Journal des débats de la Commission de la culture et de l’éducation
Version préliminaire
42e législature, 2e session
(19 octobre 2021 au 28 août 2022)
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Le
mardi 10 mai 2022
-
Vol. 46 N° 44
Étude détaillée du projet de loi n° 9, Loi sur le protecteur national de l’élève
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9 h 30 (version non révisée)
(Neuf heures quarante-huit minutes)
La Présidente (Mme Guillemette) :
Bon matin, tout le monde. À l'ordre, s'il vous plaît. Donc, je vais prendre
ma bonne feuille. Votre attention! Ayant constaté le quorum, je déclare la
séance à la Commission de la culture et de l'éducation ouverte.
La commission est réunie afin de
poursuivre l'étude du projet de loi n° 9, Loi sur le protecteur national
de l'élève.
M. le secrétaire, est-ce que nous avons
des remplacements?
Le Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. M. Allaire (Maskinongé) est remplacé par Mme Picard
(Soulanges); M. Chassin (Saint-Jérôme) par M. Provençal (Beauce-Nord);
M. Émond (Richelieu) par Mme Proulx (Côte-du-Sud); Mme Foster
(Charlevoix—Côte-de-Beaupré) par M. Tremblay (Dubuc); M. Lemieux
(Saint-Jean) par Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac); Mme St-Pierre
(Acadie) par Mme Charbonneau (Mille-Îles); et Mme Dorion (Taschereau) par Mme Labrie
(Sherbrooke).
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Donc, lors de l'ajournement de nos travaux sur ce projet de loi,
nous en étions à l'étude d'un amendement de la députée de Mille-Îles à l'article 16.
Donc, est-ce qu'il y a des interventions sur l'amendement de Mme la députée de
Mille-Îles? Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Bonjour, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Bonjour. Contente de vous retrouver.
Mme Rizqy : Vous semblez
très... Ah! moi, je suis très heureuse. On est contents d'être de retour ici
pour le protecteur national de l'élève. Lorsqu'on s'est quittés, il était
question...
Mme Rizqy : ...De formations,
puis on voulait savoir quel type de formations seraient offertes. Et on s'est
dit qu'il fallait quand même préciser, dans la loi, celles qui nous
apparaissaient évidentes, là, que c'était le seuil minimum, là, donc,
notamment, violences à caractère sexuel, réalités des Premières Nations et des
Inuits - d'ailleurs, nous-mêmes, les élus et ainsi que nos employés suivrons,
la semaine prochaine, le 18 mai, une formation obligatoire pour tout le
monde en même temps - et de racisme et de discrimination. Alors, je suis prête
à entendre le ministre et j'espère qu'il va accueillir favorablement cet
amendement-là, comme ça on peut passer au suivant.
La Présidente
(Mme Guillemette) : M. le Ministre.
M. Roberge : Bonjour,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Bon matin.
• (9 h 50) •
M. Roberge : Moi aussi,
je veux saluer les collègues des deux côtés puis les gens qui nous accompagnent
pour nous aider. Donc, oui, on est contents de travailler sur le protecteur de
l'élève. On avait déjà fait une partie du débat là-dessus. Il faut voir que
l'article 16 qu'on veut modifier dit que le protecteur national de
l'élève fait plusieurs choses, j'arrive au troisième paragraphe, on dit :
«Il veille à ce que les protecteurs régionaux de l'élève reçoivent la formation
pertinente à l'exercice de leurs fonctions.» Donc, c'est général, sachant que
ça peut être très large, sachant qu'au fil des années on pourrait avoir des
problématiques qui surviennent, qu'on n'anticipe pas, qui deviennent plus
importantes, moins importantes à l'échelle nationale, parce qu'il arrive qu'on
s'éveille à une problématique, ou régionalement. Je pense que tout est là, en
réalité, là, tu dois donner la formation pertinente à l'exercice de leurs
fonctions. Je ne pense pas qu'on a à faire une liste de ce qui devrait être là.
La proposition n'est pas mauvaise, là, on parle des violences à caractère
sexuel, la réalité des Premières Nations, des Inuits, le racisme, la
discrimination, on pourrait mettre les enjeux de transport, on pourrait mettre
les élèves qui ont un trouble du spectre de l'autisme, on pourrait parler de la
réalité des nouvelles familles avec les gardes partagées, parce que ça aussi,
ça a des impacts, notamment, sur le consentement, pas consentement, les
services professionnels, on pourrait avoir une formation sur le cadre juridique
parce qu'évidemment... Tu sais, je pense qu'avec... quand on dit «formations
pertinentes», on couvre assez large. Et je pense qu'il y aura des formations,
sans doute, sur les mots qui sont listés dans l'amendement, on n'a pas besoin
de complexifier la chose puis de mettre des choses dans une liste sachant qu'on
va en oublier de toute manière.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci, M. le ministre. Et ça va, Mme la
députée de Saint-Laurent?
Mme Rizqy : Bien, je ne
sais pas si vous voulez intervenir, mais sinon, j'allais intervenir, mais il
n'y a pas de problème.
La Présidente
(Mme Guillemette) : J'ai la députée de Sherbrooke qui voulait
intervenir sur le sujet également.
Mme Labrie : Oui, bien,
merci. Vous savez, nos travaux ont été interrompus quelques semaines, donc je
pense que j'avais perdu le fil. Quand j'ai vu ça à l'écran, j'ai naïvement
pensé que c'était un amendement du gouvernement puis je me suis dit : Oh,
mon Dieu, quel temps on va sauver avec cet amendement-là qu'il nous amène ce
matin, j'ai vraiment accueilli ça comme une bonne nouvelle. J'étale ma naïveté
au grand jour, là, je me trouve ridicule moi-même d'avoir pensé ça avec la
réponse qu'on vient d'entendre, mais c'est ce que j'ai pensé, j'ai lu ça, puis
je me suis dit : Enfin, ils ont compris quelque chose. Et là, finalement,
cruel retour à la réalité, c'était un amendement de ma collègue députée de
Mille-Îles, que j'appuie évidemment. Mais je trouve ça dommage parce que, si ça
avait été, effectivement, un amendement du gouvernement, ou, en tout cas, s'il
s'engageait à l'appuyer, on se sauverait un temps considérable.
La comparaison que le ministre vient de
faire n'a juste aucun sens, là. Ici, ce qui est énuméré, ce sont des...
M. Roberge : ...
Mme Labrie : Écoutez,
là, c'est parce que je l'entends rire, ce sont des sujets qui peuvent causer
des nouveaux traumas aux victimes. Il y a plein d'enjeux, là, sur lesquels vont
travailler les protecteurs de l'élève, mais ce n'est pas vrai qu'une famille
qui fait affaire avec un protecteur de l'élève qui n'a pas reçu spécifiquement
une formation sur le transport scolaire s'expose à un nouveau trauma alors que
les violences sexuelles, les enjeux des Premières Nations, le racisme,
discrimination, c'est le cas, c'est documenté, on le sait très bien. Puis on
sait même que la revictimisation est parfois pire que les premiers événements,
c'est ce qui est nommé par les victimes, c'est documenté.
Donc, moi, de me faire mettre dans le même
panier que tout autre type de formation sur les autres sujets que vont devoir
aborder les protecteurs de l'élève, ce n'est pas quelque chose que je peux
accepter. On a documenté ici, comme société, puis on est même un chef de file
pour documenter ce type d'enjeux là à travers le monde, on l'a documenté, que
la revictimisation, ça entraînait des traumas importants qui peuvent parfois
être pires pour le rétablissement des victimes que le trauma initial de la violence
sexuelle ou du racisme subi par, par exemple, des membres des Premières
Nations.
Donc, je ne peux pas accepter qu'on mette
sur un même pied d'égalité puis de dire : Ah, si on commence cette
liste-là, il faudrait tout mettre. La liste ici, qui est proposée par ma
collègue, elle inclut un «notamment», elle met l'accent sur les sujets
principaux dont on sait qu'ils peuvent causer des traumas si la personne qui
s'en occupe n'est pas formée adéquatement. Puis, je vous dirais, en plus que,
là, le ministre a apporté... a déposé plusieurs amendements pour donner des
pouvoirs spécifiques aux protecteurs de l'élève en matière de violence...
Mme Labrie : ...c'est d'autant
plus important de venir s'assurer qu'ils vont l'avoir eu, cette formation, autrement,
j'y vois un danger, moi, de revictimiser des personnes qui ont subi des choses
qu'elles n'auraient jamais dû subir à l'école. Donc, j'aimerais vraiment qu'on
traite cette proposition-là avec sérieux du côté du gouvernement, qu'on
considère tout le temps qu'on va pouvoir gagner, tous les écueils qu'on va
pouvoir éviter aux victimes en inscrivant dans la loi que ça prend ce type de
formations.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. M. le ministre.
M. Roberge : Bien, écoutez,
je ne pense pas qu'il va avoir des formations sur ces enjeux-là parce que c'est
dans la loi. Parce que c'est une évidence que les formations doivent avoir
lieu, d'accord? On ne pourrait pas former des équipes puis former des
protecteurs de l'élève sans former les gens sur les violences à caractère
sexuel, d'autant plus qu'on a déposé une liasse d'amendements, je pense qu'il y
a 30 amendements qui s'intéressent à cette question-là. Donc, ça ne marcherait
pas. Mais je vais y consentir, puis on va le passer, on va l'accepter. Parce
que, je veux dire, sincèrement, je ne pense pas que ça vient protéger parce
qu'il l'aurait de toute manière, mais, écoutez, comme je n'y vois non plus pas
d'inconvénient ou de danger, je veux dire, bien, écoutez, allons-y.
Mme Rizqy : Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Oui.
Mme Rizqy : Un, je vais dire
merci, merci à ma collègue de Sherbrooke, avec un vrai plaidoyer qui venait du
cœur, puis je vais vous dire, M. le ministre, merci, sincèrement. Puis vous
savez pourquoi que les mots? Quand qu'on s'est levés, en chambre, nous tous,
pour faire la formation pour les Premières Nations, on s'est engagés, puis
aujourd'hui on la suit, cette formation, mais avant on ne la suivait pas. Puis
c'est là qu'on voit que le pouvoir des mots puis de l'engagement fait une
différence. Alors, très contente. Ça commence bien nos travaux, je trouve, ce
matin. Hé!
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Oui, M. le ministre.
M. Roberge : Je ne reviens
pas sur ma parole, je veux... simplement sur la formulation ou les choses comme
ça, bien, on me signale à ma droite qu'on pourrait peut-être suspendre un
instant pour trouver la meilleure façon de l'écrire, avec l'aide des légistes,
là.
Mme Rizqy : Toujours. Merci.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Parfait. Merci. Donc, nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 9 h 57)
10 h (version non révisée)
(Reprise à 10 h 10)
La Présidente (Mme Guillemette) :
Donc, nous reprenons les travaux. J'aurais besoin du consentement pour
retirer l'amendement de Mme la députée de Mille-Îles.
Des voix : Consentement.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Consentement. M. le ministre, pouvez-vous nous présenter l'amendement, s'il
vous plaît?
M. Roberge : Oui. Donc,
voilà. Après discussion avec les collègues et le support des équipes ici, on
propose un amendement à l'article 16 : Insérer, à la fin du troisième
alinéa de l'article 16, ce qui suit : «notamment sur le racisme et la
discrimination, sur la réalité des autochtones et sur les violences à caractère
sexuel, ainsi que sur toute matière que le ministre détermine».
Donc, on a quand même une liste qui, je
pense, rallie tout le monde autour de la table, et on ouvre en fonction de
d'autres sujets qui pourraient, au fil des années, à mesure que le protecteur
de l'élève fait son travail... être plus sensibles, parce qu'il arrive une
nouvelle problématique dans la société québécoise, où on recense qu'il y a
beaucoup, supposons, de cas qui portent sur une matière précise, bien, on
s'assurait que la formation les inclue et les couvre.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, M. le ministre. Des commentaires? Oui, Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Je tiens à
dire au micro à quel point j'apprécie que le ministre ait cheminé sur ce
sujet-là puis qu'il décide d'inclure cet amendement-là. J'ai en tête les
témoignages des jeunes qui ont vécu du racisme, qui ont vécu des violences
sexuelles dans nos écoles, qui sont venus témoigner en commission parlementaire
pour nous dire à quel point ils avaient besoin d'un amendement dans le projet
de loi qui allait prévoir spécifiquement des formations là-dessus pour éviter
d'être... de subir un nouveau trauma lorsqu'ils utilisent les mécanismes de
plaintes et qu'ils font affaire avec une personne qui n'est pas sensibilisée à
ces enjeux. Donc, je sais que ça répond à une de leurs demandes. Je suis
vraiment contente de voir que le ministre se soit rangé à nos arguments et puis
que ces jeunes-là ont été entendus. Merci.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la députée. D'autres interventions sur l'amendement? Donc, je
vais mettre aux voix l'amendement. Est-ce que cet amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Mme Labrie : Dans
l'enthousiasme général.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Donc, comme l'amendement a été adopté, est-ce qu'il y a d'autres interventions
sur l'article 16 amendé? Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Je m'en vais au dernier article... pardon, dernier
paragraphe de l'article. Première partie, c'est correct. «Enfin, le protecteur
national de l'élève apporte son soutien au protecteur régional qui le
requiert.» Ça, c'est sa première partie. C'est la dernière phrase que j'ai des
interrogations. «Il examine aussi les plaintes lorsque les protecteurs
régionaux jugent opportun de formuler des recommandations.»
Voici mes recommandations, je vais dire,
en liasse. Moi, c'est parce que je suis pas mal certaine qu'il risque d'y
plusieurs recommandations qui vont être... qui vont émerger des protecteurs
régionaux. Puis on se rappelle, là, les recommandations ne sont même pas
exécutoires. C'est juste des recommandations, avec le poids que ça apporte,
évidemment, moral.
Mais première interrogation, donc un
protecteur régional doit, à partir de cette phrase-là, à ma compréhension, se
tourner vers le protecteur national pour formuler une recommandation. Un, j'ai
l'impression que ça va ralentir le processus. Deux, je me pose la question sur
l'indépendance du protecteur régional parce qu'il est un petit peu, à ce
moment-là, sous le protecteur national. Qu'est-ce qu'il arrive si le protecteur
national n'est pas en accord avec cette recommandation? Est-ce qu'il a quand
même le droit de l'écrire, cette recommandation, si, dans sa communauté, au
niveau de sa région, ça s'applique, mais peut-être que ça ne s'applique pas à
la grandeur du Québec? Moi, j'ai... Là-dessus, j'ai... La formulation me tique.
Je pense qu'ici on a un enjeu d'indépendance pour le protecteur régional s'il
doit, à chaque fois, se tourner vers le protecteur national avant de pouvoir
formuler une recommandation. À moins que le ministre veut me rassurer ou qu'il
y ait quelque chose que j'ai mal compris dans la lecture de cette phrase.
La Présidente (Mme Guillemette) :
M. le ministre.
M. Roberge : Oui. En
fait, l'article 16 doit être écrit comme ça à cause de l'article 38,
qui va dans ce sens-là. On en a parlé déjà, mais on a quand même suspendu les
travaux un certain temps à cause de l'étude des crédits, ça fait que...
M. Roberge : ...c'est prévu
que... je vais le lire à l'article 38, ça va être encore plus clair,
là : «Dans le cas où le protecteur régional de l'élève juge opportun de
former des recommandations, il transmet ses conclusions et ses recommandations
ainsi que les renseignements qu'il détient, relatifs à la plainte au protecteur
national de l'élève.» Donc, c'est prévu comme ça. «Le protecteur national de
l'élève dispose alors d'un délai de cinq jours ouvrables pour informer le
protecteur régional de l'élève de son intention d'examiner la plainte.»
Après, ça, on dit, bien, s'il décide de
l'examiner, il a 10 jours pour voir s'il veut substituer une
recommandation plutôt qu'une autre. Tout ça est dans le principe d'avoir une
institution nationale qui se tient, une cohérence entre deux plaintes très
semblables, en deux territoires distincts, puis de ne pas avoir des
recommandations semblables. Je comprends qu'il y a des réalités régionales,
c'est normal. Il y a des réalités régionales, ça peut être différent, mais il y
a aussi une question de transport. Que ça se passe, là, à Montréal ou à Québec
ou à Saint-Jérôme, il y a une question que deux parents n'habitant pas à la
même adresse, est-ce que les deux peuvent avoir le transport, ne peuvent pas
avoir le transport? Il y a beaucoup, beaucoup d'exemples où, en réalité, il n'y
aurait pas de raison d'avoir une dissonance entre des recommandations
différentes.
Le but, c'est d'avoir une cohérence, des
fois, j'ai utilisé le terme «jurisprudence», ce n'est pas exact, mais on peut
penser à une jurisprudence comme une allégorie, c'est-à-dire que deux juges,
devant des situations semblables — évidemment, ce n'est pas le même cas, mais
très, très, très semblables — bien, doivent se fier à des jugements précédents
pour avoir une cohérence. Donc, c'est un peu le même principe qui prévaut puis c'est
pour ça que le protecteur national dispose de cinq jours pour s'en saisir. Donc
il la survole, s'il n'y a pas d'enjeu, bien, voilà, ça continue. Et s'il y a
des enjeux, bien, il peut s'en saisir. C'était prévu dès le départ, ça avait
été souligné aussi lors des consultations particulières.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Je me rappelle
qu'on avait lu l'article 30. On ne l'a pas utilisé, par contre, mais
lorsqu'on en avait discuté, c'était clair que les délais mentionnés, c'était
pour informer à chaque fois. C'était donc cinq jours pour vous informer qu'on
se saisit de la demande, par exemple, ici, dans le cas qui nous occupe, d'une
demande de vouloir formuler une recommandation, le protecteur national a cinq
jours pour informer le protecteur régional de son intention d'examiner la
plainte. Par la suite, oui, il y a un délai de 10 jours pour terminer
l'examen et... si le juge a porté sa recommandation, puis dans tous les cas, il
y a toujours si le traitement de la plainte n'est pas terminé dans un délai de
25 jours ouvrables suivant la réception, le protecteur régional, à ce
moment-là, lui, informe le plaignant que le délai n'est pas de 25 jours,
que ça va se continuer.
Mais si, moim je reviens à
l'article 16, on écrit, en ce moment, un nouveau cadre légal. C'est ça
qu'on fait présentement. Puis, moi, il m'appert, à ce stade-ci, assez évident
qu'il risque d'y avoir ce qu'on... puis on va prendre le comparable de
jurisprudence. Et je vais prendre aussi le comparable que ça soit un arbitre de
griefs en première instance versus un arbitre de grief de deuxième instance, ou
la Cour supérieure versus la Cour d'appel, la Cour d'appel étant le protecteur
national. Puis l'arbitre, évidemment, l'arbitre de deuxième instance qui
regarde un appel sera celui qui, dans mon exposé, ressemble plus au protecteur
national de l'élève. À tout le moins, lorsqu'on crée quelque chose de nouveau,
on veut justement avoir différents courants parce qu'il n'y a personne, à ce
stade-ci, qui sait c'est quoi, le futur, alors ça se peut qu'il peut avoir des
nouveaux dossiers. Mais si on donne déjà d'ores et déjà, au protecteur
national, le droit de pouvoir formuler les... d'avoir, en fait, un veto — c'est
ça qu'on est en train de créer en ce moment — on lui donne un veto de pouvoir,
oui ou non, décider de la nature des recommandations, on vient substituer le
jugement du protecteur régional par celui du protecteur national qui, lui, en
haut de sa pyramide, croit que c'est ça qui devrait être le meilleur pour tout
le monde. Or, un des avantages qu'on a d'un protecteur régional, c'est qu'il va
être collé sur la réalité de son environnement et les particularités de sa
région.
Moi, je crois qu'en début de... lorsqu'on
crée quelque chose d'aussi nouveau que ça, je pense qu'on devrait enlever cette
phrase-là, laisser les protecteurs régionaux, selon leur bon jugement, formuler
leurs recommandations. Je pense, c'est ça qu'on devrait faire. Et, évidemment,
à la fin, là, il y aura toujours, en appel, là, le protecteur national, s'il
veut renverser un courant, entre guillemets, jurisprudentiel établi par les
protecteurs régionaux, il pourra le faire, mais je pense que quand on débute
quelque chose de nouveau...
Mme Rizqy : ...il faut
s'assurer d'avoir cette indépendance de jugement, qui devrait relever des
protecteurs régionaux qui sont plus collés sur la réalité de leur région que le
protecteur national qui siège en appel, et là-dedans, c'est même en appel
définitif qu'il siège, là.
La Présidente (Mme Guillemette) :
M. le ministre.
• (10 h 20) •
M. Roberge : Oui. Bien, on
fait des allégories, là, ça nous aide à comprendre le terme «jurisprudence», le
terme «appel». Mais, par contre, le terme «appel» est peut-être moins à propos
dans ce cas-ci, parce qu'un plaignant ne pourrait pas, supposons, étant
insatisfait du traitement de la plainte au protecteur régional, aller en appel
au protecteur national.
Parce que, dans le fond, il y a trois
étapes, il y a toujours eu trois étapes pour le plaignant. En fait, on souhaite
qu'il y en juste... on souhaite qu'il n'y en ait pas de plainte, mais s'il y en
a une, on souhaite que ça se règle directement à l'école, ça, ce serait le un.
Ensuite, à l'instance supérieure, ce serait le centre de services scolaire. Et,
si le plaignant est toujours insatisfait, au protecteur de l'élève... Je dis
«protecteur de l'élève. Je ne dis pas « le protecteur régional versus le
protecteur national», parce que, dans le fond, tout ça, là, c'est le protecteur
de l'élève. Lui, le parent traite avec le protecteur régional, mais en réalité,
c'est une institution, là, protecteur régional, national, c'est l'institution
du protecteur de l'élève, c'est une seule et même étape. Il n'y a pas la quatrième
étape où là, étant insatisfait de la décision du protecteur régional, bien là,
tu t'en vas au protecteur national, puis là tu repars un autre délai. Ce n'est
pas ça parce que les deux, en réalité, font partie d'une seule et même mission
qui ne se contredit pas. Parce que le protecteur régional reçoit toute
l'information, fait l'analyse, peut faire enquête, en tout cas, il a des
pouvoirs très, très grands - on le verra dans d'autres articles - envoie...
s'il pense vraiment qu'il y a une recommandation à faire, envoie toute la
documentation au protecteur national, qui en fait la lecture. Et normalement,
vraisemblablement il ne se passe rien... ça s'applique tout simplement, mais il
peut s'en saisir, et, à ce moment-là, c'est le protecteur national qui
viendrait discuter avec le protecteur régional puis peut-être même modifier une
recommandation. Et ce n'est pas un amendement, là, qu'on a déposé, le projet de
loi, il était comme ça dès le dépôt, c'est ça qu'on a étudié en auditions
particulières. Je me souviens de l'avoir mentionné à quelques reprises, donc
l'article 16, ici, fait référence à l'article 38 où on détaille cette
mécanique-là et cette séquence-là, et l'idée, c'est d'avoir une cohérence, tout
simplement, institutionnelle.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : En aucun temps,
un parent ne pourrait faire appel au protecteur national?
La Présidente (Mme Guillemette) :
Allez-y.
M. Roberge : Lorsque tu fais appel
au protecteur de l'élève, tu fais appel à l'institution du protecteur de
l'élève, ce n'est pas protecteur régional puis, après ça, protecteur national.
Donc, la réponse, c'est non, parce que, depuis le début, on dit que c'est... il
y a trois étapes ultimement. Et je le répète, on ne veut pas que ça soit trois
parce que chaque fois c'est plus long, mais on veut garder ça très, très court.
Donc, il n'y a pas un quatrième étage, là, en faisant école, centre de
services, protecteur régional, protecteur national. Quand tu vas au protecteur,
tu vas au protecteur.
Mme Rizqy : Ça, je comprends,
mais est-ce que... Si jamais on n'est pas satisfait du protecteur régional,
est-ce qu'il y a possibilité de monter plus haut?
M. Roberge : Non, parce que
la recommandation qui sera émise par le protecteur de l'élève aura été
préalablement validée par le protecteur national, de toute manière. C'est un
peu comme si... je reprends l'allégorie, toujours des failles dans une
allégorie, mais des fois, ça vulgarise, là, c'est comme si d'office, toutes les
décisions des tribunaux étaient préalablement validées par la Cour suprême du
Canada. Donc, quand tu reçois ton jugement, tu ne dis pas : Je vais aller
à la Cour suprême, c'est déjà validé par la Cour suprême, qui s'est déjà
penchée sur la question. Donc, voilà.
Mme Rizqy : Je m'excuse. Mais
moi, depuis le début, ma compréhension... puis même qu'on avait fait un
amendement au début parce qu'on avait l'impression qu'il siégeait en appel de
la décision du régional. Puis... à moins que ce soit dans les articles
précédents puis que j'ai manqué quelque chose, là. Ma compréhension est qu'on
pouvait aller... le parent pouvait quand même monter jusqu'au protecteur
national de l'élève. Alors, je ne sais pas si on peut faire... je veux juste
relire les articles précédents, là, mais j'avais... si on peut suspendre deux
minutes, je veux juste relire correctement certains articles, là, parce que
j'étais convaincue. À moins que...
La Présidente (Mme Guillemette) :
Mme la députée de Mille-Îles avait une intervention, je crois. Avez-vous
une intervention?
Mme Charbonneau : Bien oui,
mais si...
Mme Charbonneau : ...si la
suspension a pu aider, moi, je n'ai pas de souci avec ça.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Pendant que votre collègue cherche, vous pouvez faire votre intervention,
Mme la députée.
Mme Charbonneau : Bien, je
suis à la même place que ma collègue, je vous dirais que, quand j'ai eu le
plaisir de lire le document, puis quand le ministre nous a annoncé qu'il
déposait des amendements d'avance, je pensais y retrouver le 16, pour les deux
raisons, la première, le premier amendement qu'on a fait tantôt, la deuxième,
pour le soutien. Et de la façon que la phrase se lisait, que ma collègue a
soumis : "Il examine aussi les plaintes lorsque le Protecteur
régional juge opportun de formuler des recommandations." J'y voyais là un
dédoublement. Là, je comprends, dans la philosophie du document, puis on le
comprend aujourd'hui, là, parce qu'au départ ce n'est pas ça qu'on comprenait,
que le national n'aura pas un retour sur une recommandation qu'un régional aura
fait. Puis il y a une partie de là où je me sens un peu rassurée parce que je
me dis : Le national est tellement loin des régions que c'est difficile
pour lui de comprendre le rationnel, peut-être, de la recommandation du
régional. Mais, en même temps, pour avoir eu à faire... des situations, des
rencontres avec des parents qui, en bout de ligne....
Puis je vous regarde, Mme la Présidente,
puis je suis sûre que vous allez être d'accord avec moi, en bout de ligne, se
ramassent quelques fois dans le bureau de la députée, parce qu'il n'est pas
content de ce qu'il y a eu comme retour du régional, parce qu'en ce moment on n'a
que des protecteurs de l'élève régionaux qui ne sont pas partout, dans toutes
les institutions, là, mais qui gère une partie ou qui reçoit une partie des
plaintes des centres scolaires ou des commissions scolaires. Bien, de les avoir
devant moi dans mon bureau de comté, de les entendre puis dire : Bien,
c'est vrai que ton protecteur de l'élève a fait une recommandation. Puis ce
n'était qu'une recommandation. Il n'y a rien qui a changé à la situation. Le
parent se sent un peu démuni, un peu abusé parce qu'il a raconté à l'école,
après ça, bien, il a pris son petit bagage et il a raconté au centre scolaire à
quelqu'un qui est attitré aux plaintes et à l'écoute. Puis finalement, bien, la
recommandation qui lui a été faite, c'est : Écris au protecteur de l'élève
ou on va te donner rendez-vous avec protecteur de l'élève. Puis finalement les
parents ne sont pas satisfaits, donc se ramassent dans le bureau du député.
Puis je vous dirais que, probablement,
comme la plupart d'entre nous, moi, je suis bien populaire là-dessus. Je ne
sais pas pourquoi, là. Des fois, ils rentrent même dans mon bureau en me
disant : Bonjour, Mme la Présidente, mais sachant fort bien que ça fait
bien longtemps que je ne joue plus ce rôle-là.
Mais le rôle qu'on y voyait pour le
provincial, pour porter un regard sur le régional, on se disait : Bien,
probablement qu'il va faire un registre des plaintes qui sont soulevées pour
pouvoir soumettre au ministre quelque chose qui revient avec récurrence. Mais
ça faisait comme... puis je trouve que votre exemple est bon, c'était comme la
cour des dernières instances. Le provincial, c'est celui où il va y avoir,
peut-être, au moment où il va accepter d'accueillir des gens, quelque chose
d'exceptionnel, où là, peut-être qu'on va faire appel à vous, pas pour une
recommandation, mais pour une décision du ministre, parce que ce sera une
situation qui sera, je vais dire, exceptionnelle, je pourrais dire :
Terrible, pourrie, inacceptable. Mais je vais juste dire : Exceptionnelle.
Parce que ça existe des situations exceptionnelles.
Donc, oui, à l'indépendance du régional,
mais nécessairement... puis ce n'est pas parce que je veux rajouter des étapes,
je suis de celles qui pensent qu'il y a déjà une étape de trop, je pense que
les parents ne devraient pas être obligés de confronter l'école. Ça le met en
situation fragile. Il devrait aller directement au centre de service. Mais un
coup que je vous ai dit ça, on arrivera plus tard, là, aux étapes à suivre.
Mais avec la même phrase où je vous dis que le régional doit maintenir son
autonomie, je vous dirais que le provincial doit avoir un regard exceptionnel
sur une situation qu'on ne veut pas voir répétée où, plutôt que de faire une
recommandation, on veut voir le provincial dire... le national, pas le provincial,
mais le national dire au ministre : Ce n'est pas une recommandation que je
veux faire, j'aimerais, M. le ministre, que vous posiez un geste direct dans ce
centre de services là ou dans cette situation-llà, parce que ça concerne votre
collègue qui est à la Sécurité publique, parce que ça concerne votre collègue
au Secrétariat des communautés autochtones, parce que ça va plus loin que juste
une recommandation. Donc, dans cette perspective-là, il y a l'autonomie du
régional, mais il y a aussi la...
Mme Charest : ...la grande
écoute et la recommandation du National pour le ministre. Donc, c'est pour ça
que le dernier paragraphe, à la dernière phrase, il y avait quelque chose qui
nous titillait. Mais je pense que, à ce moment-ci, Mme la Présidente, non
seulement le café est arrivé, ce qui va me faire un grand plaisir de recevoir,
mais je pense que ma collègue, elle peut reprendre la parole.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la députée de Mille-Îles. Mme la députée de Saint-Laurent, vous
avez trouvé ce que vous cherchiez?
Mme Rizqy : Oui. Merci, Mme
la Présidente. Donc, finalement, j'ai trouvé, je pense, le vrai terme pour le
protecteur national de l'élève. Pour revenir à nos analogies juridiques, c'est
en fait un juge en chef/juge coordonnateur. En d'autres mots, parce qu'il n'est
pas vraiment en appel, puis qu'on a fait... le début de nos travaux, je ne sais
pas si vous vous rappelez, mais on parlait de première instance puis deuxième
instance. Ici, c'est qu'au fond, il n'y a pas de rang de deuxième instance,
puis, moi, je ne déteste pas l'idée d'avoir un juge... un protecteur national
de l'élève qui est en appel d'une décision d'un juge régional. Parce que
justement, il y a l'aperçu global du Québec et ça nous permet... Parce que là,
on crée une instance nouvelle, là, qui n'existe pas, là. Alors, tant qu'à créer
quelque chose de nouveau, faisons-le correctement.
• (10 h 30) •
Ma perspective, c'est que c'est bien
d'avoir des protecteurs régionaux. Chacun regarde ce qui se passe dans sa cour,
dans son environnement, avec ses réalités. Protecteur national, c'est que si
jamais, après qu'on instaure le tout, cette nouvelle instance, on voit qu'ici
et là il y a des réalités, parfait, que si, par exemple, plus tard on devrait avoir
une instance en appel il me semble, dans ma tête, c'est le protecteur national.
Et c'est pour ça que j'essaie de voir avec vous, est-ce qu'il y aurait une
ouverture? Parce que je crois que ça serait pertinent d'en avoir un. Parce que
si c'est juste un protecteur, le protecteur national de l'élève est en fait un
juge en chef coordonnateur, là. Tu sais, c'est quoi, c'est... J'essaie de voir,
au fond, parce que c'est lui, c'est lui qui est nommé, c'est lui qui est, on va
dire, le plus haut, c'est le plus haut gradé dans cette instance. On s'entend
là-dessus. Il me semble qu'il devrait aussi avoir cette fonction là d'être en
appel si jamais on devait avoir différents courants, de dire : Bien,
voici, c'est tranché. Comment que ça va être fait, là, je réfléchis avec vous,
M. le ministre, là, ce matin, là.
M. Roberge : Oui. Juste
revenir sur le fait que c'est comme ça depuis le début, puis il y a un
graphique sur... on peut le trouver, là, sur Québec.ca, si on va sur
Québec.ca.protecteur de l'élève. Bon, voilà, c'est ça. Non, mais c'est très
bien. D'habitude elle montre ses propres graphiques, maintenant elle recycle
les miens. Elle montre à l'écran une infographie du gouvernement. C'est
formidable. Mais j'ai appris parce que dans les crédits, j'avais pas mal de
graphiques.
Mme Rizqy : Non, mais
honnêtement, je trouve que là-dessus, mon tableau, bravo!
M. Roberge : Merci.
Mme Rizqy : Mais je suis
contente de vous avoir inspiré. Mais avouez que c'est pratique, les tableaux
puis les graphiques.
M. Roberge : Mais... et la
manière que les tables sont faites, on chemine puis finalement on se rapproche.
C'est beau de même. Mais ça date du mois d'octobre 2021 puis on voit,
justement, sur le graphique, premièrement, traitement des plaintes :
10 jours ouvrables, directement à l'école. Traitement des plaintes,
malheureusement, si ça ne fonctionne pas : quinze jours ouvrables au
centre de service scolaire. Puis après ça, ça s'appelle recours final. Et là,
c'est écrit numéro trois, puis ça englobe protecteur régional élève, protecteur
national de l'élève, ça dit traitement de la plainte : 20 jours
ouvrables. On est rendus en troisième instance. Transmission des conclusions et
recommandations, le cas échéant, aux plaignants ainsi qu'au centre de services
scolaire, à l'établissement d'enseignement privé, s'il le faut. Et il y a aussi
prise de décision d'examen de la plainte : cinq jours ouvrables. Donc, le
Protecteur national reçoit copie de la plainte avant qu'elle ne soit acheminée
aux parents. Puis il a cinq jours pour dire : Est ce que je décide de
réexaminer, de jeter un deuxième regard, ou, à sa face même, en voyant la
recommandation, c'est tout à fait cohérent avec les informations et les formations,
avec d'autres qui arrivent d'autres régions, puis avec notre historique, on
laisse aller. Et si, dans un délai de cinq jours ouvrables, le protecteur
national décide de se saisir de la plainte, de la regarder, bien, là, il a dix
jours pour dire : Bien, finalement, après analyse, tout est parfait, on ne
touche pas, ou alors la modifier et ça devient la recommandation du protecteur
de l'élève.
Parce que, je le répète, on parle de protecteur
national, protecteur régional, on est dans l'organigramme. Mais l'institution,
ce n'est pas le protecteur national, ce n'est pas le protecteur régional, c'est
le protecteur de l'élève. Un peu comme le protecteur du citoyen, il n'y a pas
juste une personne qui travaille dans la boîte, hein, on sait bien, c'est
incarné par une personne, mais c'est une institution.
Mais tout ça étant, on pourrait rajouter
qu'il y a une possible quatrième instance...
10 h 30 (version non révisée)
M. Roberge : ...puis après ça,
un appel au ministre, puis, tu sais, je veux dire, on peut toujours en
rajouter, effectivement, un appel, puis un autre appel, puis une révision, puis
une dernière instance, je comprends, tu sais. Mais, à la fin, il faut se
souvenir qu'une des critiques du système actuel, c'est les trop longs délais.
Puis une des demandes des parents, quand ils sont venus, c'était :
Écoutez, est-ce qu'on peut réduire les délais qui sont là? Est-ce qu'on peut
raccourcir le nombre de jours? Donc, il faut prendre garde aussi, en voulant
bien faire, rajouter toujours une instance, bien, c'est sûr qu'on rajoute des
jours avant la conclusion finale puis la décision que le parent pourra aimer ou
ne pas aimer, parce qu'on ne peut pas présumer, là, de tout ça.
Ça fait que je pense que, de la manière
dont il est conçu, à ce moment-ci, c'est correct qu'il y ait une espèce de
révision-approbation directement par l'instance nationale avant d'envoyer aux
parents la recommandation, et au réseau, là, la recommandation, le cas échéant.
Puis donc ici on arrive à l'article 16, puis on en reparlera à l'article 38,
mais je pense qu'on a compris, là, l'affaire.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Oui, moi... juste
vous laisser germer l'idée. La différence, c'est que le Protecteur du citoyen n'a
pas de protecteurs de citoyen régionaux. Puis, oui, les parents veulent avoir
des délais plus courts, puis je vous dirais que, dans le monde juridique, tout
le monde plaide pour avoir des délais beaucoup plus courts aussi, mais on n'a
jamais plaidé pour abolir la Cour d'appel ni la Cour suprême, qui sont des
instances en appel. Mais dans le sens qu'on veut des délais plus courts, mais c'est
un ajout. C'est comme, au fond, un filet de protection de savoir... qu'il y ait
quelqu'un qui siège au niveau national, qui a un regard qu'on appelle macro, et
ce regard macro, c'est une valeur ajoutée.
Et, à l'article 38... Puis on est un
petit peu obligés de lire 16 et 38 en même temps pour bien comprendre les rôles
et fonctions de chacun. Il faut savoir que le protecteur régional de l'élève ne
consulte que seulement lorsqu'il émet des recommandations. Moi, je crois qu'évidemment
il va avoir plusieurs recommandations. Mais, s'il ne veut pas consulter, puis
il a juste à ne pas émettre de recommandation, mais juste de faire les
conclusions, là, tu sais, on jouerait sur les mots, mais il pourrait faire...
Ça ne veut pas dire qu'à chaque fois que le Protecteur national se penche sur
tous les dossiers il se penche seulement lorsqu'il y a des recommandations. Et
là, moi, évidemment, vous savez ça, hein, j'ai un cerveau qui est comme un
fiscaliste, donc on pense toujours aux failles... on trouve les trous. Alors,
quelqu'un qui veut trouver un trou va dire : Bien, moi, ça ne me tente pas
de demander une... ça ne me tente pas d'avoir le regard dans mon national, je
vais juste émettre une conclusion, c'est tout. On pourrait le faire de la façon
c'est écrit.
Je vous laisse cheminer, je ne veux pas
faire du temps là-dessus. Par contre, je crois qu'ici on a une opportunité de s'assurer
qu'on peut donner un niveau de protection supplémentaire aux parents qui le
souhaitent, hein? Parce qu'aller en appel, ce n'est pas obligatoire, là, c'est :
on peut y aller, si jamais on n'est pas satisfait, puis on regarde le
protecteur national qui, lui, à ce moment-là, regard macro sur l'ensemble des
dossiers du Québec et qui pourrait dire : Bien, effectivement, ici, le
protecteur régional a erré. Ça arrive, là, il n'y a aucun juge qui ne s'est
jamais fait renverser, là, à moins que je me trompe, mais je ne me rappelle
même pas d'avoir vu un juge de la Cour supérieure qui ne s'est jamais fait
renverser, jamais de sa vie. Il y en a qui ont une très bonne cote, là, qui ont
eu peut-être deux ou trois... En fait, l'ami de mon père... l'ami de mon père,
le père à mon ami, seulement trois fois qu'il a été renversé dans sa vie, mais,
bon, ça arrive, mais ça, c'est une très bonne moyenne au bâton. Mais, ceci étant
dit, personne n'est à l'abri d'avoir erré dans un jugement.
Alors, ce sera tout de mon côté,
là-dessus, pour mes commentaires, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. M. le ministre. Ça va, pas d'autres commentaires?
M. Roberge : Peut-être un
dernier commentaire sur le fait qu'on essaie de faire le projet de loi, à ce
moment-ci, avec les connaissances qu'on a du réseau. Mais on sait que les lois
sont ouvertes, et réouvertes, et ajustées. Il faut quand même voir qu'à l'article 75,
je pense qu'on appelle ça une clause crépusculaire, là, on dit : Au plus
tard cinq ans après la date d'entrée en vigueur, le protecteur national doit
faire un rapport. Puis là le rapport doit contenir des recommandations visant l'amélioration
du régime de traitement des plaintes, meilleure protection, puis, le cas
échéant, mettre des modifications, peut-être, à la loi. Mais je pense qu'on
peut raisonnablement penser que le régime, en ce moment, est assez bien conçu,
donne suite aux recommandations de la Protectrice du citoyen, en sachant que,
dans cinq cas, ce sera réajusté au besoin. Puis, à ce moment-là, si on se rend
compte que, là, il faut absolument avoir une quatrième instance, on le fera.
Mais, de prime abord, ce n'est pas instinctivement, là, ce je que sens, là, qu'il
faut en rajouter.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, M. le ministre. Oui, Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Charbonneau : Je fais
presque le signe des scouts, Mme la Présidente. Puisque vous avez l'opportunité...
Mme Charbonneau : ...d'avoir
des gens alentour de vous qui puissent... qui peuvent nous guider assez
rapidement. Je vous parlais d'un cas d'exception. Est-ce que, dans les articles
plus loin, je vais retrouver un moment où le protecteur national ou le
protecteur régional peut faire appel à vous pour une exception ou si, à tout
moment, ça se passe qu'entre le protecteur national et régional? Et je reviens
là-dessus, M. le ministre, parce qu'un petit peu plus tôt on a parlé de la violence
sexuelle, on a parlé du racisme, on a parlé de tout ce qui peut se rattacher à
des gestes qui sont, à tout égard, inacceptables.
Donc, plutôt qu'une recommandation qui
vient d'un national et qui pourrait... parce que vous avez cette force de
parole auprès d'un centre scolaire, ou d'une commission scolaire, ou d'une
école privée, qui dit : Ça, c'est venu à mon bureau, c'est inacceptable,
je veux qu'on pose des gestes. Parce qu'une recommandation ce n'est pas
que : Je te soumets que tu aurais dû mettre ce veston-là plutôt que ce
veston-là. Mais, si la parole vient du ministre, avec force, qui dit : Il
est inacceptable qu'il se passe tel événement. On prend, par exemple, un
événement malheureux, qui a été souligné par ma collègue de Saint-Laurent,
d'activités, qui s'est passé dans une école de son comté où là, on... tu sais,
ça a balancé un peu sur... Puis je pense que votre parole à vous, à force de,
je vais dire, force de frappe, là, mais vous avez une autorité auprès des
institutions, qui pourrait faire en sorte qu'une situation ne pourrait pas se
se continuer parce que vous, vous avez pris le téléphone après la
recommandation du protecteur de l'élève, et on vous dit : Vous devez
intervenir.
