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(Quinze heures quarante-deux minutes)
Le Président (M. Lemieux): La commission du budget et de
l'administration est réunie afin de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 170, Loi sur la taxe de
vente du Québec et modifiant diverses dispositions législatives
d'ordre fiscal.
Est-ce qu'il y a des remplacements, M. le secrétaire?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. MacMillan
(Papineau) remplacera M. Camden (Lotbinière) et M. Khelfa (Richelieu)
remplacera M. Després (Limoilou).
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le secrétaire.
À la première étape de l'étude de ce projet de loi,
soit au niveau des déclarations d'ouverture, je permettrai maintenant
à M. le ministre du Revenu, si c'est le cas, de bien vouloir faire sa
déclaration d'ouverture; suivra ensuite le porte-parole de l'Opposition
au niveau de cette déclaration d'ouverture ou remarques
préliminaires. M. le ministre, est-ce que vous avez des remarques
préliminaires ou une déclaration d'ouverture relativement au
projet de loi 170?
Remarques préliminaires M. Savoie: Oui, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Alors, la parole est à
vous, M. le ministre.
M. Raymond Savoie
M. Savoie: M. le Président, je voudrais tout d'abord
commencer en saluant mes collègues de l'Assemblée nationale, en
prenant bonne note que nous avons un nouveau critique en matière de
revenu en la personne du député de Montmorency. Je voudrais quand
même souligner la présence du député de Labelle
également. Je voudrais prendre le temps de souligner la présence
des gens qui nous accompagnent. On s'attelle à une tâche qui va
être particulièrement longue, me dit-on. Tout ce qu'on peut
souhaiter, c'est que ça va être agréable et que ça
va se faire dans un esprit de recherche d'amélioration d'un projet de
loi qui s'avère particulièrement difficile.
Je voudrais souligner la présence, à ma droite, de Me
Serge Bouchard, de Me François Tremblay et de Me Agathe Simard, tous
trois du ministère du Revenu, et qui sont, je pense, en bonne partie,
connus, comme il se doit, de la part de la commission.
L'an passé, à pareille date, nous avons abordé la
première modification à la Loi sur la taxe de vente du
Québec pour tenir compte de notre projet d'harmonisation. Ça
s'est relativement bien déroulé. On a, à ce
moment-là, vous vous rappellerez, M. le Président, apporté
des modifications à la Loi sur la taxe de vente du Québec pour
l'harmoniser avec le projet fédéral, en se disant qu'il y aura,
cette année, une deuxième étape encore plus
importante.
On a eu l'occasion de souligner l'élément historique de
ces modifications à la taxe de vente. On a eu l'occasion de souligner
toute l'importance de la décision d'harmonisation. On a eu
également l'occasion, je pense, de souligner que, sur le principe, on
était tous d'accord, indépendamment de notre appartenance
politique. Je pense que le député de Labelle, à ce
moment-là, reconnaissait que sur les grandes lignes il y avait un accord
de principe mais que, par contre, sur certains éléments il y
avait un léger questionnement qui, finalement, a pu faire l'objet d'un
consensus sur les grandes lignes. Il y avait certainement, de la part du Parti
québécois, une entente sur une taxe de vente équivalant
à la taxe sur la valeur ajoutée, ça fait partie du
programme du Parti québécois. Il y avait également, je
pense, une vision qui faisait en sorte que l'harmonisation était
souhaitable. Je pense qu'on a une déclaration très claire de la
part de l'Opposition à ce sujet-là, à savoir que, oui,
effectivement, l'harmonisation est nécessaire, mais qu'il y avait quand
même des cas, des indications de différences ici et là. En
gros, ça a été ça et je pense que c'est
honnête de le présenter comme ça.
Toutefois, cette réforme-ci est un petit peu plus difficile et on
le reconnaîtra. Je pense que même si on maintient l'orientation sur
l'harmonisation, non seulement sur la taxe, mais sur la forme et le fond, dans
ce cas-ci, en ce qui concerne l'ensemble de l'application de la taxe, il y
aura, j'espère, du moins, une reconnaissance implicite de la part de
l'Opposition sur cette harmonisation. Étendre cette taxe de vente, comme
nous le faisons dans le projet de loi qui est actuellement à
l'étude, aux services et aux immeubles constitue la deuxième
étape, l'étape finale. Elle introduit une taxe, finalement, aux
services. Donc, le processus d'harmonisation est suivi et va selon le programme
établi, même s'il y a un report de six mois quant à la date
d'application. Donc, on est au coeur, si on veut, de la réforme au
niveau de la taxe de vente du Québec. On introduit des mécanismes
qui sont importants, des ajustements administratifs également.
Le projet de loi touche, comme vous le
savez, à plusieurs éléments, entre autres, à
la Loi sur le ministère du Revenu. On aura l'occasion d'y revenir.
Évidemment, avec ce projet-là, on ne va rester qu'avec quatre
projets de loi, c'est-à-dire: la Loi sur la taxe de vente, la Loi
concernant l'impôt sur le tabac, la Loi concernant la taxe sur les
carburants et la Loi sur les licences. Par contre, les lois sur le pari mutuel,
les primes d'assurance, les boissons alcooliques vont être maintenant
comprises dans la Loi sur la taxe de vente. Donc, il y a trois taxes qui vont
se trouver fusionnées à l'intérieur de la même
loi.
J'ai eu l'occasion de discuter à plusieurs reprises avec mes
collègues de l'Assemblée nationale au sujet de la Loi sur la taxe
de vente du Québec. La pleine réforme, je crois, est
complète. Elle est certainement une taxe de taille. Au niveau
administratif, on maintient le cap sur la notion de rôle historique de
cette taxe-là, notion de rôle de toute première importance
pour l'ensemble de la population québécoise.
Je tiens à souligner encore une fois que c'est une taxe qui ne
taxe pas le travail, c'est une taxe qui taxe la consommation seulement.
Normalement, les entreprises québécoises, dans un contexte de
mondialisation, dans un contexte de libre-échange avec les
États-Unis, dans un contexte d'Europe 1992, visent à
dégager tout ce qui génère du travail, tout ce qui produit
du travail, tout ce qui produit des biens a l'exportation. Tout ce qui produit
des biens structurels pour notre économie va être en effet, en
quelque sorte, détaxé, si vous me permettez le mot, et ça
va permettre finalement à ces entreprises-là d'être plus
concurrentielles au niveau international.
Évidemment, au niveau des consommateurs, oui, il va y avoir un
fardeau un peu plus lourd, on le reconnaît; oui, il va effectivement y
avoir des zones où on était auparavant, en apparence seulement,
libres de taxes et qui vont devenir visiblement taxées. Je pense que la
population québécoise va constater que ce transfert, d'une chose
qui n'était pas visible à quelque chose qui devient visible, va
leur faire prendre conscience de l'état du problème en ce qui
concerne la situation financière du Québec. Je peux vous dire que
c'est un élément qui est nécessaire comme orientation
politique, comme orientation économique. C'est un élément
qui est nécessaire, c'est un élément qui est certainement
utile à l'économie québécoise.
Et je sais qu'on va citer... J'entends déjà les gens de
l'Opposition citer à gauche et à droite un peu ce qui fait leur
affaire, mais je voudrais rappeler aux membres de la commission le rapport qui
a été fait par l'Institut CD. Howe sur les prévisions pour
l'année 1992, document de quatre pages qui allait dans les
détails et qui reconnaisssait que pour l'économie
québécoise, pour l'année 1991-1992, 1992-1993, il y avait
là un impact inflationniste de l'ordre peut-être de 1 %. Mais, par
contre, si vous lisez tout le texte, à cause de l'introduction, à
cause de l'harmonisation au niveau de la taxe de vente, l'économie
québécoise devrait être plus performante, plus
compétitive, mieux préparée que l'Ontario et les autres
provinces à s'adapter au contexte de mondialisation des marchés
que les autres provinces qui ne se sont pas harmonisées.
De la part de CD. Howe - et je tiendrais à souligner que nous
avons des indications semblables de la part du Fraser Institute - je tiendrais
à souligner également que l'ensemble des intervenants
économiques, les économistes qui regardent le long terme et qui
discutent du long terme, sont d'accord avec l'harmonisation, sont d'accord avec
l'orientation que nous nous donnons au niveau de la taxe de vente du
Québec.
Il est difficile, donc, M. le Président, de faire autrement que
d'appuyer cette démarche, que de voir, au niveau du débat actuel,
une difficulté au niveau de la perception du public, une perception qui
va se lever tranquillement avec le temps, que de voir aussi qu'il faut
constater que le long terme, le moyen terme nous intéressent et que,
effectivement, c'est inévitable, l'application de ces mesures-là,
et de voir aussi que ce que nous faisons, c'est que nous voulons que le
Québec puisse être en mesure de relever le défi au niveau
économique, au niveau de la mondialisation des marchés, et
qu'avec des mesures semblables à celles qui ont été
annoncées hier, semblables à ce que nous voulons faire avec la
taxe de vente, c'est-à-dire finalement s'assurer à ne plus taxer
le travail ou ce qui est produit par les efforts du travail, mais plutôt
la consommation, qu'on puisse être en mesure de mieux répondre aux
projets qu'on veut pour le Québec.
Alors, c'est ça, en gros, M. le Président, mes
commentaires préliminaires. Je me réserverai un petit peu de
temps pour revenir, s'il y a lieu, après les commentaires des
députés et membres de la commission.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency.
M. Jean Filion
M. Filion: M. le Président, je suis heureux d'être
ici, ma première commission, bien entendu, bien étrenné
par un projet énorme sur la taxation. Énorme et d'une
complexité sans précédent, dans le sens suivant, c'est
qu'on a un projet de loi devant nous qui nous présente 684 articles, qui
est en quelque sorte un mirage de complexité, si l'on considère
que ces 684 articles ne peuvent pas être lus sans avoir la Loi sur les
impôts à côté de nous. Non seulement on a
compliqué la taxe de vente en soi, mais on y a inséré des
références régulières à la Loi sur les
impôts, à des notions fiscales qui, à toutes fins
pratiques, elles-mêmes sont définies dans une autre loi et
souvent interprétées dans une autre loi.
Alors, pour le commun des mortels, bien entendu, ça devient une
loi qui n'est à peu près pas lisible, si ce n'est que par les
spécialistes eux-mêmes, pas de la fiscalité, mais les
spécialistes uniquement d'un secteur bien particulier, soit celui de la
taxe à la consommation, et où on se retrouve, bien entendu, avec
une complexité, je pense, démesurée.
Quand on fait un petit exercice rapide, les 684 articles qu'on nous
présente dans le projet de loi 170, si on y ajoute les 345 articles de
la TPS - parce que, effectivement, on vise l'harmonisation - sans compter les
annexes 5, 6 et 7 de la TPS, et qu'on y ajoute les 1226 articles de la Loi sur
les impôts, sans compter les articles de règlements, alors,
là, on se retrouve avec un projet de loi à étudier
où on va se promener à travers 2255 articles. Vous admettrez avec
moi, M. le Président, qu'on commence aujourd'hui une commission
où on va avoir à travailler, à interpréter et
à discuter non seulement 684 articles, mais également les autres
articles que l'on retrouve au niveau de la TPS et au niveau de la Loi sur les
impôts.
Le principe comme tel de l'harmonisation, je pense qu'effectivement
c'est un grand principe recherché. Si on pouvait harmoniser toutes les
lois fiscales à travers le monde, on devrait le faire. Sauf que,
là où on a une problématique chez nous, actuellement,
c'est qu'on présente un projet de loi qui, à toutes fins
pratiques, devait être harmonisé à l'échelle du
Canada. Toutes les provinces devaient s'empresser d'accepter la taxation de la
TPS comme étant la solution miracle à nos problèmes
contemporains. Et, rapidement, on devait, toutes les provinces, partir ensemble
et s'harmoniser au fédéral, de telle sorte qu'on puisse se
retrouver - entre guillemets - avec une meilleure façon de fonctionner
dans notre système fiscal canadien.
Là où on a une problématique majeure, c'est que,
rapidement, on avait vu pointer des provinces comme le Nouveau-Brunswick, la
Saskatchewan, l'Ontario qui disaient: Oui, effectivement, l'harmonisation de la
TPS, c'est quelque chose qu'on doit faire au niveau provincial. Mais,
rapidement, on a vu ces gens-là, un par-derrière l'autre,
commencer à se retirer de l'harmonisation, de telle sorte que la
dernière à se retirer de l'harmonisation tel qu'il avait
été prévu qu'on devait effectivement s'harmoniser, c'est
la Saskatchewan. Eux-mêmes se sont retirés, ce qui fait que,
à toutes fins pratiques, le Québec va devenir une
société distincte sur l'harmonisation fiscale de la TPS. On va
être la seule à avoir le pas comme province, avec tous les
embarras que ça va occasionner. Le principe d'harmonisation, lorsqu'on
se retrouve seule comme province, ça occasionne des problèmes
économiques majeurs. Quand je parle de problèmes
économiques ma- jeurs, c'est au niveau de la libre circulation des
biens, des services et des capitaux, au niveau des zones frontalières
où on se retrouve dans des zones que j'appelle de compétition
déloyale parce que, chez nous, on s'harmonise et que les provinces qui
nous entourent ne s'harmonisent pas.
Quand vous regardez les zones frontalières comme Bonaventure et
le Nouveau-Brunswick, rapidement, on se rend compte qu'il y a une
problématique majeure parce que, au Nouveau-Brunswick, on ne s'est pas
harmonisés et la taxation à la consommation exempte beaucoup de
biens que nous, maintenant, chez nous, on n'exempte plus. Et ça a des
conséquences majeures dans l'économie. Également, au
niveau de l'Outaouais avec l'Ontario.
M. le Président, quand on regarde effectivement ce qui se passe
dans ces zones frontalières, rapidement, on va se rendre compte que
l'Ontario ne taxe pas le bois de chauffage, certaines chaussures, le linge
d'enfants, grandeur 16 fille et 20 garçon; au Nouveau-Brunswick, les
journaux, les revues, le gaz propane, les fournitures d'école, le linge,
la chaussure, les fournaises à bois, etc., ne sont pas taxés. Ce
projet de loi 170, dans sa grandeur d'âme de vouloir s'harmoniser au
fédéral, provoque des situations économiques
catastrophiques dans les zones frontalières et compromet une saine
compétition, une compétition loyale. Ces embûches majeures,
ajoutées déjà juste au niveau des articles de loi... On
parle d'harmonisation, mais, moi, je peux vous dire que l'harmonisation de ce
projet de loi est drôlement discutable, et qu'elle rejoint même un
peu la foutaise, M. le Président. (16 heures) vous savez, ça
devient un peu un mirage, l'harmonisation, puisque 33 articles dudit projet de
loi ne visent que des particularités applicables au québec, et 30
autres articles, m. le président, n'ont aucune équivalence avec
la loi fédérale sur la tps. et laissez-moi vous dire que ces
articles de particularités sont magistraux au niveau de l'application de
la loi. vous savez, chez nous, on est allé avec un nouveau concept: on
avait des produits taxables, détaxés et exonérés.
alors, on avait déjà trois catégories de biens, bien
spécifiques, quant à la tps. chez nous, on a dit: écoutez,
on s'harmonise et on va en ajouter une. on va en ajouter une facile, on va en
ajouter une non taxable. et vous allez voir, m. le président, quand on
va commencer à rentrer dans le projet de loi comme tel, que ça
devient assez spécial, l'application de la loi. alors, nous, on y ajoute
une quatrième catégorie: des non-taxables. on avait des
exonérés, des détaxés, et, là, on va avoir
des non-taxables au québec. mais on s'harmonise quand même et on
va avoir une catégorie additionnelle, des non-taxables.
Alors, M. le Président, si l'harmonisation, à toutes fins
pratiques, n'est pas appliquée chez nous, parce qu'il y a trop de
mesures déjà, dès
le départ, qui se dissocient, et qu'on est la seule province
à s'harmoniser, on doit se poser de sérieuses questions, non
seulement au niveau d'un report du projet de loi, mais je dirais même au
niveau du retrait pur et simple du projet de loi.
À une époque où on a amené l'idée de
l'harmonisation, c'est vrai que c'était intéressant,
c'était discutable et c'était pensable de s'harmoniser dans un
contexte canadien où tout le monde prenait le même pas. Mais,
à partir du moment où on est seulement le Québec, comme
société distincte, à prendre le pas, ça occasionne
des complications que j'appelle magistrales, à un point tel qu'on doit
se poser la question pour retirer, effectivement, le projet de loi.
En plus des 33 articles de particularités, et des 30 articles
où on ne retrouve pas d'équivalence! M. le Président, je
ne parle pas à travers mon chapeau, les articles de
particularités, je pourrais vous les citer. Vous avez les articles: 14,
20, 21, 68, 206, 215, 223, 237, 281, 282, 289, 290, 297, 353, 354, 369, 370,
375, 379, 407, 409, 415, 420, 421, 422, 440, 461, 462, 463, 464, 465, 466 et
474. Ce sont des articles de particularités au Québec. Vous allez
retrouver d'autres articles, effectivement, où il n'y a aucune
équivalence avec la TPS, et ces articles sont: 494, 541, 617, 623, 624,
625, 632, 633, 634, 635, 643, 644, 645, 648, 649, 655, 660, 670, 671, 672, 673,
674, 675, 678, 679, 680, 681, 682, 685 et 686.
En plus de ces distinctions strictes dans la loi... Alors, on
s'harmonise toujours, à ce que je comprends, mais on a des distinctions
de plus de 60 articles strictes dans la loi, par rapport à la TPS. En
plus de ça, M. le Président, des articles où on
réfère, effectivement, au projet de loi de la TPS, en plus de
ça, on réfère, à des équivalences d'articles
de loi, mais on y apporte des distinctions majeures.
M. Léonard: M. le Président, est-ce que vous
pourriez demander qu'il y ait un peu plus de silence? Parce qu'on s'entend
mal.
M. Filion: M. le Président, quand même! Le
Président (M. Lemieux): S'il vous plaît.
M. Léonard: Oui, il est mieux de s'en aller,
effectivement.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît.
M. Filion: On peut comprendre qu'il parte.
Le Président (M. Lemieux): Ça va, continuez, M. le
député de Montmorency.
M. Filion: Alors, j'en étais à vous expliquer
qu'effectivement l'harmonisation était très boiteuse, strictement
au niveau des articles de loi.
Mais l'harmonisation, M. le Président, elle est encore plus
boiteuse même au niveau des concordances. Et, là, on se retrouve
à appliquer des règles où la TVQ s'applique aux frais
minimuns des téléphones payants, ce qui n'est pas le cas au
niveau de la TPS. Et on a des articles de concordance à ce
niveau-là, M. le Président. Il faut bien comprendre ce que je
suis en train d'expliquer. Là, je viens de vous donner les articles
où ça ne concorde pas, mais, même où il y a des
articles où ça concorde, on retrouve des distinctions, M. le
Président. Et au niveau de la TVQ, effectivement, elle s'applique aux
frais minimums de téléphones payants.
Les services financiers seront détaxés plutôt
qu'exonérés, parce qu'au niveau de la TPS... Et, là, M. le
Président, on pourra entrer dans un beau débat, plus tard:
Pourquoi est-ce qu'on a effectivement détaxé les services
financiers et que dans le monde de l'hôtellerie on n'a rien fait, et que
dans le monde de la construction on n'a rien fait? Pourquoi? Est-ce qu'il y a
des raisons économiques qui sont plus importantes pour le monde des
services financiers qu'elles le sont pour le monde de la construction ou pour
le monde de l'hôtellerie, M. le Président? On pourra en discuter
plus en détail quand on arrivera au niveau des articles. Mais,
effectivement, les services financiers qui retrouvent des concordances entre
les deux lois sont détaxés plutôt d'exonérés.
la taxe sur les assurances sera maintenue au taux courant. encore une
distinction même s'il y a des concordances. on continue, m. le
président: les taux de remboursement des organismes de services publics
sont différents. il y a de la concordance dans les articles, mais, pour
les taux, on va y aller avec une distinction. et là je cite: pour les
hôpitaux, on a un taux de remboursement de la tps dans les hôpitaux
de 83 % au niveau des services publics. au québec, le taux de
remboursement est de 18 %. au niveau des municipalités, le taux de
remboursement des organismes de services publics est différent: on a 57,
14 % pour la tps et, au niveau de la tvq, on a 37 %. au niveau des
universités, on a un taux de remboursement des organismes de services
publics de 67 % et, au québec, de 23 %. les écoles: tps 68 %, tvq
23 %. alors, même si on a des articles de concordance, on se retrouve
avec des taux de remboursement différents.
La période de déclaration est mensuelle seulement, M. le
Président, au niveau de la TVQ, c'est différent de la TPS. Pour
la TPS, on a des périodes, on a des choix. On a trois mois, on a des
possibilités. Mais, au niveau du Québec, c'est uniquement
mensuel; annuel, ça ne marche pas. Nous autres, on collecte, et vite,
ça presse. Il faut que l'argent rentre, on en a besoin. Alors, on ne
donne pas de choix. Un petit détail, mais une distinction majeure sur le
plan de l'application.
Le numéro d'inscription de la TVQ com-
portera 18 positions, ce qui n'est pas le cas au niveau de la TPS. Les
règles transitoires pour les biens meubles corporels ne sont pas
harmonisées. La règle du petit fournisseur n'est
harmonisée que pour les entreprises de services; une petite distinction
en passant. Les règles de mandataire, lorsque celui-ci ne divulgue pas
son mandat à l'acheteur, ne sont pas harmonisées à celles
de la TPS. Les entreprises qui utilisent substantiellement la main-d'oeuvre de
handicapés jouiront d'un crédit fictif de TPS de 100 % en 1991,
lequel diminuera de 25 % par année pour disparaître en 1994. Cette
mesure n'est pas harmonisée pour la TVQ. Pour les handicapés, la
TVQ, ce n'est pas important. Alors, on n'en tient pas compte dans
l'harmonisation au Québec; par contre, la TPS, eux, ils l'avaient
prévue.
M. le Président, écoutez, je ne veux pas non plus partir
le débat en prenant une heure, mais je voulais simplement jeter
immédiatement les bases de discussion. Qu'on arrête de nous parler
d'harmonisation, s'il vous plaît! Actuellement, on a un projet de loi qui
ne s'harmonise pas du tout et, effectivement, quant à ne pas être
harmonisé et faisant cavalier seul, je vous dis, M. le Président:
II y aura des conséquences économiques majeures sur notre
territoire suite à ce projet de loi et on devrait penser
carrément, non à le reporter, mais à le retirer de la
commission. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): merci, m. le
député de montmorency. est-ce qu'il y a d'autres
déclarations d'ouverture? m. le député de labelle.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Merci, M. le Président. Nous nous
retrouvons le 3 décembre 1991 avec un autre projet de loi sur la taxe
sur les produits et services québécoise, la TPS
québécoise. J'ai écouté le ministre tout à
l'heure et je veux faire une rectification par rapport à ce qu'il a
déclaré. Il a dit que, somme toute, l'Opposition officielle
était d'accord avec lui qu'il y avait juste quelques
éléments de détail qui faisaient qu'on s'opposait à
son projet de loi et qu'on s'était opposés l'an dernier.
Puis-je lui rappeler qu'il a imposé le bâillon sur le
projet de loi 89? Peut-être que ça ne l'énervé pas
d'imposer le bâillon, mais c'est la suspension des règles de
l'Assemblée nationale, c'est ça que ça veut dire. C'est
ça qu'il a fait l'an dernier, après quelques heures de
débat seulement. Parce qu'il était incapable de supporter le
débat, il a fait suspendre les règles de l'Assemblée. Je
regrette de le décevoir, l'Opposition officielle s'est opposée,
et pour plusieurs raisons, à ce projet de loi et à la conception
même de la réforme. Nous l'avons exprimé à plusieurs
reprises, mais j'ai l'impression qu'il faut lui raffraîchir la
mémoire.
Nous sommes d'accord sur une taxe sur la valeur ajoutée, nous
l'avons dit. La TPS fédérale, comme la TPS Québec, est de
la même farine, mais elle n'est pas une taxe sur la valeur
ajoutée, comme elle était appliquée en Europe notamment.
Nous avons indiqué, et c'est la réalité, qu'il y a
plusieurs taux en Europe, dans les pays où il y a une taxe sur la valeur
ajoutée, généralement, très
généralement, et qu'elle peut constituer, en fait, une mesure de
soutien à l'économie, le cas échéant. Mais nous lui
avons rappelé à plusieurs reprises durant le débat, l'an
dernier, que la taxe sur la valeur ajoutée avait été
introduite, par exemple, en France et dans d'autres pays, avec d'infinies
précautions parce que les dirigeants de ces pays étaient
conscients de l'impact sur l'économie, ce que le gouvernement, ici, ne
démontre pas, loin de là.
De plus, nous avions indiqué que cette taxe avait
été introduite à un mauvais moment, au moment où
nous entrions en récession économique, très clairement, et
ce n'était pas l'occasion de le faire, au contraire, ces taxes
étant généralement imposées pour modifier les
systèmes à un moment où l'économie est en reprise
et non pas en descente, en chute libre, comme nous l'étions l'an
dernier. Nous nous sommes opposés, pour d'autres raisons qu'on pourrait
retrouver dans le débat d'alors, mais le ministre veut essayer de faire
croire que l'Opposition était d'accord avec lui. Non, M. le
Président, la vérité a quand même ses droits. Alors,
je veux bien, il peut tenter de petites manoeuvres comme celle-là, mais,
à mon sens, il n'y a pas lieu de le faire.
Le projet de loi 170 a été déposé à
l'Assemblée nationale le 7 novembre dernier, il y a peu de temps. Nous
avons fait le débat de deuxième lecture; il a été
terminé la semaine dernière. Le vote a eu lieu la semaine
dernière et je prierais le ministre de noter que nous avons voté
contre. Nous avons voté contre, il faudrait qu'il le retienne. Donc,
nous allons faire une opposition à son projet de loi. En principe, nous
sommes contre, il faudrait qu'il en prenne acte.
Il compte 686 articles, ce projet de loi. Il nous arrive deux semaines
avant la fin de la session. Exactement le modèle de ce que nous avions
vécu l'an dernier: la dernière minute, les fins de session, il va
passer ça à minuit, le soir, et on fera le débat, je
suppose, de nuit, pour éviter que les gens soient bien conscients de ce
qui se passe à l'Assemblée nationale. Méthode connue chez
les gens d'en face. Technique de non-transparence, en même temps qu'il
parle de transparence. C'est ce qu'on appelle parier des deux
côtés de la bouche en même temps. 686 articles, cela indique
l'importance du projet de loi. Il n'y en a pas beaucoup, des projets de loi de
cette épaisseur. J'en ai connu un, dans le temps, qui était la
réforme de la fiscalité municipale, qui était à peu
près de cet ordre-là. On en a un autre, la réforme du
Code
civil, dont on a mis 15 ans à faire l'accouchement; lui, il est
plus gros. Mais ici, c'est considérable et très technique. Le
ministre me semble téméraire. Ou peut-être pas. C'est que,
au fond, il veut camoufler le débat, comme d'habitude, le faire à
la fin et crier que l'Opposition ne fait pas son travail. L'Opposition,
justement, veut faire son travail; le gouvernement l'en empêche par des
mesures dilatoires. C'est ça qu'il fait. (16 h 15)
Moi, je pense qu'il va falloir le regarder, ce projet de loi. Mon
collègue de Montmorency l'a regardé, malgré le peu de
temps dont il a disposé déjà. Il en a fait une
étude article par article et nous allons demander au ministre des
explications sur ces articles. Nous avons collaboré lorsqu'il s'est agi
de passer des projets de loi au mois de juin dernier sur la taxe sur les
tabacs, sur la taxe sur les carburants. Si on prend la taxe sur les tabacs,
ça devait régler tous les problèmes et c'était la
raison pour laquelle il était urgent de procéder. Bien, les
échos qu'on en a à l'heure actuelle, c'est que la situation ne
s'est pas améliorée beaucoup. On me dit que la consommation des
tabacs aurait baissé de 20 %, mis à part les
considérations de santé. Il reste qu'on peut s'interroger si
vraiment la consommation de tabac a baissé de 20 % ou si, finalement,
à cause de son projet de loi, il n'a pas ouvert la porte à plus
d'évasion fiscale. Bref, il n'y a rien de moins sûr que d'adopter
des projets de loi à la vapeur, sous prétexte que c'est urgent,
parce que c'est généralement dans ce temps-là qu'on fait
des erreurs, comme le ministre les a faites ou semble les faire, en tout cas,
en ce qui concerne les tabacs.
M. le Président, sur le projet de loi 89 de l'an dernier,
effectivement, ils ont eu recours au bâillon pour pouvoir passer
ça avant les fêtes. C'était urgent. Ils avaient
annoncé ça de façon camouflée dans le budget du 26
avril 1990, tellement camouflée que personne ne s'était trop
posé de questions parce qu'en réponse aux questions, même
à l'Assemblée nationale, c'était des réponses,
comme d'habitude, évasives. Il n'y avait rien à y comprendre.
Dans les textes eux-mêmes, il n'y a rien à y comprendre. Ils se
sont amenés en fin de vacances, à l'occasion de la crise
autochtone et de la convocation spéciale de l'Assemblée nationale
pour voter la création de la commission Bélanger-Campeau. Tout
à coup, petite déclaration ministérielle dont les
conséquences revêtaient une ampleur sans précédent.
Au fond, une telle déclaration ministérielle aurait dû
donner lieu à un discours sur le budget supplémentaire parce
qu'elle affectait les équilibres financiers pour des sommes
significatives et surtout, surtout, elle impliquait une réforme fiscale
majeure dont on a escamoté le débat, dont on voulait camoufler le
débat. C'est ça qui s'est passé.
La réforme qui était annoncée au mois d'août,
le 30 août 1990, devait se faire en deux étapes. Il y avait
d'abord l'élargissement de l'assiette de biens taxables aux
vêtements et aux chaussures, aux meubles, aux appareils
électroménagers de base, au savon, au textile, aux journaux et
périodiques et fournitures scolaires à compter du 1er janvier
1991. Élargissement, première étape, étape majeure.
Et on devait réduire aussi certaines taxes spécifiques à
compter de la même date et, surtout, il s'agissait de réduire le
taux de la taxe de vente de 9 % à 8,56 %, de 9 %à8 % dès
le 1er janvier 1991.
M. le Président, je pense qu'il y a des questions que nous avons
posées à l'époque, tout le long, depuis qu'on en parle,
des taxes, des questions qui portent sur les retombées de la taxe. Par
exemple, quelle est la valeur de la taxe de vente du Québec sur les
services? Quel est le rendement pour le gouvernement? C'est une question
précise que l'Opposition doit poser dans tout débat sur le
budget, dans tout débat qui porte sur des changements à la
taxation et je crois que c'est une question qui ressort de la
responsabilité des parlementaires parce qu'on nous demande de voter une
mesure dont on ne connaît pas les retombées, dont on ne
connaît pas l'ampleur tant qu'on n'a pas répondu à cette
question. Le ministre n'a jamais répondu. De la même façon,
quel est le rendement de la taxe de vente québécoise sur
l'habitation? Les impacts sur l'habitation sont considérables. Il me
semble qu'on doit avoir une réponse à cette question. Quels sont
les crédits, finalement, auxquels on donne ouverture par l'adoption des
projets de loi 89 l'an dernier, 170 maintenant et, possiblement, dans le
discours sur le budget? Mais disons, pour nous en tenir aux projets de loi 89
et 170, quel est le rendement de la taxe de vente du Québec sur
l'habitation? C'est une question qui se pose, et c'est une question à
laquelle nous devrions avoir une réponse pour savoir l'impact sur les
budgets de nos concitoyens. Nous n'avons jamais eu de réponse
précise à cette question.
Je voudrais en poser une troisième, parce que le ministre, je
suppose, note les questions que je pose encore une énième fois.
Quelle est la valeur de la taxe de vente du Québec en ce qui concerne la
détaxation des intrants? Quel est le coût de la détaxation
des intrants pour le gouvernement? Quelle est la somme que le gouvernement doit
remettre aux entreprises lorsqu'il détaxe les intrants? Parce que, dans
le premier jet de sa réforme annoncée le 30 août 1990, il
devait y avoir une détaxation sur les intrants payables au début
de l'année 1991. Nous avons posé des questions au ministre des
Finances là-dessus. Je sais que le ministre du Revenu va peut-être
me répondre, ou va probablement me répondre: C'est le ministre
des Finances qui peut répondre à cette question. Mais le ministre
des Finances, lorsqu'on lui pose la question, ne répond pas. La loi
n'est pas votée. Il répond de ; façon évasive, en
parlant de quelques centaines : de millions. L'Opposition, qui pose des
questions
au nom de la population du Québec, n'a pas de réponse
à cette question, n'a pas de réponse précise à
cette question.
Il s'agit là d'éléments et de lois qui ont des
impacts directs sur les équilibres financiers et le sens
démocratique, la transparence, la simple décence voudraient qu'on
réponde à cette question. Il me semble que le gouvernement,
à un bon moment donné, devrait se décider à
répondre à des questions qui portent sur ces impacts financiers.
Nous n'avons pas ces réponses, M. le Président. Nous ne les avons
pas, et puis on nous demande de voter un projet de loi. On nous demande de
voter un projet de loi de 686 articles sur cette taxe de vente, qui porte en
bonne partie sur les services, cette fois, sans donner l'ampleur de la
réforme en termes financiers, sans donner les effets clairs et nets sur
les budgets du gouvernement. Ce que nous avons, ce sont des bribes
d'information, jamais le tableau synthèse.
Évidemment, d'un point de vue électoral, le gouvernement
ne veut pas donner les réponses parce qu'il connaît jusqu'à
quel point il serait vulnérable dans le public. Mais sa
responsabilité, c'est de répondre aux questions et
d'éclairer le public, de ne pas faire des discours sur la transparence
et puis de s'arranger, par tous les moyens possibles, de cacher le
débat, de le camoufler, fin de session, la nuit. Il me semble que, si le
gouvernement a pris la décision d'adopter une telle réforme, de
la faire voter par l'Assemblée, il a des chiffres. Il a établi
les coûts et les rendements de cette réforme, autant pour
l'année 1991-1992 que pour l'année 1992-1993. Nous n'avons que
des bribes de chiffres par différence, par rapport au budget, et on a pu
établir qu'il s'agissait d'un impact majeur de l'ordre de 1 000 000 000
$, et non pas d'une réforme neutre comme il avait été
annoncé, mais d'une réforme dont le rendement atteignait autour
de 1 200 000 000 $, 1 300 000 000 $.
Entre-temps, le gouvernement, qui avait prévu une deuxième
étape à l'effet, par exemple, de l'élargir aux services,
cette taxe, cette TPS québécoise, et surtout de baisser le taux
de la taxe de 8,56 % à 7,49 %, n'a pas procédé, est revenu
sur sa décision, a changé son fusil d'épaule lors du
discours sur le budget du 2 mai 1991. Cela lui a rapporté des centaines
de millions de plus. Des centaines de millions de plus.
Il a changé d'idée en cours de route. Il avait
déjà changé d'idée sur les livres, au mois de
décembre dernier. Tout le monde s'était élevé
contre leurs propositions en ce qui concerne le livre, les journaux, au
Québec, justement parce que nous vivions dans un milieu francophone et
qu'il était dramatique que le gouvernement taxe les imprimés et
les livres. Tout le milieu de l'édition s'était
élevé contre cette mesure et, finalement, le ministre des
Finances s'est rendu au bon sens. Ces milieux, avec l'Opposition, l'avaient
réclamé durant des semaines, durant des mois, et il s'est rendu
au bon sens. Mais il s'est repris le printemps dernier, en augmentant de
façon significative le rendement de cette taxe.
M. le Président, ce gouvernement gouverne à courte vue,
selon des événements de court terme, ne peut pas prévoir.
Nous avions indiqué les effets qu'aurait cette décision de passer
cette taxe à ce moment. Nous lui avions indiqué justement que ce
n'était pas le moment de le faire, qu'en augmentant les taxes à
la consommation il baisserait, il empêcherait la consommation de
reprendre en pleine période de récession économique, et il
est le premier responsable de cette récession économique. En
plus, en pleine période de récession, il a créé,
par l'imposition de la taxe à la consommation, de l'inflation, ce qui a
encore accentué la récession. C'est leur
responsabilité.
Et je ne suis pas le seul à démontrer ce fait, M. le
Président. Le Conseil économique du Canada les avait
prévenus que c'est ce qui arriverait. Il avait prévenu le
gouvernement fédéral et par le fait même, normalement, les
gouvernements des provinces, et le gouvernement du Québec qui devrait
lire, ou en tout cas qui est supposé lire les rapports du Conseil
économique du Canada. Alors, non seulement ils n'ont pas lu les effets
qu'a démontrés le Conseil économique du Canada par la TPS
fédérale, mais ils ont accentué,
accéléré, cet impact en imposant leur propre taxe. Non
seulement ils devaient la baisser à 7,49 %, ils l'ont maintenue à
8,56 %; 1,7 % de plus, 1,7 % d'augmentation de la taxe de vente, mine de rien,
juste une simple ligne. Évidemment, du côté du gouvernement
on n'a pas été très loquace sur cette mesure, sur cette
décision. On essaie de la faire oublier.
Oui, M. le Président, il me reste une minute. Je vais donc
conclure. Je sais que le ministre a l'air impatient, il consulte l'heure, il
vous demande combien il me reste de temps, il n'aime pas qu'on lui pose des
questions, il n'aime pas qu'on lui dise son fait. Effectivement, il aime mieux
essayer de faire croire que l'Opposition est d'accord avec lui. Eh bien non, M.
le Président! L'Opposition n'est pas d'accord avec lui, pas plus
maintenant. Et, au moins, il aurait fallu qu'il reporte l'application de la TPS
sur les services au moins d'un an. Il faudrait au moins que la reprise se fasse
sentir. Non, il va la faire le 1er juillet. Il va l'appliquer le 1er juillet,
tout le monde sera parti en vacances. Tout le monde sera parti en vacances, il
n'y aura plus de débat, il n'y en aura pas. C'est ce qu'il cherche,
systématiquement, à faire dévier les débats,
à les cacher, à les faire passer durant les périodes de
vacances. Les décisions difficiles, on fait passer ça dans les
périodes de vacances et, là, on vous fait des gros shows, des
gros et grands spectacles qui coûtent d'ailleurs des sommes
pharami-neuses aux contribuables pendant qu'on a l'attention de la presse.
M. le Président, encore une fois, mesure de camouflage. On arrive
à la fin de la session avec ce projet de loi 170 qu'on veut adopter
après des discussions escamotées, encore une fois.
Le Président (M. Lemieux): Très bien, M. le
député de Labelle.
M. Léonard: Merci, M. le Président, on y reviendra.
Ce n'est pas terminé comme ça.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a d'autres
remarques préliminaires? M. le député de La Prairie. (16 h
30)
M. Denis Lazure
M. Lazure: Merci, M. le Président. Je regardais dans le
dossier, tout à l'heure, certains titres de journaux. C'est toujours
intéressant de voir enligner la série des contradictions du
gouvernement, que ce soit en matière de taxation ou d'autres sujets
comme la santé ou la culture. J'ai devant moi un grand titre de La
Presse, le samedi 10 février 1990, donc, pas longtemps après
l'élection de 1989. À ce moment-là, on peut lire dans
La Presse ce samedi: "Québec écarte toute TPS", ce qui
était de nature à rassurer à l'époque le
député de Montmorency, M. Yves Séguin, et il avait cru en
son gouvernement, lui. Il l'avait pris au pied de la lettre et il s'est dit:
Bon, je peux leur faire confiance.
Une voix: Lui, c'était un bon ministre.
M. Lazure: Je peux leur faire confiance. Et tout à coup,
pas longtemps après, le gouvernement change d'idée sans trop trop
prendre la peine de convaincre ou d'essayer de convaincre son ministre du
Revenu, fiscaliste réputé, homme intègre, bon
député. Montmorency a une tradition d'élire de bons
députés - et je vous parlerai du nouveau député
tantôt. Le député à l'époque, M. Yves
Séguin, s'est fait passer un sapin monumental. Ses collègues du
Conseil des ministres, en dépit de l'assurance qui avait
été donnée, en février 1990, que Québec
écarte toute TPS, en dépit de ça, x mois plus tard, le
Conseil des ministres décide: Oui, il y aura la TPS, oui, il y aura la
TVQ. Le député de Montmorency, ministre du Revenu, fiscaliste
réputé, logique avec lui-même, démissionne.
Ça fait beaucoup de fracas. Ça nous laisse des articles fort
intéressants de cet ex-ministre du Revenu. J'ai devant moi un extrait du
Soleil, mardi 23 octobre 1990: "Une taxe complexe, injuste, chère
et dure". Complexe, injuste, chère et dure, c'est ça la TPS.
Je comprends que nous avons eu l'occasion, il y a un an, avec le projet
de loi 89, de critiquer cette TPS. Mais le gouvernement continue de
mériter le même blâme aujourd'hui parce qu'il continue dans
le même sillon, même si, entre-temps, de son aveu même, il a
perdu l'élection complémentaire de Montmorency à cause des
taxes.
Un des députés de la région de Québec - je
ne sais pas s'il est encore parrain...
M. Savoie: Ce n'est pas gentil pour votre collègue. Ha,
ha, ha!
M. Lazure: ...le député de Charlesbourg... M.
Savoie: Ce n'est pas gentil.
M. Lazure: ...et ministre de la Santé, a prétendu
dans son commentaire, le soir ou le lendemain de l'élection, que si on y
a goûté c'était à cause des taxes. Mais le projet de
loi qu'on a devant nous, il est un peu, comme l'ex-ministre le disait,
complexe, injuste, dur, et ce gouvernement continue de vouloir, dans une
période de temps où les gens sont pris, où les faillites
commerciales se multiplient, les usines ferment, le chômage augmente, les
gens sont pris à la gorge, et ce gouvernement continue à dire:
Oui, il faut augmenter la taxation au Québec. Il faut appliquer la
TPS.
Une autre contradiction de ce gouvernement: octobre 1991, "Johnson juge
Parizeau irresponsable de réclamer le report de la TVQ". Le
collègue du ministre actuel du Revenu, là, son collègue
président du Conseil du trésor; Johnson juge Parizeau
irresponsable. Et le ministre des Finances disait: "La TVQ s'appliquera le 1er
janvier. Levesque n'en démord pas". Ils ont ravalé leurs paroles,
les deux, le député de Bonaventure et le député de
Vaudreuil. Les deux, tout fiers qu'ils sont, tout assurés qu'ils aient
l'air à certains moments, ils sont quand même moins puissants que
le premier ministre. Heureusement, le premier ministre a compris.
Heureusement!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lazure: Heureusement, il a compris et il a reculé. Il a
pris 50 % de la suggestion du chef de l'Opposition qui, lui, dans sa sagesse
disait: II faut reporter d'au moins un an. Le premier ministre libéral a
dit: Bon, d'accord, on va reporter, mais seulement de six mois. Et nous
voilà devant la phase 2 de cette saga.
Mon collègue de Labelle l'a évoqué tantôt, ce
gouvernement a l'habitude d'essayer de passer des projets de loi importants
à des périodes où ça ferait le moins de bruit
possible. Rappelons-nous que, l'été dernier, durant la crise
améri-dienne, le ministre des Finances nous a annoncé cette
petite vite.
M. Léonard: En 1990.
M. Lazure: En 1990, nous avons appris la
nouvelle et, durant la discussion sur le projet de loi 89, on a vu
à quel point le ministre actuel du Revenu avait hérité
d'une énorme patate chaude. Il s'est débrouillé tant bien
que mal et il a même refusé, de façon assez arrogante par
moments, de répondre à nos questions. Est-ce que c'est parce
qu'il n'avait pas vraiment les réponses ou si c'est parce qu'il ne
voulait pas les donner? Je l'ignore, mais je me rappelle très bien qu'il
a refusé de répondre à des questions.
M. Léonard: Les deux.
M. Lazure: Probablement que c'est les deux. Le gouvernement,
à cause de sa majorité, a réussi, évidemment,
à imposer le bâillon à l'Opposition. Est-ce qu'il veut
faire la même chose cette fois-ci encore? On verra bien, mais chose
certaine, M. le Président, il n'y a aucune Opposition responsable qui va
laisser adopter un projet de 689 articles, dans un domaine aussi complexe que
la taxation, sans poser beaucoup de questions. Nous les posons au nom de nos
électeurs. Je pense, notamment, aux groupes de services, que ce soit
dans le domaine du loisir, de la culture ou des services professionnels. Il y a
un tas de groupes qui, déjà, dans nos comtés, probablement
dans les comtés où il y a aussi des députés
libéraux... Je regarde le député de Verdun. Il a
sûrement reçu des représentations de certains groupes qui
disent: Écoutez, vous allez nous pénaliser. D'accord, c'est remis
de six mois, mais quand même, l'été prochain, tout le monde
sera en vacances, il n'y aura pas d'Assemblée nationale et, tout
à coup, le couperet va tomber.
M. Gautrin: ...référendum.
M. Lazure: Le couperet va tomber et les organismes qui
réussissent à survivre de peine et de misère par des
petites subventions qui, dans bien des cas, d'ailleurs, n'ont pas
été indexées depuis six ans, depuis 1985, à cause
de la mesquinerie du gouvernement actuel, mais ces groupes-là, en plus,
auront une TVQ à payer. m. le président, j'étais aussi
scandalisé de voir que ce gouvernement-ci ne s'est même pas
donné la peine d'essayer d'harmoniser une clause particulière qui
touche les personnes handicapées. mon collègue de montmorency y a
fait allusion tantôt, mais les entreprises qui utilisent principalement
de la main-d'oeuvre formée de personnes handicapées jouissent
d'un crédit de tps au niveau fédéral de 100 % en 1991. je
comprends que ça diminue de 25 % pour cesser en 1994, mais c'est quand
même une mesure qui avantage les employeurs qui se donnent la peine de
tenter l'intégration de personnes handicapées au milieu du
travail. ce n'est pas facile et ils ont cette petite compensation
financière du gouvernement fédéral.
