(Dix heures sept minutes)
La Présidente (Mme Dionne) : Alors,
bon mardi à tous et à toutes. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de
la Commission de la culture et de l'éducation ouverte.
La commission
est réunie afin de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 23, Loi modifiant principalement la Loi sur
l'instruction publique et édictant la Loi sur l'Institut national d'excellence
en éducation.
Donc, Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La
Secrétaire : Oui, Mme la Présidente. M. Rivest (Côte-du-Sud) est remplacé par Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac) et Mme Setlakwe
(Mont-Royal—Outremont);
par Mme Garceau (Robert-Baldwin).
Étude détaillée (suite)
La Présidente (Mme Dionne) : Merci.
Donc, je vous rappelle que nous étudions le projet de loi n° 23 par
sujets. Nous en sommes au sujet 1 intitulé Gouvernance. De façon plus
précise, lors de l'ajournement de nos travaux du
22 novembre dernier, nous en étions à l'étude de l'article 21. Par
ailleurs, je tiens à vous rappeler que les articles 5, 32 et 75 sont suspendus ainsi que l'amendement
introduisant l'article 1.1. Donc, M. le ministre, je vous cède la
parole.
M.
Drainville : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je salue les
collègues et tous les gens ici réunis, n'est-ce pas? Donc, on va avoir une belle semaine de commission.
On espère être capable d'avancer le projet de loi. On va y aller sans
plus tarder, Mme la Présidente, si on veut l'avancer, aussi bien se mettre au
travail.
Alors, 21, on l'avait lu, on avait commencé à
discuter. Il y avait des questions qui avaient été posées, là, par rapport à l'utilisation du mot «révocation», et
notre bien-aimé légiste Alexandre Guyon Martin a fait des vérifications,
et je pense qu'il est en mesure de nous faire un petit rapport, n'est-ce pas,
sur les questions qui avaient été posées au moment où nous nous sommes laissés.
La
Présidente (Mme Dionne) : Merci. Donc, est-ce qu'il y a consentement pour
donner la parole à M. le légiste?
Des voix : Consentement.
• (10 h 10) •
M. Guyon
Martin (Alexandre) : Bonjour. Alexandre Guyon Martin, avocat pour
le ministère de l'Éducation.
Donc, la
question portait sur l'utilisation du terme «révocation» dans le contexte d'une
obligation d'exclusivité de fonction pour le directeur général adjoint.
Donc, dans le cas d'un directeur général adjoint, la charge qui lui est confiée peut être associée à un mandat, donc,
mandat au sens du Code civil, qui est défini à l'article 2130 du Code
civil. Donc, le mandat, c'est le pouvoir donné à quelqu'un pour
représenter, dans l'accomplissement d'un acte juridique avec un tiers, avec d'autres personnes, puis le mandat, tel qui est
prévu à l'article 2175, prend fin par la révocation. Puis, comme
j'avais commencé à l'expliquer la semaine dernière, c'est qu'il faut distinguer
ici le mandat, la charge qu'on confie au directeur général adjoint de l'emploi.
Donc, si, dans ce cas-ci, un directeur général
adjoint occupe une autre charge que celle de directeur général adjoint, on peut
prendre des sanctions qui peuvent aller jusqu'à la révocation de son mandat,
qui ne sont pas liées nécessairement à la fonction de faute qui peut être
commise dans le cadre de l'emploi. Donc, si un directeur général adjoint commet
une faute, là, il peut y avoir des sanctions disciplinaires qui peuvent aller
jusqu'au congédiement. Par contre, s'il s'agit du non-respect de
l'article 201.1 et simplement le fait qu'il exerce une autre fonction que
celle de directeur général adjoint, là, la
sanction va davantage viser l'exercice de sa charge. Et donc si, par exemple,
le directeur général adjoint était à l'emploi du centre de services
scolaire avant d'être nommé directeur général adjoint, il pourra, si c'est la seule, comment dire, la seule, disons,
faute commise, qui est le non-respect de cette disposition-là, il pourra
récupérer son emploi.
La
Présidente (Mme Dionne) : Merci, M. le légiste. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions, commentaires sur l'article 21?
Mme
Garceau : Si vous me permettez, Mme la Présidente, juste...
Compte tenu que nous commençons nos travaux ce matin, juste avant de répondre à la... aux commentaires et aux
explications du légiste, qui étaient très bien, je voulais juste souligner, M. le ministre, si vous me
permettez, compte tenu que je suis porte-parole de l'opposition officielle en
matière de condition féminine, vous portez,
Mme la Présidente, également, le ruban blanc, qui est le symbole, évidemment,
de la lutte contre les
violences faites aux femmes et qui a débuté, là... les 12 jours d'action
qui ont débuté le 25 novembre, qui vont évidemment jusqu'au
6 décembre.
Et il y a eu,
M. le ministre, vous savez, une augmentation fulgurante concernant les
violences faites aux femmes, surtout
depuis la pandémie et, comme nous le savons très bien, au niveau... dans les
écoles, cyberviolences, violences sexuelles,
et nous avions eu des échanges concernant, là, tout cet enjeu-là des violences
sexuelles au sein de nos écoles. Et vous aviez mentionné, lors d'un
point de presse, le 1er septembre, des amendements que vous songiez
peut-être déposer dans le cadre de ce projet
de loi. Nous avions parlé avec aussi la députée de Mercier d'un projet de loi
distinct concernant les violences sexuelles au sein de nos écoles.
Et on voulait
savoir, à ce moment-ci, quel est... parce que, là, il nous reste environ, je
pense, 23 articles. On achève, comme on dit, mais on ne sait pas vous êtes
rendu où, en ce moment, au niveau de votre réflexion concernant soit des
amendements à ce projet de loi ou un projet de loi distinct, parce que c'est
quand même un enjeu très, très important qui
affecte des milliers de filles et d'adolescentes. Et on voulait voir, là, avec
vous, compte tenu que nous sommes dans ces 12 jours d'action... et c'est
toujours important de prendre comme mesures d'action... de mettre en oeuvre
certaines nouvelles dispositions ou même de prendre des engagements
qu'on va mettre en place des mesures de prévention, de sensibilisation et
d'éducation qui seraient évidemment nécessaires.
Donc,
j'aimerais beaucoup vous entendre là-dessus et je doute... Je suis certaine
qu'il y a des milliers de femmes qui aimeraient vous entendre là-dessus, parce
que la violence sexuelle, surtout en ce qui a trait aux jeunes filles,
aux adolescentes, c'est très préoccupant.
M. Drainville : Bien, d'abord, Mme
la Présidente, je remercie la députée de Robert-Baldwin de souligner
effectivement cette semaine qui vise à nous rappeler que la violence faite aux
femmes est une malheureuse réalité avec laquelle on doit continuer à composer
et donc qu'on doit continuer à combattre. Et puis, comme elle l'a dit si bien,
cela culmine avec la commémoration de la tragédie de Poly, qui reste encore
aujourd'hui une blessure très, très vive dans le coeur de beaucoup, beaucoup de
nos concitoyens et qui demeure une blessure très, très vive pour moi. Et donc
elle a bien raison, Mme la Présidente, de soulever cette question.
Lorsque j'ai rendu public le rapport, comme je
m'y étais engagé à le faire, le rapport sur les violences sexuelles qui faisait
suite, donc, au mandat d'enquête général que j'avais ordonné, j'ai
effectivement affirmé que nous allions
donner suite aux recommandations, et, Mme la Présidente, nous maintenons que
nous allons donner suite aux recommandations. Lors de cette conférence de
presse, donc, j'avais affirmé, puis je l'ai refait à nouveau ici durant nos travaux, j'ai dit que nous n'écartions pas la
possibilité de légiférer sur cette question des violences. Et donc je maintiens,
Mme la Présidente, que nous n'écartons pas la possibilité, donc, l'hypothèse de
légiférer sur ces questions-là.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. le ministre. D'autres interventions sur l'article 21?
Mme
Garceau : Oui, bien, évidemment, Mme la Présidente, on parle
beaucoup... Vous aviez mentionné, M. le ministre, de légiférer, mais là on est rendus fin novembre, et je crois
que, compte tenu de ces 12 jours d'action et aussi l'annonce bilatérale
qui vient d'être mentionnée, la semaine dernière, entre le fédéral et le
provincial, que le fédéral a... donne un 97,3 millions au Québec
pour aider le Québec dans la mise en oeuvre de la stratégie contre...
évidemment, au niveau de la violence faite aux femmes, une stratégie intégrée
qui inclut 18 ministères.
Et donc je voulais voir avec vous, compte tenu de
cette, comme on dit, injection de finances liées à la mise en oeuvre de dispositions concernant la violence
dans toutes ses formes, qui inclut violences sexuelles, il me semble que
ce serait un bon moment de prendre un
engagement devant toutes ces femmes, les filles, les adolescentes, que le ministre
de l'Éducation prend cette situation au sérieux. Vous avez un rapport,
l'engagement de soit légiférer une loi distincte qui va être déposée... on aurait aimé avant le 8 décembre, mais, au
moins, d'annoncer cet engagement, parce que c'est quelque chose, quand même, là, qui dure depuis un
certain temps. Et ce serait un geste positif, un geste qui est attendu
du ministre de l'Éducation, de poser ce
geste concernant un engagement de légiférer une loi distincte ou via des
amendements.
M.
Drainville : Voulez-vous répéter la toute dernière partie de
votre intervention? Vous dites, vous souhaitez...
Mme Garceau : La toute dernière...
je souhaite que le ministre de l'Éducation...
• (10 h 20) •
M. Drainville : Oui, mais vous avez
parlé de deux options, donc.
Mme
Garceau : Deux options... les deux options, parce que ça
faisait partie de votre réflexion suite au rapport. Vous aviez mentionné
soit de déposer des amendements dans le cadre de cette loi ou un projet de loi
complètement distinct.
M. Drainville : Oui. Je n'ai pas, à
ma connaissance, évoqué un projet de loi distinct. Je sais que ça fait partie
des demandes de l'opposition. J'ai dit que nous n'écartions pas la possibilité
de légiférer, mais je ne me souviens pas d'avoir parlé d'un projet de loi
distinct, je ne crois pas l'avoir fait. Et donc je redis à la députée, Mme la
Présidente, que c'est de notre intention de donner suite aux recommandations et
que le scénario de modifications législatives est toujours sur la table.
Mme Garceau : Donc, M. le
ministre...
M. Drainville : Ce
scénario-là est toujours sur la table. Je ne suis pas en mesure de vous le
confirmer pour le moment, mais il est toujours sur la table.
Mme Garceau : Sur la table dans
le... parce que je vais poursuivre la discussion, Mme la Présidente, parce que c'est quand même un enjeu fort important. Et,
bien entendu, lorsque vous dites, vous allez donner suite au rapport,
aux recommandations, vous allez légiférer, là, on parle de légiférer dans le
cadre de ce projet de loi, dans le cadre du projet de loi n° 23? Parce
que, si oui, ça veut dire que les amendements... quelqu'un est en train de
rédiger les amendements, les amendements
sont prêts, parce que, comme j'ai mentionné, je crois qu'il reste
23 articles. Donc, il me semble qu'on va terminer l'étude
détaillée, j'ose croire, avant la fin de la session.
M. Drainville : Oui, bien, moi
aussi, j'ose le croire et je le souhaite ardemment. Évidemment, il y a un bout
qui m'appartient puis il y a un bout qui appartient aux députés de
l'opposition. Donc, je pense que, si on continue de bien travailler comme on
l'a fait, je pense qu'on va réussir à terminer les articles qui sont
présentement encore à l'étude. Et, pour ce
qui est de la suite des choses, Mme la Présidente, je ne suis pas en mesure, à
ce stade-ci, de dire à la députée ce
qu'il en est, mais je suis conscient du fait qu'il ne reste pas beaucoup de
jours et je suis très, très, très sensible à l'importance de cet enjeu.
Donc,
j'invite Mme la députée, Mme la Présidente, j'invite Mme la députée de Robert-Baldwin à, comment dire, à faire preuve d'encore un petit peu de patience,
et je pense que nous serons fixés très rapidement.
Mme Garceau : Ça, c'est comme le
terme «délai raisonnable», un peu... un peu de patience veut dire quoi,
exactement? Ça veut dire...
M. Drainville : L'avenir...
Mme Garceau : ...une journée, deux
jours? Parce que la session...
M.
Drainville : Je ne suis pas en mesure, Mme la Présidente,
d'être plus précis que je ne le suis présentement, déjà que je me trouve très
précis. Alors, je... Non, mais sérieusement, Mme la Présidente, je suis conscient
des contraintes qui sont les nôtres puis je veux vraiment qu'on donne suite à
ces recommandations-là...
Mme Garceau : Mais c'est pour ça
que...
M.
Drainville : ...parce que c'est important pour la protection de
nos élèves et en particulier de nos jeunes femmes et de nos jeunes
filles, jeunes femmes, jeunes filles, oui.
Mme
Garceau : Oui, et évidemment aussi la protection des
enseignantes, parce qu'il y a eu de la violence faite aux enseignantes
également, mais c'est sûr et certain que le temps... on n'a pas beaucoup de
temps. Et au moins, je comprends, M. le
ministre, qu'aujourd'hui vous ne pouvez pas nous confirmer la date précise du
dépôt des amendements, mais, au moins, aujourd'hui ou cet avant-midi,
est-ce que vous pourriez prendre l'engagement de nous revenir cet après-midi avec un engagement plus concret en
termes de temps, compte tenu que nous avons simplement, là, jusqu'au
8 décembre, à finaliser ce projet?
M.
Drainville : Écoutez, Mme la Présidente, je... nous allons
donner une direction claire sur cette question très prochainement. Je ne
peux pas en dire plus pour le moment. Très prochainement.
Mme
Garceau : Très prochainement. Je vous regarde, là, M. le
ministre, je vous regarde dans les yeux, là, très prochainement, très
prochainement, ça veut dire cette semaine...
M. Drainville : Très prochainement.
Mme Garceau : ...avant vendredi.
M. Drainville : Très prochainement.
Mme Garceau : Si on veut finaliser l'étude
de ce projet de loi...
M. Drainville : Oui. Puis je vous
dirais, Mme la Présidente...
Mme Garceau : ...dans les deux
prochaines semaines.
M. Drainville : ...si on peut
terminer le bloc Gouvernance, je pense que la députée sera, comment dire, sera
satisfaite quant à sa volonté d'aller de l'avant avec des mesures de
protection. Je pense qu'elle le sera.
Mme Garceau : Donc, vous allez
annoncer quelque chose avant la fin de l'étude détaillée.
M.
Drainville : Mme la Présidente, j'en ai déjà trop dit. Je pense
qu'il vaut mieux procéder avec les quelques amendements... pas les
quelques amendements, mais les quelques dispositions qui nous restent, et puis
on pourra, par la suite, se pencher sur la suite des choses.
La Présidente (Mme Dionne) : Alors,
poursuivons avec l'article 21.
Mme Garceau : Oui, je vais juste,
Mme la Présidente, en terminant sur cet aspect de notre discussion... parce que
c'est sûr qu'on aimerait si, M. le ministre, vous allez déposer des amendements
concernant cet enjeu de violences sexuelles
dans nos écoles, si vous pourriez prendre l'engagement, au moins, de nous
transmettre les amendements avant, préalablement, avant les discussions.
M. Drainville : Mme la Présidente,
je suis sensible au fait que les députés d'opposition souhaitent que nous
mettions en place davantage de protection pour nos élèves et pour le personnel,
et donc je... On va faire les choses correctement,
Mme la Présidente, je vais le dire comme ça, on va faire les choses
correctement, parce que je suis sensible au fait que c'est un enjeu qui
est important pour nos députés d'opposition : Mme la députée de Robert-Baldwin,
Mme la députée de Saint-Laurent, Mme la
députée de Mercier, puis, de notre côté aussi, tous les députés ici présents.
Et, je vous dirais, le caucus des
députés de la Coalition avenir Québec, c'est un enjeu qui nous touche.
Évidemment, on ne peut pas rester insensible, il n'y a personne qui est
insensible à cette... à ces situations de violence qui ont été largement médiatisées,
là.
Et donc on veut faire quelque chose, Mme la
Présidente, puis on veut que ça s'inscrive dans le prolongement du rapport sur les violences sexuelles. Et je
pense, Mme la Présidente, que les mesures que nous allons éventuellement
mettre de l'avant sauront satisfaire, du
moins, en partie, les députés de l'opposition, y compris la députée de
Robert-Baldwin. Est-ce que ce sera
tout ce qu'elle souhaite? Peut-être pas, mais ça nous permettra de faire... ce
sera une belle, une très belle avancée pour mieux protéger les victimes
de violences sexuelles dans nos écoles.
Mme Garceau : Juste comme dernier
point, parce que les amendements vont devoir être déposés au Conseil des
ministres pour l'approbation du conseil.
M.
Drainville : Comme tous les amendements... Enfin, non, ce n'est
pas vrai, pas comme tous les amendements. La preuve en est, c'est qu'on
a adopté des amendements ici qui ne sont pas passés par le Conseil des
ministres, mais il y a certains types d'amendement, effectivement, qui
demandent l'aval du Conseil des ministres. Et si jamais il était question d'amender la ou les lois pour prévoir des
dispositions comme celles qui étaient recommandées par le rapport ou qui
découlaient du rapport, à ce moment-là, oui, il faudrait passer par le Conseil
des ministres.
• (10 h 30) •
Mme Garceau : O.K. Je vais vous
poser la question, M. le ministre. Est-ce que ça a déjà été fait? Est-ce que
les amendements ont déjà été rédigés et déposés au conseil pour approbation?
M. Drainville : Mme la Présidente,
la députée de Robert-Baldwin sait très bien que je ne peux pas dévoiler la teneur des discussions que nous avons au
Conseil des ministres. C'est un bel essai par contre, mais je ne suis pas en
mesure, Mme la Présidente, de confirmer ou d'infirmer.
La Présidente (Mme Dionne) : On
pourrait peut-être revenir à l'article 21, si on veut poursuivre.
Mme Garceau : Oui. C'est juste, Mme
la ministre... Mme la Présidente, parce que c'est sûr et certain, puisqu'il n'y a pas eu de consultation, il n'y a
pas eu de mémoire au niveau de cet enjeu-là très important avant l'étude
détaillée, on n'aimerait pas être dans une
situation où on reçoit des amendements, comme on dit, là, de dernière minute, sur
un enjeu fort important. C'est pour ça, là, que je pose des questions ce matin
compte tenu qu'il ne nous reste pas beaucoup de temps lié à l'étude détaillée.
Et donc c'est pour ça que je suis... je pose des questions bien précises pour pas non plus qu'on soit, à la dernière minute,
pris par surprise avec plusieurs amendements, parce qu'il va falloir parler,
consulter avec certains groupes, c'est sûr et certain, là, concernant les
amendements.
C'est vraiment parce qu'il faut, en termes de
nos travaux, en termes de législateur... Et, pour moi, compte tenu de ma formation de 30 ans, c'est toujours
important de consulter les gens qui sont affectés ou qui
pourront être affectés par des
nouvelles dispositions législatives.
Ça n'a pas été fait. Concernant la violence sexuelle, je sais qu'il y a
beaucoup de regroupements de femmes qui auraient des positions
et des recommandations à faire, qu'elles n'ont pas eu l'opportunité de
faire, là, à l'intérieur de ce projet de loi. Donc, c'est pour ça que je pose
les questions que je pose ce matin, pour avoir
une idée, là, au niveau de, un, votre réflexion et... oui, si des amendements
ont déjà été rédigés, approuvés, donc ça veut dire qu'on devrait les
recevoir aujourd'hui, demain, pour notre vision et de faire le travail qui
s'impose de notre côté également.
M. Drainville : J'ai bien compris le
message, Mme la Présidente. J'ai bien compris le message.
Mme
Garceau : Donc, revenons sur, Mme la Présidente, l'article
21. J'ai compris les explications de Me Martin concernant l'article 21. Associé à un mandat, il est quand même un
directeur général adjoint, il a des obligations contractuelles. Il va signer un contrat. Donc, c'est... Encore une fois,
je trouve qu'on est limités. L'article est limité dans le terme de l'emploi du D.G. adjoint, parce que, oui, il est
associé à un mandat, mais il est associé à un contrat aussi. C'est là, là, où je ne comprends pas pourquoi on
n'utilise pas le terme «aller jusqu'au congédiement», qui pourrait inclure
la révocation d'un mandat. Il me semble qu'il
faut aller plus loin que juste la révocation, compte tenu de la nature des
obligations contractuelles, et pas juste lier à un mandat.
M. Guyon
Martin (Alexandre) : Bien, en fait, c'est que, comme je l'ai mentionné,
ici, c'est vraiment par rapport à l'exclusivité de fonction. Donc, la
loi impose l'exclusivité de fonction et prévoit la sanction à ce manquement-là.
Pour un congédiement, je vais vous référer
au règlement qui concerne certaines conditions de travail des hors-cadres des
centres de services scolaires où, là, on
prévoit toutes les situations où un hors-cadre, qui comprend un directeur
général adjoint, peut être congédié.
Donc,
vraiment, ici, l'article est vraiment limité à s'appliquer aux cas
d'exclusivité de fonction qui ne seraient pas respectés.
Mme Garceau : Donc, pourriez-vous
nous donner des exemples où un D.G. adjoint... et aussi la nature des sanctions, parce que, sous peine de sanction, on
n'a aucune définition, on n'a aucune idée de quoi il s'agit en termes de
sanction, comme de me donner un exemple d'un
cas où un D.G. adjoint serait... son mandat serait révoqué, les instances
pour lesquelles son mandat serait révoqué.
Et, sous peine de sanction, bien, la sanction ultime est la révocation, mais,
avant la révocation, ça serait quelle autre sanction? Parce que ça, ce
n'est pas clair.
M. Guyon Martin (Alexandre) : En
fait, par exemple, ça serait le cas de quelqu'un qui est déjà à l'emploi d'un centre de services scolaire, qui, en plus de
son emploi, exerce une autre fonction que je ne qualifierais pas... je ne veux
pas nécessairement tomber dans trop d'exemples non plus pour éviter de, disons,
préjuger d'avance la situation, mais qui
aurait... qui exercerait une autre charge. Cette personne-là, une fois nommée
directeur général adjoint, on va lui demander
de cesser d'occuper l'autre charge, à moins que, bon, le directeur général lui
permette de le faire, au deuxième alinéa. Si on ne lui permet pas, par exemple, là la gradation des sanctions
qui peut être prévue par cet article-là, bien, d'abord, on va le... donner un avertissement. Donc, tu dois
choisir la charge. Donc, on va t'encourager à abandonner la seconde. Sinon, après ça, on peut donner une
réprimande. On pourra... s'il n'obtempère pas, il pourra y avoir ensuite
une suspension, puis, si la personne
maintient, en fait, cette double charge, à ce moment-là, on va lui retirer
celle de directeur général adjoint.
Mme Garceau : O.K. Donc, est-ce
qu'il y a comme... en termes des sanctions, est-ce qu'il va y avoir comme une
hiérarchie de sanctions, dans le sens qu'il va y avoir un avis, suite à ça, ça
va être une réprimande? Comment est-ce que
vous voyez ça au niveau des sanctions? Et est-ce que c'est peut-être prévu dans
un règlement ou en quelque part?
Parce que c'est vraiment vaste, là, en termes de... Il n'y a aucun détail,
juste la révocation, qui serait la sanction... la dernière sanction ou la sanction de dernier
recours, comme on dit, mais les... peut-être, sous peine, les sanctions
préalables à cette question de révocation?
M. Guyon
Martin (Alexandre) : Mais là c'est plus dans l'opérationnalisation de
la disposition, où justement il pourrait
y avoir une gradation des sanctions qui pourra aller jusqu'à la révocation,
comme le prévoit l'article. Je comprends qu'on va laisser le temps au directeur général adjoint qui entre
nouvellement en fonction, par exemple, de se départir de son autre fonction. Si, par exemple, c'est une
fonction sur un conseil d'administration d'un organisme, tu sais, peut-être
lui laisser le temps de régler la situation. S'il ne le fait pas, à ce
moment-là, il y a des sanctions qui pourront être prises, puis, après des avertissements, comme je l'ai mentionné,
avertissements, réprimande, éventuellement suspension, on pourrait aller
à la révocation.
Mme Garceau : O.K. Donc, qui
détermine cette dégradation de sanctions? Est-ce que ça va être le D.G.? Est-ce
que ça va être le centre de services scolaire? Qui va déterminer?
M. Guyon Martin (Alexandre) : Ce
sera le directeur général.
Mme
Garceau : Et ça, est-ce que ça va être public, les... en
termes de dégradation de sanctions pour un D.G. adjoint? Est-ce que ça
va être de l'information qui va être publiée?
M. Guyon
Martin (Alexandre) : A priori, ce ne le serait pas, étant donné qu'on
entre dans les relations de travail. Ce n'est pas des informations qui
sont publiques.
Mme
Garceau : Mais est-ce que vous allez prévoir... parce que je
tente, là... Je rentre en fonction, D.G. adjoint. Est-ce que cette possibilité d'avoir... de pouvoir
exercer d'autres fonctions... est-ce que tous ces aspects-là et les conditions
pour que cette personne, quand il ou elle va assumer ses nouvelles fonctions en
tant que directeur général adjoint, est-ce
que ça va être déterminé? Est-ce qu'il va y avoir des conditions dans un
contrat d'emploi au niveau de tout cet aspect de ses responsabilités, et tout, qu'il pourrait avoir d'autres charges?
Est-ce que ça, ça va être prévu, ça va être contractuel?
• (10 h 40) •
M. Guyon Martin (Alexandre) : Ce
sont des éléments qui pourraient se trouver dans les contrats de travail. Par
contre, je ne les ai pas vus, donc je ne pourrais me prononcer.
Mme
Garceau : Mais est-ce que c'est ça qui est prévu avec cette nouvelle
disposition à 21, ou l'article maintenant
qui va être 201.1, qui va faire en sorte... parce que c'est très vaste, cet
article concernant... Il n'y a rien qui prévoit quelle latitude est-ce qu'un directeur adjoint va avoir en
termes de : Bon, je suis D.G. adjoint, mais je peux exercer
d'autres fonctions?
M.
Drainville : Mme la Présidente...
La Présidente (Mme
Dionne) : Je veux juste vous rappeler qu'il vous reste moins de trois
minutes pour cet article-là. Et, oui, M. le ministre, vous alliez dire?
M.
Drainville : On pourrait... Je rappelle que les D.G.A. ne relèvent pas
des emplois supérieurs, donc ils relèvent des D.G., donc. Mais on pourrait
prévoir une espèce de contrat type qui pourrait être suggéré aux directions
générales des centres de services et qui prévoirait, possiblement, là... je
prends note de la suggestion implicite de la députée
de Robert-Baldwin. On pourrait prévoir, dans cette espèce de
contrat type, une disposition qui dit... qui rappelle l'exclusivité de
fonction. Ça pourrait être une possibilité.
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
Mme Garceau :
O.K. Non. C'est bien.
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci. Donc, s'il n'y a pas d'autre intervention sur
l'article 21, nous allons mettre aux voix l'article. Est-ce que
l'article 21 est adopté?
Des voix :
Adopté.
Mme Garceau :
Sur division.
La Présidente (Mme
Dionne) : Adopté, sur division. Merci. Donc, nous passons maintenant à
l'article 22.
M.
Drainville : Alors, article 22. L'article 201.2 de cette loi est
remplacé par le suivant :
«201.2. Le directeur
général et le directeur général adjoint ne peuvent, sous peine de sanction
pouvant aller jusqu'à la révocation, avoir un intérêt direct ou indirect dans
une entreprise mettant en conflit leur intérêt personnel et celui du centre de
services scolaire.
«Toutefois, cette
sanction ne s'applique pas si un tel intérêt leur échoit par succession ou par
donation, pourvu qu'ils y renoncent ou en disposent avec diligence.»
Commentaires.
Cet article propose d'étendre au directeur général adjoint la règle interdisant
d'avoir un intérêt direct ou indirect dans une entreprise mettant en
conflit son intérêt personnel et celui du centre de services scolaire.
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci, M. le ministre. Des commentaires sur
l'article 22?
Mme Garceau :
Oui. Merci, Mme la Présidente. Je
voulais voir avec le ministre si vous aviez des... un cas en tête
concernant cet article, de me donner un exemple où un directeur général...
M.
Drainville : Non. Non, pas nécessairement, Mme la Présidente. Ça nous
semblait une bonne idée d'avoir une disposition comme celle-là. Les
considérations éthiques sont souvent nommées, à juste titre, comme étant des...
comment dire, des fondements importants de toute politique gouvernementale,
dans ce cas-ci, d'un projet de loi qui va
avoir, nous l'espérons, un impact positif sur le fonctionnement du réseau et
sur, à terme, la réussite des élèves. Et donc on veut, Mme la
Présidente, s'assurer que les fondements éthiques du projet de loi soient les
plus solides possible et donc on a prévu cette disposition à cette fin.
Mme Garceau :
Donc, qu'est-ce que vous voulez dire, M. le ministre, par «un intérêt
indirect», que le D.G. ou le D.G. adjoint aurait «un intérêt indirect» dans une
entreprise le mettant en conflit?
M.
Drainville : Bien, mettons qu'il n'est pas propriétaire de l'entreprise,
mais qu'il bénéficie des retombées positives liées... de retombées positives
liées à l'entreprise, ça pourrait être considéré comme un intérêt indirect.
Mme Garceau :
Comment est-ce qu'il pourrait bénéficier de retombées, s'il n'est pas
propriétaire?
M.
Drainville : Je ne sais pas. Je ne sais pas. Mettons que la conjointe,
elle, est propriétaire ou actionnaire de l'entreprise, et donc qu'elle se voie
verser une partie des profits de l'entreprise, bien, à ce moment-là, on peut
penser que son conjoint pourrait en
bénéficier à ce moment-là. Donc, ce ne serait pas un intérêt direct, puisque
l'homme en question ne serait ni
propriétaire ni actionnaire, mais il pourrait, par l'intérêt que possède sa
conjointe, en bénéficier indirectement. C'est l'exemple que je vous
donne.
Mais c'est
une formule usuelle, Mme la Présidente. Quand on parle d'intérêt direct ou
indirect, on veut ratisser le plus large possible. Donc, dans la
position existante, d'ailleurs, Mme la Présidente, si vous lisez la position,
la... le texte actuel,
là : «Le directeur général ne peut, sous peine de déchéance de sa charge,
avoir un intérêt direct ou indirect dans une entreprise.» Donc, on
reprend la formulation puis on étend cette règle-là, qui s'applique, pour le
moment, seulement au D.G., au directeur général, on l'étend aux directeurs
généraux adjoints ou adjointes.
Mme Garceau :
Oui. Bien là, vous avez mis les deux.
M.
Drainville : Oui, c'est ça.
Mme Garceau :
Ça fait que les deux sont assujettis à 7.
M.
Drainville : Ce qui est une bonne idée. Vous ne voulez pas étendre
l'interdiction des conflits d'intérêts aux D.G.A.?
Mme Garceau :
Bien, je dois vous dire, je trouve... Moi, M. le ministre, je trouve la
suggestion... en tout cas, l'explication
concernant «l'indirect» assez particulière, que, si c'est la conjointe du
directeur général qui est propriétaire d'une
entreprise, elle est actionnaire, je ne sais pas, peut-être qu'elle a... est
propriétaire d'un service de garde, et donc comment est-ce que, ça, ça
fait en sorte que son conjoint pourrait en bénéficier indirectement et donc
pourrait être sanctionné? Je trouve qu'on va pas mal loin.
M.
Drainville : Oui, mais là, Mme la Présidente, d'avoir un intérêt dans
une entreprise, ça ne te place pas automatiquement en situation de conflit
d'intérêts. Ça te place en conflit d'intérêts, si cette entreprise dans
laquelle tu as un intérêt direct ou indirect
transige, mettons, avec le centre de services scolaire. Si l'entreprise ne transige
pas avec le centre de services scolaire, il n'y a pas d'enjeu, là.
Mais je dis n'importe
quoi, Mme la Présidente, là. Le D.G.A. ou la D.G.A. sont... Mettons un D.G.A.
qui est propriétaire d'immeubles
appartements, bon. Bien, il n'y a pas d'enjeu, à moins que certains des
immeubles soient utilisés par le centre de services scolaire, puis là, à ce
moment-là, il y a visiblement un conflit d'intérêts. Mais être propriétaire
d'édifices appartements, ça ne te place pas automatiquement en conflit d'intérêts
avec le centre de services scolaire. Bien, alors donc, tu es
propriétaire de... d'une entreprise qui est propriétaire d'édifices
appartements. Tu as le droit.
• (10 h 50) •
Mme Garceau :
O.K. Admettons, mais vous n'avez
pas prévu... Dans l'article, vous avez lié le conflit d'intérêts potentiels si
le D.G. ou le D.G.A. a un intérêt dans une entreprise, mais il pourrait avoir
un intérêt personnel, admettons, si
personnellement, il détient... il est propriétaire d'un immeuble et il est D.G.
adjoint, et là on est peut-être en discussion avec un centre de services scolaire pour l'acquisition de... d'un
terrain ou d'un immeuble. Voyez-vous ce que je veux dire?
M. Drainville :
Oui, mais je vais vous dire, Mme
la Présidente, c'est... Je trouve, moi, que de parler d'entreprise, ça... je veux dire, c'est quand même l'essentiel,
non? On ne veut pas qu'une entreprise dont il est actionnaire ou propriétaire,
dans laquelle il a un intérêt indirect ou
indirect, profite d'éventuelles transactions ou achats de biens ou de services
par le centre de services scolaire dont il est le D.G.A. Je ne sais pas. Puis
c'est... Par ailleurs, ça reprend la formulation qui existait déjà, là, dans la formulation qui
existait déjà : «Le D.G. ne peut, sous peine de déchéance de sa charge,
avoir un intérêt direct ou indirect dans une entreprise mettant en
conflit son intérêt personnel ou celui du centre de services.» On a repris la
formulation.
