Journal des débats de la Commission de la santé et des services sociaux
Version préliminaire
42e législature, 1re session
(27 novembre 2018 au 13 octobre 2021)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Le
mardi 12 novembre 2019
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Vol. 45 N° 39
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 43, Loi modifiant la Loi sur les infirmières et les infirmiers et d’autres dispositions afin de favoriser l’accès aux services de santé
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Intervenants par tranches d'heure
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Provençal, Luc
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McCann, Danielle
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Fortin, André
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Zanetti, Sol
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Arseneau, Joël
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McCann, Danielle
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Provençal, Luc
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Picard, Marilyne
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Fortin, André
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Zanetti, Sol
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Arseneau, Joël
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Provençal, Luc
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Arseneau, Joël
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McCann, Danielle
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McCann, Danielle
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Provençal, Luc
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Fortin, André
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Zanetti, Sol
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Arseneau, Joël
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McCann, Danielle
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Provençal, Luc
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Fortin, André
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Zanetti, Sol
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Arseneau, Joël
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Provençal, Luc
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McCann, Danielle
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Picard, Marilyne
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Blais, Suzanne
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Fortin, André
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Provençal, Luc
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McCann, Danielle
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Fortin, André
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Fortin, André
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Provençal, Luc
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Robitaille, Paule
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Arseneau, Joël
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McCann, Danielle
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Arseneau, Joël
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Provençal, Luc
10 h (version révisée)
(Dix heures six minutes)
Le Président (M. Provençal)
: Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission
de la santé et des services sociaux ouverte. Je vous souhaite la bienvenue et
je demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la
sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission est réunie afin de procéder
aux consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi
n° 43, Loi modifiant la Loi sur les infirmières et les infirmiers et
d'autres dispositions afin de favoriser l'accès aux services de santé.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire
: Oui, M.
le Président. M. Benjamin (Viau) est remplacé par Mme Robitaille
(Bourassa-Sauvé).
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Nous débuterons ce matin par les remarques
préliminaires puis nous entendrons par la suite les organismes suivants :
le Conseil pour la protection des malades et le Collège des médecins.
Comme la séance a commencé à
10 h 5, y a-t-il consentement pour poursuivre nos travaux au-delà de
l'heure prévue, soit jusqu'à 11 h 50? Consentement? Merci.
J'invite maintenant la ministre de la
Santé et des Services sociaux à partager ses remarques préliminaires. Mme la
ministre, vous disposez de six minutes. La parole est à vous.
Mme McCann : Merci, M. le
Président. Alors, je veux saluer mes collègues députés du gouvernement, députés
de l'opposition aussi, qui sont ici présents aujourd'hui, les membres de
l'équipe du ministère, M. le Président, et aussi de mon cabinet, qui
travaillent très fort pour ce projet de loi.
Alors, <je salue… >mesdames
et messieurs, je vous salue tous et je vous souhaite la bienvenue à l'étude du
projet de loi n° 43, Loi modifiant la Loi sur les infirmières et les
infirmiers et d'autres dispositions législatives afin de favoriser l'accès aux
soins et aux services de santé.
L'accès aux soins et aux services de santé
constitue l'une des pierres angulaires de tout système de santé. Or, au Québec,
cet accès demeure problématique. Les infirmières praticiennes spécialisées
pourraient contribuer davantage à améliorer la situation. Toutefois, certaines
restrictions imposées par le cadre législatif et réglementaire qui régit
l'exercice de la profession d'infirmière empêchent les infirmières praticiennes
spécialisées de mettre à profit toutes les compétences qu'elles détiennent.
Toutes les clientèles visées par la
pratique des infirmières praticiennes spécialisées pourraient bénéficier de
leurs soins et services, ce qui contribuerait à l'amélioration non seulement à
l'accès aux services, mais aussi à la santé et au bien-être de la population du
Québec.
L'objectif poursuivi par les modifications
législatives proposées est d'améliorer l'accès aux soins et aux services de
santé par une utilisation optimale des ressources professionnelles. À cet
égard, le Collège des médecins du Québec a recommandé au gouvernement
d'utiliser les outils législatifs à sa disposition pour préciser les rôles et
les responsabilités des IPS et leurs conditions d'exercice en collaboration
avec l'Office des professions du Québec et l'Ordre des infirmières et
infirmiers du Québec. Il a également proposé de transférer, de la Loi médicale
vers la Loi sur les infirmières et les infirmiers, les activités pour
l'encadrement de l'exercice des infirmières praticiennes spécialisées.
Les infirmières praticiennes spécialisées
sont titulaires d'une maîtrise en sciences infirmières, d'un diplôme d'études supérieures
spécialisées. La pratique des IPS se divise en cinq classes de spécialités — soins
de première ligne, soins aux adultes, santé mentale, soins pédiatriques et
soins en néonatologie — prévues au Règlement sur les classes de
spécialités des IPS. Elles possèdent dans leur champ de spécialité des
compétences de niveau expert qui leur permettent de répondre aux besoins de
santé de la population.
À cet effet, le projet modifie la Loi sur
les infirmières et les infirmiers afin d'accroître les activités pouvant être
exercées par les IPS en leur permettant notamment de diagnostiquer des maladies
courantes, de déterminer des traitements médicaux et d'effectuer le suivi de
certaines grossesses. Il permet également à l'Ordre des infirmières et
infirmiers du Québec de prévoir par règlement les conditions et les modalités
applicables aux activités exercées par ces infirmières. De plus, le projet de
loi modifie certaines lois du domaine de la santé notamment pour ajuster les
fonctions des directeurs des soins infirmiers des établissements de santé et de
services sociaux.
• (10 h 10) •
Le projet de loi modifie également
plusieurs lois et règlements pour, entre autres, étendre aux infirmières
praticiennes spécialisées la possibilité d'effectuer certains examens ou
d'accomplir certains actes jusqu'à présent réservés aux médecins, notamment en
matière de santé et de sécurité du travail, d'aide aux personnes et aux
familles, d'assurance automobile, de santé et de services sociaux et de
services de garde éducatifs à l'enfance. De plus, le projet de loi propose
diverses dispositions de concordance.
Par ailleurs, en permettant à l'IPS de <poser…
Mme McCann : ...
certains examens ou d'accomplir certains actes jusqu'à présent réservés aux
médecins, notamment en matière de santé et de sécurité du travail, d'aide aux
personnes et aux familles, d'assurance automobile, de santé et de services
sociaux et de services de garde éducatifs à l'enfance. De plus, le projet de
loi propose diverses dispositions de concordance.
Par ailleurs, en permettant à l'IPS de
>poser un diagnostic pour les maladies courantes, d'en déterminer le
traitement et de faire le suivi de certaines grossesses, les patients
pourraient avoir accès plus rapidement aux traitements répondant à leurs
besoins. En fait, l'IPS, en première ligne, pourrait prendre en charge un plus
grand nombre de patients, ce qui, selon le ministère de la Santé et des
Services sociaux, devrait se traduire par une réduction du nombre de personnes
en attente de médecin de famille inscrites au guichet d'accès aux médecins de
famille. L'absence de telles modifications aurait pour conséquence de maintenir
le statu quo en matière d'accès aux soins et aux services pour la population.
Notons à cet effet que plus de
536 000 personnes sont présentement en attente d'un médecin de
famille au guichet d'accès et que le réseau de la santé et des services sociaux
est également aux prises avec des enjeux en matière de prise en charge dans les
établissements de santé. Sans changement législatif, le réseau de la santé et
des services sociaux ne pourra pas compter sur le soutien des IPS pour
contribuer à solutionner ces problèmes.
Aujourd'hui, il est temps de mettre en
place des actions pour faire en sorte que les activités professionnelles des
IPS soient en adéquation avec les besoins de la clientèle ou du système de
santé. Comme vous le savez, les besoins sont grands en santé et y répondre
représente un énorme défi. Le présent projet de loi traduit ici notre volonté
de décloisonner les professions en santé afin de permettre l'utilisation
optimale du champ d'exercice de chaque professionnel, une pratique
collaborative favorisant une synergie essentielle à l'atteinte de la prise en
charge des patients.
Nous avons ici l'opportunité de mettre à
profit les compétences des infirmières praticiennes spécialisées. Leur permettre
de poser des diagnostics et d'établir des plans de traitement associés fera en
sorte que les infirmières praticiennes spécialisées contribueront davantage à
l'offre de services du réseau. C'est une occasion qu'il ne faut pas manquer,
avant tout, au bénéfice de la population. Merci, M. le Président. Et je nous
souhaite d'excellents échanges sur cet important projet de loi.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, Mme la ministre. J'invite maintenant le porte-parole
de l'opposition officielle et député de Pontiac à nous exposer ses remarques
préliminaires pour une durée de quatre minutes. La parole est à vous, M. le
député.
M. Fortin :
Merci. Merci, M. le Président. Bonjour à vous, bonjour à tous les collègues qui
sont ici avec nous aujourd'hui.
Je vous le dis, M. le Président, je pense
qu'on l'a déjà dit, mais on accueille avec ouverture le dépôt du projet de loi
et le début des consultations, aujourd'hui, avec les différents groupes, qui,
de toute évidence, sont intéressés par le projet de loi mais ont des points de
vue très valables à nous partager.
Je suis d'accord avec la ministre sur beaucoup
de ce qu'elle a avancé lors de ses remarques préliminaires, notamment sur le
fait que les infirmières praticiennes spécialisées contribuent grandement, aujourd'hui,
elles contribuent déjà grandement, dans notre société, par les patients
qu'elles voient, par la plus grande disponibilité qu'elles permettent au niveau
des médecins de famille, par l'approche collaborative qu'elles ont avec beaucoup,
justement, de ces médecins-là.
C'est des cliniques qui sont organisées
partout au Québec pour que les IPS aient un rôle particulier à jouer et
qu'elles puissent utiliser leurs connaissances dans le maximum qui est permis
par la loi en ce moment. Et elles peuvent en faire plus. Elles peuvent en faire
plus, mais, pour ça, elles ont besoin d'un projet de loi, elles ont besoin de
modifications à la loi afin qu'il leur soit permis d'en faire plus.
Alors, on accueille avec ouverture le
projet de loi, parce que les infirmières praticiennes spécialisées, ce sont des
hommes et des femmes, des femmes, surtout, mais des hommes et des femmes de
coeur, des gens qui ont une formation importante, des gens qui peuvent en faire
davantage. Alors, on accueille favorablement le principe de base de dire
qu'elles pourraient diagnostiquer des maladies courantes, qu'elles pourraient
faire des suivis de grossesse, ce que pas toutes les femmes au Québec ont
l'opportunité d'avoir en ce moment dans le réseau actuel, qu'elles puissent
déterminer des traitements médicaux, qu'elles puissent contribuer davantage et
faire en sorte également de libérer un peu de temps pour les médecins, qui,
eux, veulent pratiquer la médecine avec des cas peut-être un petit peu plus
spécialisés.
Alors, M. le Président, on va vouloir
entendre, cependant, la plupart... on va vouloir entendre les préoccupations de
beaucoup des groupes qui vont venir, et il y en a qui ont déjà commencé, M. le
Président, à nous faire part de leurs préoccupations, on l'a vu dans les médias
ce matin et on le voit au détail des mémoires qui nous sont présentés. Mais ils
ont des préoccupations qui sont légitimes, ils ont des préoccupations qui sont
bien réelles, à savoir comment on va encadrer ces pouvoirs-là additionnels qui seraient
permis aux infirmières praticiennes spécialisées. Alors, il faudra se pencher
collectivement, et j'ai bon espoir qu'on va le faire, sur chacune de ces <préoccupations-là...
M. Fortin :
...
ils ont des préoccupations qui sont bien réelles, à savoir comment
on va encadrer ces pouvoirs-là additionnels qui seraient permis aux infirmières
praticiennes spécialisées. Alors, il faudra se pencher collectivement, et j'ai
bon espoir qu'on va le faire, sur chacune de ces >préoccupations-là, ne
serait-ce que pour s'assurer que le patient y trouve son compte, ne serait-ce
que pour s'assurer que la qualité des soins aux patients, elle est la meilleure
possible, ne serait-ce que pour s'assurer qu'on utilise, dans notre réseau,
qu'on utilise des infirmières praticiennes spécialisées au maximum de leurs
capacités. Et je pense que c'est l'objectif commun qui est recherché par tout
le monde aujourd'hui.
Alors, M. le Président, je ne m'étendrai
pas davantage sur les remarques d'ouverture, mais disons que nous avons très
hâte d'entendre les groupes qui sont ici avec nous aujourd'hui.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. J'invite maintenant le porte-parole du deuxième
groupe d'opposition et député de Jean-Lesage à faire ses remarques
préliminaires pour une durée d'une minute. Je vous cède la parole.
M. Zanetti : Merci beaucoup.
Alors, on est contents de pouvoir travailler sur un projet de loi qui est un
pas dans la bonne direction pour ce qui est de la délégation d'actes, des actes
médicaux, dans le système de santé québécois. Pour nous, ce projet de loi,
toutefois, devrait aller plus loin et soustraire les infirmières à la tutelle
des médecins, qui demeure dans le cadre de ce projet-là. On sait aussi qu'il va
y avoir des rémunérations importantes qui vont être proposées pour la
surveillance, si on veut, des IPS par les médecins, de l'ordre de 60 000 $
à peu près. Et donc ça, c'est quelque chose sur lequel on va proposer,
évidemment, des amendements. Et on a bien hâte d'entendre tout le monde à ce
sujet.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. J'invite, à ce moment, le porte-parole du troisième
groupe d'opposition et député des Îles-de-la-Madeleine à faire ses remarques
préliminaires pour une durée maximale d'une minute. C'est à vous.
M. Arseneau : Merci beaucoup,
M. le Président. Alors, nous, on salue, encore une fois, là, le dépôt de ce
projet de loi qui vise à accroître l'autonomie et les actes des infirmières
praticiennes spécialisées. C'est un pas de plus vers le décloisonnement des
professions, dans le domaine de la santé, pour rendre les services plus
accessibles aux soins de santé pour les citoyens. Et c'est une bonne nouvelle,
c'est ce que notre formation politique souhaitait faire également. Donc, on va
certainement contribuer à l'avancement des discussions dans ce projet de loi.
Néanmoins, il y a quelques éléments, pour
nous, qui devront être éclaircis. On remarque que, dans le projet de loi, il y
a certaines barrières qui nous semblent contreproductives pour, justement,
ouvrir à davantage de responsabilités les infirmières. Les six caractéristiques
cumulatives, pour nous, semblent des barrières à l'exercice plein et entier des
responsabilités par les IPS. Donc, on regardera ça de très près pendant le
projet de loi. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le député, pour ces remarques préliminaires. Nous
allons maintenant débuter les auditions. Je souhaite la bienvenue aux
représentants du Conseil pour la protection des malades. Je vous rappelle que
vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, puis nous procéderons à la
période d'échanges avec les membres de la commission. Je vous invite à vous
présenter et à commencer votre exposé. Je vous cède la parole.
M. Brunet (Paul G.) : M. le
Président, bonjour. Mme la ministre, messieurs dames les membres du
gouvernement. Paul Brunet, du Conseil pour la protection des malades. Je suis
accompagné de ma collègue, Mme Ginette Boisvert, membre du conseil
d'administration depuis longtemps, membre de comité d'usagers dans le
Centre-du-Québec—Mauricie.
Le Conseil pour la protection des malades
existe depuis 45 ans. C'est à peu près 200 mémoires produits ici,
depuis toutes ces années, grâce à feu Claude Brunet qui a fondé le conseil. C'est
important que vous nous invitiez, et on est très heureux d'être ici. Nous avons
aussi comme affiliés 200 comités d'usagers et de résidents militants, pas
des clubs sociaux, pas des tables de discussion, des militants. Parce que c'est
ça, l'oeuvre et la mission la plus importante des comités : défendre les
droits des gens à recevoir des soins, chacun, chacune dans les établissements
où ils oeuvrent. C'est ça, la principale job des comités. Je le sais parce que
c'est mon frère Claude qui l'a fait insérer dans la loi dans les années 70.
Alors, c'est ça que l'on fait, et c'est ça que nos comités font, et on est très
contents, toujours dans le respect de la loi et des autorités, ai-je besoin de
le préciser.
Succinctement, je ne répéterai pas ce que
nous avons écrit dans notre mémoire, mais, on en conviendra, on n'a pas avancé
beaucoup sur l'accès à des soins de première ligne depuis 10 ans. Je vous
propose quelques références, dans notre mémoire, où on est encore à peu près,
pour les urgences mineures des patients ambulatoires, environ cinq heures
d'attente en moyenne. Ça n'a pas bougé beaucoup si je me fie aux chiffres et
aux études que je cite dans le document.
• (10 h 20) •
Saluons l'avancée de ce gouvernement, de
la nouvelle ministre. Ce n'est pas une question de marge budgétaire, <là...
M. Brunet (Paul G.) :
...
d'attente en moyenne. Ça n'a pas bougé beaucoup si je me fie aux
chiffres et aux études que je cite dans le document.
Saluons l'avancée de ce gouvernement,
de la nouvelle ministre. Ce n'est pas une question de marge budgétaire, >là.
Autoriser les infirmières praticiennes à en faire plus puis en faire mieux, là,
les libéraux ne peuvent pas dire que c'est parce qu'ils vous ont donné de
l'argent de plus pour le faire. Ça prenait une volonté politique que l'on
réclamait depuis une dizaine d'années. C'est vous qui êtes en train de le
réaliser pour vrai. Ça fait du bien. Des vraies affaires qui sont faites pour
vrai. Ouf! Merci.
Je continue. Une préoccupation, si je peux
me permettre. On n'est pas... je ne suis pas un spécialiste des questions de
nursing. C'est pour ça que j'ai reproduit ce que j'ai trouvé dans ma recherche
Internet en anglais sur ce que font les autres «nursing practitioners» pour
être sûr que je n'irais pas dans les nuances et surtout que je ne traduirais
pas mal ce que les autres font. Mais j'espère que nos infirmières praticiennes,
qui sont aussi au moins compétentes que toutes les autres au Canada, vont avoir
la même marge de manoeuvre, la même autorité, la même délégation d'autorité et
d'actes que les autres.
Par exemple, je pense aux «nurse
practitioner-led clinics». Est-ce qu'on va avoir ce que ça prend pour que les
infirmières praticiennes puissent ouvrir des cliniques de nursing, de soins de
première ligne? J'espère, Mme la ministre, que vous allez faire ça. Ça fait
tellement longtemps qu'on en parle. Vous allez, en faisant ça, en tout cas, à
mon avis, enfin percer le mystère et la rétention dont sont l'objet les
infirmières, les infirmières praticiennes, depuis toutes ces années.
Imaginez-vous que la Nurse Practitioners'
Association de l'Ontario a été fondée en 1973. La nôtre sera probablement
fondée, si elle ne l'est pas déjà, dans les prochains mois. C'est 40 ans,
40 ans qu'on s'est fait tenir en se faisant dire : Ça prend un
médecin. Enfin, vous le faites, et je vous salue. Je n'en reviens pas encore
comment on avance à pas de géant malgré toutes les promesses puis les affaires
qu'on s'est fait dire depuis toutes ces années. Alors, l'antériorité montre
qu'il est urgent d'agir, et je salue votre geste.
Aussi, je l'ai dit, sur ce que les
infirmières praticiennes seront autorisées à faire, je ne suis pas un
spécialiste de la question, je ne l'ai pas décortiquée puis je ne suis pas allé
dans les règlements, mais espérons, je vous en prie, que nous ayons les mêmes
délégations puis les mêmes autorités. Ça va peut-être représenter un autre
combat avec nos amis les médecins et ceux qui les représentent, parfois envers
et contre leur propre serment de servir et de donner accès aux soins aux
patients, mais vous aurez un appui, en tout cas, chez le Conseil pour la
protection des malades.
Un avertissement aussi que je lisais de la
part des filles de la Colombie-Britannique qui disaient : Faites
attention, nous autres, ça a pris 10 ans avant d'être vraiment intégrées
au réseau. Alors, je soupçonne qu'il faut que ça vienne vraiment d'en haut, et
à tous les instants devrez-vous insister, pousser sur la machine pour que ces
femmes d'expérience, ces expertes-là du nursing soient intégrées dans le réseau
et puissent faire tout ce qu'il y a à faire pour faire avancer l'accès aux
soins et aux soins de première ligne pour les patients.
C'est une priorité dont on parle depuis
10 ans, et je pense qu'avec ce geste-là et d'autres dont on s'est parlé,
d'ailleurs, déjà, vous allez enfin briser cette barrière aux patients qui,
malgré... Comme le disait un ancien ministre de la Santé, il y a
500 000 patients de plus enregistrés auprès d'un médecin de famille. Les
venues, les allées à l'urgence pour les patients ambulatoires n'ont pas
vraiment diminué; on parle de 40 000 ou 50 000 patients
ambulatoires de moins. Alors, ça et d'autres affaires, j'espère, comme celle-ci
qui est très importante, permettront enfin à plus de patients d'accéder aux
soins de première ligne sans avoir à attendre cinq heures, comme les derniers
chiffres le montrent.
Alors, j'ai cité ce que j'ai trouvé que
les infirmières des trois autres provinces font et, j'espère, que les nôtres
feront… et sont autorisées à faire la même chose. Je lisais,
sur le site Internet de la British Columbia Nurse Practitioners, qui disait :
«The NPs — nurse
practitioners — were first introduced into British Columbia health
care service… system to increase access to primary care and to provide a more
seamless patient <experience...
M.
Brunet (Paul G.) :
...
Nurse Practitioners, qui disait : «
The NPs
— nurse
practitioners — were first introduced into British Columbia health
care service… system to increase access to primary care and to provide a more
seamless patient >experience.» C'est ça
dont on parle, c'est exactement de ça dont on parle ici, l'accès aux soins de
première ligne. Alors, il y a des gens, il y a des provinces qui l'ont fait
avant nous autres, et, bien qu'on puisse être distincts, je ne vois pas comment
on devrait l'être plus, rendus en 2019, à ce titre.
Et je rappelais l'avertissement où les
gens de l'association nous disent : Ça a pris 10 ans, puis, même, on
commence à peine à être intégrés au réseau. Alors, ça va prendre vraiment une
force, de la part de l'autorité ultime du ministère, pour vraiment pousser sur
la machine et tous ceux et celles que vous connaissez déjà, dont les
syndicats... ou plutôt, les fédérations ont retenu jusqu'à maintenant. Il faut
vraiment pousser dans la machine pour que ces femmes-là, surtout, ces
infirmières praticiennes soient intégrées et, comme je le propose à la page 6,
soient autorisées aussi. Je ne suis pas certain que c'est le cas, mais il faut
que ces femmes-là puissent ouvrir des cliniques infirmières, une autre porte
d'accès aux soins de première ligne. Ça fait des années qu'on parle de ça avec
nos syndicats de médecins. Je ne dis pas qu'ils sont les seuls responsables,
mais je n'ai pas vraiment vu de mouvement, de geste concret, lourd pour
permettre un meilleur accès aux soins de première ligne. Et je pense qu'en
faisant ce que vous faites aujourd'hui on va faire un grand pas vers cet
objectif.
Aussi, rappeler qu'il faut que le projet
de loi prévoie les responsabilités des uns et des autres, des unes et des
autres pour que chacun, chacune soit bien dans les responsabilités qui lui
seront confiées et que tout le monde assument leurs responsabilités
professionnelles, comme la loi le prévoit.
Remarques finales. La ministre de la
Santé, Mme McCann, et sa collègue aux Aînés, Mme Blais, ont tout un défi à
relever, on en convient. Le réseau de la santé est une importante organisation
qui mérite souvent mieux que ce qu'on en dit. L'histoire récente, empreinte de
plusieurs bouleversements... «lean management», réforme Barrette, et tutti
quanti, n'ont pas donné les résultats escomptés. Oeuvrer à de meilleures
actions concrètes sur le terrain, en n'oubliant jamais que le patient,
l'usager, le résident est la raison d'être du réseau, va certainement améliorer
la situation.
Nous apprenons aussi, et l'avons vu et
entendu, que, depuis leur arrivée en poste, les ministres écoutent, consultent
plus et mieux celles et ceux qui livrent la mission du réseau. Nous nous en
réjouissons. L'autorité, rappelons-le, vient en effet de la collaboration et
jamais — l'a-t-on tristement expérimenté sous l'ancienne
administration — la collaboration ne vient-elle de l'autorité
imposée. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Merci pour votre exposé. Nous allons commencer la période
d'échange. Mme la ministre, la parole est à vous. Vous avez
16 min 30 s.
Mme McCann : Merci, M. le
Président. Alors, je veux vous saluer, M. Brunet, Mme Boisvert aussi, saluer
aussi, M. Brunet, ce que le Conseil de la protection des malades fait, a fait
dans le passé, continue de faire pour les patients, les usagers du Québec. Je
tiens à le dire, je tiens à le souligner, M. Brunet, depuis des années, suite,
évidemment, à l'incitatif de votre frère, ce que vous faites pour les usagers
du Québec est fondamental. Et soyez assuré que nous voulons que tout le monde
travaille avec vous, avec les comités des usagers, qui, vous avez raison, sont
des acteurs majeurs dans le réseau de la santé et des services sociaux du
Québec. Et nous entendons bien qu'ils jouent leur rôle pleinement.
• (10 h 30) •
Vous avez raison, ça fait des décennies
que, ce que nous tentons de faire par ce projet de loi, que c'est fait ailleurs
au Canada, dans d'autres provinces, et vous l'avez bien situé, vous l'avez bien
dit. Alors, moi, ce que je dis : Effectivement, le Québec est en retard, mais
on n'a plus le choix. Vous avez raison, on n'a plus le choix d'avancer et
d'avancer de façon maximale et optimale parce qu'on a une population
vieillissante. À chaque année, 60 000 personnes de plus de 65 ans
s'ajoutent à notre population. Il faut en prendre soin. Et là-dessus il y a un
pourcentage important qui vont être en perte d'autonomie, et nous devons
absolument prendre soin de ces gens. Et vous avez raison, il y a des... c'est
des modalités d'optimisation des compétences du personnel. On mise beaucoup
là-dessus...
10 h 30 (version révisée)
<17887
Mme McCann :
...il faut en prendre soin. Et
là-dessus
il y a un pourcentage
important qui va être en perte d'autonomie, nous devons
absolument
prendre soin de ces gens. Et, vous avez raison,
c'est des modalités
d'optimisation des compétences du personnel, on mise
beaucoup >là-dessus,
et en même temps c'est une valorisation de la profession. Ça aussi, c'est
important pour notre personnel infirmier. Alors, cet accès-là, c'est au coeur
de ce que nous voulons faire comme gouvernement, et nous ne lâcherons pas tant
que ça ne sera pas fait le plus possible au Québec pour rattraper, vraiment,
les autres provinces, il faut le dire, et pour offrir un meilleur accès aux
personnes qui attendent encore trop longtemps, comme vous le dites.
Alors, moi je suis intéressée, évidemment,
à vous poser quelques questions sur ce que vous avez avancé. Ça m'intéresse beaucoup,
les points que vous avez avancés, M. Brunet. Quand vous parlez des «nurse
practitioners' clinics»... C'est sûr qu'au Québec on a un modèle très
interprofessionnel, interdisciplinaire. On a beaucoup axé, je pense, avec
raison, sur l'interdisciplinarité, sur le travail, et nous, comme gouvernement,
le travail de collaboration entre les professions. C'est sûr qu'il y a des IPS
beaucoup dans les GMF. Actuellement, une grande partie sont en première ligne,
la majeure partie sont en GMF. Il y en a quelques-unes, au Québec, en CLSC et
il y en a aussi en deuxième ligne. Ce n'est pas la majorité, mais il y en a, et
elles jouent un rôle très important en deuxième ligne dans les hôpitaux, etc. Mais
j'aimerais vous entendre, là, quand vous parlez des «nurse practitioners'
clinics» au Québec, là. Au Québec, on a du potentiel interdisciplinaire
intéressant dans les GMF, mais même à l'extérieur des GMF, en CLSC. Est-ce que
ça serait indiqué d'avoir davantage d'IPS en CLSC? Les CLSC et les GMF, là,
doivent travailler ensemble, là. Ce n'est pas parce qu'on est extramuros, là,
qu'on ne peut pas travailler ensemble, surtout avec les moyens technologiques
qu'on a aujourd'hui, là. Je voudrais vous entendre là-dessus. Voyez-vous un
modèle en lien avec ce que vous avancez, M. Brunet, le modèle de l'Ontario?
M. Brunet (Paul G.) : En
fait, sans être un spécialiste du sujet, mais pour entendre et avoir entendu,
oui, des spécialistes des fédérations de médecins chez qui je suis allé
récemment, beaucoup de gens ne vont pas au CLSC, beaucoup de gens se rabattent
à l'urgence pour la moindre urgence mineure, on le sait, c'est documenté. Il
faut offrir le plus possible d'autres endroits et le dire, le communiquer. Des
gens à la FMOQ me disaient : Paul, il y a des plages horaires où les
patients ne viennent pas. Oui, mais leur dites-vous? Il ne faut pas être passif,
il faut aller au-devant des patients. Il faut les prévenir, il faut les
informer, il faut faire de la publicité quand il y a une nouvelle unité de
soins. Surtout pour les soins ambulatoires qui sont ouverts, il faut le dire.
Le gestionnaire qui a parlé de ça, à
Notre-Dame, il s'est fait rabrouer, je pense, mais lui, il disait : Moi,
dans ma clinique externe, à Notre-Dame, là, il n'y a personne, on cherche les
patients. L'avez-vous dit? Il y a des gros posters : La fondation du CHUM
attend votre argent. Oui, mais ça serait le fun de voir des posters dire :
Venez à notre clinique, elle est ouverte, il n'y a pas grand monde. Tout le
monde va au CHUM, personne ne va à Notre-Dame. Il faut informer le patient, pas
juste sur la fondation de l'hôpital.
Alors, il y a beaucoup d'informations qui
manquent. Et, pour moi, les cliniques d'infirmières praticiennes, que ces
dames-là pratiquent en CLSC ou en GMF, ce qui m'importe, c'est qu'on ouvre le
plus possible d'alternatives au patient et surtout qu'on l'en informe. Beaucoup
d'informations sont manquantes.
Et je pense qu'avoir un autre site où des
femmes, comme ça se fait ailleurs au Canada, reçoivent des patients... Il y en
a un ici, dans la Basse-Ville, que, je pense, M. Barrette a fait fermer, corrigez-moi,
mais c'étaient des infirmières qui recevaient des urgences mineures. Il faut qu'on
offre d'autres alternatives aux patients, et ce n'est pas vrai que ça prend
toujours un médecin pour avoir une clinique, à mon avis.
Mme McCann :
M. Brunet, d'ailleurs, votre exemple est intéressant, c'est la clinique
SABSA, qui n'a pas fermé, qui est demeurée ouverte. On l'a soutenue, comme
gouvernement. À mon arrivée, là, je me suis penchée sur la situation, puis on a
donné de l'aide à cette clinique-là. C'est un modèle unique, hein, au Québec,
je pense que vous le savez, où est-ce qu'il y a des infirmières praticiennes
spécialisées et qui ont un lien avec un médecin, mais qui n'est pas à
l'intérieur, là, des murs, on va le dire comme ça, parce qu'on agit toujours
dans le <cadre...
Mme McCann : …
situation,
puis on a donné de l'aide à cette clinique-là. C'est un modèle unique, hein, au
Québec, je pense que vous le savez, où est-ce qu'il y a des infirmières praticiennes
spécialisées, et qui ont un lien avec un médecin, mais qui n'est pas à
l'intérieur, là, des murs, on va le dire comme ça, parce qu'on agit toujours
dans le >cadre actuel, là, évidemment, là, de la loi actuelle et des
règlements.
Mais effectivement je pense que… J'espère
saisir votre point, puis il est majeur. Moi, depuis mon arrivée, là, c'est
effectivement souvent que je discute de ça, de dire comment informer les
citoyens de nos services, c'est une trame de fond. Surtout, en même temps, en plus,
avec les réformes qu'on veut faire, il va falloir encore plus s'atteler à bien
informer la population.
La situation à l'Hôpital Notre-Dame est un
peu particulière, mais il faudrait, vous avez raison, là, diffuser davantage
l'information pour aider le CHUM aussi, là, qui reçoit… vraiment aider la
population. Il y a une autre porte d'entrée, là, qui est là pour eux. Puis, je
dois vous dire, moi, je suis allée à l'Hôpital Notre-Dame visiter, là, puis
l'équipe, là, est à pied d'oeuvre là-dessus, mais votre point est essentiel, la
communication avec la population.
Je reviens au travail des IPS. Avec ce que
vous entendez, là, des personnes qui sont à votre organisation, des usagers,
comment les gens vous parlent des IPS, actuellement, en termes d'intégration
dans les équipes, là, avec les médecins, avec les autres professionnels? Moi,
je ne veux pas biaiser votre réponse, M. Brunet, mais je vais quand même
vous dire que je reviens d'une tournée au Québec, puis, dans certaines régions,
là, la différence, c'est la présence d'une IPS. Dans certains secteurs sur la
Côte-Nord, là, ce sont des IPS qui sont là, parce qu'on manque de médecins,
actuellement, au Québec. Puis il y a des travaux à faire. Évidemment, on a
d'autres travaux qui se font à ce niveau-là. Les médecins de famille, on en
manque, actuellement. On manque de main-d'oeuvre dans certains secteurs, comme
la Côte-Nord puis d'autres régions, et ce sont les IPS…
Et, je vais vous dire, moi, j'ai rencontré
des citoyens qui m'ont dit : Vous êtes mieux de ne jamais toucher à mon
IPS, hein, parce que vous allez vraiment recevoir une lettre de cabinet. Il y a
eu beaucoup d'évolution. La population, maintenant, reconnaît la valeur des
infirmières praticiennes spécialisées. Mais je veux vous demander qu'est-ce que
vous entendez par rapport au travail conjoint de collaboration entre les
médecins, les infirmières praticiennes et les autres professionnels.
M. Brunet (Paul G.) :
Outre la réticence de certains groupes de médecins, je n'entends pas un patient
me dire : Moi, l'IPS a fait ceci ou l'IPS a fait cela. Ce dont les
patients se plaignent, et les plaintes que l'on reçoit, c'est l'accès. Quand
ils vont comprendre, parce qu'on va leur avoir expliqué puis on va les avoir
informés, qu'il y a des infirmières praticiennes qui peuvent les accueillir
dans une clinique, dans un GMF pour accélérer, augmenter l'offre de soins pour
les patients ambulatoires, c'est là où ils vont voir la différence. Ils la
voient dans les régions, parfois dans des régions éloignées où, si ce n'était
de la présence d'une IPS, il n'y aurait pas de soins, littéralement. Alors, je
pense que c'est une avenue importante. Mais je n'ai pas entendu d'usagers me dire
quelque chose pour ou contre une IPS, ce dont ils se plaignent, c'est de ne pas
avoir accès à un médecin ou à des soins, surtout pour des soins de première
ligne, où les IPS pourraient très bien faire le travail, de ce que je comprends
du projet de loi et de ce qu'il est possible de faire, comme elles le font,
d'ailleurs, en région.
Quand on s'est rencontrés, vous m'avez
même parlé de télémédecine. Ça existe déjà. Il y a des entreprises qui offrent,
avec des médecins, des infirmières, des soins via la vidéoconférence. On
pourrait régler 30 %, 40 % des urgences mineures. Ce n'est pas rien,
ça, c'est presque 1 million de patients de moins dans les urgences, parce
que la médecine évolue, parce que l'accès évolue et parce qu'on s'en va là
tranquillement. On n'aura pas le choix que de commencer à en parler, mais je
sais que vous m'en avez parlé quand on s'est vus. C'est une des voies de
l'avenir, surtout pour les gens qui ont besoin d'être vus pour des soins
mineurs ou des diagnostics et des prescriptions pour un soin de première ligne.
Mme McCann : Mais, vous,
M. Brunet, là, j'aimerais vous entendre un peu plus explicitement. Vous
dites, dans le fond, que notre projet de loi ne va pas assez loin, vous
regardez le modèle ontarien puis vous regardez ailleurs au Canada. Pouvez-vous
nous dire plus spécifiquement où est-ce que le projet de loi ne va pas assez
loin?
• (10 h 40) •
M. Brunet (Paul G.) : Je
ne sais pas, les cliniques infirmières, moi, je ne les ai pas vues, là, dans
les affaires que j'ai vu décrites. Pourquoi il n'y en aurait pas ici, alors
qu'il y a en Colombie-Britannique puis en Ontario <depuis 10, 20 ans…
Mme McCann : ...vous
regardez
le modèle ontarien puis vous regardez ailleurs au Canada. Pouvez-vous nous dire
plus spécifiquement où est-ce que le projet de loi ne va pas assez loin?
M. Brunet (Paul G.) :
Je ne sais pas, les cliniques infirmières, moi, je ne les ai pas vues,
là, dans les affaires que j'ai vues décrites. Pourquoi il n'y en aurait pas
ici, alors qu'il y a en Colombie-Britannique puis en Ontario >depuis 10,
20 ans? Ils ont fait la job, là. Il y a des patients Québécois qui
habitent proche de l'Ontario puis ils s'en vont en Ontario voir une IPS parce
que ça va plus vite.
C'est juste l'offre de soins, là. Tu sais,
encore une fois, je ne suis pas médecin, je ne suis pas clinicien, j'opère, par
exemple, dans mon organisation, mais c'est donner accès au monde. Tu sais,
M. Barrette, puis je suis sûr qu'il était bien intentionné, a dit :
On va enregistrer 500 000 patients de plus. Oui, mais comment ça se
fait que ce 500 000 patients de plus enregistrés auprès d'un médecin
de famille ne s'est pas répercuté dans la baisse de la venue de patients
ambulatoires dans les urgences? Bon, on s'obstine, là, c'est 40 000 ou
75 000 de moins, mais il y a toujours bien 400 000 autres
patients qui sont inscrits puis qui continuent de venir à l'urgence.
C'est de donner des moyens, des
alternatives à l'accès puis d'informer la population, et, pour ça, je pense, je
vous soumets... Je ne sais pas ce que vous allez faire, d'ailleurs, avec les
supercliniques, mais c'était une autre alternative, et on a appuyé l'ancien
gouvernement sur les vraies supercliniques, là, des miniurgences où on
accueillait des gens, pas des miniurgences où on renvoyait les gens à l'urgence
pour passer des tests ou passer des radiographies. Alors, ces
supercliniques-là, il s'en est ouvert, et certaines sont très fonctionnelles,
et il faudrait aussi les encourager, mais, encore là, il faut le publiciser.
Il faut donner accès aux gens à des soins
de première ligne. Comment on va le faire? Vous avez là, certainement, un pas
extrêmement important de franchi. Mais je vous propose que la clinique qu'il y
a dans le bas de la ville, ici, à Québec, se multiplie, parce qu'il y a des
femmes, surtout, mais il y a des hommes, je présume, infirmiers et infirmières
praticiennes, qui sont extrêmement dévoués, et je pense qu'elles et ils
pourraient jouer un rôle extrêmement important dans l'accès aux soins de
première ligne. Et je vous encourage, mais je comprends que vous avez déjà fait
un grand pas.
Puis ce n'est pas facile de discuter avec
tous ces groupes qui sont habitués depuis, «my God», 100 ans à avoir
l'exclusivité. C'est fini, ça. «The old boys' club», c'est fini, et nous nous
en réjouissons, parce qu'il n'y a pas juste eux autres qui peuvent soigner les
patients, surtout pas pour des urgences mineures.
Mme McCann : Bien, en
tout cas, M. Brunet, vos messages sont importants. Et je pense qu'avec ce
projet de loi et un autre qui chemine actuellement, là, au niveau des
pharmaciens, les travaux qu'on fait pour changer le mode de rémunération des
médecins de famille, avec lesquels on travaille avec la Fédération des médecins
omnipraticiens, l'ouverture du Collège des médecins du Québec, le travail en
partenariat entre les ordres professionnels, on arrive à une autre étape, et
elle est essentielle, je le répète.
Et je sais que vous le savez, mais je le
répète, que nous n'avons pas le choix, à ce moment-ci dans notre histoire, de
faire tout ce qu'on peut parce qu'on a une pénurie de main-d'oeuvre. Alors, il
faut vraiment enlever toutes les embûches à ce que tout le monde déploie toutes
ses compétences, parce que c'est ça qui va faire en sorte qu'on va pouvoir
s'occuper de notre population, de nos usagers.
Alors, je vous remercie de vos
commentaires. Je ne sais pas si, M. le Président, on a du temps pour une autre
petite question.
Le Président (M. Provençal)
: Une minute.
Mme McCann : Il y a la
députée de... excusez-moi, M. le Président, la députée de Soulanges, peut-être…
Le Président (M. Provençal)
: Il n'y a pas de problème. Mme la députée de Soulanges.
Mme Picard : Oui, merci
beaucoup pour vos témoignages, ils sont superimportants. En fait, au niveau de
vos patients que vous consultez, pour vous, quel est le majeur problème en
première ligne? Sur quels points on devrait vraiment, là, plus focusser en ce
moment?
M. Brunet (Paul G.) :
Votre question ressemble à celle que le Dr Godin m'a posée récemment, et
puis je ne pense pas qu'il m'en veuille que je la redise ou que je la cite, et
je le cite : Recevoir le patient, l'écouter, prendre un peu plus de temps
à l'écouter. L'ancien président du collège, Dr Lamontagne, disait : Paul,
il n'y a pas de tarif pour écouter les patients, ça fait partie de la
prestation de soins, d'écouter le patient.
