(Huit heures vingt-neuf minutes)
M. Nadeau-Dubois : Bonjour,
tout le monde. Bon jeudi matin. Quand François Legault est revenu en politique,
il a fait de la transparence un de ses chevaux de bataille. Il a promis aux
Québécois et aux Québécoises de mettre fin à l'obscurité libérale. Aujourd'hui,
ce qu'on apprend, c'est qu'en fait il n'y a rien qui a changé au Québec,
absolument rien, en matière d'accès à l'information, l'obscurité règne
toujours.
Il y a quelques années, là, il n'y avait
pas assez de chemises, dans tous les Simons du Québec, pour toutes celles que
François Legault déchirait sur l'autel de la transparence. Il n'y avait pas
assez de quolibets dans le dictionnaire pour tous ceux qu'il affligeait, les
libéraux, en disant que c'était des tout-croches, puis qu'ils faisaient preuve
d'un manque de transparence, puis que ça n'avait pas d'allure de cacher des
choses aux citoyens.
Bien, aujourd'hui, il est tombé en amour
avec le pouvoir, tout comme il est tombé en amour, d'ailleurs, avec l'état d'urgence,
tout comme, d'ailleurs, il a décidé que, finalement, la réforme du mode de
scrutin, ce n'était pas si important. En fait, François Legault a été changé
par le pouvoir. C'est ça que révèlent les informations diffusées par
Radio-Canada, ce matin, que, tout d'un coup arrivé au pouvoir, bien, la
transparence, pour François Legault, finalement, ce n'est pas si important que
ça.
Je voudrais aussi réagir aux révélations
concernant la crise de santé mentale au Québec. C'est fascinant, hier matin, j'étais
devant vous puis je vous parlais de la pandémie dans la pandémie, je vous
parlais de la crise historique de santé mentale que traverse le Québec en ce
moment. Et puis, ce matin, des nouvelles informations qui démontrent toute la
profondeur de cette crise historique de santé mentale qu'on vit au Québec. On
le savait, on le savait depuis le début de la pandémie, depuis les premiers
mois de la pandémie, que ça aurait des impacts dévastateurs sur la santé
mentale des Québécois et des Québécoises. On le savait, la CAQ le savait, et
ils ont échoué à régler le problème.
Lionel Carmant s'était engagé, ce n'est
pas rien, à réduire les listes d'attente, voire à les éliminer il y a quelques
mois. Aujourd'hui, les listes d'attente, dans le secteur public, ont augmenté
pour avoir accès à des soins en santé mentale. Et cet échec-là, l'échec
caquiste, bien, c'est le Québec qui va le payer puis qui va le payer pendant
longtemps. On savait que la pandémie, que les mesures sanitaires auraient des
impacts dévastateurs sur la santé mentale. Il fallait agir avec vigueur, la CAQ
ne l'a pas fait.
Le Québec a besoin d'un grand plan de
rétablissement collectif de sa santé mentale. On a un plan pour rattraper les
chirurgies, on nous dit que ça va prendre deux, trois ans. Il nous faut un
plan de la même ampleur, de la même ampleur pour rattraper l'épouvantable
déficit qu'on a accumulé en deux ans, au Québec, en matière de santé
mentale, de bien-être des Québécois et des Québécoises, en particulier des
jeunes.
À Québec solidaire, on a des solutions, on
a un plan pour mettre fin aux listes d'attente en santé mentale, on a le
courage politique de mettre sur la table des sommes importantes,
280 millions de dollars, des investissements historiques. Et on va le
faire, à Québec solidaire, si on forme le prochain gouvernement : considérer
réellement la santé mentale sur un pied d'égalité, en fait, avec la santé
physique. Merci.
Mme Labrie : Hier, on a eu
les premiers signaux comme quoi le ministre de l'Éducation, Jean-François
Roberge, reconnaissait qu'il faut mettre fin à la ségrégation scolaire au sein
de nos écoles publiques. Je suis heureuse de voir que les arguments qu'on
utilise auprès de lui depuis de nombreuses années commencent à percoler.
Je me souviens des très longs débats qu'on
avait au moment de l'étude du projet de loi n° 12, en 2019, sur les frais
chargés aux parents, où on essayait de le convaincre que les frais chargés pour
les programmes particuliers, c'était un frein à l'égalité des chances, qu'il
fallait corriger cette situation-là. Et, à l'époque, ça ne le dérangeait pas du
tout, il n'y voyait aucun problème. Donc, très heureuse de voir que
Jean-François Roberge a cheminé, depuis, qu'il se rend à nos arguments pour
l'élimination de la ségrégation scolaire.