Mme Garceau :
Mais là, moi, je pousse un peu la discussion, dans le sens que, dans
l'entreprise, on parle d'un D.G., admettons,
à titre d'exemple, qui détient des actions dans une compagnie, dans une
société... parce que, là, on parle de la définition d'entreprise. Ça peut
être une compagnie de gestion ou de... le D.G., admettons, le D.G. est le seul
actionnaire d'une compagnie de gestion. On le voit souvent dans d'autres
domaines où il y a des transactions entre cette compagnie de gestion là qui est
vraiment, là... qui appartient seulement à une personne. Mais là je tente de
voir, je pousse la question un peu, dans le sens que ça ne prévoit pas, dans
votre article, dans une entreprise et/ou... personnelle, parce qu'il pourrait
détenir l'immeuble personnellement. Voyez-vous ce que je veux dire?
M.
Drainville : Oui.
Mme Garceau :
Il me semble que...
M.
Drainville : On va suspendre un instant, Mme la Présidente, O.K.?
La
Présidente (Mme Tremblay) :
Oui. Nous allons suspendre les travaux de la commission quelques instants.
Merci.
(Suspension de la séance à
10 h 53)
(Reprise à 10 h 59)
La
Présidente (Mme Dionne) : La commission reprend ses travaux. Donc, M. le
ministre, je vous laisse poursuivre.
M.
Drainville : Oui. Mme la Présidente, on va suspendre cet article et on
va continuer à avancer avec l'étude du projet
de loi. Mais, pour le moment, on n'a pas ce qu'il faut pour répondre aussi
précisément que nous le souhaiterions à la question posée par la députée
de Robert-Baldwin. Donc, je suggère que nous suspendions.
La Présidente (Mme
Dionne) : Est-ce qu'il y a... Oh! pardon. Allez-y.
Mme Garceau :
Ah! non, désolée. Bien, compte
tenu... le deuxième alinéa, j'avais des questions à ce sujet-là aussi. Et donc j'aimerais peut-être vous poser
quelques questions parce que peut-être qu'il y a des... un motif additionnel
pour une suspension pour voir la deuxième
partie, avec grand respect, si vous le permettez, là. Donc, peut-être, vous
allez pouvoir réviser l'article, les deux parties, compte tenu de mes
questions sur le deuxième alinéa.
M.
Drainville : Sur les...
Mme Garceau :
Ou j'attends.
M.
Drainville : Pardon?
Mme Garceau :
Ou je vais attendre votre...
M.
Drainville : Oui. Bien, je pense que ce serait une bonne idée, Mme la
Présidente.
Mme Garceau :
Oui?
La Présidente (Mme
Dionne) : D'accord. Est-ce qu'il y a...
Mme Garceau :
O.K. On reviendra plus tard. C'est bien.
La Présidente (Mme
Dionne) : Parfait. Est-ce qu'il y a consentement pour suspendre
l'article 22?
Des voix : ...
• (11 heures) •
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci. Donc, article 23. M. le ministre, la parole est
à vous.
M.
Drainville : Très bien. Merci, Mme la Présidente. Donc : 23.
L'article 203 de cette loi est modifié :
1° par le
remplacement, partout où ceci se trouve dans le troisième alinéa, de «centre de
services scolaire» par «ministre»; et
2° par l'ajout, à la
fin, de l'alinéa suivant :
«En cas de vacance au
poste de directeur général, le directeur général adjoint, ou celui des adjoints
désigné par le ministre, assure l'intérim
jusqu'à ce que le gouvernement procède à la nomination du nouveau directeur
général.»
Commentaires. Cet
article confère au ministre le pouvoir de nommer, parmi les directeurs généraux
adjoints, lorsqu'il y en a plus d'un, celui
qui serait appelé à exercer les fonctions et pouvoirs du directeur général en
cas d'absence ou d'empêchement de même qu'en cas de vacance du poste.
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il y a des interventions
sur l'article 23?
Mme Garceau :
Non, pas d'intervention, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
Mme la députée. Donc, s'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons
mettre aux voix l'article 23. Est-ce que l'article 23 est adopté?
Des voix :
Adopté.
Une voix :
Sur division.
La Présidente (Mme
Dionne) : Adopté, sur division. Nous sommes maintenant à
l'article 25.
M.
Drainville : Oui. Alors, nous allons déposer un amendement, Mme la
Présidente. Nous allons déposer un amendement. Je crois que nous l'avons fait
parvenir au secrétariat de la commission.
La Présidente (Mme Dionne) : Oui.
Nous allons le mettre à l'écran. Donc, le voici. M. le ministre, je vous laisse
en faire la lecture.
M.
Drainville : Ce n'est pas celui-là. 24.1.
La
Présidente (Mme Dionne) : Donc, il s'agit d'un nouvel article. Est-ce qu'il
y a consentement pour introduire l'article 24.1?
Des voix : Consentement.
La Présidente (Mme Dionne) : Parfait.
Donc, M. le ministre, je vous laisse en faire la lecture.
M.
Drainville : Alors, article 24.1, article 212 de la Loi sur l'instruction publique. Insérer, après l'article 24 du
projet de loi, le suivant :
24.1.
L'article 212 de cette loi est modifié par l'insertion, après le
paragraphe 1° du premier alinéa, du suivant :
«1.1° sur le changement de destination d'un
immeuble mis à la disposition d'une de ses écoles;».
Alors, ici, Mme la Présidente, le mot
«destination», là, la première fois que j'ai lu cette disposition, Mme la Présidente, j'essayais de comprendre, là, dans le
fond, c'est ce à quoi il est destiné. Quand on parle de changement de destination, là, on parle parfois...
Habituellement, on parle de destination en termes de voyage, par exemple, là,
mais, dans ce cas-ci, le changement de destination, c'est la fin à
laquelle l'immeuble est destiné. En d'autres mots, si une école est constituée de plusieurs immeubles, de
plusieurs pavillons... La loi, ce qu'elle dit présentement, c'est que, si un
centre de services scolaire propose de fermer une école, il doit y avoir
consultation publique, mais, dans les milieux ruraux, Mme la Présidente, il est arrivé que certaines écoles ferment mais qu'on
garde ouvert le pavillon ou l'immeuble, qui devient, à ce moment-là,
rattaché à une autre école.
En d'autres
mots, vous aviez, mettons, deux écoles qui étaient deux écoles autonomes, avec
chacune leur identité propre. Bon, baisse d'affluence, baisse du nombre
d'élèves, etc., on décide que ces deux écoles deviennent une seule école mais à deux pavillons. Et là on se retrouve
dans une situation où, dans certains cas, le centre de services scolaire va
décider de fermer l'un des deux pavillons ou de transférer les élèves de
manière temporaire de l'un... d'un pavillon et consolider tous les
élèves dans le deuxième pavillon, le temps, par exemple, que l'affluence
revienne, ou que le nombre d'inscriptions revienne, ou encore le temps qu'on
procède à des travaux, etc.
Alors là, ce
que l'on fait, Mme la Présidente, c'est qu'on s'assure que, dans un contexte de
ruralité, par exemple, si jamais un pavillon comme celui-là est fermé par
l'école, donc par décision du conseil d'établissement
ou par décision du centre de
services scolaire... à ce moment-là,
on veut s'assurer que la population soit informée et soit consultée. C'est pour
ça qu'on a décidé de déposer cet amendement-là, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. le ministre. Est-ce qu'il y a des interventions sur l'article 24.1?
Mme
Garceau : Oui. Bien, je vais... Oui. Merci, Mme la
Présidente. Je vais demander, si vous me permettez, M. le ministre, à ce qu'on
puisse suspendre... je vais demander de suspendre l'étude de cet amendement au
début de l'après-midi, parce que je sais que la députée de
Saint-Laurent, ma collègue, avait des commentaires liés, là, à toutes ces
questions de destination d'immeuble. Donc, ça serait apprécié que ça soit
révisé à cet après-midi, au retour.
M. Drainville : Très bien.
La Présidente (Mme Dionne) : Est-ce
qu'il y a consentement pour suspendre l'article 24.1?
Des voix : Consentement.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci.
Donc, nous serions maintenant à l'article 25.
M. Drainville : Attendez un petit
peu.
25. Cette loi est modifiée par l'insertion,
après l'article 214.3, du suivant :
«215. Un
centre de services scolaire doit conclure avec le ministre une entente annuelle
de gestion et d'imputabilité.
«L'entente de gestion et d'imputabilité contient
notamment :
«les indicateurs nationaux déterminés en
application de l'article 459.1;
«les
orientations, les objectifs ou les cibles devant être pris en compte pour
l'élaboration du plan d'engagement vers la réussite du centre de
services scolaire conformément à l'article 459.2;
«les modalités visant la coordination de
l'ensemble de la démarche de planification stratégique prescrites en
application de l'article 459.3...»
Alors, je ne
l'ai pas dit, là, au microphone, Mme la Présidente, là, mais la phrase qui
commence par «les indicateurs nationaux»,
ça, c'était le premier paragraphe; deuxième
paragraphe, «les orientations et les objectifs ou les cibles», etc.; troisième
paragraphe, «les modalités visant la coordination».
«4° les
objectifs ou les cibles portant sur l'administration, l'organisation ou le
fonctionnement du centre de services scolaire déterminés en application
de l'article 459.5.4;
«5° les mesures recommandées ou exigées par le
ministre en application de l'article 215.2;
«les
orientations et les priorités ministérielles applicables au centre de services
scolaire — ça,
c'est le sixième paragraphe;
«7° tout
autre objectif, toute autre cible ou toute autre priorité propre au centre de
services scolaire pour la durée de l'entente.
«Cette
entente doit prévoir, à l'égard des objectifs, des cibles, des priorités et des
orientations visés aux paragraphes 4°,
6° et 7° du deuxième alinéa, les moyens à mettre en oeuvre pour y donner suite
et les principaux indicateurs qui permettront de rendre compte au
ministre des résultats.»
Commentaire :
Cet article prévoit la conclusion d'ententes de gestion et d'imputabilité entre
le ministre et le centre de services
scolaire et énumère le contenu de telles ententes. Il prévoit que de telles
ententes doivent être conclues annuellement.
La
Présidente (Mme Dionne) : Merci, M. le ministre. Je crois qu'il y avait un
amendement aussi à l'article 25.
M. Drainville : Oui, très bien.
Alors donc, amendement à cet article 25. On l'a sous les yeux, très bien.
À l'article 25 du projet de loi, remplacer
le numéro de l'article proposé par le suivant : «214.4».
La Présidente (Mme Dionne) : D'accord.
Est-ce qu'il y a des commentaires sur l'amendement?
Mme Garceau : Oui. Est-ce qu'on peut
suspendre, s'il vous plaît, pour que je puisse prendre connaissance de
l'amendement?
M. Drainville : Oui, on peut
suspendre.
Mme Garceau : Juste pour qu'on
puisse regarder l'article qui est proposé.
La Présidente (Mme Dionne) : La
commission suspend ses travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h 11)
(Reprise à 11 h 12)
La Présidente (Mme Dionne) : La
commission reprend maintenant ses travaux. Donc, Mme la députée de Robert-Baldwin,
souhaitez-vous poursuivre?
Mme Garceau : Non. Donc, merci pour
l'explication concernant cet amendement.
La Présidente (Mme Dionne) : Est-ce
que l'amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Dionne) : Est-ce qu'il
y a des commentaires sur l'article 25?
Mme Garceau : Ah oui!
La Présidente (Mme Dionne) : Allez-y,
Mme la députée.
Mme Garceau : Où commencer?
La Présidente (Mme Dionne) : On vous
écoute.
Mme Garceau : Où commencer? Comme
vous savez, cet article a fait couler beaucoup d'encre concernant les
différents groupes qui ont présenté des mémoires, qui sont venus rendre
témoignage lié à leurs préoccupations concernant,
oui, le projet de loi et plus particulièrement cet article 25, parce qu'on
vise vraiment à centraliser le système d'éducation
au ministère de l'Éducation, particulièrement concernant cette obligation,
parce qu'on le voit, dans le premier alinéa,
qu'«un centre de services scolaire doit conclure avec le ministre — donc
il y a une obligation ici — une
entente annuelle de gestion et d'imputabilité».
Donc, j'aimerais, M. le ministre... et je sais
qu'il y a plusieurs... quelques groupes qui voulaient comprendre quel est... de
clarifier maintenant, si cet article... le projet de loi est adopté, le plan
d'engagement vers la réussite et maintenant
cette entente annuelle de gestion. Est-ce que ça veut dire qu'il n'y en aura
plus, de PEVR, comme on utilise dans
le jargon, là, concernant le plan d'engagement? De clarifier vraiment... puis,
je crois, c'est important pour que tout le monde puisse comprendre les
obligations liées maintenant à cette entente annuelle versus le plan
d'engagement vers la réussite.
M. Drainville : Non. Il va y avoir
encore, Mme la Présidente, des plans d'engagement vers la réussite.
Mme
Garceau : Donc, quelle est la différence? Est-ce que vous
pouvez clarifier, M. le ministre, c'est quoi, la différence entre le
plan d'engagement maintenant et cette entente annuelle?
M. Drainville : ...se
référer un instant, Mme la Présidente, aux articles 459.1, 459.2, et
459.3, et 459.5.4, qui sont déjà mentionnés dans le... la disposition.
Alors, l'article dit ceci :
«L'entente de gestion et d'imputabilité
contient :
«1° les indicateurs nationaux déterminés en
application de l'article 459.1», de la LIP.
Alors, si on
va à 459.1 de la LIP, ce que ça dit, c'est que «le ministre établit, après
consultation des centres de services
scolaires, les indicateurs nationaux qu'il met à la disposition de tous les
centres de services scolaires aux fins notamment
de leur permettre de dégager, dans leurs plans d'engagement vers la réussite,
les principaux enjeux auxquels ils font face».
Mme
Garceau : ...est-ce que je peux juste vous interrompre une
seconde? Parce que je tente, là, d'obtenir... de pouvoir vous suivre,
là, au niveau de l'article.
M. Drainville : Bien sûr.
Mme Garceau : Donc, donnez-moi juste
un instant, parce que je ne l'ai pas sous les yeux. Parfait. Allez-y.
La Présidente (Mme Dionne) : ...
Mme Garceau : Oui, vous pouvez...
M. Drainville : C'est bon? Vous êtes
correcte?
Mme Garceau : Oui. Merci.
M.
Drainville : Très bien. Alors donc, la loi, la LIP, prévoit
déjà, Mme la Présidente, le fait que le ministre établit, après consultation avec les centres de services,
les indicateurs nationaux qu'il met à la disposition des centres de services
pour leur permettre, dans le fond, de bien mettre en oeuvre le plan
d'engagement vers la réussite.
Bon, alors, ce que l'on dit par cette
disposition-là, c'est que l'entente de gestion et d'imputabilité, qui était...
qui n'existait pas auparavant, va inclure, va intégrer, donc, ces indicateurs
nationaux, qui étaient déjà prévus à la loi. Donc, on avait déjà des
indicateurs nationaux. Là, on va les intégrer à l'entente de gestion et
d'imputabilité.
La même chose
s'applique pour 459.2. 459.2 de l'actuelle loi dit : «Le ministre peut
déterminer, pour l'ensemble des centres de services scolaires ou en
fonction de la situation de l'un d'entre eux, des orientations, des objectifs,
des cibles qui doivent être pris en compte
pour l'élaboration du plan d'engagement vers la réussite...» Donc, encore une
fois, nous intégrons à l'entente ce qui était déjà prévu par la loi.
459.3 :
«Le ministre peut prescrire à tout centre de services...» Alors, ça, c'est la
loi actuelle, là, Mme la Présidente. «Le ministre peut prescrire à tout
centre de services scolaire des modalités visant la coordination de l'ensemble
de la démarche de planification stratégique
entre les établissements d'enseignement, le centre de services scolaire et le
ministère.» Bon.
«Il peut en
outre, à la suite de la réception du plan d'engagement vers la réussite du
centre de services scolaire, lui demander d'en différer la publication à
l'intérieur du délai prescrit par 209.1 ou de procéder à des modifications afin
que la période couverte par ce plan soit harmonisée avec celle du plan
stratégique du ministère conformément aux
modalités prescrites, le cas échéant, en application du premier alinéa. Il peut
aussi faire une telle demande afin que ce
plan soit cohérent avec les orientations stratégiques et les objectifs du plan
stratégique du ministère ou qu'il réponde aux attentes signifiées en
application de l'article 459.2.»
Bon, alors, Mme la Présidente... Alors, la
question, c'était : Quelle est la différence? Bien, la réponse, c'est qu'il n'y a pas de différence, sauf que ce qu'on
fait, c'est qu'on gère ces indicateurs nationaux différemment. Plutôt que
de les gérer dans une entente qui est
prescrite présentement par la loi, on va le faire à l'intérieur de l'entente de
gestion et d'imputabilité.
Si vous me demandez, par exemple, des exemples
d'indicateurs nationaux, on pourrait donner l'exemple de... par exemple, des taux de réussite des garçons. On
sait que le taux de réussite des garçons présentement est, grosso modo, de 10 points moins élevé que celui des
filles. Alors, on pourrait dire... à l'intérieur d'une entente de gestion et
d'imputabilité, on pourrait
dire : Écoutez, on veut se donner un objectif national d'augmenter le taux
de réussite des garçons, et donc ça fait partie maintenant de l'entente
de gestion que nous avons avec vous, le centre de services scolaire X, Y ou Z.
• (11 h 20) •
Évidemment, si on parle d'indicateurs nationaux,
on peut penser, Mme la Présidente, que ces indicateurs nationaux vont se retrouver, puisqu'ils sont nationals... nationaux...
on va... on peut penser qu'ils vont se retrouver dans l'entente de tous les centres de services
scolaires, parce que ça doit être un objectif national qui doit être partagé
par tous et toutes.
Objectifs, cibles, orientations, donc là je
parle du deuxième paragraphe, qui doit être pris en compte pour l'élaboration du plan d'engagement vers la
réussite. Alors, par exemple, ça pourrait être le taux d'obtention d'un premier
diplôme ou d'une première qualification en sept ans, après l'entrée au
secondaire. Ça pourrait être le taux de réussite des élèves handicapés ou en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage.
Ça pourrait être le taux de réussite des garçons, si d'aventure le taux
de réussite des garçons ne faisait pas partie des indicateurs nationaux. Bien,
à ce moment-là, ça pourrait,
effectivement, faire partie d'un plan d'engagement vers la
réussite. Voilà des exemples de cibles qui pourraient être incorporées,
donc, à l'intérieur de ce plan de... pas de ce plan mais de cette entente
de gestion et d'imputabilité.
Mme
Garceau : Donc, je reviens, M. le ministre, après vos
explications, après les références à la... aux articles de la LIP, et là
je relis l'article 215, et je vois deux choses.
Un,
l'article 215, ou là, maintenant, l'article 214.4... oui, crée une
obligation, parce qu'on utilise le mot «doit», comparativement à... aux articles... si je peux dire, 459.2, «peut», «le
ministre peut déterminer», «le ministre peut prescrire», «le ministre
peut». Donc, il y a cette différence-là, mais je regarde aussi, surtout, le
deuxième paragraphe, lorsqu'on parle... «les
orientations, les objectifs ou les cibles devant être pris en compte pour
l'élaboration du plan d'engagement vers la réussite», là, on semble... En tout
cas, à ma lecture de tous ces paragraphes, je tente de comprendre, puis,
je pense, je ne suis pas la seule, pourquoi est-ce qu'il va y avoir un PEVR.
Vous êtes en train de... vous l'avez intégré maintenant dans votre nouvelle
disposition du projet de loi n° 23.
Donc, pour clarifier, pour les centres de
services scolaires, il me semble qu'il faudrait déterminer : non, en ce
moment, le PEVR, on le met de côté, parce qu'on l'a remplacé par cette nouvelle
disposition dont vous avez créé. Et, en plus
de ça, maintenant, on va plus loin, c'est un devoir, il y a une obligation, au
niveau des centres de services scolaires, d'être assujetti aux
obligations liées à cette nouvelle entente de gestion, qui va comprendre toutes
les obligations ou les critères qui découlent, ou découlaient, de la LIP aux
articles, là, 459.2 et suivants. Ça porte à confusion, là. Il me semble qu'il faudrait clarifier. D'entrée de jeu,
là, il faudrait clarifier, dorénavant et compte tenu des commentaires qui
ont été soumis... Puis je regarde, là, l'Association québécoise des cadres
scolaires, ils voulaient vraiment clarifier cette...
la place du plan d'engagement vers la réussite. Et, à ma lecture de cet
article, nouvelle disposition, il me semble que vous avez tout intégré, dans l'entente annuelle, ce que vous aviez
prévu dans le plan d'engagement vers la réussite. C'est un petit peu comme redondant, là. On ne va
pas demander aux centres de services scolaires de faire les deux choses.
M. Drainville : Oui. Mme la
Présidente, la loi actuelle prévoit que l'on établisse des indicateurs, que
l'on établisse des orientations, des
objectifs, des cibles. C'est déjà le cas, Mme la Présidente, et ça va continuer
à être le cas. La seule chose qui change, c'est le véhicule.
Actuellement, on transmet... par exemple, si on parle des indicateurs, on
transmet les indicateurs par une lettre du ministère. Là, on va consolider la
démarche par l'entente... dans l'entente. Donc, c'est plus formel.
Mme Garceau : Donc, est-ce que vous
aller consulter...
M. Drainville : C'est sûr.
Mme Garceau : ...les centres de
services scolaires avant d'émettre une lettre du ministère qui fait état des
indicateurs nationaux?
M. Drainville : Bien sûr. C'est sûr
qu'on consulte.
Mme Garceau : Parce que ce n'est pas
spécifié dans cet article.
M. Drainville : Oui, mais ça va de
soi, Mme la Présidente. On ne peut pas gérer le réseau scolaire, comment dire,
en s'isolant quelque part dans un bureau puis en décidant, urbi et orbi :
Voici ce que seront les indicateurs nationaux,
voici... Ça ne fonctionne pas comme ça, Mme la Présidente. Et il y a déjà
présentement des discussions avec les
centres de services. La sous-ministre, Mme Arav, a discuté avec les centres de
services scolaires, et donc ça va continuer, Mme la Présidente, là. Les
indicateurs nationaux, il n'y a pas juste le ministre qui décide de ça, là, ça
fait l'objet de discussions. Les orientations, les objectifs, les cibles qui
doivent être pris en compte pour l'élaboration du PEVR, ça aussi, ce sont des... c'est le fruit de
discussions très récurrentes et très... je dirais, très rigoureuses avec les
premiers dirigeants des centres de services scolaires et leurs
principaux codirigeants. On n'a pas le choix, Mme la Présidente.
Si on veut, par exemple, s'assurer que certaines
mesures budgétaires atterrissent bien dans les centres de services scolaires et donnent les résultats
voulus, bien, il faut s'assurer, Mme la Présidente, que ces mesures budgétaires
soient bien collées à la situation du centre de services ou à la situation du
réseau scolaire.
Si on décide, par exemple, Mme la Présidente, de
raffiner la manière avec laquelle on fait l'inventaire des immeubles, on n'a pas le choix, Mme la Présidente,
que d'en discuter avec la direction des centres de services scolaires,
puisque ce sont eux qui vont devoir, le cas échéant, mettre en oeuvre la
nouvelle manière d'évaluer l'état des édifices ou la meilleure... la bonne
manière d'utiliser un logiciel, mettons, qui servirait à faire l'inventaire des
immeubles.
Si on décide, Mme la Présidente, que la question
de la cybersécurité doit faire l'objet de ces ententes d'imputabilité, bien,
c'est évident, Mme la Présidente, qu'avant de l'insérer dans l'entente annuelle
il y aura des discussions avec la direction du centre de services pour
savoir : Quel est ton niveau de sécurité? Est-ce que tu juges que tes systèmes sont suffisamment protégés?
Est-ce que tu... Quelles sont tes intentions, donc les objectifs que tu as par
rapport à cet enjeu de la cybersécurité?, etc. Donc...
• (11 h 30) •
Tu sais, on a déposé un plan stratégique, Mme la
Présidente, parce que, je le répète, la manière que ça fonctionne, le ministère de l'Éducation dépose un plan stratégique,
lequel trouve son application dans le plan d'engagement vers la réussite
au niveau des centres de services scolaires, et, après ça, les différents
conseils d'établissement, les directions d'école se
donnent un projet éducatif qui découle du plan d'engagement vers la réussite de
tout le centre de services, lequel découle du plan stratégique. Donc, il y a une
cohérence, et l'un s'imbrique dans l'autre. Le projet éducatif s'imbrique dans le PEVR, lequel s'imbrique dans le plan
stratégique du ministère. De cette façon-là, Mme la Présidente, on a une
cohérence, puis on a une direction commune, puis on travaille tous dans la même
direction pour obtenir, donc, les bons résultats.
Bien, dans le cas du plan stratégique 2023‑2027
et des indicateurs PEVR qu'il y avait à l'intérieur de ce plan stratégique, il y en avait neuf, si je ne m'abuse,
bien, il y a eu consultation des directions générales par la sous-ministre
Mme Arav. Donc, avant d'inscrire ces objectifs PEVR dans le plan
stratégique, on les a soumis pour discussion aux directions générales, et, au
terme de ces discussions-là, on a conclu que c'étaient les bons ou qu'il
fallait peut-être, dans certains cas, en
ajouter, en retrancher, en modifier le contenu, etc. Et lorsqu'on a eu le
portrait final, au terme de ces discussions,
encore une fois, ils ont été inscrits dans le plan stratégique qui a été déposé
devant l'Assemblée nationale.
Il n'y a pas d'autre façon, Mme la Présidente,
de fonctionner dans ce réseau-là. Il faut que tu fonctionnes en collégialité,
il faut que tu fonctionnes en consultant, en discutant pour en arriver,
justement, à des directions, des orientations
qui soient les plus consensuelles possibles. Parce qu'il ne s'agit pas, Mme la
Présidente, seulement de donner des orientations. Il faut s'assurer, par
la suite, qu'on est capable de les mettre en oeuvre, puis ça, ça dépend de ce
qui se passe sur le terrain. On peut avoir
une très, très bonne idée, mais elle n'est pas toujours applicable. C'est pour
ça que les discussions avec les
acteurs du réseau sont si importantes, et, au premier chef, les premiers
dirigeants des centres de services scolaires, et leur D.G.A. et,
éventuellement, bien entendu, aussi les directions d'école.
Mme
Garceau : Merci, M. le ministre, pour ces explications. Je
voulais revenir, parce que c'est sûr et certain que... et on a eu des
échanges, la semaine dernière, concernant l'importance de la consultation, et
là je ne retrouve pas le terme ici, dans cet article, qu'il va y avoir
consultation avec les centres de services scolaires. Et donc il va falloir, il
me semble, le prévoir en quelque part. Et suite aux explications de votre
sous-ministre adjointe, Mme Vachon, la
semaine dernière, au niveau de... On avait parlé, suite à l'adoption du projet
de loi, de la mise en vigueur progressive des articles et on avait
parlé, je crois, Mme Vachon, d'une période de 18 mois, quelque chose comme
ça, que vous avez mentionné.
Et donc, moi,
j'aimerais comprendre, M. le ministre, dans ces 18 mois là, tout cet
aspect de comment vous allez gérer ou
comment le ministère de l'Éducation va gérer cette nouvelle disposition concernant
l'obligation de prévoir, là, une entente annuelle de gestion
d'imputabilité. Ça va commencer quand, ce processus-là, et comment?
M. Drainville : Alors, Mme la
Présidente, juste pour être bien clair, parce que je crois bien comprendre
l'interrogation de la députée de Robert-Baldwin, il n'est pas question d'en
arriver à des ententes de gestion et d'imputabilité avant le 1er juillet
2025. Donc, comme on l'a expliqué, je crois, la semaine dernière, lorsque le
projet de loi aura été adopté, je ne présume
de rien, Mme la Présidente, mais on discute, là, advenant l'adoption du projet
de loi, à ce moment-là, tous les D.G.
actuels sont reconduits jusqu'au 1er juillet 2025, à moins, évidemment,
qu'ils ne démissionnent ou qu'ils quittent pour d'autres raisons.
Et donc il y aura des attentes qui seront
signifiées aux directeurs généraux, au terme de l'adoption éventuelle du projet de loi, attentes qui, évidemment, nous
serviront dans l'évaluation qui sera faite avant le 1er juillet 2025, mais
il n'y aura pas d'entente de gestion et d'imputabilité comme telle d'ici
le 1er juillet 2025.
Mme Garceau : Donc, qu'est-ce que
vous voulez dire par «attentes qui seront signifiées»?
M. Drainville : Bien, écoutez, ça
peut-être, Mme la Présidente... ça peut ressembler à certains des exemples que nous avons donnés précédemment. Je vous l'ai
dit, si on prend la moyenne nationale, là, le taux
de réussite scolaire des enfants, des
élèves masculins, des garçons, donc, est, grosso modo, là, 10 points plus
bas que celui des filles. Alors, Mme
la Présidente, ça se peut que, dans un centre de services, l'écart soit encore
plus grand. Alors, c'est possible que nous disions au directeur général,
dans les attentes qui suivront l'adoption éventuelle du projet de loi... c'est
possible que nous lui soumettions une
attente, que nous souhaitons qu'il se donne une stratégie pour favoriser la
diplomation des garçons ou la qualification des garçons. Alors, c'est
possible que ça fasse partie des attentes, ça.
Puis si on regarde le taux de réussite scolaire
général du centre de services scolaire, si on s'aperçoit qu'il est sous la moyenne québécoise, c'est possible que
nous lui soumettions des attentes qui vont dans le sens de se donner une
stratégie pour favoriser la réussite scolaire. Ça pourrait être le nombre de
projets particuliers. On sait qu'il y a des centres de services scolaires,
présentement, qui se donnent des projets particuliers parce que c'est une
orientation que nous avons mise de l'avant.
Et alors c'est possible, Mme la Présidente, que, dans certains centres de
services scolaires, cette volonté de
mettre en place de nouveaux projets particuliers dans les écoles secondaires
soit moins présente, et donc c'est
possible que nous émettions le souhait qu'un effort plus soutenu soit fait dans
la création de projets particuliers. Donc, ça peut faire partie des
attentes.
Sur le plan violence que nous avons annoncé, il
y a un certain nombre de choses que nous soumettions en termes de mise en place
de mesures visant à diminuer l'intimidation et le niveau de violence dans les
écoles, dans les centres de services. Il est possible qu'on se rende compte
que, dans un centre de services xyz, il est possible qu'on en vienne à la
conclusion que certaines des choses que nous avons mises de l'avant pour
diminuer le niveau de violence et d'intimidation ne soient pas à la hauteur de
nos attentes. Et donc ça se peut que nous soumettions à la direction générale
du centre de services que nous souhaiterions un effort plus focalisé sur
certains éléments du plan violence. Ce sont des exemples, Mme la Présidente.
Mme
Garceau : O.K. Je comprends, M. le ministre. Merci pour ces
explications. Mais là vous avez mentionné que les mandats des D.G. vont
être reconduits jusqu'au 1er juillet 2025. Donc, qu'est-ce qui se
passe avec les PEVR? Parce que les attentes,
dont vous venez de mentionner, concernant la disparité entre le taux de
réussite entre les garçons et les
filles, peut-être des projets particuliers, peut-être questions de violence,
intimidation, je présume que, pour certains centres de services
scolaires, ça fait déjà partie du PEVR, donc. Et là je ne sais pas, est-ce que
les PEVR sont demandés à chaque année? Est-ce qu'il y a un nouveau PEVR qui est
déposé au ministère de l'Éducation de façon annuelle,
suite à des consultations? Peut-être m'expliquer un petit peu. D'ici le
1er juillet 2025, qu'est-ce qui se passe avec les PEVR qui
sont déjà établis? Est-ce qu'il y a une reconduction? Est-ce qu'il va y avoir
des changements?
• (11 h 40) •
M.
Drainville : Mme la Présidente, les PEVR vont rester en place,
mais les ententes de gestion, effectivement, que nous allons signer, à partir
de 2025, pourraient nous servir pour raffiner certains objectifs ou certaines
cibles qui sont prévues au PEVR. On va
partir du PEVR puis on va voir est-ce quil y a nécessité d'avoir une cible un
petit peu plus précise sur certains éléments du PEVR, par exemple. On
pourra...
En 2025, le PEVR aura déjà deux ans. Donc, c'est
possible... bien, en tout cas, certainement, dans certains centres de services scolaires, ce sera possible de
nous dire... Ils seront en mesure de nous dire où ils en sont dans l'atteinte
de certains des objectifs de leur plan d'engagement vers la réussite. Et
peut-être que, dans certains cas, on va, d'un commun accord, convenir que
l'atteinte de l'objectif xyz tire un petit peu de la patte. Et, à ce moment-là,
on pourra convenir, dans l'entente de gestion et d'imputabilité, qu'il faut
mettre davantage d'attention et d'énergie sur tel ou tel élément du PEVR.
