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(Douze heures deux minutes)
Le Modérateur
: Donc,
bonjour, tout le monde. Bienvenue à ce point de presse de Québec solidaire. Prendront
la parole, dans l'ordre, le député de Saint-Henri—Sainte-Anne, Guillaume
Cliche-Rivard, suivi de Sabrina Kouider Philippon, Ellada Podrezova, Sergio...
da Silva. Merci.
M. Cliche-Rivard : Bonjour, merci
beaucoup, Nicolas. D'abord, je veux remercier ceux et celles qui sont avec nous
aujourd'hui. Ce sont des gens, des néo-Québécois, des Québécois qui rêvent de
faire leur vie au Québec, des gens qui se destinaient au programme de l'expérience
québécoise, tant dans le volet de diplômés que dans le volet des travailleurs,
des travailleuses. Je veux d'abord aussi remercier le collectif Le Québec c'est
nous aussi qui coalise les forces dans ce dossier-là depuis le début. Je dis
depuis le début, mais c'est aussi vrai depuis 2019, parce que c'est la deuxième
fois qu'on joue dans le même film. La CAQ a essayé de sabrer dans le PEQ, puis
de s'attaquer au PEQ exactement de la même façon en 2019 et, malheureusement,
un peu comme 2019, on a dû demander à des gens impactés de venir exposer la
situation, l'impact, les conséquences sur leur vie que cause ces fermetures de
programmes-là et François Legault, à l'époque, s'était démontré ouvert. En
fait, François Legault s'était démontré, touché et très sensible face aux
témoignages et François Legault, à l'époque, avait décidé de reculer, d'effectivement
prévoir une clause de droit acquis, une clause grand-père pour que les gens qui
étaient sur le territoire au moment de la mise en œuvre de la modification du PEQ
soient protégés par la modification législative, puis, finalement, aient des
droits pour appliquer dans le programme.
Alors, François Legault de 2025, ce qu'on
lui demande, c'est d'écouter le François Legault de 2019, qui d'ailleurs était
pas mal plus populaire que le François Legault d'aujourd'hui. Peut-être qu'il
devrait s'inspirer de lui-même, puis de l'ouverture, puis de la sensibilité,
puis de la compassion qu'il avait à l'époque.
Je vais laisser les gens exposer l'impact,
sur leur vie, des modifications. Mais ce qui est clair, c'est que c'est
complètement injuste, c'est inhumain et c'est un bris de contrat social et
moral envers ces personnes-là qui ont choisi le Québec, qui ont tout donné, qui
se sont battues, qui se sont francisées, qui travaillent chez nous, qui sont
intégrées et qui contribuent énormément à la société québécoise.
Actuellement, il y a une pétition qui
roule. En moins d'une semaine, on a eu près de 18 000 signatures, ça,
c'est la preuve que les Québécois et les Québécoises sont attachés au programme
de l'expérience québécoise, ils sont nombreux et nombreuses à nous le dire. On
a vu un nombre considérable de chroniques, d'appuis, de témoignages, de
reportages : les gens revendiquent le retour du PEQ, les gens revendiquent
la clause de droit acquis. Et, aujourd'hui, vous allez l'entendre de la bouche,
puis des récits de ceux qui sont principalement impactés.
Ce que je demande en terminant de la part
de Québec solidaire, mais aussi de la société civile du Québec, au premier
ministre, c'est de la compassion, de l'ouverture, de la sensibilité pour qu'on
respecte les gens qui sont ici, pour qu'on respecte ceux qui ont choisi le
Québec et qu'on leur donne un moyen de rester, je pense que c'est la moindre
des choses. Merci.
Mme Kouider Philippon (Sabrina) :
Bonjour à tous. Je m'appelle Sabrina Kouider Philippon, j'ai 39 ans, je
suis infirmière clinicienne et je travaille actuellement au sein du CIUSSS de
l'Estrie, plus précisément à Sherbrooke. Je suis accompagnée de ma collègue
travailleuse sociale, Florence, qui est ici présente.
