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(Douze heures dix-huit minutes)
M. Boissonneault : Bonjour,
tout le monde. Alors, le gouvernement vient de nous présenter son plan d'immigration
pour 2026-2029, puis évidemment, au Parti Québécois, on fait un certain nombre
de constats.
La cible d'immigration permanente qui est
proposée par ce gouvernement, c'est 45 000, puis la première chose qu'on
constate, c'est qu'on a affaire à un gouvernement qui essaie de réparer les
pots qu'il a cassés lui-même. Un gouvernement qui, depuis 2018, a augmenté de
façon systématique les seuils d'immigration permanente en ne respectant pas,
dans la plupart des cas, ses propres cibles et qui a augmenté aussi l'immigration
temporaire, donc, le nombre de résidents non permanents sur le territoire. Donc
là, la question qu'on se pose, c'est qu'en 2026, la CAQ dit : On va
accepter 45 000 résidents permanents, alors qu'ils se trouvent, sur le
territoire du Québec, 560 000 résidents non permanents environ. En 2018, on
avait un gouvernement, la CAQ, qui disait : Nos résidents permanents
seront à 40 000, alors qu'à ce moment-là, on avait à peu près 160 000
résidents non permanents sur le territoire. Donc, il va falloir nous expliquer
de quelle façon on considère, dans ce contexte, que la capacité d'accueil du
Québec est meilleure en 2025-2026 que ce qu'elle était en 2018.
Il y a un autre facteur aussi qui est fort
important dans l'équation, c'est celui du gouvernement fédéral qui a annoncé,
qui a présenté un plan mardi où on veut, par exemple, dédier certaines sommes
à... pour octroyer la résidence permanente à des personnes qui se trouvent sur
le territoire du Québec, environ 55 000 qui sont des personnes protégées,
donc, qui pourraient devenir des réfugiés, faire partie de nos seuils
permanents. Comment on va réussir à faire ça avec un seuil à 45 000 puis les
objectifs que le gouvernement de la CAQ s'est fixés? Parce que, nous, on doit
intégrer ces personnes-là aux 45 000, hein, puis nous, évidemment, le Parti
québécois, on propose autres choses. Mais ça ne concorde pas, ça ne fonctionne
pas, si on prend... si on essaie de faire passer, de donner ce statut de
réfugié à 55 000 personnes à coups de 2 000 3 000 réfugiés
reconnus par année dans nos seuils permanents, faites le calcul, là, ça va
prendre combien d'années pour pouvoir s'en sortir parce qu'il y a un goulot d'étranglement.
Donc, première chose, qu'on... autre chose
que je dirais, c'est : On a cette cible-là qui est présentée par le
gouvernement de la CAQ. Est-ce qu'ils vont respecter la cible? On pense que c'est
une question légitime à se poser, parce que, ces dernières années, ça n'a pas
été le cas. 20141 Et pour nous au Parti
québécois, on considère que c'est très clair, on l'a déjà dit, on s'est penché
là-dessus, il faut ramener le seuil d'immigration permanente à 35 000 dans
la fourchette qu'on avait entre 2000 et 2010 environ, qui fonctionnait très
bien, quand le système fonctionnait bien, et considérer d'abord la place du
fédéral là-dedans, pour nous, c'est la souveraineté si on veut véritablement
contrôler notre immigration, puis considérer aussi le fait qu'il y a eu une
augmentation drastique du nombre d'immigrants... nombre de résidents non
permanents sur le territoire québécois.
Journaliste
: En raison
des restrictions du fédéral dans la région, est-ce que vous n'êtes pas d'avis,
vous aussi, que 35 000, c'est trop peu et que ça risque de faire mal aux
régions? Le Parti québécois a toujours été un défenseur des régions.
