(Dix
heures trente-six minutes)
La Présidente (Mme
Proulx, Côte-du-Sud) : Ayant constaté le quorum, je déclare la séance
de la Commission de la culture et de l'éducation ouverte. Je demande à toutes
les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs
appareils électroniques, s'il vous plaît.
La
commission est réunie afin d'entendre les intéressés et de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi n° 208, Loi concernant certaines
aliénations relatives à la maison Larue située au 306, rue des Érables, à
Neuville.
M. le secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
Le
Secrétaire : Oui, Mme la Présidente. M. Poulin (Beauce-Sud) est
remplacé par M. Caron (Portneuf) et Mme Rizqy (Saint-Laurent), par Mme Maccarone
(Westmount—Saint-Louis).
Remarques préliminaires
La Présidente (Mme Proulx, Côte-du-Sud) : Merci.
Nous débuterons donc avec les remarques préliminaires. Dans un premier
temps, je vais céder la parole au député de Portneuf — bonjour,
M. le député de Portneuf — afin
qu'elle puisse... qu'il puisse nous présenter brièvement le projet de loi et
faire ses remarques préliminaires. Par la suite, je donnerai la parole à la
ministre de la Culture et des Communications, aux représentants des oppositions
et aux autres membres qui désirent parler pour s'exprimer sur les remarques
préliminaires. M. le député de Portneuf, à vous la parole.
M. Vincent Caron
M. Caron : Merci, Mme la Présidente.
Écoutez, très heureux d'accueillir aujourd'hui des gens de ma circonscription.
Vous savez que c'est toujours un plaisir pour moi d'en parler, tellement je
suis fier de Portneuf, que je représente.
Et je voulais,
justement, faire un petit... tenir un petit propos qui est un petit peu hors
sujet mais qui va nous amener vers le sujet juste après. Je voulais vous dire
que M. Denis Larue, qui est ici présent, est une vedette, vedette dans Portneuf, parce qu'on le connaît depuis
longtemps pour le maïs sucré de Neuville. C'est une famille réputée
depuis de nombreuses années. Vous savez que le maïs sucré de Neuville bénéficie
d'une appellation réservée. Le cahier des charges est très strict. Et Neuville
fait partie de l'un des plus beaux villages du Québec. Donc, fierté et vedette
pour cette raison, mais aussi vedette parce
que notre ami Denis a participé à la neuvième édition de L'amour est dans le
pré, y a trouvé l'amour, et y a trouvé l'amour dans Portneuf, avec une
autre concitoyenne que j'apprécie beaucoup, Ève Genois. Depuis, ils filent le
parfait bonheur.
Et puis les familles
Larue et Genois sont très solidement ancrées dans Portneuf, donc, le lien qui
nous amène à ce projet de loi d'aujourd'hui, un lien qui se fait sur la ferme,
une maison qui représente un intérêt patrimonial puisqu'il a... elle a, pardon,
une forte valeur architecturale. On parle de la maison Larue, comme vous l'avez
indiqué tout à l'heure, une maison qui s'inspire très fort des maisons rurales
du XIXe siècle qu'on connaît ici, au Québec. Elle est orientée plein
fleuve, magnifique maison. Elle a été construite par un de vos aïeux,
François-Xavier Larue, en 1854. C'est une maison qui a été classée par le
ministère de la Culture en 1976 et qui est occupée, il faut le saluer, toujours
par la famille depuis 150 ans. C'est l'objet de la rencontre d'aujourd'hui
aussi. Elle a été, d'ailleurs, vendue très récemment au fils de Denis Larue,
qui est ici présent, accompagné de Me Laurie Blais, qui l'a accompagné
pour tout le processus. Donc, elle a été vendue au fils de M. Denis Larue,
Tristan Alain-Larue, assez récemment.
Mais
l'objet de... du projet de loi qui est déposé aujourd'hui fait référence au
fait que l'article 54 de la Loi
sur le patrimoine culturel énonce que «nul ne peut sans avoir donné au
ministre un avis écrit préalable d'au moins 60 jours», avant de vendre un immeuble classé... que cet avis,
finalement, n'avait pas non plus été obtenu lors de précédentes
transactions, une transaction qui date de
1993 et une autre qui date de 2010. Donc, ce projet de loi vient corriger ces
irrégularités, j'allais dire, il vient régulariser... a posteriori,
pardon, la situation. Donc, je propose... La solution, finalement, proposée
pour régulariser tout ça, ce serait de procéder à l'adoption de ce projet de
loi n° 208. Donc, merci, Mme la Présidente.
