Journal des débats de la Commission des institutions
Version préliminaire
42e législature, 1re session
(27 novembre 2018 au 13 octobre 2021)
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Le
mardi 2 février 2021
-
Vol. 45 N° 113
Étude détaillée du projet de loi n° 64, Loi modernisant des dispositions législatives en matière de protection des renseignements personnels
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9 h 30 (version non révisée)
(Neuf heures trente-cinq minutes)
Le Président (M.
Bachand) : Bon matin. À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant
constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des institutions
ouverte.
La commission est réunie afin de procéder
à l'étude détaillée du projet de loi n° 64, Loi modernisant des dispositions législatives en matière de protection
des renseignements personnels.
Avant de débuter, Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La Secrétaire
: Oui, M.
le Président. M. Birnbaum (D'Arcy-McGee) est remplacé par M. Barrette
(La Pinière); M. Fontecilla (Laurier-Dorion), par M. Nadeau-Dubois (Gouin);
Mme Hivon (Joliette), par M. Ouellet (René-Lévesque).
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Avant de
débuter, encore une fois, je dépose les mémoires reçus depuis la fin des consultations
particulières, 16 mémoires en tout.
Avant de commencer, je vous informe que
les votes pour ce mandat devront se tenir par appel nominal jusqu'au 19...
La Secrétaire
: ...M. Barrette
(La Pinière); M. Fontecilla (Laurier-Dorion), par M. Nadeau-Dubois
(Gouin); Mme Hivon (Joliette), par M. Ouellet (René-Lévesque).
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Avant de
débuter, encore une fois, je dépose les mémoires reçus depuis la fin des consultations
particulières, 16 mémoires en tout.
Avant de commencer, je vous informe que
les votes pour ce mandat devront se tenir par appel nominal jusqu'au
19 février 2021.
Alors, nous allons débuter avec les remarques
préliminaires. M. le ministre responsable de l'accès à l'information et de la
Protection des renseignements personnels, la parole est à vous pour
20 minutes.
M.
Caire
:
Merci. Merci, M. le Président. Je n'ai pas l'intention de prendre les
20 minutes, là. Je veux vous rassurer, tout le monde. Par contre il y a
quand même deux ou trois petites choses, je pense, qui méritent d'être dites,
notamment mon inconfort actuel. Je dois vous dire que porter un vrai pantalon
et non pas un bas de pyjama, c'est une adaptation en soi. Alors, je suis
convaincu que nous saurons faire face à cet important défi.
Ceci étant dit, je veux saluer les
collègues, collègues de la partie gouvernementale, les collègues de
l'opposition et réitérer cet adage, jamais deux sans trois, en espérant que
cette responsabilité qui m'incombe maintenant, M. le Président, saura trouver
un écho dans l'univers numérique. Et je m'explique. Je comprends et je conçois
que la loi d'accès à l'information, la loi sur le privé et les autres lois sont
des lois qui doivent être technologiquement neutres. Ceci étant dit, M. le
Président, on ne peut pas non plus parler de protection des renseignements
personnels et faire ces débats-là d'une façon désincarnée de l'univers
numérique.
Les récents événements que nous avons
vécus au Québec, et je vous dirais même partout sur la planète, nous ramènent à
cette réalité du numérique. Et donc je veux déjà, d'entrée de jeu, afficher mes
couleurs, M. le Président. Je souhaite que nous fassions ce débat-là dans une
perspective de protection des renseignements personnels, mais en tenant compte
du fait que l'univers numérique est l'univers dans lequel ces
renseignements-là, pour la grande majorité, et dans un futur prévisible, auront
à être conservés. Et donc les mesures de protection devront tenir compte de
cette réalité-là.
Dire aussi, M. le Président, un principe
qui m'apparaît être extrêmement important, à savoir que le gouvernement du
Québec est engagé dans une transformation numérique. Et j'ai eu l'occasion de
le dire et mes vieux compagnons de route que sont le député de René-Lévesque et
le député de La Pinière, je dis ça parce qu'on a fait le projet de loi
n° 14 et 37 ensemble, ne seront pas surpris de m'entendre dire que la
mobilité de la donnée est un enjeu de la transformation numérique. Il ne peut y
avoir de transformation numérique s'il n'y a pas une certaine mobilité de la
donnée.
Et bien que l'enjeu de protéger les
renseignements personnels me préoccupe, l'enjeu de réussir une transformation
numérique au bénéfice de nos citoyens dans une perspective de services, dans
une perspective d'efficacité de l'administration publique, et si la pandémie
nous enseigne quelque chose, c'est que cette transformation numérique là, elle
est extrêmement nécessaire, bien, cet enjeu-là, il faut aussi l'avoir en tête
quand on va parler du traitement et de l'utilisation des renseignements de
façon plus large, mais aussi inclut les renseignements personnels.
Et il y a certainement quelques...
M.
Caire
: ...si
la pandémie nous enseigne quelque chose, c'est que cette transformation
numérique là, elle est extrêmement nécessaire. Bien, cet enjeu-là, il faut
aussi l'avoir en tête quand on va parler du traitement et de l'utilisation des renseignements
de façon plus large, mais aussi inclut les renseignements personnels, et il y a
certainement quelques interventions que je vais faire qui vont aller dans ce
sens-là, M. le Président.
• (9 h 40) •
Ceci étant dit, je pense aussi, M. le
Président, que cette loi-là avait besoin d'être modernisée, et donc là-dessus,
je veux saluer le travail qui a été fait par ma collègue, qui est actuellement présidente
du Conseil du trésor, et mon collègue ministre de la Justice, dans le fait
qu'ils ont porté un projet de loi qui, je pense, répond à beaucoup des enjeux
auxquels on est confrontés maintenant.
Ceci étant dit, tout projet de loi est
perfectible. J'aborde cette étude article par article dans un esprit de collaboration,
avec, évidemment, les principes et la vision que je veux apporter à ce projet
de loi, soit une vision qui est peut-être moins juridique, et un peu plus technologique,
mais je pense que cette vision-là, elle est nécessaire. Elles ne se
contredisent pas, elles se complètent. Et je vais être extrêmement ouvert aux
commentaires, aux suggestions des collègues, parce qu'après tout c'est une loi
qui est fondamentale, en fait, quasi constitutionnelle, M. le Président. C'est
le genre de loi qu'on n'ouvre pas à chaque année, on s'entend.
D'ailleurs, je me souviens d'un
commentaire de mon estimé collègue de La Pinière, qui disait :
Écoutez, faire une refonte de la loi d'accès à l'information, là, c'est un
projet à très, très long terme. Donc, je suis particulièrement fier que
l'Assemblée nationale accepte de saisir cette nécessaire refonte là à bras le
corps et de procéder avec une certaine célérité. Et j'espère, M. le Président,
que ces travaux-là nous trouveront dans un esprit de collaboration, mais
surtout, surtout, qu'à la fin nous aurons doté le Québec d'une loi propre à
protéger les renseignements personnels des Québécois, tout en permettant
l'innovation, tout en permettant la transformation numérique, tout en
permettant d'embrasser l'univers numérique de la façon qu'il convient.
Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup, M. le ministre. Je cède maintenant
la parole au député de LaFontaine, 20 minutes.
M. Tanguay
: Merci
beaucoup, M. le Président. D'abord, heureux de pouvoir vous saluer en personne.
Merci beaucoup de diriger... Puis ça, je dois le dire, sans flagornerie, je
pense que vous êtes un très bon président, M. le Président. Je pense que vous
avez acquis le respect des collègues autour de la table, puis vous avez une
autorité qui fait en sorte que nos travaux s'en sentent, s'en ressentent de
façon très positive. Alors, je tiens à saluer votre travail, c'est vraiment
apprécié.
Et en ce sens-là, je suis heureux de vous
retrouver dans un projet de loi où j'aurai l'occasion... Je pense que c'est la
première fois que je vais faire un article par article avec le collègue de
La Peltrie. Ça fait quelques années qu'on siège ensemble. Je pense que
c'est la première fois qu'on fait ça. J'espère qu'à la fin du processus il aura
d'aussi bons mots à mon égard qu'il en a eus avec le collègue de
La Pinière, mais... Ce n'est pas précisément mon objectif, mais, chose
certaine, on aura l'occasion de poser des questions importantes. Puis je vais
revenir sur le travail qui est devant nous. Je tiens à le saluer, le féliciter
également pour ses nouvelles...
M. Tanguay
: …pense,
c'est la première fois qu'on fait ça. J'espère qu'à la fin du processus il aura
d'aussi bons mots à mon égard qu'il en a eu avec le collègue de La Pinière,
mais ce n'est pas précisément mon objectif. Mais, chose certaine, on aura l'occasion
de poser des questions importantes, puis je vais revenir sur le travail qui est
devant nous. Je tiens à le saluer, le féliciter également pour ses nouvelles
fonctions. Ce n'est pas un petit dossier, M. le Président, c'est quelque chose
de gros, puis j'y reviendrai dans mon intervention. Saluer les collègues également
qui accompagnent le ministre, l'adjoint parlementaire du ministre de la Justice,
qui est là aujourd'hui, alors je le salue, et les personnes qui accompagnent le
ministre de son cabinet et du ministère également. Permettez de saluer mon
collègue de La Pinière. Également aussi, je pense, c'est la première fois
où je fais un article par article. Je me sens un peu comme invité au bal des
vampires, M. le Président, je ne m'attendais pas à ça, mais là ils ont déjà
travaillé ensemble, ces deux-là. Alors, j'espère ne pas briser la dynamique
d'un couple qui semble être bien, bien établie, et là on me dit que c'est un
trio, le trio infernal, que complète le collègue de René-Lévesque, du Parti
québécois, que je salue également, notre collègue de Québec solidaire, qui est
ici ce matin, que je tiens à saluer.
M. le Président, si je résume la tâche qui
est devant nous puis le principal écueil, je vais résumer ça bien simple, je
trouve que dans le projet de loi on fait trop de copier-coller sur trois
sphères de protection nécessaires pour le Québec. Une réforme de la protection
des renseignements personnels est nécessaire, puis je pourrais revenir
longuement sur ce qui s'est passé avec Desjardins, Capital One, pour ce qui est
de la sphère privée, et avec Revenu Québec puis certains organismes de la
santé… du domaine de la santé qui ont également des fuites.
Alors, fuites à Desjardins, ça a comme
été, M. le Président, là, le trou dans la route qui nous a fait perdre le
contrôle, puis on a dit : Oh my God! C'est énorme! Comment ça que c'est
arrivé? Pourquoi c'est arrivé? Pourquoi un seul individu avait accès à toutes
ces informations-là? Force est de constater, puis il y a eu des vérifications par
la suite, il y a eu des constats, qu'à l'interne les poids et contrepoids
n'étaient pas suffisants, peut-être trop de personnes avaient accès à l'information.
Et l'information, M. le Président, dans le domaine privé, dans la sphère
privée, fait partie — il faut que les entreprises le voient comme ça,
puis j'ai eu l'occasion durant les auditions de questionner certains groupes — fait
partie de la valeur de l'entreprise. Puis ce n'est pas péjoratif de dire ça,
mais, quand vous achetez une entreprise, c'est très, très rare que vous allez
mettre un chiffre… Vous allez mettre un montant d'argent sur le terrain, sur la
bâtisse, sur les contrats. On fait ce qu'on appelle la vérification diligente,
le «due diligence». Autrement dit, les avocats vont débarquer, la compagnie A
veut acheter la compagnie B, ils vont tout lire les contrats puis ils vont
dire : Bon, bien — ce qu'on appelle en anglais le
«non-assignment clause» — est-ce qu'il y a des clauses qui font en
sorte que la cession du contrat fait tomber le contrat? Bien, ça, si vous
achetez la compagnie B, puis, M. le Président, vous êtes la compagnie A, vous
voulez le savoir, parce que vous achetez aussi la clientèle, vous achetez les
fournisseurs également. S'acheter une entreprise, puis, du jour au lendemain,
le fournisseur n'est plus redevable, il va renégocier avec vous, puis ça peut
influencer le prix…
M. Tanguay
: ...la
session du contrat fait tomber le contrat. Bien, ça, si vous acheter la
compagnie b puis, M. le Président, vous êtes la compagnie a, vous voulez le
savoir parce que vous acheter aussi la clientèle, vous achetez les fournisseurs
également. Vous achetez une entreprise puis, du jour au lendemain, le
fournisseur n'est plus redevable, il va renégocier avec vous puis ça peut
influencer le prix. Alors... Mais quand il y a vente d'entreprise, on va, à
toute fin pratique ou, en tout cas, ce sera, j'espère, plus qu'hier moins que
demain, il n'y a pas vraiment de valeur attachée à tous les renseignements personnels
que les entreprises colligent.
Puis dans une vie antérieure, pour avoir
travaillé au sein de certaines entreprises puis avoir des clients également
dans le domaine privé, on peut voir qu'il y avait la philosophie que, dans le
doute, on collecte l'information. Dans le domaine financier, il y a une
vingtaine d'années, M. le Président, dans le domaine financier, on voulait
faire des vérifications sur les clients pour vérifier leur solvabilité. Bien,
on disait : S'il te donne son numéro d'assurance sociale, prends-le, on le
mettra dans le dossier, on l'aura, des fois, si on veut faire des vérifications
plus poussées puis être sûrs que c'est la bonne personne, puis certains
montants, et tout ça. Aujourd'hui, les entreprises vont dire : «Oh my God!»
Pour avoir été directeur de la conformité, quand on disait : On a des
numéros d'assurance sociale, c'est le genre de chose dont on ne veut plus être
dépositaire. On ne veut plus être dépositaire de ça parce que c'est une
information hautement sensible.
Protection des renseignements personnels.
C'est quoi un renseignement personnel? On aura l'occasion de discuter de cela,
de le définir. À l'article 9, entre autres, du règlement européen, on
pourra voir comment eux le définissent et comment nous, nous pouvons le
définir. Un renseignement personnel, M. le Président, si on résume ça bien,
bien simple, c'est toute information qui permet d'identifier une personne.
C'est votre nom, c'est votre adresse, votre âge, et ça pourrait même, M. le
Président, être vos opinions politiques, ça pourrait être également... bien,
évidemment, tous vos renseignements financiers, votre numéro d'assurance
sociale, photocopie de votre passeport. Quand on a dit ça, je pars de votre nom
puis je finis par la photocopie de votre passeport, M. le Président, tout ça,
c'est des renseignements personnels, puis on va le définir. Mais votre nom
mérite-t-il et doit-il être protégé autant qu'une photocopie de votre
passeport? Il va falloir, comme législateurs, se dire : Bien non, je pense
que le nom du président de la séance aujourd'hui, c'est un renseignement qui
permet d'identifier, mais le renseignement personnel, qui est la photocopie du
passeport, pourra être qualifié de hautement sensible. Et là, entre deux, sur
le spectre, vous voyez, M. le Président, qu'il y a des nuances à apporter. On
passe du blanc au noir puis il y a beaucoup de zones de gris, gris foncé à gris
pâle, jusqu'à l'extrême gauche où c'est totalement blanc où ce n'est pas
excessivement sensible. Il faudra, comme législateurs, bien définir les termes
«renseignements personnels», bien qualifier les termes également parce que de
là va découler les obligations dans la sphère privée, dans la sphère publique
puis dans la sphère politique.
Là, je reviens à mon premier point. Alors,
on a énormément, M. le Président, de décisions à prendre, de discussions à
avoir. Et je vous dirais que le danger de...
M. Tanguay
: ...de là va
découler les obligations dans la sphère privée, dans la sphère publique puis
dans la sphère politique.
Là, je reviens à mon premier point. Alors,
on a énormément, M. le Président, de décisions à prendre, de discussions à
avoir. Et je vous dirais que le danger de mal écrire la loi ou d'aller trop
loin n'est pas moins préoccupant que le danger de ne rien faire. Parce que, M.
le Président, si on se donne bonne conscience en se disant : On a une loi
qui théoriquement tient la route de la manière dont elle est rédigée, ça nous
donne toute conscience de dire : Bien, écoutez, on a fait notre travail,
bien ça, M. le Président, ce ne serait pas l'atteinte d'un objectif.
Je vais vous donner un exemple. Je vais
vous donner un exemple. Puis ça, je reviens souvent, puis il y a des collègues
autour de la table qui m'ont déjà entendu parler souvent de ça, puis ça, on va
en reparler, quand on va aborder, M. le Président... Je vous parle de la
théorie d'une loi puis de la façon dont elle vit sur le terrain. On va parler à
un moment donné de la Loi concernant le cadre juridique des technologies de
l'information. C'est une loi qui a à peu près 20 ans, ça. Quand c'est
sorti, là, moi, j'étais en litige commercial, on se dit : «Oh my God!», le
législateur québécois vient de faire un grand pas en avant, wow! protection des
technologies de l'information, le cadre juridique, puis tout ça. Nous, avocats
devant les juges, comment pourrons-nous faire la preuve que le courriel pièce
P-1 a bien été envoyé du client au fournisseur? Puis là il y avait comme une
chaîne de procession, c'était réellement, là, théoriquement, là, on s'excitait
tout le monde là-dessus, M. le Président.
Mais avec les années, avec les années,
avec les années, la loi, force est de constater, est une coquille vide. Puis je
ne suis pas en train de dire... je ne suis pas en train d'essayer de dénigrer
notre institution puis les collègues qui ont travaillé à l'époque sur la loi,
mais force est de constater qu'ils ont raté la cible. Si bien, M. le Président,
que ce point-là, je l'avais soulevé il y a un an, puis on s'était rendu compte,
l'été passé... on s'était rendu compte, l'été passé...
(Interruption)
M. Tanguay
: Est-ce que
je dois cesser, M. le Président?
Le Président (M.
Bachand) : Selon l'entente, on va laisser... on va suspendre
quelques instants pour permettre aux...
Une voix
: ...
Le Président (M.
Bachand) : O.K., c'est beau, parfait. Continuez, M. le député
de LaFontaine, pardon.
Une voix
: ...
M. Tanguay
: Alors,
c'est ça, ce n'était pas prévu. Sabotage, M. le Président, on veut me couper la
parole, on veut me bâillonner, mais on ne nous bâillonnera pas, M. le
Président.
• (9 h 50) •
Une voix
: ...
M. Tanguay
: C'est une
stratégie du gouvernement, ça commençait trop fort, puis là j'ai tout perdu mon
fil, puis je vais arrêter, je vais laisser 11 minutes sur la table. Non,
M. le Président, puis je vois votre flegme qui nous rassure tous.
Alors, fort de cela, M. le Président, mon
point, puis on va revenir, puis on aura l'occasion d'avoir des échanges, puis
je préviens déjà le ministre, là. Là, ici, là, on aime ça bien travailler, puis
il pourra parler à son collègue le leader du gouvernement, dire : Coudon,
comment ça a été avec le député de LaFontaine sur le n° 70
puis sur le n° 75? Le n° 70
sur la thérapie de conversion, c'est un projet de loi qui avait
10 articles. On a passé des heures, et des heures, et des heures. Il y a
eu... écoutez, j'y vais de mémoire, il y a eu quelque chose comme 27 amendements
sur les 10 articles, beaucoup d'heures de débat...
M. Tanguay
:
...puis sur le 75. Le 70, sur la thérapie de conversion, c'est un projet de loi
qui avait 10 articles. On a passé des heures, et des heures, et des
heures. Il y a eu... Écoutez, j'y vais de mémoire, il y a eu quelque chose
comme 27 amendements sur les 10 articles, beaucoup d'heures de débat.
Et je pense, M. le Président, qu'il y a seulement trois amendements qui n'ont
pas été retenus. Peut-être un peu plus, mais la moyenne au bâton des
amendements, là, puis on a travaillé, ça, c'est le même projet de loi.
Alors, peut-être... Puis je préviens le
ministre responsable désormais du projet de loi, de notre désir d'y aller
article par article, thème par thème. Qu'est-ce qu'on vise, qu'est-ce qu'on
veut faire puis comment ça va être vécu sur le terrain. Puis ça, ça va prendre
un temps minimum, M. le Président.
Alors, en ce sens-là, je reviens à mon
exemple, quand on parlera de la Loi concernant le cadre juridique des
technologies de l'information, on verra que cette loi-là a raté sa cible. En
théorie, c'est bien beau, mais dans les faits, cette loi-là n'est pas
appliquée, n'est même pas plaidée devant les tribunaux. Et quand vous faites
une législation citée, cette loi-là n'apparaît à toutes fins pratiques presque
jamais, jamais, jamais. Elle n'a pas pris... Elle n'a pas de vie comme telle.
Alors, principal grief du projet de loi,
vous allez voir, il y a essentiellement trois chapitres, le chapitre sur la
protection des renseignements personnels dans le domaine public. Ça, c'est
Hydro-Québec. Ça, c'est le réseau de la santé. C'est tous les ministères, c'est
un demi-million de personnes qui travaillent ou à peu près pour la fonction
publique du Québec et avec lesquels il... le ministère du Revenu, et qui ont
accès à toutes nos données à toutes fins pratiques dans le domaine provincial,
toutes nos données personnelles. Premier grand chapitre, les sphères... la
sphère publique. Quand on dit publique, on dit aussi parapublique également, les
institutions d'enseignement, les hôpitaux et ainsi de suite. Là, on verra où on
met la ligne du parapublic. Premier élément.
Deuxième élément, la sphère privée, M. le
Président. Ça, c'est les Desjardins de ce monde, Capital One de ce monde et
également toutes les entreprises. Que ce soit la PME de six, 10 employés,
ou ce soit Desjardins, M. le Président, elles auront des obligations, à toutes
fins pratiques, qui soient... qui seront similaires. Et ça, il faudra voir
comment ce sera récupéré, comment ce sera vécu sur le terrain.
Et les partis politiques. Il y a beaucoup,
beaucoup de collectes d'information qui sont faites par les partis politiques
et qui fait en sorte qu'on s'est rendu compte, à l'époque c'était avec
Analatyca. Le groupe Analatyca, concernant les partis politiques, avait, c'est
une firme britannique, avait utilisé des données des électeurs, avait fait les
analyses, avait recoupé le tout. Et l'on dit que ça a influencé le vote de
l'élection présidentielle qui a vu, l'avant-dernière élection présidentielle,
Donald Trump être élu président, de un, et de deux, qui aurait influencé
également le Brexit.
Donc, ces trois sphères là, trop souvent,
puis on aura l'occasion d'y aller, honnêtement, article par article, trop
souvent, le projet de loi... Encore une fois, on est pour le principe du projet
de loi, on a voté pour le principe du projet...
M. Tanguay
: ...qui a
vu, l'avant-dernière élection présidentielle, Donald Trump être élu président,
de un, et de deux, qui aurait influencé également le Brexit.
Donc, ces trois sphères-là, trop souvent,
puis on aura l'occasion d'y aller honnêtement article par article, trop
souvent, le projet de loi... Encore une fois, on est pour le principe du projet
de loi, on a voté pour le principe du projet de loi, le projet de loi fait
trop, à notre sens, de copier-coller. Et ça, on ne peut pas aborder les objectifs
de la fonction publique du ministère de la Santé, par exemple, qui n'a pas les
mêmes objectifs qu'une entreprise qui est là pour faire de l'argent, puis qui
est là pour faire de l'argent, puis c'est bien correct dans le système qu'on a,
M. le Président. Elle peut le faire, mais il faut juste qu'elle le fasse de
façon encadrée. Mais le ministère de la Santé pourrait le faire de façon autre,
également, son objectif n'est pas en matière de protection, n'est pas de
collecter de l'argent. Donc, même chose également pour les partis politiques. En
substance, les partis politiques, j'y vais de mémoire, il y a quelques
articles. Il n'y en a pas... il y en a moins de 10, là, qui traitent du
chapitre des partis politiques de la loi électorale. Puis on dit : Avec
les adaptations nécessaires, affiliez-vous au régime des entreprises privées.
Bien, on ne peut pas comparer un parti politique qui a une fin d'être un acteur
démocratique, qui une fin d'être pertinent, d'aller sur le terrain, de
rencontrer les électeurs, les citoyens et citoyennes, qu'ils soient électeurs
ou qu'ils soient nouveaux arrivants également, qui n'a pas le statut de citoyen
puis qui n'a pas le droit de vote, les personnes également de moins de
18 ans, toute la population. Les partis politiques ont vocation d'être
connectés sur le terrain avec toutes les communautés, les villes, villages,
partout au Québec, d'être pertinents, découlent de la proximité qu'ils ont,
donc ils collectent nécessairement des renseignements. Oui, il faut que ce soit
encadré, mais on ne peut pas dire : Bien, on va faire copier-coller avec
le régime privé puis on va l'imposer aux partis politiques. Alors, ça, c'est le
principal écueil, le principal grief que nous avons devant nous.
Je ne veux pas revenir là-dessus, M. le
Président, je ne veux pas m'étendre... je vais revenir là-dessus, mais je ne
veux pas m'étendre trop longuement, suite à Desjardins, ce qui s'était passé
pour la protection des renseignements personnels, vous avez eu l'occasion de
voir ce qui s'est passé en juin 2019, la fuite chez Desjardins. Il y a eu...
puis là j'ai toutes les dates ici, il y a eu une demande des oppositions puis
au premier titre de l'opposition officielle du Parti libéral pour qu'il y ait
des auditions, pour que l'on fasse... Et le 21 juin, c'est le collègue de
la deuxième opposition, de Laurier-Dorion, qui avait demandé un mandat
d'initiative. Finalement, le gouvernement avait dit non. Le collègue de
René-Lévesque, le 9 juillet 2019, le gouvernement avait dit non.
Finalement, le collègue de Robert-Baldwin de l'opposition officielle, le
1er novembre 2019, le gouvernement avait dit non. Finalement, il y a eu,
le 13 novembre 2019, une audition qui a réuni six acteurs, Desjardins,
Autorité des marchés financiers, Equifax, Sûreté du Québec, Association des
banquiers canadiens et un spécialiste, M. Benoît Dupont. Ces auditions ont
été trop rapides, M. le Président, et je fais le lien avec les auditions que
nous avons eues ici, dans le contexte du projet de loi, dans le contexte du
projet de loi n° 64.
Encore une fois, sur quatre jours, en fin
septembre, du 22 au 29 septembre, sur quatre jours, on a rencontré des
groupes à vitesse grand V. Vous venez d'annoncer, M. le Président...
M. Tanguay
: ...et je
fais le lien avec les auditions que nous avons eues ici, dans le contexte du projet
de loi, dans le contexte du projet de loi n° 64.
Encore une fois, sur quatre jours, fin septembre, du 22 au 29 septembre,
sur quatre jours, on a rencontré des groupes à vitesse grand V. Vous venez
d'annoncer, M. le Président, que, depuis notre dernière séance, si je ne me
trompe pas, vous avez déposé quelque chose comme 18... 16 mémoires, 16
mémoires qui, depuis les auditions... ou depuis la dernière fois qu'on s'est
vus sur ce projet de loi là, ont été déposés.
Ça va, encore une fois, trop vite. Ce sont
des éléments qui sont excessivement importants, sensibles, compliqués,
complexes. Puis comment ça va rebondir sur le terrain? Nous aurions dû
consulter davantage.
Et ça, je vous l'annonce déjà, M. le
Président, j'aurai l'occasion de déposer des motions préliminaires pour
entendre des groupes, d'autant plus que je suis conscient que le ministre qui
est nouvellement nommé depuis deux semaines, le ministre, il a eu beaucoup de
lecture depuis deux semaines, là. Je ne pense pas que, par intérêt personnel,
sur sa table de chevet, avant d'être nommé ministre, il s'était fait sortir les
dizaines et les dizaines de mémoires sur le projet de loi n° 64
puis qu'il lisait ça avant de s'endormir. Je pense qu'il a dû compresser ça
dans les deux dernières semaines. Vous venez d'en déposer 18. Alors, le
ministre arrive, si vous me permettez l'expression, embarque dans le bain
tranquillement. Bien, il faut faire en sorte que, lui, quand il va prendre les
décisions... qu'il a tout le loisir d'avoir eu... pu assimiler cette
information-là.
Bien, une fois que j'ai dit ça, M. le
Président, nous, comme commission parlementaire, il aurait été très, très, très
important d'entendre des groupes qui n'ont pas pu venir en commission
parlementaire, des groupes majeurs qui n'ont pas participé par manque de temps.
La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, le
Barreau du Québec et la Protectrice du citoyen n'ont pas pu participer par
manque de temps.
On va dire : Oui, mais des semaines
après, ils ont déposé des mémoires. Bien, M. le Président, entre lire un mémoire
des semaines après et avoir le mémoire, le lire, l'analyser et poser des
questions, il y a tout un pan important ici qu'il faut évidemment considérer,
puis on n'a pas eu le temps de faire ça.
Alors, sur le projet de loi, ce qui est
devant nous, j'aurai des motions préliminaires. Une fois qu'on aura fait ça, on
va commencer, après les auditions, parce que je suis certain que le ministre va
voter en faveur de nos motions préliminaires, lorsqu'on commencera les articles
par articles, il y a des concepts et enjeux excessivement importants. D'abord,
évidemment, la définition de ce qu'est un renseignement personnel. Et ça, c'est
un autre élément excessivement important. Il y a tellement de domaines qui sont
touchés par ça...
Je n'ai pas eu le temps de vous parler de
la recherche, la recherche scientifique, M. le Président. Comment on encadre?
Il y a deux objectifs : rendre plus facilement accessibles les données
publiques pour des recherches qui sont tout à fait justifiées parce qu'elles
sont dans l'intérêt public, puis ça, personne n'est contre ça, mais, d'un autre
côté, ne pas donner et protéger suffisamment ces données qui concernent la
santé, les Québécoises, les Québécois en matière de santé, pour ne pas que ce
soit uniquement utilisé ou ne serait-ce qu'utilisé dans un intérêt privé.
• (10 heures) •
La recherche scientifique, on est venu
nous dire, à côté du spectre : C'est trop compliqué pour se faire
autoriser. Des fois, ça prend un an, puis c'est le parcours du combattant, puis
c'est l'Everest à monter pour les chercheurs...
10 h (version non révisée)
M. Tanguay
: …ces
données qui concernent la santé, les Québécoises et Québécois en matière de
santé, pour ne pas que ce soit uniquement utilisé, ou ne serait-ce qu'utilisé
dans un intérêt privé. La recherche scientifique, on est venu nous dire à un
côté du spectre : C'est trop compliqué pour se faire autoriser, des fois
ça prend un an, puis c'est le parcours du combattant, puis c'est l'Everest à
monter pour les chercheurs qui sont de bonne foi puis qui veulent avoir accès à
des données. Il faut travailler là-dessus. Mais, d'un autre côté, on ne veut
pas embarquer dans la logique où on donnerait l'information, puis je fais
référence au ministre qui avait dit : Ça, c'est «winner». Bien, il
faudrait savoir : C'est «winner»? Pour qui c'est «winner»? Alors, je ferme
la parenthèse là-dessus.
Le Québec… On nous dit : Bien voyons
donc! C'est un magnifique projet de loi, on se base sur — puis vous me
direz, M. le Président, combien de temps qu'il me reste — on se base
sur le règlement européen, qui a été adopté et qui donne le ton, qui est un
magnifique règlement, très bien fait. Mais ça, M. le Président, ça ne s'est pas
fait en trois semaines. Ça touche un marché de près de 400 millions de
citoyens qui en même temps sont arrivés à la même page, il y a des poids et
contrepoids puis il y a une piste d'atterrissage sur plusieurs mois, plusieurs
années. Nous au Québec, on arriverait avec un copier-coller de ça dans un
environnement canadien et nord-américain qui n'est pas l'environnement
européen. Et, quand on dit : Bien, à part le Québec, qui est un peu sur
ces bases-là? On dit : Peut-être la loi de la Californie. Mais, quand on
regarde ça, la loi de la Californie, c'est surtout une loi de protection du
consommateur. Alors, il y aura des enjeux de compétitivité pour nos
entreprises, des enjeux de réelle protection dans les… dans la sphère publique
et les partis politiques, et tout ça pour dire qu'il faut atteindre
l'objectif — puis je conclus là-dessus, M. le
Président — mais sans remettre en cause justement l'efficacité
sociale et faire en sorte que l'on puisse faire un pas, un grand pas pour le
Québec, mais que ce soit une avancée et non pas des écueils bien plus qu'autre
chose. Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup, M. le député. Cela dit, nous allons
suspendre les travaux quelques instants pour permettre aux députés de Gouin et
de René-Lévesque, qui sont au salon bleu, de revenir en commission. Merci.
(Suspension de la séance à 10 h 2)
(Reprise à 10 h 19)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! S'il
vous plaît! Alors, je cède maintenant la parole...
Des voix
: ...
Le Président (M.
Bachand) :S'il vous plaît, messieurs
dames! Je cède la parole maintenant au député de René-Lévesque pour 20 minutes.
M. le député, s'il vous plaît.
M. Ouellet : Merci beaucoup, M.
le Président. Donc, à mon tour de vous saluer, membres de cette commission. D'entrée
de jeu, je tiens à, moi aussi, féliciter le ministre pour ses nouvelles
fonctions dans cette responsabilité-là, aujourd'hui, de porter le projet de loi
n° 64. Il n'y a rien qui a changé dans sa fonction de
ministre de la Transformation numérique. On fait juste lui rajouter un outil
juridique à la transformation qu'on veut opérer ici au gouvernement du Québec.
Je comprends l'inconfort du ministre aussi
quant à l'obligation qu'on a maintenant d'être habillés au complet et de porter
le masque maintenant à l'Assemblée nationale. Cependant, c'est bien peu de
sacrifices que nous devons faire pour nous permettre d'être ici en étude
détaillée. Le virtuel peut être possible dans certains cas pour les
consultations. Nous l'avons tenté lors des consultations, mais en commission
parlementaire, l'étude détaillée, je pense qu'on a encore un autre pas à
franchir avant de s'en aller en 100 % virtuel. Et je suis convaincu que
ces discussions-là vont assurément faire partie des enjeux que nous aurons ici
dans cette commission.
• (10 h 20) •
Simplement pour rappeler les objectifs
généraux de ce projet de loi là. Évidemment, ce projet de loi là veut qu'on
regarde ce qui s'est passé dans la gestion des fuites des renseignements
personnels. Les collègues des oppositions en ont fait mention. Évidemment, ça a
occupé beaucoup l'espace médiatique. Moi, j'ai parlé avec des gens qui se sont
fait frauder, pas une fois, pas deux fois, pas trois fois, mais il y a des
malchanceux qui se sont fait frauder à quatre reprises, en fonction des
informations qu'ils détenaient dans quatre entreprises différentes...
M. Ouellet : ...des fuites des
renseignements personnels, les collègues des oppositions en ont fait mention. Évidemment,
ça a occupé beaucoup l'espace médiatique. Moi, j'ai parlé avec des gens qui se
sont fait frauder pas une fois, pas deux fois, pas trois fois, mais il y a des
malchanceux qui se sont fait frauder à quatre reprises en fonction des informations
qu'ils détenaient dans quatre entreprises différentes. Donc, effectivement, il
faut faire différent pour mieux protéger la population et s'assurer qu'on
adopte effectivement aussi les meilleures pratiques.
L'autre fait saillant aussi du projet de
loi, c'est la collecte et le partage des données. On a eu des échanges avec le ministre
de la Transformation numérique. Il connaît notre position aussi quant à l'utilisation
de l'infonuagique. Évidemment, ces nouvelles technologies nous amènent à voir
cet accès de manière différente. Le Parti québécois n'est pas contre le fait
qu'on puisse maintenant dorénavant, avec les nouvelles technologies, avoir
accès à distance à une manne d'informations. Notre grande crainte, c'est :
Qu'est-ce qu'on fait avec cette information-là et qui en a accès?
Évidemment, le ministre délégué à la
Transformation numérique ne sera pas surpris qu'on va être quand même assez
incisifs à l'intérieur du projet de loi pour s'assurer aussi de mettre un
verrou et un gros cadenas pour éviter de vendre nos données à des entreprises privées.
Le ministre de l'Économie avait déjà même, quand j'ai assisté ici dans une
commission parlementaire, avoué bien candidement que ce serait «winner» de
vendre des données à des compagnies pharmaceutiques ou dans le domaine de la
santé. Évidemment, nous, on ne veut pas que ça se passe, donc on aura des
amendements à proposer du côté du gouvernement pour s'assurer que pas juste le
gouvernement actuel, mais tout gouvernement ne soit pas tenté de monnayer les
données des Québécois et des Québécoises aux entreprises privées.
Effectivement, on va parler aussi beaucoup
de droit du citoyen. On va parler aussi de conservation et destruction des
renseignements, des peines et des amendes, gestion interne des renseignements
personnels autant dans le secteur public que dans le secteur privé. On va
parler aussi de la gestion de l'information par les partis politiques parce
que, oui, les partis politiques ont un certain bout à faire.
