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Conférence de presse de Janique Lambert, commissaire au développement durable

Version finale

Le jeudi 25 avril 2024, 11 h

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Onze heures)

Mme Lambert (Janique) : Mesdames, Messieurs, bonjour. J'ai le plaisir de vous présenter aujourd'hui les résultats des travaux que nous avons accomplis au cours des derniers mois. Il s'agit de deux audits de performance liés au thème de l'agriculture. Nous avons aussi réalisé un suivi détaillé de trois audits de performance. Les résultats de ces travaux sont détaillés dans le rapport qui a été déposé un peu plus tôt aujourd'hui, à l'Assemblée nationale. Pour l'occasion, je suis accompagnée de Mme Moïsette Fortin, directrice principale d'audit.

Le premier audit porte sur la protection du territoire agricole. Le territoire agricole du Québec et les terres agricoles qui s'y trouvent sont une ressource qui est limitée, non renouvelable et essentielle à l'autonomie alimentaire des populations, ainsi qu'au développement du secteur bioalimentaire. Il est donc important de veiller à la protection et à la mise en valeur de ce territoire, au bénéfice des générations actuelles et futures.

Des enjeux à la pérennité du territoire agricole sont soulevés depuis plusieurs années, que ce soit la perte de superficie cultivée, la diminution des meilleures terres au profit des terres à potentiel agricole moindre ou encore l'établissement de la relève agricole. Notre premier constat est que les interventions du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, le MAPAQ, sont insuffisantes pour protéger et mettre en valeur le territoire agricole, notamment pour faire face aux enjeux qui menacent sa pérennité. Bien que le MAPAQ connaisse ces grands enjeux, il n'a pas élaboré d'orientations précises dans ses plans stratégiques ni dans la politique bioalimentaire pour y faire face. De plus, le ministère utilise peu ses programmes d'aide pour amener les bénéficiaires à mettre le territoire agricole en valeur.

Notre deuxième constat révèle que le MAPAQ et la Commission de protection du territoire agricole n'ont pas de portrait précis et complet du territoire agricole pour pouvoir suivre son évolution. Ainsi, le MAPAQ n'est pas en mesure d'évaluer l'efficacité de ces interventions. Quant à la commission, elle peut difficilement savoir si elle atteint l'objectif de la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles, qui est d'assurer la pérennité d'une base territoriale pour la pratique de l'agriculture.

Le troisième constat porte sur les activités de surveillance de la Commission de protection du territoire agricole, qui ne permettent pas de protéger efficacement la zone agricole. D'abord, sa surveillance est insuffisante pour détecter les infractions commises en zone agricole afin qu'elle puisse agir avec diligence pour corriger la situation. De plus, les vérifications que la commission effectue n'ont pas permis d'assurer le respect de l'ensemble des conditions ou n'ont pas été faites en temps opportun dans la moitié des dossiers d'autorisation que nous avons analysés.

Notre dernier constat est que la Commission de protection du territoire agricole n'utilise pas tous les moyens à sa disposition pour favoriser le respect des lois sous sa responsabilité. Par exemple, elle n'utilise pas le mécanisme de sanctions prévues dans la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles pour l'imposition d'amendes à des contrevenants.

Le deuxième audit concerne les pratiques agricoles en lien avec la santé et la conservation des sols. Les pratiques agricoles ont un effet sur la santé et la conservation des sols. Il importe donc que les producteurs adoptent des pratiques durables puisque des sols sains offrent plusieurs avantages économiques et environnementaux. Depuis des décennies, les sols agricoles québécois sont soumis à de nombreux problèmes qui entraînent leur dégradation. Citons, par exemple, la compaction ou encore la diminution de teneur en matières organiques des sols. De plus, l'agriculture est directement touchée par l'évolution du climat. Seulement en 2023, le gel, la grêle, l'excès de pluie et les épisodes de chaleur extrême ont rendu la saison agricole très difficile au Québec.

Nous avons d'abord constaté que le MAPAQ n'oriente pas efficacement les producteurs agricoles pour les amener à adopter plus rapidement des pratiques agricoles durables, favorisant la santé et la conservation des sols. Entre autres, il ne détient pas les connaissances nécessaires de l'état de santé des sols, de son évolution ainsi que des pratiques agricoles afin de mieux identifier les enjeux et établir les priorités. Il mise sur le Plan agriculture durable 2020-2030 pour accélérer l'adoption de pratiques agricoles durables. Cependant, certains enjeux importants ne figurent pas dans ces priorités. De plus, la mise en œuvre du plan repose sur les engagements de nombreux partenaires pour accompagner et former les producteurs. Il faudra du temps pour en arriver à des résultats concrets.