Maintenant, j'aimerais l'inviter à agir le
plus vite possible, parce que chaque dollar qui est investi dans notre réseau
d'éducation, dans nos écoles publiques doivent servir à apporter l'égalité des
chances aux enfants, ne doivent pas entretenir des inégalités comme le font, en
ce moment, les barrières d'accès aux programmes particuliers. Donc, il doit
agir rapidement pour favoriser l'égalité des chances entre les enfants,
éliminer la ségrégation scolaire. On veut qu'il donne suite aux propos qu'il a
tenus hier, et le plus tôt sera le mieux.
Puis un mot, également, sur les
enseignants non qualifiés qui sont de plus en plus nombreux dans le réseau
scolaire. Je comprends qu'on a besoin d'eux, en ce moment, et qu'on ne peut pas
se priver d'eux pour offrir des services dans nos écoles. Cependant, il faut
qu'il y ait une réflexion de fond là-dessus pour s'assurer d'ouvrir les voies à
la qualification, des voies qui vont être plus simplifiées, je dirais. Parce
qu'en ce moment les échos qu'on a du terrain, c'est que, les gens qui
enseignent et qui essaient de se qualifier en même temps, c'est vraiment tout
un parcours du combattant, ça leur prend des années. Il y a des gens qui
veulent accéder à la profession d'enseignant, qui ont une formation spécialisée
dans certains domaines, qui ont de la difficulté à le faire. Donc, il faut
ouvrir un chantier de réflexion là-dessus, parce que ce n'est pas possible, là,
d'avoir une telle proportion en augmentation de personnes non qualifiées qui
enseignent dans nos écoles. Il faut pouvoir qualifier ces gens-là. Je vous
remercie.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Doit-on
interdire aux personnes reconnues coupables de crimes sexuels ou de harcèlement
psychologique d'être élues, entre autres, dans les syndicats et modifier la loi
en ce sens?
Mme Labrie : Là, vous faites
référence à la motion du Parti libéral du Québec. On est en train de
l'analyser, là. Je suis ici devant vous, mais, quand je vais retourner à mon
bureau... on va analyser cette motion-là, on va se prononcer là-dessus.
Journaliste : ...sur le
principe?
***
Mme Labrie : Bien, sur le
principe, on est en faveur avec le principe, là, mais on va aller regarder les
détails du libellé de la motion. Ça, c'est quelque chose qui se fait, parfois,
quelqu'un qui est condamné pour agression sexuelle envers un enfant, par
exemple, peut se trouver, même après avoir purgé sa peine, de ne pas pouvoir
travailler auprès d'enfants, par exemple. Donc, il faut réfléchir à ces
questions-là. Mais là le libellé de la motion, là, on va l'étudier, parce que ce
n'est pas exactement ça qu'il dit.
M. Bellerose (Patrick) : ...hésitation,
quand même, dans votre propos, là. Vous n'êtes pas nécessairement définitive
dans votre propos?
Mme Labrie : Pardon?
M. Bellerose (Patrick) : Qu'est-ce
qui fait qu'il y a une hésitation dans votre propos? Vous êtes un peu... pas
définitive, vous dites : On doit regarder...
Mme Labrie : Bien, c'est
parce qu'on vient tout juste de la recevoir, la motion. Donc, on va l'analyser
avant de vous confirmer comment on va se positionner dessus. Mais a priori,
c'est une proposition qu'il faut évaluer.
M. Bellerose (Patrick) : Mme
Thériault disait qu'on pourrait l'étendre aussi...
M. Lacroix (Louis) : ...M.
Nadeau-Dubois, sur la même question.
M. Nadeau-Dubois : Oui.
M. Lacroix (Louis) : Sur la
même question.Est-ce que vous seriez d'accord avec ce principe-là qu'on
modifie la loi? Parce que ça implique une modification à la loi du travail.
M. Nadeau-Dubois : Bien,
comme je vous dis, les motions sont envoyées... elles ont été envoyées il y a
quelques minutes…
M. Lacroix (Louis) : Non,
mais là je ne vous parle pas de la motion.
M. Nadeau-Dubois : Mais sur
le fond, sur le fond, sur le principe...
