Cette transcription a été réalisée à l’aide d’un logiciel de reconnaissance vocale. Elle pourrait donc contenir des erreurs.
(Onze heures trente-deux minutes)
Le Modérateur : Merci d'être
ici en si grand nombre. Bienvenue à ce point de presse transpartisan de Québec
solidaire, du Parti québécois et de la société civile. Prendront la parole dans
l'ordre Haroun Bouazzi, responsable solidaire en matière d'énergie, Pascal
Paradis, porte-parole du Parti québécois en matière d'énergie, Sophie Thiébaut,
d'Attac Québec, Louise Morand, du Regroupement vigilance énergie Québec,
Patrick Gloutney, président du SCFP, et enfin Émilie Laurin-Dansereau, de l'ACEF
du Nord de Montréal. M. Bouazzi.
M. Bouazzi : Merci, Victor.
Merci d'être là. Très, très heureux d'avoir eu la chance de coorganiser avec
nos équipes cette rencontre et de donner la parole à la société civile qui est
vraiment très nombreuse, on s'entend. C'est entre le point de presse et la
manifestation au point où on en est, et on est là pour cause, parce qu'on est
très, très inquiets. On est devant un projet de loi qui va nous appauvrir
toutes et tous. Il va appauvrir les Québécoises et les Québécois à travers
leurs factures. Il va appauvrir l'État parce que plus de privé, c'est moins de
revenus pour l'État. Et il va appauvrir notre démocratie d'abord parce que,
dans le projet de loi, on va affaiblir la Régie de l'énergie, qui est le
principal contre-pouvoir, et qui est très importante pour notre démocratie,
mais aussi parce que, malheureusement, ce gouvernement s'apprête à adopter par
bâillon ce projet de loi sans les débats qu'il faut, en introduisant des
amendements au dernier moment. On en a même reçu aujourd'hui et on a l'impression
que les conséquences sont encore plus dramatiques que prévu. Et donc, dans la
situation actuelle et devant le projet de loi qu'il y a devant nous, nous, on
demande au gouvernement de le retirer tout simplement. Les conséquences de ce
projet de loi seraient dramatiques et encore pires sous bâillon, sans qu'on ait
le temps de l'améliorer. Ça fait que notre demande est claire et vous allez
entendre les groupes après avec...
M. Paradis : Merci. 15
groupes de la société civile qui sont unis et qui font partie maintenant d'une
unanimité québécoise qui comprend aussi les représentants des PME, des
commerces, des industries. Tout le monde est contre le projet 69
actuellement, notamment les 52 amendements et ceux qui nous sont encore
transmis à la toute dernière minute, qui viennent créer un fouillis encore plus
grand d'un projet de loi qui était déjà un bric-à-brac. Et actuellement, ça
sent le bâillon, c'est-à-dire qu'on va suspendre les règles habituelles de nos
débats alors qu'à chaque jour on est en train de débusquer des problèmes dans
les amendements qu'on nous a proposés à la dernière minute. On ne peut pas
jouer comme ça à la roulette avec l'avenir énergétique, économique,
environnemental, social du Québec. On ne peut pas ouvrir la porte à la
privatisation. On ne peut pas édenter la Régie de l'énergie. On ne peut pas
conférer de nouveaux pouvoirs discrétionnaires au gouvernement sans débat
démocratique. Les Québécois n'ont pas demandé ça. On ne peut pas laisser faire
ça. Il y a une pétition qui circule actuellement. J'invite les Québécoises et
les Québécois à la signer par milliers pour participer à ce mouvement qui dit
non au bâillon, non au projet de loi n° 69 qui doit être retiré. Et sur
ce, on laisse la parole aux représentants de la société civile.
Mme Thiébaut (Sophie) : Donc,
merci. Mon nom est Sophie Thiébaut. Je représente Attac Québec, qui est l'une
des organisations membres du Front commun pour la transition énergétique. Nous
sommes là aujourd'hui parce que nous sommes... nous craignons donc ce bâillon
qui s'en viendrait. Nous considérons que ce bâillon représente un déni
démocratique majeur. Le gouvernement de la CAQ n'a pas été élu en prenant un
engagement de mettre en œuvre ce projet de loi n° 69. Nous, en tant qu'organisation
du Front commun pour la transition énergétique, ce qu'on demande depuis plus de
deux ans, c'est un réel débat public. Ce n'est pas des petites consultations
telles qu'elles sont menées actuellement par le gouvernement de la CAQ, ce
qu'on veut, c'est un réel débat de société. L'avenir énergétique du Québec,
c'est majeur. Il faut qu'on s'en parle tous. Il faut qu'on se parle de
décarbonation réelle de notre économie. Il faut qu'on aille vers la sobriété.
