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Point de presse de M. Paul St-Pierre Plamondon, chef du troisième groupe d’opposition, et Mme Catherine Gentilcore, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière d’économie et d’innovation

Version finale

Cette transcription a été réalisée à l’aide d’un logiciel de reconnaissance vocale. Elle pourrait donc contenir des erreurs.

Tuesday, May 27, 2025, 10 h 30

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Dix heures trente et une minutes)

M. St-Pierre Plamondon : Bonjour à tous. Deux sujets avant de répondre à vos questions. Le premier : SAAQclic. Ce qu'on apprend au fur et à mesure, il faut le souligner, témoigne de soit quelque chose d'intentionnel ou un degré de négligence inimaginable. Donc, au compte-gouttes, la commission d'enquête sur SAAQclic révèle des gonflements de salaires, qui devaient être 82 $ de l'heure, mais finalement, parce qu'on connaît, on est relié à la personne qui obtient le contrat, c'est rendu 350 $ de l'heure, un nombre d'heures inexplicable au su et vu de tout le monde et des gestionnaires dans la SAAQ, qui dit : Détruis l'information qui porte là-dessus, un dépassement de coûts qui est inintelligible au point où quelqu'un aurait dû se dire : Mais comment est-ce qu'on peut être rendus à 1,2 milliard pour un projet qui ne marche pas? À l'heure, ça veut dire combien d'heures travaillées? Est-ce que ça a du sens?

Donc, je veux juste réitérer qu'on va continuer à suivre ces travaux-là dans la perspective de comprendre la responsabilité du et des ministres, du pouvoir politique, parce qu'évidemment que, s'il y a un plat de biscuits, il y aura toujours quelqu'un pour mettre sa main dans le plat à bonbons. Le rôle du gouvernement, c'est de s'assurer justement que ce ne soit pas un pot de biscuits à volonté. Et moi, je veux comprendre le rôle des décideurs politiques, surtout que les nominations, dont celle de Denis Marsolais... Je pense que c'est la personne qui disait que ce n'est pas trop grave, là, 50 millions, 100 millions de dépassement, c'est un petit détail. Est-ce que c'est la...

Des voix : ...

M. St-Pierre Plamondon : C'est Guy Morneau. O.K. Je ne veux pas... Mais il y a des nominations politiques là-dedans. Donc, il y a une double responsabilité du gouvernement, celle d'être... de la responsabilité ministérielle, de veiller à la bonne gestion des fonds publics, mais, quand on se mêle politiquement de certains des aspects... Puis je ne veux pas me tromper ce matin, là, mais je pense que Mme Guilbault se mêle des fois même de faire les tweets elle-même de la société, là. Quand le politique s'en mêle, il y a une double responsabilité de nous expliquer comment autant de gestes qui ressemblent drôlement à de la corruption... on va laisser les conclusions se faire, comment est-ce qu'on a pu laisser passer ça pendant sept ans. Il y a une responsabilité politique à laquelle je tiens, et c'était ça, ma plus grosse critique de la commission Charbonneau : pas de responsable à la fin. Moi, je veux comprendre où est la responsabilité politique dans cette histoire-là.

Autre sujet d'intérêt, qu'on pourrait passer rapidement. Je veux revenir sur ce tableau publié dans un rapport de l'OCDE sur le Canada qui se penche sur la situation du logement au Canada. Donc, on sait que, depuis une décennie, le Canada a eu une croissance économique nulle, le Canada est un cancre en matière de croissance économique. Mais on parle beaucoup de taxe sur l'essence, on parle beaucoup de coût de la vie récemment. Le plus gros facteur d'étranglement du revenu disponible des ménages, c'est clairement le coût du logement, comme témoigne ce tableau-là de l'évolution des prix depuis 2007. Donc, on part tous au même endroit et on se pose la question : Par combien le prix de l'immobilier s'est multiplié? Puis vous voyez, le Canada par rapport aux États-Unis puis à la moyenne de l'OCDE, c'est stratosphérique, et ça a évidemment un impact sur les finances des ménages, parce que les hypothèques et les loyers coûtent substantiellement plus cher qu'à l'époque par rapport à n'importe quelle autre juridiction. Et ça coïncide évidemment, comme le témoignent les études qu'on a colligées, notamment dans notre rapport sur l'immigration, avec l'explosion de la croissance de la population, qui n'a rien à voir avec ce qu'on trouve ailleurs, bien qu'en Europe il y ait des débats sur l'immigration, vous avez vu en Angleterre. Les chiffres en Angleterre sont vraiment... environ trois fois moindres que ce qu'on connaît au Canada au cours de la dernière décennie. Donc, l'impact, c'est : croissance économique nulle parce que l'économie est en adaptation à un choc démographique, mais une rareté des logements, de sorte qu'on se retrouve avec des prix complètement inabordables par rapport à des salaires, certes, qui ont un peu augmenté, mais jamais en proportion de l'augmentation du coût de l'immobilier.