Notre deuxième constat est que le MAPAQ a mis en place des mesures qui manquent d'efficacité pour accélérer l'adoption de pratiques agricoles durables. Par exemple, il rejoint peu de producteurs avec ces trois programmes visant l'adoption de pratiques agricoles durables et il a une connaissance limitée des raisons de cette faible participation. Il ne considère pas suffisamment les mesures d'écoconditionnalité et d'écoresponsabilité, comme des outils qui permettent l'adoption des pratiques agricoles durables dans ces programmes. Il ne s'est pas non plus assuré de la cohérence entre ses objectifs sur la santé et conservation des sols et les critères de programme de soutien financier de La Financière agricole du Québec. Notons que cette dernière est en mesure de rejoindre la grande majorité des agriculteurs par l'entremise de ses programmes.

Notre dernier constat est que les conditions incluses dans les programmes de La Financière agricole sont insuffisantes pour accélérer l'adoption de pratiques agricoles durables qui favorisent la santé et la conservation des sols. En effet, il y a peu de mesures d'écoresponsabilité dans ses principaux programmes et le nombre d'entreprises agricoles rejointes est faible.

Le dernier chapitre présente les résultats du suivi détaillé de trois audits de performance liés au Fonds d'électrification et des changements climatiques, le FECC.

Des sommes considérables sont recueillies dans le FECC pour financer des actions destinées à lutter contre les changements climatiques. Le ministère de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs en est le gestionnaire. Une gestion rigoureuse de ces sommes est donc essentielle afin que le ministère assure l'atteinte des meilleurs résultats en matière de lutte contre les changements climatiques.

Entre novembre 2020 et juin 2022, nous avons publié trois rapports d'audit de performance liés au FECC. Depuis le dépôt de ces rapports, d'importants changements de responsabilités ont été apportés. Ces changements font en sorte que la quasi-totalité des recommandations formulées se retrouve désormais en dessous du ministère de l'Environnement. J'ai donc jugé nécessaire de combiner le suivi de l'application des recommandations de ces trois rapports.

Nos travaux nous ont notamment permis d'observer une bonification des outils prévus pour suivre les projets financés par le FECC pour les trois programmes que nous avions audités en 2020.

Le ministère de l'Environnement a également corrigé certaines lacunes soulevées à l'égard de l'évaluation de la performance et de la reddition de comptes des actions financées par le FECC. Cependant, nous jugeons que des efforts sont toujours nécessaires pour assurer la correction d'autres lacunes que nous avions relevées.

À l'égard de l'évaluation de la performance, le ministère de l'Environnement devait établir tous les indicateurs et les cibles adéquats préalablement à la mise en œuvre des actions financées par le FECC, et ce, dès l'automne 2022, ce qui n'a pas été le cas. De plus, des indicateurs et des cibles restent à déterminer afin que le ministère puisse mesurer les effets des actions mises en œuvre.

En ce qui concerne la reddition de comptes, des informations demeurent à bonifier afin que les utilisateurs puissent apprécier la performance des actions qui sont financées par le FECC.

De plus, reddition de comptes effectuée à l'égard des enjeux liés à la transition énergétique ne permet toujours pas d'informer adéquatement les décideurs.

Étant donné l'importance des responsabilités qui lui sont confiées en matière de lutte contre les changements climatiques, le ministère de l'Environnement doit poursuivre ses efforts pour améliorer sa gestion du FECC.

C'est ici que se termine ,a présentation du rapport. Je suis maintenant prête à répondre à vos questions.

Le Modérateur : Merci, Mme Lambert. On va prendre le temps qu'il faut pour les questions. Commençons avec, je vois qu'on n'est pas beaucoup, Caroline Plante, LaPresse canadienne.

Journaliste : Bonjour, Mme Lambert. J'ai quelques questions. Premièrement, pouvez-vous nous faire un portrait de l'état de santé des sols? Alors, est-ce qu'il y a un pourcentage des sols qui sont en bonne santé, est-ce qu'il y a un pourcentage qui sont en moins bonne santé? Est-ce qu'on peut avoir une espèce de portrait de la situation?

