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(Dix heures trente et une minutes)
M. St-Pierre Plamondon : Bonjour
à tous. Deux sujets avant de répondre à vos questions. Le premier :
SAAQclic. Ce qu'on apprend au fur et à mesure, il faut le souligner, témoigne
de soit quelque chose d'intentionnel ou un degré de négligence inimaginable.
Donc, au compte-gouttes, la commission d'enquête sur SAAQclic révèle des
gonflements de salaires, qui devaient être 82 $ de l'heure, mais
finalement, parce qu'on connaît, on est relié à la personne qui obtient le
contrat, c'est rendu 350 $ de l'heure, un nombre d'heures inexplicable au
su et vu de tout le monde et des gestionnaires dans la SAAQ, qui dit :
Détruis l'information qui porte là-dessus, un dépassement de coûts qui est
inintelligible au point où quelqu'un aurait dû se dire : Mais comment
est-ce qu'on peut être rendus à 1,2 milliard pour un projet qui ne marche
pas? À l'heure, ça veut dire combien d'heures travaillées? Est-ce que ça a du
sens?
Donc, je veux juste réitérer qu'on va
continuer à suivre ces travaux-là dans la perspective de comprendre la
responsabilité du et des ministres, du pouvoir politique, parce qu'évidemment
que, s'il y a un plat de biscuits, il y aura toujours quelqu'un pour mettre sa
main dans le plat à bonbons. Le rôle du gouvernement, c'est de s'assurer
justement que ce ne soit pas un pot de biscuits à volonté. Et moi, je veux
comprendre le rôle des décideurs politiques, surtout que les nominations, dont
celle de Denis Marsolais... Je pense que c'est la personne qui disait que ce n'est
pas trop grave, là, 50 millions, 100 millions de dépassement, c'est
un petit détail. Est-ce que c'est la...
Des voix : ...
M. St-Pierre Plamondon : C'est
Guy Morneau. O.K. Je ne veux pas... Mais il y a des nominations politiques
là-dedans. Donc, il y a une double responsabilité du gouvernement, celle d'être...
de la responsabilité ministérielle, de veiller à la bonne gestion des fonds
publics, mais, quand on se mêle politiquement de certains des aspects... Puis
je ne veux pas me tromper ce matin, là, mais je pense que Mme Guilbault se mêle
des fois même de faire les tweets elle-même de la société, là. Quand le
politique s'en mêle, il y a une double responsabilité de nous expliquer comment
autant de gestes qui ressemblent drôlement à de la corruption... on va laisser
les conclusions se faire, comment est-ce qu'on a pu laisser passer ça pendant
sept ans. Il y a une responsabilité politique à laquelle je tiens, et c'était
ça, ma plus grosse critique de la commission Charbonneau : pas de
responsable à la fin. Moi, je veux comprendre où est la responsabilité
politique dans cette histoire-là.
Autre sujet d'intérêt, qu'on pourrait
passer rapidement. Je veux revenir sur ce tableau publié dans un rapport de l'OCDE
sur le Canada qui se penche sur la situation du logement au Canada. Donc, on
sait que, depuis une décennie, le Canada a eu une croissance économique nulle,
le Canada est un cancre en matière de croissance économique. Mais on parle
beaucoup de taxe sur l'essence, on parle beaucoup de coût de la vie récemment.
Le plus gros facteur d'étranglement du revenu disponible des ménages, c'est
clairement le coût du logement, comme témoigne ce tableau-là de l'évolution des
prix depuis 2007. Donc, on part tous au même endroit et on se pose la question :
Par combien le prix de l'immobilier s'est multiplié? Puis vous voyez, le Canada
par rapport aux États-Unis puis à la moyenne de l'OCDE, c'est stratosphérique,
et ça a évidemment un impact sur les finances des ménages, parce que les
hypothèques et les loyers coûtent substantiellement plus cher qu'à l'époque par
rapport à n'importe quelle autre juridiction. Et ça coïncide évidemment, comme
le témoignent les études qu'on a colligées, notamment dans notre rapport sur l'immigration,
avec l'explosion de la croissance de la population, qui n'a rien à voir avec ce
qu'on trouve ailleurs, bien qu'en Europe il y ait des débats sur l'immigration,
vous avez vu en Angleterre. Les chiffres en Angleterre sont vraiment... environ
trois fois moindres que ce qu'on connaît au Canada au cours de la dernière
décennie. Donc, l'impact, c'est : croissance économique nulle parce que l'économie
est en adaptation à un choc démographique, mais une rareté des logements, de
sorte qu'on se retrouve avec des prix complètement inabordables par rapport à
des salaires, certes, qui ont un peu augmenté, mais jamais en proportion de l'augmentation
du coût de l'immobilier.
