Journal des débats de la Commission de l'économie et du travail
Version préliminaire
42e législature, 1re session
(27 novembre 2018 au 13 octobre 2021)
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Le
mardi 30 mars 2021
-
Vol. 45 N° 081
Étude détaillée du projet de loi n° 59, Loi modernisant le régime de santé et de sécurité du travail
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9 h 30 (version non révisée)
(Neuf heures trente-deux minutes)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Bonjour. Alors, je vous demande votre attention, s'il vous plaît. Ayant
constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de l'économie et du
travail ouverte. La commission est réunie afin de poursuivre l'étude détaillée
du projet de loi n° 59, Loi modernisant le régime de santé
et de sécurité du travail.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire
: Oui,
Mme la Présidente. Mme Chassé (Châteauguay) sera remplacée par
M. Lemieux (Saint-Jean); Mme Robitaille (Bourassa-Sauvé), par
M. Birnbaum (D'Arcy-McGee); et Mme Richard (Duplessis), par
M. Roy (Bonaventure).
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Merci. Alors, nous poursuivons. Lors de l'ajournement de la semaine
dernière, la commission en était au sujet 2.1.4, l'obligation d'accommodement.
Les discussions portaient sur un amendement proposé par le député
d'Hochelaga-Maisonneuve, visant à introduire…
La Secrétaire
: ...Birnbaum
(D'Arcy-McGee); et Mme Richard (Duplessis) par M. Roy (Bonaventure).
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait, merci. Alors, nous poursuivons. Lors de l'ajournement de la semaine
dernière, la commission en était au sujet 2.1.4, l'obligation d'accommodement.
Les discussions portaient sur un amendement proposé par le député
d'Hochelaga-Maisonneuve visant à introduire un nouvel article 74.1.
Suite à certains échanges de ce matin, il
a été décidé qu'on devrait ou qu'on pourrait suspendre cet amendement
temporairement. Est-ce que j'ai votre consensus pour le suspendre? Est-ce que
j'ai votre consensus? Oui, vous avez vos masques, alors on ne vous entend pas
me dire oui. C'est parfait.
Alors, nous poursuivons. J'ai cru
comprendre que, cette fois, c'est M. le ministre qui aimerait déposer un
amendement à l'article 238, c'est bien ça? Merci.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente. D'abord, souhaiter la rebienvenue, bon redébut de commission
parlementaire. On est à l'étude détaillée. Et effectivement j'ai des
amendements à soumettre ce matin. Est-ce que c'est possible de grossir le
caractère? Parce que je n'ai pas de copie papier, malheureusement.
Donc, l'article 238, annexe A du
Règlement sur les maladies professionnelles. Essentiellement, vous le savez,
là, c'est la reconnaissance de la maladie de Parkinson quand elle est associée
à l'utilisation des pesticides. Et les conditions particulières puis
l'exposition, c'est exactement ce qui existe dans la législation française.
Alors, je lis : Dans l'annexe A
du Règlement sur les maladies professionnelles proposé par l'article 238
du projet de loi :
1° ajouter, à la fin de la section I, la
maladie et les conditions particulières suivantes :
«Maladie de Parkinson.
«Avoir exercé un travail impliquant une
exposition d'une durée minimale de 10 ans aux pesticides qui sont des produits
phytosanitaires ou phytopharmaceutiques à usages agricoles ou destinés à
l'entretien des végétaux ou qui sont des biocides ou antiparasitaires
vétérinaires.
«Un travail implique une exposition aux
pesticides lorsque :
«il y a manipulation ou emploi de
pesticides par contact ou inhalation;
«il y a contact avec des cultures,
surfaces ou animaux traités ou avec des machines utilisées pour l'application
des pesticides.
«Le diagnostic ne doit pas avoir été posé
plus de 7 ans après la fin de l'exposition aux pesticides.»
Le deuxième, bon, ça avait déjà été
annoncé et fait, là, c'était pour les lésions musculosquelettiques, de revenir
à ce qui existait dans loi actuelle, donc : «Avoir exercé un travail
impliquant des répétitions de mouvements ou de pressions sur des périodes de
temps prolongées.». C'est le statu quo qui est maintenu...
M. Boulet : ...pour les lésions
musculosquelettiques, de revenir à ce qui existait dans loi actuelle,
donc : «Avoir exercé un travail impliquant des répétitions de mouvements
ou de pressions sur des périodes de temps prolongées». C'est le statu quo qui
est maintenu. L'autre?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Est-ce qu'il y a autre chose? Nous, nous n'avons que ça.
M.
Boulet : Oui, il y en a un autre, là.
(Consultation)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Est-ce que vous avez reçu, Mme la secrétaire, avez-vous reçu un autre document?
Alors, d'accord, on va exposer l'autre version. On va attendre quelques
instants. Ça sera long? Voulez-vous qu'on... On va suspendre?
M. Boulet : Non, mais essentiellement,
là, c'est, dans le projet de loi, on avait aussi ajouté une concentration de
plomb sous forme de microgrammes par litre, là, qui était à 700 pour... en
présence d'une plombémie égale ou supérieure à 700, et ça, ça a été
complètement retiré aussi du projet de loi. Donc, je ne le sais pas si ça a été
envoyé à la greffière, je peux peut-être le lire aussi, mais ça complétait nos amendements.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Vous n'en avez aucune copie papier, M. le ministre, rien?
M. Boulet : Non, je n'ai pas
de copie papier.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Nous, elle l'a reçu, mais le temps de le mettre à l'écran. Ça s'en vient, un
instant. Est-ce que vous voulez, pendant ce temps-là, peut-être commencer
l'explication de ces changements-là?
M. Boulet : Bien, écoutez...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Ah! le voilà, c'est déjà à l'écran. Parfait.
M. Boulet : Bien, la maladie
de Parkinson, je pense qu'on a... moi, je m'étais engagé, suite aux consultations
particulières, à faire des consultations additionnelles, ce que j'ai fait. J'ai
rencontré le Scientifique en chef du Québec, j'ai rencontré le groupe Parkinson
et l'UPA, bien sûr, et j'ai réalisé aussi, avec discussions avec nos collègues,
notamment le collègue de Nelligan, l'importance de cette maladie
professionnelle là. Et donc elle a été ajoutée à la liste, au Règlement sur les
maladies professionnelles présumées.
Encore une fois, on sait comment ça marche
une présomption, on doit faire la preuve des conditions et du diagnostic. Et donc
il y a une présomption, le lien de causalité s'applique, il y a une présomption
que la personne est atteinte d'une maladie professionnelle présumée, ce qui
n'empêche pas l'employeur de faire une preuve à l'effet contraire, mais c'est
un élément facilitant en termes de fardeau de preuve pour le travailleur qui
est affecté de la maladie de Parkinson.
Ceci dit, j'en profite encore une fois
pour exprimer énormément d'empathie et de sympathie pour les personnes qui sont
affectées par la maladie de Parkinson. Et je vois que ça soulève énormément de
joie. Je voyais le témoignage d'une personne qui était atteinte de la maladie
de Parkinson sur ses...
M. Boulet : ...ceci dit,
j'en profite encore une fois pour exprimer énormément d'empathie et de
sympathie pour les personnes qui sont affectées par la maladie de Parkinson. Et
je vois que ça soulève énormément de joie. Je voyais le témoignage d'une personne
qui était atteinte de la maladie de Parkinson sur ses tremblements puis sur ses
troubles neurologiques et physiologiques. Et je vous assure, comme tous mes
collègues, que ça me touche profondément.
Donc : «b...» Ça va.
Et le deuxièmement, donc : supprimer,
dans la section I de l'annexe b, «à l'exclusion d'une intoxication au plomb, à
ses composés organiques ou inorganiques». Donc, ça, c'est supprimé aussi du projet
de loi. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci. Alors, merci, M. le ministre. Alors, est-ce
que... On va y aller avec un tour de parole. Le député de Bonaventure, s'il
vous plaît.
M. Roy
: Merci,
Mme la Présidente. Écoutez, j'étais sur la commission sur les pesticides. Et je
peux vous dire que, quand les gens qui sont atteints de la maladie de Parkinson
sont venus témoigner, c'était extrêmement troublant. Et ces gens-là se
sentaient vraiment abandonnés.
On a été en Europe aussi en commission
parlementaire... avec la commission pour aller voir comment ça se passait
là-bas. Et eux avaient réglé le problème. Donc, je suis très heureux d'entendre
ça aujourd'hui. Et, au nom des gens qui étaient dans la détresse, bien, je
tiens à remercier le ministre. Voilà.
• (9 h 40) •
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci. Député de Nelligan, maintenant.
M. Derraji : Merci, Mme
la Présidente. Je suis extrêmement ému. Je vais vous partager... Premièrement,
tout le mérite revient au ministre. On va se le dire, peu importe... C'est vrai
qu'être à l'opposition ce n'est pas toujours facile. Ce n'est pas toujours
joyeux, même, parfois, on nous dit que parfois on utilise notre voix haut
perchée pour véhiculer notre message.
Moi, je pense, aujourd'hui, le ministre
démontre de l'écoute. Aujourd'hui, ce n'est pas le moment de dire qui a ramené
ou qui a poussé l'enjeu. Moi, je pense, aujourd'hui, en tant que parlementaires,
en tant que législateurs, on doit tous être fiers de répondre à cette problématique
et même au centre nos travailleurs, nos agriculteurs, nos agricultrices, nos
agronomes, les applicateurs de pesticides, qui attendent de nous une action. Le
ministre a démontré de l'écoute. Donc, la maladie ne figurait pas dans la
première mouture.
Mais aujourd'hui, pour moi, c'est une
journée formidable, formidable dans le sens où, si les gens nous ont élus,
c'est pour avoir un impact. Et je pense, aujourd'hui, on peut se le dire tous ensemble...
Le collègue a eu la chance de siéger avec ma collègue porte-parole en santé
députée de Maurice-Richard sur la commission sur les
pesticides, qui m'a partagé beaucoup, beaucoup, beaucoup d'informations sur
leurs échanges en France et en Belgique. Et je salue aussi le collègue d'Hochelaga-Maisonneuve
et...
M. Derraji : …on peut se le
dire, tous ensemble, le collègue a eu la chance de siéger avec ma collègue, porte-parole
en santé, députée de Maurice-Richard, sur la commission
sur les pesticides, qui m'a partagé beaucoup, beaucoup, beaucoup d'informations
sur leurs échanges en France et en Belgique. Et je veux saluer aussi le
collègue d'Hochelaga-Maisonneuve et je salue aussi le ministre, parce qu'on dit
souvent : Ça sert à quoi le travail parlementaire? Bien, le travail parlementaire
sert à quelque chose. Je ne néglige pas le travail énorme. J'ai eu l'occasion
de parler… avec le ministre depuis le début de l'étude du projet de loi, notamment
sur la reconnaissance des maladies de Parkinson, mais aussi les autres maladies
associées à l'exposition des pesticides. Nous avons aussi parlé du plan, et ce
que j'apprécie aujourd'hui, ce que j'apprécie aujourd'hui énormément, et
j'espère que la population va aussi retenir ça, ne va pas juste retenir ce qui
se passe au salon bleu, mais retenir le travail énorme que cette salle va être
témoin d'un beau travail de collaboration, de l'écoute de la part du ministre,
de l'excellent travail de son équipe, parce que derrière une décision ou un amendement,
il y a du travail qui a été fait derrière.
Donc, M. le ministre, le crédit vous
revient, bravo, bravo d'ajouter cette reconnaissance à nos agronomes, à nos
agricultrices et à nos agriculteurs. Je suis ému, je suis extrêmement touché de
voir cet ajout, parce qu'au bout de la ligne, même si on n'est pas touché d'une
manière directe ou indirecte, mais on parle à des Québécois qui souffrent en
silence. Nous avons tous suivi la commission sur les pesticides, moi, j'ai toujours
en mémoire le commentaire et l'intervention des personnes qui souffrent encore
du parkinson. Et aujourd'hui, je suis fier que notre commission, les membres de
cette commission, le Parlement où je siège, on envoie ce message, même si la
première version du projet de loi ne contenait pas cette maladie, mais je
tiens, encore une fois, à remercier le ministre de poser ce geste, de le
reconnaître et je pense qu'on peut commencer déjà à parler qu'on modernise.
C'est sûr qu'il y a autre chose, et le ministre
me voit venir, qu'on va encore continuer à demander pour moderniser, mais je
suis extrêmement, extrêmement fier, au nom de ces gens qui vont recevoir la
nouvelle aujourd'hui, ces gens qui soufffrent. Bravo, M. le ministre! Bravo
pour le beau travail! Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, député de Nelligan. On y va maintenant avec le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Jamais deux sans
trois, Mme la Présidente, il faut faire le tour du chapeau. En fait, j'ai une question,
d'abord, là vous voulez qu'on débatte… qu'on adopte cet article-là aujourd'hui,
vous le déposez ou on le traitera plus tard…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui…
M. Leduc : …parce qu'on
voulait avoir le temps quand même de l'analyser, là, ce n'est pas un sujet
simple. Parfait. Donc, ça, c'est réglé. Moi, je veux lancer une fleur au ministre,
mais juste une, vous allez voir pourquoi. Moi, je m'attendais à ce que ce soit
dans le projet de loi initial, franchement, on en a débattu beaucoup, il y a eu
des questions qui ont été posées au salon bleu, c'était…
M. Leduc : ...donc, ça, c'est
réglé. Moi, je veux lancer une fleur au ministre, mais juste une, vous allez
voir pourquoi.
Moi, je m'attendais à ce que ça soit dans
le projet de loi initial, franchement. On en a débattu beaucoup, il y a eu des
questions qui ont été posées au salon bleu, c'était ce qui nous semblait une
évidence suite à la commission sur les pesticides. Donc, j'étais très surpris
et très déçu que ça ne soit pas dans le projet de loi original. Puis ça nous
aurait évité peut-être toute cette bataille-là, on aurait pu se concentrer sur
d'autres choses. Ça ne nous épargne pas de se concentrer... de faire des
batailles sur d'autres sujets, le ministre en a déjà vu quelques-unes, il y en
aura d'autres aussi bientôt, mais donc je lui lance quand même une fleur parce
qu'une fois que le projet de loi est déposé, ce n'est pas tous les ministres
qui acceptent de revenir sur des éléments importants.
Puis le ministre du Travail, ça fait mon
quatrième projet de loi que je discute avec lui, quand il y a une bonne
mobilisation, une bonne démonstration, il est sensible à ce qu'il voit, à ce
qu'il entend, il est capable de s'adapter. Alors, ça me donne confiance que sur
d'autres sujets aussi, dans les prochaines semaines, il aura la même sensibilité
d'adaptation, et je vais continuer mon travail dans le fond de faire des
propositions. Mais, vraiment, c'est une bonne nouvelle aujourd'hui, puis il
faut se concentrer sur le fond, dans le fond.
Et j'avais été très surpris, j'avais rencontré
moi aussi les gens de Parkinson Québec en préconsultations, et j'avais été
très, très surpris d'entendre ce qu'ils nous disaient. Moi, je connaissais un
petit peu moins ce filon-là, là, mais je suis certain qu'ils sont très heureux
aujourd'hui du résultat. Évidemment, on va regarder, là, le texte. Il y aura
peut-être des amendements à faire en temps et lieu, mais sur le fond
aujourd'hui, il faut l'avancée, il faut saluer la bonne nouvelle. Puis bravo
encore! Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait, merci. Alors, je comprends que l'on va suspendre l'amendement de
l'article 238. Alors, est-ce que j'ai le consentement pour le suspendre?
Oui? Parfait, merci.
Nous poursuivons maintenant, et est-ce que
j'ai le consentement pour revenir à l'amendement déposé par le député
d'Hochelaga-Maisonneuve introduisant un nouvel article 74.1? Alors, est-ce
que j'ai le consentement pour revenir à cet amendement? Oui, merci. Alors, je
laisse le député d'Hochelaga-Maisonneuve peut-être de le présenter si ça
n'avait pas été fait, là.
M. Leduc : ...le lire, bien
oui, pour se remettre dans le bain, tout le monde.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui, tout à fait, merci. D'ailleurs, Mme la Présidente, je n'ai pas eu
l'occasion de vous resouhaiter la rebienvenue dans votre commission. Vous nous
avez manqué la semaine dernière. Votre remplaçant était bien sympathique, mais
l'original est toujours plus apprécié.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...merci beaucoup.
M. Leduc : Aors, 74.1 :
Ajouter, après l'article 74 du projet
de loi, le suivant:
74.1. le premier alinéa de
l'article 116 de cette loi est modifié:
1° par le remplacement de «est atteint d'une
invalidité visée dans l'article 93» par «ne peut être réintégré chez son
employeur en vertu d'une décision de la commission»;
2° par le remplacement de «retraite
offerte» par «retraite et d'assurances offerts».
Je peux peut-être lire ce que ça donne,
là, comme nouvel article amendé à 116.
«Le travailleur qui, en raison de la
lésion professionnelle, ne peut être réintégré chez son employeur en vertu
d'une décision de la commission a droit de continuer à participer aux régimes
de retraite et d'assurance offerts dans l'établissement où il travaillait au
moment de sa lésion.
«Dans ce cas, le travailleur paie sa part
de cotisations exigibles, s'il y a lieu, et la commission assume celle de
l'employeur sauf pendant la période où ce dernier...
M. Leduc : …qui, en
raison d'une lésion professionnelle, ne peut être réintégré chez son employeur
en vertu d'une décision de la commission, a droit de continuer à participer aux
régimes de retraite et d'assurance offerts dans l'établissement où il travaillait
au moment de sa lésion.
«Dans ce cas, le travailleur paie sa part
de cotisations exigibles, s'il y a lieu, et la Commission assume celle de
l'employeur sauf pendant la période où ce dernier est tenu d'assumer sa part en
vertu du paragraphe 2° du premier alinéa de l'article 235.»
Donc, la deuxième section, là, elle est
inchangée dans le 116 original. Ce qu'on vient faire avec l'amendement,
c'est corriger deux choses.
La première, c'est ce qu'il est possible
de faire. C'est-à-dire que le 116 était limité, malheureusement, uniquement à
la question du régime de retraite. Et là on vient l'ouvrir à la question des
assurances, qui était peut-être un oubli à l'époque quand ils ont adopté la
loi. Peut-être que les assurances n'étaient pas autant généralisées qu'elles le
sont devenues aujourd'hui. Et on s'explique mal pourquoi cet accommodement qui
est possible pour le régime d'assurance... le régime de retraite, qui est un
bon accommodement, mais ne puisse pas s'appliquer pour les assurances.
Et on vient aussi un peu faciliter ou
élargir l'accessibilité à cette mesure-là. Avant, elle était restreinte à ce
qu'on appelle une atteinte d'invalidité visée par le 93, tandis que, là, on dit
de manière plus générale : «ne peut être réintégré chez son employeur en
vertu d'une décision».
Parce que, dans le fond, quand on a une
lésion dans un endroit puis qu'on n'est plus capable de retourner travailler,
bien, c'est ça, historiquement, il pouvait y avoir une perte de d'autres
conditions de travail, des conditions connexes, là, qui ne sont pas le salaire,
mais qui sont des conditions de travail, qui sont des choses qui sont
négociées, qui font partie d'habitude de ce qu'on peut appeler un ensemble de
conditions de travail. Et la loi, donc, à 116, venait corriger vraiment...
venait ouvrir la porte, là, pour le maintien de la possibilité de garder son
régime de retraite, mais pas celui des assurances, bizarrement.
Alors, voilà, on viendrait corriger ça.
C'est rare qu'on ouvre la loi sur la LATMP. On pense que c'est un rajout
intéressant.
• (9 h 50) •
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci. M. le ministre?
M. Boulet : Bien, j'ai
déjà réagi à cet amendement-là. L'article 116 ne fait l'objet d'aucun
amendement. Et l'article 116 s'applique quand il y a une invalidité. Et là
ça contraint la CNESST d'assumer la partie de cotisation qui doit être payée.
Et... tu sais, il y a les
articles 235 et 240, là, pour les délais. Puis 235 a même été amendé pour
qu'il puisse y avoir au-delà de ces délais-là possibilité de continuer
d'accumuler de l'ancienneté, de participer au régime de retraite et d'assurance
jusqu'à ce qu'une décision de la commission dispose de sa réintégration chez
son employeur.
Donc, l'amendement, sur le fond, il a un
impact, parce que c'est une disposition qui vise une personne qui est atteinte
d'une invalidité. Et là ça serait remplacé par «ne peut être réintégré chez son
employeur». Donc, il y a une conséquence, là, directe. Donc... Et je réitère
les mêmes commentaires que j'ai faits la...
M. Boulet : ...donc, l'amendement,
sur le fond, il a un impact parce que c'est une disposition qui vise une personne
qui est atteinte d'une invalidité, et là ça serait remplacé par «ne peut être
réintégré chez son employeur». Donc, il y a une conséquence, là, directe, donc.
Et je réitère les mêmes commentaires que j'ai faits la semaine dernière. Merci,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il d'autres interventions sur l'amendement? Alors, député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Moi, je ne
m'explique pas philosophiquement comment on fait pour s'expliquer
rationnellement, là, que c'est possible de garder son régime de retraite, mais
pas son régime d'assurance. Pourquoi il y a une distinction?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Est-ce que M. le ministre veut répondre ou...
M. Boulet : ...personne qui
est atteinte d'une invalidité visée dans l'article 93, elle continue de
participer au régime de retraite offert dans son établissement parce que le
régime de retraite vise à assurer des bénéfices au moment de la retraite. Ce
n'est pas le même impact que les régimes d'assurance qui ont beaucoup plus
d'impacts quand tu continues d'accumuler des droits ou quand tu es en emploi
effectif.
Donc, je pense qu'à l'époque, puis je
n'étais pas dans les bottines du législateur de l'époque, mais c'est
certainement le rationnel qui a été utilisé. Il y a une nuance importante à
faire dans le contexte pour une personne qui atteinte d'une invalidité entre
les deux.
M. Leduc : C'est que je
comprends que, quand l'invalidité est atteinte puis elle est comme permanente,
en quelque sorte, là, la décision rendue de la commission, on est dans un autre
univers que celui qu'on a discuté plus tôt avec les précédents articles, là,
comme vous faisiez référence, M. le ministre.
Mais, encore une fois, c'est une condition
de travail qu'il a, le salarié. Il a son salaire, il y a le fonds de pension,
il y a le régime de retraite, ça fait partie des conditions de travail. Ce
n'est pas du salaire, là, ou c'est du salaire en différé, hein, qu'on appelle
des fois, vous en avez négocié des conventions collectives vous aussi.
Là, quand il est rendu invalide avec une
décision de la commission qu'il n'aura pas de réintégration, le fait de perdre
son régime de retraite, ça aurait été un véritable drame, là, dans la vie d'un
salarié. Alors là, on dit : Non, d'accord, tu vas le garder. Surtout pour
un salarié, peut-être, qui est un peu plus âgé, qui n'était pas très loin de la
retraite, c'est terrible, tu sais. Alors, on dit : C'est bon, tu vas le
garder, puis là on va mettre quelques cotisations, là, pour faire le pont,
parce que, bien, c'est à cause que tu as une invalidité permanente de
l'employeur, c'est à cause de l'employeur que tu t'es blessé. Donc,
collectivement, avec la CNESST, on assume ce coût-là.
Moi, je trouve ça très bien, mais je ne
m'explique pas pourquoi le régime de retraite n'est pas tout aussi important.
Je veux dire, c'est assez central dans la vie d'un travailleur, un régime de
retraite. Souvent, c'est central dans sa famille aussi, il y a sa femme, ses
enfants qui sont sous le même régime de... pas de retraite, pardon, mais
d'assurance. Cette disparité-là ne me semble pas rationnelle du tout.
Puis, surtout, elle n'est pas compensée.
Je ne sais pas si on disait, tu sais : Non, non, régime de retraite...
O.K., régime de retraite, mais régime d'assurance, on ne veut pas aller
là-dedans, mais on bonifie je ne sais pas trop quelle prestation...
M. Leduc : ...pardon, mais
d'assurance. Cette disparité-là ne me semble pas rationnelle du tout. Puis surtout
elle n'est pas compensée. Je ne sais pas, si on disait, tu sais : Non,
non, régime de retraite... O.K., régime de retraite, mais le régime
d'assurance, on ne veut pas aller là-dedans, mais on bonifie je ne sais pas
trop quelle prestation de tel montant.
Moi, quand j'étais au syndicat des
salariés... des employés étudiants de l'UQAM. C'est comme ça que j'ai commencé
mon militantisme syndical. L'Université du Québec à Montréal où je travaillais
n'était pas intéressée à nous offrir un régime d'assurance, d'une part, parce
que ça coûtait cher, mais, d'autre part, parce que la plupart des étudiants, parce
qu'on était à la fois étudiants et salariés, avaient déjà un régime d'assurance
via les associations étudiantes. Donc, il n'y avait pas vraiment une logique de
payer deux régimes qui allaient se superposer. Donc, ils mettaient un montant
forfaitaire supplémentaire, un pourcentage sur notre salaire pour remplacer le
régime d'assurance, qu'ils n'avaient pas à débourser. Puis c'était comme ça
qu'on avait réussi à trouver une entente.
Là, dans le cas d'un salarié qui n'est pas
réintégré à cause d'une lésion permanente, bien, il n'a aucune compensation
puis il perd son régime d'assurance. Moi, je ne trouve pas ça correct.
M. Boulet : Je vais être
assez bref, hein? Je vous invite à relire 235 et 240.
235 est même amendé pour allonger le droit
d'une personne de continuer d'accumuler de l'ancienneté et de participer aux
régimes de retraite et d'assurance jusqu'à ce qu'il y ait une décision de la commission
qui dispose la réintégration chez l'employeur.
À 240, on rajoute même que le droit de
retour au travail, c'est... on parle de, même avant l'expiration du droit de
retour au travail prévu dans une convention applicable au travailleur si le
droit de retour au travail est plus étendu que les paragraphes 1° et 2°. Donc,
la loi protège le travailleur, ancienneté, régimes de retraite et d'assurance.
Ici, on réfère à une participation qui est
exceptionnelle au régime de retraite dans le cas d'une personne qui est
invalide, puis on comprend la réalité, puis je suis convaincu que ça a été
scindé pour cette raison-là. Le régime de retraite, il est essentiel pour
assurer un revenu pendant la période où la personne ne travaille pas. Mais il y
a toutes les prestations d'invalidité des autres régimes d'assurance.
Et ici on prévoit une obligation
exceptionnelle aussi à la CNESST d'assumer la part payable par l'employeur.
Parce que combinaison de 235 et 240 font en sorte que, quand le travailleur
décide de continuer à participer, il paie sa cotisation puis l'employeur paie
la cotisation qu'il est contraint de payer. Donc, c'est la distinction qu'il
faut faire entre la retraite et l'assurance.
Puis enfin c'est un article qu'on ne
touche pas dans le p.l. n° 59. Au contraire, on
bonifie les articles 235 et 240 en tenant compte de tout ce que nous avons
adopté précédemment.
Donc, moi, je n'ai plus de commentaire à
faire, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Parfait, merci. Y a-t-il d'autres... Oui, député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Quelques mots,
Mme la Présidente, là, je ne veux pas abuser du temps, là. Le ministre a
raison, là, quand il parle de...
M. Boulet : ...les articles 235
et 240, en tenant compte de tout ce que nous avons adopté précédemment. Donc,
moi, je n'ai plus de commentaire à faire, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait, merci. Y a-t-il d'autres... Oui, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Quelques mots, Mme
la Présidente, là, je ne veux pas abuser du temps, là. Le ministre a raison,
là, quand il parle de ces articles, là, mais il a raison jusqu'à la
réintégration. C'est après ça, là, qu'on traite en ce moment avec l'amendement,
c'est après la non-réintégration, quand ce n'est pas possible. C'est là qu'il y
a une iniquité, c'est là que je ne m'explique pas. Le ministre dit : C'est
important que la personne garde accès à son revenu éventuel de retraite. Mais
oui, mais c'est tout aussi important qu'il garde accès à ses assurances.
Peut-être qu'il a un enfant qui a besoin de médicaments, peut-être que lui-même
a besoin de traitements, peut-être que sa femme a besoin de quelque chose ou
son conjoint, bien sûr, donc je ne m'explique pas pourquoi, ça, c'est moins
grave.
C'est une question de coûts, là, on va se
le dire, là. On va être francs ici, là, c'est une question d'argent, on
s'entend. Moi, ma question, c'est que je ne peux pas croire que ça va coûter
une beurrée, là, un article comme ça, là. Puis je vais le dire franchement, là,
il y a deux aspects. Il y a l'élargissement de la possibilité d'y avoir accès
puis il y a la question de retraite d'assurances, régime offert. Moi, si le
ministre me dit : Je ne peux pas assumer les deux, je peux peut-être
assumer un des deux, bien, je le retire puis j'écoute, là, tu sais. Est-ce que
juste rajouter «assurances», ça, ça peut fonctionner? C'est n'est pas une...
Des personnes qui ne peuvent pas être réintégrées, il ne doit pas y en avoir
des centaines de milliers, là. Je ne peux pas croire que ça va coûter si cher
que ça.
Puis je veux dire, on va se le dire
franchement, en matière de LATMP, vous avez commencé à entendre, là, les
centrales syndicales, les mouvements cette semaine, il y a une lettre ouverte
encore des femmes, hier, il n'y a pas des tonnes de bonnes nouvelles en LATMP,
il y en a quelques-unes, mais il n'y en a pas des tonnes. Il y a beaucoup de
reculs. On a déjà souligné quelques-uns ici. Bien, ça serait peut-être le fun
pour dorer la pilule, comme on le dit, d'avoir un petit gain, une petite
avancée, même si ce n'était pas prévu dans le projet de loi. Le Parkinson
n'était pas prévu dans le projet de loi, puis ce matin, vous le déposez. C'est
une bonne nouvelle.
Moi, je joue sur la patinoire de la santé-sécurité,
là, la LATMP au grand complet. Je ne me circonscris pas uniquement à ce que
vous mettez dans le projet de loi, c'est sûr. Je ne mettrai pas à réécrire tous
les articles, là, de la loi, là, on s'entend, ce n'est pas mon ambition ici.
Mais certainement, des enjeux que j'ai vus, que j'ai entendus, qui sont sur le
terrain, des experts qui me disent : Aïe! il y a ce problème-là qui
pourrait être corrigé assez facilement en rajoutant en quelques mots, voyons,
je ne me priverai pas pour le faire, ça, c'est certain. Je ne veux pas abuser
du temps, je ne réécrirai pas la loi au complet, mais je vais me permettre d'en
faire quelques-uns.
Si le ministre est capable de dire que
juste rajouter, par exemple, retraite et d'assurances, que ça me coûte... ça
coûterait tant, un estimé. On en a, des actuaires, on l'a fait ce travail-là
avec le RQAP, on essayait de calculer combien ça coûterait à peu près telle
mesure. Est-ce qu'on pourrait me dire à peu près ça va être quoi le coûte de
cette mesure-là? J'imagine que ce n'est pas si compliqué. Puis au pire, on le
met en dépôt puis on le retraite une autre fois, là. Moi, je ne veux pas...
Comme je le dis, si vous me mettez sur la table que c'est complètement délirant
comme chiffre puis que ce n'est pas du tout dans l'équilibre budgétaire du
régime actuel, bien, coudonc, je vais peut-être le retirer. Mais là je n'ai pas
la démonstration que c'est ça puis j'ai plutôt l'impression que ça ne doit pas
être très cher comme modification.
• (10 heures) •
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Merci. Y a-t-il d'autres interventions? Alors, s'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons procéder à la mise aux voix de l'amendement. Non...
10 h (version non révisée)
M. Leduc : …bien, coudon, je
vais peut-être le retirer. Mais là je n'ai pas la démonstration que c'est ça
puis j'ai plutôt l'impression que ça ne doit pas être très cher comme
modification.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Merci. Y a-t-il d'autres interventions? Alors, s'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons procéder à la mise aux voix de l'amendement. Non?
M. Leduc : …ce n'est pas
compliqué, ce n'est pas un exercice qui est long. Il y a des ressources de la
CNESST ici qui peuvent faire ce travail-là. Moi, j'aurais apprécié de le mettre
en dépôt pour le retraiter plus tard. Malheureusement, là, il n'y a pas
d'ouverture là-dessus.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous allons à la mise aux voix? M. le ministre, est-ce qu'on va vers ça?
Oui? D'accord. Alors, nous procédons à la mise aux voix de l'amendement déposé
par Québec… Mon Dieu! Pardon. Par le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
La Secrétaire
: Oui.
Veuillez répondre : Pour, contre ou abstention. M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
: M. Boulet
(Trois-Rivières)?
M. Boulet : Contre.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Contre.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Abstention.
La Secrétaire
: M. Roy
(Bonaventure)?
M. Roy
: Abstention.
La Secrétaire
: Et Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'amendement introduit dans le nouvel article est rejeté.
Nous poursuivons avec, cette fois, l'article 75. M. le ministre.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente.
L'article 240 de cette loi est
modifié par l'ajout, après le paragraphe 2° du premier alinéa, du
paragraphe suivant :
«3° avant l'expiration du droit au
retour au travail prévu dans une convention collective applicable au
travailleur, le cas échéant, si le droit au retour au travail est plus étendu
que celui prévu aux paragraphes 1° et 2°.»
Donc, explications. Je ne relirai pas tout
le texte, là. Donc, ça vise essentiellement à prévoir un nouveau délai pendant
lequel les droits à la réintégration peuvent s'exercer, en vertu de 236 à 239,
dans le cas où une convention collective lui est applicable et qu'elle prévoit
un délai plus long pour l'exercice du droit de retour au travail. Donc, c'est
hyperbénéfique. Ça ne devrait pas être un enjeu. Pour moi, c'est une addition
au bénéfice des travailleurs et des travailleuses. C'est un droit qui leur est
consenti au retour au travail. Et donc il y a des conventions collectives qui
prévoient des délais plus longs, et on permet que ça puisse s'appliquer. Donc,
c'est simplement cet amendement. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il des commentaires sur l'article 75? Il n'y a pas de
commentaire à l'article 75. Nous allons procéder à la mise aux voix.
La Secrétaire
:
M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
:
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
:
M. Roy (Bonaventure)?
M. Roy
: Pour.
La Secrétaire
: Et
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'article 75 est adopté. Nous poursuivons avec
l'article 76.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente.
L'article 241 de cette loi est
modifié par le remplacement de…
La Secrétaire
: …M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
:
M. Roy (Bonaventure)?
M. Roy
: Pour.
La Secrétaire
: Et
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'article 75 est adopté. Nous poursuivons avec
l'article 76.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente.
L'article 241 de cette loi est
modifié par le remplacement de «l'incapacité du travailleur d'exercer son
emploi» et de «capable d'exercer son emploi» par, respectivement, «l'incapacité
du travailleur d'exercer un emploi chez son employeur» et «capable d'exercer un
tel emploi».
Explications : Donc, ça encore, ça
s'inscrit dans un élargissement et dans une… pour s'assurer que ce soit
compatible avec ce qui a déjà été adopté. Donc, on modifie 241 afin d'élargir
son application au cas où le travailleur demande la révision d'une décision qui
a pour objet son incapacité à exercer son emploi tel qu'actuellement prévu,
mais aussi un emploi équivalent ou un emploi convenable disponible chez son
employeur. Donc, je pense une belle avancée encore une fois. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il des interventions à l'article 76? Oui, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : …chez son
employeur» qu'on rajoute?
M. Boulet : Oui. Avant c'était
«capable d'exercer son emploi» alors que là, on dit pas simplement «son
emploi», mais ça peut être un emploi équivalent ou ça peut être, tu sais… C'est
pour ça que c'est élargi, là.
M. Leduc : Ça, ça…
M. Boulet : «…d'exercer un
emploi chez son employeur», donc ça peut être un emploi… son emploi ou un
équivalent ou un convenable.
M. Leduc : Puis ce nouveau
langage là, ce nouveau texte là contribue à peut-être accroître la pression sur
l'employeur pour qu'il l'accommode.
M. Boulet : Mon Dieu! Je pense
que oui, on peut le voir comme ça, c'est certainement un incitatif. Puis ça
s'inscrit dans la foulée des amendements…
M. Leduc : Oui, c'est ça.
M. Boulet : …qui précèdent sur
le devoir d'accommodement puis l'assignation temporaire et le retour progressif
au travail. Je pense que c'est, encore une fois, une protection additionnelle
pour les travailleurs et travailleuses.
M. Leduc : Bien, c'est le
genre de chose qui était implicite dans le jugement Caron, dans l'arrêt Caron,
mais que là, on vient encore une fois cimenter…
M. Boulet : Oui.
M. Leduc : …dans la loi
directement.
M. Boulet : Je pense que c'est
un… une des conclusions qui découle implicitement de l'affaire Caron, oui, vous
avez raison.
M. Leduc : Vous savez comment
j'aime préciser l'intention du législateur.
M. Boulet : Oui, tout à fait.
C'est un exercice que nous apprécions tous d'ailleurs.
M. Leduc : Parfait. Content
qu'on soit dans la même joie et l'allégresse.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Y a-t-il d'autres interventions à l'article 76? Député de Nelligan.