Donc, le Parti québécois demeure un parti dédié à trouver des solutions en logement et également va essayer d'influencer le mieux possible le prix de l'épicerie, le prix de commodités comme l'énergie, dans le but de donner une chance à des ménages de la classe moyenne ou des... ou qui sont plus défavorisés financièrement vis-à-vis l'explosion de ces coûts-là qui relève d'incompétence du fédéral. Ils ont été avertis par leurs propres fonctionnaires, leur politique allait mener à cette explosion des prix en immobilier, et ils ont procédé pour des raisons purement idéologiques. Et, comble du spectacle, bien, c'est Mark Carney qui a été élu en promettant à peu près exactement les mêmes politiques que sous Trudeau. Vous m'avez déjà entendu sur cette question-là.

Journaliste : Sur SAAQclic, M. St-Pierre Plamondon, vous dites : On apprend des choses, là, depuis le début de la commission. Comment vous qualifiez le travail de juge Gallant?

M. St-Pierre Plamondon : Je ne qualifierai pas le travail de la commission au fur et à mesure. Je soulève le même point que j'ai soulevé depuis le début. Lors de la commission Charbonneau, on a entendu des experts sur la mafia italienne, puis on est allés dans le détail de toutes sortes d'affaires. Puis, quand est arrivée la responsabilité politique, c'était un bruit de criquet. Plusieurs des mêmes personnes, c'est comme le conventum de la commission Charbonneau, là, ont été affectées de manière unilatérale par le gouvernement sur cette nouvelle commission. Donc, je ne lâcherai pas le morceau. À la fin, je veux savoir quelle est la responsabilité des décideurs. Parce que, trop souvent, dans ces commissions-là, on épingle des personnes qui sont dans l'organigramme, pas nécessairement en position de décision, et on épargne, on élude la responsabilité de ceux qui avaient réellement la responsabilité. Donc, je vais continuer à faire les suivis.

Journaliste : Vous attendez... Vous attendez de la part de M. Gallant, donc, qu'il pointe les responsables politiques, pas seulement au sein de l'administration de la SAAQ?

M. St-Pierre Plamondon : Oui. C'est-à-dire qu'ils soient soumis à des questions qu'on puisse vérifier publiquement. Ce qui n'a pas été le cas avec Jean Charest puis avec bien des personnes qui étaient reliées à des cocktails. Vous vous souviendrez toute la... ce qui a été révélé dans PLQ inc. puis dans certains des témoignages de la commission Charbonneau, dont celui de Violette Trépanier. Donc, il y a des raisons de craindre que ce soit encore la même chose, surtout que je n'ai jamais vu un premier ministre sous enquête comme François Legault, là, vanter autant un juge. Je n'ai jamais vu ça, là. Puis c'est très bizarre qu'on n'ait pas consulté les oppositions. Donc, attendez-vous à ce qu'on maintienne la pression pour que ce soit un travail qui est complet, notamment sur comment un gouvernement peut voir un projet de 1,2 milliard aller et jamais se poser la question : Ça correspond à combien d'heures travaillées, ça? C'est quoi, c'est 1 000 personnes qui travaillent pendant trois ans, puis ça ne marche pas. Puis personne n'aurait rien fait, personne n'en aurait parlé. Le témoignage du premier ministre, c'est même que personne ne lui a dit. Tout le monde est au courant autour de lui, mais lui n'a jamais su rien. Aïe!

