Point de presse de M. Alexandre Leduc, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de travail
Version préliminaire
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Monday, November 24, 2025, 10 h
Hall principal de l'hôtel du Parlement,
hôtel du Parlement
9 h 56 (version non révisée)
(Dix heures)
Le Modérateur
: Donc, bonjour,
tout le monde. Bienvenue à ce point de presse de Québec solidaire. Prendront la
parole, dans l'ordre, Alexandre Leduc, député d'Hochelaga-Maisonneuve, Marie Deschênes,
présidente par intérim à l'UES 800 dans le secteur de l'entretien ménager,
Patrice Lemire, du Comité paritaire Québec-Lévis dans le secteur de l'automobile,
Nathalie Perron, présidente de la section locale 9005 des Métallos dans le
secteur de la signalisation routière, ainsi que Johanne Richard, du local 8922
des Métallos dans le secteur des agents de la sécurité du Québec.
M. Leduc : Merci, Nicolas.
Bonjour, tout le monde. Je vais être honnête avec vous, j'aurais aimé mieux ne
pas être devant vous ce matin à devoir parler du sujet qui est le suivant. Le
gouvernement se prépare encore à s'attaquer... à attaquer même plutôt les
travailleurs et travailleuses du Québec. Il veut abolir une loi qui s'appelle
la Loi sur les décrets de convention collective. J'ai mis la main, comme je l'avais
fait il y a quelques semaines, sur un document de travail du gouvernement, qui
rend un peu en détail son projet d'abolir et de faire reculer les conditions de
travail de 90 000 personnes au Québec, des gens qui travaillent dans
les décrets de convention collective, dans une dizaine de secteurs. Le projet
de loi, il a déjà un titre, le projet de loi visant à abroger la LDCC, la Loi
de décrets de convention collective, et à faciliter certains types de travaux
de construction.
Le ministre a été mis... Parce que c'est des
rumeurs qui circulent depuis un certain temps, le ministre a été mis au défi,
la semaine dernière, de dire si c'était vrai ou pas. Il a dit : Non, non,
non, on ne travaille pas là-dessus, alors que c'est écrit noir sur blanc ici qu'il
y a un mandat du Conseil des ministres au ministre du Travail pour travailler
sur l'abolition du projet de loi... de la Loi sur les décrets de convention
collective. Donc, il ne dit pas la vérité. Il s'attaque encore aux travailleurs
et travailleuses du Québec...
10 h 01 (version non révisée)
M. Leduc : ...les décrets de
conventions collectives ça l'a permis de rehausser les conditions de travail de
dizaines de milliers de personnes, je le disais à l'instant, 90 000 personnes.
Le document parle même à la page trois de régression anticipée des conditions
de travail, on parle ici de réductions de salaires, de disparition d'assurances,
disparition de retraite, disparition de formation, je le dis encore, dans des
dizaines de secteurs, on parle secteur de l'automobile, secteur des ménages, le
secteur de la sécurité. Et c'est un recul assez important, c'est une autre
tuile qui s'abat sur les travailleurs, travailleuses du Québec dans les
nombreuses attaques qu'on a connues dans les derniers mois, qu'on connaît
encore cette semaine, alors que s'ouvrent demain les audiences du projet de loi
3 qui vise à aller jouer dans les cotisations syndicales. C'est dommage parce
que c'est un... c'est une loi, la Loi des décrets de convention collective, qui
a fait ses preuves. On a même rajouté un nouveau décret, on en parlera à l'instant
avec les signaleurs routiers.
Alors, c'est une loi qui est vivante, une
loi qui pourrait, bien sûr, être révisée, modernisée, comme toutes les lois,
mais être abolie? Non. C'est un mauvais plan. L'IRIS a sorti une étude, elle
nous dit que la disparition éventuelle de la Loi sur les décrets de convention
collective pourrait faire en sorte de massifier encore plus le travail au noir,
et le gouvernement pourrait perdre jusqu'à 90 millions de dollars de
revenus à cause de la... du renforcement du travail au noir. Alors, encore une
fois, un recul des travailleurs, des travailleuses de la part de la CAQ, de la
part de Jean Boulet, qui ne dit pas la vérité par rapport au travail qu'il mène
en secret avec son cabinet pour abolir cette loi-là, on le sait noir sur blanc.
Maintenant, avec le document qu'on a été en mesure d'obtenir, qu'on vous
partage à l'instant, c'est dangereux pour les travailleurs, travailleuses. C'est
un recul inacceptable. J'exige de Jean Boulet qu'il ne dépose pas cette loi-là.
S'il veut moderniser la loi, on est là, on est partenaires, on va discuter.
Mais l'abolition de la loi, c'est hors de question. Et nous avons donc, des
gens du secteur, des travailleurs, travailleuses impliqués, concernés, qui vont
pouvoir vous parler de leur réalité, et qu'est-ce que ça va vouloir dire abolir
la loi, pour eux et elles.
Mme Deschênes (Marie) : Donc,
bonjour. Je suis Marie Deschênes, je suis la présidente par intérim à l'UES 800.
On apprend, dans le fond, avec cette analyse que notre gouvernement veut s'attaquer
aux préposés en entretien ménager d'édifices publics en leur soutirant leur
filet de sécurité. Ce matin, je prends la parole pour les 25 000 travailleurs
et travailleuses, syndiqués ou non, qui sont protégés par les deux décrets dans
le secteur de l'entretien ménager. Sans décret, leur salaire, qui est
actuellement à 21,52$, passerait à 16,10$, au salaire minimum. Ce n'est pas une
hypothèse, c'est ce qui s'est passé à chaque fois qu'un décret a été aboli dans
les cinq à huit années suivant l'abolition du dit décret, les salaires ont
baissé d'environ 30 %.
Des gens qui font ça depuis 20 ans vont se
ramasser à perdre 200 $ par semaine en plus de leur REER collectif. Dans l'économie
actuelle, c'est précariser des milliers de travailleurs. C'est... en fait, le
ministre va plonger des milliers de travailleurs dans la pauvreté. On parle ici
de gens qui nettoient nos écoles, des gens qui désinfectent les hôpitaux, qui
entretiennent les divers ministères. Des gens qu'on qualifiait d'essentiels
pendant la pandémie. Des gens qui ont risqué leur santé pour protéger la nôtre.
Puis là, maintenant, bien, on s'apprête à les abandonner. On ne peut pas
laisser le gouvernement faire ça. Ces gens-là prennent soin de nous et de nos
enfants. On doit aussi prendre soin d'eux. Et à l'UES 800, on refuse d'abandonner
ces 25 000 travailleurs à la précarité. Merci beaucoup.
M. Lemire (Patrice) : Bonjour.
Patrice Lemire, je suis directeur général du Comité paritaire de l'industrie de
l'automobile des régions de Québec et de Lévis. Alors, je suis là depuis 2013,
donc, quand même une bonne expérience à ce niveau-là.
