(Dix heures cinquante-huit minutes)
M. Nadeau-Dubois : Bonjour,
tout le monde. On est très contents, Manon et moi, en tout cas, moi, je suis
très content, et je suis sûr que Manon l'est aussi, d'être devant vous aujourd'hui,
de débuter cette nouvelle session parlementaire. On avait hâte que ça commence.
Cette session-là, pour Québec solidaire,
elle va se résumer en un mot clé : imputabilité. François Legault commence
son deuxième mandat. Il a une grosse majorité. Et, pendant les quatre premières
années où il a gouverné le Québec, François Legault a développé cette vilaine
habitude d'accuser toujours les autres pour ses échecs, hein? Quand ce n'était
pas la faute des syndicats, c'était la faute de la pandémie, sinon c'était la
faute des libéraux, la faute de Justin Trudeau.
Là, ça suffit, les excuses. Ça suffit, les
excuses. L'heure de la reddition de comptes a sonné pour la CAQ. François
Legault est imputable de ce qui se passe en ce moment dans notre système de
santé. François Legault, il est imputable de sa gestion de la crise de l'inflation.
Les Québécois et les Québécoises, ils méritent une opposition qui est forte,
qui est unie, qui travaille pour eux autres puis qui a les priorités à la bonne
place. À Québec solidaire, on est prêts à livrer la marchandise pour le monde.
Mme Massé : Bonjour, tout le
monde. Écoutez, c'est ma troisième rentrée parlementaire, et une chose qui me
frappe, c'est que cette rentrée parlementaire là, c'est la rentrée de la
distorsion. Il y a 20 ans, les plus âgés comme moi s'en souviendront, le
Québec se mettait en mode réflexion pour une réforme des institutions
démocratiques. Sous le Parti québécois, à l'époque, une grande réflexion s'est faite,
a abouti dans un grand rassemblement, des états généraux auxquels, de façon
très majoritaire, on parle de plus de 90 %, les gens arrivaient à la
conclusion qu'au Québec on était dus, en 2003, pour une réforme urgente du mode
de scrutin.
On n'a pas le même sens de l'urgence, il faut
croire, parce que, 20 ans plus tard, encore aujourd'hui, dehors, il y a
des gens qui vont venir face au Parlement du Québec pour dire : Ça prend
une réforme du mode de scrutin. Parce que M. Legault a beau bomber le
torse pour dire qu'il a une vaste majorité, mais je vais être là pour lui
rappeler qu'il y a près de 60 % de la population qui n'a pas voté pour
lui, et que, s'il a 90 députés de son côté, c'est parce que le système
démocratique, le mode de scrutin crée des distorsions, crée une telle
distorsion que même le parti d'opposition officielle a moins de votes que nous,
le deuxième parti d'opposition. C'est distordu de partout, ça fait 20 ans
qu'on le dit.
M. Legault, d'ailleurs, était là,
voilà 20 ans, pour appeler à cette grande réforme, avec le Parti
québécois. 20 ans plus tard, bien, en 2020, il a lui-même déposé, à la
CAQ, un projet de réforme, auquel d'ailleurs près de 80 % des intervenants
sont venus dire que ça prenait une réforme du mode de scrutin, qu'ils étaient
d'accord avec le projet de loi déposé par la CAQ. Mais ce n'est toujours pas
fait. Alors, si M. Legault est vraiment un démocrate, j'espère que cette
fois-là, il n'hésitera pas à relancer ce projet de société, parce que ce n'est
pas un projet partisan, c'est un projet de démocratie.
La Modératrice : Merci
beaucoup. On va prendre vos questions. Une question, une sous-question en vous
présentant.
M. Laforest (Alain) : Bonjour
à vous deux.
M. Nadeau-Dubois : Bonjour.
M. Laforest (Alain) : Qu'attendez-vous
de Nathalie Roy, qu'on a souvent dit qu'elle était trop partisane au salon bleu?
