Journal des débats de la Commission de l'économie et du travail
Version préliminaire
42e législature, 1re session
(27 novembre 2018 au 13 octobre 2021)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Le
mardi 23 mars 2021
-
Vol. 45 N° 79
Étude détaillée du projet de loi n° 59, Loi modernisant le régime de santé et de sécurité du travail
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15 h (version non révisée)
(Quinze heures vingt-cinq minutes)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, bonjour, bonjour à tous et à tous. À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant
constaté le quorum, je déclare la séance la séance de la Commission de
l'économie et du travail ouverte.
La commission est réunie afin de poursuivre
l'étude détaillée du projet de loi n° 59, Loi modernisant le
régime de santé et de sécurité du travail.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire
: Oui, Mme
la Présidente. Mme Chassé (Châteauguay) sera remplacée par M. Provençal
(Beauce-Nord); Mme Robitaille (Bourassa-Sauvé) par M. Birnbaum
(D'Arcy-McGee); et Mme Richard (Duplessis) par M. Roy (Bonaventure).
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Lors de l'ajournement des nos travaux, la semaine dernière, nous en étions
à l'étude du sujet 2.1.2, les services de réadaptation, et plus précisément à
l'étude de l'article... 26, pardon. Et nous attendions un amendement déposé par
le député d'Hochelaga-Maisonneuve, que nous avons déjà reçu. Alors,
j'inviterais le député d'Hochelaga-Maisonneuve à lire l'amendement et à
l'expliquer, s'il y a lieu.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, tout le monde. L'article 26 du projet de loi est
amendé par le remplacement «d'une mesure de réadaptation ou de» par «des
mesures de réadaptation, sauf d'une mesure soutien en recherche d'emploi et
d'accompagnement, que prévoit».
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Des explications?
M. Leduc : Oui, bien sûr. Il y
a deux aspects à l'amendement. Le premier, c'est le retour du pluriel plutôt
que le singulier. On n'a pas tout à fait compris pourquoi on allait vers le
singulier. Ça nous inquiétait. Ça nous inquiétait que ça enverrait un signal de
durcissement, qu'une seule fois, un seul rendez-vous, par exemple, manqué
pourrait mener à des sanctions.
Et l'autre aspect, bien sûr, c'est en
concordance avec ce que le ministre avait mentionné plus tôt, à savoir que les
mesures de recherche d'emploi et d'accompagnement, bien, elles seraient
volontaires, ce ne serait pas obligatoire. Donc, on voudrait extraire des
motifs, là, de sanction, ce non-recours, dans le fond, aux mesures de
recherche...
M. Leduc : ...ce que le ministre
avait mentionné plus tôt, à savoir que les mesures de recherche d'emploi et d'accompagnement,
bien, seraient volontaires, ce ne serait pas obligatoire. Donc, on voudrait
extraire les motifs, là, de sanction, ce non-recours, dans le fond, aux mesures
de recherche d'emploi et d'accompagnement.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. M. le ministre.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente. Mes commentaires seront brefs. L'article 142 prévoit que la commission
«peut», peut réduire ou suspendre. Et au deuxième paragraphe, on dit «si le travailleur,
sans raison valable», donc il y a un niveau de protection relativement élevé
pour le travailleur. Et on dit : «...omet ou refuse de se prévaloir d'une
mesure de réadaptation ou de son plan individualisé de réadaptation». Une
mesure, ça se justifie, totalement, parce que, notamment, dans notre projet de
loi, on ajoute le retour progressif. Est-ce que si une personne refuse de
participer à son retour progressif, ça prendrait une autre mesure de
réadaptation pour justifier la commission d'exercer un pouvoir qui, je le
rappelle, est un «peut» qui a une relative discrétion?
Et d'autre part, les services de soutien
en recherche d'emploi, ça aussi, c'est nouveau, et ça, ça va au coeur même du
p.l. n° 59. On veut accompagner les travailleurs pour
qu'ils puissent revenir dans les meilleurs délais possible, et ça implique un
service de soutien et de recherche en emploi. Et donc, pour moi, ça m'apparaît
essentiel, on ne peut pas l'enlever, c'est une mesure de réadaptation. D'ailleurs,
le service de soutien en recherche d'emploi est une des mesures qui est prévue
en matière de réintégration professionnelle, donc c'est la raison pour laquelle
on ne l'ajoutait pas ici.
Et dernier point, ça fait l'objet d'un
consensus du comité consultatif recherche et... Le CCTM prévoyait d'ailleurs
qu'on fasse référence au service de soutien en recherche d'emploi. Merci, je
n'ai plus d'autre commentaire, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il d'autres interventions? Député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : M. le ministre,
donc, me recommande de me fier aux tribunaux, en quelque sorte, là, s'il
dit : La raison valable, c'est ça qui va être le guide. Le sans raison
valable, là, qui est prévu à 142. Mais je veux bien comprendre, donc, ces
sanctions-là sont prévues, avec ou sans raison valable, là, un des effets
concrets, c'est de couper l'IRR.
• (15 h 30) •
M. Boulet : Vous le savez, ce
n'est pas une pénalité, c'est une sanction administrative. C'est plus un
incitatif. On réduit ou on suspend. Vous le savez, en pratique, on ne coupe pas
l'IRR ad vitam, on le réduit ou on le suspend pendant une semaine ou deux
semaines. C'est quelqu'un qui ne participe pas à une mesure de réadaptation ou
à son plan individualisé de réadaptation...
15 h 30 (version non révisée)
M. Boulet : …on réduit ou on
suspend. Vous savez, en pratique, on ne coupe pas l'IRR ad vitam, on le réduit
ou on le suspend pendant une semaine ou deux semaines, c'est quelqu'un qui ne
participe pas à une mesure de réadaptation ou à son plan individualisé de
réadaptation. Vous le savez, en plus, c'est appliqué, de façon totalement
respectueuse, du droit du travailleur et toutes les protections sont là non seulement
il y a le «peut», mais, en plus, il y a «la raison valable». Donc, si le travailleur
ne peut pas participer à une mesure de réadaptation ou omet de respecter son
plan individualisé de réadaptation, il y a toujours une justification, là, ou
un motif valable qui peut être avancée par ledit travailleur. Merci, Mme la
Présidente.
M. Leduc : Mais, dans ce cas,
quelle était l'intention du ministre de passer du pluriel au singulier?
M. Boulet : Bien, notamment,
en raison de l'ajout de mesures complètement nouvelles de réadaptation et,
quand vous allez regarder les mesures de réadaptation, elles sont toutes, en
soi, importantes. Puis, quand on parle de soutien en recherche d'emploi, c'est
une mesure qui, en soi, est globale, et on ne peut pas ne pas la respecter, on
ne peut pas ne pas collaborer. La même affaire pour le retour progressif au
travail, vous l'avez dit, ça s'inscrit d'ailleurs dans la perspective du devoir
d'accommodement raisonnable d'un employeur, et on ne peut pas ne pas
collaborer, il faut collaborer, à moins, encore une fois, que le travailleur ou
la travailleuse ait un motif valable. Merci, Mme la Présidente.
M. Leduc : Est-ce que j'ai
raison de comprendre de cet article-là et de cette mesure-là qu'elle
s'appliquera donc en concordance avec ce qui va venir plus tard à l'article 19?
Vous savez que ça, ça a été largement discuté puis c'est controversé, là, les travailleurs
de 55 ans et plus, qu'on ramène, qu'on force un peu dans le giron, qu'on ramène
dans le giron du travail, ça va s'appliquer ça, dans ce contexte-là?
M. Boulet : Bien, écoutez,
puis c'est un article postérieur, mais, oui, dans la mesure où une personne qui
est entre 55 et 59 ans, dans le contexte d'une maladie professionnelle, peut
avoir accès à une mesure de réadaptation, ultimement, oui. Mais, encore une
fois, on n'est pas… à moins que vous ayez des cas d'abus dans l'application de
cet article 142, la discussion que j'ai eue avec le collègue de Nelligan, la
semaine passée, qui souhaitait que ce soit un «doit» plutôt qu'un «peut», vous
a démontré assez clairement que, dans la pratique, il y a tout à fait… c'est
appliqué de façon tout à fait respectueuse des droits des parties. Merci.
M. Leduc : J'ai compris, de
cet échange-là, que vous n'étiez pas en accord, par contre, avec la proposition
du député de Nelligan.
M. Boulet : J'ai dit que,
quand on fait un projet de loi, vous le savez, collègue, on cherche un équilibre,
puis, moi, je ne suis pas ici pour favoriser un au détriment de l'autre. Je
pense que c'est un régime, encore une fois, qui est fondamental pour la santé,
sécurité des travailleurs, puis on vise à permettre que les travailleurs
puissent réintégrer un emploi de façon à éviter notamment la chronicisation des
lésions professionnelles…
M. Boulet : ...je pense
que c'est un régime, encore une fois, qui est fondamental pour la santé et
sécurité des travailleurs. Puis on vise à permettre que les travailleurs
puissent réintégrer un emploi de façon à éviter notamment la chronicisation des
lésions professionnelles. Et donc c'est au bénéfice de la santé-sécurité des
travailleurs et, ultimement des employeurs, dans un contexte où ils ont besoin
de travailleurs en santé.
M. Leduc : Vous n'avez
pas une crainte par rapport à la judiciarisation? Vous savez que c'est un enjeu
important de toute l'économie générale de la SST. Ça a été soulevé à plusieurs
reprises, puis c'est un des rares consensus peut-être des deux côtés de la
médaille dans le droit du travail qu'il y a une surjudiciarisation en santé et
sécurité du travail.
Est-ce que le fait d'avoir... mis beaucoup
plus d'incitatifs, disons-le comme ça, ou carrément d'avoir rendu systématique
et obligatoire, là, la recherche d'emploi par les autres articles qu'on a
précédemment traités...
Est-ce qu'il n'y a pas, en laissant... en
envoyant volontairement un singulier plutôt qu'un pluriel, en refusant potentiellement
mon amendement qui veut soustraire, donc, la recherche d'emploi de ces
conditions-là, est-ce qu'on n'envoie pas un signal inquiétant puis on n'a
pas... on n'est pas en train de provoquer, à moyen terme, certainement, peut-être
même à court terme, encore plus de judiciarisation?
M. Boulet : Non, au
contraire, on envoie un signal contradictoire et incompatible avec un des
objectifs cruciaux du projet de loi, c'est-à-dire d'aider, accompagner les
travailleurs, notamment dans un processus de recherche d'emploi. Ça, c'est...
ça fait, à mon avis, un fort consensus dans les milieux de travail, qu'ils
puissent éventuellement bénéficier des services de mon ministère dans un
contexte de parcours personnalisé de retour en emploi. Merci.
M. Leduc : Mais donc
c'est obligatoire dans les faits.
M. Boulet : Il n'y a rien
d'obligatoire. La... Non, je ne veux pas refaire des débats, là. On a ajouté
que tout le processus de réadaptation, ça se fait en collaboration avec
l'employeur et le travailleur. Je ne sais pas qui vous a mentionné ce que... Tu
sais, on a fait cette discussion-là à maintes reprises. Et il n'y a pas d'obligation.
Puis le professionnel de la santé qui est en charge du travailleur est impliqué
aussi dans le processus, là. On a déjà fait ce débat-là.
Et, sur la judiciarisation, on va faire le
débat. Puis je pense qu'on fait un immense pas en avant pour réduire la judiciarisation
quand on permet une option entre la révision administrative puis le Tribunal
administratif du travail. Je pense qu'on va réduire considérablement les délais
et le nombre de cas entendus au tribunal administratif ou en révision
administrative. Ça va surtout réduire les délais. Il va y avoir un nombre de
cas probablement plus important au Tribunal administratif du travail, mais ça
va être plus rapide, souhaitons-le. Merci.
M. Leduc : Je ne veux pas
étirer inutilement puis je ne veux pas refaire tout le débat, en effet, mais,
justement parce qu'on a fait ce débat-là plus tôt, il y a déjà deux semaines,
je pense, sur le mot «collaboration», puis j'ai insisté à ce moment-là, je vous
ai fait parlé beaucoup...
M. Boulet : ...le cas
probablement plus important au Tribunal administratif du travail, mais ça va
être plus rapide, souhaitons-le. Merci.
M. Leduc : Je ne veux pas
étirer inutilement puis je ne veux pas refaire tous les débats, en effet, mais
justement, parce qu'on a fait ce débat-là plus tôt, il y a déjà deux semaines,
je pense, sur le mot «collaboration», puis j'ai insisté à ce moment-là, je vous
ai fait parler beaucoup pour dire qu'est-ce que ça veut dire, c'est un mot qui
me semble ambigu, est-ce qu'il va avoir une obligation? Vous m'avez dit :
Non, non, non, il n'y aura pas d'obligation. Mais moi, je ne fais que mettre en
pratique ce que j'ai retenu de notre échange d'il y a deux semaines. Puis loin
de moi l'idée de vouloir le refaire en entier, mais là j'apprends peut-être que
je n'ai pas tout à fait bien compris ce qu'on a discuté il y a deux semaines.
Et peut-être, si c'est le... si le
singulier, pluriel, c'est ça qui vous dérange, je veux dire, je peux le réécrire,
là, l'amendement pour juste garder la section qui retire les mesures d'emploi
des conséquences. Parce que si je suis obligé... comment je dirais, si ma
collaboration est fortement sollicitée parce que j'aurais une grosse
conséquence si je ne le fais pas, ce n'est plus une collaboration, là.