La question précise que je pose au ministre:
Pourquoi n'en a-t-il pas tenu compte? Pourquoi est-ce que ce n'est pas
harmonisé avec son projet de loi? C'est un des nombreux exemples qu'on
pourrait donner où on note une espèce d'improvisation et
où le citoyen ordinaire ne peut pas se retrouver dans une
rédaction aussi complexe, un jargon légaliste qui est tout
à fait rebutant. Moi, M. le Président, je ne sais pas s'il y a
vraiment amélioration dans la confection ou la rédaction des
formules d'impôt au Québec. On me dit que oui.. Bon. Mais il n'y a
sûrement pas amélioration dans la rédaction des projets de
loi. S'il y a un domaine où le ministre devrait prendre le leadership
politique et exiger de ses conseillers juristes qu'il y ait un effort vraiment
massif de fait pour rendre plus digestibles ces textes-là... Ce n'est
pas tous les gens qui ont les moyens de payer les tarifs des fiscalistes. Je ne
sais pas s'ils sont vraiment plus élevés que les tarifs des
avocats ou des psychiatres...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Savoie: II a certainement une dent contre le
député de Montmorency.
M. Lazure: ...mais on me dit que c'est très
élevé et ça prend pratiquement un fiscaliste pour
comprendre certains articles de ce projet de loi.
M. le Président, à cause des pressions venant des milieux
de la culture, à cause des pressions de l'Opposition, le gouvernement a
finalement décidé, on se souviendra, après beaucoup de
contradictions encore une fois à l'intérieur des rangs du Conseil
des ministres, d'exempter les livres. Mais il faut qu'il y ait plus
d'exemptions dans le domaine de la culture. Ça, c'est un minimum.
C'était scandaleux que ce gouvernement-là n'ait pas pensé
de lui-même à exempter les livres pour une société
d'à peine 6 000 000 qui a à se débattre pour conserver sa
culture dans un océan de 300 000 000 d'anglophones. Mais il a fini par
comprendre. Est-ce qu'il pourrait comprendre cette fois-ci qu'il faut qu'il
applique cette exemption-là à autre chose que les livres? Aux
disques notamment, aux spectacles et à diverses formes de manifestations
de la culture.
Les commentaires qu'on faisait en 1990, il y a un an, sont toujours
d'actualité et les analystes économiques, semaine après
semaine, confirment que, dans la série de facteurs qui expliquent la
récession actuelle, l'imposition de la TPS a joué un rôle
majeur. Le gouvernement n'a pas l'air de s'en rendre compte. Puisqu'il est
encore temps, il faudrait qu'il ait le courage de reculer ce projet de loi, et
il est abusif dans le sens qu'il vient consacrer un geste intempestif. Il vient
le faire sans donner aux parlementaires et aux groupes intéressés
le temps de l'étudier calmement, de poser toutes les questions qu'on
doit poser.
Dans les groupes qui nous ont fait des
représentations dans les bureaux de députés, M. le
Président, il y en a un bon nombre aussi qui sont des groupes de
services, de consultants, des gens qui offrent des services professionnels. Je
pense, par exemple, aux orienteurs professionnels. Ces gens-là, bien
souvent, ont des rôles à jouer presque à cheval sur le
domaine de l'éducation, de l'enseignement à nos jeunes. On sait
qu'actuellement... Encore ce matin, dans les journaux, on rapportait que les
francophones au Québec sont le neuvième groupe ethnique le moins
scolarisé. On sait que la société en général
réclame des mesures plus vigoureuses pour favoriser, pour valoriser
l'enseignement, surtout l'enseignement professionnel aux jeunes. Bien souvent,
les jeunes ne se dirigent pas vers l'enseignement professionnel parce qu'ils
sont mal orientés, justement. (16 h 45)
Les commissions scolaires nous disent: Oui, mais nous n'avons pas les
budgets voulus pour avoir des orienteurs. Alors, les familles se tournent et
essaient de peine et de misère de trouver les fonds voulus pour payer un
orienteur au plan privé. Ces mêmes orienteurs nous disent: Avec la
TVQ, la taxe sur les services, nous aurons à augmenter les tarifs et
ça va pénaliser un grand nombre de jeunes. C'est un exemple, M.
le Président, que je vous donne des retombées malheureuses que
cette taxe aura à partir de juillet prochain.
Il y a une dernière remarque que je veux faire aussi: la
confusion que cette taxe a créée dans les commerces. On n'a
qu'à se promener dans les centres d'affaires. Du fait que le
commerçant est libre d'inclure ou de ne pas inclure la taxe dans le prix
pour un même article, on peut voir TPS et TVQ toutes lés deux
incluses dans le prix de vente. Pour un autre article dans le commerce B, ce
sera la TPS seulement incluse, TVQ non incluse. Finalement, dans un
troisième cas, vous aurez les deux qui sont exclues, si je peux dire, du
prix de vente. Alors, c'est la tour de Babel, c'est la confusion totale.
Puisqu'on parte d'un projet de loi qui est supposé harmoniser, est-ce
que le ministre ne pourrait pas nous expliquer pourquoi son gouvernement ne
réussit pas à s'harmoniser, à convaincre le gouvernement
fédéral de prendre une position commune, de faire en sorte que,
ou bien ces taxes-là sont incluses, ou bien elles ne le sont pas? Mais
qu'on ne tolère pas cette situation tout à fait confuse qui
pénalise le consommateur.
M. le Président, je voudrais réitérer encore une
fois, comme mes collègues l'ont fait, l'opposition farouche que notre
formation politique va manifester à ce projet de loi, pour toutes les
raisons que j'ai évoquées tout à l'heure en plus des
raisons que nous avions évoquées à l'occasion du projet de
loi 89. S'il y a quelque chose, notre opposition est encore plus virulente
parce que l'état économique du Québec, actuellement, la
situation des citoyens et des citoyennes au Québec est encore plus
difficile qu'elle ne l'était il y a un an. Alors, raison de plus pour
que nous demandions à ce gouvernement de retirer son projet de loi et de
le reporter sine die, de permettre aux gens de connaître un début
de sortie de récession avant d'être assommés par d'autres
taxes, à partir de l'été prochain. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Laprairie. Est-ce qu'il y a d'autres remarques
préliminaires? Mme la députée de Taillon.
Mme Pauline Marois
Mme Marois: Merci, M. le Président. J'ai beaucoup de
choses sur lesquelles je veux pouvoir faire un certain nombre de
réflexions avec les membres de cette commission, M. le Président.
D'abord, je suis un petit peu étonnée de ne pas voir intervenir
les députés de la formation ministérielle, compte tenu que
le premier ministre a semblé dire que c'était eux qui, avec leur
insistance, avaient amené le gouvernement à reporter
l'implantation de la TVQ sur les services. Alors, ça m'étonne un
peu qu'au moment où on s'engage dans la discussion sur le projet de loi,
plus technique, évidemment, qui concerne toute cette
réalité, ça m'étonne un petit peu qu'on soit devenu
tout d'un coup silencieux.
Le Président (M. Lemieux): sur le projet de loi comme tel,
aux remarques préliminaires. le droit de parole de chacun des
députés lui appartient. il a le droit de décider
d'intervenir ou de ne pas intervenir. c'est un droit qui lui est propre. alors,
s'il vous plaît, en vertu de l'article 211, sur le projet de loi 170.
Mme Marois: Je suis d'accord, M. le Président, mais je
pense qu'il n'est pas nécessairement impertinent de faire remarquer
que...
Le Président (M. Lemieux): Par rapport à
l'étude du...
Mme Marois: il pourrait être intéressant d'entendre
certains points de vue.
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Taillon, s'il vous plaît, le projet de loi 170.
Mme Marois: Cela étant dit, on assiste, à ce
moment-ci, avec ce projet de loi, comme avec beaucoup d'autres projets de loi
ou d'autres projets au gouvernement, je dirais, à une espèce
d'intégration de nos mesures budgétaires et de nos mesures
fiscales et à une espèce - et je vais aussi loin que ça -
d'assimilation, finalement, de nos outils, et à une espèce de
domina-
tion par le gouvernement fédéral, en ce qui a trait au
choix que l'on pourrait faire en matière fiscale et en matière
budgétaire. C'est évident que dans le cas présent on
s'harmonise avec les propositions, les projets présentés et
défendus par Ottawa, mais, si on fait ça aujourd'hui à
l'égard de la TPS, on le fait, d'autre part, à l'égard,
par exemple, des modifications dans les régimes de rentes de nos
employés des secteurs public et parapublic.
On a devant nous actuellement des projets de loi - on a au moins trois
projets de loi qui sont devant nous, M. le Président - dont toute fa
première partie consiste essentiellement à s'harmoniser avec les
mesures présentées, déposées, proposées et
acceptées par le gouvernement d'Ottawa. Est-ce qu'on n'est pas en train,
finalement, de nous-mêmes restreindre notre propre capacité
d'intervention? Je trouve ça dommage que nous participions à un
tel processus, M. le Président, parce que c'est autant d'outils de moins
que le gouvernement du Québec, que l'État du Québec peut
utiliser pour corriger le tir quand on se trouve dans des situations difficiles
ou, tout simplement, pour réaliser des projets quand on veut pouvoir le
faire. A contrario, M. le Président, il serait peut-être
intéressant de souhaiter que, d'autre part, toujours en matière
fiscale, le gouvernement fédéral, lui, tente de s'harmoniser un
peu ou, à tout le moins, de tenir compte de la réalité
québécoise.
On a un bel exemple, entre autres, où le ministre du Revenu et le
ministre des Finances du Québec devraient être sur toutes les
tribunes pour dénoncer une telle situation et faire les
représentations nécessaires à Ottawa. Je pense, entre
autres, au changement apporté par l'actuel ministre des Finances au
fédéral, M. Mazan-kowski, à l'égard des entreprises
québécoises où, par une toute petite mesure
annoncée dans son budget, il va taxer, il va faire en sorte que les
entreprises québécoises vont être taxées de l'ordre
de 350 000 000 $ de plus qu'elles ne l'étaient par le passé,
parce qu'on va effectivement aller taxer la masse, les éléments
qui concernent les taxes sur la masse salariale, ce qui est carrément
inacceptable. Comment se fait-il que nous, de ce côté-ci, on
s'harmoniserait avec Ottawa, mais que, de son côté, il pourrait
faire à peu près n'importe quoi sans que nous soyons
consultés, sans que nous ayons notre mot à dire et sans que nous
tentions de proposer des avenues qui permettraient, nous aussi, de les amener
à s'harmoniser?
Un critique en matière fiscale et financière de La
Presse, M. Piché, disait: M. Mazankowski, en imposant
uniformément son changement à travers le Canada, amènera
les entreprises québécoises à payer 350 000 000 $ des 700
000 000 $ qu'il va aller chercher. Plus de la moitié, en fait, de ce que
M. Mazankowski va aller chercher à travers tout le Canada va être
pris à même les entreprises québécoises, qui ne sont
pas en très bonne posture, soit dit en passant. On pourrait longuement
en débattre ici. Il dit: II ne fait que remplacer une injustice par une
autre injustice. Je le cite toujours. Une solution qui ignore la
réalité particulière du Québec dans ce dossier
risque d'amplifier le problème au lieu de l'atténuer. Pendant
qu'il est encore temps, celui-ci a tout intérêt à
écouter les représentations des milieux d'affaires et à
élaborer avec eux un règlement qui tient compte de leurs
contraintes. C'est bien beau d'avoir raison, mais ce n'est pas une excuse pour
assommer tout le monde. Et je ferme la citation.
Mais je pense qu'on pourrait appliquer, cependant, le dernier
élément de la citation au gouvernement et au ministre du Revenu
avec la loi qui est devant nous et qui vient effectivement amplifier le
phénomène de désorganisation économique devant
lequel on est confronté actuellement au Québec. Le, report de sa
taxe est en partie un maquillage parce qu'effectivement il avait prévu
de détaxer les intrants en même temps, évidemment, que
s'implantait cette nouvelle taxe sur les services, mais dans les faits il ne le
fera pas non plus. Alors, les entreprises vont continuer à casquer, M.
le Président, et il le sait, il le sait très bien. Il me semble
qu'à cet égard, au Québec, les entreprises ont
été particulièrement maltraitées si on pense aux
différents budgets successifs présentés par le
gouvernement actuel qui ont fait en sorte que le total de l'impact, pour
1991-1992, va être de 217 000 000 $ pour les entreprises et, pour
1992-1993, de 450 000 000 $ en hausses de taxes.
Le ministre me regarde en sourcillant, et je sais très bien ce
à quoi il pense. Il dit: Vous savez très bien que par
l'implantation de cette nouvelle taxe sur la valeur ajoutée, même
si ce n'en est pas une, comme l'a très bien expliqué...
c'est-à-dire si le Québec ne l'a pas appliquée de la
façon dont on aurait souhaité au Québec, il va me dire:
Oui, mais nous avons détaxé, nous avons enlevé la taxe aux
manufacturiers, entre autres, si on prend la taxe sur les produits. Mais il va
se souvenir aussi que non seulement, au Québec, les vêtements, les
chaussures, les meubles n'étaient pas taxés, mais qu'en plus ces
industries-là n'avaient pas non plus à payer la taxe aux
manufacturiers. Alors, imaginez quel saccage le gouvernement du Québec
peut faire avec l'ensemble de ces mesures fiscales à l'égard de
certaines entreprises qui vivent déjà des difficultés
particulièrement importantes.
Je vais m'arrêter, d'ailleurs, à l'impact de la TVQ sur
certaines entreprises. Je pense entre autres au tourisme. Est-ce que le
ministre n'est pas conscient qu'actuellement il va, par sa taxe sur les
services, faire en sorte d'exporter encore davantage le tourisme? Parce que la
consommation de tourisme interne risque effectivement, par les touristes
québécois, donc de produits touristiques internes, d'être
désavantagée. On
sait qu'actuellement il y a toute une polémique le long des
frontières où on connaît nombre de Québécois
et de gens d'autres provinces, dans d'autres cas, mais de
Québécois qui se rendent de l'autre côté des
frontières pour se procurer un certain nombre de produits. Est-ce que le
risque n'est pas aussi grand du côté de l'industrie touristique?
Évidemment, on sait l'importance que ça a dans l'ensemble de
l'économie québécoise, qu'il s'agisse de
l'hôtellerie, qu'il s'agisse du ski, des loisirs en
général. Le ministre peut sourciller, mais j'aimerais qu'il aille
défendre son point de vue devant l'industrie touristique, qui est venue
lancer un cri d'alarme, entre autres à son collègue, il y a
à peine quelques semaines, ici devant l'Assemblée nationale.
Cette industrie, qui est une industrie majeure pour le Québec et
qui nous permet justement d'aller chercher des devises à
l'étranger, qui nous permet d'accueillir chez nous non seulement des
personnes, mais aussi d'accueillir une richesse économique, est-ce qu'il
n'a pas l'impression ainsi qu'il détruit d'une main ce qu'il essaie de
faire de l'autre? Dans ce sens-là, je pense que la demande qui lui est
faite par l'Opposition est loin d'être une demande futile, au contraire.
Quand on sait, en plus, que l'imposition de la taxe québécoise a
fait en sorte que le Québec se trouve encore dans le peloton de
tête en ce qui a trait à l'inflation et que cela a eu aussi,
à cet égard, un impact important encore une fois sur notre
économie.
Donc, le projet de loi qui est devant nous devrait effectivement tout
simplement être retiré. D'abord, je me dis: On n'a pas à
s'inféoder au gouvernement d'Ottawa; les autres provinces ne l'ont pas
fait. Nous qui prétendons, à tous égards - et moi, j'en
suis convaincue déjà depuis un bon moment - être une
société distincte, être un peuple distinct, posséder
nos outils et nos instruments, voilà qu'on va s'harmoniser sur à
peu près tout ce qui se passe du côté d'Ottawa, mais
ça se fera à sens unique. Nous, on le fait, mais, quand Ottawa
regarde ce qui se passe au Québec, lui ne se gêne pas pour venir
taxer nos entreprises et ne pas tenir compte de la réalité
québécoise sur notre territoire.
À cet égard-là, j'espère que les
débats que nous aurons ici pendant un bon moment, puisque le projet de
loi a un nombre d'articles fort important, pourront permettre au ministre du
Revenu de réfléchir un peu plus en profondeur, ce qui
l'amènera à recommander à son gouvernement de retirer le
projet de loi qui est devant nous. (17 heures)
De toute façon, ce ne serait pas la première fois qu'il
changerait de point de vue puisque, quand je regarde l'historique qui est
devant moi en ce qui concerne l'ensemble du dossier tant de la TVQ que de la
TPS, le gouvernement s'était engagé à différentes
reprises, en élargissant le champ de l'assiette de taxation, à
baisser le taux de taxation, à le baisser de 1 %, entre autres, au 1er
janvier 1991. On prévoyait réduire la taxe de vente de 9 %
à 8 %. On prévoyait, de la même façon, en
deuxième étape, parce qu'on élargissait la taxe sur les
services, faire passer son taux de 8 %à7 %. qu'est-ce qu'il en est, m.
le président? loin de là. on l'a maintenu, ce taux-/à. on
a enfin accepté d'entendre l'opposition lorsqu'on a demandé qu'il
y ait un report de la taxe sur les services. mais, en même temps qu'on
fait ce report, on ne corrige pas cette question de la taxation sur les
intrants. donc, on ne détaxe pas les intrants. donc, c'est un
marché de dupes. on n'a pas été les seuls à le
dénoncer, d'ailleurs, m. le président, puisque de nombreux
chroniqueurs économiques l'ont fait à différentes
reprises. ce qui fait qu'il m'apparaît que le ministre devrait être
davantage sensible aux arguments que lui présente l'opposition.
Il y a d'ailleurs actuellement plusieurs de ses collègues qui
sont peut-être silencieux à certains moments, mais qui ne le sont
pas à d'autres, puisqu'ils proposent toute espèce d'avenues pour
revoir l'ensemble des finances publiques, pour revoir certaines mesures,
qu'elles soient budgétaires ou fiscales.
Une voix: ...plante verte.
Mme Marois: Et mon collègue me rappelle qu'à
certains moments ils sont plus silencieux et sont, à cet égard,
un peu plante verte, quoi, pour utiliser l'expression consacrée dans
notre jargon politique. C'est un peu décevant pour le débat,
bon.
M. Gautrin: Pas plante verte, pot de fleurs. Mais on est fleuris.
Pot de fleurs, c'est mieux que plante verte.
Mme Marois: Ha, ha, ha! Ceci étant dit, M. le
Président, je pense qu'effectivement, plus sérieusement puisqu'on
peut quand même s'amuser à travers ça, à l'occasion,
on est à un moment de notre... Je n'allais pas dire de notre vie fiscale
parce que ce n'est pas très jojo de parler de ça, mais... Enfin,
on est à un moment privilégié où il apparaît
assez évident que, dans l'ensemble de notre société, il y
a des mutations assez profondes en termes de volonté de se concerter, de
volonté de mettre le cap sur des objectifs de société qui
vont nous permettre d'améliorer la situation collective dans laquelle on
est et la situation particulière de la population
québécoise, des personnes qui oeuvrent au Québec.
Dans ce sens-là, plusieurs interlocuteurs, actuellement, qu'on
pense à la Chambre de commerce, qu'on pense à nos
collègues d'en face même, se penchent sur cette question des
finances publiques et réclament, pour un bon
nombre, un débat public sur les choix budgétaires, mais
aussi sur les choix fiscaux. On va bien comprendre qu'on ne va pas faire un
référendum pour demander aux gens s'ils veulent être
taxés ou non. Je pense que sur ça on se bercerait d'illusions et
il n'y a personne ici qui souhaiterait une pareille avenue. Mais que des
débats se tiennent cependant sur les choix que l'on fait, tant en
matière fiscale qu'en matière budgétaire, que les
principaux interlocuteurs concernés que sont les représentants
des consommateurs, des consommatrices, que ce soient les représentants
des contribuables que nous sommes, que ce soient les représentants des
travailleurs et des travailleuses à un autre niveau, puissent participer
à ce débat-là, moi, je crois qu'à ce moment-ci ce
serait très sain pour la société québécoise,
de telle sorte qu'on se trace, d'une part, des objectifs.
On n'a pas l'impression qu'actuellement, au gouvernement, il y en a
beaucoup qui percent à travers tous les débats qu'on a. C'est
plutôt à la pièce et c'est un pas en avant, un pas en
arrière. Le plus bel exemple est ce que je donnais tout à l'heure
quant au changement d'idée auquel a procédé le
gouvernement depuis un bon moment, tant sur la TPS que sur la TVQ. D'ailleurs,
on en est encore en train de discuter un nouveau changement que l'on apporte
à ce moment-ci. Donc, devant cela et devant l'incapacité,
finalement, du gouvernement de se tracer une série d'objectifs qui
soient un tant soit peu cohérents et qui permettent aux gens de s'y
retrouver, moi, je pense que cela mériterait un débat public
d'envergure où seraient associés l'ensemble des partenaires, des
décideurs, des intervenants dans la société
québécoise, et qui permettrait peut-être d'éclairer
la lanterne du gouvernement, parce que je crois qu'il en a bien besoin à
ce moment-ci.
Vous savez, souvent, c'est dans les moments de crise et les moments de
difficultés que les pays se sont donné les plus grands outils de
planification en termes économiques, en termes fiscaux et en termes
budgétaires et ceci, pour le mieux-être même des populations
qu'ils avaient à servir. À partir du moment où,
effectivement, on constate une détérioration majeure de notre
économie... Je pense au taux de chômage qu'on ne réussit
pas à faire descendre en bas de 11 %, je pense au nombre de
bénéficiaires d'aide sociale qui augmente de jour en jour,
malheureusement, et je ne le dis pas nécessairement en disant que le
gouvernement souhaite ça. Non, mais le gouvernement ne prend pas les
moyens, cependant, pour corriger le tir et pour sortir cette économie du
marasme. Il me semble qu'il y a juste un ministre, actuellement, qui a un tant
soit peu quelques idées et quelques projets. Et il n'est pas aidé
en cela par le ministre du Revenu, d'après ce que je constate ici. Je
n'ai pas l'impression que le projet de loi qu'on va débattre pendant
quelques semaines risque d'aider qui que ce soit à cet
égard-là. Bon.
Donc, je suggérerais non seulement que nous retirions le projet,
que le ministre, que le gouvernement retire le projet de loi qui est devant
nous aujourd'hui, mais qu'il s'engage à tenir avec ses collègues,
avec les membres du gouvernement, le premier ministre en tête, un
débat public sur les orientations et les choix budgétaires du
gouvernement du Québec. Je pense que cela serait sain, d'une part, pour
l'ensemble des partenaires québécois, mais surtout cela nous
permettrait de voir un peu au bout du tunnel et de tracer pour l'avenir un
certain nombre d'objectifs que, je pense, actuellement, le gouvernement n'a pas
en tête. Malheureusement, je ne sens pas non plus une volonté
d'agir en ce sens de la part de ce gouvernement. Je pourrais, M. le
Président...
Le Président (M. Lemieux): En conclusion, Mme la
députée de Taillon.
Mme Marois:... identifier effectivement un certain nombre de
secteurs d'intervention où on ne sent aucune espèce de
volonté de la part du gouvernement. On en a vu encore aujourd'hui. Ont
été débattues, à l'Assemblée nationale, la
question de la formation professionnelle, la question de plans d'action pour la
grande région de Montréal. Rien n'est prêt, tout
traîne un peu partout et on discute de nouvelles taxes sans tenir compte
de la situation de notre économie. Dans ce sens-là, je souhaite
que nous retirions, M. le Président, la loi qui est devant nous. Je vous
remercie.
Le Président (M. Lemieux): Merci, Mme la
députée de Taillon. Est-ce qu'il y a d'autres remarques
préliminaires? Alors, comme il n'y a pas d'autres remarques
préliminaires, nous allons passer à l'étude
détaillée du projet de loi 170. Le ministre n'a pas droit
à une réplique de cinq minutes, comme c'est indiqué
à l'article 246, au niveau des remarques préliminaires. Ce droit
de réplique ne s'exerce qu'à partir du moment où on a
procédé à l'étude détaillée du projet
de loi. Alors, j'appelle...
M. Léonard: on pourrait donner notre consentement parce
que je lui ai posé des questions précises, m. le
président. quel est le rendement de la tvq...
Le Président (M. Lemieux): Ah! S'il y a consentement,
ça va en vertu de 164, je crois. Il n'y a pas de problème. Oui.
Un instant. Est-ce qu'il y a consentement?
M. Savoie: Oui, oui. Bien, non, on est aussi bien de commencer et
on va tâcher... Peut-être me permettre tout simplement de faire
quelques commentaires d'ordre général. D'abord, j'avais
l'habitude d'avoir droit à des commentaires pour répondre
aux...
Le Président (M. Lemieux): Mais est-ce qu'il y a
consentement...
M. Savoie: Oui.
Le Président (M. Lemieux): ...pour que le ministre ait des
commentaires? Parce qu'en vertu du règlement le ministre n'a pas le
droit à des commentaires après des remarques
préliminaires.
Une voix: Réponds aux questions.
M. Léonard: Oui, il y a eu des questions précises,
puis il n'est pas dangereux, de toute façon.
Le Président (M. Lemieux): Alors, il y a consentement, M.
le ministre. Non, mais, s'il y a consentement, ça va. M. le
ministre.
M. Raymond Savoie
M. Savoie: Oui. C'est en écoutant les
députés de l'Opposition faire l'allocution d'ouverture que j'ai
compris davantage la remarque d'Aristote qui disait que lorsqu'on cherche
à traiter l'inégalité...
Une voix: Attention de ne pas te tromper, là.
M. Léonard: ...Diogène.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, la
parole...
M. Savoie: Oiogène est tout à fait citable
également. J'en connais au moins deux citations de Diogène qui
pourraient facilement s'appliquer à ces remarques préliminaires.
Aristote disait, M. le Président, que, lorsqu'on traite les
inégalités d'une façon égale, on commet une
injustice.
Il y a eu, de la part des intervenants du côté de
l'Opposition, une grande différence quant à la nature de leurs
commentaires. Le député de Labelle a posé trois questions
qui, effectivement, comme il l'a lui-même souligné,
relèvent plus de la compétence du ministre des Finances que du
ministre du Revenu, mais toutefois j'imagine qu'au fur et à mesure que
nous allons avancer dans le débat on sera en mesure de donner certaines
réponses. Le député de Labelle a dit qu'il allait jouer
son rôle d'Opposition et qu'il allait s'opposer à cela, mais il a
terminé en disant: Pourquoi pas un report additionnel de six mois?
Alors, finalement, au niveau du projet de loi, le coeur, le noyau de son
intervention était de dire qu'il s'opposait au projet de loi et il a
terminé en disant: Six mois de plus, du mois de juillet au mois de
décembre. On aura l'occasion de l'aborder, j'imagine, au fur et à
mesure qu'on va avancer dans le...
Son collègue, qui a pris la parole suite à son
intervention, n'avait vraiment rien de percutant. C'était plutôt
dans les grandes lignes au niveau de l'approche de la taxe de vente. Je pense
que le député de Labelle va être d'accord avec moi pour
dire que ces questions ont été en grande partie examinées
lors de la première intervention que nous avons faite au niveau de la
réforme l'automne passé, lorsque nous avons débattu
ensemble, vers ces dates-ci, de la réforme de la taxe de vente, et je
pense que, s'il avait pu prendre connaissance de nos échanges à
ce moment-là, il aurait carrément changé la nature de son
intervention.
La députée de....
Mme Marois: Taillon.
M. Savoie: ...taillon... c'est ça, excusez-moi. la
députée de taillon, je pense que la nature même de la
réforme lui échappe, dans ce sens que le but de la
réforme, c'est justement de rendre l'entreprise québécoise
plus compétitive. c'est pour ça d'ailleurs que dans votre
programme vous avez la tva. il n'y a pas de doute que la tvq et la tps qui s'en
viennent, c'est une espèce de tva. il n'y a pas de débat
là-dessus. ce qu'il faut bien comprendre, c'est que, oui, c'est une taxe
additionnelle pour le consommateur. il n'y a pas de discussion là-dessus
non plus. on le reconnaît puis on en est conscients. mais ce que nous
disons, c'est qu'il y a 50 pays au monde... et parmi ces 50 pays, finalement,
les pays qui sont les plus agressifs sur les marchés des
échanges, sur les exportations... le japon, par exemple, qui a introduit
un système semblable à la taxe de vente du québec, en
1989, et qui a introduit un taux uniforme "across the board". ii y a
l'allemagne qui a un taux uniforme "across the board", et c'est en marche chez
eux depuis plusieurs années.
Il faut que nous adoptions cette mesure. Je comprends que c'est une
mesure qui n'est pas nécessairement populaire parce que mal
perçue dans la population. Je ne pense pas que la population... le
citoyen qui est là ne réalise pas l'impact économique de
cette mesure-là. Il ne réalise pas qu'elle est absolument
essentielle à moyen terme si on doit survivre comme un pays
compétitif, dynamique, agressif sur les marchés internationaux.
La mondialisation, ce n'est pas un mot, ce n'est pas un
à-peu-près; c'est une réalité concrète,
c'est une réalité qu'on peut voir et mettre en application d'une
façon directe, là, tous les jours.
La mesure vise à nous rendre plus agressifs, plus
compétitifs sur les marchés internationaux. C'est ça
qu'elle vise. Au Québec, il n'y a personne qui a contesté cette
décision-là sur le plan des échanges commerciaux, sur le
plan des exportations. Vous ne pouvez pas me déposer un document qui
dise le contraire. Vous ne le pouvez pas, de la part de quelqu'un de
sérieux,
là, ou de moindrement crédible. Ça n'existe pas.
L'ensemble des intervenants est d'accord avec l'orientation, sauf que sur
l'impact à court terme, ah là, il y a des discussions! Là,
il y a un débat. On veut bien. L'impact à court terme, il n'y a
pas là d'unanimité, je veux bien. Mais, sur ie moyen terme et sur
le long terme, tout le monde est unanime. Je pense que c'est ça qu'il
faut retenir. Vous l'avez vous-mêmes reconnu.
Vous ne pouvez pas, finalement... vous n'avez pas une véritable
poignée, et je ne veux pas m'attarder là-dessus, parce que ce
n'est pas vraiment le but de notre intervention ici aujourd'hui. C'est une
décision qui a été prise à l'Assemblée
nationale, selon le respect des lois parlementaires. On a préparé
un projet de loi et là on doit l'examiner dans sa formulation, dans sa
rédaction pour voir s'il respecte ce qui a été
formulé par le ministre des Finances à l'Assemblée
nationale, ce sur quoi, finalement, il a énoncé ses principes, il
a énoncé ses orientations.
L'orientation est donnée et le député de Labelle,
l'année passée... Je m'en rappelle encore, nous avons eu des
échanges intéressants là-dessus. L'année
passée, nous sommes intervenus et nous avons examiné le dossier
comme il se doit. Il y avait - et je reviens là-dessus - entre le
député de Labelle et moi-même, un point d'accord à
savoir que l'harmonisation était nécessaire. Ça ne faisait
pas de doute là-dessus. Il y avait aussi les bénéfices
à long terme, pour le Québec, indiscutables. Ça,
là-dessus, il n'y avait pas de débat non plus. C'est le court
terme qui est difficile.
Il me semble qu'en parlementaires responsables, M. le Président,
ce qu'on doit faire maintenant, après les commentaires que nous avons
reçus de ces trois intervenants, c'est revenir aux commentaires du
député de Montmorency qui, lui, a soulevé des points
très précis au niveau... Il n'y a pas d'harmonisation, il n'y
avait pas de... Il y avait plusieurs points, et vous allez voir qu'avec le
temps on va examiner vos commentaires et vous allez voir que, finalement, il y
a une bonne distance entre vos remarques préliminaires et le
résultat final lors de nos échanges. Vous allez voir que,
finalement, les officiers du ministère font du bon travail. Vous allez
l'apprendre comme moi.
Finalement, là... Non pas parce qu'ils sont parfaits, parce que
le député de Labelle a eu l'occasion de soulever des points, par
exemple, sur la loi sur la taxe sur le tabac, le carburant aussi, des points
sur lesquels on était d'accord et qu'on a changés. Il y a
toujours des choses à surveiller et le mécanisme, bien que
difficile, bien que lourd, apporte quand même des occasions pour faire
des changements et aérer certains problèmes et donc, proposer des
changements.
Alors là-dessus, M. le Président, je suis content,
finalement, qu'on ait pu constater que, de la part du député de
Montmorency, rien de substantiel sur le fond au niveau de l'adoption du projet
de loi... c'est-à-dire pas d'opposition fondamentale à l'adoption
d'une TVA et, de la part du député de Labelle, un report de six
mois. De la part de son collègue, vraiment rien de majeur et de la part
de la députée de Taillon, finalement, une reconnaissance
d'elle-même que le Québec doit demeurer compétitif, doit
faire face à la mondialisation.
Nous sommes en train d'expliquer que c'est ce que le ministre des
Finances veut faire, ce que le gouvernement du Québec veut faire. On
tire tous dans la même direction et je trouve ça extraordinaire,
un peu comme a fait le député d'Outremont hier, a
Montréal, en disant que, là, il faut faire une espèce de
consensus...
Une voix: ...ses collègues.
M. Léonard: ...il y en a qui ont des problèmes.
M. Savoie: ...et vous allez voir que, finalement, l'orientation
est valable. Ce n'est qu'une question d'évaluation, de "timing",
d'appréciation, la, de certains termes et conditions. Mais vous allez
voir, à partir des déclarations du ministre des Finances,
à partir de ses déclarations au niveau de son budget, entre
autres, que nous avons respecté ce qu'il a dit, que les gens du
ministère du Revenu ont bien fait leur travail, ont
préparé un bon projet de loi. Nous allons prendre tout le temps
qu'il faut pour examiner ces documents-là et, une fois que vous aurez
constaté qu'effectivement ça a été bien fait,
ça a été bien exécuté, peut-être en y
apportant quelques modifications, si vous avez raison sur certains points...
Mes collègues du côté ministériel vont
également participer.
Je suis certain qu'ils ont hâte qu'on termine les remarques
préliminaires pour qu'on puisse commencer à travailler et qu'on
puisse apporter les modifications qui s'imposent, s'il y en a, et qu'on puisse
entendre, de temps à autre, les officiers du ministère expliquer
les points que vous voulez bien soulever. Alors, là-dessus, M. le
Président, j'ai tout à fait hâte de débuter l'examen
détaillé de ce projet de loi si important pour le Québec
et qui est devant nous.
Le Président (M. Lemieux): Alors, j'appelle... Comme les
remarques préliminaires sont terminées, j'appelle l'étude
détaillée du projet de loi 170, Loi sur la taxe de vente du
Québec et modifiant diverses dispositions législatives d'ordre
fiscal. J'appelle l'article 1 du projet de loi.
Documents déposés
Comme M. le ministre du Revenu a transmis à M. le
secrétaire de la commission un recueil des textes législatifs
à l'usage des membres de la
commission du budget et de l'administration concernant le projet de loi
170 et qu'il y a, je crois, cinq tomes, alors, je vais autoriser, dès le
début, pour vous permettre davantage d'étudier en profondeur ce
projet de loi 170, le dépôt de ces documents. Alors, nous allons
suspendre environ trois minutes pour permettre...
Une voix:...
Le Président (M. Lemieux): Non, ça va. Pour
permettre la distribution, une minute seulement, nous allons suspendre les
travaux afin que chacun des membres puisse en avoir une copie.
(Suspension de la séance à 17 h 21)
(Reprisée 17 h 25)
Étude détaillée
Définitions
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît! La
commission du budget et de l'administration reprend ses travaux relativement
à l'étude du projet de loi 170. Alors, j'appelle l'article 1,
premier paragraphe du projet de loi 170. Est-ce qu'il y a des interventions? M.
le député de Montmorency.
M. Filion: Voulez-vous appeler le titre en premier lieu?
Le Président (M. Lemieux): Le titre d'un projet de loi, M.
le député de Montmorency, s'appelle à la fin, avant le
préambule, et là il n'y a pas de préambule. Alors, c'est
à la fin qu'on va appeler le titre du projet de loi et nous n'oublierons
pas de l'adopter et de l'appeler.
M. Filion: C'est parce que dans le titre il y avait une
question.
Le Président (M. Lemieux): Alors, vous gardez votre
question pour la fin.
M. Filion: Pour la fin. C'est bien.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Filion: Alors, l'article 1...
Une voix: Le ministre pourrait nous en faire la lecture.
M. Filion: Oui. Le ministre pourrait nous en faire lecture, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre, paragraphe
1.
Mme Marois: Est-ce que vous avez pratiqué?
M. Savoie: Pendant longtemps. Ça fait six ans que je
pratique la patience.
Alors, ce qu'on pourrait peut-être faire, c'est qu'effectivement
on pourrait y aller petit morceau par petit morceau et s'entendre, si vous
êtes d'accord, M. le député de Montmorency. "Pour
l'application du présent titre et des règlements adoptés
en vertu de celui-ci, à moins que le contexte n'indique un sens
différent, l'expression: "acquéreur"... et on pourrait faire la
définition d'acquéreur et, ensuite, discuter là-dessus
et...
M. Filion: Oui. Allez-y.
M. Savoie: ...s'étendre là-dessus en long et en
large, et après ça passer à l'identification suivante.
Alors, « "acquéreur", à l'égard d'une fourniture,
signifie la personne qui paie ou accepte de payer la contrepartie de la
fourniture ou, si aucune contrepartie n'est payée ou n'est à
payer pour la fourniture, la personne à qui la fourniture est
effectuée.»
M. Filion: J'aurais une question, M. le Président, au
niveau d'acquéreur qui est la suivante: Dans la situation où une
personne autre que le destinataire ou celui qui est indiqué sur la
facturation est différente... Supposons que mon frère
achète un bien et que je paie pour lui, qui est l'acquéreur?
Est-ce que c'est la personne qu'on a indiquée sur la facture ou si c'est
moi qui est l'acquéreur au sens de la taxe, la TVQ, je parle bien?
M. Savoie: Allez-y, M. Bouchard.
M. Bouchard (Serge): Alors, la première définition,
la définition d'acquéreur vise effectivement à
définir quelle est la personne assujettie au paiement de la taxe. Et,
à l'article 17, on prévoit effectivement que tout
acquéreur doit payer une taxe égale à 8 %.
M. Filion: Je comprends.
M. Bouchard: Donc, c'est définitif.
M. Filion: Je comprends. Mais ici, on dit: "signifie la personne
qui paie ou accepte de payer la contrepartie de la fourniture". Ça peut
être une autre personne que le destinataire ou la personne sur la
facture.
M. Bouchard: C'est possible.
M. Filion: Alors, la question que je pose, si c'est possible, si
moi, je paie la facture de mon frère à qui on a fourni des
fournitures au sens de la taxe, la taxe à la consommation, est-ce que
c'est moi qui vais être l'acquéreur au sens de
l'application de cette loi-là ou mon frère?
M. Bouchard: C'est définitivement la personne qui accepte
de payer la fourniture qui est la personne assujettie à la taxe.
M. Filion: Donc, la notion du droit civil, la
propriété en tant que telle n'a rien à voir avec cette
définition-là ici parce que, au sens du droit civil,
l'acquéreur, normalement, c'est la personne à qui on facture un
bien qui en est le propriétaire, peu importe le paiement. mais ici, vous
faites bien une distinction entre les deux. c'est ça que je veux
comprendre.
M. Bouchard: C'est ça.
M. Savoie: Alors, si je comprends bien, là, la
définition du mot "acquéreur" est acceptée.
M. Filion: La définition qui est là est
acceptée.
M. Savoie: Accepté, M. le Président, le mot
"acquéreur".
Le Président (M. Lemieux): alors, le mot
"acquéreur" n'est pas accepté, mais il est adopté. nous
passons au deuxième paragraphe: "activité commerciale".
Activité commerciale
M. Savoie: « "Activité commerciale" à
l'exception d'une activité exercée par une personne dans la
mesure où elle implique la réalisation par celle-ci d'une
fourniture exonérée, d'une activité exercée par un
particulier, sans expectative raisonnable de profit ou de l'accomplissement
d'une activité ou d'une fonction relative à une charge ou
à un emploi, signifie: «1° une entreprise exploitée par
une personne; «2° un projet comportant un risque ou une affaire de
caractère commercial d'une personne; «3° une activité
exercée par une personne qui implique la fourniture par celle-ci d'un
immeuble ou d'un droit dans un immeuble... » Alors...
M. Filion: alors, dans le préambule, l'expression
"activité commerciale", on commence la définition en citant une
exception et on dit: "à l'exception d'une activité exercée
par une personne dans la mesure où elle implique la réalisation
par celle-ci d'une fourniture exonérée, d'une activité
exercée par un particulier sans expectative raisonnable de profit ou de
l'accomplissement d'une activité ou d'une fonction relative à une
charge ou à un emploi... "
Là où j'aimerais attirer l'attention, M. le
Président, c'est que vous avez l'exception d'une activité
exercée par un particulier sans expecta- tive raisonnable de profit.
Qu'est-ce que ça veut dire "sans expectative raisonnable de profit"? On
est dans un article de définition.
M. Savoie: Oui. Oui.
M. Filion: J'aimerais qu'on m'explique en mots clairs que veut
dire "sans expectative raisonnable de profit".
M. Bouchard: D'accord. Alors, l'exclusion qui se retrouve au
préambule de la définition d'activité commerciale est la
technique utilisée pour ne pas taxer des transactions entre
particuliers. On verra tout à l'heure qu'une fourniture taxable, c'est
une fourniture qui est réalisée dans le cadre d'une
activité commerciale. Exemple: la vente d'un bien usagé entre
deux particuliers n'est pas taxable ni dans le régime de la TPS, ni dans
le régime de la TVQ.
M. Filion: Mais pourquoi ne pas dire simplement: Ce n'est pas
taxable dans une transaction entre deux individus et éliminer
l'expression "sans expectative raisonnable de profit"? Parce qu'on peut
être dans une transaction puis on va devoir se poser la question à
savoir: Est-ce que je suis dans une expectative raisonnable de profit quand je
transige, à ce moment-là, ou si je ne le suis pas? Pourquoi
garder cette expression-là qui va venir compliquer d'une façon
abusive, à mon avis, les transactions? Écoutez, si je veux
éliminer les transactions entre individus, pourquoi vous me parlez
d'expectative raisonnable de profit, qui appelle une notion, en tant que telle,
une activité commerciale?
Je n'arrive pas à comprendre cette situation-là parce
qu'un individu qui a des immeubles ou quoi que ce soit, est-ce que vous allez
attendre cinq ans pour savoir s'il était en expectative raisonnable de
profit pour appliquer la taxation ou bien si vous allez l'appliquer? Parce que
la notion... Il va falloir faire attention à l'expectative raisonnable
de profit quand vous allez voir la loi de l'impôt sur le revenu.
Également, on applique, à ce niveau, ce concept qui, à
toutes fins pratiques, est déterminé par les tribunaux, et on ne
se comprend plus parce que, comme on applique la notion "expectative
raisonnable de profit", il faut attendre cinq ans pour voir si on a du profit
ou si on n'en a pas.
Si j'attends cinq ans pour voir si je suis en expectative ou pas,
comment vais-je faire pour venir appliquer une transaction entre deux
individus? On va se retrouver complètement dans une situation de
complexité qui n'a pas de bon sens. Écoutez, moi, je pense
qu'à ce niveau-là, si c'est ça qu'on vise effectivement,
éliminer des transactions entre individus, bien, je ne vois pas ce que
vient faire l'expression "sans expectative raisonnable de profit" qui, à
toutes fins pratiques, complique la vie des praticiens d'une façon
incroyable.
M. Bouchard: Alors, la réponse, finalement, c'est
qu'effectivement on veut éliminer du champ de la taxation la plupart des
transactions entre particuliers. Par contre, la politique fiscale est à
l'effet de continuer de rendre taxables les transactions entre particuliers
où il y a, effectivement, expectative raisonnable de profit. Alors, on
parle de transactions aux limites de...
M. Filion: oui, mais vous ne pouvez pas garder la confusion au
niveau des praticiens sur ça. écoutez, il faut que vous
définissiez l'expression, h faut dire dans quelles circonstances vous
allez l'appliquer vous ne pouvez pas lancer un mot comme ça en l'air,
une expression, "sans expectative raisonnable de profit", puis dire
arrangez-vous avec le problème.
Les gens veulent savoir s'ils vont être taxables ou pas. Il faut
toujours bien leur dire s'ils vont être taxables ou pas. On ne se
retrouvera pas dans des cas de jurisprudence de sept ans pour savoir si
j'étais en expectative raisonnable de profit, pour savoir si la TVQ va
s'appliquer ou pas. Si vous voulez préciser des situations
particulières, précisez-les. Mais il ne faut quand même pas
garder des définitions aussi larges que celles-là.
M. Savoie: II faut bien comprendre là que le principe,
c'est: des transactions entre particuliers ne sont pas sujettes à la
taxe.
M. Filion: Alors, qu'on l'écrive.
M. Savoie: Maintenant, il faut comprendre que ça se situe
dans un ensemble...
M. Filion: Oui.
M. Savoie: ...que l'expression "activité commerciale",
ici, doit se situer dans l'ensemble des définitions et de la facture du
projet de loi. O.K.?
M. Filion: Oui.
M. Savoie: Alors, lorsqu'on parie d'activité commerciale,
on dit, justement là, qu'une personne, un particulier qui traite avec un
autre particulier, ce n'est pas sujet à la taxe.