Donc, le plan de gestion... pas le plan de
gestion, mais l'entente de gestion et d'imputabilité va nous servir, d'une certaine manière, à renforcer la mise en
oeuvre du PEVR en précisant, dans certains cas, des dimensions liées à certaines des cibles et certains des objectifs. Et
dans certains cas on va évidemment... L'entente de gestion et d'imputabilité va nous permettre également de
faire le point sur l'atteinte déjà réalisée de certains objectifs. Ce n'est pas
juste... Les discussions entourant l'entente
de gestion et d'imputabilité, ce n'est pas juste une discussion pour faire des
reproches puis pour dire : Tu n'en fais pas assez, il faut aller plus
vite, il faut aller plus loin, il faut... Non, non. L'entente de gestion et
d'imputabilité, Mme la Présidente, c'est une occasion également de dire à nos
directeurs régionaux, à nos directeurs généraux : Bravo! Là-dessus,
là-dessus, là-dessus, vous êtes en progrès. C'est formidable. Puis dans certains cas, on va vouloir d'ailleurs
que ces beaux résultats là soient partagés aux autres centres de services
pour qu'ils servent d'inspiration, là.
Ce n'est pas juste... Ce n'est pas un exercice
coercitif, Mme la Présidente, ce n'est pas un exercice de... qui se veut...
comment je dirais ça, ce n'est pas négatif. Tu t'assois avec tes directions
régionales et tu fais le point sur la situation. Puis honnêtement, Mme la
Présidente, dans certains cas... Bien, je le vis déjà quand je visite les
écoles. Je les rencontre, les directions
régionales, Mme la Présidente, puis je fais, d'une certaine manière, le point
sur la situation du centre de
services dans ces rencontres. Je vais, mettons, dans une école la visiter. On
prend une demi-heure, trois quarts d'heure,
une heure pour discuter. Souvent, au début de la visite, on s'installe dans la
petite salle de conférence de l'école ou dans le bureau de... dans une
petite pièce attenante au bureau de la direction de l'école, puis on a une
discussion générale sur la situation du centre de services, puis là la
direction générale du centre de services me dit : Bien, moi, j'ai tel, et
tel, et tel enjeu.
Et donc...
Puis ce genre de discussion là aura plus que jamais sa place quand on va
vouloir mettre en place ces ententes de gestion et d'imputabilité. Et ça
va être l'occasion, donc, Mme la Présidente, de se donner des objectifs
communs, de dire : Bon, bien là, sur tel et tel aspect, tu me dis que...
tu sais, tu me dis que tu as un défi particulier. Très bien. Comment tu prévois aborder cette problématique? Est ce que tu
as... As-tu une idée des solutions que tu veux mettre en place? Est-ce
qu'éventuellement, dans les demandes budgétaires qu'on va faire au ministre des
Finances pour le budget éducation, parce que tu n'es pas le seul à nous
avoir parlé de cette réalité, on la retrouve également dans d'autres centres de services scolaires, bon,
est-ce que tu penses qu'une mesure budgétaire xyz, qui prévoirait tel et tel
ajout de ressources, mettons, est-ce que ça pourrait t'aider? Bien oui,
ça pourrait m'aider. Bon, très bien, regarde, on va mettre ça dans ton entente de gestion et d'imputabilité, puis nous
autres, pendant ce temps-là, on va travailler sur une mesure budgétaire
pour essayer de te donner un support qui va te permettre d'atteindre les
objectifs que nous nous sommes donnés.
Ce n'est pas le ministre qui dit : Voici
tes objectifs. C'est le ministre qui, évidemment, avec son équipe de
sous-ministres, son équipe ministérielle, ministérielle au sens de ministère,
et, d'autre part, la direction régionale, ses équipes
aussi, en viennent à une compréhension commune des défis auxquels est confronté
le centre de services scolaire. Et
une fois qu'on a cette compréhension commune, on s'entend sur un certain nombre
d'objectifs et de cibles et on les met dans l'entente de gestion et
d'imputabilité.
On souhaite l'adhésion, Mme la Présidente. Quand
on s'entend sur un objectif commun, on s'entend que ça travaille pas mal mieux, là, puis là on fait équipe. L'entente de
gestion et d'imputabilité, d'une certaine manière, c'est une sorte de
contrat. C'est une sorte de contrat, puis l'objectif, c'est de travailler
ensemble pour définir les paramètres du contrat,
les contours du contrat, avec des objectifs, avec des indicateurs, puis, après
ça, bien, on se met au travail puis on se revoit un an plus tard pour
faire le point.
Évidemment, il s'est passé quelque chose pendant
cette année-là. Il y a des rencontres avec les directions régionales, il y a du
travail qui se fait, du va-et-vient constamment qui se fait avec la direction
du ministère, puis, de leur côté, les
directions régionales, eux autres, travaillent. Elles travaillent avec leur
direction dans les centres de... dans les écoles, dans les
établissements scolaires. Ça fait que, tu sais, l'information se promène, Mme
la Présidente, puis ça se veut le plus fluide possible, puis on essaie de
s'entraider les uns les autres, puis, nous autres, on a des outils d'intervention, puis les centres de services ont leurs
outils d'intervention, puis les directions d'école ont les leurs également,
avec l'appui des conseils d'établissement, puis tout ça est fluide et
dynamique.
Mais l'objectif, Mme
la Présidente, c'est qu'à l'intérieur de ce système qui est très fluide, où
l'information se promène, l'objectif, c'est qu'on ne perde jamais de vue les
orientations générales vers lesquelles on doit tendre, ne jamais perdre de vue
les priorités qu'on s'est données, puis qu'on travaille ensemble pour
l'atteinte de ces priorités, l'atteinte de
ces objectifs, pour qu'en bout de ligne, les conditions d'apprentissage puis
les conditions d'enseignement s'améliorent
dans les écoles, pour avoir un taux de réussite scolaire qui soit le meilleur
possible. Non, c'est une bonne chose, Mme la députée de Robert-Baldwin.
Peu importe le
ministre, encore une fois, à un moment donné, moi, je vais lever les feutres,
quelqu'un d'autre qui va prendre ma place.
Puis ça pourrait être vous, ça pourrait être quelqu'un de votre parti, ça
pourrait être quelqu'un d'une autre
formation politique. Mais l'idée d'avoir une orientation générale et que, par
la suite, une fois qu'on a établi cette direction générale, cette
orientation générale avec un certain nombre de priorités, qu'on décide, tout le
monde ensemble, de convenir des moyens pour les faire atterrir, pour faire en
sorte que ces objectifs-là se concrétisent sur le terrain et que, pour les
concrétiser, on se donne une entente, une espèce de plan de match : Voici
comment on va les atteindre, ces objectifs-là, chez vous, dans ton centre de
services, puis après ça, toi, tu vas pouvoir travailler avec tes directions
d'école, puis ton personnel scolaire, puis tes équipes-écoles pour que ça
atterrisse dans chacune des écoles, pour ne
pas dire dans chacune des classes, c'est une bonne chose. On se donne un cadre
puis on se donne une espèce de mode de fonctionnement, là. Bien, en tout
cas, ça, c'est la vision que nous avons voulue dans ce projet de loi.
Mme Garceau :
Je vous écoute attentivement, M. le ministre.
M.
Drainville : C'est vrai, vous avez une très belle écoute.
• (11 h 50) •
Mme Garceau :
Oui. Et votre objectif, dont vous
venez de décrire, de travailler ensemble une compréhension commune, de
travailler en équipe... parce que c'est sûr et certain que la façon que c'est
rédigé, cet article ne reflète pas cet
objectif dont vous venez de décrire. On ne voit même pas le mot «consultation»
dans cette disposition. Et il me semble que ça pourrait... qu'il y a
beaucoup de préoccupations et d'anxiété des centres de services scolaires,
qu'ils vont se voir imposer des obligations, sans aucune consultation de
quelque nature que ce soit.
Et
donc, évidemment, si le but recherché... votre objectif, dont vous venez de
décrire, est ce travail ensemble... parce que c'est sûr que ça va être
beaucoup plus facile, si je peux m'exprimer ici, qu'il va y avoir ces
consultations avec les D.G., avec les centres de services scolaires afin de
pouvoir déterminer les cibles, les orientations... et aussi il y en a 72,
centres de services scolaires. Je mets les commissions anglophones de côté, il
y en a plusieurs.
Donc,
dépendamment des besoins locaux, comme vous aviez mentionné la semaine
dernière, je n'ai pas oublié, il va y avoir des particularités, hein, à réviser
avec... Et c'est pour ça qu'on voulait mettre le mot «consultation», parce
que vous venez de... Aujourd'hui, M. le ministre, ce que je demandais la
semaine dernière, d'avoir une consultation avec
les centres de services scolaires concernant, là, les besoins locaux, vous
venez de le confirmer, c'est ça que vous souhaitez. Vous n'allez pas imposer, vous voulez consulter afin de
déterminer, et il me semble que c'est la façon préférable de faire les
choses, de travailler en équipe avec les D.G., les D.G. régionaux, les centres
de services scolaires, pour avoir un contrat
ou une entente où il va avoir eu un bel échange entre le ministère et les D.G.
et toutes les autres personnes qui
vont vouloir, évidemment, si je peux dire, avoir un mot à dire au niveau des
cibles et des objectifs, qui va avoir cette fluidité d'échange et de
communication, comme vous le mentionnez.
Donc, il va falloir,
M. le ministre, avec grand respect, le prévoir dans cet article, parce qu'au
moins ça, ça va faire en sorte que ça va
diminuer... surtout compte tenu de tous les commentaires que j'ai lus, de tous
les groupes, liés à leurs
préoccupations concernant l'article 25. Donc, ça, nous, on peut faire un
amendement à ce sujet pour certainement prévoir l'aspect de
consultation. Ça, c'est une chose.
Et le deuxième point,
je vous ai entendu concernant les PEVR et les attentes, mais moi, il me semble
qu'il faut déterminer... et je pense qu'il
faut avoir les explications qui s'imposent dans la question de cette période de
temps, l'avant l'entente annuelle de gestion et d'imputabilité et
l'après, comment le tout va se... va fonctionner. Parce que vous venez de mentionner que, pour l'entente
annuelle, on va s'inspirer de qu'est-ce qui a été réalisé... des centres de
services scolaires, qui découle de leur PEVR.
Donc, comment ça va
fonctionner, là, dans... d'ici au 1er juillet 2025? Quel va être le niveau
de consultation, de collaboration avec les centres de services scolaires
concernant vos attentes ou les nouvelles attentes que vous allez pouvoir... vous vouliez peut-être prévoir dans le
PEVR? Est-ce que c'est ça, l'idée, ça va être d'amender peut-être des PEVR
d'ici le 1er juillet 2025, et après ça, à un moment donné, je ne sais pas
quand, est-ce que ça va être janvier 2025, où vous allez commencer à consulter, à réviser avec les centres de
services scolaires : Bon, voici notre... le PEVR qui a été amendé, et là on entre dans les discussions, les
consultations concernant ce nouvel encadrement qu'on appelle entente
annuelle de gestion et d'imputabilité?
La Présidente (Mme Dionne) : Mme
la députée, je voulais juste vous mentionner qu'il vous reste trois minutes
pour cet article-là. M. le ministre.
Mme Garceau :
Wow! J'en avais beaucoup. J'en
ai... J'ai beaucoup de matériel, plus que pour deux minutes, mais, en
tout cas...
M. Drainville : Bien non,
honnêtement, je n'ai rien à rajouter, Mme la Présidente. Je pense avoir dit...
Mme Garceau : Bien
moi, je vais soumettre un amendement, Mme la Présidente. On va suspendre.
La Présidente (Mme Dionne) : La
commission suspend ses travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h 56
)
(Reprise à 11 h 57
)
La Présidente (Mme Dionne) : La
commission reprend maintenant ses travaux.
Compte tenu de l'heure, je suspends les travaux
jusqu'après les affaires courantes. Puis à noter que, cet après-midi, nous nous
réunirons à la salle Pauline-Marois. Donc, merci à tous et à plus tard.
(Suspension de la séance à 11 h 58
)
(Reprise à 15 h 57)
La Présidente (Mme Dionne) : La
Commission de la culture et de l'éducation reprend ses travaux.
Nous
poursuivons l'étude détaillée du projet de loi n° 23,
Loi modifiant principalement la Loi
sur l'instruction publique et édictant la Loi sur l'Institut national
d'excellence en éducation.
Lors de la
suspension de nos travaux de cet avant-midi, nous en étions à l'étude de
l'article 25. Donc, Mme la députée de Robert-Baldwin, je crois que
vous souhaitiez déposer un amendement.
Mme Garceau : Oui. Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Donc, vous devriez avoir l'amendement...
La Présidente (Mme Dionne) : Oui.
Nous allons le porter à l'écran.
Mme
Garceau : ...que nous avons
déposé, il y a quelque temps, concernant l'article 214.4 de la Loi sur le
ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport.
Donc,
l'article 25 du projet de loi tel qu'amendé, qui introduit
l'article 214.4, est modifié par l'ajout, à la fin du premier
alinéa de l'article 214.4, du mot «négociée».
Donc, l'article se lirait ainsi, je vais juste
lire la première partie, Mme la Présidente :
Cette loi est modifiée par l'insertion, après
l'article 214.3, du suivant :
«214.4. Un
centre de services scolaire doit conclure avec le ministre une entente annuelle
de gestion et d'imputabilité négociée.»
Donc, suivant, M. le ministre, notre échange cet
avant-midi concernant... et suite, évidemment, à vos propos concernant... de travailler avec les centres de
services scolaires, de travailler ensemble pour définir les termes d'un
contrat, d'avoir une compréhension commune... et, dans cet esprit-là, de
consultation et de négociation, pour que tout le monde soit impliqué
dans le processus, que ça soit un travail de groupe et de collaboration, nous
suggérons d'ajouter le mot «négociée», lié à
la conclusion d'une entente annuelle de gestion et d'imputabilité avec les
centres de services scolaires.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
Mme la députée. M. le ministre.
M. Drainville : Bien, je ne crois
pas que ça va fonctionner, Mme la Présidente, parce que d'abord, je le dis en tout respect pour la députée de Robert-Bladwin,
je n'aime pas l'espèce de... le mot «négociée», ça évoque comme des tractations.
Puis, comme je l'ai expliqué ce matin, Mme la Présidente, je ne vois pas ça
comme ça, moi, je ne vois pas ça comme... je
ne vois pas cette entente-là comme étant une entente imposée d'en haut. Je la
vois comme le résultat d'un dialogue. Mais je ne vois pas ça non plus comme,
comment dire, le laisse entendre l'amendement de l'opposition, comme une espèce
de donnant-donnant, là, tu sais. Une négociation, par définition, on sait c'est
quoi, là, hein : Bon, bien, je
te donne ceci, tu me donnes cela. Ce n'est pas l'esprit du tout, du tout, Mme
la Présidente, que l'on a en tête, là, pour mettre au monde cette
entente de gestion et d'imputabilité.
• (16 heures) •
Vous savez, Mme la Présidente, on réfléchissait,
tout à l'heure... parce que, tu sais, on écoute la députée de Robert-Baldwin puis on essaie de voir, est-ce
que... il y a-tu un fondement avec lequel on pourrait être d'accord? Là,
c'était avant, là, la proposition d'amendement, là, c'était à la suite
des discussions qu'on avait eues ce matin. Puis, dans les discussions qu'on a
eues, Mme la Présidente, juste après la suspension de nos travaux, ce midi, on
se faisait la réflexion, Mme la Présidente,
qu'une entente, par définition, c'est un accord de volonté. Une entente, c'est
un accord de volonté, puis, s'il n'y a pas d'accord de volonté, bien, il
n'y a pas d'entente.
Donc, ce matin, lors de nos échanges, la députée
de Robert-Baldwin plaidait pour qu'il y ait une consultation. Mme la
Présidente, le mot «consultation», parce que je m'attendais à ça, comme
amendement... je me disais, une
consultation, c'est : Tu discutes puis, après ça... je t'ai consulté,
après ça, tu vas de l'avant avec l'entente. Je t'ai consulté, tu vas de l'avant avec l'entente. Le
libellé, tel qu'il est énoncé dans le projet de loi, Mme la Présidente, c'est
plus fort qu'une consultation, c'est une
entente, une entente bilatérale, nécessairement, donc une entente qui sera le
fruit d'un dialogue, qui sera le fruit d'un
échange et au terme duquel on aura une entente de gestion et d'imputabilité. L'entente, par définition, Mme la Présidente, son
nom l'indique, c'est basé sur une compréhension commune, c'est basé sur un exercice qui est, par définition,
consensuel dans son aboutissement, parce que, si ce n'est pas consensuel, il n'y
a pas d'entente. Une entente, ça implique les deux parties.
Alors, je le dis, Mme
la Présidente, encore une fois, en tout respect, puis on a mené nos travaux
d'une manière très respectueuse, ça fait que moi, je ne vais pas manquer à ce
respect que j'ai pour mes collègues, et je les sais bien intentionnés, mais je
le dis en tout respect, Mme la Présidente, le libellé que nous avons, le
libellé originel que nous avons dans le
projet de loi, il est plus fort et il est plus porteur de bonne entente que la solution
proposée par l'opposition et il est plus porteur de bonne entente et de
consensus que si on avait rajouté l'exercice de consultation obligatoire,
légiféré, parce que, par définition, on va plus loin qu'une consultation quand
on s'entend. On a eu un échange qui a porté fruit, qui a été fructueux. Et
donc, pour cette raison, Mme la Présidente, je crois qu'il vaut mieux préserver
le libellé originel.
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
Mme Garceau :
Je veux juste... si vous me permettez, Mme la Présidente, je voulais juste
aller revoir les articles... 459. Je pense que c'était...
Mme Rizqy : Pendant
que ma collègue cherche... (panne de son)... la question suivante : Une
entente d'imputabilité, vous n'avez pas peur que, si jamais elle n'est pas
justement négociée, qu'elle soit jugée arbitraire?
M.
Drainville : Comment pourrait-elle...
Mme Rizqy : Parce
que le jour où ni vous ni moi ne serons ici... puis une entente qu'un ministre
décide de changer, sans négocier, sans consulter, pourrait arriver.
M.
Drainville : Mais je ne pourrais pas la changer unilatéralement.
Mme Rizqy : Comment
ça?
M. Drainville :
Bien, parce que c'est une
entente. Il faut que ce soit... il faut que les deux parties soient d'accord,
sinon il n'y a pas d'entente.
Mme Rizqy : Oui, mais ce n'est pas marqué là-dedans que
l'entente va être négociée avec le centre de services scolaires. C'est
implicite?
M.
Drainville : Oui, je dirais que c'est implicite dans le mot «entente».
Mme Rizqy : Mais
vous, vous pensez qu'«entente» est plus fort que «négociation»?
M.
Drainville : Bien, l'entente est l'aboutissement d'un dialogue, pas
tellement d'une négociation, quoique, je ne doute pas, Mme la Présidente, que,
par moments, on n'aura pas nécessairement la même... le même point de vue sur
tout, tout, tout. Et là, donc, oui, il y aura eu une proposition de dire :
O.K., mais, tu sais...
Mettons, là, pour
reprendre l'exemple de ce matin, il y a un écart de 10 points entre le
taux de réussite scolaire des filles et le taux de réussite scolaire des
garçons, si on résume, là, bon, parce qu'en gros c'est 10 points. Bon, dans un centre de services scolaire, mettons,
ce n'est pas 10 points, qui est à peu près le chiffre québécois, la moyenne
québécoise, mettons que, dans un centre de services scolaire, c'est
12 points, 14 points d'écart entre les gars et les filles, et là on
dit : Bien, quelles sont les mesures que tu souhaiterais prendre pour, à
tout le moins, te ramener à la moyenne
québécoise, donc augmenter ton taux de réussite chez les garçons? Qu'est-ce que
tu proposes? Bon, ça se peut, Mme la Présidente, que, quand les mesures
vont nous être proposées, les indicateurs, les orientations, les cibles que le centre de services va se donner, ça se peut,
Mme la Présidente, qu'on dise : Ça ne va pas assez loin, on souhaiterait
que ça aille plus loin. Ah oui! Vous souhaitez que ça aille... Bien,
pourquoi? Bien, parce qu'on craint que les mesures ne soient pas suffisamment
robustes pour te ramener à la moyenne québécoise au niveau du taux de
diplomation des garçons. Ah bon! Oui. O.K. Ça fait que vous voudriez quoi de
plus? Bien, il me semble qu'on pourrait aller là...
Et
donc, en bout de ligne, Mme la Présidente... Alors, pendant l'échange, il n'y
aura pas nécessairement, comment dire,
une communion immédiate, là, puis un accord, comment dire, spontané, là, quasi
magique, là, qui va nous tomber du ciel.
Il y aura, évidemment, des échanges, il y aura peut-être des désaccords à un
moment donné, mais, en bout de ligne, Mme la Présidente, ça va finir par
une entente. On va s'entendre. C'est pour ça que ça s'appelle une entente. On
va s'entendre, pas juste parce que... bien,
pas juste parce que c'est ce qui est écrit, mais aussi, Mme la Présidente, on
va revoir l'entente un an plus tard. On s'entend-tu qu'on a intérêt à ce
que tout le monde adhère? Tu ne peux pas...
Tu
sais, si c'était une entente aux quatre ans, tu dis : Regarde, dans quatre
ans, il ne sera peut-être plus là, lui, là, en parlant du ministre, mais
là on se revoit dans un an. Dans un an, on va mesurer les résultats, là, les
avancées qu'on a faites sur les cibles et
les objectifs. Mme la Présidente, c'est sûr qu'au terme de l'entente on a
intérêt à ce que ça avance nécessairement, parce qu'on veut arriver dans
un an puis dire : Bravo! là-dessus, là-dessus, là-dessus, ça avance, ça
avance bien. Maintenant, on continue, on continue, on continue à travailler
ensemble.
L'intérêt
du ministre, ce n'est pas de rentrer dans la gorge d'un centre de service
scolaire, quel qu'il soit, une entente — de toute façon, je ne vois
pas tellement comment je pourrais faire ça — mais c'est de susciter l'adhésion,
Mme la Présidente, c'est d'arriver, justement, à un accord sur le plan de
match. Quel est notre plan de match? Puis, après
ça, on travaille ensemble pour atteindre les objectifs. Moi, c'est comme ça que
je le vois, Mme la Présidente, puis je ne vois pas comment ça pourrait
marcher autrement. Je ne vois pas comment une telle entente pourrait marcher
autrement que s'il y a ralliement. Sinon, ça ne fonctionnera pas.
Puis, Mme la
Présidente, les ententes, là, vont être rendues publiques, n'est-ce pas? Les
ententes de gestion et d'imputabilité, c'est rendu public, ça? Bon, Mme la
Présidente, les oppositions, ils vont les avoir, les ententes, ils vont être
capables de voir les objectifs qu'on s'est donnés. Si, un an plus tard, on n'a
pas fait de progression, bien, les oppositions vont avoir la partie facile et
joyeuse de dire : Aïe! là-dessus, là-dessus, là-dessus, vous n'avez pas avancé. Moi, comme ministre, j'ai intérêt à ce que
ça fonctionne, l'entente, parce que je le sais bien trop que mes amis
d'en face vont me... bien, ils vont faire leur travail, ils vont me le remettre
dans la face.
Alors,
moi, Mme la Présidente, j'ai dit ce que j'avais à dire. Je pense que j'ai
plaidé, je pense qu'avec ce qu'on a là, en tout cas, moi, je suis
confiant.
• (16 h 10) •
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci, M. le ministre. D'autres interventions?
Mme Garceau :
Oui, Mme la Présidente. Compte tenu que... compte tenu des représentations
de différents groupes qui se voient, en
raison du mot «doit»... doit, c'est une obligation, et donc d'habitude... Et
c'est sûr et certain que l'interprétation
des associations, des organisations, ils le voient comme étant : On est
imposé, c'est une obligation, il va falloir conclure une entente.
Je
comprends les explications du ministre, dans le sens qu'une entente, oui,
d'habitude, des parties, pour arriver à un consensus... parce que c'est
ça, une entente. Une entente, c'est : les deux parties vont conclure un
accord, elles vont être d'accord avec tous
les termes, il y a un consensus au niveau d'une entente. Donc, peut-être un
genre... je ne veux pas dire une
contradiction entre le «doit» et l'entente, mais afin de s'assurer que
l'objectif que vise le ministre en termes de collaboration que je veux
travailler avec les centres de services scolaires pour arriver à un terrain
d'entente... parce que c'est sûr et certain
que ça va être plus efficace pour tout le monde que tout le monde soit sur la
même page, la même longueur d'onde.
Donc,
pour arriver à cette entente que vous avez imposée, qu'il doit y avoir une
entente, vous devez conclure une entente, ce n'est pas... vous n'avez
pas utilisé le mot «peut» conclure une entente, comme vous avez des
dispositions dans la LIP qui le mentionne, c'était «le ministère peut». Là, j'ai
vu, dans l'article 459.1, «le ministre établit, après consultation des
centres de services scolaires». On aurait pu mettre ça dans le libellé de 215,
«après consultation», on va conclure une
entente», au lieu du mot «négocier». Mais afin d'aboutir à une entente, il y a
des échanges. Là, c'est une question de mots, de termes. On va négocier,
là, c'est ça qui arrive. Pour arriver à une entente, il y a un consensus. Pour
arriver à un consensus, oui, il va y avoir des négociations. C'est comme ça
qu'on arrive à une entente.
Donc,
il me semble que, pour les ministres subséquents, ça serait important que
l'objectif, la volonté du ministre que vous avez exprimée cet avant-midi...
d'avoir cette grande collaboration, et c'est sûr et certain que tous les
gens qui nous écoutent aimeraient bien avoir cette reconnaissance par écrit
dans cet article 214.4. Donc...
M.
Drainville : 215.
Mme Garceau :
Bien là, non, on l'a changé. Maintenant, à... Il y avait un amendement plus
tôt.
M.
Drainville : Vous avez raison, 214.4.
Mme Garceau :
214.4, exactement.
M. Drainville :
Pardonnez-moi. Alors, Mme la
Présidente, je peux-tu me permettre un petit... juste une petite...
peut-être une tentative de rapprochement, là, Mme la Présidente.
Mme Garceau :
Oh! Ah oui! Toujours ouverte.
M.
Drainville : Toujours ouverte.
Mme Garceau :
Toujours ouverte à la voie de passage, M. le ministre.
M.
Drainville : La voie de passage, c'est exact.
Mme Garceau :
C'est important, cette voie de passage.
M.
Drainville : Alors, écoutez, ça ne changera pas grand-chose, mais ça
peut peut-être vous rassurer un petit peu.
Si on disait : «un centre de service scolaire conclut avec le ministre»,
donc on enlève le «doit», conclut, donc c'est un peu plus...
Mme Rizqy : Consensuel.
M.
Drainville : Consensuel, c'est ça. Qu'est-ce que vous en pensez?
Est-ce que ça vous va?
Mme Rizqy : C'est
bon, ça.
Mme Garceau :
Bien, je pense que oui.
Mme Rizqy : Oui.
Bravo!
Mme Garceau :
Hein, ce n'était pas si pire.
M.
Drainville : Bon, alors, ce qu'on ferait, Mme la Présidente, si vous
me permettez, on suspendrait 214.4, le temps
de rédiger l'amendement. Donc, on suspendrait, on pourrait continuer et on
reviendrait à 214.4 dès qu'on aura déposé l'amendement. Est-ce que ça
vous convient?
La Présidente (Mme Dionne) : Oui.
En fait, on en est à l'article 25, mais on suspendrait l'article 25
pour y revenir ultérieurement, sur réception de l'amendement. C'est bien
ça?
M.
Drainville : Oui, c'est ça. Exactement. Ça va, ça?
La Présidente (Mme
Dionne) : Et est-ce qu'il y a consentement pour suspendre l'amendement
en cours?
M.
Drainville : Oui.
La Présidente (Mme
Dionne) : Parfait. Donc, l'amendement est suspendu, et nous allons
attendre le nouvel amendement.
M.
Drainville : Très bien. Bien, si vous me permettez, Mme la Présidente,
on pourrait retourner...
Des voix :
...
M.
Drainville : Ça va?
La Présidente (Mme
Dionne) : Oui, allez-y, je vous écoute.
M. Drainville :
On pourrait retourner à 24.1
parce qu'on avait décidé d'attendre la députée de Saint-Laurent pour l'adopter.
La Présidente (Mme Dionne) : Oui,
effectivement, 24.1 était suspendu. Donc, est-ce qu'il y a des commentaires
sur l'article 24.1?
Mme Rizqy : Oui. Si vous permettez. M. le ministre, vous vous
rappelez, j'avais déposé le projet de loi n° 391 et je voulais
modifier l'article 39 de la loi afin qu'on puisse lire que :
«Lorsqu'il s'agit d'une école à projet particulier établie en vertu de
l'article 240, le centre de services scolaire ne peut pas mettre à la
disposition de l'école plus d'un immeuble,
sauf si ces immeubles sont situés à une distance d'au plus 250 mètres l'un
de l'autre.» Donc, ça, c'est pour... c'était
pour éviter, justement, la situation où est-ce qu'on avait deux écoles à... il
y avait pratiquement deux kilomètres qui les séparaient, là, donc on changeait carrément de quartier. Alors, je
n'arrive pas à voir comment que votre amendement répond au même
amendement que moi, j'avais rédigé.
M.
Drainville : Je n'en suis pas... Bien, l'objectif, Mme la Présidente,
c'était...
Mme Rizqy : Parce
que moi, ce n'était pas sur le changement de destination, c'est qu'un centre de
services scolaire ne peut pas contourner la Loi sur l'instruction publique.
Parce que, dans la Loi sur l'instruction publique, ce qu'on appelle une
école 240, il faut quand même offrir un cheminement régulier dans la même
école, et comment que le centre de services scolaire en question l'a contourné,
ils ont dit : Ah! oui, mais on a une autre école qui est à deux kilomètres
environ, on va dire que c'est la même école.
M.
Drainville : Non, ce n'est pas du tout, du tout un amendement qui
répond à ça, là.
Mme Rizqy : C'est
ça, puis moi, c'est ça que je veux corriger. Je veux qu'on s'assure que la Loi
sur l'instruction publique soit respectée puis qu'il n'y a pas une voie de
contournement. Puis votre prédécesseur s'était aussi engagé à le faire, parce que lui aussi, il trouvait que c'était
aussi absurde comme situation, et, en plus, c'est qu'on faisait passer un examen. Puis ça, évidemment, mon
amendement ne corrige pas ça, là, mais, en plus, c'est qu'on faisait passer un
examen à des enfants de maternelle cinq ans, là. C'était grossièrement exagéré.
M.
Drainville : Oui, mais, Mme la Présidente, les écoles 204,
c'est vraiment... les 240, pardon, c'est vraiment... c'est un enjeu qui
dépasse largement le cadre du projet de loi actuel.
Mme Rizqy : Je suis d'accord avec
vous, mais c'est pour ça que je l'avais dit d'entrée de jeu que je voulais
déposer un amendement pour qu'on puisse le régler une bonne fois pour toutes.
On aime les projets pédagogiques particuliers, mais ça ne peut pas dénaturer
l'école publique de quartier, c'est-à-dire qu'on ne peut pas transformer une école, puis en faire une 100 % projet
pédagogique particulier dans le même établissement, puis dire aux autres enfants
du quartier : Bien, vous, là, vous
n'allez pas passer un examen parce qu'à cinq ans vous l'avez coulé. Vous allez
prendre l'autobus ou vos parents vont
devoir vous conduire à deux kilomètres pour aller dans une autre école. On ne
peut pas faire ça, ça s'appelle une ségrégation.
M.
Drainville : Oui. J'entends tous les arguments de la députée de
Saint-Laurent, Mme la Présidente, mais des écoles 240, il y en a
quand même un certain nombre maintenant au Québec, là, puis ça fait plusieurs
années que ça a commencé à exister. Et je ne
me suis pas, comment dire, immergé dans ce... dans l'univers des
écoles 240 depuis un certain temps
déjà, là, mais le souvenir que j'ai, Mme la Présidente, c'est qu'il y a
beaucoup, beaucoup de cas différents, puis les circonstances ne sont pas
nécessairement les mêmes. Je pense, Mme la Présidente, que...
Mme Rizqy : ...parce
que je veux vraiment cadrer le débat là-dessus. Les 240, on est pour, puis vous
aussi, là. On y croit. Par contre,
ils ont une obligation légale d'avoir encore le cheminement régulier. Ça, c'est
important. Alors, moi, si vous voulez... parce que l'amendement, ce n'est pas
ça, mon enjeu. Je vais... On l'avait déjà déposé, je pense, dans autre
document, le projet de loi. Tantôt, on va refaire un amendement qu'on va
déposer pour faire l'argumentaire, parce que je le crois sincèrement qu'on doit
corriger le tir, puis on s'était engagé à le faire dans notre législation avec votre prédécesseur, parce que lui aussi, il
trouvait que c'était une aberration. Puis ça vous donnera le temps, peut-être,
après la pause du souper, de valider l'information que je vous dis, parce que,
si on contourne l'esprit de la loi, c'est qu'on
vient, en fait, dire : J'ai lu ce que le législateur a dit, mais moi, j'ai
trouvé un tour de passe-passe pour passer à côté. C'est ça qu'on veut
éviter, on voulait refermer la boîte.
Pour moi,
c'était clair. Pour M. le ministre de la Langue française, qui était à l'époque
ministre de l'Éducation, aussi,
c'était clair. Et il manquait juste, au fond, le centre de services scolaire de
comprendre, parce que, pour eux autres, visiblement, ce n'était pas clair d'avoir deux écoles avec des
directions d'école différentes, des équipes-écoles différentes, ce n'étaient pas les mêmes profs. Puis eux autres,
ils disaient : Ah non! c'est le même établissement. Ça ne faisait aucun
sens. Puis comme fiscaliste, je vais vous
dire très franchement, là, ça avait l'air d'une planification fiscale
agressive, là. Alors, tu sais...