Ce n'est pas ce que l'on fait actuellement et c'est ce que nous remettons en
question.
Mme Morand (Louise) : Alors,
bonjour. Louise Morand. Le déni de démocratie auquel est associé le projet de
loi n° 69 inquiète le regroupement Vigilance Énergie Québec parce qu'on
constate que nous n'avons pas d'assurance que le développement énergétique que
le gouvernement souhaite faciliter avec le projet de loi n° 69 servira à
la décarbonation de l'économie intérieure, dont les petites et moyennes
entreprises. Le gouvernement Legault n'a pas de planification pour éliminer
notre dépendance aux énergies fossiles. Au contraire, des exemples récents nous
montrent que cette nouvelle énergie est dédiée à des industries énergivores qui
n'ont rien à voir avec la décarbonation, comme le renforcement du réseau gazier,
comme des centres de données, comme l'intensification de l'industrie minière
qui nous éloigne de la sobriété dont nous avons besoin pour préserver nos
écosystèmes naturels et nos terres agricoles pour un avenir viable. Le plan de
gestion intégrée des ressources énergétiques qu'a promis le gouvernement, au
lieu de présenter des scénarios de sortie des énergies fossiles, ne vise qu'à
concrétiser le scénario unique de croissance énergétique pharaonique qu'on veut
nous imposer avec le projet de loi n° 69. Donc, c'est pourquoi nous
demandons le retrait de ce projet de loi.
M. Gloutney
(Patrick) :
Bonjour.
Patrick Gloutney, président du SCFP-Québec. Ça fait plus de trois ans
qu'on travaille sur ce projet de loi là. Malheureusement, on le savait d'entrée
de jeu, lorsqu'on a rencontré Pierre Fitzgibbon en 2022, que la privatisation
s'en venait dans le dossier de la distribution et de la production
d'Hydro-Québec.
Vous savez, les gens de la CAQ, ils vont
avoir un prix à payer. Et je peux vous assurer que, les prochaines élections,
on va se souvenir des décisions que vous avez prises. Parce qu'aujourd'hui on
est dans la maison du peuple, ici, l'Assemblée nationale. Puis on parle de
démocratie. On veut utiliser... On veut utiliser le bâillon pour faire passer
un projet de loi, qui, à mon avis, fait en sorte que toute la population est
contre. Et qui qui va payer au bout de la ligne? Bien, c'est les générations
futures. Parce que, tous et chacun, comme on l'a démontré en commission
parlementaire, on va se priver de plusieurs milliards de dollars. Et c'est nos
institutions publiques au Québec qui va payer le prix. Et qui qui va payer la
facture? Les générations futures. Donc, vous allez laisser une dette pour les
prochaines générations à venir.
On va se souvenir de vous, la CAQ. Merci
beaucoup.
Mme Laurin-Dansereau (Émilie) : Bonjour.
Émilie Laurin-Dansereau, de l'ACEF du nord de Montréal. Donc, le... pardon, le
déni de démocratie associé au projet de loi nous inquiète beaucoup parce qu'on
s'attend à ce qu'il fasse exploser les factures d'électricité déjà trop chères
pour des centaines de milliers de Québécois et de Québécoises.
Le projet de loi vise à faciliter et à accélérer
le développement de l'offre énergétique. Mais, on le sait, plus d'électricité,
plus les tarifs vont augmenter. En pleine crise du logement et du coût de la
vie, il nous apparaît irresponsable d'avantager les nouvelles industries, comme
le fait le gouvernement, aux frais des clients résidentiels d'Hydro-Québec,
notamment des ménages moins nantis.
Au Québec, un ménage sur sept est en
situation de précarité énergétique, actuellement. Rappelons que les ménages à
faibles revenus sont ceux qui consacrent une part plus importante de leurs
revenus à la facture d'électricité. Le plafonnement des tarifs à 3 %
politise les tarifs d'électricité, mais au bout du compte, c'est la population
qui va payer.