Donc, M. le Président, on a offert notre
collaboration lors de l'étude... lors du principe, pardon, au salon bleu. Je
n'ai pas pu participer, malheureusement, à toutes les délibérations qu'on a
eues suite aux consultations. J'aurai le temps de me rattraper pour faire un
travail adéquat, mais je veux juste quand même prendre le temps, M. le
Président, de dire à quel endroit ma formation politique loge dans ce projet de
loi là. Le consentement et les droits des citoyens, nous trouvons effectivement
qu'il est essentiel, non seulement il doit être libre et éclairé, mais il doit
aussi permettre une véritable liberté de choix pour accéder à un site Web ou à
une application. Trop souvent, nous n'avons qu'un seul choix : accepter
entièrement les dispositions de confidentialité ou de collecte de données
imposées par chacun des sites Web. Il faut donc s'assurer que l'option de
refuser toute transmission de données, comme sur les sites Web soumis aux lois
européennes... Le droit d'exiger la fin de la diffusion de renseignements le
concernant est une avancée importante vers une forme de droit à l'oubli.
Entreprises et PME. Effectivement, les PME
sont préoccupées à savoir que, si on rajoute des obligations législatives, ça
devient aussi une lourdeur bureaucratique. Donc, on a fait un pacte au
gouvernement du Québec... les derniers gouvernements du Québec pour s'assurer
qu'à toutes les fois qu'on rajoute des lois et des...
M. Ouellet : ...vers une
forme de droit à l'oubli.
Entreprises et PME. Effectivement les PME
sont préoccupées, à savoir que si on rajoute des obligations législatives, ça
devient aussi une lourdeur bureaucratique. Donc, on a fait un pacte au
gouvernement du Québec, les derniers gouvernements du Québec, pour s'assurer
qu'à toutes les fois qu'on rajoute des lois et des exigences que, minimalement,
on fasse aussi l'exercice inverse d'en soustraire. Donc, effectivement, si on
sera plus exigeant pour les petites et très petites entreprises, il faudrait
avoir une pensée pour eux de l'autre côté pour enlever de la bureaucratie. Les
amendes dissuasives, le rehaussement des amendes est important. Il faut que les
conséquences soient sérieuses pour que les entreprises fassent réellement
l'effort de protéger les données des utilisateurs, puisque ce sont ces derniers
qui subissent en premier les conséquences d'une éventuelle fuite de donnée.
Et en terminant, réforme et modernisation
de la Loi sur l'accès à l'information. Nous comprenons l'urgence de moderniser
le volet protection des renseignements personnels, mais cela ne doit pas se
faire afin d'oublier le besoin de moderniser le volet sur l'accès à
l'information. Et j'ouvre cette parenthèse, elle est importante, M. le
Président, plusieurs formations politiques, mais plusieurs journalistes aussi
ont fait des demandes d'accès à l'information, notamment à ce qu'on vit
présentement dans cette pandémie. Et pour plein de raisons, bonnes ou
mauvaises, ces informations-là n'ont pas été transmises aux différentes parties
concernées.
Donc, évidemment, je pense qu'on doit
avoir une attention particulière. Le gouvernement du Québec doit être plus
prompt à s'assurer que lorsqu'il y a une demande d'information, il y ait une
réponse adéquate rapide qui est donnée. Et on espère effectivement que, dans
cette réforme de la Loi d'accès à l'information l'État du Québec puisse
effectivement être beaucoup plus transparent et qu'il transmette le maximum
d'informations qui n'aident pas juste les législateurs et les députés des
oppositions, mais l'ensemble de la société québécoise à évaluer la qualité des
décisions, de l'impact et surtout de quelle façon dans le futur cette décision
pourrait être prise de façon différente.
Le Québec vit une crise, une crise
majeure. On n'a pas vécu ça depuis la crise espagnole. Donc, on doit assurément
avoir le maximum d'information, pas pour dire que le gouvernement a mal agi,
mais pour aider chacun des prochains gouvernements à venir, M. le Président, à
prendre la meilleure décision en fonction des informations qui seront
disponibles puisque, si on veut avoir une meilleure action, ça prend assurément
de meilleures communications. Merci, M. le Président.
M.
Bachand
:
Merci beaucoup, M. le député. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? S'il n'y
a pas d'autres... M. le député de La Pinière, s'il vous plaît.
M. Barrette : Merci, M.
le Président. Bien, d'abord, salutations à tous les collègues ici présents
aujourd'hui. Félicitations encore également au ministre, là, qui assume de
nouvelles fonctions. Là, je comprends que le ministre arrive, je pense, à pied
levé, là, sur ce projet de loi là. Je vais m'amuser à faire un commentaire qui
ne sera pas vestimentaire, comme l'a fait le ministre en arrivant, mais je vais
faire un commentaire dirigé vers ceux qui nous observent et annoncer qu'il y a
au moins un commentateur qui va être extraordinairement déçu. Je le comprends
parce que, lui, il était habitué d'avoir des relations parlementaires très
confrontationnelles. Je fais référence à Bernard Drainville qui a prévu que nos
relations allaient être des flammèches. Et c'est malheureux, là, mais...
M. Barrette : ...et annoncer qu'il
y a au moins un commentateur qui va être extraordinairement déçu. Je le
comprends parce que lui, il était habitué d'avoir des relations parlementaires
très confrontationnelles. Je fais référence à Bernard Drainville, qui a prévu
que nos relations allaient être des flammèches, et c'est malheureux, là. Mais
c'est parce que peut-être que lui a vécu dans les flammèches, mais je pense
qu'on a fait la preuve, de notre côté, avec le ministre actuel, qu'on était
capables de travailler de façon très constructive. Et ce sera pour lui, j'en
suis convaincu, un moment d'éducation politique dont j'espère qu'il va
bénéficier et en fera bénéficier le grand public dans ses commentaires.
Ceci dit, sur le projet de loi, c'est un projet
de loi qui est très important, qui vise la bonne chose, dans un contexte
historique qui est particulier, puis je vais parler peut-être un peu de ça en
premier, parce que le futur dépend aussi de ce qu'on... d'où on vient. Et le
ministre ne sera pas, M. le Président, très surpris des propos que j'ai faits,
parce que des propos comme je... les propos que je vais faire, il est déjà...
il les a déjà entendus et il les a probablement déjà vécus. Je fais référence
ici à l'évolution du Québec en matière d'accès à l'information, pas au sens
gouvernemental, là, mais au sens de protection des données. Puis pas exactement
au sens de protection des données. Je m'explique. Ça va être plus clair quand
je vais continuer.
Vous savez, M. le Président, dans... tout
le monde le sait, je viens du monde de la santé, et, s'il y a eu un sujet qui a
été en premier, en premier, avant tous les sujets, avant les Desjardins
d'aujourd'hui, là, s'il y a eu un sujet qui a été longuement débattu, pour
lequel il y a des lois qui ont été mises en place et qui ont été appliquées,
c'est la circulation des données personnelles dans le monde de la santé. Et
c'est assez amusant de constater que ce sujet-là, qui remonte à il y a...
croyez-le ou non, il y a plus de 20 ans, était essentiellement un obstacle au
bon fonctionnement des organisations en question. Puis l'objectif, évidemment,
a toujours été, à cette époque-là, la protection des données personnelles.
• (10 h 30) •
Moi, je me souviens, M. le Président...
Parce que ce n'est pas anecdotique, c'est l'histoire. Mettez ça à la sauce
d'aujourd'hui. Vous allez voir à quel point on a fait du chemin. Il fut un
temps, lorsque, dans certains domaines, la donnée clinique du patient a été
numérisée... Et il fut un temps... il fallait donner une autorisation écrite,
au Québec, pour qu'on puisse transférer électroniquement des données d'un
pavillon hospitalier à un autre. Croyez-le ou non, mais à la fin des années 90,
dans un hôpital comme le CHUM, qui, à l'époque, était constitué de trois
pavillons, le pavillon de l'Hôtel-Dieu, l'Hôpital Saint-Luc et l'Hôpital
Notre-Dame... lorsque la première spécialité qui a été numérisée dans
l'histoire du Québec, qui était la mienne... bien, quand on voulait
transformer... transporter, envoyer de Saint-Luc à Notre-Dame...
10 h 30 (version non révisée)
M. Barrette : ...était
constitué de trois pavillons, le pavillon... l'Hôtel-Dieu, l'Hôpital Saint-Luc
et l'Hôpital Notre-Dame. Lorsque la première spécialité qui a été numérisée
dans l'histoire du Québec, qui était la mienne... Bien, quand on voulait
transformer... transporter, envoyer de Saint-Luc à Notre-Dame des données, des
radiographies, à un moment donné, la Commission d'accès à l'information a
statué qu'il fallait avoir une permission explicite pour le faire.
Et aujourd'hui on est dans un monde où on
collecte nos données à notre insu, et elles circulent partout, partout,
partout. Elles sont utilisées, elles sont analysées, elles sont croisées. Quel
chemin avons-nous fait! Et là ce n'est pas long, là. Moi, les premières années
où j'ai été impliqué là-dedans, la première année, en réalité, c'était en 1996.
Ça ne fait pas si longtemps que ça, mais le chemin parcouru est absolument
immense. Je fais un grand bon aujourd'hui évidemment.
Bon, la Commission d'accès à l'information
a assoupli ses règles, là, pour le bénéfice de ceux qui nous écoutent. Ce n'est
plus comme ça. Maintenant, c'est une espèce de forme d'«opting out», là, puis
c'est tout à fait correct. Mais ça montre à quel point les lois sont en général
en retard sur la situation réelle que les gens vivent.
Puis c'est un peu notre situation au Québec
aujourd'hui, puis pas juste au Québec, c'est notre situation... Planétairement
parlant, là, il n'y a pas de place aujourd'hui où il y a une protection blindée
de la donnée personnelle. Puis je me demande même, M. le Président, si c'est
possible d'avoir une protection blindée autrement que de disposer de notre
donnée physiquement, que l'on transporte avec nous et qu'on garde dans un
coffre-fort dans le sous-sol de notre maison, ce qui, évidemment, n'existe pas
mais qui a déjà existé, en passant. Dans certains pays, le système de santé,
par exemple, était fait comme ça. Il n'y avait pas d'archives. En Europe, là,
moi, j'ai connu ça, on partait d'un bureau, d'un hôpital avec son dossier puis
on s'en allait chez nous avec notre dossier, nos radiographies, nos ci, nos ça,
et on avait la responsabilité d'en assurer la conservation et/ou protection.
On n'est pas là. Là, aujourd'hui, on est
dans une ère où l'information, la donnée personnelle est sous un substrat
électronique, et il est mobile. Bien, cette donnée-là est mobile. Alors, que
faire pour protéger ça?
Je fais mon bond jusqu'à l'histoire de
Desjardins. Pourquoi? Parce que Desjardins m'a vexé, M. le Président, lorsqu'on
les a entendus en commission parlementaire. C'était, pour moi, vexatoire, M. le
Président. J'avais le P.D.G., et son directeur des services informatiques assis
à ma gauche, là. J'étais assis à la place de ma très excellente recherchiste
qui est avec moi aujourd'hui.
Et j'ai posé une question très simple puis
je n'ai pas eu de réponse : Êtes-vous à jour dans vos protocoles de
sécurité? Pas eu de réponse, M. le Président, pas de réponse. Il faut dire que
la cloche a sonné, puis on devait passer... Mon temps était expiré, puis on
devait passer à la prochaine question, mais, à la prochaine question, ils
auraient pu répondre. Et, à ce jour, M. le Président, cette question-là n'a pas
trouvé de...
M. Barrette : ...au protocole
de sécurité, pas eu de réponse, M. le Président, pas de réponse. Il faut dire
que la cloche a sonné puis on devait passer... les montants étaient expirés
puis on devait passer à la prochaine question, mais à la prochaine question, il
aurait pu répondre. Et, à ce jour, M. le Président, cette question-là n'a pas
trouvé de réponse.
Alors, moi, je vous dis, M. le Président,
que, oui, on est rendu à un moment, dans l'histoire de tout ça, où les États
demandent... doivent mettre en place des dispositions qui... s'il est
impossible d'assurer une protection absolue au sens que je l'ai dit il y a
quelques instants, puis ça, je pense que c'est impossible, bien, au moins, les
États ont la responsabilité de mettre en place des mécanismes légaux qui vont
forcer directement ou indirectement les organisations qui recueillent,
traitent, entreposent des données, de s'assurer de leur sécurité. Est-ce que
c'est faisable? Moi, je pense que oui, M. le Président. Est-ce que c'est
infaillible? Je suis convaincu que non. Alors, il n'en reste pas moins qu'on doit
aller là.
Est-ce qu'en matière de protection des
données, au moment où on se parle, il y a un enjeu auquel on doit s'adresser
parce que le milieu où circulent les données est actuellement loin de ce qu'il
devrait être? Ça, la réponse, c'est oui. Et je dirais que les Européens sont probablement
en avance sur nous là-dessus en termes réglementaires, je le pense. Le projet
de loi qui est ici, c'est un projet de loi qui, je le pense aussi, va dans la
bonne direction. C'est la raison pour laquelle on a voté oui, pour le principe
du projet de loi. Maintenant arrive l'application.
L'application, je reviens à Desjardins,
comment écrire une loi qui va forcer une entité comme Desjardins à s'assurer
qu'elle est sécuritaire, qu'elle est à jour en termes d'une procédure,
processus, réglementation interne de protection de la donnée? Bien, c'est à ça
qu'on invité par le projet de loi. D'ailleurs, de notre côté, et je l'annonce
tout de suite, c'est sûr qu'on va le regarder sous cet angle-là. Est-ce que ce
que l'on demande est quelque chose qui est, tiens, puis je vais le dire bien simplement,
contemporain? Est-ce que c'est contemporain? Clairement, chez Desjardins, ça ne
l'est pas. Si, chez Desjardins, il était possible, avec une clé USB,
tranquillement pas vite, d'accumuler des données de millions de personnes,
c'est parce que le système le permet. Alors, le système l'a permis. Alors,
pourquoi il l'a permis? Parce que, probablement, il n'y avait pas une
journalisation appropriée, justement, de la circulation de données,
probablement parce qu'il n'y avait pas un officier qui faisait son ménage à
tous les jours, au moins à toutes les semaines. Bref, tout ça parce qu'il n'y
avait pas de procédure qui est en place. Parce que, qu'on se le dise, là, c'est
un peu comme... Vous savez, dans les films, il y a toujours quelqu'un qui
arrive dans un film, là, avec une clé USB, puis qui met ça dans l'ordinateur,
et puis qui réussit à décoder la CIA, là. Tom Cruise, il fait ça à toutes les Missions
Impossibles. Mais, c'est plate, mais c'est parce qu'à quelque part, dans la
vraie vie, c'est malheureusement possible...
M. Barrette : ...qu'on se le
dise, là, c'est un peu... vous savez, dans les films, il y a toujours quelqu'un
qui arrive dans un film, là, avec une clé USB, puis qui met ça dans
l'ordinateur, et puis qui réussit à décoder la CIA, là. Tom Cruise, il fait ça
à toutes les Missions : Impossibles. Mais c'est plate, mais c'est parce
qu'à quelque part, dans la vraie vie, c'est malheureusement possible.
Moi, je peux vous dire une chose, quand
j'étais dans mon milieu précédent, je disais aux gens de TI : Comment se
fait-il... Puis là on était aux balbutiements de l'informatisation. Je disais
aux gens chez nous : Comment ça se fait que tous les ordinateurs partout,
partout, partout, qui ont accès à toute la donnée, il y a une clé USB, il y a
un port USB? N'importe qui, là... Bon, remarquez que vous pourrez me répondre
que c'est obsolète, vous pouvez filmer l'écran avec des téléphones aujourd'hui
qui sont encore plus performants que jamais, mais là je vous parle de l'époque
où il n'y avait pas de caméra sur les téléphones. Mais, ceci étant dit, ça a
l'air simple, cette affaire-là, mais c'est plate, mais ça l'est aussi, mais
s'il n'y a pas de protocoles en place qui sont appropriés, ça ne fonctionne
pas.
Je me rappelle avoir assisté à une
conférence en visioconférence, l'année dernière, où l'industrie américaine
réclamait du gouvernement ça. Il faut le faire. L'industrie, parce que
l'industrie voyait un danger économique à la situation actuelle, parce
qu'économiquement une compagnie peut, elle, perdre sur la base d'un problème
réputationnel. Alors, moi, j'ai entendu l'industrie exiger du gouvernement
américain sur son territoire de mettre en place des règles pour imposer, forcer
les négligents, les pas bons à s'assurer qu'il y ait en place des mesures, sous
peine d'amende, qui les force à mettre en place protocoles, équipements, et
ainsi de suite, qui, au maximum, garantissent la sécurité des données
personnelles. Parce que la clé, elle est là.
Alors, quand on est rendu à voir l'industrie
dire ça, bien, c'est parce qu'il y a des conséquences qui sont sérieuses,
conséquences qui sont... qui ont comme origine le fait que des entreprises
peuvent être impactées sur le plan de leur succès économique sur la base d'une
mauvaise réputation. C'est quand même quelque chose.
C'est
sûr que si tout... Là, aujourd'hui, là, tout le monde regarde le merveilleux
monde financier puis ils se disent : Ils sont-u tous comme Desjardins?
Heureusement, on n'a pas trop d'histoire, bonne chose, alors ça reste
concentré, mais il y a un impact qui est réel, et c'est là, je pense, que le gouvernement
a à jouer un rôle.
•
(10 h 40) •
Maintenant,
jusqu'où il peut aller? Je disais d'entrée de jeu que les lois et règlements
sont toujours en retard sur la réalité, toujours. Puis malheureusement, ça va
être toujours comme ça. C'est assez difficile pour un gouvernement de faire des
lois prédictives. C'est rare que les gouvernements font ça. Ça, c'est… surtout
quand on a raison puis qu'on le fait, c'est… ça fait l'histoire. Mais, dans ce
genre de chose là, en général, les États sont un pas derrière, puis ils sont un
pas derrière parce qu'à quelque part...
M. Barrette : …de faire des
lois prédictives, c'est rare que les gouvernements font ça. Ça, c'est… surtout
quand on a raison puis qu'on le fait, c'est… ça fait l'histoire. Mais, dans ce
genre de chose là, en général, les États sont un pas derrière, puis ils sont un
pas derrière parce qu'à quelque part ils doivent être synchronisés avec
l'opinion publique, ou du moins façonner l'opinion publique pour justifier son
intervention. Là, aujourd'hui, je pense que l'opinion publique, elle est là,
elle s'attend à ça de l'État, et c'est une bonne chose. Va arriver la question
suivante : Est-ce qu'aujourd'hui, dans notre environnement, on va aller
trop loin que pas assez loin? Ça aussi, c'est un élément. Quand on regarde la
situation de l'Union européenne, j'en discutais avec mon collègue hier soir,
mon… porte-parole en cette matière, bien… de LaFontaine, bien, l'Union
européenne, c'est une union, alors tout le monde est sur le même pied, tout le
monde est à la même place. Tout le monde n'est pas exactement à la même place
en termes de réglementation locale dans chacun des pays membres, mais les pays
membres considèrent tous qu'ils sont face au même enjeu et acceptent d'avoir la
même solution. Est-ce que, nous, on aura une solution qui va être coordonnée
avec ce qui existe en Amérique du Nord? Avec ce que j'ai dit il y a quelques instants
pour les États-Unis, je ne pense pas qu'on soit à la mauvaise place. Avec le
Canada, c'est une autre affaire. Mais il y a lieu évidemment de faire
l'exercice que l'on commence aujourd'hui et d'estimer et de voir si on va
peut-être un pas trop loin. Il y a… D'aucuns vont nous dire : On ne va
jamais trop loin, là. Je le comprends, là, puis je veux bien l'entendre, puis
je comprends l'argument. Mais, à un moment donné, on sait que le mieux étant
l'ennemi du bien, il faut trouver le juste milieu. Il ne faut pas être trop
bas, il faut être suffisamment haut, mais il ne faut pas être trop haut dans
notre célérité. À un moment donné, il ne faut pas se paralyser parce qu'on veut
avoir une sécurité absolue.
Bref — je termine
là-dessus — M. le Président, c'est un projet de loi qui est
intéressant, qui est nécessaire. Est-ce qu'il est suffisant dans l'état actuel
des choses? Je ne pense pas que ça… le ministre va être vexé si je dis non.
C'est la raison pour laquelle on est ici à l'étude détaillée, c'est pour l'améliorer.
Est-ce qu'ensemble on ira trop loin? Bien, on débattra. Mais il y a une chose
qui est certaine, le temps est venu de déposer ça, d'en débattre, d'en arriver
au meilleur projet de loi possible. Alors, on était pour le principe, je
souhaite qu'on avance de façon suffisante pour qu'on puisse être d'accord à
l'adoption, et dans notre cas je doute fort qu'on ne soit pas d'accord parce
qu'on va trop loin, c'est possible qu'on ne soit pas d'accord parce qu'on ne va
pas assez loin. Mais, comme on dirait dans nos cercles politiques, on verra.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup, M. le député. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions? Sinon, nous allons passer aux motions préliminaires. M.
le député de LaFontaine, s'il vous plaît.
M. Tanguay
: Oui. Merci
beaucoup, M. le Président. Alors, avec votre permission, j'aimerais déposer la
motion suivante : Conformément à l'article 244 du règlement de l'Assemblée
nationale, je fais motion afin que la Commission des institutions tienne,
avant…
Le Président (M.
Bachand) : ...M. le député de LaFontaine, s'il vous plaît.
M. Tanguay
: Oui, merci
beaucoup, M. le Président. Alors, avec votre permission, j'aimerais déposer la
motion suivante. Conformément à l'article 244 du règlement de l'Assemblée
nationale, je fais motion afin :
«Que la Commission des institutions
tienne, avant d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi n° 64,
Loi modernisant des dispositions législatives en matière de
protection des renseignements personnels, des consultations
particulières, et;
«Qu'à cette fin, elle entende, dès que
possible, le Barreau du Québec et la Commission des droits de la personne et
des droits de la jeunesse.»
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. On va suspendre
les travaux quelques instants pour en prendre connaissance.
Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 10 h 43)
(Reprise à 10 h 49)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La
commission reprend ses travaux. M. le député de LaFontaine, vous avez la
parole.
• (10 h 50) •
M. Tanguay
: Oui,
merci beaucoup, M. le Président. Cette motion préalable, puis j'annonce déjà,
M. le Président, que j'en aurai une deuxième, mais elles étaient de deux
catégories, mais l'objectif dans les deux cas est le même, c'est de nous
permettre de faire nos travaux de façon la plus éclairée possible. Et comme
quelqu'un l'a déjà dit, on va avoir ouvert devant nous la loi qui va nous
permettre de faire un bond en avant pour la protection des renseignements
personnels. Il ne faut pas manquer notre coup. Il faut réellement avoir toutes
les données, toutes les analyses disponibles, et il ne faut pas manquer
l'occasion d'entendre, et c'est le but de la motion, le Barreau du Québec et la
Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse.
M. le Président, on a eu l'occasion, je
l'ai mentionné un peu plus tôt, de recevoir lors des auditions à peu près
19 groupes, 19 groupes qui, en fin septembre, 22, 23, 24 et
29 septembre 2020, sont venus nous dire... Certains avaient des mémoires,
certains n'en avaient pas parce que la convocation avait été faite de façon
très, très rapide et sont venus répondre à nos questions, M. le Président. Mais
on voyait que plus on posait de questions, plus on tentait de nous donner des
réponses, plus on avait encore des questions. Puis on voulait connaître les
impacts de ce que l'on va faire.
Ont été évidemment mis dans la liste, puis
on avait soumis une liste de 62 groupes, parce que, honnêtement, des fois
ça existe, de faire des consultations générales. Ça, c'était une consultation
particulière. Mais là, on considérait que l'on devait une consultation
particulière élargie. C'est pour ça qu'on était confiants et justifiés de
déposer une liste de 62 groupes, dont évidemment faisait partie la
Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse et le Barreau
du Québec.
La commission des droits de la personne et
de la jeunesse, le 15 septembre, s'est désistée. Et je cite la commission,
«compte tenu des délais trop courts pour produire notre mémoire sur ce projet
de loi». Fin de la citation. Ils n'ont pas participé aux auditions. Lors de nos
auditions, on n'a pas eu le bénéfice de leur mémoire qui est venu après. Ça,
c'est une chose. Donc, qu'ils soient... Qu'ils ne déposent pas le mémoire quand
on baigne pendant les quatre jours, pendant la semaine et demie où on est
là-dedans, qu'ils n'aient pas produit le mémoire, on n'a pas pu, évidemment,
sous cet éclairage-là, modeler nos...
M. Tanguay
: ...participer
aux auditions. Lors de nos auditions, on n'a pas eu le bénéfice de leur
mémoire, qui est venu après. Ça, c'est une chose. Donc, qu'ils soient... qu'ils
ne déposent pas le mémoire quand on baigne, pendant les quatre jours... pendant
la semaine et demie où on est là-dedans, qu'ils n'aient pas produit le mémoire,
on n'a pas pu évidemment, sous cet éclairage-là, modeler nos questions puis
dire : Ah! bien, il y a tel, tel élément. On a eu le bénéfice de leur
mémoire après. Ça, c'est une chose.
Vous le savez mieux que moi, M. le
Président, entre déposer un mémoire, qu'on analyse... Bien, moi, en le lisant,
comme tous les collègues, il y a des questions qui surgissent, puis on
dit : Ah! bien, ça, j'aurais aimé ça les entendre là-dessus. Ça, ce n'est
pas clair dans ma perception. Qu'est-ce qu'ils veulent entendre là-dessus? Ou
peut-être pour répondre à leurs préoccupations, bon, je pourrais soumettre
telle suggestion, telle suggestion. Est-ce qu'ils pensent que ça atteindrait la
cible? On n'a pas pu entendre la commission des droits de la personne et de la
jeunesse, puis on n'a pas pu les entendre dans le contexte des auditions, puis
on n'a pas pu les entendre sur leur mémoire.
Le Barreau du Québec, le lendemain, le 16
septembre 2020, s'est désisté également. Il ne pouvait pas participer aux
auditions. Il ne s'est pas désisté, il a dit qu'il ne participait pas aux
auditions, et je le cite, «compte tenu des délais très serrés». Fin de la
citation. Alors, le Barreau du Québec, c'est important d'avoir son éclairage
sur des concepts excessivement importants. Et encore une fois, M. le Président,
je déplore le fait qu'on veuille aller trop vite. On va trop vite.
Je vais vous lire quelque chose, M. le
Président, qui va vous rappeler peut-être une ancienne carrière, une ancienne
occupation. Je vais vous lire un article d'un texte de loi, puis après, je vais
vous dire d'où ça vient, ça. Puis je vais établir, je pense, c'est ma
prétention, la pertinence de ce document que j'ai devant moi. Alors, à
l'article 5 de cette pièce législative, on lit la chose suivante :
«La présente loi»... puis ce n'est le
projet de loi n° 64, c'est un autre projet de loi...
«La présente loi a pour objet de fixer, dans une ère où les données circulent
constamment au-delà des frontières et des limites géographiques et une part
importante de l'activité économique repose sur l'analyse, la circulation et
l'échange de renseignements personnels, des règles régissant la protection des
renseignements personnels d'une manière qui tient compte du droit à la vie
privée des individus quant aux renseignements personnels qui les concernent et
du besoin des organisations de recueillir, d'utiliser et de communiquer des
renseignements personnels à des fins qu'une personne raisonnable estimerait
acceptables dans les circonstances.»
Je viens de vous lire un article 5 dans
une pièce législative qui résume, à toutes fins pratiques, le projet de loi n° 64, ce qui est notre objectif autour de la table, puis
qui est excessivement important. Puis la beauté de cet article 5 là, c'est
qu'il touche aux différents aspects. Il n'y a pas l'aspect des partis
politiques comme tel. Il est davantage, oui, public, il est davantage privé en
termes d'application, mais c'est un élément excessivement important, et ça aura
un impact sur les organismes publics, mais au premier titre, privés. Cet
article-là, qui résume de façon fondamentale, M. le Président... je vais vous
le dire, voici le punch, c'est l'article 5 du projet de loi C-11...
M. Tanguay
:
...davantage privé en termes d'application, mais c'est un élément excessivement
important et ça aura un impact sur les organismes publics, mais, au premier
titre, privés.
Cet article-là, qui résume de façon
fondamentale, M. le Président... je vais vous le dire, voici le punch, c'est
l'article 5 du projet de loi C-11, qui a été déposé trois semaines
après la fin de nos auditions. Il a été première lecture le 17 novembre
2020. Je vous disais que ça vous rappellera une ancienne carrière, parce que je
sais que vous avez participé... vous avez été membre de la Chambre des communes,
élu député fédéral, et ça, c'est important de souligner une chose. Lors des
auditions, fin septembre, beaucoup sont venus nous dire, et surtout, je vous
dirais, de la voix des femmes et des hommes qui sont propriétaires d'entreprises,
qui regroupent des entreprises, des associations d'entrepreneurs, qui sont
venues nous dire : Bien, écoutez, le Québec — puis je fais du
pouce sur ce que mon collègue de La Pinière disait un petit peu plus
tôt — le Québec n'est pas des incarnées du contexte canadien, puis
c'est encore moins des incarnés... pas plus des incarnés du contexte
nord-américain, ce qui n'est pas le cas dans le contexte européen. On ne peut
pas prendre l'édifice européen, qui a déjà été discuté, négocié d'abondant en
amont avec les pays membres du conseil européen, qui a été adopté en 2016, qui
aurait, puis on me détrompera si j'ai tort, été en application en 2018, mais
tout le monde est arrivé à la même place, ce marché européen là en même temps. Le
Québec, oui, on sera innovateurs, le cas échéant, avec le projet de loi n° 64, mais il ne faut pas être innovateurs de manière à...
et là je suis sous l'aspect, là, sous l'aspect compétitivité des entreprises
québécoises, il ne faudra pas être innovateurs au point où on va hisser le
Québec au-dessus de tout le monde en Amérique du Nord, au-dessus de tout le
monde au Canada, puis de faire en sorte que nos entreprises aient des écueils
majeurs de compétitivité. Les entrepreneurs... puis ça, c'est une réalité, puis
on aura l'occasion, M. le Président, d'aborder le projet de loi n° 64,
fiez-vous sur nous, sur l'aspect de protection de la vie privée des citoyens et
des citoyennes. Ça nous tient à coeur. Je ne suis pas en train de dire que
c'est un objectif secondaire, c'est un objectif premier, c'est dans nos
priorités. Mais une fois qu'on a protégé les renseignements personnels de nos
citoyens et citoyennes... Puis on reviendra sur le concept de : Que veux
dire le consentement, et quel est la portée du consentement, et quels sont les
implications du non-consentement. Bien, tout ça, ça devra... Quand le
consommateur, quand le citoyen, la citoyenne dit : Je consens, il consent
à quoi? Et je ne consens pas ou je ne consens plus à ça, il ou elle ne consent plus
à quoi? Ça, comment ça va se vivre dans le contexte québécois, qui est aussi un
contexte canadien et nord-américain?
Des entreprises sont venues nous
dire : Bien là, vous dites que tous les renseignements personnels doivent
rester au Québec si... puis je vais vous résumer l'écueil de cette façon-là.
Les entreprises qui ont pignon sur rue au Québec sont venues nous dire :
Vous nous demandez de garder au Québec tous les renseignements personnels dont
nous disposons et de ne pas les conserver à l'extérieur du Québec si vous
n'avez pas fait l'analyse et vous n'avez pas l'assurance que — c'est
dans la nouvelle loi — la protection est égale ou supérieure...
M. Tanguay
:
...nous demandez de garder au Québec tous les renseignements personnels dont
nous disposons et de ne pas les conserver à l'extérieur du Québec si vous
n'avez pas fait l'analyse et vous n'avez pas l'assurance que, c'est dans la
nouvelle loi, la protection est égale ou supérieure ailleurs, au moins
équivalente ailleurs.
Si le Québec est le premier de classe,
mettons qu'on va dire ce de même, en matière de protection de renseignements
personnels, premier de classe en matière des voeux exprimés de façon théorique,
et que du jour au lendemain c'est l'état du droit québécois, des entreprises
sont venues nous dire : Bien, nous, d'ores et déjà, nos serveurs sont à
Calgary. On a tous les renseignements personnels de nos clients à Calgary sur
des serveurs puis on a tous les renseignements personnels de nos employés à
Calgary sur des serveurs. Comment pourrons-nous assurer qu'il y aura
reconnaissance interprovinciale?
Auditions, fin septembre 2020. Les gens
sont venus nous dire : N'allez pas trop vite. Boileau, l'écrivain,
hâtez-vous lentement, M. le Président. Faites les choses dans l'ordre, faites
les choses en cohérence et faites attention à la compétitivité ou même aux
risques que pourraient encourir nos entreprises. Le fédéral est en train... À
l'époque on disait : Le fédéral est en train de tabler sur un projet de
loi. Ça s'en vient. Ça s'en vient. Attendez donc de faire la lecture et de voir
comment le fédéral pourra mettre la barre partout au Canada et après ça...
Je ne suis pas en train de vous dire, là,
puis vous allez venir chercher ma fibre nationaliste, je ne suis pas en train
de vous dire que le Québec devrait se croiser les bras puis attendre le
fédéral. Non, mais je veux dire, M. le Président, deux fois les Québécois ont
dit non à un référendum. Alors, le Québec québécois, notre façon d'être
canadien, M. le Président, on n'est pas désincarné de cet univers-là. Et je le
sais, que ça résonne, ce discours-là, au coeur de mon collègue, M. le ministre,
qui est en face de moi. Donc, en ce sens-là, le Québec ne peut pas faire
cavalier seul.
Nous avons, trois semaines après, eu le bénéfice
du dépôt du projet de loi C-11 de la Chambre des communes qui vise
justement à établir des normes canadiennes, oui, sur les organismes fédéraux,
oui sur les entreprises fédérales, mais aussi sur les entités qui ont des
activités interprovinciales. C'est le cas de beaucoup, beaucoup, beaucoup
d'entreprises, pas la totalité, mais beaucoup d'entreprises québécoises. Le
projet de loi a été déposé, première lecture, le 17 novembre 2020, et
vient définir, M. le Président, des concepts excessivement importants. Il vient
définir un renseignement personnel, il vient définir la dépersonnalisation des
données, vient définir l'application auprès des fournisseurs de services et,
quant à leurs obligations, vient discuter de termes excessivement importants
comme les systèmes décisionnels automatisés. Et évidemment il y aura un
tribunal qui va juger de cela.
• (11 heures) •
Autrement dit, si le 64 québécois passe
avant le C-11 fédéral, on va être tout seuls au Canada, on va se dire :
Eh! On a été les premiers, M. le Président. Mais il faut que... parce qu'on est
dans la sphère canadienne — Québécois, notre façon d'être
Canadiens — il faut qu'à tout le moins les deux projets de loi,
64 québécois, C-11 fédéral arrivent quasi...
11 h (version non révisée)
M. Tanguay
:
...avant le C-11 fédéral, on va être seuls au Canada, on va se dire : Aïe!
On a été les premiers, M. le Président. Mais il faut que... Parce qu'on est
dans la sphère canadienne, Québécois, notre façon d'être Canadiens, il faut
qu'à tout le moins les deux projets de loi, 64 québécois, C-11 fédéral,
arrivent quasi en même temps à la même ligne d'arrivée, qu'on se parle, quon se
concerte. Puis je suis certain que le ministre est préoccupé par ça. Il n'est
pas désincarné de cette réalité canadienne là de nos entreprises. Puis j'ose
espérer... puis je peux même vous dire que ma présomption est qu'il est en
contact avec nos élus, nos vis-à-vis fédéraux sur le C-11. Bien, si vous allez
là, nous autres, ça aura un impact, et ainsi de suite.
Pourquoi je vous dis ça, M. le Président? Pourquoi
je vous dis ça? Parce que, dans le grand bond qu'on veut faire faire au Québec,
écoutez, il existe entre autres l'article 151. L'article 151, je vous
le lis, du projet de loi n° 64 : «Commet une infraction et est
possible d'une amende de 5 000 $ à 50 000 $ dans le cas
d'une personne physique et, dans les autres cas, de 15 000 $
à — tenez-vous bien, M. le Président — 25 millions de
dollars ou du montant correspondant à 4 % du chiffre d'affaires mondial.»
C'est la loi québécoise qui dit ça, M. le
Président. Puis la loi québécoise nous parle d'un chiffre d'affaires mondial.
La Loi québécoise s'inscrit... puis ça aurait été une insulte à l'intelligence
de mon collègue ministre d'avoir présumé qu'il était passé à côté de ça, la loi
québécoise s'inscrit dans un contexte d'affaires mondial, c'est écrit en toutes
lettres à l'article 151 du projet de loi n° 64.
Et, dans ce contexte d'affaires mondial
là, si, toujours en vertu de 151, vous recueillez, M. le Président, vous
détenez, vous communiquez à un tiers ou utilisez un renseignement personnel en
contravention de la prochaine loi, ça pourrait aller... je ne vous dis pas que
ça va arriver à toutes les semaines, mais ça pourrait aller jusqu'à
25 millions de votre chiffre... 25 millions d'amende ou 4 %
de votre chiffre d'affaires mondial.
