avec sa permission, un autre député peut en proposer le retrait.
Si elle n'a pas été mise en discussion, il le fait sur motion
sans préavis et non débattue. Si elle a été mise en
discussion, le retrait fait l'objet d'un débat, au cours duquel l'auteur
et un représentant de chaque groupe parlementaire ont un temps de parole
de dix minutes. L'auteur a droit à une réplique de cinq minutes."
Elle a été adoptée, il ne faudrait que le consentement du
député d'Abitibi-Est pour la retirer.
Je dirais qu'on doit donner au règlement une
interprétation qui doit être la plus large possible, la plus
libérale possible, qui accomplisse son objet et sa fin. Dans le cadre
des présents travaux, je laisse le soin - et je le dis, la motion est
valide, légale et dûment adoptée - je laisse le soin au
député d'Abitibi-Est de réfléchir sur le sens et la
portée de l'article 195 du règlement.
M. le député d'Abitibi-Est, est-ce que vous voulez la
parole?
M. Savoie: Merci, M. le Président. D'abord, je dois vous
féliciter. Un excellent travail de juriste, une bonne analyse
perçante, directe, avec une bonne probité intellectuelle, je dois
dire. Malheureusement, je ne peux pas retirer ma motion. La motion a
été dûment proposée, ma motion respecte les
règles de pratique de la commission et, dans ce sens-là, je ne
peux pas la retirer. Par contre, vous le comprendrez, je brûle, je
brûle vraiment d'une grande passion de connaître le résultat
du discours du député de Pointe-aux-Trembles parce que,
évidemment, il était parti dans une belle envolée
oratoire...
M. Bourdon: M. le Président, je soulève un point de
règlement.
M. Savoie: ...et je serais très
intéressé...
M. Bourdon: Est-ce que le député d'Abitibi-Est
pourrait dire si oui ou non il retire sa motion?
M. Farrah: M. le Président, ce n'est pas une question de
règlement.
M. Savoie: Bien non, mais je suis en train de terminer.
M. Bourdon: Non, mais...
M. Savoie: Je suis en train de terminer. Alors, étant
donné que je brûle de savoir si effectivement...
Le Président
(M. Lemieux): M. le député
de
Pointe-aux-Trembles a raison, M. le député des
Îles-de-la-Madeleine. C'est une vraie question de
règlement.
M. Savoie: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que oui ou non, M. le
député d'Abitibi-Est vous retirez votre motion?
M. Savoie: Bien non, je ne retire pas ma motion.
Le Président (M. Lemieux): Bien voilà.
M. Savoie: La réponse c'est non, mais par contre ce que je
vais permettre qu'on fasse pour continuer, dans le but justement de briser le
suspense sur le résultat du discours du député de
Pointe-aux-Trembles, je vais lui permettre de continuer ses remarques
préliminaires, dans le but d'en arriver à la continuation des
procédures.
Le Président (M. Lemieux): Écoutez, vous avez
passé une motion pour qu'on puisse immédiatement procéder
à l'étude du projet de loi, article par article. Si vous ne
retirez pas votre motion, elle demeure valide. Donc je me dois de m'y conformer
et d'appeler l'article 1, à moins qu'il n'y ait consentement et le
consentement doit être unanime.
M. Savoie: Bien oui!
Le Président (M. Lemieux): Si j'ai le consentement
unanime...
M. Savoie: Bien oui, on va donner notre consentement unanime
à ça.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'Opposition donne
son consentement unanime à ce que le député de
Pointe-aux-Trembles poursuive ses remarques préliminaires?
M. Savoie: Oui.
M. Léonard: On revient aux remarques préliminaires,
parce que le député de La Prairie n'a pas parlé non
plus.
Le Président (M. Lemieux): Alors, est-ce que, M. le
député d'Abitibi-Est, ça va aussi pour M. le
député de La Prairie?
M. Savoie: Ah oui.
Le Président (M. Lemieux): Alors, de consentement unanime,
ça va. De consentement unanime, cette chose-là peut se faire.
M. Farrah: Une question de directive, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
des Îles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: C'est juste pour bien comprendre, là.
Le Président (M. Lemieux): Oui, moi aussi je
voudrais...
M. Farrah: Parce que, là, je dois vous dire que j'ai de la
difficulté à comprendre.
Le Président (M. Lemieux): Moi aussi j'ai eu certaines
difficultés à comprendre le raisonnement de M. le
député d'Abitibi-Est.
M. Farrah: Non, ce que je veux dire là, est-ce qu'on
revient à l'article 1 ou on ne revient pas à l'article 1?
M. Savoie: Non, on va permettre au député de
Pointe-aux-Trembles...
Le Président (M. Lemieux): Ce que je viens de dire, M. le
député des Îles-de-la-Madeleine, au député
d'Abitibi-Est, c'est que je comprenais mal son raisonnement, puisqu'il venait
de me faire adopter une motion à l'effet d'appeler l'article 1 du projet
de loi. M. le député d'Abitibi-Est m'a dit, vu
l'intérêt qu'il porte aux commentaires du député de
Pointe-aux-Trembles, qu'il serait intéressé à entendre le
député de Pointe-aux-Trembles. La seule chose qui me permet
d'entendre le député de Pointe-aux-Trembles, c'est le
consentement unanime des membres de cette commission et, si j'ai le
consentement unanime, comme on m'a dit, on reprend et on va écouter le
député de Pointe-aux-Trembles et le député de La
Prairie.
M. Lazure: Oui, M. le Président, dans la mesure où,
en donnant notre consentement, nous revenons au cheminement qui avait
été amorcé cet après-midi, nous donnons notre
consentement. Simplement quelques remarques avant que vous ne donniez la parole
à mon collègue de Pointe- aux-Trembles; je voudrais quand
même vous féliciter moi aussi pour les efforts que vous avez faits
pour justifier votre décision. Mais, contrairement à votre
conclusion, je dois encore une fois citer Beauchesne.
Le Président (M. Lemieux): Beauchesne va à
rencontre de l'article 156, paragraphe 3. Je l'avais lu, M. le
député.
M. Lazure: Moi, je vous cite 593. Je ne sais pas si vous l'avez
lu.
Le Président (M. Lemieux): Oui, mais il va à
rencontre de 156. Je l'ai lu, j'ai pris le temps tout à l'heure de le
lire, M. le député de La Prairie.
M. Lazure: Vous avez semblé, tantôt, acquiescer
à la pertinence de 593. Vous acquiescez encore à 593.
Le Président (M. Lemieux): Je l'ai lu. Mais, dans notre
règlement, Beauchesne nous donne des orientations de nature
jurisprudentielle, une interprétation, mais je dois me fier à
l'article 156, paragraphe 3. Et vous savez, j'ai aussi un problème de
fond, actuellement. Vous en êtes bien conscient. Il y a une motion qui a
été adoptée et, de consentement, on me demande de revenir.
C'est vraiment un précédent parlementaire, on me demande de
revenir au tout début en faisant abstraction que, effectivement, il y a
une motion sur la table qui a été dûment validée et
adoptée.
M. Lazure: Bon, M. le Président, moi je ne veux pas
éterniser le débat là-dessus. Le député
d'Abitibi-Est, à toutes fins pratiques, met sur la glace sa motion, pour
ainsi dire, pour nous permettre de continuer nos remarques
préliminaires. Nous comprenons bien.
M. Savoie: Parfait.
M. Léonard: Et des motions ultérieures...
M. Lazure: Et d'autres débats ultérieurs qui
pourraient prendre place.
M. Savoie: Mais là pour le moment, c'est d'autres
discours.
M. Lazure: Mais, M. ie Président, je voudrais juste
terminer, j'ai encore le droit de parole. Je voudrais quand même faire
quelques remarques sur le caractère très inusité de ce qui
s'est passé durant l'absence très brève des parlementaires
de notre parti. Quand je lis la transcription, vous dites: Est-ce que la motion
est recevable? Vous vous répondez, vous enchaînez tout de suite en
disant: Est-ce que la motion est adoptée? Vous vous êtes
répondu intérieure-
ment. Vous avez reçu la motion et, ensuite, vous dites: Est-ce
que la motion est adoptée? Vous dites: Adopté. Mais on n'a pas le
nom, on ne sait pas quels sont les députés qui ont voté
pour la motion. On ne le sait pas.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
La Prairie, vous savez fort bien avec votre expertise... Votre expertise
parlementaire, M. le député de La Prairie. D'abord, la
décision a été rendue. C'est sans doute ce que veut me
dire le député des Îles-de-la-Madeleine.
Deuxièmement, vous savez, avec votre expérience parlementaire, on
dit souvent: Adopté et l'ensemble des députés, je me suis
reviré, a dit: Adopté. J'ai dit: Adopté. Il est certain
que ça s'est fait, ça. Maintenant, vous savez que de
consentement, ici, en commission parlementaire, on peut peut-être tout
faire, mais je vais vous avouer que j'ai de la difficulté. Je veux bien
là, sur les galées, qu'il soit bien inscrit qu'il s'agit vraiment
d'une situation d'exception. Il ne faudrait pas faire une règle de ce
qui s'est passé ici ce soir: adoption d'une motion et revenir de
consentement à des remarques préliminaires. Alors, là, il
y a consentement unanime et, purement, c'est sur une question de fait, de fait
strictement, que, moi-même comme président, j'accepte ce
consentement parce qu'il y a une question de fait qui me laisse certains
doutes. Jamais autrement je n'aurais pu accepter qu'une motion qui est
légalement accepté, qu'on puisse revenir de consentement
jusqu'à invalider, d'une certaine façon, cette motion-là,
parce qu'on fait indirectement ce qu'on vient de faire tout à l'heure
directement. C'est interdit habituellement.
Alors, M. le député de Pointe-aux-Trembles pour la fin de
vos remarques préliminaires pour huit minutes.
M. Farrah: J'ai une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Question de règlement?
Oui.
M. Farrah: En vertu de l'article 41, M. le Président, on
ne peut pas contester votre décision. Vous l'avez rendue.
Le Président (M. Lemieux): Non, elle est rendue. Ça
va.
M. Farrah: Alors, je pense qu'il n'est plus question de
discussion sur la décision.
Le Président (M. Lemieux): Alors, est-ce qu'il y a
consentement?
M. Farrah: II y a consentement, oui.
Le Président (M. Lemieux): II y a consentement unanime. M.
le député de Pointe-aux-
Trembles, il y a consentement. Et je tiens à le "resouligner". Je
ne voudrais pas que ça fasse jurisprudence ou quoi que ce soit à
l'avenir dans les autres commissions parlementaires. C'est une question de
fait. Il y a une exception qui est vraiment particulière dans ce cas-ci
ot il ost contre nature, lorsqu'une motion a été dûment
adoptée, d'en arriver à faire indirectement ce qu'elle nous
défendait de faire directement. O.K? Alors, allez-y, M. le
député de Pointe-aux-Trembles.
Remarques préliminaires (suite) M. Michel
Bourdon (suite)
M. Bourdon: M. le Président, de mémoire, j'avais
utilisé huit minutes de mon temps de parole de 20 minutes et ça
avait été établi avant qu'on n'aille voter en Chambre.
Alors, je prends pour acquis que je vais avoir 12 minutes pour terminer mon
intervention. M. le Président, la taxe sur les produits et services et
la TVQ, la taxe de vente du Québec modifiée, ne peuvent pas
arriver à un pire moment. L'économie va se ressentir de cette
taxation qui va nécessairement ralentir les dépenses de
consommation des ménages. Et c'est tellement évident, M. le
Président, que cette taxe-là n'est pas défendable que le
ministre n'a pas dit mot depuis que cette commission siège. Il a
parlé quand l'Opposition n'était pas là, puis pour faire
une tactique déloyale, pour tenter de nous enlever notre droit de
parole.
Alors, M. le Président, le mérite de la question, c'est
qu'à partir du 1er janvier une foule de produits qui n'étaient
pas couverts par la taxe de vente vont l'être et, dans ces produits, il y
a tous ceux que le gouvernement de mon parti avaient exemptés de la taxe
lors de son premier mandat. Je pense aux meubles, aux vêtements, aux
chaussures et à certains appareils électro-ménagers. M. le
Président, s'il a été observé à
l'époque que l'abolition de la taxe sur ces produits stimulait leur
vente, les intéressés sont évidemment aux abois parce
qu'ils savent que la réintroduire comme ça se fera, à
compter du 1er janvier, va créer l'effet inverse, c'est-à-dire
que ça va ralentir considérablement la vente de meubles et les
responsables de cette industrie ont dit que certaines entreprises fermeraient.
Des responsables de l'industrie du vêtement ont dit la même chose.
Donc, M. le Président, il y a quelque chose d'élémentaire.
C'est que nous sommes maintenant officiellement en récession et, dans
une telle période, les ménages ralentissent leur consommation. Et
là, en plus, de connivence avec le fédéral, le
gouvernement va, d'un coup sec, augmenter tous ces produits par une taxe de
15,56 % à partir du 1er janvier. (20 h 45)
II y a plus grave, M. le Président, les industries culturelles
restent touchées, même si
le ministre des Finances a été battu par son propre parti
et a dû reculer quant au livre. On a tous assisté, par
télévision interposée, au conseil général du
Parti libéral où les délégués de ce parti
ont rejeté du revers de la main et avec raison les sornettes du ministre
des Finances qui nous disait que c'était une question de caisse
enregistreuse qui l'empêchait d'abolir sa taxe projetée sur le
livre et de faire différent du gouvernement fédéral. Mais
les industries culturelles, M. le Président, demeurent menacées,
même si, au moins pour un an, le ministre des Finances a retiré
son projet de taxer le livre. Le théâtre, la danse, le
cinéma, le spectacle, tout ça encore est visé directement
par la nouvelle taxe de vente du Québec, qui va s'appliquer à eux
et qui, je le répète, va s'additionner aux 7 % de la TPS
fédérale. Le député de Qouin le faisait observer
avec raison, M. le Président, cela implique que les industries
culturelles vont avoir trois taxes. Quand on va entrer voir un spectacle de
Ding et Dong - je ne parle pas du "ding et dong" politique, je parle des vrais,
je parle du spectacle de Ding et Dong, ces gens qui sont volontairement
drôles - eh bien, on va payer les 10 % de la taxe municipale d'amusement,
les 7 % de la TPS fédérale et les 8 % de la taxe de vente du
Québec.
Il y a encore plus grave, M. le Président, les périodiques
culturels vont toujours être touchés par la taxe, de même
que les hebdomadaires régionaux. Il y en a 195 au Québec qui
viennent d'apprendre, et ils sont furieux, alors que la déclaration du
ministre des Finances parlait de taxer les publications vendues, que des
génies du ministère des Finances ont inventé la notion que
l'imprimeur de L'Avenir de l'Est dans mon comté ou du Flambeau
dans mon comté ne reçoit pas une commande et un contrat du
propriétaire de l'hebdomadaire. Ces génies ont
décidé que l'imprimeur vend le journal à l'éditeur
et que l'éditeur se retourne et le donne à la population. Donc,
les 195 hebdomadaires de quartier, locaux dans une ville ou régionaux
dans plusieurs, vont payer 4 000 000 $ de taxe de vente sur leur facture
d'impression. Ça ne peut avoir qu'une conséquence, M. le
Président, comme ces publications sont essentielles, et le ministre du
Revenu va s'en apercevoir, même dans son comté, que ces
publications-là sont essentielles et importantes, celles-ci n'auront
d'autre choix que de réduire l'espace consacré à
l'information, puisqu'elles vivent uniquement de publicité et qu'elles
n'ont, ces publications-là, aucun revenu de vente. C'est paradoxal, M.
le Président, d'imposer une taxe de vente à des gens qui donnent.
C'est vraiment génial d'avoir pensé à ça pour
l'ensemble des hebdomadaires qui sont lus par 78 % de la population. Et je vous
ferai remarquer, M. le Président, que les quotidiens sont lus, au
Québec, par 40 % de la population et les hebdomadaires par 78 %; chaque
député le sait dans son comté. La photo d'un
député dans son hebdomadaire local ou régional ou de
quartier, ça compte infiniment plus que ce qu'un quotidien peut publier:
il a le double de population qui le lit. Et là, on va leur imposer une
taxe qui va toucher, comme le livre, la matière imprimée,
l'information qui est essentielle dans une société comme la
nôtre et c'est peut-être, d'une certaine façon, plus grave,
M. le Président. La taxe sur le livre était une taxe injuste,
mauvaise; quand on se dit une société distincte, un peuple, une
nation parlant français, ça n'avait pas de sens de taxer le
livre, mais là, en plus, on taxe les hebdos que 80 % de la population
lit. Et ça aura comme conséquence de réduire l'information
qui se trouve dans ces journaux.
M. le Président, je voudrais souligner aussi que, d'une certaine
manière, la nouvelle taxe de vente que le gouvernement impose pour faire
pareil comme Ottawa, pour singer Ottawa, est en deux étapes: premier
janvier 1991, on taxe à peu près tous les produits, sauf les
remèdes et la nourriture; premier janvier 1992, on taxe les services
comme Ottawa et on prélève au nom d'Ottawa, eh bien, ce n'est pas
d'une certaine manière la goutte d'eau qui fait déborder le vase,
je dirais que c'est la cruche qui fait déborder l'autre cruche. Dans les
derniers mois, M. le Président, sur les boissons alcooliques y compris
la bière, le gouvernement a imposé des taxes qui, en trois ans,
vont lui rapporter 317 000 000 $_. La surtaxe sur les tabacs va lui rapporter
en trois ans 529 000 000 $. La hausse des impôts des entreprises qui a
pris la forme de contributions des employeurs au fonds des services de
santé, la taxe sur le capital et l'impôt sur le revenu, va
rapporter en trois ans 351 000 000 $. La réforme des taxes à Ja
consommation, la TVQ, qui est la version québécoise de la TPS
fédérale, va rapporter en trois ans au gouvernement 362 000 000
$. Maintenant par organismes interposés, l'augmentation des frais de
scolarité au niveau universitaire va rapporter 270 000 000 $. La hausse
des tarifs d'Hydro-Québec au-delà de l'inflation va rapporter 568
000 000 $. Le désengagement du gouvernement à l'égard du
financement des commissions scolaires, qui a entraîné des taxes
scolaires et qui a entraîné des défaites aux
récentes élections scolaires et, dans certains cas,
c'était un peu spécial à regarder, M. le Président,
de bons libéraux qui ont été sacrifiés par le
gouvernement libéral, ça va rapporter en trois ans 960 000 000 $.
Il doit y avoir plus d'un commissaire d'écoles qui doit prononcer, M. le
Président, la phrase de Voltaire: Seigneur, délivrez-moi de mes
amis. Mes ennemis, je m'en charge. Ensuite, il y a les ponctions que le
gouvernement a faites à la Société de l'assurance
automobile du Québec. Le Parti libéral a voté contre dans
l'Opposition quand on l'a instituée et maintenant le gouvernement est
bien content de l'avoir pour pouvoir piger dedans. On pige 625 000 000 $...
Le Président (M. Lemieux): En conclusion, M. le
député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: ...ce qui a forcé la Société
à augmenter le coût des permis de conduire et des immatriculations
de 424 000 000 $. La facture, M. le Président, et ça ce n'est pas
comme les hypothèses sur le coût de la souveraineté, c'est
que notre gouvernement provincial actuel, en trois ans, va nous coûter en
nouveaux impôts et en nouvelles taxes, directement ou indirectement, la
jolie somme de 3 781 000 000 $. M. le Président, on trouve que c'est
trop, que le gouvernement devrait y repenser et revenir à une taxation
plus juste.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Pointe-aux-Trembles. M. le député de La
Prairie.
M. Denis Lazure
M. Lazure: Merci, M. le Président. Nous sommes dans les
dernières semaines de notre session avant l'ajournement des fêtes
et beaucoup d'observateurs de la colline parlementaire ont noté le
maigre menu législatif de ce gouvernement, de cette session. En
réalité, les mets importants dans ce menu-là sont des mets
tout à fait indigestes et ça, ça en est un bel exemple ce
soir. C'est un bel exemple, ce projet de loi tout à fait inacceptable,
tellement inacceptable que le ministre, l'ex-ministre du Revenu, le
député de Montmorency, a jugé bon de démissionner
tellement il s'opposait au principe même de cette loi, de cette taxe.
Et moi, je veux, en remarques préliminaires, rendre hommage au
député de Montmorency, peu importe sa future carrière
politique, s'il en aura une, je ne sais pas, mais je rends hommage au courage
qu'il a eu. Il n'y a pas beaucoup d'hommes ou de femmes en politique, qui ont
des convictions au point ou ils ou elles abandonnent, si je peux, si le
député de... oui? abandonnent des fonctions prestigieuses,
importantes, intéressantes. Ils abandonnent tout simplement parce que le
gouvernement dont ils font partie est en train de poser un geste qui
répugne à leur conscience, à leurs convictions. C'est ce
qui est arrivé au député de Montmorency.
Moi, je souhaiterais que ça arrive plus souvent, dans nos
gouvernements, quel que soit le parti au pouvoir. Je souhaiterais que ça
arrive un peu plus souvent. Je parle en connaissance de cause le
député de Labelle aussi...
Le Président (M. Lemieux): C'est ce que je soulignais au
député de Labelle d'ailleurs.
M. Lazure: Nous avons dû à un moment donné
démissionner du gouvernement auquel nous appartenions, avec quelques
autres. Mais c'était pour des convictions profondes.
Alors, chapeau au député de Montmorency! Je pense que son
parti devrait en tirer une leçon, mais malheureusement ça ne
semble pas être le cas. Le député d'Abitibi-Est s'est
empressé de sauter sur cette offre que son chef lui faisait,
d'être un vrai ministre et d'avoir un poste important. Je ne sais pas
à quel point il était préparé à prendre la
relève. Il est en train de faire ses classes. Il est en train de lire
là. Espérons qu'il fait de la lecture rapide. Espérons
qu'il apprenne rapidement. Mais je pense que pour une fois que nous avions,
dans le gouvernement du Parti libéral, un ministre du Revenu
extrêmement compétent, il est dommage qu'il soit parti. Non
seulement il est dommage qu'il soit parti, mais il est dommage que son
gouvernement se soit entêté par le biais du ministre des Finances,
qui n'était pas le ministre responsable du dossier finalement, que son
gouvernement se soit entêté malgré la démission du
ministre du Revenu à procéder avec ce projet de loi tout à
fait inacceptable. Et comment l'ont-ils fait? Ils l'ont fait à
brûle-pourpoint, pratiquement en cachette. Un projet de loi aussi
important, on l'a coincé en sandwich, un sandwich à trois
tranches. Il y avait une session spéciale, supposément pour un
bout de route, un bout de l'autoroute 30, il y avait la crise
amérindienne, il y avait aussi la création de la commission
Bélanger-Campeau. Et on a réussi à introduire, à
travers ces trois tranches de sandwich, comme si de rien n'était, comme
si c'était un geste banal, ordinaire, comme une lettre à la
poste, ce projet de loi de portée considérable.
Je me permets de citer quelques paragraphes d'une causerie
récente de M. le député de Montmorency: "L'annonce
récente par le ministère des Finances du Québec, par le
ministre pardon, M. Gérard D. Levesque, à l'effet d'une part de
modifier la taxe de vente provinciale en fonction de la TPS
fédérale et d'autre part de rendre Revenu Québec
responsable de l'administration de cette TPS fédérale, m'est
apparue contraire à mes principes et j'ai démissionné. On
dit que la TPS sera simple, équitable, neutre et stimulante pour
l'économie. À mon humble avis, au contraire, elle sera complexe,
injuste, chère et dure pour l'économie, surtout en cette
période de récession. Je me suis toujours battu pour une
meilleure justice fiscale et pour redonner aux contribuables ordinaires
confiance dans le système fiscal. La fiscalité ne
représente-t-elle pas l'une des relations les plus importantes,
concrètes, mais aussi délicates entre l'État et le
citoyen? C'est en grande partie par son rapport d'impôt que le citoyen
réalise son contrat social. Plus cette relation s'embrouille par la
complexité et la confusion fiscales, plus la méfiance et
même le cynisme s'installent. Les efforts des deux dernières
années à Revenu Québec - M. le Président, vous
savez qu'on peut en témoigner de ces efforts-là, vous et moi -
à l'égard du formulaire simplifié, à l'égard
des rembourse-
ments d'impôt accélérés et de l'information
publique ne sont que quelques exemples qui démontrent qu'une
administration fiscale peut être simple, transparente et respectueuse du
contribuable". (21 heures)
J'espère que le député d'Abitibi-Est va endosser au
moins cette partie-là du credo du député de Montmorency.
