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(Onze heures trente-quatre minutes)
Le Modérateur : Alors,
bonjour à tous. Bienvenue à ce point de presse du Parti Québécois sur le suivi
de pétition à l'Assemblée nationale demandant l'uniformisation des mesures de
base en prévention du suicide dans les unités de psychiatrie de tous les CISSS
et CIUSSS du Québec. Prendront la parole, lors de ce point de presse, M. Joël
Arseneau, porte-parole en matière de santé et de services sociaux du Parti
québécois et député des Îles-de-la-Madeleine, bien évidemment, M. Daniel
Lepage, instigateur de la pétition, Mme Myriam Lafond, du Regroupement des
centres de prévention du suicide du Québec, et finalement Mme Kim Basque,
directrice de la formation de l'Association québécoise de prévention du
suicide.
M. Arseneau : Alors, merci
beaucoup. Aujourd'hui, on est rassemblés pour faire écho à une pétition qui a
été déposée à l'Assemblée nationale il y a de ça un peu plus d'un mois. En
fait, c'est une pétition initiée par Daniel Lepage ici présent, une pétition
porteuse d'un message important, un message fort, un message urgent. Sa fille,
vous le savez, pour ceux qui ont suivi l'actualité, s'est tragiquement enlevé
la vie le 9 avril 2021, alors qu'elle était hospitalisée à l'unité des
soins psychiatriques de l'Hôpital de Trois-Rivières. Elle s'est enlevé la vie
avec du matériel qui lui avait été remis lors de son admission à l'hôpital. Ce
drame, bien entendu, était évitable, et il aurait dû sonner l'alarme auprès des
autorités ministérielles et auprès des gestionnaires de la santé du Québec.
Malheureusement, ça aura pris trois ans pour que le CIUSSS de la Mauricie et du
Centre-du-Québec retire les objets en cause. Pourquoi avoir attendu aussi
longtemps?
Qu'en est-il dans les autres CISSS et
CIUSSS du Québec? Pourquoi, encore aujourd'hui, permettre que de telles
disparités que l'on devine persistent d'un établissement à l'autre, d'un CISSS,
d'un CIUSSS à l'autre? C'est ce à quoi veut répondre la pétition de M. Lepage
qui a recueilli 2 400 signatures, en appelant à l'uniformisation des
mesures de base en prévention du suicide dans les unités de psychiatrie des
CISSS et des CIUSSS de l'ensemble du Québec.
Il s'agit d'une demande qui est évidemment
pleine de bon sens, qui s'aligne parfaitement également avec les objectifs de
la Stratégie nationale de prévention du suicide 2022-2026, portée par le gouvernement
du Québec lui-même. Demain, je vais présenter cette pétition à une rencontre de
travail de la Commission de la santé et des services sociaux pour convaincre,
tenter de convaincre les parlementaires de se saisir de ce dossier-là et de
pouvoir approfondir la question pour faire des recommandations au gouvernement
du Québec dans le sens de l'uniformisation des pratiques. Donc, je vais en
appeler demain au bon sens et au bon jugement de mes collègues parlementaires
pour que la commission accepte de saisir... de se saisir de cette pétition et
de l'étudier sérieusement et dès maintenant. On ne peut pas se permettre ici,
au Québec, que la prévention du suicide soit à géométrie variable selon le code
postal du patient. La vie des patients mérite des balises claires, rigoureuses,
équitables, précises à toute l'échelle nationale.
J'inviterais maintenant, sur le même
thème, à prendre la parole M. Lepage.
M. Lepage (Daniel) : Bonjour,
tout le monde. Écoutez, j'imagine que plusieurs d'entre vous se posent la
question : Qu'est-ce qui m'a motivé à initier cette pétition? Bien,
premièrement, comme l'a dit M. Arseneau, ma fille Audrey-Anne s'est enlevé la
vie en psychiatrie, dans un Hôpital de Trois-Rivières, en utilisant de
l'équipement et du matériel qu'on lui a remis à son admission. Pourtant, à son
admission, soit quatre jours avant le drame, elle avait mentionné avoir des
idées suicidaires.
Deuxièmement, ce qui a motivé cette
démarche de pétition, c'est que je crois que ma demande peut éviter à d'autres familles
la perte d'un proche. Vous savez, actuellement, l'application des mesures en
prévention du suicide, dans les unités de psychiatrie de nos établissements de
santé au Québec, tient compte des particularités de chaque région, laissant à
chaque CISSS et CIUSSS le choix des mesures à mettre en place. Cela se justifie
par des enjeux qui peuvent différer selon chaque région. Par exemple, il est
possible que certaines mesures appliquées dans le Nord-du-Québec ne soient pas
forcément pertinentes à Montréal ou en Gaspésie. Néanmoins, ces mesures de
prévention... dans ces mesures de prévention, il en existe certaines qui
devraient être considérées comme de base et qui n'ont rien à voir avec la
spécificité d'une région. L'absence de mesure de base uniformisée amène une
certaine incohérence dans le système... dans notre réseau de la santé.
