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(Quatorze heures quatre minutes)
Le Modérateur : Bonjour à
tous. Bienvenue à ce point de presse du Parti Québécois. Fin de caucus de rentrée
parlementaire. Alors, prendra la parole Paul St-Pierre Plamondon, accompagné
des députés et de la porte-parole nationale, Méganne Perry Mélançon.
M. St-Pierre Plamondon : Alors,
bonjour, tout le monde. Oui, fin de caucus. Deux journées très productives
du travail essentiellement, comme je vous avais dit, aligné sur un sens des
responsabilités qu'on a d'offrir de la qualité dans un rendez-vous électoral
qui va venir dans moins d'un an, qui va arriver vite, et, dans quels cas, on a
beaucoup travaillé sur ce qu'on veut offrir aux Québécoises et aux Québécois.
Un caucus, donc, qui est différent parce qu'on mise sur le moyen long terme,
sur ce qu'il y a d'essentiel, à savoir offrir quelque chose qui est à la
hauteur pour tous ces Québécoises et Québécois qui constatent que l'aventure de
la CAQ a été décevante à plusieurs égards.
Maintenant, je veux vous parler de
laïcité, parce que nous avons lancé un référendum auprès de nos membres. Et ils
étaient appelés à voter au cours des derniers jours sur trois questions, des
questions qui ont fait l'objet d'une consultation parce que, jamais, dans nos
instances, on ne s'était penché sur ces questions-là. C'est donc un moyen
d'avoir une indication de la part de nos membres pour qu'on puisse faire notre
travail et s'aligner correctement, un moyen également pour nos membres de nous
écrire.
Donc, on a reçu beaucoup de commentaires.
Et je tiens... avant de divulguer les résultats du référendum, je tiens à
mentionner qu'on a reçu énormément de commentaires écrits en marge des votes,
lesquels commentaires seront colligés et considérés pour la suite des choses
dans notre travail. Alors, avant de dévoiler les résultats, je veux remercier
le président d'élection Émile Simard, qui est juste là. Donc merci d'avoir assumé
la présidence de cet exercice démocratique.
Et, sans plus tarder, donc, les résultats
sont les suivants :
Le taux de participation parmi nos membres
est de 54,9 %, ce qui est immense. Parce que ce n'est pas une élection
générale. C'est simplement un courriel qu'on envoie aux membres. On n'a pas
d'autre moyen de stimuler le vote. Donc, d'avoir ce taux de participation
démontre qu'il y avait quand même énormément d'intérêt chez nos membres.
Aux questions... Aux trois questions
posées, les résultats sont les suivants :
La première : Acceptez-vous que le
Parti québécois prenne la position suivante en matière de laïcité :
interdiction des prières de rue sauf exception et avec autorisation préalable,
interdiction d'emblée de toute prière lorsqu'elle pertube... perturbe l'ordre
public, bloque la circulation ou occupe illégalement un espace public? Le
résultat : 95 % en faveur du oui, 5 % en faveur du non.
Deuxième question : Interdiction pour
tous les élèves du primaire des tenues et signes religieux ostensibles, dont le
port conduit à se faire reconnaître immédiatement par son appartenance
religieuse? Résultat pour le oui, 90,4 %, résultat pour le non,
9,6 %.
Dernière question de consultation :
Acceptez-vous que le Parti québécois prenne la position suivante en matière de
laïcité : interdiction des prières dans les écoles qui bénéficient du
financement de l'État, du primaire jusqu'au collégial? Résultat, 96,4 %
pour le oui et 3,6 % pour le non.
Donc, je suis évidemment très heureux du
taux de participation. Le moindre qu'on puisse dire, c'est que ça nous donne
une orientation claire. C'est un exercice qu'on a apprécié faire. Donc, ce
n'est probablement pas la dernière fois que nos membres sont appelés à se
prononcer via cette plateforme qu'on a mise sur pied, qui vraiment a très bien
fonctionné. En passant, je remercie la directrice générale Génifère Legrand. Un
vote qui s'est très, très bien déroulé.
Donc clairement, là, il y a une majorité
écrasante en fonction de... sur la base de ces trois propositions-là. Et ça
implique que, si les Québécoises et les Québécois décident de faire confiance
au Parti québécois pour former le prochain gouvernement dans un an, ce seront
nos orientations.