M. Boulet : Non, mais
j'aimerais ça vous rassurer, parce que 142, là, il s'applique après que le
travailleur ait accepté une mesure et il omet ou refuse d'y participer. Donc, par
exemple, il cesse la formation, il cesse un traitement, il refuse de faire une
chose qui est dans son plan individualisé de réadaptation. Je pense que c'est
assez clair qu'il n'y a pas d'enjeu pour les travailleurs, travailleuses. Si
vous aviez eu inventaire de décisions où on avait abusé de l'application de
142... Selon moi, c'est totalement l'opposé. Mais je le réitère, il ne peut pas
y avoir d'appréhension, le travailleur, non seulement il a collaboré, puis ça,
on en a discuté amplement la semaine passée, il a participé, il a accepté une
mesure puis il refuse ou il omet d'y participer. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci.
M. Leduc : À moins que mes collègues
veuillent embarquer, moi, je vais peut-être prendre une courte suspension sur l'article.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Y a-t-il d'autres interventions? Non.
Alors, nous allons suspendre quelques
instants.
(Suspension de la séance à 13 h 38)
(Reprise à 15 h 42)
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Alors, député d'Hochelaga-Maisonneuve, vous
voulez poursuivre?
M. Leduc : Oui, Mme la
Présidente. Peut-être juste pour conclure, là, peut-être, avant qu'on passe au
vote. C'est que... Bon, là, je comprends, le plus singulier et pluriel, ça fait
référence à le... au «peut», fait référence aux raisons valables aux tribunaux.
Bien, on verra bien ce que ça donne. Mais ce que je retiens, c'est que peut-être
que j'aurais dû insister davantage précédemment sur la collaboration parce que,
moi, ce que je comprends, c'est que si... Il peut y avoir des conséquences
sévères, notamment de se faire couper ou réduire son indemnité de revenu, bien,
la collaboration puis la... le volontariat est à rediscuter et, en tout cas, ça
devient une question de perception. Bref, alors, nous avons peut-être fait
le... En tout cas, moi, j'ai fait le tour de cette question-là.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Parfait. Merci. Y a-t-il d'autres interventions
sur l'amendement déposé? Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention, nous
allons procéder à la mise aux voix, s'il vous plaît, de l'amendement à la...
La Secrétaire
:
Veuillez répondre pour, contre, abstention. M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
: M. Boulet
(Trois-Rivières)?
M. Boulet : Contre.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Boutin
(Jean-Talon)?
Mme Boutin : Contre.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Abstention.
La Secrétaire
: Et Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Abstention. Alors, l'amendement déposé par le
député d'Hochelaga-Maisonneuve est rejeté.
Alors, nous poursuivons avec l'article 26.
Est-ce qu'il y a des interventions sur l'article 26? Député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Merci, Mme
la Présidente. Si je peux me permettre, ce n'est pas... C'est dans l'article
qui va être amendé. Et je me permets de présumer qu'on est ici pour bonifier la
loi qui n'a pas été amendée depuis longtemps. Alors, même si je ne suis pas exactement
dans l'amendement, je suis dans l'article originel, 142.2 d. Alors, je peux me
permettre, j'imagine.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Oui.
M. Birnbaum : Oui. Merci.
J'aimerais connaître l'intention du législateur d'inclure le mot... le verbe
«omettre». On parle que, comme le ministre l'a justement noté, la commission
peut, c'est facultatif, peut réduire ou suspendre le paiement d'une indemnité.
Et là, l'article se lirait avec l'amendement, à l'alinéa 2° d) commission
peut réduire ou suspendre le paiement d'une indemnité si le bénéficiaire omet
ou refuse de se prévaloir d'une mesure de réadaptation. J'aimerais connaître
l'intention du législateur parce que d'omettre, ce n'est pas un acte...
M. Birnbaum : ...suspendre le
paiement d'indemnité si le bénéficiaire omet ou refuse de se prévaloir d'une
mesure de réadaptation. J'aimerais comprendre l'intention du législateur, parce
que d'omettre, ce n'est pas un acte volontiers ou une indication de rejet d'une
offre de services quelconque, c'est une omission. Donc, n'y a-t-il pas une
étape qui manquerait avec un tel libellé qui resterait? Autrement dit, un petit
dialogue pour voir, y avait-il un manque de compréhension des services offerts?
Est-ce qu'il y avait une contrainte quelconque? De mettre dans la loi ce
critère pour potentiellement imposer des sanctions? J'aimerais comprendre le
sens.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente. En fait, et ce n'est pas le seul paragraphe où on réfère à «omet ou
refuse», c'est un libellé qui est fréquemment utilisé dans le corpus législatif
québécois, puis il l'est notamment aux articles c, d, e et f.
Et une omission ou un refus, il ne faut
pas que ce soit lu séparément ou isolément. Il faut que ça soit lu en
conjonction avec ce qui introduit. On dit : Si le travailleur, sans raison
valable. Donc, la commission va quand même exercer un pouvoir d'appréciation de
l'ensemble des circonstances entourant l'omission ou le refus du travailleur.
Je le répète, ici, on est dans un contexte où le travailleur a déjà accepté une
mesure de réadaptation, puis il omet ou refuse. Et voyons-le pas comme une
simple pénalité, mais véritablement un incitatif à participer, puis ça existe
depuis d'adoption de la loi en 1985. Voilà, c'est tout. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci.
M. Birnbaum : Alors, afin de
bien comprendre, en quelque part, le mot, dans ce sens-ci, c'est un acte
d'omission en quelque part, ce n'est pas un oubli dans le sens de...
M. Boulet : Ah! non, non, non.
Puis vous avez raison. Puis c'est pour ça qu'il faut que ce soit lu en
conjonction avec le paragraphe, la phrase introductive, ici, «le travailleur,
sans raison valable». Ce n'est pas s'il n'est pas allé ou s'il n'a pas fait, ça
peut être mis dans un contexte, et la commission va tenir compte de ces circonstances-là
avant d'exercer le pouvoir d'appréciation qui est prévu à 142.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il d'autres interventions sur l'article 26? S'il n'y a pas
d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix.
La Secrétaire
: M. Boulet
(Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Boutin
(Jean-Talon)?
Mme Boutin : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
: M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Abstention.
La Secrétaire
: Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'article 26 est...
La Secrétaire
: ...M. Boulet
(Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Boutin
(Jean-Talon)?
Mme Boutin : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
: M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Abstention.
La Secrétaire
: Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'article 26 est adopté. Nous poursuivons, M. le
ministre, avec l'article 29.
M. Boulet : Oui. Merci, Mme la
Présidente. L'article 147 de cette loi est modifié par le remplacement de
«En matière de réadaptation, le plan individualisé» par «Le plan individualisé
de réadaptation».
L'article 147 tel que modifié se
lirait comme suit :
«Le plan individualisé de réadaptation
constitue la décision de la commission sur les prestations de réadaptation
auquel a droit le travailleur, et chaque modification apportée à ce plan, en
vertu du deuxième alinéa de l'article 146, constitue une nouvelle décision
de la commission.»
Donc, c'est simplement une disposition
explication, une disposition de... une modification de concordance visant à
permettre que les mesures de réadaptation avant la consolidation puissent être
offertes alors qu'elles ne font pas partie d'un plan individualisé de
réadaptation. Donc, c'est simplement une concordance. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il des interventions sur l'article 29? S'il n'y a pas
d'intervention, nous allons procéder à la mise aux voix.
La Secrétaire
: M. Boulet
(Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Boutin
(Jean-Talon)?
Mme Boutin : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
: M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
: Et Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'article 29 est adopté. Nous poursuivons, M. le
ministre, avec l'article 45.
• (15 h 50) •
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente. L'article 181 de cette loi est modifié par l'insertion, dans
le deuxième alinéa et après «mise en oeuvre», de «d'une mesure de réadaptation
ou».
L'article 181 tel que modifié se
lirait comme suit :
«Le coût de la réadaptation est assumé par
la commission. Dans la mise en oeuvre d'une mesure de réadaptation ou d'un plan
individualisé de réadaptation, la commission assume le coût de la solution
appropriée la plus économique parmi celles qui permettent d'atteindre l'objectif
recherché.»
Encore une fois, explication, Mme la
Présidente, simplement une disposition de concordance qui prévoit que la
commission assume le coût d'une mesure de réadap à un travailleur qui n'a pas
de plan individualisé de réadaptation. Donc, c'est bénéfique aux travailleurs.
C'est une concordance avec les nouvelles dispositions sur le droit à la
réadaptation avant consolidation qui sont déjà adoptées. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il des interventions à l'article 45? S'il n'y a pas...
M. Leduc : ...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui, Oupelaïe!
M. Leduc : ...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Vous allez... D'accord. Alors, nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 15 h 51)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 15 h 51)
(Reprise à 15 h 59)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous avons reçu un amendement du député d'Hochelaga-Maisonneuve. Je vous
invite à le lire et à l'expliquer.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Donc, l'amendement va comme suit : L'article 45 du projet
de loi est remplacé par le suivant :
45. L'article 181 de cette loi est
modifié :
1° par l'insertion, dans le deuxième
alinéa et après «mise en oeuvre», de «d'une mesure de réadaptation ou»;
Et, 2° par le remplacement, dans le deuxième
alinéa, de «économique», par «équitable pour le travail».
• (16 heures) •
Donc, précisons que, dans cette
réécriture, on garde, dans le fond, l'essentiel du 45, là. Le premier alinéa,
c'est ce que le 45 faisait à la base, et nous, on vient rajouter quelque chose
avec le deuxième alinéa, qui change le mot «économique» pour «équitable pour le
travailleur», ou la travailleuse…
16 h (version non révisée)
M. Leduc : ...précisons que,
dans cette réécriture, on garde, dans le fond, l'essentiel du 45, là. Le
premier alinéa, c'est que ce 45 faisait à la base, et nous, on vient rajouter quelque
chose, avec le deuxième alinéa, qui change le mot «économique» pour «équitable
pour le travailleur», ou la travailleuse, bien sûr.
Pourquoi on fait ça? C'est que c'est un
problème qui existe depuis longtemps dans la loi actuelle, dans le système
actuel de la santé et sécurité au travail. Ce n'est pas quelque chose qui était
corrigé par le projet de loi. Je ne sais pas si le ministre avait eu l'occasion
de réfléchir à cet angle-là, mais dans tous les cas, on le soumet aujourd'hui
puis on en discutera un peu, j'imagine. Quand arrive le temps de
déterminer quoi faire en matière de réadaptation, le fait que, dans la loi, il
soit écrit que «la CNESST assume le coût de la solution appropriée la plus
économique», le fait de faire référence au terme «économique», en termes de
solution, dans le fond, de critère, bien, ça fait en sorte de faire primer des
impératifs comptables, ceux de la CNESST et donc ceux des patrons par
élargissement. Ça fait primer, donc, ces intérêts-là, ces impératifs-là
comptables de la CNESST sur la réussite et la réadaptation des travailleurs et
travailleuses. C'est un facteur majeur qui explique pourquoi la CNESST, elle
refuse presque tout le temps de payer ce qu'on pourrait appeler des formations
qualifiantes. Donc, pas juste des petites formations non reconnues, on a déjà
eu une partie du débat ici, dans un autre article, mais donc des formations
donnant accès à des diplômes reconnus qu'on peut réutiliser plus facilement
ensuite dans d'autres emplois, qui ne nous circonscrit pas à un seul canal.
Et donc on vise à remplace rien d'autre
que ce critère d'économie là par un autre critère qui serait un critère
d'équité, en disant «équitable pour le travailleur», ce critère d'équité là
vient remplacer le critère d'économie, parce que le critère d'économie, à notre
avis, est assez défavorable, particulièrement au bas salarié. Et dans les
faits, c'est souvent des femmes. Pour avoir couvert beaucoup le sujet du
salaire minimum, on le sait, que la majorité des gens qui sont au salaire
minimum et dans les petits... ce qu'on appelle peut-être des fois les petits
salariés ou les emplois à petits salaires, c'est souvent des femmes puis, de plus
en plus, maintenant, aussi des travailleurs âgés.
Et dans son calcul de la solution qui
serait la plus économique, la commission, la CNESST, elle prend non seulement
en compte le coût des mesures de réadaptation elles-mêmes, mais également le
coût des indemnités futures. Alors, c'est là qu'on commence à trouver que ça
constitue un enjeu, ça constitue un problème, j'oserais dire, puis qu'on serait
fous de ne pas le corriger avec un amendement.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, M. le ministre.
M. Boulet : Oui. Merci, Mme la
Présidente. Comme je l'ai mentionné un peu plus tôt, on ne change rien à
l'article et on n'exclut rien. Tout ce qu'on dit, c'est qu'on doit gérer
sainement, qu'on doit gérer de la manière efficace, en tenant compte de l'objectif
qui est recherché. Il faut lire le paragraphe dans sa globalité, là...
M. Boulet : ...mentionnais
un peu plus tôt, on ne change rien à l'article et on n'exclut rien. Tout ce
qu'on dit, c'est qu'on doit gérer sainement, qu'on doit gérer de la manière
efficace en tenant compte de l'objectif qui est recherché. Il faut lire le
paragraphe dans sa globalité, là : La commission assume le coût de la
solution appropriée, la plus économique parmi celles qui permettent d'atteindre
l'objectif recherché. Donc, il peut avoir un éventail de solutions. Et moi,
que, dans cette loi-là qui a été adoptée en 1985, qu'on fasse référence au mot
«économique» en lien avec une saine gestion des cotisations, je le répète, qui
sont complètement assumées par une partie, moi, ça ne m'irrite pas, mais
absolument pas. Je trouve ça tout à fait convenable.