M. Lacroix (Louis) : Sur le
fond?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
c'est parce qu'il y aura un vote. Donc, quand on a de la rigueur, on lit les
choses avant de voter dessus. Mais sur le principe, sur le principe de fond,
nous, on est d'accord. Les gens qui sont condamnés pour crimes sexuels, ou harcèlement
psychologique, ou harcèlement sexuel au travail ne devraient pas être à la tête
d'organisations syndicales. On est d'accord avec ce principe-là. Pour ce qui
est de la motion, on va la regarder puis on va voter en conséquence. Mais, sur
le principe, on est d'accord.
M. Lacroix (Louis) : Mais je
ne vous parle pas de la motion. Parce qu'ils sont allés plus loin que ça en
conférence de presse...
M. Nadeau-Dubois : Ah! bien,
j'ai... On était... On ne les a pas entendus.
M. Lacroix (Louis) : Bien, je
vous résume, mais on voudrait modifier la loi sur le travail pour faire en
sorte que, oui, les gens qui ont été trouvés coupables de crimes sexuels ou de
harcèlement psychologique ne soient pas éligibles à occuper un poste électif,
mais on irait même plus loin, jusqu'à interdire à des personnes de se présenter
comme député si jamais ils étaient trouvés coupables de crimes semblables.
Est-ce que vous seriez d'accord avec ça de faire en sorte qu'une personne qui a
commis un crime sexuel ne puisse pas devenir députée?
M. Nadeau-Dubois : Je n'ai
pas pris connaissance de cette proposition-là...
M. Bellerose (Patrick) : ...Mme
Thériault, en conférence de presse, qui a ouvert la porte.
M. Nadeau-Dubois : O.K. Bien,
je n'ai pas entendu les propos de Mme Thériault. Puis vous me connaissez, je
n'aime pas ça commenter des affaires que je n'ai pas entendues. Ça fait que, si
vous souhaitez notre réaction là-dessus, je vais les écouter. Mais ça serait un
changement quand même costaud, là, à un des principes démocratiques assez
reconnus selon lequel tout le monde a droit de se présenter aux élections. Donc,
c'est à prendre avec prudence, comme proposition, je dirais.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : ...devez quand même vérifier ça?
M. Nadeau-Dubois : Pardon?
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Vous devez quand même le vérifier, à QS, là, avant
d'approuver un candidat, vous devez regarder s'il a eu une condamnation pour agression
sexuelle…
M. Nadeau-Dubois : Ah! Bien sûr,
les partis politiques ont une responsabilité politique, on pourrait même dire
morale, de faire leurs devoirs. Puis nous, à Québec solidaire, quelqu'un qui
est condamné pour agression sexuelle n'aurait pas sa place dans notre équipe de
candidature, ça, c'est certain. Est-ce qu'il faut retirer le droit
constitutionnel, là, fondamental de se présenter aux élections à ces gens-là?
Ça, c'est une proposition passablement plus complexe. On peut y réfléchir. Mais
les partis politiques puis nous, comme parti féministe, c'est très clair, là, je
veux dire, quelqu'un qui est un agresseur sexuel, on ne serait pas à l'aise de
présenter cette candidature-là.
M. Bellerose (Patrick) : ...en
tant qu'étudiant en science politique, vous n'êtes pas en faveur de retirer ce
droit-là aux gens? Soit qu'ils sont contre l'avortement ou soit qu'ils sont...
M. Nadeau-Dubois : Bien, ce
que je vous dis, c'est qu'il faut procéder avec prudence, parce que, tu sais,
il y a même, au sein des familles politiques plus conservatrices, des gens qui
vont même jusqu'à dire : Il faudrait retirer le droit de vote aux
prisonniers ou aux gens condamnés au criminel. Donc, il faut faire attention à
ça. La participation électorale, la participation démocratique, c'est un des
droits les plus fondamentaux dans une démocratie. Donc, il faut procéder avec
beaucoup de prudence sur ces questions-là.
M. Duval (Alexandre) : Il y a
quelque chose, quand même, qui est fondamental dans ce débat-là. Mme Labrie a
parlé d'incompatibilité dans les cas d'agressions sexuelles, des gens qui
voudraient travailler dans les écoles. Fondamentalement, est-ce que vous
considérez qu'une personne qui aurait commis une agression sexuelle ou fait du
harcèlement psychologique, c'est une incompatibilité avec un poste électif dans
un syndicat ou il devrait y avoir, peut-être, une période de temps pendant
laquelle cette personne-là ne pourrait pas se présenter?
