Journal des débats de la Commission de la culture et de l’éducation
Version préliminaire
42e législature, 1re session
(début : 27 novembre 2018)
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Le
vendredi 22 novembre 2019
-
Vol. 45 N° 50
Interpellation de la députée de Saint-Laurent au ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur sur le sujet suivant : L'absence inquiétante de vision du gouvernement caquiste en matière d'enseignement supérieur
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10 h (version non révisée)
(Dix heures une minute)
Le Président (M. Tardif) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Alors, bon matin. Je déclare la séance de la Commission
de la culture et de l'éducation ouverte. Je demande à toutes les personnes dans
la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques
et je vous en remercie.
La commission est réunie afin de procéder
à l'interpellation de la députée de Saint-Laurent au ministre de l'Éducation et
de l'Enseignement supérieur sur le sujet suivant : L'absence inquiétante
de vision du gouvernement caquiste en matière d'enseignement supérieur.
M. le secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
Le Secrétaire
: Oui, M.
le Président. Mme Guillemette (Roberval) est remplacée par M. Tardif
(Rivière-du-Loup—Témiscouata) et M. Poulin (Beauce-Sud) est remplacé par M. Simard
(Montmorency).
Le Président (M. Tardif) :
Merci. Alors, je comprends qu'il y a également une entente afin que le deuxième
groupe d'opposition intervienne lors de la troisième série d'interventions, et
que le troisième groupe d'opposition intervienne lors de la cinquième série
d'interventions.
Nous débutons les déclarations
d'ouverture. Mme la députée de Saint-Laurent, porte-parole de l'opposition
officielle en matière d'éducation et de l'enseignement supérieur, vous avez la
parole 10 minutes.
Mme Rizqy : Merci beaucoup, M.
le Président. Bonjour au ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur
ainsi qu'à mes collègues députés, et je vois qu'il est bien accompagné avec
toute l'équipe, avec lui, ministérielle. Un petit bonjour à M. Maltais.
Très contente de vous voir, qu'on se
retrouve aujourd'hui pour parler de l'enseignement supérieur, car, vous le
savez, on a parlé énormément, je pense, autour de 80 %, de l'éducation,
mais l'enseignement supérieur mérite d'avoir aussi toute l'attention, car nous
avons plusieurs défis devant nous, qui touchent non seulement les corps
professoraux, nos étudiants, nos chaires de recherche, et là-dessus,
évidemment, il faut prendre le temps de s'attarder et de se mettre au travail
pour voir comment on peut améliorer tous nos établissements d'enseignement
supérieur, que ça soit le système collégial, universitaire et évidemment la
recherche qui se fait tant à l'université mais aussi dans les milieux
collégiaux.
Je vous parlerai aujourd'hui, M. le
ministre, de l'enseignement supérieur et, pour faire un peu plus court, je ne
dirai pas : ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur mais
seulement ministre de l'Enseignement supérieur, si vous le permettez.
On va parler aujourd'hui, je vous le dis
d'emblée, d'amélioration des conditions de stage des étudiants. Il y a déjà eu
des grands pas qui ont été faits. On peut penser notamment en éducation, pour
les étudiants en éducation, mais on peut aussi penser, l'an passé, lorsque je
vous ai plusieurs fois interpellé dans le dossier de la FIDEP. Vous avez agi,
et il reste encore quelques dossiers à régler. On s'en était parlé lors des
crédits détaillés.
Alors, aujourd'hui, on va faire un suivi
sur les conditions de stage, et là-dessus j'espère être en mesure, avec vous,
d'avoir quelques engagements pour être en mesure de bien outiller non seulement
nos universités et nos collèges mais aussi nos étudiants, qui méritent d'avoir
des conditions qui sont tout aussi gagnantes pour eux.
Vous le savez, on parle beaucoup des
étudiants, mais, cette semaine, il y a eu le rapport très important qui a été
déposé par l'Union étudiante du Québec, Enquête «Sous ta façade». On
s'en est parlé mardi, et je sais que vous avez eu le temps de le lire, je vous
connais, et ici il y a quand même plusieurs constats qui sont alarmants.
Et, lorsqu'on sait que la santé
psychologique des étudiants... que près de 24 000 étudiants ont cru bon de
répondre à ce sondage, et que la qualité des réponses était au rendez-vous, et
qu'il y a des constats alarmants... On révèle que 58 % des étudiants
universitaires souffrent de détresse psychologique, un étudiant sur cinq montre
des symptômes dépressifs. Je peux vous dire que... souffrent de détresse
psychologique, pardon, et je peux aussi dire que, quand on compare avec la
population générale, les idées suicidaires, c'est beaucoup plus important. On
parle trois fois plus important que dans la classe générale, et deux fois plus
d'étudiants ont fait des tentatives de suicide que la population générale.
Là-dessus, M. le ministre, on a un
constat...
Mme Rizqy : ...suicidaire,
c'est beaucoup plus important, on parle trois fois plus important que dans la
classe générale, et deux fois plus d'étudiants ont fait des tentatives de
suicide que la population en général. Là-dessus, M. le ministre, on a un
constat très important, donc on doit agir promptement. Et je vais vous inviter,
je sais que je vois déjà vos collègues se mettre à l'oeuvre, on peut regarder
ce qui a été fait à la loi 51, puis j'aimerais déjà vous entendre puis vous
laisser réfléchir d'emblée à comment on peut outiller des universités, des
cégeps pour, vraiment, avoir une directive très claire pour donner les
ressources, les outils, et encadrer correctement les établissements
d'enseignement supérieur. Et là-dessus, nous allons pouvoir en jaser longuement
dans un bloc.
Vous savez qu'une des raisons que les
étudiants, des fois, peuvent se sentir en état de détresse, c'est l'isolement.
D'autres, c'est aussi le logement. Nos étudiants consacrent énormément d'argent
pour payer leur loyer. Et ça, c'est vrai non seulement à Montréal, mais c'est
surtout vrai en région. Pensez en Abitibi, pensez lorsqu'on va faire nos études
au cégep de Joliette. Pensez à ceux qui doivent être en résidence au cégep de
Gaspé, qui méritent un peu plus d'amour. Parce que bien des établissements,
leurs résidences datent de la même époque que le cégep a été construit ou que
l'université a été construite.
À part le cégep de Valleyfield, qui
dispose d'un droit acquis pour la subvention gouvernementale du pied carré pour
le maintien d'actif, aucun autre établissement d'enseignement supérieur ne
détient ça. Est-ce qu'il temps, aujourd'hui, d'aider nos réseaux collégiaux et
universitaires pour le maintien d'actifs, pour à tout le moins d'avoir des
résidences de qualité, mais surtout sécuritaires? Pourquoi je vous dis
sécuritaires? Parce que lorsque les portes barrent mal, bien, les risques sont
beaucoup plus accrus d'agression. Lorsque vos fenêtres datent de 40 ans, bien
c'est peut-être le temps de rénover puis d'ajouter des meilleures fenêtres.
Parce que tout ça, l'environnement dans
lequel on vit a un impact sur nous. La santé psychologique aussi de nos jeunes,
il ne faut pas l'oublier. Et là, je vous parle de l'environnement, mais je vous
parle aussi du montant d'argent. Est-ce normal qu'aujourd'hui on a des
étudiants qui paient 800 $ par mois pour être logés? 800 $, c'est pas
mal cher. Et je vous le dis, ce sont des étudiants. Ils n'ont pas
nécessairement le temps de travailler et d'aller aux études. Déjà que la
performance est toujours très importante, souvent, malheureusement, il y en a
qui n'arrivent pas. Et, par la suite, lorsqu'ils cognent aux portes pour avoir
de l'aide, bien, l'aide se fait attendre. Alors, là-dessus, on a quelque chose
à faire.
M. le ministre, rappelez-vous, je vous ai
interpellé lors des crédits... de l'étude de crédits. Je vous ai parlé d'une
étudiante, d'une mère monoparentale avec deux enfants, qui a fait une demande
d'aide financière aux études, que lorsqu'elle a rempli sa demande d'aide, elle
a rempli une pile de documents avec des analyses de médecins, diagnostiques.
Elle a deux enfants, elle étudie à l'Université de Sherbrooke en droit.
Malheureusement, à plusieurs reprises, elle a dû réduire sa tâche pour des
raisons personnelles, médicales, et aussi parce qu'elle a deux enfants qu'elle
doit laisser avec ses parents à Montréal et faire le trajet jusqu'à Sherbrooke,
étudier. La Loi sur l'aide financière aux études prévoit que, par règlement, on
peut accorder des délais supplémentaires. Ça lui avait été refusé.
Lorsqu'on a fait l'étude des crédits, je
vous ai posé la question, quels sont les motifs? Est-ce qu'on peut aller plus
loin puis avoir des motifs raisonnables, objectifs, et, surtout, transparents?
Je vous ai demandé aussi combien qu'il y avait de dossiers comme elle qui ont
été refusés, et c'était au-dessus de 350, puis on s'était dit qu'on allait
travailler là-dessus. Mais le temps est venu de travailler là-dessus. Le temps
s'est écoulé, je crois que l'équipe ministérielle a eu le temps de regarder ce
que je vous ai parlé, et comment qu'on peut faire, aujourd'hui, pour améliorer
ces critères en toute transparence.
Vous savez, je sais que l'heure n'est pas
encore au bilan sur les violences sexuelles, mais il y a quand même une
université qui a décrié les manchettes. L'Université Concordia. Là-dessus, je
vous ai déjà parlé de cela. Je veux savoir s'il y a eu un suivi qui a été fait.
On en parlera tantôt.
• (10 h 10) •
Et finalement le PEQ, Programme de
l'expérience québécoise, qui a causé tout un émoi chez les étudiants
internationaux mais aussi québécois, ceux qui sont ici, qui ont vu leurs
camarades de classe vivre l'impensable. Est-ce que je vais pouvoir rester?
Est-ce que je vais devoir partir? Est-ce que mon programme est bon? Est-ce que
mon programme sera encore bon dans un an, dans...
Mme Rizqy : ...qui a causé tout
un émoi chez les étudiants internationaux, mais aussi québécois, ceux qui sont
ici, qui ont vu leurs camarades de classe vivre l'impensable. Est-ce que je
vais pouvoir rester? Est-ce que je vais devoir partir? Est-ce que mon programme
est bon? Est-ce que mon programme sera encore bon dans un an, dans deux ans?
Là-dessus, le leader qui est aussi ministre de l'Immigration, a pris une grosse
partie du blâme, mais vous aussi. Là-dessus, on va en parler, car le ministre de
l'Immigration dit qu'il retourne à la planche à dessin.
Sincèrement, pour avoir parlé avec plusieurs
personnes du milieu universitaire et collégial, plusieurs décrient la façon que
ça a été fait et aussi la liste. Alors, là-dessus, M. le ministre, je m'attends
à ce que vous nous déposez vos avis que vous avez probablement déjà préparés
lors du premier... lorsque la première fois ça a été déposé et j'aimerais
savoir qui vous avez consulté, est-ce que les consultations seront publiques
après ça avec les partis d'opposition, tous les partis de l'opposition? Vous
savez que c'est un sujet qui excessivement important pour nous et aujourd'hui,
on cherche aussi à vous entendre sur votre grande orientation pour la
recherche.
Parce que là-dessus, on sait, hier, on
écoutait un témoin dit indépendant dans le dossier Desjardins, qui est un
professeur d'université à la Polytechnique. J'ai regardé la politique de recherche
de Polytechnique. Ils ont toujours dénoncé tout conflit d'intérêts. Vous
comprendrez qu'on l'a appris sur le banc, le conflit d'intérêts, mais la
question se pose est la suivante : Comment se fait-il que certaines
universités qui reçoivent des fonds de recherche québécois et canadiens et en
même temps peuvent recevoir des sommes colossales, ici on parle de
1 250 000 $. Alors, M. le ministre, j'aimerais bien vous
entendre, comment qu'on va s'assurer que nos universités ne seront jamais à la
remorque de l'industrie? Merci.
Le Président (M. Tardif) : Mme
la députée, merci. Je cède maintenant la parole à ministre de l'Éducation et de
l'Enseignement supérieur pour une période de 10 minutes.
M. Roberge : Merci beaucoup,
M. le Président. Je veux remercier, avant de commencer toute l'équipe qui
m'accompagne aujourd'hui, donc, l'équipe des députés qui sont présents et
présentes avec nous et toute l'équipe aussi du ministère pour nous aider à
répondre de manière le plus efficacement possible aux enjeux qui sont soulevés.
Enfin, M. le Président, enfin on parle
d'enseignement supérieur au Salon bleu. On passe énormément de temps, mon
équipe et moi, autant l'équipe au cabinet puis l'équipe du ministère, les députés
qui m'accompagnent, à collaborer avec nos cégeps, nos universités, à les aider
à développer leurs projets, à aider les étudiants à aller au bout de leurs
rêves, à propulser l'économie québécoise. Puis au Salon bleu, c'est le son des
criquets. Il n'y a pas de député de l'opposition qui nous interpelle, qui nous
en parle, qui nous questionne, probablement parce que ça va bien.
Hein, vous savez, des fois, les questions
visent plus à essayer de mettre en lumière les supposées erreurs ou les
problèmes ou des enjeux qui sont soulevés par des groupes d'oppression. Mais,
en enseignement supérieur, M. le Président, le gouvernement a posé plusieurs
gestes dans la dernière année. Est-ce que tout est parfait? Bien non, tout
n'est pas parfait, c'est sûr. Je veux dire, on est toujours en processus
d'amélioration continue et les dirigeants de nos cégeps et de nos universités
sont des gens créatifs, ambitieux pour leurs institutions. Alors bien sûr, il y
a toujours plein de demandes puis plein de beaux projets sur la table à dessin.
On travaille à y répondre.
Le paradoxe, puis bon c'est un peu le jeu
de l'opposition, là, c'est d'essayer de dire que ça ne marche pas même quand ça
marche, et le titre de l'interpellation, c'est quoi : L'absence ou le
manque de vision en enseignement supérieur. Bon, c'est presque drôle, parce
qu'il y a définitivement beaucoup de vision au sein du gouvernement et du
ministère en enseignement supérieur. Puis quand on dit qu'il y a de la vision,
ça veut dire qu'il y a des valeurs cardinales qui guident les orientations. On
ne gère pas à la petite semaine, on sait où on s'en va, sur un horizon même qui
dépasse le mandat de l'actuel gouvernement.
Trois valeurs, principes, qui guident nos
orientations, c'est la bienveillance, prendre soin du monde, prendre soin des
étudiants et des étudiantes, prendre soin de ceux qui oeuvrent dans le réseau,
prendre soin des institutions. La performance, parce que oui, on veut...
M. Roberge : ... c'est la
bienveillance, prendre soin du monde, prendre soin des étudiants et des
étudiantes, prendre soin de ceux qui oeuvrent dans le réseau, prendre soin des
institutions. La performance, parce que, oui, on veut un réseau d'enseignement
supérieur performant. On met les milliards dans notre réseau puis on veut
que nos étudiants aillent au bout de leurs rêves, on veut que nos étudiants
diplôment le plus possible puis on veut utiliser notre réseau d'enseignement
supérieur comme un levier de développement économique.
Donc, oui, bienveillance, performance,
agilité et ça, disons que c'est tout un changement par rapport aux dernières
années, d'avoir un gouvernement agile en enseignement supérieur, capable, à
l'intérieur de quelques mois ou à l'intérieur d'une année, de se poser une
question, mais de trouver la réponse, et de développer une politique, et de
mettre de l'argent pour la mettre en œuvre.
D'habitude, c'est à peu près un mandat
pour chacun des éléments, là. Si on se fie aux 15 dernières années, là, pendant
un mandat, on se pose des questions; pendant l'autre mandat, on crée une
politique; dans l'autre mandat, on trouve un budget, si on n'est pas en période
d'austérité. Puis, des fois, bien on recommence, parce que finalement, ah!
question, politique... Ah! malheureusement, le ministre des Finances, ou le
premier ministre, ou que c'est bien intéressant, mais ce n'est pas assez
important. Et l'argent, plutôt que d'arriver, est retiré du réseau de
l'enseignement supérieur.
Ça, c'est l'histoire d'horreur des
dernières années, mais dans notre cas, ce n'est pas ça. À l'intérieur d'une
année, on s'est posé des questions, on a trouvé des réponses, on a établi des
politiques, puis on les financées. C'est une petite révolution, ça, M. le
Président, et quand on parle à ceux qui oeuvrent dans le réseau d'enseignement
supérieur, dans les réseaux des cégeps, des universités, bien ils sont
enthousiastes pour les années à venir. Bien sûr, ils auraient voulu encore plus
d'argent. C'est normal, je vous l'ai dit, ce sont des gens qui veulent bien
faire, ce sont des gens qui sont ambitieux pour leur réseau, et pour leurs
équipes, et pour leurs étudiants.