Alors, voilà, je suis disponible pour les
questions.
Le Modérateur : Alors, on va
être prêts à prendre vos questions. On demande une question, une sous-question
par journaliste. Merci.
Journaliste : Bonjour à tous.
Question peut-être un peu plus technique. Au fond, vous dites que vous avez
aimé cette méthode-là pour consulter vos membres. Est-ce que... Est-ce que les
positions qui vont être prises dans des référendums comme ceux-là ont une
différence, en termes de valeur, que des positions qui ont été prises par
exemple en congrès?
M. St-Pierre Plamondon : Non.
Journaliste : Est-ce que vous
allez privilégier ces référendums-là dans l'avenir plutôt que le congrès?
M. St-Pierre Plamondon : Bonne
question. C'est... C'est que les congrès reviennent rarement. Et, pour les
questions, donc, qui n'auront jamais fait l'objet d'un débat, c'est un outil
qui a été apprécié, qui est efficace. Et je reviens sur les commentaires aussi.
C'est que ce n'est pas tant le résultat qu'il y a plein de gens qui nous ont
écrit sur des difficultés potentielles, un désaccord, et pourquoi, donc, on le
considère, etc. Donc, ça s'avère être un outil très utile, qui n'est pas un
substitut au congrès. Donc, tout ce qu'on peut débattre en congrès, vous allez
le voir en personne sur le plancher. Lorsqu'on n'a pas l'espace, qu'on veut une
indication sur quelque chose qui est plus flou, qui n'a pas été débattu, j'ai
trouvé ça quand même très, très utile.
Journaliste : Pour ce qui est
des prières de rue, bien, vous le savez, le gouvernement a annoncé ses
couleurs, là, qui compte l'interdire. Au fond, est-ce que ce n'était pas un peu
inutile, finalement, de consulter vos membres sur cette position-là,
considérant que ça va être réglé avant les prochaines élections?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
rappelons qu'on a annoncé le référendum. Et, comme ça arrive souvent avec la
CAQ, en réaction, ils ont fait une sortie. Donc, non, ce n'est pas inutile pour
cette question-là. Rappelons également qu'il y a quand même deux autres
questions importantes pour lesquelles les résultats sont tout aussi limpides et
affirmatifs. Donc, ça donne simplement l'indication de ce que fera un
gouvernement du Parti québécois, si jamais les Québécois et Québécoises choisissent
de nous porter au pouvoir.
Journaliste : Puis c'est-tu
possible d'avoir votre réaction sur l'abandon de la réforme du régime forestier
qui est arrivé à ce matin?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
je pense, c'est la bonne chose à faire. Je salue même l'humilité, là, du
premier ministre de dire : Ça n'allait pas dans la bonne direction. Donc,
entre faire une mauvaise loi ou refaire le travail pour qu'on ajuste là où tout
le monde était en désaccord, je préfère nettement ce qu'on voit à ce moment,
là. Quant à le faire, pourquoi on ne le ferait pas bien? Oui, il faut
reprendre, mais au moins on ne fait pas un mauvais projet de loi.
Journaliste : Bonjour. Bien,
donc sur les prières de rue, si je reviens aux résultats de votre consultation,
bien, on connaissait déjà, là, votre position, là. Si je comprends bien ce que
vous venez de dire, l'interdiction des signes religieux à l'école par exemple,
étant donné qu'une majorité de vos membres se prononcent, donc, pour cette
interdiction-là, ce serait la position d'un éventuel gouvernement du Parti
québécois. Donc, vous, vous interdiriez ça?
M. St-Pierre Plamondon : Exact.
Journaliste : O.K. Et donc,
la même chose pour les prières dans les écoles?
M. St-Pierre Plamondon : Exact.
Journaliste : Est-ce que vous
attendez une levée de boucliers face à cette position-là?
M. St-Pierre Plamondon : On
n'a pas fait ce calcul-là. On a placé nos membres devant des questions
nouvelles. Évidemment, on est connu comme un parti en faveur de la laïcité,
donc qui se pose des questions saines sur l'envahissement par le religieux des
espaces publics et des espaces de socialisation, notamment en éducation,
lorsque c'est des enfants dont l'autodétermination n'est pas complète parce
qu'ils ne sont pas adultes. Et dans quels cas, une fois qu'on a des résultats
aussi forts et limpides, une fois qu'on sait également qu'une forte majorité de
la population en général vont dans la même direction, je n'ai aucun... aucune
hésitation à vous dire que, dans le cadre du programme, bien, vous verrez
exactement ces idées-là, mais peut-être plus détaillées, c'est-à-dire que là, c'est
l'orientation. Évidemment qu'il y a un certain nombre de questions à se poser
sur le comment. Vous allez voir se détailler ces éléments-là, là, dans le
programme, éventuellement.