Il y a un an et demi, je suis arrivée au
Québec accompagnée de mon mari et de nos deux enfants, avec un permis de
travail fermé. J'ai été recrutée spécifiquement pour répondre aux besoins du
système de santé. On est venus jusqu'en France pour me recruter, littéralement,
comme ma collègue Florence. Depuis le début de notre parcours, le discours a
toujours été le même : Vous aurez facilement accès à la résidence
permanente.
Notre décision de quitter notre pays et de
nous intégrer à la société québécoise était conditionnelle à une voie claire
vers la résidence permanente, le Programme de l'expérience québécoise. C'était
la garantie que notre engagement envers le Québec serait reconnu. Nous avons
tout quitté, absolument tout quitté en France pour répondre aux besoins de
main-d'œuvre dans le milieu de la santé. Nous avons vendu nos biens et accepté
de perdre toutes les attaches familiales et amicales que nous avions.
Aujourd'hui, avec la fermeture brutale du
PEQ sans préavis, cette promesse du Québec est brisée. Depuis plus d'un an, je
me déplace à domicile et exerce en CHSLD pour prodiguer des soins à nos aînés
et à des personnes en perte d'autonomie. Pendant plus d'un an, j'ai eu le
privilège de travailler en soins palliatifs à domicile et d'accompagner des
patients et leurs proches dans un des moments qui n'arrivent qu'une seule fois
dans une vie, celui de mourir. Cette décision, elle crée surtout une
énorme incertitude et un stress immense pour toute ma famille. Cela fait des
semaines que je ne trouve plus le sommeil, car comment envisager un avenir
serein pour mes enfants sans prévisibilité? Mon fils aîné s'appelle Ilan, il
est né ici au Québec, en janvier 2017, lors de ma première expérience en tant
qu'infirmière clinicienne, il a bientôt neuf ans et il est autiste. Beaucoup
d'entre nous, en tant que parents d'un enfant ayant des besoins particuliers,
connaissent l'énergie et la détermination qu'il faut pour tisser la toile de
soutien autour de son enfant. Pendant des années, j'ai consacré chaque once de
mon énergie à construire ce réseau autour de mon fils. C'était un réseau de
spécialistes, de thérapeutes qui connaissaient son histoire, ses
particularités, ses forces et ses défis. C'était notre filet de sécurité.
Chaque professionnel était un maillon essentiel de cette chaîne de soutien,
offrant stabilité et espoir pour son développement. Pour nous, ce n'était pas
un luxe, c'était une nécessité absolue. Ce déménagement outre-Atlantique n'a donc
pas seulement signifié faire nos cartons et nos valises, cela signifiait
repartir de zéro dans l'accompagnement de notre garçon, trouver de nouveaux
spécialistes, réexpliquer des années d'historique médical, refaire confiance...
bâti, pardon, un nouveau parcours scolaire. Ce déménagement a été une réelle
épreuve pour lui. Il a traversé une période très difficile, et nous avons
beaucoup œuvré, mon conjoint et moi, pour lui donner de nouveaux repères
sécurisants.
Grâce à notre détermination et l'aide de sa
psychoéducatrice, Ilan a pu accéder à une classe spécialisée en mai 2025. Cela
a été un vrai soulagement. Depuis quelques mois et l'intégration dans cette
classe spécialisée, nous sentons enfin notre garçon apaisé, serein, heureux
d'aller à l'école. Il commence de nouveau à faire des progrès au niveau des
apprentissages. Nous avons même acheté notre maison à proximité de l'école
qu'il fréquente.