Mais l'espoir est de retour dans le réseau
d'enseignement supérieur. Les cégeps, les universités, les gens qui oeuvrent à
l'intérieur, les étudiants sentent qu'ils ont de l'écoute au gouvernement. Ça
se manifeste de plusieurs façons, je reviens sur quelques thèmes :
bienveillance, performance, agilité. Bienveillance, bien ça se manifeste par
une ouverture du côté du gouvernement pour s'attaquer très rapidement au
problème de la santé psychologique, ou des problèmes d'angoisse, ou d'inquiétude
que vivent nos étudiants.
On en parlait à la fin du dernier mandat,
on en a parlé en campagne électorale, on est rendus au moment où on développe
nos politiques et bientôt, on va les financer. Pas dans un deuxième mandat ou
dans un troisième mandat. Dans ce mandat-ci, ça va changer. Ça, c'est de la
bienveillance. Ce n'est pas un comité sur un rapport, sur un chantier, sur une
table de travail puis l'important, c'est d'avoir un rapport, puis un ébéniste,
faire une tablette pour le mettre dessus, là. On va arriver avec quelque chose
de concret, bienveillance.
Bienveillance aussi, ça s'est manifesté
parce qu'on a écouté les étudiants et les étudiantes, qui, dans la dernière
année, ont pris des moyens pour se faire entendre, parce qu'ils vivaient une
grande précarité financière, particulièrement les jeunes, particulièrement des
stagiaires. On aurait pu dire : Non, non, non, on a un programme de prêts
et bourses généreux. Faites vos études. On n'a pas eu cette attitude-là du
tout. Rapidement, on a dit qu'on allait trouver des solutions. Ça ne faisait
pas deux mois que j'étais titulaire de cette fonction que j'avais déjà mandaté
mon équipe de faire une grande tournée, d'écouter les associations étudiantes,
mais aussi les dirigeants d'établissements scolaires, aussi les gens du
patronat, aussi les ministères qui accueillent les stagiaires. Ils ont
dit : O.K., on fait un état des lieux, parce que ça me prend une solution
à ce problème-là. On ne balaiera pas ça sous le tapis.
Bienveillance, parce que non seulement on
a trouvé la solution, mais on a élaboré la politique; on est allés voir les
gens aux Finances, du côté du premier ministre; on a obtenu les budgets et ça
n'a même pas pris un an. Ça a pris quoi, neuf mois? Neuf mois puis on avait
accouché d'une politique financée et le bébé, maintenant, est bien portant. On
a maintenant quelque chose qu'on n'avait absolument pas : un programme de
bourses à la persévérance et à la réussite pour nos stagiaires, quelque chose
qu'on a financé avec plus 35 millions de dollars, de l'argent neuf. On
n'est pas allés couper à gauche pour financer ça et ça s'applique maintenant.
L'an passé, on vivait le problème; cette année, on est en train d'implanter la
solution. Ça, c'est de la vraie bienveillance. Ce n'est pas des discours, c'est
des actions. Donc, oui, il y a de la vision, il y a des principes, mais ça se
décline dans quelque chose qui s'applique directement.
• (10 h 20) •
Performance, performance, comme
dans : On revoit la formule de financement de nos cégeps puis on leur
permet d'être efficaces dans quelque chose qu'ils faisaient bien, mais pour
lequel ils n'étaient pas reconnus : la recherche. Pendant des années, ils
étaient...
M. Roberge : ...ça se décline
dans quelque chose qui s'applique directement. Performance, performance comme
dans : On revoit la formule de financement de nos cégeps puis on leur
permet d'être efficaces dans quelque chose qu'ils faisaient bien, mais pour
lesquels ils n'étaient pas reconnus : la recherche. Pendant des années,
ils étaient à la fois sous-financés et mal financés, ça veut dire pas assez
d'argent, mal réparti. On les a mieux financés puis on changé notre façon de
financer notre réseau collégial, on a reconnu, pour la première fois, la
mission recherche. Et là on leur permet d'être plus performants dans quelque
chose qu'ils faisaient déjà bien, ça, c'est de la performance.
Agilité, comme dans être capable de se
retourner rapidement, d'écouter les gens, pas d'imposer des politiques, là,
parce que le ministre a une idée, consulte deux, trois conseillers, puis il
implante quelque chose, non, agilité, comme dans arriver avec une solution qui
répond à des besoins. J'ai parlé des stagiaires bien sûr aussi, je pourrais
parler aussi de l'internationalisation de nos universités. Le précédent gouvernement
libéral est arrivé avec une réforme de financement de nos universités, bâclée
où on déréglementait les frais de scolarité puis on disait : Bien, au plus
fort la poche. Puis tout le monde savait que les plus forts, là, c'étaient McGill,
Concordia, qui allaient, eux, remplir leurs facultés, remplir leurs universités.
Puis nos universités francophones, on a dit : Il va avoir de l'argent pour
vous si vous allez chercher des étudiants. On sait que vous n'irez pas, mais,
si vous allez les chercher, on va vous les financer : c'était n'importe
quoi. On est allé les voir, nos universités, on a discuté avec eux autres. On
n'a rien enlevé au réseau anglophone. Tant mieux s'ils déploient leurs ailes
puis ils attirent des étudiants de partout, mais on a outillé notre réseau
francophone pour qu'il puisse aller chercher des étudiants internationaux, ça,
c'est de l'agilité. Donc, ce n'est pas de s'attaquer à ce qui fonctionne, c'est
de s'attaquer à ce qui fonctionne moins bien, c'est d'outiller notre réseau
francophone pour qu'il puisse aller au bout de ses rêves.
Donc, M. le Président, je suis bien
content de pouvoir parler avec mes collègues, qui vont pouvoir exposer chacun
de ces thèmes-là de belle façon, de la vision qu'on a ici, partagée par l'ensemble
du gouvernement, puis de l'ambition qu'on a pour notre réseau collégial, universitaire :
bienveillance, performance, agilité.
Le Président (M. Tardif) :
Merci, M. le ministre. Nous allons maintenant procéder en alternance aux
interventions de cinq minutes, selon les séquences suivantes : le député
de l'opposition, le ministre, un député de groupe formant le gouvernement, et
ainsi de suite. Première intervention, Mme la députée de Saint-Laurent, vous
avez la parole pour un maximum de cinq minutes.
Mme Rizqy : Merci beaucoup.
Bienveillance, alors commençons par votre première valeur. Vous avez reçu une
lettre... un, je vous ai parlé, le 2 mai dernier, lors des crédits détaillés,
d'une étudiante de l'Université de Sherbrooke. Elle vous avait déjà écrit
auparavant, elle vous a réécrit par la suite, le 23 mai 2019. Elle vous a
réitéré votre aide. Elle vous a demandé votre support.
Et permettez-moi de vous lire une des
dernières qu'elle vous a envoyées : «Bonjour, M. le ministre de
l'Éducation, Mme la ministre déléguée de l'Éducation. Ce message est en lien
avec mon dossier de demande de dérogation qui persiste depuis un an. Ainsi,
exposé dans ma lettre ci-jointe, je ne peux plus attendre, j'ai besoin d'une
réponse à défaut d'une aide immédiate. En effet, par vous-même, le 2 mai
dernier, malgré toute ma situation difficile, j'ai une force de résilience
assez étonnante, voire surréaliste. À cette même occasion, vous ajoutez que le
diplôme devient payant, on doit l'obtenir. En disant cette phrase, vous
reconnaissez implicitement, selon moi, que vous contribuez à ma non-réussite,
et ce, soit en prenant beaucoup trop de temps pour me répondre ou en me
refusant l'aide financière aux études.
«La seule chose qui m'empêche de réussir
est mon manque de ressources financières. Vous avez été informé de ma situation
par moi ou par l'entremise d'une tierce personne. Vous êtes bien avisé des
imprévus que j'ai vécus et qui sont d'ailleurs extérieurs à ma volonté. Je suis
encore au bac en droit. Là, où en sont les choses, ce n'est plus ma seule
volonté que je suis toujours dans le programme. La direction de ma Faculté de
droit a compris ma situation particulière et en fait foi. Elle a adopté
l'objectif de ma réussite comme sienne. Pour elle, pour reprendre vos mots, M.
le ministre de l'Éducation, mon diplôme sera payant parce que nous sommes
déterminés à ce que je l'obtienne. Votre cabinet par contre semble déterminé à
ne rien faire, pas le moindre compromis, allant jusqu' à l'absence de réponse à
mes sollicitations.
«Une autre chose, M. le ministre, beaucoup
d'étudiants ont besoin d'aide additionnelle. Plusieurs feraient une demande de
dérogation si l'information leur était donnée. Les personnes qui travaillent
pour le ministère de l'Éducation ne divulguent pas cette information. Il faut
trouver l'information par soi même, et beaucoup d'étudiants ne le font pas.
Donc, pour le peu de personnes pour qui cette demande est acceptée, il y a ceux
qui sont en droit de l'obtenir et il y a ceux qui sont en Faculté de médecine,
car je crois qu'ils sont considérés plus rentables. Un programme, comme le
mien, le droit...
Mme Rizqy : ...le ministre de
l'Éducation ne divulgue pas cette information. Il faut trouver l'information
par soi-même, et beaucoup d'étudiants ne le font pas. Donc, pour le peu de
personnes pour qui cette demande est acceptée, il y a ceux qui sont en droit de
l'obtenir, et il y a ceux qui sont en faculté de médecine, car je crois qu'ils
sont considérés plus rentables. Un programme comme le mien, le droit, je crois,
est moins essentiel, dans cette logique. En plus, il fait abstraction de leur
taux d'endettement, alors que le mien, non.
«Moi, j'ai fait ma demande parce que j'ai
trouvé les informations. Je compte faire... Je ne compte pas faire une
généralité en exposant ce qui précède, mais seulement vous préciser que je le
connais... et que je crois... vu de mon expérience actuelle. Il serait dommage
que le gouvernement, en plus de chercher à cacher cette ressource... ne prenne
pas des décisions arbitraires. Vous pouvez me montrer que j'ai tort de penser
ainsi. Depuis mon retour aux études, l'aide financière aux études a toujours
été ma principale source de revenus. Juste pour chiffrer cette réalité, c'est
plus ou moins 20 000 $ de prêts et bourses, et je ne l'ai pas reçu
depuis août 2018.» Là, on est rendus en mai 2019 lorsqu'elle vous écrit. «Vous
avez une enveloppe de 21 millions de dollars, que vous avez promis
d'utiliser pour aider les étudiants en besoin. Je suis cette étudiante dans le
besoin. Je ne vous demande pas un don d'argent venant des fonds publics, mais
seulement ce à quoi j'ai droit depuis une année, sous forme de prêts et
bourses, le seul objectif étant pour que je puisse terminer mes études.
«Présentement, j'ai une dette avec
l'Université de Sherbrooke depuis la session d'automne 2018. En conséquence, je
ne peux pas m'inscrire à la session d'été.» Il lui reste trois cours. «Lors de
l'assemblée de commission du 2 mai, Mme la députée de Saint-Laurent vous a
parlé du contexte étudiant. Vous savez peut-être que je suis présentement à
deux semaines de mes examens intra. Je ne sais même pas comment je vais faire
pour me déplacer à mes examens. Pire encore, je ne sais pas comment je vais
faire pour acheter mes livres pour mon examen. Il me reste 25 $ dans mon
compte en date d'aujourd'hui. Dites-moi comment je peux faire.»
Il s'agit d'une mère avec deux enfants,
monoparentale. L'aide financière aux études, on l'a appris, c'est 9 % des
appels qui sont reçus. Elle n'a jamais su, par l'aide financière aux études,
comment ça se fait qu'elle a été rejetée, sa demande de dérogation. Les
critères ne sont pas transparents.
M. le ministre, son dossier était épais
comme ça. Je l'ai vue, je l'ai reçue à mon bureau avec ses deux enfants. Elle a
pleuré dans mes bras. Je vous demande ce que je vous ai demandé le 2 mai
dernier. Ça nous prend des critères objectifs, transparents, et vous devez
publier désormais les décisions. Vous pouvez passer par règlement. Vous n'êtes
pas obligé de passer par la loi. Vous avez le pouvoir de changer... Et vous
avez renversé 20 millions de dollars l'an dernier vers le fonds consolidé
du montant d'aide financière aux études. On aurait pu utiliser cet argent pour
aider tous les autres étudiants qui, eux, leur demande de dérogation a été
rejetée de façon pratiquement arbitraire, parce qu'on ne sait même pas ce sont
quoi, les critères pour ne pas avoir donné une dérogation pour des causes
humanitaires.
Alors, M. le ministre, j'ai envie de vous
entendre.
Le Président (M. Tardif) :
Merci, Mme la députée. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Roberge : Merci bien, M. le
Président. Il y a un programme d'aide financière aux études, qui est balisé,
qui est bien connu, qui est le plus généreux en Amérique du Nord, et notre
système de prêts et bourses. Puis il y a des cas particuliers qui surviennent
fréquemment, et c'est pour ça qu'il y a un comité qui analyse exactement ces
demandes-là, qu'on pourrait dire des demandes dérogatoires. En 2018‑2019, il y
a eu 2,5 millions de dollars qui ont été versés en aide dérogatoire, et
ça, c'est une hausse de presque 18 % par rapport à l'année précédente.
C'est une hausse incroyable. Quel budget augmente de 18 % en une seule
année au gouvernement du Québec? Donc, pas besoin, là, de faire trop de magie,
trop de calculs, là. On voit bien que, depuis qu'on est arrivés, il y a plus de
demandes d'aide dérogatoire qui font... quand on sort, là, des sentiers battus.
Donc, plus d'humanisme, plus d'humanité, plus d'écoute, plus de cas
particuliers qui sont regardés depuis notre arrivée.
Maintenant, il faut prendre garde quand
même, il faut se fier à des critères. C'est pour ça qu'il y a... C'est un
comité qui analyse tout ça, qui fait ses recommandations. C'est un... C'est
quelque chose qui est fait avec rigueur, et c'est important. Et notre programme
de prêts et bourses tient compte déjà, sans même aller dans la question des
dérogations, des situations particulières. Bien sûr, ce n'est pas parfait. On
améliore chacun de nos programmes à chaque année, en tout cas, depuis le 1er
octobre 2018. C'est notre vision.
• (10 h 30) •
Il est possible d'avoir toutes sortes
d'enveloppes, de soutiens supplémentaires quand on est titulaire, là, d'une
famille, des mesures d'aide à la famille. Toutes ces mesures-là, là, ensemble,
ça représente près de 300 millions de dollars annuellement, M. le
Président. Donc, on en fait déjà pas mal dans les cadres qui sont normés, en
plus des demandes dérogatoires qui, elles, ont augmenté, en une seule année, de
presque 18 %. Maintenant, la possibilité de poursuivre ses études à temps
partiel...
10 h 30 (version non révisée)
M. Roberge : ...près de
300 millions de dollars annuellement, M. le Président. Donc, on en fait déjà
pas mal dans les cadres qui sont normés, en plus des demandes dérogatoires qui,
elles, ont augmenté en une seule année de presque 18 %. Maintenant, la
possibilité de poursuivre ses études à temps partiel tout en demeurant
admissible au Programme de prêts et bourses, c'est quelque chose qui a été
bonifié dernièrement. Et cette seule mesure là, c'est 113 millions.
113 millions pour permettre à des gens qui ont peut-être d'autres
obligations, justement, d'étudier à temps partiel et de recevoir de l'aide.
La prise en compte des frais de garde
selon ce qu'il en coûte pour une place subventionnée dans un service de garde à
l'enfance, c'est 83 millions que le gouvernement verse pour tenir compte
des frais de garde d'enfant quand on a des enfants en jeune âge et qu'on est
étudiant. L'admissibilité à une aide financière au cours de la période d'été,
même si la personne n'est pas aux études... Quand même! L'admissibilité à de
l'aide financière au cours de l'été, même si la personne n'est pas aux études,
ça, c'est 56,6 millions que le gouvernement verse pour des étudiants
pendant l'été. Donc, je pense que le gouvernement en fait déjà beaucoup. Et
malgré tout ça, il y a toujours des cas particuliers, des gens qui ont un
parcours particulier ou qui peuvent avoir un enjeu ou un problème de santé, que
ce soit santé physique ou un défi de santé mentale, un épuisement, bien, c'est
pour ça aussi qu'il y a les mesures dérogatoires puis la possibilité de faire
une demande d'exemption, une demande qui est étudiée, qui est pour des cas
humanitaires.
On parlait tantôt de... pardon, de
quelqu'un qui pourrait être monoparental. Bien, l'aide supplémentaire pour le
ou la cheffe de famille monoparentale, bien, c'est un programme de
18 millions de dollars. Puis c'est toujours annuellement, ce que je vous
dis, M. le Président. Donc, on voit bien qu'il y a dans le programme toutes
sortes de mesures qui tiennent compte des situations particulières des
étudiants dans notre système d'aide financière aux études. Ceci dit, et j'en ai
parlé avec des gens du ministère, des sous-ministres adjoints, on est toujours
en train d'améliorer notre système d'aide financière en parlant avec nos
institutions qui côtoient les étudiants tous les jours, mais en parlant aussi
aux associations étudiantes qui ont le mandat de les représenter, qui parlent
en leur nom et qui voient entrer dans leurs bureaux, dans leurs locaux
d'association étudiante des gens, des fois, qui sont en détresse ou qui ont
besoin d'aide particulière. Et c'est pour ça qu'on accueille favorablement
plusieurs de ces demandes d'aide particulière. M. le Président, on est un
gouvernement bienveillant. Merci.