M. Derraji : Une remarque très
rapide concernant l'article 76. Si c'est ouvert à «emploi équivalent,
convenable», juste il faut… à mon avis, il faut le mentionner?
M. Boulet : Bien, on a prévu
«l'incapacité du travailleur d'exercer un emploi chez son employeur», donc
c'est un contexte… c'est un terme qui était plus générique et qui était
favorisé, là, par l'équipe de législateurs.
M. Derraji : O.K. Parce qu'«un
emploi», ça veut dire que tout autre type d'emploi, sachant qu'avant, on
précise que c'est «convenable ou équivalent». C'est juste…
M. Boulet : …un emploi chez
son employeur, donc c'est un contexte… c'est un terme qui était plus générique
et qui était favorisé, là, par l'équipe de législateur.
M. Derraji : O.K. Parce qu'un
emploi, ça veut dire que, tout autre type d'emploi, sachant qu'avant on précise
que c'est convenable ou équivalent. C'est juste probablement au niveau du
«wording».
M. Boulet : Oui, mais c'est
juste pour éviter de répéter les concepts, là.
M. Derraji : Ah! mais on fait
référence à un emploi convenable ou équivalent.
M. Boulet : Oui, c'est un
emploi chez son employeur. Ça peut être l'emploi qu'il exerçait au moment de la
survenance de la lésion, ça peut être un emploi équivalent puis ça peut être un
emploi convenable.
M. Derraji : Donc, on est
vraiment dans l'emploi convenable et équivalent.
M. Boulet : Exact.
M. Derraji : Pas n'importe
quel type d'emploi.
M. Boulet : Non.
M. Derraji : O.K. C'est bon.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Y a-t-il d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous
allons procéder à la mise aux voix.
La Secrétaire
:
M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
:
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
:
M. Roy (Bonaventure)?
M. Roy
: Pour.
La Secrétaire
: Et
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'article 76 est adopté.
M. le ministre, nous poursuivons avec
l'article 79.
M. Boulet : Oui, merci, Mme la
Présidente. Les prochains articles, là, les six, sept prochains, c'est des
articles de concordance, là, avec ce qui a été adopté préalablement :
79. Les articles 256 et 257 de cette loi
sont modifiés par l'insertion, après «dans son emploi», de «ou dans un emploi
équivalent ou dans un emploi convenable disponible qu'elle a préalablement
déterminé». Et je ne relirai pas 256 et 257. Vous les avez devant vous.
Explication. Donc, comme je le
mentionnais, c'est une modification de concordance avec l'article 32. Puis elle
permet à la commission d'ordonner la réintégration du travailleur conformément
à la décision de capacité du travailleur et à l'absence de contrainte excessive
de l'employeur, et de le réintégrer dans son emploi, un emploi équivalent, ou
dans un emploi convenable préalablement rendu par la commission. Donc, c'est
pour donner suite à la décision rendue par la commission pour l'accommodement
raisonnable, notamment. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il des interventions à l'article 79? Député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Je veux juste
m'assurer ça, en reculant. Là, on ajoute les précisions de convenable, etc. Alors,
juste pour être assuré à nouveau que, là, la concordance est nécessaire. Je
crois que je peux comprendre, mais que, quand même, on est satisfait que le mot
«emploi» englobe le tout dans l'article précédent.
M. Boulet : …je dirais que,
pour une ordonnance de réintégration, il faut que ce soit précis. Puis le
pouvoir décisionnel de la commission, il se limite à déterminer si le
travailleur, il est en mesure ou il est capable de refaire son emploi, ou un
emploi équivalent déjà déterminé, ou un emploi convenable. Et comme c'est une
ordonnance qui peut avoir un impact pour l'employeur, c'est important de bien
le préciser.
M. Birnbaum :
O.K., merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait, merci. Y a-t-il d'autres interventions? Alors, nous allons procéder à
la mise aux voix de l'article 79…
M. Boulet : ...ou un emploi
équivalent déjà déterminé, ou un emploi convenable. Et comme c'est une
ordonnance qui peut avoir un impact pour l'employeur, c'est important de bien
le préciser.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait, merci. Y a-t-il d'autres interventions? Alors, nous allons procéder à
la mise aux voix de l'article 79.
La Secrétaire
: M. Boulet
(Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
: M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
: M. Roy
(Bonaventure)?
M. Roy
: Pour.
La Secrétaire
: Et Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'article 79 est adopté. Nous poursuivons avec l'article 77.
• (10 h 10) •
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente. Une autre disposition de concordance. Donc : Les articles 244
à 246, 250 et 251 de cette loi sont abrogés.
Explication. Donc, concordance propose
d'abroger ces articles-là de la LATMP, Loi sur les accidents du travail et les
maladies professionnelles, puisque les demandes d'intervention à la commission
sont désormais incluses au recours prévu à l'article 32. Voilà, simplement
une concordance. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il des interventions à l'article 77? Alors, nous allons
procéder à la mise aux voix.
La Secrétaire
: M. Boulet
(Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
: M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
: M. Roy
(Bonaventure)?
M. Roy
: Pour.
La Secrétaire
: Et Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'article 77 est adopté. Nous poursuivons avec l'article 78.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente. L'article 252 de cette loi est modifié par la suppression de «et de
toute demande d'intervention faite en vertu des articles 245, 246 et 251».
Explication. Donc, encore une fois, c'est
la modification de concordance, là, qui découle de l'abrogation que nous venons
de faire des articles 245, 246 et 251. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il des interventions à l'article 78? Alors, nous allons
procéder à la mise aux voix.
La Secrétaire
: M. Boulet
(Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
: M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
: M. Roy
(Bonaventure)?
M. Roy
: Pour.
La Secrétaire
: Et Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'article 78 est adopté. Nous poursuivons avec l'article 80.
M. Boulet : Oui, merci, Mme la
Présidente. Les articles 258 et 259 de cette loi sont abrogés.
Explication. Modification de concordance étant
donné, là, encore une fois, que les demandes d'intervention vont être incluses
dans l'article 32. Je vous rappelle simplement que 32 permet au
travailleur de déposer une plainte à la commission dans le cas où l'employeur
refuse de le réintégrer dans un emploi contrairement à une décision de la
commission concluant qu'il n'y a pas de contrainte excessive à le réintégrer
dans son emploi, un emploi équivalent...
M. Boulet : ...vont être
incluses dans l'article 32. Je vous rappelle simplement que 32 permet au travailleur
de déposer une plainte à la commission dans le cas où l'employeur refuse de le
réintégrer dans un emploi contrairement à une décision de la commission
concluant qu'il n'y a pas de contrainte excessive à le réintégrer dans son
emploi, un emploi équivalent ou un emploi convenable disponible. Donc,
simplement de concordance. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il des interventions à l'article 80? Alors, nous allons procéder à
la mise aux voix.
La Secrétaire
: M.
Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
: M.
Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
: M. Roy
(Bonaventure)?
M. Roy
: Pour.
La Secrétaire
: Et Mme
IsaBelle (Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'article 80 est adopté. Nous poursuivons avec l'article 81.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente.
«L'article 260 de cette loi est modifié
par la suppression, dans le premier alinéa, de «ou 259».»
Encore une fois, explication, modification
de concordance avec l'abrogation de l'article 259. C'est tout, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Merci. Y a-t-il des interventions à l'article 81? Alors, nous allons
procéder à la mise aux voix.
La Secrétaire
: M.
Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
: M.
Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
: M. Roy
(Bonaventure)?
M. Roy
: Pour.
La Secrétaire
: Et Mme
IsaBelle (Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'article 81 est adopté. Nous poursuivons avec l'article 82.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente.
«L'article 261 de cette loi est modifié
par la suppression, dans le premier alinéa, de «ou de la demande d'intervention».»
Explication, modification de concordance encore
une fois avec l'abrogation de la demande d'intervention. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Y a-t-il des interventions à l'article 82? Alors, s'il n'y a pas d'intervention,
nous procédons à la mise aux voix.
La Secrétaire
: M.
Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
: M.
Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
: M. Roy
(Bonaventure)?
M. Roy
: Pour.
La Secrétaire
: Et Mme
IsaBelle (Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'article 82 est adopté. Nous poursuivons avec l'article 83.
M. Boulet : Merci.
«L'article 262 de cette loi est modifié
par la suppression, dans le premier alinéa, de «ou de la demande d'intervention
dont il est saisi».»
Explication, modification de concordance
en lien avec l'abrogation de la demande d'intervention. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il des interventions? Alors, s'il n'y a pas d'intervention, nous
allons procéder à la mise aux voix de l'article 83.
La Secrétaire
: M.
Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
: M.
Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
: M. Roy
(Bonaventure)?
M. Roy
: Pour.
La Secrétaire
: Et Mme
IsaBelle (Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'article 83 est adopté. Nous poursuivons avec
l'article 84.
M. Boulet : Merci.
«L'article 264 de cette loi est
modifié par la suppression, dans le paragraphe 2°...
La Secrétaire
:
...l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
: M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
: M. Roy
(Bonaventure)?
M. Roy
: Pour.
La Secrétaire
: Et Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'article 83 est adopté. Nous poursuivons avec l'article 84.
M. Boulet : Merci.
L'article 264 de cette loi est
modifié par la suppression, dans le paragraphe 2° du premier alinéa, de «,
259».
Encore une fois, modification de
concordance avec l'abrogation de 259. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il des interventions à l'article 84? Non. Alors, nous
poursuivons... nous procédons à la mise aux voix, pardon.
La Secrétaire
: M. Boulet
(Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
: M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
: M. Roy
(Bonaventure)?
M. Roy
: Pour.
La Secrétaire
: Et Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'article 84 est adopté.
Nous allons, s'il vous plaît, suspendre quelques
instants.
(Suspension de la séance à 10 h 16)
(Reprise à 10 h 21)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous recommençons. Dans le bloc soutien nous avons terminé la section ou
la sous-section 2.1.4, l'obligation d'accommodement. Nous poursuivons,
toujours dans le bloc soutien, la sous-section 2.1.5, les travailleurs
expérimentés. Alors, M. le ministre, si vous pouvez lire l'article 19, s'il
vous plaît.
M. Boulet : Oui. Avant de lire
peut-être un peu les remarques préliminaires. Cet amendement-là s'inscrit aussi
dans la foulée de la philosophie sous-jacente au projet de modernisation. C'est
d'accompagner les travailleurs pour leur permettre de revenir au travail puis
éviter la chronicisation de leur état de santé. Ça, je pense que ça fait
consensus quant au principe.
Maintenant, les travailleurs expérimentés,
on en a souvent parlé, mes collègues de Bonaventure, de Nelligan, même Hochelaga-Maisonneuve,
c'est un bassin de main-d'oeuvre qui est extrêmement important dans le contexte
de rareté de main-d'oeuvre, puis on a un taux d'emploi qui est inférieur chez
nos personnes expérimentées quand on compare le Québec à l'Ontario et à
d'autres pays membres de l'OCDE.
Ça fait que l'amendement, très, très,
simplement, il vise à permettre aux personnes qui ont entre… tu sais, là, là,
les… ceux qui avaient un accident de travail, ils bénéficiaient des services de
réadaptation jusqu'à 59 ans, puis les maladies professionnelles jusqu'à
55 ans. Donc, on vient simplement dire : Ceux qui ont une maladie
professionnelle vont être traités de la même façon que ceux qui ont un accident
de travail. Ils vont pouvoir bénéficier des services de réadaptation jusqu'à 59 ans.
Donc, ça leur fournit un accompagnement, soit le processus de réadaptation
plutôt que de les laisser sans ressource d'accompagnement en matière de
réadaptation. Je pense que c'est une avancée qui est intéressante, encore une
fois, qui démontre la volonté du gouvernement et de notre équipe, en fait, en
commission parlementaire, d'aussi tenir compte des réalités des travailleurs
expérimentés. Donc, sur ce, je lis, Mme la Présidente : «L'article 53
de cette loi est modifié :
«1° par le remplacement du premier alinéa
par le suivant : Le travailleur âgé de 60 ans et plus qui est victime
d'une lésion professionnelle et qui subit, en raison de cette lésion une
atteinte permanente à son intégrité physique ou psychique qui le rend incapable
d'exercer son emploi a droit à l'indemnité de remplacement du revenu prévue à
l'article 45 jusqu'à ce qu'il occupe un nouvel emploi ou jusqu'à ce qu'il
occupe ou refuse d'occuper un emploi convenable disponible chez son employeur
ou déterminé par la Commission;
«2° par le remplacement dans le deuxième
alinéa de «chez son employeur» par «disponible»;
«3° par le remplacement dans le troisième
alinéa de «chez son employeur et que ce dernier» par «et que son employeur.»
Explications : Donc,
l'article 19 propose de rehausser l'âge d'admissibilité prévu actuellement
à l'article 53…
M. Boulet : ...par «disponible»;
3° par le remplacement, dans le troisième
alinéa, de «chez son employeur et que ce dernier» par «et que son employeur».
Explication. Donc, l'article 19
propose de rehausser l'âge d'admissibilité prévu actuellement à l'article 53
pour qu'il soit fixé à 60 ans pour tous les travailleurs, qu'ils soient
victimes d'un accident de travail ou d'une maladie professionnelle. Ça
permettrait dorénavant au travailleur expérimenté, âgé de 55 à 59 ans au
moment de la survenance d'une maladie professionnelle, de bénéficier, au
besoin, de mesures de réadaptation leur permettant de demeurer sur le marché du
travail.
Ces modifications visent également à
actualiser la disposition par rapport aux nouvelles réalités concernant les
besoins accrus de travailleurs expérimentés sur le marché de l'emploi.
Par ailleurs, il sera dorénavant possible
pour la commission, advenant la rupture du lien d'emploi ou si l'employeur n'a
aucun emploi convenable disponible, de déterminer que le travailleur
expérimenté est capable d'exercer un emploi convenable ailleurs sur le marché
du travail.
Donc, je pense qu'on se met complètement
au diapason de la réalité démographique, les besoins concrets du marché du travail
et l'augmentation aussi de l'espérance de vie, là, si j'ose dire, là, ça fait
que... et ça assure une équité, indépendamment si c'est un accident de travail
ou une maladie professionnelle. Donc, c'est le but, encore une fois, pour mieux
soutenir les travailleurs victimes de lésions professionnelles. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Je vois qu'on a un amendement qui peut être déposé par le député
d'Hochelaga-Maisonneuve. Ça vient de Bonaventure? Bien oui, regarde donc ça,
vous avez raison. Député de Bonaventure, je m'excuse. Alors, député de
Bonaventure, je vous laisse expliquer... lire votre amendement et ensuite
l'expliquer.
M. Roy
: Merci, Mme la
Présidente. Bon, écoutez, est-ce qu'on... on va-tu avoir le visuel?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui, on va vous le mettre immédiatement à l'écran afin que tout le monde puisse
le voir rapidement.
M. Roy
: Donc,
amendement, O.K. :
L'article 19 du projet de loi est
amendé par :
1° la suppression, à la fin du paragraphe,
de «ou déterminé par la commission»;
2° par la suppression des paragraphes 2°
et 3°.
Donc, le nouvel article 53 se lirait
comme suit :
«Le travailleur âgé de 60 ans et plus
qui est victime d'une lésion professionnelle et qui subit, en raison de cette
lésion une atteinte permanente à son intégrité physique ou psychique qui le rend
incapable d'exercer son emploi a droit à l'indemnité de remplacement du revenu
prévue à l'article 45 jusqu'à ce qu'il occupe un nouvel emploi ou jusqu'à
ce qu'il occupe ou refuse d'occuper un emploi convenable disponible chez employeur.»
Là, on voit qu'on biffe «ou
déterminé par la commission».
«Si le travailleur occupe un nouvel
emploi, il a droit à l'indemnité prévue par l'article 52; s'il occupe un
emploi convenable chez son employeur ou refuse sans raison valable de
l'occuper, il a droit à une indemnité réduite du revenu...
M. Roy
: ...chez son
employeur — là, on voit qu'on biffe "ou déterminé par la commission".
«Si le travailleur occupe un nouvel
emploi, il a droit à l'indemnité prévue par l'article 52; s'il occupe un emploi
convenable chez son employeur ou refuse sans raison valable de l'occuper, il a
droit à une indemnité réduite de revenu net retenu qu'il tire ou qu'il pourrait
tirer de cet emploi convenable, déterminé conformément à l'article 50.
«Lorsque le travailleur occupe un emploi
convenable disponible chez son employeur et que ce dernier met fin à cet emploi
dans les deux ans suivant la date où le travailleur a commencé à l'exercer,
celui-ci récupère son droit à l'indemnité de remplacement de revenu prévue par
l'article 45 et aux autres prestations prévues par la présente loi.»
Bon, je vais essayer d'expliquer ça.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, oui. Alors, à vous pour l'explication.
M. Roy
: Bien, écoutez,
«ou déterminé par la commission», bon, ce qu'on veut biffer, c'est le pouvoir
discrétionnaire de la commission de prendre des décisions qui pourraient aller
contre l'employé ou la personne lésée.
Et, regardez, ce qu'on craint dans cet
article-là, c'est de soustraire des 55 à 59 ans, je dirais, d'une indemnité
permanente, c'est ce qu'on m'a expliqué. Mais là je réitère le fait que je ne
suis pas un expert là-dedans, là. Mais ce que je sens, c'est que, dans cet
article-là, un, on veut peut-être soustraire, je le répète, à une indemnité
permanente les 55-59 et aussi donner la possibilité aux entrepreneurs et
employeurs de se débarrasser peut-être un peu trop facilement d'employés en fin
de carrière. Donc, on peut vivre une forme de déresponsabilisation des
employeurs par rapport à leur obligation à s'occuper d'un employé en fin de
carrière. C'est ce qu'on détecte dans la présente mouture de l'article.
Donc, ça serait très bien vu et bienvenu
d'enlever «ou déterminé par la commission» puis de changer, dans le deuxième
paragraphe, là, «s'il occupe un emploi convenable chez employeur» au lieu de
dire «s'il occupe un emploi convenable disponible». Puis, dans l'autre
paragraphe, «Lorsque le travailleur occupe un emploi convenable disponible chez
son employeur et que ce dernier met fin à l'emploi» et non pas «un emploi
convenable et que son employeur met fin à l'emploi».
C'est sûr que ça a l'air similaire, mais
ça peut être lourd de conséquences. On peut déresponsabiliser puis permettre à
des employeurs de se débarrasser de travailleurs âgés et parce qu'ils n'ont
plus de valeur. Même si vous nous avez dit, M. le ministre, que c'est une
denrée rare, mais un travailleur accidenté en fin de carrière peut être
répulsif pour certains employeurs. Donc, ce n'est pas grand-chose, à mon avis,
mais ça viendrait quand même protéger pas mal de monde qui doivent travailler
toute leur vie à enrichir le Québec puis certaines entreprises. Voilà.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. M. le ministre.
• (10 h 30) •
M. Boulet : Avec votre...
10 h 30 (version non révisée)
M. Roy
: ...peut être
répulsif pour certains employeurs. Donc, ce n'est pas grand-chose, à mon avis,
mais ça viendrait quand même protéger pas mal de monde à enrichir le Québec
puis certaines entreprises. Voilà.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. M. le ministre.
M. Boulet : Avec votre
permission, je vais faire une petite réflexion, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Donc, nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 10 h 30)
(Reprise à 10 h 33)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, M. le ministre.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente. Bien, j'apprécie les commentaires du collègue de Bonaventure, là,
au soutien de sa demande d'amendement, puis je comprends son raisonnement.
En même temps, les amendements sont nécessaires
pour les motifs suivants, je veux juste qu'on se comprenne bien. Au premier paragraphe,
là, bon, on passe de 55 à 60 ans, ça, ça vous va, à tout le monde. Puis c'est
jusqu'à ce qu'il occupe ou refuse d'occuper un emploi convenable disponible
chez son employeur. Là, vous arrêtez là, vous enlevez «ou déterminé par la commission».
Mais c'est juste qu'en application de l'affaire Caron, ça peut être en
application du devoir d'accommodement raisonnable de l'employeur. Puis là la commission
rend une décision, comme on a vu antérieurement. Ça fait que c'est important
que ce bout-là de l'article soit présent, puis ça, ce n'est, je rappelle à mon collègue
de Bonaventure, qu'au bénéfice du travailleur.
Au deuxième paragraphe, c'est que, dorénavant,
l'emploi convenable, bien, on le prévoit. Il l'était, là, mais s'il occupe un
emploi convenable chez son employeur, on a dit «s'il occupe un emploi
convenable disponible», parce que ça peut être ailleurs que chez son employeur,
tu sais. La personne qui, en raison de son atteinte permanente puis des
limitations fonctionnelles permanentes... puis qu'il n'y a pas d'emploi
respectant sa capacité résiduelle de travail chez son employeur, ça peut être
chez un autre employeur, chez... dans un restaurant ou au sein d'un garage ou
au sein d'une entreprise manufacturière. Ça fait que c'est important de ne pas
limiter ça à chez son employeur.
Puis la même, même affaire au dernier
paragraphe, quand il occupe un emploi convenable disponible et que son
employeur... Je pense que ça revient à dire ce que je viens de mentionner, là,
s'il occupe un emploi convenable disponible et que son employeur... Parce que
ça se peut que cet emploi convenable là disponible ne soit pas chez son
employeur et que ce soit un autre employeur qui met fin à son emploi, donc il
faut le prévoir de cette manière-là pour assurer un filet de protection totale
au travailleur ou à la travailleuse. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Député de Bonaventure.
M. Roy
: Bien, Mme la
Présidente, notre crainte, c'est que la CNESST se serve de l'article 19 pour
réduire les indemnités de remplacement de revenu. Parce que, pour les
travailleurs âgés, là, c'est difficile de se trouver un emploi, et,
éventuellement, bien, écoutez, ces gens-là vont vivre une détérioration...
M. Roy
: ...article 19
pour réduire les indemnités de remplacement de revenu. Puis parce que pour les
travailleurs âgés, là, c'est difficile de se trouver un emploi, et éventuellement,
bien, écoutez, ces gens-là vont vivre une détérioration significative des entrées
d'argent, là.
M. Boulet : Non, parce que ça
leur donne un nouvel accès, nouveau, au marché de l'emploi. 55 à 59 ans,
il y a un potentiel de talent énorme au Québec dans ce groupe d'âge là. Puis
même, aujourd'hui, on réfère aux 60 à 64 puis aux 65 à 69 ans. Donc, je
pense que c'est totalement à l'avantage de ces personnes-là et des besoins
concrets du marché du travail. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il d'autres interventions? Vous voulez poursuivre, député de Bonaventure,
ou vous laissez la parole au député d'Hochelaga-Maisonneuve?
M. Roy
: C'est beau.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
D'accord. Alors, député d'Hochelaga-Maisonneuve, allez-y.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Je vais commencer par lire une lettre que j'ai reçue qui peut nous
illustrer un cas concret. On me reprochait gentiment dans les dernières séances
d'avoir des cas hypothétiques, maintenant, j'ai un cas concret. C'est
M. Claude Leboeuf, témoignage de Claude Leboeuf, victime d'une maladie
professionnelle alors qu'il avait 56 ans : «J'ai travaillé durant
15 ans à l'entretien ménager intérieur et extérieur à l'aéroport
Pierre-Elliott-Trudeau. Je devais faire le ménage des salles de bain, des
planchers, des bureaux, nettoyer les débarcadères pour les camions, ramasser
tous les déchets et balayer de vastes zones extérieures de l'aéroport. Je
devais aussi vider des poubelles, transporter des sacs à ordures souvent très
pesants. C'est un métier exigeant, en particulier pour les bras qui sont
sollicités par quasiment toutes les tâches.
En faisant ce travail, j'ai développé des
douleurs aux coudes qui sont devenues de plus en plus importantes au fil des
années. Plusieurs de mes tâches devenaient impossibles à faire en raison de ces
douleurs. J'ai consulté mon médecin qui m'a diagnostiqué des épicondylites aux
deux coudes causées par mon emploi. À 56 ans, j'ai dû cesser le travail et
réclamer à la CNESST.
Comme l'épicondylite ne fait pas partie
des maladies professionnelles qu'on retrouve dans la loi, la commission a
refusé ma réclamation. J'ai contesté ce refus jusqu'au tribunal. J'ai réussi,
grâce à mon témoignage, la description de mon travail et la preuve médicale que
j'ai présentée, à prouver que j'étais bel et bien atteint d'une maladie du
travail.
Ma victoire au tribunal m'a permis d'être
indemnisé pour ma lésion, mais elle ne m'a pas rendu la santé. J'ai dû être
opéré au coude gauche, et malgré cette chirurgie, mes épicondylites m'ont
laissé avec des séquelles aux deux coudes qui limitent ce que je peux faire
avec mes membres supérieurs. La CNESST a d'ailleurs reconnu que je ne pouvais
pas reprendre mon travailleur à l'aéroport, l'employeur n'avait aucun autre
emploi à offrir.
Étant donné était apparu alors que j'étais
âgé de 56 ans, j'ai pu bénéficier d'un article de la loi qui prévoit
qu'une victime de maladie professionnelle qui développe une maladie du travail
à 55 ans ou plus doit être indemnisée jusqu'à l'âge de sa retraite s'il ne
peut reprendre un emploi chez son employeur. Heureusement, parce que je
n'aurais sans doute pas été capable de me trouver un nouveau travail à l'âge
que j'avais et avec les limitations que j'ai aux deux bras.
Je sais que le projet de loi n° 59
déposé par le ministre Boulet va supprimer cette cause... cette clause de la
loi et forcer des victimes de maladies professionnelles qui ont perdu leur
santé à leur travail à se chercher un nouvel emploi à un âge avancé. Si elles
ne réussissent pas à être embauchées, ces personnes vont se retrouver sans
revenus et vont...
M. Leduc : ...un nouveau
travail à l'âge que j'avais et avec la limitation que j'ai aux deux bras.
Je sais que le projet de loi n° 59
déposé par le ministre Boulet va supprimer cette cause... celte clause de la
loi et forcer des victimes de maladies professionnelles, qui ont perdu leur
santé à leur travail, à se chercher un nouvel emploi à un âge avancé. Si elles
ne réussissent pas à être embauchées, ces personnes vont se retrouver sans
revenus et vont sombrer dans la pauvreté. C'est probablement ce qui me serait
arrivé, moi, sous le projet de loi n° 59. Il est injuste de retirer ainsi
des droits aux victimes de maladies du travail. Avant de se rendre malade par
le travail, on contribue à la prospérité de notre employeur.
Les victimes du travail méritent mieux
qu'une réforme qui les condamne à la pauvreté et, je répète, c'est signé par M.
Claude Leboeuf. Merci, M. Leboeuf, je ne sais pas si vous écoutez aujourd'hui,
mais... de cette lettre qui illustre un cas concret pour nous mettre dans le
bain.
• (10 h 40) •
Je vais dire franchement, Mme la
Présidente, l'article 19 du projet de loi n'est pas du tout une avancée. Il est
même un recul majeur dans le projet de loi de M. le ministre, le projet de loi
n° 59. Il y a toutes sortes de mouvements, on l'a dénoncé à quelques
reprises. Celui-là, c'est un très gros recul, majeur, et j'oserais dire que ce
qu'il va se passer dans les prochaines minutes, par rapport à l'adoption de cet
article-là, est un test pour le ministre. Ce matin, il nous a fait preuve
d'ouverture avec son amendement sur le Parkinson, il a déjà fait preuve
d'ouverture, dans les dernières semaines, sur les niveaux de risque — la
deuxième mouture ne nous convenait pas, comme on en a parlé la semaine dernière
en Chambre — on aura l'occasion d'y travailler, je sais qu'il est
ouvert à la chose.
L'article 19 est un test important, un
test pour le ministre, pour lancer le message clair, à savoir : Est-il à
l'écoute des travailleurs, travailleuses du Québec? Ce qui se passe, là, c'est
que les mesures de réadaptation sont déjà disponibles.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...je ne veux pas vous couper dans votre élan, là, mais...
M. Leduc : Même si vous coupez
dans mon élan.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...est-ce qu'on va parler de l'amendement qui a été...
M. Leduc : Bien sûr.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
D'accord.
M. Leduc : Bien, c'est parce
que... Ça touche à l'article, c'est... Mais, oui, on parle de l'amendement.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait, allez-y.
M. Leduc : Les mesures de
réadaptation sont déjà disponibles. Elles ne deviennent pas plus disponibles
avec cet article-là, elles sont déjà disponibles. Ce qui arrive dans la
réalité, c'est la fin de l'indemnité de remplacement de... C'est la fin de
l'IRR, on coupe un accès à l'IRR et c'est... Moi, j'avoue que je suis... je le
dis franchement encore choqué de lire dans les explications : «Ces
modifications visent également à actualiser la disposition par rapport aux
nouvelles réalités concernant les besoins accrus de travailleurs sur le marché
de l'emploi».
Voyez-vous ça, Mme la Présidente? C'est
rendu que le marché de l'emploi, dans ses petits caprices, nous force à
modifier des lois. On a besoin de plus de personnes âgées? Bon, bien, chop,
chop! retourne au travail, sinon tu perds ton indemnité. Est-ce que l'humain
est au service de l'économie ou l'économie au service de l'humain? Question philosophique
de base. Vous comprendrez qu'avec ce qui est demandé à l'article 19, où on
contraint les 55 ans et plus à retourner dans un autre travail, ce n'est pas du
tout à la hauteur de ce à quoi je m'attendais comme réforme de la modernisation
de la santé et sécurité.
Rappelons un fait de base, là. La base de
la santé et sécurité, c'est que le salarié renonce à son droit de poursuivre
l'employeur au civil ou au criminel, peu importe, ce qu'on appelle le principe
de Meredith qui est apparu soit fin XIXe soit début XXe, je ne m'en rappelle
plus...
M. Leduc : …de la
modernisation de la santé et sécurité. Rappelons un fait de base, là. La base
de la santé et sécurité, c'est que le salarié renonce à son droit de poursuivre
l'employeur au civil ou au criminel, peu importe, ce qu'on appelle le principe
de Meredith qui est apparu soit fin XIXe soit début XXe… je ne m'en rappelle
plus, mais c'est le fondement de la philosophie. C'est un peu l'équivalent du
«no fault», là. Alors, on décide que le salarié ne peut pas poursuivre son
employeur s'il se blesse au travail. Il ne peut pas dire : C'est ta
négligence, boss, qui fait en sorte que je perds un bras, que je perds
l'utilisation, bref. Il ne peut pas faire ça pour protéger en quelque sorte les
employeurs, les patrons, sinon, c'est des énormes coûts, des poursuites
juridiques complexes.
En échange de ça, il faut que le
travailleur ait quelque chose, puis c'est là qu'on a construit le régime. On
lui a dit : Tu auras droit à de la formation, à de la réadaptation… tu
auras droit à plein de choses. Tu auras droit à une indemnité de remplacement
de revenu, hein, c'est le gros morceau. Et là, alors qu'on avait une
disposition qui était importante, qui disait : Quand tu as 55 ans et
plus, là, pour une maladie professionnelle, puis 60 ans pour une lésion…
pour les autres lésions, on ne te gossera pas. Tu es à la fin de ta carrière,
tu as donné des années à ton employeur ou des employeurs, peu importe, on ne te
gossera pas, pour le dire en bon français.
Là, parce que, tout d'un coup, on a des
besoins sur le marché du travail, parce qu'on aimerait ça, là, chop-chop,
renvoyer quelques personnes, on va les contraindre, on va leur dire : Non,
non, vous êtes… Il faut y aller, il faut y aller. Il faut trouver une autre job
ailleurs, peut-être, dans un autre employeur. Ça peut être déterminé par la
commission. Je veux dire, c'est un recul majeur. C'est un vrai test pour le
ministre.
Il y a un amendement sur la table. Moi, je
pense qu'il peut être modifié. Il y a peut-être des affaires que le ministre
peut garder, mais ça ne peut pas rester tel quel. Autrement, le message qu'il
envoie aux travailleurs, travailleuses du Québec, c'est qu'il n'y aura
peut-être pas beaucoup d'autres amendements substantiels dans ce projet de loi
là. Puis moi, ça m'inquiète, parce que je le sais puis je suis d'accord avec le
ministre qu'il fallait une modernisation. Il faut une modernisation. Il faut
que ce soit une loi la plus consensuelle possible. Je sais qu'elle ne fera pas
plaisir, à tout le monde, cette loi-là. Il y a déjà des affaires, hein… j'ai
voté contre, j'ai fait des amendements. Mais il y a des essentiels, des
fondamentaux qui doivent soit demeurer soit bouger dans le bon sens, puis là on
n'est pas dans le bon sens pantoute.
C'est un vrai test pour le ministre.
Est-ce qu'il peut être ouvert, aller jouer un peu là-dedans, là, ce qui a été
déposé par mon collègue de Bonaventure? Moi, j'allais déposer quelque chose à
peu près dans le même sens, là… on pousse dans le même sens. Est-ce qu'il peut
aller jouer là-dedans, là? Y a-tu du mouvement, à quelque part, qui peut être
fait parce que, tel quel, c'est proprement inacceptable, Mme la Présidente.
Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. M. le ministre.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente. Oui, je pense qu'on a fait la démonstration qu'on était capables
d'amender, qu'un projet de loi, notre projet de loi, il est perfectible. Il
veut, ultimement, diminuer le nombre d'accidents de travail et de maladies
professionnelles au bénéfice de nos travailleurs et de nos travailleuses. Il y
a trop d'accidents, il y a trop de maladies. La santé, elle est…
M. Boulet : ...capable
d'amender qu'un projet de loi, notre projet de loi, il est perfectible. Il
veut, ultimement, diminuer le nombre d'accidents de travail et de maladies
professionnelles au bénéfice de nos travailleurs et de nos travailleuses. Il y
a trop d'accidents, il y a trop de maladies. La santé, elle est fondamentale,
non seulement de nos travailleurs, travailleuses, mais de nos familles aussi.
Ici, peut-être pour dissiper vos
inquiétudes, ça n'enlève absolument aucun droit, ça confère de nouveaux droits.
C'est tout le temps la personne qui a une atteinte permanente à l'intégrité
physique ou psychique, puis on dit : À 55 ans, la rondelle arrête. Tu
continues de recevoir ton IRR. Puis on sait qu'à 65 ans ça baisse de 25 %
par année, puis on dit : À 60 ans, au moins 60 ans, dans le cas d'une
autre lésion professionnelle, parce qu'une maladie professionnelle, la rondelle
arrête à 55 ans. Tout ce qu'on dit, c'est que tu vas continuer de recevoir
l'IRR, mais tu as accès à des services de réadaptation pour déterminer un
emploi convenable. Mais encore une fois, il faut que cet emploi convenable là,
il soit concret, il existe. Et encore une fois, vous l'avez, à la définition
d'emploi convenable, c'est un emploi qui est respectueux, compatible avec
l'atteinte permanente et les limitations de la personne.
Au contraire, moi, j'ai souvent entendu
des groupes me dire : M. le ministre, on ne peut pas laisser personne de
côté. Il ne faut pas laisser le potentiel humain de côté. Dans une
modernisation comme celle-là, encore une fois, on n'enlève aucun droit, il
continue de recevoir de l'IRR. On disait : À 55 ans, tu pouvais continuer
à recevoir de l'IRR. Là, il y a un encadrement, moi, que je considère être un
accommodement raisonnable, on l'aide, simplement. C'est une aide additionnelle,
de la même façon que pour les lésions professionnelles autres. Je ne vois pas
pourquoi ce serait un recul, alors qu'on avance et on permet à celui qui a une
maladie professionnelle d'avoir accès aux mêmes services que celui qui a un
accident de travail ou une rechute, récidive, aggravation. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il d'autres interventions? Alors, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Pouvez-vous me
nommer une seule organisation qui représente des travailleurs et des
travailleuses qui a appuyé cet article-là?
M. Boulet : Il faudrait que je
fasse un examen, là, mais je n'ai pas en tête toutes les recommandations de
tous les groupes syndicaux. Mais ça s'inscrit totalement en ligne avec la
philosophie, un des aspects fondamentaux de la modernisation, c'est-à-dire,
d'accompagner les travailleurs puis leur permettre de faire un travail toujours
en concordance avec leur atteinte permanente et leurs limitations
fonctionnelles.
Je le répète, tout ce qu'on vient dire
ici, c'est qu'on considère de manière totalement équitable les personnes
atteintes d'une maladie professionnelle avec les personnes qui ont un autre
type de lésion professionnelle. Puis, comme vous savez, les lésions
professionnelles, il y en a trois catégories...
M. Boulet : …avec leur atteinte
permanente et leurs limitations fonctionnelles. Je le répète, tout ce qu'on
vient dire ici, c'est qu'on considère de manière totalement équitable les
personnes atteintes d'une maladie professionnelle avec les personnes qui ont un
autre type de lésion professionnelle. Puis, comme vous savez, les lésions
professionnelles, il y en a trois catégories : c'est les accidents de
travail, les maladies professionnelles puis les rechutes, récidives,
aggravations. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci.
M. Leduc : Dans le régime
actuel, avant le projet de loi, là, une personne pouvait déjà utiliser les
mesures de réadaptation, pouvait déjà décider de retourner sur le marché du
travail s'il voulait laisser tomber son IRR. Vous ne modifiez rien, vous faites
juste lui dire : T'es obligé d'aller sur le marché du travail, sinon tu
perds ton IRR. C'est ça, le recul.