• (10 h 40) •
La Présidente (Mme
Proulx, Côte-du-Sud) : Merci, M. le député. Je vais maintenant céder
la parole à la ministre de la Culture et des Communications.
Mme Nathalie Roy
Mme Roy : Oui.
Merci beaucoup, Mme la Présidente, alors, député de Portneuf et porteur de ce
projet de loi d'intérêt privé n° 208, présenté le
12 mai 2022, concernant certaines aliénations relatives à la maison Larue
située au 306, de la rue des Érables, à Neuville.
Alors,
comme pour le précédent projet de loi privé, il nous revient aujourd'hui
d'étudier les propositions qui ont pour but de régler des situations
problématiques. En ce qui concerne la maison Larue, et vous nous en avez parlé
avec beaucoup de fierté, député, elle est située... c'est un immeuble classé,
et classé, vous nous avez dit, en vertu de la
Loi sur le patrimoine culturel — qui
ne s'appelait pas comme ça — le
18 novembre 1976. Et, depuis son classement en 1976, ce bâtiment patrimonial a changé de propriétaire à quatre
reprises. À trois occasions, cependant, le ministère aurait dû recevoir
un avis d'aliénation ou un avis écrit préalable de vente en amont de la
transaction, ce qui n'a pas été le cas. Ces procédures n'ayant pas été
effectuées, les propriétaires passés et présents de la maison Larue ont, par
erreur, effectué l'aliénation d'un bien patrimonial classé en violation des
dispositions de la loi. Ça a comme conséquence directe de vicier les titres de
propriété et de rendre possible leur contestation. Les propriétaires ont alors
résolu de déposer, par l'entremise de leur député, un projet de loi d'intérêt privé
déclarant que l'acte de vente fautif ne peut pas être invalidé, malgré les
défauts constatés.
Rappelons, Mme la
Présidente, que toute personne a le droit de demander à son député de présenter
un tel projet de loi lorsque les lois d'intérêt public sont insuffisantes ou
placées en contradiction avec les droits ou privilèges évoqués par une personne
physique ou morale s'estimant justifiée de recourir à cette procédure spéciale,
il faut bien le souligner. Dans le cas présent, il s'agit de remédier à la nullité
absolue des aliénations qui n'ont pas été effectuées conformément aux
dispositions de la Loi sur les biens culturels et la Loi sur le patrimoine
culturel. Les propriétaires, que je salue d'ailleurs, aujourd'hui, souhaitent
empêcher la contestation des actes juridiques publiés au Registre foncier qui
ont été effectués en défaut.
Alors, comme dans le
cas précédent, du précédent projet de loi privé n° 204,
je conçois que les dossiers de nullité à la loi qui appellent une correction
aujourd'hui, dans le cas présenté par le député de Portneuf, bien, sont le fait
de ce qu'on appelle... d'erreurs commises de bonne foi. Et j'incite mes
collègues à voter en faveur de ces trois articles du projet de loi que nous
allons étudier, projet de loi privé n° 208, et qui va
venir, lorsqu'il sera adopté, nous le souhaitons, régulariser les titres. Et,
comme ça, vous n'aurez plus de problème pour la suite des choses. Voilà.
La Présidente (Mme Proulx, Côte-du-Sud) : Merci,
Mme la ministre. Je cède maintenant la parole à l'opposition officielle.
Mme Christine St-Pierre
Mme
St-Pierre : Merci, Mme la Présidente. À mon tour de saluer
M. Larue et Me Blais, c'est ça? Alors, bienvenue à cette commission
parlementaire.
Vous avez... Vous
êtes une vedette de la télé. Moi, je vous... je n'avais pas regardé l'émission,
mais ma recherchiste est une grande fan, alors elle vous a reconnu tout de
suite. Donc, félicitations!
Félicitations aussi
pour votre production de maïs, parce que vous avez... vous êtes dans une région
qui est vraiment reconnue pour son succulent maïs. Et, par hasard, j'étais dans
le comté de Portneuf hier et j'admirais la beauté
du paysage, la beauté de comment... des maisons et la fierté des gens qui ont à
coeur la sauvegarde du patrimoine.