Tu sais, il y a des études américaines,
puis le Collège des médecins me disait que ça s'appliquait aussi au Québec... lorsque
le médecin interrompt le patient après 45 secondes et il regarde plus son écran
que le patient, il y a tout un défi. Puis je sais qu'on est dans une société où
tout va très vite, mais l'écoute, accès à un médecin, accès à des soins... Et
moi, quand je parle à des usagers, je leur dis : Tu sais, il y a des
infirmières, il y a du monde qui peut vous aider en CLSC, en GMF. Alors, il
faut propager ça avec cette loi-là, quand elle sera en vigueur, pour que les
gens aient plus... mais en général c'est le problème <d'accès...
M. Brunet (Paul G.) :
…
l'écoute, accès à un médecin, accès à des soins... Et, moi, quand je
parle à des usagers, je leur dis : Tu sais, il y a des infirmières, il y a
du monde qui peut vous aider en CLSC, en GMF. Alors, il faut propager ça avec
cette loi-là, quand elle sera en vigueur, pour que les gens aient plus... mais
en général c'est le problème >d'accès.
L'autre problème, c'est l'abandon du
patient. Des fois, des patients avec de multiples maladies chroniques se font
dire — en tout cas, ceux que l'on a reçus : Il m'a dit que, là,
lui, il ne faisait plus ça puis il ne s'occupe plus de ça. J'ai rappelé à la
FMOQ récemment qu'ils ont une obligation déontologique de ne pas abandonner le
patient. Il faut que tu réfères le patient à un autre médecin, une autre
médecin. Si toi, tu sens que tu as atteint la limite de ce que tu pouvais faire
pour le patient ou de ce que tu voulais faire pour le patient, tu as le droit,
mais tu ne peux pas abandonner le patient. J'ai beaucoup de plaintes d'abandon.
Quelle honte qu'un médecin abandonne son patient sans le référer. C'est
pourtant une obligation déontologique de l'accueillir ou de le référer.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, Mme la ministre. Maintenant, je cède la parole au
député de l'opposition officielle, M. le député de Pontiac.
M. Fortin :Merci, M. le Président. Bonjour, M. Brunet,
Mme Boisvert. Merci d'être avec nous. Puis je trouve ça intéressant que
vous soyez les premiers invités à la commission. Qu'on pense aux patients d'abord
et avant tout, là, en tant que commission, je trouve ça intéressant. Et je suis
un peu comme vous, là. Vous avez dit, tantôt, là : Moi, je ne suis pas un médecin
et je n'ai pas travaillé dans le réseau. Moi non plus, je ne viens pas du
réseau de la santé. Donc, on va prendre l'optique patient, c'est celui qu'on
connaît, c'est celui que vous voyez au comité des usagers, Mme Boisvert
aussi. Alors, prenons l'angle patient, puis là je vais essayer de comprendre
votre point sur la communication. Comment on s'assure que le patient sait où
aller? Parce que, là, le projet de loi, là, fait en sorte que les infirmières
praticiennes spécialisées peuvent faire toutes sortes d'actes qu'en ce moment
elles ne pourraient pas faire. Mais vous, vous dites à la ministre : Allez
plus loin avec votre projet de loi, parlez des cliniques qui sont réservées aux
infirmières praticiennes spécialisées. Parce que je ne pense pas que c'est le
problème de SABSA, parce que pas mal tout le monde à Québec... peut-être que le
député de Jean-Lesage pourrait me corriger, mais il y a bien du monde à Québec
qui connaissent la clinique SABSA, qui savent les services qui y sont
offerts.
Mais, si on ouvre, par exemple — et
je ne suis pas contre ce que vous êtes en train de dire, j'essaie de comprendre — un
réseau de cliniques d'infirmières praticiennes spécialisées, disons, est-ce que
ça ne rend pas encore la chose plus compliquée pour le patient? Dans le sens où
le patient, s'il est malade, il peut se tourner vers son GMF, il peut se
tourner vers, s'il a un médecin de famille, un GMF, il peut se tourner vers une
clinique sans rendez-vous dans sa région, il peut se tourner vers un CLSC, il
peut se tourner vers la salle d'urgence — ça arrive trop souvent,
malheureusement, pour des cas, donc, qui ne devraient pas nécessairement être
traités à l'urgence — pourrait se tourner vers une clinique
d'infirmières praticiennes spécialisées. Alors, je comprends où vous voulez en
venir avec ça et rendre l'accès plus disponible, mais en même temps est-ce que
ça ne va pas un peu contre ce que vous êtes vous-même en train de dire, que le
patient doit savoir où aller à tout moment? S'il y a plus d'options, est-ce que
ça ne vient pas plus difficile, pour le ministère de la Santé, le réseau ou les
CISSS locaux, d'organiser ces soins-là pour que le bon patient aille au bon
endroit au bon moment?
M. Brunet (Paul G.) :
Écoutez, il y a encore, dans les derniers chiffres, là,
900 000 patients ambulatoires qui arrivent à l'urgence pour des soins
mineurs, il faut trouver une solution, et cela, bien que nous ayons un record
de patients enregistrés auprès d'un médecin de famille qu'ils ne peuvent pas
voir avant un certain temps. Ça fait que ça, ça ne règle pas le problème des
urgences mineures.
Simplement dit, c'est que, si on ouvre
d'autres possibilités et qu'on le communique, j'espère qu'on va faire diminuer
le nombre de patients ambulatoires. Pourquoi? Parce que les urgences, c'est
fait pour les urgences graves. Quand on va régler le problème des urgences
mineures, on va vraiment augmenter la sérénité puis la qualité des soins qui
sont prodigués en urgence.
Il y a des gens extrêmement malades. J'ai
un neveu qui s'est fait greffer un rein, puis, à chaque fois qu'il avait une
complication, il s'en allait à l'urgence. Je lui ai dit : Es-tu correct? Il
dit : «It's a war zone.» Il faut qu'il se protège lui-même contre ce qui se
passe à l'urgence tellement il y a du monde. Il y avait un ancien... bien, je
ne sais pas s'il est encore en pratique, mais, à Maisonneuve-Rosemont, le
Dr Lévesque disait : Ce n'est pas l'urgence, le problème, c'est tout
en périphérie qui ne fait pas sa job. C'est vrai. Sortons les
900 000 patients ambulatoires de l'urgence — je parle de
chiffres gros, là — vous allez voir, les urgences vont s'améliorer, il
va y avoir plus de qualité, on va faire baisser l'hospitalisation, à condition
qu'on offre d'autres lits en soins de longue durée, hein, parce qu'il y a
25 % de personnes âgées qui sont hospitalisées, qui gèlent des lits, qui
empêchent... Tu sais, tout se tient.
Alors, sortons les patients, pour des
soins de première ligne, des urgences quand c'est <possible...
M. Brunet (Paul G.) :
...
vous allez voir, les urgences vont s'améliorer, il va y avoir plus de
qualité, on va faire baisser l'hospitalisation, à condition qu'on offre
d'autres lits en soins de longue durée, hein, parce qu'il y a 25 % de
personnes âgées qui sont hospitalisées qui gèlent des lits, qui empêchent... Tu
sais, tout se tient.
Alors, sortons les patients, pour des
soins de première ligne, des urgences quand c'est >possible, offrons-leur
la possibilité, communiquons-le, d'aller voir une infirmière praticienne, réglons
le problème des lits qui manquent en CHSLD, on va avoir un hôpital qui va
pouvoir faire monter plus de patients de l'urgence, des patients gravement
malades, on va régler une bonne partie du problème du réseau de la santé, et
probablement que vous allez moins me voir. N'est-ce pas un objectif important?
• (10 h 50) •
M. Fortin : En fait, je
ne suis pas en désaccord avec rien de ce que vous venez d'avancer, mais je me
demande comment on fait ça, pratico-pratique, là, informer le patient,
communiquer avec le patient, parce que l'infirmière praticienne spécialisée qui
aurait toutes sortes de pouvoirs supplémentaires...
Moi, je suis patient en GMF, O.K.? Je
donne mon exemple bien personnel, là, mais moi, j'ai un médecin de famille en
GMF, où il y a des infirmières praticiennes spécialisées. Si les IPS ont tous
ces pouvoirs-là additionnels et peut-être d'autres… on verra, au fil du temps,
là, des consultations qu'on reçoit, mais, si je me pointe à mon GMF parce que
je suis malade, parce que je ne vais pas bien, est-ce que le GMF n'est pas le
meilleur endroit pour dire : Bien, aujourd'hui va voir une infirmière
praticienne spécialisée, aujourd'hui va voir un médecin? Parce que, de
l'extérieur, quelqu'un qui est malade, qui est chez lui, il ne sait pas où
aller. Alors, je me demande c'est quoi, les meilleurs outils de communication
pour que le patient sache où aller, pour ne pas qu'il aille à l'urgence.
Comment on fait pour l'informer de ça? Est-ce que ça, là, pour quelqu'un qui a
un médecin… D'après moi, ça peut fonctionner si des infirmières praticiennes
spécialisées sont en GMF, et le GMF peut orienter ses patients. Mais comment on
fait pour communiquer ça à quelqu'un qui, lui, ne sait pas où se tourner, qui
n'a peut-être pas de médecin de famille? Alors, avez-vous des outils
spécifiques en tête au niveau communicationnel? Tu sais, c'est un peu le débat
qu'on a depuis toujours. Comment est-ce qu'on sort les gens de l'urgence?
Comment est-ce qu'on leur dit qu'ils ont d'autres options? Avez-vous quelque
chose de plus spécifique en tête?
M. Brunet (Paul G.) :
Oui. Les GMF existent depuis, quoi, 10, 15 ans, si je ne m'abuse, un peu
plus, ils font partie de la situation actuelle, qui n'est toujours pas
résorbée. Alors, oui, améliorons la communication, l'information pour que les
gens aillent dans les GMF. Mais, à date, force est de constater qu'on n'a pas
amélioré la situation, malgré le travail important que les GMF font. Moi, dans
mon GMF, le samedi matin, de 8 heures à midi, si tu es membre du GMF, tu
peux aller dans cette urgence mineure là.
M. Fortin :
Est-ce que les supercliniques n'ont pas fait ça, jusqu'à un certain point?
Est-ce que vous trouvez qu'il y a un manque de communication à ce niveau-là? Bien,
je ne le sais pas, mais, tu sais, je vous pose la question à vous, comment on y
arrive, là? Parce que, si on donne des pouvoirs supplémentaires, s'il y a des
actes supplémentaires qui peuvent être faits, peut-être que les cliniques vont
pouvoir ouvrir des heures supplémentaires avec l'aide d'infirmières praticiennes
spécialisées, peut-être que ce qu'on est en train d'étudier va mener à ça, mais
comment est-ce qu'on le communique? C'est un peu ça, l'enjeu.
M. Brunet (Paul G.) : Je
suis sûr qu'il y a des spécialistes en coms qui vont vous aider.
M. Fortin : Oui, c'est
bon.
M. Brunet
(Paul G.) : Puis on tend la main. Moi, je l'ai dit à Mme McCann
puis à Mme Blais, on tend la main. Il faut redorer ce réseau-là. Il faut
faire la job qui va avec puis redire aux gens comment ce réseau-là vaut son
pesant d'or et comment, d'abord, c'est noble d'y travailler, hein? On a fait
sortir beaucoup d'infirmières. D'ailleurs, contrairement à l'ancien gouvernement,
dès son arrivée, j'ai dit à McCann qu'il y avait 1 000 infirmières
sur le chômage. Ce n'est pas moi qui le disais, c'étaient les communiqués de
l'ordre depuis deux ans. Là, on est rendus à 400, je pense, qui sont encore sur
le chômage puis qu'on peut aller chercher.
Il y a 40 %
des 14 000 infirmières auxiliaires qui doivent se trouver une autre
job temporaire pour combler leur semaine de travail parce que le réseau ne leur
donne pas assez d'heures. Ça, là, c'est presque 10 000 femmes et
hommes qui sont disponibles. Il y a de la place. Si on leur offre quelque chose
d'intéressant, là, il y a du monde qui est prêt à travailler pour combler la
pénurie dont on parle tout le temps. Mais c'est parce que je me fais dire par
des présidentes puis des présidents d'ordres divers chez les professionnels de
la santé qu'il y a de la place puis il y a du monde qui veut travailler, mais à
qui on n'offre pas des affaires importantes ou intéressantes. Il y a ce
défi-là. Je comprends qu'aujourd'hui les jeunes, peut-être, aiment moins
travailler la nuit, mais, tu sais, c'est une job, le nursing, comme la médecine,
ce n'est pas du 9 à 5.
M. Fortin :
Oui, je vous ai entendu souvent, M. Brunet, parler, justement, de cette
question-là, la question de la pénurie d'infirmières, entre autres, là, pénurie
de personnel, pénurie d'infirmières, puis, votre point, je pense qu'il est
constant au cours des dernières années. Si je me souviens bien, vous avez parlé
de ça en 2010, comme quoi il n'y avait pas de pénurie d'infirmières, puis on
s'en parle encore aujourd'hui. Est-ce que quelque chose comme ça pourrait
causer une <pénurie...
M. Fortin :
...
parler, justement, de cette question-là, la question de la pénurie
d'infirmières, entre autres, là, pénurie de personnel, pénurie d'infirmières, puis,
votre point, je pense qu'il est constant au cours des dernières années. Si je
me souviens bien, vous avez parlé de ça en 2010, comme quoi il n'y avait pas de
pénurie d'infirmières, puis on s'en parle encore aujourd'hui. Est-ce que
quelque chose comme ça pourrait causer une >pénurie ou, disons, un
besoin supplémentaire au niveau des infirmières? Parce que, si les infirmières
praticiennes spécialisées se trouvent à faire des choses que les médecins font
en ce moment à certains niveaux, des choses qu'elles font elles-mêmes en ce
moment, avec validation, là, disons, mais des nouveaux actes qu'elles ne
peuvent pas faire en ce moment, est-ce que ça pourrait faire en sorte qu'on
aurait besoin davantage d'infirmières et de ce qu'est une infirmière
praticienne spécialisée en ce moment?
M. Brunet (Paul G.) :
Écoutez, encore une fois, ce n'est pas ma spécialité. Ce que je dis, c'est
qu'il faut régler le problème des urgences mineures puis des
900 000 patients ambulatoires qui se rendent inutilement à l'urgence.
Comment on va le faire? À date, là, on n'a pas amélioré les affaires. Bien, en
tout cas, objectivement, les chiffres sont astronomiques, et puis ce n'est pas
normal que les urgences soient aussi encombrées puis qu'on attende aussi
longtemps.
Qu'est-ce qu'on fait? Il y a toutes sortes
d'alternatives possibles. Il y a toutes sortes de défis puis de risques, hein,
de diluer les forces infirmières et autres, mais, si on ne l'essaie pas — et
il y a des provinces qui le font depuis très longtemps, puis ça marche — bien,
on ne saura pas ce qui en ressortira. Et je pense que ça vaut la peine de
risquer et d'aller chercher toutes les femmes et les hommes professionnels de
la santé à qui on devrait offrir plus de travail. Comme certains présidents,
présidentes d'ordre me l'ont dit, il y a de la place encore. Si on a des sous,
il faut aller les chercher.
M. Fortin :
Je vous remercie, M. Brunet.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Je cède maintenant la parole au député de
Jean-Lesage, responsable du deuxième groupe d'opposition.
M. Zanetti : Merci
beaucoup. Merci d'être parmi nous ce matin. Qu'est-ce que vous pensez de
l'argent qui est donné aux médecins pour superviser les infirmières
praticiennes spécialisées? Est-ce que vous pensez que le montant est trop élevé?
Quel est votre point de vue là-dessus?
M. Brunet (Paul G.) :
Écoutez, là, je pense que ce projet de loi là devrait régler la question de
l'assujettissement des infirmières praticiennes aux médecins et que quand
l'infirmière ne sera plus assujettie au médecin, je ne vois pas pourquoi le
médecin continuerait à être payé pour la superviser. On essaie de sortir de ce
carcan historique, là.
Tu sais, ma mère disait : On ne parle
pas contre les médecins puis on ne parle pas contre les prêtres. On est rendus
ailleurs, tu sais, et, sauf respect puis l'affection que je voue aux médecins — j'ai
un médecin de famille et j'espère qu'il ne m'entend pas — mais il
faut trouver d'autres alternatives. Et, quand ces femmes-là, ces hommes-là
seront maîtres à bord à partir des actes délégués, il n'y a plus de raison
qu'ils soient supervisés par un médecin. En tout cas, j'espère que c'est ça
qu'on va faire, là, ça va débarquer. Puis je ne sais pas de quelle économie on
parle, mais cela ne devrait plus être justifié, à mon avis.
M. Zanetti : Et vous
sembliez dire qu'il y avait un frein, là, à la mise sur pied de cliniques
dirigées par des IPS au Québec. Est-ce que vous pouvez clarifier ou expliquer
ça?
M. Brunet (Paul G.) :
Bien, écoutez, l'histoire des infirmières praticiennes de l'Ontario, qui date
de 1973, parle par elle-même. Des superinfirmières, là, l'ancien gouvernement
en avait promis. Elles ne sont toujours pas intégrées. Plusieurs ont quitté la
province après qu'on les ait formées. Tu sais, on a une grosse job à faire pour
dire à ces femmes, ces hommes-là : O.K., là, on va vous prendre au
sérieux.
Et, comme j'en ai prévenu la ministre
tantôt, même les gens de Colombie-Britannique ont dit : Faites attention,
il faut vraiment qu'on pousse pour être sûrs que la machine va les intégrer
respectueusement avec les budgets qui vont avec. C'est ça que ces femmes-là,
ces hommes-là de la Colombie-Britannique sont venus nous dire, ça a pris 10 ans
à les intégrer. On est capables de faire ça plus vite, ça prend une volonté
politique et surtout ça prend une ouverture de nos amis médecins, là.
Puis, je pense, ce que j'entends, la
nouvelle présidence du collège… M. Godin, semble-t-il, va quitter bientôt,
mais je pense qu'on est rendus là. Puis il y avait des jeunes médecins autour
de la table qui écoutaient bien ce qu'on leur disait, et je pense qu'il y a une
belle ouverture. Il faut en profiter, parce que, là, la loi suivra cette
ouverture-là, et c'est tant mieux. Mais je ne vois pas comment encore
devrions-nous rémunérer des médecins s'ils ne supervisent pas ces IPS là, qui,
en passant, sont très compétentes pour faire la job, avec toute l'autonomie que
le projet de loi le prévoit.
M. Zanetti : Merci beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
: Je passe maintenant la parole au député des
Îles-de-la-Madeleine, responsable du troisième groupe d'opposition.
2 min 45 s, M. le député.
• (11 heures) •
M. Arseneau : Merci, M.
le Président. M. Brunet, bienvenue.
Je vais aller directement à la question
qui me préoccupe. Vous avez fait des comparaisons avec la province de
l'Ontario, l'Alberta, la Colombie-Britannique. Selon notre compréhension, les
IPS dans les autres provinces <ne sont pas…
>
11 h (version révisée)
Le Président (M. Provençal)
: …2 min 45 s, M. le député.
M. Arseneau : Merci, M. le
Président. M. Brunet, bienvenue. Je vais aller directement à la question
qui me préoccupe. Vous avez fait des comparaisons avec la province de
l'Ontario, de l'Alberta, de la Colombie-Britannique. Selon notre compréhension,
les IPS dans les autres provinces ne sont pas liées aux mêmes genres de
critères qui sont inclus dans le projet de loi, les six caractéristiques
cumulatives auxquelles chaque maladie courante doit répondre pour qu'une IPS
puisse porter un diagnostic. Est-ce que vous partagez cette analyse-là et <est-ce
que ça… >est-ce que vous avez approfondi la question?
M. Brunet (Paul G.) : Non, je
n'ai pas approfondi la question. Ce que je sais… Et c'est pour ça que j'ai cité
ce qu'elles… ces filles-là font en anglais pour être sûr que je ne serais pas
en défaut de traduire erronément. Ce que je souhaite, c'est que les infirmières
praticiennes du Québec aient la même autorité, les mêmes actes délégués que
leurs collègues des autres provinces. Si les infirmières praticiennes de
l'Ontario font ça depuis 1973, ça doit être parce qu'il y a quelque chose de
bon là-dedans. Et je ne sais pas si c'est parce que la ministre veut commencer
tranquillement ou si c'est là que se sont arrêtées les négos, je ne le sais
pas, mais on va vous appuyer pour aller le plus loin possible, Mme la ministre,
pour que ces femmes, ces hommes-là aient les mêmes actes délégués sans autres
encombres, comme leurs collègues des autres provinces. C'est très important
qu'on… On est rendus là, écoute, là, on n'attendra pas un autre 40 ans,
là, pour faire évoluer. C'est pour ça je me dis : Tant qu'à donner un coup,
donnons-le tout de suite. De toute façon, on sait que ça va prendre du temps à
intégrer, puis pousser ces affaires, puis parler à nos amis médecins puis nos
fédérations, là. D'ailleurs, je serais curieux de savoir… Je ne les ai pas
entendus réagir bien gros, mais…
M. Arseneau : …
M. Brunet (Paul G.) : Non,
mais c'est pour une bonne cause, tu sais, on ne peut pas être contre cette
vertu-là. Moi, je… en tout cas, on va être là.
M. Arseneau : Oui. Alors, je
ne sais pas si la partie gouvernementale pourra répondre tout à l'heure, mais
c'est ma période de questions et elle est courte. Donc, ce que vous dites,
c'est l'étalon de comparaison minimal, c'est celui des autres provinces. Puis,
quand on sait que les infirmières au Québec sont probablement les mieux formées
de tout le pays, l'idée d'y aller de façon progressive, ou par étape, ou tout
ça, pour vous, là, c'est à proscrire. Allons-y et allons-y à fond et dès
maintenant.
M. Brunet (Paul G.) :
C'est-à-dire qu'on pourrait prévoir une progression en ayant des dispositions
qui n'entrent pas tout de suite en vigueur, ça pourrait être une démarche moins
dure pour ceux qui s'y opposent ou qui ont peur, et tranquillement… mais mettre
des dispositions ou mettre des paragraphes qui entreront en vigueur
éventuellement sur décret du gouvernement.
M. Arseneau : Mais qu'on ne
fasse pas les choses à moitié à ce stade-ci.
M. Brunet (Paul G.) : Bien,
en tout cas, je pense que c'est un coup à donner, puis j'espère qu'on va aller
le plus loin possible dans le respect de ce que les autres collègues… et
surtout dans le respect des autres groupes de médecins, parce qu'il ne faut pas
s'en faire des ennemis non plus, on a besoin d'eux autres. Mais je pense qu'il
y a de la place pour des professionnels comme les infirmières praticiennes au
Québec, comme c'est le cas ailleurs dans au moins trois autres provinces.
Le Président (M. Provençal)
: Je remercie le Conseil de la protection des malades pour
leur contribution aux travaux de la commission.
Je suspends les travaux quelques instants
afin de permettre au prochain groupe de prendre place. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 11 h 3)
>
(Reprise à 11 h 5)
Le Président (M. Provençal)
: Nous recevons maintenant les représentants du Collège des
médecins du Québec. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour
votre exposé, puis nous procéderons à la période d'échange avec les membres de
la commission. Je vous invite à vous présenter puis à commencer votre exposé.
Je vous cède la parole.
M. Gaudreault (Mauril) :
Bonjour à tous. Bonjour à tous et toutes, ça va? Je suis Mauril Gaudreault,
président du Collège des médecins du Québec. Bonjour, M. le Président. Je suis
accompagné aujourd'hui du Dr Guy Morissette, à ma droite, qui est administrateur
au conseil d'administration mais aussi président du Comité directeur sur les
activités médicales partageables, qui est un comité permanent du collège, de Me Linda
Bélanger, à ma gauche, qui est directrice adjointe à la Direction des services
juridiques, qui suit depuis près de deux décennies l'évolution des lois et
règlements professionnels, et de Mme Claudia Houle, qui est une patiente
partenaire et membre du Comité directeur sur les activités médicales
partageables.
M. le Président, Mme la ministre, Mmes et
MM. les parlementaires, rappelons tout de suite la mission du Collège des
médecins : promouvoir une médecine de qualité pour protéger le public et
contribuer à l'amélioration de la santé des Québécois. Le Collège des médecins
du Québec vous remercie de lui permettre de vous présenter ses réflexions
concernant le projet de loi n° 43, la Loi modifiant
la Loi sur les infirmières et les infirmiers et d'autres dispositions afin de
favoriser l'accès aux services de santé.
Comme j'ai eu l'occasion de vous le dire
ici même, le mois dernier, dans cette même salle, au sujet du projet de loi n° 31 concernant les activités professionnelles des
pharmaciens, depuis mon élection à la présidence du Collège des médecins il y a
un an, trois grands objectifs guident mes actions : se rapprocher du
public, dont nous devons assurer la protection, assurer la responsabilité
sociale des médecins, intensifier la collaboration interprofessionnelle afin
d'améliorer l'accès à des soins de santé de qualité dans le respect des
compétences de chaque intervenant. Aujourd'hui encore, le projet de loi n° 43 me donne l'occasion de poursuivre ces mêmes
objectifs.
Je désire d'abord affirmer que le collège
est d'accord avec les orientations du projet de loi et que nous soutenons le
gouvernement dans sa démarche visant à préciser dans une loi propre les rôles,
les responsabilités et les conditions d'exercice des infirmières praticiennes
spécialisées, comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire récemment, lors du dépôt
du projet de loi, et ce, afin de mieux servir la population. Je tiens à
souligner qu'au cours des derniers mois le collège a fait preuve d'une
ouverture sans précédent afin que les infirmières praticiennes spécialisées
puissent exercer davantage d'activités médicales. À mon sens, le projet de loi
présentement à l'étude est la conséquence directe de cette ouverture.
Vous nous permettrez maintenant
d'identifier certaines conditions de réussite pour que l'objectif poursuivi
soit atteint. Ces conditions se résument en quatre mots, quatre :
compétence, communication, collaboration, suivi.
D'abord, la compétence. Afin de remplir sa
mission de protection du public, il est essentiel pour tout ordre professionnel
de s'assurer de la compétence de ses membres. Ce nouveau modèle de soins ne
profitera aux patients que si les activités médicales exercées par les IPS sont
soumises aux mêmes exigences que celles auxquelles se conforment déjà les médecins.
Voilà pourquoi nous sommes persuadés que le nouveau cadre législatif doit
prévoir l'imposition d'un examen de certification de fin de formation ainsi que
des mécanismes d'évaluation, des mécanismes d'inspection professionnelle et de
maintien des compétences analogues à ceux qui existent chez les médecins pour
des activités similaires.
• (11 h 10) •
Concernant la nouvelle responsabilité que
le projet de loi souhaite confier aux IPS au sujet des formulaires de nature administrative
qu'elles pourront dorénavant remplir, il reste à bien définir les
responsabilités respectives du médecin et de l'IPS. Le collège soutient que le
cursus des programmes de formation de spécialités des IPS devrait être
actualisé afin de leur permettre d'acquérir des connaissances en lien avec ces
nouvelles activités qui lui sont confiées, comme les formulaires de la
commission des normes, équité et soins et services de santé, par exemple, de la
même façon que de tels <objectifs...
M. Gaudreault (Mauril) :
...
devrait être actualisé afin de leur permettre d'acquérir des
connaissances en lien avec ces nouvelles activités qui lui sont confiées, comme
les formulaires de la commission des normes, équité et soins et services de
santé, par exemple, de la même façon que de tels >objectifs
d'apprentissage sont inclus dans les programmes de résidence en médecine de
famille.
À niveau de responsabilité équivalent,
exigences équivalentes. Si la compétence initiale doit être confirmée par un
examen de certification, elle doit être aussi maintenue tout au long de
l'exercice. Voilà pourquoi le collège insiste également sur la nécessité que
les exigences en matière de formation continue des IPS soient précisées, comme
nous venons de le faire nous-mêmes avec notre règlement sur le développement
professionnel continu en vigueur depuis le 1er janvier dernier.
De plus, des mécanismes d'inspection
professionnelle des infirmières praticiennes spécialisées doivent être instaurés
dans les meilleurs délais, car ceux-ci n'ont toujours pas été mis en place
depuis 2006 par l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec. Le collège
suggère d'ailleurs que des inspections conjointes soient effectuées pour ce qui
est des activités médicales visées par le projet de loi. Sur ce plan, il offre
à nouveau son entière collaboration à l'Ordre des infirmières et infirmiers du
Québec. À pratique équivalente, mécanismes de surveillance équivalents.
La communication. Comme je l'ai dit quand
je suis venu ici il y a un mois, tout comme pour la collaboration
interprofessionnelle avec les autres professionnels — on parlait à ce
moment-là des pharmaciens — la clé de la réussite sera la mise en
place de mécanismes de communication améliorés entre chaque professionnel
impliqué dans la prise en charge et le suivi des problèmes de santé d'un
patient. C'est là un de nos défis. Des outils technologiques actuellement
disponibles tardent à être déployés pour consolider cette bonne communication,
cependant.
Collaboration et suivi. Le collège
souligne l'importance de mettre en place des structures et des mécanismes
formels de collaboration entre les médecins et les infirmières praticiennes
spécialisées afin d'éviter une pratique en vase clos et d'assurer un corridor
de services fluides entre le médecin et l'IPS, chacun étant sollicité au bon
moment, notamment lorsque la condition d'un patient ne correspond plus à la
définition de maladie courante.
Le collège suggère qu'un comité de vigie
soit constitué afin de faciliter la mise en oeuvre du projet de loi, alors que
de nombreuses questions pourraient surgir <sur leur terrain... >sur
le terrain quant à l'actualisation du rôle de l'IPS.
De même que le collège et l'Ordre des
infirmières et infirmiers du Québec devront collaborer à l'assurance qualité
des activités médicales exercées par les IPS hors établissement, il devrait en
être de même à l'intérieur des établissements. Pour assurer cette
collaboration, nous recommandons qu'un comité conjoint entre les conseils des
médecins, dentistes et pharmaciens et les conseils des infirmières et
infirmiers sur l'évaluation de la qualité de l'acte des IPS soit institué.
En conclusion, c'est dans cet esprit de
collaboration que le collège souhaite poursuivre avec l'Ordre des infirmières
et infirmiers du Québec les travaux liés à l'actualisation du modèle proposé
dans le projet de loi. Il offre d'ailleurs son entière collaboration à l'Ordre
des infirmières et infirmiers dans la rédaction de son règlement qui précisera
les modalités selon lesquelles les activités médicales entourant les maladies
courantes seront dorénavant exercées.
Je vous remercie de votre attention et
nous serons heureux de répondre à vos questions.
Le Président (M. Provençal)
: Je vous remercie pour votre exposé. Nous allons maintenant
initier la période d'échange avec Mme la ministre. Je vous cède la parole, madame.
Mme McCann : Alors, je veux
vous saluer, Dr Gaudreault, alors vraiment un plaisir de vous recevoir
aujourd'hui. Et je veux dire vraiment que nous avons vécu des moments
importants ensemble depuis mon arrivée au pouvoir, depuis le gouvernement,
hein, qui est arrivé au pouvoir, depuis mon arrivée en fonction. Et je pense
qu'il faut le souligner, Dr Gaudreault, en février dernier, quand votre
conseil d'administration a dit : Nous ouvrons la porte, hein, ça a été un
moment historique. Et je pense que nous continuons, et je l'espère, de faire
l'histoire ensemble avec l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec aussi.
Et je veux saluer aussi Dr Morissette,
que je revois avec plaisir, <Madame… >Me Bélanger, et
Mme Claudia Houle, patiente partenaire et membre du Comité directeur des
activités médicales partageables. C'est vraiment intéressant de voir, Dr Gaudreault,
Mme Houle, comment les patients, les patientes partenaires sont maintenant
de plus en plus intégrés à tous les <niveaux...
Mme McCann : …Me Bélanger,
et Mme Claudia Houle, patiente partenaire et membre du Comité directeur
des activités médicales partageables. C'est
vraiment
intéressant
de voir, Dr Gaudreault, Mme Houle, comment les patients, les
patientes partenaires sont
maintenant
de plus en plus intégrés à
tous les >niveaux dans notre réseau, dans les ordres professionnels. Et
ça, c'est un gain majeur pour le Québec. Et je suis très, très contente,
madame, que vous soyez avec nous aujourd'hui. Merci, M. le président du Collège
des médecins de cette extrêmement intéressante initiative.
Alors, évidemment, il y a des questions fondamentales
qui se posent avec ce projet de loi, qui sont soulevées, et vous êtes vraiment
une instance qui pouvez nous aider à faire beaucoup d'éclairage sur ces
questions. La question de la qualité de l'acte, là, évidemment, les formations,
moi, je vais vouloir vous poser une question là-dessus. Il y aura peut-être des
sous-questions aussi de mes collègues, si je suis capable de leur laisser le
temps de le faire.
Mais la première question que je vous
poserais, et je vais directement au but : Depuis le dépôt du projet de loi,
on a eu des commentaires, des réflexions importantes de différentes instances, vraiment,
là, différents individus aussi, sur tout ce qui est les maladies courantes.
Moi-même, je vais vous avouer candidement, j'ai demandé au ministère :
Expliquez-moi, là, qu'est-ce que c'est, une maladie courante, faites-moi une
liste pour que je puisse expliquer ça aux citoyens. Bien, ce n'est pas facile,
et, même d'un point de vue scientifique, je ne suis pas sûre qu'il y a… à moins
que vous puissiez nous donner un éclairage là-dessus.
Je vais vous dire mon inquiétude par
rapport à «maladies courantes», c'est : Est-ce que ça va être compliqué?
Ça, c'est ma première inquiétude. Je veux vous entendre d'un point de vue
clinique, Dr Gaudreault ou des membres de votre équipe, parce qu'on ne
peut pas se le cacher, là, dans les autres provinces qui ont, hein, mis sur
pied tous ces services, là, d'infirmières praticiennes spécialisées dans leurs
lois, on parle de maladies simplement, on ne parle pas de maladies courantes.
Alors, moi, j'en profite, là, avec votre
présence, pour que vous puissiez nous expliquer. Est-ce qu'effectivement, en
mettant «maladies courantes», on ne va pas assez loin? Est-ce qu'on complique
l'organisation du réseau, le travail avec les médecins? Ça va être difficile
pour les IPS, les médecins, de comprendre la trajectoire des patients. Je vous le
dis vraiment clairement, je me pose des interrogations. Et ça, c'est suite aux
réflexions qui m'ont été amenées en questionnements par rapport… de différentes
instances et individus, Dr Gaudreault.
M. Gaudreault (Mauril) :
Merci de votre question. Moi aussi, je vais aller droit au but par rapport à ça.
Écoutez, je l'ai dit, intensifier la collaboration dans le respect des
compétences de chaque intervenant. Et loin de nous, loin de moi l'idée de
rendre les choses plus compliquées. Ce n'est pas ça, là, pas du tout, qu'on
veut faire. Pour répondre comme il faut à la question, d'abord un début de
réponse de ma part, et ensuite je vais donner la parole au Dr Morissette
qui, comme président du comité directeur, a beaucoup, beaucoup réfléchi sur la
question, O.K.?
Mais je vous dirais ce que j'ai dit déjà
d'entrée de jeu, pas ce matin, mais l'expérience, l'expertise d'une infirmière
et l'expertise du médecin, elles sont complémentaires. Et l'intervention de
l'infirmière praticienne spécialisée, à mon sens, s'arrête au moment où celle
du médecin commence. Et une fois qu'on a dit ça, définir ça, ce n'est pas si
facile que ça, cependant, mais dans le respect des compétences de chaque
intervenant toujours. Pour poursuivre, je donnerais la parole au Dr Morissette
par rapport à la question notamment des maladies courantes.
M. Morissette (Guy) : Mme la
ministre, M. le Président, merci de pouvoir continuer cette intervention. Vous
avez tout à fait raison de le souligner, on a eu de nombreuses discussions, on
a fait beaucoup de lectures, on a regardé plusieurs références, à savoir,
«maladies courantes», comment on le définit. On tente, dans le mémoire, vous
avez vu, on a présenté un certain nombre d'éléments qui… <tu sais, qui… >je
vous dirais, qui sont des caractéristiques de maladies courantes. Vous arriver
avec une définition blindée qui va faire l'unanimité<, ça serait
très…> puis qui serait très précise, ça va être difficile.
Mais, avant tout, il faut savoir qu'il y a
plusieurs catégories d'infirmières praticiennes spécialisées, vous le savez,
les infirmières praticiennes spécialisées de première ligne, mais il va y en
avoir en… il y en a en adultes, il y en a en santé mentale. Alors, la maladie
courante, la première chose, ça va dépendre de quelle catégorie d'infirmière
praticienne spécialisée qui va être concernée par cette maladie courante là.
• (11 h 20) •
De base, c'est une maladie, tu sais…
Alors, on a tenté de le définir en disant que, par exemple, tu sais, il y avait
des symptômes et des signes habituels, clairement, je veux <dire…
M. Morissette (Guy) : ...ça
va dépendre de quelle catégorie d'
infirmière praticienne spécialisée qui
va être concernée par cette maladie courante là.
• (11 h 20) •
De base, c'est une maladie, tu sais…
Alors, on a tenté de le définir en disant que,
par exemple, tu sais,
il
y avait des
symptômes et des signes habituels, c
lairement,
je
veux >dire, de la fièvre, une douleur abdominale, alors des symptômes
qui ne sont pas des symptômes rares mais qui sont des symptômes qu'on voit
régulièrement, un ensemble de symptômes qu'on voit régulièrement avec des
critères diagnostiques qui sont définis, spécifiques et reconnus. Je prends
l'exemple simple, là, d'une grippe. Alors, tu sais, on sait que la grippe, ça
va donner des douleurs musculaires, ça va donner de la toux, ça va donner de la
fièvre. Alors, c'est reconnu comme étant... faisant partie du syndrome grippal.
On propose qu'il y ait un faible risque d'atteinte à la vie, à l'intégrité.
Alors, ce sont des symptômes qu'on peut rattacher à une maladie, et qu'on peut
traiter simplement, et que l'évolution, elle est prévisible.
Et évidemment, comme je vous ai dit, quand
on parle, par exemple, d'une infirmière praticienne spécialisée en pédiatrie,
pour les enfants, on peut aller jusqu'à dire, par exemple, qu'il y a des conditions
qui vont être retrouvées chez cette catégorie d'infirmière praticienne
spécialisée qui ne pourront pas s'appliquer, par exemple, à la santé mentale.
Chaque catégorie d'infirmière praticienne spécialisée va avoir des conditions
courantes qui vont se rattacher à elle.
Alors, c'est un petit peu ce qu'on a
essayé de définir comme étant, tu sais, des maladies courantes.
Mme McCann : Bien, je vous
remercie parce que je sais que... je comprends qu'il y a eu beaucoup
d'échanges, beaucoup de discussions. Et tout ça, là, on est dans un processus
qui est nouveau, hein, évidemment, pour nous, là, au Québec, puis il faut y
aller avec les étapes nécessaires.
Mais je reprends la question autrement. Je
veux vous entendre par rapport au fait que si, par exemple, on m'interpelle,
moi, puis on me dit : Comment ça se fait, Mme la ministre, qu'en Ontario
on parle de «maladie» et chez nous, au Québec, «maladie courante»? Pourquoi? Pourquoi?
Les IPS au Québec, me dit-on, sont même mieux formées qu'en Ontario, mieux
formées dans le sens où elles ont même plus de temps de formation, de durée de
formation qu'en Ontario. Comment je peux répondre à cette question?
Je vous la renvoie un peu, là, parce que
ça m'embête et aussi ça m'embête au niveau de l'organisation des services.
Encore une fois, j'ai entendu, Dr Morissette, ce que vous avez dit avec
les critères, vous avez même dit, là : On ajuste nos critères dans ce
sens-là, mais même les critères ne sont pas évidents à appliquer. Il y a un
caractère un peu flou chez certains. <On sait que... >Moi, je ne
suis pas médecin, je ne suis pas infirmière, mais on sait qu'il y a du flou,
hein, dans du clinique, là, dans les services sociaux aussi. Mais en santé
physique, hein, c'est le jugement clinique, là, qui joue beaucoup. Alors, je
suis très préoccupée par ça parce que, comme vous, vous l'avez dit en partant,
Dr Gaudreault, vous voulez que ça fonctionne, moi aussi. D'ailleurs, on se
le dit depuis le début.
Alors, c'est pour ça que je vous repose la
question autrement : Comment ça se fait qu'en Ontario c'est une maladie,
et ça laisse à l'IPS le jugement de définir, parce qu'elle a une formation x
qu'on connaît, là, quand elle va référer à un médecin de famille et quand elle
va référer à un autre professionnel? Ce que fait le médecin de famille aussi à
son niveau, parce qu'il a une formation différente, qui va référer au
spécialiste, qui va référer à un autre professionnel, évidemment, par
délégation, mais qui va référer au médecin spécialiste. Comment, à ce
moment-là, expliquer cette différence?
M. Gaudreault (Mauril) :
...élément de réflexion. Je dirais bien, c'est un élément de réflexion, mais en
fait... Et après ça peut-être que Me Bélanger pourrait compléter ce que je
vais dire parce que des fois... Moi, je ne suis pas juriste. Je suis médecin,
par exemple.
Bon, écoutez, moi, c'est une nouvelle profession.
