Journal des débats de la Commission des relations avec les citoyens
Version préliminaire
42e législature, 2e session
(début : 19 octobre 2021)
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Le
mercredi 24 novembre 2021
-
Vol. 46 N° 7
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 1, Loi modifiant la Loi sur les services de garde éducatifs à l’enfance afin d’améliorer l’accessibilité au réseau des services de garde éducatifs à l’enfance et de compléter son développement
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11 h (version non révisée)
(Onze heures dix-huit minutes)
La Présidente (Mme D'Amours) :
À l'ordre, s'il vous plaît. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de
la Commission des relations avec les citoyens ouverte.
La commission est réunie afin de procéder
à des auditions publiques dans le cadre des consultations particulières sur le
projet de loi n° 1, Loi modifiant la Loi sur les services de
garde éducatifs à l'enfance afin d'améliorer l'accessibilité au réseau des
services de garde éducatifs à l'enfance et de compléter son développement.
M. le secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
Le Secrétaire
: Oui,
Mme la Présidente. M. Polo (Laval-des-Rapides) est remplacé par M. Tanguay
(LaFontaine); Mme Perry Mélançon (Gaspé) est remplacée par Mme Hivon
(Joliette).
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Ce matin, nous entendrons les groupes suivants : l'Association
québécoise des milieux familiaux éducatifs privés et le Vérificateur général du
Québec. Je souhaite maintenant la bienvenue à Mme Forget Bélec. Je vous
rappelle, Mme Bélec, que vous disposez de 10 minutes pour votre
exposé. Après quoi, nous procéderons à une période d'échange avec les membres
de la commission. Je vous invite donc à vous présenter et à procéder à votre
exposé. La parole est à vous.
Mme Forget Bélec (Sophy) :
Merci, Mme la Présidente. M. le ministre, Mmes, MM. les députés, bonjour. Je me
présente, mon nom est Sophy Forget Bélec, je suis la présidente l'Association
québécoise des milieux familiaux éducatifs privés.
Le projet de loi n° 1 vise à
améliorer l'accessibilité au réseau des services de garde éducatifs à l'enfance
et à en compléter le développement. Depuis la création du ministère de la
Famille en 1997, plusieurs changements ont eu lieu, ce qui, au fil des années,
a mené au réseau que nous connaissons actuellement, ce réseau qui, aujourd'hui,
est grand et complexe.
Le présent projet de loi vise à ce que
tous les enfants du Québec puissent obtenir une place dans un milieu de garde,
une belle avancée lorsque l'on regarde l'état actuel de la pénurie de places.
Le projet de loi n° 1 rappelle amèrement le projet de loi n° 183.
Celui-ci, lors de son dépôt, prenait les mêmes moyens pour régir les PNR :
un bureau coordonnateur. À l'époque, l'AQMFEP n'existait pas, pas sous la forme
d'un organisme national tel que c'est le cas aujourd'hui. Impossible pour nous,
à ce moment, d'estimer si l'analyse d'impact réglementaire qui avait été déposée
le 14 novembre 2017 était réelle.
Dans ce document, nous apprenions que les
chiffres disponibles ne permettaient pas de connaître l'impact réel qu'aurait
cette loi. Les chiffres inscrits dans ce document sont évidemment approximatifs
puisque le ministère, en 2017, n'avait aucune idée où étaient ces milieux. Dans
ce document, nous apprenons à la page 14 qu'il y aurait environ
55 000 enfants dans les milieux de garde non reconnus. Il y était
d'ailleurs écrit ceci : 10 % des PNR ne voudront pas devenir RSG.
Nous comprenons donc que 90 % des PNR, en 2017, voudraient d'un bureau
coordonnateur. Le ministère était convaincu, à ce moment, que les autres
allaient rejoindre le réseau des services de garde reconnu et subventionné.
• (11 h 20) •
Mais cette situation ne s'est pas
produite. Des centaines d'éducatrices non reconnues ont fermé leur porte à
cause de la réglementation qui ne leur permettait plus d'être remplacées ou
assistées. Ces impacts étaient prévisibles, mais surtout incalculables. Nous ne
pouvions dire combien de femmes fermaient leur milieu de garde sans les
connaître. Impossible de savoir où elles étaient et encore moins quelle
décision elles prendraient.
Aujourd'hui, l'AQMFEP a réussi à rejoindre
des centaines d'entre elles. C'est d'ailleurs pour cette raison que nous
avons...
Mme Forget Bélec (Sophy) :
...qui ne leur permettait plus d'être remplacés ou assistés. Ces impacts
étaient prévisibles, mais surtout incalculables. Nous ne pouvions dire combien
de femmes fermaient leurs milieux de garde sans les connaître. Impossible de
savoir où elles étaient et encore mieux quelles décisions elles prendraient.
Aujourd'hui, l'AQMFEP a réussi à rejoindre
des centaines d'entre elles. C'est d'ailleurs pour cette raison que nous avons
créé l'association. Il fallait mettre en place un organisme qui serait en
mesure de connaître les positions de ces femmes et les faire entendre auprès
des ministères du Québec. Lors du dépôt du projet de loi n° 1, nous avons
demandé aux femmes de ces milieux de se prononcer sur leur avenir suite au fait
qu'elles devront désormais, d'ici quatre ans, offrir des services de garde
reconnus par un bureau coordonnateur. Les résultats sont catastrophiques. 86 %
d'entre elles mentionnent qu'elles fermeront leurs milieux... dans le cadre du
projet de loi n° 1, nous pouvons lire que 66 %
des PNR deviendront des RSG suite aux incitatifs financiers annoncés dans les
dernières semaines. Le ministère n'a donc pas compris que, si c'était une
question d'argent, ces femmes seraient reconnues et subventionnées. Avec le
contexte actuel de pénuries de places, de fermeture des milieux familiaux tous
confondus, chaque place compte. Nous contribuons abondamment à l'offre des
services de garde au Québec.
Nous sommes d'avis que le ministère assure
un certain contrôle des milieux de garde. Personne ne peut être contre la vertu
de la santé et la sécurité des enfants. Par contre, il est alarmant de savoir
que des centaines de bons milieux fermeront pour un entêtement administratif.
Ils refusent la subordination d'un bureau coordonnateur, mais offrent ce
service essentiel à un grand nombre de familles québécoises, tout en respectant
la Loi sur les services de garde. Un simple enjeu administratif mettra des
familles sans ressources, sans soutien, et ce, avant le quatre ans de
transition annoncé. À quoi bon continuer si elles savent que, d'ici quatre ans,
elles devront se réorienter?
Il est grand temps de travailler tout ensemble,
car nous avons le même objectif. Le ministère doit assurer la pérennité de son
réseau en gardant la plus grande majorité des éducatrices en poste. Pour ce
faire, nous recommandons que le ministre implante un permis pour la garde en
milieu familial non subventionné, que ce permis soit émis directement par le
ministère de la Famille aux éducatrices et que celles-ci aient la possibilité
de poursuivre leur travail et ainsi éviter l'hécatombe des fermetures sans en
calculer l'impact. Ce permis permettrait de connaître où sont ces milieux, d'en
connaître les éducatrices et ainsi reconnaître qu'ils existent bel et bien. La
garde dite non reconnue disparaîtrait, et le ministère serait en mesure
d'intervenir auprès d'elle.
Si nous regardons le réseau des services
de garde éducatifs à l'enfance depuis sa création, nous sommes forcés de
constater que l'exode des éducatrices était prévisible. Nous sommes conscients
que nous avons un travail rigoureux à faire, mais il faut faire vite, le temps
presse. Jamais le réseau n'a connu de moments aussi angoissants
qu'actuellement. Bien que le réseau en entier et ceux qui gravitent autour de
ce réseau tentent de sauver les meubles, nous devons nous rendre à l'évidence
que le travail administratif est si lourd pour nos éducatrices que la passion
pour la petite-enfance devient, quant à elle, secondaire. Les charges de
travail sont de plus en plus lourdes, et le statut de travailleur autonome, de
moins en moins présent.
Les allègements réglementaires dans le
projet n° 1 ne changent en rien la charge de travail
quotidienne qu'exercent nos éducatrices. Les éducatrices actuellement non
reconnues sortent à 54 % du réseau des services de garde. Ces femmes ont
pris la décision de se tourner vers la garde non reconnue parce qu'elles n'en
pouvaient plus d'exercer pleinement leurs fonctions auprès de leurs enfants.
Nous leur avons demandé clairement les raisons qui mèneront à fermer leurs
portes plutôt que de se tourner vers la garde reconnue par un BC. La lecture
des témoignages fut bouleversante. Plusieurs éducatrices refusent de retourner
vers les BC parce qu'elles ont vécu des événements qui ont mené à des formes
d'angoisse au quotidien...
Mme Forget Bélec (Sophy) : … de
se tourner vers la garde non reconnue parce qu'elles n'en pouvaient plus
d'exercer pleinement leurs fonctions auprès des enfants. Nous leur avons
demandé clairement les raisons qui les mèneront à fermer leurs portes plutôt
que de retourner vers la garde reconnue par un BC.
La lecture des témoignages fut bouleversante.
Plusieurs éducatrices refusent de retourner vers les BC parce qu'elles ont vécu
des évènements qui ont mené à des formes d'angoisse au quotidien.
Les BC sont la raison de leur sortie du
réseau. Elles se sont tournées vers le réseau non reconnu pour ne plus vivre
avec l'angoisse et l'impression d'être constamment surveillées par un organisme
qui devrait être là pour les supporter.
Lors du dépôt du projet de loi n° 124
en 2005, les CPE se sont vus privés de leur mandat de coordonnateur de la garde
en milieu familial. Nous sommes passés de 884 CPE à 161 bureaux
coordonnateurs. En 2021, nous faisons la même demande. Si le ministère n'est
pas en mesure d'offrir la reconnaissance par lui-même, qu'il se dote d'un
système autre que les BC pour le faire.
Déjà, à l'époque, l'AEMFQ demandait au gouvernement
du Québec de ne pas passer par un tiers. Les problématiques encourues, encore aujourd'hui,
existaient déjà face à l'ancêtre des BC, des CPE.
Nous n'inventons pas une nouvelle problématique.
Le réseau en milieu familial a toujours eu ce sentiment d'infériorité vis-à-vis
la subordination mise en place par le MFAe. Il ne s'agit pas d'un nouvel enjeu.
Nous demandons au ministre la même chose. Que ces femmes travailleuses
autonomes conservent leur statut de travailleuses autonome et que le ministère
fasse lui-même son travail de reconnaissance auprès des milieux familiaux.
Nous croyons pertinent que le gouvernement
du Québec enraye la problématique de la subordination des milieux familiaux en
mandatant un tiers non titulaire de permis à la vérification des milieux
familiaux et que cette entité soit administrée par le ministère de la Famille.
Des coûts seront bien évidemment à
prévoir, mais le coût sur la société et les familles du Québec de voir
disparaître des milliers de places qui gravitent autour de son réseau seront
catastrophiques pour la pérennité du réseau et l'économie.
Nous sommes conscientes que le statu quo
est impossible. Nous sommes d'avis que le ministère a un travail à faire pour
encadrer les milieux de garde du Québec. Des milliers de parents ne peuvent
actuellement retourner travailler faute de place, il serait dramatique que des
milliers d'autres parents s'ajoutent au 37 000 déjà en attente.
Nous saluons que le ministre de la Famille
prenne l'initiative de rapatrier le guichet 0-5 ans vers le gouvernement
et que celui-ci soit géré par les autorités compétentes. Et surtout il faut se
rappeler que le modèle a amené le déclin du réseau actuel et que le conserver
n'est pas un gage pour l'avenir. Travaillons ensemble dans ce dossier et
reprenons les rênes qui ont été délaissées aux BC. Pardon.
Lorsque les parents visitent des milieux
familiaux, ils regardent plusieurs aspects : L'état des lieux, les outils
mis en place, le coût, etc. Mais ils choisissent, avant tout, l'humain derrière
le service, l'éducatrice devant eux. Ils ne demanderont pas si un bureau
coordonnateur a donné une contravention dans les six derniers mois parce
que le parc d'un poupon n'était pas identifié par exemple.
Nous avons vu, depuis 2017, des parents
préférer choisir des milieux de garde illégaux à défaut de ne pas avoir de
service de garde du tout. Choisir de faire manger son enfant en allant le
porter dans un milieu médiocre ou ne pas pouvoir aller travailler et avoir un
enfant qui ne mange pas? C'est malheureux, mais les milliers de fermetures nous
mènent à ce type de réalité chez les familles québécoises. Un grand pas
derrière, lorsque l'on regarde les raisons de la création du réseau.
Le présent projet de loi qui vise d'offrir
une place à tous les tout-petits du Québec pourrait déclencher l'inverse si
nous ne prenons pas le temps de nous assurer que les femmes non reconnues
deviennent régies par le ministère de la Famille sans bureau coordonnateur, du
moins, sans la subordination d'un détenteur de permis. Il s'agit du plus grand
chantier annoncé depuis la création du réseau et nous croyons fermement qu'il
ne faut pas avoir la prétention de faire plus mais avoir l'idéologie de faire
mieux…
Mme Forget Bélec (Sophy) :
…du Québec pourrait déclencher l'inverse si nous ne prenons pas le temps de
s'assurer que les femmes non reconnues deviennent régies par le ministère de la
Famille sans bureau coordonnateur, du moins sans la subordination d'un
détenteur de permis. Il s'agit du plus grand chantier annoncé depuis la
création du réseau, et que nous croyons fermement qu'il ne faut pas avoir la
prétention de faire plus, mais avoir l'idéologie de faire mieux.
Dans le projet de loi présent, nous
voulons également rappeler et mettre en lumière au ministre que
l'article 2 des lois et services de garde éducatifs sera modifié. Cette
modification ne permettra plus aux éducatrices en milieu familial d'accueillir
des enfants d'âge scolaire. Des centaines de milieux de garde non reconnus
offrent ce type de service les matin, midi et soir. Sans compter que les
parents choisissent ce type de milieu pour leurs enfants l'été plutôt que
d'obtenir les services d'un camp de jour. Ces enfants, pour la plupart, ont
fréquenté le même service de garde de leur naissance jusqu'à l'âge de
12 ans. Ces services comblent un besoin que la garde en milieu familial
reconnue actuellement ne peut combler. Des parents du réseau de la santé ayant
des horaires atypiques se tournent également vers ce type de service étant
donné leurs horaires sur rotation. Il s'agit d'un besoin bien particulier que
le réseau ne peut se permettre de perdre.
En conclusion, nous sommes d'avis que le
chantier actuel a raison d'être et que nous devons une fois pour toutes régler
la quiétude sociale de nos éducatrices. Celles-ci sont prêtes à collaborer avec
le ministère de la Famille. Elles sont pour la sécurité des tout petits du Québec.
Elles croient que leur contribution au réseau doit être acceptée. Elles sont
déterminées à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour que le ministre
entende leur voix. Reconnues par le MFA, oui, par un bureau coordonnateur, non.
C'est tout.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci beaucoup pour votre exposé. Nous allons maintenant commencer la période
d'échange. M. le ministre, la parole est à vous pour 16 min 30 s
M. Lacombe : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Bonjour, Mme Forget Bélec, c'est un plaisir
de vous revoir. On a déjà eu l'occasion de travailler ensemble sur certains
éléments, et on aura aussi l'occasion de continuer le travail parce qu'évidemment
on souhaite bénéficier de votre connaissance du terrain, notamment dans tout le
travail qu'on aura à faire, et vous avez d'ailleurs déjà reçu cette invitation
à travailler avec nous pour, notamment, les allégements réglementaires, et
aussi dans le cadre du comité de travail qu'on aura avec les bureaux
coordonnateurs, les RSG aussi, pour arriver vraiment à la meilleure solution
possible. Donc, je voulais saluer votre collaboration là-dessus.
Peut-être quelques points rapidement.
Bien, d'abord, vous l'avez effleuré, je voulais peut-être évacuer un sujet
rapidement, le rapatriement de la place 0-5, du guichet unique, donc,
d'inscription des enfants vers le gouvernement. Vous êtes favorable à ça. Vous
êtes d'accord avec cette idée-là.
Mme Forget Bélec (Sophy) :
Oui, exactement, M. le ministre.
M. Lacombe : Pour quelle
raison?
Mme Forget Bélec (Sophy) :
Parce que présentement, c'est géré par un organisme privé. Donc, le ministre
n'a pas nécessairement accès aux données qui sont présentes sur ce guichet, et,
pour nous, c'est incroyable que le ministère n'est pas en mesure de faire
lui-même son travail.
• (11 h 30) •
M. Lacombe : D'accord.
Une question de principe aussi peut-être, vous… évidemment, vous représentez
des personnes, vous parlez au nom de gens qui offrent de la garde actuellement
qui est non reconnue, et qui donc par définition est non subventionnée aussi.
On sait que la pression actuellement pour offrir des places subventionnées elle
est très grande, majoritairement c'est ce que les parents souhaitent…
11 h 30 (version non révisée)
M. Lacombe : ...évidemment,
vous représentez des personnes... vous parlez au nom de gens qui offrent de la
garde, actuellement, qui est non reconnue et qui, donc, par définition, est non
subventionnée aussi. On sait que la pression, actuellement, pour offrir des
places subventionnées, elle est très grande. Majoritairement, c'est ce que les
parents souhaitent, une place à 8,50 $. Qu'est-ce qui pousse vos membres à
vouloir tout de même offrir ces places-là qui sont non subventionnées, plutôt
que de répondre à ce souhait que les parents ont d'avoir une place à
contribution réduite?
Mme Forget Bélec (Sophy) :
Actuellement, je vous dirais que le bureau coordonnateur est vraiment le gros
du problème, et ensuite, la syndicalisation par bureau coordonnateur. Lorsqu'il
y a subvention, il y a syndicalisation, et les femmes la refusent d'emblée.
Donc, c'est vraiment la plus grosse partie du problème, et le bureau
coordonnateur et la syndicalisation.
M. Lacombe : Puis sur les
bureaux coordonnateurs, j'aimerais peut-être que vous élaboriez un peu votre position
parce que je comprends que, dans votre esprit, là, on sent vraiment que vous
n'avez aucun désir, là, de collaborer... je vous le dis bien franchement, on
sent très bien ça que vous n'avez pas envie de collaborer avec les bureaux
coordonnateurs, et on comprend... je vous laisserai peut-être donner plus de
détails... on comprend que vous avez vos raisons. En même temps, ce qu'on
propose aussi, c'est de se donner des outils pour intervenir auprès des bureaux
coordonnateurs, puis venir normaliser certaines pratiques, venir en changer
certaines, s'assurer qu'il y ait aussi une certaine forme d'uniformité à
travers le réseau, à travers les 161 bureaux coordonnateurs.
Est-ce que, d'abord, vous pourriez nous
dire quels sont les enjeux principaux que vous vivez avec les bureaux
coordonnateurs, puis ensuite, en complément, nous dire est-ce que ce qu'on
propose, donc les pouvoirs qu'on se donne auprès des bureaux coordonnateurs, ne
vient pas répondre à ces appréhensions-là que vous avez?
Mme Forget Bélec (Sophy) :
Oui. Les lois et règlements sont interprétés selon les bureaux coordonnateurs,
donc vous n'aurez pas la même réglementation à Montréal qu'à Trois-Rivières.
C'est une grande, grande problématique. Hier, j'entendais le CQCPE qui disait
qu'il y avait de la désinformation au sujet de leurs bureaux coordonnateurs.
Écoutez, c'est des femmes qui vivent ces situations-là qui nous contactent et
qui nous disent : Je veux sortir du réseau. Ces femmes-là, si on prend
l'article de... règlement, «assurer la santé et la sécurité des enfants», c'est
interprété à toutes les sauces dans les bureaux coordonnateurs, que ce soit un
pommier qui perd des pommes, où il y a une contravention, que ce soit...
Il y a des exceptions. C'est certain qu'il
y a des bons bureaux coordonnateurs, je ne le cacherai pas. Par contre, ils ne
sont pas tous uniformes au niveau de la qualité, et ils n'ont pas le rôle de
soutien au RSG. C'est plutôt l'inverse qu'elles se sentent. Donc, ça, c'est
vraiment la plus grosse problématique, M. le ministre, c'est qu'il y a des
éducatrices qui se sentent inférieures aux bureaux coordonnateurs,
contrairement à l'inverse, où le bureau coordonnateur devrait appartenir au RSG.
Donc, ça, c'est vraiment le plus gros du problème.
Nous avons également des bureaux
coordonnateurs qui répondent des informations vraiment différentes d'un endroit
à l'autre. J'ai fait le test moi-même et j'ai eu 161 réponses différentes à la
même question. Donc, c'est vraiment… Que le ministre se donne des outils pour
pouvoir intervenir, c'est une chose, mais il faut les mettre en place et les
appliquer, et selon nous, si le ministère n'a pas la...
Mme Forget Bélec (Sophy) :
…problème. Nous avons également des bureaux coordonnateurs qui répondent des informations
vraiment différentes d'un endroit à l'autre. J'ai fait le test moi-même et j'ai
eu 161 réponses différentes à la même question. Donc, c'est vraiment… Que le ministre
se donne des outils pour pouvoir intervenir, c'est une chose, mais il faut les mettre
en place et les appliquer. Et, selon nous, si le ministère… la main sur les
bureaux coordonnateurs, ça va être impossible à faire. Donc, c'est vraiment la
même problématique qu'il y a 25 ans.
M. Lacombe : Mme la Présidente,
peut-être que je laisserais ma collègue de Bellechasse poser une question
aussi.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Merci beaucoup. Mme la députée de Bellechasse, à vous la parole.
Mme Lachance : Merci, Mme la
Présidente. D'abord, permettez-moi de vous remercier d'être là, Mme Sophy
Forget Bélec, contente de pouvoir discuter avec vous. Puis je voudrais un peu
reprendre à partir… parce que je sens aussi beaucoup vos appréhensions face aux
bureaux coordonnateurs, et, dans un même esprit, je me questionne parce que,
bon, là, vous avez parlé de la disparité entre les bureaux coordonnateurs,
votre question éloquente, 161 fois posée, 161 réponses différentes. Mais qu'est-ce
qui pourrait faire en sorte que le ministère, en étant le mandataire, si on veut,
de votre… si on répondait a votre demande, comment ça pourrait être différent?
Parce que le ministère pourrait aussi occasionner ce genre de friction qu'on
sent, non? Pourquoi ce serait différent avec le ministère, directement, en
passant directement par le ministère?
Mme Forget Bélec (Sophy) :
Parce que le ministère aurait des instructions claires envers ses employés, ce
qui n'est pas actuellement le cas sur les bureaux coordonnateurs. On a 161 OSBL
qui gèrent de façon différente leur organisme et qui ensuite découlent vers les
RSG. Le ministère, en étant partie prenante de la réglementation, le fait
appliquer à la lettre. Nous, on le vit déjà, en garde non reconnue. Lorsque le
ministère se déplace chez une PNR, elles vivent toutes la même visite, il n'y a
pas de différence, de Montréal à Trois-Rivières, les informations sont les
mêmes et les visites se passent de la même façon.
Mme Lachance : Quand je regarde
un petit peu plus loin dans votre mémoire, à la page 8, vous faites mention que
si le ministère n'était pas en mesure d'offrir la reconnaissance par lui-même,
qu'il se dote d'un système autre que les bureaux coordonnateurs. Quand on parle
d'un système, on parle de quoi, d'une entité distincte qui serait autre que les
bureaux coordonnateurs, mais l'enjeu n'est pas le même?
Mme Forget Bélec (Sophy) : Bien,
en fait, en ayant une entité distincte, le ministère aurait l'emprise sur cette
entité-là, un peu comme les centres de services en éducation. Le centre de
services, à Montréal, va avoir la même réglementation que le centre de services
à Trois-Rivières. Donc, nous, c'est ce qu'on demande au ministère, c'est d'avoir…
s'il ne veut pas utiliser les bureaux coordonnateurs, on utilise une entité qui
lui appartient et qui gérera ces visites-là.
Mme Lachance : Et si on
voulait travailler avec les bureaux coordonnateurs, comment ça devrait se faire
pour que ce soit acceptable?
Mme Forget Bélec (Sophy) :
C'est une très bonne question. Les bureaux coordonnateurs, actuellement, ont
mauvaise presse, et il n'en tient qu'à eux d'avoir eu cette presse-là, parce
que les éducatrices ne sont pas sorties du réseau pour rien et elles ne se
retrouvent pas en gang non reconnue pour rien. Donc, nous, ce qu'on croit,
c'est que, oui, j'entendais hier la favorisation de faire une belle campagne,
c'est le système en entier qui doit être revu. Lorsque le bureau…
Mme Forget Bélec (Sophy) :
...et il n'en tient qu'à eux d'avoir eu cette presse-là parce que les
éducatrices ne sont pas sorties du réseau pour rien et elles ne se retrouvent
pas en guerre non reconnue pour rien.
Donc, nous, ce qu'on croit, c'est que,
oui, j'entendais hier la favorisation de faire une belle campagne, c'est le
système en entier qui doit être revu. Lorsqu'un bureau coordonnateur arrive
chez une dame et qu'il gère à sa manière parce que cette journée-là, c'est
comme ça que ça se passe, c'est aberrant et les éducatrices n'ont aucune
confiance au bureau coordonnateur. Donc, c'est vraiment... si on utilise les
bureaux coordonnateurs, je ne peux pas vous garantir que les femmes vont se
faire reconnaître.
Mme Lachance : Écoutez,
j'entends le ministre, je pense qu'il veut poursuivre. Alors, je lui laisse la
parole. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. M. le ministre, à vous la parole.
M. Lacombe : Oui. Là, je ne
sais pas trop s'il faut s'adresser à vous ou si on peut directement aller dans
le sujet.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Bien, en fait, je vais juste vous dire, c'est juste pour la technique, pour les
caméras, pour donner le temps aux techniciens de donner le bon micro et la
bonne caméra pour l'interlocuteur. Donc, voilà.
M. Lacombe : Je comprends
bien, je me tournerai vers vous. Aucun souci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci.
Une voix : ...
M. Lacombe : Mais oui. Mais,
en fait, c'est parce que cette question-là, elle est importante, là, elle est
très importante. Statuons tout de suite sur quelque chose. À mon sens, c'est
clair, et là corrigez-moi, là, parce que, là, on le dit publiquement, mais, à
mon sens, c'est clair que vous êtes en faveur de l'intégration des gens qui
offrent de la garde non reconnue dans le réseau des services de garde éducatifs
à l'enfance. Donc, sur le principe, vous êtes d'accord.
Mme Forget Bélec (Sophy) :
Oui, la recommandation 1, M. le ministre, vous demande de reconnaître ces
femmes-là sans bureau coordonnateur par le ministère de la Famille.
M. Lacombe : Bien, je suis
très, très, très heureux de vous entendre dire ça parce que vous faites ma
journée, là. C'est important, ce que vous dites, parce que, bon, vous
connaissez mon avis sur cette question-là. Je pense qu'il y a un très, très
large consensus au Québec. Et je trouve ça... c'est tout à votre honneur, là,
que vous ayez aussi cet intérêt-là de joindre le réseau.
Je comprends par ailleurs que la façon
dont on va le faire, c'est ce qui vous préoccupe parce que vous ne souhaitez
pas avoir à faire aux bureaux coordonnateurs étant donné la relation passée
qui, selon ce que vous nous dites, n'a pas toujours été facile. C'est ce que je
comprends?
Mme Forget Bélec (Sophy) :
Oui, effectivement, M. le ministre.
M. Lacombe : En même temps, et
c'est là que je dis que c'est important de se poser la question, la bonne foi
se présume. Et on a une opportunité en ce moment de repartir sur de nouvelles
bases. Parce que, je fais le même constat que vous, dans certains cas, il y a
des éléments qui ne fonctionnent pas avec les bureaux coordonnateurs. Et je le
dis en tout respect, ils font au quotidien un travail qui est très, très
exigeant, mais eux-mêmes, je pense, constatent qu'ils peuvent s'améliorer et
ils ont cette volonté-là de s'améliorer. On travaille avec eux pour y arriver
et on va se donner des outils également pour y arriver. Donc, pourquoi est-ce
qu'on ne pourrait pas présumer de leur bonne foi et se dire que, plutôt que de
se doter d'un autre type de service de garde, de mettre sur pied une autre
structure avec des règles différentes, qu'on puisse utiliser ce véhicule-là,
qui sera modifié, qui sera amélioré, les bureaux coordonnateurs, pour être capable
de peut-être moins jouer à la police avec vous? Eux-mêmes disent : Il faut
sortir...
M. Lacombe : ...et c'est-à-dire
que plutôt que de se doter d'un autre type de service de garde, de mettre sur
pied une autre structure avec des règles différentes qu'on puisse utiliser ce
véhicule-là qui sera modifié, qui sera amélioré, les bureaux coordonnateurs,
pour être capable de peut-être moins jouer à la police avec vous. Eux-mêmes
disent il faut sortir de ce rôle-là de contrôleur puis, en l'exerçant toujours,
miser davantage sur l'accompagnement puis la qualité. Est-ce qu'on ne pourrait
pas présumer de leur bonne foi?
Mme Forget Bélec (Sophy) :
On pourrait présumer de leur bonne foi. C'est les 16 dernières années ont
enlevé la confiance aux RSG qui ont quitté le réseau. Et c'est vraiment là où
je demande au gouvernement et à vous, M. le ministre, c'est que ces femmes-là
ne veulent pas réintégrer le réseau qu'elles ont quitté. Lorsque l'on claque la
porte à un employeur, c'est très, très rare qu'on va y retourner sous prétexte
qu'il a changé d'attitude. On va retourner s'il a changé de vocation, si
l'employeur n'est plus le même. Donc, moi, ce que je vous propose, c'est qu'on
réintègre le réseau, oui, mais d'une façon différente si on ne veut pas perdre
ce qui est indiqué là.
• (11 h 40) •
M. Lacombe : Puis en même
temps il y a des gens qui changent, là, tu sais. Il y a des structures qui
changent, là. Je suis sûr que vous connaissez des couples, hein, qui se sont
séparés, qui sont revenus ensemble. Et ça ne finit pas toujours bien, mais
parfois ça finit bien, là. Puis les gens sont capables de se donner une
deuxième chance quand ils ont véritablement changé. Est-ce qu'encore une fois
si on travaille ensemble... Parce que... Parce que la clé, je pense, elle est
là, c'est le travail de collaboration. Si on travaille ensemble, comme on est
en train de le faire, parce qu'on a mis en place des comités, vous allez avoir
une place, je me suis assuré de ça. Parce que si on veut régler le problème, il
faut s'assurer que les gens qui ont vécu le problème viennent nous dire
exactement comment on peut y arriver. Mais si on travaille ensemble à faire ça,
puis à se donner les bons outils, puis à faire les bonnes modifications, celles
qu'on doit faire dans les bureaux coordonnateurs, est-ce qu'on n'est pas
capables d'y arriver?
Parce que je vous donne un autre exemple.
Vous dites, il y en a 161. Il faut absolument que ça soit le ministère,
161 bureaux coordonnateurs, donc, il faut que ça soit le ministère parce
que, là, ce n'est pas appliqué partout pareil. Mais en même temps, des
installations, par exemple, de garde au Québec, on en a 3 500. Et la loi,
elle est appliquée partout pareil. Les inspecteurs du ministère... Vous
comprenez ce que je veux dire? Ce n'est pas en soi un frein à ce qu'il puisse
avoir une uniformité, là, le nombre de bureaux coordonnateurs. Tout va dépendre
de ce qu'on va leur demander.
Mme Forget Bélec (Sophy) :
Bien, en fait, c'est plutôt où, oui, je suis inquiète. C'est qu'est-ce que vous
allez leur demander. Parce que dans le présent projet de loi, tout ce qu'on
voit, c'est des sanctions et des démarches administratives où vous allez avoir
un peu plus de contrôle. Mais le conseil d'administration va encore fonctionner
de la même manière. C'est des femmes qui ont quitté le réseau il y a cinq, six,
10 ans et qui ne veulent pas... Elles n'ont pas déménagé et elles ont peur
de retourner dans leur bureau coordonnateur. On parle de femmes qui ont
vraiment des angoisses diagnostiquées par des médecins suite à leur sortie du
réseau. Donc, ces femmes-là, pour les convaincre de retourner vers un BC, là,
je ne sais pas quels pas quels pieds et les mains que vous allez devoir faire.
Donc, on va perdre la qualité de l'expertise parce qu'on refuse de retourner
vers ces conseils d'administration là.
M. Lacombe : Mais si on
se base sur des faits... Là, je comprends qu'il y a quelque chose d'émotif
là-dedans, là, on n'aime pas les bureaux coordonnateurs, on ne veut pas faire
affaire avec eux parce qu'on a de la rancoeur puis de l'amertume...
Mme Forget Bélec (Sophy) :
…donc on va perdre de la qualité, de l'expertise parce qu'on refuse de
retourner vers ces conseils d'amendement là.
M. Lacombe : Mais si on se
base sur des faits, là, je comprends qu'il y a quelque chose d'émotif là-dedans,
là, on n'aime pas les gros commentaires, on ne veut pas faire affaire avec eux,
parce qu'on a de la rancoeur puis de l'amertume, des critiques à leur égard,
c'est un peu ce que je comprends, là, que ce soit justifié ou pas, je ne vais
pas juger de ça, mais je constate, là, qu'il y a comme ce sentiment-là. Mais si
on se base sur les faits, je vous avoue que j'ai de la difficulté à voir
comment un inspecteur du ministère de la Famille pourrait être plus objectif
dans son travail s'il travaille avec une grille objective qu'une agence, par
exemple, un bureau coordonnateur qui travaillerait aussi avec une grille
objective qui serait élaborée, par exemple, en collaboration avec le ministère
qui pourrait, et je ne dis pas que ce sera le cas, on travaillera ensemble,
mais qui pourrait, par exemple, c'est une possibilité, être prescrite par le ministère.
Donc, j'essaie de voir autrement que la
façon dont on… puis, autrement de qui est en haut de son chèque de paie, il
reste que, si c'est la même grille à la fin et si c'est une personne de la
région qui débarque, quelle est la différence?
Mme Forget Bélec (Sophy) : Le ministère
de la Famille a un droit de regard sur son employé, ce que vous n'avez pas actuellement
envers les employés des bureaux coordonnateurs. Donc, que l'agente
psychologique ou l'agente de soutien ou l'agente de conformité ne fasse pas
bien son travail en ce moment au bureau coordonnateur, M. le ministre, vous
n'êtes pas informé de ça. Donc, c'est vraiment là la différence. Lorsqu'un
inspecteur du ministère de la Famille se déplace chez nos éducatrices, le
ministère, s'il a une plainte, il les fait directement à celui-ci, tandis que
si j'ai une plainte au bureau coordonnateur, généralement, les éducatrices ne
feront pas… ne déposeront pas de plainte contre leur bureau coordonnateur qui
reviendra dans trois mois, contrairement au vérificateur du ministère de la
Famille.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Je vais céder la parole maintenant à la députée de Bellechasse pour une
minute.
Mme Lachance : Merci, Mme la
Présidente. Ce que vous venez de dire, ce que vous venez de dire me parle
beaucoup dans le sens où vous identifiez une problématique, avec les bureaux
coordonnateurs, qui est très éloquente. Néanmoins, quand on vous lit un petit
peu plus loin, vous parlez aussi de la charge quotidienne des éducatrices, et
là, peut-être qu'il y a un rôle de collaboration, parce que vous l'avez nommé
précédemment dans votre exposé que le bureau coordonnateur devrait être là pour
vous soutenir, est-ce que ça, c'est possible, est-ce que vous voyez ça comme
une action possible, ce rôle de soutien là, si on parle évidemment, avec M. le
ministre, d'une organisation qui s'y prête?
Mme Forget Bélec (Sophy) :
O.K. Dans le travail administratif, excusez-moi, c'est à la page 8, je ne parle
pas de travail de soutien des bureaux coordonnateurs, je dis que la charge
administrative des règlements et des lois, actuellement, elle est trop lourde.
Je vous ai donné également l'exemple du Parc des poupons avec, numéroté en
milieu familial, on a la même réglementation qu'en CPE lorsqu'on est reconnu.
Et, bien évidemment, si on a un seul poupon, d'écrire…
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci beaucoup. C'est tout le temps que nous avions. Désolée. Nous allons
passer maintenant la parole à la députée de Westmount—Saint-Louis. La parole
est à vous, madame.
Mme Maccarone : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, madame…
Mme Forget Bélec (Sophy) :
...et en milieu familial on a la même réglementation qu'en CPE lorsqu'on est
reconnu, et bien évidemment si on n'a qu'un seul poupon, d'écrire son nom
dessus, c'est...
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci beaucoup. C'est tout le temps que nous avions. Désolée. Nous allons
passer maintenant la parole à la députée de Westmount—Saint-Louis. La parole
est à vous, madame.
Mme Maccarone : Merci,
Mme la Présidente. Bonjour, Mme Forget Bélec, un plaisir d'échanger
avec vous aujourd'hui. Combien de membres avez-vous dans l'AQMFEP?
Mme Forget Bélec (Sophy) :
618.
Mme Maccarone : 618. Je
veux mieux comprendre, selon vous, parmi, là, parmi vos 618 membres, parce
qu'on a jasé un peu de l'analyse d'impact réglementaire qui a été déposée, puis
je fais référence à la page encore 51. Selon vous, est-ce que l'estimation est
fiable quand on dit qu'il y a 8 697 PNR et de ça, avec
l'implémentation du projet de loi n° 1, il y aura 2 954 PNR qui
vont quitter le réseau? Parce que vous, vous représentez 618 membres,
alors c'est peut-être un même pas 10 %, là.
Mme Forget Bélec (Sophy) :
Je ne peux pas vous répondre parce que le ministère ne comptabilise pas...
Mme Maccarone : J'ai
l'impression que je ne suis pas chanceuse, Mme la Présidente. Chaque fois que
j'ai des échanges, quelque chose arrive.
Des voix : ...
Mme Maccarone : Merci. Je
prends le compliment.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Je vais suspendre les travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h 46)
(Reprise à 11 h 57)
La Présidente (Mme D'Amours) :
…travaux. Donc, je vais céder la parole à la députée de Westmount—Saint-Louis, s'il
vous plaît.
Mme Maccarone : Merci, Mme la
Présidente. Alors, je vais juste répéter un peu l'angle dont on discutait avant
la rupture de communication, ce qu'on… Je voulais avoir votre avis en ce qui
concerne les constats de l'analyse d'impact réglementaire parce que vous
représentez à peu près 8 % des PNR sur le réseau. Alors, ce que je veux mieux
comprendre, c'est, selon vous… À l'intérieur de l'analyse de l'impact réglementaire,
on dit qu'il va y avoir à peu près un tiers des PNR qui quittera le réseau, qui
représente quand même 17 000 enfants. Ça fait que, vous, vous ne pouvez
pas nous dire si cette estimation est fiable, mais qu'est-ce que vous pouvez
nous dire qu'on peut faire pour éviter d'aggraver le problème de pénurie de
places, dans l'effet que l'impact réglementaire, c'est un fait, puis il y aura vraiment
un tiers des PNR qui vont quitter le réseau?
Mme Forget Bélec (Sophy) :
Honnêtement, moi, je ne crois pas au un tiers seulement. Lorsqu'on sonde à plus
grande échelle que les membres de l'AQMFEP et qu'on atteint 1 000,
1 500 personnes, on atteint le chiffre de 85,7 % de fermetures par un
bureau coordonnateur si le projet de loi passe actuellement. Donc, lorsque les
femmes sur le terrain discutent avec nous, elles n'ont vraiment rien contre des
lois, des règlements. Logique, là, on sait qu'il y a des allègements réglementaires
qui s'en viennent. De suivre la santé et la sécurité des enfants, que le ministère
se déplace chez elles, ce n'est vraiment pas… le bât qui blesse n'est pas là.
Le bât qui blesse, c'est vraiment la… qui
on va utiliser pour faire ces vérifications-là où le bât blesse. Donc, si on
disait, demain matin, que le ministère de la Famille ouvre un nouvel outil
qu'il gère entièrement lui-même, probablement que les femmes… au ministère et
seraient reconnues, peut-être, subventionnées ou non, là. Donc, nous, c'est vraiment
là où le bât blesse.
En 2017, lors de la réglementation,
pardon, l'analyse d'impact réglementaire, on estimait à 90 % de reconnaissance,
et, si on regarde les chiffres, les fermetures en garde reconnue ont découlées,
on parle d'exode vers la garde non reconnue. Donc, on ne peut pas vraiment se
fier parce qu'on ne connaît pas ces femmes-là. Lorsque je dis qu'on ne les
connaît pas, bien évidemment, je n'inclus pas les membres de AQMFEP parce que
nous, on les connaît, on connaît leurs demandes, on connaît leurs
revendications.
• (12 heures) •
Mme Maccarone : Je veux être
transparente avec vous. Je veux juste vous poser une question directement. Je
sais que ce n'est pas facile, quand on parle de la réputation, des fois, dans
le réseau des PNR. Tu sais, il y a une raison pour laquelle qu'on veut avoir
une réglementation, qu'on veut avoir un suivi, parce qu'on veut s'assurer la
sécurité de nos enfants, on veut avoir un réseau de qualité. Je pense que…
12 h (version non révisée)
Mme Maccarone : ...je sais que
ce n'est pas facile quand on parle de la réputation, des fois, dans le réseau
des PNR. Tu sais, il y a une raison pour laquelle qu'on veut avoir une réglementation,
qu'on veut avoir un suivi, parce qu'on veut s'assurer la sécurité de nos enfants,
on veut avoir un réseau de qualité. Je pense que c'est le but de ce projet de
loi. Alors, qu'est-ce que vous pouvez nous dire comme recommandation, suite à
l'adoption éventuelle, potentielle de ce projet de loi puis un impact dans le
réseau? Qu'est-ce qu'on peut faire pour assurer la qualité dans les PNR? Parce
que c'est ça, le bémol, je pense, en quelque part, les gens ont des craintes.
J'ai lu votre mémoire. Puis je comprends
ce que vous dites en ce qui concerne : on peut faire une trace entre les
PNR puis Revenu Québec, par exemple, parce que les gens paient des impôts. Mais
on va dire les vraies choses, ce n'est pas tout le monde. Ce n'est pas tout le
monde. C'est difficile à gérer. Alors, selon vous, qu'est-ce qu'on peut faire
pour assurer de la qualité dans le réseau? Parce qu'on parle quand même de nos enfants
puis on veut les protéger. Puis je pense que vous aussi c'est ça que vous
voulez aussi pour votre réseau.
