Journal des débats de la Commission des institutions
Version préliminaire
42e législature, 1re session
(27 novembre 2018 au 13 octobre 2021)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
Pour en savoir plus sur le Journal des débats et ses différentes versions
Le
jeudi 18 février 2021
-
Vol. 45 N° 121
Étude détaillée du projet de loi n° 84, Loi visant à aider les personnes victimes d’infractions criminelles et à favoriser leur rétablissement
Aller directement au contenu du Journal des débats
11 h 30 (version non révisée)
(Onze heures trente-trois minutes)
Le Président (M.
Bachand) : Bon avant-midi, à l'ordre, s'il vous plaît! Ayant
constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des institutions
ouverte.
La commission est réunie afin de
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 84...
Le Président (M.
Bachand) : Bon avant-midi, à l'ordre, s'il vous plaît! Ayant
constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des institutions
ouverte.
La commission est réunie afin de
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 84, Loi
visant à aider les personnes victimes d'infractions criminelles et à favoriser
leur rétablissement.
Avant de débuter, Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La Secrétaire
: Oui, M.
le Président. M. Zanetti (Jean-Lesage) est remplacé par Mme Labrie
(Sherbrooke).
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Je vous
rappelle que le port du masque de procédure est obligatoire en tout temps
hormis au moment de prendre la parole, tel que prévu à l'ordre de l'Assemblée
du 2 février qui encadre la reprise des travaux parlementaires.
Lors de la suspension de nos travaux mardi
dernier, les discussions portaient sur l'article 13 amendé du projet de
loi. Interventions?
M. Jolin-Barrette : ...on
était sur une des dernières interrogations, je pense, de la députée de...
pardon, de Notre-Dame-de-Grâce.
Le Président (M.
Bachand) : Donc, s'il n'y a pas d'autre intervention, nous
allons procéder à la mise aux voix. Oui, M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: ...J'avais
dû... Puis je vais m'autodénoncer, j'étais absent pour les derniers instants de
notre session de travail mardi. Et je sais que la collègue de Notre-Dame-de-Grâce
avait... et je le sais que ça avait été abordé un peu plus tôt dans cette
journée-là par la collègue de Joliette, la notion de personne à charge. Puis
notre collègue de Notre-Dame-de-Grâce est revenue en posant quelques questions.
Puis le ministre me corrigera si j'ai tort, mais je pense que... j'aimerais
juste savoir : Le 50 % des besoins, là, le 50 %, ça vient d'où,
ça?
M. Jolin-Barrette : Bien, on
avait fait la référence à la loi sur la... pardon, oui, c'est ça, la LATMP et
la Loi sur l'assurance automobile. Donc, les autres régimes qui sont
comparables, ça vient de là, c'est les mêmes exemples, sauf qu'avec un corpus
modernisé.
M. Tanguay
: Autrement
dit, dans le corpus législatif, on établit que si... on établit la règle à
50 % des besoins, vous vous qualifiez pour la personne à charge, là, c'est
vraiment 50 %, c'est copié-collé, là? O.K.
M. Jolin-Barrette : La seule
différence qu'on a apportée, c'est au niveau de la cohabitation. Au lieu que ça
soit... Dans les autres régimes, c'est vie maritale, mais ça ne représente plus
le terme actuel, ça fait qu'on a remplacé ça par cohabitation.
M. Tanguay
: O.K. Puis
dernière question, M. le Président. Je sais aussi que la collègue de
Notre-Dame-de-Grâce avait abordé le sujet de l'avant-dernier alinéa : «Aux
fins du présent titre, est présumée décédée toute personne disparue...»
J'imagine, le sept ans du Code civil, articles 85 et 92, pourquoi
n'aurions-nous pas pu reproduire le sept ans ici ou par référence on va
s'appuyer sur le Code civil?
M. Jolin-Barrette : Parce
que, dans le fond, le régime de la loi que nous avons actuelle, il est plus
large que le Code civil, il est plus avantageux.
M. Tanguay
: ...plus
gros que sept ans, autrement dit.
M. Jolin-Barrette : Bien,
tout à fait. Parce que, dans le fond, les conditions que vous avez au dernier
alinéa de 13, ça requiert moins d'exigences que celui du Code civil. Donc, vous
n'allez pas besoin d'avoir à attendre votre sept ans pour pouvoir faire
déclarer la personne.
Dans le fond, le critère, là, c'est :
«Aux fins du présent titre, est présumée décédée toute personne disparue dans
des circonstances qui permettent de considérer sa mort probable...» Donc...
M. Jolin-Barrette : ...que
vous avez au dernier alinéa de 13, ça requiert moins d'exigences que celui du Code
civil. Donc, vous n'allez pas besoin d'avoir... attendre vos sept ans pour
pouvoir faire déclarer la personne. Dans le fond, le critère, là, c'est :
«Aux fins du présent titre, est présumée décédée toute personne disparue dans
des circonstances qui permettent de considérer sa mort probable...» Donc,
contrairement aux règles du Code civil où est-ce que vous pouvez faire... il
faut attendre ou vous pourriez faire raccourcir le délai, mais là il faut aller
à la cour, tout ça, là, si c'est probable... Puis je donnais l'exemple de,
supposons que la personne est enlevée par un groupe criminalisé qu'on sait que
ce n'est pas des enfants de chœur, puis, en tout cas, vous comprenez. Donc, le
critère, il est beaucoup plus large. L'idée, c'est d'indemniser rapidement les
personnes victimes entourant la famille.
M. Tanguay
: C'est bon.
Et autre chose, et ça, j'étais présent, on faisait les travaux, et j'en ai peut-être
manqué. Est-ce que le ministre... il me semble, j'avais compris qu'il avait
l'intention — puis vous me direz, M. le Président : Ah! ça a été
fait, là, vous avez manqué un bout — «infraction criminelle», le «à
moins d'indication contraire» du début, est-ce qu'on l'a enlevé?
M. Jolin-Barrette : Non, on a
voté contre la...
M. Tanguay
: Puis est-ce
que le ministre avait, je pense, l'intention... j'avais compris qu'il avait peut-être
l'intention de déposer, on pourrait l'adopter rapidement, un petit amendement.
M. Jolin-Barrette : Je crois qu'il
est fait.
M. Tanguay
: On
pourrait-u le faire? Ça serait le fun.
M. Jolin-Barrette : Oui. Bon
réflexe, député de LaFontaine, parce qu'on a tellement discuté...
M. Tanguay
: Non, c'est
ça.
M. Jolin-Barrette : ...à la
dernière séance. Il est-u déjà envoyé? Oui, à Greffier.
Le Président (M.
Bachand) : ...juste pour me...
M. Jolin-Barrette : Dans le
fond, M. le Président, l'amendement, là, qu'on avait discuté en introduction
avec le député de LaFontaine, c'était, au début d'«infraction criminelle», on
va venir supprimer «à moins d'indication contraire». Donc, ça se lira maintenant :
«toute infraction prévue au Code criminel perpétrée après...» Et on m'indique,
je crois, que le courriel pour informer le secrétariat est en cours de
transfert, M. le Président. Alors, avec Internet haute vitesse ici, à l'Assemblée
nationale, M. le Président, vous pourrez constater qu'il sera téléversé sur le
site Greffier et cela ne saurait tarder.
M. Tanguay
: Il étire.
Le Président (M.
Bachand) : J'aime l'optimisme du ministre. Alors donc...
M. Jolin-Barrette : Bien...
Le Président (M.
Bachand) : On va suspendre quelques instants, M. le ministre.
(Suspension de la séance à 11 h 38)
(Reprise à 11 h 40)
Le Président (M.
Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend
ses travaux. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui,
alors, je vais vous lire l'amendement. Alors, à l'article 13 du projet de
loi, dans la définition de «infraction criminelle» du premier alinéa, retirer
«à moins d'indication contraire,». Merci.
Le Président (M.
Bachand) : Interventions? S'il n'y a pas d'intervention, nous
allons procéder à la mise aux voix de l'amendement.
Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Jolin-Barrette (Borduas)?
M. Jolin-Barrette : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
: Mme Labrie
(Sherbrooke)?
Mme Labrie : Pour.
La Secrétaire
: Mme Hivon
(Joliette)?
Mme
Hivon
:
Pour.
La Secrétaire
: M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'amendement est adopté. Donc, on
revient à l'article 13 tel qu'amendé. Interventions? S'il n'y a pas
d'intervention… Oui, Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon
:
Merci, M. le Président. Vous vous rappellerez qu'on a eu un long débat mardi
après-midi sur la question de la… du contrôle coercitif dans un contexte de
violence conjugale, notamment, et j'étais curieuse de savoir si le ministre
avait pris connaissance de l'excellente lettre ouverte qui est parue ce matin
par, notamment, Michaël Lessard, que nous avons entendu, et Florence Amlie
Brosseau de l'Association des juristes progressistes, et qui dit que, comme
titre, Des victimes d'actes violents non admissibles au régime d'aide prévu
par la CAQ. Et on fait notamment référence, dans ce texte par des experts,
au fait que le harcèlement criminel auquel le ministre référait beaucoup pour
dire qu'on réussirait peut-être, même si ce n'est pas vu, la violence
conjugale, nommément comme un acte criminel au sens du Code criminel, à le reconnaître,
lui…
Mme
Hivon
:
...au fait que le harcèlement criminel, auquel le ministre référait beaucoup
pour dire qu'on réussirait peut-être, même si ce n'est pas vu, la violence
conjugale, nommément, comme un acte criminel au sens du Code criminel, à le
reconnaître, lui, mentionne... ils mentionnent, les deux, à quel point c'est
une preuve extrêmement difficile à faire.
Donc, on dit ici, par exemple :
«Quant au harcèlement sexuel dont est victime une étudiante, il ne constitue
pas une infraction criminelle à moins qu'il ne corresponde au degré de sévérité
et de dangerosité difficilement atteignable du harcèlement criminel.»
Donc, j'étais curieuse de savoir si ça a
permis au ministre d'avancer et peut-être d'évoluer dans sa réflexion.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
...oui, M. le Président, j'ai pris connaissance de la lettre ouverte. Je les
remercie d'ailleurs d'avoir participé au débat public.
Et, comme je le disais lors de la dernière
séance aussi, ce n'est pas les mêmes critères qui s'appliquent relativement...
lorsqu'on est devant un policier, devant le juge, devant un procureur de la
couronne, versus au niveau de l'IVAC. L'IVAC est une loi beaucoup plus souple.
Alors, je suis à l'aise avec ce que nous faisons parce qu'il faut avoir un
facteur de rattachement, et le facteur de rattachement que nous avons, ce sont
les infractions prévues au Code criminel.
Mais je salue leur contribution. Et d'ailleurs,
quand on les a entendus, ça a fait partie de la réflexion, M. le Président,
puis on a des amendements au fur et à mesure dans le projet de loi. Mais le
facteur de rattachement qui est important, c'est les infractions au criminel.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon
: En
fait, le problème, c'est qu'il y a des éléments qui sont difficilement... qui
sont difficiles à établir à titre d'infractions criminelles comme telles,
compte tenu d'une certaine jurisprudence, compte tenu notamment de décisions du
TAQ et parce qu'il y a toute la question de l'intention. Puis là on ne refera
pas tout le débat sur la mens rea et l'actus reus. Mais c'est aussi une manière
dont le TAQ a usé, là, je ne dis pas qu'ils ont usé de ça négativement. Mais le
fait étant que c'est clairement limité aux infractions criminelles du Code
criminel qui impliquent autant l'acte criminel et l'intention, bien, il y a eu
des causes d'agression sexuelle, de harcèlement criminel où on a remis en
cause, donc, que c'était une infraction criminelle du fait qu'il n'y avait
pas... la personne avait dit qu'il n'y avait pas d'intention coupable derrière
ça. Et, oui, ça a mené à des rejets d'indemnisation au TAQ, de ce fait-là. Ça,
c'est ce que Michaël Lessard Lessard dit.
Et il me semble que ce serait... Moi, j'ai
une proposition à faire. Je sais qu'on en a discuté abondamment. J'aurais une
proposition à faire. J'ai eu un échange, moi, avec Michaël Lessard, qui a été
très éclairant. Et je pense que le ministre, ce serait un plus, parce qu'il a à
coeur sa loi...
Mme
Hivon
: …moi,
j'ai une proposition à faire. Je sais qu'on en a discuté abondamment. J'aurais
une proposition à faire. J'ai eu un échange, moi, avec Michaël Lessard, qui a
été très éclairant, et je pense que le ministre, ça serait un plus, parce qu'il
a à coeur sa loi, de pouvoir avoir cet échange-là pour être certain qu'on
n'échappe pas des choses.
Parce que moi, ma prétention, c'est qu'on
en échappe avec le libellé actuel. La prétention du ministre, c'est qu'à l'IVAC
ça va super bien marcher, puis ils ne se préoccuperont pas de savoir si un
policier aurait vu que c'était un acte criminel ou non. Moi, je pense que la
définition n'est pas assez complète puis qu'on va en échapper, des éléments
qu'on ne devrait pas échapper, relatifs, notamment, à la violence conjugale et
à la violence sexuelle.
Donc, c'est une proposition que je lui
fais de simplement suspendre l'article. Je pense qu'on a pas mal avancé les
débats de l'article 13. Qu'il puisse avoir cet échange-là avec, vraiment,
un expert qui, aujourd'hui, de par la teneur de sa lettre, qui est un doctorant
en droit, là, je pense qu'il sait ce dont il parle, et il ne veut pas induire
personne en erreur, il veut expliquer à quel point il y a des limites, y
compris dans la jurisprudence de l'IVAC. Donc, quand le ministre nous
dit : Ce n'est pas pareil, l'IVAC, bien, il y a quand même eu des limites
importantes à l'IVAC, aussi sur la question de l'exploitation sexuelle, où il
pourrait y avoir des limites qu'on ne souhaite pas avoir.
Donc, c'est une proposition que je fais au
ministre de se donner le temps, on a beaucoup de travail à faire encore, de
simplement suspendre, de pouvoir avoir cet échange-là. Il peut même l'avoir sur
le temps de la pause. Peut-être que ça va faire en sorte qu'il va comprendre
des éléments que j'essaie de lui exprimer mais que sûrement que M. Lessard
pourrait lui exprimer avec encore plus de détails.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Alors, M.
le Président, je prends note de l'offre de la députée de Joliette, mais on a
abondamment parlé de l'article, et je crois qu'il est temps de l'adopter,
d'autant plus qu'on fait référence à des expériences qui sont survenues avant
la modification de la loi et donc que notamment menace, notamment harcèlement
criminel n'étaient pas des crimes couverts. Alors, maintenant, ils le sont, ces
crimes couverts là, M. le Président. Et la députée de Joliette fait référence
aussi à des décisions du TAQ pour lesquelles il y a eu une directive par la
suite à l'IVAC, et j'ai indiqué que j'allais donner aussi des directives par le
biais d'une politique relativement à tout ça. Alors, j'apprécie l'offre, mais
moi, je suis à l'aise, surtout qu'on rend admissibles des milliers de crimes
qui ne l'étaient pas auparavant en termes de menace, de harcèlement criminel.
Mais je comprends la position de la députée de Joliette, mais je pense qu'on
est prêts à voter, M. le Président, sur cet article-là. On en a beaucoup
discuté.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon
: Oui,
bien, en fait, moi non plus, je ne veux pas faire du temps pour faire du temps.
Ça fait que c'est le sens de ma proposition. Puis je pense que c'était
essentiel qu'on en débatte comme on en a débattu mardi. Parce qu'encore une
fois cette lettre ouverte là nous montre à quel point c'est un enjeu
fondamental qui est au coeur de ce qu'on est en train de faire et qu'on risque
d'échapper. Donc, j'ai bien entendu les arguments du ministre, mais des experts
en droit sur la question des droits des victimes nous disent : Attention,
voyant lumineux. Il y a de forts risques et même une certitude, selon eux,
qu'on échappe, donc, des victimes, donc qui ne seront pas admissibles…
Mme
Hivon
: …les
arguments du ministre, mais des experts en droit sur la question des droits des
victimes nous disent : Attention. Voyant lumineux. Il y a de forts
risques, et même une certitude selon eux, qu'on échappe, donc, des victimes,
donc qui ne seront pas admissibles. Alors, il me semble que ce ne serait pas un
gros effort de simplement dire qu'il va y avoir un échange et que le ministre,
à la lumière de cet échange-là et des explications qu'il pourrait avoir des
experts, mais que lui aussi pourrait donner quant à ses intentions, ça pourrait
nous éclairer.
Quand le ministre nous a dit la semaine
dernière en commençant les travaux qu'il était très ouvert puis qu'il allait
consulter tous ceux qui veulent être consultés, bien là je pense qu'on a un
exemple très concret en lien avec ce qui a fait l'objet de gros débats. Et,
moi, je n'ai pas entendu le ministre nous dire que dans ses directives
administratives il allait dire que la violence conjugale, y compris le contrôle
coercitif, là, je ne sais pas s'il m'entend, là, mais je ne l'ai pas entendu
dire que la violence conjugale, tout événement lié à la violence conjugale, y
compris le contrôle coercitif et la violence psychologique, pourraient faire
l'objet et feraient l'objet, donc, d'une reconnaissance par l'IVAC.
S'il me dit aujourd'hui qu'il va émettre
une directive administrative pour que tout ça soit clarifié, que le contrôle
coercitif, la violence psychologique, soit admis, bien on est ailleurs, mais
moi je ne l'ai pas entendu dire ça. Ça fait que je ne sais pas si on peut
clarifier ce point-là.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, on a déjà eu ce débat-là mardi en long et en large et ce que j'ai
dit c'est que les nouveaux crimes constituaient une avancée en lien avec les
différents éléments, parce que c'est plusieurs milliers de crimes, et à
l'intérieur même de ces crimes-là, ça fait partie des crimes, et donc la même…
il y a une directive depuis 2017. Donc, suite à la décision à laquelle fait référence
la députée de Joliette, puis j'ai abondamment répondu relativement à ce que
j'allais faire, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Mme la députée de Joliette.
• (11 h 50) •
Mme
Hivon
: Je
veux juste soumettre un dernier élément au ministre ou un autre élément au
ministre, c'est que quand ces cas-là sont analysés, ce qu'on m'explique, c'est
que pour qu'ils puissent se qualifier, généralement, de harcèlement criminel,
il faut que l'insécurité, le risque et la peur qui est vécu, donc l'atteinte à
l'intégrité qui est vécue, renvoient à l'intégrité, donc, physique, d'une
atteinte physique à la personne, et je pense qu'on devrait être rendu plus
loin. Et, donc, la jurisprudence s'est limitée en ce moment, dans les cas de
harcèlement criminel, généralement, à cette atteinte-là, physique. Et c'est
pour ça que je veux resoumettre au ministre que le harcèlement criminel, qui
est beaucoup, beaucoup, l'élément qu'il nous a amené pour nous dire que la
violence conjugale puis les premières étapes, donc de l'augmentation de la, je
dirais, de la coercition reliée à la violence conjugale pourrait se qualifier.
Bien que l'aspect psychologique, psychique de la chose est généralement…
Mme
Hivon
:
...beaucoup, beaucoup l'élément qu'il nous a amené pour nous dire que la violence
conjugale puis les premières étapes, donc, de l'augmentation, je dirais, de la
coercition reliée à la violence conjugale pourraient se qualifier, bien, que
l'aspect psychologique, psychique de la chose n'est généralement pas tenu en
compte. Donc, c'est pour ça qu'à la lumière de la lettre qui est là ce matin,
qui, je trouve, est complètement en lien avec ce dont on débattait, qui nous
amène des nouveaux éléments, ce serait un bon élément. Qui n'empêche rien, là,
qui ne nous empêche pas de continuer à avancer, qui nous empêche juste de faire
des erreurs qui priveraient des victimes que l'on veut pouvoir indemniser et
accompagner dans le régime.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Intervention? M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Oui. Merci
beaucoup, M. le Président. Moi, également, je n'ai pas l'intention de faire du
temps là-dessus, mais juste pour vous dire qu'évidemment on a lu également avec
grand intérêt la lettre publiée ce matin par Mme Florence-Amélie Brosseau et M.
Michaël Lessard, qu'on a entendus lors de nos auditions, 19, 20, 21 janvier, et
dont le mémoire était excessivement étoffé, avec une réflexion réellement
intéressante. Je sais, puis je ne veux pas répéter, là, j'ai déjà essayé de
discuter et de voir l'ouverture du ministre à, entre autres, adopter des
définitions qui n'étaient probablement pas parfaites, puis tout est
perfectible, qui viseraient un élargissement des expressions, notamment
«agression à caractère sexuel», ce que ça comporte, et en les nommant, ce qui
nous aurait effectivement sortis un peu, nous aurait sortis du Code criminel.
Dans la lettre, la partie que je retiens,
entre autres : «En se référant aux infractions criminelles telles que
prévues au Code criminel, nos députés rendent le régime d'aide inaccessible aux
victimes de plusieurs violences sexuelles et conjugales.» Et là il nous dit...
il nous invite à se sortir de la liste et d'être à la remorque du gouvernement
fédéral, du législateur fédéral qui, lui, va déterminer d'en ajouter, d'en
enlever, d'en modifier dans le Code criminel. On aura le débat, puis c'est
l'appel que je fais au ministre, et je le réfère aux pages 8 et 9 du
mémoire de M. Michaël Lessard. Le ministre sait que nous aurons un débat aux
articles 20, 28, 171 et 175, où, là, on nous invite à modifier
l'expression « agression à caractère sexuel» par celle de «violence à caractère
sexuel», «agression» étant calqué sur le Code criminel. Donc, agression à
caractère sexuel par celle de violence à caractère sexuel pourrait nous
permettre d'élargir et de gérer notre régime d'indemnisation québécois, à cette
heure, il va falloir dire aide, notre régime d'aide québécois, et non pas être
à la remorque du fédéral et du législateur fédéral.
Autrement dit, puis je termine là-dessus,
je le sais, que l'article 20, qui est le prochain qui va nous permettre
d'avoir ce débat-là, est calqué sur 2926.1 du Code civil du Québec,
l'imprescriptibilité, agression à caractère sexuel, ça ne nous empêcherait pas,
M. le Président, de faire le débat et de faire la modification dans la loi
d'aide en modifiant «agression à caractère sexuel» par «violence à caractère
sexuel». On a un rendez-vous, un débat à l'article 20. Après ça, il y en
aura trois...
M. Tanguay
: ...sur
2926.1 du Code civil du Québec, et l'imprescriptibilité agression à caractère
sexuel, ça ne nous empêcherait pas, M. le Président, de faire le débat et de
faire la modification dans la loi d'aide en modifiant «agression à caractère
sexuel» par «violence à caractère sexuel». On a un rendez-vous, un débat à
l'article 20. Après ça, il y en aura trois autres, puis j'invite le
ministre à être... à parfaire sa réflexion là-dessus parce qu'effectivement il
faut changer nos paradigmes, puis le paradigme, oui, on passe de l'annexe au
Code criminel dans son entièreté, mais on reste dans un paradigme de Code
criminel, puis on se rend compte, dans les derniers... dans les nombreux, trop
nombreux malheureusement, exemples des dernières années, qu'on passe à côté de
venir en aide de personnes qui en auraient eu et qui en ont et qui en auront
grandement besoin. Alors, voilà, M. le Président.
Le Président
(M. Bachand) : Merci beaucoup. Mme la députée de
Sherbrooke, s'il vous plaît.
Mme Labrie : C'est vrai
qu'on a discuté de ça longtemps, mardi soir, mais visiblement ce n'était pas...
l'issue de ce débat-là n'était pas à la satisfaction de tout le monde autour de
la table. Je dois dire que je cherche, dans la position du ministre sur nos
demandes, je cherche son nationalisme et le nationalisme de la CAQ. Si on avait
le contrôle sur ce qui est criminel ou pas au Québec, ce serait logique de
vouloir l'arrimer avec le Code criminel. Mais malheureusement, ce contrôle-là,
on ne l'a pas. Donc là, on a le ministre qui nous dit que ça ne lui dérange pas
d'être à la remorque de ce que le Canada va décider qui est criminel. On
pourrait tout à fait, nous, décider de choisir quel type de violence on
souhaite couvrir avec le régime qu'on est en train d'élaborer, et le ministre
refuse de le faire. Il préfère rester à la remorque quasiment d'un autre pays.
Le Président (M.
Bachand) : ...Mme la députée de Sherbrooke, dans vos choix de
mots, s'il vous plaît. Merci. À la remorque, ça, c'est une chose.
Mme Labrie : La réalité,
c'est qu'on n'a pas de pouvoir là-dessus. Moi, je... si on l'avait, si on
l'avait le pouvoir de décider que tel type d'infraction est criminel au Québec,
bien, je pourrais voir la cohérence d'arrimer le régime avec ça. Mais on ne l'a
pas. Pourquoi on crée un régime qui va dépendre des décisions du fédéral?
Pourquoi?
Le Président
(M. Bachand) : Des interventions?
M. Jolin-Barrette :
...M. le Président, j'ai répondu exactement à cette question-là lors de la
précédente séance, donc je vais référer à mes propos lors de la précédente
séance.
Le Président
(M. Bachand) : Merci. Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon
:
Mais là, il ne pourra pas dire qu'il a répondu à ce que je vais lui lire parce
que c'est une lettre ouverte qui est publiée ce matin. Donc, je veux juste
avoir ses réponses. Donc, les deux auteurs, Mme Brosseau et
M. Lessard, disent, dans le premier paragraphe : «Un proxénète vous exploite
sexuellement. Chaque jour, des clients vous touchent sans votre consentement. L'État
québécois vous aidera-t-il financièrement à guérir de ces agressions? Vous êtes
étudiante à l'université, et votre professeur vous harcèle sexuellement tout au
long de votre session. Avez-vous droit à une aide pécuniaire? Vous êtes victime
de contrôle coercitif de la part de votre conjoint qui vous rabaisse, vous crie
des insultes, vous empêche de voir votre famille, vous humilie devant vos
proches. Obtiendrez...
Mme
Hivon
:
…«Vous êtes étudiante à l'université, et votre professeur vous harcèle
sexuellement tout au long de votre session. Avez-vous droit à une aide
pécuniaire? Vous êtes victime de contrôle coercitif de la part de votre
conjoint qui vous rabaisse, vous crie des insultes, vous empêche de voir votre
famille, vous humilie devant vos proches. Obtiendrez-vous l'aide de l'État pour
payer les frais de votre thérapie?
«Le gouvernement du Québec offre une
réponse claire : non. Aucune de ces violences ne vous donnera droit à une
aide pécuniaire de l'État.»
Donc, moi, il me semble que ces
situations-là devraient être couvertes, il me semble que ça tombe sous le sens.
Donc, je veux juste que le ministre nous dise si, lui, comme ministre qui a
écrit le projet de loi, est-ce qu'il estime que c'est une erreur, d'affirmer ça
dans la lettre et que donc ce type de situations là vont être couvertes par sa
loi?
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
M. le Président, il n'y a pas de nouvelles choses en lien avec ce qui a
été présenté dans les mémoires. Mais on fait référence, dans la citation que la
députée de Joliette a dite, à l'exploitation sexuelle, qui sera désormais
couverte, hein? Parce qu'on le sait, actuellement, ce n'est pas couvert, le… ça
va l'être, séquestration, c'est couvert, M. le Président. Il y a plusieurs
éléments qui sont déjà couverts. Alors, je comprends qu'on extrait certaines
modalités de la lettre, certains paramètres de la lettre, il faut aussi rester
en contexte qu'il y a de nouveaux crimes qui sont couverts, notamment, le
harcèlement criminel, notamment, les menaces qui ne l'étaient pas. Alors, c'est
un nouveau régime.
Alors, M. le Président, je comprends
la position de Michaël Lessard et de la dame qui a écrit la lettre. Cela étant
dit, il faut vivre l'expérience avec le nouveau régime qu'on met en place.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon
:
Donc, le ministre refuse, effectivement, de confirmer que les situations qui
sont énumérées ici vont être couvertes par l'IVAC. Moi, je veux juste une
réponse claire.
M. Jolin-Barrette : Bien,
M. le Président, je comprends que, et on a eu l'expérience, la députée de
Joliette, lorsqu'elle pose ses questions… mardi aussi, puis elle le fait à
cette occasion-ci, en disant : C'est blanc ou c'est noir. Alors, non, ce
n'est pas comme ça, la loi.
La loi, M. le Président, dans le
fond, elle couvre un ensemble de situations avec des cas particuliers, avec des
circonstances particulières. Chaque cas est un cas d'espèce relativement à
l'admissibilité, elle le sait très bien et je sais qu'elle le sait, M. le
Président. Et on élargit la notion de crimes qui sont couverts, d'infractions
criminelles qui sont couvertes. Les directives à l'IVAC vont être larges. C'est
un régime où… on le rend beaucoup plus humain, on le rend beaucoup plus
flexible.
Alors, c'est ce que nous faisons,
M. le Président, présentement. Alors, on élargit la liste antérieure
d'infractions criminelles qu'il y avait pour que tous les crimes contre la
personne soient couverts désormais, c'est le sens même du régime.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon
:
Bien, écoutez, c'est étrange parce que dans d'autres circonstances, on lui a
posé les questions, il a dit : Oui, oui, ça, c'est couvert. Puis là, je
soumettrais l'hypothèse que, là, quand il me dit aujourd'hui que c'est tout… ce
n'est pas tout noir ou tout blanc, c'est parce qu'il n'est pas capable de nous donner
une réponse affirmative face à ces cas-là. Et puis, ce sont des cas assez
simples, là, je veux dire, qu'on peut s'illustrer de harcèlement sexuel en
milieu universitaire, de contrôle…
12 h (version non révisée)
Mme
Hivon
:
…puis là je soumettrais l'hypothèse que, là, quand il me dit, aujourd'hui, que
ce n'est pas tout noir ou tout blanc, c'est parce qu'il n'est pas capable de
nous donner une réponse affirmative face à ces cas-là. Et puis ce sont des cas
assez simples, là, je veux dire, qu'on peut s'illustrer de harcèlement sexuel
en milieu universitaire, de contrôle coercitif dans un contexte de violence conjugale,
ce dont on a effectivement parlé mardi, beaucoup.
Et le ministre nous dit toujours :
Oui, mais là, avec la liste nouvelle, il va avoir des pistes. Même si je vous
le dis, violence conjugale, je le répète, n'apparaît pas dans le Code criminel,
donc encore moins contrôle coercitif et violence psychologique. Puis là on a
une superlettre qui nous parle d'exemples qui, selon moi, bien franchement,
devraient être couverts, puis, si on ne couvre pas ça, on échoue dans
l'avancement qu'on veut faire faire au droit québécois, surtout, en plus, à la
lumière du rapport du comité d'experts. Puis là malheureusement le ministre
refuse. Qu'il nous donne l'heure juste au moins, qu'il nous dise : Non, effectivement,
le harcèlement sexuel à l'université n'est pas compris. Le contrôle coercitif,
la violence psychologique ne seront pas compris. Puis au moins, on va savoir,
ce dont on parle. Parce que c'est l'hypothèse de travail d'experts dans le
domaine qui nous disent : Non, on a analysé abondamment le projet de loi,
là, depuis, et ce n'est pas couvert.
Donc, le ministre, il ne se prononce pas.
Il dit :Ce n'est pas tout blanc, ce n'est pas tout noir. Moi, j'aimerais
ça qu'il nous dise ce qu'il en est de ce type d'infraction là.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions? Mme la députée de Sherbrooke,
s'il vous plaît.
Mme Labrie : Oui. J'aimerais
ça que le ministre nos dise sa position personnelle à lui sur est-ce que ça
devrait être inclut dans le Code criminel, la question du contrôle coercitif,
la violence conjugale de type psychologique? Est-ce que, d'après lui, c'est
quelque chose qu'on devrait éventuellement inclure dans le Code criminel.
Le Président (M.
Bachand) : Interventions? M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, M.
le Président, présentement, on est devant un projet de loi qui est présenté par
le gouvernement du Québec en lien avec les infractions criminelles qui sont
présentement prévues au code. Alors, si le législateur fédéral met en place…
crée des infractions criminelles en lien, ça se retrouvera également couvert
par l'IVAC.
Mme Labrie : Ça, je l'avais
très bien compris. C'était assez évident, mais je veux savoir si le ministre
lui-même serait en faveur de cet ajout-là au Code criminel. Est-ce qu'il pense
que ça devrait être considéré criminel la violence coercitive, la violence
conjugale psychologique? Est-ce que lui-même demande au gouvernement fédéral de
procéder à ce changement-là?
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Si ça
constitue une infraction criminelle, très certainement, elle sera couverte par
le biais du projet de loi n° 84. C'est au législateur fédéral à faire les
choix relativement aux infractions criminelles qui se retrouvent, donc, c'est
une compétence du gouvernement fédéral, et c'est un législateur fédéral à agir
s'il souhaite le mettre dans le cadre d'une infraction criminelle.
Mme Labrie : Et le ministre de
la Justice du Québec, lui, n'a aucun intérêt à réfléchir à ces questions-là et
à éventuellement recommander au gouvernement fédéral d'inclure…
M. Jolin-Barrette : …donc,
c'est une compétence du gouvernement fédéral, et c'est au législateur fédéral à
agir s'il souhaite le mettre dans le cadre d'une infraction criminelle.
Mme Labrie : Et le ministre de
la Justice du Québec, lui, n'a aucun intérêt à réfléchir à ces questions-là et
à éventuellement recommander au gouvernement fédéral d'inclure le contrôle
coercitif, la violence conjugale psychologique dans le Code criminel? Il n'a
pas de position là-dessus? Parce que la position dans le milieu est assez
claire à l'effet que ça devrait être inclus dans le Code criminel.
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Alors,
les questions, M. le Président, sont drôlement posées. Moi, dans ma charge de ministre
de la Justice du Québec, je veux m'assurer d'indemniser les personnes victimes
d'infractions criminelles. Si le législateur fédéral fait le choix de
l'inclure, parce que ça relève du législateur fédéral, le gouvernement du
Québec indemnisera.