En Ontario, ce qu'ils ont fait, moi, je ne veux pas du tout, du tout commenter
cela. Nous, il nous apparaît important de définir le plus possible la maladie
courante dans une loi, mais, évidemment, tout cela, ça va dépendre de ce qui va
se passer sur le terrain, on se comprend là-dessus. Et j'ai pleine confiance au
professionnalisme des infirmières. Je l'ai dit plus d'une fois, je le dis ce
matin, les infirmières, elles vont respecter leur champ de compétence et, quand
ça va aller au-delà, vont consulter le médecin. Je n'ai aucune inquiétude par
rapport à ça. Mais quand même, étant donné que c'est une nouvelle impression,
nous, il nous apparaissait important <de...
M. Gaudreault (Mauril) :
...
sur le terrain, on se comprend là-dessus. Et j'ai pleine confiance au
professionnalisme des infirmières. Je l'ai dit plus d'une fois, je le dis ce
matin, les infirmières, elles vont respecter leur champ de compétence et, quand
ça va aller au-delà, vont consulter le médecin. Je n'ai aucune inquiétude par
rapport à ça. Mais quand même, étant donné que c'est une nouvelle impression,
nous, il nous apparaissait important >de définir la notion de maladie
courante dans une loi. Voilà.
Mme Bélanger (Linda) : Bonjour,
Mme la ministre. En fait, je vais essayer d'un peu vous éclairer sur cette
question-là. Je vous dirais que la différence entre l'Ontario puis le Québec,
c'est sûr que les lois ne sont probablement pas écrites tout à fait de la même
manière. En Ontario, c'est la common law, on est en droit civil ici, on a une
approche qui est différente en matière de législation.
Je pense que tout le monde sait que la
formation des infirmières et des médecins est différente. Nécessairement, ces
deux professionnels-là, sur le terrain, ne peuvent pas faire exactement la même
chose. Il y a un partage au niveau de certains diagnostics, et le défi pour les
juristes, c'était d'essayer d'établir elle va être où la limite d'un point de
vue juridique, quels seront les diagnostics et qu'est-ce qu'on va se donner
comme dispositions, dans une loi, pour nous guider là-dedans.
Vous l'avez dit, c'est un peu flou, ce
n'est pas si précis, parce que, justement, on veut se permettre que la loi soit
suffisamment évolutive pour les prochaines années. Mais on veut également se
permettre que les critères qu'on se donne soient applicables à la fois en
première ligne, dans une autre des spécialités, comme Dr Morissette le
mentionnait, ou même en santé mentale où les définitions sont parfois un petit
peu plus difficiles parce que les limites sont plus difficiles à tracer qu'en
santé physique.
Donc, c'était le défi, finalement,
d'essayer de voir comment on peut se donner, dans une loi, une définition qui
va nous permettre de définir le champ d'exercice et les activités qui vont être
réservées à l'infirmière praticienne spécialisée. On est arrivé avec une
définition qui n'est certainement pas parfaite, mais je pense qu'elle pourra
donner, là, sur le terrain, la possibilité aux gens de l'interpréter et de
l'appliquer en fonction de chacune des spécialités, et aussi elle va laisser la
place à l'évolution.
De la même manière que le médecin de
famille sait quand s'arrêter pour référer le patient à un spécialiste dans une
spécialité donnée, de la même manière, je pense que l'infirmière praticienne
spécialisée va être capable de comprendre qu'on n'est plus dans une maladie
courante mais qu'on est rendu ailleurs et qu'elle doit diriger le patient vers
un médecin dans une autre spécialité ou un médecin de famille. Je pense qu'ils
vont être capables de réussir cet exercice-là sur le terrain. C'est sûr que ça
va probablement prendre un petit peu de temps, au début, à ce que tout le monde
s'adapte, mais j'ai confiance aux professionnels sur le terrain pour pouvoir
faire ça.
Mme McCann : Je vous remercie.
M. le Président, combien de...
Le Président (M. Provençal)
: 2 min 50 s.
Mme McCann : Deux minutes! Eh
mon Dieu! Ça passe vite. Bien, je vous remercie des commentaires que vous avez
faits, et évidemment on en prend bien note. Sur la question, et là, évidemment,
ça ne vous fera pas justice, là, sur la question de l'encadrement, ce que vous
avez mentionné, la formation continue, l'inspection professionnelle, est-ce
que... Je voudrais vous demander, parce que vous avez nommé beaucoup de choses,
les prioritaires, là, dans l'ensemble des stratégies que vous avez nommées pour
faire en sorte qu'il y ait, évidemment, qualité, hein, amélioration de la
qualité et qualité de l'exercice, hein, c'est très important. Quelles sont les
priorités dans les éléments que vous avez apportés aujourd'hui, Dr Gaudreault?
M. Gaudreault (Mauril) :
Je le redis, pour tout ordre professionnel, il s'agit de s'assurer de la
compétence d'exercice par ses membres. Donc, pour nous, il est essentiel de
s'assurer de la compétence en fin de formation, donc avant de débuter la
pratique, et de poursuivre cette formation continue tout au long de la vie, tout
au long de l'exercice du professionnel. C'est pour ça qu'on insiste tant sur la
formation continue de même que sur l'examen de certification de fin de
formation. Et je le redis, à compétences équivalentes, nécessité d'outils de
mesure de cela équivalents et dans le sens, à mon avis, que la société s'attend
à tout autant des infirmières praticiennes spécialisées que ce qu'elle s'attend
des médecins. C'est dans ce sens-là, c'est dans le sens de rôle. Je ne suis pas
inquiet non plus, là, que l'Ordre des infirmières, ils vont faire ça. Mais
nous, nous tenions à le spécifier par rapport au fait que ça nous préoccupait.
Mme McCann : M. le Président,
dans les dernières secondes, j'imagine...
Le Président (M. Provençal)
: Une minute.
Mme McCann : Une minute. Il
faut souligner tout le travail conjoint que vous faites avec l'Ordre des
infirmières et infirmiers du Québec et qui se poursuit. Et ça, c'est riche de
possibilités pour le futur. Vous avez même parlé d'inspection professionnelle
conjointe. Ça, ce serait nouveau au Québec. Et vous êtes en discussion avec
l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec là-dessus.
M. Gaudreault (Mauril) :Et ça nous fera plaisir de partager l'expertise qu'on a à ce
sujet par rapport aux inspections.
• (11 h 30) •
Mme McCann : Oui. Oui...
11 h 30 (version révisée)
<17887
Mme McCann :
...parler d'inspections
professionnelles conjointes, ça, ce serait
nouveau, au
Québec, et vous êtes en
discussion avec l'
Ordre
des infirmières et infirmiers du Québec là-dessus.
M. Gaudreault
(Mauril) :
Et ça nous fera plaisir
de partager l'expertise qu'on a à ce sujet,
par rapport >aux
inspections.
Mme McCann : Oui, oui.
Le Président (M. Provençal)
: Je suis obligé de vous dire merci, Mme la ministre.
Mme McCann : Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Maintenant, je cède la parole au
député de Pontiac. M. le député, à vous la parole.
M. Fortin :
Merci, M. le Président. Bonjour, Dr Gaudreault, Dr Morissette, Me
Bélanger, Mme Houle. Merci d'être avec nous.
Dr Gaudreault, je vous l'ai dit la
dernière fois, je vais vous le dire encore, je vous remercie de votre ouverture.
On le sent, on sent une ouverture de la part du Collège des médecins, qui,
disons, facilite la tâche du législateur. Alors, je pense qu'on est plusieurs
autour de la table à vous apprécier grandement à ce niveau-là.
Bon, j'ai lu votre mémoire, j'ai regardé
chacune des recommandations. Mais je vais m'adresser à vous, Dr Gaudreault, spécifiquement,
là, avant de rentrer dans les recommandations. Vous, vous avez été médecin,
vous avez été médecin de famille jusqu'à il n'y a pas longtemps, jusqu'à il y a
quelques années?
M. Gaudreault
(Mauril) : Jusqu'à il y a quelques années, j'ai fait ça 40 ans,
oui.
M. Fortin :Oui, O.K. Vous pratiquiez en GMF?
M. Gaudreault
(Mauril) : Oui, en unité de médecine de famille, ce n'étaient
pas des GMF encore tout à fait.
M. Fortin :
D'accord. Il y avait des IPS, il y avait des infirmières praticiennes spécialisées?
M. Gaudreault
(Mauril) : Oui, il y avait des infirmières. J'ai même formé des
IPS.
M. Fortin :
Bon, bien, j'ai l'expert devant moi, alors. Je veux essayer de comprendre, parce
qu'on parle de donner des pouvoirs supplémentaires aux infirmières praticiennes
spécialisées, et tout le monde autour de la table a l'air d'accord avec ça,
avec le principe, mais je veux savoir comment ça se passe dans le quotidien, le
quotidien de la relation, là, entre le médecin et l'infirmière praticienne spécialisée,
en ce moment, versus ce qu'il pourrait y avoir après l'adoption potentielle,
disons, du projet de loi dans sa forme actuelle, là.
Donc là, aujourd'hui, moi, je me pointe
comme patient, je m'en vais à l'unité de médecine familiale, je commence par
une IPS, je vois une IPS, parce que ça semble être quelque chose qu'une IPS
pourrait faire. Elle me réfère au médecin de famille avant que je quitte,
j'imagine. Donc, je vois l'IPS, après ça je vois le médecin, qui va me
prescrire quelque chose, et je fais mon bout de chemin, je retourne à la
pharmacie.
Là, ce qui se passerait, j'imagine, et
vous pouvez me le confirmer ou non... Disons que j'ai une maladie courante, là,
je vais voir l'infirmière praticienne spécialisée, elle dit : Vous avez
une maladie courante, je vous prescris x, je retourne chez nous, mais advenant
le cas où on pense que c'est une maladie courante, hein, vous l'avez décrit un
peu, tantôt, Dr Morissette, advenant le cas où on pense que c'est ça, je vais
voir l'infirmière praticienne spécialisée, elle se rend compte : Ce n'est
pas pantoute une maladie courante que vous avez, vous avez besoin de voir un
médecin. De ce que vous pensez du modèle, là, est-ce que j'ai besoin d'une
référence vers un médecin ou est-ce que je pourrais juste aller vous voir,
comme médecin à l'intérieur de la clinique, après pour ce qui n'est pas un
pouvoir des IPS? J'aimerais ça comprendre ce que vous voyez comme mécanique
pour le patient.
M. Gaudreault
(Mauril) : Ça, c'est le défi qu'on va avoir, de faire en sorte
que ça fonctionne comme il faut puis que la collaboration se fasse très, très
bien, puis fluide. Dans ma pratique à l'unité de médecine de famille, il y avait
des infirmières, il y en avait trois, O.K., on était huit médecins, il y avait
des résidents, etc. Donc, par rapport à une visite comme ça... Moi, j'aurais
adoré... Je n'ai pas travaillé avec des IPS, vraiment, tu sais, j'ai travaillé
avec des infirmières. J'ai travaillé avec des IPS que je participais à former,
mais j'adorerais travailler avec des IPS dans ce modèle-là, là, ça, je l'ai dit
aussi déjà puis je le redis aujourd'hui. Ça dépend comment ils vont s'entendre,
ces gens-là, à l'intérieur de cette unité-là, exemple, trois infirmières, huit
médecins, etc. Il y a des résidents, aussi, qui voyaient les patients, des
résidents qui voyaient des patients et qui venaient nous chercher comme
superviseurs au moment où c'était nécessaire, tu sais. Des fois, je fais le
parallèle un peu, ce n'est pas tout à fait la même chose, mais, quand même, j'aime
ça, je trouvais intéressant, le modèle par rapport aux résidents que nous
supervisions. Mais évidemment on ne supervise pas d'infirmières. L'infirmière,
elle est là, elle fait sa pratique de façon autonome, mais en collaboration, en
partenariat serré avec un médecin. Moi, là, je suis persuadé que les
infirmières, elles vont aimer ça d'avoir un partenariat semblable avec un
médecin, et je suis sûr que le médecin de famille que je suis, que j'étais, et les
médecins de famille vont apprécier ça. Il s'agit de s'organiser comme il faut par
rapport à cela.
Et, quand je disais, tout à l'heure, que
je fais confiance au respect de son champ de compétence par l'infirmière, tout
est là. Je veux dire, quand j'étais médecin de famille... bien, je suis médecin
de famille, mais, quand je pratiquais, il n'y a rien qui me disait qu'à un tel
moment donné je devais... ce n'était pas écrit dans une loi, là, que je devais
consulter le médecin spécialiste parce que ça sortait de mon champ de
compétence, O.K., puis, quand j'ai commencé en 1973, on ne me l'a pas dit non
plus. Ça fait que j'ai commencé, en 1973 et, avec la pratique, je m'apercevais rapidement
que, tout à coup, ça sortait de mon champ de compétence puis qu'il fallait
consulter quelqu'un d'autre. Moi, là, je pense que, oui, on essaie de mettre ça
par écrit dans une loi, etc., c'est compliqué, vous l'avez dit tantôt, moi
aussi, je trouve ça compliqué, mais ça va être à la pratique qu'on va faire ça,
dans le respect des compétences de chacun et en assurant la <qualité...
M. Gaudreault
(Mauril) :
…je m'apercevais
rapidement que, tout
à coup, ça sortait de mon champ de compétence puis qu'il fallait consulter
quelqu'un
d'autre. Moi, là, je pense que, oui, on essaie de mettre ça par écrit dans une
loi, etc., c'est compliqué, vous l'avez dit
tantôt, moi aussi, je trouve
ça compliqué, mais ça va être à la pratique qu'on va faire ça, dans le respect
des compétences de chacun et en assurant la >qualité des soins. Ça, il
faut être bien conscients de ça.
M. Fortin :
Mais est-ce que vous, par exemple, comme Collège des médecins, là — je
sors de votre rôle de médecin, je reviens au rôle de président du Collège des médecins — c'est
quelque chose que vous voyez important? Je veux vous parler, dans vos recommandations,
du cursus des infirmières praticiennes spécialisées, mais, dans le cursus des
médecins, est-ce que ce serait important d'avoir une partie sur cette relation-là,
sur cette relation médecin-IPS? Parce que, là, vous avez évoqué le rôle de
supervision d'un médecin résident. En ce moment, il y a un certain rôle de
supervision, là, entre un médecin et une IPS. Là, on coupe essentiellement ce
rôle-là, il n'y a plus de supervision directe, là. Alors, est-ce que c'est important,
selon vous, de changer le cursus — et vous en êtes responsables,
jusqu'à un certain point — des médecins pour s'assurer que
l'adéquation se fasse bien et que les médecins comprennent leur rôle par
rapport aux infirmières praticiennes spécialisées?
M. Gaudreault
(Mauril) :Là, je vais lui redonner la
parole. J'ai eu le privilège de présider avant de devenir président, j'étais président
d'un groupe de travail, O.K., qui visait à bien définir ce que pourrait être le
partenariat entre un médecin puis une IPS, et c'est avec le comité directeur, aussi,
maintenant, qu'on a discuté de cela. Alors, à nouveau, je vais passer la parole
à Dr Morissette.
M. Morissette (Guy) :
Vous avez tout à fait raison de soulever le point que vous soulevez. Remarquez
bien ce qu'on vous dit et ce sur quoi on travaille déjà depuis, tu sais, plusieurs
années, je dois dire, on n'est pas en compétition, on est en collaboration, et
c'est important de voir ça. Chacun a ses compétences, bien sûr, avec une profession,
une nouvelle profession, au Québec, peut-être, là, qui était en évolution
depuis quelques années, mais la configuration de cette nouvelle profession là
est différente, on ne peut pas nécessairement la comparer, tu sais, tâche pour
tâche, avec le restant du Canada. Alors, il va falloir que, clairement, tu
sais, au Québec, on soit dans une transition, qu'on s'approprie, tu sais, à travailler
ensemble.
Quand vous parlez du cursus, bien sûr, des
éléments dans le cursus qui va devoir s'ajuster, autant au niveau des
infirmières praticiennes, que les médecins, au niveau des médecins, comment
travailler ensemble en collaboration. On a déjà beaucoup, je vous dirais, des
colloques, des formations où on parle de ça, parce qu'il y a déjà des
infirmières praticiennes sur le terrain. On travaille déjà avec des infirmières
cliniciennes, des infirmières bachelières, alors on fait beaucoup de travail à
ce niveau-là. Puis le meilleur cursus, à mon avis, c'est dans l'exercice sur le
terrain, c'est comment ça va se passer. Bien sûr, il va falloir voir, encore
une fois, les infirmières… on parle beaucoup des infirmières praticiennes, on
réfère souvent aux premières lignes, hein, en UMF, en GMF, en clinique, mais il
y a déjà beaucoup de choses qui se font dans les milieux où... en cardiologie,
en néphrologie, il y avait des anciennes infirmières — l'ancien
vocable, si vous voulez — où déjà ça se fait, ça, ce travail de
collaboration là.
Alors, oui, il va y avoir dans le cursus,
mais il va y avoir aussi au niveau du terrain, comment ça va se faire, et c'est
pour ça qu'on parle de collaboration entre nous, ça va se développer sur le
terrain. Et, après quelques années, dans trois, quatre, cinq ans... Il faut le
voir dans une évolution, il faut le voir dans une transition. Et, dans cinq
ans, ce sera totalement différent, comment on va travailler ensemble. Mais la
collaboration est au coeur... dans le respect des compétences et dans un
environnement où, je veux dire, on n'est pas en compétition, là, on est en
collaboration, on l'a dit. Il y a beaucoup de personnes qui attendent de voir…
tu sais, qui n'ont pas de médecin de famille. Est-ce qu'ils ont vraiment besoin
d'un médecin de famille? Je vais laisser ça à d'autres personnes de juger de
ça, mais ce que je peux dire, c'est qu'ils ont besoin des soins et puis ils ont
besoin de soins spécifiques, et on pense que les infirmières praticiennes
peuvent répondre à une partie de ces besoins-là.
M. Gaudreault
(Mauril) : On pourrait demander à la patiente partenaire ce
qu'elle en pense aussi, je pense, ce serait…
Mme Houle (Claudia) : En
fait, la question, c'est : Comment les médecins puis les IPS peuvent
collaborer ensemble? Parce que moi, je peux plus vous répondre sur l'importance
de la collaboration entre les IPS puis les médecins, parce que, nous, dans le
fond, comme patients, tu sais... tout le monde est un peu patient, mais moi,
par exemple, je suis patiente multi, dans multispécialités, ce n'est pas la
même réalité que la majorité des gens peuvent vivre. Moi, c'est plusieurs
médecins qui devraient être en collaboration, qui ne sont tout le temps
parfaitement en collaboration ni entre spécialistes ni avec mon médecin de
famille. Puis, moi, c'est sûr que je vais prôner la collaboration de tous les
professionnels ensemble pour le bien-être du patient. En fait, je dois même
prôner la collaboration avec tous les patients, dont moi-même. Ça aussi, c'est
déjà un défi.
Puis je sais que les intentions, c'est
toujours pour le patient et non… ni pour la profession d'infirmière ni pour la
profession de médecin, c'est pour le patient que vous faites ça, puis je vous
en remercie, tous et chacun, mais ce ne sera pas la première fois qu'on nous
dit : C'est dans l'intention du faire du bien au patient. Donc, c'est sûr
qu'il y a plein de choses qui sont à valider, ce n'est pas seulement
l'intention qui compte, nous, sur le terrain, tout le monde a des bonnes
intentions pour nous, ça ne fonctionne pas toujours si bien que ça. Donc, c'est
sûr que, pour moi, la collaboration entre tous les professionnels — je
vais au-delà de l'IPS-médecin — c'est ça qui va être bénéfique pour
le patient, et, si ce n'est pas bien fait, ça va être dommageable pour le
patient aussi.
• (11 h 40) •
M. Fortin :Dernière question, M. le <Président…
Mme Houle (Claudia) :
...
à valider, ce n'est pas seulement l'intention qui compte, nous, sur
le terrain, tout le monde a des bonnes intentions pour nous, ça ne fonctionne
pas toujours si bien que ça. Donc, c'est sûr que, pour moi, la collaboration
entre tous les professionnels — je vais au-delà de l'IPS-médecin — c'est
ça qui va être bénéfique pour le patient, et, si ce n'est pas bien fait, ça va
être dommageable pour le patient aussi.
M. Fortin :
Dernière question, M. le >Président. Est-ce que
cette collaboration-là, elle est possible dans un modèle comme a été décrit par
les gens du Conseil de la protection des malades, qui étaient ici, qui est un
modèle de clinique uniquement gérée... et dont la propriété est aux IPS? On a
parlé du modèle, là, où les médecins et les IPS collaborent ensemble à
l'intérieur d'une clinique, mais, dans une clinique uniquement à IPS, où il n'y
a pas de médecin, est-ce que cette collaboration-là peut être faite aussi
facilement?
M. Gaudreault
(Mauril) : Bien, c'est le défi que nous devrons relever, puis
je m'engage à le faire au nom du C.A. puis au nom du Collège des médecins, avec
M. Luc Mathieu, président de l'ordre des infirmiers et infirmières du
Québec.
M. Fortin :
Ça va, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Je cède maintenant la parole au député de
Jean-Lesage.
M. Zanetti : Merci
beaucoup, M. le Président. Bonjour. Merci beaucoup d'être là. Dans votre
mémoire, là, votre recommandation 6, vous demandez d'instaurer des
mécanismes d'inspection professionnelle des IPS. Pourriez-vous un peu
développer puis expliquer cette recommandation?
Mme Bélanger (Linda) :
De développer des modèles d'inspection?
M. Zanetti : Bien,
d'expliquer pourquoi vous proposez ça.
Mme Bélanger (Linda) :
En fait, je pense qu'il y a déjà des IPS qui existent depuis déjà plusieurs
années. Je pense que c'est important que l'ordre professionnel procède à une
évaluation de cette pratique-là, puisque c'est des activités médicales qui sont
nouvelles. Donc, ça va au-delà des activités infirmières bien intégrées dans la
pratique infirmière. Donc, je pense que c'est important de voir est-ce qu'il
peut y avoir de l'amélioration continue. Même au Collège des médecins, dans
notre Règlement sur la formation continue, c'est prévu que les médecins doivent
faire une évaluation de leur pratique. Donc, c'est une partie importante de ce
qu'un professionnel devrait faire pour voir où il se positionne par rapport à
un groupe de professionnels, qu'est-ce qu'il devrait aller chercher comme
compétences et comment il fait pour se maintenir à jour avec ces
compétences-là. Donc, on pense que c'est important que ça soit intégré
également dans la pratique des IPS, puisqu'elles vont exercer des activités
médicales, pas seulement des activités infirmières.
M. Zanetti : Parfait. Et,
étant donné qu'on délègue beaucoup d'actes aux infirmières praticiennes
spécialisées, est-ce que vous pensez qu'on pourrait aussi, en toute cohérence
avec ça, disons, assouplir, voire éliminer, disons, la supervision médicale
dont elles font l'objet, la supervision par un médecin des...
M. Gaudreault
(Mauril) : Oui, mais il n'y en aura plus, de supervision, elles
vont pratiquer de façon autonome. Ce que nous prônons, c'est que... le faire en
partenariat. Mais, pour nous, il ne s'agira pas de superviser l'infirmière
praticienne spécialisée, là, on ne parle plus de ça, là.
Tantôt, j'ai parlé de supervision d'un
résident dans une UMF, mais il faut bien comprendre que je n'ai jamais voulu
insinuer la supervision de l'infirmière praticienne spécialisée par le médecin.
C'est une profession autonome. C'est une professionnelle autonome, et le défi,
c'est le partenariat entre ces deux professionnels.
M. Zanetti : Donc, les
montants, disons, qui étaient associés à ces supervisions-là, aussi, de
rémunération au médecin, vont disparaître.
M. Gaudreault
(Mauril) : Ce n'est pas à moi de décider ça, mais il n'y aura
plus de supervision par les médecins.
M. Zanetti : O.K. Mais,
en toute logique, si la supervision disparaît, on peut penser que le montant
disparaît aussi. O.K., parfait. Merci.
M. Gaudreault
(Mauril) : Ça, je vous laisse répondre à votre question.
M. Zanetti : O.K. Bon,
bien, ça clarifie beaucoup de choses. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Je cède maintenant la parole au député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Merci, M.
le Président. Vous avez parlé de formation et de formation continue — je
rentre dans le vif du sujet, je veux bien comprendre — puis je l'ai
lu en diagonale, votre mémoire. La formation actuelle, à ce que j'en comprends,
elle est déjà supérieure à ce qu'on peut avoir chez les IPS à travers le reste
du pays. Ce n'est pas la formation en tant que telle que les IPS peuvent avoir
que vous remettez en question, c'est simplement dans le temps, là, si la
pratique médicale et la pratique infirmière évoluent. Est-ce que c'est bien ça?
M. Gaudreault
(Mauril) : On parle d'un programme de développement professionnel
continu et on... je ne veux pas qu'on se cite en exemple, là, mais notamment on
parle d'un programme chez nous, au Collège des médecins du Québec. Donc, on
recommande qu'il y ait un programme qui ressemble à ça pour ce qui est des
infirmières praticiennes spécialisées, oui.
M. Arseneau : Est-ce que
ça, ça se ferait dans le cadre du projet de loi? Vous recommandez qu'on la
prévoie dans le projet de loi, cette formation continue, ou c'est une
suggestion que vous faites de façon générale?
Mme Bélanger (Linda) :
La formation continue est généralement dans des règlements de formation
continue. Donc, c'est les ordres professionnels qui ont la possibilité
d'adopter un règlement sur la formation continue, ça appartient à l'Ordre des
infirmières et infirmiers de décider de ça.
Je pense qu'il faudra qu'ils réfléchissent
à cette question et qu'ils prennent en compte le fait qu'ils ont parmi leurs
membres des membres qui exercent la profession d'infirmière et qui en plus
exercent aussi des activités médicales, qui vont diagnostiquer des maladies,
certaines maladies, au même niveau qu'un médecin. Donc, les attentes de la
population devraient être les mêmes en termes de formation continue.
M. Arseneau : Donc, c'est
en quelque sorte... Par rapport au projet de loi qu'on étudie, c'est un
complément ou, en tout cas, ou une <condition...
Mme Bélanger (Linda) :
...
et qui en plus exercent aussi des activités médicales, qui vont
diagnostiquer des maladies, certaines maladies, au même niveau qu'un médecin.
Donc, les attentes de la population devraient être les mêmes en termes de
formation continue.
M. Arseneau : Donc,
c'est en quelque sorte... Par rapport au projet de loi qu'on étudie, c'est un
complément ou, en tout cas, ou une >condition préalable, dépendamment de
la façon dont on se situe.
M. Gaudreault
(Mauril) : Je vous rappelle que tout cela a fait l'objet de discussions
entre eux et nous, là.
M. Arseneau : D'accord, c'est
bien. Les infirmières praticiennes spécialisées nous faisaient part du fait que,
bon, il y a actuellement une séparation entre celles qui s'occupent des soins
de première ligne et celles qui sont spécialisées dans la santé mentale et que
ça, ça peut restreindre la capacité des unes de diagnostiquer le volet pour
lequel elles ne sont pas spécialisées, alors qu'elles pourraient le faire. Est-ce
que vous avez un point de vue là-dessus? En d'autres mots, si on est infirmière
pour la première ligne, on pourrait quand même faire un certain pas dans le
diagnostic pour la santé mentale, même si on n'a pas le titre. Comment vous
voyez ça?
M. Morissette (Guy) :
Bien, justement, dans le règlement, il va falloir, tu sais, travailler ensemble
et définir quelles sont les balises qu'on donne à une maladie courante. Puis il
est clair qu'une grippe, pour... je dis ça comme ça, c'est clair que c'est dans
le champ, si on veut, d'une infirmière praticienne spécialisée en première
ligne, en soins de première ligne. Pour quelqu'un qui est en santé mentale, ça
peut être un peu différent, alors ça ne fait peut-être pas partie, je vous
dirais, d'une maladie courante en santé mentale. Mais la fibrose kystique, pour
une IPS, je vais le prendre comme ça, une IPS en pédiatrie, bien, ce n'est peut-être
pas la même chose si on est en première ligne comme infirmière praticienne
spécialisée. Alors, il y a des champs de compétence qui sont en relation avec
la formation qu'ils ont et qu'ils auront, O.K., ajustée, mais il faut le
respecter, ça, cet élément-là. Puis je pense que même les infirmières
praticiennes dans leur ensemble — mais là j'interprète — vont
souhaiter que ça soit aussi comme ça pour leurs compétences, pour assumer leurs
compétences.
Le Président (M. Provençal)
: Je remercie les représentants du Collège des médecins du
Québec pour leur contribution à nos travaux.
Nous suspendons nos travaux après les
affaires courantes, vers 15 h 30. Merci.
(Suspension de la séance à 11 h 47)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 13)
Le Président (M. Provençal)
: Bonjour à tous. Nous reprenons nos travaux. La Commission
de la santé et des services sociaux reprend ses travaux. Je demande à toutes
les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils
électroniques. Nous poursuivons les consultations particulières et auditions
publiques sur projet de loi n° 43, Loi modifiant la Loi sur les
infirmières et les infirmiers et d'autres dispositions afin de favoriser
l'accès aux services de santé.
Cet après-midi, nous entendrons les
organismes suivants : l'Association des infirmières praticiennes
spécialisées du Québec, la Fédération interprofessionnelle de la santé du
Québec et la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec.
Je souhaite la bienvenue aux représentants
de l'Association des infirmières praticiennes spécialisées du Québec. Je vous
rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, puis nous
procéderons à la période d'échange avec les membres de la commission. Je vous
invite à vous présenter et à commencer votre exposé. À vous la parole.
Mme Laliberté (Christine) :
Merci beaucoup, M. le Président, Mme la ministre McCann, mesdames et messieurs
les députés. Alors, mon nom est Christine Laliberté, je suis infirmière
praticienne en soins de première ligne et je suis aussi présidente de l'Association
des infirmières praticiennes spécialisées du Québec, AIPSQ. Alors aujourd'hui,
je suis accompagnée d'Isabelle Levasseur, qui est aussi infirmière praticienne
en soins de première ligne et vice-présidente de l'association, et de Claudie
Roussy, qui est infirmière praticienne en soins aux adultes du domaine de la
cardiologie et qui représente les infirmières praticiennes en soins aux adultes
au sein de l'association.
Alors, notre association a été fondée en
2005 afin d'assurer le développement, la mise en valeur, et l'uniformité du
rôle des infirmières praticiennes au Québec. Nous représentons actuellement
550 infirmières...
Mme Laliberté (Christine) : ...infirmière
praticienne en soins aux adultes du domaine de la cardiologie et qui représente
les infirmières praticiennes en soins aux adultes au sein de l'association.
Alors, notre association a été fondée en
2005 afin d'assurer le développement, la mise en valeur et l'uniformité du rôle
des infirmières praticiennes au Québec. Nous représentons actuellement 550
infirmières praticiennes qui sont de chaque classe de spécialité. Donc, au
Québec, on a les IPS, IPS pour infirmière praticienne spécialisée, en
néonatalogie, en santé mentale, en soins aux adultes, en soins pédiatriques, et
aussi en première ligne. Donc, nous vous remercions de votre invitation à
pouvoir venir avoir la chance de commenter le projet de loi n° 43 avec
vous aujourd'hui.
L'association souhaite, premièrement,
saluer la volonté commune de chaque parti, je pense qu'ici on a vraiment un
point commun, et donner des services accessibles à la population, améliorer la
qualité aussi des services et l'efficience des soins de santé pour la
population québécoise. Alors, tout comme le gouvernement, on constate qu'il est
grand temps que tous les professionnels de la santé agissent selon la pleine
étendue de leur champ de pratique.
Alors, dans le cas qui nous intéresse aujourd'hui,
les précédentes réglementations, notamment les lignes directrices et règlements
pour les infirmières praticiennes, limitaient la pratique et le développement
optimal du travail de l'infirmière praticienne. Alors les conséquences, c'est
qu'on multiplie les demandes d'intervention auprès des médecins partenaires, on
limite aussi l'accès aux soins par ce... en dédoublant les services, et aussi
ça augmente les coûts pour les contribuables.
Alors les nouvelles dispositions du projet
de loi présentent d'excellentes propositions pour améliorer la situation, et on
est très satisfaits de pouvoir collaborer avec le gouvernement et les autres
professionnels de la santé pour mettre en place une réglementation qui va être
sécuritaire, réaliste et aussi applicable sur le terrain.
Alors l'association tient aussi à partager
avec vous certaines suggestions pour améliorer le présent projet de loi et
permettre une utilisation optimale des capacités des infirmières praticiennes
dans le réseau de la santé, mais surtout au bénéfice de la population.
Avant de passer aux recommandations, je
vais vous parler un peu de la formation des infirmières praticiennes pour vous
aider à contextualiser notre... ce qu'on peut apporter à la population. Alors,
actuellement, c'est nous qui avons la formation la plus longue et la plus
complète au Canada. Et les infirmières praticiennes détiennent, au départ, un
bac, qui est un niveau de premier cycle, et minimalement deux ans d'expérience
clinique dans la spécialité qu'elles ont choisie, celles que j'ai nommées plus
tôt pour vous. Et sachez que les infirmières praticiennes, actuellement, ont de
deux à 20 ans d'expérience clinique avec la population soit en centre
hospitalier ou en première ligne avant d'être infirmières praticiennes. Donc,
une expérience qui est non négligeable. Et, simultanément, elles vont faire,
donc, la formation théorique qui va durer un an et demi et à laquelle on va
combiner un stage de 950 heures qui est supervisé par des médecins et des
infirmières praticiennes. Alors, au Québec, l'infirmière praticienne possède
donc les compétences pour évaluer l'état des patients qui ont des problèmes de
santé qui sont complexes pour diagnostiquer des problèmes de santé physiques et
mentaux, prescrire et interpréter des examens diagnostiques, des traitements médicaux
et aussi des médicaments. À la sortie de l'université, les IPS, minimalement,
ont les mêmes compétences que les infirmières praticiennes des autres provinces
et territoires canadiens. Et pourtant, malgré ça, on répète le plus souvent que
notre formation est la plus longue, mais on demeure encore l'endroit où la
pratique est plus restrictive.
Donc, ça m'amène à vous parler de la
première recommandation. Alors que, dans les autres provinces et territoires,
le droit de diagnostiquer sans restriction a été autorisé très tôt dans le
déploiement du rôle des infirmières praticiennes, soit pratiquement au moment
où ils ont créé le rôle des infirmières praticiennes, le présent projet de loi
risque d'entretenir de la confusion sur le terrain en raison de l'introduction
d'une notion de maladie courante. Alors, pour offrir les soins les plus
complets et efficients à la population, l'association recommande qu'il n'y ait
pas de définition de maladie courante dans le projet de loi, et qu'on
s'harmonise avec la législation des autres provinces et territoires canadiens.
Dans sa forme actuelle, la définition de maladie courante va restreindre
l'infirmière praticienne dans ses activités quotidiennes avec comme impact un
ralentissement, voire un bris de service, une diminution d'accès aux soins et
l'obligation pour l'infirmière praticienne de référer à d'autres professionnels
de la santé, ce que le projet de loi n° 43 cherche à éliminer ou à
réduire. Alors, s'il fallait conserver une définition dans la loi, l'AIPSQ recommande
d'en modifier plusieurs critères pour s'assurer d'avoir une définition qui soit
la moins restrictive possible pour permettre aux infirmières praticiennes de
pratiquer à la hauteur de leurs compétences. Et on pourra s'en parler au moment
de nos échanges.
La deuxième recommandation de
l'association est d'éliminer les restrictions qui sont relatives aux suivis de
grossesse. Au Québec, l'infirmière praticienne qui évolue au sein de l'équipe
en suivi de grossesse a une exposition très fréquente et soutenue auprès de la
clientèle, et elle fait aussi des formations continues spécialisées, développe
son expertise bien au-delà des compétences de départ, c'est-à-dire au moment où
elle sort de l'université. Elle est donc en mesure de reconnaître les
situations cliniques qui nécessitent des suivis collaboratifs plus étroits, une
consultation médicale ou encore un transfert vers une médecine spécialisée.
Elle est donc pleinement outillée pour suivre des femmes enceintes avec des
facteurs de risque plus élevé de façon autonome au sein de son équipe.
• (15 h 20) •
La troisième recommandation de l'AIPSQ
concerne le retrait des précisions relatives à l'IPS en santé mentale dans les
modifications introduites au Règlement relatif à la santé des conducteurs. Les
autres classes d'infirmières praticiennes doivent aussi pouvoir émettre un avis
quant à l'impossibilité de conduire un véhicule lorsque certains troubles du...
Mme Laliberté (Christine) :
…autonome au sein de son équipe. La troisième recommandation de l'AIPSQ concerne
le retrait des précisions relatives à l'IPS en santé mentale dans les modifications
introduites au Règlement relatif à la santé des conducteurs. Les autres classes
d'infirmières praticiennes spécialisées doivent aussi pouvoir émettre un avis
quant à l'impossibilité de conduire un véhicule lorsque certains troubles du
sommeil sont présents. Les examens pour les permis de conduire se font dans les
services de première ligne auprès des infirmières praticiennes en soin de
première ligne et des médecins. Donc, les troubles du sommeil, ils sont
fréquemment évalués et diagnostiqués, et il n'y a aucun diagnostic spécifique
qui devrait être réservé à une spécialité.
La quatrième recommandation de l'association
est de corriger le projet de loi n° 43 de façon à ce qu'il n'y ait pas de
scission arbitraire entre la pratique de la santé physique et mentale. Nous
sommes le seul endroit en Amérique du Nord ou l'évaluation des troubles mentaux
est réservée à une spécialité. Et pour toutes les IPS qui soignent des personnes
qui présentent des problèmes dans ces deux sphères, un cadre législatif souple
permet de développer des compétences par l'exposition fréquente aux situations
cliniques, la formation continue et la collaboration étroite avec les médecins
partenaires. On ne veut pas séparer la santé mentale de la santé physique. La
personne, c'est un individu dans sa globalité, et on voudrait vraiment vouloir
faire les soins complets pour la personne qui est avec nous.
Alors, dans un contexte où les besoins
d'accès en santé mentale et en première ligne sont criants, il importe de
corriger la situation pour offrir des services intégrés au moment opportun
auprès des populations vulnérables. Donc, l'association recommande que les IPS
en première ligne puissent poser le diagnostic pour des troubles mentaux
fréquents en première ligne et que les IPS en santé mentale puissent poser des
diagnostics pour des conditions de santé physique, même si ce n'est pas lié aux
problèmes de santé mentale quand le patient est avec elles. Elles le feront, et
c'est ce qu'il est important d'entendre, lorsqu'elles jugent, comme dans le
reste de leur pratique, qu'elles ont la formation et l'expertise pour répondre
aux besoins de la clientèle. Globalement, le projet de loi devrait indiquer que
le champ d'exercice des IPS inclut donc le diagnostic des maladies physiques et
mentales.
La cinquième recommandation est que les
IPS puissent admettre les patients et donner le congé hospitalier au moment
opportun. Cette pratique a permis d'améliorer l'accès à la sécurité, la
continuité des soins pour les patients dans le reste du Canada, une diminution
des délais d'attente aux urgences et des séjours hospitaliers. Suivant la
volonté du gouvernement du Québec d'atteindre les deux derniers objectifs dans
les hôpitaux Québécois, ça serait pertinent de permettre ces tâches.
En plus de ce qui est prévu au projet de
loi là, l'association recommande de permettre l'administration de l'aide
médicale à mourir par les infirmières praticiennes, tel que c'est déjà prévu
dans la loi fédérale. Notre dernière recommandation porte donc aussi sur la
détermination du niveau de soin. La Loi médicale prévoit actuellement que les
médecins sont les seuls à pouvoir le faire, tout comme le diagnostic et la
prescription de traitements. À partir du moment où l'infirmière praticienne
peut établir un diagnostic et prescrire un traitement, il est simplement
logique qu'elles puisse procéder à la détermination du niveau de soin de leurs
patients, toujours selon leur jugement clinique, compétence, expertise, et dans
la confiance.
En conclusion, je n'insisterai jamais
assez sur le fait que l'infirmière praticienne a la formation, les compétences,
les habiletés et le jugement clinique essentiels pour poser un diagnostic et
référer au moment opportun, et ce, sans restriction sur les champs dans
lesquels elle peut pratiquer. Et rappelons-nous que depuis 15 ans il y a des
infirmières praticiennes dans le réseau au Québec, et on a toujours référé et
consulté au moment opportun.
La Coalition avenir Québec, élue en
octobre 2018, avait la volonté, donc, explicite, d'améliorer l'accès aux soins
de santé de la première ligne et de décloisonner les pratiques médicales pour
permettre aux professionnels de la santé d'utiliser toutes leurs compétences
pour répondre aux besoins de santé de la population. Vous tous, ici présents,
siégeant actuellement à l'Assemblée, avez aussi pris des engagements en ce
sens, se positionnant favorablement pour une utilisation à plein potentiel et à
hauteur des compétences des infirmières praticiennes. Donc, le projet de loi
étant aujourd'hui à l'étude, on veut saisir l'opportunité, donc, d'aller de
l'avant pour les patients Québécois. Et je suis maintenant disposée à répondre
à vos questions. Merci beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
: Merci pour votre exposé. Nous allons initier la période
d'échanges avec la partie gouvernementale. Mme la ministre, la parole est à
vous.
Mme McCann : Bien, merci, M.
le Président. Bonjour, Mme Levasseur, je salue aussi vos collègues. Ça fait
plaisir de vous recevoir aujourd'hui pour vous entendre. Évidemment, ce projet
de loi vous touche directement et… évidemment, ce n'est pas la première fois
qu'on se rencontre et vraiment, vous connaissez de l'intérieur la pratique des
infirmières praticiennes spécialisées. Et on a vraiment la chance de vous
entendre aujourd'hui davantage sur des aspects, je pense, très importants, là,
de ce projet de loi.
