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Point de presse de M. Guillaume Cliche-Rivard, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière d’immigration, de francisation et d’intégration

Version préliminaire

Cette transcription a été réalisée à l’aide d’un logiciel de reconnaissance vocale. Elle pourrait donc contenir des erreurs.

Wednesday, November 26, 2025, 12 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement


 

11 h 59 (version non révisée)

(Douze heures deux minutes)

M. Cliche-Rivard : Bonjour, merci beaucoup, Nicolas. D'abord, je veux remercier ceux et celles qui sont avec nous aujourd'hui. Ce sont des gens, des néo-Québécois, des Québécois qui rêvent de faire leur vie au Québec, des gens qui se destinaient au programme de l'expérience québécoise, tant dans le volet de diplômés que dans le volet des travailleurs, des travailleuses. Je veux d'abord aussi remercier le collectif Le Québec c'est nous aussi qui coalise les forces dans ce dossier-là depuis le début. Je dis depuis le début, mais c'est aussi vrai depuis 2019, parce que c'est la deuxième fois qu'on joue dans le même film. La CAQ a essayé de sabrer dans le PEQ, puis de s'attaquer au PEQ exactement de la même façon en 2019 et, malheureusement, un peu comme 2019, on a dû demander à des gens impactés de venir exposer la situation, l'impact, les conséquences sur leur vie que cause ces fermetures de programmes-là et François Legault, à l'époque, s'était démontré ouvert. En fait, François Legault s'était démontré, touché et très sensible face aux témoignages et François Legault, à l'époque, avait décidé de reculer, d'effectivement prévoir une clause de droit acquis, une clause grand-père pour que les gens qui étaient sur le territoire au moment de la mise en œuvre de la modification du PEQ soient protégés par la modification législative, puis, finalement, aient des droits pour appliquer dans le programme.

Alors, François Legault de 2025, ce qu'on lui demande, c'est d'écouter le François Legault de 2019, qui d'ailleurs était pas mal plus populaire que le François Legault d'aujourd'hui. Peut-être qu'il devrait s'inspirer de lui-même, puis de l'ouverture, puis de la sensibilité, puis de la compassion qu'il avait à l'époque.

Je vais laisser les gens exposer l'impact, sur leur vie, des modifications. Mais ce qui est clair, c'est que c'est complètement injuste, c'est inhumain et c'est un bris de contrat social et moral envers ces personnes-là qui ont choisi le Québec, qui ont tout donné, qui se sont battues, qui se sont francisées, qui travaillent chez nous, qui sont intégrées et qui contribuent énormément à la société québécoise.

Actuellement, il y a une pétition qui roule. En moins d'une semaine, on a eu près de 18 000 signatures, ça, c'est la preuve que les Québécois et les Québécoises sont attachés au programme de l'expérience québécoise, ils sont nombreux et nombreuses à nous le dire. On a vu un nombre considérable de chroniques, d'appuis, de témoignages, de reportages : les gens revendiquent le retour du PEQ, les gens revendiquent la clause de droit acquis. Et, aujourd'hui, vous allez l'entendre de la bouche, puis des récits de ceux qui sont principalement impactés.

Ce que je demande en terminant de la part de Québec solidaire, mais aussi de la société civile du Québec, au premier ministre, c'est de la compassion, de l'ouverture, de la sensibilité pour qu'on respecte les gens qui sont ici, pour qu'on respecte ceux qui ont choisi le Québec...


 
 

12 h 04 (version non révisée)

M. Cliche-Rivard : ...et qu'on leur donne un moyen de rester, je pense que c'est la moindre des choses. Merci.

Mme Kouider Philippon (Sabrina) : Bonjour à tous. Je m'appelle Sabrina Kouider Philippon, j'ai 39 ans, je suis infirmière clinicienne et je travaille actuellement au sein du CIUSSS de l'Estrie, plus précisément à Sherbrooke. Je suis accompagnée de ma collègue travailleuse sociale, Florence, qui est ici présente.

