Cette transcription a été réalisée à l’aide d’un logiciel de reconnaissance vocale. Elle pourrait donc contenir des erreurs.
(Onze heures vingt-trois minutes)
M. Roberge : Merci bien.
Merci, tout le monde. Bonjour. Content de vous retrouver. Tout d'abord, je veux
saluer mon équipe, particulièrement la sous-ministre et son équipe, l'équipe du
cabinet avec des adjointes parlementaires et gouvernementales, députée de
Vimont, députée d'Iberville, tous les députés de toutes les formations
politiques qui ont travaillé aux consultations. Ça a été un bel exercice. On a
fait un exercice de consultation qui, pour la première fois, visait l'immigration
permanente et l'immigration temporaire. Je pense que c'était nécessaire de le
faire. On l'a fait de belle manière, sans tourner les coins ronds. On a reçu
plus de 140 mémoires, on a entendu plus de 75 groupes et experts en
plus de trois semaines de consultations. Beaucoup réfléchi, beaucoup discuté,
entendu des gens de partout au Québec, des gens d'affaires, des municipalités,
des experts, des universitaires, des entreprises. Et on a vu toute la
complexité de la planification de l'immigration en tenant compte des seuils
permanents et temporaires, mais tout le potentiel humain aussi qui a continué
de grandir comme nation avec l'arrivée des nouvelles personnes sur le
territoire québécois. Parce que l'immigration, ça demeurera toujours une force,
un levier essentiel pour assurer le développement économique et le
développement social au Québec, pour assurer une démographie qui est forte, une
occupation du territoire puis aussi une capacité de recherche, on l'a entendu
dans les consultations, une capacité de recherche dans nos universités aux
cycles supérieurs.
On a donc, comme gouvernement, la
responsabilité de bien planifier cette immigration en respectant la capacité d'accueil,
en prenant soin de notre culture, de notre langue commune et en soutenant l'intégration
dans le respect de notre nouvelle politique d'intégration nationale. Le
contexte qu'on a aujourd'hui est bien différent du contexte qu'on avait il y a
deux ans lors de la dernière planification pluriannuelle. La croissance de l'immigration
des immigrants temporaires est très, très forte. Il y a plus de 565 000 immigrants
temporaires, ou on peut dire résidents permanents, sur le territoire québécois.
C'est un nombre qui a explosé, qui a augmenté de manière très, très forte dans
les dernières années. Puis on va le dire, plus de deux tiers de ces immigrants-là
relèvent du gouvernement canadien, mais la hausse des dernières années relève
bien plus que du deux tiers même du gouvernement canadien. La présence en très,
très grand nombre de toutes ces personnes sur le territoire, bien évidemment,
ce n'est pas responsable de tous les enjeux qu'il y a au Québec, mais ça
augmente de manière 15361déraisonnable
la pression sur les écoles, sur les hôpitaux, sur les services publics, sur
l'accès au logement, je veux même dire sur l'accès à la propriété. C'est une
pression aussi sur le français, qui était déjà vulnérable, on le sait tous.
Des exemples concrets. Par exemple, la
présence d'autant de personnes, qui sont des immigrants temporaires, résidents
non permanents, sur le territoire québécois, bien, ça requiert, en termes de
santé, au net, plus de 10 000 ressources humaines dans le réseau de
la santé. Il faut les trouver, ces personnes-là. Il y a l'enjeu des finances
publiques, mais il faut les trouver aussi.
En éducation, il y a
62 000 élèves, 62 000 enfants qui sont résidents non
permanents, ça représente un besoin de 4 500 enseignants à temps
plein. Est-ce qu'on les a, ces enseignants-là? Il faut se poser la question.
En termes de logement, ces résidents non
permanents représentent 280 000 ménages. Donc, quand on sait, quand
on pense à la crise du logement, année après année, le 1er juillet... la
crise du logement n'est pas uniquement causée par toutes ces personnes, mais
dans un contexte de rareté de logement, il faut se demander quels leviers on
peut utiliser. Il faut augmenter l'offre, absolument, bâtir davantage, mais pas
seulement.
D'un côté financier, l'aide de dernier
recours, en 2024, représente plus de 500 millions de dollars versés
aux demandeurs d'asile seulement sur le territoire québécois. Donc, quand je
parle d'une pression très, très concrète, elle se mesure, et les indicateurs
sont très, très clairs.
La situation économique a changé aussi
dans les dernières années. Tout de suite après la pandémie, il y avait le
rebond... économique très fort, c'était le plein emploi, et là, on voit dans
les derniers mois une remontée importante du taux de chômage, beaucoup à cause
des tarifs de... de notre ami voisin du sud, particulièrement un chômage qui
frappe les jeunes et qui frappe particulièrement aussi les nouveaux arrivants,
les nouveaux immigrants. Eux aussi sont impactés par ça.
Donc, on continue d'accueillir des
immigrants, on continue d'accueillir des nouveaux arrivants, c'est certain,
mais il doit y avoir une réduction des volumes. C'est une évidence.
Pour ce qui est de l'immigration
permanente, donc pour la période 2026 à 2029, le niveau d'admission sera
plus faible que celui des deux dernières années. Pour les quatre prochaines
années, on vise 45 000 immigrants permanents, ça veut dire environ
15 000 personnes de moins par année que ce qu'on avait dans les deux
dernières années. Donc, après quatre ans, c'est 60 000 personnes de
moins que si on avait poursuivi la courbe telle que précédemment.
Par contre, on va mieux sélectionner ces
personnes qui vont venir faire leur vie ici, chez nous. On augmente la part de
l'immigration économique à 64 %. C'est au... au-delà même de ce qu'on
avait dans notre cahier de consultation parce qu'on a bien écouté les gens qui
sont venus nous parler.
Donc, 64 % des 45 000 seront des
gens de la catégorie immigration économique. C'est environ
28 800 personnes par année. 77 % de ces 45 000 aussi
devront avoir une connaissance du français. Pourquoi ce n'est pas 100 %?
Bien, parce qu'il y a la question de la réunification familiale et la question
des réfugiés, pour lesquels on n'a pas cette exigence de français.