Donc, le Parti québécois demeure un parti
dédié à trouver des solutions en logement et également va essayer d'influencer
le mieux possible le prix de l'épicerie, le prix de commodités comme l'énergie,
dans le but de donner une chance à des ménages de la classe moyenne ou des...
ou qui sont plus défavorisés financièrement vis-à-vis l'explosion de ces
coûts-là qui relève d'incompétence du fédéral. Ils ont été avertis par leurs
propres fonctionnaires, leur politique allait mener à cette explosion des prix
en immobilier, et ils ont procédé pour des raisons purement idéologiques. Et,
comble du spectacle, bien, c'est Mark Carney qui a été élu en promettant à peu
près exactement les mêmes politiques que sous Trudeau. Vous m'avez déjà entendu
sur cette question-là.
Journaliste : Sur SAAQclic,
M. St-Pierre Plamondon, vous dites : On apprend des choses, là, depuis le
début de la commission. Comment vous qualifiez le travail de juge Gallant?
M. St-Pierre Plamondon : Je
ne qualifierai pas le travail de la commission au fur et à mesure. Je soulève
le même point que j'ai soulevé depuis le début. Lors de la commission
Charbonneau, on a entendu des experts sur la mafia italienne, puis on est allés
dans le détail de toutes sortes d'affaires. Puis, quand est arrivée la
responsabilité politique, c'était un bruit de criquet. Plusieurs des mêmes
personnes, c'est comme le conventum de la commission Charbonneau, là, ont été
affectées de manière unilatérale par le gouvernement sur cette nouvelle
commission. Donc, je ne lâcherai pas le morceau. À la fin, je veux savoir
quelle est la responsabilité des décideurs. Parce que, trop souvent, dans ces
commissions-là, on épingle des personnes qui sont dans l'organigramme, pas
nécessairement en position de décision, et on épargne, on élude la
responsabilité de ceux qui avaient réellement la responsabilité. Donc, je vais
continuer à faire les suivis.
Journaliste : Vous attendez...
Vous attendez de la part de M. Gallant, donc, qu'il pointe les responsables
politiques, pas seulement au sein de l'administration de la SAAQ?
M. St-Pierre Plamondon : Oui.
C'est-à-dire qu'ils soient soumis à des questions qu'on puisse vérifier
publiquement. Ce qui n'a pas été le cas avec Jean Charest puis avec bien des
personnes qui étaient reliées à des cocktails. Vous vous souviendrez toute
la... ce qui a été révélé dans PLQ inc. puis dans certains des témoignages de
la commission Charbonneau, dont celui de Violette Trépanier. Donc, il y a des
raisons de craindre que ce soit encore la même chose, surtout que je n'ai
jamais vu un premier ministre sous enquête comme François Legault, là, vanter
autant un juge. Je n'ai jamais vu ça, là. Puis c'est très bizarre qu'on n'ait
pas consulté les oppositions. Donc, attendez-vous à ce qu'on maintienne la
pression pour que ce soit un travail qui est complet, notamment sur comment un
gouvernement peut voir un projet de 1,2 milliard aller et jamais se poser
la question : Ça correspond à combien d'heures travaillées, ça? C'est
quoi, c'est 1 000 personnes qui travaillent pendant trois ans, puis
ça ne marche pas. Puis personne n'aurait rien fait, personne n'en aurait parlé.
Le témoignage du premier ministre, c'est même que personne ne lui a dit. Tout
le monde est au courant autour de lui, mais lui n'a jamais su rien. Aïe!
Journaliste : Est-ce que...
