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(Vingt heures dix minutes)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission dubudget et de l'administration est réunie afin de
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 134, Loi modifiant la Loi concernant la taxe sur les carburants. M. le
secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Non, M. le Président. Il n'y a pas
de remplacement pour la séance.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre, est-ce que vous
avez des remarques préliminaires?
M. Savoie: Oui, comme d'habitude.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le ministre.
Remarques préliminaires
M. Raymond Savoie
M. Savoie: M. le Président, je voudrais commencer en
souhaitant la bienvenue à mes collègues de l'Assemblée
nationale de même qu'au critique de l'Opposition.
Je voudrais présenter les gens du ministère du Revenu qui
m'accompagnent. Il y a M. Brochu, qui est sous-ministre adjoint, responsable de
la DGL, la Direction générale de la législation; M.
André Gingras, qui est directeur des taxes à la consommation; Me
André-F. Rochon, qui est directeur du contentieux; également, M.
Alain Dufour, directeur des enquêtes spéciales au
ministère, qui est aussi responsable des enquêtes spéciales
au ministère, dans le secteur de Montréal, et il y a
évidemment Me Hubert Gaudry, que vous connaissez pour l'avoir vu
à plusieurs reprises l'automne passé et certainement ce
printemps, qui, comme vous le savez, est responsable de la rédaction des
projets de loi du ministère du Revenu.
Le Président (M. Lemieux): M. Gaudry n'est pas ici? Oui,
il est là-bas. Ça va. Ça va.
M. Savoie: Je suis accompagné également de
Yves-Thomas Dorval, conseiller au ministère du Revenu.
M. le Président, très rapidement, comme vous le savez, le
projet de loi sur les carburants, qui est le projet de loi 134, de même
que le projet de loi 135, qui est un projet de loi modifiant la Loi concernant
l'impôt sur le tabac, sont effectivement deux lois qui se ressemblent
beaucoup. Je présume que nous allons commencer avec le projet de loi
134.
Le Président (M. Lemieux): Selon l'ordre de la Chambre,
c'est le projet de loi 134.
M. Savoie: Alors, je ne commencerai pas en faisant un discours
sur le tabac. On va rester au niveau du carburant. En gros, ce qui se produit -
et je pense qu'il faudrait que ce soit bien saisi par l'ensemble des membres de
la commission - c'est que, comme vous le savez fort bien, au niveau du
carburant, on vit, depuis longtemps, énormément de contrebande,
de fraude au niveau des opérations. C'est une situation qui existe,
comme je vous l'ai mentionné, depuis fort longtemps. On parle, par
exemple, des premières interventions sur ces
éléments-là qui remontent même à 1982, 1983.
On sait que le gouvernement du Québec est privé de plusieurs
dizaines de millions de dollars, parce qu'il est très tentant, par
exemple, d'acheter du carburant à l'extérieur du Québec,
de l'amener au Québec, de le déposer dans des entrepôts et,
ensuite, de le vendre à des détaillants sans avoir à
effectuer le paiement de la taxe. Le problème, c'est, qu'il faut
resserrer le contexte un peu en tenant compte des pratiques de l'industrie, en
étant respectueux des orientations que se donnent l'industrie et en
cherchant à protéger ceux qui ont des opérations
légitimes, pour éviter que la loi ne sévisse au niveau de
ceux qui respectent la loi et pour aller chercher ceux qui y contreviennent en
cherchant à ne pas payer la taxe.
Il y a des mesures qui peuvent paraître assez extraordinaires. On
parle, par exemple, d'emprisonnement. Il faut se rappeler - on a eu l'occasion
de le répéter à plusieurs reprises - que l'emprisonnement,
ça existe dans plusieurs autres lois et que ç'a été
discuté longuement avec le ministère de la Justice. Il faut
comprendre que la nature même des opérations, compte tenu du fait
qu'on peut fonctionner très bien avec des gens qui ne sont pas en mesure
de payer l'amende, des gens qui sont tout simplement des prête-noms, des
choses comme ça, fait que, finalement, le seul vrai
élément de contrôle - ce que les Anglais appellent
"deterrent", un mot que j'aime bien - qui existe, c'est effectivement la
possibilité d'emprisonnement. C'est une menace qui, je pense, va attirer
l'attention de plusieurs des gens qui s'impliquent dans la contrebande.
Donc, il y a tout un ensemble de mesures, surtout administratives, des
vignettes, des permis, qui vont nous demander des contrôles au niveau,
par exemple, du transport, de l'entreposage, des
routes utilisées, des pratiques qu'on connaît, qui jouent
nécessairement en faveur des gens qui pratiquent la contrebande. Mais,
on veut les fermer tranquillement pour être certains que ceux et celles
qui vendent de l'essence au Québec paient effectivement leur dû
à l'État.
Alors, en gros c'est cela. J'imagine qu'on aura l'occasion de revenir
sur ces points-là au fur et à mesure qu'on va avancer dans le
projet de loi. Il me fera plaisir, à ce moment-là, de fournir les
explications lors de la présentation des différents articles.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M le ministre. M. le
député de Labelle.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Oui, merci, M. le Président. Nous avons
eu l'occasion de faire le débat en deuxième lecture à
l'Assemblée nationale, il n'y a pas tellement de jours, sur ce projet de
loi. J'ai eu l'occasion d'indiquer que, sur le principe, nous étions
contre ce projet de loi. Je voudrais donc mentionner quelques
éléments encore ou les rappeler sans refaire ce discours. C'est
un projet de loi qui alourdit considérablement les contrôles
gouvernementaux, les contrôles administratifs, pour une chose.
Remarquez qu'on peut souligner qu'il s'agit ici de contrebande moderne.
J'ai bien noté que le ministre avait utilisé le mot que j'ai
introduit dans le discours de deuxième lecture, mais c'est effectivement
de contrebande qu'il s'agit ici. Le tabac, ça en est et, le
pétrole, ça en est aussi. C'est une façon moderne de faire
de la contrebande. On pourrait se rappeler les passages à dos
d'âne dans les Pyrénées ou dans les Alpes. Ça,
c'était le folklore qu'on a rappelé dans l'opéra Carmen.
Bref, voyez-vous, on revient à de vieux sujets.
La contrebande naît quand il y a des différences de prix
entre différents pays et, notamment, quand le gouvernement se met
à taxer à tour de bras. Il s'introduit des différences de
plus en plus marquées qui font que des gens, des citoyens ont
intérêt à faire le commerce entre les frontières. Je
vous ferai remarquer que, tout en étant dans le Canada, à l'heure
actuelle, ça existe, n'est-ce pas? Même entre l'Ontario et le
Québec, puis entre les États américains et le
Québec. On espère qu'avec le libre-échange ça va
s'atténuer parce que, normalement, on devrait assister à une
uniformisation des systèmes de taxation, le plus possible.
Donc, je pense que, comme je l'ai souligné en deuxième
lecture, ça va à rencontre de l'esprit du traité de
libre-échange qu'on en soit venu à faire une législation
et que ça présuppose, évidemment, qu'il y a des
différences majeures dans la fiscalité en ce qui concerne ces
produits. Alors, l'État taxe beaucoup et cela amène du
commerce.
On pourrait se poser la question: Pourquoi, à ce moment-ci, le
ministre, comme par hasard, a parlé de 1982? Il reste que, maintenant,
ça a l'air d'urger que l'on légifère pour augmenter les
contrôles et augmenter les sanctions par la suite. Je pense que cela est
bien indicatif que ça vient à la suite de décisions
gouvernementales visant à augmenter les taxes. C'est le fait du
gouvernement fédéral qui est cassé, comme on le sait, qui
est un gouvernement en faillite, et du gouvernement du Québec qui, lui
aussi, commence à tirer de la langue très sérieusement. En
période de récession économique, il a décidé
d'augmenter les taxes, donc cela l'amène à imposer une chape de
plomb sur toute l'industrie du pétrole, des carburants, sur tout le
commerce des carburants. C'est ce qui nous amène à ce projet de
loi ici, aujourd'hui.
Je pense qu'ils sont obligés d'être conséquents. Ce
gouvernement ou ces ministres sont obligés d'être
conséquents. Le ministre des Finances décide, dans un discours
sur le budget, de connivence avec le ministre du Revenu, d'augmenter les taxes
de façon substantielle. Après, on est obligé de faire des
contrôles, de les élever, de les durcir. Alors, une des choses que
nous avons aussi notées dans ce projet de loi, c'est que ces
contrôles étaient draconiens, s'étendaient à tout le
monde, obligeaient tout l'appareil de production économique,
industrielle et commerciale à fournir des rapports et à se
promener avec des manifestes partout. Bref, on n'aura pas la carte
d'identité, mais on va avoir le manifeste de chaque chargement de
pétrole. Alors, on en est là. Si le camionneur l'oublie,
ça peut aller jusqu'à l'emprisonnement, juste pour vous dire
où on s'en va avec ce projet, avec cette loi que le ministre nous
présente en souriant comme s'il n'y avait rien là. Il reste que,
pour des apôtres, paraît-il, de la Charte des droits et
libertés, ils commencent à avoir quelques trous dans leur sac
parce que, emprisonner des gens, ça commence à être
sérieux.
M. le Président, je pense que nous allons regarder ce projet de
loi dans le détail. Mais, en partant, il est le fait d'un gouvernement
qui introduit des barrières fiscales considérables alors que la
tendance est d'aller à l'inverse, d'abolir les différences
fiscales entre les pays. On suppose que ce qu'il vise, c'est surtout le
commerce entre l'Ontario et le Québec, entre le Québec et les
États-Unis, et le Nouveau-Bruns-wick aussi. Je suppose que nos
contrebandiers n'utilisent pas encore beaucoup les bateaux, mais ça
pourrait peut-être venir. Si les différences augmentent trop,
ça pourrait devenir payant. Donc, on va être obligé de
légiférer là-dessus.
Au fond, de quoi s'agit-il? C'est qu'on veut réprimer la
contrebande et on met un immense système administratif avec des
pénalités de plus en plus dures, qui vont jusqu'à
l'emprisonnement, pour freiner cette contrebande. Alors, nous en sommes
là. Après avoir gaspillé à gauche et à
droite, ce gouvernement monte ses taxes. À n'avoir pas
prévu la récession économique, il est obligé de
taxer en catastrophe. On voit très bien ça. C'est ce qui arrive
et ça nous amène à ce projet de loi.
Voilà, M. le Président, nous aurons l'occasion
d'étudier ça dans le détail.
M. Savoie: Très rapidement, parce qu'on veut commencer, M.
le Président. Je suis surpris des déclarations du
député de Labelle qui constituent ni plus ni moins que de la
foutaise, en grande partie.
M. Léonard: C'est un mot... Je ne suis pas sûr que
c'est très parlementaire.
M. Savoie: C'est certainement, le moins qu'on puisse dire,
très critiquable. Il faut bien comprendre qu'on ne peut pas emprisonner
quelqu'un qui a oublié son manifeste. Il faudrait que ce soit clairement
identifié! C'est pour ça que j'ai souri. Étant
donné que c'est enregistré, je voudrais être clair.
Évidemment, j'ai souri parce que le député lui-même
a souri en mentionnant ces paroles, sachant fort bien qu'il a grandement
exagéré.
Il faut savoir aussi que ce n'est pas dû à la politique de
taxation du gouvernement. L'essence, au Québec, se vend
légèrement plus cher. On parle de 0, 01 $ ou 0, 02 $ le litre par
rapport à l'Ontario; On me dit, par exemple, que le litre d'essence, en
Ontario, se vend 0, 60 $ et, au Québec, 0, 63 $. Il n'y a pas là
de marge substantielle. Ce qu'il faut faire-Une voix: Les
États-Unis.
M. Savoie: Aux États-Unis, évidemment, c'est un
autre système, c'est complètement différent. Je ne sais
pas pourquoi le député du Parti québécois veut
citer les États-Unis en exemple, eux qui n'ont pas de système de
soins de santé, eux qui n'offrent pas aux citoyens l'ensemble des
avantages qu'on offre ici au Québec et qu'il faut payer. Compte tenu du
fait qu'on s'embarque dans une période de restrictions pour payer le
déficit créé par le Parti québécois - on
parle de 34 000 000 000 $...
M. Léonard: Et les vôtres, multipliés par
deux.
M. Savoie: Qui sont quand même minimes.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît,
voulez-vous vous en tenir au projet de loi 134.
M. Savoie: Oui, c'est ça, j'ai la parole. Vous allez me
laisser parler. Je pense que c'est clair qu'il faut rembourser ce
déficit-là. Le déficit est considérable.
Évidemment, ça nous force à revoir notre structure, les
opérations budgétaires chaque année. On parle de 16 % du
budget qui sont affectés au déficit. Il faut bien comprendre que,
si on resserre l'administration, par exemple, au niveau de l'éducation,
du transport, de chacun des ministères, on ne peut pas non plus, d'un
côté, resserrer la machine au point de vue administratif et, de
l'autre, encourager la contrebande à se développer en fermant les
yeux. Il faut intervenir.
Les interventions ont commencé en 1987, entre autres. Il y a eu
des interventions qui datent même de 1986. Aujourd'hui, compte tenu du
fait qu'il y a des gens qui cherchent à faire de la contrebande, que
ça s'organise un petit peu mieux et qu'on voit que les réseaux
sont un petit peu plus complets, il faut intervenir. On ne peut pas fermer les
yeux là-dessus. Il y a, pour l'État, des pertes de plusieurs
dizaines de millions de dollars. C'est très difficile à
évaluer. La coutume au ministère du Revenu est à l'effet
qu'on ne mentionne jamais des gros montants parce que ça crée des
attentes ou ça stresse des individus. Par contre, lorsqu'on parle de
plusieurs dizaines de millions de dollars, il faut voir ça comme un
chiffre très conservateur. Il faut y voir un endroit où il y a de
gros montants qui nuisent aux opérateurs qui sont justement dans la
légalité. Vous allez voir, au fur et à mesure qu'on
avancera, avec les explications qui vont être données, que le
manifeste, ce n'est pas si compliqué que ça. De toute
façon, la majorité des compagnies qui opèrent dans la
légalité utilisent déjà un manifeste. Par ailleurs,
vous allez voir que le manifeste n'est pas émis par le gouvernement du
Québec.
M. Léonard: Combien de copies pour vous?
M. Savoie: Vous allez apprendre que, finalement, comme toute
chose qu'on fait au ministère du Revenu, c'est entretenu avec du gros
bon sens et que ça vise, finalement, à aider. Si jamais il y
avait des problèmes, des difficultés qui survenaient au niveau de
l'application de la loi, on interviendrait très rapidement pour faire
les modifications qui s'imposent.
Alors, il faut que le message soit très clair. On est là
pour, évidemment, contrôler davantage les activités
illégales, chercher à fermer les trous qui permettent à
ces opérateurs-là de se soustraire à l'application des
lois fiscales du Québec. Alors, vous allez voir que, finalement... On
aura l'occasion, j'imagine, de revenir sur la présentation du
député de Labelle qui est dans l'Opposition, qui joue son
rôle d'opposition, qui conteste allègrement,
légèrement, je dois dire, cette fois-ci, parce que, vraiment, ce
qu'il nous a présenté à date n'est pas très
fort.
Le Président (M. Lemieux): Alors, nous allons
appeler...
M. Léonard: M. le Président, peut-être
juste
une brève remarque.
Le Président (M. Lemieux): Oui, je vous le permets, mais
je veux bien que vous sachiez que ce n'est pas coutume. J'ai même permis
au ministre de faire des remarques préliminaires...