Alors, vous l'avez dit, Mme Levasseur, que
nous avons tous le même objectif… Oui, c'est parce que…
Une voix
: C'est
Laliberté.
Mme McCann : Ah! J'ai
Levasseur. Mon Dieu! C'est Laliberté. Oui, mon Dieu! Il me semblait aussi que
ça ne fonctionnait pas. Oui. Alors, c'est Mme Roussy, Mme Levasseur et Mme
Laliberté.
Mme Laliberté (Christine) :
C'est moi, Mme Laliberté.
Mme McCann : À ma défense…
Oui. Bon, alors, vous me pardonnerez. Mme Laliberté.
Mme Laliberté (Christine) :
Oui, bonjour.
Mme McCann : Alors, ce n'est
pas la première fois, c'est vrai, qu'on se rencontre, hein…
Mme Laliberté (Christine) :
Bien oui.
Mme McCann : …mais je n'ai pas
toujours la mémoire des noms. Mais, donc, pour nous éclairer…
Mme McCann : ...Mme Levasseur
et Mme Laliberté.
Mme Laliberté (Christine) :
...c'est moi, Mme Laliberté...
Mme McCann : Oui. Bon, alors,
vous me pardonnerez. Mme Laliberté.
Mme Laliberté (Christine) :
Oui, bonjour.
Mme McCann : Alors, ce n'est
pas la première fois, c'est vrai, qu'on se rencontre.
Mme Laliberté (Christine) :
Bien oui.
Mme McCann : Mais je n'ai pas toujours
la mémoire des noms. Mais donc pour nous éclairer sur certains points que
vous... qui sont très importants dans ce projet de loi. Et on a besoin de
concret, on a besoin vraiment de concret. Vous avez une longue pratique. Par
exemple, sur des éléments — puis vous en avez parlé — comme
les maladies courantes, dans la pratique, vous dites que ça pourrait causer de
la confusion, difficulté d'appliquer. Pouvez-vous nous expliquer? Par exemple,
dans l'action, là, une infirmière praticienne spécialisée en première ligne...
on va prendre celle qui est en première ligne... avec cette définition de la
maladie courante, quel impact ça peut avoir? Et, si vous avez seulement le
terme «maladie», quel impact ça a dans votre pratique quotidienne?
Mme Laliberté (Christine) :
Alors, le fait d'avoir la définition de maladie courante, avec des symptômes
précis, reconnus, qui suivent le cours, qu'il n'y a pas de détérioration
possible ou potentielle, qu'il n'y a pas de risque de préjudice, il faut
regarder que, si on y va pour la première ligne, on travaille dans différents
milieux. Il y a des milieux comme les cabinets médicaux, mais il y a aussi les
CHSLD. On fait des soins à domicile. Il y a des patients qui sont en soins
palliatifs. Donc, à la base, on a une clientèle qui peut présenter beaucoup de
complexités. Alors, si on ne peut pas poser de diagnostic chez cette clientèle
complexe, on va avoir de la difficulté à arrimer les soins et services, par
exemple, en CHSLD.
Et on peut même penser à un patient de 85
ans qui se présente au sans rendez-vous avec une fièvre, une pneumonie, chez
quelqu'un qui a déjà des problèmes pulmonaires chroniques connus, ce patient-là
peut se détériorer rapidement. Mais quand on est dans le sans rendez-vous, si
on veut être efficaces... et souvent, ça peut arriver dans certains milieux que
l'infirmière praticienne est seule... alors, est-ce que je dois rediriger ce
patient-là vers une autre clinique, sans savoir s'il aura un accès et s'il va
se détériorer en quittant, parce que je ne peux pas le faire, alors que c'est
des choses qu'on fait déjà?
Alors, actuellement, on ne fait pas de
scission dans le sans rendez-vous, à savoir si le patient va se détériorer ou
pas. On traite la personne qui est là devant nous. On ne pouvait pas poser de
diagnostic, mais on faisait déjà le traitement pour le patient. Et dites-vous
que, si on fait un traitement pour un patient, c'est parce qu'on connaît les
diagnostics, parce que, sinon, comment on pourrait choisir le meilleur
traitement pour le patient sans savoir pourquoi on le traite? Alors, il y
aurait des impacts parce que ça voudrait dire qu'on ne pourrait plus soigner ces
patients-là. Et le fait qu'on commence à se poser des questions sur les
critères de la définition, ça veut dire que ça place l'infirmière praticienne,
dans sa clinique, à se dire : O.K., ça, j'ai-tu le droit? Ça, je n'ai-tu
pas le droit? Ça, je peux-tu? Je vais-tu trop loin? Et là ça amène une série de
questionnements, plutôt que de focuser sur les soins qu'on a à donner à la
personne.
Alors, on sait qu'on a la compétence,
puisqu'on le fait déjà. On sait qu'on a déjà le jugement de décider de ne pas
traiter quelqu'un avec lequel on n'est pas confortable et on va discuter avec
un médecin, à ce moment-là, pour compléter les interventions. Et quand le
patient est assez à risque dans un sans rendez-vous pour qu'on se dise qu'on ne
doit pas le soigner en sans rendez-vous, on les envoie à l'urgence. Sinon, on
va être capable de faire l'intervention dans le sans rendez-vous. Alors, quand
il y a un risque de détérioration, on va devoir quand même identifier, mais on
va diriger la personne au bon endroit. Alors, ça, c'est des exemples de la
première ligne.
Est-ce que vous voulez qu'on vous parle un
petit peu pour les IPS en soins hospitaliers?
Mme McCann : J'aurais une
sous-question. C'est parce qu'avec ce que vous me dites, là, ma crainte, si on
garde «maladies courantes» c'est qu'on fait un demi-pas en arrière, là, avec ce
que vous dites, là.
Mme Laliberté (Christine) :
Tout à fait.
Mme McCann : Parce
qu'actuellement, là, vous n'avez pas cette valise-là. Vous traitez, là, dans le
cadre de la loi. Ça, c'est quelque chose qu'il faut noter évidemment.
Mme Laliberté (Christine) :
Oui.
Mme McCann : Et je vous
demanderais : Justement, là, si vous êtes dans un contexte où on parle de
maladies sans avoir les critères, puis qu'on ne dit pas «maladies courantes»,
qu'est-ce que vous référez? Donnez-nous une idée. Que ce soit en première ligne
ou en deuxième ligne, donnez-nous une idée de ce que vous référez, par exemple,
à un médecin de famille. Où est-ce que ça dépasse vos compétences? Qu'est-ce
que vous référez comme situations aux médecins de famille?
Mme
Laliberté (Christine) : Quand on est dans un service de sans
rendez-vous, habituellement, on ne va pas référer au médecin de famille si on
est seule. On va régler les interventions, on va conserver l'information pour
des suivis dans les jours qui vont suivre les interventions. Mais
habituellement, si on a à référer au médecin de famille, on va référer... Par
exemple, actuellement, on a quand même déjà un blocage au niveau de la santé
mentale. On ne peut pas évaluer les troubles mentaux. Donc, c'est 20 % à
30 % de la clientèle. Et quand ils vont se présenter en sans rendez-vous,
si on est seule, on va devoir référer au médecin. Ça ne pose pas de problème
dans l'immédiat si on n'a pas besoin d'une intervention immédiate pour le
patient. Mais si ça prend un diagnostic, s'il y a un arrêt de travail qui
nécessite aussi d'avoir un diagnostic et un plan de traitement à amorcer, c'est
impossible pour l'infirmière praticienne en soins de première ligne de le
faire.
• (15 h 30) •
Mme
McCann : Ma question, si vous permettez, c'est vraiment davantage dans
un nouveau contexte. Disons que le projet de loi chemine et qu'il y a cette
identification de...
15 h 30 (version révisée)
< Mme Laliberté
(Christine) : ...un arrêt de travail qui nécessite aussi d'avoir un
diagnostic et un plan de traitement à amorcer, c'est impossible pour l'
infirmière
praticienne en soins de première ligne de le faire.
Mme McCann : Ma
question, si vous permettez, c'est vraiment davantage dans un nouveau contexte.
Disons que le projet de loi chemine et qu'il y a cette >identification
de «maladie» — pas «maladie courante», «maladie» — à ce
moment-là, qu'est-ce que vous référez à un médecin de famille, si vous avez le
droit de diagnostiquer?
Mme Laliberté (Christine) :
Oui, alors, si on avait le plein droit de diagnostiquer, on va référer toutes
les situations pour lesquelles il y a un inconfort, qui peut varier d'une
infirmière praticienne à l'autre selon son niveau d'expertise. Donc, par
exemple, un patient qui se présente avec des douleurs chroniques, l'infirmière
praticienne qui est moins confortable dans le contexte de douleurs chroniques,
où c'est complexe, et le patient a de multiples médications, elle va se référer
au médecin. L'avantage, c'est qu'elle ne le fera pas immédiatement, elle va
attendre de revoir le médecin, ça peut se passer en un jour, deux jours. Elle
va régler, dans l'immédiat, la raison pour laquelle il y a un inconfort chez le
patient qui s'est présenté et elle va avoir le temps d'échanger, quand il n'y a
pas un nouveau diagnostic à poser.
Si on pense, par exemple, à un patient qui
se présente, pour lequel il y aurait une suspicion de penser, peut-être, que la
personne a une fibromyalgie, c'est des diagnostics d'exclusion qui prennent un
long cours, qui nécessitent une réflexion plus longue, pour lequel on va
échanger avec le médecin parce que ça ne suivra pas le cours attendu dans
l'évaluation et le suivi de cette patiente-là, donc on va référer, à ce
moment-là. Là, je demeure dans un contexte de première ligne, à ce moment-là.
Mme McCann : Oui. Et vous
souhaitez probablement nous parler un petit peu du contexte de deuxième ligne.
Dites-nous quelques mots là-dessus, parce qu'on a moins d'IPS en deuxième
ligne, mais elles font un travail important, là.
Mme Laliberté (Christine) :
Très important.
Mme McCann : Alors, on va
vous entendre sur... puis j'aurai une question sur le volet santé mentale, là,
dont vous avez parlé tout à l'heure.
Mme Laliberté (Christine) :
Parfait. Bien, pour les soins aux adultes, les gens qui travaillent en centre
hospitalier, d'abord on doit savoir qu'ils travaillent déjà dans des milieux où
les patients vivent une détérioration de l'état de santé ou qui nécessitent une
investigation beaucoup plus poussée. On va les retrouver en soins critiques,
par exemple. Ils vont travailler aux soins intensifs, ils vont passer faire des
consultations aux urgences. Donc, il y a là quand même quelque chose de très
important pour elles dans la définition pour ne pas les restreindre. Et, étant
donné qu'on a la chance d'avoir Claudie avec nous, je vais demander à Claudie
de vous donner un exemple par rapport à ça.
Mme Roussy (Claudie) :
Absolument. Donc, c'est ça, nous, notre clientèle, ils sont tous à risque de
détérioration rapide, ils sont tous à risque de préjudice grave, justement,
pour la raison de consultation initiale, qui est justement une condition qui
est instable, critique ou aiguë. Donc, nous, c'est vraiment notre clientèle au
quotidien, du matin au soir, c'est le type de clientèle qu'on reçoit.
Pour vous donner un exemple, moi, ma
clientèle quotidienne, c'est des infarctus non transmuraux, des infarctus,
donc, communément appelés non STEMI, qui viennent quotidiennement, de l'angine
instable, donc toutes des conditions qui ont un potentiel de détérioration,
mais avec qui on a développé... comme c'est notre clientèle de tous les jours,
notre expertise s'est développée autour de cette clientèle-là, justement. Même
chose pour les fibrillations auriculaires très rapides, donc des arythmies
aiguës, le patient peut devenir instable momentanément, mais les infirmières
praticiennes ont beaucoup d'expérience, justement, pour évaluer cette
situation-là et intervenir promptement.
Donc, voilà, c'est un petit peu... c'est
là où ça va nous limiter énormément, si jamais il y avait ces
caractéristiques-là, pour le diagnostic de maladies courantes, qui seraient
retenues, parce que c'est notre clientèle quotidienne. Donc, ça ne nous
donnerait pas plus de possibilités si on doit se référer sans arrêt au médecin,
à ce moment-là.
Mme Laliberté (Christine) :
Puis il faut penser, aussi, qu'on a des infirmières praticiennes en
néonatalogie, avec des bébés nés prématurément, avec toute la complexité que ça
peut apporter, et ça aussi, c'est leur travail quotidien. Et il y a des
infirmières praticiennes en soins pédiatriques en centre hospitalier, donc dans
des domaines plus complexes et aigus, qui ont besoin d'avoir une latitude aussi
pour porter les actes qu'elles ont à porter au moment où on se parle.
Mme McCann : Merci. Je
vais aller sur le volet santé mentale, parce que vous amenez cette dimension-là,
puis je veux vraiment vous entendre là-dessus, là. En fait, si je vous ai bien
comprise, vous dites que l'IPS, quelle que soit sa spécialité, si j'ai bien
compris, parce qu'on a des IPS en santé mentale, là, formées, bon... Moi, je veux
voir la différence entre une IPS adulte, première ligne, etc., et une IPS santé
mentale. Qu'est-ce que l'IPS santé mentale peut faire de plus puis qu'est-ce
que l'IPS... les autres, peuvent faire en santé mentale?
Mme Laliberté (Christine) :
En fait, il existe un guide qu'on utilise tous pour les diagnostics qui
s'appelle le DSM-5, qui regroupe tous les types de diagnostics possibles en
santé mentale. Actuellement, le rôle de l'infirmière praticienne en santé
mentale se dessine autour de ce guide-là, et on parle d'évaluer les troubles
mentaux. Les autres infirmières praticiennes ne pourront poser aucun diagnostic
en lien avec ce guide-là, ce qui veut dire que... À l'intérieur du guide, on
retrouve les troubles du sommeil, notamment l'apnée du sommeil, d'où la
recommandation en lien avec le permis de conduire. Donc, on retrouve aussi, par
exemple, le syndrome des jambes sans repos, des inconforts au niveau des
membres inférieurs. On retrouve aussi l'anxiété, la dépression, et ça, c'est
des raisons de consultation qu'on va voir beaucoup en première <ligne...
Mme Laliberté
(Christine) : ...apnée du sommeil, d'où la
recommandation en
lien avec le
permis de conduire. Donc, on retrouve aussi,
par
exemple, le syndrome des jambes sans repos, des inconforts
au niveau des
membres inférieurs. On retrouve aussi l'anxiété, la dépression, et ça, c'est
des raisons de
consultation qu'on va voir
beaucoup en
première
>ligne, quotidiennement, et c'est ce qu'on voit aussi depuis qu'on est
présentes dans le réseau de la santé en 2009. Nos collègues infirmières
praticiennes en santé mentale, ce sont des collègues qui sont formées pour
évaluer des troubles encore plus complexes, et qui seraient vraiment
complémentaires à nous, et qui pourraient nous accompagner. Alors, si elles
doivent évaluer les problèmes qu'on voit couramment en première ligne au niveau
de nos sans rendez-vous et de nos suivis, bien, on va les restreindre par
rapport à l'évaluation des patients qui ont des problèmes plus complexes.
Et, par la bande, il y a aussi une notion
qui a été ajoutée, que l'infirmière praticienne en santé mentale ne peut pas
évaluer un trouble physique s'il n'est pas lié au problème de santé mentale. Alors,
je vous donne un exemple : un patient qui se présente avec une
problématique de schizophrénie qui est évalué par l'IPS en santé mentale et,
cette journée-là, ce monsieur-là, connu asthmatique, a une détérioration de son
état respiratoire au moment de la visite, elle n'a pas le droit de prescrire
les inhalateurs qu'il a besoin pour régler la situation immédiatement. Alors,
ça, c'est un enjeu parce qu'il faut déplacer ce patient-là vers un sans
rendez-vous ailleurs, et on ne sait pas si le patient va être capable d'y aller
et s'il va le faire. Et le patient n'a pas accès au médecin de famille avant un
mois et demi pour avoir un rendez-vous pour dire... Alors, ce patient-là, il
est comme pris dans le système, et il n'y a personne... il faut trouver
quelqu'un d'autre pour donner le service, alors que, si elle pouvait le faire,
si elle s'en sent compétente et responsable, elle pourrait prescrire les
inhalateurs, et ensuite elle règle le problème dans l'immédiat, et, pour la
suite, réfère à l'infirmière praticienne en première ligne ou le médecin de
famille.
Et c'est la même chose pour une IPS en
première ligne, si le patient ne va pas bien dans sa condition de santé
mentale, ça ne suit pas son cours, c'est beaucoup plus complexe que prévu, on
va avoir un plaisir de référer, justement, à notre collègue qui est spécialisée
en santé mentale pour venir donner la suite des services au patient,
l'accompagner et améliorer la situation.
Donc, c'est pour ça qu'on pense qu'il ne
faut pas qu'on scinde les deux pratiques. Et, de toute façon, qui d'entre nous
voudrait être vu : Toi, c'est physique, toi, c'est mental, porte a, porte
b? Ce n'est pas comme ça que ça fonctionne dans la vraie vie. On est des êtres
complets, puis c'est comme ça qu'on veut continuer à donner nos services.
Mme McCann : Oui, et
c'est la pratique en médecine de famille.
Mme Laliberté (Christine) :
Et aussi la pratique.
Mme McCann : Et
j'aimerais vous entendre sur le parallèle avec les autres provinces du Canada
sur ce point-là.
Mme Laliberté (Christine) :
Alors, il n'y a pas de restriction en santé mentale dans les autres provinces.
Évidemment, il n'y a pas classe de spécialité santé mentale, et ça va venir, éventuellement,
en Ontario, on m'a parlé qu'il y avait une possibilité qu'il y ait une classe,
éventuellement, et il n'y a aucune restriction diagnostique. Que ce soit santé
physique ou mentale, on se fie vraiment à la formation, l'expertise et le
jugement de l'infirmière praticienne pour donner suite aux services. Il n'y en
a pas, de limitation et de restriction, donc on ne coupe pas l'individu en deux
morceaux.
Mme McCann : Quelle est
la valeur ajoutée de l'infirmière praticienne spécialisée en santé mentale?
Mme Laliberté (Christine) :
Bien, en fait, il y en a beaucoup. C'est qu'il y a un manque d'accès en santé
mentale, on a besoin de portes d'entrée dans le réseau de la santé. Donc,
l'infirmière praticienne en santé mentale va aider à améliorer la prise en
charge et le suivi en santé mentale dans les cas plus complexes,
particulièrement, accompagner autant l'infirmière praticienne de la première ligne
que les autres spécialités et les médecins de famille pour les cas où c'est
plus difficile, ça prend plus de temps, on a besoin d'un temps d'écoute
supplémentaire, d'un traitement supplémentaire, on veut préciser un diagnostic
qui est là. Si ça ne suit pas son cours, il faut voir, y a-tu d'autres choses
qui se cachent derrière le diagnostic de dépression? Donc, c'est comme ça
qu'ils vont pouvoir accompagner. Puis on a hâte qu'ils arrivent parce qu'ils
viennent de terminer. Ils certifient prochainement, et on a hâte de les voir
arriver.
Mme McCann : Oui, parce
que je pense que ce sont des nouvelles IPS, hein, c'est la nouvelle cohorte.
Mme Laliberté (Christine) :
Oui, exactement, la première cohorte.
Mme McCann : Au Québec.
Mme Laliberté (Christine) :
Oui.
Mme McCann : Oui. J'avais
d'autres questions, mais je ne pense pas que je vais avoir le temps de faire...
que vous ayez le temps de faire justice à la question. Deux mots sur le
partenariat avec les médecins.
Mme Laliberté (Christine) :
En fait, le partenariat, actuellement, la collaboration avec les médecins, ça
va très bien. Ceux qui travaillent avec nous qui nous connaissent sont
amplement satisfaits des services, comprennent aussi les demandes qu'on fait
aujourd'hui, parce que, si on veut que ça soit plus facile de donner de l'accès
à notre population, c'est ce qu'il faut faire.
Puis on veut miser sur les forces de
chaque intervenant. Là, on a parlé de médecins en partenariat, mais il y a
plein d'autres gens qui travaillent avec nous, il y a des pharmaciens, il y a
des travailleuses sociales, psychologues, nutritionnistes, nommez-en, et tous
ces gens-là... il faut vraiment qu'on mise sur les forces de tout le monde pour
donner les meilleurs services, plutôt que de se centrer à se dire : Est-ce
que je suis dans mon champ de compétence ou pas? Il va toujours avoir des zones
grises dans nos champs de compétence, mais, si on veut donner les meilleurs
services, il faut se donner du lousse puis travailler en équipe et ensemble. Je
m'excuse pour le mot «lousse», je trouve que ça se portait bien aujourd'hui.
Merci.
Mme McCann : Merci.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, Mme la ministre. Nous poursuivons cet échange avec
le représentant de l'opposition officielle. Alors, je cède la parole au député
de Pontiac.
• (15 h 40) •
M. Fortin : Merci, M. le
Président. Bonjour, Mme Laliberté, Mme Levasseur, Mme Roussy.
Merci d'être avec nous. Je veux revenir deux <secondes...
Mme Laliberté
(Christine) : ...que ça se portait bien
aujourd'hui. Merci.
Mme McCann : Merci.
Merci,
M. le Président.
Le Président
(M. Provençal)
:
Merci,
Mme la ministre. Nous poursuivons cet échange avec le
représentant
de
l'opposition officielle. Alors,
je cède la parole au
député
de
Pontiac.
M. Fortin :
Merci,
M. le Président. Bonjour, Mme Laliberté, Mme Levasseur,
Mme Roussy. Merci d'être avec nous. Je veux revenir deux >secondes,
je ne veux pas m'éterniser là-dessus, là, mais la question de la scission, je
veux juste bien comprendre ce que vous avez essentiellement dit. Quand on parle
de la scission, là, entre santé mentale, santé physique, donc une IPS, une infirmière
praticienne spécialisée, en ce moment, qui oeuvre, disons, dans une unité de
médecine familiale, vous considérez — et là je n'essaie pas du tout
de minimiser, là, votre formation ou ce que vous avez comme compétences,
j'essaie juste de comprendre le fond de l'enjeu, là — a toutes les
compétences, selon vous, pour parler tant de santé mentale que de santé
physique et peut faire le travail, là, des IPSSM et des IPSSP, là, selon vous,
là. C'est ce que j'ai compris, là. Je veux dire, il n'y a pas de différentes
classes, il n'y a pas d'IPS qui sont aptes et confortables à faire un
diagnostic ou un autre. Tout le monde est capable de remplir les responsabilités
qui sont dans le projet de loi en ce moment, si je comprends bien.
Mme Laliberté (Christine) :
En fait, c'est que chacune a sa spécialité dans le domaine de la complexité.
Donc, ça veut dire qu'une infirmière praticienne en soins de première ligne ne
ferait pas un diagnostic de bipolarité ou de schizophrénie. Par contre, un
diagnostic d'anxiété, de dépression, de TDAH, de trouble du sommeil, c'est
courant dans notre pratique. Alors, oui, là, on a un confort et on sait où
s'arrêter.
La même chose pour le patient qui se
présente avec une douleur angineuse avec une infirmière praticienne en soins de
première ligne, quand c'est trop complexe, c'est l'IPS en soins aux adultes qui
va s'en occuper. Les médecins de famille ne font pas ce silo-là entre eux. Ils
ont une prise en charge globale de généralistes, et, quand ça devient plus
complexe, on comprend que ça va du domaine de la spécialité, et c'est la même
chose pour l'infirmière praticienne.
M. Fortin : Donc, ce qui
pourrait se passer, essentiellement, ça serait qu'une IPS en première ligne,
disons, une infirmière en première ligne, pourrait référer un patient à une IPS
en santé mentale.
Mme Laliberté (Christine) :
Bien, on l'espère. C'est ce qu'on souhaite, de pouvoir s'arrimer entre nous,
tout à fait.
M. Fortin :
O.K. Parce qu'un des enjeux, entre autres en santé mentale mais dans plusieurs
domaines, là, c'est... et c'est vrai quand un médecin de famille réfère à un
médecin spécialiste, ce sera vrai si le projet de loi est adopté, ce sera vrai,
nécessairement, si vous référez à un médecin spécialiste, mais, si vous référez
à une IPS en santé mentale... je ne sais pas, il y a 600 IPS au Québec, là,
il ne doit pas y en avoir tant que ça qui sont spécialisées en santé mentale.
Je ne connais pas le chiffre exact.
Mme Laliberté (Christine) :
En fait, ils ne sont pas arrivés encore. Il va y en avoir, mais il n'y en aura
pas dans toutes les cliniques du Québec.
M. Fortin : Mais elle
n'est pas là, la difficulté? Est-ce que ce n'est pas là que ça devient difficile?
Jusqu'à ce qu'on n'ait pas, disons, un nombre d'infirmières praticiennes
spécialisées dans un champ particulier, est-ce que ce transfert-là du patient
ou cette référence-là du patient vers une IPS en santé mentale ne risque pas
d'être long et compliqué, du moins initialement?
Mme Laliberté (Christine) :
En fait, initialement, ça va probablement être l'inverse, mais ce n'est pas
long qu'on va saturer, si on lui envoie tout ce qui est de troubles de santé
mentaux. Mais, si on cible, justement, les endroits où les personnes on le plus
besoin puis qu'on réfère, à ce moment-là on va être beaucoup plus efficaces. Donc,
c'est pour ça qu'on pense que... Là, actuellement, il y a comme
465 infirmières praticiennes en première ligne, au Québec, qui pourraient
donner une porte d'entrée, en plus de nos collègues en santé mentale, pour
cette clientèle-là. Alors, on voudrait vraiment pouvoir mobiliser la clientèle
plus complexe à nos collègues justement pour qu'ils nous aident à donner des
meilleurs services, mais sans occulter qu'on peut faire une base pour ces
patients-là en première ligne. Et je ne veux pas qu'on oublie qu'en santé
mentale ils doivent aussi pouvoir faire des actions en santé physique pour les
mêmes raisons.
M. Fortin : Parce qu'on
en a entendu parler, dernièrement ou dans les derniers jours, là, j'aimerais
que vous nous expliquiez un peu l'idée de la formation continue pour les
infirmières praticiennes spécialisées. Qu'est-ce que vous avez en ce moment
versus ce qui est demandé de la part des autres groupes, disons?
Mme Laliberté (Christine) :
Question très intéressante. En fait, ce qui est demandé, actuellement, c'est
20 heures par année. Les infirmières praticiennes veulent plus que ça. Et
ce qui est enregistré... et là, je m'excuse, ce n'est pas une donnée précise...
c'est-à-dire, c'est une donnée précise, mais que je n'ai pas vue écrite, mais
que j'ai entendu le président de l'Ordre des infirmières dire, les infirmières
praticiennes, au Québec, ont 120 heures de formation continue par année,
actuellement, en moyenne. On est tout le temps en formation. On aime la
formation. Les médecins spécialistes disent même : Mon Dieu que c'est le
fun, vous donnez de la formation, vous écoutez ce qu'on dit, vous suivez les
guides de pratique, vous nous accompagnez là-dedans, et on en a tout le temps.
Et, au sein de l'association, on donne de la formation continue, pour l'instant,
à quatre journées par année, mais ça peut augmenter, et ça va se consolider
avec le temps pour s'assurer de répondre aux besoins adéquatement et d'être
capable de suivre les guides de pratique, ce que les comités d'experts
recommandent. Et on se fait toujours dire que
nous autres, on est trop à cheval sur les guides
de pratique. Inquiétez-vous pas, on va faire ce qu'il faut.
M. Fortin :
Est-ce qu'il y a quelque chose qui manque, en ce moment, dans votre formation
continue, qui serait nécessaire pour s'assurer que, disons, vous restez à jour
sur... Parce que, là, il y a le pouvoir des prescriptions, toutes ces
choses-là. Est-ce qu'il y a quelque chose qui manque dans votre formation
continue, qu'il faudrait ajouter?
Mme Laliberté (Christine) :
Il ne manque pas rien, mais on veut toujours améliorer et consolider. Et nous,
à l'association, on fait les formations basées sur les <besoins...
Mme Laliberté
(Christine) : ...qu'il faut.
M. Fortin :
Est-ce qu'il y a
quelque chose qui manque,
en
ce moment, dans votre formation continue, qui serait nécessaire pour s'assurer
que, disons, vous restez à jour sur...
Parce que, là,
il y a le
pouvoir des prescriptions, toutes ces choses-là.
Est-ce qu'il y a
quelque
chose qui manque dans votre formation continue, qu'il faudrait ajouter?
Mme Laliberté
(Christine) : Il ne manque pas rien, mais on veut
toujours
améliorer et consolider. Et nous, à
l'association, on fait les
formations basées sur les >besoins des infirmières praticiennes. Donc,
on valide les besoins et on crée les formations avec des objectifs précis à la
formation pour des infirmières praticiennes spécialisées justement pour ça.
M. Fortin :
Bien. Si c'est possible...
Mme Laliberté (Christine) :
Ma collègue aimerait vous dire...
M. Fortin :
Oui, allez-y, bien sûr.
Mme Levasseur (Isabelle) :
Je veux juste dire que la majorité des infirmières praticiennes spécialisées
vont dans des formations continues médicales, donc des formations données par
la FMOQ ou même la FMSQ. Donc, la majorité du temps, on a déjà des formations
du même niveau que les médecins.
Mme Laliberté (Christine) :
Ce sont les médecins et les médecins spécialistes qui nous forment.
M. Fortin :O.K. Très bien. Puis est-ce que vous êtes correctes avec ça?
Mme Laliberté (Christine) :
Tout à fait.
Mme Levasseur (Isabelle) :
Tout à fait correctes.
M. Fortin :D'accord. O.K. Je veux en parler deux secondes... je ne veux
pas m'éterniser, mais je veux entendre votre point de vue, parce qu'on ne l'a
pas entendu encore, que les infirmières praticiennes spécialisées puissent
administrer l'aide médicale à mourir. J'aimerais ça savoir, parce qu'il y a beaucoup...
Il y en a, des infirmières praticiennes spécialisées, vous en avez parlé
tantôt, qui font des soins palliatifs, donc qui interagissent avec des patients
qui, fort probablement, là, sont tout près de l'aide médicale à mourir, qui ont
demandé l'aide médicale à mourir. J'aimerais ça comprendre un peu le rôle que
vous jouez en ce moment dans le... je n'aime pas le terme, là, mais le
«lead-up», là, disons, le «buildup» jusqu'au moment où on demande l'aide
médicale à mourir, où celle-ci est administrée et ce que vous aimeriez
spécifiquement comme pouvoirs additionnels.
Mme Laliberté (Christine) :
Tout à fait. Je vais demander à Claudie de compléter.
Mme Roussy (Claudie) : À
ce jour, en fait, le besoin pour l'aide médicale à mourir, c'est de garantir
l'accès à ce soin ultime là et aussi de favoriser la continuité des soins à
travers le continuum et la trajectoire de vie et du projet de vie des patients.
Ce qu'il faut savoir, c'est qu'actuellement
la loi fédérale, la loi qui modifie le Code criminel, autorise les médecins et
les infirmières praticiennes à être évaluateurs et à donner ce soin-là. Actuellement,
les IPS peuvent administrer l'aide médicale à mourir en Alberta, en Colombie-Britannique,
l'Île-du-Prince-Édouard, le Manitoba, le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse,
l'Ontario, Saskatchewan, le Yukon, Terre-Neuve-et-Labrador, bref... Donc, au Québec,
malheureusement, la loi ne nous permet pas, actuellement, de pouvoir
administrer l'aide médicale à mourir.
Il faut comprendre que, lorsque le
patient, ultimement, demande ce soin-là, il peut demander une date qui a de l'importance
à ses yeux. Il y a des professionnels de la santé qui ont une objection de
conscience à donner ce soin-là, et donc je pense que, pour garantir l'accès à
ce soin-là et diminuer la souffrance de nos patients, l'IPS est au coeur de ces
décisions-là pour donner des soins, justement, qui s'inscrivent dans le projet
de vie du patient puis pour répondre à ses valeurs, à ses besoins également, et
donc je considère que ce serait important de rattraper le pas à ce point de vue
là, en fait.
M. Fortin :Est-ce que c'est quelque chose que vous voyez, ça, en ce moment,
par exemple, que des patients ne peuvent pas y avoir accès au moment où ils le
veulent, ou qu'ils doivent changer d'établissement, ou quelque chose comme ça,
là, pour être en mesure d'avoir accès à l'aide médicale à mourir? Je comprends
votre point de vue, que vous pourriez aider, à ce niveau-là, à la rendre plus
accessible, mais est-ce que le problème que vous soulignez, là, c'est quelque
chose qui est prévalent ou c'est quelque chose qui est arrivé de façon ponctuelle
ici et là? Pas que ce soit plus acceptable pour le patient qui veut décéder,
là.
Mme Roussy (Claudie) :
Il faut comprendre que c'est un soin qui est relativement récent. Il faut
comprendre que le niveau de demande pour ce soin-là va être à la hausse avec,
justement, le vieillissement de la population, l'évolution de la technologie
biomédicale. On va arriver à des situations où parfois ça pourrait devenir
problématique, effectivement, donc je pense qu'il faut se préparer pour,
justement, garantir cet accès-là.
À ce jour, bon, on a vu des situations,
parfois, dans les médias, mais je pense que c'est important de prévoir pour
l'avenir, avec, justement, la situation démographique qu'on connaît, pour
pouvoir garantir des soins sécuritaires puis des soins, surtout, d'une grande
qualité.
M. Fortin :
Je vous comprends bien puis j'apprécie votre perspective, mais, puisque vous me
dites que, dans les autres provinces... et la législation est encore plus
récente, là, mais, dans les autres provinces, les infirmières praticiennes
peuvent administrer l'aide médicale à mourir, je ne peux pas m'imaginer ce que
ce serait, mais il n'y a pas eu d'enjeux particuliers avec...
Mme Roussy (Claudie) :
Pas à ma connaissance. Et, à date, les statistiques pour le nombre d'aides
médicales à mourir qui ont été administrées par une infirmière praticienne
oscillent entre 2 % et 8 %, et le reste était administré par les
médecins, pour vous donner une idée de grandeur, oui.
M. Fortin :
D'accord. Dernière chose pour moi, vous demandez à ce que les infirmières
praticiennes spécialisées puissent admettre les patients et leur donner le
congé hospitalier. Ça se fait ailleurs, ça ne se fait pas... et ce n'est pas
dans le projet de loi, là, en ce moment. Pourquoi vous demandez ça? Qu'est-ce
que vous voyez qui pourrait être amélioré? Puis avez-vous une idée pourquoi ce
n'est pas dans le projet de loi? Sinon, je le demanderai à la ministre plus
tard, mais peut-être que vous le savez.
Mme Laliberté (Christine) :
Claudie, je te cède la parole.
• (15 h 50) •
Mme Roussy (Claudie) : Oui,
absolument. Bien, en fait, l'objectif visé, c'est de, justement, juste si on
parle pour les organisations, le système de santé, pour son efficience,
diminuer les durées moyennes de séjour, améliorer, justement, la continuité, la
fluidité de la trajectoire de soins des patients, par exemple, donc que l'IPS
n'ait pas à attendre de <discuter, par exemple...
Mme Roussy (Claudie) :
...bien, en fait, l'objectif visé, c'est de, justement, juste si on parle pour
les organisations, le système de santé, pour son efficience, diminuer les
durées moyennes de séjour, améliorer, justement, la continuité, la fluidité de
la trajectoire de soins des patients, par exemple, donc que l'IPS n'ait pas à
attendre de >discuter, par exemple, d'un cas avec son médecin pour
pouvoir admettre le patient à l'étage. Puis ça entraîne des délais pour
recevoir les examens, recevoir les interventions, également, quand on n'a pas
de lits de disponibles parce qu'on ne peut pas demander l'admission. Même chose
pour les congés, les congés sont retardés parce que l'infirmière praticienne
doit attendre, malheureusement, parfois, de discuter de cette situation-là.
Donc, c'est sûr que ça améliorerait,
justement, la coordination, l'efficience au niveau de la trajectoire de soins
des patients. Ça permettrait aussi de donner des congés, de favoriser la
continuité entre les soins de deuxième, troisième ligne vers la première ligne
également, donc diminuer la durée moyenne de séjour, diminuer le temps sur
civière dans les urgences, et ça, je crois que c'est criant, actuellement. Donc,
c'est tout plein d'enjeux, en fait, qui nous touchent, actuellement, et qu'on
vit quotidiennement, puis ça pourrait vraiment, je pense, décongestionner et
aider le réseau de la santé et nos patients, surtout dans leur trajectoire de
soins, pour rendre ça plus efficient, plus optimal, en fait, actuellement, que
ce l'est.
M. Fortin :
Donc, vous ne savez pas pourquoi ce n'est pas inclus là-dedans?
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le député.
M. Fortin :
Non? O.K. C'est bon.
Mme Roussy (Claudie) :
Non, je l'ignore pour l'instant.
M. Fortin :
C'est bon, je vous remercie. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le député. L'échange se poursuit maintenant avec
le représentant du deuxième groupe d'opposition. Je cède la parole au député de
Jean-Lesage.
M. Zanetti : Merci
beaucoup, merci d'être là. Il y a quelque chose que je voudrais éclaircir. J'ai
posé des questions, ce matin, aux représentants du Collège des médecins, puis
je veux savoir qu'est-ce qu'il va en être, véritablement, de la supervision des
IPS par les médecins avec le projet de loi. Dans votre compréhension, là, au
fond, avec ça, les IPS ne sont plus supervisées par les médecins. Est-ce que
c'est ce que vous comprenez aussi? Parce qu'on dirait qu'il y avait comme une
confusion. Puis, moi, ce que je comprenais, c'est qu'il allait continuer à y avoir
une supervision, mais là on m'a dit : Non, non, non, on ne supervise plus
les IPS, on va superviser les actes, par contre. Puis là, à savoir... mais
qu'est-ce que ça veut dire et qu'est-ce que ça implique? Est-ce que ça vous
donne vraiment une pleine autonomie? Est-ce que vous pouvez me démêler
là-dedans?
Mme Laliberté (Christine) :
Oui, bien, en fait, on doit dire qu'actuellement ce n'est pas de la
supervision, c'est du travail de collaboration. On va contacter nos médecins
partenaires quand la situation ne suit pas son cours, on veut un avis, une
opinion ou on veut qu'ils voient le patient parce que ça ne suit pas ce qui est
supposé au niveau des soins, au niveau du traitement, de l'évaluation.
Donc, dans le contexte actuel, pour le
bien de la population, honnêtement, ce que ça prend, c'est de continuer en
collaboration, en misant sur les forces des médecins, des infirmières
praticiennes, dans le soin qui va se donner, sans nécessairement qu'on soit aux
crochets. Et on n'est pas déjà aux crochets. Nos médecins partenaires sont
vraiment... C'est une fluidité d'actes, en fait. C'est comme une trajectoire
continue de soins et de services qui se passe entre nous et les médecins et qui
est efficace, actuellement, déjà, aussi. Alors, le terme «supervision» n'a pas
sa place. On est supervisées quand on est étudiantes, on est supervisées quand
on a besoin d'avoir des choses supplémentaires au niveau de la formation, mais,
dans le cadre où on parle actuellement, on parle vraiment de collaboration.
M. Zanetti : Ça donnait
l'impression, étant donné, aussi, la rémunération qui venait avec ce qui n'est
pas une supervision... les infirmières, là, tu sais, on parle de
60 000 $ par médecin, mettons, avec l'argent au GMF, tout ça. C'est
pour ça que ça me donnait l'impression qu'il y avait un gros... Parce que, pour
60 000 $... C'est de l'argent, 60 000 $, c'est 125 %,
à peu près, du salaire moyen au Québec, là, ou médian, en tout cas, il faudrait
voir. Mais, bref, ça, au fond, est-ce que vous voulez qu'il y ait, à ce
niveau-là, une continuité ou un changement, ou est-ce que ce qui est dans le
projet de loi vous satisfait?
Mme Laliberté (Christine) :
En fait, au niveau du projet de loi... sans argent, le projet de loi... le
projet de loi va nous satisfaire avec l'évolution attendue de ce qu'on
recommande.
Pour ce qui est de l'argent, ce n'est pas
un enjeu qui se passe à notre niveau. Et, juste une petite précision, dans les
60 000 $, il y a 30 000 $ qui vont au bureau pour qu'on
puisse avoir un siège pour travailler, et le reste, à une équipe de médecins
qui travaillent avec l'infirmière praticienne. Mais ce n'est pas un enjeu qui
concerne l'association. Nous, on veut vraiment développer le rôle et on va laisser
les instances qui sont en lien avec ça débattre de la situation.
M. Zanetti : Parfait. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le député. Nous terminons ce bloc d'échange avec
le représentant du troisième groupe d'opposition. Je cède la parole au député
des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Merci, M.
le Président. Bonjour, mesdames. Merci de votre mémoire, qui est détaillé et
qui, aussi, propose des solutions, en fait, des amendements. J'apprécie la
précision de vos interventions. J'ai une question sur la question de la
définition des «maladies courantes». Les deux éléments que vous retenez, s'il
fallait en retenir, pourquoi vous les retenez? Qu'est-ce qui fait qu'ils seront
plus faciles comme caractéristiques?
Mme Laliberté (Christine) : Comme
caractéristiques? En fait, oui, je réitère qu'on n'en veut pas. Mais, si on est
obligées, ce qu'on souhaite, c'est que ce soit selon la spécialité, selon la
classe de spécialité, le domaine mais aussi l'expertise. Et pourquoi on <mentionne...
M. Arseneau : ...pourquoi
vous les retenez? Qu'est-ce qui fait qu'ils seront plus faciles comme
caractéristiques?