Ça, M. le Président, c'est excessivement
lourd comme pénalité. C'est une première, là. On me détrompera, là, mais, quand
on parle de 25 millions de pénalité dans une loi à caractère pénal
québécoise dans un contexte mondial, bien, on vient de reconnaître qu'on
s'inscrit dans un contexte mondial puis on s'inscrit, au premier titre, dans un
contexte canadien.
Pourquoi je vous dis ça? Puis ça, c'est
l'article 151. Il y a également l'article 150, qui prévoit des
sanctions administratives qui... pécuniaires de 50 000 $ pour des
personnes physiques et, dans les autres cas, 10 millions ou 2 % du
chiffre d'affaires mondial. Ça, c'est les sanctions administratives et l'autre,
c'étaient les infractions à la loi.
Pourquoi c'est important de vous dire ça?
C'est parce que, oui, on veut que la loi ait des dents. Ça va être fini, M. le
Président, après le travail que l'on aura fait dans cette commission
parlementaire, ça va être fini les amendes bonbons, pour une multinationale de
dire : Ah bon! O.K., je me suis fait taper sur les doigts. Il y a eu une
perte de... un vol d'informations. Je n'ai pas prévenu personne. J'ai essayé de
camoufler l'affaire. Il y a des Québécois dont les renseignements personnels
ont été vendus sur le «dark Web» ou je ne sais pas trop où. Finalement, il y a
des cas pathétiques et...
M. Tanguay
: ...ça va
être fini, les amendes bonbon pour une multinationale, de dire : Ah! bon, O.K.,
je me suis fait taper sur les doigts, il y a eu une perte de... un vol d'informations,
je n'ai pas prévenu personne, j'ai essayé de camoufler l'affaire. Il y a des Québécois
dont les renseignements personnels ont été vendus sur le «dark Web» ou je ne
sais pas trop où. Finalement, il y a des cas pathétiques et excessivement
brise-coeur de Québécoises et Québécois qui se sont vu voler leur identité,
puis qui ont des dettes, puis qui ne sont pas capables, après x nombre
d'années, de s'en sortir.
C'est fini, ce sera fini, c'est notre objectif
commun auquel nous participons, les pénalités bonbon d'une multinationale, qui
payait un 1 000 $, un 10 000 $, un 25 000 $. Ça,
ça va être fini. Là, ça va être: attelez, mettez vos ceintures puis vos
bretelles, puis bien serrées, parce que les amendes à l'article 151 seront
dévastatrices. Aïe! 25 millions ou 4 % de votre chiffre d'affaires,
c'est à peu près le bénéfice mondial pour bien des entreprises, quand ils ont
du bénéfice qui se rend... qui monte jusqu'à la hauteur de 4 %. Ça, c'est
la loi québécoise. Ça, ça va être sur la tête de nos entrepreneurs québécois et
québécoises.
Qu'est-ce que ça veut dire, ça, M. le
Président? Puis je vous réfère à l'article 17 du projet de loi qui est en
matière et qui relève, et qui touche les entreprises... les organismes publics.
Puis je reviens à mon approche que je ne trouve pas qui est justifiée, du
copier-coller. L'article 17 du projet de loi — puis là, j'y vais
de mémoire, ce n'est pas 17, M. le Président, je pense, c'est 27 — 27
du projet de loi, organisme public, vous irez le voir : «Avant de
communiquer à l'extérieur du Québec un renseignement personnel, un organisme
public doit procéder à une évaluation des facteurs...» Organisme public,
article 27.
Là, article 103 du projet de loi,
c'est les entreprises québécoises privées : «Avant de communiquer à
l'extérieur du Québec un renseignement personnel...» Donc, copier-coller,
trouve que ce n'est pas la bonne approche, on fera le travail article par
article. Entreprise québécoise : «Avant de communiquer à l'extérieur du
Québec un renseignement personnel, la personne qui exploite une entreprise doit
procéder à une évaluation des facteurs relatifs à la vie privée. Elle doit
notamment tenir compte des éléments suivants :
«3° les mesures de protection dont les
renseignements bénéficieraient;
«4° le régime juridique applicable dans
l'État où ce renseignement sera communiqué...»
Mon entreprise qui est venue me voir en
auditions, en septembre, qui dit : Mais tous nos renseignements personnels
sont sur les serveurs à Calgary. Force est de constater que dans la fédération
canadienne, les provinces autres que le Québec sont considérées comme des
états... ne sont pas des états étrangers, mais sont considérés comme des
entités hors Québec. Donc, on adopterait la loi rapidement, du 64, le Québec
aurait un régime beaucoup plus exigeant, puis on va s'assurer que ça tienne la
route, puis on va s'en féliciter, mais tel quel, il serait déconnecté de ce qui
se passe à Calgary, de ce qui se passe en Alberta.
On a le bénéfice du C-11 qui viendrait
nous donner le ton, qui nous permettrait de nous arrimer. Pénalités
excessivement importantes, concepts juridiques qui nécessiteraient d'entendre,
puis c'est l'objectif de la motion, le...
M. Tanguay
: ...mais tel
quel, il serait déconnecté de ce qui se passe à Calgary, de ce qui se passe en
Alberta. On a le bénéfice du C-11 qui viendrait nous donner le ton, qui nous
permettrait de nous arrimer. Pénalités excessivement importantes, concepts
juridiques qui nécessiteraient d'entendre, puis c'est l'objectif de la motion,
le Barreau du Québec, oui, mais également la Commission des droits de la
personne et des droits de la jeunesse.
Dans le projet de loi, M. le Président, et
durant les auditions, puis je dois vous dire, là, qu'on en apprend plus
qu'hier, moins que demain. Puis on a déjà commencé avec le ministre à avoir des
échanges intéressants sur des concepts. On va parler de concepts, M. le
Président, juridiques, c'est pour ça que l'éclairage de la commission des
droits puis du Barreau aurait été et est pertinent, et on demande qu'on les
entende avant de commencer l'article par article. On va parler de concepts tels
que des données dépersonnalisées, des données anonymisées, des données
pseudonymisées, et des différents facteurs de protection que ces concepts-là
assurent en théorie ou n'assurent pas dans la pratique, l'impact dans les
relations contractuelles entre moi puis mon fournisseur qui est américain ou
qui est ouest-canadien, ce que je dois prévoir dans mes contrats pour m'assurer
que la loi québécoise, qui ne sera pas suivie dans le Delaware d'ici peu, mais
que moi, je ne vais pas cesser de faire affaire avec mon fournisseur de service
informatisé du Delaware. Comment contractuellement, puis on a déjà commencé à
aborder ces questions-là, je vais m'assurer que la loi québécoise y en soit
informée, puis qu'il m'assure, lui, que ces balises-là soient suivies?
L'article 103 du projet de loi dit en
toutes lettres. L'article 103 : Avant de communiquer, vous devez faire une
évaluation des facteurs relatifs. Les entrepreneurs sont venus nous dire :
J'espère que la super-Commission d'accès à l'information — puis on
reviendra là-dessus — qui aura d'énormes pouvoirs, va nous aider à savoir
c'est quoi, cette évaluation-là, et quand je pourrai me déclarer satisfait,
parce que, là, j'ai des amendes astronomiques. Dans ma relation... Certains
sont venus nous dire : J'ai déjà des relations, moi, avec des fournisseurs
américains. Est-ce que vous pouvez nous permettre juridiquement de mettre ça
dans un cadre contractuel, puis allez-vous vous déclarez satisfaits?
L'article 103 n'en parle pas.
Le Barreau, qui fait affaire avec des
avocates et des avocats en droit commercial et corporatif aurait pu et pourrait
venir nous en parler. Et, au niveau de la Commission des droits de la personne
et des droits de la jeunesse, on pourrait faire écho, M. le Président, à ce
qu'est venu nous dire — son mémoire est daté du
28 septembre 2020 — Mme Céline Castets-Renard, elle
est spécialisée du droit du numérique, droit des données personnelles et vie
privée, droit de l'intelligence artificielle, dans une perspective comparative
de droit européen, américain et canadien. Son témoignage était réellement
remarquable et intéressant, vous vous en rappellerez, M. le Président.
J'aimerais tester ce qu'elle avance avec
le Barreau du Québec puis la commission des droits. Elle...
M. Tanguay
: ...du droit
du numérique, droit des données personnelles et vie privée, droit de l'intelligence
artificielle, dans une perspective comparative de droit européen, américain et
canadien.» Son témoignage était réellement remarquable et intéressant, vous
vous en rappellerez, M. le Président.
J'aimerais tester ce qu'elle avance avec
le Barreau du Québec puis la commission des droits. Elle faisait écho, notamment,
à l'article 9 du règlement européen... pardon, l'article 22 du règlement
européen, qui consacre le droit de ne pas faire l'objet d'une décision fondée
exclusivement sur un traitement automatisé. Un traitement automatisé fait en
sorte qu'on va contracter ou pas avec vous. Elle, elle dit : Bien, on
pourrait importer ça, l'article 22 de la convention... du règlement européen
dans le droit québécois. Moi, j'aimerais tester ça, parce qu'on se dit :
On va se rapprocher le plus possible du règlement européen, on va tester ça
avec le Barreau puis la Commission des droits de la personne et des droits de
la jeunesse, Bref, beaucoup, beaucoup d'enjeux.
• (11 h 10) •
Je l'ai déjà vu, avec le ministre de la Justice,
dans le contexte du projet de loi n° 70, où j'ai
déposé une motion préliminaire, puis c'était une première, M. le Président,
vous étiez là, vous présidiez nos débats, puis le ministre a dit oui, parfait,
on va entendre Juripop puis on va entendre les trois autres organismes. Je
pense que le ministre pourrait nous permettre, honnêtement, puis je suis
certain qu'il veut l'éclairage de la Commission des droits de la personne et
des droits de la jeunesse et du Barreau du Québec pour nous permettre de faire
un meilleur travail. Puis, honnêtement, M. le Président, c'est une première
motion, j'en aurai une deuxième. J'espère qu'on pourrait se donner ce mandat-là
pour pouvoir les questionner puis avoir le meilleur projet de loi à la fin de
la journée. Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, M. le député. Intervention?
M. le ministre, s'il vous plaît.
M.
Caire
: Oui, M.
le Président. Écoutez, je vais essayer d'être un petit peu plus bref que mon
collègue, à savoir que... J'entends ce que le député de LaFontaine dit. Ceci
étant, les organismes en question ont eu le loisir de déposer des mémoires,
probablement peut-être un peu plus étoffés que ce qu'ils auraient déposé s'ils
étaient venus en commission parlementaire. Je le rassure sur le fait que nous
aurons des amendements à proposer qui tiennent compte et qui reflètent les
préoccupations qui auront été exprimées par les organisations qu'il... dont il
fait mention dans sa motion.
J'ai écouté attentivement ce que le député
de LaFontaine disait et je dirais que plusieurs de ces questions sont
extrêmement pertinentes. Il me tarde justement d'en débattre dans l'étude des
articles qui le concernent. Pour la plupart... en fait, pas pour la plupart,
pour la totalité, nous aurons des solutions à proposer, parce que nous avons
entendu les gens qui ont exprimé ces préoccupations-là, donc elles vont se
refléter dans les amendements que la partie ministérielle va déposer. Dans ce
sens-là, je pense que de poursuivre les consultations particulières n'amènerait
pas un éclairage supplémentaire. Je pense que nous avons été suffisamment
éclairés par l'ensemble des acteurs qui sont venus nous parler soit par
mémoire, soit en commission parlementaire, soit par les deux.
Et, M. le Président, j'entends assez
clairement qu'obligation d'intention de mon collègue. Je pense qu'il ajouter à
ça une obligation de résultat, et, dans ce sens-là, l'idée n'est pas d'aller
trop vite, mais l'idée est quand même de se mettre...
M.
Caire
:
...acteurs qui sont venus nous parler soit par mémoire, soit en commission
parlementaire, soit par les deux. Et, M. le Président, j'entends assez
clairement l'obligation d'intention de mon collègue. Je pense qu'il faut
ajouter à ça une obligation de résultat, et, dans ce sens-là, l'idée n'est pas
d'aller trop vite, mais l'idée est quand même de se mettre la pression
d'obtenir des résultats et de... S'il y a une chose que les événements récents
nous ont apprise, c'est que... puis le collègue de La Pinière y a fait
référence, il y avait des lacunes au niveau technologique, mais il y a des
lacunes au niveau législatif. Ces lacunes-là, nous avons une obligation de les
corriger aussi rapidement que possible. Donc, dans ce sens-là, je ne pourrai
pas... la partie ministérielle ne pourra pas donner suite à la motion de mon collègue.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, M. le ministre.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur la motion du député de LaFontaine?
S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Mme
la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. Pour l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
: M. Caire
(La Peltrie)?
M.
Caire
:
Contre.
La Secrétaire
: Pour le
groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque (Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) :
Contre.
La Secrétaire
: M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, la motion est rejetée. M. le
député de LaFontaine, s'il vous plaît.
M. Tanguay
: Juste
question de directive, puis vous l'avez peut-être expliqué puis c'est moi qui
n'ai pas compris, comment fonctionne les votes? Est-ce que mon collègue de La
Pinière avait le droit de vote ou est-ce que... Comment ça fonctionne? Moi, en
votant, est-ce que je votais pour mon groupe? Comment ça fonctionne?
Le Président (M.
Bachand) : Pour le groupe.
M. Tanguay
: Pour le
groupe, O.K. Pour le groupe. Parce qu'avant, on votait et avant, autrement dit,
je votais, le collègue de La Pinière votait puis on revenait pour un autre collègue
par procuration. Là, c'est le porte-parole qui vote pour tout son groupe.
Autrement dit, ça a changé par rapport à ce qu'on faisait?
Le Président (M.
Bachand) : Si je comprends bien, effectivement, ça l'a changé
parce qu'avant, tout le monde votait individuellement, après ça on revenait au
représentant du parti...
M. Tanguay
:
...procuration.
Le Président (M.
Bachand) : ...en procuration. Là, ce qui semble, c'est qu'il
n'y a pas obligation, mais, si le député veut voter contre, à ce moment-là, si
le député de La Pinière aurait voulu voter contre votre motion, contre votre
position...
M. Tanguay
: ...il peut
se sortir.
Le Président (M.
Bachand) : ...là, il aurait pu voter, oui.
M. Tanguay
: O.K. Ce
qui n'est pas exclu. Ce qui n'est pas exclu.
Le Président (M.
Bachand) : C'est n'est pas exclu, mais ce n'est pas inclus.
Vous aviez une deuxième...
Une voix
: ...
Le Président (M.
Bachand) : Donc, M. le député de LaFontaine, vous aviez une
deuxième motion, je crois.
M. Tanguay
: Oui. J'ai
une deuxième et dernière motion, deuxième et dernière tentative. Motion qui se
lit comme suit :
«Conformément à l'article 244 du Règlement
de l'Assemblée nationale, je fais motion afin que la Commission des
institutions tienne, avant d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi n° 64,
Loi modernisant des dispositions législatives en matière de
protection des renseignements personnels, des consultations
particulières, et qu'à cette fin, elle entende, dès que possible, les groupes
suivants : l'Institut généalogique Drouin, l' Association canadienne des
compagnies d'assurances de personnes, l'Association pour la santé publique du
Québec, le Consortium pour l'accès aux données en santé du Québec, le
Commissaire à la santé et au bien-être, l'Association canadienne du marketing,
le Conseil canadien du commerce de détail.»
Voilà, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup.
Nous allons suspendre les travaux quelques
instants. Merci.
(Suspension de la séance à 11 h 15)
M. Tanguay
: ...l'Association
canadienne du marketing, le Conseil canadien du commerce de détail. Voilà, M.
le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup.
Nous allons suspendre les travaux quelques
instants. Merci.
(Suspension de la séance à 11 h 15)
(Reprise à 11 h 21)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La commission
reprend ses travaux. M. le député de LaFontaine, s'il vous plaît, vous avez la
parole.
M. Tanguay
: Oui. Merci
beaucoup, M. le Président. Alors, la motion... puis on prend acte du fait,
donc, que le gouvernement a voté contre la motion précédente qui visait à
entendre le Barreau du Québec et la Commission des droits de la personne et des
droits de la jeunesse. Le commentaire que je veux faire là s'applique également
au commentaire que..
Le Président (M.
Bachand) : ...s'il vous plaît, vous avez la parole.
M. Tanguay
: Oui. Merci
beaucoup, M. le Président. Alors, la motion... Puis on prend acte du fait,
donc, que le gouvernement a voté contre la motion précédente, qui visait à
entendre le Barreau du Québec et la Commission des droits de la personne et des
droits de la jeunesse.
Le commentaire que je vais faire là
s'applique également au commentaire qui est l'objet du débat actuellement de la
seconde motion. De recevoir, après les auditions, un mémoire, aussi complet
soit-il, n'est pas comparable à recevoir un mémoire, aussi complet soit-il, et
discuter, questionner, tourner les pierres, proposer des solutions d'amendement,
se faire dire : Non, ce n'est pas ça qu'on voulait dire, c'est ça, vous
devriez plutôt faire ça, puis faites attention, ça va avoir un impact sur tel
autre article. La discussion, ce n'est pas la même chose, M. le Président,
que... C'est-à-dire, ne pas avoir de discussion est moins bon que de juste lire
le mémoire. Ça, c'est clair comme de l'eau de roche.
Puis souvent combien de fois, là, puis presque
à toutes auditions, on se dit : Ah bien! Ça, je ne l'avais pas vu. Dit de
même, de ne l'avais pas vu dans son mémoire. Je ne l'avais pas compris comme
ça. Puis ça... Là, j'ai compris son point, puis ça m'a ouvert un échange
qu'eux-mêmes, sous tel autre aspect, tel autre... ils ne l'avaient pas
considéré. Puis on dit : Ah! bien oui! Bien, dans ce cas-là, si vous
faites ça, n'oubliez pas de faire ça. Ah! Alors, c'est en jasant qu'on se
comprend, autrement dit. Puis, comme législateurs, il faut se comprendre avant
de jaser parce que, nous, quand on jase, on écrit la loi. Puis, une fois qu'on
a fini de jaser, la loi est applicable à tous puis elle est sanctionnable.
Puis je reviens à mon article. Puis je
suis certain que le collègue de La Pinière, il n'a pas vu ça souvent, des
articles, 151, où on va vous dire : Bien, écoutez, une infraction en vertu
de la loi, vous avez détenu, recueilli ou communiqué à un tiers des
renseignements personnels, pour les personnes morales autres que personnes
physiques, une amende pouvant aller... une amende, là, d'une loi provinciale, à
25 millions ou 4 % du chiffre d'affaires mondial. Pas du chiffre
d'affaires local, du chiffre d'affaires mondial. Ça, il y a des semaines où on
ne voit pas ça dans des projets de loi. Et, en ce sens-là, il ne faut pas
manquer notre coup parce que, quand on écrit la loi, c'est la loi.
Et puis j'ai hâte d'avoir... Moi aussi,
j'ai hâte qu'on fasse l'article par article, M. le Président, mais j'aurais
autant hâte puis je serais autant rassuré de dire : Bien, cette... J'ai
hâte de commencer l'article par article. Puis là, si le ministre, M. le Président,
il vote contre ma deuxième motion, bien, c'est clair qu'on va commencer, mais
je suis certain que le ministre, lui, je suis certain, il n'aime pas ça botcher
puis qu'il ne veut pas botcher. Puis je ne suis pas en train de dire que lui,
c'est ce qu'il nous impose.
Mais moi, M. le Président, comme
législateur, ma petite part autour de la table que je peux apporter, j'aurais
eu des questions après la lecture du mémoire du Barreau puis j'aurais eu des
questions à poser à la Commission des droits de la personne et des droits de la
jeunesse, tout comme on aurait des questions sur ces groupes, M. le Président,
il y en a, là... il y en a sept, groupes qui sont mentionnés, sept groupes qui,
demain matin ou le lendemain de l'adoption du projet de loi n° 64... Puis
on est partis, M. le Président... On ne va pas se le cacher, il y a un contexte
fédéral de gouvernement minoritaire...
M. Tanguay
: ...de la
jeunesse. Tout comme on aurait des questions sur ces groupes, M. le Président.
Il y en a, là, il y a sept, groupes, qui sont mentionnés. Sept groupes qui,
demain matin ou le lendemain de l'adoption du projet de loi n° 64...
Puis on est partis, M. le Président, on ne va pas se le cacher, M. le Président,
il y a un contexte fédéral de gouvernement minoritaire, ils ont déposé... on va
se dire les vraies affaires, ils ont déposé le projet de loi le 17 novembre,
C-11, il va-tu être adopté avant l'élection? Vous ne le savez pas, je ne le
sais pas, eux autres mêmes, ils ne le savent même pas. Alors, les chances qu'on
procède, nous, parce que s'il y a une élection fédérale... Puis même s'il n'y a
pas d'élection fédérale, puis je ne suis pas en train de me prononcer, ils
feront ce qu'ils voudront, puis le peuple décidera s'il y a des élections
fédérales, on n'est même pas sûrs que le projet de loi C-11 puisse cheminer
avant. Si le ministre dit : Non, on n'entend pas le Barreau puis la commission
des droits puis on n'entend pas... si d'aventure il dit non sur ma deuxième
motion, bien là, on va commencer l'article 1 aujourd'hui, M. le Président, on
va le faire, le débat, mais on n'aura pas eu le bénéfice d'avoir entendu ces
groupes. On n'aura pas eu aussi le bénéfice de voir quoi c'est qui se passe au
fédéral. Puis ça, c'est important, je vous l'ai lu, l'article 5, au fédéral,
puis j'invite le ministre... je suis certain qu'il a sa copie devant lui du projet
de loi C-11, c'est en plein ce qui nous touche. Et quand on parle d'une loi québécoise,
bien, ça a des impacts «coast to coast», si vous me permettez l'expression.
Conseil canadien du commerce de détail,
là, ils sont excessivement préoccupés. Ils ont levé la main, ils ont dit :
On peut-u, de grâce, être entendus? Ils ont levé la main début septembre. On a
fait des auditions sur quatre jours, fin septembre. Après... pas un mot. Il y a
eu d'abord la ministre de la Justice, qui a déposé le projet de loi, après ça, il
y a eu son successeur ministre de la Justice qui a repris le projet de loi,
puis là on est rendu, à matin, avec le troisième ministre, qui est en poste
depuis, je pense, deux semaines, puis ministre qui est actuellement responsable
du projet de loi. Je ne doute pas de ses capacités, mais ça va vite. Je ne
voudrais pas, honnêtement, être dans ses souliers parce qu'il aura eu beaucoup
de lecture dans les deux dernières semaines. Moi, je me serais donné, ce qui
n'est pas un luxe, l'obligation, le passage obligé d'entendre ces groupes-là.
Ceux-là, ils ont levé la main.
Le Conseil canadien du commerce de détail,
eux, représentent des entrepreneurs, ils ne sont pas là, M. le Président, pour
faire de la politique, ils ne sont pas là pour faire de la partisanerie puis
ils ne sont pas là pour nous empêcher de danser en rond, mais ils sont venus
nous dire : On peut-u venir vous parler de la réalité de nos entreprises, commerce
de détail? On pourrait rajouter le contexte... commerce de détail, le contexte
de la pandémie, actuellement, qui va allumer des feux, qui a déjà allumé des
feux, il y a déjà des feux qui sont toujours en train de brûler, dans le
contexte de la pandémie, mais eux ont dit : Écoutez, si en plus le Québec
fait cavalier seul... faire cavalier seul, oubliez ça, là, pour bien des cas,
vous allez nous rachever, là, M. le Président.
Eux autres, on leur parle, mais on ne leur
a pas parlé autour de la table ici, M. le Président, ils ont levé la main. Depuis
septembre, ils ont levé la main. Il y a eu des auditions fin septembre, ils ont
levé la main. Durant les quatre jours d'auditions, il y a trois opportunités où
il y a eu des désistements, il y a trois fenêtres qui se sont ouvertes. On ne
les a pas comblées avec de tels groupes. Puis ça, M. le Président, en tout
respect pour le collègue ministre...
M. Tanguay
: ...depuis
septembre, ils ont levé la main. Il y a eu des auditions fin septembre, ils ont
levé la main. Durant les quatre jours d'auditions, il y a trois opportunités où
il y a eu des désistements, il y a trois fenêtres qui se sont ouvertes. On ne
les a pas comblées avec de tels groupes. Puis ça, M. le Président, en tout
respect pour le collègue ministre, en tout respect, les mots peuvent se dire,
les mots ont un sens, puis c'est dit respectueusement, ça, je le déplore, je le
dénonce, on ne fait pas notre travail, à mon sens, de législateur rigoureux,
qui veut s'assurer de faire les bonnes choses.
Contexte canadien... Conseil canadien du
commerce de détail. L'Association canadienne du marketing, même chose.
Consortium pour l'accès aux données santé du Québec, comme la Commissaire à la
santé et au bien-être, l'Association pour la santé publique du Québec seront également
des... auront été également trois organismes en matière de santé qui auraient
pu, qui auraient voulu, qui devraient et qui pourraient apporter leur éclairage
si le ministre dit tout simplement «pour» lorsque vous lui poserez la question.
Mais, quand le ministre, si d'aventure il dit «pour» à cette motion-là, on
pourra entendre ces sept groupes là, on pourra...
Oui, certains pourraient dire : Oui,
mais ça, ça va retarder l'article par article. M. le Président, tant qu'à
partir, là, on peut se donner une semaine, deux semaines de plus pour les
entendre, leur parler, faire bien les choses, permettre au ministre, qui est en
poste depuis tout récemment, deux semaines à peu près, puis il me corrigera,
là, c'est à peu près ça, deux semaines, trois semaines, en poste, bien, de lui
permettre d'avoir leur son de cloche et de parfaire ses lectures.
Je ne le sais pas, M. le Président, si le ministre,
depuis qu'il a été nommé, si, chez lui, avec ou sans haut d'habit, il s'est
assis devant son ordinateur, puis qu'il a écouté les 19 groupes qui sont venus
en commission parlementaire, je ne le sais pas. Moi, je me dis que, s'il l'a
fait, M. le Président, je serais agréablement surpris, puis il pourra me le dire,
puis j'aimerais ça lui donner l'occasion de me dire : Je confirme au député
que j'ai écouté les 19 auditions. Puis, s'il ne me répond pas, j'aurai eu ma
réponse. Puis, s'il me le dit, je vais le croire. A-t-il lu également tous les
mémoires ou s'est-il fait faire des résumés lors des auditions? Ça, c'est un
autre élément.
• (11 h 30) •
Une fois que vous êtes fort, comme nouveau
ministre, M. le Président, d'avoir écouté les 19 auditions sur quatre jours,
d'avoir lu tous les mémoires... Puis là, M. le Président, le savez-vous par
coeur, combien de mémoires ont été déposés à la commission? Là, je sais que je
n'ai pas à vous interpeller, mais je pense qu'il y en a au-dessus d'une
cinquantaine, là. Parce que je me rappelle d'un certain mardi, probablement le
mardi 23 septembre, où notre secrétaire nous a dit... puis elle me
corrigera si j'ai tort, là, elle dit : Écoutez, dans les 24 dernières
heures, on a eu quelque chose comme 16 ou 17 mémoires. Moi, ça m'avait frappé,
puis là j'ai dit : Tabarnouche! Honnêtement, des commissions
parlementaires, là, je pense que c'est ma deuxième que je fais, là, je n'ai
jamais entendu des mémoires rentrer à vitesse grand V. M. le Président, on aime
ça, les barbecues l'été, mais on ne fait pas des saucisses, hein? La van...
11 h 30 (version non révisée)
M. Tanguay
: …là, je me
dis : Tabarnouche! Honnêtement, des commissions parlementaires, là, je
pense, c'est ma deuxième que je fais, là, je n'ai jamais entendu des mémoires
rentrer à vitesse grand V. M. le Président, on aime ça, les barbecues l'été,
mais on ne fait pas des saucisses, hein? La van, on n'est pas obligé de la
remplir aujourd'hui, parce que, demain matin, il va avoir une van vide, puis
demain soir, il va falloir qu'elle soit remplie, puis il faut livrer, là.
Honnêtement, il y a beaucoup de données à
analyser, il y a beaucoup de groupes qui sont préoccupés, puis on veut faire
avancer le Québec, mais on veut le faire de façon ordonnée, puis on ne veut pas
manquer notre coup. Parce qu'encore une fois, que ce soit pour les partis
politiques, les organismes privés dont on parle ou les organismes publics, il
va falloir que tout ce qui est marqué dans la loi… Je vous ai parlé de
l'article 27, je vous ai parlé des articles en matière d'organismes publics et
en matière d'organismes privés, devront avoir les systèmes informatiques.
Certains sont venus nous dire : Il y aura un débat aussi quand on sera
rendu à la fin de l'entrée en vigueur de la présente loi. Certains sont venus
nous dire : Bien, pas avant un an certain, pas avant deux ans. D'autres
sont venus nous dire : Pas avant trois ans, le temps de se revirer de
bord.
Mais savez-vous, M. le Président, que si
les objectifs, les responsabilités de tout un chacun en vertu de la loi sont
bien définies, parce qu'on a bien travaillé puis qu'on a tenu compte de ce
qu'ils sont venus nous dire, peut-être que la mise en application pourrait ne
pas souffrir un délai de trois ans? Parce que c'est clair, on sait ce qu'il y a
à faire, il faut investir tant, puis il faut faire ci, puis il faut faire ça,
puis c'est clair, puis on sait où on s'en va, tout a été dit, à cette heure,
faite-le. On a fait notre travail, vous allez faire le vôtre. Ça ne sera pas
trois ans, ça ne sera pas deux ans, ça va être un an. Je donne un exemple comme
ça. Il faut faire ces vérifications-là.
Même l'Institut généalogique Drouin a — puis
ça, c'est un aspect tout particulier, on parle des droits et liberté de la
charte québécoise, charte canadienne également — est venu nous dire,
ou aurait aimé venir nous dire, dans le contexte du nouveau projet de loi
protection des renseignements personnels, comment eux vont se gouverner, quelle
est leur réalité? Eux, on ne les aura pas entendus du tout, M. le Président.
Puis l'Institut généalogique Drouin, ça aurait été bon de les entendre, parce
que le son de cloche, M. le Président, là, qu'ils auraient pu donner, ce n'est
pas le son de cloche que le Conseil canadien du commerce de détail viendrait
nous dire, puis ce n'est pas le son de cloche que le commissaire à la santé, au
bien-être viendrait nous donner, c'est l'Institut généalogique Drouin. Ça,
c'est un aspect important.
Autre groupe qui fait partie de la liste,
c'est le dernier que j'aurais à nommer : L'Association
canadienne des compagnies d'assurances de personnes. L'Association
canadienne des compagnies d'assurances de personnes fait déjà affaire,
évidemment, avec des clients et des clientes partout au Canada, auront des
obligations en vertu de la loi québécoise et qui, visiblement, ne seront pas
les mêmes obligations pour toutes les autres provinces. Les autres provinces,
M. le Président, là, puis encore une fois on me détrompera si j'ai tort, mais
ils n'ont pas de projet de loi n° 64, là, à ce niveau-là, dans les législatures
provinciales. Alors, on va faire cavalier seul, et eux auront des obligations
en vertu de cette loi-là, et c'est important de les entendre. Encore une fois,
M. le Président, ces sept groupes-là, comme les deux autres, le Barreau puis la
commission des droits, bien, le Barreau puis la commission des droits…
M. Tanguay
: ...
les législatures provinciales. Alors, on va faire cavalier seul. Et eux auront
des obligations en vertu de cette loi-là, et c'est important de les entendre.
Encore une fois, M. le Président, ces sept
groupes là, comme les deux autres, le Barreau puis la commission des droits,
bien, le Barreau puis la commission des droits, excusez-moi, ils ont dit :
Ça va trop vite, on ne peut pas venir vous voir fin septembre.
Là, on est début février. Ils seraient
prêts, M. le Président, à venir nous entendre. Le ministre a dit non, c'est
correct. La motion-là, des gens, depuis septembre, ils ont levé la main. Lors
des auditions, quatre jours, il y a eu trois heures qui étaient disponibles par
désistement. On ne les a pas appelés. On aurait pu les appeler, puis ils
seraient venus avec grand plaisir. On les aurait entendus.
Là, octobre est passé, novembre est passé,
décembre est passé, janvier est passé, puis on a su vendredi... Aïe! Puis j'ai
parlé à du monde, M. le Président, là, qui sont tombés à la renverse. Moi le
premier, je pensais qu'on allait y aller sur le 84. Je vais être très franc
avec vous. On a fait les auditions, je pensais qu'on allait sur le 84. Pouf!
Aïe! Vendredi, tabarnouche! Nouveau ministre. On apprend que mardi on commence l'article
par article. Wo, wo, wo! là, M. le Président. C'est trop important.
Puis je le sais que le ministre
n'insultera pas mon intelligence ou ma raisonnabilité en disant : Bien,
coudon, le député de LaFontaine, il ne veut pas faire avancer le Québec, lui,
ce n'est pas important? Oui, c'est important, la protection des renseignements personnels.
Puis c'est tellement important, M. le Président, que, depuis juin 2019, Desjardins,
on se bat comme des diables dans l'eau bénite pour entendre du monde, pour
faire des auditions puis qu'on dépose des projets de loi.
Puis je me rappelle, M. le Président...
puis ça, j'avais des échanges avec la prédécesseure aux dossiers du ministre,
l'actuelle présidente du Conseil du trésor, qui disait : Écoutez, on est
en train de plancher pour faire avancer le Québec. Protection des
renseignements personnels, public, privé, partis politiques. On est en train de
plancher sur un ou des projets de loi. Moi, je lui disais, puis... l'occasion
de poser des questions en Chambre : Ça va-tu être un ou des projets de loi?
Parce que je ne pouvais pas concevoir que l'on fasse un projet de loi qui règle
le cas des trois entités. Je ne pouvais pas concevoir ça. C'est des projets de
loi. Parce que les partis politiques, c'est la réforme des institutions démocratiques,
c'est le Directeur général des élections, c'est un écosystème. Les organismes
publics, c'est en soi l'Éducation, la Santé, tous les ministères, organismes
publics et parapublics, avec des impératifs qui ne sont pas mercantiles, mais
qui sont l'intérêt commun, l'intérêt public. Dans une sphère aussi où on aurait
pu y greffer l'enseignement supérieur, oui, la recherche, oui, santé,
pharmacies, tout ça, puis faire en sorte que ce soit «winner», mais dans le bon
sens du terme, pour l'intérêt collectif. Ça, c'est un projet de loi... ça,
c'est un univers en soi.
Et le deuxième univers, le troisième
univers, c'est les entreprises privées, M. le Président. Si bien que l'on vient
même modifier des régimes distincts. C'est des lois distinctes qui déjà
régissent cela. Et l'univers des entreprises, dans un contexte où des
informations, ils vont en colliger plus qu'hier, moins de demain, dans un but
commercial, dans un but aussi extraterritorial...
M. Tanguay
: ...si bien
que l'on vient même modifier des régimes distincts. C'est des lois distinctes
qui, déjà, régissent cela et l'univers des entreprises, dans un contexte où des
informations, ils vont en colliger plus qu'hier, moins que demain, dans un but
commercial, dans un but aussi extraterritorial. L'extraterritorialité, quand on
fait copier-coller du public au privé, n'a pas la même résonnance au privé. Le
Conseil canadien du commerce de détail nous l'aurait dit puis l'Association
canadienne des compagnies d'assurances de personnes, entre autres, nous
l'aurait dit. Quatre mois ont passé, on ne les a pas entendus.
Moi, honnêtement... puis ce n'est pas
déraisonnable, ce que je demande là, M. le Président, là, ce qu'on demande, ce
serait de pouvoir entendre ces personnes-là, de se donner le temps de les
entendre. Ce ne serait même pas parfait, à la fin de la journée, on ne pourrait
pas dire : Écoutez, on a entendu tout le monde qu'on a entendu, mais, au
moins, on aurait donné suite à ces sept groupes qui ont levé la main puis qui
ont dit : On voudrait être entendus parce qu'on a des choses à dire.
Je reviens là-dessus. Depuis vendredi,
j'ai eu des appels, puis je certain qu'un cabinet du ministre le téléphone a
sonné. Tabarnouche! Il appelle mardi, l'article par article du 64. On est toujours
prêts, M. le Président, toujours, comme des scouts et guides, on est prêts,
mais qu'est-ce que ça va donner? Si vous me permettez l'expression... il y a
une expression, en anglais, qui dit «a shot in the dark». Ça va être quoi? Est-ce
qu'on va atteindre la cible? Il y a des éclairages, pour continuer l'analogie,
qui nous auraient permis, sous leurs éclairages, d'atteindre la cible.