Il y a un an et demi, je suis arrivée au Québec accompagnée de mon mari et de nos deux enfants, avec un permis de travail fermé. J'ai été recrutée spécifiquement pour répondre aux besoins du système de santé. On est venus jusqu'en France pour me recruter, littéralement, comme ma collègue Florence. Depuis le début de notre parcours, le discours a toujours été le même : Vous aurez facilement accès à la résidence permanente.

Notre décision de quitter notre pays et de nous intégrer à la société québécoise était conditionnelle à une voie claire vers la résidence permanente, le Programme de l'expérience québécoise. C'était la garantie que notre engagement envers le Québec serait reconnu. Nous avons tout quitté, absolument tout quitté en France pour répondre aux besoins de main-d'œuvre dans le milieu de la santé. Nous avons vendu nos biens et accepté de perdre toutes les attaches familiales et amicales que nous avions.

Aujourd'hui, avec la fermeture brutale du PEQ sans préavis, cette promesse du Québec est brisée. Depuis plus d'un an, je me déplace à domicile et exerce en CHSLD pour prodiguer des soins à nos aînés et à des personnes en perte d'autonomie. Pendant plus d'un an, j'ai eu le privilège de travailler en soins palliatifs à domicile et d'accompagner des patients et leurs proches dans un des moments qui n'arrivent qu'une seule fois dans une vie, celui de mourir.      Cette décision, elle crée surtout une énorme incertitude et un stress immense pour toute ma famille. Cela fait des semaines que je ne trouve plus le sommeil, car comment envisager un avenir serein pour mes enfants sans prévisibilité? Mon fils aîné s'appelle Ilan, il est né ici au Québec, en janvier 2017, lors de ma première expérience en tant qu'infirmière clinicienne, il a bientôt neuf ans et il est autiste. Beaucoup d'entre nous, en tant que parents d'un enfant ayant des besoins particuliers, connaissent l'énergie et la détermination qu'il faut pour tisser la toile de soutien autour de son enfant. Pendant des années, j'ai consacré chaque once de mon énergie à construire ce réseau autour de mon fils. C'était un réseau de spécialistes, de thérapeutes qui connaissaient son histoire, ses particularités, ses forces et ses défis. C'était notre filet de sécurité. Chaque professionnel était un maillon essentiel de cette chaîne de soutien, offrant stabilité et espoir pour son développement. Pour nous, ce n'était pas un luxe, c'était une nécessité absolue. Ce déménagement outre-Atlantique n'a donc pas seulement signifié faire nos cartons et nos valises, cela signifiait repartir de zéro dans l'accompagnement de notre garçon, trouver de nouveaux spécialistes, réexpliquer des années d'historique médical, refaire confiance... bâti, pardon, un nouveau parcours scolaire. Ce déménagement a été une réelle épreuve pour lui. Il a traversé une période très difficile, et nous avons beaucoup œuvré, mon conjoint et moi, pour lui donner de nouveaux repères sécurisants.

Grâce à notre détermination et l'aide de sa psychoéducatrice, Ilan a pu accéder à une classe spécialisée en mai 2025. Cela a été un vrai soulagement. Depuis quelques mois et l'intégration dans cette classe spécialisée, nous sentons enfin notre garçon apaisé, serein, heureux d'aller à l'école. Il commence de nouveau à faire des progrès au niveau des apprentissages. Nous avons même acheté notre maison à proximité de l'école qu'il fréquente.

Alors nous ne pouvons concevoir de devoir rentrer vivre en France après tous les efforts que nous avons déployés ici. Je ne peux pas croire que notre fils, qui est Québécois, ne plus puisse vivre... pardon, excusez-moi, dans son propre pays, la terre qui l'a vu naître. Nous craignons énormément pour sa santé mentale si nous devions à nouveau bouleverser tous ses repères récemment acquis. Au-delà de notre sentiment d'incompréhension et d'injustice, c'est vraiment l'avenir de notre enfant qui nous préoccupe le plus.       M. Roberge a parlé de ma situation en interview il y a quelques jours en m'invitant à appliquer au PSTQ. Ce qu'il ne sait pas, c'est que j'y suis inscrite depuis plusieurs mois, je suis inscrite depuis plus de... j'ai été inscrite, pardon, pendant plus de trois ans dans l'ancien programme, le PRTQ. Je n'ai jamais été invitée à présenter une demande, malgré mon soi-disant profil idéal. Ce programme s'apparente pour nous à une loterie aux critères arbitraires dans laquelle nous n'avons jusqu'ici visiblement eu aucune chance.