Mme Forget Bélec (Sophy) : Oui,
effectivement, ...la garde illégale ou la garde médiocre. Actuellement, j'ai
des éducatrices qui mettent déjà en place un programme éducatif, qui font des
dossiers de l'enfant. Pas parce qu'elles sortent du réseau de garde reconnu
qu'elles ne deviennent pas bonnes. Donc, ces éducatrices-là ont continué de la
même façon. Donc, et si c'est pour éviter un bureau coordonnateur, ...pas que
les éducatrices aient une problématique à faire cette réglementation au niveau
de la qualité, également pour que le ministère soit au courant de la qualité
qu'elles offrent et du programme éducatif qu'elles mettent en place.
Par contre, je comprends que c'est un gros
travail pour le ministère de la Famille, et c'est la raison pour laquelle on
demande une autre entité, parce que c'est impossible pour le ministère d'avoir
des... pour le territoire au complet qu'est le Québec. Donc, c'est vraiment une
problématique qu'on comprend, mais bien évidemment, la santé, la sécurité et la
qualité de nos milieux, pour moi, c'est primordial.
Mme Maccarone : Je vous entends.
Je veux être réaliste aussi. Pratico-pratique, sur le terrain, nous vivons une
pénurie de main-d'oeuvre très importante dans la province. Puis, tu sais, faute
d'avoir des inspecteurs, je pense qu'il faut aussi penser à comment ça va se
réaliser sur le terrain. On peut bien dire qu'on veut avoir tellement
d'inspecteurs, on veut changer le modèle, mais je présume que vous êtes d'avis
qu'il faut trouver quand même un mi-chemin.
Là, on parle de peut-être une transition
de 48 mois. Que pensez-vous de cette transition? Est-ce que... Parce qu'on
a entendu des groupes qui ont dit que ce n'est pas assez long, ou c'est assez
long, ou ce n'est pas assez long, ou c'est trop long, ça va créer quand même
des difficultés dans le réseau. Selon vous, pratico-pratique, sur le terrain, est-ce
que la transition est bonne? Est-ce que le temps pour faire la transition, ça
va fonctionner? Parce que, comme je dis, moi, j'ai quand même des craintes en
ce qui concerne les visites d'inspecteurs. Puis je rajoute à ma question, Mme
Forget Bélec, c'est aussi : Si, mettons, vous dites… Bien, regarde, répondez
à la question, puis là je vais renchérir sur votre réponse.
Mme Forget Bélec (Sophy) :
O.K. Donc, je réponds à votre question. Donc, je comprends que ça prend les
mêmes secteurs, là. Je m'excuse, j'ai perdu le fil...
Mme Maccarone : …Mme Forget
Bélec, c'est… aussi : Si, mettons, vous dites… Bien, regarde, répondez à
la question, puis là je vais renchérir sur votre réponse.
Mme Forget Bélec (Sophy) : O.K.
Donc, je réponds à votre question. Donc, je comprends que ça prend les mêmes
secteurs, là. Je m'excuse, j'ai perdu le fil, un petit peu. Je comprends également
qu'on est pénurie de main-d'oeuvre puis que ça va être difficile à mettre en
place. Ça, je le comprends parfaitement. Par contre, on n'est pas en moyens au Québec
actuellement de perdre ces places-là, donc, et c'est vraiment de trouver un
consensus qu'on arrive à s'entendre. Pour ce qui est du quatre ans, donc pour
répondre à votre question pour le quatre ans, je crois pertinemment que les
fermetures ont déjà commencé. …j'espérais ne pas avoir de bureaux
coordonnateurs, et les… il y a déjà des milieux de garde qui ont déjà commencé.
Je ne crois pas que les centres attendent quatre ans. Même si on leur disait…
six mois ou dans deux ans, celles qui vont avoir à fermer vont fermer leurs
portes. Étant donné la pénurie actuelle d'emplois… de travailleurs partout au Québec,
elles n'auront pas de difficulté à se réorienter, et c'est bien là la
problématique, c'est que c'est les parents actuels qui vont vivre cette
crise-là, et non dans quatre ans, lorsque ce sera en cours.
Mme Maccarone : Puis vous,
vous pensez que, selon vos 618 membres, ils seront à l'aise d'être soumises à
des visites du ministère, comme c'est le cas actuellement dans le milieu des
régies accréditées par les bureaux coordinateurs?
Mme Forget Bélec (Sophy) : Les
éducatrices que je représente ne veulent pas d'un bureau coordonnateur, mais
elles sont prêtes à se… Je n'aime pas le mot «soumettre». Elles sont prêtes à
respecter les règles du ministère de la Famille et à être régies par
celui-ci...
Mme Maccarone : O.K. Ça fait
que dans le fond, on est à l'aise d'être assujetti à des visites d'inspecteurs.
Est-ce que vous êtes aussi à l'aise avec des sanctions pénales? Parce que ça
aussi, c'est une question qui se fait poser. Parce que, dans l'éventualité qu'on
ait quand même des réseaux qui ne respectent pas les critères, qui ne
respectent pas les normes, est-ce que vous êtes aussi à l'aise que ce serait quand
même un pouvoir du ministre de s'assurer de la qualité dans le réseau?
Mme Forget Bélec (Sophy) :
Oui, exactement. L'article 6.2 des règlements des services de garde éducatifs à
l'enfance, les éducatrices, qu'elles soient PNR, qu'elles soient reconnues,
sont toutes les deux incluses dans cet article de loi là. Donc, elles ont déjà
des sanctions possibles. On a vu des cas dans les médias dernièrement où le ministère
n'a pas pu intervenir, et pour moi c'est aberrant. Donc, j'espère que le ministère
aura un levier supplémentaire pour pouvoir faire fermer ces milieux-là. Jamais
on n'a été contre les sanctions pour les femmes qui utilisaient la force, ou
peu importe, avec les enfants que… …
Mme Maccarone : Savez-vous
que, dans… parmi vos membres… Puis, comme j'ai dit, je sais que c'est quand
même une petite portion des PNR, mais avez-vous quand même des statistiques en
ce qui concerne le nombre d'enfants ayant des besoins particuliers ou
handicapés qui fréquentent votre réseau?
Mme Forget Bélec (Sophy) :
Non, on n'a pas de statistiques. Par contre, je peux vous dire qu'on est un
petit peu pris dans la même situation que les installations privées, donc on se
tourne vers les CIUSSS, les CSSS, etc.
Mme Maccarone : Ça fait que,
vous, vous…
Mme Maccarone : …mais
avez-vous quand même des statistiques en ce qui concerne le nombre d'enfants ayant
des besoins particuliers ou handicapés qui fréquentent votre réseau?
Mme Forget Bélec (Sophy) :
Non, on n'a pas de statistiques. Par contre, je peux vous dire qu'on est un
petit pris dans la même situation que les installations privées. Donc, on se
tourne vers les CIUSSS, les CSSS, etc.
Mme Maccarone : Ça fait
que vous, vous aimeriez aussi, lors d'une transition dans le réseau, d'avoir
accès aux subventions pour s'assurer que ces enfants peuvent aussi avoir… puis
être bénéficiaires des services, puis de s'assurer de leur potentiel lors de
l'éventuelle transition du réseau de service de garde jusqu'au réseau scolaire?
Mme Forget Bélec (Sophy) :
En fait, nos éducatrices ne veulent pas être subventionnées, donc j'imagine
qu'elles voudraient que ce soient les parents qui aient accès aux ressources
financières pour que leurs enfants aient les services actuels.
Mme Maccarone : O.K.
Parce que j'avoue, peut-être, que vous n'êtes pas au courant, mais j'avais
déposé un mandat d'initiative en ce qui concerne l'exclusion des enfants ayant
des besoins particuliers, handicapés, puis je pense que tout le réseau devrait
mettre la main dans la pâte pour s'assurer la réussite de ces enfants puis
l'inclusion de ces enfants. Ça va très important. Merci beaucoup pour votre
intervention avec nous aujourd'hui.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Merci beaucoup. Maintenant, je vais céder la parole à la députée de Sherbrooke
pour 2 min 45 s.
Mme Labrie : Merci, Mme
la Présidente. Merci, Mme Forget Bélec pour votre présentation. J'ai une
question pour vous. J'ai bien entendu qu'il y a une volonté de ne pas intégrer
un bureau coordonnateur, mais j'aimerais comprendre mieux la volonté de ne pas
être subventionné. Parce que vous nous dites, dans le fond, que vous voulez un
permis du ministère. Je comprends bien. Mais pourquoi pas de subventions?
Mme Forget Bélec (Sophy) :
Oui. Par exemple… merci, Mme la députée de Sherbrooke. Si on allait
vers un réseau reconnu d'éducatrices avec un permis du ministère de la Famille,
on met une image, les éducatrices n'auraient pas accès à la subvention. Mais si
elle voulait la subvention, elles auraient l'obligation syndicale, et c'est
vraiment là où le bât blesse, avec la subvention, les éducatrices n'en veulent
pas, elles ne veulent pas avoir l'obligation syndicale. Et si jamais elles ont
l'obligation syndicale, elles veulent désirer choisir avec qui elles peuvent
être syndiquées, et c'est vraiment là où ça se corse. C'est que les
éducatrices, lorsqu'elles sont avec un bureau coordonnateur… le bureau
coordonnateur a voté à plus de 50 % en majorité un syndicat, FIPEQ, les
éducatrices n'auront pas le choix d'être avec la FIPEQ. Donc, elles n'auront
pas le choix individuel du syndicat qu'elles choisissent, lorsqu'elles sont
subventionnées, ça va vraiment par territoire, et c'est vraiment la
problématique, là, des femmes qui ont été reconnues subventionnées, qui sortent
du réseau. On a les bureaux coordonnateurs et la syndicalisation qui vient avec
la subvention.
Mme Labrie : Donc,
l'irritant, ce n'est pas nécessairement d'avoir un revenu qui va être balisé
avec les modalités de la subvention, c'est vraiment l'obligation syndicale,
l'irritant.
Mme Forget Bélec (Sophy) :
Oui, exactement, certaines femmes… choisir leur salaire, mais ce n'est pas
vraiment l'entièreté. C'est vraiment l'obligation syndicale qui vient avec.
Mme Labrie : Est-ce que
vous pensez qu'il y a une façon de contourner cet enjeu-là pour s'assurer que
les milieux qui sont reconnus soient subventionnés? Parce que c'est…
Mme Labrie : …syndicale,
l'irritant.
Mme Forget Bélec (Sophy) :
Oui, exactement. Certaines femmes… choisir leur salaire, mais ce n'est pas vraiment
l'entièreté, c'est l'obligation syndicale qui vient avec.
Mme Labrie : Et est-ce que
vous pensez qu'il y a une façon de contourner cet enjeu-là pour s'assurer que
les milieux qui sont reconnus soient subventionnés? Parce que c'est quand même
ça, le besoin qui est exprimé par les parents.
Mme Forget Bélec (Sophy) :
Hum-hum. J'ai fait la demande au ministre, dans les trois dernières années…
soit là… un juge et d'offrir la syndicalisation obligatoire ou non. Donc, que
les femmes soient syndiquées si elles le veulent, ou pas, malgré la subvention.
Mme Labrie : O.K. Donc, c'est
la seule piste de solution que vous voyez, là-dessus? O.K.
Mme Forget Bélec (Sophy) : …
Mme Labrie : Puis est-ce que
si on incluait dans le projet de loi des modalités pour rendre publics, par
exemple, les résultats des évaluations de qualité, les rendre accessibles aux
parents, est-ce que vous auriez de l'ouverture à ça?
Mme Forget Bélec (Sophy) : En
2017, on proposait que les parents évaluent leurs services de garde et l'envoient
au ministère, donc on ne peut pas être contre ça.
Mme Labrie : Parfait. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci beaucoup. Donc, je vous remercie pour votre contribution, Mme Forget
Bélec, et nous suspendons nos travaux quelques instants pour accueillir nos
prochains témoins.
(Suspension de la séance à 12 h 10)
(Reprise à 12 h 14)
La Présidente (Mme D'Amours) :
Alors, nous reprenons nos travaux. Je souhaite la bienvenue au Vérificateur
général du Québec, Mme Christine Roy, Janique Lambert, Émilie Peter. Donc,
chères invitées, je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour
votre exposé, après quoi nous procéderons à la période d'échange avec les
membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter et à procéder à
votre exposé. La parole est à vous.
Mme Roy (Christine) :
Merci. Mme la Présidente, Mme la vice-présidence, M. le ministre
de la Famille, Mmes et MM. les membres de la commission, en tant que
sous-vérificatrice générale, je vous remercie d'offrir au Vérificateur général
du Québec la chance d'exprimer ses commentaires et de répondre à vos questions
sur le projet de loi n° 1. Pour l'occasion, Mme Janique Lambert,
Commissaire au développement durable, et Mme Émilie Peter, conseillère en pratiques
d'audit de performance, m'accompagnent. Nos commentaires sont basés sur les
travaux que nous avons effectués dans le passé, notamment sur notre rapport sur
l'accessibilité aux services de garde éducatifs à l'enfance déposé en 2020.
D'entrée de jeu, nous constatons que le
projet de loi comporte des propositions importantes qui visent à répondre à des
recommandations que nous avons formulées dans ce rapport. Toutefois, nous
désirons attirer votre attention sur certains aspects qui comportent des risques
quant à l'atteinte des grands objectifs de la loi…
Mme Roy (Christine) :
...éducatif à l'enfance déposé en 2020. D'entrée de jeu, nous constatons que le
projet de loi comporte des propositions importantes qui visent à répondre à des
recommandations que nous avons formulées dans ce rapport. Toutefois, nous
désirons attirer votre attention sur certains aspects qui comportent des
risques quant à l'atteinte des grands objectifs de la loi au chapitre de la
qualité des services de garde, de l'égalité des chances des enfants et d'une offre
de services qui tienne compte des besoins des parents. J'ai regroupé ces
aspects en trois volets.
Au chapitre de l'accessibilité, notre
rapport faisait état de nombreuses lacunes en lien avec l'encadrement des services
de garde. Or, bien que nous tenions à souligner que cet encadrement ne doit pas
surcharger démesurément les services de garde ou les activités du ministère, il
doit toutefois permettre de résoudre les problématiques que nous avons
constatées, soit notamment la sous-représentativité des enfants issus de
familles à faible revenu dans les centres de la petite enfance de Laval et de
Montréal, les taux de placement plus faibles des enfants ayant des besoins
particuliers ou dont les parents souhaitent un horaire de garde atypique, le
cumul des critères d'admission pouvant réduire l'accessibilité à certains
services de garde et l'absence d'encadrement des politiques d'admission des
services de garde par le ministère.
Le projet de loi prévoit notamment que les
conditions et les modalités entourant l'inscription d'un enfant au guichet
unique, l'appariement d'une enfant avec un prestataire de service de garde
ainsi que les critères et les priorités d'admission des enfants seront fixées
par règlement. Il prévoit également que la politique d'admission de certains
services de garde devra répondre à des exigences réglementaires. Ces
dispositions, dans la mesure où elles seront mises en place adéquatement une
grande avancée. Toutefois, le contenu du ou des règlements qui définira les
exigences sera déterminant pour assurer l'égalité des chances des enfants
d'accéder à des services qui répondent à leurs besoins qu'à ceux de leurs
parents. Or, contenu n'est pas soumis à la présente consultation, par
conséquent, nous ne pouvons pas valider si ces modalités permettront
d'atteindre l'objectif souhaité.
Voici également six éléments qui
pourraient nuire à l'atteinte des objectifs de la loi. Premièrement, le nouvel
encadrement visant l'utilisation du guichet unique est tributaire de
l'obligation légale, par les prestataires des services de garde qui y sont
soumis, de combler toutes leurs places par le biais de ce guichet. Or, lors de
notre dernier audit, nous avons relevé qu'entre septembre 2018 et novembre 2019
environ 30 000 enfants obtenus une place sans être inscrits au
guichet. Comme nous le recommandions dans notre rapport, il sera donc important
que le ministère s'assure que les services de garde recourent exclusivement aux
inscriptions portées au guichet unique pour combler leur place. Deuxièment, un
prestataire de service de garde qui sera soumis par règlement à des critères et
des priorités d'admission spécifiques pourra, s'il le désire, refuser
d'accueillir un enfant qui lui est référé, et ce aux seules conditions d'en aviser
l'administrateur du guichet et de son parent, et d'indiquer par écrit aux
parents les motifs justifiant son refus. Tout en ne voulant pas alourdir
excessivement les processus, nous croyons que ce droit de refus comporte tout
de même le risque de contrecarrer les autres dispositions visant à encadrer
l'attribution des places disponibles. Troisièmement…
Mme Roy (Christine) :
...l'administrateur du guichet et de son parent, et d'indiquer par écrit aux
parents les motifs justifiant son refus. Tout en ne voulant pas alourdir
excessivement les processus, nous croyons que ce droit de refus comporte tout
de même le risque de contrecarrer les autres dispositions visant à encadrer
l'attribution des places disponibles.
Troisièmement, puisque les politiques d'admission
des services de garde devront conditionner l'appariement des enfants avec ces
services, il sera nécessaire de s'assurer que ces politiques seront conformes
aux exigences qui seront fixées par règlement pour les milieux qui y sont
assujettis.
Quatrièmement, nous avions soulevé, dans
notre rapport, que le ministère n'obtenait aucune information sur les
expulsions d'enfants et n'exerçait aucun contrôle à cet égard, sauf sur la base
de plaintes. Dans un contexte où le ministère encadrera la priorisation des
enfants pour l'accès à certains milieux de garde, nous croyons qu'il sera plus
que jamais nécessaire qu'il soit informé des expulsions afin de s'assurer que
ce mécanisme n'est pas utilisé de manière abusive.
Cinquièmement, selon le projet de loi, les
enfants qui vivent dans des contextes de précarité socioéconomique seront
priorisés dans les politiques d'admission de certains prestataires de garde.
Or, il sera non seulement nécessaire d'obtenir l'information permettant
d'identifier les enfants qui vivent dans de tels contextes, mais il faudra
également s'assurer que cette information est fiable par souci d'équité.
Sixièmement, il n'y a aucune mention, dans
le projet de loi, des autres enfants vulnérables, notamment ceux ayant des
besoins particuliers. D'autres mesures ou dispositions seront donc nécessaires
afin d'obtenir une meilleure représentation de ces enfants dans les services de
garde reconnus.
De plus, il y a actuellement des
protocoles d'entente entre le réseau de la santé et certains services de garde
afin de faciliter l'accès à des enfants vulnérables, par exemple, ceux qui
présentent un handicap ou qui sont exposés à une situation de violence. Nous
nous questionnons sur le mécanisme qui permettra d'assurer une place à ces
enfants lors de l'élaboration des nouvelles modalités réglementaires.
En ce qui concerne la création de places,
nos travaux d'audit nous ont amenés à constater des retards importants dans la
création de places en service de garde ainsi que des lacunes dans les données
utilisées par le ministère pour déterminer les besoins des familles. Certains
articles du projet de loi visent, selon le ministère, à accélérer la création de
places. Nous ne pouvons qu'accueillir favorablement cette volonté d'efficience.
Cependant l'absence notamment du rôle
systématique des comités consultatifs pour l'octroi des places, il sera plus
que jamais nécessaire que le choix des projets soit effectué sur la base d'une
analyse rigoureuse et de critères objectifs. Il faut éviter que le processus
d'attribution des places fasse en sorte que des projets, dont la qualité jugée
insatisfaisante, soient retenus, comme nous l'avons constaté lors d'un audit réalisé
en 2011.
• (12 h 20) •
L'analyse des besoins devra être tout
aussi rigoureuse. Il faut s'assurer, comme nous le recommandions dans notre
dernier rapport, que la stratégie de déploiement du réseau sera revue afin de
permettre à l'offre de service de répondre aux besoins des familles dans toutes
les régions. Ainsi, au-delà du projet de loi, la façon dont la loi et ses
règlements seront appliqués sera toute aussi importante.
Par ailleurs, le droit des enfants de
choisir le prestataire de service de garde, actuellement mentionné à l'article
1 de loi, n'apparaît plus dans le projet de loi. Or, nous avons constaté, lors
de notre audit, que les parents de 9 000 enfants qui fréquentaient un
service de garde non subventionné étaient en attente d'une place subventionnée.
Je m'interroge donc sur l'impact de cette modification quant à la possibilité
pour un enfant de fréquenter un service de garde...
Mme Roy (Christine) : …garde actuellement
mentionné à l'article 1 de la loi n'apparaît plus dans le projet de loi. Or,
nous avons constaté, lors de notre audit, que les parents de 9 000 enfants
qui fréquentaient un service de garde non subventionné étaient en attente d'une
place subventionnée. Je m'interroge donc sur l'impact de cette modification
quant à la possibilité pour un enfant de fréquenter un service de garde tout en
restant sur la liste d'attente du guichet afin d'accéder éventuellement à un
service qui répondrait davantage à ses besoins ou à ceux de ses parents.
Finalement, la qualité des services se
trouve au coeur même de la Loi sur les services de garde éducatifs à l'enfance.
Je vais donc également m'attarder sur quatre éléments relevés à ce sujet.
Premièrement, les nouvelles dispositions
qui limitent la prestation de services de garde dans les milieux familiaux non
reconnus pourraient faire en sorte qu'une grande partie d'entre eux intègre le
réseau des services de garde reconnus. Il s'agit d'un pas vers un accès à des
services plus encadrés. Toutefois, pour que la mesure soit efficace, elle devra
aller de pair avec une surveillance adéquate et régulière de ces milieux par
les bureaux coordonnateurs. Or, cette surveillance, la création de nouvelles
places ainsi que la mise en place d'installations temporaires pourraient poser
des défis de main-d'oeuvre en accentuant le niveau de surveillance requis dans
l'ensemble du réseau.
Deuxièmement, l'uniformisation des
pratiques des bureaux coordonnateurs répond à un constat que nous avons formulé
en 2011 afin de s'assurer de l'amélioration de leurs pratiques. Il faudra
toutefois que les instructions qui leur seront fournies permettent d'atteindre
l'objectif.
Troisièment, je m'interroge sur la
proposition de retirer les articles 6.1 et 6.2 de la loi actuelle, qui énoncent
les conditions de base à respecter pour les milieux non reconnus qui, sous
certaines conditions, pourront continuer d'exister, comme l'obligation d'aviser
les parents que le service n'est pas assujetti à la surveillance d'un bureau
coordonnateur, celle de détenir un certificat de secourisme et une attestation
d'absence d'empêchement ou encore l'interdiction d'appliquer des mesures
dégradantes ou abusives.
Enfin, quatrièmement, au-delà de ce projet
de loi, un enjeu demeure, l'embauche d'éducatrices et d'éducateurs qualifiés en
nombre suffisant pour pouvoir suffire à la demande. Dans notre rapport, nous
avons soulevé le fait que l'exigence réglementaire quant au ratio de personnes
qualifiées n'était pas toujours respectée, particulièrement dans les garderies
non subventionnées. Pourtant, selon le ministère, l'un des facteurs qui
contribuent à assurer la qualité des services est l'embauche de personnel
qualifié. Il sera donc important que la réglementation concernant les
modifications proposées au sujet de la qualification des personnes travaillant
dans le réseau soit élaborée sur la base d'une analyse rigoureuse permettant le
maintien de cette qualité.
En conclusion, nous accueillons
favorablement la volonté du gouvernement de répondre aux recommandations que
nous avons formulées en 2020 avec ce projet de loi. Toutefois, de nombreuses
modalités doivent être fixées par règlement. Ainsi, nous invitons le
gouvernement à faire preuve de la plus grande prudence lorsque viendra le temps
d'élaborer ses règlements pour s'assurer d'atteindre les objectifs de la loi
sur les services éducatifs à l'enfance, tout en permettant que la nouvelle
réglementation soit mise en place dans un délai raisonnable. Il sera également
tout aussi essentiel de veiller à ce que les processus et les contrôles pour
assurer une application adéquate de la loi et de ses règlements soient mis en
place et exercés en temps opportun, et ce, sans alourdir indûment les processus.
Je vous remercie de votre attention, et c'est avec plaisir que je répondrai à
vos questions.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Je vous remercie pour votre exposé. Nous allons maintenant commencer la période
d'échange. M. le ministre, la parole est à vous…
Mme Roy (Christine) :
...application adéquate de la loi et de ses règlements soit mise en place et
exercée en temps opportun, et ce, sans alourdir indûment les processus. Je vous
remercie de votre attention, et c'est avec plaisir que je répondrai à vos
questions.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Je vous remercie pour votre exposé. Nous allons maintenant commencer la période
d'échange. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Lacombe : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Bonjour à vous trois. C'est un plaisir de pouvoir
échanger avec vous, d'autant plus que vos remarques, bien sûr, et tout le
travail que vous avez fait dans les dernières années a été précieux dans l'élaboration
de tout ce qu'on a mis sur pied. Puis vous pouvez être certaines, toutes les
trois et l'ensemble, là, de l'équipe de la Protectrice du citoyen, que, pour
nous, c'était... en fait, Vérificateur général, pardon... que, pour nous,
c'était vraiment une priorité de venir régler certains des éléments, là, ou, en
fait, la plupart des éléments que vous avez montrés du doigt.
Peut-être, d'abord, je commencerais par
vous parler du processus. Parce que c'est clair qu'actuellement le processus,
il est lourd. Vous avez vu notre volonté de se détacher des comités
consultatifs sur l'offre, les CCO, sur le terrain, qui, bien honnêtement, venaient,
de façon importante, alourdir le processus. On se rappelle que ces comités-là
ont été mis en place à la suite de pratiques, là, qui, évidemment, étaient
illégales à l'époque, donc pour qu'il y ait un bras de distance, là, entre le politique
et l'attribution des places. Est-ce que...
Et d'ailleurs, là, le rapport, effectivement,
de l'automne 2011 auquel vous avez fait référence est assez éloquent à ce
sujet-là. Vous disiez : «Le processus d'attribution des 18 000 nouvelles
places à contribution réduite instaurée par le ministère en 2008 n'a pas permis
d'accorder des places à des projets de qualité comme il l'a défini.» Un peu
plus loin, vous disiez : «Une grande place a donc été laissée à la
subjectivité.» Et honnêtement le pourcentage, là, des projets qui passaient le
test était assez alarmant, là. Donc, vous avez bien établi ça, avec beaucoup de
justesse.
Mais la question que je me pose...
Évidemment, les temps ont changé, là, on n'est plus à cette époque-là. On a le
désir d'aller plus rapidement pour bien servir les parents et les tout-petits.
Je comprends votre préoccupation à l'effet que les critères sur lesquels on
doit se baser doivent être clairs, doivent être précis, doivent être
transparents. Mais, au-delà de dire ça, est-ce que vous avez peut-être des
éléments plus précis à nous identifier, sur lesquels on devrait vraiment se
baser? Parce que ce qu'on veut, c'est que ça se fasse de la façon la plus
transparente possible, qu'il n'y ait plus d'ingérence politique indue, mais, en
même temps, on veut que le ministère de la Famille fasse le travail qu'il doit
faire, qu'il est capable de faire, sans avoir recours, là, à des comités
consultatifs sur le terrain, qui viennent alourdir, souvent, le processus.
Donc, est-ce que vous avez des points plus précis que vous aimeriez nous
souligner sur lesquels on doit être vigilants?
Mme Roy (Christine) :
Bien, en fait, ce qu'on se rend compte, même...
M. Lacombe : On vous
entend bien.
Mme Roy (Christine) :
Vous m'entendez bien? O.K., c'est bien. En fait, ce qu'on se rend compte, même
aujourd'hui, parfois, c'est que, des fois, les critères, quand ils sont
élaborés dans une grille, ils ne sont pas suffisamment détaillés, ils peuvent
être flous, donc on peut...
Mme Roy (Christine) : ...bien,
en fait, ce qu'on se rend compte, même au...
M. Lacombe : On vous entend
bien.
Mme Roy (Christine) : Vous
m'entendez... O.K., c'est bien. En fait, là, ce qu'on se rend compte, même aujourd'hui,
parfois, c'est que, des fois, les critères, quand ils sont élaborés dans une
grille, ne sont pas suffisamment détaillés, peuvent être flous. Donc, on peut
se rendre compte que deux équipes qui vont examiner un paquet de dossiers,
comme on dit, bien, ne feront peut-être pas la même recommandation que l'équipe
d'à côté, qui aurait eu des dossiers semblables. Donc, il faut que les grilles
soient suffisamment précises pour assurer, dans le fond, une évaluation
objective qui soit la même, dans le fond, que ce soit une personne qui la fasse
ou la personne d'à côté.
Deuxièmement, ce qu'on constate encore aujourd'hui,
souvent, dans des dossiers, c'est que la décision d'octroyer soit une subvention,
par exemple... on vient de déposer un rapport ce matin, d'ailleurs... dans le
fond, mettons que c'est un octroi de subvention, bien, est-ce que c'était la
meilleure... c'est le meilleur projet priorisé? Bien, souvent, la documentation
dans les dossiers, quand on vient faire nos audits, n'est pas suffisante, n'est
pas là pour nous permettre de conclure que, oui, en fait, le ministère en question
a pris la bonne décision.
Ça fait que ce que je vous dirais, c'est
vraiment de vous assurer d'avoir des grilles qui sont claires, qui ne sont pas
sujettes à interprétation, de faire de la formation pour que tout le monde comprenne
les grilles adéquatement. Premièrement, il faut s'assurer d'avoir les bons
critères dans les grilles, aussi, pour atteindre l'objectif, qu'est-ce qu'il
est important d'avoir pour s'assurer que le projet soit de qualité. Mais aussi,
de bien documenter tout ça, d'avoir les pièces qui permettent de répondre à ça
si on vient vérifier les dossiers, puis qu'on se dit : Bien, pourquoi ce
projet-là a été choisi, plutôt qu'un autre? Donc, c'est ce que je vous dirais.
M. Lacombe : Lorsque... bien,
c'est intéressant... lorsque les projets... lorsque la recommandation,
favorable ou défavorable, au sujet des projets qui étaient soumis, venait du
terrain... et c'est encore le cas, là, la loi... le projet de loi, il n'est pas
adopté... mais étant donné que ça vient du terrain, il y a, dans les comités
consultatifs, des gens qui représentent les services de garde. Donc, il y a des
intérêts qui sont là, qui sont des intérêts corporatifs, là, c'est-à-dire, il y
a des représentants des CPE, des garderies privées. Et ce qu'on nous dit
parfois, c'est que, bon, il peut y avoir du corporatisme, et que ça peut, dans
certains cas, nuire au processus.
Est-ce que vous pensez que, dans un
nouveau modèle où c'est le ministère qui fait l'évaluation des projets uniquement,
il faudrait se distancer de cette pratique-là ou, au contraire, selon vous, il
faudrait peut-être avoir quand même des gens qui représentent les services de
garde? Parce que, je vous avoue bien franchement, à mon sens, j'y vois, d'une
certaine façon, un conflit d'intérêts. Mais je me demandais quel était votre
avis là-dessus.
• (12 h 30) •
Mme Roy (Christine) : En
fait, on ne l'a pas regardé sous cet angle-là parce que d'avoir l'opinion des
milieux, ça peut, effectivement, avoir un certain angle, sous cet aspect-là,
mais ça peut aussi permettre de bien comprendre les besoins. Ça fait que ça
vous appartient, ce choix-là. Nous, tout ce qu'on veut dire, c'est : Il
faut qu'il y ait, à tout le moins, un mécanisme pour encadrer le choix des
projets. Donc, si ces choix-là sont faits par le ministère, bien, le ministère
va devoir se mettre en place un mécanisme sérieux pour montrer pourquoi il a
choisi un projet, plutôt qu'un autre. Et c'est ça, vraiment, qui est important
pour nous, de s'assurer que...
12 h 30 (version non révisée)
Mme Roy (Christine) : ...il
faut qu'il y ait, à tout le moins, un mécanisme pour encadrer le choix des
projets. Donc, si ces choix-là sont faits par le ministère, bien, le ministère
va devoir se mettre en place un mécanisme sérieux pour montrer pourquoi il a
choisi un projet plutôt qu'un autre. Et c'est ça, vraiment, qui est important pour
nous, de s'assurer que, dans le fond, les meilleurs projets sont vraiment,
réellement, choisis puis que ça suit un processus rigoureux. Et actuellement,
ce qu'on voit, c'est que ce processus-là repose actuellement sur une analyse
d'une équipe, elle ne repose pas sur la perception d'une seule personne, là, il
y a plus qu'une personne et, bon, ils regardent les projets, ils font des
recommandations.
Donc... Et si, là, la recommandation n'est
pas reconnue, bien, on s'attend aussi à ce qu'il y ait une justification qui
soit mise au dossier pour justifier ces choix-là. Mais...
M. Lacombe : Je comprends
bien, d'accord. Je vais laisser... Est-ce que vous vouliez compléter ou vous
êtes correcte?
Mme Roy (Christine) : Non, ça
va.
M. Lacombe : O.K., super, je
vais laisser ma collègue vous poser une question puis je vais revenir après
s'il nous reste du temps.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le ministre. Je cède maintenant la parole à la députée de Bellechasse.
Mme Lachance : Merci, Mme la
Présidente. Merci, M. le ministre. Bonjour, mesdames, merci d'être là. Je
voudrais revenir un petit peu dans votre mémoire ou, en fait, dans ce que vous
avez mentionné au volet n° 3, la qualité des
services. Vous mentionnez qu'une des dispositions... vous êtes favorables à une
disposition, celle qui permet d'intégrer... celle qui permet aux services en
milieux familiaux non reconnus d'intégrer le réseau des services de garde
reconnus. Je veux vous entendre sur ce sujet-là.
Et je veux aussi aller un petit peu plus
loin parce que vous dites : «Toutefois, pour que la mesure soit efficace,
elle devra aller de pair avec une surveillance adéquate et régulière de ces
milieux par les bureaux coordonnateurs. Donc, je sais que vous êtes... vous avez
déjà bien étudié la question, mais j'aimerais vous entendre sur ce point-là s'il
vous plaît.
Mme Roy (Christine) : Bien, dans
le fond, notre propos vient du fait que la loi peut assurer une qualité de
service, un encadrement en termes de sécurité, en termes de développement de
l'enfant. Donc, nous, on voit quand même d'un bon œil que des milieux qui sont
non reconnus, donc moins assujettis à certaines réglementations venant de la
loi, puissent intégrer le réseau de milieux familiaux reconnus. Donc, dans ce
contexte-là, c'est pour ça qu'on dit qu'on est favorables à ce qu'il y ait un
meilleur encadrement pour les enfants.
Par contre, ces personnes-là, dans le
fond, vont devoir, hein, changer un peu leur façon de faire ou se soumettre à
une réglementation pour laquelle elles n'étaient pas habituées, donc je
m'attends quand même à ce que les bureaux coordonnateurs aient un rôle de
surveiller si ça se passe bien, puis à la limite, si les gens ont besoin
d'accompagnement, qu'un accompagnement soit offert à ces milieux-là pour faire
la transition et arriver au but escompté, là, à la fin, le but qu'on recherche
d'avoir un meilleur encadrement de ces milieux-là au bénéfice de l'enfant.
Mme Lachance : Donc, vous
voyez le rôle du bureau coordonnateur favorablement, mais qui plus est, vous
pensez que le...
Mme Roy (Christine) : ...ces
milieux-là pour faire la transition et arriver au but escompté, là, à la fin,
le but d'avoir un meilleur encadrement de ces milieux-là au bénéfice de
l'enfant.
Mme Lachance : Donc, vous
voyez le rôle du bureau coordonnateur favorablement, mais, qui plus est, vous
pensez que le bureau coordonnateur pourrait aussi avoir un rôle de soutien, ou
devrait.
Mme Roy (Christine) : Bien,
je ne sais pas si c'est le bureau coordonnateur qui doit faire le soutien ou si
c'est d'autres ressources qui devront être mises en place, parce qu'ici on
parlait vraiment d'un rôle de surveillance, mais probablement que, lorsqu'il va
faire son rôle de surveillance, il peut détecter que le milieu a besoin de
soutien. Et là il faudra voir quel acteur est le mieux placé pour offrir ce
soutien-là, mais c'est possible que certaines personnes aient besoin de soutien
pour y arriver, dans le fond, là. Donc, je n'ai pas d'exemple précis à vous
donner ce matin, mais je peux présumer que c'est quand même un changement
important pour ces milieux-là.
Mme Lachance : Voulez-vous
reprendre la parole, M. le ministre?
M. Lacombe : Après vous.
Mme Lachance : Bien, je la
reprendrai peut-être. Je vois que vous avez...
M. Lacombe : O.K. Bien, est-ce
que...
Mme Lachance : Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Je vais maintenant céder la parole au ministre.
M. Lacombe : J'aimerais
rapidement... parce que ça me préoccupe quand même, là. Vous nous dites, dans
ce que vous nous avez présenté, que vous vous interrogez sur la proposition de
retirer les articles 6.1 et 6.2 de la loi actuelle, donc on comprend que c'est
les conditions de base, là, qui étaient, donc... voyons, le mot m'échappe,
là... mais qui étaient demandées, là, qui étaient... auxquelles devaient se
soumettre, bon, disons ça comme ça, les personnes qui offrent de la garde non
reconnue, mais du moment où on leur dit que, sur une période de quatre années,
elles doivent intégrer le réseau, ce type de garde là n'existera plus, mais
vous dites : On devrait quand même garder ça pour les exceptions qui vont
demeurer parce qu'on va quand même tolérer certains cas d'exception.
Je vous avoue que je suis un peu
étonné, préoccupé, j'aimerais peut-être voir le fond de votre pensée là-dessus.
Parce que l'intention derrière ce qu'on propose, c'est de permettre, par
exemple, à notre voisine de garder nos deux enfants, par exemple, si, je ne
sais pas, une journée, le service de garde est fermé, par exemple en milieu
familial, et que, bon, nous, on ne peut pas prendre congé, on envoie les deux
enfants se faire garder pour la journée chez la voisine. Il y a un échange
d'argent, il y a une rémunération, évidemment, on ne veut pas que cette
personne-là soit tenue d'avoir un certificat de secourisme, une absence
d'empêchement, etc., on souhaite s'en remettre, là, au bon jugement des parents
qui vont décider s'ils confient leurs enfants pour la journée à la voisine. En
même temps, on ne souhaite pas que ça produise un modèle où c'est un emploi, où
la personne reçoit des enfants de familles différentes chaque jour et qu'elle
vit de ça.
Donc, on a été assez prudents dans la
façon dont on a présenté ça, le fond de votre pensée là-dessus. Est-ce que
c'est peut-être une erreur d'interprétation, on s'est mal compris, ou vous
souhaitez vraiment garder ça même pour la voisine?
Mme Roy (Christine) : Bien,
premièrement, c'était… en attendant que les services non reconnus soient
complètement intégrés. La deuxième chose, c'est qu'il y a quand même la
permission pour deux enfants, donc on pourrait confier…
M. Lacombe : ...peut-être une
erreur, là, d'interprétation, on s'est mal compris ou vous souhaitez vraiment
garder ça, même pour la voisine?
Mme Roy (Christine) : Bien,
premièrement, c'était une protection en attendant que les services non reconnus
soient complètement intégrés. La deuxième chose, c'est qu'il y a quand même la
permission pour deux enfants. Donc, on pourrait confier des enfants, par
exemple, deux enfants d'une même famille, à un service de garde qui a déjà ses
propres enfants aussi à s'occuper puis qui n'en veut pas plus que ça, et qu'on
ne prenait pas du tout dans le contexte de pénurie. Donc, on se disait...
C'était plus un questionnement qu'on avait, à se dire : Est-ce que ça vaut
vraiment la peine d'enlever ces articles-là, qui sont quand même des éléments
assez de base, là, étant donné... premièrement, juste d'aviser les parents que
ce n'est pas assujetti à la surveillance d'un bureau coordonnateur parce
qu'est-ce que c'est tout le monde dans la population qui est bien informé de
tout ça?
Donc, c'est dans ce contexte-là qu'on se
demandait : Bien, est-ce que, vraiment, toutes les exceptions... parce
qu'on comprend qu'ici on ne vise pas des cas ad hoc où on a besoin que
quelqu'un nous dépanne, mais des cas où on envoie vraiment certains enfants
dans des milieux de garde. Est-ce que ce n'est pas pertinent de garder ces
éléments-là? Donc, c'est vraiment un questionnement qu'on soulevait à savoir la
raison, dans le fond, du retrait de ces deux articles-là.
M. Lacombe : Je comprends.
Bon, on tiendra compte de vos commentaires, mais je vous rassure, là, l'idée,
c'est simplement de se garder une porte de sortie pour ne pas non plus, là,
venir faire de la microgestion dans le quotidien des parents, leur laisser
quand même une certaine porte de sortie avec de la flexibilité, mais tout en contrôlant
la qualité. Donc, je comprends votre préoccupation puis on en tiendra compte.
Est-ce qu'il nous reste du temps, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme D'Amours) :
Trois minutes.
M. Lacombe :
Trois minutes. Je pense que la députée de Bellechasse voulait intervenir.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le ministre. Mme la députée de Bellechasse.
Mme Lachance : Merci, Mme la
Présidente. Dans un autre ordre d'idée, je vous ai lu, et vous mentionnez à ce
qui a trait à la liste d'attente que c'est important que la liste d'attente
fasse foi du rang des enfants pour avoir accès au service de garde, mais vous
émettez aussi un questionnement quant à la possibilité d'un enfant de demeurer
sur la liste d'attente. Pouvez-vous développer puis m'expliquer un petit peu en
quoi… comment vous voyez ça, comment ça peut s'articuler, selon vous?