M. Boulet : Non, il n'est pas
obligé. C'est un incitatif, il peut. Il y a des travailleurs… puis j'ai
énormément de compréhension pour la situation de Claude. Claude a eu une
épicondylite. Et pour votre bénéfice, collègue, l'épicondylite, c'est une
maladie professionnelle présumée. Dans les lésions musculosquelettiques, il y
en a trois : les tendinites, les bursites puis les ténosynovites. Mais les
épicondylites, là, elles font partie de ce qui est une lésion
musculosquelettique, et donc il peut bénéficier d'un encadrement, il peut
bénéficier des services de réadaptation si c'est une maladie professionnelle.
S'il a une tendinite, par exemple, il pourrait continuer de recevoir les
services de réadaptation. C'est un accompagnement. Encore une fois, ça ne sera
pas le forcer à revenir au travail. Ça va être un incitatif, un accompagnement
par un conseiller, conseillère en réadaptation pour lui permettre de revenir
sur le marché de l'emploi, toujours dans la mesure où cet emploi convenable là
existe, il est concret et respectueux de l'état de santé du travailleur. Merci.
• (10 h 50) •
M. Leduc : …lire l'article,
là, l'article 53 que vous venez modifier : «…a droit à
l'indemnité de remplacement de revenu prévue à l'article 45 jusqu'à ce
qu'il occupe un nouvel emploi ou jusqu'à ce qu'il occupe ou refuse d'occuper un
emploi convenable disponible chez son employeur ou déterminé par la
Commission.» Ce n'est pas un beau chemin de fleurs vers le retour à l'emploi.
Puis vous le dites vous-même, c'est parce qu'on a des besoins de travailleurs
expérimentés sur le marché du travail. «Chop-chop», retourne dans la shop,
retourne sur le plancher. Ça ne peut pas fonctionner comme ça. Il s'est blessé,
il a une atteinte permanente.
M. Boulet : Est-ce qu'il faut
que je redise que, dans un contexte de même, le devoir d'accommodement
raisonnable de l'employeur est toujours effectif, puis il s'applique puis il
découle de l'affaire Caron…
M. Leduc : Bien oui.
M. Boulet : …rendue par la Cour
suprême? On dirait que vous voulez bénéficier de tous les avantages et de ne
pas reconnaître qu'il y a d'autres avantages qui découlent de ce devoir
d'accommodement raisonnable là qui peuvent bénéficier aux travailleurs.
Moi, j'ai dit tous mes commentaires. C'est
un accompagnement. Il n'y a rien qui force le travailleur. Je sais que vous
voulez me le faire répéter. C'est un incitatif et ce n'est ultimement que
bénéfique pour le travailleur qui est atteint d'une maladie professionnelle. Il
a accès à exactement la même chose que ceux qui ont un autre type de lésion
professionnelle. Merci.
M. Leduc : Mais c'est quand
même particulier, là. Vous utilisez l'arrêt Caron, qui est un gain pour les
salariés, pour les travailleurs, puis vous en faites du judo pour les faire
reculer sur le 55 ans et plus, en leur disant : Bien oui, à cause de
l'arrêt Caron…
M. Boulet : …qui est atteint
d'une maladie professionnelle, il a accès à exactement la même chose que ceux
qui ont un autre type de lésion professionnelle. Merci.
M. Leduc : Mais c'est quand
même particulier, là. Vous utilisez l'arrêt Caron, qui est un gain pour les
salariés, pour les travailleurs, puis vous en faites du judo pour les faire
reculer sur le 55 ans et plus, en leur disant : Bien oui, à cause de
l'arrêt Caron puis l'accommodement, bien sûr qu'il faut qu'ils se trouvent un
emploi ailleurs. Alors que ça jamais été ça qui était prévu dans 53, dans la
loi originale. Vous venez ouvrir une immense brèche qui est un énorme recul, et
qui est comprise très clairement par tous les groupes de travailleurs et
travailleuses comme un énorme recul. Vous… Vous ne leur ferez pas dire ce
qu'ils ne disent pas, là. Ils sont particulièrement fâchés de cet article-là.
Ça ne peut pas passer tel quel, M. le ministre, si vous voulez le moindrement
envoyer un signal que cette loi-là doit être consensuel. Je veux dire, c'est
évident, évident que vous voulez… que cet article-là va faire sauver de
l'argent à la CNESST, là. Je ne sais pas si vous l'avez calculé, là. L'autre
jour, je vous posais la question s'il y avait des calculs actuariels par
rapport à chacun des articles. Ça, je ne peux pas croire qu'à 53, vous n'avez
pas un chiffre, là. Comment la CNESST va économiser avec cet article-là?
M. Boulet : …écoutez, comme
j'ai expliqué tout à l'heure au collègue de Bonaventure, «déterminé par la
Commission», ça réfère spécifiquement au devoir d'accommodement raisonnable. Et
le «disponible»,
«et que son employeur», ça réfère à un autre
employeur, c'est une avenue nouvelle qui est offerte au travailleur entre 55 et
59 ans qui a eu une maladie professionnelle. Moi, ça complète mes
commentaires, Mme la Présidente. Moi, je vois ça comme une avancée.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Député d'Hochelaga-Maisonneuve, est-ce que vous laissez la parole à d'autres
députés, puis on va revenir à vous après?
M. Leduc : D'accord.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Ça vous va? D'accord. Alors, député D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : …Mme la
Présidente. Il me semble que l'amendement qu'il propose, le député de Bonaventure,
ouvre un débat tout à fait légitime. J'ignore si… et j'invite le ministre, par
contre, d'entamer avec nous un débat sur un sujet — j'en
conviens — assez fondamental.
Je crois que nous sommes en quelque part…
il y a des objectifs de… primordiaux du projet de loi devant nous, mais aussi
complémentaires. Et je crois qu'il faut… et nous le sommes, conscients de ces
objectifs qu'il y ait des améliorations dans cette modernisation qui
contribuent à pallier l'enjeu qui nous touche tous, la pénurie de
main-d'oeuvre. L'objectif tout à fait légitime d'inciter, oui, le monde, même
en situation très difficile, de maximiser leur possibilité de se réadapter avec
l'aide de l'État et de contribuer à pallier cette pénurie de main-d'oeuvre. Par
contre, en même temps, nous sommes en train d'essayer de bonifier en quelque
part et de moderniser, j'en conviens, les protections du travailleur.
Là-dessus, il faut dire sans… pour une
cible ou une autre, c'est intéressant de constater que les objections étaient
quasi unanimes en tout ce qui a trait aux regroupements qui…
M. Birnbaum : …les protections
du travailleur. Là-dessus, il faut dire sans… pour une cible ou une autre,
c'est intéressant de constater que les objections étaient quasi unanimes. Tout
ce qui a trait aux regroupements qui représentent les travailleurs, les
préoccupations, avec cet article, étaient quasi unanimes. En même temps, comme
je dis, comme on parle des protections nécessaires versus l'objectif louable de
contribuer à pallier la pénurie du main-d'oeuvre, bon, malheureusement, je suis
déjà dépassé le 55 à 59 pour moi, mais j'ai l'empathie et il faut dire, quand
je parle avec mes pairs, mes amis et tout ça, on parle d'une cible même sans le
moindre de difficulté profonde dont on parle ici qui se trouve, après toutes
sortes de changements et dynamiques, sans emploi. Les défis sont omniprésents,
omniprésents, et souvent les gens avec du bagage très intéressant se trouvent
contre plein d'obstacles, Mme la Présidente, qui sont légitimes ou autres, peu
importe les protections qu'on confie aux gens, les employeurs peuvent avoir
leurs préjugés en tout ce qui a trait à l'embauchement des gens d'un certain
âge, disons-le comme ça.
Alors, les obstacles sont déjà présents.
Moi, j'admets volontiers que je ne suis pas expert dans le domaine, alors de
commenter sur l'impact détaillé et réel, potentiel, de cet article-là, je
n'embarquerai pas, mais dans un premier temps, et j'invite le ministre de
commenter sur ces deux choses-là. Dans un premier temps, est-ce que ce n'est
pas évident que la perception d'un tel amendement va nuire, en quelque part,
aux droits et aux opportunités des 55 à 59? Ça, c'est une première question. Et
sur le plan réel comment on peut assurer que nous ne sommes pas en train de
fermer des fenêtres aux marges de manoeuvre, de bonne foi, des travailleurs,
travailleuses d'être complètement protégés en même temps que, oui, d'être, bon…
obligé c'est un grand mot, mais d'être obligés de… dans leur propre cas, de
faire le tout pour faciliter un retour adapté au travail si possible?
Alors, j'aimerais avoir des précisions du
ministre sur ces deux choses. La perception, j'insiste, j'insiste, est réelle,
même si sur le plan pratique il n'y avait pas d'implication, et j'ai mes
doutes. La perception est très, très importante dans une… pour le législateur
et pour les amendements devant nous. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui, député de Nelligan
M. Derraji : …pour vous
épargner…
M. Birnbaum : ...sur le plan
pratique, il n'y avait pas d'implication, et j'ai mes doutes. La perception est
très, très importante... pour le législateur et pour les amendements devant
nous. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui, député de Nelligan.
M. Derraji : ...pour vous
épargner du temps. Au fait, je pense que mon collègue a raison, c'est un problème
de perception. Je ne pense pas que la volonté du législateur, c'est dire à ces personnes :
Écoutez, là, on va tout faire pour vous empêcher de revenir ou de trouver un
emploi convenable. Corrigez-moi ce que je me trompe. On parle bien d'un emploi
convenable.
Les arguments que mes deux collègues ont
mis sur la table, je pense que c'est là... le diable est dans le détail. Donc, l'interprétation
et la lecture du texte tel qu'il est présenté aujourd'hui laissent un petit
doute par rapport à la réelle volonté de parler d'un emploi convenable sans
prendre en considération les raisons qui empêchent ou qui empêcheraient probablement
le travailleur de ne pas occuper cet emploi convenable.
Donc, moi, ce que j'invite le ministre,
sachant aussi sa préoccupation par rapport au retour au travail, sachant sa préoccupation
par rapport au marché de travail qui va subir une pression énorme pour les
prochains mois, pensons à nos régions, pensons à nos travailleurs expérimentés — moi,
je n'aime pas le mot «âgé», j'ai plus parlé de nos travailleurs
expérimentés — dans des régions éloignées où, probablement, l'interprétation
au sens figuré de cet article de la loi, probablement, va laisser champ libre à
des personnes que, probablement, pour x, y raisons, d'avoir une interprétation
qui est loin de l'interprétation qu'on partage aujourd'hui. Moi, je n'ai jamais
entendu le ministre dire que, bon, voilà, on va tout mettre pour avoir des
barrières, ce n'est pas le cas. Je ne pense pas que j'ai entendu ça depuis le
début de la commission.
Donc, je pense qu'on peut trouver un
terrain d'entente, envoyer un message clair aux travailleurs que ce n'est pas
le but escompté ni recherché, mais aussi aux employeurs que, voilà, on va tout
faire pour qu'on puisse bénéficier aussi de ces travailleurs. Parce qu'aux
indicateurs que je vois chaque jour, je ne pense pas qu'on peut se permettre de
mettre dehors du système des personnes expérimentées, peu importe ce qu'ils
vivent avec leur état de santé. Donc, c'est ce que je voulais ajouter.
M. Boulet : Avec énormément de
pertinence, là. Puis il y a des perceptions, si je peux contribuer à les
dissiper, la réalité, c'est qu'on veut permettre et on veut inciter le
travailleur entre 50-59 ans qui a une maladie professionnelle, s'il a... Encore
une fois, s'il a un emploi convenable. Je pense que le Pre Lippel disait
bien : Il faut que l'emploi convenable soit disponible, tu sais. Puis
c'est un emploi convenable qui est concret.
• (11 heures) •
Puis c'est un incitatif aussi. Je
rappellerai à mes collègues que, pour l'employeur, qu'il a à contribuer aussi à
son devoir d'accommodement raisonnable puis il a à contribuer, lui aussi, dans
le processus de réadaptation permettant à la personne qui a 56 ans, 58 ans de
revenir. Puis ce n'est pas pour...
11 h (version non révisée)
M. Boulet : ...et je
rappellerai à mes collèges que, pour l'employeur, qu'il a à contribuer aussi à
son devoir d'accommodement raisonnable, puis il a à contribuer lui aussi dans
le processus de réadaptation permettant à la personne qui a 56 ans,
58 ans de revenir. Puis ce n'est pas pour le pénaliser, au contraire, ce
n'est pas pour le pénaliser, on en a besoin. C'est un potentiel, c'est un
talent, et on veut simplement lui permettre de continuer à l'exprimer, son
talent, en collaboration avec tout le monde. Puis c'est toujours dans un
concept, vous le savez, de souplesse, d'accompagnement et d'aide, tant aux
travailleurs, travailleuses visées, que l'employeur aussi. Parce que
l'employeur va réaliser que ce n'est pas parce que tu as une maladie
professionnelle à 55 ans, puis tu as une atteinte, puis tu as des
limitations que c'est fini pour toi.
M. Derraji : ...exprimé dans
l'article. En fait, la façon... désolée, Mme la Présidente, la façon avec
laquelle vous l'exprimez, et je ne sais pas pour mes collègues, mais pour moi,
la façon avec laquelle vous l'exprimez, vous l'argumentez, ça fait du sens.
Mais est-ce que... quand je vais prendre le texte brut, je ne vais pas avoir le
ministre de l'Emploi et du Travail, je ne vais pas avoir les partis de
l'opposition avec moi, je le lis, c'est normal que mon collègue reçoive une
lettre pareille, c'est normal, probablement, que les gens sortent aux
barricades. Mais la façon avec laquelle vous l'argumentez, je sens et j'ai
l'impression que la volonté est partagée.
Mais est-ce qu'on peut, à la lumière de
tout ce qui a été dit, trouver un terrain d'entente et exprimer ce que vous
venez de dire dans l'article?
M. Boulet : O.K., je vais le
faire. En fait... puis il faudrait conjuguer un certain nombre d'articles, là,
en matière de réadaptation puis la définition d'«emploi convenable», mais je
vais vous expliquer clairement, puis ça va être dit en commission
parlementaire, ce que la CNESST fait. Elle vérifiera, puis elle le fait tout le
temps en matière de réadaptation, si l'emploi est disponible et accessible,
c'est-à-dire si le travailleur y a accès, selon les dispositions en vigueur
dans l'entreprise, notamment l'ancienneté, puis s'il respecte les cinq critères
prévus à l'article 2 du projet de loi. Donc : «Un emploi est qualifié
de convenable :
1° s'il est approprié;
2° s'il permet aux travailleurs d'utiliser
sa capacité résiduelle en tenant compte des tâches essentielles et
caractéristiques de ce type d'emploi;
3° permet aux travailleurs d'utiliser ses
qualifications professionnelles;
4° offre une possibilité raisonnable
d'embauche; puis
5° présente des conditions d'exercice qui
ne comportent pas de dangers pour la santé, la sécurité ou l'intégrité physique
du travailleur, compte tenu de sa lésion professionnelle.» Et si tel est le
cas, la CNESST va rendre une décision d'emploi convenable. C'est tout, c'est
l'exercice qui est fait régulièrement, c'est l'exercice qu'on permet d'utiliser
par le travailleur qui a une maladie professionnelle, qui a 56 ans, 57 ans,
58 ans, 59 ans. C'est simplement ce que ça permet de faire. Puis on
est vraiment en mode encadrement puis accompagnement. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il d'autres interventions? Nous allons revenir au député de
Bonaventure...
M. Boulet : ...qui a
56 ans, 57 ans, 58 ans, 59 ans, c'est simplement ce que ça
permet de faire. Puis on est vraiment en mode encadrement puis accompagnement. Merci,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il d'autres interventions? Nous allons revenir au député de Bonaventure.
M. Roy
: Merci, Mme la
Présidente. Écoutez, je vais prendre deux, trois minutes pour vous parler d'une
période palpitante de ma vie. Quand j'étais travailleur forestier, on se levait
à 3 h 30 le matin, on rentrait dans la petite van à 4 h 15,
deux heures de route pour rentrer dans les forêts gaspésiennes. On nous
débarquait à 6 h 30 avec nos scies, nos... notre lunch, puis...
Puis on avait un ami, lui, quand il voyait
des fleurs, il était enragé. Là, je le trouvais assez étrange. Ça n'a pas été
long que j'aie compris que c'est un gars qui était allergique aux nids de
guêpes. Il se promenait avec son EpiPen dans la poche, là, de manière
permanente et il descendait à l'hôpital une fois par année. Ghislain est décédé
à 61 ans. Ça a été une vie extrêmement dure pour lui. Il n'a pas pu se
prévaloir d'aucun régime de protection, rien. Il était pogné pour aller dans le
bois, c'est tout ce qu'il savait faire.
Aujourd'hui, s'il serait protégé, mettons,
où on l'enverrait ce gars-là? Dans un moulin? Dans une usine de poisson où les
gens ont des bottes en caoutchouc jusqu'aux genoux, là, 12 heures par
jour, sept jours par semaine, où l'arthrite... Il y a une épidémie d'arthrite
dans les usines de poissons en Gaspésie, là.
Mais les gens sont peu scolarisés, ils ne
savent pas se défendre, n'ont pas les moyens de revendiquer, et ce sont des
gens qui sont toujours dans l'angle mort des politiques que nous déployons ici.
Ça fait qu'en mémoire de Ghislain puis de tous ceux et celles qui travaillent
dans les usines, que j'ai défendus récemment, là, on avait... je pense, vous,
vous rappelez, on avait publié des annonces avec salaire pour homme puis
salaire pour femme. C'était n'importe quoi, là. C'est comme ça encore. Et
imaginez ces gens-là, là, bon, je vous dis, là, dans l'humidité, le froid dans
les usines de crabes. Pensez-vous qu'ils profitent de la richesse la même chose
que dans la forêt, là? Absolument pas, c'est une logique moyenâgeuse encore.
Ça fait que ces gens-là, il faut le
protéger. Et, s'ils ont droit à une indemnité de remplacement de revenu pour les
sauver un petit peu... Parce qu'ils ont enrichi des gens d'une manière
phénoménale. Travailleurs forestiers, c'est pareil, hein, si vous regardez le
prix du bois aujourd'hui, là... (Interruption) oh! excusez, les gens en bas,
là, ils n'en profitent pas.
Ça fait qu'écoutez, moi, je n'ai pas le
choix de ramener ça, cette histoire-là, parce que c'est des cas concrets. Et je
ne sais pas comment... écoutez, quel amendement pourrait vous satisfaire pour
qu'on puisse protéger cette catégorie-là de gens qui... Bon, moi, je reviens au
picot : «ou déterminé par la commission». Si la personne refuse un emploi,
bien, elle se fait couper son indemnité de revenu, bon... de remplacement de
revenu. Ça fait qu'il y a des... on a des catégories de gens qui vivent... qui
ont des emplois extrêmement...
M. Roy
: ...je reviens
au picot : «ou déterminé par la commission». Si la personne refuse un
emploi, bien, elle se fait couper son indemnité de revenu, bon... de remplacement
de revenu. Ça fait qu'il y a des... on a des catégories de gens qui vivent...
qui ont des emplois extrêmement difficiles qui créent une usure prématurée de
leurs corps. Le travailleur sylvicole a une scie sur le bord de la hanche, là,
pendant 25 ans, il y a un poids démesuré, il est déséquilibré. L'arthrite lui
pogne toujours du même côté, parce que c'est là... Ça fait qu'écoutez, voilà,
moi, c'est ce que je veux vous dire.
Mais est-ce qu'on ne pourrait pas trouver quelque
chose pour les protéger puis faire en sorte qu'on ne les oblige pas à passer
dans... à faire de l'éclaircie précommerciale, à rentrer dans l'usine de
poisson ou s'en aller. Parce que, tu sais, une bureaucratie qui regarde de haut
ces gens-là, là, puis ce n'est pas par médisance, je ne dis pas... mais, tu
sais, quand tu es loin, tu ne vois pas la réalité quotidienne de ces gens-là.
Ça fait que comment on les protège? Puis je répète, je ne dis pas par médisance
des gens à la CNESST qui... ils évaluent-u ça? Mais il n'y a pas grand monde,
dans les tours à bureaux à Québec, qui comprennent cette réalité terrain là,
là, puis voilà, regardez...
M. Boulet : Bien, c'est un cas
bien intéressant puis qui démontre votre sens humain, collègue, puis c'est tout
à votre honneur. Puis moi, j'aime ça, partager des cas concrets, parce que ça
met de la vie dans ce que nous faisons, comme parlementaires.
Ceci dit, il n'y aura jamais d'obligation,
parce que vous référez... Je n'aurais pas voulu qu'ils aient été obligés. D'abord,
si c'était votre ami, j'ai, encore une fois, de la sympathie pour vous puis
pour sa famille, mais tout ce que ça... Il n'a aucun droit. Il avait tout le
temps le droit de continuer de recevoir l'indemnité de remplacement de revenu.
Tout ce que ça vient dire, dans la mesure où il y a une maladie professionnelle,
il peut... on peut lui donner encore la main.
Puis oui, c'est vrai que ça a l'air, la
CNESST, parfois, d'une structure plus bureaucratique. Ce n'est pas le cas,
c'est des personnes qui sont spécialisées, là, qui font de la réadaptation.
C'est des... je le répète souvent, là, c'est des physiothérapeutes, des
kinésiologues, des ergothérapeutes et autres, là, et ils font un plan
individualisé de réadaptation. Puis il faut vraiment que l'emploi convenable,
il réponde aux cinq critères. Donc, c'est favorable à la personne. Tout ce
qu'on vient de lui donner, c'est une prolongation de son droit de recourir à
des services de réadaptation, qui ne tient pas compte seulement de la pénurie
de main-d'oeuvre, qui ne tient pas compte simplement de l'augmentation de
l'espérance de vie, mais qui tient compte du caractère profondément humain qui
est vécu souvent par des personnes qui ont des maladies professionnelles. Il
n'y a rien qui leur est enlevé, il n'y a que des nouveaux droits qui leur sont
consentis.
Puis pour les employeurs, ça leur fait
réaliser que ces personnes-là, bien, il n'y a plus rien...
M. Boulet : …mais qui tient
compte du caractère profondément humain qui est vécu, souvent, par des
personnes qui ont des maladies professionnelles. Il n'y a rien qui leur est
enlevé, il n'y a que des nouveaux droits qui leur sont consentis. Puis, pour
les employeurs, ça leur fait réaliser que ces personnes-là, bien il n'y a plus
rien à faire ou, bon, ils vont continuer à bénéficier de l'IRR puis… donc, il y
a une étape additionnelle qui peut permettre de soutenir ces personnes-là.
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, nous poursuivons avec le député d'Hochelaga-Maisonneuve et
ensuite le député de Nelligan.
M. Leduc : Merci, Mme la
ministre…
M. Boulet : Mme la ministre?
M. Leduc : …Mme la Présidente,
M. le ministre. Aujourd'hui, le genre, hein, ça bouge.
La semaine prochaine c'est la fête de mon
père. Il va avoir 63 ans. C'est un mécanicien dans le récréatif. Il a été…
il n'est pas syndiqué, il a été assez chanceux dans sa vie, il n'a pas eu de
grandes blessures. Des petits accidents à gauche à droite, mais pas de grosses
blessures, mais avec l'article, là, qu'on s'apprête à discuter, qu'on s'apprête
à voter, si par malheur, la semaine prochaine, il se blesse et qu'il a une
lésion, une atteinte permanente, et c'est ça le mot clé, ici, hein, qu'on
oublie vite, là, atteinte permanente. Jusqu'à la fin de sa vie, le salarié aura
une atteinte permanente, physique, psychologique, etc. S'il se blesse, avec une
atteinte permanente, telle quelle, la loi originale lui dirait : Écoute,
il te reste quelques années avant ta retraite. C'est ton patron qui avait la
responsabilité de prévenir tes blessures, bien, voilà tu as ton IRR avec
90 % de ton salaire. Pas de soucis.
• (11 h 10) •
Avec la loi actuelle, là, qu'est-ce qui va
arriver? Pénurie de main-d'oeuvre, on le dit même dans la loi, là, pénurie de
main-d'oeuvre. On cherche du monde au Réno-Dépôt, on cherche du monde, là, des
commis chez Réno-Dépôt. Bien, vas-y. Va travailler au Réno-Dépôt au salaire
minimum qui est, hein, on le sait, est un peu ridicule au Québec. Puis là il va
falloir qu'il fasse ça durant deux, trois ans, sinon on lui coupe son IRR
pour lequel on a consenti à ne pas poursuivre l'employeur.
Ce n'est pas comme ça que ça devrait
marcher, Mme la Présidente. Ce n'est pas comme ça que ça devrait marcher. Il
faut qu'on garde tel quel le 53, et si le ministre tient absolument à préciser
que là on donne un nouveau droit à la mesure de réadaptation qui existe déjà,
là, mais s'il tient absolument à le préciser, bien on garde l'article 53
tel quel puis on rajoute une petite phrase en quelque part, là : Le
travailleur a droit de bénéficier des mesures de réadaptation professionnelle.
C'est parfait, on le rajoute. Moi… ça fait plein de fois qu'on fait des ajouts
dans la loi de quelque chose qui était déjà le cas, on le rajoute. C'était déjà
le cas de toute façon. On met une petite phrase. Parfait, objectif du ministre
rencontré. Ce n'est pas ça l'objectif. J'ai demandé tantôt c'est combien en
argent on sauve? Le ministre ne m'a pas répondu. Bien, on a fouiné…
M. Leduc : ...moi, ça fait
plein de fois qu'on fait des ajouts dans la loi de quelque chose qui était déjà
le cas. On le rajoute, c'est déjà le cas de toute façon. On met une petite
phrase, parfait, objectif du ministre rencontré. Ce n'est pas ça, l'objectif.
J'ai demandé tantôt : C'est combien
en argent on sauve? Le ministre ne m'a pas répondu, mais on a fouiné. À la page
114 de l'étude d'impact, on parle de 8 millions par année pour cette
mesure-là, 8 millions par année d'économie pour les employeurs du Québec à
travers la CNESST, à travers les cotisations. Ça, Mme la Présidente,
8 millions d'économies, qui est dans un document officiel, là, l'étude
d'impact, là, quand le ministre dit : Bien, on va voir, ça va être selon
la personne, sa réalité, bien, ce 8 millions là devient un objectif, il
faut sauver 8 millions à travers le nouvel article 19. Ça fait que la
machine, là, CNESST, c'est quoi qu'elle reçoit comme signal? Chop, chop! Tu as
8 millions à sauver, applique-la, ton article 19.
Tu sais, quand on dit : Ah! on verra.
C'est bien beau, là, c'est des beaux mots, là, mais, dans la réalité, ce n'est
pas ça qui va se passer. Dans la réalité, il y aura un objectif
institutionnel : Coupez 8 millions avec l'article 19, puis ça va
percoler, ça va descendre. Puis là, bon, O.K., telle ou telle situation,
normalement, je l'aurais-tu laissé passer? Woups, il y a 8 millions à
sauver cette année. Qu'est-ce qui va arriver avec ça? Ça va être très clair, il
va y avoir du monde qui vont se faire pousser par le marché du travail,
contraindre vers le marché du travail.
Si l'objectif du ministre, c'est d'attirer
des gens qui peuvent encore travailler sur le marché du travail, bon, j'ai dit
tantôt, tu sais : L'humain au service de l'économie ou l'économie au
service de l'humain, on peut en débattre. Si son objectif, c'est vraiment
d'assurer qu'il y a du monde qui pourrait continuer à travailler puis qui y
retourne malgré leur atteinte permanente, pourquoi il ne maintient pas l'IRR
puis il dit : Bien, tu vas garder ton IRR puis en plus tu auras ton
salaire supplémentaire? Aïe, là, il va en attirer du monde sur le marché du
travail. Si c'est ça, son objectif. Pourquoi est-ce que son objectif va
nécessairement avec un recul que la personne perde son IRR? Moi, ça ne passe
pas du tout, Mme la Présidente, ce n'est pas possible.
M. Boulet : Mais ça découle,
je ne sais pas, là, si c'est volontaire ou non. S'il retourne sur le marché de
l'emploi, il bénéficie d'une IRR réduite, vous le savez, collègue. Il faut
faire attention à ce que nous disons en commission parlementaire. S'il fait un
emploi qui est au salaire minimum ou un salaire inférieur à ce qu'il faisait,
il y a un calcul qui est prévu dans la loi, puis ça, ça n'a jamais été... ça
n'a jamais fait l'objet de contentieux.
Et j'en profite pour souhaiter joyeux
anniversaire à votre père en amont, qui aura 63 ans. Et lui, il n'y a aucun
impact à son égard. Si votre père veut revenir, c'est tout à fait correct, ça
dépend de la nature de son atteinte permanente. Mais on dit simplement que tu
continues de recevoir ton IRR, que t'aies 55 ans, que t'aies... jusqu'à 59 ans,
tu bénéficies de mesures d'accompagnement. Il n'y a rien d'obligatoire
là-dedans, il n'y a rien qui enlève...
M. Boulet : ...la nature de son
atteinte permanente, mais on dit simplement que tu continues de recevoir ton
IRR, que t'aies 55 ans, que t'aies... jusqu'à 59 ans, tu bénéfices de
mesures d'accompagnement. Il n'y a rien d'obligatoire là-dedans. Il n'y a rien
qui enlève quelque droit que ce soit de recevoir sa pleine indemnité de
remplacement de revenu. Puis, comme avant 55 ans, c'est sûr que quand
t'occupes un emploi convenable chez ton employeur ou ailleurs sur le marché de
l'emploi, bien là, il y a un calcul qui se fait pour qu'il puisse bénéficier
d'une indemnité de remplacement de revenu réduite. Mais il y a des travailleurs
qui reviennent à un emploi convenable disponible et concret qui peuvent gagner
plus que ce qu'ils faisaient antérieurement.
Mais dans le cas de votre père, à
63 ans, il n'y a pas d'impact. Mais, si votre père avait eu 57 ans,
on lui aurait fait le message, avec l'amendement : Tu continues de
recevoir ton IRR, mais selon la nature de ton atteinte permanente, on va te
faire bénéficier des services d'un conseiller en réadaptation qui travaille à
la CNESST. On va analyser ta capacité résiduelle, comment tu peux utiliser tes
qualifications puis on va tenir compte que les conditions d'exercice
convenables ne soient pas incompatibles avec son état de santé. Il faut que cet
emploi-là soit concret, disponible. Il n'y a pas d'obligation, c'est simplement
de reconnaître le potentiel et le talent de ce bassin-là de personnes pour le Québec.
Simplement. Merci.
M. Leduc : Pourquoi vous ne
faites pas un bonus à la place d'un malus alors?
M. Boulet : Un bonus?
M. Leduc : Laissez son IRR tel
quel puis faites un bonus, comme ça, il aura son salaire aussi.
M. Boulet : Je pense, ce n'est
pas le but visé par... Tu sais, dans une loi d'indemnisation de cette
nature-là, on aide le travailleur, on le compense pour la perte de revenu, il
est dûment compensé, puis tenant compte de l'évolution de son état de santé, on
fait un accompagnement qui est compatible avec la manière dont il évolue au
plan médical. Ce n'est pas de donner des incitatifs à revenir au travail, c'est
plutôt de l'inciter à analyser la possibilité qu'il puisse réintégrer le marché
de l'emploi. Ça peut être chez son employeur ou ailleurs. Et c'est un incitatif
pour l'employeur à faire cet examen-là pour s'assurer que la personne...
Ça m'étonne parce que je me souviens que
des groupes disaient : La problématique, c'est qu'il y a des personnes qui
sont laissées pour compte par le système puis leur état se chronicise, puis
vous le savez. Puis ces personnes-là, non seulement elles sont laissées pour
compte, mais elles ne peuvent plus rien faire du reste de leur vie. Or, tout ce
qu'on vient dire ici, nous, comme pour les accidents de travail... Je ne vois
tellement pas l'intérêt de faire un débat prolongé sur cet article-là, on vient
simplement dire : Si tu as une maladie professionnelle, tu es traité
pareil comme si tu avais un accident de travail. C'est... Il n'y a pas plus que
ça dans le changement.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...est-ce que vous laissez la parole au député de Nelligan?
M. Leduc : ...avant de laisser
la parole à mon collègue de Nelligan.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Alors, allez-y...
M. Boulet : ...là, on vient
simplement dire : Si c'est une maladie professionnelle, tu es traité
pareil comme si tu avais un accident de travail, c'est... Il n'y a pas plus que
ça dans le changement.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...est-ce que vous laissez la parole au député de Nelligan?
M. Leduc : ...laisser la parole
à mon collègue de Nelligan.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Alors, allez-y.
M. Leduc : La mesure de réadaptation,
si vous voulez, on la rajoute dans l'article original. C'est super, je n'ai pas
de problème. On la rajoute, débat réglé. Ce n'est pas ça que vous faites, avec
l'article 19, ce n'est pas juste ça que vous faites, vous faites plein d'autres
choses. Vous l'ouvrez à d'autres emplois, vous rajoutez «s'il refuse, il est
coupé». Vous me dites : Mon père, na na na... bien oui, mais s'il refuse,
clac! C'est le couperet, c'est terminé. Ce n'est pas possible. Ce n'est pas
possible. Vous dites, tu sais : Les groupes qui sont venus, les représentants
des travailleurs et travailleuses, que ce soit du communautaire, des centrales
syndicales, unanimement, tout le monde vous dit : Il faut retirer le 19,
ça n'a pas de bon sens. Ça fait que soit toute la gang, là, ne comprennent
rien, ou soit vous êtes... c'est vous qui ne comprenez pas, mais là, il y a
comme un dialogue qui n'est pas possible, là.
M. Boulet : Non, c'est pour ça
que c'est important de faire de la pédagogie et de bien comprendre les
enseignements de la Cour suprême du Canada. Quand on parle d'accommodement
raisonnable puis quand on parle d'emploi convenable disponible, ça peut être
aussi ailleurs sur le marché de l'emploi. Ça fait que les autres ajustements à
cet article-là concernent le devoir d'accommodement raisonnable et la
possibilité de la personne d'avoir un emploi convenable ailleurs sur le marché
de l'emploi. On vient essentiellement dire à la personne de ne pas arrêter, il
peut encore bénéficier de la réadaptation professionnelle. À 55 ans, tu ne vaux
plus rien... tu vaux encore beaucoup, tu as encore un certain potentiel, tu as
ton talent, dépendamment de ton état de santé, tu pourras bénéficier de ce
qu'offre le marché de l'emploi. C'est simplement ce que ça vient dire.
• (11 h 20) •
M. Leduc : ...
M. Boulet : Non, parce que...
M. Leduc : Comment ça, non?
M. Boulet : Non, c'était à 60
ans. Non, mais là, vous le savez, là, c'était à 60 ans pour la lésion
professionnelle autre que la maladie professionnelle. La maladie
professionnelle ça arrêtait à 55 ans. Donc, à 55 ans, tu as droit à ton IRR, le
reste, jusqu'à 65, 66, 67, 68. Là, on vient dire : Comme pour les autres,
c'est jusqu'à 60 ans. Puis encore une fois, s'il n'y a pas d'emploi convenable
concret disponible, que ce soit chez son employeur ou ailleurs, il bénéficie du
même droit. Il n'y aucune perte de droit, il n'y a que l'ajout de bénéfices.
Merci, Mme la Présidente. Là, je vais finir par me répéter trop souvent.
M. Leduc : Une dernière chose.
Dernière chose, rapidement. Actuellement, dans la loi actuelle, un travailleur
qui a une lésion permanente, une atteinte permanente, qui décide qu'il veut
continuer à travailler, il n'y a rien qui l'en empêche, au contraire, la CNESST
va l'accompagner dans la loi actuelle. Qu'est-ce que vous venez changer à ça?
M. Boulet : La possibilité
d'en bénéficier. Il y a peut-être eu des cas, là, puis je le dis sans le
savoir, il y a peut-être eu des cas de travailleurs qui ont dit : Moi, je
veux continuer...
Une voix
: …qui veut
continuer à travailler, il n'y a rien qui l'en empêche, au contraire, la CNESST
va l'accompagner dans la loi actuelle. Qu'est-ce que vous venez changer à ça?
M. Boulet : La possibilité
d'en bénéficier. Il y a peut-être eu des cas, là, puis je le dis sans le
savoir, il y a peut-être eu des cas de travailleurs qui ont dit : Moi, je
veux continuer. Je ne sais pas comment la CNESST a réagi, mais là c'est clair
dans la loi que, jusqu'à 60 ans, c'est disponible, puis il peut en bénéficier. Merci,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, député de Nelligan.
M. Derraji : Moi, je pense
qu'on peut trouver quand même un terrain, j'entends le ministre, j'entends les
collègues. Je veux juste, encore une fois, qu'on ne laisse pas juste une petite
porte parce que c'est toujours le diable est dans les détails. Si j'ai bien
compris la volonté du législateur, c'est que le travailleur expérimenté qui
n'arrive pas à trouver un emploi, c'est la CNESST qui va les aider pour trouver
un emploi, donc il va les accompagner. Toutes ces mesures d'accompagnement, je
pense que c'est très clair avec les amendements que nous avons déjà vus dans le
projet de loi.