Alors, ce que je demande aujourd'hui...


 
 

12 h 09 (version non révisée)

Mme Kouider Philippon (Sabrina) : ...c'est de reconsidérer cette décision d'abolir le PEQ et de respecter l'engagement moral que le Québec a pris en nous faisant venir ici, non seulement pour les professionnels de la santé qui maintiennent le réseau public à flot mais aussi pour toutes les personnes et toutes les familles qui se retrouvent prises en otage par cette incertitude administrative.

Donc, en mon nom, en celui de ma famille, en celui de mes collègues, je vous sollicite aujourd'hui pour que la politique du Québec en matière d'immigration soit équitable et rende justice à tous nos efforts. Nous vous demandons simplement la mise en application d'une clause grand-père. Il en va de notre avenir. Merci.

M. Cliche-Rivard : Merci beaucoup.

Mme Podrezova (Ellada) : Bonjour, tout le monde. Je m'appelle Ellada Podrezova, je suis arrivée ici, à Québec, avec ma mère ukrainienne grâce au programme AVQ pour les Ukrainiens. C'est simplement un permis de travail ouvert qui ne donne aucun avantage pour les résidences permanentes. Alors, nous avons choisi le PEQ comme un seul moyen, façon de rester ici, de s'intégrer ici, d'appeler le Québec notre maison. Nous avons toute mis notre énergie pour le français. Moi, j'ai commencé avec zéro, vraiment, avec l'alphabet. Ça fait juste deux ans quand je parle en français. Nous avons étudié après le travail, la nuit, la fin de semaine. On a fait beaucoup de job, vraiment, on a fait beaucoup d'efforts pour ça.

Depuis deux ans, on travaille ici dans des entreprises québécoises, ici, à Québec. C'est un travail qualifié. Nous avons suivi chaque étape pour réussir avec le programme PEQ, des études, de travail, des expériences. Nous avons fait tout exactement ce que le gouvernement nous demandait. Nous n'avons pas eu de temps pour soumettre notre dossier pour le PEQ quand il était suspendu, ça fait presque six mois, maintenant, il est fermé complètement. Nous avons essayé le PSTQ, le seul programme maintenant qui est disponible à Québec, au Québec, mais avec le nouveau système de pointage, nous avons gagné un petit peu, la moitié des points. C'est impossible pour nous et, j'imagine, pour les autres Ukrainiens. Il y a beaucoup de travailleurs étudiants qualifiés, qui ne sont... pardon, qui ne sont pas capables de gagner les points nécessaires.

Maintenant, nous sommes très déçus, complètement perdus. Trois ans de travail, d'études, trois ans de sacrifices, tout ça disparaît d'un coup. Nous devons penser de quitter le Canada, trouver d'autres moyens, façons de rester ici. Nous avons quitté encore notre maison. Je ne sais pas quoi faire. C'est le gouvernement qui nous ont dit : Venez ici, restez ici, on a besoin de votre énergie, on a besoin de votre main ici, et maintenant on vient... on est venus ici, on a travaillé, on a étudié, on a appris le français et, maintenant, on doit quitter. Je ne sais pas quoi faire. Je connais beaucoup, beaucoup d'Ukrainiens qui est dans la même situation, et on est dans... on est perdus. Merci.