Évidemment, il n'y a
aucun... aucun enjeu dans ce projet de loi privé, mais je vais me permettre,
Mme la Présidente, de faire une remarque que j'ai déjà faite en commission
parlementaire, qui ne s'adresse pas à vous, Mme Blais, mais qui s'adresse
à votre ordre professionnel. C'est en remontant la chaîne de possession que
vous avez constaté ces erreurs de bonne... dites de bonne foi. C'est comme ça
que je le comprends. Je pense qu'il faut absolument sensibiliser les notaires
et la Chambre des notaires, parce que ce sont des coûts, là, que vous devez...
devez payer pour faire faire ces corrections-là. Ces notaires ne travaillent
pas, évidemment, gratuitement, puis on le comprend, mais, vraiment, il y a une
sensibilisation à faire, parce que ce n'est pas le premier projet de loi en ce
sens. Il y a beaucoup, beaucoup d'erreurs qui se sont faites dans le passé. Ce
sont des erreurs que je qualifie d'erreurs professionnelles. On parle d'erreurs
de bonne foi, mais, parfois, il faut vraiment aller plus loin dans la recherche
des titres de propriété pour aller chercher ces petites failles qui sont
ensuite, pour des propriétaires à venir... qui sont des... Ce sont des... Je
dirais, on les embête avec des choses qui auraient dû être corrigées bien
avant.
Alors, c'était mon petit
éditorial. Et je vous souhaite une... encore une fois, la bienvenue à cette
commission parlementaire. Et j'espère que le projet de loi sera adopté à
l'unanimité. Merci.
Auditions
La Présidente (Mme
Proulx, Côte-du-Sud) : Je vous remercie, Mme la députée. Nous sommes
maintenant aux auditions des intéressés. J'invite donc les requérants à se
présenter et à nous exposer les grandes lignes de ce projet de loi. Vous
disposez de cinq minutes, après quoi nous procéderons à une brève période
d'échange avec les membres de la commission. La parole est à vous.
Exposé de la requérante
Mme Blais (Laurie) : Laurie Blais, notaire à
Saint-Augustin-de-Desmaures, dans la banlieue ouest de Québec.
M. Larue
(Denis) : M. Denis Larue, de Neuville.
Mme Blais (Laurie) : En fait, c'est
moi, essentiellement, qui vais parler. J'ai été impliquée, à l'hiver 2019,
dans une réorganisation corporative avec la
famille Larue. Donc, la Ferme ancestrale Larue, c'est une entreprise
agricole qui est maintenant rendue à la 11e génération.
À l'époque, Denis et Jules, son frère, étaient associés, et, pour ma part, j'ai
été impliquée avec un bureau d'avocats pour procéder à la réorganisation
corporative, pour que M. Denis Larue puisse racheter les parts de son
frère Jules.
Bon, le tout s'est déroulé rondement. Il y avait
plusieurs transferts de terres, etc., et j'ai eu une demande de dernière
minute. Les deux frères, qui étaient copropriétaires de la maison Larue,
désiraient transférer la propriété à Tristan. Pour ma part, j'étais très
coincée dans le temps et je leur ai dit : Bien, pas de problème, je vais
le faire, mais je vais vous faire signer une petite limitation de mandat, on va
finaliser les recherches diligentes lorsqu'on obtiendra le financement de
Tristan pour payer le solde de prix de vente à son oncle Jules. On a fait la
transaction. J'étais de bonne foi. J'aurais
dû... J'avoue que j'aurais dû avoir le réflexe juridique que j'ai normalement à
Neuville, parce que c'est des transactions que je fais couramment à
Neuville. À Neuville, il y a plusieurs biens qui sont classés, il y a plusieurs
aires de protection. Mais, dans ce cas-ci, je n'ai pas eu le réflexe.
Lorsque le financement hypothécaire... Lorsque
nous avons reçu le financement hypothécaire, en mai, j'ai complété mes
recherches usuelles, et c'est là que j'ai constaté qu'on avait un problème.
Oui, j'avais transigé sans transmettre l'avis au préalable au ministre, mais il
y avait un problème qui originait antérieurement à ma transaction. Donc, en
1993, le notaire qui a procédé à la donation de maman au fils, au père de M.
Larue, a omis de transmettre l'avis préalable. Donc, le problème a perduré
pendant plusieurs années. Il y a eu d'autres transactions qui se sont
produites, mais c'étaient des transactions suite à... suite à des décès, donc
transmis par succession, et ces actes-là n'étaient pas assujettis à la
transmission d'un avis préalable. Donc...