Est-ce que vous êtes déçu que les ministres témoignent seulement, s'ils
témoignent, après la fin de la session parlementaire...
M. St-Pierre Plamondon : Écoute...
Écoutez, s'il y a un témoignage déjà avec des questions structurées qui ne sont
pas complaisantes, ce sera une nette amélioration par rapport à la commission
Charbonneau.
Journaliste : Sur votre
promesse, là, d'harmoniser le prix de l'essence par rapport aux autres
provinces canadiennes, les critiques qui sont faites, là, tant par la CAQ,
c'est que vous n'identifiez pas où vous allez chercher ces sommes-là. Est-ce
que vous avez déjà une réflexion d'où est-ce que vous pourriez aller prendre
l'argent, où est-ce qu'on pourrait couper, en fait, réduire les dépenses de
l'État?
M. St-Pierre Plamondon : Comme
toute question fiscale, il y aura un cadre budgétaire déposé par le Parti québécois,
lors de la prochaine élection, dans un an seulement, qui tiendra compte des
omissions ou des décisions du gouvernement. Donc, en ce moment, le gouvernement
est au pouvoir. On offre sept, huit options pour le gouvernement pour réduire
l'iniquité avec les autres provinces. Le gouvernement peut agir à travers
certaines de ces options-là ou se mettre la tête dans le sable et faire
semblant qu'il n'y a pas un gap de 30 cents avec les autres provinces. Et
dans quel cas le Parti québécois va prendre l'ensemble des données fiscales en
direction des prochaines élections et va déposer un cadre financier avec les
réponses, à savoir quelle combinaison de ces solutions-là on va amener.
Journaliste : ...sur la taxe
sur l'essence, là, l'Ontario est à 9 cents, le Québec est à à peu près
19 cents. Ça, c'est un... c'est un choix politique du Québec et de
l'Ontario mais...
M. St-Pierre Plamondon : C'est
un choix politique. Moi, je l'ai nommé.
Journaliste : Mais vous
pourriez...
M. St-Pierre Plamondon : Il y
a la taxe sur la taxe.
Journaliste : Mais mon point,
c'est... c'est quand même une grosse somme. Donc, est-ce que... est-ce qu'il
faut couper? Est-ce qu'il faut couper ou il faut augmenter les revenus de
l'État ailleurs?
M. St-Pierre Plamondon : Donc,
je donne une période pour que le gouvernement prenne l'une de ces options-là.
Vos questions sont légitimes. Si jamais on se rend compte que le gouvernement
n'agit pas, je viens de m'engager à ce qu'un gouvernement du Parti québécois
réduise l'écart à travers l'une et l'autre de ces options-là. Et on vous
déposera tout ça dans le détail dans un cadre financier rigoureux dans le cadre
des prochaines élections. Mais, à court terme... à court terme...
Journaliste : ...
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
c'est ça, mais c'est parce que ce n'est... ce n'est pas nous qui est le
gouvernement. Donc, c'est au gouvernement de réagir ou de ne pas agir. Et,
s'ils se mettent la tête dans le sable, notre engagement, c'est déposer un
cocktail de solutions.
Journaliste
: ...les
calculs, vous allez les faire éventuellement puis nous les présenter
éventuellement.
M. St-Pierre Plamondon : Évidemment,
parce que les données financières vont évoluer, notamment le gap entre les
provinces peut évoluer. Mais également, tu sais, c'est quoi le prochain déficit
que nous réserve le gouvernement de la CAQ? Ça fait coup sur coup les deux
pires déficits. Donc, évidemment qu'avant de déposer un cadre financier lors
des prochaines élections, on va tenir compte de tous les enjeux puis on va
s'assurer que le calcul soit rigoureux, que ça tienne. Dans l'intervalle,
rappelons que c'est la CAQ qui est au gouvernement et c'est la CAQ qui dispose
de ces huit options-là. Mais la réponse du gouvernement, en ce moment, c'est de
jouer à l'autruche, de se mettre la tête dans le sable en disant : Ça
n'existe pas, puis on va juste maintenir ce gap-là. Et je pense que c'est
intenable.
Journaliste : ...justement de
dire tout simplement : On va harmoniser avec les autres provinces sans
dire comment vous y arrivez.