On monte jusqu'à 65 % pour les gens
qui sont déjà sur le territoire. Donc, on veut faire passer beaucoup de
personnes d'un statut de temporaire à un statut de permanent. Beaucoup de gens
sont ici, s'installent, adhèrent à notre culture, à nos valeurs, s'intègrent
dans la vision de l'intégration nationale, maîtrisent la langue, ont un emploi,
sont diplômés du Québec, voilà pourquoi on veut piger beaucoup parmi, je
dirais, le capital humain sur le territoire québécois. Dans une perspective
humanitaire, c'est intéressant, mais aussi dans une perspective économique. On
va dans cette direction-là.
Donc, avec ces chiffres, un plus grand
nombre de travailleurs étrangers temporaires dans nos régions pourront accéder
à la résidence permanente. Je pense que le milieu économique, particulièrement
le milieu économique régional, peut être rassuré de cette orientation
importante.
Les travailleurs étrangers temporaires,
mais aussi les diplômés de nos institutions du Québec, les diplômés de nos
cégeps, les diplômés de nos universités seront aussi privilégiés, seront
sélectionnés en priorité pour devenir nos résidents permanents. C'est important
de le mentionner aussi. Voilà pour l'immigration permanente.
L'immigration temporaire que nous
contrôlons au Québec maintenant. Le nombre de 65 000 titulaires du
permis dans le cadre du PTET, le Programme des travailleurs étrangers
temporaires, a été 15361choisi, tandis
que le nombre de 110 000 a été sélectionné pour les étudiants étrangers.
Par rapport à 2024, on parle d'une baisse d'environ 13 % quand on
additionne l'ensemble des migrants temporaires sous le contrôle du Québec par
rapport à ce qu'on veut pour les quatre prochaines années, c'est environ
13 %. Ça représente environ 25 000. Donc, ce que ça veut dire,
puisqu'on doit avoir une vision intégrée entre les immigrants temporaires et
les immigrants permanents, c'est que, 2026 à 2029, bien, quand on sera arrivés
en 2029, par rapport à la trajectoire habituelle... actuelle, il y aura
60 000 permanents de moins et 25 000 temporaires de moins, donc
85 000 personnes de moins sur le territoire québécois que si on avait
poursuivi dans la trajectoire précédente. Je vous parlais tout à l'heure du
respect de la capacité d'accueil. Voilà un geste concret, en plus de ce qu'on
demande, bien sûr, à Ottawa.
Et parlons d'Ottawa un petit peu, parce
qu'on tient compte maintenant de l'immigration temporaire et permanente, on ne
fait pas juste deux planifications en un jour, on fait une planification
intégrée en tenant compte de ces deux secteurs-là, mais en tenant compte aussi
de ce qu'on contrôle, nos temporaires, et de ce qu'on ne contrôle pas. Et on est
obligés de dire que le fait qu'Ottawa a refusé, a fait la sourde oreille à
cette demande importante, légitime, répétée, à la fois par le gouvernement, par
les gens d'affaires, de donner la clause grand-père aux travailleurs étrangers
temporaires à l'extérieur de Montréal et Laval, bien, ça nous a amenés à
sélectionner le niveau le plus élevé dans nos scénarios. Vous savez, on avait
25 000, 35 000, 45 000. On aurait pu prendre un scénario
inférieur à ça, mais, devant ce refus d'Ottawa d'écouter, devant son obstination
à nous arracher nos travailleurs étrangers temporaires en région, on a choisi
le scénario le plus élevé pour avoir, donc, une proportion plus grande
d'immigrants économiques et donc de venir pallier à cette insensibilité
d'Ottawa par rapport à notre économie régionale.
On garde l'orientation, évidemment,
cependant, de réduire les demandeurs d'asile et de mieux les répartir à travers
le Canada, de réduire, de la part d'Ottawa, les gens qui relèvent du PMI, le
Programme mobilité internationale, et on vise cette réduction-là jusqu'à
200 000, surtout, surtout à Montréal et à Laval. Pourquoi? Parce que le
français est beaucoup plus vulnérable, parce que c'est beaucoup plus difficile
d'intégrer les gens à Montréal et à Laval, parce qu'il y a une disponibilité de
main-d'oeuvre aussi qui est déjà présente dans cet endroit-là.
Donc, il y a le combien, mais il y a le
qui on sélectionne et où allons-nous les sélectionner sur le territoire
québécois. On doit le faire beaucoup mieux qu'avant. On ne pourrait pas faire
la planification que l'on fait aujourd'hui avec nos anciens programmes, et là,
attention, c'est le festival, là : le PRTQ, le PEQ travailleurs, le PEQ
diplômés, les projets pilotes. Nous n'avions pas l'agilité dont nous avons
besoin aujourd'hui pour reprendre en main notre immigration permanente et
temporaire et respecter notre capacité d'accueil. C'est pour ça que,
maintenant, la voie d'avenir pour immigrer au Québec de manière permanente,
c'est le Programme de sélection des travailleurs qualifiés, le PSTQ. Voilà
pourquoi on se tourne vers ce programme-là, parce qu'on le dit bien :
sélection des travailleurs qualifiés. On va être capables de sélectionner selon
des critères géographiques, selon le fait que les gens sont diplômés ici, selon
le secteur d'activité, et on va donc assister à une opération de
régionalisation de l'immigration comme on n'en a jamais vu. Et ce sera très,
très bon pour l'intégration à la nation québécoise, parce que c'est beaucoup
plus facile, je vous dirais, de sélectionner un immigrant qui habite en région
et de lui permettre de rester là que de convaincre quelqu'un qui s'est enraciné
à Montréal de déménager ensuite en Beauce, à Baie-Comeau, au Saguenay ou en
Abitibi. On le comprend.
Par rapport maintenant à des programmes que
nous conservons, mais pour lesquels on ajoute des... on change les règles,
bien, je veux parler du... le Programme de travailleurs étrangers temporaires.
On ajoute, à partir du 17 décembre, l'obligation de maîtriser la langue
française, d'atteindre au moins le niveau quatre à l'oral. On donne trois ans
aux personnes, à partir du 17 décembre 2025, pour atteindre au minimum le
niveau quatre. S'ils ne l'atteignent pas, ils ne pourront pas renouveler le
permis après trois ans sur le territoire québécois. Je pense que c'est une
question de respect pour la nation québécoise. On est la seule nation
francophone d'Amérique du Nord. C'est
une question de respect, une question de santé et
de sécurité aussi pour comprendre les consignes de sécurité, et je vais vous
dire aussi une question de respect des droits, parce que les gens peuvent être
informés de leurs droits dans la langue française. Et ensuite, bien sûr, bien,
ça facilite leur passage, s'ils le souhaitent, vers la résidence permanente,
puis il faut maîtriser la langue française pour être sélectionné au Québec
comme immigrant économique.