Ceci dit, et je comprends votre objectif
d'équité, mais je veux vous rassurer, là, parce qu'à toutes les fois que vous
allez vouloir faire un amendement qui fait référence au concept d'équité, je
vous référerai tout le temps à l'article 351 qui dit : «La
commission»... puis là, c'est le chapitre de la compétence de la commission,
puis ça fait référence même aux réviseurs puis au Tribunal administratif du
travail. Mais on dit : «La commission rend ses décisions suivant l'équité,
d'après le mérite réel et la justice du cas.» Donc, l'équité s'applique
systématiquement dans toutes les décisions que la Commission des normes, et on
tient compte du mérite réel et de la justice du cas. Donc, pour toutes ces
raisons, l'amendement ne nous apparaît pas nécessaire ni utile, là, dans le
contexte de cet article-là.
Puis peut-être dernier point, il faut
tenir compte de la cohésion des libellés aussi. Là, pour «mesure de réadaptation»,
je pense qu'on réfère, maintenant depuis certains articles, «dans la mise en
oeuvre d'une mesure de réadaptation ou d'un plan individualisé de
réadaptation». Ça fait que, par souci de cohésion, je pense le libellé qui est
là est tout à fait celui qui s'impose. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci. Y a-t-il d'autres intervenants? Et
ensuite ça sera le député de Nelligan.
M. Leduc : Mais je
rassure le ministre, là, on n'a pas changé son libellé original, là, la «mesure
de réadaptation» telle quelle, c'est ce que vous avez fait. Ça., ça ne change
rien. Nous, ce qu'on vient rajouter n'influe pas du tout la cohésion de cet
article-là. Elle vient changer un terme qui est le terme «économique» pour le
terme «équité»... «équitable», pardon, faisant référence à l'équité. Puis le
ministre a raison de faire référence à l'article 351, puis on imagine que
la commission fonctionne avec un principe général d'équité. Mais là, ce
principe d'équité, il est en confrontation avec le principe d'économie. Puis on
le sait, là, comment ça fonctionne, c'est des des relations de pouvoir, les
relations de travail, n'est-ce pas? Même si on peut vouloir souhaiter des
négociations raisonnées dans certains contextes, même des négociations
raisonnées fonctionnent dans une dialectique de pouvoir. Qui qui a le plus gros
bout du bâton? Qui qui a… qui est capable d'imposer un agenda? Qui était
capable de faire plier son...
M. Leduc : …des relations de
pouvoir, les relations de travail, n'est-ce pas, même si on peut vouloir
souhaiter des négociations raisonnées dans certains contextes, même des
négociations raisonnées fonctionnent dans une dialectique de pouvoir. Qui qui a
le plus gros bout du bâton? Qui qui a… qui est capable d'imposer un agenda, qui
a été capable de faire plier son vis-à-vis. Je n'aime pas dire son adversaire,
j'aime mieux dire son vis-à-vis. Et c'est la même chose qui se passe ici, et,
dans ce scénario-là, c'est la commission qui joue l'espèce de Casque bleu, là,
qui, en théorie, a la fonction de recevoir les deux pressions, les deux bords, c'est-à-dire
la partie patronale, la partie syndicale, puis d'essayer de faire atterrir ça
en quelque part qui a de l'allure, puis d'essayer de trancher la chose.
M. Boulet : Ce n'est pas dans
une dynamique de négociations entre l'employeur et le travailleur, c'est dans
la mise en oeuvre d'une mesure de réadaptation, par exemple, ou d'un plan
individualisé. Tout le monde a collaboré, impliquant le professionnel de la
santé, et c'est la commission, avec son expertise, avec ses conseillers,
conseillères en réadaptation, je le répète, qui sont des personnes spécialisées
en semblable matière, puis la mesure est déjà là. Il s'agit maintenant de dire
quelle est la solution appropriée, la plus économique, parmi celles qui vont
nous permettre d'atteindre l'objectif recherché, là. C'est un exercice qui est
fait par des personnes spécialisées en matière de mise en oeuvre ou
d'application, là, des mesures de réadaptation puis des plans. Ce n'est pas une
dynamique de négos, là, ce n'est pas l'employeur qui va dire : Non, tu vas
prendre ça, puis… ce n'est pas lui qui décide, c'est la commission. Ce n'est
pas le travailleur qui décide, ce n'est pas l'employeur, c'est la commission.
Merci, Mme la Présidente.
M. Leduc : Le ministre m'a peut-être
un petit peu brisé dans mon élan, parce que là où je voulais atterrir avec mon
exemple de négociation, ce n'était pas là. Puis, là, vous aviez raison de dire
que ce n'est pas une négociation comme une convention collective. Moi, j'avais
une perspective plus macro de la chose. Les travailleurs qui ont des plus
grands salaires, souvent, ils sont syndiqués. Souvent, c'est aussi une raison
pour laquelle ils ont un plus grand salaire. C'est l'oeuf ou la poule, mais
bon, on fera ce débat-là une autre fois, alors que les petits salariés sont
rarement syndiqués. Et donc, dans une discussion générale, quand vient le temps
de défendre des perspectives, quand vient le temps de défendre des grandes
politiques publiques, les petits salariés, bien, par la force des choses, ils
pèsent moins lourd, parce qu'ils n'ont pas une aussi grande voix de
représentation sur la scène nationale. Dans les faits, les petits salariés ont
très, très, très rarement, voire jamais accès à des mesures de formation, parce
qu'on considère qu'ils sont des petits salariés, et qu'ils n'ont pas
nécessairement besoin d'aller faire une nouvelle… formation, alors à la seconde
que la commission leur trouve un petit boulot, bien, c'est là qu'on décide que
c'est ça, leur mesure, puis «chop-chop», on y va.
Alors, c'est ça qu'on vise à corriger. Ce
n'est pas parce qu'on a un petit salaire, parce qu'on a un historique de vie,
des antécédents familiaux, des antécédents de maladie, des antécédents de
classe sociale, qu'on est confinés à ça. Puis si on se blesse au travail, on
devrait pouvoir avoir accès à d'autres formes de formation, pas, justement, toujours
rester dans le même créneau.
M. Boulet : Bien, je regrette,
parce que moi, selon moi, ça n'a pas de relation avec le statut, ou…
M. Leduc : …de maladie, des
antécédents de classe sociale, qu'on est confinés à ça. Puis, si on se blesse
au travail, on devrait pouvoir avoir accès à d'autres formes de formation, pas,
justement, toujours rester dans le même créneau.
M. Boulet : Bien, je regrette parce
que moi, selon moi, ça n'a pas de relation avec le statut ou la… le niveau de
rémunération. D'ailleurs, je vais faire référence au PARAF, là, le Programme
d'aide à la relance par l'augmentation de la formation. Il y a les deux tiers
des personnes qui sont inscrites au PARAF qui font des formations au niveau
professionnel, ça c'est les centres de formation professionnelle. Il y a une
diversité de formations extrêmement stimulantes, extrêmement compatibles avec
les besoins concrets du marché du travail. Puis ça n'a aucun rapport que tu
sois un soudeur, un mécanicien ou un technicien ou un universitaire, ça n'a pas
de rapport; il y a des formations appropriées à toutes les personnes. Puis
l'autre tiers, c'est de niveau collégial ou universitaire, mais, je vous
dirais, c'est surtout de niveau collégial. Donc, ce n'est pas le statut ou la
nature du travail qui va avoir un impact ici.
• (16 h 10) •
On dit : Il y a un éventail de
solutions puis on va prendre celle qui est la plus économique toujours dans la
mesure d'atteindre l'objectif recherchée. S'il y a cinq mesures, puis les cinq
permettent d'atteindre l'objectif, par exemple, une mesure de soutien en
recherche d'emploi, bien, c'est sûr, qu'on va regarder le coût-bénéfice. Les
bénéfices sont les mêmes, le coût n'est pas le même, je pense que… Pour moi,
c'est un principe de base de saine gestion des cotisations qui sont confiées à
une commission comme la CNESST. Merci, Mme la Présidente.
M. Leduc : Moi, ce que
j'entends un peu — puis vous me corrigerez si je vais trop loin, mais — tout
le monde a sa place puis il n'y a pas moyen de bouger d'un endroit à l'autre ou
d'améliorer son sort, là. Parce que, ce que je comprends, c'est que, dans les
faits, quand tu es un petit salarié, à la seconde que la commission identifie
un emploi qui est dans la même strate, il n'y en a plus d'autres possibilités.
Alors que, plus tôt, on a eu une belle discussion sur la collaboration du
salarié dans son plan. Là, ce que je comprends, c'est qu'il n'y en a pas
pantoute de collaboration ici, et qu'on lui dit : Regarde, c'est ça. Puis
si tu avais autre chose en tête, une formation de six mois, par exemple, qui
est quand même somme toute assez courte, bien on fait le calcul, on dit :
Voici ce que ça va me coûter en termes de frais d'inscription à ta formation
puis en indemnités. Bien là, c'est évidemment beaucoup plus cher que de t'envoyer
directement dans un autre emploi à petit salaire. Alors, «chop», «chop», c'est
l'emploi à petit salaire puis… sinon, on connaît les conséquences quand on ne
collabore pas.
M. Boulet : Je regrette, là,
puis ça va se résumer à ça, là. On est dans le contexte de la mise en
oeuvre : la collaboration s'est effectuée, la mesure est claire, le plan
individualisé de réadaptation comprend ce que le travailleur, si… dans un
contexte de réadaptation, ce à quoi il doit s'assujettir et, après ça, c'est la
décision de la commission de décider, en fonction de l'éventail des solutions,
pour atteindre l'objectif recherché. Pour moi, encore une fois, là, c'est de la
saine gestion. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci…
M. Boulet : …dans un contexte
de réadaptation, ce à quoi il doit s'assujettir et, après ça, c'est la décision
de la commission de décider, en fonction de l'éventail des solutions, pour
atteindre l'objectif recherché. Pour moi, encore une fois, c'est de la saine
gestion. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, la parole est au député de Nelligan.
M. Derraji : J'ai une seule question,
parce que j'ai déjà eu ce débat avec le ministre, il a envoyé un message quand
même clair par rapport au «peut» et «doit». Le mot «la plus économique», en
fait de «la solution appropriée la plus économique» peut être interprété, et le
ministre est conscient de ça. Moi, ce que j'aimerais, c'est juste une sorte d'engagement
que ça ne va pas être au détriment des travailleurs, parce que j'en suis sûr et
certain que… je partage les mêmes préoccupations que le ministre par rapport à
la saine gestion du régime. Le régime doit rester efficace. Et je ne pense pas
que la volonté du législateur, c'est de le faire au détriment des travailleurs
en disant que la solution la plus économique, c'est forcément, ça va être au
détriment de quelqu'un.
Donc, c'est juste si on campe ce message
que ça ne va pas être au détriment des travailleurs, bien, moi, je pense que ça
fait… ça répond au questionnement.
M. Boulet : Bien, ça me fait
plaisir de répondre que la commission rend ses décisions suivant l'équité.
C'est fait avec humanité, ça doit l'être d'ailleurs. Puis il ne faut pas que
dans l'application ou l'interprétation du mot «économique», ça se fasse au
détriment du travailleur puis ça se fasse de manière à permettre à la commission
de nier le droit à la réadaptation du travailleur. Pour moi, c'est clair puis
c'est important de le préciser à la très bonne question du collègue de Nelligan.
Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Y a-t-il d'autres interventions à l'amendement déposé par le député d'Hochelaga-Maisonneuve?
S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix.
La Secrétaire
: M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
: M. Boulet
(Trois-Rivières)?
M. Boulet : Contre.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Boutin
(Jean-Talon)?
Mme Boutin : Contre.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Abstention.
La Secrétaire
: Et, Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'amendement déposé à l'article 45 est rejeté. Nous
poursuivons sur l'article 45. Y a-t-il des interventions? S'il n'y a pas
d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix de l'article 45.
La Secrétaire
: M. Boulet
(Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Boutin
(Jean-Talon)?
Mme Boutin : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
: M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Abstention.
La Secrétaire
: Et, Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'article 45 est adopté. Nous poursuivons avec l'article 46. M.
le ministre.
M. Boulet : Merci. L'article
182 de cette loi est modifié :
1° par l'insertion, après «cadre», de «une
mesure de réadaptation ou»;
2° par le remplacement de «réfère le
travailleur aux» par «dirige…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
…l'article 45 est adopté. Nous poursuivons avec l'article 46, M. le
ministre.
M. Boulet : Merci.
«L'article 182 de cette loi est modifié : 1° par l'insertion, après
«cadre,» de «d'une mesure de réadaptation ou»; 2° par le remplacement de
«réfère le travailleur aux» par «dirige le travailleur vers des.»
«L'article 182, tel que modifié, se
lirait comme suit : «La Commission dispense elle-même les services
professionnels prévus dans le cadre d'une mesure de réadaptation ou d'un plan
individualisé de réadaptation ou dirige le travailleur vers des personnes ou
services appropriés.»
Bon, ça aussi c'est une disposition de
concordance qui prévoit que la commission dispense elle-même, là, c'était déjà
prévu, les services professionnels ou dirige le travailleur aux personnes ou
services appropriés dans le cadre de toute mesure de réadaptation et non plus
seulement celles prévues dans le cadre du plan individualisé de réadaptation.
Bon, ça, c'est la logique avec ce qu'on a discuté dans les articles précédents,
puis elle prévoit également un changement de terminologie, là, des termes
«réfère le travailleur» par «dirige le travailleur vers des.»