Je pense là où il y a probablement des
questions, c'est que le si, si le travailleur, même avec le concours de la
CNESST, n'arrive pas à trouver un emploi, n'arrive pas à se placer, est-ce que
ça va être une majorité? Pas sûr. Une minorité? Probablement. Est-ce qu'on peut
juste dire qu'ils pourront maintenir leur droit à l'IRR? Et le dire d'une
manière beaucoup plus claire, parce que je vous entends — et je
n'essaie pas… je vous dis, écoute, on réfléchit tous
ensemble — j'entends les arguments du collègue, si tout le monde est
d'accord, on peut l'écrire d'une manière beaucoup plus claire. Le problème
réside dans la partie où si, malgré les efforts de la CNESST, c'est des efforts
louables, c'est des efforts d'accompagnement, mais à la lumière des deux
exemples présentés par l'ensemble des collègues, au bout de la ligne, l'interprétation
de la loi, c'est ce qu'on va laisser. Les gens, ils ne vont pas aller chercher
nos discussions du 30 mars 2021, les cas que nous avons ramenés, les gens
vont se fier sur l'article de la loi.
La seule chose que je vous propose, M. le
ministre, je pense, encore une fois, et je suis convaincu que la volonté, c'est
s'occuper de nos travailleurs expérimentés. La CNESST va jouer son rôle pour
les accompagner, encore une fois, pour un emploi convenable. Je me dis aujourd'hui :
Protégeons des travailleurs qui, dans le cas où le travail n'est pas
convenable, ne les aide pas à revenir sur le marché du travail, bien, au moins,
ils pourront maintenir leur droit, d'une manière très claire, à l'IRR. En fait,
il ne faut pas qu'on laisse le doute, moi, j'en suis sûr et certain que la
volonté du législateur, ce n'est pas dire : Des économies d'échelle. Là
vous ne retournez pas au travail, là, vous n'acceptez pas cela, vous n'avez pas
le droit à l'IRR. Je ne pense pas que c'est ce que j'entends des propos du ministre.
Je ne pense pas qu'on va faire une économie d'échelle sur ce groupe de travailleurs.
Ce n'est pas ça que j'ai compris des explications du ministre, peut-être qu'on
peut donner les interprétations, peut-être que…
M. Derraji : ...là, vous ne
retournez pas au travail, là, vous n'acceptez pas cela, vous n'avez pas le
droit à l'IRR. Je ne pense pas que c'est ce que j'entends des propos du ministre.
Je ne pense pas qu'on va faire une économie d'échelle sur ce groupe de
travailleurs, ce n'est pas ça que j'ai compris des explications du ministre. Peut-être
qu'on peut donner des interprétations, peut-être que les groupes peuvent
interpréter l'article, et je les comprends. Interpréter l'article tel qu'il est
laisse beaucoup d'hypothèses.
Donc, moi, là, je pense qu'une solution
que je vous propose, M. le ministre, réglons les «si», réglons les «si» même si
c'est minime, et je pense qu'on va trouver tous un terrain d'entente qui répond
à tout le monde. Moi, là, c'est juste on rassure aujourd'hui les gens qui,
malgré le concours de la CNESST, l'appui de la CNESST, n'arrivent pas à se
placer, bien, au moins leur IRR n'est pas touchée.
M. Boulet : Je vais le
préciser dans mon propos, puis c'est sûr qu'il y a une combinaison d'articles.
Mais, dans l'article 53 actuel, on disait : Il a droit de maintenir
son indemnité de remplacement de revenu, on le dit clairement, «droit à
l'indemnité de remplacement de revenu tant qu'il n'occupe pas un emploi, un
nouvel emploi ou un emploi convenable». Je pense que notre amendement est
encore plus clair. Au lieu de dire «tant qu'il n'occupe pas», on dit «jusqu'à
ce qu'il occupe ou refuse d'occuper un emploi convenable disponible chez son
employeur ou déterminé par la commission». Et, dans les autres articles, c'est
la même affaire.
Le reste, il y a l'article 45 sur le
calcul, 52, l'IRR réduite. Puis la fin du droit à l'indemnité, c'est prévu à...
En fait, il y a 56 puis 67. L'indemnité de remplacement de revenu, collègue, il
est prévu à 56, c'est réduit de 25 % à compter du 65e anniversaire de
naissance, 50 % la deuxième année, 75 % la troisième année. Puis à 57
on dit : «Le droit à l'indemnité de remplacement de revenu s'éteint au
premier des événements suivants», puis là c'est notamment au décès, ou ça peut
être au 68e anniversaire de naissance du travailleur, ou quand il redevient
capable d'exercer son emploi... Ça fait que la loi est... il y a une
combinaison d'articles qui font que c'est clairement exprimé.
Puis je le répète, je pense qu'il n'y a pas
matière de craindre. L'article 53, à cet égard-là, collègue de Nelligan,
n'est nullement changé en ce qui concerne la confirmation du droit de continuer
de recevoir l'indemnité de remplacement de revenu jusqu'à ce qu'il y ait une
échéance. S'il n'y a pas d'échéance, il n'y a pas d'emploi convenable
disponible, les autres articles pertinents s'appliquent et continuent de
recevoir son indemnité de remplacement de revenu. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, député de Bonaventure.
M. Roy
: Merci, Mme la
Présidente...
M. Boulet : …S'il n'y a pas
d'échéance, s'il n'y a pas d'emploi convenable disponible, les autres articles
pertinents s'appliquent, et il continue de recevoir son indemnité de
remplacement de revenu. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, député de Bonaventure.
M. Roy
: Merci, Mme la
Présidente. M. le ministre, les victimes ont abdiqué leur droit de poursuite,
et j'ai déjà parlé de la posture d'équilibre qu'on doit avoir dans… lorsqu'on
regarde un projet de loi de cette nature-là. Et là, ce qu'on voit, c'est que
les employeurs font des gains et les travailleurs ont des pertes. Et les…
Attendez, je vais finir, mais laissez-moi aller. Tu sais, inévitablement, puis
à partir de ce que mon collègue a dit, d'Hochelaga-Maisonneuve, on sait qu'en
arrière de tout ça, il y a des objectifs financiers : réduire les
dépenses, hein? Et c'est inévitable, mais je tiens à vous rappeler quand même
que l'origine de la loi était bâtie sur un contrat social où les travailleurs
ont abdiqué leur capacité à amener devant les tribunaux les employeurs en
échange d'indemnisations en cas de maladie et de prévention. Bon, ceci étant
dit… Sauf que là, je viens… on vient de recevoir le libellé de l'article 175.
Je vais vous le lire, je sais que je suis ailleurs, mais ça place un peu le
tableau, là : «La Commission peut, aux conditions qu'elle détermine et
qu'elle publie à la Gazette officielle du Québec, 30 jours avant
leur mise en application, octroyer à l'employeur, qui embauche un travailleur
victime d'une lésion professionnelle, une subvention pour la période,
n'excédant pas un an, pendant laquelle ce travailleur ne peut satisfaire aux exigences
normales de l'emploi.
«Cette subvention a pour but d'assurer au
travailleur une période de réadaptation à son emploi, d'adaptation à son nouvel
emploi et de lui permettre d'acquérir de nouvelles compétences
professionnelles.»
Donc, l'entreprise va être subventionnée
en plus pour réintégrer un travailleur. Ça fait que, ça là, c'est comme un bar
ouvert à quelque part. Ça fait que, quand je parle d'équilibre, on ne peut pas,
d'un côté, réduire l'accès aux indemnités de remplacement de revenu via des
capacités discrétionnaires ou, je dirais, en tout cas, via un pouvoir que la
Commission va avoir pour renvoyer les gens à des emplois qui peut-être ne
feront pas l'affaire de ces gens-là et, d'un autre côté, donner des subventions
aux entreprises pour qu'elles réintègrent les gens. Ça fait que, c'est juste
d'arriver à protéger les travailleurs. Voilà.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
M. le ministre, je vous rappelle que nous sommes sur l'amendement déposé par le
député de Bonaventure.
• (11 h 30) •
M. Boulet : …parce que je ne
suis pas informé de ça, là, ça ne fait pas partie du projet de loi n° 59, là, les subventions auxquelles vous faites
référence, là. C'est peut-être un amendement qui provient d'un groupe
d'opposition, mais, encore une fois, ce n'est pas…
11 h 30 (version non révisée)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...déposé par le député de Bonaventure.
M. Boulet : Parce que je ne
suis pas informé de ça, là, ça ne fait pas partie du projet de loi n° 59, là, les subventions auxquelles vous faites
référence, là, c'est peut-être un amendement qui provient d'un groupe
d'opposition, mais, encore une fois, ce n'est pas ce que nous avons ajouté,
c'est ce qui existe déjà dans la loi actuelle, donc il n'y a pas d'amendement.
Puis quand on parle de subventions, c'est essentiellement pour adapter un environnement
de travail, c'est une mesure de réadaptation pour permettre de faciliter
l'application, notamment du devoir d'accommodement raisonnable, comme il y a des
subventions pour adapter un domicile de quelqu'un qui a la mobilité réduite, je
pense que ça, c'est vraiment bénéfique aux travailleurs puis aux travailleuses
qui ont des atteintes permanentes ou des limitations fonctionnelles. Ça ne
s'applique pas seulement à domicile, mais ça s'applique en milieu de travail.
Sur le pacte social, on y revient souvent,
là, mais n'oublions pas que c'est un régime d'indemnisation sans égard à la
faute, là. Tous les travailleurs sont indemnisés dans la mesure où ils répondent
aux critères prévus dans la loi. Puis, oui, il y a une immunité de recours,
mais ça, c'est un pacte qui a été convenu, mais il y en a qui me disent des
fois : Sans pacte, il y a des employeurs qui seraient mal pris, mais sans
pacte, il y a des travailleurs qui seraient mal pris. Il n'y a pas... ce
pacte-là confère un bon équilibre aux travailleurs puis aux employeurs.
Indemnisation, je le répète, sans égard à
la faute, puis immunité de poursuite, on n'est pas dans la judiciarisation
excessive où un travailleur qui subit un accident de travail poursuit un
employeur pour être indemnisé. Non. Je pense que c'est un sain équilibre puis
c'est un pacte qui est gagnant-gagnant. Voilà, c'est tout. La subvention, c'est
mon commentaire, là, c'est sûr qu'il y a des mesures de réadaptation pour
permettre d'adapter des environnements de domicile et de travail. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Député de Bonaventure, vous voulez poursuivre?
M. Boulet : Peut-être, si vous
me permettez...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui, un instant.
M. Boulet : Moi, là,
là-dessus, là, je suis un fervent croyant de : tout ce que nous avons
adopté à ce jour est largement au bénéfice des travailleurs. On applique Caron,
qui est une avancée majeure, reconnue par tout dans tous les milieux de
travail, qu'on parle de retours progressifs, d'accommodements raisonnables,
d'assignations temporaires, tout a été fait en tenant compte de l'équilibre,
mais que ça soit fait pour améliorer la santé-sécurité des travailleurs. On n'a
pas adopté 80 ou 90 articles à ce jour à l'avantage des employeurs, puis
on s'est donné une saine gouvernance qui est compatible avec la Loi sur la
gouvernance des sociétés d'État. Ça fait que je veux juste m'assurer, là, qu'on
soit au même diapason. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, député de Bonaventure, oui.
M. Roy
: Bien, écoutez,
M. le ministre, je ne suis pas contre les subventions aux employeurs, mais je
suis contre la réduction des droits des travailleurs accidentés qui...
M. Boulet : …la Loi sur la
gouvernance des sociétés d'État. Ça fait que je veux juste m'assurer, là, qu'on
soit au même diapason. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, député de Bonaventure, oui.
M. Roy
: Bien, écoutez,
M. le ministre, je ne suis pas contre les subventions aux employeurs, mais je
suis contre la réduction des droits des travailleurs accidentés qui peuvent se
faire avoir un petit peu avec l'article. Voilà.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
C'est tout? Alors, nous poursuivons avec le député de… d'Hochelaga-Maisonneuve?
M. Leduc : Oui, Mme la
Présidente. D'abord, une question de forme. Avec la modification, là, de l'article 19,
c'est quoi la différence entre le nouvel article 53 puis ce qui s'applique…
ce qui s'appliquerait aux moins de 60 ans, qu'on a discuté préalablement?
Ce n'est pas la même chose qu'on vient faire?
M. Boulet : En fait, on vient
mettre au même niveau les maladies professionnelles que les accidents de
travail. C'est tout ce qu'on fait. Le reste, c'est en application des
enseignements de la Cour suprême du Canada, mais c'est simplement ça.
M. Leduc : Mais je veux dire…
M. Boulet : Puis on pensait…
Sérieusement, là, collègue, là, j'étais convaincu… Puis oui, j'ai entendu la
Pre Lippel. Il y a des appréhensions qui ont été exprimées par des
groupes, mais je pense que mes commentaires que j'ai faits ce matin vont
dissiper ces appréhensions-là et éliminer des perceptions. Je vois que vous me
dites non…
M. Leduc : Pas du tout.
M. Boulet : …parce que vous
êtes en contact constant. Mais, dans l'application, moi, je n'ai jamais eu de
cas d'irritants majeurs dans l'application du processus de réadaptation. C'est
fait de manière humaine. Puis, à chaque fois qu'une décision est rendue par la
CNESST, je le répète, la loi impose que ce soit en tenant compte du mérite réel
de chaque cas. Puis je n'ai pas eu de contestation de conseiller… Ah! vraiment,
il était complètement à côté de la trappe. Merci, Mme la Présidente.
M. Leduc : Moi, ce que je
comprends, là, d'un point de vue de procédure, c'est que, dans le fond, on
aurait juste pu abolir le 53, là. Ça reviendrait absolument au même que des
modifications que vous faites avec votre article 19. Mais bon, ça, c'est
une question de poutine administrative.
M. Boulet : Ah mon Dieu! Ça,
c'est un autre débat. Mais on confirme quand même, à 53, le droit à l'IRR, le
droit de recevoir l'indemnité de remplacement de revenu.
M. Leduc : Peu importe, peu
importe. Peu importe.
M. Boulet : Si vous voulez
faire un amendement comme ça, je ne suis pas sûr que…
M. Leduc : Moi, je reviens sur
le 8 millions, le 8 millions d'économies. Pour arriver à ce
chiffre-là, dans l'étude d'impact, il n'y a pas 56 chemins. Vous avez
certainement pris le nombre de personnes qui bénéficient de 53 actuellement, ce
que ça coûte au régime, et là vous avez décidé d'en soustraire un certain
nombre, de ces travailleurs-là. Je ne sais pas combien, on n'a pas le détail
dans l'étude d'impact. Mais avec le nouveau 53, vous décidez que… vous
estimez que tel nombre, tel pourcentage des gens qui ont actuellement… peuvent
bénéficier de 53 n'en bénéficieront plus, et ça vous donne une économie de
8 millions. Alors, j'aimerais ça savoir le nombre de salariés qui vont
perdre l'utilisation…
M. Leduc : …je ne sais pas
combien, on n'a pas le détail dans l'étude d'impact, mais avec le nouveau 53,
vous, vous décidez que… vous estimez que tel nombre, tel pourcentage, des gens
qui ont, actuellement, peuvent bénéficier de 53 n'en bénéficieront plus, et ça
vous donne une économie de 8 millions. Or, j'aimerais ça savoir le nombre
de salariés qui vont perdre le… l'utilisation de 53 dans votre projection
d'étude d'impact.
(Consultation)
M. Boulet : Évidemment, c'est
une estimation. Très sommairement, la CNESST estime qu'en 2018 les travailleurs
expérimentés visés, là, par les modifications, là, les maladies
professionnelles, 55, 59, ont reçu 16 millions en indemnité de
remplacement de revenu après la période de consolidation médicale et de
réadaptation. Elle a évalué que les nouvelles dispositions réduiraient
d'environ de moitié ce montant. L'économie annuelle récurrente serait donc de
l'ordre de 8 millions de dollars. Merci, Mme la Présidente.
M. Leduc : Puis ça donne…
c'est combien de salariés ça? Là, on a le chiffre des indemnités, mais on n'a
pas le nombre de salariés?
M. Boulet : À peu près 700
M. Leduc : Donc, si on divise
par deux le montant total on pourrait estimer qu'à peu près la moitié ne vont
plus bénéficier de ça. On parle donc de quoi, 300, 350 personnes? Ça fait
que pour 350 personnes, 8 millions de dollars, ça vaut-tu le coût
vraiment tout ça?
M. Boulet : Bien, encore une
fois, c'est… puis là je veux aller au-delà de la perception, pour moi, là,
c'est une mesure d'équité, simplement, puis vous êtes en désaccord avec moi,
mais c'est pour donner la même opportunité aux personnes expérimentées de 50 à
59 ans qui ont subi une maladie professionnelle, leur offrir le même encadrement
de réadaptation. Est-ce que ça vaut la peine? Oui. Moi, je considère que c'est
un article qui est intéressant, puis qui confère un potentiel nouveau à ces
personnes-là.
M. Leduc : Je demanderais
peut-être une suspension, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
D'accord. Alors, nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h 38)
(Reprise à 11 h 58)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, compte tenu de l'heure, nous suspendons les travaux et on se retrouve
cet après-midi. C'est bien, merci. Bon dîner à tous et à toutes.
(Suspension de la séance à 11 h 59)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 25)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Rebonjour. Alors, la Commission de l'économie et du travail reprend ses
travaux. Nous poursuivons l'étude détaillée du projet de loi n° 59, Loi modernisant le régime de santé et de sécurité du travail.
Lorsque nous avons quitté ce matin, nous en étions rendus à l'amendement déposé
par le député de Bonaventure. Alors, vous souhaitez faire quoi?
M. Roy
: M'exprimer, Mme
la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
C'est bien, c'est bien.
M. Roy
: Écoutez, je
vais retirer l'amendement, parce que je crois que le ministre a quelque chose à
nous proposer. Voilà.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Excellent. Donc, nous avons le consentement, tout le monde, pour le retrait?
C'est parfait. Alors, M. le ministre, je vois que vous allez, vous aussi, donc
déposer un amendement.
M. Boulet : Oui. Merci, Mme la
Présidente. Bon retour. Un amendement, effectivement, article 19, référant
à 53. Donc :
À l'article 19 du projet de
loi :
1° supprimer, dans l'alinéa proposé par le
paragraphe 1°, «ou déterminé
par la commission»;
2° supprimer les paragraphes 2° et 3°.
C'est tout, Mme la Présidente. Et ça fait
suite à des discussions, et ça fait suite, notamment, à l'amendement proposé
par notre collègue de Bonaventure.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il...
M. Boulet : En fait, c'est
l'amendement soumis par le collègue de Bonaventure.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Y a-t-il des interventions sur l'amendement soumis par le ministre? Alors, s'il
n'y a... Oui, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Très court, Mme la
ministre... je vous ai encore nommé au Conseil des ministres, mais très court,
Mme la Présidente. Merci au ministre. Je pense que c'est une bonne main tendue
pour la suite des choses, je l'apprécie.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
On vient... Oui, on vient de... Finalement c'est le ministre qui le présente,
l'amendement. On vous demande... on me demande de vous demander de bien le lire
pour que tous soient au courant également, de bien lire l'amendement déposé.
M. Boulet : ...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui.
M. Boulet : D'accord. Ou
l'amendement?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Lire l'amendement seulement.
M. Boulet : O.K. Donc, à
l'article 19 du projet de loi :
1° supprimer, dans l'alinéa proposé par le
paragraphe 1°, «ou déterminé
par la commission»;
2° supprimer les paragraphes 2° et 3°.
Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, M. le ministre. Je m'en excuse. Alors, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Juste une question
de...
M. Boulet : ...article 19 du projet
de loi :
1° supprimer, dans l'alinéa proposé par le
paragraphe 1°, «ou déterminé par la commission»;
2° supprimer les paragraphes 2° et 3°.
Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, M. le ministre. Je m'en excuse. Alors, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Une question de
compréhension. En retirant «déterminé par la commission», la question du refus
d'occuper un emploi convenable s'applique encore, mais... On peut peut-être
suspendre, là, c'est une question de compréhension, je veux juste être certain
de...
M. Boulet : Mais il n'y a pas
eu de changement à cet égard-là, là, mais c'est refus sans raison valable, là,
sans motif valable, là, mais c'est... il n'y a pas de changement à cet égard-là.
En fait, le seul amendement à la loi actuelle, c'est 60 ans plutôt que 55 ans.
C'est le seul, seul changement.
M. Leduc : Je vais peut-être
prendre... une légère suspension, là, juste pour le relire puis être bien
certain.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
D'accord. Alors, nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 15 h 28)
(Reprise à 15 h 29)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Nous reprenons. Y a-t-il donc des interventions sur l'amendement proposé par le
ministre? S'il n'y a pas d'intervention, nous allons procéder à la mise aux
voix.
La Secrétaire
:
Veuillez répondre pour, contre ou abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte (Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
• (15 h 30) •
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji...
15 h 30 (version non révisée)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
…sur l'amendement proposé par le ministre? S'il n'y a pas d'intervention, nous
allons procéder à la mise aux voix.
La Secrétaire
:
Veuillez répondre pour, contre ou abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
: M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
: M. Roy
(Bonaventure)?
Mme Roy
: Pour.
La Secrétaire
: Et Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'amendement proposé à l'article 19 est adopté. Y a-t-il des interventions
maintenant sur l'article 19, tel qu'amendé? Député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Juste laisser une
trace pour dire que je vote pour l'amendement parce que je veux saluer la
capacité du ministre de bouger. Je reste quand même triste qu'on bouge le
55 ans à 60 ans, mais, bref, je voulais donner un bon signal parce
qu'il y en a eu un de l'autre côté. Voilà.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, y a-t-il d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre
intervention… Oui, député de Nelligan.
M. Derraji : Très rapidement,
parce qu'on en a parlé. Je veux juste l'assurance qu'avec tout les débats, et
je sais qu'on reprend maintenant l'après-midi… juste pour faire un résumé de
tout ce qui a été dit. Au niveau de l'IRR, il est toujours là pour les
personnes… Oui, c'est juste pour qu'on… parce que j'ai des échanges aussi avec
mon collègue, très sensible aussi à cette question, et je ne pense pas que
c'est la volonté du législateur, en cas de pépin, que l'IRR soit enlevée à qui
que ce soit. L'IRR, il est là pour venir en aide à des travailleurs qui
souffrent.
M. Boulet : Absoluement. Puis
je reviens tout le temps à 142. Si le travailleur refuse sans raison valable de
se prévaloir d'une mesure de réadaptation, il pourrait y avoir une suspension
ou une réduction d'indemnité, puis il y a même 49, deuxième paragraphe, qui
réfère à un motif valable. Mais oui, le droit à l'IRR, il est reconnu puis il
est maintenu.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, député d'Hochelaga-Maisonneuve, oui.
M. Leduc : Très rapidement,
Mme la Présidente. Peut-être qu'on pourrait savoir ce que M. le ministre a
mangé ce midi parce que la prochaine fois, si on pouvait le mettre au menu,
prochain amendement, ça serait l'idéal.
M. Boulet : Une salade
protéinée au poulet, directement de la cafétéria du parlement.
Des voix : Ha, ha, ha!
M. Derraji : J'ai une réponse
au collègue.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui, allez-y.
M. Derraji : Même si je ne le
lis pas dans les pensées du ministre, mais je pense que le ministre a eu un
très beau week-end parce qu'il commence la journée avec l'ajout du parkinson.
Je pense que ça commence déjà très bien la journée. Je pense qu'on va avoir une
très bonne semaine. Et je vais vous dire quelque chose, il va nous dire :
Est-ce qu'on peut accélérer un peu?
Des voix
: …
M. Boulet : Mais trouvez-vous
que c'est trop? Si c'est trop, vous pouvez…
Des voix
: …
M. Derraji : Encore là, la
liste est encore là de changement d'amendements. On va prendre soin de votre
générosité, M. le ministre.
Des voix
: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous poursuivons. Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention pour
l'article 19, tel qu'amendé, nous allons procéder à la mise aux voix.
La Secrétaire
:
M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
:
M. Leduc…
M. Derraji : ...M. le ministre.
Des voix
: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous poursuivons. Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention pour
l'article 19, tel qu'amendé, nous allons procéder à la mise aux voix.
La Secrétaire
: M.
Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
: M.
Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
: M. Roy
(Bonaventure)?
M. Roy
: Pour.
La Secrétaire
: Et Mme
IsaBelle (Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'article 19, tel qu'amendé, est adopté.
Nous poursuivons cette fois-ci avec le
bloc 3, accès, la section III.1, travailleurs domestiques et étudiants
effectuant un stage. M. le ministre, l'article 2, s'il vous plaît.
M. Boulet : Bon, on va mettre
ça en contexte un peu, là, avant de présenter l'article 2. On est dans la
section qui concerne les travailleurs domestiques, je devrais dire les travailleuses
domestiques, parce que, vous le savez, la vaste majorité de ceux qui font du travail
domestique sont des femmes. Elles sont originaires des Philippines, de
certains... d'Afrique, de certains pays. Et moi, quand on a travaillé à
l'élaboration du projet de loi, j'avais... puis je pense que vous allez tous le
reconnaître, on est sensibles à la réalité de ces personnes-là qui arrivent
chez nous, qui ne sont bénéficiaires d'aucun filet de protection. Elles peuvent
faire l'objet de terminaison d'emploi, parfois de manière indue, sans aucun
régime de protection ou d'indemnisation en cas d'accident de travail ou de
maladie professionnelle.
Quand je parle de modernisation, là, vous
m'avez souvent entendu dire : C'est une avancée considérable. Et tous les
groupes féminins, tous les syndicats reconnaissent qu'on a fait un immense pas
dans la bonne direction. On vient couvrir à peu près 18 000 travailleuses
domestiques. Puis je me souviens d'un syndicat qui disait... tu sais, non
seulement ils le soulignaient, mais il fallait savoir qu'une travailleuse
domestique prise isolément pouvait s'enregistrer à la CNESST. Mais il y en a
très, très, très peu qui le faisaient. Maintenant, on prévoit une couverture
qui est claire, qui est prévue dans la loi.
Ceci dit, vous allez voir qu'on l'a bien
encadré en s'inspirant de tout ce qui se fait dans le reste du Canada. On ne
veut pas que ce soit uniquement pour du monde qui font du travail ponctuel, là,
on ne veut pas que ce soit le jeune homme ou la jeune femme qui vient passer la
tondeuse. On ne veut pas que ce soit le jeune homme ou la jeune femme qui vient
déneiger l'entrée de maison. On veut que ce soit, et puis je ne veux pas le
dire de façon péjorative, mais que ce soit la personne qui vienne qui s'occupe
des tâches domestiques, qui s'occupe de la préparation des repas, qui s'occupe
des enfants. Puis pour ça, ça prend une certaine régularité, parce que quand
c'est trop ponctuel, ce n'est pas démontrable, puis ce n'est pas prouvable,
puis ce n'est pas ce que nous voulons viser par la loi. Je vous assure...
M. Boulet : ...qui s'occupe des
tâches domestiques, qui s'occupe de la préparation des repas, qui s'occupe des
enfants. Puis pour ça, ça prend une certaine régularité, parce que, quand c'est
trop ponctuel, ce n'est pas démontrable, puis ce n'est pas prouvable, puis ce n'est
pas ce que nous voulons viser par la loi.
Je vous assure qu'on s'est accoté, on
s'est vraiment inspiré des normes dans d'autres provinces du Canada. Puis je
suis assez fier, avec mes collègues, là, de Bonaventure, Nelligan, et Hochelaga-Maisonneuve,
et du Parti libéral aussi, donc, de contribuer à mettre en place un nouveau
régime complètement adopté à la réalité des travailleuses domestiques.
Donc, je vais débuter avec... Ça fait que
c'est sûr que ça nous prenait, pour assurer une certaine régularité, un nombre
d'heures puis un nombre de semaines. Ça, on pourrait en discuter pendant des
heures. Mais je vous le dis, là, puis on a des comparatifs avec l'Ontario, les
autres provinces canadiennes, puis on est vraiment dans les provinces qui
deviennent généreuses en ce qui concerne les aspects quantitatifs.
Donc, je commence, Mme la
Présidente : L'article 2 de cette loi est modifié :
1° par le remplacement de «dirigeant» par
la suivante :
«"dirigeant" : un membre du
conseil d'administration d'une personne morale ou une personne qui assume ces
pouvoirs, si tous les pouvoirs ont été retirés au conseil d'administration par
une convention unanime des membres, qui exerce également une fonction de
contrôle et de direction de cette personne morale;»;
2° par la suppression de la définition de
«domestique»;
3° par l'insertion, dans la définition
d'«emploi convenable» et après «approprié qui», de «, en tenant compte des
tâches essentielles et caractéristiques de ce type d'emploi,»;
4° par l'insertion, selon l'ordre
alphabétique, des définitions suivantes :
«"équipement adapté" :
appareils ou autres équipements suppléant à une déficience physique, aides
visuelles, aides auditives et aides à la communication;
«"son emploi" : l'emploi
qu'occupe le travailleur au moment de sa lésion professionnelle défini en
fonction de son horaire normal de travail et de l'ensemble des tâches
réellement exercées;
«"travailleur domestique" :
une personne qui, en vertu d'un contrat de travail conclu avec un particulier
et moyennant rémunération, a pour fonction principale :
«1° effectuer des travaux ménager ou
d'entretien, d'assumer la garde ou de prendre soin d'une personne ou d'un
animal ou d'accomplir toute autre tâche d'employé de maison au logement d'un
particulier; ou
«2° d'agir pour un particulier à titre de
chauffeur ou de garde du corps ou d'accomplir toute autre tâche relevant de la
sphère strictement privée de ce particulier;»;
5° par le remplacement, dans la définition
de «travailleur», des paragraphes 1° et 2° par le suivant :
«du travailleur domestique qui doit
fournir une prestation de travail d'une durée inférieure à 420 heures sur une
période d'un an pour un même particulier, sauf s'il peut justifier de 7
semaines consécutives de travail à raison d'au moins 30 heures...
M. Boulet : … par le
remplacement, dans la définition de «travailleur», des paragraphes 1° et 2° par
le suivant :
«1° du travailleur domestique qui doit
fournir une prestation de travail d'une durée inférieure à 420 heures sur une période
d'un an pour un même particulier, sauf s'il peut justifier de sept semaines
consécutives de travail à raison d'au moins 30 heures par semaine au cours de
cette période» .
Explication. Définition de «dirigeant», ça
remplace la définition «le dirigeant est exclu de la définition de travailleur
au sens de la LATMP».
2° «Emploi convenable», modifie la
définition pour préciser les critères applicables, bon ça, on en a déjà
discuté, et on ajoute que ça prévoit aussi les tâches essentielles et caractéristiques
qui doivent être prises en compte dans la détermination de l'emploi convenable.
Donc, ça, c'est une bonification. Conséquemment, les tâches accessoires ou non
essentielles ne constituent pas un obstacle à la détermination de l'emploi
convenable.
Définition d'«équipement adapté». Cette
disposition introduit la définition d'équipement adapté nécessaire pour
l'application du paragraphe 5.1 de la LATMP.
«Son emploi», bon, on l'introduit
«l'emploi qu'occupe le travailleur au moment de sa lésion professionnelle
défini notamment en fonction de son horaire normal de travail et de l'ensemble
des tâches réellement exercées par celui-ci».
• (15 h 40) •
La définition de «travailleur domestique»,
c'est une nouvelle définition Définition de «travailleur», bon, ça modifie
également la définition de «travailleur» en corollaire, avec la nouvelle
définition de «travailleur domestique : pour exclure le travailleur
domestique qui fournit une prestation de travail d'une durée inférieure à 420
heures sur une période d'un an pour un même particulier, sauf s'il peut
justifier de sept semaines consécutives de travail à raison d'au moins 30
heures par semaine au cours de cette période».
Cette modification évite principalement
d'imposer un fardeau administratif trop important à un particulier qui a un
recours à un travail domestique de manière ponctuelle.
Définition de «domestique», bien, ça
prévoit également l'abrogation par concordance de la définition actuelle de
«domestique» qui est remplacée par celle de «travailleur domestique» et une
exclusion de la définition de «travailleur». Ça complète, Mme la Présidente,
donc.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il des interventions sur l'article 2? Député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Oui, c'est un gros
morceau qui est devant nous, Mme la Présidente. Le ministre tantôt, là, dans sa
présentation initiale, parlait de la question des travailleuses domestiques, il
a parlé d'un chiffre. Est-ce que vous pouvez me redonner le chiffre que vous
avez cité, là, les personnes qui seraient maintenant couvertes?
M. Boulet : Le chiffre, vous
voulez… Ah! 18 000. L'estimation, c'est que ça va nous permettre de
couvrir 18 000 travailleuses domestiques au Québec.
M. Leduc : 18 000. Parfait.
C'est le chiffre que j'avais entendu, je voulais le confirmer. Dans le mémoire
du Centre international de solidarité ouvrière, le CISO, que nous…
M. Boulet : ...18 000.
L'estimation, c'est que ça va nous permettre de couvrir 18 000 travailleuses
domestiques au Québec.
M. Leduc : 18 000,
parfait. C'est le chiffre que j'avais entendu. Je voulais me confirmer.
Dans le mémoire du Centre international de
solidarité ouvrière, le CISO, que nous n'avons pas entendu en commission, si je
me rappelle bien, mais qui nous ont quand même envoyé un mémoire, on les salue.
Ils auraient une estimation qu'il y aurait 25 000 travailleuses
domestiques au Québec. Est-ce que c'est le chiffre que vous avez aussi?
M. Boulet : C'est 18 000
travailleuses domestiques. Est-ce que ça peut être plus? Oui, c'est une
estimation. Ça peut être 22 000, ça peut être 25 000, ça peut...
Mais...
M. Leduc : C'est-à-dire que le
25 000 $, ça ne serait pas les personnes touchées par ça, ça serait
au total. Moi, j'essaie de comprendre, si vous, vous arrivez à 18 000
travailleuses domestiques couvertes par votre nouvel article, est-ce qu'on est
en train... Je veux juste qu'on parte sur les mêmes bases communes, qu'on parte
en même temps, là. Est-ce qu'on parle de 18 000 sur 25 000?
M. Boulet : Il y en a qui
seront exclues. Les personnes qui reçoivent le chèque emploi-service, qui
découle d'une entente entre la CNESST puis le ministère de la Santé et des
Services sociaux. Ces gens-là ont déjà une compensation de revenus. Ça fait que
c'est probablement ça qui fait que le montant de 25 000 $ tient
compte de ces personnes-là.
M. Leduc : O.K.
M. Boulet : Donc, les 18 000
dont on parle, c'est sûr qu'ils ne bénéficient actuellement d'aucune
indemnisation.
M. Leduc : Ça, le chèque
emploi-service, on a déjà eu des discussions à ce sujet-là il y a quelques mois
ici, ça peut donc s'appliquer dans une situation de travailleuse domestique qui
vit à domicile ou pas nécessairement?
M. Boulet : Oh! mon Dieu.
Une voix : …
M. Boulet : Qui vit ou pas à
domicile, effectivement, elle peut ên bénéficier.
M. Leduc : Puis est-ce qu'elle
peut bénéficier de ça en plus d'un salaire de travailleur à domicile? Est-ce
que ça peut être conjoint dans une même tâche, dans une même semaine, par
exemple?
Une voix : …
M. Boulet : Je n'ai aucune
idée, là...
M. Leduc : O.K.
M. Boulet : ...à savoir si ça
peut être cumulé 222avec la rémunération de la travailleuse domestique. On peut
peut-être le vérifier puis vous revenir avec ça, là.
M. Leduc : O.K., j'aimerais
bien.
Bien, pour jouer cartes sur table, là,
comprenez que je pose des questions sur les chiffres parce que, ce que soulève
alors le CISO dans leur mémoire, Ils ne comprennent pas pourquoi on vient
limiter avec un certain nombre d'heures la qualification de ces
travailleuses-là, parce qu'on s'imaginerait mal faire la même chose, là,
mettons qu'on faisait un mimétisme, là. On ne mettrait pas dans une loi si on
est un travailleur au sens de la LATMP ou de la LESST si on fait un minimum de
10 heures pare semaine.
M. Boulet : Non, mais vous
comprenez qu'actuellement, il n'y a pas de couverture. Là, on assure une
couverture, mais ça prend un certain niveau de régularité pour être un
travailleur ou une travailleuse domestique couverte par la loi. Comme j'ai dit
tout à l'heure, on ne veut pas couvrir la personne qui vient passer la tondeuse
une fois par semaine ou la...
M. Boulet : ...il n'y a pas de
couverture. Là, on assure une couverture, mais ça prend un certain niveau de
régularité pour être un travailleur ou une travailleuse domestique couverte par
la loi. Comme j'ai dit tout à l'heure, on ne veut pas couvrir la personne qui
vient passer la tondeuse une fois par semaine ou la personne qui vient déneiger
la cour une fois par semaine. Donc, ça requiert un certain niveau de
régularité. Et toutes les juridictions modernes, là, en matière de santé et
sécurité prévoient un certain niveau pour éviter, là, que ça puisse
constituer... Parce que c'est quand même un fardeau administratif, là, c'est
quand même une certaine gestion pour le travailleur et pour la personne qui
embauche un travailleur ou une travailleuse domestique. Ça fait qu'il faut
s'assurer de cette régularité-là qui assure aussi de la stabilité puis de la prévisibilité.