Journaliste : Bien, pour les
jeunes, il n'y aurait pas quelque chose de discriminatoire quand même? Il n'y
aurait pas un risque aussi que ça fasse en sorte que des jeunes, bien,
n'aillent pas à l'école peut-être ou on se retrouve uniquement dans des écoles
privées ou...
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
on a d'autres problèmes sociaux, là. Si la volonté de porter des signes
ostensibles empêche des enfants d'aller à l'école, il y a vraiment d'autres
questions à se poser sur les dynamiques sociales qui sous-tendent une telle
décision. Je vous dirais par contre, juste être précis, que c'est une
interdiction des signes religieux ostensibles, donc des signes discrets qui
peuvent être portés sous la chemise, là. Ce ne sera pas non plus une
interdiction si exigeante, là. Il y a quand même une marge où est-ce qu'on
permet des préférences individuelles. C'est simplement que des élèves jeunes,
au primaire, qui sont à des années charnières de leur vie d'intégration à la
société québécoise et qui sont entièrement définis par des signes religieux
dans leur approche avec les autres alors qu'ils ne sont pas en âge de
déterminer ces choses-là, ils sont mineurs, nous semble une question vraiment
fondamentale dans le vivre-ensemble à l'école. Donc, une fois qu'on a consulté
nos membres, on vous reviendra avec les détails de cette politique-là, mais ce
sera bel et bien notre politique.
Journaliste : Une dernière
question sur un autre sujet, donc les coupes de postes que le... dans la
fonction publique que le gouvernement Legault a annoncées, on l'a vu, là, dans
les dernières heures, au ministère de la Sécurité publique, au ministère des
Transports, l'Environnement. Hier, vous nous avez parlé d'efficacité de l'État.
Est-ce que c'est quelque chose que vous voyez... que vous voyez d'un bon œil,
ces coupures-là?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
on va attendre de voir, hein? Parce que, supposons qu'on coupe aléatoirement
des postes juste pour dire qu'on a coupé des postes, on peut créer beaucoup de
tort au fonctionnement de l'État.
Nous, notre position, je la répète, là,
c'est : il y a fort probablement trop de contrôle bureaucratique et des
processus qui n'ont pas de sens, tellement on a empilé des étapes. Ça coûte
cher à l'État. Donc, un gouvernement du Parti québécois ne reculera jamais sur
les normes environnementales. Elles doivent être en vigueur. Par contre, on va
étudier cette bureaucratie qui ne cesse de grandir sous la CAQ.
Et c'est là, le problème de la CAQ. C'est
que c'est eux qui ont amené une croissance trois fois plus rapide de la
bureaucratie que de la population. Ce n'est pas normal. Et là, bien évidemment,
comme dans plusieurs choses avec la CAQ, on va espérer qu'ils ne fassent pas un
truc brouillon de coin de table, là, parce que c'est arrivé dans plein d'autres
dossiers. Ce serait trop facile, pour faire des communications, de simplement
au hasard couper des postes.
Donc, on... Laissez-nous observer ce
qu'ils font réellement, au-delà de leurs communications. Et ça nous fera
plaisir de collaborer si vraiment, l'objectif, c'est de simplifier des
processus rendus tellement complexes qu'on n'a plus les moyens de nos missions
fondamentales tellement la bureaucratie devient coûteuse, onéreuse tant pour la
population que pour l'État.
Journaliste : Bonjour, M.
St-Pierre Plamondon. Pour revenir sur le sondage, là, visiblement vos membres
vous disent de façon assez claire que le Parti québécois devrait avoir une
position qui prône une certaine intervention de l'État dans l'espace public,
là, en ce qui a trait à la prière de rue. À ce moment-là, qu'est-ce que vous
pensez, comme chef du Parti québécois, d'une éventuelle interdiction du port de
signes religieux dans l'espace public carrément?
M. St-Pierre Plamondon : Vous
dites : Partout, tout le temps, là?