Alors nous ne pouvons concevoir de devoir
rentrer vivre en France après tous les efforts que nous avons déployés ici. Je
ne peux pas croire que notre fils, qui est Québécois, ne plus puisse vivre...
pardon, excusez-moi, dans son propre pays, la terre qui l'a vu naître. Nous
craignons énormément pour sa santé mentale si nous devions à nouveau
bouleverser tous ses repères récemment acquis. Au-delà de notre sentiment
d'incompréhension et d'injustice, c'est vraiment l'avenir de notre enfant qui
nous préoccupe le plus. M. Roberge a parlé de ma situation en interview
il y a quelques jours en m'invitant à appliquer au PSTQ. Ce qu'il ne sait pas,
c'est que j'y suis inscrite depuis plusieurs mois, je suis inscrite depuis plus
de... j'ai été inscrite, pardon, pendant plus de trois ans dans l'ancien
programme, le PRTQ. Je n'ai jamais été invitée à présenter une demande, malgré
mon soi-disant profil idéal. Ce programme s'apparente pour nous à une loterie
aux critères arbitraires dans laquelle nous n'avons jusqu'ici visiblement eu
aucune chance.
Alors, ce que je demande aujourd'hui, c'est
de reconsidérer cette décision d'abolir le PEQ et de respecter l'engagement
moral que le Québec a pris en nous faisant venir ici, non seulement pour les
professionnels de la santé qui maintiennent le réseau public à flot mais aussi
pour toutes les personnes et toutes les familles qui se retrouvent prises en
otage par cette incertitude administrative.
Donc, en mon nom, en celui de ma famille,
en celui de mes collègues, je vous sollicite aujourd'hui pour que la politique
du Québec en matière d'immigration soit équitable et rende justice à tous nos
efforts. Nous vous demandons simplement la mise en application d'une clause
grand-père. Il en va de notre avenir. Merci.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup.
Mme Podrezova (Ellada) :
Bonjour,
tout le monde. Je m'appelle Ellada Podrezova, je suis arrivée ici, à Québec,
avec ma mère ukrainienne grâce au programme AVQ pour les Ukrainiens. C'est
simplement un permis de travail ouvert qui ne donne aucun avantage pour les
résidences permanentes. Alors, nous avons choisi le PEQ comme un seul moyen,
façon de rester ici, de s'intégrer ici, d'appeler le Québec notre maison. Nous
avons toute mis notre énergie pour le français. Moi, j'ai commencé avec zéro,
vraiment, avec l'alphabet. Ça fait juste deux ans quand je parle en français.
Nous avons étudié après le travail, la nuit, la fin de semaine. On a fait
beaucoup de job, vraiment, on a fait beaucoup d'efforts pour ça.
Depuis deux ans, on travaille ici dans des
entreprises québécoises, ici, à Québec. C'est un travail qualifié. Nous avons
suivi chaque étape pour réussir avec le programme PEQ, des études, de travail,
des expériences. Nous avons fait tout exactement ce que le gouvernement nous
demandait. Nous n'avons pas eu de temps pour soumettre notre dossier pour le
PEQ quand il était suspendu, ça fait presque six mois, maintenant, il est fermé
complètement. Nous avons essayé le PSTQ, le seul programme maintenant qui est
disponible à Québec, au Québec, mais avec le nouveau système de pointage, nous
avons gagné un petit peu, la moitié des points. C'est impossible pour nous et,
j'imagine, pour les autres Ukrainiens. Il y a beaucoup de travailleurs
étudiants qualifiés, qui ne sont... pardon, qui ne sont pas capables de gagner
les points nécessaires.
Maintenant, nous sommes très déçus,
complètement perdus. Trois ans de travail, d'études, trois ans de sacrifices,
tout ça disparaît d'un coup. Nous devons penser de quitter le Canada, trouver
d'autres moyens, façons de rester ici. Nous avons quitté encore notre maison. Je
ne sais pas quoi faire. C'est le gouvernement qui nous ont dit : Venez
ici, restez ici, on a besoin de votre énergie, on a besoin de votre main ici,
et maintenant on vient... on est venus ici, on a travaillé, on a étudié, on a
appris le français et, maintenant, on doit quitter. Je ne sais pas quoi faire.
Je connais beaucoup, beaucoup d'Ukrainiens qui est dans la même situation, et
on est dans... on est perdus. Merci.
M. da Silva (Sergio) :
Bonjour. Je suis arrivé ici... je suis aujourd'hui ici avec ma femme, Alline,
mes deux enfants jumeaux, Enzo et Gianluca, pour parler d'un sujet qui affecte
non seulement ma famille mais aussi plusieurs personnes au Québec, on peut dire
quand même milliers de personnes. J'avais une carrière très stable au Brésil.