• (10 h 40) •
La Présidente (Mme Guillemette) :
M. le ministre.
M. Roberge : Bien, on l'a,
là, ça, on parle de ce qui s'est passé à l'école Saint-Laurent, et on peut...
le ministre peut décider de déclencher une enquête, il peut envoyer un
accompagnateur dans une école privée comme dans un centre de services scolaire,
il peut mettre en tutelle une institution, si jamais ça dérive, si on
l'échappe, s'il y a des problèmes institutionnels de gouvernance grave puis
que, surtout, si les élèves en paient le prix, à ce moment-là, on ne se
contentera pas de mettre ça dans la cour des parents en disant : Bien,
formulez vos plaintes puis le protecteur va en disposer, là. On l'a vu, là, je
veux dire, juste dans le gouvernement ici, on est intervenus auprès du Centre
de services scolaire Rives-du-Saguenay, English-Montréal, Centre de services
scolaires de Montréal, une école privée, et j'en passe, là, et des meilleurs,
là. Donc, ce projet de loi là ne vient pas enlever la responsabilité du
gouvernement de voir au respect de la loi puis au respect des droits des élèves,
à certains égards, avec d'autres outils.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, M. le ministre. Ça va, Mme la députée de Saint-Laurent?
Mme Rizqy : Oui. Juste... je
pense que ma collègue qu'est-ce qu'elle voulait savoir, c'était plutôt :
Est-ce qu'il y avait une disposition s'il y avait vraiment quelque chose,
vraiment un fait nouveau qu'on n'a jamais réfléchi, puis là, à ce moment-là, le
protecteur de l'élève peut se tourner vers vous pour avoir ça? Mais je
comprends que, là, à ce stade-ci, on n'a pas encore ça comme... il n'y a pas de
dispositions là-dessus dans la loi, c'est ça?
M. Roberge : Oui, 17, c'est
ça, on y arrive.
Mme Rizqy : Ah bon! dans ce
cas, allons-y.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Allons-y?
M. Roberge : À 17? Adoptons
le 16 puis...
Mme Rizqy : Oui, oui, O.K.
Parfait. Faisons ça.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Voilà. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'article 16 amendé?
Donc, s'il n'y a pas d'autre intervention, je vais mettre aux voix l'article 16
amendé. Est-ce qu'il est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Guillemette) :
L'article 16 amendé étant adopté, M. le ministre, vous pouvez nous
présenter l'article 17.
M. Roberge : Donc, l'article
17 : «Le protecteur national de l'élève donne son avis au ministre sur
toute question que celui-ci lui soumet.» Il est prévu ailleurs, dans la loi,
que le protecteur de l'élève annuellement fait des rapports, puis, de manière
pluriannuelle, en fait aussi, de manière différente. Mais ici on est dans... on
sort du cadre et donc ce n'est pas juste à une échéance précise, c'est... Il se
passe quelque chose dans la société, il se passe quelque chose dans une école,
dans un centre de services scolaire, et le gouvernement, la classe politique
veut en savoir davantage, bien, on peut demander... le gouvernement peut donc
demander un rapport ou un avis au protecteur national.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, M. le ministre.
M. Roberge : De la même
manière, comme c'est possible... en fait, là, la comparaison encore, ça se
comparerait peut-être un peu à ce qui se passe au Conseil supérieur de
l'éducation ou le conseil...
M. Roberge : ...des avis, des
réflexions, des rapports annuels, mais est aussi interpellé, peut être
interpellé par le ministre qui dit : Outre vos rapports, vos commissions,
les sujets qui vous intéressent, on aimerait avoir un avis sur un sujet précis,
donné. Donc, on a un peu la même chose ici.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Parfait. Merci. Des interventions? J'ai Mme la députée de Sherbrooke qui
m'a demandé la parole.
Mme Labrie : O.K. Bien, moi,
j'ai une question.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Oui, allez-y.
Mme Labrie : Bon, le ministre
peut demander son avis au Protecteur national de l'élève. Est-ce que le
Protecteur national de l'élève peut, de sa propre initiative, émettre un avis
au ministre sur une politique, par exemple, que le ministre souhaiterait mettre
en œuvre, une décision qu'il prend? Est-ce que ce qu'il peut le faire de sa
propre initiative ou il doit ne le faire que sur demande du ministre?
La Présidente (Mme Guillemette) :
Parfait. Merci. M. le ministre.
M. Roberge : Le protecteur
national, à chaque année, fait un rapport qui va être déposé à l'Assemblée
nationale, et donc il peut effectivement donner son avis sur tout sujet.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Mme la députée.
Mme Labrie : Bien, le rapport
est un... bon, c'est un rapport annuel. Donc, ça peut venir plusieurs mois
après des décisions qui ont été prises, par exemple. Je pense, par exemple, là,
il y a un chantier qui est en cours sur le financement des services pour les
élèves à besoins particuliers. Est-ce que, par exemple, sans attendre de voir
la fin de ce changement, si le ministre, lui, de sa propre initiative, n'a pas
demandé son avis au protecteur de l'élève, est-ce que le protecteur de l'élève
peut envoyer son avis ou il est obligé d'attendre qu'il y ait un rapport annuel
pour pouvoir dire ce qu'il a à dire au ministre?
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. M. le ministre.
M. Roberge : Non, il ne peut
pas le faire, parce que le protecteur de l'élève, ce n'est pas un autre Conseil
supérieur de l'éducation. Le protecteur de l'élève est dans une dynamique de
traitement des plaintes, gestion des plaintes, accompagnement des plaignants,
puis on va le voir avec ce qu'on a rajouté par rapport aux violences sexuelles.
Donc, il est comme, je dirais même, parfois en service à des élèves qui peuvent
être en difficulté. Mais il est dans, vraiment, une démarche d'intervention
locale. Il reçoit des informations des parents, et, de toutes ces plaintes
qu'il reçoit ou traite, sur lesquelles il formule des recommandations ou pas,
bien, il peut tirer une lecture, mais c'est une lecture, pas sur un événement,
mais sur... après deux mois, trois mois, six mois, habituellement, sur une
année, il voit qu'il y a des tendances, qu'il y a des enjeux, puis là il peut
le faire, dans son rapport annuel, des recommandations.
Mais son rôle premier, c'est vraiment de
s'assurer qu'au quotidien, là, puis dans des délais très, très courts, là, il
est plus dans... de rassurer, de donner confiance, puis de traiter les
plaintes, de s'assurer que ce qui se passe dans les écoles et les centres, ça
se passe bien, puis que les parents ont rapidement réponse à leur problème
quand il y en a. Tandis que, par exemple, le Conseil supérieur de l'éducation est
plus macro, va s'alimenter de recherches, d'interviews. Il y a directement du
monde qui siègent qui sont des enseignants, des enseignantes et des parents.
Sans doute que le Conseil supérieur voit se nourrir des recommandations puis
des rapports du Protecteur national de l'élève pour, après ça, à haut vol,
faire des recommandations sur les élèves HDAA, la réussite des garçons et des
filles, ce qui se passe au préscolaire, la formation professionnelle, les
programmes pédagogiques particuliers, tous des sujets qui sont à haut vol. Mais
c'est des institutions distinctes qui ont des missions distinctes.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Mme la députée.
Mme Labrie : Oui. Bien, je
comprends qu'il agit en général sur la base d'une plainte, mais à un moment
donné, le protecteur de l'élève va développer une grande expertise sur les
enjeux dans le réseau de l'éducation. Il va accumuler un bagage de
connaissances sur les situations typiques de non-respect des droits des élèves.
Il pourrait avoir un avis pertinent à donner sur une foule de sujets qui
concernent les droits des élèves. Il pourrait voir venir, par exemple, qu'une
décision ou un projet du ministre puisse régler un problème existant dans le
réseau ou envenimer un problème existant dans le réseau. Il pourrait avoir
quelque chose à dire là-dessus. Puis là, moi, je comprends qu'il va pouvoir la
dire juste si le ministre décide de le consulter. Il ne pourra pas, de sa
propre initiative, dire, par exemple : Ce que vous avez l'intention de faire,
on voit que ça va nuire à une problématique déjà existante, par exemple, ça
risque de causer tel problème. Moi, j'aimerais voir une ouverture pour que
l'expertise du protecteur de l'élève, qu'il va développer au fil des mois puis
au fil des années, puisse...
Mme Labrie : ...servir à
orienter le ministre dans la bonne direction. Ultimement, tout le monde devrait
partager le même objectif de mieux respecter les droits des élèves. Ça fait que
cette expertise-là, le Conseil supérieur de l'éducation a sa propre expertise,
évidemment. Par contre, eux ne gèrent pas des plaintes d'élèves, donc ce n'est
pas eux qui veillent au respect des droits des élèves au quotidien,
contrairement au protecteur de l'élève. Ça me semblerait pertinent que le
protecteur de l'élève puisse lui aussi, sans avoir à attendre une fois à chaque
fin d'année pour émettre ses recommandations, qu'il puisse le faire tout au
long de l'année, au fur et à mesure qu'il peut se passer les choses.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Pas d'autres commentaires, M. le ministre? Pas d'autres
commentaires, donc Mme la députée de Saint-Laurent, vous avez un amendement à
déposer?
Mme Rizqy : Oui.
La Présidente (Mme Guillemette) :
L'amendement est déjà sur greffier.
Mme Rizqy : Voulez-vous que
je lise?
• (10 h 50) •
La Présidente (Mme Guillemette) :
S'il vous plaît. On va l'afficher à l'écran également. Donc, présentez-nous
votre amendement.
Mme Rizqy : Bien, en fait,
c'est comme si on faisait de la télépathie parce qu'on a un amendement, parce
que nous autres aussi on trouvait que c'était très unidirectionnel. Puis
j'entends les arguments du ministre de dire que, contrairement au Conseil
supérieur de l'éducation, ce n'est pas son rôle, mais en même temps, à
l'article 17, on lui donne ce rôle uniquement sur demande du ministre.
Alors, je crois que ça serait pertinent que ça ne soit pas unidirectionnel et
que ça soit bilatéral. Alors, l'article 17 du projet de loi est modifié
par l'ajout, à la suite du premier alinéa des alinéas suivants : le
protecteur national de l'élève peut, sous forme d'avis ou de recommandation,
saisir le ministre de toute question relative à sa mission. Tous les avis du
protecteur national de l'élève sont transmis au ministre qui doit les rendre
publics sur son site Internet dans un délai de 30 jours, soit par souci de
transparence.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la députée.
Mme Rizqy : Donc, je pense,
ça répond à l'enjeu soulevé par ma collègue. Et le pire, c'est qu'on ne s'est
même pas en parler, ce matin. Télépathie, je vous le dis.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci.
Mme Rizqy : Avec plaisir.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Des interventions? M. le ministre.
M. Roberge : Bien, moi, je
pense qu'il y a une confusion des rôles ici, là. Je pense que le Conseil
supérieur fait son travail, le protecteur à un mandat qui est différent. Ceci
dit, il est loin d'être bâillonné, là. On est à l'article 17 où lorsque
survient quelque chose ou dans le cadre de l'étude d'un projet de loi, le
ministre, le gouvernement peut demander son avis, mais à l'article 50, on
dit bien : Le protecteur national peut, dans le cadre de son rapport
annuel, formuler toute recommandation à portée collective qu'il juge utile à
l'égard des services rendus par les centres de services scolaires, les
établissements d'enseignement privés. Donc... puis bon, c'est... 49, juste
avant, donne des détails, prépare à ça. 48, 49, on va là, puis à 50, on a le
rapport annuel. Je ne crois pas que dans son rôle, en tout cas, ça a toujours
l'air bien de dire : Bien là, quelqu'un peut contribuer, tout le monde
peut contribuer, tout le monde... Mais il y a quand même des... on se créé des
institutions, il ne faut pas... ce n'est pas comme les étages d'un
millefeuille, là, plus qu'il y en a, mieux c'est bon. À un moment donné, on est
en finances publiques. On doit prendre soin du portefeuille des gens, donc
viser l'efficacité. Je pense qu'il y a un mandat qui est circonscrit,
protecteur de l'élève, c'est l'expert pour être... amené une efficacité dans le
traitement des plaintes, puis il va être consulté dans ce contexte-là.
Annuellement, va faire son rapport dans ce contexte-là, mais d'en faire un, je
ne sais pas, un intervenant qui pourrait prendre position à gauche, à droite,
ça va être... tous les thèmes, alors qu'il y a d'autres institutions qui jouent
ce rôle-là. Pour moi, ce n'est pas à propos.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Mme la députée de Saint-Laurent. Ensuite, ce sera Mme la députée de
Sherbrooke.
Mme Rizqy : Vous savez, pour
vrai, là, le millefeuille est vraiment mon dessert préféré.
M. Roberge : Je ne suis pas
surpris.
Mme Rizqy : Non, pour vrai. Je
l'ai même pris au... toi aussi? Même la députée de Sherbrooke. Je pense que
Beauce-Sud aussi. On l'avait pris ensemble au Parlementaire, tu ne te rappelles
pas? Il était très bon. Bien, ceci étant dit, le rapport annuel, c'est au fond
une forme de reddition de comptes. Puis c'est important que si
l'article 17 donne ce pouvoir au ministre de pouvoir donner, en fait, en
quelque sorte, un droit de parole à quelqu'un qui chapeaute, puis tantôt il l'a
bien exprimé, le ministre, lorsqu'on étudiait l'article 16 en parallèle
avec l'article 38, il disait : Dans le fond, il a un droit de regard
sur l'ensemble des plaintes du Québec qui touche le réseau de l'éducation. Il
n'ira pas plaider à gauche puis à droite, il va rester sur sa mission telle
écrite dans l'amendement. Bien écrit, Florence, merci. Donc, sa mission. Donc,
ça reste dans le champ de compétence de l'éducation. Et en plus de ça, on met
ça, le délai de 30 jours. Puis dans tous les cas, moi, je pense que...
Mme Rizqy : …l'article 17...
parce qu'en ce moment il est écrit «le ministre demande l'opinion du protecteur
de l'élève». Ici, il faudrait que ça soit quand même publié, là, je pense que
c'est un minimum, la transparence. On est rendu là en 2022. On veut savoir
c'est quoi, les avis des gens qui sont payés pour faire... vous faisiez
référence aux deniers publiques, bien, justement, deniers publics exigent
transparence. Alors, étant donné que je trouve que ma collègue de Sherbrooke
est vraiment bonne pour plaider... la parole ce matin.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Bien,
effectivement, ça a l'air d'un complot vu de l'extérieur, mais on ne s'est pas
parlé du tout de cet enjeu-là, ma collègue de Saint-Laurent et moi. Mais je
partage ses préoccupations. C'est exactement ce que je plaidais tout à l'heure.
Là, je ne comprends pas pourquoi ça irait dans un seul sens, pourquoi c'est à
sens unique, pourquoi, quand le ministre le juge opportun, il pourrait
consulter le protecteur de l'élève, mais si, à un moment donné, il l'oublie sur
un sujet, pourquoi le protecteur de l'élève ne pourrait pas dire : Bien,
moi, j'ai quelque chose à dire là-dessus, c'est mon champ d'expertise, j'ai la
documentation là-dessus, j'ai vu passer plusieurs dossiers qui relèvent de
cette situation, j'aurais des recommandations à formuler? Je ne vois pas
pourquoi il faudrait attendre à la fin de l'année, alors que peut-être
l'étude... la période prévue pour étudier un projet de règlement va être
dépassée, la période pour étudier un projet de loi va être dépassée. Les délais
sont souvent bien plus courts que ça. Donc, s'il faut dire au protecteur de
l'élève, bien : Ton avis, on va le prendre juste une fois par année, à
part si on te le demande expressément, je ne comprends pas. Ils vont développer
une expertise. Le ministre a nommé toute la confiance qu'il avait, lui, envers
le protecteur de l'élève. Il va le consulter lui-même à l'occasion, quand il va
y penser, quand il va le juger pertinent. Mais ça pourrait arriver, ça pourrait
tout à fait arriver, avec toute l'expertise qu'ils vont avoir, les protecteurs
de l'élève, qu'eux jugent pertinent de s'exprimer sur une situation. Puis je ne
vois pas pour quelles raisons on les en empêcherait.
Puis le ministre a parlé de l'utilisation
des fonds publics. Je ne pense pas que ça va coûter bien, bien plus cher si on
donne le droit au protecteur de l'élève de s'exprimer sur des enjeux qui
touchent sa mission, c'est-à-dire le respect des droits des élèves. Au
contraire, il me semble que c'est une saine utilisation des fonds publics que
de demander des avis à des gens qui deviennent des experts dans leur champ
d'action.
Puis le champ d'action du Conseil
supérieur d'éducation, puis celui du protecteur de l'élève, pour moi, ce n'est
pas le même. On ne peut pas dire, bien, comme le Conseil supérieur de
l'éducation peut déjà faire ça quand il le juge opportun, on n'a pas besoin de
donner ce droit-là au protecteur des élèves. Il ne gère aucune plainte, le
Conseil supérieur de l'éducation, il ne gère pas des plaintes d'élèves, de
familles, de membres du personnel.
Donc, je pense que c'est c'est se priver
d'information pertinente finalement, que de refuser ou de dire au protecteur de
l'élève d'attendre jusqu'à la fin de l'année avant de formuler des
recommandations. Il me semble que ça va être ordinaire si le ministre décide
d'adopter une nouvelle réglementation, par exemple, sur, je ne sais pas, les
frais chargés aux parents pour la surveillance du dîner, puis que, bon, tout ça
se passe dans les délais prévus, quelques dizaines de jours, puis qu'au final,
des mois plus tard, là, dans le rapport annuel, le protecteur de l'élève va
nous dire qu'il y aurait eu des recommandations là-dessus, mais, finalement,
entre temps, le règlement, là, il a été adopté puis il est en vigueur. Il va
être un peu tard.
Donc, moi, je pense qu'il faudrait qu'ils
puissent le faire chaque fois qu'ils vont le juger opportun. Idéalement, le
ministre y penserait lui-même puis il le ferait, systématiquement. Mais à
défaut d'inscrire ici que, systématiquement, le ministre doit consulter le
protecteur national de l'élève avant de faire des choses, je pense qu'on doit
au moins donner le droit au protecteur de l'élève de le dire si lui le juge
opportun.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la députée. M. le ministre.
M. Roberge : Bien, moi, je
pense qu'on erre ici dans la confusion des mandats des différentes
institutions.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. D'autres commentaires? Non? Oui, allez-y, Mme la députée de
Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Mais en quoi on
mélange? Parce que l'article 17 ouvre déjà là-dessus. C'est juste que c'est
unidirectionnel, dans le sens que, si l'article 17 prévoit déjà qu'on peut
demander son avis, avoir le revers de la médaille, c'est juste à propos. Puis,
en plus, c'est aussi la question de la transparence des avis.
Puis ma collègue de Mille-Îles m'a donné
un autre argument supplémentaire, en plus, parce qu'avec un avis public, un
parent, ça va aussi l'aiguiller. Une fois qu'on sait c'est quoi, la réponse,
bien, les gens vont dire : Ah! O.K., voici la réponse, soit que je
m'embarque soit que je ne m'embarque pas. Pas besoin d'aller plus loin. Ou
l'école aussi va dire : Ah! O.K., voici l'avis du protecteur national de
l'élève. L'école, là, partout au Québec, il ya peut-être un avis qui est rendu
public. L'école va dire : Bien, O.K., c'est ça, la réponse du protecteur
national, donc je vais l'appliquer aussi de façon locale.
Puis, il y a un autre exemple qu'elle m'a
donné. Souvent, dans les municipalités, on essaie de trouver des initiatives
locales, comment on peut aider les gens. Lorsqu'on voit qu'il y a un problème,
je ne sais pas, tu m'as donné encore un autre exemple, transport...
Mme Rizqy : ...comment que je
peux... Moi, comme municipalité, je vois que ça revient beaucoup dans ma
localité. C'est un enjeu tellement important que c'est rendu au protecteur
national de l'élève. On va se concerter pour essayer de trouver une autre
solution, une autre voie de passage. Moi, je le vois déjà que l'article 17
ouvre et donne ce rôle-là. Une fois qu'on lui donne à 50 %, donnons à
100 %, aussi, ce rôle, et non pas de façon unidirectionnelle. Là, je vous
vois pensif, en plus.
M. Roberge : Bien, pour moi,
c'est bidirectionnel. Le protecteur fait son rapport annuellement, puis toutes
les informations de ma collègue se retrouvent là. Si, ponctuellement, on ne
peut pas attendre, puis au milieu de l'année, sur le mandat spécifique du
protecteur de l'élève, le gouvernement veut un avis particulier, bien, il le
demande au protecteur de l'élève. Mais à un moment donné, il faut que tu... Si
tu essaies d'être bon dans tout, tu vas n'être à peu près bon dans rien.
• (11 heures) •
Le protecteur de l'élève, il a un mandat,
c'est de superviser les protecteurs régionaux, c'est de s'assurer... il a même
un pouvoir d'enquête... c'est de veiller au respect des plans de lutte contre
la violence, l'intimidation, notamment les violences sexuelles. Il a un champ d'expertise
très précis, puis c'est ça, son rôle, là. Ce n'est pas de générer... de lire la
revue de presse du matin, dire : Ah! est-ce que je pourrais commenter
ceci, générer un avis, il me semble qu'il y a eu... Il s'est passé quelque
chose il y a trois mois, puis là tu canalises tes énergies là-dedans, tu prends
des ressources, puis tu t'en vas là-dedans. Alors que ce n'est pas ça, ce n'est
pas ça, son mandat spécifique. C'est le traitement des plaintes, c'est la
satisfaction des plaignants, donc des parents, c'est la protection des droits
des élèves. Puis il y a une porte ouverte, à 17, pour dire : Si, au milieu
de l'année, le ministre, le gouvernement a besoin de son avis sur un sujet, on
peut le faire. Mais sinon, c'est un rapport annuel, puis il se concentre sur
son mandat, qu'il doit bien faire.
Ça fait qu'il faut toujours partir... tu
sais, il ne faut pas trouver des solutions à des problèmes qui n'existent pas,
là. Les problèmes, ils ont été nommés très clairement en 2017, il y a eu
unanimité là-dessus. La Protectrice du citoyen a fait son rapport, disait... a
montré tout ce qui ne marchait pas dans le système de traitement des plaintes.
Là, on est en train de faire un système de traitement des plaintes qui est
blindé. Faisons ceci bien, et même, très bien. C'est ça, notre mandat. Ce n'est
pas de créer un autre Conseil supérieur de l'éducation dédié aux plaintes.
C'est un protecteur de l'élève.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Le protecteur
national de l'élève est assez important pour que vous ayez prévu déjà... C'est
un bon réflexe, à 17, de dire : On peut lui demander son avis. Et là on
doit aspirer, justement, à blinder ce projet de loi, et moi, je trouve qu'il
manque une partie importante. Et vous vivez vous-même, en ce moment...
Je vais vous donner un exemple concret.
Lors de la pandémie, là, lorsque... le 13 mars, fermeture des écoles, vous et
moi, on s'est parlé le dimanche, pas parce que moi, j'avais pensé à quelque
chose, parce que vous avez pensé à quelque chose. C'était quelque chose qu'on
n'avait pas pensé, c'était les déjeuners puis les dîners à l'école. C'est
quelqu'un d'autre qui nous avait interpellés là-dessus. Ça fait que j'ai
dit : O.K., parfait. Puis, rapidement, je vous ai communiqué, puis vous a
répondu tout de suite présent, puis «parfait, on s'en occupe», puis votre chef
de... m'a rappelée, «O.K., on doit attacher ça». Mais on n'avait pas réfléchi à
ça, puis on est dans l'urgence. Et quand on est ministre, on est
quotidiennement dans l'urgence.
Et même si vous avez des équipes autour de
vous, il y a des affaires qu'on ne pense pas, parce qu'on n'est pas au
quotidien dans l'école. Et si on a une personne... ou enfin, je dirais plutôt,
un organe protecteur de l'élève, qui, eux, leur spécificité, c'est exactement
ça, avoir les deux mains dedans, voir c'est quoi, les enjeux... Et si jamais,
en début d'année ou à la... pour reprendre votre exemple, à mi-chemin dans
l'année scolaire, il y a quelque chose qui relève... bien, à ce moment-là,
pourquoi qu'on va attendre? Il pourrait vous écrire : Regardez, là, je
vous saisis de ça, M. le ministre. Pas parce que vous n'êtes pas bon, pas parce
que votre équipe n'est pas bonne. C'est parce qu'on ne baigne pas au quotidien
là-dedans. Et c'est que... C'est vrai que la vie en politique, et plus
particulièrement pour un ministre, ça va très, très vite.
Alors, je trouve qu'ici là, on gagnerait
du temps. Il ne va pas commencer à vous écrire des avis à tous les jours, là.
On comprend qu'il va vous écrire des avis lorsque c'est vraiment nécessaire,
là. Et je tiens aussi à la transparence du 30 jours, là. Peu importe, là, s'il
décide de prendre notre amendement ou pas, à tout le moins, là, on devrait
avoir les avis rendus publics, là, sur le site Web, là.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la députée. Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : J'ai une
question très spécifique : Est-ce que pour venir, par exemple, en audition
sur un projet de loi, le protecteur de l'élève aurait besoin de la permission
du ministre...
11 h (version non révisée)
M. Roberge : ...ma lecture que
j'ai de l'article 17 : «Le protecteur national donne son avis au
ministre sur toute question que celui-ci lui soumet, je pense qu'en réalité...
Je regarde, ce n'est pas prévu précisément. C'est une bonne question. Je vais
le soumettre aux gens de la... s'il y a d'autres articles qui traitent de ça, s'il
pouvait être... si protecteur de l'élève pourrait, supposons, invité en
audition particulière ou pas. Permettez-moi de vérifier. Je ne suis pas certain
de ça.
Mme Labrie : Bien, j'aimerais
que ce soit vérifié, parce que ça m'apparaît un exemple de situation où le
protecteur de l'élève pourrait vouloir donner son avis sur, par exemple, un
projet de loi. Les projets de loi touchent en général les droits des élèves en
éducation. On en a étudié plusieurs, ici, qui touchaient ça. S'il y avait eu un
Protecteur national de l'élève, moi, j'aurais voulu l'entendre. Mais moi, de la
façon que je lis l'article ici, si le ministre n'a pas lui-même explicitement
dit qu'il voulait les entendre en audition, à ce moment-là, c'est comme s'ils n'ont
pas la permission de donner leur avis. Moi, je trouve ça problématique. Donc,
oui, j'aimerais qu'on me répondre à cette question-là. Puis, si la réponse, c'est :
Bien oui, il pourrait venir, il n'a pas besoin de la permission du ministre,
alors ça veut dire qu'il faut être cohérents puis dire : Bien, s'il n'a
pas besoin de la permission du ministre pour donner leur avis sur quelque
chose, laissons-les s'exprimer à l'année longue sur toutes questions en lien
avec leur mission sur laquelle ils estiment avoir un avis à donner.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. M. le ministre.
M. Roberge : Oui. Bien, on m'a
confirmé qu'il pourrait s'exprimer en toute matière. Puis il pourrait très bien
être appelé à venir témoigner ou discuter en auditions particuliès sur tout
projet de loi.
Mme Labrie : Même si, par
exemple, ce n'est pas une demande explicite du ministre.
M. Roberge : Oui, tout à
fait, tout à fait.
Mme Labrie : Parfait. Donc,
est-ce qu'on peut convenir qu'alors, ça veut dire, j'essaie de comprendre l'interprétation
qu'on doit faire de cet article-là, ça veut dire que le protecteur de l'élève
peut émettre son avis sur des questions qui relèvent de sa compétence, peut les
émettre dans l'espace public sans avoir eu besoin de la permission du ministre
pour le faire.
M. Roberge : C'est ce qu'on m'indique.
Mme Labrie : Parfait. Bien, à
ce moment-là, je pense que, moi, personnellement, j'atteins l'objectif que je
souhaitais, c'est-à-dire que le protecteur des élèves puisse s'exprimer
publiquement sur toute question qui relève de sa compétence, même si le
ministre n'a pas sollicité cet avis-là. Je trouve juste dommage qu'il ne pourra
pas l'envoyer directement au ministre, parce que ce n'est pas ça qu'on écrit
dans la loi. Mais, si le ministre nous confirme qu'il va pouvoir le faire dans
l'espace public, à ce moment-là, il le fera dans l'espace public, puis le ministre
lira sa revue de presse, puis il verra, à ce moment-là, quel est l'avis du
protecteur de l'élève. Je ne sais pas si le ministre me suit, mais l'objectif,
c'est qu'il puisse s'exprimer sur ces questions-là. Si on nous confirme :
oui, ils vont pouvoir le faire, ils n'auront pas besoin de notre permission
pour s'exprimer sur des enjeux qui touchent l'éducation, bien, moi,
personnellement, j'atteins mon objectif. Je pense qu'on devrait le préciser de
la manière dont propose ma collègue de Saint-Laurent. Moi, je trouve l'amendement
excellent. Mais, si le ministre nous confirme au micro que, l'intention du
législateur, là, c'est de les laisser s'exprimer sur toutes questions qui
touchent l'éducation dans l'espace public, qu'ils pourront le faire sans permission,
à ce moment-là, j'atteins l'objectif que je souhaite.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Oui, M. le ministre.
M. Roberge : On me confirme
que la compréhension de ma collègue est la bonne.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Parfait. Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : J'ai un peu de la
misère à suivre d'un point de vue légal, parce qu'un organisme de droit public
a tous les pouvoirs qui sont conférés dans la loi ainsi que les limites de son
silence de la loi. Par exemple, là, si on va pour le Conseil supérieur de la
langue française, l'article 187 : «Le Conseil a pour mission de
conseiller le ministre responsable de l'application de la présente loi sur
toutes questions relatives à la langue française au Québec. À ce titre, le
conseil donne son avis sur toute question que celui lui soumet - mot pour mot
ce qui existe déjà - saisi le ministre de toutes questions qui, selon lui,
appelle l'attention du gouvernement.»
Alors pourquoi que, puis je vais vérifier
dans le Protecteur du citoyen, mais pourquoi que, d'autres organismes, on peut
saisir le ministre de toutes questions qui méritent l'attention du
gouvernement? Il me semble que... Tu sais, moi, c'est bien que, votre
intention, c'est de dire : Bien oui, il va pouvoir parler, mais on ne l'inscrit
pas dans la loi qu'il a le droit de parole.
Puis je vais vous donner un autre exemple.
Dans la vraie vie, là, vraiment vraie vie, c'est arrivé, là, puis j'étais
présente au palais de justice, puis, nous, on a plaidé que l'organisme qui
était présent ne pouvait pas parler, qu'il n'avait pas le droit de parole,
parce que la loi ne lui conférait que deux endroits où est-ce qu'il avait le
droit de parole, puis on a gagné ce point-là. C'est pour ça que j'essaie de voir
pourquoi que, pour le Conseil supérieur de la langue française, on l'a indiqué
clairement : «saisi le ministre de toutes questions qui, selon lui,
appellent l'attention du gouvernement».
Il me semble que ce n'est pas beaucoup,
écrire, là, c'est des mots. Ça va enlever toute ambiguïté...
Mme Rizqy : ...moi, ça va me
rassurer. Puis je suis d'accord avec ma collègue que si c'est ça l'intention du
ministre, puis vous dites à micro ouvert, c'est correct, mais la vérité, c'est
que c'est important que ça soit inscrit dans la loi puis qu'on n'ait pas besoin
d'aller interpréter. Puis qu'après car quelqu'un... tu sais, un juriste aille
fouiller dans des archives, puis dire : O.K., bien, dans le transcript,
c'est vraiment marqué que c'était l'intention du ministre, puis quelqu'un va
dire : Bien, pourquoi qu'il ne l'a pas écrit? Puis en passant, le
commissaire à la santé et au bien être aussi, c'est le même libellé :
Saisit le ministre de toute question qui, selon lui, appelle l'attention du
gouvernement. Donc, si vous voulez, moi, ça ne me dérange pas de l'amender, on
pourrait mettre mettre mot pour mot ce qui existe dans d'autres lois qui sont
actuellement en vigueur au Québec, là.
La Présidente (Mme Guillemette) :
M. le ministre.
M. Roberge : La différence,
c'est que dans d'autres ministères, sur d'autres sujets, l'organigramme est
différent. Il y a comme un écosystème de différents organismes, chacun ayant sa
mission. Le Conseil du statut de la femme, je ne sais pas si je l'ai bien
nommé...
Une voix : ...
M. Roberge : C'est la langue
française au départ? Le conseil de la langue française...
Mme Rizqy : Puis le
commissaire à la santé.
• (11 h 10) •
M. Roberge : C'est ça, n'est
pas un organisme dont le mandat, là, spécifiquement, c'est juste de traiter les
plaintes. Là, on a un... on crée un organisme, ici, qui remplace les
protecteurs des élèves qui sont attachés à chacun des centres de services
scolaires. On leur donne une hauteur, on leur donne une structure, on crée une
institution, on crée des formations, des informations, des rapports annuels, un
rapport, après ça, après cinq ans. Sachant qu'il y a déjà d'autres instances
qui ont d'autres mandats, puis il n'y a pas nécessairement, dans les autres
domaines que ma collègue mentionne, par exemple, un conseil supérieur de tel ou
tel sujet, il y a des mandats qui sont distincts. Puis ça ne veut pas dire,
comme j'ai dit, que le protecteur de l'élève ne pourrait pas venir en
commission parlementaire dans le cadre d'étude d'un projet de loi.
Mais son mandat, c'est de s'assurer que le
traitement des plaintes se fasse bien. C'est aussi de vérifier puis de
coordonner puis d'encadrer, même, les plans de lutte à l'intimidation et à la
violence dans les écoles. Puis il va en toute transparence, après ça, rendre
compte, faire des propositions, faire des recommandations dans ses rapports. Je
vois mal quel problème on tente de régler. Puis juste dire : Bien, ça se
fait dans d'autres domaines. Oui, mais ce n'est pas la même chose, tous les
domaines, tous les ministères ne sont pas structurés de la même manière.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Non seulement le
commissaire à la santé et au bien être... il y a le Conseil supérieur de la
langue française, il y a le Vérificateur général, commissaire au développement
durable, mais même le Protecteur du citoyen... parce que là, vous faites
référence au traitement des plaintes Protecteur du citoyen gère des plaintes.
Eux autres aussi, là, ils ont émis des... de leur propre chef, avec, par
exemple, tout ce qui s'est passé dans les CHSLD, ils n'ont pas attendu. Ils ont
émis leurs rapports puis leurs recommandations.
Coroner, même chose. Le coroner, là, c'est
parce que ce n'est pas à proprement parler une plainte, c'est une situation qui
peut être litigieuse, mais qui n'est pas nécessairement une plainte. C'est
qu'il y a des interrogations. Il y a mort. On cherche le pourquoi puis on veut
trouver des solutions. Ici, moi, ça m'apparaît d'une évidence que ça ne peut
pas être unilatéral de celle que... à la demande du ministre. Ça doit être
aussi le protecteur de l'élève qui gère, oui, des plaintes.
Et pour vraiment distinguer la mission du
Conseil supérieur de l'éducation que du traitement des plaintes du protecteur
national, le Conseil supérieur, là, c'est notre matière grise. Il y a de la
recherche, il y a de la pédagogie. C'est des rapports qui regardent non
seulement maintenant, mais regardent le futur. Alors que le protecteur de
l'élève il gère d'un point de vue, si vous me permettez, là, plus technique.
L'application de la loi sur... publique est elle bien appliquée? Est-ce qu'on a
répondu correctement aux services aux élèves? Ce n'est pas le même rôle, ce
n'est pas la même fonction, sinon on n'aurait pas créé ça. Alors je crois, là,
qu'on devrait, à ce moment-ci, reprendre le même libellé qui existe ailleurs.
On regarde, paragraphe un : donne son avis au ministre sur toute question
que celui-ci lui soumet. Puis, paragraphe deux, je peux reprendre mot pour mot
ce qui existe dans les autres lois actuelles : Saisit le ministre de toute
question qui, selon lui, appelle l'attention du gouvernement. Comme ça, on aura
le... il n'y aura pas de problème cette fois-ci au niveau de la rédaction au
légiste, ça existe ailleurs.
La Présidente (Mme Guillemette) :
M. le ministre.
M. Roberge : ...importer tous
les articles indépendamment des démissions des institutions...
M. Roberge : ...ma collègue
parle du Conseil supérieur de la langue française, puis à l'article 197,
on dit : «Le conseil donne son avis au ministre sur toute question que
celui-ci lui soumet, saisit le ministre de toute question qui, selon lui,
appelle l'attention du gouvernement». C'est son mandat de base, là. Le mandat
de base du protecteur de l'élève, on est à l'article 15 :
«...protecteur national de l'élève et protecteur régionaux veillent au respect
des droits des élèves qui fréquentent un établissement d'un centre de services
scolaire, les enfants qui reçoivent un enseignement à la maison ainsi que les
parents de ceux-ci au regard des services... les services scolaires. Ils
veillent, de la même manière, au respect des droits des élèves.»
On est... On continue, on parle de tout le
reste. On est dans un mandat de veiller au respect des droits des élèves en
s'assurant que le mécanisme de traitement des plaintes fonctionne, que les
plans de lutte à l'intimidation fonctionnent. C'est ça, son mandat,
précisément. Pour l'accomplir, bien, il s'assure du respect des délais. Il
donne des formations, coordonne le travail, il fait des recommandations, il
travaille avec les gens sur le terrain, il peut donner son avis nationalement
si on requiert, puis il fait des rapports annuels. Mais son mandat, ce n'est
pas d'être un autre conseil, un autre organe gouvernemental qui fait des
recommandations nationales. Il va le faire accessoirement, mais ce n'est pas
ça. Il y en a d'autres qui le font déjà. Donc, moi, je nous invite à ne pas, encore
une fois, superposer les choses puis confondre le rôle des uns, des autres. Il
ne s'agit pas de le bâillonner, là. Il peut s'exprimer, il peut venir en
commission, il va faire son rapport. C'est prévu comme ça.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Mme la députée Saint-Laurent. Ensuite, Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Rizqy : Mais justement,
on parle d'une des pierres angulaires en droit québécois : l'éducation.
C'est probablement, là, un des rôles les plus importants. Et si le gouvernement
a jugé pertinent d'ajouter l'article 17 pour avoir l'avis, sur demande, du
ministre... du protecteur de l'élève, bien, le... doit exister. Puis de dire
qu'on ne veut pas créer un autre Conseil supérieur de l'éducation, ce n'est
absolument pas ce qu'on fait. Le Conseil supérieur de l'éducation, là, est un
organe, là, que j'appellerai notre matière grise de l'éducation. Ils
réfléchissent, ils ont des chercheurs, ils vont chercher des données, des
statistiques. Et oui, c'est un travail, là, colossal qu'ils font. Puis leurs
rapports, là, c'est souvent les plus... j'allais dire... volumineux, c'est le
terme à propos, les plus volumineux qu'on reçoit et les notes de bas de page,
là, à chaque fois, là, ça nous amène à d'autres rapports encore plus importants
à lire. C'est pour ça que ça nous prend du temps à lire leurs rapports, mais
ils sont très soutenus.
Là, ici, on n'est pas dans la recherche,
on est dans le pratico-pratique. Est-ce que, oui ou non, le droit de l'élève a
été respecté? Est-ce qu'il y a eu un service qui a été déficient? Est-ce qu'on
peut faire mieux au quotidien? Ce n'est pas de réinventer l'école, là. Ce n'est
pas ça le mandat, là, c'est de gérer la Loi sur l'institution publique et son
application au quotidien. Une fois que j'ai dit ça, je vais vous donner un
exemple où on pourrait penser que les deux se ressemblent. Protecteur du
citoyen puis le coroner. Les deux sont penchés, oui ou non, sur les CHSLD? Oui.
Sous un angle différent. Et c'est drôle, les deux, dans leur loi, prévoient
qu'ils peuvent, justement, s'exprimer. Ils ont ce droit de parole. Le
Vérificateur général du Québec a ce pouvoir-là aussi. Il peut, là, dans sa loi,
article 35 : «Le VG peut communiquer ses contestations de
vérification avec les recommandations qu'il juge appropriées aux autorités
gouvernementales et aux responsables concernés sur toute matière qui, à son
avis, est de leur compétence.»
Le ministre a dit : Bien, moi, c'est
mon intention qu'il puisse communiquer. Moi, je veux juste qu'on l'écrive, son
intention. Puis on n'a même pas besoin de réinventer la roue parce que, dans
d'autres dispositions, dans les lois actuelles au Québec qui sont en vigueur,
on l'a déjà inscrit qu'on peut saisir le ministre de toute question qui, selon
lui, appelle l'attention du gouvernement. Si c'est ça, son intention, moi je
veux juste qu'on l'inscrive clairement dans la loi, il n'y a aucune ambiguïté.
Puis en droit, quand il n'y a pas d'ambiguïté, on n'a pas besoin d'interpréter.
On fait juste appliquer la loi. Alors, tu sais, je... puis en plus, j'ajoute
qu'il n'a pas répondu sur l'autre partie, là, qui est le 30 jours de
publication de l'avis, là, pour la transparence. C'est aussi important, là.
Puis pourquoi que c'est important, ça? C'est que ça va envoyer un message aussi
dans le réseau de l'éducation. Une fois qu'on a un avis, ça envoie un message
aux parents, aux élèves, au réseau d'éducation de comment l'appliquer puis
dire : O.K., voici l'état du droit actuel sur ce dossier. Alors, en plus,
on va peut-être gagner du temps, là.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci...
La Présidente (Mme Guillemette) : ...M.
le ministre, d'autres commentaires?
M. Roberge : Bien, je ne
pense pas qu'on est en train de gagner du temps quand, clairement, il y a un
désaccord, là, sur la vision puis la perspective des différents organismes qui
ont des mandats distincts et complémentaires. Ma collègue a un point de vue qui
est différent, c'est correct. Ça va arriver, des fois, qu'on ne pourra pas
voter du même côté soit sur un article ou sur un amendement. Je pense qu'on est
dans un cas où on est d'accord pour être en désaccord.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. J'avais Mme la députée de Sherbrooke qui avait une intervention.