M. da Silva (Sergio) : Bonjour. Je suis arrivé ici... je suis aujourd'hui ici avec ma femme, Alline, mes deux enfants jumeaux, Enzo et Gianluca, pour parler d'un sujet qui affecte non seulement ma famille mais aussi plusieurs personnes au Québec, on peut dire quand même milliers de personnes. J'avais une carrière très stable au Brésil. J'ai deux bacs dans mon pays. Je suis une personne qualifiée et, en 2011, je fréquentais la première mission de recrutement du Québec dans mon pays. À ce moment, je n'étais pas capable parce que j'étais jeune, puis j'ai fait ma vie, mais le Québec est resté quand même dans ma tête. Puis, en 2018, j'ai fréquenté encore des missions de recrutement, puis en 2011... en 2022, pardon, on a décidé de venir ici. Moi, j'ai...


 
 

12 h 14 (version non révisée)

       M. da Silva (Sergio) : ...je complétais une maîtrise en éducation à l'Université de Montréal. J'ai venu chercher l'expérience québécoise, car on m'avait expliqué qu'avec ces programmes là, après deux ans d'études, deux ans d'efforts, je pourrais demander ma résidence permanente. Dès la première semaine, ma conjointe et moi, on a fréquenté les séances d'Objectif intégration pour mieux connaître les valeurs québécoises. Mes enfants ont des amis. Ma femme a fréquenté la francisation. Nous étions prêts pour les programmes de l'expérience québécoise, le PEQ. J'avais complété mon programme de maîtrise... en français, et ma femme, elle était prête à fait les examens de français. Tout était en place, puis le programme a été gelé. Aujourd'hui, il s'est terminé.

 Ce qu'on veut... en fait, le PSTQ, ça ne marche pas pour nous, parce que, par exemple, dans le PEQ, mon diplôme, mon programme, c'était assez pour prouver mon français. Maintenant, il faut que je paie 400 $ pour faire des examens de français. Ma femme, il faut qu'elle fasse encore des examens de français supplémentaires pour augmenter notre pointage. Et après tout ce qu'on a donné, on nous dit maintenant que nous ne sommes pas les bienvenus. J'habite à Montréal. J'aime Montréal. Je ne veux pas quitter. Montréal, c'est ma ville, le Québec, c'est ma province. Mes enfants... un de mes enfants, il y a une blonde. Qu'est-ce qu'on va dire? Je ne suis pas garanti. Je suis dans les bons profils, mais je n'ai pas même tous les points. J'ai 36 ans, ma femme a 40 ans. Je ne suis pas... Je ne sais pas qu'est-ce que je vais faire après tout ça. J'étais vraiment... Moi, j'ai capoté parce que ma santé mentale était dans la merde. Moi je suis désolé pour mes mots, mais j'étais une personne très qualifiée.

J'ai formé plusieurs enseignants intervenants scolaires partout le Québec. J'ai contribué à cette société, mais c'était la première fois dans ma vie que j'ai pris de la médication pour la santé mentale, la dépression, l'anxiété. J'ai vu ma... ma femme pleurer, j'ai vu mes enfants pleurer. Ça ne marche pas pour nous. C'est comme ça qu'on traite les gens, qu'on a envie de venir chez nous. Mes amis québécois, ils n'aiment pas ça, parce que mes amis... mes amis québécois, ils sont gentils. Tous les membres qui on trouve là, ils sont gentils envers nous, mais pas les gouvernements, parce qu'ils ont dit : Si tu n'es pas content, retourne dans ton pays. Qu'est-ce qu'on va dire aux universités, aux universités qui regroupent, à ce moment, des étudiants internationaux? On n'est pas assez bons, les diplômés de l'Université de Montréal, on n'est pas assez bons. C'est quoi qu'on donne comme programme en éducation? J'ai une maîtrise en éducation, je vous répète. Qu'est-ce qu'on dit à mes enfants? Mon enfant, il va... il doit quitter sa blonde. Qu'est-ce qu'il va faire? Il va juste dire : Je dois partir parce que le gouvernement, il ne veut pas mon enfant. Mon enfant, il fréquente la maison de jeunes, qu'est ce qu'il doit faire? Il doit dire bye à ses amis? Non, ce n'est pas comme ça.