Merci. En fait, l'objectif, là, c'est rien
que de corriger un anglicisme, parce que «refer» ce n'est pas français.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Y a-t-il des interventions? Y a-t-il des interventions à l'article 46? M.
le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Est-ce qu'on avait
déjà eu la discussion sur «réfère,» «dirige» dans un autre article?
M. Boulet : Est-ce qu'on
l'avait déjà eu en amendement? Il me semble que oui, on l'a corrigé ailleurs.
Il me semble.
(Consultation)
M. Boulet : Mais c'est
clairement un anglicisme.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, y a-t-il d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autres… oui, député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Bien, pas pour
étirer la sauce inutilement, mais, tu sais, on aurait pu choisir un autre mot
que «diriger,» là, si le problème c'est un anglicisme, est-ce que «orienter»
aurait été plus approprié?
M. Boulet : Mais, moi, je ne
veux pas faire de débat de sémantique, là, mais au lieu de «référer,» «refer
to,» je pense que la traduction ça permet de diriger la… moi, je ne vois pas,
«diriger,» pour moi c'est un terme qui est clair, là. Donc, puis le… ah, O.K.,
bien, c'est le service de la traduction qui nous recommande, d'ailleurs,
d'utiliser ce terme-là qui est le plus… qui est la traduction classique, en
français, de «refer.»
M. Leduc : Parce que vous
comprenez, dans la discussion qu'on avait aussi, précédemment, sur la
collaboration, l'obligation…
M. Boulet : ...c'est un
terme qui est clair, là. Donc... Puis le... Ah! O.K. Bien, c'est le service de
la traduction qui nous recommande d'ailleurs d'utiliser ce terme-là, qui est le
plus... qui est la traduction classique en français de «refer».
M. Leduc : Parce que vous
comprenez, dans la discussion qu'on avait aussi précédemment sur la collaboration,
l'obligation dirigée, ça ne laisse pas beaucoup de place à l'interprétation,
là.
M. Boulet : Non.
(Consultation)
M. Leduc : Quand un
policier dirige le trafic, là, je n'ai pas beaucoup le choix d'aller dans le
sens qu'il me dit d'aller.
M. Boulet : Mais on me dit...
d'ailleurs, on vient de vérifier, puis «orienter» puis «diriger», c'est des
synonymes.
M. Leduc : C'est des
synonymes?
M. Boulet : Bien oui.
On... Tu sais, elle dispense elle-même les services ou, si elle ne peut pas ou
si elle n'a pas les ressources, elle le dirige vers...
Non, même moi, j'y vois un caractère intéressant
pour le travailleur. C'est rassurant. Il sait qu'il va se faire diriger vers
les personnes ou les services appropriés. Moi, ça m'apparaît rassurant, puis je
vous le dis, là. Puis je vous... Puis on l'avait fait à l'article 40
aussi.
M. Leduc : C'est ça,
voilà.
M. Boulet : Oui.
M. Leduc : Puis, comme
vous êtes rassuré, je devrais être rassuré moi aussi.
M. Boulet : Ah! généralement,
c'est une... Oui, tout à fait. Puis...
M. Leduc : Je vais me
garder une prudence, M. le ministre. Vous me permettrez une prudence.
M. Boulet : J'apprécie beaucoup
votre solidarité d'ailleurs dans des contextes comme celui-là. C'est... Finalement,
là, c'est de la sémantique, c'est de la traduction, c'est recommandé, puis on
l'a déjà fait.
M. Derraji : ...il va
finir par « so-so-solidarité!»
M. Boulet : Oui.
Des voix
: Ha, ha, ha!
M. Derraji : Ça fait
partie des slogans de mon collègue.
M. Leduc : Bien, je
pourrais vous donner une... pancarte de la FTQ, comme la dernière fois... mon
cher collègue. On serait deux puis on pourrait faire un front commun.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Alors, y a-t-il d'autres interventions?
S'il n'y a pas d'autre intervention, nous
allons procéder à la mise aux voix de l'article 46.
La Secrétaire
: M. Boulet
(Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Boutin
(Jean-Talon)?
Mme Boutin : Pour.
• (16 h 20) •
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
: M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
: Et Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'article 46 est adopté.
Nous poursuivons avec l'article 48, M.
le ministre.
M. Boulet : Merci.
L'article 183 de cette loi est modifié :
1° dans le premier alinéa :
a) par l'insertion, après «mettre fin», de
«à une mesure de réadaptation ou»;
b) par la suppression de «prévue dans son
plan»;
2° par la suppression, dans le deuxième
alinéa, de «francs».
L'article 183, tel que modifié, se
lirait comme suit : «La commission peut suspendre ou mettre fin à une
mesure de réadaptation ou à un plan individualisé de réadaptation en tout ou en
partie si le travailleur omet ou refuse de se prévaloir d'une mesure de réadaptation.»
«À cette fin, la commission doit donner au
travailleur un avis de cinq jours l'informant qu'à défaut par lui de se
prévaloir d'une mesure de réadaptation, elle appliquera une sanction prévue par
le premier alinéa.»
Explication : Bon, cette disposition
prévoit des modifications de concordance, bon, avec les nouvelles dispositions
proposées à l'article...
M. Boulet : …par lui de se
prévaloir d'une mesure de réadaptation, elle appliquera une sanction prévue par
le premier alinéa.»
Explications : Bon, cette disposition
prévoit des modifications de concordance, bon, avec les nouvelles dispositions
proposées à l'article 27 du projet de loi, qui permettent, encore une
fois, à la commission d'accorder des mesures de réadaptation avant la
consolidation, qui ne sont pas inscrites dans un plan réadaptation.
Et jours francs… Simplement vous rappeler
que ça, c'est en concordance avec le Code de procédure civile, où cette
notion-là n'y apparaît plus. Donc, c'est des jours plutôt que des jours francs.
Et, dans la computation du délai, là, il n'y a pas d'impact, là, c'est cinq
jours, là, c'est… Alors, voilà. C'est tout, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il des interventions? Oui, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Pouvez-vous juste
reprendre le bout, là, sur le «francs»? Concordance avec le Code civil?
M. Boulet : Le Code de
procédure civile.
M. Leduc : Procédure civile.
Parce que?
M. Boulet : Qui est distinct,
là, du Code civil du Québec. C'est… Le Code de procédure civile, c'est ce qui
est à la base, là, des… On y réfère d'ailleurs souvent dans les lois du
travail, là, parfois, là.
M. Leduc : Puis comme ça
n'existe pas, des jours francs, dans le Code de procédure civile, ça ne peut
pas exister dans la loi? Ça a existé de facto pendant des années.
M. Boulet : Oui, mais ça n'a
pas d'impact sur le calcul, mais c'est en cohésion avec le Code de procédure
civile, où ce concept-là n'est plus utilisé, là, n'est plus défini. Et donc,
comme ça n'avait pas d'impact, de toute façon, dans la computation qui est
prévue ici, un avis de cinq jours, ça a été enlevé simplement.
M. Leduc : Mais donc vous
dites qu'en retirant «francs», ça tient encore compte du jour de la décision à
l'origine du délai puis du jour de l'échéance.
Une voix
: …
M. Leduc : Donc, on ne reste
pas à cinq jours d'abord. Ça risque de baisser à trois.
M. Boulet : Non,
effectivement, on ne compte pas ni le jour de l'envoi ni le jour de l'échéance
ou de la réception, donc c'est cinq jours. C'est un avis de cinq jours
l'informant qu'à défaut par lui, bon, de se prévaloir…
M. Leduc : Bien, c'est donc
cinq jours dont on en retranche deux, donc ça devient trois. Il faudrait-u
mettre sept d'abord, si on veut garder l'équivalence?
M. Boulet : Non, c'est cinq
jours. Non, il doit avoir… Lui, il doit bénéficier d'un avis de cinq jours, ça
fait qu'on ne peut pas tenir compte du jour où c'est parti puis du jour où
c'est reçu. C'est cinq jours.
M. Leduc : Mais avant, avec le
jour franc, c'était comme ça. Ça excluait le jour où ça partait puis ça
excluait le jour…
M. Boulet : Bien, c'est
appliqué comme ça, puis, dans le Code de procédure civile, c'est prévu comme
ça.
M. Leduc : Oui, sauf que là,
ce que je vous dis, c'est que, dans les faits, on passe de cinq jours réels, et
avec votre… en retirant «francs», on passe à trois jours réels. Donc, il y a un
recul ici.
M. Boulet : Non, bien, je le
mentionne, moi, là, il n'y aura pas d'impact sur la computation du calcul.
Quand on réfère à un avis de cinq jours, c'est cinq jours complets. Donc, quand
tu dis un jour, il faut que tu tiennes compte de la totalité de la journée. Un jour,
c'est 24 heures. Donc, le moment… le jour de départ, il ne compte pas,
puis le jour de réception non plus. C'est cinq jours complets. Et un jour,
c'est défini comme ça.
M. Leduc : Cinq jours
complets. Est-ce qu'on pourrait dire ça d'abord…
M. Boulet : ...complet.
Donc, quand tu dis un jour, il faut que tu tiennes compte de la totalité de la
journée. Un jour, c'est 24 heures. Donc, le moment... Le jour de départ,
il ne compte pas, puis le jour de réception non plus. C'est cinq jours complets.
Et un jour, c'est défini comme ça.
M. Leduc : Cinq jours
complets. Est-ce qu'on pourrait dire ça d'abord?
M. Boulet : Bien, c'est
cinq jours. Un jour, en soi, c'est... On va dans le dictionnaire, puis un jour,
c'est 24 heures. Moi, je ne vois aucune nécessité de rajouter quoi que ce
soit.
M. Leduc : Mais vous
connaissez comme moi la pratique du droit du travail puis la computation des
délais. Puis, les jours, il faut être extrêmement précis.
M. Boulet : Extrêmement
précis...
M. Leduc : Là, vous venez
de dire «jour complet» verbalement, mais est-ce que les gens qui vont avoir à
appliquer cette loi-là vont le savoir, vont le comprendre? Tandis que si on
l'écrit, «cinq jours complets», il n'y a pas de problème, là.
M. Boulet : Bien, c'est
la commission qui donne un avis. Ça fait que la commission va l'appliquer comme
je viens de le mentionner. C'est un avis de cinq jours. Puis un jour, c'est
24 heures. Puis cinq jours, c'est cinq fois 24 heures.
M. Leduc : Est-ce que,
dans le Code de procédure civile, il y a la référence à jours complets?
M. Boulet : Est-ce que la
notion de jour est définie? Peut-être que je peux le voir dans les lois, ici,
là, mais je ne sais pas si le Code de procédure est dedans.
M. Leduc : Peut-être
prendre une légère suspension. Moi, je vais vérifier si je fais un amendement
ou pas, là.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Parfait. Alors, nous allons suspendre quelques
instants.
(Suspension de la séance à 16 h 25)
(Reprise à 16 h 29)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, il y a une suggestion de poursuivre, c'est-à-dire de suspendre l'article 48
et de poursuivre avec l'article 42. Est-ce que j'ai le consentement?
M. Leduc : ...le ministre va
écrire quelque chose, un amendement à 48.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui.
M. Leduc : On va lire le
prochain puis on reviendra après.
M. Boulet : On pourrait le
soumettre avant de suspendre.
M. Leduc : Ah, bien, quand il
sera prêt, dans le fond, là.
M. Boulet : Oui, puis pourrait
voter de dessus avant. O.K.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
D'accord. Alors, nous suspendons l'article 48. Tout le monde est d'accord?
M. Leduc : Ça va.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Nous allons maintenant à l'article 42. M. le ministre.
• (16 h 30) •
M. Boulet : Merci. L'article 179...
D'abord, peut-être une remarque préliminaire. L'assignation temporaire, c'est
ce qu'un employeur peut demander à un travailleur de faire après le début de
son absence en raison d'un accident de travail ou une maladie professionnelle.
Il y en a beaucoup qui comprennent ça en utilisant le mot «un travail léger».
Une assignation temporaire, c'est pour permettre à quelqu'un de faire une
activité de...
16 h 30 (version non révisée)
M. Boulet : ...qu'un employeur
peut demander à un travailleur de faire après le début de son absence en raison
d'un accident de travail ou une maladie professionnelle, il y en a beaucoup qui
comprenne ça en utilisant le mot «un travail léger». Une assignation
temporaire, c'est pour permettre à quelqu'un de faire une activité, de rendre
sa prestation de travail, tant, bien sûr, que ce ne soit pas incompatible avec
son état puis que ce soit bénéfique pour les deux parties.
Évidemment, il y a un impact sur les
coûts, il y a un impact sur la durée de l'absence, il y a un impact sur l'efficacité
et la santé du travailleur. Donc, c'est ce droit-là, et il y a eu beaucoup de discussions
au CCTM. Puis on introduit un formulaire maintenant, puis c'est le principal...
c'est ce qui découle principalement du p.l. n° 59.
Donc : L'article 179 de cette loi est
modifié :
1° par l'insertion, dans ce qui précède le
paragraphe 1° du premier alinéa et après «peut», de «, en utilisant le
formulaire prescrit par la Commission,»;
2° par l'insertion, après le premier
alinéa, des suivants :
«Un employeur ne peut assigner
temporairement un travail à un travailleur si le médecin qui a charge du
travailleur n'a pas consigné un avis favorable sur le formulaire prescrit par
la Commission. Le médecin qui a charge du travailleur indique aussi sur ce
formulaire ses constatations quant aux limitations fonctionnelles temporaires
du travailleur qui résultent de sa lésion.
