(Onze heures quarante-six minutes)
M. Nadeau-Dubois : Bien,
bonjour. Je veux réagir à l'échange que je viens d'avoir avec le premier ministre.
Franchement, je n'en reviens pas. Je n'en reviens pas. On est en pleine crise
historique de l'inflation, le salaire minimum est à 14,25 $ en ce moment
au Québec, et le premier ministre du Québec vient de dire que, pour aider les
gens en bas de l'échelle, là, toucher au salaire minimum, je le cite : Ce
n'est pas une bonne solution. Même les libéraux avaient plus de compassion que
ça, là, même les libéraux étaient... avaient plus de compassion pour les gens
en bas de l'échelle.
À 14,25 $, en ce moment, tu n'es même
pas capable de t'acheter deux livres de beurre avec une heure de travail,
puis François Legault nous dit que ce n'est pas une bonne solution, d'augmenter
le salaire minimum. Je n'en reviens pas. Moi, je lui demande de donner l'heure
juste aux Québécois, Québécoises puis leur dire s'il a l'intention d'augmenter
le salaire minimum cette année au Québec.
M. Laberge (Thomas) : Mais là
il a clarifié cette déclaration-là en disant qu'il allait le hausser comme il
le hausse...
M. Nadeau-Dubois : Ils l'ont
augmenté de 0,75 $ l'an passé, 0,40 $ l'année d'avant. On n'a pas
besoin de cents, on a besoin de piastres. L'inflation n'était pas à 8 % l'an
passé, là. On a besoin d'une hausse historique du salaire minimum. C'est la
meilleure manière d'aider les 800 000 personnes au Québec qui font
moins de 18 $ de l'heure.
François Legault est censé être le premier
ministre de tous les Québécois, là, bien, je lui demande d'être aussi le
premier ministre du monde au salaire minimum au Québec. Quand je l'entends dire
que c'est juste des étudiants, là, au salaire minimum, c'est insultant. C'est
faux, c'est faux. Moi, il y a des centaines de femmes qui m'ont écrit dans les
derniers jours, des femmes qui travaillent dans des épiceries, par exemple, qui
sont au salaire minimum. François Legault est complètement déconnecté. Je le
répète, là, même les libéraux avaient plus de compassion que ça.
M. Laberge (Thomas) : Votre
député, Andrés Fontecilla, dit que les chèques, c'est une mesure
inflationniste. Est-ce que d'augmenter le salaire minimum, qui donne aussi plus
de pouvoir d'achat, donc pourrait encourager la consommation? Ce ne serait pas
aussi une mesure inflationniste?
M. Nadeau-Dubois : Il faut
agir sur plusieurs fronts pour lutter contre l'inflation. De permettre aux gens
qui travaillent à temps plein, là, de remplir leur panier d'épicerie, là, c'est
une mesure de dignité humaine de base. Quand le fait de travailler à temps
plein ne te permet même pas de faire ton épicerie, ça veut dire que le contrat
social est brisé, parce que le contrat social, dans une économie comme la
nôtre, ça devrait être que, si tu travailles à temps plein, bien, tu es au
moins capable de survivre. En ce moment au Québec, ce n'est pas le cas.
M. Laberge (Thomas) : Le
gouvernement se base sur une règle, là, du 50 % du salaire médian ou
moyen, je ne suis pas certain. Pour le 18 $ de l'heure, vous vous basez
sur quel critère?
M. Nadeau-Dubois : C'est un
calcul, qui date déjà, d'ailleurs, du salaire qui est nécessaire pour remplir
les besoins de base de quelqu'un au Québec, ce qu'on appelle le salaire viable,
puis c'est un calcul qui remonte à avant l'incroyable poussée inflationniste
des derniers mois. Donc, bien honnêtement, là, 18 $ de l'heure alors que
la livre de beurre est à plus de 8 $, là, ce n'est pas exagéré.
M. Côté (Gabriel) : ...18 $
de l'heure tout de suite ou...
M. Nadeau-Dubois : Nous, ce
qu'on demande, c'est une augmentation immédiate à 18 $ de l'heure. Si le
premier ministre veut y aller par paliers, ce sera déjà ça de pris. On avait,
dans notre cadre financier, des mesures pour accompagner les petites
entreprises, les agriculteurs, les groupes communautaires dans la transition
vers le 18 $ de l'heure. Parce qu'on est très conscients qu'il y a des
très petites entreprises, par exemple, qui auraient besoin d'aide du
gouvernement pour amortir le choc d'une augmentation du salaire minimum, mais
les Metro, les Dollarama, les Loblaws, là, qui, en ce moment, enregistrent des
profits records, ces entreprises-là ont les moyens de payer leur monde
dignement. Merci beaucoup.
(Fin à 11 h 50)