Qu'est ce qu'on va dire aux entreprises qui... en train de recruter les gens, en ce moment? Les gens ne sont pas en sécurité ailleurs pour venir ici, parce que ces gens... ce sont juste des promesses. Qu'est-ce qu'on va dire à nos amis québécois qui font vivre le deuil au moment qu'on va partir? J'ai plein d'amis québécois. C'est quoi, on va faire, qu'est-ce qu'on va dire à la société québécoise qui valorise le respect et ses engagements? Nous sommes déjà là, on est intégrés. Ma femme, elle a fait la francisation. Je parle français. Le français, ce n'est pas ma langue maternelle, pas du tout. Mais j'ai appris le français à zéro pour venir ici. J'ai un projet, je sais que les choses se planifient, ma vie aussi se planifie. Ma vie, ce n'est pas par hasard, je ne peux pas attendre, je ne suis pas garanti, je ne sais pas qu'est-ce que je vais faire.   Je suis vraiment, je suis vraiment triste dans ma situation. J'ai beaucoup pleuré. Je ne sais pas même si je suis capable de pleurer aujourd'hui parce que j'ai déjà beaucoup pleuré. On demande le PEQ, parce qu'on le mérite, ce n'est pas un privilège, et, si c'est un privilège, on le mérite aussi, parce qu'on a tout donné, on a les privilèges d'avoir le PEQ. Moi, mes amis, tout ce qu'on sait là, j'ai un collègue ici qui est enseignante, elle doit quitter le Canada dans quatre mois, si ça ne règle pas. On est là pour combler la pénurie de main-d'œuvre. On est très qualifiés, on veut rester, on aimerait le respect. C'est juste ça. Merci.

M. Cliche-Rivard : En terminant, avant vos questions, ce qui est clair, c'est que, derrière les chiffres, il y a des vies. C'est ce qu'on vient d'entendre aujourd'hui. Puis le ministre Roberge, d'ailleurs, avait annoncé... en fait, il n'a jamais annoncé que le PEQ était en jeu dans sa planification pluriannuelle. Il a déposé sa planification, le PEQ était là. La consultation, il y a des dizaines et des dizaines de gens des universités, des groupes qui ont été entendus, jamais, jamais, il a été question de l'abandon du PEQ. Et là il y a vraiment des impacts pour des centaines, pour des milliers de vies, des impacts, vous les avez entendus, des amis...


 
 

12 h 19 (version non révisée)

M. Cliche-Rivard : ...des conjoints, des blondes, des entreprises de la société civile. Je veux dire, c'est absolument... quel manque de vision, quel manque d'humanité, quel manque de classe, quel manque de respect de la part du gouvernement. Il n'est pas trop tard pour agir, c'est ce qu'on leur demande.

Journaliste : Poser une petite question pour vous, M. Cliche-Rivard. Tout d'abord, est-ce qu'on a évalué le nombre de personnes qui se retrouvent dans cette situation-là parce que leur dossier n'a pas nécessairement été complété, donc on parle de combien de personnes?

M. Cliche-Rivard : Bien, à chaque année, il y a des gens qui deviennent admissibles au PEQ. Ce n'est pas le même bassin, là, donc ce sont des gens qui soit terminent leurs études, donc deviennent admissibles sur la base du diplôme, soit acquièrent les 24 mois d'expérience de travail puis, donc, ils sont admissibles sur la base expérience de travail. Donc, d'emblée, il y a un arriéré parce que le programme était suspendu. Habituellement, là, on tournait autour de 6 à 8000 dossiers par année dans le PEQ, dans les deux programmes. C'est sûr que là, l'année où c'est suspendu, il va y avoir un petit peu plus de monde qui vont se battre au portillon pour appliquer, là. Mais on ne parle pas de 20 000 personnes, là. On parle de quelques milliers de personnes qui sont, par ailleurs, déjà ici, des gens en logement déjà francisés parce que le PEQ exige un niveau 7 de français et qui sont déjà, en fait, qui ont réussi leur intégration, là. Elle est réussie. Le candidat au PEQ a réussi son intégration, contrairement au candidat du PSTQ, qui lui, n'a pas à justifier d'expérience québécoise, n'a pas à justifier d'emplois directs ou de diplômes québécois. Les meilleurs candidats, le meilleur programme, depuis une décennie et demie, là, c'est le PEQ qui fait la réputation du Québec à l'international. Vraiment de s'attaquer à le... aux programmes forts du Québec, je trouve que c'est clairement un manque de vision de la part du gouvernement.