M. Larue (Denis) : Et, d'instinct,
je pense, quand on transmet une maison patrimoniale... pardon, quand on transmet
une maison patrimoniale de génération en génération, qui demeure des Larue,
toujours, qui va toujours demeurer des Larue, je pense qu'on se soucie moins,
un petit peu, de cet aspect-là, là, un aspect... Tu sais, parce qu'il y a
d'autres maisons qui sont classées historiques ailleurs à Neuville qui ont été
transférées à d'autres noms qui n'ont pas rapport du tout. Ça fait que c'est
pour ça que moi, je me disais : Tu sais, on fait moins attention à ça,
mais c'est plus le droit qu'il faut suivre à ce moment-là.
Mme Blais (Laurie) : Et, très
rapidement, bon, on a consulté les représentants du ministère, puis, dans le
fond, les deux options qui s'offraient à nous, c'était la présentation d'un
projet de loi privé ou de reprendre toutes les transactions depuis 1993, ce qui
était impossible compte tenu que plusieurs des intervenants étaient décédés. On
a eu très tôt la collaboration de
M. Caron. On était supposés déposer le projet de loi un peu plus tôt,
mais, bon, 2020 est arrivé. Donc, on
est ici aujourd'hui. Donc, en temps normal, on devrait traiter seulement un des
volets, une des transactions et non
la deuxième, mais, bon, le... il n'en demeure pas moins que la transaction de
1993 était problématique dès le départ.
Et, pour
terminer, j'avais espoir... Vous l'avez évoqué, Mme la ministre, un peu plus
tôt l'année dernière, il y a le projet de loi n° 69 qui a été
déposé, qui a été adopté, qui modifiait certaines dispositions de la loi. Donc,
j'avais espoir que notre problème serait régularisé, mais, non, ça ne l'a pas
régularisé. Ça a régularisé un autre problème que j'avais à l'île d'Orléans,
par contre. Ce serait complet pour ma part.
• (10 h 50) •
La Présidente (Mme Proulx,
Côte-du-Sud) : Merci beaucoup. Merci de votre humilité et les
explications, aussi, qui nous éclairent dans ce dossier.
Discussion générale
Je vais maintenant laisser la parole au
gouvernement et à l'opposition officielle s'il y a des questions pour les
requérants. Donc, Mme la ministre ou M. Caron... M. le député de Portneuf,
excusez-moi.
M. Caron : Bien, écoutez,
comment est-ce que... Puis j'entendais, et finalement ça a failli passer au
travers des mailles de votre filet aussi. Comment est-ce qu'on pourrait mieux
accompagner pour que, justement, on... Et puis Mme la députée de l'Acadie le
disait tout à l'heure, ce n'est pas très fréquent, mais ça arrive de temps en
temps. Comment, selon vous, on pourrait vous accompagner mieux ou, en tout cas,
mettre en place un processus qui permettrait que ce genre d'oubli ne figure
plus dans l'avenir?
Mme Blais (Laurie) : C'est
certain que moi, qui pratique dans la région ici, je suis très sensibilisée à
ça. Donc, généralement, j'ai le réflexe juridique, là. Puis j'ai des
étudiantes, au bureau, puis je leur dis : Neuville, vous vérifiez
toujours.
Ce qui arrive, c'est que le système du Registre
foncier, c'est un vieux système, hein, il est là depuis des... plus de 100 ans. Donc, à l'époque, l'avis de
bien culturel a été inscrit sur le lot originaire 33 à travers un paquet
d'autres actes. Donc, ça peut être difficile
pour la personne qui n'est pas habituée. Mais c'est notre travail, là, il n'en
demeure pas moins que c'est notre
travail, mais ça peut être difficile de déceler l'écriture qui est parmi un
paquet d'autres écritures.
Justement, la réforme de la rénovation
cadastrale est venue un peu atténuer cette problématique-là, parce que,
dorénavant, avec la rénovation cadastrale, il y a un lot unique pour chaque
immeuble. Donc, dans le futur, s'il y a des nouveaux biens qui sont classés,
bien, ils vont être... ils vont être inscrits sur le numéro de lot qui est
unique. Donc, ça va être impossible de le... de l'oublier. Peut-être, puis je
dis ça tout candidement, là, peut-être que la solution, ce serait de redéposer
les avis sur les lots nouvellement créés. Je suis consciente que c'est des
frais, mais peut-être que ça pourrait être une solution.
M. Caron : Merci.
Mais, en tout cas, si j'ai la chance d'être encore là quand Tristan transférera
la maison à son fils, j'irai frapper à sa porte en lui disant : N'oubliez
pas de faire ça.
M. Larue (Denis) : ...que vous
ne serez plus là.
M. Caron : J'ai juste une
petite question pour Denis, justement, le fait de... Merci, d'abord, de... et
on en parlait tout à l'heure, de préserver aussi bien ce patrimoine qui vous a
été transmis mais qui nous est collectivement transmis.