M. Nadeau-Dubois : Bien, M. Legault
aime souvent les comparaisons de hockey, mais là ces temps-ci on parle surtout
de soccer. Ça fait que c'est elle qui va devoir distribuer les cartons jaunes
aux députés, puis j'espère qu'elle va se rappeler qu'elle doit également en
distribuer à son ancienne équipe. On s'attend de Nathalie Roy à ce qu'elle soit
rassembleuse, à ce qu'elle s'élève au-dessus de la mêlée et qu'elle fasse
respecter les droits de l'ensemble des députés, y compris les députés de
l'opposition. Puis ça, c'est encore plus important dans le contexte d'une
majorité importante du côté de la CAQ.
M. Laforest (Alain) : Est-ce
que vous craignez que, et vous les avez appuyés, les trois députés du Parti
québécois viennent un peu distordre la journée d'aujourd'hui en tentant de
faire une entrée forcée au salon bleu?
M. Nadeau-Dubois : Moi, je
respecte la décision du Parti québécois, puis je ne veux pas juger la décision
qu'ils vont prendre aujourd'hui. Mais je peux vous dire ce que nous, on en
pense. Moi, je pense que, quand tu veux changer une institution, il faut que tu
ailles dans l'institution pour changer les règles. D'ailleurs, je vous confirme
qu'on va déposer, ce jeudi, notre projet de loi solidaire pour rendre le
serment au roi facultatif. On va prendre nos responsabilités, on va changer les
règles du jeu.
M. Laforest (Alain) : Avant
le gouvernement? Parce que le gouvernement, Jean-François Roberge, c'est
indiqué qu'il va déposer... Donc, il y aura deux projets de loi.
M. Nadeau-Dubois : Je ne
connais pas la date du dépôt du projet de loi du gouvernement...
M. Laforest (Alain) : Mais il
y aura deux projets de loi.
M. Nadeau-Dubois : Ce que je
peux vous dire, c'est que le projet de loi solidaire pour rendre le serment au
roi facultatif, là, on va le déposer jeudi. Ce sera notre premier projet de loi.
Ce sera le projet de loi numéro un de Québec solidaire, parce que, quand tu
veux changer les règles du jeu en politique, il ne faut pas que tu demandes aux
autres de le faire, il faut que tu prennes tes responsabilités, il faut que tu
le fasses toi-même.
M. Carabin (François) : Bonjour
à vous deux
M. Nadeau-Dubois : Bonjour.
M. Carabin (François) : Sur
ce projet de loi là, justement, que ce soit celui du gouvernement ou le vôtre,
là, l'idée, j'imagine, c'est d'adopter un projet de loi rapidement. Est-ce que
vous avez l'intention... Est-ce que vous croyez que c'est possible de l'adopter
avant Noël?
M. Nadeau-Dubois : Moi, je
souhaite qu'on l'adopte le plus vite possible. Le chef d'orchestre des travaux
du Parlement, c'est le leader du gouvernement, mais moi, je peux vous dire
qu'on va être dans l'équipe qui va vouloir que ça aille le plus rapidement
possible. Puis je veux aussi rappeler que c'est la deuxième fois que Québec
solidaire dépose un projet de loi sur cette question-là. Mon collègue Sol
Zanetti l'avait fait lors de la dernière législature. Le seul parti politique
qui a posé un geste dans les dernières années pour faire avancer ce débat-là,
c'est qui? C'est Québec solidaire. On est toujours au rendez-vous pour faire
évoluer le Parlement du Québec, puis c'est ce qu'on va faire ce jeudi.