Mais le régime dans lequel on parle… parce
que, M. le Président, on… les oppositions, à juste titre, souhaitent élargir
davantage sur des comportements qui ne sont pas des infractions criminelles à
ce jour. Si ça devient des infractions criminelles, le gouvernement du Québec
va en prendre acte et va surtout faire en sorte que les personnes soient
indemnisées. Mais le gouvernement du Québec défendra toujours la position de
lutter contre les violences sexuelles ou les violences conjugales qui sont de
toutes sortes, et il faut freiner et réprimer ce genre de comportements là,
bien entendu.
Mais dans le cadre du travail qui nous
occupe présentement, il s'agit de crimes… le facteur de rattachement, ce sont
des infractions criminelles qui sont prévues au Code criminel. Le député de LaFontaine,
tout à l'heure, nous a dit : Moi, à l'article 20, on a un rendez-vous
pour discuter de violence sexuelle plutôt que d'infractions… que des agressions
à caractère sexuel. On aura la discussion à ce moment-là, mais, pour l'instant,
comme je vous le dis, le facteur de rattachement, il est rattaché aux
infractions qui sont prévues au code actuellement.
Mme Labrie : J'aimerais quand
même ça que le ministre nous dise sa position là-dessus. Il y a des milliers de
femmes en ce moment qui se battent, qui font des démarches auprès du
gouvernement fédéral pour que le contrôle coercitif, la violence conjugale
psychologique soit reconnue comme une infraction criminelle. Est-ce que le
ministre est à leur côté dans ces revendications-là?
Le Président (M. Bachand) :
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Moi, M.
le Président, je suis à côté de toutes les victimes de violence conjugale, de
violence sexuelle également, M. le Président. Puis la démonstration, M. le
Président, c'est le projet de loi n° 84 ici. Pourquoi? Parce que je fais
en sorte de rendre imprescriptibles les violences sexuelles, les violences
conjugales également. Vous ne pouvez pas avoir une meilleure démonstration de
l'appui que le gouvernement du Québec, et que je porte, aux victimes de violence
sexuelle puis de violence conjugale.
M. le Président, il faut vraiment que ça
soit clair, là, on fait un choix gouvernemental de dire : Peu importe le
moment où vous dénoncez, peu importent les infractions aussi en lien avec le
Code criminel, parce qu'il faut le dire, là, il y a beaucoup d'infractions qui
n'étaient pas couvertes. Prenons le proxénétisme, M. le Président. Ce n'était
pas couvert. Là, on aura d'autres discussions par rapport à la rétroactivité
qu'on aura au temps opportun, là, laissons ça de…
M. Jolin-Barrette : ... peu
importe le moment où vous dénoncez, peu importent les infractions aussi en lien
avec le Code criminel... parce qu'il faut le dire, là, il y a beaucoup
d'infractions qui n'étaient pas couvertes. Prenons le proxénétisme, M. le
Président. Ce n'était pas couvert. Là, on aura d'autres discussions par rapport
à la rétroactivité, qu'on aura au temps opportun, là, laissons ça de côté.
Mais la réponse du gouvernement du Québec,
elle est forte, M. le Président. Depuis les deux ans qu'on est là, on dit aux
victimes d'agression sexuelle et de violence conjugale : Voici, nous
agissons. Nous allons dans la bonne direction pour vous accompagner, pour vous
soutenir dans cette démarche-là. Et le projet de loi n° 84 est une réponse
à cela. C'est majeur, l'abolition de la prescription. Parce que, bien souvent,
dans tous ces cas, il y a beaucoup de victimes qui se faisaient dire : On
ne peut pas vous aider, vous êtes hors délai.
Là, il y a la question suivante, à
savoir : Est-ce que ça constitue des infractions criminelles? À ce jour,
ça ne constitue pas des infractions criminelles. Si le législateur fédéral
agit, bien entendu, nous soutiendrons les victimes par le biais de sommes, de
soutien psychologique, tout ça.
Mais je tiens à leur dire également que,
même si ce ne sont pas des crimes reconnus actuellement, elles peuvent
bénéficier du soutien des CAVAC, avec du soutien psychologique également, ça
fait partie de la mission des CAVAC, notamment, et des autres ressources
offertes par l'État aussi, M. le Président.
Alors, je tiens à être très clair et je
tiens à réitérer aussi que le harcèlement criminel, c'est plus de 5 000 dossiers
par année qui n'étaient pas admissibles qui vont être admissibles. Le cas de
menaces, c'est près de 15 000 dossiers qui n'étaient pas admissibles
qui deviennent admissibles aussi. On parle de 20 000 cas, juste comme
ça, qui ont été déclarés à la police. Ça, c'est sans parler de ceux... des personnes
qui n'iront pas voir la police puis qui vont pouvoir aller voir l'IVAC.
Puis aussi, dans le projet de loi,
peut-être les collègues l'auront-ils noté aussi, mais on met en place
formellement le programme de référencement policier pour faire en sorte que les
victimes soient informées, si elles s'adressent à la police, de toutes les
ressources auxquelles elles peuvent avoir droit. Dans certaines régions, ça se
faisait, mais... d'autres régions, notamment à Montréal, que ça ne se faisait
pas. Ça, c'est un article très important, que j'ai à coeur, M. le Président,
pour faire en sorte qu'on dise aux victimes quelles sont les ressources
auxquelles elles ont droit.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Mme la députée de Joliette.
Mme Labrie : Mais
j'avais...
Le Président (M.
Bachand) : Oui, allez-y... Sherbrooke, allez-y.
Mme Labrie : Je constate
dans la réponse du ministre qu'il choisit délibérément d'appuyer seulement les
victimes que le fédéral, lui, a choisi de reconnaître. Et je trouve ça vraiment
désolant parce qu'en faisant ce choix-là le ministre se place en position de
soumission face au gouvernement fédéral...
M. Lévesque (Chapleau) :
M. le Président...
Mme Labrie : ...pour
pouvoir appuyer toutes les victimes qu'il voudrait appuyer, ça va dépendre de
quelqu'un d'autre.
M. Lévesque (Chapleau) :
M. le Président... règlement...
Le Président (M.
Bachand) : Je vous ai demandé de faire attention, faire
attention. «Soumission», «remorque», écoutez, il faut juste... On doit quand
même garder un certain respect entre nous.
Mme Labrie : Mais quel vocabulaire
je pourrais utiliser pour décrire ça? Ça va dépendre de quelqu'un d'autre.
Le Président (M.
Bachand) : ...vous êtes une femme intelligente, Mme la députée,
je vous connais, alors donc vous avez le choix des mots.
Mme Labrie : Donc, le
ministre se place en position de dépendance face au gouvernement fédéral.
Le Président (M.
Bachand) : Intervention?
M. Lévesque (Chapleau) :
Peut-être, oui, un petit point, M. le Président, merci beaucoup. Bien, depuis
quelques minutes, là, j'entends la...
Mme Labrie : ...vocabulaire que
je pourrais utiliser pour décrire ça, ça va dépendre de quelqu'un d'autre.
Le Président (M.
Bachand) : Vous êtes une femme intelligente, Mme la députée, je
vous connais, alors donc vous avez le choix des mots.
Mme Labrie : Le ministre se
place en position de dépendance face au gouvernement fédéral.
Le Président (M.
Bachand) :Intervention?
M. Lévesque (Chapleau) :
Peut-être, oui, un petit point, M. le Président. Merci beaucoup. Bien, depuis quelques
minutes, là, j'entends la collègue de Sherbrooke, qui a une ligne de questionnement
un peu, je dirais, tendancieuse...
• (12 h 10) •
Le Président (M.
Bachand) : Oh! attention à vous, là.
M. Lévesque (Chapleau) : Mais
c'est vrai, c'est vrai que c'est ça.
Le Président (M.
Bachand) : Attention à vous, s'il vous plaît.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui.
Bien oui, tout à fait, mais du moins qui prête des intentions au ministre et
qui, souvent, va questionner, justement, ne prend pas la parole du ministre
lorsqu'il répond à ses questions. Donc, je sais que vous l'avez rappelée à
l'ordre, vous avez bien fait d'ailleurs de le faire, et j'aimerais qu'on
continue sur un ton plus agréable. Merci.
Le Président (M.
Bachand) : Je pense que tout le monde a compris mon message.
Alors, Mme la députée de Sherbrooke, voulez-vous... ça va? Mme la députée de Joliette,
s'il vous plaît.
Mme
Hivon
: Oui,
bien, moi, je pense que le ministre, il n'a pas le choix de se positionner
là-dessus. Du moins, c'est ce qu'on attendrait, parce que, dans le rapport du
comité d'experts sur les violences sexuelles et conjugales, il y a beaucoup de recommandations
qui s'adressent au ministre de la Justice. C'est un rapport qui porte sur les
pouvoirs du Québec et ce qu'on peut faire au Québec.
Et moi, je pense effectivement que le Québec
doit avoir comme position d'utiliser tous ses pouvoirs et d'aller aux extrêmes
limites de ses compétences. Je fais juste rappeler qu'on n'aurait pas fait
l'aide médicale à mourir au Québec si on avait dit : Ah! il va falloir
qu'on attende que le fédéral bouge. Puis le fait est qu'on l'a fait, on a été
les précurseurs, puis notre loi, elle a été confirmée valide. Donc, je m'explique
mal que le ministre nous dise aujourd'hui que c'est le Code criminel qui va
décider entièrement de ce qu'on estime ici être un élément qui est... qui doit
faire l'objet de réprobation et qui doit faire l'objet d'indemnisation et de
soutien de l'État. Ça fait que ça, c'est très surprenant.
Mais l'autre chose, c'est que la violence
psychologique, dans le rapport du comité d'experts, c'est inscrit comme un
élément fondamental de la violence conjugale, et à quel point cette
reconnaissance-là, elle est centrale pour pouvoir continuer et avancer pour
reconnaître pleinement le phénomène de la violence conjugale et
l'accompagnement des victimes dans le système de justice.
Donc, le ministre, aujourd'hui, se serait
vraiment important de l'entendre là-dessus, de... nous dire est-ce que la
violence psychologique, selon lui... Puis là on en a un excellent exemple, ici,
là, je pense qu'on en a parlé abondamment mardi, là, mais, exactement, là,
votre conjoint vous rabaisse, vous crie des insultes, empêche de voir votre famille,
vous isole, vous humilie devant vos proches. C'est exactement ça. Puis on a
parlé aussi de faire des bris sur des biens pour créer un effet de peur, puis
tout ça. Ça, là, ça fait tout partie de la notion de contrôle coercitif. Ça
fait que je veux savoir si le ministre, aujourd'hui, nous dit que ça, lui, il
estime qu'on n'est pas rendus là au Québec puis que ça ne vaut pas le coup de
faire en sorte que, dans une loi du Québec, on inclue...
Mme
Hivon
:
...faite peur puis tout ça. Ça, là, ça fait tout partie de la notion de
contrôle coercitif. Ça fait que je veux savoir si le ministre, aujourd'hui,
nous dit que ça, lui, il estime qu'on n'est pas rendus là au Québec puis que ça
ne vaut pas le coût de faire en sorte que, dans une loi du Québec, on inclue ce
type de crime là.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions? M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, en terminant, là, je n'ai pas dit que ça ne devait pas être dans une
loi du Québec, M. le Président. Ce que j'ai dit, c'est que, dans le cadre du projet
de loi n° 84 que nous avons, le facteur de rattachement, ce sont les
infractions criminelles. Et la collègue de Joliette le sait, la collègue de Sherbrooke
aussi, alors il ne faudrait pas me prêter des intentions. On travaille actuellement
avec un projet de loi qui fait référence aux infractions criminelles du Code
criminel. Ça, je ne peux pas être plus clair que ça, M. le Président. Puis,
s'il y a quelqu'un qui appuie les victimes de violence sexuelle et de violence
conjugale, M. le Président, c'est bien moi. La démonstration étant qu'on va
chercher 200 millions, qu'on rend imprescriptibles les différents crimes,
ce sont des avancées majeures.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions? Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon
:
Donc, je comprends qu'on a notre réponse. Moi, je veux que ça soit clair parce
qu'il y a des victimes qui nous écoutent, il y a des groupes de victimes qui
nous écoutent, il y a des experts qui nous écoutent. On est très suivis, M. le
Président. Ça ne nous arrive pas toujours, mais on est très suivis. Donc, moi,
je veux que ça soit clair, si la situation peut être comprise ou non. Et, de ce
que je comprends du ministre, même si ne le dit pas, mais j'aimerais ça qu'il
le dise, c'est qu'effectivement, ce type de violence, de contrôle coercitif, de
violence psychologique ne sera pas couvert dans le régime parce que le fédéral
ne le couvre pas dans le Code criminel.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Non, M.
le Président, non, l'interprétation de la députée de Joliette n'est pas la
bonne. Et, M. le Président, de la façon dont elle pose ses questions et de la
façon dont elle souhaite poser ses questions fait en sorte de ne pas bien
guider et orienter les personnes victimes, M. le Président.
S'il y a des comportements qui sont en
lien, inclus à travers une infraction criminelle, M. le Président, qui est
couverte, M. le Président, notamment en matière de menace, de harcèlement, ça
sera couvert. Disons-le aux victimes, et que les victimes n'hésitent pas, après
la sanction de la loi, M. le Président, que je souhaite être le plus tôt
possible pour justement faire en sorte qu'à tous les jours qui passent, M. le
Président, à chaque journée qui passe, M. le Président, c'est des victimes qui
ne sont pas indemnisées qui pourraient être indemnisées. Ça, il faut en être
conscient puis il faut le dire aux victimes parce qu'on élargit la notion de
victime, on élargit les aides qui sont offertes, on élargit la prescription aussi,
M. le Président. Alors, avec les nouvelles infractions criminelles, il y aura beaucoup
plus de gens, de personnes victimes qui vont être couvertes.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions?
Mme
Hivon
:
...je veux juste réitérer ma... Je veux dire, c'est un dialogue de sourds, là,
donc je pense qu'on en est tous bien conscients, malheureusement, et puis je
fais cette ultime demande au ministre. On a des experts qui nous...
M. Jolin-Barrette :
…deux personnes victimes qui vont être couvertes.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions?
Mme
Hivon
:
…juste réitérer ma… Je veux dire, c'est un dialogue de sourds, là, donc je
pense qu'on en est tous bien conscients malheureusement. Et puis je fais cette
ultime demande au ministre. On a des experts qui nous disent ici que ces situations-là
ne seront pas couvertes. Le ministre ne nous dit pas clairement : Non,
non, non, il y a erreur, elles vont être couvertes. Il nous ramène toujours au
fait que ça va être couvert si c'est une infraction criminelle, puis on lui dit
que justement ce n'est pas prévu dans le Code criminel nommément, et donc c'est
complètement circulaire comme discussion.
Moi, je pense qu'on bénéficierait, comme
commission qui veut faire un travail sérieux, avec un ministre qui nous a dit
au début de nos travaux qu'il allait faire les consultations qui s'imposaient
puis qu'il n'était pas dans la précipitation, et donc qu'il allait travailler
avec les experts et les groupes, de prendre un moment pour parler avec ces
experts-là et de bien voir si ces experts-là errent — parce que je ne
pense pas qu'ils errent — et de nous revenir avec le fruit de sa
discussion.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions? M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Oui,
M. le Président. Ce débat-là, on l'a eu, entre autres, mardi. Et on a déjà eu
l'occasion d'aborder, lors des auditions, avec celles et ceux qui sont venus
nous voir, dont M. Michaël Lessard, excessivement important... Puis
j'appuie totalement M. Lessard, Mme Brosseau. Et une chose... deux
choses sont à constater. Oui, le Québec est à la remorque du législateur
fédéral. Ça, c'est un fait. On est à la remorque. Puis c'est réglementaire, la
remorque, M. le Président, là.
Le Président (M. Bachand) :
...M. le député de LaFontaine, c'est dans le ton, il faut faire attention.
M. Tanguay
: Ah!
mais je pense que le ton est très bon.
Le Président (M.
Bachand) : D'être à la remorque, ça peut être réducteur au
niveau de... Là, juste faire attention, s'il vous plaît.
M. Tanguay
: Oui,
oui, c'est correct. C'est correct. Mais je pense que le ministre, il a la
couenne assez dure, je pense qu'il m'a déjà vu plus dérogatoire que ça.
Le Président (M.
Bachand) : ...d'ailleurs...
M. Tanguay
: Oui,
puis je pense que je suis dans le bon temps. On est... Être à la remorque, M.
le Président, ça veut dire que, si le fédéral bouge, on bouge. S'il ne bouge
pas, on ne bouge pas. Si je remorque votre véhicule, si j'avance, votre véhicule
avance, si j'arrête, votre véhicule arrête. Analogie parfaite, on est à la
remorque du fédéral. Et je le dis en tout respect, puis c'est des choses qui se
disent, c'est un débat parlementaire.
Une fois qu'on a dit ça, c'est... un
premier élément. Deuxième élément, je le sais que ministre va dire : On
peut décortiquer. Dans le corpus très rigide du droit criminel, on dit :
Violence conjugale n'est pas là, mais voie de fait est là, et ainsi de suite.
Mais, lorsque l'on parle, M. le Président, de victime de contrôle coercitif de
la part de votre conjoint qui vous rabaisse, vous crie des insultes, vous
empêche de voir votre famille, vous humilie devant vos proches, ça, dans une
logique de droit criminel, c'est beaucoup plus étroit comme passage, et vous
pourrez beaucoup moins vous qualifier que si le législateur dans sa loi, qui
n'est pas d'ordre criminel, mais qui est une loi d'indemnisation et d'aide des
victimes... vous le dites. Si vous le disiez, «contrôle...
M. Tanguay
: ...ça, dans
une logique de droit criminel, c'est beaucoup plus étroit comme passage, et
vous pourrez beaucoup moins vous qualifier que si le législateur, dans sa loi
qui n'est pas d'ordre criminel, mais qui est une loi d'indemnisation et d'aide
des victimes, vous le dites. Si vous le disiez, contrôle coercitif, violence
conjugale, et en reprenant les exemples, humiliation, et ainsi de suite, vous nécessairement
faciliteriez la vie des victimes de telles oppressions dans un contexte
conjugal, notamment.
Même chose pour l'étudiante à l'université,
l'autre exemple qui est donné. Vous harcèle sexuellement votre professeur tout
au long de votre session, c'est... Oui, il y a les cas de harcèlement criminel.
Mais encore une fois c'est excessivement étroit, selon des critères du Code
criminel, que la vie en 2021. Les exemples récents des dernières années nous
ont montré qu'il y a des comportements plus pernicieux qui échappent au Code
criminel, on va le dire comme ça.
Alors, évidemment, j'appuie sans réserve
Mme Brosseau, M. Lessard dans leur désir de rédiger, je les appuie,
la rédaction, on peut en discuter. Mais j'entends que là, je vais terminer mon intervention
là-dessus, le ministre nous dit clairement : Le débat va se terminer dans
les prochains instants parce qu'on va passer au vote. On est les oppositions,
on est minoritaires, sa voix et la voix de ses collègues auront prépondérance.
Mais là on va fermer un débat, oui, qu'on pourra reprendre à 20 et suivants,
mais, dans la définition d'infraction criminelle, c'est là où on aurait pu être
autre chose qu'à la remorque. Voilà, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député. Interventions? Mme
la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil
: ...la
décision du ministre... excusez-moi, la décision est prise. Il y a eu des
instances, je me rappelle... Parce que je pense que c'est évident qu'il faut qu'on
avance ce dossier généralement. Il y a eu des instances où un ministre de la
Justice, et c'est Jean-Marc Fournier, et c'est rare que ça se fait, mais il
est... Moi, j'ai même... quand j'étais ministre de la Justice, c'était un ministre
anciennement ministre de la Sécurité publique du Québec qui voulait que j'aille
faire une présentation sur la protection de la jeunesse, à toucher ces
choses-là. Donc, je n'ai pas opté pour le faire pour toutes sortes de raisons.
• (12 h 20) •
Mais je parle plus généralement dans le
temps. Donc, la décision du ministre est prise. Mais c'est sûr qu'il va falloir
comme société qu'on puisse regarder ces choses-là. On a une structure fédérale,
je comprends donc, on a un respect pour cette structure. Mais il faut qu'on
avance les choses. J'ai eu l'occasion d'échanger avec la députée de Joliette.
Mais je pense qu'il faut réfléchir comment on pourrait vraiment faire avancer
ce dossier au palier fédéral. Je pense qu'il y aurait beaucoup, beaucoup
d'appuis. Sur ce, je pense que le Québec pourrait jouer un rôle important.
Pour moi, ce chapitre n'est pas fermé pour
le bien des femmes. Comme je l'ai dit, c'est une expérience qu'on... Je pense
qu'on a...
Mme Weil
: …ce dossier
au palier fédéral. Je pense qu'il aurait beaucoup, beaucoup d'appuis. Sur ça,
je pense que le Québec pourrait jouer un rôle important.
Pour moi, ce chapitre n'est pas fermé pour
le bien des femmes. Comme je l'ai dit, c'est une expérience qu'on… je pense
qu'on a tous et toutes été sensibilisé, mes collègues très particulièrement,
là, parce qu'ils ont participé à une commission, un groupe de travail extrêmement,
comment dire, de qualité, de qualité, où ils ont entendu des voix. Cette
commission-ci a permis d'entendre d'autres voix, je lis les… je n'ai pas pu
participer à la consultation.
Tout ça pour dire que je pense que moi
j'inviterais tous les collègues, qu'ensemble on réfléchisse à comment on peut
faire avancer ce dossier-là, dans le sens que… je comprends les limites que le
ministre met sur la table, je comprends la désolation, la déception de tous,
mais ça ne veut pas dire que dans le cadre de ce projet de loi, qu'une décision
est prise, qu'on ne peut pas, ensemble comme parlementaires, s'assurer
d'avancer ce dossier autant pour la violence conjugale que l'exploitation
sexuelle.
Ces deux domaines qu'on vient dans les…
vraiment beaucoup dans la dernière année, qu'on a de part et d'autre, parce
qu'on a tous participé à différentes commissions, on a eu l'occasion de
découvrir des experts extraordinaires, on a entendu la police, on a entendu des
juristes, on a entendu des victimes, les parents, etc., qui fait en sorte que
ça nous a ouvert les yeux sur une réalité qu'il va falloir, absolument, qu'on
s'y adresse à tous points de vue. Ici, il y avait une opportunité avec
l'indemnisation, mais je comprends la structure fédérale, j'ai occupé les
positions qu'occupent le ministre, mais d'ailleurs j'étais un peu dans cette
situation où… donc les conseils que j'ai eus c'étaient… bon, mais il y a des
ministres de la Justice qui l'ont fait.
Alors, je voulais tout simplement nous
inviter à réfléchir à une action éventuelle qui pourrait convaincre le
gouvernement fédéral de modifier son Code criminel et que les ajustements
pourraient venir dans le temps.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Interventions? M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, M.
le Président, les propos de la députée de Notre-Dame-de-Grâce sont empreints de
sagesse, puis je fais mien à ces propos. Je suis assez d'accord avec elle, mais
dans le cadre du projet de loi actuel c'est relié aux infractions criminelles.
Mais elle…
Mme Weil
: Oui, mais…
tout simplement, j'ai tellement d'admiration pour les interventions de mes deux
collègues, tellement d'admiration aussi pour le débat qu'on a, et mon collègue
aussi de LaFontaine qui les appuie — je les appuie —, mais je
vois la décision du ministre, je la… comment dire, j'en prends acte, mais je ne
voudrais pas qu'on se dise qu'on baisse les bras. Quand on dit qu'on dépend du
gouvernement fédéral, on le sait, le ministre travaille un autre dossier où on
est obligé de faire des demandes auprès du gouvernement fédéral, c'est la
structure qu'on a…
Mme Weil
:
...comment dire, j'en prends acte, mais je ne voudrais pas qu'on se dise qu'on
baisse les bras.
Quand on dit qu'on dépend du gouvernement
fédéral, on le sait, le ministre travaille un autre dossier où on est obligé de
faire des demandes auprès du gouvernement fédéral, c'est la structure qu'on a,
mais je pense que la prise de conscience partout, partout au Canada, partout en
Amérique du Nord, les mêmes problèmes s'expriment aux États-Unis, d'ailleurs,
c'est le même enjeu, qu'est-ce qui est reconnu comme acte criminel et qu'il y a
cet angle mort qui est la violence conjugale et l'exploitation sexuelle qui
fait en sorte que ça a des effets très néfastes sur les familles, surtout les
femmes.
Et donc c'est un grand dossier de société
qu'il va falloir continuer à militer pour ces changements, pour... Et je
comprends bien la frustration aussi de mes collègues, hein? L'expression
remorque, ou l'expression dépendant, ou l'expression comment ça se fait que
nous, comme Québécois, alors qu'on est tellement allumés sur cet enjeu, avec
tellement d'experts, qu'on ne peut pas agir. Bon, agissons pour convaincre et
pour amener ces changements, et d'autres façons aussi, pour reconnaître et
compenser les douleurs par d'autres programmes qui existent aussi au
gouvernement actuellement. Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Mme la députée de Joliette, s'il vous plaît.
Mme
Hivon
:
Oui. Je veux juste dire en terminant que je trouve qu'on passe vraiment à côté
d'une occasion de prendre la pleine mesure de ce qu'est la violence conjugale
sous toutes ses formes. Parce que vous savez, des fois, c'est beaucoup plus
souffrant d'être isolé, d'être contrôlé psychologiquement que d'avoir des bleus
sur les bras et sur votre corps. Et je pense qu'on devrait être rendus là au
Québec, de reconnaître ça. Et on avait une occasion extraordinaire de le faire.
Et je veux juste marquer ma grande
déception par rapport à ça parce que, quand on sort d'un exercice où on nous a
rapporté à quel point c'était un enjeu fondamental pour les personnes victimes
de violence conjugale et qu'on aurait pu envoyer aujourd'hui un message qu'on
les a sur cet aspect-là vraiment bien comprises et qu'on agit tout de suite,
maintenant, sur ce point-là, je pense que ça aurait été vraiment un pas pour
rebâtir la confiance, comme on veut tellement le faire, et de faire une grande
avancée.
Donc, je voulais juste... Je voulais juste
marquer cette déception-là. Et puis j'espère que le ministre va continuer à
réfléchir, qu'on va continuer à travailler dans le projet de loi et on pourra
aussi y revenir parce que tout est possible si le ministre évolue dans sa
réflexion. Et c'est ce que je lui demande. Il refuse pour l'instant de
suspendre et d'avoir des discussions avec les experts, mais j'aimerais qu'il
n'ait pas une fermeture complète parce qu'il nous reste plusieurs articles à
étudier, et qu'on puisse y revenir.
Le Président (M.
Bachand) : La députée de Sherbrooke, s'il vous plaît.
Mme Labrie : Je veux
témoigner de ma déception, moi aussi, pour toutes les victimes, mais aussi face
au fait qu'on perd une occasion d'ouvrir le chemin, de tracer le chemin sur
cette question-là, au Canada aussi...
Mme
Hivon
:
…complète, parce qu'il nous reste plusieurs articles à étudier, et qu'on puisse
y revenir.
Le Président (M.
Bachand) :f…la députée de Sherbrooke, s'il
vous plaît.
Mme Labrie : Je veux témoigner
de ma déception, moi aussi, pour toutes les victimes, mais aussi face au fait
qu'on perd une occasion d'ouvrir le chemin, de tracer le chemin sur cette
question-là, au Canada aussi. Souvent, sur beaucoup de dossiers, le Québec a
été un précurseur, et a amené les autres provinces et le fédéral à bouger. Là,
on aurait une occasion ici, encore, d'ouvrir le chemin, de dire : Ces
victimes-là, le contrôle coercitif… méritent de l'aide, on doit reconnaître que
c'est de la violence qu'elles ont vécue, et on ne le fait pas, alors qu'on a déjà
souvent été, le Québec, celui qui remorquait le fédéral sur bien des enjeux.
Là, on se place dans la position d'être à la remorque aujourd'hui, puis ça,
c'est le choix du gouvernement de la CAQ, malheureusement.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup, Mme la députée de Sherbrooke.
Interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la
mise aux voix. Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Jolin-Barrette (Borduas)?
M. Jolin-Barrette : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque (Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
:
Abstention.
La Secrétaire
: Mme
Labrie (Sherbrooke)?
Mme Labrie : Abstention.
La Secrétaire
: Mme
Hivon (Joliette)?
Mme
Hivon
:
Contre.
La Secrétaire
: M.
Bachand (Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'article 13, tel qu'amendé, est
adopté. Merci. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui, M.
le Président. Article 14, et je vous annonce d'entrée de jeu que j'ai un
amendement sur l'article 14 qui sera déposé sur Greffier par les voies
technologiques, M. le Président. Alors, l'article 14.
«À moins d'indication contraire,
lorsqu'une évaluation de santé est requise en vertu du présent titre, celle-ci
doit être faite par un professionnel de la santé déterminé par un règlement du
gouvernement.
«Le règlement peut prévoir que cette
évaluation peut être faite par des professionnels différents selon le type
d'aide financière concerné. Le règlement peut également prévoir les
renseignements qui doivent accompagner l'évaluation de santé.
«Lorsque le présent titre fait référence à
un professionnel de la santé, il s'agit de celui déterminé par ce règlement.»
Donc, le commentaire : Pour
bénéficier de certaines aides financières, la loi exigerait que soit produite
une évaluation de la santé de la personne victime. Lorsqu'elle est ainsi
requise, cette évaluation devrait être conforme aux prescriptions du règlement,
et être produite par le professionnel de la santé déterminé à ce règlement.
Donc, je vais vous lire, si vous me
permettez, en même temps, l'amendement, M. le Président, qui est sur Greffier.
Alors, en réponse aux commentaires que nous avons eus lors de la consultation,
relativement à certains groupes qui disaient : On devrait pouvoir
permettre le professionnel de notre choix, de santé, pour ne pas qu'il soit
imposé par l'IVAC, relativement à l'identité du professionnel, pas la catégorie
de professionnel, mais l'identité du professionnel. C'était implicitement le
cas que chaque personne a droit au professionnel de son choix, mais on va venir
le préciser, M. le Président, par le biais d'un amendement.
Alors, rajouter à la fin de l'article 14
du projet de loi l'alinéa suivant : «Sur réserve de l'article 66,
une personne a le droit de consulter le professionnel de la santé de son choix,
pourvu que ce choix respecte les dispositions réglementaires.»
Donc, on vient l'insérer à la fin de
l'article 14.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions? M. le député de LaFontaine, s'il
vous plaît.
M. Tanguay
: Oui. Je…
12 h 30 (version non révisée)
M. Jolin-Barrette :
...rajouter, à la fin de l'article 14 du projet de loi, l'alinéa suivant :
«Sous réserve de l'article 66, une
personne a le droit de consulter le professionnel de la santé de son choix
pourvu que ce choix respecte les dispositions réglementaires.»
Donc, on vient l'insérer à la fin de l'article
14.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions? M. le député de LaFontaine, s'il
vous plaît.
M. Tanguay
: Oui, je...
Puis on fait tout en même temps, là, on essaie de jongler... Alors, j'ai
entendu «sous réserve de l'article 66», donc 66 de l'actuel projet de loi n° 84. Quelle est cette réserve?
M. Jolin-Barrette :
Donc : «Le ministre peut, à ses frais, exiger qu'une personne qui présente
une demande en vertu du présent titre se soumette à l'examen d'un professionnel
de la santé qu'il choisit.» Donc, c'est en cas de contre-expertise.
M. Tanguay
: O.K. Autrement
dit, 14, c'est : «À moins d'indication contraire, lorsqu'une évaluation de
santé est requise en vertu du présent titre.» Donc, c'est pour évaluer le
bien-fondé de l'indemnisation demandée ou de l'aide demandée.
M. Jolin-Barrette : Exactement.
Dans le fond, il va arriver parfois que c'est un professionnel de la santé,
pour pouvoir indemniser adéquatement, pour pouvoir donner une aide financière
adéquate à une personne victime. Bien souvent, elle est évaluée par un
professionnel de la santé. Avec le projet de loi, ce qu'on va pouvoir venir
faire, c'est élargir le nombre... les catégories de professionnels qui vont
pouvoir agir. Donc, exemple, on va inclure les sexologues. Et ils vont produire
un rapport sur l'état de la personne pour pouvoir l'indemniser adéquatement.
Dans le cas de 66, à 66, c'est lorsqu'il y a une contre-expertise pour faire en
sorte que l'IVAC ait la possibilité d'avoir un rapport.
M. Tanguay
: J'aimerais
juste comprendre, M. le Président, pourquoi 66. C'est l'IVAC qui va être le
maître d'oeuvre de la contre-expertise. Pourquoi, là, ce serait le ministre qui
commanderait ça à son niveau, à 66? « Le ministre peut, à ses frais, exiger
qu'une personne»... Le ministre a comme les deux mains dans le dossier.
M. Jolin-Barrette : Dans le
fond, ça va être délégué par l'entente de service. Parce que, dans le fond, les
responsables du régime, là, c'est le ministre puis le ministère de la Justice. Ça
rentre dans les pouvoirs du ministre, mais dans le fond, le régime va être
administré... Comme, actuellement, c'est la DIVAC qui l'administre, le régime.
Nous, maintenant, on l'a rapatrié sous le ministère de la Justice. On va donner
une entente de service. Actuellement, ce qui est envisagé, c'est de continuer
avec la DIVAC, mais avec des ajustements importants. Donc, c'est un pouvoir qui
est délégué.
M. Tanguay
: Et est-ce
que le règlement du deuxième alinéa de l'article 14... «Le règlement peut
prévoir que cette évaluation peut être faite par des professionnels différents
selon le type [...]. Le règlement peut également prévoir les renseignements qui
doivent accompagner»... Est-ce que ce règlement-là, dans le contexte de l'amendement...
Je vais revirer ça de bord : Est-ce
que l'amendement, l'ajout du troisième alinéa, va se faire dans le contexte du
règlement dont on parle au deuxième alinéa? Est-ce que ça, ça va être le
pouvoir du ministre, de 66, là, d'exiger qu'une personne... 66 sera-t-il encadré
par le règlement prévu à l'article 14?
M. Jolin-Barrette : Mais, en
fait, oui. Dans le fond, le principe de base, là, c'est que, lorsque la
personne demande de l'aide à l'IVAC, dans le fond, elle va… l'IVAC va pouvoir
lui demander : Bien, dans le fond, O.K, on reçoit votre demande, il faut
aller voir un professionnel pour savoir quel est votre...