M. Filion: Ce n'est pas ce qu'on dit, M. le ministre.
M. Savoie: Oui, oui, je le sais. Mais, par contre, il peut y
avoir des conditions qui vont faire en sorte que c'est sujet à la
taxe.
M. Filion: Mais qu'on les cite, ces conditions-là.
M. Savoie: On ne peut pas les citer d'une façon plus
claire, je pense, que la définition qui est là.
M. Filion: Non, parce que, là, vous êtes à
peu près... vous ne pouvez pas trouver meilleure formule pour être
confus. Comment voulez-vous... et je fais référence ici à
la loi de l'impôt sur le revenu, où, trop souvent, des gens
reçoivent des cotisations cinq ans après pour dire qu'on ne leur
alloue pas leurs pertes parce qu'ils ne sont pas en expectative raisonnable de
profit. Et là on cite un paquet de critères qui viennent de la
jurisprudence. Et là on parle de transactions entre individus qui ne
soient pas taxables et on me ramène à un concept aussi
nébuleux que celui-là dans la taxation, la taxe de vente du
Québec. Alors, les gens qui, sur le terrain, veulent savoir s'ils
ont une taxe à payer ou pas et ne pas se retrouver avec une cotisation
dans cinq ans, avec les intérêts, comme vous le savez, qui sont
très élevés au niveau du ministère, on ne peut pas
garder un concept aussi nébuleux que celui-là au niveau d'une
définition d'"activité commerciale". Et je pense qu'il faut le
clarifier.
M. Savoie: Bien, c'est-à-dire que, pour le clarifier, il
faudrait avoir une proposition de votre part. Nous, nous l'avons
examiné, puis je pense que la définition est acceptable.
Maintenant, c'est une question de preuve, hein? La notion d'activité
commerciale, c'est un peu comme la notion de résidence. C'est une
question de preuve. Chaque cas peut être un cas d'espèce, chaque
cas peut faire l'objet d'analyse. Nous, tout ce que nous avons fait ici, c'est
déterminer les balises et les balises que nous avons
déterminées sont généralement acceptables par les
tribunaux. Alors, ici, vous arrivez, puis vous dites "sans expectative
raisonnable de profit", bien, évidemment, l'emphase est sur le mot
"raisonnable", et c'est un... On ne peut pas arriver avec des règles
mathématiques, vous en conviendrez.
M. Filion: Mais la loi n'est que règles
mathématiques, M. le ministre.
M. Savoie: Non, la loi n'est pas une question de règles
mathématiques.
M. Filion: Je vais vous en montrer d'autres tout à
l'heure, vous allez voir.
M. Savoie: Je pense que la toi n'est jamais une question de
règles mathématiques, c'est une question d'appréciation
et, ici, tout repose sur le mot "raisonnable".
M. Filion: "Expectative raisonnable".
M. Savoie: Le mot "raisonnable" est une question de preuve, c'est
une question de circonstance, c'est une question d'appréciation,
et ce qu'on a voulu faire, c'est, justement, se limiter à cet
élément-là. Alors, je pense que, au niveau des
activités commerciales, arriver et énumérer d'une
façon additionnelle des conditions ou chercher à établir
non pas des balises, mais des murs, on vouerait la définition à
l'échec.
M. Filion: M. le ministre, cette expression-là
n'apparaît dans aucune loi fiscale. Ce sont des concepts de jurisprudence
qui ont été établis au niveau de la loi de l'impôt
sur le revenu. On n'a jamais utilisé cette expression-là. Et
là, non seulement vous faites un projet de loi supercompliqué,
mais vous y insérez des expressions établies par la
jurisprudence. Vous l'amenez dans ce que j'appelle l'article des
définitions. Ça n'a pas de bon sens. C'est déjà
compliqué d'avance et vous mettez dans la définition une
expression aussi large que "sans expectative raisonnable de profit".
Alors, si des transactions entre individus doivent être exclues de
la taxation, il faut le dire carrément de cette façon-là
et, par la suite, éliminer cette ambiguïté-là pour
ramener, effectivement, les situations que vous visez. Et si, à un
moment donné, vous vous rendez compte que vous ne les avez pas toutes
visées - parce que, après une année d'opération,
vous allez vous rendre compte qu'il y a d'autres ajustements -vous viendrez les
ajouter. Mais il faut enlever la confusion dans l'application de la loi. Il ne
faut pas utiliser une expression aussi large et imprécise que "sans
expectative raisonnable de profit". C'est quoi, pour vous, quelque chose qui
est sans expectative raisonnable de profit? Expliquez-moi ça dans vos
mots. Vous allez peut-être comprendre ce que je veux vous faire dire.
M. Savoie: II faudrait aller voir dans la jurisprudence, voir
comment les tribunaux ont analysé cette position-là. On pourrait
peut-être entendre Me Jacques Tremblay - François, excusez - Me
François Tremblay, là-dessus, qui va certainement, avec sa grande
précision juridique, vous fournir des renseignements additionnels.
M. Filion: Allez-y.
M. Tremblay (François): Simplement pour faire le pont
entre la TVQ et l'impôt, je crois comprendre que l'expression
"activité commerciale" dans le cas de la TVQ est pour distinguer
simplement si une transaction est effectuée dans le cadre d'un commerce
ou non.
M. Filion: Oui.
M. Tremblay (François): Alors, il ne s'agit pas
d'exonérer les transactions entre particuliers, mais il s'agit
d'exonérer les fournitures que s'effectuent ou s'échangent des
particuliers en dehors d'un cadre commercial. Comment définir
"commerce"? Au fond, c'est ça. Il existe une définition. Je ne
sais pas si elle est centenaire, mais elle doit exister au moins depuis 1917 et
elle est toujours dans la Loi sur les impôts, c'est-à-dire pas une
définition, mais la référence à cette expression
est dans la Loi sur les impôts.
M. Filion: À quel article?
M. Tremblay (François): Elle est à l'article 1, au
même endroit que dans cette loi, dans le cadre des définitions qui
régissent les déductions qui ne sont pas permises. Alors, c'est
dans la définition qui est relative aux frais personnels ou de
subsistance où on dit que ne sont pas déductibles les
dépenses faites, notamment celles... Je lis ici, dans la
définition de frais personnels ou de subsistance, qu'on trouve dans la
Loi sur les impôts: "les dépenses inhérentes à tout
bien maintenu par une personne pour l'usage ou l'avantage du contribuable ou
d'une autre personne qui lui est unie par les liens du sang, du mariage ou de
l'adoption, mais ne comprend pas les dépenses relatives à un bien
entretenu dans le cadre d'une entreprise exploitée en vue d'un profit ou
dans une expectative raisonnable de profit."
C'est donc la raison pour laquelle les tribunaux, en fonction de cette
notion-là, ont toujours refusé les pertes auxquelles se
référait le député tout à l'heure,
c'est-à-dire que cette portion des dépenses qui excède les
revenus bruts et qui crée une perte, ce sont des dépenses qui,
n'étant pas faites dans une expectative de profit, sont
assimilées de par la définition des frais personnels ou de
subsistance. Et c'est cette définition jurisprudentielle qui,
effectivement, dépend d'une question de fait qu'on retrouve ici.
M. Filion: Bien, c'est justement là le problème.
C'est qu'on essaie de clarifier une définition, actuellement, pour
permettre une bonne application et vous envoyez une expression qui a
été définie par la jurisprudence. Quand vous lisez et
quand vos propres fonctionnaires appellent les gens et leur donnent une
série de critères sur lesquels on se base pour dire s'il y a une
expectative raisonnable de profit... Et, ça, on attend cinq ans avant
d'appliquer ces notions-là. Et, là, on part d'une taxe de vente
qu'on applique immédiatement dans le champ de la taxation. Alors, on
n'est quand même pas pour attendre cinq ans pour voir si j'étais
en expectative raisonnable de profit. Ça n'a pas de bon sens. Ces
critères-là, vous ne pouvez pas les appliquer avant de laisser
passer deux, trois ans, pour voir si la personne faisait, effectivement, du
commerce ou pas.
M. Tremblay (François): Je ne pense pas qu'il soit exact
de dire qu'ils ne peuvent être appliqués qu'après deux,
trois ans. Il s'agit de déterminer ce qu'est un commerce et ce qui
n'en
est pas un. La définition de commerce, c'est quelqu'un qui
achète quelque chose dans le but de revendre. C'est ça, un
commerçant. Et, effectivement, il le fait dans le but de faire un
profit.
M. Filion: Expectative raisonnable de profit...
M. Tremblay (François): Et il le fait dans le but de faire
un profit.
M. Filion: Voilà! Mais pour déterminer
l'expectative raisonnable de profit, vous n'avez pas le choix d'attendre deux
ans ou trois ans. Vous ne pouvez pas dire, le lendemain matin où vous
avez ouvert votre commerce, si vous êtes en expectative raisonnable de
profit. Il faut que vous attendiez un délai important pour voir si,
effectivement, vous faites systématiquement des pertes ou si, vraiment,
vous avez fait une activité à caractère commercial.
M. Tremblay (François): C'est-à-dire qu'il est
exact de dire qu'un des critères retenus par la jurisprudence pour
déterminer s'il y a commerce ou non est le fait de savoir, à
l'usage, s'il y a effectivement, de façon récurrente, des pertes.
De sorte qu'après un certain temps, si une personne, prétendant
être un commerçant, va de perte en perte, d'année en
année, on peut en tirer - c'est ce que la jurisprudence a fait - la
conclusion assez normale, je pense, qu'on ne peut dire que cette personne agit
comme un commerçant, parce que les commerçants sont là
pour faire des profits. Et lorsque les pertes se multiplient comme ça,
bien, un commerçant ferme les portes ou prend des mesures pour changer
soit la situation financière ou quoi que ce soit. De telle sorte que
c'est l'un des critères retenus par la jurisprudence, mais ce n'est pas
le seul critère qui permette de dire si on est en présence d'un
commerce ou non. C'est un des critères et c'est
généralement celui, en matière d'impôt sur le
revenu, qu'applique le ministère du Revenu parce qu'il y a une
tolérance vis-à-vis des contribuables qui multiplient les pertes,
jusqu'à un certain point. Et si, d'année en année,
ça se répercute, après quelques années, aux fins de
l'impôt sur le revenu, on va dire: Maintenant, c'est assez; votre perte,
on la coupe, on la refuse parce qu'on estime que vous n'agissez pas à
des fins commerciales.
M. Filion: Exact.
M. Tremblay (François): Mais ça ne veut pas dire
que cette tolérance-là, pour couper à des gens, à
des contribuables, des pertes, est une tolérance qui s'applique sur
plusieurs années, qu'elle doit nécessairement s'appliquer...
qu'elle ne peut pas s'appliquer plutôt, et ça ne veut pas dire non
plus que c'est le seul critère qui puisse s'appliquer pour
déterminer si une personne est dans un commerce ou non. (17 h 45)
M. Filion: La question, ce n'est pas du seul critère. Il
faut se remettre dans la peau d'une personne qui achète un bien ou qui
vend un bien. Elle veut savoir, elle, si elle est taxable ou pas. Vous lui
donnez une notion: Bien là, il faudrait qu'on évalue ensemble,
tous les deux, si on est dans une expectative raisonnable de profit. Comment
voulez-vous répondre à cette question-là? Dans le temps,
là, il faut que je la paie la taxe, il faut que je la remette, et
là il faut que je sache, moi, comme individu, si, effectivement, je suis
dans une expectative raisonnable de profit, sinon je ne sais pas si ça
s'applique ou pas. C'est ça que je suis en train d'expliquer.
M. Savoie: On comprend ce que vous recherchez, mais, par contre,
les définitions, d'une façon générale, sont de
cette nature-là. Et on ne peut pas y aller plus en détail ou
faire un petit peu plus d'énumération.
M. Filion: On peut si on veut.
M. Savoie: On ne peut pas. Ça va à rencontre des
principes de définitions au niveau des lois fiscales. Ça va
à l'encontre de la pratique générale. Ça ne rentre
pas dans la culture de la rédaction de lois au niveau de lois
fiscales...
M. Filion: On ne peut pas parler de culture, c'est une nouvelle
loi.
M. Savoie:... en amérique du nord. je vous rappelle, pour
vous guider peut-être, un petit principe qui dit, surtout au niveau des
définitions: "qui trop embrasse mal étreint". lorsqu'on cherche
à définir trop...
M. Filion: Vous avez une règle anti-évite-ment pour
ça.
M. Savoie: C'est ça. Lorsqu'on cherche à
définir trop, on s'enfarge.
M. Filion: Au contraire.
M. Savoie: ii faut laisser les cas sujets à
interprétation, à analyse, à clarification selon les
espèces. tout ce qu'on peut faire, c'est édicter les principes,
et c'est tout.
M. Filion: Mais moi, je pense qu'on ne peut pas, justement, faire
ça. Il ne faut pas laisser place à interprétation quand on
fait une définition. La personne qui lit une définition doit
savoir, après avoir lu la définition, si elle se qualifie ou
pas.
M. Savoie: Oui.
M. Filion: Et si on veut les définitions, c'est justement
pour clarifier des notions, des situations claires. Alors, quand on prend une
expression comme celle-là dans une définition d'activité
commerciale, à l'exclusion d'une situation "sans expectative raisonnable
de profit", bien, je pense qu'on vient de confondre complètement la
personne qui veut savoir si, effectivement, ça s'applique ou pas. Et,
moi, je pense que, si c'est pour exclure effectivement les individus, dites-le
donc, si c'est pour exclure les transactions entre individus, et les situations
que vous voulez couvrir ou que vous voulez éliminer, vous les citerez,
parce que là, avec une expression aussi confuse que celle-là, qui
demande les interprétations de tribunaux pour savoir à quoi s'en
tenir, ça ne marche pas.
M. Savoie: Là, il faut bien s'entendre. Finalement, on ne
peut pas commencer à établir plus de balises que nous en avons
actuellement dans la définition. Vous êtes d'accord avec
ça, là. On ne peut pas commencer à lister des conditions
additionnelles. Finalement, c'est que vous êtes d'accord avec "sans
expectative raisonnable de profit"...
M. Filion: Oui.
M. Savoie: Oui, vous êtes d'accord avec l'utilisation de
cette définition-là.
M. Filion: Je ne suis pas d'accord avec l'utilisation, justement.
Il faut qu'elle disparaisse de là. Elle ne doit pas rester là,
parce qu'elle porte à confusion pour le lecteur. Il ne sait pas plus
à quoi s'en tenir une fois qu'il a fini de lire la définition,
parce qu'on y donne une notion qui fait appel à des critères
jurisprudentiels, qui fait appel à une série de faits.
M. Savoie: oui, mais, comme la notion de résidence,
d'ailleurs, fait appel aux mêmes principes, aux mêmes... la
question de résidence, par exemple...
M. Filion: Oui.
M. Savoie:... c'est toujours une question
d'interprétation.
M. Filion: Oui.
M. Savoie: Et la jurisprudence dicte les balises...
M. Filion: Les paramètres.
M. Savoie:... dicte les orientations et, en bout de piste, chaque
cas est un cas d'espèce.
M. Filion: C'est que la différence avec le mot
"résidence"...
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
député de Montmorency, je veux seulement faire savoir... Mme la
députée de Taillon, je ne vous ai pas oubliée.
Mme Marois: Je sais que vous ne m'avez pas oubliée.
Le Président (M. Lemieux): Mais la parole est à
votre collègue...
Mme Marois: Je suis consciente de ça.
Le Président (M. Lemieux):... en une seule ou plusieurs
interventions sur une période de 20 minutes, à moins que votre
collègue, à un certain moment donné, consente à
vous passer la parole.
Mme Marois: II n'y a pas de problème.
M. Filion: Oui, ce ne sera pas long.
Le Président (M. Lemieux): Et le ministre a un droit
d'intervention de 5 minutes à chacune de vos interventions; 15
minutes...
Une voix: 8, 20.
M. Filion: 8, 20? O. K., ce ne sera pas très long...
Le Président (M. Lemieux): Alors, vous avez fait 8,
20.
M. Filion:... j'ai presque complété sur
l'expression.
Le Président (M. Lemieux): Non, mais c'est votre droit de
parole, M. le député de Montmorency.
M. Bouchard: La précision qu'on pourrait apporter, c'est
qu'évidemment le membre de la phrase ne vise que l'activité
exercée par un particulier sans expectative raisonnable de profit. Donc,
il n'est pas question de l'appliquer à une personne morale, une
société ou une corporation, etc. Donc, on ne vise vraiment que
les transactions complétées par les particuliers. Ce qu'on peut
dire également, c'est que, jusqu'à maintenant, dans le
régime de la TPS, ça ne semble pas avoir créé de
problème et...
M. Filion: Mais c'est nouveau, hein? Écoutez!
M. Bouchard: Depuis le 1er janvier 1991.
M. Filion: Vous dites que ça ne crée pas de
problème, mais, si vous regardez tous les communiqués qui sortent
actuellement, c'est l'euphorie totale. Là, nous, on a la chance
d'étudier un
projet de loi et je pense qu'on doit le regarder très
sérieusement. Moi, je vous dis que l'expression "sans expectative
raisonnable de profit", ça n'a pas de sens de mettre ça
là.
M. Savoie: Est-ce qu'on pourrait dire "à l'exception d'une
activité exercée par un particulier"?
Mme Marois: II y aurait un amendement qu'on pourait faire.
M. Filion: Oui.
Mme Marois: Veux-tu que j'intervienne?
M. Filion: Oui, oui. Vas-y, vas-y, Pauline.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous permettez, M.
le député de Montmorency...
M. Filion: Oui, oui, je cède la parole à ma
collègue.
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Taillon.
Mme Marois: Dans le fond, ce qui est embarrassant et que mon
collègue soulève, à raison, moi, je n'accepte jamais,
d'abord, qu'on dise: Ça, ça s'est toujours fait comme ça,
puis on pense qu'il n'y a pas d'autres façons de le faire. Moi, je dis:
On est là pour légiférer, il y a toujours des
façons nouvelles de faire les choses. Hein? Bon. Quand on dit: "sans
expectative de profit", déjà, ça devient beaucoup plus
clair, parce que là on dit: II n'y a pas d'attente de profit. On ne
s'attend pas à faire des profits. Parfait! Parce que, là, c'est
la notion de raisonnable qui...
M. Savoie: Oui, pas de faire un profit. Il faut que ce soit
raisonnable. Ce n'est pas sur une transaction où il devrait y avoir, par
exemple, un profit de 1 000 000 $ et on dépose un profit de 0,03 $.
À ce moment-là, il faut maintenir le mot "raisonnable". Il y a,
je pense, dans la définition, deux orientations qui sont claires. La
première, ce sont les balises; la deuxième, évidemment,
c'est la notion de respecter l'ensemble de la jurisprudence canadienne,
québécoise, en cette matière, et je pense qu'on la
respecte. Ce n'est pas une définition seule, isolée dans un
champ. Elle s'attache à d'autres lois d'ordre fiscal, elle s'attache
à un courant juridique bien identifié, elle rentre très
bien dans les grandes orientations et on peut remonter aux grandes
définitions établies par même le droit anglais au niveau du
droit des affaires. À la lecture même de l'article, je n'y vois
pas de difficultés. Maintenant, il faut savoir qu'en plus de cela il y a
harmonisation parfaite avec Ottawa. Il y a...
M. Filion: Ça, ce n'est pas une
référence.
M. Savoie: et on ne veut pas, non plus, commencer à
s'étirer sur un mot, finalement, une expression aussi importante que
"activité commerciale".
M. Filion: M. le ministre, vous voulez exclure les individus.
Dites-le carrément. Ça n'enlève rien à votre
définition. Si vous disiez: "d'une activité exercée par un
particulier", pas "d'une activité", ou "d'une transaction par un
individu...
M. Savoie: Oui, mais peut-être qu'à ce
moment-là...
M. Filion: ...autre qu'une activité commerciale"...
M. Savoie: Oui, mais il ne faudrait pas voir cette
définition d'une façon isolée. Il faudrait le voir comme
un ensemble de définitions et je vous invite, à ce
moment-là, à aller voir d'autres définitions qui
s'attachent à la définition que nous sommes en train
d'examiner.
M. Filion: Écoutez! M. le ministre, si vous êtes
prêt à apporter un amendement, on peut le suspendre puis revenir
après, mais...
M. Savoie: "Fourniture taxable", par exemple...
M. Filion: Quel article?
M. Savoie: Donc, au projet de loi, c'est à la page 14.
M. Filion: Oui.
M. Savoie: Alors, "fourniture taxable", on dit: "signifie une
fourniture qui est effectuée dans le cadre d'une activité
commerciale, mais ne comprend pas une fourniture exonérée ni une
fourniture non taxable."
M. Filion: C'est ça. Alors, là, c'est clair. Il n'y
a pas d'ambiguïté sur l'expression "sans expectative raisonnable de
profit".
M. Savoie: c'est ça. mais, là, c'est parce
qu'à "fourniture taxable" vous voyez que l'expression "activité
commerciale" revient à plusieurs reprises et se lit dans un
ensemble.
M. Filion: Évidemment, mais c'est là que je vous
crée la problématique dont je parle.
M. Savoie: Oui.
M. Filion: C'est que la personne ne sait jamais si elle va
être taxée ou pas...
M. Savoie: Bien oui, mais...
M. Filion:... l'individu qui transige.
M. Savoie: Même à l'extérieur de ce projet de
loi là, les principes sont les mêmes. Ce qu'on vous a lu tout
à l'heure n'était pas en vertu de la loi sur la taxe de vente.
C'est un principe de droit fiscal.
M. Filion: C'est que je vous dis: Vous voulez définir
l'activité commerciale...
M. Savoie: Non.
M. Filion:... et vous utilisez une expression
jurisprudentielle.
M. Savoie: On veut définir l'expression "activité
commerciale" dans le contexte de la loi sur la taxe de vente. C'est
précis.
M. Filion: Oui.
M. Savoie: Et là on dit: "activité commerciale", et
là on dit: "à l'exception d'une activité exercée
par une personne... " Alors, ça comprend tout, "à l'exception
d'une activité exercée par une personne dans la mesure où
elle implique la réalisation par celle-ci d'une fourniture
exonérée, d'une activité exercée par un particulier
sans expectative raisonnable de profit ou de l'accomplissement d'une
activité ou d'une fonction relative à une charge ou à un
emploi... " Et là on dit: "activité commerciale" signifie une
entreprise exploitée par une personne; un projet comportant un risque ou
une affaire de caractère commercial d'une personne. " C'est ça la
définition.
M. Filion: Je le sais.
M. Savoie: Là, on dit ce qui est exclu.
M. Filion: Mais on ne sait jamais si on est exclu, on ne l'a pas
défini.
M. Savoie: On ne peut pas y aller d'une façon plus
précise que celle-là parce que c'est un cas d'espèce.
Normalement, lorsqu'il y a un doute, il reviendra à la personne d'aller
consulter ou de voir si, effectivement, la notion s'applique à elle ou
pas. C'est comme la notion de résidence, je ne vois pas de
différence entre la définition qui est donnée là et
la notion de résidence qui a été si longuement
débattue et qui l'est encore, parce qu'il y a tellement de
critères qui se sont développés à travers le temps
pour savoir c'est quoi, par exemple, la notion précise de
résidence.
M. Filion: M. le ministre, la personne qui a un immeuble...
M. Savoie: Oui.
M. Filion:... et on lui désalloue ses pertes cinq ans plus
tard...
M. Savoie: Oui.
M. Filion:... parce qu'elle n'est pas en expectative raisonnable
de profit...
M. Savoie: Oui, oui.
M. Filion:... allez-vous lui faire des cotisations, en plus
amendées, sur la TVQ parce que, là, on l'a qualifiée comme
n'étant pas dans une expectative raisonnable de profit? Cinq ans
après?
M. Savoie: Ha, ha, ha!
M. Filion: C'est ça que je soulève comme
problématique d'application. Sur le terrain, on fait quoi avec
ça?
M. Savoie: Oui.
M. Bouchard: Spécifiquement sur l'exemple que vous donnez,
finalement, on retrouve, à 3°, que toute activité
exercée par une personne qui implique la fourniture d'un immeuble
constitue une activité commerciale. Donc, dans le cadre de la fourniture
d'un immeuble, le test n'a pas à être fait, finalement.
M. Filion: O. K. Le test serait uniquement fait au niveau de ses
pertes.
M. Bouchard: Le test ne se fait pas au niveau des fournitures des
immeubles. Donc, il peut se faire au niveau de fourniture de biens meubles.
Donc, ça rétrécit encore le champ d'application de
l'exemption qui est là.
M. Filion: C'est là-dessus.
M. Bouchard: Donc, on parle uniquement de transactions par des
particuliers et on ne parle pas de transactions portant sur des immeubles, et
on ne parle pas non plus...
M. Filion: Ce serait juste sur des biens meubles...
M. Bouchard: Exact.
M. Filion:... que ça pourrait arriver.
M. Bouchard: C'est ça.
M. Filion: Une personne qui vend des biens meubles.
M. Bouchard: Alors, ça rétrécit d'autant
la
possibilité de problématique.
M. Filion: ce serait à ce niveau-là qu'on pourrait
avoir des... comme une personne qui a un taxi, par exemple. je prends l'exemple
d'un chauffeur de taxi. moi, j'ai des cas. un chauffeur de taxi opère sa
voiture et, cinq ans après, il se fait désallouer. alors, il dit
qu'il n'est pas en expectative raisonnable de profit. on le désalloue.
mon chauffeur de taxi, cinq ans après, est-ce que la tvq s'appliquait
sur ses droits d'utilisation de son taxi?
M. Bouchard: Définitivement, parce que la personne...
M. Filion: Pourquoi?
M. Bouchard: ...soit que la personne exploite une entreprise,
soit que la personne rend des services...
M. Filion: Non, mais il n'exploite pas l'entreprise, je le
désalloue. On désalloue, au niveau de l'impôt sur le
revenu, ses pertes parce qu'il ne fait jamais de profit. On dit: Tu n'es pas en
expectative raisonnable de profit, je te désalloue. Cinq ans plus
tard.
M. Bouchard: mais on va voir tout à l'heure, à la
définition d '"entreprise", que la définition d'"entreprise" pour
les fins de la tvq est élargie et comprend les activités
exercées avec ou sans but lucratif également.
M. Savoie: Ça ne s'applique pas au cas que tu viens juste
de...
M. Filion: Oui, ça s'applique, mon chauffeur de taxi.
M. Savoie: Ton chauffeur de taxi...
M. Filion: J'ai un cas patent entre les mains.
M. Savoie: On te le dit là.
M. Filion: Un chauffeur de taxi, ça fait cinq ans qu'il
opère. Il fait toujours des pertes. Le ministère dit: Tu fais
toujours des pertes, on te désalloue, tu n'es pas en expectative
raisonnable de profit. Mon chauffeur de taxi, ça fait cinq ans qu'il
opère comme ça. Il charge la TVQ. Allez-vous le rembourser?
Qu'est-ce qui va se passer?
M. Savoie: Oui, mais le chauffeur de taxi est soumis à
d'autres règles que la définition d'"activité
commerciale".
M. Filion: II n'est pas en activité commerciale. On dit
qu'il n'est pas en expectative raisonnable de profit.
M. Savoie: Un chauffeur de taxi, il fait une activité
commerciale.
M. Filion: Non, pas dans la définition qui est là.
Si on dit qu'il n'est pas...
M. Savoie: Bien oui!
M. Filion: Non, non, non, non, non, non, non.
M. Savoie: Oh oui! c'est une entreprise exploitée par une
personne.
M. Filion: On dit "un particulier sans expectative raisonnable de
profit". Si je dis que mon chauffeur de taxi...
M. Savoie: Ah!
M. Filion: ...n'est pas en expectative raisonnable de profit, il
ne peut pas faire une activité commerciale.
M. Savoie: Non, ça ne marche pas. M. Filion:
Êtes-vous d'accord avec ça?
M. Savoie: Le chauffeur de taxi, c'est une entreprise.
M. Filion: Non, la définition qui est ici, ce n'est pas
ça qu'elle dit. La définition qui est ici, elle dit: "à
l'exception d'une activité - il fait une activité, mon chauffeur
de taxi - exercée par un particulier sans expectative raisonnable de
profit". Alors, si je désalloue ses pertes fiscales...
M. Savoie: M. le député de Montmorency, si je vous
dis, et un chauffeur de taxi, c'est une entreprise exploitée par une
personne...
M. Filion: Pas selon la définition qui est là,
parce qu'il n'est pas en expectative raisonnable de profit.
Mme Marois: Dites-nous où il est couvert, à ce
moment-là, s'il n'est pas couvert...
M. Savoie: Un chauffeur de taxi, c'est une entreprise ou ce n'est
pas une entreprise?
M. Filion: Mais pas selon la définition, M. le
ministre.
Mme Marois: Est-ce qu'il est couvert par ça ou pas?
M. Filion: II n'est pas couvert par ça.
Mme Marois: Où est-il couvert, à ce
moment-là? C'est ça qu'il faut poser comme question.
M. Filion: C'est ça, le problème de cette
expression-là. Ça n'a pas de sens.
M. Savoie: C'est-à-dire que, oui, ça a un sens.
Effectivement, ça a un sens.
M. Filion: Mon chauffeur de taxi... M. Savoie: Oui.
M. Filion:... il ne fait pas une activité commerciale s'il
n'est pas en expectative raisonnable de profit. "C'est-u" ça
l'interprétation ou non? S'il n'est pas en expectative raisonnable de
profit, il n'a pas à payer la TVQ.
M. Bouchard: II n'aurait pas à la facturer à ses
clients.
M. Filion: Oui, mais ça va se faire cinq ans après,
ça. J'en ai un qui est cotisé, ça fait cinq ans qu'il
opère comme ça et on lui dit: Aujourd'hui, tes pertes, je te les
désalloue sur le plan fiscal au niveau de l'impôt sur le revenu.
Alors, si on le désalloue parce qu'il n'est pas en expectative
raisonnable de profit, il serait tenu, à ce moment-là,
d'être remboursé sur la TVQ qu'il a collectée parce qu'il
n'était pas en expectative raisonnable de profit. C'est ça, votre
définition. Vous faites quoi avec ça?
M. Savoie: Rien.
M. Filion: Comment, rien? Ça n'a pas de bon sens.
M. Savoie: Bien oui. (18 heures)
M. Filion: Bien, voyons donc! Ça n'a pas de sens.
Écoutez, moi, je ne sais pas comment on va faire pour appliquer
ça, ça n'a pas de bon sens. Le gars ne peut pas... Si l'individu
a collecté la taxe, vous allez le rembourser. C'est ça que vous
me dites? Cinq ans après?
M. Bouchard: Je pense que, finalement, si on nous produisait une
demande d'interprétation en matière de taxe de vente où
j'ai un contribuable, effectivement, qui exerce une entreprise qui s'appelle
l'exploitation d'une voiture-taxi et qui nous posait la question: Est-ce que
j'exerce une activité commerciale et, en quel cas, est-ce que je dois
percevoir la TVQ? définitivement que la réponse serait oui. Parce
que si la personne est en affaires...
M. Filion: Mais comment pouvez-vous dire ça quand
l'impôt sur le revenu le désalloue sur ses pertes parce qu'il
n'est pas en expectative raisonnable de profit? Vous êtes en conflit avec
une autre loi, nous n'avez pas la même notion d'interprétation.
Parce qu'on dit: Tu fais toujours des pertes, alors on te désalloue tes
pertes parce que tu n'es pas en expectative raisonnable de profit.
M. Bouchard: Je veux dire, on n'a pas tout à fait les
mêmes définitions, non plus, qu'en impôt sur le revenu. Ce
que je portais à votre attention tout à l'heure, c'est la
définition d'"entreprise" où on y voyait que c'est une
activité exercée avec ou sans but lucratif également.
M. Filion: Vous ne pouvez pas avoir des définitions
différentes. On applique les lois fiscales avec les mêmes notions
ou on ne les applique pas. Écoutez, moi, quand je prends l'expression
"expectative raisonnable de profit" dans une loi, ça a le même
sens que ça doit avoir dans l'autre, sinon, alors, on va être dans
une cacophonie générale. Je ne peux pas faire ça.
M. Bouchard: C'est juste, mais la définition
d'"activité commerciale" prévoit également qu'elle
signifie une entreprise exploitée par une personne et, à la
définition d'"entreprise", on y voit que ça comprend un commerce,
une industrie, un métier ou une activité de quelque genre que ce
soit, exercé avec ou sans but lucratif.
M. Filion: Ça, je le comprends. Mais, moi, c'est
l'activité commerciale qui est ma base de taxation, et là je la
lis, la définition. Et, quand je la lis, elle est absurde sur le plan de
"sans expectative raisonnable de profit" parce qu'un chauffeur de taxi a un
problème majeur là-dessus.
M. Bouchard: Je ne pense pas qu'on puisse lire la
définition d'"activité commerciale" en faisant abstraction du
premier paragraphe qui prévoit que "activité commerciale"
signifie également une "entreprise exploitée par une
personne".
M. Filion: Mais oui, mais je viens de l'exclure. Les deux
spécificités que j'ai ici, je les ai exclues. Alors, si je
l'exclus et que je suis satisfait de l'exclusion, je ne peux quand même
pas continuer après. Parce que j'ai satisfait à une
première exclusion, alors, je suis disqualifié de la
définition, je l'exclus. J'ai bien beau dire, après, "signifie",
mais, quand je l'ai exclue auparavant, elle est débarquée.
M. Bouchard: À moins d'être visé
spécifiquement par un des paragraphes 1°, 2° ou 3° et, dans
mon opinion...
M. Filion: Vous n'êtes pas visé.
M. Bouchard:... la personne serait visée par
le paragraphe 1°, à savoir une entreprise exploitée
par une personne. Je pense que c'est de cette façon-là qu'on
pourrait réconcilier les traitements qui sont accordés en taxe de
vente et en impôt.
M. Filion: Alors, vous avez une définition qui ne tient
pas la route. Vous ne pouvez quand même pas qualifier une entreprise
exploitée par une personne quand elle est exclue d'une activité
commerciale.
M. Bouchard: C'est-à-dire qu'il y aura beaucoup de cas, en
matière de taxe de vente, où une entreprise est exercée
sans but lucratif et constitue néanmoins une activité commerciale
pour laquelle, finalement, la taxe de vente doit être perçue lors
des fournitures.
M. Filion: Oui, mais si mon individu...
M. Bouchard: exemple, ce sont toutes les fournitures rendues par
les organismes sans but lucratif aux organismes de bienfaisance, en
compétition avec le secteur privé.
M. Filion: Ça n'a pas de sens, vous ne pouvez pas dire
à une personne: Je te désalloue sur le plan de l'impôt sur
le revenu parce que tu es sans expectative raisonnable de profit, et que tu
arrives au niveau de la taxe de vente du Québec et là tu dis: Tu
es sans expectative raisonnable de profit, mais je te taxe pareil parce que
l'exclusion, je prends une autre interprétation. Ça n'a pas de
bon sens.
M. Bouchard: Ce n'est pas parce qu'on prend une autre
interprétation, c'est parce que la personne est visée, par
ailleurs, par un des éléments de la définition
d"'activité commerciale", à savoir "entreprise" qui
prévoit que c'est toute activité exercée avec ou sans but
lucratif.
M. Filion: Mais, une entreprise, c'est défini comme une
activité commerciale.
Une voix: C'est-à-dire que... M. Bouchard: Non.
M. Filion: II faut que j'aie une activité commerciale pour
avoir une entreprise.
M. Bouchard: C'est "activité commerciale"...
M. Filion: Comment est-ce que je peux avoir une entreprise sans
avoir d'activité commerciale? Expliquez-moi ça.
M. Bouchard: C'est "activité commerciale" qui est
définie en utilisant le mot "entreprise" et le mot "entreprise" est
lui-même défini comme étant toute activité
exercée avec ou sans but lucratif. Alors, à mon avis, c'est ce
qui permet de réconcilier les traitements accordés en taxe de
vente et en impôt sur le revenu.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous me permettez
une question?
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous
définissez l'activité commerciale aux paragraphes r, 2° et
3° et que les exceptions sont dans le premier paragraphe? C'est votre
façon de voir les choses?
M. Bouchard: C'est ça. M. Savoie: C'est ça,
oui.
Le Président (M. Lemieux): O.K. Ça va. Je n'ai pas
d'autres questions.
M. Savoie: On dit: "activité commerciale", c'est,
"à l'exception..." et tout ce qui suit, "activité commerciale"
signifie, à l'exception de ce qui précède, "une entreprise
exploitée par une personne". Ton chauffeur de taxi, c'est une
entreprise.
M. Filion: Oui.
M. Savoie: O.K. Tu vas voir à "entreprise" et tu as la
définition du mot "entreprise" d'une façon claire. Là, tu
me dis: Mais, par contre, s'il ne fait pas de profit, s'il ne
génère pas un profit, à ce moment-là, la taxe de
vente pourrait retourner... On pourrait même refuser les
déductions de la personne en vertu d'autres dispositions de la Loi sur
les impôts à cause, justement, de cette même
problématique-là.
M. Filion: Alors, vous auriez des notions différentes
d'application.
M. Savoie: Pardon?
M. Filion: Vous auriez des notions différentes
d'application. Dans un cas, vous appliqueriez le concept de "sans expectative
raisonnable de profit" pour pénaliser quelqu'un et vous prendriez le
concept d'interprétation au niveau de la loi de l'impôt sur le
revenu, vous iriez au niveau de la taxe de vente, et vous diriez: Bien,
regarde, même si c'est sans expectative raisonnable de profit, nous
autres, on considère que ça ne fait pas partie de l'exclusion et
que la TVQ, tu dois la payer pareil, quand on a dit dans le préambule
que, normalement, on devrait l'exclure.
M. Savoie: Normalement, la personne, à ce
moment-là, qui n'est pas dans une situation d'expectative raisonnable de
profit...
M. Filion: À ce moment-là, pourquoi ne pas
l'enlever simplement? Vous allez aller rechercher tout le monde avec
l'expression "une entreprise exploitée par une personne".
M. Bouchard: Ce qu'il faut comprendre, finalement...
M. Filion: Pourquoi vous ne l'enlevez pas tout simplement? Des
individus, point... Excluez les individus, puis enlevez ces
notions-là.
M. Savoie: c'est-à-dire que ce qu'on veut faire, c'est
maintenir le cap également sur l'harmonisation, la première
chose, au niveau des définitions.
M. Filion: Oui, mais ça, c'est un voeu pieux.
M. Savoie: Ce n'est pas...
M. Filion: C'est un voeu pieux, ça. L'harmonisation,
là, on l'a loin.
M. Savoie: Ah oui! mais vous allez voir que vos remarques
préliminaires... Je vous ai dit qu'à la fin de cette
démarche on aura l'occasion de revenir sur vos remarques
préliminaires.
M. Filion: Oui, je le sais. Mais, en tout cas, à ce
moment-ci, je trouve que ce n'est pas...
Il y a un autre point dans ce paragraphe-là. Écoutez, je
serais d'accord, pour l'instant, de ne pas l'adopter, qu'on
réfléchisse un peu là-dessus et on reviendra, pour voir si
on ne peut pas changer le "wording" de ce préambule-là, parce que
c'est important d'avoir des mots clairs, puis que les gens comprennent ce qui
se passe. il y a une autre affaire. quand vous dites "ou de l'accomplissement
d'une activité ou d'une fonction relative à une charge ou
à un emploi", je suis d'accord, on s'entend, ce sont les
employés. sauf que, quand on s'en va dans la notion d'entreprise et
prestation de services personnels, où, à toutes fins pratiques,
on fait appel à la notion d'employé pour qualifier si
l'entreprise... un employé incorporé. l'employé
incorporé, là, est-ce qu'il est sujet, lui, à la tvq ou
s'il n'est pas sujet à la tvq? parce que c'est un employé
incorporé. quand vous venez l'exclure ici, parce que là on ne
parie pas de l'individu, on parle "de l'accomplissement d'une activité
ou d'une fonction relative à une charge ou à un emploi",
ça veut dire... un individu incorporé, est-ce qu'il va payer la
tvq, lui, ou s'il ne la paiera pas, via la notion de psp qui est dans la loi de
l'impôt sur le revenu? et, là, est-ce qu'on ne devrait pas faire
une nuance à ce niveau-là pour dire que, incorporé ou pas
incorporé, il n'y a pas de tvq?
M. Bouchard: Je comprends que, dans la Loi sur les impôts,
il y a des dispositions particulières pour gérer l'exemple que
vous venez de donner, des employés incorporés. De telles
dispositions ne se retrouvent pas, finalement, en matière de taxe de
vente. Donc, ce qu'on veut exclure, ce qu'on ne veut pas taxer, finalement,
c'est le salaire.
M. Filion: Oui, mais un employé qui s'incorpore, est-ce
qu'il doit percevoir la TVQ? C'est ça que je vous pose comme
question.
M. Bouchard: Un employé qui s'incorpore a, finalement...
Compte tenu qu'il n'y a pas de dispositions particulières pour ne pas
tenir compte de l'incorporation, on comprend, à ce moment-là,
qu'il y aura un contrat entre sa corporation et une autre corporation,
probablement. Alors, ce serait une fourniture taxable, fourniture taxable pour
laquelle la personne aura droit à un remboursement de la taxe sur les
intrants si elle exerce une activité commerciale.
M. Filion: Mais elle exerce une activité commerciale.
M. Bouchard: C'est ça. Exemple, une compagnie de gestion,
compagnie mère, compagnie de gestion, si la compagnie de gestion facture
des honoraires de gestion...
M. Filion: Non, moi, ce dont je parle, c'est vraiment l'individu
qui s'incorpore puis, parce qu'il s'est incorporé comme employé,
il doit avoir un statut fiscal particulier. Alors, lui, il est
incorporé, et on veut effectivement dans la notion, entre guillemets,
exclure les employés d'une TVQ, à ce niveau-là, je viens
taxer un salarié, d'où la TVQ.
M. Bouchard: non. ce que ça veut dire, finalement, dans ce
cas-là, c'est que la corporation devra facturer la tvq payable,
finalement, par le bénéficiaire du service et celle-ci obtiendra
un...
M. Filion: Oui, mais c'est le même service, c'est
l'individu qui travaille. Imaginez-vous, je ne sais pas, moi, un animateur de
radio qui s'incorpore et rend un service, n'importe lequel... Alors, lui, c'est
encore le même employé, ou il fait des fonctions identiques, ou
peu importe. Avec la notion qu'on connaît, on le qualifie d'une
façon x. Est-ce que le fait qu'il ait mis par-dessus lui une compagnie,
automatiquement, en mettant une compagnie par-dessus lui comme ça, la
TVQ s'applique? C'est ça que je pose comme question.
M. Bouchard: Évidemment, c'est une question
d'interprétation qui pourrait demander une certaine analyse. Mais,
à brûle-pourpoint, je vais dire une première intuition,
c'est que, compte tenu, finalement, que la personne voulait inter-
poser une corporation entre elle et le bénéficiaire du
service, elle rendrait, à ce moment-là, une fourniture taxable
pour laquelle la TVQ devrait être payée, mais qui
générerait un remboursement de la taxe sur les intrants, pour le
bénéficiaire du service.
M. Filion: En principe. Donc, on taxe le salarié dans une
compagnie. C'est ça.
M. Savoie: Non.
M. Filion: Bien oui! C'est ce qu'on fait. Bien oui, c'est ce
qu'on fait. Ne venez pas me dire qu'on ne fait pas ça. On taxe un
salarié dans une compagnie.
M. Bouchard: C'est-à-dire que, si la personne a
utilisé un véhicule qui s'appelle la corporation, c'est qu'elle
devait poursuivre des objectifs quelconques. Donc, du fait d'utiliser une
certaine planification, il y a des effets. Un des effets, c'est de rendre la
TVQ exigible, mais TVQ qui sera, de toute façon, remboursée au
bénéficiaire du service rendu par la corporation, à ce
moment-là.
M. Filion: Mais c'est ça.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse.
M. Filion: Oui, allez-y.
Le Président (M. Lemieux): Pourriez-vous me donner un
exemple d'une activité exercée par un particulier où il y
a, effectivement, une expertise raisonnable de profit et qui ne constitue pas
une entreprise exploitée par une personne, un projet comportant un
risque ou une affaire de caractère commercial d'une personne, une
activité exercée par une personne qui implique la fourniture d'un
bien immobilier, d'un immeuble? Puisque le législateur prend le soin de
l'écrire, c'est que, dans mon esprit, comme légiste, il doit bien
vouloir corriger ou exempter, puisque c'est une exemption, un objet, s'il est
exempté.
M. Bouchard: C'est-à-dire que ce qu'on veut exempter,
c'est l'activité qui est exercée par le particulier sans
expectative raisonnable de profit.
M. Filion: Mais c'est quoi?
M. Bouchard: Alors, l'exemple qu'on peut donner,
finalement...
Le Président (M. Lemieux): Mais quelle est-elle? C'est
quoi?
M. Bouchard:... c'est la vente d'un véhicule
usagé... entre deux particuliers. À ce moment-là, c'est
sûrement une activité qui est exercée par un particulier
sans expectative raisonnable de profit.
Le Président (M. Lemieux): Ah! Je vous vois aller.
Mme Marois: Puisque vous soulevez cet exemple-là, si vous
me permettez, M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Oui, Mme la
députée.
Mme Marois:... et je suis persuadée que mon
collègue le permet, le ministre des Finances s'était
engagé à se pencher, évidemment, sur cette question
d'échange de véhicules usagés entre particuliers, avec la
difficulté que ça posait dans le cas des véhicules neufs.
Vous vous souvenez que ça avait été posé, cette
question-là, pas à vous comme ministre, mais, comme c'est vous
qui êtes porteur de la loi, sa réflexion a peut-être
donné l'objet à des discusisons entre vous, par la suite, ou ce
n'est pas le cas. Parce que c'est ça qu'on comprend aussi. Ces
définitions-là font en sorte qu'on exempte la vente entre
particuliers de voitures usagées. C'est bien ce que je comprends.