"Malheureusement, la TPS a une face cachée. En effet, sous le couvert
d'une réforme de la taxe d'accise portant sur les produits, le
gouvernement fédéral introduit un nouveau champ de taxation, la
taxe sur les services, deux fois plus importante que la taxe sur les
produits."
C'est rare qu'on voit un ministre du Revenu, M. le Président,
avoir ce que j'appellerais une approche socio-politico-économique de sa
tâche. Et je veux vraiment rendre... J'ai vu plusieurs ministres du
Revenu depuis que je suis en politique, même avant d'être en
politique, et j'ai rarement vu un ministre du Revenu exprimer des
considérations je dirais même presque philosophiques
vis-à-vis du rôle d'un ministère du Revenu. Je pense que le
Parti libéral avait une perle rare; il va regretter la perte de cette
perle rare. Et je ne pense pas que le député d'Abitibi-Est,
à moins qu'il fasse des progrès prodigieux, subits et tout
à fait inattendus, arrive à la hauteur de l'envergure qu'avait le
député de Montmorency en abordant ses tâches.
Le ministère du Revenu sous le député de
Montmorency, avait, effectivement, fait des efforts considérables pour
améliorer la qualité des services à la population.
C'était le ministère, probablement, à l'intérieur
de la machine gouvernementale actuelle, qui avait fait les efforts les plus
remarquables, avec de bons résultats aussi, qui ont été
soulignés par plusieurs lors des séances de notre commission
parlementaire qui étudiait la Loi sur la fonction publique.
Moi, je voudrais insister aussi sur le caractère injuste pour les
particuliers de cette taxe. Ce sont les particuliers qui vont écoper
surtout. Le taux de taxation des entreprises au Canada et au Québec
continue de diminuer par rapport au taux d'augmentation de la taxation des
particuliers. Je comprends que ça puisse refléter, pour le Parti
libéral, sa propre philosophie libérale au plan
socio-économique. Je comprends que ses accointances, ses liens, ses
affinités soient plutôt avec le patronat, surtout le grand
patronat, ce même grand patronat qui, trop souvent, triche le
trésor public par des évasions fiscales plus ou moins
légales. Et, trop souvent, le pouvoir politique est complice de ces
tricheries. Le député de Montmorency avait le courage, en
démissionnant, de bien exposer le caractère injuste, inique de ce
projet de loi, de cette taxe à l'égard des particuliers et son
caractère de favoritisme à l'égard des entreprises. Donc,
c'est une taxe régressive, une taxe injuste.
Maintenant, elle s'ajoute à toute une série de taxes.
D'autres l'ont dit, mais ça vaut la peine de le répéter.
Pas plus tard que la semaine dernière, dans mon comté de La
Prairie, des contribuables sont venus me montrer leur compte de taxes
scolaires. Des augmentations, M. le Président, de 140 %, 150 %, 160 %
sur les comptes de taxes scolaires. Beau cadeau de Noël que ce
gouvernement du Parti libéral fait aux contribuables, parce que c'est le
gouvernement du Parti libéral qui fait ça en se cachant
derrière les commissions scolaires. Ce gouvernement a pris l'habitude de
se cacher derrière les instances publiques et parapubliques pour imposer
la population de façon excessive. Les contribuables vont en parler dans
les chaumières au temps des fêtes. Ils vont en parler, ils vont en
discuter chaudement. Peut-être pas tellement dans le comté du
député de Saint-Louis, il y a peu de chaumières, il y a
des conciergeries. On va en parler dans les conciergeries, dans les blocs
à appartements, mais dans les chaumières d'Abitibi-Est on va en
parler par exemple. Là, on va en parler. Et j'espère que le
ministre du Revenu va se promener dans les maisons, les résidences de
ses contribuables, va même provoquer des réunions pour entendre ce
que les contribuables ont à dire sur les nouvelles taxes: commissions
scolaires, la future TPS, les ponctions que son gouvernement est allé
faire à la Société de l'assurance automobile du
Québec, et on pourrait continuer longtemps.
Un deuxième caractère odieux de cette taxe, c'est sur les
activités culturelles. Bien sûr, l'ineffable ministre des Finances
a dû reculer devant son propre parti, devant son propre caucus et on peut
rendre hommage à plusieurs députés du parti gouvernemental
qui ont tordu le bras du ministre des Finances, qui lui ont fait mal de concert
avec les jeunes du Parti libéral jusqu'à ce qu'il finisse par
reculer. C'est consolant, parce que ça démontre que des
députés qui se tiennent debout peuvent faire reculer des
ministres trop téméraires et qui ne veulent pas comprendre qu'en
taxant le livre, on taxe, comme plusieurs l'ont dit auparavant, la culture. Et
Dieu sait que, dans notre société québécoise
francophone, on ne peut pas se payer le luxe d'empêcher, à cause
de considérations économiques, les gens de lire. Au contraire, je
pense qu'il faut dénoncer l'inaction de ce gouvernement libéral
en matière de bibliothèques publiques.
Le gouvernement du Parti québécois avait, avec le plan
Vaugeois, commencé à créer un réseau de
bibliothèques publiques considérable à travers le
Québec, considérable. Et en 1985, avec l'arrivée du
gouvernement du Parti libéral, ce réseau-là a
stoppé. Non seulement on n'a pas construit de nouvelles
bibliothèques publiques, mais on a diminué les subventions. Le
député de Saint-Louis le sait parce qu'il est bien au courant des
activités de la bibliothèque de
Boucherville. Alors qu'il habitait la ville de Boucherville dans le beau
comté de Bertrand alors que j'étais son député, il
a pu profiter comme bien d'autres de cette magnifique bibliothèque qui
avait été inaugurée par le ministre Vaugeois et par son
député à l'époque, votre humble serviteur. Mais
depuis ce temps-là, depuis que les libéraux sont arrivés,
on a coupé les subventions pour l'achat de livres et de
périodiques dans les bibliothèques publiques. Et maintenant le
recul sur les livres, on n'en est pas sûr du tout, il va falloir que les
députés libéraux renouvellent leur bataille contre le
ministre des Finances, parce qu'on n'est pas sûr du tout que le ministre
des Finances va reculer sur les périodiques, sur les spectacles. Et
notre petite société, petite en nombre, ne peut pas non plus
priver la population de spectacles artistiques. Les activités
culturelles sont compromises avec une telle taxe.
Un troisième aspect, M. le Président, c'est le
caractère servile de ce gouvernement et en particulier de mon
ex-confrère de classe de collège, le ministre des Finances que je
reconnais encore comme un ami malgré tout, mais comme un homme politique
qui vraiment s'est égaré. Il s'est égaré dans
l'obéissance servile à son parti et l'obéissance trop
servile à son credo fédéraliste. Le député
de Bonaventure est un des plus illustres dinosaures du
fédéralisme dans le Parti libéral québécois
actuellement, lui et quelques autres qu'on pourrait nommer. Et je pense qu'il
est irrécupérable de ce point de vue là contrairement
à la majorité des députés libéraux surtout
ceux qui sont autour de cette table qui penchent de plus en plus vers une forme
de souveraineté, notre président, le député des
Îles-de-la-Madeleine. Il y en a plusieurs autour de la table qui sont des
députés libéraux de plus en plus attirés par la
notion que le peuple du Québec a tout ce qu'il faut pour se prendre en
main totalement. Il ne reste pour eux que d'accepter le mot
"souveraineté". Ça, c'est un problème. On parle bien
d'autonomie, on parle bien de récupération maximale de tous les
pouvoirs, mais on hésite encore à utiliser le mot, à
franchir le dernier pas. Mais, M. le Président, le ministre des Finances
s'est rendu pieds et mains liés au gouvernement fédéral
dans l'entente qu'il a conclue.
Je pourrais citer encore certains extraits de la conférence du
député de Montmorency, par exemple, lorsqu'il dit: "Voulant
contrer un déficit galopant vers les 400 000 000 000 $, le gouvernement
fédéral annonce une réforme fiscale majeure. Avec la TPS,
le gouvernement fédéral va collecter beaucoup plus d'argent que
l'ancien système et il est surprenant que personne n'ait mis en doute
les revenus anticipés de la TPS. En réalité, la TPS
récoltera environ 30 000 000 000 $ comparativement à 18 000 000
000 $ sous le système actuel. Curieusement, les entreprises qui payaient
avant ces 18 000 000 000 $ ne paieront plus que 9 000 000 000 $, soit 50 % de
moins." Ça confirme ce que je disais tantôt sur le
caractère injuste pour les particuliers et le caractère
privilégié pour les entreprises. "Cette diminution importante du
fardeau fiscal des entreprises explique évidemment leur appui à
la TPS."
Par l'entente qu'il a signée, le ministre des Finances s'est
rendu, a capitulé de façon honteuse devant les pressions du
fédéral. Et le député de Montmorency le
démontre aussi dans sa conférence. A une époque où
l'ensemble de son gouvernement que ce soit en matière de main-d'oeuvre,
en matière d'immigration, l'ensemble de son gouvernement, l'ensemble de
ses collègues réclame des pouvoirs plus étendus,
rapatriement de pouvoirs qui sont au niveau fédéral, ce ministre
des Finances va à contre-courant, complètement à
contre-courant, contre la marée. Et, lui, il se rend à Ottawa et
il donne des pouvoirs que le Québec avait déjà. Il
cède des pouvoirs au fédéral au lieu d'aller en chercher.
Même son ex-patron, Jean Lesage, Dieu ait son âme, frémirait
devant un tel geste. M. le Président, on dirait, à part
l'ex-ministre du Revenu, que les autres collègues du ministre des
Finances sont hypnotisés par le spectacle qu'il donne à
l'Assemblée nationale. Ses talents de comédien lui ont permis de
faire avaler une couleuvre aussi considérable à l'ensemble de ses
collègues du Conseil des ministres et à son caucus.
Nous sommes devant un recul sérieux. Le gouvernement du Parti
québécois avait, en 1978, exempté justement des biens
essentiels...
Le Président (M. Lemieux): En conclusion, M. le
député de La Prairie.
M. Lazure: ...les vêtements, les meubles, de la taxe de
vente et aujourd'hui tous ces biens essentiels de la vie quotidienne vont de
nouveau être taxés et durement taxés.
En conclusion, M. le Président, je pense qu'il faut
dénoncer, encore une fois, la politique à courte vue de ce
gouvernement et la politique cachée, le manque de transparence de ce
gouvernement qui n'a pas le courage d'imposer directement les nouvelles taxes
aux citoyens, qui prend toutes sortes de moyens détournés. Si
nous voulons avoir un débat de fond lors de l'étude de projet de
loi, c'est précisément pour un peu faire le contre-poids à
cette opération surprise qui nous a été imposée par
le ministre des Finances, qui pensait nous faire accepter une chose aussi
considérable et qui pensait que la population allait accepter une chose
aussi considérable. M. le Président, c'est évidemment pour
ça que nous avons beaucoup de choses à dire sur le projet de loi
au nom de la population qui, on le sait par tous les sondages, s'oppose
férocement à ce projet de loi. Merci.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de La Prairie. Je veux seulement attirer votre attention.
Vous connaissez tous l'article 35 qui dit qu'un député, qui a la
parole, ne peut employer un langage grossier ou irrespectueux envers
l'Assemblée. Alors, parfois je demanderais, s'il vous plaît, s'il
n'y aurait pas possibilité de faire preuve d'une certaine réserve
au niveau, parfois, de certains termes qui ont été
employés. (21 h 15)
Je vois que M. le député de Labelle me regarde, je pense,
entre autres... Vous savez un terme, lorsque des mots y sont ajoutés,
des phrases, c'est dans la manière dont il est dit, le contexte
où il est dit que cela peut me forcer ou m'obliger à faire
état de l'article 35,7, 35,6 et 35,7. Je n'ai pas eu à le faire
à venir jusqu'à maintenant, mais l'emploi parfois du mot
"servile" peut laisser à interprétation. C'est simplement une
petite remarque d'ordre préliminaire.
M. Lazure: Dinosaure. Pour le mot "dinosaure", si le mot
"dinosaure", M. le Président, vous envoie...
Le Président (M. Lemieux): Non, dinosaure, il n'y a pas de
problème, monsieur...
M. Lazure: II n'y a pas de problème. J'aurais pu parler
d'un homme fort d'une autre époque.
Le Président (M. Lemieux): II n'y a pas de
problème, M. le député de La Prairie là-dessus.
M. Lazure: Bon, pas de problème. D'accord. Une voix:
C'est du langage paléontologique.
Le Président (M. Lemieux): Alors, il n'y a pas d'autres
remarques préliminaires. Est-ce qu'il y a des remarques
préliminaires? Il n'y a pas d'autres remarques préliminaires.
Alors, comme il n'y a pas d'autres remarques préliminaires... M. le
député de Labelle, oui?
M. Léonard: M. le Président, je voudrais en vertu
de l'article 244, déposer une motion, que je lirais comme suit: Que
conformément aux dispositions de l'article 244 de nos règles de
procédure, la commission du budget et de l'administration tienne, avant
d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi
89...
M. Savoie: Question de règlement.
Le Président (M. Lemieux): Sur la question de
règlement.
M. Savoie: Oui, je pense que ce qu'on avait fait, c'est qu'on
avait dit qu'on mettait de côté la motion pour adopter l'article
1, pour permet- tre, justement, à nos vaillants défenseurs des
déficits accumulés de présenter...
M. Bourdon: J'invoque le règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Monsieur, voulez-vous laisser
terminer M. le député d'Abi-tibi-Est?
M. Bourdon: Non, non, M. le Président. Le
député de Labelle lisait une motion. Il faut qu'il finisse de la
lire et de la déposer, avant que le député d'Abitibi-Est
n'interrompe encore une intervention d'un député de mon
groupe.
M. Savoie: La question de règlement avant.
Le Président (M. Lemieux): Non, non, mais il y a une
question. M. le député de Pointe-aux-Trembles... M. le
député de Pointe-aux-Trembles, lorsqu'une question de
règlement est soulevée en vertu du règlement, je me dois
d'écouter la question de règlement du député
d'Abitibi-Est. Il s'agit d'une question de règlement. M. le
député d'Abitibi-Est.
M. Savoie: C'est parce que, je ne sais pas si vous vous le
rappelez, M. le Président, j'avais présenté une motion. On
a décidé de maintenir la motion. Toutefois, avec un consentement
unanime, on a permis au député de Pointe-aux-Trembles, je crois,
de même qu'au député de La Prairie de terminer leurs
remarques d'ouverture, mais là je pense qu'on devrait retourner à
l'article 1, puisque évidemment on va vraiment à ce
moment-là mettre sur la table les motifs réels
vis-à-vis...
M. Bourdon: Quand vous avez voté ça, c'était
illégal.
M. Savoie: Je suis en train de parler. M. Bourdon: M. le
ministre, c'était illégal!
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Pointe-aux-Trembles, s'il vous plaît» M. le député
d'Abitibi-Est.
M. Savoie: Un minimum de bon sens et de décence s'imposent
à ce moment-ci.
M. Bourdon: La décence, vous ne l'avez pas eue quand
à trois vous avez décidé...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Pointe-aux-Trembles, s'il vous plaît, M. le député de
Pointe-aux-Trembles, M. le député de Pointe-aux-Trembles... M. le
député de Pointe-aux-Trembles, je vais vous écouter sur
une question de règlement, mais permettez au député
d'Abitibi-Est de s'exprimer. M. le député d'Abitibi-Est.
M. Savoie: Merci, M. le Président. Je termine donc en
disant qu'on devrait peut-être, compte tenu des arguments qu'ils ont
présentés sur le projet de loi, je me dis bon, on va
procéder immédiatement et on va commencer à s'attaquer au
tout, article par article. À ce moment-là, ils pourront
défendre leur point de vue en étudiant les articles
spécifiquement un à un.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Pointe-aux-Trembles. Voulez-vous vous exprimer M. le député de
Pointe-aux-Trembles sur la question de règlement?
M. Léonard: M. le Président, je voudrais...
oui?
M. Bourdon: M. le Président, le député de
Labelle était en train de lire une motion. Est-ce qu'elle est recevable
ou non? Je pense qu'il faudrait l'entendre en entier avant d'entendre le
député d'Abitibi-Est, qui a fait une motion illégale
pendant mon temps d'intervention avant, ce qui est un procédé
minable et une tactique déloyale de quelqu'un qui ne sait parier, non
pas pour défendre ses chats... Le député de Labelle avait
la parole, il lisait une motion, M. le Président. Et il n'a pas
d'affaire à être interrompu et puis de donner la parole au
député d'Abitibi-Est. On n'invoque pas le règlement, quand
on s'objecte à une motion. La recevabilité, on en dispose
après qu'elle est lue, comme quand les libéraux siègent
à trois entre eux-autres et qu'ils entendent une motion entre eux en
quatre minutes.
Le Président (M. Lemieux): M. le député.
Alors, M. le député de Pointe-aux-Trembles, l'article 36 du
règlement nous dit ceci: "Aucun député ne peut interrompre
celui qui a la parole". C'était le cas.
M. Bourdon: C'est le député de Labelle qui avait la
parole. Alors si vous ne voulez pas qu'on vous interrompe, M. le
député d'Abitibi-Est, eh bien! c'est de ne pas nous le faire.
M. Savoie: Ça suffit, là.
Le Président (M. Lemieux): Messieurs! S'il vous
plaît, est-ce que je peux terminer? Est-ce que je peux terminer la
lecture... M. le député de Pointe-aux-Trembles, est-ce que je
peux terminer la lecture, est-ce que je peux terminer la lecture de l'article
36, s'il vous plaît? "Aucun député ne peut interrompre
celui qui a la parole, sauf - sauf! sauf! - pour faire un rappel au
règlement, signaler le défaut de quorum ou attirer l'attention
sur une violation de droit ou de privilège." Il était dans son
droit, M. le député d'Abitibi-Est, en vertu de l'article 36, de
soulever cette question de règlement et il était de mon droit
comme président, immédiatement, de statuer sur cette question de
règlement.
M. Bourdon: M. le Président, le député
d'Abitibi-Est a interrompu le député de Labelle - je retire ce
que j'ai dit avant quand je pariais du député de La Prairie - sur
la recevabilité d'une motion. Ce n'était pas une question de
règlement qu'il soulevait. Il s'attaquait à la
recevabilité de la motion que le député de Labelle n'avait
pas terminé de lire.
Le Président (M. Lemieux): Non. Non. La question de
règlement du député d'Abitibi-Est, à moins que je
n'aie vraiment, vraiment, vraiment rien compris...
M. Savoie: Vous avez bien compris, oui.
Le Président (M. Lemieux): ...s'attaquait strictement
à la teneur du consentement qui a été donné par
celui-ci.
Une voix: Par une question de règlement.
Le Président (M. Lemieux): ...par une question de
règlement. Et ce que le député d'Abitibi-Est va sans doute
me demander, c'est si, effectivement, il est permis, après qu'il y ait
eu des remarques préliminaires à l'Opposition officielle, d'y
aller de motions préliminaires. J'imagine que c'est le sens de son
intervention.
M. Savoie: C'est exactement ça, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Là-dessus, je vais
écouter maintenant le député de Labelle.
M. Léonard: Je pense que j'avais compris que le
consentement avait été donné pour qu'on reprenne le
processus là où il était. Donc, c'est à ce
titre-là que je présentais une motion préliminaire.
C'était le cheminement normal sur lequel nous nous étions
entendus. C'est simplement là-dessus que je répète cela.
Si vous voulez, M. le Président, je vais lire ma motion.
Le Président (M. Lemieux): Là-dessus, je n'ai pas
statué sur la question de règlement du député
d'Abitibi-Est et je dois vous avouer, M. le député d'Abitibi-Est,
que j'ai moi-même aussi interprété le sens de votre
consentement dans le sens du député de Labelle, d'autant plus
que, selon la coutume, le processus détaillé débute
d'abord par des remarques préliminaires et se continue, par la suite,
par des motions préliminaires et, finalement, c'est l'étude
article par article. Ce sont des éléments qui sont disctincts. Et
lorsque vous avez, effectivement, donné votre consentement... C'est la
raison pour laquelle j'ai fait état et j'ai dit clairement que je ne
voulais pas que ça fasse jurisprudence; c'était une
question de fait et ça allait de soi, pour moi, que le principal
devait suivre l'accessoire dans ce cas-là et qu'après les
remarques préliminaires, on en arriverait, et j'en étais certain,
à des motions préliminaires, M. le député
d'Abttibi-Est. J'en étais certain. Et le sens de votre consentement,
c'est la raison pour laquelle je suis intervenu et je vous ai dit:
Êtes-vous bien certain? C'est ça? Vous m'avez dit oui. Le
député de Pointe-aux-Trembles peut faire ses remarques
préliminaires et, de facto, je dois suivre la coutume puis le processus
établi. Après les remarques préliminaires, ce sont des
motions préliminaires. Ça va de soi. Et je dois
interpréter le sens de votre consentement d'une manière
très large, libérale, comme le veut l'article 41 de la Loi
d'interprétation et comme le veulent les règles parlementaires.
En conséquence, si M. le député de Labelle a une motion
préliminaire à faire, je dois l'entendre. M. le
député de Labelle.
M. Léonard: Alors, je la reprends et je suis convaincu que
ça pourrait vraisemblablement intéresser le ministre du Revenu.
"Que, conformément aux dispositions de l'article 244 de nos
règles de procédure, la commission du budget et de
l'administration tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 89, Loi modifiant la Loi concernant
l'impôt sur la vente en détail et d'autres dispositions
législatives d'ordre fiscal, des consultations particulières et
qu'à cette fin elle entende l'Association des économistes du
Québec."
Ceux-ci n'ont pas été particulièrement contre tout
ce qu'il y a dans le projet de loi.
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous avoir copie
écrite de la motion?
M. Léonard: Pardon?
Le Président (M. Lemieux): Copie écrite de la
motion, ça va. Est-ce qu'il y a des remarques sur la recevabilité
de la motion?
M. Chagnon: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui, monsieur.
M. Chagnon: Enfin, la recevabilité de la motion
appelée à l'article 244 qui stipule: "Avant d'entreprendre
l'étude détaillée, la commission peut décider de
tenir des consultations...", ne va-t-elle pas à rencontre du jugement
que vous avez déjà donné au début des travaux de
cette commission, ce soir, après avoir pris en
délibéré le fait que la commission, au moment où
elle avait son quorum, à partir de l'article 156 qui stipule que lorsque
le tiers des membres, y compris le président, est en situation de
prendre un vote, a déjà pris un vote pour commencer
l'étude de l'article 1, n'est-il pas opportun de penser, à ce
moment-ci, à ce stade-ci, que toute motion particulière,
particulièrement dans le cadre qui nous occupe, à partir de
l'article 244, n'est pas recevable, compte tenu d'un jugement qui est sans
appel, le vôtre, M. le Président?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis, je comprends votre interprétation, mais il faut que vous
ayez à l'esprit qu'à partir du moment où il y avait un
consentement unanime à la fois du parti ministériel et de celui
de l'Opposition, on annulait. On ne suspendait pas, on annulait la motion du
député d'Abitibi-Est et je me devais de revenir aux étapes
normales, tel que la coutume le veut, qui veut que ce soit, dans un premier
temps, des remarques préliminaires, dans un deuxième temps, des
motions préliminaires et dans un troisième temps, l'étude
article par article du projet de loi qui est devant moi, soit le projet de loi
89. J'en étais conscient lorsque ce consentement-là a
été donné et j'en ai fait état. Je ne peux pas
revenir sur cette décision-là. Vraiment, ce serait, je dirais, en
arriver à une zizanie parlementaire, une procédure que je n'ai
jamais vu à venir jusqu'à maintenant, en cinq ans de
présidence à la tête de cette commission parlementaire. Et
je me dois maintenant de déclarer comme tel...
M. Chagnon: M. le Président? Le Président (M.
Lemieux): Oui.
M. Chagnon: M. le Président, est-ce que les remarques...
le fait qu'on ait eu un consentement après coup, après votre
jugement, pour faire en sorte que, dans le sens de la plus grande
loyauté, la plus grande "gentlemenship" dans cette commission, on puisse
entendre les remarques préliminaires des députés, je pense
entre autres au député de Pointe-aux-Trembles qui n'avait pas
fini, pas terminé ses remarques préliminaires avant que le vote
ait lieu cet après-midi, qu'on ait permis aux députés qui
n'avaient pas eu et n'avaient pas fait leurs remarques préliminaires,
justement de pouvoir les terminer, les faire... Mais à partir du moment
où les remarques préliminaires étaient terminées,
nous commencions l'étude de l'article 1?
