(Seize heures trente-deux minutes)
M. Tanguay : Alors, bonjour.
En réaction à la mise à jour économique, j'aurai l'occasion... Et je remercie
mon collègue de Marguerite-Bourgeoys, Fred Beauchemin, de m'accompagner, qui
est le porte-parole de l'opposition officielle en matière d'économie et de
finances, notamment.
Nous avons, en réaction, deux éléments à
faire valoir quant à la mise à jour économique. Première des choses, le
gouvernement se targue d'avoir mis de l'avant un bouclier pour défendre les
Québécoises et Québécois face aux assauts de la hausse du coût de la vie. Bien,
on se rend compte que le bouclier, il est percé. Le bouclier de la CAQ ne
ratisse pas suffisamment large, et il y a des trous dans leur bouclier. En ce
sens-là, mon collègue Fred Beauchemin aura l'occasion de vous donner des exemples
très tangibles, notamment sur cette allocation aînés de 2 000 $, qui demeure
imposable, pleinement imposable avec la CAQ, ce qui n'est pas le cas avec ce
que l'on propose maintenant depuis plusieurs mois. Également, il aura l'occasion
de revenir sur des éléments qui justifient cette qualification-là de bouclier
percé.
Deuxième élément, on retrouve, dans les
documents, des références au niveau de vie des Québécois, en lien avec ce qui
se passe en Ontario, mais on a trop peu parlé, on ne parle pas, avec la CAQ, de
la qualité de vie. Qui dit qualité de vie dit accès aux services essentiels de
l'État, qu'on pense à la santé, à l'éducation, aux services de garde, à la
justice. Le dénominateur commun de ça, ce qui attaque la qualité de vie aujourd'hui,
la vie qui est dure, pour tous les Québécoises et Québécois, bien, c'est la
pénurie de main-d'oeuvre, le manque de personnel, tantôt en santé, tantôt en
services de garde. Et mon collègue Fred Beauchemin aura l'occasion de vous
donner quelques éléments de détail par rapport à ça. Alors, sans plus tarder,
Fred, je te cède la parole.
M. Beauchemin : Merci, chef.
Donc, Marc, M. le chef de l'opposition officielle, a bien qualifié le bouclier
de la CAQ. Donc, il est percé. Un exemple très simple, c'est celui de l'allocation
que nous, on proposait pour les aînés de 70 ans et plus, c'est-à-dire 2 000 $, une allocation
nette d'impôt, donc, et récurrente, à partir de cette année, et non un crédit d'impôt
que… les gens auront, donc, remplir un rapport d'impôt, puis voir s'ils vont l'obtenir.
Donc, ça, c'était la première chose, assez essentielle.
La TVQ sur les biens essentiels, pour
nous, c'était important que le panier soit élargi pour inclure aussi ce qui est
à la pharmacie. Ça n'aurait pas été très compliqué, là, d'élargir le panier.
Donc, la demande n'a pas, malheureusement, été écoutée. Et puis, bien, le
crédit à la solidarité. Ça fait que, juste pour vous l'expliquer simplement,
malheureusement, en période d'inflation, c'est souvent les gens les moins fortunés
qui vont en arracher le plus. En récession, c'est encore, malheureusement, la
situation, c'est les premiers à perdre leur emploi, malheureusement, s'ils en
ont un. Donc, le crédit à la solidarité, c'est essentiel.
Le message le plus important, dans ça, c'est
que, nous, ce qu'on voulait entendre, c'étaient des mesures qui étaient
ciblées, des mesures, vraiment, là, qui visent le monde qui en ont de besoin,
pas des mesures qui sont non ciblées, qui, en bout de piste, ce qu'elles vont
avoir comme effet, c'est d'allonger la période d'inflation. M. le chef de l'opposition
officielle, Marc, mentionnait tantôt que les services de l'État sont affectés.
Bien, effectivement, la santé, l'éducation, les services de garde, la justice,
le dénominateur commun, là, l'éléphant dans la pièce, si on peut dire, c'est la
pénurie de main-d'oeuvre. Donc, ce qu'il est important de se rendre compte,
dans tout ça, c'est qu'il n'y a pas aucune mesure ici qui a été présentée pour
aider la pénurie de main-d'oeuvre. Il n'y a aucune mesure en ce qui a trait...
les congés de la RRQ, il n'y a aucune mesure pour attirer les travailleurs
expérimentés, aucune mesure pour nous dire comment, de façon concrète, les
services de garde pour les 51 000 enfants et parents, donc, qui cherchent
encore une place en garderie... Comment eux autres vont être capables de
pouvoir avoir leurs enfants placés en garderie et donc retourner sur le marché
du travail?