M. Savoie: C'est-à-dire une vente, mais, si le gars
s'embarque là-dedans à répétition, là...
Mme Marois: Oui, mais mettons que je vous vends ma voiture
usagée.
M. Filion: Je soulève, M. le ministre, le problème
d'application. C'est à quel moment qu'il est à
répétition? Est-ce que ça va prendre cinq ans, six ans,
sept ans?
M. Savoie: Mais ça, ça a toujours
été. La question n'est pas nouvelle. Ce que vous me posez comme
question, je l'ai étudié quand j'ai fait mon premier cours de
droit fiscal à l'université. C'est quoi, une activité
commerciale? Il faut revenir tout le temps... J'utilise comme exemple la
question de résidence, parce que c'est une question qui est classique en
droit. On étudie tous ça en première année, c'est
quoi la question de résidence...
Le Président (M. Lemieux): En deuxième
année, le précis, de Nicole L'Heureux, de droit commercial.
M. Savoie: Moi, je l'ai fait, en tout cas, en première
année. Je ne sais pas...
Mme Marois: Je n'ai pas eu la chance de faire cette école.
J'en ai fait d'autres.
M. Filion: Oui.
M. Savoie: Alors, la notion de résidence, et c'est
là qu'on constate que, finalement... Mais on a beau établir des
balises, on a beau établir des règles, c'est toujours une
question d'appréciation à partir d'une, deux ou trois grandes
lignes. L'activité commerciale, c'est la même chose. Là,
tout ce qu'on se dit, c'est que, d'abord, ça ne comprend pas des
transactions entre particuliers, mais ça comprend une entreprise
exploitée par une personne, un projet comportant un risque ou une
affaire de caractère commercial et une activité exercée
par une personne qui implique la fourniture par celle-ci d'un immeuble. C'est
ça. Alors, là, j'essaie de comprendre. Vraiment, je cherche
à comprendre votre objection et j'essaie de voir pourquoi les mots "sans
expectative raisonnable de profit" suscitent tant votre réaction puisque
c'est une question d'appréciation, et je ne suis pas du tout sûr
qu'on puisse le baliser autrement. On ne pourrait pas. C'est une balise et ce
n'est pas la première fois. Si c'était une première, je
dirais: Effectivement, il y a un problème.
M. Filion: Mais si je veux mettre c'est quoi l'expression...
M. Savoie: Oui.
M. Filion:... ça changerait quoi? Ça ne changerait
rien. Vous auriez réalisé...
M. Savoie: Ah bien! là, moi, je ne suis pas d'accord avec
ça.
M. Filion: Bien, voyons donc! M. Savoie: Bien, tiens!
M. Filion: Ça ne vient rien changer, "... expectative
raisonnable de profit" fait juste compliquer la structure légale pour
rien.
M. Savoie: Je ne pense pas.
M. Filion: Bien oui! Quand vous dites "une entreprise
exploitée par une personne", tous les critères jurisprudentiels
vont s'appliquer. Vous allez aller rechercher votre notion.
M. Savoie: Oui, bien, c'est une entreprise exploitée par
une personne et on a la définition d'entreprise un petit peu plus
loin.
M. Filion: C'est ça. (18 h 15)
M. Savoie: Ça, ce n'est pas difficile. Mais, par contre,
on exclut, hein? La première partie, c'est une exclusion.
M. Filion: C'est ça. C'est là que ça rend
confus.
M. Savoie: Ça ne rend pas confus parce qu'il faut baliser.
Ce n'est pas une exclusion pure et simple et totale, c'est une exclusion qui
existe sans expectative raisonnable de profit.
M. Bouchard: Je pense qu'une difficulté majeure serait
créée si on devait enlever les mots "sans expectative raisonnable
de profit" puisque, à ce moment-là, on exclurait toute
activité exercée par un particulier, ce qui est beaucoup trop
large, finalement, compte tenu de la politique fiscale.
M. Filion: "... signifie une entreprise exploitée par une
personne. " Alors, si vous avez une expectative raisonnable de profit, vous
allez ramasser là.
M. Bouchard: Mais, à ce moment-là, il y aurait
conflit à l'intérieur même de la définition puisque,
d'un côté, on voudrait considérer les entreprises comme
étant un mécanisme par lequel on exerce des activités
commerciales et, d'un autre côté, on exclurait toute
activité exercée par un particulier. Donc, un particulier qui
serait en affaires, qui exercerait une entreprise, d'un côté,
serait exclu par l'exclusion et serait visé, finalement, par l'inclusion
du paragraphe 1°. Alors, je pense que les mots "sans expectative
raisonnable de profit" permettent d'avoir une cohérence à
l'intérieur de la définition également.
Le Président (M. Lemieux): Mais est-ce que vous voulez
nous dire que c'est bénéfique à une activité entre
deux personnes? C'est en ce sens-là que vous y ajoutez "sans expectative
raisonnable de profit"? C'est dans votre esprit?
M. Bouchard: Ça permet d'éviter un conflit à
l'intérieur de la définition entre le paragraphe 1° et
l'exclusion.
M. Filion: D'éviter un conflit? Moi, je trouve que
ça complique la définition inutilement. O. K. C'étaient
les principales questions que j'avais. Alors, mon chauffeur de taxi aura deux
traitements différents: un traitement au niveau de la Loi sur les
impôts et un traitement au niveau de la loi sur la TVQ. C'est très
clair. Alors, ça simplifie énormément.
Le Président (M. Lemieux): Alors, le paragraphe 2° est
adopté, M. le député de Montmorency?
M. Filion: Le paragraphe 2°...
Le Président (M. Lemieux): La définition.
Mme Marois: Le ministre n'a pas répondu, M. le
Président...
Le Président (M. Lemieux): Oui, Mme la
députée de Taillon.
Mme Marois: ...à ma question sur la réflexion que
devait faire son collègue, le ministre des Finances concernant...
M. Savoie: J'ai examiné ça moi-même, la
question du vendeur de véhicules usagés, et il n'y a pas de
problème là-dedans.
Mme Marois: Dans quel sens vous dites qu'il n'y a pas de
problème?
M. Savoie: Dans le sens qu'il n'y a pas de problème. Les
allégations, les prétentions concernant les véhicules, les
voitures usagées sont, en grande partie, mal fondées.
Mme Marois: Elles sont, en grande partie... M. Savoie: Mal
fondées.
Mme Marois: Dans quel sens elles seraient mal fondées?
M. Savoie: Bien, ce serait long, rentrer dans les détails
d'une opération semblable. On a monté des modèles et on a
examiné l'allégation qui était faite. Et
l'allégation comme quoi le vendeur va subir un préjudice, elle
est fausse. Il ne subit pas de préjudice. L'allégation
véritable, c'est le fait que ça va peut-être créer
un marché noir. Ça aussi, c'est réfuté parce que
les conditions... où il existe une structure semblable, il n'y a pas de
marché noir qui s'est développé à cause de la taxe
de vente.
Mme Marois: Alors, ce qui veut dire, M. le Président, que
le ministre aurait une expertise à ce sujet-là, ou une
évaluation, une analyse qu'il pourrait nous...
M. Savoie: Ah oui! nous avons des analyses, bien sûr. Les
députés ministériels nous ont également fait part
des représentations faites par les gens dans ce secteur
d'activité. Nous avons examiné ça et nous avons eu
l'occasion d'échanger avec eux autres.
M. Filion: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency.
Mme Marois: Est-ce qu'on finit ce point-là? Est-ce que
c'est sur ce point-là, Jean?
M. Filion: Une petite chose, oui.
Mme Marois: O.K. C'est parce que je veu> finir ce
point-là. Je veux bien que le ministre me dise: On a
évalué la situation et il n'y a pas de préjudice, et tout.
Je n'ai pas mes documents en main, des demandes qui avaient été
faites, pour reprendre chacun des éléments, mais je veux bien
prendre sa parole, sauf qu'il me dit: C'est trop compliqué à
expliquer. Alors, je me dis: À ce moment-là, déposez-moi
le document qui l'explique.
M. Savoie: ce n'est pas que c'est trop compliqué à
expliquer, mais, pour faire une explication succincte en quelques minutes,
lorsqu'on est en train d'examiner les mots "activité commerciale" sur un
objet autre...
Mme Marois: oui, d'accord. donc, vous voulez dire: réglons
le premier sujet et on reviendra sur ça? est-ce que c'est ça que
j'ai bien compris, m. le président?
M. Savoie: Ce que je pense, c'est lorsqu'on va parler des
remboursements de la taxe sur les intrants, à ce moment-là...
Mme Marois: Que l'on pourra aborder cette question.
M. Savoie: Revenir.
Mme Marois: À quel article va-t-on aborder ça?
M. Savoie: Ah! ça doit être à 300 quelque
chose. Il faut se dépêcher, Mme la députée.
Mme Marois: Non, je suis patiente, moi aussi.
M. Filion: Oui, moi aussi, je suis patient.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency.
M. Filion: M. le Président...
Mme Marois: Je veux juste retenir l'engagement du ministre qu'il
reviendra sur cette question d'une façon précise autour de
l'article 300 et quelques, lorsqu'on abordera la question des intrants.
Le Président (M. Lemieux): Ça va, Mme la
députée de Taillon.
M. Savoie: C'est ça. Ça me fera plaisir,
d'ailleurs.
Mme Marois: Parfait.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency, sur votre temps de parole. ! M. Savoie: on revient sur
l'activité com- ! merciale, M. le député?
M. Filion: Bien oui. C'est parce que là il faut clarifier
l'interprétation aussi. C'est très important. Et quand vous lisez
le deuxième alinéa...
M. Savoie: C'est-à-dire un projet comportant un risque ou
une affaire...
M. Filion: ...un risque. C'est quoi ça, un risque?
M. Savoie: Un risque, un risque d'affaires.
M. Filion: Ou une affaire de caractère commercial d'une
personne.
M. Savoie: C'est ça.
M. Filion: C'est quoi une affaire de caractère commercial?
On a essayé de le définir. On parle d'activité
commerciale, on dit: Ça signifie une affaire de caractère
commercial.
M. Savoie: Un projet comportant, c'est-à-dire...
M. Filion: Je suis en train de définir l'expression et je
la reprends dans ma signification.
M. Savoie: C'est ça. On dit: "activité
commerciale"... Coudon! ce n'est pas nouveau. On n'est pas en train d'inventer
le ciel. Ce sont des notions qui sont bien connues en droit commercial, la
définition d'activité commerciale: c'est une entreprise
exploitée par une personne, c'est un projet comportant un risque ou une
affaire de caractère commercial. Il faut lire: Un projet comportant un
risque...
M. Filion: Oui.
M. Savoie: ...ou une affaire de caractère commercial d'une
personne.
M. Filion: Oui. Mais moi, je voudrais revenir sur... On parle
d'harmonisation des deux taxes. Hein? On parle d'interprétation d'un
article.
M. Savoie: Oui.
M. Filion: Quand je lis l'article de la TPS, 123. (1), ils ne
l'ont pas écrit de la même façon que vous l'avez
écrit.
M. Savoie: Pardon?
M. Filion: Ils ne l'ont pas écrit de la même
façon que vous l'avez écrit. Ils disent: "Constituent des
activités commerciales exercées par une personne", et là
on cite: a), b) et c). Jusque-là, ça va. Mais, même s'il y
a a), b) et c), on dit: exclut d) et exclut e), et, quand j'exclus d) et
j'exclus e), je ne peux pas me retrouver dans a). C'est très clair.
Mais, quand vous faites votre article comme vous l'avez écrit, je peux
me retrouver à la fois dans le préambule et dans .1°. Ce
n'est pas du tout la même façon. Ce qui veut dire que mon
chauffeur de taxi, au fédéral, il marche des deux bords,
c'est-à-dire la taxe de vente et l'interprétation de la loi de
l'impôt sur le revenu; c'est très clair que ça va
être la même affaire, parce qu'on a exclu d) et on a exclu e). Et,
quand j'exclus d) et e), je ne peux pas rentrer dans a), ni dans b), ni dans
c). Alors, ce qui fait qu'ici ce n'est pas vrai. Vous autres, vous avez repris
une harmonisation et vous l'avez écrite de façon à ce
qu'effectivement on joue des deux bords.
M. Bouchard: C'est-à-dire que le fédéral a
la même définition d'entreprise que nous, donc une activité
exercée avec ou sans but lucratif, ce qui me permettrait de dire qu'il
devrait arriver à la même interprétation que nous, à
ce moment-là.
M. Filion: Mais vous ne pouvez pas arriver à la même
interprétation parce que, quand vous lisez strictement l'article de loi,
"activité commerciale", 123. (1), on parle de a), b) et c), et,
après ça, on exclut d) et e). Alors, si j'exclus d) et e), je ne
peux pas rentrer dans a), dans b) ou dans c). Et ça, c'est très
clair. À moins que je ne me trompe dans l'interprétation.
M. Savoie: Je pense que vous vous trompez là-dessus.
Écoutez, si vous lisez "activité commerciale" dans la loi, il est
très clair qu'on a fait un meilleur résumé qu'eux.
M. Filion: Non, non, non. Eux donnent des situations a), b) et
c); après ça, on vient exclure d),e)etf).
M. Savoie: "La présente définition exclut d) et
e)"; d), c'est justement la fourniture exonérée; e), c'est les
activités exercées sans attente raisonnable de profit...
M. Filion: Voilà.
M. Savoie: ...et f), les fonctions ou activités accomplies
dans le cadre d'une charge ou d'un emploi. Alors, nous autres, ce qu'on a
fait...
M. Filion: Même si je me qualifie à a), b) et c) et
que j'arrive à d) et que je suis exclu...
M. Savoie: C'est la même chose chez nous. Ça, c'est
bien clair.
M. Filion: ce n'est pas la même chose. tantôt, quand
on posait la question sur le chauffeur de taxi, le chauffeur de taxi, lui, on
disait: même s'il est exclu, je vais aller le
chercher par a), ou je vais aller le chercher par l'alinéa
1°. Alors, ce n'est pas pareil, parce que, ici, dans la loi
fédérale, si je suis exclu à d), je ne peux pas aller le
chercher avec a). Il est exclu, point.
M. Bouchard: II n'y a pas de conflit, je pense, entre les
exclusions et les inclusions de la définition, justement parce qu'on a
pris soin d'ajouter les mots "sans expectative raisonnable de profit". C'est de
cette façon-là qu'on peut réussir à concilier,
finalement, les exclusions qui sont dans le liminaire, dans le paragraphe, et
les inclusions qui sont aux paragraphes 1°, 2° et 3°.
M. Filion: Mais ils l'ont repris, eux aussi, l'expectative
raisonnable de profit, dans la TPS.
M. Savoie: Oui, c'est ça.
M. Filion: Sauf que, quand elle s'applique, tu ne peux pas avoir
deux situations. Elle est éliminée. C'est ça, la
différence.
M. Savoie: Êtes-vous en train de nous dire que vous voulez
la même définition, mot par mot, que la définition du
fédéral?
M. Filion: Ce que j'étais en train de vous dire
effectivement, c'est que la façon dont vous l'avez écrit,
ça ne fonctionne pas par rapport à ce qui est écrit dans
la loi qui est ici. Parce que, quand le d) est exclu...
M. Savoie: C'est exactement la même chose. M. Filion:
Non, ce n'est pas la même chose. M. Savoie: Bien voyons!
M. Filion: Quand vous lisez: L'exclusion des "activités
exercées par un particulier sans attente raisonnable de profit", quand
je frappe l'exclusion, je suis exclu, même si je suis dans une
exploitation d'entreprise.
M. Savoie: Oui, mais on dit: "La présente
définition exclut". Dans la loi fédérale, on dit - je vais
vous le lire et vous allez lire "activité commerciale" jusqu'à
"signifie", vous allez voir que les trois se combinent - "La présente
définition exclut: d) les activités exercées par une
personne, dans la mesure où elles comportent la réalisation par
celle-ci d'une fourniture exonérée. " Vous allez être
d'accord avec moi qu'on a couvert la fourniture exonérée.
M. Filion: Oui.
M. Savoie: Bon. Les activités exclues, là, "les
activitées exercées par un particulier sans attente raisonnable
de profit". On le couvre.
M. Filion: Oui, ça l'exclut.
M. Savoie: C'est ça. C'est une exclusion. Mais c'est
ça qu'on dit en haut, ici.
M. Filion: Ce n'est pas ça que vous dites en haut.
M. Savoie: En haut, on dit: "activité commerciale...
M. Filion: Oui.
M. Savoie:... à l'exception d'une activité
exercée par... "
M. Filion: Oui, et "signifie". Après ça, le mot
"signifie"...
M. Savoie: Les trois.
M. Filion:... arrive pour dire les trois qu'il y a là.
M. Savoie: Oui.
M. Filion: Et quand vous dites ça, effectivement, je
serais d'accord avec vous pour dire: Quand je tombe à l'application qui
est là, l'exclusion vient d'être éliminée dans le
préambule. Sauf que, dans la loi fédérale, ce n'est pas
ça que ça dit. Ça dit a), b) et c), et, quand tu arrives
à d), même si tu as a), b) et c) qui s'appliquent, tu
élimines a), b) ou c). Tu ne peux pas avoir l'application en double.
M. Savoie: On dit: "La présente définition exclut
les activités exercées par un particulier sans attente
raisonnable de profit. "
M. Filion: C'est ça.
M. Savoie: Allez voir ce qu'on dit, nous autres: "activité
commerciale" à l'exclusion d'une activité exercée par un
particulier sans expectative raisonnable de profit". C'est ça qu'on dit.
Alors, on dit: "activité commerciale signifie 1°, 2°,
3°"...
M. Filion: Bon.
M. Savoie:... à l'exception par un particulier...
M. Filion: Mais, dans la loi sur la TPS, il ne dit pas
"signifie", le législateur fédéral.
M. Savoie: Le législateur dit... Écoutez
bien...
M. Filion: II dit simplement: "... exercées par une
personne: l'exploitation d'une entreprise; " etc.
M. Savoie: "Activité commerciale": "Constituent des
activités commerciales exercées par une personnne: a), b),
c)."
M. Filion: Oui.
M. Savoie: On dit ensuite: "La présente définition
exclut d),e),f)."
M. Filion: Alors, ce qui veut dire que mon taxi ne peut pas avoir
une double application, TVQ, loi de l'impôt, au fédéral. Il
ne peut pas arriver dans une double différente.
M. Savoie: Bien oui, il peut.
M. Filion: Bien non, il ne peut pas.
M. Savoie: Bien oui, il peut.
M. Filion: Parce que, s'il frappe sur d), à d) on va
l'exclure.
M. Savoie: Ton gars ne frappe pas sur d); ton gars frappe sur a).
Et écoute bien là...
M. Filion: Oui, mais, même s'il frappe sur a), quand
j'arrive sur d) il est exclu.
M. Savoie: oui, mais laisse-moi terminer, tu vas voir. ton gars,
lui, il rentre sous a).
M. Gautrin: M. le Président, est-ce qu'on pourrait se
comprendre entre a), d, etc.? Est-ce que je pourrais avoir un discours
compréhensible de la part des gens qui interviennent?
Le Président (M. Lemieux): Monsieur...
M. Savoie: Oui, vous pourriez. On va vous en faire une
photocopie. Vous avez raison, M. le député. On va vous le
transmettre.
M. Gautrin: J'aimerais avoir une photocopie parce que vous parlez
tous les deux d'un document qui n'a pas été déposé
ici.
M. Savoie: Vous avez bien raison. M. Gautrin: Merci, M. le
Président.
M. Filion: Mais on parle d'harmonisation de la taxe, alors c'est
implicite.
M. Savoie: Ça nous fera plaisir de vous en transmettre une
photocopie. Ton gars, il commence sous a).
M. Filion: Oui.
M. Savoie: II commence sous a); il ne commence pas sur d), lui...
sur e).
M. Filion: Mais dès qu'il arrive à d), même
s'il se qualifie à a), il débarque, et il reste sur d).
M. Savoie: Écoute bien. Ton gars roule sur a).
M. Filion: Sur a).
M. Savoie: II roule sur a).
M. Gautrin: C'est toujours incompréhensible.
M. Savoie: Là, on dit: Wo! tu n'es plus admissible pour
être un a) du fait que tu es un e).
M. Filion: Un e), oui. Voilà, c'est en plein
ça.
M. Savoie: Bon, c'est la même chose ici.
M. Filion: Non, ce n'est pas la même chose ici.
M. Savoie: Ah, ah, ah! Le gars ne commence pas...
M. Filion: C'est ce que donnaient vos gens qui...
M. Savoie: Non, le gars ne commmence pas sous "sans expectative",
il commence sous "1°", et là on dit: Non, tu n'es pas un "1°",
tu tombes dans les exceptions.
M. Filion: C'est la façon dont vous avez écrit la
loi, vous n'avez pas suivi l'esprit du législateur
fédéral. C'est ça que je vous dis.
M. Savoie: Ah bien! là, je ne suis pas d'accord.
Là, c'est nouveau. Là, tu viens juste de dire ça.
M. Filion: Bien, écoutez, c'est parce que, tout à
l'heure, on a répondu...
M. Savoie: Au début, ce n'est pas ça que tu
disais.
M. Filion: Non, mais ce qu'on a répondu tout à
l'heure, c'est que vous pouvez avoir double interprétation avec la loi
de l'impôt.
Le Président (M. Lemieux): Écoutez. Je veux
simplement faire remarquer au député de Montmorency que je lui ai
permis de continuer sur "activité commerciale", mais vos 20 minutes
étaient expirées.
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Par contre, vous avez, sur
1°, 2° et 3°, 20 minutes pour chacun
de ces paragraphes en vertu de l'interprétation des articles 245
et 246.
M. Filion: Je suis sur mes 20 minutes de 2° et3°, parce
que...
Le Président (M. Lemieux): O.K. Sur "activité
commerciale"' comme tel, vos 20 minutes sont terminées. Mais sur le
paragraphe 1° vous avez 20 minutes, sur le paragraphe 2° vous avez 20
minutes et aussi sur le paragraphe 3°. Alors, là vous êtes, si
je comprends bien, sur 2° et 3°, et vous utilisez vos 20 minutes.
M. Filion: Je suis sur 2° et 3°, mais vous avez la TPS
fédérale.
Le Président (M. Lemieux): O.K. C'est parce que, moi,
j'essaie de comptabiliser tout ça. O.K. Ça va.
M. Filion: Je suis sur 2° et 3°, mais avec la TPS
fédérale, où on arrive à une
interprétation...
Le Président (M. Lemieux): D'accord.
M. Filion: ...à une écriture de la loi qui n'a pas
le même esprit.
Le Président (M. Lemieux): Ça va. O.K.
là-dessus.
M. Savoie: C'est tiré par les cheveux, ça. M.
Filion: Ce n'est pas tiré.
Le Président (M. Lemieux): Alors, nous allons suspendre
nos travaux jusqu'à 20 heures et nous allons poursuivre nos travaux de
20 heures à minuit.
(Suspension de la séance à 18 h 29)
(Reprise à 20 h 34)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission du budget et de l'administration reprend ses travaux
relativement au projet de loi 170. La parole était à M. le
député de Montmorency, et nous en étions à
l'article 1, aux paragraphes 2° et 3°.
M. Filion: Oui, M. le Président. Pour revenir un peu
où on a laissé le débat tout à l'heure, la
problématique que l'on vise, c'est qu'on a écrit la loi au
Québec d'une façon différente de celle qui a
été écrite au fédéral avec la TPS. Je pense
que, pour fins de reprendre l'esprit du législateur, il serait bon de
l'écrire de la même façon pour éviter d'avoir une
double application, comme j'en parlais avec mon chauffeur de taxi.
Et, de cette façon-là, on aurait une intention
législative identique. Je pense que - quand même, il ne faut pas
passer des heures et des heures à discuter de ça - pour retrouver
une équivalence ou une harmonisation on devrait reprendre
intégralement le texte de la TPS fédérale pour
éviter la confusion. Moi, j'y ajouterais une petite nuance. Je propose
ça au ministre. À 1°, effectivement, au niveau du
débat où nous étions tout à l'heure, quand on dit
que la présente définition exclut "une activité
exercée par un particulier sans expectative raisonnable de profit", moi,
je remplacerais "sans expectative raisonnable de profit" par, simplement, "des
activités exercées par un particulier qui n'exploite pas une
entreprise".
Pour enlever... Toujours ma fameuse notion de "raisonnabilité" et
"sans expectative raisonnable de profit", si je dis que mon individu n'exerce
pas d'entreprise, on a défini le mot "entreprise" et je pense que
ça vient régler l'aspect de l'individu qui fait une transaction
isolée, qui vend son auto à son chum, et là on vient
d'aller le chercher. Mais on enlève ce que, moi, j'appelle une
expression compliquée en matière d'application de la loi, qui est
celle de I'"expectative raisonnable de profit". Simplement en disant "les
activités exercées par un particulier qui ne sont pas une
exploitation d'entreprise", ou bien, "qui ne fait pas l'exploitation d'une
entreprise", bien, là, à ce moment-là, pour moi, c'est
clair. C'est que le gars qui est tout seul chez lui, il dit: Moi, je n'ai pas
d'entreprise, je vends mon auto. C'est clair. Mon chauffeur de taxi, eh bien,
effectivement, lui aussi ne sera pas sujet à cette notion d'"expectative
raisonnable de profit". Je pense qu'à ce moment-là on rejoint
l'esprit du législateur qui veut simplement éliminer et permettre
l'exemption, bien sûr, des transactions entre individus.
M. Savoie: Je vais prendre votre suggestion en
délibéré.
M. Filion: Excellent.
M. Savoie: On pourra peut-être y revenir à un moment
ultérieur.
M. Filion: On pourrait demander la suspension de l'étude
de l'article, tout simplement, puis, quand on va revenir, on va le
compléter. Ça va?
Le Président (M. Lemieux): De l'article ou de la
définition?
M. Savoie: De l'activité commerciale.
M. Filion: De la définition particulière
d'"activité commerciale", tout ce qui concerne les paragraphes qui
définissent l'activité commerciale.
Le Président (M. Lemieux): Nous continuons donc dans la
définition, à "administration hospitalière".
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Lemieux): C'est ça?
M. Filion: On passe à la prochaine.
Le Président (M. Lemieux): On passe à la
prochaine.
M. Filion: C'est ça. On suspend... Le Président
(M. Lemieux): Oui.
M. Filion:... cette définition-là jusqu'à ce
qu'on ait...
Le Président (M. Lemieux): C'est ça, d'accord.
M. Filion:... une proposition.
Le Président (M. Lemieux): Ça va.
M. Filion: Alors, l'administration hospitalière.
Écoutez, je pense que là, là-dessus, quant à moi,
je n'ai pas de commentaire. Je ne sais pas si le ministre veut lire le
paragraphe, mais...
M. Savoie: Ah! Tu es bien gentil.
M. Filion:... moi, je ne vois pas d'objection à ce
niveau-là.
M. Savoie: Tu n'as pas d'objection. Bien, si tu n'as pas
d'objection, on va...
Le Président (M. Lemieux): Adopté? Le paragraphe
2° est adopté?
M. Filion: Oui. Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Pardon, le paragraphe 3°,
"administration hospitalière".
M. Filion: L'administration scolaire, le paragraphe...
Le Président (M. Lemieux): "Administration scolaire",
maintenant.
M. Filion: Oui. La même chose pour moi, il n'y a aucun
commentaire...
Le Président (M. Lemieux): O. K. Alors, la
définition d"'administration...
M. Filion:... particulier sur ça.
Le Président (M. Lemieux):... scolaire" est donc
adoptée.
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Nous passons au prochain
paragraphe qui est "amélioration".
M. Filion: Amélioration.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a des
interventions?
M. Filion: Là, j'aimerais vraiment que le ministre lise le
paragraphe parce que je voudrais préciser une couple de petites choses
à ce niveau-là.
Amélioration d'une immobilisation
M. Savoie: D'accord. Alors: « "amélioration",
à l'égard d'une immobilisation d'une personne, signifie un bien
ou un service fourni à la personne, ou un bien apporté au
Québec par celle-ci, dans le but d'améliorer l'immobilisation,
dans la mesure où la contrepartie payée ou payable par elle pour
la fourniture du bien ou du service ou la valeur du bien apporté est
incluse dans le calcul du prix de base rajusté pour la personne de
l'immobilisation pour l'application de la Loi sur les impôts, ou le
serait si elle était un contribuable en vertu de cette loi. »
M. Filion: Bon!
M. Savoie: Alors, je pourrais peut-être lire la note
explicative aussi, qu'on m'a fournie avec ça.
M. Filion: Oui, oui.
M. Savoie: Alors, ce terme est utilisé dans les
dispositions particulières relatives au remboursement de la taxe sur les
intrants applicables aux biens qui sont des immobilisations. Il est
défini comme étant un bien ou un service qu'une personne acquiert
ou apporte au Québec pour utiliser dans l'amélioration de son
immobilisation, dans la mesure où le coût du bien ou du service
est inclus dans le calcul du PBR de l'immobilisation pour l'application de la
Loi sur les impôts. Par conséquent, une amélioration ne
comprend pas des dépenses courantes liées à
l'immobilisation telles que les frais d'entretien ou de réparation.
Cette définition s'applique à toute personne, que celle-ci soit
un contribuable ou non en vertu de la Loi sur les impôts.
M. Filion: O. K. D'abord, j'aimerais qu'on discute aussi un peu,
immédiatement, de la référence. Souvent, on va la
retrouver à travers le texte, tout au long du projet de loi, c'est qu'on
se réfère au chapitre I-3 quand on se réfère
à la Loi sur les impôts. Et je pense que,
pour le bénéfice du lecteur et du praticien... Et si vous
regardez précisément l'article 6, vous allez voir, à
l'occasion, on se réfère à l'article précis de la
loi et, à d'autres moments, on se réfère à la loi
en général.
Moi, je pense qu'on devrait avoir une uniformité au niveau de la
rédaction. Je pense qu'on devrait toujours se référer aux
articles spécifiques de la loi, de telle sorte qu'un praticien qui a
à lire la Loi sur la taxe de vente puisse, rapidement au moins, s'il a
à faire une recherche, aller chercher directement l'article qui est
visé au niveau de la Loi sur les impôts. Parce que, si on ne
fournit pas cela au praticien de la fiscalité, on alourdit un travail
qui, à toutes fins pratiques, à mon avis, devrait être
éliminé dans la rédaction du projet de loi. Et quand on se
réfère à 1-3 on devrait se référer, à
mon avis, aux articles 255, 257, 252 et 253 de la Loi sur les impôts
pour, immédiatement, situer le lecteur du paragraphe à ce que
ça concerne, où il doit aller chercher son information.
M. Savoie: C'est compliqué parce que, finalement, la
numérotation d'une loi ne peut pas s'attacher à des
références dans une autre loi.
M. Filion: Mais on le fait ailleurs dans le projet de loi. On le
fait à plusieurs endroits.
M. Savoie: Oui.
M. Filion: Et c'est là que je dis: On devrait avoir une
uniformité. Pourquoi le faire dans certains articles et ne pas le faire
dans d'autres? On devrait l'appliquer d'une façon
générale, je pense, la référence aux articles.
M. Savoie: On l'applique dans la mesure où ça ne
présente pas de difficulté.
M. Filion: mais pourquoi le faire dans certains articles et ne
pas le faire de façon uniforme partout? c'est ça que je pose
comme question.
M. Savoie: Bien, lorsqu'on va frapper un exemple, on pourra
peut-être...
M. Filion: Si vous voulez aller voir immédiatement, pour
fins de discussion, c'est l'article 6. À l'article 6 on se
réfère...
M. Savoie: Vous êtes à quelle page, à
l'article 6?
M. Filion: Ne bougez pas, là.
M. Savoie: Attendez une seconde. Je vais le trouver dans ma
loi.
M. Filion: J'ai l'article 5 où on en parie. L'article
5...
M. Savoie: Attendez une seconde. Wo! M. Filion: ...page
23.
M. Savoie: Oui, mais, ça, ce n'est pas la même
chose. C'est dans le texte de la loi. Vous voyez que la référence
n'est une référence qu'à la loi en tant que telle.
M. Filion: Bien, on se réfère directement. On
aurait bien pu enlever les articles précédents et laisser aller
simplement le chapitre 1-3, comme on vient de le faire dans la
définition qui est là. On aurait eu le même résultat
pareil. Pourquoi donner des articles spécifiquement à certains
endroits et ne pas les donner ailleurs quand on sait que ça serait utile
pour le praticien?
M. Savoie: Oui, mais c'est utile pour la définition. C'est
ça. Si tu veux regarder la question de l'article 3...
M. Filion: Oui.
M. Savoie: ...ça se réfère à des
articles spécifiques qui donnent la définition. Ici, on est dans
une définition d'"améliorationM.
M. Filion: C'est simplement dans le but de permettre une
meilleure lecture plus rapidement et que les gens, rapidement, puissent aller
voir l'article de loi sans être obligés de commencer à
chercher dans l'index quels sont les articles, effectivement, dont on voulait
me parler dans 1-3. C'est simplement une question d'avoir une uniformité
en même temps à travers tout le texte de loi. C'est simplement une
amélioration, au fond, là, de la rédaction.
M. Savoie: C'est ça. La recommandation, finalement, c'est
de lire: "L.R.Q., chapitre 1-3, articles 255..."
M. Filion: Voilà, 255, 257, 257.2, 252 et 253. Et que les
gens, effectivement, sachent, quand ils vont lire le projet de loi ou la loi
sur la TVQ, que c'est ces articles-là qu'ils doivent aller voir au
niveau de l'interprétation du texte qui est là. Et, rapidement,
les gens peuvent s'y référer.
Écoutez, si on peut se dissocier de l'harmonisation
là-dessus, je pense que c'est un plus pour la loi du Québec.
M. Savoie: II peut y avoir, comme on le souligne ici, des
informations qui se retrouvent ailleurs au niveau du PBR plutôt
qu'uniquement dans les deux, trois ou quatre articles que tu mentionnes. Le
PBR, c'est une notion qui... (20 h 45)
M. Filion: Je pense que la notion de PBR est très bien
cernée dans la Loi sur les impôts. C'est plusieurs articles, comme
je vous le dis. Je
ne parle pas juste d'un article; j'ai les articles 255, 257 et 257. 2.
Le PBR, vous savez, quand on fait des calculs...
M. Savoie: Oui. On va attendre Me Tremblay. Peut-être qu'il
va...
M. Tremblay (François): Non, c'est-à-dire... Je ne
sais pas quelle est l'intention exacte au niveau de la TVQ; mon collègue
pourra peut-être préciser à ce niveau là, mais on
parle de ce qui est inclus dans le calcul du prix de base rajusté du
bien pour la personne, ou de l'immobilisation. Il n'est pas dit qu'en certaines
circonstances - je pense, par exemple, à des aides gouvernementales;
c'est un exemple qui me vient à l'esprit - il n'y a pas d'influence sur
le coût et, donc, sur le PBR à ce niveau-là. Si, par
exemple, on prend, pour les biens amortissables, la première notion, le
prix de base rajusté, c'est fonction du coût en capital du bien.
Le coût en capital, par ailleurs, et en dehors des articles traitant le
PBR, va être influencé, lui, par exemple pour des aides
gouvernementales ou non gouvernementales ou d'autres types de subventions ou de
crédits qui vont influencer le calcul du coût. À ce
moment-là, si la définition - je ne sais si elle doit; on ne
traite pas de l'intention de la TPS dans laquelle on s'harmonise - si la
référence doit être strictement aux articles 255 et
quelques-uns qui portent ce titre, les autres ajustements qui devraient
être faits, s'ils le doivent, ne le seront pas en raison de cette
référence limitée.
M. Filion: Je ne pense pas que la demande soit à l'effet
que l'on mette une partie des articles que l'on veut viser. C'est que l'on
mette les articles que l'on vise, point. Il y a un sens limité.
M. Tremblay (François): Non, j'apportais cette indication
simplement pour éclairer le débat.
M. Filion: C'est ça. Mais moi, je pense que... Je profite
de la commission pour essayer de... On sait que c'est déjà
très compliqué.
M. Tremblay (François): Je ne veux pas vous priver d'une
possibilité d'amendement ou de quoi que ce soit.
M. Filion: Oui, je comprends. C'est une question, dès le
départ, de partir sur des principes où on essaie d'écrire
la loi pour permettre aux praticiens d'opérer le plus efficacement
possible sans être obligés de fouiller, un peu comme je le fais
depuis cinq minutes, pour trouver les articles pour savoir ce que c'est. C'est
beau de dire en fonction de la loi, au niveau des ajustements du prix de base
rajusté, en fonction de la Loi sur les impôts. Bon, bien, si on
écrivait les articles, comme on l'écrit ailleurs dans le texte de
la loi, bien, rapidement, le praticien irait lire les articles et pourrait se
faire une idée. c'est la façon de la rendre la plus accessible
possible.
M. Savoie: Oui. C'est ça. La notion de PBR, c'est
tellement attaché à l'ensemble de la Loi sur les impôts
qu'arriver et commencer à mentionner des articles, c'est une
procédure législative qui n'est pas retenue d'une façon
globale. Je pense que, si vous lisez Pigeon, "Rédaction et
interprétation des lois", Pigeon recommande fortement d'éviter ce
genre de références qui nécessitent constamment des
retouches et qui, finalement, limitent le dossier, qui pourraient avoir une
utilisation dans une argumentation restrictive plutôt qu'une application
de façon globale.
M. Filion: Ça, je comprends bien cet
objectif-là.
M. Savoie: Ce qu'on pourrait peut-être faire - et il y en a
qui le font - lorsqu'on publie des projets de loi on a souvent des
références après l'article qui sont faites par les
éditeurs, des spécialistes. Je pense, par exemple, à
Blackwells qui fait souvent ça, qui ajoute souvent les articles auxquels
fait référence l'article du projet de loi, et renvoie, donc,
à des articles précis, à titre indicatif seulement. On ne
peut pas commencer à marquer des articles d'ordre indicatif. Il
faudrait... Finalement... Je ne le sais pas. Je ne suis pas confortable du tout
avec cette notion-là de commencer à l'indiquer.
M. Filion: Moi, je suis très confortable, pour la raison
suivante. On veut simplement se référer au prix de base
rajusté lorsqu'on fait un suivi d'amélioration. Alors, des
articles spécifiques qui traitent de ça au niveau du PBR, il n'y
en a pas 500. Il va y en avoir deux ou trois, c'est tout.
M. Savoie: Ah non! Non, non, non! Le PBR, c'est une notion qui
est utilisée souvent dans la Loi sur les impôts.
M. Filion: Oui, mais la notion du prix de base rajusté, si
vous commencez à regarder les actions ou les différents types de
biens, les avoirs miniers, etc., les participations dans les
sociétés, ça va. L'article 53... Moi, je parle de la loi
fédérale, là, puis les articles, c'est 257 et 255. C'est
évident que, si on parle de l'ajustement du PBR pour tout l'ensemble des
biens qu'on traite sur le plan fiscal, c'est vrai qu'il y en a beaucoup, mais
si, moi, je parle d'ajustement de PBR uniquement pour les améliorations,
ce qui est le sujet dont on parle, eh bien, il n'y en a pas 5000, là, et
c'est très...
M. Savoie: Bien là! Il y en a pas mal.
M. Filion: Bien! Il n'y en a pas tant que ça.
M. Savoie: L'immobilisation, c'est assez étendu comme
notion.
M. Filion: Mais il n'y en a pas tant que ça. À mon
avis, là, c'est très limitatif. C'est concernant une
amélioration que l'on fait sur un bien. Alors, c'est quoi les articles
qui touchent ça? Du PBR, il n'y en a pas tant que ça.
M. Savoie: Oui. En tout cas, il semble très clair à
mes yeux qu'il y a une grande différence entre les articles 5 et 6
auxquels vous nous avez renvoyés tout à l'heure et...
M. Filion: L'article 3.
M. Savoie:... une définition au niveau de
l'amélioration dans laquelle on fait référence au PBR en
vertu de la Loi sur les impôts. Alors, ce qu'on lit, c'est une
généralité, ici, le PBR d'une façon globale, qui
s'applique selon les circonstances dans la Loi sur les impôts.
M. Filion: C'est vrai, mais la généralité
à laquelle vous faites référence dépasse largement
l'expression ou le mot "amélioration". L'amélioration, c'est un
bien parmi tous les types de biens dont on fait l'ajustement du PBR. C'est que
vous vous référez à une notion d'article qui est beaucoup
plus large. Et ce dont on parle, ce sont les améliorations. Et c'est
là où je dis que vous ne facilitez pas la recherche pour celui
qui a à opérer la loi parce que vous l'obligez à chercher
partout.
M. Savoie: On ouvre la porte à des difficultés
qu'on risque de rencontrer de nouveau. Pour le moment, en tout cas, je pense
qu'on voudrait le laisser comme ça. S'il y avait une
référence à l'article dans le texte de la loi, là,
je serais d'accord. Si on devait arriver, pour l'application, par exemple,
à "est incluse dans le calcul du prix de base rajusté tel que
défini à l'article - par exemple - 255", ça, ça va.
Mais arriver à une référence au niveau de la Loi sur les
impôts et, là, commencer à donner des articles, on n'en
sortira pas.
M. Filion: écoutez, on n'en sortirait pas sur le plan
rédactionnel pour un bout de temps, mais ce serait beaucoup plus facile
pour celui qui aurait à administrer la loi.
M. Savoie: Là, je suis en train de déposer un
projet de loi. Je vais déposer un autre projet de loi jeudi, vendredi ou
lundi, qui modifie encore la Loi sur les impôts. Ça risque de
créer une nouvelle numérotation. On va passer notre temps
à revenir, là... On n'en sort pas.
M. Filion: Ça devient une philosophie aussi.
Il faut faire attention. La question est de savoir si on complique la
vie des praticiens ou si on complique la vie du ministère?
M. Savoie: On ne complique pas la vie des praticiens et on ne
complique pas la vie du ministère. Ce n'est pas ce qui est visé.
Ce qui est visé, c'est qu'il faut bien comprendre que la
rédaction des lois, c'est une chose, et la pratique, c'en est une autre.
Quand on est en mesure, par le biais de la rédaction, de faciliter la
tâche, nous le faisons. Mais ici, compte tenu d'une
référence générale à un projet de loi et
qu'on veut englober l'ensemble des notions de PBR, on ne voudrait pas commencer
à donner des indications de précision lorsque ce n'est pas notre
intention de préciser. S'il n'y avait, par exemple, qu'une disposition
dans la Loi sur les impôts et qu'à ce moment-là cette
disposition-là pouvait se trouver nommément dans le texte de
l'article, là, ça va; comme, par exemple, ton article 3 ou 6.
Là, ça va. Mais là c'est précis, hein? Des
personnes sont liées entre elles si elles le sont en raison des articles
17 et 19 à 21. Alors là on dit que ça se limite à
ces éléments-là. C'est plus qu'indicatif. Ce n'est pas
pour des fins de recherche qu'on indique ça. C'est pour des fins d'ordre
juridique, législatif.
M. Filion: Et vous allez voir, on va passer à l'autre
paragraphe après. Vous allez voir que le fait qu'on ne se
réfère pas aux articles de loi...
M. Savoie: Bon, bien. On...
M. Filion: Bien, là... Je veux vous expliquer...
M. Savoie: Oui.
M. Filion: C'est ce que je vais vous expliquer après, mais
quand même, ça revient à ce que je dis là. C'est que
vous allez voir, on fait de la redondance. C'est qu'on se réfère
à la Loi sur les impôts et j'ai l'impression qu'on s'y
réfère sans aller lire ce qu'il y avait d'écrit là.
Et on se retrouve dans une situation où on va voir que le
deuxième alinéa n'a pas d'application. Et, justement, j'ai
l'impression qu'on s'y réfère sans aller voir ce qui se passe.
Et, dans le paragraphe qui suit, l'exemple est patent. Et je me dis: Pourquoi,
à ce moment-là, ne pas indiquer la référence
précise quand on veut parler d'une chose?
M. Savoie: C'est parce que, tu vois, ça fait six ans que
je suis au Comité de législation. Ça fait six ans qu'on
examine des méthodes, des principes, qu'on analyse ces
détails-là. Et ce n'est pas le genre de chose dans laquelle on
veut s'embarquer comme législateurs. Je pense que ce serait faire autre
chose que ce que nous voulons faire. Ici, ce que nous voulons faire, c'est
une
généralité, en renvoyant d'une façon
générale à la Loi sur les impôts. Ce n'est pas autre
chose que ça. Et, préciser des articles, ça veut dire
autre chose. Le législateur ne parle pas pour ne rien dire. Je t'invite,
peut-être, à prendre connaissance de l'article de Pigeon - je
pourrais d'ailleurs t'en transmettre une copie - où on soulève
des points précis comme ça.
M. Filion: Moi, Pigeon, je partage son opinion. Je ne vais pas
contre Pigeon quand je dis: Citez les articles qui sont visés. C'est la
même affaire.
M. Savoie: Oui. Non, je pense que tu vas à la confusion
dans sa "Rédaction et interprétation des lois".
M. Filion: Non, je ne pense pas, parce que, moi, si je me
réfère au calcul du prix de base rajusté dans une loi
puis, au lieu de dire: Bien, va voir 1-3, mais tous les articles qui visent le
PBR, ce sont les articles suivants...
M. Savoie: non, on ne dit pas... ce n'est pas une
référence qu'on fait là. c'est une identification de la
loi sur les impôts. c'est tout.
M. Filion: Oui, mais on dit: "...le calcul du prix de base
rajusté pour la personne de l'immobilisation pour l'application de la
Loi sur les impôts..." Je me réfère effectivement aux
articles de loi qui visent le calcul du PBR.
M. Savoie: c'est tout simplement pour donner une
référence juridique. c'est tout. c'est l.r.q., chapitre 1-3,
"bang"! ça ne peut pas être autre chose.