M. St-Pierre Plamondon : Bien
non. Moi, je pense qu'on offre des options au gouvernement. Ce n'est pas comme
si on ne nomme pas c'est quoi, les solutions. On dit au gouvernement : On
est en fiscalité ici. Donc, comme dans tout sujet de fiscalité, vous avez un
certain nombre d'options, prenez celle qui vous rend le plus confortable.
Notamment aussi, on a regardé du côté du Fonds vert, on a nommé le fait qu'on
pourrait rediriger certaines des subventions qui sont décriées encore ce matin
dans les médias vers le consommateur. Il y a plein d'options. Mais le fardeau
de la preuve est sur les épaules du gouvernement. C'est le gouvernement qui est
élu pour gouverner. S'il néglige de prendre l'une des options qu'on offre de
manière très explicite au gouvernement, nous nous en... un gouvernement du
Parti québécois va s'en occuper. Puis c'est ça, mon...
Journaliste : ...puis c'est
correct, c'est une proposition politique, mais est-ce que vous, vous souhaitez
couper dans les dépenses de l'État pour arriver ou vous pourriez augmenter les
revenus en augmentant les impôts ailleurs?
M. St-Pierre Plamondon : C'est
toutes des questions légitimes. Vous pouvez poser ces questions-là pour
l'instant au gouvernement, voir ce qu'il va faire avec ce problème-là. Mais ce
que j'ai mentionné, c'est qu'il y a un coût également à ne pas s'occuper de la
compétitivité de nos entreprises au Québec. Les entreprises limitrophes,
prenons l'exemple le plus simple, la station-service qui est à Gatineau, là,
puis qui vend son gaz 0,30 $, 0,40 $ de plus que de l'autre
bord, c'est quoi son modèle d'affaires pour la suite? Ça ne marche pas, là.
Donc, il y a un coût aussi à ne pas s'occuper d'une telle disparité, et ça
vient, rappelons-le, d'une décision du fédéral. Partout au Canada, sauf au
Québec. Moi, je prétends qu'il faut trouver des solutions pour harmoniser, j'ai
donné des options. C'est au gouvernement à démontrer qu'ils sont capables de
gouverner. Et s'ils ne le font pas, soyez certains que vous aurez tous les
détails du cadre financier puis qu'il y aura un calcul précis.
Journaliste : ...justement,
vous abordez la question du Fonds vert. Est-ce que c'est au gouvernement de
subventionner des entreprises milliardaires avec le Fonds vert?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
c'est ça. Vous savez ce que je pense de l'approche caquiste en matière de
subventions à la grande entreprise. Le cas le plus connu, c'est Northvolt, là,
mais quand on voit le Fonds de développement économique, ce qui a été perdu,
là, c'est à coups de milliards et le premier ministre s'en vante. Il dit :
On n'a jamais autant investi en subventions à l'entreprise, à la grande
entreprise que sous la CAQ. Mais ça a donné lieu au plus grand gaspillage de
fonds publics qu'on a vu depuis des lunes. Puis ensuite, on n'est pas
capable...
Journaliste : ...sur le Fonds
vert.
M. St-Pierre Plamondon : Oui,
j'arrive. Ensuite, on n'est pas capable de financer la santé, l'éducation.
Donc, la même critique vaut pour le Fonds vert. Donner des subventions, ce
n'est pas en soi une mission de l'État, engraisser des entreprises. Évidemment,
s'il y a vraiment un bénéfice net pour le Québec, on appelle ça à ce moment-là
un investissement, mais quand c'est des cadeaux à la grande entreprise qui ne
rapportent rien pendant qu'on étrangle le consommateur à la pompe, au logement,
à l'épicerie, ça ne tient pas, c'est un bris du contrat social. Les gens ne
paient pas des impôts pour qu'on finance la multinationale à la Northvolt ou à
la... les gens s'attendent à des services en échange et ils ne les obtiennent
pas. Donc, il y a une réorientation. Le bar ouvert de la CAQ aux grandes
entreprises va être fermé dans un gouvernement du Parti québécois. On va
réorienter nos priorités. Ça ne veut pas dire qu'on n'interviendra jamais dans
l'économie, mais là, il y a eu un abus très grand. Il y en a dans le Fonds
vert, mais, en général, c'est l'approche caquiste de dire : Des chèques
pour la grande entreprise, il n'y a pas de limite, mais des chèques pour des
services à la population, ça, on est toujours en compression, on le voit en ce
moment.