«L'employeur doit transmettre le
formulaire dûment complété à la Commission dès qu'il obtient l'avis du médecin
qui a charge du travailleur. Le formulaire doit être transmis même si l'avis du
médecin n'est pas favorable à l'assignation proposée par l'employeur.»;
3° dans le dernier alinéa :
a) par le remplacement de «le médecin» par
«l'avis favorable du médecin»;
b) par le remplacement de «le rapport du
médecin» par «l'avis du médecin».
L'article 179, tel que modifié, se
lirait comme suit :
«L'employeur d'un travailleur victime
d'une lésion professionnelle peut, en utilisant le formulaire prescrit par la
Commission, assigner temporairement un travail à ce dernier, en attendant qu'il
redevienne capable d'exercer son emploi ou devienne capable d'exercer un emploi
convenable, même si sa lésion n'est pas consolidée, si le médecin qui a charge
du travailleur croit que :
«1° le travailleur est raisonnablement en
mesure d'accomplir ce travail;
«2° ce travail ne comporte pas de danger
pour la santé, la sécurité et l'intégrité physique du travailleur compte tenu
de sa lésion; et
«3° ce travail est favorable à la
réadaptation du travailleur.
«Un employeur ne peut assigner
temporairement un travail à un travailleur si le médecin qui a charge du
travailleur n'a pas consigné son avis favorable sur le formulaire prescrit par
la Commission. Le médecin qui a charge du travailleur indique aussi sur ce
formulaire ses constatations quant aux limitations fonctionnelles temporaires
du travailleur qui résultent de sa lésion.
«L'employeur doit transmettre le
formulaire dûment complété à la Commission dès qu'il obtient l'avis du médecin
qui a charge du travailleur. Le formulaire doit être transmis même si l'avis du
médecin n'est pas favorable à l'assignation proposée par l'employeur.
«Si le travailleur n'est pas d'accord avec
l'avis favorable du médecin, il peut se prévaloir de la procédure prévue par
les articles 37 à 37.3 de la Loi sur la santé et la sécurité du travail, mais
dans ce cas, il n'est pas tenu de faire le travail que lui assigne son
employeur...
M. Boulet : ...l'avis du
médecin n'est pas favorable à l'assignation proposée par l'employeur. Si le
travailleur n'est pas d'accord avec l'avis favorable du médecin, il peut se
prévaloir de la procédure prévue par les articles 37.3... 37 à 37.3 de la Loi
sur la santé et la sécurité du travail, mais dans ce cas, il n'est pas tenu de
faire le travail que lui assigne son employeur tant que l'avis du médecin n'est
pas confirmé par une décision finale.
Alors, voilà. Je pourrai vous redonner
d'autres explications au retour, mais j'aimerais... Est-ce que l'amendement est
soumis? Donc, je lirais l'amendement à l'article 48, avec votre permission,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Un instant. Vous êtes rapide aujourd'hui, M. le ministre, là. Alors là, on doit
suspendre notre article 42. Alors, on en fait la lecture puis il y avait
un amendement qui devait venir à l'article 42. Alors là, on suspend le
tout. Est-ce qu'on a le consentement pour suspendre l'article 42, qui
était d'ailleurs dans le bloc 2.1.3? Suspendu.
Et nous revenons à l'article 48. Est-ce
que nous avons le consentement pour l'ouvrir, si ça peut se dire comme ça, je
crois que oui? Et nous avons l'amendement à l'écran.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente. Remplacer le paragraphe 2° de l'article 48 du projet de loi
par le paragraphe suivant :
2° par le remplacement, dans le deuxième
alinéa, de «francs» par «entiers».
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il des interventions? S'il n'y a pas d'intervention, nous allons
procéder à la mise aux voix de l'amendement.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Boutin
(Jean-Talon)?
Mme Boutin : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
: M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
: Et Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'amendement à l'article 48 est adopté. Maintenant, y
a-t-il des interventions à l'article 48, tel qu'amendé?
M. Derraji : 48 est amendé?
M. Leduc : ...
M. Derraji : 42?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Non, non, on est à 48, là.
M. Derraji : 48, oui, c'est
ça, 48, oui, oui.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Wo, wo, wo! mélangez-moi pas.
M. Derraji : Non, je veux
juste vérifier est-ce que c'est 48, 42 amendé, amendé, oui.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
On est à 48. On vient de l'amender, là.
M. Leduc : Peut-être juste
rapidement remercier l'ouverture du ministre, parce que des fois, il y a des
craintes dans le milieu de la SST, de ce qui est ou n'est pas dans le projet de
loi. Le ministre n'est pas toujours d'accord sur les motifs ou les raisons de
ces craintes-là, mais là, en tout cas, il les a entendues puis on l'apprécie.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait, merci. Donc, est-ce qu'il y a d'autres interventions à l'article 48,
tel qu'amendé? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la
mise aux voix.
La Secrétaire
:
Madame... pardon, M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Boutin
(Jean-Talon)?
Mme Boutin : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
: M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
: Et Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'article 48, tel qu'amendé, est adopté. Je crois que le
député d'Hochelaga-Maisonneuve a une demande à nous faire. C'est bien ça?
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. J'aimerais pouvoir profiter d'une petite suspension d'une heure
pour aller achaler la collègue de M. le ministre, ministre de la Sécurité
publique, pendant quelques minutes, sur...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...abstention. Donc, que l'article 48, tel qu'amendé, est adopté.
Je crois que le député
d'Hochelaga-Maisonneuve a une demande à nous faire. C'est bien ça?
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. J'aimerais pouvoir profiter d'une petite suspension d'une heure
pour aller achaler la collègue de M. le ministre, de la Sécurité publique,
pendant quelques minutes, sur l'état des crédits.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Parfait. Alors, nous allons suspendre quelques
instants afin de donner effectivement l'opportunité à notre collègue d'aller à
l'étude des crédits. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 36)
18 h (version non révisée)
(Reprise à 18 h 1)
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Alors, nous recommençons. Lors de la suspension,
nous en étions à l'article 42 que nous avions suspendu. Alors, est-ce
que nous avons le consentement pour revenir à l'article 42?
M. Derraji : Oui,
consentement.
M. Leduc : Consentement.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Parfait, merci. M. le ministre, vous aviez déjà
lu l'article 42. Nous en étions maintenant à l'amendement que vous déposez
à l'article.
M. Boulet : Oui. Merci,
Mme la Présidente.
Remplacer, partout où ceci se trouve dans
l'article 42 du projet de loi, «médecin» par «professionnel de la santé».
Donc, je ne relirai pas. Cet amendement
concorde avec tout ce qu'on a fait : les modifications apportées à la
LATMP, la Loi sur les infirmières et les infirmiers, la loi n° 6
qui est entrée en vigueur le 25 janvier 2021. Donc, ça complète
l'amendement.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Alors, député de Nelligan.
M. Derraji : Bon,
écoutez, j'apprécie le climat de travail qu'on a dans cette commission, donc je
vais juste... au lieu d'aller dans le fond du sujet parce que c'est quand même
extrêmement important, je vais exposer brièvement quelques remarques et
j'espère que le ministre va juste rassurer surtout les employeurs.
Là, on parle d'un formulaire. Je sais que
nous sommes à la version préliminaire et d'ailleurs je salue la volonté du
législateur de donner suite au formulaire proposé par le CCTM. Donc c'était la
volonté du législateur. Un groupe... je tiens juste à rappeler un groupe que
nous avons reçu en commission, c'est Fédération des chambres de commerce du
Québec. Ils nous ont dit : Il serait souhaitable que le formulaire soit
adopté tel qu'il est, donc la première version. Donc, je ne sais pas si on peut
au moins avoir la première version préliminaire, Mme la Présidente, du
formulaire, je pense que ça va rassurer beaucoup d'intervenants.
Ma deuxième question... Vous voulez
répondre ou vous voulez...
La Présidente
(Mme IsaBelle) : ...pour le formulaire.
M. Boulet : Oui. On va le
transmettre, on va le déposer, le formulaire. Et, simplement pour revenir, le
formulaire contient tous les éléments qui faisaient l'objet d'un consensus au
CCTM...
M. Derraji : ...beaucoup
d'intervenants.
Ma deuxième question... Vous voulez
répondre ou vous voulez...
La Présidente
(Mme IsaBelle) : M. le ministre... pour le formulaire.
M. Boulet : Oui. On va le
transmettre, on va le déposer, le formulaire. Et, simplement pour revenir, le
formulaire contient tous les éléments qui faisaient l'objet d'un consensus au
CCTM. Et, en plus, ce qui a été rajouté par la CNESST, est-ce que ça va... Ce
qui a été rajouté par la CNESST, c'est les instructions sommaires. Il y a une
sous-section qui a été rajoutée pour préciser l'horaire de travail de
l'assignation, une section sur la mise en place puis une section sur l'option
salariale de l'employeur. Donc, le formulaire sera déposé au greffe. Et effectivement
c'est le coeur de l'amendement, c'est ce formulaire-là, qui faisait l'objet
d'un avis du comité consultatif. Merci, Mme la Présidente.
M. Derraji : Oui. Là,
vous rajoutez quelque chose de plus que ce qui a été...
M. Boulet : Exact.
M. Derraji : O.K. Mais
c'est là où j'ai un petit problème. Donc, ce que j'ai sur la table, les
groupes, ils ont exprimé le souhait qu'on se limite au formulaire proposé dans
le cadre du CCTM. Donc là, vous, vous ajoutez deux autres éléments.
M. Boulet : Les éléments
qui rajoute, c'est rien que pour donner des instructions puis pour préciser
l'horaire de travail de l'assignation parce que ça, ça n'apparaissait pas.
Puis l'autre, collègue, c'est l'option
salariale que l'employeur peut décider de choisir, l'option... là, les trois
options dont on avait parlé, qu'on va revoir plus en détail à l'article
suivant, à l'article 180.
Ça fait que ce qui est rajouté, c'est en
plus. C'est pour préciser la route à suivre. C'est vraiment une route à suivre.
M. Derraji : O.K. Et, par
rapport à ça, vous avez eu l'assurance, que ça soit du côté patronal ou
syndical, ils voient ça d'un bon oeil? Parce que moi, je ne l'ai pas vu dans
les notes.
M. Boulet : Oui, tout à
fait.
M. Derraji : O.K. Bon,
l'autre point, Mme la Présidente...
Le Président (M. Simard) :
...juste revenir, si ça ne vous dérange pas, député de Nelligan...
M. Boulet : Mais... Puis,
tu sais, collègue, ce qui est fait par la CNESST, là, il y a toujours des
consultations. Puis le C.A. de la CNESST, qui est paritaire, va l'adopter, là.
Tu sais, ça ne sera pas dans la loi, là. C'est un formulaire uniformisé qui est
prescrit par la CNESST.
M. Derraji : O.K. Bien,
c'est excellent. Ça me rassure, c'est excellent. Merci beaucoup. Donc, le
formulaire qu'on a aujourd'hui, c'est une version préliminaire qu'on va voir.
M. Boulet : Totalement.
Puis...
M. Derraji : Et il sera
amendé au C.A. de la CNESST.
M. Boulet : Il pourrait
rajouter un autre élément ou en retirer deux, mais ce n'est pas moi qui vais
leur dire tout quoi mettre, là.
M. Derraji : Oui, oui,
c'est excellent. Ça répond à ma question.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Je veux juste, député de Nelligan, revenir sur l'amendement, puis après ça on
discutera de l'article 42, si ça ne vous dérange pas. Parce que, là, on a
un amendement devant nous.
M. Leduc : ...
La Présidente
(Mme IsaBelle) : On a juste à... L'amendement, là, c'est la proposition
de modifier «médecin» par «professionnel de la santé». Après ça, vous pourrez
rediscuter de tout l'article 42 tel qu'amendé. Si ça vous convient.
M. Derraji : Non, non,
non, je n'ai pas de problème. Non, Non, écoute, je...
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Si ça ne vous dérange pas. Parce que, là, on l'a
déposé...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...devant nous. On a juste... l'amendement, là, c'est la proposition de
modifier «médecin» par «professionnel de la santé». Après ça, vous pourrez
rediscuter de tout l'article 42 tel qu'amendé, si ça vous convient...
M. Derraji : Non, non, non, je
n'ai pas de problème. Écoute...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...si ça ne vous dérange pas, parce que, là, on l'a déposé, l'amendement. En
principe, on devrait discuter de l'amendement.
M. Derraji : ...j'ai oublié l'amendement
avec la pause que nous avons eue.
M. Boulet : ...mais l'amendement,
c'est, on remplace «médecin», partout où il se trouve dans l'article, par «professionnel
de la santé».
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, sur l'amendement, y a-t-il des interventions? Député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Oui, bien, c'est
ça, j'imagine que c'est une concordance avec d'autre chose qu'on a fait
précédemment, mais je vois aussi le formulaire actuellement utilisé pour les
assignations temporaires de travail de la CNESST. On fait référence à la
section «professionnel de la santé» qui a charge les travailleurs.
M. Boulet : C'est partout...
ce n'est que de la concordance.
M. Leduc : O.K.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, y a-t-il d'autres interventions sur l'amendement?
M. Leduc : Juste pour bien
comprendre, est-ce que ça veut dire que, vu que c'était sur le formulaire, mais
dans la loi, c'était encore «médecin», est-ce que dans les faits il y avait quelqu'un
d'autre qu'un médecin qui pouvait déjà remplir ce formulaire-là?
M. Boulet : Non. Dans 179,
c'était le médecin, c'était limité à lui.
M. Leduc : Même si dans le
formulaire on écrivait «professionnel de la santé»?
M. Boulet : Non, le
formulaire, il était préparé dans la foulée du p.l. n° 59.