M. Carabin (François) : On
parlait de Nathalie Roy. L'ex-président, toujours président en exercice, M. Paradis
avait rendu une décision vis-à-vis les élus du Parti québécois qui disait
essentiellement qu'ils pourraient être expulsés s'ils tentaient de forcer la
porte du salon bleu. Vous attendez-vous à ce que Nathalie Roy agisse dans la
continuité?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
d'abord, peut-être juste pour que tout le monde comprenne bien la séquence, M. Paradis
est officiellement président de l'Assemblée nationale tant que Mme Roy
n'est pas elle-même élue. Donc, la séance de tout à l'heure, c'est M. Paradis
qui va l'ouvrir, et non pas Mme Roy. Est-ce que Mme Roy, si elle est
saisie d'un enjeu par un député élu à l'Assemblée nationale, peut rendre une
décision? Mais généralement ces décisions-là sont prises en délibéré, je vous
le rappelle, hein? C'est extrêmement rare qu'une présidence prenne, même sur
des enjeux de procédure, une décision sur le banc, comme on dit. Souvent, c'est
des décisions qui sont prises en délibéré. Donc, moi, je vous invite à poser la
question à Mme Roy, quelles sont ses intentions.
M. Carabin (François) : Est-ce
que, selon vous, c'est nécessaire que la nouvelle présidente assure une
continuité sur cette décision?
M. Nadeau-Dubois : Ce n'est
pas à moi à dire quoi faire à Mme Roy. Moi, je l'ai dit que, sur le fond,
cette décision-là de François Paradis, on est en désaccord avec cette
décision-là à Québec solidaire. Elle nous a profondément déçus. Puis c'est
suite à cette décision-là qu'on s'est dit : Bon, bien là, on n'a plus le
choix, on va prendre nos responsabilités, on va se pincer le nez, faire le
serment une dernière fois pour déposer un projet de loi. On n'a pas changé
d'avis sur le fond de la décision, mais tant qu'il est président de l'Assemblée
nationale, ses décisions sont finales et sans appel, puis il faut les
respecter.
M. Bellerose (Patrick) : Oui.
Bonjour, tous les deux. Sur le même sujet, je sais que M. Paradis avait
dit : Une motion, ce n'est pas suffisant pour permettre de siéger. Par
contre, il y a quand même des spécialistes, des constitutionnalistes qui ne
sont pas d'accord avec cette vision-là. Est-ce que vous pourriez déposer une
motion pour permettre au Parti québécois de siéger le temps qu'on adopte un
projet de loi qui va prendre évidemment plus de temps?
M. Nadeau-Dubois : Nous, on
n'exclut absolument rien. On est toujours ouverts au dépôt d'une motion. Notre
main, elle est toujours tendue vers les trois députés du Parti québécois. Si
les trois députés péquistes veulent qu'on dépose une motion pour faciliter leur
entrée à l'Assemblée nationale, on est prêts à le faire. On est ouverts à
travailler le libellé avec eux si c'est nécessaire. On est en mode, vraiment,
collaboration.
M. Bellerose (Patrick) : Donc,
ça pourrait aller rapidement. Je pense, c'est ce mercredi vous pouvez déposer
votre motion.
M. Nadeau-Dubois : Le premier
moment où ce sera possible de le faire, si les informations sont bonnes, c'est
ce jeudi.
M. Bellerose (Patrick) : Ce
jeudi. Donc, avez-vous des discussions avec le Parti québécois à ce sujet-là, à
savoir si...
M. Nadeau-Dubois : Nous, on leur
a répété à plusieurs reprises dans les dernières semaines qu'on était là, qu'on
était prêts, qu'on était ouverts à déposer une motion. Je pense que tout le
monde attend un peu de voir qu'est-ce qui va se passer aujourd'hui, bien sûr, ça
pourrait déterminer la suite des choses, mais la main, elle est tendue, on est
en mode collaboration. Il n'y a pas de blocage de notre côté, loin de là.
M. Bellerose (Patrick) : J'aimerais
vous entendre sur Jean Lapointe. On voit qu'il n'y aura pas de funérailles
nationales. Est-ce que vous êtes déçus? Est-ce que...
M. Nadeau-Dubois : Pardon? On
voit que?
M. Bellerose (Patrick) : Sur
Jean Lapointe, on a vu qu'il n'y aura pas de funérailles nationales. Excusez,
j'ai un petit problème aujourd'hui. Est-ce que vous êtes déçus de voir qu'il
n'y a pas de funérailles nationales? Est-ce que Québec devrait réviser sa
décision?