J'ai deux bacs dans mon pays. Je suis une personne qualifiée et, en 2011, je
fréquentais la première mission de recrutement du Québec dans mon pays. À ce
moment, je n'étais pas capable parce que j'étais jeune, puis j'ai fait ma vie,
mais le Québec est resté quand même dans ma tête.
Puis, en 2018, j'ai fréquenté encore des
missions de recrutement, puis en 2011... en 2022, pardon, on a décidé de venir
ici. Moi, je complétais une maîtrise en éducation à l'Université de Montréal.
J'ai venu chercher l'expérience québécoise, car on m'avait expliqué qu'avec ces
programmes là, après deux ans d'études, deux ans d'efforts, je pourrais
demander ma résidence permanente. Dès la première semaine, ma conjointe et moi,
on a fréquenté les séances d'Objectif intégration pour mieux connaître les
valeurs québécoises. Mes enfants ont des amis. Ma femme a fréquenté la
francisation. Nous étions prêts pour les programmes de l'expérience québécoise,
le PEQ. J'avais complété mon programme de maîtrise... en français, et ma femme,
elle était prête à fait les examens de français. Tout était en place, puis le
programme a été gelé. Aujourd'hui, il s'est terminé.
Ce qu'on veut... en fait, le PSTQ, ça ne
marche pas pour nous, parce que, par exemple, dans le PEQ, mon diplôme, mon
programme, c'était assez pour prouver mon français. Maintenant, il faut que je
paie 400 $ pour faire des examens de français. Ma femme, il faut qu'elle
fasse encore des examens de français supplémentaires pour augmenter notre
pointage. Et après tout ce qu'on a donné, on nous dit maintenant que nous ne
sommes pas les bienvenus. J'habite à Montréal. J'aime Montréal. Je ne veux pas
quitter. Montréal, c'est ma ville, le Québec, c'est ma province. Mes enfants...
un de mes enfants, il y a une blonde. Qu'est-ce qu'on va dire? Je ne suis pas
garanti. Je suis dans les bons profils, mais je n'ai pas même tous les points.
J'ai 36 ans, ma femme a 40 ans. Je ne suis pas... Je ne sais pas
qu'est-ce que je vais faire après tout ça. J'étais vraiment... Moi, j'ai capoté
parce que ma santé mentale était dans la merde. Moi je suis désolé pour mes
mots, mais j'étais une personne très qualifiée.
J'ai formé plusieurs enseignants
intervenants scolaires partout le Québec. J'ai contribué à cette société, mais
c'était la première fois dans ma vie que j'ai pris de la médication pour la
santé mentale, la dépression, l'anxiété. J'ai vu ma... ma femme pleurer, j'ai
vu mes enfants pleurer. Ça ne marche pas pour nous. C'est comme ça qu'on traite
les gens, qu'on a envie de venir chez nous. Mes amis québécois, ils n'aiment
pas ça, parce que mes amis... mes amis québécois, ils sont gentils. Tous les
membres qui on trouve là, ils sont gentils envers nous, mais pas les
gouvernements, parce qu'ils ont dit : Si tu n'es pas content, retourne
dans ton pays. Qu'est-ce qu'on va dire aux universités, aux universités qui
regroupent, à ce moment, des étudiants internationaux? On n'est pas assez bons,
les diplômés de l'Université de Montréal, on n'est pas assez bons. C'est quoi
qu'on donne comme programme en éducation? J'ai une maîtrise en éducation, je
vous répète. Qu'est-ce qu'on dit à mes enfants? Mon enfant, il va... il doit
quitter sa blonde. Qu'est-ce qu'il va faire? Il va juste dire : Je dois
partir parce que le gouvernement, il ne veut pas mon enfant. Mon enfant, il
fréquente la maison de jeunes, qu'est ce qu'il doit faire? Il doit dire bye à
ses amis? Non, ce n'est pas comme ça.