C'est... J'amenais, il y a quelques mois maintenant, notre collègue et ami
ministre de l'Agriculture voir la ferme aussi, et puis on sent, au-delà
de cette volonté de préserver le patrimoine, bien, tout ce qui vous anime en
arrière de ça, là, de continuer de faire vivre la ferme.
Le fait que la maison ait ce statut de maison
patrimoniale, comment est-ce que vous, vous le vivez au quotidien? Est-ce que
vous considérez que... Le fait qu'on partage, finalement, une responsabilité
entre le ministère de la Culture, la vôtre, etc., j'aimerais juste vous
entendre là-dessus avant de passer à la suite.
M. Larue
(Denis) : Oui. Bien, je
trouve, c'est restreignant un peu, mais, quand même, on garde les
monuments... Moi, je garde cette maison-là comme si... Peu importe qu'elle
appartienne à nous et au gouvernement, je la conserve puis je vais toujours la
conserver comme c'était, comme c'était depuis des années, là, tu sais. On a
fait des rénovations puis on les a bien faites. On essaie de garder l'esprit
patrimonial. Je vous dirais que, des fois, c'est peut-être un peu contraignant,
mais c'est correct. Il faut que ce soit fait comme il faut. Puis, dans notre
cas, bien, c'est une question de droit qui a juste... a juste cloché. Mais,
pour... Soyez assurés que, le bâtiment, je vais le garder intact tant que je
vais être en vie, et il va toujours rester un des plus beaux monuments à
Neuville.
M. Caron : Merci, M. Larue. C'est
intéressant mais surtout tellement stimulant d'entendre que vous vous sentez,
finalement, investi d'une responsabilité de transmettre aux générations
futures. Alors, félicitations!
M. Larue (Denis) : ...je peux vous
dire que j'ai... À 62 ans... J'ai 62 ans aujourd'hui, puis ça me
tient vraiment à coeur, la production laitière, parce que moi, je suis un
producteur laitier. Je veux transmettre à mes fils puis je vais tout faire pour
que ça continue.
La Présidente (Mme Proulx,
Côte-du-Sud) : Merci, M. Larue. Je passe maintenant la parole à la
députée de l'Acadie pour des questions aux requérants.
Mme St-Pierre : Je n'ai... Je n'ai
pas d'autre question. C'est très clair. On peut procéder, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Proulx,
Côte-du-Sud) : Merci, alors, aux requérants pour votre contribution à
nos travaux. Je vous invite à rester avec nous pour la suite de la séance au
cas où les membres auraient d'autres questions pendant l'étude détaillée.
Étude détaillée
Donc, tel que
mentionné, nous sommes maintenant rendus à l'étape de l'étude article par
article, en commençant par le préambule. J'invite le député de Portneuf
à aiguiser sa plus belle voix et à nous faire la lecture du préambule.
M. Caron : Merci, Mme la Présidente.
Loi concernant certaines aliénations relatives à la maison Larue située au 306,
rue des... des Érables, pardon, à Neuville :
«Attendu que, le 8 juillet 1976, le
ministre des Affaires culturelles du Québec, sur avis de la Commission des
biens culturels et en vertu des pouvoirs que lui conférait la Loi sur les biens
culturels (1972, chapitre 19), classait l'immeuble suivant comme bien
culturel : "une maison située au numéro 218 de la rue des
Érables et située sur [le] terrain connu et désigné comme étant le lot
trente-trois du cadastre officiel de la paroisse de Pointe-aux-Trembles,
division d'enregistrement de Portneuf";
«Que cette maison est maintenant désignée comme
la "maison Larue";
«Que l'inscription au registre des biens
culturels de la maison Larue a été faite en date du 18 novembre 1976, sous
le numéro de dossier 111-127, dont copie a été enregistrée au bureau de la
division d'enregistrement de Portneuf, à Cap-Santé, le 25 novembre 1976,
sous le numéro 225 279;
«Que
l'adresse civique de la maison Larue a été modifiée en août 1985 et est
maintenant le 306, rue des Érables, à Neuville;
«Que la Loi sur les biens culturels (1972,
chapitre 19), telle qu'elle se lisait le 31 décembre 1977, a été
abrogée par l'entrée en vigueur de la Loi sur les biens culturels (chapitre B-4);
«Que le premier alinéa de l'article 20 de