On me dit que 64 mémoires ont été déposés,
plus d'une dizaine de correspondances, sans compter celles reçues directement,
comme députés. J'ai vu passer, puis honnêtement je m'en veux, parce que — je
vais prendre le temps de le relire ce midi — j'ai vu passer une
correspondance d'un avocat qui est venu nous parler, Me Karl Delwaide. Il nous a envoyé une correspondance,
récemment, qui participe de ça, les correspondances qu'on a reçues, et qui
vient parfaire ce qu'il y avait à dire par rapport au projet de loi. Alors,
honnêtement, M. le Président, hâtons-nous lentement. On est pour le principe,
oui, il faut resserrer, on l'a demandé, puis le ministre a été témoin puis a
participé aux échanges lors des périodes de questions. Puis on disait : Il
faut légiférer, il faut encadrer, il faut faire ci, il faut faire ça.
Ma prédécesseure de Notre-Dame-de-Grâce,
alors qu'elle était responsable des Institutions démocratiques, avait, dans la
dernière année du mandat, déposé un projet de loi pour encadrer les partis
politiques. En soi... Et ça faisait suite à ce que le DGEQ nous avait demandé,
d'avoir des obligations spécifiques pour permettre au DGEQ d'aller vérifier au
sein des partis politiques quel type d'information, quel type d'entreposage,
d'utilisation, et quelle est la durée de vie des informations au sein des
partis politiques, de faire un rapport. C'est une sphère en soi. Puis là le
ministre pourrait bien dire : Ah! bien, ça peut bien revenir au mandat
précédent. Oui, bien, c'est assez bouleversant de voir qu'eux autres, ils n'ont
pas... M. le Président, on est rendu là aujourd'hui. S'il veut aller là-dessus,
qu'il y aille, là-dessus, mais force est de constater que l'objectif de
resserrer les renseignements personnels... On a eu 2019, on a eu 2020 depuis...
M. Tanguay
: ...revenir
au mandat précédent. Oui, bien, c'est assez bouleversant de voir qu'eux autres,
ils n'ont pas... M. le Président, on est rendus là aujourd'hui. S'il veut aller
là-dessus, qu'il y aille, là-dessus, mais force est de constater que l'objectif
de resserrer les renseignements personnels, on a eu 2019, on a eu 2020 depuis
l'élection du gouvernement, puis là on arrive avec le projet de loi déposé en
début de session 2020, le projet de loi n° 64, je pense, pardon, qui a été
déposé un peu avant, mais le projet de loi mérite que l'on puisse prendre le
temps d'analyser chacun des concepts.
• (11 h 40) •
Puis, encore une fois, j'ai l'impression qu'on
a une partie des solutions. Ce qu'est venu nous dire la Pre Castets-Renard,
elle nous a parlé, M. le Président, puis on a des... on a Sophie Chateauvert,
recherchiste avec nous, là, dans l'opposition officielle, aile parlementaire
libérale…
Mais, je veux dire, on n'a pas d'analyse
excessivement étoffée sur la loi de Californie, qui est davantage d'une
législation qui est l'angle droit du consommateur. La professeure est venue
nous le dire, et elle est venue faire un parallèle avec la sensibilité de certains
renseignements auxquels l'article 9 du règlement européen fait référence.
Il y a des couplages à faire, puis quand on dit : Bien, on va s'approcher
du règlement européen, bien, c'est important de bien le faire. C'est important
de tester ce qu'est venue dire la Pre Castets-Renard, puis en quoi, nous, au
Québec, on serait, aujourd'hui, M. le Président… Le seul comparable, ce serait
la loi californienne, qui n'est pas une loi aussi englobante que le projet de
loi n° 64, qui est davantage de droit de protection du consommateur.
Quand on se compare au contexte européen,
je ne reviendrai pas là-dessus, contexte européen, c'est tout le marché
européen qui a fait le pas en même temps. Là, on est dans un marché, plus qu'un
marché, on est dans le pays qui s'appelle le Canada, et il y a des provinces.
On doit faire tous le même pas en même temps et, en ce sens-là, on doit
travailler main dans la main avec le législateur fédéral C-11.
Alors, c'est pour ça, M. le Président,
honnêtement, les groupes, puis même les groupes, M. le Président, qui veulent
que l'on protège, là, je ne parle pas juste, là, des intérêts privés, je ne
parle pas juste des intérêts des organismes publics. Parce qu'on a entendu la
RAMQ qui est venue nous voir, la Régie de l'assurance maladie du Québec, qui
avait des préoccupations très tangibles. Puis on ne parle pas juste de partis
politiques. On parle au premier titre des consommateurs, et des citoyens, et
des citoyennes, toutes celles et ceux qui doivent avoir une meilleure protection,
M. le Président.
Puis la meilleure protection, elle doit
être la bonne. Parce que quand on dit dans le projet de loi, je vous donne cet
autre exemple là, «le consentement doit être spécifique», il y a deux univers
qui doivent coexister. L'entreprise privée ou l'organisme public a-t-il posé la
bonne question pour s'assurer que le citoyen ou le consommateur a bien répondu
à la question qui lui était posée et a consenti de façon très précise à
l'utilisation que je vais faire? Cet arrimage-là entre quelle est la conception
et quel est le traitement physique, numérique de l'organisme public ou privé,
comment peut-il s'assurer de rencontrer ses...
M. Tanguay
: ...a bien
répondu à la question qui lui était posée et a consenti de façon très précise à
l'utilisation que je vais faire. Cet arrimage-là entre quelle est considérée la
conception et quel est le traitement physique, numérique de l'organisme public
ou privé, comment peut-il s'assurer de rencontrer ses obligations quant au consentement
ou au non-consentement du citoyen ou du consommateur? Le citoyen, le consommateur
qui dit : Ah! j'ai consenti de façon spécifique. Il va juste utiliser ça,
l'organisme public ou l'organisme privé. Bien, moi, est-ce que je suis
uniquement rassuré en superficie ou ça sera réellement le cas? Je m'attends à
quoi?
Également, il y a une autre préoccupation
qui nous a été réitérée dans les dernières heures, M. le Président, on
discutait avec des groupes hier, qui nous ont dit : Les consentements à
répétition. À un moment donné, vous consentez, vous consentez, vous consentez à
quoi? Et lorsque vous cessez le consentement, quel est, moi, comme citoyen ou
comme consommateur, mon degré d'assurance que j'ai dit : Je cesse mon consentement,
veuillez disposer des données et ne plus les utiliser. Si c'est uniquement
théorique, M. le Président, je ne serai pas plus protégé, mais, en surface,
j'aurai bonne conscience de dire : Bon, on a fait quelque chose.
Je reviens à la Loi sur les technologies,
qui n'était que théorique, on aura l'occasion d'en reparler puis de voir
jusqu'à quel point ce n'est pas une loi qui a une vie dans la vie de tous les
jours.
Alors, M. le Président, je conclus là-dessus.
On a devant nous des groupes qui ont levé la main, qu'on aurait pu entendre en
septembre, qu'on aurait pu entendre dans les quatre derniers mois après un
nouveau ministre dans les derniers jours, dernières semaines a été appelé en l'étude
article par article vendredi pour mardi. On va le faire, notre travail. On va
avoir beaucoup de questions, mais je pense que le ministre, honnêtement, là,
pourrait faire suite à cela qu'il pourrait même faire suite au vote précédent
pour le Barreau, puis la commission des droits puis du Barrreau, puis
dire : Oui, on va les entendre puis on va être capables d'avoir cet
éclairage-là qui est nécessaire. Parce que, honnêtement, M. le Président, ça,
c'est un fait de la vie puis je l'ai déjà annoncé au ministre, on va avoir
énormément de questions puis le ministre,je ne voudrais pas être dans ses
chaussures lorsqu'il devra répondre à nos questions spécifiques, s'il n'aura
pas eu le bénéfice de la réflexion, du dialogue, des échanges et des
suggestions de ces groupes. C'est central, c'est déterminant quant à la qualité
du travail qu'on va faire à titre de législateurs. Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup, M. le député. Intervention, M. le
ministre, s'il vous plaît.
485 485 M.Caire: Oui, brièvement, M. le Président. D'abord, je
veux rassurer le député de LaFontaine, j'ai la responsabilité de l'accès à
l'information et la protection des renseignements personnels depuis le 21
janvier, mais nous sommes impliqués, mon ministère et moi, avec le ministère de
la Justice et le Secrétariat d'accès à l'information depuis la genèse de ce
projet-là, au début de l'année 2019. Donc, je veux rassurer le député de LaFontaine
là-dessus.
Je n'arrive pas au pied levé dans un projet de loi
dont je n'entends rien parce que nous avons même, à certains égards, été des
locomotives avec les collègues pour faire avancer ce projet-là. Et nous avons
été directement impliqués, nous-mêmes, dans la rédaction de plusieurs articles
de ce projet de loi là. Ça…
M.
Caire
: …je
veux rassurer le député de LaFontaine là-dessus. Je n'arrive pas au pied levé
dans un projet de loi dont je n'entends rien parce que nous avons même, à
certains égards, été des locomotives avec les collègues pour faire avancer ce
projet-là. Et nous avons été directement impliqués, nous-mêmes, dans la rédaction
de plusieurs articles de ce projet de loi là. Puis, ça, c'est la première
chose.
La deuxième chose : Oui… Je n'ai pas
lu, non, tous les mémoires; oui, j'en ai lu quelques-uns et, oui, pour
quelques-uns, je me suis fait faire les résumés nécessaires. J'ai… Quand j'ai
pu, j'ai assisté aux consultations particulières, pour d'autres, j'ai réécouté
les consultations particulières, donc là-dessus, aussi, je veux rassurer le
collègue.
Ceci étant dit, je veux aussi rassurer le
collègue sur le fait qu'à travers les projets de loi n° 14
et n° 37, il y a plusieurs questions que lui adresse
aujourd'hui. Puis ces projets de loi là nous amènent où nous sommes
aujourd'hui, là. Il va trouver les racines de ce qu'on fait dans le 14 et
un peu, moins, mais un peu dans 37.
Donc, ces débats-là, ces arguments-là, ces
préoccupations-là, elles ne sont pas nouvelles. Je rassure le député de
LaFontaine, j'ai la plus grande estime pour son intelligence et je souhaite,
même, la mettre à contribution pour qu'ensemble on adopte le meilleur projet de
loi possible, qu'on dote le Québec d'une législation dont on sera tous fiers,
c'est ça l'intention. Puis je pense qu'on aurait intérêt, tous, justement, à
passer à l'étude article par article pour, non seulement, discuter de ces problèmes-là,
mais que je puisse et que nous puissions discuter des solutions. Donc,
malheureusement, je ne donnerai pas suite à la motion qui a été faite, M. le
Président.
Le Président (M.
Bachand) : Merci, M. le ministre. M. le député de La Pinière,
s'il vous plaît.
M. Barrette : Oui, merci, M.
le Président. Je vais, quand même, faire… je vais rassurer le ministre, M. le
Président, je ne veux pas prendre… Je vais, quand même, prendre quelques
minutes pour développer un argumentaire avec l'objectif avoué de générer une
occasion pour le ministre de changer d'avis tout simplement. Ce n'est pas parce
qu'il vient de dire qu'il ne donnera pas suite, peut-être qu'il va changer
d'idée puis il va me donner suite, mais je vais aller dans le même sens que mon
collègue. Qui sait? Il faut, quand même, faire l'effort de.
M. le Président, je vais reprendre les
propos de mon collègue de LaFontaine, mais dans une présentation un petit peu
différente. Le ministre qui arrive, puis je comprends qu'il nous dise qu'il a
été impliqué dans la rédaction du projet de loi par le biais de ses fonctions
précédentes qu'il garde encore, ceci dit, pour ceux qui nous écoutent, il a des
fonctions, aujourd'hui, additionnelles, mais qui ne viennent pas resserrer les
précédentes, à moins que j'aie mal compris. Voilà.
Alors, mais j'allais dire la chose
suivante : Le ministre a déjà été dans l'opposition un certain temps, il
est maintenant au pouvoir. Et, ce faisant, il est bien au fait, il me semble,
de l'importance des consultations. Je dirais que le régime démocratique dans
lequel on vit, notre parlementarisme, sans consultations, il s'en serait très
affaibli. Et on… quand on…
M. Barrette : …consultation. Je
dirais que le régime démocratique dans lequel on vit, notre parlementarisme,
sans consultations, ils en seraient très affaiblis.
Et on… quand on… Et moi aussi, j'ai
l'expérience inverse, moi, j'ai l'expérience du ministre, mais inverse, j'ai
été ministre et je suis maintenant dans l'opposition. Et je peux dire, puis
j'ose espérer que le ministre dirait la même chose que moi : Les
consultations, ça sert à quelque chose, et comme l'a bien dit mon collègue de La
Pinière, ce n'est pas parce qu'un mémoire est écrit que la pensée est
totalement exprimée de la part de l'émetteur, du rédacteur du dit mémoire. Il y
a, dans ces conversations-là, toujours quelque chose d'additionnel, toujours,
toujours, toujours.
Et parfois, dans ces conversations-là,
lorsqu'on est aux consultations publiques, on peut aborder des sujets ou des
angles qui n'ont pas été abordés dans le mémoire. Et j'insiste là-dessus parce
que le premier réflexe du ministre, ou d'un ministre, et là je ne personnalise
pas le débat, là, d'aucune manière… bon, on regarde l'opposition qui veut
entendre du monde : Ah, ils veulent ralentir, ils veulent ralentir, ils
veulent ralentir. Non, certainement pas, dans ce cas-ci. Peut-être que d'autres
ont fait ça, dans le passé, là. Moi, je n'aurais jamais pensé faire une chose
comme ça, jamais. Mais une chose est certaine… Et vous non plus, M. le
ministre, jamais que ça ne vous serait passé par l'esprit. Mais il n'en reste
pas moins que les mémoires ne peuvent pas être, en soi, complets.
• (11 h 50) •
Et le contexte actuel est un contexte
extraordinairement particulier. Pourquoi? Parce que c'est un sujet, en soi,
complexe, qui n'est pas nouveau au sens de son principe, mais qui est nouveau
au sens de son application et au sens de l'importance que ça revêt dans la
société actuelle. Ça, je pense qu'on peut dire ça, puis là-dessus, on va être
d'accord.
Mais là où on va être encore plus
d'accord, parce que, ça, dans 14 et 37, on en a vraiment parlé.
Prenons la loi de l'accès à l'information, là, combien de fois ça a été changé,
ça, au fil du temps? Et combien de fois le désir de la changer a été exprimé?
Disons que, d'un côté, ce n'est pas loin de zéro, puis, de l'autre côté, ce
n'est pas loin de l'infini. Alors, il est là, le point, là. Je pense qu'ici, on
est en train de débattre d'un projet de… où on va commencer à débattre, à
l'article… à l'étude détaillée, d'un projet de loi qui va, probablement,
raisonnablement, de par sa nature, qui est similaire à ce qu'on a eu dans le
passé, être là pour un bon bout de temps puis pas trop changé. Ça risque d'être
ça. Disons que, là, là, je pense que je fais une prévision qui va se réaliser,
une prédiction, plutôt, qui va se réaliser. Malheureusement…
M. Barrette : …de par sa
nature qui est similaire à ce qu'on a eu dans le passé, être là pour un bon
bout de temps, puis ne pas trop changer. Ça risque d'être ça. Disons que là,
là, je pense que je fais une prévision qui va se réaliser… une prédiction
plutôt, qui va se réaliser. Malheureusement, alors, à cause de ça, il me semble
qu'on devrait, si le ministre ne veut pas entendre 10 groupes… il y a des
groupes minimalement, qui doivent être entendus. Bon, tantôt, on a voté contre
une motion d'entendre le Barreau. Comment se fait-il qu'on n'entend pas le
Barreau? On connaît la raison, là. Le Barreau, il nous l'a dit. Là, je vais
interpréter leurs mots : Vous nous piégez, vous nous demandez de venir
puis vous ne donnez pas de délai de réflexion. Là, j'interprète le commentaire
qu'ils ont fait lorsqu'ils ont dit le 16 septembre : Compte tenu des
délais, on ne pourra pas se présenter. Mais, moi, le Barreau, je le comprends
là. Ce sujet-là, là… bon, j'arrive dans ce sujet-là, je n'ai pas le bénéfice du
ministre qui devait y avoir travaillé par la bande précédemment. J'ai le
bénéfice de l'avoir expérimenté par contre par la bande, et directement dans le
passé.
Ce projet de loi là, là, exige, exige,
commande que les plus hautes autorités compétentes en matière de droit viennent
s'exprimer là-dessus. Je ne veux pas en faire un débat de droit, mais comme
c'est une loi qui va probablement vivre la même vie que tout ce qu'on a vécu
dans les autres lois de ce type-là, on va créer quelque chose qui va être très
difficile à bouger au fil du temps. Et, quand on regarde les autres pays, là,
qui sont allés dans cette direction-là, rien de ça ne s'est fait en claquant
des doigts et rien de ça ne s'est fait sans consultation exhaustive. Et là,
nous, là, pour des raisons que je soupçonne et que je ne commenterai pas, là,
ce n'est pas ça, là, là, j'en appelle à la raison, là. J'en appelle au gros bon
sens. L'idée n'est pas de faire venir tout un chacun qui lève la main,
quoiqu'il y aurait un intérêt à ce que tout le monde soit entendu, mais il y a
des organismes qui ne l'ont pas été, et il y en a, je dirais… et ce n'est pas
du tout, du tout, négativement que je dis ça, mais le Barreau n'est pas venu parce
qu'il n'avait pas eu le temps se préparer, là, il me semble que ça devrait être
le cas. Ça dépasse mon entendement, là. Bon, pour étayer, appuyer encore plus
fort mon argument, là, on a vécu dans les 12 derniers mois exactement la même
chose...
M. Barrette : …ça dépasse mon
entendement, là.
Bon, pour étayer, appuyer encore plus fort
mon argument, là… On a vécu, dans les 12 derniers mois, exactement la même
chose avec le projet de loi n° 61 et le projet de loi n° 66. Peu
importe, peu importe ce que le Barreau a écrit dans son mémoire, lorsqu'ils
sont venus pour le n° 61, l'impact a été dévastateur : suivi de la
Vérificatrice générale, suivi de, de, de et de. Je me souviens que, si ce n'est
pas le premier, c'est le deuxième, mais quand le Barreau est venu, là, ça a
résonné, là, comme le marteau du juge lorsqu'il fait bang! C'était la fin du
projet de loi.
On a eu des discussions qui étaient… qui
allaient au-delà de ce qui était écrit dans leur mémoire. Je les ai posées, ces
questions-là, là. Je ne fais pas le procès de n° 61, là, ce n'est pas ça
du tout, là. Je veux simplement faire la démonstration claire, irréfutable de
l'impact d'un témoignage, d'une consultation lorsque les gens ont le temps de
se préparer et que l'autorité qui est la plus supérieure à l'extérieur de
l'État en matière de droit, qui est le Barreau, peut avoir.
À un point tel qu'à n° 66, qui était,
disons, la régularisation de n° 61, je vais l'appeler comme ça, le Barreau
n'est pas venu. Ce n'était pas nécessaire. Il y a le mémoire, les choses
étaient dites, là. Il y a eu les correctifs, et puis l'impact qui était
recherché, non pas de critiquer n° 61, mais de s'assurer que n° 61
était correct, là, il était atteint. Et il a été atteint par la consultation.
Et, à n° 66, on n'a pas eu besoin de disserter bien, bien longtemps sur le
Barreau. Je veux dire, les choses avaient été refaites correctement.
Là, aujourd'hui, on se prive de la même
chose. Je pourrais dire… faire le même commentaire avec l'Union des
consommateurs. Eux sont à l'autre bout. Le Barreau, c'est le gardien du droit,
c'est… j'allais dire, l'arbitre. Ce n'est pas un bon mot. Dans le cas de la
législation, ce n'est pas un arbitre, c'est un commentateur éclairé, c'est un
sage, on va dire ça. C'est un sage qui vient nous dire : Hum… Nous, le
Barreau, là, on est le gardien du droit et on est aussi la jurisprudence. On
vient vous mettre en garde d'un excès ou d'un manque. On vous suggère de. Parce
que nul, incluant moi, n'avons la science…
M. Barrette : …on est le
gardien du droit et on est aussi la jurisprudence. On vient vous mettre en
garde d'un excès ou d'un manque. On vous suggère de, parce que nul, incluant
moi, n'avons la science infuse, là, on ne sait pas tout, là, on ne peut pas
voir tous les angles.
Alors, à cette étape-ci du projet de loi,
je trouve ça très étonnant qu'on ne prenne pas le temps de rencontrer ces
gens-là. Même chose pour les consommateurs, même chose pour… le ministre me
dirait, là : O.K., là, dans les sept qui sont là, il en a que je trouve
plus pertinents. Lesquels? Ça ne prend pas une éternité, là. Moi, je me
souviens l'avoir fait dans un projet de loi majeur qui était la loi sur la
fécondation in vitro. On n'avait pas réfléchi, puis je l'admets aujourd'hui,
là, puis je l'avais admis à l'époque, c'est vrai qu'on avait oublié un groupe
puis on les entendu et on a fait des amendements sur le projet de loi. On l'a
fait.
Mais, là, aujourd'hui, on est à la case
départ pour un projet de loi majeur aux ramifications que personne ici dans la
pièce ne peut vraiment toutes voir réalisées, puis c'est normal. Bien, un
projet qui, raisonnablement, va être… lorsqu'il sera sanctionné, va être fixé
dans le temps. Donc, contesté juridiquement et ainsi de suite. Bien, on se
prive d'entendre cette expertise-là.
Législativement, parlementairement, ça
ressemble à aller trop vite. L'Union des consommateurs, d'ailleurs, c'est ce
qu'il disait : trop vite. Tout le monde dit ça. Ce n'est pas un
reproche — ça l'est un petit peu — mais ce que je reproche,
par exemple, c'est qu'on ne prenne pas le temps de le faire. Ce n'est pas la
fin du monde, là, ça, là.
À ma connaissance, il y a un intérêt
d'avoir ce projet de loi là aujourd'hui, mais est-ce qu'il y a une urgence de
le passer à toute vapeur?
Le Président (M.
Bachand) : M. le député, je m'excuse de vous interrompre.
On va reprendre. On suspend les travaux jusqu'après la… les affaires courantes.
Après ça, je vous redonne la parole. Merci beaucoup. Bon lunch, tout le monde.
Merci.
M. Barrette : Bien, merci, M.
le Président. J'aimerais terminer mon affaire. Bon.
(Suspension de la séance à 11 h 59hh)
15 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 15 h 51)
Le Président (M.
Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît! Bon après-midi. La
commission reprend ses travaux. Alors, lors de la suspension des travaux, nous étions
à la motion préliminaire du député de LaFontaine, et c'est… la parole était au
député de La Pinière. Et M. le député de La Pinière, il vous reste 17 minutes
20 secondes. M. le député.
M. Barrette : Merci, M. le
Président. Alors, je n'en aurai pas besoin d'autant. Alors, je vais me limiter
à lorsque nous avons suspendu les travaux, à la conclusion de mon intervention.
Je reprends un peu là où je terminais.
Alors, je demeure — et ceux qui
auront suivi nos travaux, je ne connais personne qui le voit autrement, là — je
demeure sur mon appétit, c'est… là, même si on est au retour du dîner, là. Ça
demeure extrêmement décevant que, dans une… pour une pièce législative aussi
importante, aussi définitive, et encore une fois, qui est appelée à ne pas bouger
beaucoup, je demeure très déçu de voir qu'on ne prenne pas le temps de
consulter les gens qui… tous les gens qui ont un intérêt, une pertinence sur ce
projet de loi là. Ce matin, je parlais d'un extrême qui était le Barreau, là,
comme le gardien, en quelque part, de l'opérationnalisation de nos lois que
nous faisons ici, au Parlement. À l'autre extrême, je citais, dans mes derniers
moments, l'Union des consommateurs. Vous savez, l'Union des consommateurs, ils
n'ont pas demandé à être entendus. C'est pour eux, dans une certaine mesure,
que cette loi-là sera éventuellement promulguée, mais ils ont quand même écrit
en octobre une lettre ouverte, et je cite un passage de ladite lettre
ouverte : «En procédant à une consultation aussi rapide, le gouvernement
se prive de la possibilité de retravailler réellement sa réforme à la suite des
commentaires et recommandations d'experts, d'organisations et de citoyens que
ces questions préoccupent.» Et je pense, M. le Président, que le verbe utilisé
ici, par l'Union des consommateurs, est le bon. Les lois, on les fait pour les
citoyens. Ce matin, je disais qu'on est toujours en retard par rapport à ce qui
se passe dans la société. C'est un peu normal, mais ça n'est pas normal de ne
pas s'assurer d'entendre la voix des citoyens et des experts qui s'y
retrouvent. Alors, entre le Barreau et l'Union des consommateurs, bien, il y a
tous ceux et celles qu'on aurait pu voir et qu'on n'aura pas entendus…
M. Barrette : …normal, mais ce
n'est pas normal de ne pas s'assurer d'entendre la voix des citoyens et des
experts qui s'y retrouvent. Entre le Barreau et l'union des consommateurs,
bien, il y a tous ceux et celles qu'on aurait pu voir et qu'on n'aura pas
entendus.
Alors, je termine là-dessus, M. le
Président, en invitant le ministre à revenir sur sa position, faire un choix.
Il peut faire un choix. Si l'enjeu premier est un enjeu de temps, bien, je
pense qu'il y aurait lieu d'entendre, au moins, le Barreau et un ou des groupes
qui sont les sept mentionnés par mon collègue de LaFontaine de façon à
bien détailler la réflexion que l'on va avoir à l'étude détaillée. Et je pense
que c'est une question de gros bon sens. Alors, qu'en sera-t-il? Le ministre va
nous le dire dans quelques instants.
Le Président (M. Bachand) :
Merci beaucoup, M. le député. S'il n'y a pas d'autres interventions, nous
allons procéder à la mise aux voix. Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. Pour l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
: M. Caire
(La Peltrie)?
M.
Caire
:
Contre.
La Secrétaire
: Pour le
groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque (Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) :
Contre.
La Secrétaire
: M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, la motion est rejetée. Merci.
M. Barrette : …question de
directive.
Le Président (M.
Bachand) : Oui, allez-y.
M. Barrette : Je suis quand
même étonné que vous n'ayez pas donné la parole au ministre pour qu'il me
réponde.
Le Président (M.
Bachand) : Parce que le règlement prévoit qu'il n'y a pas de
droit de réplique.
M. Barrette : Non, mais vous
auriez pu lui demander s'il avait quelque chose à nous dire.
Le Président (M.
Bachand) : Oui, mais, il a parlé, d'ailleurs. Il s'était
exprimé sur la motion. Mais, merci de votre intérêt pour le ministre,
M. le député. Alors s'il n'y a pas d'autres motions préliminaires, nous
allons procéder maintenant à l'étude détaillée du projet de loi. Oui, M. le
député de LaFontaine?
M. Tanguay
: …mais ce
n'est pas une motion, je pense que c'est un souhait que l'on a, que l'on ait à
exprimer. Nous aimerions procéder, article par article, alinéa par alinéa,
paragraphe par paragraphe.
Le Président (M.
Bachand) : Parfait, c'est bien noté. Cela dit, je prends en
considération l'article 1 du projet de loi. M. le ministre, la parole
est à vous.
M.
Caire
:
Merci, M. le Président. Donc, je vais vous faire lecture de l'article.
L'article 1 modifie
l'article 8 :
La personne ayant la plus haute autorité
au sein d'un organisme public veille à y assurer le respect et la mise en
oeuvre de la présente loi. Elle exerce la fonction de responsable de l'accès
aux documents et celle de responsable de la protection des renseignements
personnels.
Ces fonctions peuvent être déléguées par
écrit, en tout ou en partie, à un membre de l'organisme public ou son conseil
d'administration, selon le cas, ou à un membre du personnel de direction.
Lorsqu'elle n'exerce pas elle-même ces
fonctions, la personne ayant la plus haute autorité au sein d'un organisme
public veille à en faciliter l'exercice.
L'organisme doit, dès que possible, aviser
la Commission par écrit du titre…
Le Président (M.
Bachand) : …vous n'avez pas commencé à l'article 1, «La
Loi sur l'accès…»
M.
Caire
: Bien,
oui.
Le Président (M.
Bachand) : On ne l'a pas noté. Vous avez commencé avec «La
personne ayant la plus haute…» En tout cas…
M.
Caire
: Et
«La Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection…»
Le Président (M.
Bachand) : O.K. Vous l'aviez…
Une voix : …titre…
Le Président (M.
Bachand) : …à… vous n'avez pas commencé à l'article 1 de la loi
sur l'accès.
M. Caire :
Bien, oui.
Le Président (M.
Bachand) : On ne l'a pas noté. Vous avez commencé avec «la
personne ayant la plus haute»… En tout cas.
M. Caire : Oui, la Loi sur
l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des
renseignements personnels…
Le Président (M.
Bachand) :O.K. Vous l'aviez…
M.
Caire
: …est
modifiée par le remplacement de l'article 8 par le suivant.
Le Président (M.
Bachand) : Parfait, merci.
M.
Caire
: O.K.
Bon.
Le Président (M.
Bachand) : C'est au niveau du secrétariat, M. le ministre.
M.
Caire
: Non,
parfait. C'est correct, c'est fort probablement mon erreur. Où en étais-je,
donc?
«Lorsqu'elle n'exerce pas elle-même ces
fonctions, la personne ayant la plus haute autorité au sein d'un organisme
public veille à en faciliter l'exercice.
L'organisme doit, dès que possible, aviser la
Commission par écrit du titre, des coordonnées et de la date d'entrée en
fonction de la personne qui exerce la fonction de responsable de l'accès aux
documents et ceux de la personne qui exerce la fonction de responsable de la
protection des renseignements personnels.»
«8.1. Au sein d'un organisme public, un
comité sur l'accès à l'information et la protection des renseignements
personnels est chargé de le soutenir dans l'exercice de ses responsabilités et
dans l'exécution de ses obligations en vertu de la présente loi. Ce comité
exerce aussi les fonctions qui lui sont confiées par la présente loi.
Le comité relève de la personne ayant la
plus haute autorité au sein de l'organisme ou, dans le cas d'un ministère, du
sous-ministre et, dans le cas d'une municipalité ou d'une — ou d'un
centre de services, devrait-on lire, mais bon — une commission
scolaire ou du directeur général. Il se compose du responsable de l'accès aux
documents et de la protection des renseignements personnels et de toute autre
personne dont l'expertise est requise, incluant, le cas échéant, le responsable
de la sécurité de l'information et le responsable de la gestion documentaire.
Un règlement du gouvernement peut exclure
un organisme public de l'obligation de former ce comité ou modifier les
obligations d'un organisme en fonction des critères qu'il définit.»
Donc, M. le Président, cet article
remplace donc l'article 8 de la Loi sur l'accès aux documents des organismes
publics et sur la protection des renseignements personnels par les nouveaux
articles 8 et 8.1 de cette même loi. Le nouvel article 8 de la Loi sur l'accès
aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements
personnels prévoit que :
«La personne ayant la plus haute autorité
au sein de l'organisme public veille à y assurer le respect de la loi et à y
exercer les fonctions de responsable de l'accès aux documents, celles de
responsable de la protection des renseignements personnels, en plus de prévoir
que ces fonctions peuvent être déléguées.
Il prévoit enfin les informations dont
doit être avisée la Commission d'accès à l'information au sujet des personnes
exerçant ces fonctions.
Le nouvel article 8.1 de la Loi sur
l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des
renseignements personnels inscrit dans cette même loi le Comité sur l'accès à
l'information et la protection des renseignements personnels actuellement prévu
à l'article 2 du règlement sur la diffusion de l'information et sur la protection
des renseignements personnels. Il prévoit le rôle et les fonctions de ce comité
ainsi que sa composition. Il prévoit aussi qu'un règlement du gouvernement peut
exclure un organisme public de l'obligation de former ce comité.»
Voilà, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Interventions? M. le député de La
Fontaine, s'il vous plaît.
• (16 heures) •
M. Tanguay
: Oui, M. le
Président. Alors, on a eu beaucoup de commentaires sur l'article 1 lors des
auditions. J'aimerais commencer par l'Association canadienne des compagnies
d'assurances de personnes…
16 h (version non révisée)
M.
Caire
:
…exclure un organisme public de l'obligation de former ce comité.»
Voilà, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Interventions? M.
le député de LaFontaine, s'il vous plaît.
M. Tanguay
: Oui, M. le
Président. Alors, on a eu beaucoup de commentaires sur l'article 1 lors
des auditions. J'aimerais commencer par l'Association canadienne des compagnies
d'assurances de personnes. Je vous cite un extrait et je pense que c'est dans
le tableau dont je dispose, des extraits copier-coller, là, le verbatim de leur
mémoire. Alors, l'Association canadienne des compagnies d'assurances de
personnes, et je la cite dans son mémoire, disait ce qui suit : «Il serait
important d'incorporer à l'article 1 un objet additionnel afin d'exprimer
la nécessité que les règles soient fixées d'une manière qui tienne compte de
l'équilibre entre le droit des individus à la vie privée à l'égard des renseignements
personnels qui les concernent et le besoin des entreprises de recueillir,
d'utiliser ou de communiquer des renseignements personnels à des fins qu'une
personne raisonnable estimerait acceptable dans les circonstances.»
J'aimerais entendre le ministre. Quel est
le résultat de sa réflextion sur cet aspect proposé par l'Association
canadienne des compagnies d'assurances de personnes?
M.
Caire
: Bien,
M. le Président, je pense que l'article… pas, je pense, l'article 1, qui
modifie l'article 8 et qui introduit l'article 8.1, a surtout pour
objet de clarifier la responsabilité des eux et des autres sur la protection à
accorder aux renseignements. Je pense qu'il y a différents articles, qu'on va
étudier plus tard, qui viennent encadrer ça de façon particulière et
spécifique. Donc, j'aimerais voir la pertinence, là, d'en rajouter une couche à
l'article 1, là. Pour moi, là, de prime abord, ce n'est pas, ce n'est pas
nécessaire. Je pense que, ce qu'on veut faire, c'est de dire : Bien, la
plus haute autorité s'assure du respect de la loi, c'est sa responsabilité.
Donc, il faut désigner un responsable de l'application de la loi. On reprend la
notion qui existait déjà de responsable de l'accès à l'information et de
responsable de la protection des renseignements personnels. On ajoute, dans la
loi, le comité avec des responsabilités à l'égard de la protection des
renseignements personnels et de l'accès à l'information, donc on circonscrit
vraiment qui s'occupe de quoi en matière d'application de la loi. Et, après ça,
dans les différents articles à venir, on décline les mesures de protection qui…
dont doivent être, maintenant, entourés les renseignements personnels. Donc, je
ne vois pas pourquoi, là, ici, maintenant, on ajouterait, on ajouterait cet
élément-là, là.
M. Tanguay
: Oui, il y
aura, M. le Président, un équilibre, et vous le verrez dans nos échanges, un
équilibre à faire entre «oui, c'est ce que l'on veut» puis «non…». Notre
collègue de La Pinière citait, juste avant qu'on commence à l'article 1,
l'Union des consommateurs qui disait : Écoutez, il y a beaucoup d'éléments
en jeu, il y a beaucoup de réflexion, puis il faut avoir un équilibrage. Ici,
l'Association canadienne des compagnies d'assurances fait référence à cet
équilibre-là. Oui, protéger les droits des individus à la vie privée et le
besoin des entreprises de recueillir, d'utiliser ou de communiquer des
renseignements personnels à des fins qu'une personne raisonnable…
M. Tanguay
: …l'Union
des consommateurs qui disait : Écoutez, il y a beaucoup d'éléments en jeu,
il y a beaucoup de réflexions, puis il faut avoir un équilibrage. Ici,
l'Association canadienne des compagnies d'assurances fait référence à cet équilibre-là.
Oui, protéger les droits des individus à la vie privée, et le besoin des entreprises
de recueillir, d'utiliser ou de communiquer des renseignements personnels à des
fins qu'une personne raisonnable estimerait acceptables dans les circonstances.
Ma question au ministre : Est-ce que
cet étalon de mesure là, on va le retrouver plus tard dans la loi ou dans les
amendements? L'étalon mesure, objectif moyen «qu'une personne raisonnable
estimerait acceptable dans les circonstances». Autrement dit, tous les cas
d'espèce ne pourront pas être prévus par la loi. En matière civile on dit, une
personne normalement prudente et diligente, aurait-elle, en vertu de 1457 puis
1458, aurait-elle agi de cette façon-là? Si la réponse est non, vous avez une
responsabilité civile. Ici, il y a une responsabilité qui est donnée au
dirigeant de l'organisme public, et pourquoi ne pas mettre cet étalon-là, M. le
Président? Et j'aimerais savoir si le ministre va nous permettre de discuter
puis d'introduire cet étalon de «une personne raisonnable estimerait acceptable
dans les circonstances». Parce qu'encore une fois on ne peut pas prévoir tous
les cas d'espèce.
M.