• (11 h 20) •
Mme Labrie : J'essaie de
comprendre l'objection du ministre, puis je retourne ça dans ma tête dans tous
les sens, puis je ne la comprends pas, l'objection du ministre. Parce que le
postulat de base, là, c'est : le ministre lui-même qui trouve que l'avis
du protecteur de l'élève peut être pertinent. Il a prévu, dans sa loi, un
article pour pouvoir consulter le protecteur de l'élève, donc il juge que son
avis peut être pertinent, que ça vaut la peine d'aller le chercher à
l'occasion. Ça, c'est... je suis d'accord avec lui, donc ça, je suis d'accord
avec lui. Il nous dit que le protecteur de l'élève va pouvoir s'exprimer
publiquement, qu'il n'aura pas besoin de la permission du ministre pour pouvoir
venir en commission parlementaire. Je suis d'accord avec ça.
Mais, après ça, il refuse de s'assurer que
cette intention-là de sa part soit écrite dans la loi. Moi, c'est ça que je ne
comprends pas. Si c'est ça, l'intention, si c'est comme ça qu'il veut que ce
soit appliqué, s'il reconnaît que l'avis du protecteur de l'élève est pertinent
parce qu'il a l'intention de le solliciter à l'occasion puis il veut en avoir
le droit, pourquoi on ne peut pas écrire, noir sur blanc, dans la loi, que ça
va dans les deux sens puis que le protecteur de l'élève aussi peut émettre son
avis quand lui qui a une expertise juge pertinent de le faire? Effectivement,
ça ne veut pas dire qu'il va le faire tous les jours, toutes les semaines. Ça
se peut que, pendant deux ans, il n'y ait aucune occasion où il pense qu'il a
un avis pertinent à donner puis ça se peut que, des fois, ça arrive plus
souvent. Mais je ne comprends pas pourquoi, si le ministre nous dit d'emblée
qu'il juge qu'il y a un avis pertinent à aller chercher auprès du protecteur de
l'élève à l'occasion, qu'il nous dit d'emblée qu'il va lui donner toute la
latitude de s'exprimer dans l'espace public, mais, après ça, il refuse de
permettre formellement au protecteur de l'élève de déposer son avis en
l'envoyant directement au ministre, ce n'est pas cohérent, là. Pourquoi il va
pouvoir l'exprimer à tout le monde, mais pas au ministre directement, son avis?
Pourquoi on n'irait pas préciser, dans la loi, qu'il va pouvoir l'envoyer au
ministre directement, son avis, si on juge qu'il a un point de vue pertinent?
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. M. le ministre.
M. Roberge : Je pense, au
contraire, que c'est parfaitement pertinent. Donner son avis au ministre, ça
veut dire rédiger un avis, ça veut dire faire un travail de recherche, faire un
document, mobiliser des ressources qui ne seront pas allouées à sa mission
première pour faire une recherche, documenter, ce qu'il va faire une fois par
année, mais là ça pourrait être deux, trois, quatre. Et là il va prendre ses
ressources, puis il va creuser quelque chose, faire un rapport qui serait
documenté, et, pendant ce temps-là, bien, il n'a plus assez de ressources parce
que nous autres, on l'outille pour son mandat, là : le traitement des
plaintes, les droits des élèves, l'efficacité gouvernementale, les délais qui sont
serrés, satisfaction du parent et d'élève. Bien là, ça va lui prendre plus de
personnes pour aller faire d'autre chose qui n'est pas son mandat premier. On
ne veut pas... L'idée, là, ce n'est pas qu'on crée une instance qui se donne
des mandats, qui a besoin de plus de locaux, qui a besoin de plus de personnel,
besoin de plus de fonds pour faire quelque chose qui est déjà fait par un autre
organisme. C'est ça. Qu'il se concentre, qu'il soit exceptionnel, qu'il soit
formidable, qu'il soit un modèle en Amérique, en Occident sur ce qu'il doit
faire, puis que, quand il y a des problématiques, bien, il peut s'exprimer, il
n'est pas bâillonné, puis il a son rapport annuel. Mais ce n'est pas son mandat
premier, là, de toujours être en train de colliger, puis de rédiger, puis
d'avoir une équipe de rédaction, puis de... Ce n'est pas ça, son mandat. On
focuse, on se concentre sur la cible pour être efficace, pour avoir quelque
chose qui est opérationnel, c'est ça qu'on veut, de l'efficacité
gouvernementale.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, M. le ministre. Mme la députée.
Mme Labrie : Donc, si je
comprends bien le ministre, l'article 17 vient créer une exception où, à
l'occasion, le ministre va demander quelque chose au protecteur de l'élève qui
sort de son mandat habituel, si je le suis. Est-ce que ça veut dire que, quand
il va le faire, il va donc lui octroyer du financement supplémentaire parce que
le ministre va dire : Bien là, je vous commande un avis sur tel enjeu, je
sais que, dans le cadre de votre mission, ce n'est pas ça...
Mme Labrie : ...faites
habituellement, ça ne rentre pas dans votre financement, là, je vous commande
un avis là-dessus, voici tel montant d'argent pour financer la démarche que
vous allez avoir à faire pour me fournir cet avis. Est-ce que c'est ça que le
ministre nous dit? Parce que, dans le fond, de la façon qu'il me l'explique,
c'est comme si ce n'est pas ça la mission, ça ne sera pas ça, la mission du
protecteur de l'élève. Mais à l'occasion, le ministre va vouloir lui donner ce
mandat-là, mais ce n'est pas sa mission de base, donc ça va nécessiter... Donc,
quand ça va se présenter, cette situation-là, le ministre demande un avis ou de
fournir un financement supplémentaire parce que, là, on donne une tâche
supplémentaire. C'est ça, l'intention?
La Présidente (Mme Guillemette) :
M. le ministre.
M. Roberge : Ce que je dis,
c'est que ce n'est pas sa mission principale. Il va être équipé, il va être
capable de recevoir des demandes ponctuelles. Il arrive quelque chose, le
ministre a besoin d'un avis, il a besoin d'éclairer les travaux sur une
problématique à régler ou sur un projet de loi, je pense qu'on va être capables
d'y répondre. Et c'est toute la différence versus, bien, c'est dans votre
mandat, puis vous avez en permanence toujours des gens en train de rédiger des
avis. C'est juste une perspective d'efficacité gouvernementale que j'ai déjà
exprimée.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : L'amendement de
ma collègue ne dit pas que le Protecteur national de l'élève doit fournir un
avis sur toute question relative à l'éducation, là. S'il le juge nécessaire, ça
se peut que ça arrive très rarement, mais c'est à lui de le juger. On fait
confiance à son expertise ou on ne fait pas confiance à son expertise pour
déterminer à quelle occasion il pense avoir quelque chose à apporter à une
réflexion gouvernementale. L'idée, ce n'est pas de leur imposer de faire ça,
c'est de leur permettre, en toute légitimité, parce que ça va être écrit dans
la loi qu'ils le peuvent, à l'occasion, quand ils ont quelque chose à dire, un
avis à donner, qu'il n'ait pas besoin que cet avis-là, il ait été sollicité
pour pouvoir le transmettre au ministre. C'est juste ça qu'on veut, là. Il n'y
a personne qui va être occupé à temps plein à rédiger des avis au protecteur de
l'élève, là. Si c'est le cas, ça va être un indice que peut-être, que les
réflexions ont été mal faites en amont, là, du côté du ministère de l'Éducation,
là, si c'est rendu que le protecteur de l'élève, là, doit consacrer des
ressources à temps plein pour donner des avis, pour dire : Ça, vous ne
devriez pas faire ça comme ça. Ça, c'est problématique, ça, parce que, là, ça
travaille mal de l'autre bord. Moi, je ne pense pas que ça va arriver si
souvent que ça, mais on veut que ça soit prévu qu'il puisse le faire.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. D'autres... Oui, M. le ministre.
M. Roberge : Bien, à la
réponse à la question de ma collègue. Est-ce qu'on fait confiance à son
expertise ou on n'a pas confiance à son expertise? On fait confiance à son
expertise pour remplir le mandat, puis on est en train de définir le mandat.
Puis là on... divergence de c'est quoi, le mandat.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. D'autres interventions? Oui, Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Charbonneau : Dans la
volonté qu'on a de mettre en place un protecteur de l'élève de façon plus
parapluie, plus grand, j'ai compris que la volonté, c'est qu'il se fasse
connaître, qu'il y ait une relation de proximité entre la population qu'il va
desservir et la résolution de problèmes qui peut émerger des différentes
situations qu'il va recevoir comme plaintes. Puis l'objectif que je comprends,
c'est qu'on ne veut pas qu'on se rende jusqu'à lui. On aimerait bien que dans
les centres de services, dans les écoles privées et dans la relation entre le
parent qui fait l'école à la maison et le centre scolaire, il y ait cette
possibilité-là de régler le problème avant que ça arrive au protecteur de
l'élève. Mais la volonté qu'il y a dans le projet de loi, de la façon que je le
comprends, puis je ne pense pas être dans le champ, c'est qu'on veut qu'il y
ait une belle façon de faire connaître puis de donner cette proximité-là entre
le protecteur de l'élève et les gens qui cherchent à résoudre des
problématiques. Donc, c'est un protecteur de l'élève, puis le ministre l'a dit
à plusieurs reprises, mes collègues aussi, ça protège le droit de l'élève. Le droit
de cet élève-là ne se conclut pas juste à la pédagogie. Ce n'est même pas non
plus qu'une piste de solution pour un parent qui pense qu'en EHDAA il n'a pas
eu les services désirés, ce n'est pas juste ça. C'est aussi, puis ma collègue
de Saint-Laurent le disait, c'est aussi les déjeuners puis les dîners, c'est
aussi la surveillance, c'est aussi les activités. C'est aussi la run de bus,
parce qu'il ne faut pas oublier l'enfer jaune de nos écoles où il y a les gens
qui essaient de mettre une façon facile de s'y rendre puis de revenir à la
maison.
Mais notre nouveau protecteur de l'élève,
qui aura ce principe parapluie là, bien, le ministre nous disait, la dernière
fois qu'on s'est vus, bien, il ne sera pas en place, là, u mois de septembre,
là. Il va arriver probablement dans un an, puis il va mettre en place sa
structure, puis... Mais si mon parent, là, qui est seul au monde avec son
problème, puis, Mme la Présidente, quand tu as un enfant, tu penses tout le
temps que tu es seul au monde avec ton problème. Puis finalement, en parlant à
d'autres parents, tu réalises que tout le monde a eu à peu près les mêmes
petites problématiques, le même...
Mme Charbonneau : ...puis
c'est en échangeant, en faisant des lectures puis en faisant en sorte que tu t'informes
que tu arrives à dire : Bien, c'est-u une plainte ou c'est juste un
constat? Ou : Je devrais peut-être prendre un peu de recul comme parent,
peut-être que je suis sauté trop vite sur ma colère, puis... Est-ce que j'ai
une référence? Bien, peut-être que je pourrais en avoir une si, sur mon site du
Protecteur de l'élève national, j'ai une rubrique qui s'appelle «Avis», et que
ce soient les avis que le ministre a... je vais dire : permis, mais ce
n'est probablement pas le bon verbe. Donc, je ne veux pas qu'on me rappelle que
ce n'est pas le ministre qui donne des permissions, je veux juste vous
dire : permis de mettre en ligne pour qu'un parent s'y retrouve. Puis je
prends un pari avec vous, Mme la Présidente. Après un an, dans cette
rubrique-là, il va y avoir des avis qui vont aller dans le transport,
activités, pédagogie, services, il va y avoir des rubriques pour guider le
parent dans : Ah oui, O.K. Ça, c'est vraiment quelque chose de récurrent,
puis il faut que je prenne un peu de recul, parce que le transport, ce n'est
pas quelque chose que le centre scolaire contrôle à temps plein, ou, bon, il y
a un manque de personnel, ou il y a... Il y a des petites problématiques qui
peuvent émerger.
Mais, Mme la Présidente, il faut se
rappeler, là, que le Protecteur de l'élève va avoir un mandat différent de
celui qu'on a en ce moment. L'école privée, là, ce n'est pas un centre
scolaire, c'est une PME qui donne des services pédagogiques, puis le parent qui
choisit de donner l'école à la maison, bien, il n'est pas en lien avec toute la
structure scolaire. Puis la volonté qu'on a, c'est de faire en sorte que le
Protecteur de l'élève devienne... je vais utiliser le mauvais terme, j'aime ça,
mais le «rock star» de la problématique. Ça veut dire que c'est lui qui va
trouver les pistes de solution avec le parent si le centre scolaire, l'école
privée ou le parent à la maison ne trouvent pas de solution.
• (11 h 30) •
Alors, moi, quand je vois, là, que l'avis
est rendu public sur le site Internet dans un délai de 30 jours, je me
dis : Mon parent, il n'a pas besoin d'attendre un an pour savoir qu'il y a
eu une problématique, puis il y a des pistes de solution, puis il n'est pas
obligé de passer à travers l'ensemble de la structure. Puis, quand j'entends le
ministre dire : Oui, mais ça prend des recherches, puis ça prend du
personnel, puis... bien non! Je suis désolée. Quand un protecteur de l'élève
va s'adresser au national puis que le national va s'adresser au ministre, il va
y avoir un échange peut-être très fluide où, là, ça va être : Voici ce qui
se passe, voici comment on a trouvé les pistes de solution, voici une
recommandation qu'on vous fait, M. le ministre, pour pouvoir résoudre la
problématique de façon nationale. Peut-on afficher un avis? Et là, le ministre
va dire : Bien oui, écrivez-moi un avis, puis on va le mettre sur le 30
jours, puis on va informer la population de la problématique qui existe, puis
voici les pistes de solution.
Le fait de rendre les choses publiques,
accessibles puis transparentes fait en sorte que les gens, les parents, les
écoles, les écoles privées comme publiques, les parents à la maison vont
vouloir utiliser ce qu'on met en ligne pour pouvoir s'informer, mieux
comprendre puis accompagner les gens. Donc, ce n'est pas juste pour les parents
et les étudiants ou les élèves, c'est aussi pour les centres scolaires, c'est
aussi pour les écoles privées et les parents qui font l'école à la maison. Ça
devient un outil pédagogique puis, à la limite, ça devient quelque chose qui
fait que mon protecteur de l'élève ou le site Internet de mon protecteur de
l'élève devient accessible, qu'il est consulté par les gens avant même qu'on se
rende à un «peak» de colère où, là, les gens, ils disent : Je ne suis pas
entendu, je ne suis pas écouté, puis il y a quelque chose qui ne marche pas, je
vais écrire directement au ministre puis je vais aller interpeller mon député.
Alors, j'entends le ministre dans ses
craintes de créer une grosse machine de gens qui vont faire des rapports, puis
des recherches, puis... mais ce n'est pas ça. La volonté qu'on a, c'est un
principe de transparence qui fait en sorte qu'autant les centres scolaires, les
écoles privées, les parents à la maison, les organismes communautaires, les
villes... On le dit parce que ce sont des gens qui vont consulter, ils
vivent... L'école, c'est le milieu de vie d'un village, c'est le milieu de vie
d'une ville ou d'une partie de la ville. Quand il y a un problème à l'école,
bien, tout le monde veut... On ne veut pas savoir le nom. Mais, s'il y a un problème
à cause d'un «Arrêt Stop» puis qu'il y a une plainte récurrente qui revient,
puis que le parent va sur l'avis, il regarde l'avis puis il dit : Bon,
bien, le transport scolaire, ce n'est pas la commission scolaire, c'est la
ville, bien, mon parent est déjà plus guidé, puis il ne perd pas de temps, puis
il n'en fait pas perdre non plus. Ça fait que le principe de la transparence,
où là on met les avis sur Internet parce que...
11 h 30 (version non révisée)
Mme Charbonneau : ...le
protecteur de l'élève national l'a transmis au ministre, je trouve que ça vient
apporter quelque chose supplémentaire dans la volonté de rendre populaire,
accessible et transparent le protecteur de l'élève.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la députée. M. le ministre.
M. Roberge : On a une vision
différente, là... Puis, à l'article 18, on parle du fait que le protecteur
régional peut recevoir des demandes mais localement. Tu sais, il y a une institution
nationale, mais c'est pour voir à la bonne marche du traitement des plaintes
locales, c'est un soutien national au niveau local pour que ça se passe mieux
dans les écoles. Ce n'est pas un organisme national qui s'intéresse, par
exemple, au programme de formation de l'école québécoise, aux grandes
politiques, on est dans le traitement des plaintes. Puis l'article 18, quand on
y viendra, on marque, là, qu'on est au niveau du C.A., même du comité de
parents, du comité d'élèves même. Donc, on est à ce niveau-là.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, M. le ministre. D'autres commentaires?
Mme Charbonneau : Bien, je
trouve ça malheureux, parce que la volonté, ce n'est pas d'informer juste le
conseil d'établissement, c'est d'informer l'ensemble de la population de la
possibilité de cette relation-là puis d'information par rapport au protecteur
de l'élève. Je ne sais pas pourquoi c'est inquiétant au niveau ministériel, je
ne sais pas. Je ne sais pas ce qui inquiète. Mais la transparence, c'est
toujours gagnant. Puis, comme parent, si j'ai un problème puis je peux aller me
référer à un site pour aller voir s'il y a eu d'autre monde qui ont eu ce
problème-là ou s'il y a des pistes de solution qui sont autres que juste lever
ma main pour parler au protecteur de l'élève, je trouve que je viens d'aider l'ensemble
de ma structure scolaire à trouver des pistes de solution. Je ne comprends pas,
c'est quoi, la problématique. J'aimerais ça la comprendre, là, parce que je
pourrais la débattre encore plus, mais je ne comprends pas la problématique qui
vient avec le deuxième alinéa qui dit qu'on va informer les gens après 30 jours
parce que la problématique a été transmise au ministre, puis on va rendre
publiques les choses. Je ne comprends pas.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la députée. D'autres interventions? Mme la députée de
Sherbrooke.
Mme Labrie : Bien, pour
conclure mon argumentaire là-dessus, je dois dire que je ne comprends pas non
plus la situation. Je pense que, oui, on est toujours gagnant avec plus de
transparence, on est toujours gagnant avec plus d'avis, aussi, ça permet de
prendre des meilleures décisions. Donc, je ne peux que me désoler qu'on ne
souhaite pas inscrire ça ici.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Oui, Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Bien, je vais
lire le commentaire en dessous de l'article 17 : «L'article proposé vise à
permettre au ministre de requérir l'avis du protecteur national sur toute
question.» S'il n'y avait pas une expertise, on n'aurait pas écrit l'article
17. Si ce n'était pas utile, on n'aurait pas écrit l'article 17, on aurait
juste dit : Bien, le conseiller supérieur de l'éducation, on va se
remettre à lui. C'est qu'on reconnaît qu'en établissant un nouvel organe on
crée une expertise. C'est ça qui est magnifique, en fait. Puis vous savez quoi?
L'école, je vous le dire, là, n'appartient pas à moi ni au ministre ni à nous
autres, l'expression consacrée, là, ça prend un village pour élever un enfant,
ce n'est pas des mots qui ne veulent rien dire, c'est que c'est réel. Et c'est
pour ça que cet avis-là n'est pas pour le bénéfice du ministre en poste.
Puis tantôt, quand il a dit au micro :
Moi, c'est mon intention, c'est son intention à lui, mais l'avenir ne m'appartient
pas, à savoir qui sera en poste à titre de ministre aujourd'hui, demain, dans
cinq ans, dans 10. Par contre, je sais une chose, une fois qu'on aura adopté le
protecteur de l'élève, il va survivre à notre passage à nous en politique, et
la loi, telle qu'écrite, va nous survivre, et c'est pour ça que c'est impératif
aujourd'hui de venir faire une petite modification pour que ça soit bilatéral.
D'une part, le ministre peut, de son propre chef, effectivement, demander l'avis,
mais on doit laisser absolument cette option bilatérale, que le protecteur
national de l'élève peut saisir le ministre. Lorsqu'on étudie l'article 16,
vous-même, vous avez dit : Il y a des situations qu'on n'aura pas prévues,
pas parce qu'on n'est pas bons, là, mais c'est qu'il y a de l'évolution, l'être
humain évolue, les technologies nous dépassent. Hier, Pierre Arcand faisait
même une blague là-dessus, que, quand c'est rendu que tu ne sais pas c'est
quoi, TikTok, c'est peut-être parce que tu es dépassé...
Mme Rizqy : ...il a fait une
blague là-dessus. Mais on n'est pas capable, nous, aujourd'hui, de prévoir
toutes les éventualités. Par contre, on sait une chose, c'est qu'aujourd'hui on
va instaurer un protecteur de l'élève. Puis lui aura les deux mains dedans.
Moi, je n'aurai pas les deux mandats. Je sais, mais aucun d'entre nous n'aura
les deux mains dedans. Et c'est juste... cette option, M. le ministre, là, puis
ça, c'est mon plaidoyer, je vous fais : Donnons-nous l'option. De votre
propre aveu, vous avez dit : Moi, c'est mon intention. Bien, légiférons
correctement en inscrivant que... puis si vous voulez qu'on modifie pour
reprendre le même libellé qui existe ailleurs, peut saisir lorsque c'est
pertinent, lorsqu'il juge à propos, lorsqu'il juge pertinent. Moi, mon
amendement, là, ce n'est pas sur tout, là. Ce n'est pas du à gauche puis à
droite, c'est sur sa mission. Et évidemment, il peut, là, ce n'est pas il doit,
c'est il peut. Puis, avant qu'on arrête de siéger sur le projet de loi n° 9
pour les crédits, on vous a posé des questions au niveau financier. Vous nous
avez dit : Évidemment. Puis vous avez raison de le dire, vous ne pouvez
pas aujourd'hui nous dire c'est quoi les crédits disponibles. Mais on ne peut
pas donner l'argumentaire que ça va demander plus de ressources parce qu'on ne
sait pas justement les crédits. Mais moi, je suis convaincu. Je suis très
optimiste qu'il y aura les crédits nécessaires pour veiller à sa mission
première, qui est le respect des droits des élèves. Mais je suis aussi
convaincu que tous les citoyens qui ont à coeur l'école veulent aussi
comprendre ce qui se passe dans les écoles, l'application de la loi, mais aussi
l'application de la loi par le protecteur de l'élève. Puis, en définitive, ça
va nous donner aussi à nous des outils si jamais, plus tard, le protecteur de
l'élève dit : Moi, je dois conclure à ça. Voici ma conclusion parce que
voici la limite de la loi. Ça ne lui appartient pas à lui de juger au-delà de
la loi. Ça, ça va nous appartenir à nous comme citoyen avant tout. Je ne suis
pas député, comme citoyen. Parce que souvent, lorsqu'on prend des décisions
pour modifier la loi, c'est d'abord et avant tout des démarches de citoyens,
pas juste les parents, pas juste des enseignants, pas juste... des fois, même
des élèves, là, mais même des gens qui aiment tellement l'école, puis qui
veulent y participer. Alors, tu sais, l'amendement est tellement simple, M. le
ministre, ça fait un engagement qui est bilatéral lorsque c'est pertinent, et,
en plus, c'est que c'est public pour le bénéfice de tous qui aiment leur école,
puis qui veulent s'investir. Ça, c'est mon plaidoyer, M. le ministre.
• (11 h 40) •
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la députée. M. le ministre.
M. Roberge : Oui. Bien,
écoutez, moi, je répète que c'est une question de mandat, de mission d'affecter
les ressources dans les organismes pour qu'ils remplissent ce qu'ils ont à
faire, de ne pas d'empiéter sur le mandat du voisin, de la voisine d'une autre
organisation, mais de bien faire leur mandat, si c'est un mandat de
décentralisation, c'est un mandat de soutien aux écoles, c'est un mandat de
recommandation. Il y a des possibilités pour que la personne puisse s'exprimer.
Il y a les rapports annuels. Je pense qu'il y a tout. Ma collègue a dit, quand
on adoptera le projet de loi... Je vais faire attention parce que tout le monde
est de bonne foi, mais il faut juste prendre garde. On a adopté, je ne sais
pas, c'est 10, 12, moins de 15 articles. À date, on a une moyenne... on
est en bas d'un article à l'heure. Il reste, d'ici la fin de la session, moins
de 40 quelques heures peut-être, puis il nous reste comme 80 articles.
Alors, c'est sûr que si, une fois que l'on complète, qu'on discute, parfois on
amende, parfois on l'adopte tel quel, parfois on accepte quelque chose, on
s'entend. Et c'est sûr que si à chaque fois, après avoir exprimé nos points de
vue, qui sont parfois convergents ou divergents, on ne passe pas au vote, mais
on ramène plusieurs fois la même affaire, bien, on ne l'adoptera juste pas.
C'est ça la simple vérité. Ça fait que, moi, je pense qu'il faut qu'on
l'étudie, qu'on creuse les dossiers, qu'on s'assure du sens des mots à chaque
fois, puis qu'on regarde ce qu'on peut faire pour faire le meilleur projet de loi.
Ça, c'est sûr, certain. Puis quand on se rend compte qu'on est en désaccord,
bien, moi, je nous invite à voter pour ou à voter contre, mais à avancer.
Sinon, on n'y arrivera pas. C'est une question, simple question mathématique.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Respectueusement,
M. le ministre, très franchement, là, vous avez toute notre collaboration. On a
été présentes même en briefing technique. Si on a suspendu pour les crédits l'étude
du projet de loi, ça ne nous appartient pas, vous le savez. C'est un exercice
de reddition de comptes qui est obligatoire, auquel on s'est prêté. On a
toujours fait des amendements de bonne foi. On n'a jamais fait des amendements
pour faire du temps, en aucun temps. Et ça, vous le savez pertinemment. Puis
les amendements qu'on dépense sont... il n'y en a pas un seul que vous pouvez
me dire qu'il n'est pas pertinent. On les a même adoptés. Alors, sincèrement,
cet argument-là, puis à la fin de la journée, ça, c'était un engagement qui
était dans votre plateforme électorale, puis on est pour, mais il est arrivé
sur le tard ce projet de loi. Puis, très franchement, vous avez déposé en...
Mme Rizqy : ...liasse des
amendements pour les violences à caractère sexuel. Alors, on aurait pu appeler
le projet de loi de ma collègue. Ça n'a pas été fait. Or, là, tu sais, on
essaie d'ajouter dans ce projet de loi parce qu'on n'est pas capable d'appeler
un autre projet de loi. Mais les articles que vous faites mention qu'il va y en
avoir 80 à adopter, là, c'est parce ce qu'on aurait pu en faire deux, projets
de loi, et non pas simplement un respectueusement.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. M. le ministre, pas de commentaire? D'autres commentaires sur
l'amendement de Mme la députée de Saint-Laurent?
Mme Rizqy : Non, moi je suis
prête à faire un appel au vote nominal, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Guillemette) :
D'accord. Donc, par vote nominal, s'il vous plaît, M. le secrétaire.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Madame Rizqy (Saint-Laurent)?
Mme Rizqy : Pour.
Le Secrétaire
: Madame
Charbonneau (Mille-Îles)?
Mme
Charbonneau
:
Pour.
Le Secrétaire
: M.
Roberge (Chambly)?
M. Roberge : Contre.
Le Secrétaire
: M.
Provençal (Beauce-Nord)?
M.
Provençal : Contre.
Le Secrétaire
: M.
Tremblay (Dubuc)?
M. Tremblay : Contre.
Le Secrétaire
: M.
Poulin (Beauce-Sud)?
M. Poulin : Contre.
Le Secrétaire
: Mme
Proulx (Côte-du-Sud)?
Mme Proulx (Côte-du-Sud) :
Contre.
)
Le Secrétaire
: Mme
Lecours (Lotbinière-Frontenac?
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : Contre.
Le Secrétaire
: Mme
Picard (Soulanges)?
Mme Picard : Contre.
Le Secrétaire
: Mme
Labrie (Sherbrooke)?
Mme Labrie : Pour.
Le Secrétaire
: Mme
Guillemette (Roberval)?
La Présidente (Mme Guillemette) :
Abstention. Donc, l'amendement à l'article 17 est rejeté. Donc, nous
retournons aux discussions sur l'article 17. Nous avons un autre amendement, je
crois, de Mme la députée de Saint-Laurent, à l'article 17.
Mme Rizqy : Non...
La Présidente (Mme Guillemette) :
Non? O.K.. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'article 17?
Mme Rizqy : Bien non, il n'y
a pas d'autre intervention, mais il y a tout l'élément de la transparence qui
aussi a été voté contre, en ce moment.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Parfait. Merci. Donc, s'il n'y a pas d'autres commentaires, je vais mettre
aux voix l'article 17.
Une voix : Sur division.
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Adopté. L'article 17 est adopté sur division. Donc, M. le ministre, vous
pouvez nous présenter l'article 18.
M. Roberge : Merci bien, Mme
la Présidente. On arrive à l'article 18 puis, juste une question de procédure,
comme il y avait un amendement de déposé, je dois quand même faire la lecture?
Ça fait un petit bout de temps, on est rouillé, après la période des crédits.
Je dois faire la lecture de l'article tel qu'il est.
La Présidente (Mme Guillemette) :
De l'article, tel quel, et ensuite de l'amendement que vous avez à déposer,
effectivement.
M. Roberge : O.K.. Très bien.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Et il est déjà dans le Greffier, l'amendement?
M. Roberge : Oui, oui, ça
fait partie de ceux qu'on avait déposés...
La Présidente (Mme Guillemette) :
On le mettra à l'écran par la suite. Merci
M. Roberge : ...pour lutter
contre les violences... l'intimidation et les violences sexuelles. O.K., donc
l'article 18 puis, après ça, l'amendement. Merci. Donc :
«18. Aux fins de l'application de
l'article 15, les protecteurs régionaux de l'élève traitent toute plainte
formulée par un élève qui fréquente un établissement d'enseignement situé dans
la région dans laquelle ils sont affectés par un enfant qui reçoit un
enseignement à la maison qui réside dans cette région ou par les parents de
ceux-ci.
Il donne leur avis sur toute question que
leur soumet le conseil d'administration d'un centre de services scolaire, un
comité de parents, un comité des élèves ou un établissement d'enseignement
privé visé à l'article 15 relativement aux services que rend le centre de
services scolaire ou l'établissement d'enseignement privé aux élèves, aux
enfants qui reçoivent un enseignement à la maison ou aux parents de ceux-ci.»
Donc, commentaires. L'article proposé vise
à déterminer la mission propre aux protecteurs régionaux de l'élève, soit l'examen
des plaintes, et rappelle leur assise régionale. Il permet également à
certaines instances d'un centre de service scolaire ainsi qu'aux établissements
d'enseignement privé de requérir l'avis d'un protecteur régional.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Votre amendement.
M. Roberge : Et je poursuis
avec l'amendement.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Oui, vous présentez l'amendement.
M. Roberge : Merci bien. Les
collègues l'ont reçu il y a déjà un certain temps. Donc, amendement :
Ajouter, à la fin du premier alinéa de
l'article 18 du projet de loi, la phrase suivante :
Il traite également toute plainte
concernant un acte d'intimidation ou de violence ainsi que tout signalement
concernant un acte de violence à caractère sexuel à l'endroit d'un élève qui
fréquente un établissement d'enseignement situé dans cette région.
Donc, l'amendement vise à permettre au protecteur
régional de l'élève de recevoir et de traiter les plaintes concernant des actes
d'intimidation et de violence ainsi que les signalements concernant les actes
de violence à caractère sexuel fait par toute personne et non seulement par un
élève ou ses parents.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, M. le ministre. Des commentaires? Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Juste pour être
certaine, à l'article 15, on inscrit directement dans la loi «signalement»,
alors que, là, à moins que j'aie mal lu, mais on inscrit seulement «plainte»,
dans la loi, mais en commentaire, on inscrit «signalement». Par souci de
cohérence, on ne devrait pas l'inscrire aux deux de la même façon?
M. Roberge : Est-ce qu'on
peut m'aider à cet égard-ci? On ajoute «signalement» avec amendement. Voilà,
c'est ça. Dans l'amendement, on dit : Il traite également toute plainte
concernant un acte d'intimidation ou de violence ainsi que tout signalement
concernant un acte de violence à caractère sexuel...
La Présidente (Mme Guillemette) : ...parfait.
D'autres commentaires? Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Charbonneau : Deux
commentaires. La première, c'est qu'on ne sait toujours pas comment seront
déterminées les régions. On n'a pas d'idée encore. Réponse par oui ou non, là,
parce que...
M. Roberge : On a déjà
discuté de ça, et c'est le protecteur national qui les délimitera. Ensuite, on
s'est donné des critères avant de suspendre, quand même, sur les régions. On
avait fait des amendements ensemble pour donner des grandes balises. Mais ce
sera fait après la sanction de la loi par le protecteur national en fonction
des critères qu'on a adoptés ensemble.
• (11 h 50) •
Mme Charbonneau : Vous faites
bien de me l'avoir rappelé. Mon deuxième commentaire va dans le deuxième
paragraphe, où on énumère les gens, hein? On dit : «le conseil
d'administration d'un centre de services scolaire, un comité de parents, un
comité d'élèves ou un établissement d'enseignement privé. Pour les connaître un
petit peu, les établissements d'enseignement privés sont gérés par des conseils
d'administration. N'y a-t-il pas lieu de dire : le conseil
d'administration de l'établissement d'un enseignement privé, un peu comme vous
le faites pour le conseil d'administration d'un centre de services scolaire,
puisque ce n'est pas que le directeur d'école privée qui prend la décision. Je
ne dirais pas «le directeur d'école», je devrais dire le gestionnaire de
l'école privée. N'y a-t-il pas lieu de nommer le conseil d'administration, là
aussi, pour être clair dans qui vous allez aviser puis avec qui vous allez
faire affaire?
La Présidente (Mme Guillemette) :
M. le ministre.
M. Roberge : Comme il y a
divers moyens d'organiser ces institutions-là, elles n'ont pas toutes une seule
et même formule. Par exemple, dans le réseau public, bon, les centres de
services scolaires sont institués en fonction de la loi, donc il y a toujours
le même organigramme. Dans les écoles privées, on me dit que ce n'est pas
toujours... ça ne porte pas toujours le même nom dans l'organigramme, et on les
désigne tout simplement par l'appellation «établissements d'enseignement
privés». C'est le terme générique qui respecte la LEP, la Loi sur
l'enseignement privé, pour avoir une cohérence, peu importe l'établissement.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. D'autres commentaires, Mme la députée?
Mme Charbonneau : Bien, je
n'insisterai pas, je vais juste émettre une opinion. Puis, je ne cherche pas à
faire du temps, je cherche vraiment juste à mieux comprendre. Tout le projet de
loi est écrit sans le mot «commission scolaire». Je comprends que c'est pour
être cohérent avec un argument qui est en cours en ce moment. Mais là qu'on
dise «un établissement privé», je comprends l'argument, ce qui m'inquiète,
c'est qu'à la lecture de la loi, les gens se réfèrent juste aux gestionnaires
de l'école privée, plutôt de se référer soit à un conseil d'établissement ou un
conseil de parents, ou à un conseil d'administration, parce que la nomenclature
peut être différente. Mais, bon, c'est un commentaire, parce qu'à partir du
moment où je suis un parent puis je lis la loi pour mieux la comprendre, pour
savoir avec qui je fais affaire, puis comment je fais les choses, bien, «un
établissement privé» signifie son gestionnaire plus que son cadre
administratif. Donc, j'ai au moins émis mon opinion là-dessus. Merci.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la députée. Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. Je pense que c'est un très bon commentaire dont on devrait tenir
compte. Puis on devrait l'ajouter, parce qu'effectivement, on veut qu'un
conseil d'administration d'une école privée puisse demander un avis. Des fois,
il peut avoir une opinion qui diverge, par exemple, de celle d'une direction
d'école privée ou un gestionnaire. Il devrait pouvoir aussi demander un avis au
protecteur de l'élève.
Puis je veux poser une question qui va
dans le même sens. Comment se fait-il que le conseil d'établissement n'est pas
dans la liste de cet article-là? Le conseil d'administration d'un centre de
services, un comité de parents, même un comité d'élèves peut demander un avis,
mais on a omis de mettre le conseil d'établissement. Moi, je pense qu'on
devrait l'ajouter. Ça m'a été nommé par des parents qui siègent sur des
conseils d'établissement. Ils veulent que ce soit explicité, parce qu'il arrive
très régulièrement, qu'ils doivent prendre des décisions pour lesquelles ils se
demandent quel pourrait être l'impact sur le respect des droits des élèves. Ils
aimeraient pouvoir solliciter un avis.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la députée. M. le ministre.
M. Roberge : Oui. Je veux
juste évaluer pour la question du conseil d'établissement. Je veux vérifier à
cet égard-là.
La Présidente (Mme Guillemette) :
...suspendre quelques instants? Une petite suspension?
M. Roberge : On peut
suspendre une minute, oui, juste pour vous comprendre. Merci.
La Présidente (Mme Guillemette) :
On va suspendre une minute.
(Suspension de la séance à 11 h 54)
12 h (version non révisée)
(Reprise à 12 h 24)
M. Roberge : ...cependant, au
point de vue technique, on ne pourra pas vraiment le déposer tout de suite
parce que ça ne modifie pas l'amendement qui est déjà là, mais l'article
original. Donc je propose qu'on revienne sur l'amendement, qu'on en traite,
puis quand on aura disposé on pourra déposer un autre amendement qui va dans le
sens de ce qui est proposé par ma collègue.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Ça va à tout le monde? Parfait. Donc, nous revenons à l'amendement de M. le
ministre. Il est à l'écran. Donc, des interventions sur l'amendement autres que
celles de Mme la députée de Sherbrooke? Oui, Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon : Donc je veux d'abord...
je sais que d'habitude on n'invoque pas l'absence, mais je m'assume
complètement pour invoquer mon absence. C'est que je suis sur deux projets de
loi fort importants en même temps, dont le projet de loi deux sur la réforme du
droit de la famille qui débute aujourd'hui, donc... Mais je voulais venir pour
toute la question des violences sexuelles. Donc vous me direz si tout ça a déjà
été débattu et que je ne fais pas œuvre utile, là. Mais si je comprends bien, c'est
à 18 qu'on intègre pour la première fois la notion que le protecteur va être
responsable de traiter tout signalement concernant un acte de violence à
caractère sexuel. Est-ce que c'est la première occurrence de cette réalité-là
et de cette responsabilité là, à 18?
La Présidente (Mme Guillemette) :
On en a traité plus tôt, hein, aussi, M. le ministre?
Mme Hivon : Avec la formation
que ma collègue m'a dit tout à l'heure?
M. Roberge : Exactement. Tout
à l'heure, on a parlé de formation, mais là c'est un peu ici, je dirais, qu'on
établit la compétence.
Mme Hivon : C'est ça. On
établit la compétence ici.
M. Roberge : Oui, c'est ça.
Puis on la précise parce que, d'une certaine façon, c'était peut-être de
manière implicite, mais là, de manière limpide et incontestable, on établit la
compétence à cet endroit-ci. Puis il y a plusieurs amendements qui viennent
détailler, là, le quoi, le comment, puis... voilà.
Mme Hivon : Parfait. Puis il
est clair et spécifique que la formation de tous les protecteurs régionaux va
inclure de la formation sur les violences sexuelles en milieu scolaire?
M. Roberge : C'est un
amendement qu'on a adopté, tout à l'heure, à l'unanimité.
Mme Hivon : O.K., donc je
suis désolée. Je ne prendrai pas plus de votre temps pour me faire réexpliquer
des choses, mais c'est une très belle avancée puis on va continuer à en parler,
là.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la députée de Joliette. D'autres interventions sur l'amendement
de M. le ministre? Donc s'il n'y a pas d'autres interventions, je vais mettre
aux voix l'amendement de M. le ministre. Donc est-ce que cet amendement est
adopté?
M. Roberge : Adopté.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Adopté. Donc, l'amendement étant adopté, nous revenons à l'article 18
tel qu'amendé. Est ce qu'il y a des commentaires, des questions sur l'article 18
amendé? M. le ministre.
M. Roberge : Bien, je pense
que là serait le moment d'afficher à l'écran et de faire la lecture du nouvel
amendement. Est-ce que je devrais dire sous-amendement, Mme la Présidente? Non.
Un amendement. Nouvel amendement.
La Présidente (Mme Guillemette) :
C'est un nouvel amendement. C'est un nouvel amendement.
M. Roberge : Merci. Parfait.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Donc vous pouvez nous présenter votre nouvel amendement, M. le
ministre.
M. Roberge : Oui, je vais l'expliquer
ensuite parce que des fois, quand c'est juste ajouter un mot ici, un mot là
puis qu'on ne voit pas la phrase au complet, ça devient difficile. Mais donc l'amendement,
c'est au deuxième alinéa de l'article 18 du projet de loi, insérer après
"toute question à portée collective" et insérer après "conseil d'administration
d'un centre des services scolaires" "un conseil d'établissement".
Donc, juste... Je vais le relire avec les
mots insérés aux bons endroits, qu'on comprenne bien. Alors, on est au deuxième
alinéa, ça serait... "Ils", ici, là, on parle des protecteurs
régionaux. Ils donnent leur avis sur toute question à portée collective que
leur soumet le conseil d'administration d'un centre de services scolaire, un
conseil d'établissement, un comité de parents, un comité des élèves ou un
établissement d'enseignement privé visés à l'article quinze relativement aux
services que rend le service... le centre de services scolaire ou l'établissement
d'enseignement privé aux élèves, aux enfants qui reçoivent un enseignement à la
maison ou aux parents de ceux-ci.
Bref, on a ajouté le conseil d'établissement.
On a précisé quelque chose ici : à portée collective. Probablement qu'il
aurait fallu le faire de toute manière, je vous dirais, mais en mettant
"conseil d'établissement" on y a pensé encore plus. C'est-à-dire qu'on
demande un avis qui n'est pas une plainte, donc pour anticiper, pour prévenir
des plaintes puis améliorer les services. Dans le fond, idéalement, la
meilleure plainte, c'est celle qui n'est jamais déposée parce que l'école fait
bien son travail, les parents sont satisfaits. Donc, un avis qui serait
demandé...
M. Roberge : ...en amont d'une
plainte, il faudrait qu'il soit un avis à portée collective, c'est-à-dire pas
un avis qu'un conseil d'établissement ou un comité de parents demanderait sur
un cas très, très précis. Sur mon enfant, mettons, je siège au conseil d'établissement...
J'ai siégé en tant que parent sur le C.É., d'ailleurs, de l'école de mes élèves
puis en tant qu'enseignant sur le C.É. de mon école, donc deux centres de
services scolaires, deux rôles différents. Puis ça arrivait, des fois, que des
gens arrivaient avec l'anecdote, mais je ne pense pas qu'il faudrait qu'un
conseil d'établissement demande au protecteur régional de l'élève une question
très, très précise sur le petit Tommy ou la petite Coralie pour savoir
qu'est-ce qui arriverait à elle dans tel ou tel cas. On est plus dans une
démarche de dénominaliser et à grande portée.