M. Léonard: J'ai oublié une chose...
Le Président (M. Lemieux): Je vais vous le permettre parce
que j'ai même permis au ministre de faire des remarques,
c'est-à-dire de répliquer à vos remarques
préliminaires, ce qui n'est pas dans les règles de l'art,
habituellement, au niveau de la procédure. Alors, comme je l'ai fait
pour le ministre, je le fais pour vous, M. le député de Labelle.
Allez-y, mais ça va être terminé par après, fini par
après.
M. Léonard: Je vais simplement dire une chose que je
m'aperçois que j'ai oubliée. D'abord, je voulais saluer, moi
aussi, la présence des fonctionnaires et dire que les critiques que je
vais apporter ne sont pas des critiques quant à leur compétence.
Je maintiens que c'est toujours le ministre qui est responsable; c'est lui qui
donne les orientations. Alors, s'il y a des critiques, elles s'adressent au
ministre. Je voulais saluer la présence des fonctionnaires et leur dire
que nous allons critiquer pour améliorer le projet de loi, même si
nous sommes contre.
Étude détaillée
Définitions
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Labelle. Alors, nous passons à l'article 1 du
projet de loi 134. J'appelle l'article 1 du projet de loi 134. Est-ce qu'il y a
des commentaires?
M. Savoie: Alors, il faut, évidemment, lire l'article en
relation avec la loi existante. On me dit que c'est une loi qui remonte
à 1927, la loi sur les carburants. J'imagine que les modifications sont
constantes, chaque gouvernement y apportant ses modifications au fur et
à mesure que la situation le demande.
Très rapidement, on introduit des modifications aux termes. Je ne
sais de quelle façon vous voulez procéder, mais je n'ai pas du
tout l'intention...
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous le faire paragraphe
par paragraphe, M. le député de Labelle?
M. Léonard: Oui.
M. Savoie: Paragraphe par paragraphe.
Le Président (M. Lemieux): Oui. Paragra- phe 1°.
M. Savoie: Alors, le paragraphe 1°, d'abord: "L'article 1 de
la Loi concernant la taxe sur les carburants... est modifié, dans le
premier alinéa: "1° par l'insertion, avant la définition du
mot "agriculture", de la définition suivante: "a) "agent-percepteur":
toute personne, à l'exclusion d'un vendeur en détail, qui vend,
livre ou fait en sorte que soit livré du carburant au
Québec".
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Oui. Vous avez dit que ce projet de loi datait
de 1927. Il y a quand même eu des retouches depuis ce
temps-là.
M. Savoie: J'ai également dit que, chaque
gouvernement...
M. Léonard: Pourquoi c'est très urgent tout
à coup? C'est parce que les différences augmentent...
M. Savoie: Non, non.
M. Léonard: ...ou que la contrebande s'accentue.
M. Savoie: C'est-à-dire que la loi a été
revue en 1986, la dernière fois. Chaque gouvernement y a apporté
ses modifications. C'est une loi qui est en évolution constante.
M. Léonard: C'était en 1988, la dernière
fois.
M. Savoie: Oui, j'imagine qu'il y a eu des modifications
constamment. On parle d'une...
M. Léonard: Non, il n'y en a pas eu en 1986. Il y en a eu
en 1983...
M. Savoie: Non, la loi a été modifiée en
1986.
M. Léonard: ...et en 1988, à cet article-là
de la loi.
M. Savoie: En particulier là, oui, pour resserrer les
contrôles et c'a été une modification qui se voulait
majeure. C'est ça.
M. Léonard: Oui, c'est ça. Mais l'article 1
lui-même, quand on regarde au chapitre T-1, il a été
modifié en 1988. Donc, il n'a pas été modifié en
1986 quant à lui, quant au contrôle.
Vous introduisez "agent-percepteur".
M. Savoie: Non, on n'introduit pas...
M. Léonard: Vous modifiez.
M. Savoie: L'agent-percepteur existait déjà.
Ça existait déjà. Ça existait à l'article
50.1 de la loi et c'est modifié par l'article 25 du présent
projet de loi. Il s'agit tout simplement d'une mesure technique visant
essentiellement à donner les définitions au début d'un
projet de loi. Il n'y a rien de majeur. (20 h 30)
M. Léonard: Au début du projet de loi...
M. Savoie: Oui.
M. Léonard: ...la définition
d'agent-percepteur.
M. Savoie: C'est ça. C'est pour regrouper les
définitions de termes.
M. Léonard: dans toute l'économie du projet de loi,
l'agent-percepteur n'est jamais un vendeur au détail. c'est pris
à la source, je ne sais pas...
M. Savoie: C'est ça.
M. Léonard: ...moi, au grand réservoir, chez le
raffineur.
M. Savoie: Le raffineur perçoit la taxe et...
M. Léonard: Au fond, l'agent-percepteur c'est le
raffineur.
M. Savoie: C'est ça. Non, ça peut être le
grossiste aussi.
M. Léonard: Le grossiste. M. Savoie: C'est
ça.
M. Gingras (andré): c'est tous les revendeurs autres que
les vendeurs au détail. c'est eux qui agissent comme percepteurs du
gouvernement.
M. Savoie: Voulez-vous vous nommer quand vous intervenez parce
que...
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous vous identifier
pour les fins de l'enregistrement du Journal des débats? Ça
va?
M. Savoie: Donc, agent-percepteur. Ensuite, par l'insertion, en
page...
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous vous identifier
pour les propos que vous venez de tenir?
M. Gingras: André Gingras.
Le Président (M. Lemieux): Votre fonction au
ministère du Revenu?
M. Gingras: Je suis directeur des taxes. M. Savoie:
À la consommation.
Le Président (M. Lemieux): Bon, ça va. Alors, on y
va maintenant. J'appelle le paragraphe 2°.
M. Savoie: "2° par le remplacement, devant la
définition du mot "agriculture", de la lettre "a" par "a.1". Alors,
c'est majeur.
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous adopter paragraphe
par paragraphe ou l'ensemble de l'article? Moi, je m'attendais que l'ensemble
de l'article soit adopté. Voulez-vous, aussitôt qu'on a
terminé un paragraphe, l'adopter ou si vous préférez
adopter l'ensemble?
M. Léonard: Ce serait peut-être mieux après
chaque paragraphe, sinon on risque de se perdre.
Le Président (M. Lemieux): Après chaque paragraphe,
ça fait votre affaire. Alors, est-ce que le paragraphe 1° de
l'article 1 est adopté?
M. Léonard: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Alors, nous
passons au paragraphe 2°.
M. Savoie: On l'a lu, le paragraphe 2°.
Le Président (M. Lemieux): Oui. Est-ce qu'il y a des
commentaires? Le paragraphe 2° est-il adopté?
M. Léonard: C'est quoi? C'est juste une
numérotation?
M. Savoie: Oui.
M. Léonard: Pourquoi ce n'est pas une proposition de
renumérotation que l'on fait à la fin d'un projet de loi?
M. Savoie: Le remplacement de la lettre "a" par "a.1" origine du
nouvel agencement généré par l'insertion de la
définition d'agent-percepteur au paragraphe a. Alors, il y a le
paragraphe a et, ensuite, on a le paragraphe a.1.
M. Léonard: O.K. Mais c'est une renumérotation, en
quelque sorte. En tout cas...
M. Savoie: Bien, en tout cas, c'est un... M. Léonard:
On ne change rien. M. Savoie: C'est rien de...
Le Président (M. Lemieux): Le paragraphe 2° est-il
adopté?
M. Savoie: Ce n'est pas à cause des taxes.
M. Léonard: Oui, tout ça, fondamentalement.
Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté, M. le
député de Labelle?
M. Léonard: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Alors, nous passons au
paragraphe 3° de l'article 1.
M. Savoie: alors, c'est la définition de carburant en
vrac: "tout carburant contenu dans un réceptacle de plus de 200 litres,
autre que celui contenu dans le réservoir de carburant installé
comme équipement normal d'alimentation du moteur d'un
véhicule".
Alors, c'est une autre définition qui...
M. Léonard: Donc, ça exclut...
Le Président (M. Lemieux): II y a des notes explicatives.
Est-ce qu'on l'a, ce cahier là?
M. Savoie: Non. Bien, vous avez le cahier, mais vous n'avez pas
les notes explicatives.
Le Président (M. Lemieux): On n'a pas les notes
explicatives.
M. Savoie: C'est ça.
Le Président (M. Lemieux): Ça va.
M. Savoie: C'est un secret d'État.
M. Léonard: Ça exclut, par exemple, les gros
camions parce que leur réservoir a moins de 200 litres?
M. Savoie: Pardon?
M. Léonard: Ça exclut les gros camions.
M. Savoie: Ça inclut "tout...
M. Léonard: 200 litres, ce n'est pas beaucoup non
plus.
M. Savoie: ...carburant contenu dans un réceptacle de plus
de 200 litres...
M. Léonard: Oui.
M. Savoie: ...autre..."
M. Léonard: "Que celui contenu dans le..."
M. Savoie: C'est ça. Alors, par carburant en vrac, on
entend "tout carburant contenu dans un réceptacle de plus de 200 litres,
autre que celui contenu dans le réservoir de carburant installé"
sur un camion, par exemple, ou comme "équipement normal d'alimentation
du moteur d'un véhicule".
M. Léonard: Mais, d'une façon
générale, le carburant en vrac, ça circule dans quoi,
ça?
M. Savoie: Dans des réceptacles.
M. Léonard: Oui, oui.
M. Savoie: Ha, ha, ha!
M. Léonard: Pas dans un bas de laine!
M. Savoie: Non, mais dans un réceptacle. Qu'est-ce que
vous voulez que je vous dise? Ça peut être transporté dans
n'importe quoi.
M. Léonard: Donc, c'est dans les réservoirs, dans
les camions-citernes...
M. Savoie: Ça peut être dans les camions-citernes,
ça peut être n'importe quoi. Ça peut être des
réservoirs placés dans n'importe quel camion. Ça peut
être n'importe quoi.
M. Léonard: Sauf pour ce qui concerne l'alimentation du
moteur qui tire.
M. Savoie: C'est ça. Qu'est-ce qu'il y a, là?
M. Léonard: J'ai le droit de poser des questions, moi,
ça m'intéresse.
M. Savoie: Oui, oui. Est-ce qu'on s'embarque dans un
"filibuster"? C'est ça, là?
M. Léonard: M. le Président, ça ne fait .
pas 25 minutes qu'on a commencé et, déjà, il parle de
"filibuster".
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre du Revenu, c'est
le droit du député de Labelle de vous interroger sur...
M. Savoie: La définition de a.1
Le Président (M. Lemieux): Le député de
Labelle a même 20 minutes pour chaque paragraphe de l'article 1.
M. Léonard: Chacun.
M. Savoie: Oui, oui. Je ne questionne pas son droit,
là.
Le Président (M. Lemieux): C'est son droit de parole.
M. Savoie: Je voulais que les cartes soient claires.
M. Léonard: Bien, c'est un peu ce que vous faisiez, je
pense.
M. Savoie: Moi, ça? Je n'ai jamais fait ça.
M. Léonard: Si vous ne voulez pas travailler, c'est une
autre affaire, là. Vous n'êtes pas obligé d'être
ministre, hein? Ce n'est pas...
M. Savoie: Je n'ai jamais fait un "filibuster" de ma vie.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que... Oui.
M. Léonard: alors, le carburant en vrac, c'est tout ce qui
circule, dans les camions-citernes, les réservoirs, tout endroit
où l'on entreprose du carburant.
Le Président (M. Lemieux): Ça va? Adopté?
J'appelle maintenant le paragraphe 4° de l'article 1.
M. Savoie: Le paragraphe 4°: "4° par l'insertion,
après le paragraphe d, du suivant: "d.1) "entreposeur": toute personne
qui prend ou donne en location un établissement pour l'entreposage de
carburant en vrac ou utilise aux frais d'un tiers ou fait en sorte que soit
utilisé à ses frais un tel établissement".
C'est la définition que la loi veut donner au mot "entreposeur",
tel qu'utilisé dans le projet de loi. Je peux vous lire les notes aussi
qu'on me fournit avec ça si ça peut vous donner un
éclairage additionnel. L'insertion de la définition d'entreposeur
au paragraphe d.1) permet d'élargir le sens commun de ce terme,
notamment pour englober les personnes qui, directement ou indirectement, se
livrent à des activités d'entreposage de carburant en vrac.
On veut évidemment tout couvrir au niveau de l'entreposage
éventuel, par cette définition d'entreposeur.
M. Léonard: Est-ce qu'il y en a plusieurs, des
entreposeurs?
M. Savoie: Je ne saurais vous dire. On pourrait peut-être
entendre, si ça peut vous intéresser...
M. Léonard: Disons que je vais aller plus loin dans ma
question. Là, vous avez des agents-percepteurs et des entreposeurs.
M. Savoie: C'est ça.
M. Léonard: Est-ce que ce sont les mêmes personnes
en général ou est-ce que c'est com- plètement
différent?
M. Savoie: Par entreposeur, par exemple, on fait
référence... On pourrait entendre M. Alain Dufour, qui est
directeur des enquêtes spéciales au ministère. Il pourrait
peut-être vous parler du genre d'opérations auxquelles on doit
faire face et, lorsqu'on veut ramasser des gens qui font de l'entreposage, des
entreposeurs, de ce qu'on recherche exactement.
M. Léonard: Vous avez des problèmes, M. le
ministre, donc je pense qu'on va entendre M. Dufour.
M. Savoie: Non, non. Je pourrais facilement vous l'expliquer,
mais c'est intéressant...
M. Léonard: Oui, ça va être plus
intéressant.
Le Président (M. Lemieux): Pour les fins de
l'enregistrement du Journal des débats, je vous prie de bien
vouloir vous identifier: nom, fonction et ministère.
M. Savoie: C'est intéressant de jaser avec des gens qui
sont directement dans le champ, qui doivent vivre avec les lois qu'on sort
d'ici et qui doivent vivre avec ceux qui transigent constamment au niveau de la
loi. M. Dufour, s'il vous plaît.
M. Dufour (Alain): Alain Dufour, directeur de l'observance
fiscale.
Le Président (M. Lemieux): Directeur de? M. Dufour
(Alain): De l'observance fiscale. Le Président (M. Lemieux):
Merci. Ça va. M. Léonard: L'observance des
règlements.
M. Dufour (Alain): Je parle au niveau de l'entreposage?
M. Savoie: Entreposeur. Pourquoi on élargit le mot
"entreposeur".
M. Léonard: Oui. Ma question aussi c'est: Quelle est la
relation entre agent-percepteur et entreposeur? Comment fonctionne le
système? Ce ne serait peut-être pas mauvais qu'on ait une certaine
idée de la façon que ça fonctionne.
Le Président (M. Lemieux): Dans l'ancien texte, on ne
retrouvait pas cette disposition-là, hein?
M. Dufour (Alain): Non. C'est que...
Le Président (M. Lemieux): C'est du droit
nouveau ça, hein?
M. Dufour (Alain): C'est ça. C'est une définition
supplémentaire qu'on a ajoutée dans le domaine du pétrole.
En principe, les gens qui opèrent, qui font affaire, au Québec,
dans le domaine du carburant s'enregistrent. C'était le principe de
l'ancienne loi. Évidemment, on parle de commerce international, on parle
d'importation de produits. On a constaté que des gens subdivisaient
leurs opérations, ce qui est normal présentement dans le domaine
des affaires. Mais il y a des gens qui ont abusé de ce
bénéfice-là. C'est que parmi ces gens, il y a des
propriétaires de camions, il y a des propriétaires d'actifs
d'entreposage il y a des propriétaires d'établissements qui font
la vente. On parle des différents plans d'entreposage. On peut parler
des plans des raffineurs, on peut parler des plans marins, on peut parler aussi
des différents plans régionaux où des revendeurs des
compagnies majeures ou, même, des personnes à leur compte
entreposent des produits pétroliers.