M. Nadeau-Dubois : Exactement.
C'est pour ça qu'on vous dit qu'on va regarder la motion parce que ces
modalités-là, je pense, sont pertinentes, sont importantes. Mais sur le
principe politique, nous, à Québec solidaire, comme parti politique féministe,
on ne pense pas que des gens qui ont commis des actes comme ceux-là puis qui
ont été condamnés pour ces actes-là devraient être à la tête d'organisations
qui représentent des travailleurs et des travailleuses. Puis, je dirais, dans
le cadre de l'industrie de la construction, c'est une industrie qui a
particulièrement des défis d'intégration des femmes, donc c'est encore plus
pertinent comme réflexion. Pour ce qui est des modalités précises, c'est pour
ça qu'on vous dit qu'on va regarder la motion du Parti libéral.
M. Duval (Alexandre) : Sur
l'accès à l'information, vous l'avez abordé tantôt, là, au-delà d'une réforme
de la Loi d'accès, à la lumière de ce que vous avez lu ce matin, qu'est-ce
qu'il faut faire rapidement, au Québec, pour régler ce problème-là?
M. Nadeau-Dubois : Il faut,
oui, changer la loi. Il faut réformer la loi d'accès à l'information, mais
honnêtement il faut aussi et surtout changer la culture. Il y a, au Québec, une
culture d'opacité et une culture de manque de transparence dans l'appareil de
l'État. Parlez-en à Louis Robert, parlez-en aux lanceurs d'alerte puis, j'ai
envie de dire, parlez-en à vous-même, là, parlez-en aux journalistes qui se
cassent les dents sur cette culture d'opacité et de manque de transparence qui
est particulière au Québec.Demandez-moi pas d'où ça vient exactement,
c'est une vaste question, mais ça fait des décennies qu'on le sait que ce
problème-là existe. Et ce qu'il faut, là, c'est une volonté politique massive
de changer cette culture-là. Et François Legault s'est présenté devant les
Québécois en disant : Moi, je suis le changement, moi, je vais changer ça,
ce système-là. Non seulement il a échoué, mais l'État québécois est plus opaque
que jamais. Ça fait deux ans... plus de deux ans qu'on est sous
l'état d'urgence sanitaire.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Y croyez-vous, à cette volonté-là?
M. Nadeau-Dubois : Moi, je
pense que c'est possible.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Mettons, de 1 à 10, là, la possibilité qu'on
réforme la loi? Parce que ce n'est pas juste sur François Legault, là, c'était
pareil dans les gouvernements précédents.
M. Nadeau-Dubois : Et j'ai
commencé d'ailleurs en vous disant : C'est l'obscurité libérale qui se
poursuit. Elle s'est, à certains égards, approfondie, cette obscurité-là, si
c'est possible, à cause de l'état d'urgence sanitaire. Et les failles qui
existaient déjà ont été rendues encore plus béantes par l'état d'urgence
sanitaire.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : C'est quoi, l'avantage, pour un gouvernement,
de faire ça?
M. Nadeau-Dubois : Mais je
veux répondre à votre première question...
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Comme dit le premier ministre, les gens ne se
bataillent pas dans l'autobus...
M. Nadeau-Dubois : Je veux
répondre à votre première question. C'est possible de changer ça. Moi, je pense
qu'avec la volonté politique on peut bouger des montagnes, on peut changer la
culture dans nos services publics, on peut changer la culture dans l'appareil
de l'État québécois. Mais il faut vouloir le faire puis il faut mettre le bien
commun puis les intérêts de l'État québécois devant les intérêts partisans puis
la volonté de se protéger le derrière, politiquement, pardonnez-moi
l'expression. C'est possible de changer ces choses-là. Puis François Legault a
fait miroiter cet espoir-là aux Québécois. C'est un espoir brisé, complètement
brisé, puis ça démontre que son changement, là, ça n'a jamais été rien d'autre
qu'un slogan électoral.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : C'est quoi, l'avantage, pour un parti au
pouvoir, de le faire?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
prenons... il y a un des exemples, dans article de Radio-Canada ce matin, qui
est très éloquent. On nous parle des fameux avis écrits de la Santé publique,
hein? Le Québec est plongé, depuis deux ans, dans une grande chasse au
trésor. Journalistes et partis d'opposition tentent de trouver, citoyens aussi,
ces fameux avis écrits qui, nous dit-on, ont justifié toutes les décisions de
François Legault durant la pandémie. Là, on apprend qu'on a répondu, à
certaines personnes qui avaient fait une demande d'accès à l'information, que
le document n'existait pas, alors qu'il y a un courriel qui dit que le document
existe. Je veux dire, c'est grossier, et ça montre que les problèmes
structurels en matière d'accès à l'information, hérités de l'époque libérale,
se sont juste approfondis à cause de l'état d'urgence sanitaire qui a été
maintenu, contre tout bon sens, pendant plus de deux ans par François
Legault.