Écoutez, nous autres, dans l'automobile,
on a un système de qualification et de formation qui, malheureusement, s'adresse
uniquement aux six comités paritaires de l'automobile du Québec, qui couvrent
75 % du territoire québécois. C'est dommage, ça fait des années qu'on
demande avec... à Emploi Québec d'en faire une obligation, parce qu'on ne se
fera pas de cachettes que travailler dans une automobile aujourd'hui avec
toutes les technologies, ça prend des compétences, ça prend un système de
compétences qui est solide pour appuyer ça. C'est aussi, sinon plus dangereux
que le rôle d'un électricien dans la construction. Alors, la compétence est
très importante chez nous.
Il y a un autre phénomène aussi. Avec l'après-pandémie,
on s'est ramassé avec des salaires minimums au décret qui venaient se faire
rattraper par le salaire minimum. Heureusement que notre industrie, les
associations patronales ont compris. On a relevé les taux horaires, qui
malheureusement, sont en train de se faire rattraper encore une fois, avec
toute l'inflation qu'on a eue. C'est 25 % des salariés dans notre secteur
qui sont touchés par les taux minimums. On a aussi des meilleures conditions
que les normes du travail.
Donc, demain matin, nous, c'est sûr que ça
serait une très grande déception, surtout que le ministre, en 2022, a confirmé
qu'il n'y aurait pas d'abolition...
10 h 06 (version non révisée)
M. Lemire (Patrice) : ...des
décrets,OK. Et, en plus, il nous a demandé de travailler sur des règles
de gouvernance que la FCEI décrit depuis des années, on a travaillé sur ces
règles de gouvernance là, on a travaillé très fort. Maintenant, vous pouvez
aller sur nos sites Web, vous avez tous nos états financiers sur nos sites Web,
vous pouvez avoir accès à nos procès-verbaux, il n'y a rien de plus transparent
que les comités paritaires maintenant, avec ce que le ministre Boulet nous a
demandé de faire. Alors, j'espère, moi aussi, que le ministre va y penser deux
fois avant d'aller vers ce genre de loi là. Merci.
Mme Perron (Nathalie) : Bonjour,
mon nom est Nathalie Perron, je suis la présidente du Syndicat des Métallos section
local 2005 qui représente la signalisation routière au Québec. Le gouvernement
s'apprête à enlever nos décrets. En 2023, c'est la CAQ qui nous a donné notre
premier décret de la signalisation au Québec. Et là, il nous dit qu'il va nous
enlever notre décret. C'est inacceptable. Ça touche 3500 travailleurs de
la signalisation qui vont voir leurs conditions de travail diminuer, les
conventions collectives... on a des conventions collectives, certains n'ont pas
de convention collective, ils vont être touchés, on a eu... ça leur a donné des
augmentations avec le décret de 26.3 sur trois ans, alors on avait des salaires
de 18,99, maintenant, on a un salaire minimum à 24 qui les protège. Il y a les
formations, ça va descendre dans les formations, la qualité des employés. Ces
personnes-là sont des heures et des heures à l'extérieur, dans toutes les
intempéries, que ce soit la pluie, la chaleur, le froid, le verglas, peu
importe, ils vont perdre leurs conditions de travail. Puis c'est inacceptable
que le gouvernement retire un décret qu'il a donné il n'y a pas plus de deux
ans qui va protéger nos travailleurs, puis nos travailleurs ils vont perdre
leurs conditions de travail, puis on ne peut pas accepter ça, c'est impensable
de penser que ces gens-là, qui protègent les usagers de la route, qui sont des
heures à l'extérieur, que les automobiles passent rapide... rapidement à côté d'eux,
ne sont plus protégés par un décret. Parce qu'on comprend que ceux qui ont des
conventions collectives ont... leur salaire va peut-être stagner, mais ceux qui
n'ont pas de convention collective, leur salaire risque de baisser de cinq à sept
dollars de l'heure. Il va y avoir une guerre de soumission entre les employeurs,
qui qui va soumissionner le plus bas et c'est qui qui va payer pour? Ça va être
les travailleurs, les salariés qui vont voir leur salaire diminuer. Et, puis,
on ne peut pas... on ne peut pas croire que c'est ce qui va arriver, ça fait qu'on
demande au gouvernement de repenser à cette décision. Je vous remercie.
Mme Richard (Johanne) : Bonjour,
Johanne Richard, syndicat des Métallos section locale 8922, je représente
les agents de sécurité du Québec. Dans notre décret, on a environ 22 000
travailleurs, nous, le décret, s'il le retire, on a un salaire de base de 29, on
s'en va au salaire minimum, on perd de bonnes conditions de travail, on a des
congés, des primes, on perd tout ça, on a des horaires fixes, là, ça va être un
peu pêle-mêle, mais au bout de la ligne, là, à part de tout ce que mes
collègues ont dit, la seule que ça va profiter, l'abolition du décret, c'est le
gouvernement, parce que c'est lui notre client majoritaire et c'est au plus bas
soumissionnaire. Donc, clairement, le seul que ça va profiter, c'est eux. Donc
est contre le retrait du décret. Merci.
Le Modérateur : Merci
beaucoup. On va pouvoir maintenant ouvrir la période de questions. Je
demanderais aux journalistes d'adresser leurs questions, puis de rester sur le
sujet du jour pour l'instant, on pourra ouvrir les questions plus largement par
la suite.
Journaliste : Bonjour, M. Leduc.
Sur le sujet du jour, est-ce que vous comprenez que le gouvernement cherche
tout simplement à faire des économies en abolissant le décret? Tel que vous l'annoncer.
M. Leduc : Il ne va pas faire
d'économie, il va perdre de l'argent. L'IRIS a démontré dans son étude que, en
abolissant les décrets, il va y avoir plus de travail au noir dans les
différents secteurs couverts, plus de travail au noir, moins de perception de
taxes et d'impôts, ça veut dire une perte nette. L'IRIS estime à 90 millions de
dollars, des pertes pour le gouvernement. Les décrets fonctionnent à partir des
cotisations des employeurs, ça fait que le gouvernement, lui, n'est pas touché,
il ne va pas économiser une cenne là-dedans. Ça, là, c'est le résultat de quoi?
C'est deux choses, c'est la campagne permanente de la FCEI depuis des années,
pour soi-disant se débarrasser d'un fléau, mais ce n'est pas un fléau, on vous
l'a expliqué, là. Ce n'est pas quelque chose qui est particulièrement lourd à appliquer,
le décret. Puis, au contraire, il y a des bonnes conditions de travail qui émanent
de ça, puis une stabilité dans un secteur. L'autre affaire, c'est que je pense
qu'ils se sentent dépassés par leur droite avec...