Ce qui est sûr, c'est que le phénomène du
marché au niveau du pétrole a fait, à un moment
donné, qu'il y a eu certains de ces plans-là qui ont
été utilisés par des réseaux qui opéraient
frauduleusement la contrebande dont on pariait tout à l'heure en
matière de pétrole. Il faut penser que le client qui est
prêt à acheter un produit pétrolier à un prix
moindre a quand même certaines conditions à respecter, dont payer
comptant les achats qui proviennent de ces revendeurs, ce qui fait que
l'importation se fait par citerne - on parle de citernes qui peuvent aller de
32 000 à 45 000 litres - et que le produit doit être
entreposé temporairement à certains endroits au Québec, le
temps qu'on trouve des clients prêts à l'acheter, ce produit.
Comme je l'ai dit tout à l'heure, il y a des entités qui
étaient propriétaires de certains actifs et on créait
aussi des compagnies artificielles, c'est-à-dire des entreprises qui
servaient strictement de prête-nom, qui avaient une existence
légale. C'était quand même une corporation qui, dans les
démarches de bonne foi, avec le ministère... C'est-à-dire
que le ministère traitait de bonne foi avec n'importe quel contribuable
ou mandataire qui voulait opérer dans le domaine des carburants au
Québec. Il se présentait au ministère, obtenait un
certificat d'enregistrement, ce qui faisait que les personnes qui transigeaient
avec ces entités-là se retrouvaient non responsables de la taxe
parce qu'elles se trouvaient avoir acheté d'une personne
autorisée par le ministère.
Le Président (M. Lemieux): Pouvez-vous nous donner un
exemple concret, qui fait en sorte que...
M. Léonard: Oui...
Le Président (M. Lemieux): O.K. On va dans le même
sens, alors je vous laisse aller, M. le député de Labelle.
M. Léonard: Nous, ce qu'on connaît, c'est la
compagnie Esso...
Le Président (M. Lemieux): C'est ça. Un
exemple.
M. Léonard: ...puis on s'en va, comme on dit, "tanker" ou
prendre de l'essence. On se demande comment ça se fait qu'il peut y
avoir de la fraude à ce point alors qu'Esso a ses propres
réservoirs, pratiquement sa flotte de bateaux.
Le Président (M. Lemieux): Irving, Esso, Shell.
M. Dufour (Alain): Oui.
M. Léonard: N'importe quelle grande chaîne.
Le Président (M. Lemieux): Ce sont tous des entrepreneurs
indépendants.
M. Léonard: Dans le temps, il y avait Texaco, n'importe
quoi là, Petro-Canada. Alors, je suppose qu'ils achètent de
grands réservoirs et que, comme tout le monde nous dit que tous les
pétroles sont pareils, ils sont donc plus ou moins interchangeables.
Comment se fait-il qu'on puisse arriver à avoir de la fraude à ce
point et comment cela peut-il se faire autant que ça?
Le Président (M. Lemieux): Qu'est-ce qui fait qu'il est
indispensable d'amener cette notion-là d'"entreposeur", de
manière concrète, factuelle, dans les faits?
M. Dufour (alain): la dimension d'entreposage au niveau des
produits pétroliers, c'est que les pouvoirs d'enquête du
ministère du revenu permettent d'entrer dans n'importe quel
établissement et de contrôler si ces gens sont enregistrés
au ministère et s'ils respectent les exigences du ministère,
c'est-à-dire produire des rapports mensuels, faire une remise sur leurs
ventes de produits pétroliers, ces choses-là ou d'autres
responsabilités envers le ministère du revenu, que ce soit en
vertu de la loi, des déductions à la source ou même en
matière de carburant.
Le fait de pouvoir contrôler l'entreposeur, c'est que... Comme je
l'ai dit tout à l'heure, la taxe sur les carburants est redevable et
payable par le consommateur à une entité qui doit la remettre,
à moins qu'elle ne l'ait payée à une autre personne qui
est autorisée, reconnue ou enregistrée au ministère du
Revenu. Ce qu'on a
retrouvé en matière de fraude en carburant, c'est que le
vendeur, qui est supposé avoir perçu la taxe, est une personne
fictive qui n'a pas de liens avec... C'est pour ça qu'on parle
d'opérer un entrepôt, mais pas nécessairement comme
propriétaire.
C'est que le produit est entreposé dans une entité,
propriété d'une autre corporation. Quand le vendeur trouve un
client à qui vendre le produit pétrolier, il perçoit la
taxe, laisse croire qu'il l'a payée à une autre personne
autorisée qui peut être une autre corporation identifiée au
Québec, qui peut être le propriétaire de l'entrepôt.
Les actifs étant séparés en termes de
propriété. Le ministère a le droit de percevoir la taxe de
la personne qui a perçu la taxe auprès du consommateur. Mais,
compte tenu que cette personne-là, évidemment, est une
corporation fictive, il n'y a aucun actif là-dedans et tous les droits
se répartissent par la suite. Ce qu'on constatait dans le domaine, c'est
que ce sont des transactions qui se font au comptant, c'est des traites
à la banque.
La personne qui va chercher le produit à l'étranger part
avec une traite de 22 000 $. Ce qu'on retrouve chez le fournisseur, c'est un
achat comptant. Par la suite, on crée des artifices administratifs ou
civils, au Québec, c'est-à-dire des corporations qui sont
supposées avoir transigé, mais qui sont vides en matière
de finances.
M. Léonard: Les clients là-dedans, ce sont des
détaillants ou des consommateurs?
M. Dufour (Alain): Compte tenu que c'est un produit de
contrebande, il faut qu'il s'écoule peut-être en deux ou trois
transactions...
Le Président (M. Lemieux): Des entrepreneurs
indépendants.
M. Dufour (Alain):... ce qui fait que c'est soit des gros
entrepreneurs, soit des gros consommateurs, soit des détaillants ou
possiblement d'autres vendeurs.
Le Président (M. Lemieux): Des petits détaillants,
là.
M. Dufour (Alain): Ça peut être une station-service.
Entre autres, ce qu'on avait comme problème, c'est qu'une compagnie
majeure se plaignait que, dans une de ses stations-service de la région
de l'Estrie, les ventes, pour la période de 1987, avaient baissé
de 25 %, ce qui est illogique en soi. Ce qu'on percevait, c'est qu'il y avait
une autre personne qui l'approvisionnait en produits. Notre intervention,
c'était de déterminer quels étaient les fournisseurs de
cette station-là et de quelle façon ils procédaient pour
éviter, à un moment donné, de payer la taxe au
ministère du Revenu.
M. Léonard: Là, j'ai une question à ce
stade-ci. Ils perçoivent la taxe qu'ils ne remettent pas...
M. Dufour (Alain): C'est ça.
M. Léonard:... ou bien ils transfèrent aux
consommateurs détaillants les produits à un prix beaucoup plus
bas?
M. Dufour (Alain): On ne peut pas parler de beaucoup plus bas. La
station-service, le détaillant ou le consommateur ultime,
évidemment, quand on parle d'un achat de 20 000 litres, il va
peut-être avoir, lui, un escompte de quantité par rapport à
un plan de compagnie majeure, quand on parle d'Esso ou d'Ultramar. Il va
peut-être avoir un prix de 0, 01 $ à 0, 015 $ de moins cher que le
prix du marché, disons, dans la région de Québec ou dans
la région de Sherbrooke. (20 h 45)
Évidemment, si on parle d'un produit qui est moins cher pour le
vendeur audétail, pour un des intervenants, celui qui sert comme
prête-nom, entre autres, ce qu'on constate, c'est que la transaction de
vente a peut-être été à 0, 42 $ du litre, ce qui est
peut-être 0, 02 $ de moins que le prix du marché, et qu'il a aussi
payé 0, 02 $ de moins cher à l'achat. Donc, sa commission, pour
agir comme prête-nom, c'est 0, 02 $. Je veux dire, lui, c'est une
compagnie vide, il n'a rien. Assez souvent, on a rencontré des gens qui
étaient sur le bien-être social, des gens qui n'avaient aucun
actif possible au niveau de l'opération. Ils avaient un
bénéfice important pour accepter de prêter leur nom
à une opération factice de ce genre-là.
À chacune des étapes, ce qu'on retrouve c'est une
réduction, un écart de prix d'environ 0, 02 $ à 0, 03 $
entre l'achat et la vente, ce qui est la partie du profit pour un des
intervenants qui sert dans le domaine.
Dans certains cas, quand on parle de l'Ontario, on a rencontré,
entre autres, des gens qui étaient dans le domaine du crime
organisé où on achetait le produit comptant chez un fournisseur
de l'Ontario, au prix du marché avec, évidemment, l'écart
de taxe entre le Québec et l'Ontario. Ou bien, on achetait un produit
pour destination à l'étranger, c'est-à-dire que le
ministère du Revenu, si le produit est pour l'exportation, exempte le
produit de taxe. Par des cheminements sur papier, le produit est censé
être vendu aux États-Unis, sauf que le camion officiel se
présente au Québec pour distribution et il y a un autre camion
qui s'en va aux États-Unis, avec un autre genre de produit, pour passer
les frontières.
L'entreposeur, là-dedans, c'est donc pour identifier un
intervenant qui est propriétaire d'un actif et si, à un stade
donné, nos moyens de contrôle nous permettent d'agir efficacement,
c'est pour aller chercher les droits dus au
ministère par rapport aux actifs d'une compagnie qui a agi dans
le domaine. On peut contrôler chacune des étapes parce que, ce qui
se passe là-dedans, c'est qu'on sépare les opérations de
façon à protéger les bénéfices des crimes
qu'on commet. C'est sûr que les premiers intervenants au Québec
sont censés être responsables de la taxe. Celui qui a vendu
à la station-service ou au gros consommateur, lui, c'est sûr qu'il
ne va avoir aucun actif possible parce que nos droits resteront toujours, quand
même, la première dimension. Le détaillant, ce dont H a
besoin, lui, c'est de justifier un achat avec taxe. S'il a vendu 1 000 000 de
litres dans l'année, il faut qu'il justifie 1 000 000 d'achat. Il va
avoir ses 700 000 ou 800 000 litres d'achat de produits chez Esso, il va avoir
de 200 000 à 300 000 litres achetés comptant. Parfois, la seule
commande qu'il avait, ce monsieur, c'était de se souvenir que
c'était un grand monsieur qui arrivait, à un moment donné,
qui l'appelait sur son Bell cellulaire, puis qui lui demandait s'il avait
besoin de produits cette semaine. La seule condition, c'était d'avoir le
montant comptant pour payer.
M. Léonard: O. K. Je comprends ça. C'est
récent, ça, comme système?
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que c'est
institutionnalisé, un système de cette nature-là?
M. Dufour (Alain): Chez les intervenants qu'on a
identifiés, dans les années 1984-1985, ce qu'on constatait c'est
que le système faisait que la personne pouvait acheter de n'importe qui,
censément, si elle avait payé la taxe. Le projet de loi de 1986
visait à responsabiliser les gens du Québec parce que notre
juridiction est quand même strictement au niveau du Québec. Elle
visait à responsabiliser les gens du Québec sur les droits qui
nous étaient dus. Ce qui s'est passé, c'est que les mêmes
contrevenants qui avaient, évidemment, identifié un
bénéfice très fort possible dans cette
opération-là, à cette époque-là, ont
créé les artifices des corporations fictives et une
séparation des opérations pour protéger leurs biens. C'est
qu'ils ont réagi, puis on retrouve, même cette année... On
est intervenu dans un dossier il y a une quinzaine de jours et ça
comprend, évidemment, une bonne partie des mêmes intervenants.
Celui qui était l'employé de l'entreprise en 1987 est maintenant
le propriétaire d'une nouvelle corporation. Les camions qui
étaient le propriété d'une entreprise qui a
déclaré faillite, évidemment, qui était vide, mais
qui a déclaré faillite suite à l'intervention de 1988,
sont maintenant rendus la propriété d'une autre corporation qui
est dans le domaine. On a même constaté que ces mêmes
camions, dans leur circulation au niveau du Québec, même les
plaques s'échangeaient sur les citernes lorsqu'on faisait la transaction
de produits. Il y avait un transporteur de l'extérieur du Québec
qui s'amenait près des frontières avec la citerne et un autre
tracteur partait d'une région du Québec pour aller chercher le
produit. On changeait les plaques sur les citernes et chacun des tracteurs
repartait avec les citernes. C'est ce qui fait que, pour chacune des
opérations - évidemment, on s'est doté de certains moyens
pour identifier les intervenants là-dessus - nos pouvoirs faisaient
qu'à chacune des étapes comme telles, les individus pouvaient
strictement se disculper en disant: Moi, je fais affaire pour Untel. Je
transporte pour Untel. Il n'y avait aucun pouvoir légal pour
responsabiliser ces gens-là.
M. Léonard: Si je comprends, vous avez deux types de
fraude. Il y en a un qui pourrait être à l'intérieur d'un
système donné. Par exemple, à l'intérieur
même du Québec, il y en a qui s'organisent pour ne pas payer la
taxe au gouvernement. Puis, il y a un autre type où la fraude est
suscitée par le fait qu'il y a des différences de coûts
entre les provinces, entre les États-Unis et nous, ou des choses comme
ça. Donc, le prix sur le marché est différent. Est-ce que
vous êtes d'accord avec une telle distinction? Est-ce que c'est
significatif?
M. Dufour (Alain): II y a effectivement un aspect de
différences de coûts, mais ce n'est pas simplement le coût.
C'est surtout le fait qu'évidemment notre taxe est une taxe à la
consommation. Donc, un produit qui circule à l'extérieur de la
province, ou que les États-Unis ou l'Ontario vendent au Québec,
à partir de ce moment-là, ce produit-là est, par
définition, exempté de toute taxe dans la province d'achat. Ce
qui fait que le bénéfice n'est pas strictement un écart de
deux ou trois cents parce que, avec le nombre d'intervenants et le nombre de
personnes qui interviennent et en retirent des bénéfices,
ça ne vaudrait pas l'opération.
Il faut que ce soit l'ensemble de la taxe, il ne faut pas que ce soit
juste l'écart, ni l'écart de coûts. C'est évident
que ça entre dans l'ensemble des profits d'une opération de ce
genre-là, mais ça n'en vaudrait pas la chandelle s'il n'y avait
pas aussi strictement l'élément de juridiction limitée
pour chacun des réseaux de taxation.
Le Président (M. Lemieux): Et de quantité. À
la fois de quantité et de...
M. Dufour (Alain): C'est ça. Il faut que ça se
fasse pour des transactions importantes avec du volume.
M. Léonard: en hypothèse, ça vaut la peine
de le faire pour un chargement; une citerne complète, ça commence
à être une quantité significative.
M. Dufour (Alain): II faut penser à une chose; si on parle
du diesel, entre autres, il y a des taxes fédérales
là-dessus et, évidemment, nos taxes provinciales. À partir
du moment où on laisse croire que c'est un produit pour consommation
domestique, c'est-à-dire pour le chauffage, toutes les taxes d'accise
fédérales disparaissent ainsi que toutes les taxes
provinciales.
Ce ne sont pas simplement des questions d'écarts. C'est que
là, si on parle d'une citerne de 40 000 litres, pour le camionneur ou
tous les intervenants autour, pour un camion qui va partir de Québec
pour aller au Nouveau-Bruns-wick et revenir au Québec, les profits de
taxes sont de l'ordre de 7000 $ à 8000 $. Dans ce domaine-là, il
y a aussi, à chacun des intervenants dans le domaine normal, des
écarts. On parle de fractions de cent dans des contrats et des
transactions. Par exemple, si vous décidez de changer de fournisseur, on
parle toujours de fractions de cent. Il y a des escomptes de volume sur les
quantités mais, habituellement, on parle de fractions de cent.