Puis on comprend que si la personne a un événement imprévu ou soudain qui
survient par le fait ou... tu sais, on peut assurer un environnement de travail
où il y a des mesures de prévention puis, bon, etc., là. Parce que c'est quand
même un environnement de travail qui devient soumis aux droits et obligations
de la Loi santé et sécurité du travail, et ça s'imposait, ça aurait pu être
plus. Puis je pense qu'on a atteint un niveau qui est tout à fait comparable.
J'ai regardé tous les tableaux, là,
partout au Canada, puis, tu sais, il ne faut pas oublier aussi... et je
rappellerai à mon collègue d'Hochelaga-Maisonneuve puis à tous mes collègues,
tu sais, on est dans un contexte où le particulier devient un employeur. Puis
vous allez devenir, collègue, vous allez peut-être le devenir, comme moi ou
d'autres personnes, mais c'est quand même un... c'est tout un changement. Et ça
va requérir une campagne d'information, de sensibilisation pour s'assurer que
les particuliers comprennent leurs obligations puis comprennent aussi les
droits que les travailleurs et travailleuses domestiques acquièrent avec notre
projet de modernisation. Je pense qu'encore une fois c'est salué partout. Puis
quand le Conseil du statut de la femme disait qu'il y avait des avancées
importantes pour les femmes dans le projet de modernisation, il référait
notamment aux travailleuses domestiques.
M. Leduc : Et moi, je ne suis
pas ici pour dire que ce n'est pas bon en soi, ce que vous avez rajouté là, là,
on s'entend, mais c'est un peu la même logique qu'avec les niveaux de risque,
là, le débat qu'on avait sur la prévention. Il y avait des attentes très
élevées, puis là vous arrivez puis vous faites comme la moitié du chemin, là.
Mais c'est sûr qu'en soi c'est une avancée, mais quand les attentes étaient
aussi élevées, la moitié du chemin, nécessairement, c'est vécu comme une
déception.
M. Boulet : Ce n'est pas... je
regrette, presque tout le chemin. Ce n'est pas la moitié du chemin, c'est 18 000 travailleuses
domestiques de plus. Et je pense que ce n'est pas la moitié du chemin, au
contraire, c'est une avancée considérable, puis dans x années, ça laissera
place à peut-être des amendements. Quand ce sera vécu dans la mise en
application, puis que les parties auront compris leurs obligations, puis que
les travailleuses domestiques auront...
M. Boulet : ...et je pense que
ce n'est pas la moitié du chemin, au contraire, c'est une avancée considérable,
puis dans x années, ça laissera place à peut-être des amendements. Quand ce
sera vécu dans la mise en application, puis que les parties auront compris
leurs obligations, puis que les travailleuses domestiques auront compris leurs
droits, peut-être qu'il y aura un autre bout de chemin que vous, peut-être,
anticipez de faire un jour, là.
M. Leduc : Bien, c'est ça que
j'essaie de comprends, qu'est-ce qui vous retient de le faire, si, en plus,
vous le voyez venir à moyen, long terme?
M. Boulet : Ah! j'avais la
conviction, moi, que ça prenait un certain niveau de régularité, parce que
n'est pas travailleuse domestique qui veut l'être. Pour être une travailleuse
domestique protégée par un régime d'indemnisation comme celui-là puis imposer à
l'employeur de payer une cotisation puis d'assumer tout ce qu'implique le rôle
d'un employeur, ça nécessite un certain niveau de régularité. Puis le
420 heures, il n'est pas tombé d'un pommier, là, puis il découle de
critères objectifs après nos consultations, après notre examen avec des
critères objectifs qui essentiellement sont des comparables.
M. Leduc : Puis celui-là, le
420, vous le tracez comment? Vous avez dit que vous avez regardé d'autres
provinces. Comment vous êtes arrivé à ce chiffre-là? Je comprends votre
démarche, là, je ne suis pas sûr que je suis d'accord, mais je la comprends,
mais je veux comprendre, donc, vous arrivez à 420 avec quel rationnel?
M. Boulet : C'est l'équivalent
essentiellement d'une journée par semaine. Puis c'est comme ça que plusieurs
provinces ont raisonné, et je trouvais que c'était un raisonnement qui était totalement
logique. Une journée par semaine, quand même, c'est huit heures par semaine, 52
heures, puis ça donne 420 heures. Je pense que c'est extrêmement raisonnable,
de mon point de vue.
• (15 h 50) •
En Ontario, c'est intéressant, puis là je
le dis pour tous les collègues, là, collègue de Nelligan, en Ontario, c'est
24 heures par semaine. 24 heures par semaine. Alors donc, je pense
qu'on confirme notre vision progressiste dans ce projet de modernisation là
auquel vous contribuez, d'ailleurs, collègue.
M. Leduc : Ils ont un salaire
minimum, en Ontario aussi, peut-être que ça pourrait...
M. Boulet : Oui, mais il n'a
pas bougé depuis quelques années, hein, vous le savez.
M. Leduc : Bien oui, mais là
vous m'ouvrez la porte, je...
M. Boulet : Vous savez que l'augmentation
trop... Puis je ne veux pas juger l'Ontario, là, à bien des égards, on a des
leçons à apprendre de l'Ontario, mais je voulais simplement l'utiliser comme
comparable. Huit heures par semaine, c'est correct. On aurait pu dire 16 heures
par semaine pour négocier huit heures ou faire une entente avec vous, là, mais
huit heures, je pense que c'est une bonne position.
M. Leduc : Moi, j'entends ce
que le ministre me dit, mais j'ai entendu aussi le... puis j'ai eu l'occasion
de rencontre notamment des femmes de PINAY. Vous avez sûrement déjà entendu
parler de cet organisme, PINAY, P-I-N-A-Y. C'est un organisme de solidarité, de
défense de femmes immigrantes philippines, majoritairement et presque
entièrement dans le domaine...
M. Leduc : ...j'ai entendu
aussi le CISO puis j'ai eu l'occasion de rencontrer, notamment, des femmes de
Pinay. Vous avez sûrement déjà entendu parler de cet organisme, Pinay,
P-i-n-a-y? C'est un organisme de solidarité, de défense de femmes immigrantes
philippines très majoritairement et presque entièrement dans le domaine
domestique. Et je les ai donc rencontrées, là, un samedi après-midi avec mon
collègue de... Andrés Fontecilla, parce qu'il y a tout un enjeu que je
connaissais déjà un peu.
Parce que dans mon ancienne vie de
syndicaliste, un de mes premiers travail en syndicalisme, c'était le
recrutement, et j'ai travaillé, j'ai eu la chance de travailler avec une femme
formidable qui s'appelait..., d'origine philippine, qui est malheureusement
morte du cancer il y a quelques années. C'était une femme dans la cinquantaine
quand je l'ai connu. Et puis elle est arrivée au Canada à travers ce
programme-là, et elle m'a raconté les abus sans nom qu'elle avait vécu et qui
étaient légion dans ce milieu-là, légion. Là, on parle d'abus de travail, on
parle presque, je n'ose pas dire systématiquement, mais de très, très grande
occurrence des abus de nature sexuelle.
Ce n'était pas rare que le bonhomme, à un
moment donné, il s'essayait, parce que la relation de domination avec une femme
précaire en situation d'immigration qui vit dans la maison... Il y a comme une
espèce de... pour une raison inexplicable peut-être, mais il comme une espèce
de flou qui s'installe quand on est à domicile, c'est comme si ce n'était pas
tout à fait le... ce n'est pas un lieu public, ce n'est pas le travail, c'est
chez nous. Ça fait que ce genre, peut-être, de flou là sur le lieu levait des
barrières, puis c'est légion, c'est un énorme, énorme problème.
J'espère et je suis confiant qu'avec
l'avancée qui est faite avec l'article du ministre, on va réussir à changer des
choses. Encore une fois, on aura un débat sur l'effectivité du droit. C'est une
chose de le mettre dans une loi, c'est une autre de la rendre vivante et
effective.
Mais encore une fois, nos amis du CISO ont
réfléchi en long en large à cette question-là, je ne sais pas si vous avez eu
l'occasion de lire leur mémoire, M. le ministre, ou votre équipe, puis ils font
une suggestion qui m'apparaît intéressante. Ils suggèrent de remplacer, là, la
définition avec des heures puis des seuils par une définition plus large qui,
selon eux, est prévue par l'article 2 de la convention... pardon,
l'article 2 du projet de loi, mais qui est prévu par le texte de la
convention n° 189 de l'OIT, l'Organisation
internationale du travail, qui un peu l'espèce de grand guide des pratiques,
là, en droit du travail à travers le monde. Une des plus vieilles organisations
internationales, d'ailleurs, qui prédate l'ONU et qui a eu son siège à McGill
pendant les années 20. Il y a une petite plaque qui nous rappelle ça quand
on va à McGill. Fin de la parenthèse. Vous voyez ma déformation professionnelle
d'historien, Mme la Présidente. Voilà, je ne peux pas m'en empêcher. Tout ça
pour dire qu'ils nous proposent la définition suivante : «Une personne qui
effectue un travail domestique seulement de manière occasionnelle ou
sporadique, sans en faire sa profession, n'est pas un travailleur domestique.»
Donc, ils sortent de cette logique-là du nombre d'heures, mais ils évitent que
ça soit des trucs sporadiques, ce que vous voulez donc éviter.
Parce que même une personne qui fait une
journée par semaine, à la limite, pourquoi elle, elle serait exclue? C'est quoi
le... Tu sais, parce que, si on trouve que c'est discriminatoire de les exclure...
M. Leduc : ...n'est pas un
travailleur domestique. Donc, ils sortent de cette logique-là du nombre
d'heures, mais ils évitent que ça soit des trucs sporadiques, ce que vous
voulez donc éviter.
Parce que même une personne qui fait une
journée par semaine, à la limite, pourquoi elle, elle serait exclue? C'est
quoi, la restrictive? Parce que, si on trouve que c'est discriminatoire de les
exclure, pourquoi la discrimination cesse à huit heures par semaine? Il y a quelque
chose qui ne fonctionne pas, il y a quelque chose qui grince dans cette
logique-là. D'ailleurs, ça a été soulevé aussi par la Commission des droits de
la personne dans leur mémoire.
M. Boulet : Quand c'est
sporadique, là, ça impose un fardeau de preuve à la travailleuse. Qu'est-ce qui
est sporadique? On est cinq collègues ici, on aurait cinq définitions
différentes. Mettez-vous dans les bottines d'une travailleuse qui, pour être
couverte, devrait démontrer, aux fins d'indemnisation, qu'elle travaille de
manière sporadique. Partout où j'en ai parlé, on me disait : Jean, c'est
pire avec la notion de sporadicité.
Deuxièmement, je veux juste vous redire,
parce que je regardais de nouveau les comparatifs, il y a une province qui est
aussi généreuse que nous, c'est Colombie-Britannique puis c'est huit heures.
Puis huit heures en Colombie-Britannique, mais pour la garde d'enfants, je
pense que c'est deux jours, c'est 15 heures pour la garde d'enfants. On n'a
même pas ça. Ça fait qu'on est de loin les plus généreux partout au Canada,
dans la législation actuelle. Puis il y en a d'autres qui ont modernisé, nous,
on le fait un peu en retard.
Puis dernier point, il n'y a rien qui
empêche quelqu'un qui ne rencontre pas les critères de s'inscrire
personnellement là aussi, là. On n'élimine pas ça. Mais on dit : Quand tu
rencontres ces critères quantitatifs là, le particulier pour lequel tu
travailles devient un employeur avec tous les droits et obligations prévus dans
la Loi sur les accidents de travail et maladies professionnelles, et toi, tu
peux bénéficier de l'indemnisation.
Je pense que je suis pas mal serré dans le
coin, là-dedans, là, ceci dit, avec respect, là. Puis je comprends l'effort
qu'on essaie de faire, mais je pense qu'il faut tous se réjouir pour ce
chapitre-là, là, des travailleuses domestiques. Je pense qu'on peut tous en
être fiers.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...laissez-vous la parole à d'autres députés, puis on pourra revenir? D'accord.
M. Leduc : ...peut-être une
discussion au ministre à faire après, mais on pourrait suspendre pour avoir une
discussion directement. Mais on peut écouter sans problème mon collègue de...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui. Parfait. Alors, député de Nelligan.
M. Derraji : Je veux aller
très rapidement. J'ai deux remarques, je vais commencer par la première. C'est
l'avis... la recommandation 42, je pense, du consensus du CCTM, si ma mémoire
est bonne. Et je fais référence aux services sporadiquement, je pense que ça
vous dit quelque chose, recommandation 42 : «Que les travailleurs
domestiques offrant des services sporadiquement ou pour une courte durée
puissent, comme c'est le cas actuellement, demander une couverture à titre de
travailleur autonome ou pour... offrant 15 heures de services par semaine à un
taux de 3 $ par 100 $ de masse salariale assurable, le coût annuel de
la protection serait d'environ... par année.» Pourquoi...
M. Derraji : …services
sporadiquement ou pour une courte durée puissent, comme c'est le cas
actuellement, demander une couverture à titre de travailleur autonome… offrant
15 heures de service par semaine à un taux de 3 $ par 100 $ de
masse salariale assurable, le coût annuel de la protection serait d'environ…
par année.»
Pourquoi on a mis de côté cette recommandation
du CCTM?
M. Boulet : Bien, ils peuvent
encore le faire, s'inscrire personnellement à titre de travailleurs autonomes.
M. Derraji : Mais je ne…
M. Boulet : Mais, pour
bénéficier du régime avec tout ce que ça implique pour le particulier qui
devient employeur et la travailleuse qui est couverte par le régime
d'indemnisation, c'est une norme quantitative minimale. Puis je le
répète : On est les plus bas au Canada.
M. Derraji : Ça, c'est en
termes de nombre d'heures? C'est ça?
M. Boulet : Oui.
M. Derraji : Oui, bon. Et
c'est là où je vous ramener, bon. Et là, j'en suis sûr et certain, je suis d'accord
avec vous qu'on modernise. Je ne sais pas si vous avez eu le temps de voir le
mémoire de la Commission — si ma mémoire, elle est bonne — la
Commission des droits de la personne. Je vais vous le lire très
rapidement :
«En somme, de l'avis de la Commission,
malgré cette nouvelle définition, la fonction de travailleur domestique
continue de comporter une prédominance féminine.», ça on le sait. «En outre,
les personnes racisées et les personnes immigrantes continuent d'y être
surreprésentées.»
«La condition particulière d'avoir
travaillé un certain nombre d'heures imposée aux travailleuses et travailleurs
domestiques pour accéder à la protection offerte dans le cadre du régime de
santé et de sécurité du travail, parce qu'elle n'est imposée à aucune autre
catégorie de travailleuses et travailleurs, perpétue la discrimination fondée
sur le sexe, l'origine nationale ou ethnique, la couleur ou la race et
compromet l'exercice, en pleine égalité de leur droit à la dignité, de leur
droit à l'égalité dans l'établissement de catégories et de classification
d'emploi, de leur droit à des mesures d'assistance financière susceptibles de
leur assurer un niveau de vie décent ainsi que leur droit à des conditions de
travail justes et raisonnables et qui respectent leur santé, leur sécurité et
leur intégrité physique.»
Je ne veux juste pas qu'on essaie de moderniser — et
j'en suis sûr et certain, c'est ce que nous sommes en train de
faire — mais qu'on ne vienne pas via une modernisation discriminée
sur la base d'un nombre d'heures ou autre. Je veux juste la garantie qu'on a,
en tant que législateur aujourd'hui… Moi, j'adore qu'on ramène ça, c'est une
avancée, mais faisons attention parce que, ce que la recommandation n° 1
de la commission, qu'est ce qu'elle dit? «La commission recommande que le
projet de loi n° 59 soit modifié pour retirer la condition faite aux travailleuses
et travailleurs domestiques de devoir travailler un certain nombre d'heures
afin de bénéficier de la protection offerte par la LATMP à l'ensemble des
travailleuses et travailleurs.»
Et j'ai d'autres lettres que j'ai reçues
notamment de professeurs spécialisés dans le domaine, donc je ne veux pas
m'étaler beaucoup sur l'enjeu. Je pense qu'on va se dire la vérité : Il y
a quand même une avancée, il y a une modernisation. Mais faisons les choses…
correctement pour ne pas tomber de… surtout dans des cas où on discrimine parce
que vous avez vu l'avis de la Commission.
• (16 heures) •
M. Boulet : Oui, puis je l'ai
entendu. Je m'en souviens. Ceci dit, c'est parce qu'il faut tenir compte de la
spécificité de…
16 h (version non révisée)
M. Derraji : …une
modernisation, mais, ce faisant, les choses vont correctement pour ne pas
tomber de… surtout dans des cas où on discrimine, parce que vous avez vu l'avis
de la commission.
M. Boulet : Oui, puis je l'ai
entendu. Je m'en souviens. Ceci dit, c'est parce qu'il faut tenir compte de la
spécificité de l'environnement de travail. C'est dans une maison personnelle,
c'est un particulier avec une travailleuse domestique, et c'est la raison pour
laquelle toutes les juridictions où j'ai vu qu'il y avait une couverture, puis,
en plus, c'est une couverture systématique, alors que, dans le régime actuel,
il n'y avait rien. Donc là, on part avec une norme quantitative pour s'assurer
aussi que le particulier qui est propriétaire, collègue de Nelligan, comprenne
bien que ça impose aussi, là, un fardeau pour le particulier, ça impose un
fardeau pour la travailleuse domestique. Et donc, c'est un critère qui, en
vertu de la charte, m'apparaît de quoi de professionnellement justifiable. Puis
je comprends l'argument de la Commission des normes, mais, ultimement, il y a
toujours des résultats. Mais, c'est beaucoup plus en fonction de la
particularité de l'environnement puis des obligations nouvelles que ça génère
que le montant de… le nombre d'heures par semaine qui est à huit heures,
en fait, qui est le plus bas partout au Canada, s'applique. Il faut tenir
compte aussi des incidences que ça va avoir… le nombre de lésions, la
fréquence, la gravité… je n'ai pas d'idée encore de la fréquence et de la
gravité, mais j'ai vu des cas, dans les médias, où des travailleuses
philippines avaient un accident, puis elles étaient complètement sans aucune
ressource. Alors là, dorénavant, ces personnes-là bénéficieront du régime
d'indemnisation.
M. Derraji : Vous avez raison.
Et là, ça nécessite encore d'autres efforts au niveau de la traduction, la
présence des traducteurs. En fait, je ne pense pas qu'uniquement ce qu'on va
ajouter aujourd'hui, dans une commission parlementaire, ou probablement une
bonne majorité de ces travailleuses, si on ne fait pas la promotion de ce qu'on
va leur donner, elles seront techniquement, techniquement, techniquement au
courant. Mais je reste convaincu. Moi, je pense qu'on peut faire tous un
effort. Je suis très sensible à ce que vous venez de dire. Est-ce que c'est une
relation entre l'employeur… mais la personne avec qui la personne, la
travailleuse domestique travaille. Je veux juste que, demain, on ne laisse pas
une brèche pour qu'un article, dans notre projet de loi, soit jugé
discriminatoire. Moi, c'est là mon problème, et qui nous empêche de ne pas
l'ajoute… ça va être la travailleuse domestique et son employeur… Mais, c'est
juste ne pas le limiter.
M. Boulet : Non. C'est la
raison pour laquelle tous les groupes féminins et syndicats ont reconnu
l'avancée majeure que ça constituait. Puis vous soulevez un point intéressant,
collègue de Nelligan, et je vais le faire en commission parlementaire, je
demande à la commission d'adapter ses outils…
M. Derraji : …mais c'est juste
ne pas le limiter.
M. Boulet : Non. C'est la
raison pour laquelle tous les groupes féminins et syndicats ont reconnu
l'avancée majeure que ça constituait. Puis vous soulevez un point intéressant, collègue
de Nelligan, et je vais le faire en commission parlementaire. Je demande à la commission
d'adapter ses outils d'information pour s'assurer que les personnes qui font du
travail domestique, particulièrement les femmes qui proviennent de l'étranger,
soient en mesure de comprendre, donc que ce soit traduit, pour s'assurer de la
saine application de ces nouvelles dispositions-là.
M. Derraji : Oui, un lien à
faire, c'est avec le ministère de l'Immigration aussi, ça serait… Parce que, je
pense, c'est des contrats de travailleurs, de…
M. Boulet : Oui, francisation.
Mais on en fait aussi à mon ministère, oui, oui.
M. Derraji : C'est des
contrats spécifiques?
M. Boulet : Oui.
M. Derraji : Je sais que vous
aimez très bien votre leader adjoint. Je l'ai vu tout à l'heure au salon bleu.
J'avais l'impression que… certaine jalousie… J'écoute, est-ce que vous êtes
jaloux que je partage les bons coups? Bon, bref, ça, c'est une autre histoire.
Je ne vais pas m'étaler.
Mais je reste… Je salue l'effort de la commission
qui va travailler avec les groupes communautaires parce que la plupart de ces
personnes ont des connexions. Et j'entends mon collègue député d'Hochelaga-Maisonneuve
parler, on a tous des… Mon collègue aussi de D'Arcy-McGee… une bonne communauté
dans son comté. Et on a des organismes qui nous invitent, et c'est très facile
d'aller les rejoindre.
Je reste juste convaincu et je ne sais pas
si on peut en parler même… si on peut demander une suspension par la suite,
mais je reste convaincu, je ne veux pas juste qu'on tombe dans la limitation du
nombre d'heures. Je pense qu'on peut laisser ça… je n'aime pas le mot «à la
discrétion», mais c'est quand même une occasion en or pour ces personnes. Et,
s'ils veulent cotiser, bien, ils… s'ils veulent…
Une voix
: …
M. Derraji : Absolument. Mais
je ne veux juste pas qu'on limite l'heure parce que je ne suis pas encore
convaincu du pourquoi de la limitation du nombre d'heures. Moi, c'est ça, le
problème que j'ai. Je ne l'ai pas encore saisi, hein?
M. Boulet : C'est qu'on veut
éviter la sporadicité, ou la spontanéité, ou le tondeur, ou le… tu sais, la
tonte de gazon, le déneigement de la maison, l'entretien vraiment sporadique.
Moi, il me semble, ça coule de source, c'est évident, la chose parle un peu par
elle-même. On vise à compenser, à indemniser, suite à un accident de travail, quelqu'un
qui a une certaine régularité de service. Vous l'avez probablement déjà vécu. Quelqu'un
qui vient faire des travaux chez vous de manière purement sporadique, ce n'est
pas cette personne-là qui est identifiée. Et moi, je considère que ce n'est
nullement discriminatoire parce qu'il y a un élément objectif qui se justifie
dans le contexte de l'environnement de travail qui est particulier à celui des
travailleuses domestiques. Donc, c'est l'argument que je soulèverais à la
Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse…
M. Boulet : …je considère que
ce n'est nullement discriminatoire parce qu'il y a un élément objectif qui se
justifie dans le contexte de l'environnement de travail qui est particulier à
celui des travailleuses domestiques. Donc, c'est l'argument que je soulèverais
à la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse. Puis, à
mon avis, si c'était discriminatoire tous les régimes modernes de
santé-sécurité le seraient, puis je le répète je n'ai pas d'espace, collègue de
Nelligan, de manoeuvre. Je l'ai mis au plus bas. On est les plus généreux au
Canada. Je le répète, Colombie-Britannique c'est 8 heures, mais
15 heures quand c'est la garde d'enfants. On n'a même pas ça cette
limite-là. Voilà, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
C'est bien. Alors, député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Merci, Mme la
Présidente. Premièrement, je salue le fait que le ministre aborde de façon très
sérieuse cette question. Ça fait longtemps que c'est sur la table, à son
honneur et très importante. Évidemment, il n'y a aucune de nier qu'on est sur
le bon chemin, mais en quelque part il y a une responsabilité accrue une fois
qu'on décide, à l'honneur du ministre et son gouvernement, d'essayer de réparer
un aspect discriminatoire de la loi actuelle. Et cette responsabilité c'est de
corriger la brèche. Alors, la porte est ouverte et on embarque sur un devoir
solennel et très nécessaire, mais est-ce qu'on va assez loin?
Ça me frappe de… moi, je n'ai pas le
privilège d'assister aux audiences, mais de lire de l'union des travailleurs et
travailleuses qu'à titre d'exemple : L'exigence de
respecter — je les cite — un nombre d'heures minimales de
travail afin d'éviter l'exclusion du régime n'existe pas… n'existe dans la loi
pour aucune autre catégorie de travailleuses ou de travailleurs. Pour nous, il
s'agirait d'un traitement différent et injustifié. Un commis de dépanneur
embauché pour travailler cinq heures par semaine est protégé par la loi,
et ce même s'il se blesse après n'avoir commencé son nouvel emploi que depuis
cinq minutes.
Écoutez, Mme la Présidente, j'accepte que
nous sommes en quelque part sur un continuum. Je respecte, à juste titre, le
souhait du ministre d'écarter le travail qu'on identifie comme sporadique, mais
entre sporadique et un seuil de huit heures n'y aurait-il pas quelque
chose de plus convenable, plus équitable et plus rapproché à notre voeu
d'éliminer la discrimination? Et je me permets de nous inviter à voir s'il y a
un autre point intermédiaire à trouver plus intéressant que ces
huit heures. Et quand je me rappelle des gens issus de ma circonscription,
la communauté…
M. Birnbaum : …et je me permets
de nous inviter à voir s'il y a un autre point intermédiaire à trouver plus intéressant
que ces huit heures. Et, quand je me rappelle des gens issus de ma circonscription,
la communauté philippine est très présente surtout… Côte-des-Neiges, et dans sa
vie collective professionnelle, plusieurs exemples de ces personnes qui
travaillent au sein de ma circonscription aussi. Et souvent, souvent, il risque
d'avoir deux contrats différents. Je ne veux pas prétendre que j'ai eu à
creuser avec chaque exemple, mais je me permets de croire que ça se peut que le
cas que je donne se répète souvent. Une personne issue de cette communauté qui
travaille à deux comptes, avec deux familles, pour des périodes d'un jour, même
un jour presque et demi et moins que huit heures.
Donc, premièrement, j'écarte complètement
l'idée que le ministre défend quelque chose qu'il trouve discriminatoire,
aucunement, aucunement, mais je parle d'un principe, dans un premier temps, et
là je parle de la chose très pratique, c'est le continuum. Huit heures, je
conviens à notre honneur, si c'est le seuil le plus intéressant au Canada, il
faut dire aussi qu'on a une Commission des droits de la personne unique ici, au
Québec, les autres provinces n'ont pas, qui s'est prononcée là-dessus. Et
pourquoi ne pas faire beaucoup mieux que les autres juridictions? Ça ne serait
pas la première fois que notre Québec se distinguerait de cette façon-là.
• (16 h 10) •
Alors, ma question est de voir, il s'agit
lieu, examiner ce seuil-là pour protéger, bon, l'État, l'employeur contre une
couverture pour le travail qui est clairement sporadique, l'exemple qu'aurait
donné le ministre, mais entre ça et huit heures, comme je dis, je persiste,
représente… peut représenter deux grandes demi-journées, ce n'est pas rien. Et
l'exemple que je donne, telle travailleuse, travailleur qui risque d'avoir deux
employeurs pour moins que huit heures chaque. Y a-t-il lieu avoir, si on peut,
en quelque part, faire mieux pour vraiment soutenir nos efforts collectifs
d'attaquer ce problème qui a un effet discriminatoire? On va en convenir, il y
a un effet discriminatoire surtout dans un domaine où se trouve une grande
majorité de femmes. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci.
M. Boulet : Peut-être de façon
télégraphique, là, puis je reconnais, oui, dans votre… dans D'Arcy-McGee, il y
en a, là, effectivement, un nombre important, mais il ne faut pas sous-estimer,
encore une fois, le fait qu'une personne peut, d'elle-même, obtenir une
couverture personnelle, à titre de travailleur autonome, ça, ça ne disparaît
pas. Deuxièmement…
M. Boulet : ...dans le... il y
en a, là, effectivement, un nombre important. Mais il ne faut pas sous-estimer,
encore une fois, le fait qu'une personne peut, d'elle-même, obtenir une
couverture personnelle à titre de travailleur autonome. Ça, ça ne disparaît
pas.
Deuxièmement, huit heures par semaine, en
fait, c'est 420 heures par année, donc ça peut être moins ou plus que huit
heures, ça peut être deux heures, une semaine, puis 14 heures la semaine
suivante, puis on a la moyenne de huit heures. Ça fait que ça, ça sous-tend un
certain concept d'irrégularité qui peut être bénéfique.
Troisièmement, il faut aussi penser qu'il
y a des personnes, beaucoup des personnes handicapées ou à mobilité réduite, ou
des personnes vulnérables qui sont des... qui deviennent des particuliers et
qui, donc, doivent... dorénavant, dans le texte que nous soumettons dans le
p.l. n° 59, doivent devenir des employeurs, avec
toutes les obligations que ça présuppose. Il ne faut pas négliger cette
réalité-là.
Puis enfin, je le répète, si vous faites
venir une gardienne d'enfants à toutes les semaines, est-ce qu'elle serait
protégée? Ce n'est pas ce qui est souhaité, ce n'est pas ce qui est
souhaitable, dans le contexte des régimes modernes de santé et sécurité. On
veut beaucoup plus de régularité pour s'assurer que l'employeur, qui est le
particulier, puisse respecter ses obligations en matière de santé et sécurité,
un environnement de travail exempt de tout risque pour la santé et la sécurité,
l'intégrité physique et psychique de ces personnes qui sont des travailleuses
domestiques.
Donc, moi, encore une fois, je trouve
qu'on est allé à ce qui était de mieux au Canada, ça m'apparaît être une
avancée considérable, ce n'est pas un demi-pas en avant, c'est un grand pas en
avant. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Oui. Merci, Mme
la Présidente. Je persiste juste sur l'idée d'un seuil de huit heures.
J'accepte et je comprends que ça peut être variable, on parle de 420 heures.
Mais je crois que si on creusait, on trouverait plein, plein d'exemples d'un
travail substantiel, important, des fois dangereux, qui s'inséreraient dans un
seuil moins élevé que ces huit heures.
Je me permets d'inventer l'exemple, mais
je suis sûr que je pourrais... et je vais me donner un devoir pour retrouver
des exemples des travailleuses de mon coin qui ont un tel genre de sort. Une
femme qui passe quatre matins par semaine chez une madame aînée semi-autonome
en chaise roulante, chez elle, pour une heure et demie le lundi, mercredi,
jeudi, vendredi...
M. Birnbaum : ...une femme qui
passe quatre matins par semaine chez une madame aînée semi-autonome, en chaise
roulante, chez elle pour 1 h 30 le lundi, mercredi, jeudi, vendredi.
Les autres jours, Mme la Présidente, un membre de la famille qui habite très
loin se débrouille pour que sa mère soit soignée et accompagnée comme il faut.
Un tel lien de travail qui, peut-être, perdure depuis cinq ans à un salaire, je
suis sûr, assez modeste.
Quand on revient à mon exemple, quand je
cite... de quelqu'un qui vient de commencer à travailler dans un dépanneur pour
cinq heures, comment on ne peut pas, une fois qu'on a ouvert ce chantier, comme
je dis, à l'honneur du ministre, comment on ne peut pas songer peut-être de
faire un petit peu mieux? Parce que le fait n'est pas l'intention, évidemment,
mais les faits discriminatoires risquent de perdurer. Et l'exemple que je me
suis permis de vous donner n'est aucunement du travail sporadique. Alors, j'ose
même croire que le souhait du ministre, dans l'exemple que je donne, serait que
ces personnes soient protégées.
Alors, y a-t-il lieu à voir si, dans ce
projet tellement important, on peut faire mieux?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. M. le ministre.
M. Boulet : Je n'ai pas
d'autre commentaire.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
D'accord. Y a-t-il d'autres interventions? Député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : J'aimerais faire
une suspension pour proposer quelque chose au ministre.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
D'accord. Alors, nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 17)
(Reprise à 16 h 21)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous reprenons l'échange sur l'article 2. M. le ministre.
M. Boulet : Bien, écoutez,
oui, on a eu un entretien les collègues et moi. Donc, ce qu'on conviendrait,
dans les dispositions transitoires, c'est que la commission fasse rapport de la
mise en application pour le projet de loi, mais pour les travailleuses
domestiques dans un délai de trois ans, là, qui est le délai discuté, là,
on en conviendra de façon plus précise dans le transitoire. Alors, voilà, ça
nous permettra de s'adapter et de s'ajuster en tenant compte de l'efficacité de
ces nouvelles dispositions-là.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Merci. Alors, député de Nelligan.
M. Derraji : Très rapidement,
je pense que c'est un bon dénouement de la situation. La seule chose que je
suggère pour le ministre, d'envoyer un message très clair à la CNESST pour tout
faire, pour tout faire pour que ça descende quitte à travailler avec… je ne
sais pas la formule que ça va prendre l'ajout de faire cette analyse aux
trois ans, mais que la CNESST doit tout faire, tout faire pour que ça
descende sur le terrain, de travailler avec les organismes communautaires, de
travailler probablement même avec le ministère de l'Immigration, de traduire
les informations, d'organiser des séances de travail, parce que le succès de
cette mesure ce n'est pas qu'elle reste sur un article de loi numéro 2 du
projet de loi, mais on veut que ça s'applique et que ce soit quelque chose de
très progressiste pour notre Québec. Donc, ça, c'est extrêmement important
avant qu'on arrive à l'analyse de trois ans.
M. Boulet : C'est un excellent
commentaire auquel je souscris totalement. Donc, l'enjeu ça va être de
sensibiliser, d'informer et de former avec les associations sectorielles
paritaires, avec les partenaires du marché du travail, avec les organismes qui
gravitent autour de la CNESST, mais… puis la traduction à laquelle fait
référence mon collègue de Nelligan elle est aussi cruciale à la réussite dans
la mise en application des nouvelles dispositions. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Député d'Hochelaga-Maisonneuve
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Bien, encore une fois, saluer le ministre pour son ouverture, là,
j'ai eu l'idée tantôt, je me disais peut-être que si… bien, il l'a ouvert dans
son premier argument le fait que ça, tu sais, il ne voyait pas ça comme
définitif à tout jamais dans la vie que cette limitation-là du nombre d'heures.
Il disait : Peut-être que l'avenir nous amènera à quelque part d'autre.
Alors, je me suis dit peut-être si on mettait un rapport d'étape. D'une part,
on…
M. Leduc : …encore une fois,
saluer le ministre pour son ouverture, là. J'ai eu l'idée tantôt, je me disais peut-être
que si… bien, il a ouvert dans son premier argument le fait que ça… tu sais, il
ne voyait pas ça comme définitif à tout jamais dans la vie que cette
limitation-là du nombre d'heures… Peut-être que l'avenir nous amènera à quelque
part d'autre. Alors, je me suis dit peut-être si on mettait un rapport d'étape.
D'une part, on ferait l'analyse ensemble de : Ça marche tu ou pas? L'ensemble
du régime, cette limitation-là, puis ça va donner aussi un levier pour les
différents groupes qui travaillent dans ce domaine-là pour dire : Bon,
bien là, il y a un rapport. Il faut qu'il y ait de l'action parce que peut-être
que ça marche bien, peut-être que ça ne marche pas bien. Donc, on mettrait un
marqueur dans le temps. Là, on parle de trois ans. On verra, on en
discutera, mais je suis bien content qu'il y ait de l'ouverture là-dessus.
J'ai peut-être une ou deux questions avant
qu'on passe à d'autres sujets de cet imposant article 2 d'application. Question
d'application de ce qui est devant, parce que, là, on ne déposera peut-être pas
d'amendement, là, pour le modifier, considérant qu'on a l'accord du ministre
pour un rapport d'étape. Dans l'application, puis ça va être quand même
important, là, de bien comprendre, notamment, pour les gens qui auront des
directives, là, par la suite pour l'appliquer, est-ce que… j'essaie de… je
prends l'image, là. Le compteur, là, sur les compteurs, qui part à zéro… Les
420 heures sur un an, est-ce que c'est 420 heures projetées ou c'est
420 heures effectivement travaillées?
M. Boulet : Oh mon Dieu! c'est
une bonne question.
M. Leduc : Parce que je vous
explique un cas de figure…
M. Boulet : Tu sais, c'est sûr
que s'il y a un… Là, je vais peut-être m'avancer, là, mais s'il y a un contrat
de travail, une entente puis c'est 560 heures par année, tu sais, on est
dans le contexte d'une personne qui doit fournir une prestation de travail, bon,
d'une durée de… je pense que ça doit tenir compte de ce qui est convenu entre
les parties et de ce qui s'effectue dans la réalité, là…
(Consultation)
M. Boulet : Bien, ça confirme.
On me dit que 95 % des travailleurs, travailleuses domestiques, c'est des
travailleurs étrangers temporaires, puis ils ont des contrats. Ils ont des
ententes de 30 heures par semaine et ils seraient couverts.
M. Leduc : Et donc, si j'ai
une entente de huit heures par semaine, mais même pour un 30 heures
par semaine, la question se pose quand même, est-ce qu'il faut les avoir
travaillées ces 420 heures là ou c'est ce qui est projeté?