10 h 11 (version non révisée)
M. Leduc :
...Éric
Duhaime, que ça s'inscrit dans l'ensemble des autres projets de loi qu'ils ont
déposés et qui vont être étudiés cette semaine avec le projet de loi 3. Ils pensent
qu'en tapant sur les travailleurs, ils vont gagner une couple de points dans
les sondages, moi, je pense que ce n'est pas ça qu'il va arriver, ça fait que c'est
un recul pour tout le monde, un recul pour les travailleurs, les travailleurs
en bas de l'échelle en particulier, plus de précarité, ils le disent eux-mêmes
dans leur document : «régression anticipée», c'est capoté! Leurs propres
fonctionnaires leur disent «régression anticipée». Ça, je vous rappelle, ça, ça
veut dire que ça vient de l'appareil, là. Ça veut dire qu'il y a du monde à l'intérieur
du gouvernement qui disent : Ça n'a pas de bon sens, ce qu'il est en train
de faire, mon gouvernement. C'est la même chose que le projet de loi que j'ai
eu la dernière fois. Rappelez-vous, il avait dit quoi, M. Boulet? Il avait dit :
Non, non, non, c'est juste un... une version de travail. Finalement, à une
virgule près, le projet de loi 3, c'était exactement ce qu'il y avait dans son
document. Alors, quand il nous dit que ça : Non, non, on n'est pas en
train, vraiment de travailler là-dessus. Non, non, non, on s'est fait chanter
la mauvaise chanson une fois, on n'y croit plus.
Journaliste : Bonjour,
juste pour clarifier, là, parce que Mme disait, dans son secteur, le, le... dans
la plupart des cas, c'était le gouvernement qui était le client numéro un. Est-ce
que tous les secteurs concernés sont dans la même situation?
M. Leduc : Tu veux répondre?
Mme Deschênes (Marie) : Oui.
Bien, comme en entretien ménager, oui, en partie, là, il y a les hôpitaux, il y
a les écoles, mais ce n'est pas uniquement ça, c'est tous les édifices publics
dans lesquels les gens travaillent. Mais oui, le gouvernement, ils ont des
employeurs, mais en fait, il faut comprendre que nous, c'est de la sous-traitance,
hein, donc le gouvernement est le client dans ce dossier-là.
Journaliste : Ok, puis, donc,
juste pour clarifier les motivations, là, donc, on ne parle pas d'économie, donc
ce serait comme une... c'est quelque chose que vous voyez comme quelque chose d'idéologique,
là, tout simplement, ou?
Mme Deschênes (Marie) Bien, je
vois que c'est... tu sais, on a vu, la FCEI, la Fédération canadienne des
entreprises indépendantes, fait beaucoup de revendications pour abolir les
décrets. Leur premier argument que j'ai pris connaissance, c'est la gouvernance,
ce qui a été traité, M. Patrice l'a mentionné tout à l'heure. Donc, il y a eu
un règlement sur la gouvernance. Il parle aussi de la paperasserie que ça l'entraîne,
mais la paperasserie que ça l'entraîne, c'est qu'ils doivent déclarer la... ce
qu'ils ont prélevé, ce qu'eux paient comme cotisations et ce que les
travailleurs paient. Mais quand on regarde le document que vous avez dans les
mains, ça ne semble pas clair qu'il va y avoir moins de paperasserie. Si c'était
pris par la CNESST ou si c'était aboli. Si c'est pris par la CNESST, on ne
règle probablement pas le problème de paperasserie, mais on est moins efficaces
parce qu'il y a des...des enquêteurs, hein, des inspecteurs qui sont dans le
domaine, qui font le travail. Donc ce n'est complètement pas dans les mains du
gouvernement. Si c'est aboli, mais on fait diminuer des salaires, il n'y aura
plus de paperasserie, il y aura plus de protection pour 90 000 travailleurs et
les contrats sont obtenus par le plus bas soumissionnaire, donc...
Journaliste : Si je peux me
permettre, étant donné que cette menace-là est dans l'air depuis un certain
temps, comment se fait-il que vos syndicats n'ont pas envisagé, peut-être, de...
de recourir à des conventions collectives régulières ou de vous mettre un peu
dans le rang, là?
Mme Deschênes (Marie) : Bien,
en fait, c'est ça, c'est... le décret, c'était les conventions collectives qui
sont négociées pour les personnes syndiquées qui sont amenées à tout un secteur
au complet pour éviter la, la... pour éviter, dans le fond la, compétitivité,
là, sur le dos des salaires. Il y a beaucoup d'entreprises.... comme en
entretien ménager, il peut y en avoir une trentaine de nouvelles par semaine.
Donc c'est pour dans les secteurs où la syndicalisation est plus difficile
parce que plein de nouvelles entreprises sortent, c'est pour contrer ça, c'est
pour s'assurer que la compétitivité ne se fasse pas sur les...le dos. Ça fait
que oui, on essaie d'en recruter le plus possible, mais il y en a une
quarantaine créées ou qui meurent ou qui se déplacent.
Journaliste
: OK.
Merci.
Mme Deschênes (Marie) : Bien,
de rien, Mme.
Journaliste : Je vais, je
vais juste poursuivre.
Des voix : ...
M. Lemire (Patrice) : C'est...
je voudrais juste rajouter quelque chose, pour l'automobile, là, juste pour
être sûr de bien comprendre, c'est M. tout le monde, c'est vous autres. Ça fait
quoi? Ça fait que des mécaniciens bien formés, compétents, quand vous allez au
garage, au lieu que ça prenne une heure et demie, ça va prendre une heure, ça
va vous coûter beaucoup moins cher. Ça fait que c'est plus le client qui va
avoir une économie au niveau de ce que ça coûte. Et in ne faut pas oublier que
c'est des cotisations payées... 50 % l'employé, 50 % l'employeur, donc
c'est un régime, au coût que ça coûte par semaine, là, je peux vous dire, là, c'est...
c'est un peu ridicule. Avec toute la formation qu'ils ont, la compétence, et là,
vous allez, vous allez attaquer un métier où les gens sont fiers. On a des gens
hors territoire de Rivière-du-Loup, de Rimouski, de Saint-Georges de Beauce qui
viennent de passer leur carte de compétence à Québec. Ils ne sont pas obligés,
là, ils viennent pour quoi? Pour la fierté d'être un mécanicien compagnon A, B
ou C. Donc on attaque la fierté, puis on attaque les poches des contribuables
avec l'abolition d'un décret dans l'automobile. Merci.
Mme Perron (Nathalie) : Moi,
je vais rajouter, aussi, avec le décret que ce qui arrive, c'est que c'est...
comme... ma consœur disait, c'est une convention collective qui est appliquée à
tout le... le domaine de la signalisation routière. Les contrats, les MTQ,
c'est des contrats qui sont donnés à la signalisation, ça fait que c'est donné
à des entrepreneurs qui font les travaux sur les routes et la signalisation...