Le Président (M. Lemieux): Oui et le consentement - ce que
je veux que vous compreniez, monsieur, il y a une étape entre les
remarques préliminaires et l'étude article par article d'un
projet de loi, tel qu'en fait foi notre règlement, et ce sont les
motions préliminaires - le consentement qui a été
donné par l'ensemble de la commission annulait de facto et de droit la
motion qui avait été présentée par le
député d'Abitibi-Est, que je considérais valide, mais de
consentement, la commission a décidé d'annuler cette motion et on
revenait au tout début du processus. En conséquence, le jugement
est alors rendu, je ne reviens plus sur ce
jugement-là et maintenant je déclare que la motion... Oui,
M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: Est-ce qu'on peut demander un consentement pour
procéder à l'article 1?
Le Préaident (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a
consentement?
M. Lazure: On va reporter.
Le Président (M. Lemieux): il n'y a pas de
consentement.
M. Lazure: On consent à étudier l'article 1, mais
un peu plus tard.
Le Préaident (M. Lemieux): Vous aviez raison, il n'y a pas
de consentement, M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Lazure: Un peu plus tard.
Le Président (M. Lemieux): Alors, la motion du
député de Labelle, qui se lit comme suit: "Que,
conformément aux dispositions de l'article 244 de nos règles de
procédure, la commission du budget et de l'administration tienne, avant
d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi 89, Loi
modifiant la Loi concernant l'impôt sur la vente en détail et
d'autres dispositions législatives d'ordre fiscal, des consultations
particulières et qu'à cette fin elle entende l'Association des
économistes du Québec" est recevable. Et à ma
connaissance, en vertu du règlement, je pense que c'est à
l'article 209, l'auteur de la motion a 30 minutes, puisqu'il s'agit d'une
motion de forme, pour s'exprimer et, après, chacun des membres peut
s'exprimer sur cette motion pour une période de temps de 10 minutes.
M. Lazure: Dix minutes?
Le Président (M. Lemieux): Pardon. L'auteur de la motion,
en vertu de l'article 209, paragraphe 2, qui dit ceci: "Cependant, l'auteur
d'une motion, le premier ministre et les autres chefs de groupes
parlementaires, ou leurs représentants, ont un temps de parole d'une
heure pour les motions de fond - ce n'est pas une motion de fond dans ce
cas-ci, c'est une motion de forme - et de 30 minutes pour les motions de
forme." Alors, celui qui présente la motion a donc 30 minutes, suivra
après une période d'échange au niveau de chacun des
intervenants, une période de 10 minutes. Et le représentant
ministériel a effectivement, lui aussi, une période de 30
minutes. Alors, M. le député de Labelle, vous avez la parole sur
votre motion, pour une période de 30 minutes. (21 h 30)
Motion proposant d'entendre l'Association des
économistes du Québec
M. Jacques Léonard
M. Léonard: M. le Président, ce que je veux
souligner par cette motion, c'est que les économistes ont eu à
traiter très longuement de cette question, les taxes à la
consommation versus l'impôt sur le revenu. C'a été
traité en Europe d'abord, parce qu'il y a quelqu'un qui l'a
effectivement traité en Europe, qui a reçu un prix Nobel
d'économie pour cette question-là, parce qu'il a
démontré que le système de taxation pouvait receler des
distorsions fort importantes selon qu'on était dans un système de
l'impôt sur le revenu ou dans un système de taxation à la
consommation. Ce qu'il m'apparaît important de souligner ici, c'est que
nous sommes en train de faire un changement majeur dans le système de
taxation des contribuables, des sources de revenus des gouvernements. On l'a
fait depuis un certain temps, il y a eu peu de débats ici, à
l'Assemblée nationale, sur cette question. Je dirais que ce qui est
grave, c'est que ces débats, à mon sens, on tente de les
escamoter présentement. Le débat a été fait au
gouvernement fédéral dans les circonstances que l'on
connaît, notamment celle d'un déficit galopant du gouvernement
fédéral. On sait que ce déficit, qui était de moins
de 10 000 000 $ en 1970, est passé en 1980 à 80 000 000 $,
à 80 000 000 000 $, pardon, je parle en milliards plutôt.
Actuellement, il est passé de 180 000 000 000 $ en 1985 à 360 000
000 000 $ maintenant.
Alors, au fond, le gouvernement fédéral était
pressé d'en arriver à ce système et pressé aussi de
l'établir de façon draconienne dès le départ, de
sorte qu'il avait envisagé un taux de taxation de la TPS de 9 % avec une
assiette très large, en prétendant que ses effets seraient
neutres. Effectivement, à la face des chiffres qu'il proposait, on
pouvait le dire comme cela, mais la réalité, je pense que
là-dessus l'ex-ministre du Revenu a des chiffres qui démontraient
que, finalement, à cause de l'assiette fiscale qui était en
cause, le rendement de cette taxe pouvait être de 30 000 000 000 $, alors
qu'on diminuait l'impôt des entreprises de 9 000 000 000 $. Tout de suite
là, c'est un changement majeur. C'est la base, effectivement, des
travaux des économistes européens sur cette question, parce que
la question qu'ils posaient était que l'on transférait le fardeau
de la taxation des entreprises vers les consommateurs et ils
démontraient, à ce moment-là, que c'était plus
juste de le faire comme cela.
Il y a des justifications. Il y a, évidemment, des analyses
macro-économiques sur ce thème qui démontrent une certain
nombre de vérités qu'il faut admettre et qu'il serait bon de
connaître. Par ailleurs, ce qu'il faut considérer, c'est qu'en
faisant un tel changement dans les fardeaux de
l'imposition de taxation on a aussi amené une autre modification
fort importante qui concerne l'impôt sur le revenu.
L'impôt sur le revenu, c'est une autre question. Jusqu'ici, depuis
au moins 30 ans, 40 ans, on avait tablé, de grandes théories
avaient tablé sur la progressivité de l'impôt comme mesure
de justice sociale, comme façon de répartir plus
équitablement le fardeau de la fiscalité entre les contribuables.
Il faut considérer que les tables d'impôt ont connu des taux
croissants selon les niveaux de revenus imposables des contribuables. Au
début, ces taux étaient plutôt bas, si on parle de la
création de l'impôt sur le revenu vers 1917 et les années
subséquentes, mais, graduellement, surtout après la guerre, ces
taux sont devenus très progressifs ou, avec la guerre et après la
guerre, ces taux étaient devenus très progressifs jusqu'au jour
où certains se sont posés la question. On l'a vu dans les
années quatre-vingt, on s'est posé cette question de la
"désincitation" au travail que pouvait procurer une telle
progressivité des courbes d'impôt.
Parallèlement à tout ça, à partir des
années soixante notamment, pour contrer la progressivité de
l'impôt, on a vu une foule d'exemptions d'impôt se manifester
graduellement dans la loi de l'impôt. Au début, on ne taxait pas
les gains en capital; ensuite, on a donné des exemptions, par exemple,
sur les fermes; ensuite, on a exempté sous toutes sortes de formes, mais
disons pour raccourcir, on a exempté par des systèmes d'abris
fiscaux, de sorte que la progressivité de l'impôt était
devenue plus théorique que réelle. En réalité, le
travailleur ordinaire, qui n'avait pas les moyens de se payer un fiscaliste, un
conseiller fiscal, lui profitait très peu jusqu'au début des
années quatre-vingt à tout le moins, des abris fiscaux, alors que
c'étaient seulement les plus riches, qui pouvaient disposer de tels
fiscalistes, qui en profitaient. Le résultat de tout cela, c'est que la
courbe de l'impôt est progressive, effectivement, jusqu'à des
revenus à l'heure actuelle, disons, aux chiffres de 1987, de 200 000 $,
mais dès que ça arrive à 200 000 $, ce n'est rien. Il n'y
a pratiquement plus d'impôt, parce que ces gens ont toute une foule de
façons de s'exempter de l'impôt.
J'en parle parce que, au fond, c'est une question majeure. Je voudrais
simplement citer, pour le bénéfice des gens de cette commission,
le livre "La part du lion" de Mme Linda McÛuaig qui est une journaliste.
Je vais donner, pour le bénéfice des membres de la commission,
rapidement son curriculum vitae. C'est une journaliste née à
Toronto, diplômée de l'Université de Toronto en 1974 et qui
a travaillé en particulier à la radio de Radio-Canada, au
magazine Maclean's et au Globe and Mail. Elle a écrit ce
livre, La part du lion, édité en 1987 et traduit en 1987,
intitulé autrement comme suit: Comment les riches ont réussi
à prendre le contrôle du système fiscal canadien.
Je pense que c'est le fond du débat. En réalité, ce
n'est pas si clair que ça que n'importe quelle TPS peut être un
système d'impôt valable. Je comprends aussi que les données
de la question, la problématique qui a été
soulevée, c'est celle de la vétusté de la taxe de vente
fédérale. Mais ce n'est pas parce que ce système-là
est vétusté qu'on doit pour autant modifier tout le
système de l'impôt de la façon dont on le fait, parce qu'il
y a d'autres débats derrière ça. C'est vrai que la taxe
fédérale de vente est vétusté et c'est à ce
titre-là que nous avons jugé, nous au Parti
québécois, qu'il fallait mettre à notre programme
l'application de la taxe sur la valeur ajoutée, le système
européen appliqué non seulement en Europe, mais dans beaucoup
d'autres pays, mais notamment en Europe. Je les cite, parce que ce sont des
pays industrialisés, les plus proches de notre structure
économique, et donc des pays qui sont comparables à ce que nous
avons ici.
Je voudrais, je pense pour le bénéfice des gens, lire
peut-être une page ou deux, citer des extraits de ces pages sur cette
question parce que, à mon sens, c'est percutant. Mme McQuaig
démontre en particulier que les gens sont beaucoup plus sensibles
à l'action des gouvernements lorsqu'il s'agit d'attribuer des
subventions qui sont très visibles, un ministre déclare en se
levant en Chambre donner à telle entreprise ou donner à tel
groupe de citoyens, alors que, généralement, les citoyens, la
population en général et la presse accordent très peu
d'attention à toutes les exemptions fiscales, à tous les abris
fiscaux qui existent. Et lorsqu'on les regarde de très près, ces
abris fiscaux sont considérables et beaucoup plus que les subventions
qui sont attribuées par le gouvernement.
Elle cite, par exemple, le cas de l'exemption des profits en capital
qu'un particulier fait sur sa maison privée. Tout le monde sait qu'une
maison familiale est exemptée d'impôt quant au profit en capital
qu'un contribuable fait sur cette maison familiale, la sienne. C'est connu de
tout le monde. Vous achetez une maison à 30 ans et vous la revendez 10,
15 ou 20 ans après et vous réalisez un profit de capital sur une
maison ordinaire peut-être de 30 000 $ ou de cet ordre-là. C'est
vrai pour le citoyen ordinaire, mais lorsque vous allez chez les contribuables
qui ont beaucoup plus de richesses, qui ont investi dans leur maison, le
capital investi dans la maison prend de l'importance. Ce qui arrive, c'est que
quelqu'un qui a les moyens au bout d'un certain temps, de s'acheter une maison
de 200 000 $ va probablement la revendre au bout de quelques années
beaucoup plus cher. Elle cite par exemple le cas de M. John Turner qui a
acheté une maison en 1975 au coût de 265 000 $ et qui l'a revendue
10 ans après pour à peu près 900 000 $. Son profit de
capital a été de 635 000 $. On me
dira que c'est un chanceux. Fort bien, mais de quoi
s'agit-il? Le contribuable ordinaire fait un profit de capital, lui, de 20 000
$, de 30 000 $ et H le considère un peu comme son fonds de pension -
c'est le lot des gens ordinaires - alors que le riche qui a investi beaucoup
là-dedans va alter se chercher un profit de capital beaucoup plus grand
et il va être exempté d'impôt de sorte que le rendement des
abris fiscaux, le rendement des profits de capitaux exemptés
d'impôt est considérable. Je ne parte pas des profits de capital
réalisés dans le cours des affaires parce que, dans les lois
actuelles, ils sont imposés à 66 2/3 %, donc, exemptés
à 33 % ou au tiers, mais dans le cas de la maison privée, ils
sont exemptés complètement. Donc, personne ne s'est soucié
de mettre un maximum aux profits de capital sur les maisons privées.
La réalité, c'est que c'a coûté
combien à l'État, les 635 000 $ de profit en capital sur la
maison de John Turner? 50 % au moins! Donc, c'a coûté 300 000 $.
Si un ministre s'était levé en Chambre pour donner une subvention
à M. John Turner de 300 000 $, tout le monde aurait crié au
meurtre, mais, en réalité, comme c'est dans la loi, que personne
ne l'a vu, personne n'a posé de questions là-dessus, mais
ça équivaut à donner une subvention à M. John
Turner de 300 000 $. Est-ce que c'est ça que la loi voulait? Je pense
que, là-dessus, le livre est très instructif pour bien
démontrer que les riches se sont toujours battus férocement pour
éviter que les profits de capital soient assujettis à
l'impôt et pour des raisons très précises, de la même
façon qu'ils se sont toujours battus pour éviter que les profits
sur les actions soient imposables. Qui transigent les actions en Bourse?
Généralement, des gros montants d'actions en Bourse? Des gens qui
ont beaucoup de capital. De la sorte, notre analyse sur la progressivité
de l'impôt est faussée en grande partie, parce qu'on est
porté à regarder seulement la progressivité des taux et
beaucoup moins l'assiette sur laquelle s'applique ces taux et, donc, tout est
faussé. Faire une comparaison entre ces différents
systèmes, il me semble que ça mériterait un large
débat dans la société.
Alors, je vous cite un certain nombre
d'éléments. Ce qu'elle dit, par exemple page 30, le scepticisme
est utile pour évaluer toute demande de réduction du fardeau
fiscal et le regretté Louis Eisenstein, expert américain de la
fiscalité, a habilement montré la nature intéressée
des arguments habituellement utilisés pour justifier des
réductions d'impôt. Les personnes en moyens,
généralement, jouent très peu sur les subventions dans ce
secteur-là, mais jouent davantage sur les incitatifs à
l'investissement, sur les exemptions d'impôt, sur l'assiette de
l'impôt et, là-dessus, c'est une chose qui se fait une fois, dans
un discours d'un ministre des Finances en Chambre. Il le fait au mois d'avril.
Ça paraît un peu dans les journaux. Généralement,
ça paraît surtout dans la partie financière des journaux.
Alors que les exemptions portant ou les subventions portant sur un, deux ou
trois enfants paraissent en première page. Des choses importantes en
termes de fiscalité, en termes d'incitatifs financiers,
économiques sont reléguées aux pages économiques
que le citoyen ordinaire consulte peu ou lit peu et 15 jours après tout
le monde a oublié ce qui s'est réellement passé. Et
là, les conséquences à terme se font sentir beaucoup plus
dans ce secteur de cette façon-là qu'autrement.
Les gains en capital, j'en ai parié. Autre chose
aussi, un argument qu'elle soulève, c'est qu'on prétend, avec la
même véhémence, qu'un taux d'imposition marginal
élevé aura pour effet d'anéantir l'enthousiasme au travail
des cadres supérieurs et des professionnels. Pourquoi ces contribuables
à haut revenu se forceraient-ils pour gagner quelques dollars
supplémentaires s'ils doivent, de toute façon, les donner au
gouvernement? C'est un argument que vous entendez, qu'on a beaucoup entendu,
surtout au cours des années quatre-vingt. Plutôt que de passer une
soirée de plus au bureau à travailler sur un gros contrat, ils
iront prendre un verre ou resteront chez eux en famille. Eisenstein a
répertorié toutes les sombres prédictions sur l'avenir de
ces cadres désabusés et découragés par des
impôts trop élevés. Certains pessimistes, a-t-il
noté, vont même jusqu'à penser que des impôts trop
élevés pourraient pousser vers la prêtrise certains hommes
d'affaires parfaitement compétents. C'est très ironique, mais
c'est aussi très juste. Je pense qu'elle a frappé juste. C'est
une argumentation que nous voyons partout. Au fond, il y a plusieurs facteurs,
autres que le désir de garder la plus grosse part de leurs revenus, qui
motivent les gens. C'est le prestige, c'est le pouvoir, c'est fa satisfaction,
c'est un bureau plus luxueux et on peut en nommer plusieurs autres. Les
analyses de psychologie industrielle ont été claires
là-dessus. Je pense qu'il ne faut pas se faire d'illusions sur cette
question. (21 h 45)
Les mêmes personnes, par ailleurs, qui
prétendent que les cadres ne sont motivés au travail que
lorsqu'ils reçoivent d'importantes compensations financières font
volte-face et affirment du même souffle que donner aux travailleurs des
compensations financières par le biais du système
d'assurance-chômage leur enlève toute envie de travailler. On peut
continuer dans ce sens-là. Ce sont des arguments, une argumentation que
nous entendons régulièrement sur cette question et, à mon
sens, elle colle parfaitement à la réalité et
démontre bien les mécanismes qu'on a bâtis dans
l'argumentation pour défendre des points de vue très
intéressés au fond. Dans le cas des cadres, leur permettre de
conserver d'importantes sommes d'argent ne détruit pas leur ardeur au
travail - au contraire, cela les incite à travailler plus fort -
mais
donner de modestes prestations aux travailleurs sape complètement
leur envie de travailler et les rend tout à fait satisfaits de leur
sort. En conséquence, il faut que les travailleurs soient maigres et
affamés, il faut nourrir généreusement les cadres et
voilà, évidemment, un argument qu'il fait bon entendre quand on
est cadre.
Je pense que le débat là-dessus n'est pas terminé,
il n'est qu'ouvert. Il me semble que, si l'on prête beaucoup d'attention,
en réalité, à la façon dont le gouvernement
dépense ou consacre ses crédits, comme dirait Duplessis, s'il
faut attribuer beaucoup d'attention à cela, il faudrait en attribuer
tout autant à la façon dont il perçoit ses revenus. Nous
n'avons qu'un ministre du Revenu qui, habituellement, est un ministre
plutôt inconnu, plutôt modeste dans le gouvernement,
généralement un nouveau ministre passe par là.
Après ça, il gradue, il s'en va aux Finances, s'il le peut, en
fin de carrière. Mais, en réalité, le ministère du
Revenu...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle, votre motion, s'il vous plaît. Vous êtes allé pas
mal sur le fond. Je vous laisse aller, mais la motion c'est: Est-ce opportun ou
non d'entendre l'Association des économistes? Vous savez ça.
M. Léonard: Oui, M. le Président. J'y viens, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Vous savez ça.
M. Léonard: J'y viens parce que, lorsque nous regardons la
perception des fonds qui font vivre un gouvernement, qui lui permettent d'agir
sur le plan économique, il s'agit de décisions économiques
majeures, tout autant que n'importe quelle autre attribution de crédits
de l'autre côté du bilan ou de l'état des profits et
pertes. Alors, les économistes en général sont
plutôt d'accord avec un système qui vise l'imposition de la
consommation, actuellement. C'est vrai en Europe et c'est vrai, actuellement,
au Canada. Par ailleurs, je ne suis pas sûr qu'ils aient
considéré tous les aspects de la question et, à mon sens,
il serait drôlement important que nous les entendions, que nous
discutions avec eux de cette question parce qu'ici, au gouvernement du
Québec, le débat ne s'est pas fait. Notre structure d'imposition,
quant à l'impôt sur le revenu, est différente de celle du
fédéral pour des raisons bien précises, historiques et les
impacts de la taxe de venté, même remodelée, refaite,
redessinée par le gouvernement du Québec sont différents
de ce qu'ils seront à Ottawa.
L'autre élément qui a été abondamment
cité au cours du débat de deuxième lecture sur la loi sur
la taxe de vente au détail au Québec, c'était
évidemment que, nous, en termes économiques, il était
important que nous exemptions un certain nombre de secteurs de
l'économie. Nous l'avions fait à la fin des années
soixante-dix et, à mon sens, les raisons qui militaient en faveur de
l'exemption de ces taxes militent toujours parce que, essentiellement, la
composition, la structure même de notre économie n'a pas
changé. Le meuble est toujours très important dans
l'économie québécoise; dans l'appareil de production, il
est toujours très important. Au fond, s'il est important qu'on
l'exempte, ici, au Québec, effectivement, ça produisait des
effets en termes de ventes sur le plan de la consommation. Par ailleurs,
ça n'empêcherait pas que le fédérai lui-même
modifie sa TPS parce que, effectivement, cela gênait les exportations de
meubles mais il faut voir que c'était la taxe de vente
fédérale telle qu'elle était conçue où les
gens, les exportateurs de meubles ne pouvaient pas bénéficier
d'exemptions de cette taxe lorsqu'ils faisaient des exportations ou d'une
partie des intrants dans la fabrication des meubles qui servait aux
exportations. C'était alors des éléments qui nuisaient
considérablement à la valeur totale de nos exportations, par
exemple vers les États-Unis.
Voilà un secteur important. Les économistes
nécessairement ne peuvent pas faire autrement que de considérer
ce secteur dans toute étude macroéconomique, dans toute
étude qui porte sur les effets de la taxation. Un autre secteur majeur,
le vêtement, les chaussures pareillement. Le vêtement est
exempté de taxe fédérale et de la taxe de vente du
Québec. Il est exempté des deux taxes. À partir du 2
janvier prochain, il sera imposé, le vêtement sera imposé,
les chaussures aussi seront imposées. Sur le plan de la concurrence
interprovinciale entre le Québec et les autres provinces, la taxe
fédérale ne change rien actuellement. L'imposition de la taxe
fédérale ne change rien, les deux systèmes... Que la
production se fasse en Ontario ou qu'elle se fasse au Québec, l'impact
est nul quant a la TPS, parce que les deux vont être assujettis au
même système fédéral. Avant c'était la taxe
fédérale de vente, maintenant c'est la TPS pour le Québec
et l'Ontario, mais nous allons imposer, nous, une taxe de vente sur nos
produits. La taxe de vente du Québec va s'appliquer à ces
produits. Lorsque nous allons exporter aux États-Unis, nos produits
seront exemptés, mais quand nous allons expédier, faire des
expéditions et des exportations vers l'Ontario par exemple, notre taxe
de vente du Québec va continuer à s'appliquer. Donc nous perdons
un avantage concurrentiel par rapport à la réalité,
à ce qui se passe maintenant. Donc nous nous défavorisons sur ce
plan-là.
M. le Président, je considère qu'il y a des
conséquences économiques majeures à la transformation de
notre système de taxe de vente au détail au Québec,
considérables, et qu'il n'est pas exagéré et que ce n'est
pas faire perdre le temps de la commission que de faire venir des
économistes, ici. Si nous avions procédé comme le
gouvernement fédéral qui a émis ses lignes de
conduite sur cette affaire au mois de juin 1987, qui a fait un
débat de trois ans sur la question, qui n'est pas encore terminé
et les amis de nos amis d'en face qui sont des sénateurs libéraux
et trouvent qu'ils veulent encore du temps pour en parler. Dans notre cas, nous
avons toujours compris à ta suite des déclarations du ministre du
Revenu d'alors, des déclarations du premier ministre du Québec le
15 mars dernier qu'on ne s'orientait pas vers la perception d'une TPS au
Québec ou d'une TPS assimilée au Québec, lorsque,
soudainement, le 30 août dernier le ministre des Finances s'est
amené, je dirais, d'une façon absolument inattendue avec une
déclaration ministérielle, disant que tout était
bâclé, qu'il s'en allait signer un protocole d'entente avec le
gouvernement fédéral et qu'il servirait, lui, de percepteur de la
TPS fédérale. Le débat au fond ne pouvait pas avoir lieu
à ce moment-là, puisque l'Assemblée nationale était
en vacances, ne siégeait pas. Nous n'avons eu que quelques heures en
commission parlementaire pour discuter de cette déclaration
ministérielle qui donnait prise, effet à un changement majeur
dans le système de taxation au Québec Alors, M. le
Président, je pense que les économistes dans cette question ont
toujours eu un mot déterminant à dire, ont toujours eu à
éclairer les gouvernements sur les effets de telles décisions qui
touchent toute l'économie et à mon sens nous devrions pouvoir les
entendre. C'est le sens de la motion que j'ai déposée tout
à l'heure et le ministre lui-même devrait admettre qu'au moins les
économistes devraient venir ici. Il doit savoir...
M. Lazure: Minimum. M. Savoie: Ha, ha, ha!
M. Léonard: II en rit, mais il doit savoir que les
économistes sont plutôt d'accord avec son projet qu'autrement.
M. Savoie: II fait par exprès pour me faire rire. M. le
Président, vous devriez le rappeler à l'ordre. Il faut le
rappeler à l'ordre. 26.