• (12 h 30) •
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci beaucoup, M. le ministre. Donc, nous allons débattre de l'amendement
de M. le ministre après dîner. Et je vous remercie de votre collaboration.
Compte tenu de l'heure, la commission
suspend ses travaux. Bon appétit, tout le monde.
(Suspension de la séance à 12 h 31)
15 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 15 h 37)
La Présidente (Mme Thériault) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Donc, la Commission de la culture et de l'éducation
reprend ses travaux. Je vous rappelle que la commission est réunie afin de
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 9 sur le Protecteur
national de l'élève.
Lors de la suspension, le ministre
venait de déposer un second amendement à l'article 17...18, pardon, 18. Et
Mme la députée de Saint-Laurent, vous aviez signifié votre intention de prendre
la parole. Donc, on recommence avec vous, Mme la députée. Allez-y.
Mme Rizqy : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Quand on a arrêté nos travaux à 12 h 30, là, tantôt,
moi, j'avais posé une question parce que, là, on insérait un fait nouveau, là,
à portée collective. Donc là, on va venir définir c'est quoi, une question qui
peut être répondue, alors qu'au départ ce n'était pas le cas. Puis je comprends
le ministre quand il dit... il nous a donné l'explication, juste pour refaire
un topo brièvement. On dit : On ne veut pas que, par exemple, un parent
prenne sa situation, son cas particulier, puis qu'à chaque fois que... le
protecteur de l'élève doive répondre à ce moment-là à cette question.
Par contre, ici, là, c'est quand même déjà
encadré, parce ce n'est pas un parent qui soulève un questionnement, c'est le
conseil d'administration d'un centre de services, un comité de parents, un
comité d'élèves, un conseil d'établissement, si d'aventure on adopte le
deuxième paragraphe. Donc, ce n'est pas une personne, c'est vraiment... ça
prend un comité. Donc, il n'y aura pas ce problème-là parce qu'il y a, déjà en
amont, le comité ou le conseil... va établir quelle question on a besoin. Puis
évidemment, si jamais on se rend compte, là, que... j'ose faire encore un parallèle
juridique, là, qu'on aurait un comité qui serait un plaideur quérulent, là, qu'à
chaque cinq secondes... Ça, ça serait problématique, mais j'espère qu'effectivement,
tu sais, à ce moment-là, le protecteur de l'élève pourra dire : Bien, on
vous a déjà répondu, ça va aller vite, là, si, toujours, il ramène les mêmes
questions sur la table et qu'il n'y a pas de faits nouveaux. Mais je crois qu'on
ne devrait pas aller aussi loin que de définir le type de question, parce que,
sinon, on embarque dans l'interprétation, à savoir si, oui ou non, c'est de
portée collective. Et des fois, ça peut toucher qu'un élève, par contre, même
si ça touche à ce statut-ci, qu'un seul élève, il a une partie collective.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Roberge : Bien, tout ce
que ça veut dire, en réalité, quand on parle de portée collective, c'est que ça
soit formulé de manière générale et que ça ne soit pas une plainte d'une
personne. C'est qu'on y va sur...
M. Roberge : ...un mécanisme,
par exemple. Si on va au niveau local, supposons un conseil d'établissement, ça
pourrait être le territoire du transport scolaire, quoique ça relève peut-être
plus davantage du conseil d'administration. Par exemple, les règles de vie
d'une école, c'est à portée collective. Au niveau du conseil d'administration,
ça peut être le transport scolaire. C'est un avis à portée collective,
simplement.
La Présidente (Mme Thériault) : Madame
la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Et qu'est-ce qui
ne serait pas de portée collective?
La Présidente (Mme Thériault) : Monsieur
le ministre.
M. Roberge : Une question qui
serait très précise sur un cas d'élève, un cas d'espèce.
• (15 h 40) •
Mme Rizqy : OK. Je vous donne
un exemple, là, puis je le formule en même temps que je vous parle. Ce n'est
jamais très bon de réfléchir et de parler en même temps, je le sais, mais bon.
Si, par exemple, on a un cas d'espèce d'un enfant en région que, pour lui, le
transport scolaire, il est dans un milieu où est-ce qu'il n'y a pas de route en
béton, c'est de la gravelle, donc c'est plus difficile de se rendre, c'est un
cas d'espèce, mais qui peut quand même avoir une portée collective. Même si ce
n'est pas toutes les routes qui sont, des fois, plus difficiles, là, là je me
mets vraiment en région... Tu sais, c'est ça, si même moi, j'ai de la misère à
définir qu'est-ce qui n'est pas de portée collective, imaginez eux.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Roberge : Je comprends que
si... on prend un exemple, là, supposons, un conseil d'établissement pourrait
demander un avis au protecteur régional de l'élève, en disant : Est-ce
qu'on pourrait, dans une école primaire qui n'a aucune sélection, exiger le
port d'un uniforme? C'est une question à portée collective. Ça se peut que le
parent qui amène cette question-là y soit favorable, y soit opposé, c'est
correct, mais ce n'est pas : Est-ce que mon fils pourrait déroger à la
règle du port de l'uniforme? Ça, ce n'est pas une question à portée collective.
Mais si on dit le conseil d'établissement se demande, bon, dans le cadre de
l'élaboration du code de vie de l'école, il y a des parents qui sont
favorables, des parents qui sont défavorables. Mais là, le conseil d'établissement
s'apprête à statuer, il veut savoir, dans le fond : Est-ce qu'on a la
légitimité? Si quelqu'un porte plainte après, parce qu'il ne veut pas adhérer,
est-ce que le protecteur de l'élève va lui donner raison ou pas? Donc, le
conseil d'établissement, avant de prendre sa résolution, pourrait demander avis
au protecteur régional : Bien, est-ce que, nous là, on peut exiger un
code, un code vestimentaire à l'école? Ça, c'est purement à portée collective.
Mme Rizqy : O.K. Je reprends
le même exemple, parce que ça, dans ma tête, c'est clair, ça vise tout le
monde, le port de l'uniforme. Mais là, si jamais, dans un cas d'espèce, on a
dans une école qui va dire : Pantalon pour tout le monde, sauf les filles
qui peuvent avoir pantalon ou jupe selon leur souhait. Et là, j'ai un enfant
qui est un processus, qui veut passer de masculin à féminin, qui est un
processus, mais qui n'est pas encore... là, le projet de loi 2 n'est pas encore
adopté, puis je ne connais pas tous les tenants et aboutissants de ce projet de
loi, mais là cet enfant-là dit : Bien, moi, je veux porter une jupe, puis
là l'organisation dit : Mais tu n'es pas encore une fille. Là, ça devient
un cas d'espèce qui n'est pas de portée générale.
M. Roberge : Je pense que
c'est beaucoup dans la formulation de la question en réalité. S'il y a un
problème de câble... O.K. Je vais reprendre la question. On est dans le code de
vie, on a une part ou non de l'uniforme. Le conseil d'établissement se
demande : Oui, là, si on fait un uniforme qui est genré, qu'est-ce qui va
arriver avec des élèves qui ne s'identifient pas à un genre plutôt qu'à
l'autre? Tout à fait. Mais si on demande au protecteur : Bien, écoutez,
avant d'adopter... Dans le fond, je vais y aller très clairement. Si ce n'est
pas au conseil d'établissement de déposer une plainte contre lui-même, au
protecteur de l'élève, c'est juste de distinguer la plainte de la demande
d'avis tout simplement.
Mme Rizqy : Ça, je suis
d'accord avec vous, c'est juste que je trouve que ce serait plus simple si on
enlevait cet élément-là, parce que, même moi, j'ai de la misère à saisir
qu'est-ce qui ne pourrait pas être de portée collective. On jase entre nous
deux, puis, même nous, on n'arrive pas à donner des exemples concrets qui
pourraient être de portée collective. Alors, aussi bien juste de l'enlever, ça
va enlever cette ambiguïté. Puis, moi, je fais confiance que les conseils puis
les centres de services puis les comités de parents ne vont pas faire...
Mme Rizqy : ...ils ne seront
pas, entre guillemets, des plaideurs quérulents, toujours en train de demander
des avis, là. Ils vont aller, évidemment... le principe de bonne foi va
s'appliquer, puis ils vont déposer un avis quand ils arrivent dans un cas
d'espèce qui, justement, n'a jamais dû être appliqué dans le réseau de
l'éducation, puis ils vont se tourner en amont, pour, justement, essayer
d'éviter une situation conflictuelle qui pourrait générer une plainte, puis une
révision auprès du protecteur de l'élève. Moi, je le vois comme, plutôt, une
façon d'en amont s'assurer qu'on n'aura pas le dépôt de plainte, parce qu'on a,
justement, eu un avis du protecteur de l'élève. Moi, je vous demanderais
peut-être juste... Moi, tout le reste, il me convient. C'est juste ce bout-là,
qui porte à… matière à interprétation, puis une ambiguïté. Je l'enlèverais pour
dissiper les doutes pour tout le monde, tout simplement.
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
M. Roberge : Bien,
écoutez, on va vérifier, mais c'est parce que je pense qu'il y a quand même un
principe important. Le plaignant a accès à un mécanisme de plainte, bon, en
trois volets, comme on le dit depuis le début, tandis que, là, ici, quand on
est dans la demande d'avis, on est dans la prévention des plaintes, donc par
défaut, on est dans une démarche à portée collective, on est dans
l'organisation. C'était juste pour baliser, pour dire qu'il ne s'agit pas, par
exemple, pour un comité de parents, de déposer une plainte. C'est ça aussi
qu'il faut préciser. Ce n'est pas... Il n'appartient pas au comité de parents
de porter plainte, admettons, contre le centre de services scolaire sur un cas
précis. Le comité de parents, lui, voulant avoir un avis, bien, c'est plus
global. Peut-être que l'exemple, ça se comprend mieux, quand je parle du comité
de parents versus du conseil d'établissement.
Mme Rizqy : Oui, mais...
Ça, j'ai la même lecture que vous, que l'avis, c'est justement pour prévenir si
on le fait en amont, pour éviter justement... Parce qu'on est allé chercher cet
avis-là, parce que c'est comme, par exemple, un fait nouveau que personne n'a
vu venir, puis là on a dit : O.K., on n'a jamais géré ça, on va demander
l'avis. Puis même je pense qu'un parent, tu sais, de savoir... garder le
conseil d'établissement ou le comité de parents ou le conseil d'administration
est allé chercher justement une ressource supplémentaire, puis voici
l'interprétation du protecteur de l'élève, c'est son avis. Même le parent va
dire : O.K., voici la réponse, puis je comprends que... je déposerai
plainte, bien, il y a déjà eu, entre guillemets, il y a un avis qui a été donné
par le protecteur de l'élève, donc ça va sauver du temps pour tout le monde,
là.
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
M. Roberge : Bien,
écoutez, de toute manière, le protecteur ne pourrait pas donner un avis, par
exemple, au conseil d'administration ou au conseil d'établissement si ce n'est
pas à portée collective. Il fait des plaintes, supposons, individuelles puis il
donne des avis à portée collective.
Si vous souhaitez que ça ne soit pas là, on peut
l'enlever, mais il ne pourra faire que ça de toute manière, dans ce
contexte-là. Je ne pense pas que c'est une clarification de l'enlever.
D'habitude, c'est le contraire, hein, d'habitude, vous voulez absolument qu'on
le précise, vous voulez absolument qu'on l'écrive parce que sinon, si ce n'est
pas là, ce n'est pas assez clair. Là, vous voulez qu'on ne le mette pas, puis
ça va être plus clair, mais je pense que ça ne changera rien. Mon père, il
dit : Ça ne change rien au prix des bananes, ça va finir pareil. Mais je
peux le retirer si vous pensez que ça crée une ambiguïté.
Une voix : ...
M. Roberge : Oui, je
sais l'inflation. Mais je peux... S'il y a consensus... Je ne le ferai pas s'il
n'y a pas consensus, mais s'il y a consensus autour de la table, je peux, à la
limite, retirer mon amendement puis...
Mme Rizqy : Bien,
peut-être une précision...
M. Roberge : ...le
redéposer sans ce terme-là.
Mme Rizqy : Bien, pas de
problème, mais je veux juste savoir - parce que ça va aussi sauver du temps - à
quel endroit c'est spécifié que c'est seulement sur... collectif qu'il donne
son avis.
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
M. Roberge : Ce n'est
pas précisé ici, mais justement c'était pour le clarifier. Parce que, dans la
mesure où on est dans une démarche où, par exemple, un conseil d'administration
sollicite un avis, mais il n'est pas en démarche de porter une plainte sur le
cas très précis, il est en train d'ajuster ses politiques, il est en train de
valider puis de prévenir des plaintes, donc par défaut il est plus dans
l'organisation...
Mme Rizqy : Moi, je
serais plus à l'aise qu'on l'enlève, ça va enlever l'ambiguïté, en tout cas,
que, moi, j'ai dans ma tête, puis ça va être beaucoup plus clair. Bizarrement,
moi, je pense que ça sera plus clair.
M. Roberge : Je le
répète, j'aimerais juste savoir si tous les collègues sont du même avis, sinon,
bien, on va le laisser, si, oui, bien, on peut le retirer.
La Présidente
(Mme Thériault) : J'ai Mme la députée de Mille-Îles puis après
ça, Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Charbonneau : Très
rapidement, Mme la Présidente, habituellement, quand une plainte se fait dans
un centre scolaire ou même dans une école, on est obligés de garder la
discrétion puisqu'on parle d'un élève ou d'une problématique d'un élève et de
l'institution. Donc, c'est implicite le principe de l'avis à version
collective, là, donc...
Mme Charbonneau : ...il
n'y a pas de souci pour moi.
La Présidente
(Mme Thériault) : D'accord. Madame la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Oui. Bien,
j'essaie de retourner ça dans tous les sens moi aussi puis je ne suis pas
capable, moi non plus, d'imaginer une situation où ça ne sera à portée
collective, de toute façon. Tu sais, disons, on reprend l'exemple de
l'uniforme, là, puis là il y avait un parent dont l'enfant est handicapé, par
exemple, fauteuil roulant, mobilité très réduite, incapable de s'habiller seul,
doit porter des vêtements adaptés, par exemple, puis là demande un traitement
particulier de ne pas être obligé de porter l'uniforme, par exemple, il fait
cette demande-là, puis là le conseil d'établissement dit : Bon, bien, on
va demander un avis au protecteur de l'élève, à savoir est-ce qu'on peut dire
oui à cette demande-là ou est-ce que ça, tu sais, est-ce que ça pose problème.
Dans tous les cas, ça reste à portée collective parce qu'il pourrait se produire
d'autres situations comme celle-là, même si on est sur un cas microspécifique,
il pourrait y avoir d'autres situations à travers le Québec. Ça fait que ça
reste à portée collective. Ça fait que, pour moi, chacune des décisions que va
prendre le protecteur de l'élève sur tous les dossiers qui vont lui être soumis
ont tous un potentiel d'être à portée collective. Donc, je ne suis pas sûre
d'avoir une opinion, à savoir s'il faut l'enlever ou le laisser, mais, pour
moi, je ne suis pas capable d'imaginer aucun exemple où on pourrait refuser de
donner un avis en disant : Ça, ce n'est pas à portée collective.
J'aimerais bien ça, voir ça.
• (15 h 50) •
La question, pour moi, c'est plus :
Est-ce que le ministre mettait ça parce qu'il voulait être certain que les
données nominatives ne circuleraient pas? Puis là ma question, elle va dans le
sens d'est-ce que ces avis-là vont être rendus publics. Est-ce que c'est ça,
l'enjeu, la raison pour laquelle il parlait d'avis à portée collective? Est-ce
que c'est parce que c'est des avis qui sont rendus publics et donc, quand c'est
un avis qui porte sur une situation spécifique, il ne faut pas qu'il y ait de
données nominatives, par exemple? Moi, ça, j'aimerais ça le savoir, quand ils
vont donner leur avis, quand, par exemple, un comité de parents, ou un conseil
d'établissement, ou une école va demander un avis au protecteur des élèves, ces
avis-là vont-ils être rendus publics. Parce qu'on s'entend qu'ils vont être à
portée collective, donc probablement que ça vaudrait la peine qu'ils soient
rendus publics parce qu'ils vont présenter un intérêt pour beaucoup d'autres
gens.
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
M. Roberge : Je pense
que ce type d'avis l'a demandé par un C.A. ou un comité de parents, un comité
d'élèves, de toute façon, c'est demandé par une instance, ce n'est pas... Par
exemple, si une mère porte plainte, bien là, je ne pense pas que ça devrait
nécessairement être rendu public précisément, là, c'est un cas précis, ça peut
toucher la vie privée. Là, on est dans, plus la vie collective. Il n'y a pas
d'enjeu, là. De toute façon, les gens vont le recevoir puis ils vont recevoir
l'avis, puis ça va pouvoir être utilisé, ça va pouvoir être partagé pour
éclairer le réseau ou l'organisme ou l'instance qui va le demander.
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme la députée.
Mme Labrie : À ce
moment-là, est-ce qu'on ne peut pas améliorer l'amendement puis aller reprendre
une disposition qui était prévue dans l'amendement de ma collègue de
Saint-Laurent un peu plus tôt à un autre article, prévoir que ça va être rendu
public, par exemple, dans les 30 jours ou pour s'assurer que ça va être
consigné quelque part? Parce que, justement, ils vont consacrer de leur temps,
à l'occasion, à produire un avis à la demande d'une de ces instances-là. Si on
ne veut pas qu'ils passent leur temps à réécrire les mêmes avis sur des sujets
similaires, ça vaudrait la peine qu'ils soient rendus systématiquement rendus
publics assez rapidement après leur production pour qu'un autre conseil
d'établissement ailleurs au Québec qui se penche là-dessus puisse aller
fouiller là-dedans au lieu de resolliciter un nouvel avis. Alors, protecteurs
régionaux, par exemple, bien, ils vont pouvoir voir : Ah! bien, dans telle
autre région, il y a un avis similaire qui a déjà été... un avis sur un sujet
similaire qui a déjà été demandé, par exemple, justement, dans le but d'aller
chercher l'efficacité dont le ministre parlait là, de s'assurer qu'ils ne
travaillent pas 20 fois par année sur un avis sur une situation similaire.
Moi, je pense qu'on devrait modifier l'amendement pour inclure une disposition
rendre grand public dans un délai de 30 jours.
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
M. Roberge : Je pense ça
appartient au protecteur régional puis au protecteur national de colliger ces
choses-là puis de voir des lignes de force puis de dire : Oh! il y a
plusieurs instances, des conseils d'administration, des comités de parents, qui
se posent tel type de questions. Bien là, en amont, on va même faire un avis
plus générique, plus riche, je vous dirais, qui couvre plus large, puis on va
le diffuser, on va l'envoyer à tous. Mais ce n'est pas... Ce n'est peut-être
pas nécessairement l'avis, supposons, conseil d'administration du centre de
services des Découvreurs... un avis sur le code vestimentaire, qui va être
très, très précis, puis un autre C.A. demande un autre avis sur le code vestimentaire,
mais sous un autre angle, après ça, ces gens-là se parlent. On va prendre cet
avis-là. On va prendre cet avis-là, on va faire une suggestion de politique, on
va faire une proposition, on va l'envoyer partout. Je pense qu'il faut faire
confiance au protecteur, aux instances pour partager l'information. Des fois,
est-ce qu'on peut consolider deux, trois avis pour avoir quelque chose qui est
plus utile? Tu sais, ça devient un document d'information, ça devient un
dépliant... Vous savez, des fois, trop d'infos, ça tue l'info, là. Je ferais
confiance au protecteur pour voir dans quelle mesure un avis doit être partagé
ou reformulé...
M. Roberge : ...puis de
manière à être utile pour tous plutôt que d'être très pointus, donc.
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Bien, en
tout cas, je pense qu'on s'entend sur le fait qu'on veut que les avis produits,
qui vont demander de l'énergie aux gens, soient utiles pour tous. Ça, je pense
qu'on va convenir de ça, là, on veut que ça puisse servir aux autres. Là, en ce
moment, la façon dont l'article 18 est écrit, puis même avec l'amendement,
ce n'est pas prévu qu'ils vont être rendus publics, ces avis-là. Donc, moi, je
pense qu'on ne fera pas travailler les gens pour rien. Si on veut que ça soit
utile pour tous, on va prévoir qu'ils soient rendus publics puis on va dire de
quelle manière, à quel endroit, par exemple, dans quels délais. Je pense qu'il
faut prévoir ça. On peut tout à fait prévoir que le demandeur de l'avis, ça ne
sera pas diffusé, tu sais, que l'avis va être diffusé, mais qu'on ne saura pas
que c'est le centre de services scolaire des Découvreurs ou le conseil
d'établissement de l'école Soleil-Levant qui a demandé ça, mais on va pouvoir
quand même avoir accès à la mise en situation puis à l'avis qui a été rendu.
Moi, je pense que, si on s'entend qu'on veut rendre ça utile pour tout le
monde, ces avis-là, il faut prévoir de quelle manière ils vont être rendus
publics. Puis ça va juste sauver du travail à beaucoup de monde, finalement.
Puis, oui, en plus, peut-être qu'en plus
ils vont produire des documents, comme le ministre l'a dit, mais, à un moment
donné, ça devient comme une question... comme une rubrique Questions fréquentes
sur un site Web, là, tu sais, que ce soit déjà disponible, que ça soit possible
de consulter tous les avis qui y ont été rendus, par exemple, en matière de
transport scolaire, tous les avis qui ont été rendus en matière d'uniformes,
puis que les gens puissent consulter puis voir qu'est-ce qui ressemble le plus
à la situation qu'ils vivent puis s'inspirer de ça. Puis, s'ils ne trouvent
rien qui convient à leur situation parce qu'eux autres, c'est vraiment
différent, leur situation, bien là, ils solliciteront un autre avis, mais au
moins ils auront pu vérifier avant. Ça fait que moi, je pense qu'il faut juste
prévoir, dans cet article-là, de quelle manière on va les rendre publics puis
dans quel délai.
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
M. Roberge : Bien, je
veux que l'information soit rendue publique, mais il me semble qu'il faut
laisser... Excusez-moi, j'accroche le micro, ça fait deux fois, là. Il faut
laisser, je pense, aux instances la latitude pour voir de quelle manière ils
vont rendre public le fruit des délibérations. Est-ce que ça peut être un
graphique? Est-ce qu'ils peuvent colliger les avis par thèmes? Est-ce qu'ils
peuvent les regrouper pour faire un pense-bête ou une section sur le site
Internet avec les questions les plus fréquentes, le formuler pour que ça soit
plus clair? Quand c'est un conseil d'administration qui demande, par exemple,
là, un avis, la manière... que ça va être dit, ça ne sera pas nécessairement
facilement accessible pour un parent, qui pourrait avoir besoin de quelque
chose de plus vulgarisé, plus simple.
Donc, c'est pour ça que je me dis...
Dire : Bien là, écoutez, vous allez tout le temps rendre publiques vos
affaires sur le site Internet, je comprends, mais j'aime mieux permettre aux
gens d'avoir la latitude pour le formuler et le vulgariser, comment ils vont le
colliger, comment ils vont le rendre public pour que ça soit utile et
utilisable, plutôt que de dire : Bien, on va tout publier en vrac. C'est
juste ça, là. Je ne pense pas qu'on a... Je pense c'est évident qu'ils vont
vouloir être efficaces, puis ils ne voudront pas vouloir répondre plein de fois
aux mêmes questions, puis qu'ils vont partager l'information. C'est juste, je
ne pense pas que c'est utile de le préciser ici, que tout doit être en vrac
comme ça.
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Bien, on
est d'accord, là. Moi, je ne veux pas aller dans la microgestion de comment
doit être configurée la section du site Web à cet effet, mais je pense que
juste la balise minimale qu'on pourrait se dire, c'est d'être rendus publics
sur le site Web dans un délai de 30 jours. Après ça, ils organiseront ça
comme ils veulent, évidemment, en fonction de ce qu'ils voudront comme
catégories, ils présenteront l'information de la manière qu'ils le souhaitent
pour la vulgariser ou quoi que ce soit. Moi, ça, je ne veux pas qu'on rentre
dans ce niveau de détail-là, mais de dire «sur le site Web dans un délai de 30 jours»,
je pense que ça laisse quand même pas mal de latitude, là.
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
M. Roberge : Bien, avec
cette manière-là, on peut très bien l'intégrer. On pourrait peut-être remplacer
le... justement, retirer l'amendement puis remplacer, au lieu d'avoir «à portée
collective», indiquer qu'il y aura... diffusion de l'information dans un délai,
je pense, 30 jours, c'est suffisant puis, après ça, de la manière jugée
opportune. Ou peut-être qu'on n'a pas besoin d'écrire «de la manière jugée
opportune». On peut voir de quelle façon on peut ajuster ça.
La Présidente
(Mme Thériault) : Donc, je comprends que nous allons retirer
l'amendement déposé par le ministre. Est-ce que vous avez d'autres choses à ajouter,
Mme la députée? Non. M. le ministre, est-ce que vous voulez qu'on suspende
quelques instants ou si votre amendement est prêt? Parce que j'ai compris, il y
a deux amendements.
M. Roberge : Oui, s'il
vous plaît. Oui, juste une seconde, ça ne sera pas long.
La Présidente
(Mme Thériault) : Donc, on peut retirer... On va suspendre
quelques instants, le temps d'avoir un écrit.
Nous suspendons les travaux.
(Suspension de la séance à 16 heures)
16 h (version non révisée)
(Reprise à 16 h 13)
La Présidente (Mme Thériault) :
À l'ordre, s'il vous plaît, collègues! Donc, l'amendement du ministre a été
déposé puisque nous avons retiré l'autre amendement déjà, j'ai eu votre
consentement. À l'écran, vous avez l'amendement présenté par le ministre. M. le
ministre, je vous laisse nous en faire lecture, s'il vous plaît.
M. Roberge : Oui. Donc,
le nouvel amendement : Au deuxième alinéa de l'article 18 du projet
de loi :
1 insérer, après «conseil d'administration
d'un centre de services scolaire», «un conseil d'établissement»;
2 ajouter, à la fin : «Ces avis sont
publiés sur le site Internet du protecteur national de l'élève dans les 30 jours
de leur transmission.» Voilà.
La Présidente (Mme Thériault) :
...M. le ministre. Questions, commentaires sur l'amendement? Mme la députée
de Sherbrooke.
Mme Labrie : C'est un
excellent amendement. Je remercie le ministre pour son ouverture.
La Présidente (Mme Thériault) :
À votre initiative, merci. D'autres commentaires?
Une voix : Adopté.
La Présidente (Mme Thériault) :
Ça va, on le passe aux voix. Est-ce que l'amendement du ministre est
adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Thériault) :
Adopté. Donc, à ce moment-là, nous revenons à l'autre amendement - si je ne
me trompe pas - ou s'il a été fait?
(Consultation)
La Présidente (Mme Thériault) :
Donc, on est rendus à l'article tel qu'amendé. Donc, est-ce qu'il a des
questions, commentaires sur l'article tel qu'amendé? Je n'en vois pas, donc, M.
le ministre, est-ce que l'article, tel qu'amendé, 18, est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Thériault) :
Adopté. L'article 19, M. le ministre, allez-y. Et vous avez un
amendement aussi, si je ne m'abuse.
M. Roberge : «19. Les
protecteurs régionaux de l'élève diffusent l'information relative à la
procédure de traitement des plaintes prévue par la présente loi.» Et j'ai un
amendement...
M. Roberge : ...que la
commission et les collègues ont reçu.
La Présidente
(Mme Thériault) : Si vous voulez nous faire la lecture de votre
amendement.
M. Roberge : L'amendement,
c'est donc : Remplacer l'article 19 du projet de loi par le
suivant :
Les protecteurs régionaux de l'élève
diffusent l'information relative à la procédure de traitement des plaintes
prévue par la présente loi... Ainsi qu'à la possibilité d'effectuer un
signalement ou de formuler une plainte concernant un acte de violence à
caractère sexuel au protecteur national de l'élève. Les Protecteurs régionaux
de l'élève fournissent tout renseignement demandé sur l'application de la
procédure d'examen des plaintes aux personnes qui le requièrent et les
informent des mesures de protection contre les représailles que la loi
reconnaît à toute personne qui effectue un signalement, formulent une plainte,
collaborent au traitement d'un signalement ou d'une plainte ou accompagnent une
personne qui effectue un signalement ou formule une plainte.
Donc, l'amendement vise à ajouter à
l'information que doivent diffuser les protecteurs régionaux de l'élève celle
concernant la possibilité de lui faire un signalement ou de formuler auprès de
lui une plainte concernant un acte de violence à caractère sexuel. Puis on
parle, bien sûr, de la question du traitement des plaintes et des mesures de
protection contre les représailles.
La Présidente
(Mme Thériault) : Questions ou commentaires? Mme la députée de
Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Oui. Moi,
l'amendement me va, juste deux questions. La première : Est-ce que ça peut
être aussi une plainte indirecte? Et je vais m'expliquer. Si, par exemple, un
mineur se confie à un adulte de son école par rapport à une agression sexuelle,
même si, mettons, le mineur souhaite que tout ça soit confidentiel, à ce
moment-là, immédiatement, il y a des obligations légales, par exemple
d'immédiatement... la DPJ doit être informée, il doit y avoir un signalement,
est-ce que l'adulte qui a reçu cette plainte, lui aussi, devra, à ce moment-là,
faire le signalement au protecteur de l'élève pour être conséquent?
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
M. Roberge : L'obligation,
c'est envers la DPJ, dans ce cas-ci, ce ne serait pas envers le protecteur de
l'élève.
Mme Rizqy : ...une
plainte indirecte, donc ce n'est pas l'élève qui la fait mais un adulte
responsable?
Des voix : ...
M. Roberge : On pourrait
le faire, oui, ça serait un signalement.
Mme Rizqy : O.K.,
excellent, oui. Deuxième question, c'est plus commentaire. Moi, je me suis
amusée, en prenant le projet de loi qui est déposé par ma collègue, le projet
numéro 394 qu'on appuie, puis je sais que ma collègue très optimiste,
elle aimerait ça qu'il soit adopté, mais si jamais il ne l'est pas, je me suis
dit on va prendre les paragraphes pour voir qu'est-ce qui pourrait être ajouté
pour bonifier.
Des voix : ...
Mme Rizqy : Puis à
l'article 19 de votre projet de loi, il y a quelque chose que je trouve
qui est pertinent, mais qui est dans le projet de loi no 394 au niveau de
la confidentialité. C'est précis, dans le projet de loi no 394, à
l'article 4, paragraphes 7, douze, treize, il est question, au fond,
de toutes les communications confidentielles. Est-ce qu'il y a un endroit où
est-ce qu'on parle de la confidentialité des... parce qu'en matière de violence
à caractère sexuel je le sais... c'est comme...
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
Mme Rizqy : C'est plus
large, là, je ne sais pas si c'est ailleurs.
Des voix : ...
M. Roberge : Donc, c'est
ça, étant donné que c'est un organisme public, la Loi sur la confidentialité
des renseignements personnels s'applique, donc la confidentialité est déjà
protégée.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : O.K., oui,
O.K., là, je comprends. C'est une question...
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme la députée de Sherbrooke, après ça, ce sera
Mme la députée des Mille-Îles.
Mme Labrie : Oui,
j'appuie l'amendement qui est là. Je veux porter à l'attention du ministre une
demande du Conseil en éducation des Premières Nations qui demandait... il le
demandait pour le précédent article 19, mais je suis convaincue que ça
vaut encore plus avec le nouvel article 19, qui élargit puis qui parle de
violence sexuelle, il demandait qu'on ajoute une mention pour garantir la
traduction de toutes les informations diffusées en langues autochtones pour
s'assurer de pouvoir y avoir accès, c'est un enjeu, pour eux, de sécurisation
et culturel. Donc, je voulais savoir ce que le ministre pense de cette demande.
Est-ce que c'est déjà prévu? Si oui, est-ce qu'on peut le confirmer dans la loi
pour les rassurer, pour s'assurer que, justement, tous les élèves et leurs
familles qui auraient besoin d'avoir accès à ces informations-là dans leur
langue puissent y avoir accès?
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
M. Roberge : Je vérifie
pour être certain, mais c'est bien... C'est vraiment dans le projet de loi
no 96 qu'on balise la transmission des gouvernements ou qu'on... où
il y a les dispositions qui encadrent et dirigent la communication entre
l'État, les organisations et les citoyens des différentes communautés. Donc, on
ne pourra pas, dans le projet de loi no neuf, aller faire quelque chose qui va
à l'encontre du projet de loi no 96. Mais je sais que dans le projet de
loi no 96, il y a des balises...
M. Roberge : ...traiter les
langues autochtones d'une manière différente.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la députée.
Mme Labrie : Bien, il y a
justement des insatisfactions des communautés autochtones par rapport à ce qui
est prévu dans le projet de loi n° 96. Donc, je me permets humblement de dire
que je pense que c'est une réponse qui ne va pas satisfaire les Premières
Nations. Aujourd'hui même, elles faisaient un point de presse pour dire
qu'elles ne sont pas rassurées du tout par ce qu'il y a dans le projet de loi
n° 96. Donc, si la réponse, c'est : Le projet de loi n° 96 s'en occupe,
c'est-à-dire, ça ne répond pas à leurs demandes.
Moi, ce que je voudrais, c'est m'assurer
que les élèves vont avoir accès à l'information dans une langue, qu'ils
maîtrisent, leurs parents également. Pour toutes sortes de raisons, il peut
arriver que leurs parents ne maîtrisent pas la langue française ou anglaise. Il
faut qu'ils aient accès à ces informations-là. Donc, comment comment on va
faire? Comment on va faire pour que leur droit de savoir c'est quoi, les
mécanismes qui existent pour eux, quand on diffuse l'information, là... pour
qu'ils y aient vraiment accès?
• (16 h 20) •
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Roberge : Dans le principe
d'exemplarité de l'État, ce que la langue d'usage de base normale, c'est le
français. Après ça, les ayants droit, les anglophones... en anglais, et il est
prévu, ce n'est pas la norme, mais il est prévu que l'État peut s'adresser dans
une autre langue, particulièrement avec les autochtones. Donc, ce sera possible
pour eux d'avoir les services.
Mme Labrie : Mme la députée.
Mme Labrie : Donc, je
comprends que le ministre me dit, tu sais : On ne l'écrira pas dans la
loi, mais il est prévu que ce type d'information là va être accessible aussi
dans les langues autochtones. Est-ce que c'est ce que le ministre me dit?
M. Roberge : Exactement. Ce
n'est pas la norme, je le précise, là, mais c'est possible de le faire lorsque,
justement, il y a des personnes qui ne comprendraient pas le français et qui ne
seraient pas des ayants droit, supposons, pour la communauté anglophone. On
parle de communautés, là, qui parlent... puis tant mieux s'ils ont préservé
vraiment leurs langues autochtones... langue d'usage, pas de problème avec ça.
À ce moment-là, ils vont pouvoir recevoir l'information.
Mme Labrie : Merci.
La Présidente (Mme Thériault) : Ça
va? Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Charbonneau : Merci, Mme
la Présidente. Juste la procédure quand je suis en formation professionnelle,
éducation des adultes. Parce que vous avez dit, puis c'est logique, là, la DPJ,
c'est pour les jeunes, mais les centres scolaires couvrent plus large. Je
voulais juste savoir, si je suis un adulte, je veux être accompagné dans une
démarche ou je ne sais pas trop ce que je fais avec ma démarche... On ne
l'envoie pas à la DPJ, là. Donc, je voulais juste savoir quelle était la
démarche qui se rattache, là, au principe du protecteur de l'élève à 19.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Roberge : Oui. C'est ça.
Mais dans les amendements, on va le voir, là, on précise qu'une personne peut
être accompagnée, pas juste des mineurs. Ce n'est pas nécessairement... il n'y
a pas que les enfants qui peuvent être accompagnés dans le processus. Donc, un
élève majeur, un adulte qui est en FP, en... Je vais arrêter d'accrocher mon
micro. Excusez-moi, j'ai des grandes baguettes... pourrait être accompagné.
Mme Charbonneau : Mais la
seule chose qui me chicote, puis je vous le dis, parce qu'on les mentionne
rarement... Alors, je me demandais s'il n'y a pas lieu, éventuellement, de
pouvoir faire une spécificité par rapport aux adultes qui fréquentent nos
centres scolaires, là. On a des adultes avec des déficiences, on a des jeunes
qui sont en formation professionnelle. On a des gens qui reviennent en
formation continue à l'éducation des adultes. Donc, je fais juste nous le
rappeler, parce qu'ils peuvent faire appel aussi au protecteur de l'élève,
puisqu'ils en sont, mais que la procédure se doit d'être un peu ajustée. Mais,
ceci dit, si vous dites qu'on le mentionne plus loin dans la procédure, qu'ils
peuvent être accompagnés, il n'y a pas de souci. Merci.
La Présidente (Mme Thériault) : Ce
que j'ai d'autres commentaires sur l'amendement de l'article 19? Je n'en ai
pas. Est-ce l'amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Thériault) : Adopté.
Est-ce que j'ai d'autres commentaires sur l'article tel qu'amendé? Je n'en ai
pas non plus. Est-ce que l'article est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Thériault) : Adopté.
Ça fait déjà deux, M. le ministre. L'article 20.
M. Roberge : C'est la moyenne
qui compte. C'est la moyenne. Merci. Article 20, pour lequel il y aura aussi un
amendement. Article 20 :
«Un centre de services scolaires ou un
établissement d'enseignement privé doit, au plus tard le 30 septembre de chaque
année, informer les élèves, les enfants et leurs parents de la possibilité de
formuler une plainte en application de la procédure de traitement des plaintes
prévue par la présente loi.
À cet effet, il doit afficher de manière
visible dans chaque établissement d'enseignement un document fourni par le
Protecteur national de l'élève et expliquant qui peut formuler une plainte
ainsi que les modalités d'exercice de ce droit.
Le document doit indiquer les coordonnées
du protecteur régional de l'élève à qui doit être acheminée une plainte. Le
centre de services scolaires ou l'établissement d'enseignement privé doit aussi
diffuser ces informations dans le même délai dans une section dédiée à cette
fin, qui est accessible à partir de la page d'accueil du site Internet de
chaque établissement...
M. Roberge : ...D'enseignement.
Donc, il y a un amendement, je ne sais pas
si vous voulez que je le lise tout de suite.
La Présidente
(Mme Thériault) : ...l'amendement, oui.
M. Roberge : Vous
l'aviez déjà reçu?
La Présidente
(Mme Thériault) : Oui.
M. Roberge : Très bien.
Donc, amendement à l'article 20 du projet de loi :
1 Insérer après la première phase du
premier alinéa la suivante :
«Il doit également informer les élèves et
leurs parents de la possibilité d'effectuer un signalement ou de formuler une
plainte concernant un acte de violence à caractère sexuel au protecteur
régional de l'élève»; et
Deux ajouter, à la fin de l'alinéa
suivant :
«Le protecteur national de l'élève peut
déterminer tout autre moyen de communication que doivent utiliser les centres de
services scolaires et les établissements d'enseignement privés ou certains
d'entre eux afin de diffuser cette information.».
Donc, ce n'est pas un amendement qui vient
changer le sens de l'article, là, on vient ajouter... Puis il y en a plusieurs,
là, où on vient comme ajouter la section des violences sexuelles.
La Présidente
(Mme Thériault) : Question ou commentaires? Madame la députée de
Saint-Laurent.
Mme Rizqy : ...Sur
l'amendement, Juste pour clarification, le centre de services scolaire informe,
évidemment, les parents qui font l'école à la maison aussi, là, où que les
élèves sont inscrits à leur centre de services scolaire?
M. Roberge : Absolument.
Mme Rizqy : Parfait.
M. Roberge : Oui, oui.
Mme Rizqy : Merci.
La Présidente
(Mme Thériault) : Est-ce que j'ai d'autres commentaires sur
l'amendement? Si je n'en ai pas, est-ce que l'amendement du ministre est
adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente
(Mme Thériault) : Adopté. On retourne sur l'article 20 tel
qu'amendé. Est-Ce que j'ai d'autres commentaires sur l'article 20? je n'en
ai pas, donc est-ce que l'article 20 tel qu'amendé est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente
(Mme Thériault) : Adopté. Et de trois. M. le ministre, vous êtes
rendu à l'article 21 et vous avez également un amendement.
M. Roberge : Excusez-Moi,
Mme la Présidente, mais on me dit qu'il y un...
Une voix : ...
La Présidente
(Mme Thériault) : Ah! Une petite insertion?
M. Roberge : 20.1.
La Présidente
(Mme Thériault) : On a un 20.1.
M. Roberge : Je ne l'ai
pas devant moi.
La Présidente
(Mme Thériault) : Je n'ai... Est-ce que nous avons le 20.1 aux
ressources du secrétariat?
M. Roberge : Est-ce que
vous l'avez, à la commission?
Des voix : ...
La Présidente
(Mme Thériault) : On va l'afficher, c'est rendu au secrétariat.
M. Roberge : ah oui.
La Présidente
(Mme Thériault) : Donc, on n'aura pas besoin de suspendre.
M. Roberge : Vous
l'avez, c'est ça, je me souviens.
La Présidente
(Mme Thériault) : Et il est au secrétariat, oui. Je ne l'ai pas,
mais on l'a à l'écran présentement.
M. Roberge : C'est bon.
La Présidente
(Mme Thériault) : Donc, on a 20.1 qui s'ajoute. Là, c'est vous
qui allongez les travaux, M. le ministre, hein?
M. Roberge : Oui, mais
je pense que les collègues seront très contents de ça.
La Présidente
(Mme Thériault) : Et il n'y a aucun problème, vous voyez, elles
sont très conciliantes.
Des voix : ...
La Présidente
(Mme Thériault) : Elles travaillent vite et bien. Donc,
l'article... Votre 20.1, vous voulez nous le lire, M. le Président... M. le
ministre?
M. Roberge : Oui, je ne
l'avais pas parce que ça n'avait pas été déposé en même temps que les
amendements en violence sexuelle, mais c'est un amendement important qui fait
suite aux réflexions qu'on avait. 20.1 Insérer, après l'article 20 du
projet de loi, le suivant :
«20.1 Dans le cadre des fonctions qui leur
sont confiées par la présente loi, le protecteur national de l'élève et les
protecteurs régionaux de l'élève s'assurent de tenir compte de la réalité des
autochtones.»