Il n'y en avait pas, de formulaire avant. Il y en avait un, mais qui était
facultatif. Je sais qu'en pratique, je me souviens, il y a des employeurs ou
des travailleurs... tu sais, il y a des formulaires qui étaient demandés à la
CNESST, mais ils n'étaient pas obligatoires, alors que celui-là va s'imposer.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
C'est beau? Y a-t-il des interventions sur l'amendement? Alors, s'il n'y a pas
d'intervention, nous allons procéder à la mise aux voix.
La Secrétaire
:
M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Boutin
(Jean-Talon)?
Mme Boutin : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
:
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
: Et Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'amendement à l'article 42 est adopté.
Maintenant, nous pouvons discuter de
l'article 42. Alors, je laisse la parole au député de Nelligan.
M. Derraji : O.K., merci, Mme
la Présidente. Donc, j'ai bien entendu le message du ministre. Ça nous rassure,
ça rassure les partenaires. Donc, au niveau du conseil d'administration, ils
vont voir le rapport, et je pense qu'on... si ça fait l'affaire déjà, le
premier formulaire était un formulaire de consensus et suivait l'avis du CCTM.
Et je sais que le ministre tient beaucoup, beaucoup aux avis du CCTM, donc je
le remercie par rapport à ça. On verra maintenant la suite des ajouts au niveau
du formulaire.
J'ai un enjeu, Mme la Présidente, et
l'enjeu que j'ai, c'est que, dans cette assignation temporaire, j'ai plusieurs
parties prenantes. Et là j'aimerais bien juste que le ministre nous clarifie
les processus de contestation en cas que ça ne marche pas. J'ai bien aimé, j'ai
bien compris le processus d'assignation temporaire, mais j'ai plusieurs parties
prenantes. J'ai le médecin, que son avis, il est purement médical, il se limite
à ce qu'il va recevoir dans le formulaire de la part de l'employeur par rapport
à la...
M. Derraji : …contestation, en
cas que ça ne marche pas. J'ai bien aimé, j'ai bien compris le processus
d'assignation temporaire, mais j'ai plusieurs parties prenantes. J'ai le
médecin, que son avis, il est purement médical, il se limite à ce qu'il va
recevoir dans le formulaire de la part de l'employeur par rapport à la
description de tâches, donc il va définir les limitations fonctionnelles sur
chaque billet médical. J'ai d'autre côté les employeurs qui me disent :
Écoutez, on veut faire partie de ce processus, et on veut que l'employeur,
qu'il détermine les tâches à effectuer en respectant les limitations
profession.
Donc, ma première question : Est-ce
que l'employeur peut déterminer des tâches à effectuer en respectant les
limitations fonctionnelles, parce que c'est lui, c'est lui qui est en charge de
son lieu de travail? En cas de désaccord, est-ce que la CNESST peut trancher?
Il ne s'agit pas d'un sujet uniquement, purement médical, puisqu'il y a des
limitations qui sont connues. Ce qui me ramène à mon dernier point :
Est-ce que le législateur a pensé à un processus de contestation pour garantir
que ça soit le droit de l'employeur, le droit du travailleur et, dans ce cas,
du moment que l'avis du médecin est uniquement d'un point de vue médical, c'est
quoi le rôle de la CNESST. Donc, ce que je veux, Mme la Présidente, qu'aujourd'hui,
le ministre ait la chance de rassurer surtout les employeurs par rapport au
processus de l'assignation temporaire. Je pense que ça va marcher avec le
nouveau formulaire, et je veux juste qu'on évite des cas de contestation, et si
c'est le cas, si c'est le cas, c'est quoi le processus qu'on offre aux
employeurs, ou même aux travailleurs, pour contester telle décision.
• (18 h 10) •
M. Boulet : Dans un premier
temps, grâce à ce formulaire-là, le médecin, le profesionnel de la santé, va
devoir indiquer sur le formulaire ses constatations quant aux limitations
fonctionnelles temporaires. Les limitations fonctionnelles temporaires, en
principe, tu ne peux pas contester ça au Bureau d'évaluation médicale. On veut
éviter que ça se... ça devienne trop judiciaire...
M. Derraji : Judiciaire,
oui.
M. Boulet : ...parce que
les limitations fonctionnelles, le mot le dit, temporaires, elles sont
évolutives. Mais comme l'employeur va être informé des limitations
fonctionnelles et que, dans le formulaire, il va pouvoir proposer, puis ça, ça
a été convenu au CCTM, deux assignations temporaires, il va peut-être... il va
pouvoir beaucoup plus facilement s'adapter, puis ultimement il pourrait
redemander, une semaine ou deux semaines plus tard, une nouvelle assignation
temporaire plutôt que d'embarquer dans une démarche de judiciarisation, alors
que les limitations fonctionnelles sont temporaires et sont évolutives dans le
temps.
Le travailleur a une possibilité, oui, de
contester. Là, on réfère aux articles 37 à 37.3 de la loi santé et
sécurité. Là, il y a le comité de santé et sécurité, il y a une décision
potentielle de la CNESST et, après ça, ça peut aller en révision administrative
et TAT...
M. Boulet : …le travailleur a
une possibilité, oui, de contester, là, on réfère aux articles 37 à 37.3
de la loi santé-sécurité, il y a le comité de santé-sécurité, il y a une
décision potentielle de la CNESST et après ça, ça peut aller en révision
administrative et au TAT. Je ne suis pas en mesure s'il y en a beaucoup de
contestations, mais… évidemment l'assignation temporaire, ce que ça doit avoir
comme prémisse c'est que ce soit bénéfice pour le travailleur, compatible avec
sa capacité, puis bénéfice à sa réadaptation. Il y a les trois questions,
là, à 179, bon, il faut qu'il soit raisonnablement en mesure de le faire, qu'il
n'y ait pas de dangers pour sa santé-sécurité, intégrité physique, puis que ce
soit favorable à sa réadaptation. Je le disais en mes mots, là, mais ça revient
à ce qui est écrit là et… oui, c'est… en fait, le formulaire va, à mon avis,
clarifier le processus, va faciliter l'assignation temporaire qui, je le
rappelle, est une prérogative de l'employeur, et va permettre un meilleur
échange d'informations entre le professionnel de la santé et l'employeur, et
l'employeur va pouvoir beaucoup plus facilement s'orienter pour donner une
assignation temporaire qui est compatible avec l'état de santé du travailleur.
Mais, de permettre une judiciarisation, je
pense que ça ne serait pas bénéfique. Un, tu ne peux contester la limitation
fonctionnelle parce qu'elle est temporaire, puis si tu contestes, comme
employeur, bien, tu te trouves à, indirectement, faire ce que tu ne peux pas
contester directement, c'est-à-dire l'aspect médical que sont les limitations
fonctionnelles temporaires, et en plus, comme l'état est évolutif et que le
formulaire comprend beaucoup plus d'informations, ça n'a pas l'utilité qui est
recherchée, là.
M. Derraji : Je n'ai pas le
formulaire devant moi et je comprends la logique que vous venez de mentionner, M.
le ministre. Est-ce que le médecin qui est à charge du travailleur doit
indiquer sur le formulaire ses constatations quant aux limitations fonctionnelles
temporaires du travailleur qui résultent de de sa lésion? En quelques mots.
M. Boulet : Oui, mon dieu,
vous l'avez exactement, oui, tout à fait, dans la section c :
«…professionnel de la santé qui a charge du travailleur se prononce sur les
limitations fonctionnelles du travailleur.» Puis… voilà. Puis on dit :
«Renseignements sur les limitations fonctionnelles du travailleur.» Il doit
répondre aux questions : Quelles sont les limitations fonctionnelles du
travailleur? Définition en fonction de la lésion, mouvement, position, posture,
contrainte. Ça fait qu'il y a tout.
M. Derraji : O.K., excellent.
Avec, ça, l'employeur peut déterminer les tâches à effectuer en respectant les
limitations fonctionnelles. Est-ce qu'on me confirme ça?
M. Boulet : Oui, absolument.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Peut-être… excusez-moi, mais le formulaire est déjà sur le greffier. Hein, vous
l'aviez demandé, donc le formulaire il est sur le greffier.
M. Boulet : …envoyé au greffier.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui, c'est déjà fait. On me dit qu'il est dans la section les documents…
M. Derraji : ...limitations
fonctionnelles, est-ce qu'on me confirme ça?
M. Boulet : Oui, absolument.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Excusez-moi, mais le formulaire est déjà sur le Greffier, hein? Vous l'aviez
demandé, donc le formulaire, il est sur le Greffier.
M. Boulet : ...au Greffier.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui, c'est déjà fait. On me dit qu'il est dans la section Les documents
distribués. Maintenant, M. le ministre, je vous demande...
M. Boulet : Mais, tu sais, en
même temps, c'est un formulaire, je le répète, qui est prescrit par la CNESST.
Et, tu sais, on va d'avance, là, collègue, ce n'est pas moi qui va l'adopter
puis ce n'est pas nous autres. C'est le C.A. de la CNESST, puis ils vont faire
des consultations, bien sûr.
M. Derraji : Non, non, mais parce
qu'on chemine, on chemine très bien. Moi, j'avais... Si le médecin va définir
les limitations fonctionnelles sur chaque pied médical, si l'employeur va
déterminer les tâches à effectuer en respectant les limitations fonctionnelles...
Parce que, depuis le début, on parle du rôle de médecin, j'ai l'employeur, j'ai
la lésion, j'ai l'assignation temporaire. Tout cela, maintenant, c'est très
bien réglé, c'est avec le formulaire.
M. Boulet : Ah! le formulaire
est la clé. C'est vraiment ce qui va permettre de dénouer les multiples
impasses que nous vivions dans le passé. Puis c'est toujours en lien avec un
des objectifs de notre réforme. C'est de permettre un retour prompt. Si ce
n'est pas à son travail ici, c'est un travail qui respecte l'état de santé du
travailleur.
M. Derraji : Oui. Donc, juste
par rapport aux limitations. Donc, les limitations sont connues, donc ce n'est
pas un sujet médical, c'est des limitations fonctionnelles temporaires qui
figurent sur le formulaire, que l'employeur va voir, et l'employeur détermine
les tâches à effectuer pour son travailleur tout en respectant les limitations
fonctionnelles. Est-ce qu'à la lumière de ce que je viens de dire c'est ce
qu'on va retrouver dans le formulaire?
M. Boulet : Oui.
M. Derraji : Désolé encore une
fois, je n'ai pas vu le formulaire.
M. Boulet : Oui, oui, tout à
fait.
M. Derraji : O.K., excellent.
Moi, ça répond à 90 % de mes préoccupations, je vous remercie.
Le dernier point, vous ne pensez pas qu'on
laisse une porte, même minime, à des contestations? Je comprends la volonté du
législateur, c'est qu'il ne veut pas judiciariser ce processus aussi... un
conflit entre l'employeur ou le travail suite à cette assignation temporaire.
Selon vous, ce qu'on se donne maintenant, il ne sera jamais sujet à des
contestations?
M. Boulet : Je pense qu'on
diminue de façon substantielle les risques de contentieux. Je pense qu'on
assouplit le processus permettant à l'employeur d'assigner temporairement. Je
le répète, c'est une prérogative de l'employeur, puis il y avait plein
d'obstacles avant parce qu'il n'y avait pas de formulaire avec toutes les
informations puis toutes les précisions que nous retrouvons dans le formulaire.
Je ne vous dis pas qu'il n'y aura pas
éventuellement des contentieux. À la limite, un employeur, il n'a pas de... il
pourrait...
M. Boulet : ...avec toutes
les informations puis toutes les précisions que nous retrouvons dans le
formulaire. Je ne vous dis pas qu'il n'y aura pas éventuellement des
contentieux. À la limite, un employeur, il n'a pas de... Il pourrait, tenant
compte du caractère évolutif de l'état du travailleur, il pourrait, si une
assignation temporaire ne donne pas de résultat positif, il pourrait, deux
semaines après, retenter en ayant une connaissance encore plus approfondie de l'état
de santé. En fait, les limitations fonctionnelles temporaires, tu sais, il y a
deux options, là, quand même.
M. Derraji : Oui. Et
c'est là où est-ce que je sollicite votre degré d'ouverture pour ne pas faire
un débat que je vais perdre à la fin. Est-ce qu'on ne peut pas prévoir cela aujourd'hui
dans l'article qu'on a?
M. Boulet : Le contenu du
formulaire?
M. Derraji : Non, le processus
de contestation.
M. Boulet : Le processus
de contestation, si le travailleur n'est pas d'accord, il est prévu au dernier paragraphe.
M. Derraji : Je parle de
l'employeur. En tout cas...
M. Boulet : Comme je vous
le dis, ce n'est pas souhaité. Ce n'est pas souhaitable. Puis le formulaire
diminue considérablement cet enjeu-là pour certains employeurs.
M. Derraji : Je le
comprends. Encore une fois, vous avez probablement vu beaucoup plus de cas que
moi dans la vie professionnelle. La seule chose que je veux aujourd'hui, c'est
que... On modernise. Je ne veux pas qu'on l'échappe sur ce bout. Je veux que
l'assignation temporaire marche.
M. Boulet : Je vais vous
donner une autre recette.
M. Derraji : Oui.
• (18 h 20) •
M. Boulet : Si je suis
dans les souliers d'un employeur, je vais être extrêmement vigilant puis
attentif. Puis si je soupçonne qu'un travailleur ne collabore pas, ou qu'il
omet, ou refuse, je vous amène à 142, que vous connaissez bien maintenant. La
commission peut réduire ou suspendre le paiement d'une indemnité si le... si un
travailleur, sans raison valable, omet ou refuse de faire le travail que son
employeur lui assigne temporairement et qu'il est tenu de faire conformément à
179, alors que son employeur lui verse ou offre de lui verser le salaire et les
avantages visés par... dans l'article 180.