• (16 h 20) •
M. Drainville : Bien, écoutez,
Mme la Présidente, moi, je ne l'ai pas vu, l'amendement, là. En tout cas, à ma
connaissance, je ne l'ai pas vu, là. Je ne peux pas, comment dire, refuser de
lire un amendement, mais je veux juste, Mme
la Présidente, informer très respectueusement encore une fois la députée de
Saint-Laurent. Je vais le lire, l'amendement,
mais je... Compte tenu du caractère délicat de ce dossier-là... je vais le
lire, Mme la Présidente, mais je ne peux pas prendre l'engagement qu'on va
régler le cas des histoires... des écoles 240 avec le projet de loi n° 23, là. Je ne peux pas, là.
Mme Rizqy : C'est un centre de
services scolaire et c'est une seule école qui a fait ça. Dans tout le réseau
scolaire, une seule l'a fait, un seul centre de services scolaire, puis on
s'est dit : On va le régler, on va... Si eux ne sont pas capables de le comprendre, on va l'écrire noir sur blanc pour
qu'ils le comprennent. Mais voici, moi, je l'avais déposé la semaine passée puis j'avais dit, la
semaine passée, je le dépose pour préparer la discussion puis la réflexion.
Là, il est déjà sur Greffier, puis j'avais déjà déposé le projet de loi.
C'était en février que je l'avais déposé, mais, regardez, je ne peux pas le traiter dans cet amendement-là parce que ce
n'est pas le même objectif qui est recherché. Donc, je n'ai pas d'enjeu
sur votre amendement, là, mais entre-temps, si vous pouvez regarder tantôt,
lors du souper, là, brièvement, parce que je
sais que vous devez quand même manger pour avoir des énergies, surtout si vous
travaillez avec nous, alors de le regarder, parce que j'y crois sincèrement
à cela, M. le ministre.
Mais je vais m'arrêter ici parce que je pense
que vous avez besoin de le lire. Puis on avait, je pense, aussi... ça, on peut le faire, on va envoyer l'article en
question du Journal de Montréal, à l'époque, qui avait écrit là-dessus,
c'était Mme Daphnée Dion-Viens, si ma mémoire est bonne. Merci.
La
Présidente (Mme Dionne) : Merci, Mme la députée. Donc, est-ce qu'il y a
d'autres commentaires sur 24.1?
M. Drainville : Non.
La Présidente (Mme Dionne) : Est-ce
que l'article 24.1 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Dionne) : Adopté.
Donc, on pourrait aller à l'article 36.
M. Drainville : Donc, 26.
La
Présidente (Mme Dionne) : 36.
M. Drainville :
36? 36.
La Présidente
(Mme Dionne) : Il y avait 32 aussi qui était... lui, il est
suspendu. C'est vrai, juste avant...
Des voix : ...
La Présidente
(Mme Dionne) : 32 était... Oui, 32 était suspendu, avait été lu,
mais suspendu.
M. Drainville :
Mme la Présidente, allons à 36, là, si vous permettez, puis on reviendra
peut-être à 32.
La Présidente
(Mme Dionne) : Parfait.
M. Drainville :
O.K.? Ça va-tu, ça?
La Présidente
(Mme Dionne) : Oui, il n'y a pas le problème. Est-ce qu'il y a consentement
pour aller à l'article 36? Consentement?
Des voix : ...
M. Drainville :
O.K. 36. Donc, cette loi est modifiée par l'insertion, après
l'article 459, du suivant :
«459.0.0.1. Le
ministre peut déterminer, pour l'ensemble des centres de services scolaires ou
en fonction de la situation de l'un ou de certains d'entre eux, des
orientations devant être prises en compte pour l'organisation des services
éducatifs.»
Commentaire :
Cet article vise à permettre au ministre de déterminer des orientations devant
être prises en compte pour l'organisation des services éducatifs par un ou
plusieurs centres de services scolaires.
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il y a des interventions ou
commentaires sur l'article 36? Donc, s'il n'y a pas de... Oui, allez-y,
Mme la députée, oui.
Mme Garceau :
Je ne pensais pas qu'on s'en allait à l'article 36, là, désolée. Donc,
M. le ministre, concernant cet article, il y avait certains commentaires, et je
vise l'Association québécoise des cadres scolaires, concernant une demande de préciser les situations qui pourraient
susciter l'intervention du ministre quant à l'organisation des services
d'un ou de plusieurs centres de services scolaires.
M.
Drainville : Mme la Présidente, l'article 36 dont nous sommes
saisis est en lien avec l'article 40. Donc, je pense que ce serait une
bonne idée que nous prenions connaissance de 40 pour voir un peu le lien avec
36. Donc, le projet d'amendement à 40, donc...
La Présidente (Mme
Dionne) : O.K., bien, nous allons...
M.
Drainville : Non, mais restons sur 36. Non, non, restons sur 36, on va
juste aller voir un peu ce que 40 nous dit. L'objectif, ce n'est pas d'adopter
40, ça reste d'adopter 36, mais je ne peux pas parler de 36 en le divorçant de 40. Alors, si on va à 40, là, cette loi est
modifiée... bon, alors, c'est le pouvoir, donc, du ministre de l'Éducation
d'annuler une décision d'un centre de services scolaire. C'est ça, 40.
Alors : «Lorsque
le ministre est d'avis qu'une décision prise par un centre de services scolaire
n'est pas conforme aux cibles, aux objectifs, aux orientations et aux
directives qu'il a établis conformément à la présente loi, il en informe le
centre de services scolaire.
«Le centre de
services scolaire dispose d'un délai de 15 jours pour donner au ministre
les motifs de sa décision. Le cas échéant, il informe également le ministre,
dans ce délai, de son intention d'infirmer en tout ou en partie cette décision
et de la décision qu'il entend prendre.
«À défaut pour le
centre de services scolaire de donner les motifs dans le délai prescrit ou si
les motifs donnés ou la décision qu'il
entend prendre ne sont pas à la satisfaction du ministre, ce dernier peut alors
annuler en tout ou en partie la décision du centre de services scolaire
et prendre la décision qui, à son avis, aurait dû être prise en premier lieu.
«Le présent article
s'applique, avec les adaptations nécessaires, lorsque le ministre est d'avis
qu'une décision devrait être prise pour que le centre de services scolaire se
conforme aux cibles, aux objectifs, aux orientations et aux directives qu'il a
établis.»
Commentaires. Donc, cet article propose de
confier au ministre le pouvoir d'annuler, en tout ou en partie, une décision
prise par un centre de services scolaire qui, à son avis, n'est pas conforme
aux cibles, aux objectifs, aux orientations
et aux directives qu'il a établis, ou de prendre une décision qui devrait être
prise pour que le centre de services scolaire se conforme à ces cibles,
objectifs, orientations et directives.
Il prévoit
qu'avant d'exercer ce pouvoir le ministre doit en informer le centre de
services scolaire qui disposera alors d'un délai de 15 jours pour
donner les motifs de sa décision ou de l'absence de décision et, le cas
échéant, pour informer le ministre de son intention
d'infirmer la décision et de la décision... donc, de la nouvelle décision qu'il
entend prendre.
Alors, ça, c'était 40. Et si on revient, donc, à
36 :
«Le ministre
peut déterminer, pour l'ensemble des centres de services scolaires ou en
fonction de la situation de l'un ou de certains d'entre eux, des orientations
devant être prises en compte pour l'organisation des services éducatifs.»
Alors, 36, dans le fond, vient compléter 40, Mme
la Présidente. C'est pour ça que je souhaitais que nous abordions 40. Donc,
dans 40, le ministre constate une décision qui n'est pas conforme aux
orientations ministérielles, informe le
centre de services, qui a 15 jours pour expliquer sa décision, et, à
l'intérieur de ce 15 jours, il peut informer le ministre qu'il a
l'intention de changer sa décision en tout ou en partie et la remplacer par une
décision autre. Si le centre de services
scolaire refuse de donner les motifs de sa décision dans les délais qui sont
prescrits ou encore si les motifs qui
sont donnés ou la décision qu'il entend prendre ne sont pas à la satisfaction
du ministre, à ce moment-là, le ministre peut annuler, en tout ou en partie, la décision du centre de services et
prendre la décision qui, à son avis, aurait dû être prise.
Et 36, donc,
Mme la Présidente, boucle la boucle, si on peut dire, parce qu'elle permet, à
ce moment-là, au ministre de déterminer l'orientation qui doit être
prise en compte par le centre de services scolaire.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. le ministre. Des interventions?
• (16 h 30) •
Mme
Garceau : Oui, Mme la Présidente. Et que ça soit
l'article 36, que ça soit l'article 40, surtout l'article 40,
compte tenu de l'objectif de collaboration dans la détermination entre le
ministre et les centres de services scolaires, surtout que nous venons de
réviser, lié à l'article 25, où il va y avoir une entente, je présume, qui
va être conclue, il va y avoir cet élément
d'échange, de collaboration concernant les indicateurs nationaux, les
orientations, les objectifs, les cibles.
Et là je regarde, M. le ministre, tous les
paragraphes de l'article 25 ou le 214.4, les orientations, les mesures qui
vont être recommandées et j'ai beaucoup de difficulté à concilier les objectifs
tels que prévus et la raison d'être de conclure une entente pour que ça soit
clair pour tout le monde, les orientations, les objectifs que le ministère ou
le ministre souhaitent mettre de l'avant et
que les centres de services scolaires vont mettre en oeuvre avec
l'article 36 et 40 qui dit : Bien, moi, à n'importe quel
moment, je vais pouvoir annuler une décision du centre de services scolaire qui
est liée à ces cibles et objectifs. Je trouve que c'est quand même une mesure
assez exceptionnelle, compte tenu de l'article 25 que nous venons de
réviser, puis je tente de concilier le tout, là.
Dans quelle situation, circonstance est-ce que
le ministre va annuler une décision d'un centre de services scolaire dont le centre va évidemment prendre en
considération tous les objectifs, les orientations et les cibles qui vont
déjà avoir fait partie d'une entente? J'aimerais entendre le ministre à ce
sujet.
M. Drainville : Alors, Mme la
Présidente, je comprends le propos de la députée de Robert-Baldwin, mais c'est
deux choses différentes, Mme la Présidente. L'entente de gestion et
d'imputabilité, c'est un exercice annuel. On s'assoit,
on discute, on s'entend sur des objectifs communs et on va de l'avant avec
l'entente. Dans ce cas-ci, je vous dirais, on parle, mettons, d'une
décision qui aurait été prise par le ministre, mettons, la décision d'interdire
les cellulaires dans les classes. O.K.? La décision d'interdire les cellulaires
dans les classes... Imaginez une situation où j'émets une directive comme je
l'ai fait et j'ai un directeur de centre de services scolaire qui dit : Je
ne suis pas d'accord avec vous, M. le ministre. Je refuse d'accepter
l'orientation que vous avez émise en matière de présence des cellulaires dans les classes. Bien, Mme la Présidente, avec
cet article-là, c'est possible pour le ministre de dire : Écoutez, là, M.
le directeur général ou Mme la directrice générale, l'orientation est
claire, la directive a été adoptée par le Conseil des ministres, les cellulaires doivent être interdits dans les classes, et
nous vous demandons de respecter cette décision. Bien, si le centre de services
scolaire, par la voix de son directeur général ou par une décision de son
conseil d'administration, dit :
Non, on n'est pas d'accord, bien, à ce moment-là, avec cet article-là, on
pourrait effectivement prescrire la décision. On pourrait effectivement dire au centre de services scolaire :
Bon, bien, en vertu de la loi, vous allez devoir interdire, vous aussi, les cellulaires. Puis c'est le genre
de situation que nous avons en tête, Mme la Présidente. Alors, ça, c'est pour
40.
36, si vous
allez à 36, là, dans le cas de 36, on parle des services éducatifs, Mme la
Présidente. Dans le cas de 40, c'est
une orientation un peu plus générale; dans le cas de 36, ça concerne plus
spécifiquement les services éducatifs. Et, Mme la Présidente, on
pourrait... on pourra, si nécessaire, céder la parole à notre légiste, mais
moi, la compréhension que j'ai, Mme la
Présidente, c'est qu'on a senti le besoin... les légistes nous ont recommandé
d'insérer l'article 36 dans le projet de loi parce qu'ils jugeaient
qu'en matière de services éducatifs la disposition de l'article 40... le
libellé de l'article 40 ne nous permettait pas d'agir sur les services
éducatifs.
Et donc, dans le cas de 36... parce que
j'anticipe la question : Quand vous parlez de services éducatifs, vous
parlez de quoi, M. le ministre? Bien, je vous donne un exemple. Depuis un an,
on a créé 300 classes de francisation, Mme
la Présidente, au Québec, 300. C'est énorme. C'est l'équivalent de
13 écoles primaires de 26 classes, si je ne me trompe pas, ou 24 classes. C'est une grandeur
à peu près moyenne, 24 classes, Mme la Présidente, pour une école
primaire, c'est trois classes par niveau. Bon, alors, on peut faire la...
on peut faire le calcul, là, Mme la Présidente, là. Si on fait 300, hein, divisé par 24, ça fait
12,5 écoles. On arrondit, 13 écoles. Donc, on a, dans la dernière
année, Mme la Présidente, ouvert l'équivalent de 13 écoles
primaires pour franciser. Dans les faits, c'est plus que 13, parce que les
classes de francisation sont plus petites, donc c'est plutôt entre 15 et 20
écoles différentes, dans une seule année, pour agir comme classes de francisation et classes d'accueil à Montréal, mais
aussi à Laval, à Longueuil, de plus en plus à travers le Québec, puis c'est très bien ainsi, Mme la
Présidente. On souhaite franciser puis on souhaite bien intégrer nos enfants
nouvellement arrivés au Québec, qui vont
devenir éventuellement, pour plusieurs d'entre eux, des citoyens québécois.
Bon,
imaginons, Mme la Présidente, imaginons un centre des services scolaire qui,
pour une raison ou pour une autre, décide que, les ressources qui sont mises à
sa disposition pour franciser... mettons que le centre de services scolaire
juge que ces ressources-là seraient mieux utilisées autrement. Bon, bien,
l'article 36 pourrait nous permettre, dans
ces cas, Mme la Présidente, d'intervenir pour prescrire une orientation que
nous souhaitons prise en compte par le centre
de services scolaire. Alors là, on est plus dans les services éducatifs, dans
ce qui est offert dans la classe, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
Mme Garceau :
Oui. Bien là, je présume, M. le ministre... C'est parce que, suite à votre
explication, vous auriez pu l'intégrer, si
je peux m'exprimer ainsi, dans le cadre de l'article 25, compte tenu qu'on
parle... parce qu'encore une fois il me semble qu'il devrait y avoir une
consultation avec les centres de services scolaires lorsqu'on parle de
l'organisation des services éducatifs. Chaque centre de services scolaire
pourrait avoir certains besoins, donc il devrait
y avoir un échange à ce sujet pour déterminer... peut-être que ça va être
applicable à l'ensemble des centres de services scolaires, mais
peut-être pas, peut-être qu'il va y avoir des mesures ciblées dépendamment des
régions.
Et
donc je ne comprends pas pourquoi, en termes de rédaction du projet de loi,
qu'on ne l'a pas intégré dans le cadre
de l'article 25. On a décidé de faire une disposition distincte concernant
l'organisation des services éducatifs, mais il me semble que c'est lié aux orientations. Donc, on aurait pu le mettre
et qu'il aurait fait partie de l'entente. Ça devrait faire partie de
l'entente.
• (16 h 40) •
M. Drainville :
...ça pourrait, Mme la
Présidente. Ça pourrait, mais l'entente, une fois qu'elle est scellée pour
l'année, on ne va pas constamment la
réouvrir, là. L'entente, c'est un exercice de reddition de comptes, là, un
exercice de reddition de comptes, l'entente de gestion et
d'imputabilité.
Dans ce cas-ci, on
parle d'une décision ponctuelle qui est prise et qui va manifestement à
l'encontre des orientations ministérielles ou des priorités ministérielles. Et,
à ce moment-là, il y a... on a un levier. Avant d'exercer le levier, il y aura
une discussion, là, mais on a un levier, effectivement, Mme la Présidente. Et
puis ce ne sera pas un pouvoir à utiliser, comment dire, avec légèreté, là.
Avant qu'un ministre, Mme la Présidente, ou une ministre dise à un centre de services scolaire : Là, vous
allez me changer ça, cette décision-là, je veux dire, il va falloir qu'il ait
de saprés bons motifs, là, notamment
parce que les députés d'opposition vont l'avoir à l'oeil, ce ministre-là ou
cette ministre-là. Et il va falloir que cette ministre-là ou ce
ministre-là ait de bonnes raisons, là, pour recourir à cette disposition.
Mme Garceau :
C'est parce que, M. le ministre... Mme la Présidente, l'entente, c'est
quand même quelque chose, là, d'assez... il y a une envergure, là, assez
importante au niveau de la préparation, les échanges que vous allez avoir avec les centres de services scolaires pour
conclure une entente qui va faire état de tous les objectifs, tous les points,
les cibles, les mesures recommandées, les
orientations et même les priorités ministérielles. Vous les avez déjà dans
l'article, c'est prévu à l'article 25.
Donc, pour moi,
l'article 36, compte tenu que l'entente va être déposée de façon
annuelle... Donc, s'il y a des changements, des modifications à faire
concernant les orientations, et tout ça, ils vont être conclus dans le cadre de
la nouvelle entente. Donc, l'article 36, ça va être assez... il me semble,
assez exceptionnel que vous allez avoir recours à cette disposition-là. Donc, au moins, je ne sais pas si le ministre
est ouvert à ce qu'on ajoute... après «le ministre peut déterminer», je
mettrais «après consultation auprès» ou «avec les centres de services scolaires
pour l'ensemble des services», et ça
continue. Il me semble qu'on manque «après consultation avec les centres de
services scolaires» compte tenu que
c'est vraiment une disposition assez exceptionnelle, d'après moi,
d'application, parce qu'il va y avoir cette entente annuelle conclue
avec les centres de services scolaires qui a l'objectif de considérer toutes
les orientations que le ministère va vouloir mettre en oeuvre. Voilà.
M.
Drainville : Vous proposez donc d'amender 36. C'est ça?
Mme Garceau :
Oui. Donc, je mettrais : «Le
ministre peut déterminer, après consultation auprès des centres de services
scolaires, pour l'ensemble des centres de services scolaires ou en fonction de
la situation de l'un ou de certains d'entre eux, les orientations ou des
orientations devant être prises en compte pour l'organisation des services
éducatifs.»
M.
Drainville : Suspendons deux instants, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Dionne) : La commission suspend ses travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
16 h 45)
(Reprise à 16 h 50)
La Présidente (Mme
Dionne) : ...maintenant ses travaux. M. le ministre, je vous laisse
poursuivre.
M. Drainville : Oui.
Alors, Mme la Présidente, nous allons proposer un amendement qui va répondre,
je pense, à la demande de la députée de Robert-Baldwin. Donc, je propose que nous le suspendions, et donc on va formuler
un amendement qui va prévoir, justement, une consultation, O.K., comme le
demande la députée de Robert-Baldwin. On pourrait peut-être... Alors, s'il y a
consentement, on suspend 36, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme Dionne) : Est-ce qu'il y a consentement pour suspendre
l'article 36? Il y a consentement.
M. Drainville : C'est bon. Et là je
proposerais que nous retournions à l'amendement...
La Présidente (Mme Dionne) : 25.
M. Drainville : Comment vous dites?
La Présidente (Mme Dionne) : L'article 25.
Je suis... Nous avons reçu l'amendement, oui.
M. Drainville : Oui, c'est ça,
exactement. Dans le fond, on enlèverait le «doit», là, d-o-i-t. Oui. Ça nous
permettrait...
La Présidente (Mme Dionne) : Donc,
est-ce qu'il y a consentement pour aller à l'article 25 pour consulter
l'amendement? Consentement. Donc, M. le ministre, vous pourrez en faire la
lecture.
M. Drainville : Oui, dès que nous le
verrons apparaître, ça me fera plaisir. Voilà.
La Présidente (Mme Dionne) : Est-ce
que nous avons consentement pour retirer l'amendement en cours?
M. Drainville : Pour retirer quoi?
La Présidente (Mme Dionne) : Pour
retirer l'amendement déposé par la députée de Robert-Baldwin.
M. Drainville : Oui, oui, bien sûr.
La
Présidente (Mme Dionne) : Il y a consentement. Parfait. Alors, l'amendement
est retiré. Donc, nous sommes prêts à entendre le nouvel amendement.
Allez-y, M. le ministre.
M.
Drainville : Alors, article 25 : Remplacer, dans le
premier alinéa de l'article 214.4, introduit par l'article 25
du projet de loi tel qu'amendé, «doit conclure» par «conclut».
La Présidente (Mme Dionne) : Des
questions, commentaires sur l'amendement?
Mme Garceau : Ça répond à notre
préoccupation, M. le ministre, concernant cet article.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci.
Est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Dionne) : Est-ce
qu'il y a d'autres commentaires sur l'article 25? Donc, s'il n'y a pas
d'autre commentaire sur l'article 25, est-ce que l'article 25 amendé
est adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
La Présidente (Mme Dionne) : Adopté,
sur division. Merci.
M. Drainville : Bon, là, Mme la
Présidente, je proposerais que nous allions à 32.
La Présidente (Mme Dionne) : Est-ce
qu'il y a consentement pour aller à l'article 32?
Une voix : ...
La Présidente (Mme Dionne) : C'était
suspendu, oui.
M. Drainville : Alors, Mme la
Présidente, je crois que ça, c'est un amendement que nous avions... pas un
amendement, mais un article que nous avions suspendu au début de nos travaux,
avant que nous ayons convenu de cette mise en vigueur
différée par décret pour les commissions scolaires anglophones. C'est... en
tout cas, c'est le souvenir que j'ai. Si c'est le cas, je crois que l'affaire a
été réglée, je le crois. Donc, je pense que nous pourrions aller de l'avant
avec l'adoption de l'article 32, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Dionne) : Est-ce qu'il y a des commentaires ou interventions sur
l'article 32?
Mme Garceau :
Est-ce qu'on peut juste
suspendre, juste un instant. J'ai juste besoin de faire une vérification.
La Présidente (Mme
Dionne) : Certainement. La commission suspend ses travaux quelques
instants.
(Suspension de la séance à
16 h 54)
(Reprise à 16 h 56)
La Présidente (Mme Dionne) : La
commission reprend ses travaux. Donc, Mme la députée de Robert-Baldwin, la parole était à vous.
Mme Garceau :
Non, je voulais juste faire une vérification, et l'article fait partie de
l'amendement, là, lié à l'article 75.
La Présidente (Mme Dionne) : D'autres
commentaires ou interventions sur l'article 32? Est-ce que
l'article 32 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme
Dionne) : Adopté.
M. Drainville :
On aurait un petit amendement à
32... un petit amendement suite à cette adoption, Mme la Présidente,
pour un nouvel article, 32.1. Cet amendement, Mme la Présidente, répond à la
préoccupation exprimée par la députée de Saint-Laurent dans nos discussions.
La Présidente (Mme
Dionne) : ...l'article 32.1? Consentement. Allez-y, M. le
ministre.
M.
Drainville : On va attendre qu'il apparaisse pour être bien certain
qu'on se comprenne. Article 32.1, article 438 de la Loi sur
l'instruction publique : Insérer, après l'article 32 du projet de
loi, le suivant :
32.1. Cette loi est
modifiée par l'insertion, après l'article 437, du suivant :
«438. Le comité remet
au centre de service scolaire avec lequel il a conclu une entente conformément
aux articles 319 ou 399 les revenus de placement et les revenus produits
par la fourniture de services, déduction faite du montant que le comité détermine
pour ses besoins.»
La députée de
Saint-Laurent, Mme la Présidente, avait exprimé le voeu fort légitime qu'un
centre de services scolaire qui souhaiterait se prévaloir de l'expertise du
Comité de gestion de la taxe scolaire de l'île de Montréal puisse évidemment récolter les gains ou les
bénéfices liés à une éventuelle meilleure gestion, etc. Alors, c'est pour ça,
Mme la Présidente, que nous déposons cet amendement.
La Présidente (Mme Dionne) : Est-ce
qu'il y a des questions, commentaires, interventions sur l'article 32.1?
Mme Rizqy : Non.
C'est parfait.
La Présidente (Mme
Dionne) : Est-ce que l'article 32.1 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme
Dionne) : Adopté.
M.
Drainville : Merci, Mme la Présidente. Bon, alors, 32, 32.1, c'est
adopté. On va aller à 36 maintenant, Mme la Présidente, avec l'amendement qui,
je le crois, a été transmis au secrétariat général.
La Présidente (Mme
Dionne) : C'est bien reçu, M. le ministre. Donc, je vous invite à en
faire la lecture.
M.
Drainville : Merci. Alors, 36, article 36 : Remplacer
l'article 36 par le suivant :
36. Cette loi est
modifiée par l'insertion, après l'article 459, du suivant :
«459.0.0.1. Le ministre peut, après consultation
des centres de services scolaires concernés, déterminer des orientations devant être prises en compte pour
l'organisation des services éducatifs pour l'ensemble des centres de services
scolaires ou en fonction de la situation de l'un ou de certains d'entre eux.»
La Présidente (Mme
Dionne) : Des interventions sur l'amendement déposé?
Mme Rizqy : ...d'orientations?
• (17 heures) •
M. Drainville : Bien, on en a parlé
un petit peu tout à l'heure, ça me fait plaisir de donner des exemples. Par
exemple, francisation des nouveaux arrivants, je donnais l'exemple tout à
l'heure, qu'on a quand même créé plus de 300 classes
d'accueil/francisation dans la dernière année. Et évidemment on donne aux
centres de services scolaires des ressources
supplémentaires pour qu'ils puissent faire cette francisation. Alors, mettons
qu'un centre de services décidait d'utiliser
ces ressources pour d'autres fins que la francisation, bien là, à ce moment-là,
on pourrait intervenir grâce à cette disposition.
C'est un exemple que j'ai donné tout à l'heure.
Ça pourrait être, Mme la Présidente, des orientations dans un contexte où il y
a une situation de violence, par exemple, dans une école et que l'on souhaite
intervenir pour soutenir cette école. Comme vous le savez, Mme la Présidente,
j'ai annoncé, quand j'ai déposé le plan pour lutter contre la violence et l'intimidation dans les écoles, j'ai
annoncé que, dans certains cas, dans des écoles où il y avait une intensité
plus grande, où des actes de violence
récurrents se produisaient, on aurait une espèce d'équipe d'intervention qui
viendrait prêter main-forte à l'école ou au centre de services scolaire.
Alors, mettons qu'on aurait un centre de
services scolaire qui dit : Non, non, non, on n'a pas besoin de vous autres, là, on n'a pas besoin d'aide, on est
capable de s'organiser tout seul, on pourrait, avec cet article-là, après
consultation avec le centre de services, lui dire : Écoute, là, ta
situation n'est vraiment pas sous contrôle, et puis on veut te donner de l'aide, on veut... on a des ressources qui vont
t'aider à gérer ta situation. Et, si, malencontreusement, il y a un
refus — excusez-moi,
j'ai un chat dans la gorge — à
ce moment-là, ce serait possible pour le ministre de dire : Écoutez, là, M. le D.G., Mme la D.G., là, ils vont
débarquer chez vous après-midi, là, puis vous allez vous asseoir avec eux,
puis il faut trouver une solution, là, il y a trop d'incidents.
Mme Rizqy : Qui va débarquer au
centre de services scolaire?
M. Drainville : Bien, ce serait
l'équipe spécialisée que nous avons l'intention de créer pour venir prêter
main-forte aux centres de services ou aux écoles concernés. C'est une des mesures
qu'on a annoncées dans le plan violence, là.
On a annoncé... quand on a annoncé les mesures dans le plan de lutte contre la
violence et l'intimidation, une des
mesures, c'était de créer une équipe spécialisée pour venir prêter main-forte,
justement, aux écoles qui vivent des épisodes de violence qui sont
récurrents ou qui vivent des moments de... ou des incidents ou des épisodes de
violence plus marqués. Alors, à ce moment-là, on veut créer cette expertise-là.
Alors, c'est un exemple. Vous me demandez des exemples, je vous en donne, là.
Mme
Rizqy : L'organisation des services éducatifs, là, il me
semble que ça tombe directement dans le principe de subsidiarité qui est
dévolu aux centres de services scolaires.
M.
Drainville : Oui, bien sûr, mais l'idée, Mme la Présidente,
encore une fois, ce n'est pas de... Comment dire, ce n'est pas
systémique, là, ça, là, c'est vraiment très épisodique, là. C'est une
intervention exceptionnelle, là, mais l'idée, Mme la Présidente, c'est de faire
en sorte... C'est parce que je ne veux pas trop m'étendre, là, parce que c'est une évidence, là, mais, s'il arrive une épisode...
un épisode, dis-je bien, particulier, et très souvent, comme on sait... puis
c'est comme ça que notre système fonctionne, là, puis je ne suis pas ici pour
me plaindre de ça, du tout, là, mais très souvent, Mme la Présidente, ça va
rebondir dans la cour du ministre, bon. Puis je le sais, je l'ai déjà fait,
puis donc ce n'est pas moi qui vais blâmer
les députés d'opposition de le faire à leur tour, mais on se tient, en Chambre,
et on veut que le ministre réponde de ce pour quoi cette situation se produit.
Qu'est-ce que vous attendez, M. le ministre, pour intervenir? Et
parfois, Mme la Présidente, nous n'avons pas les moyens d'intervenir. Parfois,
la loi ne nous donne pas le pouvoir d'intervenir.
Alors là, avec 36, il y aura effectivement un
levier par lequel le ministre pourra, après consultation, donc, intervenir dans
l'organisation de certains... dans l'organisation des services éducatifs d'un
centre de services ou de certains centres de
services. Donc, c'est un outil que, oui, le ministre pourra utiliser dans des
circonstances exceptionnelles, pour lesquelles il devra, évidemment,
justifier ses actions, là, parce que, comme il se doit, on lui demandera de
quel droit. Alors là, on pourra dire :
Bien, par le droit que confère 36. Ah oui! mais est-ce que c'était justifié,
est-ce que vous n'êtes pas allé trop
loin, avez-vous consulté? Bon, bref, le ministre répondra aux questions fort
légitimes des oppositions, mais, au moins, il aura à sa disposition cet
outil.
Parce qu'il n'y a rien de pire, Mme la
Présidente, que de se retrouver dans une situation où tu te fais canarder,
parfois gentiment, parfois moins gentiment, et de se retrouver dans une
situation où tu es impuissant. Je ne souhaite
pas ça à quiconque. Un jour, comme je le dis, Mme la Présidente, ce sera
quelqu'un d'autre qui occupera ma fonction, et il ou elle sera sans
doute content, contente de pouvoir un jour s'appuyer là-dessus pour dire :
Écoutez, là, ça ne peut plus continuer, là, je dois intervenir. On me demande
d'intervenir, j'ai le pouvoir d'intervenir. C'est ce pouvoir que nous créons.
Mme Rizqy : J'attire seulement votre
attention, quand même, sur les différents mémoires. L'Association québécoise
des cadres scolaires, eux, demandent de préciser, en fait, les moments que le
ministre peut intervenir lorsqu'il est
question de l'organisation des services d'un ou de plusieurs centres de
services scolaires. Je trouve ça très légitime. FSE, CSQ aussi, ils demandent de
modifier les articles 36 et 37. CSQ, la même chose, CSN aussi, la Fédération
des centres de services scolaires du Québec, même affaire. Plusieurs demandent
si ce n'est pas trop de la microgestion, cet article-là, ainsi que le 37 qui va suivre. Tu sais, je comprends que
vous, ce n'est pas du tout votre intention de... Peut-être au moins
répondre à la préoccupation des cadres scolaires qui demandent quand, sur quels
sujets vous pouvez vraiment intervenir, là.
M.
Drainville : Bien, je comprends l'intervention des cadres scolaires.
Et c'est sûr, Mme la Présidente, qu'un article comme celui-là, comment dire,
entraîne dans son sillon le questionnement sur la microgestion. Je le comprends
tout à fait, mais, encore une fois, Mme la Présidente, l'objectif, ce n'est pas
de microgérer les centres de services scolaires, là. Honnêtement, le ministre
de l'Éducation, il en a plein ses bottines, là, ce n'est pas à lui de commencer à microgérer les centres de services.
C'est vraiment un pouvoir exceptionnel qui vise à donner au ministre le
pouvoir d'intervention dans des circonstances qui seront exceptionnelles.
Honnêtement, Mme la Présidente, je l'ai dit tout à l'heure, je le répète, le
jour où un ministre de l'Éducation voudra se prévaloir de ce pouvoir-là, il va
devoir se justifier, là. Il aura... il sera très certainement questionné, à
juste titre.
Et par ailleurs, Mme
la Présidente, de vouloir l'encadrer risque d'en limiter la portée. Moi, je
fais davantage confiance, je dirais, à la...
au risque, d'une certaine manière. C'est un peu bizarre de dire ça, mais le
risque de se prévaloir de cet article-là est quand même important, Mme
la Présidente, là, parce qu'il y aura une justification qui devra être apportée
et...
Mme Rizqy :
...M. le ministre.Le risque auquel vous faites référence, c'est quand
même minime, parce que les D.G. qui vont être nommés par vous, mais aussi qui
peuvent être congédiés par vous oseront-ils dire : Ah! vous, M. le ministre, vous allez trop loin, vous faites de la microgestion? Est-ce qu'ils
vont oser le dire ou ils vont tout simplement se taire? Puis, des fois,
c'est légitime d'avoir une critique.