Mme Roy (Christine) : Bien,
en fait, ce que vous me parlez, dans le fond, c'est qu'on a vu qu'à l'article 1
que le droit de choisir des parents était enlevé. Ça nous a questionnés, à
savoir : Est-ce que ça veut dire que, dans le fond, ce choix-là n'est plus
possible? Parce qu'on retrouve un article un peu plus loin qui dit que le
parent peut refuser une place, mais on n'a pas retrouvé d'article qui pouvait
mentionner que le parent peut choisir. Et nous, ce qu'on a vu lors de notre
audit, c'est qu'il y avait quand même plusieurs parents qui souhaitaient,
malgré qu'il y avait déjà un milieu de garde, pouvoir changer le milieu si
c'était possible, souvent pour des milieux subventionnés, parce que pour
certains ça fait quand même une différence financière dans leur quotidien. Et
on voyait aussi, là, qu'il y avait des enfants qui étaient…
Mme Roy (Christine) : ...qui
souhaitait, malgré qu'il avait déjà un milieu de garde, pouvoir changer de
milieu si c'était possible, souvent pour des milieux subventionnés, parce que
pour certains ça fait quand même une différence financière dans leur quotidien.
Et on voyait aussi, là, qu'il y avait des enfants qui étaient... dont les
parents étaient sur l'aide sociale et qui étaient dans les milieux non
subventionnés et qui, à ce moment-là, n'étaient pas en mesure d'avoir l'aide du
ministère qui, elle, est octroyée seulement quand le milieu est subventionné.
Donc, ce qu'on voyait, c'est qu'il y avait certains besoins à avoir... des
parents à avoir le choix de demeurer sur le guichet, et on avait l'impression,
là, que peut-être, là, ce retrait-là pouvait rétrécir ce pouvoir-là pour les
parents.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. M. le ministre.
M. Lacombe : Il me reste quelques
secondes, j'imagine.
La Présidente (Mme D'Amours) :
54 secondes.
M. Lacombe : C'est ça. Bien, peut-être
juste parce que la précision, elle est importante et je l'ai faite aussi à un
autre groupe, loin de nous, très, très loin de nous l'idée de vouloir puis
d'avoir l'intention de venir retirer ce choix-là des parents, ce droit-là de
choisir. Je vous dirais que c'est peut-être une erreur d'interprétation. J'ai
dit à un autre groupe, là, si on doit faire un amendement pour que ça soit plus
clair, on le fera. Mais l'idée derrière ça, c'était de le retirer, effectivement,
de l'article 1, parce qu'évidemment, bon, on s'est penchés sur la loi puis
sur la logique aussi qui découle de tout ça, et à notre sens c'était peut-être
plus logique d'amener ce droit-là puis de le détailler peut-être plus
précisément à 59.4, 59.11. Donc, on est bien conscients de ça, mais ce n'est
pas l'intention.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le ministre. Maintenant, je cède la parole à la députée de Westmount—Saint-Louis.
• (12 h 40) •
Mme Maccarone : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Un plaisir d'échanger avec vous, mesdames, aujourd'hui,
surtout que j'ai pu assister à votre intervention aux commissions de la CAP en
septembre. Alors, je suis bien contente de lire vos notes puis vos recommandations.
Et j'étais aussi contente d'entendre
l'échange que vous avez eu avec le ministre en ce qui concerne l'octroi des
projets, de prioriser des bons projets, et de vous entendre dire aussi que, quand
même, c'est quelque chose qui perdure, parce que je sais que depuis les trois
dernières années, c'est quand même 32 % des projets qui ont été octroyés
par le gouvernement caquiste qui ont été évalués à moyen, faible, et même
certains n'avaient aucune évaluation. J'ai quand même une grille que les gens
peuvent trouver sur le site Web du ministère. Plusieurs projets qui sont
évalués faibles. Si vous voulez, Mme la Présidente, on peut même déposer le
document, mais il y en a vraiment plusieurs qui ont une identification de
faibles, moyens ou, comme je dis, pas évalués. Alors, vous avez parlé de ça va
être important, parce qu'on voit que, comme je dis, dernièrement c'est quand même
un problème à régler. Puis on parle aussi de 9 000 places...
Mme Maccarone : ...il y en
a vraiment plusieurs qui ont une identification de faibles moyens ou, comme je
me dis, pas évaluée. Alors, vous avez parlé de ça va être important parce qu'on
voit que, comme je dis, dernièrement c'est quand même un problème à régler.
Puis on parle aussi de 9 000 places, hein, ça fait que c'est quand
même très important.
Vous parlez d'une grille qui ne devrait
pas être sujette à l'interprétation puis que ça doit être bien documenté.
Est-ce que ça, c'est quelque chose dont vous pouvez à l'élaboration du
développement de cette grille puis c'est qui qui devrait la mettre ensemble?
Parce que je pense ce qui est important, c'est de voir aussi une certaine neutralité,
c'est ça qui est souhaité. Alors, comment faire ceci d'une façon pour le
bien-être du public? Puis est-ce qu'on devrait, mettons, faire une mise à jour
à chaque trois mois, à chaque six mois? Que devons-nous faire pour s'assurer
qu'il y a quand même une transparence pour les parents qui veulent aussi voir
si leur installation rejoint les critères?
Mme Roy (Christine) : En
fait, le rôle du Vérificateur général ne peut pas être de faire la grille parce
qu'on peut se devoir de l'auditer dans un second temps, donc on s'auditerait
soi-même. Donc, ça, ça nous est interdit, là, avec nos normes professionnelles
de préparer quelque chose qu'on pourrait devoir auditer par la suite.
Mais je vous dirais que l'important pour
le ministère, c'est de faire une grille qui peut perdurer dans le temps puis,
oui, de l'ajuster s'il y a des nouveaux événements, si on se rend compte que,
finalement, ça n'a pas atteint les objectifs avec ces critères-là, il faudra
effectivement les revoir en cours de route. Mais c'est vraiment de s'assurer
que la grille comporte des éléments essentiels pour assurer une qualité et
aussi qu'elle est bien claire et bien comprise des personnes qui vont
l'utiliser pour s'assurer que, lorsqu'elle est complétée puis qu'on justifie un
projet, ça soit fait correctement. Et ça, bien, c'est quelque chose qu'après,
dans un audit, nous, on peut aller voir. Donc, c'est un peu comme ça, là, qu'on
intervient.
Mme Maccarone : Merci
pour la précision. Évidemment, j'étais contente de voir les recommandations en
ce qui concerne les enfants ayant un besoin particulier et handicapés. Parce
que j'ai aussi lu le document qui était produit puis je pense qu'on est tous
d'avis que ça va être important de trouver un accès. Mais, pour moi, je rêve
d'avoir un accès universel pour ces enfants qui sont souvent exclus. Parce que,
sur la page 6 de votre témoignage, vous dites que «le droit de refus
comporte tout de même un risque de contrecarrer les autres dispositions visant
à encadrer l'attribution des places disponibles. Actuellement, c'est un seuil
de 15 % dans les CPE pour l'accès des enfants ayant des besoins
particuliers. Pensez-vous que ça, c'est quelque chose que nous devons revoir?
Que pouvons-nous faire? Parce que je comprends qu'il y a aussi des choses qui
vont se faire par règlement. Mais, à l'intérieur de cette loi, avez-vous des
recommandations en ce qui concerne l'accès pour ces enfants souvent qui sont
vulnérables? Puis leurs familles sont vulnérables aussi, puis souvent il y a
une expulsion...
Mme Maccarone : …quelque chose
que nous devons revoir. Que pouvons-nous faire? Parce que je comprends qu'il y
a aussi des choses qui vont se faire par règlement, mais à l'intérieur de cette
loi, avez-vous des recommandations en ce qui concerne l'accès pour ces enfants,
souvent, qui sont vulnérables, puis leurs familles sont vulnérables aussi? Puis
souvent il y a une expulsion. Je continue, pendant que vous pensez à votre
réponse, parce qu'aussi vous parlez qu'on n'a aucune information en ce qui
concerne la tabulation de combien d'enfants, on a zéro donnée pour établir
combien d'enfants n'ont pas accès à ce réseau ou qui sont exclus. Alors, que
pouvons-nous faire pour s'assurer qu'on a un accès universel puis aussi qu'on
ne fait pas de discrimination envers ces enfants et leurs familles?
Mme Roy (Christine) : En
fait, c'est sûr qu'autant pour le droit de refus que le droit d'expulsion,
nous, on a présumé que, si c'était là, c'est que, probablement, dans certains
cas plus particuliers, ça peut devoir… dans la vie normale. Par contre, notre
crainte, c'est que ça soit utilisé à des fins non adéquates. Donc, à notre avis,
ça prend… Si le droit de refus, par exemple, n'est pas encadré par certains
critères, c'est une possibilité… parce que nous, on n'est jamais là pour donner
le moyen, mais si ce n'est pas ça, ça peut être une surveillance de… il y en
a-tu beaucoup, des refus? Est-ce qu'il semble y avoir des gens qui utilisent ça
à outrance? Est-ce que ça ait en sorte qu'on n'atteint pas les objectifs et que
les enfants qu'on voulait prioriser, finalement, ce n'est pas eux qui se
retrouvent sur les places? Donc, ça prend, à tout le moins, une reddition de
comptes qui soit examinée par le ministère pour s'assurer que ces cas-là ne
créent pas, là, d'effet, là, qui ne sont pas désirables, là, dans le cadre de
la loi, là, puis de protéger nos enfants, puis de donner une égalité des
chances à des enfants qui ont peut-être un petit peu plus de difficulté à se
trouver des places.
Puis c'est sûr que, là, on voit que, dans
le projet de loi, les enfants en précarité socioéconomique vont être priorisés.
Donc, ça, on verra de quelle façon, dans le règlement, mais on a vu, là, qu'il
n'y avait pas nécessairement de mention à cet effet-là pour les autres enfants
vulnérables. Donc, on avait un petit questionnement là-dessus. Est-ce que c'est
peut-être dans les modalités qu'on va les voir apparaître? Mais, à tout le
moins, il faut s'assurer que leur représentation redevienne à un niveau
semblable à l'ensemble des autres enfants. C'est un peu ce qui nous préoccupe.
Puis c'est un peu la même chose aussi pour les enfants sous protocole
d'entente.
Mme Maccarone : Je partage la préoccupation.
Je ne peux pas vous dire le nombre de parents qui me contactent personnellement
parce que leur enfant n'a pas eu droit à l'accès dans le réseau de services de
garde éducatifs, peu importe le réseau, peu importe si c'est CPE ou ailleurs,
faute d'une ouverture, peut-être, ou parce qu'il y a des critères qui sont en
place puis il y a quand même des règlements qui donnent la permission aux
installations d'avoir un droit de refus, même quand la famille puis ils y sont
allés pour trouver aussi des partenariats avec les services de santé et
services…
Mme Maccarone : ...peut-être
ou parce qu'il y a des critères qui sont en place puis il y a quand même des règlements
qui donnent la permission aux installations d'avoir un droit de refus, même
quand la famille puis ils y sont allés pour trouver aussi des partenariats avec
les services de santé et services sociaux. C'est désolant. Ça fait qu'est-ce
que vous seriez d'avis que ce serait bien, peut-être bien vu de votre part si
le gouvernement procède avec un mandat d'initiative, par exemple, pour étudier
et chiffrer le nombre d'enfants qui n'ont pas accès ou le nombre d'enfants qui
fréquentent actuellement le réseau? On a posé la question à plusieurs reprises
auprès des gens qui sont venus témoigner, personne ne sait combien d'enfants
fréquentent le réseau qui ont un besoin particulier ou un handicap. Alors,
selon vous, est-ce que ça, c'est quelque chose que nous devons faire pour avoir
un meilleur portrait pour venir aider ces enfants?
Mme Roy (Christine) :
Bien, dans le fond, c'est sûr que, lorsqu'on veut s'assurer de régler une
situation, c'est toujours important d'avoir une image juste de la situation.
Donc, c'est certain qu'en tant que comptable souvent c'est la première chose
qu'on fait, de s'assurer d'avoir les donnés pour poser le bon diagnostic. Ça
fait qu'on ne peut pas être contre se donner des moyens d'avoir l'information
nécessaire pour prendre les bonnes décisions, là. Ça revient ensuite à se poser
la question : Quelle information est nécessaire? Quelle est la bonne
information pour ne pas alourdir puis aller chercher toutes sortes d'informations,
mais à chercher la bonne information?
Mme Maccarone : Puis
est-ce que ça devrait être, selon vous, le ministère qui gère les expulsions ou
les refus d'accès? Parce que, présentement, on sait qu'il n'y a personne à part
de leur réseau qui peut dire oui ou non. Mais est-ce que, ça, ça devrait être
quelque chose qui est surveillé par le ministère en place?
• (12 h 50) •
Mme Roy (Christine) :
Bien, le ministère, à ma compréhension, il est responsable de s'assurer de
l'application de la loi. Donc, je pense qu'il souhaite que les objectifs de la
loi soient atteints. Donc, ça peut être quelque chose de haut niveau, là, qui
peut être fait au niveau du ministère, donc une surveillance de haut niveau,
puis on est rendu là. Et ce qu'on disait dans notre rapport, c'est
qu'effectivement, là, le ministère aurait obtenir un petit peu plus de
redditions de comptes sur les expulsions. Donc, ça, on réitère ce besoin-là et
on pense qu'une reddition de comptes aussi sur les droits de refus pourrait être
importante.
Mme Maccarone :
J'aimerais vous entendre, avec le peu de temps qu'il me reste, en ce qui
concerne le personnel qualifié vous faites mention dans voter exposé.
J'aimerais avoir votre avis parce que la question du ratio éducatrices qualifiées,
je pense, qui en est une qui est très importante. C'est le ratio qui est
supposé d'être en place est deux tiers. Alors, deux sur trois devront être des
éducatrices qualifiées et non qualifiées. Mais le ministre a abaissé ça à un
tiers qu'on a cru être une mesure temporaire, mais le ministre lui-même a dit
qu'il n'y a rien de plus permanent que ce qui est temporaire. Alors, ce que
j'aimerais savoir, selon vous, est-ce que ça ne va pas continuer à...
Mme Maccarone : …éducatrices
qualifiées et non qualifiées, mais le ministre a abaissé ça à un tiers, qu'on a
cru être une mesure temporaire, mais le ministre lui-même a dit qu'il n'y a
rien de plus permanent que ce qui est temporaire. Alors, ce que j'aimerais
savoir : Selon vous, est-ce que ça ne va pas continuer à baisser la
qualité de services dans le réseau puis devons-nous peut-être revoir aussi ce
ratio?
Mme Roy (Christine) : En
fait, nous, on n'a pas fait de travaux pour dire… pour voir c'est quoi, le
ratio idéal, puis qu'est-ce qu'on veut atteindre aussi en termes de qualité,
là. Donc, je ne suis pas vraiment en mesure de répondre à votre question. Ce
que je vous dirais, c'est que c'est certain que si on prend des décisions,
doivent être basées sur quelque chose de concret. Donc, si on bouge un ratio,
bien, on imagine qu'il y a une analyse de faite… Oui.
La Présidente (Mme D'Amours) :
…désolée, madame, c'est tout le temps que nous avions. Je dois donner la parole
maintenant à la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. La première question que je veux vous poser, c'est sur l'obligation
de recourir exclusivement aux inscriptions qui sont sur le guichet unique.
C'était déjà une obligation dans la loi, là. Vous nous dites qu'il va falloir
s'assurer que ce soit vraiment fait. Est-ce que vous pensez qu'on va devoir
prévoir des pénalités, par exemple, en cas de non-respect de cette obligation-là?
Mme Roy (Christine) : Je
crois que, dans le projet de loi, c'est déjà prévu, là, si je ne m'abuse. Mais,
dans le fond, il faut effectivement trouver un mécanisme. Le moyen appartient
au gouvernement. Il peut avoir plusieurs moyens, mais ce qui est important,
c'est que les gens adhèrent au guichet, parce que tout ce qui est proposé dans
le projet de loi n° 1, en termes d'appariement, en termes de prioriser des
enfants qui ont certaines difficultés… parce que ça ne fonctionne que si la
personne est dans le guichet. Donc, il faut amener les gens à entrer dans le
guichet. Ça fait que, lorsqu'on a fait un autre audit, il y en avait encore
beaucoup qu'ils n'y étaient pas. Je comprends que c'était une implantation
progressive, mais là il va falloir réitérer, là. Parce que la loi, c'est une
chose, mais après il faut s'assurer qu'elle soit appliquée sur le terrain pour
atteindre les objectifs escomptés. Donc, un des moyens que le gouvernement peut
se donner.
Mme Labrie : Un des objectifs
qu'on partage, c'est de faciliter l'accès aux places en CPE, notamment, des
enfants en milieu défavorisé, des places subventionnées en tout cas. Il y a un
groupe qui est venu ici, qui nous a recommandé d'étendre la gratuité de l'accès
aux services au-delà des familles prestataires d'aide sociale, par exemple, en
ciblant un seuil de revenu familial en dessous duquel ça serait gratuit.
Comment vous accueillez cette proposition-là?
Mme Roy (Christine) : Bien,
pour nous, ça, c'est vraiment une décision politique de modalité fiscale, de
tarif… pour lequel le Vérificateur général ne se prononce pas, hein, parce que…
Dans le fond, on finance ça versus d'autres choses, on en laisse ça au
législateur. Ce qu'on voit par contre, ce que je pourrais vous dire, c'est que
c'est certain que les enfants qui ont des besoins plus particuliers ou les gens
qui sont sur l'aide sociale, bien, on voit quand même que ça a un effet, pour
eux, de ne pas avoir accès à des milieux subventionnés, là. Donc, c'est sûr que
la tarification…
Mme Roy (Christine) : …vous
dire, c'est que c'est certain que les enfants qui ont des besoins plus
particuliers ou les gens qui sont sur l'aide sociale, bien, on voit quand même
que ça a un effet, pour eux, de ne pas avoir accès à des milieux subventionnés,
là. Donc, c'est sûr que la tarification selon le revenu, comme on le voit dans
notre rapport, bien, elle arrive à différents scénarios selon le revenu
familial, puis, dans certains cas… certains, c'est plus facile que d'autres…
demeure un choix, là.
Mme Labrie : Parce que vous
aviez quand même nommé, dans… vous aviez quand même remarqué qu'il y avait une
sous-représentation des enfants issus de milieux défavorisés, là, dans le
réseau subventionné.
Mme Roy (Christine) : Tout à
fait. Tout à fait.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Merci, Mme Roy. Désolée, encore une fois, gardienne du temps, je dois,
avant de céder la parole à la députée de Joliette, avoir le consentement des
membres de cette commission pour poursuivre au-delà de l'heure prévue. Est-ce
que j'ai votre consentement?
Des voix : Consentement.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Donc, je cède maintenant la parole à la députée de Joliette.
Mme
Hivon
: Oui.
Bonjour. Merci beaucoup pour votre présentation. Je voudrais poursuivre sur la
question de la qualité, donc, c'est le dernier aspect que vous abordez. Vous
n'avez pas eu le temps de terminer sur la question de la formation des
éducatrices, le ratio, donc je voulais le temps de terminer là-dessus. L'autre
question sur laquelle je veux vous amener, c'est… Traditionnellement, il y
avait au moins 85 % de nouvelles places en installation qui devaient être
développées en CPE. Est-ce que vous pensez que c'est une règle qui devrait être
conservée, là, en termes de qualité? Puis dernier élément, à la page 9, vous
l'abordez brièvement, c'est la question des comités consultatifs. Est-ce que
vous avez un point de vue à savoir si on devrait les garder dans l'état où ils
étaient à l'heure actuelle ou si on les centralise davantage, comme le propose
le ministre?
Mme Roy (Christine) : Donc,
pour les personnes qualifiées, dans le fond, ce qu'on dit, c'est qu'on s'était
donné des ratios, puis les ratios n'étaient pas respectés, O.K.? Donc, ce qu'on
dit, c'est que, là, il va y avoir des embauches à faire, sûrement, s'il y a des
nouvelles places de créées, il va y avoir des besoins additionnels, puis là il
ne faut pas que ça s'accentue, c'est important de respecter les ratios qui sont
décidés, puisque c'est un des éléments qui contribuent à la qualité des services
de garde. Est-ce que le ratio doit être plus haut, plus bas? On n'a pas fait
d'étude pour voir l'impact d'une diminution. J'imagine que, si on propose une diminution
du ratio, c'est basé sur des analyses rigoureuses qui… qui vont aller démontrer
que ça va permettre quand même d'atteindre des objectifs de l'objet de la loi
qui est à l'article 1, donc de s'assurer de la sécurité et de la qualité des
services, etc. Mais nous, on n'a pas regardé ça, spécifiquement, mais ce qu'on
se dit, c'est qu'il faut que le gouvernement décide c'est quoi, le ratio qui
permet d'atteindre ces objectifs-là et, ensuite, de s'assurer qu'il est
respecté. Mais ça, c'est très important, là, parce que si on a déterminé un
ratio, il faut qu'on le voie sur le terrain, ce ratio-là.
Mme
Hivon
: O.K.
Mes deux autres éléments, c'était la cible du 85 % de nouvelles places en
installation en CPE puis les changements pour les comités consultatifs
Mme Roy (Christine) : Bien,
pour le 85 %, ça non plus, on n'a pas regardé la base de ça, puis est-ce
que ça devrait être remis, parce que…
Mme Roy (Christine) : ...voit
sur le terrain, ce ratio-là.
Mme
Hivon
: O.K.
Mes deux autres éléments c'était la cible du 85 % de nouvelles places en
installation en CPE puis les changements pour les comités consultatifs.
Mme Roy (Christine) : Bien,
pour le 85 %, ça non plus on n'a pas regardé la base, ça, puis est-ce que
ça devrait être remis, parce que nous, dans le fond, ce qui nous intéresse
quand on regarde ça, c'est de s'assurer que peu importe le milieu dans lequel l'enfant
va se retrouver, il va avoir un milieu de services de garde de qualité. Donc,
il faut que les actions soient prises pour que tous les milieux offrent ce
milieu de qualité là. Ce qu'on avait vu dans les garderies non subventionnées,
c'était là où il y avait le moins d'éducatrices qualifiées, bien, ça, ça nous
préoccupait. Donc, il faut amener les milieux à offrir un milieu de qualité
suffisant à tout égard, mais le choix de la structure, est-ce que ça devrait
être plus de CPE ou moins, je ne suis pas en mesure de vous répondre, là. On
avait vu une étude, là, qui a été citée dans notre partie sur le développement
durable, mais suite à ça on n'a pas fait nécessairement plus de travaux, là,
nous, de notre côté, pour l'ensemble des milieux de garde puis les comparer
entre eux. Puis je pense que ça devient un choix de qu'est-ce que vous voulez
vous doter comme réseau.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci infiniment. C'est tout le temps que nous avions. Donc, je vous remercie
pour votre contribution à nos travaux, Mmes Peter, Roy et Lamber.
La commission suspend ses travaux jusqu'à
15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 58)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 3)
La Présidente (Mme D'Amours) :
À l'ordre, s'il vous plaît! La Commission des relations avec les citoyens
reprend ses travaux. Nous poursuivons les auditions publiques dans le cadre des
consultations particulières sur le projet de loi n° 1, Loi
modifiant la Loi sur les services de garde éducatifs à l'enfance afin
d'améliorer l'accessibilité au réseau des services de garde éducatifs à
l'enfance et de compléter son développement. Cet après-midi, nous
entendrons la Fédération de la santé et des services sociaux conjointement avec
la Confédération des syndicats nationaux, la Fédération québécoise de
l'autisme, Valorisation… Valorisons, pardon, ma profession et Ma Place au
travail.
Je souhaite donc la bienvenue à Mme
Longchamps et Mme Lelièvre. Je vous rappelle, mesdames, que vous disposez de 10
minutes pour votre exposé, après quoi, nous procéderons à la période d'échange
avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter et à
procéder à votre exposé. À vous la parole.
Mme Lelièvre (Katia) : Merci
beaucoup. Je me présente, je m'appelle Katia Lelièvre. Je suis la troisième vice-présidente
à la CSN et je suis accompagnée par Lucie Longchamps, qui est vice-présidente à
la Fédération de la santé et des services sociaux. La CSN est une centrale syndicale
composée de près de 1 500 syndicats qui regroupent 320 000
travailleuses et travailleurs, alors que la Fédération de la santé et des services
sociaux est la Fédération de la CSN qui représente les travailleuses des CPE et
des responsables en service de garde. Elle regroupe plus de 10 000
travailleuses syndiquées dans les CPE et environ 3 000 responsables de
service de garde en milieu familial.
J'aimerais, tout d'abord, souligner la
présence, à l'extérieur ce matin, des travailleuses en CPE, syndiquées à la CSN,
qui étaient en grève et qui sont encore en grève, qui ont manifesté devant
l'Assemblée nationale, et j'aimerais insister sur le fait qu'il n'y aura aucun
développement du réseau des CPE et des RSG qui pourra être fait sans elles.
Nous voulons aussi souligner le travail du ministère de la Famille qui a
présenté, dans son projet de loi, plusieurs éléments intéressants avec lesquels
nous sommes d'accord. Mais, comme le temps nous manque, nous allons, dans la
présentation, nous concentrer sur ce qui nous apparaît manquant ou à améliorer.
Le gouvernement reconnaît qu'il manque, au
moins, 37 000 places en service de garde éducatif à l'enfance pour
répondre aux besoins des enfants et des parents. Ce déficit est énorme et
constitue une crise sociale et économique. Lorsqu'il n'y a pas de place pour
leurs enfants, les parents sont, bien souvent la mère, doivent retarder leur
retour sur le marché du travail, ça fait reculer l'égalité des chances pour les
femmes sur le marché de l'emploi et ça prise le Québec de travailleuses en
pleine pénurie de main-d'oeuvre. Des milliers d'enfants n'ont pas accès à des
services, ce qui peut avoir des conséquences néfastes sur leur parcours
scolaire. Par ce projet de loi, le ministère de la Famille démontre sa volonté
de développer un grand nombre de nouvelles places, ce que nous saluons, mais il
faut se demander si toutes les places à développer sont équivalentes ou s'il
faut accorder une priorité à un modèle de service pour en assurer la qualité.
Nous croyons que toutes les places ne sont pas équivalentes.
Plusieurs études ont démontré que les CPE
sont un gage de qualité pour le développement…
Mme Lelièvre (Katia) :
...le ministère de la Famille démontre sa volonté de développer un grand nombre
de nouvelles places, ce que nous saluons. Mais il faut se demander si toutes
les places à développer sont équivalentes ou s'il faut accorder une priorité à
un modèle de service pour en assurer la qualité. Nous croyons que toutes les
places ne sont pas équivalentes. Plusieurs études ont démontré que les CPE sont
un gage de qualité pour le développement des enfants. La comparaison entre les
services offerts en CPE et ceux dans les garderies subventionnées ou non
subventionnées avantage toujours les CPE. Pour les services de garde en milieu
familial, la comparaison entre les milieux reconnus et non reconnus est simple,
seules les RSG reconnues ont des exigences de qualité à rencontrer et reçoivent
des visites de vérification de conformité à l'improviste. Cette qualité du
modèle CPE-RSG est reconnue aussi par les parents car ils disent préférer
obtenir une place pour leur enfant en CPE ou en milieu familial lorsqu'ils sont
sondés.
Le deuxième article du projet de loi
reconnaît le droit de l'enfant à recevoir un service de qualité de sa naissance
à son admission à l'école. Mais le gouvernement se garde une porte ouverte en
spécifiant que ce droit s'exerce en tenant compte de la disponibilité de l'organisation
et des ressources des prestataires de services de garde. Nous aurions souhaité
que le droit des enfants à avoir un service de garde éducatif à l'enfance de
qualité soit reconnu sans condition, comme dans le système scolaire.
Pour compléter le déploiement du réseau
des services de garde éducatifs à l'enfance, le projet de loi propose de donner
plus de pouvoirs au ministre pour déterminer les besoins des communautés,
participer au financement et à la planification des projets. Pour assurer la
qualité des services, nous souhaitons que le ministre ne puisse financer et
participer qu'au développement des CPE. Il ne suffit pas de développer de
nouvelles places, il faut aussi pérenniser celles qui existent. Plusieurs de
nos membres constatent de grandes difficultés à maintenir des finances fiables
pour les petits établissements et dans les régions plus éloignées des grands
centres. La CSN suggère un financement plancher pour permettre aux plus petites
communautés de développer des modèles qui répondent à leurs besoins. Les établissements
dans les grands centres comme Montréal ont de la difficulté à acheter ou même à
louer des locaux à cause de la flambée des prix de l'immobilier. Un ajustement
du financement des locaux devra être effectué.
On a perdu un temps précieux, et l'État,
par le ministère de l'Éducation, a engagé des sommes importantes pour ouvrir
des maternelles quatre ans. Force est de constater aujourd'hui que le développement
de ces classes n'a pas libéré beaucoup de places et a coûté très cher aux
contribuables avec des coûts de fonctionnement plus onéreux qu'en service de
garde. Les services promis ne sont pas non plus au rendez-vous. Depuis des
années, les gouvernements ont posé des gestes qui ont fragilisé le réseau des
CPE et du milieu familial au profit des garderies à but lucratif. Le fait de
hausser le crédit d'impôt remboursable pour des frais de garde d'enfant
favorisera encore une fois le modèle privé et lucratif, ce que nous déplorons.
Nous souhaitons que le gouvernement
profite de la mise en place de son grand chantier et du transfert fédéral de
6 milliards de dollars pour faire un choix clair et stratégique pour le
modèle des services de garde éducatifs à l'enfance garant de qualité et ainsi
assurer le développement du plein potentiel des enfants, les CPE et les gardes
en milieu familial.
Mme Longchamps (Lucie) :
Je poursuivrais. Puis peu importe le temps alloué, vous le savez, la Fédération
de la santé de la CSN, on est toujours disponible pour poursuivre nos échanges,
répondre à vos questions même si le temps de la commission ne nous le permet
pas...
Mme Lelièvre (Katia) : …et
ainsi assurer le développement du plein potentiel des enfants, les CPE et les
gardes en milieu familial.
Mme Longchamps (Lucie) : Je
poursuivrais. Puis peu importe le temps alloué, vous le savez, la Fédération de
la santé de la CSN, on est toujours disponibles pour poursuivre nos échanges,
répondre à vos questions, même si le temps de la commission ne nous le permet
pas aujourd'hui. Puis moi, je vais tenter de vous éclairer sur quelques
segments du mémoire que l'on a déposé. Je pense que ce sera peut-être plus
clair. Puis, comme je suis une femme qui provient du terrain, peut-être que
j'aurai quelques exemples qui pourront nourrir mon propos.
• (15 h 10) •
Donc, la facilité à l'accès, qui est un
sujet important. On salue l'arrêt de la modulation des tarifs, quoiqu'on a
entendu des associations ou des regroupements qui en nomment le contraire.
Nous, on est fort heureux que la modulation des tarifs ait cessé. C'était une
injustice qui était faite pour le réseau des services de garde à contribution
réduite.
Le premier moyen puis l'accès est bien
entendu le guichet. On a toujours été un peu frileux à sa mise en place. Là, on
voit qu'il y a eu quelques erreurs, quelques ratés. On est quand même contents
que le gouvernement reprenne le guichet unique. On ne dit pas que c'est une
mauvaise chose, mais il devra être plus convivial. Les parents devront
comprendre un peu plus comment ça se comporte, ce fameux guichet là, parce que,
là, ils ont l'impression que, quand ils s'y inscrivent, ils regardent une
liste, puis ça, ça va être leur rang. Ce n'est pas tout à fait comme ça que ça
se passe dans la vraie vie. Donc, il y a beaucoup de parents qui sont
mécontents inutilement parce que ce n'est pas clair. Dans ce guichet-là, on
comprend que vous voulez mettre certains repères puis certains critères, on
peut comprendre. Par contre, on va vous inviter à conserver la fratrie et le
droit aux travailleuses en CPE à prioriser dans le CPE où elles travaillent et
à ne pas… parce qu'on aurait un double problème si elles ne peuvent pas y
amener leurs propres enfants.
Bien entendu, les enfants doivent demeurer
toujours le coeur de nos choix. Donc, on trouve également qu'au Québec, hormis
le projet de loi n° 1, on devrait se doter d'une politique facilitant la
conciliation travail-famille parce qu'en services éducatifs c'est complexe
quand tu ne connais pas ton horaire cinq jours à l'avance et quand tu peux être
n'importe quand appelé à faire du temps supplémentaire. Puis ça m'amène à vous
parler de la garde atypique. On peut comprendre que certains parents peuvent en
demander. Moi, personnellement, les endroits où j'ai vu, ça n'avait pas de
grands succès parce qu'on peut difficilement aller porter un enfant de nuit
dans un milieu qui n'est pas le sien. Ça fait qu'on ne croit pas que ce soit
la… que ce devrait être un développement très grand, la garde atypique. On
pense plutôt qu'on devrait opter, au Québec, pour une politique facilitant la
conciliation travail-famille puis aider les employeurs à y accéder.
La qualité des services, comme vous l'a
dit ma collègue, Mme Lelièvre, nous, on va prioriser la conversion en CPE puis
en milieux familiaux régis. On se réjouit de l'annonce pour les PNR. Quatre
ans, c'est par contre un peu long pour que ces femmes-là y aient accès. Et ce
qu'elles nous mettent de l'avant, l'annonce de possibles fermetures, moi, ce
que j'en vois sur le terrain, c'est que je pense qu'elles devront s'adapter,
mais que c'est peu probable parce que, d'un autre souffle, elles nomment
qu'elles font tout ce qu'il faut autant que si elles étaient régies. Donc, moi,
je pense qu'en moins de temps que…
Mme Longchamps (Lucie) :
...ces femmes-là y aient accès. Et ce qu'elles nous mettent de l'avant,
l'annonce de possibles fermetures, moi, ce que j'envoie sur le terrain, c'est
que je pense qu'elles s'adapter, mais que c'est peu probable parce que d'un
autre souffle elles nomment qu'elles font tout ce qu'il faut autant que si
elles étaient régies. Donc, moi, je pense qu'en moins de temps que quatre ans,
elles pourraient facilement accéder à s'affilier à un bureau coordonnateur.
Un coup que je vous ai dit ça, mais les
frais de service de garde ne devraient pas être un frein pour les parents du
Québec. Tous les enfants devraient avoir accès à un service de qualité à
contribution réduite. On croit tous à l'égalité des chances. Je pense que tout
le monde qui est ici croit à ça, et on y croit avec conviction. Depuis
longtemps, le réseau des services de garde au Québec devrait être au même
échelon que ce qu'il se passe en milieu scolaire donc accès gratuit ou à peu
près parce qu'on comprend que, les services de garde scolaires, il y a quand
même le repas. Mais tous les enfants du Québec devraient y avoir accès. Ils
devraient avoir accès à un service de garde de qualité. On devrait les
converser en CPE et en milieux familiaux régis et subventionnés et on devrait
s'assurer que la formation est est au rendez-vous. Là, on a connu, avec la
pandémie, le un-trois, on y reviendra après un certain délai quand les mesures
sanitaires seront levées, à deux-trois. Nous, on souhaite un trois-trois. On comprend
que, présentement, c'est complexe avec la pénurie de main-d'oeuvre, mais
l'objectif pour la Fédération de la santé et la CSN, demeure le même, toutes
les éducatrices en services de garde au Québec devraient être formées comme
tous les enseignants dans les milieux scolaires devraient avoir le bac à
l'enseignement. On voit qu'il y a des pratiques contraires, et tout le monde
s'en désole. On devrait s'en désoler tout autant pour les services de garde
éducatifs.
Une fois cela dit, bien entendu, ça prendra
la valorisation parce qu'il y a des petits bouts qui nous manquent. On comprend
qu'il y a une volonté, mais on devra être encore plus audacieux, plus pousser
plus fort. Je ne vous donnerai pas d'idée parce que, là, je n'en aurais pas, à
brûle-pourpoint, comme ça. Mais je pense qu'on va devoir pousser un peu plus
fort pour revaloriser notre réseau. Puis vous comprenez que je vais vous faire
un crochet avec la négociation parce qu'un milieu bien payé, un milieu bien
formé, c'est un milieu mieux valorisé.
Puis il est grand temps que les CPE aient
le financement auquel...
La Présidente (Mme D'Amours) :
En terminant, madame. Il vous reste cinq secondes.
Mme Longchamps (Lucie) :
Ah! mon Dieu. Financement auquel vous avez droit, arrêtez le 80 % de places
présence, puis j'aurai plaisir probablement à répondre à vos questions. Voilà.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci beaucoup.
Mme Longchamps (Lucie) :
Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Je vous remercie pour votre exposé. Nous allons maintenant commencer la période
d'échange. M. le ministre, la parole est à vous pour 16 min 30 s.
M. Lacombe : Bonjour à
vous deux, plaisir d'échanger avec vous! Mme Longchamps, ça faisait un
petit moment qu'on s'était... qu'on n'avait pas eu l'occasion de discuter
ensemble. On a eu de bonnes discussions dans les dernières années. Ça a
toujours été productif, donc je suis sûr que ça le sera encore une fois. J'y
vais en rafale parce qu'il y a quand même quelques points que je voulais...
dont je voulais discuter avec vous. Vous dites qu'à l'article 2 vous
auriez souhaité que le droit des enfants d'avoir une place soit reconnu sans
condition. Je vous avoue, j'ai la même préoccupation, j'ai le même souhait sur
le fond. Par contre, on se bute au fait que, contrairement au réseau scolaire,
notre réseau n'est pas géré par l'État, notamment on a, bon, les CPE qui sont
gérés par les communautés, on a des entreprises aussi, m ais on a un pan du
réseau qui est beaucoup plus fragile, et vous êtes bien placées pour...
M. Lacombe : …je vous avoue,
j'ai la même préoccupation. J'ai le même souhait sur le fond. Par contre, on se
bute au fait que contrairement au réseau scolaire, notre réseau n'est pas géré
par l'État, notamment on a, bon, les CPE qui sont gérés par les communautés, on
est des entreprises aussi, mais on a un pan du réseau qui est beaucoup plus
fragile, et vous êtes bien placé pour le savoir parce que vous-même vous avez
exercé ce métier-là. On a beaucoup des responsables de service de garde en
milieu familial. Donc, la question que je vous pose c'est à votre sens, là,
quand vous regardez ça, parce que nous ce qu'on propose, c'est de dire :
On se donne une obligation de moyens comme gouvernement, si le projet de loi
était adopté, de toujours développer. Ça, c'est historique, là, on n'a jamais
fait ça. Aucun gouvernement ne l'a fait. Nous, on se dit : On s'oblige à
développer lorsqu'il y a un manque de places dans un territoire. Mais si on consacre
le droit de la même façon qu'on le fait, moi, je pense que la façon qu'on le
propose, c'est une façon qui est adaptée à notre réseau pour respecter son
autonomie, mais si on veut le faire de la même façon que dans le réseau de
l'éducation, qui est différent, est-ce que ça ne viendrait pas, à votre sens,
compromettre l'existence des RSG, par exemple? Parce que qu'est-ce qu'on fait
s'il y a une poignée de RSG qui décident d'arrêter d'offrir leur service, que
les enfants se retrouvent sans place? Comment le gouvernement fait pour
garantir, à ce moment-là, une place à ces enfants-là?
Mme Longchamps (Lucie) :
Écoutez, elle est complexe votre question. Par contre, je pense qu'on devra
s'attarder, puis peut-être faire des travaux à l'extérieur de la commission aujourd'hui
parce que je comprends que j'ai manqué un peu de temps pour vous parler tout ce
dont j'aurais voulu.
M. Lacombe : Mais on peut
prendre du temps pour ça, parce que là je sens que ça va être un sujet
important dans le cadre de l'étude de ce projet de loi là.
Mme Longchamps (Lucie) : On va
en prendre, assurément. Je ne vois pas les RSG en péril, mais je pense qu'on
doit faire en sorte que l'enfant… tous les parents du Québec ne devraient pas
avoir à se demander après neuf mois de grossesse puis le congé parental :
Quand est-ce que j'aurai accès au service de garde? Ça devrait être un choix
comme quand on va inscrire son enfant à l'aube de ses cinq ans à l'école,
est-ce qu'on se demande : Est-ce qu'il y a une place dans ma…? Non, tu y
vas. Tu l'inscris. Puis il a une classe. Ça devrait être le même processus. Et
les choix devraient être pour le parent autant en milieu familial régi
subventionné qu'en centre de la petite enfance, parce que pour nous, c'est ces
deux modèles-là. La qualité y est. Les études l'ont démontré. Puis pour nous,
il n'est pas vrai, bien que je sais que certaines associations dénoncent… tu
sais, ils disent qu'il y a la qualité dans les services de garde privés. Ce
n'est pas ce que les études démontrent. Moi, je ne vois pas pourquoi ça
mettrait en péril le modèle des responsables de service de garde. Il faudra,
bien entendu, qu'il y ait un arrimage. Il faudra qu'il y ait des discussions.
Mais je ne vois pas pourquoi ça mettrait en péril ce réseau-là. Le parent,
présentement, a toujours le choix.
M. Lacombe : Mais moi je suis
d'accord avec vous sur l'objectif. Je vous le dis, là, sans détour : je
suis d'accord avec l'objectif. C'est ce à quoi on veut s'obliger comme
gouvernement : offrir une place à chaque enfant. Et lorsqu'il y a un
territoire qui vient en déficit, on s'oblige. Il n'y a pas beaucoup de
ministères qui ont ça, là. On s'oblige à développer, et on aura les moyens
nécessaires pour le faire. Mais je vous repose la question : Qu'est-ce
qu'on fait pour assurer le droit, que vous proposez, que le Parti libéral aussi
propose, avec lequel je suis d'accord, disons, sur le fond, mais dans la
réalité, là, ça voudrait dire qu'il faut que ce soit le gouvernement qui opère
le réseau? Ça veut dire qu'il faut assurer suffisamment de places en
installation pour que lorsqu'il y a des RSG qui ferment…
M. Lacombe : ...le droit
que vous proposez, que le Parti libéral aussi propose, avec lequel je suis d'accord,
disons, sur le fond, mais, dans la réalité, là, ça voudrait dire qu'il faut que
ce soit le gouvernement qui opère le réseau. Ça veut dire qu'il faut assurer suffisamment
de places en installation pour que, lorsqu'il y a des RSG qui ferment, les
parents puissent se retourner vers une installation. Donc, vous comprenez ce
que ça veut dire. Ça veut dire ouvrir des CPE dans des communautés où il y a
déjà, pourtant, des RSG qui sont là, qui offrent des places en quantité
suffisante.
Est-ce qu'il n'y a pas là un risque? Et
sinon qu'est-ce qu'on fait lorsqu'il y a des RSG qui ferment pour respecter le
droit que vous proposez, des enfants, d'avoir une place?