10 h 16 (version non révisée)
Mme Perron (Nathalie) : ...sont
là pour faire les installations de chantier et assurer la sécurité sur les
chantiers. Ce décret-là, il est important pour protéger justement nos
travailleurs des employeurs qui ne respectent même pas... même avec un décret,
il y a des employés qui... qui vont attendre un mois avant d'avoir des payes,
qui ne se feront pas payer, ne respectent pas les pauses. C'est les normes du
travail. Les inspecteurs, la CNESST, on n'en a plus d'inspecteurs sur les
chantiers. C'est le comité paritaire qu'on a trois inspecteurs qui ont fait
plusieurs chantiers cette année pour aller vérifier si les signaleurs ou les
installateurs recevaient leurs droits qui avaient, au sujet de... au niveau du
décret. Et ils ont trouvé beaucoup d'anomalies, ça fait que le décret il est
important parce qu'on est là pour les protéger. Puis, si on est plus là, si le
décret disparaît, qui qui va protéger ces travailleurs qui n'ont pas de
convention collective? Merci.
Journaliste : Excusez-moi
peut-être ma méconnaissance, mais est-ce que... bien peut-être ma question est
plus pour M. le Leduc, mais vous pourrez répondre si vous voulez. Pourquoi... pourquoi
c'est... en fait, pourquoi c'est au gouvernement, comme, de mettre en place des
décrets parce que les gens ne sont pas syndiqués? Je ne sais pas si vous
comprenez... pourquoi ces gens-là ne se syndiquent pas, tout simplement, puis
que là ces décrets-là ne seraient pas nécessaires.
M. Leduc : Il faut préciser
que ce n'est pas l'entièreté de la convention collective qui s'applique à tout
le monde, c'est une partie, souvent les salaires, les assurances et le fonds de
pension. C'est un système qui existe ailleurs, hein, on n'a pas inventé ça, ici
au Québec. C'est un système qui est renforcé dans bien d'autres pays, l'Allemagne
en particulier. C'est un système qui est assez répandu dans plusieurs secteurs.
C'est une façon de se dire que dans des secteurs particuliers où l'espèce d'ultraconcurrence
va tirer à la baisse beaucoup trop de manière injuste, les conditions de
travail, il faut qu'il y ait une espèce d'intervention, un peu comme il y a des
normes du travail, dans le fond, hein? Les normes travail au Québec qui disent,
mais s'il n'y avait pas de salaire minimum, probablement que le salaire réel tomberait
à trois ou quatre piastres de l'heure. Alors on se dit non, il y a un minimum
qu'il faut qu'on mette en place pour garantir une forme de vivre ensemble. C'est
un peu la même chose dans les décrets, en se disant il y a un secteur qui est
quand même syndiqué à un certain pourcentage qui, puis pour le bien de ce
secteur-là, pour qu'il puisse avoir des conditions de travail décentes pour la
moyenne des gens. On prend une partie de la convention collective, pas au
complet, puis on l'étend à tout le monde, puis c'est négocié, ce n'est pas,
encore une fois, automatique, là. Ce n'est pas le gouvernement qui se lève un
matin qui dit voici un nouveau décret. C'est négocié avec les employeurs qui
doivent se créer une association, puis là, il y a le syndicat qui s'assoit,
puis ensemble, ils négocient. Il y en a un qui a été déposé il n'y a pas
longtemps, c'était lequel déjà? Bien oui voilà, c'était sur l'entretien ménager
à Montréal. Ça a été le fruit d'une négociation, le décret, à partir des
conditions de travail, puis des conventions collectives existantes, c'est
envoyé au ministre, le ministre le signe, puis l'applique. C'est un système qui
a fait ses preuves. On en a rajouté un décret, justement, puis il faut que ça
soit quelque chose qui soit vivant. On pourrait en rajouter d'autres. Moi, je
pense notamment aux RPA. Les conditions de travail dans les RPA sont difficiles,
ce serait tout à fait logique, éventuellement, d'instaurer un nouveau décret
dans les RPA.
Des voix : ...
M. Leduc : Oui. Je ne sais pas
lequel, là. Allez-y, oui, s'il vous plaît.
Journaliste
: Qu'est ce
que ça dit, M. Leduc, encore une fois, c'est une fuite du gouvernement sur un
éventuel projet de loi, qu'est-ce que ça dit sur la CAQ actuellement?
M. Leduc : La CAQ est
déconnectée des besoins des Québécois et Québécoises déconnectées des
travailleurs et travailleuses. La CAQ veut utiliser les travailleurs et
travailleuses pour essayer de marquer des points politiques dans des drôles de
secteurs, je ne sais pas trop envers Éric Duhaime, peut-être. Ils sentent qu'ils
se font dépasser sur leur droite, c'est ma seule hypothèse, parce qu'il n'y a
rien à gagner là-dessus, ils vont... le gouvernement va perdre de l'argent avec
le travail au noir qui va se multiplier, les gens, ils vont perdre des
conditions de travail, là, ils vont perdre peut-être jusqu'à, c'était quoi,
20 % qu'on disait tantôt de salaire? Perte des assurances, perte d'un
fonds de pension, c'est hallucinant de vouloir aller faire quelques points de pourcentage
peut-être sur le dos des travailleurs et travailleuses du Québec. Ça s'inscrit
dans un continuum, là. Visiblement, c'est le plan du gouvernement : la loi
pour restreindre le droit de grève, la loi sur les cotisations syndicales dites
facultatives dont les audiences commencent demain. Il y a vraiment une espèce
de pattern du gouvernement qui cherche à s'accrocher à quelque chose, là, qui
est en train de se noyer dans les sondages, puis qui s'accroche à quelque
chose. Il a essayé avec les médecins, ça n'a pas marché, il s'essaye avec les
travailleurs, ça n'a pas marché. Puis là, ce qui particulièrement indigne, c'est
que c'est des travailleurs qui sont en bas de l'échelle, là, ce n'est pas les
travailleurs, ils ne font pas des énormes salaires, là, puis ce qu'ils ont, là,
c'est ce qu'on a réussi à gagner avec le temps parce qu'ils se sont mobilisés,
parce qu'il y a un décret, ça fait que moi je trouve ça particulièrement
ignoble qu'on ait un gouvernement qui s'attaque aux salariés... comme il le fait.
Journaliste
: Merci.
M. Leduc : Merci.
Journaliste : Concernant le
sujet qui a déchiré votre parti ces derniers jours, Vincent Marissal est sorti
hier en disant, notamment, que vraiment, votre position, là, concernant la
grève à Montréal, là, n'avait pas passé, qu'il avait été inondé d'appels d'électeurs
qui étaient mécontents, que vous aviez abandonné les simples...
10 h 21 (version non révisée)
Journaliste : ...travailleurs
au profit des syndicats. Est-ce que vous regrettez cette position-là, puis qu'est-ce
que vous répliquez à cet argument-là, voulant que vous ayez privilégié les
organisations syndicales aux simples travailleurs eux-mêmes?