M. Tanguay
: …encadré
par le règlement prévu à l'article 14?
M. Jolin-Barrette : Mais, en
fait, oui. Dans le fond, le principe de base, là, c'est que, lorsque la
personne demande de l'aide à l'IVAC, dans le fond, elle va… l'IVAC va pouvoir
lui demander : Bien, dans le fond, O.K, on reçoit votre demande, il faut
aller voir un professionnel pour savoir quel est votre pourcentage
d'incapacité, supposons, pour pouvoir être indemnisé adéquatement.
Donc là, dans le règlement, il va y
avoir : Vous pouvez aller voir un psychologue, vous pouvez aller voir un
médecin, vous pouvez aller voir, supposons, un sexologue, et l'amendement qu'on
rajoute, c'est : Vous allez pouvoir aller voir le psychologue, le
sexologue ou le médecin de votre choix… dans le fond, tu sais, la première
analyse, la première expertise. Et après ça, si jamais l'IVAC veut avoir des
compléments ou il y a une contre-expertise ou l'évaluation, là, le ministre,
par le biais de l'IVAC, va dire : Bien, on veut que vous soyez évalué par
tel médecin ou tel sexologue, supposons, à la suite, pour bénéficier de la
contre-expertise.
M. Tanguay
: Est-ce
que, M. le Président… Le ministre ne trouve-t-il pas qu'il défait, avec «Sous
réserve de l'article 66» et l'action de 66, ce qu'il essaie de faire, qui
est noble et important? «…personne a le droit de consulter le professionnel de
la santé de son choix…»
Autrement dit, la manière dont je
comprenais ce qui était demandé, c'est que la personne qui est victime, par
exemple, d'agression sexuelle, qui doit rencontrer un professionnel de la
santé, pourrait dire, si c'est une jeune femme, pourrait dire : Bien, moi,
j'aimerais ça rencontrer une professionnelle appropriée qui serait une jeune
femme puis qui comprend ma réalité puis avec laquelle j'aurais toute confiance
et ainsi de suite. Parfait, ça se fera. Mais si l'on permet qu'il y ait une
contre-expertise au choix du ministre ou du régime… des dirigeants du régime…
Autrement dit, l'écho que j'aurais aimé
que l'on fasse par l'amendement, c'est que le professionnel, ça va être le
professionnel de son choix et que ce n'est pas uniquement de dire : Bien,
ce sera… le premier professionnel sera le professionnel de ton choix, puis
après ça, tu n'auras plus de choix.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, M. le député. M.
le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Dans le
fond, là, le régime général, le régime de base, là, c'est celui à
l'article 14. Dans le fond, par voie réglementaire, la personne qui doit
se faire évaluer se fait évaluer par un professionnel de son choix. Il n'y a
pas des contre-expertises systématiquement, mais, dans tous les régimes
d'indemnisation, il y a la possibilité, toujours, et le député de LaFontaine le
sait aussi, sur différents éléments, lorsqu'on est face à un régime d'indemnisation
comme ça, il y a toujours la possibilité de faire contre-expertiser, mais pas
systématiquement. Ce n'est pas ça, le cas, tu sais.
C'est dans le cas où c'est un régime
d'indemnisation public puis c'est des deniers publics. Donc, si jamais il y avait
quelque chose qui était extrême ou exagéré, pour l'État, ça prend quand même la
possibilité d'avoir le levier de faire une contre-expertise. Mais ce n'est pas
une personne qui est agressée sexuellement, systématiquement, elle va se faire
contre-expertiser, là. Le but du régime n'est pas ça. Le but du régime, c'est
on donne les services de base dès le départ, soutien psychologique, ensuite, on
fait l'analyse…
M. Jolin-Barrette : …pour l'État,
ça prend quand même la possibilité d'avoir le levier de faire une
contre-expertise. Mais ce n'est pas : une personne qui est agressée
sexuellement, systématiquement, elle va se faire contre-expertiser, là. Le but
du régime n'est pas ça. Le but du régime, c'est : on donne les services de
base dès le départ, soutien psychologique, ensuite on fait l'analyse du
dossier, tout ça. S'il y a nécessité de rencontrer un professionnel
préalablement, la personne le choisit, tout ça, on indemnise; s'il y a des
enjeux particuliers rattachés et propres au dossier, il y a toujours un pouvoir
de contre-expertise qui est prévu.
M. Tanguay
: Est-ce que
le ministre sait, selon les données les plus récentes, le pourcentage de
contre-expertises demandées par l'IVAC?
M. Jolin-Barrette : Oui, on
va poser la question puis on va vous revenir.
M. Tanguay
: Si on peut
nous revenir là-dessus, M. le Président. Parce qu'évidemment on prend pour
acquis que c'était exceptionnel. Mais jusqu'à quel point c'est exceptionnel?
«Exceptionnel» pourrait passer de 12 % à moins de 1 %, puis vous
verriez que dans les deux cas on pourrait dire : Oui, c'est exceptionnel.
Mais, entre le 12 % puis le 1 %, je veux dire, l'exceptionnel, il y a
une méchante marge, là, tu sais, ça pourrait être juste…
M. Jolin-Barrette : Il ne
faut pas oublier, là, que, quand on parle d'un professionnel, là, c'est tout
membre d'un ordre professionnel, là. Donc, les professionnels ont un code de
déontologie. Ce n'est pas…
M. Tanguay
: Oui, c'est
pour ça. Ça marche des deux bords, c'est à ça que je pensais, ça marche des
deux bords aussi. Si la professionnelle qui traite et qui rencontre dans son
cabinet la jeune victime d'agression sexuelle… je veux dire, si elle n'est pas par
ailleurs poursuivie par son syndic puis tout ça, normalement, ce qu'elle va
dire, à sa face même, il faudrait que ça soit très, très exceptionnel qu'on
vienne le contester, parce que, justement, on présume que la pratique de sa
profession est suffisamment bien encadrée puis compétente qu'à moins qu'elle
soit radiée, bien, je veux dire, ce qu'elle dit, on va le prendre pour vrai,
là, à moins d'un autre… Donc, d'où l'importance de vérifier l'exceptionnel, parce
qu'on n'est pas, puis le ministre a raison, on n'est pas en matière civile, où
il y a un débat contradictoire, vous faites une expertise, puis on agence les
faits dans une autre vie, puis là vous faites tout de suite… vous trouvez toujours
un autre expert qui n'est pas nécessairement membre d'un ordre professionnel
qui va vous faire une contre-expertise. Alors… Mais là, on est dans des
domaines qui ne sont pas de nature contradictoire, là, par essence, là.
M. Jolin-Barrette : Effectivement,
le député de LaFontaine a raison, mais… On va vous revenir avec le chiffre,
tout ça. Mais je comprends aussi que le député de LaFontaine comprend pourquoi
ça prend ce pouvoir-là.
M. Tanguay
: Bien,
c'est correct, M. le Président, d'avoir un autre allié que la victime — puis
je comprends puis je salue l'amendement du ministre — que la victime ou
que la personne demandant l'aide choisisse son professionnel, parfait, mais que
l'on fasse un palier à 66 ou un atermoiement qui ferait en sorte que la
contre-expertise devrait être confiée à un professionnel qui pourrait répondre
à certains critères. Exemple, je suis une jeune femme victime d'agression
sexuelle. Moi, s'il y a une contre-expertise, c'est correct, je vais… je n'ai
pas le choix de m'y plier, mais j'aimerais ça que ce soit une femme.
Comprenez-vous? Si on pouvait…
M. Jolin-Barrette : Bien,
moi, là-dessus, a priori, je n'ai pas d'enjeu, rendu à 66, à ajuster certaines
choses, là, mais il faut juste faire attention dans la façon de le faire, là…
M. Tanguay
: …victimes
d'agression sexuelle, moi, s'il y a une contre-expertise, c'est correct, je
n'ai pas le choix de m'y plier, mais j'aimerais ça que ça soit une femme.
Comprenez-vous? Si on pouvait…
M. Jolin-Barrette : Bien,
moi, là-dessus, a priori, je n'ai pas d'enjeu, rendu à 66, à ajuster certaines
choses, là, mais il faut juste faire attention dans la façon de le faire, là.
C'est-u quelque chose qui… oui, c'est quelque chose qu'on peut regarder quand
on va être rendus à 66.
M. Tanguay
: Oui, si on
pouvait penser à un amendement.
• (12 h 40) •
M. Jolin-Barrette : Tu sais,
moi, l'objectif, là, de la contre-expertise, là, ce n'est vraiment pas de faire
en sorte qu'une… puis, comme je le dis, ce n'est pas systématique, là, les
expertises, là, ce n'est pas de faire en sorte de placer la personne victime
dans une situation qui est inconfortable, difficile pour elle, alors je retiens
la suggestion. Quand on va être rendus à 66, on va travailler avec les équipes
pour essayer d'arriver avec une proposition.
Le Président (M.
Bachand) : Interventions? M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Rendus à
14, on parle d'évaluation de santé, hein. Donc, ça, c'est : À moins
d'indication contraire, lorsqu'une évaluation de santé… Ça, c'est santé, pour
vérifier l'intégrité… les atteintes à l'intégrité physique, n'est-ce pas?
M. Jolin-Barrette : Les
atteintes à l'intégrité physique et psychique.
M. Tanguay
: Et
psychique. Quand on dit «santé», ça couvre les deux?
M. Jolin-Barrette : Ça couvre
les deux, oui.
M. Tanguay
: O.K. Le règlement
peut prendre… O.K. Bien, c'est ça, alors, effectivement, rendus à 66, on pourra
penser, M. le Président, à quelque chose. Moi, je pense que, puis je ne sais
pas, là, ça va être un défi, mais je pense qu'on va être capable, là,
d'ajouter, quitte à avoir une liste, je réfléchis tout haut, là, pour que nos
juristes et les juristes du ministre puissent commencer peut-être à peaufiner
soit deux choses l'une, c'est qu'on peut avoir des scénarios où on dit la
contre-expertise… on va donner l'opportunité à la personne qui ferait l'objet
de la contre-expertise d'exprimer ses désirs, quant à la personne qui ferait la
contre-expertise, notamment relativement au sexe dudit expert, tatitata, on
pourrait mettre quelques critères. Moi, je pense que le premier qui me vient en
tête, c'est le sexe. Si une femme victime d'agression sexuelle, je veux dire,
je la comprendrais de ne pas vouloir être contre-expertisée par un homme, alors
déjà le sexe. Mais je ne sais pas si les collègues ont d'autres choses, mais
notamment, puis on pourrait ajouter d'autres critères pour faire écho à ça, et
peut-être même, tu sais, une personne, une personne aussi, s'il y a un contexte
très particulier, une personne qui… Voilà. Alors, c'est à réfléchir, c'est
majeur, c'est important.
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, je n'ai pas d'enjeu, on va travailler sur les libellés puis rendus à
66, on pourra soumettre quelque chose. Je crois qu'on a le temps de travailler quelque
chose de bien, à moins que le député de LaFontaine me dise qu'on se rende à 66
cet après-midi.
M. Tanguay
: Comme on
dit, M. le Président, «it takes to tango».
Le Président (M.
Bachand) : Interventions sur l'amendement? Mme la députée de Sherbrooke,
s'il vous plaît.
Mme Labrie : Le ministre est
plus ambitieux sur la vitesse de nos travaux…
M. Jolin-Barrette : …de
travailler quelque chose de bien, à moins que le député de LaFontaine me dise
qu'on se rende à 66 cet après-midi.
M. Tanguay
: Comme on
dit, M. le Président, «it takes two to tango».
Le Président (M. Bachand) :
Interventions sur l'amendement? Mme la députée de Sherbrooke, s'il vous
plaît.
Mme Labrie : Le ministre est
plus ambitieux sur la vitesse de nos travaux cet après-midi que sur certaines
autres choses du projet de loi.
M. Jolin-Barrette :
…M. le Président, écoutez, le coporte-parole de Québec solidaire, tout à
l'heure à la période de questions, a dit : Vous n'êtes pas assez
ambitieux. Alors là, j'essaie de répondre à ce que le député de Gouin a dit,
d'être plus ambitieux.
Mme Labrie : Oui, oui, mais
parce… c'est juste que vous ne l'êtes pas sur les bons éléments où on aimerait
vous voir faire preuve d'ambition.
M. Jolin-Barrette : Ah! Bien,
ça, M. le Président, c'est autre chose.
Mme Labrie : Mais j'allais
dire un commentaire positif au ministre, donc j'imagine qu'il veut l'entendre.
J'apprécie l'amendement qu'il fait pour mentionner explicitement que la
personne doit pouvoir consulter le professionnel de santé de son choix. Je
pense que c'est un… je pense que c'est une précision hautement souhaitable.
Puis effectivement, à l'article 66,
il va falloir avoir des discussions là-dessus. Il faudrait s'assurer que, par
exemple, la personne puisse avoir accès… que le professionnel que le
gouvernement choisit va, par exemple, comprendre la langue d'une personne
autochtone qui serait la victime. Par exemple. Je donne un exemple, mais il y
en aurait d'autres. On en parlera à ce moment-là.
Le Président (M.
Bachand) : Merci, Mme la députée de Sherbrooke.
Interventions sur l'amendement? Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'amendement? S'il n'y a pas d'autres interventions, nous allons procéder à la
mise aux voix. Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Jolin-Barrette (Borduas)?
M. Jolin-Barrette : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
: Mme Labrie
(Sherbrooke)?
Mme Labrie : Pour.
La Secrétaire
: Mme Hivon
(Joliette)?
Mme
Hivon
:
Pour.
La Secrétaire
: M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'amendement est adopté. On
revient maintenant à 14 tel qu'amendé. Interventions? M. le député de
LaFontaine.
M. Tanguay
: Le
deuxième alinéa, «Le règlement peut prévoir que cette évaluation peut être
faite par des professionnels différents selon le type d'aide financière
concerné.» Là, c'est… «professionnels différents», autrement dit qu'est-ce
qu'on veut dire par là? J'ai une petite idée mais je voudrais juste que le
ministre m'ôte d'un doute.
M. Jolin-Barrette : «Le
règlement peut prévoir que l'évaluation peut être faite par des professionnels
différents selon le type d'aide financière concerné.» Bien, dans le fond,
exemple, un psychologue, exemple, un médecin en fonction du préjudice subi.
Dans le fond, au niveau de l'incapacité, supposons qu'il y a un préjudice
psychique, bien, peut-être que le professionnel désigné, ça va être préférable
que ce soit le… un psychologue.
M. Tanguay
: Oui, et
ça, c'est… selon le type d'aide offerte et demandée, va découler de source… va
couler de source le type de professionnel, dans le fond. J'aurais dit : Il
allait sans dire, mais c'est ça qu'on veut dire, là, là, tu sais. O.K.
«Le règlement peut également prévoir les
renseignements qui doivent accompagner l'évaluation de la santé.» On parle de
quoi…
M. Tanguay
: …va
découler de source, va couler de source le type de professionnel, dans le fond.
J'aurais dit il allait sans dire, mais c'est ça qu'on veut dire, là, là, tu
sais, O.K. Le règlement peut également prévoir les renseignements qui doivent
accompagner l'évaluation de la santé. On parle de quoi, de renseignements
personnels ici? On parle de…
M. Jolin-Barrette : Bien, je
pense que c'est ce qu'on veut surtout dire, des renseignements par rapport au
type de préjudice.
Une voix : …
M. Jolin-Barrette : Oui. Dans
le fond, avoir un rapport standardisé pour dire quel est le taux d'incapacité,
à combien vous évaluez le préjudice, est-ce que la personne est capable de
travailler une journée par semaine, trois jours par semaine, dans le fond, de
prévoir comme des renseignements pour guider, pour être capable de mesures de
bien indemniser la personne en fonction de son réel préjudice.
M. Tanguay
: Je trouve
intéressants, M. le parlement… M. le parlement, M. le Président — je
sais que vous êtes efficace, mais vous n'êtes pas encore le
parlement — les renseignements, puis justement on fait du 64, on en
faisait hier à l'appel du leader du gouvernement, on a travaillé sur 64 hier.
On parlait de renseignements, on parlait aussi dans un contexte d'accès. On a
ouvert un débat, qu'on a suspendu pour plus tard, d'accès au dossier. Je prends
pour acquis, puis le ministre pourra peut-être me confirmer, ma compréhension,
c'est que la victime demande d'aide aura, j'allais dire en tout temps, selon
certaines balises, mais ne se fera pas cacher des renseignements qui sont
inclus dans son dossier. Autrement dit, expertise, contre-expertise, on ne
pourra pas lui dire : Bien, écoutez, cette portion-là de la contre-expertise
vous ne sera pas communiquée. Je pense que ce sera accès total et complet à
l'entièreté de son dossier, n'est-ce pas?
M. Jolin-Barrette : En fait,
là, les règles générales qui s'appliquent, là, généralement, c'est lorsqu'un
organisme ou un individu constitue un dossier sur vous, c'est que vous avez
droit d'en avoir accès en totalité.
M. Tanguay
: Et ça, il
n'y aura pas d'atermoiements dans le contexte de 14 pour l'accès à l'entièreté
de son dossier, parce que vous savez, il y a la fameuse expression, on dit dans
nos débats : C'est des notes personnelles. Je veux dire, il n'y aura pas
cette catégorie-là de notes personnelles, autrement dit, à… Puis c'est
important que le ministre le dise au micro, l'intention du législateur est que
la personne qui fait la demande d'aide ne se voit aucunement refuser quoi que
ce soit dans son dossier.
M. Jolin-Barrette : Non, les
renseignements qui sont colligés dans son dossier appartiennent à la personne
qui fait la demande.
M. Tanguay
: O.K. Et
que — on va faire un lien avec 64 — ne sera pas communiqué
quelque renseignement que ce soit, constituant son dossier, à un tiers,
autrement que dans les balises que prévoiront la loi, là, à ce moment-là, très
encadrées , là.
M. Jolin-Barrette :
Exactement. C'est un dossier qui est confidentiel, le dossier de la personne.
M. Tanguay
: …protéger,
pour protéger la confidentialité de ça. O.K. C'est important, je pense, M. le
Président, à mentionner. Voilà.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions? S'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons procéder à la mise aux voix de l'article 14 tel
qu'amendé. Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Jolin-Barrette (Borduas)?
M. Jolin-Barrette : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour…
Le Président (M.
Bachand) : ...intervention? S'il n'y a pas d'autre intervention,
nous allons procéder à la mise aux voix de l'article 14 tel qu'amendé. Mme la
secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Jolin-Barrette (Borduas)?
M. Jolin-Barrette : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
: Mme
Labrie (Sherbrooke)?
Mme Labrie : Pour.
La Secrétaire
: Mme
Hivon (Joliette)?
Mme
Hivon
:
Pour.
La Secrétaire
: M.
Bachand (Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'article 14, tel qu'amendé, est
adopté. Merci. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui.
L'article 15 :
«Une aide financière prévue au présent
titre peut être accordée, que l'auteur de l'infraction criminelle soit ou non
identifié, arrêté, poursuivi ou déclaré coupable.»
Alors, cette disposition prévoit qu'il ne
serait pas nécessaire que l'auteur d'une infraction criminelle soit poursuivi
ni même connu pour qu'une personne victime puisse bénéficier du régime d'aide
financière. La personne victime n'aurait donc pas l'obligation de déposer une
plainte aux autorités policières.
Donc, l'article vise à faire en sorte que
vous pouvez avoir accès au régime d'indemnisation sans même faire de
dénonciation auprès des corps de police...
Le Président (M.
Bachand) : Député de LaFontaine.
M. Jolin-Barrette : ...comme
c'était le cas aujourd'hui dans l'ancien régime.
M. Tanguay
: Oui. M. le
Président, on voit l'apport, encore une fois, de Me Michaël Lessard. À
l'article 15, il nous propose d'ajouter deux éléments, dont je vais vous faire
lecture à l'instant. À la fin de l'article 15, il propose d'ajouter : «L'évaluation
d'une aide financière ne peut en aucun cas se baser sur l'intention coupable de
l'auteur de l'infraction criminelle ni sur les moyens de défense que ce dernier
pourrait invoquer dans le cadre d'un procès criminel. Toutefois, une aide
financière ne peut pas être accordée si l'infraction criminelle résulte d'un événement
fortuit». Alors, j'aimerais savoir la réflexion du ministre sur ces deux
aspects.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député... M. le ministre,
s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : En fait,
la personne, puis on a eu ce débat-là, préalablement, la personne n'a pas
besoin de dénoncer l'auteur de l'infraction pour pouvoir y accéder. Donc, comme
on l'a dit lors de la dernière séance, la personne présente sa demande à
l'IVAC, dès le départ, on lui offre du soutien psychologique, et son dossier
est analysé. Donc, l'interprétation que l'IVAC en fait est une interprétation
large.
• (12 h 50) •
M. Tanguay
: Oui, on a déjà
fait ce débat-là, entre autres, à l'article 13, lorsqu'on parlait d'infraction
criminelle, puis on avait déposé... je pense qu'on avait déposé l'amendement à
l'effet de définir l'acte criminel comme étant constitué au sens de la loi, de
l'actus reus, de l'acte. Ici, écho à cela, on pense... moi, je pense que c'est toujours
justifié que... «en aucun cas se baser sur l'intention coupable de l'auteur».
Je sais que le ministre va me dire : Oui, mais il n'y aura pas de débat
sur l'intention coupable de l'auteur dans une cour de justice criminelle, parce
qu'on ne parlera même pas d'identification, d'arrestation, de poursuite puis éventuellement
de déclaration de culpabilité.
Oui, mais dans le contexte, puis c'est ça
qui nous intéresse, de l'analyse du dossier, le fait de le mentionner là :
«dans aucun cas basé sur l'intention coupable de l'auteur»... Je reviens avec
l'exemple assez parlant, assez malheureusement trop souvent vécu sur le...
M. Tanguay
: …de
poursuites, puis d'éventuellement de déclarations de culpabilité. Oui, mais
dans le contexte, puis c'est ça qui nous intéresse, de l'analyse du dossier, le
fait de le mentionner là : n'en aucun cas basé sur l'intention coupable de
l'auteur. Je reviens avec l'exemple assez parlant, assez malheureusement trop
souvent vécu sur le terrain, où il y a souvent une dérive, en toute bonne foi,
je ne suis pas en train de dire que l'IVAC pourrait être de mauvaise foi, sur,
bon, bien il y a un acte reproché, quel était le niveau de consentement ou pas
de la victime? Et l'intention, puisque les deux personnes, lorsque l'acte a été
commis, avaient en tête réellement?
Alors, le ministre va dire : Ça ne se
fera pas. Ça ne se fera pas de même, inquiétez-vous pas. Mais je ne
m'inquiéterais pas si c'était marqué.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Je
comprends, mais on a déjà eu le débat à l'article précédent, puis c'est les
mêmes commentaires que j'ai à faire.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député, s'il vous plaît.
M. Tanguay
:
«L'évaluation d'une aide financière ne peut en aucun cas se baser sur
l'intention coupable de l'auteur.» Donc, on fermerait la porte, je vais encore
une fois, je réitère qu'il irait très bien de le dire et ça se serait très
clair de le dire : ni. L'autre partie : «…sur les moyens de défense
que ce dernier pourrait invoquer lors d'un procès criminel.» Ça, c'est le
débat, en autres, qui pourrait être soulevé par rapport au consentement ou pas.
Alors, moi, je réitère cette demande-là.
Deuxième élément de ce que nous propose
Me Lessard, Michaël Lessard : «Toutefois une aide financière ne
peut pas être accordée si l'infraction criminelle résulte d'un événement
fortuit.» J'aimerais savoir l'analyse qu'en a faite le ministre de cette
proposition.
M. Jolin-Barrette : Bien, ça
aussi, on avait eu la discussion l'autre fois. Lorsqu'il s'agit d'un accident,
ce n'est pas une infraction criminelle. Donc, les accidents ne sont pas
couverts par la loi.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député.
M. Tanguay
: C'est… ça
me va, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée de Joliette, s'il vous plaît.
Mme
Hivon
: Oui,
je pense que le collègue de LaFontaine soulève un point qui est très important
et puis à la lumière de la lettre qui est parue ce matin, et donc des échanges
que j'ai eus pour approfondir ma compréhension du texte et de certains éléments
soumis dans le mémoire de M. Lessard, j'invite toujours le ministre à en
faire autant. Je pense que ce serait vraiment profitable.
On me relatait qu'effectivement, il y a
une jurisprudence qui s'est développée dans des cas où l'IVAC a refusé sur
l'idée, par exemple, qu'il y aurait pu avoir consentement ou que l'auteur
présumé de l'agression sexuelle avait une croyance qu'il y avait consentement,
O.K., et sur cette base-là il n'y a pas eu d'indemnisation de victime parce que
ce n'était qualifié d'infraction criminelle.
Ça fait qu'on revient vraiment au coeur de
l'affaire de notre définition d'infraction criminelle qui inclut le geste,
l'acte criminel, l'actus reus, et la mens rea, l'intention criminelle. Ça fait
que le ministre nous dit…
Mme
Hivon
: ...parce
que ce n'était pas qualifié d'infraction criminelle. Ça fait qu'on revient
vraiment au coeur de l'affaire, de notre définition d'infraction criminelle qui
inclut le geste, l'acte criminel, l'actus reus, et la mens rea, l'intention
criminelle.
Ça fait que le ministre nous dit que ça ne
sera pas toujours nécessaire de prouver l'intention. Vous arrivez chez vous
puis vous vous êtes fait voler puis défoncer votre porte, il n'y aura pas un
gros débat sur l'intention criminelle. Dans les causes d'agression sexuelle où
justement on veut avancer dans le droit sur ces enjeux-là, la jurisprudence
nous montre qu'effectivement il y a eu des décisions où on a refusé l'octroi
d'une aide et d'une indemnisation sur l'idée qu'il y avait eu de la part de
l'agresseur présumé une croyance de consentement.
Donc, moi, quand on me rapporte ça, ça
m'inquiète beaucoup. Et je me dis qu'on devrait l'écrire noir sur blanc et
minimalement, si le ministre n'est pas ouvert à l'ouvrir... à la considérer
pour tout, pour les cas de violences sexuelles et conjugales. Donc, on est au
coeur du problème puis on ne veut justement pas qu'une victime se fasse refuser
sur une question où il y a une interprétation d'est-ce qu'il y avait une
croyance ou pas, puis qu'on a un gros débat, puis que ça se rende devant le
TAQ.
Et ça, c'est probablement la pointe de
l'iceberg, parce que la plupart de ces cas-là qui ont été refusés, les gens ne sont
probablement pas allés contester devant le TAQ. Donc, il me semble qu'on est
vraiment au coeur de quelque chose de fondamental encore une fois et qu'on a
une occasion de le clarifier pour avancer pour le droit des victimes de
violences sexuelles. Donc, je veux juste voir si le ministre comprend que c'est
effectivement un enjeu. Puis ce n'est pas un enjeu inventé, là, c'est un enjeu
bien réel à la lumière de la jurisprudence.
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Mais il y
a une décision d'exception, M. le Président, auquel Michaël Lessard fait
référence, et ce n'est pas le principe général, M. le Président. Et on revient
à la discussion qu'on a eue l'autre jour relativement à l'actus reus, à la mens
rea, tout ça, j'ai déjà dit que j'allais donner une directive, M. le Président.
Alors, pour moi, c'est très clair qu'on vient couvrir ces situations-là. On ne
peut pas faire d'une façon détournée ce qu'on ne peut pas faire directement non
plus, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon
: Là,
je ne comprends pas ce qui serait détourné, parce qu'au contraire on l'écrirait
clairement noir sur blanc.
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : On a déjà
eu le débat, M. le Président, sur l'article précédent.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon
: Je
reformule ma demande. Ici, on a l'occasion de le préciser. Et je comprends que
le ministre dit : Je pourrais donner une directive. Nous, cette
directive-là, on ne la voit pas. S'il veut nous la déposer puis écrire noir sur
blanc ce qu'il va envoyer comme directive qui va faire en sorte qu'il n'y aura
jamais de cas qu'on va échapper dans ces circonstances-là, ce serait déjà une
avancée...
Mme
Hivon
:
...ici, on a l'occasion de le préciser. Et je comprends que le ministre
dit : Je pourrais donner une directive. Mais, cette directive-là, on ne la
voit pas. S'il veut nous la déposer puis écrire noir sur blanc ce qu'il veut
envoyer comme directive qui va faire en sorte qu'il n'y aura jamais de cas
qu'on va échapper dans ces circonstances-là, ce serait déjà une avancée. Mais
bien honnêtement, pour envoyer un signal clair, être sûr qu'il n'y aura pas de
problème d'interprétation parce que, moi, je n'ai aucune idée, là, comment ça, ça
va se révéler, je pense que de l'écrire et de spécifier qu'on parle des cas de violences
sexuelles et conjugales, ce serait vraiment quelque chose où on n'est pas en
train de tout revoir la notion de mens rea comme on aurait le faire plus tôt
quand on parlait des définitions. On vient l'intégrer dans quelque chose de
très précis. Puis je pense que le ministre peut dire : Il y en a juste une
décision comme ça. Oui, il y a eu une décision devant les tribunaux. Mais il y
a eu combien de refus sur cette base-là qui ne se sont pas rendus devant les tribunaux?
Donc, on n'a aucune connaissance de ce qui a pu être fait par l'IVAC et rendu
comme décision. Ça fait qu'il me semble qu'on rendrait clairement clarifier
ici... clairement clarifier, c'est le cas de le dire. Donc, on viendrait
nommément clarifier que ça ne peut pas être invoqué.
Le Président
(M. Bachand) : Merci. Plus d'interventions?
M. Jolin-Barrette : Je
comprends l'intention de Joliette. Mais, comme je l'ai dit mardi, bien, je ne
peux pas donner suite à sa demande, M. le Président.
Le Président
(M. Bachand) : Merci. Allez-y.
Mme
Hivon
:
Je veux juste comprendre. Si on limite au contexte dont je vous parle, là,
violences sexuelles et conjugales, pourquoi il ne peut pas donner suite à la
demande quand lui-même semble nous dire qu'il y a eu juste une décision isolée
et qu'il ne souhaite pas que ça entre en ligne de compte, ces éléments-là? Du
moins, c'est ce que je ressens. Mais ça, il l'a dit comme ça, mais il ne met
pas le geste et donc la proposition de l'écrire noir sur blanc. Je veux juste
comprendre pourquoi.
M. Jolin-Barrette : Parce
qu'on fait de la législation, et le fait de cibler violences conjugales et
violences sexuelles pourrait avoir des effets sur les autres types de crimes
aussi où, là, on pourrait dire : Ah! bien, là, vous prenez en compte la
mens rea aussi. Donc, il faut pouvoir distinguer. En fait, c'est un tout
global, et la directive va couvrir le tout. Mais il faut avoir la possibilité,
pour le régime, de prévoir la distinction des cas d'exception aussi. Il faut
faire vraiment attention quand on prévoit des cas d'exception dans la
législation, puis, dans ce cas-ci, ça peut avoir d'autres conséquences aussi,
puis je sais que la députée de Joliette le comprend.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Merci beaucoup. Compte tenu de
l'heure, je suspends les travaux jusqu'à 14 heures. Merci. À tantôt.
(Suspension de la séance à 13 heures)
14 h (version non révisée)
(Reprise à 14 h 8)
Le Président (M.
Bachand) : Bon après-midi. À l'ordre, s'il vous plaît. La
Commission des institutions reprend ses travaux. Nous poursuivons l'étude
détaillée du projet de loi n° 84, Loi visant à aider les
personnes victimes d'infractions criminelles et à favoriser leur
rétablissement.
Lors de la suspension de nos
travaux à 13 heures, nous étions rendus à l'étude de l'article 15.
Interventions sur l'article 15 ? M. le député de LaFontaine, s'il
vous plaît.
M. Tanguay
:
Bien, vous aviez vu dans la deuxième partie de l'amendement qui était proposé
par Me Michaël Lessard que c'était une soupape de sécurité, une soupape de
sécurité…
Ah! merci beaucoup. On
m'indique un écart de conduite de ma personne… vestimentaire. En vertu de quel
article le…
M. Tanguay
: …la
deuxième partie de l'amendement qui était proposé par
Me Michaël Lessard que c'était une soupape de sécurité, une soupape
de sécurité… Ah! merci beaucoup. On m'indique un écart de conduite de ma personne…
Une voix
: …
M. Tanguay
:
…vestimentaire… en vertu de quel article des quorums?
M. Jolin-Barrette : 31, c'est
ça…
• (14 h 10) •
M. Tanguay
: 32? 32. Il
y a tout à fait raison, alors, l'écart vestimentaire est… Alors,
Michaël Lessard nous disait, dans la deuxième portion de l'amendement… et
ça, ça faisait écho d'un argument que le ministre nous avait soulevé, mais pas
trop, mais quand même, lors du débat précédant sur la définition d'infraction
criminelle à l'article 13, l'actus reus, faire en sorte que ce soit juste
l'actus reus qu'on exclut la mens rea, la preuve de devoir considérer ou l'obligation
de considérer, même selon la prépondérance des probabilités, le consentement en
matière d'agression sexuelle puis l'intention coupable. On avait défait ce
débat-là. On le remet ici, M. le Président, sur l'article 15. Et la soupape de
sécurité, c'était l'événement fortuit. Le dernier alinéa, le deuxième
qu'ajouterait Me Lessard fait en sorte que même si on éliminerait… même si
on éliminait, pardon, la mens rea, le débat sur l'intention coupable de façon
spécifique, le fait de préciser que, ceci dit, il ne faut pas penser que ça
serait de facto tous les incidents fortuits, les accidents et ainsi de suite.