L'électricité est un service public
essentiel qui doit rester abordable. Merci.
Le Modérateur : Merci, tout
le monde. J'ouvrirai maintenant une période de questions.
Journaliste : Une question
pour les deux députés. On parle de plus en plus du bâillon. Est-ce qu'il y a eu
des discussions entre leaders de vos formations politiques et celui du
gouvernement à ce sujet-là?
M. Bouazzi : Pas à ma
connaissance. Ceci étant dit, je n'ai pas parlé à mon leader depuis hier, donc
je ne suis pas au courant.
M. Paradis : Même chose. On
parle avec les représentants du gouvernement. On essaie. En tout cas, en
commission parlementaire, plusieurs fois, on a posé des questions là-dessus.
Donc, la ministre responsable, elle est là. On n'a pas de réponse. Il n'y a pas
eu d'engagement à ce qu'il n'y ait pas de bâillon. Et même chose, là, du côté
des leaders. On attend des nouvelles.
M. Bouazzi : Je peux rajouter
qu'il y a un ministre aujourd'hui à qui j'ai parlé du bâillon et il m'a hoché
de la tête en disant : Oui, là, mais je ne le nommerai pas, là, il y aura
un bâillon. Je veux dire...
Journaliste : C'est quel
ministre...
M. Bouazzi : Non, non, je
vais garder ça pour moi.
Journaliste : Du... Ce qu'on
entend, en fait, du côté gouvernemental, c'est que les opposants font de
l'obstruction. Est-ce que c'est votre objectif de retarder l'adoption du projet
de loi à des fins politiques?
M. Paradis : Je mets au défi
la ministre, n'importe quel député du parti gouvernemental d'identifier les
questions d'obstruction qu'on a posées sur ce projet de loi là, il n'y en a
pas. À chaque jour, on débusque des erreurs dans le projet de loi, on fait
comprendre à l'équipe gouvernementale ce qui est en train de se passer. Si on
n'était pas là pour extirper l'information actuellement, ce serait difficile
même de comprendre où est-ce qu'on s'en va. 52 amendements qui changent
fondamentalement le projet de loi nous ont été garrochés. C'est ça, le mot,
«garrocher». On est en train de siéger : Ah! en passant, vous venez de
recevoir des amendements qui changent tout. Alors, il n'y a pas d'obstruction,
c'est de faire comprendre ce qu'il se passe. C'est en posant des questions
qu'on a découvert qu'il y avait des articles qui permettent au gouvernement de
changer l'interfinancement, donc qui paie quel pourcentage. C'est là qu'on
s'est rendu compte qu'on édentait la Régie de l'énergie, qu'on donne plein de
pouvoirs particuliers, plein de bonbons à Hydro-Québec, qui est véritablement
la main invisible qui a écrit le projet de loi.
Alors, il n'y a pas d'obstruction, il y a
des oppositions qui font leur travail rigoureusement face à un gouvernement qui
est manifestement mal préparé et qui a de la difficulté à comprendre le sens
des amendements qui nous sont proposés.
M. Bouazzi : Je ne répéterai
pas ce qu'il a dit. J'inviterais peut-être les médias à compiler toutes les
demandes de la ministre de suspensions pour qu'elle puisse répondre à nos
questions. On a probablement perdu plusieurs heures, plusieurs heures à chaque
fois, arrêter le projet de loi pour pouvoir répondre à des questions. Je dois
avouer que je n'ai jamais vu ça. J'ai été dans vraiment beaucoup de projets de
loi depuis que je suis élu. Je n'ai jamais vu ça en deux ans et demi.
Journaliste : Bonjour.
J'aimerais savoir combien de nouveaux amendements vous avez reçus ce matin des
53... 52 ou 53 qui avaient été... Vous en avez reçu d'autres ce matin, là?
M. Bouazzi : Oui, on en a
reçu trois ce matin et je ne pourrai pas les commenter parce qu'on les a reçus
ce matin. Mais on comprend qu'il y a une question de rétroactivité dans
l'application de la loi de parties de la loi, on comprend qu'il y a un certain
nombre de tarifs qui ne seront plus décidés par la régie, mais je ne pourrai
pas vous en dire plus parce que, justement, on n'a pas eu le temps de les
analyser. Mais, a priori, ce n'est pas petit, là, ce n'est pas de la
cosmétique.