la Loi sur les biens culturels (chapitre B-4) énonçait que nul ne peut
aliéner un bien culturel reconnu sans avoir donné au ministre un avis écrit
préalable d'au moins 60 jours;
«Que l'article 23 de la Loi sur les biens
culturels (chapitre B-4) énonçait que l'aliénation d'un bien culturel
reconnu doit être notifiée par écrit au ministre dans les 30 jours de son
accomplissement;
«Que l'article 34 de la Loi sur les biens
culturels (chapitre B-4) énonçait que les articles 17 et 19 à 23 de
cette loi s'appliquent aux biens culturels classés, compte tenu des adaptations
nécessaires;
«Que,
le 17 mars 1993, Alberta Jobin donnait à son fils
Jean Larue la maison Larue érigée sur une partie du lot 33 des plans et livres de renvoi officiels du cadastre de la paroisse de
Pointe-aux-Trembles, division d'enregistrement de Portneuf, par acte de
donation publié au bureau de la division d'enregistrement de Portneuf, le
4 juin 1993, sous le numéro 456 506;
«Qu'à l'occasion de
cette aliénation par acte de donation publié sous le numéro 456 506,
l'avis requis aux articles 20 et 23 de la Loi sur les biens culturels
(chapitre B-4) n'a pas été donné;
«Que
l'article 56 de la Loi sur les biens culturels (chapitre B-4)
énonçait que toute aliénation d'un bien culturel faite en violation de cette
loi est nulle de nullité absolue et que les droits d'action visant à faire
reconnaître [sa] nullité étaient imprescriptibles;
• (11 heures) •
«Que, le
17 février 2010 et à la suite de la rénovation cadastrale, la partie du
lot 33 des plans et livres de renvoi officiels du cadastre de la paroisse
de Pointe-aux-Trembles où est érigée la maison [de] Larue est devenue connue et
désignée comme le lot 3 832 411 du cadastre du Québec,
circonscription foncière de Portneuf;
«Que, le
19 octobre 2012, la Loi sur les biens culturels (chapitre B-4) a été
remplacée par la Loi sur le patrimoine culturel (chapitre P-9.002);
«Que
l'article 242 de la Loi sur le patrimoine culturel énonce que les biens
culturels classés avant le 19 octobre 2012 deviennent des biens
patrimoniaux classés suivant cette loi;
«Que, le 29 mars
2019, Denis Larue et Jules Larue vendaient à Tristan Alain-Larue la maison
Larue située au 306, rue des Érables, à Neuville, et érigée sur le terrain
connu et désigné comme le lot 3 832 411 du cadastre du Québec,
circonscription foncière de Portneuf, par acte de vente publié au registre
foncier du bureau de la publicité des droits de cette circonscription foncière,
le 2 avril 2019, sous le numéro 24 500 127;
«Que
l'article 54 de la Loi sur le patrimoine culturel énonce notamment que nul
ne peut, sans avoir donné au ministre un avis écrit préalable d'au moins
60 jours, vendre un immeuble patrimonial classé;
«Qu'à l'occasion de
cette vente publiée sous le numéro 24 500 127, l'avis écrit
préalable requis à l'article 54 de la Loi sur le patrimoine culturel n'a
pas été donné;
«Que
l'article 194 de la Loi sur le patrimoine culturel prévoit que toute
aliénation d'un bien patrimonial classé faite en violation de cette loi est
nulle de nullité absolue et que les droits d'action visant à faire [connaître]
cette nullité sont imprescriptibles;
«Qu'il est important
pour les propriétaires passés et présents de la maison Larue érigée sur le
terrain connu et désigné comme étant le lot 3 832 411 du
cadastre du Québec, circonscription foncière de Portneuf, qu'il soit remédié à
la nullité absolue de certaines aliénations découlant de défauts d'avis requis
en vertu de la Loi sur les biens culturels (chapitre B-4) et de la Loi sur
le patrimoine culturel;».
La Présidente (Mme
Proulx, Côte-du-Sud) : Merci, M. le député, pour cette lecture
éloquente. Je vais mettre maintenant à l'étude le préambule. Est-ce qu'il y a
des interventions, d'abord, de la ministre? De l'opposition officielle? Est-ce
qu'il y a des interventions sur le préambule? Je vais donc mettre aux voix le
préambule. Est-ce que le préambule est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme
Proulx, Côte-du-Sud) : Merci. M. le député de Portneuf, je vous
demande maintenant la lecture de l'article 1.