Caire
: Si je
peux me permettre, M. le Président. La réponse à la question du député de
LaFontaine, c'est oui. Cette notion-là, on l'a évaluée et on va la traduire par
différents amendements plus tard, et dans différentes circonstances. Parce que
la notion de ce qui est proportionnel, et de ce qui est raisonnable, vous allez
le voir, notamment, pour les évaluations des facteurs relatifs à la vie privée,
on va amener cette notion-là sur la notion des mesures de protection à mettre
en place. On va amener cette notion-là, donc, oui, elle va se retrouver
ailleurs, mais elle va être rattachée à des concepts qui sont quand même
précis, ce qui n'est pas le cas à l'article 1, à savoir sur les mesures de
protection. L'article 1 qui amende l'article 8 n'a pas pour objectif de mettre
en place des balises quant aux mesures de protection ou à la notion de
raisonnabilité. Donc, c'est pour ça que… Mais on va le faire plus tard. On va
le faire plus tard quand on va arriver aux différents articles où on va faire
obligation à des mesures de protection, on va le faire plus tard.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député LaFontaine.
M. Tanguay
: L'avantage
d'inclure… et c'est la page 21 du mémoire qui a été déposé par l'Association
canadienne des compagnies d'assurances. Je lis d'abondant paragraphe deux dans
le bas de la page 21 : «Un tel préambule», on parle de l'article premier
du projet de loi, «aurait l'avantage de servir de guide pour toutes les parties
concernées et de permettre la flexibilité nécessaire», c'est important, là,
c'est moi qui parle de flexibilité. Je continue ma citation, «nécessaire en ce
qui concerne l'interprétation de certains articles qui apparaissent comme
manquant de précision mais qui ne peuvent être trop prescriptifs par crainte
que la Loi […] ne puisse pas être adaptée aux [différents et] divers
développements technologiques.». Fin de la citation…
M. Tanguay
: ...c'est
important, là, c'est moi qui parle de flexibilité, je continue ma citation,
«nécessaire en ce qui concerne l'interprétation de certains articles qui
apparaissent comme manquant de précision mais qui ne peuvent être trop
prescriptifs par crainte que la Loi […] ne puisse pas être adaptée aux
[différents et] divers développements technologiques.». Fin de la citation.
Je reviens à ce que je disais, quand la
loi est trop prescriptive, c'est le terme qu'utilise... ou restrictive ou
qu'elle tente mais qu'elle ne peut pas prévoir tous les cas d'espèce, de mettre
dans cet article qui, en vertu de la loi, là, dans l'économie de la Loi d'accès
aux documents et des organismes publics, ça participe du premier chapitre qui
s'intitule : Application et interprétation. Alors, c'est une disposition
interprétative.
Pourquoi je vous dis ça? À 8.1, M. le
Président, il va y avoir un comité sur l'accès à l'information et la protection
des renseignements personnels. Il y a des entités qui auront, dans certains
cas, des justifications tout à fait valables et légitimes pour avoir accès, de
façon encadrée, à l'information. C'est ce à quoi le groupe Association
canadienne des compagnies d'assurances fait référence et il demandait, M. le
Président, un équilibrage entre, oui, la protection des renseignements
personnels, mais les besoins, pour certaines personnes, selon ce que va
permettre le comité sur l'accès à l'information, d'avoir accès à ces
informations-là, d'où l'équilibrage et d'où l'étalon de mesures du bon comportement.
La personne l'estimerait-elle acceptable?
M.
Caire
: Bien,
je vais apporter une précision pour mon collègue, là. On comprend que
l'article 1, qui modifie 8 et qui introduit 8.1, s'adresse aux organismes
publics, là, parce qu'il cite l'association des assureurs. Donc, ce que j'en
comprends, c'est qu'ils ne sont pas visés par cet article-là puisqu'eux seront
visés par la Loi sur la protection des renseignements personnels ou privés. Et
là, ici, on parle vraiment de la Loi d'accès aux documents des organismes
publics. Donc, déjà en partant, ça n'aura pas d'impact parce que cet article-là
ne les vise pas.
Deuxièmement, comme j'expliquais au
collègue... puis, Me Miville-Deschênes, si je dis des niaiseries, là, je
comprends que vous ne pouvez pas me donner un coup de pied en dessous de la
table, mais vous me lancez votre gourde puis il n'y a pas de problème. Le
député de La Pinière ne s'en gêne pas, ça fait que je vous transferts son
droit. Ceci étant dit, donc, cet article-là concerne les organismes publics et
non les organismes privés, et, ensuite, comme je l'ai expliqué au député de
LaFontaine, nous allons, oui, amener ces notions-là, mais elles seront
rattachées à des articles précis qui amèneront des obligations précises. Donc,
cette flexibilité-là dans l'interprétation, j'en suis, surtout que cette
flexibilité-là, elle est demandée en raison des évolutions technologiques, donc
j'ai une sensibilité particulière à cette situation-là parce que je sais que la
loi ne doit pas s'incarner dans une technologie, puisque c'est quelque chose
qui est très volatile, et donc il y en aura autant pour les organismes publics
que pour les...
M.
Caire
: ...en
raison des évolutions technologiques. Donc, j'ai une sensibilité particulière à
cette situation-là parce que je sais que la loi ne doit pas s'incarner dans une
technologie puisque c'est quelque chose qui est très volatile. Et donc il y en
aura. Il y en aura autant pour les organismes publics que pour les entreprises
privées, mais nous allons les... Nous allons amener ces différentes notions là
au moment où on va traiter de points, et de prérogatives, et/ou de
responsabilités spécifiques.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député de LaFontaine.
• (16 h 10) •
M. Tanguay
: Oui.
Merci, M. le Président. À 8.1... À 8.1, deuxième alinéa, «Le comité relève de
la personne ayant la plus haute autorité au sein de l'organisme ou, dans le cas
d'un ministère, du sous-ministre ou, dans le cas d'une municipalité ou d'une
commission scolaire, du directeur général.» Donc, M. le Président, on voit que
ça touche beaucoup d'éléments. Donc, quand on parle, ici, de commission
scolaire, on parle commission scolaire anglophone?
M.
Caire
: Oui.
M. Tanguay
: O.K.
Donc, il est tout à fait inutile... J'ai accroché sur ce mot-là. Comment on
appelle les nouvelles structures régionales?
M.
Caire
:
Centre de services scolaire.
M. Tanguay
: Oui.
Ils n'ont pas suffisamment d'autonomie, eux, pour être nommés dans cet
article-là?
M.
Caire
: Parce
qu'il y avait une... Bien, c'est une bonne question. Puis avec le consentement,
M. le Président, je laisserais Me Miville-Deschênes répondre à cette
question-là.
Le Président (M.
Bachand) : Et consentement pour que Me Miville-Deschênes
prenne la parole?
M. Tanguay
: Oui.
M.
Caire
: Hein,
tu ne l'avais pas vu venir.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui. Bonjour. Bien, en fait, les centres de services
scolaires sont dotés d'un conseil d'administration. Puis toutes les structures
qui sont actuellement dotées d'un conseil d'administration comme les cégeps,
les universités, la RAMQ, etc., bien, c'est clair que, dans ce cas-là, la
personne ayant la plus haute autorité, c'est le P.D.G. Donc, il n'y avait pas
de nécessité de prévoir ce transfert-là parce que c'est déjà le P.D.G. Dans le
cas des villes, là, par exemple, bien là, pour effectuer un transfert au
directeur général, il fallait le prévoir parce que c'était vraiment le maire
qui était désigné comme étant la personne ayant la plus haute autorité. Dans le
cas des commissions scolaires, on avait une zone, ici, où ce n'était pas... On
avait prévu le transfert parce que ce n'était pas clair, là, que c'était le
D.G. de la commission scolaire qui était la personne ayant la plus haute
autorité. Mais quand c'est un conseil d'administration, comme c'est le cas dans
les nouveaux centres de services scolaires, c'est clair dans tous les cas, là.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député.
M. Tanguay
: Quand...
Excusez-moi, Me...
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Jean-Philippe Miville-Deschênes.
M. Tanguay
:
Miville-Deschênes. Excusez-moi. Puis c'est ça, on va l'apprendre parce que je
pense qu'on va jaser souvent. L'article 8 parle par contre...
Article 8, deuxième alinéa, «Ces fonctions peuvent être déléguées par
écrit, en tout ou en partie, à un membre de l'organisme public ou de son
conseil d'administration», c'est juste l'explication par rapport à l'existence
ou pas d'un conseil d'administration qui viendrait justifier la spécificité du
deuxième alinéa de 8.1, alors qu'on sait qu'on parle déjà, au deuxième alinéa
de 8, de conseil d'administration, là. Autrement dit, mon point, j'ai peut-être
mal compris, mais ce n'est pas l'existence ou pas d'un conseil d'administration
qui vient justifier la spécificité de 8.1 deuxième alinéa parce qu'il...
M. Tanguay
:
...justifier la spécificité du deuxième alinéa de 8.1, alors qu'on sait qu'on
parle déjà au deuxième alinéa de 8 de conseil d'administration, là. Autrement
dit, mon point, j'ai peut-être mal compris, mais ce n'est pas l'existence ou
pas d'un conseil d'administration qui vient justifier la spécificité de 8.1,
deuxième alinéa, parce qu'il appert qu'ils ont pas mal tous des conseils
d'administration, puis ils peuvent même y déléguer tout ou partie de sa responsabilité.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, le plus haut dirigeant, la personne ayant la
plus haute autorité va être, dans le cas d'un conseil… dans le cas… je vais
prendre l'exemple de la RAMQ ou d'un organisme doté d'un conseil
d'administration, va être le P.D.G.. Puis cette personne-là peut déléguer un
responsable de l'accès ou de la protection qui doit être un membre du personnel
de direction ou même un membre du conseil d'administration, mais c'est pour
exercer la fonction, là, de responsable, qui peut désigner un peu n'importe qui
qui a une fonction — comment dire? — une fonction
d'encadrement dans l'organisation. Dans le cas du comité, l'objectif, c'était
vraiment de donner ce… le mandat, là — comment qu'on dit
ça? — d'être responsable du comité au plus haut dirigeant
administratif. Donc, dans le cas d'un organisme doté d'un conseil
d'administration, c'était directement le D.G., dans tous les cas, qui est
responsable du comité.
M. Tanguay
: Qui dit
délégation dit-il annulation de l'imputabilité de la personne ayant la plus
haute autorité?
M.
Caire
: Non.
On transfère… On peut déléguer une tâche, on ne peut pas déléguer une responsabilité.
M. Tanguay
: Donc, ce
n'est pas par délégation que la personne ayant la plus haute autorité pourrait
dire : Ah! bien, moi, j'ai délégué ça, puis… Elle en répond.
M.
Caire
: Elle
en répond. Et je vous préciserais même, M. le député de LaFontaine, que l'idée
de la modification, si vous regardez l'article original, c'est de spécifier
qu'elle va répondre de l'application de la loi et non pas seulement du
responsable de l'accès à l'information et/ou du responsable de la protection
des renseignements personnels. Donc, elle est responsable de l'application de
la loi dans sa globalité.
M. Tanguay
: Est-ce
que, tel que rédigé… À quel endroit le principe très clair et très clairement
exprimé par le ministre est-il rédigé, que la délégation n'emporte pas imputabilité?
M.
Caire
: Vous
voulez dire : À quel…
M. Tanguay
: Dans
l'article, à quel… Parce que «ces fonctions peuvent être déléguées par écrit en
tout ou en partie…»
M.
Caire
: Oui,
je comprends. Est-ce que c'est écrit que la délégation ne concerne que la tâche
et non pas la… Ce n'est pas rédigé… Je ne sais pas s'il y a…
M. Tanguay
: Ladite
délégation n'emporte pas l'imputabilité du haut dirigeant. Ce n'est pas en
langage juridique, là, mais…
M.
Caire
: Non.
Non, non, mais je comprends, je comprends parfaitement l'idée. Non, ce n'est
pas rédigé comme tel, je vous dirais que c'est un principe que j'énonce. Puis,
ceci étant, ce qu'il faut dire aussi, M. le député, c'est que le… nos
délibérations font aussi des précisions législatives, comme vous le savez…
M. Tanguay
: …mais…
M.
Caire
: Non,
non, mais, je comprends parfaitement l'idée. Non, ce n'est pas rédigé comme
tel. Je vous dirais que c'est un principe que j'énonce. Puis, ceci étant, ce qu'il
faut dire, aussi, M. le député, c'est que le… nos délibérations font aussi
des précisions législatives, comme vous le savez. Donc, s'il y avait lieu
d'interpréter la nouvelle loi d'accès aux documents des organismes publics, ce
que nous avons, comme échange, servirait aussi à l'interpréter. C'est la raison
pour laquelle je vous dis que cette délégation-là, elle concerne la tâche, mais
elle ne concerne pas la responsabilité. Donc, le plus haut dirigeant demeure
responsable de l'application de la loi et il demeure responsable et imputable
des actions qui sont posées en son nom.
M. Tanguay
: Je
plaiderais, M. le Président, pour qu'on le mette, pour qu'on le dise,
parce que c'est un article fondateur qui est… duquel découle tout le reste de…
Je le mettrais, «ladite délégation n'emporte pas l'imputabilité du plus haut
dirigeant», parce qu'effectivement, le ministre a raison, les transcrits de nos
délibérations servent à déterminer l'interprétation du législateur. Mais, quand
vous êtes rendu là, vous êtes devant un juge, puis vous avez payé un avocat
pour venir vous dire : Ce n'est pas marqué dans la loi mais c'est ça qu'il
voulait dire. Alors, si on le dit dans la loi, comme Talleyrand disait au
congrès de Vienne, quelqu'un lui a dit : Bien, voyons, mon cher, il va
sans dire, il a dit : Oui, mais ça ira mieux en le disant. Alors, je peux
chercher un précédent, là, j'aime ça trouver des précédents, là. Je suis rendu…
Vous le savez, M. le Président, j'aime ça, LégisQuébec, là… Mais, il me
semble qu'on pourrait le dire, l'ajouter. Je ne sais pas si le ministre veut
prendre en délibéré cette suggestion-là. Je ne veux pas…
M.
Caire
: Moi,
ce que je… je veux juste… puis, je ne suis pas hostile à l'idée, pas du tout,
je n'y vois aucun inconvénient. La seule chose que je voudrais faire, c'est
consulter les légistes, parce que ce qu'on ne veut pas, ni vous, ni moi, c'est
amener un déséquilibre dans la loi ou introduire une notion, là, qui pourrait
faire un précédent qui serait préjudiciable au corpus législatif. Et je suis
sûr que Me Tanguay va être d'accord avec moi, de même que le député de LaFontaine.
Donc, n'ayant pas eu l'opportunité d'évaluer la portée de cet amendement-là, je
pense que ça vaudrait la peine de prendre, peut-être, un peu de temps pour vérifier
s'il y a une objection législative à le faire. Mais, je n'ai pas, moi,
d'objection à clarifier une loi, là, d'emblée, je n'ai pas d'objection.
Le Président (M.
Bachand) : J'ai maintenant la députée de Gouin.
M.
Caire
:
Attendez, je pense que Me Miville-Deschênes voudrait, à micro ouvert,
s'exprimer.
Le Président (M.
Bachand) : Me Miville-Deschênes, oui?
M.
Caire
: Je
suis un peu nerveux.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Faire une précision, dans le fond. Dans
l'article 8, on dit : «La personne ayant la plus haute autorité au
sein de l'organisme public veille à y assurer le respect et la mise en oeuvre
de la présente loi.» Donc, c'est lui qui est responsable d'assurer la mise en
oeuvre de toutes les dispositions de la loi au sein de son organisme public.
Puis, ce qu'il délègue, c'est la fonction de responsable, et la fonction de
responsable, dans la loi, elle est limitée au traitement des demandes d'accès
et… d'accès aux renseignements personnels. Donc, le responsable, dans la loi,
il revient lorsqu'il traite une demande d'accès, il la reçoit, il envoie un
accusé de réception, il envoie une réponse dans les 30 jours, etc., ça
fait que c'est cette fonction-là qui est déléguée et non…
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : …et la fonction de responsable dans la loi, elle est
limitée au traitement des demandes d'accès et d'accès aux renseignements
personnels. Donc, le responsable, dans la loi, il revient lorsqu'il traite une
demande d'accès et la reçoit, il envoie un accusé de réception, il envoie une
réponse dans les 30 jours, etc.
Ça fait que c'est cette fonction-là qui
est déléguée et non pas l'imputabilité par rapport à toutes les autres
obligations de la loi, par rapport à la confidentialité du renseignement, à la
communication du renseignement.
Donc, pour ces raisons-là, bien, je crois,
humblement, que ce n'est pas nécessaire de réaffirmer le fait que la plus haute
autorité est… demeure imputable, dans la mesure où tout ce qu'elle délègue,
c'est cette fonction de responsable là, qui est très limitée dans son exercice.
Le Président (M.
Bachand) : Oui, député de LaFontaine, oui, allez-y, allez-y.
M.
Caire
: Mais,
moi, je vais avoir une question live parce que le point du député de LaFontaine
m'intéresse. Mais, même dans la délégation de cette responsabilité-là, est-ce
qu'il demeure imputable des faits et gestes posés par ceux qui sont
responsables?
Dans le fond, je pense que c'est ça que le
député de LaFontaine amène comme élément. Même si la responsabilité déléguée
est circonscrite, est-ce que l'imputabilité demeure, même dans les champs
d'action pour lesquels le responsable à l'accès à l'information ou le
responsable de la protection des renseignements personnels aura agi ou il agit
sous sa propre responsabilité? Je pense que c'était ça le point du député de
LaFontaine… question m'apparaît pertinente, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : Le député de LaFontaine, s'il vous plaît.
M. Tanguay
: Et plus on
lit la première phrase de 8 : «La personne ayant la plus haute autorité.»
Mon point, on va la lire ensemble, mais dites-vous que j'aimerais y lire :
est imputable. Elle est au bat, là. Elle a besoin de répondre si jamais il y a
une anicroche. Est-ce que c'est marqué?
«La personne ayant la plus haute autorité
au sein d'un organisme public veille à y assurer le respect et la mise en
oeuvre de la présente loi.» Après ça, on dit : «Elle exerce la fonction de
responsable de l'accès.»
À la limite, je trouve que «responsable de
l'accès» est beaucoup plus endiguant, beaucoup plus demandant, beaucoup plus
engageant. Il est responsable de l'accès, mais ça, il peut le déléguer. Mais le
reste «veille.» Moi, je peux être veilleur de nuit, je ne serai pas responsable
de grand-chose, là.
• (16 h 20) •
M.
Caire
: Ça,
là-dessus, M. le député, je pense que le fait qu'on veille à assurer le
respect, je pense que ça… sur cette notion-là, moi, je serais assez confortable
parce que, législativement, c'est des formulations qu'on voit régulièrement
dans tout le corpus législatif.
Donc, je pense qu'il y a quand même une
certaine cohésion, une certaine cohérence, à utiliser cette formulation-là.
Là-dessus, j'aurais peut-être moins tendance à aller de votre côté, M. le
député, en tout respect, parce que je pense que, ça, ça dit bien ce que ça veut
dire.
Ceci étant dit, est-ce que déléguer… quand
on parle de déléguer la responsabilité, est-ce que l'imputabilité inhérente à
la responsabilité est déléguée aussi ou non? Là-dessus, ça, je suis moins sûr
de la formulation moi-même.
M. Tanguay
: Je
proposerais… je ne l'ai pas rédigée puis je veux juste qu'on discute, on jase.
J'ajouterais à la fin de la première phrase : et en est imputable. Puis,
c'est un terme, là, j'ai des exemples LégisQuébec, là, on parle…
M.
Caire
:
Quelle première phrase, M. le député?
M. Tanguay
: Alors,
suivez-moi, je vais lire…
M.
Caire
:
…là-dessus, ça, je suis moins sûr de la formulation moi-même.
M. Tanguay
: Je
proposerais… je ne l'ai pas rédigé, je veux juste qu'on discute, on jase.
J'ajouterais à la fin de la première phrase «et en est imputable». Puis c'est
un terme, là, j'ai des exemples LégisQuébec, là, on parle…
M.
Caire
:
Quelle première phrase, M. le député?
M. Tanguay
: Alors,
suivez-moi, je vais lire telle quelle la première phrase puis, à la fin, je
vais ajouter «et en est imputable» : «La personne ayant la plus haute
autorité au sein d'un organisme public veille à y assurer le respect et la mise
en œuvre de la présente loi et en est imputable.»
Le terme, dans le corpus législatif,
existe. On parle, entre autres, puis là, j'ai plein d'exemples, là,
l'article 29 de la Loi sur l'administration publique parle de l'imputabilité
devant l'Assemblée nationale. On parle de l'imputabilité d'un sous-ministre,
devant l'Assemblée nationale, de leur gestion administrative.
M.
Caire
: Oui,
mais ça, c'est dans les prérogatives de la Commission de l'administration
publique. Donc, dans le mandat de la Commission de l'administration publique,
il y a l'audition des sous-ministres et des plus hauts dirigeants d'organismes.
Mais là on parle de l'application d'une loi. Et le libellé qui est là est quand
même calqué sur plusieurs lois. En tout cas, moi, là, comme législateur, on en
a étudié quelques-unes dans les 14 dernières années, là, puis c'est
vraiment un libellé qui a été…
Puis l'idée, M. le député, là, ce n'est
pas de faire un grand débat de sémantique, mais c'est juste d'assurer une
cohérence du corpus législatif puis de s'assurer que les mêmes formulations se
retrouvent, justement, dans l'objectif d'avoir une interprétation qui est
cohérente. Donc, je serais moins à l'aise avec votre amendement sur la notion
d'imputabilité à ce moment-là.
M. Tanguay
: Et j'ai
d'autres exemples, M. le Président. L'article 7.1 de la Loi sur l'éthique
et la déontologie en matière municipale. 7.1, deuxième alinéa : «Le membre
du conseil qui emploie du personnel du cabinet doit veiller à ce que ces
employés respectent l'interdiction prévue du premier alinéa. En cas de
non-respect de cette interdiction par l'un de ceux-ci, le membre du conseil en
est imputable aux fins de l'imposition des sanctions prévues à
l'article 31.»
«, et en est imputable». J'arrête là-dessus,
j'ai fait mon point, M. le Président. Il me semble qu'on ne ferait pas la Terre
arrêter de tourner, puis on… Puis le terme «imputable», bon, le ministre n'a
pas aimé dans le contexte, puis c'est correct, là, la Loi sur la fonction
publique, mais là, 7.1, on parle d'imputabilité. Je pense que c'est un terme
qui est reçu dans notre corpus législatif, qui veut très clairement dire ce
qu'il veut dire, et ça, ça viendrait galvaniser tout le reste. Ce n'est pas
parce que tu délègues que tu en réponds. Imputable, ça veut dire : Tu en
réponds, en français. C'était mon point. Il me semble qu'on gagnerait… Je ne
sais pas si le ministre veut au moins prendre en délibéré d'ajouter «et en est
imputable», quatre mots.
M.
Caire
: Je
vais, oui, je vais le prendre en délibéré. À la limite, M. le Président, de
consentement, la commission peut tout faire. Donc, on pourra, à la limite,
rouvrir l'article si on en arrive collectivement à la conclusion que c'est une
avancée, mais je… Puis j'entends les exemples…
M.
Caire
: ...je
vais le prendre en délibéré. À la limite, M. le Président, de consentement la commission
peut tout faire. Donc, on pourra à la limite réouvrir l'article si on en arrive
collectivement à la conclusion que c'est une avancée, mais je... Puis j'entends
les exemples du député, mais effectivement ils sont... Cette formulation-là est
utilisée dans des contextes qui sont spécifiques. Ce que je dis, c'est que la
formulation qu'on a utilisée ici, elle est calquée sur l'ensemble de ce qui se
fait dans le corps législatif. Donc, c'est pour ça que, pour moi, l'interprétation
de ça découle de l'interprétation... Puis encore une fois,
Me Miville-Deschênes, là, si je dis des niaiseries, vous avez le droit
d'intervenir.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Je vais aller
au député de Gouin et je reviens avec vous. Oui. Oui, allez-y, M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: ...je
suis toujours là-dessus, puis désolé pour mon collègue. Ce qu'on va faire,
j'annonce, on va déposer l'amendement puis on va le suspendre. Puis vous
pourrez statuer quand il sera le temps de revenir sur l'amendement.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député de
Gouin, s'il vous plaît.
M. Nadeau-Dubois : Merci,
M. le Président. Bonjour, chers collègues. Je n'ai pas été en mesure d'être
parmi vous cet avant-midi. Je proviens d'une formation politique où on cumule
les responsabilités. Et je cumule celle de leader parlementaire, bien sûr, de
responsable de dossier en matière de santé, il y a un eu de travail dans ce
dossier-là ces temps-ci, et en matière de justice également, puis c'est à ce
titre que je participe à cette étude détaillée.
Je n'ai pas fait de remarques
préliminaires. Je n'en ferai pas ici, je serais en infraction du règlement,
mais je veux dire que je vais participer à cette commission de manière
constructive parce que c'est un projet de loi extrêmement important. Et sans
préjuger des raisons qui ont motivé le gouvernement à changer trois fois de
porteur de ce projet de loi, ça a créé une certaine... un flottement, mettons,
dans le suivi que l'Assemblée a donné à ce projet de loi, puis pourtant, puis
ce que j'ai entendu ce matin du ministre m'a rassuré. Pourtant, ce n'est pas
une petite loi et ce n'est pas à toutes les années qu'on traite de la question
de la protection de renseignements personnels, de la question de l'accès à
l'information également.
Bon, je vais avoir... Je vais être le plus
présent que je pourrai l'être dans la mesure où j'ai plusieurs responsabilités,
mais quand j'y serai, je vais essayer de faire des interventions constructives
pour améliorer le projet de loi parce qu'il y a du bon et il y a du très
pertinent, mais il y a aussi des angles morts dans ce projet de loi là. Puis je
vais vouloir contribuer à ce que ce qu'on adopte à la fin du processus soit le
plus solide possible parce que la question, notamment, de la protection des
renseignements personnels, c'est sans doute un des plus grands enjeux du
XXIe siècle en matière de droits et libertés pour les individus.
Sur l'article 1, j'entendais mon
collègue de LaFontaine parler de l'importance que la personne responsable de
l'accès aux documents puis de la protection des renseignements...
M. Nadeau-Dubois : …XXIe siècle
en matière de droits et libertés pour les individus.
Sur l'article 1, j'entendais mon collègue
de LaFontaine parler de l'importance que la personne responsable de l'accès aux
documents puis de la protection des renseignements personnels soit la plus…
soit imputable de ses décisions. Je partage cette préoccupation-là, j'en ajoute
une seconde : L'importance que la personne qui est responsable de l'accès
à l'information, dans les organismes publics, soit autonome dans ses prises de
décisions, parce que c'est une préoccupation grandissante de plusieurs acteurs,
notamment les représentants des médias, mais pas seulement, que… Disons qu'on a
assisté, dans les dernières années, à un phénomène où, très souvent, c'est des
cadres intermédiaires, dans les organismes publics, qui se voient déléguer
cette fonction-là, d'être responsable des demandes d'accès à l'information,
puis il peut y avoir — puis c'est ce qu'on souhaite éviter par
l'adoption d'une loi — il peut y avoir, parfois, ou en tout cas, on
souhaite éviter qu'il y ait de l'influence d'exercée par les supérieurs de
cette personne-là, pour influencer ses décisions. On se donne un cadre
législatif objectif en espérant que, quand les personnes dans les organismes
publics qui sont responsables de l'application de la loi appliquent ce cadre
objectif là, puis idéalement, ce qu'on souhaite, c'est que ce soit une décision
qui est dépourvue d'influence politique, et politique entendue au sens large,
hein, la politique ne se fait pas juste au Parlement, elle se fait à
l'intérieur de l'appareil de l'État, y compris à l'intérieur des organismes
publics. Je pense que les gens qui sont ministres ou qui l'ont été peuvent en
témoigner.
Donc, comment on fait pour que cette
personne-là ait la pleine autonomie, de jouer son rôle? Et c'est une préoccupation,
notamment, que nomme le Barreau dans son mémoire où, à la page deux, on peut
lire : «Dans les organismes relevant du gouvernement, ce sont souvent des
cadres intermédiaires qui se voient déléguer les fonctions de responsable
d'accès à l'information. Selon notre expérience, il arrive qu'ils ne puissent
pas obtenir les documents nécessaires au traitement d'une demande sous prétexte
de leur confidentialité. De plus, les refus sont parfois dictés par leur
supérieur lorsque la demande touche des documents considérés comme trop
sensibles.»
• (16 h 30) •
Je le sais, c'est le Barreau du Québec qui
le dit, je pense qu'on s'entend tous sur le fait que c'est un acteur qui est
très crédible dans le débat qui est le nôtre, puis à la page suivante, le
Barreau conclut : «Une disposition visant à empêcher spécifiquement
l'entrave au travail du responsable de l'accès à l'information devrait
également être prévue en consacrant l'indépendance et l'autonomie du
responsable dans l'exercice de ses fonctions.» Le Barreau l'exprime bien, je
pense… moi, ce que je lis là, c'est la volonté du Barreau de dire comment
est-ce que dans la loi on met des balises, des garde-fous pour qu'il n'y ait
pas d'intervention politique de la part d'un patron, qui viendrait dire à son employé :
Écoute, cette demande-là, là, du média X ou du média Y, un petit peu
embarrassante pour soit moi, soit mon patron, soit le patron de mon patron, et
donc, écoute, ça serait bien que tu tires l'interprétation un petit peu dans ce
sens-là de la loi, pour que…
16 h 30 (version non révisée)
M. Nadeau-Dubois : ...pour
qu'il n'y ait pas d'intervention politique de la part d'un patron qui viendrait
dire à son employé : Écoute, cette demande-là, là, du média x ou du média
y est un petit peu embarrassante pour soit moi, soit mon patron, soit le patron
de mon patron, et donc, écoute, ce serait bien que tu tires l'interprétation un
petit peu dans ce sens-là de la loi pour que ça ne nous embarrasse pas trop.
Puis je ne prête aucune intention à quiconque ou à aucun gouvernement, c'est
juste, c'est des dynamiques qui peuvent exister, on le sait, puis le Barreau le
dit dans son mémoire, c'est assez crédible.
Est-ce que... Je lance la conversation
avec le ministre. J'ai peut-être un amendement à présenter. Mais est-ce qu'il
ne serait pas pertinent de donner, suite à cette recommandation-là du Barreau
puis à venir écrire, en toutes lettres... puis, bien sûr, c'est une intention,
mais des fois, les intentions peuvent changer le réel, de dire que la personne
qui exerce ces fonctions-là dans l'organisme public doit être en mesure de le
faire de manière pleinement autonome, sans entrave à son travail? Est-ce qu'il
n'y aurait pas là un amendement à formuler puis un message à envoyer aux organismes
publics que c'est bien que le «big boss», le grand patron désigne quelqu'un,
mais il faut que cette personne-là ait la pleine autonomie de faire son
travail? Il me semble que ce serait une bonification intéressante au projet de
loi. On donnerait suite à une recommandation du Barreau puis on enverrait le
signal dans l'appareil de l'État québécois que, l'accès à l'information, ce
n'est pas censé être une joute politique, ce n'est pas censé être une game
politique, pardonnez-moi l'anglicisme, il faut que ce soit fait de manière
rigoureuse et autonome. Puis c'est une loi, on l'applique, il n'y a pas de...
il ne devrait pas y avoir de politique là-dedans. Qu'est-ce qu'en pense le
ministre? Est-ce qu'il est ouvert à discuter d'un amendement sur cette
question-là avec moi?
M.
Caire
: Bien
oui, tout à fait. Oui, je suis ouvert à discuter d'un amendement avec les
collègues. C'est une... La préoccupation qui est exprimée par le député de
Gouin, c'est une préoccupation que j'avais à l'époque où j'étais dans
l'opposition, puis elle a traversé la Chambre avec moi, ça, je peux le lui
garantir. D'ailleurs, les collègues du ... savent... parce que c'est une des
premières discussions qu'on a eues, justement, cette discussion-là.
La réponse, elle se trouve dans le projet
de loi. Est-ce que la réponse est parfaite? Peut-être pas, mais je pense
qu'elle amorce quand même les prémisses de quelque chose d'intéressant,
notamment par le fait que, contrairement à l'ancien libellé, le nouveau libellé
désigne nommément le plus haut responsable comme étant... le plus haut
dirigeant comme étant responsable de l'application de la loi. Donc, on peut
penser... puis, encore une fois, je le dis, là, ce n'est pas un univers de
perfection, mais on peut penser que l'influence qu'on pourrait exercer sur le
plus haut dirigeant d'un organisme, ça devient plus compliqué. Ce n'est pas
impossible, mais c'est plus compliqué, d'une part.
D'autre part, il y a une partie de la
réponse, à mon avis, qui se trouve dans 8.1, du fait que, oui, il y a des
responsabilités, mais on met aussi en place des comités qui vont être là pour
porter assistance aux responsables dans l'exercice de leurs fonctions et pour
lesquels le plus haut dirigeant, il est nommé...
M.
Caire
: ...se
trouve dans 8.1, du fait que, oui, il y a des responsabilités, mais on met
aussi en place des comités qui vont être là pour porter assistance aux
responsables dans l'exercice de leurs fonctions, et pour lesquels le plus haut
dirigeant, il est nommé. Donc, on parle de P.D.G., on parle du sous-ministre.
Alors, on s'entend qu'encore là ça crée comme une espèce de séparation des
pouvoirs, puis par la séparation des pouvoirs, quelquefois, on trouve l'équilibre.
La troisième réponse va se retrouver un peu plus loin, dans les pouvoirs de la
Commission d'accès à l'information, qui est un tiers neutre, et à qui on donne
plus de pouvoirs de surveillance.
Ceci étant dit, je ne suis absolument pas
hostile si mon collègue a des suggestions à faire qui pourraient nous aider à
renforcer ce principe-là, qui m'apparaît être fondamental, l'indépendance, de
fait et objective, des gens qui traitent l'accès à... surtout le volet à
l'accès à l'information, parce que je pense sincèrement que la protection des
renseignements personnels, ça va de soi qu'on veut les encadrer d'un régime de protection.
Tu sais, il n'y a personne qui a envie de se faire voler des renseignements
personnels, là, ce n'est pas...
Mais c'est... je pense que l'écho de ce
que dit le député de Gouin va résonner peut-être un peu plus fort du côté de
l'accès à l'information, la transparence. Donc, peut-être qu'on va moins
l'aborder dans ce projet de loi là, parce que lui vise vraiment la PRP, là.
Mais comme il est de mon intention de donner suite au deuxième volet, qui
m'apparaît tout aussi important, peut-être que, si le député a des amendements
à faire ici... puis je suis très ouvert, là, mais en ayant en tête que l'impact
va être peut-être plus grand sur le côté accès à l'information que sur le côté
PRP.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : Bien, je
suis content d'entendre le ministre dire qu'il partage, en tout cas, la
préoccupation. Parce que, tu sais, c'est un phénomène, en tout cas, dont...
beaucoup de gens qui font... les gens qui font beaucoup de demandes d'accès à l'information,
quand même, témoignent de ce phénomène-là depuis quelques années, où on a
l'impression que, progressivement... Pour le dire très simplement, la personne
qui est responsable de donner le go sur la demande d'accès est de plus en plus
proche de la personne qui prend la décision politique. Puis ça, la nature
humaine étant ce qu'elle est, ça peut créer des réflexes de protection. Puis
l'État québécois n'est pas exemplaire sur le plan de sa transparence.
C'est le genre de... Puis tout ça
contribue à une... Puis on le voit dans le dossier de la santé, là, dans les
derniers mois, mais il y a une... je pense qu'il y a des signaux à envoyer dans
l'appareil public, dans l'appareil d'État, qu'il y a... qu'on veut changer la
culture, puis avoir une culture plus transparente, où l'accès à l'information
est moins entravé. Et...
M. Nadeau-Dubois : …dans les
derniers mois, mais il y a une… Je pense qu'il y a des signaux à envoyer dans
l'appareil public, dans l'appareil d'État, qu'il y a… qu'on veut changer la
culture puis avoir une culture plus transparente où l'accès à l'information est
moins entravé. Et je vais, donc, déposer l'amendement pour que le ministre en
prenne connaissance, puis qu'on puisse en discuter. Peut-être qu'on peut
suspendre quelques instants, M. le Président, pour qu'on le fasse parvenir?
Le Président (M.
Bachand) :S'il vous plaît.
M. Nadeau-Dubois : Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. On va suspendre
quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 36)
(Reprise à 16 h 47)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La
commission reprend ses travaux. M. le député de Gouin, s'il vous plaît.
M. Nadeau-Dubois : Merci, M.
le Président. Alors, voici l'amendement que je déposerais, un amendement à
l'article 1. Ajouter à la suite du troisième alinéa de l'article 8 introduit
par l'article 1 du projet de loi, l'alinéa suivant : «la personne qui
exerce ces fonctions doit pouvoir les remplir de manière autonome.»
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le ministre, commentaires?
M.