Je me permets de vous exposer cela par un
exemple. En mai 2021, soit un mois après le décès de ma fille, peut-être sans
égard à l'événement qui s'était passé à Trois-Rivières, le CISSS de la
Montérégie-Centre proscrivait le matériel utilisé par ma fille lors de son
suicide dans... dans ces unités psychiatriques. D'autre part, ce n'est que
depuis mai 2024, comme l'a mentionné M. Arseneau, qu'on n'emploie plus ce
matériel au CIUSSS MCQ. Une différence dans la mise en œuvre d'une telle
directive ne s'explique pas par une disparité régionale, vous savez, on parle
de régions ayant des enjeux similaires. On parle d'une ville comme Longueuil
par rapport à Trois-Rivières. Pourquoi un tel délai à Trois-Rivières, soit
trois ans de plus, alors que le drame s'est passé dans un de leurs
établissements? Je m'explique mal cela. L'enjeu de disparités n'est évidemment
pas à prendre en compte.
Vous savez, tous les participants à ce
point de presse... sont des gens mobilisés à cette cause si importante, cette
cause qu'est la prévention du suicide. Je les remercie grandement pour leur
présence, leur appui et leur soutien. Demain, M. Arseneau, ainsi que le
directeur des travaux parlementaires, remettra à la Commission de la santé et
services sociaux la pétition déposée par M. Arseneau il y a environ un mois.
Une pétition, c'est bien, mais ce qui est davantage important, c'est ce qu'elle
amène comme changement.
En terminant, ce qui est important de
retenir, c'est que l'équipement et le matériel utilisé par ma fille, pour
mettre fin à ses jours, est possiblement encore accessible dans d'autres
hôpitaux du Québec, ce qui évidemment est non souhaitable. C'est pourquoi il
est important que la commission prenne acte de cette pétition et y voit une
occasion d'apporter des améliorations. Merci pour votre attention.
Mme Basque (Kim) : Merci, M.
Lepage. Merci au Parti québécois pour cette invitation à participer au point de
presse consacré à la prévention du suicide. La tragédie vécue par M. Lepage
nous touche profondément. Nous tenons d'abord à saluer son courage et à lui
exprimer notre sincère soutien pour son engagement citoyen exemplaire pour
prévenir d'autres drames. Pour l'Association québécoise de prévention de
suicide, la prévention, c'est l'affaire de tous. Nous sommes une organisation
qui réunit des individus, des organismes qui bâtissent, qui souhaitent bâtir un
Québec sans suicide tous les jours, réunis dans l'atteinte de ce même objectif.
Nous sommes convaincus que chaque personne, chaque organisation a un rôle à
jouer pour protéger les personnes vulnérables dans nos communautés. Ensemble,
nous pouvons faire une différence.
L'AQPS appuie la démarche de M. Lepage
visant à instaurer des normes de sécurité uniformes. Il est essentiel de poser
des gestes concrets pour prévenir d'autres décès par suicide dans nos
établissements. L'instauration de repères communs en est un. Cela fait
plusieurs années que j'ai le privilège de travailler à l'AQPS et j'ai toujours
vu M. Lepage comme citoyen engagé, rigoureux, déterminé dans sa volonté de
faire avancer la cause. Aujourd'hui en est un autre exemple. À l'Association
québécoise de prévention du suicide, nous appuyons et nous honorons son
engagement et souhaitons rappeler que, collectivement, il est possible de
prévenir les suicides. Nous avons le pouvoir d'agir. Merci beaucoup.
Mme Lafond (Myriam) : Merci
beaucoup à M. Arseneau et à M. Lepage d'avoir pris le temps de faire des
gestes pour la prévention du suicide. Le Regroupement des centres de prévention
suicide du Québec appuie ce qui a été mis en place avec la pétition et souhaite
que le gouvernement puisse procéder à l'application des bonnes mesures partout
à travers le Québec. C'est ce qui amènerait une diminution des suicides au
Québec. Tout le monde, nous devons travailler pour un Québec sans suicide.
Merci beaucoup.
M. Arseneau : Alors, merci
beaucoup de votre attention et, évidemment, nous serons disponibles pour des
entrevues subséquentes au cours des prochaines heures ou des prochains jours.
Merci beaucoup.
Le Modérateur : Merci à tous.
C'est ce qui conclut ce point de presse.
(Fin à 11 h 45
)