M. Boulet : Non, si elles sont
projetées, projetées, la personne serait couverte aussi.
M. Leduc : Bon, bien, c'est
une bonne question que je vous ai posée. Ça fait que là on a une directive
claire. Je pense que ça va rassurer quand même certaines personnes. Ça fait
que, c'est ça, si quelqu'un se blesse au début de son contrat, même s'il n'a
pas enregistré les 420 heures, il est couvert, tout va bien.
M. Boulet : Bien, oui. C'était
les situations de vulnérabilité qui étaient les plus souvent exposées par les
médias. La personne arrive, ça fait deux semaines, elle a un contrat
24 heures ou 30 heures par semaine puis elle se retrouve le bec à
l'eau, c'est ce qu'on veut éviter. Oui, c'est une bonne question.
M. Leduc : Merci. Pour les
cotisations, je comprends que les travailleuses domestiques sont considérées
comme des travailleuses autonomes, elles doivent donc débourser une cotisation
pour…
M. Boulet : ...elle a un
contrat 24 heures ou 30 heures par semaine puis elle se retrouve le bec à
l'eau, c'est ce qu'on veut éviter. Oui, c'est une bonne question.
M. Leduc : Merci. Pour les
cotisations, je comprends que les travailleuses domestiques sont considérées
comme des travailleuses autonomes, elles doivent donc débourser une cotisation
pour s'inscrire au régime? Puis là je navigue un peu à vu, là, corrigez-moi si
je me trompe.
M. Boulet : Bien, ça, c'est
les personnes qui ne seraient pas couvertes par les normes qu'on vient
d'établir, pourraient, elles, s'inscrire à titre de travailleuses autonomes.
C'est différent. Comme elles peuvent le faire actuellement.
M. Leduc : Donc, les nouvelles
personnes incluses par l'article 2 n'auront plus besoin de faire ça, elles
vont naturellement être couvertes à cause que, là, l'employeur devra payer
une...
M. Boulet : Voilà.
M. Leduc : ...une cotisation. O.K.
Donc, ce qui était...
M. Boulet : Totalement. Le
particulier devient l'employeur au sens de la loi.
M. Leduc : Bien sûr. Et là ce
qui était la procédure...
(Consultation)
M. Boulet : Et, dans le cas
des travaux domestiques, là, parce que vous m'amenez là, le taux de cotisation,
il est déterminé à 3,75 % du salaire du travailleur jusqu'à concurrence,
évidemment, du plafond maximum assurable, là, mais qui ne sera pas atteint, là,
dans le présent, là. Mais c'est 3,75 % du salaire. Donc, c'est une obligation
aussi financière pour le particulier qui devient un employeur.
C'est important. Après un certain nombre
d'années, là, comme on en a parlé, là, on va voir comment ça s'applique, mais
ça a été tellement bien accueilli, là, dans les milieux des travailleurs et
travailleuses domestiques, là. Voilà.
M. Leduc : Dernière question
de compréhension. Donc, pour les personnes... Dans l'ancien système, tout le
monde devait faire ça, là, s'ils voulaient s'inscrire, payaient une cotisation.
Est-ce que c'était un taux fixe de 500 $? Est-ce qu'on m'a bien informé?
M. Boulet : Pour les
travailleurs autonomes, c'était un montant fixe, là. On pourra éventuellement
vous fournir la réponse.
M. Leduc : Là où je voulais en
venir avec ça, c'est que là, si maintenant le tout le monde à peu près est
inclus, pour ceux qui restent, est-ce que ce montant-là, si une personne en bas
de huit heures...
M. Boulet : Il n'y a pas de
changement.
M. Leduc : Mais il n'y aurait
pas lieu de le baisser, en fait, parce que c'est quand même un montant
prohibitif, là, pour quelqu'un qui aurait un petit salaire à sept heures par
semaine, par exemple?
M. Boulet : Bien, je ne sais
pas comment il est établi, le montant. Mais on n'a pas amendé ces articles-là,
il n'y a pas de changement.
M. Leduc : Ça, ça serait des
articles de la loi, ça ne serait pas une politique interne?
M. Boulet : C'est sur le
travailleur autonome.
M. Leduc : De la loi ou du
règlement.
M. Boulet : De la loi.
M. Leduc : De la loi. Ça fait
qu'il faudrait peut-être voir ça. Bon, écoutez, je vous soumets ça parce que ça
serait intéressant de voir si la nouvelle réalité...
M. Boulet : Ça pourra aussi
faire partie de la mise en application, là, comment ça s'arrime tout ça, là.
Mais on n'anticipe pas de problématique particulière. Je pense que ce que
soulève le collègue de Nelligan est fondamental : sensibilisation,
information, formation, traduction, c'est les mots clés.
• (16 h 30) •
M. Leduc : C'est une très
grosse campagne qui attend la CNESST. Il y a déjà beaucoup de gens qui sont
très actifs et actives, je devrais dire, dans ce milieu-là. J'assume qu'il y
aura des interactions entre la CNESST et ses groupes. J'ai nommé Pinay tantôt,
le CISO en est un...
16 h 30 (version non révisée)
M. Boulet : ...sensibilisation,
information, traduction, c'est les mots clés.
M. Leduc : Oui, tout à fait.
C'est une très grosse campagne qui attend la CNESST.
M. Boulet : Oui, oui.
M. Leduc : Il y a déjà beaucoup
de gens qui sont très actifs et actives, je devrais dire, dans ce milieu-là.
J'assume qu'il y aura des interactions entre la CNESST et ces groupes. J'ai
nommé Pinay tantôt, le CISO en est un, le Centre des travailleurs immigrants
aussi. Ils ont une expertise fine de cette réalité-là. Je suis convaincu qu'ils
seront très, très ouverts, très généreux de leur collaboration pour aider la
CNESST.
M. Boulet : Puis on sera encore
une fois la première province au Canada pour les travailleuses domestiques. On
était la première province pour la maladie de Parkinson grâce à, notamment,
notre collègue de Nelligan puis de toute l'équipe qui a travaillé pour aller de
l'avant dans cette direction-là. Ça fait que je pense qu'on est... on peut tous
être fiers de ce qu'on a fait à date.
M. Leduc : Moi, je n'aurais
plus de commentaire sur «travailleuses domestiques». J'aurais un autre sujet
dans l'article 2, mais je ne sais pas s'il y avait des collègues qui
voulaient faire le tour de «travailleuses domestiques».
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Est-ce qu'il y a d'autres interventions à l'article 2? Sinon, je vais
laisser la parole encore à...
M. Derraji : ...j'avais juste
une inquiétude, mais j'ai vu un... que la direction des Publications du Québec
du ministère du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale va fermer son
service de traduction à compter du 23 décembre 2021. Je ne vous apprends
rien, la CNESST peut engager des consultants, des traducteurs. Je ne vous donne
pas la réponse, M. le ministre, mais je veux quand même qu'on ne paie pas les
frais, qu'on ne paie pas les frais, que cette direction de Publications du
Québec ait un impact sur l'objectif. C'est juste un commentaire, mais j'en suis
sûr et certain, que le ministre a la réponse.
M. Boulet : Ah! il n'y a
pas... je n'ai pas de commentaire autre que de dire : Il y a deux
personnes qui étaient à ce service de traduction là. Mais il n'y aura pas
d'impact, là, sur la traduction des outils de sensibilisation puis
d'information et de formation. Puis, en plus, il y a des acteurs autour qui
vont contribuer à cette traduction-là.
M. Derraji : O.K.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait, merci. Alors, il n'y a pas d'autre intervention? Député
d'Hochelaga-Maisonneuve, c'est toujours sur l'article 2?
M. Leduc : Oui.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Je vous amène ailleurs, à la notion d'emploi convenable que nous
avons discutée précédemment. J'ai déjà envoyé mon amendement, mais peut-être
que, comme d'habitude, on peut d'abord avoir une conversation, là, pour
comprendre l'intention du législateur. On verra si on le passe au vote ou pas
par la suite. Quand on rajoute, là, «en tenant compte des tâches essentielles
et caractéristiques de ce type d'emploi», c'est quoi la motivation derrière ce
rajout-là?
(Consultation)
M. Boulet : Essentiellement,
c'était pour s'assurer que l'emploi convenable soit le plus près possible de
son emploi initial qu'il avait au moment de la survenance de la lésion
professionnelle. Puis on ne voulait pas qu'une tâche accessoire ou non
essentielle soit un obstacle, l'empêche...
M. Boulet : …essentiellement
c'était pour s'assurer que l'emploi convenable soit le plus près possible de
son emploi initial qu'il avait au moment de la survenance de la lésion professionnelle.
Puis on ne voulait pas qu'une tâche accessoire ou non essentielle soit un
obstacle, empêche de considérer que ce soit un emploi convenable, parce qu'il y
en a… puis c'est bénéfique pour les conseillers, conseillères en réadaptation,
je pense que ça a une vertu d'enseignement, puis s'assurer que l'emploi
convenable, il réponde aux cinq critères, là, de la démarche du conseiller,
conseillère en réadaptation, que j'ai expliquée ce matin, là. C'est le seul objectif,
là.
M. Leduc : Qu'est-ce qu'on
corrige par rapport à la situation actuelle? Il y avait des moments où on
refusait un emploi convenable parce que…
M. Boulet : Bien, il pouvait y
avoir… des fois, la personne qui s'occupe de la réadaptation pouvait considérer
que comme ce n'était pas de quoi… comme c'était une tâche accessoire ou non
essentielle, que ça pouvait bloquer la détermination d'un emploi convenable
comme… je ne sais pas, je n'ai pas d'exemple particulier, là, mais je ne sais
pas, peut-être des travaux d'entretien qui sont connexes, tu sais, on sait que
les descriptions de tâches maintenant, il y a toujours des clauses de
connexité, là, dans les bas de page, toute autre tâche connexe. Donc, ça, cette
connexité-là, selon la jurisprudence, elle doit avoir un lien avec l'emploi,
que ce ne soit pas un frein à la détermination d'un emploi convenable. Je pense
que c'est un gain pour tout le monde pour éviter qu'il y ait des obstacles à
l'identification d'un emploi convenable. Voilà.
M. Leduc : O.K. Peut-être que
si vous avez un exemple précis, ça m'aiderait à comprendre, mais la tâche en question
qui n'est pas dite essentielle puis que le travailleur, par exemple, ne serait
pas capable de faire, j'imagine, peut-être, soulever des poids, là soulever quelque
chose de lourd... on dit que ce n'est pas essentiel, mais ça peut arriver, dans
cette tâche, qu'on le fasse. Si on le considère, c'est que ce n'est pas
impossible de faire cette tâche-là...
M. Boulet : C'est plus,
mettons...
M. Leduc : Est-ce que ça ne
mettrait pas quelqu'un dans...
M. Boulet : ...l'entretien de
ton environnement de travail, nettoyer tes outils, nettoyer ta table de
travail, désinfecter. Je pense que le contexte sanitaire est un bel exemple, ça
impose un 30 minutes, un 45 minutes de désinfection, de nettoyage,
d'entretien. C'est simplement ça, là, il n'y a pas d'autre objectif, pour ne
pas que ça, ça puisse être considéré comme ne faisant pas partie du coeur des
activités que le travailleur exerçait, que ça puisse empêcher d'identifier un
emploi convenable. C'est le but.
M. Leduc : Ça, je comprends,
mais ce que je ne comprends pas, c'est que si la tâche que la personne n'est
plus capable de faire fait comme partie de ce qu'on... des tâches connexes de
la nouvelle job qu'on a... Ce que je ne comprends pas, c'est que si la tâche
connexe que le travailleur n'est plus capable de faire fait partie des tâches,
pas essentielles mais quand même existantes du nouvel emploi convenable, bien
là, on vient dire : Nonobstant cette tâche connexe que tu n'es plus
capable de faire, voilà cet emploi-là...
M. Leduc : ...ce que je ne
comprends pas, c'est que, si la tâche connexe que le travailleur n'est plus
capable de faire fait partie des tâches pas essentielles, mais quand même
existantes du nouvel emploi convenable, bien là, on vient dire : Nonobstant
cette tâche connexe qu'il n'est plus capable de faire, voilà cet emploi-là.
M. Boulet : Non. Je pense que
c'est une nouvelle porte ouverte. S'il y a des tâches connexes qu'il n'est pas
en mesure de faire, il ne les fait pas, il ne peut pas les faire parce que
l'emploi convenable... bien, il y a une description de tâches, puis les tâches
connexes qu'il n'est pas en mesure de faire selon le conseiller en réadaptation,
puis lui, puis son médecin, il ne les fait pas. Mais ce n'est pas un frein à ce
que ça puisse être un emploi convenable pour le travailleur qui veut le faire
et pour qui c'est bénéfique pour sa réadaptation. C'est beaucoup plus dans ce
sens-là, là. On peut le prendre de différents angles, mais ce n'est pas un
obstacle, c'est en fait pour éliminer un obstacle potentiel à un emploi
convenable, simplement.
M. Leduc : Mais est-ce que ça
ne met pas une drôle de pression sur le nouvel employeur, de dire : Sache
que, là, je te réfère quelqu'un, mais qui ne pourra pas faire une tâche
connexe, qui n'est pas centrale mais qui n'est pas inexistante non plus?
M. Boulet : Non, mais l'autre
employeur, quand c'est son employeur, il ne faut jamais oublier son obligation
d'accommodement raisonnable, qu'il doit adapter ou, tu sais... Tout est une question
de quantité, là, mais s'il ne peut pas faire le travail dans son essence, là,
ce n'est pas un emploi convenable, mais s'il ne peut pas faire de quoi qui est
accessoire, bien là, ça n'empêche pas qu'il puisse le faire. Mais là on ne
réfère pas ... Ça peut être ailleurs sur le marché de l'emploi, mais encore
faut-il que l'employeur contribue à cet exercice-là, là. L'autre employeur n'a
pas nécessairement le même devoir d'accommodement raisonnable. C'est essentiellement
ça, là, c'est pour éviter un frein, là, comme je l'ai mentionné tout à l'heure,
là, que ça puisse, une tâche accessoire ou non essentielle, constituer un
obstacle à la détermination d'un emploi convenable, tout simplement.
M. Leduc : Mais ce que je ne
comprends pas, c'est que, c'est ça, on va référer... la CNESST va déterminer un
emploi convenable, nonobstant les tâches connexes qu'il ne peut plus faire, va
référer la personne. Mais l'employeur, là, qui reçoit cette personne-là avec un
C.V. puis qui... l'entrevue, puis qui dit : Bien, ah oui, es-tu capable de
lever une boîte? Non, je ne suis plus capable, bien...
M. Boulet : Non, mais c'est un
exercice de collaboration, là, ce n'est pas... la commission ne dit pas : C'est
ça puis tu vas... Je veux dire, il faut d'abord le déterminer en équipe. Puis
l'employeur a quand même la possibilité de dire : C'est une contrainte
excessive ou ça n'a pas de bon sens, puis là ça ne peut pas. Mais c'est juste
de s'assurer que ça n'empêche pas d'avancer et de permettre au travailleur
d'être accommodé raisonnablement en exerçant un emploi convenable, puis ce
n'est pas parce qu'une... Je pense que vous le voyez trop de l'angle du
travailleur qui risque d'être affecté. Voyez-le aussi du travailleur qui peut
en tirer des avantages. C'est comme ça que je le vois, moi.
M. Leduc : Moi, je vois
toujours ça de l'angle du travailleur, M. le ministre. Tout le temps.
M. Boulet : Mais il faut
s'adapter, puis le jour où vous serez peut-être dans d'autres fonctions, vous
essaierez de voir ça d'une façon plus globale...
M. Boulet : …du travailleur qui
risque d'être affecté. Voyez-le aussi de l'angle du travailleur qui peut en
tirer des avantages. C'est comme ça que je le vois, moi.
M. Leduc : Moi, je vois toujours
ça de l'angle du travailleur, M. le ministre.
M. Boulet : Mais il faut
s'adapter.
M. Leduc : Tout le temps.
M. Boulet : Puis le jour où
vous serez peut-être dans d'autres fonctions, vous essaierez de voir ça d'une
façon plus globale.
M. Leduc : On essaiera, quand
ça se présentera. Moi, ce que je comprends aussi, c'est… ce que j'entends du
milieu, là… Cette détermination-là d'emploi convenable, on s'entend, hein, ça
peut être litigieux, ça a fait sujet de débats, on en a déjà parlé dans un
autre article. Mais ce que j'entends du milieu, c'est que ça arrive souvent que
ça se ramasse au tribunal, au TAT, au Tribunal administratif du travail, que la
détermination de l'emploi convenable est contestée, ça se ramasse au TAT, et
c'est là que ça se joue.
Et là ce que je comprends, c'est qu'en
limitant l'appréciation de ce qui est devant nous aux tâches dites
essentielles, bien, on vient encore un peu encadrer, restreindre, là, ou peu
importe le mot qu'on choisit, l'autonomie judiciaire. Ça peut sembler fatigant,
peut-être, pour la CNESST de perdre des cas devant le TAT, mais… puis devoir
recommencer à zéro à chaque fois, mais peut-être qu'on est mieux d'espérer que
la CNESST travaille mieux en amont que d'essayer de couper le siffler du
tribunal, là.
• (16 h 40) •
M. Boulet : C'est un outil
additionnel qui va permettre aux conseillers, conseillères, je le répète, qui
sont des professionnels de la santé en général, là, des physios, des ergos puis
des kinésiologues, de bien faire leur travail. Puis ultimement, vous le dites,
il y a un arbitre qui est le Tribunal administratif du travail. Puis je n'en
connais pas tant, moi, de décisions où ça a été… ça s'est mal terminé. Mais il
y a toujours la possibilité d'aller devant le tribunal, puis le tribunal, il
doit rendre… Puis la commission, ultimement, il faut qu'elle rende ses
décisions suivant l'équité puis le mérite du cas. Moi, je n'ai pas… C'est sûr
qu'on peut avoir des appréhensions de décisions de la commission, mais je pense
qu'en général les décisions sont respectueuses de l'état des travailleurs, là.
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Y a-t-il d'autres interventions?
M. Leduc : Je vais… bien, je
vais conclure rapidement en disant : Je vais le déposer, mon amendement,
puis on le votera puis…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
D'accord. Alors, on a déjà un amendement. On va…
Une voix
: …
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui, nous l'avons reçu. Donc, on va le présenter. Est-ce que vous pouvez le
lire, M. le député?
M. Leduc : Bien sûr.
Alors : L'article 2 du projet de loi est amendé par la suppression du
paragraphe 3°.
Qui fait référence, donc, là, en termes
d'explications, à l'emploi convenable. C'est ça qui venait rajouter la phrase
des tâches essentielles et caractéristiques de ce type d'emploi.
M. Boulet : Je n'ai pas de
commentaire, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Y a-t-il des commentaires ou des interventions sur l'amendement déposé
par le député d'Hochelaga-Maisonneuve? S'il n'y a pas d'intervention, nous
allons procéder à la mise aux voix.
La Secrétaire
: Pour,
contre ou abstention. M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
: M. Boulet
(Trois-Rivières)?
M. Boulet : Contre.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...par le député d'Hochelaga-Maisonneuve. S'il n'y a pas d'interventions, nous
allons procéder à la mise aux voix.
La Secrétaire
: Pour,
contre ou abstention. M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
: M. Boulet
(Trois-Rivières)?
M. Boulet : Contre.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Contre.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Abstention.
La Secrétaire
: M. Roy
(Bonaventure)?
M. Roy
: Pour.
La Secrétaire
: Et Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'amendement déposé à l'article 2 est rejeté.
Nous revenons à l'article 2. Y a-t-il
d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autres interventions à l'article 2,
nous allons procéder à la mise aux voix.
La Secrétaire
: M. Boulet
(Trois-Rivières)?
Mme Boutin : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
: M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
: M. Roy
(Bonaventure)?
M. Roy
: Pour.
La Secrétaire
: Et Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'article 2 est adopté.
Nous poursuivons, M. le ministre, avec l'article
3, s'il vous plaît.
M. Boulet : Est-ce qu'on peut
demander une suspension, s'il vous plaît? Deux minutes?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Vous pouvez demander et vous allez l'avoir. Alors, oui, nous allons suspendre
quelques instants, s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à 16 h 43)
(Reprise à 16 h 47)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, M. le ministre, nous en étions rendus à l'article 3.
M. Boulet : Oui.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Je vous invite à le lire, s'il vous plaît.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente. Cette loi est modifiée par l'insertion après l'article 8.1 de
ce qui suit :
«8.2. Les articles 9 et 13 ne
s'appliquent pas lorsque les activités exercées sont de la nature de celles
exercées par un travailleur domestique.
«1.1. Travailleurs domestiques.
«8.3. Aux fins de l'application de la
présente loi au travailleur domestique, le logement de la personne qui
bénéficie de ses services tient lieu d'établissement.
«8.4. Les articles 34, 280 et 316 ne
s'appliquent pas à l'employeur d'un travailleur domestique.
«8.5. Lorsqu'elle agit en vertu de l'article 256
ou 257, la Commission ne peut ordonner la réintégration d'un travailleur
domestique dans son emploi.»
Explications : Donc, en fait, c'est
l'introduction des différents articles qui précisent l'application de la loi
aux travailleuses domestiques.
Le 8.2 prévoit qu'une personne qui
effectue des activités de travailleurs domestiques comme bénévole ou comme
travailleur autonome ne pourra bénéficier de la protection de la loi. Il s'agit
du corollaire à la définition de «travailleur domestique» qui exige la présence
d'un contrat de travail et d'une rémunération qui exclut le bénévole.
8.3 prévoit que, pour l'application de la
loi aux travailleurs domestiques, le logement du particulier qui retient ses
services tient…
17899 M. Boulet : ...et du
corollaire à la définition de «travailleur domestique» qui exige la présence
d'un contrat de travail et d'une rémunération qui exclut le bénévole.
8.3 prévoit que, pour l'application de la
loi au travailleur domestique, le logement du particulier qui retient ses
services tient lieu d'établissement. Cette modification est nécessaire afin de
conférer à un statut d'employeur à ce particulier.
Puis 8.4, bien, ça vise premièrement à
rendre l'article 34 de la LATMP inapplicable à l'employeur d'un travailleur
domestique. On comprend, là, que c'est pour soustraire l'employeur d'un
travailleur domestique, aussi, là, de l'obligation de tenir le registre des
accidents de travail, parce qu'il y a généralement une personne. 316 de la
LATMP, ça permet à la commission d'exiger d'un employeur qui retient les
services d'un entrepreneur le paiement de la cotisation due. Sans la modification
proposée, cet article serait applicable à la personne qui retient les services
d'un travailleur domestique dans la mesure où cette personne devient un
employeur au sens de la loi. Il pourrait donc être tenu responsable de la
cotisation payable par un entrepreneur, ce qui n'est pas souhaitable en raison
du caractère non commercial de la relation employeur-travailleur domestique.
Puis 8.5, bien, quand la commission, suite
à une plainte en vertu de 32, agit conformément en sa juridiction déterminée
par 256 ou 257, ne peut ordonner à l'employeur de réintégrer en cas de
congédiement. La commission pourra toutefois ordonner le paiement, de verser
aux travailleurs domestiques une indemnité correspondant à l'équivalent du
salaire et des autres avantages dont il a été privé jusqu'à ce qu'elle dispose
de la plainte.
Voilà, en gros, c'est ça. C'est pour
mettre en application, là.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Est-ce que... Dans cet article 3, on a comme quatre articles.
Est-ce qu'on les traite séparément ou vous voulez en discuter tous ensemble?
L'ensemble, peu importe?
• (16 h 50) •
M. Boulet : Oui.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
O.K. Alors, y a-t-il des interventions à l'article 3, tel que lu par le
ministre? Oui, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Il y a quand même
un truc majeur, là, à 8.5, particulièrement, là : «...ne peut ordonner la
réintégration d'un travailleur domestique dans son emploi». C'est gros, là,
parce que c'est quand même un truc de base dans le droit du travail qui se
retrouve d'ailleurs aussi dans le code, là, dans le Code du travail, qu'on
appelle le renvoi sans cause juste et suffisante. On a des dispositions miroir,
j'oserais dire, dans la LATMP, là, si la personne est renvoyée à cause de sa
lésion, là, ce qui est un équivalent de sans cause juste et suffisante. Mais
c'est comme un truc de base, là, de devoir... que l'employeur soit obligé de la
reprendre.
Tu sais, on en a parlé précédemment sur un
autre article. Moi, j'en ai vécu souvent, dans mon parcours syndical, des gens
qui étaient renvoyés sans cause juste et suffisante, et s'il n'y avait pas le
droit de retour, on n'aurait jamais été capables de négocier des indemnités de
départ. Jamais...
M. Leduc : ...sur un autre
article. Moi, j'en ai vécu souvent, dans mon parcours syndical, des gens qui
étaient renvoyés sans cause juste et suffisante, et s'il n'y avait pas le droit
de retour, on n'aurait jamais été capable de négocier des indemnités de départ.
Jamais. Puis la plupart du temps, le ou la salariée n'a pas tellement envie de
retourner non plus. Puis j'imagine que dans une situation de travail
domestique, cette non-envie de retour doit être presque systématique.
Mais la notion de l'obligation de retour,
c'est la base même de la négociation pour aller chercher une indemnité. Là, on
est en train de dire, en renonçant à ça : Si tu la mets dehors, tu n'avais
pas le droit de le faire, bien, dans le fond, il se passera quoi? Il ne se
passera rien. Peut-être que le ministre peut m'éclairer, peut-être que j'ai mal
compris, mais ce que je lis là, moi, ça m'inquiète beaucoup.
M. Boulet : Bon,
essentiellement, quand on a étudié le projet de loi, je comprenais le contexte
particulier que, bon, la personne domestique peut faire une plainte suite à un
congédiement qu'elle considère lié à sa lésion professionnelle ou à cause de
l'exercice d'un droit prévu dans la LATMP. Mais on ne voulait pas permettre que
la commission aille jusqu'à ordonner la réintégration, parce que c'est une
relation tellement personnelle. Puis, tu sais, il y a beaucoup de personnes
vulnérables puis en situation de handicap, puis on ne voulait pas que ces
personnes-là soient prises dans un piège où elles deviennent captives d'un
travailleur ou d'une travailleuse domestique. C'est plus fondé sur des motifs
humains. Tu sais, on peut tous... tu sais, la commission peut tout exercer,
vous le savez, à 256, 257, ils peuvent ordonner le versement d'une indemnité
pour compenser, ils peuvent verser le montant pour compenser le salaire perdu.
Mais d'ordonner la réintégration, vous le savez, c'est quand même une mesure
ultime.
Mais je comprends ce que vous me dites,
que ça donne un certain pouvoir de négociation à la personne qui fait l'objet
d'une terminaison d'emploi. Mais dans le cas d'un domestique, ce n'est pas le
rapport de force qu'on veut établir entre un travailleur puis un particulier.
Mettons-nous à la place d'une personne en situation de vulnérabilité qui
s'expose à une ordonnance de réintégration de la commission des normes puis qui
se dit : Je vais contester, puis l'ordonnance de réintégration est
exécutoire. Il y a des situations catastrophiques, là, puis ça a été contesté
beaucoup, là, je pense, dans d'autres programmes, je pense, dans le Programme
des travailleurs étrangers temporaires, là, cette possibilité-là d'ordonner à
un particulier de réintégrer un travailleur domestique. Moi, d'emblée, là, puis
je comprends très bien ce que vous me dites, là, puis je ne serais pas le
premier à me battre contre ça, là, mais je pense que c'est fondamentalement
humanitaire.
M. Leduc : Mais c'est parce
que, là, vous ne nous offrez pas d'alternative. Vous dites : Le rapport de
force, ce n'est pas ça qu'on veut créer, mais c'est parce que vous créez
l'inverse. Vous créez le rapport de force inverse, vous dites : Bien, il
n'y aura pas de conséquence pour l'employeur...
M. Boulet : …je ne serais pas
le premier à me battre contre ça, là, mais je pense que c'est fondamentalement
humanitaire.
M. Leduc : Parce que, là, vous
ne nous offrez pas d'alternative. Là, vous dites : Le rapport de force ce
n'est pas ça qu'on veut créer. Mais parce que vous créez l'inverse. Vous créez
le rapport de force inverse, vous dites : Bien, il n'y aura pas de
conséquences pour l'employeur.
M. Boulet : …256, 257, puis il
y a des dispositions de la Loi sur les normes du travail qui s'appliquent, mais
ils peuvent ordonner toute autre décision qu'ils considèrent appropriée tenant
compte des circonstances, et, ça, ça confère un pouvoir élargi à la commission.
Puis, tu sais, je reviens toujours au mérite puis au cas par cas, mais ils ont un
pouvoir d'ordonner le paiement de montants de dommage et intérêt compensatoire,
là, si ça se justifie dans le cas spécifique. Ça fait qu'ils ont tout le
pouvoir. C'est juste cette réintégration-là ne nous apparaissait pas, je
dirais, humainement souhaitable.
M. Leduc : Mais, c'est parce
que souvent on va arriver à ces conclusions-là de d'autres sanctions outre la
réintégration pour éviter la réintégration, mais là si la réintégration n'est
même pas possible, c'est quoi l'incitatif même de la commission, d'aller faire
une petite tape sur les doigts de l'employeur fautif?
M. Boulet : Non. Comme on dit
à 256, 257 : «La Commission pourra toutefois ordonner de verser au
travailleur domestique une indemnité correspondant, 1, l'équivalent du salaire,
les autres avantages dont il a été privé.» Même jusqu'à ce qu'elle dispose de
la plainte au mérite, puis elle conserve pleine compétence au mérite, là, pour
ordonner le versement de montants d'argent. Ce n'est pas… c'est juste… il n'y a
rien de moins sauf l'ordonnance de réintégration en raison du contexte bien,
bien personnel et particulier de la relation particulier/travailleur
domestique. En fait, je devrais dire particulier/employeur.
M. Leduc : Mais parce que ce
qui se passe aussi dans la réalité c'est que quand on fait une plainte, puis
quand on arrive pour traiter de ça, puis vous l'avez sûrement vécu dans votre
carrière à vous aussi, M. le ministre, il y a toujours l'étape de la médiation,
hein, on ne commence pas une audience que ça soit en droit du travail, là, ou
en CNESST, on ne commence pas une audience sans une bonne petite séance de
médiation. C'est pas mal devenu la norme, voire quasi obligatoire, pour le
meilleur ou pour le pire, des gens qui critiquent ça parce qu'il n'y a plus de
décision, plus de jurisprudence.
M. Boulet : C'est ce qui est
souhaité.
M. Leduc : Pour le meilleur et
pour le pire. On n'entrera pas dans ce débat-là. Mais cette séance de médiation
préalable à l'étude du cas, c'est là que joue le pouvoir de réintégration,
c'est là que joue la question de l'employeur : Qu'est-ce que je suis prêt
à mettre sur la table pour éviter ce scénario de réintégration? Là, il n'y en a
même pas de scénario possible de réintégration. Fou d'une poche, pourquoi il
mettrait quelque chose sur la table?
M. Boulet : Mais tout est
possible en médiation, vous le savez. Les partis peuvent convenir d'une
réintégration à l'amiable, peuvent convenir d'un retour au travail, puis il y a
quand même des pouvoirs d'ordonnance de la commission qui confère un bon
rapport de négociation aux travailleuses domestiques…
M. Leduc : ...d'une poche,
pourquoi il mettrait quelque chose sur la table?
M. Boulet : Mais tout est
possible en médiation, vous le savez. Les parties peuvent convenir d'une
réintégration à l'amiable, peuvent convenir d'un retour au travail. Puis il y a
quand même des pouvoirs d'ordonnance de la commission qui confèrent un bon
rapport de négociation aux travailleuses domestiques, là, parce que ça peut
être une sanction qui est annulée, ça peut être des mesures discriminatoires ou
de représailles qui sont annulées.
Puis il n'y a rien, puis je pense que vous
me le faites dire en commission, il n'y a rien qui va empêcher en médiation de
convenir d'une entente qui permet le retour au travail de la travailleuse
domestique qui a fait l'objet d'une mesure abusive ou déraisonnable.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Est-ce qu'on peut laisser la parole au député? D'accord. Alors, on
laisse la parole au député de Nelligan.
M. Derraji : Oui, au fait, je
veux juste qu'on n'oublie pas que c'est une situation... c'est très, très
particulier, ce que nous sommes en train de discuter. Et, quand je vois le nom
«réintégration d'un travailleur domestique dans son emploi», il faut penser aux
conséquences. Et, parfois, cette personne au nom de qui on parle aujourd'hui,
probablement, elle n'est même pas au courant que la CNESST existe. Tu sais, je
ne pense pas que les 20 000, dès demain, vont être au courant que la
CNESST existe pour protéger leurs droits.
Moi, je veux juste insister sur la
précarité, sur la situation spéciale, et qu'on parle qu'en vertu de
l'article 256 ou 257 la commission ne peut ordonner la réintégration d'un
travailleur domestique dans son emploi. Mais j'aimerais bien aussi qu'on parle
que parfois, ces personnes, parce que c'est ce qu'on voit, oui, elles
travaillent, mais parfois leur travail est carrément une source de revenus de
quelqu'un d'autre à l'extérieur. Donc, gardez ça en tête.
Même le versement des indemnités, moi,
j'aimerais bien... je ne l'ai pas vu, j'aimerais bien que ça soit très, très
accéléré. Parce que ce n'est pas la même chose. Probablement, si on met les lunettes
d'analyse d'un travailleur dans n'importe quel autre secteur au Québec versus
ce travail spécifique, je pense, et je nous invite tous à avoir une certaine
sensibilité, probablement, une perte de 100 $ va avoir un effet majeur
parce que la personne doit naviguer dans le système, comprendre les tenants et
aboutissants, et pas sûr, pas sûr que pour... et je ne veux pas tomber dans des
jugements de valeur, qu'aller contre ton employeur fait partie de certaines
valeurs de certaines personnes. La notion de droit, ce n'est pas la même chose.
Au Québec, nous sommes chanceux d'avoir des structures. On parle de très, très,
très loin quand on parle de quelqu'un qui vient de l'extérieur pour faire ce
travail.
• (17 heures) •
Donc, je nous invite à une certaine
sensibilité. Si on veut vraiment être progressistes et prendre... et réaliser
ce qu'on veut avec ce rêve d'inclure les 20 000 travailleurs domestiques,
on ne parle pas de la même base...
17 h (version non révisée)
M.
Derraji : ...on part de très, très, très loin quand on parle de quelqu'un
qui vient de l'extérieur pour faire ce travail. Donc, je nous invite à une
certaine sensibilité. Si on veut vraiment être progressistes et réaliser ce
qu'on veut avec ce rêve d'inclure les 20 000 travailleurs, on ne part pas
de la même base et on n'a pas les mêmes lunettes que vis-à-vis d'un travailleur
québécois qui sait naviguer dans le système.
Donc, si on peut
agir très rapidement, si on peut leur donner, je ne sais pas, une cellule de
crise ou cellule d'appel... mais on ne parle pas de la même chose. Parfois,
même attendre un délai de deux, trois semaines, je pense que la personne ne va
même pas payer son logement où il est, s'il a un logement, je ne sais pas si
parfois... si le lieu de travail fait partie de chez l'employeur et est
considéré comme une pièce à part. Je ne sais pas, je n'ai jamais vu de contrat
de travail dans ce cas.
Donc, je nous
invite juste à avoir ce regard parce que je ne veux pas tombe dans des situations
de précarité. Je ne pense pas que c'est ça, la volonté du législateur, mais
gardons en tête que, dans d'autres pays, il y avait des situations d'abus,
parce que ce n'est pas tout le monde qui est au courant. Et je ne dis pas que
ça va être le cas chez nous, mais protégeons les deux. Oui, des responsabilités
de l'employeur, droits et responsabilités, mais la même chose aussi pour les
droits de ces travailleurs domestiques.
M.
Boulet : O.K. Parfait. Merci. Très, très bien compris.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci. On a le député de Bonaventure qui veut prendre
la parole.
M. Roy
: Des fois, l'objectif,
c'est juste d'enlever le masque, Mme la Présidente...
Des voix
: Ha, ha, ha!
M. Roy
: ...et le
résiduel, c'est d'avoir une bonne discussion avec le ministre.
Bon, écoutez, bien, j'écoutais mes collègues,
là. Admettons que les employeurs, là, il n'y a pas grande sanction, il n'y a
pas grand-chose qui vient les contraindre à être de bons patrons-là. Si, bon,
une travailleuse domestique subit un accident, puis il ne veut pas la
réintégrer, bien, il a quoi, lui, là, là? Il n'a rien.
Puis je pense Monsef... Je l'ai appelé par
son nom, là. Ce n'est pas grave. Mais l'écosystème... Les travailleurs
domestiques sont des gens extrêmement vulnérables — mes collègues
l'ont dit, puis je le répète — isolés, puis avec qui... Elles ont une
proximité assez particulière avec leur employeur, là. Elles font le ménage des
fois dans la chambre à coucher ou dans la salle de bain, je veux dire, tu ne
peux pas être plus... Ça fait que... Et comme mon collègue a dit aussi, en cas
de conflit de travail, c'est difficile par la suite, ou de mésentente, d'avoir
une proximité saine et non toxique avec l'employeur.