M. Filion: on convient ensemble qu'il faut que j'aille voir les
articles. il faut que j'aille voir les articles de la loi qui me donnent le
calcul du pbr.
M. Savoie: Moi, je ne croirais pas, non. Moi, je pense que
quelqu'un qui lit ça dit que ce sont les mêmes principes qu'au
niveau de la Loi sur les impôts, et c'est tout. Ce n'est ni plus ni moins
que cela.
M. Filion: Mais où la valeur du bien est incluse dans le
calcul du PBR, il faut toujours bien aller voir s'il y a des articles qui me
disent d'inclure la valeur du bien dans le calcul du PBR.
M. Savoie: oui, c'est ça. mais comme tu le disais tout
à l'heure, quand on parle d'une amélioration, par exemple,
à un droit minier, est-ce qu'on...
M. Filion: C'est parce que le PBR, c'est tout. c'est les biens
d'inventaire... ce n'est pas les biens d'inventaire mais les droits miniers,
c'est les participations dans des sociétés, c'est les actions,
c'est...
M. Savoie: C'est les actifs qui ont un traitement spécial.
Le PBR ne se calcule pas toujours de la même façon.
M. Filion: ...c'est les biens amortissables, c'est tout
ça. Alors, moi, quand je parle d'amélioration, le
législateur parle d'une expression spécifique qui exige quelques
articles. Sauf que ça m'évite, comme praticien... et d'ailleurs
pour tout le monde, ça réfère rapidement aux articles
qu'ils veulent qu'on aille voir pour donner l'esprit du législateur.
M. Savoie: Alors, pour ie moment, regarde, la réponse,
c'est non. Mais si ça revient... Ah non! Ça ne donne rien de te
laisser croire que ça pourrait peut-être changer. Ça reste
comme ça. Puis on ne peut pas. On s'embarque dans quelque chose dont tu
ignores les conséquences.
M. Filion: Moi, je n'ignore pas les conséquences. Je suis
conscient des conséquences, sauf qu'on simplifie pour certains puis on
complique un petit peu pour d'autres. Mais je pense que, pour les autres...
M. Savoie: C'est ça, mais peut-être qu'avec un peu
de temps les choses vont se placer un petit peu plus au niveau de la
rédaction des lois. Écoute, je suis très positif pour
intervenir en faveur du praticien, donner des indications ou des choses de
cette nature-là. Je peux te dire que, si on le faisait, on le ferait
dans le style d'ajouter, dans une note, dans un post-scriptum après
l'article, et certainement pas dans le texte de la loi. Ce serait donné
purement à titre indicatif, mais à l'extérieur du contexte
du projet de loi en tant que tel, c'est-à-dire du projet de
définition en tant que tel.
M. Filion: O.K.
M. Savoie: D'accord?
M. Filion: L'autre élément, c'est qu'on dit
"...à l'égard d'une immobilisation d'une personne, signifie un
bien ou un service fourni à la personne, ou un bien apporté au
Québec par celle-ci, dans le but d'améliorer l'immobilisation,
dans la mesure où la contrepartie payée ou payable par elle pour
la fourniture du bien ou du service ou la valeur du bien apporté est
incluse dans le calcul du prix de base rajusté..."
Donc, ici, on ne fait pas du tout référence au payeur
ni... on fait référence uniquement à un calcul payé
ou payable par lui pour la fourniture. C'est que je reviens un peu... Tout
à l'heure on parlait du droit de propriété et de la
définition
de l'acquéreur. Selon vous, il n'y a rien qui se passe au niveau
de la distinction, à savoir qu'on sait que l'acquéreur, à
toutes fins pratiques, ce n'est pas celui dont le nom est écrit sur le
document ou sur la facture mais bien celui qui paie. Ici, à
"amélioration" on fait référence à "...ou la
contrepartie payée ou payable par elle..." Alors, qu'elle paie ou pas,
ici on fait vraiment référence à la notion de la personne
qui a à payer, même si elle ne paie pas.
Alors, comme je le disais tantôt, si c'est mon frère qui
paie l'achat de mon bien, on sait que c'est mon frère qui est
l'acquéreur et que ce n'est pas moi parce que c'est moi qui suis sur la
facture. Alors, là, je ramène un peu le débat, à
savoir au niveau de ('"amélioration", ici, on ramène une notion
qui est que c'est celui qui est sur la facture qui va être
réputé avoir fait l'amélioration, et non pas si c'est mon
frère qui paie l'amélioration. On se comprend, là? (21
heures)
M. Bouchard: Alors, finalement, "amélioration" sera
utilisée un peu plus loin, évidemment, dans les articles de fond,
particulièrement à l'article 242 où on verra, finalement,
que c'est dans le cas où un inscrit acquiert une amélioration
à un bien meuble qui est son immobilisation.
M. Filion: À lui?
M. Bouchard: C'est ça. L'objectif de l'article,
finalement, c'est de permettre à une personne d'obtenir un plein
remboursement de la taxe sur les intrants, dans la mesure où son bien
d'équipement est utilisé à au moins 50 % dans le cadre
d'une activité commerciale.
M. Filion: O.K. Donc, c'est dans le but de 242. C'est beau.
Alors, dans ce sens-là, ça précise un peu l'intention de
ce paragraphe-là. Écoutez, moi, c'est bien sûr que je
demeure contre compte tenu du fait qu'on ne se réfère pas aux
articles de loi spécifiques. Ça, c'est sûr. Je ne peux pas
être pour parce que je sais très bien ce que ça a comme
conséquence pour les praticiens. Je ne peux vraiment pas être pour
ce paragraphe-là.
M. Bouchard: Allons-y.
M. Filion: Alors, on change de paragraphe, M. le
Président.
Le Président (M. Gautrin): Oui, oui.
M. Filion: Mais il n'est pas adopté, celui-là,
hein.
Le Président (M. Gautrin): "Amélioration" n'est pas
encore adopté?
M. Savoie: Attendez une seconde, là. Il a
été adopté, mais sur division.
Le Président (M. Gautrin): Surdivision? M. Savoie:
Oui.
Le Préskient (M. Gautrin): "Amélioration" est
adopté sur division?
M. Savoie: Oui.
Le Président (M. Gautrin): O.K. On est sur "année
d'imposition", c'est ça?
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Gautrin): Parfait.
M. Filion: Alors, M. le ministre, si vous voulez lire, je vais
vous poser une couple de questions après.
Année d'imposition
M. Savoie: Alors, « "année d'imposition" d'une
personne signifie: «1° dans le cas où la personne est un
contribuable au sens de la Loi sur les impôts, son année
d'imposition pour l'application de cette loi; «2° dans tout autre
cas, la période qui serait son année d'imposition pour
l'application de cette loi si elle était une corporation.»
M. Filion: Bon.
Le Président (M. Gautrin): M. le député de
Montmorency, quelques questions?
M. Filion: Oui, sûrement, M. le Président.
M. Savoie: Je pourrais peut-être lire les notes
explicatives aussi, qui...
Le Président (M. Gautrin): Bien sûr, bien
sûr.
M. Savoie: ...vont certainement intéresser tout le
monde.
Le Président (M. Gautrin): Les collègues, tous,
ici, oui.
M. Savoie: Bien oui, c'est ça. Alors, cette
définition prévoit, dans un premier temps, l'année
d'imposition d'une personne qui est un contribuable au sens de la Loi sur les
impôts et renvoie à cette dernière pour déterminer
son année d'imposition.
Deuxièmement, elle vise une personne qui n'est pas un
contribuable, telle une personne non résidente qui n'exploite pas une
entreprise au Québec; dans ce cas, son année d'imposition est
assimilée à celle d'une corporation.
M. Filion: Alors, ici, quand on regarde la définition du
mot "contribuable", la loi nous donne une définition d'une personne qui
est imposable ou non imposable.
M. Savoie: C'est ça.
M. Filion: C'est très large.
M. Savoie: Oui.
M. Filion: Donc, ça inclut même votre
non-résident.
M. Savoie: Oui, oui.
M. Filion: Alors, on dit: "dans le cas où la personne est
un contribuable au sens de la Loi sur les impôts - c'est-à-dire
tout le monde -son année d'imposition pour l'application de cette loi."
À mon avis, tout le monde est indiqué ou tous les gens imposables
ou non, selon la Loi sur les impôts, ont un exercice financier
déterminé, qu'ils soient imposables ou non imposables en vertu de
la loi. Dans la loi, on parle de la notion de résident et de
non-résident aussi.
M. Savoie: II faut bien comprendre que ce n'est pas tout le monde
qui est un contribuable. Il y en a qui ne sont pas des contribuables.
M. Filion: Tout le monde est un contribuable...
M. Savoie: Non, monsieur.
M. Filion: ...au sens de la Loi sur les impôts.
M. Savoie: Non, monsieur. Non! Il y a bien des exclusions au
niveau de la Loi sur les impôts pour un contribuable.
Le Président (M. Gautrin): Je retourne à la loi,
L.R.Q., chapitre 1-3, pour tirer tout le monde au clair.
M. Filion: Si on regarde l'article 1, prenez l'article 1 de la
Loi sur les impôts...
Le Président (M. Gautrin): Chapitre I, paragraphe 3.
Est-ce que vous en avez des copies, ici?
M. Filion: L'article 1.
Le Président (M. Gautrin): Vous pouvez nous en donner une
copie? Est-ce que quelqu'un... Vous êtes le seul, M. le
député de Montmorency, à- avoir une copie de la Loi sur
les impôts.
M. Filion: Écoutez, je ne le sais pas...
Le Président (M. Gautrin): Est-ce que vous n'avez pas une
Loi sur les impôts?
M. Filion: ...mais, tout à l'heure, je pense qu'il y avait
quelqu'un qui avait...
Le Président (M. Gautrin): Est-ce qu'on pourrait avoir une
photocopie de l'article 1?
M. Filion: On dit: "Contribuable"... Je vais le lire, M. le
Président.
Le Président (M. Gautrin): Oui, oui.
M. Filion: "Contribuable" comprend toute personne tenue ou non de
payer l'impôt. C'est tout le monde.
M. Savoie: Sauf les sociétés. M. Filion:
Non, tout le monde. M. Savoie: II y a des exceptions.
M. Tremblay (François): ...personnes dans les
sociétés.
M. Filion: Pardon?
M. Bouchard: En matière d'impôt, vous avez la
définition de "contribuable" qui dit que c'est une personne tenue ou non
de payer de l'impôt et la personne qui est définie dans la Loi sur
les impôts, ça ne comprend pas les sociétés de
personnes, alors que, chez nous, en taxe de vente du Québec, le mot
"personne" a été défini pour y inclure la
société de personnes. La société de personnes, en
matière de taxe de vente du Québec, est une personne assujettie,
alors qu'elle n'est pas une personne en vertu de la Loi sur les impôts.
Alors, il fallait lui donner une année d'imposition fictive et, à
ce moment-là...
M. Filion: Attention.
M. Tremblay (François): ...l'année d'imposition
fictive de la société de personnes serait celle d'une
corporation.
M. Filion: Attention! Une société, c'est
taxé au niveau de la loi de l'impôt sur le revenu. C'est
taxé simplement comme véhicule de taxation, ça n'a rien
à voir avec une personne. C'est que la société comme
telle...
M. Tremblay (François): Ce n'est pas une personne.
M. Filion: ...c'est un système de conduits qui se
retrouvent entre les mains de toutes les personnes. Chaque personne qui fait
partie de la société se taxe au niveau de la
société...
M. Tremblay (François): Exact.
M. Filion:... mais c'est toujours une personne qui se taxe. Il
faut bien se comprendre. C'est comme... La fiducie, c'est différent.
Vous avez un acte à part ça. Mais, concernant la
société, c'est un véhicule simplement de calculer un
revenu pour répartir à travers diverses personnes qui se taxent
comme individus. On se comprend bien. Ces personnes-là se retrouvent
comme étant des contribuables taxables.
M. Tremblay (François): Les sociétaires.
M. Filion: Non! C'est-à-dire...
M. Tremblay (François): Pas la société.
M. Filion:... que la société est un conduit qui
s'en va au niveau de la personne.
M. Tremblay (François): Exact.
M. Filion: Donc, quand moi je parle de contribuable, c'est que la
personne, le sociétaire de la société est la personne
taxable...
M. Tremblay (François): En impôt. M.
Filion:... qui est un contribuable. M. Tremblay (François):
En impôt.
M. Filion: Oui, mais on réfère à
l'impôt, ici.
M. Savoie: Oui, mais pas pour la taxe de vente.
M. Tremblay (François): Pas dans le deuxième
paragraphe. Ça n'a aucun rapport avec l'impôt.
M. Savoie: Pas au niveau de la taxe de vente.
M. Filion: Non, non, mais moi, quand je réfère...
Ici, à l'article 1, on réfère à un contribuable au
sens de la Loi sur les impôts. Alors moi, je lis un contribuable au sens
de la Loi sur les impôts. On s'entend.
M. Tremblay (François): Donc, vous n'avez pas la
société.
M. Filion: J'ai la société. M. Savoie:
Non.
M. Tremblay (François): Vous n'avez pas la
société.
M. Filion: Écoutez...
Le Président (M. Gautrin): Est-ce qu'on pourrait
peut-être avoir une photocopie de la Loi sur les impôts pour
déposer au...
M. Savoie: On va vous en apporter une copie.
Le Président (M. Gautrin):... chapitre I-3?
M. Savoie: On va vous apporter une copie parce qu'on n'en sortira
pas avec les photocopies.
Le Président (M. Gautrin): Non, non, parce que moi j'aime
ça, mais je ne comprends rien.
M. Savoie: Je comprends, oui. C'est très difficile de
travailler, mais je vous garantis...
Le Président (M. Gautrin): J'aime ça comprendre, en
général. Allons-y.
M. Savoie: M. le Président, on va tâcher de vous
apporter une couple de copies de la Loi sur les impôts.
Le Président (M. Gautrin): O. K. Bon. Alors là, si
je comprends bien, vous n'êtes pas d'accord sur le sens du mot
"contribuable". C'est ça la question?
M. Savoie: Non, ce n'est pas ça.
M. Filion: je suis d'accord sur le sens du mot "contribuable", m.
le président. je dis ici que, quand on réfère à un
contribuable au sens de la loi de l'impôt sur le revenu, on
réfère à tout le monde. c'est ça que je dis.
M. Brochu (André): Sauf les sociétés.
M. Filion: Également les sociétés. Parce que
le mot "contribuable"...
Le Président (M. Gautrin): Donc, vous n'êtes pas
d'accord sur le mot "contribuable".
M. Filion: Bien, c'est que la définition, on
réfère à une autre loi.
M. Savoie: Le mot "société".
M. Tremblay (François): Ce que je peux faire, c'est
simplement donner l'interprétation qu'on en a. Je ne prétends pas
qu'elle soit juste, mais que...
M. Filion: Écoutez, moi je lis la loi et c'est une
personne. SI je regarde le mot "société"...
M. Tremblay (François): C'est la même
chose. C'est que, si on va à une notion de contribuable, on dit
que ça comprend toute personne tenue ou non de payer l'impôt. Il
faut donc qu'il s'agisse d'une personne pour avoir un contribuable. Lorsque je
vais à la notion de "personne" - c'est un peu plus loin parce que je ne
suis pas rendu à "p", mais j'y arrive - "personne ou tout mot ou
expression désignant une personne, comprend toute corporation
constituée, les héritiers, exécuteurs testamentaires,
administrateurs ou autres représentants légaux de cette
personne." Il faut donc que j'aie une personne. Or, une société
au sens de société de personnes n'est pas, comme entité,
comme groupe, une personne. En conséquence, n'étant pas une
personne, elle n'est pas un contribuable en ce qu'un contribuable se
définit comme étant toute personne tenue ou non de payer
l'impôt. La société elle-même n'en est pas une. Les
sociétaires, au plan individuel, en sont. Mais la société
elle-même n'en est pas une, selon la compréhension qu'on a de la
Loi sur les impôts, l'interprétation qu'on en fait. Et là
on tombe avec...
M. Filion: Mais quand je réfère, moi, au mot
"contribuable" à la Loi sur les impôts, je réfère
à tout le concept de taxation via les personnes et via les compagnies,
via les fiducies et via les sociétés. Je réfère
à tout ça parce que, par ma Loi sur les impôts, je les
impose, les sociétés. Je les impose dans la Loi sur les
impôts, les sociétés. Je les impose si j'ai des
personnes.
M. Tremblay (François): Des sociétés au sens
corporatif, pas les sociétés de personnes. Les
sociétés...
M. Filion: Bien, les sociétés de personnes...
M. Tremblay (François): ...je calcule un revenu, mais je
ne les impose pas. Il y a un "flow through" des pertes ou des profits qui sont
attribués aux sociétaires. Ce sont les sociétaires que
j'impose en conséquence et non la société.
M. Filion: c'est ça. exact. par contre, la disposition
d'un bien d'immobilisation va entraîner un gain qui va être taxable
au niveau de la société.
Une voix: II va devoir s'inclure.
M. Brochu: À travers les personnes qui forment la
société. À travers les sociétaires, vous l'avez dit
vous-même.
M. Filion: Non, mais c'est parce qu'il y a différentes
notions. Le gain en capital, c'est autre chose où c'est la
société qui va ramasser...
M. Tremblay (François): La disposition d'une part dans la
société peut donner lieu, effectivement, à un gain en
capital. tous les éléments qui vont dans le calcul du revenu se
font au niveau du calcul de la société comme si elle constituait
un corps ou une entité...
M. Filion: C'est ça.
M. Tremblay (François): ...et le résultat est
attribué aux sociétaires.
M. Brochu: Et c'est eux qui sont imposés. M. Filion:
C'est ça.
Une voix: Je ne sais pas si ça éclaire, mais...
M. Filion: Oui, ça éclaire, mais tout ça
pour vous dire que, quand moi je parle d'un contribuable, je parle de tout
ça, au sens fiscal.
Une voix: Je vous entends.
M. Savoie: Ça ne marche pas...
M. Filion: Qu'est-ce qui ne marche pas?
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gautrin): Attendez un instant. Un
instant! Un instant! Revenons maintenant dans un peu de décorum.
M. Filion: Je voulais bien comprendre. Des voix: Ha, ha,
ha!
Le Président (M. Gautrin): M. le ministre,
député d'Abitibi-Est.
M. Savoie: Le soleil se lève à... Le
Président (M. Gautrin): ...l'est. M. Filion: ...à l'est.
M. Savoie: Parfait.
M. Filion: Écoutez, moi, quand je fais
référence à un contribuable dans le sens de la loi de
l'impôt sur le revenu, je fais référence à toutes
ces notions-là et je fais référence aux gens qui sont
taxables au niveau de la loi de l'impôt et qui incluent toute la
structure fiduciaire ou société ou corporative.
M. Savoie: Je pense que les explications qu'on vous a
données pour une société de personnes, on veut justement
le couvrir par le deuxième alinéa. Ils savent ce qu'ils font.
M. Filion: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gautrin): Votre rire veut dire que vous
acceptez?
M. Filion: Moi, M. le Président...
Le Président (M. Gautrin): C'est adopté sur...
M. Filion: Non, non, non.
Le Président (M. Gautrin): Non, non, pas encore. Bon.
M. Filion: Je demeure sur la position que le deuxième
alinéa est redondant: "dans tout autre cas... " Quels cas?
M. Brochu: Les cas d'une société effectivement
parce qu'en taxes de vente, contrairement à l'impôt, les
sociétés paient des taxes. Or, étant donné, comme
Me Tremblay vient d'en faire la démonstration, qu'en impôt la
société est un "flow through", je pense que vous êtes
d'accord avec ça...
M. Filion: Oui.
M. Brochu:... ce sont les sociétaires qui sont
imposés...
M. Filion:... de conduits...
M. Brochu:... en taxe de vente, ce n'est pas uniquement un "flow
through" et, à ce moment-là, les sociétaires paieraient la
taxe, mais c'est la société elle-même qui paie la taxe. Or,
il fallait absolument la viser de façon spécifique et c'est le
but du paragraphe deuxième.
M. Savoie: De deux choses, l'une: soit que vous avez raison,
c'est-à-dire non... De deux choses, l'une: soit qu'ils ont raison et,
dans ce cas-là, le deuxième alinéa est absolument
nécessaire, soit qu'ils ont tort et, dans ce cas-là, on se couvre
quand même avec tout, avec le deuxième alinéa, on ne perd
rien.
M. Filion: Non, c'est parce qu'il est de trop. Au niveau de
l'année d'imposition, vous admettrez que la loi de l'impôt - on
l'a prévu dans les dispositions de la société...
M. Savoie: Pas de la société de personnes...
M. Filion: Voyons donc! Société de personnes...
M. Savoie: Société de personnes, c'est
l'année d'imposition de chaque personne.
Le Président (M. Gautrin): M. le député de
Montmorency, est-ce que vous ne pensez pas qu'à l'heure actuelle on a
fini par couvrir tous les coins? C'est peut-être vrai ou ce n'est
peut-être pas vrai mais n'importe comment... Si c'est vrai, si vous avez
raison, que le 2 ne sert à rien, ça serait un article inutile
dans la loi, mais il y a beaucoup d'articles inutiles...
M. Filion: Oui, mais je pense, M. le Président, que...
M. Savoie: Non, il n'y a pas beaucoup d'articles inutiles.
M. Filion:... on est justement là pour étudier un
projet de loi et essayer de l'arranger pour qu'il ait de l'allure. Alors, s'il
est de trop, qu'on l'enlève. Au niveau de la loi de l'impôt, quand
moi je fais référence à un contribuable, tous mes
contribuables ont une année d'imposition de déterminée. Je
m'excuse, mais c'est de même. Que ce soit une société, que
ce soit une fiducie, que ce soit une compagnie, que ce soit des individus, ils
ont tous une année d'imposition de déterminée dans la loi
de l'impôt. Alors, qu'on vienne me dire que le deuxième
alinéa sert à une société, il est redondant parce
que la loi de l'impôt le prévoit déjà. Je pense que
c'est ça qu'il faut... C'est aussi simple que ça. Écoutez,
je veux bien lire des articles de la loi, mais les lire pour rien... ça
ne me donne rien. C'est déjà assez compliqué comme
ça que, si on peut l'éliminer, on va le faire sauter.
M. Savoie: C'est sûr que, si l'article n'est pas utile, il
ne sera pas là.
M. Filion: Dans ce sens-là, je pense que, quand on fait
référence à un contribuable, à la loi de
l'impôt sur le revenu, on n'a pas à venir préciser dans le
deuxième alinéa de ce paragraphe de définition
d'année d'imposition le cas d'une société, il est
prévu dans la loi de l'impôt sur le revenu. Êtes-vous
d'accord avec ça? (21 h 15)
M. Savoie: Non. Vas-y, François.
M. Tremblay (François): II est exact de dire que les
sociétés - peut-être que c'est à force de se parler
qu'on va se comprendre - bien que n'étant pas des personnes, bien que
n'étant pas des contribuables, ont par ailleurs, au chapitre des
sociétés, une année d'imposition qui est
prévue.
M. Filion: Voilà, voilà, voilà!
M. Tremblay (François): Mais, lorsque c'est l'exercice
financier, c'est prévu à l'article 600, plus
particulièrement au paragraphe b.
M. Filion: C'est ça.
M. Tremblay (François): Ici, on se réfère
à la personne. On dit: Dans le cas d'une personne,
c'est telle chose et, si ce n'est pas une personne, bien... ça
existe des cas où ce n'est pas une personne. ce n'est pas une personne
nécessairement.
M. Filion: Mais, dans la Loi sur les impôts, on se
réfère juste aux mots "contribuable" et "personne" pour aller
chercher l'exercice financier d'une société.
M. Tremblay (François): Non.
M. Filion: C'est parce que vous avez les exercices
spécifiques... Mais, moi, je suis à la loi
fédérale, 98 à 104, là.
M. Tremblay (François): Pour la société, ce
qui est fait plus spécifiquement, dans la loi du Québec du moins,
au niveau du calcul du revenu, c'est l'article 600, plus
particulièrement le paragraphe b.
M. Filion: Voilà!
M. Tremblay (François): On fait les hypothèses
qu'on connaît en disant: La société, il faut calculer le
revenu comme si la société était une personne distincte
résidant au Canada...
M. Filion: Voilà!
M. Tremblay (François): ...et, deuxièmement, comme
si l'année d'imposition de la société coïncidait avec
son exercice financier. Alors, on lui attribue une année d'imposition
qu'elle n'a pas, par ailleurs, si on se réfère à la
stricte définition de l'année d'imposition à l'article 1
ou à la notion de contribuable ou à la notion de personne.
M. Filion: Quand vous vous référez à la
notion de personne, dans un chapitre spécifique, on vous donne
l'année d'imposition de la Loi sur les impôts. Mais quand vous
vous référez à la Loi sur les impôts, quand vous
vous référez à l'expression "personne" à la Loi sur
les impôts qui, elle, de toute façon, se taxe, on se
réfère à tout ce qui gravite autour de la personne au
niveau de la détermination de ses sources de revenus et de la
détermination de l'exercice ou de l'année d'imposition par source
de revenus. C'est implicite ça. C'est pour ça que je vous dis
qu'il y a de la redondance.
Le Président (M. Gautrin): M. le ministre, il y a une
question. Est-ce que vous considérez qu'il y a de la redondance?
M. Savoie: On s'est étendu sur une société
de personnes. On maintient le cap là-dessus. On donne un deuxième
exemple, je pense, qui dit qu'elle vise une personne - c'est ce que j'ai
lu dans les notes explicatives - qui n'est pas un contribuable, telle, par
exemple, une personne non résidente qui n'exploite pas une entreprise au
Québec. Dans ce cas, son année d'imposition est assimilée
à celle d'une corporation.
M. Filion: Bon. Vous êtes un non-résident... M.
Savoie: Oui.
M. Filion: ...qui n'exploite pas d'entreprise au
Québec.
M. Savoie: C'est ça.
M. Filion: II va y avoir une année d'imposition chez
nous.
M. Savoie: Oui, en vertu de la taxe de vente tout simplement,
pour les fins de la taxe de vente.
M. Filion: Ça va s'appliquer sur quoi?
M. Savoie: alors, on dit: "dans tout autre cas, la période
qui serait son année d'imposition pour l'application de cette loi si
elle était une corporation."
M. Filion: Comment vous allez faire pour avoir une taxation de
non-résident? Il faut qu'il exploite une activité commerciale au
Québec...
M. Savoie: Non.
M. Filion: ...ou des biens qui sont consommés au
Québec.
M. Savoie: II faut qu'il soit sujet à la taxe de vente au
Québec, c'est tout.
M. Filion: C'est ça, mais seulement aux résidents.
Là, il va avoir une entité d'opération chez nous et il
n'opérera pas dans le vent. Il va arriver vers un véhicule qu'il
va utiliser pour opérer son entreprise chez nous et il va payer de la
taxe de vente.
M. Savoie: Ça peut être très temporaire. Il
peut avoir toutes sortes de conditions là.
Le Président (M. Gautrin): Monsieur, vous voulez vous
identifier, pour les fins de...
M. Bouchard: Serge Bouchard. Je pense que la meilleure
explication qu'on peut fournir à ce moment-ci, c'est de comparer la
définition de "personne" dans la Loi sur la taxe de vente du
Québec avec la définition de "personne" qui existe dans la Loi
sur les impôts. La définition de "personne" dans la Loi sur la
taxe de vente du Québec est beaucoup plus large finalement que celle
incluse dans la Loi sur les impôts puisqu'elle vise...
Le Président (M. Gautrin): Où est-ce que vous la
voyez, la définition de "personne"?
M. Bouchard: À l'article 1 au mot "personne", la lettre
p.
M. Filion: Dans la taxe de vente? M. Bouchard: C'est
ça.
M. Filion: À quelle page vous êtes dans la taxe de
vente?
Le Président (M. Gautrin): À la page 18, en
bas.
M. Filion: Alors, "une corporation, une fiducie, un particulier,
une société, une succession ou un organisme...
M. Bouchard:... qui est une association, un club, une commission,
un syndicat ou une autre organisation", de quelque nature que ce soit.
M. Filion: Oui, mais, quand vous lisez dans la Loi sur les
impôts, c'est quoi la différence?
M. Bouchard: Si on compare avec la définition de
"personne" qui est dans la Loi sur les impôts, on peut lire qu'elle
désigne "une corporation constituée, les héritiers, les
exécuteurs testamentaires, les administrateurs ou autres
représentants légaux de cette personne".
M. Filion: Mais on dit "personne ou tout mot ou expression
désignant une personne - une personne, c'est une personne - comprend...
" - on ne dit pas que... ça comprend... Ça veut dire que
ça comprend toute corporation constituée, les héritiers
légaux, etc. Cette personne, selon la loi... Bon.
Le Président (M. Gautrin): Ce qui est... quoi, c'est les
clubs, les commissions, les syndicats, les affaires de même.
Une voix: C'est ça.
Le Président (M. Gautrin): Bon! Alors, les personnes sont
plus vastes ici. Il y a des associations, des clubs.
M. Filion: J'en conviens très bien. Le Président
(M. Gautrin): Bon.
M. Filion: Mais, là où je trouve que ça ne
fonctionne pas quand même, c'est quand vous référez au
contribuable, à la Loi sur les impôts, les années
d'imposition sont déjà prévues pour la fiducie, le
particulier, la société, la succession puis l'organisme. C'est
prévu dans la Loi sur les impôts ça, ces années
d'imposition. Là, si vous vous référez à une
année d'imposition d'un contribuable dans la Loi sur les impôts
qui comprend tout ça, pourquoi mettez-vous le deuxième
alinéa? C'est ça que je vous dis.
M. Savoie: On revient encore. La société de
personnes, ça tient toujours. On a donné un autre exemple, la
personne non résidente qui n'exploite pas une entreprise au
Québec, à ce moment-là, va être couverte par le
deuxième alinéa.
M. Filion: Mais il est couvert dans la loi de l'impôt
aussi.
Le Président (M. Gautrin): Un syndicat, par exemple.
M. Savoie: Bien non!
Le Président (M. Gautrin): Un syndicat.
M. Filion: La Loi sur les impôts, d'un couvert à
l'autre, toutes les années d'imposition sont prévues et on
réfère toujours à un contribuable dans la Loi sur les
impôts.
M. Savoie: On dit que, dans ce cas-là, son année
d'imposition est assimilée à celle d'une corporation. Ça,
ce n'est pas prévu dans la Loi sur les impôts.
M. Filion: Voyons! Ça, ce n'est pas prévu, certain,
on n'en a pas besoin.
M. Savoie: On en a besoin pour la taxe de vente.
M. Filion: Pas plus. Je l'ai, moi, l'année d'imposition
pour la société dans la Loi sur les impôts.
M. Savoie: Ah oui? D'un non-résident qui n'exploite pas
d'entreprise au Québec?
M. Filion: Mais là, le non-résident, il faudrait
que j'essaie de l'accrocher quelque part. J'ai de la difficulté à
visualiser, là.
M. Savoie: Oui. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gautrin): Et le cas d'un syndicat?
M. Savoie: Oui, mais c'est parce que vous comprendrez qu'on est
ouvert... Ha, ha, ha! On est ouvert à l'opinion contraire, dans le sens
que le but de l'exercice, c'est que, effectivement, vous puissiez faire valoir
votre point, mais ce n'est pas une compétition; ce n'est pas un
concours, là.
M. Filion: Le but, ce n'est pas que ce soit
un concours. Le but, c'est de faire en sorte que la loi soit le mieux
lisible possible sans faire de redondance.
M. Savoie: Oui. C'est ça. Alors, si vous regardez
l'article, l'article dit: Bon, bien, une personne est un contribuable au sens
de la Loi sur les impôts. Bang! Ça, c'est clair. Dans le cas
contraire, comme elle est imposée... Pas imposé. Dans tout autre
cas, elle est assimilée à une corporation. Bingo! Alors, on
couvre tout.
M. Filion: Ha, ha, ha!
M. Savoie: Oui, oui. On couvre tout et on revient encore à
société de personnes. Bang! Il n'y a pas d'accord avec vos
recommandations et la note que j'ai ici n'est pas contestée non
plus.
Le Président (M. Gautrin): Bon. Alors, on arrive
à...
M. Filion: Écoutez, sur division.
Le Président (M. Gautrin): Adopté sur division.
Merci. Comme définition, "argent", qui ne fait pas le bonheur.
M. Filion: J'aimerais, M. le ministre, que vous lisiez ce
paragraphe-là parce que, tout à l'heure, on va voir d'autres
définitions un peu plus loin et je voudrais vraiment comprendre la
nuance et ('interrelation avec les autres définitions.
M. Savoie: d'accord. alors, « "argent" comprend une
monnaie, un chèque, un billet promis-soire, une lettre de crédit,
une traite, un chèque de voyage, une lettre de change, un bon de poste,
un mandat-poste, un titre de versement postal et un autre effet semblable,
qu'il soit canadien ou étranger, mais ne comprend pas la monnaie dont la
juste valeur marchande excède sa valeur nominale à titre de
monnaie légale dans son pays d'origine ou la monnaie qui est fournie ou
détenue pour sa valeur numismatique.»
Cette définition s'applique particulièrement en regard des
définitions des expressions "bien" et "service" qui excluent
expressément l'argent. Le versement d'argent ne peut constituer une
fourniture. Cette définition vise à inclure non seulement les
devises canadiennes et étrangères, mais aussi les chèques,
les billets à ordre et d'autres effets de même nature.
M. Filion: Écoutez, je pense que, sur cette
définition, il n'y a pas de problème.
M. Savoie: Pas de problème.
Le Président (M. Gautrin): Moi, j'ai une question.
M. Savoie: Envoie donc!
Le Président (M. Gautrin): La monnaie électronique,
est-ce qu'elle est couverte là-dedans ou pas?
M. Savoie: Ça, ce n'est pas de l'argent. À ce
moment-là, c'est des transferts.
Le Président (M. Gautrin): Oui.
M. Savoie: Oui. C'est tout simplement des mécanismes de
transfert, ça. Ici, on parle d'argent; ça comprend une monnaie,
un chèque... Ça comprend... je pense qu'on pourrait appeler
ça un effet de commerce. C'est ça?
M. Filion: Lettre de change, bon de poste, mandat-poste...
M. Savoie: Entre autres.
M. Filion: ...titre de versement postal ou autre effet semblable.
C'est des virements...
M. Savoie: C'est rien qu'un transfert, ça. Ce n'est pas de
l'argent, ça.
M. Filion: ...ou autre effet semblable, M. le Président.
Ça rentre là-dedans.
M. Savoie: C'est des transferts. Là, on parle des effets
de commerce, à l'exclusion évidemment de la numismatique.
Connais-tu l'histoire sur la numismatique?
Le Président (M. Gautrin): Sur la numismatique? Non.
M. Filion: Oui, oui.
Le Président (M. Gautrin): Vous allez nous la
raconter.
M. Filion: Vous avez une collection, vous?
M. Savoie: C'est deux Québécoises qui se parlaient.
Il y en a une qui dit à l'autre: Mon frère a marié une
numismate. L'autre dit: Ah! Il aurait bien pu marier une
Québécoise.
Le Président (M. Gautrin): Bon. C'est bien. Alors,
ça marche pour l'argent?
M. Filion: Oui, oui. Ça va.
Le Président (M. Gautrin): Merci. C'est adopté sur
division? Non?
M. Filion: Non, non. Ça va pour l'argent.
Le Président (M. Gautrin): Non, ce n'est pas adopté
sur division. Alors, assureur.
M. Savoie: Alors, assureur. Je pense qu'on n'a pas besoin de lire
ça. Je pense que c'est assez clair.
M. Filion: C'est correct. C'est là qu'on arrive
dans...
Le Président (M. Gautrin): Bon.
M. Savoie: Dans bien.
M. Filion: bien.
Le Président (M. Gautrin): Bien.
M. Savoie: Bien. Ça non plus, on n'a pas besoin de lire
ça. Je pense que ça va.
M. Filion: Ne comprend pas de l'argent.
M. Savoie: C'est ça. "Bien" ne comprend pas l'argent.
M. Filion: Est-ce que c'est là qu'on vient l'exclure de la
fourniture? Oui? C'est là?
M. Savoie: Oui, oui, c'est là.
M. Bouchard: Pour éviter de taxer une fois la
délivrance du bien et une deuxième fois le paiement du...
Le Président (M. Gautrin): Je m'excuse. Moi, je ne
comprends rien. "Bien" ne comprend pas l'argent.
M. Savoie: Donc, ça comprend tout le reste.
Le Président (M. Gautrin): Voyons donc! Non, non. Je
reviens maintenant sur ma monnaie électronique.
M. Savoie: Oui.
Le Président (M. Gautrin): Ce n'est pas de l'argent, mais
ce n'est pas un bien.
M. Savoie: Non. Ça, c'est rien que... De la monnaie
électronique, oublie ça, ça n'existe pas.
Le Président (M. Gautrin): Bien.
M. Savoie: C'est des transferts de fonds qui sont ailleurs, les
transferts d'un endroit à l'autre. C'est tout. La monnaie
informât!...
Le Président (M. Gautrin): Informatisée. Si tu fais
de la politique monétaire, ça rentre en maudit là-dedans,
écoute.
M. Savoie: Oui. C'est rien que des transferts, ça. Ce
n'est pas de l'argent. Il n'y a pas de "cash" dans cette histoire-là.
C'est rien que des transferts, c'est rien que des chiffres sur un
écran.
Le Président (M. Gautrin): Non, mais, dans ta masse
monétaire, ça va finir par rentrer aussi.
M. Savoie: Oui, mais ça...
M. Filion: Mais ce n'est pas une transaction taxable.
Le Président (M. Gautrin): Mais un bien ne comprend pas
l'argent. C'est tout ce qui n'est pas de l'argent.
M. Savoie: C'est ça. Un bien, c'est tout ce qui n'est pas
de l'argent, à l'exception évidemment d'un service. On va revenir
sur un service.
Le Président (M. Gautrin): C'est-à-dire que toi, tu
es un bien.
M. Savoie: Pardon?
Le Président (M. Gautrin): M. le ministre, vous êtes
un bien.
M. Savoie: Non, je ne suis pas un bien.
Le Président (M. Gautrin): Non, mais... Je m'excuse, mais
c'est défini comme ça. "Bien" ne comprend pas l'argent.
M. Savoie: Moi, je suis très bien.
Le Président (M. Gautrin): Je comprends, mais encore?
M. Savoie: Oui. ...pas bien.
Le Président (M. Gautrin): Non, non, mais
sérieusement. Quand on dit "bien" ne comprend pas l'argent, vous faites
référence au concept de bien dans le Code civil et vous dites
que, par rapport à la position du Code civil, vous excluez le concept de
l'argent. C'est ça que vous voulez dire. Bon. Je comprends maintenant
quand vous m'expliquez.
M. Brochu: C'est pour ça que M. le ministre n'est pas un
bien.
Le Président (M. Gautrin): Ce n'est pas un bien.
M. Savoie: Très bien.
Le Président (M. Gautrin): II était très
bien. Est-ce que c'est clair pour tout le monde, ça?
M. Savoie: Oui.
Le Président (M. Gautrin): Moi, j'aurais mis:
en référence au Code civil, mais enfin!
Bien meuble corporel désigné "Bien meuble corporel
désigné". C'était quoi, une affaire comme ça, un
bien meuble corporel désigné?
M. Savoie: On vous donne...
Le Président (M. Gautrin): C'est un dessin, une estampe,
une gravure, une sculpture, un tableau ou une autre oeuvre d'art semblable. Un
bijou...
M. Savoie: C'est-à-dire que... Oui, c'est ça. C'est
un sens similaire à un bien précieux. Il faut faire un peu de
Code civil. Mais, enfin, un bien meuble corporel désigné signifie
l'un des biens suivants ou un droit dans un tel bien. Alors, vous avez vos
oeuvres d'art, dessins, estampes, etc., un bijou, un in-folio, un livre ou un
manuscrit rare, un timbre, une pièce de monnaie, un bien meuble
prescrit. Donc, ce n'est pas un art...
Le Président (M. Gautrin): Et prescrit comment? Prescrit,
c'est...
M. Savoie: Un bien meuble prescrit.
Le Président (M. Gautrin): Ça veut dire quoi,
ça?
M. Savoie: Prescrit par règlement, à
définir.
Le Président (M. Gautrin): Prescrit par règlement?
Vous ne mettez pas ça, "prescrit", parce que c'est implicite?
M. Savoie: Oui. Prescrit, ça veut dire que c'est prescrit.
Comme proscrit.
Le Président (M. Gautrin): Ça va. Est-ce que
ça va pour vous, M. le député de Montmorency?
M. Filion: Je voudrais juste savoir, cette
définition-là joue à quel niveau de la loi?
M. Bouchard: Elle joue à l'article 219 et elle a pour
effet de refuser d'accorder un RTI lorsqu'une corporation, par exemple,
achète un tel bien et qu'il a une valeur supérieure à 2000
$. (21 h 30)
M. Filion: Refuser d'accorder un RTI. Une pièce de
monnaie... La pièce de monnaie à 5° que Ton indique...
Pardon?
Une voix:...
M. Filion: Bien, ce n'est pas évident. C'est loin
d'être évident, parce que "numismatique", je pense qu'on l'a
défini bien comme il faut dans l'exclusion du mot "argent". Mais, quand
on s'en vient ici, une pièce de monnaie, c'est mon dollar, c'est
n'importe quoi. Je veux dire...
M. Savoie: Peut-être pour fins de collection qui n'a pas la
valeur numismatique.
Le Président (M. Gautrin): Une pièce de monnaie
pour fins de collection, oui, parce que...
M. Savoie: C'est ça. Ce n'est peut-être pas...
Le Président (M. Gautrin): Alors, vous allez envisager un
amendement ou pas? Pas d'amendement?
M. Savoie: Non, je ne crois pas. Peut-être que...
M. Filion: Mais pourquoi vous ne voulez pas d'amendement? Une
pièce de monnaie, c'est de l'argent, ça.
M. Savoie: Une pièce de monnaie, est-ce que c'est
uniquement de l'argent? Non, ce n'est peut-être pas de l'argent dans le
sens que ce n'est pas négociable.
M. Filion: Non, mais, moi, quand je lis ici... l'argent comprend
une monnaie.
M. Savoie: C'est-à-dire qu'on prend une pièce de
monnaie. Donc...
M. Filion: Une pièce de monnaie. Alors, c'est de
l'argent.
M. Savoie: Je ne sais pas. Je pense en termes de Louis XIV. Je ne
sais pas si...
M. Bouchard: Finalement, il est exact qu'à la
définition de "argent" on a exclu la monnaie dont la JVM, la juste
valeur marchande, excède sa valeur nominale à titre de monnaie
légale ou la monnaie qui est fournie ou détenue pour sa valeur
numismatique.
M. Filion: Ça, j'en conviens. On l'a très bien
spécifié que c'est un type de monnaie.
M. Bouchard: Donc, ce qu'on comprend, finalement, c'est que la
fourniture d'argent, n'étant pas la fourniture d'un bien, ne sera pas
taxable, en règle générale, que, par contre, la fourniture
d'une pièce de monnaie qui serait acquise ou détenue pour sa
valeur numismatique ou dont la valeur nominale serait supérieure
à la monnaie légale, à ce moment-là, serait une
fourniture taxable. Alors, l'objet de la définition de "bien meuble
corporel désigné", ce qu'on
pourra voir finalement à 219, c'est que si une personne
acquiert... une corporation acquiert une pièce de monnaie, finalement,
à titre... pour sa valeur numismatique ou pour un montant qui
excède sa valeur nominale, à ce moment-là, on va lui
refuser le remboursement de la taxe sur les intrants à l'égard de
son acquisition.
M. Filion: Je comprends très bien, mais, quand vous dites
une pièce de monnaie, vous ne dites pas une pièce de monnaie qui,
à toutes fins pratiques, est une pièce numismatique. Vous dites
une pièce de monnaie, point. Quand vous donnez la définition d'un
bien corporel désigné.
M. Bouchard: Oui. Il faut comprendre également que cette
expression existe également dans la Loi sur les impôts et,
à l'article 265, on se réfère également aux
pièces de monnaie. Alors, ça nous permet d'avoir une
cohérence entre les deux législations.
M. Filion: Au niveau de l'article 265 de la TVQ?
M. Bouchard: Non, de la Loi sur les impôts.
M. Filion: mais h n'y a rien qui me réfère à
265. je parle de l'article ici. il n'y a aucune référence. quand
je lis strictement le texte qui est ici, je n'ai pas la précision de la
pièce numismatique.
M. Bouchard: Non, je suis d'accord avec vous. J'explique
simplement que la définition de bien meuble corporel
désigné qui se retrouve dans la Loi sur la taxe de vente du
Québec est en tout point similaire à celle qu'on retrouve dans la
Loi sur les impôts, à l'expression "bien précieux".
M. Filion: Ça, j'en conviens. Mais vous ne me direz quand
même pas qu'il n'y a pas de confusion au niveau d'une pièce de
monnaie, compte tenu de la définition qu'on vient de lire du mot
"argent", et qu'on dit que l'argent n'est pas un bien. Quand on me dit une
pièce de monnaie, pour moi, c'est de l'argent.
M. Savoie: Non, une pièce de monnaie n'est pas de
l'argent.
M. Filion: Oui, c'est de l'argent. Bien oui, c'est écrit
dans la définition: "comprend une monnaie".
M. Savoie: Pas une pièce de monnaie.
M. Filion: Une pièce de monnaie, ce n'est pas de
l'argent?
M. Savoie: Non.
Le Président (M. Gautrin): Alors, quelle différence
il y a entre une monnaie et une pièce de monnaie?
M. Savoie: Quand on parle de bien meuble corporel
désigné, c'est une notion très spécifique. C'est
une notion fiscale bien précise...
M. Filion: Je comprends que c'est une notion fiscale bien
précise puis vous vous référez... Pourquoi...