M. Lazure: Non. Je disais que c'était un minimum
d'entendre au moins les économistes. Au moins!
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle... Allez-y, M. le député de Labelle.
M. Léonard: Les économistes ne sont pas contre son
projet, faut-il le lui rappeler? Et même des économistes de notre
côté sont d'accord avec l'imposition d'une taxe à la
consommation ou, en tout cas, d'élargir la taxe à la
consommation. Un certain nombre, mais...
M. Savoie: Ah! Ah! Il le savait! Il le savait!
M. Léonard: ...je pense qu'il y a des questions qui se
posent et que ces aspects économiques doivent être discutés
ici, à la barre de la commission.
M. Savoie: À l'ordre, à l'ordre.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Est.
M. Léonard: M. le Président, à moins de
vouloir escamoter tous les débats à l'Assemblée nationale
comme on l'a fait cet automne, il faut quand même entendre des citoyens
éclairés sur cette question. Vous faites une déclaration
ministérielle, le 30 août, avec quelques heures de discussions sur
un projet qu'on n'a pas vu, dont on vient de nous parier simplement dans une
déclaration ministérielle. Par la suite, le projet de loi
n'apparaît pas tout de suite, il est déposé le dernier jour
où on dort le déposer, te 15 novembre, pour être
adopté avant Noël, pour pouvoir utiliser les motions de
clôture. Alors, nous vous voyons venir avec ce projet de loi. Mais ce que
vous devez admettre, c'est que le débat sur la réforme de la taxe
de vente au Québec est escamoté, absolument escamoté, que
vous ne donnez pas la chance à l'Assemblée nationale d'entendre
des groupes de citoyens, d'en discuter correctement.
Nous sommes en deuxième lecture. Nous avons adopté la
deuxième lecture à l'Assemblée nationale, mais il est
encore temps d'entendre des gens et des groupes sur cette question. Il y a des
gens qui vont être durement touchés. Je prends juste un de ces
groupes: l'industrie touristique. Elle est particulièrement
"clenchée" par ce projet de loi. Les taxes, depuis quelques
années, il n'y avait plus de taxes sur les chambres d'hôtel, eh
bien, maintenant, il y en aura, et ces taxes... Pardon? Il me reste trois
minutes. Je vais les prendre sûrement. Je vais vous parler de l'industrie
touristique, M. le ministre, parce que je suppose que...
M. Savoie: Non, mais c'était pour vous aider.
M. Léonard: Ne vous inquiétez pas, M. le ministre
du Revenu. Ne vous inquiétez pas. N'essayez pas de m'interrompre. Je
pense que vous auriez intérêt à éclaircir
vous-même vos idées sur cette question-là.
Quant à l'industrie touristique, l'industrie touristique n'avait
pas connu de TPS, en ce qui concerne les chambres d'hôtel, depuis de
nombreuses années. Dorénavant, elle sera assujetti à la
taxe fédérale dès le 1er janvier et dès le 1er
janvier 1992, à une autre taxe qui est celle du Québec. Donc,
nous aurons 14,5 % de taxes sur les chambres d'hôtel, ce que nous
n'avions pas.
Vous allez me dire que les étrangers qui viennent ici peuvent
réclamer du gouvernement
le remboursement de la taxe qu'ils auront payée sur les
hôtels, très bien, pour ceux qui décideront de le faire.
Quelqu'un qui vient en voyage peut le faire. S'il le fait, tant mieux. Je ne
suis pas sûr que tous les étrangers qui vont venir ici vont y
penser, vont se bâdrer d'une telle réclamation. Et je ne suis pas
sûr, lorsqu'on va vouloir susciter la venue de congrès
internationaux ici, par exemple au Palais des congrès à
Montréal, que l'argumentation va être bien
développée à l'effet qu'il n'y a pas de taxe et qu'on va
bien sensibiliser les congressistes à l'effet qu'ils peuvent
réclamer du gouvernement une telle taxe. On voit tout de suite la
complexité administrative qu'il y a derrière ça, mais
surtout, au-delà de la complexité adminstrative, le fait que,
à la face même des factures, il y ait 14, 5 % qui s'ajoutent, 14,
5 %, en réalité, ça va décourager beaucoup de gens
avant qu'ils prennent bien conscience qu'ils ne sont pas assujettis.
Considérable.
(22 heures)
D'autre part, les Québécois avaient pris l'habitude de
faire plus de villégiature chez eux, de prendre leurs vacances
l'été, chez eux, de se promener, d'aller en Gaspésie, par
exemple, pour essayer d'aider davantage les Gaspésiens. À partir
de l'an prochain, ça va leur coûter 14, 5 % de plus pour le faire,
quand ils vont rester ici. C'était une taxe qui n'existait pas
jusqu'ici. Il n'y avait pas de taxe fédérale, c'était un
service, il n'y avait pas de taxe du Québec et, là, vous venez
d'augmenter le prix d'une chambre de motel à Gaspé de 14, 5 %. Le
prix d'une chambre de motel au Saguenay-Lac-Saint-Jean, c'est pareil et, dans
la ville de Québec, la même chose. Dès que vous allez loger
à l'hôtel, au motel, dans une chambre, vous allez être
assujettis à cette taxe. Ça, ce sera un frein énorme au
déplacement des personnes à l'intérieur du Québec.
Ce sera un facteur qui va faire augmenter l'inflation au Québec de
façon appréciable. Le Conference Board a évalué que
le taux de l'inflation serait augmenté de 1, 5 % à cause de la
taxe fédérale et d'au moins 0, 5 % à cause des
modifications apportées à la taxe du Québec. Je pense
qu'il faut en tenir compte.
On me dira que les repas au restaurant, le taux de taxe sur les repas au
restaurant, lui, diminue de 10 % à 7 %, mais il ne faut pas oublier la
taxe fédérale toujours. Donc, en réalité, votre
repas au restaurant va vous coûter 7 % de taxe fédérale et
7, 5 % de taxe du Québec. Au fond, vous en êtes maintenant
à 14, 5 % et la réalité, c'est une augmentation du
coût des repas au restaurant de 4, 5 % pour le citoyen.
Le Président (M. Lemieux): II vous reste une minute, M. le
député de Labelle.
M. Léonard: Je fais un calcul tout à fait exact, M.
le ministre du Revenu. Peut-être que vous avez des difficultés
à me suivre, mais c'est exactement ce qui se passe. Le coût des
repas vient d'augmenter de 4, 5 %, le coût des chambres d'hôtel
vient d'augmenter de 14, 5 %. Je ne dis pas à partir du 1er janvier
1991, mais à partir du 1er janvier 1992. C'est là où les
services seront imposés, mais on sait très bien que le
présent projet de loi établit les principes sur lesquels on va
appliquer la taxe de vente du Québec dorénavant, à partir
du 1er janvier 1991 et 1992 pour les services.
Nous en sommes là et je pense, M. le Président, qu'il
conviendrait de recevoir les économistes pour en discuter, pour voir les
effets de freinage économique que comporte l'imposition d'une telle
taxe.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Labelle. M. le député d'Abitibi-Est en
réplique pour une durée de 30 minutes.
Une voix: Vous demandez la réplique tout de suite?
Le Président (M. Lemieux): La réplique de 30
minutes tout de suite et après, c'est en vertu de la règle de
l'alternance 10 minutes, 10 minutes.
M. Bourdon: On va l'écouter au complet, nous autres.
M. Savoie: La motion... M. le Président, s'il vous
plaît.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Pointe-aux-Trembles. M. le député d'Abitibi-Est.
M. Raymond Savoie
M. Savoie: M. le Président, on savait que les
économistes étaient en faveur de l'harmonisation par le
gouvernement du Québec avec la TPS du gouvernement
fédéral. Ils ne pouvaient pas être contre. Comme
gouvernement, tout ce qu'on fait, c'est qu'on dit que la taxe va passer de 9 %
à 8 % au niveau de la taxe de vente et, au niveau de la restauration,
ça va passer de 10 % à 8 %. Il y a, bien sûr, au niveau du
gouvernement du Québec, une perte de revenu sur une période de
trois ans. On parle d'une perte de 19 000 000 $ sur une période de trois
ans avec ce processus d'harmonisation.
Deuxièmement, il faut bien comprendre que ce n'est pas une mesure
nouvelle. Tout ce qu'on fait, c'est qu'on prend la taxe de vente et on la
modifie dans le sens que je vous ai indiqué et on l'étend aussi.
On l'étend pour s'harmoniser, tout simplement pour faciliter les choses
pour les Québécois, tel que demandé, hein? Le processus
d'harmonisation a été demandé par une vingtaine
d'associations, de commerçants, d'hommes d'affaires, de professionnels
du Québec. Ça nous a été demandé au courant
de l'été. On a eu des
lettres officielles nous disant: On requiert l'harmonisation.
Évidemment, après un examen très détaillé de
la situation, il a été convenu que, oui, on n'avait pas le choix,
que c'était peut-être regrettable de prendre à ce moment-ci
cette orientation, mais que finalement on n'avait pas le choix. Face à
la situation de fait, on doit assumer nos responsabilités, poser les
gestes qui s'imposent. Elle a été décidée. C'est
une décision gouvernementale. Je suis convaincu que c'est une
décision de société de prendre cette direction-là
pour aller de l'avant.
Je ne connais aucune firme de comptables agréés - je parle
d'une firme importante - qui s'oppose à cette mesure-là. On n'en
connaît aucune. J'ai fait des démarches. Je n'en connais pas une.
Je ne connais pas non plus une firme importante au niveau des avocats qui nous
soit arrivées et qui nous ait dit: Comme orientation, il y a des
lacunes, ça crée des problèmes. Il y a des
difficultés, tout le monde le reconnaît, on va les travailler, on
va chercher à les régler. Il y a des problèmes qui se
soulèvent, mais, fondamentalement, il y a un accord de principe de
l'ensemble des Québécois et des Québécoises au
niveau décisionnel sur ce projet de loi. il y a eu des
difficultés au niveau du livre. On l'a reconnu. Il y a eu, au niveau du
livre, une certaine volonté de la part d'un certain groupe. On pourra
revenir là-dessus un peu plus tard, sur le livre. Finalement, les
commentaires que j'ai entendus depuis le début de l'après-midi,
je trouve que c'est assez faible comme argumentation. Ça manque de
sérieux, ça manque d'approche et ça manque de recherche.
Franchement, ça manque de recherche.
Si, effectivement, je sentais qu'il y avait un intérêt
réel de la part de l'Opposition d'avancer sur ce projet de loi-là
ou d'apporter des modifications, par exemple, en permettant la présence
de l'Association des économistes devant nous, je le ferais et je
l'appuierais volontiers. Mais, comprenez-vous, ie problème n'est pas
là. Le problème, je vous l'ai dit c'était quoi, la minute
où j'ai fait mon discours sur le projet de loi. Je vous ai dit trois
choses. Je vous ai dit que c'est un projet de loi dont l'impact est en quelque
sorte historique. C'est un revirement majeur, puisqu'on s'enligne avec la TPS
et que la TPS c'est l'introduction d'un élément relativement
nouveau. Donc, il y a quelque chose là-dedans pour le citoyen que j'ai
attaché à la notion de démocratique. Deuxième
élément d'importance... Il y a un élément
démocratique dans le sens que les taxes vont être apparentes.
Elles vont être à la fin. Le citoyen va être
sensibilisé à ce débat-là.
Le troisième élément, c'est que l'Opposition en
tant qu'Opposition n'aurait pas joué son rôle dans ce dossier et
vous me le confirmez. Le député de Pointe-aux-Trembles a
parlé de Ding et Dong, ça ressemble un peu à Ding et Dong
ce qui se passe ici, parce que l'Opposition utilise et va utiliser, aussi
longtemps qu'elle le pourra, toutes sortes de mesures dans le but de contrer
l'adoption de ce projet de loi, uniquement en tenant un discours que j'appelle
purement contradictoire, contradictoire avec ce que nous allons faire,
contradictoire avec elle-même, contradictoire avec ses propres
orientations. Si j'avais senti qu'effectivement l'Oppostion était de
bonne foi dans ce dossier-là, si j'avais senti que
l'intérêt réel était là, qu'elle avait dit:
On veut vous aider, on veut améliorer ce projet de loi, vos
orientations, il m'aurait fait plaisir d'entendre l'Association des
économistes, et les trois autres que vous voulez présenter avec
d'autres motions.
À ce moment-là, étant donné que ce n'est pas
le cas, étant donné que je ne sens pas ça de la part...
Par exemple, je n'ai pas senti ça dans les discours. Je ne l'ai pas
senti, ça me fait de la peine. Je ne l'ai pas senti et je l'ai
cherché. Je pense que j'ai fait un effort pour le trouver, mais je ne
l'ai pas senti. Ce que je sentais, c'était ce maintien d'une position
contradictoire. On va s'opposer pour la forme. On va tenir un discours qui est
contradictoire avec les orientations du Parti québécois. On va
tenir un discours qui est contradictoire avec la volonté de la
majorité des intervenants au niveau des taxes de vente au Québec.
Il faut le rappeler. Et on va tenir également un discours contradictoire
- et ça c'est ce qu'il y a de plus intéressant - avec notre
propre discours. Parce que si vous vous écoutez, l'un après
l'autre, vous ne dites pas la même chose, même que celui qui est le
plus connaissant, évidemment, c'est le député de Labelle.
Je l'avoue, il a une bonne connaissance du dossier, il présente bien sa
position. C'est toujours intéressant de l'écouter,
évidemment. Et c'est un peu gênant; je sens qu'il est
gêné de faire ce qu'il doit faire ce soir. Je le sais, moi. Comme
moi, je suis gêné. Je ne voudrais surtout pas être...
M. Bourdon: Ce que vous venez de dire, c'est vrai.
M. Savoie: Je ne voudrais surtout pas être à la
télévision. Je ne voudrais surtout pas que les citoyens nous
voient faire, en train de débattre un élément aussi
important que ça.
M. Lazure: C'est intéressant ce que vous dites
là.
M. Savoie: Oui, je l'ai dit. C'est intéressant. Je l'ai
avoué, sauf que c'est un peu gênant. Je le sens qu'il est
gêné. Ça, je le sens. Honnêtement, je vous le dis.
Comme moi je suis un peu gêné d'être obligé d'arriver
et de vous dire: Vous nous présentez une motion pour recevoir
l'Association, si je sentais que c'était vrai, si je sentais qu'il y
avait vraiment quelque chose là, comprenez-vous? J'en ai fait pour
d'autres. Je l'ai fait.
Le Président (M. Lemieux): M. le
député...
M. Savoie: Je l'ai fait. Demandez à votre
députée de Chicoutimi. Je l'ai fait avec elle, au sujet des
dentistes et des denturologistes. On a convenu ensemble. Oui, ça a bien
été, ça s'est bien déroulé. Ça a
duré deux jours. On a eu pour 17 heures de présentation. Ce
n'était pas d'aucune façon requis. Tout simplement en discussion
on a dit: Pour éclaircir ça on va faire ça. On s'est
entendu là-dessus. Je ferais la même chose avec vous autres, je
vous le dis, je ferais la même chose avec vous autres si je sentais qu'on
n'avait pas pris cette tournure. La minute où j'ai déposé
le projet de loi, je vous l'ai dit. C'est ce que vous allez faire, je le savais
que vous alliez faire ça. Vous êtes devenus finalement les
sénateurs de l'Assemblée nationale dans votre position. Ça
n'a pas de bon sens et c'est gênant surtout à un moment où
on parle un peu plus de souveraineté-association...
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, M. le
député de Verdun. M. le député de Saint-Louis
là, s'il vous plaît.
M. Savoie: ...où on parle un petit peu plus de
souveraineté...
M. Bourdon: M. le Président, j'invoque le
règlement. Quand on nous compare aux sénateurs...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Pointe-aux-Trembles, ce n'est pas un propos antiparlementaire...
M. Bourdon: Non, de dire qu'on n'est pas élu? On a
été élu, M. le Président. Les sénateurs ne
le sont pas.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Pointe-aux-Trembles...
M. Bourdon: Et le député d'Abitibi-Est ne le sera
peut-être pas à la prochaine...
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Est.
M. Savoie: Justement les interventions, malheureusement, et
là je suis sincère, vos interventions ce soir n'ont rien fait
pour faire avancer le débat non plus. Je veux dire, vous jouez le jeu et
je suis bien prêt à jouer le jeu moi aussi et je tâche de
jouer le jeu en faisant mes lectures et en voulant me concentrer sur d'autres
choses et en essayant d'utiliser mon temps d'une façon intelligente.
Vous comprendrez qu'il y a des limites quand même à faire cet
exercice, à faire ce qu'on appelle en langage parlementaire, qui
était certainement très valable aux dix-septième,
dix-huitième, dix-neuvième siècles, j'en conviens, qu'on
appelle un "filibuster" et qui impose par la suite, à un moment
ultérieur, l'utilisation d'une autre motion qu'on appelle de
clôture. Franchement, je trouve que le citoyen qu'on veut
défendre, l'intérêt de la famille qu'on veut
protéger sont mal desservis par nos interventions de ce soir, par vos
motions de ce soir. J'ai de la misère avec ça.
Si on s'y était pris autrement, on a encore le temps de s'y
prendre autrement, on commence cette procédure-là. Vous me dites
l'Association des économistes du Québec... Repensez à
votre affaire, arrivez-moi avec une nouvelle proposition et, je vous le dis, la
porte est ouverte. Pour le moment, c'est non et je ne peux pas me prêter
à ça. Je pense que c'est partagé par mes collègues,
je pense qu'ils ressentent un peu la même chose, qu'il n'y a pas une
volonté réelle de faire avancer ce projet de loi là, et
vous savez ce qui va arriver, hein? C'est qu'on va le passer en bloc, sans
finalement bénéficier d'un échange réel à ce
niveau-là, sans utiliser vraiment notre pouvoir de législateur,
sans vraiment utiliser les ressources qui sont à notre disposition pour
faire avancer le projet de loi. On va dire non à cette motion-là
et, là, vous avez l'ordre de je ne sais pas trop qui, de je ne sais pas
trop où dans votre organisme qui va nous arriver et va dire: Là,
vous allez présenter une autre motion et vous allez en faire trois,
quatre motions comme ça là-dessus, ce soir. Et demain, ça
va recommencer sur autre chose et, finalement, le citoyen, lui,
là-dedans? Son argent? Notre temps? Notre connaissance? L'utilisation?
Le député de La Prairie n'est plus en âge pour faire cet
exercice-là. Ha, ha, ha! Ce n'est plus un jeune homme pour continuer
à siéger jusqu'à minuit, jusqu'à Noël.
Ça ne marche plus cette affaire-là. Il faut qu'on utilise notre
temps mieux que ça. Non, je dis ça en farce, M. le
député de La Prairie, c'est de bonne guerre. Je le comprends moi
aussi. Eh bien, c'est ça. Il y a un temps pour ces choses-là et
on n'est plus... Il faut faire autre chose. On parle de quand même... On
a combien d'années d'expérience ici ensemble autour de la table
comme parlementaires, comme législateurs, comme gens qui sont
supposés regarder un projet de loi. Comment pensez-vous que je me sens,
moi, vis-à-vis des fonctionnaires de carrière quand ils sont en
train... L'aboutissement de leur travail à ce stade-ci où c'est
supposé être sanctionné par le législateur, quand on
arrive avec des bouffonneries comme ça, pensez-vous que je trouve
ça... C'est le première fois que je vis ça...
Le Président (M. Lemieux): Monsieur, oui, M. le
député d'Abitibi-Est...
Une voix: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): ...le terme "bouffonneries",
voulez-vous retirer ce terme?
D'accord...
M. Savoie: Oui, je m'excuse...
Le Président (M. Lemieux): ...parce que les
parlementaires, on doit utiliser leur règlement.
M. Savoie: ...je retire le mot "bouffonneries" M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci.
M. Savoie: Mais comprenez-vous, M. le Président? C'est la
première fois que je vis ça. Ça fait cinq ans que je suis
élu, j'ai eu des projets de loi avant au niveau des mines... Non, non,
c'est vrai. J'ai toujours eu une bonne collaboration de l'Opposition. On a
toujours traversé chacune des étapes tant bien que mal, mais
jamais comme ça. C'est la première fois. C'est un peu un choc
culturel pour moi. J'en ai entendu parler, je l'ai suivi, mais c'est la
première fois que ça m'arrive.
M. Lazure: Relaxez... (22 h 15)
M. Savoie: Oui, oui, relaxez, sauf que vous comprendrez ma
frustration et je suis certain que vous avez senti la même chose, lorsque
vous avez été ministre de la santé et qu'on a fait la
même chose, on a fait un "filibuster" et que vous avez passé des
nuits blanches à faire ça, à participer à ce rituel
dépassé, démodé, inutile et improductif. Alors,
c'est ça. Moi, je vous laisse avec ça. Vous en ferez ce que vous
voudrez. Moi, je vous dis que la porte est ouverte chez moi pour faire quelque
chose de constructs Je suis certain que c'est partagé par mes
collègues. Je suis certain que c'est partagé par le
président et je suis certain que c'est partagé par tout le monde
qui nous écoute ce soir.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député d'Abitibi-Est. Est-ce que c'est Mme la
députée de Terrebonne? M. le député de Rousseau,
s'il vous plaît. Mme la députée de Terrebonne m'a
demandé la parole. Vous avez droit à 10 minutes, Mme la
députée de Terrebonne.
Mme Caron: Oui. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Sur la motion du
député de Labelle.
Mme Jocelyne Caron
Mme Caron: Oui. M. le Président, je comprends
difficilement l'attitude du ministre sur cette motion. Il a parfaitement raison
de se sentir gêné, parce que les propos qu'il a tenus, M. le
Président, certains de ses propos étaient carrément
antiparlementaires comme vous l'avez bien souligné. Son attitude aussi,
M. le Président. Parce que, depuis le début de nos travaux ici,
on réussit facilement à faire rire le ministre. Parce que, pour
lui, c'est un jeu. Il nous l'a bien dit, mais j'espère qu'on va
réussir aussi facilement à le convaincre de l'importance de ce
projet de loi-là. Et le seul ordre, M. le Président, que comme
députés, on accepte, c'est l'ordre de la population qui est
contre ce projet de loi. C'est le seul ordre qu'on accepte et donc on utilise
les moyens pour l'empêcher ce projet de loi-là, parce que la
population est contre.
C'est effectivement un événement historique, un impact
majeur. Et, si le ministre pense que son projet de loi c'est un
événement historique et un impact majeur, il devrait commencer
par accepter de recevoir des spécialistes, c'est-à-dire
l'Association des économistes du Québec, puisque ce projet de loi
va avoir un impact majeur sur l'économie. Si c'est un
événement historique et qu'il veut être conséquent
avec ce qu'il nous dit, eh bien! qu'il commence par rencontrer l'Association
des économistes du Québec. Il nous dit aussi que c'est...
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse. M. le
député de Saint-Louis. O.K. Ça va. S'il vous
plaît.
M. Chagnon: Je suis là, M. le Président, ne soyez
pas inquiet.
Le Président (M. Lemieux): Parce qu'il y a des murmures.
Mme la députée de Terrebonne.
Mme Caron: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît.
J'aimerais qu'on puisse bien entendre les intervenants. Ça fait deux ou
trois fois. Mme la députée de Terrebonne. Non, ça va.
Allez-y, Mme la députée. J'ai vu là, le regard furibond de
Mme la députée de Terrebonne. C'était
compréhensible. Allez-y, madame.
Mme Caron: II n'y a rien pour me faire perdre le fil, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Non, mais une question de
respect mutuel. Respecter les droits des parlementaires. Allez-y madame.
Mme Caron: Deuxième point, on nous dit que c'était
démocratique pour les citoyens, effectivement, parce qu'ils vont voir la
taxe, mais ils vont être obligés de la payer. Ça, c'est un
petit peu moins démocratique. Et douter de la bonne foi de l'Opposition,
le ministre nous dit qu'il n'a pas senti la bonne foi de l'Opposition, eh bien,
c'était très difficile de la sentir, puisqu'il a passé son
temps à lire, M. le Président.
Donc, la motion qu'on a devant nous, c'est de recevoir l'Association des
économistes du Québec. C'est loin d'être une demande
inutile, puisque tout le monde sait que, du côté des
économistes, on ne fait pas l'unanimité par rapport à ce
projet de loi-là, contrairement à ce que le ministre nous a dit.