Journaliste : Oui. Comme en
France, là, il y a certaines positions qui ont été prises à ce niveau-là.
M. St-Pierre Plamondon : Le
standard d'intervention d'un État, c'est... ça prend, pour limiter un
comportement et intervenir... que ce soit le Code criminel ou le Code civil, ça
prend des raisons de vivre-ensemble vraiment convaincantes, là, précises et
concordantes. Donc, je ne vois pas... je n'ai pas entendu d'arguments à l'effet
que toute émanation du religieux est une forme de dislocation, là, ou un
danger, ou un problème de vivre-ensemble.
Ce qui arrive avec les prières de rue et
qui nécessite l'intervention, c'est que c'est une appropriation de l'espace
public, qui, en principe est pour tout le monde, à des fins qui sont
peut-être... probablement, en fait, je devrais dire, politiques. Il y a... Il s'est
passé partout en Europe, en Amérique, des manifestations du religieux qui
tiennent davantage à l'appropriation de lieux qui devraient appartenir à tout
le monde qu'à la volonté d'avoir un dialogue avec son Dieu, là. Parce qu'il y a
des temples pour ça, hein?
Donc, on va quand même demeurer prudents
dans la mesure du possible et évaluer avec le plus de justesse possible là où
il faut intervenir si on veut préserver la paix sociale puis là où
l'intervention n'est pas requise parce que la paix sociale n'est pas en jeu.
Mais, quand on parle d'enfants qui ne sont pas en âge de majorité, de
s'autodéterminer par rapport à la question du religieux, quand on parle du
développement social et de la cohésion, l'intégration de tous, le milieu
scolaire nous semble un endroit où est-ce que c'est parfaitement normal que
l'État édicte des règles, parce que, dans une école, ça prend des règles.
C'est... C'est vrai pour tous les sujets dans une école.
Journaliste : Merci. Depuis
hier, on vous entend souvent appuyer des mesures prises par le gouvernement
Legault ou, en tout cas, les saluer. On pense, là, tout récemment dans ce point
de presse au régime forestier. Vous avez salué son honnêteté.
M. St-Pierre Plamondon : Je
ne l'ai pas beaucoup salué dans SAAQclic, en passant, là.
Journaliste : Non.
Effectivement. Mais, bon, on peut... on peut penser à l'efficacité de l'État
également, on peut penser à...
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
ça non plus, je ne salue pas. Je demeure un... de prudent scepticisme.
Journaliste : Bien, vous avez
la même... vous avez une position similaire. Bon.
M. St-Pierre Plamondon : Ça,
c'est vrai.
Journaliste : Même chose pour
les prières de rue. Pourquoi ce comportement qui est peut-être un peu moins
hostile qu'on a pu s'y habituer?
M. St-Pierre Plamondon : Oh!
la réponse est très simple. C'est que le Parti québécois donne une orientation,
puis dans la semaine suivante, la CAQ reprend toujours notre orientation. Je
veux dire, ne cherchez pas, c'est juste ça. C'est... Regardez comme il faut,
là, la séquence sur la bureaucratie, regardez comme il faut la séquence sur la
prière de rue, regardez d'autres séquences lors de la dernière session, ça
arrive souvent que le Parti québécois dit : Nous, on s'en va là, on y a
réfléchi puis c'est là qu'on s'en va, et ça prend moins de cinq jours ouvrables
pour que le gouvernement s'ajuste en conséquence. Et c'est une bonne chose. Ça
veut dire qu'on exerce une influence, puis ça veut dire qu'il y a une forme de
démocratie qui fonctionne, même entre des partis qui ont maille à partir. Il y
a quelque chose dans le parlementarisme qui fonctionne. Donc, c'est ça
l'explication, tout simplement.
Journaliste : Merci.
Journaliste : Dans le
rapport, Guillaume Rousseau et Christiane Pelchat, dont a pu questionner les
convictions laïques, disent que les municipalités ont déjà tout ce qu'il faut
pour intervenir en matière de prières de rue. Qu'est-ce que vous pensez de
cette position-là?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
je n'ai pas eu la chance de les entendre sur le fond de leurs conclusions.
