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Conférence de presse de M. François Legault, premier ministre et Mme Danielle McCann, ministre de la Santé et des Services sociaux

Situation au Québec quant à la COVID-19

Version finale

Le jeudi 9 avril 2020, 13 h

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Treize heures trois minutes)

Le Modérateur : Alors, mesdames messieurs, chers collègues, bienvenue à cette conférence de presse pour faire le point sur la situation au Québec quant à la COVID-19. Le premier ministre du Québec, M. François Legault, est, comme d'habitude, accompagné de la ministre de la Santé et des Services sociaux, Mme Danielle McCann, et du directeur national de santé publique, Dr Horacio Arruda.

Alors, M. le premier ministre, à vous la parole.

M. Legault : Merci beaucoup. Bonjour, tout le monde. Je commence avec le bilan du jour. On a 41 nouveaux décès, donc un total de 216 décès. Je veux, bien sûr, offrir mes condoléances à toutes les familles et les proches de ces victimes. On a maintenant 10 912 cas confirmés, une augmentation de 881. On a 679 personnes hospitalisées, c'est une augmentation de 47. On a 196 personnes aux soins intensifs, c'est une augmentation de 15.

Donc, comme vous le voyez, bon, le nombre de décès est important, mais on s'y attendait. C'est en ligne avec les prévisions qui ont été déposées. Puis il faut se le dire, là, il reste quelques jours avant d'atteindre le pic, le sommet. Donc, malheureusement, on s'attend à ce qu'il y ait encore des augmentations dans les prochains jours, puis ensuite, ça devrait diminuer. Donc, on est en ligne avec nos prévisions.

Par contre, bon, il faut quand même dire les bonnes nouvelles. Quand on regarde les hospitalisations puis le nombre de personnes aux soins intensifs, on est exactement en ligne avec nos prévisions qui montrent qu'on approche du sommet. Donc, il y a vraiment une belle stabilisation dans les augmentations du nombre de personnes, autant dans les soins intensifs que dans les hospitalisations.

Bon, une chose qui est importante de repréciser, quand on regarde les 216 décès qu'on a jusqu'à présent, 90 % des personnes avaient 70 ans et plus et 9 % avaient entre 60 et 69 ans. Donc, il y a comme... bon, ça veut dire que 99 % des décès, là, c'est des personnes de plus de 60 ans. Donc, ça veut dire quand même... Bon, d'un côté, c'est rassurant pour les plus jeunes, mais évidemment ça nous montre là où il faut mettre l'attention, c'est sur les personnes qui sont plus âgées, bon, puis je m'inclus là-dedans, moi, j'ai 62 ans. Par contre, puis ça, c'est la bonne nouvelle, ce qu'on me dit, dans les personnes qui sont décédées entre 60, 69 ans, ils avaient presque tous des problèmes de maladies chroniques, donc ça veut dire que, si vous êtes en bonne santé comme moi, entre 60 et 69 ans, il n'y a pas d'inquiétude.

Par contre, et puis c'est là que ça va être important dans les prochaines semaines, oui, on est en train de regarder pour rouvrir des entreprises, mais même si les jeunes, les personnes qui vont être dans ces entreprises ne sont pas à risque de conséquences graves, elles peuvent mettre à risque d'autres personnes. Donc, ça va être très important, dans les prochaines semaines, les prochains mois, que toutes les personnes qui ont moins que 60 ou 70 ans fassent très attention de ne pas s'approcher de nos aînés.

Donc, c'est ça, là, qu'il faut se mettre dans la tête, tout le monde, pour les prochaines semaines, les prochains mois : les personnes qui sont vulnérables, ce sont les personnes plus âgées. Donc, elles n'ont pas plus de chances ou moins de chances que les autres d'être infectées, mais elles ont plus de chances, si elles sont infectées, d'avoir des conséquences graves, comme de décéder.

Donc, il faut être très, très prudents, je ne le répéterai jamais assez, mais il faut continuer de se le dire, là, il faut que les personnes plus âgées restent chez elles, puis malheureusement il ne faut pas aller les visiter, il ne faut pas s'approcher de ces personnes à moins de deux mètres et puis ne pas rester longtemps en leur présence.

Bon, évidemment, ça, c'est pour les personnes qui sont dans des maisons. Je reviens sur les résidences puis les CHSLD. Je sais qu'il y a beaucoup de gens qui sont inquiets de la situation dans les CHSLD, mais je veux... puis j'ai posé beaucoup de questions, depuis quelques jours, autant à l'équipe de Danielle qu'à l'équipe du Dr Arruda, puis ce qu'on voit, c'est... Le problème est vraiment dans quelques CHSLD. On a six CHSLD, là, où on a la majorité des décès puis c'est là qu'il y a une situation critique. Donc ça veut dire... C'est important de les nommer, là. Puis je sais qu'on a fait attention de ne pas les nommer, mais on les voit pas mal dans les médias. Donc, c'est important. Puis j'ai fait le choix de les nommer aujourd'hui.

Donc, il y a le CHSLD de Sainte-Dorothée, à Laval, il y a le Centre d'hébergement Notre-Dame-de-la-Merci, à Montréal, il y a le Centre d'hébergement de LaSalle, à LaSalle ou à Montréal, il y a le Centre d'hébergement Alfred-Desrochers, à Montréal, il y a le CHSLD Laflèche, en Mauricie, si je me souviens bien, à Shawinigan ou Grand-Mère, puis il y a le CHSLD la Pinière à Laval.

Donc, c'est là qu'on a la majorité des décès. C'est là qu'est la situation critique. C'est là qu'on travaille fort. Mais on prévient aussi aux autres endroits. Donc, Danielle s'est assurée... Juste au cours des derniers jours, dans les CHSLD, on a ajouté 450 médecins puis on a ajouté 1 000 infirmières et autres personnels de la santé. Donc, on fait vraiment des gros efforts pour se concentrer là parce que c'est là que ça va se jouer puis que ça se joue actuellement.

Bon, peut-être certaines précisions. D'abord, il y a des règles très claires, là. Tout le personnel dans les CHSLD, quand ils s'approchent à deux mètres ou moins d'un patient, d'un résident, d'une résidente, ils sont obligés de porter un masque. Donc, c'est clair, là, la directive est claire, quand le personnel s'approche à un patient à moins de deux mètres, toujours, il doit porter le masque.