Pour ce qui est du programme de parrainage
collectif au Québec, donc, on suspend les demandes encore dans le cadre du
programme de réfugiés étrangers jusqu'à la fin de l'année 2029. Pourquoi?
Parce qu'on a des dizaines, des centaines, des milliers de demandeurs d'asile
sur le territoire québécois. Et comme je vous l'ai dit tout à l'heure, on va
privilégier des gens qui sont déjà sur le territoire pour les faire basculer
parmi les permanents, plutôt que de faire venir des gens qui ne sont pas déjà
ici, question encore de respect de la capacité d'accueil.
Donc le contexte a changé. Notre
planification a changé. On tient compte à la fois de la présence des gens, on
tient compte de ce qui se passe au sud de la frontière. On tient compte de ce
que le gouvernement fédéral fait, mais surtout de ce qu'il n'a pas fait pour
nos travailleurs étrangers temporaires. Si, réellement, on voit des changements
de la part du gouvernement fédéral, qui s'avèrent sur le terrain, si les
chiffres bougent et bougent réellement et significativement, on pourrait revoir
nos cibles, mais on n'est pas là aujourd'hui. Les principes qui nous ont guidés
sont donc évidemment le respect de la capacité d'accueil, le respect de notre
langue, le respect de notre capacité d'intégrer, la capacité d'offrir aux
Québécois des services publics de qualité.
Et on peut le faire, je le répète, parce
qu'on a un nouvel outil, le Programme de sélection des travailleurs qualifiés,
mais aussi un autre outil qu'on s'est donné l'année passée, qui est notre loi
sur... qui nous permet d'encadrer la venue d'étudiants étrangers. Avec ces deux
outils-là, on a beaucoup plus d'agilité. Nous n'aurions pas pu faire cette
planification-là l'année passée ou l'année d'avant. Ce sont ces nouveaux
outils-là qui nous permettent réellement de mieux sélectionner, de mieux régionaliser.
Je termine en disant que ce choix-là que
nous faisons, on le fait pour les Québécois qui sont déjà sur le territoire,
pour d'autres qui vont venir nourrir la nation québécoise. Le Québec est une
terre d'accueil, demeurera toujours une terre d'accueil fière et ouverte sur le
monde. Merci.
Le Modérateur
: Merci.
On va passer à la période des questions en commençant avec Geneviève Lajoie, le
Journal de Québec.
Journaliste
: Bonjour, M.
le ministre. J'aimerais vous entendre sur la cible de 35 000. Pourquoi,
selon vous, 35 000 immigrants par an, ce n'était pas le bon choix?
M. Roberge : Ça aurait pu
être un choix intéressant. Moi, quand j'ai proposé, au printemps dernier, après
consultation avec tout le caucus, le Conseil des ministres, trois cibles,
25 000, 35 000, 45 000, je voyais des avantages et des
inconvénients à chacune de ces cibles-là. Il y avait une possibilité qu'on
aille autant sur 25, 35 ou 45. Le fait qu'Ottawa n'a pas écouté la demande du
Québec et des régions de donner la clause grand-père pour permettre aux
travailleurs qui sont déjà dans nos usines, qui ont déjà un emploi, qui ont
déjà un logement, de rester ici, bien, ça nous force un peu la main à prendre
la cible la plus élevée pour avoir une plus grande marge de manœuvre et garder
ces gens-là ici. On ne veut pas causer des fermetures d'entreprises, on ne veut
pas appauvrir le Québec et ses régions. Donc, voilà pourquoi on est allé avec
le 45 000.
Journaliste
: Donc, ce
serait, si je comprends bien, ce serait irresponsable, une cible de 35 000
dans l'état actuel des choses?
M. Roberge : Bien, je
vois que vous prenez la cible du Parti québécois qui est à 35 000. Bien,
ce sera à lui à la justifier, sa cible de 35 000. Puisqu'on va dans cette
direction-là, je dois vous dire qu'on a une grande préoccupation pour nos
régions et l'occupation du territoire. Et notre cible de
110 000 étudiants étrangers, qui est une stabilisation par rapport à
ce qu'on a mis dernièrement, on la garde vraiment en pensant à nos établissements
collégiaux et universitaires en région. Le Parti québécois voudrait réduire ça.
Il voudrait couper 60 000 étudiants étrangers pour aller à
50 000. Moi, j'aimerais ça l'entendre là-dessus, pour savoir quel
programme il veut fermer en région, pourquoi il veut empêcher des gens de se
former près de chez eux, de décrocher un emploi et de continuer d'habiter le
territoire. Parce que c'est impossible de garder ouverts nos cégeps en région,
nos universités en région et l'ensemble des programmes en région avec l'achat
du Parti québécois pour les étudiants étrangers, c'est impossible. D'ailleurs,
le président du BCI, le bureau de coordination 15361interuniversitaire
a qualifié la proposition péquiste de catastrophique.
Journaliste : Je cite
François Legault, il n'y a pas si longtemps, qui disait que
50 000 immigrants et plus, c'était suicidaire pour le français.
J'aimerais savoir maintenant : Vous, comment vous qualifiez
45 000 immigrants par an pour... l'effet sur la langue française?
M. Roberge : Bien, je pense
que c'est tout à fait raisonnable, le 45 000, mais c'est... je vous dis,
le chiffre est intéressant. Combien, c'est intéressant, combien, mais
concentrons-nous aussi sur qui on sélectionne et où habitent-ils. On
sélectionne qui? Bien, des gens qui parlent français, qui travaillent au
Québec, qui sont diplômés au Québec et qui, bien souvent, habitent en région.
Donc, la francisation et l'intégration à la nation seront beaucoup plus faciles
avec notre sélection, de qui on sélectionne et où sont-ils.
Le Modérateur : Merci. Philip
Rodrigue-Comeau, Cogeco.
Journaliste
: ...M. le
ministre, sur le 13 %, juste pour bien comprendre, là, la baisse sur
quatre ans, c'est vraiment Montréal, Laval et ça ne touchera pas les autres
régions?