M. Boissonneault :
Première chose que je vais vous dire, c'est qu'on considère au Parti québécois
que pour l'immigration, qu'elle soit temporaire ou permanente, il va falloir
favoriser les régions. Ça, on est d'accord là dessus, la régionalisation, c'est
un aspect qui est important. Il va falloir favoriser aussi certains secteurs de
l'économie, des secteurs où il y a une tension lorsqu'on parle de pénurie de
main-d'œuvre. Mais on va rappeler une chose. Par exemple, si on considère les
seuils d'immigration au Québec à l'heure actuelle, là, avec les chiffres qu'on
a, nos seuils d'immigration sont les plus élevés en Occident. Au Québec, c'est
à peu près 12 fois ce qu'on a en Suède, à peu près huit fois ce qu'on a
aux États-Unis, une vingtaine de fois, si ma mémoire est bonne, ce qu'on a en
France. Alors qu'on a un contexte bien particulier, on le sait au Québec, où on
essaie de maintenir notre spécificité, d'intégrer les gens à notre culture et à
notre langue, ce n'est déjà pas simple. Puis ça, c'est la première chose.
Deuxième chose, il a été démontré, Pierre
Fortin, entre autres, s'est penché là dessus, que l'immigration ne règle pas la
pénurie de main-d'œuvre. Puis c'est la même chose pour les entreprises en
vision et même, souvent, ça peut exacerber le problème parce que ces gens-là
qui viennent en grand nombre avec leurs conjoints, leurs conjointes, avec les
enfants, vont consommer aussi des biens et des services. Ce qui arrive aussi,
c'est que le... On le vu au Canada, c'est que les entreprises qui ont accès à
un bassin de main-d'œuvre comme ça, à court terme, souvent, je ne dis pas
toujours, mais souvent vont délaisser d'autres façons d'augmenter la
productivité comme l'automatisation puis la robotisation. Et ça, bien, ce n'est
pas... ce n'est pas plus gagnant pour la pénurie de main-d'œuvre à moyen et
long terme. Puis la preuve, le Canada a fait le choix de l'immigration entre
2000 et 2023, puis ce qu'on constate, c'est que pour cette période, la
productivité au Canada a augmenté deux fois moins vite que pour l'ensemble des
pays de l'OCDE. On a vu plein d'exemples, l'Ontario est un bon exemple, où on a
misé énormément sur l'immigration. Dans les 10 dernières années, il y a
1 500 000 personnes qui se sont installées en Ontario parce que,
justement, on s'est dit que c'est une bonne façon de combler les postes vacants
puis de s'attaquer au problème de pénurie de main-d'œuvre. Est-ce que ça a
réglé le problème? Non.
Journaliste
: Je vous
ramène sur le plancher des vaches, là. En région, il y a des... il y a des
hôteliers qui sont sortis pour dire, les Québécois, il y a des jobs qu'ils ne
veulent pas faire. Et ces petits jobs-là, là, à cause des restrictions du
fédéral, ils perdent des gens, ils ont de la misère à faire... à faire aller
leur business, eux autres. Qu'est-ce que vous leur...
M. Boissonneault : Ce que
les consultations qu'on a vues en commission parlementaire nous montrent, c'est
qu'on ne peut pas travailler en silo. Il va falloir prendre un peu de recul
puis regarder plus largement l'impact de l'immigration sur l'économie en région
puis pour certains secteurs d'activité. À l'origine, là, lorsqu'on parlait des
travailleurs temporaires, c'était surtout pour le secteur agricole qu'on
utilisait ces... qu'il y avait cette ressource de main-d'œuvre-là. Et là la
CAQ, c'est un peu... ça fait un peu partie de ce que je dis quand je dis qu'ils
ont... qu'ils réparent les pots qu'ils ont cassés eux-mêmes, la CAQ a dévoyé le
Programme des travailleurs étrangers temporaires en les utilisant pour des
professions, des professions ou des métiers à vocation permanente au cours des
années suivantes, et là a augmenté largement le nombre. Ça, c'est sans compter
le fédéral, là, parce qu'il y a ça aussi à considérer. Ça ne nous a pas avancés
dans plusieurs secteurs. Il y a des endroits où il y a une dépendance à
l'immigration temporaire qui n'est pas normale. Je ne dis pas que c'est comme
ça pour tous les secteurs d'activité.