Mme Lambert (Janique) : En fait, c'est un des constats que nous formulons au ministère, au MAPAQ, c'est qu'il n'a pas une bonne vue de la situation de l'état de situation. Il a fait un premier portrait de l'état des sols en 1990. Un peu plus de 30 ans plus tard, il a fait la commande de faire un autre portrait, peut-être pas aussi complet que le premier, mais qui vient... qui a été publié en 2023. Mais c'est ce qu'on dit. Dans le fond, il faut qu'il y ait... Puis, dans notre rapport, ce qu'on dit... C'est sûr qu'il y a eu une dégradation. L'étude de 2023 le mentionne, qu'il y a encore certaines régions, dont la Montérégie, que les sols... ils ont remarqué plus de compactage, en tout cas, différents signes qui sont en lien avec la dégradation du sol. Donc, les constats de ces deux études-là sont à peu près les mêmes. Mais nous, ce qu'on nous disons au MAPAQ, ce que nous recommandons au MAPAQ, c'est de s'assurer d'avoir une information qui n'est pas ponctuelle, c'est-à-dire de s'assurer de toujours avoir une information pour être en mesure de déterminer les bonnes priorités puis donner les bonnes orientations en ce sens.

Journaliste : Est-ce qu'ultimement il y a des terres qui ne seront plus cultivables à terme, là, s'il n'y a pas de changement majeur? Est-ce qu'il y a des terres qui vont être carrément incultivables?

Mme Lambert (Janique) : Il y a toujours un risque. Le rapport ne le dit pas, mais, si on se situe dans un contexte de changements climatiques, on voit... en 2023, on a eu une saison agricole assez difficile. Quelle sera 2024? On ne le sait pas. Quel sera l'avenir? On s'en doute. Mais c'est d'autant plus important quand... Parce que c'est prouvé, des sols en santé, des sols agricoles en santé, ça permet d'être résilient aux changements climatiques. Ça n'a que des effets bénéfiques, donc d'où l'importance au ministère de... de l'Environnement... au ministère de l'Agriculture d'avoir un bon portrait, donner des bonnes orientations puis s'assurer, via ses programmes ou autres moyens qui lui est propre, de donner un certain virage pour que les sols soient de meilleure santé et mieux résilients.

Journaliste : J'aurais d'autres questions si les collègues me le permettent, là. Est-ce que je peux poursuivre? O.K., parfait. J'étais intéressée par la Commission de protection du territoire qui fait une surveillance non efficace de la zone agricole. Puis on voit qu'il y a très peu de sanctions, là, finalement, quand il y a des dommages qui sont causés. Est-ce que la commission fait preuve de laxisme? Qu'est-ce qui se passe?

Mme Lambert (Janique) : Ce qu'on... Il y a deux grands constats que nous avons identifiés dans cet audit, bon, premièrement, qu'encore elle n'a pas un portrait du territoire qu'elle protège, mais également elle n'a pas... elle donne des autorisations pour des usages non agricoles, mais elle ne connaît pas les effets cumulatifs de toutes ses autorisations. Ça fait qu'un premier constat qui est davantage au niveau de la connaissance, autant de la connaissance des effets cumulatifs de ses actions que du territoire agricole dans son entièreté, mais également au niveau de la surveillance... Parce que, notre audit, on voulait voir si elle exerçait une surveillance suffisante, justement, pour protéger le territoire agricole. Bien, ce que nous avons vu, c'est qu'elle se fie... dans le fond, elle se fie davantage sur les dénonciations qu'elle reçoit, donc de citoyens, de MRC ou de... Ça fait que c'est ce que nous disons.

Tu sais, souvent, lorsqu'il y a un dommage fait sur le territoire agricole, bien, des fois, il est trop tard. Si on coupe un érable dans une érablière, ça prend des dizaines d'années avant de ravoir... Ça fait que ce sont des... C'est interdit par la loi de faire de telles actions. Ça fait que, souvent, ils l'apprennent par un citoyen, et tout.

Ça fait que ce qu'on lui recommande, c'est peut-être de... selon les ressources qu'elle détient, c'est de développer peut-être, d'autres mécanismes, avoir des relations avec les MRC, essayer de trouver d'autres façons pour faire en sorte que sa surveillance soit meilleure puis pour que, si elle arrive toujours à... c'est déjà fait, le territoire agricole est déjà détruit, bien, ça devient difficile puis ça prend du temps, quand c'est possible, à remettre une terre agricole fonctionnelle pour les fins de l'agriculture.