Guy Mailloux, dans un article sur la TPS, spécial économique,
définit clairement la controverse concernant la TPS et concernant
l'harmonisation que le ministre nous propose aujourd'hui. Contrairement au
ministre, M. Mailloux a jugé bon, lui, d'entendre le point de vue des
économistes, chose que le ministre ne fait pas, absolument pas. Il est
allé interviewer cinq économistes et professeurs à
l'Université du Québec à Montréal. Contrairement
à ce qu'on nous dit, les économistes sont loin d'être
d'accord avec le projet de loi et je vais me permettre de les citer. Diane
Bellemare, économiste, professeur à l'Université du
Québec à Montréal nous dit: "Une taxe sur la consommation
sera toujours plus injuste qu'un système d'impôt sur le revenu
basé sur une définition exhaustive du revenu et ne comportant
aucune exemption, aucun abri fiscal permettant d'échapper au fisc. Non,
cette taxe sur la consommation est régressive pour la classe moyenne.
J'aurais souhaité que les secteurs mous comme le meuble,
l'édition, le vêtement, bénéficient sinon d'une
exemption, au moins d'un taux plus bas. Une TPS à taux variable comme
c'est le cas en Europe est plus difficile à appliquer, mais demeure plus
équitable". Elle ajoute: "Bien qu'il n'y ait jamais vraiment de bon
temps pour imposer une nouvelle taxe, je crois que le gouvernement fait une
erreur d'imposer cette taxe qui est inflationniste et récessionniste au
moment où le Canada est plongé dans une récession. La TPS
sera très lucrative pour le gouvernement et il est à
prévoir que cette taxe ne restera pas très longtemps à 7
%".
Puisque notre gouvernement tient à s'harmoniser, bien sûr
qu'il va changer son taux lui aussi. Donc, elle va monter comme cela s'est
produit dans tous les pays ayant un système de taxe sur la valeur
ajoutée. D'autre part, le gouvernement Mulroney commet l'erreur
d'imposer cette taxe sans avoir obtenu le consensus de ses partenaires sociaux
et économiques. Il a perdu, à cause de cela, toute sa
crédibilité et c'est ce que refait le gouvernement que nous avons
devant nous, M. le Président, parce qu'il refuse d'entendre.
M. Yves Rabeau, également économiste, nous dit: "La TPS ne
devrait pas jouer un rôle inflationniste très important, bien
qu'elle contribuera très certainement à une certaine augmentation
des prix à la consommation. " Lui aussi nous dit: "Je suis assez
sensible à l'argumentation du monde de l'édition et je crois que
le gouvernement devra, d'une façon ou d'une autre, corriger les effets
négatifs de la TPS pour certains secteurs. " Alors, je pense qu'il
serait peut-être important d'entendre les économistes nous dire
les secteurs qu'il faudrait toucher, quels secteurs il faudrait faire
varier.
Même son de cloche du côté de l'économiste
Pierre Fortin: "La consommation en biens et services devrait, à court
terme, coûter un peu plus cher aux consommateurs. On ne peut dire de
cette taxe à la consommation, qui touche uniformément tous les
produits et services, qu'elle est régressive ou progressive, parce que
son effet sera directement lié au revenu consacré à la
consommation. " Là-dessus, l'ex-ministre du Revenu, lui, disait: Vous
pensez peut-être que plus un contribuable riche consomme, plus il paiera
de TPS, et cela n'est que juste. En apparence, on peut le penser, mais en
pratique il faut constater qu'il y a une certaine limite à l'achat de
biens pour usage personnel, à tout le moins pour satisfaire les besoins
de la vie même avec grand luxe. L'observation des statistiques fiscales
démontre qu'au-delà d'une certaine consommation le contribuable
riche investit dans les placements, les affaires et sans qu'on observe une
consommation effrénée.
Les avis sont partagés, ce dont le ministre du Revenu ne semble
absolument pas se rendre compte, et il est important que les économistes
viennent nous dire, tout comme le disait M. Rabeau, qu'il y a peut-être
certains secteurs où il y aurait des effets négatifs qu'il
faudrait protéger, comme nous le disait Diane Bellemare, comme le disait
également l'économiste Clément Gignac qui, lui aussi, nous
confirme que, même si le taux de la taxe provinciale sera porté de
9 % à 8 % en janvier prochain, l'extension de l'assiette existante
à tous les biens, tels vêtements, chaussures, livres et meubles
exercera une pression à la hausse sur les prix.
Or, quand le ministre nous dit que les économistes sont tous
d'accord avec lui, avec ce projet de loi là, eh bien, M. te
Président, c'est à mon tour de lui dire qu'il n'a pas fait
tellement de recherches. Il a lu beaucoup durant cette commission, mais je n'ai
pas l'impression qu'il a lu beaucoup les avis des économistes. Il aurait
peut-être dû le faire, il ne nous aurait peut-être pas
donné les commentaires qu'il nous a donnés tantôt.
M. le Président, ce que l'Opposition fait ici, c'est un travail
pour répondre non à un ordre d'un esprit supérieur, comme
semble nous le dire le ministre du Revenu, mais bien pour répondre
à la demande de nos citoyens et citoyennes dans nos comtés qui
nous ont demandé, tout comme les centrales syndicales, tout comme
l'industrie des manufacturiers, du vêtement, du meuble, tout comme
certains économistes, de faire une lutte farouche contre cette loi qui
est tout à fait injuste. Et de ne même pas prendre le temps, M. le
Président, de lire les avis des économistes, de
préférer lire les catalogues, M. le Président...
M. Lazure: De voyages.
Mme Caron: ...je pense que c'est évident qu'on ne fait pas
avancer le débat et qu'on tient des discours dans le style de ce qu'on
nous a donné tantôt, M. le Président. Je vous avoue que,
pour me préparer à cette commission parlementaire, j'ai
préféré lire des documents quelque peu plus sérieux
que ce que fait le ministre présentement. Et ça m'amène
à vous dire qu'il devrait entendre davantage les économistes.
Puisqu'il refuse de les lire, il pourrait peut-être les recevoir et leur
poser des questions. SI je pousse son argument jusqu'au bout, ces
économistes-là, puisqu'il est si certain qu'ils sont d'accord
avec son projet de loi, pourraient peut-être arriver mieux que le
ministre à convaincre l'Opposition que son projet de loi est bon. Alors,
si on veut pousser son argument jusqu'au bout, M. le ministre, il devrait
accepter qu'on reçoive l'Association des économistes du
Québec et, peut-être, à ce moment-là, que
l'Opposition sera convaincue de la justesse de son raisonnement.
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Terrebonne, une minute, s'il vous plaît. Une minute, Mme la
députée de Terrebonne.
Mme Caron: Merci, M. le Président. Peut-être que les
arguments des économistes seront plus frappants et plus convaincants que
ceux du ministre, puisqu'il n'a aucunement utilisé son temps de parole
pour nous donner des arguments pour défendre son projet de loi, mais a
toujours utilisé son temps de parole tout simplement pour douter de la
bonne foi de l'Opposition. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, Mme la
députée de Terrebonne. Est-ce qu'il y a des interventions du
côté ministériel? Il n'y a pas d'intervention. Est-ce qu'il
y a d'autres interventions? M. le député de Gouin.
M. André Boisclair
M. Boisclair: M. le Président, j'ai écouté
avec beaucoup d'intérêt tout à l'heure le ministre du
Revenu qui nous a fait part de son point de vue sur la motion
déposée par le député de Labelle.
M. le Président, j'essaierai, de façon très calme
et très sereine, d'essayer de mettre un certain nombre
d'éléments en perspective dans les 10 minutes qui me sont
consacrées pour intervenir sur cette motion, pour dire de façon,
je crois, honnête que, si comme le disait le ministre tout à
l'heure dans son intervention nous sommes de mauvaise foi, je dois cependant
lui dire que lui, de son côté, les gens de sa formation ont
toujours manifesté leur volonté de ne pas consulter les gens du
milieu. Ça, je pense qu'il ne peut pas le nier. Qu'on prenne, par
exemple, l'attitude et la façon dont l'annonce d'une imposition d'une
TVQ a été faite en cette Chambre. D'aucune façon on nous a
remis, à nous parlementaires, des documents justifiant la
nécessité de l'harmonisation, justifiant la
nécessité d'imposer le milieu du livre.
Nous nous disons, M. le Président, que si on a peut-être
réussi à le faire pour le livre, il serait peut-être tout
aussi urgent qu'on le fasse pour d'autres secteurs. Le député de
Labelle a parlé du milieu touristique tout à l'heure. On pourrait
parler d'autres secteurs du milieu culturel, que ce soit le
théâtre, que ce soit le cinéma, que ce soit les concerts ou
tout ce qui a trait au spectacle, où on aura une taxe, 25 %
d'imposition, M. le Président.
Je dis de façon très candide au ministre du Revenu que, si
ses fonctionnaires ont autre chose à faire ce soir que de nous
écouter, moi, je pourrais très bien lui dire aussi que moi,
j'aimerais bien être ailleurs qu'ici ce soir à 22 h 30, que
d'être autour de la table et d'essayer de faire valoir mon point de vue.
Nous le faisons, non pas parce que nous sommes forcés de le faire, nous
sommes tous libres de nos gestes et de nos propos. Nous le faisons, parce que
nous sommes convaincus du bien-fondé de notre point de vue. Je crois que
l'erreur fondamentale du ministre, c'est de croire que nous sommes seuls
à vouloir nous battre.
M. le Président, on évoquait tout à l'heure... Dans
le fond, il dit: Si je refuse et si je n'accepte pas la motion du
député de Labelle, c'est parce que je ne sens pas chez vous qu'il
y a une volonté de faire progresser le débat. M. le
Président, je peux vous dire que, de notre côté, on n'a pas
senti beaucoup de volonté du ministre... on n'a pas senti d'ouverture
à tout le moins de sa part.
On regarde ce qui se passe ailleurs, particulièrement dans
d'autres provinces canadiennes. Quelle autre province a décidé
aussi rapidement de s'harmoniser? Pas une, M. le Président. Pas une.
Où était l'urgence? Où était l'urgence? Je crois
dans ce contexte qu'il y a un certain nombre de questions légitimes que
nous nous posons. Je crois que l'éclairage de l'Association des
économistes pourrait être pertinent. Que le ministre
réponde à tout le moins à nos questions ou qu'il nous
fasse parvenir de la documentation, sans doute produite par les fonctionnaires
de son ministère. Quelles vont être les conséquences, par
exemple, et jo le soulevais tout à l'heure dans mon intervention, de
l'imposition d'une TPS pour les villes qui sont frontalières des
États-Unis ou des provinces ontariennes? Qu'est-ce qui va arriver?
Quelle perte de revenu le gouvernement aura-t-il à subir des
consommateurs qui iront magasiner en Ontario ou qui iront magasiner aux
États-Unis? Où était l'urgence, M. le Président?
(22 h 30)
Quand je dis que nous ne sommes pas les
seuls à nous battre, à vouloir défendre notre point
de vue, par exemple, l'ancien ministre du Revenu et député de
Montmorency trouvait que c'était une erreur tellement fondamentale qu'il
a décidé de démissionner, de quitter son poste au cabinet,
de quitter de façon très claire la vie politique.
Donc, M. le Président, je ne me sens pas du tout coupable
d'être ici ce soir et d'essayer de faire valoir un point de vue que nous
jugeons légitime. Si le ministre, de son côté,
répondait à tout le moins à nos interrogations, s'il
répondait à nos interrogations. S'il pouvait peut-être nous
rassurer. Comme nous l'avons dit et comme le ministre le souligne, personne ne
nie qu'il existe à l'heure actuelle une taxe de vente. Personne ne nie
que la taxe de vente du Québec, par exemple, sur les repas servis au
restaurant diminuera, mais il faut aussi tenir compte du contexte et de la TPS
fédérale. Il y aura des conséquences sévères
sur notre économie. Par exemple, j'écoutais tout à l'heure
et je voyais fe président de cette commission, lorsqu'on parlait de
l'importance des conséquences pour le milieu touristique, 15 % sur une
chambre d'hôtel, le président semblait un peu étonné
même. On vous écoutait tout à l'heure, vous sembliez
étonné de l'impact et de l'ampleur de cette nouvelle taxe. Il y a
matière à réflexion, M. le Président. Ce que nous
demandons, de façon très simple, sans aucune prétention,
sans aucune partisannerie, c'est d'essayer d'aller un peu plus au fond des
choses.
Les Québécois et Québécoises voient aussi ce
qui se passe à la Chambre des communes à Ottawa ou voient ce qui
s'est passé au Sénat et ils savent, cependant, que les
parlementaires ont eu l'occasion de questionner bien des intervenants. Si je ne
me trompe pas, et on me corrigera si je suis dans l'erreur, il y a eu un
comité de la Chambre des communes qui s'est penché sur la
question. Les parlementaires ont eu l'occasion de recevoir l'éclairage
de spécialistes qui ont pu soit confirmer ou infirmer leurs craintes.
Mais, à tout le moins, je crois que nous sommes légitimés
de demander à une association comme celle des économistes ou
à tout autre groupe d'experts de bien venir vouloir apporter aux
parlementaires, membres de cette commission, un éclairage. Je me dis que
c'est à la fois dans l'intérêt, bien sûr, des membres
de l'Opposition, mais aussi dans l'intérêt de tous les membres de
cette commission. Où est l'urgence? Pourquoi ne le ferait-on pas?
Bien sûr, M. le Président, il y a une objection de fond que
nous manifestons quant à l'harmonisation, en décidant d'adopter
la même assiette fiscale et aussi en décidant d'adopter un
même taux peu importe le produit ou le service. On a vu que dans d'autres
pays, il y a différents moyens ou d'autres solutions qui ont
été mises de l'avant pour aborder un problème
sérieux, nous en convenons. Notre capacité concurrentielle
à l'échelle internationale, oui, c'est impor- tant. Oui, la taxe
de vente dans sa forme actuelle est régressive et affecte notre
capacité concurrentielle. Tout le monde l'admet. Ce que nous disons
cependant, c'est que la solution présentée par le gouverment
libéral, à notre avis, n'est pas la meilleure et qu'il y aurait
moyen de chercher à bonifier le projet de loi que nous étudions
ce soir. Et nous croyons que l'Association des économistes pourrait
apporter un éclairage pertinent.
M. le Président, s'il y a bien une situation et s'il y a bien
quelqu'un qui doit se sentir inconfortable ce soir, c'est sans doute le
ministre du Revenu, qui lui a à faire une job de bras. La
décision a été prise par le ministre des Finances. Il est
arrivé dans un ministère à la dernière minute, on
le lui a donné après la démission du député
de Montmorency et il est pris pour faire passer ce projet de loi. Et je suis
convaincu qu'il a reçu des ordres, lui aussi, fui disant de ne pas
accepter d'amendements qui modifieraient le fond du projet de loi. On a juste
à voir de quelle façon les gens de l'industrie du livre ont
dû se démener pour amener fe gouvernement à fa raison,
comment les députés libéraux ont dû se
démener, comment les membres du conseil général du Parti
libéral du Québec ont dû se démener pour amener le
ministre des Finances à changer sa position. M. le Président, je
parlais à des parlementaires qui ont plus d'expérience que moi,
qui sont ici a l'Assemblée nationale depuis plus longtemps, c'est rare
qu'on voit un ministre des Finances changer de position. C'est rare que, sous
la pression des députés qu'on dit d'arrière-ban ou sous la
pression d'une formation politique, on voit un ministre changer d'opinion. S'il
l'a fait, M. le Président, sur le livre, c'est parce qu'il avait des
raisons valables. Et il y a des raisons tout aussi valables qui
mériteraient qu'on revoie la politique à l'égard des
autres industries culturelles, de l'industrie touristique. Je suis convaincu
que des gens viendraient témoigner de cette importance-là.
Pourquoi avoir ouvert une porte uniquement pour le livre?
Le Président (M. Lemieux): Trente secondes, M. le
député de Gouin.
M. Boisclair: En 30 secondes, M. le Président. Je ne me
sens pas du tout coupable de faire le travail que je fais ici ce soir. Je suis
même content de le faire, parce que je sens que le débat que nous
menons est un débat de fond, un débat important. Pour avoir
entendu les interventions de l'ensemble de mes collègues, je crois qu'il
n'y avait pas de bouffonneries, loin de là. Nous essayons tous de faire
un travail sérieux et nos interventions, je crois, démontrent
jusqu'à quel point nous avons fait une recherche importante.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Gouin.
M. Boisclair: Et je m'attendrais des collègues
libéraux qu'ils fassent la même chose. Ils en reçoivent des
représentations, qu'ils témoignent des représentations
qu'ils reçoivent. Alors, M. le Président, je conclus
là-dessus, nous aussi nous voulons progresser dans le débat. Nous
aussi nous voulons faire avancer le débat, mais faites preuve d'un peu
d'ouverture.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
de
Gouin, vous avez terminé, merci. M. le député de
Champlain. Vous n'êtes pas membre de cette commission, ça va,
merci. Est-ce que M. le député de Pointe-aux-Trembles... Il n'y a
pas d'intervention ministérielle? M. le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Michel Bourdon
M. Bourdon: Oui. M. le Président, c'est particulier
d'entendre le ministre parler et dire qu'il est déçu de
l'Opposition, nous dire en somme, qu'on arrive à la dernière
minute pour faire entendre l'Association des économistes du
Québec. J'aimerais lui rappeler que cette même commission, M. le
Président, la commission du budget et de l'administration, s'est vue
soumettre par mon groupe parlementaire il y a un an un mandat d'initiative pour
entendre tous ceux dans la population du Québec qui auraient eu quelque
chose à dire sur la TPS. Malheureusement, les ministériels n'ont
pas retenu cette proposition-là, il y a un an. Nous proposions
d'entendre tous ceux qui auraient eu quelque chose à dire sur la TPS. Ce
n'était pas encore un projet de ce gouvernement-ci, c'était le
projet du fédéral et on disait, entre Québécois,
qu'on devrait regarder ce que ça ferait. Ça ne s'est pas fait. Il
n'est pas trop tard pour le faire, M. le Président.
Ce qui me frappe aussi dans le discours du ministre du Revenu et du
ministre des Finances, c'est qu'ils disent: Les deux premières
années du régime de TVQ, le gouvernement ne fera pas une cent
avec ça. Bien, on dirait que c'est du vice pour le plaisir de mal faire,
M. le Président. On se dit: Ils le font, ils vont se mettre la
population à dos. Déjà ce gouvernement qui traîne
derrière dans les sondages, dans les intentions de vote - les derniers
sondages nous donnent 97 sièges advenant une élection - s'en va
au bâton avec un projet...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Pointe-aux-Trembles. De la pertinence, s'il vous plaît.
M. Bourdon: La pertinence est simple, M. le Président. Je
mets le gouvernement en garde de perdre ses élections à cause de
cette taxe-là.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce opportun ou non
d'entendre l'Association des économistes?
M. Bourdon: Bien oui, qu'il écoute les économistes
plutôt que d'écouter le fédéral pour ne pas perdre
le pouvoir. Ça ne serait pas drôle d'être 24. Dans les
derniers sondages, vous étiez à 24.
Une voix: Vous pariez d'expérience.
M. Bourdon: Alors, M. le Président, oui, on sait ce que
c'est que de perdre le pouvoir. Et, M. le Président, on sait ce que
c'est l'arrogance d'un deuxième mandat. Le ministre lit le journal
ostensiblement. Il n'écoute pas quand on parle et, après
ça, il dit qu'il ne nous comprend pas. Alors ça, M. le
Président, je pense que c'est frappant. Qu'on réponde donc
à nos questions! Comment le ministre peut-il me dire qu'il y a une
quelconque justice? Qu'un salarié à 20 000 $ qui achète
une auto de 15 000 $ paie le même montant qu'un salarié à
60 000 $ qui achète une auto. Les crédits, M. le
Président, il faudrait justement en discuter avec l'Association des
économistes.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourdon: Les crédits là, on se fait dire toutes
sortes de sornettes par le gouvernement. Crédits d'impôt aux
personnes âgées pour l'impôt foncier, scolaire et municipal,
elles ne récupèrent pas 25 % de ce qu'elles ont donné, M.
le Président. On le demandera aux économistes: Est-ce qu'une
taxe...
Le Président (M. Lemieux): Je dois vous féliciter,
M. le député de Pointe-aux-Trembles. Je ne vous ai jamais vu
revenir d'une manière aussi rapide à la pertinence. Je vous en
félicite.
M. Bourdon: Absolument, M. le Président. Et on pourrait
demander à l'Association des économistes: Qu'est-ce qu'il y a de
juste dans le fait qu'une personne à 20 000 $ par année, pour un
même produit, paie exactement la même taxe qu'une personne qui en
fait 60 000 $? Ça, c'est une question. Comment se fait-il qu'on donne
des crédits, qu'on remette de l'argent aux plus mal pris, ça va
jusqu'à 25 000 $, et rien pour la classe moyenne? Comment ça se
fait? Une taxe sur la valeur ajoutée peut s'admettre, M. le
Président, si en même temps on révise l'impôt sur le
revenu pour le rendre plus juste et qu'on arrête d'avoir des abris
fiscaux, M. le Président. Il y a combien de contribuables
québécois gagnant plus de 100 000 $ par année qui ne
paient pas un sous d'impôt sur le revenu? Les derniers chiffres
canadiens, M. le Président, c'était 8000, donc notre part au
Québec, c'est 2000. Il n'y a rien dans ça qui va aller à
rencontre et il y a les entreprises aussi que la nouvelle TVQ va exempter
d'à peu près 500 000 000 $ de dépenses.
Quand on dit qu'après deux ans, M. le
Président, le gouvernement ne fera pas plus d'argent, il y a un
transfert d'un demi-milliard qui se fait des entreprises aux individus, on
pourrait demander aux économistes: Est-ce vrai comme le dit souvent le
chef de l'Opposition officielle, que ce n'est pas le temps de taxer la
consommation lourdement? M. le Président, ils doivent connaître
ça les fabricants de meubles et les fabricants de vêtements qui
disent que l'effet va être catastrophique? Est-ce que les
économistes ne pourraient pas répondre à la question:
Est-ce le temps, quand on sait que 59 % du produit intérieur brut au
Québec est fait des dépenses des ménages, au moment
où les gens voient le taux de chômage monter et vivent une
récession, de leur rendre la plupart des produits plus chers qu'avant?
Ce sont des questions qu'on aurait pu poser à des économistes il
y a un an, M. le Président. Les ministériels ont dit non. La TPS,
je me rappelle encore les arguments, M. le Président, Us disaient: La
TPS c'est le fédéral, c'est mauvais, on ne s'en occupe pas parce
que ce n'est pas nous autres, c'est le fédéral.
Et le pire du projet qui est devant nous, M. le Président, c'est
qu'il n'y a rien qui a été fait pour amener le
fédéral a composer et à tenir compte des
réalités. Il y a des projets qui ont été mis de
l'avant comme de préconiser que le Québec dise au
fédéral: Bon, ça pourrait rapporter votre TPS au
Québec un taux moyen de 7 %, mais laissez-nous l'adapter, le moduler. Ce
n'est pas ça qui a été demandé. Le ministre des
Finances, à l'insu du ministre du Revenu, a fait une entente avec le
fédéral disant: On va faire exactement comme vous autres. Il y a
juste le livre qui est passé à côté. Mais à
part ça, c'est exactement pareil au 1er janvier 1991, et
complètement pareil au 1er janvier 1992 où le Québec, en
plus, va faire la "collecte" pour le fédéral, à
sous-contrat. Il va être un sous-traitant du fédéral et
notre ministère va être en pratique au moins à
moitié gouverné par des directives fédérales.
Quelle affirmation nationale! Quel souverainisme en douleur, en devenir qu'on a
devant nous!
Une voix: Es-tu un "affirmationniste"?
M. Bourdon: Ils nous disent... Non. Ils nous disent finalement,
M. le Président, et ça le ministre des Finances... Rappelez-vous
le discours d'il y a une semaine du ministre des Finances, M. le
Président, qui disait: Les caisses enregistreuses ne permettent pas
d'abolir la taxe sur le livre et, en plus, si le fédéral
l'enlevait, je l'enlèverais. Il y a eu un conseil général,
il s'est fait dire que c'était des sornettes. Devant la pression de son
parti, il a enlevé la taxe sur le livre. Alors, les caisses
enregistreuses ont-elles changé depuis une semaine? Pourquoi n'a-t-il
écouté personne? Et l'impact sur l'économie, c'est une
évidence, M. le Président. Les produits vont être plus
chers pour tout le monde le 1er janvier et déjà les
ménages ont tendance à consommer moins. Ça a
déjà un impact sur l'économie. (22 h 45)
Je suggérerais aux ministériels dans leur comté de
parler aux commerçants de ce temps-là pour connaître leur
état d'âme. Ça ne vend pas, M. le Président. On nous
dit: On est au début de décembre et il n'y a rien qui laisse
présager la fièvre habituelle d'achats pour Noël. Qu'est-ce
que ça va être à partir du 1er janvier où ça
va coûter encore plus cher? Et qu'est-ce qu'on répond à
l'argument? Que si l'abolition de la taxe de vente en 1978 a stimulé les
ventes d'électroménagers, de meubles et de vêtements,
qu'est-ce que ça va être de les augmenter? Dans le temps, on les
avait réduits de 9 %. Qu'est-ce que ça va être de les
augmenter de 15,56 %? Le chef de l'Opposition avait raison de dire: Au moins,
retardez ça de 6 mois. Et dans ça on pourrait dire, nous: Le
risque électoral est énorme, et vous dites que ça
n'apportera rien.