Mme Sioui
(Marie-Michèle) : Qu'est-ce que vous pensez de l'attitude du ministre
Caire qui a fait des blagues, je pense, on peut dire, sur le Sharpie…
M. Nadeau-Dubois : Bien,
je vous dirais, l'attitude d'Éric Caire dans ce dossier-là, c'est la version
caricaturale et un peu spectaculaire de l'attitude de François Legault. C'est
la même attitude, c'est l'attitude : dans l'opposition, on fait des
steppettes, on déchire des chemises; rendus au pouvoir, on est bien
confortablement assis, bien aux commandes, et on brise l'engagement électoral
de réformer le mode de scrutin, on maintient le Québec sous état d'urgence
pendant deux ans, ah!, puis, ah oui!, cette fameuse histoire d'accès à
l'information, tout d'un coup, quand c'est nous, les boss, c'est moins
important.
M. Bossé (Olivier) : Sur
la sélection de vos candidats, dont vous parliez tantôt, vous disiez... parliez
d'agression sexuelle, harcèlement psychologique, est-ce que vous étendez ça à
tous les crimes, tout...
M. Nadeau-Dubois : Bien,
en fait, le principe de base, c'est que nous, on pense que les gens qui veulent
se présenter pour Québec solidaire doivent partager les valeurs fondamentales
de Québec solidaire, et ça, ça implique...
M. Bossé (Olivier) : Bien,
quelqu'un qui aurait fait de la fraude, mettons, qui est reconnu coupable
puis...
M. Nadeau-Dubois : Bien
là, on pourrait faire, comme, énormément de cas de figure puis chaque cas est
particulier. Puis nous, on fait du cas par cas puis on regarde chaque personne
qui lève la main et qui dit : Je souhaite me présenter pour vous. Avant
même d'être éligible à son investiture, parce que c'est les membres, chez nous,
qui décident des candidats et candidates, avant même d'être éligible à
l'investiture, il y a une vérification qui est faite ou des vérifications de
base au plumitif, par exemple, mais aussi qu'est-ce que cette personne-là
écrit, dit, quelles sont ses opinions politiques. Puis, si on voit qu'il y a
une incompatibilité profonde, profonde, pas de surface, profonde avec le projet
de société qu'on défend, à Québec solidaire, cette personne-là est gentiment
informée qu'elle a, oui, son droit constitutionnel de se présenter aux
élections, mais pas sous la bannière de Québec solidaire.
Mme Côté (Claudie) : ...qu'est-ce
qu'une incompatibilité impossible à réconcilier? Ce serait quoi?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
par exemple, un candidat provie qui dit...
Mme Labrie : ...
M. Nadeau-Dubois : Un
candidat antichoix, antichoix. Un candidat antichoix. Merci, Christine.
M. Bellerose (Patrick) : ...à
Québec solidaire, si ce n'est pas...
M. Nadeau-Dubois : Bien,
c'est l'exécutif du parti.
M. Bellerose (Patrick) : …si
ce n'est pas l'investiture, si ce n'est pas le côté démocratique de Québec solidaire,
là, la base, qui décide, l'exécutif décide?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
c'est la direction du parti qui s'assure de faire ces vérifications-là et
ensuite c'est les membres qui décident qui est candidat, candidate. Si
quelqu'un nous dit : Ah! moi… vous, vous proposez d'ajouter trois paliers
d'impôts, moi, j'aimerais en ajouter quatre, ce n'est pas une raison d'exclure
quelqu'un. Mais quelqu'un qui dit : Moi, personnellement, je suis
antichoix, mais je respecte la plateforme du parti, qui est prochoix, ça, ce
n'est pas une incompatibilité de surface, c'est une incompatibilité profonde.