Non, ça serait toujours dans un contexte d'acte criminel. Et, spécifiquement,
on enlève la mens rea et on se donne quand même, parce qu'il ne faut pas faire
un élargissement indu, une soupape pour dire : Ceci dit, c'est des actes
criminels, ce n'est pas des incidents fortuits. Alors, on trouvait, M. le
Président, qu'il était bien ficelé, qu'il était complet et qu'il faisait écho…
Une voix
: Entre autres…
M. Tanguay
: …de
l'argument qu'il avait été soulevé par M. le ministre, mais rapidement, mais quand
même soulevé en disant : Bien là, on… peut-être pas dans certains cas des
actes criminels. Non, il y avait cette soupape-là. Alors, on est évidemment, M.
le Président, très, très intéressé par ça. J'aimerais voir, considérant cela,
l'intention du ministre. Puis, si son intention est de dire : Oui, ça
pourrait se faire, bien, on pourra formellement déposer l'amendement, là.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui, merci,
M. le Président. Mais, en fait, moi, je suis à l'aise avec l'article 15. Je
comprends la volonté de Me Lessard, mais on veut vraiment s'assurer que
c'est l'infraction criminelle qui est couverte. Il y aura une directive à la
DIVAC qui sera émise, notamment, mais il faut se garder la possibilité de
l'avoir.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: C'est un
non, M. le Président, c'est correct. Puis, ce n'est pas un non qui est
québécois, qui est paraphrasé campagne référendaire, mais dans un sens plus
large aussi, c'est un non qui… Ça aurait pu être un oui québécois dans le
contexte d'indemnisation des victimes.
Le Président (M.
Bachand) : Interventions sur l'article 15? S'il n'y a pas
d'autre intervention, nous allons procéder à sa mise aux voix. Mme la
secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre…
M. Tanguay
: …pour
paraphraser une campagne référendaire, mais dans un sens plus large aussi,
c'est un nom qui… ça aurait pu être un oui québécois dans le contexte
d'indemnisation des victimes.
Le Président (M.
Bachand) : Interventions sur l'article 15? S'il n'y a pas
d'autre intervention, nous allons procéder à sa mise aux voix.
Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Jolin-Barrette (Borduas)?
M. Jolin-Barrette : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
: Mme Labrie
(Sherbrooke)?
Mme Labrie : Pour.
La Secrétaire
: M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'article 15 est adopté.
Merci. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui.
L'article 16, M. le Président, et là on va avoir un amendement qui est
déjà envoyé et qui sera téléversé sur le site Greffier où on remplace… on a
bien entendu, M. le Président, les commentaires des collègues et des groupes
qui sont venus en commission parlementaire. Et on remplacerait l'intégralité de
l'article 16, M. le Président.
Alors, M. le Président, voulez-vous que je
lise l'article 16 original au complet?
Le Président (M.
Bachand) : Oui, parce que la lecture de l'article ouvre son
étude par la commission.
M. Jolin-Barrette : O.K.
Alors, article 16, M. le Président : «Aucune personne victime n'a
droit à une aide financière en vertu du présent titre si :
«1° dans le cas de la personne victime qui
subit une atteinte à son intégrité en raison de la perpétration d'infraction
criminelle à son égard, elle a été partie à la perpétration de l'infraction ou
a contribué, par sa faute lourde, à son atteinte;
«2° dans le cas du parent d'un enfant
mineur décédé ou qui subit une atteinte à son intégrité en raison de la
perpétration d'une infraction criminelle contre cet enfant ou dans le cas du
titulaire de l'autorité parentale ou… d'un tel enfant, il a été partie à la
perpétration de l'infraction ou a contribué, par sa faute lourde, à l'atteinte
à l'intégrité ou au décès de l'enfant; l'exception ne s'applique toutefois pas
si ce parent ou ce titulaire a agi de la sorte parce qu'il subissait de la
violence ou une menace réelle de violence à son égard ou à l'égard de son
enfant;
«3° dans le cas de l'enfant apte de 12 ans
ou plus d'un parent décédé ou qui subit une atteinte à son intégrité en raison
de la perpétration d'une infraction criminelle contre ce parent ou dont le
titulaire de l'autorité parentale est décédé ou subit la même atteinte,
l'enfant a été partie à la perpétration de l'infraction ou a contribué, par sa
faute lourde, à l'atteinte à l'intégrité ou au décès de ce parent ou de ce
titulaire; l'exception ne s'applique toutefois pas si cet enfant a agi de la
sorte parce qu'il subissait de la violence ou une menace réelle de violence à
son égard;
«4° dans le cas du conjoint d'une personne
victime décédée ou qui subit une atteinte à son intégrité en raison de la
perpétration d'une infraction criminelle contre cette personne :
«a) ce conjoint a été partie à la
perpétration de l'infraction criminelle ou a contribué, par sa faute lourde, à
l'atteinte à l'intégrité ou au décès de la personne; l'exception ne s'applique
toutefois pas si ce conjoint a agi de la sorte parce qu'il subissait de la
violence ou une menace réelle de violence à son égard ou à l'égard de son
enfant;
«b) la personne victime décédée ou qui
subit une atteinte à son intégrité a été partie à la perpétration de
l'infraction criminelle ou a contribué, par sa faute lourde, à l'atteinte à son
intégrité ou à son décès; l'exception ne s'applique toutefois pas si le
conjoint de la personne décédée subissait de la violence ou une menace réelle
de violence à son égard;
«5° dans le cas d'une personne apte qui
est à la charge d'une personne victime décédée ou qui subit une atteinte à son
intégrité en raison de la perpétration d'infraction criminelle contre cette
dernière, cette personne à charge a été partie à la perpétration de
l'infraction ou a contribué, par sa faute lourde, à l'atteinte à l'intégrité ou
au décès de la personne; l'exception ne s'applique…
M. Jolin-Barrette : …une
menace réelle de violence à son égard;
«5° dans le cas d'une personne apte qui
est à la charge d'une personne victime décédée ou qui subit une atteinte à son
intégrité en raison de la perpétration d'une infraction criminelle contre cette
dernière, cette personne à charge a été partie à la perpétration de
l'infraction ou a contribué, par sa faute lourde, à l'atteinte à l'intégrité ou
au décès de la personne; l'exception ne s'applique toutefois pas si cette
personne à charge est mineure et qu'elle a agi de la sorte parce qu'elle subissait
de la violence ou une menace réelle de violence à son égard;
«6° dans le cas d'un proche d'une personne
victime décédée ou qui subit une atteinte à son intégrité en raison de la
perpétration d'une infraction criminelle contre cette personne :
«a) ce proche a été partie à la
perpétration de l'infraction criminelle ou a contribué, par sa faute lourde, à
l'atteinte à l'intégrité ou au décès de la personne victime;
«b) la personne décédée ou qui subit une
atteinte à son intégrité a été partie à la perpétration de l'infraction
criminelle ou a contribué, par sa faute lourde, à l'atteinte à son intégrité ou
à son décès;
«7° dans le cas du témoin, il a été partie
à la perpétration de l'infraction criminelle ou il a contribué, par sa faute
lourde, à l'atteinte à l'intégrité ou au décès de la personne victime.»
Donc, ça, ça conclut l'article 16
original, M. le Président. Et on vous propose de le remplacer par
l'article 16 suivant, qui est plus court, M. le Président. Alors, amendement
à l'article 16 :
Remplacer l'article 16 du projet de
loi par le suivant :
«16. Aucune personne victime n'a droit à
une aide financière en vertu du présent titre si elle a été partie à la
perpétration de l'infraction criminelle dont elle est victime ou dont une
personne visée au paragraphe 1° du premier alinéa de l'article 10 est
victime ou si elle a contribué, par sa faute lourde, à l'atteinte à son intégrité
ou au décès ou à l'atteinte à l'intégrité de cette personne, sauf :
«1° si la personne victime a été partie à
la perpétration de l'infraction ou a contribué, par sa faute lourde, à son
atteinte ou à l'atteinte ou au décès d'une autre personne parce qu'elle
subissait de la violence ou une menace réelle de violence;
«2° s'il s'agit d'un enfant de moins de 12 ans,
d'un enfant inapte ou d'une personne inapte à la charge d'une personne victime
décédée ou qui subit une atteinte à son intégrité en raison de la perpétration
d'une infraction criminelle contre cette dernière.
«Le conjoint, le proche d'une personne
victime ou le parent d'une personne victime majeure n'a droit à aucune aide
financière prévue au présent titre si la personne victime décédée ou qui subit
une atteinte à son intégrité en raison de la perpétration d'une infraction
criminelle a été partie à la perpétration de cette infraction ou a contribué,
par sa faute lourde, à l'atteinte à son intégrité ou à son décès. Toutefois, un
tel conjoint, proche ou parent demeure admissible à une aide financière s'il
subissait de la violence ou une menace réelle de violence.
«Le présent article ne s'applique pas à
une personne qui présente une demande en raison de la violence conjugale ou de
la violence sexuelle dont elle est victime.»
Donc, l'amendement propose une réécriture
de l'article 16 afin d'en faciliter la compréhension et d'apporter
certaines précisions. Ainsi, toute personne victime partie à l'infraction
criminelle ou qui contribue à son atteinte ou à l'atteinte d'une autre personne
ne pourrait bénéficier des aides financières prévues à la loi sauf si elle a
agi ainsi parce qu'elle subissait de la violence ou une menace de violence, ou
sauf si elle est mineure de moins de 12 ans, un enfant inapte ou une
personne inapte à charge. Le parent d'une personne victime majeure décédée ou
qui subit une atteinte à son intégrité n'aurait pas droit aux aides financières
si cette personne a été partie à la perpétration de cette infraction ou a
contribué sa propre atteinte ou à…
M. Jolin-Barrette : ...sauf si
elle est mineure de moins de 12 ans, un enfant inapte ou une personne inapte à
charge. Le parent d'une personne victime majeure décédée ou qui subit une
atteinte à son intégrité n'aurait pas droit aux aides financières si cette
personne a été partie à la perpétration de cette infraction ou a contribué sa
propre atteinte ou à son décès.
Le conjoint ou le proche d'une personne
victime n'aurait pas droit aux aides financières si la personne victime décédée
ou qui subit l'atteinte a été partie à l'infraction criminelle ou a contribué à
sa propre atteinte ou à son décès.
Le présent article ne s'applique jamais
dans les cas de violence sexuelle ou conjugale. À cet effet, l'amendement
propose de remplacer l'expression «agression à caractère sexuel» par «violence
sexuelle». Certains groupes experts entendus lors des consultations
particulières ont souligné la nécessité de remplacer l'expression «agression à
caractère sexuel» afin d'en tenir compte... de l'évolution du concept.
Depuis 2016, le gouvernement préconise une
référence à la violence sexuelle, notamment dans le cadre de sa stratégie
gouvernementale afin d'y inclure la notion d'exploitation sexuelle. De plus, la
notion d'agression sexuelle en matière criminelle implique nécessairement un
contact physique. Or, dans le cadre du présent projet de loi, les infractions
qui seraient visées incluraient aussi celles qui, bien que de nature sexuelle,
n'impliquent pas un contact physique à caractère sexuel, comme la traite de
personne, le leurre d'enfant ou les infractions relatives à la pornographie
juvénile.
L'ensemble des modifications proposées par
l'amendement visent à répondre aux commentaires des intervenants lors des consultations
particulières.
Donc, M. le Président, il y a plusieurs
concepts dans l'article 16, auxquels on vient répondre suite aux consultations,
suite aux commentaires que nous avons reçus. Ainsi, un qui a été abordé un peu
plus tôt par le député de LaFontaine aujourd'hui est le remplacement de
«agression à caractère sexuel» par violence sexuelle». On a une intention de le
remplacer également plus loin dans le projet de loi pour être plus englobant et
d'indiquer très clairement que la violence conjugale... que dans les cas
d'infraction touchant la violence conjugale et les violences sexuelles, il ne
pourra pas être opposé la faute lourde, M. le Président, donc la personne
pourra être indemnisée.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Avant d'aller
plus loin, comme l'amendement du ministre vise à remplacer l'article 16 au
complet, on va appliquer les temps de parole par alinéa et par paragraphe afin
de favoriser le débat. Ça veut dire qu'un amendement, normalement, c'est
20 minutes, là, maintenant, ça va être 100 minutes pour l'article,
excluant les amendements et les sous-amendements.
M. Tanguay
: Autrement
dit...
Le Président (M.
Bachand) : C'est qu'un amendement...
M. Tanguay
: Je
comprends. Excusez-moi de vous interrompre, mais vous appliquez cinq fois 20,
basé sur l'amendement.
Le Président (M.
Bachand) :Exactement.
• (14 h 20) •
M. Tanguay
: O.K.
Parfait. Merci.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Moi, M. le
Président, là, je n'ai pas honte de vous avouer une chose. Je n'ai pas honte de
vous avouer que moi, l'article 16, c'est un gros morceau. L'article 16, c'est
six pages de 8½ X 14 de l'Association des juristes progressiste, de
Me Louise Langevin, du Pre Rachel Chagnon, du Barreau du Québec, de Michaël...
Michaël Lessard — je vais finir par l'avoir — Regroupement
des maisons pour femmes victimes de violence conjugale, Protectrice du citoyen,
Concertation des luttes dans l'exploitation sexuelle, RQCALACS. Je n'ai pas
honte de vous avouer, M. le Président, ma très grande difficulté à prétendre
pouvoir aborder l'article 16, qui remplace complètement... alors qu'on vient
d'en avoir...
M. Tanguay
: …pour
femmes victimes de violence conjugale, Protectrice du citoyen, concertation des
luttes dans l'exploitation sexuelle, RQCALACS. Je n'ai pas honte de vous
avouer, M. le Président, ma très grande difficulté à prétendre pouvoir aborder l'article
16 qui remplace complètement, alors qu'on vient d'en avoir lecture, je ne pense
pas qu'on en ait eu copie avant. Moi, je demanderais au ministre honnêtement,
là… moi, je le dis, je ne veux pas retarder le projet de loi, mais… puis ce
n'est pas une menace, là, mais, moi, je ne vois pas comment on pourrait
terminer l'analyse de l'article 16 pour être efficace. Je demanderais au ministre
surtout qu'on a des organismes qui disent que ça va trop vite. Je sais que le ministre,
il n'est pas insensible au fait qu'il a vu, on a déposé 13 motions
préliminaires, là, pour dire : On peut-u prendre le temps de faire les
choses? L'amendement, pouf, il vient d'arriver, c'est correct, puis je salue le
fait que le ministre, il dit : Écoutez, j'ai écouté, puis tout ça.
J'aimerais ça que les organismes aient le
temps d'en avoir copie, c'est public, c'est au secrétariat de la commission
puis qu'on puisse… moi, là, je vous avoue, sans honte, mon incapacité «right on
the spot» à analyser l'article 16. Puis je demande, main tendue, qu'on suspende
son analyse puis qu'on chemine, qu'on aille avec les autres articles 17 et
suivants, puis qu'on roule, après-midi, de façon intelligente, intelligible.
J'en fais la demande tout simplement, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci, M. le député. M. le
ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien,
moi, M. le Président, je n'ai pas d'enjeu à suspendre l'article 16, pour que là
on s'en va en travail en circonscription pour les deux prochaines semaines,
mais si on décide de suspendre l'article 16, je veux avoir une confirmation des
collègues que, cet après-midi, on va avancer sur les autres articles, qu'on
entend les arguments des oppositions, mais qu'on fait des travaux qui avancent.
M. Tanguay
: M. le
Président, le ministre, si les travaux de cet après-midi sont à la lumière de
ce qu'on lui offre depuis le début, il va se déclarer satisfait. Honnêtement,
puis le ministre l'a dit un peu plus tôt, je pense, aujourd'hui même, c'est des
questions intéressantes, intelligentes et pertinentes, il n'y a pas beaucoup de
redites, là, alors… Mais c'est libre à lui, je ne veux pas négocier ça, s'il ne
veut pas, il ne veut pas, mais je vous informe que j'ai cinq fois 20 minutes.
Honnêtement, j'aurai beaucoup trop de questions de compréhension, puis
honnêtement aussi, au-delà de ce que le député de LaFontaine, de ce que je
pense, tu sais, j'aimerais ça qu'on fasse écho à ce qu'ils sont venus nous
dire, on aimerait ça.
Puis le 13, je rappelle, puis je ne m'en
rappelle plus qui, je pense, c'est Me Louise Langevin qui est venue nous
dire : Le 13, moi, je suis spécialiste, là, puis, elle dit, je l'ai lu
trois fois, je ne suis pas sûre… le 16, pardon, je l'ai lui trois fois, je ne
suis pas sûre de le comprendre puis, avec mes collègues, je n'étais pas sûre de
le comprendre. Là, bravo, on a une nouvelle mouture qui ne fait pas deux pages,
mais qui fait une page, un deux tiers de page.
M. Jolin-Barrette : À peine.
M. Tanguay
: Oui, mais
c'est du concentré, là, c'est…
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
Mais, M. le Président, bien que j'ai confiance dans le député de LaFontaine,
qui aurait été capable de l'étudier cet après-midi puis avoir tout l'éclairage,
parce que je le sais compétent et surtout, M. le Président, il comprend très
vite tous les concepts juridiques aussi et surtout il est versatile, M. le Président.
Alors, moi, j'ai une très grande confiance en mon collègue de LaFontaine, mais
si les autres collègues aussi, autour de la table, nous disent : Écoutez,
pour l'article 16, on aimerait ça prendre les deux…
M. Jolin-Barrette : ...cet après-midi
puis avoir tout l'éclairage, oui, parce que je le sais compétent. Et surtout, M.
le Président, il comprend très vite tous les concepts juridiques aussi et
surtout il est versatile, M. le Président. Alors, moi, j'ai une très grande
confiance dans mon collègue de LaFontaine.
Mais, si les autres collègues aussi autour
de la table nous disent : Écoutez, pour l'article 16, on aimerait ça
prendre les deux semaines pour l'étudier, moi, je n'ai pas d'enjeu en guise de
bonne foi, M. le Président. Mais je veux qu'on soit clair, je veux qu'on avance
cet après-midi sur le reste du projet de loi.
Le Président (M.
Bachand) :Est-ce qu'il y a des
intervenants? Mme la députée de Sherbrooke, s'il vous plaît.
Mme Labrie : Moi, je serais d'accord
à ce qu'on suspende le temps d'analyser ça en profondeur. Mais, si on le fait,
j'aurais quand même quelques questions à poser au ministre avant pour éclairer
mon analyse de cet article pendant les prochains jours. Donc, est-ce qu'on
s'apprête à suspendre ou...
Le Président (M.
Bachand) : Non, non. Là, on n'a pas encore suspendu. Mme la
députée de Joliette.
Mme
Hivon
: Oui.
Je vais dans le même sens que mes collègues. Et j'aurais une demande à faire au
ministre, à réitérer, en fait, au ministre. On sait que les travaux vont être
suspendus pour les deux prochaines semaines. Pour éviter ce qu'on vit en ce
moment, est-ce que le ministre pourrait nous déposer ses amendements avant la
fin de la séance d'aujourd'hui pour ce qui va s'en venir au retour, ce qui nous
permettrait de bien faire notre travail, de bien analyser les choses et de
faire les consultations qui vont être nécessaires pour nous?
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, je
vais prendre en délibéré la question de la députée de Joliette puis je vais y
réfléchir.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: ...puis je
comprends que la collègue de Sherbrooke, puis peut-être moi aussi, là, puis
peut-être ma collègue de Joliette aussi, effectivement, de toute façon, on est
sur le temps du 16, là, on est sur notre cinq fois 20. Alors, qu'on pose des
questions, ça sera déjà fait, question de compréhension aussi, puis que de
faire parler le ministre sur le 16, c'est une excellente idée, ça va permettre
au groupe de dire... On a sûrement des questions à chaud, là, tout à fait.
Et, pour ce qui est des amendements, évidemment,
je pense que le ministre pourrait très bien les communiquer sans les déposer,
donc ils ne seraient pas publics comme tels, s'il le veut, pour permettre aux
oppositions... Ou, s'il veut les déposer en toute transparence, mais qu'au
moins on puisse voir venir et consulter. Mais effectivement, là, en disant ça,
c'est sûr que les groupes n'en auraient pas, alors ça prendrait la plus grande
transparence. Alors, «rewind», M. le Président, je demanderais qu'il les dépose
pour que les autres groupes qui ont pu être en audition et puis qui n'ont pas
pu être puissent se faire une tête là-dessus.
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : C'est en
délibéré. Même demande, même délibéré.
Le Président (M.
Bachand) :Ça va? Donc, je comprends qu'on
est sur l'étude sur l'amendement à l'article 16. Alors, les temps de
parole que vous allez prendre, bien sûr, vont être calculés en conséquence. Je
comprends très bien ça. Puis, à un moment donné, vous m'indiquerez si vous êtes
prêts à suspendre pour passer à d'autres articles. Oui.
M. Jolin-Barrette : C'est
correct de prendre du temps présentement, mais, si l'objectif est de suspendre,
on va répondre, mais je veux qu'on avance aussi sur le reste, là. On ne fera
pas quatre fois le débat, là.
M. Tanguay
: Non, non,
mais on va prendre le temps de questions, là. Je suis sûr que la collègue puis
moi, on a des questions sur faute lourde puis sur... ainsi de suite, puis
comment il l'aborde maintenant, là. Mais on est sur 16, là. Autrement dit...
Puis on ne perd rien, je veux dire, ce qu'on brûle là, on ne l'aura plus au
retour.
M. Jolin-Barrette : ...dans
un objectif d'efficacité et de ne pas être obligé d'utiliser vos cinq fois 20
minutes, M. le député de LaFontaine...
M. Tanguay
: ...là.
Je suis sûr que la collègue puis moi, on a des questions sur «faute lourde»
puis sur... ainsi de suite, puis comment il l'aborde maintenant. Mais on est
sur 16, là. Autrement dit... Puis on ne perd rien, je veux dire, ce qu'on brûle
là, on ne l'aura plus au retour...
M. Jolin-Barrette :
C'est dans un objectif d'efficacité et de ne pas être obligé d'utiliser vos
cinq fois 20 minutes, M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Comme
ça arrive dans la majorité du temps, on n'utilise pas tout notre temps.
Le Président (M.
Bachand) : Donc, interventions? Mme la députée de Sherbrooke,
s'il vous plaît.
Mme Labrie : Oui. Le
ministre va voir que je ne suis pas là pour le niaiser, j'ai une question très,
très spécifique.
Quand le ministre ajoute... bien, c'est un
ajout qu'on aurait revendiqué, là, je suis contente de le voir. Il dit :
«Le présent article ne s'applique pas à une personne qui présente une demande
en raison de la violence conjugale ou de la violence sexuelle dont elle est victime.»
J'accueille ça très positivement, mais
j'ai quand même des questions sur les crimes subis dans un contexte de
prostitution. Est-ce qu'ils sont pris en compte? Puis là je... en lisant
l'article, ce qui est écrit, je comprends qu'une travailleuse du sexe qui
serait victime d'agression sexuelle, parce que ça se peut, ce serait correct.
Mais, si, par exemple, elle subit une voie de fait, là, je comprends qu'elle
pourrait quand même s'exposer à la faute lourde parce que, dans le fond, le
crime qu'elle a subi, ce n'est pas une agression sexuelle, ce serait une voie
de fait, par exemple.
Donc, c'est une question que je pose au
ministre. Est-ce que ma compréhension est exacte? Si oui, est-ce qu'il a de
l'ouverture pour corriger cette situation-là?
Le Président (M.
Bachand) :Merci, Mme la députée de Sherbrooke.
(Consultation)
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette :
Pouvez-vous spécifier? Parce que, dans le fond, là, quand c'est dans un
contexte de violence sexuelle, donc, si le geste de voie de fait est dans un
contexte de prostitution, c'est notamment rattaché à des violences sexuelles. Pourquoi
est-ce qu'on contraint la personne... Mais, en fait, pourquoi on lui fait une
voie de fait? C'est dans ce contexte-là de violence sexuelle rattachée au crime
d'exploitation sexuelle ou de traite de personnes. Donc, ce serait couvert.
Mme Labrie : Bien, c'est-à-dire
que ce n'est pas si clair que ça, là. Il y a de l'exploitation sexuelle, il y a
de la traite de personnes. Il y a aussi des personnes qui se livrent à la
prostitution de leur plein gré. Dans une situation où, par exemple, une
travailleuse du sexe... Bien, on en a eu, un exemple, je pense, là, où la personne
avait eu une agression qui lui avait fait perdre un oeil, je pense, là, tu
sais, on parle de situations comme ça qui n'ont rien à voir, finalement... Le
crime qu'elles ont subi, ce n'est pas de l'exploitation sexuelle ou une
agression sexuelle, c'est carrément une voie de fait qui s'est produite dans ce
contexte-là, mais ce n'est pas ça, le crime, là.
M. Jolin-Barrette : Je
veux juste qu'on revienne à la base, là. La prostitution n'est pas illégale,
hein, depuis le... à moins qu'on me corrige, là, mais depuis l'arrêt Bedford, je
pense... vous me pardonnerez les termes, là, une travailleuse du sexe qui
décide de se prostituer, ça ne constitue pas une infraction criminelle...
14 h 30 (version non révisée)
M. Jolin-Barrette : ...depuis
le... à moins qu'on me corrige, là, mais depuis l'arrêt Bedford, je pense, vous
me pardonnerez les termes, là, une travailleuse du sexe qui décide de se
prostituer, ça ne constitue pas une infraction criminelle, depuis la décision
de la Cour suprême. Ce qui est une infraction criminelle, c'est le fait, pour
le client, de solliciter les services sexuels d'une personne qui se prostitue.
Alors, ce n'est pas la personne qui commet une infraction criminelle. Donc, la
travailleuse du sexe, elle, on ne peut pas lui imputer de faute dans ce
contexte-là parce qu'elle n'agit pas illégalement, ce n'est pas elle qui fait
l'infraction criminelle, ce n'est pas dans le contexte d'une infraction
criminelle. Donc, le terme «violence sexuelle», dans le fond, viendrait... en
fait, viendrait la couvrir parce que ce n'est pas un événement dans un bar où
il y a du... il y a une bataille entre deux individus, là, c'est différent, là,
c'est un contexte particulier dans le cas de la prostitution.
Si on est dans le cadre de l'exploitation
sexuelle, donc, supposons avec un pimp puis ces éléments-là, là, la personne
est couverte par «violence sexuelle».
Mme Labrie : Parfait. Donc,
l'intention du ministre, c'est qu'une personne qui est dans une situation de
prostitution, qui subit tout autre type d'infraction criminelle qui n'a rien à
voir avec une violence sexuelle, elle ne s'exposera pas à la faute lourde en
aucune circonstance. C'est ce que le ministre nous dit. On ne lui refusera pas
de l'aide avec le motif de faute lourde. Moi, je ne lis pas ça dans le...
M. Jolin-Barrette : Si c'est
en lien avec violence sexuelle par rapport à l'événement, mais vous ne pouvez
pas prendre isolément cette situation-là. Ce n'est pas parce qu'il y a un
individu qui se prostitue, O.K., puis que vous êtes dans un tout autre contexte
qui n'a rien à voir avec la prostitution que la personne va pouvoir être
indemnisée. Exemple, si la personne fait de la prostitution, mais est dans un
autre contexte et participe à des voies de fait contre une autre personne ou
une tentative de meurtre puis il arrive quelque chose, quand on est hors
contexte, ce n'est pas parce que vous pratiquez ce métier que ça couvre ce qui
est en dehors, là. Je veux juste qu'on soit clair, là.
Mme Labrie : Évidemment.
M. Jolin-Barrette : Mais
quand c'est dans le contexte par rapport à la prostitution, ça va être couvert
par violence sexuelle.
Mme Labrie : ...cadre d'une
transaction liée à la prostitution, si un ou une travailleuse du sexe subit, par
exemple, des voies de fait dans le cadre de la transaction avec un client, on
ne lui reprochera pas une faute lourde dans la situation et elle aura accès au
régime. C'est l'intention du ministre. Après ça, on va...
M. Jolin-Barrette : Exactement,
oui, cette personne aura accès au régime.
Mme Labrie : Parfait. On va
peut-être juste vérifier, dans les prochains jours, avec les groupes si la
formulation de l'intention du ministre permet d'y arriver, là, mais...
Mme Labrie : ...on ne lui
reprochera pas une faute lourde dans la situation, et elle aura accès au
régime. C'est l'intention du ministre. Après ça, on va...
M. Jolin-Barrette :
Exactement, oui, cette personne aura accès au régime.
Mme Labrie : Parfait. On
va peut-être vérifier, dans les prochains jours avec les groupes, si la
formulation de l'intention du ministre permet d'y arriver, là. Mais j'accueille
positivement que ça soit l'intention du ministre.
Le Président
(M. Bachand) :Interventions? M. le
député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Est-ce
que l'article fait en sorte qu'une victime de proxénétisme ne sera pas refusée justement
parce qu'elle a, tu sais, ce dont on a parlé? Est-ce que l'article a prétention
de couvrir ça?
M. Jolin-Barrette : Oui,
parce que le dernier alinéa : «Le présent article ne s'applique pas à une personne
qui présente une demande en raison de la violence conjugale ou de la violence
sexuelle dont elle est victime.» Donc, proxénétisme, ça rendre dans violence
sexuelle.
M. Tanguay
: O.K.
Et violence sexuelle, proxénétisme entrent là-dedans dans le contexte du Code
criminel?
M. Jolin-Barrette : Oui.
M. Tanguay
: O.K.
Pas dans le contexte de la législation québécoise. Là, c'est vraiment dans le
contexte du Code criminel.
M. Jolin-Barrette : Non,
mais ce qu'on inclut, là, parce que, vous savez, le projet de loi n° 55 avec le Code civil, on parlait d'infractions à
caractère sexuel. Là, on va plutôt utiliser le vocable «violence sexuelle» pour
faire référence aux infractions criminelles qui n'ont pas nécessairement de
contact physique entre les personnes, exemple, dans le cadre de leurre
d'enfant, dans le cadre d'exploitation sexuelle où... bien, exploitation
sexuelle, il y a contact physique entre un tiers et la personne victime, mais
l'agresseur... bien, pas l'agresseur, le proxénète, lui, n'a pas nécessairement
de contact physique avec la victime. Donc, c'est pour ça qu'on va utiliser
«violence sexuelle» puis c'est pour ça qu'on va le modifier à d'autres endroits
dans la loi.
M. Tanguay
:
Autrement dit parce que le défi que nous avons, considérant qu'on est... là, on
ne peut pas dire remorque du Code criminel, considérant que nous sommes dans le
contexte du Code criminel, il faut prendre... puis c'est ce qu'on fait dans nos
recherches, là, Sophie et moi, il faut prendre le verbatim du Code criminel
aussi, là, à quelque part. Donc, violence sexuelle, dans ce que vous venez
d'expliquer, reprend le verbatim du Code criminel, puis nous permet... parce
qu'il est sous le chapitre violence sexuelle, proxénétisme, nous permet de dire
que c'est couvert in fini.
M. Jolin-Barrette : En
fait, toute infraction criminelle contre la personne qui touche les violences
sexuelles sera couverte.
M. Tanguay
: O.K.
Donc, les cas de faute lourde, ici, là, est-ce que le ministre peut nous dire
s'il y a des cas d'espèce qui peuvent nous permettre de dire non à une demande d'indemnisation
autre que les cas où, moi, je m'en vais faire le braquage d'une banque, j'ai un
fusil, puis je vais en braquage d'une banque, ça tire du fusil, puis finalement
il y a une… J'ai une faute lourde, je demande à être indemnisé. Bien non, j'ai
fait une faute lourde, j'ai participé. Exemple aussi, je fais de la
prostitution où je suis victime de proxénétisme puis je me bats dans ce
contexte-là, dans le contexte d'une…
M. Tanguay
: …puis
finalement il y a une… J'ai une faute lourde, je demande à être indemnisé, bien
non, j'ai fait une faute lourde, j'ai participé. Exemple, aussi, je fais de la
prostitution où je suis victime de proxénétisme puis je me bats dans ce
contexte-là. Dans le contexte d'une… de… d'une transaction sexuelle, je me
bats. Là, il y aura faute lourde, je ne pourrai pas être indemnisé pour le coup
de poing que j'ai eu, là. C'est ça, la faute lourde. C'est ça.
M. Jolin-Barrette : …Dans le
fond, dans le contexte du… de la transaction de prostitution, pour la victime,
elle est victime de violence sexuelle, elle va pouvoir avoir accès à
l'indemnisation.
M. Tanguay
: C'est ça,
mais pas pour le fait d'avoir mangé un coup de poing, là.
M. Jolin-Barrette : Oui.
C'était la question de la députée de Sherbrooke. Dans le fond, dans un contexte
de violence sexuelle rattachée à cet événement-là, elle sera couverte.
M. Tanguay
: Oui. Mais
par contre, si je suis la cause du… de la… il va y avoir une analyse, si je
suis la cause, autrement dit, du… de la lutte, cette portion-là ne sera pas
indemnisée, là.
M. Jolin-Barrette : Bien,
c'est toujours une analyse du contexte, là, c'est une analyse du contexte.
Mais dans le fond, l'objectif, là, de l'article,
est de faire en sorte que violence sexuelle, violence conjugale, on ne puisse
pas opposer la faute lourde de la victime. On comprend que la faute lourde, ce
n'est pas nécessairement évoqué souvent mais c'est là pour éviter que des
personnes qui commettent des infractions criminelles bénéficient de
l'indemnisation. Exemple, je fais une transaction de drogue puis… que… c'est
moi qui vends de la drogue puis je suis blessé dans le cadre de cette
transaction-là, je ne suis pas couvert par le régime de l'IVAC.
M. Tanguay
: O.K.
M. Jolin-Barrette : Un autre
exemple, je suis affilié à un groupe criminalisé connu, supposons, puis je suis
victime d'un règlement de compte, je ne serai pas indemnisé.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Mme la députée de Joliette, s'il vous
plaît.
Mme
Hivon
: Oui.
Je veux dire au ministre que c'est encourageant de voir que cet article-là
évolue, donc on va vraiment prendre le temps de bien l'analyser.
Et je veux juste… il va me trouver
tannante, là, mais je veux juste me permettre de le dire. Ici, je pense qu'il
fait la chose qu'on souhaite, là, sous réserve de l'analyser plus en
profondeur, mais, de venir nommer et de catégoriser la question de la violence
sexuelle. Et juste avant la pause, il me donnait comme argument, pour toute la
question de la mens rea, qu'il pouvait amener une très grande complexité sur la
question du consentement en matière de violence sexuelle… le fait qu'il ne
pouvait pas l'inscrire à l'article 15 parce que ce serait de faire une
sous-catégorisation.