M. Savoie: ...qui est définie dans la Loi sur les
impôts.
M. Filion: Oui, mais, écoutez, pour une fois qu'on n'y
réfère pas avec le paragraphe, on n'ira pas...
M. Savoie: Non. Là, on dit que bien meuble corporel
désigné signifie l'un des biens ou un droit dans un tel bien. On
parie d'un bijou, on parie d'un in-folio, un livre ou un manuscrit rare. On
aurait pu parier d'autre chose qu'un infolio, un livre ou manuscrit rare, par
contre. Un timbre, une pièce de monnaie.
M. Filion: Oui. Une pièce de monnaie rare, si vous voulez.
Je m'en fous, mais spécifiez-le. Ça porte à confusion.
M. Savoie: Ah non, ça ne porte pas à confusion. On
ne veut pas dire un "loony", certainement pas.
M. Filion: Ah non?
M. Savoie: Non. À moins que ce "loony" n'ait un
défaut comme à trois pattes ou deux têtes. C'est une
pièce de monnaie et les gens savent ce que ça veut dire. Non, je
n'ai pas de misère avec ça.
M. Filion: Non? En tout cas, moi, je vous avoue que, quand on lit
successivement les définitions qui sont là, on est en droit de se
poser des questions parce que...
M. Savoie: Une pièce de monnaie-Le Président (M.
Gautrin): Sûre, mais qui est rare.
M. Savoie: Ce n'est peut-être pas vrai parce que ce n'est
peut-être pas rare. C'est peut-être suffisamment nombreux pour ne
pas être rare.
Le Président (M. Gautrin): Ou de collection? M. Savoie:
Oui.
Le Président (M. Gautrin): Si vous mettiez "de
collection"?
M. Savoie: Une pièce de monnaie, mais ce n'est
peut-être pas de collection au moment où le type le fait. Une
pièce de monnaie, c'est suffisamment général, suffisamment
bien identifié pour ne pas créer de difficultés, en tout
cas, à mes yeux. On comprend. Vous avez soulevé un point. On en
prend note, mais on ne change pas le...
Le Président (M. Gautrin): O. K.
M. Savoie: L'exercice est valable. Tout simplement, ce n'est pas
parce qu'on soulève qu'on change. On change lorsqu'on le juge
acceptable.
Le Président (M. Gautrin): O. K.
M. Filion: C'est ça. En tout cas, ce paragraphe-là
réfère, bien sûr, il a une relation avec « "bien" ne
comprend pas de l'argent». C'est là que je voyais une
problématique d'interprétation.
M. Savoie: Oui, mais là on parle d'un bien meuble corporel
désigné.
M. Filion: Pourquoi, en passant... On a passé l'article,
mais pourquoi ne pas avoir repris intégralement la définition du
mot "bien" de la TPS? Y a-t-il une raison?
M. Bouchard: Parce qu'on ne le jugeait pas nécessaire
compte tenu que le droit de base, au Québec, c'est évidemment le
Code civil, et la définition fournie dans la TPS en application au
Québec, finalement, nous ramenait, de toute façon, au Code civil
du Québec.
Le Président (M. Gautrin): Ça va? M. Filion:
À cause du Code civil.
Le Président (M. Gautrin): Est-ce que c'est
adopté?
M. Filion: J'aurais juste une autre question. Un in-folio, c'est
quoi?
M. Savoie: Ça, c'est des notions de livres et de
bibliophiles. Un in-folio, si ma mémoire est fidèle, sans avoir
vérifié, c'est une publication qui date d'avant la reproduction
par xylographie.
Le Président (M. Gautrin): Est-ce que ce n'est pas les
exemplaires numérotés d'un livre?
M. Savoie: J'espère que non.
Le Président (M. Gautrin): Pourquoi?
M. Savoie: Parce que je viens juste de dire le contraire.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Savoie: Un in-folio, est-ce qu'il y a quelqu'un...
Le Président (M. Gautrin): Alors, on va chercher. Est-ce
qu'on n'a pas un Petit Robert ici?
M. Savoie: Pour moi, un in-folio, c'est relié à des
plis. Un volume numéroté, je pense que ça porte un autre
nom. Je ne pense pas que ce soit un in-folio.
Le Président (M. Gautrin): Pendant qu'on va chercher un
Petit Robert, moi, j'avais une question à poser.
M. Savoie: Oui.
Le Président (M. Gautrin): Est-ce que, pour vous, l'or, le
métal or, c'est un bien ou quoi?
M. Savoie: Oui, c'est un bien.
Le Président (M. Gautrin): Mais toute monnaie pourrait...
enfin, ce n'est pas toujours, mais toute monnaie pourrait être
convertible. Imaginons qu'on est encore dans un système où les
monnaies sont convertibles en or et où une monnaie n'est qu'une traite
sur un montant d'or. Non, je sais qu'elles ne sont pas toutes... Maintenant, on
a un système où les monnaies ne sont pas nécessairement
convertibles, mais, initialement, les monnaies étaient convertibles en
or.
M. Savoie: L'or, c'est un bien. C'est comme de l'argent ou du
platine. Il y a du monde qui prétend que le platine va remplacer
l'or.
Le Président (M. Gautrin): Bon. In-folio... Merci,
madame.
M. Bouchard: On a une définition de métal
précieux. Un métal précieux, c'est une barre, un lingot,
une pièce ou une plaquette composée d'or avec un certain
degré de pureté. À ce moment-là, ça devient
un service financier qui est une fourniture détaxée.
M. Filion: La pièce est détaxée.
M. Savoie: Quand on va l'acheter au Québec. Alors, c'est
quoi, in-folio?
Le Président (M. Gautrin): C'est très bizarre.
M. Savoie: Allez-y.
Le Président (M. Gautrin): In-folio, ça vient de in
et de folium, qui est feuille. "Dont la
feuille d'impression est pliée en deux." M. Savoie:
Oui.
Le Président (M. Gautrin): "Format in-folio. L'in-folio.
Livre, volume in-folio." Écrit comme ça, ça peut vouloir
dire un peu n'Importe quoi.
M. Savoie: C'est ça. C'est pour ça que je parlais
de xylographie. C'est qu'au début, lorsqu'on faisait des livres, on le
faisait avec des presses et, au lieu d'avoir des morceaux en métal,
c'était en bois. C'était imprimé sur une feuille qu'on
pouvait plier en deux, uniquement; la majorité était seulement
sur une feuille. C'est seulement plus tard qu'on est arrivé in-quarto.
Par exemple, les oeuvres de Shakespeare sont in-quarto, c'est-à-dire que
c'est une feuille et on publie sur quatre éléments; ensuite, on
plie la feuHIe, on la découpe et là on a quatre feuilles.
Ensuite, c'est devenu en 16, en 32 et, aujourd'hui, c'est en 64, en 128 et je
ne sais trop quoi. C'est beaucoup plus compliqué.
Le Président (M. Gautrin): Ça répond
à vos problèmes?
M. Savoie: C'est pour ça que je parlais de
xylographie.
Le Président (M. Gautrin): C'est bien. Ceci étant
dit, le bien meuble corporel désigné...
M. Filion: Juste une dernière question, M. le
Président.
Le Président (M. Gautrin): Excusez-moi! M. le
député de Montmorency.
M. Filion: On vient de parler que les pièces en or sont
des biens détaxés. À ce moment-là, est-ce que
ça va venir jouer également au niveau du calcul sur intrant
prévu à 219? C'est ça? Si c'est un bien
détaxé... Est-ce que c'est un bien détaxé? Si, moi,
je parle d'une pièce de monnaie, est-ce que ça inclut ma
pièce en or?
M. Bouchard: C'est-à-dire que, pour se qualifier comme
métal précieux, il faut rencontrer les conditions qui sont
prévues à la définition de métal précieux
qu'on va voir.
Le Président (M. Gautrin): On va y arriver
bientôt.
M. Filion: est-ce que je peux me qualifier à deux
définitions? est-ce que ma pièce de monnaie peut être un
bien détaxé et une pièce de monnaie que j'ai ici aux fins
du calcul du crédit sur intrant à 219 et avoir deux fois le
crédit sur la même pièce? je pose la question.
Le Président (M. Gautrin): Un instant, petit
conciliabule.
M. Bouchard: Non, parce que par la définition de
métal précieux, compte tenu qu'on en fait une fourniture
détaxée, la taxe ne sera pas payée à l'achat.
Alors, un RTI, un remboursement de la taxe sur les intrants, n'est disponible
que dans la mesure où la taxe a été payée à
l'achat. C'est une façon de récupérer la taxe
payée.
M. Filion: que dans la mesure où? mais le fait qu'elle
soft une pièce de monnaie, ça ne me donne pas... même si je
ne paie pas la taxe à l'achat, je peux avoir un remboursement rti
pareil.
M. Bouchard: C'est-à-dire qu'il est possible qu'une
pièce de monnaie ne soit pas du métal précieux parce que,
par exemple, elle n'est pas pure à 99,5 %. À ce moment-là,
n'étant pas du métal précieux, elle ne peut pas se
qualifier comme fourniture détaxée. Donc, si une pièce de
monnaie est acquise à des fins numismatiques et qu'elle ne rencontre pas
les critères prévus à la définition de métal
précieux, ce sera une transaction de fourniture taxable, donc la taxe
sera déboursée. Un RTI sera refusé dans la mesure
où l'article 219 est rencontré.
M. Filion: On va mieux le voir quand on va arriver à
l'article.
Le Président (M. Gautrin): O.K. On discutera de ça
sur les métaux précieux.
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Gautrin): Bon! Alors, la
définition de "bien meuble corporel désigné" est
adoptée unanimement? Merci. "Bien meuble corporel désigné
d'occasion".
Bien meuble corporel désigné
d'occasion
M. Savoie: Je pense que c'est nouveau, ça; c'est la
première fois qu'on voit ça, un bien meuble corporel
désigné d'occasion.
M. Filion: D'occasion.
M. Savoie: D'occasion, occasionnellement. « "bien meuble
corporel désigné d'occasion" signifie un bien meuble corporel
désigné, à moins qu'une preuve satisfaisante soit
disponible pour établir: «1° dans le cas où le bien est
un dessin, une estampe, une gravure, une sculpture, un tableau ou une autre
oeuvre d'art semblable, que ce bien est détenu au Québec
uniquement pour être fourni dans le cours normal d'une entreprise par un
inscrit depuis le dernier en date des jours suivants: «a) le jour
où la personne qui a créé le
bien a effectué pour la première fois une fourniture pour
vente du bien; «b) le 1er juillet 1992; «c) le jour où le
bien a été apporté au Québec pour la
dernière fois; «2° dans le cas où le bien n'est pas
visé au paragraphe r, que ce bien est détenu au Québec
uniquement pour fourniture dans le cours normal d'une entreprise par un inscrit
depuis le dernier en date des jours suivants: «a) le 1er juillet 1992;
«b) le jour où le bien a été apporté au
Québec pour la dernière fois.»
Le Président (M. Gautrin): Est-ce que je peux vous poser
une question?
M. Filion: Oui, oui...
Le Président (M. Gautrin): Moi, je ne comprends pas.
M. Filion: Moi non plus.
Le Président (M. Gautrin): Je ne comprends pas. Je vais
lire: "bien meuble corporel désigné d'occasion" signifie une
chose, un bien corporel désigné, à moins qu'une preuve
soit disponible pour établir... Donc, si... Alors, pour établir,
premièrement et deuxièmement... Alors, s'il y a une preuve,
ça signifie quoi?
M. Bouchard: Ça signifie que ce n'est pas une bien meuble
corporel désigné d'occasion et que ce bien-là ne sera pas
visé par l'article 218.
Le Président (M. Gautrin): Non, non, mais expliquez-moi ce
que c'est qu'un bien corporel désigné d'occasion. C'est quoi,
cette affaire-là?
M. Bouchard: Un bien meuble corporel désigné
d'occasion, c'est les biens qu'on vient tout juste de voir. Les biens meubles
corporels désignés: les dessins, les estampes, les gravures, les
sculptures, etc., et qui deviennent, finalement, des biens usagers ou des biens
d'occasion une fois que la personne en a fait l'acquisition. Si cette
personne-là en dispose par voie d'exportation, l'effet de l'article 218
sera de récupérer le RTI qui aura été
réclamé par la personne lors de son achat. Par exemple, un
tableau de moins de 2000 $ qui serait acquis par une corporation, elle aura
payé la TVQ. Dans un deuxième temps, elle aura
réclamé un remboursement de la taxe sur les intrants. Si, un an
ou deux ans plus tard, finalement, elle le vend pour l'expédier à
l'extérieur du Québec, l'article 218 aura pour effet de
récupérer le RTI qui aura été... (21 h 45)
Le Président (M. Gautrin): Je suis désolé,
je ne comprends pas. Je ne suis vraiment pas... Je suis désolé,
je ne comprends pas. Je reviens là-dedans. Vous dites: "bien meuble
corporel désigné d'occasion signifie..." Donc, ça, c'est
identique à bien meuble corporel désigné...
Une voix: Oui.
Le Président (M. Gautrin): ...à moins d'un certain
nombre de situations. Alors, si ces situations-là arrivent, ça
veut dire quoi?
M. Bouchard: Ça veut dire que ce sont des biens qui sont
acquis, finalement, dans le cours normal d'une entreprise.
Le Président (M. Gautrin): Mais ce n'est pas
marqué, ça.
M. Bouchard: C'est marqué au paragraphe 1°.
M. Savoie: C'est tout simplement la définition... Ici, on
fait tout simplement définir.
Le Président (M. Gautrin): Je m'excuse, moi, je suis
mathématicien...
M. Savoie: Oui.
Le Président (M. Gautrin): Une définition, je sais
ce que ça veut dire. La, j'ai une définition qui est "bien meuble
corporel désigné d'occasion signifie..." bien meuble corporel
désigné, à moins que... Et "à moins que", donc vous
dites des conditions qui sont, à ce moment-là, des conditions...
Et ça signifie quoi si ces conditions se réalisent? Si un est
réalisé, si deux est réalisé, ça signifie
quoi?
M. Savoie: On dit que c'est un bien corporel
désigné, à moins qu'une preuve satisfaisante ne soit
disponible pour établir les biens suivants. Ça fait qu'on dit:
bien corporel désigné d'occasion signifie bien corporel
désigné avec la variante que tu vas voir à 1 ° et
à 2°.
Le Président (M. Gautrin): Je suis désolé,
franchement, je ne suis pas un imbécile non plus.
M. Savoie: Non, non.
Le Président (M. Gautrin): Quand vous dites: "à
moins que", là vous donnez des conditions, "...à moins que" et
vous spécifiez un certain nombre de conditions. Si ces conditions se
réalisent, ce n'est donc pas un bien corporel désigné.
Ça va? C'est quoi, à ce moment-là?
M. Bouchard: C'est un bien.
Le Président (M. Gautrin): Dites-le. Parce que je ne
comprends pas, moi. Quand c'est a égale b, à moins que les
conditions x, y, z arrivent, à ces conditions-là, a égale
c... Mais vous ne me donnez pas la fin: a égale c. Il y a
une erreur logique dans votre approche. Bien, voyons donc,
écoutez!
M. Filion: D'ailleurs, je ferai remarquer, M. le
Président, qu'on n'a pas recopié intégralement, encore une
fois, l'article de la TPS. Si vous regardez la définition dans la loi
sur la TPS, ce n'est pas écrit de la même façon. On l'a
écrit d'une façon différente, encore une fois. Et
là on a de la difficulté à rejoindre l'esprit du
législateur. Je pense que... On pourra y revenir, si vous voulez. Mais,
si vous regardez la loi sur la TPS, ce n'est pas écrit de cette
façon-là. On écrit: "bien meuble corporel d'occasion, bien
meuble corporel qui a déjà été utilisé au
Canada". L'expression "bien meuble corporel désigné d'occasion"
s'entend d'un bien meuble corporel désigné, sauf s'il peut
être établi de la manière satisfaisante que le bien... Et
là on décrit.
M. Savoie: O.K. Ça fait qu'on dit qu'un bien meuble
corporel désigné d'occasion signifie un bien meuble corporel
désigné, sauf que...
M. Filion: Sauf s'il peut être établi de
manière satisfaisante que le bien... Et là on donne...
M. Savoie: ...1°, 2°, oui.
M. Filion: ...et on s'en va à...
M. Savoie: Oui. Nous autres, on dit: À moins qu'une preuve
satisfaisante soit disponible pour établir... C'est quoi la
différence?
M. Filion: La différence, c'est...
Le Président (M. Gautrin): Je m'excuse, M. le ministre.
Là, vous commencez par dire: Un bien meuble corporel
désigné est un bien... Moi, je veux bien. Ça, ça
signifie que ça devient un bien désigné... Là, vous
mettez des causes d'exclusion et vous ne dites pas ce que ça devient
à ce moment-là.
M. Savoie: Non, non. Il faut bien comprendre le texte. Il faut
être philologue un peu.
Le Président (M. Gautrin): Oui, mais je le suis.
M. Savoie: II faut voir «bien meuble corporel
désigné d'occasion" signifie...» Ça signifie les
choses suivantes, un bien meuble corporel désigné, à moins
qu'une preuve satisfaisante soit disponible pour établir...
Le Président (M. Gautrin): Je suis bien d'accord avec
vous. Supposons maintenant, si je reviens là-dedans, qu'une preuve
satisfaisante disponible pour établir existe, ça signifie
quoi?
M. Savoie: Un bien meuble corporel désigné, sais-tu
ce que c'est?
Le Président (M. Gautrin): Oui, on vient de le
définir.
M. Savoie: Bon. Bravo! Là, on dit que, si le bien meuble
corporel désigné rencontre les normes de 1° ou de 2°, il
devient un bien meuble corporel désigné d'occasion.
M. Filion: Pardon?
M. Savoie: si ton bien meuble corporel désigné
rencontre les conditions de 1 ou de 2, il devient un bien meuble corporel
désigné d'occasion.
M. Filion: Ce n'est pas clair.
M. Savoie: Alors, un bien meuble corporel
désigné...
Le Président (M. Gautrin): Ça, c'est clair, ce que
tu dis. Pourquoi n'écrivez-vous pas: "Un bien meuble corporel
désigné est un bien meuble corporel qui satisfait les conditions
de 1° ou 2s."
M. Savoie: C'est ce qu'on fait.
Le Président (M. Gautrin): Ah! C'est ce que vous faites?
Je m'excuse, mais je suis capable de lire le français aussi.
M. Filion: Non, non, ce n'est pas ça, M. le
Président, que ça dit.
Le Président (M. Gautrin): Mais, alors, c'est ce qu'il
vient de dire.
M. Filion: Oui, mais, quand on lit le texte
fédéral, ce n'est pas ça qu'il dit.
Le Président (M. Gautrin): Ha, ha, ha!
M. Savoie: Y a-t-il quelqu'un qui a une aspirine?
Le Président (M. Gautrin): M. le député de
Montmorency.
M. Filion: écoutez, on dit: l'expression "bien meuble
corporel désigné d'occasion" s'entend d'un bien meuble corporel
désigné. jusque-là, ça va bien?
M. Savoie: Ça va.
M. Filion: Sauf...
M. Savoie: ...sauf...
M. Filion: ...s'il peut être établi...
M. Savoie: ...sauf s'il peut être établi...
M. Filion: ...de manière satisfaisante que le bien...
M. Savoie: ...sauf s'il peut être établi... Nous
autres, on dit: à moins qu'une preuve satisfaisante soit disponible pour
établir 1°, 2°.
M. Filion: Ici, il semble vouloir exclure 1° et 2°.
Le Président (M. Gautrin): Là, c'est un bien qu'il
devient ou..
M. Savoie: II devient un bien meuble corporel
désigné.
Le Président (M. Gautrin): Non, mais attendez... Vous
dites qu'il devient un bien ou...
M. Filion: Écoutez, moi, j'ai l'impression que le
texte...
M. Savoie: C'est-à-dire qu'il faut voir "bien meuble
corporel désigné" et, si ça rencontre 1° et 2°,
ça devient un "bien meuble corporel désigné d'occasion".
C'est tout.
Le Président (M. Gautrin): Ça, c'est clair.
M. Filion: Ça, c'est clair dans l'interprétation
que vous en faites-Le Président (M. Gautrin): Ce que vous dites,
là, c'est clair, M. le ministre. Ça, je comprends.
M. Filion: ...mais pas comme c'est écrit.
M. Savoie: C'est ce que je lis, moi.
M. Filion: Bien non. Qu'est-ce que c'est ça?
M. Bouchard: C'est difficile finalement d'apprécier cet
article-là sans connaître l'article 218, mais l'objet de la
définition d'un bien meuble corporel désigné d'occasion,
ce qu'on ne veut pas faire finalement, c'est qu'on ne veut pas viser les biens
qui satisfont à 1° ou à 2°...
M. Filion: Donc, on les exclut.
M. Bouchard: ...pour les restrictions qui s'appliquent aux biens
meubles corporels désignés d'occasion, restrictions qui sont
prévues à l'article 218.
M. Filion: Mais des biens corporels désignés
d'occasion, est-ce que ce sont en général tous les biens meubles
corporels désignés? Est-ce qu'on s'entend là-dessus?
M. Bouchard: C'est ça.
M. Filion: En général, ce sont tous les biens
meubles corporels désignés, sauf les deux choses qu'on cite
là. Alors, c'est complètement l'inverse de ce que M. le ministre
vient de nous dire.
M. Savoie: Oui? Non, ce n'est pas ça que je lis, en tout
cas, ce n'est pas ça. Je l'avais comme il faut.
M. Filion: Alors, c'est quoi?
M. Savoie: Lis-le! «Bien meuble corporel
désigné d'occasion" signifie un bien meuble corporel
désigné...
M. Filion: Donc, tous les biens meubles corporels
désignés.
M. Savoie: ...à moins qu'une preuve satisfaisante soit
disponible pour établir...» 1° ou 2°. Alors, si on a un
bien meuble corporel désigné...
M. Filion: C'est automatiquement...
M. Savoie: ...et si on est capable de faire une preuve
satisfaisante que ça rencontre 1° ou 2°, à ce
moment-là, il devient un bien meuble corporel désigné
d'occasion. C'est ça?
M. Filion: Non, ce n'est pas ça. Ce n'est pas ça,
M. le ministre, qu'on vient de nous dire. C'est exactement le contraire.
Le Président (M. Gautrin): Excusez-moi. La
présidence était en train de régler des détails de
procédure. Voulez-vous qu'on suspende cinq minutes peut-être? Non,
ça va?
M. Savoie: C'est beau.
M. Filion: Alors, quelle est la position là? Je veux qu'on
se comprenne bien.
Le Président (M. Gautrin): Vous voulez prendre en
délibéré et revenir plus tard aussi?
M. Savoie: non, non, on n'a pas besoin de le prendre en
délibéré. on dit qu'un bien meuble corporel
désigné d'occasion, c'est un bien meuble corporel
désigné.
M. Filion: Oui, jusque-là, ça va. M. Savoie:
Jusque-là, ça va.
M. Filion: Donc, tous les biens meubles corporels
désignés sont d'occasion.
M. Savoie: À moins qu'une preuve satisfaisante soit
disponible pour établir 1° ou 2°.
Le Président (M. Gautrin): Et, dans ce cas, ça
devient un bien.
M. Filion: Et dans ce cas?
Le Président (M. Gautrin): Et, dans ce cas, ça
devient quoi?
M. Savoie: Dans ce cas-là, ça devient...
M. Bouchard: Dans ce cas, ça ne devient pas un bien meuble
corporel désigné d'occasion visé par l'article 218 qui
établit des restrictions.
M. Savoie: C'est ça.
Le Président (M. Gautrin): Vous ne pouvez pas avoir une
espèce de chose... C'est totalement...
Des voix: Ha,ha, ha!
Le Président (M. Gautrin): Ça n'a totalement aucun
sens, ce que vous dites. Je m'excuse, mais vous dites: Un bien corporel
désigné est un bien corporel désigné, à
moins que... Et après, quand ce n'est pas le reste, ça
redevient... ce n'est pas un bien corporel désigné d'occasion.
Vous ne pouvez pas, à l'intérieur d'une définition,
redonner les choses... Franchement! Ça ne tient pas sur le plan logique.
Strictement logiquement, ça ne tient pas. Si vous me dites que c'est un
bien, moi, je veux bien. Si vous me dites que... Je veux bien.
M. Filion: II faudrait remplacer "à moins que" par
"sauf".
Le Président (M. Gautrin): Strictement logiquement,
ça ne tient pas.
M. Filion: Si on disait "un bien corporel désigné,
sauf les deux cas suivants"?
Le Président (M. Gautrin): Bien oui! Ça se
comprend.
M. Filion: Là, on éliminerait vraiment
l'ambiguïté d'interprétation. Parce que, là, on ne se
comprend pas.
Le Président (M. Gautrin): Si c'est un bien, vous dites,
dans ce cas-là, c'est un bien. Ça peut être un chameau,
ça peut être n'importe quoi, mais c'est... On ne peut pas. C'est
strictement logique, qu'est-ce que vous voulez?
M. Filion: Oui, oui. Je suis d'accord avec ça, M. le
Président.
Le Président (M. Gautrin): Si vous voulez dire: C'est un
bien, c'est un bien, c'est un chameau, c'est un crocodile.
M. Savoie: On ne va pas décider ça sur un coin de
table.
Le Président (M. Gautrin): Parfait! Alors...
M. Filion: On peut prendre un vote nominal, M. le
Président.
Le Président (M. Gautrin): Non, non. Je pense que... Vous
voulez qu'on suspende tranquillement?
M. Savoie: Non, on ne veut pas. Non. M. Filion: Alors, on
va revenir sur ça?
M. Savoie: Non, on ne reviendra pas là-dessus. On ne le
changera pas.
M. Filion: Vous ne changez rien?
M. Savoie: Non, malheureusement, non.
M. Filion: Même si vous ne l'avez pas écrit comme la
TPS?
M. Savoie: Non.
Le Président (M. Gautrin): Mais attendez, là vous
posez une question, parce que, moi, je vais voter contre.
M. Savoie: Pourquoi?
Le Président (M. Gautrin): Parce que je dis que ça
n'a aucun sens sur le plan logique, ce que vous écrivez là, puis
moi je ne peux pas m'as-socier à ça.
M. Savoie: Oui, oui.
Le Président (M. Gautrin): Ça n'a pas de sens. Je
vais voter contre parce que ce n'est pas logique, ce que vous dites. Vous ne
pouvez pas écrire en termes strictement logiques une définition
dans laquelle vous dites: a signifie b, à moins que x, y, z... sans dire
ce qui arrive si x, y, z se réalisent. Ça, c'est contraire
strictement à la logique, puis, moi, je ne suis pas d'accord qu'on mette
une chose qui est contraire à la logique à l'intérieur
d'une autre. Je m'excuse de vous le dire là, ça n'a pas de sens.
Puis je ne sais pas si mes collègues trouvent que ça a du sens ou
pas. Ça n'a pas de sens.
M. Filion: II faudrait y aller avec un vote nominal, M. le
Président, parce que, effectivement, ça n'a pas de sens.
Le Président (M. Gautrin): Je suis désolé.
Vous comprenez ce que je dis? Ce n'est même pas sur le fond de ce qui est
là-dedans. C'est que si vous dites a signifie b, à moins que x,
y,
z... il faut dire qu'est-ce qui arrive si...
M. Savoie: La proposition, c'est de changer "à moins que"
par "sauf. Tu vois là... Alors, un bien meuble corporel
désigné d'occasion signifie un bien meuble corporel
désigné, sauf une preuve suffisante disponible pour
établir... Et là on ne sait pas si "sauf1 peut
faire.
M. Filion: Les deux cas suivants.
Le Président (M. Gautrin): Et qu'est-ce qui arrive
à ce moment-là?
M. Savoie: On ne sait pas si "sauf1 a exactement le
même sens que "à moins que".
Le Président (M. Gautrin): Oui, mais la question que j'ai,
M. le ministre, c'est: Qu'est-ce qui arrive si... Regardez-moi. Si 1° et
2° se réalisent, un bien meuble corporel désigné
d'occasion, c'est quoi?
M. Savoie: Un bien meuble corporel désigné
d'occasion, c'est un bien meuble corporel désigné.
Le Président (M. Gautrin): Ça, c'est clair. M.
Filion: Sauf.
Le Président (M. Gautrin): Sauf. Mais, si le "sauf' se
réalise, c'est quoi?
M. Savoie: Sauf une preuve satisfaisante disponible pour
établir 1° ou 2°.
Le Président (M. Gautrin): Oui, mais il se passe quoi,
à ce moment-là? Je vais demander à M. le président
de reprendre sa place. Je vois le président de la commission. M. le
député de Vanier, vous pouvez reprendre votre place.
Mais ça ne répond pas à mon problème. Bien,
vous comprenez mon problème ou pas? Mon problème, il est simple.
Si vous dites, quand vous donnez une définition de a, a signifie b,
à moins que x, y se passent, donc, si x, y se passent, a signifie quoi?
C'est ma grande question. Alors, vous me dites que ça signifie que c'est
un bien et vous dites n'importe quoi. Je veux bien, moi. (22 heures)
M. Savoie: Je dis que a est égal à b, sauf...
Le Président (M. Gautrin): A égale b, à
moins des conditions x, y. Si x, y arrivent, a égale quoi?
M. Bouchard: Si les conditions arrivent finalement, c'est que le
bien sur lequel on est en train de s'interroger n'est pas un bien meuble
corporel désigné d'occasion, n'est pas visé par la
définition.
Le Président (M. Gautrin): Mais c'est quoi?
M. Bouchard: II garde sa nature.
Le Président (M. Gautrin): Donc, ce que vous me dites
c'est que c'est un bien.
M. Bouchard: C'est un bien, ça demeure fondamentalement un
bien.
Le Président (M. Gautrin): Un bien corporel
désigné d'occasion est un bien. Si je comprends bien, un bien
corporel désigné c'est soit un bien corporel
désigné, soit un bien. Et comme un bien c'est n'importe quoi sauf
de l'argent, à ce moment-là vous allez être correct. Donc,
cela signifie un bien corporel désigné ou un bien. Vous, vous
prenez implicitement que ça signifie que c'est un bien.
M. Bouchard: Oui, parce qu'on a vu tout à l'heure que
"bien" ne comprend pas l'argent. Donc, "bien", on retrouve sa définition
dans le Code civil.
Le Président (M. Gautrin): Donc, il faut que vous disiez
qu'un bien meuble corporel désigné est un bien parce que ce n'est
pas évident que le groupe de mots est un bien. Ce n'est pas
évident, ça ne le dit nulle part.
M. Bouchard: C'est-à-dire que le premier mot de
l'expression c'est le mot "bien" et "bien" est défini par ailleurs. On
l'a vu tout à l'heure.
Le Président (M. Gautrin): Si vous prenez la peine de
définir un ensemble de quatre mots, ça prouve que c'est
différent. C'est que vous leur donnez un sens à ces quatre mots.
Donc, implicitement vous considérez que ça va être un bien.
C'est-à-dire que ça va devenir pour vous une expression globale.
Ce n'est pas parce que vous mettez une première lettre... que vous
mettez des lettres derrière que ça signifie quelque chose
d'autre. Donc, il faudrait que vous disiez que c'est soit un bien meuble
corporel désigné, soit un bien.
M. Filion: Moi, M. le Président, je vous rejoins...
Le Président (M. Gautrin): Je m'excuse. Je voudrais
repasser la présidence peut-être au député de
Vanier, parce que, moi, je deviens trop...
M. Lemieux: Vous faisiez très bien ça, M. le
député.
Le Président (M. Gautrin): Oui, mais je suis trop
impliqué dans le débat.
M. Lemieux: Comme président, vous êtes membre de
cette commission, et vous pouvez intervenir. On continue.
M. Filion: Moi, M. le Président, là où j'ai
de la difficulté à bien suivre la définition c'est:
"à moins qu'une preuve satisfaisante soit disponible pour
établir". Ça, ça ne dit rien. Ça ne dit rien dans
le sens interprétatif; "à moins que", ça ne dit rien,
ça.
M. Savoie: II faut voir les articles 214 à 220 comme nous
l'avons mentionné.
M. Filion: Je le comprends, mais bien meuble corporel
désigné d'occasion signifie un bien meuble corporel
désigné à moins qu'une preuve satisfaisante soit
disponible pour établir. Ça ne dit rien; ça ne dit pas
qu'on les exclut. Ça ne me donne pas une interprétation claire.
Le "à moins qu'une preuve satisfaisante soit disponible pour
établir", ça ne me dit rien. "À moins que". Il manque
quelque chose dans le texte, et c'est vrai qu'il a raison. D'ailleurs, il
manque tellement quelque chose que vous aviez une confusion au niveau de
l'interprétation entre vous deux, entre vous trois. Je pense qu'il
manque des mots pour clarifier l'exclusion que vous voulez donner à la
définition du bien corporel désigné ou d'occasion. Le
"à moins que" ne traduit pas du tout l'exclusion.
Vous avez beau dire qu'il faut lire l'article 218, M. le
Président, mais si les définitions ne sont pas claires, on n'ira
pas loin avec ça. Quand on va arriver à l'article 218
tantôt et commencer à se référer aux
définitions, si les définitions ne sont pas claires au
départ, ça va aller mal. Moi, je pense, effectivement, que le
"à moins que" ne dit rien. Il ne donne pas d'orientation, de "punch"
à l'interprétation de l'article. "À moins qu'une preuve
satisfaisante soit disponible pour établir"... Mais, à moins
qu'une preuve satisfaisante soit disponible pour établir quoi?
M. Savoie: Un bien meuble corporel désigné signifie
un bien meuble corporel désigné. C'est un bien meuble corporel
désigné à moins qu'une preuve satisfaisante soit
disponible pour établir 1° ou 2°. Si on établit 1° ou
2° à un bien meuble corporel désigné, le bien meuble
corporel désigné devient un bien meuble corporel
désigné d'occasion. C'est ça?
M. Filion: C'est que le "à moins que"... Il manque quelque
chose parce qu'une fois qu'on a satisfait le "à moins que" il arrive
quoi avec?
M. Savoie: Non, non...
M. Filion: Voulez-vous qu'on suspende cinq minutes, M. le
Président? Bon. "Ou à l'exclusion des deux situations suivantes",
ça, c'est clair.
M. Savoie: Ce qu'on va faire, c'est qu'on va l'examiner de
nouveau pour revenir, pour voir vos recommandations avec le légiste qui
a préparé cet article-là.
M. Filion: Avec l'activité commerciale, on va mettre
ça en suspens en vertu du même principe?
M. Savoie: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Alors, c'est suspendu. Nous
passons...
M. Savoie: À bien meuble corporel d'occasion.
Le Président (M. Lemieux): ...à bien meuble
corporel d'occasion.
Bien meuble corporel d'occasion
M. Savoie: Alors, on y va: « "bien meuble corporel
d'occasion" signifie un bien meuble corporel qui a déjà
été utilisé au Québec.»
Le Président (M. Lemieux): C'est suspendu, M. le
député de Verdun.
M. Gautrin:...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Filion: On a suspendu.
M. Savoie: M. le Président... examiner le bien meuble
corporel d'occasion. On attend après sa réplique.
M. Filion: un bien corporel d'occasion, pour moi, je pense que...
si on a suspendu, je suis d'accord parce qu'il faut revenir sur une
nouvelle...
M. Savoie: Non, non. Avant, on traitait un bien meuble corporel
désigné d'occasion et, là, on est rendu à un bien
meuble corporel d'occasion seulement. Ce n'est pas la même chose,
là. On attend après vous.
M. Filion: Mats là, dites-moi donc, vous êtes
rendus... Moi, quand je suis mes articles, ici, j'ai: Bien meuble corporel
désigné d'occasion.
M. Savoie: Oui. Tourne la page.
M. Filion: Quand je tourne la page, je lis. "cadre"
comprend...
M. Savoie: Non. Il y a bien meuble corporel d'occasion.
M. Filion: o.k. c'est beau. « "bien meuble corporel
d'occasion" signifie un bien meuble corporel qui a déjà
été utilisé au québec» c'est ça?
Le Président (M. Lemieux): C'est ça.
M. Savoie: C'est ça. Là, on l'adopte et on va
à cadre.
M. Filion: ça veut dire, effectivement, que... pourquoi
on n'a pas d'exclusion ici? pourquoi on n'a pas les deux exclusions à
cette définition-là?
M. Bouchard: C'est parce que ce sont des biens totalement
différents. Le bien meuble corporel d'occasion, c'est n'importe quel
bien, finalement, qui a déjà été utilisé au
Québec. Ça peut être un piano, ça peut être un
véhicule, ça peut être un meuble. Alors, il n'y a pas de
rapport, finalement, entre les deux définitions.
M. Filion: Je comprends, mais c'est parce que, dans un cas on
parle de désigné, et là on enlève le mot
"désigné".
M. Bouchard: C'est ça.
M. Filion: Pourquoi on enlève les deux exclusions qu'on
avait précédemment?
M. Bouchard: C'est parce qu'on ne veut pas utiliser les deux
expressions aux mêmes fins. "Bien meuble corporel d'occasion" sera
utilisé aux articles sur les RTI pour accorder un remboursement de taxes
sur intrant fictif au marchand...
M. Filion: Sur intrant fictif?
M. Bouchard:... qui acquiert un remboursement... C'est ça.
Un RTI fictif au marchand qui acquiert des biens meubles corporels d'occasion.
Donc, un marchand qui achète un piano usagé d'un particulier,
même si, effectivement, il n'a pas déboursé le montant de
la TVQ, le système iui accorde un RTI fictif pour éviter la taxe
en cascade, parce que le particulier, lorsqu'il aura acheté le piano
à l'origine, aura payé la TVQ.
M. Filion: Je comprends très bien ça, sauf qu'ici
le bien meuble corporel désigné, ça vise-Le bien meuble
corporel d'occasion, ça vise un piano, ça?
M. Bouchard: Ça vise n'importe quel bien meuble corporel
qui a déjà été utilisé au Québec.
M. Filion: Et lui sert, pour faire un calcul, au remboursement
d'intrants fictifs?
M. Bouchard: C'est ça.
M. Filion: Ça, c'est pour les intrants fictifs,
celui-là.
M. Bouchard: C'est ça.
M. Filion: C'est à quel article, ça? M. Bouchard:
C'est 214.
M. Filion: On ne pourrait pas avoir d'exclusion comme
précédemment dans une situation d'application?
M. Bouchard: On l'applique à tout. On ne se casse pas la
tête, on l'applique à tous ces biens-là, corporel
d'occasion.
M. Filion: On va...
M. Bouchard: Ceux qui sont... Il y a juste au
"désigné" qu'on met une exception. On enlève deux
catégories.
M. Filion: Alors, c'est à l'article 214 qu'on avait
dit?
M. Gautrin: 214.
M. Filion: Est-ce que vous pensez que ça va être
facile pour les gens qui vont... Pourquoi avoir fait tant de distinctions? N'y
a-t-il pas une façon de... J'allais dire: On a copié la loi
fédérale mais... J'essaie de comprendre.
M. Savoie: Oui. Le processus...
M. Filion: Pourquoi avoir bien meuble corporel
désigné, bien meuble corporel désigné d'occasion,
puis bien meuble corporel d'occasion?
M. Savoie: Tu sais c'est quoi un bien meuble corporel?
M. Filion: Oui.
M. Savoie: Tu sais c'est quoi un bien meuble corporel
désigné?
M. Filion: Oui.
M. Savoie: Ce n'est pas la même chose.
M. Filion: Je comprends que ce n'est pas la même chose,
mais pourquoi jouer dans des nuances aussi subtiles...
M. Savoie: Ce ne sont pas des nuances.
M. Filion:... à un moment donné, au niveau des
crédits. J'essaie de comprendre. Toutes ces nuances de biens là,
on s'en va où dans le détail technique d'application?
M. Savoie: Ça, ce n'est pas compliqué. C'est
très facile.
M. Filion: Je comprends que c'est très facile, mais
j'essaie de comprendre.
M. Gautrin: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Verdun.
M. Gautrin: Ça a l'air clair pour tout le monde, mais
ça ne l'est pas pour moi. Bien meuble corporel, je ne sais pas ce que
c'est et je ne vois pas la définition. Un bien meuble corporel, c'est
quoi? Un bien meuble corporel désigné à la page 19,
ça, je sais ce que c'est, c'est dans la loi. Moi, je pose la question:
C'est quoi un bien meuble corporel?
M. Savoie: C'est dans la Loi sur les impôts. Des biens
meubles corporels désignés, c'est une notion qui est assez
constante. Ça signifie, finalement, une oeuvre d'art, de façon
globale.
M. Gautrin: M. le Président, je voudrais m'expliquer. Ma
question n'est pas de savoir ce qu'est un bien meuble corporel
désigné parce que ça, je l'ai compris, c'est défini
à la page 9.
M. Savoie: Oui.
M. Gautrin: Je veux comprendre ce que c'est qu'un bien meuble
corporel qui n'est pas désigné.
M. Savoie: Ça veut dire tout ce qui n'est pas un bien
meuble corporel désigné.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gautrin: Non, non. Écoutez, un instant. Ne riez pas
avec moi, s'il vous plaît, là!
M. Savoie: Ce n'est pas compliqué, là.
M. Gautrin: Tout ce qui n'est pas... Vous ne pouvez pas arriver
à fonctionner comme ça!
M. Savoie: Bien oui. Ça fonctionne très bien.
Regardez, M. le député.
M. Gautrin: Oui, M. le Président... M. le ministre.
M. Savoie: Regardez, là. Vous avez un bien. Un bien tout
court, ça peut comprendre toutes sortes de choses, hein?
M. Gautrin: Oui. Ça, je comprends.
M. Savoie: Un bien peut comprendre des droits d'auteur, par
exemple. C'est un bien, ça. Ce n'est pas un bien tangible, mais c'est un
bien. Un bien corporel, c'est un bien tangible, ça va?
M. Gautrin: Quelle différence est-ce qu'il y a entre
meuble corporel... Ça va tout ensemble ou il y a des biens meubles qui
ne sont pas corporels?
M. Savoie: Non, non. Une seconde. On a un bien... Ne fais rien
que me suivre, un pea là.
M. Gautrin: Je t'écoute, là.
M. Savoie: un bien corporel, donc, c'est tangible. un bien
corporel peut être meuble ou immeuble. o.k.? alors, il y a une
distinction importante. là, on parle d'un bien corporel meuble...
M. Gautrin: Ça va.
M. Savoie: ...donc, dans le sens de mobile. (22 h 15)
M. Gautrin: Ça va, j'ai compris.
M. Savoie: C'est le sens général, bon. Dans la Loi
sur les impôts, on a établi un terme - et là corrigez-moi
si je me trompe parce que c'est des notions qui sont un peu loin... Un bien
corporel désigné dans la Loi sur les impôts c'est une
notion pour déterminer, par exemple, des oeuvres d'art. Ils sont
spécifiés, ils sont désignés, c'est un listing.
Alors, on a des biens meubles corporels et on a des biens meubles corporels
désignés.
Ici ce que nous faisons c'est que nous revenons à des biens
meubles corporels tout court. Et on dit: Dans les biens meubles corporels, il y
en a deux sortes. Il peut y avoir des biens meubles corporels d'occasion, donc
usés. On fait la même chose avec les biens meubles corporels
désignés d'occasion. On fait les deux définitions. C'est
tout. Alors, ça peut sembler complexe la première fois qu'on le
voit, mais, par contre, lorsqu'on est familier c'est très technique et
c'est un peu comme si quelqu'un te parlait des pièces d'un moteur. Quand
on n'est pas habitué au vocabulaire c'est ça.
M. Gautrin: Je comprends.
M. Savoie: Mais finalement le bien meuble corporel... On peut
avoir un bien immeuble, mais ici c'est un bien meuble. On peut avoir un bien
meuble corporel ou intangible. C'est ça?
Une voix: Corporel ou incorporel.
M. Savoie: Incorporel.
M. Filion: II est incorporel.
M. Savoie: Bons. Incorporel ou corporel.
M. Filion: On va rester au corporel.
M. Savoie: On peut avoir désigné ou pas
désigné. À ce moment-là, on n'a rien, et ensuite on
peut avoir d'occasion ou rien encore.
M. Gautrin: moi, j'aurais une question de fond à vous
poser, m. le ministre.
M. Savoie: Oui.
M. Gautrin: Pourquoi... Je commence à comprendre un petit
peu.
M. Savoie: Bon.
M. Gautrin: Maintenant, entre bien meuble corporel d'occasion et
bien meuble corporel désigné d'occasion... Alors, je
reviens...
M. Savoie: Bon.
M. Gautrin: Attendez un instant. « "Bien meuble corporel
d'occasion" signifie un bien meuble corporel qui a déjà
été utilisé au Québec. » Pourquoi
n'utilisez-vous pas la même symétrie pour dire: Un bien meuble
corporel désigné d'occasion signifie un bien meuble corporel
désigné qui a déjà été utilisé
au Québec?
M. Savoie: Oui...
M. Gautrin: À ce moment-là, vous avez une parfaite
symétrie entre les deux.
M. Savoie: C'est ce qu'on fait, sauf que, pour ce qui est de "a
déjà été utilisé", les règles sont
particulièrement sévères. C'est-à-dire que ce n'est
pas utilisé de n'importe quelle façon. C'est utilisé selon
1° ou 2°.
M. Gautrin: Je comprends. Je comprends ce que vous dites.
M. Savoie: Oui.
M. Gautrin: Je maintiens néanmoins, si vous me permettez,
M. le Président, que votre rédaction de bien meuble corporel
désigné ne dit pas ce que vous dites. Je suis
désolé de vous dire ça. Je comprends maintenant ce que
vous dites et c'est clair. Maintenant, autrement dit, vous voulez
préciser le "d'occasion" de la manière de 1° et 2°, mais
ce n'est pas ce que ça dit là-dedans.