M. Roberge : La réduction de
13 %, là, vous faites référence à nos cibles de réduction d'immigrants
temporaires qui touchent nos travailleurs étrangers temporaires et les
étudiants étrangers. Pour les étudiants étrangers, je vous dis que c'est à peu
près une stabilisation par rapport à ce qu'on a fait. On a connu une baisse en
ce moment, même au-delà de ce qui était souhaité, parce que, bon, encore une
fois, c'est le gouvernement fédéral qui a envoyé un message particulier dans
les universités, il l'a encore envoyé, là, tu sais, c'est... Sincèrement, là,
ce qu'Ottawa a annoncé hier, ça annonce un peu des jours difficiles pour le
recrutement d'étudiants étrangers parce qu'il parle au nom tout le Canada puis
il annonce des baisses très, très, très importantes d'étudiants étrangers,
alors que nous, nous voulons une stabilisation. C'est un jeu dangereux que joue
Ottawa. Mais les étudiants, les travailleurs étrangers temporaires, c'est
évident que cette réduction-là doit s'opérer à Montréal et à Laval.
Journaliste : Et je comprends
que vous allez avec le PSTQ. En quoi le PEQ était vraiment mauvais qu'il
fallait absolument s'en débarrasser? C'est que ça vous ne permettait pas d'être
aussi précis dans la sélection des nouveaux arrivants?
M. Roberge : Bien, l'enjeu...
Je ne le qualifierais pas de mauvais, je dis simplement que la situation a
changé et que le Programme de sélection des travailleurs qualifiés nous donne
beaucoup plus d'agilité gouvernementale et il nous permet de sélectionner des
gens qui réellement travaillent. D'abord, ils ont un diplôme, oui, pour les
diplômés du Québec, mais ils travaillent, ils ont un emploi et on peut y aller
aussi par secteurs d'emploi. Donc, je pense que d'avoir ces critères-là,
d'avoir quelqu'un qui a un emploi, qui est diplômé, puis même que cet emploi-là
est en besoin de main-d'oeuvre, qui est dans des milieux stratégiques, bien, je
pense que c'est plus d'agilité.
Vous savez, si on accueillait
150 000 personnes par année, on dit : Bien, pas besoin de
sélectionner, tout le monde rentre, bien, on n'est pas dans cette posture-là,
la capacité d'accueil du Québec ne le permet pas. Donc, dans la mesure où le
nombre est relativement limité, bien, c'est extrêmement important de bien
choisir les personnes.
Le Modérateur : Merci.
Pierre-Antoine Gosselin, TVA.
Journaliste : Bonjour, M. le
ministre. Vous avez quand même explosé vos cibles dans les... cette année
notamment, ça pourrait aller jusqu'à 61 000 au niveau de l'immigration
permanente, c'est ce que je comprends. Et l'année dernière, vous étiez à
59 000. Qu'est-ce qui vous permet de croire, dans ce que vous proposez,
dans votre planification, que vous allez atteindre et ne pas dépasser vos
objectifs?
M. Roberge : D'abord, deux
choses. La planification pluriannuelle de ma prédécesseure disait
50 000 immigrants, disons, réguliers, puis il y avait le hors seuil à
côté pour le PEQ diplômé. Donc, c'était prévu qu'à côté du 50 000, c'était
prévu, c'était annoncé, c'était dans tous les cahiers qu'il y allait avoir des
chiffres au-delà du 50 000. Cette année, ça va monter entre 61 000
puis peut-être un peu plus que ça. C'était annoncé. Ce n'est pas un dérapage
dans ce cas-ci. Par contre, on ne pouvait... on pouvait difficilement préciser
combien de personnes allaient être dans le PEQ parce qu'il y a le caractère
automatique dans le PEQ.
Avec le programme de sélection des
travailleurs québécois, on va être capable d'être sur la cible. On va faire
plusieurs rondes d'invitation et, à chaque fois, on pourra voir combien de
personnes réellement se prévalent de cette invitation-là, combien de CSQ, un
certificat de sélection du Québec, on donne à chaque année et je pense qu'on va
pouvoir être vraiment sur la cible. Donc, notre orientation de 45 000 par
année pour les quatre prochaines années, elle pourra être suivie à quelques
centaines près, mais on ne dépassera pas de 3 000, 4 000, 5 000,
10 000, là, ça n'arrivera pas.
Journaliste : Vous tapez
beaucoup sur Ottawa, sur le fédéral pour expliquer notamment votre cible des
prochaines années au niveau permanent. Vous avez des discussions, je présume,
entre autres avec l'immigration, au niveau fédéral. Est-ce qu'on vous explique
pourquoi on ne tient pas compte de la réalité régionale du Québec.
M. Roberge : Je ne sais pas
comment ils font pour faire fi comme ça des réalités régionales du Québec. Je
l'exprime aujourd'hui très clairement, mais j'imagine qu'ils ont accès à des
revues de presse, là, mes amis à Ottawa, là. Tout l'été... par le gouvernement,
là. On voyait, tout l'été et tout l'automne, des gens d'affaires qui sortaient
pour dire : Écoutez, vous m'arrachez mes travailleurs, je ne serai pas
capable de remplir mon carnet de commandes, si je ne suis pas capable de
remplir mon carnet de commandes, bien, je vais peut-être être obligé de mettre
à pied aussi des Québécois parce que je n'y arriverai pas. C'est déplorable.
On a cette capacité à s'adapter, au
Québec, on l'utilise. Voilà. Le Parti québécois, lors de la période de
questions tout à l'heure, voulait se poser en victime, dire : Pauvre nous,
Ottawa ne nous considère pas. Pas... Moi, je vois qu'Ottawa n'a pas bougé. Puis
je pense qu'on utilise nos leviers au Québec. Être nationaliste, ce n'est pas
juste blâmer Ottawa. Être nationaliste, c'est prendre les moyens pour prendre
soin du Québec, puis c'est ce qu'on fait.
Le Modérateur : Merci. Hugo
Pilon-Larose, La presse.
Journaliste : ...pourquoi
est-ce que c'était un problème, fondamentalement, que ce programme-là soit très
populaire et qu'il faisait en sorte justement que la cible, le chiffre était
dépassé?
M. Roberge : Bien, c'est
difficile de contrôler les arrivées dans un programme où la délivrance du
Certificat de sélection du Québec est automatique. Donc, à ce moment-là, c'est
comme si on avait peu de contrôle sur le nombre de personnes qui allaient se
prévoir de cette sélection automatique.