Ce qu'on dit au Parti québécois avec des
solutions qu'on a déjà présenté, par exemple, un permis ouvert, régional, un
permis de travail, là, ouvert, régional, sectoriel. Ça pourrait être une façon
de pallier à ce problème-là, mais s'assurer qu'il y ait un ancrage régional.
Donc, il faut prioriser les secteurs névralgiques où il y a une tension en
termes de pénurie de main-d'œuvre. Il faut prioriser aussi la régionalisation.
Et il y a quand même des facteurs qui nous disent que pour certaines
entreprises, le modèle actuel ne fonctionne pas. Il y a une augmentation du
taux de chômage aussi chez les jeunes, entre autres, et chez les... chez les
nouveaux arrivants. Donc, il y a ça aussi qui entrent en ligne de compte. Mais
la démonstration a été faite en commission parlementaire qu'on ne peut pas
travailler en silo là-dedans. Il faut vraiment prendre un pas de recul puis
voir globalement qu'est ce que ça veut dire l'immigration permanente et
temporaire pour l'ensemble de la société d'accueil.
Journaliste
: Je
voudrais revenir sur ce que vous avez dit tantôt par rapport aux entreprises,
là. Vous laissez entendre au fond que les entreprises sont dépendantes des
travailleurs étrangers temporaires. Est-ce qu'au Parti québécois, on pense que
c'est nécessaire de les sevrer, même si ça peut faire mal pendant la période de
transition?
M. Boissonneault : Il
faut être bien clair. C'est ce qu'on ne retrouve pas dans le... dans le plan du
gouvernement. Il va y avoir des personnes qui devront quitter le territoire du
Québec. Il y a 560 000 résidents non permanents 20141à l'heure actuelle, à travers des
programmes fédéraux, à travers des programmes du Québec aussi. Là, le... C'est
comme si... C'est comme si la CAQ en ce moment faisait comme si tout le volet
fédéral n'existait pas. Là, ils disent : Le gouvernement fédéral ne nous
écoute pas, on fait des demandes pour rapatrier les pouvoirs à Québec, pour
diminuer l'immigration temporaire fédérale, ils ne nous écoutent pas, donc,
nous, ce qu'on va faire, c'est qu'on va faire comme s'il n'y avait pas cette
situation-là puis on va diminuer l'immigration non permanente ou temporaire de
tant, et puis après ça on essaiera de voir comment on peut le régler avec le
fédéral. Puis ce que j'ai été étonné d'entendre tout à l'heure, dans la
conférence de presse du ministre, c'est qu'essentiellement si on a un
gouvernement fédéral qui réduit l'immigration temporaire au Québec, bien, on
va... on va combler, on va combler la différence, nous, on va... on va aller
chercher ces non-permanents-là, puis on va les prendre en charge, puis on va peut-être
leur donner cette permanence. Donc, il y a quelque chose qui ne concorde pas à
l'heure actuelle.
Journaliste
: Mais vous
comprenez que c'est parce que des gens qui sont déjà sur le territoire aussi.
Le gouvernement l'a dit, l'objectif... excusez, c'est mon nouveau verbe du
jour, mais il va permanentiser des gens qui sont déjà là. Donc, il n'y a pas
plus de monde, c'est juste que les gens changent de statut. Puis là ce n'est
pas que je veux défendre le gouvernement, mais l'objectif...
M. Boissonneault : Puis ça,
c'est une position qu'on a au Parti québécois depuis le départ, à savoir que
nous, on veut, pour le volet économique de l'immigration permanente, se
consacrer aux gens qui sont déjà sur le territoire. Donc, pour nous, c'est
fondamental. La CAQ se met un objectif de 65 %, si ma mémoire est bonne,
mais, en même temps, ça ne tient pas la route, parce que, si on parle, par
exemple, de la réunification familiale, il va falloir aller à l'étranger. Pour
ce qui est des réfugiés, il y a aussi des gens qui vont peut-être venir... Il y
a des... Il y a des choses qu'on ne contrôle pas à ce niveau-là. Mais, pour
l'immigration économique, ça, on le contrôle dans nos seuils permanents. Et ça,
bien, on va se consacrer aux gens qui sont déjà sur le territoire. Donc, ça, ça
fait partie de notre plan déjà.