Journaliste : Est-ce que... Est-ce que vous êtes déçu que les ministres témoignent seulement, s'ils témoignent, après la fin de la session parlementaire...

M. St-Pierre Plamondon : Écoute... Écoutez, s'il y a un témoignage déjà avec des questions structurées qui ne sont pas complaisantes, ce sera une nette amélioration par rapport à la commission Charbonneau.

Journaliste : Sur votre promesse, là, d'harmoniser le prix de l'essence par rapport aux autres provinces canadiennes, les critiques qui sont faites, là, tant par la CAQ, c'est que vous n'identifiez pas où vous allez chercher ces sommes-là. Est-ce que vous avez déjà une réflexion d'où est-ce que vous pourriez aller prendre l'argent, où est-ce qu'on pourrait couper, en fait, réduire les dépenses de l'État?

M. St-Pierre Plamondon : Comme toute question fiscale, il y aura un cadre budgétaire déposé par le Parti québécois, lors de la prochaine élection, dans un an seulement, qui tiendra compte des omissions ou des décisions du gouvernement. Donc, en ce moment, le gouvernement est au pouvoir. On offre sept, huit options pour le gouvernement pour réduire l'iniquité avec les autres provinces. Le gouvernement peut agir à travers certaines de ces options-là ou se mettre la tête dans le sable et faire semblant qu'il n'y a pas un gap de 30 cents avec les autres provinces. Et dans quel cas le Parti québécois va prendre l'ensemble des données fiscales en direction des prochaines élections et va déposer un cadre financier avec les réponses, à savoir quelle combinaison de ces solutions-là on va amener.

Journaliste : ...sur la taxe sur l'essence, là, l'Ontario est à 9 cents, le Québec est à à peu près 19 cents. Ça, c'est un... c'est un choix politique du Québec et de l'Ontario mais...

M. St-Pierre Plamondon : C'est un choix politique. Moi, je l'ai nommé.

Journaliste : Mais vous pourriez...

M. St-Pierre Plamondon : Il y a la taxe sur la taxe.

Journaliste : Mais mon point, c'est... c'est quand même une grosse somme. Donc, est-ce que... est-ce qu'il faut couper? Est-ce qu'il faut couper ou il faut augmenter les revenus de l'État ailleurs?

M. St-Pierre Plamondon : Donc, je donne une période pour que le gouvernement prenne l'une de ces options-là. Vos questions sont légitimes. Si jamais on se rend compte que le gouvernement n'agit pas, je viens de m'engager à ce qu'un gouvernement du Parti québécois réduise l'écart à travers l'une et l'autre de ces options-là. Et on vous déposera tout ça dans le détail dans un cadre financier rigoureux dans le cadre des prochaines élections. Mais, à court terme... à court terme...

Journaliste : ...

M. St-Pierre Plamondon : Bien, c'est ça, mais c'est parce que ce n'est... ce n'est pas nous qui est le gouvernement. Donc, c'est au gouvernement de réagir ou de ne pas agir. Et, s'ils se mettent la tête dans le sable, notre engagement, c'est déposer un cocktail de solutions.

Journaliste : ...les calculs, vous allez les faire éventuellement puis nous les présenter éventuellement.

M. St-Pierre Plamondon : Évidemment, parce que les données financières vont évoluer, notamment le gap entre les provinces peut évoluer. Mais également, tu sais, c'est quoi le prochain déficit que nous réserve le gouvernement de la CAQ? Ça fait coup sur coup les deux pires déficits. Donc, évidemment qu'avant de déposer un cadre financier lors des prochaines élections, on va tenir compte de tous les enjeux puis on va s'assurer que le calcul soit rigoureux, que ça tienne. Dans l'intervalle, rappelons que c'est la CAQ qui est au gouvernement et c'est la CAQ qui dispose de ces huit options-là. Mais la réponse du gouvernement, en ce moment, c'est de jouer à l'autruche, de se mettre la tête dans le sable en disant : Ça n'existe pas, puis on va juste maintenir ce gap-là. Et je pense que c'est intenable.