Journaliste : ...consultation
sur le projet de loi, je sais que M. Arseneau est en consultation en ce
moment, j'aimerais vous entendre, M. St-Pierre Plamondon, sur le climat,
là. Dans ce jour un, comment vous pourriez le qualifier? Parce qu'on comprend
qu'on disait que ça allait brasser et ça brasse. Comment vous pourriez
qualifier ça?
M. St-Pierre Plamondon : Bon,
je vais vous dire ce que j'en pense réellement, mais ne soyez pas trop
critique, c'est un très mauvais climat parce que d'une part tu as des médecins,
si vous regardez l'historique des négociations avec les médecins, qui ont quand
même développé une expertise dans l'autovictimisation puis dans les signals
d'alarme comme quoi tout le monde va quitter, puis tout va arrêter, puis c'est
dangereux. À chaque fois qu'on ouvre le sujet du mode de rémunération des
médecins, les médecins utilisent ces techniques-là. J'invite les médecins à
plus de sobriété, mais, à leur défense, il y a un gouvernement, qui est assez
désespéré au vu des sondages, qui cherche à s'accrocher à quelque chose. Il
essaie de bâtir… on appelle ça un «wedge», là, j'aimerais ça utiliser le mot en
français, le…
Des voix : …
M. St-Pierre Plamondon :
Bien, un fossé? Oui. Bon, bien, il est temps, à l'Assemblée nationale du
Québec, qu'on trouve le mot français pour «wedge». Je me donne la mission
collective. Je vous reviens demain avec la réponse. Mais on cherche à créer un
enjeu faussé, là, sur quelque chose. On a essayé avec les syndicats, vous allez
voir, il y aura des conflits de travail qui sont montés en épingle, des règles
antigrèves ou la FAE.
Là, le prochain «wedge» du gouvernement…
Journaliste
: Une
politique de la division.
M. St-Pierre Plamondon : Un
politique de la division. Merci. Je m'excuse de… je ne m'en souvenais plus. On
cherche à créer une politique de la division avec cet enjeu-là, c'est un vrai
enjeu. Il faut changer le mode de rémunération des médecins au Québec. C'était
une promesse de la CAQ en 2018. Ils n'ont rien fait pendant sept ans. Donc,
nous, on est contents que le sujet soit ouvert. Et, en effet, on déplore que le
gouvernement s'accroche à ça avec un langage vitriolique. Puis on demande aussi
aux médecins d'y aller un peu plus calmement sur les menaces de retraite et de…
Journaliste
: …qu'ils
négocient… avec la victimisation des médecins, ça, c'est-tu Lucien Bouchard
qui…
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
en tout cas, bien avant la nomination de Lucien Bouchard, quand nous, on s'est
prononcé…
Journaliste
: …
M. St-Pierre Plamondon : Je
comprends, mais, quand nous, on s'est prononcé sur le mode de rémunération, le
fait que ça prend plus d'heures travaillées de la part de nos médecins… Parce
qu'il y a un fait indéniable, là, on paie plus nos médecins, puis, au total,
l'apport en heures travaillées a diminué, c'est indéniable. Et donc ça prend un
ajustement. Puis, quand on s'est exprimé là-dessus, il y avait plusieurs
messages venant des milieux des médecins comme quoi on les traitait de
paresseux. On n'a jamais fait ça, évidemment, mais c'est vraiment des
techniques de négociation qu'on a vues souvent lorsqu'on essaie d'ouvrir le
sujet du mode de rémunération. Donc, ça, ça ne fonctionne pas. Et on sent que
le gouvernement utilise un langage vitriolique parce qu'il a besoin de
s'accrocher à quelque chose. Il cherche une politique de la division qui lui
permette un peu d'oxygène, au vu de sondages très négatifs. Ça non plus ça
n'aide pas, parce qu'insulter ou prendre une approche vraiment négative
vis-à-vis les médecins, évidemment que ce n'est pas productif dans le cadre de
la négociation.