Dans le domaine de la fraude dont on parle, évidemment, on parle
de cent parce qu'on a, comme bénéfice supplémentaire,
l'ensemble des taxes. Ce qui fait que chacun des intervenants est en mesure de
dire: Moi, j'étais de bonne foi. Il me demandait de payer comptant, mais
je pensais que c'était parce qu'il avait des problèmes
financiers. Tout ce dont j'avais besoin, c'est qu'il m'appelle avant. Il me
demandait combien j'en avais besoin et je devais avoir l'argent comptant quand
il arrivait.
Le Président (M. Lemieux): Allez-vous avoir besoin de plus
de monde pour ça?
M. Dufour (Alain): Je ne crois pas qu'on ait besoin de beaucoup
plus de monde pour ces opérations-là. Cette dimension-là
vise surtout à bien cerner les intervenants et à les
responsabiliser par rapport aux gestes qu'ils posent. C'est que trop de
personnes, dans un système de taxation comme celui-là pouvaient
considérer qu'il y avait d'autres personnes qui étaient
responsables de la remise des taxes. Quand on parle du domaine
pétrolier...
M. Léonard: Ils savaient que ça ne se faisait pas,
mais tout le monde faisait comme si...
Le Président (M. Lemieux): Oui, oui. Ha, ha, ha!
M. Léonard:... disons, sans faire de procès
d'intention à personne.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que ça vous va?
Est-ce que l'article...
Oui, allez-y, M. le député de Labelle.
M. Léonard: Juste une chose. Dans le temps, on parlait
beaucoup de la coloration du carburant si ça servait au chauffage, au
camionnage ou à n'importe quoi. Est-ce qu'il y a encore ces mêmes
dispositifs actuellement sur le marché?
M. Dufour (Alain): De colorer pour des fins autres que celles
pour lesquelles ils sont destinés?
M. Léonard: Oui. Il me semble que, dans le temps...
M. Dufour (Alain): Oui, la coloration existe toujours. L'aspect
qu'on a aussi comme problème... Je parlais du Nouveau-Brunswick tout
à l'heure. C'est peut-être un des phénomènes qu'on
constate présentement. Il y a certaines provinces, à
l'extérieur du Québec, qui ne colorent pas leur produit. Donc,
c'est strictement la destination, que l'acheteur identifie, qui fait que le
produit est taxable ou non, ce qui fait qu'il y a des gens du Québec qui
vont chercher de l'huile à chauffage supposément au
Nouveau-Brunswick pour l'écouler au Québec. La loi les oblige
à la colorer. Évidemment, ce qui est clair, c'est que notre
réseau d'inspecteurs vise à contrôler, dans les stations ou
chez les principaux consommateurs, si une partie du produit a été
colorée ou s'il y a des agents traceurs qui permettent d'identifier que
ce produit-là n'était pas destiné à la consommation
pour des moteurs à combustion interne. Dernièrement, on a
retrouvé, entre autres, tout un appareil, un camion qui servait à
la décoloration du produit. On a monté une opération qui
consistait strictement à acheter du coloré et à le
décolorer.
M. Léonard: Les trafiquants font ça?
M. Dufour (Alain): Oui. C'est un des mêmes réseaux
qu'on avait identifiés en 1987, qui avaient, à ce
moment-là, une dimension plus facile à opérer. Compte tenu
des gestes posés au niveau du changement de loi en 1986, on sait qu'ils
ont modifié leur comportement. Quand on parle de crime organisé,
parce qu'il y a des gens... On a été informé par la
Sûreté du Québec là-dedans. Ce ne sont quand
même pas des policiers qui sont chez nous, ce sont des professionnels qui
travaillent en matière d'enquêtes. On nous avait donc
avisés de faire attention à certains individus qui étaient
carrément reliés au blanchissage de l'argent. On s'est
retrouvé, dans la région de Montréal, directement dans le
milieu du crime organisé.
M. Léonard: Juste une chose. Ce qui m'étonne
toujours là-dedans, c'est que vous avez des vendeurs de pétrole
avec des enseignes. Je sais que vous ne pouvez pas nommer de noms, mais les
noms qu'on voit, c'est Esso, c'est Petro-Canada, c'est Irving, etc. Il y a
d'autres dis-
tributeurs, disons, qu'on pourrait qualifier de plus petits, des
chaînes plus modestes. Ce trafic-là, est-ce qu'il se fait avec de
grandes entreprises, ou s'il se fait avec des distributeurs plus modestes, ou
bien s'il se fait dans les deux types?
M. Dufour (Alain): Le genre de dossiers qu'on a
identifié... Évidemment, chacun le fait à son niveau, mais
quand on parle de très grandes entreprises, je ne crois pas que ce
problème-là existe. Ce dont on parle, c'est d'entreprises qui
tentent de prendre une partie du marché québécois.
Évidemment, quand on parle du marché international du produit
pétrolier, on parle de fractions de cent, en termes d'écarts de
prix. Quand on parle de - je ne sais pas - Shell par rapport à Esso ou
par rapport à Ultramar, je ne crois pas que ces gens-là sont
impliqués là-dedans. Ce qu'on a repéré, nous, c'est
des grossistes qui tentent de prendre une partie plus grande du marché,
c'est-à-dire tout le secteur de l'est du Québec ou tout le centre
du Québec où ils veulent implanter certaines stations. C'est ces
gens-là qu'on retrouve assez souvent à ce niveau-là. Ces
gens-là ont suffisamment d'équipement, c'est-à-dire de
camions, d'entrepôts, et de clientèle pour pouvoir se permettre ce
genre d'opération la. On a rencontré là-dedans des
entreprises qui étaient, selon moi, strictement honnêtes, qui ont
accepté de fermer les yeux sur le fait d'acheter une bonne partie du
produit. Par contre, dans certains autres cas, on s'est retrouvé
strictement avec des entreprises qui ont créé tout le
système pour acheter un réseau de stations-service et s'impliquer
au niveau de la contrebande de carburant.
Le Président (M. Lemieux): Ça vous va, M. le
député de Labelle? Adopté?
M. Léonard: Oisons qu'indirectement, même de grands
réseaux, de grandes entreprises pourraient faire de telles
opérations de façon indirecte.
M. Dufour (Alain): C'est beaucoup plus difficile.
M. Léonard: Pour parler d'un qui est bien connu aux
États-Unis, M. Rockefeller n'était pas quelqu'un qui avait
nécessairement les mains blanches partout. En tout cas, c'était
connu comme ça. Moi, je n'en sais rien, mais...
M. Dufour (Alain): Ce qui est sûr, c'est qu'il est plus
difficile pour un organisme comme le ministère du Revenu de pouvoir
contrôler une multinationale...
Le Président (M. Lemieux): Des filiales.
M. Dufour (Alain): ...qui a certains pendants à
l'extérieur du québec. mais ce qui est clair aussi, c'est qu'une
station esso peut être impliquée dans un système de fraude.
mais ce n'est pas esso, c'est...
M. Léonard: Oui, oui. C'est le détaillant
lui-même.
M. Dufour (alain): ...l'agent qui a décidé, pour
une partie de ses opérations, de faire un profit plus important aux
dépens de son employeur.
M. Léonard: II n'y a pas de contrôle direct, par
exemple, d'Esso sur son détaillant? (21 heures)
M. Dufour (Alain): Quand je parlais tout à l'heure...
Évidemment, ils ont un problème là-dessus. Tout ce genre
de grandes entreprises, à un moment donné, pour une raison...
C'est ce qu'on nous avait dit d'ailleurs: Pourquoi ne changez-vous pas d'agent?
Pourquoi n'intervenez-vous pas si vous vous apercevez qu'il ne respecte pas son
contrat avec vous? C'est que, pour eux, il y a une mauvaise publicité
à ça. Ils préfèrent, quand on parle de
dénonciation chez nous, que le ministère du Revenu intervienne
dans le dossier, qu'il aille constater ce qui se passe plutôt que
d'intervenir avec un contrôle beaucoup plus poussé de chacun de
leurs agents.
M. Léonard: Oui!
M. Dufour (Alain): C'est que, techniquement, ils ont un
problème avec un agent; il y a une dimension où ils perdent une
partie de leur clientèle, où ils perdent une partie de leurs
ventes dans une région donnée. Sauf qu'ils évitent, autant
que possible, à un moment donné, d'intervenir directement sur ce
genre de choses. Il y a un achalandage à un commerce, ça va bien
dans la région...
M. Léonard: Mais, à ce moment-là, supposons
Esso, elle aurait intérêt elle-même, comme
société, à alerter le ministère du Revenu...
M. Dufour (Alain): Disons qu'évidemment... M.
Léonard: ...pour protéger ses...
M. Dufour (Alain): ...on peut considérer... Je pense qu'un
dénonciateur a toujours un intérêt personnel, mais il y a
aussi... Notre rôle en est un quand même d'équité,
c'est qu'on doit s'assurer...
M. Léonard: Oui, oui.
M. Dufour (Alain): ...que tous les droits sont payés au
ministère du Revenu.
M. Léonard: Je comprends, oui.
Le Président (M. Lemieux): Adopté?
M. Léonard: Enfin, comme vous l'avez
souligné...
Une voix:...
Le Président (M. Lemieux): Le paragraphe 4°, oui.
M. Léonard:... d'ailleurs vous-même, M. le
Président, c'est que la notion d'"entreposeur", lorsqu'on dit que c'est
"toute personne qui prend ou donne en location un établissement pour
l'entreposage de carburant en vrac", c'est très vaste aussi, comme
définition. Un entreposeur, ça peut être presque le
détaillant. Il est entreposeur jusqu'à un certain point.
M. Dufour (Alain): Oui.
Le Président (M. Lemieux): Ça couvre tout, tout,
tout.
M. Léonard: Bon! Ça couvre à peu près
tout, oui, sauf le privé qui lui consomme, qui met ça pour
alimenter son moteur.
M. Dufour (Alain): C'est ça.
M. Léonard: Donc, c'est une notion très large.
M. Dufour (Alain): II faut que ce soit une location.
M. Léonard: Ah! Il faut que ce soit une location, "qui
prend ou donne en location".
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Savoie: Bon! Alors, je vous avais dit que c'était pour
être intéressant d'écouter M. Dufour.
M. Léonard: Oui, je suis convaincu que vous auriez eu de
la difficulté à l'expliquer aussi bien que lui.
M. Savoie: Ah! Ce n'est pas gentil, ça! Ce n'est pas
gentil...
Le Président (M. Lemieux): Adopté, M. le
député de Labelle?
M. Savoie:... M. le député de Labelle!
Le Président (M. Lemieux): Adopté, M. le
député de Labelle?
M. Léonard: Vous vous êtes mis la tête et le
cou sur le billot.
M. Savoie: C'est bien évident, c'est bien évident
que M. Dufour a fait ça bien mieux que moi. D'ailleurs...
M. Léonard: Bon! C'est bien de l'admettre.
M. Savoie:... c'est toujours agréable d'entendre parler
des gens, des spécialistes qui nous expliquent leur champ
d'activité.
Le Président (M. Lemieux): C'est assez complexe...
M. Savoie: C'est toujours mieux nuancé, mieux
structuré que lorsque ça vient de gens qui ont une vue
très globale d'en haut au niveau d'un projet de loi comme ça.
C'est toujours intéressant d'entendre les gens, les
spécialistes.
M. Léonard: Encore faut-il avoir la vue globale.
M. Savoie: Alors, je préfère fonctionner de cette
façon-là, ça rentre dans notre schème de
pensée de fonctionner avec la consultation, d'écouter les gens,
les fonctionnaires qui travaillent au ministère...
M. Léonard: Non, mais vous comprenez...
M. Savoie:... de travailler en collaboration avec les autres
instances gouvernementales. Ça fait changement pour certains.
M. Léonard: Je pense que c'est vrai, M. le
Président. Tant que le ministre ne nous dérange pas dans les
explications que donnent les sous-ministres, ça va relativement
bien.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle, adopté?
M. Léonard: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Nous appelons
maintenant le paragraphe 5° de l'article 1.
M. Savoie: bon! l'alinéa 5° de l'article 1: "5°
par l'insertion, après le paragraphe e, du suivant: . "e, 1)
"établissement": tout endroit où l'on fabrique, raffine,
entrepose, distribue, vend ou fait le commerce du carburant, sauf un
entrepôt de carburant servant exclusivement à alimenter le
système de chauffage d'un immeuble".
Alors, c'est nouveau, évidemment. Lemot
"établissement" n'était pas contenu dans l'ancien projet de loi
et on l'introduit ici, justement dans la même veine que le mot
"entreposeur" où on cherche à raffiner davantage et à
donner plus de précisions au projet de loi dans l'orientation qu'on veut
lui donner. Vous comprendrez que ça a un sens beaucoup plus large que ce
qu'on peut
trouver dans le Robert ou dans le Larousse. C'est pour ça qu'on
spécifie le mot "établissement" ici.
M. Léonard: Ça a vraiment le sens d'immobilisation,
c'est un établissement fixe.
M. Savoie: Oui, c'est un endroit. "Endroit", c'est assez
large.
M. Léonard: Oui, mais ce n'est pas du matériel
roulant; c'est vraiment...
M. Savoie: C'est ça, c'est un endroit. M.
Léonard: ...de l'immobilisation. M. Savoie: C'est ça.
M. Léonard: De l'immoblisation. O.K. M. Savoie: C'est un
"situs".
M. Léonard: Donc, on a la notion d'entreposeur". L'un se
réfère à la personne, l'autre, aux installations
matérielles...
M. Savoie: C'est ça. Entreposeur c'est..
M. Léonard: ...la personne étant une personne
physique ou morale.
M. Savoie: L'entreposeur, c'était une personne et,
là, on parie ici d'un établissement, donc d'un endroit. On est
passé de la "persona" au "focus". C'est tout à fait logique.
M. Léonard: Ça va.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Le paragraphe
5° est adopté. Nous passons au paragraphe 6°.
M. Savoie: Bon. Au paragraphe 6°, M. le Président, on
trouve: "6° par le remplacement du paragraphe f par le suivant". Alors,
ici, ce n'est pas une insertion, c'est un remplacement. Donc, la
définition existait déjà, vous remarquerez. Alors, "f)
"importateur": toute personne qui apporte ou fait apporter au Québec du
carburant en vrac acquis hors du Québec".
Évidemment, "importateur" dans l'ancien projet de loi, je
pourrais peut-être le lire, c'est "toute personne qui apporte ou fait
apporter au Québec à des fins de vente ou de livraison du
carburant acquis hors du Québec". Ici, il faut bien comprendre qu'on a
ajouté les mots "en vrac", en particulier. On a apporté quelques
petites modifications à la définition.
M. Léonard: Avec la notion qui a été
donnée au début, "carburant en vrac", dans b.1.
M. Savoie: Oui. Bien c'est ça là. C'est
rattaché...
M. Léonard: Ça c'est une nouvelle ça?
M. Savoie: ...à cette notion-là, "carburant en
vrac". Ici, on parle d'importateur. Dans l'ancien projet de loi, dans l'article
qu'on veut modifier... Pas dans l'ancien projet de loi, dans la loi, on modifie
le mot "importateur" pour ajouter les mots "en vrac" essentiellement et
apporter quelques modifications pour finalement clarifier le mot
"importateur".
M. Léonard: Au lieu de le définir par les fins
d'utilisation, là c'est une définition très physique du
carburant que vous faites. Ça présentait des difficultés.