Puis les pires, ce
n'est peut-être pas... Là, je ne parle pas de vous, mais, des fois, on peut
avoir des personnes qui ont ce qu'on appelle, tu sais, une vision tunnel d'une
situation puis que... Non, moi, j'avance, c'est ça, le mandat qu'on m'a donné, c'est ça que je vais appliquer,
je m'en vais faire ça. Alors, ce n'est pas tant vous qui m'inquiétez, mais
c'est la suite des choses. Puis vous comprenez le malaise que j'ai. Parce
qu'avoir le pouvoir de nommer ou dégommer... Quand vous me dites : Le ministre s'expose à des risques, la
vérité, c'est que c'est non, là, les D.G., ils ne sortiront pas, là, sur
la place publique, ils ne diront pas grand-chose, là.
• (17 h 10) •
M.
Drainville : Bien, Mme la Présidente, un D.G. ou une D.G. qui n'est
pas d'accord avec l'intervention ministérielle,
c'est arrivé par le passé qu'il fasse savoir son désaccord autrement qu'en
s'adressant directement au ministre.
Mme Rizqy : ...des
fuites médias que vous receviez?
M.
Drainville : Alors, la ministre... la ministre, oui, bien, peut être
la future ministre, mais... la députée de Saint-Laurent
rit de bon coeur, Mme la Présidente, et je... comment dire, je me joins à son
rire joyeux. On se comprend, tous les deux.
Mme Rizqy : ...comprendrez
aussi qu'on va voter contre.
M.
Drainville : Oui.
Mme Rizqy : Parfait.
M.
Drainville : Je comprends tout à fait.
La Présidente (Mme Dionne) : Est-ce
qu'il y a d'autres interventions sur l'article... l'amendement à
l'article 32... 36, excusez.
Mme Rizqy : Grosse
journée, hein, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme
Dionne) : Grosse journée, effectivement.
Mme Rizqy : On
termine à 21 h 30. Tenez bon.
La Présidente (Mme
Dionne) : Il le faudra. Donc, est-ce que l'amendement à
l'article 36 est adopté?
Des voix :
Adopté.
Des voix : Sur
division.
La Présidente (Mme
Dionne) : Sur division. Parfait. Maintenant, nous serions rendus à
l'article...
Une voix : ...
La
Présidente (Mme Dionne) : Ah oui! Il faudrait adopter 36. Décidément,
ça va très bien cet après-midi. Alors, est-ce que l'article 36 amendé est
adopté?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Présidente (Mme
Dionne) : Sur division. Merci. Donc, M. le ministre, nous pourrions
aller à l'article 38.
M.
Drainville : 38. L'article 459.5 de cette loi est modifié :
1° par l'insertion,
après le deuxième alinéa du suivant :
«Il élabore le
contenu de la formation à l'intention des directeurs généraux et des directeurs
généraux adjoints des centres de services scolaires et s'assure que celle-ci
leur est dispensée.»
2°
par le remplacement, dans le troisième alinéa, de «aux premier et deuxième
alinéas» par «au présent article».
Commentaires.
Cet article en concordance avec l'article 198 de la Loi sur l'instruction
publique, tel que modifié par l'article 18 du projet de loi, vise à
confier au ministre la responsabilité d'élaborer le contenu de la formation à
l'intention des directeurs généraux et des directeurs généraux adjoints.
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il y a des interventions,
commentaires sur l'article 38? Aucun commentaire. Donc, est-ce que
l'article 38 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme
Dionne) : Adopté. Article 40.
M.
Drainville : 39 était déjà adopté... 39?
La Présidente (Mme
Dionne) : 39 va faire partie des services éducatifs au bloc II.
M. Drainville :
Permettez-moi de continuer à 40,
alors. Je m'en excuse. Donc, cette loi est modifiée par l'insertion,
après l'article 469.6, du suivant :
«459.7. Lorsque le
ministre est d'avis qu'une décision prise par un centre de services scolaire
n'est pas conforme aux cibles, aux objectifs, aux orientations et aux
directives qu'il a établis conformément à la présente loi, il en informe le
centre de services scolaire.
«Le
centre de services scolaire dispose d'un délai de 15 jours pour donner au
ministre les motifs de sa décision. Le cas échéant, il informe également le
ministre, dans ce délai, de son intention d'infirmer en tout ou en partie
cette décision et de la décision qu'il entend prendre.
«À défaut pour le
centre de services scolaire de donner les motifs dans le délai prescrit ou si
les motifs donnés ou la décision qu'il entend prendre ne sont pas à la
satisfaction du ministre, ce dernier peut alors annuler en tout ou en partie la décision du centre de
services scolaire et prendre la décision qui, à son avis, aurait dû être prise
en premier lieu.
«Le présent article
s'applique, avec les adaptations nécessaires, lorsque le ministre est d'avis
qu'une décision devrait être prise pour que le centre de services scolaire se
conforme aux cibles, aux objectifs, aux orientations et aux directives qu'il a
établis.»
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il y a des interventions,
commentaires sur l'article 40?
Mme Rizqy : Oui.
«Ce dernier peut alors annuler en tout ou en partie la décision du centre de
services scolaire et prendre la décision qui, à son avis, aurait dû être prise
en premier lieu.» Là, vous comprendrez comment que les gens parlent de
centralisation, s'arroger des pouvoirs...
Des voix :
...
Mme Rizqy :
Vous allez bien, M. le ministre?
M. Drainville : Excusez-moi, je... Non,
non, c'est correct... Tout va bien. Je vous écoute, je vous écoute
attentivement.
Mme Rizqy : Non,
mais la phrase que je viens de lire, je vais la répéter. «Ce dernier peut alors
annuler en tout ou en partie la décision du
centre de services scolaire et prendre la décision qui, à son avis, aurait dû
être prise en premier lieu.» Vous comprenez pourquoi que les gens disent
que vous vous arrogez des pouvoirs. Ça vous donne un droit de veto, ça devient de la microgestion, ça crée, en fait, un
superministre avec des superpouvoirs, et qu'on est très, très loin, à ce moment-là, du statut de... pardon,
de l'intention de subsidiarité. Alors, est-ce qu'on peut retirer cette
partie-là?
M. Drainville : Non. Une chance que
vous l'avez répété, hein? S'il avait fallu...
Mme
Rizqy : Vous auriez dit oui.
M.
Drainville : C'est ça, s'il avait fallu que je réponde oui... Alors,
Mme la Présidente, non, nous n'allons pas,
comment dire, retirer cette partie de la disposition. Encore une fois, Mme la
Présidente, je l'ai expliqué un petit peu tout à l'heure, là, on a un certain nombre de priorités qu'on se donne.
On donne des orientations, orientations ministérielles, orientations
gouvernementales.
Et évidemment, Mme la
Présidente, on souhaite travailler, tout le monde ensemble, vers l'atteinte de
ces objectifs communs, mais il peut arriver,
Mme la Présidente, des moments où ça ne va pas, c'est-à-dire que la décision
du centre de services va très clairement à l'encontre d'une orientation
ministérielle très clairement exprimée. Tout à l'heure, je donnais l'exemple de l'interdiction des cellulaires, Mme la
Présidente. Je donnais l'exemple de l'interdiction des cellulaires. Et
donc un centre de services scolaire qui aurait, pour une raison ou pour une
autre, décidé qu'il n'appliquait pas
l'interdiction des cellulaires en classe, à ce moment-là, grâce à cette
disposition, ce serait possible pour le ministre de dire : Écoutez,
là...
Mme Rizqy : ...exemple, si vous le permettez. Nous, on était
d'accord, puis j'ai même dit, à plusieurs entrevues : Bien, c'est déjà le
cas. La vérité, là, c'est qu'il y avait, dans plein d'écoles, dans le code de
vie, l'interdiction du cellulaire, sauf, par exemple, dans certains
cours où est ce que, par exemple, on a besoin de la technologie puis on
utilisait le téléphone ou, évidemment, la
tablette. Pour moi, c'était quelque chose qui faisait déjà sens commun, du gros
bon sens, qui était déjà appliqué par les D.G. puis les centres de
services scolaires et les directions d'école.
Là où est-ce que moi
j'attire votre attention, c'est une des recommandations de la FQDE, que je
trouve qu'elle est pleine de sens. Par
exemple, eux demandaient de remplacer... «la satisfaction du ministre», au
fond, devrait être remplacé par «ne
se conforme pas à la loi ou à un règlement du gouvernement ou du ministre». Ou,
si vous voulez, on peut même ajouter «ne se conforme pas à la loi, à un
règlement ou à un décret du gouvernement ou du ministre».
M. Drainville :
Attendez. Vous êtes où, là?
Mme Rizqy : Toujours
dans la même phrase : «Ce dernier peut alors annuler en tout ou en partie
la décision du centre de services scolaire et prendre la décision qui, à son
avis, aurait dû être prise en premier lieu.» Mais c'est le troisième alinéa,
lorsque, par exemple, ils ne sont pas à la... Dans la première phase : «À
défaut pour le centre de services scolaire
de donner les motifs dans le délai prescrit ou si les motifs donnés ou la
décision qu'il entend prendre ne sont pas à la satisfaction du
ministre», on pourrait remplacer : «ne sont pas conformes à la loi,
règlement, décret, directive du gouvernement ou du ministre». Parce que, là, au
moins, on viendrait l'asseoir juridiquement sur quelque chose. On enlève complètement l'arbitraire. Parce que, tu sais, il
pourrait y avoir une orientation pour un centre de services scolaire. Là, on
tomberait peut-être dans le subjectif, dans l'arbitraire, mais là, si on veut
l'asseoir, le propos, juridiquement, on
vient dire : Vous devez vous conformer à quoi, là : la loi, règlement,
décret, directive du gouvernement ou du ministre.
M. Drainville :
Laissez-moi prendre un moment, Mme la Présidente.
Mme Rizqy :
C'est dans le mémoire de la FQDE. Et moi, j'ai ajouté quelques mots. J'ai
ajouté «directive», «décret», là, pour vous donner encore plus de marge de
manoeuvre. Vous voyez, conciliante.
La Présidente
(Mme Dionne) : Merci. La commission suspend ses travaux quelques
instants.
(Suspension de la séance à
17 h 20)
(Reprise à 17 h 36)
La Présidente (Mme Dionne) : La
commission reprend ses travaux. Donc, M. le ministre, je vous laisse
poursuivre.
M.
Drainville : Bien, écoutez, Mme la Présidente, c'est vrai que le
pouvoir prévu au troisième alinéa est un pouvoir important. On ne va pas le
nier, Mme la Présidente, mais c'est un pouvoir qui procède d'une volonté
ministérielle qui doit être en lien avec les cibles, les objectifs, les
orientations et les directives qui ont été établis. Et donc, Mme la Présidente, nous souhaitons conserver cette latitude. Nous
souhaitons que le ministre de l'Éducation conserve cette latitude, tel
que l'article le prévoit, tel que le libellé actuel le prévoit.
Il ne faut jamais
oublier, Mme la Présidente, le pouvoir d'intervention du troisième alinéa, il
est lié à la... le test de conformité, si on peut dire. Donc, s'il n'y a pas
contravention, il n'y a pas intervention. S'il n'y a pas de non-conformité aux
cibles, aux objectifs, aux orientations et directives, à ce moment-là, le
ministre ne peut pas intervenir. Et donc je pense, Mme la Présidente, qu'il ne
faut pas divorcer le troisième alinéa du premier, il faut faire... il faut
constamment revenir au premier alinéa : «Lorsque le ministre est d'avis
qu'une décision prise par un centre de services
scolaire n'est pas conforme aux cibles, aux objectifs, aux orientations, aux
directives qu'il a établis conformément à la présente loi, il en informe
le centre de services scolaire.»
Et puis, oui, Mme la Présidente, il y
a une appréciation qui est faite par le ministre. C'est vrai, ça. Le troisième
alinéa le prévoit, «à la satisfaction du ministre». C'est vrai, puis on
l'assume, Mme la Présidente. On l'assume. C'est le ministre qui va devoir rendre compte... qui va devoir rendre des
comptes, et donc, si sa décision est jugée favorablement, il aura droit à une appréciation positive et, si sa
décision n'est pas jugée juste, eh bien, il devra vivre avec les conséquences.
Donc,
j'en reviens tout le temps, Mme la Présidente, à un des principes fondamentaux
du projet de loi, c'est-à-dire qu'on veut une cohérence, on veut une
cohésion. Les défis sont tellement grands, Mme la Présidente, il faut
travailler tout le monde ensemble, puis il faut travailler ensemble dans la
même direction, il faut travailler vers les mêmes objectifs, les mêmes... la
même destination, Mme la Présidente. Et donc je comprends les réticences de la
députée de Saint-Laurent, Mme la Présidente, mais je ne me rallie pas à son
argumentaire.
• (17 h 40) •
Mme Rizqy : ...peut-être
circonscrire le champ d'intervention. Puis je trouvais que la proposition qui
venait de la FQDE était très pertinente,
parce que, sinon, le champ d'intervention est quand même assez grand. Je peux
vous donner un exemple, là, concret, là. Vous, ce matin, vous avez
trouvé ça comment, par exemple, le fait que, dans une école, le bulletin chiffré passe par un code de couleur et que ça donne
quatre barèmes différents? Est-ce que ça, ça rentre dans loi,
directives, orientations?
M.
Drainville : J'inviterais l'école en question à reconsidérer son
barème.
Mme Rizqy : O.K.
Le barème ou revenir à un bulletin chiffré tout court?
M. Drainville :
Bien, oui, c'est ça, j'inviterais
l'école à reconsidérer le barème et à instaurer un bulletin chiffré, avec
moyenne de groupe.
Mme Rizqy : O.K.
Puis si quelqu'un vous défie, à ce moment-là, c'est là que vous interviendrez,
c'est ça?
M. Drainville :
Est-ce que cet article-là me
donnerait la possibilité ou donnerait, au ministre de l'Éducation, la
possibilité de le faire? Je pense que oui.
Mme Rizqy : O.K.
Bien, moi, je pense que...
M.
Drainville : ...actuellement, ce n'est pas si clair que ça.
Mme Rizqy : Moi,
tu sais, je vous l'ai dit, des fois, les mesures qu'on a présentement comme
outils sont trop extrêmes. La mise en tutelle, moi, je trouve que c'est comme
l'outil le plus extrême. Mais venir circonscrire le débat sur la loi,
règlements, décrets ou directives, là, je pense que vous avez toute la
latitude. Mais je comprends votre argumentaire
puis je sens que je n'arriverai pas à vous convaincre ce soir, alors on va
voter contre. Vous comprendrez notre position, puis je comprends la
vôtre, puis on a un désaccord.
La Présidente (Mme
Dionne) : D'autres commentaires sur l'article 40? Mme la députée
de Mercier, oui.
Mme Ghazal : Oui. J'écoutais les échanges, là, avec la collègue
de l'opposition officielle, puis, en fait, ce que je regarde ici, d'annuler, en
tout ou en partie, une décision du centre de services, puis de prendre la décision
que le ministre aurait... croit, à
son avis, qui aurait dû être prise en premier lieu, ça va vraiment à l'encontre
du projet de loi n° 40, où il y
avait le principe de subsidiarité qui faisait que ce sont les gens qui sont les
plus près des élèves qui prennent les décisions. Ça, c'est sûr que le
ministre serait d'accord avec moi.
M.
Drainville : ...Mme la Présidente, comment dire, l'un n'exclut pas
l'autre, là.
Mme Ghazal : Ça
veut dire que ça vient à l'encontre du projet de loi n° 40?
M.
Drainville : Non, non, non. On peut très bien avoir à la fois le
principe de subsidiarité, qui s'applique dans la vaste majorité des cas, mais
il peut arriver des moments, Mme la Présidente, où le principe de subsidiarité
ne peut pas servir de prétexte à une décision qui va visiblement à l'encontre
d'une directive ministérielle, par exemple.
J'ai donné
l'exemple... je ne sais pas si la députée de Mercier m'a entendu, mais ce n'est
pas grave, je le répète sans hésitation. La directive ministérielle sur les
cellulaires, Mme la Présidente... Une école pourrait très bien dire : Vous
n'avez pas le droit de nous imposer ça, ça relève du conseil d'établissement,
le code de vie, c'est déjà... prévoit déjà
l'utilisation du cellulaire, etc. Puis, bien, c'est ça, à un moment donné, le
ministre dit : Écoutez, c'est vrai que le code de vie a autorité sur l'utilisation du cellulaire, mais
malheureusement, il y a trop peu de conseils d'établissement qui se
prévalent de leurs pouvoirs pour l'interdire. Les études sont de plus en plus
nombreuses à nous dire que la présence des appareils électroniques en classe a
un effet extrêmement... comment dire, a un effet de distraction très important,
affecte la concentration, crée des distractions dans la classe, nuit à l'écoute
et donc nuit à l'apprentissage.
Et donc, dans ces
circonstances-là, oui, le principe de subsidiarité est fondamental, mais il ne
peut pas servir d'excuse à une non-intervention du ministre. Alors, à ce
moment-là, bien, le ministre a la possibilité d'intervenir.
Mme Ghazal : Mais
là le ministre donne l'exemple, par exemple, des cellulaires puis là il
dit : Oui, ils peuvent prendre des décisions sur plein de sujets,
mais sur le cellulaire, bien là, il va falloir qu'ils se conforment à la volonté
du ministre, parce qu'il trouve que c'est
problématique. Mais ça, c'est un exemple. Après ça, ça peut être une multitude
de sujets sur lesquels le ministre va
imposer sa volonté contre celle des centres de services scolaires. Combien? Si,
par exemple, il y a un autre ministre que le ministre que nous avons ici devant
nous, qui, lui, veut tout, tout, tout contrôler, c'est sa façon de
travailler...
M.
Drainville : Mais, Mme la Présidente, c'est certain que... ça se peut
qu'à un moment donné un ministre ou une
ministre se prévale à mauvais escient de cette disposition-là, Mme la
Présidente. C'est possible. Ce n'est pas la seule disposition qui
pourrait donner une poignée à un ministre qui souhaiterait intervenir. Puis,
dans certains cas, Mme la Présidente,
effectivement, le ministre ou la ministre se fera durement critiquer pour avoir
pris la mauvaise décision. Mais, Mme la Présidente, comment dire, ça
fait partie de la vie démocratique, ça.
On est dans le
domaine des affaires humaines, alors vous avez des hommes, des femmes qui font
de leur mieux, puis, à un moment donné, ça
se peut qu'un ministre utilise le pouvoir de 40 et puis qu'il se plante. Ça se
peut, ça, puis les oppositions ne se gêneront pas pour le critiquer. Et
cette personne-là qui occupera ces fonctions-là devra justifier sa décision et, dans certains cas, peut-être qu'elle aura de
la difficulté à la justifier parce qu'effectivement ça se sera avéré une mauvaise décision. C'est possible,
mais, Mme la Présidente, si ça arrive, le ou la titulaire devra rendre des
comptes et puis...
Mais revenons à
l'essentiel, Mme la Présidente. Ce que l'on veut ici, c'est s'assurer que le
ministre ou la ministre, enfin, la personne
qui occupe ce poste-là ait les moyens à sa disposition pour donner un
alignement et le faire respecter. Bon, alors, est-ce qu'on est d'accord
avec ce principe-là ou pas, Mme la Présidente? Moi, je pense que c'est une
bonne idée que le gouvernement et, en particulier, le responsable ministériel
puissent dire : Écoutez, voici les priorités du gouvernement. On a été
élus démocratiquement, on souhaite aller dans cette direction, allons-y, puis assurons-nous que les objectifs se traduisent par
des gestes concrets, puis se traduisent par des mesures qui seront mises en
place dans le réseau. Après ça, Mme la Présidente, ce sera ultimement aux
citoyens de juger si c'était la bonne orientation,
ce sera aux députés d'opposition de poser toutes les questions et puis ce sera
au ministre de défendre sa vision. Pourquoi est-ce que vous avez décidé
de prendre cette direction-là et pourquoi vous avez... vous n'avez pas décidé
de prendre telle décision, ou pourquoi vous... dans votre vision, pourquoi
est-ce qu'il n'y a pas cet aspect ou cette priorité, etc.? Puis là, bien, c'est
au ministre de répondre. C'est comme ça que ça marche.
Mme Ghazal : Mais, je veux dire, le ministre, lui, il va
justifier publiquement, mais, s'il s'entête puis il dit : Bien, moi, c'est
ça, l'orientation, c'est terminé, c'est quoi... Moi, ce que j'entends, le
ministre, qu'est-ce qu'il est en train de nous dire : Bien,
attendez à la prochaine élection puis renversez-moi. Voyons donc!
M.
Drainville : Oui, attendez la prochaine élection ou attendez le
prochain remaniement, tu sais.
Mme Ghazal : Bien,
voyons donc!
M.
Drainville : Non, non, mais, s'il n'est pas bon, il n'est pas bon.
S'il est bon, il est bon. Je veux dire, à un moment donné...
• (17 h 50) •
Mme Ghazal : Mais
ça va tellement loin, je veux dire, cette centralisation entre les mains du
ministre. Puis moi, j'entends le ministre
essayer de se justifier puis d'expliquer sa décision, de dire que ça va être
lui qui peut renverser des décisions qui sont prises par les gens qui
sont plus près des communautés puis des écoles, puis je ne suis pas du tout convaincue par son argumentaire. Sur une
autre décision, un ministre pourrait... un autre ministre que celui qu'on a
devant nous, je le répète, pourrait commencer à justifier une décision puis
personne n'est convaincu, mais personne, puis il dit : Bien, ça va être ça
puis ça se termine là. Il n'y a pas d'autre recours pour les centres de
services scolaires.
Puis, si je
regarde... Je parlais du projet de loi n° 40. Cet article-là puis
plusieurs dispositions du projet de loi qu'on a devant nous vont à l'encontre
de l'esprit qu'avait le projet de loi n° 40. Je ne suis pas en train de
dire qu'on était d'accord avec l'abolition... avec ce projet-là, mais il y
avait un élément qui était essentiel, qui a été mentionné par le précédent ministre, puis il en parle dans
son Plan de gouvernance scolaire — Remettre l'école entre les mains de sa communauté... attendez, j'avais le document devant moi... oui, puis là il parlait
des directions d'école. Il disait que... ce que le ministre disait : «Pour nous, une direction d'école ne
peut pas être un simple employé d'une commission scolaire; elle doit
être le capitaine à la barre de son école et maître à bord.»
Là, ici... ça,
c'était avec le projet de loi n° 40... là, ici, avec ce projet de loi, le
projet de loi n° 23, le capitaine, et le maître à bord, et le monarque...
je pense que j'avais vu... ça va être le ministre actuel, le ministre de
l'Éducation, et non pas les directions d'école. Bien, il me semble que j'avais
lu, à un moment donné, oui...
M.
Drainville : C'est vous qui dites ça ou c'est... vous citez quelqu'un,
là?
Mme Ghazal : Je
pense que je cite quelqu'un. Je me rappelle qu'on disait que c'était le
monarque, mais moi, j'aurais utilisé le même mot, là, le monarque, ou le maître
à bord, le capitaine, je ne sais pas, choisissez le mot que vous voulez.
M.
Drainville : Bien, le capitaine de l'équipe, moi...
Mme
Ghazal : Vous le prenez?
M. Drainville :
Oui, je pense que le ministre de
l'Éducation, c'est une sorte de capitaine d'équipe, oui, c'est le capitaine de l'équipe réseau. Le réseau, bien,
c'est les directions régionales, les directions des centres de services
scolaires, les directions
d'établissement, c'est le personnel des équipes-écoles puis, ultimement, bien,
ce sont les enfants, ce sont les élèves.
Mme Ghazal : Puis, à l'école, c'est qui... plus près de
l'école, ce serait qui, les capitaines? C'est le ministre, toujours?
M.
Drainville : Bien non. Le capitaine, à l'école, c'est le directeur ou
la directrice, de concert avec le conseil d'établissement, et il dirige une
équipe qui est constituée de son équipe-école.
Puis, Mme la
Présidente, la subsidiarité se porte très bien, là. Je ne voudrais pas que la
députée de Mercier, comment dire, dépeigne
ce projet de loi comme étant une dilution importante du pouvoir de subsidiarité
ou du principe, devrais-je dire, de subsidiarité, là. Les conseils
d'établissement, Mme la Présidente, là, ils vont continuer à adopter le
projet éducatif, ils vont continuer à adopter le plan de lutte contre
l'intimidation et la violence, ils vont continuer à approuver les contributions
financières exigées des parents, ils vont continuer à adopter le budget de
l'école, ils vont continuer à approuver les modalités d'application du régime
pédagogique, comme la grille-matières, quand on parle de l'instauration d'un projet particulier. Tous ces pouvoirs-là sont
absolument respectés, totalement, d'une manière... enfin, sans aucun compromis, sans aucune concession, sans
aucune dilution. Tous les pouvoirs des conseils d'établissement, Mme la
Présidente, sont maintenus. Le principe de subsidiarité, Mme la Présidente, il
n'est pas remis en question, là.
Mme Ghazal : Mais il y a plusieurs... C'est que vous mettez
beaucoup de pouvoirs entre les mains du politique. C'est important que le ministre puisse avoir une certaine
marge de manoeuvre, qu'il prenne des décisions, des orientations mais là
d'aller aussi près, là, jusqu'à renverser une décision qui a été prise par le
centre de services scolaire...
M. Drainville :
Ce sont des pouvoirs, Mme la
Présidente, qui viennent avec des responsabilités, et qui viennent avec des conditions d'exercice, et il va falloir
que le ministre justifie ses interventions. Encore une fois, moi, dans mon
esprit, ce sont des dispositions qui seront utilisées dans des circonstances exceptionnelles.
Mais si je...
Mme Ghazal : Mais
qui, après ça, va dire : Ah...
M.
Drainville : Mais si... Pardonnez-moi, Mme la députée de Mercier, je
vous ai interrompue.
Mme Ghazal : Oui,
mais, par exemple, qui va dire : Ah! cette justification, elle est
irrecevable? C'est impossible, il n'y a pas
de recours. Il justifie, mais personne n'est convaincu. Puis le politique, on
le sait, des fois, il est sous
pression médiatique pour agir rapidement sur un sujet chaud, d'actualité, alors
que ce qui est vécu dans les écoles, dans les centres de services
scolaires, c'est totalement autre chose. Et ils ne peuvent pas... ils ne
doivent pas, dans ces écoles-là qui vivent
dans un contexte qu'il y a... Il ne faut pas qu'il y ait une décision qui soit
prise par le ministre à cause d'une pression médiatique, politique...
M.
Drainville : Mais ça dépend...
Mme Ghazal :
...puis que ça vient avoir un impact négatif sur les gens qui sont près des
écoles, alors que ce n'est peut-être pas la décision raisonnable à prendre.
M.
Drainville : Oui, mais, Mme la Présidente, comment dire, la pression
médiatique, c'est quelque chose avec lequel nous composons, tous et toutes,
j'oserais dire, quotidiennement. Mme la Présidente, la décision que le ministre
ou la ministre va prendre, ultimement, encore une fois, il va devoir s'en
expliquer, là, il n'y a pas de... comment
dire, les garde-fous sont quand même importants, là. Le ministre qui va décider d'utiliser
ça, il va être obligé de s'expliquer, là, devant l'opinion, devant les
journalistes, devant les députés d'opposition. Il va être obligé d'expliquer
comment se fait-il qu'il en soit arrivé là. Il y aura eu, comment dire, une
évolution du dossier, là, il y a... ça ne va pas arriver, bang, là, du soir
au... tu sais, comment dire, du jour au lendemain.
Mais, Mme la
Présidente, c'est parce que c'est comme... c'est le chien qui court après sa
queue, tu sais. Si le ministre n'agit pas,
il va se faire critiquer pour son inaction, bon. Là, je dis : O.K., on va
lui donner les pouvoirs d'agir. Puis
là on dit : Bien oui, mais, attention, ça pourrait être un pouvoir qu'il
pourrait utiliser d'une mauvaise façon, d'une manière abusive, etc. Mme
la Présidente, le ministre, peu importe qui il sera, peu importe sa formation
politique, aura dorénavant ce pouvoir. S'il décide de l'utiliser, il devra s'en
justifier, et on ne pourra plus le blâmer pour son inaction, on ne pourra plus le blâmer de ne rien faire. Il aura les
pouvoirs puis il devra vivre avec. Puis s'il n'agit pas...
Parce que, revirez ça
à l'envers, il peut arriver des situations où vous souhaitez qu'il intervienne,
puis, s'il ne le fait pas, s'il ne se prévaut pas du pouvoir, vous allez
pouvoir vous lever en Chambre puis dire : Vous avez le pouvoir puis vous
ne faites rien. Qu'est-ce que vous attendez pour utiliser le pouvoir que
prévoit la loi? La loi vous donne le pouvoir
d'intervenir. Qu'est-ce que vous foutez, M. le ministre? Faites votre job. Ça
va dans les deux sens. Vous craignez
l'abus. Bien, dans certains cas, ce n'est pas l'abus qu'il faut craindre. Dans
certains cas, c'est l'inaction qu'il faut craindre, c'est le...
Mme
Ghazal : Donc, le ministre se donne...
M. Drainville :
...c'est la faiblesse, c'est le non-leadership, c'est la peur, c'est...
Mme Ghazal :
...
M. Drainville :
Comment?
Mme Ghazal :
...immobilisme.
M. Drainville : Bien, l'immobilisme.
C'est bon, l'immobilisme. Enfin, c'est bon... dans ce contexte-ci, c'est le bon
mot, effectivement. Mais on s'entend que ce n'est pas bon, l'immobilisme.
Mme Ghazal :
Donc, je comprends que le ministre...
M. Drainville : J'imagine la personne qui
relit mes propos, qui dit : Ah oui? Drainville était favorable à
l'immobilisme. C'est formidable, ça. Alors, c'est ça, donc...
Mme
Ghazal : Donc, je comprends
que le ministre se donne ce pouvoir-là pour pouvoir répondre aux médias
et aux partis d'opposition. Vous nous aimez à ce point-là, jusqu'à vous
donner...
M. Drainville :
Bien, je vous aime beaucoup, mais...
La Présidente
(Mme Dionne) : Moi aussi, je vous aime beaucoup, mais, compte
tenu de l'heure, je...
M. Drainville :
...
La Présidente (Mme Dionne) : Oui.
Bon, alors, compte tenu de l'heure, je suspends les travaux jusqu'à
19 h 30. Merci.
(Suspension de la séance à
18 heures)
(Reprise à 19 h 31)
La
Présidente (Mme Dionne) :
Alors, bonsoir. La commission reprend maintenant ses travaux. Donc, lors de la
suspension de nos travaux, nous en étions à l'article... à l'étude, pardon, de
l'article 40. Donc, M. le ministre, la parole est à vous.
Des voix : ...
La Présidente (Mme Dionne) : Je
vous demanderais un peu de silence, s'il vous plaît. Merci. Oui. Donc, nous
reprenons nos travaux. Nous en étions à l'article 40. M. le ministre, je
vous laisse poursuivre où...
M. Drainville :
Oui, avec grand plaisir. Alors donc, bien, Mme la Présidente, on avait dit
pas mal ce qu'on avait à dire sur 40. Je
sais que nous avons un petit désaccord avec nos amis de l'opposition
officielle, c'est des choses qui
arrivent. Ce n'est pas plus grave que ça, là, mais je pense avoir donné les
raisons avant l'ajournement pour le... avant la suspension, dis-je, pour
le souper. Je pense avoir bien expliqué ma position.
La Présidente
(Mme Dionne) : Merci, M. le ministre. Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Oui. Bien, c'est ça, on
avait eu une conversation juste avant le souper, dans laquelle je demandais au
ministre, dans le fond, lui, s'il s'est donné tout ce pouvoir-là d'annuler les
décisions de centres de services... c'est parce
que nous, les oppositions, des fois, on l'interpelle puis on lui dit :
Agissez, M. le ministre. Agissez pour renverser ou corriger une décision prise par un centre de services scolaire. Donc
là, il se dit : Bien, comme j'ai cette pression-là, des fois, des
médias et des oppositions pour agir puis que je n'ai pas les moyens, bien, je
veux me les donner avec cet article-là. Est-ce que ça serait ça, la raison
fondamentale?
M. Drainville :
Non. La raison fondamentale, c'est qu'il faut agir. Par moments, il faut
agir puis il faut avoir les moyens d'agir. Donc, la raison fondamentale, c'est
le fond des choses. Maintenant, Mme la Présidente, on ne peut pas divorcer le
fond du climat politique ou de la dynamique politique dans laquelle s'inscrit
ce type de débat, ou ce type de nouvelle, ou ce type de controverse. La députée
de Mercier le sait bien. On ne vit pas en vase clos du reste de la société et
surtout pas du monde politique.
Alors, c'est certain, Mme la Présidente, que, par
moments, le jeu démocratique peut avoir une influence sur, comment dire, l'insistance avec laquelle on va
traiter d'un dossier. Mais, Mme la Présidente, si la question, c'est :
Est-ce que c'est
seulement pour des raisons politiques?, la réponse, c'est non. Ça ne peut pas
être juste pour des raisons politiques, ça doit être d'abord pour des
raisons de politique publique, d'intérêt public.
Mme Ghazal : Je suis contente d'entendre
dire que c'est pour l'intérêt public et non pas parce qu'un ministre, par exemple, ne résisterait pas à la
pression publique. C'est surtout ça qui est important. Et ce qui est important
aussi, c'est de s'assurer que les gens qui
sont sur le terrain, qui connaissent le mieux leur école, leur communauté, leur
milieu, qu'ils puissent décider. C'était ça, l'esprit du projet de loi
n° 40.