Journaliste : J'essaie juste
de vous suivre sur les travailleurs et les entreprises, là. Est-ce que vous
dites aux entrepreneurs, aux milieux d'affaires qui... par exemple, une usine
au Saguenay-Lac-Saint-Jean, qui a des travailleurs temporaires : Nous, au
Parti québécois, on va les permanentiser?
M. Boissonneault : Pas tous.
Comme je le dis, il y en a qui vont devoir quitter le territoire aussi. Mais ce
qu'on veut faire, c'est que, dans les seuils permanents... Là, il y a déjà
beaucoup de gens qui se trouvent sur le territoire. Il y a des entreprises dans
certains secteurs, je le disais, névralgiques qui dépendent d'une main-d'œuvre
qualifiée, spécialisée. Donc, nous, on veut prendre ça en considération puis
s'assurer que les gens qui sont déjà sur le territoire entrent dans la
catégorie de l'immigration permanente économique au Québec. C'est ce qu'on
contrôle.
Mais là, pour le reste, il y a un autre
volet important, je le disais aussi, c'est le gouvernement fédéral. Donc là, on
a l'impression que le gouvernement de la CAQ actuel a comme capitulé devant le
gouvernement fédéral, là. Les réponses, on ne les a pas. Les demandes, bien,
ils disent non. Donc, on va faire comme ça.
Nous, au Parti québécois, ce qu'on
dit : D'abord, c'est de réaliser la souveraineté, c'est une chose, mais,
d'ici là, c'est de prendre tous les moyens juridiques, politiques,
administratifs nécessaires pour rapatrier les pouvoirs en immigration parce
qu'on ne s'en sortira pas si on n'a pas le contrôle total. En ce moment, il y a
un volet... Écoutez, sur les 560 000 résidents non permanents qu'on
retrouve au Québec, il y en a 400 000 qui dépendent du gouvernement
fédéral. C'est l'éléphant dans la pièce, là.
Journaliste : Bien, il y a
combien de résidents non permanents sous contrôle québécois qui doivent
quitter? Parce que, si on fait abstraction du fédéral puis de l'immigration
permanente, M. Roberge chiffre quand même... il a un objectif de...
M. Boissonneault : 13 %.
Journaliste : ...réduction de
13 % d'ici 2029. C'est... Est-ce que c'est un objectif qui est suffisant?
Est-ce qu'il faut en couper plus?
M. Boissonneault : Nous, on
prend... comme je le disais, on prend globalement le nombre de résidents non
permanents qu'il y a ici. Comme je le dis, il va falloir... il va falloir
prendre ces pouvoirs-là du fédéral, parce qu'on ne peut pas faire comme si ça n'existait
pas. Nous, on veut réduire de moitié l'immigration permanente... non
permanente, temporaire, au Québec. Ça veut dire qu'on veut une fourchette de
250 000. Donc, c'est le chiffre qu'on propose. Pour ce qu'on contrôle...
Journaliste : ...dans les
programmes que le Québec contrôle, justement... Là, je vous ai interrompu. Vous
alliez là, je pense.
M. Boissonneault : Oui. Bien,
pour le gouvernement, pour ce qu'on contrôle à Québec, bien, il faut tenir
compte du fait de ce qu'on ne contrôle pas au fédéral. Donc, il va falloir
qu'on se consacre aux secteurs névralgiques dans l'économie, il va falloir
qu'on se consacre aussi à la régionalisation, puis après ça, bien, il va
falloir chiffrer ce que ça veut dire par secteur. Puis là, bien, on ne s'est
pas encore penché sur le secteur manufacturier, par exemple, où il y a des
besoins particuliers, agricoles...
Journaliste : Mais donc 13 %,
ce n'est pas assez, là...
M. Boissonneault : 13 %, ce
n'est pas assez, ce n'est pas assez, parce qu'il y a aussi un volet très
important que le fédéral contrôle.
Journaliste : Peut-être juste
une précision, parce que vous dites : Il y en a qui vont devoir partir.