Journaliste : ...justement de dire tout simplement : On va harmoniser avec les autres provinces sans dire comment vous y arrivez.

M. St-Pierre Plamondon : Bien non. Moi, je pense qu'on offre des options au gouvernement. Ce n'est pas comme si on ne nomme pas c'est quoi, les solutions. On dit au gouvernement : On est en fiscalité ici. Donc, comme dans tout sujet de fiscalité, vous avez un certain nombre d'options, prenez celle qui vous rend le plus confortable. Notamment aussi, on a regardé du côté du Fonds vert, on a nommé le fait qu'on pourrait rediriger certaines des subventions qui sont décriées encore ce matin dans les médias vers le consommateur. Il y a plein d'options. Mais le fardeau de la preuve est sur les épaules du gouvernement. C'est le gouvernement qui est élu pour gouverner. S'il néglige de prendre l'une des options qu'on offre de manière très explicite au gouvernement, nous nous en... un gouvernement du Parti québécois va s'en occuper. Puis c'est ça, mon...

Journaliste : ...puis c'est correct, c'est une proposition politique, mais est-ce que vous, vous souhaitez couper dans les dépenses de l'État pour arriver ou vous pourriez augmenter les revenus en augmentant les impôts ailleurs?

M. St-Pierre Plamondon : C'est toutes des questions légitimes. Vous pouvez poser ces questions-là pour l'instant au gouvernement, voir ce qu'il va faire avec ce problème-là. Mais ce que j'ai mentionné, c'est qu'il y a un coût également à ne pas s'occuper de la compétitivité de nos entreprises au Québec. Les entreprises limitrophes, prenons l'exemple le plus simple, la station-service qui est à Gatineau, là, puis qui vend son gaz 0,30 $, 0,40 $ de plus que de l'autre bord, c'est quoi son modèle d'affaires pour la suite? Ça ne marche pas, là. Donc, il y a un coût aussi à ne pas s'occuper d'une telle disparité, et ça vient, rappelons-le, d'une décision du fédéral. Partout au Canada, sauf au Québec. Moi, je prétends qu'il faut trouver des solutions pour harmoniser, j'ai donné des options. C'est au gouvernement à démontrer qu'ils sont capables de gouverner. Et s'ils ne le font pas, soyez certains que vous aurez tous les détails du cadre financier puis qu'il y aura un calcul précis.

Journaliste : ...justement, vous abordez la question du Fonds vert. Est-ce que c'est au gouvernement de subventionner des entreprises milliardaires avec le Fonds vert?

M. St-Pierre Plamondon : Bien, c'est ça. Vous savez ce que je pense de l'approche caquiste en matière de subventions à la grande entreprise. Le cas le plus connu, c'est Northvolt, là, mais quand on voit le Fonds de développement économique, ce qui a été perdu, là, c'est à coups de milliards et le premier ministre s'en vante. Il dit : On n'a jamais autant investi en subventions à l'entreprise, à la grande entreprise que sous la CAQ. Mais ça a donné lieu au plus grand gaspillage de fonds publics qu'on a vu depuis des lunes. Puis ensuite, on n'est pas capable...

Journaliste : ...sur le Fonds vert.

M. St-Pierre Plamondon : Oui, j'arrive. Ensuite, on n'est pas capable de financer la santé, l'éducation. Donc, la même critique vaut pour le Fonds vert. Donner des subventions, ce n'est pas en soi une mission de l'État, engraisser des entreprises. Évidemment, s'il y a vraiment un bénéfice net pour le Québec, on appelle ça à ce moment-là un investissement, mais quand c'est des cadeaux à la grande entreprise qui ne rapportent rien pendant qu'on étrangle le consommateur à la pompe, au logement, à l'épicerie, ça ne tient pas, c'est un bris du contrat social. Les gens ne paient pas des impôts pour qu'on finance la multinationale à la Northvolt ou à la... les gens s'attendent à des services en échange et ils ne les obtiennent pas. Donc, il y a une réorientation. Le bar ouvert de la CAQ aux grandes entreprises va être fermé dans un gouvernement du Parti québécois. On va réorienter nos priorités. Ça ne veut pas dire qu'on n'interviendra jamais dans l'économie, mais là, il y a eu un abus très grand. Il y en a dans le Fonds vert, mais, en général, c'est l'approche caquiste de dire : Des chèques pour la grande entreprise, il n'y a pas de limite, mais des chèques pour des services à la population, ça, on est toujours en compression, on le voit en ce moment.