Journaliste : J'ai lu dans le rapport que la commission répond qu'elle manque de ressources, mais vous dites dans le rapport qu'elle pourrait les demander, les ressources, hein, c'est bien ça?

Mme Lambert (Janique) : Bien, la loi, sa loi... elle peut faire des demandes au ministre, autant au niveau des sanctions administratives que... Tu sais, il y a quand même une certaine... il y a une possibilité dans sa loi de faire des demandes au ministre, ce qu'elle n'a pas fait. Ça fait qu'on a une loi qui protège bien notre... Il y a une loi, du moins, qui protège le territoire. On a identifié un organe de contrôle pour voir... en sorte que le territoire soit bien protégé. Mais là, par la suite, en termes de surveillance, bien, c'est important que, peu importe le moyen qu'elle pourra trouver... mais certainement elle doit améliorer sa surveillance du terrain.

Le Modérateur : Nicolas Lachance, Le Journal de Québec.

Journaliste : Oui, bonjour. Je vais rester dans... avec les terres agricoles. Vous parlez que la transition énergétique peut être une menace aux terres agricoles. Par exemple, est-ce que des projets comme TES Canada, qui ont fait les manchettes, sont... est un projet qui peut nuire aux terres agricoles, selon vous, les projets d'éolien, plus particulièrement?

Mme Lambert (Janique) : Il y en a beaucoup, de projets. Si on regarde, depuis la pandémie, bon, beaucoup de gens se sont éloignés des grands centres, donc ça a exercé une certaine pression pour développer des... faire des développements dans des zones qui, peut-être, pouvaient être près ou qui pourraient menacer une terre agricole. C'est ce qu'on dit. Il y a des risques présents, mais il y a des risques futurs. Justement, au niveau de la lutte aux changements climatiques, il y a des moyens qui se sont développés pour faire en sorte d'y faire face, mais il faut être à l'affût parce qu'il faut toujours... tu sais, il faut toujours être prudent. Notre territoire... vous avez vu, on n'a pas tant de territoire agricole par habitant au Québec. Donc, si... Puis ça aussi, la pandémie, hein, l'autonomie alimentaire, c'est devenu comme une notion, comme nouvelle, un peu pour plusieurs citoyens du Québec. Donc, si on veut s'assurer d'avoir une certaine autonomie alimentaire, bien, il faut avoir des terres agricoles puis il faut s'assurer qu'elles soient en santé. Ça fait que c'est de tout ça à avoir en tête dans l'aménagement du territoire aussi. Mais vous avez raison, c'est un projet parmi tant d'autres qui peut exercer une pression sur les terres agricoles.

Journaliste : Donc, ces projets-là peuvent... Dans leur ensemble, les projets d'éolien, plus particulièrement, est-ce qu'ils exercent et/ou vont exercer une pression sur... c'est l'évaluation que vous en faites?

Mme Lambert (Janique) : Ils pourraient, comme je...

Journaliste : Ils pourraient?

Mme Lambert (Janique) : Oui, ils pourraient. C'est ce que je mentionne dans le rapport, c'est qu'il y a plusieurs... comme l'urbanisation, comme... puis comme les effets des changements climatiques aussi peuvent exercer une pression sur notre territoire agricole.

Journaliste : Je vais continuer sur le Fonds d'électrification des transports...

Mme Lambert (Janique) : Changements climatiques.

Journaliste : ...et de changements climatiques. Bien, ça fait plusieurs rapports que c'est sensiblement la même chose. C'est les indicateurs qui sont défaillants. En parallèle, on a toujours le discours du gouvernement qui dit qu'ils sont les meilleurs en Amérique du Nord. Même la France est venue dernièrement féliciter le gouvernement du Québec pour son plan, pour ce fonds également. C'est qui qui a raison? Où se situe le Québec réellement? Est-ce qu'on est bon ou on n'est pas bon?