Pourquoi est-ce que,
par exemple, le ministre n'a pas donné plus de pouvoir aux parents? Il est
arrivé, des fois, sur des conseils d'administration, où les parents ne sont pas
capables de renverser une décision, où, des fois, par exemple, le ministre
dit : Bien, les conseils d'établissements aussi, plus près de l'école,
peuvent renverser une décision ou prendre une décision, puis là que
c'est les parents... Quand les parents ne sont pas contents, par exemple, d'une
décision qui a été prise, le ministre,
souvent, je l'ai entendu dire, bien, que les parents pourraient renverser cette
décision-là, mais c'était impossible.
C'est impossible pour les parents de le faire. C'est extrêmement difficile.
Pourquoi est-ce qu'on n'a pas profité de ce projet de loi là pour leur donner,
peut-être, aux parents plus de pouvoir au lieu de donner plus de pouvoir
au ministre? Il n'y a personne de mieux que les parents qui connaissent les
enfants.
M. Drainville : Bien, moi, je pense, Mme la
Présidente, qu'on a donné... On a répondu à certaines des revendications
des parents, par exemple, l'amendement que nous avons apporté pour nous assurer
que les documents soient transmis aux
parents membres des conseils d'établissement, alors qu'actuellement,
malheureusement, souvent les documents arrivent trop tard, les parents
n'ont pas l'occasion d'en prendre connaissance. Et donc on a déposé un
amendement pour nous assurer que les parents aient suffisamment de temps pour
bien prendre connaissance de la documentation.
On s'est aussi assuré
par un amendement que ce soit possible pour les personnes, notamment les
membres parents qui siègent sur les conseils
d'établissements ou encore sur les conseils d'administration des centres de
services, de pouvoir participer aux rencontres de manière virtuelle
parce qu'on sait que parfois les parents ont des obligations familiales, et
puis c'est compliqué pour eux, pour elles, de se déplacer. Donc, on permet aux
membres de ces conseils d'établissements, aux conseils d'administration de
pouvoir participer aux rencontres de manière virtuelle, donc à distance. Ça aussi, c'est un changement que nous avons apporté
pour, je dirais, renforcer le rôle des parents et des membres de façon
générale, mais en particulier des parents qui siègent sur les instances
décisionnelles des écoles et des centres de
services scolaires. Ce ne sont que deux exemples, Mme la Présidente, mais je
pense qu'ils sont parlants, là. Donc,
on était conscients du fait qu'il fallait apporter des petites modifications
qui peuvent faire une immense différence dans la participation des
parents.
Mme Ghazal :
C'est-à-dire une meilleure information des parents. Par exemple, il y a eu
le cas du centre de service scolaire des Mille-Îles, qui avait été médiatisé aussi... puis sur le fait de fusionner le
service dîneur avec le service de surveillance, ce qui fait que la
facture des parents allait beaucoup, beaucoup augmenter. Et ma collègue députée
de Saint-Laurent... moi-même, j'avais
interpelé le ministre à plusieurs reprises, les parents aussi, et la réponse du
ministre était souvent, bien, que les
parents renversent la décision. Parce que la décision, quand elle a été prise,
il y avait beaucoup... La documentation était très, très complexe, puis
ils n'avaient pas eu le temps de vraiment bien, bien comprendre ça, puis ça ne
leur était pas expliqué. Ce n'était pas... Ça manquait de transparence. Est-ce
que, par exemple, dans les amendements qui ont été apportés par le ministre, ce
genre de situation là ne se produirait plus?
M. Drainville : Oui. Bien, on a discuté,
vous et moi, de cette question-là. Comme vous le savez, le cadre général
appartient aux centres de services scolaires, mais la grille tarifaire, elle,
est approuvée par le conseil d'établissement, et
donc les membres parents ont effectivement une influence sur ces questions-là.
Et encore une fois, ce n'est pas... ça n'a pas été modifié, là. Toute la
question de la contribution financière exigée des parents, ça concerne le
conseil d'établissement sur lequel les parents ont une voix importante. Alors,
c'est sûr, Mme la Présidente, que je... Tu sais, tout est une question d'équilibre, hein? On cherche l'équilibre, Mme la
Présidente. C'est ça qu'on fait. On fait ça dans nos vies. On fait ça en
politique, on fait ça à l'éducation, on cherche l'équilibre.
Alors, on veut un
système qui soit efficace, au service de la réussite scolaire. On veut
s'assurer que les décisions sont prises
après des délibérations qui sont démocratiques. On souhaite entendre la voix
des différentes parties prenantes
puis on souhaite trouver, au terme de ce processus-là, le juste équilibre, la
bonne mesure, la bonne approche, la bonne politique au sens de politique
publique, les bonnes priorités. Mais je maintiens, Mme la Présidente, que les parents ne sortent pas affaiblis de cet exercice.
À mon sens à moi, ils sortent... Le rôle des parents sort renforcé de cet
exercice, Mme la Présidente.
• (19 h 40) •
Puis d'ailleurs je
tiens à le souligner, dans l'assistance, il y a présentement des représentants
de la Fédération des comités de parents du Québec qui nous accompagnent, Mme la
Présidente. On se sent déjà moins seuls en cette soirée, n'est-ce pas? Et il y
a, parmi ces représentants... représentantes, devrais-je dire, de la
fédération, la directrice générale, Mme Payne, qui est une... Corinne
Payne, qui est une femme qui s'est beaucoup investie, justement, pour renforcer le rôle des parents dans la gouvernance
scolaire et qui est une farouche défenseresse, je dirais, du... défenderesse,
devrais-je dire, du rôle des parents au sein du réseau scolaire. Et donc je les
remercie de leur présence, Mme la Présidente,
et je les remercie également de leur engagement, parce qu'on a besoin que nos
parents soient présents puis soient
engagés dans les écoles puis au sein des centres de services scolaires. Donc,
merci d'être là, mesdames. Et voilà. Est-ce que ça répond à vos questions,
Mme la députée de Mercier?
Mme Ghazal : Bien,
moi, en fait, c'est que j'essaie... Je comprends, le ministre, qu'est-ce qu'il
dit. C'est que ça prend un équilibre, puis là, parce que... puis l'équilibre,
ce serait entre la centralisation entre les mains du ministre et le principe de
subsidiarité.
M. Drainville : On peut dire
ça. Il faut trouver le juste équilibre.
Mme Ghazal : Là, ici, avec cet
article-là, est-ce que le ministre est d'accord...
M. Drainville : Je n'aime pas
tellement le mot «centralisation», par exemple.
Mme Ghazal : Ah! bien, je n'ai même
pas posé la question sur cette...
M. Drainville : Mais je n'aime
pas tellement ce mot-là. Je trouve que ça a une connotation négative. Moi, je
dirais le leadership.
Mme Ghazal : Je vais trouver la
définition de «leadership» puis voir si ça...
M. Drainville : Oui, entre un
bon... un juste équilibre entre le leadership, notamment...
Mme Ghazal : On joue avec les
mots ici.
M. Drainville : Non, je ne
crois pas, parce que «leadership», ça a une connotation beaucoup plus positive,
puis je trouve que ça reflète davantage mon état d'esprit puis la conception
que j'ai du rôle du ministre.
Mme Ghazal : Mais on peut
dire...
M. Drainville : C'est comme un
capitaine d'équipe, tu sais. Je vous l'ai dit tout à l'heure, capitaine
d'équipe.
Mme Ghazal : Oui, oui, ministre
et monarque.
M. Drainville : Oui, pas mal
mieux.
Mme Ghazal : Leadership :
fonction, position de leader. Fonction, position dominante, c'est quel... Non,
hein?
M. Drainville : J'aimerais ça
voir les autres définitions, là. Je pense que vous n'avez pas pris celle qui
me...
Mme Ghazal : Que le
dictionnaire qui... qu'il dit au bout des doigts.
M. Drainville : Celle qui
rejaillit le plus positivement sur...
Mme Ghazal : Chef d'orchestre?
Non, mais...
M. Drainville : Chef
d'orchestre, ce n'est pas mauvais.
Mme Ghazal : Mais, en fait, la
question c'est: Qui doit faire preuve de leadership? Est-ce que le ministre
prend cette position de leadership des mains des gens qui sont les plus près
des écoles pour la mettre entre ses mains?
M. Drainville : Non, je ne
crois pas. Je ne crois pas.
Mme Ghazal : Bien oui.
M. Drainville : C'est un
leadership. C'est un leadership d'équipe. Ce n'est pas un leadership
individuel, c'est un leadership d'équipe.
Mme Ghazal : Mais ce n'est pas
ce que je lis.
M. Drainville : Définition
de leadership: «Le leadership désigne la position de leader, c'est-à-dire
l'influence que va avoir une personne sur un groupe». Moi, je dirais «au sein
d'un groupe». Oui, là, le reste de la définition est un peu trop flatteur pour la personne qui s'apprête à
la lire. Alors, je vais me garder de lire la deuxième partie. Voyez-vous, tout
est dans l'équilibre. Là, je trouvais que ça allait trop dans...
Mme Ghazal : C'est quoi, de
l'influence sur un groupe?
M. Drainville : Au sein d'un
groupe.
Mme Ghazal : Bien,
au sein ou sur?
M. Drainville : Mais moi,
j'aime mieux... Bien là, c'était «sur», mais je n'aime pas «sur», moi. Pour
moi, c'est mon...
Mme Ghazal : Bon, bien, c'est
ça...
M. Drainville : Ça, c'est mon
adaptation, mais j'aime bien...
Mme Ghazal : C'est ça que je
dis.
M. Drainville : Non, mais
j'aime bien la, comment dire, la conception de chef d'équipe. Honnêtement, ce réseau-là... capitaine d'équipe. Le réseau...
Capitaine, c'est mieux, parce que tu es sur la glace. Tu sais, le capitaine, il
est sur la glace. Il n'est pas dans les estrades, là, à faire le petit boss,
là, il est sur la glace.
La Présidente (Mme Dionne) : Et
si on revenait à l'article 40...
Mme Ghazal : Bien, on est en plein
dedans. Mais on est juste sur une patinoire au lieu d'être sur une... dans une
école.
La Présidente (Mme Dionne) : D'accord.
M. Drainville : Bon, enfin,
bref, tout ça pour dire, Mme la Présidente, que je souhaite un leadership qui
soit le plus collégial possible. Mais être
collégial, ça ne veut pas dire être, comment dire... À un moment donné, il faut
décider. Alors, il faut consulter, il
faut discuter, mais, à un moment donné, il faut décider. Il faut que le
capitaine, à un moment donné, soit décisionnel également. Alors, il
faut... Tout ça, encore une fois, on est dans l'équilibre, la recherche de
l'équilibre.
Mme Ghazal : Mais,
je veux dire, le ministre peut très bien jouer avec les mots, les concepts,
trouver des définitions, ce qui est écrit ici...
M. Drainville : Vous n'aimez
pas 40, vous. Vous n'aimez pas 40, je pense.
Mme Ghazal : Non,
mais moi, je lis ce qui est écrit devant moi. Je ne lis pas ce que le ministre
me dit.Ça, c'est son
interprétation. Moi, ce que je lis, ce n'est pas «leadership», ce que je lis,
c'est «centralisation». Je vais la trouver ici.
Ce dernier, ça veut dire le ministre, c'est ça,
«ou la décision qu'il entend prendre ne sont pas à la satisfaction du
ministre». Si le centre de services prend des décisions qui ne sont pas à sa
satisfaction, ce dernier... Ça ne dit pas : Ce dernier peut faire preuve
de leadership. Ce n'est pas ça qui est écrit. Parce que ça pourrait être, par
exemple, il va avoir une discussion avec le centre de services scolaire et la
direction, il va débattre avec eux, se laisser convaincre, essayer de les convaincre et, à la fin, les
laisser prendre la décision, puisque ce sont eux et elles qui, peut-être après
la discussion avec le ministre, pourraient changer d'idée. Mais ce n'est
pas ça qui est écrit. Ça pourrait être ça, si c'était «leadership». Ce qui est écrit : Ce dernier, alors, peut annuler en
tout temps, et non en tout ou en partie, la décision du centre de services
scolaire et lui-même prendre la décision qui, selon son avis à lui, aurait dû
être prise en premier lieu. On est vraiment, vraiment, vraiment beaucoup
plus proches du mot «centralisation» que «leadership».
Moi, j'aimerais ça que le ministre, même si on
n'est pas d'accord puis que, lui, il trouve que c'est important qu'il puisse lui-même annuler ces décisions,
j'aimerais ça au moins qu'il reconnaisse que ça s'approche de la définition
de «centralisation». Ça ne se peut pas qu'il
ne le voie pas que ce n'est pas de la centralisation. C'est impossible. Il peut
annuler, annuler puis, après ça, il
n'y a pas de droit de recours. Tout ce qu'il peut faire après ça, c'est se
justifier publiquement quelque part, puis ça finit là. Après ça, il peut
continuer avec la même décision.
M. Drainville : Écoutez, Mme la
Présidente, on a un désaccord, la députée de Mercier et moi-même. Ce n'est pas
grave. Moi, je l'apprécie. C'est une collègue que j'apprécie énormément, j'ai
déjà eu l'occasion de le dire à plusieurs
reprises. Mais soit dit en passant, Mme la Présidente, je suis... Je sais que
je suis complètement hors d'ordre, mais je voudrais la féliciter pour la
course qu'elle a menée au sein de son parti. Pour avoir déjà participé à une
course comme celle-là, pas tout à fait
pareille, mais quand même un peu semblable, je sais ce que ça demande
d'énergie, puis je sais ce que ça
demande d'investissement personnel puis de travail. Et puis je veux la
féliciter pour la campagne qu'elle a faite, et elle l'a faite avec
beaucoup de... Elle a mis au jeu beaucoup d'idées, on l'a vu, puis elle a
été... Elle a été dans la course jusqu'à la fin. Mon Dieu! ça s'est joué par
quelques votes seulement. Et je l'ai trouvée très digne, Mme la Présidente. Je l'ai trouvée très digne,
parce que je sais que ce n'est pas facile, puis elle est là ce soir. Elle
pourrait être chez elle en train de se remettre de ses émotions, puis
honnêtement on lui... on la comprendrait très bien. Mais regardez-la, elle est là ce soir puis elle se bat
pour ses convictions. Moi, je trouve ça formidable. Alors, je veux la féliciter
et puis je veux...
Mme Ghazal : Merci.
M. Drainville : Mais, ceci dit, Mme la Présidente, on a
effectivement une petite... un petit désaccord. Et là on me prie de
vous...
Mme Ghazal : Il y a d'autres personnes
qui veulent me féliciter, peut-être. Je ne sais pas.
M. Drainville : On
me prie, Mme la Présidente, de vous demander de suspendre quelques minutes,
puisqu'il y a apparemment une urgence.
La Présidente (Mme Dionne) : La
commission suspend ses travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 19 h 49)
(Reprise à 19 h 55)
La
Présidente (Mme Dionne) :
La commission reprend ses
travaux. Donc, M. le ministre, je vous laisse poursuivre.
M. Drainville : Bien,
je pense avoir dit pas mal ce que j'avais l'intention de dire sur cette
question, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci. Est-ce qu'il y a d'autres commentaires?
Mme Ghazal : Bien, je voudrais
remercier le ministre pour ses compliments. Merci beaucoup. J'avais oublié qu'il avait pensé faire la même chose, par
exemple. C'est ça, moi, c'était... C'était toute une aventure, puis j'avais
très, très hâte de revenir, par exemple, aujourd'hui, ici, pour discuter
avec le ministre du projet de loi n° 23.
Donc, pour
lui, ce n'est pas centralisateur. Je suis allée chercher la définition d'action
centralisée : la centralisation des informations au ministère, type
d'organisation étatique dans lequel l'autorité centrale détient la totalité des
pouvoirs de décision en matière politique, administrative et financière, les
autorités locales étant entièrement dépendantes. Quand on dit ici qu'on
peut annuler une décision, ça ressemble pas mal à ça.
M. Drainville : Mme la
Présidente, nous avons un désaccord. La députée de Mercier et moi-même avons un
désaccord. Ce n'est pas la première fois
puis ce ne sera pas la dernière. J'ai autant de respect pour elle qu'auparavant,
mais là force est de constater que nous ne faisons pas la même lecture, puis ce
n'est pas grave.
Mme Ghazal : Mais même Gaétan
Barrette, quand le projet de loi est sorti, il a dit : Mon Dieu! ce projet
de loi va plus loin, plus loin que moi, je l'ai fait dans la réforme de la
santé, en termes de centralisation. Il faut le faire, quand même.
M. Drainville : Oui,
mais qu'est-ce que vous voulez, Mme la Présidente? J'étais commentateur
auparavant, lui était en politique. Maintenant, c'est moi qui est en
politique puis lui est commentateur.
Mme Ghazal : C'est de bonne
guerre.
M. Drainville : Et puis, parfois, il y a des... comment dire, une
sorte de retour d'ascenseur qui peut survenir. Alors...
Mme Ghazal : Ah! O.K., c'est
plus ça et non pas sur le contenu.
M. Drainville : Je ne vais pas
m'étendre sur le sujet.
Mme Ghazal : Mais moi, ce n'est
pas mon opinion personnelle, cet article-là.
M. Drainville : Non?
Mme Ghazal : Premièrement,
c'est ce qu'on lit puis c'est ce que les gens qui travaillent le plus près des
enfants ressentent. Ça veut dire que
le ministre, peut-être, aurait pu s'y prendre autrement, s'il y avait des
mauvaises décisions qui étaient prises, que de dire : Je peux les
annuler sans aucun... annuler une décision, en tout ou en partie, sans aucune
possibilité d'appel. Il n'a pas peur, s'il y a quelqu'un d'autre qui a une
conception plus centralisatrice, disons, du pouvoir,
qu'il en profite puis que ce soit... pour que les décisions soient encore plus
éloignées de ceux qui connaissent les enfants par leur nom?
M. Drainville : Je ne crois pas
qu'il y ait un enjeu là, parce que le réseau scolaire, par définition, est très
décentralisé. Et un ministre ne peut pas bien faire son travail, un ministre de
l'Éducation ne peut pas bien faire son travail, s'il ne fait pas confiance aux
personnes qui sont sur le terrain, justement, c'est-à-dire, au premier chef,
les équipes-écoles, les directions d'école, les directions de centres de
services, avec les comités de parents au niveau local,
mais aussi... ou les représentants de parents au niveau local et au niveau des
centres de services scolaires, puis les
partenaires, Mme la Présidente, les... Non, il y a beaucoup... Mme la
Présidente, il y a beaucoup, beaucoup de parties prenantes, comme on dit, là, dans le milieu de l'éducation, puis tu n'as
pas le choix que de tenir compte de leurs opinions, parce que, si tu ne
le fais pas, à un moment donné, ils vont te le faire savoir, et puis ça ne sera
pas nécessairement agréable pour toi, tu sais, ce qui ne veut pas dire, Mme la
Présidente, une fois que tu as pris connaissance de leur position, ça ne veut
pas dire que tu es d'accord avec leur position. Bon, bien là, ça, c'est normal.
• (20 heures) •
Mme Ghazal : Mais si le ministre
n'est pas d'accord que ça centralise, est-ce qu'il est d'accord pour dire que
ça lui donne quand même plus de pouvoirs qu'il n'avait pas avant? Est-ce qu'il
peut le reconnaître?
M. Drainville : Bien, je dirais
que ça me donne plus de responsabilités.
Mme Ghazal : Il est habile, le
ministre.
M. Drainville : Vous n'aimez
pas ça? Non, non, mais c'est vrai. C'est vrai.
Mme Ghazal : C'est
jouer avec les mots, parce qu'après ça, à la fin, ça reste qu'on... Le principe
de subsidiarité par lequel... sur lequel se penchait amplement le
précédent ministre, même quand il était dans l'opposition, on s'en éloigne,
quand même. Ça, au moins, il peut reconnaître ça, qu'on s'en éloigne.
M. Drainville : Non, non, je ne
trouve pas. Comme je vous ai dit tout à l'heure, je ne suis pas d'accord, Mme
la Présidente. Je ne suis pas d'accord. On se donne des instruments de
cohérence. On se donne des couloirs de collaboration.
On se donne des mécanismes pour mieux travailler ensemble, pour mettre en place
une vision commune.
Mme Ghazal : Annuler une
décision, c'est pour mieux travailler ensemble?
M. Drainville : Bien, dans
certains cas...
Mme Ghazal : C'est écrit comme
ça, annuler.
M. Drainville : Écoutez, Mme la
Présidente, j'ai donné l'exemple des cellulaires tout à l'heure. Si vous avez
71 centres de services scolaires sur 72 qui adhèrent à la mesure, et vous
en avez un sur 72 qui n'y adhère pas, et que le
ministre est obligé d'intervenir, je ne pense pas qu'il intervienne contre le
groupe. Il intervient en faveur du groupe. Il intervient en faveur du
très, très large consensus. Et donc, oui, il travaille pour l'équipe, il travaille
pour l'intérêt collectif. Puis je vous le dis...
Mme Ghazal : Je suis zéro
convaincue.
M. Drainville : Oui, je sais,
mais...
Mme Ghazal : Puis je ne suis
pas la seule.
M. Drainville : C'est correct.
C'est normal qu'on ait des désaccords. C'est pour ça qu'on...
Mme Ghazal : Je suis inquiète,
pas pour le ministre qu'on a maintenant ici, mais parce que c'est écrit dans
une loi. Après ça, quel autre ministre pourrait être présent et comment est-ce
que ça serait utilisé, ça? Là, on ne peut pas l'imaginer, mais dans le futur...
M. Drainville : Oui. Moi, je
vous dirais qu'il y a quand même beaucoup, beaucoup de contrepoids, là. Un ministre ne peut pas faire ce qu'il veut. Un
ministre, une ministre... Il y a beaucoup de contrepoids, là. Fiez-vous sur
moi.
La
Présidente (Mme Dionne) : D'autres interventions? Mme la députée de
Robert-Baldwin, la parole est à vous.
Mme Garceau : Merci, Mme la
Présidente. J'ai écouté attentivement le ministre. On va se dire les vraies choses. Je pense, M. le ministre, qu'aujourd'hui,
concernant cet article... parce que les critiques, on les connaît, il y a même
plusieurs fédérations ou associations qui vous demandent de retirer au complet
l'article 40 parce que vous avez le dernier
mot. Je ne sais pas comment qu'on... Vous êtes juge et jury, là. Il n'y a pas
d'appel. Il n'y a pas de révision. Vous avez le dernier mot. Vous pouvez annuler une décision d'un centre de
services scolaire, point. Donc, le contrepoids, je m'excuse, je ne le
vois pas.
Maintenant, moi, ce que j'aimerais voir avec
vous, c'est le troisième... surtout le troisième alinéa, la façon que ce paragraphe est rédigé, parce qu'il y a beaucoup
de... c'est subjectif, dans le sens que l'annulation de la décision est liée à, vraiment, le ministre qui va être en
poste, parce qu'il va falloir que ce soit... l'annulation va être considérée,
évidemment, compte tenu que les critères ou la décision d'un centre de services
scolaire ne seront pas à la hauteur du ministre ou à la satisfaction du
ministre et, à son avis, aurait dû être prise en premier lieu. Donc, on a deux
termes, «à la satisfaction du ministre» et «à son avis»,
qui fait en sorte que ce paragraphe-là est très subjectif et pourrait causer un
préjudice assez sérieux à certains centres de services scolaires, dépendamment
de qui va être le ministre de l'Éducation ou de la ministre de l'Éducation.
Moi, c'était cet aspect-là, M. le ministre,
quand il y a eu la recommandation... et la députée de Saint-Laurent a parlé,
là, de la FQDE, pour peut-être assujettir toute cette question d'annulation à
des critères qui sont plutôt objectifs, à
l'effet que le centre de services scolaire ne se conforme pas à une loi ou à un
règlement du gouvernement, et non que c'est à la... et non pas à la
satisfaction du ministre. Voyez-vous ce que je veux dire? C'est très...
M. Drainville : Vous vouliez dire
«dissatisfaction», l'insatisfaction.
Mme Garceau : C'est ça, oui.
M. Drainville : Mais c'est correct.
Mme Garceau : Ça fait que donc...
M. Drainville : L'insatisfaction
versus la satisfaction. Je comprends.
Mme Garceau : Oui. C'est vraiment
lié à la personne qui va occuper le poste. Donc, on l'a dit souvent en
commission...
M. Drainville : Mais on est dans
un... Oui, excusez-moi, oui.
Mme
Garceau : ...que, dépendamment de qui va assumer le poste,
il pourrait... si ce n'est pas moi, l'autre personne après moi, mais
moi, je pense vraiment, là, à l'autre personne après vous.
M. Drainville : Ah! je pensais que
vous étiez en train de dire que vous souhaiteriez que je reste ministre de
l'Éducation très, très, très longtemps.
Mme
Garceau : Ah! bien, vous pouvez, oui, aucun problème avec
ça, sauf qu'après, le «après», jusqu'en 2026... On va mettre un terme.
Je ne voulais pas aller là, mais quand même...
M. Drainville : C'est correct, c'est
correct.
Mme Garceau : Mais si on le regarde
de façon... objectivement parlant, ça, ça pourrait vraiment causer un préjudice. Il faut penser... il ne faut pas sauter
au prochain article sans se pencher sur cette question-là et au niveau de la
façon que cet article, l'alinéa a été rédigé. Et c'est pour ça que vous avez
plusieurs critiques à cet effet. Ce n'est pas juste
la question d'annuler une décision qui a été prise par... mais c'est le
pourquoi la décision va être annulée, parce que ce n'est pas à la
satisfaction du ministre, à son avis.
Donc, est-ce
qu'on ne pourrait pas voir ou considérer qu'une annulation potentielle d'une
décision prise par un conseil, par un centre de services scolaire, que
ce soit fondé plus sur des raisons ou des motifs objectifs?
M. Drainville : Bien, c'est des
motifs objectifs. Les cibles, les objectifs, les orientations, les directives,
c'est très, très objectif, ça. Les cibles, il y en a qui sont dans le plan
stratégique. Des cibles, les objectifs, on pourrait dire que c'est apparenté aux priorités que j'ai mises
de l'avant quand j'ai dévoilé les sept priorités au mois de janvier dernier.
Objectifs, orientations, ça peut se rapprocher. Puis les directives, bien, il y
en a eu quelques-unes depuis que je suis en poste, bon, puis il y en a eu
d'autres avant, évidemment, là.
Non, moi, je
pense qu'il y a des... comment dire, la définition de la conformité est bien
établie, là, puis ça, ce n'est pas subjectif, là. L'appréciation de la
conformité, elle, devient plus... devient davantage subjective, je suis d'accord
avec vous, mais ça s'appelle la responsabilité ministérielle, Mme la
Présidente. C'est une personne qui exerce cette responsabilité-là, puis
évidemment, bien, il y a toujours une part de jugement.
• (20 h 10) •
Mme Garceau : Mais on aurait pu, M.
le ministre, le rédiger dans la façon où on regarde le premier paragraphe : «Lorsque le ministre est d'avis
qu'une décision prise par un centre de services n'est pas conforme aux cibles»,
ce n'est pas conforme aux cibles ou aux objectifs. Pourquoi ajouter toute la
partie de : ce n'est pas à la satisfaction du ministre? Pourquoi le troisième alinéa? Pourquoi la nécessité de mettre
ça là? Si ce n'est pas conforme aux cibles et aux objectifs, donc, vous
allez avoir l'autorité d'annuler la décision.
M. Drainville : Bien, la réponse,
Mme la Présidente, c'est qu'il y aura, avant ça, un processus, là, je le
rappelle, là. D'abord, il y a une évaluation qui est faite de la décision en
vertu de critères, entre guillemets, qui sont factuels. Lorsque cette
évaluation est terminée, il en informe le centre de services. Le centre de
services a un délai de 15 jours pour expliquer ses motifs. À l'intérieur
de cette période de 15 jours, il va informer le ministre de son intention,
soit d'infirmer la décision, en tout ou en partie, ou encore de la nouvelle
décision qu'il entend prendre. Puis là, bien, si, au terme des 15 jours,
le centre de services n'a pas communiqué les motivations de sa décision ou encore si les motifs qui sont donnés ou la décision qu'il
entend prendre ne sont pas, oui, à la satisfaction du ministre, bien, à ce
moment-là, le ministre a effectivement la possibilité de l'annuler. C'est
possible, mais ça ne se fait pas sur un coup
de tête, là. Il y a un processus qui va être mis en place et qui va... dans le
fond, il y aura un dialogue, là, avec le centre de services, là.
La Présidente (Mme Dionne) : D'autres
interventions sur l'article 40?
Mme Rizqy : ...m'entretenir avec le
ministre.
M. Drainville : On peut faire ça.
La Présidente (Mme Dionne) : La
commission suspend ses travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 20 h 13)
(Reprise à 20 h 16)
La Présidente (Mme Dionne) : La
commission reprend maintenant ses travaux. Donc, Mme la députée.
Mme Rizqy : On n'a pas de
commentaire supplémentaire.
La
Présidente (Mme Dionne) : Vous n'avez pas de commentaire supplémentaire.
Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention sur l'article 40, nous
allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que l'article 40 est adopté?
Des voix : Adopté.
Mme Rizqy : Sur division.
La Présidente (Mme Dionne) : Adopté
sur division. Donc, nous en serions à l'article 53.
M.
Drainville : Mme la Présidente, je demanderais le consentement
de la commission pour aller à l'article 33.1. C'est un article sur
lequel on s'est déjà penché.
Une voix : ...
M. Drainville : Oui, voilà, c'est
ça.
Des voix : ...
La Présidente (Mme Dionne) : La
commission va suspendre ses travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 20 h 18)
(Reprise à 20 h 20)
La Présidente (Mme Dionne) : La
commission reprend ses travaux. Donc, M. le ministre, vous aviez un nouvel
article à introduire.
M. Drainville : Alors,
article 33.1, article...
La Présidente (Mme Dionne) : Consentement
pour aller à l'article 33.1?
Des voix : Consentement.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci.
Allez-y. Poursuivez.
M. Drainville : Alors,
article 33.1. Article 455.2 de la Loi sur l'instruction publique.
Insérer, après l'article 33 du projet de
loi, le suivant :
33.1. L'article 455.2 de cette loi est modifié
par l'ajout, à la fin du deuxième alinéa, du paragraphe suivant :
«3° les
qualités requises pour être candidat à un poste de membre parent d'un élève du
conseil d'administration d'un centre
de services scolaire francophone lorsqu'aucune personne possédant celles
requises par le paragraphe 1° du premier alinéa de l'article 143
n'a soumis sa candidature pour représenter un district.»
Commentaires. L'amendement proposé
vise à permettre au gouvernement de prévoir, par règlement, des critères
d'éligibilité différents de ceux prévus dans
la loi pour combler les postes de membres parents du conseil d'administration
d'un centre de services scolaire francophone lorsqu'à la suite d'un premier
appel de candidatures aucun candidat ne s'est présenté.
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci, M. le ministre. Des commentaires sur
l'article 33.1?
M.
Drainville : Dans le fond, Mme la Présidente, juste pour être clair,
actuellement, pour être membre parent d'un
conseil d'administration de centre de services, il faut que tu sois membre du
comité de parents du centre de services
et aussi membre du conseil d'établissement d'une école du district visé, parce
que les centres de services scolaires sont divisés en districts, comme
des reliquats du temps des commissions scolaires, ça.
Alors,
au premier tour du régime actuel, donc au premier tour, il faut que tu sois
membre du conseil d'établissement, membre
parent du conseil d'établissement, membre du comité de parents, et, pour ce qui
est du conseil d'établissement, ça doit être d'une école du district.
Si
on n'arrive pas à avoir un parent, à ce moment-là, il y a un deuxième tour, et
lorsqu'arrive le deuxième tour il faut que tu sois toujours membre du comité de
parents du centre de services et membre d'un conseil d'établissement,
mais pas nécessairement d'une école du district visé, ça peut être d'un autre
district. Ça, c'est le régime actuel.
Ce que l'on
propose : pour le premier tour, on garde le statu quo, donc conseil
d'établissement et comité de parents, mais au deuxième tour, la seule exigence
serait que tu sois membre d'un conseil d'établissement d'une école du district
visé. Tu n'aurais plus besoin d'être membre du comité de parents.
Et la raison pour
laquelle on fait ce changement-là, et on le fait à la demande de la Fédération
des comités de parents du Québec, c'est parce que ça devient très exigeant, Mme
la Présidente. Il faut que tu sois sur un conseil d'établissement, il faut que tu sois sur le comité de parents, puis,
après ça, tu sièges au conseil d'administration. Ça devient très, très
exigeant pour les parents, Mme la Présidente.
Donc, c'est encore
possible, cela, mais si jamais... parce que, justement, c'est très exigeant, il
n'y a pas de candidatures parents qui se manifestent pour devenir membre du
conseil d'administration du centre de services, mais, à ce moment-là, ce sera possible pour un parent qui est membre d'un
conseil d'établissement d'une école du district visé d'aller siéger au
conseil d'administration sans devoir siéger au comité de parents en plus. Donc,
on assouplit les règles pour faciliter la représentation des parents sur les
instances visées.
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il y a des interventions
sur l'article 33.1? Donc, s'il n'y a
pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que
l'article 33.1 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme
Dionne) : Adopté. Article...
M. Drainville :
Mme la Présidente, on va demander
un autre consentement, parce qu'on a adopté un amendement qui prévoyait
que les documents soient transmis au conseil d'établissement et au conseil
d'administration 15 jours avant la rencontre, mais la Fédération
québécoise des comités de parents nous ont fait savoir que 15 jours,
c'était peut-être un peu trop exigeant comme délai. Et donc sept jours serait
suffisant et serait idéal parce que, comme Mme Payne nous l'expliquait il
y a un instant, ça permettrait aux comités, aux membres des comités parents,
aux représentants parents de pouvoir prendre
connaissance des dossiers les fins de semaine. Les cadres scolaires également,
Mme la Présidente, nous, on fait des
représentations là-dessus, sur la transmission des documents. Et, si je ne
m'abuse, aussi les membres des... les représentants des directions
d'école aussi, je pense, nous en ont parlé.