Mme Longchamps (Lucie) :
Bien, je vous dirais que les RSG cesseront de fermer quand les relations, entre
autres, avec les bureaux coordonnateurs seront plus harmonieuses, ce que, quand
même, votre projet de loi propose. Parce qu'elles ont quitté en masse par le
manque de rémunération puis par des difficultés relationnelles avec les bureaux
coordonnateurs. Là, on comprend que, dans ce projet de loi là, vous nous
apportez l'harmonisation des pratiques. Vous nous apportez que les bureaux
coordonnateurs retrouvent leur fonction originelle, qui devrait être d'être un
soutien, et non un but presque punitif, auquel... Les dernières années, les
bureaux coordonnateurs étaient vus comme... entre guillemets, comme des
policiers de la réglementation. On comprend qu'on veut leur donner leurs
lettres de noblesse. On comprend qu'on veut les ramener à ce qu'ils étaient auparavant.
Et, quand ce sera comme ça, les RSG vont cesser de quitter. Elles quittent parce
que c'est invivable, elles quittent parce qu'elles n'étaient pas bien
rémunérées. Là, on a eu des conditions qui vont faire en sorte qu'elles
fermeront moins rapidement, puis les relations avec les bureaux coordonnateurs
devraient être aidantes.
M. Lacombe : Donc, on va
se donner les outils. Et d'ailleurs je pense que vous êtes bien heureuses, là,
de la conclusion de la dernière entente collective avec les RSG, où on offre 30 %
de bonification de la subvention. Donc, ça, je pense que ça va aider.
Effectivement, on va aussi travailler pour améliorer le quotidien avec les
bureaux coordonnateurs. Mais, si le gouvernement se donne une obligation
légale, vous comprenez qu'on ne peut pas juste se fier sur une impression qu'on
pense que les RSG vont être là, on doit prendre les moyens légaux pour
s'assurer que le droit des parents va être respecté, le droit des enfants va
être respecté, si on met ça tel quel dans la loi, de la même façon qu'on le
fait en éducation. Notre réseau, il n'est pas pareil comme celui de
l'éducation. Il est géré par la communauté, par des OBNL, par des entreprises
ou des services qui sont offerts, par ailleurs, par des travailleuses
autonomes.
Donc, je répète ma question. Si, pour
plein de bonnes raisons, qui leur appartiennent, il y a des RSG qui décident de
fermer leurs portes, avec ce que vous proposez, comment on vient assurer ce
droit-là que vous proposez?
Mme Longchamps (Lucie) :
En toute transparence...
• (15 h 20) •
M. Lacombe : Parce que
moi, je suis embêté, là.
Mme Longchamps (Lucie) :
Je le suis tout autant, M. Lacombe. Moi, ce que je vous dis, c'est que les
enfants ont le droit au Québec... Puis je comprends qu'on ne réglera pas tout
ici, en quelques minutes, les problèmes qu'on a sur la tête depuis plus de
20 ans. Mais, moi, ce que je veux vous dire, c'est que tous les enfants
ont le droit à une place à contribution réduite. Donc, transformons les
services de garde présentement en centres de la petite enfance, en milieux
familiaux régis. Amenons les PNR dans le réseau. Ça, enfin, on y a accès.
Abolissons la ligne... parce que ça, c'est quelque chose... c'est un élément
qui est hors sujet, mais que je voulais vous placer. La ligne fixe de
téléphone, vous ne l'avez pas...
M. Lacombe : On va
l'enlever.
Mme Longchamps (Lucie) :
Bon, là, vous devez enlever ça, c'est...
Mme Longchamps (Lucie) :
…transformons les services de garde, présentement, en centres de la petite
enfance, en milieux familiaux régis, amenons les PNR dans le réseau — ça,
enfin, on y a accès — abolissons la ligne… Parce que ça, c'est un
élément qui est hors sujet, mais que je voulais vous placer : la ligne
fixe de téléphone, vous ne l'avez pas mise…
M. Lacombe : On va l'enlever.
Mme Longchamps (Lucie) : Bon,
là, vous devez enlever ça, c'est obsolète, cette histoire-là. Ça, ça offusque
les RSG. Puis si vous croyez que c'est pour les fermer, bien, on va s'asseoir
puis on va travailler là-dessus, M. Lacombe…
M. Lacombe : Oui, mais je
reviens…
Mme Longchamps (Lucie) : …mais
je pense que tous les enfants au Québec ont droit à une place.
M. Lacombe : Et là je sais que
je suis insistant, mais c'est parce que c'est important, vous mettez ça, là,
dans votre mémoire, puis le Parti libéral propose ça aussi, et ça va faire
l'objet de discussions importantes. Puis la loi, le projet de loi, il faut
l'adopter, en tout cas, je veux qu'on l'adopte, je pense que c'est partagé, une
fois qu'on y aura amené des améliorations. Donc là, on se penche là-dessus en
ce moment.
Moi, ce que je propose, avec cette obligation
de moyens de créer des places, je pense que c'est la façon à l'image de notre
réseau, qui est différent de l'Éducation. C'est notre façon à nous d'assurer ce
droit-là, de le concrétiser. Je vous dirais que l'AQCPE est pas mal dans le
même état d'esprit, ils demandent, bon, de préciser certaines choses, mais pas
mal dans cet état d'esprit là. Parce que moi, je ne veux pas que ce soit le gouvernement
qui gère ça, je veux que ça continue d'être géré par la communauté des CPE.
Mais si on a une obligation… Et je veux qu'il y ait des RSG qui continuent
d'exister, mais si on se donne cette obligation légale là, pareil comme en
éducation, même si ce n'est pas le même réseau, parce que, bon, on se
dit : Bien, on va faire pareil comme en Éducation… ce serait mal adapté
puis ça nous obligerait à prendre des moyens qui feraient fermer des RSG ou, si
on ne fait rien, à se mettre à risque, parce que comment on va assurer ce
droit-là? Donc, je vais revirer ma question : Est-ce que vous pensez que
ce qu'on propose, ça peut effectivement… on peut convenir que c'est la façon,
dans notre réseau, d'assurer le droit des enfants d'avoir une place en
respectant l'autonomie des services de garde sur le terrain?
Mme Longchamps (Lucie) : …de
mon côté, je vais essayer de vous le formuler autrement. Pour nous, se donner
les moyens, il manque une force. Ce que l'on veut, c'est que ça soit un peu
plus fort puis qu'on soit assuré qu'il y aura suffisamment de places pour tout
le monde. Puis je vous ai donné le milieu de garde scolaire en exemple, je ne
vous ai pas dit de transformer tous les CPE puis les RSG en milieux de garde
scolaire, mais je vous donnais l'exemple du parent qui, à l'aube des cinq ans
de son propre enfant, n'avait pas à se questionner, puis c'est ce que je
souhaitais pour les services de garde.
M. Lacombe : Mais donc
l'article où on dit… on s'oblige, comme gouvernement, c'est du jamais vu, là,
on s'oblige… même le Parti québécois, là, n'avait pas eu cette idée-là, mais
nous, on se dit : On va s'obliger, comme État, là, à développer des places
lorsqu'il en manquera. On a cette obligation légale là. Et ça, ça va nous
permettre d'avoir une obligation de moyens qui va garantir une place, à terme,
à chaque enfant. Oui, bien sûr, parfois il va y avoir un délai d'attente, là,
parce qu'il faut mettre les choses en branle, mais c'est le meilleur compromis
qu'on a pour faire vivre le droit des enfants d'avoir une place dans notre
réseau. Parce que notre réseau, il est différent de celui de l'éducation. Vous
n'êtes pas d'accord avec ça?
Mme Longchamps (Lucie) : Oui,
il est différent, mais moi, ce que je veux m'assurer, c'est que votre moyen
soit suffisamment fort et franc pour que tous les parents du Québec cessent de
s'inquiéter : Aurai-je une place à contribution réduite ou pas?
M. Lacombe : Mais s'obliger à
développer, est-ce que c'est assez fort pour vous, ça, dans la loi? S'obliger
dans la loi à développer des places lorsqu'il en manque, c'est... Qu'est-ce qui
pourrait être plus fort que ça?
Mme Longchamps (Lucie) : Je ne
sais pas, M. Lacombe. Dites-moi-le.
M. Lacombe : O.K. Donc, je
comprends que vous n'avez pas…
Mme Longchamps (Lucie) :
...suffisamment fort et franc pour que tous les parents du Québec cessent
de s'inquiéter : Aurai-je une place à contribution réduite ou pas.
M. Lacombe : Mais s'obliger à
développer, est-ce que c'est assez fort pour vous, ça, dans la loi? S'obliger
dans la loi à développer des places lorsqu'il en manque, c'est... Qu'est-ce qui
pourrait être plus fort que ça?
Mme Longchamps (Lucie) : Je ne
sais pas, M. Lacombe. Dites-moi-le.
M. Lacombe : Bien... Donc, je
comprends que vous n'avez pas une meilleure idée que la mienne. Non, mais je le
dis en tout respect, parce que...
Mme Longchamps (Lucie) : Là,
vous me faites... tentez de me faire dire des affaires. C'est... ce que vous
dites, là.
M. Lacombe : Non, non, mais je
suis d'accord sur l'objectif de fond, mais vous voyez, je trouve que c'est
assez éloquent parce que vous-même qui êtes dans le réseau, là, puis qui y
réfléchissez, vous avez de la difficulté à concevoir comment on pourrait
arriver avec une meilleure... Puis je ne le fais pas pour vous mettre dans
l'embarras, là. Je le fais parce que ça va être un point crucial de ce projet
de loi là. Et je sais, là, que mon d'en face va...
Mme Longchamps (Lucie) : Il
attend, là.
M. Lacombe : ...va me suivre
avec ça. Puis c'est correct parce que, moi aussi, je veux qu'on aille au bout
de la question, mais je veux m'assurer que s'il y a des bonnes idées il faut
qu'on les prenne en considération. Mais là je comprends que, pour vous, l'idée,
c'est d'avoir un signal fort qu'on faire ce qu'il faut. Moi, je pense que ce
signal-là, c'est de s'obliger pour la première fois de l'histoire du réseau à
développer des places quand il en manque. Le gouvernement aurait une obligation
légale.
Mme Longchamps (Lucie) : Et
c'est peut-être moi qui n'a pas utilisé les bons mots, mais ce que je veux,
c'est que le moyen soit fort, soit franc, soit clair et que tous les parents du
Québec aient d'ici les prochaines années, puis qu'on ne se mette pas un
échéancier dans 10 ans, puis que tous les parents du Québec aient droit à
une place à contribution réduite à 8,50 $.
M. Lacombe : Bon. Bien, je
pense qu'on est d'accord, là. Je pense qu'on est d'accord. À contribution...
Mme Longchamps (Lucie) : À
contribution réduite.
M. Lacombe : À contribution
réduite. Bon. O.K.
Mme Longchamps (Lucie) : À
contribution réduite.
M. Lacombe : D'accord. Bien,
on est d'accord sur, en tout cas je pense, sur le mécanisme, là, mais il faut
juste bien réaliser, c'est ça, que si on veut copier l'éducation, il y a des
risques, là. Parce que moi, ce que nos juristes nous disent, là, c'est qu'il
n'y a aucune façon de s'en sortir sinon que de prévoir assez de places en
installation, et même, là, ce n'est pas 100 % solide, mais assez de places
en installation pour tous les enfants du Québec. Mais vous savez ce que ça veut
dire, là. Quand on ouvre un CPE dans un quartier qui est desservi par des RSG,
puis même si on a suffisamment de places, les RSG ferment tous, là. Donc... Ou
à peu près. Et nous, on pense que c'est du gaspillage, là. Ce n'est pas ce
qu'on souhaite.
Mme Longchamps (Lucie) : Et si
vous mettez les moyens en place, vous faites les bonnes choses au bon endroit
de façon claire, les RSG vont cesser de fermer. Si vous donnez le financement
auquel les CPE ont droit, comme entre autres celui de Fermont qui vit de
grandes difficultés présentement...
M. Lacombe : Oui. Oui.
Mme Longchamps (Lucie) : ...et
la direction cessera de donner sa démission, les conseils d'administration
resteront en place. Il faut aussi que dans la politique on ait le souci des
régions éloignées. Il y a des toutes petites installations qui peinent à
survivre quand ils ont un 30 places, quelque chose comme ça. En bas du 60 places,
c'est excessivement difficile pour un CPE de vivre. Donc, il y a beaucoup
d'éléments. Vous allez les trouver à travers le mémoire.
M. Lacombe : Super. Il nous
reste combien de temps, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme D'Amours) :
Il vous reste quatre minutes.
M. Lacombe : Il nous reste
quatre minutes. Juste avant de peut-être laisser de la... Lorsque... On ne
négociera pas évidemment, là, ici, les détails.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Je vais vous l'interdire, M. le ministre.
M. Lacombe : Vous allez me
l'interdire. Oui, hein? Bon, bien, je ne parlerai pas de mes...
La Présidente (Mme D'Amours) :
Ça ne fait pas partie de nos travaux aujourd'hui.
M. Lacombe : Bien, c'est parce
qu'en même temps je voulais parler de valorisation. Tu sais, vous avez dit
tantôt : Ça prend des idées pour valoriser la profession. Vous dites que
vous n'en avez pas, là. Moi, j'aurais aimé ça en entendre.
Mme Longchamps (Lucie) : O.K.
M. Lacombe : Mais vous avez
aussi parlé de négociation. Là, vous m'arrêterez si on négocie... si vous
trouvez que je vais trop loin...
La Présidente (Mme D'Amours) :
...ne fait pas partie de nos travaux aujourd'hui.
M. Lacombe : Bien, c'est parce
qu'en même temps je voulais parler de valorisation. Tu sais, vous avez dit
tantôt : Ça prend des idées pour valoriser la profession. Vous dites que
vous n'en avez pas, là. Moi, j'aurais aimé ça en entendre. Mais vous avez aussi
parlé de négociations. Là, vous m'arrêterez si vous trouvez que je vais trop
loin, sans savoir où je m'en vais.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Je vous arrête tout de suite, M... sans savoir où vous allez. Je vous connais, M.
le ministre. Revenez au projet de loi, s'il vous plaît.
M. Lacombe : O.K., d'accord.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Puis j'invite aussi Mme Longchamps... Elle nous a dit tout à l'heure, là,
qu'elle pouvait... parce qu'elle manquerait de temps, qu'elle pouvait nous
proposer des choses. Alors, j'invite Mme Longchamps... si jamais elle a des
idées sur les questions que M. le ministre vous a posées de nous les déposer à
la commission puis on pourra faire suite de vos idées, de vos commentaires supplémentaires
après nos travaux avec vous aujourd'hui, parce que le temps est compté. Alors,
M. le ministre.
M. Lacombe : Mais là je me
suis... ça fait que je vais écouter, Mme la Présidente, je ne poserai pas de
question là-dessus. Mais j'aurais eu plein d'autres questions, mais là je vais
laisser... je vais peut-être laisser du temps à ma collègue puis je reviendrai
s'il en reste.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Parfait. Merci, M. le ministre. Alors, je donne la parole à la députée de...
voyons, je ne le dirai pas...
Une voix : Bellechasse.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Bellechasse, voilà. Merci beaucoup.
Mme Lachance : Vous me donnez
combien de temps, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme D'Amours) :
Il vous reste 2 min 45 s.
Mme Lachance : Excellent.
Alors, je vais essayer de faire vite. D'abord, vous avez mentionné quelque
chose qui m'a fait réagir et je me dois de vous le dire, vous avez dit :
Les CPE de 30 places peinent à survivre. Mais, vous savez, vous avez aussi dit
qu'il fallait s'occuper de l'ensemble des régions, des régions éloignées. Quand
on vient d'une circonscription où il y a des petits milieux, des CPE de 30
places, ça en prend pour s'occuper de nos enfants. Mais je ferme la parenthèse.
Vous avez dit aussi : Arrêtez le
80 % de places présence. Donc là, je pense que vous vouliez en discuter.
Ce que je comprends, c'est que vous demandez plus de flexibilité au niveau des
règles de financement pour permettre, dans le fond, de recevoir des enfants à
temps partiel ou, en fait, dans une garde atypique. Je veux vous entendre sur
ça.
Mme Longchamps (Lucie) : On ne
dit pas qu'un 30 places ce n'est pas une bonne idée dans une petite communauté,
bien au contraire. Ce que l'on dit, c'est qu'il n'y a pas de financement
plancher. Donc, présentement, ils peinent à survivre comment est organisé le
financement. Ça, c'est un grand problème.
• (15 h 30) •
Puis il y a le pourcentage de 80 % de
taux de présence. Ça a fait en sorte que, quand ça a été mis en place, il y a plein
de directions, pour de bonnes ou de moins bonnes raisons, ont mis en place des
façons de faire, entre autres pour les ratios qui ne sont pas respectés, parce
qu'ils font un ratio bâtisse. Donc, ils ne comptent pas : Est-ce que c'est
une éducatrice cinq, une éducatrice huit ou une éducatrice 10. Puis il n'y a
rien dans la loi présentement qui est assez fort pour empêcher le ratio
bâtisse. Puis on peut comprendre que les directions se sont vues avec du
financement coupé, donc ils avaient de la misère à survivre. Ce qu'ils font,
c'est qu'ils comptent le ratio bâtisse puis ils comptent même la directrice qui
est dans le bureau. Donc, il y a des éducatrices qui se retrouvent, pour des
périodes dans la journée, avec 10 enfants, avec 12 enfants. Au début, c'était
des pratiques toutes petites. Maintenant, c'est des pratiques beaucoup plus
longues. On se retrouve avec de l'autopause. De l'autopause, c'est que tu vas à
ta pause, je surveille ton groupe. Donc, je vais en avoir 12, je vais en avoir
16. Ça, c'est des façons qui ont été mises en place par manque de financement.
Donc, on ne dit pas... Ce que l'on vous dit, c'est que les petits CPE devraient
être pris en considération avec un financement plus adéquat...
15 h 30 (version non révisée)
Mme Longchamps (Lucie) : …maintenant,
c'est des pratiques beaucoup plus longues. On se retrouve avec de l'autopause.
De l'autopause, c'est : tu vas à ta pause, je surveille ton groupe. Donc,
je vais en avoir 12, je vais en avoir 16. Ça, c'est des façons qui ont été mises
en place par manque de financement. Donc, on ne le dit pas qui… ce que l'on
vous dit, c'est que les petits CPE devraient être pris en considération avec un
financement plus adéquat, ceux en région éloignée, également, parce qu'on en a
besoin partout, on en a besoin dans les régions du Grand Nord, on en a besoin…
Nous, on n'est pas contre les tout-petits. Ce qu'on vous dit, c'est que le
financement, il n'est pas adapté, présentement.
La Présidente (Mme D'Amours) :
30 secondes.
Mme Longchamps (Lucie) : Écoutez,
je vous remercie. M. le ministre, avez-vous une autre question?
La Présidente (Mme D'Amours) :
M. le ministre. Vas-y.
M. Lacombe : Je peux peut-être
prendre la balle au bond. Merci, Stéphanie. Mais sur les petites installations,
c'est clair, je partage l'avis de ma collègue, on doit aller… et le vôtre, aussi,
je pense, là. On doit aller vers ça, mais c'est vrai qu'il y a des enjeux
financiers. Et d'ailleurs c'est dans le grand chantier, on veut permettre ça,
parce qu'il faut desservir les plus petites communautés. Ça a fait toute la
différence. Donc, on est tous d'accord.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci beaucoup, M. le ministre. Maintenant, je cède la parole au député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Pour 11 minutes, je crois?
La Présidente (Mme D'Amours) :
Exact.
M. Tanguay
: Oui. Bien,
à mon tour de vous saluer. Merci beaucoup, Mme Longchamps, Mme Lelièvre, d'être
avec nous. J'aimerais revenir sur le point du 80 %. Donc, si je comprends
bien, la règle fait en sorte qu'un enfant qui a une place dans un CPE ne peut
pas être absent pour plus de 20 %. Lorsqu'il est absent pour plus de 20 %,
peu importe la raison, ça peut être des vacances, ça peut être avec les
parents, ça peut être une maladie. Il y a un risque ou c'est automatique,
l'enfant va perdre… les parents vont perdre la place pour l'enfant?
Mme Longchamps (Lucie) : Il y
a des contrats qui doivent être respectés. Mais le 80 %, c'est un
pourcentage auquel le CPE doit… s'il ne répond pas à cette règle-là, son
financement est diminué. Donc, le CPE doit tout faire pour avoir le 80 %.
Puis, en plus de ça, il y a eu beaucoup de coupures, vous le savez, sous votre
propre gouvernement, il y a eu énormément de coupures dans le réseau qui ont
fait en sorte qu'avec le 80 % il y a eu toute une manoeuvre de faite pour
respecter le nouveau financement. Donc, c'est pour ça que je vous parle de
ratio bâtisse, puis je vous parle de manque aux enfants à besoins particuliers,
parce que ça, je n'avais pas eu le temps d'en parler à M. Lacombe. Puis
j'aurais tellement de choses à vous dire que le temps qui nous est alloué est
vraiment très court. Mais tout ce financement-là nous aiderait à aider ces
enfants, à faire en sorte que les éducatrices soient plus heureuses. Parce
qu'au Québec est-ce qu'il y a quelqu'un qui veut que les travailleurs ne soient
pas heureux dans ce qu'ils font?
M. Tanguay
: Hum-hum.
Mme Longchamps (Lucie) : Je ne
crois pas. Mais pour ça, il faut mettre les conditions gagnantes et le
financement, ça en fait partie.
M. Tanguay
: Et donc en
assouplissant cette règle du 80 % là, aussi, ça rejoindrait votre objectif
d'offrir davantage de services pour celles et ceux qui ont, les pères et mères,
des horaires atypiques aussi?
Mme Longchamps (Lucie) : Oui
parce que, présentement, les parents qui ont des enfants à quatre jours, des
enfants très malades, je ne vous dis pas que personne ne les écarte, mais je
vous dis que ça va être un défi supplémentaire pour le centre de la petite
enfance parce qu'il va devoir toujours jouer avec son pourcentage d'autoprésence.
M. Tanguay
: O.K. Vous
avez un petit peu plus tôt que vous auriez aimé avoir beaucoup de temps pour…
d'autre temps, allez-y,je vous en prie. Vous aviez d'autres sujets que vous
vouliez aborder?
Mme Longchamps (Lucie) : Bien,
je voulais beaucoup vous parler des responsables de services de garde, puis de
l'allègement, des relations avec les bureaux coordonnateurs. Puis, tu sais,
j'ai entendu des associations précédentes. J'ai fait mes devoirs, un peu, ce
matin puis hier, tard, en fin de journée, pour écouter des collègues de d'autres
lieux. Je ne crois pas que mettre…
M. Tanguay
: ...d'autres
temps. Allez-y, je vous en prie. Vous aviez d'autres sujets que vous vouliez
aborder?
Mme Longchamps (Lucie) : Bien,
je voulais beaucoup vous parler des responsables de services de garde, puis de l'allègement,
des relations avec les bureaux coordonnateurs. Puis, tu sais, j'ai entendu des associations
précédentes. J'ai fait mes devoirs, un peu, ce matin puis hier, tard, en fin de
journée, pour écouter des collègues d'autres lieux. Je ne crois pas que mettre l'obligation,
entre autres, d'une conseillère pédagogique, ou de l'agente, maintenant, de
conseils pédagogiques, qu'ils nomment, aille de façon obligatoire, parce qu'on
veut que le contrat ou le permis, l'accréditation soit de plus courte durée, y
aille plus souvent. Je ne crois pas que ça devrait être mis en place.
Je crois que, pour rétablir les liens avec
les responsables des services de garde, on doit, en premier, se doter de
manières harmonieuses, on doit se doter de meilleures relations. On doit
rétablir les ponts qui ont été, sans dire rompus... Il y manque beaucoup,
beaucoup de pavés, sur ces ponts-là. Donc, on doit rétablir les liens. Quand ce
sera fait avec les responsables, on verra à une obligation ultérieure. Mais...
M. Tanguay
: Vous
m'amenez, justement... Puis je vais vous en prier, de continuer. À la page 11
de votre mémoire, justement, je voulais savoir... «Relations très difficiles
entre les bureaux coordonnateurs», justement, ils réagissent à... Vous êtes
très terrain. Qu'est-ce qui se passe? Depuis longtemps?
Mme Longchamps (Lucie) : Oui,
il se... Écoutez, depuis qu'il y a eu les changements réglementaires, 2015, 2014,
qu'il y a eu beaucoup de changements réglementaires... le temps passe si vite,
j'oublie un peu l'année... la vocation des bureaux coordonnateurs est devenue
beaucoup plus corrective qu'accompagnatrice. Donc, les bureaux coordonnateurs
se sont vus dans l'obligation de mettre beaucoup de règles, de se faire
beaucoup de suivis, puis on s'est mis à avoir plein, plein, plein de codes à
respecter dans nos milieux familiaux, ce qui fait en sorte que ça a brisé les
relations. Parce que chaque fois que l'agente à la conformité allait chez la
responsable des services de garde, c'était pour lui émettre une contravention.
Ça n'avait pas de sens, cette façon de faire là.
Il y a des bureaux coordonnateurs qui ont
abusé sur des documents à demander, sur des façons de faire excédentaires. Il a
fallu intervenir à maintes et maintes reprises. Je suis personnellement
intervenue à plusieurs reprises. Avec M. Lacombe, on en a fait, mais les
pouvoirs du ministre ne sont pas suffisants pour faire en sorte que... puis là
dans le projet de loi, ça semble vouloir l'être... pour que ces bureaux
coordonnateurs là ne fassent pas que se faire dire : Tu devrais faire ceci
ou tu devrais agir comme cela. Un coup qu'on leur a dit, ils gardent plein de
pouvoirs pour poursuivre dans la mauvaise ligne. Mais les responsables des
services de garde... moi, j'en ai connues plusieurs... se sont dit «bien,
moi, ça suffit» et elles sont parties au privé. Elles ne sont pas toutes
parties parce que ça ne faisait pas leur affaire. Il y en a qui sont parties
parce qu'elles ne voulaient pas les relations avec les bureaux coordonnateurs.
Et c'est pour ça, entre autres, qu'on nous
dit que les PNR sont si inquiètes à réintégrer le réseau. C'est parce que
les... ce qu'elles en connaissent, ce n'est pas positif. Ce qu'elles en
connaissent, c'est, tu avoir des contraventions, on va aller chez toi toutes
les semaines, on va faire ceci, on va faire cela, puis les filles nous
disent : Y a-tu quelqu'un qui veut adhérer à ça?
M. Tanguay
: Il y a eu
des cas où il y avait des constats d'infraction qui étaient déraisonnables, à
leur face même?
Mme Longchamps (Lucie) : Oui,
oui. J'ai vu des endroits où on abusait des choses. J'ai vu des endroits où on
mettait beaucoup trop de pression sur la femme, et on n'était pas en
accompagnement. On devrait être en accompagnement et non toujours vouloir
mettre le punitif. On devrait être plus en accompagnement.
M. Tanguay
: Puis je ne
veux pas être, en tant que légiste, là...
Mme Longchamps (Lucie) : …oui,
oui. J'ai vu des endroits où on abusait des choses, j'ai vu des endroits où on
mettait beaucoup trop de pression sur la femme et on n'était pas en
accompagnement. On devrait être en accompagnement et non toujours vouloir
mettre le punitif, on devrait être plus en accompagnement.
M. Tanguay
: O.K. Puis
je ne veux pas être, en tant que légiste, là, inutilement pointilleux. Ça se
ferait dans la loi ou dans le règlement, ça, cette révision-là?
Mme Longchamps (Lucie) : Bien,
je pense que là, il y a des choses dans le projet de loi pour que les bureaux
coordonnateurs, les pratiques soient plus harmonieuses. J'ai lu des choses pour
des pratiques un peu plus… Je ne trouve pas le bon mot. Sans vous dire «pareil»,
que ce soit similaire dans toutes les régions. Mais je pense que quelque part,
le gouvernement et le ministre manquent un peu de force pour que ces bureaux
coordonnateurs là, sans dire retrouvent le bon chemin, qu'on puisse, quand on
leur dit quelque chose, y voir un peu qu'il y aurait intérêt à respecter le
droit des responsables de service de garde. Présentement, c'est excessivement
difficile.
M. Tanguay
: J'ai
résisté à la tentation de lui poser la question, pouvez-vous étayer sur le fait
que le ministre manque de force, mais je vais me réserver le…
Mme Longchamps (Lucie) : Mais
ce n'est pas directement M. Lacombe que je disais, mais…
M. Tanguay
: Puis vous
savez bien que moi non plus, ce n'était pas personnel. Vous me connaissez.
Mme Longchamps (Lucie) : O.K.
Ça, dans votre cas, je ne le sais pas, M. Tanguay, là…
M. Tanguay
: Vous me
connaissez bien.
Mme Longchamps (Lucie) : …mais
le pouvoir, puis vous allez voir que moi, même si on est en commission, je vais
demeurer transparente et je demeure toujours la même personne, je pense qu'on
manque un peu de pouvoir avec les bureaux coordonnateurs. Et certains bureaux
coordonnateurs ont fait un peu de l'abus de pouvoir. Je vais le nommer comme
ça, ils ont fait un peu d'abus de pouvoir.
M. Tanguay
: O.K. Le
point est fait, le point. O.K.
Mme Longchamps (Lucie) : Puis
je vais vous dire, aujourd'hui, je suis un peu plus nerveuse qu'à mon
accoutumé, donc je ne trouve peut-être pas les bons mots. Peut-être c'est la
manif de ce matin, là, qui m'a bien, bien, bien augmenté le niveau d'énergie.
M. Tanguay
: C'est bon.
Mme Longchamps (Lucie) :
Habituellement, je suis un peu plus volubile. Là, je ne trouve pas toujours les
bons mots.
M. Tanguay
: Non, non,
mais je pense qu'on vous trouve très volubile et très… vous faites vos points,
mais c'est très bien, c'est très bien fait. Justement là-dessus, milieux
familiaux non régis, là, les non régis, on vient de parler, il y avait
deux écueils, ce matin, quand ils sont passés. L'Association québécoise
des milieux familiaux éducatifs privés parlait, bon, de la relation avec les
bureaux coordonnateurs, également, du défi d'être syndiqué également. Je ne
sais pas si vous avez quelque chose à répondre à ça.
Mme Longchamps (Lucie) : Bien,
ça, je pense que ça fait aussi partie des craintes comme elles ont craintes du
bureau coordonnateur. Tu sais, je pense que la syndicalisation au Québec pour
les responsables de services de garde, ça a été un choix qu'elles ont dû faire
et que j'ai fait, parce que moi, j'ai amené mon propre groupe à se syndiquer à
la CSN, c'est un… On n'avait pas le choix. C'était ça ou on s'en allait toute
la gang. Il fallait établir un choix, il fallait établir une voie avec le
gouvernement, il fallait établir des ponts beaucoup plus clairs. Donc, ça, la
syndicalisation… Puis je peux comprendre qu'on y est pour ou qu'on y est
contre. Puis moi, je ne suis pas là pour faire le débat de : On devrait
tout se syndiquer. Vous comprendrez que moi, si je le suis, je pense que oui.
Mais ça, je peux comprendre ça, mais je ne comprends pas leurs craintes à
s'affilier avec un bureau coordonnateur. Bien entendu, c'est parce que ce
qu'elles entendent, mais, quand il y aura l'harmonisation, quand il y aura de
meilleures relations, ce n'est pas ça qui vont faire en sorte qu'elles seront
moins autonomes dans leurs milieux de garde ou qu'elles seront plus
malheureuses de recevoir les enfants le matin. Bien au contraire, quand elles
auront besoin, et j'espère, on aura mis en place des agents de conseil, parce
qu'on les aura payés correctement et qu'elles seront là au rendez-vous pour
répondre à leurs besoins.
M. Tanguay
: Merci
beaucoup…
Mme Longchamps (Lucie) :
…il y aura de meilleures relations. Ce n'est pas ça qui vont faire en sorte
qu'elles seront moins autonomes dans leurs milieux de garde ou qu'elles seront
plus malheureuses de recevoir les enfants le matin. Bien au contraire, quand
elles auront besoin, et j'espère, on aura mis en place des agents de conseil,
parce qu'on les aura payés correctement et qu'elles seront là au rendez-vous
pour répondre à leurs besoins.
• (15 h 40) •
M. Tanguay
: Merci
beaucoup. J'aimerais revenir sur ce qu'a dit un peu plus tôt Mme Lelièvre.
Vous avez dit, je vous cite, là : Le défi de pérenniser les places qui
existent, les places existantes. Vous faisiez référence à quelle réalité, au
fait qu'il serait bien de faire de la conversion des privés non subventionnés
en CPE ou vous parliez de pérenniser les places existantes aussi dans les
autres types de services de garde?
Mme Lelièvre (Katia) :
Bien, en fait, nous, on préconise de façon évidente, là, les CPE puis les RSG,
mais on pense qu'on doit aussi s'assurer de sécuriser ces places-là. Il y a
plusieurs défis, là, Lucie en a énoncé beaucoup. Mais il faut s'assurer que ces
places-là demeurent. Et tantôt, le ministre a parlé des RSG aussi, sur les
difficultés qu'ils ont rencontrées, là, puis la peur du ministre de l'exode des
RSG, là, du réseau, et, bon, bien, évidemment, on croit qu'il faut s'assurer
que cet exode-là ne se poursuit plus et les solutions qu'on a apportées sont à
cet effet-là.
M. Tanguay
: Et là-dessus,
je fais du pouce sur ce que disait un peu le ministre, puis là, il essayait de
construire avec vous, là, une garantie d'assurance qu'un RSG ne fermerait pas
si d'aventure si la loi disait que c'était un droit. Mais dans le contexte
actuel, il en ferme à toutes les semaines, puis je comprends, dans le contexte
actuel, vous êtes en grève. Mais dans un contexte où il… puis excusez-moi, je
veux vous laisser du temps, où les conditions de travail salariales et que le
réseau serait, justement, valorisé, et celles et ceux qui en sont au coeur, les
éducatrices et intervenantes, c'est clair que là, l'écueil du ministre, qui en
ferme à toutes les semaines, bien, il serait moins présent, surtout si on s'en
va vers une conversion, puis dans certains cas, CPE également, on aurait
l'occasion d'avoir le débat. Mais je veux vous laisser du temps, madame.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Mme Longchamps, en une minute.
Mme Longchamps (Lucie) : O.K.
Pour les RSG, l'exode est moins grand parce que, finalement, on a fait des
investissements, heureusement, malheureusement pour la négociation, par
exemple. On aurait aimé que ça soit dans la négo, je vais être prudente de ce
que je vais dire, Mme la Présidente. L'exode est un peu moins grand, on va
souhaiter que le projet de loi soit assez fort et assez franc pour que ce qui
va être mis en place avec les bureaux coordonnateurs, entre autres,
l'élimination du téléphone et plusieurs autres aspects feront en sorte que ces
femmes-là vont rester, parce que c'est une profession qui a tout à être mieux
reconnue, moi l'ayant fait pendant 25 ans.
M. Tanguay
: …secondes
qui me restent. Question ballon de plage pour vous, que vous lance, le 6 milliards,
là, on le met-u entièrement dans le réseau ou c'est trop?
Mme Longchamps (Lucie) :
Qu'est-ce qu'on dit? On le met, on le met, autant qu'on en a besoin. Si on a
besoin du 6 milliards, on met le 6 milliards, Katia, hein?
Mme Lelièvre (Katia) :
…on est à la même place, là. C'est, je veux dire, évidemment il faut que ce
réseau-là soit correctement financé si on veut être en mesure d'avoir des
places de qualité pour l'ensemble des enfants du Québec.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Merci beaucoup. Maintenant, je vais céder la parole à la députée de
Sherbrooke pour 2 min 45 s.
Mme Labrie : Merci. Dans
votre mémoire, vous nous faites…
Mme Longchamps (Lucie) :
...évidemment, il faut que ce réseau-là soit correctement financé si on veut
être en mesure d'avoir des places de qualité pour l'ensemble des enfants du Québec.
15 399 La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Merci beaucoup. Maintenant, je vais céder la parole à la députée de Sherbrooke
pour 2 min 45 s.
17 889 Mme Labrie : Merci. Dans
votre mémoire, vous nous faites la recommandation que quand il y a un manque
d'offre dans une région, le développement de places ne soit fait qu'en CPE. Donc,
vous proposez, dans le fond, une cible de 100 % de développement de places
en CPE. Est-ce que vous pensez qu'on devrait l'inscrire dans la loi?
Mme Lelièvre (Katia) : C'est
une bonne question. Je croirais que oui, mais également les milieux familiaux
régis parce qu'on doit toujours trouver l'équilibre entre l'un et l'autre. L'un
ne doit pas nuire à l'un ou à l'autre, comme ça s'est passé au cours des
dernières années, entre autres avec la modulation de tarifs puis l'explosion
des garderies privées non subventionnées. Puis surtout pour les petits lieux,
parce que vous remarquerez que les grosses garderies privées, où elles se sont
établies? Dans les grandes villes. Pourquoi dans les grandes villes? Parce que
c'est là qu'il y a les parents qui ont le plus de financement dans leurs
poches. Dans les petits lieux, souvent, malheureusement, en région plus rurale,
ce sont des parents qui, au quotidien, qui gagnent un salaire tout à fait
modeste et qui ne pourraient pas se payer ça. C'est pour ça que les grosses
garderies se sont mises dans les grandes villes.
Donc, oui, on doit respecter, mais toujours en
gardant l'équilibre.
17 889 Mme Labrie : Ça fait bien
le pont pour ma prochaine question. Vous avez une de vos recommandations,
aussi, qui parle des crédits d'impôt, vous proposez une diminution progressive.
C'est le contraire que le gouvernement s'apprête à annoncer demain, si on a
bien compris leurs intentions. Qu'est-ce que vous pensez de ça? C'est quoi les
risques à vos yeux?
Mme Lelièvre (Katia) : Moi, je
crois que ça devrait être en équilibre. On veut ouvrir 37 000 places, on se
dit : On a un barème de tant de temps avec un échéancier clair. Dans la
même période de temps, on devrait baisser le crédit d'impôt pour qu'à la fin,
quand chaque enfant au Québec aura sa place, le crédit d'impôt n'existera plus
parce qu'on aura tout converti nos places en places à contribution réduite. Ça,
c'est dans le meilleur des mondes. Et dans le meilleur, meilleur des mondes,
toutes ces places-là sont entièrement gratuites, entre autres pour les enfants
qui viennent de régions avec une précarité économique.
17 889 Mme Labrie : Je pense qu'on
a une vision du meilleur des mondes qui se ressemble. Mais en attendant, là,
vous proposez de geler le crédit d'impôt. J'aspire à la même chose que vous,
là, juste pour être claire, mais il y a une iniquité entre les parents en ce
moment. Est-ce que vous pensez que, minimalement, dans l'objectif de réduire
cette iniquité-là avec les crédits d'impôt, en ce moment, que ça devrait
absolument être temporaire, là, ce qui va être proposé comme crédit d'impôt ou
il faudrait que ce soit...
Mme Lelièvre (Katia) :
Absolument. On ne peut pas être contre le fait que le parent qui paie 50 $
doive avoir accès à un crédit d'impôt qui va faire en sorte qu'il n'y aura plus
cette iniquité-là et cette injustice-là, presque, pour les parents qui se
voient contraints de prendre une place. Mais on devra se mettre un plan plus
clair pour que le crédit d'impôt baisse à mesure que nos places augmentent et
qu'à un moment donné, il n'y en ait plus, de crédit d'impôt. Ça n'a pas lieu
d'être, le crédit d'impôt. On ne devrait pas... et vous le savez, dans les
milieux familiaux non régis, le crédit d'impôt, pour certains parents, est le
gage de qualité, mais ce n'est pas vrai.
15 399 La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, merci beaucoup. Je cède maintenant la parole à la députée de Joliette,
toujours pour 2 min 45 s.
Mme
Hivon
: Oui,
merci beaucoup. Toujours intéressant de vous entendre, avec cette passion qui
vous anime, pour dire le moins. J'allais aller dans le même sens...
Mme Longchamps (Lucie) :
...pour certains parents est le gage de qualité, mais ce n'est pas vrai.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, merci beaucoup. Je cède maintenant la parole à la députée de Joliette, toujours
pour 2 min 45 s.
Mme
Hivon
:
Oui, merci beaucoup. Toujours intéressant de vous entendre avec cette passion
qui vous anime, pour dire le moins. J'allais aller dans le même sens. En fait, je
pense qu'on se rejoint sur beaucoup de choses. Nous, on pense que c'est
vraiment le temps de donner le coup de barre, de dire : Tout ce qui se
développe, pour la suite, c'est du 100 % CPE, et on doit convertir. Parce
que ça ne marche juste pas, le système, puis on le voit parce qu'on s'attend
demain à ce qu'il y ait une augmentation du crédit d'impôt plutôt que de donner
le coup de barre.
Moi, je veux juste savoir, en ce moment,
le ministre a un appel de projets en continu. La règle du 85 % en CPE,
pour ce qui est installation, là, versus 15 % maximum en garderie privée
ne tient pas, ce n'est pas dans l'univers. Pour vous, c'est quoi, les impacts
possibles de ça? C'est-à-dire que, traditionnellement, il y a toujours au moins
85 % des nouvelles places qui doivent aller en CPE. Là, en ce moment, on
comprend qu'avec la nouvelle annonce de fin septembre sur les appels de projets
en continu, ça ne tient plus la route. Donc, d'ailleurs, on l'a vu dans les
annonces qui ont été faites. Moi, dans ma région, 50 % des places sont en
privé, par exemple. C'est quoi, l'impact de ça que ça peut avoir?
Mme Longchamps (Lucie) :
Bien, ça peut avoir que, ce 15 % là, on ne finira jamais par le rebalancer
avec le crédit d'impôt. Moi, je pense que tout ce qui doit se développer, à
partir de demain matin, devrait être entièrement en CPE puis en milieux
familiaux régis et subventionnés. Ça n'a plus sa raison d'être de faire du
développement en garderie privée, si c'est bien votre question, Mme Hivon.
Mme
Hivon
:
Puis comment on y arrive? Parce qu'évidemment on entend toujours les gens
dire : Oui, mais là c'est compliqué, puis là les CPE, des fois, c'est plus
long. Puis donc comment on y arrive? Je pense qu'on veut tous la qualité, donc
comment on y arrive à ça? Est-ce que c'est vraiment une quête impossible ou
vous pensez que c'est tout à fait possible d'y arriver et développer 100 %
en CPE?