Simplement, nous, on pense que c'est une question qui ne peut pas être inégale
sur le territoire. Donc, il y a un aspect d'intérêt national et de
vivre-ensemble au niveau de la paix sociale qui demande une espèce d'uniformité
puis de concordance à l'échelle de toutes nos institutions. Donc, c'est la
prérogative de l'Assemblée nationale d'intervenir sur ce sujet-là. Et ensuite
on peut bel et bien laisser aux municipalités l'application, là. Donc, ce n'est
pas à l'Assemblée nationale de faire un travail qui relève de permissions
accordées par la municipalité, mais au moins le cadre et les règles vont être
clairs et uniformes, ce qui n'est pas le cas dans la proposition, à mon avis,
de ce rapport-là, parce que ça laisse une inégalité. Puis là, évidemment, il y
a des orientations politiques dans chaque administration municipale, donc tout
ça va être très difficile à comprendre si on ne donne pas des orientations
claires.
Journaliste : À l'école, vous
avez dit : Pas de signes ostensibles. Le kirpan, est-ce que c'est un signe
ostensible?
M. St-Pierre Plamondon : Écoutez,
je n'ai pas... Je peux vous revenir-là, mais je n'ai pas... on n'a pas une
position spécifique.
M. Bérubé : Bien, on a une
décision de l'Assemblée nationale, en tout cas, là-dessus, là.
Journaliste : Oui. Puis il y
a aussi Multani, 2006, la Cour suprême avait dit que c'était protégé par la
Charte.
M. St-Pierre Plamondon : Donc,
votre question est légitime et elle porte sur l'application d'une orientation
qui vient d'être votée. Moi, je juge comme chef que ça valait la peine
d'entendre nos membres sur une orientation qui n'a jamais été débattue au Parti
québécois. Une fois qu'on a l'orientation, vous avez raison de poser la
question, O.K., mais concrètement, ensuite, il y a un certain nombre de cas...
Et on fera ces devoirs-là de sorte qu'on arrive, notamment à la campagne
électorale, avec des réponses plus spécifiques, mais comprenez qu'ici on avait
simplement besoin de dire à nos membres : On s'apprête à prendre cette
orientation-là. Êtes-vous avec nous ou avez-vous un problème avec ce qu'on fait?
Au moins, ça a le mérite d'être clair.
Journaliste : Est-ce que ça
va prendre des diagrammes un peu comme ceux de Bernard Drainville ou non?
M. St-Pierre Plamondon : Bien
non. Non. On a utilisé le mot «ostensible» parce qu'on se disait : On veut
une uniformité puis on veut un message qui est clair sur la place limitée que
le religieux doit prendre dans nos institutions si on veut une paix sociale
dans un environnement où les convictions ne sont pas les mêmes, y compris ceux
qui sont athées et qui ne veulent rien savoir de la religion, puis ensuite il y
a des religions monothéistes différentes. Donc, dans cet environnement-là, on
veut que ce soit clair, les attentes. Mais on donne quand même, avec le mot
«ostensible», une marge de manœuvre pour des particularités individuelles, là,
qui sont somme toute... qui n'influenceront pas le rapport social de l'enfant
qui socialise avec ses autres amis, là.
Journaliste : Puis vous avez
aimé... vous avez aimé, donc, le procédé du référendum électronique? Est-ce
que... Est-ce que vous pourriez le transposer à l'ensemble de la nation sur
certaines questions particulières, faire un référendum, mettons, sur une
question délicate dans l'ensemble de la nation québécoise, les référendums
électroniques?
M. St-Pierre Plamondon : Je
ne suis pas... Je ne suis pas capable de vous cacher que ça me tente beaucoup.
Journaliste : O.K. Mais, vous
qui êtes un critique des écrans, est-ce qu'il n'y a pas... est-ce qu'on
n'escamote pas l'importance de la délibération? Mettons, dans vos congrès, là,
ça délibère micro pour, micro contre. Là, vous avez eu tout le monde derrière
leur écran, dans leur sous-sol, qui répond à...
M. St-Pierre Plamondon : J'y
ai pensé, j'y ai pensé beaucoup. Puis j'ai pensé même à des projets pilotes,
puis je ne m'y engage pas, là, mais vous me posez la question. J'y ai beaucoup
réfléchi. J'ai pensé à des projets pilotes sur des bases régionales pour tester
justement quel degré de démocratie on peut atteindre en faisant appel aux gens.