Une voix : ...
M.
Drainville : Direction générale. Des centres de services?
Une voix : Oui.
M. Drainville :
Oui, voilà. Alors donc, Mme la
Présidente, je proposerais que nous retournions, donc, à l'article 1.2.
Avec consentement, je vais retirer
l'amendement que nous avions déposé, et on va le remplacer par un nouvel
amendement.
La Présidente (Mme
Dionne) : D'accord. Est-ce qu'il y a consentement pour retirer
l'amendement à 1.2? Consentement. Donc, M. le ministre, je vous laisse faire la
lecture du nouvel amendement.
M.
Drainville : Article 1.2. Article 67 de la Loi sur
l'instruction publique.
Insérer, après
l'article 1.1 du projet de loi tel qu'amendé, le suivant :
1.2.
L'article 67 de cette loi est modifié, dans le troisième alinéa :
1° par la suppression
de «À moins que les règles de régie interne n'en disposent autrement,»;
2° par le remplacement
de «deux» par «sept».
La
Présidente (Mme Dionne) : Est-ce qu'il y a des interventions sur
l'amendement proposé? Est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme
Dionne) : Donc, est-ce que l'article 1.2, amendé de nouveau, est
adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme
Dionne) : D'accord. Adopté. Est-ce qu'on poursuit à l'article 53
ou non?
M. Drainville :
Avec le consentement de la
commission, Mme la Présidente, nous irions maintenant à l'article 14.1.
C'est essentiellement le même principe.
La Présidente (Mme Dionne) : Est-ce
qu'il y a consentement pour aller à l'article 14.1? Allez-y, M. le
ministre, la parole est à vous.
M.
Drainville : Alors, article 14.1. Article 162 de la Loi sur
l'instruction publique.
Insérer, après
l'article 14 du projet de loi, le suivant :
14.1.
L'article 162 de cette loi... Pardon?
La Présidente (Mme
Dionne) : Excusez-moi, M. le ministre. Est-ce qu'il y a d'abord
consentement pour retirer l'amendement adopté? Oui. Parfait. Alors,
l'amendement adopté est retiré. Vous pouvez poursuivre la lecture du nouvel
amendement.
M.
Drainville : Donc : 14.1. L'article 162 de cette loi est
modifié, dans le troisième alinéa :
1° par la suppression
de «À moins que les règles de fonctionnement n'en disposent autrement,»;
2° par le
remplacement de «deux» par «sept».
La Présidente (Mme
Dionne) : Est-ce qu'il y a des interventions sur l'amendement proposé?
S'il n'y a pas d'intervention, est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme
Dionne) : Est-ce que l'article 14.1, nouvellement amendé, est
adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme
Dionne) : On poursuit à 53.
M.
Drainville : L'article 53, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Dionne) : Oui, je vous laisse en faire la lecture, M. le ministre.
M. Drainville : Article 53. Loi sur
les élections scolaires visant certains membres des conseils d'administration
de centres de services scolaires anglophones.
53.
L'article 200.2 de la Loi sur les élections scolaires visant certains
membres des conseils d'administration des centres de services scolaires
anglophones (chapitre E-2.3) est abrogé.
Commentaires. La
règle prévue à l'article 200.2 de la Loi sur les élections scolaires
visant certains membres des conseils
d'administration des centres de services scolaires anglophones permet au
ministre de nommer des membres pour siéger au conseil d'administration
d'un centre de services scolaire anglophone lorsqu'en raison de vacances le
quorum ne peut être atteint. Or, la modification proposée à l'article 160
de la Loi sur l'instruction publique par l'article 14 du projet de loi,
laquelle vise à faire en sorte que le quorum aux séances du conseil
d'administration soit constitué de la
majorité des membres en fonction, a pour conséquence que l'article 200.2
n'a plus sa raison d'être. L'article propose
donc d'abroger la règle prévue à l'article 200.2 de la Loi sur les
élections scolaires visant certains membres des conseils
d'administration des centres de services scolaires.
• (20 h 30) •
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il y a des commentaires ou
interventions sur l'article 53?
Mme Rizqy : ...partie
de la liste de l'article 75?
Une voix : Non.
M. Drainville : Je vais laisser
notre légiste, M. Alexandre Guyon Martin, nous expliquer pourquoi.
La Présidente (Mme
Dionne) : Allez-y, M. le légiste.
M. Guyon Martin (Alexandre) : Oui.
Donc, avec la modification qui a été apportée à la règle du quorum pour faire
en sorte que le quorum ne soit plus en fonction du nombre de postes, mais en
fonction plutôt du nombre de membres en
poste, le quorum va changer en fonction du nombre de membres en fonction. Donc,
l'article 200 ne trouvera plus d'objet et n'aura plus d'utilité.
Mme Rizqy : Je ne suis pas certaine
de comprendre. Désolé.
M. Guyon Martin (Alexandre) : Je...
Mme Rizqy : Parce qu'on peut aller
dans un autre article.
M. Drainville : On peut faire ça, le
temps que M. le légiste puisse nous documenter.
Mme Rizqy : On pourrait peut-être...
La Présidente (Mme Dionne) : Est-ce
qu'il y a consentement pour suspendre l'article 53?
Mme Rizqy : Consentement.
La Présidente (Mme Dionne) : Consentement.
Mme Rizqy : ...suspendu.
M. Drainville : ...
Mme Rizqy : Oui, on l'avait
suspendu, on pourrait le régler.
La Présidente (Mme Dionne) : Est-ce
qu'il y a consentement pour aller à l'article 22?
M. Drainville : Très bien. Voilà,
l'article 22, je pense, avait été lu.
La Présidente (Mme Dionne) : Il y
avait une question, je crois, qui était...
Mme Rizqy : Je pense que la
question, c'était au niveau du délai, là, deuxième alinéa.
M. Drainville : Je ne sais pas si M.
le légiste, qui est déjà en recherche de réponses, pourrait quand même prendre
un petit moment pour nous expliquer le deuxième alinéa de 201.2. L'élément
succession par donation, hein, je pense que c'était ça, la question, hein?
Mme
Rizqy : Oui, mais d'après moi, de toute façon... Moi, ce
que je comprends, en diligence, c'est que si, par exemple, le temps
d'ouvrir une succession, des fois, ça prend du temps — d'autant
plus, par exemple, une personne est décédée
à l'étranger — il
faut d'abord faire une insertion au registre du Directeur de l'état civil.
Après ça, on doit ouvrir la succession, liquider la succession, il y a un
délai, mais on s'attend à ce que personne complète les délais en temps utile,
là. C'est ça?
M. Drainville : Exactement.
Mme Rizqy : O.K. D'accord.
La Présidente (Mme Dionne) : Est-ce
qu'il y a d'autres interventions sur l'article 22? Est-ce que
l'article 22 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Dionne) : Adopté.
M.
Drainville : Est-ce qu'on fait tous les articles qu'on avait
suspendus? Est-ce que vous avez la réponse à la question, M. le légiste?
On pourrait retourner, Mme la Présidente, à notre légiste qui pourra nous
éclairer.
La Présidente (Mme Dionne) : On
retourne à l'article 53?
M. Drainville : Sur 53, là.
La
Présidente (Mme Dionne) : Consentement pour l'article 53?
Parfait.
M. Guyon Martin
(Alexandre) : Oui. Donc, en fait, il y a l'article 160 de la Loi
sur l'instruction publique qui dit : Le quorum aux séances du conseil
d'administration du centre de services scolaires est de la majorité de ses membres. On a modifié cet article-là pour ajouter,
à la toute fin, «en fonction». Donc, le quorum va varier en fonction du
nombre de membres en fonction.
Maintenant,
l'autre modification qui est proposée à l'article 53 du projet de loi qui
abroge l'article 202... 200.2, pardon, c'est les cas où, en raison
de l'absence de quorum, le directeur général du centre de services scolaires
doit informer le ministre. Et le ministre
peut nommer un administrateur, un membre du conseil d'administration, en fait,
en nombre suffisant pour atteindre le quorum. Mais étant donné qu'avec la
modification qui a été proposée à l'article 14, le quorum va varier en fonction du nombre de
membres, cette situation où le ministre va devoir nommer des membres ne
se présentera plus.
Mme Rizqy :
Mais moi, j'ai l'impression que ça devrait peut-être faire partie de
l'article 75 parce que c'est en lien
direct avec les commissions scolaires... les centres de services scolaires, où
est-ce qu'il y a une distinction en régime. Je vous proposerais qu'on
ajoute cet article-là dans les dispositions transitoires ou peut-être de
valider, là, parce qu'il y a un impact. On pourrait l'ajouter.
M.
Drainville : ...rajouter la transitoire. Alors, on va l'ajouter aux
transitoires.
Mme Rizqy : O.K.,
parfait. On le fera à la fin.
M. Drainville :
À la fin, oui, exactement.
Mme Rizqy : Parfait.
Merci. De toute façon, on pourrait modifier jusqu'à la toute fin. D'accord.
M.
Drainville : On va l'ajouter. O.K.
Mme Rizqy : D'accord.
Parfait.
M.
Drainville : On pourrait aller, Mme la Présidente, à 1.1.
La Présidente (Mme
Dionne) : Donc, il faudrait juste suspendre l'article 53 pour...
Mme Rizqy : En
fait, l'article, je pense qu'il peut exister, mais avec les règles de 75, et on
peut... C'est ça, c'est l'entrée en vigueur qui serait différente en vertu du
décret.
La Présidente (Mme
Dionne) : Ah! il serait juste dans un bloc différent?
Mme Rizqy : Oui,
c'est ça. Donc, on peut le régler maintenant.
La Présidente (Mme
Dionne) : O.K. Donc, on l'adopte.
Mme Rizqy :
O.K., bien, nous autres, ça va être abstention.
La Présidente (Mme
Dionne) : Est-ce que l'article 53 est adopté?
Mme Rizqy : Bien,
division pour nous, là, mais...
M.
Drainville : Alors, adopté. Puis on s'assure, Alexandre...
La Présidente (Mme
Dionne) : Sur division.
M. Drainville :
Très bien. Là, on a deux autres
articles, Mme la Présidente, qui sont suspendus. À ma connaissance, il
n'en reste que deux. Il y en avait un, c'était 1.1. Ça, je pense que ça peut
aller...
La Présidente (Mme
Dionne) : C'était 1.1 puis 5.
M.
Drainville : 1.1 et 5. Bravo! On fait la même lecture.
La Présidente (Mme
Dionne) : Vous voulez aller à quel article, M. le ministre?
M.
Drainville : 1.1, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme Dionne) : 1.1.
Est-ce qu'il y a consentement pour aller à l'article 1.1?
Des
voix : Consentement.
La Présidente (Mme
Dionne) : Consentement.
M.
Drainville : On peut procéder, je pense, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne) : Est-ce
qu'il y a des interventions sur l'article 1.1? Donc, s'il n'y a pas d'intervention,
est-ce que l'article 1.1 est adopté?
Des voix :
Adopté.
M. Drainville : On avait suspendu 5. La question, c'était : Quel est le nombre
limite de directeurs ou directrices adjointes...
de directions adjointes, je vais le dire comme ça, qui... par école? Il n'y a
pas de limite, Mme la Présidente. Ça
dépend de la grosseur de l'école, ça dépend du nombre... du plein d'effectifs,
pour être bien précis. C'était la question que la...
Mme Rizqy : ...exagérer,
là?
M.
Drainville : Non, non, non. Absolument.
Mme Rizqy : O.K.
D'accord. Parfait. Merci beaucoup pour les explications.
La Présidente (Mme
Dionne) : Parfait. Alors, est-ce qu'il y a d'autres... L'article 5 est
adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme
Dionne) : Adopté. Donc, pour le bloc Gouvernance, nous aurions
terminé. Alors, nous serions rendus au bloc 2, Services éducatifs,
article 27.
M. Drainville :
...à l'article 27. Alors,
j'enchaîne avec la lecture, Mme la Présidente. 27. L'article 240 de cette loi
est modifié par l'ajout, à la fin, de l'alinéa suivant :
«Le centre de
services scolaire peut organiser et dispenser dans cette école des services
particuliers d'accueil et de soutien à
l'apprentissage de la langue française ou des services éducatifs dans des
classes ou des groupes spécialisés visés à l'article 235 à des
élèves qui ne sont pas admis au projet particulier pour lequel celle-ci est
établie.»
Commentaires. Cet
article propose de permettre au centre de services scolaire d'organiser, dans
des écoles établies aux fins d'un projet
particulier, des services particuliers de francisation et des services
spécialisés à des élèves handicapés ou en difficulté d'adaptation ou
d'apprentissage à des élèves qui ne sont pas admis au projet particulier.
La Présidente (Mme
Dionne) : Des commentaires ou suggestions? Mme la députée de
Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Oui. Alors, j'ai envoyé un amendement qui est déjà
disponible sur Greffier. C'est l'amendement dont je faisais référence la semaine passée et aussi tantôt, lorsqu'on
avait repris nos travaux. J'ai mentionné l'histoire qui s'est passée ici, dans... Capitale-Nationale, où
on a eu un enfant de cinq ans qui a fait, en maternelle, un examen d'admission
pour aller à son école de quartier, qui
était située juste de l'autre côté de la rue, et où, d'ailleurs, un des membres
de sa famille était déjà à l'école.
Et, bien, l'enfant en question a été refusé parce qu'on a jugé qu'elle n'a pas
réussi son examen.
Donc, on a dit à un
enfant qu'il était en échec dès la maternelle et que, conséquemment, il devait
aller dans une autre école qui était située
beaucoup plus loin, et non pas dans son quartier, et encore moins dans son
bassin d'origine. Et la raison que le centre de services scolaire a mentionnée
à l'époque, c'était : Ah oui! bien, on a un autre établissement que nous, on considère être un deuxième pavillon.
Or, il y a deux équipes-écoles complètement distinctes, et, visiblement,
on ne peut pas être à un kilomètre ou deux
kilomètres de distance et essayer de prétendre que c'est la même école. Ça ne
fait aucun sens, ça dépasse le sens même commun et usuel de termes «école» et
«établissement», là, le sens commun qu'on peut voir dans le
dictionnaire.
Alors,
l'article 27... L'article du projet de loi est remplacé par le
suivant : L'article 240 de cette loi est modifié par :
1° l'insertion à la
fin du second alinéa, de la phrase suivante :
«Toutefois, ces
critères d'inscription ne peuvent avoir pour effet d'exclure de l'école un
élève dont le lieu de résidence est à proximité des locaux de l'école, à ceux
dont une soeur ou un frère ou un autre élève avec qui ils cohabitent fréquente
cette école et aux autres élèves qui fréquentent déjà cette école.»
• (20 h 40) •
2°.
«Le centre de services scolaire peut organiser et dispenser dans cette école
des services particuliers d'accueil [ou] de soutien à l'apprentissage de
la langue française ou des services éducatifs dans des classes ou des groupes spécialisés visés à l'article 235 à des
élèves qui ne sont pas admis au projet particulier pour lequel celle-ci est
établie.»
Ça,
ça viendrait vraiment colmater... je ne dirais pas la brèche, parce qu'il n'y a
pas de brèche dans la Loi sur la l'instruction
publique. Il y a une mauvaise interprétation où est-ce qu'on en fait...
vraiment, on étire l'élastique juridique et linguistique pour nous faire
croire que deux établissements seraient une même école, alors qu'ils ne sont
même pas à un jet de pierre ou de l'autre côté de la rue, ils sont carrément à
plus d'un kilomètre de distance.
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci, Mme la députée.
Mme Rizqy : Et, en plus, je rappelle
qu'on avait déjà instauré, dans un autre projet de loi, la notion de... bien, le bassin existe toujours, là, l'école de
bassin. Donc, ça, ça a toujours existé, là. Habituellement, un enfant fréquente
son école dans son bassin. Puis l'autre qu'on avait aussi instauré, c'est qu'on
essaie de ne pas séparer la fratrie. Donc,
ça, c'est quelque chose qui a toujours existé. Puis évidemment, une école... un
enfant qui est déjà dans une école... on ne va pas mettre dehors un enfant qui
fréquente déjà son école parce qu'on veut instaurer un projet pédagogique
particulier.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
Mme la députée. M. le ministre.
M.
Drainville : Bien, comme j'ai eu l'occasion de l'indiquer tout
à l'heure, Mme la Présidente, encore une fois, l'intention de la députée de Saint-Laurent est tout à fait louable, sauf
que de soulever cet enjeu-là à ce stade-ci, Mme la Présidente... C'est un enjeu
qui est quand même complexe. Pour répondre à cette problématique-là, il faudrait
aborder plusieurs enjeux différents qui ne concernent pas que les
infrastructures physiques, là, qui nous obligeraient, par exemple, à préciser les conditions pour que les
écoles de quartier offrent des projets particuliers, l'utilisation des critères
d'admission pour des projets particuliers dans une école de quartier.
Il y a plusieurs autres enjeux, Mme la
Présidente, que ceux qui sont soulevés légitimement par la députée de
Saint-Laurent. Et donc, Mme la Présidente, je pense que ce débat-là ou cette discussion-là,
sur 240, on devrait l'avoir, mais dans un
autre forum, pas celui du projet de loi n° 23. Je le dis en tout respect
pour la députée de Saint-Laurent, mais je pense que ce serait préférable que nous nous réservions un autre espace
pour discuter de cet enjeu-là, pas l'étude article par article du projet
de loi n° 23.
Mme
Rizqy : O.K. Moi, j'ai déposé le projet de loi le 16 mars
et, lorsqu'il y a eu le dépôt de votre projet de loi sur la gouvernance scolaire, j'avais dit, à ce
moment-là, que j'allais quand même en profiter pour faire cet amendement-là. J'ai
annoncé mes couleurs depuis longtemps, le projet de loi a été public dès le 16
mars, et je l'avais redéposé ici, en commission, dès la semaine passée. Alors,
je pense que j'ai fait quand même mes devoirs.
Par contre, est-ce que vous pouvez, vous, vous
engager, lorsque... la prochaine fois qu'on rouvre la Loi sur l'instruction
publique, à revoir cette disposition en gardant en tête, évidemment, la triste
histoire qui a défrayé les manchettes deux
fois plutôt qu'une? Parce que je ne pense pas qu'on veut avoir un enfant qui se
fasse dire qu'il ne peut pas fréquenter son école de quartier, là. Ce n'est pas
ça, l'objectif des projets pédagogiques particuliers. L'objectif, c'est
que les enfants du quartier, un, puissent aller à leur propre école, puis,
évidemment, de les enraciner dans leur milieu de
vie, et, évidemment, avec des projets pédagogiques particuliers, c'est de leur
donner toujours le goût de rester à l'école, mais leur école de quartier. Est-ce que ça, on pourrait peut-être avoir
une ouverture de votre part pour une prochaine fois, là, dire : À
la prochaine?
M. Drainville : Bien, on peut se
dire à la prochaine, Mme la Présidente. Quelle sera cette prochaine, ce sera à
préciser, évidemment, mais je suis d'accord que ce serait une bonne idée
d'avoir une discussion là-dessus...
Mme Rizqy : Ah! parfait.
M. Drainville : ...mais il faut
avoir le portrait d'ensemble, Mme la Présidente, pour bien comprendre l'effet
pratique qu'une telle mesure aurait sur l'organisation scolaire. Il faut
l'aborder dans sa globalité.
Mme Rizqy : D'accord. Comptez sur
moi pour vous relancer.
M. Drainville : Pour l'aborder dans
la globalité.
Mme Rizqy : Toujours.
M.
Drainville : C'est très bien. Je peux compter sur vous pour
plein de choses, Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Quand vous voulez.
La
Présidente (Mme Dionne) : Alors, est-ce qu'il y a d'autres commentaires
sur... Oui, allez-y, Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Oui. J'aurais un
commentaire par rapport à l'amendement de la collègue. En fait, ce que ça fait aussi, par rapport aux projets particuliers,
c'est qu'on a... cet amendement-là, aussi, ce que je vois derrière ça, c'est
que ça permet d'éviter d'expulser des élèves
de l'école de leur quartier. Parce qu'en ce moment, dans la loi, il n'y a rien
qui empêche ça, qui empêche que des élèves soient expulsés puis envoyés
ailleurs... de l'école de leur quartier parce qu'il
y a une décision qui a été prise que l'école du quartier n'offrirait pas de
formation générale puis ce serait juste des projets particuliers.
Je pense,
entre autres, au cas de l'école Cardinal-Roy, dans les quartiers Saint-Roch et
Saint-Sauveur. Puis c'est aussi des
quartiers où il y avait beaucoup... dans cette école-là, beaucoup, beaucoup
d'enfants de la loi 101, hein? Vous savez à quel point ça me tient à coeur, les
enfants de la loi 101. Et imaginez toute la désorganisation que ces élèves-là auraient
subie de quitter l'école. Finalement, ça ne s'est pas avéré parce qu'il y a eu
une mobilisation citoyenne extrêmement forte
pour dire : Ne touchez pas à mon école de quartier. Puis, s'il n'y avait
pas eu cette mobilisation-là, bien,
ces élèves-là auraient été obligés de faire la route pour aller dans une autre
école, plus loin que celle de leur quartier, parce que, dans cette école-là, on a décidé que c'est juste des projets
particuliers, puis la loi le permet. Encore aujourd'hui, la loi le
permet.
Donc, on a ici le
projet de loi, devant nous, avec cet article-là, l'article 27. Ce serait bien
d'en profiter pour corriger cette erreur-là.
Puis ici, dans l'amendement de ma collègue, ça éviterait cette situation-là,
pour ne pas qu'on se retrouve avec un autre cas comme ça.
M.
Drainville : Encore une fois, Mme la Présidente, je comprends le sens
de l'intervention de la députée de Mercier, mais je pense que cette
question-là, de ce qu'on appelle les écoles 240, doit être abordée dans sa
globalité. On ne peut pas discuter de cet enjeu-là seulement à partir de cette
seule dimension. Il faut la regarder de façon plus générale, et donc je ne
crois pas que ce soit le bon forum pour le faire.
Mme Ghazal : Je
n'ai pas trop compris. Quels autres forums?
M.
Drainville : Bien là, ça restera à voir, Mme la Présidente, là. Il
reste encore trois ans au gouvernement. Est-ce qu'il y aura d'autres projets de
loi, qui seront éventuellement déposés, qui pourraient être des forums? Il y a
toujours les crédits qui peuvent être une occasion également d'avoir des
discussions sur à peu près tous les sujets, puisque,
dès qu'il y a une dimension financière, ça peut être le bon moment puis le bon
forum pour en parler. Je vais laisser ça
à la créativité de la députée de Mercier, Mme la Présidente, et à celle de
Saint-Laurent... la députée de Saint-Laurent, ou d'autres députés
d'opposition, mais je pense que...
Mme Ghazal : Bien,
je ne vois pas pourquoi est-ce qu'on ne pourrait pas en parler, puisque le
ministre veut profiter du projet de loi n° 23
pour amener des amendements en lien avec les violences sexuelles dans les
écoles, alors que moi, je pense que, pour traiter de ce sujet-là, c'est
beaucoup mieux d'avoir un projet de loi, une loi-cadre, comme celle que
j'ai déposée, pour faire la prévention des violences sexuelles dans les écoles.
Donc, si, dans un
projet de loi dont le titre, c'est la Loi sur l'instruction publique...
attendez, oui, c'est ça, Loi modifiant principalement la Loi sur l'instruction
publique et édictant la Loi sur l'Institut national d'excellence en éducation.
C'est ça, le titre, ça ne parle pas de violences sexuelles puis de prévention
des violences sexuelles. On parle de
gouvernance, d'autres sujets, mais le ministre trouvait que c'était opportun de
faire ces amendements-là dans le cadre du projet de loi.
Bien là, on a ici un
article sur les écoles 240, où on peut corriger une situation qui pourrait se
reproduire. Puis ça a fait les manchettes. Je vous parle de l'école
Cardinal-Léger, il y a eu aussi une autre école où on séparait, là, deux enfants, dont une en maternelle qui ne
pouvait pas aller dans l'école de quartier... pardon, parce qu'elle ne pouvait
pas... elle n'a pas passé un examen, là, si je me rappelle bien, là. C'est une
histoire qui est sortie dans les médias, où on séparait, là, la fratrie
parce qu'une des deux enfants de la même famille n'a pas réussi un examen, donc
ne pouvait pas aller dans les projets
particuliers de l'école de quartier. Elle ne pouvait pas rejoindre son frère,
il fallait qu'elle aille ailleurs. Je veux dire, c'est une situation
inacceptable, tous les enfants... J'aimerais savoir ce serait quoi, la
justification qu'un enfant ne puisse
pas fréquenter l'école de son quartier? Il n'y a rien qui justifie ça, puis la
loi, en ce moment, le permet.
M.
Drainville : Oui. Mme la Présidente, encore une fois, je ne veux pas
entrer dans une discussion sur les écoles
240, parce que c'est un sujet très complexe, qui est multidimensionnel. Et donc
je réitère qu'un autre moment serait plus approprié, puis ça nous permettrait
d'avoir une discussion qui va aborder tous les aspects de la question dans
sa complexité.
• (20 h 50) •
Mme Ghazal : Tous
les aspects du sujet des écoles à projets particuliers?
M.
Drainville : Bien, en particulier ce qu'on appelle les écoles 240, là,
en particulier celles-là. On pourrait parler,
si vous voulez, des écoles à projets particuliers, de façon générale. Ça me
fait toujours plaisir de parler des projets particuliers puisque c'est une priorité, comme vous le savez, du
gouvernement, puis on a... enfin, on en a fait... on souhaite qu'ils se
déploient le plus possible, les projets particuliers.
Maintenant, sur les
écoles 240 en particulier, Mme la Présidente, ça, c'est un... c'est vraiment un
enjeu qui est assez complexe, et puis je ne
crois pas que c'est... je ne me sens... je ne souhaite pas, Mme la Présidente,
que nous ayons cette discussion-là
actuellement, à l'intérieur du projet de loi n° 23. Je pense qu'il
faudra avoir un moment pour le faire et le faire correctement.
Mme Ghazal : Puis est-ce que c'est possible... Je ne sais pas,
si, par exemple, le gouvernement a l'intention de déposer une loi ou un
projet de loi sur les écoles 240, est-ce que c'est possible, avant d'arriver
avec déjà toutes sortes de décisions déjà prises, d'en discuter avant avec les
intervenants, avec les gens du milieu scolaire?
M.
Drainville : Mme la Présidente, c'est nettement prématuré d'évoquer un
scénario comme celui-là, là.
Mme
Ghazal : Parce que, là, le ministre dit : un autre
forum. Là, moi, je suis un petit peu dans les limbes, là, quand il dit ça. Il a peut-être quelque chose en tête de
précis puis que, peut-être, tu sais, il pourrait nous indiquer un peu plus.
M. Drainville : Non, non, je n'ai
pas de... non, non, très honnêtement, Mme la Présidente, je n'ai pas à l'idée
d'un moment qui est déjà décidé, là, puis qui adviendra, éventuellement, là. Ce
n'est pas du tout ça, là, le sens de mon propos.
Mme Ghazal : Bien, est-ce que ce
serait un projet de loi? Est-ce que ce serait par un projet de loi? C'est quoi,
les autres moyens qu'une loi?
M. Drainville : Bien, on pourrait,
par exemple, convenir d'un moment où on se réunira informellement pour en
discuter. On pourrait commencer par ça, pour d'abord bien se comprendre sur les
écoles 240.
Mme Ghazal : «On», ce serait qui?
M. Drainville : «On» étant vous, la
députée de Saint-Laurent, moi-même, possiblement d'autres députés qui
souhaiteraient se joindre à nous, des députés de notre commission qui sont
intéressés par les enjeux de l'éducation. Tous
les députés qui ont participé à cette commission parlementaire, et que je
salue, d'ailleurs, je pense qu'on pourrait les inviter également.
Mme Ghazal : Puis ça s'appellerait
comment? Excusez-moi, j'essaie juste de fitter ça dans les procédures
parlementaires.
M. Drainville : On parle d'une...
nous parlons d'une rencontre informelle, pour débuter, là, quelque chose juste pour s'entendre sur les différentes
dimensions du problème, parce qu'honnêtement c'est quand même assez complexe.
Mme Ghazal : Puis est-ce qu'il
pourrait y avoir, après ça, une consultation? Avant que le ministre arrive avec
un dépôt d'une proposition, est-ce qu'il pourrait y avoir une consultation avec
des intervenants?
M. Drainville : Là, Mme la
Présidente, là, la seule proposition que je fais, pour le moment, c'est d'une
rencontre informelle à l'intérieur du cadre formel pour qu'on ait une
discussion d'ordre général sur la problématique des écoles 240. Puis je ne dis
pas qu'il y a... Il n'y a pas de... dans mon esprit, là, il n'y a pas de suivi.
Je veux juste manifester une bonne foi, Mme la Présidente, je ne veux pas
envoyer le message que je repousse ça du revers de la main, là, puis je veux juste passer à autre chose, là. C'est une
problématique qui est complexe. Et puis tout ce que je vous propose, c'est que
nous commencions par une discussion informelle, probablement après les fêtes,
là, parce qu'avant les fêtes, je pense que ça va être un peu compliqué,
là.
Mme Ghazal : Ah! O.K., je commence à
avoir un moment. C'est bon.
M. Drainville : Mais, après les
fêtes, on pourrait convenir d'un moment où on pourra discuter de cet enjeu-là puis voir un peu quelle est notre compréhension,
de part et d'autre, de cet enjeu-là, parce que, comme je vous dis, c'est
quand même assez complexe.
Mme
Ghazal : Bien, moi, ça me rappelle quand je portais...
quand j'étais porteuse d'autres dossiers, par exemple, en environnement. Il y a eu aussi mon autre
collègue, en culture, où est-ce qu'on avait des discussions comme ça entre
les députés des différents partis. C'étaient des mandats d'initiative. C'est
superintéressant, ça.
M. Drainville : Oui, oui. Non, je
sais, mais là je ne suis pas en train de vous parler d'un mandat d'initiative,
je suis en train de vous parler d'une discussion informelle, là.
Mme Ghazal : Mais qui pourrait
conduire, peut-être... Je veux dire, est-ce qu'il y a une ouverture pour que,
peut-être, ça arrive à un mandat d'initiative?
La
Présidente (Mme Dionne) : Je vous propose peut-être de revenir à
l'article 27, puis on pourra discuter de ça...
Mme Ghazal : ...
La
Présidente (Mme Dionne) : Oui. Bien là, on parle peut-être d'un autre
éventuel mandat. En tout cas, je veux juste vous ramener à
l'article 27, si possible.
M. Drainville : ...d'évoquer ce
scénario.
Mme Ghazal : ...le ministre n'est
pas fermé après... Il va y avoir une rencontre informelle, ça, c'est sûr. Ça,
c'est sûr...
M. Drainville : Commençons
par la rencontre informelle.
Mme Ghazal : ...qui pourrait
peut-être, oui ou non, aboutir vers un mandat d'initiative.
M. Drainville : Commençons par la
rencontre informelle.
Mme Rizqy : ...si je peux me
permettre, parce que moi, mon objectif... Je ne veux même pas de mandat d'initiative, parce que l'enjeu, il est connu,
puis ça fait maintenant deux ans, que la mère de l'enfant a dépensé
15 000 $ pour aller devant
la Commission des droits de la
personne et des droits de la jeunesse,
que... pour moi, c'est une aberration, et que le ministre précédent avait même admis que ça n'avait pas de bon
sens qu'un enfant de cinq ans passe un examen, et qu'on avait adopté, dans
l'ancienne législature, le concept de fratrie.
Je ne pense pas qu'on a même besoin d'aller plus
loin parce que c'est comme normal, et ça a toujours été comme ça. L'école de ce qu'on appelle le bassin... l'enfant est supposé
d'être dans son école de bassin, donc dans son école de quartier. Puis
on aime les projets pédagogiques particuliers, mais ça ne peut pas se faire au
détriment d'un enfant qui habite dans le
quartier, ou qu'un de ses frères et soeurs est déjà dans l'école, ou, pire,
qu'un enfant est déjà dans l'école puis qu'il se fait mettre dehors.
Moi, je pense qu'il faut rester ça simple. Puis, si vous voulez, on s'en
reparle après les fêtes, on va être
disponibles, là. De toute évidence, ma collègue, elle va être disponible, mais
moi, le plus tôt qu'on va l'adopter... Je ne veux pas partir en tournée
régionale, là, je veux l'adopter.
M. Drainville : C'est bien noté.
La Présidente (Mme Dionne) : Est-ce
qu'il y a d'autres interventions sur l'article 27... sur l'amendement de l'article 27?
Non. Est-ce que l'amendement de l'article 27 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Dionne) : Donc,
est-ce que l'article...
Mme Rizqy : Oui, adopté.
La Présidente (Mme Dionne) : Donc, est-ce
que l'article...
Une voix : On est contre.
Des voix : ...
La Présidente (Mme Dionne) : Merci.
Donc, nous étions sur l'amendement de...
Des voix : ...
La
Présidente (Mme Dionne) : On
recommence, bon. Donc, l'amendement est rejeté. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'article 27? Est-ce que l'article 27 est adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
La Présidente (Mme Dionne) : Sur
division. Article 33.
M.