Mme Longchamps (Lucie) :
Moi, je pense que c'est tout à fait possible. Je sais que les critères puis les
volontés du ministre étaient de diminuer les critères, de 17 critères à
neuf critères. Je pense que c'est tout à fait possible. Je pense qu'en enlevant
le financement 80 %, je pense qu'en finançant adéquatement, en aidant les
centres de la petite enfance, puis en aidant aussi ces directions-là à mettre
en place peut-être une deuxième installation, peut-être une troisième
installation, puis on a quand même des recommandations dans le mémoire sur
comment moduler ça, puis, entre autres, pour les conseils d'administration
parce qu'on ne veut pas non plus se ramasser avec des mégastructures, moi, je
pense que c'est tout à fait possible.
Mme
Hivon
:
O.K. Puis je veux vous amener sur la question des ratios, parce que vous l'avez
bien souligné, c'est une autre grosse inquiétude qu'on a. On espère qu'avec des
négociations — on salue d'ailleurs les éducatrices qui sont en moyen
de pression — que les choses vont pouvoir aller dans le bon sens
enfin. Mais il y a une diminution du ratio réglementaire que le ministre a mis
de l'avant du deux sur trois à un sur trois. C'est quoi, l'impact de ça?
La Présidente (Mme D'Amours) :
Je suis vraiment désolée, le temps nous...
Mme
Hivon
:
Ça aurait été vraiment intéressant de vous entendre. Mais merci.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Ça aurait vraiment été intéressant...
Mme Longchamps (Lucie) :
Ai-je le temps d'y répondre?
La Présidente (Mme D'Amours) :
Bien, non, pas du tout parce qu'on a d'autres témoins qui vont venir à la
commission. Alors, désolée. Mais vous pourriez peut-être répondre par écrit à
la commission sur la question de Mme Hivon, puis on pourra partager ça
avec nos membres. Donc, à moi de vous...
La Présidente (Mme D'Amours) :
…je suis vraiment désolée, le temps nous est…
Mme
Hivon
:
Ça aurait été vraiment intéressant de vous entendre. Bien, merci.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Ça aurait vraiment été intéressant.
Mme Longchamps (Lucie) : Ai-je
le temps de lui répondre?
La Présidente (Mme D'Amours) :
Bien, non, pas du tout parce qu'on a d'autres témoins qui vont venir à la commission,
alors désolée. Mais vous pourriez peut-être répondre par écrit à la commission
sur la question de Mme Hivon, puis on pourra partager ça avec nos membres.
Donc, à moi de vous remercier pour votre
contribution aux travaux de la commission. Je suspends les travaux quelques
instants afin d'accueillir les prochains témoins. Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 48)
(Reprise à 15 h 53)
La Présidente (Mme D'Amours) :
Nous reprenons nos travaux. Et je souhaite la bienvenue à M. Bédard et Mme
Plourde. Chers invités, je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes
pour votre exposé, après quoi, nous procédons à la période d'échange avec les membres
de la commission. Je vous invite donc à vous présenter et à procéder à votre
exposé. La parole est à vous.
M. Bédard (Tommy) : Donc,
bonjour. Je suis Tommy Bédard, je suis le président de la Fédération québécoise
de l'autisme.
Mme Plourde (Lili) : Lili
Plourde, je suis directrice générale.
M. Bédard (Tommy) : Donc, si
vous me permettez, je débute. Donc, M. le ministre, Mme la Présidente et MM. et
Mmes les députés, bonjour. Présente depuis…
M. Bédard (Tommy) : ...donc,
bonjour. Je suis Tommy Bédard. Je suis le président de la Fédération québécoise
de l'autisme.
Mme Plourde (Lili) : Lili
Plourde. Je suis directrice générale.
M. Bédard (Tommy) : Donc, est-ce
que vous me permettez? Je débute. Donc, M. le ministre, Mme la Présidente, et
MM. et Mmes les députés, bonjour. Présente depuis 45 ans, la Fédération
québécoise de l'autisme, FQA, est un regroupement provincial de 75 organismes
qui ont en commun les intérêts de la personne autiste et ceux de sa famille et
de ses proches. 16 de ces organisations sont des associations en autisme
présentes dans chacune des régions du Québec. Les autres organismes sont des
membres associés à la fédération et proviennent de différents réseaux :
communautaire, scolaire, santé, services sociaux et privés.
La mission de la fédération est de
mobiliser tous les acteurs concernés afin de promouvoir le bien-être des
personnes, sensibiliser et informer la population sur le trouble du spectre de
l'autisme, TSA, ainsi que sur la situation des familles et contribuer au développement
des connaissances et à leur diffusion. Cette mission se traduit entre autres de
la façon suivante : promotion, défense des droits, information et
formation, vie associative.
C'est à titre de représentant de
l'ensemble des personnes autistes et de leurs familles que nous déposons nos commentaires
dans le cadre de la consultation particulière sur le projet de loi n° 1.
La Fédération québécoise de l'autisme se réjouit de l'intérêt du gouvernement
du Québec d'améliorer la Loi sur les services de garde éducatifs à l'enfance.
Mme Plourde (Lili) : Aujourd'hui,
notre présentation va porter principalement sur un élément : que la loi
permette une véritable inclusion des enfants autistes ou en situation de
handicap dans les services de garde éducatifs québécois car nous sommes très
préoccupés de la situation actuelle. Présentement, faute de places dans des
milieux adaptés, par manque de connaissance et de formation, par l'ensemble de
services adaptés à leurs besoins, des enfants autistes se voient refuser dans
un service de garde ou sont rapidement expulsés en raison, principalement, de
leur comportement. Il est nécessaire de permettre à tous les enfants autistes
ou en situation de handicap au Québec d'avoir une place en service de garde,
peu importe leurs besoins.
Les enfants autistes seront souvent
écartés des groupes réguliers à l'école, fréquenteront des services de loisirs
ségrégués, et, à l'âge adulte, fréquenteront des centres de jour spécialisés.
Il est donc d'autant plus important de leur donner l'opportunité de fréquenter
un milieu accueillant, avec d'autres enfants de leur âge dans lequel ils
pourront faire des apprentissages avant leur entrée à l'école. Ainsi, on peut
diminuer la discrimination systématique dont ils seront souvent victimes, bien
souvent à l'école. Depuis le premier plan d'action en autisme, en 2003,
plusieurs actions ont été posées, de meilleures méthodes éducatives ont vu le
jour, les services scolaires se développent, tant au primaire qu'au secondaire.
Il serait dommage de ne pas permettre aux enfants de s'épanouir dès la petite
enfance.
M. Bédard (Tommy) : Donc, la
discrimination des milieux. Il existe encore beaucoup de préjugés envers
l'autisme, et, dès le départ, les intervenants de tous les milieux sautent
rapidement à la conclusion que les besoins de l'enfant dépasseront leurs
capacités d'accueil et d'intervention. La Vérificatrice générale, dans son
rapport produit en 2020, souligne que les enfants dont les parents ont signalé
un diagnostic au moment de l'inscription à La Place 0-5 ans ont eu plus de
difficulté à obtenir une place en service de garde que les enfants n'ayant pas
de besoins particuliers. C'est clairement de la discrimination basée sur le
handicap. Il est important de ne pas discriminer les enfants...
M. Bédard (Tommy) :
...générale du Québec, dans son rapport produit en 2020, souligne que les
enfants dont les parents ont signalé un diagnostic à au moment de l'inscription
à La Place 0-5 ans ont eu plus de difficulté à obtenir une place en service de
garde que les enfants n'ayant pas de besoins particuliers. C'est clairement de
la discrimination basée sur le handicap. Il est important de ne pas discrimer
les enfants, peu importe le diagnostic, dans les politiques d'admission des services
de garde. La loi donne le même droit à tous les enfants. La façon de
sélectionner les enfants actuellement est donc une atteinte aux droits des
enfants en situation de handicap.
Nous nous permettons de citer la Commission
des droits de la personne et des droits de la jeunesse dans sa lettre adressée
à la présidente de la Commission des relations avec les citoyens : «Compte
tenu de l'objectif principal du projet de loi n° 1, qui est d'améliorer l'accessibilité
au réseau des services de garde à l'enfance pour tous les enfants québécois et
considérant les obstacles qui se posent de façon persistante quant à l'accès en
pleine égalité à ces services pour les enfants en situation de handicap, la commission
invite le législateur et le gouvernement à porter une attention particulière à
ces enfants et s'assurer que les mesures nécessaires soient prises afin de leur
permettre d'accéder sans discrimination aux services de garde éducatifs à
l'enfance.
«Dans cette perspective, le projet de loi
n° 1 mène notamment à s'attarder plus longuement aux obstacles qui se
posent dans l'accès aux services de garde éducatifs à l'enfance, notamment pour
les enfants en situation de pauvreté, les enfants en situation de handicap et
les enfants autochtones. Selon les plus récentes données rendues disponibles
par le ministère de la Famille, on peut estimer qu'environ 58 % des
enfants vivent avec une ou des incapacités ne fréquenteraient aucun service de
garde à l'enfance à l'heure actuelle.»
À l'article 59.4, il est indiqué que
le guichet unique est un outil de référence et d'appariement servant à assurer
une offre de services de garde éducatifs à l'enfance répondant aux besoins des
parents et favorisant l'égalité des chances des enfants, tout en respectant les
critères d'admission et le rang attribué à un enfant en application du présent
chapitre. Dans la réalité, plusieurs raisons sont bonnes pour refuser un
enfant, la principale étant que les besoins de l'enfant dépassent les capacités
du service de garde éducatif. Le manque de services empêche les enfants de
fréquenter un milieu, ce qui représente une discrimination.
Aux pages 7 et 9 du Guide pour
faciliter l'action concertée en matière d'intégration des enfants handicapés du
Québec, en 2001, il est indiqué que le personnel de certains services de
garde ne voit aucun avantage et s'estiment même pénalisé lorsque des enfants
handicapés sont admis dans ces services : surcharge de travail, épuisement
professionnel, manque de soutien extérieur, allocations insuffisantes, charges
financières, etc. Or, l'intégration d'un enfant handicapé nécessite des
adaptations appropriées, de même que l'accueil et l'ouverture du personnel de
garde.
• (16 heures) •
Mme Plourde (Lili) :
Nulle part dans le projet de loi nous n'avons pu lire comment les enfants en
situation de handicap peuvent être soutenus en milieu de garde. Il est
important de préciser davantage ce qu'est un service éducatif personnalisé de
qualité en s'assurant que tous les enfants soient sur le même pied d'égalité.
Trop souvent, les services de garde énoncent l'argument du manque de ressources
financières et humaines pour répondre aux besoins des enfants autistes. Il est
important de financer les services de garde éducatifs afin qu'ils aient le
personnel nécessaire pour encadrer les enfants avec des besoins particuliers et
qu'ils puissent surtout offrir de la formation en lien avec l'autisme afin de
mieux accompagner les enfants dans leur développement. Peu importe l'âge de
leur enfant ou le service offert, les parents dénoncent souvent le manque de
formation et de...
16 h (version non révisée)
Mme Plourde (Lili) : …de
financer les services de garde éducatifs afin qu'ils aient le personnel nécessaire
pour encadrer les enfants avec des besoins particuliers et qu'ils puissent
surtout offrir de la formation en lien avec l'autisme afin de mieux accompagner
les enfants dans leur développement. Peu importe l'âge de leur enfant ou le
service offert, les parents dénoncent souvent le manque de formation et de
connaissances du personnel face à l'autisme. Lorsque le personnel est bien
formé, qu'il utilise les bonnes méthodes d'intervention, qu'il est présent avec
un ratio suffisant, il n'y a pas de raison de ne pas inclure un enfant dans un
groupe. Il faut, par contre, qu'il y ait une véritable volonté d'inclure les
enfants et de les considérer sur le même pied que les autres, avec les mêmes
droits.
M. Bédard (Tommy) : Prioriser
les besoins socioéconomiques et socioaffectifs. Plusieurs enfants en situation de
handicap sont expulsés en raison de leurs besoins. Cette situation crée une
surcharge pour les parents et aussi un sentiment d'abandon. Elle implique aussi
une expérience négative d'attachement chez l'enfant, ce qui peut avoir des
répercussions importantes sur son développement socioaffectif. Les parents
quittent parfois leur emploi, ne trouvant pas de milieu de garde souhaitant
accueillir leurs enfants qui demandent des interventions adaptées et davantage
de temps dans les routines.
Le projet de loi prévoit de prioriser les
enfants qui vivent dans les contextes de précarité socioéconomique. Nous
applaudissons cette mesure, considérant que les familles d'enfants autistes se
retrouvent souvent dans cette situation en raison de multiples facteurs. Les
parents ayant un enfant à besoins particuliers doivent souvent recourir aux
ressources d'aide privée compte tenu des épisodes de services de réadaptation
de la part du RSS. Le risque d'appauvrissement est donc une fois de plus
présent au sein des familles. Mais nous croyons aussi qu'il faut prendre en
considération la précarité socioaffective dans les critères de priorisation.
Selon les études, les parents d'enfants autistes, tous handicaps confondus, vivent
les plus grandes détresses psychologiques. Il est donc important de les
soutenir tout au long du cheminement de leur enfant, peu importe son âge et ses
besoins. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci beaucoup pour votre exposé. Nous allons maintenant commencer la période
d'échange. M. le ministre, vous avez la parole pour 16 min 30 s.
M. Lacombe : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Bonjour à vous deux. C'est un plaisir d'avoir l'occasion
d'échanger avec vous sur ce sujet qui est à la fois important et délicat aussi,
parce que, bon, on est bien loin d'un enjeu où les solutions sont simples. Mais
je dis souvent : Ce n'est parce que c'est difficile qu'il ne faut pas
régler le problème, au contraire, là, quand c'est plus difficile, c'est là
qu'il faut le faire, parce que, sinon, ça ne se fera pas. Donc, je suis bien d'accord
avec vous qu'on doit avoir une attention particulière à tout l'enjeu des
enfants qui vivent avec l'autisme et qui doivent aussi pouvoir fréquenter nos services
de garde éducatifs à l'enfance.
Peut-être, d'entrée de jeu, je dirais, le projet
de loi est un véhicule pour mettre en oeuvre certaines dispositions de notre
grand chantier pour les familles. Et donc vous savez, il y a 45 mesures,
là-dedans, et il y en a 18 qui nécessitent l'adoption du projet de loi pour
être m ses en oeuvre. Mais ce que je veux dire, c'est qu'au-delà du projet de
loi, où, par exemple, on va parler des enfants qui vivent en situation de
précarité socioéconomique, ça, on a besoin du projet de loi pour y arriver.
Dans le cas des enfants, disons, qui ont des besoins particuliers, c'est
peut-être moins clair qu'on a besoin du projet de loi n° 1
en tant que tel…
M. Lacombe : ...ce que je
veux dire, c'est qu'au-delà du projet de loi où, par exemple, on va parler des
enfants qui vivent en situation de précarité socioéconomique, ça, on a besoin
du projet de loi pour y arriver. Dans le cas des enfants, disons, qui ont des
besoins particuliers, c'est peut-être moins clair qu'on a besoin du projet de
loi n° 1 en tant que tel pour y arriver. Je souligne,
et je sais que ça ne règle pas tous les problèmes, loin de là, mais je
souligne, par exemple, lorsqu'on est arrivé, lorsqu'un j'ai pris les commandes
du ministère de la Famille, par exemple, on a augmenté de façon importante,
70 % à ce moment-là, la mesure exceptionnelle de soutien que vous devez
bien connaître, dans les CPE, les garderies subventionnées, qui vise à
accompagner les enfants et particulièrement pour les tout-petits qui vivent
avec l'autisme. Là, c'est un bon exemple. Ce sont des enfants qui nécessitent
souvent un accompagnement très, très personnalisé, parfois du un pour un. Donc,
dans ce cas-ci, par exemple, on n'a pas besoin de changement législatif pour
arriver à ça. Même chose pour l'allocation pour l'intégration des enfants
handicapés, la IEH. Mais en même temps on comprend qu'il y a des enjeux, et
entre autres dans l'utilisation, la façon dont ces subventions-là sont
utilisées. Et on s'est engagé à revoir ça et en faire quelque chose de plus
efficace. Donc, je veux peut-être vous rassurer, là, tout de suite, pour vous
dire : Les enfants qui ont des besoins particuliers ne sont pas les grands
oubliés du projet de loi. Si vous avez des suggestions à inclure, c'est ça,
dans le projet de loi, bien sûr, on... pardon, on en prend connaissance. Mais
je voulais quand même vous donner l'intention.
Vous avez des propositions qui sont
intéressantes. Parlez-nous peut-être un peu plus de l'importance pour vous...
je vais avoir peut-être deux, trois questions, là. Est-ce que vous pouvez nous
parler un petit peu plus longuement de l'importance, à votre sens, de permettre
aux enfants de rester, vous nous proposez ça, une année de plus dans les
services de garde éducatifs à l'enfance? Pourquoi est-ce que c'est... j'ai lu,
là, votre explication, mais il n'y a rien comme une explication de vive voix.
Pourquoi c'est important pour vous?
Mme Plourde (Lili) :
C'est important. Souvent les enfants autistes vont développer leur maturité un
petit peu plus tard. Ça va être plus long faire des apprentissages. Donc, le
fait de pouvoir rester plus longtemps en service de garde, on va pouvoir
faire... tu sais. Puis la socialisation est très difficile chez les jeunes
enfants. Ça va arriver plus tard. Ça fait que de leur permettre une année de
plus en service de garde, ça va amener plus de maturité puis plus
d'apprentissages qui vont être faits, là, pour l'entrée à l'école. Ça se fait
dans... il y a plusieurs régions que c'est parce qu'il... les régions sont
différentes. Il y a des régions que ça se fait très, très facilement. Il y a
des régions que c'est plus difficile parce que ça se fait déjà de demander une
dérogation mais... puis il y a des enfants qui n'en auront jamais besoin. Mais
c'est ça, c'est s'aller chercher plus d'acquis, plus de maturité avant l'entrée
à l'école, là, qui sont des éléments importants.
M. Lacombe : Donc, pour
vous, ça ferait la différence.
M. Bédard (Tommy) : Mais
si je peux ajouter?
M. Lacombe : Oui, oui,
allez-y.
M. Bédard (Tommy) : Oui.
Si je p eux ajouter, on le voit sur le terrain. Moi, étant donné qu'outre être
président, je suis directeur d'un organisme, donc je vois régulièrement des
familles. La période charnière du 4-5 ans, c'est là que l'enfant change
vraiment de façon marquée. Et l'année supplémentaire permet à l'enfant...
M. Bédard (Tommy) : …on le
voit sur le terrain, étant donné qu'outre être président, je suis directeur
d'un organisme, donc je vois régulièrement des familles. La période charnière
du quatre, cinq ans, c'est là que l'enfant change vraiment de façon marquée et
l'année supplémentaire permet à l'enfant de se stabiliser pour prendre
conscience de son environnement. Et justement la période supplémentaire d'une
année permet justement à l'enfant de faire son intégration à l'école de bonne
façon en ayant la maturité.
M. Lacombe : Mais donc,
concrètement, là, j'essaie vraiment… comment vous voyez ça, parce qu'évidemment
le cheminement scolaire est déjà établi, là, à la fin de la fréquentation d'un service
de garde, l'enfant entre à la maternelle, ensuite, la première année, bon, ainsi
de suite, comment vous voyez ça, l'enfant, à votre sens, c'est plus profitable
pour lui qu'il soit une année de plus dans le service de garde avant d'intégrer
l'école qui est un plus gros milieu? J'essaie de voir un peu, là, le bénéfice
pour les enfants.
M. Bédard (Tommy) :
Simplement, on parle en français, c'est bien entendu, les changements, si on
voit présentement, l'enfant va partir du CPE, se retrouver en maternelle quatre
ans, donc on parle d'une transition, pour ensuite se retrouver ensuite à la
maternelle régulière. Donc, si on peut appeler ça ainsi, trois transitions,
c'est extrêmement difficile pour un enfant. Donc, on parle d'année
supplémentaire qui pourrait ajouter à la maturité de l'enfant, éviter les
transitions, donc en prolongeant un milieu qui est familier, qui est
structurant pour lui, c'est plus facile, disons-le ainsi.
Mme Plourde (Lili) : Puis aussi
ça pourrait permettre aux enfants… bien, le ICI, là, l'intervention
comportementale intensive, souvent, les enfants, on va avoir le diagnostic un
petit peu plus tard, donc vont avoir moins longtemps du ICI, le ICI, c'est dans
le milieu de garde, n'auront pas nécessairement accès à plusieurs mois de ICI.
Pour ceux qui en ont besoin, les garder une année de plus en service de garde
pourrait leur permettre d'avoir accès plus longtemps à une méthode
d'intervention éducative, pour ceux qui en ont besoin, bien entendu.
M. Lacombe : Oui, oui,
d'accord. Je vous pose une question peut-être sur ce qu'on propose puis
j'essaie de voir comment vous analysez ça, est-ce que vous pensez que ça
pourrait avoir un effet bénéfique, l'idée qu'on met de l'avant, donc de
demander aux CPE d'avoir une liste d'attente, là, où le parent pourrait
connaître le rang, par exemple, de l'enfant, de s'assurer que les CPE, les
garderies subventionnées respectent ce rang-là et que ceux-ci doivent justifier
par écrit le refus, par exemple, d'un enfant. Donc, on comprend que ce serait
gênant pour un CPE, de dire : Bien, on n'accepte pas l'enfant parce qu'il
est autiste. Est-ce que vous pensez que ça, ça peut quand même avoir un effet
bénéfique? Est-ce que vous pensez que ça va être positif?
M. Bédard (Tommy) : Je vais y
aller, je vais y aller.
Mme Plourde (Lili) : Vas-y.
M. Bédard (Tommy) : Je le
vois de façon positive, c'est sûr qu'un CPE devant… qui doit écrire : On
refuse votre enfant, doit avoir des raisons…
Mme Plourde (Lili) : …O.K.
M. Bédard (Tommy) : Je vais y
aller, je vais y aller.
Mme Plourde (Lili) : Vas-y…
c'est bon.
M. Bédard (Tommy) : Oui, oui,
je le vois de façon positive. C'est sûr qu'un CPE devant… qui doit écrire qu'on
refuse votre enfant doit avoir des raisons vraiment béton, si on peut dire
ainsi. Donc, présenter par écrit en disant : Votre enfant est autiste, on
ne peut pas le prendre, on n'est pas outillés, ça paraît mal. Donc, les gens
vont peut-être… les CPE vont peut-être plus se forcer pour essayer de
comprendre ou peut-être essayer de s'outiller. Parce qu'encore là je le vois
sur le terrain, les parents se font dire régulièrement et de façon bien
simple : On ne peut pas prendre votre enfant, on n'est pas outillés, on ne
connaît pas l'autisme, donc on ne peut pas le prendre. Ou vont le prendre en
disant, un mois ou deux mois après : Ça ne fonctionne pas, on n'est pas
outillés, votre enfant, ça ne fonctionne pas, donc ils vont expulser l'enfant.
Donc, c'est sûr qu'au départ si on exprime de façon écrite le pourquoi du
refus, le parent est en mesure de dire : Bon, O.K., vraiment, ce n'est pas
une discrimination, c'est vraiment parce qu'il y a une raison autre. Mais,
comme je vous dirais, habituellement, c'est une incompréhension puis une
mauvaise information ou formation du personnel.
• (16 h 10) •
M. Lacombe : Je comprends
bien. Merci. Je vais laisser du temps à une collègue, la députée de Bellechasse,
mais je reviendrai s'il nous reste du temps après.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le ministre.
M. Bédard (Tommy) : Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Bellechasse.
Mme Lachance : Merci, Mme la
Présidente. Dans la continuité de ce que mon collègue le ministre disait il y a
quelques instants, vous parliez des milieux de garde qui se disaient ne pas
être outillés à certains égards. Bien, dans cette optique-là, quel serait…
comment la formation initiale des éducateurs pourrait être bonifiée pour justement
être en mesure, selon vous, de répondre à ces besoins très spécifiques là?
Mme Plourde (Lili) : Je vous
dirais que ça va ressembler beaucoup à ce qu'on propose aussi comme formation à
l'école. Une formation de base, ce n'est pas suffisant, naturellement, pour travailler
avec des enfants autistes qui ont des besoins. C'est que l'autisme vient encore
avec beaucoup de préjugés. Puis on le dit souvent, ceux qui sont victimes de
plus grands préjugés, c'est les enfants autistes sans déficience
intellectuelle, qui sont capables de suivre une consigne, qui vont suivre
l'école… le cheminement scolaire sans problème, mais qui restent autistes et
que si ce n'est pas expliqué comme il faut, si les consignes ne sont pas bien
données, si les gens ne les approchent pas comme des personnes autistes, vont
se comporter comme une personne autiste et risquent de se désorganiser, et
c'est là que les troubles de comportement vont apparaître. Puis c'est le cas
aussi chez les tout-petits. Ce n'est pas un pattern qui se développe juste rendu
à l'école, là, c'est des choses qui existent quand ils sont jeunes.
Donc, c'est vraiment de faire une bonne
évaluation des enfants avant leur entrée dans les milieux de garde, comment ils
fonctionnent, c'est quoi qu'ils ont besoin comme services, puis ensuite de
comprendre la spécificité de l'autiste, de comprendre qu'est-ce qui est
derrière les comportements, ne pas inventer des troubles d'opposition à des
enfants qui n'ont pas…
Mme Plourde (Lili) : …de
faire une bonne évaluation des enfants avant leur entrée dans les milieux de
garde, comment ils fonctionnent, c'est quoi qu'ils ont besoin comme services,
puis ensuite de comprendre la spécificité de l'autiste, de comprendre qu'est-ce
qui est… les comportements, ne pas inventer des troubles d'opposition à des
enfants qui n'ont pas de trouble d'opposition, qui sont autistes. C'est un peu
ça, là, c'est de faire la différence entre les symptômes associés autour de
l'autiste, ne pas les prendre pour d'autres choses. Ça fait que c'est beaucoup
ça qu'il faut prendre en considération, là, dans la formation. Ce n'est pas des
petits délinquants non plus. Tu sais, c'est tout ça, là, qu'il faut faire
attention de ne pas mélanger les diagnostics.
Mme Lachance : Vous avez
mentionné donc dans la formation que… Mme la Présidente, il me reste quelques
minutes. …que dans la formation d'un peu s'apparenter à la formation des
enseignants. Ça m'amène à vous poser la question... Puis là je ne sais pas si
ce que je vous dis est valable ou pas. N'hésitez pas à me le dire. Est-ce que
ce serait valable à ce moment-là deux années de maternelle quatre ans plutôt
qu'une prolongation dans un CPE?
Mme Plourde (Lili) : En
fait… Les parents veulent beaucoup… Puis M. Bédard pourra confirmer. Tu
sais, on a vanté beaucoup le… au Québec comme façon d'aider les enfants à
communiquer, hein? La pyramide, si tu es capable de dire «j'ai faim, j'ai soif,
je veux aller me coucher», c'est beaucoup plus facile de faire des
apprentissages. Donc, les parents se sont fait beaucoup vendre le… veulent du…
pour leur enfant pour donner une base de communication à leur enfant. Quand on
diagnostique à quatre ans, tu sais, il ne te reste pas beaucoup de CPE pour
faire du… puis rare sont les régions qui donnent le 20 heures qu'il est
conseillé de donner par semaine. Ça fait que c'est une des raisons pour
laquelle les parents, des fois, aimeraient mieux avoir plus longtemps du CPE
pour avoir plus longtemps du… Comme on disait tout à l'heure, ce n'est pas… ça
ne fonctionne pas avec tous les enfants. Ça fait que pour certains enfants,
deux ans de maternelle quatre ans pourraient aussi être intéressants. Encore là
on parle d'évaluer les capacités de l'enfant, puis pas juste à son entrée en
milieu de garde, là, d'évaluer ses… de développement, là, avec le temps.
Mme Lachance : C'est…
Sincèrement, c'est très enrichissant de discuter avec vous. J'apprécie
beaucoup. M. le ministre, est-ce que vous avez…
M. Lacombe : Oui.
Mme Lachance : Oui.
La Présidente (Mme D'Amours) :
M. le ministre, je vous cède la parole. Il vous reste 4 minutes.
M. Lacombe : Bien, je
vais peut-être y aller une question. Puis si la députée de Bellechasse veut
revenir, elle pourra me faire signe.
En fait, j'ai envie de vous poser une
question plus générale. Mais j'ai déjà eu l'occasion de le dire : Les cas,
je dirais, où j'ai eu les dossiers les plus délicats sur mon bureau, c'est
lorsqu'un CPE, par exemple, en vient à expulser un enfant autiste. À chaque fois
que ça arrive, là, je suis un peu bouleversé parce que je me dis : Bien,
d'abord, comment ce tout-petit-là doit se sentir? Parce que, tu sais, bon,
souvent, ils sont assez vieux pour comprendre ce qui se passe, puis ils sont
plus intelligents, ils comprennent bien des choses, là. Quand on a des
tout-petits, on le réalise, tu sais. Je me…
M. Lacombe : ...un enfant
autiste. À chaque fois que ça arrive, là, je suis un peu bouleversé parce que
je me dis : Bien, d'abord, comment ce tout-petit-là doit se sentir? Parce
que, tu sais, bon, souvent, ils sont assez vieux pour comprendre ce qui se
passe puis ils sont plus intelligents, ils comprennent bien des choses, là.
Quand on a des tout-petits, on le réalise, tu sais. Je me mets à la place des
parents, je me dis : Quel sentiment de rejet épouvantable aussi pour les
parents, en plus de tout le casse-tête logistique, là, que ça cause, là, c'est
déjà un défi supplémentaire, puis je suis très, très conscient de ça. Donc,
c'est toujours un peu... puis je me mets aussi, je vous dirais, à la place — je
suis certain que vous comprenez ça — de la direction du CPE puis de
l'éducatrice qui disent : Là, écoutez, nous, là, on a beaucoup de
difficulté à gérer ça, un tout-petit de cet âge-là qui vit, par exemple, avec
l'autisme et qui a des comportements, là, parfois, qu'on a beaucoup de
difficulté à gérer, dans un groupe où l'éducatrice, c'est ça, doit quand même
s'occuper aussi des autres enfants. Comment vous voyez... Tu sais, de façon
plus large, là, comment vous voyez leur intégration? Est-ce qu'à chaque fois il
faut que ça soit du un par un? Parce que vous parlez, bien sûr, d'une
formation, mais il reste un moment où il y a des cas particuliers qui seront
peut-être plus problématiques au niveau du comportement. Donc, c'est quoi la
solution si ce n'est pas, évidemment, de les expulser? Ce n'est pas ce qu'on
souhaite, mais quelle est la solution quand il y a des enjeux de sécurité,
notamment? C'est les cas que je déteste le plus. Je vous le dis, là, ça me brise
le cœur à chaque fois.
Mme Plourde (Lili) :
C'est vraiment de l'investissement en ressources humaines. Les organismes
communautaires qui font des services de répit vont vous le dire, qu'est-ce qui
fonctionne en autisme... d'encadrement, quand on a des enfants qui sont en
besoin, pour qui c'est plus difficile de gérer leur environnement. Puis il faut
faire une analyse d'environnement aussi. J'ai une anecdote qui n'a pas rapport
avec les CPE, mais un enfant de 12 ans qui n'a jamais mordu de sa vie puis
qui se met à mordre, cherchez pourquoi il se met à mordre, il ne commence pas à
mordre pour le fun. Il y a quelque chose dans son environnement qui ne
fonctionne pas. Donc, c'est un peu la même chose en service de garde. Qu'est-ce
qui ne fonctionne pas? Mais pour l'identifier, puis surtout quand ils sont
tout-petits, c'est beaucoup les ressources humaines, dans un contexte où on
sait que c'est de plus en plus difficile, là, mais ça reste que les ressources
humaines, d'offrir un ratio d'encadrement plus élevé permet un meilleur
accueil.
Puis, tu sais, un enfant autiste, on l'a
dit, ça catche vite, hein? Ça fait que tout comme à l'école, ce n'est pas long
que quand ça fait deux, trois fois que tu le fais expulser de l'école, tu
trouves les bonnes façons de le faire expulser de l'école parce que, toi, tu
aimes mieux ça, comme enfant, de t'en aller chez vous, là. C'est la même
affaire quand qu'ils sont petits. Tu sais, il ne faut pas leur donner
l'habitude de penser que s'ils ont tel comportement, ils vont avoir ce qui est
pour eux une récompense, mais pas pour leurs parents puis pas pour le reste de
leur cheminement.
M. Lacombe : Je comprends
bien. Il ne doit plus me rester de temps.
La Présidente (Mme D'Amours) :
45 secondes.
M. Lacombe : 45 secondes.
Bien, je conclus en disant que je salue votre travail, là. Je pense que le
message que vous portez, il est important. Puis je veux juste peut-être
préciser, dans les quelques secondes qu'il nous reste, donc j'en comprends que
vous ne souhaitez pas nécessairement que ce soit inscrit dans la loi qu'il y
ait une priorisation des enfants à besoins particuliers, mais que vous
souhaitez qu'il y ait davantage de moyens qui soient accordés pour qu'on puisse
s'occuper des enfants sans qu'il y ait de discrimination dans leur admission.
Est-ce que c'est ça? Je comprends…
M. Bédard (Tommy) : Tout
à fait.
M. Lacombe : Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le ministre…
M. Lacombe : …donc, j'en
comprends que vous ne souhaitez pas nécessairement que ce soit inscrit dans la
loi qu'il y a une priorisation des enfants à besoins particuliers, mais que
vous souhaitez qu'il y ait davantage de moyens qui soient accordés pour qu'on
puisse s'occuper des enfants sans qu'il y ait de discrimination dans leur
admission. Est-ce que c'est ça? Je comprends?
M. Bédard (Tommy) : Tout à
fait.
M. Lacombe : Merci beaucoup.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le ministre. Maintenant, je vais céder la parole à la députée de Westmount—Saint-Louis
pour une durée de 11 minutes.
Mme Maccarone : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, Mme Plourde, bonjour, M. Bédard, un plaisir d'échanger
avec vous aujourd'hui sur un sujet que vous savez tous m'interpelle
personnellement. Alors, j'ai lu votre mémoire. Merci beaucoup, parce que je
pense que d'emblée il faut que les gens qui nous écoutent savent que le travail
que vous mettiez… toujours est au rendez-vous pour répondre aux besoins des
enfants handicapés et autistes. C'est une tâche qui est très lourde, alors
merci beaucoup de votre témoignage et votre présentation aussi, de nous équiper
avec des documents.
Je veux commencer… j'ai trouvé très
intéressant, sur votre page 6, que vous dites : «Nulle part dans le projet
de loi n° 1 peut-on lire comment les enfants à situation de handicap
peuvent être soutenus.» J'ai trouvé ça très intéressant, parce que, comme vous
savez, comme moi, nulle part dans le projet de loi n° 1, le mot «handicap»
n'apparaît, qui est une tristesse, surtout que, quand… vous le savez aussi,
parce qu'on a déjà eu l'échange en ce qui concerne les crédits budgétaires. Le
ministre a dit que, quand il aura terminé sa consultation, il était pour régler
le cas des expulsions et le manque d'accessibilité des enfants autistes,
handicapés dans le réseau des services de garde. Alors, c'est clair, pour moi,
c'est une déception que ça n'apparaît pas à l'intérieur du projet de loi.
Alors, en espérant qu'on va pouvoir le bonifier ensemble avec vos belles
recommandations.
Je veux retourner sur le sujet que vous
venez d'avoir avec le ministre en ce qui concerne… puis ainsi que les
collègues, par rapport à l'année supplémentaire dans le réseau des services de
garde. Je veux amener des clarifications pour que les gens qui nous écoutent
comprennent que maternelle quatre ans et cinq ans, ce n'est pas obligatoire.
Les parents ont l'option d'envoyer leurs enfants en maternelle quatre ans ou
cinq ans. Alors, je trouve votre idée quand même très intéressante, parce que,
comme vous dites, M. Bédard, la stabilité est très importante pour ces élèves.
Et je suis persuadée que le gouvernement peut être convaincu que c'est une
bonne idée étant donné que le programme d'Agir tôt, le but, c'est de venir
aider les enfants, surtout dans le réseau de services de garde, mais s'ils ne
sont pas dans des réseaux de services de garde, mais qu'est-ce que nous allons
faire pour aider ces enfants? Ça fait que s'ils sont là une année
supplémentaire, je vois ça vraiment d'un très bon oeil. Alors, merci beaucoup
pour cette belle recommandation.
• (16 h 20) •
Je veux revenir un peu, évidemment, les
mandats d'initiative que j'ai déposée, que vous êtes au courant, j'en ai déposé
plusieurs, la transition de l'âge mineur à l'âge majeur par les personnes
autistes, le manque de scolarité, il y a l'expulsion du réseau scolaire des
enfants autistes et handicapés, que j'ai même déposé deux fois parce que nous
le savons, vraiment, que c'est un grave problème, puis vous avez donné votre appui,
puis malheureusement, encore une fois, le gouvernement a voté contre ces
mandats d'initiative…
Mme Maccarone : …personnes
autistes, le manque de scolarité, l'expulsion de le réseau scolaire des enfants
autistes et handicapés, que j'ai même déposé deux fois parce que nous savons
vraiment que c'est un grave problème, puis vous avez donné votre appui, puis malheureusement,
encore une fois, le gouvernement a voté contre ces mandats d'initiative. Mais
il y a le mandat d'initiative qui nous concerne aussi particulièrement dans
cette commission, c'est celui pour l'accessibilité au réseau de service de
garde, puis vous l'avez mentionné, puis je pense que plusieurs gens l'ont
mentionné, l'expulsion des enfants, en particulier, autistes de réseau de service
de garde. C'est quelque chose qui me préoccupe. Je sais que c'est une
préoccupation que nous partageons. Vous avez quand même parlé un peu de des
solutions que nous pouvons aborder ensemble, puis j'ai entendu le ministre qui
a dit : Tu sais, soyez rassurés que c'est le but c'est d'avoir une
meilleure accessibilité pour ces enfants. Je dois être honnête, là, je ne suis
pas rassurée tant que ce n'est pas enchâssé dans une loi, tant que ce n'est pas
écrit quelque part qu'on ne peut plus expulser ces enfants faute de leurs
besoins. Mon collègue a déposé un projet de loi demandant l'accessibilité
universelle. Nous savons, dans le réseau scolaire, ces enfants ont quand même
leur place, puis c'est un droit, c'est l'article numéro 1 de la Loi sur
l'instruction publique. Alors, vous parlez des services adaptés, que
pensez-vous que nous pouvons faire dans notre réseau de services de garde
éducatifs, peu importe le réseau, pour venir aider. Mme Plourde, vous avez
parlé un peu de le réseau communautaire. On a parlé un peu de formation. Mais,
mettons on rêve ensemble, que pouvons-nous faire pour s'assurer que ces enfants
ont accès, puis qu'ils ne seront plus expulsés du réseau?
Mme Plourde (Lili) :
Bien, c'est beaucoup… on en a parlé beaucoup, il y a encore une grosse
population au Québec qui a des préjugés envers les enfants autistes, peu
importe leur âge. Puis je vais utiliser un mot que je vais mettre entre
parenthèses, là, il faut arrêter de démoniser les enfants autistes. Il faut
arrêter de leur mettre tous les défauts. Combien de parents qui nous appellent
en disant : Mais ils m'ont dit que c'était la faute de mon enfant. Non, ce
n'est pas la faute de ton enfant. Tu as un enfant autiste. Au départ, c'est un
enfant, ensuite on lui a donné un diagnostic d'autiste. Lui, il va faire ce
qu'il peut avec les moyens qu'il a. Comment on outille les enfants rendu là?
Comment on outille les enfants pour être capable de fonctionner en milieu de
garde? Bien, c'est le rôle des éducateurs d'outiller les enfants pour fonctionner
dans un groupe. Ça passe par la formation, par des meilleures connaissances,
par l'ouverture d'esprit. C'est la base. On le voit dans les écoles. Une
direction d'école qui croit en l'inclusion scolaire, ça va se passer beaucoup
mieux pour l'ensemble des enfants autistes ou HDAA. C'est la même chose en
milieu de garde. Croyons en l'inclusion des enfants différents en milieu de
garde qui ont leur place avec des mais de leur âge, faire les mêmes
apprentissages que les autres de façon différente, oui. Puis ça peut que des
fois qu'ils ne soient pas capables de fonctionner en grand groupe. Même si on
est supposé les socialiser, des fois ils vont avoir besoin de petites pauses.
Peut-on adapter l'environnement physique?
Mme Plourde (Lili) : …inclusion
des enfants différents en milieu de garde, qui ont leur place avec des amis de
leur âge, faire les mêmes apprentissages que les autres, le fassent différent,
oui. Puis ça se peut que, des fois, ils ne soient pas capables de fonctionner
en grand groupe. Même si on est supposés les socialiser, des fois ils vont
avoir besoin de petites pauses. Peut-on adapter l'environnement physique?
Peut-on prévoir… Tu sais, c'est vraiment de… Quand qu'on parle d'adaptation,
c'est ça, mais l'adaptation vient avec une meilleure connaissance de c'est
quoi, l'autisme. Puis, oui, on le dit, l'autisme, ils ont des problèmes de
communication, des problèmes de socialisation, mais ils ne fonctionnent pas
tous pareils malgré tout. Ça fait qu'on ne peut pas appliquer un moule unique
pour tous les enfants autistes. Ça demande de la flexibilité puis ça demande de
l'ouverture.
M. Bédard (Tommy) : Ça
demande aussi l'évaluation, de bien évaluer l'enfant avant même l'inscription.
Donc, il y a les partenaires, ils sont alentour, il y a le communautaire, il y
a le réseau de la santé, tous ceux qui tournent alentour de l'enfant. S'il y a
une bonne évaluation et qu'on comprend bien les particularités de l'enfant, on
peut vraiment cibler ceci puis vraiment mieux aménager l'environnement pour
l'enfant. Ça facilite justement l'espace de l'enfant. L'enfant est heureux, les
éducateurs et les gens qui gravitent alentour de l'enfant savent maintenant
comment faire, parce qu'on sait c'est un peu comme un mode d'emploi. Donc, s'il
y a une bonne évaluation, si c'est bien présenté, c'est gagnant.