Mme Lambert (Janique) : Ça dépend sur quoi se base l'évaluation. Lorsqu'on base... C'est sûr que mon rapport, je ne pourrais pas me positionner ici, aujourd'hui, pour dire : Est-ce que le Québec est meilleur qu'ailleurs en niveau de la gestion globale, la gestion climatique globale? Le rapport, le suivi que je fais, c'est en lien avec la gestion du fonds qui finance la majorité des actions choisies pour arriver à la lutte aux changements climatiques. Ça fait qu'on peut dire que, bon, il peut y avoir une certaine analyse qui est faite globalement, une gouvernance globale. Mais moi, ici, ce que... ce dont je parle, je vous entretiens aujourd'hui, c'est au niveau de la gestion du fonds climatique, dont le ministère de l'Environnement est l'ultime gestionnaire. Donc, c'est beaucoup d'argent. On parle de milliards de dollars. À ce jour, on parle de 9 milliards de dollars et, à venir, autant. Puis ce sont des fonds publics. D'où la nécessité de s'assurer que chaque action choisie qui vient avec un coût, bien, il faut s'assurer que c'est la meilleure action qui va permettre d'avoir les meilleurs résultats, parce qu'ultimement c'est pour atteindre la réduction des gaz à effet de serre de 37,5 % pour 2030. Ça fait que c'est pour ça qu'on est aussi, je dirais, intense, je ne sais pas si... on a une intensité un peu plus grande sur le fait de toute la nécessité de faire une évaluation de la performance, mais préalable avant de donner le go du financement sur une action.

Journaliste : Donc... Et cette gestion-là, est-ce que vous avez déjà fait des comparatifs avec d'autres États, comment eux gèrent leurs fonds pour... leurs fonds?

Mme Lambert (Janique) : Non. Dans les mandats que nous avons faits, qui font état de ce suivi, les trois mandats, il n'y avait pas de comparatif de fait. Puis quand on fait un suivi, ce n'est pas un nouvel audit de performance que nous avons effectué. Donc, nous n'avions pas à faire des comparables avec d'autres organisations. Mais, vous savez, j'ai un mandat de faire, au moins une fois par année, un rapport à l'égard du FECC. Puis en plus, dans le plan stratégique de l'organisation du Vérificateur général, je me suis mis un engagement de faire au moins, par année, deux mandats, biodiversité et changements climatiques. Ça fait que... Ça sera certainement dans les prochains rapports qu'on pourra faire une telle comparaison.

Journaliste : D'accord, merci.

Le Modérateur : Charles Lecavalier, La presse.

Journaliste : Bonjour.

Mme Lambert (Janique) : Bonjour.

Journaliste : Sur le FECC, là, j'aimerais ça vous entendre. Est-ce que vous... Est-ce que vous avez une position? Est-ce que vous trouvez que c'est une bonne idée... On sait qu'il a un surplus, là, dans le FECC, qui est assez important, 1,7 milliard. Et la position du gouvernement, c'est qu'il souhaite ne pas le dépenser, cet argent-là, alors qu'on a quand même des cibles qui ne sont pas atteintes, là, pour... d'ici 2030. Donc, est-ce qu'il devrait... Est-ce qu'on devrait, disons, précipiter ces dépenses-là? Est-ce qu'on devrait utiliser cet argent-là?

Mme Lambert (Janique) : Ma principale préoccupation... Vous savez, il y a eu beaucoup d'argent à ce jour. Combien il y en aura dans le futur, on ne le sait pas, puis on a quand même encore un bon défi pour rencontrer notre cible établie. C'est d'autant plus important de choisir vraiment, là, stratégiquement, de choisir les actions les plus porteuses qui auraient un plus grand bénéfice pour être en mesure d'atteindre notre cible. Ça fait que moi, ma préoccupation est davantage de s'assurer de mettre l'argent au bon endroit que la somme qui peut être mise en surplus présentement, c'est dans l'état financier, 1,7. Mais il ne faut pas oublier la comptable en moi, il y a une note aux états financiers, il y a quand même 600 millions d'engagés. Ça fait qu'on parle environ d'à peu près à 1 milliard.

Journaliste : Le ministre Girard, là, au dépôt de son budget, bon, a annoncé qu'il allait mettre fin, là, aux subventions pour l'achat d'autos électriques. Puis c'est intéressant, pour le justifier, il a dit : C'est une mesure qui coûtait plus cher, tu sais, en dollars, disons, versus la réduction des émissions de GES. Est-ce que vous êtes capables d'avoir un portrait clair de toutes les actions versus la réduction d'émissions de GES qu'on peut y associer? Puis est-ce que c'est une bonne décision, justement, d'avoir annulé cette subvention-là?

Mme Lambert (Janique) : Bien, vous vous en doutez bien que je ne commenterai pas la décision du ministre des Finances d'avoir mis fin éventuellement à ce programme. Mais, vous voyez, de par cette remarque, vous voyez l'importance, toute l'importance, d'avoir la réflexion préalable. Avant de donner l'accord pour une action, un programme, ou peu importe, il faut s'assurer d'avoir le plus grand impact sur la réduction des GES, notamment.