La Présidente
(Mme Thériault) : Questions, commentaires? Mme la députée de
Saint-Laurent, par la suite, Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Rizqy : J'aime
beaucoup cet amendement. Bien, j'en profiterais pour ajouter le commentaire de
ma collègue puis ça serait parfait, d'ajouter un : «notamment en traduisant
les avis en langues autochtones», comme ça, il serait complètement, cet
amendement-là, vous voyez?
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
M. Roberge : Je ne pense
pas qu'il faut y aller de manière systématique, cependant, par exemple; c'est
vraiment sur demande, si on n'est pas capables de communiquer d'abord en
français, d'abord en anglais, parce que les autochtones sont souvent des ayants
droit aussi. Donc, il y a quand même, je pense, la primauté de la langue
française. Puis je ne veux pas empêcher la traduction en langues autochtones,
mais je ne voudrais pas que ça soit systématique. Donc, et la loi no 96 le
prévoit déjà, on en a parlé, donc c'est une mesure d'exception qui est très
importante, mais c'est déjà prévu dans une autre loi. Je n'irai pas là.
Mme Rizqy : Bien, vous voyez,
ce n'est pas... bien, moi, je n'ai pas assisté, mais je connais quelqu'un... en
fait, quelqu'un de très bien qui a assisté à la conférence de presse, tantôt,
l'excellent député de Jacques-Cartier, puis... tu sais, je me trouve drôle,
désolée. Mais ça pourrait être : «notamment, lorsque requis, de faire la
traduction», là, tu sais. Vous voyez, là, on a gagné un paquet de temps puis on
pourrait en gagner... Encore plus vite si vous consentez.
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
M. Roberge : Il y en a qui,
aussitôt... l'argent leur brûle les doigts, hein, ils gagnent des minutes,
veulent tout de suite les flauber, comme ça.
Mme Rizqy : ...
M. Roberge : Je vais
vous dire très, très, très clairement, là, on a vraiment une directive de dire
que la question des langues, c'est dans le p.l. no 96 et que dans un
paquet d'autres lois... Dans toutes les lois, à peu près, il y a des mesures
d'interaction avec les citoyens, là, de documents, d'information, de ci, de ça,
de ne pas modifier, ajuster, de faire des choses par cohérence; qu'il y a une
loi, un peu comme la Charte de la langue française qui chapeaute, la loi
no 96 s'inscrit là-dedans. Mais je vous dirais... je vous dis très, très
clairement, je n'ai pas le mandat puis l'intention de mettre des dispositions
législatives sur les langues ici alors que c'est traité dans une autre loi.
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme la...
La Présidente (Mme Thériault) : ...Mme
la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : C'est clair. Le
leader, il en mène large. Il n'y a pas de problème, je comprends maintenant la
position.
La Présidente (Mme Thériault) : D'accord.
Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. J'aime beaucoup cet amendement-là. Il répond aux préoccupations que
j'avais à l'article précédent, notamment. Je pense que ça ouvre tout à fait la
porte à ce qu'il y ait de la traduction pour accéder à certaines informations
en langue autochtone.
J'aimerais juste dire que je trouve ça
dommage que ça arrive en amendement après le début du projet de loi. Moi,
j'aimerais ça que, dorénavant, à l'Assemblée nationale du Québec, quand il y a
des projets de loi qui sont déposés, ça soit systématique, comme réflexion, de
se demander si on doit inclure des articles comme ça. Puis là j'applaudis
l'ajout, j'en suis contente, mais ça devrait devenir un réflexe. On ne devrait
pas avoir besoin de parler de ça en commission parlementaire. Je me souviens,
on en a parlé, au début de l'étude détaillée sur ce projet de loi là, qu'au XXIᵉ
siècle, là, en 2022, là, quand on dépose des projets de loi, on doit tenir
compte des réalités autochtones. Maintenant, on le fait avec cet amendement-là,
c'est bienvenu, mais il faut que ça soit dorénavant dans les projets de loi au
moment où ils sont déposés, initialement, là.
• (16 h 30) •
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre?
M. Roberge : Bien, je pense
qu'on s'améliore de fois en fois. Maintenant, les auditions particulières nous
ont fait cheminer, avancer. Je trouve ça sain aussi, quand même, qu'entre le
dépôt de projet de loi puis l'étude article par article, quand il y a des
auditions, bien, on prépare d'avance des amendements.
Mais je comprends la préoccupation de ma
collègue aussi puis je pense que c'est le cas aussi que, dans plusieurs
domaines, quand on rédige des lois, finalement, on intègre des choses qui sont
plus dans le consensus social de fois en fois.
La Présidente (Mme Thériault) : Ça
va, sur l'amendement déposé par le ministre, on est prêts à le mettre aux voix?
Est-ce que l'article 20.1 introduit par le ministre est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Thériault) : Adopté.
Donc, on est prêt à passer à l'article 21. Il n'y a pas d'amendement, c'est moi
qui avais pris ma feuille du 20.1 pour un amendement à 21. Donc, allez-y sur
l'article 21, M. le ministre.
M. Roberge : Voilà. On entre
dans le chapitre deux, intitulé traitement des plaintes, section un, traitement
des plaintes par un centre de services scolaires ou par un établissement privé,
l'article 21 :
«L'élève ou l'enfant visé à l'article 15
ou les parents de ceux-ci qui sont insatisfaits d'un service qu'ils ont reçu,
reçoivent ou auraient dû recevoir ou requièrent du centre de services scolaire
peuvent formuler une plainte à la personne directement concernée par la plainte
ou à son supérieur immédiat. Lorsque cette plainte est formulée à un membre du
personnel d'un établissement d'enseignement, le membre en avise sans délai le
directeur de cet établissement.»
Donc, c'est assez clair, dans le fond, on
est dans ce qu'on appelle la première instance.
La Présidente (Mme Thériault) : Question,
commentaire sur l'article 21? Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. Ici, je pense que ça prend un amendement. On prévoit que l'élève,
ou l'enfant, ou ses parents peuvent formuler une plainte. Je pense qu'il faut
ajouter aussi les tiers, les témoins, pour qu'ils puissent eux-mêmes déposer
une plainte. Il y a un nombre incalculable de situations que je peux imaginer
où un tiers peut... ça peut être un membre du personnel, ça peut être un
parent, peut être témoin d'une situation problématique. Et, en ce moment, là,
si c'est prévu comme ça, il y a juste l'élève concerné ou ses parents qui
peuvent déposer une plainte.
Je vais donner des exemples. Un parent
accompagne un groupe scolaire pour une sortie, est témoin d'un comportement
inadéquat d'une enseignante, qui va, par exemple, crier ou frapper un élève qui
n'est pas son enfant, qui est l'enfant de quelqu'un d'autre qui est dans le
groupe... personne est témoin de ça ne pourrait rien faire, ne pourrait pas déposer
une plainte en vertu de la manière dont c'est rédigé en ce moment. Un membre du
personnel qui voit qu'un de ses collègues a des comportements déplacés envers
certains élèves, tient des propos racistes, par exemple, ne pourrait pas
déposer une plainte, de la façon dont c'est formulé en ce moment.
Donc, moi, je voudrais m'assurer qu'un
témoin ou un tiers puisse aussi déposer une plainte. Après ça, ça sera au
protecteur de l'élève de juger si cette plainte-là vaut la peine d'être
traitée, retenue ou pas, mais je veux qu'il puisse le faire.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le Ministre.
M. Roberge : On parle ici
plutôt d'un signalement, juste pour séparer plaintes et signalements. Un
signalement, c'est quand tu veux signaler quelque chose dont tu es témoin ou
que tu apprends, qui concerne quelqu'un d'autre, et c'est possible de le faire
déjà. C'est en vertu de l'article 75 de la Loi sur l'instruction publique.
Actuellement, en rajoutant les dispositions qu'on a du protecteur de l'élève, dans
le fond, ça s'arrime et ça fonctionne. C'est comme si on perd l'article 75 puis
on lui donne du muscle, parce qu'il arrive le protecteur de l'élève, pour
traiter ces signalements-là. Donc, ça fonctionne, ce que vous souhaitez, ça
fonctionne pour tout ce qui touche les plans de lutte...
16 h 30 (version non révisée)
M. Roberge : ...contre la
violence, notamment les violences sexuelles, mais aussi le harcèlement, l'intimidation,
ça s'applique.
La Présidente (Mme Thériault) : Madame
la députée.
Mme Labrie : Dans la réponse
du ministre, il m'a dit que c'est déjà dans la Loi sur l'instruction publique,
or, dans la vraie vie, c'est quelque chose qui est dit, là, de manière répétée
par les gens dans le milieu qu'ils ne peuvent pas dénoncer des situations comme
cela. En ce moment, ils ne peuvent pas le faire sans s'exposer à des
représailles. J'ai des témoignages, moi, d'enseignants, de membres du personnel
qui sont témoins que des services n'avaient pas été donnés à un élève, des
services auxquels il avait droit, qui ne portent pas plainte pour ça, parce qu'ils
ont peur de subir des représailles, ils se font menacer de représailles quand
ils signalent une situation. J'entends un exemple bien précis d'un enseignant
qui était témoin que des enfants qui venaient de passer par des classes d'accueil,
qui étaient intégrés dans des classes régulières, avaient droit à un certain
nombre d'heures de soutien linguistique pour l'apprentissage du français. Une
fois qu'ils étaient intégrés à une classe régulière, était témoin que ce
soutien linguistique là n'était pas offert du tout ou certainement pas le
nombre d'heures auquel l'enfant avait droit. Il se fait menacer de représailles
si la situation est dénoncée publiquement, se fait empêcher de dénoncer la
situation... c'est des choses qui se passent.
Ça fait que, quand le ministre me dit :
Bien non, la loi prévoit déjà que c'est possible, bien, malheureusement, ce n'est
pas suffisant. Moi, j'aimerais ça que ça puisse être possible de le faire
directement au protecteur de l'élève via le mécanisme qu'on est en train de
créer. Il est question, dans ce qu'on est en train de créer, de protection
contre les représailles. Moi, je veux que les tiers, que ce soit des membres du
personnel ou des parents qui sont témoins de situations, puissent signaler le
problème.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Roberge : Je comprends la
préoccupation de ma collègue, j'ai entendu ces choses-là aussi, mais on ne peut
pas prendre, supposons, la Loi sur l'instruction publique telle qu'elle est
puis le protecteur de l'élève séparément, c'est qu'un renforce l'autre. En ce
moment, il est prévu qu'un tiers, voyant que tout élément qui touche le plan de
lutte contre la violence et l'intimidation, supposons qui ne serait pas
respecté, ne serait pas appliqué, il y aurait des jeunes qui seraient victimes,
peut porter plainte, il peut faire un signalement au nom de cette personne-là.
Vous me dites : Oui, mais là il y aurait des représailles, et c'est là qu'arrive
le p.l. 9, à l'article 45, qui dit : Bien là, on protège les gens contre
les représailles. Donc, à force... c'est 75 de la LIP, 45 du p.l. 9, c'est là
où on structure la chose puis on vient bonifier.
La Présidente (Mme Thériault) : Madame
la députée.
Mme Labrie : Le ministre me
parle des situations qui touchent la violence et l'intimidation, moi, je lui ai
fourni d'autres exemples. Je lui ai donné l'exemple d'un enseignant qui
constate que les heures prévues en soutien linguistique, pour un enfant qui
quitte sa classe d'accueil, qui est intégré en classe régulière, ces heures-là
ne sont pas données. Ça n'a rien à voir avec les politiques contre les
violences puis l'intimidation. Cet enseignant-là, est-ce qu'il peut porter
plainte au protecteur de l'élève pour dénoncer que l'enfant n'a pas, dans les
faits, les heures de soutien linguistique auxquelles il a droit? Quand, par
exemple une orthophoniste constate qu'il n'y a pas de service dans son école
pour un enfant qui est en troisième année, parce que dans cette école-là, on n'avait
pas beaucoup de ressources, on a décidé de consacrer les ressources aux élèves
de cinq, sixième année pour qu'ils puissent avoir un diagnostic avant de
rentrer au secondaire, par exemple, un exemple que j'ai entendu la semaine
passée, bien, ça, ça n'a rien à voir avec la violence puis l'intimidation, c'est
quand même une situation qu'un membre du personnel voit, on constate que les
droits de l'élève ne sont pas respectés. On dit à cette famille-là : Bien
là, on est désolé, mais les services, on les consent aux élèves du dernier
cycle.
Est-ce que cette professionnelle-là va
pouvoir porter plainte auprès du protecteur de l'élève? Moi, je comprends
actuellement que ce n'est pas prévu, je veux que ce soit prévu, que ce soit
possible pour les gens, qui voient des situations comme celles-là, de les
dénoncer en portant plainte auprès du protecteur de l'élève.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Roberge : Là, on touche
deux sujets, puis là je comprends qu'il y a des choses que vous soumettez qui
sont couvertes, en prenant le 75 de la LIP, plus les articles 9, il y a des
choses qui ne sont pas couvertes. Même le 45, on le renforce d'ailleurs parce
qu'il y a des amendements au 45, là. II y a des choses qui relèvent, je vous
dirais, du membre du personnel qui voudrait prendre la parole puis il voudrait
utiliser probablement son instance syndicale pour dire : Moi, je ne suis
pas satisfait de l'organisation des services. À ce moment-là, ils passent par
leurs instances syndicales pour faire valoir les choses, je vous dirais que c'est
ça, la voie à suivre.
Mme Labrie : L'instance
syndicale défend ses membres...
Mme Labrie : ...ce pour
quoi ils existent, ce n'est pas de défendre le respect des droits des élèves,
ils respectent... ils veillent au respect des droits de leurs membres, et c'est
très bien ainsi, que ça existe. Mais je ne vois pas en quoi un syndicat va
aller s'occuper d'une situation où des heures auxquelles un élève aurait droit
en linguistique ne lui sont pas données dans les faits. L'élève aurait droit,
par exemple, à trois heures par semaine de soutien linguistique, ne les reçoit
pas. Quelqu'un constate ça. En quoi un syndicat à avoir là-dedans? Ce n'est pas
une affaire syndicale. C'est l'élève que ses droits sont brimés. Puis là, si
ses parents ne le savent pas qu'il a droit à trois heures de soutien
linguistique par semaine, lui, il ne le sait probablement pas non plus. La
famille elle-même ne pourra pas porter plainte. Qui sait ça? C'est les gens qui
connaissent les rouages de comment ça fonctionne au sein d'une école, ce à quoi
l'élève devrait avoir droit. C'est ces gens-là qui savent... quand ils voient
sur la liste le code qui est attribué à cet élève-là, ils savent ce à quoi il devrait
avoir droit. Eux ont la capacité de voir le problème. Ils devraient avoir la
capacité de porter plainte. Parce que le parent ne le sait pas, lui, qu'est en
fonction de tel numéro de code qui a été donné à son enfant ça devrait lui
donner droit à tant d'heures de soutien linguistique. Il ne peut pas porter
plainte, le parent, il n'en a aucune idée. La personne qui sait ça, c'est un
employé qui constate la situation, un membre du personnel qui constate la
situation.
Ça fait que moi, je ne peux pas comprendre
pourquoi ça relèverait d'un syndicat de faire ça. Le syndicat ne va pas aller
défendre un élève qui n'a de services auxquels il a droit, là. Ils ont bien
assez à gérer de défendre les conditions de travail de leurs membres, là.
• (16 h 40) •
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
M. Roberge : Mais c'est
là où il prend la parole pour dire que le membre a droit de s'exprimer et que
le membre a droit de parler. Mais ce que veux dire, c'est qu'un membre du
personnel qui verrait un problème peut accompagner un plaignant, donc un élève,
donc un parent, dans sa plainte. Donc, on pourrait, de cette façon-là, non pas
signaler sans que la personne le sache. Tu sais, le parent apprend que
quelqu'un a porté plainte au nom de son enfant, là. C'est quoi, ça, là? Mais le
membre du personnel qui voit quelque chose pourrait contacter le parent puis
lui dire : Bien, je vais t'accompagner, parce que les gens ont droit
d'être accompagnés.
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme la députée.
Mme Labrie : Je
comprends ce que le ministre me dit. Ça pourrait fonctionner dans certaines
situations. Je suis certaine qu'il y a des parents qui seraient mis au courant
par un membre du personnel ou par un autre parent qui a vu un problème d'un enjeu...
pourrait ainsi des démarches. Mais j'imagine, en même temps, plein d'autres
situations... Il y a beaucoup de va-et-vient. Je ne sais pas s'il y a une seule
personne dans la salle qui écoute ce que je suis en train de dire, peut-être
vous, Mme la Présidente. J'ai confiance que vous, vous m'écoutez, mais vous ne
pourrez pas amender le projet de loi.
La Présidente
(Mme Thériault) : Mais j'ai comme... De manière générale, le
ministre écoute ce que vous dites, et ses conseillers à l'entour sont en train
de trouver des réponses. Donc, je voudrais vous rassurer...
M. Roberge : Je ne suis
pas en train de vous ignorer... J'essaie de répondre au mieux.
Mme Labrie : Non, non,
je sais qu'ils sont en train de discuter. Je veux juste m'assurer, tu sais, si
je donne des exemples, qu'ils soient bien entendus pour alimenter la réflexion.
Mais je le vois que les gens ne sont pas en train de jouer au tic-tac-toe sur
leurs téléphones, là, ils sont en train de réfléchir.
Mais, si je donne d'autres exemples, c'est
parce que moi, je peux très bien imaginer des situations, par exemple, où une
famille, pour des raisons, par exemple, culturelles, une famille immigrante,
une famille à statut précaire pourrait se faire dire par un membre du personnel :
Votre enfant, ses droits ne sont pas respectés en ce moment. Puis cette
famille-là, parce qu'ils viennent d'un pays où on ne conteste pas vraiment ce
que l'État fait, ils peuvent avoir peur, peuvent décider de ne pas entamer le
processus de plainte de leur côté. Parce qu'il y a des jeunes qui nous ont
dit ça. Quand il y a eu des enjeux à Henri-Bourassa, là, de comportements,
propos racistes d'un enseignant, moi, je les ai rencontrés, les jeunes qui ont
vécu ça, puis ils me l'ont dit : On a besoin de pouvoir porter plainte
nous-mêmes, hein? Au début, c'était un enjeu. Là, le ministre le règle dans le
projet de loi no 9, l'élève peut porter plainte eux autres mêmes, ils
peuvent le faire. Ce n'était pas toujours possible avant. Mais ils nous
disaient : On a besoin de pouvoir le faire parce que nos parents, des
fois, ne veulent pas. On parle du problème à nos parents, puis nos parents ne
veulent pas porter plainte pour des raisons culturelles, par exemple, de
respect de l'autorité, de l'institution, de l'école, de peur de représailles,
de ne pas vouloir avoir de trouble.
Les parents ne le feront pas toujours,
même si un enseignant leur dit, par exemple : Oui, votre enfant, il
devrait avoir droit à tel type de service, et ça ne lui est pas offert en ce
moment, vous devriez porter plainte. C'est fort possible que le parent ne le
fasse pas, pour toutes sortes de raisons culturelles, parce qu'il n'a pas
l'énergie de s'embarquer là-dedans, parce qu'il mène plein d'autres batailles
ailleurs dans sa vie, pour toutes sortes de raisons.
Ça fait que moi, j'y tiens. Je pense qu'on
doit quand même permettre à un membre du personnel ou à un autre parent, un
témoin qui voit ça... Ça peut être un électricien qui vient faire des travaux
dans l'école, là, puis qui passe dans le corridor, puis qui se rend compte
qu'il y a une enseignante qui donne une taloche en arrière de la tête d'un
enfant. Puis, s'il passe puis il voit ça, là, il n'y a aucun autre membre du
personnel de l'école qui...
Mme Labrie : ...vu ça,
pas d'autres témoins, à part les enfants de la classe. Lui, il a passé puis il
a vu ça, il faut qu'il puisse dénoncer la situation. Je veux dire, les
exemples, là, il pourrait y en avoir des centaines. Il y a des gens qui sont
témoins de situations problématiques, il faut qu'ils puissent le faire.
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
M. Roberge : Bien, dans
le cas, là, de l'électricien qui verrait un geste de violence, bien, on a un
plan de lutte, là. Il pourrait vraiment faire un signalement, absolument, ça,
c'est sûr. Mais pour le reste, je vous dirais que le fait que les parents
peuvent porter plainte, que les enfants peuvent porter plainte, que les élèves
adultes peuvent porter plainte, que des signalements peuvent être faits pour autrui,
pour tout ce qui touche les plans de lutte à la violence et que, pour tout
autre sujet, la personne témoin du problème peut communiquer avec les élèves ou
parents en disant : Je vais t'accompagner. Puis que le protecteur de
l'élève en plus t'accompagne dans ta plainte, puis qu'on arrive à
l'article 45, amendé pour le renforcer, avec des mesures contre toutes
représailles, je pense qu'on est bon. Je pense qu'on est bon par rapport à ce
qui se passe, là, sincèrement, là, c'est un bond en avant formidable.
Mme Labrie : Ça fait que
le ministre est convaincu que ce qui est prévu actuellement va être suffisant
pour briser l'omerta qui règne en ce moment dans le réseau d'éducation. Parce
qu'il l'a reconnu lui-même qu'il y avait un enjeu, là en ce moment, il y a des
gens qui ont peur de représailles. Je me souviens que, dans le passé, il a dit
qu'il fallait le briser... sur les différents enjeux en éducation, que
plusieurs personnes ne se sentent pas à l'aise de dénoncer. J'entends qu'il est
confiant qu'avec ce qui est prévu en ce moment, il n'y a aucun acteur du milieu
de l'éducation qui va sentir qu'il n'est pas en mesure ou qu'il ne sera pas à
l'aise de dénoncer une situation parce que tout va être béton, là, au niveau de
la protection contre les représailles. Puis ils vont avoir... Tous et chacun
d'entre eux vont avoir les chemins formels, protégés contre les représailles
pour signaler des situations problématiques, que ce soit un professionnel,
personnel de soutien, un enseignant, un membre de la direction, qui que ce soit
qui voit... un chauffeur d'autobus, un surveillant du dîner. Ces gens-là qui
vont voir une situation problématique vécue par un élève vont avoir tous les
chemins possibles et protégés pour dénoncer ces situations-là, le ministre me
dit que ça va être réglé?
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
M. Roberge : Au meilleur
de ma connaissance, là... J'évite les mots «toujours» et «jamais», là, parce
que c'est rare que c'est la perfection ou que c'est l'enfer. Mais je pense que
de manière générale, ça répond aux attentes, oui, puis je pense qu'à mesure
qu'on va lire les articles, les amendements on va se rendre compte que ça va
plus loin qu'on pensait, plus loin qu'on pensait, plus loin qu'on pensait puis
qu'on va être globalement rassurés à mesure qu'on avance, oui, oui, absolument.
Mme Labrie : Puis c'est
quoi, la raison pour laquelle à cet article-ci, alors qu'on fait la liste des
gens qui peuvent formuler une plainte, le ministre ne veut pas qu'on ajoute un
tiers, témoin d'une situation qui pourrait représenter un non-respect des
droits des élèves?
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
M. Roberge : Je l'ai
mentionné, tout à l'heure... Je vais y aller, là, c'est la Loi sur l'instruction
publique - excusez-moi - à l'article 75... pour ne pas écrire deux fois la
même affaire. Attendez un petit peu, là, j'y arrive. 75.1, on me dit. J'y
arrive, je l'ai devant moi. Bon, tout le monde me le donne en même temps.
75.1... .5 - O.K., excusez-moi - cinquième alinéa : Les actions qui
doivent être prises lorsqu'un acte d'intimidation et de violence est constaté
par un élève, un enseignant, un autre membre du personnel de l'école ou par
quelque autre personne... Une fois qu'on met «quelque autre personne», ça veut
dire tout le monde, ça.
Donc là, ça, c'est l'article 75 qui
parle du plan de lutte à l'intimidation et la violence. Puis le p.l. 9 vient
complètement renforcer cet article-là et toute cette section-là en y incluant
les violences sexuelles, en rajoutant les mesures de protection contre les gens
qui font des représailles, en créant le mécanisme d'aide aux plaignants, en
précisant qu'on peut être accompagné. Et c'est ça qu'on comprend, la base était
là. Vous me dites : C'était chancelant, ce n'était pas parfait. C'est
correct, mais est-ce que ça va être parfait après? Probablement, ça ne sera pas
parfait, honnêtement, là, ça ne sera probablement pas parfait, là, mais on
parle de quelque chose qui était correct, puis c'est ça qu'on vient vraiment
renforcer, là, avec plusieurs articles et amendements. Donc c'est là, là, quand
on dit «quelque autre personne», c'est tout le monde, ça, là, là...
La Présidente (Mme Thériault) : ...Mme
la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Oui, là, je ne
sais pas si c'est moi qui est confuse, là, j'ai ouvert la Loi sur l'instruction
publique, je l'ai devant les yeux, je vois 75.1, 75.2, 75.3, après, ça passe à
76. Est-ce que je n'ai pas le bon document sous les yeux ou...
La Présidente (Mme Thériault) : ...la
bonne version. Attendez. Le ministre va vous répondre.
M. Roberge : Je vais le
préciser, peut-être, j'ai mal mentionné. Il y a 75.1, et puis après ça, il y a
des alinéas un, deux, trois, quatre et cinq. Le cinq, ça dit : «Les
actions...» Parce que, bon, on est dans une énumération, là. «Les actions qui
doivent être prises lorsqu'un acte d'intimidation ou de violence est constaté
par un élève, un enseignant, un autre membre du personnel de l'école ou par
quelque autre personne.» C'est là qu'on voit que les gens qui peuvent constater
ces actes-là sont très, très larges. Et les actions dont on parle, ça inclut le
signalement. Donc, un signalement peut être fait par un élève, un enseignant,
un autre membre du personnel et quelque autre personne. C'est de ça dont on
parle, parce qu'il faut se souvenir qu'il y a plusieurs articles qui réfèrent à
la LIP ou qui modifient la LIP. La LIP, c'est la Loi sur l'instruction
publique. Je ne le dis pas pour vous, je le dis pour les gens qui nous
écoutent. Je sais très bien que vous savez ce que c'est.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la députée de Sherbrooke.
• (16 h 50) •
M. Roberge : Non, non, mais
je sais très bien que vous savez ce que c'est, mais des fois... On parle en
code, là, la LIP, ce n'est pas tout le monde qui sait ça veut dire...
Mme Labrie : Mais la lacune
que je vois là-dedans, c'est qu'il est seulement question d'un acte
d'intimidation ou de violence, il n'est pas question d'accès à des services auxquels
un élève devrait avoir droit.
M. Roberge : Mais là, on se
répète. C'est ça que je vous ai dit tout à l'heure.
Mme Labrie : Non, mais on se
répète parce que le problème existe encore. Moi, je ne suis pas convaincue
qu'il est réglé, là. Le ministre me répond en me parlant de cet article-là,
75.1, cinquième paragraphe. Ça concerne des actes d'intimidation ou de
violence. À ce moment-là, quelque autre personne ou un enseignant, membre du
personnel peut signaler cette situation-là, bien, tant mieux. Mais qu'est-ce
que ça change pour l'enseignant qui est témoin que les heures de soutien
linguistique ne sont pas offertes? Qu'est-ce que ça change pour la
psychoéducatrice qui est témoin ou l'orthophoniste qui est témoin qu'un enfant,
là, il ne recevra pas de services, alors qu'il devrait y avoir accès?
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Roberge : Bien, on
vient...
Mme Labrie : Il va falloir...
Moi, j'ai compris de la réponse de tout à l'heure du ministre que cette
personne-là aurait la responsabilité de le dire au parent et que ce serait le
parent qui devrait faire la plainte.
M. Roberge : Et que le membre
du personnel a le droit et peut accompagner le parent et que le membre du
personnel est de ce fait protégé contre toutes représailles. Voilà.
Mme Labrie : Sauf que, si le
parent décide de ne pas le faire parce qu'il ne veut pas avoir de trouble avec
l'institution puis tout ça, son enfant va continuer de ne pas avoir les
services, alors qu'il y aurait droit.
M. Roberge : Bien, moi, j'ai
l'impression qu'on pousse un peu, là... Je pense qu'on est déjà très, très
protégés avec cette mesure-là. Puis là on informe le parent, on protège le
parent contre toutes représailles, on protège l'accompagnateur contre toutes
représailles. J'ai l'impression que, sincèrement, on fait le travail, là.
Mme Labrie : Bien, c'est
parce que ça met une responsabilité quand même assez importante. Je vais donner
l'exemple, là, je vais rester avec l'exemple de l'orthophoniste, là. Les
orthophonistes le savent très bien qu'il y a des dizaines d'élèves de plus qui
ont besoin de services dans leur école que ce qu'elles sont capables d'offrir.
Là, ce qu'on dit, c'est : Si elles veulent s'assurer que leurs droits
soient respectés, à ces dizaines d'autres élèves là au sein de l'école qui
n'ont pas la capacité de recevoir des services parce que, par exemple, il
manque d'orthophonistes dans l'école, il va falloir qu'elle accompagne les
dizaines de parents pour qu'ils puissent chacun déposer une plainte. C'est
quand même beaucoup de travail, là. Cette personne-là va faire ça sur son temps
personnel, quoi? Parce que les heures qu'elle travaille à l'école, là,
techniquement, elle est en train d'essayer d'offrir des services en orthophonie
ou d'accompagner les enseignants pour qu'ils puissent le faire dans leurs
classes.
Je trouve que c'est beaucoup leur
demander, là, aux membres du personnel d'une école, de dire : c'est eux
autres qui va devoir accompagner les familles ou les élèves, quand on parle de
formation professionnelle, par exemple, éducation des adultes. C'est les
membres du personnel qui vont devoir accompagner les gens vers le processus de
plainte. Ils ont déjà beaucoup de travail, ces gens-là, écoutez, là.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Roberge : Mais là
accompagner, ça ne veut pas dire devenir l'avocat de la défense ou devenir un
parajuriste, là. Ça veut juste dire accepter de répondre aux questions. Mais je
comprends mal ma collègue. Ma collègue voulait que ça parte du personnel, puis
là, quand on dit que ça part du personnel, elle dit : Bien non, ils sont
trop occupés.
Mme Labrie : Bien, c'est
parce qu'il y a une différence entre, par exemple, une orthophoniste qui peut
déposer elle-même la plainte parce que l'élève...
Mme Labrie : ...pas les
services auxquels il a droit, puis l'orthophoniste qui doit accompagner la
famille de l'élève untel qui parle peut-être même pas français, peut être même
pas anglais non plus, pour qu'ils puissent déposer leur plainte. Ça commence à
être difficile, ça commence à être beaucoup lui demander. Ça se pourrait que ça
lui prenne juste quelques minutes elle même déposer la plainte, mais s'il faut
qu'elle accompagne une famille, par exemple, immigrante, qui ne maîtrise pas
les codes ni la langue, ça va lui prendre pas mal plus de temps que si elle
dépose la plainte toute seule, là. Moi, c'est là que je trouve qu'il y a une
surcharge de travail de leur demander d'accompagner les parents plutôt que de
déposer eux autres mêmes la plainte quand ils voient une situation
problématique.
Parce que c'est les premiers témoins de
ça, c'est eux qui connaissent bien les rouages, c'est eux qui connaissent bien
la loi sur l'instruction publique, ils savent ce à quoi les élèves devraient
avoir droit. C'est les membres du personnel dans nos équipes-écoles qui savent
ça, qui sont des témoins en premier d'une situation de non-respect des droits
des élèves. Si on n'outille pas les gens qui sont les premiers témoins puis les
plus fins connaisseurs de ce que sont les droits des élèves, pour qu'ils
puissent eux-mêmes porter plainte, on vient, disons, faire en sorte que
beaucoup de situations qui ne seront pas dénoncées, là.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Roberge : Bien, écoutez,
je n'ai pas la même lecture que ma collègue. Puis je... moi, je répète souvent
qu'on est en train de corriger un système en fonction des failles qu'il y
avait, puis en fonction de ce qui ne marchait pas. Souvenons-nous, là, du
constat de départ, tout ce qu'on est en train de réparer, puis du rapport de la
protectrice en 2017, on disait qu'il y avait trop de dépendance entre le
protecteur de l'élève et, à l'époque, la commission scolaire. On disait qu'il
n'y avait pas assez d'information, on disait que les jeunes n'étaient pas assez
équipés. On disait qu'il n'y avait pas assez de... il n'y avait pas de
mécanisme d'appel nécessairement, que les délais étaient trop longs, des fois, ça
prenait un an. Je veux dire, ce sont ça... c'est là dessus où vraiment on a
jeté un éclairage puis on s'est dit : Voilà ce qu'on doit régler. Puis en
fait, on va déjà plus loin, on règle tout ça, puis on rajoute d'autres choses.
Et il me semble qu'on vient répondre amplement aux problématiques. Il me semble
qu'on fait vraiment le travail, là. Je ne partage pas le découragement. Moi, je
trouve, au contraire, c'est emballant, ce qu'on fait.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la députée.
Mme Labrie : Bien, moi, j'ai
l'impression qu'on... C'est parce que mon objectif, c'est que les droits des
élèves soient respectés. Je suis sûre que c'est l'objectif du ministre aussi,
tout le monde ici, c'est ça, notre objectif. Ça veut dire que chaque situation
où ils ne sont pas respectés, il faut qu'elles puissent être dénoncées. Je ne
pense pas qu'on se donne les moyens pour qu'elles soient toutes dénoncées.
J'aimerais ça qu'on se donne les moyens pour qu'elles soient toutes dénoncées,
les situations où les droits des élèves ne sont pas respectés. Il y en a
énormément.
Je vais être plate, là, mais chaque jour,
dans nos écoles, au Québec, il y a des droits d'élèves qui ne sont pas
respectés, notamment parce qu'il manque de personnel pour offrir des services,
parce qu'il y a des gens qui ont des... qui n'ont pas juste des enseignants non
qualifiés devant eux, mais qui ont parfois des surveillants au lieu d'un
enseignant pour leur donner un véritable cours. C'est des situations
récurrentes. C'est des situations récurrentes. Bien, un moment donné, il faut
arrêter de se voiler la face sur l'ampleur de ces problèmes-là. Il faut créer
tous les chemins possibles pour que les gens qui en sont témoins signalent ces
situations-là, qu'on puisse mesurer l'ampleur du problème, prendre les moyens
qu'il faut pour que les droits des élèves soient respectés. Si on n'ouvre pas
tous ces chemins-là, il va avoir une fraction des situations qui vont être
dénoncées, parce qu'il y a des gens qui sont plus habiles ou... que d'autres ou
plus revendicateurs que d'autres pour faire respecter leurs droits. Ces
gens-là, c'est des gens qui utilisaient probablement déjà les mécanismes. Là,
on va venir le simplifier, on va venir rendre l'information plus accessible, ça
fait qu'il y a plus de gens qui vont l'utiliser. Mais les premiers témoins des
situations de droits non respectés, c'est les membres du personnel. Puis là, en
ce moment, on est en train de ne pas leur permettre de déposer une plainte
eux-mêmes. Moi, je trouve ça regrettable. Je pense qu'on échappe quelque chose
qui aurait pu nous faire avancer beaucoup comme société, qui aurait permis de
lever l'omerta en éducation. Ça fait que je suis déçue qu'on ne veuille pas
aller là. Moi, je veux y aller, en tout cas. C'est tout.
La Présidente (Mme Thériault) : Ça
va. Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Bien, moi,
j'appuie la demande de ma collègue, puis je vais donner avec des exemples
concrets, si vous le permettez. Tantôt, on a dit : Oui, mais... Le
ministre a dit : Mais au fond, si la députée de Sherbrooke dit
qu'accompagner, ça prend plus de temps, mais le faire, ça prend plus de temps,
c'est... Puis il y a même une expression québécoise consacrée, là : Laisse
faire, m'a le faire. Ce n'est pas pour rien, parce que ça prend moins de temps
quand c'est nous-mêmes qui le fait.
Moi-même, je suis fille d'immigrants avec
une mère que, franchement, là... quand j'étais petite, là, elle venait aux
rencontres d'école, elle ne comprenait pas toujours tout ce qui se passait,
puis à mon grand bénéfice : j'étais tannante. Ça faisait mon affaire. Mais
très franchement, je prends deux cas, l'école Henri-Bourassa puis l'école
Saint-Laurent...
Mme Rizqy : ...Henri-Bourassa,
quand que les Béliers solidaires... nous, on les a rencontrés, puis, je pense,
tous mes collègues les ont rencontrés, pas une ou deux, mais des dizaines de
plaintes sur plus de dix ans. La direction avait dit : On n'a jamais eu de
plainte. Bizarrement, peu importe à qui qu'on parlait, tous les élèves, même
s'ils n'étaient pas dans la même promotion, disait : Non, non, on a porté
plainte, on a porté plainte au même directeur. Tout le monde avait... Et ils ne
peuvent pas se connaître, là, ils ont plus de dix ans d'écart en âge.
Si un prof ou, moi, mettons, dans mes
écoles, j'ai une travailleuse sociale ou un intervenant social, voit ça,
dit : Regarde, je vais la faire, la plainte. Un, ce qui est pertinent
là-dedans, c'est que l'intervenant social ou la personne qui travaille pour...
le travailleur social va rester encore dans l'école. L'élève va peut-être
cheminer, va être rendu au secondaire... pardon, au cégep, mais il y aura
encore cette mémoire de cet individu qui aura fait la plainte ou le signalement
qui va être encore dans l'école, qui, lui, est protégé, évidemment, par son
syndicat aussi. Mais ça permet aussi que l'élève ou le parent qui ne comprend
pas tous ses droits, les plus vulnérables, parce qu'on écrit souvent une loi en
pensant aux plus vulnérables, ceux qui ont même de la difficulté...
• (17 heures) •
Et je vais aller encore plus loin. Je
représente un des comtés, en fait, le comté où j'ai le plus grand nombre de
communautés culturelles. On accueille le plus grand nombre de réfugiés, à
Saint-Laurent. Le plus grand nombre d'immigrants, c'est à Saint-Laurent.
Savez-vous quoi? Peu importe le dossier, je sors de l'éducation, la première
chose qu'ils veulent, c'est de ne pas déranger. Première chose : ils ne
veulent pas déranger. Ils veulent juste s'intégrer puis ils ont peur, ils n'osent
pas, là. Puis, quand ils rencontrent un député, eux autres, certains
disent : Nous, dans notre pays, le député, là, ce n'est pas bon signe,
parce que c'est le gouvernement, puis il y en a c'est des coups de matraque.
Ce n'est pas des farces.
Alors, tu sais, c'est dans... Je crois
que, ma collègue, qu'est-ce qu'elle essaie de dire depuis tantôt, c'est de
réfléchir aux plus vulnérables de ce projet de loi. Est-ce qu'à ce moment-là,
on ne devrait pas avoir un dernier bouclier, qui est un adulte, qui, lui, c'est
un tiers un responsable, que peut être un enseignant, mais même l'intervenant
social qui est dans cette école ou le travailleur qui est dans cette école,
qui, en plus de ça, aura toujours cette mémoire collective parce qu'il restera
à cette école. Et, en plus de ça, il y a quand même le... vu que c'est un
adulte, il connaît ses droits, puis il a aussi la protection de son syndicat.
Alors, je pense, ça serait bien de donner ça. Puis j'appuie 100% cette
démarche, 100% cette demande. Puis ça ne nous coûte, en plus, absolument rien.
On leur donne, au fond, un droit de faire un signalement s'ils voient quelque
chose, mais que, malheureusement, la personne ou le parent a trop peur d'agir
parce qu'il ne veut pas déranger, tout simplement.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Roberge : Bien, par
rapport à l'exemple de ma collègue, là, pour Saint-Laurent, il aurait pu le
faire, là, le signalement, avec la nouvelle loi. Je ne vous dis pas que c'était
parfait. Si c'était parfait, on ne serait pas ici en train de jaser, là, en
train de modifier la loi. Mais avec la loi qu'on dépose, tout enseignant, tout
le monde du personnel, n'importe qui qui aurait eu vent de ça pourrait faire un
signalement. Il n'y a pas d'enjeu, là, pour Saint Laurent.
Mme Rizqy : Non, mais,
attendez, là, ici, là, comment que c'est fait, là, à moins que j'ai mal
compris... Moi, je ne vous parle pas juste de violence à caractère sexuel. Là,
mettons, Henri-Bourassa, c'était des questions... c'était des propos racistes,
là, qui avaient lieu, là. Henri-Bourassa, c'était vraiment ça. Je ne sais pas
si c'est...
Une voix : ...
Mme Rizqy : C'est ça. Alors,
violence, intimidation, c'est une chose, mais il y a d'autres cas qui feraient
en sorte... Moi, j'ai donné l'exemple, parce que, dans les deux cas, c'est des
communautés qui sont fragilisées. Saint-Laurent, c'est... on a fait l'exercice
de vérifier l'indice de défavorisation pour toute l'île de Montréal,
Saint-Laurent est numéro un, suivi de Montréal-Nord, suivi d'Hochelaga. Et
c'est là où est-ce qu'on a vu que les plaintes, même si elles étaient
formulées, elles n'existent pas. Elles étaient dans une filière 13.
C'était vrai non seulement à Henri-Bourassa, c'était vrai aussi à
Saint-Laurent.
M. Roberge : Ça ne sera plus
possible, ça. Ça ne sera plus possible, ça, là.
Mme Rizqy : Ça, je suis
d'accord que ce ne sera plus possible une fois qu'on adopte. Par contre, la
clientèle fragilisée va encore exister. Demain matin, moi, je n'ai pas de
baguette magique pour enlever la pauvreté. Puis malheureusement, même si on met
des moyens, il y aura toujours, toujours, malheureusement, des clientèles qui
vont être marginalisées. Puis on fait notre maximum. Tu sais, je n'arrive pas,
moi, à voir le jour qu'on aura réussi collectivement, puis je nous le souhaite,
mais à ce stade-ci, c'est que je le sais, j'ai encore des clientèles
marginalisées, des clientèles fragilisées, des clientèles qui doivent
apprendre... qui sont en train d'apprendre le français, des clientèles
immigrantes qui font de leur mieux, mais qui arrivent aussi... J'ai des gens
qui sont réfugiés, moi, dans mon comté, puis à Montréal-Nord aussi, qui sont
aussi réfugié, puis ils ont peur de déranger. Alors, si ce n'est pas violence
ni intimidation, mais c'est un autre service, si, imaginez, dans ce qui est le
plus violent...