L'autre chose qui est importante aussi de dire, parce qu'il faut comme rassurer les familles qui ont des résidents, résidentes qui ne sont pas dans les CISSS, CHSLD critiques, quand il y a un cas de COVID-19, les familles sont appelées. C'est la directive qui est donnée, là, il faut que les familles soient appelées. Donc, si vous n'êtes pas appelé, c'est parce qu'il n'y a pas de cas de COVID-19.

Bon, l'autre chose. Bonne nouvelle aujourd'hui. Vous savez, on avait déjà annoncé… Pour les centres d'hébergement privés, il y avait beaucoup de gens qui ne gagnaient pas des gros salaires. On avait déjà annoncé qu'on donnait une augmentation de 4 $ de l'heure, payée par le gouvernement, aux préposés aux bénéficiaires. On avait annoncé aussi, dans tout le réseau public, une augmentation de 8 % pour les infirmières et infirmières auxiliaires puis de 4 % pour le reste du personnel. À partir d'aujourd'hui, puis rétroactif au 13 mars, il va y avoir la même prime dans les résidences privées, donc ça veut dire les infirmières, les infirmières auxiliaires dans les CHSLD privés puis dans les résidences privées vont avoir 8 %, les autres employés 4 %. Puis on garde la prime de 4 $ de l'heure, qui est quand même importante, là, pour des gens qui gagnaient seulement 13 $, 14 $, 15 $ de l'heure. Ça reste tout en place. Donc, évidemment, je pense, ce sont des primes qui sont plus que méritées par le personnel de ces résidences privées, puis on veut en même temps les remercier.

Parlant de remerciements, mes remerciements du jour. Je vais peut-être être un peu différent aujourd'hui, plutôt que de faire des remerciements, je veux rendre hommage à nos aînés. On a une espèce de devoir de mémoire à l'égard de nos aînés. Nos aînés ont bâti le Québec, nos aînés ont passé à travers des épreuves, nos aînés nous lèguent une société qui est plus juste, plus riche, plus belle, et on a un devoir de les protéger. Donc, je veux que ça devienne la priorité de tous les Québécois, toutes les Québécoises : protéger nos aînés. On leur doit ça. Puis je veux en profiter pour, évidemment, saluer les aînés. Je sais que vous vivez une situation qui est difficile. Il y en a plusieurs qui sont seuls à la maison, puis là, bien, on ne leur annonce pas nécessairement des bonnes nouvelles en disant que ça va durer plus longtemps pour nos aînés, ce confinement. Donc, je vous dis merci puis je vous dis qu'on est avec vous.

En terminant, je veux vous dire que samedi, comme d'habitude, la vice-première ministre va me remplacer, puis dimanche on va faire relâche. Étant donné qu'on espère que la crise va s'atténuer, on commence à prendre quelques journées, là, pour revenir un peu, aussi, à la normale.

Mais je termine en revenant sur la consigne, là, la plus importante selon moi : faire attention à nos aînés. Je le sais, en fin de semaine, c'est Pâques, là. Il ne faut pas aller visiter nos parents, nos grands-parents. Faites comme moi, là. Je n'irai pas voir ma mère, dimanche, à Sainte-Anne-de-Bellevue, mais je vais l'appeler. Donc, maman, je t'appelle. Et j'invite tout le monde à faire ça avec vos parents puis vos grands-parents. Vous n'allez pas les voir en fin de semaine, mais vous les appelez. Merci.

Le Modérateur : Maintenant, quelques mots en anglais?

M. Legault : Good afternoon. I know there's a lot of concern about senior residences at the moment, but I don't want Quebeckers to think that the situation is critical everywhere. There are six public residences where the situation is critical, and that's where the majority of deaths occurred. So we concentrate our efforts there, but we're also doing everything we can to prevent the contagion in other residences as well, because protecting the elderlies remains our top priority.

So it's Easter this weekend. I'm asking you not to visit your parents, but please call them. Thank you all.

Le Modérateur : Merci, M. le premier ministre. Alors, pour la période des questions en français, nous allons débuter aujourd'hui avec Andrée Martin, TVA Nouvelles.

Mme Martin (Andrée) : Oui, bonjour à vous trois. Je sais que le nombre de décès dans les CHSLD vous préoccupe. Je pense que ça préoccupe l'ensemble des Québécois également. Pouvez-vous nous donner un ordre d'idées sur le nombre de décès, concrètement là, dans les CHSLD versus dans les hôpitaux, s'il vous plaît?

M. Arruda (Horacio) : Écoutez, dans les CHSLD, actuellement, on en a 106 qui ont été rapportés, c'est-à-dire que ce sont des gens qui étaient originellement en CHSLD. Une proportion est allée à l'hôpital. Ça, c'est bien important de comprendre, ce qu'on classifie ici, c'est l'origine des personnes. Ce n'est pas toutes les personnes en CHSLD qui vont nécessairement à l'hôpital, mais il y en a quelques-uns qui y vont.

Donc, 49 % des gens proviennent du milieu des CHSLD. Après ça, il y en a 22 % qui proviennent directement du domicile; 22 % des résidences de personnes âgées et puis il y en a 2 % qui étaient en CH directement. Il y a un 5 % qui est inconnu, là. Donc, c'est encore dans le milieu des CHSLD où on a le maximum de personnes décédées, parce que c'est là aussi où se retrouvent les personnes les plus malades comme telles, qui ont des maladies chroniques de façon importante et d'autres types de maladies.

Mme Martin (Andrée) : Pourquoi, à ce compte-là, les gens peuvent... les proches peuvent-ils encore aller visiter leurs personnes proches dans les CHSLD? Est-ce qu'il n'aurait pas fallu interdire... parce que, pour des motifs humanitaires, je crois que c'est encore permis à certains endroits. Pourquoi ne pas les avoir interdits plus tôt dans votre stratégie?

M. Legault : Bien, je veux juste dire qu'on... très tôt, on a interdit les visites dans les centres de personnes âgées. On fait une exception pour les personnes qui vont mourir, donc qui sont en fin de vie. Je pense que ça ne serait pas humain de dire à un enfant : Vous ne pouvez pas, une dernière fois, voir votre père ou votre mère, là. Donc, on prend les précautions nécessaires, mais, je pense, c'est tout simplement une question humaine.

Le Modérateur : Prochaine question, Louis Lacroix, Cogeco Nouvelles.