Journaliste : …on n'arrive
pas à s'entendre, est-ce que le projet de loi est nécessaire?
M. St-Pierre Plamondon : Oui,
oui, c'est totalement nécessaire. C'est dangereux, hein, parce que tu ouvres la
discussion sur quel serait le nouveau mode de rémunération, ce n'est pas une
garantie que tu vas tomber sur un mode de rémunération qui atteint tes
objectifs. Donc, on demande au gouvernement… en sus, là, du ton qui devrait
changer du côté gouvernemental, on demande de ne pas… ne pas refaire le coup
qu'on voit en énergie, là, présentement, là, arriver à la dernière minute avec
52 amendements sortis du champ gauche, sur un coin de table, puis se
ramasser avec un bâillon puis une loi qui est complètement bricolée, qui ne
fonctionnera pas parce ça a été mal fait. On demande au gouvernement de prendre
le temps qu'il faut, mais de faire le travail avec rigueur. Parce que ce n'est
pas parce qu'on ouvre la discussion sur le mode de rémunération qu'on va avoir
des résultats, comme une critique des médecins qui, à mon avis est juste, c'est
que, si tu places, comme incitatif à la rémunération, des objectifs collectifs,
ça peut être très contre-productif, parce que le médecin ne contrôle pas
certaines des variables, comme, par exemple, la disponibilité du bloc
opératoire, puis va être pénalisé pour son voisin qui n'a pas travaillé,
pendant que toi, personnellement, tu as fait le travail, puis tu en as fait
plus que le client en demande.
Donc, des fois, le… on veut trouver une
solution, mais on crée un problème en recherchant la solution. Donc, travailler
rigoureusement, prendre le temps d'évaluer quel serait le mode de rémunération
optimal. Mais, à votre question, la réponse, c'est : il faut absolument se
pencher là-dessus. Le Québec est en retard sur toutes les autres provinces,
plein d'autres juridictions qui ont trouvé des façons plus intelligentes et
plus efficaces, rentables de rémunérer leurs médecins.
Journaliste : …le projet de
loi de Jean Boulet, là, sur la grève, est-ce que vous vous êtes fait une tête,
là? Vous allez… ça va bientôt passer au vote, là, est-ce que le Parti québécois
va appuyer le projet de loi ou va voter contre?
M. St-Pierre Plamondon : On
vote… on vote contre, déjà, hein, c'est ça? Oui, on vote contre. C'est une
autre politique de la division sortie du champ gauche, c'est-à-dire qu'il peut
y avoir une réflexion sur comment on peut mieux gérer les conflits de travail,
mais d'où sort ces mesures-là puis qu'est-ce qu'on essaie comme objectif? Toute
la rétroaction… ce n'est pas moi qui est en commission là-dessus, mais toute la
rétroaction que j'ai… que j'ai eue, c'est que c'était non seulement improvisé,
mais surtout que c'était fort probablement illégal, là. C'est-à-dire que l'espérance
de vie de ce projet de loi là semble très limitée dans le temps, parce que ça
ne tient pas avec un…
Journaliste
: …
M. St-Pierre Plamondon : Ça
fait tellement du bien, merci pour cette question. Je ne sais pas quoi vous
dire. Je cherchais quoi vous dire sur le roi ce matin. Je ne sais pas quoi vous
dire. C'est... On a eu 10 ans de Trudeauisme dans le cadre duquel on nous
a dit qu'il n'y avait plus d'identité nationale canadienne, on était au-dessus
de tout ça. Le postnational, c'est l'identité communautaire, qu'elle soit
religieuse ou ethnoculturelle. On était au-dessus de l'identité d'un pays.