Journaliste : Mais donc... je poursuivre la question, même si on comprend un peu ce que vous en pensez, est-ce qu'on a... est-ce qu'on est capable d'identifier... Disons, c'est quoi la proportion de mesures où on peut dire : Voici ce qu'on a pour notre argent en termes de réduction d'émissions de GES?

Mme Lambert (Janique) : On a quelques... On a identifié quelques lacunes... bien, lacunes, éléments d'amélioration qui devraient être apportés, notamment au niveau de la reddition de comptes. Ce qu'on dit présentement, c'est que même si le ministère de l'Environnement a amené des modifications, des améliorations au niveau de la reddition de comptes... avant, c'était très éparpillé, là, c'est davantage un peu plus circonscrit dans environ quatre documents, mais n'empêche, si on veut savoir... justement, pour répondre à votre question, bien, il faut être en mesure de, clairement, rapidement... être en mesure de dire : Cette action-là, combien qu'on avait budgété, combien qu'on a investi à ce jour puis qu'est ce que ça a donné? Puis est-ce que ça a donné les effets escomptés qu'on avait identifiés au début? Ça paraît... vous avez raison de dire que je reviens, bon, avec les indicateurs, mais c'est très important.

Journaliste : ...ça n'existe pas, là.

Mme Lambert (Janique) : Il y a des améliorations à apporter. Pour l'instant, ce que nous disons au ministère, c'est qu'il doit continuer à apporter des améliorations pour... au niveau de l'information financière, là, qui n'est pas... parce qu'il donne l'information... on connaît l'information réelle à chaque année. Oui, mais l'année passée, le cumulatif... C'est de l'information qui est hyper... pour une gestionnaire, là, c'est de l'information hyper nécessaire. Présentement, ce n'est pas le cas. Ça fait qu'on a identifié quelques éléments. Même au niveau des GES, au niveau de la reddition de comptes au niveau des GES, ce qu'on leur dit, c'est qu'on peut calculer... il peut avoir différentes façons de calculer le montant de gaz à effet de serre. Et le ministère présente des données, mais ces données ne sont peut-être pas comparables parce qu'il peut y avoir eu des différentes façons de les calculer. Puis ça, ce n'est pas mentionné. On dit : Du moins, mentionnez-le, de quelle façon, avec quelle méthodologie vous avez utilisée pour avoir votre mesure. Est-ce que tu rajouterais quelque...

Mme Fortin (Moïsette) : Bien, j'ajouterais que, ce qui est important, c'est de lier l'information financière avec l'évaluation de la performance. Et ça, présentement, c'est très... ce n'est pas possible de le faire avec l'information qui est disponible.

Journaliste : Et juste pour terminer là-dessus, est-ce qu'on peut faire... C'est quoi, le pourcentage, disons, de dépenses associées, là, au FECC où est-ce qu'on n'est pas capable, disons, d'avoir des indicateurs fiables? Est-ce que vous avez une idée?

Mme Lambert (Janique) : Bien, il y a des... On dit que, pour un peu plus de 2 milliards, je crois, ou, en tout cas, à peu près, je vais dire 2 milliards, à peu près...

Journaliste : 2,7.

Mme Lambert (Janique) : Ah! 2,7. Merci, il y a beaucoup de chiffres, près de 3 milliards de dollars, il manque encore des indicateurs d'effets et des cibles pour être en mesure de dire... Parce qu'il y a le préalable, mais, par la suite, il faut s'assurer de voir: est-ce que ça a donné les effets escomptés? Et pour près de 3 milliards de dollars du fonds, il n'y a pas encore d'indicateurs de cet ordre.

Journaliste : Je vais me permettre quelques questions. François Carabin, Le Devoir. Là-dessus, pour finir sur ce sujet-là, donc malgré le dépôt annuel du PMO, du Plan pour une économie verte, vous... il y a 2,7 milliards de dollars pour lesquels vous n'êtes pas capable d'associer de réduction de gaz à effet de serre claire...

Lambert (Janique) : D'indicateurs de résultat.

Journaliste : C'est ça.

Mme Lambert (Janique) : Oui.

Journaliste : Malgré le dépôt du PMO, là, qui est...