M. Bellerose (Patrick) : ...la
personne n'est même pas admissible à l'investiture?
M. Nadeau-Dubois : Oui,
exact. Si la personne... Puis là, il faut qu'on me comprenne bien, là, on parle
d'incompatibilité profonde sur le plan des valeurs profondes, là, avec le
projet de société de Québec solidaire, pas un désaccord de politique publique,
un désaccord de valeurs profondes. Et donc on fait nos devoirs, cette
vérification-là est faite, et puis, par la suite, les membres tranchent.
Mme Plante (Caroline) : Est-ce
que c'est déjà arrivé qu'il y ait eu des incompatibilités profondes?
M. Nadeau-Dubois : C'est
une bonne question. Je pense que oui, je pense que oui. Mais il y a
125 circonscriptions, puis moi, je ne suis pas personnellement impliqué
dans ce travail-là, mais je pense que c'est déjà arrivé.
Mme Sioui
(Marie-Michèle) : J'aurais une question pour vous, Mme Labrie. Il y a
des rumeurs qui envoient Caroline St-Hilaire contre vous dans Sherbrooke.
Est-ce que… je ne sais pas, êtes-vous flattée, de un, qu'on envoie une grosse
pointure contre vous? Puis est-ce que ça vous inquiète?
Mme Labrie : Non, moi,
je ne suis pas inquiète, je connais mon bilan, les gens de la circonscription
de Sherbrooke le connaissent aussi, ils m'ont vue à l'oeuvre pendant plusieurs
années. Bien honnêtement, là, je regarde ce qui se passe, le portrait en
Estrie, puis, de toute évidence, ce n'est pas d'un député de la CAQ de plus
qu'on a besoin en Estrie. Donc, je pense que les gens feront leur choix. Puis Mme
St-Hilaire est bienvenue dans la région, si c'est elle qui se présente. Moi, je
n'ai pas eu de confirmation que c'était officiel, mais peu importe qui sera la
candidature, finalement, de la CAQ dans Sherbrooke, moi, j'ai extrêmement hâte
de débattre avec cette personne-là du bilan de la CAQ.
M. Bellerose (Patrick) : M.
Nadeau-Dubois, juste une petite curiosité. Avez-vous rencontré la gouverneure
générale hier? Est-ce que vous avez été approché pour la rencontrer?
M. Nadeau-Dubois : On a
été approchés pour la rencontrer puis on a poliment décliné la rencontre. Ce
n'est pas une rencontre que je jugeais prioritaire. Il y a des gros problèmes,
au Québec, puis on a des choses à s'occuper, puis moi, mon temps, je veux le
dédier à régler ces problèmes-là, pas à rencontrer les représentants de la
reine d'Angleterre.
M. Bellerose (Patrick) :
…pas d'avantage à parler avec Mme Simon?
M. Nadeau-Dubois : Moi,
mon temps dans une journée...
M. Lacroix (Louis) : ...
M. Nadeau-Dubois : Pardon?
M. Lacroix (Louis) : Dans
une autre langue...
M. Nadeau-Dubois : Oui,
oui, ça aurait été, en plus, en anglais, puis mon accent est terrible. Mais, non,
bien, plus sérieusement, moi, là, dans ma journée, là, j'ai un nombre limité
d'heures. Puis la question que je me pose, c'est : Ces heures-là, à quoi ils
servent? Puis rencontrer la représentante de la reine d'Angleterre, ce n'était
pas une utilisation pertinente de mon temps hier.
Mme Senay
(Cathy) : Can I ask you…
M. Nadeau-Dubois :
Yes, with my terrible accent, just described as
terrible.
Mme Senay
(Cathy) : Good morning.
M. Nadeau-Dubois : Good morning.
Mme Senay (Cathy) : Your accent is pretty good, so there is no problem for that. But
tell me why you didn't want to meet Mrs. Mary…
M. Nadeau-Dubois : Well, you know, we
all have a certain number of hours in our day, and personally I try to use
those hours in the best way to build the Québec that I want to live in, and meeting the representative of the Queen
of England was not a good use of my time yesterday.
Mme Senay (Cathy) : It would not have been a good use of your time because…
M. Nadeau-Dubois : No, I don't think… I mean, personally, I guess she's a very
interesting woman, but I have other things to do.
Mme Senay (Cathy) : On the Access to information Law, when you read this and you have
Mr. Caire saying that, you know, he can use a Sharpie quite often in many
sentences, but laughing about it, it's serious. It's serious because we don't
have access to important documents to make sense of what happened in the last
few months in the Health minister, for example.