M. Lacroix (Louis) : M. le premier ministre, Mme McCann, M. Arruda, est-ce que c'est possible d'avoir des précisions sur les six centres de personnes âgées que vous avez nommés, à savoir combien il y a de décès dans ces... parce que vous dites que ce sont les endroits critiques, là. Combien il y a de décès dans ces établissements-là? Combien de gens ont testé positifs? Est-ce que vous avez des données en ce sens-là?

M. Legault : Oui. CHSLD Sainte-Dorothée, 16...

M. Lacroix (Louis) : ...des décès?

M. Legault : Des décès, oui. Notre-Dame-de-la-Merci, 13; LaSalle, 7; Alfred-Desrochers, 5; Laflèche, 20; et La Pinière, 10.

M. Lacroix (Louis) : Oui. Excusez-moi, c'est parce que je prends des notes en même temps.

Hier, vous avez créé une espèce de mouvement d'optimisme dans l'industrie de la construction, M. Legault, en ce sens que vous avez dit : Bien, peut-être qu'on pourrait rouvrir en gardant certaines mesures de distanciation. On me dit qu'il y a des entreprises de construction qui ont été submergées, hier, d'appels de clients, etc.

Est-ce que vous pouvez être plus précis, d'une part, sur le moment où vous comptez permettre l'ouverture de cette industrie-là que vous avez déjà qualifiée d'essentielle pour le support économique de l'économie québécoise?

M. Legault : Oui. Bien, écoutez, là, on prévoit, dans les prochains jours, atteindre le pic, là. Donc, il faut s'assurer que ça soit vrai, donc que les chiffres se maintiennent. Ça fait quelques jours que les chiffres d'hospitalisations se maintiennent. Bon, j'aurais dû commencer par dire : J'ai besoin du O.K. du Dr Arruda. Je travaille fort là-dessus.

Mais c'est pour ça aujourd'hui que je disais : 99 % des décès sont chez des personnes de 60 ans et plus. Donc, que des gens plus jeunes aillent travailler dans le secteur de la construction, s'ils ne vont pas proche des personnes de 60 ans et plus, je pense que les risques sont limités.

Donc, évidemment, on va suivre, dans les prochains jours, l'évolution des données, continuer à avoir des discussions, mais je pense qu'il faut quand même commencer à penser à ce que — bien, on voit les chiffres de chômage, là, les centaines de milliers de Québécois qui sont en problèmes financiers — s'il n'y a pas trop de risques, d'être capable de rouvrir, rester à deux mètres. Donc, c'est ce qu'on va suivre dans les prochains jours puis là, bien, on va se donner un plan. Puis, au début, bien, on va se concentrer sur les entreprises où les personnes sont capables de rester à deux mètres.

Le Modérateur : Prochaine question, Geneviève Lajoie, Journal de Québec, Journal de Montréal.

Mme Lajoie (Geneviève) : Bonjour. Donc, vous venez d'en parler, on semble comprendre que le déconfinement que vous prévoyez est notamment ciblé en fonction des personnes plus à risque. Donc, les aînés pourraient être confinés plus longtemps ou si vous envisagez un déconfinement plus régional?

M. Legault : Bien, beaucoup discuté de ça, hein? Je commence à être spécialiste en santé publique, là. J'ai posé la question : Étant donné que Montréal est peut-être déjà au pic, est-ce qu'on par commence par Montréal ou on commence par les régions? Ils m'ont dit : C'est une très bonne question. Ça a été la première réponse. Mais ce que je comprends, c'est qu'étant donné qu'il y a plus de cas à Montréal, même si on commence à être sur la pente descendante, on va peut-être avoir plus de cas que ceux qui n'ont pas encore atteint le pic dans certaines régions. Donc, il y a encore un besoin d'avoir plus de données pour répondre à cette question-là. C'est ça que j'ai compris?

M. Arruda (Horacio) : Mais, si vous me permettez, oui, votre question est pertinente. On se la pose à chaque jour. Mais je voudrais vous dire une chose, là. C'est sûr qu'en tant que directeur national de santé publique je suis aussi préoccupé par les déterminants de santé qui font qu'un peuple est en santé, dont l'économie, le travail, etc. Mais il faut faire attention. On pourra… Autant on a pesé sur un interrupteur rapide, hein, de faire une cessation immédiate, décision très courageuse de notre premier ministre, autant la reprise doit être progressive, avec un thermostat ou un rhéostat de lumière, parce que le danger — parce que ce n'est pas tout le monde qui a été infecté — si tout le monde commence à ressortir, comme tel, partout, c'est d'avoir un autre pic, un pic qu'on aurait évité et aplati dans un premier temps, et qui reviendrait, et puis aussi ravoir des deuxièmes phases.

On se souvient du SRAS à Toronto, qui avait créé, d'ailleurs, l'Agence de santé publique du Canada. Le gouvernement s'est fait reprocher… D'ailleurs il n'a pas été réélu. Et ce n'est pas une question de politique. Les gens de santé publique même ont été questionnés là-dessus. C'est qu'on avait pensé… tout était rentré dans l'ordre. Et puis c'est revenu avec un pic très, très effroyable. Et ça, l'OMS, toutes les organisations internationales nous disent de faire attention à ça, O.K.?

Et je tiens à vous dire aussi que les autres pays qui ont eu l'épidémie bien avant nous, comme tels, sont en train de commencer à réouvrir, mais personne ne va d'une switch, d'off à on, et il faut surveiller… Il y a des conditions précises de surveillance de milieux. Puis on va, bien entendu, réouvrir les chantiers ou les domaines qui sont essentiels au fonctionnement… et qui vont aller, je vous dirais, avec des respects de certaines conditions.

Donc, il ne faut pas interpréter la réouverture de l'économie ou de certains secteurs comme étant : On y va, on revient exactement comme avant. Ça, ça serait dangereux. Et d'ailleurs il y a des secteurs où il y a du télétravail qui va se faire, des tours à bureau, puis etc.

Et on n'ira pas prendre les chances parce que c'est impossible, à moins que quelqu'un me le garantisse, qu'il n'y ait pas de contact avec aucune des personnes âgées. C'est impossible. Plus on va être en confinement, plus les gens vont être fatigués, ils vont vouloir relâcher. Mais j'invite les Québécois, les Québécoises, qui ont été extraordinaires jusqu'à maintenant, à comprendre ce message-là. En fin de semaine de Pâques, il ne faut pas faire de rassemblements, le PM l'a dit régulièrement.