Le Président (M. Tardif) :
Merci, M. le ministre. Alors, je cède maintenant la parole au député de
Saint-Jean.
M. Lemieux : Merci
beaucoup, M. le Président. Salutations à tous les collègues, ici, pour cette
interpellation. M. le ministre vient de dire qu'on est dans la bienveillance,
mais on n'est pas non plus dans le déni. On a bien entendu cette semaine tout
ce qui a été dit autour de cette question de la santé mentale dans les
universités et dans les cégeps pour les étudiants en général. Ça fait... Ça
fait beaucoup jaser. C'est le genre de sujet qui, vraiment, s'enflamme dans les
médias. Et il y a une bonne raison pour ça, on est dans l'humain. Alors,
parlons-en.
Ça serait un lieu commun que de dire qu'on
vit dans une société de performance. On se le dit régulièrement entre nous, ça
change extrêmement rapidement, et le problème croît. La société valorise la
compétition, la productivité, le succès personnel, le succès affectif, le
succès financier. Ce sont des éléments, ça, et c'est un lieu commun que de le
dire quand même, qui favorisent le dépassement, l'atteinte d'objectifs
ambitieux. C'est une bonne chose en soi. Mais, comme toutes les bonnes choses,
l'excès a des effets pervers, et c'est un bon cliché que de le dire, trop
parfois, c'est comme pas assez.
La réalité vécue par les étudiants actuels
est différente de celle de leurs parents parce que la société est différente. Le
contexte social, économique, environnemental et, bien évidemment, technologique
a radicalement changé et continue de changer à la vitesse grand V. C'était
générationnel à l'époque, en tout cas à l'époque d'il y a quelques générations,
dont la mienne, où on était fier de dire qu'on envoyait ses enfants à
l'université pour la première fois. Mais même si on est déjà allé à
l'université, quand un jeune adulte arrive à l'université ou au cégep, c'est sa
première fois de toute façon. Et entre le marché du travail, le succès dans les
études, l'effet parfois trompeur des réseaux sociaux, la pression ressentie par
les jeunes générations est préoccupante. Bref, plusieurs enquêtes... La députée
de Saint-Laurent parlait de ces révélations cette semaine d'un grand sondage de
l'UEQ. Mais il n'y a pas juste l'UEQ. Plusieurs enquêtes sur le terrain
dressent, depuis un bon moment déjà, un portrait inquiétant de la santé
émotive...
M. Lemieux : ...réseaux
sociaux, la pression ressentie par les jeunes générations est préoccupante.
Bref, plusieurs enquêtes... La députée de Saint-Laurent parlait de ces
révélations cette semaine d'un grand sondage de l'UEQ. Mais il n'y a pas juste
l'UEQ, plusieurs enquêtes sur le terrain dressent depuis un bon moment déjà un
portrait inquiétant de la santé émotive et psychologique des étudiants. Je vous
en souligne quelques-unes au passage. Cégep Bois-de-Boulogne, 2014, 12 000
cégépiens : 35 % d'anxiété fréquente, 18 % ont des pensées
suicidaires. Toujours à Montréal, la Fédération des associations étudiantes du
campus de l'Université de Montréal a réalisé un sondage en 2016, 10 000
étudiants : 22 % vivent avec des symptômes dépressifs; tentatives de
suicide deux fois plus élevées que pour la population québécoise. Ça, c'est une
chose qu'il faut dire quand même, qu'il faut... dont il faut se souvenir quand
on parle de statistiques, toutes choses étant relatives par ailleurs : les
chiffres, parfois, sont impressionnants, mais encore faut-il aussi comprendre
que chez n'importe quels jeunes qui ne sont pas ni au cégep, ni à l'université,
il y a quand même des taux élevés, mais c'est beaucoup plus élevé pour les
jeunes universitaires. La même année — donc, on était en
2016 — la Confédération pour le rayonnement étudiant en ingénierie du
Québec publie une enquête sur les conséquences du stress : presque
20 %, 18,9 %, augmentation de la consommation d'alcool; 7,4 %,
augmentation de la consommation de médicaments non prescrits ou de drogues. Ce
n'est pas d'hier, ce n'est pas nouveau, mais oui, il faut l'admettre, ça
s'amplifie. D'ailleurs, l'Union étudiante du Québec vient donc de publier «Sous
ta façade», 23 000 répondants : un étudiant sur cinq montre des
symptômes dépressifs; trois fois plus d'étudiants ont des idées suicidaires que
la population générale.
Qu'est-ce que le gouvernement fait? Bien,
on ne se cachera pas la tête dans le sable, on va prendre nos responsabilités,
on ne fera pas du déni. Nous avons... Notre gouvernement a l'intention de
collaborer avec l'UEQ, l'Union étudiante du Québec, et l'ensemble des
partenaires du réseau universitaire pour trouver des solutions à cette
problématique importante. On a déjà tenu deux forums — ce n'est pas
banal — deux forums en santé mentale, un sur les jeunes en
particulier au printemps, l'autre sur les adultes. Et, conclusion de ces forums
de cet automne en particulier, la ministre de la Santé et des Services sociaux
a annoncé le déploiement du Programme québécois pour les troubles mentaux, qui
fait partie intégrante du nouveau programme d'accès et d'accompagnement en
santé mentale, dans cinq régions, et ça va être déployé l'an prochain partout
ailleurs au Québec. La seconde phase, donc, s'en vient. La ministre a aussi
annoncé 20 millions pour vider les guichets d'accès — c'est
quand même vider les guichets d'accès, c'est important — et le
ministre délégué, lui, a annoncé 20 millions pour l'expansion du programme
Aire ouverte, des lieux de consultation, information et partage destinés aux
jeunes.
Je le répète, il n'est pas question de se
cacher dans le sable ou d'être dans le déni, il faut agir. Je viens d'entendre
la liste que le ministre faisait de l'aide qu'on donne aux étudiants. Ça reste
énorme, le problème est énorme. Il va falloir continuer de travailler, et c'est
ce que notre gouvernement entend continuer de faire. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Tardif) :
Merci, M. le député. Je vais céder maintenant la parole à la députée de
Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Merci beaucoup.
Honnêtement, je suis un peu surprise de la réponse du ministre par rapport à ma
première intervention concernant un motif de dérogation pour des raisons
humanitaires. Le 2 mai dernier, il a dit qu'il allait travailler de façon
sérieuse pour y mettre des critères. Je n'ai rien entendu d'un commencement de réponse
sur des critères transparents de façon rapide. Honnêtement, 2 mai, on est rendu
au mois de novembre. M. le ministre, là-dessus, sincèrement, on a besoin de
travailler. Je vous dis, là, c'est plus de 350 étudiants en moyenne par année
qui se font refuser l'aide financière aux études pour des raisons humanitaires,
et là-dessus vous n'avez même pas été en mesure de faire un suivi adéquat.
Alors que la jeune étudiante mère monoparentale avec plusieurs diagnostics
médicaux, elle vous a interpellé à plusieurs reprises, vous n'avez même pas
fait un accusé de réception. Je n'en reviens pas.
• (10 h 40) •
On va continuer, parce que la FECQ, la
Fédération étudiante collégiale du Québec, aussi a envie de vous entendre, elle
nous écoute. Vous savez, ça fait quand même quelques années que la FECQ suit
tout ce qui se passe en matière de l'encadrement des stages. Il y a une
pétition qui a été déposée le 1er mai 2019, 1 645 signataires. Ça a été
déposé par le député de Gouin, et nous l'avons saisie avec le député de Nelligan
en séance de travail de l'économie et du travail le 16 mai. Le 16 mai, lors des
échanges, on est revenus sur certaines affaires dont on a parlé, notamment les
stages pour la FIDEP. Ça, c'était réglé. Mais, par la suite, on est revenus sur
comment on fait pour encadrer, avec les lois sur les normes du travail,
correctement nos stagiaires, et, à notre grande surprise, on nous a dit :
On travaille sur un projet de loi. Et nous, on a dit : O.K. Mais
pouvez-vous nous dire c'est qui qui travaille sur ce projet de loi? Et là,
c'était un petit peu difficile à comprendre, qui qui travaillait là-dessus.
Première question : Êtes-vous au courant? Deuxième question : Est-ce
que vous aussi, vous travaillez? Troisième question : Est-ce que les partis
d'opposition vont pouvoir collaborer avec vous? Parce que c'est clair qu'on
veut participer, et on veut vraiment bonifier. Je vous mets...
Mme Rizqy : ...pouvez-vous nous
dire c'est qui qui travaille sur ce projet de loi, et là c'était un petit peu
difficile à comprendre, qui qui travaillait là-dessus.
Première question, êtes-vous au courant?
Deuxième question, est-ce que vous aussi,
vous travaillez?
Troisième question, est-ce que les partis d'opposition
vont pouvoir collaborer avec vous? Parce que c'est clair qu'on veut participer,
et on veut vraiment bonifier.
Je vous mets en contexte, les
problématiques qui ont été notamment soulevées par la FECQ, la recherche
recense qu'assez justement les principaux obstacles rencontrés par les
stagiaires sous les plans de l'encadrement de leurs exercices, de la
réalisation de leurs stages. D'abord, l'IREC démontre que 22,4 % des
stages sont réalisés sans aucun contrat stipulant les modalités d'exercice qui
sont prévues. Ça, M. le ministre, c'est comme si vous et moi, on rentrait
travailler, mais on ne connaît pas nos conditions de travail. Vous comprendrez
que ce n'est pas très règlementaire. Cette statistique met en lumière un
important flou quant aux limites, aux recours et aux attentes qui encadreront
le stagiaire dans le cadre de son expérience. De plus, plusieurs anciens
stagiaires disent avoir connu un manque de supervision, soit au sein du milieu
d'exercice, au moment de la recherche d'un milieu de stage, ou encore dans le
suivi quotidien des tâches effectuées. Nous retenons de cela que la
supervision, sous toutes ses formes, ne se révèle pas toujours suffisante ou
suffisamment outillée pour se montrer pleinement utile, qu'elle soit sous la
responsabilité de l'établissement d'enseignement ou du milieu de stage.
Par la suite, la recherche pointe du doigt
différentes lacunes quant aux conditions de réalisation des stages. 35,2 %
des stagiaires disent avoir rencontré des difficultés particulières lors de
leurs expériences. Parmi ces motifs, les questions financières se sont avérées
des irritants pour 61,5 % des répondants. En effet, des règles démontrent
que la conciliation du temps d'étude, de travail et de stage est un défi
important pour la communauté collégiale. Des stagiaires ont moins de temps pour
occuper un emploi, nous savons également que 14,4 % de la population
collégiale vit avec des difficultés financières, 18,4 % dans le secteur
technique, et que 30,8 % d'entre elle cible un emploi de subsistance comme
principal financement de leurs études. C'est presque un tiers, M. le ministre.
La recherche nous apprend que 77 % des stages ne sont pas rémunérés. Donc
là, ça veut dire qu'on envoie nos étudiants... Certains d'entre eux, dans leurs
cursus, ont des cours, et, là-dedans, ils ont des stages à faire. Ils ne sont
pas rémunérés, mais ils doivent continuer à travailler au café étudiant ou dans
la restauration, ou dans d'autres milieux, tout en continuant à aller à
l'école, faire leurs stages non rémunérés, et payer leurs loyers.
La FECQ vous a fait une proposition d'un
cadre légal aussi pour encadrer les stages, leur donner droit au chapitre en
vertu de la Loi sur les normes du travail. J'aimerais avoir un engagement
clair, aujourd'hui, de votre part. Pas des réponses qui disent que vous
travaillez là-dessus, un engagement clair. La FECQ a fait un travail très
sérieux avec Union étudiante du Québec. Elles vont on préparé un projet de loi,
vous pouvez le prendre. Je l'ai regardé, sincèrement, c'est justifié, et ce
serait un grand pas pour vraiment aider nos étudiants, et j'aimerais comment
qu'avec vous on est capables aussi d'ajouter les autres stages qui ne sont
toujours pas rémunérés dans la liste.
Le Président (M. Tardif) :
Merci, Mme la députée. La parole est maintenant à M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Roberge : Merci bien, M. le
Président. La question des conditions de stage ou des bourses de persévérance
et de réussite, une question qui est importante, c'est quelque chose qui a
commencé, on a eu des balbutiements, là, sous le dernier gouvernement libéral.
C'est une bataille qu'on a faite, je me souviens, j'étais dans l'opposition,
j'étais avec les associations étudiantes, pour reconnaître le... disons
l'évidence, avant même, là, de faire le travail exhaustif que nous avons fait
et qu'ils n'ont pas fait. Mais il y avait quand même une évidence, là, qui
était le stage quatre en éducation, où, là, il y avait plus de sept semaines de
prise en charge, des centaines et des centaines d'heures où le stagiaire
n'était pas en observation ou même en apprentissage, il était en prise en
charge. Et ayant accueilli moi-même, comme enseignant, des stagiaires à leurs
derniers stages en enseignement, je le savais bien, puis je me souviens d'avoir
eu des discussions avec la ministre précédente en Éducation supérieure, Mme
David, qui nous disait : Non, non, non. Puis finalement, la dernière année
avant l'élection... c'est-u drôle, avant l'élection, il s'en passe-u des
affaires, hein? Puis finalement, juste avant l'élection, ils ont vu la lumière
puis ils ont créé, finalement, la bourse de stage quatre en éducation.
On a poursuivi ce travail-là, puis on est
allés beaucoup plus loin. Nous, on a fait le travail exhaustif de faire le tour
de l'ensemble des formations, de l'ensemble des stages. Et c'est vrai, il n'y a
pas de rémunération, il n'y a pas de salaire aux stagiaires, puis il faut être
un petit peu rigoureux que de dire : Tout pareil pour tout le monde tout
le temps. Pas grave combien ça coûte, pas grave les contextes de stages. Il
faut être un petit peu, je dirais, sérieux, que ça. Donc, pour nous, être
sérieux, c'est prendre plusieurs mois pour faire le tour d'une question, puis,
après ça, régler la problématique...
M. Roberge : ...que de
dire : Tout pareil pour tout le monde, tout le temps. Pas grave combien ça
coûte, pas grave les contextes de stage. Il faut être un peu plus, je dirais,
sérieux que ça.
Donc, pour nous, être sérieux, c'est
prendre plusieurs mois pour faire le tour d'une question puis après ça régler
la problématique. Ce n'est pas balayer sous le tapis en disant : Si c'est
trop compliqué, on ne s'en occupe pas, ou banaliser la situation. Donc, on a,
en quelques mois... Puis je remercie vraiment sincèrement l'équipe qui est
autour de moi parce qu'ils ont travaillé extrêmement fort pour consulter tout
le monde puis arriver avec quelque chose qui était adéquat.
Et on ne peut pas quand même entendre les
gens, les représentants du Parti libéral dire : Ah! bien là, c'est
terrible parce qu'il y a des stagiaires qui ne sont pas rémunérés. Il faut se
souvenir de ce qu'ils disaient il y a un peu plus d'un an, là, il n'était pas
question de rémunérer personne, hein?
Nous sommes ceux qui avons créé des
bourses de persévérance et de réussite dans énormément de domaines et nous
sommes ceux qui avons budgété la solution pour ajouter plus de 35 millions
de dollars, pas une année, de manière récurrente pour soutenir nos étudiants et
étudiantes, mais en majorité des jeunes filles, nos stagiaires, dans le dernier
stage qui est bien souvent le stage qu'on pourrait appeler de travail, ou le
stage de prise en charge, ou plutôt le stage de mise en oeuvre des compétences
où là les gens mettent énormément d'heures puis aussi rendent des services.
Il n'y avait pas de chose qui... Il n'y
avait pas de programme et il n'y avait pas d'argent... encore moins d'argent,
hein, on niait le problème. Il n'y avait pas de programme, ça fait qu'il n'y
avait pas d'argent sous les précédents gouvernements, évidemment.
Là, on a les trois puis on a quelque chose
qui est mesuré, et qui vient répondre aux besoins, qui vient diminuer la
précarité financière des étudiants de manière très importante, et qui vient
envoyer un signal aussi de persévérance. Ne lâchez pas, poursuivez vos études.
Ce que vous faites, c'est important. Le gouvernement reconnaît cette
importance-là, et, à votre dernier stage, juste avant la diplomation, là où on
va vous en demander le plus, là, vous allez être capables de mettre en oeuvre
vos compétences et vos connaissances. Là où on va vous demander de rendre des
services, bien, il y aura cette bourse de persévérance et de réussite. C'est un
message extrêmement important qu'on envoie.