Qu'est ce qu'on va dire aux entreprises
qui... en train de recruter les gens, en ce moment? Les gens ne sont pas en
sécurité ailleurs pour venir ici, parce que ces gens... ce sont juste des
promesses. Qu'est-ce qu'on va dire à nos amis québécois qui font vivre le deuil
au moment qu'on va partir? J'ai plein d'amis québécois. C'est quoi, on va
faire, qu'est-ce qu'on va dire à la société québécoise qui valorise le respect
et ses engagements? Nous sommes déjà là, on est intégrés. Ma femme, elle a fait
la francisation. Je parle français. Le français, ce n'est pas ma langue
maternelle, pas du tout. Mais j'ai appris le français à zéro pour venir ici.
J'ai un projet, je sais que les choses se planifient, ma vie aussi se planifie.
Ma vie, ce n'est pas par hasard, je ne peux pas attendre, je ne suis pas
garanti, je ne sais pas qu'est-ce que je vais faire. Je suis vraiment, je
suis vraiment triste dans ma situation. J'ai beaucoup pleuré. Je ne sais pas
même si je suis capable de pleurer aujourd'hui parce que j'ai déjà beaucoup
pleuré. On demande le PEQ, parce qu'on le mérite, ce n'est pas un privilège,
et, si c'est un privilège, on le mérite aussi, parce qu'on a tout donné, on a
les privilèges d'avoir le PEQ. Moi, mes amis, tout ce qu'on sait là, j'ai un
collègue ici qui est enseignante, elle doit quitter le Canada dans quatre mois,
si ça ne règle pas. On est là pour combler la pénurie de main-d'œuvre. On est
très qualifiés, on veut rester, on aimerait le respect. C'est juste ça. Merci.
M. Cliche-Rivard : En
terminant, avant vos questions, ce qui est clair, c'est que, derrière les
chiffres, il y a des vies. C'est ce qu'on vient d'entendre aujourd'hui. Puis le
ministre Roberge, d'ailleurs, avait annoncé... en fait, il n'a jamais annoncé
que le PEQ était en jeu dans sa planification pluriannuelle. Il a déposé sa
planification, le PEQ était là. La consultation, il y a des dizaines et des
dizaines de gens des universités, des groupes qui ont été entendus, jamais,
jamais, il a été question de l'abandon du PEQ. Et là il y a vraiment des
impacts pour des centaines, pour des milliers de vies, des impacts, là, vous
les avez entendus, des amis, des conjoints, des blondes, des entreprises de la
société civile. Je veux dire, c'est absolument... quel manque de vision, quel
manque d'humanité, quel manque de classe, quel manque de respect de la part du
gouvernement. Il n'est pas trop tard pour agir, c'est ce qu'on leur demande.
Journaliste : Poser une
petite question pour vous, M. Cliche-Rivard. Tout d'abord, est-ce qu'on a
évalué le nombre de personnes qui se retrouvent dans cette situation-là parce
que leur dossier n'a pas nécessairement été complété, donc on parle de combien
de personnes?
M. Cliche-Rivard : Bien, à
chaque année, il y a des gens qui deviennent admissibles au PEQ. Ce n'est pas
le même bassin, là, donc ce sont des gens qui soit terminent leurs études, donc
deviennent admissibles sur la base du diplôme, soit acquièrent les 24 mois
d'expérience de travail puis, donc, ils sont admissibles sur la base expérience
de travail. Donc, d'emblée, il y a un arriéré parce que le programme était
suspendu. Habituellement, là, on tournait autour de 6 à 8000 dossiers par
année dans le PEQ, dans les deux programmes. C'est sûr que là, l'année où c'est
suspendu, il va y avoir un petit peu plus de monde qui vont se battre au
portillon pour appliquer, là. Mais on ne parle pas de 20 000 personnes,
là. On parle de quelques milliers de personnes qui sont, par ailleurs, déjà
ici, des gens en logement déjà francisés parce que le PEQ exige un niveau 7
de français et qui sont déjà, en fait, qui ont réussi leur intégration, là.