Mais on va réouvrir. On veut redonner de l'espoir. La lumière s'en vient au bout du tunnel. Mais on va faire une analyse secteur par secteur, région par région puis on va faire des recommandations à notre premier ministre qui prendra les décisions nécessaires.

Mme Lajoie (Geneviève) : Vous avez, donc, parlé du deux mètres de distanciation pour les professions. Donc, vous allez prioriser les professions qui vont être capables de mettre leurs employés à deux mètres. Qu'adviendra-t-il des professions qui impliquent un rapprochement physique? Je pense aux coiffeurs, aux esthéticiennes, aux physiothérapeutes, par exemple.

M. Legault : Bien évidemment, c'est plus difficile. Si on veut garder deux mètres puis on est coiffeur, coiffeuse, c'est pas mal difficile. Donc, ça veut dire que ça va venir plus tard. Mais, bon, l'autre critère qui est important aussi, c'est quel âge a la personne qui coiffe, quel âge ont les clients. Je reviens au fait que 99 % des décès sont chez des personnes qui ont 60 ans et plus. Donc, ça veut dire que... Je pense, entre autres, aux enfants dans les écoles, les garderies, oui, il y a des risques qu'ils soient infectés, mais les risques qu'il y ait des conséquences graves sont très faibles.

Le Modérateur : Patrice Bergeron, La Presse canadienne.

M. Bergeron (Patrice) : Bonjour à vous. J'aimerais faire un suivi sur la question que je vous ai posée hier, Mme McCann, particulièrement. Vous savez, ça concernait le non-respect des protocoles sanitaires des résidences privées pour personnes âgées pour le personnel des CISSS et des CIUSSS qui vont faire des soins à domicile.

Je vais vous lire ce qui a été communiqué par un CIUSSS, pour ne pas le nommer... Voici, je le mets entre guillemets : «Concernant ce qui est dit en conférence de presse par le premier ministre ou un ministre, il faut être prudent avec ces informations. Nous travaillons uniquement avec les communiqués officiels qui vous sont envoyés par le CIUSSS.»

Donc, il faut être prudent avec les informations que vous nous donnez ou est-ce que vos informations ou les lignes directrices que vous donnez ne se rendent pas dans les CIUSSS concernant le respect des protocoles sanitaires dans les résidences pour personnes âgées?

Mme McCann : Bien, j'ai justement eu l'occasion d'en parler avec les P.D.G. aujourd'hui, il y a une couple d'heures, et on s'est rappelé, évidemment, que les résidences pour personnes âgées, là, prennent des mesures importantes pour protéger leur clientèle, et on doit les respecter. Alors, c'est ce qui a été dit aux P.D.G., et je pense qu'il faut que ça soit appliqué sur le terrain. Donc, quand on arrive dans une résidence pour personnes âgées autonomes, on suit le protocole qui a été mis en place par la résidence, qui est très sécuritaire, et on suit ce protocole dans toutes les régions du Québec. C'est important, ce sont des partenaires importants et c'est une clientèle très importante. Les gens qui résident dans... Et je vais plus loin. On a donné un budget pour augmenter les ressources, on veut que les CISSS et les CIUSSS aident les résidences pour personnes âgées autonomes à embaucher du personnel. On veut aussi qu'ils leur rendent disponible une infirmière qui va voir à ce que toute la question de la prévention des infections soit respectée. Alors, on travaille beaucoup avec eux et ça va s'intensifier.

M. Bergeron (Patrice) : En complémentaire, si vous permettez, je vais prendre un exemple qui m'a été donné par un gestionnaire qui, notamment, a 1 000 résidences sous sa responsabilité dans la région de Lanaudière. Et, bon, comme c'est courant, habituellement, il y a une ambulance qui se présente par jour, puis c'est... statistique moyenne, ces gens-là sont souvent hospitalisés pour des problèmes de santé, et reviennent, par la suite, dans leur résidence, et, des fois, le CISSS informe, une semaine après, que cette personne-là a été en contact avec des gens qui étaient contaminés, du personnel de santé qui était contaminé. Et des professionnels ou des gestionnaires demandent à ce qu'il y ait une zone tampon pour ne pas que les gens... ne soient pas réintégrés comme ça dans les résidences pour personnes âgées.

Est-ce que ça serait possible, par exemple, d'envoyer ces personnes-là pour 14 jours à l'hôtel, le temps que des tests soient faits, par exemple?

Mme McCann : Bien, je vais vous dire, là, puis Dr Arruda voudra peut-être compléter, qu'il y a des directives, là, qui sont actuelles, là, où est-ce qu'on dit, pour le dépistage, que pour les gens qui retournent en milieu de vie, que ce soit un CHSLD, une RPA ou une RIRTF, il faut qu'ils soient testés et qu'ils soient négatifs avant de réintégrer ces milieux de vie. Ça, c'est un premier critère, là, de dépistage qu'on se donne maintenant pour éviter, justement, la contagion.

Et ce qu'on dit également, c'est qu'on va dépister tous les résidents et tout le personnel dans les CHSLD ou les milieux de vie qui ont un cas confirmé. On en a plusieurs, là, au Québec. Alors, tous les résidents, tout le personnel vont être dépistés, et, s'il y a d'autres indications que la Santé publique nous donne, bien, on va faire le dépistage. Alors, tout ça est implanté maintenant et ce sont les règles qu'on se donne pour éviter la propagation dans les milieux de vie des personnes âgées.

Le Modérateur : Ça vous va? Donc, Marie-Michèle Sioui, Le Devoir.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Bonjour à tous. Justin Trudeau a dit plus tôt aujourd'hui qu'on ne verra pas de retour à la normale avant l'arrivée d'un vaccin. Lui, il a estimé ça à un an, un an et demi. Au début de la crise, M. Legault, vous nous aviez parlé des frontières. J'aimerais que vous nous en parliez à nouveau aujourd'hui.

Avez-vous l'intention de demander que les frontières restent fermées pour cette période-là, pour éviter que des voyageurs rapportent le virus?

M. Legault : Bien, on n'est pas encore rendus à l'étape, là, de rouvrir. Est-ce qu'on le sera? Puis quand? Bien, les questions vont se poser au fur et à mesure. Mais c'est certain, comme je le disais hier, la vie normale, où on peut embrasser sa grand-mère ou sa mère, là, ce n'est pas pour demain. Ça va prendre des mois. Mais la question des frontières, bien, ça va faire partie des sujets qui seront discutés dans les prochaines semaines, les prochains mois, puis je vais demander l'avis de la santé publique.