17 h (version non révisée)
Mme Rizqy : ...déviances à
caractère sexuel ou, deux, se faire... de recevoir des propos racistes dans son
cours, ça, c'est les affaires les plus violentes qui peuvent nous arriver, ça,
c'est ce que... pour reprendre l'expression de ma collègue, des traumas, des
traumatismes. Ils n'ont pas été capables de se faire entendre, les élèves, ni
leurs parents. Imaginez pour des cas qui ne sont pas aussi, disons-le ainsi,
traumatisants, mais qui sont quand même fort importants, un service aux élèves,
que ce soit par exemple, de s'assurer que l'orthophoniste offre le service à un
enfant qui en a vraiment besoin ou un orthopédagogue, c'est ce dont il est
question, c'est de donner le dernier coup de main à une clientèle qui est plus
marginalisée. C'est comme ça que moi, je le vois, là.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Roberge : Bien, je
pense... en fait, je pense qu'on vise la même chose, là, puis qu'on veut aider
tous les élèves. Puis on sait qu'il faut en donner plus à ceux qui en ont
moins, là, toujours. C'est l'équité. Puis avec la possibilité d'accompagner, je
répète, là, mais je pense que c'est important, avec la possibilité d'accompagner
un plaignant puis de communiquer avec quelqu'un, en disant : Bien,
regarde, je peux t'accompagner dans ta plaine, puis ça ne devient pas un emploi
à temps plein. Je pense qu'on ouvre. Comme je vous dis, on couvre très très
large. En plus, on protège contre les représailles. En plus, on ouvre à
beaucoup de personnes qui peuvent signaler, on parlait tantôt autant de
racisme, de violence, de violence sexuelle, d'intimidation. Ça couvre assez
large, là. Je pense qu'on couvre assez large, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la députée des Mille-Îles.
Mme Charbonneau : merci, Mme
la Présidente. Je veux bien comprendre. Dans la catégorie de choses que vous
venez de dire, vous nous assurez qu'il y aura quelqu'un pour accompagner à l'extérieur
du contexte que c'est un enseignant, une direction d'école, qui va venir soit
du centre scolaire, de la commission scolaire, de l'école privée, qui peut
accompagner un élève ou ses parents dans le processus de plainte, ou si vous
nous ramenez au principe que, dans la loi de l'instruction publique, renforcée
par le projet de loi n° 9, ça passe toujours par le processus des trois
intervenants. Vous le disiez un petit peu plus tôt, là, les trois intervenants,
c'est celui à qui on veut se plaindre, que ce soit l'enseignant ou la personne
qui est supposée de donner le service, la direction d'école ou la direction du
centre, puis après le protecteur régional.
Donc, le défaut et la qualité de l'ancien
rôle du protecteur de l'élève, c'est que, dans chaque commission scolaire ou
centre scolaire, il y avait un répondant qui s'appelait le protecteur de l'élève.
Maintenant, on change. Puis je suis d'accord avec vous, je pense qu'on bonifie,
là, le service au principe même du protecteur de l'élève. Mais je n'ai plus...
Est-ce que j'aurai encore un répondant à même les centres scolaires, les
commissions scolaires et l'école privée pour répondre à mes parents, pour pas
qu'ils aient, peut-être, à faire affaire avec le directeur d'école? Parce que
quelquefois le conflit peut être suffisamment sensible. Puis moi, je ne vais
pas mettre de catégorie parce que je pense que les amendements que vous
apportez pour la violence sexuelle sont superimportants. Mais les plaintes ne
sont pas que ça. Donc, est-ce que je comprends bien qu'il y aura toujours
quelqu'un pour accompagner mes familles?
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Roberge : Bien, il y a...
On arrive, tantôt, à un amendement de l'article 28, où on en parle qu'on
peut être accompagné par la personne de notre choix. Puis c'est la députée de
Joliette qui l'avait ramené à quelques reprises dans les auditions publiques,
puis au début... On va-tu être capables de permettre à des organismes
communautaires de soutenir puis d'accompagner quelqu'un, là, qui est peut-être
moins habile, qui a peut-être moins de littératie? Bon. Ces organismes
communautaires là ont le droit, là. Tu as le droit d'être épaulé, d'être
accompagné de cette manière-là. Est-ce que ça répond?
Mme Charbonneau : Bien oui,
puis non. Je vous explique. Je vous explique ce que je me rappelle de la
procédure. Puis vous allez sûrement m'éclairer, parce qu'il y a toujours eu,
dans les commissions scolaires, un répondant. Ça fait que je comprends ce que
vous me dites quand vous me dites qu'il y a un tiers qui peut accompagner. Mais
il y a toujours eu un répondant... Est-ce que le principe était parfait?
Peut-être pas, mais ça répond un peu à la demande de mes collègues qui dit :
Est-ce qu'on peut accompagner les personnes? Quand vous me dites : Bien
oui, ils peuvent être accompagnés par quelqu'un dans le communautaire, je vous
entends, mais il y a toujours eu une personne qui répondait à l'intérieur des
commissions scolaires. J'utilise juste ce terme-là parce qu'avec les centres
scolaires, peut-être que vous avez maintenu la même règle, mais dans les écoles
privées, ce n'est pas la même chose non plus. Donc là, est-ce que le projet de
loi...
Mme Charbonneau : ...fait
en sorte qu'on va avoir une personne par institution qui va accompagner élèves,
familles, enseignants, professionnels, non-enseignants pour pouvoir aller
jusqu'au bout du processus, pour s'assurer qu'on corrige le tir, qu'on revoit
la situation ou qu'on explique que c'est comme ça que les règles sont faites
puis que le parent a peut-être... malheureusement, ne peut pas avoir l'attente
qu'il a envers l'institution qu'il fréquente.
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
15
361
M. Roberge : Bien,
il y aura ou il y a dans les centres de services scolaires un responsable du
traitement des plaintes. Mais pour ce qui est de l'accompagnement, vous appelez
ça un répondant, c'est le protecteur de l'élève qui... qui vient aider, là. On
dit au 28 le protecteur... l'élève prête assistance à toute personne qui le
requiert pour la formulation de sa plainte ou pour toute démarche s'y
rapportant. Donc, c'est large, ça, là, là. Donc, aussitôt...
Mme Charbonneau : Et
puis il arrive... Il arrive en troisième, mon protecteur. Il n'arrive pas en
premier.
15
361
M. Roberge : Non,
mais tu peux lui demander assistance dès la première étape.
• (17 h 10) •
Mme Charbonneau : Donc,
je peux, si l'occasion et le moment me donnent cette opportunité-là plutôt que,
puis je le... je le vois dans un sens positif, là, ce n'est pas négatif, plutôt
que de faire un processus où je suis obligé d'avoir une réponse de chacun des
intervenants que je considère en autorité dans mon école, aller directement au
protecteur de l'élève régional. Il va m'accompagner. Il ne va pas... Chez nous,
ma mère, elle dirait il ne va pas ne revirer de bord pour me dire que, là, il
faut que je parle en premier au directeur de l'école, là. Il va m'accueillir,
m'entendre puis m'accompagner dans le principe même de la plainte que je veux
déposer. On parle. Puis vous tenez... Vous en parlez beaucoup, vous aussi, là,
on veut raccourcir les délais, on veut s'assurer d'accompagner. Est-ce qu'on
peut imaginer qu'une famille, un parent, un élève va tout de suite au
protecteur de l'élève ?
Parce que, là, quand on parle du 21, on revient souvent aux trois étapes, là.
Je peux-tu sauter tout de suite à la troisième étape ?
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
15
361
M. Roberge : Tu
peux. Il y a un pouvoir d'exception. Tu peux aller directement au protecteur.
Tu peux aussi lui demander assistance dans ta plainte à l'étape 1,
c'est-à-dire à l'étape de l'école. Mais il y a aussi, puis je le cherchais en
même temps que je vous écoutais, là. Donc, tu sais, des fois, il y a mes yeux
qui vous quittent, mais ce n'est pas que je ne vous écoute pas, là, parce que
j'essaie de retrouver l'article de la loi. Puis vous nous disiez : On
avait ça dans les commissions scolaires. On l'a-tu encore ? Dans la LIP actuelle, puis
ça reste, on n'enlève pas ça, dans 96,12, on parle du traitement des plaintes.
Puis la direction générale doit informer les parents, les élèves de leur droit
de demander l'assistance de la personne centre de services. Puis le centre de
services doit désigner spécialement une personne pour donner assistance.
Donc...
Mme Charbonneau : Vous
faites m'aider. Vu que vous l'avez sous les yeux, est-ce que ça concerne
l'école privée ou juste l'école publique ?
15
361
M. Roberge : On
est dans l'école publique.
Mme Charbonneau : Publique.
Est-ce que j'ai le même article dans l'école privée ?
15
361
M. Roberge : Je
veux retrouver...
Mme Charbonneau : Parce
que j'ai compris que votre protecteur de l'élève va couvrir, tu sais, je dis
tout le temps c'est un parapluie, là, il va couvrir l'école privée aussi.
15
361
M. Roberge : Oui.
Mme Charbonneau : Il ne
faudrait pas... Il ne faudrait pas l'échapper parce que votre volonté, c'est
vraiment de le couvrir aussi. Si je ne l'ai pas dans les règles, parce je ne
les connais pas, les... Je connais bien la Loi de l'instruction publique, mais
pas celle du privé. Je ne la connais pas si bien que ça. Donc, je veux juste
m'assurer...
15
361
M. Roberge : Mais
au privé il y a quand même le même droit de demander au protecteur de l'élève
assistance.
Mme Charbonneau : Il n'y
a pas de protecteur de l'élève au privé, M. le ministre.
15
361
M. Roberge : Bien,
il va en avoir un aussitôt qu'on va sanctionner cette loi.
Mme Charbonneau : Oui,
mais...
15
361
M. Roberge : Et
donc, aussitôt que cette loi...
Mme Charbonneau : Je ne
peux pas me rattacher à la Loi de l'instruction publique. Je voulais savoir si
dans la Loi sur les écoles privées, si c'était là.
15
361
M. Roberge : Si,
en plus... Parce que, là, on a comme ceinture et bretelles au public, là. On
peut demander l'assistance à l'intérieur de l'organisation scolaire, même pour
l'étape 1 l'échelle de l'école. On peut demander au protecteur de l'élève
qui est la troisième instance : Aide-moi donc à l'étape 1. Là, au
privé, on regarde si on peut avoir l'aide dès l'étape 1, si on peut avoir
l'aide dans l'école pour ça, mais de toute manière, on peut demander au
protecteur de l'élève de nous assister dès l'étape 1. Donc, il y a déjà
ça, là.
Mme Charbonneau : Vous
avez raison. Je vais... Je veux... J'insiste.
15
361
M. Roberge : Oui,
je vois ça.
Mme Charbonneau : J'insiste
pour dire, dans la Loi de l'instruction publique, l'école publique est
couverte. Puis vous me le dites, vous faites bien de me le rappeler, là, le
titre est là. Dans l'école privée, il n'est pas là. Alors, quand vous me
rassurez en me disant : Mme la députée, le 9 va venir renforcer la Loi de
l'instruction publique parce que ça va se... Ça va être concordant, ça va se
jumeler. Pas dans la... Pas dans la loi de l'instruction pour...
Mme Charbonneau : ...les
écoles privées. Donc, dites-moi que vous allez mettre un article qui concerne
spécifiquement le fait que l'école privée aura l'obligation de mettre une
personne en service pour répondre et accompagner les familles qui vont lever la
main, parce qu'en ce moment, je pense que vous le savez mieux que moi, moi, mes
enfants ont fait l'école publique, c'est pour ça que je ne connais pas
tellement le... mais je le sais que mes parents qui viennent à mon bureau ont
signé un contrat. Et si l'enfant défait le contrat, bien, il perd sa place au
privé, là. Puis on lui dit : Bye bye, va-t'en au public, là. Puis le
parent n'a aucun recours, parce qu'on va lui rappeler qu'il a signé un contrat,
puis on va lui rembourser le restant des mois qui reste parce que là son enfant
il ne répond plus à ce à quoi le parent a signé. Il n'a aucun recours parce
qu'en cour, il va se faire dire : Vous avez signé un contrat, alors vous
ne pouvez pas vous défaire de ce contrat-là. Si vous me dites : À partir
de 9, il y a quelque chose qui va faire en sorte que toutes les écoles privées
du public vont avoir un répondant qui va s'appeler le protecteur de l'élève.
J'achète. Je suis d'accord. Je suis contente. Je suis même surexcitée parce
qu'on veut protéger l'élève malgré le contrat signé par les parents. Pas au
détriment de l'école privée, entendez-moi bien, là, je pense que c'est quelque
chose qui est historique, là, les contrats entre le parent puis l'école privée.
Puis il y a des écoles privées qui sont extraordinaires, qui prennent les
enfants même avec difficulté. Il y en a d'autres qui choisissent des élèves, je
n'en suis pas là. Je veux juste être sûre que si on dit oui au protecteur de
l'élève à l'école privée, je veux le voir écrit à quelque part parce que c'est
des PME, ce n'est pas juste des écoles.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Roberge : Bien, c'est plus
des OSBL que des PME, mais ce qu'ils ont, c'est qu'ils sont couverts par le
régime du protecteur de l'élève régional, puis le protecteur de l'élève est là
pour les accompagner. On n'a pas une disposition qui force toutes les écoles
privées à donner assistance au plaignant à l'intérieur de l'école. Puis c'est
peut-être correct, là, parce qu'il va pouvoir... Le parent qui porte plainte
contre l'école, contre l'école ou pour son enfant, là, sera de toute façon même
plus à l'aise d'aller chercher de l'aide puis de l'accompagnement du protecteur
de l'élève dans le traitement de sa plainte, que directement dans l'école de
toute manière, là. De toute façon, l'idée, c'est que le parent ou l'élève soit
accompagné, et c'est déjà dans la loi.
Mme Charbonneau : C'est juste
que dans l'école publique, j'ai le privilège d'avoir cet accompagnement-là par
une personne qui vient de l'institution. Ce qui est très aidant parce que
peut-être que la résolution de problème va venir directement de cette personne
qui va être le lien entre le protecteur régional et le parent. À l'école
privée, je ne l'ai pas cette personne-là. Je vous entends puis je comprends
quand vous me dites : Bien, ça viendra du protecteur régional
automatiquement. Mais ça veut dire que mon parent va avoir un débat direct avec
le protecteur de l'élève régional pour son école privée avec laquelle il a
signé une entente, il a fait un chèque, il a convenu de quelque chose, ce qui
n'est pas fait comme ça pour l'école publique. Donc, dans un endroit, j'ai
l'école gratuite, je suis accompagné par quelqu'un qui vient de l'institution,
du centre scolaire, puis à l'autre endroit, ça me coûte
8 000 piastres pour envoyer mon jeune à cette école-là. J'ai signé un
contrat comme quoi, s'il se fait prendre à avoir du pot dans son casier, il va
perdre son droit d'aller à l'école, mais il y a toute autre chose sur laquelle
je pourrais me plaindre comme parent qui a payé 8 000 $ pour aller à
l'école, et je n'ai pas de répondant. Je dois aller directement au protecteur
de l'élève régional pour dire : Ça ne marche pas. J'ai une plainte à
formuler, puis je vous la formule à vous parce que mon école privée ne m'entend
pas sur ma problématique. Puis j'insiste, je le sais, ce qu'on veut, c'est un
protecteur de l'élève qui couvre l'ensemble de l'oeuvre, c'est-à-dire public,
privé, à la maison. Je veux être capable de vous dire, M. le ministre, qu'on l'a
couvert en disant : Bien oui, ça couvre tout le monde puisque que le privé
comme le public aura un... je l'appelle un répondant, encore une fois, ce n'est
peut-être pas le bon terme, mais pour moi, si j'en ai un au public, je devrais
minimalement avoir quelqu'un au privé...
Mme Charbonneau : ...pour
pouvoir m'accompagner puisque, dès le départ, vous nous avez dit : Il n'y
aura pas de gens avec des spécificités dans le régional. Donc, je n'aurai pas
un protecteur de l'élève pour l'école privée, je vais avoir un protecteur de
l'élève, point, régional. Donc, je veux m'assurer que cette volonté-là reste, à
savoir ma famille, qu'elle soit au public, ou privé, ou à la maison, elle est
bien accompagnée, même si elle fait le saut directement au régional.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Roberge : Bien, pour moi,
oui. Oui, mais on n'a pas nécessairement à faire la même... Je vous dirais, une
obligation de résultat, pas nécessairement une obligation de moyens, de faire
exactement la même chose sur des institutions qui sont quand même différentes,
des organigrammes qui sont différents, des... On ne peut pas comparer puis
demander la même chose à l'école de 300 élèves versus au centre de
services scolaire de 50 000 élèves d'avoir la même structure. Il faut que
l'élève soit protégé des deux côtés, ce qui n'est... en ce moment, c'est
0 %, ils n'en ont juste pas de mécanisme. Alors, on vient le mettre, le
fameux parapluie, je vais emprunter votre terme. Puis ce qui n'a pas peut-être
pas dans l'école privée, qui a déjà dans l'institution publique... parce que la
Loi sur l'instruction publique, il y avait déjà ça, là, je veux dire, il y
avait bien des bonnes affaires avant que j'arrive, là...
Mme Charbonneau : Je n'ai pas
bien compris.
• (17 h 20) •
M. Roberge : Il y avait bien
des bonnes choses, déjà, avant que j'arrive, là. Je veux dire, regarde, on
bonifie des choses, mais, regardez, il y avait des affaires que les autres
avant nous qui avaient pensé à ça, puis c'est très bien, puis on le laisse.
Maintenant, on comble des choses, puis là, bon, on donne... on n'oblige pas le
privé à se donner exactement la même chose que le public, ce n'est pas... comme
je dis, entre 200 puis 20 000, bon, ce n'est pas pareil, mais par contre on
comble en donnant au protecteur de l'élève le devoir d'accompagner, là, la
personne dans sa plainte. Donc, on comble pour qu'à la fin ça soit tout à fait
correct des deux côtés, pas pareils, mais équitables.
Mme Charbonneau : Je
comprends et j'acquiesce que je suis d'accord avec ce n'est pas pareil. Un coup
qu'on a dit ce n'est pas pareil, je vous dirais, à la comparaison, je ne peux
pas comparer à une école de 300 élèves à une commission scolaire de 41 000
élèves. Je ne suis pas d'accord parce qu'on parle toujours de la même personne,
on parle de l'élève, on parle de la famille d'un élève qui doit être accompagné
pour une problématique, toute comparaison n'est pas bonne. Mais, que ce soit
une petite hôpital ou une grosse hôpital, il faut que je sois servi de la même
façon.
Alors, si je suis un élève du privé ou du
public, il faut que je sois en mesure d'avoir des services. Je comprends par
contre, de votre côté, qu'il serait difficile, puis je vais le dire comme ça,
puis vous me corrigerez, je m'en coince un peu, mais vous me corrigerez s'il y
a lieu, il serait difficile, pour vous, de prendre la décision, de dire aux
écoles privées d'avoir quelqu'un à l'intérieur de l'institution pour
accompagner les parents dans un processus de plaintes. Je comprends que c'est
difficile, comme ministre de l'Éducation, de prendre cette décision-là. Mais,
en même temps, vous dites que le projet de loi n° 9 va couvrir les écoles
privées. Pour les couvrir, il faut être capable de mettre en place le processus
adéquat. Donc, j'entends : On ne peut pas les obliger d'avoir un
répondant. Je trouve ça un peu difficile, parce que ma réalité à moi, Laval, ce
n'est pas des écoles privées de 300 élèves, là, l'école Letendre, le Collège
Laval, c'est des milliers d'élèves, ce n'est pas trois élèves, ce n'est pas
300, c'est des milliers d'élèves. Donc, d'avoir une personne qui peut répondre,
je trouve que c'est un minimum, même si ce n'est pas un poste à temps plein, ça
peut-être un poste à temps partiel, qui accueille le parent, qui entend la
plainte.
Puis je vous dis ça puis peut-être que je
vais recevoir un texto ou deux de gens qui me disent : Bien non, dans mon
école privée, j'ai déjà ça. Je vous dis juste que je trouve ça difficile si on
écrit un texte puis on nous dit : Bien non, faites-nous confiance, dans la
Loi de l'instruction publique, il y en a un, protecteur de l'élève, dans les
centres scolaires, mais il n'y en a pas dans le privé. Ça fait que, même si
vous me dites : Faites-moi, il y en a dans la Loi de l'instruction
publique, je comprends, mais ça m'inquiète pareil de savoir qu'à l'école privée
après avoir signé mon contrat, je n'ai plus de recours, je suis un parent qui
n'a plus de recours parce que j'ai signé un contrat avec l'école, puis ils
m'ont demandé de... ils m'ont facturé le principe de l'enseignement de mon
jeune, puis malheureusement mon jeune a fait une erreur ou je m'attendais à ce
que mon jeune ait un service malgré qu'en troisième secondaire ses notes sont
moins bonnes, puis l'école, elle trouve que ça y fait mal un peu de garder ce
jeune-là en troisième secondaire, qui n'a pas assez des bonnes notes. Ça fait
qu'ils vont...
Mme Charbonneau : ...le
retirer de l'école pour l'envoyer à l'école publique. Là, je porte un jugement,
je ne suis pas fine. Tous les gens qui me connaissent savent que je pense ça.
Mais ceci dit, j'aurais aimé ça, M. le ministre, vous entendre dire : Oui,
il va y avoir quelqu'un pour accompagner les familles. Mais là, je comprends
que ça va être le protecteur de l'élève régional qui va prendre sous sa
juridiction d'accompagner une famille de l'école privée s'il y a une plainte contre
son école privée.
M. Roberge : C'est ça.
Mme Charbonneau : Je n'ai
rien à rajouter, Mme la Présidente, parce qu'il n'y a rien que je peux dire qui
pourrait convaincre un ministre de l'Éducation - puis ce n'est pas vous, là -
d'imposer quelque chose à une école privée. Alors, j'ai hâte de voir la... tu
sais, j'ai hâte de voir la fin du projet de loi n° 9 parce que j'aimerais
ça qu'à la fin de ce projet de loi là, il soit aussi responsable que l'école
publique. C'est tout, merci.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Roberge : Bien, on n'est
pas d'accord sur certains éléments, mais il y a pas mal de choses qui
viennent... je ne sais pas si, le terme, c'est «imposer», mais, en tout cas,
baliser, encadrer l'école privée et donner des droits aux élèves des écoles
privées par rapport au statu quo. Il y a beaucoup de choses.
La Présidente (Mme Thériault) : Est-ce
que j'ai d'autres commentaires sur l'article 21?
Mme Rizqy : Ah! Mais, moi,
j'ai un amendement, là.
La Présidente (Mme Thériault) : Vous
avez un amendement? Oui. Est-ce qu'on a reçu l'amendement, M. le secrétaire? On
a reçu l'amendement, si vous pouvez le mettre à l'écran, parce que je ne
l'avais pas, s'il vous plaît. Étant donné qu'on va le mettre à l'écran dans
quelques instants... Si vous pouvez le mettre à l'écran, je vais vous demander
de nous en faire la lecture, Mme la députée de Saint-Laurent. Est-ce que vous
avez une copie devant vous pour nous le lire?
Une voix : Non, elle n'a plus
d'énergie.
La Présidente (Mme Thériault) : Non?
Vous allez le voir à l'écran, vous avez plus d'énergie, ou c'est l'ordinateur?
Mme Rizqy : Alors,
l'article 21 du projet de loi est modifié par l'ajout, à la fin de
l'article, de l'alinéa suivant :
«Le directeur de l'établissement doit
tenir un registre des plaintes. Le registre doit être disponible pour
consultation par le protecteur régional de l'élève et le protecteur national de
l'élève.»
La raison de cet amendement, je vais
l'expliquer, Mme la Présidente. Moi, j'ai été un petit peu beaucoup échaudée
autant par les histoires des élèves de... l'école Henri-Bourrassa que par ce
qui est arrivé à Saint-Laurent. Puis là, je ne parle pas juste de violence à
caractère sexuel à Saint-Laurent, je parle aussi de harcèlement en milieu de
travail puis des commentaires à caractère raciste. Puis il y a quelque chose
qui est assez déconcertant, c'est quand tout le monde te dit : Bien, je
l'ai signalé à la direction. Puis quand c'est des élèves qui le disent, quand
c'est des parents qui le disent, quand c'est des enseignants qui le disent,
puis qu'on a des gens disent : Non, non, on n'a eu aucune plainte, jamais,
jamais, jamais, il y a quelqu'un qui ne dit pas la vérité là-dedans, là. Puis
dans Henri-Bourassa, ça a été pendant 10 ans, les plaintes, puis ils
n'avaient pas une seule plainte à la direction.
Donc, ça, je n'y ai jamais cru. Je crois
beaucoup plus la version des élèves, des parents puis des enseignants. Et là ça
va forcer la direction que quand il y a quelqu'un qui vient formuler une
plainte, ça va être consacré à l'écrit, le directeur aura la responsabilité
d'avoir son registre. Pourquoi? Parce que ça va arriver que, des fois, l'élève,
en secondaire V, par exemple, va faire sa plainte, mais n'ira pas plus
loin. Il a fait sa plainte puis, là, il se dit : De toute façon, je m'en
vais au collégial l'année prochaine. Puis dans Béliers solidaires, c'est
souvent ça qui est arrivé. Ils ont dit : O.K., tu sais quoi, là? C'est mon
dernier cours, je m'en vais au cégep, j'ai dénoncé à mon directeur d'école, il
va s'arranger avec ça, il va faire quelque chose.
Mais après ça, eux, là, quand que, nous,
on les a rencontrés, ils étaient tous sidérés de constater que, finalement, il
n'y a rien qui a changé. Puis pire qu'on dit partout, sur toutes les
tribunes : Aïe! Il n'y a pas de plainte. ...dit : Aïe! Une seconde,
là, j'existe, j'ai fait ma plainte. Elle aurait dû être consacrée à l'écrit
dans un registre. Aussi, pourquoi que c'est pertinent? C'est que le protecteur
régional ou le protecteur national, si jamais, d'aventure, lui, il reçoit une
plainte, il pourra voir si c'est une plainte isolée ou c'est quelque chose qui
est - je sais, c'est un terme qu'on a des fois de la misère, là - systémique.
Et c'est ça l'importance d'un registre. Puis un registre, là, ça existe, là,
dans mon code de déonto, là, j'ai plein de registres à tenir, là. Ça fait
qu'envoye, les registres. Moi, j'y crois, au registre. Ça nous force à tenir à
jour ce qui se passe dans notre école. Puis aussi, c'est que quand on veut
formuler des recommandations pour un protecteur de l'élève...
Mme Rizqy : ...si jamais lui
veut vérifier, bien, il se dit: O.K., parfait. Si c'est un cas isolé, il n'y a
pas vraiment... C'est un cas isolé, c'est important. Mais, quand c'est
plusieurs cas, à un moment donné, là, on a un vrai problème puis on doit à ce
moment-là agir beaucoup plus rapidement et de façon, des fois, beaucoup plus
soutenue.
Alors, voici l'amendement, puis j'espère qu'il
va être reçu, parce que je pense que ce serait une grande avancée. Bon.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. M. le ministre.
M. Roberge : On peut-u juste
suspendre une minute pour qu'on voie les tenants et aboutissants, les impacts de
ça? Ce ne sera pas long.
La Présidente (Mme Thériault) :
Donc, on suspend quelques instants à la demande du ministre. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 30)
17 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 17 h 42)
La Présidente
(Mme Thériault) : Nous poursuivons nos travaux. Donc, M. le
ministre, vous nous aviez demandé une suspension pour vérifier l'amendement de
la députée de Saint-Laurent.
M. Roberge : Oui,
exactement, je voulais voir est-ce que c'est utile, est-ce que ça peut nuire,
est-ce que d'un point de vue juridique il n'y a pas d'autres dispositions qui
font ça ou le contraire, bon, tout ça. Je nous amène brièvement... puis, des
fois, on est obligés de faire ça pour analyser la pertinence d'un article ou un
amendement puis regarder un peu. 51 va un peu dans le sens... Pas à 100 %,
je ne veux pas vous dire que c'est du pareil au même, mais va un peu dans ce
sens-là. 51, on dit : «Le protecteur national de l'élève peut déterminer l'actif
informationnel que les centres de services scolaires et les établissements d'enseignement
privés doivent utiliser aux fins de l'examen des plaintes». L'actif
informationnel, là, dans le fond, là, c'est un registre, c'est de la documentation,
c'est des données, c'est ça, ici. «Doit respecter les normes de tenue de
dossier et permettre d'inscrire les renseignements que le ministre détermine
par règlement», donc il y aura un règlement qui déterminera comment sont
colligées... Je vais prendre le mot registre, là, parce que, des fois, il y a
les mots juridiques puis il y a les mots d'usage commun, comment ça doit être
fait. La nuance entre le 51 et ce que ma collègue apporte, c'est que le 51, c'est
à l'échelle du centre de services scolaire ou de l'établissement privé, ma
collègue est au niveau de l'école, hein, la direction d'école. Il y a un danger
d'alourdissement, de bureaucratie... D'alourdissement de tâches à l'échelle de
l'école ou de la direction d'école ou de son adjoint ou de son adjointe, si on
le fait à ce niveau-là.
Et il y a aussi, je dirais, un... Je me
demande, en fait, à quoi ça pourrait servir. Ma collègue amène l'idée de :
Bien, regardez, j'ai un exemple où il y a des gens qui ont porté plainte puis
on n'a pas trouvé de trace. Bon, là, ce qu'on verrait, c'est qu'il n'y a pas de
trace. S'il n'y avait pas de registre des plaintes, on dirait : Écoutez,
on n'a pas de trace. Mais ça ne réglera pas... Ça ne réglerait pas, toute chose
étant égale, par ailleurs... Si on va à l'école puis on constate que le
registre est vide, on va dire : Bien, coudon, ça n'a pas de bon sens, c'est
ça qui est arrivé. Mais surtout, avec la loi no neuf, ce qui est arrivé, c'est-à-dire
des étudiants ou des étudiantes qui portent plainte, je ne sais plus si c'était
dans le cas du racisme ou des violences sexuelles, mais que ce soient un, l'autre
ou les deux, parce que ce n'est pas... une ou l'autre, ça pourrait pas rester
lettre morte comme ça parce qu'il y a un délai de dix jours à l'instance 1,
à l'école, après quoi, si tu n'es pas satisfait du traitement de la plainte ou
si on fait juste ignorer ta plainte, tu as recours, automatique, à l'instance
deux, au centre de services scolaire. Donc, dire, mettons...
M. Roberge : ...dans une
école, il ne se passe rien. Bien là, ça, c'est arrivé avant p.l. 9, mais ça ne
pourrait plus arriver après. Parce qu'à ce moment-là, si malheureusement
arrivait encore ça dans le réseau, on va dire en 2024, puis que quelqu'un porte
plainte, puis que je ne sais pas ce qui se passe à la direction d'école, mais
personne ne s'en occupe, bien, le plaignant, il peut aller à l'étape suivante
puis avoir gain de cause puis être écouté puis être entendu. Donc, voilà.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la députée de Saint-Laurent, après ça je vais à la députée de...
Mme Rizqy : Je vais aller
dans les mêmes étapes. À l'article 51, dans les commentaires, on le voit
bien, c'est : Il propose également de conférer au ministre le pouvoir
d'établir des... de tenue de dossiers de plaintes. Donc le ministre aurait ce
pouvoir-là. Moi, je l'inscris directement avec cet amendement-là, qui serait
prévu à l'article 21. Et la raison pourquoi que je choisis au niveau de
l'instance principale, c'est-à-dire l'établissement scolaire, l'école, c'est
parce que les cas concrets qu'on a eus, que ce n'est pas remonté au centre de
services scolaires, c'est que c'est resté au niveau de la direction. Puis la
direction a dit publiquement : On n'a pas de plainte. Et ça allait en
porte à faux avec des témoignages graves et concordants d'élèves, parents et
enseignants qui disaient : Bien non. Moi, je vais vous dire, là, j'ai même
reçu les courriels des plaintes. Alors, clairement, il y a quelqu'un qui n'a
pas dit la vérité, puis ce n'est pas l'enseignant, ce n'est pas le parent, ce
n'est pas l'élève. Eux autres ont dit la vérité. Là, au fond, ça revient...
ici, l'ajout... une obligation légale.
Quand vous dites, en exemple, et vous
faites bien de le faire, cet exemple-là. Ah! mais si on arrive puis que le
registre est vide, on n'est pas plus avancés. Au contraire, il y a une
obligation légale, on est très avancés. Si un directeur d'école omet de
respecter la loi, c'est grave, il le sait. C'est pour ça que les directeurs
d'école, la direction d'école a intérêt à respecter la lettre de la loi dans
son ensemble, ce qui inclut le registre. Et moi, j'ai confiance que quand que
c'est écrit noir sur blanc qu'ils ont une obligation légale, ils vont le faire,
parce que sinon c'est un défaut d'exécution d'une fonction qui leur est établie
par la loi, et ça, ça peut entraîner la déchéance même de leur emploi. Alors,
c'est pour ça que j'y tiens.
Puis en terminant, c'est que je...
là-dessus, je vais avoir besoin des éclairages de Francine, là, la députée de
Mille-Îles. C'est que ça existe déjà de garder au centre de services scolaires
un registre de plaintes, au centre de services scolaire. Nous, dans les cas
qu'on a vus, ce qu'on essaie de corriger, là, c'est des vrais cas, des vrais
dossiers, ce n'est jamais remonté à eux. Alors même si le centre de services
scolaires a l'obligation légale de conserver un registre, encore faut-il que ça
se rende à eux.
En terminant, on vous a dit : Ah!
mais il y a un recours automatique. Oui et non. Si l'élève... puis dans le cas
de... ils l'ont même dit, dans les articles de journaux, on peut le lire.
J'étais en fin d'année, j'ai décidé, là, de faire tête baissée puis de
continuer mon année, puis de me mettre des œillères pour finir mon année puis
m'en aller au cégep. C'est ça qui est arrivé. Des élèves, là, qui étaient en...
Puis il y en a une qui a même dit : J'étais en mode survie. Puis elle
dit : Il me restait quatre mois à toffer l'année. Tu sais, quand tu vas à
l'école secondaire, tu n'as pas envie de toffer ton année, tu as envie de la
vivre.
Moi, c'est juste... M. le ministre, là,
c'est mon plaidoyer, je vous le dis, c'est pertinent d'avoir un registre puis
ça va donner, là, un message : On a entendu les victimes. Il y en a que
c'est des violences à caractère sexuel, d'autres, c'est des propos racistes,
puis d'autres, c'est des facteurs d'intimidation, puis d'autre chose puis je ne
sais pas c'est quoi. Puis honnêtement, moi, en autant qu'on a un registre, puis
c'est surtout... ça va aussi donner un éclairage au protecteur régional,
lorsqu'il va prendre des décisions. Est-ce que c'est juste une plainte isolée
ou est-ce qu'on a un problème plus profond qui va peut-être commander une
action plus soutenue à un endroit particulier? Alors, je vais m'arrêter ici
parce que je sais qu'il y a d'autres interventions, là. Mais on peut cheminer
ensemble là-dessus.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Roberge : J'aimerais ça
écouter les autres interventions.
La Présidente (Mme Thériault) : On
va à l'intervention, vous voulez les entendre. Parfait. Donc, Mme la députée de
Sherbrooke, après ça je reviendrai à Mme la députée des Mille-Îles. Allez-y.
Mme Labrie : Bien, je pense
qu'une partie du problème de cet enjeu-là, c'est qu'il y a un flou artistique
autour de c'est quoi une plainte. Parce qu'il y a des élèves qui ont dénoncé
des situations, puis après ça, ça a disparu, il n'y a pas eu de trace de ça.
Moi, je suis en faveur qu'il y ait un registre, mais je fais juste me
demander... il va falloir clarifier aussi c'est quoi une plainte. Parce que si
un élève débarque dans le bureau du directeur, par exemple, pour dire :
Bien, là, tel autre élève vient de m'accoter dans un coin pour me taponner, ou
tel entraîneur vient de... hier soir à la pratique de volley-ball, a tenu des
propos sur mon poids, que j'estime déplacés, ou toute autre situation, puis que
là, le directeur dit : Ah! oui, O.K., je vais lui parler. Il consigne-tu
ça dans le registre des plaintes? C'est-u une plainte? Est-ce qu'il faut qu'il
ait rempli un formulaire, l'élève, pour que ça soit considéré comme une
plainte? Parce que moi, j'ai l'impression que c'est un peu pour ça qu'on a
perdu la trace de toutes les démarches que des élèves, des membres du personnel
ont pu faire dans des cas comme Saint-Laurent, dans des cas comme
Henri-Bourassa...
Mme Labrie : ...parce
qu'à un moment donné il faut que ça soit clair à partir de quand, c'est une
véritable plainte, puis que la porte d'entrée, il n'y ait pas d'ambiguïté
là-dessus, là, il faut le définir. Il faut qu'il y ait une responsabilité aussi
de s'assurer que la personne qui reçoit, au départ, je vais appeler ça des
doléances, là, de la part d'un élève, lui dise : Veux-tu déposer une vraie
plainte par rapport à ça? Voici le papier. Puis là on va le consigner, puis
elle va être inscrite, par exemple, dans un registre ou, en tout cas, dans
quelconque mécanisme qu'on aura fixé. Mais tant que ça, ce n'est pas clair...
Puis, moi, je ne suis pas sûre que c'est clair dans le projet de loi en ce
moment, là. À partir de quand qu'on considère qu'il y a eu une vraie plainte?
Si un parent appelle à l'école pour dire : Oui, là mon enfant, il a des...
On m'a dit, au début de l'année, qu'il avait besoin d'un petit coup de pouce au
niveau du langage, puis on n'a toujours pas eu de nouvelle. Quand est-ce qu'on
va avoir des services? Puis que là la direction de l'école répond : Bien,
oui, il n'y a plus d'heure de disponible, avez-vous les moyens d'aller au
privé, bla-bla. Le parent, là, s'il dit : Bien là, ça ne fait pas mon
affaire d'aller au privé, vous devriez offrir ce service-là dans l'école. Ça,
c'est-u considéré comme une plainte, ou bien il faut qu'il remplisse un
formulaire?
• (17 h 50) •
Tu sais, à un moment donné, là, tant que,
ça, ça reste flou, on ne se pas capable de régler ces problèmes-là, puis les
délais, on ne sera pas capable de les comptabiliser non plus. Si le parent
considère que s'être plaint verbalement ou l'élève considère que s'être plaint
verbalement auprès d'un intervenant de l'école, c'était sa plainte, lui, il
considère-tu le délai de 10 jours à partir de ce moment-là? Moi, je pense
qu'il faut le définir clairement. Puis si on le clarifie le processus, bien, ça
va être bien plus facile de tenir un registre après puis qu'on soit sûr de ne
jamais en échapper puis de comptabiliser les délais comme du monde.
Mais la situation, en ce moment, c'est
qu'il y a un énorme flou autour de ça, même chose avec les centres de services
d'ailleurs, ce n'est pas juste à l'échelle des directions d'école, là. À
l'échelle des centres de services, c'est la même affaire, un parent qui
appelle... Tu sais, moi, quand je parle de ces situations-là avec les centres
de services scolaires, on m'a déjà dit : Tu sais, les parents appellent, puis
eux autres, ils considèrent ça... tu sais, à moins que la personne ait rempli
un formulaire pour vrai de plainte, là, ils considèrent ça comme une demande
d'information. Quand quelqu'un appelle au service des plaintes pour parler d'un
enjeu, bien, ils considèrent ça comme une demande d'information, tant et aussi
longtemps que le formulaire n'a pas été rempli, par exemple, mais ce n'est pas
la même affaire pantoute. Ça se peut, mais il faut que ça soit clair pour le
parent que là ce qu'il a dit là, là, tant qu'il n'a pas rempli le formulaire,
ce n'est pas une vraie plainte du point de vue du centre de services scolaire,
par exemple. Sinon, lui, il n'aura pas les bonnes attentes au niveau du suivi
s'il considère que de l'avoir dit verbalement, c'était une plainte, puis que,
du point de vue du centre de services, ce n'était pas encore une plainte, il
fallait remplir un formulaire. Moi, ça, ce n'est pas clair dans le projet de
loi, pour moi, à partir de quand il y a une plainte.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Mme la députée de Mille-Îles. Est-ce le ministre souhaite vous
entendre?
M. Roberge : Pas tout de
suite.
La Présidente
(Mme Thériault) : Allez-y.
Mme Charbonneau : Vous
voulez parler tout de suite, ou...
M. Roberge : Non,
j'aimerais mieux vous entendre.
Mme Charbonneau : Merci,
c'est gentil. Je reviens à l'information que j'ai échangée avec ma collègue. Ce
qui est consigné, dans les centres scolaires ou les commissions scolaires,
c'est quand c'est rendu au protecteur de l'élève puisqu'il dépose annuellement
au ministre un registre de ses plaintes, grosso modo, là, c'était des plaintes
par rapport à quoi. Ça ne concerne pas l'école, ça concerne vraiment le centre
scolaire ou la commission scolaire.
Donc, quand ma collègue de Sherbrooke
dit : Il faut clarifier l'aspect d'une plainte. Puis quand ma collègue de
Saint-Laurent dit : Il faut que ça soit par institution, par école. Je
trouve que ça devient encore plus logique, d'autant plus qu'on parle des écoles
privées comme de l'école publique, puis, encore une fois, c'est
l'établissement, ce n'est pas l'institution, donc je trouve que c'est très
intéressant.
Maintenant, ma collègue de Sherbrooke a
tout à fait raison quand qu'un parent appelle pour parler d'une plainte, bien,
souvent, on va parler d'une communication directe avec le parent pour
l'informer des heures requises ou du financement des heures qu'ils ont par
rapport à l'orthophonie ou par rapport à un autre service pédagogique. La
direction va dire : Bien, j'ai eu un parent qui m'a fait un commentaire ou
j'ai eu un parent qui m'a avisé que... Mais c'est rarement consigné comme une
plainte, à moins que le parent soit informé, puis, ça, les directions d'école,
moi, en tout cas, ceux que je connais le font très bien, ils vont dire :
Si vous n'êtes pas satisfait de ma réponse, vous pouvez faire appel au
protecteur de l'élève.
Donc, il y a quelque chose qui se passe
par rapport au protecteur de l'élève. Mais il faut vraiment que le parent soit
informé pour pouvoir le faire, sinon ça devient un échange verbal entre la
direction de l'école et la famille.
La Présidente
(Mme Thériault) : O.K. M. le ministre, vous vouliez entendre les
points de vue des gens. J'ai envoyé une note au ministre pour lui demander si
je pouvais prendre la parole pour un cas. Excusez-moi, ceux qui me connaissent
savent que je suis vraiment très sensible. Je vais relater ici puis je vais
taire le nom de la région...