M. Savoie: C'est parce que là on revient à quelque
chose qu'on avait suspendu, mais retournez voir...
M. Gautrin: Ah! Vous l'avez suspendu, ça?
M. Savoie:... bien meuble corporel désigné
d'occasion.
M. Gautrin: Ah bon!
M. Savoie: Ça signifie un bien meuble corporel
désigné à moins qu'une preuve satisfaisante ne soit
disponible pour établir 1° ou 2°. Alors ça va? On est
rendu à "cadre", je crois.
M. Filion: Bien, je n'ai pas terminé. Bien meuble corporel
d'occasion, est-ce qu'on l'avait défini dans la TPS?
M. Savoie: Oui. M. Filion: Oui, oui.
M. Savoie: Used tangible personal property-
M. Filion: On l'a défini dans la TPS, mais on ne l'a pas
défini de la même façon.
M. Bouchard: dans la tps, bien meuble corporel d'occasion, le
texte que j'ai c'est: un bien meuble corporel qui a déjà
été utilisé au canada.
M. Filion: Ah oui, mais, attention, la définition est pas
mal plus large que la définition que vous en faites ici.
M. Savoie: Pourquoi?
M. Filion: Bien, écoutez. Bien meuble corporel d'occasion:
bien meuble corporel qui a déjà été utilisé
au Canada. L'expression "bien meuble désigné d'occasion" s'entend
d'un bien meuble corporel désigné, sauf s'il peut être
établi de manière satisfaisante que le bien...
M. Bouchard: La deuxième partie c'est la définition
de bien meuble corporel désigné d'occasion qu'on a vue tout
à l'heure et qui est suspendue.
M. Savoie: Ils ont mis...
M. Filion: Oui, oui, mais attention, c'est que bien meuble
corporel désigné et bien meuble corporel désigné
d'occasion...
M. Savoie: Non, non, non. Il y a deux définitions,
là.
M. Filion: Dans la même. M. Savoie: Ça se
suit. M. Filion: Dans la même.
M. Savoie: Oui, oui. Nous autres on les a divisées, c'est
tout.
M. Filion: Vous avez simplement changé le mot "Canada"
pour le "Québec".
M. Savoie: Oui.
M. Filion: C'est bien. Ça, ça donne un
remboursement... C'est un calcul de remboursement sur intrant fictif, c'est
ça? À l'article 214.
Le Président (M. Lemieux): Êtes-vous toujours au
bien meuble corporel d'occasion?
M. Filion: On était au bien meuble corporel
d'occasion.
Le Président (M. Lemieux): O.K. Ça n'a pas encore
été adopté.
M. Filion: Écoutez, moi je pense qu'on devrait
peut-être le suspendre avec l'autre, parce que ça va ensemble.
M. Savoie: non, non, ça ne va pas ensemble. c'est deux
notions complètement différentes. une n'a rien à faire
avec l'autre.
M. Filion: Ah non?
M. Savoie: Bien meuble corporel d'occasion, c'est une chose. Ce
n'est pas un bien meuble corporel désigné d'occasion. Ça
ne se ressemble pas. C'est deux biens différents.
M. Filion: M. le Président, il reste qu'on veut donner une
définition... Je comprends que vous l'avez séparé...
M. Savoie: Tu pourrais...
M. Filion: Mais, dans le projet de la TPS, ils l'ont mis ensemble
dans la définition de bien meuble corporel.
M. Savoie: On ne l'a pas mis ensemble, on les a
séparés. Mais ça ne change rien. Je pense que le fond est
identique. J'ai regardé et, d'après moi, c'est très clair.
On dit: "bien meuble corporel d'occasion" signifie bien meuble corporel qui a
déjà été utilisé au Canada. Ensuite on
continue l'expression: "bien meuble corporel désigné d'occasion"
s'entend d'un bien meuble corporel désigné, sauf s'il peut
être établi de manière satisfaisante que le bien... Et,
là, on le donne en deux. C'est la même chose, là.
M. Filion: Ce n'est peut-être pas la même chose,
parce que tout à l'heure on disait que, si les deux exceptions
étaient satisfaites, ça devenait un bien ordinaire. Est-ce qu'on
ne pourrait pas dire que ça devient un bien meuble corporel d'occasion
si ces deux conditions sont satisfaites, compte tenu de la façon dont
c'est défini dans la taxe des produits et services? Le fait qu'on l'ait
mis ensemble, M. le ministre, dans la définition, est-ce qu'on ne
voudrait pas simplement apporter l'intention législative suivante que
si, effectivement, les deux exceptions, je les satisfais dans la
définition de bien cor- porel désigné d'occasion, est-ce
qu'à ce moment-là, quand je satisfais mes deux exceptions, je
deviens simplement un bien meuble corporel d'occasion?
M. Savoie: Non, tu n'es pas dedans. C'est deux
définitions.
M. Filion: Complètement différentes. C'est
très clair.
M. Savoie: Oui, oui, il n'y a pas de doute là-dessus.
M. Filion: O.K.
M. Savoie: II n'y a pas de doute.
M. Filion: Alors, sur ce paragraphe-là, je pense que
ça va. Il n'y a pas de problème.
Le Président (M. Lemieux): Mais, M. le ministre, je l'ai
relu aussi à plusieurs reprises.
M. Savoie: Ah, pas toi aussi!
Le Président (M. Lemieux): Oui, oui. Je ne sais pas si le
député... Je comprends très très bien la
signification, mais je vous dis que c'est vrai que ça porte à
confusion au niveau de l'écriture.
M. Savoie: De quoi parlez-vous?
Le Président (M. Lemieux): Je parlais de la
définition du bien meuble corporel désigné avec l'article
qui a été suspendu tout à l'heure, bien meuble corporel
désigné d'occasion.
M. Savoie: Vous parlez d'un bien meuble corporel
désigné d'occasion?
Le Président (M. Lemieux): Oui, ce qu'on a suspendu tout
à l'heure. C'est simplement une réflexion.
M. Savoie: O.K. Oui, c'est ça.
Le Président (M. Lemieux): Je pense qu'on pourrait
peut-être regarder si, effectivement, il n'y a pas moyen de revoir
ça. En ce sens-là, je rejoins le député de
Verdun.
M. Savoie: Oui, c'est ça. Moi aussi, je le rejoins. On va
revoir le texte.
Le Président (M. Lemieux): Alors, bien meuble corporel
d'occasion, c'est adopté?
M. Savoie: Oui.
Le Président (M. Lemieux): O.K. Adopté.
Autres définitions
M. Savoie: Alors, cadre. Tout simplement, ce qu'on fait ici,
c'est qu'on cherche, lorsqu'on parle de service, on dit que cadre... Ici on
présente une définition qui s'applique particulièrement
afin d'exclure de la définition de l'expression "service" tout ce qui
est fourni à un employeur par son salarie ou son cadre.
Alors, on définit "cadre" comme étant: "1° un membre
du conseil d'administration, du conseil de gestion ou d'un autre comité
de direction d'une association, d'un club, d'une corporation, d'un organisme,
d'une société, d'un syndicat ou de toute autre organisation;
"2° un officier de justice ou un membre d'un tribunal ou d'un organisme
judiciaire, quasi judiciaire ou administratif; "3° un ministre du
gouvernement du Québec, d'une autre province, des Territoires du
Nord-Ouest, du territoire du Yukon ou du Canada; "4° un sénateur ou
un député fédéral; "5° soit un
député du Québec ou d'une autre province, soit un membre
ou un conseiller du Conseil des Territoires du Nord-Ouest ou de celui du
territoire du Yukon; "6° le titulaire de toute autre charge qui est
élu ou nommé pour agir à titre de représentant d'un
groupe de personnes."
C'est vaste dans le 1°; dans le 2°, un peu moins et dans le
3°, pas du tout. Je peux les nommer, hein?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Filion: C'est quoi, déjà, le but
recherché par cette définition-là?
M. Savoie: la définition s'applique afin d'exclure de la
définition de l'expression "service" tout ce qui est fourni à un
employeur par son salarié ou son cadre. on définit donc
"cadre".
M. Filion: Et on dit que le service rendu par un cadre n'est pas
taxable.
M. Savoie: C'est ça. C'est un service... M. Filion:
C'est ça. M. Savoie: ...qui n'est...
M. Filion: C'est qu'on identifie cadre à un
employé.
M. Savoie: Oui, c'est ça. C'est ce qui est fourni à
un employeur par son salarié ou son cadre.
M. Filion: Quel article définit ça,
déjà, l'exclusion de l'employé de la taxation?
M. Bouchard: C'est à la définition de "service",
page 135.
M. Filion: Pourquoi ne pas avoir mis le gouverneur
général du Canada?
M. Savoie: C'est parce que ce n'est pas un cadre. C'est le
représentant de la reine. C'est autre chose. D'ailleurs, c'est la
reine.
M. Filion: Oui, mais je veux dire, c'est un représentant
au même titre qu'un ministre, qu'un député ou un
sénateur.
M. Savoie: Non, ce n'est pas la même chose. Tu remarqueras
que lieutenant-gouverneur n'est pas là non plus.
M. Filion: Oui, mais on dit: "le titulaire de toute autre charge
qui est élu ou nommé pour agir à titre de
représentant d'un groupe de personnes"...
M. Savoie: Ce n'est pas la même chose.
M. Filion: Non? Est-ce qu'on est en train de dire que le
gouverneur général du Canada, lui, dans ses fonctions, serait
taxable?
M. Savoie: II n'est pas un cadre.
M. Filion: II est quoi?
M. Savoie: C'est le représentant de la reine.
M. Filion: Alors, lui, il est assujetti à une taxation au
niveau des services?
M. Savoie: Immunité fiscale.
M. Filion: Pardon?
M. Savoie: Immunité fiscale.
M. Filion: Ça, j'en conviens très bien, mais
pourquoi ne le dites-vous pas dans votre loi? On le met dans la loi de
l'impôt sur le revenu.
M. Savoie: Oui, mais là on parle de cadres. On donne la
définition de cadre.
M. Filion: Mais est-ce qu'il y a un endroit quelque part, dans la
loi, où on parle...
M. Savoie: J'imagine. Ça, c'est une autre question.
M. Filion: le gouverneur général du canada...
M. Savoie: On nous dit qu'on a vérifié cet
élément-là avec le ministère de la Justice. Ils
nous ont dit que ces gens-là jouissent de l'im-
munité fiscale.
M. Filion: Oui, mais, pour en jouir, il faut l'indiquer dans la
loi.
M. Savoie: Non, non, non.
M. Filion: À l'article 81 de la loi de l'impôt
fédéral, on l'indique.
M. Savoie: Bien non, bien non. J'imagine que dans les fonctions,
là...
M. Filion: On dit, effectivement, qu'ils sont...
M. Savoie: C'est des choses qui dépassent largement la Loi
sur les impôts, ça.
M. Filion: Bien non. Écoutez. Si on indique dans la loi de
l'impôt qu'il y a immunité fiscale, la loi de l'impôt sur le
revenu, il faudrait bien l'indiquer également dans la TVQ.
M. Savoie: Non.
M. Filion: Je vous pose une question, là. Il me semble que
ça va de soi, non?
M. Bouchard: Non. Finalement, dans les diverses consultations
qu'on a pu faire sur le projet de loi sur la taxe de vente du Québec, le
ministère de la Justice a été consulté,
effectivement, sur la nécessité ou non de référer
au gouverneur général pour lui accorder une exemption de la taxe
de vente du Québec. La réponse qu'on a obtenue, c'est qu'il
n'était pas nécessaire de le prévoir, compte tenu de
l'immunité fiscale dont jouit la reine, et comme le gouverneur
général est le représentant de la reine, eh bien...
M. Filion: Dans la taxe de vente actuelle, est-ce qu'il y avait
un endroit où c'était prévu?
M. Bouchard: Non. Finalement, les interprétations
émises étaient à l'effet qu'aucune taxe de vente
n'était payable par le gouverneur général.
M. Filion: En vertu de quoi?
M. Bouchard: En vertu du principe de l'immunité fiscale de
la couronne. (22 h 30)
M. Filion: Oui, mais cette immunité-là, elle est
écrite quelque part?
M. Savoie: Ah, mon Dieu! Oui. Je pense...
M. Filion: Ce n'est quand même pas de quoi qu'on prend dans
les limbes.
M. Savoie:... en 1688.
M. Filion: 16 quoi? M. Savoie: 88. M. Filion:
De?
M. Savoie: Ça a été confirmé que la
couronne n'était pas sujette à des taxes. C'est après le
départ de Cromwell et avec l'arrivée, je pense, de Jacques...
M. Tremblay (François): Ça fait partie des
privilèges de la couronne. Ça fait partie du droit fondamental
constitutionnel.
M. Savoie: Oui. C'est 1688, je crois.
M. Filion: Mais ça n'a pas exclu quand même
l'identification précise dans la loi de l'impôt.
M. Savoie: Oui.
M. Filion: Alors, écoutez, on ne passera pas... Mais il
reste quand même que j'aurais aimé comprendre pourquoi la loi de
l'impôt y réfère et que, nous, on n'y réfère
pas. En tout cas...
Le Président (M. Lemieux): Alors, si je comprends, c'est
adopté?
M. Savoie: Attends une seconde, là. Pourquoi que quoi?
M. Filion: La loi de l'impôt se réfère
à l'immunité spécifiquement. On dit que c'est une personne
exempte...
M. Savoie: Oui, c'est ça.
M. Filion:... et dans la TVQ on n'indique rien. Ça, je ne
comprends pas ça.
M. Savoie: Dans la loi de l'impôt, on...
M. Tremblay (François): Voulez-vous répéter
la question, s'il vous plaît?
M. Filion: Dans la loi de l'impôt on parie de
l'immunité; mais, moi, c'est l'article 81 de la loi
fédérale.
M. Tremblay (François): Oui. Je crois qu'on l'a aussi dans
la Loi sur les impôts.
M. Filion: alors, dans la loi de l'impôt, on parle
spécifiquement de l'immunité du gouverneur général.
pourquoi on n'en parle pas dans la tvq?
M. Savoie: Noblesse oblige.
M. Filion: II me semble que, quand on veut
avoir les choses claires et qui ne portent pas à confusion, on
devrait garder un principe d'application, non?
M. Savoie: Bien, ça fait un peu drôle le faire
tomber sous la définition de cadre.
M. Filion: On peut tout simplement y donner un article
spécifique, ce n'est pas grave.
M. Savoie: Bien... Oui, c'est ça. C'est ça qu'ils
ont examiné et, là, ils se sont fait dire non, au niveau de la
Justice, ce n'est pas nécessaire. Je ne commencerai pas à mettre
la reine d'Angleterre sous "cadre".
M. Filion: Pardon?
M. Savoie: J'ai dit que je ne commencerai pas à mettre la
reine d'Angleterre sous le titre "cadre".
M. Filion: Moi, la question, ce n'est pas de la mettre sous le
titre "cadre", c'est simplement de lui donner un statut légal au
Québec d'une façon claire et précise, comme on le fait au
niveau de la Loi sur les impôts. Je me demande pourquoi, si on le fait au
niveau de la Loi sur les impôts, on ne le fait pas au niveau de la taxe
de vente du Québec. Je pense que, si on est pour éclaircir la
loi, on est aussi bien de l'éclaircir comme il le faut. Pourquoi laisser
les choses en suspens quand ça serait plus clair?
M. Tremblay (François): Vous cherchez dans la Loi sur les
impôts? Où il est, dans la Loi sur les impôts, le gouverneur
général?
M. Filion: Bien, non. Moi, je cherche dans la loi de
l'impôt sur le revenu.
M. Tremblay (François): Ah.
M. Savoie: On est dans la définition de "cadre"; «
"cadre" comprend: un membre du conseil d'administration, un officier de
justice, un ministre, un sénateur, un député, un
député du Québec et le titulaire de toute autre charge qui
est élu ou nommé pour agir à titre de représentant
d'un groupe de personnes». Il faut bien comprendre que "cadre" est
traduit en anglais par le mot "officer". Alors, le gouverneur
général n'est pas un "officer".
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Verdun.
M. Gautrin: Simplement, monsieur, pour bien comprendre une chose,
le titulaire de toute autre charge, le concept de charge, ça veut dire
quoi? Je m'explique. Vous dites: "de toute autre charge qui est élu ou
nommé pour agir à titre de représentant d'un groupe de
personnes".
M. Savoie: Un groupe, hein? C'est pour ça que ça ne
s'appliquerait pas au lieutenant-gouverneur.
M. Gautrin: Oui, un groupe. Maintenant, je reviens à
charge. Est-ce que... Par exemple, un avocat...
M. Savoie: Oui.
M. Gautrin:... qui est nommé par un groupe de personnes
pour les représenter...
M. Savoie: Oui.
M. Gautrin:... est-ce que dans le sens de votre loi c'est un
cadre?
Le Président (M. Lemieux): Bien, j'espère que
non.
M. Tremblay (François): Non.
M. Gautrin: Je pose la question parce que...
M. Savoie: Non, non, non. À ce moment-là, ce n'est
pas un titulaire.
M. Gautrin: II n'est pas titulaire d'une charge.
M. Savoie: Non. Il n'est pas le titulaire d'une charge. Ça
ne va pas dans le sens du mot "cadre".
M. Gautrin: D'accord. Vous avez raison.
M. Savoie: C'est ça. Alors, on parle d'un titulaire d'une
charge. Charge, ça a des notions et puis... Il n'est pas un titulaire en
tant que tel.
M. Gautrin: D'accord.
M. Savoie: Caisse de crédit, M. le Président.
M. Filion: Alors, M. le Président, à
l'article...
Le Président (M. Lemieux): Adopté, cadre?
M. Filion: Écoutez, moi, c'est simplement la question du
gouverneur général. Je pense qu'on aurait dû le
spécifier parce que la loi de l'impôt en parle à l'article
81. (1)n, loi de l'impôt fédéral. Concordance
Québec, il faudrait voir. On parle que le revenu tiré de la
charge d'un gouverneur général du Canada est
exonéré d'impôt.
M. Savoie: C'est vrai.
M. Filion: Bon, si on prend la peine de le spécifier dans
cette loi, je me demande pourquoi
nous on se prive de ne pas le spécifier également pour
clarifier les choses. c'est un commentaire que j'avais à apporter dans
un but d'éviter...
Une voix: 81.(1)n?. M. Filion: Oui, 81.(1)n.
M. Tremblay (François): On ne l'aurait pas dans la loi
d'impôt provincial.
M. Filion: II n'est pas taxable quand même au
Québec?
Le Président (M. Lemieux): Non, il n'est pas taxable au
Québec.
M. Tremblay (François): Je ne l'ai pas encore vu
résider ici souvent, mais il faudrait qu'il réside d'abord.
M. Filion: Je comprends.
M. Gautrin: II ne vient pas à la Citadelle passer son
été?
M. Tremblay (François): II faudrait qu'il y soit le 31
décembre.
M. Filion: Le lieutenant-gouverneur au Québec, est-ce
qu'il est taxable au Québec?
M. Tremblay (François): Le lieutenant-gouverneur... Je
vais prendre votre question en note. Il faut dire que...
M. Filion: Prenez-la en note parce que c'est intéressant
comme débat.
M. Tremblay (François): II ne nous a pas écrit
récemment, dois-je vous dire.
M. Gautrin: Le président d'une république
québécoise, vous allez le faire taxable ou pas?
M. Filion: Ils sont dans la même famille de toute
façon. On va la prendre en note et on pourra en discuter plus tard.
M. Savoie: C'est beau.
M. Filion: Là, on arrive au suivant, M. le
Président.
M. Savoie: Lui, officiellement, je pense qu'il paye les "tenant
lieu". C'est ça? C'est les tenant lieu, qu'il paye, le
lieutenant-gouverneur?
Le Président (M. Lemieux): Alors, cadre est adopté.
Si cadre est adopté, c'est O.K. Adopté. Nous passons à
caisse de crédit.
M. Filion: Là, M. le ministre...
M. Savoie: Oui, caisse de crédit, là.
M. Filion: ...j'aimerais que vous lisiez parce que je veux
revenir un peu sur ce que je vous disais tout à l'heure. Je vais vous
laisser lire le paragraphe avant.
M. Savoie: Caisse de crédit? M. Filion: Oui.
M. Savoie: Bon. Caisse de crédit. Qu'est-ce qui est
arrivé avec cadre? On l'a adopté, là? C'est beau. «
"Caisse de crédit" a le sens que donne l'article 797 de la Lot sur les
impôts à l'expression "caisse d'épargne et de
crédit" et comprend également une corporation visée au
paragraphe b de l'article 804 de cette loi.»
Alors, cette définition permet l'application des règles
particulières à l'égard des caisses de crédit et
sert de plus à définir l'expression "institution
financière désignée". C'est beau, ça.
M. Filion: Bien, c'est beau... D'abord, dans un premier temps ici
on se réfère spécifiquement à l'article dans une
définition.
M. Savoie: Oui, c'est ça. C'est parce qu'il n'y en a pas
d'autres. On l'identifie, là.
M. Filion: Même s'il n'y en a pas d'autres.
M. Savoie: On ne dit pas: "caisse de crédit" a le sens que
donne la Loi sur les impôts. On dit: "a le sens que donne l'article 797
de la Loi sur les impôts".
M. Filion: Après ça vous continuez: "comprend
également une corporation visée au paragraphe b de l'article 804
de cette loi".
M. Savoie: C'est ça, c'est-à-dire qu'il y en a
deux, là. Il n'y en a pas trois, il n'y en a pas quatre, il n'y en pas
cinq, il y en a rien que deux.
M. Filion: D'accord. Mais la corporation visée à
l'article 804... C'est parce que la TPS ici...
M. Savoie: Oui.
M. Filion: On dit: "y est assimilée la corporation
d'assurance-dépôts visée au sous-alinéa". Est-ce que
c'est une compagnie d'assurance-dépôts dont on parle à
l'article 804?
M. Bouchard: Les corporations qui sont visées au
paragraphe b de l'article 804, ce sont les corporations de même nature
que la Société de l'assurance-dépôts du
Québec. Le meilleur
exemple qu'on peut vous donner c'est la corporation de fonds de
sécurité du groupe Desjardins qui assure en particulier.
M. Filion: Pour fins de lecture de l'appréciation,
pourquoi ne pas avoir repris le texte intégral de la TPS? Lui,
c'était plus clair: "est assimilée la corporation
d'assurance-dépôts visée". Mais si vous aviez
marqué: comprend également une corporation
d'assurance-dépôts visée, déjà là,
ça situe mieux le lecteur; une corporation visée, ça ne
dit rien. C'est une question d'avoir tout de suite une idée de ce qui se
passe au niveau de l'article 804. Au niveau de la TPS, on l'avait très
bien identifié: "est assimilée la corporation
d'assurance-dépôts visée au sous-alinéa", qui
probablement est l'équivalent du paragraphe b de l'article 804. Au lieu
de dire simplement une corporation, il faudrait, à mon avis, rajouter
les mots "d'assurance-dépôts". C'est clair. C'est plus clair pour
moi.
M. Savoie: Je pense que ce qu'on a cherché à faire,
c'est l'identifier au niveau des directives que nous avons, au niveau de la Loi
sur les impôts, et c'est tout. C'est parce que je n'ai pas le texte de la
loi fédérale devant moi.
M. Filion: Je peux le lire le texte de la loi
fédérale, si vous voulez.
M. Savoie: Non, non, ça va. Je veux le voir parce que
ça... Alors, "caisse de crédit" s'entend au sens du paragraphe
137. (6) de la Loi de l'impôt sur le revenu. Y est assimilée la
corporation d'assurance-dépôts visée au sous-alinéa
137. 1(5) (a) (i) de cette loi". Nous, on dit: Non, on n'a pas de misère
avec ça.
M. Filion: Non.
M. Savoie: L'article 797 équivaut à 137. (6).
M. Filion: Oui, et 137. 1 (5) (a) (i)...
M. Savoie:... et 137. 1 (5)(a)(i), ça va chercher b
à 804.
M. Filion:... b à 804.
M. Savoie: C'est ça.
M. Filion: C'est ça.
M. Savoie: Alors, il n'y a pas de problème.
M. Filion: Je comprends qu'il n'y ait pas de problème,
mais la seule chose que je me dis: Pourquoi ne pas avoir ajouté,
après le mot "corporation", ce qui est écrit dans la loi
fédérale de l'assurance-dépôts?
M. Savoie: On dit "une corporation visée", nous
autres.
M. Filion: C'est parce que ça ne dit rien quand on... Si
moi, je lisais: "une corporation d'assurance-dépôts
visée... " Ah! Bien, c'est un autre son de cloche. Quand je lis
l'article de loi, ça me situe beaucoup.
M. Savoie: Est-ce que ça te va, toi? M. Filion:
Ça me situe davantage.
M. Savoie: Oui, O. K. D'accord, on va le faire - si ça
peut te faire plaisir - sous réserve que le légiste du
ministère du Revenu nous revienne avec une peccadille qui fait en sorte
que ce n'est pas acceptable.
Une voix: alors, pourquoi ne pas le suspendre?
M. Savoie: Pas une peccadille, excusez...
M. Filion: On peut le suspendre, si vous voulez.
M. Savoie: On va l'adopter avec ses modifications parce qu'on me
dit que c'est correct.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'on pourrait ravoir
le...
M. Savoie: Tout simplement, "une corporation
d'assurance-dépôts visée au paragraphe b de l'article
804".
Le Président (M. Lemieux): Non, je m'excuse. C'est que je
ne peux pas adopter un article sous réserve. J'adopte ou je n'adopte
pas.
M. Savoie: Oui, oui. Vous adoptez, mais par contre, s'il y a un
problème, je vais y revenir.
Le Président (M. Lemieux): Attendez, je vais suspendre,
une minute. Moi, je n'ai jamais vu ça ici, adopter un article sous
réserve. C'est effectivement ce qu'on me disait, on ne peut pas adopter
un article sous réserve. C'est qu'on suspend ou bien on l'adopte et il y
a une motion qui est faite par la suite pour revenir à cet
article-là. Mais la logique voudrait qu'on suspende, la logique
juridique et parlementaire. Suspendu, caisse de crédit. On continue
à collèges publics.
M. Savoie: On va l'adopter avec la modification qui dit "et
comprend également une corporation d'assurance-dépôts".
Le Président (M. Lemieux): Alors, qu'on me fasse une
proposition d'amendement écrite. On va adopter, dans un premier temps,
l'amendement et nous adopterons le paragraphe tel qu'amendé au
niveau de l'expression de la définition "caisse de
crédit".
M. Savoie: On va vous fournir ça, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): O. K. Ça va. M.
Savoie: Collèges publics.
Le Président (M. Lemieux): J'aimerais avoir la motion
d'amendement. Est-ce qu'on me l'a écrite?
M. Savoie: On va vous la présenter.
M. Filion: On va vous la présenter, on va
l'écrire.
Le Président (M. Lemieux): Alors, je suspends l'article
"caisse de crédit".
M. Savoie: C'est ça.
Le Président (M. Lemieux): "Collège public. "
M. Savoie: C'est ça.
M. Filion: Est-ce que vous faites l'écriture ou bien
si...
M. Savoie: On va vous la préparer et on vous la
transmettra. (22 h 45)
M. Filion: O. K. C'est beau. Alors, "collège public".
J'aimerais qu'on lise la définition parce que ce n'est pas écrit,
encore, de la même façon que dans la loi fédérale.
Alors, il serait peut-être bon de la lire.
M. Savoie: Alors, « "collège public" signifie un
collège régi par la Loi sur les collèges d'enseignement
général et professionnel ou une institution
déclarée d'intérêt public ou reconnue aux fins de
subventions pour des services d'enseignement au collégial en vertu de la
Loi sur l'enseignement privé. »
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Verdun.
M. Gautrin: J'aurais une question sur la définition, mais
comme pratiquement à chaque fois que ça rentre en... Vous
utilisez toujours "collège public" ou "administration scolaire", puisque
vous les traitez. Peut-être que ma question n'est pas pertinente. Il
existe des institutions, privées en général, qui ont
à la fois une part d'un cours collégial et d'un cours secondaire.
Alors, elles sont, en partie, collèges publics et, en partie,
administration scolaire. J'ai essayé de feuilleter rapidement la loi et
j'ai l'impression que, chaque fois que vous faisiez référence
à l'un et à l'autre, vous utilisiez "administration scolaire" et
"collège public", ce qui permettrait, à ce moment-là, de
couvrir les...
M. Savoie: C'est exact.
M. Gautrin:... cadres qui sont mixtes à la fois. C'est
bien ce que je comprends dans l'interprétation qu'il faut y donner?
M. Savoie: C'est ça. À ce moment-là, ils
seraient régis par la Loi sur les collèges d'enseignement
général et professionnel.
M. Gautrin: C'est-à-dire qu'ils sont, en partie,
régis par l'un et, en partie, par l'autre.
M. Savoie: Oui, c'est ça.
M. Gautrin: Comme vous ne faites pas de distinction non plus
entre le primaire et le secondaire, j'imagine que, si on modifiait la Loi sur
l'enseignement privé, ce serait éventuellement couvert par
ça.
M. Savoie: C'est le ministère de l'Enseignement
supérieur qui nous a fourni la définition afin de couvrir tout le
monde.
M. Gautrin: O. K. C'est correct.
Le Président (M. Lemieux): Ça va, M. le
député de Verdun?
M. Gautrin: Ça va. J'aurais posé la question plus
longtemps, mais au sens que l'utilisation qu'ils font du mot dans la loi, je
n'ai pas de question à poser.
M. Savoie: O. K., ça marche. On vous remercie.
M. Filion: Moi, j'aurais juste une question très simple.
C'est qu'au niveau de la rédaction de l'article, au niveau
fédéral, on dit "ou un institut technique d'enseignement
postsecondaire qui, à la fois, reçoit des subventions d'un
gouvernement ou d'une municipalité et a pour principal objet d'offrir
des programmes de formation professionnelle, technique ou
générale". Je suppose que "et a pour principal objet d'offrir des
programmes de formation professionnelle, technique ou générale",
c'est repris dans le texte "ou reconnue aux fins de subventions pour des
services d'enseignement au collégial en vertu de la Loi sur
l'enseignement privé". Je pourrais bien avoir autre chose qu'un niveau
collégial, selon le texte fédéral.
M. Savoie: Oui, mais selon nous autres aussi, en vertu de la Loi
sur l'enseignement privé.
M. Filion: Oui, mais, écoutez, je peux avoir
de la formation professionnelle autrement que dans un cadre
d'enseignement au collégial.
M. Savoie: Oui. C'est-à-dire que c'est à
l'extérieur du contexte d'une école secondaire. Donc, ça
pourrait équivaloir à une structure collégiale.
M. Filion: Oui, mais quand vous donnez la définition ici
"reconnue aux fins de subventions pour des services d'enseignement au
collégial en vertu de la Loi sur l'enseignement privé", c'est que
vous limitez votre définition à l'enseignement
collégial.
M. Savoie: Non. M. Filion: Non?
M. Savoie: C'est-à-dire que c'est pour faire l'opposition
avec "secondaire".
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Verdun, vous avez quelque chose à ajouter là-dessus?
M. Savoie: On parle d'un collège, là, il faut bien
s'entendre, un collège public.
M. Gautrin: II faut regarder les choses globalement. Moi aussi,
je me suis posé un peu la question là-dessus, mais, pour finir,
tout va être couvert. Regardez. Vous avec "collège public" comme
définition. Vous avez une autre définition qui va être
"administration scolaire" un peu plus loin qui, elle, va toucher tout le
secondaire et le primaire. Lorsque vous touchez la formation professionnelle -
c'est bizarre, mais c'est comme ça - au lieu de la reprendre dans la
définition, si vous regardez à la page 58 de la loi, vous avez,
à l'article 121, d'autres définitions qui vont entrer pour les
écoles de formation professionnelle.
Ils n'ont pas mis ça... Dans la rédaction de la loi, vous
l'avez mis seulement dans cette section-là, parce que ça ne
rentre que dans la section. J'imagine que c'est pour ça que vous l'avez
mis là. Mais par ce biais-là, par l'ensemble des
définitions, vous recouvrez ce dont vous avez besoin.
M. Filion: Dans la présente section, j'en conviens
très bien. Vous avez raison sur ça, mais qui me dit que c'est
inclus dans la définition de "collège public" telle qu'elle est
écrite?
M. Gautrin: Alors, je ne prétends pas que ce soit inclus.
Les écoles de formation professionnelle ne sont pas incluses dans la Loi
sur...
M. Filion: L'enseignement au collégial en vertu de la
Loi...
M. Gautrin: Au niveau collégial.
M. Filion:... sur l'enseignement privé.
M. Gautrin: Non, non, je suis d'accord avec vous, ce n'est pas au
niveau collégial.
M. Filion: Alors, si c'est... M. Gautrin: Regardez bien.
M. Filion: Oui.
M. Gautrin: Dans l'utilisation qu'on fera de la définition
de "collège public" - j'ai feuilleté rapidement la loi - vous
verrez qu'on utilisera - c'était la question que j'avais posée au
ministre là-dedans - toujours les trois termes: collège public,
administration scolaire et, parfois, formation professionnelle, conjointement,
lors des exemptions. À moins que je ne me trompe, M. le ministre, j'ai
l'impression qu'on utilise toujours ces trois termes ensemble.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que le
député de Verdun a raison, M. le ministre?
M. Savoie: Ce qu'il faut voir, c'est l'orientation qui est
donnée à la définition de collège public, comme l'a
justement souligné le député. Le ministère de
l'Enseignement supérieur nous a présenté une
définition qui cherchait à couvrir l'ensemble des institutions
d'ordre collégial. Il faut bien comprendre que les écoles de
métier à l'extérieur d'une école secondaire tombent
soit sous la Loi sur les collèges, soit sous la Loi sur l'enseignement
privé. Donc, collège public, pour les fins, rencontre la
présentation que nous a faite le député et rencontre,
également, le sens qu'on voulait donner à la notion de
collège public.
M. Filion: Ça inclut, bien entendu, ce que le gouvernement
fédéral a fait dans sa définition pour principalement
offrir des programmes de formation professionnelle technique ou
générale.
M. Savoie: C'est ça.
M. Filion: Mais pas nécessairement au niveau
collégial.
M. Savoie: À l'extérieur d'une structure
secondaire.
M. Filion: et à l'extérieur, également, d'un
cégep.
M. Savoie: À l'extérieur d'un cégep,
oui.
M. Filion: O. K.
Le Président (M. Lemieux): Ça va? Donc,
adopté.
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Nous passons maintenant
à la définition suivante, "consommateur".
M. Filion: j'aimerais qu'on la lise, m. le président, pour
la raison que c'est une expression importante dans l'application du
présent article.
M. Savoie: Je pense que ça ne présente pas de
difficulté au niveau de la définition de consommateur. On dit:
« "consommateur" d'un bien ou d'un service signifie un particulier qui
acquiert, ou apporte au Québec, un bien ou un service à ses frais
pour sa consommation, son utilisation ou sa jouissance personnelle ou celle de
tout autre particulier, mais ne comprend pas un particulier qui acquiert, ou
apporte au Québec, un bien ou un service pour consommation, utilisation
ou fourniture dans le cadre de ses activités commerciales ou d'autres
activités dans le cadre desquelles il effectue des fournitures
exonérées.»
M. Filion: C'est beau.
Le Président (M. Lemieux): Adopté?
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Alors, nous
passons à "constructeur".
Constructeur
M. Filion: Oui, lui, H faut le lire, M. le Président,
parce qu'on va voir tout à l'heure, plus loin dans la loi, qu'on a une
problématique majeure au niveau du constructeur, qui entraîne
même des applications pratiques très très difficiles sur le
terrain. Je pense qu'il faut le regarder ensemble pour qu'on puisse mieux
comprendre, quand on va arriver plus loin dans les remboursements sur intrants,
comment ça va s'opérer.
M. Savoie: You are bullshitting me.
Le Président (M. Lemieux): Maudit que ce n'est pas facile,
une loi fiscale.
M. Savoie: voulez-vous essayer la lecture, m. le
président?
Le Président (M. Lemieux): Pardon?
M. Savoie: Voulez-vous essayer la lecture?
Le Président (M. Lemieux): Si je veux faire la
lecture?
M. Savoie: Oui, du texte, oui.
Le Président (M. Lemieux): Je peux la faire. Oui, je peux
faire la lecture pour celui-ci, oui.
M. Savoie: Oui.
Le Président (M. Lemieux): « "Constructeur" d'un
immeuble d'habitation ou d'une adjonction à un immeuble d'habitation
à logements multiples signifie, à l'exclusion d'un particulier
visé à l'un des paragraphe 1° à 4e qui
réalise la construction ou la rénovation majeure ou acquiert
l'immeuble d'habitation ou un droit dans celui-ci autrement que dans le cadre
d'une entreprise, d'un projet comportant un risque ou d'une affaire de
caractère commercial et à l'exclusion d'une personne visée
à l'un des paragraphes 1° à 3e dont le droit dans
l'immeuble d'habitation consiste en un droit de l'acheter d'un constructeur de
l'immeuble d'habitation, une personne qui: «1° alors qu'elle a un
droit dans l'immeuble sur lequel l'immeuble d'habitation est situé,
réalise, elle-même ou par l'intermédiaire d'une personne
qu'elle engage: «a) dans le cas d'une adjonction à un immeuble
d'habitation à logements multiples, la construction de cette adjonction;
«b) dans le cas d'un logement en copropriété, la
construction de l'immeuble d'habitation en copropriété dans
lequel ce logement est situé; «c) dans tout autre cas, la
construction ou la rénovation majeure de l'immeuble d'habitation;
«2° acquiert un droit dans l'immeuble d'habitation alors que:
«a) dans le cas d'une adjonction à un immeuble d'habitation
à logements multiples, l'adjonction est en construction; «b) dans
tout autre cas, l'immeuble d'habitation est en construction ou fait l'objet
d'une rénovation majeure; «3° dans le cas d'une maison mobile,
fabrique celle-ci; «4° acquiert un droit dans l'immeuble d'habitation
en vue principalement d'effectuer la fourniture par vente de la totalité
ou d'une partie de cet immeuble ou d'un droit dans celui-ci, alors que:
«a) dans le cas d'un immeuble d'habitation en copropriété
ou d'un logement en copropriété, la déclaration de
copropriété relative à l'immeuble d'habitation n'a pas
été encore enregistrée; «b) dans tous les cas,
l'immeuble d'habitation n'a pas été occupé par un
particulier à titre de résidence ou de pension en vertu d'un
accord quelconque en ce sens; «5° est réputée
être un constructeur de l'immeuble d'habitation, en vertu de l'article
221.»
M. Gautrin: M. le Président...
M. Filion: En vos mots, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Vous me permettrez, M. le
député de Verdun, pour avoir à interpréter
l'expression "constructeur", que je puisse le relire encore trois ou quatre
fois, personnellement. Alors, je vous laisse aller là-dessus puisque
j'en ai fait la lecture.
M. Filion: Oui. La première question, je pense, s'adresse
beaucoup plus à ceux qui ont rédigé l'aspect technique de
l'article, pour qu'on nous explique un peu le fonctionnement de l'article.
Comment doit-on le lire? Je vous avoue que quand on dit "constructeur d'un
immeuble d'habitation ou d'une adjonction à un immeuble d'habitation
à logements multiples signifie, à l'exclusion d'un particulier
visé à l'un des paragraphes 1° à 4°", est-ce que
je dois tout de suite, immédiatement, sauter au paragraphe 5° pour
lire ou bien si je continue à lire 1° à 4° pareil? Alors,
on me dit "signifie, à l'exclusion d'un particulier visé à
l'un des paragraphes 1° à 4°". Est-ce que je dois
immédiatement continuer à 51 qui réalise la construction
ou la rénovation majeure ou acquiert l'immeuble d'habitation a un droit
dans celui ou autrement... Alors, juste là, je voudrais qu'on m'explique
comment je lis cet article-là. Ce n'est pas facile à lire, et je
vous avoue...
M. Savoie: Je ne pense pas... Ce n'est pas facile à lire,
mais...
M. Filion:... que c'est assez spécial.
M. Bouchard: Évidemment, c'est une définition
complexe. La complexité de la définition a fait en sorte qu'on a
vraiment utilisé la définition incluse dans la loi sur la taxe
d'accise, si ce n'est pour des modifications au niveau du français qui
nous semblaient opportunes.
Le Président (M. Lemieux): Pourriez-vous nous expliquer ce
que vous recherchiez pour qu'on puisse vraiment saisir un sens de cette
définition-là? Comment doit-on comprendre cet
article-là?
M. Savoie: Je vais vous lire les notes explicatives qu'on m'a
fournies, d'abord. La notion de constructeur est très importante en
matière de taxation des immeubles. Cette notion permet de savoir si un
immeuble d'habitation peut être qualifié d'immeuble neuf ou non.
S'il peut être qualifié de neuf, le particulier qui achète
un tel immeuble pourra avoir droit à un remboursement de la taxe. S'il
ne peut l'être, la notion de constructeur permet alors de
déterminer s'il s'agit d'un cas où la fourniture est
exonérée. Cette notion est également utilisée dans
le cadre de certaines règles de fourniture à soi-même,
c'est-à-dire dans le cadre de règles qui rendent taxable la
fourniture par un constructeur à lui-même d'un immeuble pour
lequel il a eu droit à un remboursement de la taxe sur les intrants.
C'est ça.
Le Président (M. Lemieux): Ce sont les notes explicatives.
Ce n'est pas dans le document que vous nous avez passé.
M. Savoie: Non, c'est tout simplement dans mes notes à
moi.
Le Président (M. Lemieux): Ah bon, O. K.
M. Filion: Je comprends très bien l'objectif visé.
Moi, je pose la question: Comment je le lis? Je répète le
préambule: « "Constructeur" d'un immeuble d'habitation ou d'une
adjonction à un immeuble d'habitation à logements multiples
signifie, à l'exclusion d'un particulier visé à l'un des
paragraphes 1° à 4°... » Est-ce que je saute
immédiatement à 5° pour continuer ma lecture?
M. Savoie: Non.
M. Filion: Je pose cette question-là. C'est important.
Comment lit-on cet article-là? (23 heures)
M. Savoie: Non, non. On dit que, bon... Il faut le lire
tranquillement et certainement - ça me surprend parce que vous avez
quand même fait des études en impôt. Vous savez comment
ça se lit, des articles d'impôt?
M. Filion: Je vous avoue que généralement je le
sais, mais, quand je lis celui-là, ce n'est pas clair.
M. Savoie: Qu'est-ce qui n'est pas clair?
M. Filion: J'essaie de comprendre c'est quoi un constructeur.
Vous me dites: « "constructeur" d'un immeuble d'habitation ou d'une
adjonction à un immeuble d'habitation à logements multiples
signifie, à l'exclusion d'un particulier visé à i'un des
paragraphes 1° à 4°... »
M. Savoie: Oui. Parce que 1° à 4° c'est autre
chose.
M. Filion: C'est autre chose. Alors quand, moi, je lis la
définition d'un constructeur, est-ce que je dois immédiatement
quitter l'exclusion pour aller continuer de lire 5°?
M. Savoie: Non, continue... C'est parce que tu arrêtes
à mi-chemin. Tu arrêtes à mi-chemin et tu dis... Bon, bien,
continue, là.
M. Filion: Bon, alors continuons. O. K., je ne quitte pas, je
continue.
M. Savoie: Mets "à l'exclusion d'un particulier
visé à l'un des paragraphes 1° à 4°" entre
parenthèses, et continue.
M. Filion: "...qui réalise la construction ou la
rénovation majeure".
M. Savoie: O.K. Alors, « "constructeur" d'un immeuble
d'habitation ou d'une adjonction à un immeuble d'habitation à
logements...» Bon. « "Constructeur" d'un immeuble d'habitation
[...] qui réalise la construction ou la rénovation majeure ou
acquiert l'immeuble d'habitation ou un droit dans celui-ci autrement que dans
le cadre d'une entreprise, d'un projet comportant un risque ou d'une affaire de
caractère commercial et à l'exclusion d'une personne visée
à l'un des paragraphes 1° à 3° dont le droit dans
l'immeuble d'habitation consiste en un droit de l'acheter d'un constructeur de
l'immeuble d'habitation, une personne qui...» Bon.
M. Filion: Mais je ne peux pas lire ça si je les
exclus.
M. Savoie: Non. Parce que, quand tu l'as exclus, on parlait d'un
"particulier visé à l'un des paragraphes 1° à 4°",
lorsqu'on parlait "d'une adjonction à un immeuble d'habitation à
logements multiples signifie, à l'exclusion d'un particulier..."
Continue à lire: "...un droit dans l'immeuble sur lequel l'immeuble
d'habitation est situé, réalise, elle-même ou par
l'intermédiaire d'une personne qu'elle engage..."
M. Gautrin: M. le Président, est-ce que je comprends bien?
Je commence à comprendre un tout petit peu. Un particulier et une
personne ce n'est pas la même chose?
M. Savoie: C'est ça.
M. Gautrin: Bon. Une personne, on a dit ce que c'était au
début, c'est un paquet d'affaires. C'est ça?
Le Président (M. Lemieux): C'est ça.
M. Filion: C'est ça. Les compagnies, etc. C'est tout le
monde, une personne.
M. Gautrin: Bon, alors, un constructeur c'est une personne,
à moins que ce soit un particulier visé par les paragraphes
1° à 4°. C'est ça? Bon. Moi, j'ai une petite question
quand même à poser. J'ai du mal à comprendre que dans une
définition on utilise un mot qu'on essaie de définir. Quand je
vois "constructeur" et "réputé être un constructeur" ou
bien "constructeur" et "un constructeur" ce n'est pas le même mot? Et
quand je définis "constructeur" et que dans la définition de
"constructeur* j'utilise le même mot que j'essaie de définir... et
je m'excuse encore,
M. le Président, II y a quelque chose que je ne comprends pas sur
le plan logique. Autrement dit, je vais vous dire: Un chat, c'est quelque chose
qui est un chat. Ça n'a pas de sens. Vous comprenez bien mon point? Je
ne peux pas, dans une définition, utiliser un mot que je définis.