M. Arruda (Horacio) : Bien, écoutez, il faut comprendre que, comme l'a dit le premier ministre, on va le regarder, on va le regarder en fonction de l'épidémiologie de ce qui se passe ailleurs. Je veux dire, actuellement, on a New York qui est très, très chaud. Donc, si New York diminue de façon importante... Je pense, dans le fond, c'est une question qui est très intéressante parce qu'elle va faire partie de notre échiquier.

Puis je tiens à dire aussi, quelque part, c'est qu'il ne faut pas penser non plus, là, qu'on va éviter tous les cas, là. On va finir par accepter une certaine transmission dans la communauté pour que ça s'éteigne avec le temps. Et donc, dans les faits... Mais on va toujours évaluer la balance des risques de réouverture versus le contexte épidémique potentiel. Puis c'est sûr qu'à un moment donné il ne faut pas que les gens pensent que la société va arrêter de fonctionner, là, pendant un an et demi. Elle va revenir à un certain niveau de normalité. Mais c'est sûr que l'arrivée d'un... d'un vaccin, excusez-moi, pas d'un médecin, mais d'un vaccin et d'un médicament va être aidante, notamment pour traiter les personnes et les éviter de mourir.

Donc, dans le fond, oui, ça va être regardé, la réintroduction du virus par le voyagement de l'extérieur, la capacité du Québec de contenir... Parce que ce qu'on n'en veut pas non plus, c'est avoir une autre vague à l'automne puis que là le système de santé soit surchargé. N'oubliez pas que ce qu'on a fait, c'est s'assurer qu'on ne se retrouve pas dans une situation comme en Italie, où on aurait manqué de place pour soigner. On a tellement bien fait qu'on a abaissé assez, de façon importante, la courbe, mais il ne faut pas perdre nos acquis en allant trop vite puis que ça revienne, puis qu'on ait tout simplement retardé un petit peu — on a abaissé — puis que ça revienne à l'automne, puis qu'on soit encore... on ait perdu les acquis de ce sacrifice qu'on demande aux Québécois, de distanciation et de perte d'économies.

Le Modérateur : Rapidement, en sous-question.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Oui. Mme McCann, il y a des médecins en pratique privée qui aimeraient venir prêter main-forte à leurs collègues au public, mais disent que les règles actuelles ne leur permettent pas de le faire sans abandonner leurs patients au privé. Est-ce que, d'une part, on a besoin de ces médecins-là ou on en a assez? Puis, d'autre part, est-ce qu'il ne serait pas temps de modifier les règles du jeu, là, pour qu'ils puissent aller au privé sans abandonner, entre guillemets, leurs patients au privé... au public, plutôt?

Mme McCann : Bien, écoutez, moi, je pense qu'on va se pencher là-dessus parce qu'on a besoin de tout le monde. Alors, je ne peux pas présumer, là, mais ce que je peux vous dire, c'est qu'on va regarder ça certainement, de façon sérieuse.

On disait hier qu'on a 450 médecins de famille qui sont prêts. Ils sont en train de nous prêter main-forte, là, dans les CHSLD. J'ai même discuté avec la présidente de la FMSQ, qui a demandé à me parler, pour une contribution des médecins spécialistes même en CHSLD.

Mais je veux en profiter, là, pour vous parler de quelque chose que j'entends dans les médias dernièrement par rapport au transfert des personnes en CHSLD vers les centres hospitaliers. Quand on parle des médecins, là, qui viennent nous prêter main-forte, le médecin, là, il a vraiment un rôle très important dans le CHSLD. Mais ce que je veux vous dire aujourd'hui, là, c'est que, quand une personne est en CHSLD et qu'elle a besoin de traitements en centre hospitalier, nous la transférons. C'est sûr qu'il y a une discussion avec le médecin de famille. Il y a une évaluation.

On tient compte également des niveaux de soins, hein? Vous savez qu'il y a quatre niveaux de soins. Il y en a deux où est-ce que les gens demandent, hein, d'avoir des soins d'intubation, des soins hospitaliers. Mais il y a deux autres niveaux de soins où les gens demandent de ne pas avoir des mesures extraordinaires et veulent avoir des soins de confort. Alors, il se peut que, dans les CHSLD, il y ait des niveaux de soins où les gens ont dit : Bien, moi, je veux avoir des soins de confort si mon état se détériore, parce que la clientèle, les personnes qui sont en CHSLD, c'est des personnes qui sont très malades.

Mais ce que je veux vous dire aujourd'hui pour vraiment mettre au clair ce qui court un peu dans les médias actuellement, c'est qu'en aucun cas on n'empêche le transfert de personnes vers des centres hospitaliers. Les gens des CHSLD, les personnes qui ont besoin de soins, et ça, c'est évalué avec le médecin, sont transférées en centre hospitalier, et il y en a eu plusieurs qui ont été transférées dans les centres hospitaliers pour être traitées. Alors, ça, je veux faire cette clarification-là aujourd'hui, qui est très, très importante. On s'occupe de nos gens qui sont dans les CHSLD.

Le Modérateur : Merci. Prochaine question, Mathieu Dion, Radio-Canada.

M. Dion (Mathieu) : Bonjour. Selon ce qu'on en comprend, la gestion des équipements au CHSLD de Sainte-Dorothée, par exemple, est assez chaotique. On peut s'imaginer que c'est comme ça ailleurs. Quand vous disiez : Ça va pour l'instant dans les hôpitaux, parliez-vous aussi des CHSLD? Et pouvez-vous faire une mise au point sur comment ça se passe dans les CHSLD? Est-ce qu'on a assez d'équipement? Est-ce qu'il en manque? Est-ce qu'on est en train de corriger le tir, d'autant plus qu'il y a un redéploiement massif vers les établissements?

Mme McCann : Oui. Alors, moi, ce que je peux vous dire, c'est que, justement, j'ai parlé au P.D.G. il y a une couple d'heures, et j'ai parlé au P.D.G. justement qui s'occupe de situations d'éclosion comme à Laflèche, comme à Laval également, et même à Montréal, et tous m'ont dit qu'ils ont rajouté du personnel. La situation n'est pas facile, mais ils ont ajouté du personnel. Ils ont l'équipement de protection. Et ils tentent d'organiser le plus possible, vraiment, que ce soient les mêmes personnes qui donnent les soins aux patients, c'est-à-dire que les gens ne se promènent pas d'une unité à l'autre ou d'un établissement à l'autre. Et les équipements de protection sont là. On instaure le dépistage, comme je vous l'ai mentionné, à travers tous ces établissements-là.