La Présidente (Mme Thériault) : ...je
connais quelqu'un que sa fille a été agressée par un petit gars de son école.
La police a été mise dans le dossier, ils n'ont pas retenu la plainte.
Pourtant, les deux enfants sont mineurs, la petite fille a 4 ans, les deux
enfants sont mineurs, ils n'ont pas retenu la plainte. La maman a décidé de
déménager pour changer sa fille d'école, lui donner une nouvelle chance d'aller
plus loin. Heureusement, les gens de la CAVAC, qui ont suivi cette petite fille
là dans sa nouvelle école, elle a toute l'aide et le support nécessaires
qu'elle a besoin, et elle s'est rappelé des choses parce qu'elle était en
stress post-traumatique, elle s'est rappelé des choses, et c'est grave. Dans
son ancienne école, les gens savaient, s'il y avait eu un registre, puis ce
petit gars là avait été dénoncé par cette petite fille là, on se serait rendu
compte qu'il y avait d'autres petites filles, dans la même école, qui ont subi
exactement le même sort que cette petite fille là.
Moi personnellement, je pense que c'est
correct qu'on puisse... quelque chose quand il y a quelque chose qui ne marche
pas. Quand la police a été mêlée au dossier, elle l'a été à l'école aussi. S'il
y avait eu un registre avec des plaintes dedans, la police aurait pu en prendre
connaissance, et probablement que ça aurait été fort différent dans le
traitement du dossier. Et la maman, elle n'aurait pas été obligée de déménager
puis de déraciner ses trois enfants de son secteur, et elle a changé de ville
et changé de vie pour protéger sa fille et ses enfants. Mais je ne peux pas
m'empêcher de penser aux autres enfants, aux autres petites filles, dans cette
région-là, qui subissent les actes d'un jeune homme qui est mineur. Puis, comme
dans bien des écoles, mais quand les enfants commencent à parler, le petit
garçon qui a pas mal d'influence : C'est de la faute des petites filles.
Et imaginez le traitement qu'on réserve aux petites filles qui sont trop
faciles, je suis très polie dans ce que je dis présentement. Moi,
personnellement, des histoires comme ça, ça me touche. Puis c'est sûr que,
quand je vois, que, nous, comme législateurs, on a la possibilité de changer
les choses, c'est un bel exemple de comment on pourrait changer les choses.
Ceci étant dit, ce n'est pas dans mon
habitude de faire des interventions, à titre de députée, comme présidente, et
je suis désolée de l'avoir fait, mais je considère que le plus beau privilège
qu'on m'a donné, c'est de représenter ma population, de représenter mes
citoyens, et c'est avec l'expérience du terrain que, très souvent, on fait les
lois. Donc, je vais rentrer dans ma réserve de présidente, et puisque vous avez
entendu toutes les personnes qui avaient quelque chose à dire, monsieur le
ministre, je vous redonne la parole.
M. Roberge : Merci d'avoir eu
la délicatesse de m'envoyer un petit message avant, puis surtout merci d'avoir
pris la parole. On connaît... on est nombreux à connaître des gens qui ont vécu
des choses. Ça fait que vous avez dit des choses, puis on n'a peut-être pas
tous besoin de les dire après. Donc, j'ai demandé au légiste de rédiger un
amendement, si vous permettez, il va aller à l'article 51, parce que, de toute
façon, ça va dans le même... ça va être par cohérence législative, mais ce
n'est pas du tout une fin de non-recevoir, je n'essaie pas de le pelleter en
avant ou en dessous du tapis, là, ça fait qu'on va l'adapter dans le cas
pertinent.
Mme Rizqy : ...
La Présidente (Mme Thériault) : Pardon?
Mme Rizqy : Avec
consentement, je vais le retirer, puis merci, je pense que... si on peut faire
une petite pause-santé, on va la prendre.
M. Roberge : Bonne affaire.
La Présidente (Mme Thériault) : ...compte
tenu de l'heure, ça va être bon pour tout le monde. On suspend les travaux
quelques instants. Merci, monsieur le ministre, pour l'amendement.
(Suspension de la séance à 17 h 59)
(Reprise à 18 h 2)
La Présidente (Mme Thériault) : Donc,
à l'ordre! Nous allons reprendre nos travaux. Donc, à la suggestion de la
députée de Saint-Laurent, son amendement sera retiré. Il y a consentement?
Des voix : Consentement.
La Présidente (Mme Thériault) : Consentement.
On a compris que M. le ministre, à l'article 51, vous allez... 51, c'est
ça? Vous allez faire quelque chose plus tard. Il n'y a pas de problème. Donc,
j'ai compris également, l'échange qu'on a eu, qu'il n'y avait pas d'autre
commentaire sur l'article 21. Donc, est-ce que l'article 21 est
adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Thériault) : Adopté.
Parfait. M. le ministre, on peut aller à l'article 22. Et je pense que
vous avez un amendement, également.
M. Roberge : Oui, merci.
Alors, article 22 : «La personne qui est insatisfaite du traitement
de sa plainte ou dont la plainte n'est pas traitée dans un délai de
10 jours ouvrables suivant sa réception peut s'adresser au responsable du
traitement des plaintes du centre de services scolaire. Le responsable du traitement
des plaintes est désigné parmi les membres du personnel du centre de services
scolaire par le conseil d'administration de celui-ci.
«Malgré l'article 21, la personne qui
est insatisfaite du suivi donné à une dénonciation concernant un acte d'intimidation
ou de violence faite à un directeur d'établissement d'enseignement en vertu de
l'article 96.12 ou 110.13 de la Loi sur l'instruction publique peut
formuler une plainte au responsable du traitement des plaintes.».
Donc, l'article propose la deuxième étape
du processus de traitement des plaintes, soit de s'adresser au responsable du
traitement des plaintes du centre de services scolaire. Elle précise que cette
étape est accessible 10 jours ouvrables après s'être adressé à la personne
directement concernée ou à son supérieur immédiat. L'article propose également
que la personne insatisfaite du suivi d'une dénonciation concernant un acte
d'intimidation ou de violence peut s'adresser directement au responsable du
traitement des plaintes sans devoir s'adresser d'abord à la personne
directement concernée ou à son supérieur immédiat. Je peux y aller avec
l'amendement?
La Présidente (Mme Thériault) : Avec
l'amendement, oui.
18 h (version non révisée)
M. Roberge : ...reçu et
qui est disponible. Donc : Remplacer, dans le deuxième alinéa de l'article 22
du projet de loi, «une dénonciation» par «un signalement ou une plainte».
Donc l'amendement, c'est tout simplement de
revenir à la terminologie de «signalement» et de «plainte», grosso modo.
La Présidente (Mme Thériault) :
Alors, Mme... Oui, M. le ministre, allez-y, continuez.
M. Roberge : Excusez-moi.
La plainte est formulée directement par l'élève, mineur ou adulte, ou son
parent, tandis que le signalement, c'est formulé par un tiers, c'est ça, la...
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Oui. Bien
là, je reviens à ce que j'ai plaidé tout à l'heure. Le délai de 10 jours,
il va commencer à courir à partir de quand? Est-ce qu'on parle du moment où il
y a un échange verbal entre un élève ou son parent puis la direction? Est-ce
qu'on parle du moment ou un courriel est envoyé par le parent pour dire à la
direction : Il s'est passé telle affaire? Est-ce qu'on parle du moment ou
il y a un formulaire qui a été rempli, sur lequel il est écrit «plainte» en
haut? Moi, c'est ça qui n'est pas clair pour moi à ce stade-ci.
M. Roberge : Oui. C'est
une excellente question. Honnêtement, on se l'est posée à plus d'une reprise,
excusez-moi, le terme, on s'est challengés, on a discuté, on a échangé et on a
regardé ce qui se faisait dans d'autres lois. Il y a d'autres lois qui parlent
de mécanismes de plaintes, là. Je pense que c'est le cas à la santé. Je pense
que c'est le cas aussi au Protecteur, Protectrices du citoyen... pas me
tromper. Et, dans aucune loi, ce n'est défini.
Ça fait qu'on dit : Bien là, comment
se fait-il, dans le fond... On entend par «plainte», dans le fond, c'est une
insatisfaction qui est exprimée, d'accord? Aussitôt que tu exprimes une
insatisfaction, ça peut être verbalement ou ça peut être par écrit, à l'égard
d'un service que tu as reçu ou que tu n'as pas reçu.
Et c'est là où il y a le caractère un peu
informel parce que, des fois, ça peut être juste, écoutez, tu es à l'épicerie,
tu croises ton enseignante, l'enseignante de ton enfant, puis tu lui dis :
Oui, mais là, il me semble... je suis sur le portail, là, du centre de services
scolaire. Il n'y a pas une note encore en maths, on est rendus au mois... à
début novembre, je n'ai pas d'évaluation en maths. Comment ça se fait? Tu sais,
ça pourrait être simplement comme ça. Puis j'aimerais ça... Puis le prof dit :
Ah! bien, je pensais que je l'avais entré, ou peu importe, bon. 10 jours
après, techniquement, le parent pourrait dire : Bien, je n'ai toujours pas
reçu de réponse. Le prof que j'ai accroché à l'épicerie... puis là je ne suis
pas en train de dire que je veux que les profs se fassent achaler à l'épicerie,
c'est un exemple qui peut être un peu invasif. Mais il dit : Je vais
t'envoyer un courriel ou je vais faire... Puis après tu... le parent pourrait
dire : Bien, moi, je vais à l'instance supérieure. Je lui en ai parlé,
j'attendais un courriel. Ça fait 10 jours, j'ai le droit d'y aller. Ça
pourrait être informel comme ça.
Ça pourrait être un courriel envoyé à la
direction d'école. Ça pourrait être : on se rencontre pour élaborer un
plan d'intervention, puis le parent, séance tenante, manifeste son
insatisfaction face à quelque chose. Là, ça serait plus formel, plus documenté,
parce qu'il y a un écrit, vraiment, puis c'est...
L'appréciation de la plainte est beaucoup,
d'après ce qu'on m'a dit, dans l'œil du plaignant. Parce que, si on ne fait pas
ça, si on dit : Une plainte, ça doit être formel, ça doit être valide, on
doit avoir le nom de l'élève, le nom du parent, la personne qui l'a reçue,
évidemment, la date, pour faire courir le délai, bien, on va empêcher des fois
des personnes plus vulnérables, des personnes qui parlent plus ou moins
français, des personnes qui sont plus... d'utiliser le système de traitement de
plaintes parce qu'ils ne sont pas outillés. Il faudrait qu'ils prennent rendez-vous
avec la direction, dire : Je vais, officiellement, formuler une plainte.
Et ça risque de diminuer, dans les faits, le nombre de plaintes et donc de
règlements. Ce n'est pas que j'aime les plaintes, mais j'aime les solutions,
là. Ce n'est pas que j'aime les problèmes, mais j'aime les solutions.
Et ça vient aussi beaucoup, beaucoup,
beaucoup bureaucratiser. Si on dit : À chaque fois qu'il y a une plainte,
qu'il y a une insatisfaction manifestée, il faut absolument que ça soit écrit,
daté, signé, envoyé au bureau de la direction, filière 52, etc., bien, ça
va faire beaucoup de travail pour les profs, pour les surveillantes de dîner,
pour... Ça peut être ça aussi.
L'élève, il a le droit de manifester une
plainte. Ça fait que je suis tout le temps assis à côté des micro-ondes. Tout
le monde passe à côté de moi, puis il m'accroche, puis il m'accroche. Je
peux-tu m'asseoir ailleurs? L'élève le manifeste. Est-ce que l'éducatrice doit
s'en aller, puis écrire ça, Puis... Vous comprenez? C'est ça.
• (18 h 10) •
Par contre, quand l'élève dit :
Écoute, là, ça fait depuis le mois de septembre que je suis là, puis je
n'arrête pas de le dire à l'éducatrice, puis je veux changer de place, elle ne
me change jamais de place. Bien, le parent pourrait dire : Bien, regarde,
ça fait bien plus que 10 jours, on s'en va direct au centre de services
scolaire. Je donne...
M. Roberge : ...deux, trois
exemples qui sont issus des discussions que j'ai eues avec d'autres personnes,
parce que, moi aussi, je me disais : Comment on fait pour le formaliser?
Là ou ça devient vraiment formel, où ça va être mis par écrit par le plaignant
ou par la personne qui la reçoit, parce qu'on lui porte assistance, à la
personne qui a peut-être moins d'habilités littéraires, puis qui sait peut-être
moins parler français, puis tout ça, à la deuxième instance, là, c'est sûr
qu'il va avoir vraiment une étude de cas, puis ça va être écrit, puis ça va
être signé, puis il va y avoir la date. Mais à l'étape de l'école, je pense que
l'appréciation des uns et des autres, qui pourrait poser problème, a aussi des
avantages. C'est comme ça que je l'exprime parce que... Puis quand on me l'a
expliqué comme ça, on m'a convaincu. Parce qu'au départ je n'étais pas
convaincu, d'accord? Je vous partage cette réflexion, voilà. Excusez ma longue
réponse.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Oui. C'est une
souplesse qui est vraiment intéressante, là, parce qu'effectivement on ne veut
pas alourdir la première étape, puis on veut que les gens le fassent. Moi, je
n'en attendais pas tant au niveau de la souplesse, je dois dire, donc je suis
contente d'entendre ça. En même temps, là, le ministre a donné plein
d'exemples, tu sais, qui... Je veux juste m'assurer que ça va être vraiment
clair pour tout le monde, là. Ça se peut que je lui fasse répéter, là, mais...
Ça fait que le parent ou l'élève n'a pas besoin de nommer le mot «plainte».
S'il parle d'insatisfaction, si l'élève dit qu'il n'est pas confortable avec une
situation, les mots qu'il utilise, là, il n'y a pas besoin d'avoir le mot
«plainte» là-dedans. Ça peut être considéré comme une plainte quand même, peu
importe la manière dont c'est nommé, même si c'est verbal.
Le ministre a donné plein d'exemples de situations
ou, même, de plaintes nommées sous forme d'insatisfaction, qui sont nommées à
l'épicerie, par exemple, dans un contexte qui n'a rien à voir avec l'école. Ça
compte pareil. C'est des exemples pertinents parce que ça permet de mesurer
comme l'ampleur du possible, là, pour ce qui est du dépôt... de la formulation
d'une plainte, disons, là. Il y a vraiment une multitude de scénarios
possibles. Donc, ce n'est vraiment pas formel comme processus. C'est correct,
c'est une chose.
Là où je vois un enjeu, c'est peut-être
comment on va faire pour s'assurer que tous les membres du personnel de
l'équipe-école concernée comprennent bien, là, que, si... quand l'enfant vient
chercher... quand le parent vient chercher son enfant au service de garde, il
formule un commentaire sur... «oui, il me semble qu'ils ne sont pas sortis
dehors ben, ben cette semaine», par exemple, que la responsable du service de
garde comprenne que ça peut être considéré comme une plainte, ce
commentaire-là, et donc devrait y donner suite, parce que, sinon, ça pourrait
se retrouver à l'instance d'en haut, c'est-à-dire le centre de services.
Moi, je veux juste m'assurer que tout le
monde doit bien comprendre qu'il faut considérer tous ces types de commentaires
là, qui ne sont parfois pas si clairs, sur est-ce que la personne est en train
de formuler une plainte ou pas, là. Tu sais, elle fait-u juste chialer? Tu
sais, est-ce qu'elle anticipe d'aller plus loin avec ça? Juste pour ne pas que
les gens fassent le saut après, dire : Bien là, elle m'a dit ça dans le
corridor, ou ci, ou ça, puis... elle m'a dit ça à l'épicerie, pis que ça se
retrouve au centre de services, puis que, là, la personne, finalement, blâmée
pour ne pas avoir donné suite à la plainte, dise : Bien là, je ne savais
pas que c'était vraiment une plainte, là, quand elle m'a dit ça, tu sais, j'en
ai pris acte, mais...
Je veux juste... Tu sais, tant mieux si
c'est aussi souple, mais il va falloir s'assurer que les gens comprennent
qu'ils ont la responsabilité de donner suite, là, parce que des commentaires de
cette nature-là, les gens du milieu de l'éducation en entendent tous les jours,
là, tu sais, ça, c'est sûr, là, ça fait que... Tu sais, des élèves qui se
plaignent, avec toutes sortes de vocabulaires, de ce qui peut se passer à
l'école, il y en a, là, c'est quotidien. Donc, moi je voudrais juste que... Là,
on a prévu des formations pour le personnel du protecteur de l'élève, là.
Comment on va faire pour que les acteurs du réseau de l'éducation, eux autres,
prennent la mesure de tout ce qu'ils doivent considérer comme une plainte à
partir de maintenant, là?
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Roberge : Il faut penser
que la plainte ne mène pas nécessairement à un blâme. Parce que, si on dit au
réseau scolaire : Écoutez, attention à partir de maintenant, aussitôt que
quelqu'un manifeste une insatisfaction, là, attention, là, le protecteur s'en
vient puis il s'en va vous blâmer, là. Ce n'est pas ça, là. Le rôle du
protecteur... Non, mais je ne vous mets pas des mots dans la bouche, là, je
veux juste rassurer... Puis il y a peut-être des gens qui nous écoutent qui ont
dit : Bien, voyons donc, c'est quoi, ça? Le rôle de protecteur de l'élève,
ce n'est pas la police qui arrive, avec des sanctions, puis des amendes, puis
des blâmes. Il n'est pas l'employeur de l'enseignant ou de l'éducatrice en
service de garde. Il ne vient pas lui imposer une sanction. Ce n'est pas ça non
plus, là, faire attention, parce que, sinon, ça peut être très inquiétant.
Puis plusieurs...
M. Roberge : ...centres de
services, lors de la rédaction, on les a questionnés aussi, là, puis c'est ça,
ici, c'est déjà, je vous dirais, dans les libellés utilisés dans les centres de
services scolaires. Ils se sont partagés, hein? Souvent, ils partagent, avec la
fédération, des définitions pour avoir des choses communes, puis ils nous
disent : C'est ça, nous, on l'a inscrit et compris comme ça dans notre
centre de services puis on l'a diffusé comme ça : «Toute insatisfaction exprimée
verbalement ou par écrit par un plaignant à l'égard d'un service qu'il a reçu
ou aurait dû recevoir de la commission scolaire». Donc, ça, c'est une des
définitions qui circule, qui est assez large et ça ne cause pas de préjudice.
Parce que, dans la mesure où ça monte à la deuxième instance...
Je redonne l'exemple, tiens :
j'arrive, je m'en vais conduire ma petite fille au service de garde, puis
admettons qu'il n'y a pas... aucun micro-ondes à l'école puis que ma petite
fille est tannée de manger des sandwichs, je sais que ça arrive dans les
écoles, et là je dis à l'éducatrice... je sais bien que ce n'est pas elle qui
branche les fils, là, elle reçoit la plainte, mais ce n'est pas elle qui va les
brancher, mais je dis : Là, ça suffit, là, je voudrais qu'il y ait des
micro-ondes, ça prendrait ça, là, je vous le dis, là, bon, ça prendrait des
micro-ondes, puis je ramasse ma petite fille, puis on s'en va. Puis là, une
semaine après, je dis : Bien, il y en a-tu?, puis elle me dit : Bien
là, on n'en a pas. Bon, je ne pense pas que c'est une mauvaise personne pour
autant, mais je serais tout à fait légitimé avec le projet de loi parce que ça
fait 10 jours. Je pourrais peut-être en parler à la direction aussi, hein,
mais je n'ai parlé à quelqu'un à l'école, je pourrais aller au centre de
services scolaires, aller voir le responsable de traitement des plaintes puis
dire : Là, regarde, je vous l'ai demandé, je ne l'ai pas eu, pouvez-vous
faire quelque chose? Et là on va me formaliser un petit peu... on ne va pas me...
on va faire formaliser l'affaire un peu plus puis le centre de services
scolaire va se pencher. Eux auront... je ne me trompe pas, 15 jours?
Merci. Je ne voulais pas me tromper dans les délais. Auront 15 jours pour
me donner une réponse à moi, parent, qui va me satisfaire ou pas. Idéalement,
on va régler le problème, sinon je pourrais aller au protecteur de l'élève,
puis on verra ce qu'il en dira, je ne peux pas présumer de ça.
Mais donc la première, c'est vrai que...
peut-être que l'éducatrice, dont je parle dans mon exemple, sur le coup, n'aura
pas eu conscience de dire : Je viens de recevoir un traitement d'une
plainte, qu'est-ce que je fais?, il faut que j'en parle à mes supérieurs, il
faut que je le note par écrit, peut-être pas. Mais l'essentiel n'est pas de
bureaucratiser l'école et la première instance, l'essentiel est de régler les
problèmes puis de permettre aux parents d'avoir, idéalement, satisfaction,
mais, à tout le moins, une réponse à terme. Donc, c'est comme ça que je
l'expliquerais. Puis je pense que c'est imparfait, mais c'est tout à fait
raisonnable, dans le cadre d'une école, pour que ça fonctionne. C'est comme ça
que je le dirais.
La Présidente (Mme Thériault) : Merci.
Madame, allez-y.
Mme Labrie : Donc, il n'y a
pas non plus... c'est juste pour mieux comprendre, hein, je ne critique pas
cette approche-là, là, au contraire, moi, j'aime cette souplesse-là, mais je
veux juste qu'on s'assure que les choses sont claires. Il n'y a pas non plus de
responsabilité d'un membre du personnel de l'école qui, bon, reçoit cette
doléance-là : Il n'y a pas de micro-ondes, commence à être le temps qu'il
y ait des micro-ondes, les enfants sont tannés de manger des sandwichs. Bon,
cette personne n'a pas la responsabilité de dire à la direction, par
exemple : Oui, là, il y a un parent qui m'a dit : Ça prendrait des
micro-ondes. Ça veut dire qu'éventuellement, si le parent se tanne puis qu'il
n'y toujours pas de micro-ondes, il va au centre de services, puis là le centre
de service, j'imagine, lui, c'est la direction d'école qui va contacter pour
vérifier, c'est quoi, cette affaire-là, il ne contactera pas la personne du
service de garde, il va contacter le directeur ou la directrice d'école. Puis
là cette personne-là pourrait dire : Bien là, je n'ai jamais entendu
parler qu'un parent a dit ça, tu sais, ça ne s'est pas rendu à lui parce que la
personne du service de garde n'a pas... il n'a pas fait... il n'a pas pensé,
finalement, de le dire à la direction, n'a pas considérer que c'était nécessairement
l'amorce d'une plainte, là. Ça fait que comment le ministre voit ça, là, le
fait, là, ça va rebondir à la direction d'école via, par exemple, le centre de
services, puis la direction va dire : Bien là, je n'ai jamais entendu
parlé? Tu sais, ça...
Une voix : ...
Mme Labrie : C'est ça.
M. Roberge : Mais je ne pense
pas qu'il faut le voir dans une démarche de la direction va aller taper sur la
tête de l'éducatrice. Ça dépend aussi, des fois...
Mme Labrie : Mais je ne le
dis pas pour ça.
• (18 h 20) •
M. Roberge : Non, non, non,
je le sais. Non, on ne s'obstine pas, là, on jase. Mais idéalement la plainte
est formulée de manière assez claire par le parent en disant : Là,
j'aimerais vraiment que ça change, il pourrait même dire : Est-ce que je
peux porter plainte... quelqu'un... quelque part? C'est sûr que ça aide. Plus
c'est limpide, plus la demande est claire, hein, on dit, tu sais, ce qui se
conçoit bien s'énonce clairement, bon. Mais plus c'est clair, plus elle a de
chance d'avoir satisfaction d'être entendue, etc. Il y a une part de
responsabilité du point de vue du plaignant, je vous dirais, jusqu'à un
certain... Parce que, si c'est formulé très, très clairement, ça va nous
permettre d'appliquer le 21 qu'on vient d'adopter, puis le 21 disait ça,
là : «Lorsque cette plainte est formulée à un membre du personnel d'un
établissement d'enseignement...
M. Roberge : ...en avise sans
délai le directeur de l'établissement.» Donc, oui, techniquement, l'éducatrice,
en vertu de cet article-là, doit aviser la direction, mais encore faut-il que
ça ait été exprimé assez clairement pour qu'elle dise : Oups! Bon, bien,
dans cinq minutes, aussitôt que j'ai le temps, j'avise la direction ou la direction
du service de garde. Peut-être qu'il y aura des formations en disant :
Bien, prenez garde. Mais, en même temps, on veut que les éducatrices s'occupent
davantage des élèves, ne soient pas tout le temps en train de remplir des
formulaires de plainte puis... C'est ça. Donc, oui, il y a une obligation, mais
dans la mesure où c'est assez clair. C'est sûr que, si le parent, il dit :
Écoute, là, j'ai même... j'ai écrit une petite feuille puis j'ai dit :
Tout ça, j'aimerais que ça change, bien là, je pense qu'évidemment que ça va
être transmis à la direction. Mais ce ne sera pas toujours aussi clair que ça,
puis ça ne sera pas parfait, puis on peut vivre avec cette... Étant donné qu'il
y a trois étapes, on peut vivre, je pense, avec... je ne dirais pas ce flou-là,
mais le fait que c'est un peu organique, la première étape, pour donner de la
souplesse puis répondre aux besoins comme ça. Mais peut-être que je m'égare,
là, mais c'est ça. Voilà.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée de Sherbrooke. Il y a Mme la députée de Mille-Îles après qui
va... Allez-y.
Mme Labrie : Oui, parfait.
Bien, je vais y aller rapidement. Moi, je vis bien avec cette souplesse-là en
autant que jamais un parent ou un élève ne se fait dire que ce n'était pas
assez clair, là, puis donc que le délai ne tient pas parce qu'il n'a pas été
assez explicite sur la formulation, tu sais, il n'a pas utilisé les mots :
Je veux porter plainte ou... Tu sais, moi, je... En autant... Cette
souplesse-là, elle peut exister, je trouve que c'est intéressant justement pour
ne pas alourdir le processus, mais il ne faut pas qu'après quelqu'un se fasse
dire : Bien là, on n'est pas rendu pour vrai à cette étape-là du
processus, parce que ce n'était pas assez clair, au départ, quand tu as formulé
ta plainte, ou ta doléance, ou ton commentaire, ou peu importe.
M. Roberge : Bien, le pire
qui pourrait arriver...
Mme Labrie : Si ça n'arrive
pas qu'on leur reproche ça, par exemple, puis qu'on retarde le processus à
cause de ça, moi, je n'ai aucun enjeu avec la souplesse.
M. Roberge : Vous savez, le
pire qui pourrait arriver, ce serait que le centre de services scolaire
reçoive, là, de manière plus formelle la plainte en deuxième instance. Aussitôt
que tu fais ça, bien, tu appelles à la direction, tu dis : Bien, êtes-vous
au courant que... tout le temps l'exemple des micro-ondes, puis la direction
dit : Bien, je n'en ai jamais entendu parler. Bon. Bien là, ils pourraient
peut-être dire : Bien, écoutez, on va vous mettre en relation avec la
direction. Si vous en avez parlé, mettons, à l'éducatrice, ça ne s'est pas
rendu à la direction, je vous invite à en parler à la direction. Si vous n'êtes
pas satisfait, revenez me voir dans 48 heures, juste pour dire : Bien, on
ne va pas... je ne sais pas trop, occuper plein de gens au centre de services
scolaire quand on est disposé à vous entendre. Tu sais, ça serait... Ça ne
s'appelle pas : retour à la case départ pour perdre du temps, mais ce
serait peut-être juste dans un souci d'efficacité. Ce n'est pas à exclure, mais
j'ai assez confiance que ça fonctionnerait. Puis, si c'était : un mois,
étape un, deux mois, étape deux, on dirait : Aïe! tu me retournes, tu me
fais perdre un mois, là. Ça suffit, mon enfant est en crise. Si c'est 10 jours
ouvrables, c'est quand même raisonnable, je pense que c'est correct.
La Présidente (Mme Thériault) :
Ça va? Parfait. Mme la députée de Mille-Îles, vous avez demandé la parole.
Mme Charbonneau : Mme la
Présidente, j'ai une inquiétude, parce que l'échange que le ministre vient
d'avoir me donne le souci de : C'est la parole de qui? Puis je comprends
qu'on ne veut pas alourdir ça, je comprends, puis on veut mettre un processus
qui devient facilitant pour les échanges, mais... Mais, dans toutes les
situations plausibles, il y a celle aussi où la personne qui reçoit le parent
ne trouve pas important de lui signifier l'information. Je n'en ferai pas un
débat. Ma collègue m'a dit : Francine, il y a des choses... Alors, je
comprends. La seule chose que je vais vous dire, M. le ministre, c'est qu'il
faut absolument que l'information que les parents vont recevoir soit claire, en
langage simple et très informatif. Parce que, quand vous dites : Il y a 10
jours de délai, mais que je peux faire ma plainte à l'épicerie en achetant mes
bananes, qui sont... On en disait plus tôt, hein, on... Ça ne changera pas le
prix des bananes si, devant le rack à légumes, j'exprime à mon... à
l'enseignant de mon enfant qu'il y a une problématique avec l'école, puis je
devrais recevoir plus d'orthophonie, puis que finalement l'enseignant reçoit la
conversation, mais ce n'est pas une plainte, puis, 10 jours plus tard, ce n'est
toujours pas une plainte, puis que finalement, quand le parent relève la main
pour dire : Je l'ai signifiée, la phrase qui lui revient, c'est :
Bien, moi je ne me souviens pas d'avoir parlé à ce parent-là, il me semble que
ce n'était pas une plainte, mais... Bon.
Alors, je n'en ferai pas un débat, parce
que je suis d'accord avec vous, il ne faut pas alourdir le processus, il faut
s'assurer que le parent ait une fluidité dans sa volonté de dénoncer quelque
chose ou de faire quelque chose. Par contre, où je m'inquiète, c'est :
C'est la parole de qui qui compte...
Mme Charbonneau : ...celui
qui est en autorité ou le parent qui dit qu'il n'a pas eu de service. Je vais
juste vous dire que ça m'inquiète, mais faisons en sorte que l'information dont
lequel vous faites mention depuis le début, qu'il faut que ça soit facile entre
le parent et le protecteur de l'élève, que celui-ci aura la responsabilité de
faire connaître ses services et les droits à lesquels le parent a, que ça soit
vraiment très bien fait, là. Parce que là, pour l'instant, ma plainte, si elle
n'est pas... Si la personne à qui je l'ai fait, il n'est pas d'accord à ce que
c'est une plainte, puis elle ne sera jamais signifiée, puis je n'aurai pas mon
10 jours de délais. Je vais toujours être en recommencement parce qu'il va
falloir que, là, je revienne à la charge puis que je dise : Bien, je vous
en ai parlé l'autre fois. Puis là, la personne va interpréter ça comme une
conversation plutôt qu'une plainte.
Je vous lève un drapeau jaune là-dessus
parce que je vous entends quand vous dites : Faisons confiance. Ce n'est
pas toujours aussi simple que la confiance. Des fois, c'est émotif, des fois
c'est autre chose, mais ça peut être... Ça peut être assez mélangeant pour un
parent de savoir qu'un coup qu'il a dit quelque chose, il a 10 jours. Puis
s'il l'a dit à l'épicerie, ça compte. S'il l'a dit à l'école, ça compte. S'il
l'a dit dans... dans la porte ouverte de l'autobus, au conducteur de l'autobus,
ça compte. Vous comprenez ce que je veux dire ?
Donc, assurons-nous, puis ça, je le mets un peu dans votre cour, là, mais
assurons-nous que les informations qui seront distribuées par le protecteur de
l'élève, par le centre scolaire, par la commission scolaire, par l'école privée
soient justes, claires, pour que le parent s'y retrouve.
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
M. Roberge : Bien, je
suis assez d'accord avec ma collègue. Puis vous savez, des fois, on échappe une
parole, on dit : Je pense que je n'aurais pas... L'histoire de l'épicerie,
je pense que c'était un très mauvais exemple. Je me dis : Ça n'a pas de
bon sens. Ça n'a pas de bon sens de mettre sur le dos du personnel puis que,
là, tu te fais accrocher à l'épicerie. Donc, je... Si je pouvais retirer, je
trouvais que ça... je veux quand même... C'est enregistré, là. Je pense ce
n'était vraiment pas un bon exemple. C'est...
Mme Charbonneau : Je
vais vous taquiner.
M. Roberge : Pour la
charge mentale du personnel...
Mme Charbonneau : Je
vais vous taquiner puis je vais...
M. Roberge : ...de
penser qu'à l'épicerie tu peux te faire accrocher puis que le délai compte, là.
Plus j'y pense, moins c'était un bon exemple. Ça a de l'allure. Ça fait que...
Mme Charbonneau : Je
vais faire un...
M. Roberge : ...je vais
retirer ça.
Mme Charbonneau : ...un
exemple qui va lui faire une fleur. Mais j'avais une collègue qui s'appelle
Michelle Courchesne qui, régulièrement, à titre de présidente de commission
scolaire et, elle, comme ministre de l'Éducation, m'expliquait qu'en allant
faire ses courses à l'épicerie, elle se faisait interpeller sur des sujets
d'école. Donc, vous n'aviez pas tort de dire que ça se passe aussi à
l'épicerie. Je dis juste qu'où que soit l'endroit où ça se passe, si ce n'est
pas consigné comme par la personne qui reçoit la plainte ou la conversation,
bien, ça peut être une problématique. Mais vous n'avez pas tort de dire que ça
se passe à l'épicerie.
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
M. Roberge : Je n'ai
pas... Je n'ai rien à ajouter. Je suis d'accord. On est juste d'accord.
La Présidente
(Mme Thériault) : Il n'y a pas d'autre intervention ? Donc, à ce moment-là, on
peut mettre aux voix l'amendement du ministre. Est-ce que l'amendement du
ministre est adopté ?
Des voix : Adopté.
La Présidente
(Mme Thériault) : Adopté. Est-ce que j'ai d'autres commentaires
sur l'article tel qu'amendé ?
Je n'en ai pas. Est-ce que l'article 22 tel qu'amendé est adopté ?
Des voix : Adopté.
La Présidente
(Mme Thériault) : Adopté. M. le ministre, l'article 23. Et
vous avez aussi un amendement.
M. Roberge : Oui, j'y
vais. Alors, article 23 :
«Le responsable du traitement des plaintes
doit, dans un délai de 15 jours ouvrables suivant la réception de la
plainte, donner au plaignant, à la personne directement concernée par la
plainte ainsi qu'au conseil d'administration du centre de services scolaires
son avis sur le bien-fondé de la plainte et indique, le cas échéant, les
correctifs qu'il juge appropriés. Lorsque la plainte concerne le suivi donné à
une dénonciation concernant un acte d'intimidation ou de violence, l'avis est
donné au plaignant, au directeur d'établissement d'enseignement ainsi qu'au
conseil d'administration du centre de services scolaire.»
Donc, on y va... Dans le fond, on institue
le délai de 15 jours, ici, à la deuxième instance. Et je vais lire
l'amendement, si vous permettez. Donc l'amendement à l'article 23 du
projet de loi : Remplacer, dans le premier alinéa, «à la personne
directement concernée par la plainte ainsi qu'au conseil d'administration du
centre de service scolaire» par «et à la personne directement concernée par la
plainte». Remplacer, dans le deuxième alinéa «une dénonciation et au directeur
d'établissement d'enseignement ainsi qu'au conseil d'administration du centre
de services scolaire» par «respectivement un signalement ou une plainte et au
directeur d'établissement d'enseignement».
• (18 h 30) •
Donc, souvent il y a des amendements qui
vont sur le sens de... de signalements et plaintes plutôt que dénonciations,
là. C'est rendu, je dirais, même rendu là, de la concordance. Je vais quand
même poursuivre parce qu'il n'y a pas que ça. L'amendement vise aussi à
supprimer l'obligation de transmettre au conseil...
18 h 30 (version non révisée)
M. Roberge : ...l'avis du
responsable du traitement de la plainte. L'amendement... Puis il y a toujours
la question des signalements et plaintes. Donc, comme il y a deux, trois mots à
changer, si c'est clair, ça va, sinon, je lirais l'article une fois modifié
pour qu'on sache ce que ça veut dire.
La Présidente (Mme Thériault) : Oui,
allez-y.
M. Roberge : Oui, O.K.. Donc,
si on prenait l'article avec l'amendement, qu'on se comprenne bien, ça
donnerait : «Le responsable du traitement des plaintes doit, dans un délai
de 15 jours ouvrables suivant la réception de la plainte, donner au plaignant
et à la personne directement concernée par la plainte, son avis sur le bien-fondé
de la plainte et indique, le cas échéant, les correctifs qu'il juge appropriés.
Lorsque la plainte concerne un suivi donné à un signalement ou une plainte,
concernant un acte d'intimidation ou de violence, l'avis est donné au plaignant
et au directeur d'établissement d'enseignement». Voilà.
La Présidente (Mme Thériault) : Questions,
commentaires? Oui, Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Je pense qu'à ce
stade-ci l'avis doit être écrit. Je ne sais pas si déjà ça qu'entend le
ministre quand il parle d'un avis, mais je pense que ça va faciliter le traitement
du dossier, s'il y a un suivi à y avoir au protecteur de l'élève, que le centre
de services ou, par exemple, la direction d'une école privée ait rendu sa
réponse de manière écrite. Je rajouterais simplement un mot, là, pour dire
«doit donner son avis écrit sur le bien-fondé». Je pense vraiment que, pour la
suite des choses, ça va faciliter le processus pour ne pas que... un appel où
personne ne se souvient vraiment, qu'est ce qui a été dit pour justifier de ne
pas donner suite, par exemple, là, c'est la version d'un contre la version de l'autre.
Je pense que si c'est un avis écrit, ça va être plus clair.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Roberge : Honnêtement, en
le lisant, j'ai été surpris que ça ne soit pas écrit «avis écrit», à moins
que... je me disais à moins que ça soit implicite puis que, dans le fond, c'est
une évidence, mais si tout le monde est d'accord - puis avant de le faire, j'attendrais
que tout le monde soit d'accord - on pourrait juste retirer, redéposer avec
«avis écrit» parce que je pense que c'est tout à fait pertinent. Mais on peut
jaser un peu, puis s'il y a d'autres amendements, on les fera en même temps. D'après
moi, ça, c'est sûr qu'on va y aller.
La Présidente (Mme Thériault) : Absolument.
J'invite aux légistes à changer la rédaction. Mme la députée de Sherbrooke, c'est
beau?
Mme Labrie : C'est tout.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Merci. J'ai
peut-être manqué une étape, mais entre 22 et 23, j'ai l'impression qu'il manque
quelque chose, à moins que j'aie mal lu, c'est le droit d'être entendu. Il n'est
comme pas entre 22 et 23. Est-ce que c'est... O.K., dispositions générales?
Parce que, je pense, que c'est important qu'avant qu'il rentre son avis...
Parce qu'au fond, il traite la plainte, mais on n'inscrit nulle part,
clairement, le droit d'être entendu de part et d'autre. Autant le plaignant que
la direction ou la personne visée par la plainte, ils devraient...
habituellement, on écrit noir sur blanc qu'effectivement il a le droit d'être
entendu, là. Alors, je ne sais pas si c'est peut-être plus tard, que je l'ai
manqué.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Roberge : Oui, bien, ma
collègue a raison d'apporter ça. Effectivement, ce n'est juste pas dans cet
article-ci. On va essayer de juste retrouver l'article.
Mme Rizqy : Et si jamais, d'aventure,
il n'est pas là, on n'est pas obligés de suspendre. On peut le travailler puis
revenir plus tard, ça fait que, hein...
M. Roberge : Non, c'est très
bien, c'est très bien, mais on va juste vous dire à quel article il y a ça. Je
ne sais pas si c'est dans les amendements ou dans le... original. On le
cherche, on le cherche, on le cherche. On sait qu'il est là.
Mme Rizqy : Bien, pendant ce
temps-là, on peut quand même rédiger l'amendement puis on pourrait l'adopter.
Avec avis écrit, je pense, c'est un consensus. Puis si jamais il n'est pas là,
plus tard, il n'y a rien qui nous empêche de consentement de revenir pour ne
pas retarder nos précieux travaux.
La Présidente (Mme Thériault) : Absolument.
Des voix : ...
La Présidente (Mme Thériault) : Donc,
M. le ministre, est-ce que votre amendement est prêt, en attendant, avec l'avis
par écrit? Le temps de laisser à vos légistes de surveiller le reste.
Mme Rizqy : Ou on peut le
faire à la main, hein. Avec consentement, on fait-u ça à la main?
La Présidente (Mme Thériault) : Si
l'amendement...
Mme Rizqy : Bien, si on est
consentants, on peut l'écrire tout le monde, puis avec consentement, on va dire
qu'il y a un avis écrit, là, comme ça... vous voyez comme on est de bonne foi?
La Présidente (Mme Thériault) : C'est
parce que ça prend un amendement écrit pour rentrer au secrétariat. Je m'excuse,
ça prend quelque chose.
M. Roberge : Les avis sont
écrits, les amendements aussi.
La Présidente (Mme Thériault) : Ça
ne marche pas dans les manières de faire, Mme la députée. Je conviens que vous
voulez sauver du temps, mais, des fois, ça ne marche pas. Il y a une certaine
procédure à suivre...
La Présidente (Mme Thériault) : ...à
suivre au secrétariat des commissions comme vous le savez. Donc, non, ça me
prend une trace dans le système informatique, qu'on puisse l'avoir, sur
Greffier, avec les amendements. Donc, je suis convaincue que le temps que je
vous dis ça, il y a deux choses qui se font, il y a des légistes qui sont en
train d'envoyer un courriel ou qui sont en train... par écrit à l'amendement du
ministre. Et il y a d'autres légistes qui sont en train de chercher sur votre
questionnement, madame la députée de Saint-Laurent, à savoir dans quel article
de loi on va retrouver le droit d'être entendu, évidemment. Donc, M. le
ministre.
M. Roberge : Oui, mais
pendant... Oups! Est-ce qu'on est arrivé? Non. On continue. La question...
La Présidente (Mme Thériault) : Du
droit d'être entendu.
M. Roberge : ...entendu, c'est,
à 34, des amendements, excusez-moi.
La Présidente (Mme Thériault) : «Donne
à la personne directement concernée par la plainte l'occasion de se faire
entendre.» Oui, on le voit, 34.
M. Roberge : 34. Voilà.
Merci.
Mme Rizqy : Mais, par contre,
l'article 34, à moins que je ne me trompe, vise le protecteur de l'élève, alors
que 23 vise le responsable du traitement des plaintes, c'est le niveau avant.