M. Nadeau-Dubois : You know, François Legault came back in politics, making
transparency the cornerstone of is political action. He said he was going to be
their white knight of transparency in Québec. He spent hours in the salon bleu
attacking the Liberals for their lack of transparency. What we are learning,
this morning, is that nothing has changed, and that, in fact, the problem has
gotten worse in a lot of aspects. So, it's a demonstration that the change
promised by François Legault was never nothing more than an electoral slogan.
Mme Senay (Cathy) : So, the pandemic made it worst or the Legault Government, during
the pandemic, made it worst?
M. Nadeau-Dubois : When you put Québec under the state of emergency for more than two years
and give yourself all the powers, of course, it's going to worsen the already
structural problems in terms of access to information in Québec. There is a
culture of opacity and of lack of transparency that you, the journalists, know
very well, that activists know very well, that engaged citizens know very well.
To break that culture, to change that culture, you need a huge amount of
political will. That political will has abandoned François Legault since he sat
in the chair of Premier of Quebec.
Mme Senay (Cathy) : So, we need a reform of the law…
M. Nadeau-Dubois : We need a reform of the law and we need to change the culture.
Because it's not only about what's written in the law, it's about the habits of
people in high offices, it's about the way the law is interpreted. And there is
something very specific in Québec about that. The journalists know it very
well, the engaged citizens know it very well, civil society organisations know
it very well. If we want to destroy that culture, which is a poison for our
democracy, we need a government that takes this seriously and that has the
political courage to do so.
When you see François
Legault tearing up his own promise about the electoral reform, when you see him
leaving the state of emergency for two years, when you see him brushing
off very disturbing revelations about access to information in Québec, what you had to conclude is that
this man has fallen in love with power, he has fallen in love with the state of
emergency and has abandoned any political will to really put in place real
change in Québec.
Mme Senay (Cathy) : You'll be in front of him at the budget estimates this afternoon…
M. Nadeau-Dubois : Yes.
Mme Senay (Cathy) : …three hours straight.
M. Nadeau-Dubois : Yes. Well, I have two blocks of 12 minutes. I would give
a lot to have three hours, I would give a lot. I would be very happy, so
much issues to cover, but I will have two blocks of 12 minutes.
Mme Senay (Cathy) : So, what would you like to accomplish? Because, I mean, as a matter
of exercise, you won't have this before the election campaign.
M. Nadeau-Dubois : Yes. Well, I was thinking of asking him about the price of an
apartment in Montreal, but my colleague, Manon Massé, has done this already
last year. No, more seriously, it's an important exercise, and I will have two discussions
with Mr. Legault. First, I will have a discussion with him about his... How do
you say «bilan» in English?
Des voix : ...
M. Nadeau-Dubois :
Record? Track record? So, I'm going to
have two discussions with Mr. Legault. First of all, his track record. We're
arriving at the end of his mandate, and I will want to discuss with him what
has changed, really, in Québec in the last four years, what has he done, what problems has he
solved and what problems has he not solved. And I will want to discuss also the
issue of the economy, because I think Mr. Legault and I have very different
visions on that issue.
Mme Senay (Cathy) :
You know, you see the economy
differently. Which is the best way, your way?
M. Nadeau-Dubois :
I think, yes.
Mme Senay (Cathy) :
Why?
M. Nadeau-Dubois :
Because I think money should be put at
the service of the people. It's not the people who should be at the service of
the money. And sometimes, when you hear François Legault, I think he does that
mistake.
Mme Senay (Cathy) :
Which is? High salary?
M. Nadeau-Dubois :
I don't want to give all the scoops
right now, but we will talk about the economy, and I think it's going to be
very interesting.
Mme Henriquez
(Gloria) :
I
wanted to ask you about... Today Mme Blais is going to announce changes in
services for seniors' homes, more services, and, at the same time, we've
learned that one of the CAQ's electoral promises, which was to build more
seniors' homes, is just not happening. So, do you think that the CAQ is not
focusing on the right things, when it comes to seniors, or, you know, another
broken electoral promise?
M. Nadeau-Dubois :
Honestly, I do not... You just learned to
me, that Mme Blais will do an announcement on that issue. So, I will wait to
see what will be announced to comment on it.
Thank you, merci.
(Fin à 8 h 54)