Journaliste : Puis si je peux poser une question à messieurs-dames qui se sont exprimés sur votre réalité, quand on vous dit que le PEQ n'existera... en fait, le PEQ n'existe plus, puis le langage qu'on utilise par rapport aux immigrants actuellement, comment vous vous sentez par rapport à ça ici au Québec?

M. Cliche-Rivard : Veux-tu y aller?

Mme Podrezova (Ellada) : Nous, on a pleuré toute la semaine, on n'a pas dormi, on n'a pas mangé. Moi, je n'étais presque pas capable de travailler. Tous mes amis, tous mes collègues me soutiennent. Ils m'a dit : ...il faut que tu te battre. Il va changer. Le gouvernement, il va changer les lois, c'est sûr. Mais la semaine, cette semaine-là, c'était un petit peu plus dur, la semaine dans ma vie, parce que je n'étais jamais... de se sentir vraiment trahie... trahie? Trahie, c'est ça. Parce qu'on a fait tout ce que le gouvernement nous demandait. Tout. C'est beaucoup de travail, beaucoup. C'est une troisième langue. Apprendre la langue, après 30 ans, c'est difficile de travailler en même temps, d'apprendre une nouvelle culture, la nouvelle vie. Tout, tout, tout. Et après trois ans, on doit encore aller quitter notre maison. Ça ne finit jamais dans notre vie ou quoi? On était... on est déprimé, on a déprimé. Chaque jour, je me réveille avec larmes. Chaque jour, j'ai mes questions. Qu'est-ce que je dois faire? Je peux faire rien, je fais tout... c'est ça.

M. Cliche-Rivard : Quelqu'un d'autre?

M. da Silva (Sergio) : À part la détresse, la santé mentale, moi je sens comme si mon diplôme, ça ne vaut rien. On jette dans la poubelle. J'ai passé des années à étudier le système québécoise d'éducation. C'est comme si toutes les formations qui donnaient aux enseignants au niveau de développement des compétences socioémotionnelles, c'est un programme très connu au Québec, Vers le pacifique, plusieurs personnes ont passé par ces programmes, je sens comme si ça ne vaut rien. C'est comme si je suis inutile maintenant. J'ai beaucoup d'années d'expérience. J'ai un diplôme qui est reconnu par tout le monde. Ça fait que je me sens, à part la détresse et tout ça, je me sens vraiment inutile.

Mme Kouider Philippon (Sabrina) : ...Depuis l'annonce de cette mesure-là, j'ai beaucoup discuté avec mes collègues de travail puis avec les patients que je visite chaque jour, puis ils sont tous unanimes là-dessus. Ils trouvent ça absurde. Ils ne comprennent pas, en fait, le sens de cette mesure. Puis j'ai aussi échangé avec des personnes québécoises et cette mesure, elle les impactent aussi directement. Tu sais, j'ai rencontré plusieurs personnes qui ont des conjoints immigrés qui sont en permis de travail fermé, puis ils vont devoir se séparer à cause de cette mesure-là. Donc, en fait, ça nous impacte nous, on est directement concernés, mais ça a aussi un impact, en fait, sur les Québécois, cette mesure. Donc, c'est ça, tout le monde trouve ça absurde quand on en parle autour de nous. Ce n'est pas juste, ce n'est pas juste...


 
 

12 h 24 (version non révisée)

Mme Kouider Philippon (Sabrina) : ...nous, là, c'est vraiment un ensemble de personnes.

M. Cliche-Rivard : Merci. Merci beaucoup, tout le monde.

Des voix : Merci.

M. Cliche-Rivard : Bravo!

(Fin à 12 h 25 )


 
 

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