M. Roberge : C'est ça, mais
ce qui nous a guidés, c'est les délais encore, c'est que, si on est
insatisfait, on va à l'étape trois. L'étape trois, il y a plus de temps, c'est
20 jours ouvrables, et là on a plus de temps et on met cette étape-là, tandis
qu'à l'étape deux, on est juste à quinze jours, puis il est limite, parce que
tu peux faire en quinze jours. Ce n'est pas interdit d'entendre quelqu'un,
évidemment, mais on ne le met pas dans les obligations.
Mme Rizqy : Je comprends.
C'est juste que, généralement... Je vais vous donner un exemple. Mettons, moi,
à l'université, ça va arriver qu'il peut avoir un conflit, par exemple, si j'ai
un professeur qui me fait une plainte parce qu'il juge qu'un étudiant a triché.
Alors, on va faire un comité, puis évidemment, à ce moment-là, on donne le
droit d'être entendu à l'étudiant, à l'enseignant ou au professeur, ou même au
surveillant qui était présent sur place, pour nous dire si, oui ou non, il y a
eu tricherie. Par la suite, l'élève, s'il veut aller devant l'ombudsman de
l'université, il peut, si, après ça il veut même aller en révision judiciaire,
bien, il pourra. Mais la première étape du droit d'être entendu est toujours
dans la première instance, parce que c'est les parties prenantes qui sont là,
et c'est à ce stade-là qu'on veut quand même essayer de régler, de façon locale,
parce que... ça, c'est de l'appel. Moi, je pense qu'entendre des personnes
devant soi, c'est le minimum, ça va de soi dans ma tête, parce qu'il traite a
plainte. J'ai mon enseignant, j'ai mon directeur d'école... qu'est-ce que j'ai
entendu, puis ce n'est pas une procédure judiciaire où est-ce qu'il va avoir un
jury, et tout ça, ça va quand même assez vite.
Nous, à l'université, là, pour avoir fait
des comités de discipline, même si je n'aimais pas trop ça, il n'y a personne
qui aime ça faire ça, mais ça va quand même assez vite. Et puis ce n'est pas
une instance de délibéré qui dure longtemps, on donne le droit : Étudiant,
expllique-moi qu'est-ce qui est arrivé. O.K. Maintenant, après ça, j'ai la
version de l'enseignant, j'ai la version du surveillant, après ça, le comité
rend sa décision, là. C'est assez rapide, ça va rondement, plus rondement même
que nos travaux, madame la Présidente.
La Présidente (Mme Thériault) : Tant
qu'on ne tourne pas en rond.
M. Roberge : Non, ça tourne carré.
Mais j'aime le principe, évidemment, là, mais il y a l'univers du faisable,
puis en parlant, dans la rédaction du projet de loi, avec les cadres scolaires
puis les associations, directions, puis ceux qui ont à gérer ça, évidemment
qu'on veut faire ça, puis déjà, ils le font, quand ils ont quelque chose à
régler, tu ne fais pas ça tout seul sans parler à personne. Mais de dire
obligatoirement, de le formaliser à la deuxième étape d'un processus qui est,
bon, ion peut y voir des avantages, des inconvénients, n'est pas décisionnel,
je pense qu'à l'université la révision de notes à la fin... décision. Là, ici,
on y va avec une recommandation, donc ce n'est pas...on a dit que ne
s'appliquent pas nécessairement les principes de justice naturelle, et là je sors
mon latin des grandes occasions, audi alteram partem, j'ai appris ça quand
Bernard Landry l'avait sorti, depuis ce temps-là, je le recycle de temps en
temps.
Mais voilà pourquoi il n'est pas là, parce
que ce n'est pas final, parce que c'est des recommandations, parce que c'est la
seconde instance, parce qu'on a juste 15 jours. On souhaite que ce soit le cas,
mais si on l'écrit là, c'est... plus qu'on formalise puis qu'on met des
conditions, bien, à un moment donné, ça devient impossible de respecter les
délais, il faut qu'on augmente les délais. Il est là, l'arbitrage. Je ne suis
pas un opposant à ce que vous proposez, là...
Mme Rizqy : Mais je vais vous
convaincre.
M. Roberge : ...sinon, à un
moment donné, l'élastique, ça ne fonctionne plus.
• (18 h 40) •
Mme Rizqy : C'est le
plaignant qui a le droit d'aller en appel, vous êtes d'accord avec ça?
1rob Absolument.
Mme Rizqy : O.K. Mettons...
Mme Rizqy : ...que,
malheureusement, pour x raisons, c'est aller vite, puis on n'a pas entendu, par
exemple, l'enseignant. Et là le plaignant est content, il y a une décision
favorable. Mais l'enseignant, lui, va dire : Attends une seconde, là, ce
n'est pas ça qui est arrivé, vous ne m'avez pas entendu. Alors, je pense
qu'ici, là, vous avez raison de dire que c'est important, l'audi alteram
partem, puis Bernard Landry, je suis convaincue que, quelque part dans cette
pièce, il survole.
Alors, je crois que c'est pertinent de
l'ajouter, et je ne sais pas comment, je vais vous laisser, les légistes,
réfléchir à ça. De toute façon, vous êtes meilleurs que nous pour rédiger les
amendements, parce que, plus souvent qu'autrement, vous les refaites à notre
place, puis c'est merveilleux. Je ne vais pas, non plus, en faire une bataille
parce que je crois sincèrement que c'est un ajout, mais que, tu sais, je ne
veux pas, non plus, retarder nos travaux inutilement. Mais je crois qu'ici de
dire qu'il y a une instance d'appel, donc, on n'est pas obligés de le faire, je
vous dis que, presque partout, même quand qu'il y a des appels, il y a quand
même cette règle d'audi alteram partem qui existe. Que ça soit à l'université,
au collégial, dès lors qu'il y a une plainte, on met un petit comité. Et, je
vous le dis, pour en avoir siégé, pour en avoir fait, ça va très vite. Tu sais,
même dans les cas très, très lourds, là, j'ai rarement vu des séances qui
dépassaient trois heures. Des fois, tu sais, le prof rentre, là, lui, il nous
raconte ses faits, cinq, 10 minutes. L'étudiant arrive, puis même que
nous, on pose des questions à l'étudiant, ça peut durer 15 minutes. Je
n'ai pas vu quelqu'un me plaider quelque chose à l'université, j'ai beau
chercher dans ma tête. Est-ce que c'est déjà arrivé même que quelqu'un plaide
pendant une heure, là, sa cause, là? No. Ça pourrait peut-être arriver, là,
mais je pense c'est assez de base, là.
Donc, je mets mes arguments, je vous
laisse réfléchir. Je suis convaincue qu'on est peut-être capable de revenir sur
cet article-là, un entre deux, entre le 22 et le 23. Il me semble qu'il manque
quelque chose, juste de l'écrire. Parce que, sinon, on pourrait avoir, un jour,
par omission involontaire... Ce ne sera même pas de façon intentionnelle qu'on
va dire, tu sais : Je ne veux pas t'entendre. On va juste dire : Aïe!
on est allés vite, on a pris ça, puis on a juste fait ça, puis là on n'a pas
entendu, finalement, une des parties prenantes, qui, peut-être, aurait amené un
éclairage alors que c'est le principal concerné lorsqu'il y a le dépôt d'une
plainte contre cette personne. Je m'arrête ici.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre. Est-ce que vous prenez en délibéré la réflexion de la collègue?
Mme Rizqy : Vous pouvez
prendre mon commentaire en délibéré.
M. Roberge : On peut-u
suspendre? On peut-u suspendre même le 23?
Mme Rizqy : Non, non, mais on
peut même le prendre en délibéré, ça ne dérange pas. Tu sais, je ne veux pas...
La Présidente (Mme Thériault) : Bien,
regardez, ce que la collègue vous a suggéré, c'est de prendre en délibéré ses
propos, qu'on peut continuer, comme là on a l'amendement qui est déjà à
l'écran. On peut rouvrir, on peut revenir, on peut ouvrir, il n'y a pas de
problème. On insérera un 23.1, si vous voulez, demain, le temps que vos
légistes puissent garder la faisabilité de la chose. Donc, dans un premier
temps, j'ai besoin d'avoir un consentement pour retirer l'amendement que vous
avez déposé. J'ai un consentement?
Des voix : ...
La Présidente (Mme Thériault) : Consentement.
Donc, M. le ministre, je vais vous demander de relire l'amendement avec la
modification par rapport à la demande de la députée de Sherbrooke, avec son
avis écrit.
M. Roberge : Oui. J'y arrive,
attendez un petit peu.
La Présidente (Mme Thériault) : Et
il est à l'écran aussi, M. le ministre, si vous voulez.
M. Roberge : Ah! O.K. Voilà.
Donc, une fois modifié, ça donnerait ceci : «Le responsable du traitement
des plaintes doit, dans un délai de 15 jours ouvrables suivant la
réception de la plainte, donner au plaignant et à la personne directement
concernée par la plainte son avis écrit sur le bien-fondé de la plainte et
indique, le cas échéant, les correctifs qu'il juge appropriés.»
Ça ne devrait pas être «indiquer»? C'est
juste, là, il doit donner et indiquer. Je pense que...
La Présidente (Mme Thériault) : Un
avis écrit sur le bien-fondé de la plainte et... C'est comme si «et il
indique».
M. Roberge : C'est «doit
donner», puis après «indiquer». Non, c'est «indique»?
La Présidente (Mme Thériault) : C'est
comme si «et il indique».
M. Roberge : O.K.. Des fois,
c'est parce que des phrases de six lignes, on s'y perd.
La Présidente (Mme Thériault) : Je
vais vous demander de lire le deuxième paragraphe également parce qu'on a
retiré l'amendement précédent.
M. Roberge : Second
paragraphe : «Lorsque la plainte concerne le suivi donné à un signalement
ou à une plainte concernant un acte d'intimidation ou de violence, l'avis est
donné au plaignant et au directeur d'établissement d'enseignement.» Voilà.
La Présidente (Mme Thériault) : Parfait.
Donc, c'est conforme aux discussions. Ça vous va? Est-ce que l'amendement à
l'article 23 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Thériault) : Adopté.
Est-ce qu'il y a d'autres commentaires à son article 23, nonobstant le
fait que le ministre a pris en délibéré le commentaire de la députée de
Saint-Laurent concernant le droit d'appel, là, de la personne qui serait mise
en cause? Donc, il n'y a pas d'autre commentaire. Est-ce que l'article 23,
tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Thériault) : Adopté.
M. le ministre, l'article 24.
M. Roberge : Merci bien. «24.
Lorsque responsable du traitement des plaintes estime que des faits portés à sa
connaissance soulèvent des questions d'ordre disciplinaire, il en avise, par
écrit, sans délai, le responsable des ressources humaines du centre de services
scolaire. Lorsqu'il le juge à propos, il en avise également le plaignant. De
même, lorsque le responsable du...
M. Roberge : ...des
plaintes estime que des faits portés à sa connaissance concernant une faute
grave ou un acte dérogatoire visé au premier alinéa de l'article 26 de la
Loi sur l'instruction publique, il avise sans délai et par écrit le ministre
des faits relatifs à cette faute ou à cet acte. Il en avise également le
plaignant. Le ministre assure le suivi auprès du plaignant de tout avis reçu en
application l'alinéa précédent, notamment quant à son intention de porter
plainte en vertu de l'article 26 de la Loi sur l'instruction publique. Le
responsable du traitement des plaintes poursuit l'examen de la plainte.»
La Présidente
(Mme Thériault) : Commentaires sur l'article 24? Mme la
députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Bien, vous
voyez, moi, quand j'ai lu : «Lorsqu'il soulève des questions d'ordre
disciplinaire, il en avise par écrit et sans délai le responsable des
ressources humaines du centre de services scolaire. Lorsqu'il le juge à propos,
il en avise également le plaignant.» Moi, de ce que j'ai appris en parlant avec
autant les étudiants, que les... universitaires, que les élèves, c'est qu'ils
ne savent pas qu'est-ce qui arrive lorsqu'ils portent une plainte. C'est quoi,
la conséquence si jamais il y a une dénonciation qui est faite. Et, pour guérir
d'une blessure et pour boucler la boucle, ils ont besoin de savoir la
conclusion de leur plainte. Moi, je pense qu'on devrait juste indiquer «il en
avise également le plaignant» parce que ça sera toujours à propos pour une
victime de savoir si, oui ou non, il y a eu des questions d'ordre
disciplinaire.
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
M. Roberge : Je me pose
des questions, par exemple, parce que ce n'est pas parce qu'il y a une question
qui peut relever de l'ordre disciplinaire que la question est tranchée puis
que, supposons, le membre du personnel est fautif et qu'il a une sanction. Vous
comprenez que, si on dit tout de suite : Écouter, on considère que ça peut
être... il peut y avoir un impact d'ordre disciplinaire, puis on le transfère...
on dit tout de suite l'information aux parents, puis qu'après examen,
finalement, il n'y a aucun problème d'ordre disciplinaire, est-ce que le mal ne
serait pas déjà fait, côté réputationnel, pour la personne qui est visée? Là,
je pense à la personne qui ne serait pas fautive d'aucune manière, puis la
personne dit : Ah! je pense que ça soulève des questions d'ordre
disciplinaire. Là, tu avises le parent, tu dis : Je pense que ça soulève
des questions d'ordre disciplinaire, je le réfère aux ressources humaines.
Peut-être qu'après analyse ils vont dire : Bien non. Mais ça se peut-u
que, pour le parent, là, on a un peu catégorisé, je prends un enseignant, mais
ça peut être un autre membre du personnel. Puis, je ne sais pas, le danger
aussi, là, de... La plainte n'est pas traitée encore, mais il y a un risque
réputationnel, puis je pense qu'il faut quand même faire attention ici, là. Il
faut quand même faire attention au tribunal populaire. Puis, tu sais, il y a
quand même une organisation qui gère les ressources humaines correctement sans
que ça aille nécessairement sur la place publique à chaque fois. J'ai un petit
peu peur.
Mme Rizqy : Vous avez
raison, mais par contre, au niveau du risque réputationnel, si, par exemple...
je vous donne un exemple, un enseignant qui... ou une personne, un membre de
l'équipe-école qui tient des propos racistes, il y a une plainte, puis le
protecteur de l'élève dit : Bien, moi, je crois qu'il mériterait trois
jours de suspension sans solde. J'invente, évidemment. Et c'est une mesure
disciplinaire. Je n'ai pas vu la jurisprudence par rapport à ça, mais que les
ressources humaines, eux, décident que ça va être zéro, puis qu'ils ne suivent
pas, bien, au moins, le parent, il sait qu'il y a eu au moins ici une question
d'ordre disciplinaire, qu'il a fait une recommandation, puis on sait que les
recommandations ne sont pas exécutoires, mais au moins on va savoir :
O.K., finalement, le centre de services scolaire, nonobstant le fait que le
protecteur... pardon, le responsable des plaintes indique qu'il recommande une
mesure disciplinaire. Moi, je trouve ça pourrait être pertinent.
Puis surtout qu'on inscrit :
«Lorsqu'il le juge à propos, il en avise également le plaignant.» Je crois que,
quand on est rendus à faire des recommandations de mesures disciplinaires,
c'est que la personne qui traite les plaintes pense sincèrement qu'on est
rendus là, là, il faut agir. Puis, après ça, ça sera au centre des ressources
humaines puis au centre de services scolaire de s'expliquer pourquoi qu'ils ne
vont pas, dans un sens, suivre une recommandation, par exemple, de mesures
disciplinaires.
• (18 h 50) •
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
M. Roberge : Mais là on
n'en est pas là, là. On n'est pas rendus à faire une recommandation d'une
sanction, on est juste...
M. Roberge : ... veux dire, ça
soulève une question. Comprenez? C'est un peu tôt pour dire : Il faut
obligatoirement aviser le parent. Alors que ça soulève une question. On peut
regarder, mais peut-être qu'il y en rien. Mais à ce moment-là... je trouve que
c'est trop tôt. C'est pour ça que je dis : S'il le juge à propos. Puis je
pense... il ne faut pas que ça soit nécessairement automatique et rapide.
Mme Rizqy : Non, non, je
comprends, mais... O.K., ça, je vous suis.
M. Roberge : Mais en amont,
en tout cas, au début de processus.
Mme Rizqy : Je vous suis.
Est-ce qu'on peut s'entendre pour que...
M. Roberge : Gardons une
petite gêne.
Mme Rizqy : Mais est-ce qu'on
peut s'entendre que lorsqu'il y a une recommandation de mesures disciplinaires,
il en avise le plaignant? Parce que là, c'est quand on dit : On juge à
propos. C'est quand est-ce qu'on va juger à propos?
M. Roberge : J'ai comme
l'impression qu'à chaque fois, ce sera évalué par les affaires juridiques du
centre de services scolaire, parce qu'on peut causer un préjudice qui pourrait
être grave, puis il faut prendre garde, là.
Mme Rizqy : O.K. Je vous dis
tout de suite...
M. Roberge : Il faut prendre
garde ici. C'est pour ça que je... Probablement que c'est du cas par cas.
Probablement que ça dépend de la faute. Puis c'est des considérations
employé/employeur.
Mme Rizqy : Là, je vais vous
donner un exemple réel. UQAM. Même si une personne qui a eu une plainte qui a
été retenue, la plaignante n'a jamais su c'était quoi la conséquence, et s'il y
en avait eu une. Jamais, jamais. Après ça, quelques années passent, une autre
plainte sur la même personne, mais on ne sait toujours pas est-ce que la
plainte... on sait que la plainte est retenue, mais on ne sait pas c'est quoi
la conséquence. C'est ça qui était dénoncé par un groupe d'étudiants de l'UQAM.
On dit : Bien, O.K., on porte plainte, mais on ne sait pas qu'est-ce qui
se passe après. Alors, moi, je me demande... j'aimerais juste qu'on ne répète
pas le même scénario qui existe présentement. Puis le service juridique,
savez-vous qu'est-ce qu'ils disent? Il dit : Ah, bien, on ne peut pas le
dire. C'est personnel, c'est privé. À chaque fois. Puis là je peux vous dire,
d'entrée de jeu, là, qu'est-ce qu'ils vont nous dire le service juridique de
tous les centres de services scolaires de Montréal, de Laval, de partout au
Québec. Ils vont dire : On ne peut pas, c'est privé. Alors là, sauf si on
fait une modification législative. Là, on va se donner des outils... au moins
les mesures disciplinaires. Puis là, savez-vous quoi? Je suis d'accord.
Savez-vous quoi? Maintenant, je vous l'accorde. S'il n'y a pas de mesures
disciplinaires, puis que la plainte n'est pas retenue, c'est une chose. Mais si
la plainte est retenue, on doit savoir c'est quoi la conséquence? Qu'il y en
ait une ou qu'il n'y en ait pas, mais si la plainte est retenue, je pense,
c'est important pour... particulièrement en matière de violences à caractère
sexuel, de savoir c'est quoi la conséquence? Peut-être pas pour tous les
dossiers, je peux comprendre, mais en matière de violences à caractère sexuel,
pour les victimes, c'est dans le processus de guérison de savoir qu'en est-il
devenu de ma plainte? Qu'en est-il de la sanction? Alors, je suis d'accord,
peut-être pas à 24, puis je vous demande juste de réfléchir comment parce que
je sais qu'il va y avoir... je connais déjà la réponse à cause de
l'enseignement supérieur collégial, universitaire. Puis ça demande des
changements législatifs. Ça tombe bien, il y a une étudiante au doctorat à
l'UQAM qui a même préparé des amendements pour le réseau collégial et
universitaire. Alors, on pourrait peut-être les prendre. Ça va même me donner
le temps à moi de retrouver ses amendements pour voir comment qu'on pourrait
les intégrer ne pas justement qu'on se fasse servir à chaque fois l'argument
juridique : Ah, domaine privé et personnel. On pourrait prendre en
délibéré.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Roberge : J'ai quand même
une crainte. Puis je comprends du point de vue de la victime. Je comprends
très, très bien, mais le système de traitement de plaintes, puis le système de
gestion des ressources humaines ne se substituent d'aucune manière au système
de justice, au système pénal, criminel, lequel doit être public. Les jugements
sont connus, sont reconnus. Puis à par les mineurs, on sait le nom de la
personne, puis sa date de naissance, puis on est capable de savoir c'est qui.
Puis, bon, je pense qu'il faut accompagner puis encourager les plaignants,
plaignantes à aller au bout sans leur mettre une pression. Je pense qu'il faut
les aider, là. Mais je pense que quand ce n'est pas sur un... tu sais, on ne
peut pas penser que la gestion du traitement des plaintes puis la gestion des
ressources humaines deviennent des tribunaux, puis ont les mêmes obligations,
puis la même transparence. Il y a des choses qui se font en comité. Il y a des
choses qui se font à huis clos. Tu n'as pas le procès-verbal versus, tu sais...
Un procès au Québec, c'est public. On sait c'est qui le juge. On sait c'est qui
l'accusé. On sait c'est quoi la sanction. On sait c'est quoi l'amende. On
sait... On peut lire les jugements. Ce n'est quand même pas le cas...
M. Roberge : ...pour les
gestions de ressources humaines, puis pour, supposons, tout le protecteur de
l'élève, il y a des choses qui sont publiques, évidemment, là, mais ce n'est
quand même pas pareil. Puis je comprends que, dans une démarche de victimes
puis pour regagner la confiance, la transparence, c'est très important. Mais il
faut quand même prendre garde. On ne peut pas faire, dans ce cadre-là, tout ce
qu'on fait dans un cadre de système de justice.
Mme Rizqy : 100% d'accord.
C'est bien, parce qu'on a un bon système de justice, maintenant, avec les
tribunaux spécialisés, bravo!
Maintenant, ici, le responsable des
ressources humaines va devoir prendre une décision. Les ressources humaines
vont être accompagnées de leurs équipes juridiques. Puis, dans cette prise de
décision, ça va conduire peut-être à des sanctions. Et ça, n'oubliez pas que
c'est aussi du domaine légal, mais c'est du domaine légal civil, droit du
travail. Alors, c'est comme... à toutes fins pratiques, là, c'est une forme de
tribunal, parce qu'après ça, si on n'est pas content l'individu concerné peut
aller, lui, en appel. Ça va se retrouver devant un arbitre, puis là, à ce
moment-là, on va dire : Pour les fins de la discussion... grief, ils vont
avoir tous les droits, comme d'habitude. Bien, à tout le moins, je crois qu'une
fois qu'il y a une décision qui est rendue par le centre de services scolaires
avec le département de ressources humaines puis leurs équipes juridiques, à
savoir si, oui ou non, il y a une personne... il y a un individu qui est à leur
emploi qui est suspendu, disons, trois jours sans solde, bien, on l'annonce à
la victime. Puis je comprends que ça peut n'être pas dans tous les... pour
toutes les plaintes, mais en matière de violence à caractère sexuel, ça s'y
prête parfaitement, parce que c'est une des étapes de la guérison, qui est
documentée par les experts et les chercheurs dans ce domaine, pour les
violences à caractère sexuel.
Je ne sais pas ou l'inscrire, M. le
ministre, j'attire votre attention là-dessus. Je ne veux pas non plus m'étirer,
ce sera un deuxième élément que... Peut-être, des fois, la nuit porte conseil,
pas juste pour moi, mais pour tout le monde, puis on pourra peut-être revoir
quelque part... Parce que vous avez raison de dire : Ça ne se prête pas,
ici, là, «lorsqu'il le juge à propos», parce qu'ici c'est vrai, vous avez
raison que c'est prématuré parce qu'on n'arrive pas à une décision qui aurait
été faite par le comité de ressources humaines du centre de services scolaires.
Ça, je suis d'accord avec vous, parce que la sanction n'est pas encore... vous
avez raison de dire que c'est prématuré, ça, je vous l'accorde, 100%.
Mais une fois que la décision est prise,
elle est prise en toute connaissance de cause par les ressources humaines avec
leurs équipes de juristes. Et lorsqu'eux déposent leur sanction, c'est
important, à ce moment-là, je crois, que quand qu'on dit, lorsqu'il le juge à
propos... Moi, dans ma tête, là, ça, ce serait à propos, de dire que, dans ce
cas-ci, violence à caractère sexuel, on a... les ressources humaines
communiqueront, à ce moment-là, la décision qui a été rendue.
Puis je pense que ça va arrêter ici, parce
que je pense que vous comprenez mon point. On ne sait pas où est-ce qu'on va
l'insérer, si on l'insère, mais je pense que ce serait bien d'aller là. Je
perds la voix, désolée.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Roberge : Bien, je
comprends le point, mais je pense qu'il faut faire confiance aux juristes. Il y
a des avocats, dans les centres de services scolaires, tu sais, il y a des
chartes à respecter, il y a le respect de la vie privée, tu sais. On est là
pour protéger les élèves puis voir aux intérêts des élèves. Mais, en même
temps, il y a un corollaire, puis il faut quand même prendre garde à respecter
la vie privée. Puis, bon, je ne répéterai pas tous les arguments, là, il y a
quand même un certain équilibre. Je pense qu'on est dans l'équilibre puis il ne
faut pas trop traverser la ligne.
Mme Rizqy : Moi, là-dessus,
non, parce que «lorsqu'il le juge à propos il en avise également le plaignant»,
je peux vous garantir , là, que si c'est... toutes choses étant égales, par
ailleurs, avec le réseau collégial et universitaire, on n'avise jamais les
plaintes en matière de violences à caractère sexuel. Jamais. Elles ne savent
pas qu'est-ce qu'il en est de leurs plaintes. Elles sont exclues même à la fin
de la décision. Et c'est ça, une des plus grandes blessures des victimes de
violence à caractère sexuel, c'est de ne pas connaître la sanction. Ça, je vais
m'arrêter ici, là, mais je suis convaincue que ça, c'est une affaire, c'est une
chose, là... ce serait dans ce dossier spécifique qu'on pourrait améliorer. Ce
sera tout, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Thériault) : C'est
bon? Donc, je comprends qu'on est prêts à voir l'article 24. Est-ce que
l'article 24 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Thériault) : Adopté.
Donc, M. le ministre, vous avez huit articles adoptés, déjà, avec les deux
amendements. On s'en va à l'article 25.
M. Roberge : Je ne crois pas
qu'il y ait d'amendement.
La Présidente (Mme Thériault) : Non.
Il n'y a pas d'amendement à 25.
• (19 heures) •
M. Roberge : Merci. «25. La
personne qui est satisfaite du traitement de sa plainte par le responsable des
plaintes ou dont le traitement n'est pas terminé dans un délai de quinze jours
ouvrables suivant la réception de la plainte peut s'adresser au protecteur
régional de l'élève conformément aux dispositions de la...
19 h (version non révisée)
M. Roberge : ...2 du
présent chapitre. Donc, c'est, donc, le passage à la troisième et dernière
étape.
La Présidente (Mme Thériault) :
Questions, commentaires? Il n'y en a pas. Est-ce que l'article 25 est
adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Thériault) :
Adopté. L'article 26, et là vous avez un amendement, M. le ministre.
M. Roberge : Oui, merci
bien. Il y a une partie qui est de la concordance. J'y vais :
«26. La procédure prévue au présent
chapitre s'applique également, avec les adaptations nécessaires, à un
établissement d'enseignement privé qui dispensent des services éducatifs
appartenant aux catégories visées aux articles 1 à 5 de l'article 1
de la Loi sur l'enseignement privé à l'égard de ces services et du suivi donné
à une dénonciation concernant un acte d'intimidation ou de violence.
«Aux fins de l'application de la présente
section, "conseil d'administration du centre de services scolaire"
désigne un établissement d'enseignement privé.»
Je vais y aller, tout de suite, avec l'amendement
avant de donner peut-être des petites explications. Donc, l'amendement :
1 remplacer, dans le premier alinéa, «une
dénonciation» par «un signalement ou à une plainte» - donc, on est dans la
concordance.
2 remplacer le deuxième alinéa par le
suivant : «Aux fins de l'application de l'article 22, conseil d'administration
du centre de services scolaire désigne le conseil d'administration d'un
établissement d'enseignement privé ou, à défaut, la personne qui tient cet établissement
au sens de l'article 3 de la Loi sur l'enseignement privé.»
Donc, ici, selon la forme juridique des
entreprises, des OSBL, on peut parler d'un conseil d'administration. En l'absence
d'un conseil d'administration, il y a une personne qui tient l'établissement,
qui exploite l'entreprise que constitue l'enseignement... l'établissement d'enseignement
privé. C'est ce qu'on essaie de désigner. Donc, lui-même, c'est un article
de... je ne dirais pas de concordance, mais d'application au réseau privé
considérant qu'ils n'ont pas les mêmes instances, les mêmes organigrammes, mais
pour qu'on puisse appliquer le régime.
La Présidente (Mme Thériault) :
Questions, commentaires sur l'amendement du ministre? Il n'y en a pas.
Est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Thériault) :
Adopté. Questions, commentaires maintenant sur l'article tel qu'amendé. Il n'y
en a pas non plus. Est-ce que l'article 26 tel qu'amendé est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Thériault) :
Adopté. M. le Ministre pour l'article 27.
M. Roberge : Merci bien.
27, on n'a pas d'amendement non plus, non.
La Présidente (Mme Thériault) :
Non plus.
M. Roberge : «Aux fins de
l'application de la présente section, le ministre peut, par règlement, établir
toute autre modalité relative au dépôt d'une plainte ou au traitement des
plaintes par le responsable du traitement des plaintes.»
Donc, l'objectif, c'est de conférer au
ministre un pouvoir d'établir d'autres modalités, donc en surplus. Et ce serait
donc une habilitation, dans le fond, réglementaire pour venir préciser des
choses si jamais des problèmes surviennent. Souvent, c'est à la suite de
recommandations. Voilà.
La Présidente (Mme Thériault) :
Questions, commentaires? Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : C'est une
question. Cet article-là vise spécifiquement les plaintes qui sont traitées par
le responsable du traitement des plaintes, donc c'est au niveau du centre de
services ou du conseil d'administration. Le ministre ne se donne pas le pouvoir
- ou en tout cas pas cet article-là, je ne sais pas c'est où s'il le fait - de
faire la même chose par règlement pour la première étape du processus. Je veux
juste m'assurer que ma compréhension est la bonne.
M. Roberge : On est ici
à l'étape 1 et à l'étape 2, là, le dépôt d'une plainte, puis après
ça, le traitement des plaintes par le responsable du traitement des plaintes.
Je ne me trompe pas. C'est ça, on est là.
Mme Labrie : Donc, quand
il est écrit ici «le dépôt d'une plainte», on parle de la première étape, donc
ça encadre ce qui se passe, par exemple, au sein de l'école, ce n'est pas le
dépôt de la plainte au centre de services. Moi je l'interprétais comme si c'était
au centre de services parce que quand on parle du responsable du traitement des
plaintes à la fin de l'article...
M. Roberge : Oui. Non,
vous avez raison, chère collègue, c'est ça, on est à l'étape 2 ici...
Mme Labrie : On est à l'étape 2
M. Roberge : ...l'étape
du centre de services.
Mme Labrie : Je me
demande juste si ce ne serait pas plus prudent de prévoir... Puis c'est rare qu'on
veut faire ça, là, rajouter des pouvoirs par règlement pour le ministre, mais
je me demande juste si ça ne serait pas plus prudent de prévoir la même chose
pour la première étape aussi, parce qu'on a discuté, tantôt, d'une formule très
souple pour la première étape du dépôt de la plainte. Si jamais on se rend
compte que ça devient le bordel à gérer et finalement peut-être qu'on va se
rendre compte que c'est trop compliqué avec la façon dont on veut le gérer en
ce moment. Est-ce qu'on n'est pas mieux de le prévoir, ou est-ce que c'est déjà
prévu ailleurs que le ministre va pouvoir proposer une procédure plus formelle
advenant qu'on se rende compte que la souplesse qu'on veut donner n'est pas...
est dysfonctionnelle?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Roberge : Je pense
que c'est une très intéressante suggestion effectivement. On pense qu'on est
corrects, mais il est possible qu'il y ait des ajustements à apporter. J'accueille
la proposition de la collègue. Je ne sais pas si elle veut formuler un
amendement ou si elle veut que les légistes...
M. Roberge : ...mais je suis
bien d'accord avec cette suggestion.
La Présidente (Mme Thériault) : ...amendement
à cet article là ou ailleurs vis-à-vis l'étape 1?
Mme Labrie : Moi, je
laisserais le ministre et son équipe le faire. Puis ce n'est pas pour critiquer
la façon qu'on a décidée de fonctionner tout à l'heure, c'est juste être prêt à
ce que, si jamais ça devient fonctionnel, qu'on soit équipé sans avoir besoin
de rouvrir la loi, là, pour...
La Présidente (Mme Thériault) : Je
suis d'accord avec vous. J'ai rarement vu des parlementaires donner plus de
pouvoir au ministre. Par contre, étant donné que le Protecteur national de
l'élève, c'est nouveau, avec les fonctions, bien, si les députés d'opposition
donnent plus de pouvoir ministres au cas où qu'on échapper quelque chose, c'est
à vous de décider si vous mettez là ou si vous le mettez ailleurs dans la loi,
selon les étapes. Donc, si vous voulez le mettre là, vous pouvez travailler sur
un amendement. Si vous voulez le mettre ailleurs, à ce moment-là, ça veut dire
qu'on pourrait adopter l'article 27, puis demain ou... vous nous
reviendrez avec un autre amendement ou on peut suspendre l'article 27,
comme vous voulez.
M. Roberge : Si les collègues
sont d'accord, ça ne sera pas très long, mais on peut le suspendre et on peut
continuer à 28, voir, puis on pourra revenir tout à l'heure ou à la prochaine
séance, puis en intégrant la proposition d'un collègue.
La Présidente (Mme Thériault) : Il
y a consentement pour qu'on suspende l'article 27? Il reste exactement...
Juste pour votre information, M. le ministre, il reste neuf minutes à nos
travaux. Donc, si vos légistes veulent cet amendement-là soit adopté, il reste
neuf minutes à nos travaux pour ce soir.
M. Roberge : Sinon, ça sera
demain, c'est tout.
La Présidente (Mme Thériault) : Donc,
sinon ça sera demain. Je fais juste vous donner un «timeline», comme on dit.
Donc, à l'article 28... on peut passer à l'article 28. Et là vous
avez un amendement. Et l'article 28, je comprends également que nous
changeons de section. On est dans la section II.
M. Roberge : Exactement.
La Présidente (Mme Thériault) : Donc,
M. le ministre, allez-y.
M. Roberge : Écoutez, c'est
assez simple, là, Donc : Section II.Traitement des plaintes par le
protecteur régional de l'élève. Donc :
«28. Le protecteur régional de l'élève
prête assistance à toute personne qui le requiert pour la formulation de sa
plainte ou pour toute démarche s'y rapportant.»
Puis l'amendement, c'est tout
simplement : Inscrit, avant l'article du projet de loi, ce qui suit...
Non. Oups! On vient de me rattraper en disant que... Excusez-moi. Donc,
article 28... dans le fond, c'est : Remplacer l'article 28 du
projet de loi par le suivant :
D'abord inscrire : «1. Dispositions
générales.»
Puis ensuite, l'article 28 :
«Le protecteur régional de l'élève prête
assistance à toute personne qui le requiert pour la formulation de sa plainte
ou pour toute démarche s'y rapportant. Il l'informe de son droit d'être
accompagné de la personne de son choix à toute étape du traitement de sa
plainte.»
Voilà l'ajout que je n'avais pas dans
mon... je n'avais pas la bonne version. C'est une obligation supplémentaire, en
réalité, pour aider le plaignant, avoir l'obligation d'informer les gens du
droit d'être accompagné.
La Présidente (Mme Thériault) : L'amendement
est déposé. Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Moi, c'est
correct l'amendement, mais j'ai une question d'ordre plus légal. Advenant que
le parent porte plainte, on lui dit : Oui, vous pouvez être accompagné,
rédige sa plainte. ...peut-être qu'il pourrait être accompagné d'un avocat,
mais n'a pas les moyens, nécessairement, d'avoir un avocat, puis l'aide
juridique ne s'applique pas dans tous les cas. La plainte écrite, est-ce
qu'elle peut être retenue si, plus tard, le parent puis l'élève poursuivent un
centre de service scolaire, contre le parent? Ou c'est quelque chose qui ne
pourra pas être retenu contre lui, parce que...
M. Roberge : Le parent?
Mme Rizqy : Oui. Parce que
si, admettons, le parent écrit une plainte pour son enfant, puis il n'a pas
tout consigné, parce que n'a pas été accompagnée, par exemple, d'un avocat,
mais que, plus tard, ça va être judiciarisé. Si, admettons, il n'est pas
satisfait, à la fin, fin, fin de ce processus, il va toujours lui rester
l'occasion de pouvoir s'adresser aux tribunaux. Moi, je veux savoir :
cette plainte écrite, est-ce qu'elle pourrait être retenue contre un parent ou
un élève?
M. Roberge : Est-ce qu'elle
pourrait être produite en preuve, admettons, par le centre de services
scolaires?
Mme Rizqy : Exactement, oui.
M. Roberge : Je pose la question
aux avocats près de moi.
La Présidente (Mme Thériault) : On
dit que c'est une bonne question. Il y a des légistes qui s'affairent.
M. Roberge : Oui, on va
attendre un petit peu.
Mme Rizqy : ...l'amendement,
moi, ne me dérange pas. C'est une question plus de fond de cet article.
La Présidente (Mme Thériault) : J'ai
la députée de Sherbrooke qui veut s'inscrire aussi dans le débat par rapport à
l'amendement, j'imagine.
• (19 h 10) •
Mme Labrie : Oui. Bien, pendant
que la recherche se fait pour répondre à la question de ma collègue, à quelques
endroits, on nomme plein...
Mme Labrie : ...et
signalements, parce qu'on le constate différemment selon qui le fait. Ici, il
est question d'assistance seulement pour les plaintes, est-ce que c'est
délibéré? Est-ce qu'on peut prévoir de l'assistance également pour les
signalements?
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre, j'imagine que vous allez aussi vous tourner vers les légistes
puisque tout à l'heure vous avez fait des modifications des amendements dans au
moins deux articles avec plaintes ou signalements.
M. Roberge : Plaintes ou
signalements, oui. Est-ce que la personne a besoin d'être assistée pour faire
un signalement? Je ne sais pas, là. Pardon?
Une voix : ...
M. Roberge : L'accompagnement...
Vous voudriez que le protecteur de l'élève aide la personne à faire un
signalement en voyant, un problème. Mais une fois que tu fais le signalement,
le protecteur s'en occupe, s'en charge et je ne pense pas qu'il a besoin de
t'aider à faire un signalement, là. Après ça, il aide la victime, après ça, il
aide le plaignant. La démarche de signalement, elle peut être relativement
courte, là. Je signale, puis après ça, je ne suis pas parti tout le long, là, à
faire ça, tu sais. Dans le fond, après ça on se saisit de la cause, on se
saisit du problème, on remercie la personne qui a signalé puis après ça, on
continue. Je ne suis pas certain qu'on a besoin d'aider la personne à faire un
signalement, là.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Je le dis, parce
que, des fois, la personne qui veut faire la plainte ou le signalement peut ne
pas penser toute seule à tout ce qui mérite d'être consigné dans la plainte.
C'est le cas des victimes de violence, par exemple, qui vont porter plainte à
la police, avec les tribunaux spécialisés on a mis en place un processus où ils
vont être accompagnés avant d'aller déposer leur plainte avec un policier pour
qu'il y ait, par exemple, un travailleur social, un intervenant spécialisé en
violence sexuelle qui va discuter avec eux autres pour qu'ils puissent bien
comprendre comment va être utilisée leur plainte? Quels types d'informations
doivent s'y trouver? À quoi elle va servir, au final, pour qu'ils puissent
avoir ça en tête quand ils vont rencontrer le policier pour déposer leur
plainte?
Bon, moi, je pense que c'est un processus
qui peut être comparable, dans le sens où là quelqu'un veut faire un signalement
ou déposer une plainte. C'est important de savoir qu'est-ce qui mérite d'être
consigné dans ce signalement ou cette plainte, comme information, pour
s'assurer qu'il n'y ait pas des choses qui soient omises, qui auraient dû y
être, pour faciliter le traitement. On va le faire pour les victimes ou
disons... ou les plaignants, qui sont l'élève ou ses parents. Pourquoi pas le
faire pour une autre personne?
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Roberge : Je pense que
c'est un service qui risque d'être moins sollicité, mais je n'ai aucun
empêchement ou aucun problème si on veut en faire un amendement pour... un
petit peu plus large, puis aider quelqu'un qui pourrait avoir besoin. Comme je
dis, je ne pense pas que c'est quelque chose qui va arriver fréquemment, mais
si le besoin est là, ce sera permis. Donc je peux très bien intégrer cette
modification-là si ma collègue le souhaite.
La Présidente (Mme Thériault) : Donc,
est ce que je comprends... N'est-ce que je comprends qu'il y aura un amendement
en rédaction sur cet... bien, pas un amendement, parce qu'il y a déjà un
amendement. Est-ce qu'il y aura un sous-amendement? Ou, compte tenu que dans
deux minutes à peu près on va suspendre les travaux ou on va ajourner les travaux
pour aujourd'hui, est ce que, M. le ministre, on peut demander à vos légistes
de peut être se pencher là-dessus demain, mais s'il y a un amendement à faire
pour accompagner le signalement, tel que le demande la députée de Sherbrooke,
parce qu'effectivement, il peut y avoir des gens qui ont moins de moyens pour
pouvoir le faire. À ce moment-là, vous présenterez... vous retirerez
l'amendement qui a été déposé, vous en déposerez un nouveau.
M. Roberge : C'est ça. On va
l'évaluer, là. De prime abord, je trouve ça intéressant. Est-ce qu'il y a un
enjeu juridique que je ne vois pas? On peut l'évaluer, là, d'ici... rapidement.
Mais de prime abord, on va voir si on est capables de donner une suite
positive. Voyons voir.
Mme Labrie : Parfait.
La Présidente (Mme Thériault) : Donc,
puisqu'on va évaluer, est-ce que... compte tenu de l'heure, pour la minute qui
reste, étant donné qu'on a déjà un article qui est suspendu avant, on a
celui-là que je préfère peut-être pas clore la discussion, là. Comme ça,
demain, quand vous allez repartir les travaux, vous allez pouvoir repartir sur
cet amendement-là, que vous retirerez ou pas, puis, à ce moment-là, la députée
de Roberval pourra revenir avec l'article qui a été suspendu puisque c'est elle
qui va présider les travaux demain. Donc, ça vous va?
M. Roberge : Numéro un.
La Présidente (Mme Thériault) : Donc,
compte tenu de l'heure, j'ajourne les travaux. Je vous souhaite une bonne
soirée, tout le monde. Merci.
(Fin de la séance à 19 h 15)