Journaliste : Mais, ma
question, c'est : Pourquoi est-ce un problème justement, considérant que
ces gens sont des personnes présentes au Québec, qualifiées au Québec, dans le
cas des travailleurs, ceux du volet... travailleurs du PEQ, avaient des jobs,
qu'on parle de... de 10 000 et non pas de centaines de milliers comme les
immigrants temporaires qui peuvent ajouter une lourdeur sur les services
publics et toutes les autres choses que vous avez énumérées tantôt? Pourquoi
est-ce que ça, aux yeux du gouvernement, c'est un problème? C'est-tu juste
parce que ça fait en sorte que votre chiffre n'était pas respecté sur
l'immigration permanente, puis là, ça... ça... on dirait que ce n'est pas...
c'est comme une tache sur le tableau ou...
M. Roberge : Bien non. Moi,
je veux commencer par dire que les... les étudiants étrangers diplômés de nos
institutions du Québec, là, ça demeure parmi les immigrants, je vous dirais,
les mieux cotés dans le PSTQ, le nouveau programme. Ça... ça demeure des
immigrants de choix. Et ils seront très nombreux à être sélectionnés dans le
cadre du nouveau PSTQ, très nombreux.
Ce qu'il y a d'intéressant avec le nouveau
programme, c'est qu'on y va par secteurs d'emplois, puis on s'assure que ces
personnes-là ont un emploi. Puis, en plus, on peut mettre le critère de la
région de résidence, de la région du travail. Donc, il me semble que dans une
perspective gouvernementale, quand tu veux t'assurer d'une régionalisation,
t'assurer que les gens viennent contribuer économiquement, de savoir où ils...
où ils résident et... et est-ce qu'ils travaillent, c'est la base, c'est la
base. Donc, je ne dirai pas que le PEQ, c'est un mauvais programme. Je dis
simplement que le PSTQ, c'est un meilleur programme.
Journaliste : Donc, disons un
étudiant étranger qui gradue de McGill, il a peu de chances d'avoir son PSTQ?
M. Roberge : Je ne dirais pas
ça. D'abord, par contre, il doit maîtriser la langue française. Il y en a des
ressortissants, par exemple français, qui vont étudier à McGill, qui maîtrisent
très bien la langue française, donc ils auront des points pour la langue
française. On ne prendra pas que des diplômés du Québec à l'extérieur de
Montréal. À Montréal, on a le cœur de... de beaucoup d'universités, là. Écoute,
on a McGill, on a Concordia, l'Université de Montréal, l'UQAM, des pavillons
même de l'UQAC, je veux dire, je ne dirai pas qu'on n'en prendra pas de
diplômés sur l'île de Montréal. Et on a plein de cégeps aussi, là. Je n'irai
pas jusque là.
Pour ce qui est des travailleurs étrangers
temporaires qui vont passer vers la résidence permanente, oui, on va y aller
simplement à l'extérieur de Montréal et Laval. Pour ce qui est des étudiants
étrangers, s'ils parlent la langue française et s'ils décrochent un emploi, ils
peuvent très bien être sélectionnés tout en habitant à Montréal.
Journaliste : Merci.
Journaliste : Je vais me
permettre quelques questions, M. Roberge. François Carabin, Le Devoir.
Maintenant que la décision, là... maintenant qu'on... qu'on arrive à la fin de
l'admission en continu de... d'étudiants... d'étudiants étrangers et de
travailleurs temporaires dans le PEQ, est-ce que vous diriez que c'était une
erreur de... d'ouvrir le PEQ ou de... de faire en sorte qu'il soit, que les
admissions soient faites en continu?
M. Roberge : Je ne pense pas
que c'était une erreur parce que le contexte était différent. On n'avait pas...
On n'avait pas 565 000 temporaires sur le territoire québécois quand cette
décision-là a été prise. Le contexte économique était différent. Donc, quand le
contexte change et que la décision change, ce n'est pas un désaveu des
décisions précédentes, aucunement.
Et je précise d'ailleurs que les gens qui
ont déjà déposé leur demande, eh bien, leur demande sera traitée. On ne va pas,
là, passer à la déchiqueteuse les personnes... les formulaires, les dossiers
qui sont déjà rendus au ministère. Les dossiers seront traités.
Journaliste : OK. Sur le
français, vous avez quand même certains objectifs relativement élevés,
67 % chez les permanents, et, bon, vous imposez des exigences également
dans le PTET. Comment pouvez-vous assurer que ces personnes-là vont pouvoir se
franciser suffisamment, considérant les difficultés, là, de Francisation Québec
à assurer les services dans les dernières années?
M. Roberge : Bien, écoutez,
les difficultés de Francisation Québec, là, c'est très, très relatif, là. Si on
lit la revue de presse, c'était bien terrible à l'automne dernier, puis, quand
on regarde les statistiques, c'était extraordinaire, on n'avait jamais été
aussi bons que ça. Ça fait qu'à un moment donné il faut recoller la réalité
avec la perception. L'an passé, on a francisé plus de 90 000 personnes.
Quand on est arrivés au gouvernement, c'était, quoi, 27 000, 28 000
personnes par année. Puis l'année qui a supposément mal été, c'est l'année
record de tous les temps. Donc, moi, je vais prendre ça avec un énorme grain de
sel. Ensuite, le temps d'attente est en diminution depuis plusieurs mois, donc
les personnes qui s'inscrivent ont une réponse beaucoup plus rapide maintenant
qu'avant. Donc, la liste d'attente et le temps d'attente diminuent. Et
Francisation Québec est toujours meilleur l'année actuelle que l'année
précédente, puis il sera meilleur dans un an, dans deux ans. Donc, moi, j'ai
pleinement confiance dans notre équipe.
Journaliste : Mais il y a
suffisamment de ressources aujourd'hui pour s'assurer que ces personnes-là
puissent être francisées correctement?
M. Roberge : Oui, parce qu'on
leur donne trois ans pour le faire, pour atteindre le niveau quatre, à partir
du 17 décembre de cette année. Ceux qui ne le maîtriseraient pas du tout ont
trois ans pour atteindre le niveau quatre et donc pouvoir rester ici peut-être
une quatrième année puis peut-être même devenir des résidents permanents. Je
pense, c'est tout à fait raisonnable.
Journaliste
: Très bien.
M. Roberge : Encore une fois,
c'est une chose qu'on peut faire parce qu'on s'est donné les outils pour le faire.