Est-ce que ça veut dire qu'un gouvernement du Parti québécois casserait des
contrats? Parce que, je veux dire, les gens, ils ont des permis. Est-ce que les
permis... Est-ce que c'est... ça serait arrivé à échéance ou les gens
pourraient devoir quitter en plein milieu de leurs permis?
M. Boissonneault : Ce qu'on
trouve déplorable avec la perte de contrôle qu'on a connue avec le gouvernement
de la CAQ, c'est justement ça, le fait qu'il n'y a pas eu de prévisibilité, le
fait qu'on n'a pas respecté les gens qui avaient des ententes. Puis le
gouvernement fédéral est intervenu aussi là-dedans, là, mais je prends ça
globalement. Ce qu'on dit, au Parti québécois, c'est qu'on ne brisera pas les
contrats, on va respecter les ententes qu'il y avait eu avec les gens qui
étaient venus sur le territoire. Ça, c'est important. Mais, dans le mot «immigration
temporaire» ou «travailleur temporaire», il y a le mot «temporaire» aussi, puis
c'est important quand même de le rappeler. En ce moment, il y a trop de monde 20141 sur le territoire par rapport à notre
capacité d'accueil. Ça a été constaté par de multiples intervenants, il y a des
enjeux d'intégration, des enjeux de francisation, des enjeux sur les services
aussi qui sont offerts à la population. On l'entend sur le terrain, là.
Ce qu'on veut, nous, c'est... revoir,
récupérer ce système-là, parce qu'il y a eu une perte de contrôle total qui est
dû à la fois au gouvernement fédéral mais aussi au gouvernement de la CAQ,
et... et ramener l'immigration à ce qu'elle était, nous autres, on utilise la
fourchette qu'on avait autour de 2000, 2010, là où ça fonctionnait assez bien
et on où avait un seuil permanent de 35 000.
Journaliste : ...peut-être
juste une dernière question. Là, évidemment, le Parti québécois, puisque là, la
CAQ se positionne pour le 45 000, on sait que les autres formations
politiques, c'est probablement plus que ça... le Parti québécois se retrouve
avec la position la plus drastique en termes d'immigration. Comment vous vivez
avec ça?
M. Boissonneault : Ça a été
le cas depuis combien d'années? On a été les premiers à parler d'immigration de
façon responsable et cohérente pour dire, il y a déjà plusieurs années, notre
capacité d'accueil avait été largement dépassée. Puis là, ce qu'on constate,
c'est que cette discussion-là, qu'on a rendue possible, puis rappelez-vous, ce
n'était pas simple de parler de réduction de seuils à l'époque, là... ce qu'on
constate, c'est qu'il y a plusieurs personnes qui... qui adoptent le même
discours, plusieurs intervenants, y compris gouvernement fédéral, qui a admis
cette semaine dans ses... ce qui a été présenté avec le budget, mardi, que la
capacité d'accueil au Canada avait été dépassée, puis qu'il va falloir revoir
les cibles en immigration permanente puis en immigration temporaire.
Journaliste : Êtes-vous...
êtes-vous un peu dans le sens de la CAQ qui dit : Le cœur du problème est
dans la région de Montréal, Laval? Parce que je suis curieux de savoir, pendant
votre campagne dans... dans le Centre-du-Québec, les entrepreneurs, les
manufacturiers... en tout cas, moi, dans les reportages que je fais, c'est leur
dossier principal, qu'est-ce que vous leur répondiez à ce moment-là?
M. Boissonneault : Bien,
d'abord, première partie de la question. Il y a un enjeu dans les grands
centres qui est différent aux enjeux qu'on connaît dans les régions. Il y a une
capacité d'intégration dans les régions qui n'est pas la même non plus, hein?
Quand on parle de francisation, quand on parle d'intégration, c'est sûr que les
régions sont souvent des vecteurs d'intégration qui sont... qui sont positifs,
où ça fonctionne assez bien parce que les niveaux ne sont pas les mêmes. Il y a
des besoins en termes de main-d'oeuvre dans les régions qui sont différents
aussi.