Puis c'est beaucoup des jeunes femmes qui
vont en bénéficier. Rien contre les jeunes hommes qui font des stages, mais,
quand on regarde les stages qui n'avaient aucune forme de compensation ou de
bourse, c'était... Quand on regarde, au fil des années, les derniers
gouvernements nous avaient laissé cet héritage-là qui était, il faut le dire,
un peu discriminatoire, et on est allé régler ce problème-là. Et on est allé
quelque chose... avec quelque chose qui est très intéressant parce qu'on touche
les formations universitaires mais aussi nos formations collégiales et aussi la
formation professionnelle. Personne n'était allé là avant nous autres.
Donc, en FP, dans nos commissions
scolaires — on ne parle plus juste d'enseignement
supérieur — il y a maintenant des stages de FP qui se qualifient pour
des bourses de persévérance à la réussite au dernier stage, et on est très
fiers de ce qu'on a fait.
Le Président (M. Tardif) :
Merci, M. le ministre. Je vais céder maintenant la parole à la députée de
Charlevoix—Côte-de-Beaupré. Madame.
Mme Foster : Merci, M. le
Président. Je vais prendre la balle au bond sur cette discussion extrêmement
intéressante que nous avons actuellement sur les stages... les stagiaires.
Quand on parle d'avoir une vision, bien,
c'est certain qu'au cours des 15 dernières années, mon collègue le ministre de
l'Éducation et de l'Enseignement supérieur vient de le mentionner, il n'y en
avait pas de programme, il n'y en avait pas d'argent. On fermait un peu les
yeux sur une problématique qui était la suivante : On avait des gens qui
occupaient des postes et qui faisaient des tâches semblables à un travailleur
mais qui n'avaient aucune compensation.
Donc, quand on parle d'avoir de la vision,
bien, notre gouvernement, à notre arrivée au pouvoir, on a dit : Écoute,
c'est un problème qu'on doit adresser, et déjà le ministre y avait répondu
partiellement, et on a continué à le faire au fil des mois avec le budget et
après le budget.
On a bien entendu, parce qu'on est un
gouvernement à l'écoute, cette mobilisation étudiante là du printemps dernier
et on a agi parce qu'on a d'abord dressé un portrait détaillé. Il fallait
d'abord, comme le ministre l'a souligné, faire un portrait, établir un portrait
de la situation pour ensuite savoir sur quel pilier on pouvait agir comme
gouvernement.
Les solutions avec lesquelles on est
arrivés, j'en profite pour les détailler de façon un peu plus soutenue, ça
tient compte des préoccupations des partenaires du ministère de l'Éducation et
de l'Enseignement supérieur, dont les regroupements étudiants, entre autres,
mais également les établissements d'enseignement, les partenaires du marché du
travail et les autres ministères concernés.
À la suite de ces travaux-là, il y a
plusieurs solutions qui ont été proposées. Elles visent, entre autres, à
favoriser la persévérance, la réussite scolaire, l'accessibilité aux études
également et la qualité de l'expérience des étudiantes et des étudiants en
stage.
• (10 h 50) •
On parle, tout d'abord, de la production
d'un guide...
Mme Foster : ...les établissements
d'enseignement, les partenaires du marché du travail et les autres ministères
concernés. À la suite de ces travaux-là, il y a plusieurs solutions qui ont été
proposées. Elles visent entre autres à favoriser la persévérance, la réussite
scolaire, l'accessibilité aux études également et la qualité de l'expérience
des étudiantes et des étudiants en stage.
On parle tout d'abord de la production
d'un guide d'accompagnement pour la rédaction des conventions de stage. Ce
document-là est destiné aux établissements d'enseignement. Ça permet d'établir
des normes qui portent sur des aspects tels que le nombre d'heures de stage par
jour, par semaine, les modalités de cessation d'un stage, les assurances dont
bénéficient l'étudiant pendant son stage ou encore les bonnes pratiques en
matière d'encadrement pédagogique.
Notre gouvernement a aussi bonifié de
5,6 millions de dollars le Programme de prêts et bourses pour mieux
répondre aux besoins des bénéficiaires qui réalisent des stages. Par exemple,
un montant est maintenant accordé pour le matériel scolaire et les frais de
subsistance ont été ajustés pour mieux prendre en compte les frais de logement
des étudiants qui doivent louer une seconde résidence pour effectuer leurs
stages, parce que c'est souvent le cas. Le montant de l'exemption des revenus
de bourse a aussi été augmenté de 5000 à 7500. Donc, on fait des gains
appréciables.
Les stagiaires de certaines formations
spécifiques en éducation, en santé, en services sociaux bénéficient depuis
cette année d'un nouveau programme de bourses qui encourage la persévérance, la
réussite scolaire, c'est quand même un montant de 30 millions, là, qui a
été consenti à cette enveloppe-là, à ce nouveau programme-là. Par exemple, le
baccalauréat en sciences infirmières va donner droit à une bourse additionnelle
de 2800 $ et les baccalauréats, les maîtrises en enseignement à une bourse
additionnelle de 3900 $. Je le répète, on est parti de rien, on est rendu
à ça.
Au total, ce sont
17 000 étudiants inscrits dans 16 programmes de formation de
niveau professionnel, collégial, universitaire qui bénéficient cette année d'un
programme de bourses. Les formations ciblées par le programme conduisent à
l'exercice de professions qui comportent certaines particularités, notamment
une rareté de main-d'oeuvre significative, parce qu'il faut en tenir compte.
Ces particularités-là correspondent aux critères qui ont été retenus par les
membres du comité interministériel sur les stages qui ont été utilisés par les
experts du ministère de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur et du
ministère de la Santé également et des Services sociaux pour sélectionner les
formations qu'il fallait inclure dans le programme.
Ces critères vont comme suit : le
fait que les personnes qui exercent ces professions ont une incidence directe
sur un bassin d'utilisateurs des services publics, parapublics, communautaires,
la rareté relative de la main-d'oeuvre dans les professions, les difficultés de
regroupement dans les milieux publics également, le fait que les étudiants qui
réalisent les stages prévus dans les programmes d'étude qui conduisent à
l'exercice de ces professions ne sont habituellement pas rémunérés ni soutenus
financièrement.
Donc, depuis cette année, grâce à ces
solutions-là qui ont été mises de l'avant par notre gouvernement, il y a quand
même quatre fois plus d'étudiants qui ont droit à des compensations financières
pour leur stage en éducation, en santé, en services sociaux, ce n'est pas rien.
Et ça montre bien que l'enseignement supérieur, ça figure dans les objectifs de
notre gouvernement et dans notre priorité, parce qu'avoir de la vision, vous
savez, quand on regarde la définition d'avoir de la vision, c'est une manière
de voir, de concevoir, de comprendre quelque chose de façon globale, bien, je
pense que d'abord, là, il fallait comprendre puis il fallait agir sur des
problèmes qui n'avaient pas été adressés par le gouvernement précédent. Et
c'est ce qu'on a fait. Et on continue notre travail, M. le Président. Je vous
remercie.
Le Président (M. Tardif) :
Merci, Mme la députée. La parole sera au deuxième groupe d'opposition, au
député de Gouin. M. le député.
M. Nadeau-Dubois : Merci, M.
le Président. Salutations au ministre, à son équipe, aux autres députés
également qui sont ici avec nous cet avant-midi.
Je veux commencer par faire un retour sur
les remarques introductives du ministre où il a dit qu'il était content enfin
qu'on parle d'éducation supérieure au Salon bleu. Il avait l'air bien content
qu'on en parle et il s'est quand même permis de dire qu'habituellement, c'est
le bruit de criquet dans les oppositions à ce sujet-là.
Quand on vit dans une maison de verre, il
faut faire attention à la taille des cailloux qu'on lance, puisque la dernière
fois, moi, que j'ai posé une question en éducation supérieure, c'était au
ministre du Travail sur la question des stages. Le député qui est
habituellement sur le siège où se situe le ministre, c'est-à-dire le premier
ministre du Québec, me regardait comme si je parlais de la chose la plus banale
et la plus insignifiante qui soit, en même se permettant d'éclater de rire
pendant que je posais ma question, parce qu'il trouvait dont ça ridicule que la
gang de Québec solidaire fasse un plat de la question des stages. Alors, je
sais que lui, il est intéressé par l'enseignement supérieur, mais le chef de sa
formation politique historiquement, a démontré un intérêt pas mal plus inégal
pour cette question-là.
Hein, c'est lui, en 2011, qui disait que
les cégeps, c'est «une maudite belle place pour apprendre à fumer de la drogue
puis à décrocher». C'est le même premier ministre qu'il y a quelque semaines,
s'est permis de dire, alors que tout le réseau de l'enseignement supérieur
grimpait dans les rideaux concernant la réforme du PEQ, qu'on n'allait quand
même pas se mettre à remplir des classes pour remplir des classes, que si les
universités chialaient, c'est parce qu'elles étaient payées par étudiant,
qu'elles étaient financées par étudiant.
Alors, fin de mon commentaire éditorial,
je ferais attention à ne pas être trop fier et défiant envers les oppositions
en matière d'enseignement supérieur...
M. Nadeau-Dubois : ...dans les
rideaux, concernant la réforme du PEQ, puis on n'allait quand même pas à se
mettre à remplir des classes pour remplir des classes, que si les universités
chialaient, c'était parce qu'elles étaient payées par étudiant, qui étaient
financées par étudiant. Alors, fin de mon commentaire éditorial. Je ferai
attention à ne pas être trop fier et défiant envers les oppositions en matière
d'enseignement supérieur, parce que son premier ministre a eu, par le passé,
des déclarations qui ne laissaient pas entendre que c'était, lui, en haut de sa
liste des priorités.
Mon introduction étant terminée, parlons
maintenant d'un enjeu plus spécifique. On a parlé de santé mentale cette
semaine, suite à la recherche-choc produite par l'Union étudiante du Québec. Et
un des facteurs qui affectent la santé mentale des étudiants, des étudiantes,
c'est la pression, notamment la pression financière qui vient avec le fait
d'être aux études. Nos étudiants, étudiantes aujourd'hui travaillent plus que
jamais. Il y a de plus en plus d'allers-retours entre le travail et les études
également. Le poids financier lié à la poursuite d'études supérieures est plus
important qu'avant. Il y a des dépenses courantes aussi qui ont augmenté. La
crise du logement n'est pas déconnectée de ça, les loyers sont plus chers. Il y
a des dépenses en télécommunications qui n'existaient pas il y a quelques
années, qui, aujourd'hui, font partie du fardeau financier que les étudiants,
les étudiantes doivent porter sur leurs épaules. Bref, la question de
l'accessibilité financière aux études, elle est indissociable de la question de
la santé mentale chez les étudiants, les étudiantes du Québec.
Or, il y a des demandes actuellement que
les transferts fédéraux, en matière d'aide financière aux études, servent en
effet à financer l'aide financière aux études au Québec. Il faut savoir que les
transferts fédéraux pour l'enseignement supérieur, ils ont stagné, hein, depuis
les 20 dernières années, ou à peu près, même pas 1 % d'augmentation par
année. Aujourd'hui, les transferts fédéraux en enseignement supérieur sont à
peu près à 60 % de ce qu'ils étaient dans les années 80. Alors, le
gouvernement fédéral ne nous a pas rendu le travail facile au Québec pour
financer notre réseau puis financer l'aide financière aux études. Il y a quand
même un transfert qui s'en vient de la part du fédéral en matière de programmes
sociaux. Il y a un des blocs de ce transfert pour les programmes sociaux qui
devrait aller à l'aide financière aux études, c'est ce que les gens sur le
terrain demandent, notamment les associations étudiantes.
J'aimerais connaître les
intentions du ministre, j'aimerais savoir s'il compte utiliser entièrement cet
argent du fédéral pour l'investir dans l'aide financière aux études. Ce qu'on
veut voir, dans le fond, du côté de Québec solidaire, c'est une ligne dans le
budget qui dit que le transfert fédéral, en matière d'accessibilité à
l'éducation supérieure, va aller entièrement dans le programme de l'AFE et qui
ne sera pas, disons, éparpillé entre plusieurs sources. Je sais que le ministre
travaille sur cette question-là. Alors, j'aimerais bien qu'il nous donne des
informations sur ses intentions. Est-ce que l'entièreté de cet argent-là va
s'en aller en aide financière aux études? Ensuite, on pourrait débattre de, où
il pourrait aller en aide financière aux études. Et, si on en arrive à ce
débat-là, je serai le premier à être content, parce qu'au moins ça voudra dire
que l'argent est allé complètement en AFE. Quelles sont les intentions du
ministre à cet égard-là?
Le Président (M. Tardif) : Merci,
M. le député. Alors, je cède maintenant la parole à M. le ministre.
M. Roberge : Merci bien, M. le
Président. Mon collègue a fait référence à l'importance qu'accorde le premier
ministre à l'Éducation et l'Enseignement supérieur. Il accorde une importance
extrêmement importante, il a publié un livre Projet Saint-Laurent, cap sur
un Québec gagnant, qui mise sur l'enseignement supérieur, sur nos
universités, sur nos cégeps, sur la collaboration entre nos universités, nos
entreprises, sur l'importance d'avoir plus de jeunes qui développent leur plein
potentiel, qui accèdent à l'enseignement supérieur pour ensuite participer à la
société québécoise, réaliser leurs rêves puis évidemment participer à la
prospérité de la société québécoise, parce que si on veut partager la richesse,
encore faut-il la créer. Donc, écoutez, on a un premier ministre qui a,
lui-même, été ministre de l'Éducation, qui a écrit un livre valorisant, de
manière extraordinaire, le réseau de l'enseignement supérieur, le mettant comme
le levier qui allait nous permettre de relancer le Québec.
• (11 heures) •
Alors, je pense qu'on a définitivement un
premier ministre qui accorde une importance extrêmement grande et, de toute
façon, ça s'est manifesté au-delà de que par des écrits, ce qui est déjà très
important, et des discours, mais dans le budget. Et ça, c'est quelque chose sur
lequel j'insiste, parce que les premiers ministres qui font des discours sur
l'éducation et l'enseignement supérieur, on en a eu, comme on dit, un puis un
autre, c'est facile, ça, facile de dire : Ah! la jeunesse...
11 h (version non révisée)
M. Roberge : ...mais dans
le budget. Et ça, c'est quelque chose sur lequel j'insiste, parce que les premiers
ministres qui font des discours sur l'éducation et l'enseignement supérieur, on
en a eu, comme on dit, un puis un autre. C'est facile, ça, facile de
dire : Ah! la jeunesse, c'est l'avenir. Ah! l'éducation, c'est ce qui va
nous permettre... Et blablabla. Et arrive le budget suivant, austérité,
coupures. Les enfants ne vont pas mourir s'il n'y a pas de livre dans les
bibliothèques. Dernière fois que le Parti québécois était au pouvoir, M. le
Président, il y a eu... Il y a eu une année où il y a eu deux rondes de
compressions dans la même année. Entre deux budgets, là, deux rondes de
coupures. Mais ça ne les empêchait pas de faire des discours sur l'importance
de l'éducation. Puis ça ne les empêchait pas de taper sur des casseroles puis
d'arborer des petits carrés rouges. Carrés rouges, coupures en enseignement
supérieur.
Méfions-nous des discours. Regardons les
actions, les politiques, les orientations gouvernementales. Et je pense que la
dernière année est extrêmement rassurante pour l'ensemble du réseau de l'enseignement
supérieur. Et quand je parle aux dirigeants, quand je parle aux représentants syndicaux
aussi, quand je parle aux associations étudiantes, les gens voient bien qu'il y
a de l'espoir pour développer notre réseau collégial, notre réseau
universitaire, puis de le faire dans le grand respect de ceux qui y oeuvrent à
tous les jours, donc, nos professeurs, nos employés de soutien, nos chargés de
cours, nos administrateurs puis évidemment nos étudiants. Peu importe leur
statut, qu'ils soient jeunes étudiants de première génération, qu'ils soient
des gens qui sont au retour aux études et qui ont besoin d'un coup de pouce
supplémentaire, qu'ils soient parents étudiants, tout le monde voit bien qu'on
en fait plus cette année que l'an passé. On en fera probablement plus l'an
prochain que cette année.
Donc, je ne pense pas que le gouvernement
de la Coalition avenir Québec n'ait de leçon à recevoir d'aucune des autres
formations politiques sur le territoire québécois. Et les valeurs qui nous
animent, bienveillance, performance, agilité, bien, elles nous animent puis elles
se traduisent dans des politiques et dans des façons de faire qui sont
innovantes. Écoutez, une des idées, une des démonstrations très claires qui
montre que nous innovons et que nous sommes en action, c'est l'annonce du
25 octobre dernier par mon collègue le ministre de l'Agriculture dans son
comté quand on a annoncé plus de 10 millions de dollars pour un nouveau
pavillon de l'UQTR à Drummondville pour ce qu'on dit le CNIMI, le Centre
national intégré du manufacturier intelligent. Et là, on a un pôle en enseignement
supérieur où on a collégial, université, manufacturier innovant. On va avoir de
l'enseignement, de la recherche, de la valorisation, du transfert
technologique. Et tout le monde va gagner là-dedans. Tout le monde va gagner
là-dedans, les étudiants, comme les chercheurs, comme les professeurs, comme
tout le monde d'ailleurs des régions. Hein, la région du Centre-du-Québec qui a
enfin un pôle en enseignement supérieur, qui va pouvoir faire son développement
social et économique. Puis il ne faut pas opposer un à l'autre bêtement, là.