Journaliste : ...consultation sur le projet de loi, je sais que M. Arseneau est en consultation en ce moment, j'aimerais vous entendre, M. St-Pierre Plamondon, sur le climat, là. Dans ce jour un, comment vous pourriez le qualifier? Parce qu'on comprend qu'on disait que ça allait brasser et ça brasse. Comment vous pourriez qualifier ça?

M. St-Pierre Plamondon : Bon, je vais vous dire ce que j'en pense réellement, mais ne soyez pas trop critique, c'est un très mauvais climat parce que d'une part tu as des médecins, si vous regardez l'historique des négociations avec les médecins, qui ont quand même développé une expertise dans l'autovictimisation puis dans les signals d'alarme comme quoi tout le monde va quitter, puis tout va arrêter, puis c'est dangereux. À chaque fois qu'on ouvre le sujet du mode de rémunération des médecins, les médecins utilisent ces techniques-là. J'invite les médecins à plus de sobriété, mais, à leur défense, il y a un gouvernement, qui est assez désespéré au vu des sondages, qui cherche à s'accrocher à quelque chose. Il essaie de bâtir… on appelle ça un «wedge», là, j'aimerais ça utiliser le mot en français, le…

Des voix :

M. St-Pierre Plamondon : Bien, un fossé? Oui. Bon, bien, il est temps, à l'Assemblée nationale du Québec, qu'on trouve le mot français pour «wedge». Je me donne la mission collective. Je vous reviens demain avec la réponse. Mais on cherche à créer un enjeu faussé, là, sur quelque chose. On a essayé avec les syndicats, vous allez voir, il y aura des conflits de travail qui sont montés en épingle, des règles antigrèves ou la FAE.

Là, le prochain «wedge» du gouvernement…

Journaliste : Une politique de la division.

M. St-Pierre Plamondon : Un politique de la division. Merci. Je m'excuse de… je ne m'en souvenais plus. On cherche à créer une politique de la division avec cet enjeu-là, c'est un vrai enjeu. Il faut changer le mode de rémunération des médecins au Québec. C'était une promesse de la CAQ en 2018. Ils n'ont rien fait pendant sept ans. Donc, nous, on est contents que le sujet soit ouvert. Et, en effet, on déplore que le gouvernement s'accroche à ça avec un langage vitriolique. Puis on demande aussi aux médecins d'y aller un peu plus calmement sur les menaces de retraite et de…

Journaliste : …qu'ils négocient… avec la victimisation des médecins, ça, c'est-tu Lucien Bouchard qui…

M. St-Pierre Plamondon : Bien, en tout cas, bien avant la nomination de Lucien Bouchard, quand nous, on s'est prononcé…

Journaliste :

M. St-Pierre Plamondon : Je comprends, mais, quand nous, on s'est prononcé sur le mode de rémunération, le fait que ça prend plus d'heures travaillées de la part de nos médecins… Parce qu'il y a un fait indéniable, là, on paie plus nos médecins, puis, au total, l'apport en heures travaillées a diminué, c'est indéniable. Et donc ça prend un ajustement. Puis, quand on s'est exprimé là-dessus, il y avait plusieurs messages venant des milieux des médecins comme quoi on les traitait de paresseux. On n'a jamais fait ça, évidemment, mais c'est vraiment des techniques de négociation qu'on a vues souvent lorsqu'on essaie d'ouvrir le sujet du mode de rémunération. Donc, ça, ça ne fonctionne pas. Et on sent que le gouvernement utilise un langage vitriolique parce qu'il a besoin de s'accrocher à quelque chose. Il cherche une politique de la division qui lui permette un peu d'oxygène, au vu de sondages très négatifs. Ça non plus ça n'aide pas, parce qu'insulter ou prendre une approche vraiment négative vis-à-vis les médecins, évidemment que ce n'est pas productif dans le cadre de la négociation.