M. Paradis : Et, là-dessus,
ce qui est intéressant, et Haroun le mentionnait, c'est que, parfois, c'est en
posant des questions que le gouvernement a l'air de réaliser c'est quoi, le
lien des amendements avec d'autres articles qui étaient déjà modifiés. C'est un
réel bric-à-brac, ce projet de loi, les amendements empirent la situation. Qui
comprend ce qu'il est en train de se passer? Heureusement qu'il y a des
oppositions pour essayer de débusquer ce qu'il est en train de se passer.
Journaliste : Ça a quand même
traîné, tu sais, décembre, février avec Trump. Est-ce que... Je vous pose la
question à tous les deux puis peut être qu'il y a des membres de la société
civile qui veulent répondre aussi. Est-ce que le projet de Fitzgibbon était
mieux? Le projet de loi de M. Fitzgibbon, est-ce qu'il était mieux que ce
que Mme Fréchette propose à cette heure?
Mme Thiébaut (Sophie) : Non,
il n'était pas mieux parce que ça ne répondait pas à notre demande de base. Au
niveau des groupes, donc, les membres du Front commun pour la transition
énergétique, on souhaite la décarbonation de notre économie. Ça veut dire des
changements d'habitudes. Ça veut dire qu'il faut absolument sensibiliser l'ensemble
de la population de la société québécoise sur les changements majeurs qu'il
faut qu'on mette en place en lien avec la décarbonation. Et le projet de M.
Fitzgibbon, le projet de loi n° 69, est pour
accommoder un développement industriel, ils veulent doubler la production
d'hydroélectricité. C'est ça, leur objectif à eux autres, ça n'a rien à voir
avec la décarbonation de l'économie du Québec.
Donc, on n'est pas sur les mêmes
orientations dès le départ. Donc, ils ne répondent pas du tout à nos demandes
répétées depuis plus de deux ans.
Journaliste : Peut-être juste
une précision. Ce que vous avez dit par rapport aux changements d'habitude, est
ce que, selon vous, ça aurait pris des hausses de tarifs résidentiels plus
élevés que 3 %? Parce que c'est ce qui est quand même prévu dans le projet
de loi, de les plafonner. Bien, je pose la question à vous parce que vous avez
parlé que ça prendrait un changement d'habitudes.
Mme Thiébaut (Sophie) : Il y
a des personnes beaucoup plus spécialistes que moi autour, là, dont nos
députés. Ce que j'ai compris, c'est que les hausses de tarifs qui sont prévues
sont en lien avec le besoin d'augmenter les infrastructures pour répondre à la
demande énergétique de ce développement industriel. Donc, ça n'a pas rapport
avec nos besoins à nous en tant que société.
Journaliste : Mais le projet
de loi a quand même objectif de limiter les tarifs résidentiels à 3 %.
Bon...
M. Bouazzi : Mais... Bien,
plusieurs points. D'abord, le projet de loi n'était pas mieux, mais celui-ci
est malheureusement pire. Bon, je m'excuse du... Mais le projet de loi
prévoyait plusieurs choses. D'abord, la vente du privé au privé. Deuxièmement,
le fait qu'Hydro-Québec va pouvoir vendre des barrages, des actifs jusqu'à
100 mégawatts. Ça, ça fait plus de neuf nouveaux barrages qui pourront
être vendus par Hydro-Québec. Et plus il y a de privé, plus la facture
augmente. Plus il y a de privé... Je rappelle pourquoi est-ce qu'Hydro-Québec a
été créée, c'est quand même quelque chose.
Mais les 52 amendements viennent
affaiblir la démocratie, et c'est ce qu'il y a de nouveau, c'est-à-dire qu'on
vient vraiment vider de son sens un certain nombre de prérogatives. On enlève
des prérogatives à la Régie qu'on vient rajouter à la... au pouvoir discrétionnaire
de l'Exécutif de l'État.
Pour répondre à votre question, plus il va
y avoir d'électricité pour le privé, pour répondre aux promesses, par exemple,
de Fitzgibbon, plus la facture va augmenter à moins qu'on en décide autrement.