Envoie, le patronat, le prolétariat, etc. Non. C'est plus le temps maintenant
de se rassembler puis d'investir en nous-mêmes, c'est-à-dire dans le capital
humain du Québec.
Le Président (M. Tardif) :
M. le ministre, merci. Je vais passer maintenant la parole au député de
Montmorency.
M. Simard : Bien, je vous
remercie beaucoup, M. le Président. Je suis très heureux d'être avec vous ce
matin, très heureux de participer à cette interpellation. Quand je vous dis que
je suis très heureux, ce n'est pas... Je ne le dis pas de manière banale, je le
dis vraiment en pesant chaque mot. Parce que les gens qui nous écoutent, M. le
Président, et Dieu sait qu'ils sont très nombreux, savent à quel point le rôle
du législateur, le rôle du député, requiert beaucoup de polyvalence. On passe
souvent, d'une journée à l'autre, à des sujets qui sont parfois très loin les
uns des autres. Hier, par exemple, j'avais l'honneur de présider la Commission
des finances publiques. J'y retrouvais ma collègue de Saint-Laurent, j'y
retrouvais également mon collègue le député de Gouin. On était sur la fuite des
données à Desjardins, donc, à des années-lumière du sujet qui nous concerne
aujourd'hui.
Mais la raison pour laquelle je suis très,
très, très heureux d'être ici ce matin, c'est que je me sens un peu en famille.
Je débats, je vais débattre d'un sujet qui me préoccupe, d'un sujet auquel j'ai
donné une partie importante de ma vie, M. le Président, qui est la question
universitaire. Parce qu'en définitive, je vais vous faire une petite
confession, là, une petite confidence, j'ai deux grandes passions, vous les
connaissez, la politique, bien entendu, je ne suis pas ici, comme mes
collègues, par hasard, mais aussi la dimension universitaire. Avec ma collègue
la députée de Charlevoix, elle est bien humble, elle ne vous l'a pas dit, mais
on partage quelque chose en commun, on a fait notre doctorat dans la très belle
Faculté des sciences sociales de la très belle Université Laval...
M. Simard : ...bien entendu, je
ne suis pas ici, comme mes collègues, par hasard, mais aussi la dimension universitaire.
Avec ma collègue la députée de Charlevoix, elle est bien humble, elle ne vous
l'a pas dit, mais on partage quelque chose en commun. On a fait notre doctorat
à la... dans la très belle faculté des sciences sociales de la très belle
Université Laval, elle en sciences po, moi en sociologie. Et donc, je suis
très, très, très heureux de me retrouver avec des gens qui ont a coeur la
question de l'enseignement, à commencer, bien sûr, par notre ministre, que j'ai
eu la chance de connaître au moment de la fondation de la CAQ. Avant même que
ce soit un parti, on réfléchissait beaucoup à ces questions d'enseignement
supérieur. Je vois le député de Gouin, ici, qui a été très actif durant la
grève étudiante de 2012, et qui, en quelque sorte, est arrivé dans l'espace
public notamment et largement via ce mouvement, et donc, qui connaît très,
très, très bien les tenants et les aboutissants de la question universitaire.
Et, bien sûr, ma collègue la députée de Saint-Laurent, qui est elle-même
professeure d'université, disons, en congé sans solde pour service public,
pourrions-nous dire, hein? C'est ça. Donc, un peu comme moi, je suis en congé
sans solde pour service public. Et donc, je garde jalousement la clef de mon
bureau d'université, M. le Président, dans mon trousseau de clefs. Hein, je
n'ai pas été capable de m'en départir encore. Donc, tout ça pour vous dire que
je crois qu'il y a une attention, une considération permanente de la question
universitaire à travers toutes les banquettes, là, quel que soit le parti dont
on parle, à l'Assemblée nationale.
Simplement, un petit mot, M. le Président,
sur la question de l'absence inquiétante de vision du gouvernement caquiste
parce que c'est le titre de l'interpellation de ce matin. Et la députée de
Saint-Laurent sait à quel point l'admiration que j'ai pour elle. Elle le sait
et je lui répète, elle pourra retirer ça des galées durant la prochaine
campagne électorale pour dire qu'il y avait même des députés caquistes qui
saluaient sa combativité, saluaient son intelligence et sa détermination. Moi,
je lui envoie toutes les fleurs qu'elle mérite particulièrement cette semaine,
parce que vous savez, M. le Président, il y en a qui disent que nul n'est
prophète dans son pays, parfois j'aurais l'impression de croire que nul n'est
prophète dans son caucus. En tout cas, moi, je tiens à dire à la députée de
Saint-Laurent qu'on l'apprécie, puis qu'on apprécie ça, la combativité, c'est
nécessaire en politique. Nous de la CAQ, on sait c'est quoi, un peu, la
combativité, on... ça nous en a pris pour... on est un jeune parti, on sait de
quoi on parle quand on parle de combativité. Donc, je lui dis ne lâchez pas,
restez comme vous êtes, on vous aime comme ça, nous, Mme la députée de
Saint-Laurent.
Ceci étant dit, malgré tout le respect que
j'ai pour elle, je dois rappeler qu'elle fait partie d'un parti qui est à
l'origine de ce qu'on appelle... certains, à l'époque, appelaient ça le
printemps érable, la plus grande crise étudiante universitaire qu'on ait
connue, en 2012. Le député de Gouin, je suis sûr, pourrait attester de ça.
C'est tellement un moment important dans notre histoire nationale que Wikipédia
consacre 60 pages durant, largement documentées, à cette crise. On dit, cette
grève étudiante, la plus longue et la plus imposante de l'histoire de
l'histoire du Québec et du Canada, ce n'est pas rien, est principalement en
réponse à l'augmentation projetée des droits de scolarité universitaire, pour
la période 2012 à 2017, dans le budget provincial du gouvernement du Parti
libéral de Jean Charest. Je vous dis ça parce que nous héritons d'une grave
crise sociale que le Parti québécois a en partie corrigée, et que nous faisons
en sorte et... de corriger, disons, je l'espère, définitivement, malgré les...
Le Président (M. Tardif) : M.
le député, merci. Nous reconnaissons vos grands talents d'art oratoire, mais
votre temps est écoulé. Alors, je vous en remercie, et je passerais la parole, maintenant,
à la députée de Saint-Laurent. Merci.
Mme Rizqy : Vous me faites
bien rire. J'ai cherché, dans les différentes interventions, un début de
commencement de réponse parce qu'il y a quand même des étudiants qui nous
écoutent. Puis, il y a la FECQ qui fait des... je vous le dis sincèrement, la
Fédération étudiante collégiale du Québec et l'Union étudiante du Québec, font
des travaux de recherche qui, plus qu'autrement, sont meilleurs que bien des
députés qui sont assis ici, au salon bleu. Alors, je trouve ça malheureux que
vous tombez dans une bassesse, pour un professeur qui sait à quel point la
recherche est importante. Et lorsqu'on prend un congé sans solde pour venir se
prêter à l'exercice politique...
Une voix
: ...
Mme Rizqy : Non, c'est assez
factuel, c'est très factuel.
Le Président (M. Tardif) : On
va garder... un instant, s'il vous plaît. S'il vous plaît! S'il vous plaît! On
va garder la bonne atmosphère, on y va dans le déroulement. Merci. S'il vous
plaît, merci. Fin de la discussion. La parole est à la députée de Saint-Laurent.
Merci. On enchaîne.
• (11 h 10) •
Mme Rizqy : Alors, vous
comprendrez que je n'ai pas pris un congé sans solde pour faire ici oeuvre
utile à n'être que silencieuse. C'est vrai que je pars des combats. Paradis
fiscaux. C'est vrai que j'ai parlé plus souvent qu'autrement, mais jamais je me
suis cachée. Et j'ai toujours fait dans la transparence. Et aujourd'hui
j'interpelle votre collègue le ministre de l'Éducation. Le premier dossier
était hyper humain. Personne d'entre vous qui a pris...
Mme Rizqy : ...c'est vrai que
je porte des combats, paradis fiscaux. C'est vrai que j'ai parlé plus souvent
qu'autrement, mais jamais je ne me suis cachée, j'ai toujours fait dans la transparence.
Et aujourd'hui, j'interpelle votre collègue, le ministre de l'Éducation. Le
premier dossier était hyper humain. Personne d'entre vous qui a pris la parole
n'a parlé de cette étudiante, mais qu'il y a aussi le cas de 350 étudiants, qui
vivent dans cette même situation de vulnérabilité, de grande angoisse. Personne
n'a pu répondre, vous êtes restés dans des lignes de communication toutes
faites.
Ici, l'exercice, c'est un échange pour
aussi obtenir des réponses. Et j'ai demandé clairement un engagement du
ministre de l'Éducation, à faire en sorte que les conventions de stage soient
de nature obligatoire. C'est une question claire, nette et précise. On nous a
parlé du fleuve Saint-Laurent puis du beau livre du premier ministre, mais
sincèrement, j'aimerais ça que vous ne parliez pas juste du fleuve
Saint-Laurent. Alors, je vous invite maintenant à parler d'autre chose :
du logement, le logement que les étudiants doivent trouver. À Montréal, vous le
savez, des logements abordables, il n'y en a pas tant que ça.
On reçoit aussi des étudiants
internationaux, je sais que vous n'aimez pas trop les étudiants étrangers, mais
on en reçoit puis les universités aiment ça, puis le collégial aussi aime.
Malheureusement, même pour se trouver une chambre, ça coûte 600 $ par
mois. En ce moment, là, on peut lire dans le journal qu'il y a des étudiants
qui paient 50 $ par nuitée dans des auberges de jeunesse. 50 $ par
mois... par soir, là, c'est 1 500 $ par mois. C'est immense.
Et maintenant, je vais vous parler de
l'Abitibi. Vous savez, il y a une industrie minière, donc il y a plusieurs
travailleurs. Alors, pour un quatre et demi, c'est 800 $. Alors, même à
deux, plus le chauffage et, évidemment, l'électricité et avoir le minimum, de
câble, bien, pour un étudiant, on tourne... à deux, là, 550 $ par mois
environ. Cégep de Gaspé, oui, il y a des résidences, mais il faut les rénover.
Alors, moi, aujourd'hui, M. le ministre, je m'adresse à vous. Je ne veux pas
des longs discours, je ne veux pas faire la genèse du passé.
On pourrait faire la genèse du passé,
mais, en ce moment, par respect pour ceux qui nous écoutent, êtes-vous en
mesure de dire qu'effectivement, vous allez prendre le dossier du logement
étudiant? Parce qu'en ce moment, plusieurs étudiants consacrent plus de
30 % de leurs revenus à payer leur logement. Alors, est-ce que les
résidences, le pied carré, est-ce qu'on peut aller plus loin puis les
subventionner pour le maintien d'actifs? Puis il y a aussi là-dedans une question
de sécurité. C'est le temps d'améliorer nos installations, surtout collégiales,
mais aussi universitaires. Est-ce que là-dessus, vous êtes capable de prendre
un engagement clair?
Et, je vais vous dire, vous allez aider énormément
d'étudiants. Vous me donnez quelques autres statistiques : 10 % %
des étudiants vivent en logement étudiant, mais dans des conditions
inadéquates : bris d'aqueduc, moisissures, logements non fonctionnels,
miteux et les résidences de Gaspé, elles sont en mauvais état et devraient être
rénovées, c'est ce que plusieurs nous disent. Trois étudiants sur quatre
donnent plus de 30 % de leurs revenus pour leur logement. Donc, c'est
énorme, c'est 75 % des étudiants et ça, là, c'est ceux qui sont déjà en
situation sous le seuil de pauvreté. Ça, c'est aussi un stress, le logement.
Vous avez eu le rapport, là, de l'union étudiante sur la détresse psychologique
des étudiants. Alors, aujourd'hui, vous avez aussi un pouvoir.
Il y a aussi maintenant une pratique qu'on
voit : des cégeps qui cèdent des terrains pour la construction de
résidences privées. Des fois, ça va être marqué qu'ils ne peuvent pas augmenter
le loyer pour les cinq prochaines années, mais après les cinq prochaines
années, il n'y en a pas de contrôle pour l'augmentation des loyers. Là, on
parle d'étudiants. Est-ce que vous avez une vision, un politique claire pour
encadrer et vraiment, là, soutenir les logements... puis là, je ne parle pas
juste de vous, mais il va falloir que vous travailliez avec vos autres
ministres, vos collègues, pour avoir une politique très, très claire en matière
de logements abordables, non seulement pour Montréal, mais je vous dis qu'en
région, c'est aussi très, très problématique. C'est vrai en Abitibi, c'est vrai
à Rimouski, c'est aussi vrai en Gaspé.
Alors, là-dessus, M. le ministre, s'il
vous plaît, je compte sur vous pour ne pas faire de la politique là-dessus, là,
de petite politique. Je veux avoir une grande politique, une grande vision pour
nos étudiants.
Le Président (M. Tardif) :
Merci, Mme la députée. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Roberge : Merci bien. En
cinq minutes, ma collègue a couvert un large éventail de sujets, posé plusieurs
questions. Je vais essayer de répondre à quelques unes d'entre elles, mais je
ne garantis pas que je vais y arriver en cinq minutes.
Elle a parlé du logement. C'est définitivement
un enjeu pour plusieurs étudiants. Il y en a qui ont la chance d'habiter chez
leurs parents et de n'avoir aucuns frais de subsistance ou de ce type de frais
là. Il y en a qui peuvent avoir une résidence étudiante, c'est vrai, auquel
cas, habituellement, ça va bien, parce qu'on est tout près souvent du campus
puis c'est plus bas comme frais. D'autres se magasinent un appartement plus ou
moins proche du campus, avec plus ou moins de distance à faire puis souvent, le
loyer est à la clé. Donc, il y a une partie de choix là-dedans, mais il y a une
partie aussi de contraintes financières, quand on n'a pas suffisamment
d'argent.
Tantôt, il y a un de mes collègues, je ne
sais plus...
M. Roberge : ...un appartement plus
ou moins proche du campus avec plus ou moins de distance à faire, puis souvent
le loyer est à la clé, donc il y a une partie de choix là-dedans, mais il y a
une partie aussi de contraintes financières quand on n'a pas suffisamment
d'argent. Tantôt, il y a un de mes collègues, je ne sais plus lequel, qui a
parlé des possibles transferts du gouvernement fédéral qui s'en viendront. La
dernière fois, il y a eu un 80 millions. Je me souviens d'avoir fait une
bataille qui était conjointe avec d'autres oppositions, parce que ce 80 millions
de dollars là du fédéral arrivaient suite à la fin de crédit d'impôt des
étudiants, donc c'était carrément de l'argent qui était d'une certaine façon...
qui venait de la poche des étudiants, que le gouvernement fédéral retirait puis
qu'il envoyait à la province. Et je me souviens que, de notre côté, on
souhaitait... bien là, on disait : Comme c'est de l'argent économisé dans
ce qui venait des étudiants, il faudrait bien que ça retourne aux étudiants.
Puis on avait fait cette bataille-là pour bonifier l'aide financière, on était bien
contents que le gouvernement se rende aux arguments.
Il faudra voir la prochaine fois qu'un
transfert s'en viendra, puis on va s'arranger pour négocier pour qu'il s'en
vienne le plus vite possible, d'où proviendra l'argent, puis qu'une partie de
cet argent-là puisse être utilisée, certainement, pour améliorer les conditions
de vie des enseignants... pas de enseignants, mais des étudiants et des
étudiantes, c'est sans doute une avenue qui sera intéressante, puis notamment
pour payer les frais de logement pour ceux qui en ont besoin, ce n'est pas tout
le monde qui ont besoin. Les besoins des étudiants, c'est très vaste, il faut
faire attention de ne pas dire : Bien là, il y a un enjeu, puis l'enjeu,
c'est le logement étudiant. Le lendemain, l'autre enjeu, ça va être la santé
psychologique. Je pense qu'il faut répondre aux besoins des étudiants, puis ils
sont multiples. Donc, il y aura de l'argent qui s'en viendra vraisemblablement,
on va travailler très fort pour négocier pour avoir notre juste part ici, au gouvernement
du Québec, puis certainement qu'on va considérer l'idée de retourner, au moins,
une partie de cet argent-là en aide ou en services directs aux étudiants.