Et on en a listé d'autres, des éléments.
Ça fait que je vais y aller vite, un petit peu en rafale, mais nous, on avait
parlé, donc, comme je disais, donc, de crédit à la solidarité, mais les autres
éléments, qu'on a aussi mentionnés tantôt, dans notre rencontre, c'est que les
documents suggèrent des augmentations de revenus autonomes de 5,7 milliards
et aussi des dépenses, qui disparaissent, de 8,4 milliards moins élevées
sur cinq ans. Puis, ça, c'est des promesses que la CAQ, il y a à peine deux
mois, nous disait, là. Il y a 8,4 milliards de dépenses, là, de
portefeuilles qui disparaissent soudainement. Ça fait que j'aimerais ça
comprendre, moi, personnellement, où sont ces dépenses-là coupées. Qu'est-ce
que la CAQ a l'intention de faire?
Un autre sujet qui m'est cher, pour moi,
c'est le ratio dette nette PIB, qui est à 38,1 %. La moyenne canadienne
est à 31,3 %. Moi, je n'aime pas ça être en arrière de la moyenne. Je
pense qu'on pourrait, au minimum, être à la moyenne. Il semble n'y avoir aucun
objectif clair de mentionné à ce sujet-là. Donc, il y a une certaine
responsabilité, quand on est l'argentier de la province, de s'assurer qu'on
parle de choses qui sont reliées, justement, au monde de la finance. Donc, pour
moi, ça, c'était important.
Parce qu'en bout de piste les conclusions
de ça, c'est que c'est la prochaine génération qui va faire face,
malheureusement, actuellement, à la pire courbe démographique mais aussi à un
ensemble de dépenses incroyables. Donc, ça aurait été important d'avoir un plan
de match pour, justement, ce ratio dette nette PIB, puis d'aussi comprendre et
d'entendre le ministre dire qu'il n'y aura aucune coupure dans les
contributions du Fonds des générations. Donc, c'est un petit peu, là, les
grandes lignes de notre critique. Si vous avez des questions...
M. Denis (Maxime) : Mais là,
concrètement, pour 2023, là, les chèques vont être épuisés, on n'aide pas les
Québécois directement, les aînées, peut-être un peu plus, mais pour M., Mme
Tout-le-monde d'un certain âge. On n'aura pas d'aide directe pour 2023, donc
comment on va faire face encore à l'inflation, la récession? C'est quoi, la
suite?
M. Beauchemin : Bien, bon
point, parce que, là, justement... Puis peut-être que, si vous écoutez, si vous
allez, tantôt, voir le débat sur le projet de loi n° 1, là, vous allez
peut-être entendre d'autres idées, là, qu'on va proposer, mais spécifiquement
la récession, là, en 2023, c'est concret, ça s'en vient, janvier, dans pas
longtemps, là. On va tous le ressentir. Donc, nous, ce qu'on voulait faire,
c'est, justement, aider le gouvernement en proposant, justement, d'élargir son
panier de produits qui va être exempt de la taxe de vente du Québec, produits
essentiels. On voulait s'assurer aussi que, voyons, le 2 000 $ soit, donc,
net d'impôt pour aider, encore plus, là, les Québécois de 70 ans et plus.
Et puis on voulait aussi s'assurer que le crédit de la solidarité soit augmenté
maintenant de 25 %, qui n'est pas non significatif. Et donc, ça, ça aurait
été concret, maintenant. Ça, c'est des choses que nous, on avait proposées,
qu'on aimerait voir.
M. Denis (Maxime) : M.
Tanguay, justement, l'aide ne répond pas à la hauteur du problème?
M. Tanguay : Oui, bien non,
tout à fait, tout à fait, tout à fait. Puis, quand on vous dit : Le
bouclier percé, là, oubliez l'inflation, si on s'en va comme le... Puis ça fait
des semaines qu'on parle de l'inflation. Fred Beauchemin, là, comme
porte-parole, là, ce n'est pas d'hier qu'il vous parle de l'inflation, puis il
faut se prémunir contre ça. L'inflation va se traduire par quoi? Il est déjà prévu
une hausse du taux de chômage de 5,5 %. Taux de chômage qui augmente,
c'est des gens qui risquent de perdre, dans ce contexte-là, leur emploi. Quand
vous perdez votre revenu, vous avez besoin d'un bouclier qui n'est pas percé, dans
les deux contextes qui sont antinomiques, inflation, récession, mais qui vont
laisser des perdants, des Québécoises et Québécois qui, malheureusement, vont
être mis de côté. Alors, d'où l'importance d'avoir cette vision-là.