Ma conclusion préliminaire, c'est que, lorsqu'une question est vraiment
importante puis occupe beaucoup d'espace dans la vie des gens, ce genre de vote
électronique est efficace parce que les gens ont déjà investi du temps de
réflexion, donc ils ont évolué. Mais on ne peut pas avoir une gouvernance de
sollicitation électronique sur tout et rien. Parce que ce n'est pas vrai que
les gens avec leur boulot, les enfants, les responsabilités... On ne peut pas
leur demander non plus de suivre chaque dossier dans le détail. Donc, on
parlait de la réforme du régime forestier. On ne peut pas consulter
électroniquement, oui et non, les gens sur une affaire très, très complexe, pointue.
Je pense que c'est un outil intéressant lorsque la question est dans l'esprit
de la population et se démarque par son importance, dans quel cas, là, ça
fonctionne, c'est une indication qui est utile pour les élus.
Journaliste : J'aimerais ça
revenir, M. St-Pierre Plamondon, sur le document de travail, là, concernant les
cotisations syndicales. Il y a eu une rencontre ce matin entre Jean Boulet, les
centrales syndicales. Les syndicats ne se disent pas du tout rassurés par ce
qui est ressorti de cette rencontre-là, et, même si M. Boulet dit que ce n'est
pas une finalité, ce qui a été découvert, pour eux, le gouvernement s'en va
dans cette direction-là, ça me semble évident, selon eux. Et, ce matin, Mme
Senneville disait que c'est une attaque à la liberté d'expression des
syndicats. Est-ce que c'est une attaque à la liberté d'expression des
syndicats?
M. St-Pierre Plamondon : Je
laisse à mon collègue Pascal Paradis, mais simplement mentionner, tant qu'on
n'a pas de certitude puis qu'on est dans des spéculations, il faut aussi être
prudents, là. Parce que, si t'as un document de travail, avant de dire que
c'est certain que c'est ça, là, un instant. Donc, il faut travailler avec des
choses certaines. T'as-tu d'autres choses, Pascal, là-dessus?
M. Paradis : Vous savez que
le ministre à lui-même lancé une enquête hier. Donc là, il s'interroge sur
comment ce document-là s'est rendu sur la place publique. Ça en démontre
beaucoup sur les techniques de travail du gouvernement. Mais là il n'y a aucune
certitude. Donc là, les gens s'emballent, puis les gens ont des réactions sur
quelque chose dont on ne sait pas encore ce que ce sera. Donc, même chose pour
notre réaction. Nous, on vous dit qu'on fait de la politique de rigueur. Alors,
la première chose qu'on va faire, c'est qu'on va savoir quelle est l'intention
du gouvernement, qu'est-ce qu'il veut faire, est-ce qu'il y a un projet de loi
qui s'en vient, oui ou non. Pour l'instant, on ne le sait pas. On a, par
contre, le gouvernement qui a un peu indiqué ses cibles pour la prochaine
session. S'il s'attaque à la formule de cotisations syndicales, ça va être...
c'est un très gros morceau, c'est une... c'est un pilier de la démocratie. Et
nous, on est des démocrates et on défend la démocratie partout où elle
s'exerce.
Journaliste
: Donc, la
formule Rand...
Journaliste
: On n'y
touche pas?
Journaliste
: ...vous
allez la défendre?
M. St-Pierre Plamondon :
Bien, c'est-à-dire, laissez-nous comprendre ce que tente de faire le
gouvernement. Ce que je vous ai déjà dit là-dessus, c'est que tenter de jouer
ou d'influencer sur comment les cotisations syndicales sont utilisées... Il
faut se poser la question : Est-ce que c'est vraiment ça ou est-ce qu'on
n'est pas devant une question de démocratie syndicale? J'ai nommé l'exemple de
la FAE, qui me dérange, personnellement, beaucoup, là, un syndicat qui prend
des cotisations syndicales, l'utilise dans des frais juridiques exorbitants
pour contester la loi 21, ce qui, à l'évidence, est en dehors de la mission
du syndicat, mais qui, de mon point de vue, est également déloyal envers les
intérêts du Québec et notre démocratie. Je suis très critique de ça, mais je me
demande : Ce n'est pas plutôt en termes de démocratie syndicale, la
capacité des membres de dire : Qu'est-ce que vous faites?, et j'ai un
pouvoir de vous dégommer ou de mettre un frein à ces dérives-là lorsqu'on est
devant ça? Est-ce qu'on est devant une question de démocratie plutôt que de
cotisations?