Ma collègue a parlé de plein de choses,
elle a parlé de la qualité des recherches qui sont faites par les associations
étudiantes. Effectivement, très, très, très souvent, ils font des dossiers qui
sont fouillés, qui sont bien travaillés, je le sais, parce qu'à ma droite mon
directeur de cabinet adjoint en a réalisé deux pour elle, alors qu'il était
directeur de département lui-même, qui provient du réseau de l'enseignement
supérieur. Donc, il y a d'autres bons chercheurs dans le réseau, je veux
rassurer les associations étudiantes. Mais, certainement que je reconnais la
valeur du travail qui a été fait par mon collègue et, par la bande, la valeur
du travail qui est fait par les associations étudiantes.
Ma collègue a aussi parlé des conventions
de stage, c'est quelque chose d'important, les conventions de stage, parce
qu'au-delà de la bourse qu'on peut avoir ou ne pas avoir, la bourse de
persévérance et de réussite, au-delà du salaire qu'on a, parce qu'il y en a qui
sont payés, on n'en parle pas, là, mais il y en a qui ont des stages payés au
Québec, qui sont rémunérés pour le faire. Il y en a qui ont un système coop
aussi, avec l'Université de Sherbrooke, qui fonctionne très bien. Mais une fois
qu'on décroche un stage, que ce soit un stage d'observation ou une mise en
oeuvre des compétences, il y a les conditions, il y a les heures qu'on nous
demande de faire, il y a les protections qu'on a ou qu'on n'a pas, protection
sociale, protection de type CSST. Et je sais que mon collègue, le ministre du
Travail, travaille ce dossier-là de manière sérieuse. Il y a eu d'ailleurs une
ou peut-être même deux rencontres, en tout cas, au moins une directement avec
les étudiants qui ont préparé un projet de loi pour répondre à cette
problématique-là. Il les a rencontrés personnellement, puis son cabinet les a
rencontrés aussi encore.
Donc, c'est un travail qu'on fait en
équipe, le ministère du Travail et moi, lui, peut-être, pour une solution qui
serait légale, c'est à voir, et, nous, c'est pour un guide d'accompagnement
qu'on est tout près d'avoir terminé, un guide d'accompagnement destiné aux
établissements d'enseignement pour la rédaction des conventions de stage, pour
qu'on ne fasse pas juste envoyer l'étudiant en stage, mais qu'on prenne soin de
lui.
Le Président (M. Tardif) :
Merci, M. le ministre. Votre temps est écoulé. La parole irait maintenant à la
députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
• (11 h 20) •
Mme Foster : Merci, M. le
Président. Je prends deux minutes pour revenir sur l'intervention de la députée
de Saint-Laurent de tout à l'heure. Je trouve ça parfaitement et complètement
humoristique de nous faire dire que nous lisons des lignes de communication.
Vous savez, dans mon passé, j'ai été recherchiste pendant trois ans. J'ai
assisté l'actuel ministre de l'Éducation, mon dossier, c'était l'éducation. Qui
étaient mes vis-à-vis? Le gouvernement libéral, l'ancien gouvernement libéral,
les libéraux. Pendant ces trois années-là, moi, comme recherchiste, comme
conseillère politique, j'ai entendu parler d'un paquet de problèmes dans le
réseau, des problèmes structurels qui ne se réglaient pas. Quand on vous
décrit, ce matin, ce qu'on fait, c'est qu'on vous décrit les actions qu'on
pose, actions, verbe agir...
Mme Foster : ...pendant ces
trois années là, moi, comme recherchiste, comme conseillère politique, j'ai
entendu parler d'un paquet de problèmes dans le réseau. Des problèmes
structurels qui ne se réglaient pas. Quand on vous décrit, ce matin, ce qu'on
fait, c'est qu'on vous décrit les actions qu'on pose. Actions, verbe agir. Les
stages, il n'y en avait pas d'action.
C'est-u vrai? O.K. Merci.
Il n'y en avait pas d'action. En ce qui
concerne maintenant les universités et les cégeps en région. Ça aussi, c'est un
problème structurel. On parle là de l'absence de vision du gouvernement
caquiste. Quelle ironie, quel humour! Quand, pendant les années où, moi, j'ai
été là, je ne cessais de recevoir les doléances des cégeps et des universités
en région qui me disaient : il y a des problèmes structurels qui ne sont
pas réglés. Ça nous empêche de fonctionner, on manque d'argent, les formules de
financement sont déficientes. Peut-être qu'il faudrait commencer par là.
Bien quand on est arrivé au pouvoir, le
ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur, je suis bien fière de
lui, parce qu'il a fait ce qu'on avait dit dans l'opposition. En ce qui
concerne les universités, là, en région, là, il manquait cruellement de fonds,
on leur a accordé 75 millions supplémentaires jusqu'en 2024. Ils en
avaient besoin. Les universités de région, des universités qui sont des moteurs
et des vecteurs économiques pour nos milieux communautaires régionaux et qui
rayonnent et qui font rayonner le Québec également partout à travers la planète
par leur recherche et leur innovation, parce qu'au Québec on peut être fier de
cet aspect-là.
Également, moi, je voudrais vous parler
des cégeps. Vous savez, moi, malgré mes origines charlevoisiennes, j'ai grandi
sur la Côte-Nord, ce n'est un secret pour personne, et dans une ville comme
Baie-Comeau, 23 000 habitants, le cégep est un vecteur important pour
ce qui est de la croissance économique, certains programmes exclusifs sont
offerts, je pense entre autres à TACHE, Techniques d'aménagement cynégétique et
halieutique, qui voit arriver des autobus des contingents de Québec et Montréal
qui viennent suivre la formation dans un domaine spécifique à Baie-Comeau.
Ces cégeps-là avaient des problèmes
structurels récurrents, comme je le disais tout à l'heure, et quand on est
arrivé au pouvoir, on a agi. On a agi comment? Maintenant, les plus petits
cégeps reçoivent 120 % de leur financement. Il y a une aide aux petites
cohortes, ce qui était un problème récurrent, récurrent, j'en ai entendu parler
pendant tout l'ancien mandat qui était sous le gouvernement libéral, les
petites cohortes avaient de la difficulté à démarrer, c'était compliqué, mais
compliqué pour les directions de cégep, alors ont leur a accordé de l'aide.
Également, la reconnaissance et le
renforcement de l'importance des activités de recherche. Ça, c'est un autre
problème, parce qu'il se fait de la recherche, oui, certes dans les
universités, mais également dans nos cégeps. Par l'intermédiaire des CCTT bien
sûr, mais également dans les cégeps tout court. Il se fait de la recherche et
là on a accordé un 90 000 par cégep pour qu'ils puissent organiser leurs
activités de recherche et aider au soutien. Donc, on continue à travailler pour
améliorer le système d'enseignement supérieur, améliorer l'accès aux études
collégiales dans les régions du Québec, améliorer la qualité des formations
également qui sont offertes aux étudiants, favoriser la réussite de ces
cégeps-là.
Je pense que si on n'avait pas eu de
vision, la Fédération des cégeps du Québec nous l'aurait très certainement
rappelé, mais après le dernier budget, ils nous ont dit : en plus de
couvrir les coûts de système, ces sommes incluent le financement de
68 millions nécessaires à la mise en oeuvre de la révision du modèle de
financement des cégeps, et ce, dès l'année scolaire 2019‑2020. Nous sommes
ravis de voir un gouvernement faire de l'éducation sa priorité et de constater
que les cégeps ont été entendus. Même son de cloche du côté de Matane. Le
directeur général du cégep de Matane, Pierre Bédard, qui disait : Tout le
monde a mis la main à la pâte pour aider les plus petits. Là-dessus, je lève
mon chapeau au ministère et au ministre, vraiment ils ont pris en considération
les besoins des plus petits cégeps. Au final, les petits cégeps en région sont
gagnants.
Moi, je pense qu'on peut être fier des
actions qu'on a posées en enseignement supérieur. Parce que je vous le
rappelle, dans les années où j'ai été ici comme conseillère politique entre
2014 et 2017, c'étaient des problèmes récurrents qui n'étaient pas réglés.
Donc, quand on parle de manque de vision, là, je prends ça un petit peu en
riant. Ça me fait un peu sourire, parce qu'au niveau des stages, là, on joue la
veuve et l'orphelin présentement en disant : Ah! c'est un scandale, alors
qu'il n'y avait rien de fait puis qu'on fait du travail. Alors voilà, c'était
ce que j'avais à dire, M. le Président, merci.
Le Président (M. Tardif) :
Merci, Mme la députée, le droit de parole irait au député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : Merci, M.
le Président. D'abord, je veux remercier le ministre parce que, précédemment,
j'avais posé une question sur les transferts fédéraux puis il avait pris le
cinq minutes finalement pour défendre le premier ministre, je comprends.
J'avais été déçu de ne pas avoir de réponse.
Finalement, il a utilisé le bloc
subséquent pour me donner une réponse. Tant mieux. J'allais le relancer, je
n'aurai pas besoin de le faire. Mais je vais le faire quand même parce que je
veux une précision. Je l'ai entendu parler de dire... je l'ai entendu
dire : Il y a... On veut utiliser... Il parlait des transferts fédéraux.
Il a dit : On va voir si on ne peut pas utiliser une...
M. Nadeau-Dubois : ...utilisé
le bloc subséquent pour me donner une réponse. Tant mieux. J'allais le
relancer, je n'aurai pas besoin de le faire. Mais je vais le faire quand même
parce que je veux une précision. Je l'ai entendu parler de dire... je l'ai
entendu dire : Il y a... On veut utiliser... Il parlait des transferts
fédéraux. Il a dit : On va voir si on ne peut pas utiliser une partie de
ça pour aller en aide financière aux études.
Or, le bloc de transferts dont je lui
parle est un bloc qui vise spécifiquement les programmes sociaux, et il y a une
portion de ça qui est pour l'éducation supérieure, donc les programmes sociaux
en éducation supérieure, autrement dit l'aide financière aux études.
J'aimerais savoir si cet argent-là va
aller entièrement dans l'aide financière aux études ou seulement de manière partielle.
La demande des associations étudiantes, c'est une demande unanime, c'est que ce
bloc-là soit en totalité investi en aide financière aux études pour donner du
répit aux étudiants et aux étudiantes du Québec. Alors, j'aimerais une réponse
plus précise encore. Je suis sûr qu'il en est capable.
Toujours sur l'aide financière aux études,
j'aimerais entendre le ministre sur un enjeu de fond. Je pense que
l'interpellation devrait servir aussi à ça, pas seulement à l'opposition
officielle à se refaire une réputation en matière d'enseignement supérieur, et
au gouvernement à rappeler les mauvais coups passés de l'opposition officielle
en enseignement supérieur. Ça serait le fun qu'on puisse avoir aussi des débats
qui vont vers l'avenir, disons.
Et il y a une association étudiante de
l'Université Laval qui a remis récemment sur la table un enjeu qui n'est pas
nouveau pour le mouvement étudiant, qui est celui de la gestion des prêts
étudiants. Historiquement, la gestion des prêts étudiants a été... bien, est
donnée, au Québec, a été donnée à des banques, à des banques privées. Ces
prêts-là, bien sûr, sont garantis par l'État québécois, mais c'est quand même
des banques privées qui font les prêts. Et c'est une bonne affaire parce que ça
leur permet de n'avoir aucun risque, puisque le gouvernement garantit le
remboursement des prêts, et de récolter quand même les intérêts. Ça fait que
c'est une bonne affaire pour les banques, hein, mais c'est un peu une moins
bonne affaire pour le trésor public et surtout pour les étudiants et les
étudiantes.
Il y a l'association étudiante des cycles
supérieurs, à l'Université Laval, qui a remis de l'avant cette problématique-là
puis qui est allée d'une solution qui m'apparaît originale et intéressante,
puis j'aimerais ça que le ministre me réponde sur cette solution-là.
La piste de réflexion, donc, de cette
association étudiante est de dire : Pourquoi on ne donne pas la gestion
des prêts étudiants à la Caisse de dépôt et de placement du Québec pour que les
intérêts payés sur les prêts étudiants, au lieu d'enrichir des grandes banques,
enrichissent les Québécois et les Québécoises à travers, donc... par le biais
de la Caisse de dépôt et de placement du Québec?
Ce serait facile à faire, ce serait...
c'est possible de le faire, et on viendrait assurer une stabilité... bien, ça
ne remettrait pas en question la stabilité financière de la Caisse de dépôt et
de placement du Québec. Ça permettrait probablement d'avoir un meilleur
contrôle sur les taux d'intérêt de ces prêts-là. Ça permettrait aussi de
protéger ces prêts-là à l'égard des incertitudes du marché... qui sont propres
aux marchés bancaires, comme on l'a vu en 2008‑2009, au moment de la dernière
crise économique.
Ça favoriserait le remboursement des prêts
puisqu'on va faire... la Caisse de dépôt pourrait offrir un taux d'intérêt plus
bas. On pourrait diminuer le nombre de mauvaises créances, donc ce serait... il
y aurait moins de risques pour le gouvernement quand il donne ces prêts-là.
C'est une proposition concrète, pragmatique,
intéressante. J'aimerais entendre le ministre sur ce qu'il pense de cette
idée-là. Est-ce qu'il est ouvert à l'examiner? Moi, je trouve que c'est une
proposition qui mérite d'être examinée. Je la trouve intéressante, cette
proposition-là.
Et, si le ministre pouvait vraiment me
répondre, là, sur... d'abord, sur la question des transferts fédéraux, est-ce
que ce sera en totalité ou en partie, puis ensuite sur cette proposition-là de
confier la gestion des prêts étudiants à une institution publique plutôt qu'à
des banques privées qui, en ce moment, ont le beurre et l'argent du beurre
parce qu'elles n'assument aucun risque, parce que le gouvernement assure le
remboursement des prêts, tout en récoltant des intérêts auprès d'étudiants et
d'étudiantes...
Donc, pourquoi ne pas faire bénéficier le
trésor public et les étudiants en assurant des intérêts plus bas et des
intérêts qui financent la Caisse de dépôt et de placement du Québec?
Le Président (M. Tardif) : M.
le député, merci. La parole est au ministre de l'Éducation. M. le ministre.
M. Roberge : Merci bien, M. le
Président. Des questions, des points intéressants soulevés par mon collègue. Je
n'ai pas toutes les réponses à toutes ces questions. Ça ne veut pas dire qu'on
ne peut pas les trouver. Ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas réfléchir sur
cette question-là.
Effectivement, on a un régime d'aide
financière aux études qui extrêmement généreux, mais il ne le sera jamais
assez, d'une certaine façon, il faut le reconnaître. Les besoins sont très,
très grands. Il y a beaucoup de bourses, il y a les prêts.
• (11 h 30) •
Puis là la question des prêts, la gestion
des prêts... Effectivement, le gouvernement...
11 h 30 (version non révisée)
M. Roberge : ...on a un régime d'aide
financière aux études qui est extrêmement généreux, mais il ne le sera jamais
assez, d'une certaine façon, il faut le reconnaître. Les besoins sont très,
très grands. Il y a beaucoup de bourses. Il y a les prêts.
Là, la question des prêts, la gestion des
prêts. Effectivement, le gouvernement les garantit. Effectivement, en ce
moment, c'est confié à des prêteurs privés, qui s'acquittent très bien de leur
travail à ce moment-ci. Puis là la suggestion, c'est de dire : Bon, est-ce
qu'on devrait confier tout ça à la Caisse de dépôt et placement? C'est quelque
chose qu'on peut étudier. Pourquoi ne pas étudier de nouvelles avenues? Peut-être,
après, pour expliquer pourquoi on ne les suit pas. Ou peut-être, après, pour
enclencher un chantier, pour améliorer la gestion des finances publiques. C'est
une façon de... Quand on se questionne sur la gestion de notre aide financière
aux études, on se questionne sur l'accessibilité aux études, on se questionne
sur les conditions de vie des étudiants, qui ont un impact sur la santé mentale
puis la détresse qu'ils peuvent vivre. Puis ce qui a un impact aussi sur nos
finances publiques, combien de millage on peut faire avec chacun des dollars.
Donc, écoutez, moi, c'est quelque chose
que je peux regarder comme proposition, personnellement, mais surtout, je vais
vous le dire sincèrement, avec l'équipe, quels sont les enjeux. En ce moment,
évidemment, en termes de personnel, on n'est pas équipés pour faire ça, donc il
faudrait embaucher des équipes. Bon, qu'est-ce que ça amène comme enjeux? Au
terme du mobilier, ça veut dire embaucher du monde, ça veut dire occuper des
locaux. Bon, ça veut dire lancer un nouveau chantier. Est-ce qu'à la fin il y
aurait plus de gains que de pertes, de pertes que de gains? Quel serait
l'impact? C'est une question qui est complexe, mais c'est une question qu'on
peut se poser pour améliorer la gestion de nos finances publiques puis les
services qu'on rend. Notre mission, c'est d'améliorer les services aux
citoyens, le citoyen étudiant, le citoyen bénéficiaire d'aide financière.