Mme Laliberté
(Christine) : Comme
caractéristiques? En fait, oui, je réitère
qu'on n'en veut pas. Mais, si on est obligées, ce qu'on souhaite, c'est que ce
soit selon la spécialité, selon la classe de spécialité et le domaine, mais
aussi l'expertise. Et
pourquoi on >mentionne ça? C'est parce que,
justement... On va reprendre un exemple pour notre infirmière praticienne en santé
mentale. Le patient se présente dans son bureau, aujourd'hui il a une infection
urinaire, il a de la misère, même, à se concentrer sur l'évaluation prévue. Si
elle ne peut pas traiter l'infection urinaire, encore une fois, ce patient-là
doit se déplacer ailleurs. Donc, si elle a l'expertise — on fait de
la formation continue, on développe de l'expérience, on n'est pas toujours au
même niveau d'expérience que le jour 1 où on sort de l'université — elle
pourrait soigner le patient. Alors, c'est pour ça qu'on met ce terme-là.
Et, le deuxième, on a gardé les «maladies
reconnues», sans mettre «spécifiques», «typiques», et «assidues», et tous les
autres mots qu'on pourrait mettre pour s'assurer que ce soit très, très précis.
Mais, si on met «reconnues», à ce moment-là, on suit les guides de pratique,
les comités d'experts, on échange ensemble avec les médecins. Habituellement,
je vais vous dire, quand on consulte un médecin partenaire pour une opinion, il
est possible que le médecin partenaire n'ait pas la réponse, lui aussi, surtout
quand on a 10 ans d'expérience comme infirmière praticienne. On va référer
en spécialité, on va demander d'autres tests, on va se concerter, et des fois
c'est le médecin partenaire qui nous demande qu'est-ce qu'on en pense, et ça,
il faut retenir ça. Alors, les termes «reconnues» seraient assez généraux. Et
il faudrait faire attention aux documents qui suivront la loi pour ne pas
qu'ils viennent restreindre le travail que vous aurez fait.
M. Arseneau : J'aurais
une petite question sur le suivi des grossesses. Pouvez-vous juste préciser les
raisons pour lesquelles vous ne voulez pas restreindre cette pratique?
Mme Laliberté (Christine) :
Le suivi de grossesse, un peu pour les mêmes raisons. Une infirmière
praticienne qui travaille depuis cinq ans avec une équipe de médecins
accoucheurs voit des grossesses très régulièrement. Son niveau de connaissance
et d'expertise à ce niveau-là s'est élevé amplement pour être en mesure
d'assurer le suivi de grossesses plus complexes. Et c'est pour ça qu'on pense
que, si on met une restriction, ça veut dire qu'une infirmière praticienne qui
a l'expertise ne pourrait pas assurer un suivi, on va demander à un médecin de
le faire. Et, pendant ce temps-là, lui, il ne voit pas un autre patient, on
vient donc restreindre nos accès, encore une fois. Donc, pour ces raisons-là,
on pense qu'on devrait permettre la latitude et laisser le jugement de cette
infirmière praticienne, qui a une formation très concrète, scientifique et
accessible, pour donner les meilleurs services.
M. Arseneau : Au bénéfice
des...
Mme Laliberté (Christine) :
De la population.
M. Arseneau : Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Je remercie les représentantes de l'Association des
infirmières praticiennes spécialisées du Québec pour leur contribution aux
travaux de la commission.
Je suspends les travaux quelques instants
afin de permettre au prochain groupe de prendre place. Merci, mesdames.
(Suspension de la séance à 15 h 58)
16 h (version révisée)
(Reprise à 16 heures)
Le Président (M. Provençal)
:Je souhaite la bienvenue aux
représentants de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec. Je
vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, puis nous
procéderons à la période d'échange avec les membres de la commission. Je vous
invite à vous présenter et à commencer votre exposé. À vous la parole.
Mme Bédard (Nancy) :
Alors, bonjour, M. le Président, Mme la ministre, Mmes, MM. les députés. Donc,
je suis Nancy Bédard, la présidente de la Fédération interprofessionnelle de la
santé du Québec et je suis accompagnée aujourd'hui par M. Jérôme Rousseau,
qui est vice-président au secteur Organisation du travail et pratique
professionnelle de notre organisation, Mme Marie-Eve Viau et Jean
Villeneuve, deux conseillers syndicaux de notre organisation.
Donc, la FIQ et ses
76 000 infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et
perfusionnistes cliniques, on est vraiment enthousiaste aujourd'hui de
participer à cette consultation, et on vous remercie vraiment de cette
opportunité.
La FIQ est l'organisation syndicale qui
représente la quasi-totalité des infirmières praticiennes spécialisées au Québec,
donc nous avons une très bonne connaissance de leur réalité terrain. C'est avec
fierté, évidemment, qu'aujourd'hui la fédération présente leurs pistes de
solution pour amoindrir les obstacles à leur pratique et favoriser surtout
l'accessibilité aux soins pour la population du Québec. Les recommandations de
la FIQ qu'on vous présente aujourd'hui sont basées effectivement sur une
consultation des infirmières praticiennes spécialisées des différentes régions
du Québec ainsi que des différentes classes de spécialité et aussi la
comparaison des lois professionnelles ailleurs au Canada.
Globalement, la FIQ appuie l'objectif du projet
de loi n° 43 et salue effectivement certaines avancées pour l'accès aux
soins qui témoignent d'une plus grande reconnaissance du rôle de nos infirmières
praticiennes spécialisées. On parle ici notamment de la possibilité de
diagnostiquer certaines maladies, de déterminer des traitements médicaux et de
réaliser le suivi de grossesses normales ou à faible risque.
Toutefois, la fédération a des réserves importantes,
car elle constate que, malgré l'objectif louable du projet de loi n° 43,
on maintient tout de même le retard du Québec dans la pratique des infirmières
praticiennes spécialisées par rapport aux autres provinces canadiennes.
Tous les ingrédients essentiels ne s'y
retrouvent pas, malheureusement, pour leur permettre une véritable autonomie professionnelle.
Le projet de loi n° 43 doit absolument aller plus loin pour atteindre
réellement son objectif de décloisonnement des activités médicales au bénéfice
de la population et obtenir rapidement les effets escomptés.
Dans un contexte où l'ensemble des
professions de la santé sont en manque d'effectifs, on ne peut pas se permettre
de ne pas pleinement bénéficier de leurs compétences là où ça compte. Alors que
les besoins de santé de la population sont grandissants, on ne peut pas non
plus tolérer des obstacles à la pratique des infirmières praticiennes
spécialisées, des professionnelles essentielles à la dispensation des soins de
qualité et sécuritaires au Québec.
La Loi sur les infirmières et les
infirmiers n'est pas fréquemment modernisée, on va se le dire, et la FIQ croit
essentiel de saisir l'opportunité historique du projet de loi n° 43 pour
que les IPS québécoises, qui sont les plus formées, notamment au Canada,
puissent pleinement mettre leurs compétences au bénéfice de la prise en charge
des patients. La population québécoise mérite de pouvoir avoir accès aux soins
dont elle a besoin et qui peuvent être dispensés par les infirmières
praticiennes spécialisées, comme c'est le cas pour plus de 3 millions de
Canadiens.
Donc, pour la FIQ, lever les obstacles à
la pratique des infirmières praticiennes spécialisées, c'est lever les
obstacles à l'accessibilité aux soins pour les patients. Les cinq
recommandations de la fédération sur le projet de loi n° 43 vont toutes
dans cette direction.
Dans un premier temps, la FIQ demande que
le pouvoir de prescription des infirmières praticiennes spécialisées au Québec
s'arrime avec les standards canadiens. Les infirmières praticiennes
spécialisées provenant des différentes classes de spécialité nous confirment
que la formulation actuelle du projet de loi n° 43, soit de diagnostiquer
les maladies courantes correspondant à six caractéristiques, est floue et
insuffisante pour répondre aux besoins multiples des patients. Là, je pense
qu'on va être plusieurs à l'avoir dit aujourd'hui.
Nos trois premières recommandations sont
donc à l'effet que ces six caractéristiques soient retirées, que les infirmières
<praticiennes...
Mme Bédard (Nancy) :
... soit de diagnostiquer les maladies courantes correspondant à six
caractéristiques, est floue et insuffisante pour répondre aux besoins multiples
des patients. Là, je pense qu'on va être plusieurs à l'avoir dit
aujourd'hui.
Nos trois premières
recommandations
sont donc à l'effet que ces six caractéristiques soient retirées, que les
infirmières
>praticiennes spécialisées puissent diagnostiquer les maladies, troubles
et blessures et communiquer le diagnostic, et ce, sans aucune restriction à
cette activité professionnelle.
La quatrième recommandation, toujours avec
l'objectif de s'inspirer des meilleures pratiques dans les autres provinces
canadiennes, le projet de loi n° 43 devrait permettre expressément aux
infirmières praticiennes spécialisées de référer les patients vers d'autres
professionnels de la santé, y compris les autres infirmières praticiennes
spécialisées et les médecins spécialistes, dans le but de rendre plus fluide
l'épisode de soins des patients.
On sait aussi que le projet de loi, une fois
adopté, sera suivi de règlements et lignes directrices rédigés par l'Ordre des
infirmières et infirmiers du Québec. Ceux-ci viendront préciser, bien sûr, les
modalités de déploiement des activités.
Pour que le projet de loi n° 43
atteigne son objectif, les gains réalisés ne doivent pas être restreints par la
suite par des règlements et autres guides de pratique, ceux-ci devant servir à
clarifier la pratique mais non à la limiter.
La FIQ est donc préoccupée de constater
que le projet de loi à l'étude prévoit une consultation obligatoire par l'Ordre
des infirmières et infirmiers du Québec des ordres professionnels intéressés,
dont le Collège des médecins du Québec pour tout règlement relatif aux classes
de spécialité des infirmières praticiennes spécialisées. Cette façon de faire
semble augmenter les délais dans l'adoption et la mise à jour de règlements, au
risque de les rendre moins pertinents, surtout quand on sait que la pratique
clinique évolue rapidement.
Ça semble aussi créer une obligation qui n'existe
pas pour d'autres professions de la santé à exercice exclusif. La FIQ est tout
à fait en faveur de la coopération interprofessionnelle, de la collaboration
entre IPS, entre médecins et autres professionnels de la santé, bien sûr, parce
qu'on le sait, c'est essentiel pour une prise en charge complète des patients.
Pour la fédération par contre, et c'est là
notre cinquième de recommandation, la double-consultation des ordres
professionnels ne devrait pas être obligatoire mais bien à la discrétion de
l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec.
Actuellement, le règlement sur la classe
des spécialités d'infirmières praticiennes spécialisées, négocié entre l'ordre
et le Collège des médecins, comprend l'obligation pour les infirmières
praticiennes spécialisées et les médecins avec lesquels elles travaillent,
d'avoir une entente de partenariat. Malheureusement, ces ententes peuvent
s'ingérer dans les conditions d'exercice et l'offre de services des infirmières
praticiennes spécialisées en limitant notamment les clientèles qu'elles peuvent
desservir et les soins et les services qu'elles peuvent donner. Pour nous, il
est clair que c'est au gouvernement à déterminer les soins auxquels la
population a droit et non à une entente entre de tierces personnes.
Le mémoire de la FIQ mentionne également
d'autres pistes pour favoriser l'accès aux services de santé et parmi
celles-ci, notamment, la modernisation de la formulation des activités
professionnelles des infirmières praticiennes spécialisées, leur contribution
accrue aux arrêts de travail et notamment aussi à l'assurance-salaire, la
possibilité pour elles d'admettre ou de donner congé aux patients dans
l'ensemble des établissements de santé.
Puisque le gouvernement ouvre la loi sur
les infirmières et les infirmiers, la FIQ tient à souligner que l'ensemble des
infirmières fait partie de la solution pour l'accès aux soins. Donc, on
pourrait ainsi accorder plus de pouvoir de prescription aux infirmières qui ne
sont pas des infirmières praticiennes spécialisées. La ministre de la Santé et
des Services sociaux avait notamment fait part de cette intention l'été dernier
et cela permettrait de mieux répondre aux besoins de la population.
Considérant que les infirmières sont les
professionnelles de la santé les plus nombreuses au Québec, présentes dans tous
les milieux de soin, leur accorder plus de pouvoir est un levier important dans
la transformation du réseau de la santé. Le mémoire de la fédération propose
des pistes en ce sens.
Les chercheurs et praticiens au Québec et
ailleurs dans le monde sont formels. Ils soulignent que les lois
professionnelles trop restrictives sont un obstacle majeur à la pleine
contribution des infirmières praticiennes spécialisées aux soins de santé.
La FIQ espère que les parlementaires vont
être à l'écoute des solutions de nos membres infirmières praticiennes
spécialisées et que le projet de loi n° 43 va être remodifié pour aller
plus loin dans l'augmentation de l'autonomie des professionnels et des IPS,
toujours dans l'objectif de favoriser l'accès aux soins.
• (16 h 10) •
En finissant, le ministère de la Santé et
des Services sociaux s'est donné comme cible d'atteindre 2 000 infirmières
praticiennes spécialisées en 2024‑2025. Pour atteindre cet objectif très, très
souhaitable, la pratique des infirmières praticiennes spécialisées au Québec
doit être attractive. Pour le projet de loi n° 43, le Québec a la
possibilité non seulement d'opérer un rattrapage mais de devenir un acteur de
premier plan pour ce qui est de la pratique des infirmières praticiennes
spécialisées et la FIQ espère que toutes les mesures seront prises pour <ce
faire...
Mme Bédard (Nancy) :
…
doit être attractive. Pour le projet de loi n° 43, le Québec a la
possibilité non seulement d'opérer un rattrapage mais de devenir un acteur de
premier plan pour ce qui est de la pratique des infirmières praticiennes
spécialisées et la FIQ espère que toutes les mesures seront prises pour >ce
faire.
La FIQ et ses membres vous assurent de
leur entière collaboration dans le déploiement des activités professionnelles
des infirmières praticiennes spécialisées, dans le meilleur intérêt des
patients et de la population du Québec. Je vous remercie.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, Mme Bédard pour votre exposé. Nous allons débuter
cet échange avec Mme la ministre. Je vous cède la parole.
Mme McCann : Merci, M. le
Président. Alors, je vous salue, Mme Bédard, très contente de vous revoir, et
M. Rousseau aussi, que j'ai eu l'occasion de rencontrer à quelques reprises,
Mme Viau, M. Villeneuve, vraiment très heureuse de vous recevoir dans
cette commission parlementaire sur un projet de loi qui nous tient tous très à
coeur. Et on a bien noté, j'ai bien noté, vos commentaires, puis vous avez
raison, vous n'êtes pas la seule à avoir soulevé toute la question des maladies
courantes et de la définition. Mais je pense que, si je vous ai comprise, ce
que vous souhaitez, c'est que ce soit le libellé qui est employé ailleurs, dans
d'autres provinces du Canada qui, pour vous, serait le libellé à employer dans
le projet de loi.
Mais je pense qu'il faut saisir aussi
l'opportunité de vous avoir avec nous pour vous entendre davantage sur les
infirmières, hein, sur les infirmières du Québec. Moi, la question que j'aurais
à vous poser, et c'est vraiment dans ce cadre-là, comment on peut favoriser
l'autonomie professionnelle des infirmières praticiennes spécialisées dans un
contexte, hein, qu'on veut beaucoup au Québec, d'une pratique collaborative?
Vous, vous êtes beaucoup sur le terrain, votre équipe est beaucoup sur le
terrain, j'aimerais ça vous entendre là-dessus, particulièrement dans le cadre
du projet de loi, là, qu'on étudie aujourd'hui.
Mme Bédard (Nancy) :
Bien, notamment, c'est d'essayer d'enlever le plus d'obstacles possible. Et
quand on regarde la pratique ailleurs au Canada puis quand on regarde la
pratique au Québec, c'est là qu'on voit qu'il y a eu des… Bien, les choix qui
ont été faits au Québec, notamment de faire en sorte que les infirmières
praticiennes spécialisées soient longtemps au niveau de la Loi médicale et sous
le joug de la Loi médicale, ont fait en sorte que notre pratique, je pense en
tout cas, quand, nous, on analyse le déploiement de cette pratique, bien, je
pense qu'on a du recul à comparer du reste du Canada et ailleurs.
Aujourd'hui, le projet de loi n° 43,
c'est un bon pas devant pour enlever l'ensemble de ces obstacles, mais on pense
que, notamment, le fait que dans ce projet de loi là, il y a une obligation,
encore une fois, de consulter le collège, notamment bien, c'est comme si on
donne encore beaucoup de pouvoirs au collège au niveau de nos infirmières
praticiennes spécialisées. Ça, ça en est.
Tantôt, on parlait de supervision, tantôt
on parlait aussi des ententes de partenariat. Bien, moi, je vais me permettre,
notamment au niveau des ententes de partenariat, de dire qu'il y a là des
éléments qu'il faut faire très, très attention parce que dans les discussions
qu'on a eues, puis j'ose le dire parce que vous le savez, <on a
actuellement… >on siège actuellement sur un comité avec le ministère <qui…
>où on parle justement de tous les éléments puis de la pratique des
infirmières praticiennes spécialisées. Et les ententes de partenariat, parfois,
elles sont ou elles peuvent être restrictives sur la pratique parce que ça
reste au médecin, ça demeure avec le médecin partenaire, dans une entente de
partenariat, de venir inscrire des éléments qui peuvent, effectivement,
restreindre cette pratique.
Alors, je donne un exemple. On peut dans
un établissement, dans un GMF, dans une pratique, venir, dans une entente de
partenariat, puis ce n'est pas supposé, mais venir encadrer le fait que, pour
cette infirmière praticienne spécialisée, elle ne verra pas les grossesses…
pour dire quelque chose. Elle va être encadrée sur certaines maladies ou
certains profils de patients qu'elle va pouvoir voir.
Donc, les ententes de partenariat, il y a
là un lieu où il faut regarder tous les éléments qui peuvent restreindre la
pratique de nos infirmières praticiennes spécialisées. Et, pendant longtemps,
puis ce matin même, vous pouviez voir tous les éléments que le collègue des
médecins souhaite voir mettre en place, hein… des comités obligatoires. Quel
ordre professionnel, quelle profession, a des obligations de mettre en place
des comités pour s'assurer qu'on va superviser une pratique, où on va s'assurer
d'un bon déploiement de pratiques? Donc, pour moi, c'est insidieux, pour la
plupart des gens… Mais quand, nous, on siège puis qu'on travaille avec les
infirmières praticiennes spécialisées, plusieurs nous disent qu'il y a là tout
des éléments qui font en sorte qu'on a des partenaires autour qui souhaitent
vraiment s'assurer <d'avoir…
Mme Bédard
(Nancy) :
...
pratiques? Donc, pour moi, c'est
insidieux, pour la plupart des gens… Mais quand nous, on siège puis qu'on
travaille avec les infirmières praticiennes spécialisées, plusieurs nous disent
qu'il y a là tout des éléments qui font en sorte qu'on a des partenaires autour
qui souhaitent vraiment s'assurer >d'avoir la mainmise sur du
déploiement de pratique.
Alors, je pense que tout ça mis ensemble
fait en sorte que, dans le projet de loi, si on va plus loin ou si on enlève
plus d'obstacles, on va s'assurer d'une meilleure pratique pour une meilleure
accessibilité aux soins des patients.
Mme McCann : Donc, vous,
avec ce que vous venez de dire, ce que vous entendez sur le terrain, là,
qu'est-ce que ce serait dans le projet de loi, dans les suggestions que vous
nous faites, comment ça se traduirait, ce partenariat, cette collaboration
entre un médecin de famille, par exemple, en première ligne, et une IPS...
Mme Bédard (Nancy) :
Honnêtement, là, ce que je vais vous dire là, c'est que je ne comprends pas
pourquoi on a besoin d'une entente de partenariat au Québec. Vous le savez, là,
hein, ça n'existe pas à nulle part dans le monde, juste au Québec.
Alors, déjà là, en avril dernier, lors du
dernier règlement, devoir élargir les ententes de partenariat dans les
établissements, je ne comprenais pas qu'on allait encore plus loin là-dedans au
Québec après que la pratique ait été là depuis une dizaine d'années, on aurait
dû voir partir ces ententes de partenariat. Nos infirmières praticiennes
spécialisées sont compétentes. Je pense que ce qu'on a vu avant, de
l'association, est très, très clair sur leurs compétences, sur ce qu'ils
peuvent faire. Elles devraient avoir un droit de pratique totalement autonome.
Alors, c'est là que je suis...
Alors, l'entente de partenariat, si vous
voulez m'entendre sur, à la base, là, qu'est-ce qui devrait ne plus exister,
c'est ça. Nos infirmières praticiennes spécialisées devraient être complètement
autonomes, ne pas dépendre d'aucun médecin au Québec puis d'être capables, en
collaboration et en pratique, avec la compétence qu'elles ont, de pouvoir
référer leurs patients aux professionnels qui doivent être référés.
La clinique SABSA, je ne peux pas penser
autrement que vous donner cet exemple-là, la clinique SABSA, qui est rendue qui
voit près de 3 500 patients par année. Quand on réfère 2 % à
3 % des patients à des médecins et le reste, on les voit seuls, bien moi,
je pense que ça, voilà une très, très belle pratique qui démontre une autonomie
où les ententes de partenariat devraient, quant à moi, tomber.
Alors, honnêtement, si vous voulez que
j'aille jusque là, il est là, le plus grand problème. Et, si ce projet de loi
là pouvait faire enlever ces ententes de partenariat là, je pense qu'on serait
déjà dans un autre monde au Québec.
Mme McCann : Merci pour
ça. Je vais donner la parole... M. le Président, si mes collègues veulent
prendre la parole.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée de Soulanges.
Mme Picard : Oui...
Le Président (M. Provençal)
: ...
Mme Picard : Bonjour.
Merci beaucoup pour votre présence ici aujourd'hui, malgré la tempête.
J'ai une question par rapport à la santé
mentale. Je n'ai pas pu la poser au groupe précédent. La commission siège
présentement sur un mandat d'initiative pour le TDAH, la surmédicamentation des
jeunes. Et puis il y a un problème qui a été soulevé à plusieurs reprises où un
même patient a eu, supposons, un premier diagnostic d'anxiété. Et, année après
année, il va revoir un autre médecin, et puis là, c'est un diagnostic de dépression.
Est-ce que d'ajouter un autre intervenant
qui peut... une autre personne qui peut diagnostiquer pour la santé mentale,
vous y voyez un problème, selon vous? Ou si, au contraire, l'infirmière
praticienne spécialisée va pouvoir, elle, peut-être mieux écouter, mieux
encadrer et puis prendre vraiment plus le temps avec le patient? Ou comment
voyez-vous la cohésion de cette pratique-là?
Mme Bédard (Nancy) :
C'est une bonne question. C'est assez micro, là, dans la pratique, là, je vous
dirais.
Mais globalement, si je regarde dans
l'ensemble des difficultés qu'on peut voir, notamment, que ce soit dans la
pratique des GMF, dans la pratique des établissements, je pense que vous tenez
là une clé. C'est que l'infirmière praticienne spécialisée, qui est différente
de l'approche médicale, elle prend le temps, et elle a le temps aussi dans sa
pratique, et elle doit pouvoir prendre l'espace qui doit être pris pour traiter
chacun des patients dans sa globalité ou dans l'approche qu'elle a à faire.
Moi, je regarde juste les gens autour de
moi qui peuvent avoir accès à une infirmière praticienne spécialisée, on n'est
pas dans la même mentalité que, quand tu vas voir ton médecin, tu es 10,
15 minutes avec, puis, déjà là, il faut clore la rencontre, il faut clore
le rendez-vous. L'approche des infirmières praticiennes spécialisées et la
façon dont la pratique se déploie, bien, je pense qu'on a là un endroit avec
une professionnelle qui peut prendre un bon moment pour vraiment prendre le
temps que ça prend où le patient a de besoin et sa famille.
• (16 h 20) •
Alors, en ce sens-là, si je regarde ce qui
est fait actuellement en termes d'approche par des professionnelles autres que
des professionnelles médicales, si on veut, bien on a là une <clé...
Mme Bédard (Nancy) :
…
qui peut prendre un bon moment pour vraiment prendre le temps que ça
prend où le patient a de besoin et sa famille.
Alors, en ce sens-là, si je regarde ce
qui est fait actuellement en termes d'approche par des professionnelles autres
que des professionnelles médicales, si on veut, bien on a là une >clé, effectivement,
extrêmement intéressante pour le réseau.
Mme Picard : …maintenant, M.
le Président?
Le Président (M. Provençal)
: …
Mme Picard : On avance? O.K.,
parfait. Je vais poser une dernière question avant de passer la parole à ma
collègue. Une infirmière, en ce moment, qui décide de se perfectionner et puis
devenir IPS, est-ce qu'il y a des incitatifs? Est-ce que… Comment peut se faire
la transition d'une personne qui est déjà… la procédure, en fait, là, et puis
les incitatifs? J'aimerais avoir votre point de vue et puis vos idées.
Mme Bédard (Nancy) :
Je vais commencer puis Jérôme, si tu veux poursuivre dans les difficultés,
aussi, qu'ils ont avec certaines ententes, là…
C'est sûr que l'état actuel, les
restrictions actuelles, la pratique actuelle des infirmières praticiennes
spécialisées… puis c'est pour ça qu'on avait un comité, justement, avec le
ministère, sur tous les obstacles, les difficultés, notamment au niveau de la
formation. Vous savez, une infirmière praticienne spécialisée, pour être
capable de prendre une journée, deux jours de congé pour aller se faire former…
des formations adéquates avec leurs besoins à eux, c'est extrêmement difficile.
Avec les ententes de partenariat, avec la
restriction, souvent, que des infirmières praticiennes spécialisées ont avec
certains médecins, moi, il y en a plusieurs qui m'ont dit : Avoir su, je
n'aurais pas mis autant d'énergie, autant d'argent à aller faire mon cours
d'infirmière praticienne spécialisée parce que j'ai de la misère à voir la
différence entre mon rôle d'infirmière clinicienne et le rôle que je devrais
avoir parce qu'on ne me donne pas toute cette ouverture-là où je pratique.
Donc, ce n'est pas la compétence puis le
fait de l'avoir fait, c'est d'avoir la capacité d'avoir cette pleine
autonomie-là puis avoir le sentiment, après une journée de travail, de se dire :
Bien, moi, là, aujourd'hui, je fais une différence, et ma compétence est mise
au profit de la clientèle.
Donc, ça se parle, ça, quand même. Donc,
c'est plutôt ces éléments-là qui font à un moment donné que c'est peut-être un
petit peu moins attractif. Puis il faut lever énormément d'obstacles. Mais il
faut aussi être aidant dans la pratique pour être capable de faire en sorte que
ces professionnelles-là vont avoir le courage de s'investir pendant ces
années-là pour aller faire cette formation-là qui est quand même extrêmement
exigeante.
Donc, pour le reste, je pense que, Jérôme,
si tu veux compléter sur les difficultés ou ce qui pourrait être intéressant
pour l'attraction?
M. Rousseau (Jérôme) :
Concrètement, une infirmière qui désire devenir infirmière praticienne
spécialisée, elle doit avoir un certain nombre d'heures, déjà, de pratique à
titre d'infirmière. Donc on se retrouve avec des infirmières d'expérience qui
doivent mettre leurs vies sur pause pendant l'équivalent de deux ans d'études à
temps complet. Donc, oui, il existe un programme de bourses, actuellement, qui
est l'équivalent de 60 000 $, mais pour deux années. Donc, c'est ça
qui rend peut-être un peu plus difficile la migration du type d'emploi
d'infirmière vers IPS actuellement parce que ce sont souvent des infirmières
avancées en pratique et en salaire. Donc, de mettre leurs vies sur pause, faire
un congé sans solde presque de deux ans et de recevoir juste 60 000 $
sur deux années, c'est ça qui est un peu difficile actuellement en termes
d'accessibilité. Ça, c'est aussi en région. Les programmes de formation d'IPS
sont beaucoup concentrés dans les villes, donc c'est aussi une autre difficulté
en région, l'accessibilité aux programmes d'IPS est plus difficile aussi.
Mme Picard : Merci beaucoup.
Merci beaucoup. Merci. Je vais passer la parole.
Le Président (M. Provençal)
: Mme Blais, Abitibi-Ouest.
Mme Blais (Abitibi-Ouest) :
Dans votre mémoire, vous dites que vous avez fait une tournée au niveau des
régions et que vous avez discuté avec différentes IPS. J'aimerais savoir parce
que… Au niveau des régions, y avait-il des suggestions particulières à propos
de la réalité éloignée des grands centres? Parce qu'on sait que les régions ont
leur couleur et ont leur saveur locales, et c'est complètement différent des
régions urbaines. Alors, quels étaient leurs demandes ou leurs points
d'interrogation?
Mme Bédard (Nancy) :
Il y a certainement deux volets. C'est-à-dire qu'il y a certaines difficultés,
certainement sur l'accès à la formation, comme, je peux vous dire, les
établissements, parfois, offrent certaines formations, mais les formations
ciblées, qui vraiment ciblent la compétence et le besoin d'une infirmière
praticienne spécialisée, c'est un volet extrêmement difficile. Le déplacement,
l'accès à soit des remboursements ou à ce qu'ils peuvent avoir pour être aidants,
pour aller suivre ces formations, d'être capables d'être libérées pour les
faire, c'est un enjeu majeur actuellement pour nos infirmières praticiennes
spécialisées, et notamment celles qui sont en région. Donc, ça, c'est un volet
assez difficile.
Par contre, parfois, en région, bien, la
pratique est quand même plus intéressante à certains égards. Donc… Puis c'est
souvent ça qu'on se dit : Pourquoi que la pratique des professionnels en
soin, qu'on soit dans le Grand Nord ou qu'on soit en région, tout à coup, on
voit une pratique, bon, de… avec beaucoup plus d'ouverture, qu'il est plus
facilitant, puis, quand on arrive dans des régions plus urbaines, bien là, tout
d'un coup, la pratique est comme réduite, et là, il y a des cadres puis de
l'encadrement qui est fait? Donc, en région, au niveau de la pratique, bien,
parfois, eux, quand même, ils ont des <pratiques…
Mme Bédard (Nancy) :
…
dans le Grand Nord ou qu'on soit en région, tout à coup, on voit une
pratique, bon, de… avec beaucoup plus d'ouverture, qu'il est plus facilitant,
puis, quand on arrive dans des régions plus urbaines, bien là, tout d'un coup,
la pratique est comme réduite, et là il y a des cadres puis de l'encadrement
qui est fait? Donc, en région, au niveau de la pratique, bien, parfois, eux,
quand même, ils ont des >pratiques superintéressantes. Cependant, ils
peuvent se retrouver effectivement avec un fardeau parce que là, le nombre
d'infirmières praticiennes spécialisées n'est potentiellement pas suffisant.
Donc, elles arrivent à peine, des fois, à pouvoir répondre aux besoins qu'elles
voient que leur population, leur communauté aurait. Je ne sais pas si,
là-dessus, si ça va pour ça. Donc, en gros, c'est les éléments particuliers.
Mme Blais (Abitibi-Ouest) :
Est-ce que vous suggérez une infirmière en première ligne pour les régions?
Mme Bédard (Nancy) :
Bien certain. Des infirmières en première ligne, quant à moi, il pourrait y en
avoir partout, certainement en région, autonomes surtout.
Mme Blais (Abitibi-Ouest) :
Oui, surtout.
Mme McCann : Je reprends la
balle au bond. Oui, alors, dernière question, vous demandez, Mme Bédard,
l'impact sur la profession infirmière au Québec, de l'évolution du dossier des
IPS, quel est-il selon vous?
Mme Bédard (Nancy) :
J'essaie de bien saisir votre question, Mme la ministre, je vais répondre ce
que je pense bien comprendre. Mais je pense que c'est avec fierté que l'évolution
de la pratique infirmière peut voir que nous avons des infirmières praticiennes
spécialisées au Québec, qu'elles devraient être capables de… L'accessibilité
directe aux infirmières praticiennes spécialisées devrait être un état de fait
au Québec actuellement, et ça, je pense que c'est un enjeu majeur. Donc, sur la
pratique, je pense que, pour une infirmière qui commence dans sa pratique et
qui peut faire en sorte de voir l'élargissement d'une pratique, d'une carrière,
jusqu'où <ça peut… >une infirmière peut développer ses
compétences, c'est fortement positif et fortement positif pour la population.
Donc, le développement de la profession
infirmière au Québec, c'est clairement, pour moi, une valeur ajoutée pour la
population, pour l'accessibilité aux soins du Québec, et c'est avec fierté
qu'on représente nos infirmières praticiennes spécialisées, qu'on est ici
aujourd'hui pour s'assurer que la pratique soit de plus en plus reconnue et
surtout autonome. À quand les cliniques d'infirmières au Québec? On les attend.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, Mme la ministre. On passe la parole au député de Pontiac.
M. Fortin :Merci, M. le Président. Bonjour. Bonjour à vous tous. Merci
d'être avec nous et de nous partager votre point de vue. Je <veux… je >vais
essayer de comprendre le fond et l'objectif principal, en fait, de votre
intervention aujourd'hui, et là, je mets de côté, parce que vous avez trois recommandations
là-dessus, mais sur les maladies courantes, mais je ne pense pas que c'est ça,
le fond de votre intervention, corrigez-moi si j'ai tort, là. Vous avez dit essentiellement :
On veut que la pratique des IPS ressemble à celle dans le reste du Canada, et
ce que vous semblez dire de façon particulière, c'est la référence, vous
semblez parler beaucoup de la référence, de la référence d'une IPS à une autre,
la référence vers un médecin spécialiste, ça, c'est quelque chose qui, selon
vous, dans le reste du Canada se fait, si je comprends bien, là, mais, honnêtement,
je n'ai pas regardé dans chaque province, mais dans le reste du Canada se fait,
une infirmière praticienne spécialisée, disons, en première ligne peut référer
directement à un médecin spécialiste.
Dans ce que vous comprenez du projet de
loi qui est devant nous, ce qui a été proposé par la ministre, l'infirmière
praticienne spécialisée devrait référer au médecin de famille qui, lui,
référerait au médecin spécialiste, c'est ce que vous avez compris?
Mme Bédard (Nancy) :
…
M. Fortin :
Est-ce que ça n'enlève pas une grande partie de l'attractivité de ce projet de
loi là? Parce que ce qu'on veut en partie, là, en partie, et tout le monde est
favorable, je pense, au principe général derrière tout ça, mais est-ce qu'en
partie ça ne vient pas enlever un peu ce qu'on essaie de faire à la base,
donner plus de pouvoirs aux infirmières praticiennes, ça donne plus d'accès aux
patients, ça libère également du temps du médecin omnipraticien, mais là, si
l'infirmière est obligée de référer le patient au médecin omnipraticien pour
qu'il passe ensuite au médecin spécialiste, est-ce qu'on n'est pas train juste
de rajouter, pour le patient, de rajouter des étapes? C'est un peu ce que vous
êtes en train de nous dire.
Mme Bédard (Nancy) :
Absolument. Absolument.
• (16 h 30) •
M. Fortin :
O.K. Donc, vous, vous dites : Enlevez tout ça, l'infirmière devrait
pouvoir référer à l'infirmière praticienne spécialiste qui est spécialisée dans
une autre… dans un domaine en particulier et au médecin spécialiste. O.K. Je
vous comprends bien. Est-ce qu'une infirmière, d'après votre compréhension du
projet de loi, là, et de ce qui pourrait se passer concrètement, est-ce que
l'infirmière praticienne spécialiste en première ligne pourrait interagir
directement avec le médecin spécialiste…
16 h 30 (version révisée)
<15383
M. Fortin : ...et au médecin
spécialiste.
O.K., je vous comprends bien.
D'après votre compréhension du
projet
de loi, là, et de ce qui pourrait se passer concrètement,
est-ce que
l'infirmière praticienne spécialiste en première ligne pourrait interagir
directement
avec le médecin >spécialiste, un peu comme le fait un médecin
omnipraticien, là, va le consulter, va l'appeler, va lui demander des
renseignements, va lui écrire, etc.? Est-ce qu'une IPS pourrait faire ça, selon
vous, avec le projet de loi?
Mme Bédard (Nancy) :
Selon moi, non. Ce n'est pas clair. En tout cas, il y a des flous encore à ce
chapitre-là. Donc, c'est pour ça qu'on l'adresse, c'est pour ça qu'on le nomme,
parce qu'on ne le retrouve pas clairement. Et les ententes de partenariat,
actuellement, à notre avis, ne permettent pas ça, puis, si oui, bien, il faut
clairement que ce soit nommé, que les ententes de partenariat devraient pouvoir
le permettre, tout ça parce qu'on a besoin d'ententes de partenariat puis tout
ça parce que l'infirmière praticienne spécialisée n'a pas une pratique
parfaitement autonome. Si elle avait une pratique parfaitement autonome, elle
ne serait pas liée avec un médecin qui viendrait encadrer les éléments sur
lesquels sa pratique doit être faite. Donc, pour nous, clairement, une
infirmière praticienne spécialisée qui voit un patient, si elle juge, de par sa
compétence, sa pratique, son expérience, qu'elle devrait référer ce patient-là
directement à un spécialiste, pourquoi on s'en priverait? La question est
pertinente. Je ne peux pas vous répondre pourquoi. Mais, une chose est
certaine, c'est que, pour nous, clairement, on devrait être rendus là au Québec
aujourd'hui.
M. Fortin :Ce que vous décrivez comme une pleine autonomie, là... Je veux
juste bien comprendre le modèle des autres provinces. Elles ont toutes cette
pleine autonomie là, c'est ce que vous dites.
Mme Bédard (Nancy) :
Oui.
M. Fortin :
O.K. Donc, une infirmière praticienne, en Ontario, au Nouveau-Brunswick,
ailleurs, là, pourrait consulter elle-même, au besoin, un médecin spécialiste,
pourrait référer à un médecin spécialiste, pourrait référer à une autre IPS. Mais,
si on n'a pas ça au Québec, qui va référer à une infirmière praticienne
spécialisée, disons, en santé mentale? Est-ce que vous pensez vraiment qu'un...
Et je vous pose la question, là. Pensez-vous vraiment qu'un médecin de famille
va référer quelqu'un à une IPS en santé mentale? J'ose l'espérer, mais je vous
pose la question.
Mme Bédard (Nancy) :
J'ai de grands doutes. Je ne peux pas l'affirmer, là, je serais malhonnête, là,
mais j'ai de très, très, très grands doutes. Pour ne pas dire non, là, je vais
juste dire de grands doutes.
M. Fortin :
O.K., c'est bon, j'ai le même pressentiment. On pourrait demander, un peu plus
tard, peut-être aux médecins résidents ou aux médecins omnipraticiens, mais
j'ai le même doute que vous. Mais je vais poser la question un peu plus tard.
Vous avez parlé, tantôt, des cibles
d'infirmières praticiennes spécialisées, cible de 2 000 d'ici 2024. Une
formation d'IPS, c'est plusieurs années, c'est, quoi, cinq ans, je pense, si je
ne me trompe pas, environ. Donc, les gens qui seraient en pratique en 2024‑2025,
en théorie, soit commencent leurs études là ou sont déjà aux études. Est-ce
qu'en regardant uniquement les gens qui sont aux études en ce moment on va
arriver à 2 000 IPS en 2024‑2025?
Mme Bédard (Nancy) :Bien, honnêtement, j'ai regardé les perspectives de l'ordre,
notamment eux qui suivent ça, et ça va être difficile, là, d'atteindre les
cibles juste avec les éléments qu'on a, actuellement. Il y a une certaine
difficulté juste en nombre puis avec celles qui sont inscrites dans le cursus,
là, pour devenir infirmières praticiennes spécialisées. Mais, si on redouble
d'ardeur, bien, la cible pourrait potentiellement, rapidement, là, dans les
années qui vont suivre, là, être atteinte.
M. Fortin :C'est M. Rousseau ou je pense que c'est vous, tantôt, qui y
faisiez référence, là, aux difficultés de passer d'un certain type d'infirmière
à une infirmière praticienne spécialisée. Est-ce qu'il y a quelque chose qui
pourrait être mis en place? Vous avez parlé de la difficulté, là, mais est-ce
qu'il y a une solution pour faire en sorte... et je comprends que plus de
pouvoirs, ça en fait partie, de l'attractivité de la pratique, mais est-ce
qu'il y a quelque chose qui peut être mis en place, un incitatif ou quelque
chose comme ça, qui pourrait pallier un peu au problème que vous avez identifié
un peu plus tôt? Parce que, pour que ça marche, on a besoin de monde. On a
besoin d'infirmières praticiennes spécialisées pour que ça fonctionne, cet
accès supplémentaire.
M. Rousseau (Jérôme) :
Tout à fait, il faut travailler sur les deux volets, non seulement sur
l'autonomie, la pratique qui va la rendre plus intéressante, donc, mais aussi
sur l'aspect financier, ultimement, parce que c'est deux ans supplémentaires
lorsqu'on est déjà sur les milieux de travail. Donc, effectivement, il faudrait
travailler sur les deux volets.
M. Fortin :Il n'y a pas quelque chose de particulier auquel vous avez
réfléchi, analysé et que vous êtes prêts à, disons, lancer dans la sphère
publique, suggérer à la ministre ou à nous, ici, comme législateurs, pas
encore, du moins?