Caire
: Bien,
M. le Président, compte tenu des discussions que nous avons eues, moi, je suis
tout à fait à l'aise avec l'amendement que le député de Gouin apporte. Et donc
j'ai l'intention, en tout cas, prendre autant que mon collègue de Chapleau est
d'accord puisqu'il a la prépondérance du vote. Je serais tout à fait d'accord à
donner suite à cet amendement.
Le Président (M.
Bachand) : Parfait. Interventions sur l'amendement?
M. Nadeau-Dubois : Bien, peut-être,
pourrait en expliquer le sens. L'objectif ici est de donner suite, donc, à notamment
la recommandation du Barreau du Québec, mais aussi à…
M.
Caire
: …je
serais tout à fait d'accord à donner suite à cet amendement.
Le Président (M.
Bachand) : Interventions sur l'amendement? M. le député de
Gouin.
M. Nadeau-Dubois : Bien, peut-être,
pour en expliquer, un peu, le sens. L'objectif, ici, est de donner suite, donc,
à, notamment, la recommandation du Barreau du Québec mais aussi à cette préoccupation
qu'ont beaucoup d'acteurs, dans la société civile, au Québec, sur l'importance
que les gens qui répondent aux demandes d'accès à l'information, qui sont
responsables de l'application de la loi dans les organismes publics soient
exempts de pressions politiques, directes ou indirectes, et que leurs
supérieurs, qui, par définition hiérarchique, sont plus proches du pouvoir
politique que les gens à qui la responsabilité est déléguée, que ces
supérieurs-là se gardent bien d'entraver le travail des gens auxquels ils
délèguent la responsabilité d'appliquer la loi dont on parle aujourd'hui. Donc,
la volonté, c'est qu'il n'y ait pas d'entraves au travail de ces gens-là dans
l'application de la loi, que la loi soit appliquée au sein des organismes
publics de manière la plus objective possible, la plus… et que la personne,
donc, qui est responsable de faire ce travail-là soit la plus indépendante, la
plus autonome possible. Puis, je pense que c'était important, pas juste d'en
parler puis de dire : Bien oui, ça va de soi, mais d'inscrire dans la loi
cette volonté-là, cette volonté forte du législateur que la loi sur l'accès
soit appliquée de manière autonome et indépendante et qu'il n'y ait pas
d'entraves, ni politiques, ni administratives, à ce travail-là, qui est
important pour la démocratie québécoise.
Voilà l'intention de cet amendement. Je
veux savoir si le ministre partage cet avis-là puis s'il partage cette
interprétation de l'amendement.
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre, s'il vous plaît.
• (16 h 50) •
M.
Caire
: Bien,
absolument, M. le Président. Comme j'ai eu l'occasion de le dire, on ne
souhaite pas… je n'ai jamais souhaité et je ne souhaiterai jamais que
quelqu'un… surtout le volet accès à l'information, là, je le répète au député
de Gouin, parce qu'on comprend bien que cette notion-là est, peut-être, moins
pertinente pour ce qui est de la protection des renseignements personnels,
puisque l'objectif est quand même d'en limiter l'accès, alors que l'accès à
l'information, c'est, pas mal, le contraire. Je dirais même au député de Gouin
que je suis, personnellement, très favorable aux données ouvertes, à plus de
transparence. Je vais peut-être corriger quelque chose, puis, en tout respect,
parce que le député de Gouin disait que le gouvernement du Québec n'est pas
exemplaire, sans être exemplaire, je pense, quand même, que le gouvernement du
Québec se débrouille bien en cette matière. Il y avait cette loi-là qui,
initialement, M. le Président, avait pour objet de favoriser l'accès à l'information,
de faire preuve de plus de transparence. Maintenant, 39 ans plus tard, on
se rend compte que cette loi-là avait besoin d'un… d'une petite retouche, un
peu de gris, et que l'accès à l'information, aujourd'hui, c'est rendu…
M.
Caire
: ….de
faire preuve de transparence. Maintenant, 39 ans plus tard, on se rend compte
que cette loi-là avait besoin d'une petite retouche, un peu de gris, et que
l'accès à l'information aujourd'hui, c'est rendu une préoccupation de tous les
instants. Ça me permet quand même de souligner à mon collègue de Gouin que le gouvernement
du Québec, depuis l'année dernière, est membre du partenariat pour les gouvernements
ouverts. Notre candidature… À notre deuxième tentative, notre candidature a été
retenue. Donc, c'est… tous les principes du gouvernement ouvert, nous y
adhérons. Il y aura des éléments qui seront mis en place aussi en marge de la
loi sur les données ouvertes, l'accès à l'information. Donc, je me commets, M.
le Président. Moi, je pense que, plus on a un gouvernement qui est transparent,
plus on est capable d'asseoir notre démocratie sur des assises solides. Elles
sont solides au Québec, puis il y a moyen de… il y a moyen d'améliorer ça, puis
j'en suis.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député de
La Pinière, sur l'amendement, s'il vous plaît.
M. Barrette : J'ai une
question de droit, là. Peut-être que mon collègue pourrait m'instruire là-dessus,
ou les juristes du gouvernement. Est-ce qu'en droit, le mot «autonome» a la même
signification ou du moins la même portée qu'«indépendant»? Évidemment, le
propos du collègue de Gouin est celui de l'indépendance par opposition à
l'autonomie, qui… L'autonomie me semble avoir une portée beaucoup moins
importante sur le plan du concept de l'indépendance que l'indépendance. C'est
ça?
M.
Caire
: Bien,
je peux peut-être risquer une réponse, M. le Président. En fait, je vais
laisser le temps à Me Miville-Deschênes de réfléchir puis je vais prendre la
chaleur en attendant. Non. Sérieusement, moi, je pense que la notion
d'autonomie est la notion qui est pertinente, puisqu'on parle quand même de
quelqu'un qui travaille à l'intérieur d'une structure qui a une hiérarchie, et
donc qui n'est pas nécessairement tout seul dans son coin. Et ce que le député
de Gouin, puis, sans vouloir me substituer à sa réflexion, ce que le député de
Gouin amène comme notion, c'est que quelqu'un qui traite les demandes d'accès à
l'information ne devrait pas avoir de biais par rapport à l'intérêt d'un
individu qui pourrait exercer sur lui une pression, il doit donc être autonome
dans sa façon d'exercer sa fonction. L'indépendance sous-entend qu'il n'y a pas
de hiérarchie au-dessus de cet individu-là. Alors, la Commission d'accès à
l'information, elle est indépendante, il n'y a pas d'autorité au-dessus de la
Commission d'accès à l'information. Donc, je pense que… Puis Me
Miville-Deschênes pourra compléter, si jamais…
M.
Caire
:
…hiérarchie au-dessus de cet individu-là. Alors, la Commission d'accès à l'information,
elle est indépendante. Il n'y a pas d'autorité au-dessus de la Commission
d'accès à l'information. Donc, je pense que… puis Me Miville-Deschênes
pourra compléter si jamais j'ai dit n'importe quoi, ce qui est toujours une
possibilité.
M. Barrette : M. le Président,
ce n'est pas mon amendement. J'ai senti dans le propos du collègue de Gouin
qu'il avait un intérêt prépondérant sur l'indépendance, surtout dans
l'explication qu'il a donnée lorsqu'il a exprimé… il a expliqué son amendement.
C'est d'ailleurs cette explication-là qui a soulevé en moi la question que je
pose. C'est une question juridique, là, ce n'est pas un piège. Peut-être,
député de Gouin, lui-même, trouve que je charrie, là, puis c'est parfait comme
ça. J'interprète ses propos, là, erronément peut-être. Mais, si ce qui est visé
est le maximum d'indépendance, tiens, je vais le dire comme ça, sinon
l'indépendance absolue, est-ce que, en droit, le mot autonome a la même portée
légale qu'indépendance, indépendant dans le cas présent? Ce n'est pas un piège,
c'est une question tout simplement là.
Des voix
: …
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : ...bien, en fait, je vois que le mot autonomie, effectivement,
davantage utilisé, là, non, pas dans le contexte d'un individu, mais davantage
dans le contexte d'une organisation, là, d'une municipalité, exemple, qui jouit
d'une autonomie. Donc, effectivement, là, j'aurais tendance à penser que le mot
indépendance, dans le cas d'une personne physique, ça serait plus approprié.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de Gouin, oui. Mais voulez-vous un peu…
Une voix
: …
Le Président (M.
Bachand) : Mais si vous avez besoin de temps pour vérifier, là,
on peut prendre le temps, on peut suspendre quelques instants, là, ou ça va?
Une voix
: Oui, ça va.
Le Président (M.
Bachand) : On va suspendre quelques instants, merci.
(Suspension de la séance à 16 h 56
)
17 h (version non révisée)
(Reprise à 17 h 4)
Le Président (M.
Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît. La commission reprend
ses travaux. M. le ministre, s'il vous plaît.
M.
Caire
: Oui,
bien, M. le Président, comme je le disais précédemment, donc, la personne qui
exerce ses fonctions doit pouvoir les remplir de manière autonome. Nous sommes
très confortables avec ce libellé.
Le Président (M.
Bachand) : Député de La Pinière.
M. Barrette : …M. le
Président, j'aurais donc un sous-amendement à déposer si vous souhaitez que je
le fasse immédiatement.
Le Président (M.
Bachand) : Pouvez-vous l'envoyer à la commission, s'il vous
plaît. Merci. Alors, on va suspendre quelques instants, le temps de la
distribution. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 5)
(Reprise à 17 h 8)
Le Président (M.
Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend
ses travaux. M. le député de La Pinière, s'il vous plaît.
M. Barrette : Oui. M. le
Président, je propose donc un sous-amendement qui est d'une grande simplicité
et qui est tout à fait en ligne avec les propos qui ont été précédemment tenus,
à savoir : L'amendement à l'article 1 du projet de loi est modifié par le
remplacement de «autonome» par «indépendante».
Alors, pour moi, M. le Président, les deux
mots, «autonome» et «indépendante», n'ont pas exactement la même portée. Vous
me permettrez, M. le Président, de faire un lien avec des conversations que
nous avons eues hors d'ondes, entre nous. Certains d'entre nous se sont
interrogés sur la trop grande portée de l'indépendance, par exemple des…
certains d'entre nous se sont posé la question suivante : Est-ce que, par
exemple — je ne pense que les gens qui m'accompagnent vont être
irrités du fait que je fasse état de ces propos-là — si on dit :
Est-ce que ça veut dire que l'officier, la personne responsable, la personne
qui a ce poste-là, va avoir une indépendance au point, par exemple, d'ordonner
à son supérieur de lui donner tel budget, tel local, telle ressource, tel ceci,
tel cela? Je pense qu'il faut lire, vraiment, comment l'article il est écrit.
L'article est écrit : «Il exerce ses fonctions.» Les fonctions qu'il
exerce ne sont pas celles de la planification stratégique, ce ne sont pas…
M. Barrette : ...et à son
supérieur de lui donner tel budget, tel local, telle ressource, tel ceci, tel
cela.
Je pense qu'il faut le lire vraiment
comment, l'article, il est écrit. L'article est écrit «il exerce ses fonctions».
Les fonctions qu'il exerce ne sont pas celles de la planification stratégique,
ce n'est sont pas des fonctions d'autorité dans le fonctionnement de
l'organisation, mais bien l'exercice des fonctions telles que prévues dans la
loi telle quelle. Alors, ce n'est pas un poste qui permet de revendiquer, c'est
un poste qui exige de poser des gestes qui respectent les préceptes de la loi.
Point.
• (17 h 10) •
Alors, ce n'est pas un poste de
développement de structures, de ressources, de ceci et de cela. Le responsable
de ça doit prendre des décisions. Alors, ici, on parle de l'exercice de façon
indépendante. On ne parle pas d'autre chose que ça. Alors, moi, si on me répond
que le côté indépendant, ça lui donne trop de pouvoir parce qu'indépendant, ça
veut dire qu'il devient, par exemple, dans une entreprise, une entreprise dans
l'entreprise. Ce n'est pas ça, l'idée, là. La phrase, c'est «exerce». Alors, ce
qu'il exerce, c'est le rôle qu'on lui donne. C'est ce qu'il doit faire. Et on
veut qu'il le fasse de façon indépendante.
Alors, l'indépendance est liée à
l'exercice et non à son statut. Alors, ce faisant, il n'y a pas de danger de
voir des dérapages qui vont aller dans le sens de ce que j'ai entendu
précédemment. Du moins, c'est mon interprétation du texte tel qu'il est écrit.
Alors, les inquiétudes qui viendraient du mot «indépendant», bien moi, je pense
qu'elles ne sont peut-être pas fondées, mais je suis ouvert au débat.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Intervention? M. le ministre, s'il vous
plaît.
M.
Caire
: Oui.
Merci, M. le Président. Bien, je vais, à mon grand regret, être obligé
d'exprimer un désaccord avec le député de La Pinière, M. le Président,
parce qu'effectivement le mot «indépendance»... Puis je comprends son
intention, puis je comprends son opinion, puis je comprends la portée que lui
donne à ce mot-là. Malheureusement, ce n'est pas... ce n'est pas l'opinion de
tout le monde, notamment des juristes. Mais aussi, M. le Président, je vous
dirais de ma propre expérience où, dans le cadre de mes fonctions, j'ai
souhaité apporter des changements ou d'amener des réformes et où ces
changements et réformes-là se sont trouvées confrontées à la notion
d'indépendance de certaines institutions qui avaient une interprétation de ce
mot-là beaucoup plus large que le député de La Pinière. Et je suis
convaincu que dans ses anciennes fonctions ministérielles il pourrait avoir
quelques cas lui-même à soulever.
Donc, M. le Président, aux fins de ce que
le député de Gouin voulait amener comme notion, je suis tout à fait...
M.
Caire
: ...qui
avait une interprétation de ce mot-là beaucoup plus large que le député de La Pinière.
Et je suis convaincu que, dans ses anciennes fonctions ministérielles, il
pourrait avoir quelques cas lui-même à soulever.
Donc, M. le Président, aux fins de... ce
que le député de Gouin voulait amener comme notion, je suis tout à fait à
l'aise et confortable avec le mot «autonome». Je vais continuer à soutenir amendement
qui parle de l'autonomie des gens, s'entend, dans l'exercice de la fonction. Et
je rappelle au collègue, je rappelle au collègue que le projet de loi n° 64, même si l'article 8 et 8.1 souligne les fonctions et
l'application de la loi en matière d'accès à l'information, il touche
exclusivement la PRP. Et dans, éventuellement, le volet accès à l'information,
il y aura peut-être lieu d'amener dans la législation cette notion-là qui
permettrait à un responsable...
Puis là je lance l'idée, là, mais je pense
que, dans le contexte du projet de loi n° 64, de ce
que nous faisons, de ce que nous amenons comme notion à l'article 8 et 8.1,
l'amendement du député de Gouin... S'entend, je comprends l'objectif et je
pense que cet objectif-là, il est atteint avec la formulation de l'amendement,
et non du sous-amendement.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de Gouin, s'il vous plaît.
M. Nadeau-Dubois : Merci, M.
le Président. Bien, je trouve le sous-amendement intéressant puis je salue
d'ailleurs son dépôt. C'est vrai que, dans mes propos, j'ai comme utilisé de
manière équivalente les deux termes, puis ils ne le sont pas exactement.
D'ailleurs, si j'étais du genre à faire des calembours, si j'étais de ce genre-là,
je dirais que l'actuel premier ministre du Québec connaît bien la différence
entre l'indépendance et l'autonomie. Mais puisque je ne suis pas du genre à
faire ce genre de joke là, je ne la ferai pas.
Non, mais plus sérieusement, je comprends également...
puis je comprends aussi la réticence du ministre quand il nous dit : Bien,
attention, là, la notion d'indépendance pourrait comme déborder de ce qu'on
souhaite venir affirmer ici comme principe. C'est-à-dire que, dans l'exercice
de ses fonctions spécifiques à la loi d'accès, sur l'accès, on veut que les
décisions soient prises sans entrave puis sans influence indue de la part de
ses supérieurs. Ça, c'est le principe, je pense, sur lequel on s'entend.
La question, c'est : Est-ce que c'est
la notion d'autonomie ou d'indépendance qui nous permet d'atteindre avec le
plus de clarté cet objectif-là? C'est comme ça que je comprends le dilemme qui
est le nôtre en ce moment. Puis ce n'est pas juste du coupage de cheveux en
quatre. Je pense que c'est important de bien rédiger les lois qu'on travaille
ici en commission.
Est-ce que, si on ne veut pas affirmer
carrément l'indépendance, on ne pourrait pas avoir une troisième option, une
troisième voie pour parler davantage d'indépendance, en venant préciser, encore
plus que l'amendement ne le fait actuellement... Parler d'indépendance, oui,
mais dans l'exercice, dans...
M. Nadeau-Dubois : …l'indépendance,
on ne pourrait pas avoir une troisième option ou troisième voie pour parler
davantage d'indépendance en venant préciser encore plus que l'amendement ne le
fait actuellement… bien, parler d'indépendance, oui, mais dans l'exercice,
dans… on pourrait dire : dans l'exercice de ses fonctions telles que
déléguées, on pourrait parler dans l'exercice… dans l'application de la loi,
peut-être que… venir préciser encore davantage dans quel cadre on veut que
l'indépendance soit exercée par la personne. Peut-être qu'on viendrait à la
fois répondre à la volonté qui était la mienne dans mon amendement tout en érigeant
une digue pour ne pas que la notion d'indépendance déborde trop, puis ça ferait
suite, je pense, à la remarque qui est pertinente du député de La Pinière,
qui disait : Attention, autonomie, c'est peut-être faible puis, surtout,
ce n'est peut-être pas la meilleure manière de dire ce qu'on essaie de dire
avec cet amendement-là. Puis je fais cette contribution-là en toute bonne foi.
Il me semble qu'il y a peut-être moyen de trouver une ligne ici, puis je ne
suis pas juriste, mais il y en a dans la salle. Est-ce que venir préciser dans
quels cadres s'exerce l'indépendance ne pourrait pas nous faire aboutir sur la
formulation idéale dans le débat qui est le nôtre en ce moment?
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M.
Caire
: Bien,
je suis d'accord avec le député de Gouin sur le fait que ce n'est pas de la
simple sémantique, effectivement, puis il faut être très conscient de la
portée. C'est la raison pour laquelle, M. le Président, là-dessus je reste sur
ma position. Puis j'entends la suggestion du député de Gouin, mais le fait que
l'indépendance s'applique à l'exécution de la responsabilité, elle est
implicite, mais elle n'exclut pas que l'interprétation qu'on peut faire de ce
qui est requis pour que la personne soit responsable, soit indépendante dans
l'exercice de sa fonction, cette interprétation-là peut quand même continuer à
être très large.
Donc, M. le Président, pour cette
raison-là, moi, je pense sincèrement, là, je pense que le premier libellé, là,
celui qui a été… l'amendement tel que déposé par le député de Gouin dans le
contexte du projet de loi n° 64, je pense qu'il
atteint vraiment l'objectif. Et il se combine aux autres mesures, hein, parce
que, comme je l'avais dit au député de Gouin, là, on amène quand même la notion
où le plus haut dirigeant est responsable de l'application de la loi, on amène
quand même un encadrement avec le comité. Donc, il y a des mesures qui sont
mises en place, des contre-pouvoirs qui sont mis en place. La Commission
d'accès à l'information, on rajoute cette notion-là. Je pense que, pour camper
le qui fait quoi, qui est l'article… le but de l'article 1, qui amène l'article
8 et 8.1, je pense qu'on atteint vraiment l'objectif, puis après ça 64 va aussi
nous amener des responsabilités qui vont se décliner, là, différemment. Ça fait
que je pense vraiment qu'on a atteint l'objectif. Donc, moi, je suis très mal à
l'aise avec «indépendant», je serais très à l'aise avec «autonome».
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député de LaFontaine, s'il vous plaît.
M. Tanguay
: Oui. Merci
beaucoup, M. le Président. Alors…
M.
Caire
: …je
pense qu'on atteint vraiment l'objectif puis après ça, 64, va aussi nous amener
des responsabilités qui vont se décliner, là, différemment. Ça fait que je
pense vraiment qu'on a atteint l'objectif. Donc, moi, je suis très mal à l'aise
avec «indépendant» puis je serais très à l'aise avec «autonome.»
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député de LaFontaine, s'il vous plaît.
M. Tanguay
: Oui, merci
beaucoup, M. le Président. Alors, je fais miens tous les propos prononcés par
le collègue de La Pinière. Puis, encore une fois, c'est toujours très
instructif d'aller voir dans le corpus législatif actuel quelle est
l'utilisation. Ici, on a le choix entre deux mots. On a un choix,
deux options : «de manière autonome» ou «de manière indépendante.»
Et, lorsque l'on voit, je vous donne un
exemple. L'article 29 de l'autorité sur… de la Loi sur l'Autorité des
marchés financiersparle d'organismes, parle de processus indépendants et parle
de désignation d'une personne indépendante. Alors, vous comprenez que dans ce
contexte-là, processus, puis encore plus adapté l'exemple de personne. Désigner
une personne indépendante versus désigner une personne autonome, ce n'est pas
la même chose.
Quand le mot est utilisé dans un contexte
qui est similaire, toute analogie par définition est imparfaite. Ce n'est pas
parfait, mais lorsque l'on veut parler qu'une personne est indépendante versus
elle est autonome, l'autonomie me semble bien davantage axée, en termes
d'impact juridique, sur les moyens que sur le résultat.
Le résultat, c'est d'avoir une
administration, une application indépendante. Autonome, bien, utilisez les
moyens que vous voudrez, mais en bout de piste, ce que l'on veut éliminer c'est
les «enterables», ce que permettrait de ratisser plus large le terme,
expression, «indépendance.» Alors, «en toute indépendance.»
Alors, je vais voter, évidemment, M. le
Président, vous ne serez pas surpris, en faveur de l'amendement du collègue de
La Pinière, parce que c'est plus fort puis, encore une fois, on parle de
quoi? On parle des personnes responsables de l'accès aux documents, des
responsables de la protection. On veut-tu que la personne soit «autonome» en ce
qui a trait à l'accès et à la protection ou qu'elle soit «indépendante.» Moi,
je pense que poser la question, c'est y répondre. Je voudrais qu'elle soit
indépendante.
Alors, voilà, M. le Président, ce que
j'avais à dire.
Le Président (M. Bachand) :
Merci. D'autres interventions sur le sous-amendement? S'il n'y a pas d'autres
interventions, nous allons procéder à la mise aux voix. Mme la secrétaire, s'il
vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. Pour l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
:
M. Caire (La Peltrie)?
M.
Caire
:
Contre.
La Secrétaire
: Pour le
groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque (Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) :
Contre.
La Secrétaire
:
M. Nadeau-Dubois (Gouin)?
M. Nadeau-Dubois : Pour.
La Secrétaire
:
M. Bachand (Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, le sous-amendement est rejeté. On
revient maintenant aux interventions sur l'amendement. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autres interventions, nous allons
procéder à ses mises aux voix. Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
• (17 h 20) •
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Nadeau-Dubois (Gouin)?
M. Nadeau-Dubois : Pour.
La Secrétaire
:
M. Caire (La Peltrie)?
M.
Caire
: Pour.
La Secrétaire
: Pour le
groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque (Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour.
La Secrétaire
: Pour
l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
:
M. Bachand (Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'amendement à l'article 1
est adopté. Merci. Intervention, M. le député de LaFontaine.
La Secrétaire
: ...M. Caire
(La Peltrie)?
M.
Caire
: Pour.
La Secrétaire
: Pour le
groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque (Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) :
Pour.
La Secrétaire
: Pour l'opposition
officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
: M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'amendement à l'article 1
est adopté. Merci. Intervention, M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
:
...nous avons envoyé au Greffier un amendement qui faisait écho d'une des
premières discussions que nous avons eues, qui viserait a amender le premier alinéa,
la première phrase du premier alinéa de l'article 8. On pourrait peut-être
suspendre, le temps que ledit amendement apparaisse.
Le Président (M.
Bachand) : On va suspendre quelques instants en attendant la
distribution électronique. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 21)
17 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 17 h 41)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La
commission reprend ses travaux. M. le député de Gouin ou le ministre, je ne
sais pas... Suite aux discussions, M. le député de Gouin, oui.
M. Nadeau-Dubois : Oui, merci,
M. le Président. Donc, on a eu des conversations puis on veut juste s'assurer
que ce soit rédigé de manière optimale. Donc, je vous demanderais le consentement
pour qu'on retourne... qu'on réouvre l'article 1 pour que je puisse
déposer un nouvel amendement.
Le Président (M.
Bachand) : ...c'est réouvrir l'amendement qu'on vient
d'adopter.
M. Nadeau-Dubois : Parce qu'on
était toujours sur l'article 1, bien sûr, donc c'est d'ouvrir l'amendement.
Bien sûr, vous avez raison, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : Donc, est-ce qu'il y a consentement pour rouvrir?
M.
Caire
: Consentement.
Le Président (M. Bachand) :
Parfait. Le consentement est adopté. M. le député de Gouin, maintenant.
M. Nadeau-Dubois : Je
déposerais un nouvel amendement.
Le Président (M.
Bachand) : Il faudrait le retirer...
M. Nadeau-Dubois : Bon, on
retire le... O.K., on s'est mal compris, on s'est mal compris.
Le Président (M.
Bachand) :O.K. ça va. Alors donc, le consentement
pour...
M. Nadeau-Dubois : Je
demanderais le consentement pour retirer l'amendement qui avait été adopté
précédemment.
Le Président (M.
Bachand) : Est-ce qu'il y a consentement?
Des voix
: Consentement.
Le Président (M.
Bachand) :Consentement. M. le député de Gouin,
s'il vous plaît.
M. Nadeau-Dubois : Je pense
que maintenant on est rendu au moment où je vous annonce que je dépose un
nouvel amendement...
Le Président (M.
Bachand) :Exactement.
M. Nadeau-Dubois : ...rédigé
de manière légèrement différente :
Insérer à la fin du deuxième alinéa de
l'article 8 introduit par l'article
1 du projet de loi:
«Cette personne doit pouvoir les exercer
de manière autonome.»
Le Président (M.
Bachand) : Est-ce qu'il y a des explications...
M. Nadeau-Dubois : …j'annonce
que je dépose un nouvel amendement. Rédigé de manière légèrement différente.
Insérer à la fin du deuxième alinéa de l'article 8 introduit par l'article 1 du
projet de loi: «Cette personne doit pouvoir les exercer de manière autonome.»
Le Président (M.
Bachand) :Est-ce qu'il y a des, comme,
explications qu'on peut…
M. Nadeau-Dubois : Bien, on
m'a soufflé à l'oreille que, d'un point de vue juridique, là, pour s'assurer
que la loi soit bien comprise pas tous, c'était préférable de procéder par
cette formulation. Je pense que ça me semble répondre tout à fait aux objectifs
qui étaient les miens. Bien sûr, s'il y a des gens qui veulent sous-amender,
c'est encore possible. Mais non, plus sérieusement, c'est une correction de
forme pour nous assurer d'être bien compris par ceux qui liront la loi. Voilà.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. S'il n'y a pas
d'autres interventions, nous allons procéder à sa mise aux voix.
M. Barrette : Bien, je vais en
faire une intervention.
Le Président (M. Bachand) :
Oui, M. le député de La Pinière.
M. Barrette : Bien, je ne la
ferai pas finalement. Ça va être considéré comme du…
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Donc, d'autres interventions? Sinon,
nous procédons à la mise aux voix.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Nadeau-Dubois (Gouin)?
M. Nadeau-Dubois : Pour.
La Secrétaire
:
M. Caire (La Peltrie)?
M.
Caire
: Pour.
La Secrétaire
: Pour le
gouvernement parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour.
La Secrétaire
: Pour
l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
:
M. Bachand (Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'amendement du député de Gouin
est adopté, merci.
Alors, on retourne à l'article. M. le
député de LaFontaine, s'il vous plaît.
M. Tanguay
: Oui, M. le
Président. Et j'aimerais déposer un amendement qui est déjà sur Greffier. Et
l'amendement se lit comme suit : Au premier alinéa de l'article 8 de la
Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des
renseignements personnels, proposé par l'article 1 du projet de loi, ajouter
après les mots «à y assurer le respect et la mise en oeuvre de la présente loi»
les mots «et en est imputable.» Fin de la citation.
Je fais suite à la conversation qu'on a
eue en début de séance de cet après-midi. Je prends toujours pour acquis que le
ministre va y songer, va le prendre en délibéré. Et j'aimerais suggérer, si ma
compréhension est la bonne, de suspendre l'étude dudit amendement, pas de
l'article, mais de l'amendement que je vous propose pour laisser le temps au
ministre d'y songer.
Le Président (M.
Bachand) :Donc, vous comprenez qu'on ne
pourra pas adopter l'article 1 tant qu'on n'aura pas disposé de l'amendement
qui est relié. On est d'accord avec ça?
Une voix
: On est
d'accord avec ça.
M. Tanguay
: C'est… de
la manoeuvre.
Le Président (M. Bachand) :
Parfait. Merci beaucoup. Alors, ça va, M. le ministre?
M.
Caire
: Oui, absolument,
M. le Président. Effectivement, j'apprécie le fait qu'effectivement on puisse
prendre le temps avec les juristes de l'équipe, là, d'analyser la portée de l'amendement
avant de prendre position.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Interventions
sur l'article, hein?
M. Barrette : Oui.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de La Pinière.
M. Barrette : M. le Président,
quand on lit et relit l'article 1…
M. Caire :
…de l'équipe,
là, d'analyser la portée de l'amendement avant de prendre position.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Donc, intervention sur l'article 1?
M. Barrette : Oui.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de La Pinière?
M. Barrette : M. le Président,
quand on lit et relit l'article 1, on va d'une notion à l'autre, et à un moment
donné… et là, le ministre, là, je ne veux surtout pas qu'il le prenne mal, là,
mais vraiment pas, ni les juristes d'ailleurs. Je vais poser une question, là, bien
simple, là : À la fin de la journée, c'est qui le patron?
M.
Caire
: Bien,
M. le Président, je pense que le premier alinéa de l'article 8 est assez clair là-dessus :
C'est la plus haute autorité au sein d'un organisme public. Alors, il s'agit, évidemment,
de considérer de quel organisme public on parle, et à partir de là, dans la
chaîne hiérarchique, vous remontez jusqu'en haut, puis c'est la personne qui
est la plus… qui est la… qui est responsable. En fait, Me Miville-Deschênes
donnait un exemple d'un organisme public qui serait doté, par exemple, d'un
conseil d'administration. Bien, c'est le président du conseil d'administration,
et ainsi de suite. Complément de réponse, Me Miville-Deschênes?
Le Président (M.
Bachand) : Me Miville-Deschênes, oui?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, c'est le P.D.G. qui est la plus haute autorité
quand on est… d'un conseil d'administration, effectivement.
Des voix : …
M. Barrette : Bien, voilà. Je
suis obligé de noter, M. le Président, qu'à la première question, il y a eu une
confusion. Alors, c'est comme normal qu'on puisse poser la question. Alors
donc, c'est qui? C'est le président du conseil d'administration, ou c'est le
P.D.G.?
Le Président (M.
Bachand) : Me Miville-Deschênes?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui. Bien, la personne ayant la plus haute autorité,
qui est automatiquement le responsable de la protection des renseignements
personnels et de l'accès à l'information, à moins qu'il la délègue, bien, ça
doit être une personne physique. Donc, c'est pour ça que la jurisprudence a
déterminé que, dans le cas d'une municipalité, c'est un maire, dans le cas d'un
organisme doté d'un conseil d'administration, ça va être le président-directeur
général. Donc, voilà. Puis, bien, cette personne-là, qui est automatiquement
responsable, peut déléguer la fonction de responsable qui est limitée au
traitement de demandes d'accès. Puis, là, bien, évidemment, on a eu la
discussion pour assurer une certaine autonomie de ces responsables-là dans
l'exercice… voyons donc, excusez-moi, précis du traitement des demandes d'accès
et non pas dans les autres obligations que la loi impose à l'organisme public.
M. Barrette : Vous avez sans
aucun doute pris connaissance du mémoire des ordres professionnels. Le Collège
des médecins est venu parler, peut-être pas au nom des ordres professionnels,
mais a fait référence à l'état actuel du droit, là, des lois, pour les ordres
professionnels. Et là, la plus haute autorité, là, qui est le président, n'est
pas la plus haute autorité. Je vais dire, je vais citer une partie du mémoire,
là : «Par l'adoption de la loi n° 98…
M. Barrette : …fait référence à
l'état actuel du droit, là, des lois pour les ordres professionnels, et là, la
plus haute autorité, là, qui est le président, n'est pas la plus haute
autorité.
Je vais dire, je vais citer une partie du
mémoire, là : «Par l'adoption de la loi no 98, en 2017, le Code des
professions a été modifié de sorte que le rôle du président d'un ordre
professionnel consiste dorénavant à exercer un droit de surveillance générale
sur les affaires du conseil d'administration plutôt que sur les affaires de
l'ordre. Il est maintenant clair qu'il revient au directeur général et non au
président de gérer les ressources de l'ordre.» N'y a-t-il pas là une
contradiction?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Dois-je obtenir un consentement pour parler?
Le Président (M.
Bachand) : …
M. Barrette : En tout cas,
moi, je consens pour toute, toute, toute la…
Le Président (M.
Bachand) : Toute la séance.
M. Barrette : Pour toujours.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : D'accord. Dans le cas des ordres professionnels,
c'est une situation où, là, ils ont un régime particulier à eux, qui a été
prévu dans le Code des professions. Et là, je devrais, pour connaître les
motifs, là, peut-être retourner dans le passé. Mais, il y a eu… l'article 108.5
du Code des professions désigne spécifiquement pour les ordres professionnels
que c'est le président de l'ordre qui exerce les fonctions. Donc, il a dû y
avoir, à l'époque, une discussion à savoir à qui on donnait cette fonction-là,
puis il y a eu une décision dans le cas particulier des ordres de la donner au
président de l'ordre. Donc, ce n'est pas en fonction de notre article 8
que le président d'un ordre est responsable de l'application de la loi, c'est,
vraiment, l'article 108.5 du Code des professions qui crée ce régime
spécifique là pour les ordres professionnels.
Une voix
: …
• (17 h 50) •
M. Barrette : Oui, mais je
pourrais vous demander de le répéter, puis ça ne serait pas plus clair, je
pense, que là, là. Là, actuellement, dans un ordre professionnel, mon point,
ici, là, ce n'est pas… je ne veux pas zigonner pour zigonner, là, ce n'est pas
ça, là, la personne qui est la plus haute autorité dans le… dans un ordre
professionnel, c'est le président de l'ordre. Mais, en réalité, fonctionnellement,
c'est le directeur. Mais la loi, telle qu'on l'écrit dans 8, c'est la
personne qui est la plus haute autorité. C'est comme s'il y avait un problème,
là, dans ce cas-là, spécifique avec la loi qui dit : La personne qui
imputable, c'est la personne qui est la plus haute autorité, mais dans le cas
des ordres professionnels, ce n'est pas la même personne.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui, je comprends. Mais, en fait, ce que je soulève,
c'est que ce n'est pas notre article 8 de la loi sur l'accès qui fait en
sorte que c'est le président d'un ordre qui est responsable, c'est un article
spécifique du Code des professions dans lequel ils ont créé un régime différent
pour les ordres professionnels, dans lequel sont assujetties, en partie, à la
loi sur l'accès, en partie, à la loi sur la protection en secteur privé. Et
cette disposition-là dit, spécifiquement, que c'est le président qui exerce la
fonction de responsable. Donc, ce que je veux soulever, c'est qu'il y a eu une
décision qui a été prise à l'époque, c'est en 2006 qu'ils ont adopté cette
disposition-là, de confier au président le… la responsabilité…
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : ...et cette disposition-là dit spécifiquement que
c'est le président qui exerce la fonction de responsable. Donc, ce que je veux
soulever, c'est qu'il y a eu une décision qui a été prise, puis à l'époque,
c'était en 2006 qu'ils ont adopté cette disposition-là, de confier au président
la responsabilité... la responsabilité... bien, la fonction de responsable en application
de la loi sur l'accès. Donc, si on voulait modifier cet état des choses là, ça
serait dans le Code des professions qu'il faudrait agir, ou ne serait-ce que parce
que l'article 108.5 du Code des professions, spécifiquement, confie au
président de l'ordre ces fonctions-là.
M. Barrette : O.K.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, je veux dire que la... Ce n'est pas l'article 8
de la loi sur l'accès qui crée cette confusion, mais c'est vraiment un choix
délibéré à l'époque de donner ce rôle-là au président de l'ordre.