M. Leduc : Bien, c'est drôle
parce que c'est exactement ce que disait la CAQ. C'est exactement ce que disait
Jean Boulet. Ça fait que moi, je suis sidéré d'entendre mon ami Vincent, mon
ex-collègue Vincent, reprendre mot pour mot les arguments de Jean Boulet. Est-ce
que Jean Boulet se soucie des travailleurs, vous pensez, avec ce qui est en
train de manigancer pour leur faire perdre 20 % de salaire puis leur faire
perdre des conditions de travail? Est-ce qu'il se soucie réellement des
travailleurs du Québec, Jean Boulet? Bien, c'est exactement ses arguments. Ça
fait que ça n'a pas été une semaine facile, il y a deux semaines, quand c'était
le dossier de la STM. J'ai reçu des commentaires des deux bords. Moi, je... lui
il dit qu'il était inondé d'appels, nous, on avait fait la vérification auprès
des différents bureaux de circonscription, il y avait eu des appels, il y avait
eu des courriels, mais personne n'a été inondée. Il y en a eu, là, je ne suis pas
en train de dire qu'il n'y en a pas eu, mais il y en avait aussi des gens qui
étaient contents qu'on défendre les travailleurs, travailleuses, parce que c'étaient
les chauffeurs de la STM, les gens d'entretien de la STM, aujourd'hui. Demain,
ça sera les éducatrices en CPE. Après-demain, ça va être les profs dans les
écoles primaires et secondaires, tout le monde va y passer, là. Alors, il y a
une forme de réaction aussi de solidarité qu'il faut construire. Je ne sais pas
comment, moi, j'aurais expliqué d'avoir passé des heures et des heures à
dénoncer un projet de loi, puis avoir voté contre au mois de juin, puis
finalement être enthousiaste pour son application au mois de novembre. Il y
aurait eu quelque chose d'assez étonnant.
Journaliste : Bonjour, M.
Leduc. Je lisais quand même, entre autres, plusieurs réactions qui s'étonnaient
du fait qu'après l'entrevue, notamment de M. Zanetti, de Mme Ghazal, il y a une
des questions qui a été posée, est-ce qu'il y a une réflexion qui doit s'opérer
maintenant, là, au sein de Québec Solidaire, après les commentaires de M.
Marissal? Même si on trouve dommage la façon dont ça a été fait, est-ce que
quelque chose dans ce que M. Marissal a dit qui provoque une réflexion chez
Québec Solidaire?
M. Leduc : La réflexion est
toujours pertinente. Moi, je suis un membre fondateur de ce parti-là. J'avais
20 ans quand j'étais au congrès anniversaire de Montréal en 2006 avec Françoise
David. Puis à chacune des étapes de la création, la croissance de ce parti-là,
je me suis posé des questions. Quand on a fait élire juste un député avec Amir
en 2008, quand on a passé avec Manon 90 votes sur la fesse en 2014, je me suis
toujours posé des questions. J'ai perdu, moi, deux élections avant de gagner ma
première. Bien sûr que je me suis posé des questions. Après ça, il y a la façon
de se poser des questions, puis il y a la manière de s'en poser pour que ça
soit constructif. De quitter le navire alors qu'on apprend que ça fait des mois
qu'il est en discussion avec le PQ, ce n'est pas une façon constructive de
poser des questions.
Moi je salue, par exemple, un Gabriel
Nadeau-Dubois qui, lui, décide de dire : J'ai donné ce que j'avais à
donner, mais qui quitte de manière constructive, de manière sereine. Il est
encore ici, il mène des dossiers sur l'éducation, il fait du travail de
circonscription. Vous ne l'avez pas entendu dire un mot négatif sur le véhicule
Québec solidaire. Alors, de la manière dont Vincent part, moi je suis sidéré. D'autant
plus que, mon Dieu, je l'ai entendu hier à Tout le monde en parle devenir le
chevalier de l'indépendance du Québec. Je veux dire, ça fait huit ans que je
siège avec lui dans les caucus, là, pas une fois je l'ai entendu faire un
plaidoyer pour qu'on parle plus d'indépendance du Québec à Québec Solidaire.
Pas une fois. Alors, ça me surprend, ce virage-là. Comme le dit lui-même, la
vie n'est pas linéaire, mais des fois, il y a des tournants qui sont plus
étonnants que d'autres.
Journaliste : Rebonjour. Est-ce
que la base militante en demande trop aux élus de Québec Solidaire? Vous avez
entendu M. Marissal en fin de semaine, évidemment, il y a Gabriel qui a dit que
le parti l'avait usé, il y a Christine Labrie qui a dit que la gauche en
demandait trop à ses élus, également. Est-ce que votre base est trop
revendicatrice, militante, radicalisée, comme M. Marissal l'a dit?
M. Leduc : Moi, je fais
toujours attention de ne pas mettre la base dans un bloc monolithique. J'ai des
militants à Québec Solidaire dans mon association de circonscription qui sont
des perles avec qui on travaille d'arrache-pied pour continuer à faire des
beaux projets dans le quartier. J'ai des militants de Québec Solidaire qui sont
dans différents secteurs, qui m'alimentent des réflexions sur le droit du travail,
sur l'environnement, sur le droit de la famille. Alors, de dire que la base
étant un tout, il y en a tu trois, quatre, c'est un peu fatiguant. La réponse c'est
oui. Ça, il y en a dans chacun des partis. Québec Solidaire n'est pas...
Journaliste
: Juste
trois, quatre?
M. Leduc : ...je ne donnerai
pas le chiffre exact. Je ne ferai pas une liste non plus. Cela étant dit, c'est
normal qu'il y a des débats. C'est normal qu'il y a des gens qui soient moins
sympathiques dans un parti politique puis qui en demandent beaucoup. Ça, ça
existe. Après ça, moi, je refuserai obstinément de qualifier la base de Québec Solidaire
comme un tout qui serait lourd à porter. Je ne suis pas d'accord avec ça. Est-ce
qu'il y en a? Bien sûr, il y en a. Il y en a dans d'autres partis aussi...
10 h 26 (version non révisée)
M. Leduc : ...par contre, c'est
quelque chose qui est normal, dans un parti politique, d'avoir des débats. Est-ce
qu'on peut travailler à Québec solidaire à avoir des débats plus sereins? Bien
sûr, oui, on peut le faire, il y a de l'espace pour avoir un peu plus de bonne
foi dans nos discussions. On vit des moments difficiles. C'est sûr que quand il
y a des départs comme ça, tout le monde se crispe un peu, mais je crois
fondamentalement à la suite des choses. Je crois fondamentalement qu'il y a une
place pour une option sociale-démocrate, une... une option de gauche. Si... j'ai...
encore une fois, j'écoutais mon ami Vincent, hier, de dire : le PQ social est
démocrate, si je pensais que le PQ était social-démocrate, je n'aurais pas
participé à la création de Québec solidaire en 2005. Je serais, je serais...j'aurais
été... j'ai déjà eu une carte du PQ quand j'avais 16 ans, mais je l'ai quitté
comme des centaines de personnes, parce que je ne voyais pas d'avenir pour la
sociale démocratie avec ce parti-là. Après ça, tout le monde fait son choix.