Donc, écoutez, moi, j'ai déposé un
amendement, là. M. le ministre, j'ai déposé un amendement juste pour partir la
discussion, mais je pense...
M. Roy
: ...de
mésentente, d'avoir une proximité saine et non toxique avec l'employeur.
Donc, écoutez, moi, j'ai déposé un amendement,
là. M. le ministre, j'ai déposé un amendement juste pour partir la discussion,
mais je pense...
Une voix : ...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...Est-ce que vous êtes...
M. Roy
: C'est pour
discuter, O.K.? Est-ce que je peux le présenter, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui. Alors, je vous invite... On a reçu l'amendement du député de Bonaventure.
Alors, je vous invite à le lire.
M. Roy
: Bon. Mais vous
comprenez, M. le ministre, que c'est dans l'idée... Et comme mon collègue d'Hochelaga
le dit, s'il n'y a pas de sanction, comment voulez-vous qu'il y ait une amorce
de discussion de réintégration au travail? Il n'y a rien. Ça fait que là je
propose la chose suivante. Après ça, on en discute, là.
Donc, l'article 3 du projet de loi
est amendé par l'ajout, à la fin du paragraphe débutant par «85.», de :
«Elle peut toutefois ordonner à l'employeur de verser au domestique non
réintégré dans son emploi des dommages compensatoires et punitifs dont le
montant peut aller jusqu'à l'équivalent d'une année de salaire, en plus des
autres compensations prévues par les articles 256, 257.».
Le but, c'est d'avoir un rapport de force
et de permettre...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...je veux juste bien être sûre, là, de bien corriger. Il y a une petite erreur
ici, là, juste de forme. C'est bien à la fin de l'article débutant par «8.5»,
et non pas du paragraphe.
M. Roy
: Ah! O.K.
Désolé.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Mais il n'y a pas de souci. Alors, juste pour être sûre que tout le monde
comprend où est-ce que c'est.
M. Roy
: On peut le
modifier, là. Mais je pense que ça ne change pas grand-chose dans l'esprit de
la lettre.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Non, non, non. Allez-y, je vous ai coupé dans votre élan, là, allez-y. Vous pouvez
continuer.
M. Roy
: Non, mais
c'est une amorce de discussion pour responsabiliser les employeurs face, bon, à
des possibles actions qu'ils porteraient contre les travailleuses domestiques — je
dis «travailleuses» parce que c'est pas mal plus des travailleuses — et
pour les protéger.
Donc, voilà, M. le ministre, je pense que
c'est clair.
M. Boulet : Est-ce qu'on peut
suspendre deux minutes? J'aimerais ça parler au collègue.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Tout à fait.
Alors, nous suspendons quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 5)
(Reprise à 17 h 10)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, je comprends qu'il y a eu un échange pendant la pause. Député de Bonaventure,
vous aviez déposé un amendement. Vous souhaitez faire quoi avec l'amendement?
M. Roy
: Écoutez, Mme
la Présidente, nous allons retirer notre amendement.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
D'accord. On a un consentement pour tout le monde pour retirer cet amendement?
Excellent.
Je comprends, M. le ministre, que vous,
vous déposez maintenant un amendement.
M. Boulet : Oui, tout à fait.
Merci, Mme la Présidente. Après discussions avec les collègues, nous retirons
l'article 8.5 de la LATMP proposé par l'article 3 du projet de loi.
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il des interventions sur l'amendement déposé par le ministre?
M. Leduc : Bien, rapidement,
Mme la Présidente, je vous avoue que j'avais préparé un amendement qui disait
précisément ça, mais je n'osais pas le déposer. Je me demandais, elle va-tu
perdre du temps? Le ministre va être déçu que je dépose trop d'amendements. Je
le sais qu'il trouve que j'en dépose beaucoup. Finalement, j'aurais dû le
déposer. Mais, voilà, l'essentiel, c'est qu'on arrive à la même destination.
Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Excellent. Y a-t-il d'autres interventions? Alors, s'il n'y a pas d'autre...
Oui, député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Oui, je me
permets juste aussi de remercier le ministre pour sa sensibilité. Je pense aux
travailleuses et travailleurs domestiques de ma communauté et autres, et voilà
un signal qu'ils et elles seront assujettis à toutes les protections et
garde-fous qui sont dans ce projet de loi. Alors, je veux signaler ma
reconnaissance aussi.
M. Boulet : Très bon point. Je
suis d'accord avec vous.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Excellent, merci. Alors, est-ce qu''il y a d'autres interventions sur l'amendement?
Député de Nelligan.
M. Derraji : Juste réitérer
que le message du ministre aujourd'hui aussi à la CNESST de faire un effort.
Parce que tout ce qu'il vient de faire — et nous tous... que j'assure
qu'on va voter tous pour, je ne parle pas au nom des autres collègues, mais je
vais voter pour — c'est extrêmement important. Mais faisons de telle
sorte que tout ce qui sera ajouté dans...
M. Derraji : …le message du
ministre, aujourd'hui, aussi, à la CNESST de faire un effort. Parce que tout ce
qu'il vient de faire, et nous tous, que j'assure qu'on va voter tous pour, je
ne parle pas au nom des autres collègues, mais je vais voter pour, c'est extrêmement
important, mais faisons de telle sorte que tout ce qui sera ajouté dans la loi
à partir de son adoption qu'il descend sur le terrain parce que c'est très
important ce qu'on vient de faire, c'est très, très, très important.
M. Boulet : Oui. Écoutez, le
collègue de Nelligan me donne encore une fois cette opportunité, oui, c'est du droit
nouveau, c'est une protection nouvelle pour des personnes qui sont souvent
vulnérables. Donc, il y a un effort d'humanité que la commission devra assurer
pour bien informer, mais aussi bien encadrer, bien protéger ces travailleuses
domestiques là, et soyez-en assurés on va permettre que ça s'applique avec
beaucoup d'harmonie et beaucoup d'humanité. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, y a-t-il d'autres interventions sur l'amendement? S'il n'y a pas
d'autres amendements déposés par le ministre à l'article 3, nous allons
procéder à la mise aux voix.
La Secrétaire
:
M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour
La Secrétaire
:
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour
La Secrétaire
:
M. Roy (Bonaventure)?
M. Roy
: Pour
La Secrétaire
: Et
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'amendement déposé à l'article 3 est adopté. Nous
allons maintenant à l'article 3 tel qu'amendé. Y a-t-il des interventions?
Député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Cette fois-ci je ne
prends pas de chance, je dépose tout de suite l'amendement, comme ça on verra.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Est-ce que vous voulez en discuter avant ou pas? Non.
M. Leduc : Bien, je le dépose,
puis on verra je vais… je pense que vous l'avez déjà? Il est-tu déjà envoyé?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Est-ce qu'il a été transmis? Il n'a pas été transmis. Est-ce que ça sera long?
M. Leduc : Bien, je peux
commencer, peut-être, en attendant, là, c'est sur — je peux ôter mon
masque aussi — c'est sur la notion du registre. Donc, à 8.4, on fait
référence à l'article 34, 280 et 316, ne s'applique pas à l'employeur d'un
travailleur domestique. Le 280, c'est l'obligation de tenir un registre
d'accidents de travail.
C'est quand même un truc de base, là, en
santé-sécurité, tous les employeurs ont un fameux registre, et quand il y a un
accident qui cause une grosse lésion ou pas, justement quand il n'y en a pas il
faut aller le noter pareil. Je faisais référence à mon père plus tôt, l'année
passée je l'ai un peu chicané parce qu'il s'était fait mal à la main au
travail, puis il n'avait pas rempli son rapport d'accident. Pas supposé parce
qu'est-ce qui se passe quand on ne remplit pas un rapport d'accident, s'il y a
une aggravation plus tard, six mois, un an, plus tard, bien si ce
n'est pas notifié dans le rapport, bien on va plaider que c'est la faute de
l'employé. On ne fera pas le lien immédiatement avec un accident du travail.
Alors, c'est quand même fondamental
d'inscrire les accidents mêmes les plus bénins dans un tel registre. Je
comprends que, là, on a un élargissement à l'ensemble d'un nouveau secteur
qu'on ne connaît pas, mais je trouve qu'à 280 on n'est pas…
M. Leduc : ...que c'est de la
faute de l'employé, on ne fera pas le lien immédiatement avec un accident du
travail. Alors, c'est quand même fondamental d'inscrire les accidents, même les
plus bénins, dans un tel registre.
Je comprends que là, on a un élargissement
à l'ensemble d'un nouveau secteur qu'on ne connaît pas. Mais je trouve qu'à 280
on n'est pas en train de changer... d'alléger la vie tant que ça des personnes,
dans le seul sens que ce n'est pas compliqué, un registre, ça se trouve sur le site
Internet de la CNESST, c'est un petit bouquin de rien du tout. Et on imagine qu'on
n'a pas un accident à chaque semaine non plus, il suffit de le noter. Parce que,
si on ne le fait pas, soi-disant, j'imagine que ça sera ça l'argument pour
alléger la nouvelle disposition pour les employeurs, les très petits employeurs
d'une personne, mais, si on ne le fait pas, ça a quand même des conséquences
sur la salariée.
Alors, est-ce que… À défaut de retirer la
référence à 280 dans 8.4, ce que je propose par l'amendement, là. Je peux peut-être
le lire, si vous le voulez, puis après ça on pourra continuer.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui, il est affiché.
M. Leduc : Alors :
L'article 8.4 proposé par l'article 3 du projet de loi est amendé par
la suppression de «, 280».
Alors, à défaut de ça, qu'est-ce qu'on
prévoit donc pour une salariée, une travailleuse domestique qui se blesse, qui
ne l'a pas notifié dans un non-registre, parce que là, dans le projet de loi,
il n'existerait pas? Comment ça va fonctionner? Pourra-t-elle plaider que c'est
un accident de travail six mois plus tard s'il y a aggravation?
M. Boulet : L'intention
derrière la non-application de 280, c'était beaucoup plus parce qu'on tenait
compte des personnes en situation de handicap et des personnes vulnérables ou à
mobilité réduite qui requéraient les services d'un travailleur ou d'une
travailleuse domestique puis pour éviter que ce soit les travailleuses
domestiques qui remplissent les registraires.
Ceci dit, moi, je ne ferai pas une
bataille avec ça, là. Si vous souhaitez que le registre soit complété quand
même, ce n'est pas… Puis on voulait aussi débureaucratiser, là, enlever un peu
de tâches administratives à des personnes qui sont nouvellement des employeurs
au sens de la LATMP. C'était vraiment le but visé, là, mais bon, moi, je veux
entendre les collègues, puis, après ça, on réagira, là.
M. Leduc : Bien, moi, je
pourrais être d'accord avec cette idée-là d'alléger la bureaucratie sauf que,
dans ce cas-là — puis c'est pour ça, je demandais s'il y avait une
alternative — c'est que, ça peut avoir une conséquence grave sur le
droit de la salariée. Si elle n'inscrit pas un petit bobo, puis que ça
s'aggrave, c'est quoi… comment ça fonctionne? Dans les autres milieux de
travail, où est-ce qu'il y a un registre, il faut l'avoir fait parce que, s'il
y a aggravation, il faut démontrer que l'origine, c'est un accident du travail.
Mais là, s'il n'y a pas de registre, comment ça fonctionne?
M. Boulet : Est-ce qu'on peut
suspendre deux minutes? On va se parler.
M. Leduc : Parfait.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Alors, nous suspendons quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 18)
(Reprise à 17 h 19)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous reprenons. M. le ministre...
Des voix : …
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Nous allons suspendre encore, s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à 17 h 20)
(Reprise à 17 h 23)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, je comprends que, suite aux échanges, le député d'Hochelaga-Maisonneuve,
vous désirez retirer votre amendement, c'est bien ça?
M. Leduc : Oui, oui, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous avons le consentement pour le retrait.
M. Leduc : J'aimerais déposer
un nouvel amendement, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, allez-y pour la lecture. Attendez quelques secondes, le temps qu'on
puisse voir l'amendement à l'écran.
M. Leduc : Alors, l'article
3 : Supprimer, dans l'article 8.4 de la Loi sur les accidents du travail
et les maladies professionnelles, proposé par l'article 3 du projet de loi,
«280».
C'est une relecture… pas une relecture,
mais une réécriture de ce que j'avais déposé précédemment qui a le même objectif.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Merci. Y a-t-il des interventions sur l'amendement? Alors, s'il n'y a
pas d'intervention sur l'amendement déposé à l'article 3, nous allons procéder
à la mise aux voix.
La Secrétaire
: M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
: M. Boulet
(Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
: M. Roy
(Bonaventure)?
M. Roy
: Pour…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
…mise aux voix.
La Secrétaire
: M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
: M. Boulet
(Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
: M. Roy
(Bonaventure)?
M. Roy
: Pour.
La Secrétaire
: Et Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'amendement déposé à l'article 3 est adopté. Nous
poursuivons. Y a-t-il des interventions à l'article 3 tel qu'amendé? S'il n'y a
pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix de l'article
3 tel… Ah! oui, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Juste rapidement,
parce qu'on va terminer un bloc sur les travailleuses… Oh! non, ce n'est pas
vrai, il y aura d'autres choses sur les travailleuses domestiques, hein? O.K.,
bien, je reviendrai plus tard.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Alors, nous passons à la mise aux voix de l'article 3 tel qu'amendé.
La Secrétaire
: M. Boulet
(Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
: M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
: M. Roy
(Bonaventure)?
M. Roy
: Pour.
La Secrétaire
: Et Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'article 3, tel qu'amendé, est adopté.
Nous poursuivons avec l'article 4, s'il
vous plaît.
M. Boulet : Oui, merci, Mme la
Présidente. Donc, un autre article qui m'apparaît extrêmement intéressant, qui
a été très, très bien accueilli par la FECQ et l'UEQ, entre autres, c'est la
couverture des stages d'observation. Donc : L'article 10 de cette loi est
modifié par l'insertion, après «non rémunéré», de «d'observation ou de
travail». Donc, ça permet de confirmer que la protection offerte par LATMP aux
stagiaires couvre aussi les stages d'observation. Et merci beaucoup, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il des interventions en l'article 4? Député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Parce que là, c'est
un monde, hein, les stages, c'est… j'oserais dire, un foutoir. Qu'est-ce qu'on…
Quel type de stage de bien particulier, là, qu'on vient modifier? Parce que,
là, il y en avait déjà une référence à ça dans l'article 10 préalablement.
M. Boulet : Donc, c'est
superimportant, hein, de le dire, la jurisprudence, là, qui traitait de
l'article 10 exigeait que le stage implique nécessairement l'exécution d'un
travail dans un véritable contexte de travail, c'est ça l'état de la
jurisprudence. Et l'ajout de la précision, c'est pour inclure un stage
d'observation. Donc, plus grande protection à l'étudiant qui doit explorer les
principales caractéristiques d'un milieu de travail sans qu'il n'y ait
nécessairement à effectuer concrètement les tâches pour l'employeur chez qui il
effectue ce stage. Donc, parce qu'il beaucoup de stagiaires d'observation,
c'est ce que l'UEQ et la FECQ nous confirmaient, on n'y effectue pas
concrètement des tâches, mais qui observent puis ils se trouvent dans le milieu
de travail, ils sont exposés à des risques. Ils doivent donc bénéficier d'une
protection en cas d'accident, et c'est ce que nous venons confirmer. Je pense
que c'est extrêmement clair puis c'est…
M. Leduc : Puis là, qu'il y
ait rémunération…
M. Boulet : ...c'est ce que
l'UEQ et la FECQ nous confirmaient, on n'y effectue pas concrètement des
tâches, mais qui observent puis ils se trouvent dans le milieu de travail, ils
sont exposés à des risques. Ils doivent donc bénéficier d'une protection en cas
d'accident, et c'est ce que nous venons confirmer. Je pense que c'est extrêmement
clair puis c'est...
M. Leduc : Puis là, qu'il y
ait rémunération ou pas du stage, c'est ça?
M. Boulet : Exact.
M. Leduc : Tous les stages?
M. Boulet : Exact.
M. Leduc : Parce que je vous
parlais de mon père tantôt, je pourrais vous parler de ma soeur. Je ne ferai
pas tout le tour de ma famille. Mais ma soeur est enseignante. Elle s'est fait
mordre par un élève la semaine passée. Il a fallu qu'elle remplisse, donc, le
constat... le registre. On parlait du registre à l'instant. Ce que je
comprends, c'est que si elle avait subi cette morsure-là pendant son stage
d'enseignant, qui n'est malheureusement pas tout le temps rémunéré, elle serait
couverte quand même.
M. Boulet : Donc, on a pensé à
votre soeur aussi, collègue d'Hochelaga-Maisonneuve, et la réponse est oui.
M. Leduc : Il me reste juste
un frère dans ma famille immédiate. On va avoir fait le tour bientôt.
M. Boulet : Ça viendra plus
tard.
M. Leduc : Parfait.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, y a-t-il d'autres interventions pour l'article 4? S'il n'y a pas
d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix de l'article 4.
La Secrétaire
:
M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
:
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
:
M. Roy (Bonaventure)?
M. Roy
: Pour.
La Secrétaire
: Et
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'article 4 est adopté. Nous poursuivons avec l'article 91,
s'il vous plaît.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente. L'article 315.1 de cette loi est modifié par l'insertion,
après le deuxième alinéa, du suivant :
«Aucun versement périodique n'est
cependant exigé lorsqu'il s'agit du salaire versé à un travailleur domestique.»
Bon, explication. Cette disposition
prévoit que l'employeur d'un travailleur domestique n'a pas à faire de
versement périodique des cotisations. Bon, peut-être une info complémentaire,
c'est souvent un particulier qui aura à payer une cotisation annuelle
relativement modeste, donc ça permet de réduire le fardeau administratif. Puis
le paiement va se faire suite à la production de la déclaration des salaires au
début de l'année.
La loi assujetti déjà certaines
catégories... il y a déjà d'autres catégories d'employeur qui doivent acquitter
leur cotisation au moyen de versements périodiques, dont la fréquence est
généralement calquée sur celles auxquelles ils effectuent leur versement des
retenues à Revenu Québec, là, mais c'est n'est pas leur cas, là. C'est
simplement confirmer que dans leur cas aussi, il n'y a pas de versement
périodique qui est exigé pour la cotisation à verser à la CNESST, tout
simplement.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il des interventions? Député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Est-ce que, dans ce
scénario-là... Moi aussi, hein, je suis ouvert aux accommodements
bureaucratiques, là, pour éviter la démocratie.
M. Boulet : Bien oui.
M. Leduc : Mais est-ce que
dans ce scénario-là, la cotisation qui est dite annuelle, est-ce qu'ils la
paient au début sur une projection ou ils la paient à la fin quand il y a
l'année complétée?
• (17 h 30) •
M. Boulet : C'est au début.
Puis ils font une de déclaration de masse salariale puis c'est projeté. Ils le
font au début.
M. Leduc : C'est ça, parce
que, si ça avait été l'inverse, je me serais inquiété que la salariée, la
travailleuse domestique ne soit pas dans le système...
17 h 30 (version non révisée)
M. Leduc : …qui est dite
annuelle, est-ce qu'ils la paient au début sur une projection ou ils la paient
à la fin quand il y a l'année complétée?
M. Boulet : Oui, c'est au
début, puis ils font une déclaration de masse salariale, puis c'est projeté.
Ils le font au début, tout à fait.
M. Leduc : C'est ça. Parce
que, si ça avait été l'inverse, je me serais inquiété que la salariée, la
travailleuse domestique ne soit pas dans le système, ne soit pas dans le regard
de la CNESST.
M. Boulet : C'est toujours au
début de l'année suivante. Ça fait que ça tient compte des salaires versés dans
l'année préalable et ça n'affectera pas la travailleuse domestique parce
qu'elle est couverte. C'est l'employeur qui serait en défaut de payer sa
cotisation ultimement, et il y aurait un recours contre l'employeur, là. Ça n'a
pas d'impact sur l'indemnisation et ça marche comme ça chez tous les
employeurs, là. Il y en a quelques-uns qui sont assujettis à des versements
périodiques, là, mais c'est en arrimage avec Revenu Québec, là.
M. Leduc : Ma question n'était
pas…
M. Boulet : Ça fait que ce
n'est pas vraiment les revenus projetés, là, c'est les salaires versés dans
l'année précédente. Ils le font au début de chaque année.
M. Leduc : Mais ma question
n'était pas : est-elle couverte ou pas? Ça, on est… tout le monde s'entend
qu'elle est couverte. Ma question, encore une fois, c'est l'effectivité du
droit. Si la cotisation, elle est perçue pour l'année suivante en fonction de
l'année précédente, ça veut donc dire que l'année zéro, là, la première année
d'embauche, il n'y a pas encore de cotisation qui va être versée à la CNESST.
M. Boulet : Oui, ma
compréhension, c'est qu'il fait sa déclaration annuelle au début de l'année et
il paie sa cotisation en fonction des salaires versés dans l'année précédente.
M. Leduc : Mais s'il n'y a pas
d'année précédente, si on commence… Je commence demain matin, là, j'embauche
une travailleuse domestique demain matin. Est-ce que je paie tout de suite ma
cotisation avec les salaires projetés?
M. Boulet : Il faut… Oui, au
moment de l'inscription. Mais c'est… bien, là, c'est une modalité pratique, là.
Des voix
: …
M. Leduc : Mais couvert ou
pas, c'est ça, ce n'est pas la question. C'est : est-ce qu'elle est dans
le système? Est-ce qu'elle apparaît aux yeux de la CNESST?
M. Boulet : Bien oui, elle est
dans le système. Puis il va devoir faire sa déclaration annuelle. Il faut qu'il
l'inscrive. C'est une modalité administrative, là, mais il faut qu'il
l'inscrive.
M. Leduc : Il faut qu'il
l'inscrive. Ça fait que la cotisation n'est pas le seul élément qui permet à la
CNESST de voir et de reconnaître qu'une personne travaille à tel domicile
pendant tel nombre d'heures.
M. Boulet : Non.
M. Leduc : C'est le contrat
qui le rentre dans le système.
M. Boulet : Exact.
L'inscription, à ce moment-là.
M. Leduc : Parfait.
M. Boulet : Puis ça, ça va
revenir au point que soulevait le collègue de Nelligan, il va falloir bien
informer puis… bon.
M. Leduc : Oui, bien, c'est
ça. Bien, c'était tout le sens de ma question. La grosse campagne, le gros… On
a un gros paquebot qu'on va faire virer, là. À gauche, bien sûr.
M. Boulet : Oui. À gauche.
M. Leduc : À bâbord.
M. Boulet : Ça m'inquiète
parce qu'on va beaucoup à gauche. Moi, j'aime le centre.
M. Leduc : Mais vous n'avez
pas le mal de mer, vous, M. le ministre. Vous n'avez pas le mal de mer, ça va
bien aller. Mais tout ça pour dire qu'on fait virer un gros truc mais que,
donc, il faut s'assurer, si on veut avoir une campagne effective, toujours dans
la logique de l'effectivité du droit d'avoir regard, vous me dites qu'on l'a
par un autre chemin qui est le contrat qui est rentré. Moi, ça me satisfait.
Merci.
M. Boulet : O.K. C'est beau.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Y a-t-il d'autres interventions à l'article 91? S'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons procéder à la mise aux voix.
La Secrétaire
:
M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji…
M. Leduc : …moi, ça me
satisfait. Merci.
M. Boulet : O.K. C'est beau.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Y a-t-il d'autres interventions à l'article 91? S'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons procéder à la mise aux voix.
La Secrétaire
: M. Boulet
(Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
: M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
: M. Roy
(Bonaventure)?
M. Roy
: Pour.
La Secrétaire
: Et, Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'article 91 est adopté. Nous poursuivons avec l'article 5,
s'il vous plaît.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente. Bon. Là, on s'en va dans la concordance, là. L'article 18 de cette
loi est modifié par le remplacement, dans le premier alinéa, de «domestique» et
de «l'employeur, le dirigeant ou le membre du conseil d'administration d'une
personne morale» par, respectivement, «travailleur domestique qui n'est pas un
travailleur au sens de la présente loi» et «le dirigeant, le membre du conseil
d'administration d'une personne morale ou l'employeur, sauf si ce dernier est
un particulier qui engage un travailleur domestique».
Donc, explication. Bon. Ça prévoit que le travailleur
domestique qui ne se qualifie pas comme un travailleur, parce qu'il n'atteint
pas le nombre d'heures requises par la définition, il peut s'inscrire à la commission
pour bénéficier de la protection de la loi. Puis ça prévoit également que
l'employeur d'un travailleur domestique ne peut s'inscrire à la commission pour
obtenir une telle protection. Sans cette modification, l'article 18 de la LATMP
permettra à l'employeur d'un travailleur domestique de se protéger pour les activités
personnelles que lui réalise à son logement, ce qui ne serait pas cohérent avec
l'objet de la loi. Voilà. Le reste, on en a… c'est de la concordance tout
simplement avec ce qui a déjà été adopté.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il des interventions à l'article 5?
M. Leduc : Compréhension
rapide. Donc, ça, c'est des exemptions à 18, là, puis là on fait une exemption
aux exemptions qui dit que l'employeur d'une travailleuse domestique ne peut
pas s'exempter de cette obligation-là.
M. Boulet : Exact.
M. Leduc : Parfait.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Y a-t-il d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention,
nous allons procéder à la mise aux voix de l'article 5, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: M. Boulet
(Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
: M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
: M. Roy
(Bonaventure)?
M. Roy
: Pour.
La Secrétaire
: Et, Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'article 5 est adopté. Nous poursuivons avec l'article 6, M.
le ministre.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente. L'article 19 de cette loi est modifié :
1° par le remplacement, dans le premier
alinéa, de «domestiques» par «travailleurs domestiques qui ne sont pas des
travailleurs au sens de la présente loi»;
2° par le remplacement du deuxième alinéa
par le suivant :
«Le particulier qui engage un travailleur
autonome ou un travailleur domestique qui n'est pas un travailleur au sens de
la présente loi peut aussi l'inscrire à la commission et il est alors considéré
son employeur aux seules fins des chapitres IX et XIII; dans ce cas, le
particulier doit informer le travailleur autonome ou le travailleur domestique…
M. Boulet : ...«Le particulier
qui engage un travailleur autonome ou un travailleur domestique qui n'est pas
un travailleur au sens de la présente loi peut aussi l'inscrire à la Commission
et il est alors considéré son employeur aux seules fins des chapitres IX et XIII;
dans ce cas, le particulier doit informer le travailleur autonome ou le
travailleur domestique du fait qu'il ne bénéficie pas de la protection accordée
par la présente loi et du montant de cette protection.»
Donc, c'est une disposition de concordance
qui prévoit la possibilité d'inscrire à la commission des travailleurs
domestiques qui ne sont pas des travailleurs au sens de la définition proposée
à 2. Puis l'inscription peut aussi être faite par une association qui les
regroupe ou par les personnes qui retiennent leurs services. Les travailleurs
domestiques ainsi inscrits bénéficient de la protection de la Loi sur les
accidents du travail et les maladies professionnelles. Donc, simplement de
concordance. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Est-ce que c'est...
Est-ce qu'on fait ça pour encadrer la question du chèque emploi-service, là,
dont on parle de tantôt, ou ça n'a pas rapport?
M. Boulet : Est-ce qu'ils sont
inclus là-dedans?
(Consultation)
M. Boulet : ...là, pour
confirmer que ceux qui ne sont pas des travailleurs domestiques au sens des
critères quantitatifs, ils peuvent s'inscrire au plan personnel puis que ça
prévoit aussi la possibilité pour une association qui regroupe des travailleurs
domestiques de s'assurer qu'ils sont inscrits pour bénéficier de la protection
de la LATMP. C'est simplement ça.
M. Leduc : Donc, juste pour
bien comprendre, si, mettons, tantôt, on avait dit : Plus d'heure limite,
là, pour se qualifier, on n'aurait pas eu besoin de faire ça?
M. Boulet : Exact.
M. Leduc : Mais là, on aurait
le temps pour ceux qui ne sont pas couverts avec la limitation.
M. Boulet : Exact, pour les
protéger. Tout à fait.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Y a-t-il d'autres interventions à l'article 6? S'il n'y a pas d'autres
interventions, nous allons procéder à la mise aux voix.
La Secrétaire
: M. Boulet
(Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
: M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
: M. Roy
(Bonaventure)?
M. Roy
: Pour.
La Secrétaire
: Et Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'article 6 est adopté. Nous poursuivons, M. le ministre,
avec l'article 7, s'il vous plaît.
M. Boulet : Oui, merci, Mme la
Présidente.
Les articles 22 et 24 de cette loi sont
modifiés par la suppression, dans le premier alinéa, de «de travailleurs
autonomes ou de domestiques».
Explications : encore une fois, concordance
modifie la désignation de l'association pour tenir compte de celle modifiée
dans l'article 19. La modification proposée vise la possibilité pour une association
de travailleurs autonomes ou de travailleurs domestiques qui ne sont pas des
travailleurs au sens de la présente loi, d'inscrire ses membres pour vérifier
bénéficier de la protection de la loi. Merci. Donc, concordance avec ce qui
vient d'être adopté.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il des interventions à l'article 7? S'il n'y a pas
d'intervention, nous allons procéder à la mise aux voix.
La Secrétaire
:
M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe...
M. Boulet : ...d'inscrire ses
membres pour bénéficier de la protection de la loi. Merci. Donc, concordance
avec ce qui vient d'être adopté.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il des interventions à l'article 7? S'il n'y a pas
d'intervention, nous allons procéder à la mise aux voix.
La Secrétaire
:
M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
: M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
:
M. Roy (Bonaventure)?
M. Roy
: Pour.
La Secrétaire
: Et
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'article 7 est adopté. Nous poursuivons, M. le ministre,
avec l'article 12, s'il vous plaît.
• (17 h 40) •
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente.
12.L'article 33 de cette loi est modifié
par le remplacement, dans le troisième alinéa, de «travailleurs autonomes ou de
domestiques» par «visée au premier alinéa de l'article 19».
Explication. Cette disposition, encore une
fois, comporte des modifications de concordance avec la modification proposée à
19, qui vise la possibilité pour une association de travailleurs autonomes ou
de travailleurs domestiques qui ne sont pas des travailleurs au sens de la
présente loi, d'inscrire ses membres pour bénéficier de la protection de la
loi, consiste à modifier la désignation de l'association pour tenir compte des
modifications apportées à l'article 19. Voilà, c'est tout, c'est
simplement des adaptations de concordance.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, député de Nelligan.
M. Derraji : Juste une
précision, quand on parle «associations de travailleurs autonomes ou de
travailleurs domestiques», «travailleurs autonomes», c'est clair, mais
«travailleurs domestiques», de quoi s'agit-il exactement?
M. Boulet : Bien, les
associations auxquelles référait le collègue d'Hochelaga-Maisonneuve tout à
l'heure, là. Il y a des associations qui regroupent des travailleurs
domestiques, là, puis c'est à ça que ça réfère.
M. Derraji : Donc, cette
association peut prendre en charge l'inscription de ses membres auprès de la
commission.
M. Boulet : Oui.
M. Derraji : Et quand on parle
d'une prise en charge de ses membres, est-ce qu'ils paient leur cotisation, il
les réfère? C'est quoi leur rôle? Je veux juste savoir c'est quoi leur rôle.
M. Boulet : Mon Dieu! Je ne
connais pas tout le détail des services fournis par l'association, mais dans
notre cas, ce qui compte, c'est l'inscription pour permettre au travailleur
domestique de bénéficier de la protection de la loi. Puis les employeurs, ça va
varier, là, d'un particulier à l'autre.
M. Derraji : O.K. O.K.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, Y a-t-il d'autres interventions à l'article 12? Alors, non, alors
nous allons procéder à la mise aux voix.
La Secrétaire
:
M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
:
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
:
M. Roy (Bonaventure)?
M. Roy
: Pour.
La Secrétaire
: Et
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'article 12 est adopté. Nous poursuivons avec l'article 119,
M. le ministre.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente. Donc :
L'article 461 de cette loi est
modifié :
1° par la suppression de «de travailleurs
autonomes ou de domestiques»;
2° par le remplacement de «d'au moins 300 $
et d'au plus 500 $ s'il s'agit d'une personne physique, et d'une amende
d'au moins 500 $ et d'au plus 1 000 $ s'il s'agit d'une personne
morale» par «d'au moins 500 $ et d'au plus 1 000 $ s'il
s'agit d'une personne...
M. Boulet : …domestiques»;
2° par le remplacement de «d'au moins
300 $ et d'au plus 500 $ s'il s'agit d'une personne physique, et
d'une amende d'au moins 500 $ et d'au plus 1 000 $ s'il s'agit
d'une personne morale» par «d'au moins 500 $ et d'au plus 1 000 $s'il
s'agit d'une personne physique, et d'une amende d'au moins 1 000 $ et
d'au plus 2 000 $dans les autres cas»
Explication: On en a déjà parlé, ça
revalorise les amendes pour certaines infractions à la LATMP. Voilà, c'est
tout.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il des interventions à l'article 119?
M. Leduc : Est-ce que je peux
juste suspendre deux secondes? Je cherche mes pages.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
D'accord. Alors, nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 43)
(Reprise à 17 h 54)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Pour le moment, bon, nous sommes à l'article 119. M. le ministre.
M. Boulet : Oui, donc c'est
une revalorisation des amendes, et c'est fait, bien sûr, avec le ministère de
la Justice pour s'assurer de la cohésion avec les autres amendes pour les
infractions de même nature. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Moi, j'aime ça
quand on augmente les amendes. Je trouve que c'est un bon signal, surtout que
dans un nouveau domaine comme celui-là… Puis, en général, je trouve que, dans
le droit du travail, ce n'est pas souvent cher payé. Puis, en même temps, je
dis ça, mais il y a tellement une réalité différente entre une très petite
entreprise et une grande corporation. C'est pour ça que, systématiquement, mon
collègue et moi, à chaque projet de loi où il y a des amendes, sans en faire un
amendement technique, là, mais on revient à la charge avec l'idée d'une amende
proportionnelle au revenu. Parce que payer un 300 $ ou un 500 $, ce
n'est pas la même chose pour le petit commerce du coin de la rue que pour
Walmart. Là, on n'est pas dans une situation où une travailleuse domestique va
aller chez Walmart, on s'entend. Mais, quand vous décidez de bondir de
300 $ à 500 $, là, on est un petit peu moins que le double, si j'ai
bien lu les augmentations de prix… on est alentour du double, on double à peu
près les amendes. Vous avez comme fait cette analyse-là de doubler, mais
pourquoi ne pas tripler, par exemple? Comment on arrête au double? Vous dites
que vous comparez avec d'autres amendes similaires. Comme quels délits, par
exemple?
M. Boulet : Bien, c'est
établi. Puis là je n'ai pas d'exemple spécifique, mais le ministère de la
Justice s'assure de la cohésion du montant des amendes avec la nature des
infractions. Puis ici, bien, c'est : défaut de fournir une liste de
bénévoles ou de travailleurs domestiques, ne pas faire ta déclaration
d'activité, ne pas informer la commission qu'il aurait intégré un… Tu sais,
c'est tout des infractions qui font l'objet de comparaisons au ministère de la
Justice, qui tient compte de l'ensemble du corpus législatif québécois, et
c'est la façon d'assurer l'objectivité du montant qui apparaît dans la
revalorisation qui est dans le projet de loi, tout simplement.
M. Leduc : Est-ce que les…
Rafraîchissez-moi la mémoire. Ça fait très longtemps que je n'ai pas traité des
dossiers de cette nature-là, mais tout ce qui pourrait être du harcèlement soit
psychologique soit sexuel, est-ce que ça couvre ça aussi?
M. Boulet : Non. Les
infractions visées par cet article, c'est, bon, liste de bénévoles,
travailleurs domestiques, défaut de fournir la liste, défaut d'un employeur
d'informer la commission qui aurait intégré un travailleur, défaut d'un
employeur de respecter ses obligations…
M. Leduc : ...sexuel, est-ce
que ça couvre ça aussi?
M. Boulet : Non. Les
infractions visées par cet article, c'est, bon : liste de bénévoles,
travailleurs domestiques, défaut de fournir la liste, défaut d'un employeur
d'informer la commission qui aurait intégré un travailleur, défaut d'un
employeur de respecter ses obligations relatives au registre des accidents,
défaut de l'employeur de respecter ses obligations en matière de déclaration
d'activités et de salaire et de tenir les documents imposants en lien avec le
financement, puis le défaut d'un employeur tenu personnellement au paiement des
prestations de fournir la preuve de garantie ou d'y mettre fin sans donner un
avis préalable à la commission. C'est des infractions de cette nature-là, là.
M. Leduc : ...le autres
infractions vont être dans d'autres articles plus loin, je pense.
M. Boulet : Ah oui! oui, tout
à fait.
M. Leduc : Mais quand vous
dites qu'on compare à d'autres lois, bien, ça sera mon commentaire général, là,
je ne veux pas étirer plus que ça, mais en général, j'ai l'impression que c'est
des amendes qui sont somme toute assez basses. Ça fait que même si vous les
doublez ici, l'économie générale des régimes en droit du travail, ce n'est pas
cher payé, mettons, pour le dire comme ça.