Alors, ce n'est pas une situation facile, c'est sûr, mais, vous voyez, il y a du renfort qui arrive, des médecins aussi et probablement des spécialistes aussi. Alors, on a toute une équipe, là, on a 1 000 personnes de plus dans les CHSLD actuellement, il va y en avoir davantage aussi. Alors, on est en train de vraiment prendre en charge la situation, et on fait tous les efforts pour que ça soit une situation qui soit la plus normale possible.

M. Dion (Mathieu) : Avec ce que Justin Trudeau a dit tantôt par rapport au vaccin, ça va prendre du temps, là, avant qu'on revoie un retour à la normale. Avec ce que vous avez dit hier, on en comprend qu'on n'aura pas de plaisir avant un bon bout de temps. À quelque part, on est des animaux sociaux. Comment vous allez faire pour contenir la population, là, qui commence déjà à taper du pied, alors que l'été va arriver, qu'il va faire beau, que les gens vont vouloir se rassembler? Quel est votre plan pour contenir la population?

M. Legault : Bien, écoutez, c'est sérieux, c'est grave, il y a des décès. Je ne pense pas que j'ai besoin de faire un dessin. Mais, oui, on va réouvrir des entreprises, oui, on va, à un moment donné, réouvrir les écoles, mais d'être capables d'être 200 ou 2 000, dans une salle, collés les uns sur les autres, bien, ce n'est pas pour matin. Puis c'est plate, mais, à un moment donné, il va falloir prendre les mesures nécessaires pour qu'il y en ait le moins possible, de décès. Donc, moi, je fais confiance au bon jugement des Québécois. Quand je vois, jusqu'à présent, comment les Québécois ont réagi, je pense qu'ils ont été responsables, ils ont été disciplinés. Il y a des choses qu'on va pouvoir reprendre, mais pas tout. Puis il va falloir s'habituer, pendant un certain nombre de mois, à garder cette distance avec les autres personnes.

Le Modérateur : Prochaine question, Hugo Pilon-Larose, LaPresse.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Bonjour. Vous demandez justement aux personnes âgées de rester chez eux, de ne pas recevoir de visites. Est-ce qu'on doit en comprendre que c'est pour, justement, les prochains mois, jusqu'à tant qu'il y ait soit des médicaments qui traitent bien le virus ou un vaccin? Et est-ce que ça veut dire, pour les personnes âgées qui sont à la maison et qui nous écoutent en ce moment, qu'ils vont passer l'été dans leurs salons et qu'ils ne pourront pas aller, par exemple, faire des barbecues avec leurs familles ou voir leurs petits-enfants?

M. Legault : Bon, déjà, on l'a dit plusieurs fois, prendre une marche, en restant à deux mètres des autres personnes, c'est bon pour la santé mentale, c'est bon pour la santé physique. Donc, il va peut-être falloir trouver des activités comme ça, mais ça va être très important, dans les prochains mois, que les personnes de plus que 60 ou 70 ans fassent attention de ne pas être à moins de deux mètres des autres personnes parce que, oui, on atteint le «peak», mais il va encore y avoir de la contagion une fois qu'on va descendre la colline, là. Donc, les personnes qui sont vulnérables, malheureusement, ce sont les personnes âgées. Je pense qu'il y a possibilité peut-être d'organiser des activités, mais tout en respectant la distance.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Mme la ministre de la Santé, on vous a interrogée par le passé justement sur la directive de la santé publique qui permet de ramener des employés, certains employés au travail après une période d'isolement de sept jours, et vous aviez dit que ça se faisait dans des circonstances exceptionnelles pour s'assurer qu'il n'y ait pas de bris de service. Mais c'est quoi qui est le plus dangereux pour la vie humaine, un bris de service ou des employés qui reviennent et qui répandent le virus?

Mme McCann : Bien, écoutez, d'abord, il ne faut pas que les gens soient symptomatiques, c'est bien évident, là. Il n'y a personne qui va revenir au travail s'il est symptomatique. L'autre chose, c'est qu'on va les tester, hein? On a dit qu'on va tester toutes les personnes, là, qui sont dans un centre d'hébergement où est-ce qu'il y a au moins un cas confirmé. Alors, tous ceux, là, qui sont en éclosion, là, actuellement, et qu'on... ils sont tous testés ou vont l'être à très, très court terme, là. Mais, à mon avis, ils sont tous testés.

Mais, pour les autres, aussitôt qu'il y a un cas confirmé, on va tester. Alors, les gens qui vont vouloir... qui vont pouvoir revenir au travail, on va les tester aussi. Alors, ça, c'est une mesure de protection additionnelle qu'on se donne.

Et je rajoute que, quand ça s'est passé, là, dans le passé, que quelqu'un arrivait au travail, revenait au travail après sept jours, il y avait des mesures de protection importantes qui étaient prises, avec des masques de procédure, prise de température deux fois par jour. Mais effectivement ça a été des situations extrêmement exceptionnelles, hein? Ce n'est vraiment pas quelque chose qu'on a fait souvent. Il y avait un danger de bris de service.

Mais, à ce moment-ci, ce que je vous dis, c'est qu'on va tester tout le monde dans des CHSLD où il y a un cas confirmé... au moins un cas confirmé. Tout le monde va être dépisté.

Le Modérateur : Olivier Bossé, Le Soleil.

M. Bossé (Olivier) : Bonjour. M. Legault, dans votre esprit, est-ce que rouvrir les écoles, ça pourrait se faire par régions ou c'est tout ou pantoute, comme on dit?

M. Legault : Bien, il n'y a rien d'exclu. Bon, je le répète, pour les enfants, les risques sont très minimes de conséquences graves si jamais ils attrapaient la COVID-19. Évidemment, on va avoir des discussions avec le Dr Arruda, santé publique, de voir quelle est la situation dans chacune des régions. Donc, on ne l'exclut pas d'y aller par régions. Mais c'est aussi possible qu'on soit capables de tout ouvrir en même temps, là. Oui.