Donc, j'essaie de répondre avec le plus
d'honnêteté possible à mon collègue en disant qu'on peut se pencher sur cette
question-là, mais vous comprenez que je ne peux pas spontanément
dire «nous irons». J'aurais pu dire spontanément «nous n'irons pas»,
mais je pense que ça aurait été prématuré. Prenons le temps de le regarder.
Donc, voilà pour cette question.
Pour ce qui est de l'aide financière du
fédéral... ce n'est pas de l'aide financière, en fait, là, c'est des fonds
fédéraux... sincèrement, ce serait prématuré de dire aujourd'hui, là : Peu
importe le montant qui nous arrivera, de notre argent, du gouvernement fédéral,
peu importe ce qui arrive, c'est certain que ça s'en va juste en aide
financière. Ce serait prématuré. On ne sait pas le montant qui arrive. Puis il
faut regarder l'ensemble des besoins du réseau collégial et universitaire. Puis
l'ensemble des besoins des étudiants. Comme je l'ai dit tout à l'heure, les
étudiants, bien sûr qu'ils ont besoin d'améliorer leur situation financière,
puis le programme de prêts et bourses est là pour ça, mais quand on nous parle
de détresse psychologique, bien, ils ont aussi besoin d'avoir des gens qui
prennent soin d'eux quand ils font une demande d'aide dans leur... sur leur
campus, puis ils ne veulent pas attendre une semaine, deux semaines, trois
semaines.
Donc, ça se peut que de l'argent qui nous
arrive, des nouveaux fonds qui nous arrivent soient bien utilisés en aide
financière. Ça se peut aussi que cet argent-là soit bien utilisé aussi pour
améliorer nos services directs aux étudiants. Puis là ce dont on parle, c'est
de la santé psychologique ou la détresse psychologique, mais on pourrait avoir
d'autres domaines aussi. Il y a aussi des associations étudiantes qui, dans
d'autres moments, nous demandent d'avoir un ratio professeurs plus élevé.
Absolument rien contre les chargés de cours. On souhaite avoir plus de professeurs
pour avoir un meilleur encadrement à la recherche, un meilleur encadrement à la
maîtrise et au doctorat. Donc, ça aussi, c'est des demandes qu'on reçoit.
Donc, c'est prématuré de dire : Bien,
100 % de ce qu'on va recevoir, peu importe combien on reçoit, ça va aller
dans une direction, plutôt que dans l'autre. Les besoins sont immenses, et les
retombées, après, sont immenses. Moi, je suis convaincu que, quand on investit
en enseignement supérieur, c'est un investissement. Ça, c'est sûr. Ceci dit, on
peut mieux l'investir à un endroit, plutôt qu'à l'autre. Puis il y a des
secteurs qui sont davantage en crise, où on doit aller. Donc, je pense que
c'est important, dans les deux cas, de montrer de l'ouverture, mais en même
temps, de ne pas prendre une décision qui soit prématurée avant d'avoir toute
l'information. Voilà.
Le Président (M. Tardif) :
Merci, M. le ministre. La parole irait maintenant au député de Saint-Jean.
M. Lemieux : Merci beaucoup,
M. le Président. La députée de Saint-Laurent... Et déjà, ma collègue de
Charlevoix lui a répondu, mais ça m'a piqué moi aussi, les lignes de com. Vous
en voulez une, ligne de com, Mme la députée? M. le Président, pardon. Il faut
que je vous parle à vous. J'oublie tout le temps.
Le Président (M. Tardif) :
Bon, O.K.
M. Lemieux : À la suite de la
présentation du premier budget du ministre des Finances, l'université TELUQ se
réjouit de l'engagement manifeste du gouvernement en faveur de l'éducation et
de...
M. Lemieux : ...mais ça
m'a piqué, moi aussi, les lignes de com. Vous en voulez une, ligne de com, Mme
la députée? M. le Président, pardon. Il faut que je vous parle à vous. J'oublie
tout le temps.
Le Président (M. Tardif) :
Bon, O.K.
M. Lemieux : À la suite
de la présentation du premier budget du ministre des Finances, l'Université
TELUQ se réjouit de l'engagement manifeste du gouvernement en faveur de
l'éducation et de l'enseignement supérieur. Ma ligne à moi, c'est que, quand je
suis allé au cégep Saint-Jean-sur-Richelieu dans mon comté, après que le
ministre ait annoncé une bonification du financement des cégeps, je pense que
j'aurais pu passer au travers le cégep sans remarquer... je n'aurais pas pu
passer à travers le cégep sans remarquer la bouffée d'air frais que ça voulait
dire pour les gens au cégep de Saint-Jean-sur-Richelieu. Mon alma mater à
l'Université du Québec à Chicoutimi était tellement soulagée des
3,3 millions, je pense que c'était... qu'elle a reçus à ce moment-là
lorsque le ministre a bonifié la partie régionale du financement des
universités. Alors, oui, des lignes de com. Bien oui. Mais on pose des
questions aussi, puis on se fait donner des réponses, puis on vient vous les
porter. Ou, en tout cas, on vient les porter pour vous.
Alors là, moi, je vais vous parler
d'étudiants internationaux. Non, non, non, pas juste du PEQ, pas juste du PEQ.
Parce que le Programme de l'expérience québécoise, c'est la partie de
l'iceberg, si vous préférez, qui est réservée à l'immigration pour les
étudiants internationaux. Mais parlons-en, des étudiants internationaux au
Québec parce que c'est énorme. C'est devenu très gros. Le réseau universitaire
québécois est en concurrence avec des universités de partout dans le monde,
c'est bien clair. On l'a non seulement compris quand on a juste vu le nombre
d'étudiants qui, justement à cause du PEQ, attendaient. Alors, on s'est
dit : Mon Dieu! Il y en a donc bien. Il y en a énormément.
Et la réponse... pas la réponse, mais la
raison pour ça, c'est qu'il y a eu une déréglementation au cours des dernières
années dans le monde de l'université par rapport aux étudiants internationaux,
une déréglementation qui a fait qu'entre 2006 et 2018 — on prend des
dates au hasard comme ça, c'étaient les statistiques qu'on avait — le
nombre d'étudiants internationaux de niveau universitaire a plus que doublé au
Québec — mais là c'est quand même sur une période de 12 ans,
là — passant de 22 000 à 44 000. Le nombre d'étudiants collégiaux...
Et ça, c'est important, puis on ne s'en rend pas compte, mais, quand je suis
allé à Saint-Jean-sur-Richelieu, au cégep, ils me l'avaient dit aussi. Le
nombre d'étudiants collégiaux a, pour sa part, plus que quadruplé, passant de
2 100 quelques, sur cette période-là, à presque 10 000. Un total,
donc, de près de 50 000 étudiants internationaux ou d'enseignement
supérieur étaient présents au Québec.
Mais ils venaient surtout de la France, de
la Chine, de l'Inde et des États-Unis. Il n'y a pas de problème avec ça, sinon
qu'on comprend là-dedans que la déréglementation avait une espèce de petit
biais, mettons-le comme ça, pour la langue anglaise et donc les universités un
peu plus anglaises. Donc, ce que le ministre a fait, c'est qu'il a regardé la
version internationale de la chose en faisant du recrutement d'étudiants
internationaux francophones. L'approche du ministère, m'a-t-on expliqué, en
matière de promotion internationale de l'offre éducative québécoise est
notamment structurée autour du potentiel de recrutement d'étudiants
francophone, et ce, dans les pays membres de la francophonie. Priorité
accordée, donc, à la francophonie et à la francophilie, c'est important,
forcément, d'autant plus qu'au Canada anglais, on se targue d'avoir élevé et
enseigné en immersion à beaucoup, beaucoup de jeunes, et on est rendus dans la
francophilie plus qu'autre chose, et c'est vrai pour le reste de la planète
aussi. Donc, tout ça pour dire que la priorité accordée s'applique à la fois
dans la campagne de promotion internationale que dans la planification annuelle
des événements de promotion et de recrutement réalisés à l'international.
Au niveau collégial, c'est important, je
vous le disais, pour Saint-Jean-sur-Richelieu, entre autres,
250 exemptions de droits de scolarité supplémentaires sont réservées maintenant
à des étudiants inscrits dans des établissements en région du Québec qui
proviennent de 44 pays francophones ciblés, et les ententes avec la France
et la communauté française — et ça, ce n'est pas d'hier, mais on a
travaillé sur cette base-là au niveau universitaire — octroient un
nombre illimité d'exemptions de droits de scolarité supplémentaires
habituellement demandés aux étudiants internationaux et donc accordent plutôt
le tarif canadien au premier cycle ainsi que les tarifs québécois aux deuxième
et troisième cycles.
Tout ça pour dire que, quand on vient vous
répondre en interpellation, on va chercher des réponses. Et, quand on vient
vous parler... Parce que, quand vous nous dites que... C'est quoi, c'est
l'absence de vision? C'est drôle, c'est la même formule que la semaine passée.
J'étais assis ici la semaine passée. On avait une absence de vision en
communication. Là, on a une absence de vision en éducation, en enseignement
supérieur. Et la semaine prochaine on n'aura pas d'absence de vision parce
qu'il y aura pas d'interpellation parce qu'on sera en session intensive. Mais
ça va me faire plaisir de revenir parce qu'à chaque fois ça me permet de mieux
comprendre le détail de ce que notre gouvernement fait, et j'en suis très fier.
Le Président (M. Tardif) :
Merci. Merci de vous être adressé à la présidence durant cette présentation-là.
Et...
Une voix
: ...
Le Président (M. Tardif) :
Une minute pour vous. Oui, une grosse minute, si on veut rentrer dans le temps.
Alors, allez-y, Mme la députée, s'il vous plaît.
• (11 h 40) •
Mme Rizqy : Il manquait
juste : Nous agissons... puis ça aurait été parfait, votre prestation, là,
bravo. Mais je n'ai pas...
Le Président (M. Tardif) :
...de vous être adressé à la présidence durant cette présentation-là. Et une
minute pour vous...
Une voix
: ...
Le Président (M. Tardif) :
Oui, une grosse minute, si on veut rentrer dans le temps. Alors, allez-y, Mme
la députée, s'il vous plaît.
Mme Rizqy : Il manquait juste
«nous agissons», puis ça aurait été parfait, votre prestation, là. Bravo. Mais
je n'ai pas entendu si... Oui ou non, est-ce que vous allez revenir sur le
programme des frais pour les étudiants internationaux? Est-ce que, ça, c'est un
engagement que vous nous annoncez? Ça, je ne l'ai pas entendu.
Il reste une minute. M. le ministre, deux
affaires. Vous savez, chez les étudiants, les livres, ça coûte cher. Donc, ressources
éducatives libres, je suis convaincue que l'Union étudiante du Québec vous en a
parlé, je suis convaincue que la FECQ vous en a parlé. BCcampus, donc en Colombie-Britannique,
ils ont déjà fait un virage; l'Ontario a fait un virage; le Manitoba a fait un
virage. Juste pour la Colombie-Britannique, à ce jour, c'est entre 8 et 9 millions
de dollars qui ont été épargnés pour les étudiants. Les livres coûtent cher. Est-ce
que vous pouvez prendre aujourd'hui un engagement de faire un virage vers les ressources
éducatives libres pour nos étudiants?
Le Président (M. Tardif) : Merci,
Mme la députée. M. le ministre, 10 minutes.
M. Roberge : Merci bien. Oui.
J'avais... Bien, je ne pensais pas qu'il y avait une minute, 10 minutes, comme
ça. Donc, il nous reste 10 minutes...
Le Président (M. Tardif) :
Oui, bien oui. On est rendu à 10 minutes, et...
M. Roberge : C'est bon.
Le Président (M. Tardif) :
...c'est pour permettre justement de finir avec votre interpellatrice, qui
viendra donner la conclusion sur son dernier 10 minutes. D'accord?
M. Roberge : Bien,
certainement qu'on est d'accord...
Le Président (M. Tardif) : On
y va...
M. Roberge : ...M. le
Président, on est d'accord pour parler de la vision qu'on a en enseignement
supérieur. Parce qu'il faut revenir sur le thème. C'est un peu drôle, là, de
faire une interpellation avec une espèce de titre qui est une attaque, là, le
manque de vision du gouvernement, alors que je lui ai bien expliqué... Puis je
pense qu'aujourd'hui je veux remercier ma collègue de nous avoir donné
l'occasion, enfin, de parler d'enseignement supérieur ici au salon bleu. On en
a parlé, je pense, à quelques reprises, mais de manière très, très rare, lors
de l'étude des crédits, mais sinon ça n'arrive pas, donc... cette vision qui
nous permet d'être bienveillants, performants et agiles, et ça s'est
matérialisé de belle façon dans notre réseau collégial, dans nos cégeps dans la
dernière année, parce que les cégeps étaient pas mal passés dans le rouleau
compresseur ces dernières années. Ça avait commencé sous le gouvernement du
Parti québécois, qui avait coupé les vivres aux cégeps, puis ça s'est continué
sous le régime du gouvernement libéral, et les cégeps étaient frappés par la tempête
parfaite du gouvernement libéral et d'une baisse démographique. Ils ne l'ont
pas eu facile, M. le Président. Donc, ils étaient présents quand c'était le
temps de couper, mais ils n'étaient pas là quand c'était le temps de réinvestir
sous le précédent gouvernement, même avant l'élection, ce qui est surprenant.
D'habitude, il trouve des fonds avant l'élection, ce gouvernement-là.
Donc, on a trouvé le moyen de rassembler
plutôt que de diviser, d'écouter les gens dans le réseau collégial et d'arriver
non pas avec une politique suivie d'une consultation, suivie d'un sommet, suivi
des états généraux puis de finir avec un programme électoral, mais d'arriver
avec quelque chose de concret qui fait qu'au moment où on se parle, ce matin,
là, cette session-ci, là, les cégeps sont plus financés et mieux financés.
Et c'est extrêmement important parce que
c'est la porte d'entrée de l'enseignement supérieur. C'est là où nos gens vont
faire le parcours préuniversitaire, vont faire nos formations techniques, vont
faire nos AEC, nos Attestations d'études collégiales, et très souvent, c'est le
lieu de retour aussi aux études pour les gens qui ont besoin de se requalifier
en cours de carrière. Et l'accessibilité de notre réseau collégial en région et
la grande disponibilité de l'ensemble des programmes sur le territoire, c'est
extrêmement important et ça, c'était menacé par, je dirais, une formule de
financement qui discriminait les cégeps en fonction de leur taille puis de leur
emplacement géographique.
L'ancienne formule de financement donc les
anciens gouvernements des vieux partis qui se sont succédé le déploraient, mais
ne s'en occupaient pas, ce qui fait que, dans un cégep de plus petite taille en
région, souvent ce n'était pas possible de lancer des cohortes, d'ouvrir des
programmes. Donc, concrètement, là, humainement, là, tu es un étudiant, tu es
une étudiante, tu veux t'inscrire dans un programme puis il faut supposons 12
ou 15 étudiants et on est huit, bien, la cohorte n'ouvre pas. Et là,
l'étudiante ou l'étudiant a deux choix : soit il s'expatrie, il quitte sa
région, souvent pour ne pas revenir, soit il renonce à son rêve d'amorcer des
études en enseignement supérieur. Et dans les deux cas, c'est le Québec qui
perd.
On a remédié à ça avec des cohortes de
plus petite taille, avec une façon qui nous permet de consolider notre réseau
collégial et de...
M. Roberge : ...souvent pour ne
pas revenir, soit il renonce à son rêve d'amorcer des études en enseignement
supérieur, et, dans les deux cas, c'est le Québec qui perd.
On a remédié à ça avec des cohortes de
plus petite taille, avec une façon qui nous permet de consolider notre réseau
collégial et de lui permettre de se préparer. Parce que là on stagne, d'un point
de vue démographique, pendant deux, trois ans, mais, bientôt, bientôt, il va y
avoir des hausses. Donc, enfin, dans le réseau collégial, on va avoir plus
d'étudiants qui s'en viennent.
Et, concrètement, là, parce que tout ça,
là, c'est des principes... Mais, dans la vraie vie, il arrivé quoi? Bien, je
vais vous donner des exemples, parce que tous les cégeps ont gagné. Il n'y a
personne qui, dans l'opération, a perdu, et ça, ça veut dire embaucher du
monde. Parce que, dans les dernières années, là, ce qu'on voyait, là, c'étaient
des coupures de poste pour des API. Ça, c'est des aides pédagogiques
individuelles, du monde qui change des vies, du monde qui aide des étudiants et
des étudiantes qui ont des besoins.
Donc, il y avait des API qui perdaient
leur poste ou qui n'étaient pas embauchés. Il y avait des bibliothèques qu'on
fermait. Imaginez, on est dans une maison d'éducation, on est en enseignement
supérieur puis on est... on coupait dans les heures d'ouverture des
bibliothèques. En même temps, on avait un premier ministre, là, qui
disait : L'éducation, c'est important. Là, n'importe quoi. Puis évidemment
on n'avait pas suffisamment de ressources pour embaucher des jeunes qui étaient
en détresse psychologique. Demandez-vous pas, le constat qu'on a aujourd'hui,
là, c'est le résultat des années passées, là. C'est bien clair.