Donc, bref, je veux juste lui dire qu'il y
a encore du temps, parce qu'on va avoir une pause de deux semaines, que je
pense qu'on pourrait aussi l'amener là. Mais je suis contente de voir qu'ici,
on est capable de faire des distinctions.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Et il y a
des raisons pour…
Mme
Hivon
:
…parce que ce serait de faire une sous-catégorisation. Donc, bref, je veux
juste lui dire qu'il y a encore du temps, parce qu'on va avoir une pause de
deux semaines, que je pense qu'on pourrait aussi l'amener là. Mais je suis
contente de voir qu'ici on est capables de faire des distinctions.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Et il y a
des raisons pourquoi on fait des distinctions, puis la députée de Joliette le
sait très bien pourquoi.
Le Président (M.
Bachand) : Merci.
• (14 h 40) •
Mme
Hivon
: Non,
je veux juste que ça soit clair. Non, je ne le sais pas. Donc, je ne veux pas
que le ministre me prête des intentions que je sais quelque chose que je dis
que je ne sais pas. Quand je dis que je ne le sais pas, c'est que je ne le sais
pas. Je ne fais pas à semblant.
Le Président (M.
Bachand) : Merci.
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, je vais le dire dans mes propos. Moi, dans mon for intérieur, je
pense qu'avec les explications que j'ai données… je pense que ça permet la
compréhension de la députée de Joliette… Mais c'est ma compréhension.
Le Président (M.
Bachand) : Ça va? Autres interventions sur l'article 16?
M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Quand on
dit, à la fin de l'avant-dernier alinéa : «Toutefois, un tel conjoint,
proche ou parent demeure admissible à une aide financière s'il subissait de la
violence ou une menace réelle de violence», ça, c'était déjà dans l'article…
O.K… O.K. Bon, ça fait qu'on ne va pas refaire l'analyse, c'est beau. C'est
bon.
Le Président (M.
Bachand) : Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Est-ce que
je comprends qu'il y aurait un consentement pour suspendre? Alors, ça se ferait
en deux temps, il faudrait suspendre d'abord l'amendement et suspendre après
ça… de l'article 16. Alors, est-ce qu'il y a consentement pour suspendre
l'amendement?
Des voix
:
Consentement.
Le Président (M.
Bachand) : Et suspendre l'article 16?
Des voix
:
Consentement.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui,
alors l'article 17, M. le Président. Donc : «Une personne victime qui
se qualifie comme telle en vertu de plus d'un paragraphe du premier alinéa de
l'article 10 ou de l'article 11 a droit à toutes les aides
financières prévues au présent titre à l'égard de chaque catégorie de personne
victime visée à ces paragraphes, sous réserve que, lorsque la même aide est
offerte à l'égard de plus d'une catégorie, il n'y a pas de cumul de cette
aide.»
Cette disposition permet de s'assurer
qu'une personne victime reçoive le maximum d'aide financière auquel elle peut
avoir droit. Ainsi, si elle se qualifie comme personne victime à plusieurs
titres, elle bénéficiera de toutes les aides financières que la loi accorde en
fonction de ses qualifications.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Interventions? M. le député de
LaFontaine.
M. Tanguay
: Là, on se
remet dans le bain de l'article 10 et de l'article 11. On avait une
référence qui n'était pas là à l'article 17 mais que l'on doit lire 17
avec 62. «62. Malgré l'article 12, toute personne victime visée à l'un des
paragraphes 1° à 6° du premier alinéa de l'article 10 est admissible
à une aide financière… a été perpétrée à l'extérieur du
Québec, selon les conditions énoncées au…» Donc, 62, c'est à l'extérieur du
Québec.
Ici, ce qu'on dit, c'est qu'une personne
victime qui se qualifie, à 17, comme telle en vue d'un des premiers paragraphes
du premier alinéa de l'article 10 ou de l'article 11 a droit à toute
aide financière prévue… sous réserve que la même aide est offerte à l'égard de
plus d'une catégorie. Donc…
M. Tanguay
: …c'est à
l'extérieur du Québec. Ici, ce qu'on dit, c'est qu'une personne victime qui se
qualifie à 17, comme tel, en vu d'un des premiers paragraphes du premier alinéa
de l'article 10 ou de l'article 11, a droit à toute aide financière
prévue, sous réserve que la même aide est offerte à l'égard de plus d'une catégorie.
Donc, à 17, on réfère à la réalité qu'à 10 vous cumulez, mais dans le contexte
de l'article 62, on fait écho à 10, mais on ne faisait pas écho à 11.
M. Jolin-Barrette : En fait,
l'article 17, là, est là pour dire : Si vous êtes un témoin… supposons,
là, que vous êtes… on a eu le débat, là, sur 13, là.
Une voix
: …
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
si vous êtes un conjoint mais qu'en plus vous êtes le témoin, vous allez
pouvoir bénéficier des aides qui sont offertes comme conjoint puis des aides
qui sont offertes comme témoin, mais ce n'est pas cumulatif dans la même
catégorie. Ça veut dire, exemple, supposons que vous aviez une indemnité
forfaitaire comme conjoint puis que vous avez une indemnité forfaitaire comme
témoin, ça ne sera pas deux indemnités forfaitaires, ça va être une indemnité
forfaitaire.
M. Tanguay
: Et
l'article… Ça, on le comprend pour 10, parce que 10, on l'a bien étudié.
Article 11, ici, article 11, il y a sept paragraphes à
l'article 11, et l'article 17, tout comme à l'article 10… tout
comme pour l'article 10, l'article 17, quant à l'article 11,
fait la même logique, là, établit la même logique dans le contexte de
l'intervention civique, là.
M. Jolin-Barrette : …que vous
soyez la personne victime ou un intervenant, ça s'applique pour les deux. Dans
le fond, si vous êtes un intervenant qui rente dans plus d'une catégorie, pour
les proches, notamment, ça va être couvert.
M. Tanguay
: Et
question de compréhension, je pense que la réponse devrait être évidente, là.
Si vous êtes qualifié en vertu de 10, vous ne pourrez pas non plus être
qualifié en vertu de l'article 11, et vice-versa, là. Autrement dit, c'est
soit que vous participiez à une intervention civique…
M. Jolin-Barrette : Soit que
vous êtes l'intervenant ou soit que vous êtes la personne victime.
M. Tanguay
: Mais on
pourrait-u… je ne sais pas, peut-être la réponse est évidente, là, mais, en
tout cas, on verra la catégorie de ma question. On pourrait-u être un proche
puis faire une intervention civique?
M. Jolin-Barrette : Mais…
Bien, oui, ça pourrait arriver, sauf que…
M. Tanguay
: Qui
l'emporte, 10?
M. Jolin-Barrette : C'est
parce que, dans le fond, c'est le même régime, entre autres, pour…
Une voix
: …
M. Jolin-Barrette : Aucun ne
l'emporte?
(Consultation)
M. Jolin-Barrette : Donc, ce
qu'on me dit, c'est que s'il est qualifié en vertu des deux catégories, comme
intervenant et comme proche, il va avoir les aides qui sont offertes dans les
deux régimes, sous réserve…
M. Jolin-Barrette :
...Donc, ce qu'on me dit, c'est que s'il est qualifié en vertu des deux catégories,
comme intervenant et comme proche, il va avoir les aides qui sont offertes dans
les deux régimes, sous réserve qu'il n'y ait pas de cumul, supposons, sur l'indemnité
forfaitaire.
M. Tanguay
:
Êtes-vous à l'aise que l'article 17 le dit clairement? Parce que
l'article 17, une personne qui se qualifie comme telle en vertu d'un des
paragraphes de 10 ou de... L'article 17 semble faire une coupure entre 10
et 11.
M. Jolin-Barrette : «Une
personne victime qui se qualifie comme telle en vertu de plus d'un paragraphe
du premier alinéa de l'article 10 ou de l'article 11 a droit à toutes
les aides financières prévues au présent titre à l'égard de chaque catégorie de
personne victime visée à ces paragraphes, sous réserve que, lorsque la même aide
est offerte à [plusieurs] à l'égard de plus [à plus] d'une catégorie, il n'y a
pas de cumul de cette aide.»
Donc, le député de LaFontaine dit :
Qu'est-ce qui arrive dans le cas du bloc 10 et 11?
M. Tanguay
: Oui.
Autrement dit est-ce qu'on est à l'aise que cette rédaction-là ne portera pas à
interprétation quand... Parce que, moi, je le lisais, honnêtement, en silo. Si
vous êtes 2° à 10, si vous êtes 2° et 7°, hein? Puis à 11, si vous êtes 2° et
7°, hein? Et là est-ce que ça marche aussi entre la... Est-ce qu'on est à
l'aise que, là, il n'y a pas d'interprétation?
M. Jolin-Barrette : Moi,
je suis à l'aise. Et d'autant plus que le principe de la loi, c'est vraiment de
venir indemniser les gens.
M. Tanguay
: Oh!
Là, il y aurait...
M. Jolin-Barrette :
Alors, je le...
M. Tanguay
: Il y
aurait plus d'argent. Bien, la ministre, ça va lui coûter plus cher.
M. Jolin-Barrette :
Bien, il n'y aura pas plus d'argent. La personne, elle va bénéficier de plus
d'aide. Bien, plus d'argent en termes d'aide financière pour des soins
psychologiques, des soins de réadaptation, tout ça, mais la personne pourra
aller sur les deux régimes si elle se qualifie sur les deux régimes.
M. Tanguay
: Une
personne victime qui se qualifie comme telle en vertu de plus d'un paragraphe
de 10 ou de l'article 11 a droit à toutes les aides financières prévues au
présent titre de chaque catégorie. Alors, ça présuppose qu'on pourrait faire
l'analyse du non-cumul entre 10 et 11. On va appliquer la règle du non-cumul
entre 10 et 11, tout comme à l'interne de 10 puis à l'interne de 11.
M. Jolin-Barrette :
C'est ça.
M. Tanguay
: O.K.
C'est ça. C'est bon.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée de Sherbrooke, s'il vous plaît.
Mme Labrie : Est-ce qu'il
n'y aurait pas lieu de préciser que c'est les montants les plus élevés ou
l'aide la plus élevée qui va être disponible pour la personne? On précise qu'il
n'y a pas de cumul, mais ce n'est pas mentionné explicitement qu'il c'est
l'aide la plus élevée à laquelle la personne va avoir droit.
M. Jolin-Barrette : Dans
le fond, là, le régime des catégorisations, là, par rapport aux offres, là,
bien, dans le fond, si vous êtes une personne victime directe, en termes de
soutien psychologique, il n'y aura pas de limite au nombre de séances de
psychothérapie. Mais si vous êtes dans une autre catégorie, supposons, il y
aura une limite, là, je pense, d'une trentaine de séances. O.K.? Mais c'est sûr
que la personne, si elle se retrouve sur les deux catégories puis c'est la
personne victime, bien, elle, elle va bénéficier du nombre de séances illimité.
Il n'y a pas... Dans le fond, elle a toujours le régime le plus avantageux,
sous réserve qu'il n'y ait pas de cumul. Exemple. Je donnais l'exemple de
l'indemnité forfaitaire, vous ne pouvez pas avoir deux indemnités forfaitaires.
Mme Labrie : Mais ce
n'est pas écrit nulle part...
M. Jolin-Barrette : ...que la
personne se retrouve sur les deux catégories puis elle, c'est la personne
victime, bien elle, elle va bénéficier du nombre de séances illimité. Il n'y a
pas... Dans le fond, elle a toujours le régime le plus avantageux, sous réserve
qu'il n'y ait pas de cumul. Exemple, je donnais l'exemple de l'indemnité
forfaitaire, vous ne pouvez pas avoir deux indemnités forfaitaires.
Mme Labrie : Mais ce n'est pas
écrit nulle part qu'il a le droit à celui le plus avantageux.
M. Jolin-Barrette : Non, mais
elle peut les cumuler, parce que, dans le fond, elle peut bénéficier du...
Quand on dit, là, elle a droit à toutes les aides financières prévues au
présent titre, à l'égard de chaque catégorie d'une personne victime. Donc,
nécessairement, elle va avoir le régime le plus généreux.
Mme Labrie : Moi, je le
comprends, mais quand... Pour les situations où on dit qu'il n'y aura pas de
cumul, là, on parle d'une même aide qui est différente selon la catégorie. À ce
moment-là, on dit qu'il n'y aura pas de cumul, mais on ne dit pas c'est
laquelle qui va s'appliquer. Pas de cumul, ça veut dire ça va être juste une,
mais ça ne dit pas que ça va être la plus avantageuse. Mais je comprends que
ça, c'est l'intention du ministre. Peut-être qu'on pourrait l'écrire.
M. Jolin-Barrette : En fait,
là, le régime en soi, la personne qui va qualifier, là, vous allez rentrer dans
les différentes catégories, supposons, puis c'est sûr que c'est le régime le
plus...
Dans le fond, parce que parfois, dans
certaines catégories, vous allez chercher un élément d'aide financière qui est
offerte dans cette catégorie de victimes là puis ensuite, vous allez chercher
l'autre également. Mais ça se peut que quand vous regardez en général, sur
toutes les aides financières, ça se pourrait qu'il y en ait un qui soit plus
généreux que l'autre, sauf que vous allez chercher celui-là puis une partie de
celui-là.
Dans le fond, l'agent va vous offrir
l'ensemble des aides les plus généreuses.
Mme Labrie : ...une personne
qui se qualifie en vertu de plusieurs catégories puis que, pour ces différentes
catégories-là, il y a un montant forfaitaire. Ça se peut qu'il ne soit pas le
même selon la catégorie, peut-être que le montant forfaitaire n'est pas le même
si on est parent, ou témoin, ou je ne sais pas quoi. Je ne sais pas parce qu'on
ne l'a pas vu.
C'est explicite ici qu'il n'y aura pas de
cumul du montant forfaitaire, mais moi, je ne lis pas qu'on va donner le
montant le plus avantageux à la personne.
M. Jolin-Barrette : Ça le
sera.
Mme Labrie : Est-ce qu'on peut
l'écrire?
(Consultation)
M. Jolin-Barrette : O.K.,
comme vous dites, c'est que déjà couvert par la rédaction quand on parle de
«toutes les aides», c'est déjà couvert. Donc, quand on dit «a droit à toutes
les aides financières prévues au présent titre à l'égard de chaque catégorie de
personne victime visée à ces paragraphes, sous réserve que, lorsque la même
aide est offerte à l'égard de plus d'une catégorie, il n'y a pas de cumul.»
..., mais ça couvre l'ensemble.
• (14 h 50) •
Mme Labrie : Donc, on prenait
plutôt ... que si, en vertu de certaines catégories, il y avait accès à, je ne
sais pas, la réorientation, la réadaptation physique, des chose comme ça en
vertu d'une autre catégorie, mais il y avait tel autre type d'aide, que la
personne aurait accès à ceci et cela. Ça, c'est ce que je comprenais, mais je
ne lis pas à travers cette formulation-là que si la même catégorie d'aide est
offerte dans différentes catégories de victimes, que c'est la plus
intéressante...
Mme Labrie : …mais il y avait
tel autre type d'aide, que la personne aurait accès à ceci, à cela. Ça, c'est
ce que je comprenais, mais je ne lis pas à travers cette formulation-là que si
la même catégorie d'aide était offerte dans différentes catégories de victimes,
que c'est la plus intéressante ou la plus élevée des deux qui va être
accessible.
M. Jolin-Barrette : La
réponse à votre question, c'est oui, ça l'est.
Mme Labrie : O.K., mais c'est
juste une intention, là, au sujet de… c'est verbalisé, là, je le sais, c'est
explicitement verbalisé, mais…
M. Jolin-Barrette : Si vous
permettez, avec le consentement de la commission, je céderais la parole à
Me Legendre, s'il vous plaît.
Le Président (M.
Bachand) : Est-ce qu'il y a consentement? Me Legendre,
vous avez la parole. Merci.
M. Jolin-Barrette :
Me Dumas-Legendre, pardon.
Le Président (M.
Bachand) : Dumas-Legendre
Mme Dumas-Legendre
(Hélène) : Merci, M. le Président. Alors, je suis Hélène
Dumas-Legendre, avocate légiste au ministère de la Justice. Donc, le
fait qu'on l'exprime avec le «toutes», si je vous donne un exemple, supposons
que dans deux catégories de victimes une aurait 45 séances de
psychothérapie, l'autre aurait 30 séances. La personne, ce que la disposition dit,
c'est qu'elle a le droit à tout, les 45 d'une catégorie et les 30 de l'autre.
Maintenant, il n'y aura pas le cumul des 30 premières puisqu'elles sont dans
les deux catégories. Donc, elle avoir ses 30 premières plus le 15 de l'autre
catégorie. C'est vraiment ce que la rédaction vient spécifier. Donc, elle aura
toujours l'ensemble et on soustraira la même aide du même type d'aide, on
soustraira le montant de l'aide initiale.
Mme Labrie : Donc, si dans une
catégorie, la personne, je dis n'importe quoi, je ne sais pas c'est quoi
l'ordre de grandeur des chiffres, on ne les a pas malheureusement, mais, disons
dans une catégorie elle a le droit à un montant forfaitaire de
100 000 dollars ou dans l'autre catégorie elle a le droit à un aide forfaitaire
de 50 000 dollars, bien on va considérer qu'elle a le 50 000,
puis après elle a le 50 000 de la balance de l'autre 100 000. Bon, je
comprends c'est ça votre raisonnement.
Mme Dumas-Legendre
(Hélène) : Exactement
Mme Labrie : Je pense que ça
vaut la peine de l'expliciter quand même, parce qu'a priori ce n'est pas si
évident que ça pour une victime qui va lire la loi.
M. Jolin-Barrette : …poser
une question, puis par la suite on conclura.
Le Président (M.
Bachand) : Oui. Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon
: Je
vais exactement dans le même sens, je pense que c'est important que ça soit
clair. D'autant plus, qu'à la fin, il y a une phrase qui dit : «Il n'y a
pas cumul de cette aide.» Donc, je veux dire, on comprend qu'il y a des
circonstances où il y a cumul parce qu'on est dans différents types d'aides.
Quand on est dans une seule catégorie, donc là on va justement : «Lorsque
la même aide est offerte à l'égard de plus d'une catégorie, il n'y a pas de cumul
de cette aide. »
Moi, honnêtement, là, j'ai tout le temps
la même préoccupation que les groupes qui aident les victimes, qu'une victime
qui lit la loi, se disent : O.K. c'est quoi l'affaire? Sans être obligé de
venir nous écouter ou de faire de grandes recherches. Ça fait que je ne vois
pas ce que ça nous enlève de dire que c'est sûr que ça va être ce qui est le
plus avantageux ou comment on fait le calcul? Parce que, là, la légiste nous
l'explique, moi je n'avais pas compris ça du tout comme ça, là, puis j'ai lu
l'article, puis j'ai fait un peu de législation, donc…
Mme
Hivon
: …ça
fait que je ne vois pas ce que ça nous enlève de dire que c'est sûr que ça va
être ce qui est le plus avantageux ou comment on fait le calcul? Parce que, là,
la légiste nous l'explique. Moi, je n'avais pas compris ça du tout comme ça,
là, puis j'ai lu l'article, j'ai fait un peu de législation. Donc, je trouve ça
intéressant comme concept, mais je ne vois pas comment quelqu'un peut le
comprendre en lisant l'article.
Le Président (M.
Bachand) : Merci, Mme la députée Joliette. M. le ministre… Oui,
M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Dans le
fond, puis, quand on fait une recherche déjà citée, là, souvent, on voit dans
la Loi sur les accidents du travail, tout ça, on dit toujours : Les
formules les plus avantageuses. À la fin, on jase, là : Il n'y a pas de
cumul de cet aide, mais la plus avantageuse est octroyée.
M. Jolin-Barrette : Ce que
j'allais vous proposer sensiblement dans les termes similaires, M. le Président.
Donc, s'il y a d'autres questions, on peut continuer d'en discuter sur l'article
sous réserve.
Le Président (M.
Bachand) :Interventions sur l'article 17?
M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: …est-ce
qu'on peut voir l'amendement?
M. Jolin-Barrette : Bien, peut-être,
voulez-vous qu'en attendant que l'amendement soit écrit qu'on suspende, qu'on
passe à 18 puis qu'on revienne quand l'amendement est prêt?
M. Tanguay
: Régler
tout de suite, parce qu'on ne sera pas… Ah! elle est en train de… Ça va prendre
du temps tant que ça? Une minute?
M. Jolin-Barrette : Bien, il
faut faire des vérifications, puis le temps de l'écrire…
Le Président (M.
Bachand) : Alors, si vous êtes d'accord, est-ce qu'il y a consentement
pour suspendre?
M. Tanguay
: Oui, oui.
Le Président (M.
Bachand) : On va suspendre 17. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui. L'article
18, M. le Président : «Toute personne victime doit être qualifiée pour
bénéficier d'une aide financière en vertu du présent titre. À cette fin, elle
doit présenter au ministre une demande de qualification en tant que personne
victime au sens de l'article 10 ou de l'article 11.
«Aux fins de présenter sa demande de
qualification, la personne victime a le droit de recevoir toute l'information
relative à l'aide dont elle peut bénéficier en vertu du présent titre. De même,
tout au long du processus de traitement de sa demande, elle a le droit d'être
informée de l'état d'avancement de ce traitement.»
L'article 18 débute la section relativement
à la demande de qualification. Cette procédure est la première étape qui permet
aux personnes victimes de faire reconnaître l'infraction criminelle, d'obtenir
les renseignements relatifs aux aides financières dont elles peuvent
bénéficier, éventuellement, de bénéficier de celles-ci. La demande de
qualification se veut une étape facilitant l'application de l'ensemble de la
loi. Une fois la demande de qualification présentée, la personne victime pourra
bénéficier des aides selon les formalités prescrites.
Le Président (M.
Bachand) : Ça va?
M. Jolin-Barrette : Oui.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Ici,
j'imagine qu'il y a eu une réflexion qui a été faite par le ministre et les personnes
qui travaillent avec le ministre sur entre autres comment pouvons-nous nous
assurer de faire écho du rapport du protecteur du citoyen de 2016. Autrement
dit, ici, on est réellement la première porte à laquelle va frapper la victime.
Amélioration du service, service plus humain, plus facilité, en des termes
clairs, puis que l'on puisse comprendre… on se mélange de projet de loi, je
pense que c'était dans le projet de loi n° 64 où on disait : Si on
vous refuse des demandes de renseignements, on devra s'assurer que vous
comprenez la décision. Je referme la parenthèse. Autrement, j'aimerais entendre
le ministre sur, quand on dit «demande de qualification…
M. Tanguay
: …puis que
l'on puisse comprendre. On se mélange de projet de loi, je pense que c'était
dans le projet de loi 64, où on disait : Si on vous refuse des demandes de
renseignements, on devra s'assurer que vous comprenez la décision. Je referme
la parenthèse. Comment… Donc, j'aimerais entendre le ministre sur… quand on dit
demande de qualification, première question : Comment sera communiqué… Je
vais le virer à l'envers. Demande de qualification, qu'est-ce qui nous assure
qu'après le rapport de la VG… pas du VG, mais du Protecteur du citoyen 2016,
cette étape première là sera plus humaine, entre guillemets. Là, je résume, de
un. Et de deux, la réponse à cette demande de qualification là, comment ça va
fonctionner, c'est une réponse qui va être envoyée par lettre ou communiquée
par un être humain, ou… tu sais, toute la réflexion entourant ça, là.
M. Jolin-Barrette : Mais,
dans le fond, là, comme je le disais, là, les formulaires vont être revus.
Après le rapport du Protecteur du citoyen, les formulaires ont été revus, puis,
lors de la réception d'une demande, dans le fond, on contacte le citoyen pour
leur dossier. Et ce qui est important de comprendre, là, c'est ici, là, on
remplace la demande d'admissibilité actuelle par la demande de qualification,
mais, dès le départ, où la personne va demander de l'aide, prima facie, là, on
va lui donner de l'aide psychologique dès le départ aussi, le temps que sa
demande de qualification soit effectuée. Donc… Et lors de la réception d'une
demande, maintenant, ce qu'on va faire, l'IVAC va recevoir la demande, dès le
moment de la réception de la demande, on va contacter la personne victime pour
lui offrir de l'aide immédiate. Donc, c'est ça que je veux vous dire par le
fait qu'on change notamment les mentalités, puis, plutôt que d'attendre, on va
lui dire : Bien, écoutez, voici, là, on vous offre de l'aide immédiate, et
voici aussi, en même temps, voici ce à quoi vous aurez droit au niveau des
aides disponibles. On va lui donner toutes les informations.
M. Tanguay
: Quand on
dit ça, là — puis je ne suis pas expert, là, en indemnisation, là,
mais on en apprend avec nos travaux — quand on dit — puis
je ne veux pas être réducteur, mais c'est un peu comme ça que je le perçois,
puis que le ministre me corrige si j'ai tort, je ne veux pas être
réducteur — quand il dit la personne victime vient nous voir, puis
elle dit : Écoutez, j'ai été victime, j'ai besoin d'aide, on va lui donner
de l'aide immédiatement. Dans le fond, ce n'est pas réellement dans le contexte
de dire : On vous prend sous notre aile, nous, IVAC, puis on vous fait
passer vitesse grand V pour rencontrer des professionnels. Dans le fond, tout
ce qu'on fait de façon très pratico-pratique, là, puis je ne veux pas être
réducteur, on va vous faire rencontrer un professionnel de la santé qui, de
toute façon, vous auriez rencontré normalement, selon les mêmes délais, si vous
aviez été une personne qui n'était pas là, qui était juste… tu sais, un
psychologue, tu sais, un professionnel de la santé, même si je ne suis pas
victime d'un acte criminel, je vais pouvoir en rencontrer un. Ça va peut-être
me prendre… on enlève l'étape d'avoir une prescription d'un médecin
généraliste, mais un professionnel de la santé, je vais pouvoir le rencontrer,
de toute façon.
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, le principe de base, là, c'est parce que, tu sais, la personne, là…
15 h (version non révisée)
M. Tanguay
: …d'un acte
criminel, je vais pouvoir en rencontrer un. Ça va peut-être me prendre… On
enlève l'étape d'avoir une prescription d'un médecin généraliste, mais un
professionnel de la santé, je vais pouvoir le rencontrer de toute façon.
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, le principe de base, là, c'est parce que, tu sais, la personne, là, elle
est victime. Il y a différents types, là, de personne victime.
Il y a la victime qui subit une infraction
criminelle, qui le dénonce à la police. Là, la police, automatiquement, va leur
dire : Bien, vous pouvez… vous avez du soutien avec les CAVAC, vous avez
du soutien avec l'IVAC, puis, avec un article qu'on va voir dans le projet de
loi, c'est qu'automatiquement ils vont recevoir la documentation aussi de
l'IVAC, des CAVAC, tout ça pour faire le pont. Ça, c'est dans le cas d'une infraction
contemporaine, supposons, qui survient où il y a dénonciation.
Vous avez aussi le cas où la personne
victime, elle dénonce après quelques années puis… Bien, elle dénonce… Elle
demande de l'aide, elle ne fait pas de dénonciation à la police. Là, à ce
moment-là, elle va s'adresser à l'IVAC, puis l'IVAC va dire : Bonjour, on
a reçu votre demande. On vous dit dès le départ : Voici : vous pouvez
aller chercher du soutien psychologique, c'est remboursé, on vous oriente;
voici toutes les aides que vous pouvez avoir aussi. On analyse votre dossier,
mais sachez que pendant ce temps-là vous avez du soutien, puis voici le lien
avec le CAVAC.
Et, aussi, vous êtes en situation
d'urgence, là, vous êtes… vous subissez de la violence conjugale. Bien, vous
subissez de la violence conjugale, on a un programme d'urgence. Vous pouvez
quitter la maison, on va rembourser le transport, on va rembourser l'hôtel, on
va rembourser la nourriture, parce qu'on veut que vous quittiez votre milieu
nocif présentement.
M. Tanguay
: Mon point,
puis il est très pratico-pratique, puis il ne se veut pas réducteur, mon point,
c'est que je suis citoyen, ça ne va pas bien, il faut que je rencontre un
psychologue ou une psychologue. Il y a… Mon gouvernement, l'État québécois va
me donner un psychologue. Peut-être qu'il y aura une étape préalable de
prescription par un médecin généraliste, ça prend toujours une prescription
pour aller voir un spécialiste, mais je vais finir, selon des délais x, par
rencontrer un psychologue. Mon point : si, dans l'exemple du ministre, je
suis, je prétends être victime, je vais voir l'IVAC, O.K., parfait, O.K., on va
vous faire rencontrer, là, un psychologue, est-ce que je suis dans les mêmes
délais, dans la même approche, ou il y a une banque de psychologues qui va
faire en sorte que ça va être beaucoup plus rapide? Vous comprenez que mon
point, il est excessivement terre-à-terre. Quand on dit : On va vous
donner un psychologue, dans le fond, ça va être le même pool de psychologues,
les mêmes délais, il y a juste que l'IVAC va me dispenser d'avoir une
prescription d'un médecin généraliste.
M. Jolin-Barrette : Alors,
dans le fond, avec l'IVAC, vous pouvez être référé par le privé, puis il y a
des psychologues dans le domaine privé qui acceptent des mandats de l'IVAC
directement aussi.
M. Tanguay
: Des
mandats de l'IVAC. Qui n'est pas le cas si j'en fais la demande… Je vais voir
mon médecin de famille, ça ne va pas bien. O.K., prescription pour voir un
psychologue. Là, l'État n'ira pas dans un pool de psychologues dans le domaine
privé, là. Là, je vais être sur la liste d'attente, là.
M. Jolin-Barrette : Bien, si
vous allez, supposons, au CLSC, oui. Tout dépendant de la nature de la
couverture, supposons aussi des assurances de la personne, parce qu'il faut le
dire, supposons, vous allez voir un médecin qui vous réfère à des services…
M. Tanguay
: ...l'État
n'ira pas dans un pool de psychologues dans le domaine privé, là. Là, je vais
être sur la liste d'attente, là?
M. Jolin-Barrette : Bien, si
vous allez, supposons, au CLSC, oui, tout dépendant de la nature de la
couverture, supposons, aussi, des assurances de la personne. Parce qu'il faut
le dire, supposons que vous allez voir un médecin qui vous réfère à des services
de psychothérapie, vous pouvez aller voir quelqu'un au privé, puis... mais les
frais sont assumés par vous ou par votre assureur privé, si vous en avez un
aussi. Mais il vous réfère aussi dans le système public aussi. Mais nous, dès
le départ, à l'IVAC, il va pouvoir vous référer au privé, puis il y a des
psychologues qui prennent des mandats IVAC aussi.
M. Tanguay
: Donc,
c'est important, ce qu'on dit là, là, c'est la vie des citoyens, des
concitoyens. Il y a comme un deux vitesses, là. À l'IVAC, ça va aller plus vite
parce qu'on a accès à des... puis, exemple, de la psychothérapie au privé.
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, je... personnellement, je ne connais pas les délais qu'il y a au
niveau public...
M. Tanguay
: Ils sont
très longs.
M. Jolin-Barrette : ...en
matière de psychothérapie. Ça dépend des régions, ça dépend des priorités, ça
dépend de plein de facteurs, là. Je pense que le député de LaFontaine le sait
aussi. Mais l'important, c'est qu'il y a un panier de services au Québec pour
offrir du soutien psychologique à la population. On a rajouté de l'argent aussi
récemment avec la pandémie. On ne fera pas tout le détail là-dedans.
Avant de continuer, je vous proposerais de
retourner à l'article 17 pour voter sur l'amendement et pour fermer l'article
17.
Le Président (M.
Bachand) : L'amendement est sur Greffier. Est-ce qu'il y a
consentement pour revenir à 17?
M. Tanguay
:
Consentement.
Le Président (M.
Bachand) : Consentement? M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui,
alors l'amendement, M. le Président, à l'article 17, qui nous dit : Ajouter,
à la fin de l'article 17 du projet de loi, «et la
personne victime a droit à l'aide la plus avantageuse».
Donc, la dernière phrase se lirait :
«sous réserve que, lorsque la même aide est offerte à l'égard de plus d'une
catégorie, il n'y a pas de cumul de cette aide, et la personne victime a droit
à l'aide la plus avantageuse».
M. Tanguay
: ...je ne
le vois pas sur Greffier, là. J'ai fait... Ah! il est là, là. O.K.
Une voix
: Un amendement
qui incombe...
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions sur l'amendement? S'il n'y a
pas d'autre intervention, nous allons procéder à sa mise aux voix. Mme la
secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Jolin-Barrette (Borduas)?
M. Jolin-Barrette : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant l'opposition officielle, M. Tanguay
(LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
: Mme Labrie
(Sherbrooke)?
Mme Labrie : Pour.
La Secrétaire
: Mme Hivon
(Joliette)?
Mme
Hivon
:
Pour.
La Secrétaire
: M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'amendement à l'article 17 est
adopté. Nous sommes... Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur 17, tel
qu'amendé? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à sa mise
aux voix. Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Jolin-Barrette (Borduas)?
M. Jolin-Barrette : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
: Mme Labrie
(Sherbrooke)?
Mme Labrie : Pour.
La Secrétaire
: Mme Hivon
(Joliette)?
Mme
Hivon
:
Pour.
La Secrétaire
: M. Bachand
(Richmond)?...
La Secrétaire
:
…(Borduas)?
M. Jolin-Barrette : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
:
Mme Labrie (Sherbrooke)?
Mme Labrie : Pour.
La Secrétaire
: Mme Hivon
(Joliette)?
Mme
Hivon
:
Pour.
La Secrétaire
:
M. Bachand (Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'article 17, tel qu'amendé,
est adopté. Merci. M. le ministre, s'il vous plaît, l'article 18.
M. Jolin-Barrette : …on
revient à l'article 18. Alors, bien, c'est ça, dès le départ, dans le
fond, on va lui offrir ce soutien-là. Il y a des… elle peut être référée au
public comme il y a des psychologues qui prennent des membres de l'IVAC aussi.
Donc, c'est un peu le même principe supposons qu'à l'aide juridique, là.