Le Président (M. Lemieux): Une minute, M. le
député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: Alors, à votre fait, il n'y a que des
inconvénients. Alors, s'il n'y a que des inconvénients,
abandonnez-le, à moins que ce ne soit que le Parti libéral du
Québec, congénitale-ment, est incapable de faire autre chose que
ce que le fédéral fait. Finalement, c'est la soumission
tranquille qui anime ce parti, qui nous a pourtant donné a une autre
époque la Révolution tranquille. Là, c'est la soumission
tranquille, de dire: On ne le fait pas parce qu'on est d'accord, on le fait
parce qu'Ottawa le fait et que nous autres on le singe. Sauf pour le livre.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Pointe-aux-Trembles. M. le député des
îles et après je reviens à l'Opposition. M. le
député de Saint-Louis a demandé la parole. M. le
député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Georges Farrah
M. Farrah: Merci, M. le Président. Le problème qui
existe à faire venir l'Association des économistes ici, c'est
qu'à entendre le député de Pointe-aux-Trembles, on va
l'envoyer suivre un cours d'économie avant parce qu'il ne comprendra pas
les économistes lorsqu'ils vont venir.
Une voix: C'est ça.
M. Farrah: À la lumière des commentaires qu'il
vient de nous donner, dont il vient de nous faire part, quand même que
l'Association des économistes serait ici, je pense qu'il ne semble pas
comprendre grand-chose à l'économie, M. le Président.
M. Bourdon: Faites-les venir, on verra.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Pointe-aux-Trembles, s'il vous plaît.
M. Farrah: Dans le sens suivant, c'est que lorsque le
député de Pointe-aux-Trembles dit: Bon, bien, il n'y a pas de
différence entre un salarié à 20 000 $ et un à 60
000 $ eu égard à la TVQ, c'est totalement faux. Il y a une
différence énorme, M. le Président. C'est que le
salarié à 20 000 $ a un remboursement de taxe, il faut quand
même le dire, M. le Président. Alors, c'est totalement incorrect
ce que le député de Pointe-aux-Trembles vient de mentionner. Un
autre élément qu'il faut relever, c'est l'équité.
Alors, lorsque le député de Pointe-aux-Trembles parle de ceux
à 100 000 $, dans le régime actuel, souvent les gens qui font 100
000 $ par année ne paient pas de taxes, ont beaucoup d'exemptions, de
choses et d'autres, ne paient pas d'impôt, disiez-vous, justement
d'amener une telle taxe, M. le Président, en termes
d'équité, c'est que ces gens-là consomment davantage parce
qu'ils ont plus d'argent. Alors voilà un moyen, M. le Président,
de faire en sorte d'aller chercher de l'impôt chez les plus riches pour
le redistribuer équitablement à l'ensemble des consommateurs et
des consommatrices.
Alors, cela dit, M. le Président, pour toutes ces raisons, je ne
vois pas pour quelle raison nous devrions inviter l'Association des
économistes, compte tenu de l'incompréhension chronique dont
témoigne le député de Pointe-aux-Trembles. Alors, je lui
suggère fortement d'aller suivre un cours, peut-être aux HEC avec
le député de Labelle qui a été... Dans ce
sens-là, M. le Président, on verra, peut-être pour un autre
projet de loi, si on invite l'Association des économistes, on pourra
l'inviter, mais je pense que c'est prématuré, compte tenu de
l'incompréhension chronique du député de
Pointe-aux-Trembles.
Alors, cela étant dit, M. le Président, je demanderais le
vote sur la motion proposée par le député de Labelle.
Le Président (M. Lemieux): Un instant, M. le
député de La Prairie.
M. Lazure: J'avais demandé la parole.
Une voix: Dans le micro.
M. Lazure: Oui, dans le micro.
Le Président (M. Lemieux): Considérant l'article
203 et que le député de La Prairie de même que le
député de Saint-Louis m'avaient demandé la parole, je vais
rejeter d'office la motion du député des
Îles-de-la-Madeleine, non pas parce que la motion de fond se prolonge
indûment, mais parce que j'en arrive à la conclusion que les
droits des députés seraient peut-être lésés
par une mise aux voix immédiate. En vertu de l'article 203 du
règlement, allez-y, M. le député de La Prairie.
M. Farrah: M. le Président, donc la motion n'est pas
recevable?
Le Président (M. Lemieux): Je ne dis pas qu'elle n'est pas
recevable, je dis qu'elle est recevable mais qu'elle est rejetée en
vertu de l'article 203.
M. Lazure: Alors, est-ce que j'ai la parole?
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de La Prairie.
M. Denis Lazure
M. Lazure: Merci, M. le Président. Moi, je dois dire
jusqu'à quel point je suis surpris de l'intervention du ministre du
Revenu. J'ai écouté attentivement toutes les interventions, y
compris la sienne. J'ai appris des choses en entendant mon collègue de
Labelle, ma collègue de Ter-rebonne, mon collègue de
Pointe-aux-Trembles et celui de Gouin, mais, à écouter le
ministre du Revenu, je commence à comprendre maintenant pourquoi il est
si distrait. Il lit les journaux, il lit les revues de jouets, il passe son
temps à placoter à gauche et à droite, il mange, il fait
toutes sortes de choses, sauf écouter les interventions. Il met en doute
le sérieux de l'Opposition quand nous demandons des consultations, mais
c'est la dernière chose qu'il devrait faire, parce qu'il devrait se
rendre compte que c'est une demande tout à fait logique. Sur un projet
de loi aussi fondamental, jamais depuis que je suis en politique, je n'ai vu si
peu de consultations. Je le dis très sérieusement et je mets le
député d'Abrtibi-Est, nouveau ministre du Revenu, au défi
de me trouver un autre projet de loi qui ait autant de répercussions au
plan fiscal, au plan des taxes, des impôts et qui ait eu si peu de
consultations. Je le mets au défi. Si, pour une minute, il peut prendre
quelque chose au sérieux, mais, là, je commence à en
douter, je le vois toujours rire depuis qu'on a commencé nos
séances.
Une voix: II est jovial. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lazure: C'est peut-être un disciple du jovialisme,
peut-être, mais le député d'Abitibi-Est... Je pense que
c'est contagieux le jovialisme du député d'Abitibi-Est, le
député de Vanier est pris d'une crise aiguë de jovialisme,
lui aussi.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M.
le député de La Prairie, c'est involontaire.
M. Lazure: Je vais tenter de continuer. Ces gens-là, en
face de nous, M. le Président - je ne vous inclus pas,
évidemment, je respecte la présidence...
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
député.
M. Lazure: ...mais je m'adresse à vous et je vous parle de
vos collègues qui sont nos vis-à-vis - manquent totalement
d'esprit démocratique. Ils ont applaudi le geste de leur ministre des
Finances qui a eu l'hypocrisie - je pèse bien mes mots, l'hypocrisie -
de nous présenter un projet aussi important lors d'une session
spéciale d'une journée et qui a eu le culot de refuser des
consultations. Le ministre du Revenu a le même culot. L'Association des
économistes pourrait...
M. Farrah: Question de règlement, M. le
Président.
M. Chagnon: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Lemieux): Oui, j'ai compris. 35, 6, le
mot "culot". D'accord.
M. Lazure: Du culot, ce n'est pas antiparlementaire du tout, du
tout.
M. Chagnon: M. le Président, on ne peut pas imputer
à un député des motifs qui sont indignes comme ceux dont
on parle: l'hypocrisie. Vous avez dit et je cite: Je me répète,
hypocrisie. On impute un motif au ministre des Finances qui est
absolument...
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, M. le
député de Saint-Louis, vous avez raison. Plus de retenue, s'il
vous plaît, M. le député de La Prairie, effectivement.
M. Lazure: Oui. Je veux bien retirer le mot "hypocrisie", surtout
appliqué à mon ami de Paspébiac.
M. Chagnon: C'est ça que je ne comprends plus.
M. Lazure: Je veux bien le retirer...
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie.
M. Lazure: ...mais je dis qu'il a agi de façon
sournoise.
M. Chagnon: Ce n'est pas diable mieux! M. Lazure: II a agi
de façon sournoise.
M. Chagnon: M. le Président... M. Lazure:
Ça, c'est parlementaire.
Le Président (M. Lemieux): Monsieur, c'est synonyme. C'est
synonyme, M. le député de La Prairie. S'il vous plaît.
M. Lazure: Ça, c'est parlementaire.
M. Chagnon: Essayez donc quelque chose d'autre. Essayez quelque
chose d'autre, M. le député.
M. Farrah: Oui. Vous avez un bon vocabulaire, essayez ça,
oui. Essayez autre chose.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, M. le
député de La Prairie, voulez-vous...
M. Savoie: Essayez "honnête". M. Farrah:
Honnête. M. Savoie: "Honnête, intègre". M.
Farrah: "Transparent". M. Lazure: Très peu honnête.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
La Prairie, s'il vous plaît. S'il vous plaît.
Des voix: Ah, Ah!
M. Lazure: Bon. Alors, si on cesse de m'interrompre, je vais
reprendre mon intervention et j'espère que toutes les minutes où
on m'a interrompu ne me seront pas enlevées.
Le ministre du Revenu a essayé de faire croire à cette
commission que les économistes étaient unanimes à appuyer
son projet, eh bien, c'est faux. C'est faux, ça. Puis ce n'est pas
antiparlementaire de dire que c'est faux, la députée de
Terrebonne l'a démontré tantôt en citant des
témoignages. Le ministre du Revenu défend très mal son
projet de loi.
Une voix: Oui. C'est vrai.
M. Lazure: Je pense qu'il le connaît mal. Il a
été parachuté assez subitement, à la
dernière minute. Je doute que ses études de notariat ou sa
pratique de notaire en Abitibi l'aient bien préparé à
défendre un tel projet de loi aussi complexe. J'en doute, M. le
Président. J'en doute.
M. Savoie: Je faisais beaucoup de fiscalité.
M. Lazure: Lui a douté de ma capacité de pouvoir
travailler jusqu'à minuit. Qu'il se rassure, le député
d'Abitibi-Est. Je demande simplement qu'il soit plus présent aux
discussions de notre
commission.
Une voix: Consentement jusqu'à 1 heure. M. Lazure:
Si vous voulez. Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Caron: Jusqu'à demain matin si vous voulez.
M. Lazure: M. le Président, il n'y a jamais eu de
débat à la commission du budget et de l'administration, cette
même commission où on travaille ce soir. Dès notre
première séance à l'automne dernier, nous vous avions
proposé une étude spéciale du projet TPS qui, à
l'époque, n'était qu'un projet fédéral. D'ailleurs,
vous avez refusé, vous, du Parti libéral, un tel mandat
d'initiative sous prétexte que ça ne concernait pas le
Québec. Nous avions l'intuition que ça allait concerner le
Québec, mais ça le concerne deux fois plus qu'on ne l'aurait cru
à l'époque, parce que le gouvernement libéral a
profité de cette occasion pour, en même temps, aller abdiquer ses
pouvoirs, ses droits, ses pratiques traditionnelles dans le domaine de la
taxation. Ça, ça nous concerne beaucoup et ça concerne
toute la population du Québec.
Le ministre s'est emporté tantôt. Bon. Ça lui arrive
souvent me dit-on et peut-être qu'il a appris ça de son mentor, le
ministre des Finances, qui nous fait de grands spectacles à
l'Assemblée nationale; peut-être que ça commence à
déteindre sur lui. Son mentor est un expert en spectacles à
l'Assemblée nationale et, peut-être, qu'il ambitionne un jour
devenir ministre des Finances, lui aussi. Donc, il se prépare à
sa vocation future. Mais, M. le Président, sérieusement, nous
aurions avantage à recevoir les économistes.
Le député de Montmorency a des commentaires qui laissent
entendre que cette taxe-là est beaucoup plus complexe et beaucoup plus
incomplète que le ministre du Revenu ne le pense. Je cite quelques
commentaires de l'ancien ministre du Revenu qui, lui, connaissait ça. Il
parle d'une taxe complexe. La loi fédérale a près de 300
articles et, déjà, 1500 directives d'interprétation sont
prêtes et ce n'est que le début. Si le député de
Montmorency en parle, même si c'est une loi fédérale, c'est
qu'on sait qu'on s'est branché sur cette loi-là et qu'à
bien des égards on va être obligé de suivre ces 1500
directives d'interprétation. L'administration fiscale fera face à
un défi colossal, 3 000 000 de nouveaux mandataires, des milliers de
fonctionnaires additionnels et un nombre imposant de vérifications
portant sur les versements de taxes.
Ceux qui se sont réjouis de l'harmonisation de la taxe de vente
du Québec avec la TPS fédérale devraient y voir à
deux fois. Ça s'adresse à vous, parlementaires libéraux,
car les deux taxes demeureront chacune dans une loi distincte, avec des
formulaires différents et, forcément, dans les limites
constitutionnelles du Québec, c'est-à-dire sans permettre
à celui-ci de constituer une taxe indirecte comme l'est la TPS. La loi
sur la taxe de vente...
Le Président (M. Lemieux): Une minute, M. le
député de La Prairie.
M. Lazure: ...est donc appelée à un grand
chambardement. D'accord. M. le Président, moi, en tout cas, j'aurais des
choses à apprendre des économistes, si le ministre du Revenu
prétend ne pas en avoir et je pense qu'il fait trop preuve d'arrogance.
J'aurais des choses à apprendre aussi de certains manufacturiers. C'est
pourquoi je vous propose la motion suivante: "Que, conformément aux
dispositions de l'article 244 de nos règles de procédure, la
commission du budget et de l'administration tienne, avant d'entreprendre
l'étude détaillée du projet de loi 89... des consultations
particulières et que à cette fin elle entende: l'Institut des
manufacturiers du vêtement du Québec. Excusez-moi. Erreur. La
dernière ligne, le Conseil québécois du commerce du
détail, à substituer à l'Institut des manufacturiers du
vêtement."
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous amender la motion?
Est-ce que vous voulez amender la motion du député de
Labelle?
M. Lazure: Oui, j'amende la motion initiale. Tout simplement
changer...
Le Président (M. Lemieux): C'est une nouvelle motion.
M. Lazure: C'est une nouvelle motion, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Regardez, M. le
député de La Prairie, j'ai déjà une motion sur la
table. Je n'ai pas encore disposé de cette motion. Il faut que je
dispose de la motion que j'ai sur la table.
M. Lazure: D'accord. Je vous donne un préavis que j'ai une
motion à présenter. (23 heures)
M. Savoie: On demande le vote.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que la motion du
député de Labelle, qui se lit comme suit: "Que,
conformément aux dispositions de l'article 244 de nos règles de
procédure, la commission du budget et de l'administration tienne, avant
d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi 89, Loi
modifiant la Loi concernant l'impôt sur la vente en détail et
d'autres dispositions législatives d'ordre fiscal, des consultations
particulières et qu'à cette fin elle entende
l'Association des économistes du Québec", est
adoptée?
M. Bourdon: Vote nominal.
M. Chagnon: Vote nominal, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Appel nominal.
M. le secrétaire. Effectivement, M. le député
de
Saint-Louis... Vous demandez le vote. Ça va. Appel nominal.
Le Secrétaire: Oui, M. le Président, est-ce que
l'Opposition pourrait désigner les trois membres qui exercent le droit
de vote?
Le Président (M. Lemieux): Les trois membres qui exercent
le droit de vote en vertu du règlement du côté de
l'Opposition ministérielle?
M. Léonard: II y en cinq.
Le Président (M. Lemieux): Trois, M. le
député de Labelle.
M. Léonard: Trois, pardon.
Le Secrétaire: M. Léonard (Labelle)?
M. Léonard: Contre, non, pour la motion.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Secrétaire: M. Lazure (Laprairie)?
M. Lazure: Pour.
Le Secrétaire: M. Bourdon (Pointe-aux-Trembles)?
M. Bourdon: Pour.
M. Savoie: La seule personne de la gent féminine autour de
cette table n'a pas le droit de vote sur cette motion.
Le Secrétaire: M. Savoie (Abitibi-Est)?
M. Savoie: Tout ça parce que vous voulez passer vos vieux
amis.
Mme Caron: Vous, il n'y en a même pas.
M. Savoie: Oui, je sais. Mais la seule personne de la gent
féminine n'a pas le droit de vote sur cette motion.
Le Président (M. Lemieux): Messieurs, s'il vous
plaît! C'est le vote, M. le député d'Abitibi-Est, on prend
le vote.
M. Bourdon: M. le Président, le député
d'Abitibi-Est m'a convaincu. Je retire mon vote et je vais laisser ma
collègue...
M. Savoie: II est trop tard.
Le Président (M. Lemieux): Non, non. Le vote est
enregistré. M. le député de Pointe-aux-Trembles, cette
fois-ci. M. le député d'Abitibi-Est?
M. Savoie: Je votre contre.
Le Président (M. Lemieux): M. le député des
Îles-de-la-Madeleine?
M. Farrah: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Prévost?
M. Forget: Contre.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis?
M. Chagnon: Contre.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Rousseau?
M. Thérien: Contre.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Vanier, abstention.
M. Brouillette: M. le Président, je remplace moi.
Le Président (M. Lemieux): Ah, vous remplacez M. le
député de Champlain. Je m'excuse, M. le député de
Champlain. M. le député de Champlain?
M. Brouillette: Contre.
Le Secrétaire: 7, contre; 3, pour.
Le Président (M. Lemieux): C'est vrai, je n'ai pas le
droit de vote eu égard au nouveau règlement. C'est vrai, je m'en
excuse. La motion est donc rejetée.
M. Lazure: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): La motion a été
rejetée. M. le député de La Prairie.
Motion proposant d'entendre le Conseil
québécois du commerce de détail
M. Lazure: Que conformément aux dispositions de l'article
244 de nos règles de procédure, la commission du budget et de
l'administration
tienne, avant d'entreprendre l'étude détaillée du
projet de loi 89, des consultations particulières et qu'à cette
fin elle entende: le Conseil québécois du commerce de
détail.
Le Président (M. Lemieux): La motion est... Oui, M. le
député de Saint-Louis.
M. Chagnon: Je demande le vote. On a entendu les arguments qui
prévalaient dans toutes les discussions...
Le Président (M. Lemieux): Oui. Est-ce qu'il y a des
interventions sur la motion?
M. Lazure: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): La motion est recevable. Il y a
des interventions sur la motion.
M. le député de La Prairie, vous disposez d'une demi-heure
et M. le ministre, vous disposez d'une demi-heure pour répondre. M. le
député de La Prairie.
M. Lazure: Moi, M. le Président, je doute que le ministre
du Revenu puisse parler pendant une demi-heure sans rire aux éclats
comme il le fait tout le temps. Je pense qu'un jour ou l'autre il aura des
comptes à rendre.
M. Savoie: Je n'ai pas de misère avec ça. Non,
tantôt je n'ai pas... Question de règlement, M. le
Président.
M. Lazure: II n'y a pas de question de règlement sur
ça.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Est.
M. Savoie: II y a eu allégation comme quoi je suis
incapable... ha, ha, ha! ...de parier une demi-heure de temps sans rire. Ha,
ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Ce n'est pas une question de
règlement, M. le député d'Abitibi-Est. M. le
député de La Prairie.
M. Savoie: Question de règlement, M. le Président,
Ding et Dong.
M. Farrah: Je demande consentement au député de La
Prairie pour laisser une demi-heure à M. le ministre.
M. Lazure: Je peux lui laisser tout de suite même, si j'ai
ma demi-heure après. Volontiers.
Le Président (M. Lemieux): Non, non, M. le
député. Le pétitionnaire dispose d'une période
d'une demi-heure, il en est de même pour le ministre. M. le
député de La Prairie, on vous écoute.
M. Denis Lazure
M. Lazure: C'est bien ce que je savais. Alors, l'Opposition croit
que les libéraux ont fait une erreur en refusant qu'on reçoive
les économistes. Nous leur donnons une occasion de racheter cette
erreur. Nous leur donnons l'occasion, au moins, d'entendre cette fois-ci les
manufacturiers de vêtements, de chaussures, de meubles qui se sont
regroupés dans une association qui s'appelle le Conseil
québécois du commerce de détail. Le Conseil
québécois du commerce de détail, dont je cite le
communiqué de presse qu'il a émis il n'y a pas si longtemps, le
16 novembre, ça fait moins d'un mois, ce conseil considère que
l'imposition d'une nouvelle taxe provinciale de vente de 8 % sur le
vêtement, la chaussure et le meuble qui s'ajoutera à la taxe
fédérale aura un effet négatif sur les consommateurs et
sur nos détaillants, indiquait M. Gaston Lafleur, son
président-directeur général. L'imposition de cette
nouvelle taxe provinciale sur ces biens de consommation, en plein coeur d'une
récession qui s'annonce difficile, aura des effets néfastes pour
les détaillants qui vivent déjà une situation
précaire. Je viens de citer deux paragraphes, j'y reviendrai
tantôt.
Je conseille au ministre du Revenu et à ses collègues
libéraux d'aller faire un tour à Place Québec où,
en principe, on a une cinquantaine de boutiques. Il faut dire que, depuis
quelques mois, un bon nombre de ces boutiques ont fait faillite. Il faut dire
aussi, M. le Président, quand on se promène à Place
Québec ces jours-ci, même si on est à trois semaines, deux
semaines même de Noël, qu'il n'y a à peu près
personne. Les marchands au détail, qu'il s'agisse de chaussures, qu'il
s'agisse de meubles ou de vêtements, tout le commerce de détail
est absolument paniqué actuellement. Non seulement à cause de la
récession, d'abord et avant tout y a-t-il une désaffectation de
la part du consommateur, y a-t-il une espèce d'abstention de la part du
consommateur, mais en plus les consommateurs, appréhendant les effets de
la nouvelle taxe à partir de janvier, les consommateurs n'ont pas les
moyens d'aller magasiner. Je pense que ce serait édifiant pour le
ministre du Revenu d'aller se promener en s'identifiant: Moi, je suis le
ministre du Revenu, je suis celui qui pilote le projet de loi sur la TPS. En
s'identifiant clairement et j'aimerais ça ensuite qu'il nous fasse
rapport sur la façon dont il a été reçu dans les
boutiques de Place Québec. J'espère qu'il ira aussi dans les
boutiques de son comté d'Abitibi-Est durant ses vacances de Noël.
J'espère qu'il va y aller. J'espère qu'il va aller rencontrer les
clubs de l'âge d'or aussi, parce qu'il a l'air de se moquer des gens qui
ont 65 ans et plus comme votre serviteur. Il a l'air de s'en moquer.
M. Savoie: Franchement.
M. Lazure: Tantôt il disait: J'espère que le
député de La Prairie va pouvoir...
M. Savoie: Question de règlement.
M. Lazure: Non, on va retourner au Journal des
débats.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Est.
M. Savoie: II faut que je rappelle au député de La
Prairie qu'il s'agit ici d'une procédure officielle. Il y a
enregistrement. Lorsque vous dites que je me moque des gens de 65 ans, je ne
peux pas laisser passer ça. Vous savez que ça va à
rencontre de la bonne marche de cette commission et je vous demanderais de
retirer vos paroles.
M. Lazure: M. le Président, j'ai bien entendu parce que,
moi, je l'écoute quand il parle. Lui, je ne suis pas sûr qu'il
nous écoute quand nous parlons, mais je l'ai bien entendu tantôt
faire allusion à mon âge avancé, qui ne me permettrait pas
de travailler de façon efficace à cette commission. Mes
collègues l'ont entendu aussi.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
La Prairie, la remarque de M. le député d'Abitibi-Est s'adressait
à vous personnellement et il ne faudrait peut-être pas
prêter des propos au député d'Abitibi-Est, des intentions
qu'il n'a pas.
M. Lazure: Bien, je suis sûr que les gens des clubs de
l'âge d'or sont solidaires de celui qui vous parle, M. le
Président. Alors, par solidarité, je vais simplement souligner au
ministre du Revenu qu'il aurait avantage à être plus respectueux
des députés, quel que soit leur âge.