Est-ce que c'est une innovation majeure dans le projet de loi? Pourquoi?
M. Savoie: Ce qu'on veut faire, c'est élargir le sens
d'"importateur". On en a élargi le sens. Ainsi, il n'est plus
nécessaire que le carburant soit apporté à des fins de
vente ou de livraison.
M. Léonard: Donc, c'est tout carburant?
M. Savoie: Tout carburant en vrac, donc qui n'est pas
attaché à un véhicule automobile, des choses comme
ça.
M. Léonard: O.K.
Le Président (M. Lemieux): Ça va? Adopté.
Nous passons au paragraphe 7°.
M. Savoie: Bon. Infraction. Le paragraphe 7°, c'est: "7°
par l'insertion - donc c'est nouveau - après le paragraphe f, du
suivant: "f.1) "infraction à une loi fiscale": une infraction à
la présente loi, à la Loi concernant l'impôt sur la vente
en détail... à la Loi concernant l'impôt sur le tabac...
à la Loi sur les impôts... ou à la Loi sur le
ministère du Revenu".
Alors, "infraction à une loi fiscale", on définit c'est
quoi. On fait référence, finalement, aux 4, 5 lois principales en
matière fiscale.
M. Léonard: Mais pourquoi on fait référence
à toutes ces lois tout à coup?
M. Savoie: Bien, lorsqu'on parle d'une loi fiscale on la
définit et ça a pour objet de préciser des lois qui
génèrent des infractions susceptibles de permettre au ministre,
par l'application de l'article 31 de la loi, de suspendre, révoquer ou
refuser de livrer un certificat d'enregistrement ou un permis ou de refuser de
renouveler un permis.
M. Léonard: Oui, mais ça, si on utilise cette
expression-là, on l'utilise dans cette loi-ci...
M. Savoie: Oui.
M. Léonard: ...et on va l'utiliser dans les autres
lois.
M. Savoie: Non, ici c'est uniquement pour cette loi-ci.
M. Léonard: Mais pourquoi, dans cette loi-ci, on fait
référence aux autres lois?
M. Savoie: O.K.
M. Léonard: J'ai de la difficulté à saisir.
Pourquoi on parle des tabacs pendant qu'on parle du pétrole ou du
carburant?
M. Savoie: Ça a pour objet de préciser les lois qui
génèrent des infractions susceptibles de permettre au ministre,
par l'application de l'article 31 de la loi, de suspendre, révoquer ou
de refuser de délivrer un certificat d'enregistrement ou un permis ou de
refuser de renouveler un permis. C'est-à-dire que, si la personne est en
défaut, ça va nous permettre de faire une intervention en vertu
des autres lois fiscales. Donc, lorsqu'il y a infraction à une loi
fiscale...
M. Léonard: Est-ce qu'on n'a pas déjà
introduit cette expression-là dans une autre loi du ministère du
Revenu?
M. Savoie: Ah! ça, il faudrait le demander à Me
Gaudry.
M. Léonard: C'est la première fois qu'on l'utilise?
C'est parce que moi...
M. Savoie: On a toutes les personnes pour répondre
à toutes vos questions.
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous vous identifier,
titre et fonction?
M. Gaudry (Hubert): Hubert Gaudry, directeur de la
rédaction des lois au ministère du Revenu.
Alors, ici, il s'agit d'une expression qui est introduite
spécifiquement dans cette loi-ci, pour les fins de cette loi-ci. Votre
question, je pense que c'est de savoir si on la retrouve dans d'autres lois.
Oui, évidemment.
M. Léonard: Bien, il y a ça parce que, quand vous
la définissez, vous faites référence à beaucoup
d'autres lois et on se demande... En fait, une loi doit être
complète en elle-même. Pourquoi faire référence
à d'autres lois comme cela?
Le Président (M. Lemieux): Ce que veut savoir M. le
député de Labelle, c'est pourquoi on se réfère
à la loi de l'impôt sur le tabac, à la
Loi sur le ministère du Revenu et à la Loi sur les
impôts dans cette loi-ci?
M. Gaudry: C'est parce qu'on va voir plus loin, dans d'autres
articles, qu'une personne qui a commis une infraction à une loi fiscale
va devoir subir certaines conséquences, si on veut. On va retrouver
ça.
M. Léonard: Dans d'autres lois.
M. Gaudry: Non. Lorsqu'une personne a commis une infraction aux
lois qui sont énumé-rées dans cette
définition-là...
M. Léonard: Oui.
M. Gaudry: ...on dit que c'est une personne qui a commis une
infraction à une loi fiscale...
Le Président (M. Lemieux): À une loi fiscale.
M. Léonard: Ah! O.K.
M. Gaudry: ...et il y a des conséquences qui sont
prévues plus loin dans le projet de loi.
M. Léonard: O.K. Alors, en termes d'émission de
permis et des trucs comme ça. O.K.
M. Gaudry: Voilà, c'est ça. Exactement.
M. Savoie: C'est ce qu'on disait, là. Je pense que les
explications étaient claires. C'est qu'elles génèrent des
infractions susceptibles de permettre au ministre, par l'application de
l'article 31 de la loi, de suspendre, révoquer ou refuser de
délivrer un certificat d'enregistrement ou un permis ou de refuser de
renouveler un permis. Alors, si la personne est en défaut, par exemple,
en vertu de la loi sur le tabac...
M. Léonard: Là, il n'y a plus... O.K. Il peut y
avoir des conséquences à ça.
M. Savoie: ...là, on dit: Bien, là, cette
personne-là est en infraction de ce côté-là. Elle
nous est redevable. On peut refuser de lui remettre un permis parce qu'elle est
en défaut en vertu d'une autre loi, qu'elle est en contravention par
rapport à une autre loi.
M. Gaudry: Si on ne les avait pas
énumé-rées, ça aurait été beaucoup
trop large.
M. Savoie: Ça aurait été beaucoup trop
large, c'est ça.
M. Gaudry: Ça aurait pu viser la Loi sur les
impôts.
Le Président (M. Lemieux): Donc, il fallait
toutes les énumérées, si elle commettait une
infraction.
M. Savoie: C'est ça. Compte tenu que, finalement, au
niveau des lois fiscales, il y en a une trentaine ou une quarantaine, on ne
voulait pas que ce soit trop... Il fallait vraiment que ce soit substantiel et
on voulait délimiter pour respecter, justement, par exemple, les
principes énumérés ou les principes énoncés
dans la Charte.
M. Léonard: mais, par rapport au passé, est-ce
qu'il y avait une telle référence à d'autres infractions?
est-ce que c'est un élargissement des sanctions que vous faites en
élargissant la définition aussi?
M. Gaudry: Dans ce cas-ci, il s'agit d'une insertion dans cette
loi-ci. Par conséquent, c'est une définition qui ne se trouvait
pas dans la loi. Cependant, c'est une expression qu'on va évidemment
retrouver avec, possiblement, des sens différents dans d'autres lois
fiscales.
M. Léonard: oui, oui.
M. Gaudry: ...notamment dans la Loi sur le ministère du
Revenu.
M. Léonard: Mais ma question, Me Gaudry, c'est... Au fond,
par le fait que vous l'insérez, c'est un élargissement des
sanctions qui sont survenues bien que vous essayez de le contenir. C'est
ça, ma question.
M. Gaudry: II s'agit, comme tel, d'un... On peut parler
d'élargissement dans le sens où il s'agit de quelque chose qui ne
figure pas déjà dans la loi, bien sûr.
M. Léonard: Qui ne figure pas, bon.
M. Gaudry: Mais dans la mesure... Ce n'est pas une
définition qui figure dans la loi actuellement.
M. Léonard: O.K.
M. Gaudry: Bon. Dans ce sens-là, oui. Cependant, il faut
voir que cette définition-là va servir à des fins
particulières dans des articles qu'on a mentionnés tantôt,
notamment l'article 30 où on va voir qu'il y a des conséquences
pour une personne qui s'est rendue coupable d'une "infraction à une loi
fiscale", au sens où on le définit ici.
M. Léonard: Du point de vue de la Charte des droits et
libertés, est-ce que ça ne remet pas en cause le principe que,
finalement, quand quelqu'un est condamné aux termes d'une infraction
quelconque, il est condamné pour telle chose mais, après
ça, qu'il ne doit pas payer toute sa vie pour une infraction qui est
condamnée ailleurs?
M. Savoie: Non, non. Ce n'est pas de ça qu'on parle,
là. Il faut bien s'entendre, là. On parte, par exemple, de
quelqu'un qui fait une demande pour un permis, un certificat d'enregistrement
alors qu'il est en contravention, au moment où on se parle...
M. Léonard: Oui. En vertu d'une infraction...
M. Savoie: ...une autre...
M. Léonard: ...à une loi fiscale qui pourrait
être une autre loi.
M. Savoie: ça pourrait être, par exemple, au niveau
de la contrebande sur le tabac. en conséquence, on intervient parce
qu'il ne faut pas être naïf non plus.
M. Léonard: Oui. C'est-à-dire qu'en
conséquence il a fait une infraction à la loi fiscale sur le
tabac.
M. Savoie: Bien, ce sont des taxes. On parle toujours des taxes,
là.
M. Léonard: Écoutez bien. Prenons
l'hypothèse... Oui. D'accord, mais...
M. Savoie: Oui, sur le "générique". On ne parle
pas, par exemple, d'une violation... Je sais où vous en venez,
là.
M. Léonard: Bien, laissez-moi finir, peut-être que
ce serait mieux, je ne le sais pas.
M. Savoie: Bon. Bien, allez-y. On va voir si ça va
être mieux.
M. Léonard: c'est parce que je voudrais avoir une
réponse à cette question-là. quelqu'un fait une infraction
à la loi de l'impôt sur le tabac.
M. Savoie: Oui.
M. Léonard: bon. il est condamné, etc là,
après ça, il s'en vient et il demande l'émission d'un
permis en vertu de la loi sur les carburants. vous dites, à cause de la
définition à f, de l'article x et de l'article 31 par la suite,
que vous n'émettrez pas de permis à ce monsieur d'opérer
le commerce des carburants. c'est ça? c'est de ça qu'il
s'agit?
M. Savoie: Bien, effectivement, c'est ça que je voulais...
(21 h 15)
M. Léonard: Alors là, il a fait une infraction
à une autre loi, mais il en subit les conséquences dans la loi
sur les carburants. Il semble que ça commence à être
gros.
M. Savoie: Bon bien, on va continuer le tour des experts. Je
voudrais vous dire que c'est un élément qui n'est pas
passé inaperçu. On pourrait peut-être demander à Me
André-F. Rochon, qui est directeur du contentieux au ministère du
Revenu mais qui, en réalité, relève du ministère de
la Justice...
M. Rochon. (André-F. ): Du ministère de la
Justice.
M. Savoie: C'est ça.
M. Rochon: André Rochon...
M. Savoie: On est en train de bonifier sa formation au
ministère du Revenu.
M. Rochon: André Rochon, directeur du contentieux au
ministère du Revenu.
D'abord, je vous précise tout de suite que ce n'est pas une
question qui a été soulevée avec le ministère de la
Justice parce qu'il ne nous semblait pas à nous, les procureurs, tant du
côté du ministère de la Justice que du côté du
ministère du Revenu, que ça constituait un problème de
charte. Probablement que le principal motif est que la conséquence
d'avoir été déclaré coupable d'une infraction,
cette conséquence-là est plutôt civile du point de vue de
l'obtention d'un permis et que, en tout état de cause, si le ministre
peut donner un permis, il n'est pas obligé, il n'est pas forcé de
le donner. Il y a des conditions prescrites qui sont des conditions qui
s'appliquent à tout le monde sans discrimination. En plus de ça,
de l'article 31 qui prévoit que le permis peut être refusé,
on prévoit également qu'un cautionnement pourrait être
demandé dans ce cas-là et que le permis serait ultimement
donné au contribuable qui le demande, comme palliatif. Donc, on n'a pas
considéré que la Charte canadienne des droits venait...
M. Léonard: La Charte québécoise des
droits.
M. Rochon: Ou la charte... Certainement la charte
québécoise, je suis d'accord avec vous.
M. Léonard: Qui est meilleure.
M. Rochon: euh! ça, je pense que c'est une question qui
peut certainement être débattue, mais, en tout cas, c'est à
peu près équivalent comme texte.
M. Léonard: C'est parce que c'est le ministre de la
Justice lui-même qui dit ça et qui l'a affirmé moult fois
devant la commission Bélanger-Campeau.
M. Rochon: Enfin moi, les deux...
Le Président (M. Lemieux): S'il le dit, c'est vrai.
M. Rochon: En ce qui concerne les deux chartes, nous n'avons pas
cru que ça constituait un problème, honnêtement.
M. Léonard: Pas du tout.
M. Rochon: pas au niveau de l'obtention d'un cautionnement, pour
le simple motif que c'est un permis que le contribuable vient demander et que
la conséquence de la non-obtention d'un permis est une
conséquence, bien sûr, qui a des conséquences sur ses
droits et obligations comme commerçant, mais pas des conséquences
pénales ou criminelles sur son comportement en tant que tel. je veux
dire, il demande un permis et il a été déclaré
coupable en vertu d'une loi fiscale et, en plus de ça, c'est d'une
infraction pénale provinciale qu'on parle. donc, on ne parle pas
d'infraction...
M. Léonard: En tout cas. C'est parce que ça peut
être gênant ça, quelqu'un qui se fait refuser son permis
parce qu'il a eu quelque chose sur les tabacs. Là, il est bloqué
sur les carburants. Enfin. Je trouve ça un peu...
M, Rochon: II faut aussi se rendre compte qu'essentiellement
toutes ces lois-là sont des lois qui exigent quand même de
certaines personnes d'agir en quelque sorte comme mandataires du ministre,
comme agents-percepteurs. Le tabac, c'est le cas. C'est le cas de la retenue
à la source en vertu de la Loi sur les impôts. Donc, ils agissent
un peu en capacité de fiduciaire, il ne faut pas oublier ça.
Donc, ça aussi, ça vient atténuer, si vous voulez, la
conséquence.
Le Président (M. Lemieux): J'espère que la
philosophie du ministère n'est pas à l'effet que, lorsqu'on
fraude le ministère du Revenu à un endroit, on le fraude
partout.
M. Rochon: Ça, je pense que c'est un commentaire qui peut
être très intéressant.
M. Léonard: Oui, mais ça relève de cette
philosophie-là.
M. Rochon: Non, pas nécessairement.
M. Savoie: Non, ça ne relève pas de cette
philosophie-là.
M. Rochon: Ils agissent comme agents-
percepteurs, comprenez-vous? M. Léonard: Oui.
M. Rochon: Ils agissent en leur capacité de fiduciaire en
quelque sorte.
M. Léonard: Ça dévie un peu. Votre
argumentation dévie.
M. Rochon: Mais par rapport à la charte.
M. Léonard: Moi, je la prends sur le plan de la personne
elle-même qui fait ça. Là, vous me dites qu'il
représente le pape, donc que le curé aussi doit être
à l'abri de tout soupçon. C'est ça.
M. Rochon: Moi, je vous dis l'approche qui a été
prise par rapport à la question que vous avez posée par rapport
à la Charte canadienne des droits. Je réponds dans ce
contexte-là. Maintenant, évidemment qu'il y a beaucoup de choses
qui peuvent être développées par rapport à
l'opportunité, mais moi, je ne peux pas discuter de ça. Je
discute de la Charte canadienne des droits. C'est ma réponse.
Le Président (M. Lemieux): Ça vous va, M. le
député de Labelle, oui? Adopté?