Et c'est ça que je ne comprends pas.
M. Savoie: Regardez, là. C'est relativement simple. Il
faut que tu cherches "constructeur* signifie une personne...
M. Gautrin: Oui, j'ai compris.
M. Savoie: ...qui: 1°, 2°, 3°, 4°, 5°. Bon.
Alors, on dit...
M. Gautrin: Mais regardez le 5°: "...est
réputée être un constructeur..." Excusez-moi...
"constructeur" est une personne. Ça va? Je comprends que c'est une
personne qui n'est pas un particulier. Ça je comprends encore ça.
Mais une personne qui est réputée être un constructeur...
Si je laisse tomber les exclusions, je dis "constructeur" c'est une personne
qui est réputée être un constructeur.
M. Savoie: Oui, sauf qu'il faut bien comprendre qu'on y va par
exception.
M. Filion: C'est ça mais on a une double exception.
M. Gautrin: M. le Président, M. le ministre, si vous me
permettez, vous ne répondez pas à mon objection. Mon objection
elle est, encore, l'utilisation du même mot, du mot que... vous
êtes en train de donner une définition générique de
quelque chose et, dans la définition, vous utilisez le mot que vous
voulez définir.
M. Filion: Voilà.
M. Gautrin: Et ça, vous vous mordez la queue.
M. Savoie: Ça peut paraître curieux, mais, au niveau
de la Loi sur les impôts, c'est une constante quasiment.
M. Gautrin: Bien oui, mais ça, je n'ai pas l'habitude, je
suis d'accord avec vous, mais...
M. Savoie: C'est quelque chose qu'on voit à plusieurs
reprises. Par exemple, on va dire qu'une personne... On va dire, par exemple,
dans la Loi sur les impôts: Un chauffeur d'autobus est une personne qui
fait tout... Comment est-ce qu'on va dire ça? C'est une personne qui
conduit un autobus... À l'exclusion de... Ce n'est pas si spécial
que ça.
M. Filion: M. le ministre, c'est parce qu'on
essaie d'avoir des exemples pour comprendre parce que c'est important.
C'est une définition qui est majeure dans ce qui va suivre. On dit: "...
à l'exclusion d'un particulier visé à l'un des paragraphes
1° à 4° qui réalise la construction ou la
rénovation majeure ou acquiert l'immeuble d'habitation ou un droit dans
celui-ci autrement que dans le cadre d'une entreprise, d'un projet comportant
un risque ou d'une affaire de caractère commercial et à
l'exclusion d'une personne visée à l'un des paragraphes -
là, j'exclus les particuliers et après ça j'exclus les
personnes - 1° à 3° dont le droit dans l'immeuble d'habitation
consiste en un droit de l'acheter d'un constructeur de l'immeuble
d'habitation... "
J'avoue que j'essaie de m'imaginer des exemples quand je lis et j'ai de
la difficulté.
M. Brochu: On va tenter de l'expliquer et je suis sûr que
la lecture va être plus facile après. On va écouter.
M. Filion: D'ailleurs, c'est ce que je demande pour bien
comprendre l'interprétation.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Verdun.
M. Gautrin: Je cherche l'article...
Le Président (M. Lemieux): Non, un instant, M. le
député de Verdun.
M. Gautrin: M. le Président. Non, non. Le collègue
à côté me dit: "est réputée être un
constructeur de l'immeuble d'habitation, en vertu de l'article 221. " Je plonge
dans l'article 221 pour voir ce que ça veut dire "réputée
être un constructeur". Attendez un instant! Une personne est
réputée avoir fait de la rénovation, elle est
réputée être un constructeur. Mais on ne donne pas la
définition!
M. Filion: On donne une situation de constructeur
réputé qui est une autre définition que celle qu'on
regarde. Parce qu'on prend des situations hypothétiques et on dit
"réputée".
M. Gautrin: attendez un instant: "est réputée
être un constructeur de l'immeuble, en vertu de l'article 221. "
ça veut dire quoi, ça, monsieur?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Verdun, on va tenter de nous expliquer le sens de cet article.
M. Gautrin: J'écoute avec plaisir.
Le Président (M. Lemieux): On va vous écouter et si
vous avez des commentaires, M. le député de Verdun, aucun
problème. On finit à minuit et demi, je crois.
Une voix: Minuit ou minuit et demi?
Le Président (M. Lemieux): Minuit, pardon, minuit.
M. Filion: Une demi-heure de plus, une demi-heure de moins! Bon.
Allons-y!
M. Dupont (Pierre): Je m'appelle Pierre Dupont. Effectivement, la
définition est plutôt longue et difficile à comprendre.
Cependant, si on commence par faire abstraction de l'exclusion, là, je
pense que ça simplifie déjà la lecture de l'affaire. Un
constructeur... Alors, le constructeur d'un immeuble d'habitation ou d'une
adjonction signifie une personne qui, alors qu'elle a un droit dans l'immeuble
sur lequel l'immeuble d'habitation est situé, réalise, dans le
cas d'une adjonction, la construction de l'adjonction, dans le cas d'un
logement en copropriété, la construction de l'immeuble en
copropriété. Si, alors que vous êtes propriétaire de
l'immeuble sur lequel l'immeuble d'habitation se situe et que vous construisez
l'adjonction ou que vous construisez l'immeuble d'habitation en
copropriété, vous êtes un constructeur. D'accord? Ensuite,
vous êtes également un constructeur si vous êtes une
personne qui acquérez un droit dans l'immeuble d'habitation alors que
l'adjonction est en construction ou alors que l'immeuble fait l'objet de
construction ou de rénovations majeures.
Le Président (M. Lemieux): Vous n'étiez pas capable
de l'écrire comme ça?
M. Dupont: Les contraintes de l'harmonisation font que...
Là, je vous passe une espèce de couteau, si on veut, pour
permettre d'exclure tous les cas particuliers, etc.
Le Président (M. Lemieux): Mais on comprend mieux
pareil.
M. Dupont: Mais il faut quand même les conserver, ces
cas-là, pour que la mécanique fonctionne.
Le Président (M. Lemieux): Je suis d'accord. M. Filion:
Je comprends très bien... M. Gautrin: Pas moi.
M. Filion:... qu'on veuille s'harmoniser... Attendez, M. le
député. Sauf que, quand on lit l'article, je ne vois pas comment
on peut interpréter comme ça. C'est vraiment demander une
imagination spectaculaire parce que l'article n'est pas écrit comme
ça. Ou à moins que je me trompe, mais c'est loin d'être
aussi limpide que comme vous venez de l'expliquer. À l'exclusion d'un
particulier visé. Bon. Oublions les exclusions, mais je ne lis pas du
tout la définition de
constructeur comme vous venez de l'expliquer. À moins que je sois
le seul à ne pas voir ça, mais...
M. Gautrin: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Ne considérant pas les
exclusions. Oui, M. le député de Verdun, est-ce que vous
comprenez?
M. Gautrin: Bien moi, je suis un peu sensible aux arguments du
député de Montmorency et j'avoue que je commence à
comprendre ce que vous disiez mais je ne le comprends pas vu de
l'intérieur. Et moi, je reviens toujours sur mon 5°: "est
réputée être un constructeur de l'immeuble d'habitation, en
vertu de l'article 221% ce que mon collègue avait dit. Puis quand je
vais voir 221, je ne vois rien sur les... Je vois simplement: "la personne est
réputée être un constructeur de l'immeuble d'habitation".
Donc, je ne comprends pas comment en plus on peut être
réputé constructeur de l'immeuble d'habitation. Vous avez vu
l'article 221?
M. Savoie: Non... M. Gautrin:...
M. Savoie: Ça ne présente pas de
difficultés. Ça paraît lourd mais, à force de
relire, on constate que l'apparence se dissipe. Et comme vous avez
vous-même constaté, vous avez bien vu la notion de particulier
qui...
M. Gautrin: Ah! Je suis un bon élève.
M. Savoie:... joue dans l'exclusion et, ensuite, on dit "et
à l'exclusion d'une personne visée à l'un des paragraphes
1° à 3° dont le droit dans ('immeuble d'habitation consiste en
un droit de l'acheter d'un constructeur de l'immeuble d'habitation... "
À ce moment-là, vous avez une définition qui commence par:
« "constructeur" d'un immeuble d'habitation ou d'une adjonction à
un immeuble d'habitation à logements multiples signifie... » puis
là on énumère immédiatement les deux exclusions et
ensuite on dit "une personne qui: " Alors, c'est constructeur, à
l'exception des deux, est une personne qui, alors qu'elle a un droit dans un
immeuble, acquiert un droit dans l'immeuble d'habitation. 3° "dans le cas
d'une maison mobile, fabrique celle-ci; " 4° "acquiert un droit dans
l'immeuble... " et, 5° "est réputée être un
constructeur de l'immeuble d'habitation, en vertu de l'article 221. " Et c'est
l'explication que je cherchais tout à l'heure. On voit souvent dans la
loi de l'impôt, par exemple: "chauffeur d'autobus" signifie un chauffeur
d'autobus tel que prévu à l'article 324. Ça paraît
un peu curieux, sauf que...
M. Gautrin: Excusez-moi. Je comprends ce que vous dites...
M. Savoie:... ça limite.
M. Gautrin:... c'est peut-être un peu curieux, un peu
spécial, sauf que l'article... Je m'excuse, regardez donc l'article 221,
parce que je m'attendrais à avoir des explications sur les constructeurs
à l'article 221. Alors je lis l'article 221: "Dans le cas où,
à un moment quelconque, une personne commence à détenir ou
à utiliser un immeuble à titre d'immeuble d'habitation: "1°
la personne est réputée avoir fait la rénovation majeure
de l'immeuble d'habitation: " Donc, ce n'est pas le cas. "2e la
rénovation est réputée avoir commencé à ce
moment et être presque achevée... "3e la personne est
réputée être un constructeur de l'Immeuble d'habitation. "
Alors, j'ai l'impression qu'on est en train de... Je ne le définis pas
plus...
M. Savoie: On parie, je pense, d'une personne
réputée, à ce moment-là, à 221?
M. Gautrin: Bien oui mais "est réputée être
constructeur" puis alors là, on dit: O. K., est réputée
être constructeur. Donc, je ne sais pas qu'est-ce que ça veut
dire.
M. Savoie: Non. Attendez une seconde, "est réputée
être un constructeur de l'immeuble d'habitation, en vertu de l'article
221; " Allez-y.
M. Dupont: L'article 221 précise ce qu'il advient quand
une personne commence à utiliser, à titre résidentiel, un
immeuble qui n'était pas un immeuble résidentiel, sans toutefois
en faire la rénovation majeure. Alors, dans cette
hypothèse-là, l'article 221 vient préciser que (a personne
est réputée avoir fait des rénovations majeures, la
personne est réputée être le constructeur. Donc, les
règles qui s'appliquent à l'égard d'un constructeur et
à l'égard des rénovations majeures vont s'appliquer. Ce
sont des règles de changement d'usage. Ce sont des règles... Par
exemple, si, moi, j'achète cet immeuble-là de cette personne, je
vais donc acheter l'immeuble d'un constructeur et j'aurai par conséquent
droit à ce à quoi la loi me permet d'avoir droit, compte tenu du
fait que j'achète un immeuble d'habitation d'un constructeur.
M. Gautrin: J'ai beaucoup de respect pour ce que vous dites parce
que je comprends ce que vous me dites là. Mais j'ai du mal à
faire la bi-jection entre ce que vous me dites et ce que je lis.
M. Savoie: C'est parce que...
M. Gautrin: C'est ça mon problème là,
puis
je veux bien vous faire confiance...
M. Savoie: C'est un changement d'utilisation... M. le
député, regardez, à la page 100, c'est marqué: "4.
Immeuble". Puis là, c'est marqué: "Changement d'utilisation".
M. Gautrin: J'ai compris ça.
M. Savoie: Bon, mais là c'est la première fois.
5° parle d'un changement d'utilisation.
M. Gautrin: C'est clair. Mais excusez-moi... (23 h 15)
M. Savoie: Oui.
M. Gautrin: Pourquoi "est réputée [...] en vertu de
l'article 221", alors que dans l'article 221, mais seulement où je vois
parler de "constructeur", on dit: "la personne est réputée
être un constructeur de l'immeuble d'habitation"?
M. Savoie: Oui, mais on parie d'un contexte de changement
d'utilisation. Et, avant, on ne parlait pas d'un cas de changement
d'utilisation. Alors, regardez: "1° alors qu'elle a un droit dans
l'immeuble sur lequel l'immeuble d'habitation est situé, réalise,
elle-même ou par l'intermédiaire d'une personne..." des travaux ou
la construction. "2° acquiert un droit dans l'immmeuble d'habitation..."
"3° dans le cas d'une maison mobile, fabrique celle-ci;" puis, ensuite, on
dit: "4° acquiert un droit dans l'immeuble d'habitation en vue
principalement d'effectuer la fourniture par vente de la totalité..."
Donc, elle transige dessus. Et, 5°, c'est un immeuble avec changement
d'utilisation. C'est ça?
M. Gautrin: Je ne sais pas si vous avez... Sérieusement,
vous ne répondez pas, mais, enfin, que voulez-vous que je vous dise? Je
comprends que vous avez l'habitude de définir les mots à
l'intérieur des définitions. Je veux bien. Je reste quand
même perplexe de bien comprendre. Maintenant, "à l'exclusion d'un
particulier visé à l'un des paragraphe 1° à 4°..."
ça veut dire quoi, ça?
M. Filion: Je pense que c'est juste, la remarque.
M. Gautrin: J'ai l'air niaiseux, là, mais
écoutez...
M. Savoie: Non, ce n'est pas une question que vous avez l'air
niaiseux...
M. Gautrin: ...la loi doit être comprise par les
citoyens.
M. Savoie: ...mais il faut la décortiquer. Je pense qu'on
l'avait déjà fait. Bon, "constructeur".
M. Gautrin: O.K., allons-y.
M. Savoie: O.K., constructeur d'un immeuble, ce n'est pas
n'importe quel constructeur. C'est constructeur d'un immeuble d'habitation ou
d'une adjonction à un immeuble d'habitation à logements
multiples. Constructeur signifie... Constructeur, pas constructeur de ponts,
constructeur d'un immeuble d'habitation signifie...
M. Gautrin: O.K.
M. Savoie: O.K., bon. Là, on donne les deux exclusions. Si
je me trompe, tu me le dis.
M. Dupont: Non, ça va.
M. Savoie: Pas de problème. Signifie deux choses. Signifie
plutôt et, là, on qualifie tout de suite deux exclusions. D'abord,
"...à l'exclusion d'un particulier..."
M. Gautrin: Donc, un particulier, ça ne peut pas
être un constructeur.
M. Savoie: ce n'est pas une personne. ce n'est pas un
constructeur, parce qu'on dit: "...d'un particulier visé à l'un
des paragraphe 1° à4°..."
M. Gautrin: Donc, si c'est un particulier qui fait
ça...
M. Savoie: Ce n'est pas une personne. Tu vois, on dit:
particulier puis, là, on voit à la fin du paragraphe "une
personne qui:"
M. Gautrin: Je comprends bien. Mais j'avais cru comprendre qu'une
personne était plus générale et incluait les
particuliers.
M. Filion: Exact.
M. Savoie: Exact. Mais là on ne parle que d'un
particulier.
M. Gautrin: Oui, une personne pouvait être, si j'ai bien
compris la définition de "personne" qu'on a dite, une corporation, etc.,
et aussi un particulier. Donc, un particulier.
M. Filion: Voilà.
M. Gautrin: Donc, un particulier peut être une personne,
mais une personne est plus large qu'un particulier. C'est bien ce sur quoi on
s'est entendu depuis le début.
M. Filion: Oui. D'accord avec ça.
M. Gautrin: Moi, c'est ce que j'ai compris. Bon. Alors, un
particulier... Alors, un particulier...
M. Savoie: Sacrifice! Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gautrin:... en riant tous les deux. C'est parfaitement ce
qu'on a dit tout à l'heure.
M. Savoie: M. Gautrin, M. le député... M.
Gautrin: Oui, mais je continue.
M. Savoie: Écoutez, on est en train de faire notre propre
"filibuster".
M. Gautrin: Écoutez, n'importe comment, on a 40 heures
à passer ici.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Savoie: On continue, O. K. ? On a deux exclusions, M. le
député.
M. Gautrin: Oui.
M. Savoie: "... d'un particulier visé à l'un des
paragraphes 1° à 4° qui réalise la construction... "
Alors, on parle d'un particulier, donc, pas une personne, "un particulier qui
réalise la construction ou la rénovation majeure ou acquiert
l'immeuble d'habitation ou un droit dans celui-ci autrement que dans le cadre
d'une entreprise, d'un projet comportant un risque ou d'une affaire de
caractère commercial... " Alors, on parle du gars qui construit sa
propre maison. Un gars qui construit sa propre maison n'est pas un
constructeur.
Une voix: Bon.
M. Savoie: Deuxième exclusion. "... et à
l'exclusion d'une personne - mais pas n'importe quelle personne - visée
à l'un des paragraphes 1° à 3° dont le droit dans
l'immeuble d'habitation consiste en un droit de l'acheter d'un constructeur de
l'immeuble d'habitation... " Alors, on dit qu'un constructeur d'un immeuble
d'habitation ou d'une adjonction signifie une personne qui - puis, là,
on les énumère. Mais il y a deux exclusions, le gars qui
construit sa propre maison et une autre personne qui a un droit d'achat d'un
constructeur d'un immeuble d'habitation visé aux paragraphes 1°
à 3°.
M. Gautrin: Bon. Au moins, on se comprend. O. K.
M. Savoie: Alors, là, on dit donc que le constructeur
signifie une personne qui - et, là, on donne les cinq
définitions: 1°, 2°, 3°, 4° et 5°, et 5° porte
sur un changement d'utilisation, c'est-à-dire lorsque nous avons un
édifice commercial que l'on convertit en un édifice
résidentiel. Alors, finalement, à force de le taponner et, comme
l'a souligné le président, il faut vraiment le lire trois ou
quatre fois dans son contexte en regardant l'ensemble de la facture de la loi
sur la taxe de vente et on finit par comprendre. Il faut bien saisir que ce
n'est pas de la philosophie qu'on fait. Ce qu'on fait, c'est un document de
travail où on cherche à donner une définition très
précise à la notion de constructeur d'un immeuble d'habitation,
ou d'une adjonction à un immeuble d'habitation à logements
multiples.
M. Gautrin: Mais, en principe, M. le Président, quand on
fait les lois, c'est pour que les citoyens moyens la comprennent.
M. Savoie: Non. Ça, ce n'est pas vrai.
Le Président (M. Lemieux): Sauf que, M. le
député de Verdun, au niveau des lois fiscales...
M. Savoie: Non, non. Ça, ça ne marche pas,
là.
Le Président (M. Lemieux):... comme me le disait un des
savants confrères...
M. Savoie: Ça, ça ne marche pas, ça. Non,
non! On n'est pas en train de faire une loi pour que le citoyen moyen puisse la
lire et la comprendre la première fois. C'est des lois très
spécialisées qui demandent un minimum de travail et un minimum de
connaissances.
M. Chagnon: Tant qu'à les faire, aussi bien les faire pour
que les citoyens les comprennent, ces lois-là, M. le
Président.
Des voix: Ha, ha, ha! M. Gautrin:...
M. Filion: Tant qu'à les faire, je pense que c'est
exact.
M. Savoie: Bon.
M. Filion: Au moins que les législateurs comprennent.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis, vous avez quelque chose à ajouter?
M. Filion: Non, non, non. Je n'ai pas terminé, moi.
Le Président (M. Lemieux): Ah non? Je pensais que M. le
député de Saint-Louis avait quelque chose à ajouter.
Ça va, M. le député de Saint-Louis?
M. Chagnon: C'est parce que non seulement il faut que les
citoyens les comprennent, ces
lois-là, puisque nul n'est censé ignorer la loi, mais
c'est encore plus compliqué pour le pauvre citoyen de voir ses
élus, ses représentants avoir de la difficulté à
les comprendre eux-mêmes, ces lois. Ça rend l'exercice encore plus
compliqué et difficile. C'est fastidieux.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Saint-Louis.
M. Filion: Bien sûr! C'est exact. Mais moi, M. le
Président, j'aimerais revenir parce que je voulais qu'on essaie de
m'expliquer effectivement comment lire l'article parce que c'était le
départ. Avant qu'on commence à discuter de l'article, si on ne
sait pas comment le lire, comment voulez-vous qu'on en parle? Et là je
reviens, et je reviens parce que je veux quand même qu'on garde toujours
l'objectif de départ qui est l'harmonisation avec la loi
fédérale. Et, quand on regarde la loi fédérale,
comment on a écrit l'article de loi, c'est complètement
différent, dans le sens où on n'a pas mélangé
encore dans le préambule. Souvenez-vous de la discussion qu'on a eue
tout à l'heure au niveau des activités commerciales où on
est venu entremêler dans le préambule les exceptions qui
suivaient, et là on se retrouvait dans une situation de cacophonie et on
a accepté de suspendre l'article parce que, effectivement, on avait des
problèmes d'interprétation.
Mais encore une fois, ici, dans la loi, on est venu chercher, on est
venu donner une définition en incluant encore dans le préambule
des exceptions, et là ça complique la lecture et on se demande
comment lire l'article. Si on avait, encore une fois, transcrit
intégralement la définition du mot "constructeur" telle que
spécifiée dans la TPS, eh bien, on n'aurait pas eu cette
problématique d'interprétation de départ où on se
demande à quel moment on arrête pour aller lire le reste. Et,
quand on lit effectivement, toujours à 123. (1), la TPS, on dit: Est
constructeur d'un immeuble d'habitation ou d'une adjonction à un
immeuble d'habitation à logements multiples la personne qui, selon le
cas - et là c'est clair qu'on les descend. Et on reprend effectivement
les alinéas 1° à 5° et on s'en va avec ça
jusqu'à e qui a été repris intégralement dans la
loi et, après ça, on vient dire: Bien, écoutez, même
si je vous ai défini 1° à 4°, il faut venir exclure de ce
1° à 5° des situations particulières que vous avez
données dans votre préambule, mais qui porte à confusion
quand on le lit parce qu'on ne sait pas comment le lire. Et de là toute
la problématique de discussion qu'on a depuis tout à l'heure.
Je pense que c'est vrai qu'il faut en faire des
spécialisées, des lois, mais je pense que, quand, au moins au
niveau fédéral, on a pris effectivement une définition et
qu'on l'a bien expliquée, pourquoi la compliquer, nous, dans notre
façon de l'exprimer dans notre TVQ, pour le plaisir de compliquer
l'interprétation de la lecture? Et c'est là que j'en suis,
pourquoi déroger du fédéral, où la
définition est plus claire? D'ailleurs, tout à l'heure, on l'a
très bien expliqué. On l'a expliqué en reprenant
strictement la définition fédérale. Et je me dis: Pourquoi
déroger de cette écriture-là, si c'est plus clair que dans
un texte où, effectivement, on part en disant: « "constructeur"
d'un immeuble d'habitation ou d'une adjonction à un immeuble
d'habitation à logements multiples signifie, à l'exclusion...
» Là, on vient à l'exclusion de ça. On continue et
dit: Une autre exclusion. On se demande où on s'en va et on ne sait pas
où on s'en va.
Quand on lit le texte fédéral, il est clair, le texte
fédéral. On dit: "Est constructeur d'un immeuble d'habitation ou
d'une adjonction à un immeuble d'habitation à logements multiples
la personne qui, selon le cas, réalise... " Et là on le donne et
c'est clair. Et, à la fin, on dit: N'est pas un constructeur le
particulier visé à un alinéa. C'est que là on vient
exclure le particulier dont on parlait dans la définition que j'avais
avant. Ça, c'est beaucoup plus clair dans une lecture de loi que ce
qu'on vient de lire au niveau d'un préambule auquel on vient d'assister
où on ne sait pas où on s'en va. Et je pense que, dans un effort
d'harmonisation, on aurait dû suivre cette définition-là
qui, à mon avis, est plus facile à lire et qui a
été expliquée simplement tout à l'heure.
Parce que, écoutez, nous, on a la possibilité de discuter
entre nous et de poser des questions aux experts qui ont fait la loi, pour
donner la façon de la lire, etc. Mais il faut bien comprendre que le
citoyen moyen ou même le fiscaliste en droit va dire: Écoutez,
pourquoi est-ce qu'ils l'ont écrit comme ça? C'est
compliqué, on ne comprend pas. On ne comprend pas, on n'est pas capable
d'arriver à lire tout l'article pour savoir ce qu'on veut dire, à
moins d'avoir une explication et d'appeler au ministère et dire: C'est
quoi que ça veut dire, ça?
Et là je pense qu'effectivement on a encore un exemple frappant
où on aurait dû s'harmoniser intégralement. Ça
aurait été plus simple au niveau de la lecture du projet de loi.
Je pense que c'est beau de dire qu'il faut le lire de telle façon, mais
ce n'est pas comme ça. Il n'y a personne qui me dit, quand je lis
l'article de loi, qu'il faut le lire de telle ou telle façon. C'est loin
d'être clair. C'est vraiment loin d'être clair.
M. Dupont: La raison pour laquelle les exclusions se retrouvent
dans le liminaire, enfin dans la partie qui précède...
M. Filion: Le préambule.
M. Dupont: Dans le préambule plutôt que de se
retrouver comme dans le texte fédéral, c'est-
à-dire en espèce de paragraphe ajouté... M.
Filion: à la fin.
M. Dupont:... à la définition, c'est qu'il y a, au
Québec, des règles de rédaction qui nous interdisent
d'utiliser la façon fédérale de faire. C'est pour
ça qu'à toutes les fois qu'on a une exclusion qui est
exprimée comme le fédéral l'exprime on est obligé
de ramener l'exclusion dans le préambule.
M. Filion: Mais vous admettrez avec moi qu'au niveau de
l'activité commerciale ça nous complique drôlement
l'interprétation. On n'arrive même plus à
l'interprétation du législateur fédéral quand vous
faites ça. Parce que tout à l'heure, avec l'activité
commerciale, comme on en parlait, c'est qu'effectivement je me retrouvais avec
mon chauffeur de taxi avec deux façons d'interpréter la
loi...
Le Président (M. Lemieux): Vous dites que c'est quoi?
Ça m'intéresse de savoir ça. C'est les
règles...
M. Dupont: C'est un guide de rédaction législative
qui est préparé par le ministère de la Justice et qui
contient toute une série de règles très très
techniques au niveau de l'écriture. Je n'ai pas mon guide avec moi mais
je pourrais vous donner le paragraphe dans lequel on stipule
précisément...
Le Président (M. Lemieux): Le petit guide bleu?
M. Dupont: Le petit guide bleu, oui, qui...
Le Président (M. Lemieux): On l'a? O. K., on va me
l'apporter à la commission parlementaire.
M. Filion: Parce que là, M. le Président, on se
retrouve dans une situation où ça n'a pas de bon sens. Je veux
bien croire qu'il y a des règles d'interprétation mais, si on
change l'intention du législateur fédéral et qu'on veut
s'harmoniser à lui, on a un problème.
M. Savoie: On ne change pas le contenu, on change le contenant.
(23 h 30)
M. Filion: Mais on change dans la forme de la rédaction,
d'une façon magistrale, l'article de la loi.
M. Savoie: Ce qu'on fait, c'est qu'au lieu de le mettre à
la fin on le met au début.
M. Filion: Oui, mais quand je lis l'article de loi, je ne le
comprends pas. Si, moi, je ne le comprends pas et je suis habitué de
lire des articles de loi, comment voulez-vous que le simple citoyen le
comprenne? Parce que vous allez avec des règles d'interprétation
au Québec.
M. Savoie: Moi, je ne crois pas que vous ne compreniez pas
ça. Je pense que le citoyen moyen qui prend le temps, toutefois - ce
n'est pas une évidence à la première lecture - le
saisit.
M. Filion: Écoutez, là, vous en avez des virgules
dans le préambule. Quand vous dites: Signifie, virgule, à
l'exclusion... Et là on continue et on s'en va jusqu'à une autre
virgule. La virgule vient après "entreprise". Écoutez, moi, je ne
suis pas capable de lire d'une virgule à une autre virgule et dire
à quel moment, où je dois reprendre ma lecture. Parce que quand
je mets une virgule et que je me ramène aux autres virgules après
"le cadre d'une entreprise", là, j'ai un problème. À
quelle place est-ce que je reviens, moi, pour continuer mon "signifie? Je ne
sais pas où revenir. Et c'est majeur. Quand on lit une
définition, je pars d'une virgule à une autre virgule, et c'est
là que, normalement, je devrais reprendre mon texte légal. Et ce
n'est pas ça qui m'arrive, là. Je viens avec une autre virgule
après le mot "entreprise" et je continue "d'un projet comportant un
risque ou d'une affaire de caractère commercial", et là je viens
de donner une autre exclusion.
Écoutez, ça ne se lit pas. Ça ne se lit pas comme
on l'a expliqué tout à l'heure. D'une virgule à une autre
virgule, ça ne se lit pas. Je ne suis pas capable de le lire parce que,
strictement, de la façon dont il est écrit, ça ne rend pas
du tout du tout le projet de loi sur la TPS fédérale. Mais
absolument pas. Je ne suis pas capable de le lire. D'une virgule à une
autre! Écoutez! "à logements multiples signifie, - virgule -
à l'exclusion d'un particulier... " O. K. Alors, je vais aller voir ma
prochaine virgule pour que je reprenne mon texte, et ma prochaine virgule
arrête après le mot "entreprise", et là ça n'a plus
de sens. C'est comme ça que je lis une loi, normalement. C'est que,
d'une virgule à une autre, je reprends le texte. Mais d'une virgule
à une autre, là, je ne reprends rien! Absolument rien! Et
là j'ai un problème majeur d'interprétation. Mais vraiment
majeur. Alors, pourquoi est-ce que j'arrêterais après la
deuxième virgule pour continuer? Expliquez-moi ça. Comment est-ce
qu'on fait pour lire ça après une deuxième virgule ou une
troisième virgule? Je ne peux pas lire ça. Je veux bien
comprendre comme on l'a expliqué, mais, quand on me l'explique, ce n'est
pas ça qu'on traduit dans le texte de loi.
On est là pour s'assurer que le texte de loi traduise
l'intention, surtout d'harmonisation fédérale. On s'harmonise,
supposément! On va voir ça un peu plus tard, mais là on
est rendus aux définitions. M. le Président, on ne peut vraiment
pas accepter ça. Parce qu'on est dans une problématique de
lecture de texte. On s'harmonise à
un projet de loi fédéral et on ne s'harmonise pas du tout
dans la rédaction. Et on complique l'interprétation parce qu'on
ne se comprend pas. Je pense qu'on ne peut vraiment pas accepter un texte
écrit comme ça.
M. Savoie: c'est-à-dire que... allez-y donc,
expliquez-lui donc, vous. sans utiliser le guide bleu, dans vos propres mots,
parce que j'ai trouvé ça à propos.
M. Dupont: Dans le fond, pour reprendre le guide de
rédaction, ce que le guide de rédaction dit c'est que quand on se
trouve dans une structure... Evidemment, on peut, dans un article
indépendant, dans le premier alinéa, énoncer le principe
et, dans un deuxième alinéa, dire ce qui en est exclu. Il n'y a
pas de difficultés.
M. Filion: Voilà!
Le Président (M. Lemieux): Mais là on est dans une
définition. Je le comprends, ça.
M. Dupont: Mais là on est dans une définition. Oui,
mais ce n'est pas un article en soi. C'est, ni plus ni moins, un paragraphe, un
des paragraphes de l'article 1. La définition de "constructeur" est un
des paragraphes de l'article 1.
M. Filion: Je conviens de ça. Ça va.
M. Dupont: Et on nous dit qu'à l'intérieur d'un
paragraphe c'est à proscrire. Je pense que c'est le terme qui est
utilisé par le guide, sauf si ma mémoire me fait défaut,
que l'utilisation d'une phrase incidente est à proscrire en
rédaction. Alors, c'est...
M. Filion: Je vous suis sur ce principe-là.
M. Dupont: donc, pour régler ce genre de problème,
il faut que je ramène les exclusions en quelque part dans la
définition. et puisque je ne peux pas les mettre à la fin, il
faut que je les ramène dans le liminaire.
M. Filion: Oui, mais il faut l'écrire différemment
parce que, de la façon dont vous l'avez écrit, ça n'a pas
de sens. Vous dites: "multiples signifie, à l'exclusion d'un particulier
visé... " J'arrête où moi, là? Parce que j'ai une
virgule et à quel moment je vais aller reprendre mon texte après
l'exclusion? Et je me donne une autre virgule après "le cadre d'une
entreprise, - virgule - d'un projet comportant un risque ou d'une affaire de
caractère commercial et à l'exclusion d'une personne
visée... " Je ne sais pas où j'arrête à ma prochaine
virgule.
M. Tremblay (François): Oui, si vous nous exposez...
J'aimerais comprendre votre problème.
Vous dites qu'après "signifie, " il y a une virgule. Et vous
souhaitez reprendre la lecture après la virgule qui suit.
M. Filion: C'est que je cherche à savoir c'est quoi, un
constructeur...
M. Tremblay (François): Oui.
M. Filion: C'est ça qu'on définit et on dit
"signifie, "...
M. Tremblay (François): Exact.
M. Filion:... mais à l'exclusion, et là on part sur
une exclusion. et là on s'en va jusqu'à la prochaine virgule qui
me dit "dans le cadre d'une entreprise, "...
M. Tremblay (François): Oui.
M. Filion: Bon. Est-ce que je devrais dire "signifie" et
continuer après la virgule après le mot "entreprise"? Et c'est
là que je n'arrive pas à comprendre où je reprends mon
texte.
M. Tremblay (François): Mais vous avez "à
l'exclusion" et plus loin vous avez "et à l'exclusion". Et la raison que
je ne comprends pas, et peut-être qu'on peut essayer d'apporter des
éclaircissements, c'est le motif qui vous empêche ou qui vous
arrête à la première virgule.
M. Filion: C'est parce que je cherche à comprendre.
M. Tremblay (François): II n'y a pas de règle qui
dit qu'on doive arrêter entre deux virgules.
M. Filion: Non, mais j'arrête où?
M. Tremblay (François): Vous arrêtez... Si vous
lisez "signifie" et vous commencez la phrase "à l'exclusion" et que vous
cherchez à continuer la phrase après la seconde virgule
après "entreprise", vous arrivez donc à lire que ça
signifie et vous tentez de continuer de lire "d'un projet". Comme vous dites,
ça ne se lit pas...
M. Filion: Voilà!
M. Tremblay (François): Et, en conséquence, c'est
pour ça que ce n'est pas ça qu'il faut lire.
M. Filion: Je comprends très bien ce que vous me dites,
là. Mais vous admettrez avec moi que ce n'est pas clair.
M. Tremblay (François): non, mais il faut quand
même lire un texte en fonction de lui donner un sens. c'est une des
règles d'interprétation.
M. Filion: Oui, surtout quand on veut s'harmoniser à un
texte qui n'est pas écrit de la même façon.
M. Tremblay (François): or, il y a deux termes qui sont
utilisés, qui sont absolument symétriques, qui sont "à
l'exclusion" d'abord "et à l'exclusion" plus loin.
M. Filion: Voilà!
M. Tremblay (François): Et lorsqu'on le lit de cette
sorte, on en arrive à un résultat. C'est la façon dont
c'est bâti. Ce serait plus simple, effectivement, d'y aller directement
avec une définition de "constructeur", de donner les paragraphes 1°,
2°, 3°, 4°, 5a, de faire un autre alinéa et,
effectivement, de dire: Toutefois, ça ne comprend pas...
M. Filion: Voilà! C'est ce que je vous dis.
Une voix: C'est ça.
M. Tremblay (François): Cependant qu'à
l'intérieur d'un paragraphe vous ne pouvez pas introduire un second
paragraphe. À l'intérieur d'un paragraphe, ça ne se fait
pas.
M. Gautrin: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Verdun.
M. Gautrin: Là, c'est ce que vous avez tendance de faire.
Vous fonctionnez toujours d'une manière négative dans vos
manières d'écrire. Ça serait tellement plus simple si vous
aviez dit: Un constructeur d'un immeuble d'habitation à logements
signifie une personne qui, à l'exclusion - non, c'est très simple
- d'un particulier visé à un des paragraphes 1° à
4° qui réalise la construction et à l'exclusion d'une
personne visée... Ça, à ce moment-là... Mais le
problème qu'on a chaque fois que vous rédigez vos textes - je
m'excuse là, j'ai fait de la littérature quand même un
petit peu aussi - c'est que vous commencez par dire: Non, ce n'est pas
ça, ce n'est pas ça, au lieu de dire après... Alors que
normalement, dans la logique, on doit commencer par dire ce que c'est. On dit:
C'est, avec les exceptions après. Là, vous commencez par dire
c'est, mais ce n'est pas ça; mais je vais vous dire après ce que
ça va être. C'est strictement...
M. Savoie: Ça n'a pas de sens.
M. Gautrin: Non mais c'est à peu près ce que vous
écrivez là-dedans. Au lieu de dire ce n'est pas ça puis
ça va être peut-être ça, commencez donc par dire ce
que c'est...
M. Savoie: C'est ça.
M. Gautrin: ...et quand vous avez bien expliqué ce que
c'est... Autrement dit, on comprendrait. Puis après vous dites mais ce
n'est pas... On ne voulait pas couvrir deux cas particuliers. Ça serait
tellement plus simple et compréhensible. Et la crainte que j'ai, j'ai
l'impression que, vous, vous essayez de faire ça spécifiquement
pour que le monde prenne le temps...
M. Filion: Pour qu'ils ne comprennent pas.
M. Gautrin: ... au bout d'une demi-heure pour comprendre. Vous
auriez créé exactement le même but si vous aviez pris
"signifie une personne qui", vous auriez pris le 1°, le 2°, le 3°,
le 4° puis le 5°...
M. Filion: Commme le fait la TPS fédérale.
M. Gautrin: ...puis vous auriez dit "à l'exclusion
d'un"... Puis vous reprenez à la fin: à l'exclusion d'un
particulier qui est visé au paragraphe, qui construit sa propre maison,
ou à l'exclusion d'une personne dont le droit dans l'Immeuble consiste
à un droit de l'acheter. Si vous aviez écrit ça, on aurait
compris.
M. Filion: Voilà!
M. Gautrin: Je m'excuse de vous dire ça, c'est sans
méchanceté. Je ne sais pas qui a écrit ça mais
c'aurait été tellement simple.
Le Président (M. Lemieux): Ça a peu d'importance
qui l'a écrit. Il faut que ça soit compréhensible.
M. Gautrin: C'aurait été tellement plus simple de
présenter la même chose. Vous auriez donné... Là, on
a commencé par se tourner la tête pour ce que ce n'était
pas.
M. Filion: Moi, j'aurais une question à poser.
M. Gautrin: Je vous dis ça franchement, je n'ai jamais vu
ça, moi.
M. Filion: Moi, j'ai une question à poser. Qui fait ces
règles d'interprétation là? Les règles de
rédaction, ça vient d'où?
M. Gautrin: Au lieu de dire franchement...
Le Président (M. Lemieux): C'est le ministère de la
Justice.
M. Filion: On est les législateurs, nous, ici, et on ne
comprend pas ces règles-là. Qui a fait ces
règles-là? D'où ça vient, ces
règles-là?
Le Président (M. Lemieux): Ça vient du gouvernement
du Québec, ministère de la Justice, à la Direction
générale des affaires législatives.
M. Filion: Le guide, ce n'est pas une loi ça, là.
Écoutez!
Le Président (M. Lemieux): Ce n'est pas une loi, ce n'est
pas une réglementation, ce n'est qu'un guide.
M. Filion: On est ici pour faire des lois, nous, et on veut les
comprendre. On prend des guides qui n'ont même pas force de loi.
Ça vient d'où, cette affaire-là?
Le Président (M. Lemieux): Je vous ai dit tout à
l'heure d'où ça venait. C'est un guide.
M. Filion: Oui, mais écoutez, vous admettrez avec moi, M.
le Président, que le législateur, en ce qui nous concerne...
Le Président (M. Lemieux): Je suis d'accord avec vous.
M. Filion:... c'est nous ici.
Le Président (M. Lemieux): Oui, oui. Je suis d'accord avec
vous. Nous sommes les législateurs.
M. Filion: C'est nous qui faisons les lois. Une
voix:...
M. Filion: c'est nous qui faisons les lois et on est train de se
faire donner des guides qui viennent de je ne sais pas trop où pour nous
compliquer l'interprétation.
Le Président (M. Lemieux): Ayez à l'esprit, M. le
député de Montmorency, que c'est un guide qui vise quand
même la cohérence dans l'écriture des lois.
M. Filion: J'en conviens.
Le Président (M. Lemieux): II y a peut-être juste un
élément. Il est vrai que les lois de nature fiscale,
particulièrement celles du ministère du Revenu...
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Lemieux):... souvent essaient de
s'apparenter à des cas d'espèce et de légiférer
à partir de ces cas d'espèce là.
M. Filion: C'est vrai.
Le Président (M. Lemieux): Et ça nous a toujours
créé, à la commission parlementaire, depuis quatre ans, de
sérieux problèmes. M. Filion: Exact.
Le Président (M. Lemieux): Ça, je dois vous le
dire, de sérieux problèmes.
M. Filion: Et je pense...
Le Président (M. Lemieux): De compréhension
à part ça.
M. Filion:... que, pour une fois où l'article est mieux
rédigé, pourquoi le changer?
Le Président (M. Lemieux): Parce que c'est une question de
prendre du temps, le temps de le faire.
M. Filion: Bien, prendre le temps de le faire! Mais il reste
qu'il était déjà écrit.
Le Président (M. Lemieux): Oui. Sauf que...
M. Filion: C'est le bon sens, c'est tout simple. Pourquoi se
compliquer la vie dans des règles d'interprétation qu'on nous
impose de l'extérieur? Franchement, ça n'a pas de bon sens.
Ç'a beau venir du ministère de la Justice, à ce que je
sache, c'est une règle... Je ne sais pas d'où ça sort,
mais je vous dis que ça ne se lit pas, ça se lit mal et c'est
confus.
Le Président (M. Lemieux): Ça se lit mal, c'est
clair.
M. Filion: alors, pourquoi ne pas prendre strictement le texte
qui a été écrit au niveau fédéral et qui est
clair? c'est notre liberté de légiférer comme bon nous
semble ou si c'est plus clair, m. le président. écoutez,
là!
Le Président (M. Lemieux): Je suis entièrement
d'accord avec vous. Je n'ai pas d'objection.
M. Filion: À ce moment-là, je pense qu'en quelque
part il y a des gens qui vont devoir se rasseoir pour écrire des choses
qui soient plus claires.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous auriez, M. le
député de Montmorency, un amendement à nous proposer, sur
la façon d'avoir à écrire cet article-là?
M. Filion: Je pense qu'on doit apporter un amendement de la
façon dont ç'a été écrit au niveau
fédéral, on doit s'harmoniser. Si c'est plus clair, la
façon dont ç'a été écrit au niveau
fédéral, je pense qu'on doit le reprendre en fonction de la TPS
fédérale et s'harmoniser carrément à ce
texte-là.
Une voix:...
M. Filion: Bien oui!
Le Président (M. Lemieux): C'est parce que, M. le
député de Montmorency, ici, en commission parlementaire, vous
pouvez soit apporter un amendement ou voter contre le texte, ou il y aura une
modification qui sera proposée par le parti ministériel.
M. Filion: Moi, je pense qu'on va sûrement apporter un
amendement à cette définition-là, comme, tout à
l'heure, on avait un amendement à apporter au niveau de
l'activité commerciale.
Le Président (M. Lemieux): Je suis bien conscient que le
guide de rédaction législative n'est pas une bible et que c'est
à nous, comme législateurs, à faire en sorte que les
citoyens...
M. Filion: Bien voyons!
Le Président (M. Lemieux):... comprennent et que ce ne
soit pas que l'adage de quelques fiscalistes. Je suis entièrement
d'accord avec vous là-dessus.
M. Filion: Je pense que là... Soit qu'on retourne refaire
la loi...
Le Président (M. Lemieux): On ne légifère
pas pour l'exception, on légifère pour l'ensemble de la
population.
M. Filion: Voilà!
Le Président (M. Lemieux): Je suis entièrement
d'accord.
M. Filion: Là-dessus, je pense qu'on se comprend
très bien, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Je suis d'accord avec vous
là-dessus.
M. Filion: Là, je pense qu'il y a quelque chose de majeur
à changer; on ne peut pas laisser passer ça.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'on peut suspendre
pour deux minutes? On va suspendre pour deux minutes...
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Lemieux):... pendant que les gens vont
discuter.
M. Filion: D'accord. (Suspension de la séance à 23
h 44)
(Reprise à 23 h 57)
Le Président (M. Lemieux): La commission du budget et de
l'administration reprend ses travaux concernant l'étude du projet de loi
public 170, Loi sur la taxe de vente du Québec et modifiant diverses
dispositions législatives d'ordre fiscal.
Comme notre mandat de la Chambre faisait état que nos travaux se
terminaient à 24 heures, nous allons ajourner nos travaux jusqu'à
demain, 10 heures.
Une voix:...
Le Président (M. Lemieux): Jusqu'à quelle heure
aimeriez-vous poursuivre?
M. Chagnon: bien, on pourrait continuer encore une heure ou deux
si on avait l'assurance qu'on pourrait adopter le projet de loi cette nuit.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis, nous allons ajourner nos travaux...
M. Chagnon: D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux):... à demain matin, 10
heures.
(Fin de la séance à 23 h 58)