Mais de voir mon ami Vincent devenir, tout à coup, une espèce de cheerleader de
PSPP, c'est fort de café.
Journaliste : J'ai l'impression
que je connais la réponse, mais. Êtes-vous heureux à Québec Solidaire? Parce
que, de toute évidence, il faut vérifier, M. Marissal ne l'était pas, et serez-vous
candidat en 2026?
M. Leduc : Ah, mais j'ai déjà
répondu à cette question-là, ça va me faire plaisir d'y répondre de nouveau :
Oui, oui, je vais briguer de nouveau l'investiture de Québec solidaire dans
Hochelaga-Maisonneuve. J'adore ce que je fais, j'adore mon équipe locale, j'ai
des... des attachés politiques, à mon bureau de circonscription, magnifiques, pas
plus tard que vendredi soir, donc quelques heures avant la drôle de fin de
semaine que j'ai passée, je tenais mon budget participatif, vous savez, le SAB,
le Soutien à l'action bénévole, on a tous un montant, là. Moi, ça fait quelques
années que j'en donne, pas que j'en donne, pardon, mais que j'organise que la
moitié de ce montant là soit faite en mode participatif, donc j'invite les
citoyens de mon quartier à venir m'aider à orienter quelle serait la priorité
de financement, dans le fond, des organismes du quartier, puis hier, on a...
vendredi soir, on a eu une participation record, on avait 55 organismes, plus
de 300 personnes se sont déplacées pour venir voter. Ça fait que moi, j'ai
trouvé ça énergisant, je trouvais ça super le fun. C'est un beau succès de...local.
J'aime les dossiers que je mène ici, j'aime ça couler des nouveaux projets de
loi de Jean Boulet, puis lui faire passer une moins belle journée. Donc oui, oui,
j'ai l'intention de me représenter l'année prochaine.
Une voix : ...
M. Leduc : Oui, bien sûr.
Journaliste : Donc, vous avez
dit et parlé de bonheur. Vous dites être heureux à Québec solidaire, mais les
exemples que vous donnez, ce sont tous des activités à l'extérieur du parti.
Donc, être dans votre circonscription, être à l'Assemblée nationale...
M. Leduc : Oui, mais là, je
viens de vous donner l'exemple du projet de loi, ici. Moi, je veux dire, j'ai...
j'ai réussi à faire bouger des choses dans les projets de loi avec Jean Boulet,
j'ai réussi à faire des choses, dans le temps, sur les RQAP, sur la santé-sécurité
au travail. Le dossier sur l'environnement m'anime, là, j'étais, l'autre jour, aux
grands rendez-vous sur les CPE, sur les milieux de garde. Donc oui, j'ai donné
quelques exemples locals parce là, il venait juste de s'en passer un gros, là,
vendredi soir, ça a été beaucoup de travail avec mon équipe, mais j'ai du
plaisir ici, à l'Assemblée nationale, avec mes collègues. C'est... c'est
plaisant, c'est des personnalités fascinantes. C'est un privilège de se lever
ici, à l'Assemblée nationale, puis de poser une question à un ministre. C'est
un privilège de pouvoir appeler un ministre pour vérifier : c'est-tu vrai,
cette rumeur-là? Puis, peux-tu me donner un exemple? Je donne un autre exemple,
là, pas plus tard que vendredi, toujours, avant de me rendre à mon événement, j'appelais
la ministre de l'Emploi pour parler de, parce que là, ils vont abolir le
conseil de gestion du RQAP, ça n'a pas fait beaucoup les nouvelles à date, c'est
assez pointu, c'est dans le PL7. Mais moi, j'ai eu des appels des groupes :
Comment ça va marcher? Ça va être transféré à Retraite Québec? J'avais plein de
questions, bien, j'ai échangé avec la ministre, je me suis senti utile cette
journée-là parce que j'ai pu faire un suivi avec des groupes qui sont un peu
inquiets de cette situation-là, pour vous donner, donc, un exemple.
Journaliste : Mais là, vous
me parlez encore du travail de l'élu. Avec les membres de Québec solidaire, est-ce
que vous les trouvez ingouvernables, comme Vincent Marissal l'a dit? Est-ce qu'ils
vont être un boulet pour la prochaine élection, ces membres qui se radicaliseraient,
peut-être, un peu?
M. Leduc : Je ne sais pas de
quoi il parle, exactement, il était avec moi, on a jasé, d'ailleurs, au congrès
il y a à peine deux semaines, là, il était présent, là, dans la foule, puis c'est
un congrès qui s'est super bien passé. Est-ce que des fois, il y a de... encore
une fois, je vais dire dire trois quatre fatiguant, il y a tu trois quatre
amendements un peu étranges qui sont déposés? Bien oui, mais ça, ce n'est pas
nouveau, ça a toujours été de même. Puis c'est normal, c'est ça la démocratie,
il y a des affaires bizarres qui se font ici aussi, là, à l'Assemblée
nationale. Alors non, ça ne sera pas un boulet... Québec solidaire
ingouvernable, franchement, là. Ça fait... ça va...ça allait bien, ça allait
bien depuis un an. Ruba, elle avait dit à la blague qu'on venait de fêter le 1
an sans chicane, malheureusement, comme dans une usine... combien de... combien
de jours sans accident de travail? Là, il faut remettre les compteurs à zéro.
Mais, blague à part, moi, je suis heureux dans mon travail, je trouve que ça va
bien. Rien n'est parfait, on peut se poser des questions, on doit se poser des
questions, on peut toujours s'améliorer. Moi, je... je suis dans cette quête de
la formation continue, de l'amélioration continue. Mais ce portrait là,
cauchemardesque, peint par Vincent Marissal, je n'y adhère pas du tout, ce
n'est pas ça, la vérité.
Journaliste
: Concernant
ce qui se passe avec le Parti libéral, est-ce que vous seriez favorable à un
éventuel projet de loi pour encadrer les courses à la... la chefferie, là, faire
en sorte que ce ne soit pas possible, là, d'échanger des montants d'argent contre
des votes en faveur d'un candidat ou une candidate.
M. Leduc : Je suis content
que vous me posiez la question. Vendredi, je n'arrête pas de parler de vendredi,
c'était une grosse journée, vendredi, au bureau. Vendredi, j'ai envoyé une
lettre à la Commission des institutions, demandant un mandat...