M. Savoie: Et vous, du ministre du Revenu, M. le
député.
M. Lazure: Oui. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lazure: Bon. Cela étant dit, nous pensons que parmi
tous les gens qui sont de nature... les gens qui seraient susceptibles de nous
éclairer et surtout d'éclairer le ministre, il y a ce Conseil
québécois du commerce de détail. Je reviens à leur
communiqué du 16 novembre. Pour l'Association des fabricants de meubles
du Québec, cette nouvelle taxe représente un autre clou dans le
cercueil. C'est une image assez frappante quand même. M. Claude Jutras,
qui dit ça, le vice-président de l'association, considère
que cette nouvelle taxe ne fait qu'ajouter à la psychose du
consommateur, qui doit déjà s'adap- ter à la TPS
prochaine. L'industrie du meuble n'a pas besoin de cette nouvelle taxe
provinciale. Plusieurs fabricants de meubles sont déjà sur la
corde raide. L'imposition de cette nouvelle taxe le 1er janvier risque de semer
le chaos dans l'industrie. Il y a beaucoup d'emplois en jeu. La nouvelle taxe
de vente proposée, si elle s'applique le 1er janvier prochain, est une
bombe à retardement.
C'est quand même des paroles assez lourdes de conséquences.
Et, M. le Président, je reviens à ce que mes collègues ont
réclamé tantôt, à ce qui a été
réclamé aussi par notre chef, que le gouvernement prenne le temps
de bien étudier la question. Et prendre le temps de bien étudier
la question, ça veut dire avoir des consultations, ça veut dire
utiliser l'outil privilégié de la commission parlementaire pour
recevoir des groupes. Il n'y a rien de frivole dans ça. M. le
Président, moi, je pourrais vous énumérer des tas de
projets de loi qui ont beaucoup moins de conséquences et pour lesquels
les deux partis politiques ont convenu dans le passé, d'avoir des
audiences, d'avoir des rencontres. Dans le domaine de l'environnement,
même si j'ai souvent des divergences d'opinion et des combats assez
raides avec le ministre de l'Environnement, je dois dire que, contrairement
à son collègue du Revenu, lui, il a accepté des motions
semblables lorsque nous avons étudié, il y a quelques mois, deux
projets de loi sur l'environnement. Et il a accepté au dernier moment,
comme nous le faisons aujourd'hui, comme nous le faisons ce soir, nos demandes
de faire venir des groupements. Nous avons reçu sept ou huit groupements
à chacune des commissions pour chacun des projets de loi.
M. Bourdon: C'est un démocrate.
M. Lazure: II est beaucoup plus démocrate, effectivement,
que le ministre du Revenu, beaucoup plus. Maintenant, si le gouvernement
s'entête à refuser toutes les consultations, il va en payer les
conséquences. C'est ce que le député de
Pointe-aux-Trembles essayait de faire ressortir tantôt dans ses remarques
judicieuses. Il y a un danger dans ce gouvernement. Parce qu'on a exercé
le pouvoir pendant un premier mandat, on sait ce que c'est le gouvernement, on
sait quoi faire, on sait ce qui est bon pour la population, et puis on y va, on
"bulldoze" littéralement les groupements, on les met de
côté et on procède. C'est ça que le ministre du
Revenu fait actuellement.
Le Conseil québécois du commerce de détail, ce
n'est quand même pas le club des cyclistes de Limoilou ou d'Amos. C'est
un groupement qui a des antennes partout dans le Québec et il nous dit:
C'est une bombe à retardement. De son côté, l'Institut des
manufacturiers du vêtement du Québec considère que la
nouvelle taxe de vente sur le vêtement occasionnera des pertes
d'emplois
directes chez les manufacturiers de vêtements. M. Israël
Shames, son directeur, affirme que plus de 35 % des emplois du secteur
manufacturier à Montréal sont reliés aux vêtements.
Déjà les carnets de commandes diminuent de façon
constante. Cette nouvelle taxe de vente affectera davantage nos manufacturiers
et aura pour effet d'augmenter le chômage. (23 h 15)
Quand on pense, M. le Président, qu'en 1978 le gouvernement du
Parti québécois s'était rendu à des attentes de la
population et avait aboli la taxe de vente sur des biens essentiels,
vêtements, chaussures, meubles, et là, tout à coup,
après 12 ans de régime où le petit salarié ou le
salarié moyen avaient profité de cette détaxe,
voilà qu'un gouvernement libéral, déconnecté de la
réalité, refusant de rencontrer des groupements, voilà que
ce gouvernement impose de nouveau des taxes sur ces biens essentiels. M. le
Président, il n'y a pas eu de débat sur ce projet de loi. Il n'y
en a pas eu. C'est une réforme majeure qu'on essaie de faire passer sans
qu'il y ait de débat. On a parlé de l'industrie touristique
tantôt. J'ai parlé des cyclistes. Le député de
Saint-Louis me dit: Bon, bien, qu'est-ce que vous avez contre les cyclistes? Je
n'ai rien et j'irais même jusqu'à proposer qu'on rencontre aussi
l'association des marchands de bicyclettes. Tous les marchands
détaillants vont être affectés par une telle loi. Alors il
faut prendre au sérieux ce qu'il ont à nous dire. Dans le
même communiqué, M. le Président, l'Association des
manufacturiers de chaussures du Canada considère que la nouvelle taxe de
vente sur les chaussures affectera les fabricants québécois de
chaussures, dont plus de 70 % de la production vendue au Québec est
présentement exemptée de la taxe. C'est ça qu'il faut
comprendre, que c'est établi dans les moeurs commerciales. Qu'il
s'agisse de chaussures, de vêtements ou de meubles, il s'est
établi une espèce de tradition, depuis maintenant 12 ans,
où il n'y en a pas de taxe et tout à coup on va arriver avec
cette taxe tout à fait injuste. Les gens ont raison de se plaindre et,
moi, je suis sûr qu'ils auraient des messages percutants à passer
au ministre du Revenu. Si le ministre des Finances a pu être
persuadé d'enlever la taxe sur les livres, qu'on me donne donc une bonne
raison pourquoi le ministre du Revenu ne pourrait pas être
persuadé, lui, d'enlever la taxe sur les meubles. J'aimerais bien
l'entendre. J'espère qu'il va parler tantôt, qu'il va utiliser son
droit de parole.
Une voix: C'est vrai, ça fait longtemps qu'il n'a pas
parlé.
M. Lazure: II faut qu'il donne de bonnes raisons aux
manufacturiers de chaussures, de vêtements et de meubles. Si les livres
ont été exemptés, pourquoi les chaussures ne
seraient-elles pas exemptées? Il pourrait commencer, avec nous, à
essayer de pratiquer la justification qu'il aurait à leur
présenter. Même les propriétaires et les gestionnaires de
centres commerciaux ont senti le besoin de venir à la rescousse des
détaillants. Et voici ce qu'ils disent: Cette nouvelle taxe de vente
provinciale sur le vêtement, la chaussure et le meuble affectera plus de
55 % de nos détaillants. Qui dit ça? Cadillac Fairview, rien de
moins Cadillac Fairview, c'est quand même une société
pesante, une société considérable qui est
propriétaire de plusieurs centres d'achats à travers le
Québec. Et Cadillac Fairview nous dit: Attention, 55 % de nos
détaillants vont être affectés. L'imposition d'une nouvelle
taxe de vente sur le vêtement, la chaussure et le meuble pourrait inciter
des fermetures de commerces, et Dieu sait qu'il y en a assez de fermés.
J'incite le ministre du Revenu encore, s'il ne l'a pas fait, à aller se
promener dans Place Québec, à aller voir toutes les boutiques qui
sont désertes, tous les espaces qui sont déjà
fermés et les boutiques ouvertes mais qui manquent de clients, qui sont
complètement désertes, et à avoir des conversations avec
les propriétaires de ces boutiques et, ensuite, il pourra venir nous
parler plus en connaissance de cause des répercussions de sa loi sur les
commerces de détail. Alors, tous ces groupes ont décidé de
conjuguer leurs efforts dans le but de convaincre le gouvernement et le
ministre des Finances... Ils ne parlent pas du ministre du Revenu, parce qu'ils
savent que dans le fond c'est le ministre des Finances qui mène. C'est
pour ça que le ministre du Revenu a de la misère à
défendre son projet. Il faudrait peut-être aussi, mon
collègue de Labelle, qu'on présente une motion tantôt pour
faire venir le ministre des Finances parce que c'est - ha, ha, ha! - lui qui
est responsable...
Mme Caron: C'est une bonne idée, ça. C'est
vrai.
M. Lazure: ...finalement et on impose peut-être un fardeau
injuste au ministre du Revenu, injuste. Alors, en tout cas, les
commerçants s'adressent au ministre des Finances malgré le fait
que tous s'entendent sur les bienfaits et les bénéfices d'une
harmonisation provinciale-fédérale, mais ils continuent de dire
que l'application de cette nouvelle taxe n'est pas appropriée dans le
contexte économique actuel et qu'elle va causer un préjudice
important aux détaillants et aux fabricants. J'ai hâte de voir ce
qu'il va dire, le ministre du Revenu. Tantôt il a dit, au sujet des
économistes: Ah bien, il n'y a pas de problèmes, on n'a pas
besoin de les entendre, ils sont tous d'accord avec mon projet de loi. C'est
faux, c'est faux, je le répète. La députée de
Ter-rebonne l'a démontré par des citations. Oui, c'était
faux, c'était inexact, si vous voulez, parce que ça a
été démontré par des citations de la
députée de Terrebonne qu'il y a beaucoup
d'économistes qui contestent plusieurs aspects de ce projet de
loi.
Et ce n'est pas vrai, si des gouvernements ont absolument besoin de
renflouer des dettes importantes, qu'il s'agisse d'Ottawa ou de Québec,
qu'on doive le faire surtout sur le dos du contribuable moyen ou du petit
contribuable. Ce n'est pas vrai ça, il y a d'autres façons de le
faire. Il y a d'autres sociétés, je vais en nommer, la
Suède, pour le député de Rousseau. La Suède est un
pays très prospère, qui a un niveau de vie plus
élevé que le Canada, pour votre information, comme la
Norvège, d'ailleurs. Ces pays-là n'ont pas les dettes
considérables que le Canada a. Ces pays-là ont un système
de taxation pas mal différent du nôtre, un système de
taxation qui passe surtout par l'impôt sur le revenu. Un peu de TVA, mais
surtout un système de taxation d'impôt sur le revenu qui met sur
le dos du contribuable très riche un taux d'imposition beaucoup plus
élevé qu'ici. Malgré ça, les Suédois, comme
les Norvégiens, comme les Danois, parce qu'ils ont sensiblement le
même système de taxation, vous ne les voyez pas partir en vague
pour venir immigrer aux États-Unis ou au Canada. Vous n'en voyez pas
souvent des immigrés danois, norvégiens ou suédois. Le
niveau de vie est très élevé, dans chacun de ces
pays-là, et les gens qui ont des revenus plus élevés
paient des impôts sur le revenu beaucoup plus élevés
qu'ici, ce qui fait qu'il y a une justice sociale, une équité
sociale, qui s'opère par le biais de l'impôt sur le revenu. Mais
ici, le gouvernement du Québec s'est calqué un peu à la
façon d'un esclave, d'un colonisé sur la manière qu'Ottawa
avait décidé d'utiliser pour renflouer...
Le Président (M. Forget): Je pense qu'on s'éloigne
du sujet que vous avez soulevé au début.
M. Lazure: M. te Président, si vous voulez, je rejoins les
critiques des manufacturiers, des détaillants, qui disent: Laissez donc
tranquille le contribuable, le consommateur. Laissez-le avoir un peu plus
d'argent dans ses poches pour qu'il vienne acheter.
M. Chagnon: M. le Président... M. Lazure: Et
à ce moment-là...
Le Président (M. Forget): Oui, M. le député
de Saint-Louis.
M. Chagnon: M. le Président, je m'excuse d'interrompre
notre ami le député de La Prairie, ça va lui permettre de
prendre un verre d'eau; c'est pour son bien que je le fais. Nous avons au
départ...
Le Président (M. Forget): Est-ce que c'est une question de
règlement, M. le député de
Saint-Louis? Oui.
M. Chagnon: Oui, oui absolument. Nous avons évoqué
le fait... je vais demander une motion de mise aux voix de la motion du
député de La Prairie. Or, H y a une demi-heure... le
député de La Prairie a une demi-heure pour parler sur la mise de
la motion aux voix. On est rendu sur le fond. Est-ce que nous allons
éventuellement entendre le député de La Prairie nous
indiquer pourquoi nous devrions voter tout de suite ou non sur la motion?
M. Lazure: M. le Président, je reviens à la motion,
j'ai le texte de la motion...
Le Président (M. Forget)): Je regrette, M. le
député de Saint-Louis, ce n'est pas recevable. Alors, M. le
député de La Prairie.
M. Lazure: ...devant moi. La motion est à l'effet que nous
tenions, en tant que commission, des consultations particulières,
notamment avec le Conseil québécois du commerce de
détail.
M. Chagnon: C'est la question de la mise aux voix.
Le Président (M. Forget): La mise aux voix.
M. Lazure: Nous n'en sommes pas à la mise aux voix.
M. Chagnon: Oui, oui. La présidence a déjà
accepté la mise aux voix.
Le Président (M. Forget): Quand même, c'est
l'opportunité d'entendre, M. le député de...
M. Lazure: Oui, c'est ça, l'opportunité d'entendre
le Conseil québécois du commerce de détail.
Le Président (M. Forget): C'est ça.
M. Chagnon: M. le Président, on a déjà
accepté la mise aux voix. C'est la question qui se pose et c'est pour
ça qu'on a une demi-heure de discussion.
Le Président (M. Forget): II avait 30 minutes. Alors, son
temps n'est pas écoulé encore. M. le député de La
Prairie.
M. Bourdon: II n'y a pas de vote avant qu'on ait fait nos
interventions.
M. Lazure: Non seulement, M. le Président, les
libéraux veulent-ils couper la parole aux experts de l'extérieur
en refusant de les voir, mais ils veulent même couper la parole aux gens
de l'Opposition loyale de Sa Majesté.
M. Chagnon: Qui ne sont pas véritablement des experts.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lazure: Justement, parce qu'on n'est pas expert, on veut en
faire venir, des experts. On veut justement en faire venir des experts.
M. Chagnon: On les a entendus.
Le Président (M. Forget): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lazure: Bon, M. le Président...
Le Président (M. Forget): Quand même! On discute sur
le Conseil québécois du commerce de détail. M. le
député de La Prairie.
M. Lazure: Je souhaite, M. le Président, que le
député de Saint-Louis retourne à sa lecture de roman qui a
l'air intéressant et, moi, je vais continuer à plaider pour que
cette commission reçoive des experts, justement, pour l'éclairer
le ministre, nous éclairer nous autres aussi. Nous pensons que les
commerçants au détail ont des choses à nous dire. Alors,
M. le Président, je continue.
Il faut croire que le gouvernement fait fausse route en refusant de
tenir un débat semi-public. On ne demande même pas un grand
débat public: un débat semi-public. On devrait peut-être,
parce qu'il y a des débats publics qui sont tenus sur des choses moins
importantes que ça. Alors, je pense qu'on devrait tenter de convaincre,
dans les heures, dans les jours qui vont suivre, ce gouvernement. Parce qu'il a
cédé une fois, je comprends qu'il soit sur ses gardes. Il a
peut-être reçu un mot d'ordre: On a cédé une fois,
mais il n'est plus question de céder. Probablement qu'il a reçu
un mot d'ordre comme ça de la part des hautes instances, mais nous, on
va continuer à faire notre travail de parlementaires de l'Opposition.
Nous allons continuer de transmettre a ce gouvernement les inquiétudes
de la population. Nous allons continuer de plaider pour que des groupements
soient entendus. Si le gouvernement décide de faire la sourde oreille,
il aura à vivre avec ses décisions. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Forget): Merci, M. le
député de La Prairie. Je passe la parole au ministre-Une voix:
Pour une demi-heure.
Le Président (M. Forget): Pour 30 minutes.
Une voix: Une demi-heure sans rire à part ça.
M. Savoie: Non, M. le Président, je ne prendrai pas la
parole.
Le Président (M. Forget): Vous ne prenez pas la parole.
Est-ce que le député de...
M. Chagnon: Alors, c'est la mise aux voix, M. le
Président. J'avais déjà demandé la mise aux
voix.
Le Président (M. Forget): Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants qui veulent intervenir?
Mme Caron: Oui.
M. Chagnon: Non, non!
Le Président (M. Forget): Alors, M. le
député de Labelle.
M. Chagnon: M. le Président, je réfère
à notre règlement. À partir du moment où la mise
aux voix a été demandée, c'est l'article 100...
Le Président (M. Forget): Non. Je regrette. M. Chagnon:
Monsieur, on poursuit...
Le Président (M. Forget): II n'y a pas de mise aux voix de
demandée.
M. Chagnon: Oui. Je l'ai demandée. Je l'ai
demandée, M. le Président.
Le Président (M. Forget): Alors, on était en train
d'étudier la motion. Je regrette, je passe la parole au
député de Labelle.
M. Léonard: Oui.
M. Chagnon: Hé! J'ai demandé le vote il y a
à peu près une demi-heure, exactement une demi-heure. On l'a
accepté.
M. Bourdon: M. le Président, question de règlement.
La coutume...
Le Président (M. Forget): II y a un vote qui a
été pris sur la première...
M. Chagnon: Et j'ai demandé le vote sur la
deuxième.
Le Président (M. Forget): Maintenant, on est à
l'étude de la deuxième. Et je pense que, présentement, je
passe la parole au député de Labelle pour une période de
30 minutes. 10 minutes.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: On ne peut pas demander un vote qui
restreindrait le droit de parole des
parlementaires. Je pense que le député de Saint-Louis est
assez démocrate pour comprendre ce point et l'admettre. Alors, M. le
Président, par rapport à toute cette question du commerce au
détail, je voudrais simplement revenir à un point qui a
été soulevé tout à l'heure par le
député des Îles-de-la-Madeleine qui disait qu'un
célibataire qui gagne 20 000 $ est avantagé par la
réforme. Je veux simplement faire le point suivant que, au contraire, le
célibataire ayant moins de 65 ans, qui gagne 20 000 $, paiera des taxes
sur la consommation de 146 $ et aura des avantages, par ailleurs, avec des
crédits à la consommation, etc., de 141 $. Il perd 5 $. Alors, on
me dira... Je vois quelqu'un d'en face dire: Ce n'est pas très
important. Oui, peut-être bien que ce n'est pas très important,
mais, M. le Président, pour celui qui gagne 20 000 $ par année, 5
$, c'est important et des jeux d'écriture comme ça ou, en tout
cas, des transferts financiers de l'ordre de 146 $ et de 141 $ ont une certaine
importance, parce que ses 146 $, justement, il va les payer tout le long de
l'année, alors que les avantages qu'il va recevoir, il va les recevoir
une fois après l'année. En termes simplement de comportement
social, je pense que ce n'est pas indifférent, le point que je
soulève.
Lorsque nous soulevons ces points, lorsque nous examinons les tableaux,
moi, évidemment, j'ai touché un peu à cette question de la
fiscalité. Effectivement, on fait des tableaux pour des sommes de 150 $,
en plus, en moins. On parle de quelqu'un qui gagne 20 000 $, alors, lui, il
perd 5 $. Quelqu'un qui en gagne 60 000 $ va en perdre 199 $. C'est ça
que les tableaux démontrent et vous voyez qu'on joue dans des chiffres
relativement peu importants. Relativement, entre guillemets, toujours,
j'entends. (23 h 30)
Je reviens sur cette question de la consommation parce que, à mon
sens, depuis un certain temps, nous étions préoccupés par
cette question. Par exemple, au cours de l'hiver dernier, nous avions
demandé à entendre, à tenir une commission parlementaire
sur les effets de la TPS fédérale sur l'économie
québécoise et sur la consommation au Québec. Moi, je pense
que, si on nous avait écoutés à ce moment-là et si
on avait accepté de tenir une commission parlementaire, nous n'en
serions pas, dans la précipitation d'aujourd'hui, à
étudier le projet de loi 89. Nous n'aurions pas eu une
déclaration ministérielle qui disait que tout était
réglé et que, veux veux pas, les effets commençaient
à courir dès le 1er septembre, parce que c'est ça qu'il
faut savoir. Quelqu'un qui prenait, par exemple, une police d'assurance pour un
an à compter du 1er septembre payait déjà sa TPS ou sa
taxe de vente du Québec modifiée à partir du 1er
septembre. Il me semble que l'Opposition a été de bonne foi en
demandant la commission parlementaire sur cette question. Le gouvernement l'a
refusée.
Aujourd'hui même, quand on redemande d'entendre des groupes, on
nous dit encore non, comme on nous a dit non en ce qui concerne les
économistes et, finalement, c'est quoi l'exercice de la
démocratie?
Je voudrais aussi dire que ces crédits d'impôt qui sont mis
dans les documents, qui sont promis par le ministre des Finances, à mon
sens, recèlent un problème parce que, d'ores et
déjà, il faudrait que le ministre des Finances s'engage à
les indexer. Ça me paraît particulièrement important qu'ils
soient indexés, surtout pour les gagne-petit. Mais ce n'est pas une
chose à laquelle il s'engage, d'autant plus que pour présenter la
réforme de la TPS et camoufler ses 362 000 000 $ qu'il va aller chercher
dans les poches des contribuables, consommateurs, il a mis une indexation
à 4,5 % en disant: Nous promettons l'indexation, nous soustrayons
l'indexation du coût de la réforme et, finalement, il dit qu'il
versera 19 000 000 $. En réalité, ce sont deux choses absolument
différentes, d'autant plus que non seulement il n'indexe pas selon les
prévisions, par exemple, du Conference Board qui prévoit que
l'inflation sera de 2 % plus élevée que ce qui avait
été prévu à cause des réformes et, donc, que
l'indexation sera de l'ordre de 6 % plutôt que d'être de 4,5 %...
En passant, cela signifie que le ministre des Finances vient encore gruger de
1,5 % le pouvoir d'achat du contribuable en faisant cela.
Moi, M. le Président, comme je n'ai pas beaucoup de temps, je
voudrais encore mettre en parallèle toutes ces questions de consommation
par rapport au système fiscal sur lesquelles les gens
spécialisés dans la consommation pourraient fort bien nous
éclairer. Vous savez, il faut quand même regarder ça d'un
peu plus haut pour voir qu'il y a des avantages fiscaux considérables
donnés à des individus dans la ligne de ce que je disais tout
à l'heure. Quand les frères Reichman ont concocté le
dispositif financier pour acquérir le contrôle de Gulf Canada, ils
ont demandé au gouvernement fédéral un abattement fiscal
de 500 000 000 $. Rien de moins. C'était ça le prix de la
transaction pour le gouvernement fédéral. Il s'agit là de
sommes considérables et, pour quelques individus d'une même
famille, cela a coûté à chacun des contribuables du Canada
30 $. Et tous les contribuables du Canada, c'est du monde, parce que ça
comprend ceux qui sont affectés par la TPS. 30 $ par contribuable, les
500 000 000 $ des frères Reichman pour acquérir le contrôle
de Gulf Canada. On me dira que c'est une transaction pour le bien du Canada,
pour assurer les assises économiques du Canada, mais c'est tout le monde
qui paie pour ça. Quand on donne des abattements fiscaux à des
individus qui sont riches, il faut savoir que l'ensemble de la population
contribuable paie pour ces abattements, paie pour ces cadeaux du gouvernement,
qu'il soit fédéral ou qu'il soit ici, paie pour tous ces cadeaux.
Ce sont des éléments qui coûtent
extrêmement cher, sur lesquels nous ne nous posons pas de
questions, qui ont des impacts considérables et qui expliquent
même, en bonne partie, le déficit du gouvernement
fédéral.
Vous me dites encore que je parle du gouvernement fédéral.
Pourquoi les finances du Québec sont-elles autant aux abois que
maintenant, sinon parce que le gouvernement fédéral a un
déficit épouvantable qu'il refile, qu'il "repellete" aux
provinces et qu'il "repellete" au Québec. Même à l'heure
actuelle, le seul intérêt, le seul service de la dette et,
même, juste les intérêts sur la dette, la part du
Québec dans le service de la dette et les intérêts du
gouvernement fédéral représentent 1 500 000 000 $ de plus
que tous les paiements de transfert qu'il nous donne.