Mme Maccarone : Ça fait qu'on
a entendu le Vérificateur général, ce matin, qui ont soulevé les mêmes
préoccupations que vous en ce qui concerne… bien, un, ce n'est pas chiffré,
hein, il n'y a personne qui sait combien d'enfants autistes ou combien
d'enfants handicapés fréquentent le réseau des services de garde. Alors, ça,
c'est quelque chose, un chiffre qui m'apparaît très important. Mais ils ont
aussi soulevé les difficultés que… Puis le problème du contrôle dans le réseau
en ce qui concerne les expulsions, puis ils demandent au ministère de régler
ceci puis de venir corriger cette lacune. Alors, selon vous, est-ce que les
C.A., mettons, si on parle des CPE, devront avoir le droit d'expulser ces enfants
ou est-ce que le ministre devrait donner le droit et une approbation s'il y a
une demande d'un C.A. de dire : Regarde, on ne peut plus accueillir cet
enfant? Puis je constate qu'on peut avoir des enfants ayant des besoins qui
sont très vastes, mais moi, je suis persuadée, parce que je vis dans un monde
inclusif… Puis je pense que nos enfants vont hériter ce monde-là, puis, quand
ils vont quitter le réseau de garde ou le réseau scolaire, on va être pris avec
ces enfants-là. Alors, est-ce qu'ils devront avoir ce pouvoir ou est-ce que ça,
c'est quelque chose qui devrait résider sur le bureau du ministre pour prendre
une décision finale? Je sais que je suis très passionnée. Vous me connaissez,
là, c'est, évidemment, c'est une cause qui m'interpelle.
Mme Plourde (Lili) : De base,
je vais poser la même question que je pose souvent quand des enfants se font
expulsés de l'école, qu'est-ce qui a été mis en place? Qu'est-ce qui a été mis
en place, aux services de garde, pour accommoder les besoins de l'enfant? Qu'est-ce
qui a été fait? Puis souvent, la réponse, là : Ce n'est pas ce qu'il
fallait. Donc, à partir de là... Puis…
Mme Plourde (Lili) : ...des
enfants soient expulsés de l'école, qu'est-ce qui a été mis en place? Qu'est-ce
qui a été mis en place, aux services de garde, pour accommoder les besoins de
l'enfant? Qu'est-ce qui a été fait? Puis souvent, la réponse, là : Ce
n'est pas ce qu'il fallait. Donc, à partir de là... Puis, les membres du
conseil d'administration n'étant pas nécessairement sur le terrain, eux, est-ce
qu'ils ont toutes les connaissances nécessaires pour dire : Oui, c'est
vrai, vous avez raison, vous avez tout fait ce qui était en votre possible pour
garder cet enfant-là, vous pouvez l'expulser? Non. Non, parce que ce n'est pas
vrai, ce n'est pas vrai qu'il y a tant d'enfants que ça qui ont été essayés en
milieux de garde. Ça fait qu'avant de dire «oui, on expulse cet enfant-là»
faisons le tour de ce qu'on a essayé puis de ce qu'il faudrait essayer avant de
faire ça.
Mme Maccarone : Ça me
surprend, votre point de vue, en ce qui concerne le guichet unique qui est
cherché, que vous ne dites pas qu'on devrait prioriser les enfants. La raison
que je questionne ceci, c'est parce que, là, vous venez de faire un exposé, Mme
Plourde, pour dire que... Dans le réseau scolaire, tu sais, on a quand même des
droits, puis, oui, c'est article 1 de la Loi sur l'instruction publique, malgré
qu'on trouve des trous pour expulser quand même nos enfants, alors pourquoi pas
prioriser nos enfants, puis de dire que c'est un droit, que ça fait partie d'un
article dans un projet de loi, pour dire : On ne peut plus expulser ces
enfants, ils ont le droit d'avoir un accès?
Mme Plourde (Lili) : Bien, vu
comme ça, oui, je pense qu'ils ont le droit d'avoir un accès. Puis je pense que
d'invoquer les accommodements déraisonnables pour refuser, bien, de prendre un
enfant dans un service de garde, ça ne devrait pas avoir le droit d'exister. Si
on l'entend comme ça, là, un enfant, ça a le droit, comme n'importe quel enfant,
tous les enfants ont le droit d'aller en service de garde. Donc, sur la base
d'un diagnostic... Parce que le service de garde va refuser l'enfant sur la
base d'un diagnostic, sans avoir fait d'évaluation, puis sans savoir c'est
quoi, son profil, puis il est-u capable de l'accueillir.
Ça fait que, si on... entendu comme ça,
non, je suis d'accord avec vous, ça ne peut pas être un motif d'exclusion d'un
CPE, d'un service de garde. À ce moment-là, que le CPE démontre qu'il n'a pas
les ressources nécessaires. Mais qu'est-ce qu'on fait après ça? L'enfant a le
droit d'aller en garderie, puis c'est un droit. Tu sais, il a le droit d'aller
en garderie. Ça fait que, si un service de garde n'a pas les ressources
nécessaires pour accueillir les enfants, bien, comment on fait pour donner les
ressources nécessaires à tous les services de garde pour être capables
d'accueillir les enfants avec des besoins particuliers?
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci beaucoup. Nous allons maintenant céder la parole à la députée de
Sherbrooke pour 2 min 45 s.
• (16 h 30) •
Mme Labrie : Merci. On a
discuté quand même beaucoup des enfants qui ont déjà un diagnostic d'autisme,
mais pour parler souvent avec des éducatrices, elles me mentionnent beaucoup
que, bon, les enfants n'ont pas toujours un diagnostic d'autisme, même si ça va
s'avérer plus tard, quand ils sont en services éducatifs à la petite enfance.
Des fois, bon, ils sont sur une liste d'attente, puis ils n'ont pas encore vécu
le processus de diagnostic, qu'ils soient... c'est un peu trop tôt pour être
rendus là. Mais il y a quand même des enjeux qui sont vécus. Puis ce qu'elles
me disaient, c'est que, quand il y en a un, diagnostic... Bon, il n'y a jamais
suffisamment de services par rapport aux besoins, mais il y en a quand même
quelques-uns. Par contre, quand il n'y a pas de diagnostic, il n'y a
pratiquement rien, là, qui est là pour les soutenir comme éducatrices.
Est-ce que vous pensez qu'on devrait...
16 h 30 (version non révisée)
Mme Labrie : …c'est un peu trop
tôt pour être rendus là mais il y a quand même des enjeux qui sont vécus, puis
ce qu'elle me disait, c'est que quand il y en a un, diagnostic, bon, il n'y a
pas jamais suffisamment de services par rapport aux besoins, mais il y en a quand
même quelques-uns. Par contre, quand il n'y a pas de diagnostic, il n'y a
pratiquement rien, là, qui est là pour les soutenir comme éducatrices. Est-ce
que vous pensez qu'on devrait systématiser la présence d'éducatrices
spécialisées dans les CPE, dans les installations?
Mme Plourde (Lili) : Bien,
j'aurais tendance à dire oui, parce que, tu sais, il y a tous les retards de
développement, mais… j'ai complètement oublié mon idée. J'étais partie sur un
bel élan, puis je l'ai complètement oubliée. Vas-y.
M. Bédard (Tommy) : Mais je
peux continuer, j'ai quand même… Si ce n'est pas que bénéfique pour les enfants
autistes, c'est bénéfique pour tous les enfants qui ont un retard de
développement, d'adaptation et tout et tout. C'est quand on parle d'un enfant
qui n'a pas un diagnostic ou qui est attente, qui a le diagnostic provisoire ou
peu importe le nom qu'on peut lui donner, qui vient du programme Agir tôt,
donc, l'enfant avec un diagnostic provisoire a déjà une offre de services
potentielle. Mais encore une fois, le communautaire est là pour essayer
d'outiller les familles et de les accompagner. Mais qu'il y ait une personne
qui soit outillée, que son emploi soit en intervention ou… comme éducatrice
spécialisée, c'est gagnant pour tout le monde parce que nos enfants, l'enfant
normal, maintenant, existe-t-il? Je ne crois pas. Nos enfants sont tous magiques,
ils ont tous un petit quelque chose.
Mme Plourde (Lili) : Si on
vivait dans le meilleur des mondes, on ne donnerait pas des services sur la
base d'un diagnostic, mais sur la base d'évaluation des besoins. Ça fait que
oui, effectivement que ça serait une bonne idée pour tout le monde.
Mme Labrie : Puis, est-ce qu'à
votre avis il y a suffisamment de places au protocole, réservées, avec les
CISSS, les CIUSSS, pour faire de la place à ces enfants-là, dans le réseau?
M. Bédard (Tommy) : Moi, je
dis non.
Mme Plourde (Lili) : Non.
M. Bédard (Tommy) : Pour
l'avoir vécu moi-même, je suis papa d'un enfant autiste, donc j'ai été
chanceux, j'ai eu accès à une place protocolaire, car c'était vraiment extrêmement
compliqué. On parle de voilà plusieurs années, mais c'est très, très… il y a
très peu d'enfants, du moins dans ma région, qui bénéficient de cette place
protocolaire.
Mme Labrie : Je vous remercie.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci beaucoup. Je cède maintenant la parole à la députée de Joliette pour 2 min 45 s
aussi.
Mme
Hivon
:
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Mais puisque je sais que c'est un sujet qui
passionne, et ma collègue de Westmount—Saint-Louis, qu'elle n'avait pas terminé
son intervention, je vais lui céder mes minutes.
La Présidente (Mme D'Amours) :
…du consentement. Est-ce que tout le monde consent? Merci. Allez, je souhaite
vous réentendre, Mme la députée, donc allez-y.
Mme Maccarone : Merci. Merci,
et merci à ma collègue, la députée de Joliette, c'est grandement apprécié.
Quand on avait terminé notre échange, on parlait des ressources. Moi, je veux
juste vous sensibiliser. Puis je le sais encore, je répète parce qu'on avait déjà
jasé de ça, mais ça reste qu'il y a quand même au-dessus de 1 million de
dollars qui n'ont pas été octroyés lors du dernier budget en ce qui concerne
les enfants ayant des besoins particuliers dans le réseau des services de
garde.
Alors, juste pour vous rassurer, il y a de
l'argent qui n'a pas été donné, alors mais ça, ce n'est pas rassurant, ça, mais
rassurant de savoir qu'apparemment il y avait de l'argent qui était budgété
mais pas octroyé. Alors, quand vous parlez de ressources…
Mme Maccarone : …millions de
dollars qui n'ont pas été octroyés lors du dernier budget en ce qui concerne
les enfants ayant des besoins particuliers dans le réseau des services de garde.
Alors, juste pour vous rassurer, il y a de l'argent qui n'a pas été donné,
alors… ce n'est pas rassurant, ça, mais il est rassurant de savoir
qu'apparemment il y avait de l'argent qui a été budgété, mais pas octroyé.
Alors, quand vous parlez de ressources, je
présume que vous parlez de ressources humaines, parce que je sais, comme vous,
j'ai entendu des cas, des familles qui sont venues me voir pour dire :
Mais voilà, j'ai eu mon 25 000 $ du CISSS, tu sais, du gouvernement,
j'ai mon partenariat, mais ça reste que mon enfant n'a toujours pas eu une
place dans le réseau de services de garde. Lors, selon vous, quand on parle de ressources,
où est-ce qu'on peut trouver ces ressources pour venir prêter main-forte? Parce
que c'est sûr qu'on veut avoir une expérience positive, non seulement pour les
enfants, mais aussi pour les familles. Alors, quel partenariat devrons-nous
privilégier pour s'assurer que les enfants réussissent bien leur temps dans le
réseau de services de garde?
M. Bédard (Tommy) : Mon Dieu!
Est-ce qu'on vit encore dans un monde idéal? Bien entendu, on parle de
l'éducation spécialisée, présentement, les formations, oui, sont axées un peu
sur l'autisme, mais les gens qui en sortent, les diplômés sont les personnes
toutes désignées pour venir offrir ce soutien, peu importe l'endroit, là, on
parle de CPE. C'est les personnes les mieux placées. Qu'on aille les choisir
dans un CISSS, un CIUSSS ou, peu importe, l'important, je vous dirais, c'est
que le service de ces professionnels soit offert aux enfants. Pas seulement
qu'aux enfants. Là, on parle vraiment… c'est d'outiller, d'accompagner les
éducatrices en service de garde et d'accompagner l'ensemble des gens qui
gravitent autour de l'enfant.
Mme Maccarone : O.K. Deux
dernières questions pour vous…
La Présidente (Mme D'Amours) :
En 10 secondes, madame…
Mme Maccarone : Bon, bien,
juste le comité consultatif, peut-être, oui ou non, vous souhaitez avoir une
place autour de la table des parents qui représentent les enfants handicapés
autistes? Oui? Puis combien de plaintes recevez-vous par année par rapport à
l'exclusion du réseau de service de garde?
La Présidente (Mme D'Amours) :
J'ai besoin jus te d'un chiffre, parce qu'on doit terminer la session avec
vous. Donc, est-ce que vous avez juste un chiffre pour Mme la députée?
Mme Plourde (Lili) : Je n'ai
pas de chiffre.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Pas de chiffre.
M. Bédard (Tommy) : En
Abitibi, 20.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Si vous avez une liste de chiffres, avant que notre commission soit terminée,
vous pouvez toujours la déposer à la commission, puis on pourra faire
distribuer vos chiffres à nos membres de la commission.
Alors, je vous remercie pour la contribution
de vos travaux et je suspends les travaux quelques instants afin d'accueillir
nos prochains témoins. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 16 h 36)
(Reprise à 16 h 41)
La Présidente (Mme D'Amours) :
Nous reprenons nos travaux. Et je souhaite la bienvenue à Mme Dechamplain
et Mme O'Farrell.
Je vous rappelle, chères invitées, que
vous disposez de 10 minutes pour votre exposé et après quoi nous procéderons à
la période d'échange entre les membres de la commission. Je vous invite donc à
vous présenter et à procéder à votre exposé. La parole est à vous.
Mme Dechamplain (Émilie) :
Merci pour la présentation et bonjour, Mme la Présidente. Bonjour, M. le
ministre et MM. Mmes les députés.
Au nom de tous les éducateurs et
éducatrices, nous vous remercions de nous entendre aujourd'hui et de permettre
aux différentes organisations et acteurs du réseau de pouvoir se prononcer sur
le nouveau projet de loi. Cela pour nous démontre une belle volonté de faire ce
qu'il y a de mieux pour l'avenir du réseau ainsi qu'une volonté de faire de
cette cause l'affaire de tous en y impliquant les personnes concernées.
Pour ceux qui ne nous connaissent pas,
Valorisons ma profession est un mouvement d'initiative citoyenne crée par des
éducatrices pour la valorisation des éducateurs et éducatrices à l'enfance, le
22 mars 2021. Nous sommes un mouvement n'ayant aucune affiliation politique ou
syndicale. Les instigatrices de ce mouvement sont Élizabeth O'Farrell, qui est
à mes côtés, Marie-Ève Péloquin, qui nous accompagne, et moi-même, Émilie
Dechamplain.
Nous représentons plus de 8 700
membres sur un groupe Facebook privé provenant de différents milieux du réseau
et nous désirons mettre en lumière l'importance du travail des éducateurs et
éducatrices à l'enfance.
Nous sommes ici aujourd'hui pour vous
présenter nos impressions contenues dans notre mémoire sur le projet de loi n° 1 pour les services de garde éducatifs à l'enfance. Nous
tenons à préciser que nous...
Mme Dechamplain (Émilie) :
...nous représentons plus de 8 700 membres sur un groupe Facebook
privé provenant de différents milieux du réseau. Et nous désirons mettre en
lumière l'importance du travail des éducateurs et éducatrices à l'enfance.
Nous sommes ici, aujourd'hui, pour vous
présenter nos impressions, contenues dans notre mémoire, sur le projet de loi
n° 1 pour les services de garde éducatifs à l'enfance. Nous tenons à
préciser que nous n'avons aucune expérience professionnelle dans la rédaction
de mémoire et que nous sommes éducatrices. Donc, nous avons utilisé notre champ
d'expertise pour le composer du mieux de nos connaissances. Il tient compte de
la vision terrain de certains aspects du présent projet de loi. Toutes les
interventions du mouvement, dont celles inscrites sur ces lignes, ont toujours
pour objectif de défendre la qualité de nos services éducatifs à l'enfance et
de placer les besoins des enfants en priorité.
Nous avons consulté les éducatrices en
centre de la petite enfance ainsi qu'en milieu familial pour recueillir leurs
impressions suite à la lecture du nouveau projet de loi. Plusieurs points ont
été bien reçus de leur part, et ils sont mentionnés dans notre mémoire. Pour
débuter, à l'article 127, nous lisons que le nombre de places maximums
pour un CPE sera maintenant de 100 par installation, alors qu'il était
auparavant de 80. On nous a assuré que le ratio d'enfant versus personnel
éducateur ne serait pas changé pour autant. La problématique que nous vivons en
ce moment, c'est que les ratios dans les groupes ne semblent pas être dans
l'obligation d'être respectés. En effet, le personnel éducateur vit
actuellement avec le phénomène de l'overbooking ou en français le ratio
bâtisse.
Ce concept consiste à mettre des enfants
supplémentaires dans un ou des groupes dans l'installation pour pallier aux
absents qu'il pourrait y avoir à l'intérieur de la bâtisse. Le tous pour
s'assurer d'atteindre le taux de fréquentation des enfants demandé, soit
80 %. Le problème avec ça est que l'éducateur ou l'éducatrice sélectionnée
pour avoir un enfant de plus dans son groupe se retrouvera souvent au courant
de l'année avec un enfant en surplus de son ratio, ce qui engendre une tâche de
travail supplémentaire et une baisse de qualité dans le temps et dans les
services qu'il ou elle donne aux tout-petits. Nous aimerions dans le fond que
cette pratique ne soit pas permise. Considérant les ratios déjà élevés, avec le
jeune âge de notre clientèle et les besoins de celle-ci, il serait important
que le nombre d'enfants par groupe qui a été établi soit respecté
obligatoirement. Soit dit en passant, on demande une présence plus assidue aux
tout-petits dans leur milieu qu'aux enfants d'âge scolaire à l'école.
Ensuite, à l'article 2, nous pouvons
y lire : «Tout enfant a le droit de recevoir des services de garde
éducatifs personnalisés de qualité». Nous sommes entièrement d'accord avec ce
point. Notre questionnement, ici, est : Aurions-nous le soutien, les
subventions et le temps nécessaire afin d'offrir à tous les enfants un service
éducatif personnalisé de qualité? Et quel serait le ratio gagnant pour une
inclusion réussie? Comme le mentionne le programme éducatif Accueillir la
petite enfance, l'enfant apprend dans l'action par l'exploration,
l'interaction, l'observation, l'imitation et l'écoute. Sa pensée se structure à
partir de ce qu'il ressent, voit, entend, touche, sent et goûte. Si, dans un
groupe, la majorité des enfants éprouvent des difficultés, qu'arrivera-t-il aux
Emma, Mattéo, Xavier et Léa-Maude de ce monde qui représentent la norme dans
ces comportements typiques? Ces enfants apportent une normalité au quotidien,
faisant en sorte que ceux ayant des difficultés quelconques se nourrissent par
l'exemple au côté de leur...
Mme Dechamplain (Émilie) :
...touche, sent et goûte. Si, dans un groupe, la majorité des enfants éprouvent
des difficultés, qu'arrivera-t-il aux Emma, Mattéo, Xavier et Léa-Maude de ce
monde qui représentent la norme dans ces comportements typiques? Ces enfants
apportent une normalité au quotidien faisant en sorte que ceux ayant des
difficultés quelconques se nourrissent par l'exemple aux côtés de leurs pairs
ne présentant pas de difficulté de développement.
Nous pensons à un exemple que nous pouvons
vivre au quotidien. Prenons un groupe de huit enfants dont l'un d'entre eux
parle une autre langue que le français. Lors de son arrivée dans le groupe,
l'enfant n'est ni en mesure de comprendre ni en mesure de s'exprimer en français.
Il lui suffit parfois de quelques semaines seulement d'exposition à cette
nouvelle langue par son éducatrice ou éducateur et ses pairs pour que l'enfant
soit en mesure de comprendre et de s'exprimer en français. Selon nous, pour
qu'une inclusion soit réussie, l'enfant doit avoir accès à plusieurs modèles
afin de pouvoir prendre exemple sur eux.
Le personnel éducateur éprouve actuellement
des difficultés à diviser son temps entre l'enfant ayant des besoins
particuliers et les autres enfants du groupe. Il doit adapter ses interventions
pour favoriser l'inclusion. En tant que professionnels de la petite enfance,
notre but est d'offrir un service éducatif de qualité qui saura offrir des
conditions favorables au développement global et harmonieux de tous les
enfants. Nous misons sur une éducation inclusive qui cible tous les enfants qui
fréquentent notre milieu en tenant compte des différences de chacun. Cette
vision permet aux enfants de prendre leur place au sein de la collectivité tout
en développant leur participation citoyenne, leur autonomie et leur
autodétermination. En valorisant la différence sous toutes ses formes, nous
contribuons à faire la promotion du respect de l'autre dans sa totalité,
l'égalité dans la différence, la solidarité et la coopération. L'éducation
inclusive va dans le même sens que les valeurs qui se rattachent à la
démocratie. En les privilégiant, elle nous permet le plein développement de
notre communauté éducative inclusive.
Mme O'Farrell (Élizabeth) :
Ensuite, dans l'analyse d'impact réglementaire, au point 1.8, lorsqu'il
est mentionné qu'il faudra prioriser les enfants présentant des besoins
particuliers et ceux vivant dans des contextes de précarité de socioéconomique
en plus des places protocoles utilisées actuellement par les CLSC, DPJ, nous ne
pouvons qu'applaudir. C'est une excellente chose qu'il y ait une priorisation
de ces enfants qui ont un grand besoin d'avoir accès à un milieu éducatif de
qualité. Cela nous ramène à l'essence de départ du réseau. Nous croyons
fermement à l'égalité des chances.
Nous avons toutefois des inquiétudes
concernant la tâche de travail déjà grande du personnel éducateur. Présentement,
il y a déjà beaucoup d'enfants à besoins particuliers dans nos groupes.
Présentement, il y a des besoins particuliers ne voulant pas automatiquement
dire diagnostic. Le personnel éducateur n'a présentement aucune ou pratiquement
pas d'aide pour arriver à gérer leurs groupes à grands défis. La qualité des
interventions éducatives en est assurément affectée.
Nous pensons qu'il faudrait mettre en
place un plan d'action qui vient avec l'accueil d'un enfant priorisé. Un mode
de subvention devient automatiquement avec l'enfant une sorte de ressource
automatique, qu'on ne soit pas obligé d'en faire la demande. Un enfant priorisé
ou à besoins particuliers décelé après son accueil dans son milieu égale des
ressources financières pour défrayer les coûts des besoins ciblés. Donc, il
faudrait déterminer...
Mme O'Farrell (Élizabeth) :
...avec l'accueil d'un enfant priorisé. Un mode de subvention vient
automatiquement avec l'enfant, une sorte de ressource automatique, qu'on ne
soit pas obligé d'en faire la demande. Un enfant priorisé ou à besoins
particuliers décelé après son accueil dans le milieu égal des ressources
financières pour défrayer les coûts des besoins ciblés. Donc, il faudrait
déterminer quel enfant aura le droit à ce plan et de quelle façon nous devrons
nous y prendre.
Ce qu'on aimerait pour l'avenir, c'est que
chaque installation devrait avoir un poste budgétaire couvrant le salaire d'un
technicien en éducation spécialisée en lien avec le nombre d'enfants permis, et
ce, sans tenir compte de l'allocation remise actuellement pour les enfants à
besoins particuliers. Par exemple, une installation qui accueille
80 enfants, on devrait compter deux éducatrices spécialisées. Ils seraient
toujours dans la bâtisse pour répondre aux besoins des enfants et du personnel
éducateur par le fait même. Ce serait un support supplémentaire au personnel
éducateur qui offrirait à l'enfant toutes les chances de se développer à son
plein potentiel. La charge de travail du personnel éducateur serait peut-être
un peu plus réaliste.
Ayant moi-même auparavant travaillé comme
éducatrice spécialisée auprès des jeunes de 0-5 ans ayant un diagnostic,
je travaillais en un pour un, sans avoir un groupe à charge. Je suis à même de
constater, étant éducatrice à l'enfance aujourd'hui, à quel point il y a une
lourdeur de tâche supplémentaire qui repose sur les épaules des éducateurs et
éducatrices. En plus de s'occuper d'enfants ayant des difficultés, il ou elle
doit composer avec la réalité et les besoins de son groupe. Aussi, une chose qui
revient souvent dans les échanges chez les éducateurs et éducatrices, c'est la
soustraction du mot «garde» dans l'appellation «service de garde éducatif à
l'enfance». Ce que nous aimerions voir en priorité dans le projet de loi, c'est
que le réseau soit là pour les enfants, auxquels nous offrons des services
éducatifs en vue de favoriser leur développement harmonieux.
Nous savons que nous avons parfois l'air
de nous attarder à des mots, mais, vous savez, ce sont des mots qui auraient un
impact important sur la reconnaissance de notre profession. En effet, 95 %
du personnel éducateur, selon un sondage maison de Valorisons ma profession,
souhaitent l'abolition du mot «garde» et mentionner «service éducatif à
l'enfance». L'appellation «responsable en service éducatif» serait aussi à
privilégier. Cela vous démontre où nous voyons l'orientation du réseau, comme
étant un service d'éducation à la petite enfance plutôt qu'un service de garde
d'enfants puisque nous ne sommes pas des gardiens.
En conclusion, le mouvement Valorisons ma profession
espère que ce mémoire présenté aux consultations particulières et auditions
publiques sur le projet de loi n° 1, en ce 24 novembre 2021, vous donnera
le pouls réaliste du personnel éducateur du réseau. Merci.
• (16 h 50) •
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci beaucoup. Je vous remercie pour votre exposé. Nous allons maintenant
commencer la période d'échange, et, M. le ministre, je vous cède la parole pour
un temps de 16 min 30 s.
M. Lacombe : Merci beaucoup.
Merci, Mme la Présidente. Bien, d'abord, je vous salue, je vais commencer par
vous saluer, Élizabeth et Émilie. On a déjà eu l'occasion de se rencontrer, pas
dans le même contexte, je n'étais pas particulièrement habillé de la même
façon, j'avais les bras un peu plus chargés. On s'est croisé de façon
improvisée à l'ascenseur, mais on avait ensuite…
M. Lacombe : ...Mme la
Présidente. Bien d'abord, je vous salue. Je vais commencer par vous saluer
Élizabeth et Émilie. On a déjà eu l'occasion de se rencontrer, pas dans le même
contexte, je n'étais pas particulièrement habillé de la même façon. J'avais les
bras un peu plus chargés. On s'est croisé de façon improvisée à l'ascenseur,
mais on avait ensuite pris un café au bureau, et j'avais trouvé ça très, très intéressant
et je ne le dis pas, là, pour me vanter d'avoir fait ça, mais je dis ça parce
que ça avait été intéressant d'avoir cette discussion-là. Parce que vous amenez,
je trouve, un point de vue qui est intéressant parce que vous le dites, vous
n'êtes pas affiliés à un syndicat, vous n'avez pas une couleur politique. En
tout cas, moi, je sens que vous ne faites vraiment pas de politique, là, tu
sais, dans vos interventions et vous apportez souvent des solutions très, très
constructives. Donc, je voulais vous saluer. Marie-Ève aussi qui est à
l'arrière, considérez-vous saluée.
D'ailleurs, parlons de vos propositions.
Je veux souligner quand même, vous savez, quand on fait de la politique, là, il
faut... je l'ai appris, là, assez rapidement, il faut se faire une bonne
carapace parce qu'on se fait toujours lancer des roches. Mais évidemment il y a
aussi beaucoup de belles propositions. Mais je veux vraiment souligner le ton
très positif de votre mémoire, positif dans le sens où, bon, vous n'êtes pas
juste en train de dire que ce qu'on propose, c'est la huitième merveille du
monde, mais c'est très positif. Tu sais, tout ça est amené positivement, donc
je voulais vous remercier pour ça.
Il y a des éléments sur lesquels évidemment
j'ai des questions, peut-être que ma collègue en aura aussi, qui.... Stéphanie
qui est la députée de Bellechasse, qui est adjointe parlementaire avec moi.
Donc, elle pourra vous en poser. Mais il y a évidemment des éléments dont vous
avez parlé, dont je suis très, très au courant. Il y a des éléments peut-être
que vous n'avez pas abordés, et que je trouvais intéressants, entre autres la
présence du personnel, donc des éducatrices, par exemple, au conseil
d'administration. Actuellement, ce qui est prévu, c'est qu'il y a au plus...
donc là je ne me rappelle pas de la formulation exacte, là, mais on dit :
Il peut y avoir, par exemple, jusqu'à deux sièges qui sont réservés. Il n'y a
pas d'obligation ou de siège réservé, là, justement. Vous, vous dites : Il
faut qu'on ait ces places-là qui nous reviennent sur les conseils
d'administration des CPE. Pourquoi d'abord? Qu'est-ce que ça pourrait changer à
votre avis?
Mme Dechamplain (Émilie) :
En fait, ce qu'on constate, c'est que chaque CPE ou chaque direction en fait sa
propre interprétation. Ça fait que, tu sais, il y a des endroits où vraiment
l'éducatrice va avoir sa place comme elle se doit dans le fond, là. Mais il y a
d'autres CPE où l'éducatrice est là, elle n'a pas le droit de parler, où... tu
sais, il faudrait qu'on vous envoie, on avait plein de témoignages, là, qu'on
avait pris en tout cas sur notre groupe, là. Mais c'est que, tu sais, on se
rend compte que, dans nos milieux de travail en ce moment, on n'a pas de moyen
de se représenter. Tu sais, disons que, moi, j'ai une demande à faire. Bien là,
moi, je vais la présenter à ma direction, puis là, bien, c'est elle qui l'amène
au C.A. Même s'il y a un membre qui est là, bien, il n'aura pas vraiment de
rôle à jouer là-dedans, puis ça, ça dépend vraiment, là, des installations,
comme je vous le dis, là, il y a des... C'est pour ça qu'on voudrait qu'il y
ait des règles qui soient plus claires parce que ça fait qu'il y a des...
Mme Dechamplain (Émilie) : …là,
moi, je vais la présenter à ma direction, puis là, bien, c'est elle qui l'amène
au C.A. Même s'il y a un membre qui est là, bien, il n'aura pas vraiment de
rôle à jouer là-dedans. Puis ça, ça dépend vraiment, là, des installations,
comme je vous dis, là. C'est pour ça qu'on voudrait qu'il y ait des règles qui
soient plus claires, parce que ça fait qu'il y a des disparités, vraiment, là.
Tu sais, il y a des milieux, on a vu…
M. Lacombe : …syndiqué, donc,
vous n'avez pas de syndicat qui peut faire cette représentation-là.
Mme Dechamplain (Émilie) :
Oui, mais syndiqué ou non, moi, je pense qu'on devrait avoir le droit de parole
dans notre milieu de travail puis être capable de défendre un peu nos
positions. Puis, tu sais, on a vu des mots, «climat de terreur», dans nos… tu
sais, il y a vraiment des milieux où ça ne va pas, là, à l'interne. Ça fait que
c'est un peu ça qu'on peut-être qu'on clarifie, le rôle de l'éducatrice au sein
du C.A., ou du membre du personnel éducateur, pour qu'il y ait… tu sais, il y
ait quand même un pouvoir, là, dans le conseil d'administration.
M. Lacombe : Mais parce que
c'est ça… Bien, c'est intéressant, là, je lisais le passage qui porte
là-dessus, et ce n'était pas exactement clair pour moi si vous demandez qu'il y
ait une obligation que deux sièges soient réservés. Donc, ces deux sièges-là, c'est
pour des éducateurs, des éducatrices ou des membres du personnel, personne
d'autre. Donc, plutôt que de dire, bien «peut y avoir jusqu'à», est-ce que vous
demandez concrètement, là, qu'il y en ait deux de réservés?
Mme Dechamplain (Émilie) :
Oui. C'est au niveau du rôle aussi. Parce que, là, la plupart des CPE, il y a
une éducatrice ou un éducateur sur le conseil d'administration. Mais c'est son
rôle : il y a des endroits où elle va être un bibelot, elle va être là
puis elle ne parlera pas, elle n'aura pas le droit de donner son opinion quand
ça concerne des demandes, une ou l'autre de ses collègues… ou de toutes ses collègues,
bien, il faut qu'elle sorte. Ça fait qu'elle n'est pas en mesure d'apporter ses
points ni de les défendre. Ça fait que c'est plus au niveau du rôle et de la
présence, bien entendu, mais…
M. Lacombe : Je comprends.
C'est certain qu'il y a des enjeux, là, évidemment, de relations de travail,
donc quand il y a des cas de ressources humaines… Évidemment, je pense qu'il y
a des cas sur lesquels il faudrait se pencher si, d'aventure, on allait là.
Mais je comprends qu'au minimum, s'il y avait une obligation, ce serait déjà,
pour vous, une avancée.
Mme O'Farrell (Élizabeth) :
…de valorisation de notre travail.
M. Lacombe : Oui, c'est ça.
Mme Dechamplain (Émilie) :
…capable de nommer pour quelle raison l'éducateur ou l'éducatrice doit être
exclu. C'est quoi, les raisons valables pour quoi l'éducateur ou l'éducatrice
est exclu du conseil d'administration. Disons, je ne sais pas, moi, ça concerne
vraiment une collègue, une plainte qu'il y a eu, bien là, c'est normal, on ne
veut pas savoir ça, là. Ou, tu sais, on avait eu l'exemple du… disons que mon
conjoint, il fit faire des soumissions puis là, bien, ça me donne comme un
parti pris pour lui, bien là, je serais exclue, disons.
M. Lacombe : Des conflits
d'intérêts.
Mme Dechamplain (Émilie) :
Oui, un conflit d'intérêts, merci.
M. Lacombe : On fait ça au Conseil
des ministres aussi, je comprends bien ça. O.K. Excellent. Donc, ça, c'est
noté. J'avais une note de vous parler du 80 % de l'«overbooking», du ratio
bâtisse. J'ai aimé la francisation du terme. Mais là ce que vous avez dit tantôt
m'a quand même un peu fait sursauter, ça fait que je veux peut-être juste le
préciser. Il n'y a pas d'obligation, là, quand même, de fréquenter...
individuellement, je parle, là. Il n'y a pas d'obligation pour les enfants de
fréquenter. Parce que, tu sais, quand on dit : il faut que l'enfant soit
présent, il faut que son…
M. Lacombe : ...du terme.
Mais là ce que vous avez dit tantôt m'a quand même un peu fait sursauter, ça
fait que je veux peut-être juste le préciser. Il n'y a pas d'obligation, là, quand
même, de fréquenter... individuellement, je parle, là. Il n'y a pas d'obligation
pour les enfants de fréquenter. Parce que, tu sais, quand on dit : il faut
que l'enfant soit présent, il faut que son assiduité soit encore plus prononcée
qu'à l'école... ce qui a été amené par le passé, puis je pense qu'il y avait,
tu sais, quelque chose de logique derrière ça, c'est un ratio de présence qui
est global, c'est-à-dire, il faut que, dans l'installation, il y ait au moins
un taux de fréquentation, tu sais, un taux de présence qui est de 80 % ou
plus parce que... Et l'enfant, là, lui, il peut s'absenter autant qu'il veut,
mais l'idée aussi derrière ça, c'est de s'assurer que les CPE signent des
ententes de service qui représentent vraiment le besoin des parents.
Parce qu'on comprend tous que, pour un CPE
qui n'a aucune contrainte, c'est bien plus facile de signer une entente cinq
jours avec un parent qui dit : Bien, moi, j'ai juste besoin de trois,
mais, O.K., oui, je vais prendre cinq, au cas où. Vous comprenez, il y a des
enfants qui attendent, tout ça, donc c'est sûr qu'il faut bien gérer ça. Puis
ça fait en sorte qu'actuellement, quand il y a des enfants qui ne vont... bien,
vous le savez, là, en fait, tu sais, quand il y a un enfant qui ne se présente
pas, la direction a une liste aussi d'enfants, de travailleurs autonomes, par
exemple, qui peuvent peut-être venir pour la journée, puis ça fait le plaisir
des parents.
Donc, je voulais... peut-être pas pour
vous, mais, au bénéfice des gens qui nous écoutent, là, je voulais peut-être
juste préciser ça. Mais ça changerait vraiment quelque chose pour vous, ce
ratio? Je vois Marie-Ève en arrière qui dit oui.
Mme Dechamplain (Émilie) :
Bien oui. Bien, moi, je peux en témoigner, là. Cette année, j'ai neuf enfants
dans mon groupe. Puis, oui, ça fait une différence quand ils sont tous les neuf
là, puis ça bouge. Tu sais, ils ont tous leur petite particularité, ils ont
tous... Ça fait une différence, vraiment. Déjà que huit, tu sais, c'est
beaucoup, là, on... des fois, on... Il n'y a pas nécessairement de diagnostic,
mais ça ne veut pas dire qu'ils n'ont pas des besoins, ces enfants-là, qui
peuvent être particuliers, ou des difficultés, ou quelque chose. Ça fait que,
quand tu en rajoutes un en plus, bien là... Tu sais, je veux dire, le ratio, il
a été établi, on se dit : Ce n'est pas pour rien, c'est parce qu'il faut
qu'il soit respecté. Tu sais, on comprend, là, qu'il manque de places en ce
moment puis que, là, il y a des enfants qui les occupent moins, et tout.
Mais, tu sais, le fait qu'il y a un taux
de fréquentation, ça met de la pression aussi sur les directions à dire :
Bien là, tu sais, on ne les oblige pas, les enfants, à venir, mais, tu sais, si
vous avez une place, là, il faudrait... tu sais, il faudrait être là, sinon, on
va réduire votre contrat, puis tout ça. Ça fait que, là, c'est ça qui fait...
Tu sais, moi, j'ai des parents, des fois, qui justifient de garder leur enfant
chez eux. Je ne comprends pas, là. Tu sais, tu es en congé, tu as droit de
passer du temps avec ton enfant, là. Ce n'est pas parce que tu as une place
que...
M. Lacombe : Donc, il y a
des directions qui mettent de la pression, vous dites.
Mme Dechamplain (Émilie) :
Oui, mais, tu sais...
M. Lacombe : Il faut
trouver un équilibre, peut-être, parce qu'en même temps...
Mme Dechamplain (Émilie) :
Bien, c'est ça.
M. Lacombe : ...il faut
bien gérer les fonds publics aussi, c'est-à-dire, il faut s'assurer que les
ententes de service... parce que je le dis souvent, c'est un joyau qu'on a
entre les mains, qui nous coûte 2,8 milliards de dollars par année, donc
il faut aussi s'assurer qu'on en fait profiter le plus de monde possible. Mais
je comprends votre point puis je pense qu'il faut peut-être trouver le point
d'équilibre, qui n'est peut-être pas totalement atteint, mais je pense que ce
n'est pas impossible.
• (17 heures) •
Mme Dechamplain (Émilie) :
Tu sais, il y en a beaucoup qui jouent sur le contrat, là. Tu sais, comme nous,
je sais que notre D.G., elle fait ça, là, elle... Ah! tu sais, tu viens moins,
voudrais-tu qu'on réduise ton contrat, voudrais-tu que... Sauf que, disons,
moi, cette année, ça adonne, c'est moi qui ai un enfant en surplus. Elle, elle
ne peut pas le savoir que je vais avoir...
17 h (version non révisée)
M. Lacombe : …qui n'est peut-être
pas totalement atteint, mais je pense que ce n'est pas impossible.
Mme Dechamplain (Émilie) :
Mais, tu sais, il y en a beaucoup qui jouent sur le contrat, là. Tu sais, comme
nous, je sais que notre D.G., elle fait ça, là, elle… Ah! tu sais, tu viens
moins, voudrais-tu qu'on réduise ton contrat? Voudrais-tu que… Sauf que, disons
que, moi, cette année, ça adonne que c'est moi qui ai un enfant en surplus, elle,
elle ne peut pas le savoir que je vais avoir des absents ou que je n'en aurai
pas. Ça fait que je me ramasse finalement à neuf, puis, cet enfant-là, on ne
peut pas le voyager d'un groupe à l'autre, là, ça n'a pas de bon sens.
M. Lacombe : Bien non, ce
n'est pas bon pour lui.
Mme Dechamplain (Émilie) : Tu
sais, ça prend de la stabilité.
M. Lacombe : Tout à fait.
Mme Dechamplain (Émilie) : Ça
fait que c'est ça qui fait que…
M. Lacombe : D'accord. Mais
ça, en tout cas, c'est une revendication syndicale aussi, ça fait que je suis
bien au courant de ça. Vous voyez, vous avez des intérêts convergents quand
même, le bien-être des tout-petits. C'est noté. Puis je vais laisser… Je vais
revenir après la députée de Bellechasse.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le ministre. Je cède maintenant la parole à la députée de Bellechasse.
Mme Lachance : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, mesdames. Merci d'être là. Un groupe récent, hein, 22 mars
2021, 8 700 éducateurs. Je vais vous poser une question, et peut-être que
vous n'aurez pas fait la distinction. Mais est-ce que vous connaissez la
proportion de vos membres qui oeuvrent en CPE versus en milieu familial?
Mme O'Farrell (Élizabeth) :
Bien, je vous dirais, c'est peut-être le trois quarts, à peu près, des
éducateurs qui sont en CPE puis le un quart dans les milieux familiaux, là,
tout confondu, là, subventionnés ou non subventionnés.
Mme Dechamplain (Émilie) :
…installations privées aussi, là.
Mme O'Farrell (Élizabeth) :
Oui, les installations privées aussi, oui.
Mme Dechamplain (Émilie) :
Mais il y a une majorité en CPE, là.
Mme O'Farrell (Élizabeth) :
Une majorité, oui.
Mme Lachance : Une majorité en
CPE, mais il y a quand même un bon nombre…
Mme O'Farrell (Élizabeth) :
Oui, il y a un bon nombre de milieux familiaux, là.