Journaliste
: Vous
voulez qu'ils fassent des référendums électroniques?
M. St-Pierre Plamondon : Non,
là, je ne leur impose pas ça, mais il y a quand même... il y a une raison de se
pencher sur ces questions-là, mais, comme souvent avec la CAQ, la solution, si
elle est faite sur un coin de table, sans consulter personne, les chances sont
qu'on ne visera pas comme il faut, là.
Donc, laissons au gouvernement le soin de
s'exprimer de manière claire sur les intentions. Ça va nous faire plaisir de
commenter une fois qu'on sait de quoi on parle.
Le Modérateur
: On va
prendre une dernière question, avec M. Gosselin. Est-ce que vous aviez une
question?
Journaliste
: ...
Le Modérateur
: Une
dernière question.
Journaliste
: Une
miniprécision linguistique, parce que vous avez beaucoup employé le terme
«ostensible». Je sais que la question est peut-être niaiseuse, mais mon
collègue l'a posée aussi. «Ostensible»...
M. St-Pierre Plamondon : Ça
fait que, lui aussi, il est niaiseux.
Journaliste
: ...la loi
sur la laïcité, à l'époque, on parlait beaucoup de «ostentatoire». Est-ce que
vous faites une distinction entre les deux termes?
M. St-Pierre Plamondon : Oui,
il y en a une.
Journaliste
: Ah!
M. St-Pierre Plamondon : Il y
en a une. Donc, on vous référera aux définitions, qui sont légèrement
différentes. Et l'interprétation de «ostensible», c'est celle qui a cours en
France. Donc, ça donne un espace quand même... je vous référerai sur les deux
différences, là, mais ça donne un espace pour certains signes qui sont
relativement discrets et qui ne changent pas grand-chose.
Journaliste
:
«Ostensible», c'est moins ostentatoire que «ostentatoire»?
M. St-Pierre Plamondon : Si
vous voulez vraiment ce débat-là, je vous envoie...
Journaliste
:
«Ostensible», c'est quand on fait par exprès pour le montrer...
M. St-Pierre Plamondon :
Bien, c'est ça, c'est le...
Des voix : L'intention.
Journaliste
: ...
M. St-Pierre Plamondon :
C'est ça. Donc... Mais je vous enverrai la nuance, elle est intentionnelle.
Donc, je suis très transparent sur le fait qu'on a eu cette discussion-là à
l'interne puis on a abandonné «ostentatoire» pour prendre le modèle qui est
utilisé en France pour se...
Des voix : ...
Journaliste : ...à tous les
niveaux? On est juste dans une petite précision, là, mais à tous les niveaux
scolaires, du primaire...
M. St-Pierre Plamondon :
Donc, la question va comme suit...
Des voix : ...
M. St-Pierre Plamondon :
C'est ça, du primaire jusqu'au collégial.
Journaliste
: Donc, pas
dans les CPE.
M. St-Pierre Plamondon : Ce
n'était pas dans la question, en effet.
Journaliste
: Sur la
démocratie syndicale, vous avez quand même...
Journaliste
: ...
M. St-Pierre Plamondon :
Pardon?
Journaliste
:
Pourriez-vous aller jusque là?
M. St-Pierre Plamondon : À
l'évidence, ce n'est pas dans les orientations actuellement.
Le Modérateur
: Alors,
ça va être la vraie dernière question, s'il vous plaît.
Journaliste
: Sur la
démocratie syndicale, est-ce que je vous ai bien compris, vous avez dit qu'il y
avait un problème, il y a un problème dans la démocratie syndicale?
M. St-Pierre Plamondon : Je
n'ai pas dit ça. J'ai nommé quelques cas qui, de mon point de vue, sont des
dérives ou une forme d'abus d'utilisation des cotisations syndicales, notamment
ce cas de la FAE, qui... que je ne comprends toujours pas. Mais, des fois, en
voulant trouver une solution trop rapidement et sans réfléchir ni consulter,
bien, on crée plus de problèmes que ce qu'on solutionne de choses, là. C'est
ça, le danger ici.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup. C'est ce qui conclut ce point de presse.
M. St-Pierre Plamondon :
Merci.
(Fin à 14 h 29)