M. Tanguay
: O.K. Dans
le 193 millions sur cinq ans de plus, annoncé par le ministre…
M. Jolin-Barrette : Oui.
M. Tanguay
: …parce
qu'on dit que, ce qu'on fait là va amener, grosso modo, 4 000 personnes de
plus. A-t-il un chiffre en tête pour la première année puis les années
subséquentes dédié selon telle catégorie, telle catégorie, telle catégorie?
Est-ce qu'il a… J'imagine qu'il a une évaluation pour être… pour en être venu à
son 193 millions parce qu'il va avoir des coûts supplémentaires. Puis
force est de constater que le public je pense qu'il est à saturation, il va
falloir peut-être plus souvent au privé. Puis ça, c'est coûteux, là, j'imagine.
M. Jolin-Barrette : Bien,
c'est sûr, dans le montant qui a été calculé, d'argent additionnel, qu'on a été
cherché avec les Finances, ça fait partie des coûts estimés de combien ça coûte
plus. Mais il faut voir, dans le fond, c'est parce que c'est un estimé du
nombre de personnes supplémentaires qui vont demander des aides. C'est un
estimé aussi du nombre de personnes, supposons, victimes d'agression sexuelle
ou de violence subie pendant l'enfance et de violence conjugale, qui vont venir
demander des aides, qui sont hors délai. Puis, le fait qu'on rajoute aussi un
trois ans de réactivation de dossier, ça aussi, ça rajoute au volume de
personne, mais aussi du fait qu'on fait revivre des droits. Mais, ça aussi,
c'est calculé dans ce montant-là.
M. Tanguay
: Est-ce que
le ministre aura, M. le Président, une ventilation actuelle et une ventilation
prévue, donc pré-84, post-84, de ces différentes aides là, en termes de nombre
de victimes qui auraient de l'aide et le coût que ça représente et que ça
représenterait?
M. Jolin-Barrette : Oui, je
vais avoir au retour de la relâche, je vais pouvoir vous produire les tableaux…
M. Tanguay
: Vous
pourriez nous donner ça?
M. Jolin-Barrette : …avec les
tableaux que vous m'avez demandés relativement aux offres offertes.
M. Tanguay
: Oui, c'est
ça. Puis je pense que de notre côté aussi, on prend note de ça. D'ici la fin de
nos travaux, on pourra peut-être se faire donner ça. Puis, on va avoir des
crédits qui vont s'en venir aussi, ça va être…
M. Jolin-Barrette : Nous, on
dépose des budgets et des crédits, oui.
M. Tanguay
: Bravo!
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Mme la députée de Sherbrooke, s'il vous
plaît.
Mme Labrie : Je n'ai pas…
Le Président (M.
Bachand) : Ça va. Mme la députée de Joliette, pardon.
Mme
Hivon
: Oui,
je veux juste que le ministre me redise à quel endroit c'est clair que l'aide
psychologique ne nécessite pas, pour commencer, la qualification.
(Consultation)
M. Jolin-Barrette : On me dit
l'article 71. Donc, à 71 : «Sur réception d'une demande de
qualification, si le ministre est d'avis que la personne qui en fait la demande
a besoin immédiatement de l'aide financière et qu'il accordera probablement
cette aide en vertu du présent titre, il peut lui verser préalablement une…
M. Jolin-Barrette : ...on m'a
dit l'article 71. Donc, à 71 : «Sur réception d'une demande de
qualification, si le ministre est d'avis que la personne qui en fait la demande
a besoin immédiatement de l'aide financière et qu'il accordera probablement
cette aide en vertu du présent titre, il peut lui verser préalablement une
partie de celle-ci.
«Le gouvernement détermine, par règlement,
les conditions et les modalités de ce versement préalable, lesquelles peuvent
varier selon l'aide financière concernée.»
• (15 h 10) •
Mme
Hivon
: On
va avoir le débat à l'article 71, parce qu'évidemment on ne connaît pas
comment ça va s'articuler. Puis j'imagine que le ministre ne sera pas là à
prendre les appels ou les rencontre à chaque fois, et donc ça va être important
de savoir ce qu'il a dans sa tête pour que ceux qui agissent en son nom, tel
qu'il est mentionné là, sachent ce qu'il en est. Parce que, quand on lui dit
qu'on veut savoir dans quoi on va, ça, c'est essentiel. Ça fait qu'en tout cas on
va avoir un débat sur ça à 71. Merci de la précision.
Puis je voulais juste revenir sur... Donc
là, la personne se présente, elle veut être qualifiée. Puis on lui dit :
Oui, c'est bon, tu te qualifies en vertu... tu n'es pas qualifié encore
formellement, mais tu te qualifies en vertu de 71 pour avoir de l'aide
psychologique. Et donc, là, on lui... Concrètement, là, je veux voir comment ça
marche. Donc là, on lui fournit un bassin de psychologues que le régime sait
qui acceptent des mandats de l'IVAC dans sa région, par exemple. C'est comme ça
que ça fonctionne?
M. Jolin-Barrette : En fait,
on me corrigera...
(Consultation)
M. Jolin-Barrette : O.K.
Donc, on réfère la personne victime au site Web de l'ordre professionnel. Et,
sur le site Web de l'ordre professionnel, il y a les mandats des psychologues,
supposons, qui prennent des mandats de l'IVAC, c'est nommément indiqué. Donc,
la personne a le choix d'avoir le professionnel de son choix.
Parce qu'on avait la discussion tantôt
aussi, tu sais, on veut que la personne, ça soit son choix de son
professionnel, on ne veut pas lui imposer que c'est tel psychologue que vous
allez voir.
Mme
Hivon
: Non,
non, c'est ça. En fait, moi, mon souci, c'est qu'elle soit le mieux accompagnée
possible tout en gardant sa liberté. Mais là je ne suis pas allée consulter le
site de l'ordre des psychologues récemment.
J'imagine, est-ce qu'il y a une catégorie,
tu sais, tu tapes «IVAC», puis ils vont te sortir tous les psychologues qui
acceptent des mandats d'IVAC? Ou, en fait, elle se dit : On m'a référé tel
psychologue, je vais voir? En tout cas, c'est juste que mon souci, c'est que ce
soit le plus simple possible pour la victime.
M. Jolin-Barrette : Mais
l'autre élément aussi, ce n'est pas à l'État, ce n'est pas à la Direction de
l'indemnisation des victimes d'actes criminels de dire... de favoriser un
psychologue versus un autre. L'important, c'est vraiment que l'information soit
disponible pour la personne victime, pour dire : Dans votre région, voici
la liste... vous pouvez consulter la liste des professionnels qu'il y a dans
votre région qui offrent le service qui est couvert, mais qui prennent des
mandats IVAC.
Mme
Hivon
: O.K.
On se comprend, là. Mais moi, je veux juste, concrètement parlant, savoir
comment on l'outille. C'est-à-dire que... C'est parce qu'il y a tellement de
victimes qui nous disent comment c'est difficile de trouver un psychologue qui
prend des mandats de l'IVAC...
M. Jolin-Barrette :
...qui prennent des mandats IVAC.
Mme
Hivon
:
O.K., on se comprend, là. Mais moi, je veux juste, concrètement parlant, savoir
comment on l'outille, c'est-à-dire que... C'est parce qu'il y a tellement de
victimes qui nous disent qui nous disent comment c'est difficile de trouver un
psychologue qui prend des mandats de l'IVAC parce que les tarifs ne sont pas
concurrentiels, ça, c'est un autre débat, mais... que moi, je veux juste, tu
sais...
Là, c'est beau de me faire la réponse
qu'on outille en disant : Va sur le site de l'Ordre des psychologues.
Mais, une fois que tu es sur le site de l'Ordre des psychologues, est-ce que,
tu sais, tu vas taper un premier nom puis là tu vas voir : O.K., est-ce
que, dans sa liste, elle a IVAC? Est-ce que c'est clair, parce qu'il y a eu une
entente qui a été faite avec l'Ordre des psychologues, qu'il faut que ça soit
nommément inscrit, les psychologues qui prennent des mandats d'IVAC? Donc, je
tape : «IVAC, Mauricie», j'ai toute la liste des psychologues.
Bref, j'aimerais ça le savoir parce qu'on...
vous allez nous entendre tout le temps revenir... en tout cas, je peux parler
pour moi, je ne parlerai pas pour ma collègue, mais vous allez nous entendre...
m'entendre souvent revenir sur ça.
M. Jolin-Barrette :
...si on peut céder la parole à Me Joncas, M. le Président.
Mme
Hivon
:
Merci.
Le Président (M.
Bachand) : ...consentement? Me Joncas, s'il vous plaît.
Mme Joncas (Sophie)<> :
...
Le Président (M.
Bachand) : Juste attendre peut-être quelques instants, le temps
qu'on vous... que le micro fonctionne. C'est beau, allez-y.
Mme Joncas
(Sophie)<> : C'est beau? Sophie Joncas, du ministère de la
Justice.
Quand la personne, elle appelle pour
obtenir du soutien psychothérapeutique, on va la référer sur le site de
l'ordre. Puis, sur le site de l'ordre, on peut faire une recherche avec mandat
IVAC... on va obtenir une liste.
Le Président (M.
Bachand) : Excusez, Me Joncas, on a un petit problème
technique. Désolé. C'est à cause de la pandémie.
Mme Joncas
(Sophie)<> : ...je peux y aller, oui?
Le Président (M.
Bachand) : Oui, parfait. Merci.
Mme Joncas
(Sophie)<> : Donc, quand on fait une recherche sur le site de
l'office des psychologues, on peut cocher «mandat IVAC» puis on va avoir la
liste qui va sortir.
Mme
Hivon
:
Merci. C'était exactement le sens de ma question. C'est pour ça que c'est toujours
intéressant de céder la parole aux spécialistes. Pas que je n'aime pas entendre
le ministre, là, mais, des fois, c'est bien.
M. Jolin-Barrette : Je
commence à avoir un doute, M. le Président.
Mme
Hivon
:
Il n'en tient qu'à lui, il n'en tient qu'à lui.
M. Jolin-Barrette : Oh!
je ne suis pas si sûr, M. le Président. Je ne suis pas si sûr.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Mme la députée de Joliette, vous avez la
parole.
Mme
Hivon
:
Oui. Et on nous dit, à la fin du deuxième alinéa : «De même, tout au long
du processus de traitement de sa demande, elle a le droit d'être informée de
l'état d'avancement de ce traitement.»
Un autre point important, c'est l'information,
évidemment, qui est donnée aux personnes victimes. Donc, c'est bien d'écrire
cela, mais qu'est-ce que ça veut dire concrètement, ce droit-là d'être informé?
C'est un beau principe, là, mais...
M. Jolin-Barrette :
...du dossier. Dans le fond, c'est un critère d'imputabilité pour l'IVAC
pour... bien, pour la direction de l'indemnisation des victimes d'actes
criminels, c'est une obligation de dire : Bien, si la victime vous appelle
pour savoir c'est rendu à quelle analyse, c'est à quel niveau, d'informer adéquatement
le citoyen ou la citoyenne qui a fait...
M. Jolin-Barrette : ...du
dossier. Dans le fond, c'est un critère d'imputabilité pour l'IVAC, pour...
bien, pour la Direction de l'indemnisation des victimes d'actes criminels,
c'est une obligation de dire : Bien, si la victime vous appelle pour
savoir c'est rendu à quelle analyse, c'est à quel niveau, d'informer
adéquatement le citoyen ou la citoyenne qui a fait la demande, parce qu'on ne
veut pas que le délai s'étire, puis on veut vraiment que... Et j'ai en tête
également des témoignages qui disaient qu'il fallait appeler entre telle heure
et telle heure ou être disponible tel jour, tel jour. Ça, c'est des choses que
je souhaite changer en matière culture à la Direction de l'indemnisation des
victimes d'actes criminels. Donc, il faut que la personne puisse avoir accès,
être informée d'où est rendu son dossier, l'état d'avancement. Je pense que
l'état, il faut qu'il soit transparent, surtout quand on est avec des personnes
qui demandent de l'aide comme ça, il faut agir avec sérénité.
Mme
Hivon
: On
sait, M. le Président, qu'il y a des ratés à cet égard-là à l'heure actuelle. Donc,
moi, je suis certaine que le ministre veut que ce soit plus efficace, là, mais,
des fois, entre la volonté et ce qu'il se passe sur le terrain... Donc, je
comprends que ce que ça veut dire dans l'esprit du ministre, c'est qu'une
personne qui appelle, on va devoir l'informer de l'état d'avancement, mais il
n'y a pas une obligation, je dirais, proactive de dire : Là, si ça fait un
mois, deux mois que la personne n'a pas eu de nouvelles, l'IVAC doit prendre
contact pour dire à la personne : Inquiétez-vous pas. Dans le fond, c'est
une obligation un peu passive pour l'organisation d'au moins être capable de
répondre à une demande d'information quand quelqu'un appelle, mais il n'y a pas
une obligation active qui est faite à l'IVAC de dire : Là, vous allez prendre
sur vous d'informer une victime quand on n'est pas capable de la qualifier
rapidement puis que son dossier traîne, par exemple.
Puis je vais juste, tant qu'a lui faire...
Deuxième question, je sais qu'on dépasse... on sort un peu du cadre, là, mais
on a entendu des victimes, Mme Rochon notamment, nous parler de ça. Est-ce
que le ministre a en tête de faire en sorte qu'il y ait une continuité dans les
intervenants qui vont parler aux victimes pour ne pas que la victime change
quatre fois d'intervenant selon l'heure ou le jour de la semaine qu'elle
appelle et qu'elle raconte son histoire et son dossier à chaque fois?
M. Jolin-Barrette : ...qu'on
a et que, dans la déclaration, dans le fond l'entente de service qu'on va
avoir, on va demander certains standards pour faire en sorte qu'il y ait une
stabilité puis qu'il y ait un agent pivot en lien avec la demande de la
personne. Est-ce qu'on peut garantir, dans toutes, toutes, toutes les
circonstances, dans toutes les communications qu'elle sera toujours la même
personne? La réponse, c'est non parce que, parfois, il y a des enjeux de
ressources humaines, de congés, de vacances, tout ça, mais le plus possible, on
va vouloir que ça soit attribuer au même agent, justement pour faire en sorte
que la personne ne soit pas obligée de raconter son histoire.
Puis l'autre point aussi qui est
important, dès le moment où on va recevoir la demande de la personne, ça, c'est
nouveau, l'IVAC va la contacter pour lui offrir les aides puis pour lui dire ce
à quoi elle a droit. Ça fait que, tu sais, l'obligation proactive au départ,
là... l'IVAC va contacter la personne à partir du moment, ça ne sera pas à la
personne... tu sais, la personne, supposons qu'elle envoie son formulaire, sa
demande, dès la réception, nous, on va la contacter, on va lui dire :
Voici, vous avez droit à des séances de psychothérapie tout de suite, là, on va
analyser votre dossier puis sachez que, voici, vous pourriez avoir...
M. Jolin-Barrette :
…l'obligation proactive au départ, là, ça… l'IVAC va contacter la personne à
partir du moment… ça ne sera pas à la personne… tu sais, la personne, supposons
qu'elle envoie son formulaire, sa demande, dès la réception, nous, on va la
contacter, on va leur dire… on va lui dire : Voici, vous avez droit à des
séances de psychothérapie tout de suite, là on va analyser votre dossier puis
sachez que, voici, vous pourriez avoir droit à telle aide, telle aide, telle
aide, puis voici.
Mme
Hivon
: O.K.
Puis vu que… je veux dire, l'aide financière peut être déterminante et des
fois, de ce qu'on entend dans l'heure actuelle, c'est très long. C'était ça, ma
sous-question de tantôt : Est-ce que l'IVAC va être proactive pour
dire : Wow! Mme X, ça fait deux mois qu'on a son dossier, on ne
lui a donné aucune nouvelle… Est-ce qu'il va y avoir, comme, des marqueurs,
comme ça, qui vont faire en sorte que l'organisation, dans l'esprit du
ministre, parce qu'on ne légifère pas là-dessus, mais est-ce qu'on va mettre
ces obligations-là?
M. Jolin-Barrette : Oui, et
on pourra le faire, aussi, par… dans l'entente de service qu'on a. Parce que,
là, là, ce qui arrive, c'est qu'on est dans une situation où la… d'IVAC ne
relevait pas du ministère de la Justice. Là, ça va relever de nous puis ça va
être un… ça va être l'entité avec laquelle on fait affaire. On va exiger un
service à la clientèle. Ça fait que, oui, on va mettre en place des mesures
pour avoir un service à la clientèle adéquat.
Mme
Hivon
: Puis
quand le ministre parle d'entente de service, donc c'est un peu le mandant… le
mandataire qui, donc, dit c'est quoi, ses attentes, et tout. En ce moment,
est-ce que ça, ça existe, même si ce n'est évidemment pas… même si c'est du
côté d'Emploi et Solidarité sociale?
M. Jolin-Barrette : Bien,
administrativement, je comprends que l'entité administrative est de l'autre
côté, donc on n'a pas de levier, vraiment, sur l'entité.
Mme
Hivon
:
Vous, vous n'en avez pas, mais vous pouvez me le confirmer si, oui ou non, pour
un petit volet. Mais est-ce qu'eux, à l'autre ministère, en ont une, entente de
service? Ou ce n'était pas quelque chose qui était dans le décor à ce jour.
M. Jolin-Barrette : Bien,
eux, c'est la loi qui est… en fait, l'ancienne… bien, la loi actuelle, là, la
loi sur l'indemnisation, mandate la CNESST de gérer ça, donc c'est la CNESST.
Nous, on collabore avec la direction mais c'est, comme, deux entités
séparées. Là, on ramène ça, puis c'est beaucoup plus facile, à travers l'État.
Quand le programme émane d'un ministère, si c'est lui qui est responsable du
service à la clientèle, c'est pas mal plus facile.
Mme
Hivon
: Ça,
je suis 100 % d'accord avec le rapatriement.
• (15 h 20) •
M. Jolin-Barrette : Il y a de
la collaboration mais ça va être beaucoup plus simple et efficace avec le
projet de loi.
Mme
Hivon
: O.K.
Mais en ce moment, il n'y a pas cette notion-là, d'entente de service, parce
que la CSST gère l'IVAC comme elle gère ses propres dossiers. Donc, on peut
espérer que, vu que ça va être nouveau, d'avoir une entente de service avec le
ministre et le ministère, ça peut faire une bonne différence. Je… Parce qu'en
fait, si vous m'aviez dit : En ce moment, il y en a déjà une, je me serais
dit : Oui, bien ça n'a pas été nécessairement super gagnant, là. Donc là,
je comprends que ça va vraiment être une nouveauté, les attentes vont être
exprimées clairement, les objectifs, tout ça, donc…
Mme
Hivon
:
...avec le ministre et le ministère, ça peut faire une bonne différence. Parce
qu'en fait, si vous m'aviez dit : En ce moment, il y en a déjà une, je me
serais dit : Oui, bien, ça n'a pas été nécessairement super gagnant, là.
Donc là, je comprends que ça va vraiment être une nouveauté, les attentes vont
être exprimées clairement, les objectifs, tout ça. Donc...
M. Jolin-Barrette : Je peux
garantir qu'on va s'assurer, au moment de négocier l'entente de services, qu'il
y ait des redditions de comptes, des exigences et on va s'assurer que ça soit
rempli, puis qu'on va mettre des clauses également pour que ça soit rempli.
Mme
Hivon
: Ça
va, M. le Président.
M. Jolin-Barrette : Parce
que...
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée de Sherbrooke, s'il
vous plaît.
Mme Labrie : Je n'ai pas
demandé à...
Le Président (M.
Bachand) : Ça va? Parce que des fois, vous me faites ça. O.K.,
c'est moi qui vois mal. M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Est-ce que
le ministre peut nous indiquer sur quel site Web pourrons-nous avoir accès
public à l'entente de services.
M. Jolin-Barrette :
J'imagine, sur le site du ministère de la Justice.
M. Tanguay
: Autrement
dit, elle va être publique, l'entente de services?
M. Jolin-Barrette :
Me Grenier, fort probablement? Elle sera publique.
M. Tanguay
: Je
commençais par la fin. Là, il m'avait dit le site, puis après ça, il dit :
O.K., on va la mettre sur le site. C'est bon. Mais elle va être publique, c'est
bon.
Les délais, on avait eu un débat, entre
autres... puis là, je ne veux pas tout mélanger, mais des délais, des fois, ça
arrive qu'on en mette dans la loi. Puis on sait que le rapport du Protecteur du
citoyen 2016 fait mention de... ça, c'est un écueil, les délais. Entre autres,
la ministre responsable des Aînés a déposé, je ne me rappelle plus du projet de
loi, un projet de loi qui fait en sorte que l'on peut, lorsqu'on est aîné en
CHSLD, par exemple, faire une demande pour maltraitance ou autre et puis il y a
des vérifications et tout ça puis je pense qu'il y a un délai de 45 jours
pour le traitement du dossier et tout ça. Ne pourrions-nous pas inscrire dans
la loi qu'une demande de qualification... que l'entité chargée de statuer sur
la demande de qualification doit s'exécuter dans un délai de 45 jours ou
de 60 jours, là? On voit que je n'en suis pas sur le nombre de jours. Mais
d'avoir un délai dans la loi, ça se fait par ailleurs, ne pourrions-nous pas le
faire?
M. Jolin-Barrette : Bien, un
des enjeux qu'on a, c'est parce que, dans un cas comme une demande
d'indemnisation, souvent, il y a des renseignements qui doivent être fournis
par la personne pour avoir la qualification.
M. Tanguay
: Et
souvent, ça, la manière de contourner ça, c'est de dire : Lorsque le
dossier est complet, dans les 45 jours, décision doit être rendue.
(Consultation)
M. Jolin-Barrette : Alors, ce
qu'on me dit, c'est que généralement, on ne met pas ça dans les lois, M. le
Président. Il faut avoir une certaine flexibilité. L'objectif est de rendre le
service le plus rapidement possible, mais on ne met pas ça dans la loi.
M. Tanguay
: Bien, dans
les lois, moi, je connais une loi qui s'appelle le Code de procédure civile qui
dit : Quand le dossier est en état, il doit être entendu dans les
180 jours.
M. Jolin-Barrette : Et la
question que je poserais au député de LaFontaine, c'est : Est-ce que les
dossiers sont véritablement entendus dans les 180 jours? Lui est-il déjà
arrivé d'avoir demandé une extension du délai?
M. Tanguay
: Ah! M. le
Président...
M. Jolin-Barrette :
Qu'arrive-t-il en cas de défaut d'inscription dans les 180 jours?
M. Tanguay
: Mais la
loi prévoit : en cas exceptionnel, on fait des demandes, mais
finalement...
M. Tanguay
: ...le
dossier est en état puis il doit être entendu dans les 180 jours.
M. Jolin-Barrette : Et la question
que je poserais au député de LaFontaine, c'est : Est-ce que les dossiers
sont véritablement entendus dans les 180 jours? Lui est-il déjà arrivé
d'avoir demandé une extension du délai?
M. Tanguay
: Ah! M. le
Président...
M. Jolin-Barrette :
Qu'arrive-t-il en cas de défaut d'inscription dans les 180 jours?
M. Tanguay
: En cas
exceptionnel on fait des demandes, mais finalement l'échéancier...
M. Jolin-Barrette :
L'exception devient la règle.
M. Tanguay
: Mais quand
même, est-ce que le ministre a l'intention d'abroger cette disposition-là du Code
de procédure civile? Il va la garder.
M. Jolin-Barrette : Bien là,
ce n'est pas dans mes priorités, M. le Président, à court terme, on a d'autres
choses à faire avant de retourner sur le Code de procédure civile, là.
M. Tanguay
: Mais c'est
intéressant, ce qu'on dit là, parce qu'effectivement il y a un principe de base
au Code de procédure civile, c'est une fois que c'est inscrit, il y a 180 jours
pour le mettre en état et, après ça, il y a des délais. C'est le principe, sauf
exception. Il y a toujours possibilité d'avoir un dossier dont la complexité,
puis c'est un des critères en matière civile, là... complexité le justifie, on
ne respecte pas le 180 jours. Mais s'il y a un dossier excessivement complexe,
un dossier, par exemple, à l'étranger... on pourrait comprendre qu'un dossier à
l'étranger on doit statuer, est-ce que l'on accepte telle certification d'un
incident survenu dans tel pays, puis on va voir un peu si on reconnaît cet
officier assermentant qui a envoyé ça.
Mais sinon, je mettrais un délai, parce
qu'il y en a, des délais, puis sauf exception, qui pourrait être précisé dans
un bulletin d'interprétation ou autre. Ne pourrions-nous pas mettre un délai?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, non, parce que souvent les délais ne sont pas imputables à la D.G. IVAC,
ils sont imputables parfois au professionnel de la santé, avant qu'il rentre
son rapport, sont imputables à la personne victime. Donc, nous, on va
s'assurer, par l'entente de service, d'avoir des délais stricts, mais on veut
s'assurer de pouvoir faire en sorte de donner le service aussi. Alors, non, pas
de délai dans la loi, mais certainement des objectifs pour remplir les
demandes.
M. Tanguay
: Oui, mais
le Vérificateur général faisait état aussi de délais dû à la machine, entre
guillemets, là.
M. Jolin-Barrette : Oui, puis
ça va changer, M. le Président, avec l'entente de service. Oui, il y avait des
enjeux, mais on va les corriger.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée de Sherbrooke, s'il
vous plaît.
Mme Labrie : Oui, on va rester
sur le même sujet, parce que je me souviens d'avoir posé la question à la DIVAC
pendant les auditions, sur la question du délai, et on m'avait, à ce moment-là,
répondu que c'était tout à fait envisageable pour eux d'inscrire un délai dans
la loi. J'avais même demandé si 15 jours leur semblait raisonnable. On m'avait
dit : Oui, oui, oui, il n'y en a pas, de problème.
Donc, moi, j'avais déjà préparé un amendement.
Je comptais le déposer après l'article 20, en 20.1, parce qu'à l'article 20 on
vient justement parler du délai pour la victime puis on vient aussi définir
qu'«une demande est considérée présentée lorsqu'elle est complète». Donc, moi,
je comptais déposer un amendement qui vient prévoir un délai maximum à partir
du moment où la demande, elle est présentée et donc considérée complète.
Puis la DIVAC, elle nous avait clairement
répondu qu'elle était tout à fait en mesure, là, de se conformer à ça si on
l'adoptait dans le projet de loi. Puis le ministre a énoncé tout à l'heure très
clairement qu'il voulait exiger un service à...
Mme Labrie : ...qui vient
prévoir un délai maximum à partir du moment où, la demande, elle est présentée
et donc considérée complète. Puis la DIVAC, elle nous avait clairement répondu
qu'elle était tout à fait en mesure, là, de se conformer à ça si on l'adoptait
dans le projet de loi.
Puis le ministre a énoncé tout à l'heure
très clairement qu'il voulait exiger un service à la clientèle de meilleure
qualité puis des délais raisonnables, donc je... puis là je ne veux pas qu'on
discute de cette question-là tout de suite à l'article 18. Moi, je ne sais
pas si mes collègues souhaitent que je dépose mon amendement maintenant ou si
je le fais après l'article 20. Moi, ça me semblait plus approprié.
Mais définitivement on nous a dit très
clairement... puis on pourra ressortir l'extrait s'il le faut, là, mais la
DIVAC nous a dit : On est tout à fait en mesure de répondre au délai. Moi,
j'avais proposé 21 jours. On nous avait même dit que 15, eux, ils étaient
capables, là. Donc, ça me semblait tout à fait raisonnable.
Je ne comprends pas pourquoi, là, on ne
souhaite pas le faire du côté du ministre. On est très exigeant envers les
victimes par rapport au délai. Donc, moi, je trouve qu'il n'y a pas de
contrepartie, là. On leur impose un délai aux victimes, puis on ne se donne
aucune responsabilité comme État de répondre dans un délai raisonnable. Je
trouve ça particulier.
Le Président
(M. Bachand) : Merci, Mme la députée. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
Bien, écoutez, d'habitude on ne le met pas, là, dans la LATMP. Dans la Loi sur
les accidents de travail et maladies professionnelles, dans la Loi sur
l'assurance automobile du Québec, il ne l'a pas. Tu sais, moi, comme je vous
dis, mon souhait, c'est que ça soit performant. On pourrait le mettre, mais il
faut que ça soit à partir du moment où le dossier est complet parce que parfois
il y a beaucoup de délais qui ne sont pas imputables. Mais, tu sais, eux, ils
sont aptes à rendre la décision à partir du moment où le dossier est complet.
Mais peut-être que je suggérerais de le mettre à 20.1, l'amendement, puis
peut-être la députée de Sherbrooke pourrait nous lire tout de suite quand même
ce qu'elle a en tête, puis on pourrait voir avec les équipes ici ce qu'on a.
Mme Labrie : Je peux y
aller. Donc, j'avais en tête : La direction de l'IVAC... «20.1. La
direction de l'IVAC doit informer la personne victime de sa décision, quant à
la qualification de la demande, au maximum 21 jours après que la demande
de qualification a été présentée.»
On ne mentionne pas «complète» ici, mais à
l'article d'avant, donc à l'article 20, on disait : «Une demande est
considérée présentée lorsqu'elle est complète.» Donc, c'est en conformité avec
l'article d'avant. Pour moi, c'est clair qu'il y a des aller-retour qui peuvent
être longs avant que la demande soit considérée complète. Je comprends tout à
fait ça. Mais, du moment où elle est complète, je pense que ça démontre un sens
des responsabilités de l'État de s'engager dans un délai raisonnable, puis
21 jours me semble très raisonnable.
Puis, à la limite, ce n'est pas tant le
nombre de jours qu'on va mettre dans la loi qui est important, c'est... pour
les victimes, c'est important de savoir à partir de quand elles peuvent
s'attendre à avoir une réponse. Pour les victimes, c'est ça, l'enjeu. C'est
qu'elles ne savent pas quand, elles ne savent pas combien de temps.
On pourra discuter, là, du délai que le
ministre est prêt à inscrire, mais, déjà, quand elles peuvent se rattacher à
quelque chose, se dire : O.K., bien, ça va prendre deux semaines, trois
semaines avant que j'aie des nouvelles. Déjà, elles peuvent arrêter de penser
un petit peu parce qu'elles ont… elles savent à quoi s'en tenir, puis, là, en
ce moment, c'est l'inconnu par rapport au délai qui est vraiment anxiogène pour
elles.
Le Président (M.
Bachand) : Merci, Mme la députée.
Mme Labrie : Après ça, si
le ministre a d'autres formulations...
15 h 30 (version non révisée)
Mme Labrie : …mais, déjà, quand
elles peuvent se rattacher à quelque chose puis se dire : O.K., bien, ça
va prendre deux semaines, trois semaines avant que j'aie des nouvelles. Déjà,
elles peuvent arrêter d'y penser un petit peu parce qu'elles ont… elles savent
à quoi s'en tenir. Puis là, en ce moment, c'est l'inconnu par rapport au délai
qui est vraiment anxiogène pour elles.
En tout cas, si le ministre a d'autres
formulations à nous proposer, moi, je suis ouverte, là.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : O.K.
Donc, je corrige ce que j'ai dit, il faudrait que ce soit à l'article 70,
ce qu'on me dit, si on met un tel amendement, mais moi, ça ne me dérange pas de
faire un saut de… un grand saut pour revenir par la suite, ou le garde en
manche, là.
Dans le rapport annuel, là, de l'IVAC, on
dit, là : «En 2019, 37 % des demandes de prestations reçues ont été
acceptées en moins de trois jours après la réception, lorsque l'information
fournie par le réclamant dans le formulaire et les documents joints était
suffisante pour qu'une telle décision soit rendue. De plus, une décision
d'admissibilité a été rendue en 50 jours ou moins dans 47,4 % des
dossiers traités, comparativement à 42 %... en 2018— donc, c'est une
augmentation — également, une décision d'admissibilité a été rendue
en 30 jours ou moins dans 43 % des cas… des dossiers en 2019,
comparativement à 39 % en 2018.»
Alors, on va travailler une proposition
d'amendement. La députée de Sherbrooke dit : 21 jours. Moi, je vais
regarder ce qui est possible de faire avec les équipes. Donc, si vous voulez,
on continue 18, on travaille, quand j'ai un retour des équipes, on revient puis
on en rediscute. Est-ce que ça vous va?
Mme Labrie : Ça me va.
Le Président (M.
Bachand) : Interventions sur 18? M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: …«Aux fins
de présenter sa demande… de qualification, la personne… a le droit de recevoir
toute l'information relative à l'aide dont elle peut bénéficier en vertu du
présent titre.» Quand on dit : «Aux fins… la personne… a le droit de
recevoir toute l'information relative à l'aide dont elle peut bénéficier», ici,
on est dans un contexte où la personne qui veut une indemnisation fait une
demande de qualification, et répond aux questions qui lui sont posées, puis se
fait évaluer, puis tout ça, par une personne de son choix, on en a parlé
tantôt.
Ici, c'est comme si c'était pris de
l'autre côté, et «la personne victime a le droit de recevoir toute
l'information relative à l'aide dont elle peut bénéficier». Donc, ici, c'est
comme l'obligation de dire : Si, d'aventure, vous vous qualifiez, vous
pourrez bénéficier de ça, ça, ça, ou on fait plus simplement référence :
Bien, vous savez qu'en vertu de 71 vous pourrez avoir une aide préliminaire,
là. Je veux juste voir, on semble créer une… j'aimerais tester la portée de
l'obligation qui semble être très positive pour le régime d'informer la
victime : Bien, sachez que si vous êtes qualifié, vous pourriez, le cas
échéant, avoir ça, ça, ça, là. C'est ça dont on parle ici, hein?
M. Jolin-Barrette :
Effectivement.
M. Tanguay
: O.K. Et
l'objectif de ça… parce que je veux juste comprendre l'objectif.
M. Jolin-Barrette : Bien,
c'est d'orienter la victime pour lui dire : Écoutez, là, avec votre
demande que vous nous présentez, vous allez avoir droit... On va l'évaluer,
mais vous allez avoir droit à du soutien psychologique, à de l'indemnité de
remplacement de revenus, à une indemnité forfaitaire, réorientation de
carrière. Tu sais, on... L'important…
M. Tanguay
: ...parce
que je veux juste comprendre l'objectif.