Mme Lachance : D'accord. Ça
m'amène à vous poser la question, parce qu'à la page 4, au point 4, justement,
vous parlez d'apporter une meilleure uniformité au niveau des bureaux
coordonnateurs et vous soulevez à quel point c'est important. Et j'aimerais
vous entendre un petit peu sur ce rôle-là et comment ça peut faire une
différence, l'uniformité des bureaux coordonnateurs.
Mme Dechamplain (Émilie) :
Bien, dans le fond, nous, c'est sûr qu'on a eu une source qui nous a aidées
avec ça parce qu'on connaît moins ce champ-là, là, mais…
Mme Lachance : Vous comprenez
ma question précédente?
Mme Dechamplain (Émilie) :
Oui, mais ce qu'elle nous expliquait, c'est que, par le passé, tu sais, des
fois, il y avait des bureaux coordonnateurs qui étaient beaucoup exigeants ou,
des fois, qui étaient, tu sais… qui avaient plus, comme, de conflits dans… en
tout cas, c'est ce que j'ai compris, hein, c'est ça qu'elle disait, puis, des
fois, ça pouvait faire en sorte qu'il y en a qui disaient : Eh! moi,
j'aimerais ça m'ouvrir un milieu familial, mais je connais… j'ai entendu
parler, tu sais, du bureau coordonnateur, puis ça ne me tente pas, là, d'aller
là ou… Ça fait que c'est un peu ça qu'elle nous disait, là, que ça avait fait
fermer des milieux à certains endroits puis que ça avait empêché d'en ouvrir à
certains aussi.
Mme Lachance : O.K. Donc, on
voit l'importance, même si ce n'est pas, là, l'ensemble de vos membres puis
c'est par personne interposée. Je voudrais revenir aussi sur le conseil
d'administration parce que, lorsque vous avez parlé avec mon collègue, vous
parliez de deux membres. Précédemment, c'était au plus deux membres qui font
partie du personnel. Je ne le sais pas, d'office, il y a combien de membres sur
le conseil d'administration total.
Des voix : Sept.
Mme Lachance : C'est sept.
Donc, deux membres, ça veut dire cinq qui émaneraient d'un autre milieu. Est-ce
que c'est au moins deux membres ou est-ce qu'un membre serait…
Mme Lachance : …qui font partie
du personnel. Je ne le sais pas, d'office, il y a combien de membres sur le
conseil d'administration totale ?
C'est sept. Donc, deux membres, ça veut dire cinq qui émaneraient d'un autre
milieu. Est-ce que c'est au moins deux membres ou est-ce qu'un membre serait
suffisant au niveau du C.A. et au plus deux membres? Comprenez-vous la
distinction?
Mme Dechamplain (Émilie) :
Bien, moi, tu sais, ça pourrait être un. C'est sûr que, quand tu es deux, on
dirait que c'est peut-être plus facile, des fois, d'apporter des points, de se
sentir appuyé, que quand tu es tout seul puis là il faut que tu parles puis
que, là, tu sais, des fois, tu peux être gêné ou pas à l'aise, là. Ça fait que
c'est peut-être plus dans cette optique-là.
Mme Lachance : Écoutez, M. le
ministre, avez-vous… Oui.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la députée.
Mme Lachance : Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Je vais céder la parole au ministre.
M. Lacombe : Il nous reste
deux, trois minutes?
La Présidente (Mme D'Amours) :
3 min 30 s.
M. Lacombe : D'accord.
J'aurais évidemment tellement de questions à vous dire, mais peut-être si j'y
vais de façon plus générale pour… bien, générale, mais pas tant que ça, là,
parce que dans votre mémoire, vous parlez… D'ailleurs, tantôt, vous
disiez : Oui, bien là, on n'est pas des professionnels. Moi, je trouvais
ça très bien, là, votre mémoire, là, ça va droit au but. Puis, tu sais, nous,
on en reçoit plein, ça fait qu'il y avait beaucoup d'idées en peu de mots,
c'était parfait.
Vous parlez de groupes à grands défis.
J'ai l'impression que c'est assez général, là, comme formulation, mais
qu'est-ce que vous voulez dire, quand vous parlez de groupes à grands défis?
Mme O'Farrell (Élizabeth) :
Bien, en fait, on se fait souvent dire que zéro, cinq ans, on ne pose pas de
diagnostic, ce qui est comprenable, parce que l'enfant se développe. On ne
connaît pas tout à fait l'enfant non plus. Mais il reste que ces enfants-là ont
des besoins. Comme je le nommais tantôt, moi, je suis éducatrice spécialisée,
j'ai fait ma technique, puis j'ai travaillé avec des enfants qui avaient des
besoins particuliers, un pour un, puis on voyait vraiment l'évolution de
l'enfant, quand on travaillait en un pour un. Mais là, ce qui arrive, c'est
qu'on a un groupe de huit enfants, donc on a, des fois, des enfants qui
demandent du un pour un, ils ont des besoins. Puis on s'en rend compte aussi,
des fois, on commence l'année avec un groupe qu'on commence à connaître, et, de
plus en plus que l'année avance, plus qu'on se rend compte qu'il y a des
enfants qui ont des besoins. Donc, la bureaucratie fait en sorte que, des fois,
c'est long. Il y a les diagnostics qui arrivent souvent à l'école. Nous, ce
qu'on veut, c'est avoir un soutien pour les éducatrices, que ça soit, peu
importe… en fait, quand c'est nous qui sonnons la cloche, qu'on ait de l'aide,
que ce soit une éducatrice spécialisée, que ça soit des rencontres avec des
spécialistes qui soient à même l'installation.
M. Lacombe : Du soutien.
D'accord. Ça fait combien de temps que vous êtes dans le réseau?
Mme O'Farrell (Élizabeth) : Ça
fait sept ans.
M. Lacombe : Sept ans. Les
deux?
Mme O'Farrell (Élizabeth) :
Oui.
Mme Dechamplain (Émilie) : On
travaille ensemble.
Mme O'Farrell (Élizabeth) :
Puis dans le même CPE.
M. Lacombe : Avez-vous… Je
vais terminer là-dessus, c'est une question très générale, mais est-ce que vous
avez l'impression quand même qu'on s'en va vers le mieux? Est-ce que vous êtes
encouragés par ce qu'on met sur la table, même si ce n'est pas parfait?
Mme O'Farrell (Élizabeth) :
Oui, j'ai l'impression que notre voix est de plus en plus entendue puis je
crois que... en fait, tous les éducateurs et éducatrices avec qui on parle ont
cette impression-là…
M. Lacombe : ...c'est une
question très générale, mais est-ce que vous avez l'impression quand même qu'on
s'en va vers le mieux? Est-ce que vous êtes encouragé par ce qu'on met sur la
table même si ce n'est pas parfait?
Mme O'Farrell (Élizabeth) :
Oui, j'ai l'impression que notre voix est de plus en plus entendue puis je
crois que... en fait, tous les éducateurs et éducatrices avec qui on parle ont
cette impression-là puis je crois que c'est vraiment tout le monde ensemble, en
se parlant, en écoutant nos besoins qu'on va arriver à un réseau de services
éducatifs de qualité avec nos tout-petits.
M. Lacombe : Bien, je prends
les dernières secondes parce que ça m'a fait sourire. Vous dites : Le
réseau de la petite enfance du Québec a été porté à bout de bras en grande
majorité par des femmes. Il serait grandement temps que nous ayons l'aide pour
le porter et le supporter, on le doit à nos enfants, nos familles d'ici et à
notre belle société. C'est le mot d'introduction que vous avez. Je suis bien
d'accord avec vous. Merci.
Mme O'Farrell (Élizabeth) :
Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci beaucoup, M. le ministre. Je vais céder maintenant la parole à la députée
de Westmount—Saint-Louis pour une période de 11 minutes.
Mme Maccarone : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, mesdames. Un plaisir de vous avoir avec nous aujourd'hui.
Vous savez que moi, je vais adresser l'éléphant dans la pièce. Il y a eu quand
même un vote de grève illimitée qui vient d'être annoncé. Comment vous
sentez-vous face à cette nouvelle?
Mme Dechamplain (Émilie) :
Bien, c'est parce que c'est délicat pour nous de nous prononcer là-dessus,
mais... c'est vraiment délicat.
Mme O'Farrell (Élizabeth) :
C'est sûr... par une entente. Les éducateurs, les éducatrices sont fatigués,
oui, avec la dernière année COVID, mais c'était déjà un épuisement qu'on
ressentait avant. On peut parler... personnellement, on perd des éducatrices
dans nos CPE qui sont formées, qualifiées, qui ont une expertise, qui ont
l'amour des enfants, ils ont l'amour des tout-petits, des 0-5 ans, mais, par
épuisement, décident d'aller travailler ailleurs où la charge de travail
physique et mentale est beaucoup moins exigeante. Mais elles ne quittent pas
parce qu'elles n'aiment pas leur travail. C'est ce qu'on entend beaucoup. Elles
quittent parce qu'elles sont épuisées. Donc, on a hâte qu'il y ait une entente
qui soit faite entre tous, puisque les éducatrices, les éducateurs n'arrêteront
pas de quitter si ce n'est pas réglé dans les jours qui suivent. Les éducateurs
et éducatrices vont continuer à déserter le réseau. Puis la plupart des
personnes avec qui on parle, ce sont des personnes qui ont des dizaines
d'années d'expérience qui quittent. Ce ne sont pas des personnes qui arrivent,
mais c'est des personnes qui sont formées et qualifiées. Donc, elles quittent
et d'autres personnes rentrent, mais pas nécessairement formées et qualifiées.
Donc, nous, on doit palier... nous qui sommes déjà dans le réseau, on doit
palier... aider nos collègues puisqu'on ne veut pas les perdre, on veut
qu'elles restent dans le réseau, mais on n'a pas nécessairement toutes les
ressources ou l'énergie puisqu'on est déjà nous-mêmes fatiguées. Donc, oui,
pour répondre à votre question, on le souhaite très grandement qu'on s'entende
sur des choses qui vont aider le réseau des tout-petits.
Mme Maccarone : Parlez-nous un
peu des conditions de travail. Donc, vous venez de faire un bel exposé de la
réalité sur le terrain, mais c'est quoi le pratico-pratique, mettons, dans
une...
Mme O'Farrell (Élizabeth) :
…on le souhaite très grandement qu'on s'entende sur des choses qui vont aider
le réseau des tout-petits…
Mme Maccarone :
Parlez-nous un peu des conditions de travail. Donc, vous venez de faire un bel
exposé de la réalité sur le terrain, mais c'est quoi le pratico-pratique,
mettons, dans une de vos classes? Ça a l'air de quoi avec… peut-être… Vous avez
dit, neuf enfants, à un moment donné, mais peinturez-nous un portrait de qu'est
ce que ça a l'air. Moi, mes enfants sont grands maintenant, ils ont 18 et 20,
ça fait qu'ils ne fréquentent le réseau de services de garde. Mais
expliquez-nous un peu pour que les gens comprennent c'est quoi, votre réalité.
• (17 h 10) •
Mme Dechamplain (Émilie) :
Bien, ça bouge beaucoup, d'un premier abord. Bien, c'est sûr qu'il y a les
changements de couches. Il y a tout ce qui est d'hygiène, hein? On s'occupe
d'enfants qui n'ont pas d'hygiène personnelle. Bon, le lavage des mains, la
collation, le dîner, ça, toutes les routines d'hygiène. Le dodo, il faut
endormir huit à neuf enfants. Il y a des parents qui ont de la misère à en
endormir un, nous, on en endort huit. Il faut faire des activités éducatives,
au moins, minimum, une par jour. Il faut faire des activités pendant les
transitions. Il faut toujours qu'on les tienne occupés. Il faut qu'on fasse des
interventions beaucoup aussi. Ça, c'est… Ça, je pense, c'est comme le gros
morceau, là, qu'on peut dire, hein? Puis on en fait encore plus ces temps-ci, parce
que, là, on est des collègues qui s'en vont, qui sont remplacés par des
personnes qui n'ont pas de formation. Donc là, nous, on pallie pour eux. Là,
bien, nous aussi, on est fatigués. C'est comme un peu une roue qui tourne. Mais
c'est un peu ça, là, c'est interventions, activités. On est toujours à la
course. Moi, je suis toujours à la course. Ça fait que là tu fais une
activité : Ah! j'ai… Tu sais, il faut que je fasse un changement de
couche. Bon, O.K., là tu… Ça ne sera pas long… les ciseaux. Ah non! Bien, c'est
vraiment une belle profession. Je l'aime ma profession, sinon je ne serais pas
ici, là, mais c'est exigeant. C'est vraiment exigeant.
Mme Maccarone : Chapeau.
Mme O'Farrell (Élizabeth) :
Il y a aussi l'observation qu'on fait avec ces enfants-là.
Mme Dechamplain (Émilie) :
Oui.
Mme O'Farrell (Élizabeth) :
Il faut observer pour remplir le programme éducatif de nos tout-petits. Donc,
comme Émilie l'a dit, c'est constamment… On dit souvent qu'on a souvent un
déficit de l'attention, les éducatrices, les éducateurs, parce que ça n'arrête
pas, mais…
Une voix : …
Mme O'Farrell (Élizabeth) :
Oui, c'est ça. Puis c'est des 0-5 ans, donc on se dit… C'est qu'on est la
deuxième famille. Les parents le nomment souvent qu'on est la deuxième maman,
le deuxième papa. Mais on tellement un bon lien avec… un bon lien de confiance
avec les parents et les enfants, on les voit évoluer. C'est beau de les voir
les tout-petits évoluer, mais on aimerait leur offrir tous les besoins qu'ils
ont dans une journée, mais malheureusement…
Mme Maccarone : Ça
m'amène une réflexion quand vous dites que vous faites partie d'une famille…
l'extension de la famille. Si je suis ici aujourd'hui c'est à quelque part à
cause d'un CPE, bien, un réseau de services de garde. Parce que mes enfants,
quand ils étaient petits, ils ont des besoins particuliers, j'ai fréquenté
plusieurs milieux pour trouver la place magique où mes enfants n'étaient plus
expulsés puis il y avait une place pour eux sans diagnostic. Puis c'était
vraiment les éducatrices qui m'ont épaulée, qui m'ont dit : Non, non, il y
a quelque chose, mais on n'est pas des professionnels, mais on aimerait que
vous consultez. On aimerait avoir quelqu'un qui vient faire une consultation
dans le…
Mme Maccarone : ...pour
trouver la place magique où mes enfants n'étaient plus expulsés puis il y avait
une place pour eux sans diagnostic. Puis c'était vraiment les éducatrices qui
m'ont épaulée, qui m'ont dit : Non, non, il y a quelque chose, mais on n'est
pas des professionnels, mais on aimerait que vous consultez, on aimerait avoir quelqu'un
qui vient faire une consultation dans le milieu de garde pour voir comment ça
va, ils vont nous aider. Ça fait que merci beaucoup, premièrement.
Puis ça, ça m'amène une réflexion. Dans
votre mémoire, vous parlez des ratios puis comment que c'est important. Que
pensez-vous, mettons... Parce que, dans le réseau scolaire, actuellement, il y
a une pondération qui change si, dans la classe, vous avez un enfant avec des
besoins particuliers. Comme, par exemple, un enfant autiste compte pour trois
enfants dans une classe, alors ça va diminuer le ratio. Vous ne l'avez pas
évoqué ici quand vous parlez de ratio. Pourquoi? Puis est-ce que c'est une idée
qui vous intéresse?
Mme O'Farrell (Élizabeth) :
Oui. En fait, c'est ça, on aimerait vraiment, comme, créer un comité qu'on
pourrait se pencher là-dessus. C'est quoi, le ratio gagnant avec des enfants qu'on...
Parce qu'on le dit, là, les 0-5 ans, on n'a pas souvent des diagnostics parce
que, bon, l'enfant est tout jeune, on le comprend très bien. Mais il reste que
les enfants ont des besoins, les éducatrices ont besoin. Donc, d'évaluer soit
en comité comment on pourrait mettre un ratio gagnant enfant avec des besoins
particuliers, peu importe le besoin que l'enfant a versus l'éducatrice, parce
que c'est ça, ça se fait dans les écoles. Puis on pense que nous, on est le
début de l'éducation, donc, c'est ça, on croit que ça devrait être quelque
chose qu'on devrait regarder.
Mme Dechamplain (Émilie) :
...c'est qu'ils n'ont pas beaucoup de diagnostics à cet âge-là. Tu sais, je
crois que c'est là le... c'est difficile de mettre... Parce que, tu sais, à
l'école, ils appellent ça une cote, je pense.
Mme Maccarone : C'est un
code. Mais, si je peux vous rassurer, même dans le réseau scolaire, il y a le
code 99, c'est un enfant qui n'a pas nécessairement un diagnostic, mais en
attente de. Alors, je pense qu'on a peut-être quelque chose qu'on pourrait voir
ensemble pour aider la charge. Moi, je rêve d'avoir un monde inclusif, des
réseaux de services de garde qui incluent, comme, je pense qu'on partage cette
vision.
Ça fait que parlez-moi un peu de
formation. Parce que, là, on a plusieurs groupes qui parlent, je pense que tout
le monde a une bonne volonté de vouloir accueillir les enfants ayant des
besoins particuliers dans le réseau de service de garde. Mais qu'avez-vous
besoin comme formation? Plusieurs gens font des recommandations, mais vous,
vous êtes sur le terrain. Qu'est-ce que vous avez besoin, vous, pour venir
aider ces enfants, puis les aider dans leur intégration, puis s'assurer que
c'est une intégration puis une charge de travail qui est saine, qui va être une
réussite pour toutes les parties prenantes?
Mme O'Farrell (Élizabeth) :
Bien, en fait, la formation vient... C'est une formation qui devrait être à
toutes les années, qui devrait... L'éducatrice sonne une cloche, aimerait
avoir... bon, mettons, elle nomme à sa direction que, bon, cet enfant, elle a
observé : Voici les observations que j'ai faites avec cet enfant,
j'aimerais avoir des formations, les outils. Une professionnelle qui vient,
comme on le nommait dans notre mémoire, qu'il y ait déjà des professionnels,
des éducatrices spécialisées, des psychoéducatrices, des travailleurs
sociaux...
Mme O'Farrell (Élizabeth) :
…que, bon, cet enfant, elle a observé… voici les observations que j'ai faites
avec cet enfant. J'aimerais avoir des formations, les outils… une professionnelle
qui vient, comme on le nommait dans notre mémoire, qu'il y ait déjà des professionnels,
des éducatrices spécialisées, des psychoéducatrices, des travailleurs sociaux
qui sont déjà dans nos milieux, qu'on puisse avoir accès à eux en tout temps,
qu'on se fasse des rencontres multidisciplinaires, qu'on échange vraiment sur
comment intervenir parce que nous en tant qu'éducatrices, on est tellement… un
peu comme les parents, on est tellement avec les enfants que des fois on vient
qu'on est très trop dedans, donc on ne sait plus comment intervenir
adéquatement. Puis on le sait, les 0-5 ans, c'est là que tout se joue pour
le futur. Donc, oui, des formations. Oui, des rencontres avec les équipes. Puis
ça, c'est quelque chose qu'on n'a pas d'emblée. Il y a certaines installations
qui ont accès… et des milieux familiaux aussi qui ont accès à une conseillère
pédagogique, qui ont accès… des fois, il y a de gens qui viennent dans leur
milieu, en milieux familiaux. Mais ce n'est pas uniforme, encore là, puis il y
a certaines installations qui ont des éducatrices spécialisées, mais en ce
moment elles sont sur le plancher, donc elles ne peuvent pas aller donner un
coup de main dans le groupe… ou que l'éducatrice sonne la cloche pour
dire : j'ai besoin.
Mme Dechamplain (Émilie) :
J'aimerais ça ajouter quelque chose. Je pense que peu importe la formation
qu'on a, disons, tu as une formation d'éducatrice spécialisée, ça reste que
dans ton groupe tu as un enfant à soins particuliers, tu en as sept autres. Je
pense qu'il est là le problème, tu sais, dans le sens qu'on veut, là, mais tu
sais, on parlait justement avec Marie-Ève, tu sais, elle avait comme des défis
dans son groupe, bien, toute l'énergie qu'elle met elle va vraiment… elle est
excellente, elle va trouver des trucs pour aider cet enfant-là à s'inclure dans
le groupe et tout. Mais c'est que pendant ce temps-là, les autres enfants n'ont
pas la même qualité de service. C'est ça notre point aussi. C'est pour ça que
même si on a une formation, exemple, qui nous permet d'intervenir avec cet
enfant-là, ça reste qu'on en a d'autres. Puis une éducatrice spécialisée, la
plupart du temps, en 1-1 avec l'enfant en besoins particuliers, ça fait que
c'est là que ça nous prend de l'aide.
Mme Maccarone : D'où
l'importance de parler, encore une fois, des ratios qui va vraiment aider la
lourdeur de cette tâche, puis aussi de réussir à intégrer les enfants. Puis je
présume que vous serez aussi d'accord qu'il faut changer les ratios de
main-d'oeuvre qualifiée, non qualifiée qui est quand même à la base faute de la
COVID, puis c'est ça la pandémie. Ça serait le temps de revoir ça parce que
vous dites qu'au moment qu'il y a quelqu'un qualifié qui quitte, mais là, c'est
toujours rempli par quelqu'un qui est non qualifié, puis ça amène une charge de
travail pour vous.
Mme O'Farrell (Élizabeth) :
Supplémentaire, oui.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. C'est tout le temps que nous avions avec Mme la députée. Je cède maintenant
la parole à Mme la députée de Sherbrooke pour 2 min 45 s
Mme Labrie : Merci. D'abord,
sur le ratio bâtisse, effectivement, ce n'est pas juste une revendication
syndicale, ça va être une revendication politique aussi. Je confirme au
ministre qu'on va en reparler. Il y a quelque chose qu'on a déjà discuté
ensemble, puis j'aimerais ça vous…
La Présidente (Mme D'Amours) :
…je cède maintenant la parole à Mme la députée de Sherbrooke pour
2 min 45 s
Mme Labrie : Merci. D'abord,
sur le ratio bâtisse, effectivement, ce n'est pas juste une revendication
syndicale, ça va être une revendication politique aussi. Je confirme au ministre
qu'on va en reparler. Il y a quelque chose qu'on a déjà discuté ensemble, puis
j'aimerais ça vous l'entendre le renommer ici. Quand vous exprimez que vous
avez besoin qu'il y ait des ressources professionnelles qui viennent vous
aider, par exemple, quand vous voyez qu'il y a un enfant de votre, là, il y a quelque
chose, là, il y aurait peut-être des besoins en orthophonie, ou en psychoéducation,
ou quoique ce soit… vous nous exprimez votre besoin, mais est-ce que vous
pouvez nous expliquer ici, c'est quoi qui se passe en ce moment quand vous, là,
vous allez voir, par exemple, votre directrice de CPE pour lui dire : Là,
j'ai identifié que le petit Jacob, là, il a quelque chose puis j'aurais besoin
d'aide? Est-ce que ça marche le programme Agir tôt? Est-ce que les services se
déploient? C'est quoi qui se passe quand vous sonnez la cloche en ce moment?
Mme O'Farrell (Élizabeth) :
Bien, ça dépend vraiment. Encore là, ce n'est pas uniforme partout, ça dépend vraiment
des milieux. Puis, bien, c'est ça, nous, on sonne la cloche, on dit : On a
besoin d'aide. Ensuite de ça, des fois, c'est avec le parent, en concert avec
le parent. Souvent, c'est une éducatrice qui communique avec le parent
soi-disant que, bon, on a remarqué, on a une rencontre avec le parent, on a
remarqué que votre enfant à un besoin x. Donc, le parent, la plupart du temps,
va voir un professionnel ou… Mais, comme on connaît le réseau, c'est souvent
très long avant de rencontrer, même au privé, de rencontrer un professionnel.
Donc, nous, on reste dans l'attente d'un professionnel qui vient nous donner
des pistes d'interventions. Puis, bien, ça nous est arrivé souvent qu'à l'âge
de 2-3 ans on détecte déjà quelque chose qui se passe avec cet enfant-là,
puis rendu à l'école, bien, on apprend qu'il y a un diagnostic qui a été posé.
Donc…
Mme Labrie : Mais, en ce
moment, donc, ça peut prendre des années même quand vous sonnez la cloche. Ça
dépend du parent, premièrement, s'il essaie d'aller chercher des services.
Mme O'Farrell (Élizabeth) :
Oui, c'est ça.
Mme Labrie : Puis ensuite s'il
y en obtient puis dans combien de temps, sinon il n'y a rien qui se passe.
Mme O'Farrell (Élizabeth) :
Oui, oui.
Mme Dechamplain (Émilie) : …la
façon dont on l'amène avec toute notre délicatesse, notre professionnalisme,
c'est difficile pour les parents d'entendre que les parents ont des
difficultés. Puis on comprend ça, sauf que nous, bien, ça dépend d'eux autres,
dans le fond, l'aide qu'on va avoir puis ça dépend aussi du système qui est en
arrière qui fait que c'est long. Moi, j'ai un enfant, exemple, qui est en
attente pour l'orthophonie même au privé, là. Il y avait comme un an d'attente
au privé. Ça fait que ça ne débloque pas. Du moment que le parent, il
accepte : O.K., bon, là, il faudrait que, oui, effectivement, il faudrait
que j'aille voir, bien là, il y a encore des délais. Ça fait que là, pendant ce
temps-là, nous, bien, on n'en a pas d'aide, mais l'enfant, il a quand même son
besoin, là, mais il n'y en a pas d'aide parce qu'il n'y a pas de diagnostic. Ça
fait que c'est une peu pour ça qu'on parlait d'aider malgré qu'il n'y a pas de
diagnostic. Il faudrait que l'aide soit là.
• (17 h 20) •
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Merci beaucoup. Je vais céder la parole à la députée de Joliette pour
2 min 45 s
Mme
Hivon
: Oui,
merci beaucoup. C'est toujours très enrichissant d'avoir votre perspective très
concrète, puis moi, je veux le souligner, très axée sur le développement de
l'enfant puis la qualité des services. Ça fait que c'est tout à votre honneur.
Je veux poursuivre sur la même veine. Dans
le concret, là, c'est sûr que vous nous dites…
La Présidente (Mme D'Amours) :
...à la députée de Joliette pour 2 min 45 s.
Mme
Hivon
: Oui,
merci beaucoup. C'est toujours très enrichissant d'avoir votre perspective très
concrète, puis moi, je veux le souligner, très axée sur le développement de
l'enfant puis la qualité des services. Ça fait que c'est tout à votre honneur.
Je veux poursuivre sur la même veine. Dans
le concret, là, c'est sûr que vous nous dites : On voudrait avoir des
éducatrices spécialisées. On a le défi qu'il n'y a pas nécessairement un
diagnostic, mais vous, vous êtes avec les enfants au quotidien, vous voyez les
défis, vous voyez comment les comportements sont. Est-ce que ce que vous
voulez, c'est vraiment plus du un à un? Ou vous nous dites : On veut comme
une équipe volante qui peut venir nous aider sporadiquement, selon les besoins,
à géométrie variable, mais qu'on ait de la flexibilité? Ou vous nous dites
vraiment : C'est mieux de viser le un sur un?
Ça fait que je sais que vous avez un peu
la double expertise, là, puis peut-être que vous nous dites : Évidemment,
ça dépend des cas. Mais mettons qu'on monte, là, un nouveau programme pour
venir soutenir correctement les éducatrices avec les enfants à besoins
particuliers. Comment on le monte si on veut la Cadillac du programme?
Mme O'Farrell (Élizabeth) : La
Cadillac serait qu'on aurait vraiment une équipe constamment. Comme on
expliquait dans notre mémoire, en fait, on donne un ratio. Mettons, le CPE,
l'installation a 80 enfants. On a deux éducatrices spécialisées qui viennent
avec le CPE. On construit une nouvelle installation, c'est compris dans l'installation.
Puis on fait des rencontres, bon, on voit que l'enfant a des besoins, on fait
des rencontres, et tout, on met ça en application. Mais qu'on ait accès à faire
des rencontres, d'autres rencontres, qu'on ait accès à ce que... Je ne sais
pas, j'ai besoin d'avoir un outil avec cet enfant-là. Bien, on va voir
l'éducatrice spécialisée, et elle nous amène l'outil, elle nous montre comment
faire, elle nous...
Mme
Hivon
: Elle
vous forme.
Mme O'Farrell (Élizabeth) :
...le met en application, et tout.
Donc, oui, une équipe volante, qu'on aurait
accès tout le temps. Puis on parle d'éducatrice spécialisée, mais travailleur
social, psychoéducateur aussi, parce que les enfants vivent toutes sortes
d'événements dans leur petite enfance. Il y a des enfants qui vivent des
deuils, il y a des enfants... Donc, nous, on veut avoir accès à donner le
meilleur de nous-mêmes pour ces enfants-là, pour qu'ils puissent évoluer, puis
que, quand ils vivent cette situation-là, bien, qu'on soit capables de les
accompagner, mais d'accompagner aussi les parents dans des situations comme ça.
Donc, nous, la Cadillac serait vraiment
d'avoir des professionnels dans toutes les installations, parce que le délai
est beaucoup trop long, parce qu'on comprend qu'il faut qu'il y ait un
diagnostic pour qu'il ait de l'aide. Mais ça ne devrait pas, à la petite
enfance 0-5 ans... on ne devrait pas avoir nécessairement un diagnostic pour
donner un service aux enfants.
Mme
Hivon
:
Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci infiniment, merci beaucoup de votre contribution aux travaux de la
commission.
Je suspends les travaux quelques instants
afin d'accueillir les prochains témoins. Merci à vous.
(Suspension de la séance à 17 h 24)
La Présidente (Mme D'Amours) :
...je suspends les travaux quelques instants afin d'accueillir les prochains
témoins. Merci à vous.
(Suspension de la séance à 17 h 24)
17 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 17 h 32)
La Présidente (Mme D'Amours) :
Nous reprenons nos travaux, et je souhaite la bienvenue aux représentants de Ma
Place au travail. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour
votre exposé, après quoi, nous procéderons à la période d'échange avec les membres
de la commission. Je vous invite donc à vous présenter et à procéder à votre
exposé. La parole est à vous.
Mme Claveau (Carolann) : Merci,
Mme la Présidente. Je me nomme Carolann Claveau, je suis mère de deux filles,
Anaé, trois ans, et Laurelle, 9 mois et demi. J'ai dû mettre fin à mon contrat
de travail parce que, bien que mon aînée fréquente un CPE, elle n'a qu'une
place à temps partiel et je cherche toujours pour mon bébé. Avec ma collègue,
Mme Maude Caron, maman de Louis et enceinte d'un deuxième petit garçon, je
représente aujourd'hui le mouvement Ma Place au travail afin de faire entendre
la voix des milliers de parents qui souhaitent avoir accès à des services de
garde abordables et de qualité. Nous sommes toutes deux ici parce que nous nous
mobilisons depuis huit mois pour faire prévaloir le droit des enfants à
recevoir des services de garde éducatifs personnalisés et de qualité.
En lisant le…
Une voix : ...aujourd'hui le
mouvement Ma Place au travail afin de faire entendre la voix des milliers de
parents qui souhaitent avoir accès à des services de garde abordables et de
qualité. Nous sommes toutes deux ici parce que nous nous mobilisons depuis huit
mois pour faire prévaloir le droit des enfants à recevoir des services de garde
éducatifs personnalisés et de qualité. En lisant le projet de loi n° 1,
nous aonvs eu l'impression que M. le ministre de la Famille était à l'écoute
des recommandations que nous avions exprimées, notamment quant à la réforme du guichet
unique, au développement de places et à la volonté de rendre des services de
garde éducatifs à l'enfance plus sécuritaire.
Aujourd'hui, nous remercions M. le ministre
de nous offrir cette tribune qui nous confirme sa volonté de considérer les
parents comme des collaborateurs dans cette réforme. Dans cet esprit, nous
soumettons aujourd'hui six recommandations en vue d'améliorer la loi de façon à
compléter notre réseau de garde en misant sur des services de qualité à la
hauteur de ce que les parents et les enfants du Québec méritent. Nous les
présenterons à tour de rôle.
Mme Caron (Maude) : Mme la
Présidente, avant de commencer, j'aimerais mentionner que les recommandations
que nous ferons aujourd'hui concerneront principalement les parents. Mais nous
tenons à préciser que nous appuyons pleinement les recommandations des
éducatrices et des travailleuses et travailleurs en CPE. Nous sommes derrière
elles à 100 % et nous espérons que les négociations se solderont par une
reconnaissance et une valorisation à la hauteur de leur... de leur profession,
pardon, et ce, éminemment, comme l'avenir même du réseau en dépend.
La première recommandation que nous
présenterons à M. le ministre de la Famille concerne l'article 2 du projet
de loi. Nous croyons que l'accès aux services de garde devrait désormais être
considéré comme un droit universel qui serait non conditionnel aux ressources
disponibles. Nous croyons que le droit aux services de garde devrait être de la
même teneur que le droit à la scolarisation pour permettre que tous les enfants
partent de la même ligne de départ. La nouvelle obligation que le projet de loi
n° 1 impose au ministre est insuffisante parce qu'elle ne garantit pas
l'accès imminent à une place abordable et de qualité pour chaque parent qui en
a besoin ni aux ressources dont les enfants à besoins particuliers devraient
bénéficier. Elle ne garantit pas non plus que les moyens seront mis en place
pour que la main-d'oeuvre soit au rendez-vous.
Mme la Présidente, notre seconde
recommandation concerne l'article 11.2 du projet de loi n° 1. Le
présent projet de loi oblige désormais le ministre de la Famille à prendre les
moyens pour que l'offre de services de garde éducatifs réponde à la demande. Le
ministre sera tenu de déterminer les besoins des territoires en effectuant un
processus d'évaluation. Par contre, rien n'est dit sur la fréquence à laquelle
l'évaluation doit être faite ni sur l'étendue du territoire qu'elle doit
couvrir. Il est primordial que cette évaluation soit obligatoirement
annuellement, et ce, pour tous les territoires du Québec afin d'assurer
réellement l'offre continue qui est promise par le projet de loi.
Mme la Présidente, notre troisième recommandation
concerna la qualité des places développées. Les services de garde doivent
offrir un environnement stimulant et sécuritaire qui favorise le développement
harmonieux des enfants. C'est pourquoi nous tenons à réaffirmer que ce que les
parents veulent surtout, ce sont des places en CPE. Depuis 25 ans, les CPE
ont bâti une excellente réputation auprès des parents de notre génération. Les
recherches...
Mme Caron (Maude) : …les services
de garde doivent offrir un environnement stimulant et sécuritaire qui
favorisent le développement harmonieux des enfants. C'est pourquoi nous tenons
à réaffirmer que ce que les parents veulent surtout, ce sont des places en CPE.
Depuis 25 ans, les CPE ont bâti une excellente réputation auprès des parents de
notre génération. Des recherches à ce sujet sont unanimes et leurs conclusions
sont claires, la qualité des services y est objectivement supérieure. Il est
essentiel que le projet de loi réponde aux recommandations des experts et à la
volonté des utilisateurs-payeurs que nous sommes. Nous recommandons donc à M.
le ministre de la Famille de prioriser les projets des centres de la petite
enfance pour qu'ils représentent, au minimum, 85 % du développement de
places subventionnées en installation.
De nombreuses études démontrent que les
garderies privées subventionnées ou non font six fois plus souvent l'objet de
plainte de la part de leurs utilisateurs. Selon les données du ministère de la
Famille, ces plaintes concernent majoritairement la santé et la sécurité des
enfants. En tant que parents, nous sommes inquiets face à ces constats, nous
recommandons donc au ministre d'instaurer des incitatifs pour que les garderies
privées, qui le souhaitent, puissent se convertir en CPE. Comme nous sommes
conscientes que ce choix ne sera pas celui de tous, nous proposons aussi des
avenues servant à contrer l'inégalité de la qualité de service entre les
différents types d'installation. Nous souhaitons que les garderies privées
soient inspectées de manière systématique et régulière selon des standards
élevés. Nous voulons aussi que l'échelle salariale, dans les garderies
subventionnées, soit la même que celle du ministère afin d'assurer une
stabilité de service.
Vous savez, Mme la Présidente, les
premières années de la vie d'un enfant sont cruciales pour son développement.
Assurer un service de qualité à tous les enfants est aussi un moyen de garantir
l'égalité des chances de toutes les Québécoises et de tous les Québécois.
Aujourd'hui, ce que les parents veulent, ce sont des places de qualité et
abordables et ces places se trouvent principalement dans les CPE. Mme la
Présidente, je cède désormais la parole à ma collègue Mme Carolann Claveau qui
poursuivra avec la suite de nos recommandations.
Mme Claveau (Carolann) : Mme
la Présidente, notre quatrième recommandation concerne l'accès des enfants et
des parents les plus vulnérables aux services de garde éducatifs. Nous
recommandons au gouvernement d'autoriser les familles demandeuses d'asile et
les étudiants internationaux non titulaires d'un certificat d'acceptation du
Québec à avoir accès aux services de garde pour favoriser leur intégration et
celle de leurs enfants. De plus, il est, pour nous, nécessaire d'adresser le
concept de contexte de précarité socioéconomique pour favoriser celui plutôt de
vulnérabilité. Ce concept inclut davantage, selon nous, les différentes
situations qui peuvent menacer les chances de réussite des enfants. Suivant
cette approche, nous recommandons également au ministère de la Famille que le
critère de priorisation s'applique non seulement aux CPE, mais aussi aux
garderies privées subventionnées afin de miser sur l'égalité des chances dans
le processus des attributions des places.
Nous recommandons aussi l'ajout de trois
critères spécifiques qui permettraient d'impliquer les organismes publics et
communautaires dans le choix des clientèles prioritaires visées. Mme la
Présidente, notre cinquième recommandation concerne l'article 93 du projet de
loi n° 1, qui attribue de nouveaux pouvoirs au ministre de la Famille. Les
parents voient d'un bon oeil ces nouveaux pouvoirs, mais nous avons quelques
inquiétudes quant à leur mise en place…
Mme Claveau (Carolann) :
…impliquer les organismes publics et communautaires dans le choix des
clientèles prioritaires visées.
Mme la Présidente, notre cinquième
recommandation concerne l'article 93 du projet de loi n° 1,
qui attribue de nouveaux pouvoirs au ministre de la Famille. Les parents voient
d'un bon oeil ces nouveaux pouvoirs, mais nous avons quelques inquiétudes quant
à leur mise en place. Pour que ce pouvoir soit mieux encadré, nous proposons de
préciser certains termes pour définir ce qu'on entend par «les demandeurs les
plus aptes» et l'ajout de critères, dont celui de proximité entre l'ancienne et
la nouvelle installation en cas de fermeture.
• (17 h 40) •
Mme la Présidente, notre sixième et
dernière recommandation concerne les mesures à mettre en place en attendant que
le réseau soit complété. Des dizaines de milliers de parents vivent de la
détresse depuis déjà plusieurs mois et ils ne peuvent pas se permettre
d'attendre encore plus longtemps avant de pousser eux aussi un soupir de
soulagement. La pénurie de places en service de garde force plusieurs parents à
rester à la maison, surtout ceux qui ont un enfant de 18 mois ou moins, parce
que ces places sont encore plus rares que les autres. Nous proposons donc au
gouvernement de soutenir financièrement ces familles, qui attendent parfois
plusieurs mois sans aucun revenu en ajoutant une clause qui permet d'allonger
le régime québécois d'assurance parentale, et ce, dès maintenant.
Mme la Présidente, nous recevons
aujourd'hui le projet de loi comme la prémisse du dénouement positif de ces
temps de revendications. Nous tenons à remercier M. le ministre de la Famille
de nous avoir conviées à partager nos travaux. Au Québec, on a la chance
d'avoir créé un modèle original de services de garde qui plaît aux enfants et
aux parents. Les CPE ont la faveur de tous parce qu'ils offrent des places de
qualité abordables et adaptées aux besoins de chaque communauté locale.
En travaillant de concert avec le
ministère de la Famille, on souhaite compléter une fois pour toutes le modèle
québécois des services de garde. Une réforme qui répond aux besoins réels des
enfants et des parents du Québec pourra marquer définitivement l'histoire des
politiques familiales québécoises. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci à vous. Merci pour votre exposé. Nous allons maintenant commencer la
période d'échange. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Lacombe : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Bonjour à vous deux. C'est un plaisir de vous rencontrer.
Évidemment, vous étiez incontournables. Je sais qu'à un certain moment vous
avez douté de notre volonté de vous inviter, mais, dans mon esprit, c'était
très clair que vous deviez être là. Parce que, bon, votre mouvement, je dois le
dire, là, s'est imposé de par la force de la voix des parents qui étaient sur
le terrain. Puis j'ai eu l'occasion de le dire, mais là je le dis publiquement,
devant les collègues, devant vous aussi, donc je vais le répéter : Moi,
j'ai de l'admiration pour ce que vous avez fait, parce que je pense que, dès le
moment où les gens se mobilisent sur le terrain pour faire changer les choses,
il en ressort toujours quelque chose de positif. Puis parfois, nous, les élus,
ça nous met un peu dans les coins, ça nous force à aller plus vite, mais je
pense qu'à la fin c'est toujours, toujours positif, cette mobilisation, une
mobilisation comme celle que vous avez eue. D'autant plus que vous défendez des
intérêts qui sont les intérêts des familles du Québec. Donc, je veux quand même
vous lever mon chapeau à ce sujet-là.
Vous dire aussi que je suis
particulièrement heureux de vous entendre optimistes et confiantes en l'avenir,
là. J'ai lu, dans votre mémoire, que…
M. Lacombe : ...d'autant
plus que vous défendez des intérêts qui sont les intérêts des familles du
Québec. Donc, je veux quand même vous lever mon chapeau à ce sujet-là.
Vous dire aussi que je suis particulièrement
heureux de vous entendre optimistes et confiantes en l'avenir. Là, j'ai lu dans
votre mémoire que vous dites que, bien, c'est un grand pas dans la bonne
direction. Je viens de vous entendre, en conclusion, dire qu'on peut enfin
espérer regarder vers l'avenir... là, vous n'avez pas dit ça exactement, là,
mais c'est à peu près ce que vous vouliez dire, avec confiance, et tout. Je
vous avoue que je suis heureux d'entendre ça parce que c'est sûr que, dans les
derniers mois, disons, on a eu quelques échanges corsés.