M. Nadeau-Dubois : Honnêtement,
vous me l'apprenez, là, que M. Lapointe n'aura pas de funérailles
nationales. C'est un géant parmi les géants de la culture québécoise. Je ne
suis pas familier avec les critères qui font en sorte qu'on attribue ou non des
funérailles nationales. Moi, ce que je souhaite, au-delà de si c'est
techniquement ou pas des funérailles nationales, c'est qu'on rende hommage
pleinement à l'héritage de cet homme-là, qui est un héritage, bien sûr,
culturel, qui est aussi un héritage social. Je pense à son engagement important,
citoyen, dans les dernières décennies de sa vie. Donc, moi, ce que je souhaite,
c'est qu'on lui rende hommage pleinement, qu'on respecte les volontés de sa
famille aussi là-dedans, que ce soit ou non des funérailles nationales.
M. Bossé (Olivier) : Bonjour.
On a eu l'impression, depuis les élections, que Québec solidaire a été le parti
d'opposition le moins actif médiatiquement, peut-être pas le moins actif, mais
médiatiquement. Est-ce qu'il y avait une stratégie, ou pourquoi?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
d'abord, si vous me questionnez sur mon activité médiatique, je n'ai aucun
problème à être transparent avec vous. J'ai passé beaucoup de temps auprès de
ma famille depuis l'élection. Je n'avais pas vu ma petite cocotte depuis plusieurs
mois. Je ne l'avais pas beaucoup vue dans la foulée de la précampagne, de la
campagne. Ça fait que j'ai passé, personnellement, un peu plus de temps auprès
de ma fille. Mais, pendant ce temps là, nos députés étaient sur le terrain. Mon
collègue Vincent Marissal a fait une tournée, qui n'est pas terminée
d'ailleurs, du système de santé au Québec. Ça sert à ça quand le Parlement ne
siège pas, être sur le terrain. Ma collègue Alejandra a talonné le ministre
Charette sur le dossier de la COP27. On a préféré être sur le terrain qu'être
dans les médias dans les dernières semaines, et on rentre aujourd'hui, à
l'Assemblée nationale, enrichis de ce qu'on a entendu sur le terrain pendant ce
mois-là depuis l'élection. On est prêts.
M. Bossé (Olivier) : J'aimerais
savoir ce que vous pensez de la P.D.G. de la SAQ qui va quitter à la retraite
au mois de juin, je crois, avec une prime de 450 000 $.
M. Nadeau-Dubois : Il faut
revoir les primes dans les sociétés d'État au Québec. En ce moment, il y a du
monde qui travaille à temps plein puis ils ne sont pas capables de faire
l'épicerie. C'est ça qui se passe en ce moment au Québec. La classe moyenne
fait la file dans les banques alimentaires. C'est ça qui se passe, là. Est-ce
que c'est raisonnable, pendant ce temps là, de donner des primes de plusieurs
centaines de milliers de dollars à des gens qui travaillent pour l'État du
Québec? Je pense que ce n'est pas raisonnable, c'est exagéré, et il faut faire
le ménage là-dedans. C'est une bataille qu'on mène depuis longtemps à Québec
solidaire. Puis moi, je ne comprends pas que la CAQ, qui prétend être le parti
du portefeuille des Québécois, se préoccupe aussi peu du portefeuille des gens
au salaire minimum, mais autant du portefeuille des gestionnaires des sociétés
d'État. 400 000 $, ça n'a juste pas de sens.
La Modératrice : Merci.
M. Bourassa (Simon) : Bonjour
à vous deux. M. Duhaime a écrit à Nathalie Roy plus tôt cette semaine pour
lui demander, là, d'avoir un bureau à l'Assemblée nationale, de pouvoir y tenir
des points de presse. Est-ce que, selon vous, M. Duhaime a droit à ce
privilège?