Donc, concrètement, là, ce qui est
arrivé... Tiens, en Abitibi-Témiscamingue, cette année, le budget a augmenté,
en une seule année, de 9,7 %. Le nombre d'étudiants n'a pas augmenté de
9,7 %, là, on est dans une période de stagnation. Mais, en une seule
année, 3,2 millions de dollars de plus en une année pour le cégep
d'Abitibi-Témiscamingue, une hausse de 9,7 %. Ça, c'est une bouffée d'air
frais pour le cégep, pour les étudiants mais carrément pour la région, qui
dit : Ça, c'est un gouvernement qui croit en nous autres, ça, c'est un gouvernement
qui croit en nos cégeps comme des pôles de développement économique mais aussi
sociaux et culturels.
Cégep Ahuntsic, lui, à Montréal, est-ce
qu'on peut dire : Oui, mais un cégep de grande taille... presque
69 000 étudiants. 68 000 étudiants, donc c'est un gros cégep. Lui, il
est en ville. Est-ce que, lui, il a été coupé? Est-ce que lui... La CAQ, est-ce
que c'est un gouvernement qui est contre ça, les gros cégeps à Montréal? Bien
non. Une hausse de 6 %, cette année, pas mal plus que l'inflation, hein?
Pas mal plus que les tarifs d'hydroélectricité... Ça, on va les geler puis on
va les indexer. Mais même l'indexation... l'opposition officielle, elle trouve
que l'indexation, c'est beaucoup, c'est terrible, l'indexation, c'est bien
gros. Mais imaginez, j'imagine qu'ils vont faire des communiqués de presse puis
des manifestations fanfare et trompettes, parce qu'on a augmenté de presque
6 % le budget du cégep d'Ahuntsic. C'est incroyable. Ah oui, je me suis
trompé, j'ai dit 68 000 étudiants, ça ne se peut pas, ça n'a pas de bons
sens, non, c'est 68 millions. Excusez-moi. Ahuntsic, mais il n'y a pas
68 000 étudiants, bien sûr que non. Mais la hausse... où je ne me suis pas
trompé dans les chiffres, par contre, c'est la hausse, évidemment, de presque
6 % du budget. Alma, on s'en va en région, 20 %. Une année, et il y a
une hausse de budget pour le cégep d'Alma de 20 %.
C'est incroyable, comme message qu'on
envoie, ça veut dire qu'on croit à la région, ça veut dire qu'on croit aux
cégeps puis ça veut dire que les étudiants peuvent amorcer des parcours de
réussite, des parcours de formation, sachant que le cégep va être là pour les
aider. Ça veut dire qu'au cégep d'Alma, là, des bibliothèques dont on coupe les
heures d'ouverture, là, ça n'arrivera pas quand le budget augmente de
20 %. Des aides pédagogiques individuelles, ils vont être capables d'en
embaucher. Donc, la solution au problème légué par le précédent gouvernement,
la détresse psychologique, là, que les jeunes ressentent, cette année, ça,
c'est un épuisement des années de coupures et de désintéressement. On est en
mode solution.
• (11 h 50) •
Je vais vous en lancer quelques-unes,
parce que c'est trop beau. Baie-Comeau, 14,8 % de hausse cette année,
Beauce-Appalaches, 13,9 % de hausse cette année, cégep de Champlain, cégep
anglophone qui rayonne, 10,4 %, plus de 4,5 millions de dollars de
hausse de financement en une seule année. Cégep de La Pocatière, 11 % de
hausse en une seule année. Donc, M. le Président... Et je pourrais continuer,
là, ça ne finit pas, il n'y a pas de cégep qui ont des coupures, là, pas de
cégep, tout le monde a des hausses. Notre réseau universitaire a été consolidé
par une enveloppe récurrente pour nos universités en région. Il a été
consolidé, notre réseau universitaire, par l'ambition d'un gouvernement qui
dit : Oubliez ça, le yoyo en fonction des séances électorales, il va y
avoir une hausse graduelle, puis on va travailler avec vous autres sur une
université du XXIe siècle. Puis on va...
M. Roberge : ...par une
enveloppe récurrente pour nos universités en région. Il a été consolidé, notre
réseau universitaire, par l'ambition d'un gouvernement qui dit : Oubliez
ça, le yoyo en fonction des séances électorales, il va avoir une hausse
graduelle, puis on va travailler avec vous autres sur une université du
XXIe siècle. Puis on va vous donner des mandats stratégiques pour des
domaines prioritaires comme des nouvelles formations pour former nos
enseignants, des nouvelles passerelles pour attirer des nouveaux talents en enseignement.
On va vous donner des budgets stratégiques pour faire de meilleures
collaborations universités, collèges, entreprises, comme je parlais tout à
l'heure, dans le Centre-du-Québec, avec le CNIMI.
Donc, oui, il y a de la vision, il y a...
on règle les problèmes qui nous ont été hérités, mais au-delà de faire la
gestion de crise, de simplement gérer les crises héritées des précédents gouvernements,
on regarde en avant, on déploie notre réseau collégial universitaire, on leur
confie des mandats, on leur donne un budget qui est garanti en hausse pour les
prochaines années, c'est fini l'insécurité financière. Ils ne sont pas en train
de se demander où est-ce qu'ils vont couper l'an prochain, ils sont en train de
se demander comment ils vont pouvoir contribuer à la prospérité du Québec puis
à déployer tous nos talents.
Le Président (M. Tardif) :
Merci, M. le ministre. On va enchaîner. Je vais passer la parole à
l'interpellatrice 10 minutes. Mme la députée de Saint-Laurent, on vous écoute.
Mme Rizqy : Honnêtement, je ne
peux pas le croire, sur la note qu'il vient de terminer, le ministre de
l'Enseignement supérieur. Fini la peur de devoir fermer. Je ne sais pas il
était où en début de novembre, est-ce qu'il était au Québec? Parce que,
clairement non. Ça a été le pire moment pour plusieurs universités et plusieurs
cégeps. Moi, ça me fait quand même sourire lorsque j'entends quelqu'un qui me
parle du programme TACH puis que cette personne-là... oui, oui, si elle lâchait
son téléphone, elle comprendrait qu'on parle d'elle, on parle du programme
TACH. Bien, le programme TACH, là, c'est 16 % d'étudiants internationaux
puis tu n'es pas dans liste du Programme de l'expérience québécoise.
Baie-Comeau, là, il y a plusieurs étudiants internationaux. Elle a aussi parlé
du cégep de Matane, 45 % d'étudiants internationaux. Plusieurs programmes
de ce cégep n'étaient pas dans le Programme de l'expérience québécoise.
Alors, pour la vision, bien, sincèrement,
je comprends pourquoi Denis Lessard doit faire un article, puis dire : «Le
discret mea culpa du ministre de l'Éducation puis de l'Enseignement supérieur.»
La question : «Qui a concocté la fameuse liste des formations qui a plongé
dans l'embarras le gouvernement — ici, il y a le nom du premier
ministre et le leader du gouvernement, et — la nomenclature des
formations acceptées pour les ressortissants étrangers inscrits au Programme de
l'expérience québécoise faisait sourire. On a surtout vu l'effet de la
précipitation du ministre. On y retrouvait des programmes disparus depuis
longtemps tel le baccalauréat en sciences domestiques ou, abolis plus récemment,
comme le diplôme d'études professionnelles en «modelage». Or, peut-être qu'un
autre ministère devrait être blâmé. L'inscription du programme en sciences
domestiques vient nécessairement du ministère de l'Éducation, observe Yvon
Boudreau, longtemps sous-ministre à l'Emploi, aujourd'hui à la retraite. »
Alors, en matière de vision, là, je ne
sais pas, mais ici, lorsqu'on a des cégeps qui vous interpellent, puis qui vous
disent : Vous mettez énormément de pression sur nos étudiants, mais, pire
que ça, vous mettez une menace hyper importante de fermeture de programmes...
Puis ça, c'est vous, de votre propre chef.
Bernard Tremblay, de la Fédération des
cégeps, ainsi que Johanne Jean, de l'Université du Québec : «À première
vue, on ne voit pas du tout la nécessité d'avoir une liste pour les détenteurs
de DEC.» Affirme le P.D.G. de la Fédération des cégeps. Il dit n'avoir jamais
été avisé qu'un participant du PEQ s'est avéré incapable de trouver un emploi
après avoir terminé un programme d'études techniques dans un collège québécois.
«Les étudiants internationaux s'intègrent au marché du travail. On ne voit pas
la pertinence d'avoir une liste.» Bernard Tremblay et Johanne Jean n'ont
toujours pas été invités aux consultations promises il n'y a pas plus d'une semaine
par le ministre de l'Immigration. Je ne sais même pas mais, moi, M. le
Président, là, si le ministre de l'Éducation, lui, a travaillé ou travaille
actuellement sur cette liste. Donc, oui, en matière de vision, là, là-dessus,
là, ça a été un échec monumental.
Au mois de février, il est arrivé quelque
chose de très grave à l'Université Concordia. Plusieurs étudiants ont dénoncé
un climat de harcèlement sexuel sur le campus. Plusieurs étudiantes et
étudiants. J'en ai parlé, on a interpellé. Moi, j'aimerais savoir, là, presque
un an plus tard, est-ce que le ministre a cru bon de personnellement se rendre
à l'Université Concordia, de faire une rencontre avec les dirigeants puis de
voir avec eux s'ils comprennent que, lorsque ma collègue la députée de...
Mme Rizqy : ...j'en ai parlé,
on a interpellé. Moi, j'aimerais savoir, là, presque un an plus tard, est-ce
que le ministre a cru bon de personnellement se rendre à l'Université
Concordia, de faire une rencontre avec les dirigeants, puis de voir avec eux
s'ils comprennent que lorsque ma collègue la députée de Marguerite-Bourgeoys a
instauré la loi 51, ce n'était pas juste une directive, c'est une loi? Puis que
là-dessus, lorsqu'on a des étudiants qui se disent inquiets de retourner en
classe avec la personne sur qui ils ont porté plainte, je ne suis pas certaine
que M. le ministre, là, est allé à cette université puis dire : Moi, là,
je veux qu'on parle de ce dossier particulier, puis je veux savoir qu'est-ce
qui est arrivé, puis peut-être resserrer les règles puis avoir des nouvelles
directives parce que, clairement, c'est insuffisant dans ce cas-ci.
Lorsqu'on vous parle des logements
abordables pour les étudiants, honnêtement, je n'ai eu aucune réponse. Et
pourtant, c'est grave. Il y a vraiment une crise, là. Des étudiants ne trouvent
pas de logement à Montréal, sinon ils paient beaucoup trop cher. Puis ceux qui
sont en région puis qui sont en résidence, les... Il y a des résidences qui
doivent avoir un meilleur maintien. Je vous demande simplement d'ajouter des
subventions, puis de subventionner le pied carré dans les établissements
d'enseignement supérieur. Ça, vous avez le pouvoir de le faire.
En matière d'aide financière aux études,
vous pouvez le faire par règlement. Vous n'êtes pas obligé d'aller avec la loi.
Vous êtes en mesure, dès aujourd'hui, de tenir votre engagement pris le
2 mai 2019 lorsque nous étions en étude de crédits. Je vous ai interpellé,
je vous ai raconté l'histoire de cette jeune femme qui est aussi l'histoire de
plus de 350 étudiants en moyenne par année qui se font refuser de l'aide
financière aux études pour une demande de dérogation pour motifs humanitaires.
Son dossier TDAH, dyslexie, mère monoparentale, deux enfants. Si ça, ce n'est
pas humanitaire, comme cause, c'est quoi qui est humanitaire au Québec?
Puis là, vous m'avez dit d'aller
travailler sérieusement. On est le 22 novembre. Alors, M. le ministre...
M. le Président, M. le Président, vous comprendrez qu'il y a urgence d'agir
parce que peut-être que pour vous, ça peut passer être que quelques dossiers,
mais chaque dossier est un dossier de trop lorsqu'on empêche quelqu'un de
terminer ses études. Les études, là, cégep, universitaires, là, ça permet plein
de gens de briser le cercle de la pauvreté, vous le savez. L'aide financière
aux études doit être revue et corrigée. Ce n'est pas normal que c'est un
étudiant sur 10 qui est capable d'avoir la ligne au téléphone. Ce n'est pas
normal que lorsqu'on écrit durant notre session universitaire... On commence au
mois de janvier, on doit écrire, trois semaines plus tard on reçoit une
réponse, il faut réécrire pour justifier davantage, on envoie des rapports
médicaux. Puis là, on est rendu dans les intras, on est stressé pour préparer
nos examens intras, et là on reçoit une autre réponse d'un fonctionnaire qui
nous dit : Bien, c'est refusé. Mais pas de motif, c'est juste refusé. Puis
on se dit : Mais vous pouvez faire un appel, on est rendu à l'examen
final, la session est terminée, puis on nous court après pour payer nos frais
de scolarité, puis on a 25 $ dans notre compte.
La personne vous a écrit à vous,
personnellement, plusieurs reprises. C'est vous, le ministre, vous avec un
pouvoir d'agir par règlement et... avoir un impact immédiat sur la vie de
centaines d'étudiants. Et tantôt vous avez commencé en disant que nous, là,
notre premier critère, c'est quoi déjà? Bienveillance. Sur ce dossier particulier,
vous pouvez vous montrer très bienveillant.
En matière de vision, tantôt on a vu que
le PEQ, ça ne coopère pas vraiment avec les différents ministères, mais le
Conseil du trésor, moi, je n'en reviens pas que le projet de loi n° 37,
qu'on dit à nos universités, là, on va centraliser les pouvoirs d'achat.
Comment voulez-vous que l'ETS, l'Université de Sherbrooke, l'Université Laval,
Rimouski, l'UQAC, on centralise les pouvoirs d'achat en matière informatique
alors qu'il se fait de la recherche et chaque université a ses propres
programmes, ces propres spécificités? Toutes les universités vous ont écrit, le
Bureau de coopération interuniversitaire a écrit au ministre. Je n'en reviens
pas qu'ils n'ont pas encore réalisé qu'on ne peut pas demander à nos universités
de regrouper leurs achats en matière informatique alors qu'ils doivent faire de
la recherche hyper spécifique et de, oui, des fois, il y a des partenariats.
Pire que cela, on leur dit qu'on va diminuer la paperasse. Comment qu'on
diminue la paperasse lorsque le seuil de reddition passe de 25 000 $
à 10 000 $? C'est plus de paperasse. Pierre Cossette du BCI est venu
au projet de loi n° 37, est-ce que vous avez entendu son message?
• (12 heures) •
Et hier... je m'en voudrais, hein? Je m'en
voudrais de ne pas parler d'hier, où on était en commission avec Desjardins.
Comment est-ce possible, aujourd'hui, que nous, on reçoit des professeurs et
chercheurs qui reçoivent des subventions, des fonds de recherche publics,
travaillent dans les universités publiques, et, au même moment, reçoivent
1 250 000 de fonds de recherche privés, et viennent ici pour éclairer
les parlementaires sans...
12 h (version non révisée)
Mme Rizqy : ...des subventions
des fonds de recherche publics, travaillent dans les universités publiques et, au
même moment, reçoivent 1 250 000 $ de fonds de recherche privés.
Ils viennent ici pour éclairer les parlementaires sans divulguer leurs conflits
d'intérêts, sauf lorsque ça fait la une du Journal de Québec et que le
ministre de l'Enseignement supérieur ne se dit pas : Hum, il y a peut-être
ici quelque chose à regarder. Il y a à peu près trois ans, le même problème est
survenu en Ontario, où on a vu des chaires de recherche créées par le privé,
notamment Facebook, Microsoft. Est-ce que c'est là qu'on s'en va, au Québec?
Est-ce que notre recherche va désormais être financée par le privé? Est-ce que
j'ai manqué le mémo? Parce que, dans l'université, on disait toujours que nous,
oui, on est des chercheurs, mais on ne veut pas être à la remorque de
l'industrie.
Hier, le malaise était palpable pour tous
les parlementaires, autant pour le gouvernement de la CAQ que pour les partis
d'opposition. Ici, là, il y a vraiment urgence de regarder la situation puis de
se poser de véritables questions en matière d'éthique de recherche. Est-ce que
vous allez regarder davantage cela et voir comment qu'on peut mieux encadrer la
recherche pour s'assurer qu'il n'y a pas des conflits d'intérêts, clairement,
et évidents, lorsqu'on a des gens qui sont supposés faire de la recherche dans le
secteur public, dans nos universités. Merci beaucoup, M. le Président. Je
remercie le ministre ainsi que toute son équipe, et évidemment les différents
députés, et le député de Gouin.
Le Président (M. Tardif) :
Merci, Mme la députée de Saint-Laurent. Alors, merci de votre travail, aux membres
parlementaires. Je lève la séance, et la commission ayant accompli son mandat
ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 2)