Est-ce qu'il y a eu ce débat-là? Il n'y a pas eu. Mais on peut tout à fait
garder à 3 % ou à moins l'électricité des Québécoises et des Québécois en
se disant : Est-ce que, un, on a besoin de toute cette électricité-là en
plus? Et deux, bien, si c'est telle industrie qu'on a besoin, mais pourquoi
elle paierait pas le prix de la nouvelle électricité qui coûte beaucoup plus
cher que l'électricité patrimoniale? Il y a une vraie conversation à avoir.
M. Paradis : Sans répéter ce
qui a été dit. Il y avait déjà un manque de consultations sur le projet de loi
initial et là, on l'a complètement changé. Il n'y a eu aucune consultation sur
les nouvelles solutions qui sont proposées depuis 10 jours, ça, c'est déjà
un problème. Sur la question des tarifs, la première règle, c'est la
transparence, et actuellement, on a un gouvernement qui fait beaucoup de
communication, qui dit plein de choses et qui se donne, dans le projet de loi
tel que modifié par les amendements, des outils pour faire le contraire, pour
faire augmenter les tarifs. On a débusqué, puis il a fallu qu'on aille creuser
très profond dans le fin fond d'un alinéa caché dans les... pour dire que, ah!
tiens, si vous vous donnez les outils pour faire augmenter les tarifs, mais
vous en dites... vous n'en parlez pas aux Québécois. Alors, transparence, il
n'y en a pas actuellement. Consultations, il n'y en a pas actuellement.
M. Finet (Jean-Pierre) : Bonjour,
je suis Jean-Pierre Finet. Je suis l'analyste et le porte-parole pour le
Regroupement des organismes environnementaux en énergie, qui a, entre autres,
porté le décret du gouvernement en Cour supérieure, pour lequel il y aurait un
amendement, justement, qui va abroger ce décret-là.
Vous demandiez, par rapport à M. Goebbels,
si le projet de loi est mieux ou pire. Il n'était déjà pas bon durant le temps
de Pierre Fitzgibbon, là, il y avait justement toutes les critiques, MM. les
députés ici ont dénoncé, mais ont moins M. Fitzgibbon avait le mérite d'être
clair et honnête dans ses réponses. Vous lui demandiez s'il va y avoir des
hausses de tarifs, il disait : Pas à court terme, mais à moyen terme, oui,
il va y en avoir des substantielles. Même Michael Sabia, sans savoir qu'il
était enregistré, a dit quand on lui a demandé s'il était pour avoir des
hausses de tarifs, il a dit oui, next question, prochaine question, et lui
pour... lui aussi, il en avait, là, c'était... c'était évident. Donc, au moins,
on avait l'heure juste ou on avait quelque chose.
Là, en ce moment, le gouvernement puis
Hydro-Québec, ce qu'ils essaient de faire, c'est de pelleter en avant le plus
possible les hausses de tarifs à venir, puis ils vont être substantiels, là, et
ça se pourrait, tant qu'à moi, qu'ils dépassent les 10 % par année après
2030. Entre autres de par le... oui, le rattrapage sur l'entretien du réseau
qu'on doit faire, les approvisionnements qui vont coûter plus cher, Churchill
Falls qui va coûter plus cher aussi, les compensations aux nations... Premières
Nations aussi qui vont coûter plus cher. Là, je vous ferais remarquer qu'on a parlé
de 35 millions et tout ça, mais je pense que c'est une couple de
milliards, là, que le peuple Innu poursuit Hydro-Québec. Donc, plus on en
rajoute dans les tarifs, ce qui est complètement inéquitable, là, en termes de
redistribution de la richesse, plus ça pénalise la clientèle à faibles revenus.
Donc, on pellette par en avant même les frais de la maîtrise... la maîtrise de
la végétation. Normalement, ces frais-là, on les... on les impute à l'année en
cours. Là, c'est un frais d'opération. Hydro-Québec a décidé de capitaliser ces
frais-là sur 5 à 7 ans, ce qui fait en sorte que ça reporte l'augmentation
plus tard dans le temps. Donc, tout ça, c'est ce qui me fait dire que ça va
être une bombe tarifaire à retardement, que les prochaines générations vont
vraiment en payer, mais toute une. Tout ça jusqu'à tant qu'on aille le bras
dans le collimateur assez longtemps.