Mme Bédard (Nancy) :
C'est sûr qu'en termes de contrats de travail avec nos infirmières praticiennes
spécialisées on a dû travailler, dans les dernières années… puis tout n'est pas
parfait avec les établissements, parce que leurs conditions de travail... est à
géométrie variable, parce que, dans un même établissement, quand elles se
jasent entre elles, il y en a qui vont avoir des contrats de travail
complètement différents. Donc, ça, les gens voient ça aller, et c'est comme si
on <embauche...
Mme Bédard
(Nancy) :
…
travailler, dans les dernières années…
puis tout n'est pas parfait avec les établissements, parce que leurs conditions
de travail... est à géométrie variable parce que, dans un même établissement,
quand elles se jasent entre elles, il y en a qui vont avoir des contrats de
travail complètement différents. Donc, ça, les gens voient ça aller, et c'est
comme si on >embauche une infirmière praticienne spécialisée, on va lui
dire : Bien, toi, on va te donner un poste dans trois mois, on va
t'évaluer pendant trois mois, l'autre, c'est deux mois. Elles se posent des
questions. Il y a énormément d'harmonisation. Et il faut que, les établissements,
ça soit : On a voulu que les infirmières praticiennes spécialisées soient
dans un contrat de travail, elles soient syndiquées, bien, il faut respecter
ça. Alors, elles ont de la misère à prendre des vacances. C'est difficile, là,
si on veut se dire les vraies affaires.
Puis, à votre question, actuellement, si
on veut rentrer dans les conditions de travail micro de nos infirmières
praticiennes spécialisées, quand vous travaillez dans un établissement de santé
puis que vous avez de la misère à prendre vos vacances, quand c'est le médecin
qui… dépendamment si le médecin part ou qu'il ne part pas, vous ne pouvez pas
partir, donc votre conciliation travail-famille-études, vos horaires de travail
dépendent énormément du médecin avec qui vous allez travailler et non pas, vous,
d'être capable de dire : Bien, voici, moi, ce que j'aimerais, voici
comment j'aimerais choisir mes vacances, j'ai tant d'ancienneté. On dirait qu'il
n'y a plus rien qui compte.
Donc, ça, c'est des difficultés. Puis on
travaille… c'est pour ça qu'il y a un comité avec le ministère. C'est sûr que
c'est long. Ça fait deux, trois ans, on devrait avoir tout réglé. Mais ça,
c'est l'autre côté de difficultés qu'on a avec le ministère, actuellement, qui
veulent seulement documenter les problématiques, mais ils ne veulent pas faire
de recommandations. Et nous, on a travaillé très fort pour être capables de
faire des recommandations à la ministre, puis des recommandations aux ordres,
puis des recommandations partout, pour être capables de changer les choses. Puis
malheureusement le levier de ce comité-là, qui devait permettre d'enlever tous
ces obstacles-là et de traduire, au niveau des établissements de santé, des conditions
de travail gagnantes pour faire en sorte que nos infirmières praticiennes
spécialisées restent, mais surtout que la profession soit attractive... parce
que c'est souvent dans les premières dizaines et centaines d'infirmières
praticiennes spécialisées que tu as des ambassadrices, où les gens voient aller
cette pratique-là et ont le goût de le faire. Alors, pour moi, actuellement,
travailler sur tous ces leviers-là… et c'est notamment ce qu'on tente de faire
depuis 2017 avec le ministère pour être capables que nos 500 IPS, au Québec, actuellement,
soient les plus belles, les meilleures ambassadrices au Québec, pour être
capables de les doubler, de les tripler. Et c'est ces difficultés-là sur
lesquelles on travaille ardemment avec les infirmières praticiennes
spécialisées et avec le ministère.
Et je vous dirais que, là-dessus, ça
prendrait un petit coup, parce qu'on est en train de se faire dire que juste le
documenter, c'est assez, puis on a de la misère à avoir des recommandations
officielles de notre comité, en partenariat avec le ministère, pour mettre au
grand jour ces éléments-là et faire en sorte qu'on ait, honnêtement, là, des obligations
de faire suite à des recommandations. Alors, ça, c'est le niveau de difficulté,
actuellement, auquel on fait face.
M. Fortin :
Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. Alors, nous allons
procéder maintenant avec le député de Jean-Lesage.
M. Zanetti : Merci
beaucoup. Merci d'être là. Dans le but d'obtenir la plus grande autonomie
possible pour les IPS dans le cadre de ce projet de loi, il y a des amendements
qui vont devoir être faits. Dans votre mémoire, vous proposez certaines choses.
Le principal obstacle à l'autonomie, de ce que j'ai compris, vous avez dit :
C'est les ententes de partenariat qui sont susceptibles de limiter ce que peut
faire une IPS dans un GMF en particulier, si j'ai bien compris. Est-ce que vous
pourriez développer puis nous dire un peu comment est-ce qu'on peut faire pour
lever cet obstacle-là?
Mme Bédard (Nancy) :
Bien, changer la loi qui fait qu'on est obligées, au Québec, d'avoir des ententes
de partenariat pour être capables de pratiquer, parce qu'avant même… Puis, dans
le déploiement, quand tu deviens ou tu veux étudier comme infirmière
praticienne spécialisée, notamment, puis si ça n'a pas changé, pour être
capable d'avoir droit à une bourse, il faut déjà que tu sois attachée avec un
établissement puis que tu aies des ententes de partenariat, donc que tu aies un
médecin qui ait accepté de travailler avec toi et qui soit partenaire avec toi
pour que tu puisses t'assurer d'une pratique à quelque part puis d'avoir un
endroit pour pratiquer.
Donc, tous ces éléments-là à la base d'une
entente de partenariat… Puis je ne suis pas en train de dire que… parce que,
là, je ne veux pas galvauder le terme, hein? Les infirmières praticiennes spécialisées
travaillent en partenariat avec l'ensemble des professionnels du réseau, et
notamment avec les médecins. Ils travaillent très, très… Ils sont en
collaboration constante avec eux, là. Il ne faut pas que mes propos ne soient
pas mis à la bonne place. Mais l'entente de partenariat pour être capable de
pratiquer au Québec, il est là, le problème. Pourquoi on a une entente de
partenariat? Et, à la base, le fondement de ça, pour vraiment donner un message
d'une pleine autonomie des infirmières praticiennes spécialisées, bien, si ça
tombait demain, puis il y avait un changement drastique là-dessus, moi, je peux
vous dire que, là, on viendrait donner le réel message qu'on vient de changer,
au Québec, la pleine autonomie de <nos…
Mme Bédard
(Nancy) :
...
à la base, le fondement de ça, pour
vraiment donner un message d'une pleine autonomie des infirmières praticiennes
spécialisées, bien, si ça tombait demain, puis il y avait un changement
drastique là-dessus, moi, je peux vous dire que, là, on viendrait donner le
réel message qu'on vient de changer, au Québec, la pleine autonomie de >nos
infirmières praticiennes spécialisées.
• (16 h 40) •
M. Zanetti : Et est-ce
que, dans ce que vous proposez dans votre mémoire, de changer... Vous proposez
un amendement par rapport aux ordres professionnels. Est-ce que c'est l'amendement
qui ferait tomber, justement, la nécessité de ces ententes de partenariats là? Non?
Mme Bédard (Nancy) :
Non, malheureusement.
M. Zanetti : Non? O.K.
Mme Bédard (Nancy) :
Il faut aller plus loin que ça puis il faudrait le nommer clairement. Cet
élément-là, qui fait en sorte que l'ordre a la double obligation de consulter — du
jamais-vu, quand même — c'est comme un autre élément qui fait en
sorte que, par la porte d'en arrière, O.K., on a confié à l'ordre… Quant à
nous, là, dans notre vision, on a confié à l'ordre le fait qu'on va sortir les
infirmières praticiennes spécialisées de la loi des médecins. Ça, c'est bien. C'est
très, très, très bien, hein, puis il fallait faire ce pas-là, et on le salue,
et qu'on le mette sur la loi des infirmières, c'est très bien. Cependant, pourquoi
un ordre professionnel qui est autonome, qui a le droit à analyser sa propre
pratique de A à Z, doit doublement et obligatoirement consulter le Collège des
médecins? Qu'est-ce que ça donne comme message? C'est comme si, par la porte
d'en arrière, le Collège des médecins dit : On n'est pas d'accord avec le
règlement. Parce que, vous savez, il va y avoir le projet de loi, mais c'est
dans le cadre des écritures du règlement, des fois, que toutes les choses
s'attachent et que, là, hein, on voit arriver toutes sortes de nuances, qui
fait que, oups! hein, il y a une restriction dans la pratique, et c'est ça que
le projet de loi doit s'assurer qu'on ne vive plus jamais.
Mais qu'est-ce que ça fait si le Collège
des médecins n'est pas d'accord avec les lignes directrices? Il n'y en aura
pas, parce qu'il y a une obligation de le consulter, et là ça va s'allonger. Ça
va s'allonger avant que l'ordre puisse déposer son projet de loi à l'Office des
professions. Donc, on a des questions là-dessus puis on a des prérogatives où
on trouve que le projet de loi porte flanc encore beaucoup et n'enlève pas tous
ces obstacles-là. Donc, avec ce qu'on a vu dans les 20 dernières années,
avec juste le mémoire déposé par le Collège des médecins, qui demande toutes
sortes d'autres choses obligatoires, il faut voir, là encore, le fait qu'ils
veulent garder certaines parties sur leur patinoire et s'assurer de pouvoir
bien diriger et contrôler certains éléments. En tout cas, nous, c'est notre
lecture qu'on fait de ces éléments-là.
M. Zanetti : Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Je vais maintenant céder la parole au député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Merci, M.
le Président. Mesdames et messieurs, je voulais aussi embarquer sur le dossier
de l'autonomie. Ça semble être la principale préoccupation de votre fédération,
et j'ai l'impression que — et dites-moi si j'ai bien compris — ce
projet de loi là non seulement il ne va pas assez loin, mais qu'il y a d'autres
éléments qui sont complémentaires, qui vont devoir être modifiés de façon assez
radicale pour qu'on puisse offrir le même genre de services que dans d'autres
provinces canadiennes. On comprend bien? C'est comme ça qu'il faut comprendre
votre mémoire?
Mme Bédard (Nancy) :
Oui, c'est sûr que nos cinq recommandations sont en lien purement avec ce qui
est dans le projet de loi n° 43, mais, dans la
discussion plus large, puis avec les questions que j'ai eues, je me suis quand
même permis l'élément des ententes de partenariat, certes, parce que, dans les
travaux qu'on a faits avec nos infirmières praticiennes spécialisées, dans les
travaux qu'on a faits avec la CPNSSS et le gouvernement, tout le contrat
d'intéressement puis tout le contrat des médecins partenaires a été mis sur la
table à plusieurs reprises sur tous les éléments qui étaient de grands
obstacles ou des restrictions à la pratique autonome de nos infirmières
praticiennes spécialisées.
M. Arseneau : D'accord.
Si le projet de loi devait être adopté tel qu'il a été présenté, comment vous
le qualifieriez?
Mme Bédard (Nancy) :
Dommage, un rendez-vous, en 2019… Puis, je le dis, je parle, dans la
présentation… la loi sur les infirmières n'a pas été ouverte souvent puis elle
n'est pas ouverte souvent, et je pense qu'après 10, 12, 13 ans de pratique
chez nos infirmières praticiennes spécialisées au Québec, avec toute la volonté
d'ouvrir l'accessibilité aux soins, la conjoncture du Québec, ce qui s'est
passé ailleurs au Canada, aux États-Unis, on est en mesure d'aller plus loin, et
ça serait, je pense, un rendez-vous un peu manqué.
M. Arseneau : J'allais
dire «une occasion ratée». Mais qu'est-ce qui peut expliquer cette timidité-là,
selon vous?
Mme Bédard (Nancy) :
Bien, je pense que, comme elle n'a pas été ouverte ça fait longtemps, comme on
était sur la Loi médicale, comme on veut être sûrs de ne pas rater la cible,
peut-être pour faire attention, peut-être pour faire un <premier...
M. Arseneau :
...j'allais dire «une occasion ratée». Mais
qu'est-ce qui peut expliquer
cette timidité-là, selon vous?
Mme Bédard
(Nancy) :
Bien, je pense que, comme
elle n'a pas été ouverte ça fait longtemps, comme on était sur la Loi médicale,
comme on veut être sûrs de ne pas rater la cible, peut-être pour faire
attention, peut-être pour faire un >premier pas, parce qu'au Québec on
fait souvent un premier pas avant d'en faire un deuxième, on a de la misère à
en faire des grands, on a décidé de le faire comme ça. Moi, c'est mon
interprétation, mais je ne suis peut-être pas la meilleure personne pour vous
répondre à ça.
M. Arseneau : Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. Alors, merci aux représentantes de la
Fédération interprofessionnelle de la santé pour leur contribution à nos
travaux.
Je suspends les travaux quelques instants
afin de permettre au prochain groupe de prendre place. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 16 h 46)
(Reprise à 16 h 48)
Le Président (M. Provençal)
:Nous recevons maintenant les représentants
de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec, à qui je souhaite la
bienvenue. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre
exposé, puis nous procéderons à la période d'échange avec les membres de la commission.
Je vous invite à vous présenter et à commencer votre exposé. Je vous cède la
parole.
Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ)
M. Godin (Louis) : Merci,
M. le Président. D'abord, je veux vous remercier et remercier les parlementaires
de nous offrir cette occasion de vous faire part de certains commentaires à
propos du projet de loi n° 43.
Je vais d'abord présenter les gens qui
m'accompagnent : d'abord, à ma droite, le Dr Marc-André Amyot, qui
est premier vice-président de la fédération, qui est médecin de famille dans la
région de Joliette et qui travaille principalement dans les salles d'urgence, à
ma gauche, le Dr Sylvain Dion, qui est deuxième président de la
fédération, qui est médecin de famille dans la région du Lac-Etchemin et qui
travaille également en GMFU, c'est-à-dire dans un groupe de médecine familiale
à vocation universitaire, où il se fait de l'enseignement, et finalement, à mon
extrême droite, Me Pierre Belzile, qui est avocat et directeur des
affaires juridiques à la fédération.
Avant de débuter notre présentation, qui
sera grandement inspirée, évidemment, de notre mémoire, je tiens à dire que la
fédération soutient entièrement les demandes et recommandations qui vous ont
été faites aujourd'hui de la part du Collège des médecins par rapport, notamment,
au maintien de l'examen de certification des connaissances et des compétences
cliniques des IPS, à l'instauration dans les meilleurs délais de mécanismes
d'inspection professionnelle des IPS, à la mise en place d'un comité conjoint
statutaire CMDP-conseil des infirmières sur la qualité de l'acte médical des
IPS en établissement et à la mise en place d'un cadre de collaboration clair
entre les IPS et les <médecins...
M. Godin (Louis) :
...meilleurs délais de
mécanismes d'inspection
professionnelle
des IPS, à la mise en place d'un comité conjoint statutaire CMDP-conseil des
infirmières sur la qualité de l'acte médical des IPS en
établissement et
à la mise en place d'un cadre de
collaboration clair entre les IPS et
les >médecins.
Notre présentation, maintenant. La FMOQ
prend acte du projet de loi n° 43, comme elle a pris acte de l'entente
entre le CMQ et l'ordre des infirmiers et infirmières du Québec, au printemps
dernier, laissant la capacité aux IPS de poser des diagnostics pour des
maladies courantes, de prescrire des médicaments et de proposer des traitements.
La fédération n'a pas d'objection de fond par rapport au contenu du projet de
loi et comprend les objectifs qui ont mené à sa présentation.
Cela dit, nous souhaitons attirer votre
attention aujourd'hui sur trois enjeux qui méritent, selon nous, une attention
particulière, soit le diagnostic des maladies courantes et la sécurité du
public, l'intégration des IPS au sein des équipes de soins de première ligne et
l'impact des modifications législatives proposées sur l'accès.
D'abord, en ce qui concerne le diagnostic
des maladies courantes et la sécurité du public, il est important de se
rappeler que poser un diagnostic n'est pas une chose simple et que banaliser
cet exercice équivaudrait sans contredit à se prêter à un jeu risqué. Évidemment,
le projet de loi se veut rassurant en posant le postulat que les IPS ne
diagnostiqueront que les maladies courantes. Le projet de loi énumère
d'ailleurs une série de caractéristiques pour déterminer ce qu'est une maladie
courante. Selon nous, il demeure malgré tout un certain flou qui peut prendre
diverses formes. Par exemple, comment départager un cas complexe d'une maladie
courante? Comment définir le faible potentiel de risque de détérioration
rapide? Comment juger l'absence de potentiel de préjudice grave et
irrémédiable? Il est toujours facile, en rétrospective, d'exercer un tel
jugement, mais, de façon prospective, c'est loin d'être toujours aussi facile.
Nous croyons donc que cet exercice doit se faire selon des critères rigoureux
afin de bien définir le tout. Nous sommes donc d'avis que le gouvernement et
les ordres professionnels devront s'assurer, par la réglementation ou par des
guides de pratique, de mettre en place les conditions permettant de bien
définir la nature de ces dites maladies courantes.
En ce qui concerne l'intégration des IPS
au sein des équipes de première ligne, à notre avis, la plus-value du projet de
loi n° 43 passe nécessairement par un cadre collaboratif bien structuré.
Pour la fédération, la collaboration interprofessionnelle et le travail
d'équipe est à la base de l'organisation des soins de première ligne, et nous
en avons fait la promotion depuis maintenant de très nombreuses années. Le
modèle GMF, qui est actuellement le modèle le plus répandu en termes
d'organisation de première ligne, en est la preuve éloquente. Tout en
respectant l'autonomie des IPS, nous sommes d'avis que le gouvernement, les
ordres professionnels concernés et la FMOQ, de concert avec les IPS, devront
définir un modèle collaboratif bien structuré et centré sur le besoin des
patients. Ceci nous apparaît nécessaire pour éviter que le chevauchement des
compétences entre les médecins de famille et les IPS n'occasionne des problèmes
et n'empêche la mise en place réelle des plus-values pour les patients.
La FMOQ recommande donc au gouvernement de
s'assurer que les objectifs du projet de loi n° 43 se réalisent dans une
logique interprofessionnelle où les services sont offerts dans un même lieu.
Pour nous, il est incontournable qu'un des éléments à la base d'un travail
collaboratif réussi et optimal pour les patients repose sur l'organisation
physique des lieux de pratique. Les milieux de soins doivent favoriser les
contacts, les échanges et les communications entre les IPS et les médecins de
famille. Cette cohésion est essentielle à nos yeux, et la proximité physique
est un élément incontournable à cet égard. La FMOQ souhaite donc que le
déploiement des IPS se poursuive à l'intérieur des modèles d'organisation de
première ligne existants, soit, principalement, les GMF soit les groupes de
médecine familiale. Nous invitons aussi les élus à se méfier des aléas du
travail en silo et du cloisonnement des compétences. Il ne faut pas créer deux
réseaux parallèles. Cela serait contre-productif et contraire à l'intérêt des
patients, à notre avis.
Finalement, sur l'impact des modifications
législatives proposées sur l'accès aux <services...
M. Godin (Louis) :
...du travail en silo et du cloisonnement des compétences. Il ne faut pas créer
deux réseaux parallèles. Cela serait contre-productif et contraire à l'intérêt
des patients, à notre avis.
Finalement, sur l'impact des
modifications législatives proposées sur l'accès aux >services de
première ligne, il est important, à ce stade-ci, de rappeler dès le départ tout
le chemin parcouru depuis 2004 dans l'accès aux soins de première ligne alors
que plus de 1,2 million de Québécois de plus ont maintenant un médecin de
famille. Et cette situation continue sans cesse de s'améliorer malgré un
contexte souvent difficile, malgré aussi le fait que la situation des dernières
années a provoqué à nouveau une situation de pénurie d'effectifs, puisqu'on a
découragé la relève médicale à choisir la médecine familiale et accéléré le
départ à la retraite de nombreux médecins de famille. Il existe donc
actuellement une réelle pénurie de médecins de famille aujourd'hui. D'ailleurs,
imaginons seulement ce que serait la situation aujourd'hui si nous avions, en
ce moment, les 400 médecins de famille de plus qui étaient prévus, si on se rapporte
aux prévisions de 2014. Nous serions dans un tout autre monde en termes d'accès
aux soins de première ligne.
Cette pénurie ne touche pas seulement que
les médecins de famille, cela dit, elle touche aussi les infirmières. La
preuve, les situations que nous avons vécues dans les derniers mois :
ruptures en obstétrique, nombre insuffisant d'infirmières en GMF et temps
supplémentaire obligatoire. Nous devons aussi rappeler qu'à notre connaissance
tous les professionnels actuellement en place — médecins de famille,
infirmières, autres professionnels de la santé — travaillent déjà
pratiquement au maximum de leurs capacités, et ce, autant les médecins que les
IPS en place, comme je le mentionnais.
Il faut donc être prudents, dans ce
contexte, avant de laisser entendre que le projet de loi n° 43, tout comme
le projet de loi n° 30, d'ailleurs, vont régler les problèmes d'accès en
première ligne et avoir des effets quasi magiques. Certes, ces nouvelles
législations ne nuiront pas, mais la vraie solution au problème d'accès aux
médecins de famille et aux soins de première ligne répond d'abord et avant tout
dans la correction des pénuries d'effectifs qui existent actuellement.
En conclusion, la fédération recommande
donc au gouvernement et aux législateurs : premièrement, de s'assurer que
les autorités gouvernementales et les ordres professionnels responsables
adoptent une réglementation ou des guides de pratique appropriés qui puissent
permettre de définir clairement la nature des maladies courantes; deuxièmement,
de s'assurer que les objectifs qui sous-tendent la présentation du projet de
loi n° 43 se réalisent dans une logique de collaboration
interprofessionnelle dans les mêmes lieux de pratique; troisièmement, de ne pas
favoriser des modèles d'organisation où le travail en silo, le cloisonnement
des compétences et un possible dédoublement de services viendraient mettre en
péril la qualité des services offerts à la population et l'efficacité du
réseau; quatrièmement, de s'attaquer à la pénurie de médecins de famille en
augmentant leur nombre, notamment via une véritable valorisation de cette
spécialité médicale, et ce, dans une vision structurée des services médicaux de
première ligne; et finalement, puisque les médecins de famille seront les premiers
collaborateurs en soins de première ligne, de travailler avec la fédération
afin de s'assurer d'une utilisation efficace des nouveaux pouvoirs qui leur
seront dévolus à la suite de l'adoption du projet de loi n° 43.
Merci, M. le Président. Merci, les
parlementaires. Nous sommes disponibles pour les questions.
Le Président (M. Provençal)
: Je remercie le Dr Godin pour son exposé. Nous allons
commencer maintenant l'échange avec Mme la ministre.
• (17 heures) •
Mme McCann : Oui, merci,
M. le Président. Alors, je vous salue, Dr Godin — un plaisir de
vous revoir — Dr Dion, Dr Amyot, aussi, Dr Belzile.
Alors, merci d'être là pour échanger avec nous sur ce projet de loi fort
important.
Mais évidemment je vous écoutais pendant
votre présentation, et c'est clair que nous sommes, en quelque part, à la
croisée de quelques chemins, on va le dire comme ça, pour le réseau de la santé
et des services sociaux, et les médecins de famille font partie de la solution,
de toute évidence. Et je pense que c'est important de nommer ce que vous faites,
actuellement, les travaux qui sont faits, actuellement, au niveau du mode de
rémunération et à d'autres niveaux, qui font en sorte que, dans le futur, on
pourrait avoir une offre de services augmentée.
Vous avez fait référence aussi à des
difficultés que vous avez eues dans les années antérieures, et je pense qu'il
faut apprendre, hein, du passé, il faut se tourner vers l'avenir. Et les
travaux que nous sommes en train de faire <sont porteurs...
>
17 h (version révisée)
<17887
Mme McCann :
...une
offre de services augmentée.
Vous avez fait référence aussi à des
difficultés
que vous avez eues dans les années antérieures, et je pense qu'il faut apprendre,
hein, du passé, il faut se tourner vers l'avenir, et les travaux que nous
sommes en train de faire >sont porteurs de solutions, je pense, pour la population
du Québec. Alors, les solutions qu'on apporte, comme gouvernement, sont
multifacettes, et les professionnels qui oeuvrent dans notre réseau doivent
être valorisés, doivent aussi déployer toutes leurs compétences, doivent
travailler en interprofessionnel, en interdisciplinarité.
Alors, au niveau du projet de loi dont on
parle, il y a des questions qu'on a posées à peu près à toutes les instances
qui sont venues nous voir depuis le début, là des consultations, et je vais
vous les poser à vous aussi parce qu'on veut avoir votre point de vue. Je sais
que vous pratiquez aussi encore, évidemment, Dr Godin, et tout le monde,
probablement, qui est ici. Les maladies courantes — poser la même
question — vous l'avez dit vous-même, il faudra définir vraiment de
façon précise. Est-ce que c'est possible? Parce que, je vais vous dire, Dr
Godin, j'ai fait des petites recherches, moi-même — vous le savez, je
ne suis pas médecin, je ne suis pas infirmière — puis ce n'est pas
évident de comprendre qu'est-ce que c'est, une maladie courante. Alors, moi, je
vais vous dire ce que j'ai dit à d'autres instances, ce qui m'inquiète, c'est
la difficulté d'être précis par rapport aux maladies courantes et de créer une
confusion, une difficulté en termes de fonctionnement du réseau, et c'est pour
ça que je vous pose la question.
Puis la deuxième question que je vous
pose, c'est par rapport, évidemment, comme j'ai posé aux autres instances, aux
autres provinces du Canada, où, dans leur définition, hein, de ce que peuvent
faire les IPS, les infirmières praticiennes spécialisées, on ne parle pas de «maladie
courante», on parle de «maladie», à peu près toutes les autres provinces qui
ont évolué depuis des années au niveau, là, de tout ce que font les IPS. Alors,
je voudrais vous entendre sur ces deux volets-là, Dr Godin.
M. Godin (Louis) : Pour
nous, ça nous apparaît très important d'être capables de définir le plus
possible, en sachant que ce sera une tâche qui ne sera pas facile. Et c'est
d'ailleurs pourquoi on vous soulignait qu'à l'intérieur du projet de loi, où on
émet certains critères, il nous apparaît essentiel d'aller encore plus loin, de
pousser encore plus loin, que ce soit à l'intérieur de la réglementation ou à
l'intérieur de guides de pratique, pour pouvoir structurer le plus possible qu'est-ce
qu'on permet à l'intérieur de ça. Et je m'explique. La notion de poser un
diagnostic est quelque chose de très, très large. Si on prend la formation des médecins
de famille, ils passeront 42 mois de leur temps de formation à se faire
une habileté à être capables de discriminer et de faire ce qu'on appelle le
fameux diagnostic différentiel. Et je comprends qu'il y a toujours cette difficulté-là
entre faire une liste de maladies et de définir d'une autre façon ce qui peut
être fait, parce que, si tu es capable, comme professionnel, de discriminer
l'ensemble des situations, bien, selon nous, à ce moment-là, tu es devenu un médecin
de famille. Donc, il faut, à quelque part, être capable de faire une certaine
détermination.
On comprend que ce n'est pas une tâche facile,
mais, si on parle de gens qui vont travailler en équipe, il faut s'assurer que
chaque membre de l'équipe est aussi bien au fait et bien conscient de la
capacité de chacun d'évoluer dans cette équipe de soins là. Et c'est pour ça
que l'on vous soumet aujourd'hui la nécessité d'aller plus loin. Et d'ailleurs
on offre, comme fédération, que ce soit au Collège des médecins, à l'Ordre des
infirmières, aux IPS, notre entière collaboration pour essayer de pousser cette
question-là le plus loin possible.
Nous sommes, on le mentionnait en début, à
l'aise avec le fait de cet élargissement-là des pouvoirs des IPS, mais en même
temps il faut être capables de déterminer de façon la plus précise possible ce
qui se fait. Pourquoi ça ne s'est pas fait ailleurs? C'est peut-être parce
qu'on a décidé, tout simplement, d'abdiquer devant cette nécessité-là. Mais,
pour s'assurer d'une nécessaire cohésion à l'intérieur de nos équipes de soins...
parce qu'on le mentionne dans notre mémoire, il est clair que, si on veut
vraiment aller chercher la plus-value de cette démarche-là qui est faite
actuellement, ça doit se faire dans ces équipes de soins <là...
M. Godin (Louis) :
...d'abdiquer devant cette nécessité-là. Mais, pour s'assurer d'une nécessaire
cohésion à l'intérieur de nos équipes de soins... parce qu'on le mentionne dans
notre mémoire, il est clair que, si on veut vraiment aller chercher la
plus-value de cette démarche-là qui est faite actuellement, ça doit se faire
dans ces équipes de soins >là. Donc, pour nous, ce n'est pas parce qu'on
a évité d'éclaircir ça ailleurs qu'on doit ici, au Québec, se dire : On ne
se livrera pas à cet exercice-là. Le projet de loi met certaines balises, mais
on doit aller plus loin.
Vous mentionniez que j'étais encore à une
clinique. Malheureusement, moi, je ne suis plus en clinique, là. Malheureusement,
j'ai accroché mon stéthoscope il y a quelques années. Mais je suis accompagné
de gens qui, eux, sont encore en clinique, ils pourraient vous donner des
exemples d'où peut être l'ambiguïté entre une maladie courante et ce qui peut
être un cas complexe à fort risque de préjudice, et ils travaillent tous les
deux dans des milieux fort différents : quelqu'un qui travaille dans une
salle d'urgence, où on est, à tous les jours, face à des maladies courantes, en
principe, mais à fort risque de détérioration, et quelqu'un qui est dans un
milieu d'enseignement, où qu'il vit bien, je vais dire, cette réalité. Je les
laisserais peut-être, tous les deux, vous donner des exemples de ce que ça peut
représenter.
M. Amyot (Marc-André) :
Bien, je travaille à l'urgence, je travaille aussi en GMF, en sans rendez-vous
puis en prise en charge. La difficulté, c'est dans la subtilité de
diagnostiquer. Le processus diagnostic, c'est un processus complexe, puis,
quand on donne un symptôme, dans ma tête, on a déjà un nombre de diagnostics
qu'il faut éliminer. C'est ça, le diagnostic différentiel. Mes patrons disaient — puis
là je vais le dire en anglais, là : «You don't find what you don't look
for.» Si je n'y pense pas, je ne trouverai pas ce qui est le problème.
Et le simple exemple... Dans les
10 patients que je vais voir qui font de la fièvre, lequel est une
méningite? Dans la personne qui se présente pour dyspnée — dyspnée,
c'est l'essoufflement, hein, je suis essoufflé — ça peut être bien
des choses, ça peut être simplement une crise d'asthme, ça peut être de
l'anxiété, ça peut être aussi une embolie pulmonaire, ça peut être de
l'insuffisance cardiaque. Parfois, là, toute cette difficulté-là de questionner
ce processus-là, c'est un processus extrêmement complexe, puis, à notre
perception, ça nécessite une clarification, un encadrement ou, nécessairement,
une clarification pour les IPS.
M. Dion (Sylvain) : Un
autre exemple, quand on regarde le projet de loi, on parle de «critères
diagnostiques définis». Il y a des choses que, l'IPS, c'est certain qu'elle va
pouvoir les diagnostiquer. Elle est aussi bonne que moi pour diagnostiquer un
diabète parce qu'on s'appuie sur une donnée de laboratoire. Même chose pour une
maladie pulmonaire, c'est un test que le patient passe, puis on voit le
résultat du test. Ça, ça ne pose pas de problème, mais c'est quand on a des
symptômes qui sont mal définis.
La maladie angineuse, là, ça se présente,
oui, comme dans les livres, la douleur qui serre dans la poitrine puis que le
patient est tout en sueurs, souvent c'est une douleur dans l'épaule. Et il faut
reconnaître, quand même, que les IPS n'ont pas la formation qui est
équivalente. Oui, elles ont peut-être sept ans d'université, mais elles
ont eu d'abord cinq ans qui étaient des soins infirmiers, ce qui n'est pas la
science médicale comme telle, c'est les deux dernières années.
Dr Godin faisait référence, les médecins
de famille, ils ont une expérience clinique de 42 mois en stage, c'est sûr,
ça leur donne ce bagage-là pour avoir la démarche clinique. Les IPS, eux
autres, c'est six mois de stage, donc il y a vraiment une différence. À cet
égard-là, je pense qu'il y a une limite à ce qu'elles peuvent diagnostiquer, à
ce qu'elles peuvent avoir comme diagnostic différentiel, d'où l'importance, à
notre point de vue, de préciser, au niveau du projet de loi ou dans le
règlement, c'est quoi, le cadre. Est-ce qu'on se limite à des choses qui sont
plus, je dirais, sur des données objectives, comme je vous parlais du diabète
ou d'autres maladies, ou est-ce que ça pourrait être d'une autre façon? Je
pense que c'est ça qu'il faut préciser davantage.
Puis je rajouterais que ce qui est
peut-être important de préciser ici, là, c'est, bien, si l'infirmière, à un moment
donné, frappe son mur, bien, elle travaille en complémentarité avec son médecin,
le médecin de famille qui est dans la même clinique, et elle réfère, à ce
moment-là, au médecin de famille pour aller un petit peu plus loin au niveau de
cette démarche-là de diagnostic différentiel. Je le vis déjà chez nous, là. Quand
on travaille avec les IPS, à un moment donné, on dit : Bon, bien là, le
patient, il a des douleurs articulaires, bon, ce n'est pas tout de l'arthrose,
les douleurs dans les articulations, des fois c'est des maladies inflammatoires,
puis elles ne sont pas formées pour ça. Ça fait que c'est sûr qu'il va falloir
qu'elles réfèrent, pour des pathologies plus complexes comme ça, aux médecins
de famille.
• (17 h 10) •
Mme McCann : Ah! bien, je
vous remercie, c'est éclairant. D'ailleurs, je veux revenir sur votre
recommandation, parce que, dans le projet de loi, on parle de six critères,
hein, et, vous, ce que vous dites, c'est que vous souhaitez qu'on adopte une
réglementation ou un guide de pratique qui puisse permettre de définir
clairement la nature des maladies courantes. Est-ce qu'à ce moment-là, les six
critères invoqués dans le projet de loi, vous êtes en accord avec <ça...
Mme McCann : …
parle
de six critères, hein, et, vous, ce que vous dites, c'est que vous souhaitez
qu'on adopte une réglementation ou un guide de pratique qui puisse permettre de
définir clairement la nature des maladies courantes. Est-ce qu'à ce moment-là,
les six critères invoqués dans le projet de loi, vous êtes en accord avec >ça
ou vous dites qu'il faudrait définir davantage par un guide de pratique?
M. Godin (Louis) : Ça
fait partie, je pense, des principaux critères que l'on doit tenir compte. On
n'a pas fait l'analyse à savoir est-ce qu'on devrait rajouter d'autres
critères, est-ce qu'on devrait éliminer certains de ces critères-là. Je pense
qu'à partir du projet de loi tel qu'il est là il doit être clair, après, que,
dans le processus de réglementation, au niveau des ordres professionnels ou à
l'intérieur d'autres véhicules, qui peut être un guide de pratique à savoir
qu'est-ce qu'on fait dans telles circonstances, on puisse, justement, permettre
d'améliorer et d'éclairer le processus pour éviter des situations qui
pourraient être, finalement, préjudiciables pour le patient. Et nous, on pense
que c'est un travail qui devra être commandé à la suite de l'adoption du projet
de loi. On ne dit pas aux parlementaires : Vous devriez exclure ou
rajouter certains critères, je pense que c'est à l'intérieur d'un exercice qui
aura comme objectif de le déterminer le plus précisément possible, exercice qui
devrait se faire avec l'apport des IPS mais aussi avec l'apport de médecins
cliniciens qui sont dans le quotidien et qui voient une série de situations et
de leur permettre de déterminer, finalement, qu'est-ce qu'il en est là-dedans.
Mme McCann : Je veux
revenir, si vous le permettez, sur la question par rapport aux autres provinces
canadiennes. Vous avez dit : Bon, ils n'ont pas fait l'exercice, je ne
reprends peut-être pas vos termes exacts, là. Mais, dites-moi, parce qu'on est
tous, hein, à l'affût de ce qui se passe ailleurs dans le monde, au Canada,
etc., comment se vit la pratique là-bas, en Ontario, au Nouveau-Brunswick, en
Nouvelle-Écosse? Est-ce que vous, vous avez eu vent de difficultés, étant donné
qu'ils n'ont pas défini ce qu'on est en train de discuter, que c'est des
maladies puis avec quelques précisions? Est-ce que vous pensez qu'il y a des
difficultés qui se vivent dans les autres provinces au point de vue clinique?
M. Godin (Louis) : En
toute transparence, la principale des difficultés qui nous a été rapportée
ailleurs, dans les autres provinces, c'est un élément qu'on amène un peu plus
loin dans notre mémoire, c'est-à-dire que les autres provinces ne sont pas
préoccupées des lieux d'exercice de ces autres professionnels. Elles se sont
retrouvées dans des situations où il y a vraiment du travail en silo,
c'est-à-dire que les groupes des professionnels travaillent de façon
complètement séparée, sans mécanisme de collaboration, et ils nous disent tous
qu'ils ont perdu là une valeur ajoutée, et ils ne pensent pas que c'est la
chose à faire à l'intérieur de ça.
La préoccupation par rapport aux maladies
courantes, je vous dirais, elle nous vient principalement des réactions de nos
cliniciens qui sont, eux, actuellement, à travailler avec les IPS, là. Il faut
comprendre que, déjà... plusieurs années, les médecins de famille travaillent
en étroite collaboration avec les IPS et ils nous disent : Comment on va
déterminer si c'est une maladie courante ou non? Et c'est important de le faire
parce que, dans le quotidien, souvent, ces deux groupes de professionnels que
sont le médecin de famille et l'IPS ont souvent le même patient en charge à
s'occuper, donc ça demeure très important de faire tous les efforts nécessaires
pour essayer de baliser ça et de donner les guides les plus précis pour être
capables de déterminer, comme on disait au tout départ, qu'est-ce qui est un
cas qui est relativement simple par rapport à qu'est-ce qui est un cas
complexe.
On peut prendre les six énoncés qui sont
dans le projet de loi et se dire : Bien, tout est là. Vient après toute la
définition de chacun de ces éléments-là. Comment est-ce qu'on précise ça un petit
peu plus? On a des éléments, des outils qu'on peut se servir. On sait qu'on a
des critères beaucoup plus objectifs, critères de laboratoire, Dr Dion donnait
l'exemple du diabète. À la rigueur, à partir du moment où… (panne de son) …quels
sont les critères diagnostiques, si le chiffre, il est à 8, il n'y a pas de
doute, si vous avez une hémoglobine glyquée, qui est une mesure pour déterminer
que le suivi du diabète, qui est à 0,75, il n'y a plus de doute, là, je vais
dire, dans le diagnostique, c'est clair. Mais il y a des zones beaucoup plus
floues à l'intérieur de ça, et c'est pour ça qu'il nous apparaît essentiel
qu'on pousse un peu plus loin là-dessus.
Mme McCann : Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, Mme la ministre. Nous allons procéder maintenant à
l'échange avec le député de Pontiac.
M. Fortin :
Merci, M. le Président. Bonjour, messieurs. Merci d'être avec nous. Je vais
rentrer direct dans le vif du <sujet…
M. Godin (Louis) :
..
beaucoup plus floues à l'intérieur de ça, et c'est pour ça qu'il nous
apparaît essentiel qu'on pousse un peu plus loin là-dessus.
Mme McCann : Merci.
Le Président (M. Provençal)
:
Merci, Mme la ministre. Nous allons procéder
maintenant à l'échange avec le député de Pontiac.
M. Fortin :
Merci, M. le Président. Bonjour, messieurs. Merci d'être avec nous. Je vais
rentrer direct dans le vif du >sujet, on est déjà là, mais l'article 3
du projet de loi, il dit essentiellement, là : «L'infirmière praticienne
spécialisée peut […] exercer», et là il y a une liste d'activités — je
mets de côté la question des maladies courantes — donc l'IPS peut «prescrire
des examens diagnostiques», «utiliser des techniques diagnostiques invasives ou
présentant des risques de préjudice», «déterminer des traitements médicaux», «prescrire
des médicaments et d'autres substances», «prescrire des traitements médicaux»,
«utiliser des techniques ou appliquer des traitements médicaux, invasifs ou
présentant des risques de préjudice», «effectuer le suivi de grossesses
normales ou à faible risque». Êtes-vous d'accord avec ça?
M. Godin (Louis) : Dans l'ensemble,
je vous dirais, on est à l'aise avec ça.
M. Fortin :
Oui? Parfait.
M. Godin (Louis) : Elles
le font déjà.
M. Fortin :Oui, bien, exactement. Est-ce que vous avez un enjeu à ce qu'une
infirmière praticienne spécialisée réfère un patient à un médecin spécialiste?
M. Godin (Louis) : Écoutez,
on n'a pas nécessairement d'enjeu sur le fait qu'ultimement ça puisse se faire,
mais il nous apparaîtrait beaucoup plus opportun qu'avant de référer au médecin
spécialiste on pense peut-être de référer au médecin de famille.
M. Fortin :
Oui, mais, dans ce cas-là, dans ce cas-là, c'est une référence à vous, qui
allez faire la référence après, là. C'est quoi, la différence, là? J'essaie de
comprendre, là, ce que vous êtes en train de dire.
M. Godin (Louis) : Non,
non, non, on va faire une grande différence, là, à l'intérieur de ça. Et ça ne
veut pas dire que, parce qu'on réfère au médecin de famille, il va
nécessairement référer au médecin spécialiste. Le médecin de famille va
probablement être capable de gérer la majorité des difficultés qu'il puisse
retrouver en termes... que ce soient diagnostics, ou traitements, ou certaines
interrogations.