Un autre élément que l'on constate, c'est
donc un manque de vision économique. Et, quand vous avez une vision, gouverner,
c'est prévoir, bien, vous prévoyez ça puis vous n'êtes pas à la petite semaine,
en disant : Bien, savez-vous quoi? Dans le pire des cas, jamais deux sans
trois, ils vont faire quoi, ils vont-u renvoyer un autre chèque, en mars, au
prochain budget? C'est quoi, là? Alors, honnêtement, un grand manque de vision,
un grand manque de protection pour les Québécoises, Québécois, qui en ont
besoin tout de suite puis qui vont continuer, même dans un contexte de
récession, en avoir de besoin.
Et aussi, quand on regarde ça, pénurie de
main-d'oeuvre, je vais vous donner un exemple. Ça fait depuis quatre ans, c'est
leur cinquième année, qu'on parle que la liste d'attente des places en service
de garde, là, c'est épouvantable. Il y a des parents, surtout des femmes, qui
restent à la maison, là, puis qui ne peuvent pas retourner travailler. Après un
an, ils n'ont plus de RQAP, régime québécois d'assurance parentale. À matin,
j'ai interpellé M. Legault, puis il dit : Ah! lui, il est bien beau, il
est bien fin, là, le chef de l'opposition officielle, mais il a-tu des
suggestions? J'ai dit : Nous, ça fait des mois qu'on suggère d'augmenter
de six mois le RQAP. Parce que, si l'État abandonne les femmes, au premier
titre, les parents, en ne donnant pas le service des services de garde, après
un an, vous n'avez pas de place en services de garde, vous n'avez pas de retour
au travail, vous n'avez pas de revenu, bien, ça serait la moindre des choses
qu'on rallonge de six mois le RQAP. Ça, on aurait pu le lire dans une mise à
jour économique, il ne l'a pas fait.
M. Denis (Maxime) : Sur le
serment au roi, le PQ vous accuse d'avoir eu une tactique mesquine, avec les
autres partis, pour ne pas les faire siéger avant Noël.
M. Tanguay : Ah oui? Ils nous
accusent, nous, d'avoir eu une tactique.
M. Denis (Maxime) : Le PLQ,
QS et la CAQ, oui.
Journaliste : Oui, ils disent
que vous vous êtes entendus, là, pour que...
M. Laberge (Thomas) : Que ça
soit débattu à la dernière minute pour ne pas qu'ils puissent siéger.
M. Tanguay : Ah oui?
M. Denis (Maxime) : Ils ne
pourront pas faire leurs voeux de Noël.
M. Tanguay : Ah oui?
Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? Que voulez-vous répondre à
l'accusation de mesquinerie? La réponse est non, ce n'est pas du tout la
réalité.
Mme Greig (Kelly) :On the budget, for inflation measures,
there are three major ones, two were already announced and done and the third
one was an election promise that now we have more details on. Do you get the
impression there's much new for Quebeckers here?
M. Tanguay
: There's not much new in this «mise à jour économique». Again, there's
basically, as you mentioned, three proposals that are put in place, for the
elderly person, the $2,000, again, this is a taxable income. Our suggestion is
to make it, to render it non taxable. And we can see also the check, the $400
to $600 amount check, that will be sent within the… this is actually sent. And also,
the capping at 3% of the increase of all the tariffs. Again, I think that this
is a lack of vision, a lack of ambition. And, for 2023, still, will have a lot,
thousands and thousands of Quebeckers in needs, needing financial help. And I
think that these measures are clearly insufficient.
Mme Greig (Kelly) :Because, I mean, the measures that were
already done, with exception of the checks for seniors… Inflation is not going
anywhere quickly, like, it's going down, but it's not gone.
M. Tanguay
: And, even if it's going down and even if we are looking into a
recession, it's going to have impact for people with the lowest income. And I
think that it's also well advised for the Government to prevent people to being
drastically impacted by a context of inflation, but also a recession, because
recession goes… and that's the evaluation of the Government, to an increase in
the «taux de chômage» to 5.5%. So, that means people will lose their job and
will lose their income.