Donc, si le médecin dit oui puis qu'il n'y
a pas de coopération du travailleur, puis qu'il refuse ça, j'ai vu ça, 142 est
là, puis la CNESST. Je le fais, là, encore une fois, le message, il faut que ça
s'applique aussi. Tu sais, si, avec un formulaire amélioré qui va rendre
l'assignation temporaire beaucoup plus fluide et harmonieuse, il n'y a pas de
collaboration... Parce que j'ai vu des employeurs qui pouvaient abuser, il y a
des travailleurs qui peuvent abuser, mais 142 est quand même là. Puis il faut
que ça soit appliqué.
M. Derraji : O.K. Donc,
la réponse que vous envoyez aujourd'hui aux...
M. Boulet : ...amélioré qui va
rendre l'assignation temporaire beaucoup plus fluide et harmonieuse, il n'y a
pas de collaboration... Parce que j'ai vu des employeurs qui pouvaient abuser, il
y a des travailleurs qui peuvent abuser, mais 142 est quand même là. Puis il
faut que ça soit appliqué.
M. Derraji : O.K. Donc,
la réponse que vous envoyez aujourd'hui aux employeurs inquiets qu'il n'y a pas
un processus de contestation, vous leur dites que ne vous inquiétez pas, il y a
le 142 qui s'applique au cas où il y a un refus de la collaboration de la part
du travailleur pour avoir une assignation temporaire.
M. Boulet : S'il refuse
l'assignation temporaire que le professionnel de la santé accepte, répond oui
aux trois questions, oui. Puis ce n'est pas assez utilisé en pratique, puis il
faut être en commission parlementaire pour avoir l'opportunité de le dire. Mais
142, c'est la meilleure pression qu'un employeur ne peut pas mettre sur un
travailleur. O.K., parfait, on va faire une plainte en vertu de 142, puis tu
vivras avec les conséquences.
Puis la suspension ou la réduction peut
s'appliquer s'il refuse, il omet ou refuse pendant deux semaines, puis que ça
fait deux semaines que l'assignation temporaire était acceptée par le
professionnel de la santé, bien, il va perdre deux semaines, il n'aura pas
d'indemnité de remplacement de revenu.
Je vous dirais que c'est la meilleure
réponse que je pourrais donner aux employeurs. Et je leur dirais : C'est
la meilleure pression que vous pouvez faire sur le travailleur.
M. Derraji : O.K. C'est bon,
merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il d'autres interventions? Député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci. Est-ce que
ma compréhension est bonne quand je dis que, dépendamment de la formule de
computation, dépendamment de comment la cotisation est appliquée, il peut être
parfois favorable pour un employeur, en termes financiers, bien sûr, parce que
c'est beaucoup de ça dont on parle, d'aller vers l'assignation temporaire
plutôt que l'indemnisation de revenu?
M. Boulet : Je n'ai pas de
crainte de parler des coûts. Tu sais, l'assignation temporaire puis les
partages de coûts sont deux des moyens privilégiés par les employeurs pour
réduire les impacts financiers. Ça fait qu'en assignation temporaire,
plaçons-nous dans les bottines de la vaste majorité des employeurs et qui sont
de bonne foi, ils le font dans un contexte où ils se disent : Il est raisonnablement
incapable de le faire, ça peut être bénéfique pour moi, c'est quelqu'un qui est
talentueux, qui est un bon travaillant autant au plan quantitatif que
qualitatif, il n'y a de danger pour sa santé-sécurité, puis c'est favorable à
sa réadaptation. Absolument. Puis je pense qu'il ne faut pas avoir de scrupule
à en parler, là. C'est quelqu'un qui a généralement une lésion qui n'est pas si
grave que ça, que ça ne porte pas atteinte à sa capacité de faire un travail,
et c'est un droit de l'employeur d'assigner temporairement. Puis je pense que
c'est bénéfique.
Puis vous savez que pour le...
M. Boulet : …c'est quelqu'un
qui, généralement, a une lésion qui n'est pas si grave que ça, que ça ne porte
pas atteinte à sa capacité de faire un travail et c'est un droit de l'employeur
d'assigner temporairement, puis je pense que c'est bénéfique, puis vous savez
que pour le travailleur il y a plein de protections, là, c'est le professionnel
qui répond : Oui, oui, oui. Alors, c'est le professionnel de la santé qui
a charge qui est le moteur du côté du travailleur pour permettre l'assignation
temporaire, puis ultimement, bien, j'en ai parlé, là, le dernier paragraphe, ça
réfère à 37.3 de la loi santé-sécurité du travail que vous connaissez.
Mais ça ne change rien avec la réalité
actuelle, tout ce que ça dit c'est que, dorénavant, il va y avoir un
formulaire, pas prescrit par nous autres, prescrit par la commission, dont le
contenu est encore… contenu déterminé par le CCTM, puis les syndicats puis les
patrons étaient d'accord, puis nous, ce qu'on a rajouté, puis moi je vous en ai
envoyé une copie, mais tout en vous disant bien que c'est une version
préliminaire, mais le C.A. de la CNESST, vous le savez, c'est une institution
paritaire. Ça fait que 179 c'est le changement.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci
M. Leduc : Vous faites
référence au fait que le médecin a toute la latitude pour dire oui, oui, oui
aux trois questions, mais ce que vous venez introduire, notamment, là,
c'est vous venez encadrer, je le dis poliment, la réponse du médecin, je crois,
qui est la première question ou la troisième, j'oublie, mais où là il doit
justifier son oui avec les fameuses limitations fonctionnelles.
M. Boulet : Bien, absolument
M. Leduc : Donc, il n'a plus
la même latitude qu'auparavant.
M. Boulet : Puis ça, là, puis
notre collègue de Nelligan l'a très, très bien souligné, ça permet d'échanger
l'information. Sinon, si le professionnel de la santé ne le fait pas savoir,
puis l'employeur ne le sait pas, bien il n'y en a pas d'assignation temporaire.
Ça roule dans le temps, puis alors que l'employeur pouvait assigner
temporairement un travail qui est bénéfique au travailleur, bien ça prend
trois semaines, un mois, puis des fois ça ne se fait pas à cause de
l'absence de clarté, puis d'échange d'informations qui sont précises entre ceux
et celles qui sont impliqués dans le processus.
M. Leduc : Est-ce que ça peut
arriver à cause de la structure fondamentale de la CNESST, de la santé-sécurité
ou, comme je le disais en introduction, la structure de coûts de cotisations
peut être faite de telle enseigne que s'il y a plusieurs IRR qui sont utilisés dans
une entreprise, on vient pénaliser en quelque sorte? Hein, c'est beaucoup ça le
système de la cotisation de CNESST, on pénalise des fois les employeurs où il y
a beaucoup de cas, parce qu'on assume qu'ils ont peut-être mal fait de la
prévention. Mais, est-ce qu'avec ce système-là, tel qu'il est conçu, qui a des
avantages, mais qui a aussi des inconvénients, est-ce qu'on ne peut pas
imaginer qu'un employeur qui veut éviter de se faire rajouter une cotisation
peut-être aille un petit peu trop loin dans l'assignation temporaire à tout
prix? Et que ça le pousse à imaginer un emploi…
M. Leduc : ...avantages,
mais qui a aussi des inconvénients. Est-ce qu'on ne peut pas imaginer qu'un
employeur qui veut éviter de se faire rajouter une cotisation peut-être aille
un petit peu trop loin dans l'assignation temporaire à tout prix et que ça le
pousse à imaginer un emploi où l'envoyer faire une tâche un peu ridicule?
Et je vous donne un exemple concret. Moi,
quand j'étais à la FTQ, j'avais entendu une histoire d'un gars dans un
entrepôt, puis il avait des limitations fonctionnelles, je ne me souviens plus
trop quoi, là, c'était de lever des charges, des nombres de kilos, là, puis on
l'avait envoyé répondre à un téléphone qui ne sonnait jamais. C'était un téléphone...
Ce n'était pas une... C'était comme une ligne factice, là, tu sais. C'était ça,
sa tâche parce que, pour l'employeur, ça coûtait moins cher dans sa
calculation, là, dans son calcul de dépenses, ça lui coûtait moins cher de le
garder à répondre à un téléphone qui ne sonnait jamais plutôt que de le laisser
partir en IRR.
M. Boulet : Bon.
Là-dessus, je vais répondre aux deux volets de votre question. Évidemment, il y
a trois façons de payer ta cotisation. Il y a un régime rétrospectif. Généralement,
c'est ceux qui ont des masses salariales plus élevées. Il y en a qui paient à
un taux de l'unité. Puis il y en a d'autres que c'est ce qu'on appelle un
régime personnalisé. Dépendamment des régimes, il y a plus ou moins d'avantages
financiers à faire de l'assignation temporaire, mais...
Puis là, je m'en vais sur le deuxième
volet de votre question. Moi, je fais avec vous autres une révision de loi en
m'appuyant sur la vaste majorité des employeurs et la vaste majorité des
travailleurs qui sont de bonne foi. Puis la bonne foi se présume encore dans
notre système de droit. Et, oui, il y a des employeurs qui abusent. Oui,
l'exemple que vous soulevez, je ne suis pas naïf, il y a des employeurs qui
vont... qui vont ne faire faire à peu près rien au travailleur. Mais le
professionnel de la santé peut dire que ce n'est pas favorable à sa
réadaptation. En même temps, il y a des travailleurs qui ne veulent rien savoir
de l'assignation temporaire, qui disent : Moi, mon IRR, je suis bien.
• (18 h 30) •
Ça fait que j'ai des deux. Il y a des abus
autant d'un côté puis que de l'autre. Puis vous avez, collègue, acquis un
niveau de maturité suffisant pour comprendre cette réalité-là. Mais nous, ce
qu'on interpelle, c'est les gens de bonne foi. Puis je le dirais devant les
associations patronales puis syndicales, et je pense que la majorité, la vaste
majorité, ils veulent bien faire. Mais je ne mettrai jamais nos lois à l'abri
de... Si on fait une loi sur la transparence corporative, on n'éliminera pas
tout dans la société, les vols, le vandalisme, les épidémies. Dans des
entreprises puis, ici, oui, qu'il y en a qui sont déraisonnables dans
l'application puis que se disent : Il faut que je fasse systématiquement
des assignations temporaires. Moi, je n'ai pas de problème avec ça. Mais
fais-en, des assignations, qui sont bénéfiques pour...
18 h 30 (version non révisée)
M. Boulet : ...les épidémies
dans des entreprises. Puis, ici, oui, qu'il y en a qui sont déraisonnables dans
l'application puis qu'ils se disent : Il faut que je fasse
systématiquement des assignations temporaires, moi, je n'ai pas de problème
avec ça, mais faisons des assignations qui sont bénéfiques pour le travailleur
puis ne pas l'asseoir dans un coin.
En même temps, aux travailleurs, je leur
fais le message, l'assignation temporaire, il faut que... c'est bon pour toi,
puis c'est favorable pour toi, puis il n'y a pas de raison pour un travailleur,
à moins qu'il y ait un motif valable, de refuser de faire une assignation
temporaire. Puis quand le professionnel de la santé, en plus, de la manière
dont le nouveau formulaire va être travaillé, il n'a pas de raison, là,
collègue. Ça fait que je pense que c'est la réponse que je peux donner.
M. Leduc : Est-ce que, pour
reprendre l'exemple que je vous citais, d'assigner quelqu'un à répondre à un
téléphone qui ne sonne jamais, est-ce qu'on peut considérer que ce n'est peut-être
pas favorable à sa réadaptation?
M. Boulet : Je ne me
prononcerai pas là-dessus. Je ne suis pas un professionnel de la santé. Puis
j'ose espérer que ce que vous me dites... c'est asseoir quelqu'un à ne rien
faire. C'est ce que vous me dites. Bien, normalement, je vous dirais :
Non, ce n'est pas bénéfique, normalement avec l'information que vous me donnez.
En même temps, on pourrait vous donner l'exemple de travailleurs qui, eux
autres, peu importe ce que tu offres, l'IRR, c'est satisfaisant puis c'est ce
sur quoi ils veulent poursuivre, ils veulent être absents du travail. Tu sais,
il y a de tout. C'est pour ça que, oui, il y a des exemples d'employeurs
abusifs, il y a des travailleurs qui sont aussi abusifs. Encore une fois, je
suis... puis je pense que je ne suis pas naïf, c'est encore la minorité.
M. Leduc : Mais dans le
système que vous nous proposez, le travailleur qui est assigné à une tâche
ridicule de répondre à un téléphone qui ne sonne jamais, c'est final bâton,
parce que le médecin, il ne pourra pas justifier une limitation fonctionnelle
pour dire... il n'a pas besoin de... il est capable de répondre au téléphone,
il n'est juste plus capable de lever une charge.
M. Boulet : Non, mais il avoir
la description du travail puis des tâches proposées, ça fait qu'il va être...
puis, je veux dire, il n'y a pas un employeur qui va marquer : il va
répondre au téléphone qui ne sonne jamais.
M. Leduc : Bien oui, mais,
évidemment que ce n'est pas ça qu'il va marquer, mais ça va être ça, la
réalité. Puis sur quoi il va se baser après ça pour bouger? Parce qu'il faut
que le médecin nomme une limitation fonctionnelle, sinon ça ne peut pas
fonctionner. C'est ce que vous écrivez, là.