Donc, au Parti québécois, on a toujours
dit qu'il doit y avoir une composante régionale importante avec, par exemple,
les permis... des permis de travail ouverts sectoriels et régionaux, et... et
on doit s'attacher aussi ou on doit prendre en considération ce qui se passe
dans certains secteurs de l'économie.
Mais là, il faut bien comprendre que les
entreprises arrivent avec une perspective de... Quand je disais travailler en
silo, là, c'est ça que... il va falloir qu'on se sorte de ça. Les entreprises
avec une... arrivent avec une perspective de l'immigration qui leur est propre.
Ils ont des besoins particuliers à combler, ils ont besoin de main-d'oeuvre.
Pour toutes sortes de raisons, il y a des avantages parfois à utiliser une...
une main-d'oeuvre temporaire immigrante. Mais globalement, pour la société,
qu'est-ce que ça veut dire? Là, il y a un choix à faire aussi, parce que la
personne qui vient occuper un poste ici va consommer aussi des biens et des
services, puis il va y avoir une conséquence pour l'ensemble de la société
d'accueil. On doit tenir compte de ça aussi.
Puis l'autre affaire que je disais, c'est
que justement... Puis on l'a vu dans d'autres pays, hein? En Allemagne, on
comptait beaucoup sur l'immigration pour régler le problème de pénurie de
main-d'œuvre. En 2023, ils ont constaté que ça avait même exacerbé le problème
dans certains secteurs économiques névralgiques. Même chose au Danemark, il y a
eu des changements de politique là aussi.
À un moment donné, ce qu'on a constaté au
Canada, qui a fait le choix de l'immigration, c'est que ça n'a pas permis une
plus grande croissance économique. En fait, le PIB par habitant a même diminué,
la productivité est deux fois moins que... que dans l'OCDE, que pour l'ensemble
de l'OCDE... l'augmentation de la productivité, dis-je. Là, à un moment donné,
il va quand même... falloir faire le constat qu'à moyen et long terme
l'immigration n'est pas une solution aux problèmes de toutes les entreprises au
Québec. Je ne dis pas qu'il n'y aura pas des enjeux dans certains secteurs,
comme je le dis, où il y a une tension particulière, où on a besoin de...
d'employés qui ont une offre spécifique, qui sont qualifiés, qui sont spécialisés,
en région. Donc, il va y avoir une voie de passage qu'on devoir... qu'on va
devoir trouver. Mais... Mais globalement, pour la société, il faut réduire de
façon importante l'immigration temporaire permanente.
Le Modérateur : On va passer
en anglais.
Journaliste
: What do... What did you think about Minister Roberge who
said : We have to accept 45,000 permanent immigrants annually because
Ottawa did not listen to us and did not stop cutting too rapidly temporary
immigration workers… foreign temporary immigration workers and… But that was a
request from Québec. So, what did… what do you think about the whole
free-for-all?
M.
Boissonneault : First thing I would say is
that it's sad to see that this Government, first thing, is capitulating in
their demands to Ottawa. Because what I'm seeing here is that we has a
Government that was saying : Ottawa must listen to Québec, immigration is
important, we need the powers here. In 2022, we had a… a Premier Legault that
was saying : If you give me a strong mandate, I'm going to be able to
negotiate with Ottawa. If we don't do that, we may see ourselves in the
situation of Louisiana, he was talking about New Orleans. And Ottawa said no,
and we see the minister now doing as if Ottawa didn't exist in their choices
with temporary immigration and the levels of immigration that comes from
Ottawa, first thing. Second thing that I see in this plan is that we have a
Government that is trying to repair a system that was broking… that was broken
by their own decision, their own choices. So, there's something that is
particular in the fact that we are seeing a Government that has been increasing
the levels of immigration in Québec since 2018, year after year, quite often,
not even respecting his own targets in immigration. And now we're seeing: OK, we have to rectify in a way that is not
even what we had in 2018. Let me explain myself.
Today, we have the
Government that says: We need 45,000 permanent immigrants in Québec in 2025,
while we have more than half a million people that are non permanent residents
on the territory. In 2018, they were saying: We need 40,000 permanent, while,
at that time, we had 160,000 non permanent residents in Québec. Explain to me
how our capability to integrate all these people is better now than in 2018? It
doesn't make any sense.