M. Nadeau-Dubois : J'étais en
copie conforme de cet envoi-là à la présidence, puis, pour plusieurs de ces
demandes-là, la balle est vraiment dans le camp de la présidence. Ce n'est pas
à Québec solidaire à trancher ces questions-là, mais je pense que ça peut être
pertinent de rappeler qu'il y a certaines demandes de M. Duhaime qui ne
relèvent pas de la présidence. Par exemple, les huis clos budgétaires sont
organisés par le ministère des Finances, et c'est le ministère des Finances qui
fait des invitations, pas la présidente de l'Assemblée. Est-ce que M. Duhaime
pourrait y être invité? Ça, c'est du côté du ministère des Finances qu'on peut
y répondre. Il y a d'ailleurs des organisations médiatiques aussi qui invitent
des membres de la société civile aux huis clos. Est-ce que M. Duhaime
pourrait être invité par une organisation médiatique? Bref, ça, c'est un
exemple de demande, en fait, qui ne relève pas de la présidence.
Pour ce qui est de l'utilisation des
locaux de l'Assemblée, donc des ressources de l'Assemblée nationale, un des
principes qui nous gouverne ici, c'est que ça doit être utilisé de manière non
partisane. Donc, moi, par exemple, je ne peux pas faire une réunion de mon
association de Québec solidaire, de comté, dans mes bureaux ici. Ce serait une
utilisation partisane. Donc, est-ce que la Commissaire à
l'éthique, par exemple, pourrait nous donner des balises pour s'assurer
que, s'il y a des bureaux de rendus disponibles à des non-élus, bien, que ça
n'enfreigne pas ces règles-là? Je pense, c'est des discussions qui méritent
d'avoir lieu, mais ce n'est pas aussi simple que certaines personnes semblent
suggérer. Tout n'est pas du ressort de la présidence, et il y a quand même des
règles de gestion, de saine gestion des fonds publics qui doivent être
respectées. Est-ce qu'à l'intérieur de ça c'est possible de trouver un
aménagement? Sans doute, mais c'est des questions qui ne sont pas aussi simples
que ça peut avoir l'air en apparence.
M. Bourassa (Simon) : Bien,
justement... Bien, allez-y, Mme Massé.
Mme Massé : Bien, si vous
permettez, oui, j'ai envie d'ajouter là-dessus. On le sait, fondamentalement,
c'est quoi, le problème, c'est que toutes les ressources ici sont déterminées à
partir d'un mode de scrutin qui, lui, est distorsionné. Ça fait que moi, je le
comprends, M. Duhaime. Je le comprends. Il faut s'attaquer à la... Il faut
réformer le mode de scrutin, parce que ce n'est pas juste le résultat du vote
que ça détermine, mais ça détermine aussi le partage des ressources collectives
que nous avons, les ressources parlementaires. J'espère que M. Duhaime va
être dehors avec nous autres tantôt.
Mme Lévesque (Fanny) : Bien,
juste pour précision, en gros, est-ce que vous l'appuyez dans ses demandes?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
comme je réponds, comme je le disais tantôt, il y a plusieurs de ces
demandes-là qui ne sont pas de l'ordre des partis politiques. Il y a des enjeux
que la Commissaire à l'éthique devrait regarder. De
manière générale, il peut y avoir sans doute des accommodements de faits pour M. Duhaime,
mais ces choses-là ne sont pas simples, elles ne sont pas tranchées au couteau.
Je donnais l'exemple du huis clos budgétaire. Ça, ce n'est ni la présidence ni
Québec Solidaire qui peut décider ça, c'est le ministère des Finances, voire
les médias eux-mêmes, qui invitent parfois des acteurs de la société civile.
Donc, est-ce qu'à travers tout ça il y a un aménagement possible? Sans doute.
Je trouvais ça juste important de rappeler à tout le monde qui a beaucoup
d'intérêt pour ces détails-là que c'est, en fait, assez compliqué comme
situation.
Mme Lévesque (Fanny) : Bien,
par exemple, le Parti québécois, lui, a donné son appui. On comprend que, de
votre côté, ce n'est pas si simple que ça.