Et... et donc c'est... c'est nous,
plusieurs d'entre nous ici avons signé un manifeste pour un avenir énergétique
juste et viable, mais le projet de loi n° 69 fait tout le contraire de ça
et va nous imposer des coûts qui n'appartiennent pas nécessairement aux payeurs
de tarifs d'électricité, mais plutôt aux contribuables ou qui vont se
transformer en coupures de services comme ce qu'on voit en ce moment. Moi, de
me faire réduire ma facture d'électricité de 0, 78 $ par mois, mais de
couper dans l'entretien, puis la construction d'écoles puis d'entretien des
hôpitaux, je trouve que ce n'est pas... je trouve que c'est un cadeau
empoisonné. Je préférerais avoir l'augmentation des tarifs à 0,78 $ de
plus par mois. Je vais arrêter là parce que...
Journaliste : Peut-être juste
préciser.
M. Finet (Jean-Pierre) : Oui.
Journaliste : Vous avez
parlé, par exemple, d'augmentation de 10 %. Est-ce que vous parlez d'une
augmentation moyenne ou vous parlez d'augmentation résidentielle? Parce que là,
c'est ce qu'on appréhende au niveau des PME, c'est sorti ce matin, c'est qu'il
va y avoir une hausse de leurs...
M. Finet (Jean-Pierre) : Oui.
Journaliste : ...de leurs
tarifs, puis et je pense que c'est un peu ce qui est prévu aussi par le
gouvernement, en limitant la hausse à 3 %.
M. Finet (Jean-Pierre) : Oui.
Que le gouvernement limite à 3 % au moins les tarifs ou, par exemple,
justement, une année électorale, dire : Moi, cette année si vous votez
pour moi, ça va être zéro, ça va être moins 2 %, déjà là, c'est néfaste,
là. Il y a une capacité de payer maximale aussi à la clientèle commerciale et
industrielle. Et non seulement ça, je faisais remarquer aussi à Thomas Gerbet,
du Radio-Canada, on parle de tarifs domestiques, commerciaux et industriels, mais,
dans les tarifs commerciaux, il y a l'institutionnel. Les écoles puis les
hôpitaux, là, c'est nos taxes, nos impôts qui paient pour ça, là. Donc, ce
n'est pas... en augmentant plus ces tarifs-là, ce n'est pas un cadeau, là.
Puis, en même temps, le gouvernement dit
aux gens : Économisez l'électricité, c'est un bien précieux, mais,
regarde, je vais le maintenir le prix artificiellement bas. Tu ne peux pas
clignoter à gauche puis tourner à droite comme ça, là. Ça... Ce n'est pas un
bon signal, là.
Il y a... Il y a un prix au plan d'action
d'Hydro-Québec, dont le p.l. 69 essaie de faciliter. On essaie de faire en
sorte que... se dire : Bien, finalement, ça ne coûtera pas si cher et on
va créer de la richesse collective. Et cette richesse collective là, bien,
finalement, va... ça va faire... les gens vont pouvoir en bénéficier. Sauf
qu'on vient appauvrir individuellement les gens pour créer de la richesse
collective. Et, ça, ça ne fonctionne pas.
À un moment donné, juste... je vais
terminer là-dessus, avec Émilie Laurin-Dansereau ici, on avait calculé qu'à
chaque année les ménages en moyenne donneraient 13,39 $ pour compenser le
manque à gagner d'approvisionner Northvolt à 10 cents tandis que ça nous
coûte 5... à 5 cents tandis que ça nous coûte toujours 10 cents du
kilowattheure. Donc, c'est une subvention récurrente, année après année, de
127 millions de dollars pour Northvolt qui aura été des payeurs de
tarifs à l'entreprise privée pour compenser des manques à gagner.
Donc, vous voyez, c'est... c'est... c'est
vraiment un déni de démocratie. On nous passe 52 et plus amendements, là, en
vitesse qui viennent changer le portrait, qui viennent édenter la régie et la
rendre pratiquement juste à peine meilleure qu'un BAPE, qui fait des
recommandations. Là, si tout est décidé d'avance, puis tu me demandes :
Quelle couleur est le cheval blanc de Napoléon? Ça se peut que je te réponde
blanc, là, tu sais. Mais donc, c'est... c'est ça.
On n'est pas beaucoup mieux que Santa
Banana, je pense, de la façon qu'on s'enligne. Je vais arrêter là.
Le Modérateur : Merci, tout
le monde!
M. Bouazzi : Merci!
(Fin à 12 h 53)