Mme Lambert (Janique) : Oui. Le PMO, c'est un... dans le fond, c'est le plan d'action, je dirais, il y avait le plan de mise en œuvre qui est revu à tous les ans, c'est le plan pour faire en sorte de mettre en place ce qui est prévu dans le Plan pour une économie verte, mais il est revu à chaque année. Ça fait qu'on... Ça fait que, ça, c'est les actions qui sont revisitées. Mais, pour les actions qui ont été accordées, nous, ce qu'on dit, c'est que : Bien, vous devez au moins émettre des actions, des indicateurs, des cibles... des indicateurs d'effets puis des cibles correspondantes. Parce que, présentement, pour la majorité, il y a des indicateurs, c'est une amélioration que le ministère a faite, mais c'est souvent des... c'est plutôt des indicateurs... souvent des indicateurs d'actions ou de... je ne me souviens plus de la terminologie...

Mme Fortin (Moïsette) : ... de projets.

Mme Lambert (Janique) : ...nombre de projets, tout ça. Mais on dit : Bien, et puis, qu'est-ce que ça donne, quel est l'effet sur la lutte aux changements climatiques? Ça fait que c'est ce petit bout-là, là, qui demeure manquant.

Journaliste : Je trouvais ça intéressant, que... bon, votre point de vue sur les surplus du Fonds d'électrification et de changements climatiques, parce qu'anciennement le Conseil de gestion du Fonds vert avait rendu un rapport dans lequel il indiquait que... ou déplorait que les fonds s'accumulent année après année dans le Fonds vert. Là, je comprends qu'il y a une nuance, là. Évidemment, vous n'êtes pas le Conseil de gestion du Fonds vert, mais j'aimerais juste que vous m'expliquiez pourquoi vous ne partagez pas la position qui était autrefois...

Mme Lambert (Janique) : On avait sûrement des...

Journaliste : ...disons, émise par le Conseil de gestion du Fonds.

Mme Lambert (Janique) : On avait sûrement des contextes différents. Je n'étais pas... À l'époque, je ne sais pas combien il y avait au niveau...

Journaliste : C'était quelque chose comme 900 millions à l'époque, là, si je me rappelle bien.

Mme Lambert (Janique) : ...de montant accumulé, mais... Puis peut-être que c'était une problématique à l'époque. Mais, présentement, il y a eu beaucoup... je pense qu'il y a eu un tour de roue de fait pour enclencher, faire des actions. Puis, de toute façon, il faut toujours penser que l'objectif du gouvernement, c'est d'atteindre une cible pour 2030. C'est dans quelques années, puis un défi demeure. Ça fait que peut-être qu'à une époque il y avait peut-être un retard dans l'utilisation de ces fonds-là, mais, aujourd'hui, avec ce qui doit encore être réalisé, comme je dis, il y a un défi qui est présent, qui demeure, bien, c'est important que ce soit mis à la bonne place puis pas utilisé pour... quand il y a d'autres programmes déjà existants, comme j'en fais mention dans mon rapport. Ça fait que c'est important d'utiliser les sommes pour faire une lutte adéquate aux changements climatiques.

Journaliste : Parfait. Merci. Je vais revenir sur l'agriculture. Vous mentionnez les risques que ça pose pour l'avenir bioalimentaire du Québec puis même les objectifs d'autonomie alimentaire du Québec. Est-ce que c'est possible de nous préciser à quels risques s'expose le Québec s'il ne protège pas adéquatement son territoire agricole, sur le plan précisément de l'autonomie alimentaire?

Mme Lambert (Janique) : Bien, pour avoir une autonomie alimentaire, il faut avoir un territoire agricole, mais pas seulement qu'un territoire agricole, il faut des sols sur lesquels on puisse exercer des activités agricoles, mais qui soient porteuses, qu'il y ait un rendement, qu'on puisse... face aux aléas climatiques qui vont... qui sont présents, qui vont arriver, bien, qu'on puisse être en mesure de cultiver cette terre. Ça fait que c'est tout ça mis ensemble qui fait en sorte que, si on ne le prend pas en charge, bien, il y a certainement un risque sur l'autosuffisance alimentaire.

Journaliste : O.K. Vous mentionnez à quelques reprises dans le rapport la possibilité de lancer une banque de terres arables, là, que le gouvernement... en tout cas, ce n'est pas une avenue que le gouvernement a empruntée jusqu'ici. Ce serait quoi, les avantages de cette mesure-là? Puis est-ce qu'il y a d'autres aspects dans la loi qui sont permis, dans la loi sur l'aménagement des terres agricoles, qui sont évités ou qui sont balayés du revers de la main par le gouvernement?