M. Caron :
Article 1, donc, le Parlement du Québec décrète ce qui suit : «Malgré
les articles 56 de la Loi sur les biens culturels (chapitre B-4) et
194 de la Loi sur le patrimoine culturel (chapitre P-9.002), les
aliénations concernant le bien patrimonial désigné "maison Larue"
effectuées par acte de donation publié au registre foncier du bureau de la
publicité des droits de la circonscription foncière de Portneuf, sous le
numéro 456 506, et par acte de vente publié au registre foncier du
bureau de la publicité des droits de la circonscription foncière de Portneuf,
sous le numéro 24 500 127, ne sont pas nulles de nullité absolue
en raison d'un défaut d'avoir transmis les avis requis par les articles 20
et 23 de la Loi sur les biens culturels et 54 de la Loi sur le patrimoine
culturel. Les droits d'action visant à en faire reconnaître la nullité pour
cette cause sont prescrits.»
La Présidente (Mme Proulx, Côte-du-Sud) : Merci.
Je mets à l'étude l'article 1. Est-ce qu'il y a des interventions
sur l'article 1? Donc, je vais maintenant mettre aux voix
l'article 1. Est-ce que l'article 1 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme
Proulx, Côte-du-Sud) : Je vous invite, M. le député de Portneuf, à
lire l'article n° 2.
M. Caron : «La
présente loi doit être publiée au registre foncier du bureau de la publicité
des droits de la circonscription foncière de Portneuf et inscrite sur le
lot 3 832 411 du cadastre du Québec, circonscription foncière de
Portneuf.»
La Présidente (Mme Proulx,
Côte-du-Sud) : Merci. Est-ce qu'il y a des interventions sur l'article
n° 2? Est-ce que l'article n° 2 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Proulx,
Côte-du-Sud) : L'article n° 3. M. le député de Portneuf.
M.
Caron : Et enfin : La présente loi entre en vigueur
le (indiquer ici la date de la sanction de la présente loi).
La Présidente (Mme Proulx,
Côte-du-Sud) : Merci. Est-ce qu'il y a des interventions sur l'article
n° 3? Est-ce que l'article n° 3 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Proulx,
Côte-du-Sud) : Merci. Est-ce que le titre du projet de loi... Je vais
demander au député de Portneuf de nous lire le titre du projet de loi, s'il
vous paît.
M. Caron : Alors, Loi concernant
certaines aliénations relatives à la maison Larue située au 306, rue des
Érables, à Neuville.
La Présidente (Mme Proulx,
Côte-du-Sud) : Est-ce que le titre du projet de loi est adopté?
Des voix : Adopté.
La
Présidente (Mme Proulx, Côte-du-Sud) : Je propose que la
commission adopte une motion d'ajustement des références. Est-ce qu'elle
est adoptée?
Des voix : Adopté.
Remarques finales
La Présidente (Mme Proulx,
Côte-du-Sud) : Nous sommes maintenant rendus à l'étape des remarques
finales. Je cède maintenant la parole à Mme la ministre.
Mme Nathalie Roy
Mme Roy : Oui. Bien, merci de
vous... de vous être déplacés pour venir plaider votre cause devant nous. Je
veux vous dire merci, M. Larue, pour prendre soin d'un bâtiment classé. La
préservation du patrimoine, je le dis toujours, c'est une responsabilité
partagée. Votre bâtiment, il vous appartient, il n'appartient pas au
gouvernement du Québec. Et j'espère que vous savez... et j'en suis convaincue,
que vous savez très, très bien qu'un immeuble classé ouvre la porte à des
subventions du ministère de la Culture et des Communications. Alors, ne vous
gênez pas pour en demander lorsque vous aurez besoin de faire des travaux,
parce que cet argent-là est là pour vous. On sait que ce sont des obligations.
Vous parliez de contraintes, oui, quand on veut garder le beau, c'est exigeant,
mais le gouvernement du Québec est là pour vous aider dans les travaux que vous
choisirez de faire à cet égard. Alors, je veux juste vous dire merci pour ce
que vous faites pour le patrimoine. Merci d'avoir partagé votre histoire.
Et je voulais aussi souligner, pour les gens qui
nous écoutent, depuis notre modification importante à la Loi sur le patrimoine
culturel, et la députée de l'Acadie était avec nous quand on faisait ces...
quand on a fait cette mise à jour après 10 ans, il est important que vous
sachiez également, puis on va le répéter ici, que le ministère de la Culture et
des Communications informe et rappelle à l'Ordre des notaires du Québec leurs
obligations à l'égard de la Loi sur le patrimoine culturel, et informe aussi de
cette obligation de bien informer les futurs acquéreurs des responsabilités
qu'ils en ont, mais aussi de certains privilèges dont ils puissent jouir, entre
autres des subventions, parce qu'ils possèdent un bien absolument
extraordinaire et important pour le gouvernement du Québec et tous les
Québécois.