Donc, la loi 74 l'an passé nous donne vraiment des outils pour les étudiants,
le PSTQ nous donne vraiment des outils pour la régionalisation et la sélection,
et Francisation Québec nous donne des outils pour la francisation. Donc, on est
vraiment mieux équipés qu'il y a deux ans, trois ans.
Journaliste
: Merci.
Le Modérateur : Sébastien
Desrosiers, Radio-Canada.
Journaliste : Bonjour, M.
Roberge. Concernant le PEQ, qu'est-ce que vous dites à quelqu'un qui est arrivé
au Québec en ayant l'intention de déposer une demande, comme un étudiant, par
exemple, qui a commencé son parcours universitaire en se disant : Moi, je
vais obtenir la résidence permanente à la suite de ça, c'est ce que lui avait
dit l'université, par exemple, mais là les règles changent en cours de route?
Cette personne-là, ne croyez-vous pas qu'elle se retrouve aujourd'hui un peu
démunie? Ou, en tout cas, comprenez-vous la déception de ces gens-là?
M. Roberge : Bien, je leur
dis d'appliquer dans le Programme de sélection des travailleurs québécois,
s'ils n'ont pas déjà appliqué dans le PEQ. Je le répète, les dossiers qui sont
déjà acheminés au ministère seront traités. Mais, écoutez, il y a une autre
voie. Les gens qui viennent ici, qui veulent faire leur vie ici, j'imagine qu'ils
ont l'intention de décrocher un emploi, je le souhaite. Bien, s'ils décrochent
un emploi puis qu'ils sont diplômés, bien, ils auront des points et ils
pourraient être sélectionnés. Mais je ne peux pas le garantir à tout le monde.
Ce n'est pas un automatisme.
Je vais dire quelque chose qui est une
évidence, je vais le dire quand même : Devenir résident permanent, devenir
Québécois, c'est un privilège, ce n'est pas un droit. Ce n'est pas vrai que si
1 million de personnes veulent... veulent devenir des Québécois et des
Canadiens l'an prochain, bien, il y aura 1 million de nouveaux arrivants, puis,
si c'est 2 millions, ça sera 2 millions, puis... Non, ce n'est pas vrai. On se
réserve le droit comme nation d'avoir une politique d'immigration. C'est ça, l'objectif
d'une planification... Donc, on a une politique d'immigration avec une grille
de sélection, et je pense que toutes les nations ont ça.
Journaliste : Vous critiquez
Ottawa, qui n'écoute pas, selon vous, le milieu des affaires, mais le milieu
des affaires est très critique à votre égard aussi, qui est d'avis que la
réduction des seuils que vous proposez aujourd'hui va mener, dans certains cas,
à un report de projets de croissance ou même à des relocalisations aux
États-Unis. Est-ce que, selon vous, c'est de l'exagération que de parler de
conséquences de cette nature-là?
M. Roberge : Bien, je leur
rappelle aux bonnes paroles de Charles Milliard, qui était président, il n'y a
pas si longtemps, de la Fédération des chambres de commerce du Québec, qui
disait : Moi, je n'ose pas me prononcer sur les seuils parce qu'il n'y a
pas de logement. Donc, c'est bien beau de faire venir des gens, mais, s'il n'y a
pas de logement, on ne peut pas se prononcer là-dessus. Donc, ça, c'est
l'aspirant chef au Parti libéral qui était leur représentant, à toutes les
chambres de commerce, il y a quoi, à peu près un an, donc j'imagine qu'ils sont
encore d'accord avec eux-mêmes à cet égard-là.
Donc, la capacité d'accueil, on doit la
respecter. On ne peut pas y aller à l'infini. Donc, nous, on a une politique
qui est... qui est raisonnable, avec un axe résolument économique, avec un
engagement qu'ils n'ont jamais entendu d'aucun ministre de l'Immigration avant
aujourd'hui, de dire : Nous prenons cette orientation, avec ce nouveau
programme PSTQ, de donner la permanence à beaucoup de travailleurs étrangers
temporaires puisqu'Ottawa ne bouge pas. Donc, cet engagement que je dis aujourd'hui,
là, ils ne l'ont jamais eu avant.
Journaliste : Puis peut-être
une précision juste sur le personnel de santé que... qui a été recruté, par
exemple, grâce à des missions à l'étranger. Qu'est-ce que vous faites pour vous
assurer de garder ces personnes-là sur le territoire québécois puis faire en
sorte que ces personnes-là ne se retrouvent pas obligées de faire leurs valises
parce que leur permis de travail n'est pas renouvelé?
M. Roberge : Bien, c'est
difficile pour moi d'y aller cas par cas. Mais les quatre volets du PSTQ nous
permettent de sélectionner. Là, je pense en particulier au volet 3, si vous
parlez, par exemple, des infirmières, le volet 3, ce sont des personnes... mon
Dieu, comment s'appelle... qui sont membres d'un ordre professionnel à tout le
moins. Oui, le volet 3 : professions réglementées, voilà. Et donc, à ce
moment-là, il y a un critère, et ça donne des points. Dans le bon volet, selon
le profil, on peut obtenir beaucoup de points et être sélectionné. Et c'est sûr
que... Et d'ailleurs on n'a pas une vision dogmatique, mur à mur. On dit, par
exemple : À Montréal et à Laval, on ne fera plus d'EIMT, évaluation
d'impact sur le marché du travail, parce que la cour est pleine. Mais on
dit : Attention, ça, ça ne s'applique pas à santé, éducation,
construction, soins à domicile, agriculture. Donc, on a une approche qui est
quand même fine, d'un point de vue régional, mais aussi par secteurs. On ne
traite pas tout le monde de la même manière. Puis, quand vous nous parlez de professionnels
de la santé, vous le voyez, même dans une région comme Montréal, on est
beaucoup plus sélectifs, on permet aux gens de la santé d'arriver.
Le Modérateur : Merci. Thomas
Laberge, LaPresse canadienne.
Journaliste : ...j'aimerais
revenir sur votre déclaration par rapport à Ottawa et sur le fait que vous
auriez aimé peut-être avoir un seuil plus bas si Ottawa n'avait pas, ce que
vous avez dit, déraciné des travailleurs québécois. Je ne suis pas certain de
voir le lien. Considérant le fait qu'un de vos objectifs c'est de permanentiser
des gens qui sont déjà ici et que ce que vous faites, c'est accuser Ottawa de
dire : Bien, ils n'ont pas renouvelé des permis de gens qui étaient déjà
ici, en quoi le fait de prendre 10 000 immigrants permanents de plus va
protéger les emplois en région?