Surprise, surprise! Donald Trump débarque puis dit : Bien moi, là, si vous
n'êtes pas pour être un pays, moi, j'ai de l'intérêt à soit vous annexer ou
faire une offre que vous ne pourrez pas refuser. Arrive Mark Carney puis il
nous dit en campagne électorale : Je vais continuer toutes les politiques
de Justin Trudeau. Vous n'êtes plus capables de Justin Trudeau. Je m'engage à
continuer ce qu'il faisait, notamment ça. Je m'engage à continuer ça. Les
Québécois lui ont donné plusieurs sièges. Premier geste qu'il pose, il invite
le roi d'Angleterre. Puis c'est ça sa carte maîtresse, là. Sa stratégie pour
Donald Trump, c'est que le roi Charles permettrait justement de changer le ton
ou la posture des États-Unis vis-à-vis ce Canada postnational qui tout d'un
coup se trouve une identité nationaliste à travers un vieux monarque d'un autre
pays.
Journaliste : C'est ça,
Donald Trump? C'est son effet?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
voyons donc! C'est... Au moins, j'apprécie que vous riiez, là. Comme ça on se
comprend, là. Donald Trump va continuer à dire des choses relativement
aléatoires et changeantes. Son hostilité, dans le ton aussi, est caractéristique
de tout son engagement politique depuis qu'il a été élu la première fois. Et si
c'est ça notre carte, là, Charles III... Donc, vous savez ce que je pense
de la monarchie britannique. Je n'ai rien contre les Anglais. En passant, j'ai
vécu là un an et demi. Il y a plusieurs qualités que je donnerais aux Anglais.
Ce n'est juste pas mon roi. Ce n'est pas mon pays. Et je ne comprends pas
pourquoi on pelte des dizaines de milliers de dollars à chaque année pour ces
institutions-là. Je trouve ça inacceptable. Et c'est vraiment aussi d'oublier
notre histoire que d'éluder le fait que c'est un régime, la monarchie
britannique, qui est encore problématique au quotidien, ici, à l'Assemblée
nationale, parce qu'on n'est pas un peuple normal, on ne décide pas de...
Journaliste : Est-ce que ça
vous déçoit que les Québécois appuient encore aussi fort les libéraux fédéraux?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
tu sais, je suis plus dans une forme d'incompréhension. Je comprends le
contexte dans lequel ça a eu lieu, mais moi, j'ai une responsabilité. Mon
devoir de loyauté, il est envers les Québécois et le Québec. Et même quand le
Québec prend une direction qui m'étonne, moi, il faut que je continue à
travailler pour l'intérêt des Québécois. Et les politiques promises par Mark
Carney en matière d'endettement de l'État fédéral, en matière d'immigration et
dans le refus de toutes les demandes légitimes du Québec sous la CAQ, ça a été
un échec total, là, cette idée de demandes au fédéral, font en sorte que je
dois continuer à donner l'heure juste, dans la mesure du possible de mes
moyens, aux Québécois en leur disant : Ce sont des politiques toxiques
pour le Québec. Ce n'est pas normal, et on ne devrait pas accepter ça.
Journaliste :
The King's presence... The King's presence
in Ottawa is being portrayed as a gesture of Canadian sovereignty. Of what?
What do you think of that? And do you think this is a good response to Donald
Trump, or do you just see it as a sign of a country that's so insecure? It has
to go get the king.
M. St-Pierre
Plamondon :
It's
the sign of a country that is post-national. That's what Trudeau wanted. He
wanted a Canada where there's no national identity, where there's just
communities living side by side on the basis of religion or on the basis of
ethnocultural identities. And there you have it. There's a bigger country that
says we could either annex you, or at least negotiate a deal so that you become
a country, since you're not even a country, in your own words. Remember also
that I've mentioned on several occasions that Canada is broken. So, Donald
Trump saw the opportunity, and the guy that was elected on the basis of a
strong opposition to Donald Trump, his best card is Charles III, a monarch from
another country based on a colonial tradition that is oppressive to
Francophones and First Nations. I mean, it's out there. It's so abnormal. And
of course, from Québec standpoint, it's not acceptable, but in terms of...
I think it tells more
about who Mark Carney is. It tells you about his attachment to this colonial...
British colonial tradition. His conception of Canada is based on that regime.
And, in terms of influence on Donald Trump, if you think or anyone here thinks
that Donald Trump will stop saying things that are either random or hostile to
Canada because Charles the third was giving a speech today, I mean, I don't
know what game we're playing right now, it just doesn't make sense.
Le
Modérateur : Merci beaucoup.
(Fin à 10 h 56)