Alors, je voulais vous remercier pour ce que
vous avez fait. Merci, les collègues également de l'opposition et,
naturellement, mon collègue de Portneuf, qui a porté avec brio ce projet de loi
privé.
La Présidente (Mme Proulx,
Côte-du-Sud) : Merci, Mme la ministre. Je cède maintenant la parole à
la députée de l'Acadie.
Mme Christine St-Pierre
Mme St-Pierre : Bien, à mon tour de
souligner votre exemplarité, parce que vous avez à coeur ce bâtiment qui est
patrimonial. Et on voit de trop nombreux exemples de gens qui ont... qui n'ont
pas la même conscience que vous. Alors, je veux vous féliciter. Et je pense que
c'est une bonne chose qu'on ait corrigé cette situation.
Mme la notaire, mon commentaire, tout à l'heure,
ne s'adressait pas à vous, bien sûr. Et évidemment je pense qu'il faut
peut-être ajouter, dans la formation des notaires, une formation spéciale sur
la Loi sur le patrimoine culturel. Peut-être que ça aiderait. Mais, quand même,
on est là aussi pour les citoyens. On est là pour corriger des erreurs de bonne
foi.
Alors,
je suis très heureuse d'avoir participé à cette commission parlementaire. C'est
ma dernière commission parlementaire de ma carrière politique, alors je
termine en beauté, je pense. Alors, merci beaucoup d'avoir été avec nous ce
matin.
Puis, Mme la
ministre, mes salutations. Mes salutations aussi à toute l'équipe gouvernementale,
à mon équipe, ma... mon équipe aussi,
de mon côté, alors... et vous aussi, Mme la Présidente, ma collègue, et le
secrétaire, et son équipe. Alors, bonne journée. Merci.
• (11 h 10) •
La
Présidente (Mme Proulx, Côte-du-Sud) : Merci, Mme la députée de
l'Acadie. J'en profite pour vous souhaiter bonne chance pour la suite et
bonne continuité. Et merci pour votre apport à la vie parlementaire du Québec.
Merci.
Je cède maintenant la parole, finalement, au
député de Portneuf pour la remarque finale.
M. Vincent Caron
M. Caron : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Bien, à mon tour de féliciter l'ensemble de celles et ceux qui
se sont impliqués pour qu'on puisse aboutir ce qu'on présente aujourd'hui. Je
voulais profiter de l'occasion pour remercier Mme la ministre et l'ensemble de
son équipe, qui ont collaboré dès le jour 1. Vous l'avez indiqué tout à
l'heure, madame... Me Blais, ça a été retardé un petit peu par les événements
de la COVID, on peut le comprendre, mais le fait d'aboutir aujourd'hui est une
belle journée.
Écoutez, c'est un plaisir pour moi d'avoir
présenté ce projet de loi. Vous savez, et je le répète à chaque fois que
l'occasion m'en est donnée, mais à quel point je suis fier des citoyens qui
résident dans Portneuf et des citoyens aussi illustres que vous, par le métier
que vous faites et qui vous est transmis depuis bien des générations.
Et puis, pour conclure, bien, j'invite tous
celles et ceux qui adorent, comme moi, le maïs sucré de Neuville à aller
visiter le kiosque juste en face de la maison Larue. Vous allez voir que vous
ne serez pas déçus de ce que vous allez y
trouver. Alors, encore une fois, merci à toutes et à tous, et puis belle
collaboration de l'ensemble des parlementaires ici. Bonne journée.
M. Larue (Denis) : ...juste en
terminant, je vous invite, Mme Roy, à vous déplacer n'importe quand, si
vous voulez venir chez nous, sur la ferme, ça me fera un plaisir de vous
recevoir.
Mme Roy : Merci beaucoup pour
l'invitation. Je garde ça en mémoire.
La
Présidente (Mme Proulx, Côte-du-Sud) : Merci, M. le député de
Portneuf, pour cette offre alléchante. Nous allons y réfléchir, pas très longtemps, pour y aller. Donc, merci. Je
vous remercie, à tous et à toutes, de votre collaboration.
La commission, ayant accompli son mandat,
ajourne ses travaux jusqu'à demain, le 8 juin 2022, où elle se réunira en
séance de travail. Merci.
(Fin de la séance à 11 h 11)