Other aspect as well with
the Government, the Federal Government, we had targets that were stated in the
budget on Tuesday. In those targets, there is that program for the refugees in Québec.
The Federal Government is saying: We're going to give some money to make sure
that 55,000 people that are on the territory of Québec right now, that we
recognize as refugees, can be integrated to the permanent levels of Québec. How
are we going to do that? If we're talking about an… like, if we're looking at
the targets that the CAQ Government has right now and we have, let's say,
2,000, 3,000, even 5,000 people that come into the refugee part of our
permanent levels, Ukrainians can be other people, how many years it's going to
take to fulfill that decision of Ottawa?
So, for the Parti québécois, it's quite clear that we
need independence, first, we need to have all the powers. And while we get to
our objective to choose for ourselves, we have to make sure to take all the
means that we have, all the means necessary, politically, judiciary, in terms
of administration to be able to have all the powers of immigration here,
because there's something important as well that this Government is not
considering to the level that it should be considered, it's to say, all the
immigrants that depends right now of Ottawa that are in Québec.
Journaliste :
How would you work this out if you want
to reduce to 35,000 permanent immigrants annually, to look like a Government
that is human?
M.
Boissonneault :
What we are saying is that, unfortunately, there's going to be
people that are going to have to leave the territory, because, right now, when
we have more than half a million people that are here on a temporary basis that
are non permanent residents, we're going to have to make some choices. But we
have to take a step back and see what are the consequences of immigration for
the whole in Québec, and, here, I'm representing all Québeckers. They can be
immigrants or they can be Québeckers here for ten generations, it doesn't
matter, everybody agrees that the pressure is too strong now.
What we're saying is, to
get to the level that we're saying now, that we're presenting in the Parti québécois, 35,000 per year, we're
going to have to choose the regions and we're going to have to choose some
sectors in the economy where you have a tension that is important in terms of
finding the good people, specialized workers, qualified workers for these
sectors. So, we're going to have to make sure to make those choices. It ain't
going to be easy, but it's necessary right now because this Government has put
us in this situation since 2018.
Journaliste :
Juste one question. What do you say to
people that say that Québec needs immigration in order for, you know, Québec to
be economically prosperous?
M.
Boissonneault :
What I'm saying is that research demonstrates that immigration is
not a solution to the lack of workers. A lot of countries in the world thought
that it was a solution. We can… I gave the example of Germany, for example, of
Denmark, that realized that not only it didn't fix the situation, but sometimes
the access exacerbated the situation in some economic sectors. That's what
happened in Germany in 2023, and they changed their policy. In Ontario, for
example, Ontario has20141 accepted more
than 1,500,000 people in 10 years, because he was counting a lot on
immigration to fulfill the positions that were empty and try to fix the
situation with the lack of manpower in Ontario. Did it fix the problem? No, the
situation is the same. There are still thousands of positions that are open,
and they cannot fill, because people that come here obviously, maybe for… We
tend to mix local impact of immigration with the global impact. Locally, when,
let's say, a foreign worker come here and have a position in a company, there
is a positive impact on that company and on the fact that there is some people
missing to do the work in this… in this precise sector. But, globally, for the
society, we have people that are coming, that are going to consume as well,
services, that's going to consume products, people that are going to come with
their… their partner, wife, children. They are going to need a spot in the
daycare. They are going to need a spot at school. They're going to have to move
using the bus transportation, get dressed, feed themselves. All of this
requires more manpower in other sectors.
So, that's why we're
seeing that in Canada. Even if we chose immigration, the GDP didn't grow per
capita. In fact, it's quite the opposite. We are more people because of a
strong immigration in Canada, but we are more to divide the pie as well that we
have to share altogether. So, it doesn't fix the problem. It doesn't change the
situation. We just have to change the way we think immigration. Immigration is
important, it's positive, but it has to be well done. It's just that.
Journaliste
:
Merci.
M. Boissonneault : Merci.
(Fin à 12 h 42)