Mme Lambert (Janique) : : Bien, en partant, la banque de terres, c'est prévu dans la loi. Ils ne l'ont jamais utilisé, cet aspect-là. Puis c'est davantage... Peut-être, Moïsette, me sortir les deux aspects au niveau de la banque de terres.

Mme Fortin (Moïsette) : Dans le fond, c'est pour la propriété foncière, si je me souviens bien, puis c'est aussi pour suivre...

Mme Lambert (Janique) : Assurer une relève agricole.

Mme Fortin (Moïsette) : ...assurer la relève agricole. Dans le fond, c'est l'objectif des deux... d'avoir une banque de terres. Bon, est-ce que c'est cette option-là qui doit être faite? Mais nous, on recommande au ministère de s'assurer qu'il va pouvoir avoir de l'information suffisante sur le territoire agricole.

Journaliste : O.K. Juste pour bien comprendre, en quoi ça consisterait, une banque de terres arables? Puis en quoi ça aiderait la relève agricole à avoir un meilleur accès aux terres?

Mme Lambert (Janique) : Il pourrait y avoir une possibilité de location... Si tu as plus d'information détaillée, tu pourras me reprendre. Mais il y a une possibilité... ça ouvre à une porte de location... d'accessibilité, dans le fond, au niveau des terres par la relève agricole. C'est ça?

Mme Fortin (Moïsette) : C'est ça, puis de détenir aussi... de savoir qui détient les terres puis... C'est toute cette information-là qui pourrait permettre, là, une plus grande relève agricole, avoir accès à l'information.

Journaliste : Parfait. Merci. Moi, ça fait le tour.

Journaliste : ...

Le Modérateur : Caroline.

Journaliste : Dans le rapport, corrigez-moi si je me trompe, mais on parle de la politique de souveraineté alimentaire de 2013 qui n'a jamais été mise en œuvre. Pouvez-vous élaborer un peu là-dessus? Est-ce que ça aurait été bien de la mettre en œuvre? Et pourquoi ce serait nécessaire?

Mme Lambert (Janique) : Bien, ce que nous avons soulevé dans... ce qu'on cherchait à déterminer, autant pour la protection du territoire agricole que les pratiques agricoles, c'est de voir historiquement qu'est-ce qui a été mis en place au sein du ministère pour... puis voir est-ce qu'il y avait des éléments liés aux pratiques agricoles durables, est-ce qu'il y avait des éléments liés à la protection du territoire agricole. Puis ce qu'on a constaté, c'est qu'il y avait certains éléments au niveau de la politique de souveraineté alimentaire, puis effectivement elle n'a jamais été mise en œuvre. On ne connaît pas... on n'a pas officiellement les réponses du pourquoi de cette non-mise en œuvre, mais... puis c'est difficile pour nous de... pour moi de dire si ça aurait été une bonne chose qu'elle soit mise en œuvre. Ce n'est pas... ce n'est pas un élément qu'on a couvert par notre rapport. Par contre, de façon factuelle, on a soulevé certains éléments qui étaient prévus dans cette politique puis... ça fait que, de façon factuelle, pour dire que, finalement, elle n'a jamais été mise en œuvre.

Journaliste : Qu'est-ce que ça aurait apporté, disons? Qu'est-ce que ça nous aurait donné, là?

Mme Lambert (Janique) : Bien, on a une... Vous savez que, lorsqu'on a une politique, on a certains objectifs, après ça, c'est toute la mise en œuvre. Ça fait que pour dire qu'est-ce que ça aurait donné, bien, il aurait fallu qu'elle soit mise en place puis qu'elle soit mise en œuvre, puis nous, on aurait pu constater finalement qu'est-ce que ça a donné. Ça fait que c'est difficile pour moi de... aujourd'hui de prendre un document qui n'a jamais été mis en œuvre pour savoir finalement le résultat concret sur le terrain. Ça fait que c'est un peu difficile pour moi de répondre aujourd'hui à cette question.

Journaliste : Merci.

Le Modérateur : Merci à vous. C'est ce qui met fin à cette conférence de presse.

Mme Lambert (Janique) : Merci.

(Fin à 11 h 34)

Participants

  • Leclerc, Guylaine

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