M. Léonard: Bien, adopté sur division, un truc
comme ça. Je préciserai quelque chose tout à l'heure
là-dessus.
Le Président (M. Lemieux): D'accord. Alors, le paragraphe
7° est adopté sur division. Le paragraphe 8°.
M. Savoie: "8° par le remplacement du paragraphe p par le
suivant - donc, un remplacement ici: "p) "raffineur": toute personne qui, au
Québec, raffine, fabrique, prépare ou distille des produits
pétroliers combustibles".
On peut peut-être lire l'ancien article "raffineur": toute
personne qui raffine, fabrique, produit, prépare, distille, compose ou
mélange des produits pétroliers combustibles". Alors, ici...
M. Léonard: Donc, ça s'applique au
Québec.
M. Savoie: Au Québec. On voulait préciser que
c'était au Québec, compte tenu que c'est une loi provinciale.
M. Léonard: En Ontario, vous n'auriez pas juridiction, moi
je pense.
M. Savoie: C'est pour ça qu'on précise "au
Québec".
M. Léonard: Bon.
M. Savoie: C'est une amélioration au texte existant.
Le Président (M. Lemieux): Alors, adopté? M.
Léonard: Pas d'objection.
Le Président (M. Lemieux): Paragraphe 8°,
adopté. Paragraphe 9° maintenant.
M. Savoie: Paragraphe 9°: "9° par l'insertion,
après le paragraphe s, du suivant: "s.1 "véhicule": tout bien
mû, poussé ou tiré autrement que par la force musculaire
humaine, notamment un bateau, un aéronef et une locomotive sur
rail".
M. Léonard: "Tout véhicule à l'exclusion
d'un aéronef, d'un bateau, d'un wagon et d'une locomotive sur rail".
C'est ça la définition aussi.
M. Savoie: Pardon? Comment dites-vous ça là?
M. Léonard: Par le remplacement... Non, O.K., c'est
l'autre en haut. "Tout bien mû, poussé ou tiré autrement
que par la force musculaire".
M. Savoie: "Véhicule". Oui. M. Léonard: O.K.
"Véhicule".
M. Savoie: "Tout bien mû, poussé ou tiré
autrement que par la force musculaire". Mais y compris le notamment là.
Pardon?
M. Léonard: Une charrette à boeufs. M. Savoie:
Force musculaire.
M. Léonard: Autrement qu'humaine, véhicule.
M. Savoie: Ah oui! C'est ça.
M. Léonard: Alors, vous l'ajoutez
M. Savoie: C'est ça. C'est une insertion.
M. Léonard: Vous faites deux définitions
différentes. Il y en a une pour "véhicule automobile". Alors
là, si je comprends, c'est genre camion. Tandis que l'autre,
"véhicule", c'est tout autre véhicule...
M. Savoie: Un bateau, n'importe quoi. M. Léonard:
...qu'un véhicule automobile.
M. Savoie: C'est ça, ou force musculaire humaine.
M. Léonard: Sauf les bicycles.
Une voix: Les bicyclettes.
M. Léonard: Bon.
Le Président (M. Lemieux): Adopté?
M. Léonard: Ça, ça couvre à peu
près tous les véhicules. Le mot "véhicule", pour bateau...
O.K. Ça va.
Le Président (M. Lemieux): Paragraphe 9°,
adopté. Nous passons maintenant au paragraphe 10°.
M. Savoie: "10° par le remplacement du paragraphe t par le
suivant: "tj "véhicule automobile": tout véhicule à
l'exclusion d'un aéronef, d'un bateau, d'un wagon et d'une locomotive
sur rail".
Évidemment, on ajoute le mot "wagon".
M. Léonard: O.K.
Le Président (M. Lemieux): L'article 1 est-il
adopté dans son ensemble? Oui, M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Juste une chose. Là, vous enlevez
"mû directement ou indirectement par un moteur à combustion
interne" et vous ajoutez "d'un wagon". Comment traitez-vous ce qu'on appelle
les "railroaders"?
M. Savoie: Les quoi?
M. Léonard: Les "railroaders", le mot nouveau: dispositif
de transport par rail-camion par lequel vous mettez des wagons sur des boggies
de chemin de fer, directement. Ce n'est pas directement des wagons.
M. Savoie: C'est pour ça qu'on a ajouté le mot
"wagon".
M. Léonard: Non, ce n'est pas des wagons, ça. C'est
couvert par ça?
M. Savoie: Des "flat cars", c'est des "flat cars".
M. Léonard: Ça roule sur rail.
M. Savoie: Une locomotive sur rail, un wagon:
M. Léonard: Je vous signale ça parce que c'est en
train de prendre... C'est en vogue aux États-Unis et, maintenant,
ça roule entre Montréal et Toronto actuellement. C'est couvert
par ça? C'est par rail ou bien par... Là, vous avez des camions,
des remorques qui sont fichées sur ce qu'on appelle des boggies de
chemin de fer. Alors, ça roule sur chemin de fer, mais ce ne sont pas
des wagons. Ce ne sont pas des wagons très nettement parce qu'ils
partent de là et ils s'en vont sur la route. C'est très mobile.
C'est couvert?
M. Brochu (André): Par "véhicule", certainement. Je
crois qu'on le plaidrait sûrement. Si on perdait, on l'amenderait.
M. Léonard: Ça prend du temps. Vous allez perdre
quelques dizaines de millions de dollars là.
M. Brochu: Non, je pense que c'est couvert par
"véhicule".
M. Léonard: Par "véhicule", oui. C'est ce qu'on
appelle les "railroaders".
M. Savoie: oui, c'est "tout bien mû, poussé ou
tiré autrement que par la force musculaire humaine, notamment..." ce
n'est pas exclusivement là.
M. Léonard: C'est un véhicule. Oui, O.K.
Le Président (M. Lemieux): Alors, Me Brochu, voulez-vous
vous identifier?
M. Brochu: André Brochu.
Le Président (M. Lemieux): Alors, les propos qui ont
été tenus précédemment l'ont été par
M. André Brochu. Vous êtes avocat?
M. Brochu: Oui, sous-ministre adjoint.
Le Président (M. Lemieux): Sous-ministre adjoint au
ministère du Revenu. Ça va, merci. M. le député de
Labelle, est-ce que l'article 1 est adopté dans son ensemble?
M. Léonard: moi, je vais... je regarde tous ces articles.
on note bien que j'ai voté contre le principe de ce projet de loi, mais
j'entends le bonifier, dans une certaine mesure. il y en a un sur lequel j'ai
voté contre.
Le Président (M. Lemieux): Sur division, pardon.
M. Léonard: Infraction à une loi fiscale. Pour le
reste, ça va.
Le Président (M. Lemieux): Alors, adopté. L'article
1 est donc adopté.
M. Léonard: Oui. Sur division, quant à un
article.
Le Président (M. Lemieux): sur division relativement au
paragraphe 7°. c'est ça? oui?
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Alors, nous appelons maintenant
l'article 2.
M. Savoie: alors, l'article 2 c'est, évidemment:
"l'article 10.1 de cette loi est modifié par le remplacement, dans la
troisième ligne, des mots "la formule prescrite" par les mots "le
formulaire prescrit". alors, évidemment, dans le contexte des lois
fiscales, ça tend davantage...
M. Léonard: C'est quoi la différence entre les
deux?
M. Savoie: Bien, c'est ça, la modification de l'article
10.1 est une modification technique et découle de ce que le terme
"formule", dans le contexte des lois fiscales, s'entend davantage dans le cas
d'une formule mathématique. Formulaire, c'est du bon français et
formule, c'est un anglicisme.
M. Léonard: Bien.
Le Président (M. Lemieux): C'est bien, ça. Article
2, adopté.
M. Savoie: Alors, l'article 3: "L'article 10.2 de cette loi est
modifié par le remplacement, dans la deuxième ligne, des mots "la
formule prescrite" par les mots "le formulaire prescrit".
Le Président (M. Lemieux): Adopté? M.
Léonard: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Nous appelons
l'article 4.
M. Savoie: Sur division, je présume.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Non, non.
Adopté.
M. Savoie: Comme ça, oui. L'article 3.
Le Président (M. Lemieux): L'article 4, M. le
ministre.
Perception de la taxe
M. Savoie: L'article 4 - on fait des sauts de géant:
"L'article 12 de cette loi est modifié par l'addition, après le
deuxième alinéa, du suivant: "La taxe doit, pour chaque type de
carburant, être indiquée séparément du prix de vente
sur tout écrit constatant la vente, sur toute facture ainsi que dans les
livres comptables du vendeur en détail, sauf dans les cas prévus
par règlement."
M. Léonard: pourquoi, dans cet article, vous ajoutez ce
paragraphe que "la taxe doit, pour chaque type de carburant, être
indiquée séparément du prix de vente"?
M. Savoie: Parce qu'on ne veut pas arriver avec une facture avec
un total. On veut que ce soit différencié. On veut que ce soit
distinct. On veut que tout le monde...
M. Léonard: Mais l'objectif, alors, c'est de rendre la
taxe visible?
M. Savoie: Visible.
M. Léonard: Visible, transparente.
M. Savoie: Pour chacune des opérations, oui.
M. Léonard: Oui. Alors, pourquoi vous ne l'avez pas fait
dans le cas de la TPS?
M. Savoie: Dans le cas de la TPS, on dit que ça peut
être l'un ou l'autre, ça dépend. C'est parce que le
gouvernement fédéral est arrivé et a dit: Ça peut
être l'un ou l'autre. Alors, eux, ont passé leur loi. Nous autres,
si on avait dit, par exemple: Ça doit être séparé,
alors on aurait la taxe, la TPS incluse dans le prix de vente...
M. Léonard: Alors, vous n'avez pas le souci de
transparence parce que le gouvernement fédéral ne l'exige
pas.
M. Savoie: Non. C'est-à-dire que ce qu'on cherche à
faire, c'est simplifier les opérations le plus possible pour le
commerçant et l'acheteur. Alors, moi, je pense qu'au niveau du
marché, je l'ai répété dans le temps, tout
naturellement, ils vont faire la distinction.
M. Léonard: Ils vont?
M. Savoie: Ils vont faire la distinction.
M. Léonard: Alors, vous n'avez pas défendu le point
jusque-là quand vous avez négocié avec le
fédéral? .
M. Savoie: Oui, mais je ne pense pas qu'on...
M. Léonard: Vous avez signé un protocole
récemment.
M. Savoie: Oui, mais je ne pense pas qu'on soit obligé
d'arriver, dans le cas de la vente au détail au niveau, par exemple, des
biens à la consommation pour le grand public, puis de spécifier
laquelle est laquelle. Je pense qu'on pense que, tout naturellement, les
règles de commerce vont s'appliquer. Il y a des endroits où
ça va être plus pratique; il y a des endroits où
ça va être moins pratique. Ça ne donne rien de faire des
généralités.
M. Léonard: Moi, je trouve, M. le Président, que le
ministre du Revenu a des raisonnements biscornus parce que, dans un cas, il
dit: Le fédéral ne l'exigeait pas, donc la transparence est moins
nécessaire. Là, maintenant, dans le cas du pétrole et des
carburants, on va l'exiger, puis c'est vraiment un objectif de faire la
transparence. (21 h 30)
M. Savoie: C'est ça, ce n'est pas le ministre du Revenu.
Il faut bien s'entendre, ce n'est pas le ministre du Revenu.
M. Léonard: Ce n'est pas le ministre du Revenu...
M. Savoie: Ça n'a rien à voir.
M. Léonard: C'est vous, le ministre du Revenu, qui
présentez le projet de loi.
M. Savoie: Ça, c'est une autre paire de manches.
Tantôt, vous m'avez parlé de la TPS. Je n'en ai rien à
foutre de la TPS.
M. Léonard: Ah non?
M. Savoie: Non. Absolument rien à foutre de la TPS.
M. Léonard: Disons que je comprends mal le raisonnement,
encore plus mal le raisonnement. C'est vous, le ministre du Revenu. C'est vous
qui la percevez. Rien à foutre de ça?
M. Savoie: Au niveau de la perception, je veux bien. Mais, au
niveau des règles, en ce qui concerne l'apparition ou non, l'inclusion
ou non de la taxe au sein du prix de vente, je n'ai rien à foutre
là-dedans.
M. Léonard: C'est qui?
M. Savoie: C'est le gouvernement fédéral. C'est eux
autres qui ont édicté les normes.
M. Léonard: Vous pourrez dire ça à votre
collègue des Finances qui a plaidé l'autonomie fiscale du
gouvernement du Québec.
M. Savoie: C'est génial, moi, je pense, ce qu'on a fait.
Tout le monde l'a applaudi, le coup qu'on a fait finalement. On constate
qu'ailleurs, c'est recherché. On a fait sauvé des millions de
dollars aux citoyens québécois en assumant
nous-mêmes...
M. Léonard: Dans le cas ici, "la taxe doit, pour chaque
type de carburant", est-ce que vous allez indiquer séparément (a
taxe d'accise, la TPS fédérale, la TPS québécoise?
Il va y avoir trois séries de taxes sur la facture de carburant?
M. Savoie: C'est-à-dire que nous, ce que nous disons,
c'est pour la taxe levée en vertu de la taxe sur le carburant...
M. Léonard: Donc, c'est juste pour la taxe
spécifique.
M. Savoie: C'est ça.
M. Léonard: Donc, la TVQ pourra faire partie du prix ou
non.
M. Savoie: C'est ça. Mais on pense que ça va
toujours être distinct.
M. Léonard: Dans un cas, il faut être transparent,
mais pas dans l'autre.
M. Savoie: Moi, je pense à l'entreprise; on ne peut pas
arriver puis la forcer à la joindre. Nous, ce qu'on dit, c'est que la
taxe doit être identifiée au niveau des factures.
M. Léonard: Je pensais que vous discutiez, que vous
négociiez avec le fédéral. On ne peut pas arriver...
M. Savoie: Qu'on négociait avec le
fédéral?
M. Léonard: Oui. Je pense que, si la transparence c'est
bon pour les taxes d'accise, ça doit être bon aussi pour la TPS,
ça doit être bon pour la TPS québécoise aussi. Je
trouve que...
M. Savoie: Bien oui. On favorise, nous, la séparation au
niveau du prix de vente.
M. Léonard: Quel est le rapport entre cette transparence
et le principe du projet de loi?
M. Savoie: Quel projet de loi?
M. Léonard: Celui qu'on a dans les mains et que nous
devons adopter ou que vous voulez faire adopter. Quel est le rapport?
M. Savoie: Alors, c'est très simple. Le rapport, c'est
qu'on veut que ce soit identifiable à chacune des étapes pour
mieux l'identifier. Alors, dans chacune des factures...
M. Léonard: Mais la fraude, est-ce qu'elle se fait sur la
taxe d'accise que nous avons ici, la taxe sur les carburants? En même
temps, si elle se fait là, est-ce qu'elle se fait aussi sur les deux
TPS?
M. Savoie: Je ne comprends pas.
M. Léonard: Ici, on veut éviter la fraude,
contrôler, etc. Est-ce que la fraude se fait aussi sur les TPS
fédérale et québécoise?
M. Savoie: j'imagine que oui. mais ici, ce n'est pas ce qu'on
vise. ici, c'est au niveau de la taxe en vertu de la loi sur les carburants.
vous vous rappelerez certainement qu'en 1986, nous avons réalisé
un de nos engagements électoraux, c'est-à-dire que, dans les
régions frontalières, par exemple, il y a une réduction au
niveau de la taxe. par exemple, ç'a été de deux cents. il
y avait déjà...
M. Léonard: C'est nous qui avions introduit ça.
M. Savoie: Non, non. C'est nous qui avons mis ça en
mouvement et qui l'avons réalisé.