M. Fortin :
Mais en fait ma question n'est pas là, Dr Godin, ma question est plus :
Est-ce que vous ne pensez pas que l'infirmière praticienne spécialisée est
capable de savoir quand est-ce qu'elle doit référer à un médecin omni puis
quand est-ce qu'elle doit référer à un médecin spécialiste? Elles ne sont pas
folles, là. Puis je vous ai entendu, docteur, tantôt, vous parlez de leur
longue formation. Mais est-ce que, dans leurs sept années de formation, elles
ne sont pas capables de savoir quand est-ce qu'elles peuvent aller vers un omni,
et que l'omni va être capable de traiter le patient, et quand est-ce qu'elles
ont besoin d'aller voir un spécialiste? Pourquoi elles auraient besoin d'aller
vous voir, vous, pour se rendre à un spécialiste?
M. Godin (Louis) :
Attention, là, ce que l'on dit, c'est qu'ils ne devraient pas passer
nécessairement par le médecin de famille. Ce que l'on dit, c'est qu'il faudrait
encourager et s'assurer qu'on exploite vraiment la consultation vers le médecin
de famille, d'autant plus qu'on espère qu'elles exercent dans le même milieu,
dans la même équipe de soins et d'autant plus que, dans la très grande majorité
des cas, le patient de l'IPS sera aussi le patient d'un des médecins du groupe
dans lequel elles vont évoluer, donc ça sera pour le moins particulier qu'on
n'ait pas le réflexe de se questionner sur la nécessité de référer au médecin
de famille avant de passer au médecin spécialiste. Il y a certaines situations
où, effectivement, probablement qu'ils peuvent d'emblée aller vers le médecin
spécialiste, mais, comme je vous mentionnais, il y a là une question : Est-ce
que c'est vraiment la meilleure utilisation des ressources?
L'autre élément qu'il faut toujours se
rappeler, dans l'organisation et dans tout le mécanisme de collaboration :
Qu'est-ce qui va nous assurer que, le rapport de consultation qui est fait là,
qui est à la fois, probablement, aussi très pertinent pour le médecin traitant
de ce même patient, que lui ne l'ait pas? Comment est-ce qu'on va s'assurer que
lui aura cette même information-là?
M. Fortin :
Ça, vous ne pensez pas que ça peut se faire? Vous avez dit vous-même «à
l'intérieur d'une même clinique», j'imagine que ça peut se faire à travers un
mécanisme quelconque, là.
M. Godin (Louis) : C'est
pour ça que l'on a insisté à la nécessité de bâtir un cadre collaboratif bien
défini et que c'était, selon nous, le deuxième aspect, si on veut, le plus
important que nous retenons et que nous avions comme commentaire à faire à
l'intérieur du projet de loi.
M. Fortin :
Bien, donc, O.K., mais je reviens à la base, là : Vous n'avez de problème
à ce que, dans la loi, ce soit permis qu'une IPS puisse référer un patient à un
médecin spécialiste?
M. Godin (Louis) : On n'a
pas de problème, mais est-ce que c'est nécessairement la meilleure utilisation
des ressources? Je pense qu'il doit y avoir une réflexion.
M. Fortin :Bien, il faut penser à vos ressources aussi, il faut penser à
vos ressources de médecins de famille aussi, là.
M. Godin (Louis) : Tout
à fait, je suis...
• (17 h 20) •
M. Dion (Sylvain) :
M. Fortin, il faut voir pourquoi l'infirmière praticienne réfère à un
spécialiste. Le patient a du sang dans les selles, on va référer en gastro ou
en chirurgie pour une coloscopie, O.K.? Je vais vouloir être informé que mon
patient, par contre, a eu du sang dans les selles puis peut-être que je vais
vouloir demander du labo aussi, parce que l'infirmière n'y aura peut-être pas
pensé en raison de la quantité, etc.
Mais il y a une autre condition, par
contre, où l'infirmière <praticienne...
M. Dion (Sylvain) :
...
patient a du sang dans les selles, on va référer en gastro ou en
chirurgie pour une coloscopie, O.K.? Je vais vouloir être informé que mon
patient, par contre, a eu du sang dans les selles puis peut-être que je vais
vouloir demander du labo aussi, parce que l'infirmière n'y aura peut-être pas
pensé en raison de la quantité, etc.
Mais il y a une autre condition, par
contre, où l'infirmière >praticienne, elle n'a pas le diagnostic. À ce
moment-là, elle va me référer parce que moi, j'ai des compétences
supplémentaires en diagnostic différentiel. Je vous donnais, tantôt, l'exemple
de douleurs articulaires, l'infirmière praticienne peut peut-être être capable
de faire un bout de chemin avec le patient en pensant que c'est de l'arthrose.
Mais le patient revient après deux semaines, il est encore très souffrant, bien,
on ne l'enverra pas en rhumatologie, là, ou encore en orthopédie, on va me
référer le patient parce que j'ai quand même des connaissances plus larges.
Je pense qu'il faut le voir dans cet angle-là.
Oui, il y a encore de la place, mais le Dr Godin insiste beaucoup
là-dessus, sur la collaboration qu'on doit avoir avec l'infirmière praticienne
pour le mieux de notre patient puis éviter qu'on utilise les ressources en
spécialités à mauvais escient, là.
M. Fortin :
O.K. Je vais passer à d'autres choses, rapidement, là. Les infirmières
praticiennes spécialisées demandent le pouvoir d'admettre et de donner un congé
aux patients. Est-ce que ça vous pose problème?
M. Godin (Louis) :
Honnêtement, ça nous inquiéterait. Lorsque vous êtes admis, on passe probablement
au-delà de la maladie courante sans risque de détérioration et de préjudice. Actuellement,
dans notre système de santé, avec l'évolution des technologies, lorsque vous
avez besoin d'être admis, on n'est plus dans les choses simples à traitement
facile et sans risque de détérioration.
M. Fortin :Mais, si on le fait dans les autres provinces, j'ai de la
misère à comprendre pourquoi on ne pourrait pas le faire au Québec. Je ne sais
pas, est-ce que vous avez déjà parlé à une fédération dans une autre province,
à savoir pourquoi ça fonctionne bien, pourquoi ça ne fonctionne pas? Je
comprends ce que vous dites, mais je vous avoue que je suis porté à croire que
les IPS peuvent en faire davantage, même, que ce qui est inscrit dans le projet
de loi en ce moment. Alors, j'essaie de comprendre votre point de vue, là, à
savoir pourquoi ça fonctionnerait difficilement.
M. Godin (Louis) : Quand
je regarde la lourdeur et la complexité des cas auxquels nos médecins de
famille sont confrontés, actuellement, au quotidien, lorsqu'ils ont à
hospitaliser des patients, comment on pourrait confier ça, dans le cadre
actuel, à d'autres professionnels, mis à part nos autres confrères spécialistes?
M. Fortin :
O.K. Ça va pour moi. Je sais que ma collègue a des questions, M. le Président.
Je vous remercie, Dr Godin, et vous tous.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Robitaille : Oui, bien,
je trouve ça intéressant. Bonjour, messieurs. Je trouve ça intéressant, parce
qu'on a en entendu des infirmières, tout à l'heure, la FIQ, entre autres, qui
avaient un discours très différent du vôtre, et je vais revenir un peu sur les
questionnements de la ministre. Elles nous disaient, ces infirmières-là :
Bien, il faudrait enlever cette définition de la maladie courante, il faudrait
avoir beaucoup plus de marge de manoeuvre, et ça aiderait la fluidité, le
rapport, le... c'est ça, la fluidité entre les omnipraticiens, et les
infirmières, et tout ça. Et vous, vous dites le contraire, finalement. Elles
disent qu'ailleurs et en Ontario on travaille de cette façon-là, où il n'y a
pas de définition, où c'est beaucoup plus large, il n'y en a pas, de problème, il
n'y a pas de problème à ce niveau-là.
J'aimerais que vous m'expliquiez, encore
une fois, si, en Ontario et dans les autres provinces, les infirmières ont
beaucoup plus de marge de manoeuvre, sont moins supervisées, pourquoi, ici, il
faudrait faire autrement.
M. Godin (Louis) : On ne
parle pas, je vous dirais, de superviser, là. Nos propos, ce ne sont pas que le
médecin de famille doit avoir l'oeil au-dessus de l'épaule de l'infirmière
praticienne spécialisée pour juger de ce qu'elle fait. On considère, je veux
dire, qu'elle a une capacité de diagnostic. Mais en même temps il faut faire
attention, parce que, si à un moment donné on ouvre... de dire qu'il n'y a pas
de critères à l'intérieur de ça, bien, à ce moment-là, ça devient un médecin de
famille ou un autre spécialiste, il n'y a plus de critères, je veux dire, tu
peux diagnostiquer et, à partir de ce moment-là, tu peux faire n'importe quoi,
tu peux traiter, donc tu viens de créer un autre médecin de famille ou un autre
médecin spécialiste parce que tu peux faire l'entièreté de ces choses-là.
Je comprends qu'on va nous dire :
Elles vont juger de la limite de ces capacités. C'est peut-être une des choses
que les médecins de famille en formation doivent acquérir le plus durant les
42 mois, pas juste savoir ce que tu sais, mais d'être capable d'être
alarmé ou de savoir ce que tu ne sais pas et où t'arrêter, et ça, je vous
dirais, ça s'apprend après un long cheminement clinique à l'intérieur de ça. Et
c'est pour ça que nous, on pense, tout en reconnaissant, je vais <dire...
M. Godin (Louis) :
...
ce que tu sais, mais d'être capable d'être alarmé ou de savoir ce que
tu ne sais pas et où t'arrêter, et ça, je vous dirais, ça s'apprend après un
long cheminement clinique à l'intérieur de ça. Et c'est pour ça que nous, on
pense, tout en reconnaissant, je vais >dire, cette autonomie-là et
l'élargissement qui est fait, il demeure qu'on doit faire cette démarche pour
créer certains guides ou de façons de pouvoir répondre de façon le plus précise
où on doit s'arrêter et quand est-ce qu'on dépasse le cadre des maladies
courantes ou des cas qui sont simples et non complexes.
Mme Robitaille : Mais à
vouloir compartimenter, comment je pourrais dire, à, justement, déterminer une
façon très, très spécifique, est-ce qu'on ne va pas à l'encontre de l'efficacité
qu'on aimerait créer ou qu'on aimerait mieux établir, si on veut?
M. Godin (Louis) : Nous
pensons, là, qu'avec le cadre qui est proposé, là, avec ce qu'on vous
mentionne, il y a énormément d'espace pour utiliser toutes les capacités
qu'offrent les IPS, actuellement, et que vont offrir les futures IPS afin
d'augmenter l'accès et l'offre de soins. Déjà, d'aller là-dedans avec une
définition plus précise des «maladies courantes» ou de ce qui n'est pas
complexe, déjà là, ça ouvre énormément de champs d'activité auxquels on pourra
utiliser le plein potentiel des infirmières praticiennes spécialisées. Donc, il
ne faut pas le voir comme étant un aspect restrictif, il faut le voir beaucoup
plus en se disant : Déjà là, on aura beaucoup de gains qui seront faits
par rapport à ça. Mais, en même temps, gardons toujours en tête la notion de
sécurité et de cette notion qui n'est vraiment pas facile dans le diagnostic.
Lorsque vous pratiquez la médecine pendant plusieurs années, vous vous rendez
compte qu'il restera toujours une zone de doute, une petite zone grise, et il
faut être très prudents par rapport à ça.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, Mme la députée. Nous terminons cet échange avec le
député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Merci, M.
le Président. Bonjour, messieurs. Moi, je veux aussi revenir sur l'espèce
d'opposition entre votre mémoire et les deux précédents. On demande, du côté
des IPS et de leurs représentantes, davantage d'autonomie pour favoriser
l'accessibilité; vous parlez de cadres, de restrictions. Comment on avance pour
augmenter l'accessibilité si on impose des cadres puis des restrictions?
M. Godin (Louis) : Bien,
d'abord, un, je vous dirais, rapidement, ce n'est pas nécessairement des
restrictions, ce sera surtout des précisions pour savoir quand est-ce qu'on n'est
plus en maladie courante, puis quand est-ce que que ça devient complexe, puis
quand est-ce que ça devient préjudiciable ou à risque de préjudice. Je n'ai pas
parlé, nécessairement, de restrictions, j'ai parlé de précisions pour être
capable d'avoir un état de situation le plus clair possible. Et Dr Dion
pourrait peut-être rajouter un exemple là-dessus pour peut-être mieux illustrer
ce que l'on veut mentionner par rapport à ça.
M. Dion (Sylvain) : Je
travaille dans un milieu d'enseignement. Je reçois des résidents en médecine de
famille, et on les forme à être médecins de famille, et je reçois également des
stagiaires à la profession d'infirmière praticienne spécialisée. À la fin de
leur stage, les deux ans de résident en médecine de famille et le six mois de
la stagiaire en soins de première ligne, ce n'est pas la même personne. Donc,
quand on dit : Dans les autres provinces, ils ont mis «maladie», ce n'est
pas vrai. Moi, quand je supervise au sans rendez-vous mon résident 2 et
mon infirmière praticienne, si je leur demande leurs diagnostics différentiels,
mon résident est capable de m'en dire une liste, l'infirmière praticienne va
donner ce qui est le plus courant, c'est ce qu'elle a appris. C'est en ce
sens-là qu'on vous dit : Mettre «maladie» tout court, ça rouvre le champ à
je ne sais trop quoi. Est-ce que vous êtes capables... Vous avez déjà fait cet
effort-là, de toute façon, dans le projet de loi, d'être capables d'amener... puis
ce n'est pas nécessairement restrictif, là, mais il faut prendre acte d'une
réalité.
M. Arseneau : Mais
qu'est-ce qui vous laisse supposer que les infirmières voudraient aller au-delà
de leurs propres compétences? Parce qu'on demande une autonomie dans le champ
de leurs compétences. Qu'est-ce qui vous laisse penser qu'elles vont
outrepasser leurs compétences, si ça ne se passe pas dans les autres provinces
canadiennes?
M. Godin (Louis) : Bien
ça, on n'a pas, nous, là, de...
M. Arseneau : On n'a pas
de problème ni d'un bord ni de l'autre.
M. Godin (Louis) : ...ni
de l'autre, là, je veux dire...
M. Arseneau : Mais on a
un fonctionnement qui est...
M. Godin (Louis) : On a
un fonctionnement qui est comme ça et, comme je vous le mentionnais, qu'on
considère, nous, loin d'être optimal par rapport à ça et de plus-value pour les
patients.
• (17 h 30) •
M. Dion (Sylvain) : On a
quand même... Dans nos pratiques comme médecins de famille ayant travaillé avec
des IPS, à un moment donné, c'est arrivé, des choses comme ça, où le diagnostic
différentiel n'était pas établi, donc, d'où l'importance... Puis on parle de
baliser ça, mais je sais que le Collège des médecins est venu, ce matin, vous
dire qu'il y avait lieu, également, de faire de l'évaluation de l'acte
professionnel. Donc, c'est tout un ensemble de choses qui vont faire en sorte
qu'il n'y aura pas de dérives.
Mais je vous <donne cet...
>
17 h 30 (version révisée)
M. Dion (Sylvain) : …c'est
arrivé, des choses comme ça, où le diagnostic différentiel n'était pas établi.
Donc, d'où l'importance... Puis on parle de baliser ça, mais je sais que le Collège
des médecins est venu ce matin vous dire qu'il y avait lieu également de faire
de l'évaluation de l'acte professionnel. Donc, c'est tout un ensemble de choses
qui vont faire en sorte qu'il n'y aura pas de dérives.
Mais je vous donne cet exemple-là que je
vis, moi, dans ma pratique, ce n'est pas la même personne. Puis, quand on donne
l'ensemble des maladies puis qu'on ne met pas de balises à l'intérieur de ça,
je vous avouerai qu'on a certaines craintes par rapport à la sécurité du
public. Mais bon.
M. Godin (Louis) : Vous
savez, on vous amène ces éléments-là, mais c'est des éléments qui sont amenés
avec l'historique de plusieurs années de travail avec les IPS. On ne commence
pas à travailler avec les IPS. Ça fait déjà plusieurs années qu'ils sont avec
nous dans les groupes de médecine familiale. Et on vous fait part de ça suite
aux commentaires que l'on reçoit de nos membres et des interrogations qu'ils
ont. Parce que, comme je vous le mentionnais tout à l'heure, ultimement, dans
la très grande majorité des cas, on va s'occuper des mêmes patients. C'est ça,
la réalité.
Le Président (M. Provençal)
:Je remercie les représentants de la Fédération
des médecins omnipraticiens du Québec pour leur contribution à nos travaux.
La commission suspend ses travaux jusqu'à
19 h 30. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 17 h 31)
19 h 30 (version révisée)
(Reprise à 19 h 30)
Le Président (M. Provençal)
: Bonsoir. La Commission de la santé et des services sociaux
reprend ses travaux. Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien
vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
Nous poursuivons les consultations
particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 43,
Loi modifiant la Loi sur les infirmières et les infirmiers et d'autres
dispositions afin de favoriser l'accès aux services de santé. Ce soir, nous
entendrons les organismes suivants : la Fédération des médecins
spécialistes du Québec et la Fédération des médecins résidents du Québec.
Je souhaite la bienvenue aux représentants
de la Fédération des médecins spécialistes du Québec. Je vous rappelle que vous
disposez de 10 minutes pour votre exposé, puis nous procéderons à la période
d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite à vous présenter et
à commencer votre exposé. Et je vous cède la parole, madame.
Fédération des médecins spécialistes du Québec
(FMSQ)
Mme Francoeur (Diane) : Merci,
M. le Président. Mme la ministre, mesdames messieurs, bonsoir. Merci
d'accueillir les commentaires de la FMSQ sur le projet de loi n° 43.
À mes côtés, Dr Robert Charbonneau, président de l'Association des
néphrologues du Québec. Il travaille lui-même avec des IPS et pourra témoigner
de son expérience. Le Dr Charbonneau est notre doyen en ce qui concerne la
collaboration avec le travail des IPS en médecine spécialisée, il sera à même
de vous donner plusieurs exemples concrets pour soutenir notre exposé.
Vous savez tous, évidemment, que la FMSQ a
présentement des enjeux avec le gouvernement. Nous avons offert une pleine
collaboration au gouvernement, qui a répliqué avec la menace d'une loi spéciale
avant même de s'asseoir avec nous. Nos membres se sentent traités en boucs
émissaires pour sortir l'immigration de la conversation. Je sais que ce n'est
pas le sujet de l'heure, mais, si on ne l'évoquait pas, on aurait tous
l'impression qu'il y a un éléphant dans la pièce. Alors, voilà, c'est fait,
c'est dit, passons maintenant aux choses sérieuses.
La FMSQ est favorable au projet de loi n° 43 et à la prestation de certains actes médicaux par les
IPS. Plusieurs de nos membres, notamment en cardiologie, en néphrologie et en
néonatalogie, travaillent depuis une douzaine d'années avec des IPS et jugent
leur participation très positive. Cependant, l'élargissement de leur nombre et
de leur champ de pratique soulève des questions importantes. La FMSQ est d'avis
que le projet de loi élude certains aspects et tend à simplifier une réforme
porteuse mais complexe. On compte aujourd'hui 552 IPS dans le réseau,
selon l'OIIQ, et plus de 500 autres en formation, femmes et hommes.
Les recommandations de la FMSQ portent sur
quatre thèmes : la formation, l'encadrement, la collaboration et la
pertinence. La formation d'un médecin spécialiste est, en moyenne, d'une
douzaine d'années. Elle n'est jamais terminée. La médecine étant en constante
évolution, la formation continue fait partie de la culture médicale. Les
médecins sont des apprenants jusqu'à leur retraite. Logiquement, puisque les
IPS seront autorisées à poser des actes médicaux, elles devront elles aussi
être soumises à un programme de formation continue. Or, à l'heure actuelle, les
mots «formation» et «compétence» n'apparaissent nulle part dans le projet de
loi n° 43.
Le législateur semble considérer que la
formation de niveau de maîtrise des IPS, cinq ans d'université, suffit comme
base de pratique. On parle comme si les actes qui pourront être posés par les
IPS sont sans risques, sans conséquence et sans balises. Cette étonnante
insouciance du législateur nous déconcerte et doit être corrigée. La FMSQ
recommande donc que les IPS soient soumises par leur ordre professionnel à un
programme rigoureux de développement continu des compétences comparable à celui
auxquels sont astreints les médecins.
Dans le réseau, les omnipraticiens sont
des généralistes qui réfèrent aux spécialistes en cas de besoin. Les
spécialistes sont des experts de certaines parties du corps ou de certains
types de pathologies. Le domaine d'intervention des spécialistes est défini par
ce qu'on appelle les privilèges de pratique, qui font qu'un néphrologue ne
s'improvisera pas en obstétricien, même s'il a déjà été exposé lors de sa
formation.
Mais qu'en est-il des IPS? Elles ont une
formation générale mais intègrent souvent des équipes spécialisées. Dans ces
cas, il faut définir leur rôle. La FMSQ recommande que des champs de pratique
soient déterminés dès l'embauche des IPS afin qu'elles puissent s'enraciner
dans des domaines de pratique et que <ces...
Mme Francoeur (Diane) :
...
mais qu'en est-il des IPS? Elles ont une formation générale mais
intègrent souvent des équipes spécialisées. Dans ces cas, il faut définir leur
rôle. La FMSQ recommande que des champs de pratique soient déterminés dès
l'embauche des IPS afin qu'elles puissent s'enraciner dans des domaines de
pratique et que >ces champs soient déterminés par l'OIIQ en
collaboration avec le Collège des médecins.
Des questions se posent aussi en matière
de responsabilité et d'encadrement. Jusqu'à maintenant, l'encadrement des IPS
était fait par les médecins. Le projet de loi propose de placer les IPS sous
l'autorité de l'OIIQ. On comprend l'intention d'autonomie du projet de loi,
mais cela va conduire à des zones grises, en termes de responsabilité, qui
mettent malheureusement parfois la sécurité des patients à risque.
Dans un hôpital, les médecins se
rapportent à d'autres médecins, habituellement à la direction des services
professionnels, les DSP, et les infirmières se rapportent à des infirmières,
les fameuses directions des soins infirmiers, qu'on appelle les DSI. C'est une
logique de pair à pair. Nous verrons donc des DSI, des directions des soins
infirmiers, qui devront statuer sur des actes médicaux qui sont posés par les
IPS. Si vous me permettez la question : Le juge, ici, aura-t-il les
compétences pour trancher, puisqu'évidemment le nombre d'IPS est quand même
assez limité, faisant en sorte qu'il n'y aura pas nécessairement des
représentants au niveau de chacune des DSI des établissements? Il faut se
préparer à régler ces questions. Sans avoir les réponses à toutes ces
questions, la FMSQ vous recommande, Mme la ministre, que vous concertiez toutes
les parties prenantes afin de solutionner les enjeux de gouvernance qui se
poseront dans la foulée de la mise en oeuvre de cette réforme déclenchée par le
projet de loi n° 43.
J'aimerais laisser mon collègue Dr Charbonneau
vous parler de la collaboration réelle sur le terrain entre les médecins
spécialistes et les IPS.
M. Charbonneau (Robert) :
M. le Président, Mme la ministre, Mmes et MM. les parlementaires, merci de nous
accueillir.
Alors, oui, comme la Dre Francoeur
vient de vous le dire, déjà en néphrologie, donc la spécialité qui s'occupe des
maladies rénales, on est habitués, depuis plus de 10 ans, on a intégré la
pratique des IPS dans notre pratique dans le soin quotidien des patients, et
c'est le cas aussi d'autres spécialités, en cardiologie et en néonatalogie,
aussi, depuis à peu près la même période, et c'est un succès. L'arrivée de ces
professionnels a amené beaucoup de bénéfices pour le soin des patients, et ils
ont été intégrés dans les équipes traitantes de façon parfaite, et le travail
qu'ils accomplissent est très important.
Alors, si je vous parle un peu plus de
notre expérience en néphrologie, les IPS sont intégrées dans des suivis de
malades chroniques de très haute complexité. En néphrologie, les patients, les
malades sont atteints de multiples maladies. Ils peuvent être suivis, donc,
avant, à des stades moins avancés de l'insuffisance rénale, le suivi de la
transplantation rénale et le suivi des soins de suppléance rénale, hein,
l'hémodialyse, le rein artificiel. Alors, ce sont tous des rôles que les IPS
peuvent jouer pour appuyer les néphrologues dans le soin de ces cohortes de
patients qui sont de plus en plus nombreux, de plus en plus complexes, de plus
en plus âgés. Et donc ils ont une place primordiale, maintenant, dans l'équipe,
alors c'est un succès.
Je vous donnerais aussi d'autres exemples.
Le territoire québécois est vaste et de faible densité. On doit offrir des
services de suppléance rénale dans des régions éloignées. Vous comprenez bien
qu'il est difficile pour les médecins de se déplacer et visiter tous ces
patients-là. Alors, c'est encore un rôle... une IPS sur place pourrait jouer un
rôle de coordination et de soutien pour le soin de ces patients-là.
Alors, c'est essentiellement les bénéfices
qu'on vit, et je pense que le projet de loi va permettre que cet apport de ces
professionnelles dans les soins des patients soit étendu à d'autres champs de
pratique de la médecine spécialisée au Québec.
• (19 h 40) •
Mme Francoeur (Diane) :
En toute logique, si on accepte que les IPS prescrivent certains examens
diagnostiques, elles doivent avoir les autorisations à procéder. Évitons
l'étape accessoire qui consisterait à demander à un médecin généraliste de
simplement remplir un formulaire. La FMSQ recommande donc que les IPS puissent
référer directement des patients en consultation pour faciliter l'accès aux
services spécialisés, ce qui est en cohérence avec l'élargissement de leur
prérogative à la prescription d'examens diagnostiques.
Notre dernier point touche à la pertinence
et aux suivis. Le volume des consultations qu'elles généreront en soins
spécialisés est pour l'instant <imprévisible...
Mme Francoeur (Diane) :
…
pour faciliter l'accès aux services spécialisés, ce qui est en cohérence
avec l'élargissement de leur prérogative à la prescription d'examens
diagnostiques.
Notre dernier point touche à la
pertinence et aux suivis. Le volume des consultations qu'elles généreront en
soins spécialisés est pour l'instant >imprévisible. Toutefois, ces mêmes
consultations sont envoyées par les médecins généralistes. La FMSQ considère
qu'un suivi s'impose afin d'évaluer les impacts de cette réforme en termes de
pertinence, de volume, de coûts et d'impacts sur l'accès à un médecin
spécialisé.
Par ailleurs, la FMSQ se questionne sur
les choix de l'obstétrique et de la santé mentale comme champs d'activité dans
le contexte où des sages-femmes sont au chômage et que les psychologues peinent
à se mettre le bout du nez dans notre réseau public. Étaient-ce les meilleurs
choix, lorsqu'on a encore 20 % de la population qui n'a pas accès à des
soins de première ligne? Nous recommandons donc au ministère d'effectuer un
suivi annuel de l'impact du projet de loi n° 43 sur les demandes de
consultation et de s'assurer que la pertinence, les volumes, les coûts et
l'impact seront en lien avec les budgets qui ont été prévus.
En terminant, nous insistons sur
l'importance de la formation continue des IPS et l'instauration de mécanismes
de discussion pour solutionner les situations ambiguës qui surgiront en termes
de gouvernance. Nous sommes prêts à répondre à vos questions.
Le Président (M. Provençal)
: Je vous remercie pour votre exposé. Nous débutons avec Mme
la ministre cette période d'échange. Je vous cède la parole, Mme la ministre.
Mme McCann : Oui, alors,
merci, M. le Président. Alors, je vous salue, Dre Francoeur, M. Tétrault
et Dr Charbonneau. Alors, merci d'être là… partager des réflexions avec
nous sur ce projet de loi.
Mais vous me permettrez une petite
parenthèse, Dre Francoeur. Si vous connaissez des sages-femmes au chômage,
nous serions très intéressés à avoir leurs coordonnées, parce qu'on a besoin de
services, comme vous le savez, en obstétrique, et de plus en plus, au Québec,
les sages-femmes travaillent en collaboration avec nos équipes en obstétrique,
comme vous savez, c'est votre domaine à vous aussi, donc laissez-nous savoir.
Donc, je reviens sur le projet de loi, et
j'ai bien noté les commentaires, aussi, de Dr Charbonneau, quand vous
dites que les IPS peuvent jouer un rôle majeur dans les régions, notamment. Et
moi, je l'ai vu beaucoup en première ligne, là, quand j'ai fait la tournée du
Québec, et effectivement ça fait la différence à plusieurs endroits, dans
plusieurs régions du Québec.
Mais je pense que, là, on a une belle
occasion de vous entendre aujourd'hui, parce que la majeure partie des IPS, ce
sont des IPS en première ligne. On n'a pas souvent l'occasion d'entendre
parler… on a eu un peu de commentaires, d'informations d'un ou deux groupes
précédents sur les IPS en deuxième ligne, les IPS qu'on dit en santé adulte, et
ça serait intéressant, évidemment, d'entendre un peu plus sur les expériences
concrètes.
Moi, j'aimerais vous entendre sur le
travail de collaboration entre un médecin spécialiste et une IPS en santé
adulte. Vous avez parlé, là, de ce qu'elles font, mais, dans le quotidien, là, comment
un médecin spécialiste travaille avec une IPS, comment se départagent les
tâches? J'aimerais bien vous entendre, parce qu'on n'a pas souvent l'occasion
d'entendre parler de ce volet-là du travail des IPS.
Mme Francoeur (Diane) :
Mme la ministre, il me fera plaisir de vous donner mon expérience à moi, parce
que, comme vous savez, je suis obstétricienne-gynécologue à Sainte-Justine.
Tout d'abord, en ce qui concerne votre questionnement sur les sages-femmes au
chômage, malheureusement, c'est une réalité, puisque certaines d'entre elles se
sont épuisées au travail par le fait qu'elles étaient si peu nombreuses et
souhaiteraient pouvoir faire des suivis de grossesse et ne pas être toujours
disponibles pour faire les accouchements. Mais je pense que ce n'est pas le
lieu de ce projet pour avoir cette discussion, mais on pourra en discuter dans
d'autres lieux avec grand plaisir.
Mon exposition personnelle avec les IPS,
elle est une histoire qui date depuis la création des IPS à Sainte-Justine,
parce que nous en avons en néonatalogie. Et, comme vous savez, on est un
hôpital où il y a beaucoup de grossesses à risque. Donc, les IPS font partie de
l'équipe, elles sont présentes avec nous sur les unités, elles ont leurs
patients dédiés. Et pour nous, en médecine spécialisée, une IPS qui a acquis
une expérience continue… Parce que notre inquiétude, lorsque je vous disais :
Nous sommes inquiets de la formation, et de l'exposition, et de la
détermination des rôles... C'est sûr <qu'une…
Mme Francoeur (Diane) :
...
leurs patients dédiés. Et pour nous, en médecine spécialisée, une IPS
qui a acquis une expérience continue… Parce que notre inquiétude, lorsque je
vous disais : Nous sommes inquiets de la formation, et de l'exposition, et
de la détermination des rôles... C'est sûr >qu'une infirmière en
néonatalogie à qui on apprend, par exemple, à intuber un petit bébé prématuré
qui se serait extubé de... a fait sortir le tube qui permet de respirer de
façon accidentelle, bien, elle ne pourrait pas, le mois d'après, devenir
compétente en néphrologie si elle n'a pas été exposée, si elle n'a pas eu la
formation. Alors, ça, ça fait partie des choses qui, pour nous, sont
importantes à définir. Mais, sur le terrain, pour nous, une IPS qui a une
expérience fonctionne facilement comme un résident de deuxième ou troisième
année dans l'équipe. Elle a ses patients, elle fait ses suivis, elle se
rapporte avec l'équipe de spécialistes sur place, et les relations sont
extrêmement harmonieuses, tout va bien.
J'aimerais que Dr Charbonneau vous
raconte son expérience, parce que lui, il la vit encore, également, au
quotidien dans une autre discipline qui est la néphrologie.
M. Charbonneau (Robert) :
Bien, Mme la ministre, elles sont intégrées tout à fait dans les activités
quotidiennes, par exemple, des cliniques externes qui suivent des cohortes de
malades chroniques, comme je vous le disais tantôt, et nous travaillons
conjointement, en partenariat. Et d'ailleurs c'est une de nos recommandations
dans ce mémoire, le maintien de ces ententes de partenariat, qui reflètent bien
la façon dont on peut travailler ensemble pour le soin des patients. Autrement
dit, l'entente de partenariat définit un peu le champ de pratique de ces
professionnelles, et, à partir de là, ça se fait à peu près naturellement.
Dans une unité d'hémodialyse, par exemple,
elles vont voir les patients, règlent les problèmes, quand c'est des problèmes
courants, des problèmes usuels, et, dès qu'il y a des problèmes qui sortent un
peu de leurs compétences, bien, l'entente de partenariat prévoit qu'elles
doivent m'en référer, mais ça se fait de façon tout à fait fluide dans le
travail de tous les jours. C'est un travail d'équipe très, très, très serré,
là, il n'y a pas de division, elles sont intégrées. Moi, je vois les
infirmières qui sont au chevet des patients dans les unités d'hémodialyse, qui
réfèrent directement à notre IPSSA qui est présente sur l'unité, échangent sur
les problèmes, proposent des solutions à des problèmes diagnostiques ou
thérapeutiques, et tout ça s'intègre de façon très fluide toute la journée.
Dans les cliniques externes, on se réunit
à la fin de chaque clinique pour discuter des patients qu'elles ont vus,
échanger sur les problèmes, et de cette façon-là il y a un transfert de
connaissances et d'expertise qui est très bénéfique.
Je terminerais en disant que le bénéfice
principal, c'est la continuité, hein? Les médecins spécialistes sont appelés à
jouer plusieurs rôles dans plusieurs secteurs d'activité, et, pour des malades
chroniques, qui sont suivis pendant des années, ça peut être parfois difficile
d'avoir une approche en continu. Bien, la présence permanente de ces
professionnelles auprès des patients assure cette continuité-là, et le
transfert d'informations cliniques se fait de façon continue, et ça fonctionne,
comme je vous disais, je me répète encore, de façon très fluide. Ils font
partie intégrante de l'équipe traitante, là, il n'y a pas de...
Mme McCann : Je voudrais
vous demander, dans le même volet... Ce que propose le projet de loi par
rapport, par exemple, aux champs de pratique, hein, concernant les maladies
courantes avec des critères et le fait, aussi, que l'IPS pourrait poser des
diagnostics, faire des plans de traitement... Je vais peut-être commencer par
ce volet-là. Que l'IPS pourrait faire des diagnostics et faire des plans de
traitement, quel impact ça va avoir sur le travail que vous faites avec les
IPS? Qu'est-ce que ça va changer?
• (19 h 50) •
Mme Francoeur (Diane) :
Pour nous, ça ne change rien du tout parce que, concrètement... C'est sûr que
les enjeux entre la médecine spécialisée puis la médecine de première ligne
sont complètement différents. Les IPS qui travaillent avec nous ne sont jamais
seules, il y a toujours quelqu'un qui est autour. C'est des patients qui sont
complexes, et, lorsqu'elles... Comme on les forme aussi, parce que c'est des
domaines très pointus, dès qu'elles sortent de leur champ de compétence, elles
viennent nous voir. Comme je vous disais, la collaboration est fluide.
Il y a un très beau modèle, aussi, qui est
différent, c'est celui du CHUM, par exemple, où, en sciences cardiaques, les
cardiologues et les chirurgiens cardiaques travaillent ensemble avec la même
équipe d'IPS, et il y a un suivi, par exemple, pour tous les patients qui vont
être <référés...
Mme Francoeur (Diane) :
...leur champ de compétence, elles viennent nous voir. Comme je vous disais, la
collaboration est fluide.
Il y a un très beau modèle, aussi, qui
est différent, c'est celui du CHUM, par exemple, où, en sciences cardiaques,
les cardiologues et les chirurgiens cardiaques travaillent ensemble avec la
même équipe d'IPS, et il y a un suivi, par exemple, pour tous les patients qui
vont être >référés de la cardio, ils vont être vus par les IPS, ils vont
être revus en postop puis ils vont être revus en clinique externe.
C'est sûr qu'au quotidien elles font des
diagnostics. Je pense qu'il faut dépoussiérer un peu, là, cette espèce de phobie
du diagnostic. Personnellement, lorsque nous, on laisse intuber un petit bébé
prématuré de 26 semaines par une IPS, je pense qu'il y a pas mal plus de
risques, là, que de faire un diagnostic d'otite, là, alors, sans négliger aucun
champ de compétence. Alors, c'est pour ça que nos enjeux à nous, ça n'a jamais
été aussi inquiétant, dans le sens qu'on travaille en équipe. Mais évidemment je
comprends que les omnipraticiens, comme l'équipe n'est pas toujours sur place,
les relations ne sont pas nécessairement fluides, pouvaient avoir des
réticences. Mais, dans nos champs de compétence à nous, c'est clair qu'on les
forme pour reconnaître les problèmes, et faire un diagnostic, bien, c'est ça,
reconnaître un problème. Je ne sais pas si Dr Charbonneau a quelque chose
à rajouter, là, mais ce n'est pas un enjeu pour nous.
M. Charbonneau (Robert) :
Non, je suis tout à fait d'accord. Écoutez, les champs de pratique sont plutôt
restreints, hein, en médecine spécialisée, alors, rapidement les problèmes
courants reviennent, et ces professionnelles réussissent à développer une
expertise qui est tout à fait adéquate pour poser des hypothèses diagnostiques
ou même des diagnostics pour les conditions qu'on rencontre fréquemment dans le
soin de ces patients-là.
Ce que les IPS nous disent souvent, c'est,
par exemple : Je suis capable de reconnaître assez facilement lorsque
quelqu'un présente de l'oedème ou une surcharge en volume, là — c'est
ce qu'on fait face souvent chez nos patients en insuffisance rénale — mais
je ne suis pas habilitée à poser un diagnostic d'une infection cardiaque ou
pulmonaire. Et ça s'établit naturellement dans les équipes. Et, comme je vous
dis, après plus de 10 ans de travail, je n'ai jamais vu de ces
professionnelles qui dépassaient leur expertise. Et il ne faut pas oublier
qu'elles sont imputables aussi, elles ont un sens de responsabilité et elles
savent très bien établir les limites de leurs compétences.
Mme McCann : Mais là-dessus,
justement, à peu près tous les groupes... j'ai posé cette question-là, puis on
a eu beaucoup d'échanges là-dessus, dans le projet de loi on parle de «maladie
courante», avec six critères. Quel est votre point de vue là-dessus par rapport
à l'environnement, là, en médecine spécialisée, hein, en deuxième ligne? Comment
vous voyez ça? Parce qu'on a discuté du fait que — et vous êtes
sûrement au courant — dans les autres provinces du Canada, on ne
parle pas de maladie courante, quand on parle du champ de pratique des IPS, on
parle de maladie et on élabore, là. Et il y a une difficulté à définir la «maladie
courante» aussi, hein? J'aimerais ça avoir votre point de vue là-dessus. Est-ce
que le fait qu'on établisse quelque chose comme ça dans le projet de loi peut
créer une difficulté d'application, peut créer un flou, une difficulté
d'application dans le quotidien pour vraiment définir ce champ de pratique, de
votre point de vue, en deuxième ligne, en médecine spécialisée?
Mme Francoeur (Diane) :
Je vous dirais, Mme la ministre, que, pour nous, on vous propose d'amener votre
projet de loi encore plus loin, on ouvre la consultation directement en
médecine spécialisée. Alors, évidemment, pour nous, c'est un enjeu qui ne nous
inquiète pas. Comme Dr Charbonneau le disait, ce sont des professionnelles
autonomes, responsables, qui auront une formation. Bon, évidemment, il y a
l'enjeu des examens. Nous, on recommande, comme le collège, qu'il y ait un
examen à la fin de la formation, parce qu'on considère qu'elles vont quand même
poser des gestes médicaux. Alors, comme les sages-femmes, comme les médecins,
elles devraient avoir un examen, mais ce sera aux autorités à statuer à cet
effet.
Mais, pour nous, un professionnel... par
exemple, si je travaille avec un pharmacien qui fait de l'hémato-onco, bien, ce
n'est pas un pharmacien qui fait de la néonatalogie, alors il ne va pas
s'improviser dans un champ de compétence ou dans un domaine qui ne lui est pas
connu. Alors, c'est pour ça que, pour les problèmes courants — et je
pense que ce sera aux acteurs de la première ligne de statuer — pour
nous, ce n'est pas un enjeu. Et, oui, je pense que les IPS devraient être
capables de référer directement pour diminuer les délais d'attente pour rien
pour les patients, là. On a le fardeau <de...
Mme Francoeur (Diane) :
...
que, pour les problèmes courants — et je pense que ce sera
aux acteurs de la première ligne de statuer — pour nous, ce n'est pas
un enjeu. Et, oui, je pense que les IPS devraient être capables de référer
directement pour diminuer les délais d'attente pour rien pour les patients, là.
On a le fardeau >de l'accès en médecine spécialisée, c'est extrêmement
difficile, vous le savez. Avec le CRDS, on a vu plus de 1 million de consultations,
l'année dernière, on a des mauvais outils. Lorsqu'on sera capables de
fonctionner de façon moderne, comme on devrait en 2019, on pense qu'on sera
capables de voir beaucoup plus de consultations et on ne pense pas que la
lourdeur va être plus grande, dans le sens que les patients qui avaient besoin
d'être vus passaient par leur omnipraticien pour avoir un papier, là, alors
c'est des délais pour rien pour la population.