M. Nadeau-Dubois : Bien, la
porte n'est vraiment pas fermée, mais, ce que je veux rappeler, c'est que c'est
des enjeux qui sont complexes. Par exemple, le huis clos budgétaire ou le huis
clos pour la mise à jour économique qui s'en vient, ce n'est ni la présidence
ni Québec Solidaire, c'est le ministère des Finances qui l'organise. Donc,
est-ce que M. Duhaime peut aller faire ses... Sans doute que M. Duhaime
pourrait aller faire ses demandes à chacune de ces instances-là pour qu'on
trouve un aménagement, mais ce n'est pas aussi simple que ça en a l'air.
Mme Lévesque (Fanny) : Puis
on voyait, ce matin... Bon, la semaine dernière, on a eu un aperçu, là, du bras
de fer qui se poursuit entre la juge Rondeau et Simon Jolin-Barrette. Vous avez
dit que le ministre doit arrêter de se chicaner. Aujourd'hui, on voit que ça a
des effets très concrets sur le système, des procès importants qui ne peuvent
pas continuer. D'abord, c'est quoi, votre réaction par rapport à ça, des
proxénètes, des trafiquants de drogue qui ne peuvent pas avoir... en fait, qui
voient leurs procès retardés aujourd'hui? C'est quoi, votre réaction par
rapport à ça? Et qu'est-ce que Québec doit faire dans l'immédiat pour résoudre
cette situation-là?
M. Nadeau-Dubois : Bien, on
ne peut pas accepter que des procès achoppent parce qu'il manque de ressources
dans notre système. Puis le travail de Simon Jolin-Barrette, c'est de livrer
des résultats. Ce que les victimes veulent voir, ce n'est pas un ministre de la
Justice dans les médias en train de faire des entrevues en se chicanant
publiquement avec la juge en chef, là, ce que les victimes veulent voir, c'est
des résultats, ils veulent voir des résultats. Il faut que M. Jolin-Barrette
soit rassembleur, s'assoie, bien sûr, avec la juge en chef, mais pas seulement
la juge en chef. Il manque aussi de greffiers, il manque aussi de constables
spéciaux pour la sécurité dans les palais de justice. C'est un problème qui est
complexe, il manque de ressources partout dans le système, puis la job de Simon
Jolin-Barrette, ce n'est pas de faire des entrevues, c'est de trouver des
solutions.
Mme Lévesque (Fanny) : Est-ce
que vous partagez le constat du premier ministre qui dit que c'est gênant,
selon certains juges, la situation actuelle?
M. Nadeau-Dubois : Bien, moi,
je trouve gênant que, dans une société aussi riche que le Québec, l'accès à la
justice, qui est un droit, pas un luxe, soit mis en danger parce qu'il manque
de ressources dans notre système de santé... dans notre système de justice. Je
suis tellement habitué de dire système de santé que... Mais dans le système de
justice aussi il manque des ressources, puis c'est un service public aussi
fondamental, dans une société de droit, que le système d'éducation ou de santé.
Moi, j'entendais le Barreau du Québec appeler, l'autre fois, à une augmentation
importante des ressources dans le système de justice. Il y a une mise à jour
économique qui s'en vient, là. Bien, j'espère que M. Jolin-Barrette a un
rendez-vous avec M. Girard dans les prochains jours, là, parce que, là, le
gouvernement a l'occasion de remettre des ressources dans le système pour
embaucher du monde, puis pas juste des juges, tous les gens dont le système de
justice a besoin pour bien fonctionner dans des délais qui sont raisonnables.
M. Bolduc (Pierre-Alexandre) : Je
vais rebondir là-dessus. Hier, le premier ministre disait qu'il avait parlé à
des juges qui n'étaient pas d'accord avec ce que la juge en chef voulait faire.
C'est-u correct, ça, que le premier ministre parle à des juges comme ça, là, la
relation, là?
M. Nadeau-Dubois : Ce n'est
pas moi qui vais décider avec qui M. Legault a le droit de prendre un café
ou une bière, là, mais, je veux dire, moi aussi, ça m'est arrivé de parler à
des juges, savez-vous, dans les dernières années, là. Ce n'est pas un argument.