M. Barrette : Je veux
juste qu'on s'entende sur le sens des mots. Je comprends que votre explication…
je ne l'ai pas lu, là, le Code des professions, là, O.K. Je prends… je
comprends ce que ce Collège dit, puis je le sais qu'est-ce qu'ils disent, là,
puis c'est comme ça dans tous les ordres professionnels. Ce n'est pas propre au
Collège des médecins, tous les ordres professionnels sont comme ça. M. le Président,
ce qu'on me dit, si j'ai bien compris, c'est que dans le Code des professions,
maintenant, dans la loi, il y a une responsabilité dans la loi qui est donnée à
quelqu'un pour les renseignements personnels, qui n'est pas donnée à la plus
haute autorité. C'est correct, je veux dire, c'est un état de fait dans la loi
sur les professions. Mais la loi actuelle qu'on modifie, elle dit nommément que
c'est la plus haute autorité. Elle ne dit pas : C'est la plus haute
autorité, sauf dans le cas des ordres professionnels. Elle dit ça, et le droit
étant ainsi construit que les phrases, là, ils disent ce qu'ils ont à dire, en
droit, puis ils ne disent pas autre chose. Bon, peut-être qu'il va y avoir un
jugement à un moment donné, puis une jurisprudence, mais là, actuellement, on a
un texte qui dit : C'est la plus haute autorité. Correct. De l'autre côté,
du côté du Code des professions, de la loi sur les professions, eux autres, on
le délègue à quelqu'un, là, on délègue par la loi. On ne délègue pas par choix,
on délègue par la loi. Mais il n'en reste pas moins que, en fait, la question
qu'on doit se poser : Est-ce que la loi qu'on modifie aujourd'hui va avoir
préséance sur le reste? Normalement, oui. Je comprends la nuance, là, c'est
juste qu'elle n'est pas explicite dans la loi. Elle n'est même pas implicite,
alors que ce qu'on propose à 8 puis à 8.1, c'est clair, limpide, c'est… bien,
limpide, ce n'est pas si limpide que ça à mon sens, là, mais c'est la plus
haute autorité. Alors, la plus haute autorité peut déléguer, comme la loi l'a
fait, ou l'impose au Code des professions, mais ça demeure une responsabilité
ultime, au plus haut dirigeant. Alors, un vient en contradiction avec…
M. Barrette : ...mon sens, là,
mais c'est la plus haute autorité. Alors, la plus haute autorité peut déléguer,
comme la loi le fait ou l'impose au Code des professions, mais ça demeure une responsabilité
ultime au plus haut dirigeant. Alors, un vient en contradiction avec l'autre,
il me semble. N'y aurait-il pas donc lieu d'avoir un amendement dans le but de
clarifier la situation, du genre, là...je ne l'ai pas écrit, je pense à...
comme ça... je réfléchis en en parlant... une provision qui dit «sauf dans le
cas de» ou «eut égard à», là, tous les mots que vous avez dans le droit, là,
qui sont des mots qu'on utilise à tous les jours, là?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : ...qu'on les aime, on les utilise.
M. Barrette : Non, justement,
c'est ça, mon point. Mon point, M. le Président, c'est précisément ça. En droit,
on utilise des mots qui ont un sens, et qui n'ont pas deux sens, en général.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Vous permettez, je vais faire un petit retour en
2006. En 2006, la loi qui a été adoptée par rapport... pour assujettir les
ordres professionnels a eu pour effet, d'une part, d'ajouter un article à la
loi sur l'accès, qui est effectivement prépondérante, la loi sur l'accès à une
prépondérance sur les autres lois du Québec. Puis l'article 1.1 nous dit :
La loi sur l'accès — je la dis dans mes mots — s'applique
aux documents détenus par les ordres professionnels dans la mesure prévue par
le Code des professions. Donc, ce qu'ils ont fait à l'époque, ils ont
dit : On va appliquer... Je m'excuse, là. Dans le fond, la loi sur l'accès
a préséance, donc, dans la loi sur l'accès, on va dire directement que la loi
s'applique dans la mesure prévue dans une section du Code des professions.
Donc, l'enjeu de la préséance n'a pas de raison d'être puisque, directement
dans la loi sur l'accès, on dit qu'il y a une modulation des responsabilités et
des restrictions qui se trouvent dans le Code des professions.
Si on va dans le Code des professions, là,
c'est à la section V.1, Accès aux documents et protection des renseignements
personnels, où là on dit : Bon, il y a différentes modulations, là, il y a
certaines restrictions à l'accès qui ne s'appliquent pas. Et, à la place de ces
restrictions-là qui se retrouvent dans la loi sur l'accès, il y a des
restrictions qui ont été reproduites et modulées dans le Code des professions,
donc il y a différentes modifications qui sont faites au régime de la loi sur
l'accès directement dans le Code des professions. Et une de ces modifications-là,
c'est de dire, et là je vais la lire : «Le président d'un ordre exerce les
fonctions que la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la
protection des renseignements personnels confère à la personne responsable de
l'accès aux documents et de la protection.»
Donc, bien, donc, à mon sens, légalement, c'est
assez clair que c'est le président de l'ordre qui est la personne responsable,
parce qu'ils ont un régime particulier, mentionné dans la loi sur l'accès, qui
modifie un peu les obligations pour les adapter aux ordres professionnels.
Le Président (M. Bachand) :
...de LaFontaine, oui. C'est sur le même sujet?
M. Tanguay
: Bien, je
pense comprendre, là. Par contre, depuis 2017, et c'est ce à quoi le collègue
de La Pinière...
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : …pour les adapter aux ordres professionnels.
Le Président (M.
Bachand) : …de LaFontaine, oui.
M. Tanguay
: …vas-y,
continue, continue.
Le Président (M.
Bachand) : C'est sur le même sujet?
M. Tanguay
: Bien, je
pense comprendre, là. Par contre, depuis 2017, et c'est ce à quoi le collègue
de La Pinière, puis il me corrigera si j'ai tort, fait référence…
M. Barrette : Tout à fait.
M. Tanguay
: Depuis
2017, le Collège des médecins est venu dire que le… parce que les
articles 101.1 et 101.2 sont de législation récente, 2017, chapitre XI…
viennent dire que le directeur général est chargé de l'administration générale
et courante des affaires, il assure la conduite des affaires. Puis là, écoutez,
le directeur général, là, «she's or he's the boss». Et le président de l'ordre
veille au conseil d'administration et ne serait pas la personne en autorité
dans l'organisation. Et qui plus est, après un mandat d'un an, deux ans, il va
quitter, et le directeur général va rester. Ce que nous dit le député de
La Pinière, qui fait écho du Collège des médecins, ne devrions-nous pas
spécifier qu'en ce qui a trait aux ordres, on fait écho à 2017, bien,
l'autorité haute, c'est le directeur général?
M. Barrette : C'est exactement
ça. Et mon point ici, là, ce n'est pas 2006, là, c'est 2017. Ce n'est pas
propre au Collège des médecins, c'est comme ça pour tous les ordres avec le
changement de la loi n° 98, l'adoption de la loi n° 98 en 2017.
Alors, là, il y a comme un trou. S'il n'y a pas de trou, là, il faudra me
montrer, là, qu'il n'y en a pas avec tel article plus tel article plus tel
article, là.
Parce que moi, j'imagine… je vais le dire
comme ça, M. le Président, là, c'est la première fois qu'on est ensemble… je
dis souvent que je fais la pratique illégale du droit. Ça m'amuse beaucoup.
Maintenant… le ministre, lui, il le sait parce que, lui, je l'utilise… bon, je
fais ça régulièrement.
La raison pour laquelle j'insiste
là-dessus, c'est parce qu'au Collège des médecins, comme dans la plupart des
ordres, en tout cas, ceux qui sont assez gros, là, ils ont des avocats. Alors,
ça, là, ce n'est pas venu d'un docteur, là, c'est venu d'un avocat, celui du
collège. Alors, si l'avocat du collège voit un problème, ça se peut qu'il ait
raison, ça se peut qu'il ait tort, mais ça se peut qu'il ait raison. Alors, il
soulève ça.
Moi, quand je lis ça, je vois une
contradiction claire. Parce que s'il n'y a pas de contradiction, là, ça veut
dire qu'un texte de loi prend comme fait… ça veut dire que, dans un texte de
loi, il y a quelque chose d'implicite, de subtil, là, qui vient prendre en
compte dans sa loi ce qui est dans une autre loi. Ça veut dire que… oui, oui,
mais regardez, moi, je dis : Le plus haut dirigeant, là, mais, en réalité,
je sais bien que ce n'est pas ça que ça veut dire pour les ordres
professionnels. Un juge comprendra bien, lui, parce que le juge n'est pas fou.
Normalement, les lois, quand on les fait, ils sont clairs pour le juge, ils
sont explicites. Là, on est dans l'implicite.
• (18 heures) •
Alors, la sortie des ordres, par la voix
du collège, ce n'est pas une critique de la loi en soi, c'est une critique qui
vise la précision du texte…
18 h (version non révisée)
M. Barrette : ...parce que le
juge n'est pas fou. Normalement, les lois, quand on les fait, elles sont
claires pour le juge, elles sont explicites. Là, on est dans l'implicite.
Alors, la sortie des ordres par la voie du collège, ce n'est pas une critique
de la loi en soi, c'est une critique qui vise la précision du texte, et eux
autres voient là une collision. Puis, encore une fois, j'insiste, ça, là, je
peux vous garantir que ça vient du contentieux du collège. C'est les avocats
qui ont sorti ça, là, c'est sûr, sûr, sûr. Moi, je regarde ça dans ma pratique
illégale du droit puis je trouve qu'il y a un problème. Alors, ne devrait-il
pas y avoir une clarification? Je ne parle pas ici, là, de changer la loi, là,
de fond en comble, sa portée et ainsi de suite, mais ne devrait-il pas y avoir
une clarification? On peut suspendre si vous le souhaitez pour que vous preniez
un moment de réflexion.
M.
Caire
: Non,
mais ce que je comprends, M. le Président, c'est qu'effectivement il y a des modifications
qui ont été apportées qui donnent au directeur général des responsabilités, des
pouvoirs supplémentaires. Mais je ne comprends pas que ces modifications-là
l'ont désigné comme étant la plus haute autorité puis ne modifient pas non plus
le régime particulier qui a été fait des ordres professionnels de voir le
président assumer la fonction de responsable de l'Accès à l'information.
Donc...
M. Barrette : C'est parce que
dans le cas des ordres, M. le Président...
M.
Caire
: Puis,
si je peux...
M. Barrette : ...le ministre
n'a plus cette fonction-là.
M.
Caire
: M. le
Président, je vais juste... si le député de La Pinière me le permet, je
vais juste finir. Puis je comprends qu'il peut y avoir effectivement des
avocats qui ont eu un avis. M. le Président, pour baigner dans un univers
d'avocats depuis que j'ai été nommé responsable de l'Accès
à l'information et de la Protection des renseignements personnels, je peux vous
dire qu'ils ont tous beaucoup d'avis et pas toujours... qui ne vont pas toujours
dans le même sens.
Mais ce que j'en comprends, M. le Président,
c'est que ce régime-là particulier, qui a été donné aux ordres professionnels,
n'est pas impacté par les modifications qui ont été faites aux responsabilités
du directeur général, ne le désigne pas comme la plus haute autorité de l'organisme,
et donc la mention qui est faite à l'article 8 ne vient pas impacter ce
qui a déjà été défini dans la Loi d'accès à l'information comme étant une responsabilité
qui est inhérente au président de l'ordre, là.
M. Barrette : Bien, non, M. le
Président, c'est exactement le contraire, là. Là, on a un texte de loi qui
dit : La responsabilité ultime, c'est la personne la plus haute dans la
hiérarchie.
M.
Caire
: Oui.
M. Barrette : Bon. Là, cette
personne-là n'a pas cette responsabilité-là, elle ne l'a pas dans le cas des
ordres. Ça fait que, là, clairement, là, la personne, là, peut pas être
imputable d'une chose dont elle n'a pas la responsabilité, là.
M.
Caire
: Non,
mais le président de l'ordre est la plus haute autorité.
M. Barrette : C'est ça mon
point. C'est ça le point du collège. Alors que dans ce domaine-là, le président
n'a pas de, entre guillemets, juridiction dans l'organisation.
M.
Caire
: Ça ne
modifie pas les régimes qui ont été mis en place, là.
M. Barrette : Bien, au
contraire.
Le Président (M.
Bachand) : Me Miville-Deschênes, s'il vous plaît.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : En fait, le Code des professions, comme on l'a dit,
a changé en 2017 pour donner plus de… un rôle différent au directeur général
puis ils ont pris la décision à l'époque, il y a quand même eu des
consultations, de ne pas changer le fait que le président est responsable de
l'accès et de la protection pour des raisons que je ne connais pas…
Le Président (M.
Bachand) : Me Miville-Deschênes, s'il vous plaît.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : En fait, le Code des professions, comme on l'a dit,
a changé en 2017 pour donner plus de… un rôle différent au directeur général,
puis ils ont pris la décision à l'époque, étant donné les consultations, de ne
pas changer le fait que le président est responsable de l'accès et de la
protection, pour des raisons que je ne connais pas. Mais, quand je vois le
commentaire du collège, en fait, il vise davantage l'article 8.1, où là on
dit : La personne, la plus haute autorité, on revient avec cette même
expression là, est… siège… pas siège, mais est responsable du comité sur
l'accès, là. Donc, c'est plus sur cette nouvelle obligation là que le collège…
M.
Caire
: Pas pour
l'application de la loi…
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui, c'est ça, c'est pour le rôle au sein du comité.
Le Président (M.
Bachand) : …
M.
Caire
:
Désolé, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : Alors, M. le ministre, juste peut-être recommencer
la fin de votre réponse, s'il vous plaît.
M.
Caire
: Bien,
M. le Président, c'est…
Le Président (M.
Bachand) : Oui, M. le ministre.
M.
Caire
: Puis
le… Me Miville-Deschênes apporte une excellente précision. Mais, sur
l'application, ça ne change rien que c'est une fonction qui revient au
président. Pour le comité, je peux comprendre que ça peut peut-être amener ce
questionnement-là, mais ce n'est pas… ça ne change pas le fait que la plus
haute autorité, c'est le président, qui continue à assumer la responsabilité de
la loi d'accès à l'information, là.
C'est parce que l'objection du député de
La Pinière est à l'effet que les modifications qui ont été apportées aux
responsabilités des directeurs généraux en feraient d'emblée la plus haute
autorité. Mais ce n'est pas le cas, là.
M. Barrette : Disons, M. le
Président, qu'on… La position des ordres professionnels — oublions le
collège, là, parce que c'est la même chose dans tous les ordres,
là — la fonction du président, là — d'ailleurs, c'est
étonnant comme tel, là — il surveille les… la surveillance générale
sur les affaires du conseil d'administration et non de l'ordre. Là, pour ce qui
est de 8.1, là, je veux bien, là, mais à 8.1, ça remonte encore à la personne
en haut, qui a… tu sais, c'est 8.1, qu'on prenne… qu'on fractionne
l'argumentaire que les ordres font, ça revient à la même affaire. 8 total, 8.1,
tout remonte à la plus haute autorité, parce que tout remonte à la plus haute
autorité. Mais, dans l'organisation des ordres, ça ne semble pas être le cas.
Le Président (M.
Bachand) : Il y avait le député de…
M. Barrette : La plus haute
autorité des organismes publics ne semble pas être la même chez les ordres que
dans un autre organisme public. Alors, il semble y avoir un problème.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de LaFontaine, vous vouliez ajouter à
ce que le député de La Pinière a dit?
M. Tanguay
: Parce que
là… Puis l'avantage du Collège des médecins, dans ce sur quoi il nous fait
porter notre attention, est de nous faire réfléchir comme législateurs. Et là,
effectivement, je reprends l'idée du collègue de La Pinière, on aurait un
serpent à deux têtes : on aurait la plus haute autorité qui est
responsable, accès aux documents et à la protection, qui peut s'adjoindre un
comité et qui doit s'adjoindre un comité pour…
M. Tanguay
: …comme
législateurs.
Et là, effectivement, je reprends l'idée
du collègue de La Pinière : on aurait un serpent à deux têtes. On
aurait la plus haute autorité qui est responsable, accès aux documents et à la
protection, qui peut s'adjoindre un comité et qui doit s'adjoindre d'un comité
pour répondre de l'application, pour l'aider dans l'application de ça. Ledit
comité, à 8.1, relève de la personne ayant la plus haute autorité. Mais
là, ce comité-là, le ministre semble dire, faire bon droit en disant :
Non, non, au Collège des médecins, c'est par rapport à 8.1.
Est-ce que le ministre est en train de
nous dire qu'on pourrait faire écho du Collège des médecins et dire : La
plus haute autorité, c'est le président du conseil d'administration. Puis je
vous invite à aller voir les articles 61 et 62 qui dit
essentiellement : Le président du conseil d'administration a un droit de
surveillance général sur les affaires du conseil d'administration. Ça serait
lui qui serait, par fiction du législative, la plus haute autorité, alors qu'on
sait qu'il est «chairman of the Board», il s'occupe de façon très macro de
l'administration.
Et qu'on pourrait faire écho dans
l'exécution de ses fonctions si, d'aventure, c'est lui, la plus haute autorité,
qui est chargé du respect de la loi, protection de renseignements personnels.
Il pourrait avoir un comité, pas pour l'aider, lui, dans ses fonctions de plus
haute autorité, mais pour aider le directeur général dans ses fonctions de
personne, encore une fois, puis je reviens aux
articles 101.1 et 101.2, c'est réellement lui, le directeur
général, qui est chargé de l'administration.
Autrement dit, mon point, je reviens à
l'amendement qui est suspendu, c'est qui qui est imputable? Si j'ai un serpent
à deux têtes, là, ça ne marchera pas. Alors, soit qu'on amende l'ordre… la loi,
le Code des professions puis qu'on dise : Le président, il est au bat, il
gère, il a le nez puis s'il délègue, il a le nez là-dedans, s'il délègue, c'est
lui qui est responsable. Ou, puis c'est un peu le chemin, mais on va plus loin
que le Collège des médecins nous demande de faire, c'est le directeur général,
le président du conseil d'administration, lui, veille à l'administration
générale.
Dans le fond, là, que ce soit le président
du conseil d'administration ou le directeur général, puis, en passant, le
président du conseil d'administration, il est élu aux deux ans normalement, il
peut ne pas se représenter. Puis deux ans, là, c'est quand même assez court
dans la vie d'une organisation. Moi, j'aimerais mieux avoir une direction
générale qui reste et qui est réellement redevable, aussi, dans l'exécution de
sa… L'imputabilité, là, l'amendement qui est suspendu, l'imputabilité, là,
l'imputabilité, c'est face aux législateurs, mais c'est face, aussi, à quelque
part, au conseil d'administration puis à l'organisation, là, en vertu de la loi
puis en vertu des pénalités aussi.
Alors, je… Il y a un animal à deux têtes.
Dans le fond, ce que le Collège des médecins dit : Il y a un animal à deux
têtes. Il faudrait juste s'assurer qu'il en ait rien qu'une parce que s'ils se
passent la puck, là. Tu ne peux pas — puis je conclue là-dessus, M.
le Président — vous ne pouvez pas être la plus haute autorité :
Le comité relève de la personne ayant la plus haute autorité, 8.1. Vous ne
pouvez pas être la plus haute autorité puis faire en sorte que le comité ne
relève pas de vous.
Le Président (M.
Bachand) :Interventions? M. le député
de... Oui?
M. Barrette : Alors, je vais
le prendre dans l'autre sens. Est-ce que ce flou-là, là, pourrait mener à ce
qu'une cause soit... devienne caduque parce que la loi n'est pas claire? En
français : Est-ce que les ordres professionnels pourraient, dans une
situation…
Le Président (M.
Bachand) : ...interventions? M. le député de... Oui?
M. Barrette : Alors, je
vais le prendre dans l'autre sens. Est-ce que ce flou-là, là, pourrait mener à
ce qu'une cause soit... devienne caduque parce que la loi n'est pas claire? En français :
Est-ce que les ordres professionnels pourraient, dans une situation litigieuse,
s'en sortir parce que la loi n'est pas claire? J'aime bien l'expression du collègue
de LaFontaine, vous vous adressez à la mauvaise tête. Alors, ça ne s'applique
pas à moi. Allez voir ma tête siamoise.
• (18 h 10) •
Le Président (M.
Bachand) : Me Miville-Deschênes?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, en fait, je... Au risque de me répéter, le Code
des professions est assez clair dans la mesure où, oui, le P.D.G. a un rôle,
là, dans les affaires courantes, mais c'est le président du conseil... pas du conseil
d'administration, mais le président de l'ordre qui exerce la fonction par
rapport à la Loi sur l'accès, de responsable de la loi sur l'accès, traiter les
demandes d'accès et la décision de déléguer ou non cette fonction-là à un
membre de son personnel. Donc, le Code des professions est clair.
Puis le monstre à deux têtes, bien, il a
été créé un peu lors de la réforme du Code des professions. Est-ce qu'on veut
modifier cet état de fait? Je ne sais pas, là. C'est la question. Mais pourquoi
il a été mis là, ce monstre à deux têtes là, ou maintenu de cette façon-là,
quand ils ont revu le rôle du P.D.G.? Je ne sais pas.
Le Président (M.
Bachand) : Interventions? M. le député de LaFontaine, oui.
M. Tanguay
: ...M.
le Président. Effectivement, puis le... Me Miville, c'est Deschênes?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Miville-Deschênes. Jean-Philippe.
M. Tanguay
:
Miville-Deschênes. Pardon. Je veux l'apprendre, puis je ne me tromperai plus,
Miville-Deschênes... pose la bonne question. Force nous est de constater que ce
régime-là existe depuis 2017. Puis je pense qu'il y a... On me corrigera si
j'ai tort, je pense qu'il y a 46 ordres professionnels. Les ordres
professionnels, là, ce sont des femmes et des hommes pour lesquels ils
s'élisent un président ou une présidente pour une période de deux ans, qui a un
devoir général d'administration du conseil d'administration. Les ordres
professionnels n'ont pas tous des structures excessivement étayées, puis... on
me corrigera si j'ai tort, mais il y a bien des présidences d'ordres
professionnels qui ne font pas ça à temps plein, là.
Alors, est-ce qu'on veut une direction
générale qui est au batte en vertu du régime de 2017? Puis moi, dans le fond,
là, c'est un peu là où la puck arrête, la puck, elle arrête sur quel bureau
puis c'est qui qui est responsable. Des ordres professionnels, il y en a qui ont
d'immenses moyens financiers, puis il y en a qui sont un peu plus modestes,
même très modestes, puis ce n'est pas une tare, c'est un constat. Est-ce qu'on
veut vraiment que ça soit la présidence qui, elle, serait chargée, dans le
«day-to-day»... responsable de l'accès des documents de la protection de qui
relèverait le comité sur l'accès à l'information et la protection des
renseignements? Il me semble que, là, on en met beaucoup dans
l'assiette — puis je termine là-dessus — de la présidence
d'un conseil d'administration, versus une direction générale qui, elle, ne
changera pas, normalement, aux deux ans.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions? M. le ministre? Non?
M.
Caire
: Bien,
M. le Président, moi, je vais faire miens les propos de Me Miville-Deschênes.
La loi, elle est claire. Je comprends les préoccupations des collègues, là,
mais la loi, elle est...
M.
Caire
: …ne
changera pas normalement aux deux ans.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions? Non? M. le ministre, non?
M.
Caire
: Moi, M.
le Président, je… moi, je vais faire miens les propos de
Me Miville-Deschênes. La loi elle est claire. Je comprends les
préoccupations des collègues, là, mais la loi, elle est claire. Qui est la plus
haute autorité? C'est… quand on suit la ligne de la loi, on remonte au
président de l'ordre, c'est lui qui est chargé d'appliquer les dispositions de
la loi. Cette ligne d'autorité là, elle est claire, et personnellement, M. le
Président, je ne vois pas de modification à apporter. Surtout que ces
modifications-là ont été faites en 2017, donc j'imagine que le législateur de
l'époque a pris la bonne décision, et je vais m'inscrire dans ce qui a été fait
par le législateur en 2017.
Le Président (M.
Bachand) : Député de La Pinière.
M. Barrette : M. le Président,
là, là on est vraiment hors… on est à côté de la plaque. Je ne parle pas et je
ne suggère pas de revoir la loi n° 98, qui a été adoptée en 2017. Je ne
suggère pas ça du tout. Je ne fais aucune critique, aucune de la loi
n° 98, qui a modifié le régime des ordres professionnels. Ce n'est pas ça
du tout. La seule chose que je dis, c'est compte tenu de l'existence, des
changements à 98, cette loi-ci semble être dans une potentielle contradiction
juridique ou, du moins, entraîne un flou tout simplement. Alors, il ne faut pas
se méprendre sur mes propos ni sur mes intentions, là.
M.
Caire
: Mon
erreur.
M. Barrette : 98, là, moi, là,
correct, là. Moi, je n'ai pas de critique à faire, là. Tout le monde, je pense,
est satisfait de ça. Moi, je veux simplement éviter que, dans un litige, on
tombe… qu'une cause devienne caduque parce que quelqu'un va arriver puis il va
dire : Bien là, vous ne pouvez pas reprocher telle chose parce que la loi
dit une chose, mais dans l'effet il y a autre chose. Ça n'est que ça. Alors,
moi, 98, là, on oublie ça. Moi, je dis, devrait-il y avoir un amendement
simple, je vais peut-être en proposer un, qui vient clarifier les choses pour
ne pas qu'il y ait de trous dans le cas d'un litige? On s'entend que ce projet
de loi là amène à des sanctions.
M.
Caire
: Bien,
M. le Président... Avez-vous fini?
M. Barrette : Non, je n'ai pas
fini. Alors, s'il y a des sanctions, bien, il faudrait s'assurer qu'on ne
puisse pas éviter les sanctions. Quoique je n'ai pas trop de crainte pour les
ordres professionnels, quoique, dans un passé récent, on a vu des choses
surprenantes dans certains ordres professionnels. Mais il ne faudrait pas
éviter qu'on puisse éviter des sanctions s'il y a un flou dans la rédaction de
l'actuelle loi qu'on débat. C'est que ça. Alors, 98, là on n'en parle plus.
Bien, on n'en parle plus, vous comprenez, maintenant, plus clairement ce que je
veux dire, là. Alors, y a-t-il lieu? Je repose la question. Maintenant que,
peut-être, on n'avait pas compris mutuellement ce que je voulais dire parce que
je n'ai pas été clair, hein. Ce qui est rare…
M. Barrette : ...de l'actuelle
loi qu'on débat. Puis ce n'est que ça. Alors, 98, là, on n'en parle plus. Bien,
on n'en parle plus, vous comprenez maintenant plus clairement ce que je veux
dire, là. Alors, y a-t-il lieu? Je repose la question, maintenant que peut-être
qu'on n'avait pas compris mutuellement exactement ce que je voulais dire parce
que je n'ai pas été clair, hein, ce qui est rare.
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M.
Caire
: Oui.
Bien, M. le Président, en fait, je pense que le fond de la question, c'est la
ligne d'autorité. Puis sur la ligne d'autorité, je pense que la législation,
elle est claire. Donc, la loi d'accès dit que les ordres professionnels
bénéficient d'un régime particulier où le président de l'ordre est responsable
de l'application de la loi, ce qui le désigne d'emblée, de l'avis même de ce
que Me Miville-Deschênes vient de nous dire, comme étant la plus haute
autorité en cette matière.
La loi là-dessus est très claire aussi sur
les prérogatives et responsabilités de la plus haute autorité. Moi, ce flou-là,
peut-être existe-t-il dans l'esprit des juristes du Collège des médecins, c'est
possible, mais comme j'ai dit, du côté des juristes de l'État, ce flou-là, il
est... Il n'existe pas, là. Il semble que l'interprétation qu'on puisse faire
des différentes lois du Québec sont assez claires sur qui assume quelles
responsabilités. L'article 1 qui introduit... en fait, qui modifie
l'article 8 et introduit l'article 8.1, vient, je dirais, définir
davantage ces responsabilités-là, mais la ligne d'autorité, la notion de la
plus haute autorité, elle est claire. Donc, pourquoi clarifier ce qui est déjà
clair?
M. Barrette : Bien, je
l'ai expliqué, là. Je veux reprendre mon explication, là. Clarifier, je veux
dire, le sens de la loi actuelle, tel que proposé à 1 qui introduit 8, c'est
que c'est la plus haute autorité qui est imputable ultimement. On s'entend
là-dessus?
M.
Caire
: Hum.
M. Barrette : Bon. On a
une loi n° 98 pour laquelle ce n'est pas la plus
haute autorité qui est responsable.
M.
Caire
: Mais
ça, on... J'ai compris que ce n'était pas là où vous alliez. J'ai bien compris
ça.
M. Barrette : Ce n'est pas. Ce
n'est pas ça. Alors donc... Donc, il y a quand même un problème. Je vais... Je
vais aller dans le même sens. Puis là, ça, ça... Parce que là, ce que je vais
dire, là, si vous me répondez que c'est correct, ce qui est écrit dans la loi,
bien, je peux vous dire que le ministère de la Justice m'a déjà dit le
contraire. Alors, je m'explique, là.
À 8.1, là, vous dites que dans le cas d'un
ministère la personne ultime, c'est le sous-ministre. Bien, c'est parce que,
normalement, la personne ultime dans un ministère, c'est le ministre. Alors là,
vous-même, là, dans votre loi, vous n'allez pas à la plus haute autorité dans
le cas d'un ministère. Ça fait que d'un côté vous avez...
M.
Caire
: Mais
c'est... Puis c'est... Non, non, attendez un peu. Le 8.1 parle du comité, là.
M. Barrette : Bien, ce
n'est pas grave. Le comité...
M.
Caire
: Mais
la loi, l'application de la loi relève de la plus haute autorité. Donc,
l'article 8, il est clair. Il ne fait pas... Il parle de la plus haute
autorité. L'article 8.1 dit : «Au sein d'un organisme public, un
comité d'accès à l'information et de protection des renseignements...
M.
Caire
:
...du comité, là.
M. Barrette : Mais ce n'est
pas grave...
M.
Caire
: Mais
la loi, l'application de la loi relève de la plus haute autorité. Donc, l'article 8,
il est clair et il ne fait pas... il parle de la plus haute autorité.
L'article 8.1 dit : «Au sein
d'un organisme public, un comité d'accès à l'information de protection des
renseignements personnels — na, na, na, bon. Le comité relève de la
personne ayant la plus haute autorité au sein de l'organisme et du ministère,
du sous-ministre ou, dans le cas d'une municipalité ou d'une commission
scolaire, du directeur général.» On parle du comité. Mais, quand on parle de
l'application de la loi, là, on fait référence à la notion de la plus haute
autorité. Et, dans le cas d'un ordre professionnel, ce que
Me Miville-Deschênes a expliqué, c'est qu'il était déjà institué dans la
loi d'accès, qui a été modifiée en 2006.
Donc, je comprends qu'on ne parle plus de
98, c'est réglé, parfait, mais 2006, la loi d'accès, qui effectivement a
préséance, a institué le fait que le président d'un ordre était, lui,
responsable de la loi d'accès. Donc, cette disposition-là a toujours force de
loi, évidemment. Et donc, quand on parle au sens de la loi d'accès à
l'information et la protection des renseignements personnels, dans 8, de la
plus haute autorité, bien, il est clair que la référence, elle est faite, dans
le cas d'un ordre professionnel, à son président.
M. Barrette : J'aurais
peut-être dû commencer mon intervention en disant que c'est un autre sujet. Il
n'y a pas de lien entre les deux. Il y en a un, mais il n'est pas celui que le
ministre évoque. Je vais lire la phrase de 8.1, là : «Le comité...» O.K.,
là, c'est le comité des renseignements personnels, correct, l'information, tout
ça. «Le comité relève de la personne ayant la plus haute autorité au sein de
l'organisme...» Ça n'a aucun rapport avec le sujet, là, c'est le comité, dans
son existence, relève de la personne... pas la personne... oui, de la personne
ayant la plus haute autorité. Alors, la personne qui a la plus haute autorité,
là, dans un ministère, c'est le ministre. Mais là vous décrétez que le
sous-ministre a la plus haute autorité.
Une voix
: ...
M. Barrette : Bien, c'est
parce que le texte, il est écrit comme ça, là.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, dans le cas du comité, c'était...
Une voix
: ...
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui, excusez-moi.
Le Président (M.
Bachand) : Est-ce que vous avez terminé, M. le député?
• (18 h 20) •
M. Barrette : Non, mais je
suis très, très avide d'avoir la réponse de Me Miville... Est-ce que c'est
Miville-Dechêne ou Deschênes?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Deschênes.
M. Barrette : C'est Des, O.K.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Dans le cas du comité, l'objectif était de
transférer, dans le fond... Le comité, dans le fond, il relève de la plus haute
autorité sauf dans le cas des ministères, on le transfère au sous-ministre et,
dans le cas des municipalités ou commissions scolaires, on le transfère au
directeur général. Si on n'avait pas écrit cette exception-là, le comité aurait
relevé, dans ces deux cas-là, du maire ou du ministre. Le but, étant donné que
c'est une charge plus administrative, c'était de transférer ce rôle-là au
sous-ministre ou au directeur général. Donc, on ne dit pas que le comité
relève…
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : …on le transfère au directeur général. Si on n'avait
pas écrit cette exception-là, le comité aurait relevé, dans ces deux cas-là, du
maire ou du ministre. Le but, étant donné que c'est une charge plus
administrative, c'était de transférer ce rôle-là au sous-ministre ou au
directeur général. Donc, on ne dit pas que le comité relève… on ne dit pas que
le sous-ministre est la plus haute autorité, on dit que le…
M. Tanguay
: …
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, dans ce cas-là, le comité relève de lui.
M. Barrette : Oui, mais ça
fait une phrase qui est assez particulière. Vous avez un article,
8 et 8.1, où on fait référence à la plus haute autorité, et là, vous
arrivez avec une notion qui fait en sorte que ce n'est plus la plus haute
autorité, c'est le sous-ministre, ce qui est, quand même, étonnant.
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M.
Caire
:
Strictement dans le cas du comité.
M. Barrette : Ce n'est pas
grave. C'est…
M.
Caire
: Bien,
ce n'est pas grave, c'est grave… Non, ce n'est pas grave, mais c'est clair dans
le sens où dans l'application de la loi, dans la délégation des
responsabilités, la plus haute autorité demeure la plus haute autorité de
l'organisation, telle qu'on l'entend.
Dans le cas des ordres professionnels, qui
était l'amorce de notre discussion, on a compris que cette désignation-là se
faisait ailleurs, et elle se faisait pour les présidents, et là, on comprend
que, dans le cas des comités, cette désignation-là, de la plus haute autorité,
pour ce qui est de… des ministères et d'autres organismes publics, compte tenu
de la nature administrative, la plus haute autorité, elle est assumée par le
sous-ministre au sens où le sous-ministre devient le responsable du comité et
de la charge administrative que ça sous-entend. Mais ça ne vient pas changer la
notion que la plus haute autorité, dans un ministère, c'est le ministre, dans
une municipalité, c'est le maire. Cette notion-là n'est pas impactée. On fait
un article à part, 8.1, qui parle du comité et on amène la notion que, dans ce
cas-ci, la plus haute autorité, donc celle de qui le comité va relever, c'est
le sous-ministre, ou, dans le cas d'une municipalité ou d'une commission
scolaire, c'est la direction générale.
M. Barrette : Bon, alors,
M. le Président, pourquoi vous n'avez pas fait la même référence pour les
ordres professionnels, puisque, dans les ordres professionnels... il y a, dans
98, une provision à l'effet que cette responsabilité-là n'est pas celle du
président, qui est l'équivalent du ministre, pour l'organisation en question?
M.
Caire
: Oui,
mais c'est un régime particulier, là.
M. Barrette : Bien, c'est les
lois, là... On les écrit pour tout, là, incluant ça.
M.
Caire
: Mais c'est
un régime... Oui, c'est un régime particulier, mais qui a, dans les articles...
dans le Code des professions, qui a ses prérogatives aussi, là, dont celle de
nommer le président responsable de l'application de la loi.
M. Barrette : Me Miville-Deschênes,
peut-être, commentaires?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Un commentaire? Bien, en fait, je ne suis pas
certain de la... du souhait du Collège des médecins, à savoir est-ce qu'ils
veulent que le comité relève, comme le Code des professions le prévoit déjà...
M. Barrette :
...Me Miville-Deschênes, peut-être. Commentaires?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Un commentaire? Bien, en fait, je ne suis pas
certain du souhait du Collège des médecins, à savoir est-ce qu'ils veulent que
le comité relève... comme le Code des professions... déjà du président ou qu'il
relève du directeur général. Tu sais, même pour leur volonté, là, je ne suis
pas sûre de savoir de qui ils souhaitent que le comité relève.
M. Barrette : Il y a donc une
interrogation sur l'interrogation.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Il y a une interrogation sur la demande précise.
M.
Caire
:
C'est-à-dire... mais il n'y a pas de flou dans la responsabilité. Il n'y a pas
de flou. Éventuellement, est-ce que, dans leur organisation interne, les ordres
professionnels voudraient le moduler différemment? Peut-être. Mais il n'y a pas
de flou dans l'exercice de l'autorité, puisque la notion de plus haute
autorité, dans ce cas-ci, que ce soit 8 ou 8.1, peut référer au président dans
le cas des ordres. Mais dans le cas des ministères, des commissions scolaires,
là, on le dit nommément, c'est le sous-ministre et/ou le directeur général.