Journaliste : …on n'arrive pas à s'entendre, est-ce que le projet de loi est nécessaire?

M. St-Pierre Plamondon : Oui, oui, c'est totalement nécessaire. C'est dangereux, hein, parce que tu ouvres la discussion sur quel serait le nouveau mode de rémunération, ce n'est pas une garantie que tu vas tomber sur un mode de rémunération qui atteint tes objectifs. Donc, on demande au gouvernement… en sus, là, du ton qui devrait changer du côté gouvernemental, on demande de ne pas… ne pas refaire le coup qu'on voit en énergie, là, présentement, là, arriver à la dernière minute avec 52 amendements sortis du champ gauche, sur un coin de table, puis se ramasser avec un bâillon puis une loi qui est complètement bricolée, qui ne fonctionnera pas parce ça a été mal fait. On demande au gouvernement de prendre le temps qu'il faut, mais de faire le travail avec rigueur. Parce que ce n'est pas parce qu'on ouvre la discussion sur le mode de rémunération qu'on va avoir des résultats, comme une critique des médecins qui, à mon avis est juste, c'est que, si tu places, comme incitatif à la rémunération, des objectifs collectifs, ça peut être très contre-productif, parce que le médecin ne contrôle pas certaines des variables, comme, par exemple, la disponibilité du bloc opératoire, puis va être pénalisé pour son voisin qui n'a pas travaillé, pendant que toi, personnellement, tu as fait le travail, puis tu en as fait plus que le client en demande.

Donc, des fois, le… on veut trouver une solution, mais on crée un problème en recherchant la solution. Donc, travailler rigoureusement, prendre le temps d'évaluer quel serait le mode de rémunération optimal. Mais, à votre question, la réponse, c'est : il faut absolument se pencher là-dessus. Le Québec est en retard sur toutes les autres provinces, plein d'autres juridictions qui ont trouvé des façons plus intelligentes et plus efficaces, rentables de rémunérer leurs médecins.

Journaliste : …le projet de loi de Jean Boulet, là, sur la grève, est-ce que vous vous êtes fait une tête, là? Vous allez… ça va bientôt passer au vote, là, est-ce que le Parti québécois va appuyer le projet de loi ou va voter contre?

M. St-Pierre Plamondon : On vote… on vote contre, déjà, hein, c'est ça? Oui, on vote contre. C'est une autre politique de la division sortie du champ gauche, c'est-à-dire qu'il peut y avoir une réflexion sur comment on peut mieux gérer les conflits de travail, mais d'où sort ces mesures-là puis qu'est-ce qu'on essaie comme objectif? Toute la rétroaction… ce n'est pas moi qui est en commission là-dessus, mais toute la rétroaction que j'ai… que j'ai eue, c'est que c'était non seulement improvisé, mais surtout que c'était fort probablement illégal, là. C'est-à-dire que l'espérance de vie de ce projet de loi là semble très limitée dans le temps, parce que ça ne tient pas avec un…

Journaliste :

M. St-Pierre Plamondon : Ça fait tellement du bien, merci pour cette question. Je ne sais pas quoi vous dire. Je cherchais quoi vous dire sur le roi ce matin. Je ne sais pas quoi vous dire. C'est... On a eu 10 ans de Trudeauisme dans le cadre duquel on nous a dit qu'il n'y avait plus d'identité nationale canadienne, on était au-dessus de tout ça. Le postnational, c'est l'identité communautaire, qu'elle soit religieuse ou ethnoculturelle. On était au-dessus de l'identité d'un pays. Surprise, surprise! Donald Trump débarque puis dit : Bien moi, là, si vous n'êtes pas pour être un pays, moi, j'ai de l'intérêt à soit vous annexer ou faire une offre que vous ne pourrez pas refuser. Arrive Mark Carney puis il nous dit en campagne électorale : Je vais continuer toutes les politiques de Justin Trudeau. Vous n'êtes plus capables de Justin Trudeau. Je m'engage à continuer ce qu'il faisait, notamment ça. Je m'engage à continuer ça. Les Québécois lui ont donné plusieurs sièges. Premier geste qu'il pose, il invite le roi d'Angleterre. Puis c'est ça sa carte maîtresse, là. Sa stratégie pour Donald Trump, c'est que le roi Charles permettrait justement de changer le ton ou la posture des États-Unis vis-à-vis ce Canada postnational qui tout d'un coup se trouve une identité nationaliste à travers un vieux monarque d'un autre pays.