M. Léonard: J'étais au gouvernement avant vous et
je sais que ç'a été introduit avant.
M. Savoie: En tout cas, moi, je ne partage pas ça du tout.
Ç'a été une de nos réalisations. Vous, c'est parce
que vous parlez des taxes frontalières, c'est une autre paire de
manches. Moi, je parle, au niveau des régions
périphériques, de la déduction spécifique en
Gaspésie, sur la Côte-Nord, au Lac-Saint-Jean et en
Abitibi-Témiscamingue où il y a eu une déduction de deux
cents. Bon, ç'a été une de nos réalisations.
M. Léonard: Bon, c'est plus précis. Tout à
l'heure, c'est vous qui avez parlé des taxes frontalières.
M. Savoie: Au niveau des taxes frontalières, il y a
également une variante. Alors, en identifiant la taxe, on est capable de
faire le calcul beaucoup plus facilement, ce qui nous permet de mieux
intervenir et de mieux contrôler la taxe. Je pense que c'est tout
simplement ça. On veut garder les registres clairs, transparents.
M. Léonard: Moi, M. le Président, je dois faire une
remarque à ce stade-ci.
Le Président (M. Lemieux): Adopté dans son
ensemble?
M. Léonard: Non. C'est deux discours complètement
différents en ce qui concerne les deux sortes de taxe par rapport
à la transparence des taxes, à la visibilité des taxes.
Dans un cas: Non, ce n'est pas important, c'est le fédéral, ce
n'est pas nous autres, etc., tandis qu'ici on le fait. Alors, si on veut
réprimer...
M. Savoie: Je ne comprends pas le raisonnement.
M. Léonard:... la fraude ou la contrebande en rendant
ça plus visible, c'est aussi vrai dans le cas des deux TPS qu'ici.
Là, vraiment...
M. Savoie: Je ne comprends pas le raisonnement.
M. Léonard: Vous ne comprenez pas le raisonnement, non,
hein?
M. Savoie: Ça n'a ni queue ni tête. Là, on
est en train de parler de la taxe sur les carburants. O. K. ? On dit qu'au
niveau des factures de la taxe sur les carburants, vous devez
nécessairement faire la distinction. Vous, vous intervenez et vous
dites: Bien, pourquoi est-ce que vous ne faites pas la même chose avec la
TPS et la TVQ? La TPS, d'abord, ce n'est pas nous autres qui avons
légiféré, c'est le gouvernement fédéral.
Nous, nous sommes arrivés face à une situation de fait. Le
gouvernement fédéral est arrivé et il a dit: Vous avez le
choix, soit de l'inclure, soit de l'exclure. J'imagine qu'il y a des domaines
où il vaut mieux l'inclure et des domaines où il vaut mieux
l'exclure. De toute façon, ils ont dit: Organisez-vous avec ça,
c'est les règles du marché qui vont jouer. Nous, on arrive et on
ne peut pas, à ce moment-là, dire: Vous devez obligatoirement
l'inclure. Nous, ce qu'on dit, c'est: Vous pouvez faire le choix
également. Mais comme ministre du Revenu, j'ai
répété à plusieurs reprises dans mes discours que
je préfère qu'on le distingue à chaque étape.
Maintenant, ça va dépendre des commerces, ça va
dépendre des opérations. Alors, au niveau de la TPS, c'est le
gouvernement fédéral qui légifère dans un domaine
qui lui est propre. Ici, on intervient dans notre domaine à nous et on
doit contrôler une taxe qui est variable selon la région où
on est situé. On dit: On veut ça séparé. Alors, on
comprend mal les commentaires du député de Labelle.
M. Léonard: Moi, je pense que le projet de loi 89, ce
n'est pas un projet de loi fédéral, c'est un projet de loi qui
touche la taxe ici au Québec. Vous l'appelez encore la taxe de vente du
Québec, mais c'est devenu la TPS québécoise. Là
aussi, vous devriez avoir des soucis de transparence, de répression de
la fraude de la même nature parce que, dans le cas ici, je pense bien
que, si vous le faites par rapport à la taxe sur les carburants,
ça va toucher aussi, ça va avoir un effet sur la perception des
taxes, taxe de vente ou TPS fédérale, effectivement, mais TPS
québécoise aussi. On ne s'en sort pas. Vous ne pouvez pas tenir
deux discours différents. C'est faux.
M. Savoie: On ne tient pas deux discours. On a, je pense, un
grand... Je pense que la logique est évidente. Finalement, on est en
train de couper les cheveux en quatre pour pas grand-chose. Ici, on exige la
distinction. Vous com-
prenez pourquoi on le fait dans ce projet de loi ci. on vous a fourni
les explications en disant: étant donné que la taxe varie selon
la région, on veut que le montant soit identifié. d'abord,
ça nous permet de le constater, il est immédiatement verifiable
et, dépendant de la région, on est capable d'identifier
immédiatement si, effectivement, on a utilisé ou non \a
variation. ça, c'est au niveau de la taxe sur les carburants. je pense
que c'est clair, ça ne présente pas de difficultés.
là, vous dites: oui, mais là, pourquoi est-ce que vous n'avez pas
fait ça au niveau de la tvq aussi, demander de la préciser? c'est
ça?
M. Léonard: Vous allez l'avoir. Vous allez avoir le
même problème. Vous aurez exactement le même
problème.
M. Savoie: II n'y a pas de variation au niveau de la TVQ et de la
TPS. Il n'y a pas de variation régionale, primo. Secundo, c'est que le
gouvernement fédéral dit: Vous pouvez l'inclure ou l'exclure.
Alors, tout de suite en partant, de ce côté-là, c'est
réglé.
M. Léonard: Moi, j'ai bien compris que le début de
votre explication, ça a été de dire que c'était
pour des raisons de transparence que vous le faisiez. Là, vous glissez
à la transparence des disparités, des différences
régionales ou des différences frontalières. Bon. La
nécessité de la transparence existe aussi pour la TPS
fédérale et la TPS québécoise; c'est la même
chose. Au moins, si vous dites que la TPS fédérale, ça ne
vous concerne pas, la TVQ québécoise, ça vous concerne.
Donc, si vous plaidez transparence ici, vous devez aussi au moins la plaider
pour la TVQ québécoise et obliger à la rendre
publique.
M. Savoie: Ha, ha, ha! M. Léonard:
Écoutez.
M. Savoie: Non, ce n'est pas fort. Ha, ha, ha! Ce n'est vraiment
pas fort.
M. Léonard: Arrêtez de dire aux autres que ce n'est
pas fort parce que ce que vous faites, ce n'est pas fort non plus.
M. Savoie: Non, mais pensez-y deux minutes, là. La TVQ,
c'est quoi?
M. Léonard: Celle-là, vous pouvez la cacher, mais
pas la taxe sur les carburants.
M. Savoie: Au contraire, on dit qu'il ne faut pas la cacher,
qu'il faut toujours la mettre en sus.
M. Léonard: Ah! oui, oui.
M. Savoie: Mais ici, finalement...
M. Léonard: Ce n'est pas ça que vous avez dit.
M. Savoie: ...la TVQ, ça ne concerne pas les carburants,
ça concerne tout. À ce moment-là, on leur dit: Bon, bien
là... Ça concerne souvent, par exemple, une opération
entre un consommateur et un détaillant. Le plus souvent, le montant est
toujours fixe, il n'y a pas de variation. Ici, il y a des variations parce que
la taxe va varier. Si vous achetez, par exemple, du gaz en Abitibi, du
pétrole en Abitibi, vous allez le payer moins cher que si vous l'achetez
à Montréal.
M. Léonard: Alors, si vous n'aviez pas ça, à
ce moment-là, vous recacheriez votre taxe.
M. Savoie: Bien, non, ça n'a rien à foutre. M.
Léonard: Ah bon!
M. Savoie: Comprenez-vous quelque chose, vous autres? Moi non
plus, je ne comprends rien. Non, mais on cherche là!
M. Léonard: Non, non. Quand vous donnez cette
explication-là, si, à un moment donné, c'était le
même taux de taxe partout, là, vous ne seriez pas obligé de
la montrer...
M. Savoie: Bien, c'est ça. Là, à ce
moment-là...
M. Léonard: ...si c'est ça la simple raison, la
transparence, c'est ça.
M. Savoie: ...on n'exigerait pas ce travail additionnel de la
part des intervenants parce que, effectivement, la taxe, ce serait facile
à calculer.
M. Léonard: C'est pour des fins de contrôle
strictement interne au ministère et non pas pour des fins de
transparence vis-à-vis...
M. Savoie: Bon! Écoutez...
M. Léonard: ...de la clientèle elle-même.
M. Savoie: ...c'est certainement un élément aussi
qu'on cherche à développer.
M. Léonard: Ah bon!
M. Savoie: On veut que les taxes deviennent de plus en plus
apparentes.
M. Léonard: Je suis content de vous l'entendre dire.
M. Savoie: Ici, ça devient nécessaire à
cause des opérations régionales. C'est important
de le distinguer.
Le Président (M. Lemieux): Adopté?
M. Léonard: M. le Président, vous me verrez,
disons, comment je dirais ça...
M. Savoie: Ému, ému par les explications.
M. Léonard: Je doute beaucoup des explications du
ministre. Je trouve qu'il va de gauche à droite, mais c'est surtout pas
en ligne droite, son explication...
M. Savoie: Trouvez-vous ça, M. le Président?
Le Président (M. Lemieux): Non. Moi, je trouve que...
M. Léonard:... sa trajectoire.
M. Savoie: Non, M. le Président ne trouve pas
ça.
Le Président (M. Lemieux):... son argumentation est
cohérente, logique et claire.
M. Savoie: Bon! Vous voyez, là!
M. Léonard: Le président préside les
débats, il n'a pas à donner raison à l'un ou l'autre.
M. Savoie: C'est pour ça qu'il est président.
Le Président (M. Lemieux): C'est une remarque
personnelle.
M. Savoie: C'est pour ça qu'il est président.
M. Léonard: Oui, oui, j'ai bien compris. N'en faites pas
trop comme ça, là.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Labelle. L'article 4 est adopté?
M. Léonard: Sur division. C'est-à-dire... Le
Président (M. Lemieux): Sur division.
M. Léonard:... attendez. Non, non, je vais l'adopter. Je
trouve, cependant, que, quant à toutes les raisons qu'il a
apportées lorsque nous avons discuté du projet de loi 89 sur la
TPS et à celles qu'il apporte ici en ce qui concerne encore la
transparence, il y a comme une absence de logique entre les deux que je
maintiens.
Ceci étant dit, l'article 4 peut être adopté. Au
moins, celle-là, on va la voir; les autres, on ne les verra pas, mais
celle-là, on va la voir.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Nous appelons
l'article 5. Est-ce qu'il y a des commentaires?
M. Savoie: Alors, je vais en faire la lecture...
M. Léonard: Oui.
M. Savoie:... puisque nous en sommes rendus à ce genre de
chose là: "L'article 13 de cette loi est modifié: "1° par le
remplacement, dans les deuxième et troisième lignes du premier
alinéa, des mots "la formule prescrite" par les mots "le formulaire
prescrit" - ça joue dur; "2° par le remplacement... "
M. Léonard: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté.
M. Savoie: "2° par le remplacement, dans la première
ligne du troisième alinéa, du mot "il" par les mots "le vendeur
en détail".
M. Léonard: Dans la première ligne du
troisième alinéa de l'article 13.
M. Savoie: Oui, il faudrait lire l'article 13 de la loi qui est
très long, d'ailleurs.
M. Léonard: Oui.
M. Savoie: Alors, je vais lire l'article 13 pour les fins de la
discussion, pour éclaircir le débat davantage: "Tout vendeur en
détail doit, au plus tard le quinzième jour de chaque mois,
rendre compte au ministre, en utilisant la formule prescrite par ce dernier, de
la taxe qu'il a perçue ou qu'il aurait dû percevoir au cours du
mois précédent et il doit en même temps lui remettre le
montant de cette taxe. "
M. Léonard: Ça, c'est la vraie loi.
M. Savoie: Alors, lorsqu'on voit le mot "il", il faut voir...
M. Léonard: Le troisième alinéa?
M. Savoie: Au troisième alinéa: 'Toutefois, si la
taxe perçue à l'égard de... "
M. Léonard: C'est le quatrième, ça.
M. Savoie: Excusez-moi. "Cependant, il n'est pas tenu... "
M. Léonard: Alors, c'est là où on dit "le
vendeur en détail".
M. Savoie: C'est ça. Cependant...
M. Léonard: À la première ligne du
troisième alinéa.
M. Savoie: ...le vendeur en détail... M.
Léonard: En détail n'est pas tenu...
M. Savoie: ...n'est pas tenu de rendre compte au ministre,
à moins que celui-ci ne l'exige, ni de lui remettre la taxe
perçue à l'égard du carburant vendu qu'il a acquis d'un
agent-percepteur titulaire d'un certificat d'enregistrement, lorsqu'il a
versé à ce dernier le montant prévu à l'article
51.1 à l'égard de ce carburant", donc Ig montant de la taxe.
Alors, c'est vraiment...
M. Léonard: C'est une question de rédaction, pour
le français.
M. Savoie: Ici, on est rendu dans les
considérations...
Le Président (M. Lemieux): Adopté.
M. Léonard: Pardon? Des considérations quoi?
M. Savoie: ..."3 par le remplacement, dans les troisième
et quatrième lignes du troisième alinéa, des mots "d'un
agent-percepteur titulaire d'un certificat d'enregistrement" par les mots "du
titulaire d'un permis d'agent-percepteur". Alors, on change "d'un" par "du
titulaire d'un permis d'agent-percepteur".
M. Léonard: Alors là, c'est que vous n'avez plus
cette notion d'agent-percepteur titulaire d'un certificat d'enregistrement.
C'est un titulaire de permis.
M. Savoie: "Du titulaire d'un permis d'agent-percepteur". Bon.
"4° par le remplacement, dans les deuxième, troisième et
quatrième lignes du quatrième alinéa, des mots "à
un agent-percepteur titulaire d'un certificat d'enregistrement, le ministre
peut exiger que la différence lui soit remise" par les mots "au
titulaire d'un permis d'agent-percepteur, cette différence doit
être remise au ministre selon les modalités prévues au
premier alinéa."
M. Léonard: Vous avez fait sauter la notion
d'enregistrement, d'un certificat d'enregistrement pour "du titulaire d'un
permis d'agent-percepteur". C'est ça, ce qui a été fait
à 3° et 4°. Au fond, tout le long de la loi, on va retrouver
ça.
M. Savoie: C'est ça. C'est qu'on ajoute là.
M. Léonard: "Titulaire d'un permis d'agent-percepteur"...
(21 h 45)
M. Savoie: C'est ça.
M. Léonard: ...au lieu "d'un agent-percepteur titulaire
d'un certificat d'enregistrement".
M. Savoie: C'est ça.
M. Léonard: Ça change quoi là?
M. Savoie: Bien, ça précise la loi. C'est parce
qu'on donne une nouvelle facture à la loi.
M. Léonard: moi, je vois ça... c'est juste une
question de formulation. entre un certificat d'enregistrement et un titulaire
de permis, c'est quoi la différence?
M. Brochu: André Brochu. C'est en sus du certificat
d'enregistrement. Tous ceux qui vont oeuvrer dans ce domaine-là vont
avoir besoin d'un certificat d'enregistrement...
M. Léonard: Plus...
M. Brochu: ...plus, pour certaines activités...
M. Léonard: Ah bon!
M. Brochu: ...ils vont devoir avoir un permis.
M. Léonard: Ah, ah, c'est en plus! M. Brochu: C'est
ça.