M. Jolin-Barrette :
Bien, c'est d'orienter la victime pour lui dire : Aie! Écoutez, là, avec
votre demande que vous nous présentez, vous allez avoir droit... On va
l'évaluer, mais vous allez avoir droit à du soutien psychologique, à de l'indemnité
de remplacement de revenu, à une indemnité forfaitaire, réorientation de
carrière. Tu sais, on... L'important, je pense que dès le premier contact avec
la personne, on lui dit : Voici, là. Regarde, on est un régime. Vous êtes
considérée comme une personne victime. Voici, on fait l'analyse de votre
dossier, mais voici les aides potentielles.
M. Tanguay
: O.K.
Et quand on dit... On vient de parler d'ajouter autour des articles 70 un
délai, à la dernière phrase «tout au long du processus de traitement de sa
demande», de ce que je comprends, c'est que cette notion de traitement de la
demande va s'appliquer du jour 1 où vous arrivez pour faire la demande
jusqu'au jour dernier de la décision qui tombe. Autrement dit, on ne vient pas
faire une ligne qu'on va faire pour le délai plus tard, là. Je ne sais pas si
vous comprenez mon interrogation.
M. Jolin-Barrette : Dans
le fond, la personne qui appelle au jour 3, ou au jour 9, ou au
jour 11, elle a le droit d'être répondue pour savoir qu'est-ce qui allait
avec son dossier.
M. Tanguay
: Je
vais revirer ça. Autrement dit, indépendamment du fait que son dossier soit en
état ou pas et que le délai de 21 jours, entre guillemets, commence, là.
Le processus n'est pas uniquement le processus une fois que le dossier est en
état. Ici, il faut lire que la personne peut être renseignée à tout moment.
Exemple, j'arrive. J'ai été victime. O.K. Remplissez le formulaire. Vous avez
le droit à ça pour l'instant. Je remplis le formulaire. Le lendemain, mon
dossier n'est pas en état, je peux appeler et puis avoir...
M. Jolin-Barrette :
Certainement.
M. Tanguay
: Dans
le 64, le projet de loi n° 64, il y avait une notion que je trouvais
intéressante, qu'on a essayé d'élargir, mais qu'on n'a pas pu. Puis je vais le
retrouver, M. le Président. Mais je trouvais ça intéressant comme notion. On parle
des organismes publics qui doivent renseigner le citoyen ou la citoyenne sur
les renseignements personnels que vous détenez et puis tout ça, puis les
décisions que vous prenez en vertu des renseignements personnels.
Et on dit, le concept est le suivant, il
doit, l'organisme public, prêter assistance au requérant qui le demande pour
l'aider à comprendre la décision. Ça, c'est un concept que je trouvais
intéressant. Et je vous dirais, a fortiori, renseignements personnels, c'est
important, on y participe tous, mais la décision qui tombera en bout de
piste... Puis j'essayais de voir sur 18 et suivants, puis c'est pour ça que je
pose la question là, à quel moment il est dit peut-être que dans le délai on va
dire la décision doit tomber dans un délai de 45 jours, par exemple, mais
à un certain moment donné, je mets ça dans l'univers, j'aimerais ça qu'on
puisse avoir peut-être un débat sur ce concept qu'à prime abord on pourrait
dire...
Il y a 10 ans, on aurait dit :
Bien, ce n'est pas très juridique comme rédaction, là, mais on est rendus là en
2021. La légistique évolue. L'organisme public doit également prêter assistance
au requérant qui le demande pour l'aider à comprendre la décision. Je le
mettrais. Puis je le sais que le ministre va dire : Oui, mais on va avoir
des ententes de services, on va bonifier le service, puis on va informer, puis
on va avoir des bulletins. Mais dans la loi je le mettrais. Je pense qu'il
serait bienvenu là aussi.
M. Jolin-Barrette : Puis
qu'est-ce qui est arrivé au 64 avec ça?
M. Tanguay
: A été
adopté comme tel. On voulait... Puis là on a eu tout un...
M. Tanguay
: …on va
bonifier le service puis on va informer puis on va avoir des bulletins, mais
dans la loi, je le mettrais, je pense qu'il serait bienvenu là aussi.
M. Jolin-Barrette : Qu'est-ce
qui est arrivé au 64 avec ça?
M. Tanguay
: Il a été adopté
tel quel, on voulait… puis là on a eu tout un débat sur… le ministre a manqué
un bon débat, honnêtement, là, c'est là qu'il aurait regretté d'avoir donné ça
à son collègue. On a eu un débat sur : Est-ce que c'est une compréhension
in concreto ou in abstracto?
M. Jolin-Barrette : …
M. Tanguay
: Non, mais
c'est-u une compréhension qu'une personne raisonnable aurait comprise ou c'est
la compréhension de la personne qui est devant vous, puis ça fait quatre fois
qu'elle ne comprend pas puis qu'elle est de bonne foi, mais il faut que vous
continuiez jusqu'à tant qu'elle comprenne ou… Écoutez, on va… le dossier est
clos, on va finir là, ça fait deux fois qu'on vous l'explique, normalement… On
a eu cette conversation-là — je ferme la parenthèse — mais
ça a été adopté tel quel, puis c'est correct là. Mais c'est un concept intéressant,
peut-être qu'on pourra, lorsqu'on parlera de décision… parce que je ne vois
pas… le ministre peut-u m'indiquer, je vais avoir une question moins
philosophique, plus tangible, entre 18 puis 27 ou autres, il n'est pas
dit : «en informe la personne demandante, la requérante de la décision»,
hein, je ne vois pas… j'essayais de faire une recherche de décision, on parlait
d'une décision du tribunal lorsqu'il y a contestation, mais on ne parlait pas
de la décision qui, à un moment donné, va tomber là sur la demande de
qualification qui pourrait très bien être : Bien, vous ne vous qualifiez
pas. Ah non! Là, vous pouvez contester.
Alors, peut-être que le débat qu'on a sur
le délai va nous aider à dire : Bien, à un moment donné, il y a une
décision qui va tomber. Ah! Parfait. Puis là je pourrai raccrocher à la
remorque de cet article-là «doit l'aider à comprendre la décision».
Le Président (M.
Bachand) : Merci. J'ai la députée de Sherbrooke.
M. Tanguay
: Un appel
au règlement pour remorque.
Le Président (M. Bachand) :
Non, non, non, ça va très bien.
M. Tanguay
: O.K.
Merci.
Mme Labrie : Je voulais dire à
quel point j'aime beaucoup l'idée de mon collègue de LaFontaine, parce que
c'est quelque chose qu'on vit beaucoup en bureau de circonscription, aider les citoyens
à comprendre une décision gouvernementale, puis on le voit par rapport à
l'IVAC, on le voit par rapport à un paquet d'autres dossiers. Mais ça demande beaucoup
de travail à nos équipes quand même de devoir faire ça, puis c'est plus long
pour la personne concernée, parce que là il faut qu'elle signe une autorisation
de communiquer à notre équipe, après ça, il faut entrer en contact, il faut
essayer de comprendre le dossier de la personne. C'est beaucoup plus long que
si le citoyen avait accès directement à ces explications-là sans avoir besoin
d'aller faire appel à l'équipe d'un député. Je trouve que ça répond à un besoin
très, très réel et concret dans les circonscriptions.
M. Tanguay
: Et là-dessus,
M. le Président, il y a une expression en anglais «the meeting of great minds»,
c'est exemple ça, l'exemple qu'on avait avec le collègue, ministre responsable
de la Stratégie numérique, député de La Peltrie, on avait justement cette
conservation-là sur des cas de citoyens qui viennent dans nos comtés puis il
faut les aider à comprendre les décisions. Puis on disait : Oui, mais l'obligation,
c'est-u concreto, abstracto? À un moment donné, le citoyen… des fois, on se
disait — puis c'était le collègue de Gouin qui était là aussi — des
fois, c'est plus long, des fois, c'est plus rapide. Il y a peut-être un autre
niveau de…
M. Tanguay
: …on avait
justement cette conversation-là sur des cas de citoyens qui viennent dans nos
comtés, puis faut les aider à comprendre des décisions, puis on disait :
Oui, mais, là, l'obligation, c'est-tu in concreto, in abstracto? Un moment
donné, le citoyen, des fois on se disait, puis c'était mon collègue de Gouin
qui était là aussi, des fois c'est plus long, des fois c'est plus rapide, puis
il y a peut-être un autre niveau de discussion, finalement, qui a été coupé
puis qu'il a adopté tel quel qu'on pourrait même avoir là. Moi, je pense qu'une
victime qui ne comprend pas la décision, tu ne peux pas dire : bien,
écoutez, moi je considère qu'une personne raisonnable aurait comprise. Le
dossier est clos. Vous avez le droit de contester au tribunal.
Je pense qu'il faut accompagner, puis je
le mettrais, ça se met, en tout cas, c'est sous ce gouvernement que le projet
de loi n° 64 a été rédigé tel quel.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre
• (15 h 40) •
M. Jolin-Barrette : Bien, si
ça s'applique à un organisme public, ça va s'appliquer à l'IVAC.
M. Tanguay
:
…personnel, là, pas en matière de ce qu'on jase, là, les décisions…
M. Jolin-Barrette : Les
décisions administratives. Alors, à l'article 70 : «Le ministre rend
par écrit toute décision qu'il prend en vertu du présent titre. Cette décision
est motivée, elle mentionne le droit de demander une révision et le délai pour
ce faire, sauf dans le cas où la décision accorde le maximum d'une aide
financière à laquelle une personne victime a droit.»
M. Tanguay
:
Bien : Il doit également prêter assistance au requérant qui le demande
pour l'aider à comprendre ladite décision.
M. Jolin-Barrette : O.K.,
mais on verra rendu à 70.
M. Tanguay
: Aïe, on va
avoir de l'ouvrage rendu à 70.
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, je sens qu'on a beaucoup de travail à faire d'ici l'article 70.
M. Tanguay
: On essaie
d'aller vite, vite, vite, mais on fait ce qu'on peut, hein. Ça va-tu assez vite
à votre goût?
M. Jolin-Barrette : Non
M. Tanguay
: Ah
Le Président (M.
Bachand) : …d'autres interventions sur l'article 18? S'il
n'y a pas d'autres interventions sur 18, nous allons procéder à sa mise aux
voix. Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Jolin-Barrette (Borduas)?
M. Jolin-Barrette : Pour
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour
La Secrétaire
:
Mme Labrie (Sherbrooke)?
Mme Labrie : Pour
La Secrétaire
:
Mme Hivon (Joliette)?
Mme
Hivon
: Pour
La Secrétaire
:
M. Bachand (Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'article 18 est adopté.
Merci. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui,
l'article 19, M. le Président : «La demande de qualification est
présentée selon les conditions, les normes et les modalités prescrites par
règlement du gouvernement.» Donc, l'objectif c'est : Cette disposition
habilite le gouvernement à déterminer par règlement les conditions, normes et
modalités relatives à la demande de qualification. Pour déterminer de quelle
façon se présente une demande de qualification.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de LaFontaine
M. Tanguay
: Ça, c'est
réellement intéressant, rapport 2016 du Protecteur du citoyen, Stéphanie
Vallée a agi sur des mesures non législatives pour améliorer, en autres, le
traitement administratif. Je pense qu'il y a eu des efforts gouvernementaux
là-dessus. Le ministre a-t-il donné consigne pour qu'il y ait un autre tour de
roue pour que… parce que «This is it, » là, comme disait Michael Jackson.
«La demande de qualification est présentée selon les conditions, les normes et
les modalités prescrites par le règlement du gouvernement.» Pour avoir un
encore meilleur…
M. Tanguay
: ...administratif.
Je pense qu'il y a eu des efforts gouvernementaux là-dessus. Le ministre a-t-il
donné consigne pour qu'il y ait un autre tour de roue pour que... parce que
«this is it», là, comme disait Michael Jackson. «La demande de qualification
est présentée selon les conditions, les normes et les modalités prescrites par
le règlement du gouvernement.» Pour avoir un encore meilleur formulaire au
regard du VG 2016, là?
M. Jolin-Barrette : Protectrice
du citoyen?
M. Tanguay
: Bien, je
dis toujours VG.
M. Jolin-Barrette : Bien,
oui, en fait, dans le règlement, on va vouloir rendre ça le plus simple, le
plus intelligible possible pour le citoyen qui fait une demande, pour que ce
soit le plus simple possible à remplir pour lui.
M. Tanguay
: Encore une
fois, je m'en excuse. Le ministre va regretter de nous faire siéger sur 64 en
même temps.
M. Jolin-Barrette : Bien,
moi, ça ne me dérange pas de convoquer juste du 84, mais là le député de
LaFontaine va devoir discuter avec le ministre responsable de l'Accès à
l'information.
M. Tanguay
: Oui, mais
ce que j'aimais dans... Je vous donne un autre import-export du 64. On parle du
consentement, doit être demandé... Et on parlait aussi des politiques des
organismes publics, doivent être écrites en termes simples et clairs. Puis
c'était dans la loi, ça.
Puis je vois que le ministre est très
passionné par ce que je dis présentement, là, M. le Président. Décorum, article
32. Non, c'est correct, il n'y a rien de dérogatoire qui vient de se passer
ici.
«En termes simples et clairs». Ne
pourrions-nous pas... «La demande de qualification est présentée»... Parce que,
le ministre vient de le dire, je le mettrais comme dans le 64. Article 9,
53.1 : «La demande de qualification est présentée selon les conditions,
les normes et les modalités prescrites par le règlement du terme»...
Donc : «La demande de qualification est présentée en termes simples et
clairs» ou... D'avoir un souci d'inscrit dans la loi, comme on le fait dans le
64, par rapport aux politiques qui doivent renseigner les gens, les citoyens
que, voici la politique de l'organisme public, puis on dit : Bien, vous
allez écrire votre politique en termes simples et clairs. Là, on pourrait-u
mettre «simples et clairs» pour le formulaire?
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, c'est le règlement qui va déterminer qu'est-ce qu'on utilise. Alors, moi,
je m'engage à... quand on va développer le règlement et le formulaire associé,
à ce que ce soit le plus intelligible possible pour les citoyens. Bien, ce que
je veux dire, là, c'est une obligation. C'est le gouvernement qui va édicter
son règlement, là.
M. Tanguay
: Parce
qu'on pourrait très bien dire... On crée, là, on crée. On est des créateurs,
créatrices. «La demande de qualification est présentée selon les conditions,
les normes, les modalités, et en termes simples et clairs, prescrites par le
règlement.» Ce n'est pas beau, ça?
M. Jolin-Barrette : Oui. Ça
prend plus que six jours avec vous, par exemple, pour créer.
M. Tanguay
: Oui, mais
le septième jour, c'est comme nos deux semaines. Mais on ne se reposera pas parce
que ce n'est pas des vacances.
Alors : «La demande de qualification
est présentée selon les conditions, les normes, virgule, les modalités, en
termes simples et clairs, prescrites par le règlement du gouvernement.» Puis je
m'inspire de vous, là, c'est votre succès.
M. Jolin-Barrette : Mais,
dans ce cas-ci, on va s'assurer que le règlement soit clair, M. le Président...
M. Tanguay
: ...les
normes, virgule, les modalités, en termes simples et clairs, prescrites par le règlement
du gouvernement. Puis je m'inspire de vous, là, c'est votre succès.
M. Jolin-Barrette : ...mais,
dans ce cas-ci, on va s'assurer que le règlement soit clair, M. le Président.
Le Président (M. Bachand) :
...Sherbrooke, s'il vous plaît.
Mme Labrie : Moi, c'est le questionnaire
qui me préoccupe. On a eu des témoignages à l'effet que le questionnaire était
tellement lourd, compliqué que les victimes peinaient très régulièrement à le
compléter elles-mêmes et que souvent, même avec une intervenante, ça pouvait
prendre plusieurs rencontres pour venir à bout du formulaire. On nous a dit que
ce formulaire-là revictimisait les victimes parce que ça leur en demandait
beaucoup, il y avait certaines questions qui les plongeaient à nouveau dans la
violence qu'elles avaient subie.
Donc, j'aimerais connaître les intentions
du ministre pour rendre ce processus-là un peu plus humain et idéalement faire
en sorte qu'une personne soit capable de remplir le formulaire d'elle-même.
Évidemment, on veut qu'il y ait de l'aide à leur disposition si elles en
souhaitent. Mais je ne trouve pas ça normal que le formulaire actuel demande
parfois plusieurs rencontres d'une heure avec une intervenante pour être
complété. Donc, ma question, en fait, c'est sur les intentions du ministre, là,
pour le formulaire. Quels changements compte-t-il faire pour régler les
problèmes du formulaire actuel?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : C'est sûr
que je suis très sensible à la réalité d'une personne qui fait la demande puis
qu'il faut que ça soit le plus clair possible puis le plus simple possible
aussi.
Mais il y a aussi la notion d'avoir un
formulaire qui soit complet aussi pour faire en sorte d'éviter qu'à chacune des
étapes aussi la personne victime ait toujours à refaire le cheminement, la
genèse de l'histoire pour laquelle elle le fait. Ça fait que c'est sûr qu'à la
base il y a des renseignements qu'il faut demander qui méritent d'être complets
aussi même si ça représente un effort pour la personne victime. Bien entendu,
il faut que ça soit le plus simple possible pour elle, mais aussi, si on veut
éviter que, dans le traitement de sa demande, il y ait beaucoup d'allers-retours,
on lui demande de toujours apporter des décisions. Dès le départ, et j'en suis
conscient que pour les personnes victimes et certains intervenants, on souhaite
simplifier le tout. Mais encore aussi faut-il au départ ne pas non plus avoir
l'effet contraire où ça va faire en sorte qu'il va avoir beaucoup
d'allers-retours puis que... pour compléter la demande aussi. Ça fait que c'est
une question d'équilibre entre les deux.
Mme Labrie : Dans la recherche
de cet équilibre-là, est-ce que le ministre a quand même déjà des orientations?
M. Jolin-Barrette : Bien,
c'est sûr que, quand on va travailler le règlement et les formulaires, on va
s'assurer de faire un exercice pour que ça soit le moins complexe possible pour
les personnes victimes.
Mme Labrie : Est-ce que le ministre
prévoit, par exemple, développer le formulaire en collaboration avec les
partenaires qui, en ce moment, font ça, là, à temps plein, aider des victimes à
le remplir?
M. Jolin-Barrette : Certainement,
on va les consulter.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée de Joliette, s'il
vous plaît.
Mme
Hivon
: Oui.
Pendant qu'on est sur le sujet de l'assistance qui est amené par...
Mme Labrie : …est-ce que le ministre
prévoit, par exemple, développer le formulaire en collaboration avec les
partenaires qui, en ce moment, font ça, là, à temps plein, aider des victimes à
le remplir?
M. Jolin-Barrette :
Certainement, on va les consulter.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée de Joliette, s'il
vous plaît.
Mme
Hivon
: Oui,
pendant qu'on est sur le sujet de l'assistance qui est amenée par la DIVAC aux
personnes, il y a un autre commentaire qui, moi, m'a beaucoup frappée, c'est la
formation des gens qui transigent avec les personnes qui font une demande à la
Direction de l'IVAC. Et je me demandais si le ministre était sensible à ces
arguments-là, d'avoir des gens qui sont vraiment formés sur une approche d'aide
à une victime et non pas d'agents administratifs un peu interchangeables dans
le grand appareil de l'État, là.
Moi, sincèrement, ça m'a vraiment frappée
de me dire : Comment se fait-il qu'on n'exige pas un minimum de formation
psychosociale dans le trauma, notamment, pour ne pas qu'une victime revive, à
travers le questionnaire, à travers les questions, à travers le traitement de
son dossier, de manière difficile ce qu'elle a déjà vécu? Parce que j'ai trouvé
les témoignages à cet égard-là très percutants. On en a eu aussi dans le cadre
de nos travaux. Ça fait que je voulais savoir si le ministre réfléchissait à
ça, la formation des agents à la DIVAC.
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui, ma
réponse à cette question-là, c'est oui. Je pense que ça fait partie du fait
qu'on veut rendre l'IVAC plus humain, plus compréhensif aussi, parce qu'on les
a tous entendus, les témoignages, de dire : Bien, j'étais ballotté… Et
c'est sûr aussi qu'il y a une réalité, les gens qui travaillent à la DIVAC,
c'est des agents de l'État. Il faut bien les outiller puis il faut aussi offrir
un service à la clientèle qui est adapté en fonction de la réalité de la
clientèle. Alors, oui, je retiens la réflexion, la proposition d'offrir de la
formation aux acteurs parce qu'ils font partie du système… bien, ils ne font
pas partie du système de justice, mais c'est le corollaire aussi, là, je pense
que ça va aider les victimes aussi. Plus les gens vont être outillés, plus ils
vont être sensibilisés, ça va aider.
Puis on me dit aussi, là, qu'en 2019 la
Direction de l'indemnisation des victimes d'actes criminels, au total, il y a
eu 3 925 heures de formation qui ont été offertes, dont 46 % qui
ont porté sur le dossier électronique. Les autres heures de formation ont été
attribuées à l'initiation à la tâche pour les nouveaux employés, également à la
formation sur les nouvelles façons de faire. Donc, la démarche d'assurance
qualité et la gestion de la qualité ainsi que les services à la clientèle et la
civilité pour un milieu de travail sain et performant ont également fait
l'objet d'une formation destinée à l'ensemble des employés, mais il y a
également le savoir-être par rapport aux victimes qui doit être fait, par
rapport au fait que c'est des victimes aussi.
• (15 h 50) •
Le Président (M.
Bachand) : Oui, Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon
: Oui,
c'est ça, bien, le ministre vient de l'énumérer, puis je pense qu'on voit à sa
face même que la formation, elle est beaucoup sur le fond des choses et le
traitement et être sûr qu'on connaît bien les règles puis qu'on va bien gérer
le dossier…
M. Jolin-Barrette : …par
rapport aux victimes qui doit être fait, par rapport au fait que c'est des
victimes aussi.
Le Président (M.
Bachand) : Oui, Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon
: Oui,
c'est ça. Bien, le ministre vient de l'énumérer, puis je pense qu'on voit à sa
face même que la formation, elle est bcp sur le fond des choses, et le
traitement, et être sûrs qu'on connaît bien les règles, puis qu'on va bien
gérer le dossier sur les aspects réglementaires. Ça, je comprends, il faut que
tout le monde fasse bien son travail. Moi, ma préoccupation, c'est vraiment sur
la réalité des victimes. Si c'est quelque chose de pertinent pour les
policiers, pour les procureurs, pour les juges, qui vont voir beaucoup moins de
victimes dans leur vie que les agents de l'IVAC, je pense que c'est d'autant
plus important, parce que c'est une porte d'entrée très importante pour les
victimes. Donc, et c'est aussi, souvent, une des premières portes d'entrée,
avec les CAVAC, dans leur relation avec l'État. Et je pense que, si on veut
rebâtir la confiance, c'est essentiel que les personnes qui représentent l'État
soient formée sur c'est quoi un traumatisme d'une victime. Je pense notamment,
évidemment, à victime de violence sexuelle ou conjugale, mais plus largement,
évidemment, à un proche d'une victime d'homicide, tout ça.
Donc, bref, je ne saurais insister trop
sur l'importance que je voudrais que le ministre accorde à cette formation-là,
pas sur les aspects techniques, sur les aspects d'aide psychologique et sociaux
reliés au trauma de la victime.
M. Jolin-Barrette : Mais on
me dit également que c'est déjà prévu qu'on inscrive de la formation dans
l'entente avec le fournisseur de services, puis qu'il y ait aussi… qu'il y ait
de la formation post trauma, donc c'est déjà en réflexion. Et c'est une des
raisons aussi pourquoi on fait la réforme avec le projet de loi n° 84.
Mme
Hivon
:
Bien, si c'est une des raisons, puis que le ministre veut être totalement
transparent… Je veux dire, moi, je suis consciente que vu que ça va relever de
lui, ça peut être beaucoup plus clair, les lignes de direction, plus cohérent,
parce qu'on va être en justice. Ça, c'est quelque chose qui est clairement une
avancée. Mais moi, je lui resoumets que ça serait vraiment génial qu'on puisse
voir ça va être quoi, ces documents-là, qui vont tous être préparés par voie
réglementaire et qu'on ne voit pas du tout ici.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions? M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Oui, M. le
Président. Et pendant que le secrétariat vous informe d'un amendement que nous
aimerions déposer, il est sur Greffier à la section amendements à venir, je
pense qu'il est déjà sur Greffier, ou…
M. Jolin-Barrette : …M. le
Président, en lien avec ce que le député de LaFontaine me disait tantôt, là,
dans le cadre du projet de loi n° 64, on m'indique que la proposition, là, du
député de LaFontaine, est plus ou moins transférable ici, parce qu'on parle de
la politique de confidentialité qui doit être rédigée en termes simples et
clairs. Donc, ce n'est pas tout à fait la même chose, là.
M. Tanguay
: …je
présenterais, il est sur Greffier, l'amendement, M. le Président. Oui,
excusez-moi, excusez-moi.
Le Président (M.
Bachand) : Oui, allez-y, pardon.
M. Tanguay
: À
l'article 19. Ajouter, à la fin de l'article 19, l'alinéa suivant :
«La demande de qualification est rédigée
en termes simples et clairs…
M. Jolin-Barrette : …la même
chose, là.
M. Tanguay
: Je
présenterais… Il est sur Greffier, l'amendement, M. le Président. Oui?
Excusez-moi, excusez-moi.
Le Président (M.
Bachand) : Oui, allez-y. Pardon.
M. Tanguay
: À l'article
19, ajouter, à la fin de l'article 19, l'alinéa suivant :
«La demande de qualification est rédigée en
termes simples et clairs.»
Alors, effectivement, que ce soit la
politique de confidentialité rédigée en termes simples et clairs qui est exigée
à tout organisme public pour informer le public, justement, de comment
l'organisme va gérer les renseignements personnels qui concernent tout un
chacun, il faut que ce soit rédigé en termes simples et clairs, ce qui est
demandé par certains groupes, à tout le moins, M. le Président, et on est en
communication continue, ce serait salué par certains groupes de défense des
droits des victimes que de dire dans la loi : La demande de qualification,
le formulaire est rédigé en termes simples et clairs.
Le Président (M. Bachand) :
Merci. Interventions? M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien,
moi, quand je lis, là, l'amendement du député de LaFontaine, là : «La
demande de qualification est rédigée en termes simples et clairs», c'est parce
que c'est la victime qui va la rédiger, là, la demande de qualification. Elle,
si elle ne l'écrit pas clairement puis simplement… Tu sais, ce que…
M. Tanguay
: Attendez…
M. Jolin-Barrette : Je
comprends c'est quoi, l'intention, mais de la façon que c'est écrit puis c'est
proposé, c'est comme si on mettait le fardeau sur la victime.
M. Tanguay
: Non. Je le
sais, qu'on peut lire de même, tout comme on pourrait lire : C'est par
règlement du gouvernement que la demande va se faire. Ça marche des deux bords
aussi, là. Quand vous dites : «La demande de qualification est présentée
selon les conditions, les normes et les modalités prescrites par le règlement
du gouvernement», le gouvernement va prescrire un formulaire. Bon. Alors, s'il
veut changer «la demande de qualification», on peut dire : Le formulaire
relatif à la demande de qualification sera rédigé en termes simples et clairs.
On réfère ici à ce que le gouvernement prescrira comme formulaire. Alors, si on
veut fendre les cheveux en quatre là-dessus, là… Je veux dire : Par
règlement, le gouvernement va statuer sur le contenu de la demande de
qualification, on pourrait dire : Ah! bien là, ce n'est pas le
gouvernement qui va remplir le formulaire.
M. Jolin-Barrette : Le
formulaire peut être clair, mais ça se peut que la demande qui est initiée par
le formulaire ne soit pas claire. C'est ça que je vous dis. Mais ce que…
M. Tanguay
: Alors, on
peut très bien dire : Le formulaire relatif à la demande de qualification
devra être rédigé en termes simples et clairs. Je peux demander à un collègue
de sous-amender, M. le Président.
M. Jolin-Barrette : Ça va, M.
le Président. Je comprends l'intention du député de LaFontaine, mais je peux le
rassurer que le règlement va être clair…
M. Tanguay
: Donc, il
va voter pour?
M. Jolin-Barrette : …qui est
le formulaire. Non.
M. Tanguay
: En tout
cas, M. le Président, comme je vous dis, c'est un élément qui a été soulevé par
le rapport du Protecteur du citoyen, rédiger les formulaires et les demandes gouvernementales
en termes simples et clairs, ça, c'est un élément excessivement important. Et
le fait qu'on le fasse dans le 64 quant aux politiques qui doivent informer les
gens, je pense qu'on pourrait se l'imposer dans le 84 quant à la rédaction des
questions posées, la rédaction du formulaire, et je pense que ce serait de… tout
à fait justifié de le dire dans la loi. Voilà.
Le Président (M.
Bachand) : Merci…
M. Tanguay
:
...fasse dans le 64 quant aux politiques qui doivent informer les gens, je
pense qu'on pourrait se l'imposer dans le 84 quant à la rédaction des questions
posées, la rédaction du formulaire. Et je pense que ça serait tout à fait
justifié de le dire dans la loi. Voilà.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention,
nous allons procéder à sa mise aux voix. Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. Pour les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay
(LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
: M. Jolin-Barrette
(Borduas)?
M. Jolin-Barrette :
Contre.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) :
Contre.
La Secrétaire
: Mme Labrie
(Sherbrooke)?
Mme Labrie : Pour.
La Secrétaire
: Mme Hivon
(Joliette)?
Mme
Hivon
:
Pour.
La Secrétaire
: M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'amendement est rejeté.
On retourne à l'article 19.
Interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention sur l'article 19, nous
allons procéder à sa mise aux voix. Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Jolin-Barrette (Borduas)?
M. Jolin-Barrette :
Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) :
Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
: Mme Labrie
(Sherbrooke)?
Mme Labrie : Pour.
La Secrétaire
: Mme Hivon
(Joliette)?
Mme
Hivon
:
Pour.
La Secrétaire
: M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'article 19 est adopté.
Merci.
M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui.
À l'article 20... Donc, à l'article 20... Oui. Et je vous annonce d'entrée
de jeu que nous aurons un amendement également à l'article 20, M. le
Président.
Bon, article 20 : «La demande de
qualification doit être présentée dans les trois ans qui suivent la
connaissance, par la personne victime, du préjudice qu'elle subit en raison de
la perpétration de l'infraction criminelle ou dans les trois ans d'un décès dû
à la perpétration d'une infraction criminelle, selon le cas.
«La personne victime qui fait défaut de
présenter sa demande dans le délai prescrit est présumée avoir renoncé à toute
aide financière prévue au présent titre. Cette présomption peut être renversée
s'il est démontré notamment que la personne victime a été dans l'impossibilité
d'agir.
«Malgré le premier alinéa, une demande de
qualification peut être présentée en tout temps lorsque celle-ci est en lien
avec la perpétration d'une infraction criminelle qui implique de la violence
subie pendant l'enfance, une agression à caractère sexuel ou de la violence
conjugale.
«La connaissance du préjudice correspond
au moment où la personne victime prend conscience du lien probable entre son
préjudice ou la perpétration de l'infraction.
«Aux fins du présent article, une demande
est considérée présentée lorsqu'elle est complète, c'est-à-dire lorsqu'elle
fournit tous les renseignements et tous les documents requis pour qualifier la
personne victime.
«Une demande de qualification vaut pour
tout préjudice subséquent lié au même événement, tel que défini au troisième
alinéa de l'article 42.»
Donc, l'article 20 prescrit le délai à
l'intérieur duquel une demande de qualification devrait être présentée pour
être recevable. Ce délai serait de trois ans à compter du moment où la personne
victime connaît le préjudice qu'elle subit en raison de la perpétration de
l'infraction criminelle, sous réserve toutefois de la démonstration de
l'incapacité d'agir ou d'un autre motif justifiant la présentation d'une
demande dans un délai dépassant trois ans.
L'article prévoit une exception pour les
infractions qui impliquent de la violence subie pendant l'enfance, une
agression à caractère ou de la violence conjugale. Pour toute demande de qualification
en lien avec ces infractions, aucun délai ne serait prescrit et la demande de qualification
serait recevable peu importe la période de temps qui sépare la prise de connaissance
du préjudice et la présentation de la demande...
16 h (version non révisée)
M. Jolin-Barrette :
..l'article prévoit une exception pour les infractions qui impliquent de la
violence subie pendant l'enfance, une agression à caractère sexuel ou de la
violence conjugale. Pour toute demande de qualification en lien avec ces
infractions, aucun délai ne serait prescrit et la demande de qualification
serait recevable, peu importe la période de temps qui sépare la prise de
connaissance du préjudice et la présentation de la demande. Le délai court à
compter du moment où la personne victime prend conscience que le préjudice
qu'elle subit est dû à l'infraction criminelle.
Bon, pour l'amendement, M. le Président,
je...
Le Président (M.
Bachand) : ...
M. Jolin-Barrette : Oui, qui
est sur Greffier, M. le Président. Donc, je vous le lis :
À l'article 20 du projet de loi,
remplacer :
1° dans le deuxième alinéa, «s'il est
démontré notamment que la personne victime a été dans l'impossibilité d'agir»
par «si cette personne démontre un motif raisonnable pour expliquer son
retard»;
2° dans le troisième alinéa, «une agression à
caractère sexuel» par «de la violence sexuelle».
Article 20, au niveau des commentaires,
donc, l'article 20 prévoit un délai avant l'expiration duquel doivent être
présentées les demandes de qualification en lien avec certaines infractions
criminelles. Une fois ce délai expiré, les personnes victimes sont présumées
renoncer au bénéfice de la loi, sauf si elles démontrent notamment leur
impossibilité d'agir. Il s'avère que les motifs qui permettent de renverser la
présomption ont été interprétés de façon très large par les tribunaux faisant
en sorte que le concept actuellement retenu par la jurisprudence se rapproche davantage
des motifs raisonnables.
En outre, il est proposé de remplacer
l'expression «agression à caractère sexuel» par «violence sexuelle» par
concordance avec l'amendement proposé pour l'article 16. Cet amendement
donne suite à plusieurs commentaires reçus lors des consultations particulières.