Elle est réussie. Le candidat au PEQ a réussi son intégration, contrairement au
candidat du PSTQ, qui lui, n'a pas à justifier d'expérience québécoise, n'a pas
à justifier d'emplois directs ou de diplômes québécois. Les meilleurs
candidats, le meilleur programme, depuis une décennie et demie, là, c'est le
PEQ qui fait la réputation du Québec à l'international. Vraiment de s'attaquer
à le... aux programmes forts du Québec, je trouve que c'est clairement un
manque de vision de la part du gouvernement.
Journaliste : Puis si je peux
poser une question à messieurs-dames qui se sont exprimés sur votre réalité,
quand on vous dit que le PEQ n'existera... en fait, le PEQ n'existe plus, puis
le langage qu'on utilise par rapport aux immigrants actuellement, comment vous
vous sentez par rapport à ça ici au Québec?
M. Cliche-Rivard : Veux-tu y
aller?
Mme Podrezova (Ellada) : Nous,
on a pleuré toute la semaine, on n'a pas dormi, on n'a pas mangé. Moi, je
n'étais presque pas capable de travailler. Tous mes amis, tous mes collègues me
soutiennent. Ils m'a dit : ...il faut que tu te battre. Il va changer. Le
gouvernement, il va changer les lois, c'est sûr. Mais la semaine, cette
semaine-là, c'était un petit peu plus dur, la semaine dans ma vie, parce que je
n'étais jamais... de se sentir vraiment trahie... trahie? Trahie, c'est ça.
Parce qu'on a fait tout ce que le gouvernement nous demandait. Tout. C'est
beaucoup de travail, beaucoup. C'est une troisième langue. Apprendre la langue,
après 30 ans, c'est difficile de travailler en même temps, d'apprendre une
nouvelle culture, la nouvelle vie. Tout, tout, tout. Et après trois ans, on
doit encore aller quitter notre maison. Ça ne finit jamais dans notre vie ou
quoi? On était... on est déprimé, on a déprimé. Chaque jour, je me réveille
avec larmes. Chaque jour, j'ai mes questions. Qu'est-ce que je dois faire? Je
peux faire rien, je fais tout... c'est ça.
M. Cliche-Rivard : Quelqu'un
d'autre?
M. da Silva (Sergio) : À part
la détresse, la santé mentale, moi je sens comme si mon diplôme, ça ne vaut rien.
On jette dans la poubelle. J'ai passé des années à étudier le système
québécoise d'éducation. C'est comme si toutes les formations qui donnaient aux
enseignants au niveau de développement des compétences socioémotionnelles,
c'est un programme très connu au Québec, Vers le pacifique, plusieurs personnes
ont passé par ces programmes, je sens comme si ça ne vaut rien. C'est comme si
je suis inutile maintenant. J'ai beaucoup d'années d'expérience. J'ai un
diplôme qui est reconnu par tout le monde. Ça fait que je me sens, à part la
détresse et tout ça, je me sens vraiment inutile.
Mme Kouider Philippon (Sabrina) :
...Depuis l'annonce de cette mesure-là, j'ai beaucoup discuté avec mes
collègues de travail puis avec les patients que je visite chaque jour, puis ils
sont tous unanimes là-dessus. Ils trouvent ça absurde. Ils ne comprennent pas,
en fait, le sens de cette mesure. Puis j'ai aussi échangé avec des personnes
québécoises et cette mesure, elle les impactent aussi directement. Tu sais,
j'ai rencontré plusieurs personnes qui ont des conjoints immigrés qui sont en
permis de travail fermé, puis ils vont devoir se séparer à cause de cette
mesure-là. Donc, en fait, ça nous impacte nous, on est directement concernés,
mais ça a aussi un impact, en fait, sur les Québécois, cette mesure. Donc,
c'est ça, tout le monde trouve ça absurde quand on en parle autour de nous. Ce
n'est pas juste... ce n'est pas juste nous, là, c'est vraiment un ensemble de
personnes.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup, tout le monde. Merci.
(Fin à 12 h
25
)