Ceci étant dit, les ordres pourront... je veux dire, la ligne d'autorité, elle
est claire, elle va s'exercer de façon claire, puis, comme disait
Me Miville-Deschênes, on ne peut pas présumer de ce que les ordres
pourraient souhaiter au niveau du comité. Ceci étant, rien n'empêche que...
M. Barrette : ...moi, M. le
Président, quand je lis l'extrait du mémoire du Collège des médecins, je ne
vois pas de souhait. Je ne sens pas, dans l'interprétation du collège, qui
parle au nom de d'autres ordres, c'est clair, je ne vois pas de souhait de
changement de la loi ou de la finalité de la loi. Ce que je vois, c'est
simplement une question de clarification, tout simplement.
Maintenant, M. le Président, je vais demander
au ministre de me donner une explication, là, que je suis sûr qu'il va être
capable de faire en deux temps trois mouvements, là. À 8, il y a deux parties,
il y a le 8 général puis il y a le 8.1 qui ne traite que du comité. D'ailleurs,
c'est l'argument qui est utilisé pour dire que ça ne soit pas la haute autorité
nécessairement, ça peut être une autorité inférieure, alors... bien, inférieure
dans l'organigramme, j'entends, là. Bien, le sous-ministre est en dessous du
ministre, là, dans l'organigramme aux dernières nouvelles, là, à moins que ça
ait changé. Il y a des ministères, des fois, mais ça, je ne ferai pas de
commentaire.
M.
Caire
: Des
fois, on se...
M. Barrette : Des fois, on ne
sait pas. Mais... Il faut s'amuser, il est tard.
M.
Caire
: Oh,
oui, oui!
M. Barrette : Alors donc,
j'aimerais ça que le ministre vienne m'expliquer, là, toutes les différences de
portée légale entre le corps de 8 et 8.1...
M. Barrette : ...mais, mais...
Il faut s'amuser, il est tard.
M.
Caire
: Oui,
oui, oui.
M. Barrette : Alors donc,
j'aimerais ça que le ministre vienne m'expliquer, là, toutes les différences de
portée légale entre le corps de 8 et 8.1.
M.
Caire
: Dans
le 8... En fait, dans le 8, on ramène la notion de délégation du responsable
d'accès à l'information, protection des renseignements personnels. On vient
spécifier qu'il est responsable de l'application de la loi, la plus haute
autorité. Dans 8.1, ce que j'en comprends, c'est qu'il y avait une disposition
réglementaire qui faisait en sorte qu'on mettait en place un comité. Cette
disposition-là devient une disposition législative.
Donc, on met en place un comité qui vient
soutenir l'action du responsable de l'accès à l'information et du responsable
de la protection des renseignements personnels. Donc, il y a une fonction
administrative qui est autour de ce comité-là, avec différentes responsabilités
qu'on va voir plus tard dans le projet de loi, et compte tenu que la plus haute
autorité, on l'a désignée... compte tenu que la plus haute autorité, dans
l'article 8, bien, on l'a désignée dans un ministère. C'est un ministre. Dans
une municipalité, c'est un maire.
Et que dans cet article-là 8.1, il y avait
une fonction dite administrative, on a précisé que, dans ce cas-là, la plus
haute autorité, au sens de la relation qui s'exerce, était le sous-ministre
et/ou le directeur général, parce que la ligne d'autorité, dans le cas des
comités, se fait via le sous-ministre, et non pas directement vers le ministre.
Et donc il fallait le préciser justement parce que, dans l'article 8, la plus
haute autorité s'entend du ministre, du maire, etc.
M. Barrette : O.K. Disons que
je reste sur mon appétit, là, alors je vais aller un peu plus loin. On regarde
le corps de 8, hein? 8, c'est... Puis après ça, on arrive à 8.1. 8.1 est,
disons, un sous-élément de ce que le ministre veut faire. Puis là je
m'explique, je veux être le plus clair possible. On a une organisation, quelle
qu'elle soit. Là, on est dans le public, là, on va dans le public, O.K. Alors,
il y a une question d'accès à l'information et de protection des renseignements
personnels. Ça va jusqu'à date, M. le Président, M. le ministre? Très bien.
Alors, 8 dit essentiellement : La
plus haute autorité a la responsabilité, l'imputabilité. Quoique, pour moi, ce
n'est pas parfaitement clair, là. Puis là il peut déléguer, O.K. Il délègue.
Moi, là, je vais poser une question bien simple, là : Il reste quoi à la
plus haute autorité, à part d'être imputable, un coup qu'il a délégué?
• (18 h 30) •
M.
Caire
: Bien,
déléguer, il faut comprendre que c'est l'exécution de la tâche, là. Quand je
délègue à un responsable de la protection des renseignements personnels, bien,
c'est la tâche qui est inhérente à ça, à savoir, je reçois une demande d'accès
à l'information...
18 h 30 (version non révisée)
M. Barrette : ...le
déléguer.
M.
Caire
: Bien,
déléguer, il faut comprendre que c'est l'exécution de la tâche, là. Quand je
délègue à un responsable de la protection des renseignements personnels, bien,
c'est la tâche qui est inhérente à ça, à savoir, je reçois une demande d'accès
à l'information. Elle concerne des renseignements personnels. Je dois m'assurer
que les dispositions de la loi sont respectées et répondre de façon adéquate à
la demande d'accès à l'information qui touche des renseignements personnels.
Donc, l'exécution de la tâche et toute l'administration
qui en découle, bien ça, la ligne d'autorité, elle est avec la plus haute
autorité qui est responsable de l'application de la loi. Maintenant, dans
l'exécution de mes fonctions, il y a un comité qui est en soutien de ce que je
fais. Et ce comité-là, lui, il va répondre au sous-ministre, il va répondre au directeur
général parce que ce sont des fonctions administratives. Parce que celui qui
prend la décision, celui qui va exécuter la tâche, qui va analyser la demande,
qui va y donner suite ou non, partiellement ou en totalité en fonction des
prérogatives, c'est le responsable. Et lui, il agit sous l'autorité de la plus
haute autorité qui est responsable de l'application de la loi.
Puis là, pour le comité, le fonctionnement
du comité, bien, on va voir plus tard quelles sont les prérogatives dudit
comité, là, avec le député de La Pinière. Donc, c'est le champ d'action du
comité, là? Ça, c'est défini un peu plus tard dans les articles à venir.
M. Barrette : Mais dans
la vraie vie, là, M. le Président, là, de la manière que 8 est écrit, là, la
personne qui est en plus haute autorité ne fait rien d'autre que de... Un coup
qu'elle a délégué, elle ne fait plus rien, là.
M.
Caire
: Bien,
un coup qu'elle a...
M. Barrette : Au sens de
la loi, au sens opérationnel de la loi, M. le Président, c'est le comité qui
fait tout, là.
M.
Caire
: Non,
non, mais un instant, là. La plus haute autorité, elle assume la responsabilité,
elle voit à l'application. Elle demeure... En tout cas, à mon sens, il est
clair, là, puis on aura... On aura l'occasion d'évaluer la pertinence de l'amendement
du collègue de LaFontaine, mais à mon sens, elle est imputable de ce qu'elle...
de l'application de la loi. Et elle doit évidemment s'assurer que les ressources
sont au rendez-vous.
Puis ceci étant dit, elle peut déléguer.
Elle n'a pas l'obligation, là, mais en tout cas on comprend que dans la vraie
vie c'est ce qui se passe, là. Donc, la responsabilité d'appliquer la loi, ça
implique que les moyens de le faire sont mis en place. Donc, ce n'est pas
juste : Moi, j'ai dit que tu étais responsable, puis c'est beau, je ne
m'en occupe plus. Bien non. L'imputabilité qui vient avec ça fait en sorte
qu'il faut s'assurer aussi que les bonnes personnes sont nommées, en nombre
suffisant, avec les ressources suffisantes, etc., etc., là. Ça demeure quand
même sa responsabilité ultime, là. Puis, je veux dire, M. le Président, le collègue
de La Pinière a été ministre, là, il sait... Il sait à quoi je fais
référence, là.
M. Barrette : Oui.
M.
Caire
: Tu
sais je... Et je sais, et je n'ai pas besoin de me le faire confirmer, que,
comme ministre, il était... Il était la plus haute autorité...
M.
Caire
: …sa responsabilité
ultime, là. Puis, je veux dire, M. le Président, le collègue de La Pinière
a été ministre, là, il sait à quoi je fais référence, là. Tu sais, je… Et je
sais, et je n'ai pas besoin de me le faire confirmer, que comme ministre, il
était la plus haute autorité, là, ça ne faisait de doute pour personne.
M. Barrette : Oui. D'ailleurs,
M. le Président, ce à quoi je faisais référence tout à l'heure quand je parlais
du ministère de la Justice, c'est exactement ça. J'ai demandé à la Justice qui,
dans un organisme public, était le grand patron. Est-ce qu'on pouvait assimiler
un ministère à une entreprise avec un P.D.G.? La réponse, c'est oui.
M.
Caire
: Hein?
Ils vous ont dit oui… oui, là?
M. Barrette : Oui, comme ça.
M.
Caire
:
Heureux homme!
M. Barrette : M. le ministre,
vous êtes le P.D.G. de votre ministère, quoique vous êtes… Là, c'est un ministère
délégué à… Bref, là, je ne veux pas embarquer dans cette sémantique-là, là,
mais oui, semble-t-il. Je ne veux pas faire de débat là-dessus. Mais il y a une
responsabilité ultime.
Maintenant, si je suis ministre, là, pas… parce
que le ministre, M. le Président, fait référence à mon ancienne fonction, moi,
si je délègue, là, ce n'est pas juste… ce n'est pas une délégation où tout le
monde s'en va tout seul, là, j'ai la responsabilité et puis je participe. Ce
n'est pas une délégation passive, en tout cas dans mon cas, quoiqu'il y a des
éléments qui étaient passifs. Ça, c'est normal.
Le Barreau du Québec, là, eux autres, ils
se sont interrogés sur le sens, et je les cite, là, ils se… «Nous nous
interrogeons à savoir le sens à donner à l'expression "veiller à en
faciliter l'exercice".» Ça veut dire quoi, ça, «veiller»? Et là, M. le
Président, là, ça, je trouve que c'est extraordinairement mou, parce que, là…
Oui, oui, c'est très mou, parce que… Et je vais prendre un exemple pratique, M.
le Président. Je comprends que, là, on est dans les organismes publics, mais,
comme la loi est construite sur du copier-coller, ce qui est là va être ailleurs,
ça fait que les débats vont se refaire. Quand nous avons eu ici, dans cette
pièce-ci, quand nous avons eu le P.D.G. de Desjardins, avec son directeur de la
sécurité informatique, là, M. Berthiaume — je vais m'en rappeler
toute ma vie, là — manifestement, la veille, il ne veillait pas fort.
Pourtant, quand on lui posait des questions, il semblait veiller fort. Alors
là, «veiller», là, ça m'apparaît mou. Alors là, on a une personne qui est dans
la position de la plus haute autorité, qui délègue, à qui on demande de
veiller. Alors, sa veille va probablement être de demander à
Gérard — je ne sais pas si monsieur… s'appelle Gérard, on va prendre
un nom générique : Gérard, ça va-tu bien? Alors, Gérard va répondre :
Ça va bien. Puis, ça, c'est la veille. C'est mou, comme mot…
M. Barrette : ...sa veille va
probablement être de demander à Gérard — je ne sais pas si
monsieur... s'appelle Gérard, on va prendre un nom générique : Gérard, ça
va-tu bien? Alors, Gérard va répondre : Ça va bien. Puis, ça, c'est la
veille. C'est mou, comme mot.
Alors, moi, je regarde la loi, là, moi, je
regarde ça, là, avec tout ce que j'ai dit dans la dernière demi-heure, là, on a
une plus haute autorité qui va déléguer ses affaires. Dans les affaires en
question, à peu près tout va se faire par le comité. Dans le comité, on ne
remontera jamais à la plus haute autorité, on va remonter à une personne qui
est dessous de la plus haute autorité, puis, en plus, dans certains cas de
figure, que sont les ordres professionnels, bien là, il y a un flou qui, peut-être,
pourrait nous amener à des imbroglios juridiques.
Y a-t-il lieu de s'adresser à ça et
d'apporter des amendements, là? Je demande au ministre s'il est ouvert à ça
parce que moi, je vois des problèmes. Puis je ne suis pas entré dans le détail
encore, là, je vois des problèmes potentiels. Ça a l'air que je ne suis pas
tout seul.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M.
Caire
: Bien,
M. le Président, plusieurs choses. D'abord, j'ai un puissant désaccord avec le
député de La Pinière sur la... Quand il dit : Les mots sont mous, je
ne suis absolument pas d'accord. Dans la langue française, quand on dit :
Veiller à ce que ce soit fait, M. le Président, ça a plus la nature d'un ordre
que d'un souhait, là. On ne parle pas d'une veille... Bon, c'est veiller à ce
que ce soit fait ou veiller... ça, c'est un ordre, là. Donc, quand on me dit
que le mot est mou, je ne suis pas d'accord.
D'autre part, le député de La Pinière
nous parle d'une expérience qui semble l'avoir marqué profondément avec les
gens de... des représentants de Desjardins, et je conçois son désarroi. Ceci
étant dit, il comprendra que nous modifions l'article, parce que l'article
initial, tel qu'il était libellé, disait... puis c'est important, là, la
personne ayant la plus haute autorité au sein d'un organisme public exerce les
fonctions que la présente loi confère à la personne responsable de l'accès aux
documents ou de la protection des renseignements personnels. Ça, c'était
l'ancien libellé. Donc, rien dans l'ancien libellé ne nous amenait sur la
notion... Et j'attire votre attention, M. le Président, sur la différence.
L'article que nous modifions dit :
«La personne ayant la plus haute autorité au sein d'un organisme public veille
à assurer le respect et la mise en oeuvre de la présente loi.» Donc, on n'est
pas, là... la personne qui exerce les fonctions présentées conférées à... Parce
que les fonctions qui sont conférées à la personne responsable de l'accès à
l'information et à la protection des renseignements personnels sont des notions
de traitement de demandes d'information. Donc, ça limite la responsabilité...
M.
Caire
: ...qui
exercent les fonctions présentées conférées à... Parce que les fonctions qui
sont conférées à la personne responsable de l'accès à l'information et à la protection
des renseignements personnels sont des notions de traitement de demandes
d'information. Donc, ça limite la responsabilité au fait qu'on traite de façon
adéquate, en fonction de la loi, les demandes d'accès à l'information de façon
large et les demandes d'accès à l'information qui touchent les renseignements
personnels de façon plus restreinte, alors qu'ici on dit nommément «veille».
Puis «veille», en français, là, utilisé sous cette forme-là, je m'excuse, M. le
Président, mais il y a... ça a le caractère d'un ordre. Il doit le faire.
«Veille», pris dans ce sens-là, veut dire «il doit le faire». Ce n'est pas
laissé à son bon plaisir, c'est une obligation que de s'assurer que la loi,
elle est respectée et que les dispositions sont prises pour qu'elle soit mise
en oeuvre. Donc, c'est la globalité de la loi qui repose maintenant sur ses
épaules. Alors, pour moi, ça a un caractère qui est beaucoup plus fort que la
définition initiale.
• (18 h 40) •
Deuxièmement, je réitère que je ne suis
pas d'accord avec le député de La Pinière sur le fait que la ligne
d'autorité, la responsabilité pour les ordres professionnels, elle est claire,
c'est le président de l'ordre qui assume cette fonction-là dans toutes ses
facettes. Et il n'y a pas de confusion. Parce que 8.1 spécifie quoi? Spécifie
que le comité, dans le cas d'un ministère ou d'un organisme public, M. le
Président, là, on s'entend, ou d'une commission scolaire, bien, c'est le
sous-ministre qui va assurer la charge administrative. C'est pour ça qu'on
amène cette subtile nuance qui nous a été très bien expliquée par
Me Miville-Deschênes. Ce qui ne dédouane en rien la plus haute autorité,
au sens de l'article 8, d'être responsable de l'application de la loi dans
tous ses aspects.
Et je réitère, je ne suis pas d'accord.
Quand on dit à quelqu'un de veiller à ce que quelque chose se produise, c'est
comme si on lui donnait un ordre : Vous devez faire ça. C'est un mot qui
est très fort en français, quand il est utilisé dans ce contexte-là.
Donc, pour moi, M. le Président, sous
réserve de l'amendement qui a été déposé par le collègue de LaFontaine, qu'on
aura l'occasion d'apprécier à sa juste valeur, cet article-là, au contraire,
moi, je pense qu'il est clair, qu'il dit ce qu'il a à dire et qu'il amène au
contraire un élément de responsabilité qui est beaucoup plus fort que ce qui
était là avant, qui est beaucoup plus clair que ce qui était là avant et qui
englobe la totalité de la loi plutôt que de se limiter aux responsables des
différents accès, M. le Président.
Personnellement, puis je conclurai en
disant que, encore une fois, sous réserve de la pertinence...
M.
Caire
: ...et
qui englobe la totalité de la loi plutôt que de se limiter aux responsables des
différents accès, M. le Président. Personnellement, puis je conclurai en disant
que, encore une fois, sous réserve de la pertinence de l'amendement du collègue
de LaFontaine, personnellement, je ne vois pas raison de modifier ce qui est
écrit là parce que ça me semble très clair.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de LaFontaine. M. le député de
La Pinière, peut-être.
M. Barrette : Oui,
c'est... Avant mon collègue. Bien, pas parce que je veux l'empêcher de parler,
là, c'est juste pour peut-être terminer, certainement pas terminer, mais pour
poursuivre l'échange, là, «veille à faciliter l'exercice», c'est ça, le texte
qui est écrit là, «veille à en faciliter l'exercice». La différence entre...
M.
Caire
: Non,
non, non, M. le Président. Correction. C'est parce que le libellé exact, puis
les...
M. Barrette : Bien, je
viens de le lire.
M.
Caire
:
...mots sont comme «veille à assurer le respect et la mise en oeuvre de la
présente loi», là. Ce n'est pas «veille à faciliter l'exercice», là.
M. Barrette : Bien, c'est
parce que ce n'est pas le même paragraphe.
M.
Caire
: Oui,
mais là, on parle du premier paragraphe, là.
M. Barrette : Oui.
M.
Caire
: «qui
institue la responsabilité première du plus haut dirigeant».
M. Barrette : Oui. Bon.
M.
Caire
: Parce
que «faciliter l'exercice», là, on n'est plus dans l'application de la loi, là,
on est dans un autre... à un autre niveau.
M. Barrette : M. le
Président, on n'est pas dans l'application de la loi, là. Je veux dire, c'est
le troisième alinéa de...
M.
Caire
: Non,
mais qui...
M. Barrette : Là, je ne
sais pas qu'est-ce que ça prend, là, mais...
M.
Caire
: De
façon... Dans la disposition générale, s'entend, M. le député de
La Pinière.
M. Barrette : Non. Non,
non.
M.
Caire
: Vous
comprenez ce que je veux dire.
M. Barrette : M. le
Président, là-dessus, là, on... C'est bien clair que c'est moi qui ai raison,
mais ce n'est pas grave. Il est écrit dans un texte de loi qu'on vieille. O.K.?
Et on veille de façon générale puis on veille de façon spécifique à en
faciliter l'exercice. M. le Président, là, «veille», c'est un élément.
D'ailleurs, M. le Président, là, n'importe qui qui a... Quiconque a fait une
veille de quoi que ce soit, physiquement, là, il y a un côté passif à ça. Il
peut avoir une veille plus active, mais disons que, quand on veille, on n'a pas
les deux mains dedans, si vous me passez l'expression. Et en matière de
protection des renseignements personnels et d'accès à l'information, bien, ce
sont deux éléments qui exigent qu'on ait les deux mains dedans.
Quand... Mais je reprends encore le même
exemple, M. le Président, parce qu'on a tous vécu, et c'est l'exemple le plus
patent qu'on a, là. On n'a pas beaucoup d'exemples, comme parlementaires...
Vous savez, la partie gouvernementale refuse régulièrement, assez souvent, pas
toujours, mais quand même assez souvent, nos mandats d'initiative, où on
pourrait aller avoir des échanges avec des gens. On l'a eu.
M.
Caire
: C'est
une longue tradition.
M. Barrette : On l'a eu.
On l'a eu. Oui, c'est ça. On l'a eu, M. le Président, avec Desjardins. Alors,
j'en profite, de prendre cet exemple-là. On a eu un président-directeur général
qui était assis de son directeur qui a la responsabilité. Il lui a délégué ça.
Et j'imagine que si j'avais posé la question : Avez-vous veillé? Je suis
sûr qu'il m'aurait dit oui. Je suis sûr qu'il m'aurait dit oui. Maintenant, ça,
c'est la différence entre mettre dans un texte de loi «veille» versus «voici
les choses qu'on s'attend de vous...
M. Barrette : ...et j'imagine
que, si j'avais posé la question «avez-vous veillé?», je suis sûr qu'il
m'aurait dit oui. Je suis sûr qu'il m'aurait dit oui. Maintenant, ça, c'est la
différence entre mettre, dans un texte de loi, «veille» versus «voici les
choses qu'on s'attend de vous minimalement». C'est ça, la différence. Alors, il
n'y a pas, dans le texte de loi, de bouts qui sont explicites. Alors, c'est la
raison pour laquelle le Barreau, sans doute, le Barreau...
Et je cite, M. le Président, le bout du
mémoire du Barreau, qui est explicite, et je le comprends, c'est simple :
«Nous nous interrogeons à savoir le sens à donner à l'expression "veiller
à en faciliter l'exercice"»... ça, là, c'est exactement ce qu'on a vu,
puis qui a fait la première page des journaux de toute la planète... «laquelle
est floue et mérite d'être précisée. À notre avis, ce sont plutôt les pouvoirs
du responsable de l'accès à l'information qui devraient être définis. Il doit
être capable de requérir et d'exiger la production des documents visés par une
demande d'accès à l'information. Le Barreau du Québec croit que les
responsables et les délégués doivent avoir de véritables pouvoirs.»
D'accord avec ça, moi. Je suis tout à fait
d'accord avec ça. Je suis d'accord avec le fait que de mettre le mot «veille»,
qu'on retrouve ça ailleurs dans le corpus, là. La question n'est pas là. Là, on
est dans un projet de loi qui est très spécifique, là, qui ne changera pas, là,
pendant un bout de temps, là, qui exige qu'on ait plus... Sinon, dedans, il
faut que les choses soient plus claires. Alors là, tant pour la veille dite,
que je qualifierai de générale, que de celle de faciliter l'exercice, il me semble
qu'on pourrait aller un petit peu plus loin.
Et là, là, moi, quand je regarde ça, là, à
date, là, je me sens plus dans une bureaucratie que dans une action claire,
nette et précise. Je suis plus dans, oui, O.K., là, il faudrait qu'on soit
bons, puis il faut vraiment que ça fonctionne, puis qu'on protège les
renseignements personnels, là, que, regarde, c'est ça que tu dois faire, bang,
bang, bang. Ça, on ne le voit pas. Là, le ministre va probablement me répondre
en disant : On va le voir plus loin. Mais je ne suis pas...
Il y a un bout qui est bon, là, dans le
projet de loi, là, qui est clair, les sanctions.
M.
Caire
: Juste
un?
M. Barrette : Non. Je veux
dire, je fais une fleur au ministre. Les sanctions, ça, c'est bon, c'est
vraiment bon. Ce n'est pas parfait, mais c'est bon. Mais il y a d'autres bouts
qui manquent. Alors, moi, ici, je regarde ce que les gens nous disent puis je
suis obligé, à quelque part, de prendre fait et cause pour ce que les gens sont
venus nous dire, nonobstant le fait que tout le monde n'a pas pu venir nous
dire ce qu'ils avaient à nous dire. Et encore aujourd'hui, bien, on a essayé de
pouvoir faire ça, puis on ne peut toujours pas.
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M.
Caire
: Oui,
M. le Président. Bien, je veux dire, je ne peux pas être plus en désaccord
sémantiquement...
M. Barrette : Oui, oui, plus,
plus.
M.
Caire
:
...avec...
M. Barrette : …le fait que tout
le monde n'a pas pu venir nous dire ce qu'ils avaient à nous dire, et encore aujourd'hui,
bien, on a essayé de pouvoir faire ça, puis on ne peut toujours pas.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M.
Caire
: Oui,
M. le Président. Bien, je veux dire, je ne peux pas être plus en désaccord
sémantiquement…
M. Barrette : Oui, oui, plus,
plus.
M.
Caire
: …avec
le député de La Pinière. Deux choses. Premièrement, mon collègue désincarne les
alinéas les uns des autres, et on ne peut pas lire le troisième alinéa en
faisant abstraction du premier. Je veux dire… s'entend qu'un texte juridique se
prend dans sa globalité. Donc, en partant, il est très clair que le plus haut
dirigeant veille à assurer le respect et la mise en oeuvre de la présente loi.
Ce n'est pas rien, là. On dit au plus haut dirigeant : C'est ta responsabilité
que la loi soit appliquée et qu'elle soit respectée. Ça, c'est ta responsabilité.
Puis, encore une fois, oui, on peut parler d'une veille médiatique. Ça, c'est
un même mot, mais qui a un tout autre sens quand il est pris dans un autre
contexte. Dans le contexte qui nous préoccupe, quand on utilise le mot
«veille», ça a le caractère d'un ordre, c'est une obligation. Et ça, c'est la langue
française, cette langue que nous chérissons tous, c'est… Quand on dit :
Veille à ce que ce soit fait, ça ne laisse pas beaucoup d'options, M. le
Président, ça ne laisse pas beaucoup d'options, et ce mot-là, il est utilisé à
bon escient dans la bonne formulation.
• (18 h 50) •
Quand on dit «veille à en faciliter
l'exercice», bien, j'écoutais le collègue de La Pinière, et, je sais qu'on
va être d'accord là-dessus, on ne veut pas non plus que le ministre se mette
les deux mains dans les demandes d'accès à l'information, on ne souhaite pas
ça, personne. Puis jusqu'à preuve du contraire, ce n'est pas arrivé, et jusqu'à
preuve du contraire on va tout faire en sorte pour que ça n'arrive jamais.
Donc, «en faciliter l'exercice», bien, d'une part, on s'assure que la loi, elle
est respectée; d'une part, on s'assure que la loi, elle est mise en oeuvre; et,
d'autre part, on s'assure que les gens qui doivent traiter les demandes en
vertu de cette loi-là, on leur facilite l'exercice, on s'assure que ce soit
facile d'exercer leurs responsabilités. Bien, M. le Président, moi, je ne vois
pas ce qu'il y a là-dedans qui devrait être modifié. Au contraire, moi, je
pense que ce libellé-là apporte des précisions que je salue. Et je fais mienne
l'expression du collègue de La Pinière, je vais faire un exercice illégal
du droit en disant qu'à mon sens, le législateur est très clair dans sa
volonté, dans la volonté qu'il exprime par le texte tel qu'il est libellé là,
et je ne vois pas de raison de modifier ce texte-là.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de La Pinière.
M. Barrette : M. le Président,
on fait une loi. Ce que je trouve particulier, je vais vous dire, M. le
Président, à date, là, dans notre étude détaillée, puis je…
M.
Caire
: ...et
je ne vois pas de raison de modifier ce texte-là.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de La Pinière.
M. Barrette : M. le
Président, une loi... Ce que je trouve particulier, je vais vous dire, M. le
Président, à date, là, dans notre étude détaillée, puis je réitère le fait que j'arrive,
là, dans le projet de loi, là, le ministre prend toujours, toujours des
exemples d'accès à l'information et prend rarement des exemples de protection
des renseignements personnels. Puis ça, ça m'étonne beaucoup, beaucoup,
beaucoup. Parce qu'aujourd'hui c'est pas mal plus le bord de la protection des
renseignements personnels qui est l'objet de ce projet de loi là que d'accès à
l'information. Ceci dit, M. le Président, il y a une loi actuellement sur
l'accès à l'information. Et c'est écrit dans la loi, «20 jours». Ce n'est
pas respecté. Est-ce que le ministre devrait être sanctionné de 4 % du
budget mondial de son ministère?
M.
Caire
: Ça
ferait combien? Pas...
M. Barrette : C'est comme
ça qu'il va être heureux de ne pas être à la Santé.
M.
Caire
:
Compte tenu que je suis ministre délégué, ça ne fera pas un gros chiffre.
M. Barrette : Mais M. le
Président, là, puis je suis sûr, là, qu'actuellement, là, au moment où on se
parle, là, je suis convaincu que tous les ministres veillent à ce que les lois
soient appliquées. Je suis sûr de ça, moi, sûr, sûr, sûr. Puis dans le cas
d'accès à l'information, c'est bafoué à tous les jours, tous les jours. Juste
pour informer le ministre, j'en ai fait moi-même, des demandes d'accès à l'information
pendant la pandémie, là, j'en ai fait. Ma dernière remonte au mois de décembre.
Puis je ne l'ai toujours pas eue. Puis je connais de mes collègues qui en ont
fait depuis le mois de juillet. Puis toujours pas eu de réponse. Puis ce n'est
pas parce que c'est compliqué à avoir, comme réponse, là. C'est bien simple,
là. Il y a des raisons que je... Évidemment, je ne prêterai pas d'intention, je
ne peux pas le faire. Vous allez me rabrouer.
M.
Caire
:
Jamais.
M. Barrette : Mais là...
Non, le président. M. le Président, pas le ministre. Mais M. le ministre, M. le
Président, on a des lois actuellement où les ministres veillent. Faites-vous-en
pas, ils veillent. Ils veillent. Ils veillent au coin du poêle, là, mais il ne
se passe rien. Puis les lois ne sont pas appliquées. Ça fait que, là, je veux
dire, à un moment donné, là, qu'on ne vienne pas me dire que «veille», c'est
clair en français. Moi, veille en français, là, si on se berce sur la galerie
puis on regarde, là, s'il n'y a personne qui rentre dans la maison un samedi
soir à... comme dans la chanson, là.
Une voix
: Ils veillent
tard.
M. Barrette : Oui.
M.
Caire
: Mais,
M. le Président, si je peux me permettre, la notion... C'est parce que, là, il
y a un déphasement dans l'argumentaire du député de La Pinière. Le député
de La Pinière impute la situation actuelle au texte que nous souhaitons
adopter. Mais il n'est pas adopté. Ça fait qu'on ne peut pas imputer la
situation actuelle à une loi qui n'est pas adoptée. Donc, actuellement, le
texte, tel que libellé, là, il dit justement «la personne ayant la plus haute
autorité au sein d'un organisme public exerce les fonctions que la présente loi
lui confère à la personne responsable de l'accès aux documents ou à la
protection des renseignements personnels». Il y a zéro notion de quiconque qui
veille sur quoi que ce soit, là, dans cette loi actuelle. Et elle a des lacunes.
Puis je suis d'accord avec le député de La Pinière, elle a des lacunes.
C'est pour ça qu'on la modifie...
M.
Caire
: ...de
l'accès aux documents ou à la protection des renseignements personnels. Il y a
zéro notion de quiconque qui veille sur quoi que ce soit, là, dans cette loi
actuelle. Et elle a des lacunes. Puis je suis d'accord avec le député de La Pinière,
elle a des lacunes. C'est pour ça qu'on la modifie puis c'est pour ça qu'on
amène la notion que la plus haute autorité veille. Et là, quand cette loi sera
adoptée, M. le Président, ça va être complètement différent, parce que, là, il
y aura cette obligation, de la part de la plus haute autorité, d'assurer
l'application de la loi. Il en sera imputable, pas juste de la fonction de
responsable de l'accès à l'information ou de la protection des renseignements
personnels, mais de l'ensemble de la loi, M. le Président.
M. Barrette : M. le Président,
est-ce que le ministre pourrait faire la seule chose qu'il doit faire actuellement,
c'est de dire, dans le micro, à la caméra, au public et à tout le monde que,
lorsque cette loi-là va être adoptée, les demandes d'accès à l'information vont
être répondues, on va avoir les documents en dedans de 20 jours, tel que
la loi le dit?
M.
Caire
: Bien,
sérieusement...
M. Barrette : La phrase,
c'est : Je...
M.
Caire
: Je.
M. Barrette : ...j'affirme...
M.
Caire
: Je,
je, je préfère... Non, mais sérieusement, M. le Président, oui, je pense...
oui, je pense que oui. Je pense, effectivement, que cette loi-là met, telle que
libellée... puis là, le plus sérieusement du monde, je pense que l'objectif
puis la finalité, c'est de faire en sorte, effectivement, que c'est... puis
autant l'accès à l'information que la protection des renseignements personnels.
Puis le député de La Pinière me faisait un reproche de ne pas parler
suffisamment de protection de renseignements personnels...
M. Barrette : Pas un reproche.
M.
Caire
: Bon,
soulignait le fait.
M. Barrette : Oui.
M.
Caire
: Et
donc je vais corriger le tir, mais, oui, je pense que cette imputabilité-là,
que soulignait le député de LaFontaine, je pense qu'on la retrouve dans le
texte actuel. Bon, est-ce qu'il pertinent de renforcer le concept, je me
réserve le droit d'analyser l'amendement et de trancher, mais, à tout le moins,
dans sa forme actuelle, oui. Puis le député de La Pinière parle de son
expérience. Puis, je veux dire, je ne peux pas être plus d'accord, j'ai été
12 ans dans l'opposition. Je peux-tu vous dire, M. le Président, qu'on a
vécu une ou 12 frustrations par rapport à ça. C'est donc d'autant plus...
je suis d'autant plus sensibilisé que cette situation-là, malheureusement, elle
prévaut trop souvent. Je suis d'accord avec le député de La Pinière.
Ceci étant dit, je pense que lui et moi,
on va être d'accord sur un élément. Moi, je pense que 8 répond en partie...
puis quand il me dit : Est-ce que ça va absolument cesser à jamais si 8
est adopté? Si 8 est adopté tout seul, je ne pense pas. Si 8 est adopté et
qu'on apporte d'autres modifications... parce qu'il y a d'autres éléments qui
doivent être mis en place pour s'assurer du respect de la loi, et la Commission
d'accès à l'information est un élément clé...
M.
Caire
: ...à
jamais si 8 est adopté. Si 8 est adopté tout seul, je ne pense pas. Si 8 est
adopté, et qu'on apporte d'autres modifications... Parce qu'il y a d'autres
éléments qui doivent être mis en place pour s'assurer du respect de la loi.
Et la Commission d'accès à l'information
est un élément clé de la réponse à la question qui est posée par le député de
La Pinière, et c'est aussi pour cette raison-là, je pense, qu'il faut
qu'on puisse permettre à la commission de jouer un rôle plus déterminant. Parce
qu'effectivement, il faut qu'il y ait quelqu'un d'imputable dans les
organismes, mais il faut qu'il y ait un tiers neutre, et un organisme de
surveillance, et que cette balance des pouvoirs là va contribuer... Parce que,
si l'organisme de surveillance comprend que la plus haute autorité est
imputable, et qu'elle ne fait pas ce pour quoi elle est imputable, il y a des
fortes chances que la plus haute autorité se retrouve dans un univers
difficile, parce qu'il n'aura pas assumé les responsabilités que lui confère la
loi.
Donc, je pense que ces deux éléments là
permettent de répondre oui à la question du député de La Pinière.
Le Président (M. Bachand) :
Rapidement, M. le député de La Pinière.
M. Barrette : Oui, très
rapidement. Est-ce que le ministre est en train de nous dire que c'est à cause
de la Commission d'accès à l'information que les ministères ne respectent pas
la loi, qui prévoit qu'on donne les informations en dedans de 20 jours?
M.
Caire
: Non.
Je suis en train de dire que c'est parce que la loi actuelle ne clarifie pas
cette responsabilité-là, et que la loi actuelle donne un certain pouvoir à la
Commission d'accès à l'information, la loi qui est en vigueur, entendons-nous,
que le projet de loi vient... amène cette notion-là de responsabilité dans
l'application de la loi et le respect de la loi, qui n'était pas là. Donc,
c'est quelque chose qu'on introduit avec la loi actuelle. Et... Avec le projet
de loi actuel, s'il est adopté, devrais-je dire.
Et dans la même foulée, si le projet de
loi que nous proposons est adopté, puis je suis évidemment très ouvert à le
bonifier, je pense que la Commission d'accès à l'information va être en mesure
de jouer un rôle plus large, plus déterminant, ce qui est souhaitable.
M. Barrette : Donc, les
ministères sont actuellement irresponsables?
M.
Caire
:
Écoute, je n'irais pas jusqu'à dire que les ministères sont irresponsables,
mais il y a clairement des frustrations qui sont vécues par le contexte actuel
en matière d'accès à l'information. Et je dirais, de façon... plus largement,
que la protection des renseignements personnels a souffert de quelques lacunes
dans les dernières années. Ça, je pense que c'est un fait.
Le Président (M. Bachand) :
Sur ce, je vous remercie infiniment.
Et, compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux sine die. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 19 heures)