Alors, il y a des conséquences à tout cela. Nous les
voyons ici et ça a des impacts directs sur la consommation des individus
et des contribuables. Si on doit charger 5 $ de plus à quelqu'un qui
gagne 20 000 $, il y en au moins 25 $ qui sont partis pour les frères
Reichman là-dedans, parce que eux auraient un avantage. Je pense que, si
l'on parle de l'équité du système fiscal, il va falloir
qu'à un moment donné on s'attaque à ça aussi. Il me
semble, si on parle des impacts de cette taxe sur la consommation, qui
nécessairement va introduire encore une fois un élément
inflationniste très clair, qui va entraîner très
probablement une décision de John Crow, gouverneur de la Banque du
Canada, de monter ses taux d'intérêts de un point de plus, un
point et demi de plus, peut-être de deux points de plus, qui va payer
pour ça? Tous ceux qui ont des hypothèques? Bien sûr, tous
ceux qui vont renouveller leur hypothèque, tous les contribuables
canadiens, à cause de tous ces abattements fiscaux qu'on a donnés
indirectement, de façon camouflée, sur lesquels nous ne nous
posons pas de questions.
Quand on arrive avec des courbes de progressivité de
l'impôt qui sont discutables présentement, mais qu'on
écrête pour faire quelques cadeaux à quelques individus, il
me semble que c'est un point très important qui a des impacts directs
sur la consommation. Quand on exempte les profits de capital, quand on exempte
pratiquement les profits de capital, c'est la même chose. Quand on
exempte un contribuable de quelque chose, et généralement ce sont
tous les riches qu'on exempte, ça veut dire qu'on fait payer ça
à tous les autres contribuables. Le bonhomme qui a payé pour
avoir mis ça en lumière, c'est Kenneth Carter qui a
présidé la commission Carter sur la fiscalité au Canada.
Aujourd'hui, il est mis de côté. Les gens qui étaient
sympathiques à ses idées haussent les épaules, parce
qu'ils trouvent que c'est techniquement faisable tout ce qu'il disait,
c'était juste, c'était équitable, mais politiquement pas
faisable. Ce que ça veut dire en clair, tout simplement, c'est que les
hommes politiques, les femmes politiques qui sont aux commandes n'ont pas la
volonté, n'ont pas le courage de poser les vraies questions sur le
système fiscal au Canada et de prendre le temps de l'analyser.
Aujourd'hui, nous introduisons un changement fondamental dans le système
fiscal...
Le Président (M. Forget): En conclusion, M. le
député de Labelle.
M. Léonard: M. le Président, ça ne sera pas
long. Nous introduisons un changement fondamental. Les fédéraux
ont mis trois ans pour l'étudier, nous, nous avons eu droit à une
déclaration ministérielle à entendre, quelques heures en
commission et nous arrivons encore une fois en fin de séance, en fin de
session, pour étudier la question. Je reviendrai, M. le
Président.
Le Président (M. Forget): Merci, M. le
député de Labelle. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants? Du
côté ministériel?
Une voix: Oui, il y a d'autres invervenants.
Le Président (M. Forget): Oui. Du côté
ministériel? M. le député de Saint-Louis.
M. Chagnon: Oui, s'il n'y a pas d'autres intervenants qui peuvent
ou qui veulent discourir ce soir...
Le Président (M. Forget): Oui, mais il y a d'autres
intervenants.
Une voix: II y a le député de Gouin.
M. Chagnon: Sinon, on peut ajourner à demain matin, 10
heures, ça ne me fait rien. C'est pour vous.
Le Président (M. Forget): Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants?
M. Boisclair: Oui, on va y aller.
Le Président (M. Forget): M. le député de
Gouin.
M. Boisclair: M. le Président, je dispose de 10 minutes,
si je ne me trompe pas?
Le Président (M. Forget): 10 minutes, M. le
député de Gouin.
M. André Boisclair
M. Boisclair: M. le Président, s'il y a des gens qui
peuvent nous éclairer sur le projet de loi 89 et ses
conséquences, c'est bien le Conseil québécois du commerce
de détail. Il s'agit d'avoir pris connaissance d'un communiqué
qu'il rendait
public le 16 novembre 1990 pour voir jusqu'à quel point ce sont
des gens qui tout comme nous partagent un point de vue qui va à
rencontre de celui du ministre. J'essayais de l'illustrer tout à l'heure
en disant au ministre jusqu'à quel point l'erreur fondamentale qu'il
faisait, c'était de croire que nous étions les seuls à
nous opposer au contenu du projet de loi, à la façon aussi dont
on introduit la TVQ, à son harmonisation et au fait qu'on ait un taux
unique pour l'ensemble des biens et services. M. le Président,
permettez-moi de vous citer un extrait du communiqué que rendait public
ce Conseil québécois du commerce de détail. Il disait, et
je cite: "L'imposition de cette nouvelle taxe provinciale sur ces biens de
consommation en plein coeur d'une récession qui s'annonce difficile aura
des effets néfastes pour les détaillants qui vivent
déjà une situation précaire". M. le Président,
c'est un point de vue qui mérite qu'on l'étudié. - J'ai de
la misère à m'entendre, M. le Président. - C'est un point
de vue, je crois, qui vaut la peine d'être entendu par les membres de
cette commission.
On a discuté tout à l'heure de la possibilité
d'entendre l'Association des économistes. Mais ce que les gens du
commerce de détail pourraient venir nous dire, de la même
façon que l'Association des économistes aurait aussi bien pu
venir en témoigner, c'est que cette taxe, à court terme, et
ça tout le monde l'admet, aura un effet inflationniste. Avant que
l'effet de la baisse du prix des intrants dans le système de production
se fasse sentir, si on parle de l'automobile par exemple, où
effectivement la TPS viendra modifier la structure de tarification dans les
intrants qui entrent - par définition, c'est un pléonasme - qui
sont nécessaires à la production d'une voiture, il est
très clair qu'il y aura une période d'ajustement. Cette
période d'ajustement et cette période d'inflation, mon
collègue le député de Labelle en donnait les chiffres
exacts tout à l'heure, on parle d'une augmentation de 0,5 % seulement
pour l'impact de la TVQ provinciale, auront des impacts importants sur la
consommation. M. le Président, ce que le Conseil québécois
du commerce de détail, tout comme l'Association des économistes
serait venu nous dire, c'est qu'une augmentation de l'inflation
entraînerait automatiquement une diminution de la consommation. M. le
Président, c'est un principe économique et ça ne prend pas
la tête à Papineau pour le comprendre. Une augmentation du prix,
quand la taxe est refilée au consommateur entraîne
nécessairement une baisse de la demande.
On sait qu'à l'heure actuelle nous traversons une situation
économique difficile, la vice-première ministre du gouvernement
l'admettait, nous sommes en récession. À un moment où les
petits commerçants, membres du Conseil québécois du
commerce de détail éprouvent de plus en plus de difficulté
à vendre leurs produits, qu'est-ce qui se passe? C'est essentiellement,
M. le Président, un ralentissement encore plus
accéléré qui sera observé. Et vous comme moi, M. le
Président, nous avons des commerces dans nos comtés. À
Montréal, il y a des artères commerciales qui sont
regroupées au sein de ce qu'on appelle les SIDAC. Avez-vous idée,
M. le Président, du taux de vacance sur ces artères commerciales?
20 % des fois. Au-dessus de 30 % dans certains cas. Ce que ça veut dire,
M. le Président, concrètement, c'est qu'il y a des gens qui
perdent leur job. Il y a des entreprises qui ferment. Et à tout le
moins, il serait pertinent d'étudier la possibilité d'introduire
cette TVQ à un moment où notre économie traverse une
période difficile. Le Conseil québécois du commerce de
détail pourrait venir en témoigner.
Tout le monde admet que l'introduction de la TPS fédérale
et aussi de la taxe de vente du Québec aura un impact positif sur la
capacité concurrentielle de nos entreprises. Mais cependant, M. le
Président, est-ce que c'est le bon moment pour introduire une taxe
semblable à la TVQ et, surtout, pour étendre le champ
d'application de l'actuelle taxe de vente? Soit, comme le dit le projet de loi
et c'est important de le rappeler, la taxe de vente baissera de 9 à 8 %
en janvier 1991, de 8 à 7 % en janvier 1992, mais ce que ce projet de
loi fait du même coup, c'est d'étendre l'assiette,
d'étendre le champ d'application. M. le Président, je suis
convaincu que le Conseil québécois du commerce de détail
viendrait témoigner à l'effet que la TPS
québécoise, malgré qu'elle prévoie le remboursement
aux entreprises d'une partie importante des taxes qu'elles paient sur leurs
achats, viendrait nous dire que le gouvernement a décidé de
compenser, lui, son manque à gagner sur le dos des consommateurs. Ma
collègue la députée de Terrebonne a très bien
illustré ce point de vue tout à l'heure.
M. le Président, j'en appelle encore au ministre qui a un
rôle important à jouer. Il pourrait peut-être chuchoter
quelques mots dans le creux de l'oreille de son collègue, le ministre
des Finances, et lui faire comprendre que nous de l'Opposition, nous sommes
prêts à étudier ce projet de loi. Nous sommes prêts
à avancer dans l'étude article par article, mais à tout le
moins, M. le Président, on aimerait être rassuré. On
aimerait entendre des experts, parce que je l'admets bien candidement, j'ai
beau avoir fait un bac en économie, M. le Président, il y a
encore bien des choses qui nous échappent, comme je suis convaincu
qu'elles échappent à bien des gens du parti
ministériel.
Lorsqu'on voit avec quel sérieux le comité de la Chambre
des communes à Ottawa a tenu des audiences, a fait témoigner les
organismes devant la commission, on se demande pourquoi, quelles raisons il
faut invoquer pour empêcher la même chose au Québec?
Pourquoi empêcher le Conseil québécois du commerce de
détail? (23 h 45)
M. le Président, le ministre nous disait tout à l'heure:
Si au moins je sentais un peu de bonne volonté de la part des membres de
l'Opposition, je serais prêt à entendre... On parlait de
l'Association des économistes et je suis convaincu que, s'il avait pris
la parole sur la motion d'entendre le Conseil québécois du
commerce de détail, il aurait dit la même chose. J'aurais le
goût de demander au ministre qu'est-ce qu'il attend comme
démonstration de notre bonne volonté, qu'est-ce qu'il attend?
Pourquoi s'entêter à tenir un discours qui n'est pas fondé?
M. le Président, vous conviendrez comme moi que c'est difficile de
parler à quelqu'un quand il a un journal en pleine face, mais j'ai
espérance qu'il entende.
Tout à l'heure le ministre, M. le Président, nous disait
qu'il ne sentait pas que nous avions de la bonne volonté. J'aurais le
goût de lui dire qu'il avait le nez bouché, M. le
Président. Je sais qu'il se fait tard, que nous sommes tous
fatigués, que nous avons tous d'autres choses à faire sans doute
toutes aussi importantes, mais j'en appelle encore à la bonne foi du
ministre, à la bonne foi aussi des membres du parti ministériel
pour qu'ils fassent pression auprès du ministre du Revenu pour entendre
le Conseil québécois du commerce de détaii. Qu'est-ce que
vous avez à perdre? Pourquoi, MM. mes collègues... Il y a Mme la
députée de Terrebonne qui appuie cette proposition, mais pourquoi
vous opposer à entendre un groupe aussi important? Surtout quand on sait
l'attitude que vous avez prise au moment où on a demandé de
réaliser un mandat d'initiative pour étudier les
conséquences de l'introduction de la TPS. Quel est votre
intérêt, messieurs? Pourquoi ne pas faire pression auprès
du ministre pour entendre le Conseil québécois du commerce de
détail? Pourquoi faire la sourde oreille aux représentations qui
sont faites quotidiennement dans vos bureaux de comté, auprès des
chambres de commerce par des gens que vous rencontrez dans vos milieux de vie?
Pourquoi cet entêtement? M. le Président, le Conseil
québécois du commerce de détail...
Le Président (M. Forget): En conclusion, M. le
député de Gouin.
M. Boisclair: En terminant, le Conseil québécois du
commerce de détail est un intervenant important qui est à
même de nous parler des conséquences immédiates de
l'introduction de la TVQ dans le contexte particulier de récession
auquel sont confrontés les Québécois et les
Québécoises. Je crois que son témoignage est essentiel
pour faire avancer les travaux de cette commission. Alors j'espère, M.
le Président, que tous conviendront de l'urgence de l'entendre et que
tous les membres de cette commission conviendront et appuieront la proposition
pour que, rapidement, nous puissions l'entendre. Merci
Le Président (M. Forget): Merci beaucoup, M. le
député de Gouin. Alors, M. le député des
Îles-de-la-Madeleine?
M. Farrah: M. le Président, je fais motion pour qu'on vote
sur la proposition, s'il vous plaît?
Le Président (M. Forget): Alors, encore un intervenant?
Alors, est-ce que vous voulez intervenir M. le député des
Îles-de-la-Madeleine?
M. Farrah: Bien, je veux demander le vote, M. le
Président.
Mme Caron: Mais non, ce n'est pas ça.
Le Président (M. Forget): Mais il y a d'autres
intervenants. Alors...
M. Farrah: De votre côté?
Le Président (M. Forget): Oui. Est-ce que...
M. Boisclair: M. le député de Saint-Louis, on
aimerait ça vous entendre.
M. Chagnon: Non, ça va.
Le Président (M. Forget): À l'ordre! Alors, Mme la
députée de Terrebonne. 10 minutes.
M. Chagnon: Je cherche à me laisser convaincre.
Mme Jocelyne Caron
Mme Caron: Merci, M. le Président. Alors, s'il est trop
tard pour parler pour les députés ministériels, je vous
avoue que, de notre côté, il n'y a pas d'heure pour parler de
cette loi. Vous savez, M. le Président, que le Conseil
québécois du commerce de détail dans un communiqué
du 16 novembre a clairement indiqué que c'était un accueil
mitigé qu'on faisait du côté des détaillants
à ce projet de loi déposé par le ministre des Finances du
Québec à l'Assemblée nationale. Alors, je pense qu'il
serait peut-être important de les entendre, d'abord, pour leur exprimer
que c'est le ministre du Revenu qui a la responsabilité de ce projet de
loi. C'est drôlement étonnant que des gens qui sont aussi
près, qui vont avoir à vivre avec cette taxe-là, n'aient
point entendu le ministre du Revenu. Alors, moi, je pense que ce serait
important de les entendre, parce que ce sont effectivement eux et les
consommateurs qui vont avoir à vivre avec cette TVQ. Et c'est toujours
important lorsqu'on étudie un projet de loi de regarder qui, dans la
réalité quotidienne de tous les jours, va avoir à vivre
avec une taxe comme cette taxe-là. Je pense que les commerçants
au détail sont les premiers concernés. Ce serait bon de les
entendre sur
leurs inquiétudes, sur les conséquences de cette
taxe-là, mais je pense qu'ils ont à s'exprimer sur bien d'autres
choses qu'on n'a aucunement abordées encore en commission,
c'est-à-dire sur l'application technique de cette taxe-là. Et sur
ça, je pense qu'ils en auraient drôlement à dire, M. le
Président. Le peu qu'ils ont exprimé là-dessus, ce qu'ils
nous disent, les commerçants, c'est qu'ils ne sont pas prêts. Ils
ne sont pas prêts à l'appliquer à partir du 1er janvier et
ils sont très clairs là-dessus. J'ai trouvé certains
documents qui nous disent que très nombreuses sont les entreprises
canadiennes du commerce de détail qui ont tardé à
s'inscrire comme agent percepteur de la TPS ou qui ne seront aucunement
prêtes à la collecter le 1er janvier prochain. S'ils ne sont pas
prêts à collecter la TPS, ils ne sont pas davantage prêts
à collecter la TVQ qui va aller avec. Donc, les consommateurs pourront
se faire refiler l'impact de cette attitude attentiste, si les marchands sont
alors incapables de se faire rembourser la taxe de vente fédérale
de 13,5 % et de réclamer les autres compensations prévues par la
loi.
Le ministre des Finances, lorsqu'on a fait le débat sur la taxe
sur les livres, semblait réduire le débat uniquement à un
problème de caisses enregistreuses. Et là, lorsqu'on regarde
l'attitude des commerçants de détail, ce qu'ils nous disent,
c'est que, du côté même des caisses enregistreuses, ils ne
sont pas prêts. C'est peut-être important de les entendre
là-dessus, M. le Président. Ce qu'ils nous disent, un petit peu
plus loin, toujours en date du 28 novembre -alors ce que je vous dis là,
ça ne remonte pas à des mois. Dans le court laps de temps d'un
mois avant l'entrée en vigueur de la TPS, il ne sera pas facile aux
marchands de procéder aux changements de prix et d'étiquettes ou
à la disposition des affiches précisant si leurs prix incluent ou
non la TPS. Enfin, ils n'auront guère de temps pour se pourvoir des
enregistreuses, les adapter ou préparer leur personnel à
percevoir et à faire les remises de TPS. Dans les trois cas, s'il ne
peut satisfaire aux exigences de la TPS, le marchand sera obligé de
payer de sa poche ou de se dédommager dans celle des clients. Alors,
d'un côté ou de l'autre, il y a quelqu'un qui va devoir payer. Et,
moi, j'aimerais les entendre là-dessus et leur faire dire le
délai dont ils ont besoin pour être capables de mettre la taxe en
application. Là-dessus, personne n'a donné de réponses
à ces interrogations-là.
Présentement, les représentants du commerce de
détail se promènent un petit peu partout et tentent d'expliquer,
d'illustrer avec des tableaux, avec des pourcentages, ce système de
taxation-là. Ils le présentent vraiment comme un système
qui est beaucoup plus complexe que les gens ne le croient, qui va être
beaucoup plus difficile à appliquer que ce que nous laisse
présager le ministre du Revenu. Parce que lui, du côté de
l'application, il est resté complètement muet. On n'a eu aucune
donnée là-dessus, mais vraiment aucune. Et les
représentants de commerce, qui font présentement une
tournée, qui ont même tenté d'essayer de l'expliquer, ont
donné une séance d'fnformat/on extrêmement convaincante aux
journalistes pour essayer d'expliquer toute la complexité de ce qui les
attend à partir du 1er janvier. Moi, j'aimerais les entendre sur cette
complexité-là et sur les inquiétudes qu'ils ont et, dans
la représentation qu'ils ont faite, tableaux à l'appui, pour eux,
c'était très clair que l'entrée en vigueur de (a TPS
serait loin d'être une aubaine pour les consommateurs et loin
d'être une aubaine pour eux qui vont avoir à vivre avec
quotidiennement.
On sait que malgré la période des fêtes qui approche
et qui est habituellement une période de vente extrêmement
importante dans l'année pour les commerçants,
présentement, si vous vous promenez dans les commerces dans vos
différents comtés, tous les commerçants se plaignent que
les ventes sont très peu élevées, malgré les rabais
et malgré le tapage publicitaire qui a été fait par les
commerçants pour dire aux consommateurs: Achetez avant la TPS, achetez
avant la TVQ. On ne peut pas dire que les commerçants ne l'ont pas dit.
Je voyais tantôt des circulaires que le ministre regardait et
c'était exactement ça: Avant la TPS! On dit aux consommateurs:
Achetez vos meubles, vos chaussures, vos vêtements, vos appareils
électroménagers. Et bien malgré ces pressions qu'on a
faites sur les consommateurs pour sauver et la TPS et la TVQ, les ventes ne
bougent pas. Et ça, c'est significatif. Elles ne bougent pas, ce n'est
pas parce que les consommateurs ne veulent pas faire d'économies, c'est
parce qu'ils n'ont même pas les moyens d'acheter ces biens essentiels
là sans compter la TPS et la TVQ. Ils ne les ont pas, les moyens.
Pensez-vous qu'ils vont les avoir davantage après le 1er janvier avec
l'ajout des deux taxes? C'est tout à fait irrationnel de penser
ça, M. le Président. Et je suis convaincue que le Conseil
québécois du commerce de détail pourrait venir nous
expliquer ce qui s'est passé depuis cette campagne publicitaire qu'il a
faite et nous exprimer pourquoi les consommateurs n'embarquent pas
malgré les incitatifs, et ils sont très forts les incitatifs.
Même du côté des ventes d'automobiles qui sont
supposées devenir un avantage pour les consommateurs après la
TPS, les marchands d'automobiles ont même essayé de donner les
mêmes avantages avant l'application de la TPS et, là aussi, les
consommateurs n'ont aucunement, mais aucunement bougé.
Comment le gouvernement peut-il croire que les commerçants qui
nous disent qu'ils ne sont pas prêts à l'appliquer la taxe...
comment ça va se traduire dans la réalité quotidienne de
tous les jours des commerçants? Et je suis très
étonnée de voir que le ministre du Revenu, lui, ne s'est pas
posé cette question-là. Il n'en a aucunement fait mention dans
son discours lors
du dépôt du projet de loi. il n'en a aucunement fait
mention tantôt, puisqu'il n'a même pas utilisé son droit de
réplique sur cette motion. Donc il ne semblait aucunement juger de
l'utilité de recevoir l'avis du Conseil québécois du
commerce de détail et il faut ajouter que les commerçants de
détail ont également reçu l'appui des propriétaires
et des gestionnaires des centres commerciaux qui, habituellement, n'ont... Ils
n'ont vraiment pas l'habitude, M. le Président, de se porter à la
rescousse des consommateurs, mais ils ont jugé bon de se porter à
la rescousse des détaillants et ce n'est pas pour rien. Ils
appréhendent même que plus de 55 % des détaillants vont
être affectés par ces taxes-là. Or, plus de 55 %, eh bien,
on dépasse la moitié et c'est sûre qu'il va y avoir des
conséquences extrêmement importantes au niveau de toute
l'économie et tout ce qu'on risque d'avoir au bout du compte, c'est
peut-être une augmentation du déficit...
Le Président (M. Forget): En conclusion, Mme la
députée de Terrebonne.
Mme Caron: Oui, M. le Président. Je souhaite ardemment que
le ministre entende la voix de l'Opposition et reconnaisse la justesse de
l'importance d'entendre les commerçants sur le côté
pratique et l'application directe de cette loi-là. Et je dois vous
aviser, M. le Président, que, suite à l'appel aux voix de cette
motion, j'aurai une autre motion à déposer pour entendre un autre
groupe.
Le Président (M. Lemieux): Nous vous...
Mme Caron: M. le Président, évidemment, un groupe
qui me touche de près en tant que porte-parole, c'est-à-dire la
Fédération des ACEF du Québec.
Le Président (M. Lemieux): Nous vous remercions, Mme la
députée de Terrebonne. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Comme il n'y a pas d'autres interventions, est-ce que la motion est
adoptée?
Une voix: Adoptée?
Mme Caron: On demande le vote?
Le Président (M. Lemieux): Oui, alors nous... Appel
nominal?
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Appel nominal. La motion se lit
comme suit: "Que, conformément aux dispositions de l'article 244 de nos
règles de procédure, la commission du budget et de
l'administration tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 89: Loi modi- fiant la Loi concernant
l'impôt sur la vente en détail et d'autres dispositions
législatives d'ordre fiscal, des consultations particulières et
qu'à cette fin elle entende le Conseil québécois du
commerce de détail."
Le Secrétaire: Alors, M. Léonard (Labelle)?
M. Léonard: Pour.
Le Secrétaire: Mme Caron (Terrebonne)?
Mme Caron: Pour.
Le Secrétaire: M. Savoie (Abitibi-Est)?
M. Savoie: Contre.
Le Secrétaire: M. Thérien (Rousseau)?
M. Thérien: Contre.
Le Secrétaire: M. Chagnon (Saint-Louis)?
M. Chagnon: Contre.
Le Secrétaire: M. Brouillette (Champlain)?
M. Brouillette: Contre.
Le Secrétaire: M. Forget (Prévost)?
M. Forget: Contre.
Le Secrétaire: M. Farrah (Îles-de-la-Madeleine)?
M. Farrah: Contre.
Le Secrétaire: M. Lemieux (Vanier)?
M. Lemieux: Abstention.
Le Secrétaire: Alors, 6 contre, 2 pour, une abstention.
Motion rejetée.
Le Président (M. Lemieux): Merci. Alors, nous ajournons...
La motion est rejetée et nous ajournons nos travaux...
M. Léonard: M. le Président, on vous a donné
un préavis que nous déposerions une autre motion demain
matin.
Le Président (M. Lemieux): Oui, ça va,
c'est-à-dire que nous ajournons nos travaux jusqu'à demain 10
heures. Alors il n'y a pas de problème, Mme la députée de
Terrebonne. Alors, je vous remercie pour votre collaboration.
(Fin de la séance à minuit)