Mme Senay (Cathy) : I want to go back to the economic update regarding the fact that
Mr. Girard told us that, 2023, there is an economic… the economy is going
to slow down. So, basically, there is a lack of protection for Quebeckers, you
don't see measures that will protect Quebeckers with the unemployment rate
going up at 5%, for example.
M. Beauchemin : That's correct. We don't see, in the «mise à jour» that we saw
today, new measures that, actually, are more targeted than compared to the ones
that we had proposed. As an example, the $2,000 credit for senior citizens is
just that, it's a credit. So, there's a need for filing a tax report, there's a
need for… And, as you can imagine, there will be some people that won't, you
know, go through that motion because they may not know how to. And so, we're
faced with a government that, actually, as opposed to just sending an
allocation, like a child allocation or a family allocation… which was their
proposition, a much more generous one that we had proposed, did not want to do
that, so.
Mme Senay (Cathy) : But Mr. Girard is saying that they are spending billion bills
of dollars for anti-inflation measures.
M. Beauchemin : Well, if you go through the numbers, if you go through the book
that was presented today, actually, there is, I can't remember, $5,5 or $5,6
billion dollars more in revenue than anticipated, from their «cadre financier»
during the campaign, and there's about $8,4 billion dollars in spending that does
actually increase. I mean there's $8,4 billion of spending that's not going to
occur, so they're cutting expenses as well. So, they're creating this situation,
which is actually going to get
even worse.
M. Spector (Dan) : What did you think of them floating the idea of an income tax cut
of 1%?
M. Beauchemin : The income tax cut of 1%, again, has a potential of being targeted.
So, the idea here would be : Which «palier» are you aiming at? If you're
aiming for all the «paliers» to be reduced by 1%, then you're sending… you
know, you're wasting government
money a bit.
M. Spector (Dan) : He said the bottom two.
M. Beauchemin : Well, we actually have targeted recently,
saying that we would actually consider the first «palier», at $46,300, to be
more targeted to the people in dire need of help. That's what we actually
proposed, so.
Mme Senay (Cathy) :
If we go back to the measures, the new
ones, the ones that we haven't heard, were not announced, the senior tax
credit, for example, it's been boosted, more seniors will receive it, it's a
good measure. You cannot be against that measure.
M. Beauchemin : It's not generous enough, it's not targeted enough, that's the
point. The difference between their approach and «une allocation», OK, is that ours is net of tax, ours is
automatic, ours is recurring every year, ours starts right now. Theirs is a tax
credit which you may be applying to, you may be not applying to, you will need
to file a tax report, and it's not going to be this year, it's going to be
starting next year, and we don't know if that's going to be a recurring thing.
I haven't seen the details of that, but it looks like it might be recurring, but
the thing is, that it's not starting 2022, like right now, when the need is
required.
Mme Senay (Cathy) :
And the fact that… You said that they
have an anti-inflation shield and they've been, like, campaigning with this
expression. So, don't you think it's sufficient?
M. Beauchemin :
It's good marketing, there's no doubt
about that. It's good marketing, but the reality is that it's not targeted and
it's got holes in it. So, you know, we have more sufficient, more generous
measures, targeted at the people that require the help. Sending a check for
$400 to someone who's making $100,000 a year, OK, who's married to somebody who's making $500,000 a year, as we have
examples of, it's just not targeted, it's wasted money.
Net result of that, it's
going to extend the inflation period, because you're stimulating people with
excess cash they didn't need to have, and they're going to go out there and
spend, while those that require the help, that require the money are left with,
you know, the money, right, but, at the same time, you're going to be
stimulating inflation to last longer. So, they're going to be in pain for a
longer period of time.
Mme Senay (Cathy) :
And one last question, about the $8
billion provision, in case there is a recession. Don't you think it's a good
thing?
M. Beauchemin :
It's conservative. I got to give credit
where credit is due. It is conservative, there's no doubt about that, but, I
mean, you are facing a recession, right? So, why put that in reserve when you
could apply it now? The point being that it's just going to sit idle in a bank
account or what have you, while it could have actually been applied to a good use, right now, to people that actually require it. And, by the way, it's
$8 billion over the years, it's not $8 billion, year one.
(Fin à 16 h 49)