M. Roberge : Bien, Ottawa
crée l'urgence. Ottawa allume le feu, je suis obligé de prendre un extincteur.
Donc...
Journaliste : Mais je ne
comprends pas le lien entre...
M. Roberge : Bien, c'est...
tout est une question de durée, là. Si Ottawa avait écouté les régions, les
gens d'affaires qui se sont exprimés tout le printemps, tout l'été, tout
l'automne, il aurait donné la clause grand-père aux travailleurs étrangers temporaires
en région. Nous aurions pu avoir une cible inférieure à 45 000 et accueillir
chaque année un nombre, moins grand, mais intégrer un nombre moins grand, et
sélectionner des travailleurs étrangers temporaires. Mais là, devant ce
qu'Ottawa fait, il faut augmenter notre cible pour être capables d'aller en
chercher davantage parce qu'en ce moment il y a comme une crise en région. Il y
a des entreprises qui disent : Je vais perdre un travailleur dans trois
semaines, je vais en perdre un autre dans deux mois, je vais en perdre un autre
au mois de mars, je vais en perdre un autre au mois de mai, et donc ils
disent... ils disent à Ottawa : Donne-moi la clause grand-père, et
Ottawa ne la donne pas. Ils disent à Québec : Mais qu'est-ce que tu vas
faire? Bien, on dit : Bien, on va aller dans notre fourchette plus élevée,
à 45 000, pour se donner un petit peu plus de marge de manœuvre. On aurait
pu le faire sur une période de temps plus longue, mais, avec un seuil plus
élevé, on le fait sur une période de temps moins longue.
Journaliste : Mais...
Excusez-moi. Mais on parle de manquer de travailleurs temporaires. Vous, vous
dites : On va augmenter le nombre de permanents. Je ne comprends pas le
lien encore. Désolé, là, mais...
M. Roberge : Bien, quand on est
en démographie, on parle de personnes sur le territoire. Après ça, on peut
parler du statut. Mais9, si vous avez une industrie avec 100 travailleurs,
Ottawa vous dit : Vous avez droit seulement à 10 % de travailleurs
étrangers temporaires. Si vous en aviez embauché 115 avant qu'Ottawa impose
unilatéralement sa mesure, OK, bien, à mesure que vos travailleurs à... ont des
permis qui arrivent à échéance, ils doivent quitter votre entreprise et
retourner chez eux, d'accord? Nous autres, on a dit à Ottawa : Ces
travailleurs-là qui sont là, vous pourriez les laisser. Ottawa dit non. Donc
là, l'entreprise dit : Bien là, je vais en perdre. Donc, nous autres, on
dit : Bon, bien on va voir si on est capable de donner la permanence à ces
gens-là à condition qu'ils conservent leur emploi et qui parlent français,
parce qu'il n'y aura pas de passe gratuite sur le français.
Journaliste
: Ça fait
qu'au fond, pour les protéger, ce que vous dites, c'est : On va les
permanentiser quitte... plutôt que d'avoir la clause grand-père qu'Ottawa ne
veut pas leur donner. C'est ce que...
M. Roberge : Bien, on souhaite
toujours, là, qu'à un moment donné quelqu'un voie la lumière puis qu'il
comprenne que ce serait quand même une bonne chose de la donner, cette clause
grand-père pour les entreprises en région, pour les travailleurs étrangers
temporaires. Ce serait quand même une bonne chose.
Journaliste
: Oui. OK.
Je reviens aussi sur la cible, donc, 45 000, on a quand même une
fourchette qui peut aller jusqu'à 47 000. Vous dites également qu'en
fonction de comment Ottawa va réagir, vous pourriez, encore là, bouger cette
cible-là. Là, au fond, la cible est plus haute parce que... d'avoir réduit.
Donc, je comprends que, s'ils réduisent encore l'immigration temporaire, vous
pourriez encore augmenter. Au fond, on risque de se retrouver encore pas loin
d'un 50 000, ce qui est un peu la moyenne de la CAQ depuis le début de
son... sa prise du pouvoir de ce que vous nous avez dit par le passé. C'est
bien le cas?
M. Roberge : Bien, les deux
dernières années, l'an passé, cette année, on était plus au 60 000.
Journaliste
: Oui, mais
moi, je parle depuis le début, là, vous nous l'avez déjà dit que c'était 50 000,
en moyenne, depuis que vous êtes...
M. Roberge : Oui, mais je vous
dirais qu'on va être... on va être sur la cible de 45 000. Avec le PSTQ,
on est beaucoup plus capable d'être sur la cible que dans l'espèce de
fourchette, là, c'est-tu comme une habitude de se donner une marge de
manoeuvre. Mais là on devrait être beaucoup plus sur la cible.
Journaliste
: OK.
Merci.
Le Modérateur
: Avant
de passer en anglais, je voulais juste une petite précision, M. Roberge, parce
que vous avez... je pense, c'était en réponse aux questions de mon collègue
Pilon-Larose. Vous sembliez... vous sembliez dire que, dans la sélection des travailleurs
du PSTQ, non seulement les travailleurs de l'extérieur de Montréal seraient
priorisés, mais ce serait même uniquement ça. Je veux juste comprendre parce
que, dans le PSTQ, il y a les critères, oui, de sélection qui favorisent les travailleurs
de l'extérieur de Montréal, mais ça ne veut pas dire que parce que tu
travailles à Montréal, tu n'as pas accès à la résidence permanente à travers...
à travers le PSTQ. Juste une petite précision là-dessus.
M. Roberge : OK. Les quatre
volets du PSTQ, volet 1, autres qualifications, compétences spécialisées,
on pense à des personnes qui ont un diplôme, par exemple, technique trois ans
au collégial ou baccalauréat en maîtrise à l'université. Les premières
invitations qu'on a faites étaient exclusivement dédiées à des diplômés du Québec,
donc, pourraient aller ailler, mais ça reste dans ça.
Volet 2, compétences intermédiaires
et manuelles, très souvent, des gens qui ont habilités manuelles, qui
travaillent dans le secteur manufacturier, pas seulement, mais on pense à eux.
Volet 3, professions réglementées. Tantôt,
j'ai donné l'exemple des travailleurs de la santé.