Journaliste : C'est ça, Donald Trump? C'est son effet?

M. St-Pierre Plamondon : Bien, voyons donc! C'est... Au moins, j'apprécie que vous riiez, là. Comme ça on se comprend, là. Donald Trump va continuer à dire des choses relativement aléatoires et changeantes. Son hostilité, dans le ton aussi, est caractéristique de tout son engagement politique depuis qu'il a été élu la première fois. Et si c'est ça notre carte, là, Charles III... Donc, vous savez ce que je pense de la monarchie britannique. Je n'ai rien contre les Anglais. En passant, j'ai vécu là un an et demi. Il y a plusieurs qualités que je donnerais aux Anglais. Ce n'est juste pas mon roi. Ce n'est pas mon pays. Et je ne comprends pas pourquoi on pelte des dizaines de milliers de dollars à chaque année pour ces institutions-là. Je trouve ça inacceptable. Et c'est vraiment aussi d'oublier notre histoire que d'éluder le fait que c'est un régime, la monarchie britannique, qui est encore problématique au quotidien, ici, à l'Assemblée nationale, parce qu'on n'est pas un peuple normal, on ne décide pas de...

Journaliste : Est-ce que ça vous déçoit que les Québécois appuient encore aussi fort les libéraux fédéraux?

M. St-Pierre Plamondon : Bien, tu sais, je suis plus dans une forme d'incompréhension. Je comprends le contexte dans lequel ça a eu lieu, mais moi, j'ai une responsabilité. Mon devoir de loyauté, il est envers les Québécois et le Québec. Et même quand le Québec prend une direction qui m'étonne, moi, il faut que je continue à travailler pour l'intérêt des Québécois. Et les politiques promises par Mark Carney en matière d'endettement de l'État fédéral, en matière d'immigration et dans le refus de toutes les demandes légitimes du Québec sous la CAQ, ça a été un échec total, là, cette idée de demandes au fédéral, font en sorte que je dois continuer à donner l'heure juste, dans la mesure du possible de mes moyens, aux Québécois en leur disant : Ce sont des politiques toxiques pour le Québec. Ce n'est pas normal, et on ne devrait pas accepter ça.

Journaliste : The King's presence... The King's presence in Ottawa is being portrayed as a gesture of Canadian sovereignty. Of what? What do you think of that? And do you think this is a good response to Donald Trump, or do you just see it as a sign of a country that's so insecure? It has to go get the king.

M. St-Pierre Plamondon : It's the sign of a country that is post-national. That's what Trudeau wanted. He wanted a Canada where there's no national identity, where there's just communities living side by side on the basis of religion or on the basis of ethnocultural identities. And there you have it. There's a bigger country that says we could either annex you, or at least negotiate a deal so that you become a country, since you're not even a country, in your own words. Remember also that I've mentioned on several occasions that Canada is broken. So, Donald Trump saw the opportunity, and the guy that was elected on the basis of a strong opposition to Donald Trump, his best card is Charles III, a monarch from another country based on a colonial tradition that is oppressive to Francophones and First Nations. I mean, it's out there. It's so abnormal. And of course, from Québec standpoint, it's not acceptable, but in terms of...

I think it tells more about who Mark Carney is. It tells you about his attachment to this colonial... British colonial tradition. His conception of Canada is based on that regime. And, in terms of influence on Donald Trump, if you think or anyone here thinks that Donald Trump will stop saying things that are either random or hostile to Canada because Charles the third was giving a speech today, I mean, I don't know what game we're playing right now, it just doesn't make sense.

Le Modérateur : Merci beaucoup.

(Fin à 10 h 56)