Mais, en même temps, quand je regardais...
je faisais l'exercice parce que vous veniez ici. Puis évidemment on a bien pris
soin de lire le mémoire que vous avez produit. Mais, j'allais dire, dans les
demandes que vous avez répertoriées, bon, il y avait des demandes qui venaient
de plusieurs associations. Vous avez fait le travail de tout mettre ça ensemble,
d'en amener certaines aussi de votre propre initiative. On en comptabilisait
26, et là-dessus il y en a tout de même 17 auxquelles on a déjà répondu à
l'heure où on se parle. Donc, je trouvais que c'était particulièrement intéressant.
Donc, ça démontre qu'effectivement, là, il y a beaucoup d'éléments que vous
avez soulignés sur lesquels on travaillait déjà parce que, bon, sinon, évidemment,
ça ne pourrait pas être déjà en vigueur ou déjà en chantier. Mais je voulais quand
même souligner ça.
Je vais revenir sur quelques points, peut-être
pour faire des précisions puis vous demander aussi, peut-être, d'aller un peu
plus loin dans votre pensée, au bénéfice de tout le monde puis de nos travaux.
Donc, par quoi est-ce que je pourrais bien commencer? Je vais commencer par la recommandation
n° 2. Peut-être plus une précision, là, pour les gens
qui nous écoutent. Vous dites : «On doit évaluer annuellement les besoins
de services de garde éducatifs à l'enfance.» Peut-être un mot pour vous dire
qu'actuellement on le fait deux fois par année. Donc, on est encore plus, je
dirais, précis, même si on souhaite toujours être plus précis. Mais actuellement
on le fait deux fois par année. Et il y a une question d'interprétation peut-être,
là. Mais, tu sais, quand vous dites «pour tous les territoires», donc vous
souhaitez évidemment qu'on évalue ça pour tous les territoires, et ça c'est vraiment
une question d'interprétation, mais bien sûr que ça se fait pour l'ensemble du territoire
québécois, partout. Par contre, la façon dont c'est formulé, c'est qu'évidemment
les territoires que nous, on détermine, c'est leur grosseur, si vous voulez,
quelle unité de mesure? Est-ce qu'on parle de 161 bureaux coordonnateurs? Est-ce
qu'on parle de plus petites unités? Plus on y va dans le détail, évidemment,
plus c'est précis. D'ailleurs, on a fait un gros travail de raffiner ces
données-là. Mais je veux vous rassurer, bien sûr qu'on regarde l'ensemble des
données partout au Québec, sur l'ensemble du territoire québécois. Donc, je
voulais tout de même vous le préciser. Donc, rassurez-vous. Ça, évidemment, ce
sera fait.
Sur la recommandation n° 1,
évidemment, je vais vous questionner sur le droit d'avoir une place, mais je
vais commencer, parce que vous... avec peut-être une sous-question. Vous avez
dit : On doit s'obliger... En tout cas, je ne veux pas vous mettre des
mots dans la bouche, mais vous avez dit : On doit s'obliger à avoir la main-d'oeuvre
nécessaire ou on doit... Est-ce que je comprends que vous voudriez qu'on mette
dans...
M. Lacombe : ...un, évidemment,
je fais vous questionner sur le droit d'avoir une place, mais je vais commencer
parce que vous... avec peut-être une sous-question. Vous avez dit : On
doit s'obliger... ou, en tout cas, je ne veux pas vous mettre des mots dans la
bouche, mais vous avez dit : On doit s'obliger à avoir la main-d'oeuvre nécessaire.
On doit... Est-ce que je comprends que vous voudriez qu'on mette, dans la loi,
une disposition au sujet de la main-d'oeuvre? Peut-être que j'ai mal compris
aussi, là, mais je voulais voir avec vous. Est-ce que vous pouvez peut-être
préciser votre pensée?
Mme Claveau (Carolann) :
Bien, en fait, je vais répondre à la question. Juste préciser ce qu'on
entendait par le droit, bien, c'est sûr que pour nous c'est d'une importance
capitale que chaque enfant ait accès à un service de garde éducatif de qualité.
Puis, pour ce qui est de la question de la main-d'oeuvre, je ne sais pas. Maude,
est-ce que tu l'as peut-être la réponse? Je sais qu'on l'a écrit dans le mémoire.
Ça m'échappe. Est-ce que tu as l'information concernant...
Mme Caron (Maude) : Bien,
écoutez, M. Lacombe, c'est simplement que, dans le fond, nous, là, on
trouve que ça devrait être un droit à la base parce que ça garantirait la
volonté du ministère de la Famille, du Conseil du trésor d'offrir des conditions
de travail qui sont excellentes aux éducatrices pour s'assurer qu'il y ait une
continuité des services. Dans la mesure où c'est fait de cette façon-là, que
c'est une obligation du ministre, c'est vraiment plus sur l'offre de places, c'est...
Donc, on n'assure pas les services aux enfants, on n'assure pas la
main-d'oeuvre, puis c'est ça qui nous inquiète, nous, dans cette façon de le
formuler. Puis aussi, tu sais, on a vu que, par rapport, par exemple, aux
maternelles quatre ans, le ministre de l'Éducation... c'est un droit pour tous,
puis quand le ministre... à partir du moment où le ministre de l'Éducation
allait le mettre en vigueur. Donc, on se demande pourquoi ce n'est pas fait
dans le cas des enfants de 0-5 ans considérant le fait que ce qui est le
moment le plus important de leur développement.
M. Lacombe : Je comprends.
Je comprends le questionnement. Je vous avoue, là, moi, je suis aussi posé évidemment
ces questions-là parce que... bien, je vais juste terminer sur la main-d'oeuvre
en vous disant, ce n'est pas clair, là, pour moi, mais si vous avez peut-être
des précisions, n'utilisons pas nos précieuses minutes actuellement parce que
peut-être qu'on pourra y revenir. Mais ça m'intéresse parce que vous l'avez
quand même dit tantôt, là, qu'il faudrait prendre des dispositions pour
s'assurer d'avoir la main-d'oeuvre. Est-ce que c'est juste de bonifier les
salaires et tout ça? Ça, on est en train de le faire. Mais, si vous voulez
quelque chose de plus que ça, je serais intéressé de savoir ce que vous
proposez.
Sur le droit d'avoir une place, écoutez,
j'ai discuté de ça aussi tantôt avec un autre groupe. C'est une de vos
recommandations, c'est la première. Et moi je vous avoue que j'ai un enjeu avec
la façon dont vous le proposez puis je veux qu'on en discute pour qu'on puisse
aller au bout de cette idée-là. Sur le fond, je suis d'accord avec vous. Sur
l'objectif, donc je suis d'accord avec vous, il faut s'assurer que chaque
enfant puisse avoir une place dans un service de garde éducatif à l'enfance au
Québec. C'est la raison pour laquelle on propose... je propose, dans le projet
de loi, un article qui vient obliger le gouvernement pour la première fois. Ça
ne s'est jamais fait. On vient se donner une obligation de développer des
places lorsqu'il en manque. Donc, ça, ça va...
M. Lacombe : ...donc je
suis d'accord avec vous, il faut s'assurer que chaque enfant puisse avoir une
place dans un service de garde éducatif à l'enfance au Québec. C'est la raison
pour laquelle on propose, je propose, dans le projet de loi, un article qui
vient obliger le gouvernement, pour la première fois, ça ne s'est jamais fait,
on vient se donner une obligation de développer des places lorsqu'il y en
manque. Donc, ça, ça va servir à ce qu'il n'y ait pas un gouvernement après
nous qui vienne dire : Bien, ça coûte trop cher, il faut équilibrer le
budget, puis on coupe dans le développement des places. Donc, c'est une
garantie qu'on se donne les moyens de créer ces places-là.
La raison pour laquelle on ne fait pas la
même chose que dans le réseau de l'éducation et que ce n'est pas notre
proposition, c'est parce que notre réseau, ce n'est pas le réseau de
l'éducation. Il n'est pas opéré par l'État, c'est un réseau qui est, à la base,
géré par la communauté, si on pense aux CPE. Il y a des entreprises, les
garderies. Il y a des travailleuses autonomes aussi que sont les responsables
des services de garde en milieu familial. Donc, comment on fait pour assurer ce
droit-là si ce n'est pas le gouvernement, comme en éducation, qui offre le
service? Qu'est-ce qu'on fait concrètement, dans vos régions, dans vos
municipalités, si on a trois, quatre, cinq, six responsables de service de
garde en milieu familial qui décident de fermer leurs portes le même mois, que
ces enfants-là se retrouvent sans service? Le gouvernement a une obligation
légale d'offrir le service aux enfants. Qu'est-ce qu'on fait si ça arrive?
Mme Claveau (Carolann) :
Tout d'abord, je veux prendre le temps de mentionner qu'on est vraiment
heureuses d'entendre qu'il y a une volonté sincère de la part du ministère de
la Famille de compléter le réseau. Puis justement l'obligation qui est ajoutée
dans la loi d'ajouter des places, de créer des places va en ce sens-là, puis
ça, on s'en réjouit, bien sûr.
Mais on pense vraiment qu'il faut faire
attention parce que ce n'est vraiment pas la même chose, une obligation de
créer des places puis inscrire officiellement l'accès au service de garde
éducatif comme un droit universel pour chaque enfant. La façon dont ça va
s'articuler, la façon dont ça va être mis en place, ça ne relève pas de la
compétence des parents. Par contre, une chose est sûre, c'est que nous, on
pense que ce droit-là ne devrait pas être dépendant de la disposition des
ressources, quelque autre considération plus administrative ou territoriale.
Comme on l'a mentionné, il y a plusieurs
études qui démontrent que le développement de l'enfant, sous toutes ses
facettes, est vraiment crucial, surtout en zéro et cinq ans. Puis on pense
honnêtement que la question ne devrait pas se poser, là. Quand le parent est
prêt à franchir l'étape de l'intégration de son enfant à un service de garde
éducatif, il devrait pouvoir le faire. Puis chaque enfant devrait pouvoir se
développer à son plein potentiel.
• (17 h 50) •
M. Lacombe : Bien, je
suis d'accord avec vous, encore une fois, sur le fond. Sauf qu'on a une
responsabilité comme gouvernement, comme État de s'assurer que, lorsqu'on
prévoit un droit pour les parents, ce droit-là puisse être respecté. Parce que,
si on offre un droit et qu'on n'a pas de moyen de le faire respecter, vous
comprenez bien que ça ne sert à rien, qu'on s'expose à des poursuites. Donc,
sincèrement on a cet objectif-là. Et c'est la raison pour laquelle on se donne une
obligation de moyen, qui, selon nous, dans notre réseau, parce que notre réseau
a sa propre personnalité qui est différente de celle du réseau de l'éducation,
qui est opéré, lui, par le gouvernement, bien, à mon sens, ce qu'on propose,
c'est effectivement un droit pour les enfants, c'est un...
M. Lacombe : …donc,
sincèrement, on a cet objectif-là. Et c'est la raison pour laquelle on se donne
une obligation de moyens qui, selon nous, dans notre réseau… Parce que notre
réseau a sa propre personnalité qui est différente de celle du réseau de l'éducation
qui est opéré, lui, par le gouvernement, bien, à mon sens, ce qu'on propose,
c'est effectivement un droit pour les enfants, c'est un droit à notre image
dans notre réseau qui respecte les particularités de notre réseau. Sinon… Puis
je comprends que ce n'est pas de… Vous dites : Ce n'est pas vraiment dans
notre champ de compétence, là, d'avoir les moyens, puis je ne veux pas vous
mettre dans l'embarras, encore une fois, je respecte ça puis je comprends ce
que vous nous dites, mais vous nous faites cette proposition-là. Donc, moi, la question
que je vous pose, c'est : Est-ce qu'il n'y a pas une zone de compromis où
on peut être d'accord sur l'objectif et que, pour protéger le fait que notre
réseau est géré par la communauté, et qu'on souhaite qu'il demeure pour
protéger aussi le rôle des RSG qui sont des travailleuses autonomes, protéger
leur autonomie, bien, le compromis à faire, c'est de se donner cette
obligation, moyen là, mais de garder le réseau comme on le connaît? Est-ce que
ça, c'est un compromis qui est acceptable?
Mme Caron (Maude) : Est-ce que
je peux me permettre? Merci. En fait, je voulais juste simplement revenir sur
les moyens que vous vous donnez, en tant que ministre, de justement parvenir à
répondre à la demande. Vous dites que c'est à chaque six mois, mais moi,
je me demandais : Est-ce que c'est inscrit à même la loi? Parce que nous,
on ne l'a pas vu, cet élément-là. Puis je me dis, en ce moment, vous le faîte
parce que, tu sais, vous êtes… tu sais, vous travaillez bien, mais ça ne veut
pas dire que, tu sais, dans cinq ans, ça sera encore vous le ministre de
la Famille.
M. Lacombe : Je comprends,
oui.
Mme Caron (Maude) : Donc,
nous, on pense que… Par exemple, là, en ce moment, tu sais, la loi, en ce
moment, elle date presque de 2005, donc ça risque d'être la même loi dans
20 ans. Alors, on pense que ça devrait être inscrit…
M. Lacombe : Vous aimeriez
qu'on l'inscrive, vous aimeriez que ça soit écrit.
Mme Caron (Maude) : Oui,
exactement, la fréquence.
M. Lacombe : Bien, je
comprends, oui.
Mme Caron (Maude) : Et aussi,
quand vous dites : Tous les territoires — je m'excuse de vous
interrompre, j'ai eu peur de manquer mon point — aussi, quand vous
dites : Tous les territoires sont observés, nous on aimerait vraiment que
ce soit fait avec le comité consultatif parce que c'est eux qui sont capables
vraiment de déterminer les besoins de leur propre territoire. Donc, tu sais, si
c'est fait de façon statistique, un peu comme ça, on a regardé, c'est important
de savoir ce que les comités consultatifs en pensent.
M. Lacombe : Oui, je
comprends. Oui. Bien, c'est l'objectif des comités, les CCR, là, qu'on souhaite
mettre en place, effectivement. Mais moi, je vais revenir avec ma question,
parce que je vais me faire talonner, là, par les oppositions qui sont devant
moi en ce moment, sur le droit, parce que vous le proposez. Donc, si vous les
proposez, je veux avoir cette discussion-là avec vous puis aller jusqu'au bout
de l'idée. Moi, ce que je vous dis, c'est que je suis d'accord avec l'objectif
de s'assurer que le gouvernement ait une obligation, là. Par contre, cette
obligation-là, à mon sens, il faut que ce soit une obligation de moyens. Donc,
il faut s'obliger à créer des places pour qu'il y en ait suffisamment pour les
enfants, mais aussi accepter que, parfois, il y aura une période de flottement,
le temps qu'on prépare cette place-là pour les enfants. Mais on se donne une
obligation d'y arriver puis d'avoir une bonne prévisibilité. Est-ce que ce
n'est pas là un compromis qui est acceptable pour protéger l'autonomie de notre
réseau? Parce que, sinon, pour que le gouvernement garantisse ça, il faut…
M. Lacombe : …aussi accepter
que, parfois, il y aura une période de flottement, le temps qu'on prépare cette
place-là pour les enfants. Mais on se donne une obligation d'y arriver puis
d'avoir une bonne prévisibilité. Est-ce que ce n'est pas là un compromis qui
est acceptable pour protéger l'autonomie de notre réseau? Parce que, sinon,
pour que le gouvernement garantisse ça, il faut nationaliser le réseau,
s'assurer qu'il y ait suffisamment de places en installation pour tout le monde,
sans compter sur le milieu familial, vous comprenez? Le gouvernement… ce que
vous proposez, c'est… Il a une responsabilité légale envers ces parents-là de
leur donner une place, donc est-ce que ce n'est pas un compromis qui est
acceptable pour vous?
Mme Claveau (Carolann) : Je
pense que c'est un pas dans la bonne direction. On était contentes de le lire,
à la lecture du projet de loi n° 1. Par contre, on
pense vraiment que c'est important de l'inscrire comme un droit de l'enfant,
comme ça a été fait… je comprends que ce n'est pas le même réseau, mais ça a
été quand même ajouté à la Loi n° 5, en ce qui
concerne les maternelles quatre ans. On se dit que c'est sûrement possible de
l'inscrire aussi dans ce cas-ci, tout en respectant les particularités du
réseau d'éducation à la petite enfance.
Vous avez mentionné, M. le ministre, un
peu plus tôt, le fait que c'était bien différent, c'était particulier parce que
c'était géré par les communautés. Oui, on est bien d'accord, mais je ne pense
pas que… bien, l'un n'empêche pas l'autre, en fait. Maude, tu pourras peut-être
ajouter, mais personnellement je ne pense pas qu'il faut sous-estimer les communautés
non plus dans tout ça.
M. Lacombe : Mais on a un cas
concret, là, parlons-en, puisque c'est important, là, puis je suis sincère, je
veux vraiment qu'on arrive avec la meilleure solution. Si le gouvernement a
cette obligation légale, là, et que, dans une ville, il y a des travailleuses
autonomes, que sont nos RSG, qui décident de cesser leurs activités, comment on
fait respecter ce droit-là que nous, comme gouvernement, on a garanti aux
parents? Alors que le service, là, il ne repose pas entre nos mains? Comment on
fait?
Mme Caron (Maude) : Bien,
écoutez, M. le ministre, vous pouvez faire exactement comme le ministre de l'Éducation
a fait, c'est-à-dire… On ne vous demande pas de le faire tout de suite, on vous
ne dit pas : Demain, on veut que l'éducation à l'enfance soit un droit
pour tous. Ce qu'on dit, c'est qu'on aimerait ça que ça soit inscrit à même la
loi pour que, par la suite, lorsque vous considérez que vous avez les
ressources nécessaires, lorsque vous considérez que vous avez rempli votre
mandat, que vous avez créé les 37 000 places, que vous avez amélioré les
conditions des éducatrices, que, là, ça en devienne un. C'est ça, notre but,
c'est qu'on ne veut pas avoir à se battre comme ça pendant 20 ans.
M. Lacombe : non, je comprends
bien.
Mme Caron (Maude) : On est en
contact avec des dames qui se battent depuis les années 70 pour ce droit-là à
l'éducation à la petite enfance. On pense que, dans la société de nos jours, où
toutes les femmes ont droit à leur place sur le marché du travail, bien, ça
devrait être aussi un droit d'avoir une place pour…
M. Lacombe : Bien, je suis
d'accord avec vous sur le fond, soyez-en assurée. Par contre, on a aussi des
obligations légales quand on se donne un droit. Et, moi, je souhaite avoir un
équilibre entre un réseau qui continue d'être géré dans la communauté, nos CPE,
des travailleuses autonomes aussi, nos RSG. Et je veux le souligner encore une
fois, même la journée où on aura suffisamment de places pour tous les enfants…
M. Lacombe : …sur le fond,
soyez-en assurés. Par contre, on a aussi des obligations légales quand on se
donne un droit. Et, moi, je souhaite avoir un équilibre entre un réseau qui
continue d'être géré dans la communauté, nos CPE, des travailleuses autonomes
aussi, nos RSG. Et je veux le souligner encore une fois, même la journée où on
aura suffisamment de places pour tous les enfants, si on a des RSG qui ferment,
le gouvernement doit être capable d'assurer… si on se donne cette
obligation-là, de donner une place à chaque enfant, et ce n'est pas possible
avec le réseau qu'on a. Par contre, on peut se donner une obligation de moyens
pour la première fois de l'histoire du réseau, et c'est ce qu'on va faire dans
ce projet de loi là. Mais j'ai bien pris connaissance de votre mémoire, puis on
s'en inspirera pour la suite des choses, bien sûr, puis les oppositions aussi
l'ont lu.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci.
Mme Caron (Maude) : On
voulait…
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci beaucoup.
Mme Caron (Maude) : On
voulait vraiment vous remercier... Je m'excuse, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) :
C'est correct.
Mme Caron (Maude) : …de
notre présence. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci beaucoup.
M. Lacombe : Ça me fait
plaisir.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Donc, je cède maintenant la parole au député de LaFontaine.
M. Tanguay
:
Merci, Mme la Présidente. À mon tour de vous saluer, Mme Caron,
Mme Claveau, bonjour. Heureux de vous retrouver, Mme Claveau. De
mémoire, le 26 mai dernier, je pense, vous étiez accompagnée évidemment de
votre tout-petit avec votre mari également au Parc de la Francophonie. On avait
été faire un pique-nique ensemble. Ça participait, depuis mars 2021, de ce
magnifique… d'un autre événement initié par ce magnifique mouvement qui est Ma
place au travail. Je me rappelle, moi, dès le 19 mars 2021, puis je salue
et je remercie celle qui m'a aiguillé sur les tout débuts du mouvement. C'est
Florence Thivierge, qui est derrière moi, là, avec laquelle je travaille, que
vous connaissez bien également, qui m'avait dit : Écoute, Marc, il faut
absolument les rencontrer. Puis là je dis : Qui on va rencontrer? Elle
dit : Elle s'appelle Myriam Lapointe-Gagnon. Alors, le vendredi
19 mars, 11 heures, je me rappellerai toujours, on a eu un premier
contact. Et je tiens à vous féliciter pour ce magnifique mouvement. Vous le
dites vous-même, au niveau des adhérents, 8 550 membres, 13 500
abonnés. C'est remarquable.
Avec le peu de temps qui m'est imparti,
j'aimerais rebondir sur le débat que le ministre… et les échanges que le
ministre a pour dire : Écoutez, on ne peut pas faire en sorte qu'il y ait
un droit. Mais il dit toujours que le projet de loi qu'on a déposé, au Parti
libéral du Québec, le projet de loi de loi n° 897, il dit : Il y a
essentiellement un article. Mais il oublie de dire une chose : Il y a deux
articles. Et le deuxième n'est pas moins essentiel, 5 ans. Je comprends le
ministre que dans un état de crise du réseau des services de garde aujourd'hui,
un droit à un service de garde, c'est impossible. Mais quand on se dit, on
prend le 6 milliards, on y va sur 5 ans. On va faire en sorte de
véritablement valoriser la profession des éducatrices, des intervenantes. On va
développer le réseau. On va axer ça sur les CPE. Nous, on prône 85 % de
CPE. Ça peut être possible. Et de le faire sur 5 ans, ça devrait être
notre objectif, notre ambition. Et ça, comme vous l'avez bien dit, ça se fait
fait dans le domaine scolaire, et c'est tout à fait réalisable.
• (18 heures) •
Alors, j'aimerais peut-être vous donner
l'occasion, peut-être, de clore sur cet aspect-là. Nous, je vous informe...
Puis, Mme la Présidente, je vais donner une petite pièce d'information. Mme la
Présidente, nous, on va déposer un amendement à l'article 2. On va
dire : On va conserver le début lorsque vous dites que c'est un droit,
puis dans le deuxième alinéa, on va enlever…
18 h (version non révisée)
M. Tanguay
: ...scolaire,
et c'est tout à fait réalisable. Alors, j'aimerais peut-être vous donner l'occasion,
peut-être, de clore sur cet aspect-là. Nous, je vous informe... Puis, Mme la
Présidente, je vais donner une petite pièce d'information. Mme la Présidente,
nous, on va déposer un amendement à l'article 2. On va dire : On va
conserver le début, lorsque vous dites que c'est un droit, puis dans le deuxième
alinéa, on va enlever : «Ce droit s'exerce en tenant compte de», excuses,
excuse, excuse. Il y a trois types d'excuses pour ne pas donner le service.
Mais sur cinq ans, collectivement, je
pense qu'on pourrait avoir cette ambition raisonnable là. J'aimerais vous
entendre, peut-être, pour clore cet aspect-là, parce que vous en faites votre
première recommandation.
Mme Claveau (Carolann) : Merci
beaucoup, M. Tanguay, c'est un plaisir pour moi aussi de vous recroiser aujourd'hui
dans ces circonstances-ci. Effectivement, comme on l'a mentionné, ma collègue Maude
et moi, on trouve vraiment que c'est... C'est pour ça que c'est notre première recommandation
aussi, puis on en a parlé depuis les tout débuts du mouvement parce que, quand
la pénurie a frappé, on a vraiment été abasourdies par l'ampleur de l'impact
que le manque de places pouvait avoir, non seulement sur les enfants, mais sur
les parents, sur les familles élargies, sur les employeurs, sur... en fait, une
onde de choc sur plusieurs sphères de la société québécoise, pas seulement sur
les familles puis leur bulle familiale. Donc, pour ces raisons-là aussi, on
trouve que c'est définitivement une bonne idée d'inscrire le droit universel
d'accès aux services de garde éducatif à l'enfance au projet de loi n° 1.
C'est sûr que, comme je le mentionnais
plus tôt dans l'articulation de tout ça, dans la mise en place de tout ça, on
ne peut pas se prononcer, nous, comme parents, à savoir, bien, on va faire ça
comme ça, puis ça va se passer de telle façon. Par contre, on va être là,
évidemment, pour donner des idées ou pour s'impliquer quand ça va être
nécessaire, comme on le fait pour nos enfants quand ils ont une place en
garderie, les plus vieux quand ils sont à l'école. Les parents voudront bien
s'impliquer.
Puis ce qu'on demande, ce n'est pas
nécessairement que ce soit tout de suite. M. le ministre de la Famille
mentionnait, tout à l'heure, la possibilité qu'il y ait des poursuites en cas
de fermeture. Évidemment, on pense que c'est possible de mettre en place des
mécanismes qui permettraient que ce droit puisse être exercé en tenant compte
des imprévus, évidemment. Puis, comme vous le mentionniez dans votre
introduction, c'est certain que... on pense que c'est réalisable, on ne croit
pas que c'est du domaine de la fantaisie de penser que ce serait possible de
rendre le droit universel concret pour nos enfants, surtout si la volonté est
là pour créer autant de places, pour compléter le réseau, pour améliorer les
conditions des travailleurs en CPE, des travailleuses en CPE.
Je ne sais pas si, Maude, tu veux ajouter?
M. Tanguay
: Oui, je
vous en prie, Mme Caron.
Mme Caron (Maude) : Simplement
ajouter que, nous aussi, c'était notre recommandation d'enlever les alinéas suivants.
On trouve que c'est… en fait, ça s'articule très bien dans l'article de loi, le
premier alinéa. C'est tout ce qu'on a de besoin, nous, dans notre cas. Donc,
voilà.
M. Tanguay
: Tout à
fait, tout à fait. Alors, on va déposer l'amendement. Qui sait, peut-être que
le ministre va voir la...
Mme Caron (Maude) : …simplement
ajouter que, nous aussi, c'était notre recommandation d'enlever les alinéas
suivants. On trouve que c'est… en fait, ça s'articule très bien dans l'article
de loi, le premier alinéa, c'est tout ce qu'on a de besoin, nous, dans notre
cas, donc voilà.
M. Tanguay
: Tout à
fait. Alors, on va déposer l'amendement. Qui sait, peut-être que le ministre va
voir la lumière, surtout que, peut-être, là, il réalise que : Ah! en cinq
ans, on peut le faire. Aujourd'hui, dans le réseau de services de garde, dans
la crise qu'on connaît, non, du jour au lendemain, ça serait impossible. Ça, je
lui donne, mais sur cinq ans, je pense qu'on peut avoir cette ambition-là qui
est tout à fait raisonnable.
J'aimerais vous poser une question
au-delà, là… puis on aura le temps, je vais prendre quelque temps, là, pour
poser des questions beaucoup plus précises, mais vous avez été un mouvement qui
avez apporté la voix des parents qui vivent… puis ça, ça a toujours été
l'élément dont on a fait écho à l'Assemblée nationale, stress financier,
détresse psychologique. Quel est l'état de la situation? Aujourd'hui, on sait
que la liste d'attente, c'est toujours 51 000.
On a vu ce qui est arrivé, les C.V. de bébés, les annonces sur Kijiji pour
acheter une place, la publicité dans les hebdos avec la photo du bébé. Qu'en
est-il de votre rétroaction que vous avez sur les parents, aujourd'hui? C'est,
j'imagine, là… c'est toujours un écueil majeur, un nuage énorme au-dessus de la
tête des parents. Puis, quand les parents sont affectés, le développement des
tout-petits l'est aussi.
Mme Claveau (Carolann) : Oui,
merci pour la question. C'est effectivement une réalité qui a toujours cours.
Ça fait plusieurs mois. Au début du mouvement, il y avait déjà de la détresse.
Ça fait maintenant huit mois, comme on le mentionnait, puis évidemment, bon, le
réseau n'est pas complété, il ne va pas se compléter comme ça, du jour au
lendemain. On est conscients, mais, pendant ce temps-là, les parents qui n'ont
pas de place pour leurs enfants vivent un casse-tête incroyable, beaucoup de
détresse. Puis on considère vraiment qu'il y a urgence d'agir de ce côté-là.
Parce que nous, à tous les jours, sans entrer dans les chiffres, je ne les ai
pas comme ça sur le bout des doigts, mais on reçoit à tous les jours des
témoignages de parents ou de membres de la famille qui nous partagent leur
réalité, que ce soit un événement du jour qui est rendu… qui a pris des ampleurs
beaucoup plus complexes parce que, justement, le bébé n'a pas de place en
garderie. Puis il y a aussi des gens qui demandent de l'aide. Alors, tu sais,
les grands-parents des enfants, pour prendre la relève, mais ses grands-parents
ont aussi, peut-être, un travail encore ou est-ce qu'ils ont des problèmes de
santé qui font que c'est plus difficile? Il y a beaucoup de conséquences sur
l'environnement de l'enfant, comme vous le dites, mais aussi élargi. C'est pour
ça que nous, on avait une recommandation en ce sens-là dans le mémoire pour, en
fait, qu'il y ait de l'aide.
On ne comprend pas, en fait, qu'il n'y ait
pas d'aide, encore à ce jour, pour toutes ces familles-là qui se retrouvent… Il
y en a beaucoup, là, on disait 51 000.
Comment ça se fait qu'il n'y a pas encore d'aide pour ces parents-là qui sont
toujours en attente d'une place pour leurs bébés? Le coussin financier
s'effrite. Parfois, il n'y en a pas du tout. Il y a plusieurs familles qui
n'ont pas de réseau non plus…
Mme Claveau (Carolann) : …qu'il
n'y ait pas d'aide, encore à ce jour, pour toutes ces familles-là qui se
retrouvent… Il y en a beaucoup, là, on disait 51 000. Comment ça se fait
qu'il n'y a pas encore d'aide pour ces parents-là qui sont toujours en attente
d'une place pour leurs bébés? Le coussin financier s'effrite. Parfois, il n'y
en a pas du tout. Il y a plusieurs familles qui n'ont pas de réseau non plus,
qui n'ont pas de parent proche à qui demander de l'aide. Il y a aussi des
populations encore plus vulnérables qui peuvent encore moins compter sur un
réseau pour les dépanner, pour les aider dans tout ça. Il est temps qu'on pense
à eux, ces parents-là. On est contents de voir que le réseau sera probablement
complété bientôt. Ça avantage beaucoup les familles qui vont avoir des enfants
dans les prochaines années. Par contre, les parents qui ont déjà des enfants,
surtout les poupons, ils ont besoin aussi d'être soutenus, là, surtout
financièrement, comme vous le mentionniez, mais aussi dans les autres sphères
de leur quotidien.
M. Tanguay
: Mme Caron,
si vous vouliez ajouter, j'aurai une autre question après.
Mme Caron (Maude) : Bien, en
fait, je pense que Carolann a tout dit. En fait, c'est horrible, les
témoignages qu'on reçoit, puis il faut une aide financière. Cette aide
financière là, elle aurait dû venir en mars passé, là. Puis, en ce moment, il y
a eu beaucoup, beaucoup d'aide fédérale qui a été offerte, par exemple, le RQAP
à 500 $, on a reçu aussi un montant si on avait moins de 120 000 $, on a
reçu des montants cette année, mais tout ça est terminé, mais les familles sont
encore dans l'embarras. Ça fait qu'il faut les aider. Là, on parle de
37 000 places à être créées, bien, ça veut dire que c'est 37 000
familles, en ce moment, qui n'ont pas cette aide financière là, là.
M. Tanguay
: Tout à
fait. Vous faites également un plaidoyer pour que le développement se fasse
très, très majoritairement en CPE. Vous dites donc et vous suggérez donc au
gouvernement d'avoir des incitatifs pour faire une conversion de certaines
garderies en CPE. Et puis je dois vous dire qu'on a eu des témoignages de
propriétaires de garderies qui disent : Bien, nous, on serait prêts à être…
à racheter pour qu'on puisse faire un CPE. Évidemment, selon des balises, pour
que le payeur de taxes puisse en avoir, évidemment, pour son argent. Mais ça,
c'est un plaidoyer pour les CPE, pour le développement des nouvelles places
puis même pour de la conversion aussi, là, c'est important pour vous.
La Présidente (Mme D'Amours) :
En 30 secondes.
Mme Caron (Maude) : Oui,
absolument. Effectivement, on considère qu'il y a beaucoup de garderies privées
qui auraient préféré être un CPE, puis ils n'en ont pas eu l'occasion parce
qu'à cette époque-là il n'y avait pas d'appel de projets. Et puis tout ce
qu'elles souhaitent, en fait, leur but, ce n'est pas… ils n'ont pas d'objectif
pécunier nécessairement, ils veulent un milieu de vie avec… qui a des ressources,
puis ces ressources-là se retrouvent majoritairement en CPE. Donc, on sait que
c'est là où la qualité est, on sait que c'est là où il y a le moins de bris de
service, que les conditions des éducatrices sont les meilleures. Donc, nous,
c'est vraiment notre objectif, c'est…
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Je suis désolée.
Mme Caron (Maude) : Je
m'excuse, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci beaucoup. Maintenant, je cède la parole à la députée de Sherbrooke pour
une période de 2 min 45 s.
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. Moi, je pense que vous avez raison qu'on…
Une voix : …donc, nous, c'est vraiment
notre objectif…
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Je suis désolée.
Une voix : Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci beaucoup. Maintenant, je cède la parole à la députée de Sherbrooke pour
une période de 2 min 45 s.
• (18 h 10) •
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. Moi, je pense que vous avez raison qu'on pourrait tout à fait
prévoir le droit à une place en service éducatif subventionné dans le projet de
loi, on pourrait faire comme le ministre de l'Éducation l'a fait puis juste
laisser le gouvernement décider le moment de l'entrée en vigueur de cet
article-là dans la loi. Et puis on peut même faire ça en laissant la gestion du
réseau à la communauté, il suffit de développer assez de place puis, de toute
façon, c'est ça qu'il faut faire si on veut respecter le choix des parents. En
ce moment, les parents n'ont pas nécessairement le choix puis si on veut
respecter leur choix, il faut développer suffisamment de places pour qu'ait des
places dans différents milieux.
Je veux vous amener sur la question de la
qualité, parce que vous en parlez vraiment beaucoup dans votre mémoire, il y a
l'AQCPE qui a proposé de rendre disponibles les résultats des évaluations de
qualité pour que les parents puissent les consulter, ils ont proposé de faire
ça pour tous les types de milieu éducatif. Qu'est-ce que vous en pensez de
cette suggestion-là?
Mme Caron (Maude) : Bien, pour
ma part, je pense que les parents, c'est sûr… en fait, là, je pense que les
parents, ce serait une insulte à leur intelligence de juste penser qu'on veut
une place subventionnée à tout prix puis que ça ne nous dérange pas, la
qualité. La qualité, c'est sûr que c'est extrêmement important. Maintenant, il
faudrait qu'on détermine en groupe qu'est-ce qu'on pense de cette proposition-là…
Mme Labrie : Mais, en fait,
juste me dire peut-être, vous sentez-vous équipés, en ce moment, comme parents,
pour connaître la qualité d'un milieu?
Mme Caron (Maude) : Ah non, absolument
pas, absolument pas. Donc, ça, c'est vraiment manquant en ce moment. Il y a beaucoup,
beaucoup de parents qui nous écrivent, qui nous disent : Ah! je suis allée
visiter un milieu, je ne suis pas certaine si c'est un milieu de qualité, on ne
voit pas de jouets traîner, tu sais. Il faudrait obligatoirement outiller les
parents pour qu'on ait… pour qu'on sache, lorsqu'on visite un milieu, qu'on ait
des outils, en fait, pour savoir si notre milieu est de qualité, oui, c'est vraiment
important, effectivement. Maintenant, la façon, dont ça peut s'articuler, encore
une fois, on ne sait pas, mais oui, effectivement, la qualité, pour nous, c'est
une… c'est vraiment ce qui est au noeud du problème, là, en ce moment.
Mme Labrie : Puis vous nous
confirmez que vous ne vous sentez pas outillés comme parents en ce moment,
quand vous devez faire un choix quand on vous offre une place.
Mme Caron (Maude) : Non, puis
c'est sûr qu'en ce moment, en ce moment, il y a très peu de parents qui peuvent
faire des choix, en fait, on prend… tu sais, c'est comme une espèce de loterie
en ce moment, tu sais, on visite des milieux puis on est extrêmement heureux
lorsqu'on trouve une place pour notre enfant, mais, effectivement, on n'est pas
outillé pour déterminer la qualité.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci beaucoup. Nous sommes prêts à entendre maintenant la députée de Joliette,
toujours pour 2 min 45 s.
Mme
Hivon
:
Bonjour à vous deux. Merci pour votre mémoire et votre implication pour tous
les parents, sans place, du Québec. Donc…
Une voix : ...pour déterminer
la qualité, là.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci beaucoup. Nous sommes prêts à entendre maintenant la députée de Joliette toujours
pour 2 min 45 s.
Mme
Hivon
:
Bonjour à vous deux et merci pour votre mémoire et votre implication pour tous
les parents sans place du Québec.
Donc, si je vous ai bien compris, oui,
vous avez vraiment un grand plaidoyer pour la qualité qu'on partage bien évidemment.
Vous faites un plaidoyer pour le développement des places en CPE qu'on partage
aussi. Je veux savoir, vous dites : Un minimum de 85 %, là, qui était
la règle qui s'appliquait jusqu'à tout récemment. Est-ce que vous souhaitez
qu'il y ait un maximum de places soit développé en CPE? Est-ce que vous êtes
aussi pour la conversion d'un maximum de places en CPE? Je suis curieuse de
savoir ce que vos parents, les parents de votre groupe disent par rapport à
leurs préférences.
Mme Caron (Maude) : Bien,
en fait, je pense que c'est unanime. En fait, tous les parents.... Tout
simplement, dès qu'on fait des enfants, on a cette idée-là un peu... un peu...
Mme
Hivon
:
Romantique.
Mme Caron (Maude) : Oui,
c'est ça, de croire que, dès qu'on va avoir un enfant, on va pouvoir l'inscrire
à un CPE puis très vite on se fait démolir notre rêve, on se fait dire que ça
va prendre trois ans, quatre ans, et ça, c'est si on se fait appeler. Donc, je
pense que les parents effectivement voient vraiment les CPE comme l'Eldorado
des milieux de garde. Puis, tu sais, ce n'est pas seulement une espèce de
chimère, là, c'est vraiment... c'est prouvé par des études, ça a été prouvé en
fait par maintes études que c'était là qu'on trouvait la meilleure qualité.
Donc, c'est sûr que, pour les parents, c'est ce qu'on préconise. Est-ce que tu
voulais rajouter quelque chose?
Mme Claveau (Carolann) :
Je voulais juste rajouter qu'on n'est pas... excusez-moi, merci pour la
question.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Allez-y, oui.
Mme Claveau (Carolann) :
On n'est pas contre l'idée de la conversion, non plus de garderies privées en
subventionné, tant que ce soit... justement que la qualité soit assurée par des
critères, par des évaluations ou... qui permettraient justement aux parents de
faire un choix éclairé que ce soit un CPE ou un autre type de ressource de
milieu éducatif. Et bien sûr on pense que la complétion du réseau puis l'offre
de places de qualité et abordables qui réponde aux besoins des enfants passe
par les CPE d'abord.
Mme
Hivon
:
Juste pour être clair...
Mme Caron (Maude) : Les
CPE et les milieux familiaux.
Mme Claveau (Carolann) :
Et les milieux familiaux, oui, c'est...
Mme Caron (Maude) : Et
aussi par la conversion de garderies non subventionnées en CPE aussi. On veut d'abord
ça. Mais on sait que, dans un objectif 85-15, il va y avoir aussi des
garderies subventionnées, donc on espère que ces garderies-là vont avoir des
critères très stricts de... très, très stricts d'évaluation...
Mme
Hivon
:
De qualité.
Mme Caron (Maude) : ...de
qualité puis qu'ils vont avoir les mêmes... la même échelle de salariale que le
ministère.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci infiniment. Mme Caron, Mme Claveau, je vous remercie pour votre
contribution à nos travaux. Donc, on vous dit un au revoir. Merci.
Une voix : Merci beaucoup...
Mme Caron (Maude) : …ils vont
avoir la même échelle salariale que le ministère.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci infiniment, Mme Caron, Mme Claveau. Je vous remercie pour votre
contribution à nos travaux. Donc, on vous dit un au revoir. Merci.
Avant d'ajourner la séance, je vous
soumets deux motions portant sur l'organisation des travaux de la commission.
La prorogation de la première session de la 42e législature a mis fin à
tous les ordres et à tous les mandats qui avaient été adoptés par la commission.
Donc, en conséquence, je propose afin de créer le comité directeur de la commission
la motion suivante :
«Que la Commission de l'administration
publique, conformément à l'article 4 des règles de fonctionnement, constitue un
comité directeur composé du président…
Une voix : …
La Présidente (Mme D'Amours) :
Ah! oui, c'est vrai. Je lis le document. Minutieusement, mon secrétaire me
rapporte que Commission de l'administration publique, ce n'est pas la nôtre.
Donc, c'est «Commission des relations avec les citoyens».
Donc, je reprends ma motion : «Que la
Commission des relations avec les citoyens, conformément à l'article 4 des
règlements de fonctionnement, constitue un comité directeur composé du
président, des vice-présidents ainsi que du secrétaire.»
Est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Donc, comme la commission se réunira parfois à l'heure des repas, entre séance
de travail ou également à l'occasion des réunions de son comité directeur, je
vous propose la… la motion suivante, pardon :
«Que les repas pris à l'occasion des
réunions du comité directeur et des séances de travail soient payés à même le
budget de la commission.»
Est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix
: Adopté.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Je vous remercie pour votre contribution à nos travaux.
La commission ajourne ses travaux au
jeudi 25 novembre 2021, après les affaires courantes, où elle
poursuivra son mandat. Merci, tout le monde.
(Fin de la séance à 18 h 17)