Volet 4, talents d'exception, très
souvent, des chercheurs. Puis on voit ce qui se passe aux États-Unis, là, si on
est capable d'aller chercher des chercheurs, des sommités aux États-Unis, le
volet 4, c'est la voie d'accès. C'est... ça couvre assez large. Ce que je
dis aujourd'hui, c'est que nos deux priorités, c'est les travailleurs étrangers
temporaires en région, je vais même dire, dans le secteur manufacturier,
surtout, et les étudiants diplômés du Québec. Ce sont nos deux priorités. Donc,
attendez-vous à ce que, sur les 28 800 économiques sélectionnés dans
la prochaine année, il y a une très grande proportion qui soit dans ces deux
catégories.
Le Modérateur
:
Excellent. Merci pour la précision. On va passer en anglais en commençant avec
Phil Authier, The Gazette.
Journaliste
: Ready?
M. Roberge : I don't know… Yes, I am.
Journaliste
: I just want to just clarify something. The reason Ottawa has put
these new rules in for temporary immigrants, the 10% in restaurants, the reason
that those rules were put in is because Québec has been complaining for years
that there were too many temporary… immigrants. And you have said yourself that
they got… they went too far with their new rules. Why, why is it that even when
you know, you know, businesses are saying: We might… we might have to shut down
because we have a lack of workers, why can't… why isn't Ottawa responding to
make the rules more practical? Why aren't they listening to you on this
question? Because now you have to keep your number at 45,000, because of that
problem, but it's a problem that you kind of created by asking.
M. Roberge : No, this is not true…
Journaliste
: OK.
M. Roberge : …no, it's really… it's false, respectfully. We asked Ottawa to
lower numbers in two categories asylum seekers and «Programme mobilité
internationale», lower your numbers on asylum seekers, «Programme mobilité
internationale, and they said: 15361Okay,
I will cut your temporary workers at Baie-Comeau, Beauce, Saguenay, you asked
for it. No, I didn't, no, I didn't. It's not true. It's simply the opposite of
the true.
Journaliste :
Right, that, I understand. And... Well,
why aren't they listening? You have told them several times already to correct
that, and why aren't they listening?
M. Roberge :
I can't... You... You have to ask this
question to them. I... I don't understand what... what they're thinking.
Journaliste :
You said... You said in French that
they're... they're the ones that lit the fire, and you have to put it out.
M. Roberge :
It is. It is. Ask for... Ask
businessmen and women in our regions what are they thinking about those
politics, ask them. I rest my case.
Le Modérateur :
Merci. Cathy Senay, CBC.
Journaliste :
Just a clarification. When you say that
Ottawa cut temporary foreign workers in Baie-Comeau and in other regions, so
they cut in... in your program, PTET?
M. Roberge :
Yes. Yes.
Journaliste :
Okay. And not what you ask for, the
PMI?
M. Roberge : Exactly.
Journaliste : Bon.
M. Roberge :
They came with percentage, 10% and 20%,
in our program, when we asked them to cut in asylum seekers and Programme
Mobilité internationale.
Journaliste :
So, okay. Good. Thanks for the
clarification. I have the impression that today you are at the stage, in
immigration, to say : We want to choose who and we want to choose where.
So, the Québec Experience Program was finally not a good tool to answer, to
have the power for both who and where?
M. Roberge :
Well, it didn't had the equity that we
have with the new program, was good enough during the past year, but the new
context forced us to come with something more efficient so we can't really
select people who fulfill our needs in regions and select people with a diploma
from our CEGEPS and universities. Those are our two priorities.
Journaliste :
But you know that the ones, the foreign
students who are already here, there is a lot of pressure now, lots of stress,
because the path that they... they planned to get their permanent residency, it
doesn't exist anymore, if they haven't submit their request in the PEQ.
M. Roberge :
Well, a program is a way, it's not a
goal. If the goal for them is to come here, study, get the diploma, get a work,
and then become a Québecker and a Canadian citizen, it's possible using the new
program.
Journaliste :
It's tougher though.
M. Roberge :
Maybe for some it will be easier.
Let's... Let's give a chance. Let's give a chance to the new program. I
understand that people knew the... knew the past program, new the program we
had, and so they say : Oh! yes, I was comfortable with this. And it's
normal, when you come with something new, people can say : Well, I'm not
sure, I have some questions. This is normal. I understand that. But it's normal
for a government, for a nation to select the people to fulfill their needs. And
I say it again, choosing from people who gets their diploma here is one of our
two priority. We have two priority. And students getting... getting their
diploma and getting a job is one our two priority.
Le Modérateur : Merci. On va
finir en anglais avec Swidda Rassy, CTV.
Journaliste :
Yes. I just want to go back to...
you... you explained in French about the temporary workers have to have a level
of French in order to stay. Can you just kind of repeat that again in English?
M. Roberge :
Yes. The program that we have here in
Québec is a program «de travailleurs étrangers temporaires», is a really good 15361 program. People who arrive here in Québec don't have to speak French at first.
It's better, but they can arrive here and get a job, start to work even if they
don't speak French at first. But, what we're saying right now is that from 17th
of December 2025, we implement a new rule. If they want to stay here more than
three years, they have to learn French to the level 4 of our… I don't know… our
levels. It's not the right way to say it, sorry. But they have…
Journaliste
: The fluency.
M. Roberge : …fluency. They have to… Thank you very much, Philip. They have to
achieve the level 4 of the fluency in French, so maybe better than my English,
and…
Journaliste
: …
M. Roberge : I'm not sure about that.
Journaliste
: …
M. Roberge : Ask CTV. So, I think it's important that if they want to stay here
more than three years, it's a lot, it's a huge commitment to Québec and to the Québec nation. So, they love it here, fine, but they have to learn French,
and I think it's normal. Imagine, I want to go in England, stay, like, five years,
seven years, but: I don't want to learn English. I want to go in Germany, stay
there four years, five years, six years: Ah! I don't want to learn the German
language. You know, it's simply normal to say that, if you want to live in a
French nation, we give you free lessons, we give you three years, but you have
to learn French.
Journaliste
: But what if they don't get to that level? Is there like a grace
period where they can retake a test or…
M. Roberge : The grace period is three years.
Le Modérateur
:
C'est ce qui met fin à cette conférence de presse.
M. Roberge : Merci beaucoup.
(Fin à 12 h 14)