10 h 31 (version non révisée)
M. Leduc : ...d'initiative.
Pour qu'on fasse un mandat d'initiative sur cette question-là précise. Parce
que là, le ministre disait qu'il réfléchissait lui-même à faire un projet de
loi, très bien, mais je pense que, honnêtement, on a une faute collective parce
que la loi électorale, on l'a réformée il y a à peine un an, là. Puis, c'était
le fruit d'un document de réflexion du DGE auquel les quatre parties ont
collaboré, discuté et trouvé des consensus. Alors collectivement, le DGE et les
partis politiques, on l'a échappé. Personne ne s'est rendu compte de ça. Ça
fait que moi je pense que c'est, vu que c'est une faute collective, on doit
collectivement la réparer. Alors oui, il y a mandat d'initiative, la lettre est
envoyée depuis vendredi, on va voir aujourd'hui si j'ai le temps d'appeler mon
ami Simon Jolin-Barrette pour voir ce qu'il en pense, mais ça pourrait se faire
très rapidement un mandat d'initiative, ça peut durer deux ou trois jours, on
entend quelques témoins et après ça, on fait un rapport transpartisan. Vous
savez comment ça marche, les différents partis rédigent ensemble des
recommandations, c'est transpartisan et on procède. Je pense que ça aurait plus
d'impact qu'on fasse cette démarche-là, collective, des différents partis ensemble
que juste un ministre qui travaille tout seul dans son bureau.
Journaliste : M. Leduc.
M. Leduc : Oui.
Journaliste
: Vous vous
dites surpris des propos de M. Marissal sur la grève de la STM ou l'indépendance.
Vous le connaissez bien quand même, pensez-vous qu'en ce moment il est sincère
dans ses affirmations?
M. Leduc : Moi, j'ai... Qu'on
me ramène le vrai Vincent Marissal que je connaissais. Il est où? Je ne comprends
pas ce qui se passe. Je suis subjugué, comme tous mes collègues. Quand j'ai
reçu l'appel samedi matin pour me dire Vincent s'en va au PQ, j'ai fait : Quoi?
Quoi? En toute honnêteté, tout le monde se demandait : il va-tu se représenter
ou pas? J'étais... je vous parlais du congrès à l'instant, je me rappelle très
précisément d'une scène où est-ce qu'on était à la machine à café, puis au... avec
des petits biscuits, puis on placote Vincent, moi, puis des militants, puis il
y a militant qui demande M. Marissal, allez-vous vous représentez? Puis, il
dit : ah, je suis encore en réflexion. C'était un autre type de réflexion
que celle qu'on pensait, mais de là à dire je m'en vais au Parti québécois. Le
gars, il s'est présenté contre Vincent... contre Jean-François Lisée en disant :
Je ne suis pas d'accord avec le virage identitaire au Québec. Puis là, après
ça, il s'en va pour PSPP qui est un Jean-François Lisée puissance 10, là, tu
sais. Je suis mystifié par ce revirement de situation.
Journaliste : Vous disiez ça
allait bien depuis un an à peu près. Est-ce que vous pensez que sa sortie c'est
un peu anachronique, dans le sens que ce qu'il dénonce, c'est des choses qui
sont peut-être arrivées, mais il y a un petit moment et que ça lui pesait?
M. Leduc : La vie politique,
c'est des compromis. Tout le monde en fait des compromis, j'en fais des
compromis, l'entièreté des militants de Québec Solidaire font une forme de
compromis. Tu sais, ce n'est ce pas un... ce n'est pas un mariage qu'on signe
avec son sang, là, quand on s'engage en politique. Je veux dire, je vais être 100 %
d'accord avec 100 % de tout ce qui va être dit ici, tout le temps. C'est
ça la nature même de la société, c'est de régler des conflits le plus possible,
sans violence, c'est ça la politique, hein, on règle les conflits sans violence,
puis on essaie de trouver des consensus, puis d'avancer. Bien, on en fait tous
des compromis. Je réalise que peut-être, je ne sais pas, Vincent faisait plus
qu'il pensait ou qu'il voulait. Je lui laisse expliquer. Après ça, s'il avait
juste dit : Savez-vous quoi? Je ne me représente pas à QS. Ça aurait été
une chose, mais là, qu'il s'en aille au Parti Québécois, je trouve tellement ça
contradictoire avec l'entièreté de sa démarche préalable, puis du travail qu'il
a fait auprès de Québec solidaire pendant toutes ces années. Ça fait que j'étais
bien triste, mais je lui ai envoyé un petit texto quand j'ai su que ça arrivait
pour lui dire : Regardes, c'est plate que ça se finisse de même, merci
pour tout ce que tu as donné à QS puis, bon... bon vent.
Journaliste : M. Leduc vous
avez parlé de trois ou quatre fatigants au sein de la base, il y en a toujours
trois ou quatre, là, dans les différents comtés, etc.
M. Leduc : Vous voulez une
liste?
Journaliste : Est ce que ça s'applique
aussi au caucus de Québec solidaire ou ça a changé depuis samedi, les trois-quatre
fatiguant, là, par gang?
M. Leduc : Je ne parlais pas
du caucus, quand j'ai dit trois-quatre fatiguant, non.
Journaliste : Ça va très bien?
M. Leduc : À l'interne du
caucus? Oui, oui. Mais, tu sais...
Journaliste
: Il n'y
en aura pas d'autres Vincent Marissale, là?
M. Leduc : Je serais...Bien,
je suis subjuguée de son départ au PQ, je le serai encore plus s'il y en avait
un autre collègue qui s'en allait, mais ça... ça me semble improbable.
M. Leduc : Et l'option PQ
semble beaucoup vous étonner, vous l'auriez vue plus au Parti libéral?
M. Leduc : Non, non. Je
pensais qu'il voulait peut-être juste se retirer, comme Gabriel, comme Vincent,
comme Manon, parce que, tu sais, honnêtement, c'est... vous regardez les
statistiques, là, les députés, c'est rare... la moyenne, c'est 7, 8 ans,
hein? C'est éreintant quand même faire de la politique. Moi, je me sens encore
l'énergie d'en faire potentiellement un autre mandat, mais je suis tout à fait
respectueux des mes collègues qui décident qu'après deux mandats, c'est
terminé, tu sais, ou plus. C'est éreintant, c'est difficile pour toutes sortes
de raisons que vous connaissez. Ça fait qu'il aurait dit : Je retire mes
billes et je vous souhaite bonne chance pour la suite. J'aurais été, bien,
merci, puis toute, mais là, je eux encore servir, je veux aller au PQ, moi je...
je suis subjugué, je ne comprends pas son cheminement idéologique, ça ne fait
pas de sens.
Des voix : ...
M. Leduc : Je n'arrête pas de
vous donner de la nouvelle matière, on ne peut pas passer à l'anglais.
Des voix : ...
M. Leduc : Cathy va devenir
riche, le party de Noël est déjà fini en plus, c'est dommage. On va en faire
une autre, il y aura assez d'argent pour en faire un autre. Je vous écoute.