Donc, essentiellement on vient, ici, dans
cet article-là, à l'article 20, dire qu'on passe de deux à trois ans pour
le délai pour présenter une demande à l'IVAC, dans un premier temps. Ensuite,
on vient dire, pour les violences conjugales, les violences subies pendant
l'enfance et les violences sexuelles, donc on change les agressions à caractère
sexuel par violence sexuelle. Ça également, il n'y a plus de délai, il n'y a
plus de prescription par rapport à ces infractions-là.
Et on parle également de la notion
d'impossibilité en fait d'agir. Donc, ça, c'était le critère qui existait.
Donc, exemple, vous dépassez votre délai de trois ans ou de deux ans actuellement,
mais vous dites à l'IVAC : Je ne pouvais présenter ma demande parce que
j'étais en impossibilité en fait d'agir, je n'en avais pas pris connaissance,
de mon préjudice. On le change puis on l'élargit, on le met plus grand quand on
dit : Pour des motifs raisonnables. Donc, ça va être le critère qui est
plus large que l'impossibilité en fait d'agir. Et l'impossibilité en fait
d'agir, là, avait été définie, je pense, dans la décision Gauthier c.
Beaumont, là, ça fait longtemps, il me semble. Peut-être... Donc, c'est ça...
M. Tanguay
: Qu'est-ce
que... décision-là, là?
M. Jolin-Barrette : Bien,
c'était les critères de l'impossibilité en fait d'agir. Donc, la personne
n'avait pas pris connaissance du préjudice. Mais là on change ça par «motif
raisonnable» qui est plus large qu'«impossibilité en fait d'agir». Donc, ça
répond à ce que les groupes sont venus nous dire en commission parlementaire
lorsqu'on les a entendus au mois de janvier dernier.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Et je suis
certain que Me Bellemare va être, je pense...
M. Jolin-Barrette : …qui est
plus large qu'«impossibilité en fait d'agir». Donc, ça répond à ce que les
groupes sont venus nous dire en commission parlementaire lorsqu'on les a
entendus au mois de janvier dernier.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Et je suis
certain que Me Bellemare va être, je pense, heureux de cet amendement.
M. Jolin-Barrette : Qui sait?
Peut-être, peut-être pas.
M. Tanguay
: Et je sens
qu'il y a…
M. Jolin-Barrette : Le député
de LaFontaine me le dira.
M. Tanguay
: J'ai
tellement de commentaires qui me passent par la tête. Parce que fut un temps où
il aurait pu le savoir de lui-même, mais là, ce n'est plus… ce temps-là est
révolu.
M. Jolin-Barrette : Mais,
M. le Président, ils font partie de la même famille, alors je me dis qu'en
famille, ils doivent avoir des discussions.
M. Tanguay
: Bien,
parce qu'évidemment, il y avait… mais je pense que «motif raisonnable», ça
tient la route. Il y avait aussi les… l'Association des juristes progressistes,
c'était «par tout motif valable», mais, «valable», bon, je pense que
«raisonnable» est suffisamment… «motif raisonnable» est… un motif qui, par
ailleurs, ne serait pas raisonnable ne serait pas, normalement… ne devrait pas
être retenu, donc «raisonnable», je pense, tient bien la route.
L'Association des juristes progressistes
demandait à ce que le «trois ans» du premier alinéa devienne
«10 ans». «La demande de qualification doit être présentée dans les
10 ans qui suivent la connaissance par la personne victime du préjudice
qu'elle subit en raison de la perpétration de l'infraction criminelle ou dans
les trois ans du décès», bon.
Moi, je suis sûr qu'ils le font, là, mais
de mémoire, puis je suis allé rechercher l'article 2921… 2926.1 du Code
civil du Québec où on dit, c'est là où il y a l'imprescriptibilité, dans la
deuxième portion du premier alinéa, pour ce qui est de, bon,
les trois facteurs, comme on verra, mais «L'action en réparation du
préjudice corporel résultant d'un acte pouvant constituer une infraction
criminelle se prescrit par 10 ans à compter du jour où la victime a
connaissance». On aurait peut-être là une belle opportunité d'être raccord,
comme on dit, puis de prendre le «10 ans» de 2926.1, qui est un préjudice…
qui est la prescription pour un préjudice corporel qui, par ailleurs, pourrait
constituer un acte criminel. On est, pas mal, là-dedans. Ici, la demande
pourrait être présentée dans les 10 ans d'un préjudice qu'elle subit.
La seule distinction qu'on pourrait me
faire, on pourrait dire : Oui, mais 2926.1, c'est «préjudice corporel»,
puis là, l'IVAC, c'est «préjudice corporel et psychique». On pourrait peut-être
avoir le débat, est-ce que «corporel», dans 2926.1, inclut «psychique»? Je
pense que oui. Est-ce que «corporel», dans 2926.1, inclut «psychique», le
«10 ans»?
M. Jolin-Barrette : C'est ma
compréhension, là. Oui.
M. Tanguay
: Oui, hein?
C'est ça. Puis on l'avait eu, ce débat-là, je me rappelle, sur le 70.
M. Jolin-Barrette : On a
tellement de débats ensemble qu'on ne se souvient plus dans quel projet de loi,
M. le Président.
M. Tanguay
: Oui, mais
on l'avait eu. Donc là, c'est… là, l'analogie est encore plus parfaite, là.
Alors, pourquoi on ne pourrait pas faire écho de… du «10 ans»?
M. Jolin-Barrette : Dans le Code
civil, c'est des rapports entre particuliers, donc c'est au niveau de la
responsabilité civile d'un particulier. Ici, on est dans un régime
d'indemnisation étatique, c'est différent. Donc, dans le Code civil du Québec,
on prévoit que c'est une personne qui poursuit un autre…
M. Tanguay
: ...du
10 ans.
M. Jolin-Barrette : Dans le Code
civil, c'est des rapports entre particuliers, donc c'est au niveau de la responsabilité
civile d'un particulier. Ici, on est dans un régime d'indemnisation étatique,
c'est différent. Donc, dans le Code civil du Québec, on prévoit que c'est une
personne qui poursuit un autre individu ou une autre personne morale, tandis
qu'ici c'est un régime étatique d'indemnisation. Donc, c'est en lien avec
l'État. Donc, déjà qu'on rajoute une année supplémentaire pour l'ensemble des
infractions, qui revient à une prescription générale de trois ans.
M. Tanguay
: Oui. Par
contre, le ministre a vu où je m'en vais, 2926.1, je résume son argument,
2926.1, il faut le prendre avec des pincettes dans un contexte où, là, on a une
loi 84 sur l'indemnisation, mais il n'a pas pris ces mêmes pincettes-là
pour l'imprescriptibilité. Il s'est arrêté en bon chemin. Il me comprend, là.
Je veux dire, l'imprescriptibilité pour violences... agressions sexuelles,
violences subies pendant l'enfance, puis conjoint ou ex-conjoint, on a fait
tout le chemin. Donc, on ne peut pas dire : C'est difficile de faire tout
le chemin quand on l'a déjà fait pour l'imprescriptibilité, mais qu'on ne le
fait pas pour le 10 ans.
M. Jolin-Barrette : Bien, M.
le Président, là-dessus, à juste titre, le député de LaFontaine illustre une
distinction entre le Code civil et le régime d'indemnisation de l'État
québécois, l'IVAC. C'est une distinction effectivement qui est faite. Il faut
comprendre que, dans le cadre d'un régime d'indemnisation, il y a de l'argent
public qui est en jeu, il a beaucoup de... il y a des sommes considérables qui
sont déjà octroyées à l'IVAC, et notamment le fait qu'on augmente d'une année,
on passe de deux ans à trois ans. Jusqu'en 2013 c'était une année, le délai
pour faire sa demande à l'IVAC. Le ministre... l'avait fait passer à deux ans,
et là, nous, on le fait passer à trois ans.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée de Sherbrooke, s'il
vous plaît.
Mme Labrie : Oui. Je vais
commencer par poser une question spécifique au ministre, puis pendant que son
équipe l'aide à trouver la réponse, je vais continuer avec mon raisonnement.
J'aimerais qu'on me dise ça prend combien de temps entre le moment où la
personne dépose pour la première fois sa demande et le moment où elle est
considérée complète, donc tous les allers-retours, là. Est-ce qu'il y a des
données là-dessus, sur le temps que ça peut prendre? Je vous pose la question
parce que... donc elle doit être considérée complète, finalement, la demande
dans les trois ans qui suivent la connaissance du préjudice. Et là on parle de
motifs raisonnables pour expliquer le retard, c'est un assouplissement qui est
bienvenu. Est-ce que les allers-retours exigés vont constituer un motif
raisonnable pour avoir dépassé trois ans, par exemple? Est-ce que les délais
pour voir un professionnel au public, pour répondre aux exigences pour
compléter la demande... est-ce que ça va être considéré comme un motif
raisonnable, par exemple, pour dépasser trois ans? Donc, c'est des questions
que je me pose, parce que, disons qu'on a eu de la difficulté, ici, au Québec,
à avoir...
Mme Labrie : ...est-ce que les
délais pour voir un professionnel au public, pour répondre aux exigences pour
compléter la demande... est-ce que ça va être considéré comme un motif
raisonnable, par exemple, pour dépasser trois ans? Donc, c'est des questions
que je me pose, parce que disons qu'on a eu de la difficulté, ici, au Québec, à
avoir un consensus social sur ce que ça veut dire, le mot «raisonnable», là, on
l'a vu sur le dossier des accommodements raisonnables. Le motif raisonnable... Qu'est-ce
qui est un motif raisonnable pour le ministre, tu sais?
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
• (16 h 10) •
M. Jolin-Barrette : Bien,
vous savez, M. le Président, dans nos lois, la personne raisonnable, c'est un
concept généralement reconnu, là. Pour les accommodements raisonnables, c'est
un autre débat, que nous ne referons pas cet après-midi, je l'espère, parce que
j'ai déjà donné un peu là-dedans, et vous aussi, M. le Président, je reconnais
que vous avez eu beaucoup de plaisir durant cette période.
Donc, pour la question de savoir le délai
entre le moment où une personne dépose son dossier puis où la demande est
complète, on va vérifier. Il faut juste comprendre que la majorité des
infractions, exemple, violence conjugale... excusez-moi, violence sexuelle,
donc, dans le fond, tous ces types d'infraction là sont imprescriptibles,
désormais. Donc, en partant, vous avez vraiment un bon bloc là. Vous avez
toutes les infractions de violence conjugale rattachées à ça. Ça aussi, c'est
un bloc où il n'y a pas de prescription, puis violence subie pendant l'enfance
aussi, il n'y a pas de prescription. Ça fait qu'on enlève une grosse, grosse
partie.
Puis notamment c'est ça qui coûte cher
dans la réforme qu'on fait. Bien, qui coûte cher, je vous dirais, c'est plus un
investissement, là, mais qui engendre des coûts, M. le Président. Donc, le
coeur de la réforme que nous faisons, c'est justement ça, parce que c'est là où
on a le plus de victimes. Donc, on dit à toutes ces victimes : Ne vous
souciez pas du temps, vous allez pouvoir faire votre demande puis être
indemnisé, l'horloge ne court pas contre vous, il n'y a pas de tic-tac.
Pour ce qui est du... Là, on rajoute...
pour les autres crimes, les autres infractions criminelles, on rajoute une
année de délai aussi et on dit aussi : Bien là, le critère qu'il y avait
d'impossibilité, en fait, d'agir pour faire arrêter l'horloge, bien, on l'élargit,
même, on met «motif raisonnable». Donc, tout ce qui est raisonnable pour
dire : Bien, je n'ai pas pu présenter ma demande pour x, y, z, vont
devenir admissibles puis vont pouvoir lever le délai de prescription rattaché à
ça.
Vous savez, l'impossibilité, en fait,
d'agir, c'était un critère qui était vraiment dans une situation où
psychologiquement vous ne pouviez pas y aller, vous n'étiez pas prêt. C'était
quand même un critère large, mais là on vient encore l'élargir, encore plus.
Mme Labrie : Je comprends ça,
là. C'est juste que moi, j'ai eu des témoignages, par exemple, que parfois ça
peut prendre une bonne année d'allers-retour, là, entre la demande initiale
puis le moment où finalement c'est considéré complété, là, le dossier. Puis
c'est quand même beaucoup, tu sais, sur un délai de trois ans après la
connaissance de l'infraction, tu sais, je veux dire, si la...
Mme Labrie : ...je comprends
ça, là. C'est juste que j'ai eu des témoignages, par exemple, que parfois, ça
prend... ça peut prendre une bonne année d'allers-retours, là, entre la demande
initiale puis le moment où c'est c'est finalement considéré complété, là, le
dossier puis c'est quand même beaucoup, tu sais sur un délai de trois ans après
la connaissance de l'infraction. Je veux dire, si là-dessus, il y a eu une
année d'allers-retours que la demande soit complète, ça passe vite, là.
Donc, j'avais des questions quand même spécifiques.
Est-ce que ça va être un motif raisonnable pour expliquer le retard, par
exemple, qu'il y a eu de nombreux allers-retours pour que la demande soit
complétée? Est-ce que ça va être un motif, par exemple, quelqu'un qui réalise
que peut-être quelque chose est en lien avec son... avec l'infraction qu'elle a
subi puis là, ça lui prend deux ans d'attente pour voir un psychologue au
public, bien ça fait avancer le délai... Est-ce que ça, ça va être un motif
raisonnable notamment le délai pour voir un professionnel au public?
M. Jolin-Barrette : La
réponse, c'est oui, ça sera considéré comme un délai raisonnable, parce que la
personne est... un motif raisonnable parce que la personne est dans le
processus pour justement se faire qualifier. Donc, oui, ça sera considéré.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions? M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Merci, M.
le Président. Il y a un commentaire que j'ai là, qu'on aurait pu avoir aussi,
je pense, un peu plus en amont. C'est par rapport à la date, là, du 1er
mars 1972. On a entendu que dans un contexte où il y avait... on a parlé
d'imprescriptibilité de trois catégories d'infractions, la barrière du 1er
mars 1972 vient limiter... il y a un mur à quelque part, l'imprescriptibilité
et ça, entre autres, je pense que c'est l'avant-dernier ou dans le dernier
après-midi de consultations, 21 janvier, il y a eu une représentante, entre
autres, d'un organisme pour des services qui défendent les victimes de sévices
sexuels alors qu'ils étaient enfants. Beaucoup d'hommes, beaucoup, beaucoup, beaucoup
d'hommes qui, donc, avaient été agressés avant le 1er mars 72., donc
imprescriptibilité de violence subie durant l'enfance, mais il y a un mur du 1er
mars 72.
On pourrait dire : Bien, ce
n'est pas vraiment là. Oui, c'est là, peut-être que j'aurais dû le dire,
c'était une infraction criminelle, à l'article 13. On pourrait dire : Oui,
mais ça a été débattu. Si ça a été débattu, on ne l'a pas débattu longtemps, je
pense, en tout cas, en mon absence. J'aimerais entendre le ministre là-dessus.
On s'entend, parce que le ministre, pour le 10 ans, m'a dit : Bien, la
raison est en ... financière, parce que passer de trois ans à 10 ans pour
corporel, ça serait excessivement lourd au système. C'est correct, on comprend
ça, mais là, à moins qu'il me dise : Non, non, on a une évaluation, ça va
être des milliers de personnes. Il y a des... entre autres, des hommes, des
fois, on dit : Bien, victimes d'agressions sexuelles, victimes de violence
conjugale, c'est très, très, très majoritairement des femmes, là, Ici, il y a
un nombre substantiel dans ce contexte-là, d'agressions subies dans l'enfance
pré-1er mars 1972. En tout cas, une représentante d'une telle
association est venue nous les dire. Est-ce qu'on ne pourrait pas… qu'on le
fasse à 13 ou qu'on le fasse à 20, j'aimerais savoir si le ministre...
M. Tanguay
: …des
femmes, là. Ici, il y a un nombre substantiel dans ce contexte-là d'agression
subit dans l'enfance pré-1er mars 1972. En tout cas, une
représentante d'une telle association est venue nous les dire. Est-ce qu'on ne
pourrait pas… ce qu'on le fasse à 13 ou qu'on le fasse à 20? J'aimerais savoir
si le ministre a cheminé par rapport à ça.
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, le régime de l'IVAC débute en 1972. Donc, ce qui est raccordé, puis dans
le fond, le législateur québécois a créé la société québécoise de créer le
régime en 72. Et donc on se raccroche à cet élément-là pour couvrir, parce que
c'est à ce moment-là que l'État québécois a fait le choix de couvrir les infractions
criminelles puis de donner l'indemnisation.
M. Tanguay
: Oui, mais
là je ne parle pas… Si le ministre crée une cour spécialisée, j'ai un droit ou
pas que je le fasse valoir, dans sa cour spécialisée qu'il a créée la semaine
passée ou il y a 10 ans, que c'est le véhicule. La loi de 72, c'est le
véhicule. Le droit, il est fondamental ou il ne l'est pas, il est
imprescriptible ou il ne l'est pas.
M. Jolin-Barrette : En fait,
dans l'article 20, le droit, il est imprescriptible pour le futur, pour maintenant.
Donc, la rétroactivité que l'on apporte, c'est à partir de 1972.
M. Tanguay
: On
dit : «Malgré le premier alinéa, une demande de qualification peut être
présentée en tout temps lorsque celle-ci est en lien avec la perpétration d'une
infraction criminelle qui implique», bon, «violence subie pendant l'enfance»,
d'accord, mais, ici, je parle à cet organisme représentant entre autres des
hommes…
Une voix
: Le CRIPHASE.
M. Tanguay
: Le
CRIPHASE, merci. Le CRIPHASE. S'il allègue des faits pré-mars 72, à sa
face même, sa demande va être irrecevable, n'est-ce pas?
M. Jolin-Barrette : Effectivement,
c'est hors délai.
M. Tanguay
: O.K. On
peut-u, on pourrait-u faire en sorte qu'elle soit recevable? Parce que le coût
financier énorme, je ne le vois pas, puis ça ne veut pas dire que ce n'est pas important,
mais c'est excessivement important pour ces hommes entre autres.
M. Jolin-Barrette : Oui. Le
choix est d'aller à la création du régime en 1972. D'ailleurs, on a beaucoup
entendu des collègues qui ont dit : Bien, quand ça a été mis en place le
projet de loi à l'époque, la loi à l'époque, en 1972, il y avait une
rétroactivité de six ans antérieurs. Par contre, ce qu'on a oublié de dire
aussi, c'était une rétroactivité, mais la demande devait être présentée dans
l'année de 1972 à 1973 aussi.
Or, collectivement, on a fait le choix
comme État de couvrir à partir de 1972. Donc, nous, ce qu'on fait, c'est qu'on
dit : Pour le futur, il n'y aura plus jamais de délais, hein, pour les
victimes d'agression sexuelle, pour les victimes de violence subie pendant
l'enfance et de violence conjugale. Et on rétroagit aussi en mars 72 pour
ces crimes-là à partir du moment où ça a débuté, le régime. Et je comprends le
député de LaFontaine relativement au fait où il me dit : Bien, vous
devriez enlever complètement…
M. Jolin-Barrette :
...pour les victimes de violences subies pendant l'enfance et de violences
conjugales. Et on rétroagit aussi en mars 1972 pour ces crimes-là à partir du
où ça a débuté, le régime. Je comprends le député de LaFontaine relativement au
fait où il me dit : Bien, vous devriez enlever complètement la
rétroactivité avec aucune date. On remonte quand même plusieurs décennies en
arrière. Je comprends qu'il y a des victimes, notamment, bien, des hommes et
des femmes qui ne pourront pas être couverts par ce régime-là si les
infractions sont survenues avant. Et je suis sensible à ça.
M. Tanguay
: Mon
point, M. le Président, est même encore plus ségrégué que ça. Le mur de mars
1972, je serais prêt à le laisser à 13, infraction criminelle. Mais troisième alinéa
de 20, je rendrais véritablement imprescriptible nonobstant le délai prescrit
du 1er mars 1972 à l'article 13. Je le dirais de même dans la loi. Autrement
dit imprescriptibilité nonobstant l'article 13 et le délai du
1er mars 1972. Je le mettrais au troisième alinéa. Puis là, je ne vise pas
tout le monde, tout le Code criminel, je vise juste les trois catégories pour
lesquelles, collectivement, on s'est dit : Ça, c'est imprescriptible, 1,
2, 3, dont sévices subis pendant l'enfance. Ça fait que, là, ça serait...
M. Jolin-Barrette :
Donc, le député de LaFontaine veut enlever complètement... Dans le fond, on
fait une rétroactivité au 1er mars 1972, mais ce que le député de LaFontaine
nous dit, c'est qu'il n'y aurait pas... Dans le fond il y aurait... Tout ce qui
est avant 1972 serait admissible.
M. Tanguay
: Bien,
comme si je disais : Le ministre, là, je l'apprécie tellement, là! Qu'il
me demande le montant d'argent qu'il veut, tant que ce n'est pas au-dessus de
20 $. Alors, l'imprescriptibilité...
M. Jolin-Barrette :
Américains ou canadiens?
M. Tanguay
: Ce
qu'il vaut. Des livres sterling.
(Consultation)
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Bien, je comprends le député de LaFontaine puis je suis sensible également à
ça, mais collectivement, en 1972, ils ont décidé de se doter d'un régime en
1972, de mettre une rétro de six ans à l'époque, en 1972. Nous ce qu'on fait,
c'est que, pour le futur, il n'y a pas de prescription. Toutes les personnes
victimes agressées sexuellement entre le 1er mars 1972 et aujourd'hui vont
pouvoir présenter leur demande.
• (16 h 20) •
M. Tanguay
:
C'est-à-dire, ce qu'on fait, ce n'est pas pour le futur, il n'y a pas de
prescription, ça veut dire qu'on fait qu'il n'y a pas de prescription.
M. Jolin-Barrette : Mais
il n'y a pas de... Dans le fond, à partir du moment de la sanction de la loi,
il n'y aura plus de prescription pour une infraction qui survient entre...
entre une... Je vais répéter. La sanction de la loi... Bien, à l'entrée en vigueur
de la loi... Disons l'entrée en vigueur de la loi. À l'entrée en vigueur de la
loi, si vous avez été...
M. Jolin-Barrette : …il n'y a
pas de… Dans le fond, à partir du moment de la sanction de la loi, il n'y aura
plus de prescription pour l'infraction qui survient entre… entre une… Je vais
répéter. À la sanction de la loi… Bien, à l'entrée de vigueur de la loi… Disons
l'entrée en vigueur de la loi. À l'entrée en vigueur de la loi, si vous avez
été agressé sexuellement entre le 1er mars 1972 et le
19 février 2021, il n'y aura pas de délai pour présenter votre
demande d'indemnisation à l'IVAC.
M. Tanguay
: Oui. Deux
choses. Alors, mais le ministre a compris, là, il a très bien compris. Moi, je
suis sur les trois cas d'espèce d'imprescriptibilité, là : violence subie
à l'enfance; conjugale, conjoint, ex-conjoint et agression à caractère sexuel.
Uniquement sur ceux-là, on se dit collectivement qu'ils sont imprescriptibles.
Je pourrais avoir des cas… Moi, je demanderais à ce qu'on le fasse là pour
qu'on enlève ce mur-là. Parce que c'est, encore une fois, …généreux, généreux
qui me demande le montant qu'il veut tant que ce n'est pas plus que 20 $.
Ce n'est pas le cas dans 2926.1, c'est imprescriptible. On pourrait même avoir
le cas où, M. le Président, une personne pourrait être poursuivie et reconnue
coupable en dommages et intérêts, action civile, en vertu de 2926.1 pour des
faits reprochés en 1971. La personne, le demandeur, a gain de cause, mais ne
pourrait pas se faire indemniser par l'IVAC.
M. Jolin-Barrette : Le député
de LaFontaine a raison.
M. Tanguay
: C'est…
spécial, hein?
M. Jolin-Barrette : Mais, en
fait, vous savez, on est allés chercher 200 millions sur cinq ans. On
voudrait pouvoir indemniser tout le monde, mais il y a des limites, notamment
financières, pour l'ensemble de la société québécoise aussi. On a déjà le
régime le plus généreux aussi. Est-ce que ça aurait dû être fait auparavant? Est-ce
que ça aurait dû être ajusté dans les années 1970, 1980, 1990, 2000, 2010?
La réponse, c'est oui.
Là, on est rendus en 2021. Nous, ce qu'on
fait, c'est qu'on est allés au maximum de ce que je pouvais faire, de ramener
ça jusqu'en 1972 et de, surtout pour le futur, toutes les victimes d'agression
sexuelle, violence conjugale, violence subie pendant l'enfance, il n'y aura
plus de délai de prescription. Parce qu'on agit de façon responsable puis on va
provisionner les montants pour le futur notamment. Et c'est ça, on est dans
cette situation-là où l'État québécois, c'est à partir de 1972 qu'il a couvert
ce type d'infraction là.
M. Tanguay
: Juste, M.
le Président, je le répète, juste pour que le ministre et moi, on se chicane,
mais en s'entendant sur les bons chiffres. C'est 200 millions ou 193 millions?
M. Jolin-Barrette : …93 millions.
M. Tanguay
: O.K. Et
c'est public la ventilation qui va en être faite sur les cinq ans? Je pense que
c'est public, hein? La première année, c'est 50 et quelques…
M. Jolin-Barrette : Il
faudrait que je vérifie, là.
M. Tanguay
: Je pense
que c'est public, mais ça a été dit à quelque part, ça. Je pense que… O.K.
Écoutez, M. le Président, je… moi,
j'aimerais… puis je sais qu'il reste... puis je veux laisser les autres
collègues s'inscrire dans le débat. Je sais qu'il reste six minutes, je ne veux
pas qu'on suspende jusqu'à et demi, là. Mais moi, j'aimerais quand même déposer
l'amendement, puis on le votera. J'ai dit ce que j'avais à dire. Mais il faut
voir si on peut s'exécuter, puis je veux voir s'il y a d'autres…
M. Tanguay
: ...écoutez,
M. le Président, moi, j'aimerais... puis je sais qu'il reste... puis je veux
les autres collègues s'inscrire dans le débat. Je sais qu'il reste six minutes,
je ne veux pas qu'on suspende jusqu'à et demi, là. Mais moi, j'aimerais quand
même déposer l'amendement, puis on le votera, j'ai dit ce que j'avais à dire.
Mais il faut voir si on peut s'exécuter, puis je veux voir s'il y a d'autres
collègues qui veulent s'inscrire dans le débat pour les six minutes qui
restent, là.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée de Sherbrooke, s'il vous plaît.
Mme Labrie : C'est certain que
ça nous a été demandé par les victimes, là. Pourquoi des victimes qui ont subi,
par exemple, une agression sexuelle avant 1972 ne peuvent pas être indemnisées
par l'IVAC, là? C'est une préoccupation que j'ai aussi, j'étais vraiment,
vraiment contente, comme le ministre, quand on a aboli le délai de prescription
pour les poursuites au civil.
Je pense que ça vaudrait la peine, là,
d'avoir la générosité d'aller jusque là avec l'IVAC. Je ne sais pas s'il y a
des estimations qui ont été faites des coûts que ça pourrait représenter. Mais
assurément il y a des personnes qui souffrent encore, puis le ministre en a
rencontré, j'en ai rencontré aussi, il y a des personnes qui souffrent encore
beaucoup d'avoir subi une agression, par exemple, avant 1972. Donc, moi,
j'accueille positivement l'amendement de mon collègue de LaFontaine.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions sur l'article 20?
M. Tanguay
: ...on est
sur l'amendement du ministre, hein, ce qu'on nous rappelle...
Le Président (M.
Bachand) : L'amendement du ministre, pardon. Excusez-moi,
désolé, oui.
M. Tanguay
: Sur
l'amendement du ministre, M. le Président, si vous me permettez, je vais juste
me retrouver dans nos...
M. Jolin-Barrette : ...M. le
Président, et «violence sexuelle» au lieu d'«agression à caractère sexuel».
M. Tanguay
: O.K.
Violence sexuelle... J'essaie de retrouver l'amendement. Il est ici, il est là.
Alors, l'amendement. Donc, «motif raisonnable», ça, c'est correct, c'est
parfait.
Dans le troisième alinéa, «une agression à
caractère sexuel» par «de la violence sexuelle». Là, ici, dans le fond, on
faisait écho à ce que je disais un peu plus tôt aujourd'hui, je pense, hein,
par rapport à Me Lessard, le fait d'élargir «agression à caractère sexuel»
par «violence à caractère sexuel». Mais on s'entend, c'est un élargissement qui
va toujours être limité par le Code criminel, par l'interprétation et la
rédaction du Code criminel.
M. Jolin-Barrette : Mais oui,
c'est en lien avec le Code criminel.
M. Tanguay
: C'est ça.
Mais c'est plus large. L'objectif, quand on fait ça, puis on va le voter, là,
c'est que c'est plus large qu'agression, c'est violence. Donc, ça permet de se
qualifier en vertu de d'autres actes criminels.
M. Jolin-Barrette : Ça inclut
l'absence de contact physique. Exemple, leurre d'enfant par Internet, par
informatique, ça va être couvert.
M. Tanguay
: C'est bon.
Ça me va, M. le Président, sur l'amendement.
Le Président (M.
Bachand) : Sur Greffier, l'amendement est sur Greffier?
M. Jolin-Barrette : ...notre
amendement. Puis là le député de LaFontaine dit il est prêt à voter mon
amendement.
M. Tanguay
: ...donc
proxénétisme également?
M. Jolin-Barrette : Oui.
M. Tanguay
: Donc, le
proxénétisme serait imprescriptible.
M. Jolin-Barrette : Bien,
l'exploitation sexuelle.
M. Tanguay
: O.K.
L'exploitation sexuelle...
M. Jolin-Barrette : ...notre amendement,
puis là le député de LaFontaine dit : Il est prêt à voter mon amendement.
M. Tanguay
: ...donc
proxénétisme, également?
M. Jolin-Barrette : Oui.
M. Tanguay
: Donc, le
proxénétisme serait imprescriptible.
M. Jolin-Barrette : Bien, l'exploitation
sexuelle.
M. Tanguay
: O.K. L'exploitation
sexuelle qui, dans le langage courant, est proxénétisme. Ce n'est pas marqué
«proxénétisme» dans le Code criminel, mais c'est exploitation sexuelle. O.K.
Imprescriptible. Est-ce qu'on répond, ce faisant, à Lau Ga?
M. Jolin-Barrette : Bien, ce
n'est pas rétroactif.
M. Tanguay
: Ce n'est
pas rétroactif.
M. Jolin-Barrette : Mais ça,
on aura un autre débat, là.
M. Tanguay
:O.K., c'est… Mais
comment pouvons-nous concilier, j'essaie juste de comprendre, là, c'est...
«1-0-1», si l'imprescriptibilité, appelons ça du proxénétisme, mais... que ça
ne serait pas...
M. Jolin-Barrette : ...la
structure de la loi, là, dans le fond, l'exploitation sexuelle n'est pas un
crime qui est admissible, présentement, en vertu de la loi. Là, à l'entrée en vigueur
de la loi, les demandes d'exploitation sexuelle vont devenir admissibles parce
qu'elles se retrouvent sur la liste maintenant.
M. Tanguay
: Et
imprescriptibles, mais pour l'avenir.
M. Jolin-Barrette :
Imprescriptibles pour l'avenir.
M. Tanguay
: O.K. O.K.
Le Président (M.
Bachand) :Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'amendement? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous
allons procéder à sa mise aux voix. Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Jolin-Barrette (Borduas)?
M. Jolin-Barrette : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
: Mme
Labrie (Sherbrooke)?
Mme Labrie : Pour.
La Secrétaire
: Mme
Hivon (Joliette)?
Mme
Hivon
:
Pour.
La Secrétaire
: M.
Bachand (Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'amendement est adopté.
Monsieur... Oui?
M. Tanguay
: ... pour
l'article 20. Juste pour me permettre, parce qu'on vient d'avoir un échange sur
Lau Ga, on fera ce débat-là plus tard, lorsqu'on arrivera à des articles. Je ne
voudrais pas que ma ligne de questionnement soit interprétée comme étant le
fait que nous abandonnions ce combat-là, on va le faire plus tard, combat parlementaire,
on s'entend, pour qu'il y ait rétroactivité, notamment pour couvrir Lau Ga.
Voilà.
M. Jolin-Barrette : Juste quelques
précisions, avant de terminer, en lien avec la question de la députée de Sherbrooke
tout à l'heure. Dans le fond, la DGIVAC indique avoir le délai pour rendre une
décision une fois le dossier complet. Donc, en décembre 2020, c'était
34,5 jours, donc 35 jours, à peu près, pour rendre la décision... moment.
Le délai statique entre la date de réception de la demande et la date de
décision rendue, c'est 123 jours. Ça fait qu'à partir du moment où elle a
le dossier puis elle rend la décision, dans le fond, de la demande, puis que le
dossier est fermé, c'est 123 jours, généralement. Mais on n'a pas le délai
que ça prend à la personne victime pour préparer son dossier.
Le Président (M.
Bachand) :Rapidement, Mme la députée.
Mme Labrie : Le
123 jours, donc, c'est à partir de la demande initiale, qui n'est pas
complète, de la victime, c'est ça?
M. Jolin-Barrette :
C'est ça, puis la décision.
Mme Labrie : Parfait. Merci.
M. Jolin-Barrette : Donc,
c'est des délais moyens.
Mme Labrie : Oui.
M. Jolin-Barrette : Donc,
c'est trois mois et demi, là.
Le Président (M.
Bachand) : Sur ce, merci beaucoup.
Compte tenu de l'heure...
16 h 30 (version non révisée)
Le Président (M.
Bachand) : …rapidement, Mme la députée.
Mme Labrie : Le 123
jours, donc c'est à partir de la demande initiale qui n'est pas complète de la
victime, c'est ça?
M. Jolin-Barrette : C'est
ça, puis la décision.
Mme Labrie : Parfait. Merci.
M. Jolin-Barrette : Donc,
c'est des délais moyens.
Mme Labrie : Oui.
M. Jolin-Barrette : Donc,
c'est trois mois et demi.
Le Président (M.
Bachand) : Sur ce, merci beaucoup.
Compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux sine die. Merci beaucoup. À bientôt.
(Fin de la séance à 16 h 30)