M. Boulet : Ça, on peut
émettre des opinions variées, mais c'est certain qu'il faut assurer la
stabilité du droit pénal statutaire puis qu'il n'y ait pas d'écart qui ne se
justifie pas, là. Je n'ai pas d'autre commentaire. Je pense qu'il faut se
fier... C'est quand même le double, c'est quand même des montants d'amende
importants, et le but, c'est de pénaliser des personnes qui ne respectent pas
des obligations qui sont somme toute, là... c'est des affaires comme... c'est
des infractions de nature sommaire, là.
M. Leduc : Et ça, ça va
s'appliquer à tout le monde ou juste à la question des travailleuses
domestiques?
M. Boulet : Non, il n'y a pas
qu'eux autres. Les infractions visées par cet article-là, c'est celles que je
vous ai indiquées, là, qui sont prévues dans les articles, là, et ça vous
permet de faire un raccourci, là, mais ça se limite à ça.
M. Leduc : Mais c'est parce
qu'on biffe, là, dans le premier paragraphe : la suppression de «de
travailleurs autonomes ou de domestiques».
M. Boulet : Ça, c'est pour
être compatible avec ce qui précédait.
M. Leduc : O.K. Mais le reste
de l'article s'applique quand même dans des situations de travailleuses
domestiques.
M. Boulet : Bien, en fait,
l'infraction qui est visée, c'est le défaut de fournir une liste des bénévoles
ou des travailleurs domestiques couverts et de les informer qu'ils le sont ou
qu'ils sont retirés de cette liste.
M. Leduc : Je comprends.
M. Boulet : C'est l'infraction
qui est prévue ici.
M. Leduc : Puis je rejoins,
vous l'avez nommé, tu sais, un effet de dissuasion. Est-ce que vous pensez que
ça pourrait être intéressant que dans sa campagne, la CNESST, là, d'application
de cette... de ces nouvelles dispositions le mentionne clairement : Sachez
que les amendes sont doublées?
M. Boulet : Je pense que pour
les articles, puis là ça fait référence aux articles 14, 22, 24, ça peut effectivement
s'inscrire dans la campagne générale de la CNESST.
Une voix
: ...
M. Boulet : Non. Pour bien
faire comprendre c'est quoi, la nature des obligations en termes de couverture des
travailleurs, travailleuses domestiques, oui, tout à fait.
M. Leduc : Donc, ça pourrait
faire partie de ça.
• (18 heures) •
M. Boulet : Bien oui, parce
qu'il y a trois articles qui les concernent, là...
18 h (version non révisée)
M. Boulet : …non, pour bien
faire comprendre c'est quoi, la nature des obligations, en matière de
couverture des travailleurs, travailleuses domestiques, oui, tout à fait.
M. Leduc : Donc, ça pourrait
faire partie de ça.
M. Boulet : Bien oui, parce
qu'il y a trois articles qui les concernent, là, c'est 14, 22 puis 24.
M. Leduc : Bien… mon dernier
commentaire là-dessus, quand je vous parlais tantôt de la connaissance que
j'avais, Mme… de l'Association Pinay, de la personne que j'ai rencontrée,
Maria, je pense, il y a quelques semaines, les histoires d'horreur, les
histoires d'abus sont légion, légion. Ça fait que de dire qu'on double les
amendes, c'est bien, là, je vais voter pour, mais est-ce que ça va être
suffisant pour mettre au pas cette industrie qui est une industrie cachée, une
industrie qu'on voulait informelle, qu'on voulait sur le bord, plus ou moins,
dans les réseaux officiels? Ça va être une chose, hein, de mettre ça sur le
papier, ça va en être une autre dans les faits d'avoir un changement réel.
Ça fait que, bravo, on double, peut-être
qu'on aurait pu aller plus loin, mais j'espère que l'appel sera entendu à la
CNESST que, dans sa campagne, il faut qu'on ait… il faut qu'on menace quasiment
les employeurs, de dire : Là, on vous a à l'oeil. Là, on a bien remarqué,
puis là on a doublé les amendes puis on va vous suivre, puis il n'y aura aucun
abus qui sera toléré.
M. Boulet : Je comprends vos
commentaires. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Alors, y a-t-il d'autres interventions à l'article 119? Député de
Nelligan.
M. Derraji : Dans la même
logique qu'on introduit un nouveau droit et à la lumière de ce qu'on mon
collègue vient de me dire, je pense que ça s'applique et pour les travailleurs
que pour les employeurs parce que, là maintenant, c'est une nouvelle façon de
voir ce travail. Je pense, la sensibilisation est extrêmement importante, parce
que, justement, je ne veux pas qu'on se rend à des amendes, si on fait bien les
choses, je ne pense pas que la volonté de tout le monde, c'est… C'est vrai,
c'est bien de les mettre puis je ne pense pas que c'est la volonté de tout le
monde. On veut que ces gens qui viennent, qui acceptent ce travail, qui veulent
travailler dans ce sens, de leur démontrer qu'ils ont des droits et
responsabilités, mais aussi pour les employeurs, qu'ils doivent oublier le
passé, le passé n'existe plus, il n'existera plus, avec l'adoption de ce projet
de loi, une fois qu'il sera adopté.
Donc, moi, je pense que ça mérite aussi
une réflexion autour de ces campagnes de sensibilisation, parce que si on veut
s'insérer dans la volonté du législateur de moderniser et d'être progressiste,
je pense que le message doit être envoyé, je ne sais pas comment, probablement
que la CNESST a les moyens d'envoyer ce genre de message. Je vois très bien une
vraiment campagne de sensibilisation, parce que c'est quand même une primeur…
M. Boulet : Je suis…
M. Derraji : …s'ils ont
l'occasion de vous le dire, c'est une primeur.
M. Boulet : …totalement d'accord
puis les mots clés, ça va véritablement être ça, sensibilisation, information
puis formation, d'abord, tu sensibilises donc à la nouvelle réalité juridique. Deuxièmement,
tu informes des nouveaux droits et obligations qui découlent de cette
modernisation-là, puis troisièmement…
M. Boulet : ...véritablement
être ça, sensibilisation, information puis formation. D'abord, tu sensibilises,
donc, à la nouvelle réalité juridique. Deuxièmement, tu informes des nouveaux
droits et obligations qui découlent de cette modernisation-là. Puis,
troisièmement, tu formes là où le besoin est en t'assurant d'avoir les bons
partenaires pour former. Et c'est des mots clés, et on va s'assurer que la
commission s'oriente de cette manière-là. Merci, collègue.
M. Derraji : Mais je veux
juste que le ministre responsable de la Charte de la langue française ne nous tape
pas sur les doigts. Une fois, il va y avoir une campagne de publicité avec
plusieurs langues. L'objectif, il est louable, on veut le faire en français.
Mais, du moment qu'on accueille des personnes qui viennent et qui choisissent
de venir chez nous s'établir et travailler, j'espère que, si on veut atteindre
le résultat escompté, qu'on utilise notre langue, qu'on traduit et qu'on essaie
de rejoindre ces personnes. C'est la clé de ce que nous sommes.
Je saisis cette occasion parce qu'on
arrive probablement au dernier qui consiste à ce beau chapitre. Sérieux, aujourd'hui,
c'est un très, très beau chapitre que nous avons tous étudié. Je ne sais pas
c'est quoi, le compte, mais je pense qu'on a presque voté pour. C'est
incroyable, les collègues, on a presque tous votés pour, la plupart, le ministre
a ajouté beaucoup d'eau, il a très bien dilué ses verres de vin aujourd'hui,
surtout en après-midi. Mais s'il vous plaît, il faut saisir...
M. Boulet : Il n'y a plus beaucoup
d'alcool, hein?
M. Derraji : Oui... C'est ça,
hein?
Une voix : ...
M. Derraji : Saisissons
l'occasion que c'est historique, ce qu'on vient de faire. C'est du nouveau
droit. Mais la responsabilité... Je ne sais pas, chaque fois que je parle de la
CNESST, je regarde votre main droite, je commence à avoir cette habitude. Mais
il faut saisir l'occasion d'envoyer un message que la CNESST doit vraiment
prendre au sérieux, j'en suis sûr, ils vont le faire. Mais faisons une bonne
promotion pour dire : Voilà, il y a quelque chose de nouveau qui vient
d'arriver au Québec, et voilà ce qu'on va faire pour les prochains, je dirais,
mois une fois le projet de loi est adopté.
M. Boulet : Je fais miens vos
propos. Merci, collègue.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, merci. Y a-t-il d'autres interventions à l'article 119? S'il n'y a
pas d'autre intervention, nous procédons à la mise aux voix.
La Secrétaire
: M. Boulet
(Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
: M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
: M. Roy
(Bonaventure)?
M. Roy
: Pour.
La Secrétaire
: Et Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'article 119 est adopté.
Nous poursuivons dans le bloc 3.0 avec
Accès, la section ou sous-section Reconnaissance des maladies professionnelles,
et la sous-section III.2.1, L'évolution des maladies professionnelles, la
présomption. Alors, M. le ministre.
M. Boulet : Avec votre
permission, suspension de quelques minutes, merci, avant de commencer le bloc.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Nous allons faire... D'accord. Vous proposez une suspension. Oui.
Nous suspendons, s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à 18 h 6)
M. Boulet : …avec votre
permission, suspension de quelques minutes, merci, avant de commencer.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Nous allons faire la… bon, d'accord. Vous proposez une suspension. Oui, nous
suspendons, s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à 18 h 6)
(Reprise à 18 h 16)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous reprenons. Nous reprenons, député de Bonaventure. Mais la parole
est au ministre pour l'article 8, s'il vous plaît. M. le ministre.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente. Donc, on amorce un nouveau bloc et on traite ici de la
reconnaissance des maladies professionnelles. Vous le savez que ça évolue
beaucoup. En 1985, quand on a adopté la loi sur les accidents de travail,
maladies professionnelles; on avait mis la liste des maladies professionnelles
dans une annexe, qui faisait partie intégrante de la loi. Puis je réfère
souvent à mon exemple classique, les troubles musculo-squelettiques : si
c'est une tendinite, une bursite, ou une ténosynovite puis qu'à droite, c'est
des gestes répétitifs sur une période de temps prolongé. Donc, si moi, je
travaille dans l'usine x puis que j'ai une tendinite puis que je fais le
travail… un travail répétitif sur une période de temps prolongé, il y a une présomption.
Donc, ma maladie… ma maladie de tendinite est présumée être associée à mon
travail, ça fait que la réclamation est acceptée. Mais ce n'est pas tout le
monde qui comprend c'est quoi une présomption. C'est une présomption relative,
ce n'est pas une présomption absolue. L'employeur peut briser le lien de
causalité qui découle de l'application de la présomption. Je vois Guillaume,
là, qui comprend bien puis, je pense, plusieurs, ici, autour de la table…
M. Boulet : …la réclamation est
acceptée. Mais ce n'est pas tout le monde qui comprend c'est quoi, une
présomption. C'est une présomption relative, ce n'est pas une présomption
absolue. L'employeur peut briser le lien de causalité qui découle de
l'application de la présomption. Je vois Guillaume, là, qui comprend bien puis,
je pense, plusieurs ici, autour de la table, comprennent bien. Mais l'employeur
peut briser le lien de causalité par une preuve à cet effet-là puis empêcher
l'application de la présomption, ce qui n'est pas fréquent mais bon. Il y a
quand même pas mal de décisions de jurisprudence à cet égard-là.
Et ce n'est pas parce que la présomption
ne s'applique pas que tu ne peux pas faire la preuve quand tu es un
travailleur. La présomption est juste un facilitateur de preuve pour le travailleur.
Et, dans le cas d'une tendinite, par exemple, les tribunaux ont reconnu que la
tendinite pouvait être d'origine traumatique, donc découler d'un coup, un coup
que tu as eu sur les tendons, les… ceux visés, et donc ta réclamation peut être
acceptée à titre d'accident de travail. Tu peux aussi faire la preuve que c'est
caractéristique de ton travail ou relié aux risques particuliers de ton
travail, et c'est donc accepté à titre de maladie professionnelle. Donc, il n'y
a rien de fatal, ni dans un sens ni dans l'autre.
L'essence de nos amendements, c'est de
dire : Il faut mettre à jour cette liste-là. Elle est statique depuis
1985. Il faut la sortir de la loi. C'est pour ça qu'on dit : On crée un
règlement. Puis un règlement, bien, vous le savez, ça s'ajuste, ça s'amende
beaucoup plus facilement qu'une loi. Donc, on fait un règlement puis, plus
tard, on va voir, là, mais là ce n'est pas l'objet de 29 et 30, on va créer un
comité de scientifiques qui vont mettre à jour la liste au bout d'un an, un an
et demi, deux ans, mais en tenant compte de l'évolution des connaissances
scientifiques et médicales. C'est une avancée que nous, on considère
considérable.
• (18 h 20) •
Mais donc, à 29 et 30, ça vient dire c'est
quoi les maladies qui seront dans le règlement. On en ajoute, là, vous le
savez, il y a neuf cancers de pompiers, il y a les troubles de stress
post-traumatique, il y a la maladie de Parkinson. C'est dans les nouveautés, ce
qui n'empêchera pas, dans un an et demi, deux ans, d'en rajouter d'autres, là,
tenant compte de ce que les scientifiques vont nous proposer de faire. Et donc
29 et 30 on vient dire que c'est un règlement plutôt qu'une annexe. Puis après
ça on dit comment ça s'applique pour la personne qui ne bénéficie pas de la
présomption, c'est quoi son fardeau de preuve aussi, là. Mais c'est… Sur le
fond, ça reprend ce qui était prévu dans les articles 29 et 30
actuellement.
Donc, je me lance, Mme la Présidente.
Donc, 8 : Les articles 29 et 30 de cette loi sont remplacés par les
suivants :
«29. Un travailleur qui satisfait aux
critères d'admissibilité de la réclamation que peut prévoir un règlement est
présumé atteint d'une maladie professionnelle s'il est…
M. Boulet : …donc, je me
lance, Mme la Présidente. Donc : 8. Les articles 29 et 30 de cette loi
sont remplacés par les suivants :
«29. Un travailleur qui satisfait aux
critères d'admissibilité de la réclamation que peut prévoir un règlement est
présumé atteint d'une maladie professionnelle s'il est atteint d'une maladie
prévue par règlement et si, au jour où il reçoit le diagnostic de cette
maladie, il rencontre les conditions particulières en lien avec cette maladie
prévues par règlement.
«30. Un travailleur qui n'est pas présumé
atteint d'une maladie professionnelle en vertu de l'article 29 — Donc,
il ne bénéficie pas de la présomption — et qui satisfait aux critères
d'admissibilité de la réclamation que peut prévoir un règlement est considéré
atteint d'une maladie professionnelle :
«1° lorsqu'il est atteint d'une maladie
contractée par le fait ou à l'occasion du travail qui ne résulte pas d'un
accident du travail ni d'une blessure ou d'une maladie causée par un tel
accident;
«2° lorsqu'il démontre à la commission que
sa maladie est caractéristique d'un travail qu'il a exercé ou qu'elle est
reliée directement aux risques particuliers de ce travail.».
Explication. 29 vise à préciser
l'application de la présomption afin de permettre qu'un règlement puisse
établir les critères d'admissibilité. De plus, les maladies seront désormais
prévues dans un règlement plutôt qu'en annexe de la loi. Cette nouvelle
disposition prévoit que les maladies énumérées seront assorties de conditions
particulières à rencontrer au jour de la réception du diagnostic.
Et 30, c'est afin de prévoir que les
critères d'admissibilité d'une réclamation prévue par règlement devront être
satisfaits par les travailleurs atteints d'une maladie professionnelle, mais
qui ne bénéficient pas de la présomption de maladie professionnelle de 29.
Puis, bon, le règlement dont il est question,
c'est le règlement sur les maladies professionnelles, ça, c'est prévu par l'article
238. Bon, ça va permettre le type de prévoir le type de travail correspondant à
une maladie. Puis, dans le projet de loi, le règlement sur les maladies
professionnelles prévoit que la réclamation, bon, etc., là. Ça fait que 29 et
30, c'est ce que ça vise.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il des interventions à l'article 8? Oui, député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : C'est sûr qu'il
allait avoir des interventions, surtout sur l'article 8, Mme la Présidente. Un
gros morceau encore. On en a eu des bons morceaux aujourd'hui. On a parlé des
55 ans et plus, travailleuses domestiques, c'étaient des gros segments du
projet de loi. Celui-là, il est massif aussi. J'aimerais commencer en référant
à un article de la loi actuelle, la LATMP, bien sûr. L'article 454… là, je suis
fatigué, je déparle un peu. On achève dans quoi… 40 minutes. Alors, article
454 : «La commission peut faire des règlements pour : 1° modifier
l'annexe I en y ajoutant une maladie qu'elle reconnaît comme
caractéristique d'un travail ou reliée directement aux risques particuliers
d'un travail;» Je ne vous lirai pas le reste, là, c'est surtout le 1 qui est important.
C'est dans la loi actuelle…
M. Leduc : …alors,
article 454 : «La commission peut faire des règlements pour :
«1° modifier l'annexe 1 en y ajoutant
une maladie qu'elle reconnaît comme caractéristique d'un travail ou reliée
directement aux risques particuliers d'un travail.»
Je ne vous lirai pas le reste, là, c'est
surtout le 1 qui est important. C'est dans la loi actuelle. Est-ce que la
commission ne possède pas déjà ce pouvoir-là?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
M. le ministre
M. Boulet : Oui. Permettez-moi
d'aller voir l'article, s'il vous plaît. Peut-être suspendre.
M. Leduc : 454
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Vous voulez une suspension, monsieur? Nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 18 h 24)
(Reprise à 18 h 26)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, M. le ministre
M. Boulet : Oui, merci. Pour
répondre à la question, 454.1 est issu d'une vieille loi qui date de 1985. Un
article qui est totalement inopérant, qui n'a jamais été appliqué parce que ça
se limite à «…en y ajoutant une maladie», puis on ne peut pas ajouter une maladie
sans prévoir des conditions, sans prévoir les critères comme on le fait pour le
parkinson, en s'inspirant exactement de ce qu'y a été fait en France. Donc,
c'est une, je dirais, une vieille disposition qui n'a aucune efficacité, puis
qui n'a jamais été mise en opération, donc qui n'a jamais été appliquée. Ça
fait que c'est complètement sans…
M. Boulet : ...en s'inspirant exactement
de ce qui a été fait en France. Donc, c'est une, je dirais, une vieille
disposition qui n'a aucune efficacité puis qui n'a jamais été mise en
opération, donc, qui n'a jamais été appliquée. Donc, c'est complètement sans
valeur, je dirais. Et je rappellerais à mon collègue d'Hochelaga-Maisonneuve
que le CCTM, sa recommandation 33 dit : «Abroger l'annexe 1 de la LATMP.
Conférer à la CNESST le pouvoir de créer un règlement évolutif sur les maladies
présumées professionnelles avec des seuils, des durées d'exposition et autres,
quand c'est applicable, là... Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Député d'Hochelaga-Maisonneuve?
M. Leduc : Bien, dans ce
cas-là, pourquoi on n'est pas venu modifier juste simplement 454.1, en
rajoutant que... Bien, moi, ça me semblait implicite, là, si tu rajoutes une
maladie, évidemment qu'elle vient avec des conditions d'admissibilité, là,
c'est une évidence, là. Vous n'allez pas plaider devant un...
Si vous adoptez une nouvelle maladie en
454.1 avec des nouveaux critères, il n'y a personne qui va vous amener devant
un juge pour dire : Ah! Ha! Tu n'avais pas le droit de mettre des critères
ou tu avais le droit de mettre une espèce d'en-tête. Je veux dire, ça...
M. Boulet : Bien, c'était ça.
Comme ça que c'est libellé, d'ailleurs, «Modifier en y ajoutant», puis un
pouvoir réglementaire, ça doit s'interpréter de façon, quand même, assez
respectueux du libellé puis, je vous l'ai dit, là modifier l'annexe I, en y
ajoutant une maladie qu'elle reconnaît comme caractéristique d'un travail ou
reliée directement aux risques particuliers d'un travail. Ça ne permettait pas
à la commission de faire...
Puis je pense que l'exemple classique, ce
n'est pas avec des seuils puis des durées d'exposition, puis on définit c'est
quoi, l'exposition. Donc, c'est pour ça que ça n'a jamais été appliqué. En
fait, c'est un article qui est actuellement inopérant. Je ne peux pas vous
donner d'autre réponse que ça.
M. Leduc : O.K., mais moi,
je...Je comprends puis la... mais après ça, quel chemin on prend pour... C'est
secondaire à la limite, mais ce que ça traduit là, je pense... On peut
s'entendre sur une chose, qu'en effet, c'est un énorme problème qu'il ne se
soit rien passé de neuf depuis l'adoption de cette annexe-là en 1985.
Pour notification, moi, je suis né en
1984, j'avais un an. Alors, l'existence de ma vie s'est passée sans aucune modification
à l'annexe 1. C'est d'une tristesse, M. le ministre, c'est d'une tristesse.
M. Boulet : Ce qui démontre
qu'on ne puisse pas, comme société, tolérer puis accepter le statu quo. C'est
un des éléments qui convaincrait les acteurs qui sont présents au CCTM de la
nécessité d'agir et de moderniser, notamment, ce régime-là. Je pense que c'est
un des éléments-clés
• (18 h 30) •
M. Leduc : Le consensus auquel
vous faites référence au CCTM, puis le mot «évolutif » est bon, mais «évolutif»
dans le nombre de maladies.
Là, ce que vous ouvrez avec la porte de
votre amendement, c'est qu'on révise toutes les maladies existantes. Puis,
souvent, on n'a pas tendance à les réviser en favorisant...
18 h 30 (version non révisée)
M. Leduc : …CCTM, puis le mot
«évolutif» est bon, mais «évolutif» dans le nombre de maladies.
Là, ce que vous ouvrez avec la porte de
votre amendement, c'est qu'on révise toutes les maladies existantes. Puis,
souvent, on n'a pas tendance à les réviser en favorisant les critères
d'admissibilité. Souvent, on peut imaginer qu'on a tendance à les réviser avec
des critères plus contraignants. Alors, on a le même exercice à faire que la
dernière fois, là — je ne me rappelle pas, c'était sur quel
sujet — à savoir, est-ce qu'on signe un chèque en blanc à la commission?
Là, il y a une crainte réelle, est-ce qu'on signe un chèque en blanc à la commission,
qui va pouvoir revoir à la baisse, ou à la hausse, les critères d'admissibilité
et rendre beaucoup de gens… de rendre compliquée l'admissibilité à des
personnes aux critères de maladies professionnelles?
M. Boulet : Non. Je pense que
c'est la raison pour laquelle… Bien, deux choses. Le consensus, c'était
permettre aussi de faire évoluer les maladies, mais incluant les seuils et les
durées d'exposition et autres, lorsqu'applicables. Et je pense qu'on met ça
dans les mains… Je pense que ce qui est plus près de l'unanimité scientifique
et médicale, on l'a déjà inclus : les neuf cancers pour les pompiers, les
troubles de stress post-traumatiques, parce que 67 % des réclamations à
connotation psychologique découlent d'un TSPT, puis la maladie de Parkinson.
Donc, ça, c'est dans la société québécoise, ça fait l'objet d'un fort
consensus.
Mais les scientifiques vont guider… Puis,
d'ailleurs, on en a parlé durant les consultations particulières, il va falloir
que ce comité-là analyse aussi dans son application l'impact de certaines
dispositions sur la santé psychologique et sur la santé-sécurité des femmes. On
en avait parlé, mais c'est pour permettre qu'il évolue, mais pas par les
parlementaires strictement. Tu sais, parkinson, on a eu une belle démonstration,
bien UPA, particulièrement parkinson, le scientifique en chef m'a donné des
méta-analyses, là, des analyses regroupées, là, pour me démontrer que la
présomption faisait plein de sens scientifique et médical. Mais je ne veux pas
que ce soit nécessairement… bien, on ne voulait pas que ce soit les
parlementaires qui le fassent, mais qu'on soit guidés par la science et la
médecine et par des experts qui vont nous dire : Bon, telle autre maladie…
Il faut tenir compte de ce qui se passe aussi à l'échelle planétaire, là.
M. Leduc : Ça fait que,
comment ça va se passer concrètement? Là, on transfère vers l'annexe. Là, vous
faites référence à des scientifiques. C'est quoi leur… Dans la machine à
saucisse, là, ils arrivent quand eux autres, là… d'un nouveau règlement, la machine
à saucisse d'un nouveau règlement?
M. Boulet : Il va… Ce
comité-là va être mis en place dès l'adoption de la loi. Et ils vont devoir
faire des avis et recommandations à n'importe quel moment sur demande des...
Sur la demande du ministère… du ministre…
M. Leduc : ...la machine à
saucisses d'un nouveau règlement?
M. Boulet : Ce comité-là va
être mis en place dès l'adoption de la loi. Et ils vont devoir faire des avis
et recommandations à n'importe quel moment sur demande des... Sur la demande du
ministère du Travail, ils vont faire un avis, recommandation sur la santé
psychologique, sur un nouveau cancer ou un cancer existant. Puis là ils vont
délimiter les contours de ce qu'on appelle les seuils, les durées d'exposition,
et autres en s'appuyant sur la littérature scientifique et médicale, puis là
ils vont faire une recommandation, puis le ministre va l'ajouter dans le règlement,
qui s'amende beaucoup plus aisément qu'une annexe qui fait partie intégrante de
la loi.
Donc, ce n'est pas une mécanique
compliquée. Et ça, selon moi, de façon générale, ça découle d'un consensus issu
du CCTM.
M. Leduc : Le comité scientifique...
Parce que c'est intéressant, ce que vous avez dit juste avant sur les pressions
politiques. Comment on réussit à déterminer puis à faire la part des choses
entre les pressions politiques et une discussion scientifique valable?
M. Boulet : Bien, c'est
justement, ce comité-là va nous permettre de dépolitiser le contenu du
Règlement sur les maladies professionnelles présumées, parce qu'on va être
guidé par la science et la médecine.
Là, ce qu'on a rajouté, c'est issu, encore
une fois, d'un consensus scientifique et médical qui est solide, qui est fort,
qui ne fait pas l'objet de fort doute. Donc, c'est un système qu'on veut le
moins politique possible, là. Ultimement, c'est les parlementaires, vous le
savez, vous en êtes un. Mais on va avoir des avis puis des recommandations.
Puis, s'il y a une recommandation du comité scientifique...
En plus, il faut que je dise au collègue
que les avis et recommandations du comité scientifique vont devoir être rendus
publics. Ça fait que là ça peut devenir, s'il y a une recommandation du comité
scientifique d'inclure une maladie professionnelle dans la liste des maladies
professionnelles résumées, je pense, ceci dit avec respect, que le ministre du
Travail va se soumettre à ça, à moins d'avoir des raisons vraiment
fondamentales. Mais c'est une hypothèse que je ne peux pas contempler, entre
guillemets.
M. Leduc : Est-ce qu'il y a
des collègues qui veulent y aller? Sinon, je...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Est-ce qu'il y a d'autres personnes qui veulent intervenir? Non.
Une voix : ...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Ah! vous demandez une suspension?
M. Leduc : S'il vous plaît,
oui.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous allons suspendre quelques instants, s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à 18 h 36)
(Reprise à 18 h 52)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, attention, nous reprenons. Alors, je comprends que vous aimeriez
suspendre l'article 8. Est-ce que j'ai le consentement pour suspendre l'article
8?
Des voix : Oui.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui! Merci! Oupelaïe! On a failli! Alors… Et nous allons donc dans le bloc
suivant avec le sous-amendement… la sous-section 3.1… 2.1, l'évolution des
maladies professionnelles, et on continue avec le B, le Règlement sur les
maladies professionnelles. Nous avons l'article 238. M. le ministre. Oui.
M. Boulet : Je m'excuse. Lors
de la brève discussion avec les collègues, ce qu'on a convenu, c'est :
pour bien comprendre 29 et 30, il faut s'assurer d'avoir une bonne maîtrise du
contenu du Règlement sur les maladies professionnelles, et, comme c'était
l'article suivant, ça va nous permettre de traiter ça par la suite en bloc, et
je vais lire l'article, sans bien sûr les tableaux. Tout le monde pourra en
disposer, puis, d'ici demain matin, bien sûr, on pourra…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui. Alors, député de Nelligan.
M. Derraji : Je veux juste
prendre une seconde, parce que je voulais dire, avant que le ministre parle et
présente le prochain amendement… le prochain article, que je l'invite, après la
fin de notre commission, à ramener avec lui un amendement que je viens de
proposer à son amendement ce matin par rapport au Parkinson du moment qu'on
parle des maladies professionnelles. Donc, je tiens juste à vous aviser que
l'amendement, il est sur le site Greffier, et je sais que, quand on lui donne le
temps, le ministre est très studieux, il prend le temps. Donc, il est déjà en
ligne, et il va me faire part de ses commentaires après.
M. Boulet : Oui, parce que…
Oui, je pense que le temps est bon pour le soumettre, parce que, dans le
règlement qui est là, évidemment…
M. Derraji : ...sur le site du
Greffier.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Ah, O.K.
M. Derraji : Et je sais que
quand on lui donne le temps, le ministre est très studieux, il prend le temps.
Donc, il est déjà en ligne et il va me faire part de ses commentaires après.
M. Boulet : Oui, parce que...
Oui, je pense que le temps est bon pour le soumettre, parce que dans le règlement
qui est là, évidemment, on va avoir l'amendement qui va suivre pour le
Parkinson, pour les conditions, là, pour les troubles musculosquelettiques,
puis le plomb aussi dont on a parlé ce matin, puis on pourra traiter,
ultimement, de l'amendement dont je n'ai pas pris connaissance.
M. Derraji : ...c'est un sous-amendement.
M. Boulet : C'est un... O.K.
M. Derraji : C'est un sous-amendement
à votre amendement que vous avez déposé aujourd'hui.
M. Boulet : O.K., O.K.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. C'est bon. Alors là, d'abord, on va commencer par lire l'article 238,
s'il vous plaît.
M. Boulet : Oui. Donc :
«238. Le Règlement sur les maladies
professionnelles, dont le texte apparaît ci-après, est édicté.
«Règlement sur les maladies
professionnelles
«Champ d'application et définition
«1. Le présent règlement détermine, aux
annexes A et B, des maladies et les conditions particulières en lien avec
celles-ci aux fins de l'application de la présomption de maladie
professionnelle prévue à l'article 29 de la Loi sur les accidents du
travail et les maladies professionnelles. Il identifie le délai de réclamation
applicable pour ces maladies.
«Il détermine également, aux fins des
articles 29 et 30 de la Loi, les critères d'admissibilité d'une
réclamation pour certaines maladies professionnelles.
«2. Aux fins du présent règlement, on
entend par pompier combattant :
«1° l'officier ou le pompier affecté aux
interventions de combat contre l'incendie;
«2° l'officier ou le pompier qui procède
au déblaiement ou à la recherche des causes et des circonstances d'incendies;
«3° le pompier qui conduit les camions;
«4° le pompier qui opère les autopompes et
les appareils d'élévation.
«Section II
«Dispositions générales
«3. Le délai de réclamation pour les
maladies prévues à l'annexe A est celui prévu aux articles 272.1 ou 272.2
de la loi.
«Le délai de réclamation pour les maladies
prévues à l'annexe B est celui prévu à l'article 272.3 de la loi.
«Section III
«Critères d'admissibilité de certaines
maladies professionnelles
«4. L'admissibilité de la réclamation d'un
travailleur atteint d'une maladie professionnelle dont le diagnostic est une
atteinte auditive causée par le bruit est conditionnelle à la démonstration
d'une perte auditive neurosensorielle causée par le bruit de plus de 22,5 décibels,
c'est-à-dire la moyenne des seuils mesurés aux fréquences de 500, 1 000, 2 000
et 4 000 Hz, dans chacune des oreilles.
«5. Lorsque la réclamation d'un
travailleur visé à l'article 4 est produite plus de cinq ans après la fin
de l'exposition au bruit dans le cadre du travail et que ce travailleur est âgé
de plus de 60 ans au moment du diagnostic, un coefficient de presbyacousie de
0,5 décibel est déduit de la perte auditive moyenne de chaque oreille pour
chaque année que le travailleur a en sus de 60 ans ou pour chaque année
après l'expiration d'une période de cinq ans suivant la date de la fin de
l'exposition, selon la dernière éventualité.
«La perte auditive neurosensorielle
obtenue par ce calcul est utilisée pour déterminer si ce travailleur...
M. Boulet : ...chaque oreille
pour chaque année que le travailleur a en sus de 60 ans ou pour chaque
année après l'expiration d'une période de cinq ans suivant la date de la fin de
l'exposition, selon la dernière éventualité.
«La perte auditive neurosensorielle
obtenue par ce calcul est utilisée pour déterminer si ce travailleur remplit le
critère minimal d'admissibilité prévu à l'article 4.»
Donc, explications générales. Donc, le règlement
remplace l'annexe I de la LATMP, qui est abrogé en vertu de 119, afin
d'énumérer les maladies et les conditions particulières s'y rattachant,
permettant de bénéficier de la présomption de l'article 29.
Donc, un, on identifie le champ
d'application. Deux, on définit le concept de «pompier combattant». Trois, on
prévoit le délai qui s'applique lorsqu'un travailleur est atteint d'une maladie
prévue à l'annexe a. Quatre... Bien, pour les autres non prévus à l'annexe a,
c'est le délai de 272.3. Quatre, c'est la réclamation... bon, c'est pour
l'atteinte auditive causée par le bruit, il est admissible quand sa perte
auditive neurosensorielle, la moyenne est de plus de 22.5. Puis, cinq, c'est le
coefficient qui s'applique, là, de 0.5 décibel pour tenir compte de la
perte auditive moyenne, la surdité personnelle, pour quelqu'un qui n'est plus
au travail depuis cinq ans et qui a atteint l'âge de 60 ans.
Donc, c'est le règlement. Par la suite,
c'est juste les tableaux, là, avec les maladies puis les conditions
particulières qui sont à droite. C'est ce que vise l'article 238 qui
contient le règlement.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il des interventions? Oui, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Ma compréhension,
c'est que pas mal toutes les maladies avant étaient basées... le délai
commençait à rouler à la connaissance, puis là vous introduisez des délais sur
le diagnostic. Pourquoi?
M. Boulet : Essentiellement
pour limiter ça dans le temps. Parce que six mois de la connaissance pour
certaines maladies, ça peut prendre des années et ça rend la confection du
dossier plus compliqué, le niveau de preuve pas simple et la valeur probante de
la réclamation n'est pas la même, là. Mais c'est pour essentiellement limiter
ça dans le temps pour certaines maladies. Je comprends très bien la question
que vous me posez.
M. Leduc : ...les cancers, par
exemple. Ça va être long avant de comprendre.
M. Boulet : Oui, pour les
cancers notamment.
M. Leduc : ...
• (19 heures) •
M. Boulet : Ah, bien, les
cancers, ils n'étaient pas dedans, c'est des cancers nouveaux, les cancers pour
les pompiers. C'est tout nouveau. Donc, ça...
19 h (version non révisée)
M. Leduc : …pensez-vous que ça
va être long avant de comprendre?
M. Boulet : Oui, pour les
cancers notamment.
M. Leduc : Ce n'est pas un
recul, ça?
M. Boulet : Bien, les cancers,
ils n'étaient pas dedans, c'est des cancers nouveaux, les cancers pour les
pompiers. C'est tout nouveau, donc ça, c'est un enrichissement du règlement.
M. Leduc : …mais là on ne se
base pas sur le même critère de délai, là.
M. Boulet : Non, mais vous me
demandez pourquoi, je vous dis essentiellement pour limiter ça dans le temps,
parce qu'après un certain nombre d'années, là, ça devient extrêmement difficile
et complexe à évaluer, à évaluer, à expertiser puis à confectionner.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Je vois l'heure. Je vais laisser juste la dernière intervention au député de Nelligan,
et on pourra poursuivre demain.
M. Derraji : En fait, c'est
plus en mode… c'est en mode plus suggestion, je pense que là on rentre dans un
bloc extrêmement important, et j'ai déjà soumis l'idée à M. le ministre d'avoir
un échange beaucoup plus approfondi sur l'atteinte auditive. Je pense que nous
sommes rendus, si ça peut aider pour la compréhension, parce que ça touche beaucoup
de corps de métier. Nous avons reçu beaucoup de questions, je pense que c'est
le moment de penser à ça parce que ça va faciliter l'interprétation, les amendements
si on doit amender. Je pense que c'est important de clarifier l'atteinte
auditive professionnelle versus personnelle. Tout ce qu'on a dit, ça va nous
aider, par la suite, parce que, là-dedans, je vois des listes des maladies, je
vois des valeurs pour l'atteinte auditive. Donc, c'est plus une suggestion pour
bien avancer dans nos travaux.
M. Boulet : Absolument, oui.
Je pourrai faire des remarques préliminaires pour la surdité puis, après ça,
qu'on fasse les discussions aussi.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Eh bien, merci de votre collaboration. C'est beau. Alors, compte tenu de
l'heure, la commission ajourne ses travaux sine die, et bonne soirée à toutes
et à tous.
(Fin de la séance à 19 h 2)