M. Savoie: Alors, supposons que vous voulez faire de
l'entreposage, par exemple, vous allez avoir besoin de votre certificat
d'enregistrement et de votre permis.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 5 est
adopté?
M. Léonard: C'est là où on voit que
ça se complique beaucoup, finalement. C'est deux opérations
différentes, deux opérations administratives différentes.
Ça veut dire un autre registre.
M. Savoie: C'est ça. C'est-à-dire...
M. Léonard: Un autre système de
contrôle...
M. Savoie: C'est-à-dire...
M. Léonard: Parce que vous allez avoir les
agents-percepteurs avec certificat d'enregistrement, parmi ceux-là,
certains vont avoir en plus un permis.
M. Savoie: C'est ça. On va avoir un certificat
d'enregistrement. Supposons qu'on veut faire de l'entreposage, il faut aller
chercher son
certificat d'enregistrement et, ensuite, il faut aller chercher son
permis pour faire de l'entreposage. Alors, si un "smat" vient au
Québec...
M. Léonard: Oui. Pourquoi faites-vous les deux,
là?
M. Savoie: On fait les deux parce qu'on ne veut pas que ceux qui
transportent commencent à entreposer n'importe où au
Québec. Il y en a qui transportent légalement, avec un certificat
en bonne et due forme et un permis pour transporter. Ils n'ont pas de permis
pour entreposer mais ils font de l'entreposage. On n'a aucun contrôle.
Alors, quand on arrive pour les saisir, ils disent: Bien oui! je n'ai pas
besoin de permis pour ça. Je fais de l'entreposage parce que je suis en
route. Ça ne marche pas.
M. Léonard: Donc, il y a trois permis. Vous avez fait
référence à trois permis.
M. Savoie: Ah! Je pense qu'il y en a plus que ça.
M. Léonard: Le certificat d'enregistrement - ce n'est pas
un permis, si on veut, mais disons - le permis d'entreposage, le permis de
transport.
M. Savoie: Bon. Le certificat d'enregistrement, c'est le chapeau.
Raffineur, entrepreneur...
M. Léonard: À l'article 27.
M. Savoie: Toute personne qui, au Québec, est un
agent-percepteur; est un importateur; est un raffineur; est un entreposeur;
fait le transport de carburant en vrac; effectue la coloration de mazout;
mélange pour fins de revente, à l'exception d'une personne
titulaire d'un permis... doit être titulaire d'un permis
délivré à cette fin". Alors, finalement, il y a six,
sept...
M. Léonard: C'est-à-dire que, si on regarde
l'article 27, "délivré à cette fin", c'est pour chacune de
ces fins.
M. Savoie: C'est ça. Alors, supposons que vous
faites...
M. Léonard: Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept.
M. Savoie: C'est ça. Supposons que vous avez votre
certificat... Imaginons la situation suivante. Vous êtes un grossiste du
côté de l'Ontario, vous faites affaire au Québec et vous
voulez transporter des biens et en faire l'entreposage au Québec pour
fins de revente en faisant de la contrebande, une activité
illégale. Pour faire votre entreposage, ça va vous prendre un
permis. Si vous ne le faites pas, la loi vous tombe dessus. Ça va nous
permettre de contrôler chacune des étapes. Évidemment,
là, on ne parle pas de Gulf ou d'Esso, on parle d'une opération
"fly-by-night" où, effectivement, ils font de l'entreposage. On arrive,
puis on nous dit: Bien, on n'a pas besoin de permis pour faire ça.
M. Léonard: Oui. Mais quelqu'un qui fait de la contrebande
comme ça ne doit pas entreposer longtemps. Ça doit se faire vite,
ça.
M. Savoie: Bien, ça se peut mais, au moins, quand on le
poigne, on va le poigner.
M. Léonard: Moi, je trouve... En tout cas, on va y venir
tout à l'heure, à l'article 27.
M. Savoie: On peut le faire tout de suite, si vous voulez.
Ça ne me dérange pas.
M. Léonard: Non,non.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 5 est
adopté dans son ensemble, soit les paragraphes 1°, 2°, 3° et
4°?
M. Léonard: Toujours avec la même réserve,
là.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Alors, l'article
5 est adopté. L'article 6, maintenant.
M. Savoie: O. K. L'article 6. Ça se complique. "L'article
14 de cette loi est modifié: "1° par le remplacement, dans les
deuxième et troisième lignes du premier alinéa, des mots
"utilisant la formule prescrite" par les mots "complétant le formulaire
prescrit".
Le Président (M. Lemieux): Adopté? M.
Léonard: Oui
Le Président (M. Lemieux): Le paragraphe 2°.
M. Savoie: "2° par le remplacement, dans la quatrième
ligne du premier alinéa, des mots "ou livré" par ", livré
et manutentionné".
M. Léonard: Vous enlevez la notion de vendu?
M. Savoie: Non. On remplace "ou livré" par ", livré
et manutentionné".
M. Léonard: Par le remplacement du mot "livrer". Ah!
"livré et manutentionné". C'est quoi ça? Pourquoi vous
faites ça? Livré, ça ne couvre pas toutes les
opérations.
M. Savoie: En ce qui concerne le deuxième alinéa,
c'est une modification de concordance
avec l'introduction du terme "manutentionné". Vous voulez savoir
pourquoi on ajoute "manutentionné"? C'est parce que non seulement il
faut avoir la livraison, mais il faut le lire en vertu du troisième
alinéa où on ajoute également "manutentionné". La
minute où c'est manutentionné au Québec et non seulement
livré... parce que le gars pourrait dire qu'il n'y a pas eu livraison.
Donc, c'est seulement une manutention.
M. Léonard: Parce que c'est deux endroits du même
propriétaire ou deux "situs" relevant...
M. Savoie: bien, j'imagine que livrer, c'est un acte juridique
tandis que manutentionner, c'est un acte physique.
M. Léonard: Livrer en termes de droit commercial, oui,
ça...
M. Savoie: C'est ça que je disais. Livrer, c'est un acte
juridique.
M. Léonard: O.K.
M. Savoie: Alors, il faut avoir du pif ou on n'en a pas,
hein?
M. Léonard: Si vous avez fait du droit commercial, vous
devez savoir ça. C'est la moindre des choses.
M. Savoie: C'est ça. Il faut avoir du pif. Il faut avoir
du pif.
M. Léonard: Le mot "livrer", c'est une notion juridique en
droit commercial.
M. Savoie: Bien oui. On l'a ou on ne l'a pas, hein? "3° par
le remplacement du deuxième alinéa par le suivant: "Ce rapport
doit être fait et transmis au ministre même si aucun carburant n'a
été vendu, livré ou manutentionné durant le
mois."
M. Léonard: O.K.
Le Président (M. Lemieux): l'article 6 est donc
adopté dans son ensemble? l'article 6 est donc adopté,
paragraphes 1°, 2° et 3°, dans son ensemble. j'appelle l'article
7.
M. Savoie: "L'article 15 de cette loi est modifié par le
remplacement, dans la troisième ligne du premier alinéa, des mots
"la formule prescrite" par les mots "le formulaire prescrit".
M. Léonard: 20 minutes de considérants de la part
du ministre.
Le Président (M. Lemieux): L'article 7 est adopté.
L'article 8.
M. Savoie: Ça se corse davantage à mesure qu'on
avance. Le rythme m'étourdit. L'article 16 de cette loi est
modifié: "1° par le remplacement, dans la première ligne de
la partie qui précède le paragraphe a, des mots "Tout usager" par
les mots "Une personne visée à l'article 3".
M. Léonard: "Tout usager" par "Une personne visée
à l'article 3". Oh! L'article 3 de la loi: Toute personne..." Alors,
1°, O.K.
Le Président (M. Lemieux): Adopté, premier
paragraphe de l'article 8. Le deuxième.
M. Savoie: M. le Président, "2° par le remplacement
dans le paragraphe b, du chiffre "2" par le chiffre "3". Tout étant
relatif.
Le Président (M. Lemieux): Paragraphe 3°.
M. Savoie: "3° par le remplacement du paragraphe c par le
suivant: c) s'il s'agit du titulaire d'un certificat d'enregistrement
prévu à l'article 23, au plus tard le 25 du mois qui suit chacun
des trimestres se terminant les 31 mars, 30 juin, 30 septembre et 31
décembre d'une année, produire au ministre, en utilisant le
formulaire prescrit - non pas la formule prescrite - par ce dernier, un
état montrant en litres la quantité de carburant utilisé
au québec au cours du trimestre précédent, ainsi que tout
autre renseignement prescrit - non pas prescrite - par règlement."
M. Léonard: Par règlement.
M. Savoie: Alors, c'est une mesure d'harmonisation.
M. Léonard: Ils font ça le dernier jour, le 25 du
mois qui suit le 31 mars.
M. Savoie: C'est ça. Alors, 25 jours après la fin
du trimestre, on doit produire un rapport.
M. Léonard: Habituellement, dans les lois fiscales, ce
n'est pas le 15 du mois?
M. Savoie: Ça varie. Là, c'est le 25. M.
Léonard: Pourquoi le 25?
M. Savoie: Parce que ça va mieux. Parce qu'on dit ici: A
pour effet de changer la fréquence du rapport prévu au paragraphe
c de façon à l'harmoniser avec les autres provinces. Ici, le
rapport devra être produit trimestriellement plutôt que
mensuellement et pourra, lors d'une vérification, être
comparé avec celui produit dans les autres provinces.
M. Léonard: Donc, c'est une harmonisation
avec les autres provinces canadiennes. M.Savoie: C'est
ça.
M. Léonard: Bon, O. K. Ça, c'est plus intelligent.
D'accord.
M. Savoie: On a une étoile pour celui-là? M.
Léonard: Oui, une étoile pour celui-là.
Le Président (M. Lemieux): L'article 8 est-il
adopté dans son ensemble?
M. Léonard: Ce n'est pas fini, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Paragraphe 4°, pardon.
M. Léonard: Ne vous endormez pas trop tôt.
Le Président (M. Lemieux): Non, non, non. Ça va. Je
suis éveillé.
M. Savoie: "4° par le remplacement du deuxième
alinéa par le suivant: "toutefois, une personne visée à
l'article 3 qui apporte seulement de façon occasionnelle au
québec du carburant de la manière décrite au premier
alinéa peut, avant chaque voyage, obtenir du ministre ou de toute
personne qu'il autorise un certificat l'exemptant des obligations
prévues aux paragraphes b et c du premier alinéa. le gouvernement
peut, par règlement, définir l'expression "de façon
occasionnelle" et déterminer les droits à payer, les conditions
ainsi que les modalités relatives à la délivrance du
certificat. "
M. Léonard: Est-ce que je peux poser une question au
ministre? Ça veut dire quoi "de façon occasionnelle", dans son
esprit?
M. Savoie: Ah! Ça, ça va être un cas
d'évaluation.
M. Léonard: Oui, mais encore?
Le Président (M. Lemieux): Plus d'une fois.
M. Savoie: Mais encore? Bien, c'est ça, c'est un cas
d'évaluation. Ça va dépendre des cas, puis des doutes
qu'on a, de la fréquence, de la pratique, de l'usage.
M. Léonard: Attention, là! si vous ouvrez trop
grand la porte, on va vous demander de la préciser.
M. Savoie: Oui, mais vous comprendrez que chaque cas est un cas
d'espèce.
M. Léonard: oui, mais vous allez faire un
règlement. qu'est-ce qu'il va y avoir dans ce
règlement-là?
M. Brochu: André Brochu. En fait, on est à
réfléchir, mais ça pourrait, pour vous donner un exemple
concret, être comme l'Ontario. Par exemple, on Ontario, ceux qui font
moins de 10 000 kilomètres dans la province, annuellement, sont
qualifiés de gens qui viennent dans la province...
M. Léonard: Du transport occasionnel, de façon
occasionnelle.
M. Brochu:... et qui font du voyage occasionnel. C'est ça.
Alors, ça pourrait être comme ça, mais ce n'est pas encore
arrêté. Ça fera partie de la réglementation.
M. Léonard: Est-ce qu'il y a d'autres
éléments qui amènent une définition de façon
occasionnelle? Le règlement de l'Ontario, vous en avez une copie, je
suppose bien?
M. Brochu: Oui. On a ça. Pas ici, là.
M. Léonard: C'est très compliqué ou c'est...
(22 heures)
M. Gingras: André Gingras, directeur des taxes à la
consommation. En fait, en Ontario, c'est basé sur le millage de
l'année antérieure.
M. Léonard: Oui. Mais c'est la seule considération?
Il n'y a pas autre chose? Les 10 000 kilomètres?
M. Gingras: 10 000 kilomètres faits par un transporteur
annuellement.
M. Léonard: Alors, s'il fait moins de 10 000
kilomètres, il est considéré comme...
M. Gingras: II est considéré comme un voyageur
occasionnel et, à chaque voyage, il peut obtenir un certificat de voyage
occasionnel. Mais ça n'empêche pas que, si ce transporteur veut
quand même s'enregistrer, il est autorisé à le faire.
M. Léonard: Oui.
M. Gingras: donc, c'est une mesure d'adoucissement pour quelqu'un
qui vient ici de façon occasionnelle, par exemple 20 fois par
année, à 300, 400 ou 500 kilomètres à la fois. il
n'est pas obligé de produire un rapport trimestriel. à chaque
voyage, il demande un certificat de voyage occasionnel.
M. Léonard: À chaque voyage.
M. Gingras: À chaque voyage. Mais pour ce
certificat de voyage occasionnel, on a des ententes avec certaines
entreprises qui peuvent émettre des certificats de voyage occasionnel.
Donc, avant de passer aux lignes, il y a des entreprises
spécialisées qui émettent le certificat de voyage
occasionnel au nom du ministère.
M. Léonard: là-dedans, vous n'avez pas
trouvé de matière... vous n'avez pas perçu qu'il y avait
de la fraude, que c'était dangereux d'ouvrir une porte comme
celle-là.
M. Gingras: Pas pour ce qui est du voyage occasionnel. On sait
très bien, par exemple, qu'il y a des transporteurs étrangers qui
viennent au Québec sans certificat d'enregistrement et sans certificat
de voyage occasionnel. C'est d'ailleurs pourquoi, dans le projet de loi, il y a
l'imposition, par exemple, d'une vignette pour ceux qui sont
enregistrés, donc pour pouvoir les contrôler.
Le Président (M. Lemieux): L'article 8 est-il
adopté?
M. Léonard: Oui, adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 8 est adopté
dans son ensemble. Comme il est 22 heures...
M. Léonard: On va l'adopter malgré la faiblesse de
l'explication du ministre.
Le Président (M. Lemieux): Alors, l'article 8 est
adopté. Il est 22 heures, est-ce qu'il y a consentement pour poursuivre
jusqu'à minuit?
M. Léonard: Non, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): II n'y a pas consentement.
Alors, nous allons ajourner nos travaux sine die, la commission ayant accompli
son mandat. Il n'y a pas de consentement pour poursuivre. L'ordre de la Chambre
était 22 heures.
M. Savoie: Oui, ce n'est pas 23 heures? Le Président
(M. Lemieux): Non, 22 heures. M. Savoie: C'est au mois de juin,
ça, alors.
Le Président (M. Lemieux): Au mois de juin, oui.
M. Savoie: Au mois de décembre et au mois de juin,
ça peut aller jusqu'à 23 heures.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Léonard: Jusqu'à minuit.
Le Président (M. Lemieux): Jusqu'à minuit. De 20
heures à 22 heures, à la salle 1.38, la commission du budget et
de l'administration procédera à l'étude
détaillée des projets de lois 134 et 135.
(Fin de la séance à 22 h 3)