Mme McCann : D'accord.
Je reviens à votre point sur l'encadrement. Vous avez parlé des directions des
soins infirmiers, là. J'aimerais mieux comprendre votre pensée là-dessus, le
rôle des DSI dans le cadre du projet de loi qu'on propose aujourd'hui.
Mme Francoeur (Diane) :
Bien, écoutez, comme ce sont des... ils vont relever de l'OIIQ, alors ça va de
soi qu'en principe ça devrait être les DSI qui devraient statuer sur leur
pratique professionnelle. Présentement, dans les établissements, elles relèvent
plus des équipes médicales. Mais, comme on veut sortir ce statut via votre
projet de loi, bien, à ce moment-là, elles vont devoir relever de quelqu'un. Et
évidemment, bon, on s'entend tous qu'en ce qui concerne... par exemple, lorsque
vous aurez statué sur la formation continue obligatoire, le code de
déontologie, la pratique professionnelle générale, les DSI peuvent très bien
gérer. Par contre, je serais curieuse de voir comment, par exemple, un ou une
DSI pourrait aller juger, par exemple, de traitements d'hémodialyse qui auraient
pu être ajustés par une IPS en néphro, parce que ça prend des connaissances
extrêmement pointues. Évidemment, quand tout va bien, il n'y en a pas, de
problème, mais il ne faut pas attendre que les problèmes arrivent avant de
statuer. Je pense que la gouvernance mérite d'être plus clairement définie dans
votre projet de loi.
Mme McCann : Oui, puis je
fais un parallèle... Est-ce que j'ai encore du temps?
Le Président (M. Provençal)
: 40 secondes.
Mme McCann :
40 secondes. Bien, je ne ferai pas le parallèle, parce que je sais que
vous n'aurez pas le temps de répondre là-dessus, mais... Bien, en fait, la
réflexion que je me faisais, c'est qu'un DSP qui est spécialiste, par exemple,
ou même un médecin de famille qui est DSP n'a pas non plus la connaissance de
toutes les spécialités. Je ne sais pas si vous faites un...
Mme Francoeur (Diane) :
Oui, tout à fait, je comprends votre question.
Mme McCann : Vous
comprenez mon point.
Mme Francoeur (Diane) :
Je me dépêcherai de répondre. Mais il va aller chercher un médecin spécialiste
de la spécialité concernée pour le conseiller, alors que, là, le DSI n'aura pas
cette opportunité-là parce que les médecins sont permis dans la formation, et
leur rôle va s'arrêter là.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, Mme la ministre. Nous allons maintenant aller avec le
député de Pontiac.
M. Fortin :
Merci, M. le Président. Bonjour, Dre Francoeur. Bonjour, vous tous. Merci
d'être avec nous ce soir. Je sais que c'est une journée occupée pour vous, peut-être
moins occupée que vous pensiez mais occupée quand même.
Je vous écoutais, dans vos remarques
d'introduction, et vous dites, à certains niveaux — et c'est normal,
ça veut dire que vous avez étudié le projet de loi — que vous avez
tout fait pour le comprendre puis voir où il peut être amélioré puis où il a
besoin de bonification, mais vous dites : À certains niveaux, on dit que
le projet de loi n° 43 devrait aller plus loin, entre
autres au niveau de la possibilité de référer directement, qu'un IPS en
première ligne, qu'une IPS en première ligne puisse référer directement à un médecin
spécialiste.
Mais vous parlez aussi de... tu sais, vous
mettez les freins à certains niveaux, vous parlez un peu de la légèreté avec
laquelle certains aspects du projet de loi ont été abordés. Je pense que vous
avez utilisé les expressions «sans risque», «sans conséquence». C'est un peu
comme si le législateur n'avait pas nécessairement... n'était pas allé jusqu'au
bout de sa pensée, n'avait pas réfléchi autant qu'il devait le faire à certains
enjeux. Je veux m'attarder là-dessus d'entrée de jeu. Qu'est-ce qui a été
abordé avec trop de légèreté dans le projet de loi? Qu'est-ce qui a besoin
d'être approfondi davantage?
• (20 heures) •
Mme Francoeur (Diane) :
Alors, c'est clair que, vous le savez, la majorité des IPS sont présentement en
première ligne, alors les quelques IPS qu'il reste sont très peu nombreuses
dans des domaines très pointus. Et je pense qu'on ne s'est probablement pas
assez attardé aux défis qui sont à venir lorsqu'elles seront plus nombreuses. Et
je m'explique, si je n'ai pas été assez claire, lorsqu'elles sont dans un
domaine, par exemple, comme la néphrologie, où... Dans l'équipe de Dr Charbonneau,
il y a cinq IPS, ils se connaissent, ils les ont formés, puis la chimie est
très bonne. Donc, souvent, quand on a une équipe, on va même encore plus loin,
on les amène à aller au maximum de leurs <compétences...
>
20 h (version révisée)
<
Mme Francoeur (Diane) :
…lorsqu'elles sont dans un domaine,
par exemple, comme la néphrologie
où… Dans l'équipe de Dr Charbonneau,
il y a cinq IPS, ils se
connaissent, ils les ont formées, puis la chimie est très bonne. Donc,
souvent,
quand on a une équipe, on va même encore plus loin, on les amène à aller au
maximum
de leurs >compétences.
Une IPS, par exemple, qui part de chez eux
ne pourrait, même si elle a le statut officiel… Il va falloir qu'on prévoie,
là. Peut-être qu'il va en avoir une qui va se former en néphro, puis elle va
dire : Ah! bien, moi, je veux aller m'occuper des petits bébés, là, je
veux aller en néonatalogie. Alors, qu'est-ce qu'on va faire comme équivalence?
Qu'est-ce qu'on va vérifier comme champ de pratique? Comment est-ce qu'on va
faire, par exemple, pour s'assurer qu'il y aura les compétences nécessaires? On
est présentement aussi… On sait qu'il y a une partie de la formation qui est
assurée par l'Ordre des infirmières, et planifiée et organisée pour la base, mais
les domaines très pointus, comment est-ce qu'on va s'assurer de pouvoir leur
permettre d'aller jusqu'au bout?
Moi, je peux vous dire que je travaille
avec elles depuis longtemps, et au début, lorsque cette nouvelle profession est
arrivée, ce n'était pas planifié, ce n'était pas organisé. Il y en a plusieurs
qui ont fait l'effort de faire leur maîtrise et qui ont arrêté après un an ou
deux. C'est un désastre, là. Alors, il faut qu'on prévoie mieux comment est-ce
qu'on va les accueillir dans les milieux de stage. On a des exemples de
collaboration qui sont extraordinaires. Par exemple, pour les étudiantes
sages-femmes, elles viennent faire des stages avec nous en obstétrique-gynéco
dans différents hôpitaux du Québec, et la collaboration, qui est le nerf de la
guerre, est déjà prévue. Donc, les limites sont déjà toutes établies, alors on
n'a pas de surprise. Il y aura toujours des surprises, évidemment, parce que
c'est un nouveau projet de loi, mais je pense qu'on doit s'asseoir avec les
gens sur le terrain et prévoir ces possibles réorientations de carrière ou tout
simplement un déménagement.
Bon, on sait que vous avez ouvert, Mme la
ministre, plusieurs nouveaux sites de dialyse, mais il n'y en a pas partout.
Alors, si une IPS qui est formée en dialyse déménage dans un endroit où il n'y
en a pas, par exemple à Maniwaki, pour utiliser un endroit très connu dans
votre comté, eh bien, peut-être qu'elle va vouloir se recycler en soins
primaires. Comment est-ce qu'on va arrimer tout ça? Parce que, vous savez, on
en a besoin. Nous, ce qu'on souhaite… en médecine spécialisée, on veut toutes
les prendre, si on peut, parce que ça nous permet de rouler davantage, mais il
faut déjà prévoir, par respect pour ces candidates, qui mettent beaucoup
d'efforts, que ce soit déjà prévu.
M. Fortin :
Je vous entends bien. Je comprends votre point de vue là-dessus.
Je reviens à la première partie de… en
fait, là où vous poussez le gouvernement à aller plus loin, la référence directement
d'une infirmière praticienne spécialisée à un médecin spécialiste. Et je
n'essaie pas de vous mettre en contradiction avec la FMOQ, ce que j'essaie de
faire, j'essaie de comprendre, là, leur opposition à la chose. Parce qu'il va
falloir décider, ici, autour de la table, là, si on veut aller plus loin que ce
qui est dans le projet de loi ou non. Ce qu'on a compris, tantôt, de la FMOQ,
c'est que ce qui les inquiétait, c'est que vous soyez en surcharge parce que
les infirmières praticiennes spécialisées référaient des gens qui n'ont pas
besoin d'aller jusqu'à eux, que les omnipraticiens pourraient s'en occuper directement
chez vous. Moi, honnêtement, là, je les écoutais puis je trouvais ça un peu
paternaliste, leur approche. Mais je veux comprendre pourquoi vous pensez
différemment de la FMOQ là-dessus, parce que vous interagissez avec les IPS
régulièrement, même celles qui sont en première ligne. Pourquoi vous pensez
qu'elles ont toutes les capacités de juger est-ce qu'un patient a besoin d'être
vu par un médecin omnipraticien ou est-ce qu'il a besoin d'être vu par un
médecin spécialiste?
Mme Francoeur (Diane) :
Alors, évidemment, je ne serai pas en contradiction avec mon représentant de
l'autre fédération. Ils ont sûrement de bonnes raisons d'avoir pris la position
qu'ils ont prise. Et nous, on travaille avec elles. Par exemple, une IPS… Je
vais vous donner un exemple. Dr Charbonneau est néphrologue, je suis
gynécologue. Quand on a un problème avec une maladie chronique au niveau des
reins, on finit toujours par avoir besoin d'une consultation en gynécologie,
quand on est une jeune femme, parce que, quand la santé ne va pas, ça finit par
aller mal dans mon domaine. Alors, par exemple, l'IPS va pouvoir faire
directement une consultation. Elle le sait, ça s'en vient, quand la fonction
rénale dégénère, ça va finir par avoir des problèmes de menstruations. Elle n'a
pas besoin de valider avec un médecin de famille ou avec Dr Charbonneau, c'est
déjà tout écrit dans le ciel. Et, comme on les forme, on va leur apprendre
qu'est-ce qu'il faut faire, quand est-ce référer.
Par contre, l'IPS qui va référer une
patiente dans un domaine comme le mien, elle ne va pas référer une consultation
à sa belle-soeur qui a envie d'avoir une visite en gynécologie, là. Alors, les
patients, ils ne s'inventent pas des maladies. Quand les problèmes de santé
sont là, ils doivent être vus. Moi, je pense que le problème d'accès est
vraiment, définitivement, beaucoup plus parce qu'on n'a pas les <outils
de…
Mme Francoeur (Diane) :
…comme le mien, elle ne va pas référer une
consultation à sa belle-soeur
qui a envie d'avoir une visite en gynécologie, là. Alors, les patients, ils ne
s'inventent pas des maladies. Quand les problèmes de santé sont là, ils doivent
être vus. Moi, je pense que le problème d'accès est vraiment, définitivement,
beaucoup plus parce qu'on n'a pas les >outils de travail. On a encore
20 % puis parfois, dans certaines cliniques, 30 % de patients qui ne
se présentent pas avec les CRDS, là. Tout ça, c'est des magnifiques
opportunités d'avoir des consultations qui sont laissées comme lettre morte,
avec le fait, aussi, que les patients peuvent refuser trois fois. Il est là, le
problème, il est bien plus là que dans le fait qu'on n'a pas nécessairement
encadré une nouvelle profession. Nous, on n'est pas inquiets, de ce côté-là.
M. Fortin :
O.K. Ça me va, M. le Président. Je pense que ma collègue a quelques questions.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Robitaille : Je vous
entendais... Donc, est-ce qu'on devrait circonscrire le travail des infirmières?
Si je vous entends, des IPS, si je vous entends, on devrait leur donner le
champ libre. Il ne devrait pas y avoir de définition de «maladie courante» ou
certaines restrictions comme ça, mais vous seriez pour plus large, une responsabilité
plus large, plus flexible. Est-ce que c'est ce que je comprends?
Mme Francoeur (Diane) : Écoutez,
nous, on n'est pas des spécialistes de la première ligne, on est des
spécialistes de la deuxième ligne. C'est sûr que je vais laisser mes collègues
spécialistes de la première ligne statuer sur qu'est-ce qui devrait être permis
ou pas. Notre position à nous, elle est claire et elle vient de la part de tous
mes présidents d'association, qui ont ces demandes-là.
Alors, pourquoi, si les IPS suivent les
patients puis qu'ils savent qu'ils ont un problème... C'est sûr que ce sont des
professionnelles autonomes. Si elles ne sont pas certaines — est-ce qu'il
y a un problème, par exemple, musculosquelettique? Est-ce que je l'envoie en
orthopédie, en rhumatologie ou en physiatrie? — là, oui, peut-être
que ça vaut la peine de l'envoyer à un médecin de famille pour avoir une
opinion. La dernière personne qu'un orthopédiste veut voir, c'est un patient
qui a mal au dos. Un orthopédiste, ça veut couper.
Et, oui, il va y avoir de l'organisation à
faire, mais je pense que le secret, c'est d'avoir un encadrement, et de ce que,
moi, j'ai compris, les IPS de première ligne sont quand même encadrées, elles ne
sont pas laissées toutes seules à elles-mêmes. Et nous, on souhaite que la collaboration
qu'on a en médecine spécialisée soit un peu la norme, et c'est ce qu'on
applique au quotidien, là.
Mme Robitaille : Parce
que, c'est ça, comme disait mon collègue, la Fédération des médecins
omnipraticiens du Québec disait, tout à l'heure, qu'ils avaient très peur que
ces infirmières-là réfèrent directement aux spécialistes, pour des raisons…
pour le bien-être des patients, même, parce qu'il pouvait y avoir des erreurs,
et puis peut-être que les références ne seraient pas bonnes ou des erreurs. Donc,
on alourdit tout le processus. Vous n'êtes pas d'accord avec ça.
Mme Francoeur (Diane) :
Écoutez, moi, je pense que, la solution, c'est Mme McCann qui va nous la
donner. Lorsque nous aurons un système de prise de rendez-vous, de confirmation
des rendez-vous, d'annulation de rendez-vous facile, qu'on n'est pas obligés
d'attendre une heure de temps au téléphone et que les patients pourront
profiter de toutes les plages horaires qui sont disponibles au quotidien dans
les hôpitaux, on va être capables de répondre à la demande.
Et, vous savez, la consultation, nous, on
attend depuis très longtemps de pouvoir mettre sur pied la consultation
électronique, qui va éviter à un paquet de patients de se déplacer. C'est
encore une autre avenue qui peut être une piste de solution.
Alors, je pense qu'on a déjà des façons
d'orienter mieux, et c'est pour ça qu'on demande, d'ailleurs, dans notre
mémoire, qu'il y ait un suivi. Alors, si on voit qu'une IPS demande 10 fois
plus de consultations que sa voisine, bien, je pense qu'il y aura lieu de faire
une formation supplémentaire, comme ça peut arriver à certains médecins
spécialistes ou à certains médecins omnipraticiens qui ne sont pas confortables
dans un secteur d'activité qui vont aller faire du ressourcement. Comme je l'ai
dit d'entrée de jeu, les médecins spécialistes apprennent jusqu'à leur retraite,
alors on souhaite que les IPS suivent la norme aussi.
Mme Robitaille : Merci
beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup, Mme la députée. Nous allons maintenant
terminer cet échange avec le député des Îles-de-la-Madeleine, et qui a une
demande.
M. Arseneau : Oui, M. le
Président. Est-ce que je peux récupérer le temps qui est laissé sur la table
par le député de Jean-Lesage?
Le Président (M. Provençal)
: Ça prend un consentement. Consentement?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Provençal)
: Merci.
M. Arseneau : Merci
beaucoup. Merci. Le grand luxe, aujourd'hui.
Bonjour. Merci. La question que je voulais
vous poser… D'entrée de jeu, vous vous dites favorables au projet de loi, mais est-ce
que vous y voyez une valeur ajoutée? Parce que vous dites : Bien, on est
favorables au projet de loi, et vous décrivez la situation actuelle. Et, lorsqu'il
est question d'élargir, vous dites : On a des préoccupations. Est-ce qu'il
y a une valeur ajoutée à ce projet-là pour votre pratique?
• (20 h 10) •
Mme Francoeur (Diane) :
Là, j'ai vraiment l'impression que j'ai raté mon coup si je ne vous ai pas
convaincu que nous, on en voulait plus, puis qu'on travaille bien, puis que
tout va bien en médecine spécialisée.
Évidemment qu'il y a une valeur ajoutée, mais
je pense qu'on peut toujours s'améliorer, dans la vie. Le projet de loi nous
inquiète parce qu'on trouve qu'au niveau de <la…
M. Arseneau : …est-ce
qu'il y a une valeur ajoutée à ce projet-là pour votre pratique?
Mme Francoeur (Diane) :
Là, j'ai vraiment l'impression que j'ai raté mon coup si je ne vous ai pas
convaincu que nous, on en voulait plus, puis qu'on travaille bien, puis que
tout va bien en médecine spécialisée.
Évidemment qu'il y a une valeur ajoutée,
mais je pense qu'on peut toujours s'améliorer dans la vie. Le projet de loi
nous inquiète parce qu'on trouve qu'au niveau de >la gouvernance on
aurait pu et on aurait dû aller plus loin. Nous ne sommes pas d'accord à ce qu'il
n'y ait pas d'examen à la fin, parce que je pense qu'un examen… et ça sera à
l'OIIQ de décider si c'est à une école, c'est un examen pratique comme on a,
nous, en médecine, est-ce que c'est un examen théorique, qu'on sait qu'aujourd'hui
ce n'est peut-être pas le meilleur moyen d'éviter un stage. Mais, oui, le
projet de loi… En fait, une commission parlementaire, c'est là pour trouver les
petits bobos qui manquent, alors c'est pour ça qu'on vous a fait des
recommandations. Mais, oui, il y a une valeur ajoutée, définitivement.
M. Arseneau : Et les
enjeux de gouvernance que vous avez identifiés, ce que je comprends, c'est qu'il
y a toute la question de l'ordre ou... en fait, de la formation, de quoi
s'agit-il?
Mme Francoeur (Diane) :
Bien, il y a au niveau de la formation, parce que nous, on a déjà prévu... Parce
que, par exemple, dans la formation, il y a déjà des IPS qui viennent en
médecine spécialisée, on voit plus celles qui sont dans nos secteurs
d'activité. Ça, c'est déjà tout organisé. Maintenant, cela dit, après ça, bien,
qui va faire l'évaluation? Qui va faire le suivi? Qui va faire le lien?
Je vais vous faire un parallèle avec deux
programmes qui ont eu des succès complètement à l'opposé. Il y a, je pense...
Moi, j'ai travaillé beaucoup sur l'établissement de l'Ordre des sages-femmes il
y a beaucoup, beaucoup d'années, et je pense que ça a pris du temps avant qu'on
s'apprivoise, qu'on se fasse confiance, mais maintenant la collaboration est à
l'agenda, et ça fonctionne très bien. Et, au niveau de la formation à l'UQTR, les
responsables du programme prennent ça vraiment au sérieux, les stages dans les
hôpitaux, tout est organisé, tout est planifié. Les évaluations, ça roule, ça
va super bien.
Il y avait un autre programme qui
s'appelait infirmière première assistante en salle d'opération, où la gouvernance,
ce n'était pas clair, c'était désorganisé. Bien, qu'est-ce qui est arrivé? Le
programme a été fermé. Alors, il est sur le point d'être peut-être réanimé, là,
mais, pour l'instant, il n'y a pas de graduées parce que ça ne fonctionnait pas
bien.
Alors, la gouvernance, ce n'est pas juste
quelque chose qui paraît bien, c'est quelque chose qui doit très vivant et
s'appliquer au quotidien. Et c'est important qu'on essaie de prévoir toutes les
problématiques d'avance et qu'on ait prévu des voies de passage, par exemple
qui va les évaluer. Quand tout va bien, il n'y en a jamais, de problème, mais
par contre, si on a quelqu'un qui est moins compétent, ou qui ne fait pas sa
formation, ou qui a des compétences qui ne sont peut-être pas à la hauteur, qui
va sonner l'alarme? Parce que c'est souvent des compétences médicales, parce
que ce sont des actes médicaux. Mais, si c'est jugé par un DSI, est-ce qu'on
sera aptes de juger ou pas? Alors, tout ça doit être déjà organisé dans les
établissements.
M. Arseneau : D'accord.
Merci, Mme Francoeur. Vous avez aussi fait référence, donc... vous venez
de faire référence aux sages-femmes. Il y a une question qui a été soulevée,
dans les consultations préalables, sur les suivis de grossesse. Est-ce que vous
avez une opinion là-dessus, sur les limites qu'on doit ou non imposer aux IPS
dans les suivis de grossesse?
Mme Francoeur (Diane) :
Tout à fait. Bien, comme je le disais dans notre allocution, on se questionne,
parce qu'effectivement il y a malheureusement des sages-femmes qui pourraient
être excellentes pour faire du suivi de grossesse mais qui n'ont plus la santé
physique ou la santé psychologique pour continuer à être de garde tout le temps
puis à être appelées tous les soirs, toutes les nuits, parce qu'en obstétrique,
quand on est en fonction, c'est 365 jours par année. Et on sait qu'il y en a
qui sont malheureuses, elles sont venues nous voir, mais, comme elles ne
peuvent pas sortir de leur cadre professionnel, elles ne peuvent pas faire que
des suivis. Alors, est-ce qu'on a optimisé ces ressources qui sont déjà toutes
formées, compétentes, etc.?
C'est sûr que, si on regarde, par exemple,
dans l'offre de services en obstétrique, il y a beaucoup d'acteurs : il y
a les sages-femmes, il y a des infirmières cliniciennes qui font des suivis de
grossesse dans les CLSC. L'important, c'est de... Encore une fois, lorsqu'on
parle de gouvernance, qui fait quoi, est-ce qu'on prend les bonnes personnes
pour faire les bons suivis? Nous nous questionnons, parce que, nous, comme
médecins spécialistes, lorsqu'on veut retourner nos patients à leurs médecins
de famille, il y a encore, malheureusement, 20 % de la population qui n'en
ont pas. Est-ce que les nouvelles IPS n'auraient pas été plus utiles dans un
domaine où il y a une chaise vide, là? Il y a 20 % de la population qui
ont besoin de services de première ligne, alors qu'on a d'autres acteurs qui
peuvent faire des suivis de grossesse. C'est la base de notre questionnement.
Le Président (M. Provençal)
: Je remercie les représentants de la Fédération des
médecins spécialistes du Québec pour leur contribution aux travaux.
Je suspends les travaux quelques instants
afin de permettre au <prochain groupe de prendre place. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à
20 h 15)
Mme Francoeur (Diane) :
...c'est la base de notre questionnement.
Le Président (M. Provençal)
:
Je remercie les
représentants de la
Fédération
des médecins spécialistes du Québec pour leur contribution aux travaux.
Je suspends les travaux quelques
instants afin de permettre au >prochain groupe de prendre place. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 20 h 15)
(Reprise à 20 h 18)
Le Président (M. Provençal)
: Je souhaite la bienvenue aux représentants de la Fédération
des médecins résidents du Québec. Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre exposé, puis nous procéderons à la période d'échange
avec les membres de la commission. Je vous invite à vous présenter et à
commencer votre exposé. Et maintenant je vous cède la parole.
Fédération des médecins résidents du Québec (FMRQ)
M. Campagna (Christian) :
Bien, tout d'abord, merci, M. le Président, merci, Mme la ministre, puis à tous
les membres de la commission de nous recevoir ce soir. Je suis le Dr Christian
Campagna, je suis président de la Fédération des médecins résidents du Québec.
Je suis accompagné, ce soir, de Me Patrice Savignac Dufour, qui est notre directeur
général, et de Mme Marie-Anik Laplante, qui est notre coordonnatrice aux
affaires syndicales. Donc, c'est vraiment une belle opportunité qu'on a, là, de
faire valoir notre point de vue sur le projet de loi n° 43.
Encore une fois, on vous en remercie.
Tout d'abord, d'entrée de jeu, présenter
qui je représente. La Fédération des médecins résidents, ça regroupe plus de
3 600 membres qui sont des médecins en formation postdoctorale. Ces
médecins-là, en fait, ont effectué une formation doctorale, qui va de quatre à
cinq ans, avant de débuter leur résidence. De ceux-là, il y en a une certaine
partie, à peu près 25 % de nos membres, qui vont aller vers la médecine
familiale, une durée de deux ans supplémentaires de formation s'applique; l'autre
partie, elle, va faire une formation qui va de cinq à sept ans pour toutes les
autres spécialités.
Ce qui est sûr, c'est que, durant notre
formation, mes collègues et moi-même, on est directement impliqués dans tout ce
qui est la dispensation des soins aux patients puis également, là, on est
présents dans plusieurs établissements de santé au Québec, que ça soit des
milieux universitaires, que ça soit des groupes de médecine familiale ou bien
que ça soit des hôpitaux régionaux. Et, même là, dans les soins à domicile, on
est partout pour apprendre notre métier. On travaille en moyenne environ
72 heures par semaine, puis ça, ça comprend faire l'évaluation, faire des
diagnostics différentiels, être capable de faire un plan de traitement, être
capable de prescrire la médication qui est appropriée pour le patient. C'est
certain que ça, ça vient avec un niveau de supervision qui s'adapte au niveau
de résidence puis qu'éventuellement, bien, on devient médecins.
Sans plus tarder, je m'enligne tout de
suite dans ce qui est la raison qu'on est ici aujourd'hui, donc pour parler du
projet de loi puis des impacts que nous, on peut percevoir, là, présentement,
pour la population québécoise puis aussi dans l'avenir. Donc, ce qu'il faut
dire comme commentaires généraux, c'est de dire qu'on est, tout d'abord, d'accord
pour dire que l'élargissement du rôle des IPS, notamment envers les soins de
première ligne, ça va pouvoir permettre d'augmenter l'offre de services puis,
par le fait même, l'accessibilité aux soins pour la population québécoise.
Il faut quand même dire, malgré cette
présence-là, hein, que les soins à la population, ce n'est pas les 2 000
ou 2 500 infirmières praticiennes qu'on anticipe d'ici cinq ans qui
vont combler tous les problèmes. Ça, on veut vraiment être clairs là-dessus,
parce que la population du Québec est en croissance puis elle est vieillissante,
donc ça va prendre l'épaule à la roue de plusieurs professionnels, dont les
médecins, dans l'avenir pour pouvoir combler tout ça.
• (20 h 20) •
Une autre chose qui <nous amène…
M. Campagna (Christian) :
...la population, ce n'est pas les 2
000 ou
2 500 infirmières praticiennes qu'on anticipe d'ici cinq ans qui
vont combler tous les problèmes, ça, on veut vraiment être clairs là-dessus,
parce que la population du Québec est en croissance puis elle est vieillissante,
donc ça va prendre l'épaule à la roue de plusieurs professionnels, dont les
médecins, dans l'avenir pour pouvoir combler tout ça.
Une autre chose qui >nous amène
à réflexion, puis là on parlait du rôle circonscrit plus des infirmières
praticiennes, pour nous, il se doit d'être circonscrit pour la même raison
qu'il faut être capable de faire la différence entre un médecin puis une IPS
sur le terrain, il faut être capable de faire la différence entre une IPS puis
un médecin résident dans les milieux de formation. Tout comme un médecin en
exercice va faire une formation qui s'étend sur plusieurs années pour être
capable de bien centrer son champ d'exercice puis aussi de reconnaître ses
propres limites, donc, cette circonscription-là du rôle médical est faite à
même la formation médicale et doit être aussi faite avec les IPS, si on
souhaite procéder avec le projet de loi.
Un autre point qu'on aimerait souligner,
puis ça touche vraiment la pratique future des IPS, puis on veut voir un peu
aussi ce que les gens en pensent autour de la table, on se demande comment on
va gérer les IPS qui, à partir de leurs nouveaux pouvoirs qui leur seront
octroyés, décideraient d'aller pratiquer au privé. Est-ce que ça a été pensé
que ça pouvait se produire, des situations comme celle-là? Vont-ils facturer
directement les services aux patients et ensuite demander des examens dans le
réseau public? Est-ce qu'on va en venir à un système à deux vitesses, à ce
moment-là? Comment on va l'encadrer? Par quels pouvoirs le ministère va
encadrer tout ça? Donc, nous, on sait que, présentement, la profession médicale
est régie, donc il y a un moyen de contrôler ce qui se passe dans le réseau
public et dans le réseau privé, donc on aimerait ça qu'il y aurait au moins cet
éclaircissement-là, à savoir qu'est-ce qui va se passer avec les IPS à qui on
donne plus de pouvoirs à partir de maintenant, ça, c'est certain.
Puis sinon je laisse ces questions-là un
peu en suspens pour passer aux points, là, plus détaillés qui vont aller en
lien avec le projet de loi actuel, puis plusieurs points furent évoqués aussi
par la FMOQ et la FMSQ. Nous, ce qu'on veut s'attarder, vraiment, c'est le
domaine que nous, on pense qu'on a quelque chose à apporter, c'est au niveau de
la formation. Donc, ce que j'ai envie de vous dire, c'est qu'on est inquiets,
quand même, de ce que l'OIIQ a fait dans les derniers mois, initialement,
d'annuler l'examen de formation au niveau des IPS pour ensuite en remettre un
qui est fondamentalement un examen qui va viser la déontologie et puis
l'éthique du travail beaucoup plus que les compétences cliniques. Évidemment,
un ordre professionnel, ça a à surveiller puis éventuellement à juger de la
qualité de l'exercice de l'acte médical fondamental, qui n'est pas,
présentement, là, une capacité qu'ils ont ou, en tout cas, qu'ils ont fait
semblant de démontrer qu'ils sont capables d'exercer. Ça semble un peu
discordant, le discours qu'ils nous donnent sur comment ils vont l'encadrer
puis ce qui est probablement nécessaire pour la population québécoise.
À ça, je vous ramène, là, à certains
articles du Règlement sur les classes de spécialités, puis je vais le lire pour
être, effectivement, au brûle-pourpoint. Le Règlement sur les classes de
spécialités d'infirmière praticienne spécialisée prévoit l'obligation pour
l'IPS de «se présenter à la première session de l'examen — entre
parenthèses, de spécialité — qui suit la date à laquelle elle a
obtenu son diplôme».
Également, ils ont un article 10, qui
prévoit que l'examen de spécialité va vraiment «porter sur les aspects
théoriques et cliniques de la classe de spécialité concernée. Il évalue
notamment l'intégration et l'application dans diverses situations cliniques des
connaissances et des habiletés acquises par l'infirmière, en vue de déterminer
si elle est apte à exercer de façon autonome à titre d'infirmière praticienne
spécialisée dans la classe de spécialité concernée.»
Donc, si ça, ça serait encore le cas, déjà
là, je pense qu'il y aurait une frontière qui serait beaucoup plus claire pour
nous. Cependant, on se retrouve avec l'examen qu'on a noté plus haut. Puis même
sur le site Internet de l'OIIQ, on retrouve que... compte maintenant
administrer un examen qui «évaluera non pas les connaissances des candidates
infirmières praticiennes spécialisées, car [...] les universités le font déjà,
mais déterminera plutôt si les candidates IPS maîtrisent de façon adéquate les
aspects juridiques et déontologiques encadrant leur pratique».
Pour nous, c'est un minimum, là, que ça
prend un examen de certification. Si on dote les IPS d'un pouvoir de
diagnostiquer, ça prend un véritable examen sanctionnel pour être capable
d'évaluer les capacités. Ce n'est pas le rôle des universités d'évaluer si moi,
je protège le public ou si ma pratique en termes de médecin est adéquate au
long cours, mais c'est clairement le rôle de l'ordre professionnel. Donc, vous
allez les recevoir demain en commission, j'aimerais particulièrement vous
entendre les questionner à savoir s'ils sont prêts à assumer ce rôle-là, et, si
ce n'est pas le cas, de trouver quelqu'un qui est prêt à l'assumer dans
l'entremise.
Juste pour vous donner un comparatif, les
médecins résidents, nous, bien, c'est sûr qu'on va être évalués à la fin de
notre formation doctorale. On va être évalués à chacun de nos stages durant la
résidence, qui s'échelonne sur plusieurs mois, des années. Ensuite de ça, on va
avoir un examen de certification canadien qui vient soit, pour les médecins de
famille, du Collège des médecins de famille du Canada ou bien du Collège royal
des médecins et chirurgiens, pour les autres spécialistes. Des gens comme moi,
on en passe deux, des examens du Collège royal en médecine interne, en
gériatrie. Certains de mes collègues vont en passer jusqu'à trois, en
hémato-oncologie. Donc, pour nous, c'est clair que, si on veut être, là, sur un
pied qu'on dit : On délivre des soins à la population, on pose des
diagnostics et on offre des traitements, il faut vraiment s'aligner vers
quelque chose comme ça pour être concordant avec la réalité qu'on est,
présentement, dans le système de santé. Sinon, on a aussi un examen, par
ailleurs, de déontologie, ALDO-Québec, qui est offert par le Collège des
médecins. Donc, on a déjà cette variante-là, on souhaiterait qu'ils la conservent
également dans le futur.
Pour ce qui est de leur formation <actuelle,
là aussi, on...
M. Campagna (Christian) :
…il faut vraiment s'aligner vers
quelque chose comme ça pour être
concordant avec la réalité qu'on est
présentement dans le
système
de santé. Sinon, on a aussi un examen,
par ailleurs, de déontologie
ALDO-Québec, qui est offert par le Collège des médecins. Donc, on a
déjà
cette variante-là, on souhaiterait qu'ils la conservent
également dans
le futur.
Pour ce qui est leur
formation >actuelle,
là aussi, on souhaite vous soulever certains points d'interrogation. On veut vraiment
qu'il y ait une qualité de diagnostic qui se fasse. Donc, les IPS vont-elles
bénéficier d'une formation en diagnostic différentiel qui va vraiment avec la
réalité qu'on a besoin d'adresser maintenant?
Ce qu'on se rend compte sur le terrain,
c'est qu'il y a vraiment une variabilité, une hétérogénéité entre les
différentes formations offertes par nos différentes universités. Donc, moi,
comme médecin en exercice, dépendamment d'où l'IPS a été formée, c'est peut-être
difficile de savoir à quoi m'attendre de ses connaissances au départ. Donc, on
ne parle pas, là, que ça fait trois ans qu'elle est dans la clinique, qu'on
s'est acclimatés, qu'on sait comment le professionnel travaille et que nous, on
travaille, mais, à partir de ce point-là, en début de pratique, comment on fait
pour s'arrimer? Ce n'est pas clair pour nous.
Également, comment on fait pour encadrer
ces IPS là dans les milieux de formation? Parce que, présentement, vous avez
des médecins superviseurs, vous avez également des résidents séniors, vous avez
des résidents juniors, tout ce beau monde-là cohabite dans un environnement
pyramidal où on connaît le niveau de formation à peu près de tout le monde à
mesure qu'il progresse. Quand on a une IPS qui rentre dans le dossier, je dois
vous avouer que, la plupart du temps, ce n'est pas clair à quel niveau on doit
la situer dans cette pyramide-là, comment on fait pour lui apporter des
connaissances qui vont vraiment l'aider dans sa pratique — parce que
sa pratique, comme je vous ai dit, est hétérogène — puis aussi
d'obtenir au moins les objectifs de stage, ce qui est fait probablement dans
certains milieux mais qui n'est pas globalisé, là, en fait, implanté dans l'ensemble
des programmes. C'est des mesures qui, selon nous, sont essentielles. Puis que ça
soit fait dès le début, que ça soit mis à même un projet de loi qui demande ces
choses-là pour que ça soit fait pour qu'ensuite on puisse rassurer tout le
monde, la population en premier, qu'on sait exactement quel endroit ou quelle
place ces personnes-là vont prendre dans le réseau de la santé québécois public
ou privé, comme je vous ai dit tantôt, ça restera à déterminer, ça aussi.
Donc, sans plus tarder, moi, ça passe à
travers la plupart des points que j'avais à vous présenter aujourd'hui. Je suis
sûr qu'on aura des bons échanges. Je vous remercie, encore une fois, d'avoir
pris du temps pour nous recevoir.
Le Président (M. Provençal)
: Je vous remercie pour votre exposé. Débutons la période
d'échange avec la partie gouvernementale. Mme la ministre, la parole est à
vous.
Mme McCann : Oui. Bonjour.
Merci, M. le Président. Bonjour. Dr Campagna, j'ai eu l'occasion de vous
rencontrer puis d'aller à une de vos assemblées fort intéressantes, avec
multitude de participants, puis je salue également Me Dufour et Mme Laplante,
présents avec vous.
C'est intéressant que vous soyez venus
discuter avec nous de ce projet de loi, parce que vous êtes dans une position
unique, hein, comme médecins résidents, et vous en parlez, vous y faites
allusion, vous avez fait allusion assez fréquemment dans votre présentation, et
moi, je suis très, très intéressée à vous entendre davantage sur cette
réalité-là. Quand vous dites, là : Nous, on est dans un milieu, et nous,
on est médecins résidents, et arrivent des IPS, puis il y a des médecins
séniors, là, des médecins médecins, là, et on ne sait plus trop, là, comment s'aligner
dans tout ça, j'aimerais vous entendre là-dessus, parce que vous parlez de
circonscrire le rôle du médecin et circonscrire le rôle de l'IPS. Comment vous
voyez ça, circonscrire ces rôles-là?
• (20 h 30) •
M. Campagna (Christian) :
Bien, je pense qu'on pourrait l'aborder de multiples façons. Pour revenir
peut-être au point d'introduction de votre commentaire, on a vraiment deux
réalités, hein? On a les IPS qui sont déjà, présentement, en pratique, soit en
première ligne, soit en deuxième ligne. Ces gens-là sont déjà présents dans les
stages quand nous, on arrive, hein, puis, un peu comme disait Dre Francoeur,
ils agissent un peu comme des résidents de mi-formation en surspécialité. Ils
ont des connaissances, ils peuvent nous apporter beaucoup dans notre
enseignement, à partir de là, quand on est vraiment en train d'apprendre les
fondements de discipline, donc on s'encadre avec ces gens-là. Puis ça, c'est un
peu plus facile, de se lier à ces gens-là puis d'être capable de comprendre,
aussi, leur réalité tout en suivant notre cheminement puis en ayant nos
médecins superviseurs.
L'autre situation qui est différente,
c'est quand on est à même de participer à la formation de ces futures IPS là.
C'est là qu'on remarque qu'on manque d'outils pour être bien capables de
comprendre c'est quoi qu'on doit leur apporter exactement, c'est comment qu'on
fait pour les aider à accomplir leur rôle au niveau de la population. Ce n'est
vraiment pas clair, pour nous, c'est quoi, une IPS, comparativement à un
médecin de famille. Je suis censé lui apprendre quoi, comparativement au
résident de médecine de famille qui vient faire un mois dans ma rotation, alors
qu'elle vient aussi faire deux mois ou il vient faire un mois dans ma rotation?
Comment je lui enseigne ce qui est pertinent?
Donc, pour nous, leur champ d'exercice, si
on est pour l'appliquer au sens large, ça demeure difficile de bien comprendre
c'est quoi, leur rôle. C'est comme ça que nous, on pense qu'on doit clairement
être capables de faire une distinction entre une IPS, un médecin de famille, un
spécialiste, tout comme les médecins de famille et les spécialistes, entre eux,
sont <capables de bien…
>
21 h (version révisée)
< M. Campagna (Christian) :
...réglementé par les autres provinces avant que ça rentre en oeuvre, puis que,
là,
présentement, soudainement, ça cause des problèmes de congestion
dans le
système de santé. Mais je vous invite juste à
peut-être
revoir ces
situations-là qui se présentent dans nos provinces voisines sans
pointer
quelqu'un du doigt.
M. Arseneau : D'accord. Et
puis la
question de l'hétérogénéité >de la formation, la question
a déjà été posée, mais ce n'est pas nécessairement basé sur les programmes de
formation mais sur les gens avec qui vous avez été en contact ou, carrément,
c'est la formation?
M. Savignac Dufour (Patrice) :
On les a regardés, les programmes de formation, puis, d'une université à
l'autre, vous allez voir les distinctions. Dans un cas de figure, on a vu deux
cours de 45 heures sur le diagnostic dans toute la formation des IPS, là,
mais ce n'est pas vrai dans d'autres universités. Alors, quand vous regardez
les cursus, vous pouvez constater les différences.
M. Arseneau : D'accord. On n'a
pas parlé, ici... Je ne sais pas si j'ai encore quelques secondes.
Le Président (M. Provençal)
:20 secondes.
M. Arseneau : La question, dernière
question, les suivis de grossesse, ça a été discuté. Est-ce que vous avez une
opinion là-dessus, à savoir s'ils devaient être restreints ou ouverts?
M. Campagna (Christian) : Moi,
je ne veux pas faire de microgestion dans un domaine. On pense que, si elles
ont atteint les capacités de le faire puis qu'on juge que ça va bien, pourquoi
pas? Ça pourrait être un endroit où elles ont une pratique autonome, puis je
pense qu'il y a des gens qui seraient très à l'aise avec ça. Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Je remercie les représentants de la Fédération
des médecins résidents du Québec pour leur contribution à nos travaux.
La commission ajourne ses travaux jusqu'au
mercredi 13 novembre 2019, après les affaires courantes, vers
11 h 30, où elle poursuivra un autre mandat.
(Fin de la séance à 21 h 1)