M. Arruda (Horacio) : Si vous permettez. Effectivement, votre réponse est tout à fait excellente, M. le premier ministre. Mais je voudrais aussi dire : C'est important qu'on continue à maintenir les choses. Mais c'est important aussi que vous compreniez qu'on ne restera pas confinés comme ça, là, pendant des mois et des mois. On va réouvrir certaines activités, on va même accepter certaines transmissions locales. Ce qu'on ne veut pas, c'est ravoir un système de soins qui n'est plus capable de vous traiter. Ce qu'on ne veut pas, c'est que des gens meurent parce qu'ils ne savaient pas que ça les exposait à du danger.

Mais je ne voudrais pas que vous pensiez actuellement que, même si on a un vaccin seulement dans 18 mois ou 12 mois, que la société va rester confinée comme ça. Les gens vont virer fous de toute façon, et ça ne sera pas possible de le faire. Mais on va, en fonction de l'épidémiologie qu'on va observer, en fonction de la gradation, là... Puis je vais vous dire, probablement qu'au début la gradation va être faible, puis, après ça, elle va remonter rapidement, puis on va rouvrir de la... On a fermé d'un coup, on ne peut pas rouvrir d'un coup. On doit rouvrir en mesurant ce qui se passe puis en se donnant une capacité. Ça fait que je ne voudrais pas que vous restiez sans espoir, mais je voudrais vous demander que, dans les prochaines semaines, on soit encore prudents et qu'on explique... qu'on comprenne les consignes.

Chacune des décisions va balancer ça, là, hein? Parce que, si on se retrouve aussi avec des suicides, des dépressions, des gens qui perdent... à cause de leur... se divorcent parce qu'ils ont perdu leur capacité de vivre, là, on ne sera pas plus avancés au nom de la maladie infectieuse, mais c'est un équilibre qu'il faut faire. Et, pour ne pas perdre tous les acquis qui ont été faits en fonction des décisions que le premier ministre a eu le courage de prendre, il faut le faire. Il faut le faire avec un plan gradué puis qui va s'accélérer. À un moment donné, là, il faut penser qu'on va redevenir une société, à mon avis, plus forte, en espérant qu'on va avoir diminué le maximum d'impact sur le nombre de décès.

Le Modérateur : En sous-question.

M. Bossé (Olivier) : Mme McCann, je sais que vous aviez parlé d'offrir aux travailleurs des CHSLD de loger dans les hôtels. Je me demandais où est-ce que c'en était. Est-ce que les gens avaient embarqué là-dedans ou il n'y a personne qui l'utilise?

Mme McCann : Bien, c'est toujours une possibilité. Écoutez, non seulement... Je vais vous dire, là... Je vais en profiter pour vous dire ceci : Non seulement pour les travailleurs, mais même pour les résidents. Dans l'Ouest‑de‑l'Île, par exemple, il y a un hôtel, là, qui a été utilisé pour certains résidents, pour justement agrandir l'espace, là, dans un CHSLD et, pour certains résidents qui n'étaient malades, là, de la COVID-19, d'être là.

Pour les travailleurs, c'est toujours une possibilité. Alors, c'est ouvert. Si les gens veulent s'en prévaloir, on peut l'organiser. À ce moment-ci, je ne pense pas que c'est très répandu, mais c'est certainement une possibilité, si les travailleurs le requièrent, le souhaitent. Ce n'est pas tout le monde, parce que, vous savez, par exemple, une personne qui est monoparentale, là, veut retourner chez elle, mais il peut y avoir des travailleurs qui pourraient le souhaiter, et on est très ouverts à la possibilité.

Le Modérateur : Merci. Maintenant, question d'un média qui n'est pas représenté ici, à la Tribune de la presse. Elle nous a été envoyée aujourd'hui par Henri Ouellette-Vézina du Journal Métro, donc, pour M. Legault. Plusieurs locataires qui n'ont pas renouvelé leur bail avant le début de la pandémie s'inquiètent aujourd'hui de se retrouver sans logement le 1er juillet prochain. Le gouvernement a-t-il un plan pour protéger ces personnes ou encore pour prolonger les baux en question?

M. Legault : Bon, d'abord, les chèques de 2 000 $ ont commencé à être distribués par le gouvernement fédéral. Donc, c'est possible, pour les gens, de payer leur loyer. Maintenant, on suit la situation de très près. Andrée Laforest, la ministre des Affaires municipales puis de l'Habitation, suit de très près la situation du logement dans chacune des régions du Québec. Il y aura un effet de domino, dépendamment de quand on va recommencer la construction domiciliaire, pour ceux qui devaient déménager. On sait qu'au Québec c'est beaucoup de déménagements le 1er juillet. Donc, ça fait partie du suivi, là.

Il est peut-être un peu tôt pour parler de mesures. Est-ce que, dans certains cas, on veut reporter les déménagements? Est-ce qu'on veut prolonger les baux? On n'est pas là pour l'instant, mais on n'exclut rien à ce moment-ci. On va regarder ça dans les prochaines semaines.

Le Modérateur : Merci. C'est ce qui complète pour nos questions en français. Nous allons donc passer aux questions en anglais. And we'll start today with Cathy Senay, from CBC News.

Mme Senay (Cathy) : Good afternoon. The Festival d'été de Québec and the festival… the Festif in Charlevoix confirmed they are cancelling their festivals, their summer editions. There will be other cancelations, of course, in the near future across Québec. So, what will be done? Because these events are so important for the economy. So what will be done for these regions and those lovers of music and shows?

M. Legault : Yes. I spoke to the Minister of Culture, Nathalie Roy, Minister of Tourism, Caroline Proulx, and we understand very well the bad situation they have to live, and maybe for more months, than many other types of enterprises. So it'll be tough. We'll help them. When the right time will come, when we'll be able again to put that many people together, we'll help them financially. It's very important for our population. Culture, having fun together, it's important for a society. So, at the right time, we'll help them financially.

Le Modérateur : …demande si c'est possible de répéter en français sur ce sujet-là, sur cette question.

M. Legault : Oui. Bon, bien, écoutez, évidemment, je comprends que la situation est très difficile pour toutes les activités qui ont lieu habituellement l'été, et je pense, entre autres, aux festivals. On comprend que ça va prendre un certain nombre de mois avant qu'on soit capables d'autoriser des rassemblements de plusieurs personnes. Mais c'est important pour notre société, c'est important pour notre culture, c'est important pour notre joie de vivre. Donc, au moment où on sera capables de recommencer ces activités, il y aura de l'aide qui sera donnée. Déjà, la ministre de la Culture, Nathalie Roy, puis la ministre du Tourisme, Caroline Proulx, travaillent à toutes sortes de plans, selon différents scénarios, pour quand on pourra recommencer ces activités comme les festivals.