Drainville : Oui. Alors, article 33 : Cette loi est
modifiée par l'insertion, après l'article 448.1, du suivant :
«449. Le gouvernement peut, par règlement :
«1° déterminer, parmi les situations
exceptionnelles ou imprévisibles empêchant qu'ils soient reçus à l'école,
celles dans lesquelles les services de l'éducation préscolaire et de
l'enseignement primaire et secondaire prévus par le régime pédagogique établi en vertu de l'article 447 peuvent être
dispensés à distance, selon les conditions et modalités qu'il indique;
«2° établir les conditions et modalités suivant
lesquelles les services particuliers d'enseignement à domicile ou en milieu
hospitalier prévus par ce régime pédagogique peuvent être dispensés à distance.
«Ce règlement peut notamment :
«1° exiger l'autorisation du ministre dans
certains cas;
«2° habiliter le ministre à accorder, sur
demande motivée, l'autorisation pour un élève ou un groupe d'élèves de recevoir
des services éducatifs à distance selon des règles qui dérogent à une
disposition du règlement pris en application
du présent article ou à une disposition du régime pédagogique, sous réserve des
règles de sanction des études;
«3° prévoir les cas dans lesquels l'exigence
d'une mention au permis prévue à l'article 11 de la Loi sur l'enseignement
privé (chapitre E-9.1) ne s'applique pas.»
Commentaires.
Cet article propose l'introduction d'une habilitation permettant au
gouvernement de déterminer par règlement les normes, conditions et modalités
permettant que soient dispensés à distance des services éducatifs au
préscolaire, au primaire et au secondaire.»
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. le ministre. Est-ce qu'il y a des interventions sur l'article 33?
• (21 heures) •
Mme Rizqy : Plusieurs, parce que,
là, on passe par règlement, puis, vous vous rappelez, il y avait eu beaucoup de craintes qui ont été exprimées par
rapport à l'enseignement à distance. Alors, M. le ministre, est-il de votre intention
de pallier à une pénurie de main-d'oeuvre dans le réseau de l'éducation en
utilisant la formation à distance?
M. Drainville : L'objectif de notre
gouvernement, Mme la Présidente, c'est le présentiel. Maintenant, on convient
qu'il peut y avoir des situations exceptionnelles ou imprévisibles qui vont
faire en sorte qu'on va devoir donner ou
fournir une éducation à distance, et c'est ce que cette disposition prévoit,
mais l'objectif, Mme la Présidente, ce n'est pas de développer l'éducation à
distance. L'objectif, c'est de prévoir l'éducation à distance lorsque nous
n'avons pas d'autre option, de là les mots «exceptionnelles» ou
«imprévisibles».
Mme
Rizqy : Est-ce que vous avez vu les commentaires de
l'OPHQ, l'Office des personnes handicapées du Québec?
M. Drainville : Plus précisément...
Mme Rizqy : Bien, plus précisément,
c'est qu'eux veulent vraiment être consultés pour l'élaboration du règlement,
parce que, dans leur cas, c'est encore plus important, je vais vous le dire,
l'enseignement à distance, parce qu'il faut que ce soit adapté à leur réalité.
Sinon, ils craignent qu'il y ait un effet d'exclusion ou de ségrégation qui pourrait être entraîné, si jamais le service n'est
pas équivalent à ce qu'ils sont en droit de recevoir, puis, évidemment, ça pourrait
même mener à des recours juridiques, là.
M. Drainville : Oui. Il ne faut pas
oublier, Mme la Présidente, que c'est un règlement qui est assujetti à la Loi sur les règlements, donc il y aura
prépublication et consultation. Donc, l'OPHQ pourra, à ce moment-là, nous
transmettre ses observations, ses préoccupations.
Mme Rizqy : Bien, lorsque vous
publiez le règlement, c'est après, mais, tu sais, vous pouvez les rencontrer avant la publication. C'est juste ça que moi, je
vous demande, tu sais, de peut-être... tu sais, de bonne foi, dire
qu'effectivement, tu sais, vous allez rencontrer l'OPHQ parce que... Ce sera
fait?
M. Drainville : Ce sera fait, Mme la
Présidente.
Mme Rizqy : Ce sera fait? D'accord.
M. Drainville : Ce sera fait.
Mme Rizqy : D'accord. Je pense
qu'ils vont être très contents. Puis, vous savez, pour les élèves qui sont
vraiment en régions très éloignées, c'est très difficile d'avoir du personnel,
que ce soient enseignants, personnes de soutien et professionnels aussi.
Pouvez-vous rassurer que l'objectif, ici, ce n'est pas de commencer à pallier
les manques de ressources qui peuvent exister puis offrir de la formation à
distance pour des enfants qui sont en régions très
éloignées, là? D'autant plus que la réussite éducative... les chiffres
aujourd'hui démontrent que c'est plus difficile pour eux aussi d'obtenir
leur secondaire V à l'intérieur des délais, là.
M. Drainville : Ce n'est pas
l'objectif, Mme la Présidente.
Mme
Rizqy : O.K. Puis ce serait quoi, les mesures
exceptionnelles? Moi, dans ma tête, j'ai tempête de neige. J'ai
évidemment la pandémie, c'est une mesure très exceptionnelle...
M. Drainville : Mme la Présidente,
comme on en avait discuté déjà...
Mme Rizqy : Inondations aussi, là,
on en a vu.
M. Drainville : ...les enfants, par
exemple, qui sont traités, qui doivent subir des traitements à l'hôpital, on
veut pouvoir leur offrir des services d'enseignement qui vont leur permettre de
ne pas prendre un trop grand retard par rapport aux élèves de leurs classes.
Actuellement, Mme la Présidente, là, c'est cinq à sept heures par semaine qui
sont offertes aux enfants qui sont hospitalisés, par exemple. C'est la moyenne,
là.
Mme
Rizqy : Mais ceux qui sont hospitalisés, c'est parce que,
vous le savez, il y a une réalité qui est différente. Dans leur cas, par
exemple, les enfants qui sont allés à l'Hôpital Sainte-Justine, on ne peut pas
nécessairement aller plus... s'ils sont en
plein traitement de chimio, par exemple. Donc, c'est vraiment semaine en
semaine, pour ne pas dire jour en jour, qu'il y a
une évaluation qui est faite pour savoir si, oui ou non, l'enfant est apte à
suivre un cours. Alors, c'est pour ça...
moi, je parle vraiment, dans le propos... les enfants hospitalisés, parce qu'eux
c'est vraiment une façon très, très
particulière, évaluée au cas par cas, selon, évidemment, leur situation de
santé, mais je vous parle, par exemple, des enfants qui...
Vous savez, il y a eu un rapport qui a été
publié, c'est le rapport sur le dénombrement des élèves préscolaires en
enseignement primaire et secondaire en situation complexe ayant vécu un bris de
services. C'est des enfants qui... par
exemple, qui sont sur le spectre de l'autisme, que l'école n'arrive pas à avoir
les bonnes ressources. Et, quand l'enfant se désorganise une fois, deux
fois, bien, l'école, sa solution, c'est de dire : Bon, bien, soit vous
changez d'école ou, s'il n'y a pas une école
spécialisée dans la municipalité ou dans la région où est-ce que l'enfant vit,
il est remis à la maison. Puis ça, c'est un... puis après ça, eux, ils
sont en bris de services.
Puis ça, le dénombrement, c'était 1 400.
C'était quand même énorme, là, alors qu'on devrait avoir des ressources
spécialisées, à savoir les techniciens en éducation spécialisée, les
professionnels de soutien aussi pour être en mesure d'accompagner ces élèves.
Parce que ce n'est pas vrai que c'est tous des cas... ce qu'on appelle, entre
guillemets, des cas très, très, très difficiles. Il y en a que c'est juste
parce que, malheureusement, par manque d'effectifs,
on ne savait pas comment réagir avec l'élève, et, lorsqu'il s'est désorganisé,
ça a mené à une situation de crise. Et
si, dans le règlement interne, après deux situations, bon, finalement, on vous
retourne à la maison, bien, malheureusement,
bien, on a manqué au devoir de l'État qui est de donner l'instruction publique.
M. Drainville : Oui, bien, il y a
toutes sortes de situations, Mme la Présidente, mais actuellement, c'est une
moyenne, mais l'information que nous avons de la Fédération des centres de
services scolaires du Québec, c'est que, lorsqu'il
y a de l'enseignement qui est donné à ces enfants-là, c'est environ cinq à sept
heures par semaine qu'ils ont. Alors, dans
certains cas, c'est à l'hôpital, dans d'autres cas, c'est à la maison. Donc,
c'est nettement insuffisant. Mais là ce que nous disons par cette disposition,
Mme la Présidente, on souhaite avoir... donner un enseignement beaucoup plus
soutenu à ces enfants-là, et donc on pourra le faire en vertu de cet
article-là.
L'autre exemple, Mme la Présidente, que je
pourrais vous donner, c'est des épisodes climatiques. Alors, malheureusement,
on est appelés à en avoir de plus en plus. Il y en a eu un encore récemment à
Baie-Saint-Paul, et effectivement, à
Baie-Saint-Paul, il y avait une partie des élèves qui ne pouvaient pas se
rendre à l'école, bon, pendant plusieurs
jours. Alors, dans des situations comme celle-là, l'enseignement à distance
pourrait être une solution intéressante, Mme la Présidente. C'est le
genre de circonstances exceptionnelles ou imprévisibles qui sont prévues par...
ou qui sont visées, dis-je, par la disposition 33. Il y a eu les incidents
cet été avec les feux de forêt. Bon, bien, c'était l'été, il n'y avait pas de
classe, mais, avant d'arriver à l'été, il y a une période, là, pendant laquelle
les classes étaient encore ouvertes. C'était
quelque part au mois de mai, si je me rappelle bien, là, puis c'est... les feux
de forêt étaient d'une très, très grande intensité à ce moment-là.
On peut
penser que l'enseignement à distance, dans des circonstances comme celles-là,
pourrait éventuellement être un plan B, pas un plan A. Le plan A, c'est le
présentiel, mais ça pourrait éventuellement... les circonstances pourraient faire
en sorte qu'on se retrouve dans l'obligation de mettre de l'avant le plan B. Et
ça, cette disposition-là va nous permettre
de le faire, parce qu'actuellement, Mme la Présidente, si on veut faire de
l'enseignement à distance, il faut le faire par projet pilote. C'est ce
que la loi prévoit, il faut le faire par projet pilote.
Mme Rizqy : Mais, si je peux me
permettre, ça prendrait des garde-fous vraiment importants. Je m'explique. Vous
donnez en exemple les cas, par exemple, de Baie-Saint-Paul, mais l'école
secondaire avait été réquisitionnée pour la population. Puis il faut savoir
que, malheureusement, il y a eu des grosses pannes de courant. Donc, quand on dit panne de courant, bien, vous n'avez pas
de produit électronique à la maison qui fonctionne puis encore moins Internet.
Alors, il ne faudrait pas que, par exemple, on
dise : Ah! oui, l'enseignement à distance, mais qu'on cumule des retards.
Donc, il va falloir faire preuve aussi de jugement. Encore faut-il que les
moyens soient disponibles pour tous les élèves, sinon, on va avoir deux poids,
deux mesures. On va avoir certains élèves qui vont pouvoir continuer leur cours
et d'autres non. Et ça, on l'a vécu durant la pandémie.
D'autre part, vous faites référence aux feux de
forêt. Quand on est dans une situation d'urgence extrême, mode survie, puis que
votre maison passe au feu, là, ce n'est peut-être pas le temps de parler
d'école à ce moment-là. Il y a un drame qui se vit. Alors, il va falloir qu'on
trouve une façon que ça, ce soit quand même bien balisé.
Et là je vais revenir vraiment sur les enfants
qui, eux, sont en bris de services, qui seraient supposés d'être à l'école, parce que je ne veux pas... Pour nous, au
Parti libéral du Québec, l'idéal, c'est que l'enfant soit dans son école,
qu'il y ait des services spécialisés ou, sinon, qu'il soit dans une école
spécialisée. Mais, lorsqu'il est tout seul à la maison, bien, c'est-à-dire
qu'un des deux parents doit renoncer à son travail pour en prendre soin tous
les jours à la maison et faire l'école à distance avec. Donc, ça met les
familles dans un stress financier énorme. Ça ne peut pas devenir un moyen de gestion de scolarité, l'enseignement
à distance, pour laisser 1 400 ou 1 500 élèves maintenant qui sont
déjà en bris de services, parce que, sinon, ça veut dire qu'on force un des
deux parents à renoncer à un salaire. Ça doit être l'exception de l'exception,
ça ne peut pas devenir un mode de gestion.
• (21 h 10) •
M.
Drainville : Le règlement, Mme la Présidente, va nous permettre
de baliser, justement, les circonstances en vertu desquels
l'enseignement à distance pouvait être prodigué. Alors, évidemment, Mme la
Présidente, le règlement fera l'objet d'une consultation. Ce sera l'occasion
d'entendre les groupes se prononcer là-dessus et exprimer leurs inquiétudes, leurs mises en garde. Et puis on
pourra, à ce moment-là, Mme la Présidente, tenir compte des avis qui nous
seront parvenus pour...
Mme
Rizqy : ...le mien.
M.
Drainville : Pardon?
Mme Rizqy : Là,
vous avez déjà le mien.
M.
Drainville : Oui, c'est sûr. Je sais que j'ai le vôtre.
Mme Rizqy : Non,
mais pour vrai, c'est important parce que c'est...
M.
Drainville : Oui, oui. Non, mais je... tout à fait.
Mme Rizqy : Parce
que, pour chacune des familles qui a un enfant qui ne peut pas être à l'école,
c'est un drame familial. Pour vrai, ça
devient vraiment une dynamique familiale très difficile... et ne pas
sous-estimer le stress financier qui pèse lourd sur les familles.
M.
Drainville : Mais c'est pour ça, Mme la Présidente, qu'on a cette
disposition-là.
Mme Rizqy : Non,
mais moi, je vous le dis, pour eux, pour ces familles-là, ce n'est pas une
bonne nouvelle parce que ça veut dire que
certains centres de services scolaires pourraient se dire : Bien, moi, je
vais me dédouaner, je vais pouvoir le mettre à la maison. Vous allez avoir
25 heures de formation à distance, mais ça veut dire qu'il y a quand
même un adulte qui va devoir être dans la
maison, c'est-à-dire un des deux parents. Et ça, ça veut dire... Qui va porter
encore l'odieux? C'est un des deux parents, alors qu'on devrait avoir des
classes spécialisées, on devrait avoir, sinon, une école spécialisée. C'est ça
qui devrait être la vraie solution.
M.
Drainville : Mais, dans certains cas, ce n'est pas possible pour
l'enfant d'aller à l'école parce qu'il est en traitement.
Mme Rizqy : Oui,
oui. C'est pour ça que je vous dis : l'exception de l'exception.
M. Drainville :
Voilà. Et donc on veut se donner
cette option-là, Mme la Présidente. Encore une fois, on se donne une
option, parce qu'actuellement, c'est fou comme ça, la loi ne nous permet pas de
le faire. On ne peut pas le faire en vertu
de la loi, il faut que ça devienne un projet pilote. Mais là tu te dis :
On peut-tu, comme, se donner un petit peu de souplesse, là? C'est ça,
l'objectif.
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci. D'autres interventions... Oui, Mme la députée de
Mercier.
Mme Ghazal : J'entends
le ministre dire que c'est l'exception puis que ça sera... les détails seraient
définis par règlement. Est-ce que c'est
possible de... parce que les intervenants qui sont venus, là, en commission
parlementaire lors des consultations
particulières ont... plusieurs, plusieurs, plusieurs ont eu peur qu'on ouvre la
porte à l'enseignement à distance puis que l'exception, bien, que ce
soit plus large que certains cas très, très exceptionnels. Est-ce que c'est possible, par exemple, pour le ministre... est-ce
qu'il serait ouvert, peut-être, qu'on suspende cet article puis qu'il nous...
je ne sais pas si les... Le projet de règlement, les dispositions, est-ce
qu'elles sont déjà réfléchies, écrites?
M.
Drainville : Non.
Mme Ghazal : Parce
que c'est quelque chose qui peut être fait, hein, des fois. Ça s'est déjà vu,
je pense, dans... c'est dans le projet de loi n° 12
sur la gratuité scolaire puis qui vise à encadrer les contributions scolaires,
où est-ce que le ministre de l'époque, précédent
avait distribué le projet de règlement pour rassurer les oppositions puis les
gens qui écoutent puis qui nous suivent.
M.
Drainville : Oui, je sais, mais je ne peux pas vous le distribuer, il
n'est pas écrit.
Mme Ghazal : Puis
est-ce que, dans le projet de règlement, on va lister les exceptions? Est-ce
que ça va être écrit «tempête de neige», par exemple?
M.
Drainville : Bien là, Mme la Présidente, je n'ai pas le libellé sous
les yeux. Le... comment dire, le projet de
règlement va donner... va tracer le cadre, les paramètres, et puis il y aura
consultations par la suite. Alors, s'il y a besoin de... Il y aura des
balises, évidemment, dans le règlement, alors les citoyens pourront s'exprimer
là-dessus, Mme la Présidente. Et si, au
terme des consultations, comme c'est le cas, on en vient à la conclusion qu'il
faut ajouter, resserrer, modifier, à ce moment-là, on pourra le faire.
Mme Ghazal : Parce
que... comment est-ce qu'on définit «exceptionnel et imprévisible»? C'est qu'en
fait l'inquiétude, puis elle est tout à fait
légitime, c'est que ça ouvre la porte à un usage beaucoup plus répandu de
l'enseignement à distance.
M.
Drainville : J'entends la députée de Mercier, Mme la Présidente, mais,
encore une fois, l'approche que nous avons adoptée et que nous continuons de
privilégier, c'est l'enseignement en présence, Mme la Présidente.
Mme Ghazal : L'inquiétude
vient parce qu'on est en situation de pénurie de main-d'oeuvre. Ça, je pense que le ministre l'a entendu, l'a compris, puis on
ne va pas se retrouver dans des situations... Bien, premièrement, c'est
reconnu, là, l'enseignement à distance, ce n'est pas du tout efficace d'un
point de vue pédagogique. Ça a été même mentionné
dans un rapport de la Vérificatrice générale que, quand il y a de
l'enseignement à distance, l'efficacité n'est pas là, la qualité, donc
ça ne peut pas durer longtemps.
Et
ça me fait penser à cette histoire où il y a des iPads qui ont été distribués
pour combler l'absence d'infirmières dans
les CHSLD, pour que les résidents puissent utiliser un iPad pour remplacer une
infirmière, pour faire des diagnostics ou avoir des services. Donc,
c'est une situation totalement aberrante, mais, face à une pénurie de
main-d'oeuvre, on peut se retrouver dans des
situations aussi aberrantes. Puis on ne veut pas, avec les dispositions de cet
article-là, se retrouver dans la même situation plus tard.
M.
Drainville : Mme la Présidente, on a rédigé la disposition justement
pour que... pour resserrer le plus possible
le recours en inscrivant le mot «exceptionnel». C'est l'exception, Mme la
Présidente. Alors, la députée de Mercier a raison de dire qu'il y a des intervenants qui sont venus en commission
pour exprimer leurs préoccupations, sinon leurs inquiétudes, mais la disposition, Mme la Présidente, elle est écrite
avec les deux... qualificatifs, dis-je bien, «exceptionnel et
imprévisible».
Mme Ghazal :
Et/ou.
M.
Drainville : Ou exceptionnel ou imprévisible, oui.
Mme Ghazal : Si
c'est «exceptionnel et imprévisible», ça vient restreindre encore plus.
M.
Drainville : Non, mais c'est écrit «exceptionnel ou imprévisible».
Non, on veut garder le «ou» parce que, dans
certains cas, ça peut être exceptionnel puis ce ne sera pas nécessairement
imprévisible. Dans d'autres cas, ça pourrait être imprévisible, mais ce n'est pas nécessairement exceptionnel. Par
exemple, un enfant qui combat un cancer, il aura besoin éventuellement
d'être éduqué à la maison parce qu'il ne peut pas être en contact avec d'autres
personnes, parce que son système immunitaire
est à plat, si on peut dire, alors c'est une situation exceptionnelle, mais on
sait que ce n'est pas imprévisible,
dans le sens où on sait qu'il aura ou qu'elle aura besoin d'éducation à la
maison, en tout cas, en isolement,
isolé. Donc, on ne peut pas dire que c'est imprévisible. Elle subit des
traitements en chimiothérapie, c'est prévisible qu'elle aura besoin d'un
enseignement à la maison ou dans sa chambre à l'hôpital.
Mme Ghazal : Ça,
c'est pour des temps prolongés, ce n'est pas : Ah! une journée, tiens, on
offre le... C'est pour ça que je disais que tempête de neige, ce n'était
peut-être pas un... ce n'est pas une mesure exceptionnelle ou imprévisible.
M.
Drainville : Mais moi, honnêtement, une tempête de neige, pour moi,
c'est...
Mme Ghazal : Ce
n'est pas une bonne idée.
M. Drainville :
...pour moi, c'est... je ne vois
pas... bien, enfin, il faudrait que la tempête de neige dure saprément
longtemps.
Mme Ghazal : C'est
ça, il faut que ça dure dans le temps.
M.
Drainville : Il faudrait que les maisons soient enterrées sous des...
je ne pense pas, là, que ça va arriver, Mme la Présidente.
Mme Ghazal : Il
n'y a pas... il n'y a presque pas de neige encore. O.K.
M.
Drainville : Non, non, mais je parle... on parlait tout à l'heure
d'épisodes de... comment dire, d'incidents climatiques, là, du genre verglas,
tiens. Un verglas, ça peut durer longtemps, là.
Mme Ghazal : Qui
dure longtemps, comme celui en 1998, oui.
M. Drainville :
Oui, c'est ça. Mais ce n'est pas
simple, hein? Ce n'est jamais simple, là, tu sais, organiser des services éducatifs à distance, là, dans des
situations de catastrophes naturelles. Mais, encore une fois, Mme la
Présidente, on veut se donner une certaine souplesse, on ne veut pas
être obligés de justifier que c'est un projet pilote puis... écoute, là, le monde est dans la misère, là, ils
ont besoin... Tu sais, on essaie de ramener un minimum de normalité dans
leur vie puis on veut pouvoir, lorsque les
circonstances nous l'imposent, donner aux enfants un enseignement à distance,
là. Bon, on peut-tu se donner cette souplesse-là, là, sans être obligé de
passer par un projet pilote?
• (21 h 20) •
Mme
Ghazal : Mais des enfants malades, je veux dire, ça n'a pas commencé
juste avec... depuis qu'on a la technologie puis qu'on peut faire
l'enseignement à distance, là, ça a toujours existé, puis ces enfants-là
avaient quand même...
M. Drainville :
Mais c'est pour ça... Mais comme je vous dis, ça existe, mais, selon les
informations que nous avons des centres de
services scolaires, ces enfants-là reçoivent actuellement entre cinq et sept
heures d'enseignement par semaine. C'est ça qu'ils reçoivent
actuellement, entre cinq et sept heures par semaine. Ce n'est pas suffisant. Ce
n'est pas suffisant. Alors, on veut pouvoir
leur en donner plus, sauf qu'actuellement je ne peux pas leur en donner plus.
Si je veux leur en donner plus, il faut que je passe par un projet pilote.
Mme Ghazal : À
cause de la pénurie?
M. Drainville :
Non, à cause du projet pilote. La
loi dit que, si je veux faire de l'enseignement à distance, ça doit être par l'entremise d'un projet pilote. La seule
raison pour laquelle on a pu le faire pendant la pandémie, c'était à cause du
décret. Mais sinon, la Loi de l'instruction publique ne nous aurait pas permis
de... comment dire, de verser en mode enseignement à distance.
Mme Ghazal : Donc,
ça n'a aucun, aucun, aucun lien, disant : Ah! tiens, on va...
M.
Drainville : Ce n'est pas l'objectif.
Mme Ghazal : ...on va en profiter, vu que, tiens, on est dans
une situation... Si on était en plein emploi, puis on a eu une pandémie,
mais on est en plein emploi...
M. Drainville :
Ce n'est pas l'objectif de la
disposition, Mme la Présidente. Ce n'est pas l'objectif de la disposition.
Mme Ghazal : Mais
qu'est-ce qui nous garantirait qu'on ne se retrouverait dans la même situation
que dans les CHSLD à cause de la pénurie
d'infirmières? Je ne sais pas si vous vous rappelez de cette histoire-là. Je
m'en rappelle, mon collègue avait posé des questions, c'était au début
de l'année passée, où, comme il n'y avait pas d'infirmières, bien là, on
distribuait des iPads pour pouvoir parler à distance, tu sais, pour compenser
l'absence d'infirmières. Un projet pilote... Justement, c'était un projet
pilote de téléconsultation destiné principalement aux CHSLD de moins de
50 résidents. On s'est retrouvé dans une situation comme celle-là dans les
CHSLD.
M.
Drainville : Et alors?
Mme Ghazal :
Non, mais donc l'idée, c'est de ne pas... c'est cette inquiétude-là, d'ouvrir
la porte à plus que seulement certaines situations à cause... pour combler la
pénurie de main-d'oeuvre. C'est un risque réel qui existe.
M.
Drainville : Ce n'est pas l'objectif de la disposition, Mme la
Présidente. Puis, si vous regardez de la manière qu'elle est formulée :
«situations exceptionnelles ou imprévisibles, l'empêchant qu'ils soient reçus à
l'école, services particuliers
d'enseignement à domicile ou en milieu hospitalier», puis il y aurait un
règlement pour encadrer le tout.
Mme Ghazal : Mais
il existe déjà de l'enseignement en milieu hospitalier pour les enfants
malades, juste qu'il n'est pas à distance.
M.
Drainville : Exact, mais...
Mme Ghazal : Est-ce
que ça serait possible de le bonifier?
M.
Drainville : ...il y en a aussi à domicile, mais comme je vous dis...
Mme Ghazal : Et
à domicile aussi. Est-ce que c'est possible de bonifier?
M.
Drainville : ...mais, comme je vous dis, c'est cinq à sept heures.
C'est cinq à sept heures par semaine en moyenne que ces enfants-là reçoivent.
Mme Ghazal : Mais
est-ce que c'est possible d'augmenter et de...
M.
Drainville : Bien, si on avait les ressources pour le faire, ce serait
certainement plus facile.
Mme Ghazal : Les
ressources dans quel sens? La main-d'oeuvre?
M.
Drainville : Bien, si je ne suis pas capable d'envoyer quelqu'un à
la...
Mme Ghazal : Ou de l'argent?
M. Drainville : Si
je ne suis pas capable d'envoyer quelqu'un à la maison m'occuper de cet
enfant-là...
Mme Ghazal : ...on lui envoie un
iPad.
M. Drainville : ...faire de
l'enseignement à distance peut devenir un complément aux heures qu'elle aura,
que cet enfant-là aura en présence. Si, par exemple, on lui donne sept heures
en présence puis on complète par un autre sept heures en enseignement à
distance, bien, c'est déjà mieux que d'avoir juste sept heures en présence.
Mme Ghazal : Mais est-ce que...
M. Drainville : L'enseignement à
distance n'est pas le premier choix, je le répète, mais il vaut mieux
l'enseignement à distance que rien du tout. Or, actuellement, ces enfants-là,
après cinq à sept heures, ils n'ont plus rien du tout.
Mme Ghazal : Mais est-ce que ça a
été...
M. Drainville : Par manque de
ressources, par manque de ressources. Bien sûr, par manque de ressources.
Mme Ghazal : Ressources humaines.
M. Drainville : Humaines, bien sûr.
Bien oui.
Mme Ghazal : Pas financières.
M. Drainville : Bien, pas à ma
connaissance. C'est un problème de ressources humaines.
Mme Ghazal : Mais est-ce que ça a
été étudié, le fait d'augmenter ce nombre d'heures? Est-ce que ça a été évalué
ou c'est juste impossible?
M. Drainville : Bien, Mme la Présidente,
la pénurie est une réalité qu'on connaît bien.
Mme Ghazal : Donc, c'est pour
pallier à la pénurie qu'on fait ça.
M. Drainville : Bien, en partie,
bien sûr. Bien sûr, bien sûr.
Mme Ghazal : Bon, O.K., parce que,
tout à l'heure, vous disiez que non.
M.
Drainville : Non, non, mais c'est parce que vous aviez l'air de
laisser entendre que l'objectif de la mesure, c'était de déployer
l'enseignement à distance à travers le Québec, là.
Mme Ghazal : Bien non, j'ai compris
que c'est exceptionnel et imprévisible...
M. Drainville : Voilà, c'est ça.
Mme Ghazal : ...mais que, des fois,
après ça, on pourrait ouvrir la porte à un peu plus d'enseignement à distance, parce qu'on a une situation
exceptionnelle et imprévisible de manque de main-d'oeuvre qui dure trop
longtemps, dans différentes circonstances.
M. Drainville : Non, mais dans le
cas des services à domicile et des services en milieu hospitalier, on a un enjeu de pénurie de main-d'oeuvre, comme on en a
un dans tous les domaines de l'éducation. Et donc ce qu'on dit, c'est...
Mme
Ghazal : Mais juste pour savoir, là, le six, sept heures
par semaine, est-ce que ça a été étudié de bonifier l'enseignement à
domicile et en milieu hospitalier, ce qui existe déjà, de le bonifier, avec les
ressources qui existent ou, en tout cas, d'ajouter des ressources financières?
Est-ce que ça a été fait, cet exercice-là, de le bonifier sans avoir recours à l'enseignement à distance? Est-ce qu'on
a pu, par exemple, ajouter 12 heures, 15 heures... pas ajouter, mais
arriver à un peu plus que sept heures, par exemple?
M.
Drainville : On n'a pas d'études là-dessus, Mme la Présidente.
Comme je vous l'ai dit, ce sont des statistiques qui proviennent des
centres de services scolaires. Maintenant, je... comment dire, j'émets
l'hypothèse que la raison pour laquelle on est limités à sept heures, à cinq à
sept heures en moyenne, c'est justement parce qu'il nous manque de ressources
humaines. Et donc il faut voir, dans cette disposition-là, une manière de
compléter.
Mme Ghazal : C'est une hypothèse que
c'est parce qu'il manque de... c'est-à-dire qu'on n'a pas évalué la possibilité
d'augmenter ça, ce qui existe déjà puis de bonifier les services?
M. Drainville : Je
ne le sais pas. Je ne le sais pas, mais je...
Mme Ghazal : Mais c'est ça, c'est
que ça aurait été bien de commencer par voir à bonifier l'enseignement à
domicile en milieu hospitalier avant d'ouvrir la porte à l'enseignement à
distance.
M.
Drainville : Dans un monde idéal, je suis d'accord avec la députée
de Mercier, Mme la Présidente, dans un monde idéal.
Mme Ghazal : Surtout que c'est
reconnu que la qualité n'est pas très... Je veux dire, c'est impossible, là,
que ce soit bon. Ce n'est pas parce que les gens qui le font à distance, ce
n'est pas bon, c'est qu'il n'y a pas... il y a moins d'interaction, c'est
beaucoup plus difficile. Puis c'est reconnu, la Vérificatrice générale l'a dit
dans un rapport.
Donc, ce serait mieux d'augmenter, de bonifier
ce qui existe en ce moment en milieu hospitalier à domicile avant de se lancer
puis dire : Bien, allons-y vers l'enseignement à distance, sachant qu'il
pourrait y avoir une pente glissante vers...
C'est une mesure exceptionnelle ou imprévisible puis ça pourrait être parce
que, dans une classe, il y a... il manque...
je ne sais pas, moi, dans une année, il y a à peu près huit profs qui ont...
qui sont venus tellement il y a eu un taux de roulement puis que ce n'est pas
bon pour les enfants. Donc, on se dit : Ça dure trop longtemps, la
pénurie, alors faisons juste de l'enseignement à distance. Ça pourrait
arriver, ça.
M.
Drainville : Dans un monde idéal, encore une fois, Mme la
Présidente, on n'aurait pas d'enjeu de main-d'oeuvre,
mais on a un enjeu de main-d'oeuvre. Alors, on essaie de donner le meilleur
service éducatif ou les meilleurs
services éducatifs possibles dans les circonstances.
Mme Ghazal : Puis, dans le fond, cet
enseignement-là à distance... parce que, déjà, la qualité n'est pas... est
moins bonne à cause de l'interaction, quand c'est avec un écran, d'un prof, un
élève, mais si c'est un groupe d'élèves avec un prof, la qualité vient d'être
réduite encore plus. Parce que, là, ça dit «élève» ou «groupe d'élèves». Si
c'était juste un élève à la fois...
M. Drainville : Bien, ça dépend. Si
on est, par exemple, dans une classe qui ne peut pas fonctionner à cause d'une
catastrophe naturelle, bien, à ce moment-là, on parle nécessairement d'un
groupe d'élèves. C'est plusieurs élèves en même temps qui auraient droit à ce
moment-là à l'enseignement.
Mme Ghazal : Si c'est, par exemple,
une...
M. Drainville : Une école,
mettons...
Mme Ghazal : ...une inondation, des
choses comme ça?
M. Drainville : Voilà, inondation,
feu de forêt.
Mme Ghazal : O.K. Puis la moyenne,
là, que vous avez dite, six, sept heures...
M. Drainville : Cinq à sept, cinq à
sept heures. C'est la fédération...
Mme
Ghazal : ...cinq à sept heures, est-ce qu'avant la
pénurie... est-ce qu'on a l'évolution du nombre d'heures qui étaient
données, en enseignement hospitalier ou à distance, avant la pénurie?
M. Drainville : Non.
Mme Ghazal : C'est une donnée qu'on
a, récente, récemment?
M. Drainville : Oui, oui.
Mme Ghazal : Depuis... Mais avant,
c'était combien d'heures?
La Présidente (Mme Dionne) : Je vous
remercie. Je vais interrompre les travaux, compte tenu de l'heure.
Donc, j'ajourne les travaux sine die. Bonne
soirée à tous.
(Fin de la séance à 21 h 30)