Je veux dire, ça n'a pas rapport, avec qui M. Legault jase. L'important,
c'est que M. Jolin-Barrette s'assoit avec les acteurs du système de justice
puis trouve des solutions. Aller se chicaner dans les médias pour dire :
Elle n'a pas raison, puis moi, j'ai raison, là, ça, ça ne sauve aucun procès
puis ça ne protège les droits d'aucune victime.
La Modératrice : En
terminant.
M. Bolduc (Pierre-Alexandre) : Je
veux revenir sur la priorité que vous nous avez partagée la semaine passée sur
la lutte à l'inflation. C'est quoi, la stratégie, M. Nadeau-Dubois, pour
obtenir auprès du public cette crédibilité économique là? Est-ce que vous avez
recruté des gens? Comment vous allez faire pour avoir ce ticket-là de on
connaît ça, l'économie, à Québec solidaire?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
déjà, pour la première fois de son histoire, Québec solidaire a fait élire, le
3 octobre dernier, une figure économique. M. Haroun Bouazzi, député
de Maurice-Richard, a été pendant 15 ans vice-président à la Banque de
développement du Canada. C'est quelqu'un qui vient du secteur économique, du
secteur financier et qui amène à notre équipe une crédibilité nouvelle sur la
question de l'économie, sur la question du coût de la vie. En ce moment, c'est
grave ce qui se passe, là. On envisage des faillites, des cascades de faillites
personnelles. Les taux d'intérêt pourraient continuer à augmenter. Ça, c'est
une très mauvaise nouvelle pour les propriétaires et les locataires qui vont
voir, souvent, leur loyer augmenter parce que les hypothèques augmentent. C'est
très, très grave, la crise actuelle, puis les Québécois ont besoin d'une
opposition qui fait sa job, qui parle de ça, puis qui talonne le gouvernement
pour le pousser à en faire plus. C'est la mission qu'on se donne à Québec
solidaire, puis on a l'équipe pour remplir cette mission-là.
La Modératrice : En anglais.
Mme Senay (Cathy) : Good morning. In less than three hours, you'll be in the Blue Room
for the first time and having 90 CAQ MNAs in front of you and see the power
this party has now. So, how do you feel about this, the fact that you'll have
to face a major and very strong Government, as and opposition party?
M.
Nadeau-Dubois :
You know, I think that situation only underlines
the importance of having a strong and united opposition in the National Assembly of Québec. Because the Government has that type of majority, we
need and opposition party, an opposition team ready to deliver, that is united,
and that has the good priorities. When I was in my riding, the last weeks,
people talked to me about the health care, what's happening in our emergency
rooms. They were talking to me about the cost-of-living crisis. Those are the
priorities of Quebeckers. It will
be our priorities. And I think Quebeckers deserve that, they deserve an opposition that does their job,
because that majority of MNAs is not a reflexion of a majority of votes. 60% of
people that voted in the last election did not vote for that party. That means
we have big responsibilities to talk for the majority of electors that did not
vote Mr. Legault. We take those responsibilities seriously, and we will be
there to deliver.
Mme Senay
(Cathy) :
I
just would like to clarify «united opposition». I mean, you want to be
recognized as the Official Opposition. And then you have the three PQ MNAs,
they are not happy with what they got with the agreement, and the Conservatives
are asking for an access to the National Assembly. I mean, you're basically on your own too. You want to mark points
and be recognized as a very strong opposition. So, there is no united
opposition here.
M.
Nadeau-Dubois : Well, I was talking about the
fact that we are united as a party. But, you know, we don't need the other opposition parties to be weak for us to be strong. You
know, in the last mandate, the Liberals and the PQ were
there, they had their leaders, and I think we still were, for a lot of Quebeckers, that's what the poll says, a
good opposition party in front
of Mr. Legault. So, we don't need for them to have problems for us to do
our job. We will be there. We have, I think, the right priorities because it's
the priorities of Quebeckers, and
we will do the job we were elected for. A majority of people that voted did not
vote for that party. Those people need someone in the National
Assembly fighting for the priorities of people, and
that's what we're going to do,
we're going to work for them.