Journaliste
: Je veux
juste vous relancer quand même sur les commentaires en lien avec... en lien
avec la base. Puis je ne veux pas dire que vous minimisez, mais, là, ce n'est
pas la première fois, là, je veux dire, quand Gabriel Nadeau-Dubois a décidé de
se retirer...
10 h 36 (version non révisée)
Journaliste :
...qu'il était usé, virage pragmatique ça n'a pas fonctionné, la base était
contre, M. Marissal, en fin de semaine, dit que c'est un parti qui est
ingouvernable en raison de ça. Je me rappelle d'un article aussi, puis ça, ce
n'était pas juste Gabriel Nadeau-Dubois, ce n'était pas juste M. Marissal,
c'était des membres à l'interne, puis on s'en ai parlé au congrès de Québec
Solidaire également, qui trouve que c'est difficile. M. Marissal a encore de
l'énergie pour continuer en politique, vous dites. Mais lui a dit si... à Tout
le monde en parle hier il dit : Si je voulais gouverner, je ne me serais
pas présenté pour Québec Solidaire, donc mes raisons sont bonnes, entre autres,
de continuer. Il y a comme cette idée que Québec Solidaire n'est pas un parti
qui va gouverner. Est-ce qu'il y a un problème?
M. Leduc : Je va vous
répondre en deux temps. La première, vous dites : La base a refusé le
virage pragmatique. Je ne suis pas d'accord. Qu'est-ce qu'on vient de faire au
congrès il y a deux semaines? On vient de faire précisément ce qu'il était
proposé par beaucoup de gens, dans une perspective, on pourra utiliser
l'étiquette pragmatique ou pas, là, mais de simplification. On a retranché la
moitié des nombreuses, des trop nombreuses pages de notre programme. Un travail
de simplification qui a été accepté par des majorités écrasantes à chacun des
votes. La base a adhéré à cette vision-là, et là on a un nouveau test qui est
celle de... celui de la plateforme, qu'on va faire au prochain congrès, au mois
de mai, si je ne me trompe pas. Même chose, on veut une plateforme plus
concise.
Et ça, je n'ai pas entendu de monde
plaider que c'était une mauvaise idée, ou aller faire battre cette option-là,
sur le plancher du congrès. Est-ce qu'il y en a encore une fois, trois, quatre,
là j'ai dit fatigants, ça va rester dans les articles, c'est correct, on va
l'assumer, mais il y en a tu trois, quatre fatigants qui vont dire : Non,
non, j'aimerais mieux une plateforme de 150 000 résolutions? Bien oui,
c'est sûr qu'il en a qui vont dire ça. Puis ils ont leur plateforme, puis ils
vont écrire, puis les médias sociaux c'est ce que c'est aujourd'hui, puis c'est
bien correct. Mais au final, quand vous regardez le résultat du congrès, le
plancher, qu'est-ce qu'il a fait, il a adhéré à cette vision-là d'aller vers du
plus simple, pour se faire mieux comprendre. Ça fait qu'après ça, c'est quoi
l'avenir de QS? Est-ce qu'on va gouverner? Moi, je m'engage en politique, bien
sûr, pour essayer de changer les choses, idéalement en gouvernant. Si j'avais
la conviction que QS ne prendra absolument jamais le pouvoir, je ne sais pas si
j'aurais été... j'aurais l'énergie de venir ici. J'ai l'énergie de faire un
travail d'opposition, je pense que ça sert quand même à quelque chose, un
député d'opposition. Puis, je pense, je le démontre entre autres, aujourd'hui,
avec le document que j'ai... puis la défense des travailleurs au bas de
l'échelle que je fais depuis huit ans. Mais oui, j'aimerais ça, moi, être ce
ministre du travail là, puis faire autre chose que faire perdre des conditions
de travail aux travailleurs du Québec. Bien sûr.
En anglais
maintenant?
Journaliste : S'il vous
plaît. Mr. Leduc, you give Gabriel Nadeau-Dubois as an example
of a person who basically said : I'm not going to run again under QS, I'm not
going to run again, period. He... but, he left in saying that it was very tough
at Québec Solidaire, and he wanted to bring Québec Solidaire to a party of government,
and he could not. And Vincent Marissal referred several times in his interviews
to Gabriel Nadeau-Dubois… and his own challenge. And he said: If Gabriel Nadeau-Dubois
cannot do it, how can I do it? So, is it... is it like a sign that Québec
Solidaire is just facing a wall?
M. Leduc :
Any leader of any political parties
will say this. It's the toughest job in the house. It's... it's tougher than
being a minister. It's tough. It's the toughest job. Leader of any political
party. Ask Dominique Anglade. Ask Jean-François Lisée. Ask any leader of
political parties, whether they're in power or in opposition, it's the toughest
job in the house. It drains you. It drains you because you always need to work
with a consensus. It's hard to attain a consensus in our society nowadays, so
it takes a toll on you whether it's going good or bad. It's tough. I'm pretty
sure...
Journaliste :
Vincent Marissal had nothing to
complain about?
M. Leduc :
I'm not saying that. I'm not saying it's…
it's easy being an MP, an MNA. I'm not saying that. It's hard. And I understand
some of my colleagues after eight years wanting to do something else. It's... I
respect that profoundly. I still have the energy to go and do another term,
possibly if the people in Hochelaga-Maisonneuve wants that. Want that. But...
Journaliste :
Did you feel betrayed on Saturday
morning?
M. Leduc :
I was shocked. I was surprised. I don't
understand. Give me back the real Vincent Marissal. What's, what's happening?
The guy presented himself against Jean-François Lisée saying he doesn't like
the virage identitaire in Québec. And now, he goes to the party with Paul
St-Pierre Plamondon with ten times harder on virage identitaire. It doesn't
make any sense. I don't get it. I don't get it...
10 h 41 (version non révisée)
M. Leduc : ...so I'm sad. I'm
sad that it happened this way. I'm though profoundly convinced that Québec
solidaire has right, not has right, but is a in his right place, defending the
workers, defending the people on the lower of the scale, and has great things
to do in the future.
Journaliste : And one last
question. Tomorrow, most probably Vincent Marissal will be back here.
M. Leduc : I guess.
Journaliste
: He's
probably moving his things around right now to the third floor. How would it be
for you to face Vincent Marissal and see him asking questions now as an
independent M&A?
M. Leduc : Well, independent,
maybe soon to become a PQ M&A. So that's the weird part. I didn't see it
coming. I don't understand his change of opinion. It's the... it's the
political life. You never know what's going to happen. Sometime it's hard, and
I won't I won't lie, it's hard. It's hard. I'm surprised, I'm shocked, I'm
angry. I don't understand. But that's the way life works sometimes.
Journaliste : He was the
health critic for many years.
M. Leduc : He was good. He
was a good health critic. When he... when he was asking question on this topic,
he was good, was better than the minister, I think, on this topic. So I will
miss him. I'm sad that it's happened this way. I will miss him.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup.
M. Leduc : Merci.
(Fin à 10 h 43)