M. Boulet : Mais c'est des cas
purement hypothétiques, là. Puis je ne peux pas me prononcer là-dessus, là. Tu
sais, ce n'est pas... Ce formulaire-là va permettre d'obtenir à tout le monde
de partager l'information pertinente pour que ça puisse bien se faire. Je ne
peux pas traiter les cas d'abus. Tu sais, il y a des pouvoirs de... il y a des
droits de demander la révision de la part du travailleur, il y a la possibilité
pour un employeur de faire une plainte en vertu de 142, mais, tu sais, je ne
peux pas être protégé complètement.
Puis, tu sais, je le répète, il y a une
section «professionnel de la santé qui a charge», il valide la proposition
principale d'assignation temporaire de l'employeur, mais c'est la...
M. Boulet : ...en vertu de 142.
Mais, tu sais, je ne peux pas les protéger complètement.
Puis, tu sais, je le répète, il y a une
section, professionnel de la santé qui a charge, il valide la proposition
principale d'assignation temporaire de l'employeur. Mais c'est la troisième question,
puis ça, c'était : Est-ce que le travail est favorable à sa réadaptation?
En fait, les trois questions qui sont dans la loi, il y a des cases «Oui» ou
«Non», ça fait qu'il répond oui. Si le médecin, il dit oui, bien, le médecin,
c'est lui qui connaît le plus...
M. Leduc : Mais pourquoi il
faut qu'il joue dans les limitations fonctionnelles d'abord? Parce que c'est ça
que vous rajoutez.
M. Boulet : Les parties... Ce
n'est pas moi qui le rajoute, un, il faut que ça soit clair.
M. Leduc : Bien là, c'est ça
qu'est l'amendement, là.
M. Boulet : Non, mais le...
Non, non, non. Mais le médecin, ce qu'on dit après, là, c'est que «le médecin
qui a charge indique aussi sur ce formulaire — ça, c'est issu du
consensus du CCTM — ses constatations quant aux limitations
fonctionnelles du travailleur qui résultent de sa lésion». Mais ça, c'est de
l'info, collègue, qui permet à un employeur de bien le guider dans
l'assignation temporaire.
Et je vous dirais même que ça va diminuer
la possibilité des cas que vous décrivez. Tu sais, parce qu'il y a des
employeurs qui, dans le néant ou en absence d'information, pouvaient être
intéressés à proposer de quoi qui n'est pas nécessairement bénéfique. Mais là,
maintenant qu'ils connaissent les limitations fonctionnelles temporaires,
généralement, quand ce n'est pas des blessures graves, ils vont pouvoir offrir
un travail qui requiert plus de prestation de travail de la part du
travailleur.
M. Leduc : Mais c'est parce
que moi, j'ai compris que le consensus du CCTM, c'était d'intervenir quand le
salarié refuse l'assignation, pas quand le médecin est incapable de le
justifier parce qu'il n'a pas de limitation fonctionnelle. C'est deux choses
bien distinctes.
M. Boulet : Incapable de le
justifier parce qu'il n'a pas de limitation. Mon Dieu! Donc, vous êtes en
train... Mais, encore une fois, on est dans l'hyperhypothétique. Le travailleur
n'a pas de limitation fonctionnelle temporaire, puis l'employeur veut faire une
assignation temporaire... Mais s'il n'a aucune limitation fonctionnelle
temporaire, le travailleur, il pourrait même être capable de refaire son
travail, tu sais, il pourrait avec des allègements, avec des adaptations. Mais
comment un médecin avec un...
Tu sais, ce que vous me dites un peu,
c'est : Comment il pourrait justifier un refus d'une assignation
temporaire qui laisse le travailleur à peu près ne rien faire? Mais c'est sûr
que le professionnel de la santé va avoir de la misère à justifier un refus
d'assignation temporaire si le...
Puis, tu sais, le consensus, puis je
vais... Dans l'avis du CCTM, ce qu'on dit... Aïe! mon Dieu! ce n'est pas un
amendement compliqué. Les organisations syndicales, puis ça, c'est les constats
des organisations...
M. Boulet : …Puis, tu sais, le
consensus, puis je vais… Dans l'avis du CCTM, ce qu'on dit… Aïe, mon Dieu! ce
n'est pas un amendement compliqué… Mais les organisations syndicales… Puis ça,
c'est les constats des organisations syndicales : l'assignation
temporaire, c'est déjà bien défini dans la LATMP, 179, 180. Ce qui manque,
c'est une… c'est un encadrement de l'offre de l'employeur et un mécanisme
d'information pour le travailleur ou la travailleuse. Aucun formulaire de la
CNESST n'est obligatoire. Puis ça, c'est un… la CNESST… les syndicats. Ce qui
peut entraîner des incompréhensions ou des discordances entre ce que le médecin
traitant perçoit des conditions de travail proposées par un employeur et la
réalité, puis bon, puis tout le reste, là. C'est…
M. Leduc : On n'a jamais dit
qu'on était contre le formulaire.
M. Boulet : Non, mais 179,
c'est ce que ça reprend, là.
M. Leduc : Non, mais vous
rajoutez la question de la limitation fonctionnelle qui n'était pas dans le
formulaire original.
M. Boulet : Bien là, c'est
dans le formulaire.
M. Leduc : Pour le mettre
différemment, là, dans un autre angle, les limitations fonctionnelles, c'est essentiellement
des choses physiques. Puis, pour qu'un médecin soit capable de décider si c'est
bon pour la réadaptation du travailleur ou de la travailleuse, il doit avoir la
latitude — autrement, on est en train de jouer dans la prépondérance
du médecin traitant — il doit avoir la latitude d'examiner d'autres
facteurs, des facteurs psychologiques, des facteurs de santé mentale. On est
dans une époque où est-ce qu'on n'a jamais autant parlé de santé mentale. Mais
là, on dirait qu'on restreint notre vision à la seule logique des limitations
physiques…
M. Boulet : Non, non, non.
M. Leduc : …la pure logique
des limitations physiques.
M. Boulet : Non, ça peut être
des limitations de nature psychologique puis on le sait, avec la croissance des
réclamations découlant d'événements à connotation psychologique. On a parlé
souvent des troubles de stress post-traumatique. Non, non, il n'y a rien qui limite
à ça, là. Quand on parle de limitations fonctionnelles temporaires, c'est
autant l'intégrité physique que psychique et on ne dit pas que ça se limite au
physique, là, mais non, jamais. Puis quelqu'un qui est en dépression ou qui
fait un… qui a une maladie d'ordre psychologique, puis que c'est suite à un
événement survenu au travail puis que c'est… Il faut que, dans l'assignation
temporaire, l'employeur en tienne compte. Puis le professionnel de la santé,
dépendamment de la profondeur de la dépression, à mon avis, l'assignation
temporaire est plus difficilement envisageable, là. Puis je ne veux pas me
transformer en professionnel de la santé, mais je serais d'accord avec vous,
là, c'est… ou c'est peu envisageable ou ce n'est pas réalisable. Puis je ne connais
pas d'employeurs qui vont dire : Il fait une dépression de tel niveau,
puis je vais quand même lui assigner temporairement un… Bien, je n'en connais
pas d'employeurs qui vont faire ça. Mais il ne faut pas avoir peur d'avoir peur
non plus. Puis, encore une fois, c'est des questions hyperhypothétiques, puis
ça m'apparaît…
M. Boulet : ...employeurs qui
vont dire : Il fait une dépression de tel niveau, puis je vais quand même
lui assigner temporairement un... Bien, je n'en connais pas, d'employeurs qui
vont faire ça. Mais il ne faut pas avoir peur d'avoir peur non plus. Puis, encore
une fois, c'est des questions hyperhypothétiques, puis ça m'apparaît vraiment
difficile à comprendre.
M. Leduc : Je ne vous
parlais pas d'une hypothèse, là, tantôt, là, le monsieur avec un téléphone qui
ne sonne jamais, là. Ce n'était pas une hypothèse, c'est un vrai cas.
M. Boulet : Oui, mais
vous me parlez rarement de l'hypothèse de travailleurs qui refusent sans motifs
valables, mais il y en a, de ça, puis vous en connaissez.
M. Leduc : Bien,
l'imagine...
M. Boulet : Vous en avez probablement
déjà plaidé ou vous en avez déjà rencontré. Moi, là... En relations de travail,
vous le savez aussi bien que moi, les torts sont souvent partagés. Il y en a
des deux côtés.
Nous, on fait des lois puis on s'assure
que le processus soit le plus équitable possible et, dans le cas présent,
transparent puis dans un contexte de partage d'information. Moi, je n'ai
aucunement crainte que toutes les parties se disent tout.
Puis ultimement les trois questions, là,
bien, les constats syndicaux, là, c'est le un, deux, trois, là, les trois
questions, il n'y a jamais eu de problème là-dessus.
M. Leduc : Donc, c'est
quoi, l'intérêt de rajouter «limitations fonctionnelles» s'il n'y a jamais eu
de problème?
• (18 h 40) •
M. Boulet : Bien, c'est
une précision qui découle du consensus du CCTM. Et ce qui est rajouté, je pense
que c'est l'élément peut-être le plus potentiellement bénéfique à ce que ça puisse
se faire de manière fluide et harmonieuse, je vous le dirais comme ça.
M. Leduc : Oui, mais on
corrige quel problème?
M. Boulet : On corrige
tout. Constamment, on nous revient avec ce que les syndicats... «manque
d'information»... je vais le relire encore une fois, mais... «complexité,
confusion, manque d'information». Ils parlaient même... tu sais, il y a un
terme que je trouvais... «incompréhension, discordance entre ce que le médecin
perçoit».
Tout est dans l'encadrement de l'offre de
l'employeur puis tout est dans l'information pour permettre de faire
l'assignation temporaire. Tu sais... Mais ça met l'accent là-dessus, là, le deuxième
paragraphe, là, puis ce que je...
M. Leduc : ...dites que
«limitations fonctionnelles», ça inclut potentiellement des limitations
psychologiques. Mais vous savez comme moi à quel point c'est difficile de faire
reconnaître ça. On a tout un débat en ce moment pour rajouter les maladies
professionnelles, les maladies de nature psychologique.
Ça fait que vous, vous dites : Oui,
oui, ça l'inclut. Mais, moi, ce que je me rappelle puis ce que j'entends des
plaideurs en ce moment, c'est : Bonne chance pour faire reconnaître ça.
M. Boulet : Non,
absolument pas. Si c'est un ambulancier, par exemple, puis, tu sais, on parlait
tout à l'heure des troubles de stress post-traumatique puis qu'il y a un
problème psychologique qui découle de ce stress-là, qui a été vécu au travail,
on ne lui donnera pas un travail d'ambulancier. Est-ce qu'un employeur pourrait
dire...
M. Boulet : ...si c'est un
ambulancier, par exemple, puis, tu sais, on parlait, tout à l'heure, des
troubles de stress posttraumatique, puis qu'il y a un problème psychologique
qui découle de ce stress-là qui a été vécu au travail, on ne lui donnera pas un
travail d'ambulancier. Est-ce qu'un employeur pourrait dire : C'est des
tâches administratives? Le professionnel de la santé va avoir le dernier mot.
Mais, moi, jamais on ne m'a parlé que c'était limité au physique. Les
limitations fonctionnelles ne sont pas limitées à l'aspect physique.
M. Leduc : Oui, mais je
ne parle pas du sur papier, je parle dans les faits. L'effectivité du droit, M.
le ministre.
M. Boulet : Bien, dans
les faits, je vais...
M. Leduc : L'effectivité
du droit, ce n'est pas la première fois que je vous en parle. M. le ministre.
M. Boulet : Dans les
faits, je le dis, là, ça peut impliquer des lésions de nature psychologique, et
les possibilités d'assignation temporaire sont beaucoup moins nombreuses,
disons, dans le cas d'une lésion de nature psychologique. Ce n'est pas
inexistant, mais c'est moins évident.
M. Leduc : Mais la ligne
est toujours mince. Je prends un exemple, tu sais, est-ce qu'on pourrait...
est-ce que, dans le cas du téléphone qui ne sonne jamais d'un emploi inutile,
on ne peut pas avoir un médecin qui va dire : Moi, je pense que ça va
faire dégrader sa santé mentale qui n'est pas... Il n'a pas une lésion
psychologique, mais ça le met dans un risque de se dégrader puis dire :
Donc, je ne pense pas que c'est une bonne réadaptation.
M. Boulet : Et là-dessus,
là, puis...
M. Leduc : Là, il est
coincé parce qu'il faut qu'il précise des limitations fonctionnelles.
M. Boulet : Non, et je n'ai
pas... et soyez rassuré, là, il y a des débats en jurisprudence à la CLP,
maintenant le TAT, qui déterminent ce qui est favorable ou non à la
réadaptation, là, tu sais. Puis c'est les travailleurs qui lisent le processus
de contestation et le corpus jurisprudentiel en matière de santé et sécurité,
assignation temporaire, je vous dirais qu'il est rassurant à cet égard-là. Ça
fait que, moi, j'ai dit ce que j'avais à dire, là, sur 179. C'est le
formulaire, puis c'est ça le principal.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Alors, est-ce qu'il y a d'autres interventions
sur l'article 42 tel qu'amendé?
M. Leduc : À moins que
mes collègues voudraient poursuivre, moi, je vais prendre une suspension pour
rédiger un amendement, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : parfait. Alors, nous allons suspendre quelques
instants.
(Suspension de la séance à 18 h 44)
(Reprise à 18 h 58)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, merci. Compte tenu de l'heure, la commission ajourne ses travaux sine
die. Alors, bonne soirée à toutes et à tous. Merci.
(Fin de la séance à 18 h 59)