Mme Senay
(Cathy) : One last question about the CAQ. They said many times in its first mandate that
because of the Liberals and the 15 years of power of the Liberals, this is
why the health care system was in this state, or this is why the education
system was like this. What are you going to do as the legislative leader of QS when you're going to hear this: 15 years of
Liberals being in power, now, in 2022?
M.
Nadeau-Dubois :François
Legault has been singing the same song for four years
now. It's the song: It's not my fault, it's Mr. Trudeau, it's the
Liberals, it's the unions, it's the pandemic. He's been in power for four years.
Accountability starts now. He will be held accountable by Québec solidaire for what's happening in our
emergency rooms, for what's happening with our planet, for what's happening in
the cost-of-living crisis. He will have to answer our questions, and we will
not accept anymore those types of excuses where he accuses, always, someone
else to be responsible for the failures of his Government.
M. Spector
(Dan) : Hey! Dan Spector from Global. On
electoral reform, why do you think it's worth it to keep pushing on this
subject when François Legault
keeps just firmly closing the door?
M.
Nadeau-Dubois : I think governments can change their minds.
Mr. Legault was in favor of an electoral reform since a few months. He can
change his mind. And I believe in the power of citizen mobilization, I believe
in the power of the people when they get together and they try to move things
around. I don't know if it's going to be in this mandate or in the next, but our electoral system is broken,
and it will change. It is sure it will change one day; the question is when. And
each protest, each pressure we put on the Government
and on other political parties is a step forward for an electoral reform in
Québec. We don't have the power, right now, to do it right now, but we will be
side by side with the citizens of Québec that believe we are... we deserve an
electoral system that represents the choices of the people.
La Modératrice
: En terminant.
M. Spector
(Dan) : Just on swearing to the King, and
you're going to present your
law later this week, you know,
we keep talking, since you mentioned that, about the health care system,
cost-of-living crisis, is it really the priority right
now, the whole idea of swearing to the King when other people are... when
Quebeckers are really focus on these other problems?
M.
Nadeau-Dubois : Our priorities are clear. We will be the opposition
that will be relaying the preoccupations of Quebeckers. The health care crisis,
the cost-of-living crisis, those are going to be our priorities for the next
two weeks because Quebeckers deserve an opposition team that does that job,
that works for them. We're going to be that team, we're ready to be that team,
but we can also, while doing that, table a bill to modernize our democratic
institutions. And I think there's a strong consensus in Québec that we have to
make that oath optional. We can table that bill and still have as our
priorities the priorities of Quebeckers right now, which is the health care
crisis and the cost-of-living crisis.
Mme MacKenzie
(Angela) : If the PQ does decide to try and go into the Blue Room
without having sworn the oath, what are your thoughts on that?
M. Nadeau-Dubois :
I respect the decisions of the Parti québécois, and I let them make their own
decisions. What I can tell you is what we decided to do. And what we think is
that when you want to change the game, you got to play the game. If you want to
change an institution, you got to be in that institution to change the rules of
that institution. That's why our first bill will be a bill to make that oath to
the King optional. Its our second bill on the matter.
We tried it the last time. We're going to try again because I learned something
going into politics a few years ago, if you want something to get done, you
have to do it yourself. You should not put your trust on other political
parties.
Mme MacKenzie
(Angela) :
And
are you confident you will be able to get that passed in the...
M.
Nadeau-Dubois :
I feel there is a momentum right now for that reform, a momentum
that was not there a few months ago when we tried the first time. I think the
pressure put by Québec solidaire and the Parti québécois in the last weeks made other political parties… forced other
political parties to take a position on that issue. So, I think the lines have
shifted, I think there is a momentum and I think it's possible to adopt a bill.
And we want to adopt it as soon as possible.
La
Modératrice : Merci beaucoup.
(Fin à 11 h 27)