Le Modérateur : Merci. Back to you.

Mme Senay (Cathy) : I would like to go back to testing. You explained us earlier this week that we're missing the reagent, the chemical substance to make those analysis, and then we had this issue going on. And then, when we look at the number of tests that are done, there was a reduction this week, and now we're at a bit more than 5,000 tests. But, to my knowledge, or... I had an impression that we had a capacity of way higher than this per day, Mr. Arruda.

M. Arruda (Horacio) : It's going to come back, I would say... The reactive issue is something that it's solving, actually. And there's going to be new kind of tests that are trying to be in the next time, even the ones that are going to be able to be done and have an answer 15 minutes afterwards. I would just remember that we are probably, in Canada, one of the ones who are doing the most quantity of tests, actually. And that will be corrected, and we will use test, test, test, which is part of the strategy that we need to do.

Actually, we are concentrating a lot of our energy on CHSLDs, long-term-care facilities, where people are dying, and it's important to make sure that the personnel and that the people are being tested. But this will get up as soon as we... and we will maintain. We have about…. a capacity of 6,000 tests now. It's going to be higher and higher in the next days, and we will make sure that we use tests as a capacity. But I would say that, hopefully, the reactive issue is no more a problem. We had a recipe coming from Winnipeg, that we had from France, that will make us available to do our own reactive.

Le Modérateur : Next question, Samuel Pouliot, CTV News.

M. Pouliot (Samuel) : Yesterday, you announced that all staff and residences in CHSLDs will be tested. The CIUSSS—Ouest-de-l'Île says it's too early to know how that would be feasible to do. So when will people start being tested in CHSLDs and how will the testing be managed?

Mme McCann : Well, we'll start, as I said just before in French, that... We'll start with the long-term facilities where there is a suspected case. So we'll start with those for obvious reasons and we'll test all the residents and all the staff. So this is being implemented right now.

M. Pouliot (Samuel) : OK. And when businesses reopen, how will you ensure that they maintain physical distancing? And when we talk about restaurants, for example, and people, the same family goes on the same table, how will the restaurant management know whenever people are really in the same household?

M. Legault :OK. So the reopening will be done gradually. So we'll start with businesses where the employees can stay at at least two meters from other employees. So, that's why, if we talk, for example, of restaurants, they won't be in the first step. It will take more time for the restaurants to be reopened.

M. Arruda (Horacio) : May I add something? We are working with the CNESST, which is the commission of working, to make sure that we will give to the ones who have to open what are the criteria. And we have inspectors of health and inspectors of, I would say, «milieu du travail», and those, if people don't respect things, can even use, I would say, fines and penalties. We don't want to be a penalty kind of approach, but we will make sure that people know what to do, what are exactly, in their sector, the recommendations that are going to be made, and, if there is issues with the application of that, it's clear that the inspectors of the CNESST are going to be able to make sure... stop things or give penalties.

Le Modérateur : Thank you. Now, a question sent by e-mail from Phil Authier, Montreal Gazette, for Messrs. Legault and Arruda. Yesterday, you said the rules of social distancing would have to continue for a while. We know this virus can move in waves. Are you able to say today which activities Quebeckers will be able to do and when, as the peak passes? Open schools, go to a park together, a show, real estate?

M. Legault : We have discussions right now with Dr. Arruda about a plan of reopening. Of course, in the different criteria we'll use, first, it'll be these two meters. Can we operate in respecting the two meters of distance between people?

Of course, we'll take into consideration also the age of the population. As I said before, 99% of the deaths we had already are all people over 60 years old. So, of course, it's different when you talk about being close to somebody older and somebody younger. So, it's all the kind of discussion we have, and we hope soon to be able to present a plan of reopening with different sectors.

M. Arruda (Horacio) : I would say also, if you may, Prime Minister, that we are working on that for months. Don't think it's an improvisation. We are looking at what it is going to do here, the data, where are we on the curve, and also what are the best practices in the world about this. So that's not an improvisation. But, it's clear, as we have shut down enough, we need an interruptor for light directly, actually, and we will make it making sure… balancing the impact on the economy and also the health impact.

Le Modérateur : Thank you. Now, second question for Phil. Montréal health officials say the peak of the epidemic will be here in the next few days, and we could see a provincial peak on April 18th. Can you tell us what the peak will look like in terms of hospitals, long-term care centres, deaths?

M. Legault : You all have that in the forecast that has been tabled a few days ago. So, of course, in Montréal, you have more cases. But, at the same time, we're closer to the peak. So you have to take that into consideration. There's no exact numbers, but you can have a good forecast in the documents that have been tabled.

Le Modérateur : Thank you. Now, a question from Raquel Fletcher, Global News, for Dr. Arruda or Minister McCann. Can you elaborate on your thinking about antibody tests, blood tests to see how many people may be immune to this virus? Wouldn't that give us invaluable information about how to proceed in the next year and a half while we await a vaccine?

M. Arruda (Horacio) : That's a very interesting question. And that's the case, we want to do several prevalence studies to... Does Montréal have been infected 10%, 20%, 30%? We know that we have tested a lot of people, but that is not enough. So, as in any other country and as in Canada, we are going to do those kinds of studies. Actually, it's going to be done everywhere, I would say, in Québec by samples, methodologic samples, but also, prospectively, in different regions, to best appreciate what is going to be the next wave, if there's going to be one. It's very different if 80% of the population has been infected compared to 10%.

Le Modérateur : Thank you. And a very last question. You are not currently testing people at the end of their illness. What if, after 14 days have passed, they still have the virus without symptoms?

M. Arruda (Horacio) : In fact, it's mostly... And, you know, we are learning a lot, like this transmission, before getting the disease, is something relatively new. At the beginning, we didn't say that, but now there is more and more information about this. In fact… but even if it's not a guarantee of 100 %, I would say the probability of somebody who has no symptoms for 14 days, even if he had a little bit of virus, he is not going to be very infectious. That's almost what we can say, actually. And I think that's probably that which is the situation. It doesn't mean that you don't have any virus. It doesn't mean, if we test you, you cannot have any reaction, but the quantity of the virus, when excreted, will not be enough to contaminate a lot.

Le Modérateur : Thank you very much. That's all the time we have. C'est tout le temps que nous avons. Merci, à demain.

M. Legault : Thank you. Bonjour, tout le monde.

(Fin à 13 h 58)

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